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jeudi, 18 mars 2021

Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

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Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

Entretien avec le Prof. Marco Tarchi

Propos recueillis par Filippo Romeo

Source : https://www.ariannaeditrice.it

Le terme "populisme" est l'un des plus récurrents dans le débat politique actuel. Il est fréquemment utilisé comme un élément de discrimination à l'encontre de telle ou telle force politique, présente sur l’échiquier politique. Pour libérer le terrain des interprétations trompeuses, nous reproposons une interview donnée par le professeur Marco Tarchi en novembre 2017 (et publiée sur le portail vita.it), réactualisée en ce mois de mars 2021 à la lumière du nouveau cadre politique installé en Italie depuis quelques semaines. Édité par Filippo Romeo.

Entretien de 2017

Comme vous êtes l'un des plus grands spécialistes du phénomène populiste, pourriez-vous nous donner une définition appropriée du terme "populisme" ?

La définition que j'en ai donnée dans mon livre Italia populista est la suivante : "la mentalité qui identifie le peuple comme une totalité organique artificiellement divisée par des forces hostiles, lui attribue des qualités éthiques naturelles, oppose son réalisme, son travail et son intégrité à l'hypocrisie, à l'inefficacité et à la corruption des oligarchies politiques, économiques, sociales et culturelles et revendique sa primauté comme source de légitimation du pouvoir, au-dessus de toute forme de représentation et de médiation". Presque trois ans plus tard (ndt : après la parution du livre), je la trouve plus appropriée que jamais.

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Quelles sont les conditions idéales qui permettent à ce phénomène de s'enraciner et de se développer?

Des situations de crise et de méfiance généralisée envers la classe politique, qui peuvent être déterminées par les facteurs que j'ai indiqués dans la définition que je viens de mentionner. En ce sens, le populisme n'est pas, comme on le prétend souvent, un facteur d'usure des systèmes politiques démocratiques, mais un produit de leurs insuffisances.

Quels sont les objectifs politiques poursuivis par ses promoteurs ?

Dans l'abstrait - ou, si l'on préfère, à long ou très long terme - la restauration de cette unité et de cette harmonie du corps populaire qui est à la base de leur imagination. Concrètement, et à moins long terme, la conquête du pouvoir, du gouvernement, en espérant qu'il soit le seul à ne pas avoir à subir de conditionnements et d'entraves, pour mettre en œuvre les réformes qu'ils jugent essentielles pour atteindre les objectifs ultimes. Habituellement, parmi les premières mesures espérées, figure le lancement de procédures de démocratie directe qui remplaceront progressivement les institutions fondées sur le principe de la représentation indirecte, qui, aux yeux des populistes, n'est rien d'autre qu'un mécanisme visant à exproprier le peuple des prérogatives d'autogestion auxquelles il a droit. Évidemment, ces projets sont complétés par d'autres dans divers domaines, toujours orientés vers l'objectif principal.

Le populisme peut-il être incarné par les membres des institutions ? Si oui, pouvez-vous donner quelques exemples ?

Si nous nous référons aux institutions représentatives traditionnelles, il est certainement possible que ceux qui en font partie ou qui les dirigent utilisent le jargon et la rhétorique du populisme ; mais il s'agit généralement d'utilisations instrumentales, qui ne se rapportent pas à la mentalité que j'ai mentionnée. De nos jours, pas mal de politiciens professionnels, représentants de ce que les populistes appellent l'establishment, réalisant l'emprise que certains arguments typiquement populistes ont sur des secteurs importants de l'opinion publique, les empruntent pour affronter ces adversaires sur leur propre terrain. Cela explique pourquoi Renzi, par exemple, a souvent recours à des attaques verbales virulentes contre des sujets que les populistes mettent au pilori : les "bureaucrates de Bruxelles", "l'Europe des banques et de la finance", etc.

Dans votre livre "L'Italie populiste", vous définissez notre pays, l’Italie, comme un laboratoire du populisme. Pouvez-vous nous donner les raisons de cette évaluation ?

Il me semble que l'histoire politique de l'Italie républicaine démontre abondamment que les formes les plus diverses de populisme ont été expérimentées sur notre sol : le qualunquisme, le laurisme, certains aspects du radicalisme panéliste, le légaïsme, le dipyethrisme, le réseau d'Orlando, le berlusconisme, les Girotondi, jusqu'aux formes de prédication propres à Beppe Grillo ; et la liste pourrait continuer. Dans mon livre, j'ai essayé de mettre en évidence toutes les caractéristiques, communes et spécifiques, de ces phénomènes, qui autorisent à parler d'un véritable laboratoire. Mais avant moi, l'historien latino-américain Loris Zanatta, à qui nous devons la création de l'expression, l'avait remarqué. L'historien et politologue français Guy Hermet est allé plus loin en parlant de l'Italie, pour les mêmes raisons, comme du "paradis des populistes".

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Loris Zanatta et deux de ses ouvrages sur le populisme en Argentine.

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Est-il correct d'interpréter les récents événements politiques en Europe et aux États-Unis comme une vague populiste ?

Oui, à condition de ne pas mettre dans un même sac tous ces mouvements qualifiables de « populistes » et de savoir distinguer la spécificité de chacun des phénomènes qui l'ont caractérisée: dans le Brexit, dans l'élection de Trump et dans les succès des partis de Marine Le Pen, Geert Wilders et Hans-Christian Strache, il y a des éléments communs mais aussi des différences que l’on ne peut nullement considérer comme secondaires.

Les mouvements et partis de "droite radicale" qui progressent dans diverses régions d'Europe peuvent-ils être inclus dans la catégorie du populisme ?

Cela dépend. Je me méfie de l'étiquette très utilisée qui entend désigner les "partis de la droite radicale populiste", car, comme je l'ai démontré de manière argumentée dans le livre que vous avez cité, la droite radicale ou l'extrême droite - et là aussi on se heurte au caractère glissant des classifications, sur lesquelles, dans le domaine scientifique, il n'y a pas de consensus, loin s'en faut - se distingue du populisme sur un grand nombre d'aspects. Après tout, dans une sphère, on peut parler d'une véritable idéologie, tandis que dans la seconde, on est confronté à une mentalité caractéristique : ce sont des entités différentes. Cela explique pourquoi ils attribuent des significations différentes à des concepts fondamentaux, tels que le peuple, la nation, l'État, la société, l'individu, le dirigeant, l'élite, la démocratie, le marché - et les utilisent par conséquent de manière parfois opposée. Cela ne nous empêche pas d'enregistrer certaines contiguïtés ou chevauchements dans leurs positions ou campagnes, ou l'identification de cibles polémiques communes. Mais, pour donner un exemple, il y a une nette différence, en Allemagne, entre l'AfD (Alternative für Deutschland), populiste, et la Npd (Nationaldemokratische Partei Deutschlands), d'extrême droite, ou en Italie entre Lega Nord et Forza Nuova.

Quels sont les partis ou mouvements en Italie que l'on pourrait définir comme populistes? Et pour quelles caractéristiques?

Les caractéristiques, évidemment, doivent être celles qui figurent dans la définition dont je suis parti. Si nous parlons de populisme pur, aujourd'hui en Italie, je vois deux manifestations: la Ligue du Nord et le discours politique de Grillo, que je sépare de l'action politique du Mouvement 5 étoiles parce que plusieurs fois, sur des questions qui ne sont pas secondaires, les " grillini " ont pris des chemins différents de ceux indiqués par leur " garant " ou leur " mégaphone " (il suffit de penser au problème de l'immigration). Cependant, je n'ai pas une vision monolithique du populisme : étant une mentalité, par nature fluide, on peut le trouver en différents pourcentages dispersés chez différents acteurs du système politique, et il se peut que le M5S finisse par en absorber de telles doses qu'on puisse l'attribuer à cette catégorie, comme le pensent déjà divers autres chercheurs, ou qu'il s'en débarrasse progressivement, en se détachant de l'empreinte du fondateur.

Addendum de 2021

Au cours de la dernière décennie, le phénomène populiste a alterné entre des moments de grand succès et des moments de déclin, parmi lesquels la victoire du Leave en Grande-Bretagne en 2016 ou l'ascension de Trump et sa récente sortie de scène. Quel bilan peut-on tirer de ce phénomène politique ?

Le populisme a toujours eu un schéma cyclique: explosion, succès, déclin, disparition, puis à nouveau explosion. Ce n'est pas un hasard si un spécialiste attentif comme Loris Zanatta l'a comparé à une rivière karstique, qui suit un long parcours souterrain pour ensuite réapparaître à la surface. Cela dépend de sa nature en tant que phénomène de protestation: il recueille des soutiens lorsque les choses vont mal et, s'il existe des leaders et des mouvements efficaces pour l'interpréter, il gagne des positions; lorsque le scénario s'améliore ou que les préoccupations qui l'avaient motivé sont dépassées par d'autres, il perd de la force. Dans les cas que vous avez mentionnés, cela s'est passé comme suit: en Grande-Bretagne, le seul objectif de Farage était de quitter l'Union européenne. Ayant atteint cet objectif, ses partisans se sont tournés vers d'autres questions, que ni l'Ukip ni le Brexit Party n'ont pu aborder efficacement. Trump a été vaincu par la pandémie, face à laquelle il s'est montré peu préparé et peu rationnel ; cela ne l'a pas empêché d'élargir sa base électorale mais l'a rendu incapable d'attirer les électeurs indécis et indépendants. En général, la Covid-19 a vu les populistes indécis sur ce qu'ils devaient faire et fluctuants dans leurs choix. Mais dans tous les pays, cela ne les a pas fait reculer dans la faveur populaire. Il est donc impossible de dresser un bilan net, et il est probable que leur présence persistera, avec des hauts et des bas, pendant longtemps, dans des régimes politiques qui, comme les démocraties occidentales, continuent à lutter pour résoudre des problèmes ayant un impact social grave.

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Comment évoluent les forces qui, aux États-Unis et en Europe, sont devenues les protagonistes du "moment populiste" ces dernières années ?

Une réponse qui comprendrait pleinement leur dynamique est impossible, car une autre caractéristique de ces formations est la relation presque exclusive qu'elles entretiennent avec leur contexte national spécifique: chacune ne parle qu'à son propre peuple, sans élaborer de projets et de propositions à une échelle qui dépasse les frontières de l'État dans lequel elle opère. Ainsi, chacun d'entre eux suit une stratégie spécifique et met en œuvre les choix tactiques qui en découlent: il y a ceux qui radicalisent les tonalités anti-establishment et ceux qui les atténuent, ceux qui envisagent une opposition rigide aux gouvernements sociaux-démocrates ou libéraux et ceux qui cherchent plutôt à obtenir une place dans les coalitions gouvernementales de même signe. Cela dépend des opportunités qui se présentent, mais aussi de ce que l'on appelle en sciences politiques la variable idiosyncratique, c'est-à-dire le caractère, la psychologie, les ambitions de leurs dirigeants. Il n'y a donc pas d'évolution commune ; les chemins peuvent être très différents.

Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

Tout d'abord, c'est un signe de la force de ces mêmes élites - ou oligarchies, comme les populistes préfèrent les appeler -, qui continuent à détenir des ressources considérables de pouvoir, à commencer par leur poids financier, qui, à une époque où la politique est si fortement conditionnée par la logique économique qu'elle lui apparaît presque toujours subordonnée, compte de manière décisive. Ces élites ont également, et exercent, un grand pouvoir dans la sphère culturelle, et par ce biais, elles influencent massivement la mentalité générale des populations, les attirant vers leurs propres choix et solutions. Et puis, bien sûr, il y a les insuffisances de ces partis populistes qui, ayant réussi à exercer (plus souvent en commun qu'en propre) des fonctions gouvernementales, n'ont pas tenu une partie plus ou moins grande des promesses qu'ils avaient faites. Et cela tient aux faibles ressources en termes d'expertise technique que possèdent les populistes, à leur habitude de traiter les questions complexes de manière simpliste : un défaut auquel ils n'ont pas pu remédier jusqu'à présent et qui les met en difficulté face à "ceux d'en haut".

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L'expérience populiste italienne, avec l’ex-alliance M5S/Lega, en fin de partie, conduit à la formation de ce que beaucoup appellent déjà le "Gouvernement des élites". Quelles conclusions peut-on en tirer?

Cette institutionnalisation est le grand ennemi des mouvements populistes (à supposer que le M5S puisse réellement être considéré comme tel): elle risque de les transformer en partis comme les autres et leur enlève toute envie de remettre en cause l'establishment.

Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

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Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

Rétablir l’autorité pour restaurer l’unité de la nation; c’est le pari que veut faire l’avocat Thibault de Montbrial, président de Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et auteur de Osons l’autorité récemment paru aux éditions de L’Observatoire. Délinquance, radicalisation islamisme, ensauvagement, tous ces signes de délitement sont en expansion rapide et ne trouvent face à eux qu’une réponse pénale insuffisante dont nos gouvernants sont les premiers responsables (anarcho-tyrannie). Il est ici interviewé par Sputnik :

https://www.youtube.com/watch?v=FFeBY4EucHc&t=1074s

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Julien Langella, l’un des fondateurs de Génération Identitaire et présentement porte parole d’Academia Christiana publie un livre-manifeste intitulé Refaire un peuple, pour un populisme radical aux éditions de La nouvelle Librairie. Un excellent ouvrage présenté ici sur le site de Breizh-info :

https://www.breizh-info.com/2021/03/04/160063/refaire-un-...

Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France épinglé par l’OJIM pour leur « Complorama » mis en scène par Franceinfo sur la Russie, la Chine et l’Iran qui ourdiraient un vaste complot géopolitique et antisémite mondial:

https://www.ojim.fr/pour-complorama-un-complot-geopolitiq...

La tyrannie des minorités. Michel Onfray était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier samedi 6 mars pour la dénoncer. Mieux que de la dénoncer, il faut évidemment la combattre et pour ce faire voici les recettes suggérées par la fondation Polémia :

https://www.polemia.com/michel-onfray-attaque-la-tyrannie...

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Jean-Paul Brighelli retrace dans un entretien sans concession le délitement accéléré de l’école de la maternelle à l’université et le place dans l’évolution de notre civilisation, qu’il dit à bout de souffle et dans la voie d’une décadence comparable à celle de la Rome antique. Excellente vidéo de Vincent Lapierre :

https://www.youtube.com/watch?v=H8p-7N_DNVk

L’écrivain Pierre Jourde qui anime son blog sur le site de L’Obs se déchaîne à propos  des collaborateurs de l’islamo-gauchisme qui bien sûr n’existe pas, et leur envoie une bonne volée de bois verts, sans mâcher ses mots. Ici commenté par Pascal Tenno :

https://fl24.net/2021/03/08/un-ecrivain-francais-massacre...

Cordicopolis, cité où le coeur a tous les droits à condition qu’il évolue exclusivement dans le camp du « bien ». Olivier Amiel sur le site de Causeur met en cause les Woke (les éveillés) en s’inspirant des réflexions du génial Philippe Muray. Il les désigne comme les principaux coupables de la mise sous tutelle de la jeunesse par les schémas de la cancel culture et les désignent  comme des maître subversif à l’instar de ceux qui embrigadait les jeunes générations dans les Hitlerjugend ou les Komsomol.

https://www.causeur.fr/cancel-culture-empire-du-bien-phil...

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Jean-Marc Jancovici face à Natacha Polony. Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Une réflexion pleine de subtilité :

https://www.youtube.com/watch?v=WOd9hVICzBg

Jean-Marc Jancovici. Climat, quelle équation pour la chaine alimentaire? Brève intervention lors d’une conférence organisée par la Coopération agricole :

https://www.youtube.com/watch?v=cyvQWDG8mUo

Les hommes sont trop nombreux sur terre. Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie responsable, tire la sonnette d’alarme. N’est-il pas trop tard pour agir ? Le mode de vie des populations les plus riches est-il un problème ? L’Afrique, souvent pointée du doigt, est elle une bombe à retardement ? En incitant à limiter la natalité, l’invité de « Politique & Eco » milite pour la stabilisation de la population, qui a déjà eu lieu en Europe. Une démarche qui pourra provoquer nombre de croyants et pourtant nécessaire si nous voulons avoir quelques chance de maintenir un planète durable :

https://www.youtube.com/watch?v=bj8cBp4smXQ

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Dans une excellente critique des films de Jean-Pierre Melville (notamment Le Cercle Rouge), Jean-Loup Bonnamy découvre avec talent la nostalgie de la France d’avant qui n’était ni moisie ni rance comme se plaisent à nous la conter des idéologues mal intentionnés mais respirait au contraire la joie de vivre :

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/50-ans-apres-pourquoi...

Régis de Castelnau, avocat pénaliste, invité par Élise Blaise fait une bonne radiographie de la justice à l’époque du système Hollande-Macron:

https://www.youtube.com/watch?v=_gumsDKH8PA

Une évolution qui séduit Rokaya Diallo. On attend avec impatience un acteur noir dans la peau d’Adolf Hitler :

«Castings colorblind» : pourquoi de plus en plus d’acteurs et actrices non-blancs sont choisis pour interpréter des personnages historiques dans des séries - Fdesouche

 

Ecroulement militaire et « wokenisme » US

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Ecroulement militaire et « wokenisme » US

par Nicolas Bonnal

« Les forces armées américaines ne sont plus qu'un département d'aide sociale avec des drones. »

L’effondrement militaire américain est une évidence. On a même vu Hollywood s’en mêler avec le film 13 hours du cinéaste boutefeu Michael Bay qui montre la désorganisation et l’incapacité sur le terrain. De ce talentueux et lucide bouilleur d’images on recommandera aussi Gain and Pain et The Island qui explique comment on maintient des gens prisonniers (clones sans le savoir) dans une bulle d’extermination: en les maintenant dans l’enfance, et en leur faisant croire qu’il y a une épidémie au dehors…

Mais restons-en à la folie pentagonale. Il semble que Biden va encore être un plus gros cadeau que Trump pour les ennemis de l’empire – sauf si le gâteux s’effondre sur un bouton nucléaire pour en finir avec Poutine... On connait tous (sauf au Monde ou à Libé) les progrès des armes russes et chinoises. Une fois que la suprématie liée à la flotte et à l’aviation est terminée, que reste-t-il ? De la communication et du wokenisme. Les imbéciles auto-hypnotisés qui annonçaient que les généraux américains allaient remettre Trump au pouvoir (lui le louveteau de Wall Street, disciple d’Epstein, bon apôtre du vaccin, de Wall Street et de Netanyahou…) en seront pour leur grade. Les généraux sont des enthousiastes de la révolution des éveillés qui à coups de Reset, migrants ou de LGBTQ achève l’Occident…

L’armée US n’a donc plus grand-chose à voir avec le vieil Hollywood et John Wayne. Et cela commence à se savoir en Amérique. Le courageux Tucker Carlson en parle dans son journal télévisé (remplacera-t-il le gourou New Age Trump la prochaine fois ? Ce serait bien…). La revue Revolver.news écrivait  le 13 mars :

« Tucker Carlson n’a peut-être jamais servi dans les forces armées, mais il est en train de gagner de manière décisive une guerre de relations publiques contre l’armée américaine. Cela ne devrait surprendre personne, bien sûr. L’armée américaine perd la plupart des guerres qu’elle mène de nos jours.
» Pendant le long âge d’or de l’Amérique en tant que pays, l’armée s’abstenait généralement de faire de la politique et gagnait les guerres. Mais dans l’empire mondialiste américain en déliquescence, l’armée joue un rôle très différent. Protéger l’Amérique et gagner des conflits ne sont pas du tout le but de l’armée. Au lieu de cela, les forces armées sont devenues une peau de chagrin [dans le domaine qui est traditionnellement le sien de faire la guerre et de la gagner]. Cette institution autrefois formidable a été transformée en un véhicule pour les objectifs politiques intérieurs des globalistes et de la gauche. »

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Revolver.news parle alors de l’Afghanistan, de la brillante invasion et occupation de cet espace pas comme les autres qui fascina Kipling :

« L'objectif de politique intérieure de l'armée apparaît également dans la manière dont elle est utilisée. L'Amérique maintient 2 500 soldats en Afghanistan, qui sont inutiles pour contrôler le pays ou vaincre les talibans. Leur seul objectif est national, afin de permettre aux politiciens de Washington de se présenter comme durs face au terrorisme, favorables aux droits des femmes ou vaguement “pro-militaire”. Deux fois plus de troupes sont déployées autour du Capitole de Washington D.C., ostensiblement pour le “protéger” d'une “insurrection de droite”.

On avait vu il y a quelques années Lara Croft alias Angelina donner des cours de wokenisme aux généraux. Lucien Cerise en avait aussi très souvent parlé de cet OTAN comme organisme d’avancement sociétal…

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Biden en outre agit comme Sarkozy ou Hollande, chefs d’Etat des démocraties devenues folles. Il délaisse ses frontières et va porter la mort à l’autre bout du monde. Il laisse rentrer les migrants du Mexique (migrants venus du sud qui désolent aussi le bon président mexicain…), tout en voulant confiner indéfiniment ce qui reste du pays.

Revolver.news :

» Pendant ce temps, aucune troupe n’est déployée le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, même si des centaines de milliers de personnes traversent la frontière illégalement chaque année et même si la protection de la frontière a été l’obligation traditionnelle des armées permanentes tout au long de l'histoire de l'humanité. Pourquoi ont-elles disparu ? Parce que seules les armées concentrées sur les menaces étrangères protègent la frontière de leur pays. L’armée américaine est tournée vers l’intérieur. »

Et le courageux et anonyme journaliste d’enfoncer le clou :

« L'Amérique ne dépense pas $700 milliards par an pour décourager l'agression chinoise ou vaincre les talibans. L'Amérique dépense $700 milliards par an pour dire aux femmes qu'elles sont tout aussi bonnes que les hommes pour être soldats et marins. Elle dépense $700 milliards par an pour affirmer, contre toute évidence extérieure, que “la diversité est notre force”. Elle dépense $700 milliards pour soutenir les bilans des industriels de la défense et fournir une aide sociale de facto à la classe moyenne inférieure. Elle dépense $700 milliards pour permettre aux soldats transgenres de changer gratuitement de sexe. Réduire de moitié le budget de la Défense pourrait être l'approche la plus appropriée pour une “réforme de l'aide sociale”.

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Une belle définition de l’armée pour terminer :

« Après tout, les forces armées américaines ne sont plus qu'un département d'aide sociale avec des drones. »

Attention ce n’est pas nouveau : dans le brillant et libertarien recueil de textes Reassessing the presidency, Michael Levin et Ralph Raico ont montré le rôle destructeur des militaires dans la société. J’ai insisté sur ce point dans mon livre sur la comédie musicale (les comédies à base de marins et d’escales…). Les marins sont un instrument de déliquescence, un anti-modèle en Amérique et ailleurs, amenant bordels, bases, vices, passe-droits et ingénierie sociale. De ce point de vue le wokenisme est le couronnement de cette école de dégénérescence qu’on appelle l’Amérique, et qui effarait Baudelaire alors traducteur du visionnaire Edgar Poe. Mais on en a déjà parlé.

En attendant l’empire retourne sa violence contre sa population : voir l’Israël, l’Europe ou l’Amérique : comme on sait en temps de paix les suicides augmentent. Et comme ces imbéciles ne peuvent plus livrer (je ne dis pas gagner) de guerre, ils  exterminent leurs peuples. Céline encore et toujours :

« Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »

Sources:

https://www.revolver.news/2021/03/the-pentagons-fight-wit...

Reassessing the presidency – Mises Institute (PDF gratuit).

Bonnal (Tetyana/Nicolas) - Céline, le pacifiste enragé ; la comédie musicale américaine (Editions Tatiana, Amazon.fr)

00:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, woke culture, us army | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 17 mars 2021

Si les populistes ne disparaissent pas, ils sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés"

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Si les populistes ne disparaissent pas, ils sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés"

par Franco Cardini

Source : https://www.lintellettualedissidente.it/

Sur le thème du populisme, nous présentons aujourd’hui un interview du professeur Franco Cardini, historien de renommée internationale. Déjà en 2017, il était intervenu sur le sujet (avec une interview publiée sur vita.it que nous reproduisons ici sous une forme actualisée) "prophétisant" le reflux des mouvements populistes et soulignant les différences avec les mouvements populaires. Aujourd'hui, à la lumière du nouvel ordre politique, social et géopolitique, également déterminé par l'avènement de la pandémie de la Covid-19, Cardini exclut une "résurrection à court terme" du phénomène populiste désormais "englouti par la politique" et, surtout, ne voit pas d'opportunités pour l'Europe subordonnée au dessein hégémonique des États-Unis. Édité par Filippo Romeo en 2017.

Ces derniers temps, nous assistons à une croissance exponentielle du populisme. Pourriez-vous nous aider à cadrer le phénomène d'un point de vue historique en expliquant ce qu'il est, où il est apparu et comment il s'est développé ?

Je crois que l’on a déjà répondu cette question de manière exhaustive : mon ami et collègue Marco Tarchi, avec lequel je suis entièrement d'accord, y a précisément répondu et je reconnais son extraordinaire compétence en la matière.

Quelle a été son évolution en Italie ?

Je ne remonterai pas trop loin, et en particulier je n'aborderai pas la question de savoir si le fascisme était un populisme ou s'il avait un quelconque caractère y afférant. Il va sans dire qu'en Italie les grands mouvements "populaires" (y compris le communisme, qui se présentait comme classiste mais ne l'était pas en réalité) n'étaient pas populistes dans la mesure où du populisme ils n'avaient pas un caractère fondamental: la méfiance et/ou la lassitude et/ou le mépris de la politique. Le fascisme lui-même, qui avait en commun avec le populisme classique (boulangisme, par exemple) le mépris de la politique comme praxis ou comme revendication "démocratique", résolvait ce mépris en termes de hiérarchie et de discipline dans le militantisme ; de même, étant anti-classe et inter-classe, il résolvait cette position en termes corporatifs, s'inspirant de théoriciens très proches de la doctrine sociale de l'Église (Toniolo).

515i91eUP4L._SX333_BO1,204,203,200_.jpgQuant aux mouvements "populistes" actuels, leur parabole a déjà été parcourue au cours des vingt dernières années par la "Lega" et est en train d'être parcourue par le "M5S" : succès initial soudain, dû à la nouveauté, insistance sur quelques thèmes de propagande facilement déclinés avec quelques variables (anti-islamisme, xénophobie, anti-européanisme, "anti-politique", moralisme, etc.), lassitude vis-à-vis de la politique politicienne démocratique habituelle, due à la routine d’une politique professionnelle et incompétente, puis impasse et crise dues à une détérioration rapide – à un vieillissement. L'absence de véritables programmes et surtout d'une authentique tension civique conduit fatalement à un échec cyclique mais peut-être aussi à une résurrection rapide sur des modules récurrents (le berlusconisme et le recyclage des thèmes et sympathies de l'ex-Ligue dans le grillisme en sont la preuve).

En Europe, outre l'avancée du populisme, nous assistons à une croissance exponentielle des partis et mouvements nationalistes. Quelles sont les implications de ces phénomènes ?

Je n'ai aucune estime ni confiance dans les mouvements néo-micro-nationalistes: la seule issue possible pour un mouvement nationaliste sérieux dans un pays européen, dans les décennies entre les années 1950 et aujourd'hui, aurait été de viser, avec des mouvements nationalistes similaires, une identité européenne sérieuse, la construction d'un patriotisme européen et d'une conscience civique européenne. Sur ce sujet, il y avait eu quelques tâtonnements dans les années 1960 (le mouvement de Jean Thiriart, héritier en grande partie du "socialisme européen" de Pierre Drieu La Rochelle). La constellation de groupes et de personnalités du petit monde de la culture - je ne veux pas les appeler "intellectuels" parce que je n'aime pas ce terme - qui, depuis les années 70, a trouvé un catalyseur en Alain de Benoist, aurait pu reprendre ces thèmes: elle a choisi une autre voie, très intéressante cependant. Je n'attends rien du développement et peut-être du succès électoral des groupes néo-micro-nationalistes, sinon une utilisation hystérique et en même temps instrumentale de la xénophobie. Si et quand certains de ces groupes prendront comme objectif principal la nécessité d'une sérieuse reprise en mains de la souveraineté nationale, ce qui implique avant tout la sortie de l'OTAN, alors nous pourrons relancer le débat sur une base plus sérieuse et concrète. Jusque-là, je ne vois que des vœux pieux et une chasse aux sièges.

790x1200.jpgLe populisme peut-il être lu comme la énième désintégration d'une pensée européenne construite sur des cathédrales, des monastères et des universités ?

La pensée "européenne" de la chrétienté occidentale - celle qui est chantée dans un célèbre essai de Novalis - est celle qui s'est exprimée précisément dans les cathédrales, les monastères et les universités. C'est une pensée fondée sur la métaphysique, sur les distinctions hiérarchiques et sur le communautarisme. La modernité, qui est essentiellement l'individualisme et le primat de l'économique et du technologique, l'a détruit. Le monde moderne, celui de l'économie-monde, de "l'échange symétrique" et de l'exploitation généralisée de l'homme par l'homme (c'est ce qu'est la mondialisation) n'est pas né d'un développement harmonieux de ce qui existait auparavant, mais d'une révolution: la Révolution individualiste et matérialiste. Il faudra une autre Révolution pour le détruire. Sur le plan social et anthropologique, le mot grec qui exprime le mieux le caractère de ce type de Révolution est Metanoia.

La définition de "populiste" a été adoptée, par des spécialistes faisant autorité, également par le pontificat du pape Bergoglio. A votre avis, peut-on parler d'un moment populiste dans l'Eglise catholique ?

Mario Jorge Bergoglio a été péroniste dans sa jeunesse : il a donc connu un mouvement aux caractéristiques populistes-charismatiques assez explicites et avancées. Lorsqu'il est entré dans la Compagnie de Jésus, il a certainement gardé intacte cette tension vers la justice qui avait très probablement caractérisé son expérience péroniste, mais il l'a métabolisée, précisément, en termes de Metanoia. Je ne vois aucune trace de populisme dans la pensée de Bergoglio : j'y vois une profonde vocation eschatologique et une vocation prophétique-apocalyptique. Je ne sais pas si Bergoglio est le "dernier pape" prophétisé par Malachie : je sais qu'il est un pape des derniers temps, qui invite à vivre l'Eschata.

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Propos complémentaires de 2021

Dans votre interview de 2017, vous avez prédit de manière prophétique le flux et le reflux des mouvements populistes. Face à la situation socio-politique actuelle, quelle direction le phénomène prendra-t-il ? Et sous quelle forme pourrait-elle ressusciter ?

Il n'y avait pas de prophétie: c'est la tendance, parfaitement observable, des mouvements populistes qui soit échouent en tant que tels, soit sont réabsorbés par la politique (politicienne établie). Max Weber dirait que, puisqu'ils sont à leur manière du côté du "charisme", tôt ou tard, l'"institution" a raison d'eux. D'autre part, comme les révolutionnaires et les extrémistes, les populistes, s'ils ne disparaissent pas, sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés". Maintenant, à part les boutades de Grillo qui - au moins aujourd'hui - est le premier à ne pas y croire, le gros du M5S prendra la voie des mécontents vaguement de gauche, à part une certaine frange de droite qui reviendra à sa position initiale. Sans aucun doute, le choix de Giorgia Meloni, outre le fait qu'il était obligatoire si elle voulait éviter de faire partie de l’inutile charrette de queue du nouveau gouvernement, était politiquement intelligent : Lorsque la "lune de miel" entre Draghi et la majeure partie de la politique italienne (ne parlons pas de la "vraie" société civile, qui ne se distingue même plus, submergée par les clameurs des médias) sera terminée, c'est-à-dire dans quelques semaines ou quelques mois, l'ancien M5S réapparaîtra fragmenté ou du moins redimensionné, à l'exception des politiciens les plus compétents qui le composent et qui font déjà la queue pour s’engager dans un PD, qui, à son tour, entre également en crise. Une "résurrection populiste" à court terme n'est pas prévisible : la métabolisation du mouvement « pentastellé » (Cinq Etoiles) devenu un semi-parti sera lente.

Peut-on considérer l'institutionnalisation comme un facteur de déclin des mouvements populistes ?

C'est généralement la règle: soit ils réussissent et se transforment en forces politiques, soit ils disparaissent. Le fait est qu'ils ont raison de se méfier de la politique, qui est injuste et malhonnête. C'est pour cette raison qu'elle a toujours raison d'eux: elle les engloutit, aussi parce qu'en général, à leur tête, il y a des gens qui meurent d'envie de faire de la politique, en se transformant d'outsiders en leaders.

La pandémie de la Covid 19 a accéléré certains processus qui ont affecté l'architecture géopolitique, et révélé, s'il en était encore besoin, la limite des modèles actuels d'organisation économique et sociale. À votre avis, à quoi ressemblera la prochaine mondialisation ? Les nouveaux changements pourraient-ils être une opportunité pour l'Europe ?

Franchement, je ne vois pas de changement qui pourrait constituer une opportunité. Draghi a été très explicite: volontairement ou non, il a énoncé un programme et un projet très clairs, parlant d'atlantisme et d'européanisme. Par "atlantisme", Draghi entend la fidélité aux pactes constitutifs de l'OTAN, qui sanctionnent la subordination politique et militaire, et donc diplomatique, de l'Union européenne au dessein néo-hégémonique américain, une caricature du "multilatéralisme" auquel Obama croyait peut-être sérieusement, caractérisée par un retour au programme "classique" du parti démocrate américain: le "gendarme démocratique" américain qui surveille et sanctionne le monde entier, au nom du principe axiomatique selon lequel la paix et la prospérité du monde (c'est-à-dire de 10% de la population mondiale, qui possède et gère 90% des richesses de la planète entière), donc la stabilité du statu quo, coïncident avec les intérêts des États-Unis. Par "européanisme" Draghi entend précisément le statu quo, c'est-à-dire une "Union" économico-financière/technologique qui doit considérer l'OTAN comme son bras militaire (dont la politique est dictée à Washington) et ne jamais rêver d'atteindre l'indépendance et la souveraineté politique en se transformant en une Fédération ou une Confédération souveraine capable de développer une position internationale propre, ce qui serait très utile et louable, soit une position de médiation entre les deux blocs de la nouvelle "guerre froide" qui se prépare entre les États-Unis d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre.

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Pour autant que je sache, le lancement d'une véritable Fédération européenne - maintenant que le projet de constitution, lancé il y a des années, a lamentablement échoué sur le faux obstacle du préambule relatif aux "racines chrétiennes" - n'est plus à l'ordre du jour ni à Bruxelles ni à Strasbourg; aucun signe de mouvement politique européiste à l'horizon; la seule personne qui a eu l'intelligence concrète de relancer un discours politique pro-européen unitaire, en écartant explicitement la formule fédéraliste, inadaptée à l'histoire européenne, et en parlant plutôt d'un possible projet confédéré, a été Giorgia Meloni. Il s'agissait d'un appel nouveau et intelligent, lancé une seule fois à ma connaissance et qui n'a été repris par personne. En revanche, Meloni ne peut rien faire: elle est "sous la claque" et le sait très bien. Si, dans quelque compétition électorale future, elle parvenait à dépasser les 15%, aussitôt quelque part exploseraient quelques bombes sous un monument à la Résistance, contre les murs de quelque synagogue, apparaîtraient quelques croix gammées, l'ANPI se mettrait aussitôt en branle, la "question morale antifasciste" renaîtrait et elle serait à nouveau formellement isolée. D'autre part, avec un "Parlement européen" comme celui-ci, expression des parlements des différents pays et marionnette de la volonté des Etats-Unis, on fait peut-être une politique des "fonds de relance", mais on ne va pas aller au-delà de l'euro. C'est la fin du projet européiste inauguré il y a des décennies par De Gasperi, Adenauer et Schuman.

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L’université française contre elle-même

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L’université française contre elle-même

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le monde universitaire ne supporte pas la contradiction. À peine sa ministresse de tutelle dénonce-t-elle l’emprise de l’islamo-gauchisme dans les facultés qu’une pétition parrainée par la sociologue Dominique Méda et l’économiste Thomas Piketty recueille six cents signatures de chochottes bardées de diplômes et de titres grandiloquents. Ce texte publié dans Le Monde du 20 février dernier dénonce les propos de Frédérique Vidal. Celle-ci provoque par ailleurs une vive controverse au sein même de la Macronie entre son courant progressiste – libertaire et sa faction libérale – autoritaire.

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La ministresse de l’Enseignement supérieur a demandé au CNRS d’enquêter sur l’influence de ce qui s’appelait dans les années 1970 – 1980 l’« islamo-progressisme » et dans les décennies 1990 – 2000 l’« islaméricanisme ». On observe maintenant l’arrivée à maturité d’un croisement surprenant de l’islam politique, de l’idéologie égalitaire et des tares conceptuelles venues d’outre-Atlantique (multiculturalisme, politiquement correct, féminisme, gendérisme, intersectionnalisme, écriture inclusive, études post-coloniales ou décoloniales, etc.). Les pétitionnaires s’élèvent contre ce qu’ils estiment être un inacceptable empiètement de leurs « libertés universitaires ». Véritable Titanic de la recherche française, le CNRS a rendu son travail vingt–quatre heures après sa saisie. Cette rapidité confirme l’inquiétude des soutiens d’une autre pétition elle aussi publiée dans Le Monde du 24 février. Les signataires tels que Pierre-André Taguieff, Jacques Julliard, Pierre Manent ou Gilles Kepel réclamaient que l’enquête diligentée revînt au Haut-Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Le CNRS répond en effet que l’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique pertinente. La théorie du genre, l’appropriation culturelle et le privilège blanc sont-ils scientifiquement prouvés ? Le croire serait une preuve manifeste de grande naïveté.

Tout ce cirque médiatique risible prouve le délabrement avancé des universités. Cela fait longtemps déjà que l’enseignement supérieur n’est plus un espace de liberté intellectuelle. Il y a plus de vingt ans, en novembre 2000, une commission Théodule de luxe révoquait de sa fonction de chargé de recherche du CNRS Serge Thion (1942 – 2017). Ce sociologue dissident spécialiste de l’Asie du Sud-Est, proche de Dieudonné et de Kémi Séba, soutenait dans les années 1970 les Khmers rouges. Il contestait ouvertement depuis les années 1980 certains événements marquants du XXe siècle dont les exactions pol-potistes commises au Cambodge.

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Le 15 novembre 2001, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Jack Lang, créait une « Commission sur le racisme et le négationnisme à l’Université Jean-Moulin Lyon – III ». Présidée par Henry Rousso, elle se composait d’Annette Becker, de Philippe Burin, de Florent Brayard et de Pierre-André Taguieff. Les successeurs chiraquiens de Lang, Luc Ferry et François Fillon, encouragèrent son enquête. Elle rendit son rapport final, le 5 octobre 2004, soit trois ans plus tard.

Dans ce document, ses membres reconnaissaient volontiers que « son champ d’investigation touche à la question de la liberté d’expression des universitaires – la “ liberté académique ” qui s’exerce dans le cadre de leur métier, à celle de l’autonomie réelle des universités, au mode d’évaluation des travaux scientifiques ou d’attribution des diplômes, ou encore aux procédures du recrutement (p. 9) ». Il s’agissait en réalité d’évaluer la présence d’une fantasmatique « extrême droite » au sein de Lyon – III. Président de cette université de 1979 à 1987, Jacques Goudet, converti à l’Orthodoxie, était connu pour être un ardent gaulliste, militant à l’UNI et au SAC.

À Lyon – III officiaient des esprits libres : Bruno Gollnisch, Bernard Lugan, Pierre Vial, Jean Haudry, Jean-Paul Allard, Jacques Marlaud, Bernard Notin. L’Institut d’études indo-européennes était particulièrement visée tant ses apports novateurs démontaient la doxa officielle. En page 231 du rapport, ses auteurs se permettent de mettre entre guillemets le mot « civilisation » quand ils l’associent aux Indo-Européens ! Un bien bel exemple de négationniste valorisé. À l’époque, aucune voix autorisée ne s’éleva contre cette honteuse ingérence.

Rongée par les vagues successives de gauchisme et les modes incessantes déferlant des côtes Est et Ouest des États-Unis, l’université hexagonale pâtit de sa massification. Trop d’étudiants s’inscrivent dans des impasses professionnelles. Il serait temps que le baccalauréat devienne un véritable concours d’entrée en première année d’études supérieures. Il serait aussi approprié que les jeunes majeurs que sont les étudiants puissent noter chaque semestre leurs enseignants. L’université devrait enfin s’ouvrir à une plus grande diversité des opinions et des expressions. Ces trois mesures de bon sens redonneraient en une génération un lustre nouveau à des universités aujourd’hui sinistrées.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 205, mise en ligne sur TVLibertés, le 9 mars 2021.

Guerre d’Espagne : un passé qui ne passe pas

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LA NEF n°334 Mars 2021 (version longue et intégrale de l’article paru dans La Nef)

Guerre d’Espagne : un passé qui ne passe pas

par Arnaud Imatz

Longtemps l’Espagne des années 1975-1985 a été considérée comme l’exemple « historique », « unique », presque parfait, de transition pacifique d’un régime autoritaire vers la démocratie libérale. Elle était  le modèle unanimement salué, louangé, par la presse internationale occidentale. Depuis, bien de l’eau est passée sous les ponts. La belle image d’Épinal n’a cessé de se détériorer au fil des ans cédant la place aux silences et réserves, puis aux critiques acerbes de nombreux « observateurs » et « spécialistes » politiques. Certains, parmi les plus sévères, n’hésitent plus à réactiver les vieux stéréotypes de l’increvable Légende noire, vieille de cinq siècles, que l’on croyait pourtant définitivement enterrée depuis la fin du franquisme. Mais qu’elle est donc la part de réalité et de fiction dans ce sombre tableau qui nous est désormais décrit?  

L’Espagne d’aujourd’hui  

L’Espagne apparaît faible, chancelante et impuissante ; elle n’a jamais été autant au bord de l’implosion. Les nationalismes périphériques, les séparatismes, qui la déchirent sont de plus en plus virulents. L’économie du pays souffre de maux graves : manque de compétitivité, détérioration de la productivité, rigidité du marché du travail, taux de chômage le plus élevé de l’UE (en particulier celui des jeunes avec beaucoup de diplômés forcés de s’exiler), coût excessif des sources d’énergie, système financier grevé par l’irrationalité du crédit, déficit public considérable, pléthore de fonctionnaires dans les diverses « autonomies », gaspillage de l’argent public… la liste des problèmes est désespérément longue. Avant la mort du dictateur, Francisco Franco, pendant la première phase du « miracle économique (1959-1975), l’Espagne s’était hissée au 8e rang des puissances économiques mondiales, position qu’elle avait conservée jusqu’à la crise de 2007. Mais elle a par la suite singulièrement décroché pour se retrouver reléguée au 14e rang.  

À cela est venu s’ajouter l’effet désastreux de la pandémie de coronavirus et la gestion déplorable de la crise sanitaire. Le président Sánchez et les porte-paroles du palais de la Moncloa ont d’abord prétendu sans vergogne : « le machisme tue plus que le coronavirus », puis, ils ont affirmé triomphalement : « nous avons mis le virus en déroute ». Mais le bourrage de crâne des propagandes politiciennes ne dure qu’un temps. La dure réalité des faits a fini, comme toujours, par s’imposer. On le sait, le bilan provisoire est parmi les plus calamiteux: un effondrement du PIB (-12%), une destruction de plus de 620 000 emplois, près de 4 millions de chômeurs officiels dont un chômage de plus de 40% chez les jeunes, un secteur hôtelier à l’abandon, au bord de la ruine, un recul du tourisme à un niveau plus bas qu’il y a vingt ans, une récession qui est la plus forte du monde occidental après l’Argentine, enfin, une surmortalité liée à la covid 19 s’élèvant à 60 000 voire 110 000 morts (selon les sources).  

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Le gouvernement Sanchez II.

Cela étant, il convient de préciser tout de suite que la pandémie, événement mondial, grave mais néanmoins conjoncturel, n’a fait qu’aggraver une crise générale préexistante. On ne saurait trop insister sur le rôle d’un facteur structurel, déterminant dans l’involution récente du pays : la défaillance de la classe ou de l’oligarchie politique (droites et gauches de pouvoir confondues) qui n’a jamais été aussi médiocre, corrompue et irresponsable. Le second gouvernement de Pedro Sánchez (2020-), coalition du parti socialiste (PSOE), du Parti communiste (PCE/IU) et de Podemos (un parti « populiste » d’extrême gauche, pro-immigrationniste, dont les leaders se réclament à la fois de Lénine, de Marx et du régime vénézuélien, ce dernier les ayant financés lorsqu’ils étaient dans l’opposition), n’est jamais que l’expression voire l’aboutissement d’un processus de détérioration, de dégénérescence, de vassalisation et de perte presque totale de souveraineté, qui s’est accéléré après le tournant du siècle.  

Bien sûr, le cas espagnol ne saurait être expliqué sans une remise en perspective globale. Toutes les démocraties occidentales sont aujourd’hui exposées aux dangers redoutables que sont la révolution culturelle, le politiquement correct, la nouvelle religion séculière postchrétienne et l’émergence du «totalitarisme light ». Mais pour ne pas excéder notre propos, tenons-nous en ici au rôle et à la part de responsabilité de la classe politique espagnole. On ne saurait vraiment saisir la nature et l’ampleur de cette responsabilité dans le collapsus général, politique, social, économique et moral (mais aussi dans le suicide démographique ; le taux de fécondité étant le plus bas de l’UE : 1,17, voire 1,23 en incluant l’indice de natalité des immigrés), sans évoquer quelques événements clefs de la transition démocratique et du tournant du siècle. Ce rappel permettra de mieux comprendre pourquoi tout ce qui touche à la guerre civile de 1936-1939 est devenu un sujet de division beaucoup plus violent aujourd’hui qu’il y a encore quinze ans, alors que le temps aurait dû contribuer à apaiser les passions.  

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De l’esprit de la transition démocratique au retour de la mentalité de guerre civile  

Un point d’histoire est indiscutable: c’est la droite franquiste (mélange complexe et subtil de carlistes-traditionalistes, monarchistes conservateurs et libéraux, phalangistes, conservateurs-républicains, démocrates-chrétiens, radicaux de droite et technocrates) qui a pris l’initiative d’instaurer la démocratie. Cette transition démocratique n’a pas été une conquête des ennemis de la dictature, elle a été un choix délibéré de la grande majorité de ceux qui avaient été jusque là ses principaux leaders. L’intelligence politique de la gauche (le PSOE de Felipe González et le PCE de Santiago Carrillo), a été de renoncer à ses revendications maximalistes, pour embrasser la voie du réformisme et joindre ainsi ses forces au processus démocratique amorcé par la droite franquiste. Les faits parlent d’eux même : Le décret-loi autorisant les associations politiques fut édicté par Franco en 1974, un an avant sa mort. La loi de réforme politique fut adoptée par les anciennes Cortes « franquistes » le 18 novembre 1976 et ratifiée par référendum populaire le 15 décembre 1976. La loi d’amnistie fut adoptée par les nouvelles Cortes « démocratiques » le 15 octobre 1977. Elle reçut l’appui de la quasi totalité de la classe politique (en particulier celle des leaders du PSOE et du PCE). N’oublions pas la présence dans les Cortes de la première législature de personnalités exilées d’extrême gauche aussi significatives que Santiago Carrillo, Dolores Ibarruri (la Pasionaria) ou Rafael Alberti. Enfin, c’est le Congrès (l’organe constitutionnel) qui a adopté la Constitution actuelle, qui a été ensuite ratifiée par référendum le 6 décembre 1978 (avec 87% de voix pour).  

La Transition démocratique reposait sur une parfaite conscience des échecs du passé et sur la volonté de les dépasser. Il ne s’agissait pas d’oublier et encore moins d’imposer le silence aux historiens ou aux journalistes, mais de les laisser débattre et de refuser que les politiciens s’emparent du sujet pour leurs luttes partisanes. Deux principes animaient cet « esprit de la transition démocratique », aujourd’hui dénoncé, tergiversé et caricaturé par les gauches, le pardon réciproque et la concertation entre gouvernement et opposition. Il était alors inconcevable que des politiciens de droite ou de gauche s’insultent en se traitant de « rouge » ou de « fasciste ».  

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Un premier durcissement dans les polémiques partisanes devait néanmoins se produire lors des législatives de 1993. Mais la vraie rupture se situe trois ans plus tard, en 1996, lorsque le PSOE avec son leader Felipe González (au pouvoir depuis 14 ans mais en difficulté dans les sondages), a volontairement joué la carte de la peur, dénonçant le Parti Populaire (PP), parti néolibéral et conservateur, comme un parti agressif, réactionnaire, menaçant, héritier direct du franquisme et du fascisme. Les Espagnols se souviennent encore d’une fameuse vidéo électorale du PSOE qui représentait le PP en doberman ou pitbull enragé et sanguinaire.  

Pendant toute la décennie 1990, un véritable raz de marée culturel, néo-socialiste et postmarxiste, a submergé le pays. Les nombreux auteurs autoproclamés « progressistes », tous défenseurs du Front populaire de 1936, ont inondé les librairies de livres, occupé les chaires universitaires, monopolisé les grands médias et gagné largement la bataille historiographique. La nation, la famille et la religion  sont redevenues des cibles privilégiées de la propagande semi-officielle. Paradoxalement, cette situation s’est maintenue sous les gouvernements de droite de José Maria Aznar (1996-2004). Obsédé par l’économie, « L’Espagne va bien ! », Aznar s’est désintéressé des questions culturelles ; mieux, il a cherché à donner des gages idéologiques à la gauche. A vrai dire, beaucoup de gens de droite lui donnaient raison lorsqu’il rendait hommage aux Brigades internationales (pourtant composées à 90% de communistes et socialistes marxistes), ou lorsqu’il condamnait le franquisme, voire le soulèvement du 18 juillet 1936 (alors qu’il est le fils d’un phalangiste et qu’il a été lui-même dans sa jeunesse un admirateur déclaré de José Antonio, un militant de la Phalange indépendante et dissidente). La droite « la plus bête du monde » (comme on aime à dire en France), acquiesçait aussi lorsqu’il encensait le ministre et président du Front populaire, Manuel Azaña, un franc-maçon, farouchement anticatholique, l’un des trois principaux responsables du désastre final de la République et du déclenchement de la guerre civile, avec le républicain catholique Niceto Alcalá-Zamora et le socialiste Francisco Largo Caballero, le « Lénine espagnol ». Les leaders du PP, régulièrement et injustement accusés d’être les héritiers du franquisme et du fascisme, croyaient pouvoir désarmer l’adversaire et trouver leur salut dans une continuelle profession de foi antifranquiste. Une erreur crasse, qu’ils finiront par payer vingt ans plus tard, lorsqu’en 2019 le parti populiste Vox surgira sur la scène politique.  

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Mais dans les années 2000, l’imprévisible allait se produire en dehors de la droite politique. Au nom de la liberté d’expression, d’opinion, de débat et de recherche, un groupe d’historiens indépendants, avec à leur tête l’américain Stanley Payne (voir notamment La guerre d’Espagne. L’histoire face à la confusion mémorielle, un livre incompréhensiblement épuisé et non réédité en France depuis des années) et l’ex-communiste Pio Moa (auteur de best-sellers tels Los mitos de la guerra civil, un livre vendu à plus de 300 000 exemplaires, encore inédit en France, qui démontre notamment que le soulèvement socialiste de 1934 a été l’antécédent direct du soulèvement national du 18 juillet), mais aussi toute une pléiade d’universitaires, dont un bon nombre de professeurs d’histoire de l’université CEU San Pablo de Madrid, se sont insurgés contre le monopole culturel de la gauche socialo-marxiste. Quelques années plus tard, d’autres travaux incontournables ont été publiés tels ceux de Roberto Villa García et Manuel Álvarez, sur les fraudes et les violences du Front Populaire lors des élections de février 1936, de César Álcala sur les plus de 400 « Checas » (centres de tortures organisés par les différents partis du Front populaire dans les grandes villes pendant la guerre civile), ou les recherches de Miguel Platon sur le nombre des exécutions et assassinats dans les deux camps (57 000 victimes parmi les nationaux / nacionales et non pas nacionalistas/nationalistes, comme on le dit à tort en France, et 62 000 victimes parmi les front-populistes ou républicains) et sur le nombre des victimes de la répression franquiste de l’après-guerre (22 000 condamnations à mort dont la moitié commuées en peines de prison). Citons également ici l’œuvre de référence, bien que beaucoup plus ancienne, d’Antonio Montero, sur la terrible persécution religieuse (près de 7000 religieux assassinés de 1936 à 1939 ; 1916 martyrs de la foi ayant été béatifiés et 11 canonisés par les papes entre 1987 et 2020, en dépit des pressions des autorités espagnoles).  

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Au lendemain de son accession au pouvoir, en 2004, plutôt que de contribuer à effacer les rancœurs, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, ami déclaré des dictateurs Fidel Castro et Nicolas Maduro, a ravivé considérablement la bataille idéologique et culturelle. Rompant avec le modérantisme du socialiste Felipe González, il a choisi délibérément de rouvrir les blessures du passé et de fomenter l’agitation sociale. En 2006, avec l’aide du député travailliste maltais, Léo Brincat, il a fait adopter par la commission permanente, agissant au nom de l’assemblée du Conseil de l’Europe, une recommandation sur « la nécessité de condamner le franquisme au niveau international ». Dès la fin de la même année, diverses associations « pour la récupération de la mémoire », ont déposé des plaintes auprès du Juge d’instruction de l’Audience nationale, Baltasar Garzón. Elles prétendaient dénoncer un «plan systématique » franquiste « d’élimination physique de l’adversaire » « méritant le qualificatif juridique de génocide et de crime contre l’humanité». Garzón, juge à la sensibilité socialiste, s’est déclaré immédiatement compétent mais il a été désavoué par ses pairs et finalement condamné à dix ans d’ « inhabilitation » professionnelle pour prévarication par le Tribunal suprême.  

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Baltasar Garzon.

La loi de mémoire historique de 2007  

Un an plus tard, en 2007, se voyant dans l’impossibilité de faire taire les nombreuses voix discordantes d’historiens et de journalistes, Zapatero et ses alliés ont choisi, sur l’initiative des communistes d’Izquierda Unida, de recourir à la loi « mémorielle ». La « loi de mémoire historique », adoptée le 26 décembre 2007, se veut et se justifie comme une « défense de la démocratie »,  contre un possible retour du franquisme et des « idéologies de haine ». En réalité, elle est une loi discriminante et sectaire en rien démocratique. Elle reconnaît et amplifie justement les droits en faveur de ceux qui ont pâti des persécutions ou de la violence pendant la guerre civile et la dictature (des normes en ce sens ayant déjà été édictées par des lois de 1977, 1980, 1982 et 1984), mais dans le même temps, elle accrédite une vision manichéenne de l’histoire contrevenant à l’éthique la plus élémentaire.  

L’idée fondamentale de cette loi est que la démocratie espagnole est l’héritage de la Seconde République (1931-1936) et du Front populaire (1936-1939). Selon son raisonnement, la Seconde République (avec le Front populaire), mythe fondateur de la démocratie espagnole, a été un régime presque parfait dans lequel l’ensemble des partis de gauche a eu une action irréprochable. La droite serait en définitive la seule responsable de la destruction de la démocratie et de la guerre civile. Pour couronner le tout, mettre en cause ce mensonge historique ne saurait être qu’une apologie exprès ou déguisée du fascisme.  

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Cette loi effectue un amalgame absurde entre le soulèvement militaire, la guerre civile et le régime de Franco, qui sont autant de faits bien distincts relevant d’interprétations et de jugements différents. Elle exalte les victimes et les assassins, les innocents et les coupables lorsqu’ils sont dans le camp du Front populaire et uniquement parce qu’ils sont de gauche. Elle confond les morts en action de guerre et les victimes de la répression. Elle jette le voile de l’oubli sur les victimes « républicaines » qui sont mortes aux mains de leurs frères ennemis de gauche. Elle encourage tout travail visant à démontrer que Franco a mené délibérément et systématiquement une répression sanglante pendant et après la guerre civile. Enfin, elle reconnait le légitime désir de beaucoup de personnes de pouvoir localiser le corps de leur ancêtre, mais refuse implicitement ce droit à ceux qui étaient dans le camp national sous prétexte qu’ils auraient eu le temps de le faire à l’époque du franquisme.  

Théoriquement, cette loi a pour objet d’honorer et de récupérer la mémoire de tous ceux qui furent victimes d’injustices pour des motifs politiques ou idéologiques pendant et après la guerre civile, mais en réalité, non sans perversité, elle refuse de reconnaître que sous la République et pendant la guerre civile beaucoup de crimes ont été commis au nom du socialisme-marxiste, du communisme et de l’anarchisme et que ces monstruosités peuvent être qualifiées elles aussi de crimes de lèse humanité (il en est ainsi, notamment, des massacres de Paracuellos del Jarama et des « Checas », et des hécatombes lors de la persécution des chrétiens). Dès sa promulgation, la « loi de mémoire historique » a d’ailleurs été systématiquement interprétée en faveur des représentants et sympathisants du seul camp républicain ou front-populiste et de leurs seuls descendants.  

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Le retour au pouvoir de la droite, trois ans après le début de la crise économico-financière de 2008, ne devait guère changer la donne. Le président Mariano Rajoy (2011-2018), ancien conservateur des hypothèques devenu un politicien professionnel roué mais dépourvu de tout charisme, s’est contenté de suivre le précepte bien connu des néolibéraux: ne pas toucher aux réformes culturelles ou sociétales « progressistes » mais défendre d’abord et avant tout les intérêts et les idées économiques et financières des eurocrates et de l’oligarchie mondialiste. Rajoy n’osera ni abroger, ni modifier la loi de mémoire. Un ami, philosophe Argentin à l’humour cinglant, résumait son idéologie par ces mots : « L’important c’est l’économie… et que mon fils parle l’anglais ». Mais encore faut il ajouter que cette attitude à courte vue a été largement partagée par son électorat. Historiquement, les droites espagnoles ont toujours été marquées par la forte empreinte du catholicisme, mais dans une société sécularisée, dans laquelle la hiérarchie de l’Église ne résiste pas mais donne au contraire au quotidien l’exemple du renoncement, de l’abdication et de la soumission, l’électorat de droite se retrouve inévitablement passif, apathique, désemparé, sans protection. Bon gestionnaire en période de calme, mais dépourvu des qualités de l’homme d’État, Rajoy s’est avéré incapable d’affirmer son autorité en pleine tourmente. Ébranlé politiquement par le référendum d’indépendance de la Catalogne (2017), organisé par les séparatistes sans la moindre garantie juridique, il a chuté finalement à l’occasion d’une motion de censure (2018) suite à l’implication du PP dans divers scandales de corruption.  

Vers la nouvelle « loi de mémoire démocratique » de 2021   

Avec l’adoption de la « loi de mémoire historique », la boîte de Pandore a été ouverte. Élu à la présidence, en juin 2018, le socialiste Pedro Sánchez, n’a pas tardé à en faire la démonstration. Pour rester au pouvoir, Sánchez, qui représente la tendance radicale du PSOE opposée aux modérés, a accepté les voix de l’extrême gauche et des indépendantistes alors qu’il avait juré avant les élections ne jamais le faire. Arriviste, allié par opportunisme à Podemos et au PC/IU, il doit donner régulièrement des gages à ses associés les plus radicaux (y compris aux nationalistes-indépendantistes) tout en ménageant Bruxelles et Washington, qui ne manqueraient pas de siffler la fin de la récréation si la ligne rouge venait à être franchie en matière économique.  

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Le premier gouvernement socialiste de Sánchez s’est engagé, dès le 15 février 2019, à procéder au plus vite à l’exhumation de la dépouille du dictateur Francisco Franco enterré quarante-trois ans plus tôt dans le chœur de la basilique du Valle de los Caídos. Le 15 septembre 2020, moins d’un an après avoir réalisé le transfert des cendres, malgré le chaos de la pandémie et le caractère prioritaire de la gestion sanitaire, le second gouvernement de Sánchez, une coalition de socialistes, de communistes et de populistes d’extrême gauche (PSOE-PC/IU-Podemos), a décidé d’adopter, au plus tôt, un nouvel « Avant-projet de loi de mémoire démocratique », qui devrait abroger la « loi de mémoire historique » de 2007. Au nom de la « justice historique » et du combat contre « la haine », contre « le franquisme » et « le fascisme », le gouvernement entend promouvoir la réparation morale des victimes de la guerre civile et du franquisme et « garantir aux citoyens la connaissance de l’histoire démocratique ».  

Cet avant-projet de loi prévoit plus précisément : la création d’un parquet spécial du Tribunal suprême compétent en matière de réparation des victimes ; l’allocation de fonds publics pour l’exhumation des victimes des franquistes enterrées dans des fosses communes et leur identification a partir d’une banque nationale ADN ; l’interdiction de la Fondation Francisco Franco et de  toutes les « institutions qui incitent à la haine » ; l’annulation des jugements prononcés par les tribunaux franquistes ; l’inventaire des biens spoliés et des sanctions économiques pour ceux qui les ont confisqués ; l’indemnisation des victimes de travaux forcés par les entreprises qui ont bénéficié de leur main d’œuvre ; la révocation et l’annulation de toutes les distinctions, décorations et titres nobiliaires concédés jusqu’en 1978 ; l’effacement et le retrait de tous les noms de rue ou d’édifices publics rappelant symboliquement le franquisme ; l’actualisation des programmes scolaires pour tenir compte de la vraie mémoire démocratique et pour expliquer aux élèves « d’où nous venons » afin que « nous ne perdions jamais plus nos libertés » ; l’expulsion des moines bénédictins gardiens  du Valle de los Caidos ; l’exhumation et le déplacement des restes mortels de José Antonio Primo de Rivera ; la désacralisation et la « resignification » de la basilique du Valle de los Caídos qui sera reconvertie en cimetière civil et musée de la guerre civile ; enfin, aux dire de la vice-présidente, Carmen Calvo, il  sera menée une « réflexion » sur l’éventualité de la destruction de l’immense croix surmontant le temple. Pour couronner le tout, des amendes de 200 euros à 150 000 euros sont prévues afin de réprimer toutes les infractions à la loi.  

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Carmen Calvo.

Dans un langage typiquement orwellien, la première vice-présidente Carmen Calvo n’a pas manqué de souligner que ce texte favorisera la « coexistence »  et permettra aux Espagnols de « se retrouver dans la vérité ». La réalité est pourtant tragique : cet avant-projet renouvelle et renforce l’utilisation de la guerre civile comme arme politique. Il discrimine et stigmatise la moitié des espagnols, efface les victimes de la répression front-populiste, refuse l’annulation même symbolique des sentences prononcées par les tribunaux populaires républicains et ignore superbement la responsabilité de la gauche dans certaines des atrocités les plus horribles commises pendant la guerre civile. Seule la vision « progressiste » du passé définie par les autorités en place est démocratique, l’histoire des « autres » devant disparaître comme dans le cas de l’histoire manipulée de l’Union soviétique.  

On ne saurait pourtant « se retrouver dans la vérité », comme le dit Calvo, en écartant d’un trait de plume toute recherche historique rigoureuse. Contrairement à ce que prétend la vice-présidente, le soulèvement militaire de juillet 1936 n’est pas à l’origine de la destruction de la démocratie. C’est au contraire parce que la légalité démocratique a été détruite par le Front populaire que le soulèvement s’est produit. En 1936, personne ne croyait en la démocratie libérale et certainement pas les gauches. Le mythe révolutionnaire partagé par toutes les gauches était celui de la lutte armée. Ni les anarchistes (qui s’étaient révoltés en 1931, 1932 et 1933), ni le parti communiste, un parti stalinien, ne croyaient en la démocratie. La majorité des socialistes avec leur leader le plus significatif, Largo Caballero, le « Lénine espagnol », préconisait la dictature du prolétariat et le rapprochement avec les communistes. Le PSOE était le principal responsable du putsch d’octobre 1934 contre le gouvernement de la République, du radical Alejandro Lerroux.  

Un seul exemple suffit pour illustrer le caractère révolutionnaire du courant alors majoritaire au sein du PSOE. Le 17 février 1934, la revue Renovación, publiait un « décalogue » des Jeunesses socialistes (mouvement dirigé par le secrétaire général Santiago Carrillo, qui devait fusionner avec les Jeunesses communistes, en mars 1936). Dans son point 8, on pouvait lire : « La seule idée que doit avoir aujourd’hui gravée dans la tête le jeune socialiste est que le Socialisme ne peut s’imposer que par la violence, qu’un camarade qui propose le contraire, qui a encore des rêves démocratiques, qu’il soit petit ou grand, ne saurait être qu’un traître, consciemment ou inconsciemment ». On ne saurait être plus clair ! Quant aux gauches républicaines du jacobin Manuel Azaña, elles s’étaient compromises dans le soulèvement socialiste de 1934, et ne pouvaient donc pas davantage être tenues pour démocrates. Ajoutons encore que, dès son arrivée au pouvoir en février 1936, le Front populaire ne cessera d’attaquer la légalité démocratique. Le Front populaire espagnol était extrémiste et révolutionnaire. Le Front populaire français était, en comparaison, modéré et réformiste. Telle est la triste réalité que le gouvernement socialiste espagnol cherche aujourd’hui vainement à cacher derrière un épais rideau de fumée.  

L’avant-projet de loi de « mémoire démocratique » de la coalition socialo-communiste n’est pas seulement antidémocratique ou autoritaire, il est proprement totalitaire. En poursuivant la « rééducation » pour ce qui concerne le passé, il porte gravement atteinte à la liberté d’expression et d’enseignement. Il est anticonstitutionnel, mais de cela bien évidemment ses rédacteurs se soucient comme d’une guigne dans la mesure où à plus long terme ils souhaitent imposer une autre constitution plus « révolutionnaire » et, par la même occasion, se débarrasser de la monarchie.   

Outre ce texte de loi de mémoire démocratique, le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a l’intention de soumettre prochainement au parlement tout un ensemble de projets de lois (sur l’euthanasie, l’interruption de grossesses, l’éducation, le choix en matière de genre, etc.), qui heurte de front les conceptions chrétiennes de la vie. Les autorités espagnoles ne recherchent plus la paix qu’à travers la division, l’agitation, la provocation, le ressentiment et la haine; la justice prend la forme de la rancœur et de la vengeance. L’Espagne semble s’enfoncer inexorablement dans une crise globale d’une ampleur dramatique.  

Arnaud Imatz  

https://lanef.net/2021/03/12/guerre-despagne-un-passe-qui...

mardi, 16 mars 2021

Démocratie et coups d'Etat

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http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/mars/d-mocrati...

Démocratie et coups d'Etat

Dominus Wernerius von Lothringen

Magister in artibus

Rester dans la légalité?

La conquête de la majorité au Parlement est le but stratégique du Coup d’État légal en Occident. En effet le pouvoir législatif, où se forme la volonté populaire est le seul lieu où s'incarne la liberté d'une nation et prend forme un débat constitutionnel. C'est la seule institution où la liberté est en jeu et peut être mise en péril.

C'est pourquoi la conquête du Parlement accorde la sanction de la légalité au pouvoir, majoritaire ou séditieux, qui n'avait été jusqu'ici qu'exclusivement légitime. Or la légalité de cette majorité est instrumentale, car la vulnérabilité des Parlements repose sur l'illusion de défendre l’État par la seule liberté, vue cependant avec les yeux des partis. Erreur très grave, puisque le Parlement a besoin de la complicité du détenteur de la Souveraineté, le Chef de l’État, pour décider, gouverner et régner. Le Chef de l’État italien, Sergio Mattarella, Imperator et Deus ex Machina de la structure constitutionnelle a montré d'être l'ultime recours de la légitimité des partis, divisés et querelleurs et, au lieu de dissoudre le Parlement, obsolète, et de faire appel au suffrage, repoussé plus loin, a ouvert la voie à un garant du salut public, Mario Draghi, Prince inattendu et nouveau premier Consul de la république romaine. L'investiture d'en haut, légale, a remplacé celle d'en bas, légitime. Du point de vue comparatif, ce même Coup d’État a comporté en Amérique le blocage de l'appareil fédéral, la violence d'une intervention séditieuse et la mise au ban du Chef catilinaire suprême, le Président Trump lui même. A l'extérieur du pouvoir impérial, par une offensive simultanée et prolongée les médias et la presse, ont montré d'être farouchement anti-catilinaires. Cette offensive a frappé les esprits, les attentes et la morale publique et a dressé, par réaction, la violence et la révolte, contre le pouvoir élu, car cela fait partie du jeu et du pari de la conquête du pouvoir d’État, qui ne connaissent qu'une loi : la réussite. La légitimité, contestée, a désarçonné la légalité, résiliente, massive et populaire.

Machiavel, Cromwell, Napoléon ou Trotski, grands catilinaires d'antan auraient ajouté à la dynamique des Coups d"État, l'inconnue de l'incertitude, de l'accident et de la Fortune. Or, tous les éléments d'un coup monté étaient réunis aux États-Unis et en Italie pour descendre Trump et pour installer Draghi. Cependant la dialectique permanente de la légalité et de la légitimité, liée à la vie historique rend aléatoire toute prévision sur la durée de l'expérience et sur les modèles politiques proposés. Il est clair que la transition entre les trois formes de régime classiques, selon Aristote, la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, autrement dit, le gouvernement de un, de peu et de tous, en leurs deux formes, pures et corrompues, ont conduit, au tout début du XXème siècle à la découverte de la "loi de fer" de toute organisation, celle de la classe politique et de l'oligarchie (Pareto, Mosca et Michels), qui jouent un rôle important dans la conservation du pouvoir. Changer de régime a toujours exigé la recherche d'un "sens" et une vocation militante pour la passation du pouvoir et le changement n'a jamais été purement technique ou rationnel, mais toujours complexe, partisan et personnel. Il a toujours été associé à un débat sur la meilleure forme du gouvernement, destiné à témoigner, chez les grands historiens du passé (Tacite, Plutarque, Suétone ou Tite-Live) et dans leurs Annales, sur les vices de l'homme, les maux de la société et les opportunités de la conjoncture. Assumant la thèse que nous sommes dans une situation, commune à tout l'Occident, de mutation d'époque, de nouveaux équilibres internationaux et d'autoritarismes montants, la démocratie est, en sa forme pure, derrière nous et une forme inédite de celle-ci, méconnaissable, opaque et inversée, émerge, au sein de la logique des contre-pouvoirs entre conservation et innovation. Dans ce cadre, la grande malade de notre temps apparaît ainsi la société, incapable de se renouveler dans la stabilité. Cette société, nationale-globaliste, post-moderne et post-démocratique exige un autre modèle de gouvernance, aujourd'hui peu clair. La crise est-elle si grave qu'un coup d’État peut s'organiser dans la légalité et transformer l'ordre social dans son ensemble ? Dans la société européenne et mondiale, la divinisation des pouvoirs concerne les autocraties montantes et leurs Césars. Cependant ce qui rend actuelle la pratique des Coups d’État, c'est la volonté de résoudre par la légalité et dans le respect formel de la légalité des problèmes qui concernent le dépassement de ses limites et qui étaient autrefois résolus par les armes. Le concept de démocratie en est terni et son modèle de gouvernance déconsidéré. Parmi les dangers n'y a-t-il pas l'ordre constitutionnel, les prérogatives du Parlement et la défense de l’État ? Bref, l'idée de Liberté ?

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L'instabilité permanente et le doute. Une "Glasnost" à la Richelieu et à la Deng Tsiao Ping mais pas à la Gorbatchev

L'éternisation parlementaire dans la recherche d'une coalition que supporte une majorité de gouvernement et les disputes et querelles entre les hommes et les partis a généré auprès du Président de la République un doute grandissant sur la possibilité de trouver une solution par une "décision" parlementaire et par un emploi normal de la représentation politique. Rompant avec la tactique ordinaire du choix entre les politiques et les grands commis de l’État, Mattarella a fait appel à un sursaut national et unitaire, qui éloigne les partis de la voie conflictuelle, pour prendre de l'ascendant sur une situation dégénérative et risquée. L'option du salut public et le doute grandissant sur les capacités d'auto- correction de la Chambre, ont fait choisir au Président l'option de la "légalité d'exception" et d'un armistice provisoire dans une dispute où l'ennemi principal était la réforme de l’État, la victoire contre la pandémie et la relance de l'économie. Combattre pour la survie voulait dire opérer une distinction entre la difficile guerre totale au système bureaucratique, inefficace, et une guerre limitée au parlementarisme, incapable d'avancer dans la division. Le premier but de guerre fut donc de réduire l'implication des passions et de fixer des objectifs praticables. La grande conséquence de la "Glasnost" politique à l'italienne, qui venait d'être lancée, incluant la toute jeune "Perestroïka économique" de l'Union Européenne, a été la recomposition du système politique. Une recomposition qui vise le renouvellement des partis et, globalement, de l'échiquier parlementaire, autrement dit, l'instauration d'une nouvelle oligarchie et une libéralisation de la structure administrative, sans la " terreur révolutionnaire du mérite", comme critère de réforme et de modernisation. Cela a voulu dire, pour Draghi, d'être avec Richelieu et Louis XIV et de rassembler davantage à Deng Tsiao Ping plutôt qu'au réformiste-visionnaire Gorbatchev. Libéraliser et moderniser certes, sous le contrôle du système politique, version ENA et Macron, mais expurger tout souverainisme à la de Gaulle. La recomposition du système politique, qui est en cours parallèlement en Espagne et en France, investit avant tout la gauche, dispersée et sans idées, sclérosée et dépourvue du vaccin contre le virus des divisions et des luttes intestines. Le Partito Democratico (PD), pour continuer à exister au delà des seules apparences discursives, devrait fusionner avec le M5S, autour du triumvirat Conti, Grillo et di Maio, la Greta Thunberg de l'économie verte. Cependant nous sommes loin du "Pacte de pacification" de 1921 entre Ivanohe Bonomi e Benito Mussolini. Il n'existe pas aujourd'hui de danger de révolte extrémiste comparable à celle du "parti armé" de l'époque, menaçant de brutaliser la politique. Il existe par contre l'idée de Grillo que "les fraises sont mûres", pour faire adopter l'option d'une légitimité du transformisme parlementaire. Le danger de la violence n'existe pas et le contrôle des masses devenues apathique et anti-politiques, renforce les partis de droite et, en particulier Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, très combative.

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Pas d'ennemi, pas de violence !

Pas d'ennemi, pas de violence! Pas de réarmement militant et d'affrontement physique et donc pas de défense armée de l’État ! L'État peut être défendu par le droit et par le respect de la légalité parlementaire. Le Coup d’État pour changer la République pourra se faire sans la violence et dans un cadre légal. En France et dans la clandestinité il n'y a que l’État islamique et, parmi les "hors la loi", il n'y a que les Djihadistes et le "Mouvement identitaire", mis au ban par Darmanin ! Pour éliminer les Fillon, les Sarkozy, les Berlusconi, les Orban il a suffi d'une magistrature d'obédience politique. Il n'y a plus de révolution en vue, il n'y a plus de négation du droit des peuples, ni d'injure permanente des vainqueurs sur les vaincus, hormis la période coloniale, ressassée à la sauce islamo-gauchiste. La colonne Vendôme n'a pas été abattue et la Commune de Paris n'a pas arrêté les communards devant la Banque de France par respect envers la Patrie. En Italie c'est le représentant de la Banque Centrale Européenne qui va vers le peuple, vers les classes moyennes et les entrepreneurs ! C'est comme si Versailles, compassionnelle, allait vers les prolétaires de la Commune de Paris ! Il n'est plus de militaires impitoyables et donc plus de gestes glorieux face aux pelotons d'exécution de Thiers, ni de chansons ardentes, semblables à l'Internationale de Pottier ! Il n'y a pas une grande défaite à venger mais un Parlement, une Assemblée ou des Cortés déjà épuisés, à asservir et déjà pliées, prêtes à se mettre en marche sous la discipline des règlements et des groupes parlementaires! Pour ces radicaux de polichinelle, amadoués par les strapontins parlementaires, le droit constitutionnel suffit et la légalité est respectée sans effusions de sang. L'Italie apparaît ainsi le laboratoire de l'Occident et un exemple indéniable pour la France ou l'Espagne, mais elle constitue néanmoins l'anti-modèle des États-Unis.

Brennus à Rome et QAnon et KU KLUX KLAN à Washington

Lors du sac de Rome au IV siècle avant Jésus-Christ, Brennus, Chef des Gaulois, négociant la rançon en or pour la libération de la ville avait jeté là avec mépris la fameuse phrase : "Vae Victis!" (Malheur aux vaincus!) La valeur de cette maxime persiste. Elle prouve la signification persistante de la force et des rapports de force et justifie, aux États-Unis l'importance de la conspiration et du complot pour conquérir et pour conserver le pouvoir. Dans le cadre des élections perdues, Trump aurait essayé de prévenir un coup d’État, monté par Barack Obama, Hillary Clinton et George Soros.

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Après sa défaite électorale en 2020, de nombreux partisans de la mouvance QAnon auraient recommandé au président de "franchir le Rubicon" et de conserver le pouvoir, en invoquant la loi martiale. Les croyances QAnon deviennent un partie intégrante des tentatives de renverser des élections présidentielles américaines de 2020, et cela sur la base de l'incapacité de la mouvance démocrate de respecter la légitimité du pacte constitutionnel et donc de la voie des urnes, sans tricher. En particulier, sur la base du préjudice qui découle, pour les minorités religieuses, sexuelles et raciales, de vivre à égalité avec l'actuelle majorité blanche. L'égalité serait un faux concept et une fiction juridique trompeuse, bref une utopie, marquée par l'idée d'affranchissement et de rattrapage d'une arriération, vis à vis de la supériorité raciale blanche. Les démocrates seraient prêts à tout pour faire franchir aux minorités cette frontière invisible, qui amènerait à une prépondérance de couleur. Or, puisque cette égalité est fictive et qu'elle masque une inégalité naturelle et réelle, toutes les pratiques de subversion deviendraient légitimes, la tricherie ou le Coup d’État. En effet là où est remis en cause un rapport de force originel et essentiel entre groupes sociaux, il ne peut y avoir que violence, puisque serait ainsi renversé le pacte constitutionnel du "vivre ensemble".

Nature et société

L'idée constitutive d'identité et de société en aurait à pâtir selon l'image de l'Amérique des confédérés de QAnon, du Ku Klux Klan, de Griffith et de son chef d’œuvre "La naissance d'une Nation". C'est le dilemme historique des fondements premiers et originels de la Cité sur la colline et du fait associatif américain, l'homogénéité ou l'hétérogénéité ethnique et tribale, qui précède toute autre distinction de droit et montre un aperçu de la société américaine et sa vulnérabilité.

La remise en cause de cette identité originelle ne peut être que violente et sanglante, car elle a son origine dans le sang et point dans la loi. Dès lors, renverser les rapports de force, en invoquant la loi martiale (QAnon..), le Coup d’État (Obama, Clinton, Soros), ou le prix de la soumission (Brennus), c'est se heurter au "fundamenta inconcussa", le vieux rapport de l'homme à la nature humaine, à la société constituée et à l'Histoire.

A partir de là, tricher au jeu électoral devient un enjeu de confrontation constitutionnelle et post-démocratique dans la maison de cyborg, le mode d'une impossible contestation politique, de la même façon que le couteau ou le coup de canif, décrivent les premiers pas de l'assimilation par les adolescents des migrations et leur plume à écrire pour l'initiation scolaire dans la maison de Descartes.

Si le modèle du Coup d’État légal et non violent des temps actuels, est désormais, pour l'Europe, le laboratoire politique de l'Italie, la contestation ethnique, sexuelle et raciale des États-Unis, deviendra peut-être le modèle violent et tribal de la condition humaine pour l'Europe et le monde ?

Dans une attente toujours fatale, la pétition dramatique de Tite Live retentira dans les consciences des décideurs d'Occident "Dum Romae Consulitur, Saguntum expugnatur !" (Alors qu'à Rome on débattait, Sagonte était prise!) (Tite-Live, Ab Urbe Condita).

Bruxelles le 15 mars 2021

lundi, 15 mars 2021

Chronique européenne: TransEuropa#2, avec Robert Steuckers - L'Europe encerclée ?

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Chronique européenne: TransEuropa#2, avec Robert Steuckers

L'Europe encerclée ?

Second épisode de notre série TransEuropa, spécialement consacrée à l'Europe. Depuis son bunker belge, le conférencier et essayiste Robert Steuckers (Oncle Bob pour les intimes) abordera différents sujets à propos de notre continent. Histoire, politique, littérature, grands mythes et bien d'autres sujets qui nous l'espérons raviront les auditeurs et leur donneront des clés de compréhension à propos de l'Europe. Aujourd'hui: l'Europe est-elle encerclée ? Bonne écoute et place à oncle Bob ! #géopolitique #international #Europe
 
 
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Extrait musique: © Kraftwerk-Trans Europa Express (1977)
Réalisation: ©Radio Lorraine Enragée 2021

La biocratie pendant la pandémie sans fin

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La biocratie pendant la pandémie sans fin

SOURCE : http://www.ilpensieroforte.it/dibattiti/4573-biocrazia-de...

Par Lorenzo Maria Pacini

Je suis désolé de devoir décevoir les pacifistes et les bien-pensants, les #willallbeallgood et les apologistes du c***d : nous sommes en guerre, et ce depuis longtemps. L'asymétrie avec laquelle les scénarios de guerre ont été redéfinis au XXIe siècle n'est plus celle des champs de bataille avec des canons, des chars et des avions, ni celle de l'espionnage entre l'Est et l'Ouest à la recherche de la pièce où se trouve le bouton rouge pour faire sauter quelques ogives nucléaires ; ces choses existent toujours, bien sûr, mais elles ont été incorporées dans la stratégie (pas si nouvelle) de la guerre sans fin qui utilise l'infodémie, le numérique et les technologies pour établir de nouveaux scénarios et différents paradigmes, en constante évolution et expansion.

En 1991, le CERN à Genève a publié le premier site web. En 2016, le Pentagone a reconnu le cyberespace comme un nouveau domaine de guerre, le cinquième après la terre, la mer, l'air et l'espace. Exactement 30 ans avant, pas après, en 1986, Ulrich Beck a prédit une lutte pour l'infosphère en écrivant cette phrase : "Dans la mesure où la localisation de la production s'épuise et s'effiloche, l'information devient le moyen central qui rend possible la connexion et la cohérence de l'unité de production. Le problème est donc de savoir qui, comment, par quels moyens, dans quel ordre, reçoit des informations sur qui, sur quoi et dans quel but. Il n'est pas difficile de prévoir que dans les conflits organisationnels de l'avenir, ces luttes de pouvoir sur le coefficient de distribution et de diffusion des flux d'information deviendront une source importante de conflits"[1]. Aujourd'hui, ces mots sont devenus réalité, plus que nous ne le pensons. Le développement de la techné en tant que nomos unique, hétéro-dirigé par le système libéral-capitaliste, paradigme consacré de la politique et de la vie sociale, nous a inévitablement projetés dans une dimension de transition, cette vraie transition qui est numérique mais ne l’est pas seulement ; elle est si inévitable que la roue du moulin a démarré à toute vitesse et ne montre aucun signe d'arrêt imminent. Pendant des années, nous avons été soigneusement éduqués à mesurer nos vies avec des critères numériques, des critères d'information et d'hyper-communication, dans la recherche compulsive du "like" du moment, entre une nouvelle application et le dernier modèle de smartphone, tandis que nous cliquions pour accepter les termes du contrat sur chaque page web sans jamais en avoir lu le contenu, dans une vente obsessionnelle d'images et de données parce que c'est comme ça et qu'on ne peut pas ne pas le faire si tout le monde le fait, abattant même le dernier mur de la dimension spirituelle, dont le culte a été mis en cage dans les minutes d'une émission en ligne en direct.

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Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est impossible de ne pas communiquer, que le marché change et que nous sommes des marchandises, passant de la stratégie de l'entreprise qui offre le produit pour les masses sur une vitrine, à l'algorithme qui envoie des informations calibrées sur les goûts de l'utilisateur individuel, pour ensuite livrer le produit directement à sa porte ; il est vrai aussi que maintenant tout le monde aime s'envoyer des messages sur les réseaux sociaux, pour montrer ce que l'on fait, pour collecter des approbations et des followers pour compenser la profonde solitude du nihilisme post-moderne, en amplifiant l'émotivité jusqu'à l'exaspération parce qu'aveugle et sourd devant un outil comme le smartphone qui ne communique pas l'être mais seulement des chiffres mis en rang ; le problème est que très peu ont compris que tout cela n'est rien d'autre qu'une nouvelle dimension de la guerre, et que nous ne sommes pas seulement les cibles mais aussi les armes.

Essayez un instant d'envisager le scénario suivant : les plateformes d'info-communication sont des camps d'entraînement, où nous sommes constamment remplis d'informations sur la façon dont le monde évolue selon un récit précis, au niveau politique, économique, social ; nous sommes entraînés à trouver des informations sur d'autres personnes ou produits, en explorant le web et en entrant en contact avec d'autres utilisateurs ; nous effectuons des achats et des ventes en déplaçant les poteaux indicateurs du marché, selon les modes induites et les besoins présumés qui nous font percevoir comme rigoureux et essentiels pour suivre une dimension en mutation fluide ; on nous montre des modèles idéaux, de la nourriture, du travail, du sport ; on nous pousse à croire à des choses vraies et fausses, comme des cobayes dans des laboratoires d'expérimentation psychométrique et sociologique, recevant kilo après kilo d'expériences à digérer émotionnellement et socialement ; on nous fait aussi écouter de la musique, quand elle est mélodique, quand elle est rythmée, quand elle est faite de discours de chefs de service passant en revue des troupes, nous rappelant que le subliminal est 95% de la personne humaine. Dans une telle configuration, il faut se demander : sommes-nous vraiment libres ?

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L'ingénierie sociale que les théoriciens du XIXe siècle ont minutieusement décrite dans leurs traités sur les doctrines politiques et sociales a été superbement appliquée par les experts en la matière. Nous sommes arrivés à une guerre à la manière de l'homo homini lupus, où pour déstabiliser un peuple, une nation ou un gouvernement, il n'y a plus besoin de raids et de coups d'État, mais simplement de subversion sociale, de terrorisme médiatique, de fausses informations, de pilotage des élections par le piratage électronique, par exemple. Il suffit de modeler l'esprit des masses dans une certaine direction et selon des modèles précis pour changer le monde. Une seule donnée, une simple information, a le pouvoir de changer un grand nombre de personnes.

Les années 2020 et 2021 sont par excellence la contre-épreuve de ce système complexe. La dictature sanitaire en marche, prédite depuis des années et des années par les dirigeants des grandes entreprises informatiques, de l'industrie pharmaceutique et des gouvernements de certains États passionnés par l'exportation de la démocratie, qui nous ont offert des milliers de pages de livres, d'interviews et de conférences où ils ont notifié leurs intentions avec une précision magistrale : tout cela n'est rien d'autre qu'une biocratie, ou plutôt une forme de gouvernement basée sur la vie, ou plutôt sur le contrôle de celle-ci. La vie qui, rappelons-le, n'est pas une valeur absolue car nous la perdons tous tôt ou tard, mais qui, dramatiquement, est désormais érigée en seule valeur à partir du moment où l'homme a été matériellement massifié et privé de transcendance, pour être réduit, un parmi d'autres, à être un produit du marché à calculer selon les mécanismes du profit et de la rentabilité. Mais c'est précisément sur la vie que nous avons été trompés par la terreur de la mort, le dernier démon contradictoirement exorcisé d'abord par la recherche spasmodique de formes de survie et de prolongation de la vie, puis invoqué par l'offre de mort aux enfants dans le ventre de leur mère et aux personnes âgées arrivées à leurs derniers jours, mais aussi par la promotion d'une culture de l'auto-anéantissement avec les drogues, la violence, l'impossibilité de construire un avenir.

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La pandémie du virus C***d est arrivée au bon moment, réalisant les prophéties de ces mêmes philanthropes immédiatement prêts à nous fournir la solution. Un stratagème dramatique, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, mais au bout du compte, pour le système, il s'agit d'une question de chiffres sur les plans d'affaires des entreprises et sur les comptes de pension de l'État ; ces ‘’chiffres’’ ne sont certainement pas des êtres dotés d'une dignité ontologique unique et non reproductible, et surtout inviolable. Au nom de la peur de mourir, ils nous ont forcés à ne pas vivre, et nous les avons laissés faire en bons écoliers trempés dans l'in-formation qui nous a donné la bonne forme pour recevoir un contenu fait de vide spirituel et d'identités fluides. Une pandémie qui, semble-t-il, ne semble jamais se terminer, au contraire elle trouve continuellement la raison politique ou économique pour revenir d'un moment à l'autre, tandis que des restrictions de plus en plus sévères nous sont imposées ; la pauvreté augmente, le désespoir se répand mais l'important est d'honorer le dieu Science, qui à travers ses prêtres Experts des CTS ou des Ministères de compétence prêchent l'évangile de Saint Virus selon les Médias, nous rappelant la nécessité de réparer nos terribles péchés que sont la socialité, la santé, les droits, la démocratie, la liberté, afin de pouvoir accéder au sacrement du Vaccin, instrument de l'insondable miséricorde du Gouvernement. Et ça ne s'arrête pas là. Beaucoup vont mourir de faim, et pas seulement ça, mais au moins ils auront un masque.

La biocratie de la pandémie sans fin est une réalité. La guerre est en cours et nous sommes ses troupes et ses cibles. La politique est un instrument de transformation et de privation du bien commun, et non plus son exercice et sa défense. Rien n'est sur le point de s'arrêter, car nous sommes dans une nouvelle normalité si évidente que même les descriptions littéraire ou cinématographiques de réalités dystopiques doivent céder devant ce nouveau réel et observer avec étonnement le chef-d'œuvre de l'ingéniosité humaine.

Nous sommes appelés à répondre à ce grand formatage par un grand réveil collectif, une prise de conscience qui conduit à une transmutation de la conscience et de notre mode de vie. La tâche de chacun d'entre nous est d'être un changement concret, donnant lieu à une redéfinition de la dynamique du pouvoir, qui appartient au peuple, et des structures de la politique, en vue de surmonter les formes précédentes qui ont échoué. Non pas un retour en arrière, à la vie d'avant, mais un dépassement, le dépassement de la mémoire nietzschéenne qui est une transformation vers une nouvelle dimension. Les processus déclenchés doivent suivre leur cours, dramatique d'un certain point de vue, mais nécessaire pour discerner ceux qui auront vraiment le courage de construire un monde nouveau et différent, dans cette nouvelle ère qui nous appartient déjà.

Lorenzo Maria Pacini.

Note :

[1] U. Beck, La société du risque. Vers une seconde modernité, Carocci Editore, 2005, p. 301.

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La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

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La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

par Georges FELTIN-TRACOL

La France, avec ses 66 millions d’habitants, n’appartient plus au système démocratique selon les critères de la cité antique d’Athènes. L’Institut de pataphysique politique PolDem, qui a publié, jeudi 11 mars, son rapport annuel sur la démocratie, classe désormais l’Hexagone dans la catégorie des « tyrannies électorales », ayant l’apparence des régimes démocratiques mais qui, en réalité, sapent l’indépendance et la neutralité des contre-pouvoirs (la justice, les médias), et transforme les opposants en ennemis d’État. Le pays de Jeanne d’Arc arrive en 7e position après les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada, la Suède et la Grèce. Le centre de recherche indépendant de l’université Guillaume–Faye à Méta-Sparte (capitale fédérale de l’Empire euro-sibérien) constate une détérioration des libertés depuis l’accession au poste de président de la République du libéral-progressiste Emmanuel Macron, en 2017, et estime qu’il s’agit d’« un des changements les plus spectaculaires parmi tous les pays du monde au cours des dix dernières années ». PolDem rappelle l’éventail des mesures déployées par le gouvernement français pour museler les oppositions réelles et la liberté d’expression. Cela va des dispositions financières pour couper les vivres des dissidents (essayistes, humoristes, éditorialistes), jusqu’aux ordonnances sur la situation sanitaire, ou la prévention des activités dites illégales en passant par la censure sur Internet et le contrôle des médias. Un arsenal utilisé pour « harceler, intimider et emprisonner les opposants politiques, ainsi que les personnes qui protestent contre les politiques du gouvernement ».

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Deux autres études confirment la dérive anarcho-tyrannique en France. Dans son rapport annuel sur l’état des libertés dans le monde, l’ONG Arnaud-Dandieu, basée en Araucanie – Patagonie, rétrograde elle aussi la France au rang des pays « partiellement libres ». Les auteurs soulignent que la politique répressive de Macron au moment des Gilets Jaunes s’est amplifiée avec le covid-19, le harcèlement de journalistes de réinformation couvrant la pandémie, l’abandon de millions de travailleurs indépendants et libéraux durant les confinements successifs, et la désignation de « boucs émissaires » parmi les jeunes identitaires français – européens.

Intimidation croissante

L’ONG Arnaud-Dandieu a fait le calcul : plus de 7 000 personnes ont été accusées de protestations après l’arrivée au pouvoir de La République en marche (LREM) et la plupart des accusés sont des opposants du parti d’Emmanuel Macron. Comme PolDem, l’ONG constate que les droits politiques et les libertés civiles dans le pays se sont détériorés depuis 2017, avec une pression accrue sur les organisations de défense des droits des peuples et des devoirs des citoyens, une intimidation croissante des universitaires et des réinformateurs, et une vague d’attaques contre les esprits réfractaires à la novlangue.

Dans un troisième classement, celui du département « Intelligence Unit » du magazine sealandais The Conservative Man sur l’état de la démocratie dans le monde, la France se retrouve dans la catégorie des démocraties « imparfaites », notamment parce que le gouvernement dirigé par Emmanuel Macron « a introduit des éléments de censure dans la libre expression des Français » en contradiction frontale avec l’étymologie fondatrice de la France.

Georges Feltin-Tracol

• Pastiche politique d’un article fallacieux consacré à l’Inde publié dans Le Monde des 14 et 15 mars 2021.

dimanche, 14 mars 2021

Patrick Zylberman et la préparation mondiale aux luttes contre le virus

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Patrick Zylberman et la préparation mondiale aux luttes contre le virus

par Nicolas Bonnal

Tempetes-microbiennes.jpgUn livre d’expert nous prévenait (dans un langage scientifique) il y a une dizaine d’années ou plus : les mondialistes nous conditionnaient par la peur des pandémies depuis le début des années 2000 (langage complotiste), en particulier dans le bon vieux monde transatlantique. Tout cela avait suivi le 11 septembre qui devait nous préparer au bioterrorisme, au cyber-terrorisme et enfin à leur vieil objectif de dépeuplement (conspiration ou constatation ?). L’expert en question s’appelle Patrick Zylberman et s’est alors fait l’auteur de drôles de constatations. Le livre a évidemment été mal reçu alors, les journalistes étant comme les médecins vendus achetés pour vendre terreur, vaccin et dictature technologique. 

On se contentera ici de citer sa page Amazon.fr.

« À l'Ouest, du nouveau.
Fin septembre 2005, le coordinateur pour la lutte contre la grippe aviaire et humaine à Genève prédisait de 2 à 150 millions de morts dans le monde lors d'une prochaine pandémie, 'comme en 1918!' tenait-il à préciser. Assurément, un nouveau spectre hante le monde transatlantique : la terreur biologique.
Les États planchent sur des scénarios catastrophes, afin que l'économie mondiale ne soit pas frappée, du jour au lendemain, par la mise hors travail de cadres dirigeants et de simples ouvriers affaiblis par l'infection. Cette peinture des 'tempêtes microbiennes' traduit une amplification considérable de l'idée de sécurité sanitaire et une dégringolade vertigineuse dans la fiction (chiffres exagérés, analogies sans fondement, etc.) lorsqu'il s'agit de définir la prévention contre les menaces microbiennes et les procédures de gestion des crises épidémiques.

Patrick Zylberman dégage trois grands axes de la sécurité sanitaire :
La place grandissante faite aux scénarios (fictions qui feignent le réel en proposant des situations imaginaires mais propices à l'apprentissage des réflexes et comportements visant à la maîtrise des événements) ;
Le choix systématique de la logique du pire comme régime de rationalité de la crise microbienne. Or l'événement déjoue les prévisions : il est toujours autre chose. Les scénarios du pire deviennent un handicap pour la pensée, parce qu'ils demeurent prisonniers de la modélisation ;
L'organisation du corps civique : dans l'espoir de renforcer l'adhésion aux institutions politiques et de faire face à la désorganisation sociale engendrée par la crise épidémique, les démocraties sont de plus en plus tentées d'imposer un civisme au superlatif (l'accent est mis sur les devoirs et les obligations du citoyen comme sur la nécessité de faire preuve d'altruisme), qu'il s'agisse des quarantaines, de la vaccination, voire de la constitution de réserves sanitaires sur le modèle des réserves de la sécurité civile.
Ce faisant, la sécurité sanitaire transatlantique contribue à la crise de l'État-nation. Afin de maîtriser des problèmes qui sont précisément internationaux dans leur nature, les États adoptent des solutions globales, même ceux qui, comme les États-Unis ou la Chine, se montrent d'ordinaire extrêmement chatouilleux sur le chapitre de la souveraineté nationale. »

9782738153104.jpgLe storytelling du pire justifie leur tyrannie, mais cela commence à savoir, même dans la citrouille du citoyen Ran-Tan-Plan (le chien Ran-Tan-Plan de Goscinny sent au moins confusément quelque chose)….

On guette le grand réveil et le choc en retour ?

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vendredi, 12 mars 2021

Contre le Grand Reset ! Vers la culture politique du Grand Réveil !  

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Contre le Grand Reset ! Vers la culture politique du Grand Réveil !  

par Alexandre Douguine

QU’EST-CE QUE LE « GRAND RESET » ?

Les Cinq Points du Prince Charles

Au Forum de Davos en 2020, son fondateur Klaus Schwab et le Prince Charles de Galles ont proclamé une nouvelle orientation pour l’humanité — le Grand Reset. Le plan, annoncé par le Prince de Galles, consiste en cinq points :

1. Captiver l’imagination de l’humanité.
2. Rétablissement économique après la pandémie du COVID-19, ce qui devrait conduire au début du « développement durable ».
3. Transition vers une économie non-pétrolière au niveau mondial.
4. Science, technologie et innovation doivent recevoir une nouvelle impulsion pour le développement.
5. Il est nécessaire de changer la structure de l’équilibre des investissements. La part des investissements verts doit être augmentée.

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Ce programme est en fait devenu l’idéologie de l’élite libérale globale. Joe Biden et son administration sont arrivés à la Maison Blanche sous ces slogans.

Si nous écartons la rhétorique humaniste et l’accent mis sur l’écologie (qui est précisément la lubie du Prince Charles), alors le programme de la nouvelle phase de globalisation et le plan d’action de l’élite internationale dans l’ère Biden sont réduits à ce qui suit :

  1. Il est nécessaire de subordonner complètement la conscience de l’humanité aux idées libérales-globalistes. Cela peut être atteint par le contrôle complet des médias, des réseaux sociaux, de l’éducation, de la culture, de l’art, où les nouvelles lois sont établies – politique du genre, glorification des minorités – sexuelles, ethniques, biologiques (exaltation de la laideur corporelle comme idéal de beauté et d’harmonie). En même temps, les Etats nationaux sont diabolisés, et les structures supranationales, au contraire, sont exaltées de toutes les manières possibles.
  1. Le « développement durable » (le projet du Club de Rome) implique une réduction de la population du globe (puisque les limites de croissance sont atteintes). D’où le lien avec la pandémie du COVID-19, ainsi que la mise en garde de l’OMS sur la probabilité de nouvelles pandémies.
  1. Le refus du pétrole vise à frapper un coup contre l’économie de la Russie, d’un certain nombre de pays islamiques et d’Amérique Latine (principalement le Venezuela), qui sont les piliers de l’ordre mondial multipolaire. La même tactique fut utilisée par les Etats-Unis dans la dernière période de l’URSS, ce qui abaissa artificiellement le prix du pétrole.
  1. « Développement technologique » signifie encore plus de numérisation avec l’introduction du contrôle total et de la surveillance totale des citoyens, le transfert d’un certain nombre de fonctions à l’« Intelligence Artificielle forte », l’accélération des technologies de bio-ingénierie, la production de masse des robots, la promotion des projets de mutation génétique et des projets de croisements d’espèces (ainsi que le « croisement » des humains et des machines).
  1. Il est nécessaire de continuer et d’accélérer la désindustrialisation de l’économie, de déplacer les bulles financières accumulées dans le domaine vague et opaque de la « production écologique » avec la monétarisation simultanée de l’environnement lui-même et sa transformation en capital.

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En même temps, les globalistes croient que l’arrivée des Démocrates à la Maison Blanche et la diabolisation de Trump et des conservateurs qui le soutenaient créent les conditions idéales pour un nouveau tour de globalisation et d’application de ce programme. De plus, la globalisation a manifestement piétiné durant les dernières décennies, et l’ordre multipolaire alternatif basé sur la montée de civilisations indépendantes – russe, chinoise, islamique, etc. – est graduellement devenu une réalité irréversible. Par conséquent, les globalistes n’ont simplement pas le temps : c’est maintenant ou jamais.

Voilà ce qu’est le « Grand Reset ». Et il a commencé.

Brève histoire du libéralisme

Si nous regardons les principaux stades de l’idéologie libérale, nous comprendrons que le « Grand Reset » n’est pas quelque chose de fortuit et de transitoire. La globalisation est le résultat logique de l’histoire mondiale, telle qu’elle est comprise par la pensée libérale. 

Le libéralisme est une idéologie qui se concentre sur la libération de l’individu vis-à-vis de toutes les formes d’identité collective.

Cela commença avec la Réforme Protestante et l’abolition des états médiévaux [= clergé, noblesse, tiers-état]. Le résultat fut une société bourgeoise où tous étaient égaux – mais seulement en théorie et en termes d’opportunités. Mais ce fut une grande avancée aux yeux des libéraux.

Les Etats-nations modernes émergèrent sur les ruines de l’Empire européen et du pouvoir du Pape – à nouveau, des individus (mais sous la formes d’Etats) furent libérés de l’identité collective (les identités catholique et impériale). Mais le progrès libéral ne s’arrêta pas là.

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Les philosophes Locke et Kant décrivirent le projet de « société civile », où les Etats-nations devaient être abolis. Les individus pouvaient théoriquement s’en sortir sans eux. Ainsi surgit la philosophie du cosmopolitisme, qui présuppose l’abolition des Etats-nations et (comme idéal) la création d’un Gouvernement Mondial. Ce fut la naissance du mondialisme – bien qu’en théorie.

Adam Smith formula les fondements du libéralisme en économie, soulignant la nature internationale du marché. Dans cette théorie libérale, le développement du capitalisme présupposait la disparition graduelle des Etats, et en fin de compte, le remplacement complet de la politique par l’économie, c’est-à-dire le marché.

La théorie critique du marxisme émergea au XIXe siècle, qui opposait la théorie des classes à l’individualisme libéral. L’idée de progrès était vue différemment ici, bien que les marxistes s’accordaient aussi sur la nécessité de la mort des Etats (l’internationalisme). Au XXe siècle, des idéologies de nationalisme extrême (le fascisme), contestant à la fois le libéralisme et le communisme, surgirent. Elles mettaient en premier le principe de la nation (l’Etat pour les fascistes, la race pour les nationaux-socialistes).

La défaite du fascisme en 1945 élimina cette idéologie de l’agenda, et l’image du futur fut disputée entre les libéraux et les communistes. Ce fut la signification idéologique de la Guerre Froide.

En 1991, l’Occident libéral finit par gagner. L’URSS s’effondra, et la Chine communiste se lança sur le chemin du développement du marché.

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C’est alors que la « fin de l’histoire », c’est-à-dire la victoire finale du libéralisme, fut proclamée. Cependant, après un examen plus attentif, il s’avéra que les libéraux n’avaient pas aboli deux types d’identité collective – l’identité sexuelle (le genre) et l’identité humaine elle-même. Cela signifiait que de nouveaux obstacles se trouvaient sur la route du progrès libéral. C’est pour cela que depuis les années 90 du XXe siècle, la politique du genre est venue au premier plan. Sa signification n’est pas seulement la tolérance pour les pervers et le féminisme radical qui restaure l’égalité des genres. D’après les progressistes libéraux, le genre devrait devenir une question de choix individuel – comme auparavant la religion, la profession, la nationalité, etc. Sinon, le « progrès » ralentirait. D’où les couples transgenres et gays dans l’administration Biden. Ces normes de la correction politique sont les signes de la victoire sur le tournant conservateur qui était presque arrivé sous Trump.

Maintenant la démocratie a fini par être définie comme le pouvoir des minorités, dirigé contre la majorité (manifestement une majorité « criminelle » qui est capable de choisir Trump ou… Hitler à tout moment, sous l’influence des sentiments populistes). Trump tenta désespérément de défendre l’ancienne compréhension de la démocratie, mais fut renversé. Il a été « annulé » [« canceled »] comme l’ont été les autres figures, mouvements, et pays entiers se trouvant sur la route du « Grand Reset » – le dernier stade du mouvement du libéralisme vers son triomphe historique.

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Et les libéraux ont un dernier problème devant eux – l’abolition de l’humanité, la politique du post-humanisme. La libération vis-à-vis de l’identité collective requiert l’abolition du genre et de l’espèce. Les futurologues libéraux font déjà l’éloge des nouvelles possibilités des post-humains – la fusion avec la machine multipliera la force du corps, de la mémoire, et aiguisera les sens ; l’ingénierie génétique mettra fin aux maladies ; la mémoire peut être stockée sur un serveur « cloud » ; l’humanité peut se connecter à la machine et atteindre l’immortalité.

Le « Grand Reset » est le triomphe de l’idéologie libérale à son stade le plus élevé, à son stade de globalisation.

Et tous ceux qui s’opposent à un tel agenda sont déclarés « ennemis de la société ouverte ». Ils sont invités à capituler volontairement. Sinon, tout le monde progressiste – avec ses finances illimitées, son potentiel technico-militaire et sa capacité inépuisable de contrôler l’« imagination de l’humanité » – leur tombera dessus.

Ainsi, le « Grand Reset » est la dernière note du progrès humain, tel qu’il est compris par la pensée libérale. Maintenant toute l’humanité est libre – libre d’être libérale.

Mais il faut noter qu’en même temps elle n’est pas libre de ne pas être libérale. Si un « illibéral » ou un « pas assez libéral » est repéré quelque part, le système punitif est lancé automatiquement.

Grand Réveil

Durant la féroce campagne électorale aux Etats-Unis, les supporters de Biden – les partisans du « Grand Reset » – utilisèrent tous les moyens contre leur adversaire Trump, incluant les moyens prohibés. Ils allèrent même jusqu’à appliquer les méthodologies des « révolutions de couleur » à l’intérieur des Etats-Unis – des méthodologies qui étaient auparavant exportées. Une telle détermination à la limite de l’infamie en dit long sur l’importance des enjeux. Les globalistes sont bien conscients que si leurs défaites et leurs échecs continuent à s’accumuler, toute l’histoire du libéralisme, longue de cinq cent ans, s’effondrera. Un monde multipolaire – vers lequel Trump, étant critique de la mondialisation, gravitait instinctivement – ne laisserait aucune chance aux libéraux. Ils jetèrent donc leurs masques, abandonnèrent les principes de la « vieille démocratie » et poussèrent Biden à la Maison Blanche, sans aucune considération de décence, des procédures et des règles.

Les supporters de Trump savaient à quelle force puissante et maniaque ils avaient affaire depuis sa première campagne électorale. Les Démocrates, conduits par la logique du mondialisme, étaient prêts à sacrifier les institutions américaines traditionnelles et la démocratie elle-même. Et c’est contre cela que les trumpistes mettaient en garde depuis 2016.

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Bien sûr, il est difficile pour les citoyens ordinaires de comprendre tout l’arrière-plan sinistre de l’idéologie libérale, qui mène immanquablement et consciemment à la destruction de l’humanité, à son « dépassement ». Cela est difficile à croire, ce n’est pas facile de parvenir à la vérité. Spécialement pour ceux qui ont été élevés sous l’influence de la démocratie libérale, à l’intérieur du système capitaliste et sous la profonde introduction d’une culture mondialiste. Et pourtant l’épiphanie a commencé.

C’est ainsi que la thèse du « Grand Réveil » est née. Ce slogan fut mis en avant par les supporters de Trump, qui devinrent les premières victimes du nouveau totalitarisme libéral à venir. Leurs initiatives furent immédiatement censurées, leurs comptes sur les médias sociaux furent supprimés, et même les références à eux furent effacées des systèmes des géants technologiques – Twitter, YouTube, Google, Facebook. 

Tout d’abord, cela affecta seulement les adversaires les plus bruyants des globalistes et les supporters de Trump. Mais à mesure que la campagne électorale s’envenimait, des cercles de plus en plus larges devinrent les victimes de la culture de l’« annulation » et du « deplatforming ». Jusqu’à ce que les globalistes appliquent finalement leurs méthodes au président US lui-même – Donald Trump.

Ce fut le moment du « Grand Réveil ». Maintenant la vraie nature des mondialistes a été comprise non seulement par les plus lucides et les plus irréconciliables, mais aussi par de vastes sections de la société américaine.

Ceux qui avaient voté pour Trump furent presque identifiés à des « fascistes » dans la dictature libérale établie. C’est ainsi que fonctionnent les lois du « Grand Reset » : quiconque n’est pas avec nous est un « fasciste », et il est possible – et même nécessaire ! – de traiter un « fasciste » de la manière la plus cruelle. Et cette fois, cette catégorie inclut non seulement les vrais conservateurs, qui ont toujours eu des réserves vis-à-vis des libéraux, mais aussi des libéraux, les citoyens américains ordinaires qui n’avaient pas eu le temps de s’adapter aux nouveaux critères du « progrès libéral ». Ils n’ont pas encore compris que la liberté est la liberté des minorités, et que les paramètres de cette liberté – c’est-à-dire ce qui peut être dit et fait, et ce qui ne peut absolument pas être fait (les normes du politiquement correct) – sont strictement établis par les élites libérales.

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Le « Grand Réveil » est le fait de comprendre que dans la période de la mondialisation, le libéralisme moderne s’est transformé en une vraie dictature, est devenu une idéologie totalitaire qui dénie – comme tout totalitarisme – le droit d’avoir un point de vue différent du point de vue dominant. C’est très similaire au début d’une nouvelle guerre civile aux Etats-Unis. Mais cette fois, ses camps sont différents : les supporters du « Grand Réveil » contre les supporters du « Grand Reset ».

A la veille d’une grande confrontation

Les Etats-Unis sont la première puissance du monde. Ce qui s’y passe concerne toute l’humanité. La victoire de Joe Biden et des architectes du « Grand Reset » derrière lui signifie que le monde est entré dans une nouvelle phase. Les globalistes sont déterminés à mener à bien ce qu’ils ont régulièrement échoué à faire durant les deux dernières décennies. D’abord le 11 septembre, puis Poutine, puis la Chine sous Xi Jinping, puis l’Iran, puis la Turquie, puis Trump. Et si les échecs continuent, le mondialisme risque de s’effondrer finalement. Le « Grand Reset » doit se faire maintenant ou jamais.

Et beaucoup d’élites d’orientation libérale dans divers pays – en Occident tout comme en Orient (incluant la Russie, bien sûr) – seront mobilisées par le mondialisme pour prendre une part active au projet de « Grand Reset ». Cela signifie qu’un front externe ainsi qu’un front interne vont être ouverts contre les supporters de la multipolarité, de la souveraineté et d’un ordre mondial polycentrique. Et ici commencent la pression externe de la part de la démocratique Washington et de l’OTAN sous son contrôle et le sabotage interne de la cinquième colonne et des élites libérales à l’intérieur des structures administratives des Etats.

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Le début d’une série d’opérations de changement de régime, une nouvelle vague de « révolutions de couleur » et la manipulation des conflits régionaux devraient s’ajouter à cela. Maintenant toute la force du sabotage global contre ceux qui n’ont pas pris le parti du « Grand Reset » va travailler à plein régime.

Il est évident que la Russie – du moins la Russie de Poutine, la Russie souveraine, indépendante et libre – appartient aux rangs du « Grand Réveil ».

Pour que cela devienne un fait irréversible, il faut faire un dernier effort. La moitié de la Russie s’est réveillée il y a vingt ans. Et ensuite elle commença un retour difficile mais généralement réussi (bien que prolongé) à l’histoire en tant que sujet de la politique mondiale, et non pas comme objet (comme dans les années 90 du XXe siècle). Mais l’espace pour un compromis avec les mondialistes est complètement épuisé. Nous n’avons qu’une option – nous réveiller complètement et non seulement prendre une part active au « Grand Réveil », mais – ce qui serait souhaitable et digne de l’échelle de notre histoire et de notre esprit – aussi le diriger.

Préalablement traduit en anglais par Cyrill Strelnikov, blogueur, observateur politique

Published by RIA-Novosti

Against Great Reset. Toward Political Culture of Great Awakening | Katehon think tank. Geopolitics & Tradition

«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

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«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

par Nicolas Bonnal

Tout semble s’imposer, le marquage électronique,  les vaccins, le test partout, le passage au communisme sacerdotal (Abellio), le wokenisme démoniaque, la chienlit morale et LGBTQ à la télé, l’antiracisme-fascisme en roue libre, etc. D’un autre côté ici et là on nous ressort jusqu’à la nausée la phrase de Hölderlin, que Jean Baudrillard citait il y a déjà trente ans au sortir de l’abominable guerre du Golfe : « là où croît le danger là aussi croît ce qui sauve ». C’est dans le poème Patmos.

On va voir. La résistance n’existe pas, comme je l’ai dit, elle a été fluidifiée par les réseaux, les râleurs se contenant de cliquer, pas de résister ou de manifester comme on disait jadis. La perte de la capacité tellurique c’est la fin de la résistance, merde, lisez/appliquez Carl Schmitt pour une fois.

L’épuration de Trump et du reste se passe sans un murmure dans la salle. Le système avance rapidement et impeccablement ses pions et comme dit l’abject Figaro on va pouvoir tester les gens à l’entrée des autoroutes avec le test QR ou je ne sais quoi. On leur souhaite du plaisir aux gens, car à force de se gaver de télé, de radio, de hamburgers, ils vont mal finir. Mais s’en préoccupent-ils les gens ?  Ne sont-ils pas déjà morts ? Les films de zombie sont vieux de deux générations déjà.

A côté de cela on veut nous rassurer. Tout cela est inapplicable, le Français résiste, il ne se ferait pas vacciner… Mais le système a tout son temps (2030 date-butoir et regardez leurs progrès en un an) et je me souviens dans mon enfance pour la bagnole. Il y avait beaucoup de morts mais c’était aussi l’âge d’or de l’automobile et de la liberté sur les routes. Alors on a sévi comme pour chasser un virus (et l’acerbe Sarkozy a remis ça dès son arrivée au pouvoir). Limitation de vitesse, test d’alcoolémie, port de la ceinture de sécurité, multiplication aberrante des ronds-points, ils ont réussi à tout imposer nos bureaucrates et nos mondialistes et c’était pour notre bien, pour notre sécurité. Ici aussi c’est pour notre bien, pour notre sécurité. Et j’en arrive à me demander : tout cela ne démontre-t-il pas que l’humanité n’est qu’un troupeau d’esclaves ? Sous prétexte de voter (et où ne va-t-on pas voter ?), on se croit en démocratie et on se comporte comme des cloportes ou bien des bœufs à l’abattoir. Revoyez le sang de bêtes de Franju. On a un mouton traître nommé le miniard qui amène les comparses à l’égorgeoir, qu’on maintient en vie et qui sert à chaque fois pour conduire le troupeau bêlant  et opinant de Panurge.

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Passons au positif, car on va me reprocher de casser le moral des troupes.

Celui qui nous rassurerait c’est Biden qui a l’air bien gâteux, et sa Kamala qui est nulle comme un rat. Cette paire d’as a été élue en trichant sans une seule réaction (sinon la prise arrangée du Capitole qui a permis de virer Trump plus vite et d’accélérer le totalitarisme mondialiste – oui, c’est à cela que sert la résistance, gare au prochain attentat false flag !) et avec l’approbation de toute la canaille globale devenue folle ; car notre absence de résistance produit leur ubris. Mais on sait très bien que Biden peut dégager et qu’on peut caser une autre marionnette ; au point où en sont arrivés les journaux globaux (le NYT, le Monde, le Guardian, El Pais, etc.) ce n’est pas cela qui gênera l’opinion publique, chienne prête à toutes les prostitutions depuis des siècles (colonisations, guerres mondiales, mondialisation, totalitarismes, légalisation de toutes les perversions et en conséquence interdiction de toutes les libertés). Certains voient une possibilité de défaite militaire contre l’Iran, la Russie ou la Chine (mais on nous dit aussi qu’elle fait partie du N.O.M., cette Chine, que Biden est son homme ?). On verra, mais là encore je fais confiance aux généraux américains décrits par Kubrick : on finira au nucléaire puisque l’équipement US n’est plus à la hauteur face aux progrès des trois grands de l’opposition officielle (Iran, Russie, Chine donc). Certains donc disent que ce serait mieux une bataille et donc une défaite US, et un écroulement du satanisme occidental, mais encore faudrait-il en sortir vivants !

On a envie de prier la providence mais vu ce que sont devenus le Vatican et le catholicisme dit romain ? On ne va pas prier les dieux du Capitole tout de même ? Je constate d’ailleurs de plus en plus de recours chez les antisystèmes à l’increvable apocalypse, aux êtres de lumière, à l’attirail New Age, au zen emballé sous vide, comme disait Guy Debord. Lui voyait la liberté dans la lutte politique et sociale et pas dans les interventions divines toujours longues à se produire et chères à rembourser… Le clergé, le parti…

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En réalité je ne sais plus quoi écrire depuis quelques mois maintenant : tout est programmé pour nous faire vivre puis crever, par des satanistes et par l’inertie de milliards d’abrutis et de zombis peaufinés à la télé et au portable (voyez le film de Jarmusch, The Dead don’t die, qui le montre très bien).

Comme le montre Lucien Cerise le contrôle technologique trop tatillon ne marchera pas (il est trop fou et ils ne sont plus si bons, ils en restent à l’éternelle peur du gendarme comme au temps de de Funès et des pieds nickelés), mais c’est peut-être ce qui est voulu, pour que les survivalistes de Davos et les techno-lords de la Silicon Valley (voyez mon Internet nouvelle voie) soient contents. Le film Idiocracy, écrit par un des Coen, le montre finalement. Une humanité de fauchés, d’abrutis, d’affreux sales et méchants subsiste dans des ruines affreuses sorties des romans de Dick. Mais elle n’a pas l’air mécontent ! Et si finalement Klaus Schwab avait raison : si dans dix ans, les survivants abrutis étaient contents, les rares mécontents (tous vieux) s’étant suicidés ?

Last scene of all (dit Shakespeare), la situation en Israël, pays-phare des religions abrahamiques. Elle m’évoque l’apocalypse décrite par T.S. Eliot, texte lu à la fin d’Apocalypse now : c’est ainsi que le monde se termine, pas dans un boum, dans un murmure (not in a bang but a whimper). Quelle punition pour tant d’orgueil…

 

mercredi, 10 mars 2021

L'agonie de la liberté, ou l’entrée dans l'ère du posthumanisme

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L'agonie de la liberté, ou l’entrée dans l'ère du posthumanisme

par David Engels

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le site polonais Tysol et consacré au rôle de catalyseur joué par la crise sanitaire qui nous "catapulte dans le posthumanisme d'un seul coup de pied"...

Historien, essayiste, professeur, titulaire de la chaire d’Histoire romaine à l’Université Libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

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L'agonie de la liberté, ou : l’entrée dans l'ère du posthumanisme

Quand j'ai écrit, au début de la crise du coronavirus, que le confinement et ses conséquences constitueraient le plus grand choc dans l'histoire de l'Europe occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux lecteurs et commentateurs ont trouvé cette opinion trop pessimiste. Aujourd'hui, alors qu’après un an, la situation ne s’est pas améliorée, pire, qu'elle s'est même détériorée à bien des égards, nous sommes confrontés aux fruits de nos mauvaises décisions et surtout à une évidence : ce n'est pas la pandémie qui détruit la société européenne, mais la manière dont les gouvernements et les institutions internationales la gèrent.

Au fond, le confinement n'est pas le vrai problème ; au contraire, il agit uniquement comme un catalyseur d’un bon nombre d’évolutions qui étaient déjà en cours longtemps avant la pandémie. C’est là que réside la véritable tragédie politique : même les citoyens et gouvernements qui, jusqu’à présent, ont considéré ces évolutions avec un certain scepticisme, semblent désormais impatients de les voir concrétisées juste pour pouvoir revenir rapidement au confort d’une (supposée) « normalité » – et ce pour la plus grande jouissance de tous ceux qui bénéficient de cette évolution. Parce que cette « nouvelle normalité », même si elle devait être initialement similaire à « l'ancienne », serait tout de même basée sur une conditionnalité sans équivoque qui lui donnerait un fondement complètement différent, et deviendrait rapidement le levier de changements profonds : la « nouvelle » liberté des citoyens ne sera qu’une concession provisoire et non un droit inaliénable. Et même si, pour un observateur superficiel, cette « nouvelle normalité » se démarquera positivement des énormes restrictions liberticides dont nous souffrons maintenant en plein milieu de la pandémie, il sera difficile d’ignorer, du moins à long terme, le changement de paradigme fondamental qui s’impose – une rupture qui nous catapulte dans le posthumanisme d'un seul coup de pied.

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Depuis de nombreuses années déjà, la classe moyenne, véritable pilier de la démocratie bourgeoise classique de l'après-guerre, est aux prises avec des problèmes économiques croissants. Aujourd'hui, grâce à un lockdown désastreux, elle se retrouve complètement écrasée par deux extrêmes : d’une part, par une petite couche d'oligarques incroyablement riches et qui contrôlent « big tech », « big data », État profond, politique et médias ; et d’autre part, par une grande masse d'individus atomisés et appauvris – et ce qui subsistera encore de la classe moyenne après la crise du covid deviendra, par le mécanisme de la surtaxation et de subventions conditionnelles, totalement dépendant de l’État.

La situation est similaire pour le système financier international. Déjà avant la pandémie, beaucoup craignaient que son implosion ne soit qu'une question de temps. Maintenant, il est devenu clair que les immenses dettes souveraines déjà ingérables avant 2020 sont en train d’être décuplées à cause du lockdown et ne seront plus jamais maîtrisées sans une réorganisation fondamentale de l'ensemble du système monétaire par une suppression de la monnaie physique, des taux d'intérêt négatifs, une économie planifiée, des annulations de dettes, des coupes de budget, la «zombification» du petit commerce et des dévaluations cachées. De ce point de vue, la gestion financière de la crise du coronavirus pourrait même être considérée comme une « démolition contrôlée » d’un système financier poussé dans ses derniers retranchements déjà bien avant la pandémie - avec des conséquences désastreuses pour les citoyens et les États-nations.

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De même, notre conception actuelle d'une vie digne changera fondamentalement. Avant même la crise du covid, l’on pouvait déjà voir au Japon ou en Corée du Sud à quoi ressemblerait une société robotisée, informatisée et déshumanisée d'individus solitaires, qui ne sont guère plus que des extensions organiques externes d’ordinateur qui servent à la fois de lieu de travail et d’instrument de plaisir. Aujourd’hui, alors que les salles de classe virtuelles, le travail à domicile, les conversations électroniques et les systèmes de commande et de livraison en ligne sont utilisés à grande échelle et permettent à des millions de citoyens européens de rester cloitrés à la maison pendant des semaines, voire des mois sans sortir, ce nouveau mode de vie s’est installé partout en Europe et risque de devenir un genre d’état permanent et définitif – ce qui est d’autant plus tragique que le confinement aura des conséquences imprévisibles pour l'équilibre mental de la jeunesse européenne, qui, depuis un an déjà, souffre énormément de cet enferment permanent.

Le paysage médiatique est également en train de se transformer rapidement dans le cadre de la bataille pour le monopole interprétatif de la pandémie. La tendance des grands médias à censurer les contenus idéologiquement déplaisants était déjà clairement visible avant 2020. Mais l'effondrement financier de la presse écrite classique, sa nationalisation indirecte par l'État via des subventions, la généralisation de la lutte contre les prétendues « fake news », la persécution des penseurs « dissidents » à cause de leur soi-disant « hate speech » et la censure publiquement réclamée de la liberté d’expression des « covidiots » et « conspirationnistes » vont radicalement accélérer la transformation du monde des médias et vont, à quelques exceptions près, le rabaisser au niveau de simples organes de propagande gouvernementale.

Un autre facteur est la polarisation politique de la société, qui s'est déjà manifestée depuis l'émergence du soi-disant « populisme », mais qui s'est énormément accrue du fait de la pandémie et conduira bientôt à la formation de fronts politiques inattendus. Dans la plupart des pays occidentaux, la lutte politique n'est plus menée comme un échange argumentatif classique entre des positions progressistes et conservatrices, sociales et libérales, nationalistes et internationalistes. Nous observons plutôt, d’une part, la montée d’une élite politique majoritairement libéral-gauchiste et internationaliste, qui contrôle les médias publics et l'enseignement et va de pair avec la nouvelle oligarchie économique, et, d’autre part, un nombre croissant de personnes se méfiant profondément de ce « système » et luttant pour un changement radical. Cela se reflète également dans l'évaluation de la pandémie et du confinement et conduit graduellement à des convergences politiques parfois étonnantes entre partis « anti-système » qui auraient été impensables auparavant, car la volonté de plus en plus évidente de l'élite politique et médiatique de mentir clairement sur la planification, la mise en œuvre et l'ampleur du confinement, des vaccinations obligatoires, de la mobilité restreinte ou des subventions a fait perdre à de nombreuses personnes toute confiance dans les institutions établies - une hypothèque qui va peser lourdement sur toutes les institutions politiques et sera un réservoir électoral inépuisable pour les mouvements charismatiques alternatifs du futur.

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Le déclin des valeurs démocratiques est étroitement lié à cette situation. Ce déclin était déjà en préparation depuis le début des années 2000 par la radicalisation idéologique et le renforcement des pouvoirs des institutions européennes, ainsi que de la politisation croissante de l’éducation et des médias. Mais maintenant, la lutte contre la pandémie a conduit à une acceptation sociale généralisée de mesures non seulement non-démocratiques, mais souvent même antidémocratiques et impensables il y a deux ou trois décennies. Au nom du « bien commun », sur base d'une législation d’urgence et à l’aide d’interprétations souvent aventureuses des constitution, les droits fondamentaux se retrouvent restreints, les parlements privés de pouvoir, les forces de police utilisées contre leur propre peuple, les générations futures privées de leurs droits – et tout cela avec l’assentiment des médias et souvent des citoyens eux-mêmes. Sera-t-il possible de « réparer », du moins en partie, les institutions et systèmes de valeurs qui ont été tant mis à mal ? Le doute est plus que permis.

Même les revendications politiques les plus absurdes, et qui ne sont en aucun cas liées à la crise du covid, vont maintenant être mises en œuvre sous couvert de « lutte contre la pandémie », comme l’annoncent non seulement les nombreux gouvernements nationaux, mais aussi les institutions européennes qui s’attellent à instrumentaliser l’octroi (ou le refus) des subventions bruxelloises à des fins purement idéologiques. De l’institutionnalisation de la théorie du « genre » par la lutte contre la droite, l’« approfondissement » de l'intégration européenne, le contrôle de l’« état de droit », la protection des minorités « LGBTQ » et le soi-disant « green deal » à la « dictature climatique » sérieusement réclamée par certains politiciens de gauche, des projets politiques concrets sont actuellement sur la table dont la portée et le radicalisme auraient été, il y a encore quelques années, considérés inacceptables par tous les gens sensés et rejetés comme complètement surréalistes.

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Enfin, n’oublions pas l'une des pires conséquences de la situation actuelle : l’atteinte à l’intégrité du corps humain. Initialement largement rejetée par la plupart de ces mêmes institutions politiques qui, maintenant, nous forcent de plus en plus à nous faire vacciner avec des vaccins ARNm, dont l'effet à long terme (par exemple dans le domaine des pathologies auto-immunes et génétiques) est totalement inconnu, cette ingérence a de quoi renforcer la défiance de nombreux citoyens envers leurs élus, d’autant plus que leur objectif - lutter contre une pandémie qui ne touche en réalité qu'un infime pourcentage de la population, principalement des personnes âgées atteintes de graves maladies préexistantes – semble peu convaincant. Pire encore: au vu du virage transhumaniste réclamé par de nombreux politiciens de premier plan comme notamment le président Macron, l'utilisation massive de vaccins utilisant des techniques génétiques aux composantes incertaines et devant très probablement être régulièrement « rafraîchis » ou « mis à jour » sous menace de privation des libertés essentielles, apparaît comme une rupture délibérée du dernier barrage sur la voie de la création d'une « nouvelle » humanité artificielle, entièrement médicalisée.

Quiconque, aujourd’hui, ne se lève pas pour appeler les choses par leur nom, alors que la « nouvelle réalité » décrite ci-dessus, ce « grand reset » n'est plus une théorie du complot de quelques cinglés, mais une « utopie » revendiquée publiquement, devant les caméras, par de nombreux décideurs politiques et économiques, n’aura le droit de se lamenter ensuite de « n'avoir rien vu venir »…

David Engels (Tysol, 6 mars 2021)

Au Brésil, que pourra faire Lula ?

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Au Brésil, que pourra faire Lula ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Peut-on penser que l'annulation de sa condamnation pour corruption par un juge de la Cour Suprême le 8 mars 2021 permettra à l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit familièrement Lula de retrouver une activité politique ?

Désormais il pourra se présenter contre l'actuel président Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022. Selon des sondages, il n'est pas exclu qu'il soit élu. Son parti, le Parti des Travailleurs, bien représenté dans les milieux populaires, le poussera certainement dans ce sens.

Lula avait succédé à l'emblématique présidente Dilma Roussef, destituée au prétexte de maquillage des comptes publiques par le Sénat brésilien en août 2016 au terme d'une procédure montée en ce sens par l'opposition. Celle-ci ne lui pardonnait pas d'envisager pour redresser la situation économique de nationaliser les considérables gisements pétroliers et gaziers qui font l'essentiel de la richesse du Brésil.

Lula a déjà passé un an et demi en prison au prétexte de corruption, d'avril 2018 à novembre 2019, avant d'être libéré sur décision collégiale de la Cour suprême. En prison, il n'avait guère été traité mieux qu'un condamné de droit commun. Au moment où il avait été incarcéré, l'ancien chef de l'État était donné favori des sondages pour la présidentielle d'octobre 2018.

Les chances de Lula à la prochaine élection présidentielle paraissent cependant faibles, sans même mentionner son âge, 75 ans. Les mêmes acteurs politiques ayant sans preuves sérieuses accusé l'ancienne présidente Dilma Roussef et lui de corruption pour les chasser du pouvoir ne laisseront pas faire. Ceux qui avaient provoqué son emprisonnement trouveront une raison ou une autre pour continuer à le paralyser politiquement. 

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Il s'agit des couches supérieures de l'électorat qui détiennent toute la richesse financière du pays et refuseront le moindre retour à une politique de partage dcs richesses et à un minimum d'interventionnisme économique présentées par elles comme socialistes, sinon comme communistes.

Mais plus fondamentalement Jair Bolsonaro, l'actuel président, a toujours agi depuis son accession à la présidence comme le bras exécutif des Etats-Unis. Il se rend souvent à Washington ou reçoit avec des égards excessifs l'ambassadeur des Etats-Unis ou des hommes politiques américains très proches du pouvoir. Pour Washington, continuer à contrôler étroitement le Brésil constitue une arme essentielle afin d'empêcher qu'à travers lui, l'essentiel du continent sud-américain ne lui échappe et puisse éventuellement se rapprocher du BRICS. Rappelons qu'initialement le B de BRICS désignait le Brésil à côté de la Russie, de l'Inde de la Chine et de l'Afrique du Sud

Voir
https://www.huffingtonpost.fr/entry/au-bresil-lula-redevient-eligible-a-la-presidentielle-de-2022_fr_6046c2f9c5b6138d0878f8ad

mardi, 09 mars 2021

La Serbie et la Bulgarie construisent le nouveau pôle énergétique des Balkans

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La Serbie et la Bulgarie construisent le nouveau pôle énergétique des Balkans

Andrea Muratore

https://it.insideover.com/

La question soulevée par l'extension de la carte des gazoducs et de leurs infrastructures collatérales, avec lesquelles la Serbie et la Bulgarie visent à se tailler une place dans le jeu de l'énergie en Europe de l'Est reçoit peu d'attention. Belgrade et Sofia travaillent dur pour devenir des plaques tournantes fondamentales pour les routes de l'or bleu et pour se positionner stratégiquement dans la nouvelle géopolitique des gazoducs qui façonnent les routes et les équilibres entre l'Europe de l'Est, la Méditerranée et la région du Caucase.

En décembre, la construction du gazoduc Balkan Stream a été achevée, le complément européen de l'infrastructure Turkish Stream avec laquelle Ankara et la Russie ont créé une nouvelle voie d'accès pour le gaz vers le marché européen. Dans les documents officiels, le gazoduc, dont le nom a été proposé par le Premier ministre bulgare Boyko Borisov, est défini comme "l'expansion de l'infrastructure de transport de gaz naturel de la société Bulgartransgaz, qui s’effectue parallèlement au gazoduc principal du Nord jusqu'à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie" : c’est une prémisse nécessaire pour l'expansion du tracé vers la Hongrie que souhaite Viktor Orban.

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Le choix des pays que nous évoquons dans cette analyse va dans le sens de la construction de hubs régionaux destinés à permettre des interactions avec une multiplicité de fournisseurs. Par conséquent, la vision de Borisov et du président serbe Aleksandar Vučić de transformer les deux pays en un centre régional stratégique de distribution de gaz ne peut se limiter à une connexion russo-turque mais doit inclure d'autres options. Tout cela pour finaliser, entre autres, un projet d'expansion de la demande intérieure, et donc la garantie d'un approvisionnement à bas prix pour les populations des deux pays. La Bulgarie, dans le même temps, doit tenir compte de la stratégie énergétique européenne qui ne voit pas d'un bon œil une augmentation de la dépendance vis-à-vis de Moscou.

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Par conséquent, à un niveau intégré, Sofia et Belgrade explorent d'autres options, notamment l'Interconnecteur Bulgarie-Serbie (IBS) "béni" par Bruxelles, dont le chantier a récemment reçu la visite de la ministre bulgare de l'énergie Temenuzhka Petkova et du vice-premier ministre et ministre serbe de l'énergie Zorana Mihajlovic, et qui vise à construire une "liaison" de 120 km reliant les terminaux bulgares de Dimitrovgrad aux terminaux serbes de Nis afin d'ouvrir les portes de l'Europe également au gaz azerbaïdjanais provenant de la région de la mer Caspienne et au gaz naturel liquéfié stocké en Grèce. La société Bulgartranzgas de Sofia a annoncé qu'elle commencerait en mai et poursuivrait jusqu'en 2022 le projet de construction de la plaque tournante qui aboutira dans l'ancienne capitale romaine, la plus grande ville de Serbie orientale, et façonnera de nouveaux équilibres dans les routes énergétiques européennes.

Cette phase ouvrira la porte à un chevauchement entre les routes qui amènent le gaz russe au Vieux Continent et celles qui "pêchent" le gaz azéri, l'amenant à l'Ouest vers l'Italie avec le gazoduc Tap. A cela s'ajoutera le gaz naturel liquéfié dont la Grèce veut devenir un hub euro-méditerranéen avec le projet du Terminal de Stockage et de Regazéification (FSRU) d'Alexandroupolis, détenu à 20% par la société bulgare et qui peut fournir une capacité de stockage de 170.000 mètres cubes. Alors qu’IBS permettra un flux de 1,8 milliard de mètres cubes et aussi la possibilité d'ouvrir un marché sous-régional en ouvrant le flux inverse entre la Serbie et la Bulgarie.

Le projet IBS donne une perspective européenne à la stratégie serbo-bulgare, favorise le dialogue entre Belgrade et Bruxelles et promet d'apporter le développement et la croissance dans le domaine de l'énergie à deux pays aux économies fragiles et éprouvés par la pandémie. Elle témoigne du fait que la plus grande valeur ajoutée sur les marchés de l'énergie aujourd'hui est obtenue sur le front des infrastructures. L'investissement nécessaire de 85,5 millions d'euros verra également l'implication de la Banque européenne d'investissement, à la pointe du financement de projets à fort effet multiplicateur et à forte valeur ajoutée.

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Les conséquences pour la sécurité énergétique européenne peuvent être importantes, ainsi que celles pour la nouvelle perception géopolitique de la zone des Balkans, dans laquelle la Serbie et la Bulgarie peuvent devenir des points de référence sur ce marché stratégique. Ouverture à de nouvelles connexions pouvant intégrer les espaces qui vont de l'Europe de l'Est à la mer Caspienne, en passant par la mer Noire, dans un ensemble uni par la convergence des intérêts énergétiques et économiques. À cheval sur l'Est et l'Ouest, entre des acteurs majeurs tels que l'UE, la Russie et la Turquie, les petits et moyens acteurs régionaux cherchent leur propre espace. Les Balkans sont vivants et ne sont donc pas seulement un "objet" de la grande dynamique historique, comme le confirment d'autres mouvements comme celui posé par la Roumanie dans le domaine énergétique de l'hydrogène. La Serbie et la Bulgarie avancent avec un pragmatisme et un opportunisme qui confirment leur compréhension de l’enjeu en cours.

La Sibérie, ventre mou de la Russie?

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La Sibérie, ventre mou de la Russie?

Par Tommaso Minotti

http://osservatorioglobalizzazione.it/

77% du territoire russe est formé par une Sibérie sans réelles frontières. Dans cette région inhospitalière, où l'on ne compte que trois habitants au kilomètre carré, se concentrent 70 % des ressources pétrolières et gazières de la Fédération de Russie. Cela fait de la Sibérie une région stratégiquement importante pour Moscou. Le problème est que de plus en plus de Sibériens se sentent exclus des accords commerciaux lucratifs que la Russie et la Chine scellent dans la région. Ce sentiment provoque du ressentiment, surtout envers Moscou, qui est considérée comme une force étrangère, capable seulement d'exploiter la région sans rien donner en retour. Et c'est dans ce contexte potentiellement dangereux pour l'intégrité territoriale et le bien-être économique de la Russie que se développent les pulsions régionalistes, déjà présentes dans l'histoire mais restées longtemps en sommeil.

Contexte historique : quand la Sibérie ne se considérait pas comme russe

Déjà à l'époque tsariste, il y a eu des dérives séparatistes et régionalistes de la part d'éléments de la haute société sibérienne. Le premier d'entre ces contestataires fut Nikolaï Novikov, qui a émis une théorie sur une Sibérie indépendante dès 1838. En 1863, il y a eu une tentative de rendre cette immense région autonome, mais elle a été réprimée. Les principaux théoriciens de cette expérience, certes irréaliste, ont été avant tout Afanasy Shchapov, mais aussi Potanine et Yandritsov. Le premier, surtout, était le principal théoricien de l'oblstnichestvo, c'est-à-dire du régionalisme aux impulsions indépendantistes.

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Un partisan de la Sibérie indépendante fut également l'un des penseurs et fondateurs de l'anarchisme : Bakounine. Pendant la guerre civile russe qui a suivi la révolution d'octobre, les régionalistes sibériens se sont rangés du côté des Blancs, plus précisément de l’Amiral Koltchak. Mais ils ont d'abord créé un gouvernement autonome de Sibérie de courte durée, basé à Tomsk. Le gouvernement a été de courte durée car il a été décidé de soutenir les ennemis des bolcheviks sans essayer d'obtenir l'indépendance de la Sibérie.

À l'époque soviétique, les autorités centrales ont décidé de diviser les provinces de ce territoire sans fin afin d'avoir un contrôle plus efficace sur l’ensemble des terres sibériennes. Les poussées autonomistes semblaient perdre du pouvoir. Cependant, avec l'effondrement de l'URSS et l'arrivée de Poutine au pouvoir, il y a eu un changement de politique dans l'administration du territoire sibérien. Il a été décidé de fusionner les oblasts, ce qui s'avère contre-productif car les velléités régionalistes refont alors surface.

Un danger pour la Russie ?

Les Sibériens développent un certain ressentiment envers Pékin et Moscou, même s'ils ont été culturellement influencés à la fois par la Chine et, bien sûr et dans une bien plus large mesure, par la Russie. En ce sens, nous assistons à une véritable floraison des activités régionalistes dans les domaines les plus variés.

Manifestations, séminaires, propositions de référendum sur une plus grande autonomie de la Sibérie et diverses autres initiatives en ligne. Le web est un véhicule efficace pour les mouvements régionalistes, dont le plus important est celui qui s’est donné pour nom les "Vrais Sibériens". Mais la montée du régionalisme ne se limite pas au web.

Un séminaire sur l'indépendance de la Sibérie a été présenté à l'université d'Irkoutsk. Il aurait été parrainé par un département américano-sibérien, mais aucune information plus détaillée n'est disponible à ce jour. L'exposition d'art "Les États-Unis de Sibérie" a fait beaucoup de bruit, mais seulement en Russie. A côté de ces initiatives culturelles, il y a des mouvements politiques. En plus des initiatives nées sur Internet, il existe également des organisations plus profondément ancrées dans le territoire, dont la plus importante est le ‘’Mouvement sibérien’’. Enfin, il convient de noter un fait intéressant, même s'il n'en est qu'à ses débuts. De plus en plus de gens dans cette partie de la Russie se disent "Sibériens" et de moins en moins "Russes". Des signes petits mais révélateurs de quelque chose qui bouge.

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Drapeau de la région de Novosibirsk.

Protestations en Sibérie

Mais il n'y a pas que les initiatives culturelles et les mouvements politiques dont l'influence réelle est difficile à établir. Des manifestations ont également eu lieu, presque toutes avec un épicentre à Novossibirsk. En 2011 et 2012, la ville a été touchée par des manifestations dont le moteur était également régionaliste. La colère contre Moscou et la politique du Kremlin, perçue comme éloignée des intérêts des Sibériens, était particulièrement vive. En 2014, une marche pour la fédéralisation de la Sibérie a été interdite par les autorités gouvernementales. Un autre symptôme qui indique que quelque chose bouillonne dans la marmite. Enfin, en juillet 2020, à Khabarovsk, entre cinquante mille et quatre-vingt mille personnes sont descendues dans la rue pour protester contre l'arrestation du gouverneur Furgal. Il était très aimé par son propre peuple, mais n'était pas apprécié par les dirigeants du Kremlin, qui le considéraient comme déloyal. La foule, bien que n'ayant pas déclaré d'intentions régionalistes, était cependant hostile à Moscou et à l'État central. Enfin, autre signe de l'attention croissante du gouvernement central, deux blogueurs régionalistes nommés Loskutov et Margoline ont été mis sous étroite surveillance par les autorités judiciaires.

Une question politique

Mais quelles sont les caractéristiques du régionalisme sibérien, particulièrement fébrile à Omsk. Cette ville est devenue le nouveau centre autonomiste de la région. Revenons sur les particularités des poussées qui commencent à se produire en Sibérie. Tout d'abord, il faut dire que le soutien aux nombreuses initiatives qui ont été discutées ci-dessus est politiquement transversal. Le régionalisme n'est pas hégémonisé par un seul parti mais est soutenu par diverses composantes hétérogènes, pour l'instant nettement minoritaires, émanant de presque toutes les organisations politiques présentes sur le territoire. Une autre caractéristique est l'opposition à la politique financière de Moscou dans la région. Comme la région est la principale source de richesse de la Russie, la Sibérie souhaite une baisse des impôts. En bref, on croit, en Sibérie, que les relations ne sont pas équilibrées mais, au contraire, nettement déséquilibrées en faveur de la Russie occidentale. Enfin, le régionalisme bénéficie également d'un certain soutien dans les institutions. On l'a vu dans l'affaire Furgal, où la colère contre la destitution d'un homme politique populaire s'est combinée à une intolérance mal dissimulée envers Moscou, avec des connotations clairement régionalistes.

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Pour l'instant, le Kremlin a réagi en essayant de centraliser le plus possible. Bien que les impulsions régionalistes n'aient pas été jusqu'à présent particulièrement puissantes ou importantes, il est toujours nécessaire de garder un œil sur la situation en Sibérie. Région cruciale pour la Russie, qui tire l'essentiel de ses richesses de cette terre sans limites et peu peuplée, la Sibérie risque de devenir la prochaine cible américano-occidentale pour lancer l'assaut contre la Russie qui a d'abord vu l'effondrement de l'Ukraine puis du Belarus dans son environnement proche. La nouvelle administration américaine veut continuer sur la voie belliciste déjà empruntée par Obama, dont elle a recyclé de nombreux ex-collaborateurs : elle entend, sans fléchir, exercer une pression maximale sur la Russie.

Sans oublier le fait que la Chine bénéficierait elle aussi de la faiblesse de la Russie dans la région. Surtout parce que le Céleste Empire a déjà l’avantage d’une proximité géographique qui facilite l'exercice de son influence. Mais pour l'instant, ce ne sont que des hypothèses. Il n'en reste pas moins que le régionalisme sibérien fait son retour.

À propos de l'auteur / Tommaso Minotti

Né en Brianza en 2000. Étudiant en histoire à l'université de Milan, il est passionné par la politique nationale et internationale. Il s'intéresse principalement aux relations entre les nations. Il s'intéresse particulièrement aux questions sociales et économiques qui lient les différents États et garde toujours un œil sur l'histoire. Il collabore également avec L'Antidiplomatico où il gère l'espace "Un altro punto di vista" (‘’Un autre point de vue’’).

Que penser de la collapsologie ?

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Que penser de la collapsologie?

par Jacques GEORGES

51QC3BbFMBL._SX366_BO1,204,203,200_.jpgPlutôt du bien au départ, car l’homme de droite entend plus volontiers les pessimistes que les béats. Plutôt du mal à l’arrivée, car le pessimisme occidental tend à se perdre en masochisme, et le collapse final est (comme nous allons le voir) trop moche pour être accepté ou même subi, voire même pensé (sujet de la collapsosophie chère à Pablo Servigne). La collapsologie, c’est la version crue de la déclinologie entamée au début des années 1970 avec les travaux du Club de Rome sur les limites de la croissance. On est loin de l’univers doucereux de l’écologie officielle, écolo-Bisounours, qui parle de croissance verte, une consolation assez dérisoire.

Il existe plusieurs lectures du phénomène, en partie indépendantes des clivages politiques traditionnels. En voici deux, opposées et dignes d’intérêt :

La première est critique, voire négatrice du concept de collapsologie. Pascal Bruckner, homme de gauche de droite (un peu façon Régis Debray), auteur de plusieurs livres sur le sujet et d’un CD intitulé Fanatisme de l’apocalypse, voit dans l’écologie apocalyptique la version contemporaine et pseudo-scientifique d’une vieille maladie de l’humanité, le catastrophisme. Le catastrophisme mêle religion et politique.

Commençons par la composante religieuse. On y trouve (I) la résurgence du mythe du péché originel, (II) l’apparition d’une nouvelle hérésie néo-païenne et post-chrétienne autour de Gaïa, à la fois divinité, victime et nouveau Jésus, (III) un regain de puritanisme chrétien venu du Nord, (IV) une régression infantile vers la terreur de Dieu de l’humanité originelle. Une jolie collection !

Dans la composante politique, on trouve (I) des traces de romantisme allemand, (II) du culpabilisme germanique façon Hans Jonas, (III) la naissance d’une alternative mobilisatrice de masse au défunt marxisme, (IV) un activisme brouillon, infantile et dérisoire (bien incarné par l’inénarrable Greta Thunberg), (V) un mouvement néo-primitif de défiance envers la technique, (VI) la tentation de la dictature par la peur de masse, enfin (VII) la manifestation d’un fatalisme néo-primitif, la séduction morbide du désastre et de la fin du monde.

Au total, selon cette interprétation, l’écologie apocalyptique se ramènerait à un amas politico-religieux, néo-primitif, immonde et incapacitant. À ne surtout pas prendre, sinon au sérieux, du moins en considération.

9782738132529.jpgLa seconde, portée en France notamment par Jean-Marc Jancovici, un ingénieur pas idéologue qui appelle un chat un chat et ne cherche pas à plaire, est d’un avis opposé. Elle part de quelques faits simples et solides : (I) il ne peut y avoir de croissance sans limite dans un monde fini, (II) la productivité du travail, la production industrielle et agricole, la prospérité économique, le niveau de vie, la puissance des nations et la croissance sont très étroitement liées à la consommation de combustibles fossiles de plus en plus rares, (III) les substituts à ces combustibles fossiles (énergie éolienne, énergie solaire), peu denses et consommateurs d’espace et de matières premières, ne sont pas de taille à compenser l’épuisement progressif mais rapide des premiers, (IV) la croissance verte, neutralité carbone et autres salades étiquetées écolo sont en large partie des impasses ou des illusions, (V) l’émission de gaz à effet de serre résultant de la combustion des combustibles fossiles contribue au réchauffement climatique, (VI) lequel, joint à la crise planétaire de la biodiversité, à la pollution de la terre et des eaux, au réchauffement et à l’acidification des océans, et de façon générale à la surexploitation de la planète entraîne des dérèglements climatiques, perturbations et boucles de rétroaction inévitables, croissantes, dangereuses et difficilement maîtrisables, enfin (VII) le nucléaire est le seul amortisseur (partiel et non dénué d’inconvénients) possible. Je résume outrageusement.

Il en déduit la nécessité, à échéance très courte (quelques années), d’une décroissance sévère à l’échelle mondiale, acceptée et gérée si possible, brutalement subie à défaut et de toute façon. Il s’agit pour l’humanité de ne plus consommer dorénavant qu’à hauteur du durable, du reconstituable, du climatiquement supportable. Or nous sommes huit milliards. Attachez vos ceintures, car ceci signifie en pratique : réalisme de choc, abandon des fausses solutions « vertes », diminution suivie d’arrêt des émissions de gaz à effet de serre, rationnement sévère de l’énergie et des matières premières, chute vertigineuse de la productivité du travail, limitation sévère ou remise en cause radicale de la civilisation industrielle, baisse des rendements et de la production agricoles, baisse sévère du niveau de vie pas seulement occidental, chute démographique et stagnation matérielle sur l’ensemble du globe, retour à la terre et déréliction des grandes villes et métropoles, remise en cause radicale du libre-échange, révolution culturelle mondiale pour vivre heureux avec moins de moyens. La diète radicale, le changement de civilisation, la fin de l’aventure moderne, ou la mort. Rien que cela !

On s’étonne qu’avec un tel diagnostic ce porteur de très mauvaises nouvelles ne soit pas déjà assassiné au coin d’un bois ou au minimum chassé des médias. Au contraire, il est largement acclamé, notamment dans les milieux d’affaires. Il est loin d’être seul. Certains, parfois célèbres (l’ancien ministre Yves Cochet), sont plus brutaux encore, quoique à la mode aimable. Hommage au réalisme et à un diagnostic aussi solide que terrible ? Inclination à se faire peur sans y croire tout à fait ?

Je pose la question : Qui a raison ?

Jacques Georges

10:08 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, collapsologie, déclin, définition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 06 mars 2021

Derrière la Covid, l'Encerclement Total de l'Europe

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Cafe Noir N.13

Derrière la Covid, l'Encerclement Total de l'Europe

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du Vendredi 5 mars 2021 avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed.
 
Émission spéciale avec comme invités Robert Steuckers & Gabriele Adinolfi.
 
Robert Steuckers, 65 ans, est dissident depuis l'âge de 14 ans. Il est traducteur diplômé de langues allemande et anglaise, animateur du blog Euro-Synergie: https://tinyurl.com/3k82r68v
 
Gabriele Adinolfi est un activiste et théoricien politique italien. Il anime les think tank Centro Studi Polaris et EurHope qui ont aboutit au projet de l’Académie Europe (2020). Le but de cette initiative est de créer une élite apte à influer sur la politique européenne à l’échelle continentale.
 
Orchestre Rouge – L’Internationale Terroriste des Années de Plomb de Gabriele Adinolfi chez AVATAR Éditions est disponible ici: https://tinyurl.com/fpj5at6j
 
Disponible sous peu, toujours de Gabriele Adinolfi et chez AVATAR Éditions, la réédition revue et augmentée de Nos Belles Années de Plomb.
 

Les sectes de l'Occident et leurs liens avec Trump, Biden et la géopolitique

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Les sectes de l'Occident et leurs liens avec Trump, Biden et la géopolitique

Par Cristiano Puglisi

Ex : https://blog.ilgiornale.it/puglisi/

Copertina-2-2021-Prima-1-scaled-1-212x300.jpgQuelles sont les sectes religieuses de l'Occident? Et quelle est leur influence au niveau géopolitique? C'est le sujet du dernier numéro, le 62ème, de Eurasia - Rivista di studi geopolitici, récemment publié et dont le titre est précisément "Les sectes de l'Occident". D'autre part, le ton utilisé récemment par certaines personnalités du monde politique et religieux de l'Occident sont apparus exaspérants et, d'une certaine manière, carrément sectaires. Un exemple est celui des lettres envoyées, en juin puis en octobre 2020, par Monseigneur Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique du Saint-Siège aux États-Unis, au président américain de l'époque, Donald Trump. Lettres dans lesquelles ils parlent, en relation, pour ceux qui suivent ce blog, avec la conception désormais bien connue d'un "Grand Reset" : on, y évoquait un affrontement entre les "enfants de la Lumière" et les "enfants des Ténèbres", ces derniers s'identifiant à la faction mondialiste soutenant un retournement de type numérique et écologique dans le sillage de la pandémie de la Covid-19. Des tons tout aussi apocalyptiques sont souvent apparus dans la communication d'une partie notable des partisans de l'entrepreneur de New York, qui se réunissent autour d'acronymes tels que "Qanon".

"La propagande trompeuse - explique le directeur d'Eurasia, le professeur Claudio Mutti - n'a fait que raviver et relancer le motif de l'affrontement entre les enfants de la Lumière et les enfants des Ténèbres, qui est un leitmotiv bien ancré dans la mythologie politique américaine. Les enfants de la Lumière et les enfants des Ténèbres est en fait le titre d'un pamphlet écrit en 1944 par un théologien réformé pour représenter le duel existentiel alors en cours entre les États-Unis et l'Europe. Le thème était d'origine biblique, mais il avait déjà eu une large diffusion grâce à la Theosophical Society (fondée en 1875 à New York) et à la production littéraire du célèbre magicien Aleister Crowley, qui s'était installé à New York à la veille de la Première Guerre mondiale. La formule du "Grand Réveil", présentée par les trumpistes américains et les milieux pro-trumpistes européens comme désignant la force des idées alternative au projet mondialiste de la "Grande Restauration" (« Great Reset »), est également née dans les milieux sectaires nord-américains. Au XVIIIe siècle déjà, le pasteur Jonathan Edwards, en rappelant au "nouvel Israël" américain l'alliance conclue avec Yahvé, avait déclenché une vague de fanatisme millénariste dans toute la Nouvelle-Angleterre avec ses sermons enflammés: le mouvement du Grand Réveil (lequel, rappelons-le, fut suivi d'un deuxième, d'un troisième et d'un quatrième "Grand Réveil")".

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Dans le nouveau numéro d'Eurasia, l'accent est mis tout particulièrement sur les États-Unis d'Amérique. En fait, dès ses origines, dans ce pays aux dimensions continentales qui est considéré comme "la plus grande démocratie du monde" et la patrie de la technologie, les sectes semblent se développer sans relâche. Il est donc naturel de supposer qu’existe un lien avec le protestantisme.

"Le principe fondamental du luthéranisme - observe Mutti - est le libre examen des Écritures, seule source et seule norme de la foi. Il est inévitable que la faculté attribuée au croyant individuel d'interpréter les Écritures et le rejet d'un magistère religieux imposé de l'extérieur donnent lieu à une pluralité de doctrines divergentes. Mais plus qu'en Europe, cette conception individualiste, anti-autoritaire et anti-hiérarchique trouve son environnement dans cette "demeure de la liberté" (Amérique) que Thomas Jefferson oppose à la "demeure du despotisme" (Europe). Dans un environnement dépourvu d'histoire et de traditions, où les populations indigènes ont pu être facilement exterminées, le protestantisme pouvait librement développer sa tendance congénitale au fractionnement et produire cette multitude de "dénominations" confessionnelles qui caractérise le panorama religieux américain".

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Des sectes de nature confessionnelle, donc, qui, comme prévu, ont acquis au fil du temps une pertinence géopolitique.

Il a été observé", poursuit le directeur d'Eurasia, "que les "nouveaux mouvements religieux" les plus diffus - comme on appelle modestement de nombreuses sectes, des Mormons à la Scientologie - sont nés, pour la plupart, aux États-Unis, tandis que d'autres groupes sectaires, nés en Europe ou en Asie, accroissent considérablement leur influence mais uniquement  après le débarquement de leurs "maîtres" en Amérique. C'est le cas de l' « Association internationale pour la conscience de Krishna », de la secte du révérend Moon, des adeptes, vêtus d'oripeaux de couleur orange, de Rajneesh ou de quelque branche dégénérée de l'ésotérisme islamique. L'importance du phénomène sectaire, d'un point de vue géopolitique, est évidente si l'on considère que l'influence exercée par les Etats-Unis a souvent pour intermédiaire les sectes qui sont nées aux Etats-Unis ou qui sont suivies par les milieux politiques américains. Suite à la victoire électorale de Bolsonaro (qui a été baptisé dans les eaux du Jourdain selon une cérémonie évangélique et a pris le nom de "Messias"), Eurasia a publié une étude sur l'influence prédominante exercée au Brésil par la secte évangélique, née du "Grand Réveil" nord-américain. Mais on retrouve une influence similaire de la même secte aux États-Unis, où, en son temps, Trump a été béni par des pasteurs évangéliques et présenté comme un messie, ou un "nouveau Cyrus" qui allait libérer le peuple d'Israël, c'est-à-dire les "vrais chrétiens" américains, de la captivité babylonienne".

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L'actuel président Joe Biden se dit catholique. Pourtant, même dans son cas, les relations avec le monde sectaire ne manquent pas.

En 2014, conclut le Prof. Mutti, "en participant en tant que vice-président des États-Unis à l'allumage de la Menorah nationale et en exaltant "l'héritage juif, la culture juive, les valeurs juives" comme une partie essentielle de l'identité américaine, Joe Biden a explicitement fait référence à l'enseignement du rabbin Menachem Mendel Schneerson, chef de la secte Chabad Lubavitch, à qui il a souhaité "Que vous croissiez tous en force, toujours en force". De plus, la secte des Lubavitcher a de nombreux adeptes dans l'environnement politique américain. En 1983, le Congrès et le président des États-Unis ont décerné au rabbin Schneerson la décoration de l'honneur nationale et ont décrété que le jour de sa naissance serait proclamé "Journée de l'éducation et du partage". En 1994, à l'occasion de l'anniversaire de la déclaration Balfour (2 novembre), les deux chambres des États-Unis ont approuvé à l'unanimité l'attribution posthume de la médaille d'or du Congrès américain à Rebbe Schneerson, en reconnaissance de ses "contributions exceptionnelles à l'éducation mondiale, à la morale et à ses importantes actions caritatives". Lors de la cérémonie de remise de la médaille, le président Bill Clinton a déclaré : "L'éminence de feu Rebbe en tant que leader moral de notre nation a été reconnue par tous les présidents depuis Richard Nixon". Dans la lignée de ses prédécesseurs, l'actuel président américain peut se targuer d'une longue familiarité avec les Lubavitcher. Dès 2008, David Margules, président de Chabad Lubavitch du Delaware, a exprimé l'enthousiasme de la secte pour les positions pro-sionistes de Biden en ces termes : "Il a acquis la réputation d'être un fervent défenseur d'Israël".

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vendredi, 05 mars 2021

Le projet « Océan Transparent »

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Le projet « Océan Transparent »

Par Giovanni Caprara

Ex : https://www.eurasia-rivista.com

Le scénario géopolitique contemporain a obligé les décideurs à augmenter les ressources consacrées à la lutte anti-sous-marins. Les sous-marins opèrent dans des environnements critiques, tels que les eaux profondes, peu profondes et troubles, parfois en l'absence totale de spécifications sur les relevés qu'ils surveillent. Pour permettre au submersible de fonctionner dans un silence absolu, les sonars classiques ne sont pas suffisants, mais il est nécessaire d'utiliser des solutions basées sur les sonars bistatiques. Afin de garantir les plus hauts niveaux d'efficacité, le projet BiSS (Bistatic Sonar System) est désormais opérationnel. La caractéristique des sonars bistatiques est qu'ils ont une source et un récepteur séparés, alors que les sonars "traditionnels" sont monostatiques, c'est-à-dire que l'émetteur et le récepteur sont dans la même position. Le BiSS est le développement d'une solution basée sur des algorithmes innovants, capable d'identifier un objet immergé dans des environnements critiques, qui peut surmonter les réflexions, les distorsions et le bruit des signaux, hostiles à la bonne exécution de la mission d'un sous-marin. Le BiSS permet la reconstruction d'environnements submergés en 3D avec une représentation claire et réaliste, grâce à la technique d'apprentissage automatique des systèmes informatiques embarqués. Fondamentalement avec un signal de transmission "ping", l'augmentation de la distance de détection passive est améliorée, augmentant ainsi l'efficacité des applications de la tactique ASW, la guerre anti-sous-marine (Anti Submarine Warfare). Cette innovation rend l'arme submergée encore plus meurtrière, il était donc nécessaire d'améliorer la capacité de la lutte ASW.

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Le système de découverte et de surveillance acoustique ULISSES, conçu par Leonardo, offre des capacités supérieures pour la guerre sous-marine, car il est capable de contrôler simultanément jusqu'à 64 bouées sonores opérationnelles, qui, associées au sonar de profondeur, améliorent la fonctionnalité multistatique. ULISSES est un système acoustique innovant optimisé pour tous les types de plates-formes à voilure fixe et tournante, y compris les aéronefs sans pilote. Un premier test des capacités du nouveau système acoustique ULISSES pour la recherche et le suivi des sous-marins a eu lieu au large des côtes italiennes, avec des résultats positifs. Des bouées acoustiques, ou bouées sonores, ont été mises à l'eau par un navire de guerre et le système a identifié rapidement et précisément l'ensemble des cibles sous-marines représentées par un simulateur de cible acoustique. Le système a automatiquement marqué les coordonnées de l'objet cible sur la console de l'opérateur à bord du navire, fournissant un scénario en temps réel de l'environnement sous-marin, à la fois en eau peu profonde et en eau "bleue", c'est-à-dire océanique. Un autre essai a permis de tester la fonctionnalité d'ULISSES en conjonction avec le sonar de profondeur HELRAS, ce qui a permis d'augmenter la portée de la découverte et de la gestion des cibles sous-marines. Tout cela a permis de terminer la phase de développement, et de commencer la production, notamment pour le marché international. Le système ULISSES (Ultra-LIght SonicS Enhanced System) s'est révélé être un système performant et fiable, capable de fonctionner de manière transparente avec une résolution maximale, en utilisant des sources d'informations acoustiques pour fournir des données précises sur les unités sous-marines potentiellement hostiles. Le système ULISSES a été développé sur la base du succès du système acoustique OTS-90, qui a été conçu et développé pour les hélicoptères NH90 italiens et néerlandais.

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Ce nouveau produit pose le problème de la vulnérabilité des sous-marins SSBN, armés de missiles balistiques nucléaires. Actuellement, en attendant que les missiles supersoniques soient régulièrement mis en ligne, les SSBN représentent à la fois la dissuasion et la principale arme pour d'éventuelles représailles. Les sous-marins américains de la classe Ohio, semblent être les plus silencieux de la planète, et lorsqu'ils naviguent en patrouille, ils sont pratiquement indétectables, et il n'y a aucune menace crédible connue pour leur survie. Il ne semble pas en être de même pour les sous-marins lance-missiles des autres pays : la flotte russe de SSBN est plus bruyante que son homologue américaine ; pire encore, les SSBN chinois, de type 094, restent assez bruyants. En fait, leur survie dans des environnements hautement conflictuels peut être mise en doute. La future génération de SSBN américains, la classe Columbia, devrait être encore plus silencieuse que celle de l'Ohio, car au lieu d'utiliser les engrenages mécaniques plus bruyants des sous-marins actuels, ils seront entraînés par un moteur électrique. Cela rendra les unités submersibles non seulement plus silencieuses, mais aussi plus durables. Les systèmes d'entraînement électrique ont une plus grande redondance intégrée, ce qui rend moins probable qu'une seule arme puisse désactiver tout le système d'entraînement. Un propulseur ultra silencieux est déjà opérationnel : il s’appelle AIP, Air Independent Propulsion, mais il semble avoir quelques limites. Il est basé sur des cellules utilisant de l'oxygène et de l'hydrogène liquides stockés dans une poudre d'hydrure métallique. L'AIP est enfermé dans un conteneur isolé et suspendu de manière à rendre la transmission des vibrations et du bruit pratiquement nulle, car il n'y a pas de pièces mobiles. Le nouveau système AIP, en réduisant la signature acoustique et en augmentant la portée des sous-marins conventionnels, améliore donc leurs capacités de combat. Le propulseur obligera les décideurs militaires à une analyse plus minutieuse pour les missions impliquant un contrôle côtier, où la supériorité des AIP vaudrait la peine d'approcher les eaux territoriales adverses sans être détectées. Au contraire, les nouveaux bateaux à pile à hydrogène ne sont pas utilisables dans les océans, où les SSBN ou SSN confirment leur validité.

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Le précurseur du système ULISSES, est l'US SOSUS : un ensemble de postes d'écoute sous-marins pour la surveillance acoustique passive. Ils sont situés entre le Groenland et le Royaume-Uni, dans une zone appelée "GIUK gap" (Greenland Iceland United Kingdom Gap). Il est composé d'une série d'hydrophones placés au fond de l'océan, et est, théoriquement, capable d'écouter le passage des sous-marins russes, mais depuis la fin de la guerre froide, il est utilisé à des fins de recherche pour les naturalistes. À l'heure actuelle, les États-Unis sont le seul pays à disposer d'une capacité de guerre sous-marine telle qu'elle rend la plupart des navires adverses vulnérables. En fait, la défense de l'Amérique du Nord peut rendre l'océan "transparent". L'importance des routes à suivre pour arriver dans la zone d'opérations est fondamentale pour assurer la sécurité d'une unité immergée. Les sous-marins américains, lorsqu'ils quittent leurs ports, sont capables d'opérer de manière relativement incontestée, étant donné la présence de ports alliés et l'absence de goulots d'étranglement territoriaux qui limiteraient leurs voies de patrouille. En revanche, les SSBN chinois sont fortement entravés par des limitations géographiques et ne peuvent pas se mettre à portée des États-Unis, espace continental, sans passer par des points d'étranglement dangereux actuellement contrôlés par la marine américaine. En cas d'attaque visant à éliminer la menace des sous-marins lance-missiles américains, il est prouvé que l'attaquant ne coulerait que 6 des 14 SSBN, puisque huit ou neuf d'entre eux sont constamment en route, et quatre ou cinq dans des ports en alerte permanente, et prêts à réagir. Même si un attaquant était capable de localiser avec précision l'emplacement de chacune de ces unités, les sous-marins d'attaque nécessaires pour les détruire seraient confrontés à des défis logistiques importants représentés par les bulles de défense maritime américaines composées d'avions, de satellites et d'unités de surface et immergées. De plus, l'attaquant ne serait probablement pas encore dans l'enveloppe d'attaque avant que les SSBN américains ne lancent leurs missiles nucléaires de défense.

Malgré le fait que les lanceurs hypersoniques sont destinés à modifier la dissuasion en leur faveur, les États-Unis ont accordé à Northrop Grumman la somme de 13,3 milliards de dollars pour développer un nouveau missile balistique intercontinental afin d'améliorer la triade nucléaire, c'est-à-dire ceux qui peuvent être lancés depuis la terre, la mer et les avions. Le nouveau concept d'océan "transparent" a, en fait, déplacé les besoins des États-Unis vers l'acquisition de nouveaux missiles, afin de compenser ceux qui pourraient être perdus lorsqu'une de leurs unités immergées est découverte et détruite.

Plusieurs pays veulent mettre en place une capacité anti-sous-marine.

L'Inde a posé sur le fond marin entre l'île de Sumatra et l'archipel Andaman/Nicobar, une série de capteurs pour capter les signaux acoustiques et magnétiques des sous-marins qui vont traverser cette zone. La chaîne de capteurs est longue de 2300 kilomètres et ils sont reliés par un câble à fibre optique capable de transporter des informations à 100 Gb/s. On peut supposer que les principales cibles sont les unités sous-marines chinoises, pour les empêcher de s'approcher de la zone économique exclusive indienne.

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Le Japon, en collaboration avec les États-Unis, a mis en place un système de détection acoustique et magnétique sur les fonds marins qui part de la Corée du Nord et atteint Bornéo, en passant par les Philippines et Taïwan, pour surveiller l'activité des sous-marins de la marine de Pékin dans la mer de Chine méridionale et le long des accès vers le Pacifique occidental. Le système, qui est actif depuis 2005, comprend un ensemble d'hydrophones et de détecteurs magnétiques d'anomalies sur le fond marin, travaillant en coordination avec les avions de reconnaissance maritime pour obtenir une capacité ASW multicouche. Il est probable que la chaîne de détection indienne sera intégrée au réseau japonais/américain Sosus existant, appelé Fish Hook. Ce dernier est exploité par le centre de recherche océanographique du Jmsdf, la force d'autodéfense maritime du Japon et le personnel de la marine américaine. Une telle décision, de la part de l'Inde, pourrait provoquer une dure réaction chinoise au point de prévoir de nouvelles "bulles" A2/AD, des zones d'interdiction spécifiques, dans leurs propres zones exclusives qui existent dans le bassin de l'Océan Indien et insérées dans la Nouvelle Route de la Soie : de Djibouti au port pakistanais de Gwadar, jusqu'à celui de Hambantota au Sri Lanka.

La Chine a également développé son propre réseau de surveillance sous-marine. Le système évalue les informations sur l'environnement sous-marin, en particulier la température et la salinité de l'eau, afin de détecter et de suivre les unités navales sous-marines adverses et, par conséquent, d'améliorer la capacité de ses propres sous-marins à les poursuivre. Le projet, réalisé par l'Institut d'océanologie de la mer de Chine méridionale sous l'égide de l'Académie des sciences chinoise, s'inscrit dans la mise en place d'un armement voulu par Pékin, pour contraster l'hégémonie navale américaine.

La mise en œuvre de la guerre anti-sous-marine démontre sans équivoque que les unités immergées restent les meilleures plates-formes de dissuasion.

mercredi, 03 mars 2021

L'Amérique est de retour : Biden bombarde comme Trump

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L'Amérique est de retour : Biden bombarde comme Trump

par Alberto Negri & Tommaso Di Francesco

Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it

Biden, personnage emblématique de certains des échecs internationaux des démocrates pendant les années Obama, accueille le pape en Irak en bombardant les milices chiites en Syrie. Un voyage au cours duquel le Pape Bergoglio devrait rencontrer le grand ayatollah Sistani qui, en 2014, a donné sa bénédiction aux milices chiites pour mener la lutte contre les coupeurs de têtes de l’Etat islamique.

Bien sûr, le monde est étrange. L'"espoir démocratique", le catholique Joe Biden, exactement comme Donald Trump, court aux armes et bombarde la Syrie, à la veille de la visite du pape en Irak le 5 mars. Un voyage au cours duquel le pape François devrait également rencontrer la plus haute autorité religieuse irakienne, le grand ayatollah Ali Sistani, qui en 2014 avait donné sa bénédiction aux milices chiites pour mener la lutte contre les coupeurs de têtes de l’Etat islamique, milices qui ont joué un rôle essentiel dans la libération de Mossoul, ville martyre musulmane et chrétienne que le pape devrait visiter dans quelques jours dans le cadre de sa mission en Irak.

Aujourd'hui, les raids américains risquent de nous démontrer voire de nous avertir urbi et orbi que le climat ne doit pas être exactement celui de la paix dans la région. Le monde est en effet étrange : l'ordre du jour ne devrait pas inscrire la guerre dans sa convocation mais plutôt l'urgence sanitaire vu le Covid 19. Et puis Biden n'a pas encore pris conscience du désastre de la démocratie américaine assaillie par des "terroristes internes" - comme il les a appelés - qui ont fait des ravages au Congrès. Le voilà qui commence déjà à se décharger de la crise interne en "exportant" la démocratie par les armes.

Cette fois, Biden frappe un peu au hasard, même s'il a tué plus de vingt personnes appartenant aux milices pro-chiites, celles qui ont soutenu Assad et le gouvernement irakien dans les opérations militaires qui ont conduit à la défaite du califat, qui est toujours dangereusement en action aux frontières entre la Syrie et l'Irak. L'année dernière, c'est Trump qui a frappé au Moyen-Orient en tuant le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, maintenant c'est Biden : mais on pouvait s'y attendre de la part d'un président qui, en 2003, a voté pour l'attaque de Bush Jr. contre l'Irak .

Biden est un type contradictoire. D'un côté, il souhaite reprendre les négociations avec Téhéran sur l'accord nucléaire de 2015 voulu par Obama et annulé par Trump en 2018, mais dans le même temps, il bombarde les alliés de l'Iran coupables, selon les Américains, de frapper leur base militaire en Irak et l'aéroport d'Erbil au Kurdistan irakien. Bien sûr, tout se passe sans la moindre preuve. Mais cela aussi fait partie de la "double norme" imposée au Moyen-Orient : les Américains et les Israéliens n'ont rien à prouver, ce qu'ils font est toujours juste.

C'est une bonne chose que Biden se soit présenté aux Européens comme le champion du multilatéralisme et des droits de l'homme en s'attaquant à la Russie et à la Chine : avec ces prémisses, il devrait au moins tuer par le truchement d’un drone le prince saoudien Mohammed bin Salman puisque, selon la CIA, celui-ci est derrière le meurtre du journaliste Khashoggi. Et pendant que nous attendons - mais cela va-t-il vraiment arriver ? - le rapport de la CIA qui le prouve, il y a des nouvelles d'un appel téléphonique "d'adoucissement" de Biden au roi Salman, pendant la nuit, sur les crimes de son fils et héritier.

Le Pacte d'Abraham entre Israël et les monarchies du Golfe, auquel le nouveau président, tout comme Trump avant lui, tient tant, pèse sur les bonnes intentions de Biden. Et on ne peut pas cacher le fait que Biden est l'une des figures emblématiques de certains des échecs internationaux des démocrates pendant les années où Obama, Hillary Clinton et Kerry ("M. Climat") tenaient les rênes du pouvoir aux Etats-Unis, alors qu'il était un vice-président connu surtout pour ses gaffes.

La preuve vivante de ces échecs est son propre homme fort, le général Lloyd J. Austin, l'actuel chef du Pentagone qui s'est dit hier confiant "que nous avons bien fait de frapper les milices chiites" qui, elles, nient toute implication dans les frappes en Irak. Devant le Sénat en 2015, le général Austin, alors commandant du CENTCOM, le commandement militaire du Moyen-Orient, a admis avoir dépensé 500 millions de dollars pour former et armer seulement quelques dizaines de miliciens syriens sur les 15.000 prévus pour combattre l’Etat islamique, qui, lui, s'est approprié toutes ces précieuses armes américaines.

Austin a également témoigné que le plan dit Timber Sycamore, géré par la CIA et doté d'un milliard de dollars, visant à évincer Assad du pouvoir, avait été lancé en Jordanie, puis décimé par les bombardements russes et annulé à la mi-2017.

Le général Austin a soulevé l'irritation et l'hilarité des Américains en découvrant une série d'échecs épouvantables dignes d'une république bananière. Mais il n'y a pas de quoi rire quand on pense à toutes les catastrophes que les États-Unis ont provoquées dans la région. Par exemple, la décision de retirer le contingent américain d'Irak : après avoir détruit un pays par des bombardements et par l'invasion de 2003 pour renverser Saddam Hussein - provoquant la fuite de millions d'êtres humains. Rappelons que cette invasion s’est déclenchée sur base de mensonges propagandistes concernant les armes de destruction massive de l'Irak. Washington a abandonné ce pauvre pays à son sort, sachant pertinemment qu'il n'avait pas les moyens de se débrouiller seul. Austin a suivi la politique d'Obama et de Clinton.

En 2014, l'Irak est submergé par la montée du califat qui, après avoir occupé Mossoul, la deuxième ville du pays, s'apprête à prendre également Bagdad : l'armée irakienne est en plein désarroi et c'est le général iranien Qassem Soleimani, avec des milices chiites, qui sauve la capitale. Et Soleimani a été tué par un drone américain à Bagdad. Pire encore : ce qui s'est passé en Syrie après le soulèvement de 2011 contre Assad. La guerre civile s'est rapidement transformée en guerre par procuration et les États-Unis, dirigés alors de facto par Hillary Clinton, ont donné le feu vert à Erdogan et aux monarchies du Golfe, dont le Qatar, pour soutenir les rebelles et les djihadistes qui étaient censés faire tomber le régime.

On sait comment cela s'est passé : les djihadistes ont envahi la Syrie puis ont inspiré plusieurs attentats à travers l'Europe mais Assad est toujours en place avec le soutien de l'Iran et surtout de la Russie de Poutine, entrée en guerre le 30 septembre 2015 en bombardant les régions de Homs et Hama. Quelques heures auparavant, Obama avait marqué son accord pour que Poutine agisse en Syrie en le rencontrant en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

Dans cette histoire tissée de ratés, Biden a joué un rôle, même s'il ne fut pas le premier dans le spectacle: aujourd'hui, en Syrie, il joue à la fois le rôle du canardeur tout en accueillant le pape en claironnant un bruyant "bienvenue au Moyen-Orient".

La dangereuse stratégie USA-OTAN en Europe

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La dangereuse stratégie USA-OTAN en Europe

Par Manlio Dinucci

Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it

L'exercice OTAN Dynamic Manta de lutte anti-sous-marine se déroule en mer Ionienne du 22 février au 5 mars. Des navires, des sous-marins et des avions des États-Unis, d'Italie, de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Espagne, de Belgique et de Turquie y participent. Les deux principales unités participant à cet exercice sont un sous-marin d'attaque nucléaire américain de la classe Los Angeles et le porte-avions français à propulsion nucléaire Charles de Gaulle et son groupement tactique, qui comprend également un sous-marin d'attaque nucléaire. Le Charles de Gaulle, immédiatement après, se rendra dans le golfe Persique.

L'Italie, qui participe à Dynamic Manta avec des navires et des sous-marins, est le "pays hôte" de l'ensemble de l'exercice : elle a mis à la disposition des forces participantes le port de Catane et la station d'hélicoptères de la marine à Catane, la base aéronavale de Sigonella (la plus grande base US/OTAN en Méditerranée) et la base logistique d'Augusta pour l'approvisionnement. Le but de l'exercice est de chasser les sous-marins russes en Méditerranée qui, selon l'OTAN, menacent l'Europe.

Ces mêmes jours, le porte-avions Eisenhower et son groupe de combat mènent des opérations dans l'Atlantique pour "démontrer le soutien militaire continu des États-Unis aux alliés et leur engagement à maintenir les mers libres et ouvertes". Ces opérations - menées par la sixième flotte, dont le commandement est à Naples et la base à Gaeta - s'inscrivent dans la stratégie énoncée notamment par l'amiral Foggo, ancien chef du commandement de l'OTAN à Naples : accusant la Russie de vouloir couler les navires reliant les deux côtés de l'Atlantique avec ses sous-marins, afin d'isoler l'Europe des États-Unis, il soutient que l'OTAN doit se préparer à la "quatrième bataille de l'Atlantique", après celles des deux guerres mondiales et de la guerre froide.

Pendant que des exercices navals sont en cours, des bombardiers stratégiques B-1, transférés du Texas à la Norvège, effectuent des "missions" à proximité du territoire russe, avec des avions de chasse F-35 norvégiens, pour "démontrer l'état de préparation des États-Unis et leur capacité à soutenir leurs alliés".

Les opérations militaires en Europe et dans les mers adjacentes sont menées sous le commandement du général Tod Wolters, de l'armée de l'air américaine, qui est à la tête du Commandement américain en Europe et en même temps de l'OTAN, le poste de commandant suprême des forces alliées en Europe revenant toujours à un général américain.

Toutes ces opérations militaires sont officiellement motivées par la "défense de l'Europe contre l'agression russe", inversant la réalité : c'est l'OTAN qui s'est étendue en Europe, avec ses forces et ses bases, y compris nucléaires, derrière la Russie. Lors du Conseil européen du 26 février, le secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg, a déclaré que "les menaces auxquelles nous étions confrontés avant la pandémie sont toujours là", mettant en avant "les actions agressives de la Russie" et, en arrière-plan, une menace de "montée de la Chine".

Il a ensuite souligné la nécessité de renforcer le lien transatlantique entre les États-Unis et l'Europe, comme le souhaite vivement la nouvelle administration Biden, en faisant passer la coopération UE-OTAN à un niveau supérieur. Plus de 90 % des habitants de l'Union européenne, a-t-il rappelé, vivent aujourd'hui dans des pays de l'OTAN (dont font partie 21 des 27 pays de l'UE). Le Conseil européen a réaffirmé "l'engagement de coopérer étroitement avec l'OTAN et la nouvelle administration Biden en matière de sécurité et de défense", rendant ainsi l'UE militairement plus forte.

Comme l'a souligné le Premier ministre italien Mario Draghi dans son discours, ce renforcement doit se faire dans un cadre de complémentarité avec l'OTAN et de coordination avec les États-Unis. Le renforcement militaire de l'UE doit donc être complémentaire de celui de l'OTAN, qui, à son tour, est complémentaire de la stratégie américaine. Elle consiste en fait à provoquer des tensions croissantes en Europe avec la Russie, de manière à accroître l'influence des États-Unis dans l'Union européenne elle-même.

Un jeu de plus en plus dangereux, car il pousse la Russie à se renforcer militairement, et de plus en plus coûteux. Ceci est confirmé par le fait qu'en 2020, au plus fort de la crise, les dépenses militaires italiennes sont passées de la 13e à la 12e place dans le monde, dépassant ainsi celles de l'Australie.

L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

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L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.com

L’expression « islamo-gauchisme » a fait son apparition dans les médias mainstream. Je l’évoque dans mon essai La guerre sociale qui vient (Éditions Dualpha, 2020) mais il était, jusqu’à l’intervention de la ministre, politiquement incorrect de suggérer l’existence de cette alliance, au moins sémantique, au-delà des cercles classés à droite de la droite. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a le mérite d’avoir soulevé la réalité des faits et fait révéler les soutiens de cette mouvance politico-religieuse au moins au cœur des universités françaises.

Car l’intérêt premier de cette affaire est le suivant : de l’absence de reconnaissance du concept, nous sommes passés à la liste des « pratiquants », tous ces pétitionnaires qui se sont dévoilés pour exiger (sic) la démission de la ministre. Donc, l’islamo-gauchisme existe puisqu’il a touché des « chercheurs » ou, plus exactement, des enseignants, c’est-à-dire des personnes qui délivrent une parole écoutée des futurs cadres de la France.

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Frédérique Vidal dénonce « le militantisme » de certains qui privilégient « l’opinion » sur « la recherche ». Il sera difficile de donner une stricte définition à cette « alliance » qui recouvre, dans la réalité, le fait pour des intellectuels d’extrême gauche, à la Plenel, d’utiliser l’Islam comme « la religion des prolétaires » du monde. En contrepartie, la défense systématique du port du voile dans les universités semble s’opposer dans les établissements scolaires avant le baccalauréat…

L’islamo-gauchisme revient, si nous devions utiliser les termes de cette mouvance, aux dérives du colonialisme tant décrié : ce sont des Blancs (pour la plupart) qui manipulent des populations d’origine immigrée dans le but de résister à toute intégration ou, pire, assimilation. Le nobliau du Vivarais Geoffroy Daniel de Lagasnerie, figure de la nouvelle gauche radicale, théorise ses concepts décoloniaux en faveur des populations « racisées « et la famille Traoré, emmenée par Assa, égérie du pavé parisien, rameute les troupes, y compris d’ailleurs pendant les périodes de restriction des libertés dues à la crise sanitaire. Il doit y avoir une impunité dans certaines situations. Ce partage des tâches est saisissant, il y a les penseurs et les marcheurs. Dès le milieu des années 1990, l’Organisation communiste international (OCI) avaient théorisé cette alliance et dès le début des années 2000, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Besancenot et Krivine présentait des femmes voilées aux élections. Pas parce qu’elles étaient femmes mais parce qu’elles étaient voilées.

Couv-Revue-des-Deux-Mondes-octobre-2018-645x1024.jpgL’extrême gauche culturelle ne sait plus, ne peut plus mobiliser un Mai-68. En revanche, elle peut renvoyer une identité magnifiée à des populations dont l’existence varie entre la mosquée, les produits stupéfiants (qui viennent du « bled ») et le Mac-Do.

Sur le fond, que révèle cet alliage « islamo-gauchiste » ? Outre la stratégie d’une certaine gauche de mobiliser des populations, y compris lors des élections pour « faire barrage » aux candidats considérés comme « trop à droite », cet amalgame politique nous montre la faiblesse d’une idéologie que les Français ont tendance à surestimer, du fait de l’impunité que procure, à certains, le dispositif législatif.

Car s’il est plausible de comprendre les nouvelles « lumières » de cette gauche, dont le but n’a été de cesse de mettre à bas les valeurs traditionnelles (celles de l’Occident), il est plus complexe de s’interroger sur l’Islam. Ce mouvement conquérant (sic) ne serait plus que le porteur d’eau d’intellectuels en manque de résonnance. L’islam n’aurait de valeur que dans le nombre, la force (certes essentielle) de la démographie qui, peu à peu, livre nos quartiers à des bandes mettant en place des systèmes de valeurs en contradiction avec la parité femmes-hommes ou l’égalité des enfants au sein des foyers ou bien encore la liberté du choix du conjoint…

L’Islam comme symbole du prolétariat ? Qu’en pensent le protégé des États-Unis, Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite ou le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, émir du Qatar qui pratique l’islamo-sportif de manière ostentatoire ?

Le prolétariat est bien porté sur les maillots des joueurs du Paris-Saint-Germain. Cette simple démonstration pose les limites de cette engeance « islamo-gauchiste ». L’islamo-gauchisme ne se veut que le fer de lance de l’ethno-masochisme européen (blanc si vous préférez, les États-Unis n’étant qu’une excroissance européenne en matière de population). Notre faiblesse nourrit leur force.

VALEURS-ACTUELLES-ISLAMO-GAUCHISME.jpgAu-delà de cet état des lieux, que révèle cette controverse de l’Islam à part la faiblesse intrinsèque de cette idéologie politico-religieuse ? Sans l’appui des forces progressistes et surtout la protection des lois (l’islamophobie, c’est-à-dire la peur d’une religion est en train de devenir un délit…), l’Islam serait une identité limitée à des croyances archaïques.

Un dernier point sur une affaire sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir : les universitaires d’extrême gauche ont retrouvé un prolétariat et on peut penser qu’ils militeront pour la « discrimination positive », pour développer leur présence au sein des universités (ce sont les Blancs qui préparent des CAP ou des brevets professionnels, vous savez l’électorat de Le Pen…) mais ce que nos universitaires oublient, c’est le principe du « renvoi de l’ascenseur ». Dans l’islamo-gauchisme, il y a ceux qui essaient de rester sur le devant de la scène et ceux qui veulent conquérir les corps (et les esprits). Entre islam et gauchisme, il est probable qu’à terme, l’un des deux termes sera de trop et le voile se porte mieux, dans les quartiers sensibles, que l’épinglette de Trotski. C’est ainsi et à terme, les gauchistes devront eux-aussi céder leur place, les homos rentrer dans leur placard mais le romancier Michel Houellebecq n’avait-il pas déjà tout prédit avec d’avance ?… 

En complément :

L’Europe comme troisième voie

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L’Europe comme troisième voie

par Georges FELTIN-TRACOL

En ce premier quart du XXIe siècle, le projet européen ne passionne guère les jeunes; il n’enthousiasme plus les anciens; il indispose les peuples. Son évocation ne suscite que sarcasmes, critiques, agacements et indifférences. La crise sanitaire covidienne révèle les dysfonctionnements initiaux majeurs de son union marchande, dépolitisée et moralisante. Déclassée en économie, en sciences et dans les techniques de pointe, cet ensemble bureaucratique déclinant fidèle aux dogmes éculés du libre-échange global et infesté par les lobbies prend chaque jour un peu plus l’aspect d’un asile psychiatrique peu rutilant, ce qui n’empêche pas l’afflux croissant de masses envieuses de l’ancien Tiers Monde.

Certains répliquent à cette décadence manifeste en prônant d’abord une sortie nationale, puis ensuite la formation d’une Europe des États, des patries, des nations, voire des régions économiques. Cette option est vaine, car perdurent encore les filaments d’une civilisation inestimable qui souffre d’une longue et pénible dormition. L’Europe reste en outre la patrie de nos nations, de nos peuples et de nos terroirs. Sa survie conditionne leur existence, leur pérennité et leur avenir.

Le réveil européen ne passera que par l’avènement de son propre grand espace. Il ne correspondra ni à l’actuel grand espace occidental euro-américain qui s’articule autour de l’Alliance Atlantique et de son bras armé, l’OTAN, ni au grand espace eurasiatique, voire eurasien, en cours de constitution par le biais de la coopération entre Moscou et Pékin. Le renouveau européen ne proviendra ni d’une intégration militaire, économique et technique en cours tournée vers une pensée liquide propice aux surfaces océaniques, ni d’un ralliement bancal au seul horizon terrestre « steppien ».

Devant l’échec patent de la sociale-démocratie, du libéralisme social et du progressisme pragmatique, les Européens soucieux du bien commun, de l’intérêt général et de l’esprit européen se doivent de bâtir un grand foyer continental considéré comme un projet civilisationnel de puissance. Cette grande ambition nécessite la redécouverte politique, sociale, économique et géopolitique d’un non-alignement fondamental, d’un dépassement des oppositions désuètes. Au slogan politique « ni droite ni gauche » doivent désormais s’ajouter le mot d’ordre socio-économique « ni collectivisme ni individualisme », et l’orientation géopolitique « ni Est ni Ouest » (ou mieux encore « et Terre et Mer » du fait de la configuration côtière complexe de ce « petit cap de l’immense Eurasie »), soit les fondements d’une vision du monde découlant de la troisième voie.

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On retrouve ce riche concept sous des formulations socio-historiques et politiques variées dans maintes sociétés européennes. Plus qu’une position attentiste ou qu’un parti-pris vaguement « neutraliste », l’Europe envisagée en tant que troisième voie intégrale se veut une réaction à la segmentation technicienne de la vie quotidienne, son artificialisation, aux affres toujours plus brutales du « spectaculaire intégré » et à l’occultation encouragée des différences essentielles au profit de différences superficielles égotiques. La troisième voie européenne se comprend principalement comme une prise en compte de la mesure à l’aune d’un être enchâssé dans ses communautés d’appartenance charnelles, historiques, professionnelles et territoriales qu’il doit d’ailleurs retrouver, réhabiliter et fructifier.

Se revendiquer de la mesure n’implique cependant pas de végéter dans la torpeur (ou dans la tiédeur), de gesticuler avec fébrilité à la première occasion ou de lancer des propos péremptoires à la face du monde. L’attachement à la mesure dans une perspective clairement tercériste suppose plutôt d’investir la notion dans tous les champs possibles de l’existence humaine. Par exemple, refuser le mondialisme et l’État-nation pour insister sur le principe de l’Empire, soutenir l’essor des entreprises coopératives, la participation des travailleurs au destin de leur communauté de production, l’affranchissement des producteurs de la tyrannie du salariat, la mise en place au-delà du parlementarisme, du présidentialisme et de la partitocratie d’institutions novatrices avant-gardistes, associant rigueur aristocratique et aspirations populaires.

Des plans Fouchet de 1961 – 1962 à l’Initiative des Trois-Mers sans oublier le Groupe de Visegrad et les tentatives eurafricaines, bien des essais de troisième voie parsèment l’histoire européenne. Faute d’une dynamique suffisante et d’une élite préparée, tous ces plans ont échoué. Près du Minuit de leur devenir commun, seuls des Européens convaincus peuvent provoquer une nouvelle aurore civilisationnelle, une aube hespériale, en confrontant leur époque et les défis qu’elle charrie aux exigences de la réflexion, de la persévérance et de l’action.

Georges Feltin-Tracol

• D’abord mis en ligne sur Vox NR, le 9 février 2021.