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mercredi, 24 mars 2021

L’Europe doit investir dans les technologies du futur

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L’Europe doit investir dans les technologies du futur

Par Jérémy Silvares Jeronimo
 
Ex: https://eurolibertes.com/

Comme des millions de personnes, j’étais vissé sur mon fauteuil devant mon écran de télévision le 18 février afin de voir le robot Persévérance se poser sur la planète Mars. Construit par la NASA (1), le robot Persévérance montre une fois de plus que les Occidentaux des deux côtés de l’Atlantique continuent d’être des explorateurs hors-normes.

En matière de spatial les Américains dominent, suivis des Européens. Les chinois ne sont pas encore à notre niveau mais cela ne saurait tarder. Et si les Américains dominent encore c’est aussi à cause du nombre de scientifiques qui sortent de leurs excellentes universités et qui peuvent, avant d’aller travailler pour la NASA, travailler dans des start-up sur tous types de projets innovateurs dans ce que l’on appelle la vallée du Silicone (Silicon Valley).

Pourtant je lis, ici et là, sur les sites dits de « réinfosphère », de violentes critiques sur ce que la Silicon Valley, les entreprises et les personnes qui y travaillent représentent, c’est-à-dire le camp progressiste, le politiquement correct et le danger pour la démocratie que sont les GAFA. Mais il importe de souligner que les GAFA sont réellement un danger pour la démocratie. Il suffit de se rappeler la manière dont Twitter et compagnie ont expulsé Donald Trump.

Que ces compagnies soient ou non d’accord avec le contenu des tweets on doit se poser la question cruciale : une entreprise privée peut-elle censurer le président des USA ? D’autant que l’importance que ces réseaux sociaux ont eue sur les élections est préoccupante. La pression que les GAFA exercent sur les petits réseaux sociaux libres surtout après que des millions d’utilisateurs ont quitté Facebook et Twitter pour aller vers Parler est scandaleuse (2).

Ceci est vrai, mais, il y a un mais… Car la Silicon Valley c’est bien plus que les GAFA ou le progressisme, c’est une des régions de l’Occident où l’on rêve encore du futur, et ça, ça n’a pas de prix. Et quand je dis rêver du futur, je parle des capacités que certaines personnes ont – Elon Musk n’en n’est qu’un exemple – à penser l’homme de demain, les technologies de demain, les conquêtes de demain.

Après avoir tout inventé ces derniers siècles (3), les nations d’Occident risquent de se faire dépasser par les nations d’Extrême-Orient, Japon, Corée, Taiwan, et surtout la Chine. Nos leaders politiques, à part quelques rares exceptions, ont depuis les années soixante-dix laissé partir nos brevets, nos inventions, notre technologie. En France, jusqu’aux années soixante-dix nous étions dans les premiers de cordées (pour citer un certain président).

Le TGV, le Minitel, le Concorde pour n’en citer que quelques-uns furent des fleurons à leur époque… Et c’était pareil dans tout l’Occident. Et maintenant ? Nous inventons toujours, mais les États donnent de moins en moins d’argent à la recherche scientifique. Et certains scientifiques n’hésitent pas à quitter la France afin de pouvoir poursuivre leurs travaux. Ce qui en dit long sur l’intérêt que ceux qui tiennent les cordons de la bourse leur vouent.

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Or aux USA, que l’on aime ou que l’on n’aime pas ce pays, on continue de rêver et d’inventer, dans les grandes universités, à la NASA, dans la Silicon Valley. Avec de l’argent privé et public. On y travaille sur la Deep Tech, ce qu’en français on nomme les « jeunes pousses disruptives », l’intelligence artificielle, la robotique, les énergies propres, la nanotechnologie, l’aérospatial ou l’informatique quantique…

En Europe aussi on travaille sur ces sujets, mais pas autant que nous devrions car l’argent manque pour ces projets… les gouvernements préfèrent financer des ONG et des associations qui déconstruisent nos Nations.

Et cependant… cependant même aux USA, de plus en plus de chercheurs, d’inventeurs et de scientifiques partent pour la Chine. Le nombre est encore très petit mais… C’est une catastrophe pour l’Europe et pour les USA. Si les nations d’Occident ne se maintiennent pas sur le podium de l’inventivité, nos pays n’auront plus aucune attractivité et deviendront des nations secondaires.

Nous continuons, nous Occidentaux, à avoir de très « grosses têtes ». Ne les laissons pas fuir vers la Chine. Que la prochaine Renaissance soit à nouveau en Occident et non pas en Chine. Comme le disait Philippe Coué sur CNews, lors de l’atterrissage de Persévérance, il n’y a pas de grandes nations sans grands projets. À nos leaders d’investir dans ces grands projets.

Notes

(1) En plus des Américains, principaux concepteurs du projet, il y avait aussi des pièces européennes, comme la camera SuperCam construite par des Français.

(2) Le fait qu’Amazon coupe l’accès à ses serveurs justement au réseau social Parler est tout aussi honteux… lien : 12/0172021, Amazon coupe l’accès du réseau social Parler à ses serveurs, Le Temps, France, lien : https://www.letemps.ch/monde/amazon-coupe-lacces-reseau-s...

(3) Je vous renvoie à mon dernier texte, Ce que le monde doit à l’Occident. Pour ceux qui l’auraient oublié, lien : https://eurolibertes.com/culture/ce-que-le-monde-doit-a-loccident-pour-ceux-qui-lauraient-oublie

00:10 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, futur, technologies, high tech, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 22 mars 2021

Vincent Held et le grand asservissement numérique et sociétal (interview)

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Vincent Held et le grand asservissement numérique et sociétal (interview)

Notre ami suisse Vincent Held, chercheur courageux et savant, a publié Asservissement (Editions Réorganisation du Monde), un recueil implacable qui détaille la manière dont on nous contrôle et prive de tout progressivement, dans la société libérale démocratique. La technologie vient au secours de la remarque de Tocqueville selon laquelle on nous ôterait même la peine de vivre. Plus récemment on pourrait rappeler la vision de Jouvenel qui dénonçait après la guerre même la démocratie totalitaire. Vincent Held nous a demandé d’écrire une postface pour son livre, et nous en profitons pour rédiger quelques questions angoissées.

Questionnaire à Vincent Held

  • Le livre constitue un catalogue des horreurs de la mondialisation capitaliste et technocratique. Comment avez-vous eu l’idée de ces chroniques – et où trouvez-vous votre documentation ?

Disons que je rends compte d’un certain nombre de projets et scénarios rendus possibles par l’évolution technologique. Avant tout, merci de me permettre de préciser d’emblée que tout est étayé par des sources mainstream : documents de l’ONU, publications de grands médias, de sites universitaires, etc. Et aussi du Forum de Davos, qui va d’ailleurs très loin dans les scénarios dystopiques qu’il envisage pour notre avenir proche.

Après, il n’est absolument pas certain que ce soient les projets les plus spectaculaires – comme cette fameuse « connexion cerveau-machine » dont nous parlent Klaus Schwab et Elon Musk, qui auront le plus d’impact sur nos sociétés. En revanche, l’idée d’utiliser des « intelligences artificielles » pour discriminer les gens à l’embauche en fonction de leurs opinions me paraît par exemple très concrète. En Suisse, des gens qui ont pignon sur rue le proposent ouvertement. Et leurs produits sont même déjà utilisés par un certain nombre de grandes entreprises !

  • Vous vivez en Suisse, a priori le pays le plus riche et le plus libre du monde (Guillaume Tell…). Or c’est ce pays qui décide de gâcher la vie des gens et vous le détaillez très bien dans votre livre. Pourquoi la Suisse ?

Les velléités de surveillance numérique totale alliée à une reprise en main comportementale de la population – que ce soit au travail, dans l’espace public ou à la maison sont très bien documentés. Évidemment, en Suisse comme ailleurs, certains ont vu dans la crise du covid une opportunité de normaliser un certain nombre de pratiques déjà existantes. Et même de pousser le bouchon un peu plus loin…

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Je prends un exemple très concret : l’arrivée soudaine en Europe de robots équipés de « reconnaissance faciale » pour détecter le (non-)port du masque et le respect des nouvelles normes de « distanciation sociale » dans l’espace public… Évidemment, cette volonté de normer les comportements n’est pas limitée à la « crise du covid », qui finira par passer. Voyez l’exemple de la Chine avec son fameux « crédit social », qui consiste à noter les citoyens en fonction de la manière dont ils se comportent au quotidien… Chez nous, les comportements attendus seraient assurément différents, mais la tentation de normer les rapports sociaux n’en est pas moins présente. Edward Bernays en parlait déjà dans les années 1920 avec son idée d’un « code de conduite standardisé ». L’idée est loin d’être nouvelle…

  • Comment expliquez-vous le fait que tant de gens soient passés du côté obscur, milliardaires, bureaucrates, fonctionnaires, politiciens ?

A mon avis, les élites occidentales sont profondément divisées sur les grandes questions de société, comme je l’explique au début du livre. C’est pour cela que les scénarios les plus extrêmes en termes de surveillance ou de décroissance démographique par exemple, me paraissent avoir peu de chances de succès. Ceci dit, il y a toute une palette de projets potentiellement très déstabilisants pour nos sociétés qui vont certainement faire l’objet d’un lobbying important dans les prochaines années. Et ce notamment en matière de restrictions de la mobilité, de surveillance numérique et d’automatisation du travail. En fait, nous sommes déjà en plein dedans. Il suffit de lire le dernier livre de Klaus Schwab pour s’en rendre compte.

  • La volonté de nous empêcher de voyager ou de bouger est bien expliquée dans le livre. On découvre aussi une volonté de nous empêcher de manger. Pouvez-vous expliquer ?

Là, vous faites allusion à mon fameux article sur le recyclage des eaux d’égout à des fins alimentaires… Des gens m’ont expliqué qu’ils n’avaient même pas commencé à le lire parce qu’ils n’arrivaient tout simplement pas à y croire ! Pourtant, l’intérêt de l’État et de certaines multinationales suisses pour la question est bien documenté… C’est un projet qui est censé s’intégrer à « l’économie circulaire », pour contribuer au « développement durable »… Quoi de plus écologique en effet que de consommer des excréments humains transformés grâce à des méthodes 100% naturelles et peu coûteuses ?

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  • Les mondialistes ont toujours été dangereux mais ils semblaient moins fous jadis. Qu’est-ce qui selon vous les rend fous depuis dix-quinze ans en mode accéléré ?

La « folie » dont vous parlez ne me semble pas nouvelle. L’Histoire du XXème siècle nous a démontré de façon suffisamment spectaculaire de quoi l’Occident postchrétien était capable. Comme le soulignait Soljenitsyne dans son fameux discours d’Harvard, Hitler et Staline sont des sous-produits de l’humanisme occidental, qui adapte sa morale aux besoins du moment. Et même dans les systèmes démocratiques, les tentations totalitaires abondent, voyez le projet eugéniste rendu célèbre par Huxley au début des années 1930. Ou encore cette idée vieille de plus de cent ans de sexualiser les enfants dès leur plus jeune âge pour détraquer leur psychisme et rendre ainsi la société plus malléable. Or, on voit bien que c’est un projet qui est né en Angleterre ! Vous noterez d’ailleurs que ce type de programmes est toujours mis en œuvre aujourd’hui en Allemagne, même si l’on préfère ne pas trop en parler…

Bref, je crois que la folie dont vous parlez est la même aujourd’hui qu’il y a cent ans. En revanche, la puissance des outils technologiques disponibles ouvre effectivement des perspectives de contrôle social assez vertigineuses. Suffisamment vertigineuses d’ailleurs pour faire peur à une partie des élites mondialisées elles-mêmes…

  • On sait qu’avec les vaccins on veut réduire la population. Tout ce contrôle exercé sur les humains va-t-il déboucher sur une extermination ?

Il y a eu beaucoup d’annonces dans la presse ces derniers temps sur de probables liens entre des vaccinations et le décès inexpliqués de personnes âgées ou de soignants. En Allemagne, c’est même devenu un sujet d’alarme récurrent dans les médias depuis le début de l’année. S’il y avait une volonté d’extermination généralisée, je doute qu’on en parlerait autant…

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Après, il existe visiblement un consensus très large autour de la question de l’euthanasie des personnes âgées et/ou malportantes. Vous noterez que j’utilise intentionnellement le terme « d’euthanasie » plutôt que celui de « suicide assisté », qui présuppose l’accord du patient. Voyez le débat Live and let die qui s’était tenu à Davos en janvier 2009 autour de cette question. La vidéo est disponible en anglais sur Youtube. Vous comprendrez que l’euthanasie active et passive sans l’accord du patient est depuis longtemps une pratique courante et acceptée en Suisse, bien qu’elle constitue théoriquement un délit pénal. Évidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Et l’arrivée de millions de baby boomers à l’âge de la retraite représente une incitation considérable à intensifier ces pratiques…

  • On reste effaré par cette volonté de castration sexuelle qui veut frapper dès l’enfance. Pouvez-vous présenter cette forfaiture ?

Il faut avant tout comprendre d’où vient le militantisme LGBT. Historiquement, il se rattache au mouvement « néomalthusien », qui cherchait à réduire la natalité occidentale par tous les moyens possibles : promotion des matériels contraceptifs, du divorce, de l’avortement, de l’homosexualité, de la « stérilisation des inadaptés »… et conduite des premières expériences de changement de sexe !

Évidemment, castrer les gens chimiquement ou chirurgicalement dès leur enfance est le plus sûr moyen de s’assurer qu’ils ne procréeront jamais. On voit par exemple que la télévision suisse romande s’est mise à faire la promotion des « enfants transgenres » en même temps qu’elle encourageait les femmes à se faire stériliser pour les motifs les plus divers, dont certains passablement délirants. C’est toujours la même logique antinataliste et eugéniste qui existait déjà au début du XXème siècle, au moment où le LGBT a commencé à prendre forme. 

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Il faut dire aussi que le mouvement LGBT a parfaitement démontré au cours de ses quelque 120 ans d’histoire qu’il n’avait que très peu d’inhibitions morales. Donc oui, cette idée de la castration précoce au nom du bien-être des « enfants transgenres » est choquante, mais pas si surprenante que cela.

  • Presque tout ce qui est évoqué ici pour moi se résume à de l’abjection, de la débilité ou de la criminalité. La question qui me vient la première c’est : pourquoi nous impose-t-on cela ?

Je crois qu’un facteur important à prendre en compte, c’est l’évolution spectaculaire de l’intelligence artificielle, qui rend aujourd’hui les humains largement obsolètes en tant que producteurs de biens et services.

D’un point de vue purement économique, plus de la moitié de la population de nos pays représenterait d’ores et déjà un poids mort, si l’on en croit les estimations des plus grands cabinets de conseil mondiaux, tels que McKinsey, Deloitte ou PriceWaterhouseCoopers. Je pense que c’est l’explication de la virulence croissante des idéologies « néomalthusiennes » que je viens d’évoquer, #metoo inclus. Indépendamment de l’aspect idéologique d’ailleurs, nos sociétés présentent un risque de paupérisation accru, le durcissement des conditions de vie étant une manière traditionnelle de réduire la natalité. C’est même une recette que les Anglo-Saxons appliquent à la lettre depuis que le célèbre Thomas Malthus a théorisé cette méthode au début du XIXème. La terrible déflation des années 1920 par exemple, avait causé une chute brutale de la natalité en Angleterre comme aux États-Unis. Or, dans l’un et l’autre pays, cette crise était complètement artificielle…

  • Vous abordez peu la question de la servitude volontaire. En langage plus moderne Virilio a parlé de dissuasion : pouvez-vous expliquer cette prostration, cette neutralisation de la masse? 
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  • Personnellement, j’aime bien la notion très bernaysienne de « fabrication du consentement », dont la « crise du covid » nous a fourni un magnifique cas d’école. Je constate par ailleurs que, comme l’avait annoncé Tocqueville, l’atomisation croissante de nos sociétés a conduit à une forme de domestication de l’humain. Cette logique semble d’ailleurs avoir vocation à prendre une toute nouvelle ampleur avec l’arrivée de certaines technologies de surveillance censées permettre d’accroître notre bien-être physique et mental. Et comme souvent, c’est par le milieu de l’entreprise que cette approche tente de prendre pied dans nos sociétés. Le gourou technologique Jack Ma explique par exemple de façon très directe qu’il veut apprendre aux gens à adopter de bons comportements au travail en leur inculquant des « valeurs » et en veillant à ce qu’elles soient respectées ! Il ne veut pas diriger les gens, mais les éduquer comme des enfants. Vous noterez que cette approche rejoint celle des féministes radicales, avec leurs listes toujours plus longues de comportements « sexistes » à éradiquer. Sauf que les féministes ne veulent rééduquer que les hommes alors que Jack Ma, lui, propose de rééduquer tout le monde. Ce qui, somme toute, est plus démocratique.
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  • Jack Ma.
  • A quoi servira la monnaie numérique si à la mode chez les mondialistes ?

J’ai la conviction que les « monnaies numériques » officielles telles que le fameux « euro digital » que nous concocte la BCE, vont s’imposer. C’est ce que j’expliquais d’ailleurs déjà en 2018 dans Après la crise, bien avant les premières annonces de Christine Lagarde. La vraie question est de savoir à quel point un anonymat des transactions pourra encore être envisagé. En clair : sera-t-il encore possible de payer avec du liquide ou des monnaies digitales non transparentes à l’avenir ?

C’est un point important, surtout dans un pays comme la Suisse, où les assureurs s’intéressent énormément à surveiller les comportements d’achat de la population. En clair : il s’agit de dire aux gens ce qu’ils ont le droit de manger et boire sans subir de pénalités financières, sans parler du tabac ! Évidemment, l’idée de taxer les transactions financières, qui est très à la mode par exemple en France, implique une quasi-disparition de l’argent liquide, voire son éradication pure et simple. En Suisse, le Parlement a reconnu à la Banque nationale le droit d’interdire l’emploi des billets de banque si elle le souhaite. C’est donc une éventualité à prendre très au sérieux. D’autant plus que l’idée d’imposer des taux négatifs sur les comptes bancaires a déjà été reconnue comme légale, tout comme en Allemagne d’ailleurs.

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De fait, dans un système financier entièrement numérisé, il serait très facile de taxer en continu les dépôts bancaires, dans le but affiché de « stimuler la consommation » et l’investissement. C’est une mesure qui pourrait s’imposer dans un contexte de crise économique et financière intense, où le pouvoir politique pourrait facilement invoquer la nécessité de « relancer l’économie ». Avec le risque, comme toujours, que le « provisoire » s’installe dans la durée…

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L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale...

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L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale...

par David Engels

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le Visegrád Post et consacré à l'idéologie LGBTQ+ et à son action dissolvante vis-à-vis de l'identité européenne traditionnelle.

Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale

Union européenne – Depuis que l’Union européenne a été déclarée « zone de liberté LGBTQ » le 11 mars 2021, le débat sur l’idéologie « LGBTQ » est omniprésent dans les médias, et avec lui, la critique de cette Pologne « intolérante » et « autoritaire » où les homosexuels subiraient constamment des atteintes à leur « droits », voire leur intégrité physique. Mises à part les nombreuses absurdités résultant d’une représentation volontairement erronée des faits eux-mêmes, nous trouvons au cœur de ce débat un manque de discernement assez typique pour notre monde actuel : celui entre la personne et l’idéologie.

En effet, la Pologne a été l’un des premiers pays en Europe à avoir décriminalisé l’homosexualité (1932 ; l’Allemagne en comparaison seulement en 1969), mais entre la tolérance de l’organisation libre de la vie privée d’un côté et l’égalité entre des relations hétéro- et homosexuelles d’un autre, il y a un pas énorme que la majorité de la population polonaise et avec elle son parlement et son gouvernement ne semblent pas prêts à franchir. Ainsi, le débat actuel ne se situe nullement au niveau de la simple « protection des minorités », car ces minorités, déjà aujourd’hui, n’ont absolument rien à craindre de la part de la société ou de l’État. Tout au contraire, il s’agit d’un choix idéologique fondamental avec des conséquences lourdes pour l’entièreté de la société, et c’est pour cette raison que l’on doit parler d’une véritable « idéologie LGBTQ », inséparable d’ailleurs de l’ensemble de l’universalisme « politiquement correct ».

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Selon cette idéologie, l’identité sexuelle serait une simple « construction sociale » sans véritable lien avec la constitution physique de l’humain, et la liberté de l’individu consisterait à pouvoir constamment assumer un autre « genre » et dès lors d’autres rôles sexuels. Cela implique non seulement l’exigence du mariage pour tous, la libéralisation du droit à l’adoption, la banalisation des thérapies et chirurgies de changement sexuels, la réclamation de « quotas » représentatifs dans toutes les corporations et l’introduction de sujets LGBTQ dès l’école primaire, voire maternelle, mais aussi, au long terme, comme nous allons le voir, la dissolution de la notion même de famille naturelle. À chaque étape, un argument clef (outre les appels purement rhétoriques au respect pour l’« amour ») : celui du « moindre mal », comparant les conséquences (néfastes) de relations hétérosexuelles échouées avec ceux (bénéfiques) de relations homosexuelles réussies ; le « moindre mal » des enfants grandissant avec des parents homosexuels aimants qu’avec des parents hétérosexuels malheureux ; le moindre mal de la bénédiction religieuse des couples homosexuels en comparaison avec le risque de leur « aliénation » spirituelle ; le « moindre mal » du mariage pour tous en vue de la stabilité financière et donc du contentement politique des couples homosexuels ; etc. Or, comme d’habitude, ce qui manque dans cette équation purement individualiste et rationaliste est l’intérêt de la société dans son ensemble, car ce qui peut être un « moindre mal » pour quelques individus peut déstabiliser les fondements d’une civilisation entière.

Certes, le problème ne se situe pas (ou pas seulement) au niveau de la simple « relativisation » de la famille naturelle, puisque les deux concepts ne sont pas (encore) dans une situation de compétition immédiate : peu d’hétérosexuels changeront d’orientation sexuelle uniquement pour bénéficier des avantages juridiques d’une relation homosexuelle ou vice-versa. Non, le problème est un problème de fond : à partir du moment où ce n’est plus le droit naturel et le respect des institutions historiques fondamentales qui régit la construction des ensembles familiaux et éducationnels sur lesquels notre société est basée, mais le pur constructivisme social, toutes les autres limites tomberont également tôt ou tard. Une fois l’exception, sous couvert de « protection des minorités », rehaussée au même niveau de la norme, celle-ci perd tout son sens, et la société implose rapidement en une multitude de sociétés parallèles, où ce n’est plus le consensus de tous, mais la minorité la plus forte qui domine le reste (ce qui, évidemment, ne s’applique pas seulement aux minorités sexuelles, mais aussi ethniques, culturelles, religieuses ou politiques).

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Car la sexualité, déconnectée de son support physique initial et de sa vocation naturelle de procréation, devient nécessairement un passe-temps quelconque qu’il serait absurde de limiter ou réglementer dans un sens ou dans un autre : une fois les différentes variantes de l’homosexualité non seulement tolérées, mais mises à égalité avec la famille traditionnelle, il n’y a plus aucun argument logique pour interdire la légalisation de constellations polygames, incestueuses, voire même pédophiles ou zoophiles, comme le réclament d’ailleurs depuis au moins les années 1968 la gauche et le mouvement écologiste. Pire encore : non seulement, l’intégration du constructivisme social dans la définition du couple et de la famille risque de mener tôt ou tard à la banalisation et dès lors la diffusion de pratiques fondamentalement malsaines, voire criminelles, mais cette idéologie se caractérise aussi par son hostilité pour le modèle hétérosexuel établi. Non contente de le laisser survivre comme une option parmi de multiples autres combinaisons possibles, la gauche associe la famille traditionnelle, déjà lourdement éprouvée par la banalisation du divorce et l’essor des familles recomposées, à un prétendu modèle « patriarcal » oppressant, réactionnaire, voire même « fascistoïde », comme l’avaient déjà mis en avant Horkheimer et Deleuze.

Ainsi, loin de défendre les droits d’une infime minorité « menacée » contre une large majorité opprimante, cette idéologie complexe et profondément anti-humaniste sape actuellement les dernières fondations d’un modèle familial attaqué de partout. En tentant de déconnecter la société occidentale de son support naturel et historique, les activistes LGBTQ font donc seulement eux-mêmes le travail d’« idiots utiles » dans un combat idéologique dont ils ne réalisent probablement que très rarement toute l’ampleur. Dès lors, l’on peut comprendre que, tôt ou tard, chaque gouvernement véritablement conservateur se doive de mettre des limites très claires afin de défendre ses valeurs et faire la part entre la tolérance des choix personnels de certains individus et la légalisation formelle d’une idéologie qui, elle, risque de démanteler fondamentalement ce qui reste encore de l’identité occidentale. La Pologne et avec elle de nombreux pays dans l’Est de l’Europe ont fait ce choix, et l’Europe occidentale, dont les gouvernements dominent l’Union européenne actuelle, semble avoir fait le sien le 11 mars 2021. La suite des événements montrera clairement les conséquences de ce choix sur la stabilité, la prospérité et la santé des sociétés respectives…

David Engels (Visegrád Post, 16 mars 2021)

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dimanche, 21 mars 2021

L’Empire américain agite l’arme des « droits de l’homme » pour justifier ses guerres hybrides

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L’Empire américain agite l’arme des « droits de l’homme » pour justifier ses guerres hybrides

Par Luciano Lago

https://www.kulturaeuropa.eu/

SOURCE : http://www.ilpensieroforte.it/mondo/4575-l-impero-usa-agi...

L'Occident, dans sa phase actuelle de décadence, n'a pas les moyens de rivaliser avec le développement impétueux de la Chine. Ajoutez à cela l'étroite coopération entre la Chine et la Russie, étendue de la sphère économique à la sphère militaire, qui fait du bloc Russie/Chine un antagoniste capable de remettre en question l'intention, proclamée par Biden, de restaurer le leadership américain sur le monde.

Dans son dernier discours officiel, le Premier ministre chinois Xi Jin Ping a lancé un avertissement aux États-Unis : le monde ne connaîtra pas la paix et la stabilité tant que les États-Unis ne cesseront pas de s'ingérer dans les affaires des autres pays. Il a également dénoncé les tentatives éhontées de l'Occident de compenser son incapacité réelle, dans son obsession à contrer les menaces chinoise et russe, en organisant des soulèvements et en orchestrant de la propagande pour provoquer des changements de régime. C’est là une forme de guerre hybride avec un objectif bien circonscrit, d'ailleurs, et explicitement déclaré comme tel par les dirigeants de Washington, qui refusent de considérer comme légitimes les gouvernements des pays qui s'opposent à l'hégémonie nord-américaine et qui, dès lors, s'engagent à les combattre en utilisant l'arme des sanctions ou des embargos. Cependant, le jeu avec la Chine et la Russie est plus compliqué, les sanctions sont inefficaces et Washington recourt alors à la rhétorique habituelle des "droits de l'homme", sans reconnaître que ce sont les États-Unis qui sont les plus responsables des violations des droits de l'homme dans le monde.

Pour appuyer leur propagande, soutenue par le méga-appareil médiatique occidental, Washington et Londres mobilisent leurs services de renseignement pour créer des empoisonnements préfabriqués, de l'affaire Skripal à l'affaire Navalny, dont la Russie est accusée (sans preuve), ou pour fomenter des émeutes et des manifestations à Hong Kong. Dans le cas de la Russie, Vladimir Poutine est dépeint comme le nouveau tyran impitoyable qui lâche ses agents à la recherche de prétendus opposants à empoisonner, tandis que Xi Jin Ping est décrit comme le nouveau danger pour le "monde libre". Sinon, les services de renseignement de Washington et de Londres préparent les habituels "False Flag" (provocations scénarisées) d'attaques aux armes chimiques menées par les Russes et les Syriens en Syrie pour accuser Poutine et Assad et préparer de nouveaux "bombardements humanitaires".

On ne peut pas dire que les Anglo-Américains fassent preuve de beaucoup d'imagination à cet égard, il suffit de se rappeler les "armes de destruction massive" présentées comme motif de la guerre contre l'Irak, mais ce peu d'imagination est parfois compensé par Israël avec ses attaques préméditées contre certains navires dans le Golfe Persique, dont l'Iran est accusé, bien sûr. La plus récente fausse attaque contre un navire commercial israélien a été démentie par des images aériennes d'un drone iranien. Des provocations visant à convaincre du "danger" de l'Iran, un pays qui depuis 41 ans est le plus grand antagoniste d'Israël et de l'hégémonie américaine dans la région. Dans tous les cas, l'arme préférée de Washington (et de Londres) est toujours celle des "droits de l'homme". En réalité, l'embargo, pour affamer les peuples et les pousser à mettre en œuvre un changement de régime, est la marque de fabrique de la politique américaine : la même technique que celle mise en œuvre par Israël, depuis plus de onze ans, contre les Palestiniens de Gaza.

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Tout ce qui menace la vie et la dignité des personnes est un crime contre l'humanité. Honteux est le comportement de l'Europe qui se plie à ces blocages décidés par Washington, démontrant ainsi sa servilité envers le maître. Cependant, le cas de l'Arabie saoudite est comme une "poutre dans l'œil" des défenseurs des droits de l'homme, avec la couverture accordée par les États-Unis au prince sanguinaire Bin Salman, qui est tout à la fois derrière le meurtre du journaliste Khashoggi et derrière l'agression contre le Yémen. Cette énorme pierre d'achoppement met en évidence l'hypocrisie de cette propagande que seuls les imbéciles peuvent encore croire aujourd'hui.

Luciano Lago

Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

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Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

Par Augusto Grandi

https://www.kulturaeuropa.eu/

SOURCE : https://electomagazine.it/le-difficolta-di-merkel-e-macro...

Biden ? Un démocrate, comme chacun le sait. Cette définition est suffisante pour exclure toute surprise face à l'attaque sordide lancée par le nouveau Président américain contre Poutine. Parce que, contrairement à ce que les médias et les historiens de service disent aux Italiens crédules, les démocrates américains ont toujours été des bellicistes. Beaucoup plus belliciste que les Républicains. Mais en Italie, ils évitent soigneusement de relier les "saints" Kennedy ou Lyndon Johnson à l'escalade de la guerre au Vietnam.

Il était donc évident que Biden allait accroître la tension internationale. Les insultes contre Poutine vont de pair avec les attaques contre la Chine. Un appel aux armes qui conduira à de nouvelles sanctions contre Moscou, poussant inévitablement la Russie dans les bras de Xi Jinping.

Biden, cyniquement mais aussi logiquement (car il a été chargé d'être président pour protéger les intérêts des grands groupes américains), profite de la situation de crise lourde qui affecte l’Europe. Ce n'est pas une coïncidence s'il a lancé son attaque contre la Russie immédiatement après la confirmation de la défaite de la CDU d'Angela Merkel dans deux élections régionales importantes en Allemagne. La chancelière quittera la scène après l'été, son leadership s'affaiblit et l'Allemagne est en proie à l'indécision, exacerbée par le mécontentement des Allemands face aux confinements répétés qui handicapent les activités économiques et la vie sociale.

Macron, qui jusqu'à présent a été très actif en politique étrangère, en partie parce qu'il se sentait soutenu par Merkel, ne fait pas mieux. Maintenant, cependant, Macron doit faire face au mécontentement interne pour sa mauvaise gestion de la pandémie. Et les Français, contrairement aux moutons italiens, ne se contentent pas de bêler quand ils sont en colère. Le président de l'Hexagone se retrouve donc en difficulté sur la scène internationale. Mais sans Berlin et Paris, la politique étrangère européenne n'existe pas. Avec ‘’l'Italie de Sa Divinité’’ qui reçoit des ordres directement de Washington et refuse le vaccin Spoutnik V aux Italiens pour ne pas contrarier les multinationales américaines du médicament.

Donc Biden a le champ libre. Et l'interview éminemment subversif de Meghan Markle a également fait comprendre aux Britanniques que leur rôle était celui d'alliés, mais d’alliés d'importance secondaire. Une interview qui minel’idée du Commonwealth lui-même, car pour les démocrates américains, il ne peut y avoir qu'un seul empire, l'empire américain.

Difficile d'imaginer la réaction de Moscou et de Pékin au-delà des déclarations officielles. Il ne peut évidemment pas s'agir d'une réaction militaire, mais les deux pays sont désastreux en termes de soft power et cela les pénalise considérablement car cela limite leurs possibilités de réaction.

Augusto Grandi

samedi, 20 mars 2021

Irlande: l'Indépendance Inachevée

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Café Noir N.15

Irlande: l'Indépendance Inachevée

IRA, Lutte Armée, Boom Économique et Brexit Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du Vendredi 19 mars 2021 avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed
 
 
LIENS DU SITE ET DES LIVRES MENTIONNÉS
Ça n'empêche pas Nicolas - Blog de Jean Lévy https://tinyurl.com/ynkpmx4m
Avez-vous Compris les Philosophes IV de Pierre Le Vigan https://tinyurl.com/8drhs35y
Forgotten Revolution. The Limerick Soviet 1919 de Liam Cahill https://tinyurl.com/ynm2vuwh
 
EXTRAITS DANS CETTE ÉMISSION
– The Wind that Shakes the Barley. Film de Ken Loach
– The Wind that Shakes the Barley. Chanson de Loreena McKennitt
– Les Obsèques de Bobby Sands
– IRA: Défilé de Pâques à Free Derry en 2017
– You will Never Beat the Irish. Chanson des Wolfe Tones

Les "pivots vers l'Asie" de la Grande-Bretagne: c’est pour contenir la Chine

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Les "pivots vers l'Asie" de la Grande-Bretagne: c’est pour contenir la Chine

Hyperextension impériale, vœux pieux et illusions

Par Tom Clifford

Global Research : https://www.globalresearch.ca/britain-pivots-asia-contain...

***

De l'est de Suez à l'amont du Yangtze. Les clients des bars de Pékin font la fête, mais ce n'est pas le pivot de la Grande-Bretagne vers l'Asie qui les fait bavarder bruyamment et se taper dans le dos.

La Saint-Patrick, le 17 mars, était la raison de leur jovialité non masquée dans les bars et les pubs. Plus de 50 ans après que le ministre de la défense travailliste de l'époque, Denis Healey, ait annoncé en 1968 le retrait du Royaume-Uni, à court d'argent, de toutes les implantations ex-impériales à l'est de Suez, la Grande-Bretagne est de retour. Enfin, du moins, elle en parle.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson et ses amiraux ont devant eux un nouvel horizon qui s'étend le long de voies maritimes encombrées, de l'Inde au Japon à l'est et de la Chine à l'Australie au sud. La Grande-Bretagne, ou, en réalité, le haut commandement conservateur, estime que l'Union européenne a étouffé l'élan impérial, privant la Grande-Bretagne de sa véritable place, qui est d’assumer un rôle mondial dominant. Le déclin de la Grande-Bretagne, selon certains Tories, peut être attribué à l'UE, à l'introduction de l’enseignement général et, pourquoi pas, au beurre à tartiner.  Ce Johnson, affaibli par le Covid-19, mais dûment vacciné, est-il en train de réagir en s'enveloppant dans l’Union Jack et en se lançant dans un fantasme impérial ?

L'Asie est le nouveau centre économique du monde et le Royaume-Uni est à la traîne dans ses relations avec elle. La Chine est le seul pays asiatique figurant parmi les dix premiers marchés de la Grande-Bretagne. Les États-Unis, l'Allemagne et l'Irlande sont les trois premiers, selon la Database of British Products & Verified British Exporters.

Il y a clairement quelque chose qui cloche. L'Irlande, bien sûr, est toute proche de l’Angleterre, mais elle a aussi une population d'environ 5 millions d'habitants. C'est à peu près la taille de mon quartier de Pékin. Et voilà la contradiction. La Grande-Bretagne change de politique principalement non pas pour stimuler le commerce avec la Chine mais pour la contrer, politiquement, militairement et économiquement. Bien sûr, dit Londres, nous ferons des affaires avec Pékin si la bonne occasion se présente. N'y comptez pas.

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Rule Britannia contre la Chine : Le nouveau porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth dans la mer de Chine méridionale en 2021 ?

En un mot, la Grande-Bretagne veut contenir la Chine. Il existe des raisons légitimes de stimuler le commerce avec l'Asie, mais contenir la Chine est ridicule, tant dans son raisonnement que dans ses conséquences. C'est également impossible.

La Grande-Bretagne a annoncé qu'elle allait envoyer son tout nouveau porte-avions, le HMS Queen Elizabeth, en mer de Chine méridionale pour donner à Pékin un coup de semonce, dans une démonstration de faiblesse. Elle avait l'intention de le faire plus tôt, mais des retards et des dépassements budgétaires ont retardé le déploiement de cette formidable unité aéronavale. Elle n'ose pas s'aventurer seule dans la mer de Chine méridionale, la vraie politique exige que Washington fixe le calendrier et envoie ses navires pour, euh, eh bien, la protéger et s'assurer que les choses ne dégénèrent pas. Il ne sert à rien de remonter le Yangtze sans pagaie. Bien sûr, cela sera décrit comme une opération commune d’alliés travaillant ensemble, pour envoyer un message uni. En réalité, la Chine n'est pas inquiète.

Elle sait comment traiter avec les anciens détenteurs de concessions du 20e siècle sur son territoire.

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En février 2019, le secrétaire à la défense britannique de l'époque, Gavin Williamson, aujourd'hui un ministre de l'éducation incroyablement impopulaire maintenu à son poste en tant que paratonnerre, a annoncé que le HMS Elizabeth se rendrait en mer de Chine méridionale et serait prêt à utiliser la force létale pour défendre des voies navigables libres et ouvertes. La Chine, après avoir été prise d'un fou rire, a répondu en retirant son invitation à la visite du chancelier, Phillip Hammond, pour des négociations commerciales.

Les Chinois ne sont pas anti-anglais. Loin de là. Toutes les écoles chinoises enseignent l'anglais ou souhaitent le faire si les enseignants et les ressources sont disponibles. En Angleterre, environ 13 % des écoles publiques et 50 % des écoles indépendantes enseignent le chinois. Les tribulations des équipes de football anglaises sont suivies avec passion en Chine. La question de savoir qui vous soutenez est fréquente. Avant la pandémie, les étudiants voulaient aller en Grande-Bretagne pour étudier. Beaucoup l'ont fait. Londres et Édimbourg étaient des destinations de choix pour les touristes chinois.

La Chine mise à part, la Grande-Bretagne ne doit pas se faire d'illusions sur le fait que son retour en Asie marquera le début d'une nouvelle ère du Raj.

La région visée est devenue le moteur de l'économie mondiale. De la rive orientale du Bosphore à la baie de Tokyo, elle représente la moitié de la production économique mondiale et plus de la moitié de la population mondiale. Et cela ne cesse de croître. Elle abrite les deux nations les plus peuplées du monde, la Chine et l'Inde, les deuxième et troisième économies mondiales, la Chine et le Japon, ainsi que la plus grande démocratie du monde, l'Inde.

Le pivot vers l'Asie est une perspective alléchante. Mais dans quelle mesure le Londres du confinement a-t-il bien réfléchi à la question ? Les pays asiatiques veulent des visas pour que leurs ressortissants puissent étudier et travailler en Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni sera-t-il prêt à accorder à l'Inde et aux autres pays asiatiques l'accès aux marchés britanniques, ainsi que des dizaines de milliers de visas ?

Les Asiatiques ont été victimes de la mondialisation rampante menée à coups de sabre à l'âge de l'empire.

Ils veulent, et obtiendront, un meilleur deal cette fois-ci. 

Levons les ancres ! 

 

vendredi, 19 mars 2021

Sur le projet OTAN 2030

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Sur le projet OTAN 2030

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans une lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, plusieurs haut gradés de l'Armée regroupés au sein du Cercle de Réflexion Interarmées s'élèvent contre le projet OTAN 2030 qui affaiblit selon eux la souveraineté de la France. Nous la reproduisons ici. Il va sans dire que nous sommes pleinement d'accord avec cette lettre.

TRIBUNE LIBRE

Le jeudi 18 février 2021 l'étude "OTAN 2030", produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l'OTAN pour les dix prochaines années. D'entrée, il apparaît que toute l'orientation de l'OTAN repose sur le paradigme d'une double menace, l'une russe, présentée comme à l'œuvre aujourd'hui, l'autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude.

La première, c'est l'embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l'Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

La deuxième, c'est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en oeuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d'autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Allièes en Europe, officier général américain) au motif de l'efficacité et de l'accélération de la prise de décision.

Mais la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d'instrumentalisation de cette "menace Russe", «menace» patiemment créée puis entretenue, de façon à «mettre au pas» les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s'annonce avec la Chine pour l'hégémonie mondiale.

C'est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l'avenir tel qu'il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous.

En effet, l'histoire ne commence pas en 2014, et c'est faire preuve d'une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe "Russie") directement du "partenariat constructif" lancé par l'Otan au début des années 90 à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s'il ne s'était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l'époque, et le méchant «Ours russe» d'aujourd'hui.

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C'est bien l'OTAN qui, dès les années 1990, s'est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l'est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou (2), et qui d'année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l'ex URSS.

C'est bien l'OTAN qui , sans aucun mandat de l'ONU, a bombardé la Serbie (3) pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d'une vaste opération de manipulation et d'intoxication de certains services secrets de membres importants de l'Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l'affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d'un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe.

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu'il s'agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu?

C'est bien l'OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l'est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l'est de l'Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d'une certaine neutralité de la Géorgie, de l'Ukraine, de la Moldavie - c'est à dire de l'immédiat « hinterland » russe - vis-à-vis de l'OTAN.

Et c'est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu'il a été choisi, en 2010, d'encourager les graves troubles de l'« Euromaïdan », véritable coup d'état qui a abouti à l'élimination du président ukrainien légalement élu,  jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l'Ukraine avec l'OTAN.

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On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass.

C'est bien l'OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d'une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l'Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant.

C'est encore l'OTAN qui donna l'assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu'en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l'époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 !

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l'équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l'affaire de la Crimée de 2014,  laquelle sera ensuite utilisée par l'OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l'Europe face à la nouvelle « menace russe » !

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d'efforts soutenus de la part de l'OTAN pour recréer « l'ennemi russe», indispensable à la survie d'une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l'Est la coopération que l'Ouest lui refusait.

L'entreprise de séparation de la Russie d'avec l'Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l'autorité constante des États-Unis, est aujourd'hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d'emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l'autorité de...l'allié américain qui seul en possède la clef.

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Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd'hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l'OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l'ensemble des pays européens de l'Alliance! Mais là n'est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l'Alliance atlantique dans la lutte pour l'hégémonie mondiale qui s'annonce entre la Chine et les États-Unis.

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L'étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques.

Autrement dit, on n'aurait comme menace, en l'occurrence, qu'un mode d'action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l'islamisme radical et de son messianisme qui n'a rien à envier à celui du communisme d'antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l'immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu'il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d'Erdogan, membre de l'Otan, que par l'Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis.

Comme on pouvait s'y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n'augure rien de bon pour l'indépendance stratégique de l'Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d'un début d'éveil à une autonomie européenne.

Ce n'est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l'OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l'Europe face à un ennemi qui n'existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n'existe pas pour l'Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l'impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale.

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Ainsi, selon ce rapport:

-  L'OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d'autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière !

- L'OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L'Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires.

- L'OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l'Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L'objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission.

- L'OTAN devrait réfléchir à l'opportunité de faire en sorte que le blocage d'un dossier par un unique pays ne soit possible qu'au niveau ministériel.

- L'OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l'Indo-Pacifique : l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée,

- L'OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d'établir un partenariat avec l'Inde.

Monsieur le Secrétaire général,

C'est parce que cette organisation lorsqu'elle a perdu son ennemi, n'a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu'elle tend aujourd'hui à devenir un danger pour l'Europe.

Car, non contente d'avoir fait manquer à l'Europe l'occasion d'une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l'OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n'a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d'autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu'elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille,

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l'outil et non l'inverse - les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? - vous voudriez, pour l'avenir, justifier l'outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d'une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu'à passer outre les décisions de l'ONU et écrasant les souverainetés nationales!

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu'il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d'un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d'une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l'Europe.

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées (4), le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis

Notes.

1- Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, structure militaire de l'Alliance Atlantique.

2- Traité de Moscou: ou « traité deux plus quatre », signé le 12 septembre 1990 à Moscou, entre les représentants des deux Allemagnes et ceux des quatre puissances alliées de la Seconde Guerre Mondiale, est le «traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne» qui a ouvert la voie à la réunification allemande et fixé le statut international de l'Allemagne unie.

3-Opération «Force Alliée» . Cette opération, décidée par l'OTAN, après l'échec des négociations entre les indépendantistes kosovars et la Serbie sous l'égide de l'OSCE (Conférence de Rambouillet 6 février-19 mars 1999) , fut déclenchée sans mandat de l'ONU, le 24 mars sur la base d'une vaste campagne dans les médias occidentaux, concernant un plan d'épuration ethnique (plan Potkova) mené à grande échelle au Kosovo par la Serbie. Plan qui se révéla par la suite, avoir été fabriqué de toute pièce par les services secrets bulgares et allemands .

4- Le Cercle de Réflexion Interarmées (CRI), est un organisme indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire. Il regroupe des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service et quelques civils et a pour objectif de mobiliser les énergies, afin de mieux se faire entendre des décideurs politiques, de l'opinion publique et contribuer ainsi à replacer l'Armée au cœur de la Nation dont elle est l'émanation.

Source https://www.capital.fr/economie-politique/otan-2030...

Marvel: maintenant Captain America devient un héros Lgbt : "Il représente les opprimés"

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Marvel: maintenant Captain America devient un héros Lgbt : "Il représente les opprimés"

Par Ilaria Paoletti

Ex : https://www.ilprimatonazionale.it/

Los Angleles, 16 mars 2021 - Le premier numéro de la série de comics Marvel The United States of Captain America, plus connu sous le nom de Captain America, arrive bientôt dans les kiosques. Et il contiendra une nouveauté parfaitement "en ligne" avec la nouvelle tendance Lgbt.

Captain America "devient" Lgbt

La nouvelle série inspirée des exploits de Captain America, personnage bien-aimé de Marvel, fera ses débuts le 2 juin dans les magazines américains. Dans la première histoire, écrite par Christopher Cantwell avec des dessins de Dale Eaglesham et créée avec l'aide de Joshua Trujillo et Jan Bazaldua, le lecteur suivra les aventures de quatre personnages ayant été Captain America dans le passé (on parle de Steve Rogers, Bucky Barnes, Sam Wilson et John Walker) à la recherche du bouclier volé au héros.

La nouvelle série Marvel

A son tour, le quatrième Captain America de la série Marvel rencontrera des héros devenus leurs épigones dans leurs communautés respectives. Et comme les priorités en termes de ventes et de "renouvellement" du divertissement sont désormais claires, le premier d'entre eux sera Aaron Fischer, alias le premier visage du héros Marvel (incarné par Chris Evans au cinéma) qui est le Captain America de la communauté Lgbt.

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"Inspiré par les héros homosexuels"

"Aaron est inspiré par les héros de la communauté queer : les activistes, les leaders et les personnes de tous les jours qui luttent pour une vie meilleure", déclare Trujillo dans un communiqué de presse, "Il représente les opprimés et les oubliés". J'espère que sa première histoire trouvera un écho auprès des lecteurs et contribuera à inspirer la prochaine génération de héros." "Je tiens à dire un grand merci à l'éditeur Alanna Smith et à Joshua Trujillo pour m'avoir demandé de créer Aaron", dit Bazaldua. "J'ai vraiment aimé le dessiner et, en tant que personne transgenre, je suis heureux de pouvoir présenter une personne ouvertement gay qui admire Captain America et se bat contre le mal pour aider ceux qui sont presque invisibles pour la société". En le dessinant, je me suis dit que Cap combattait des êtres surpuissants et sauvait le monde presque tout le temps, mais qu'Aaron aidait ceux qui marchaient seuls dans la rue à résoudre les problèmes auxquels ils étaient confrontés tous les jours. J'espère que le résultat final plaira aux gens".

Ilaria Paoletti.

jeudi, 18 mars 2021

Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

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Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

Entretien avec le Prof. Marco Tarchi

Propos recueillis par Filippo Romeo

Source : https://www.ariannaeditrice.it

Le terme "populisme" est l'un des plus récurrents dans le débat politique actuel. Il est fréquemment utilisé comme un élément de discrimination à l'encontre de telle ou telle force politique, présente sur l’échiquier politique. Pour libérer le terrain des interprétations trompeuses, nous reproposons une interview donnée par le professeur Marco Tarchi en novembre 2017 (et publiée sur le portail vita.it), réactualisée en ce mois de mars 2021 à la lumière du nouveau cadre politique installé en Italie depuis quelques semaines. Édité par Filippo Romeo.

Entretien de 2017

Comme vous êtes l'un des plus grands spécialistes du phénomène populiste, pourriez-vous nous donner une définition appropriée du terme "populisme" ?

La définition que j'en ai donnée dans mon livre Italia populista est la suivante : "la mentalité qui identifie le peuple comme une totalité organique artificiellement divisée par des forces hostiles, lui attribue des qualités éthiques naturelles, oppose son réalisme, son travail et son intégrité à l'hypocrisie, à l'inefficacité et à la corruption des oligarchies politiques, économiques, sociales et culturelles et revendique sa primauté comme source de légitimation du pouvoir, au-dessus de toute forme de représentation et de médiation". Presque trois ans plus tard (ndt : après la parution du livre), je la trouve plus appropriée que jamais.

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Quelles sont les conditions idéales qui permettent à ce phénomène de s'enraciner et de se développer?

Des situations de crise et de méfiance généralisée envers la classe politique, qui peuvent être déterminées par les facteurs que j'ai indiqués dans la définition que je viens de mentionner. En ce sens, le populisme n'est pas, comme on le prétend souvent, un facteur d'usure des systèmes politiques démocratiques, mais un produit de leurs insuffisances.

Quels sont les objectifs politiques poursuivis par ses promoteurs ?

Dans l'abstrait - ou, si l'on préfère, à long ou très long terme - la restauration de cette unité et de cette harmonie du corps populaire qui est à la base de leur imagination. Concrètement, et à moins long terme, la conquête du pouvoir, du gouvernement, en espérant qu'il soit le seul à ne pas avoir à subir de conditionnements et d'entraves, pour mettre en œuvre les réformes qu'ils jugent essentielles pour atteindre les objectifs ultimes. Habituellement, parmi les premières mesures espérées, figure le lancement de procédures de démocratie directe qui remplaceront progressivement les institutions fondées sur le principe de la représentation indirecte, qui, aux yeux des populistes, n'est rien d'autre qu'un mécanisme visant à exproprier le peuple des prérogatives d'autogestion auxquelles il a droit. Évidemment, ces projets sont complétés par d'autres dans divers domaines, toujours orientés vers l'objectif principal.

Le populisme peut-il être incarné par les membres des institutions ? Si oui, pouvez-vous donner quelques exemples ?

Si nous nous référons aux institutions représentatives traditionnelles, il est certainement possible que ceux qui en font partie ou qui les dirigent utilisent le jargon et la rhétorique du populisme ; mais il s'agit généralement d'utilisations instrumentales, qui ne se rapportent pas à la mentalité que j'ai mentionnée. De nos jours, pas mal de politiciens professionnels, représentants de ce que les populistes appellent l'establishment, réalisant l'emprise que certains arguments typiquement populistes ont sur des secteurs importants de l'opinion publique, les empruntent pour affronter ces adversaires sur leur propre terrain. Cela explique pourquoi Renzi, par exemple, a souvent recours à des attaques verbales virulentes contre des sujets que les populistes mettent au pilori : les "bureaucrates de Bruxelles", "l'Europe des banques et de la finance", etc.

Dans votre livre "L'Italie populiste", vous définissez notre pays, l’Italie, comme un laboratoire du populisme. Pouvez-vous nous donner les raisons de cette évaluation ?

Il me semble que l'histoire politique de l'Italie républicaine démontre abondamment que les formes les plus diverses de populisme ont été expérimentées sur notre sol : le qualunquisme, le laurisme, certains aspects du radicalisme panéliste, le légaïsme, le dipyethrisme, le réseau d'Orlando, le berlusconisme, les Girotondi, jusqu'aux formes de prédication propres à Beppe Grillo ; et la liste pourrait continuer. Dans mon livre, j'ai essayé de mettre en évidence toutes les caractéristiques, communes et spécifiques, de ces phénomènes, qui autorisent à parler d'un véritable laboratoire. Mais avant moi, l'historien latino-américain Loris Zanatta, à qui nous devons la création de l'expression, l'avait remarqué. L'historien et politologue français Guy Hermet est allé plus loin en parlant de l'Italie, pour les mêmes raisons, comme du "paradis des populistes".

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Loris Zanatta et deux de ses ouvrages sur le populisme en Argentine.

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Est-il correct d'interpréter les récents événements politiques en Europe et aux États-Unis comme une vague populiste ?

Oui, à condition de ne pas mettre dans un même sac tous ces mouvements qualifiables de « populistes » et de savoir distinguer la spécificité de chacun des phénomènes qui l'ont caractérisée: dans le Brexit, dans l'élection de Trump et dans les succès des partis de Marine Le Pen, Geert Wilders et Hans-Christian Strache, il y a des éléments communs mais aussi des différences que l’on ne peut nullement considérer comme secondaires.

Les mouvements et partis de "droite radicale" qui progressent dans diverses régions d'Europe peuvent-ils être inclus dans la catégorie du populisme ?

Cela dépend. Je me méfie de l'étiquette très utilisée qui entend désigner les "partis de la droite radicale populiste", car, comme je l'ai démontré de manière argumentée dans le livre que vous avez cité, la droite radicale ou l'extrême droite - et là aussi on se heurte au caractère glissant des classifications, sur lesquelles, dans le domaine scientifique, il n'y a pas de consensus, loin s'en faut - se distingue du populisme sur un grand nombre d'aspects. Après tout, dans une sphère, on peut parler d'une véritable idéologie, tandis que dans la seconde, on est confronté à une mentalité caractéristique : ce sont des entités différentes. Cela explique pourquoi ils attribuent des significations différentes à des concepts fondamentaux, tels que le peuple, la nation, l'État, la société, l'individu, le dirigeant, l'élite, la démocratie, le marché - et les utilisent par conséquent de manière parfois opposée. Cela ne nous empêche pas d'enregistrer certaines contiguïtés ou chevauchements dans leurs positions ou campagnes, ou l'identification de cibles polémiques communes. Mais, pour donner un exemple, il y a une nette différence, en Allemagne, entre l'AfD (Alternative für Deutschland), populiste, et la Npd (Nationaldemokratische Partei Deutschlands), d'extrême droite, ou en Italie entre Lega Nord et Forza Nuova.

Quels sont les partis ou mouvements en Italie que l'on pourrait définir comme populistes? Et pour quelles caractéristiques?

Les caractéristiques, évidemment, doivent être celles qui figurent dans la définition dont je suis parti. Si nous parlons de populisme pur, aujourd'hui en Italie, je vois deux manifestations: la Ligue du Nord et le discours politique de Grillo, que je sépare de l'action politique du Mouvement 5 étoiles parce que plusieurs fois, sur des questions qui ne sont pas secondaires, les " grillini " ont pris des chemins différents de ceux indiqués par leur " garant " ou leur " mégaphone " (il suffit de penser au problème de l'immigration). Cependant, je n'ai pas une vision monolithique du populisme : étant une mentalité, par nature fluide, on peut le trouver en différents pourcentages dispersés chez différents acteurs du système politique, et il se peut que le M5S finisse par en absorber de telles doses qu'on puisse l'attribuer à cette catégorie, comme le pensent déjà divers autres chercheurs, ou qu'il s'en débarrasse progressivement, en se détachant de l'empreinte du fondateur.

Addendum de 2021

Au cours de la dernière décennie, le phénomène populiste a alterné entre des moments de grand succès et des moments de déclin, parmi lesquels la victoire du Leave en Grande-Bretagne en 2016 ou l'ascension de Trump et sa récente sortie de scène. Quel bilan peut-on tirer de ce phénomène politique ?

Le populisme a toujours eu un schéma cyclique: explosion, succès, déclin, disparition, puis à nouveau explosion. Ce n'est pas un hasard si un spécialiste attentif comme Loris Zanatta l'a comparé à une rivière karstique, qui suit un long parcours souterrain pour ensuite réapparaître à la surface. Cela dépend de sa nature en tant que phénomène de protestation: il recueille des soutiens lorsque les choses vont mal et, s'il existe des leaders et des mouvements efficaces pour l'interpréter, il gagne des positions; lorsque le scénario s'améliore ou que les préoccupations qui l'avaient motivé sont dépassées par d'autres, il perd de la force. Dans les cas que vous avez mentionnés, cela s'est passé comme suit: en Grande-Bretagne, le seul objectif de Farage était de quitter l'Union européenne. Ayant atteint cet objectif, ses partisans se sont tournés vers d'autres questions, que ni l'Ukip ni le Brexit Party n'ont pu aborder efficacement. Trump a été vaincu par la pandémie, face à laquelle il s'est montré peu préparé et peu rationnel ; cela ne l'a pas empêché d'élargir sa base électorale mais l'a rendu incapable d'attirer les électeurs indécis et indépendants. En général, la Covid-19 a vu les populistes indécis sur ce qu'ils devaient faire et fluctuants dans leurs choix. Mais dans tous les pays, cela ne les a pas fait reculer dans la faveur populaire. Il est donc impossible de dresser un bilan net, et il est probable que leur présence persistera, avec des hauts et des bas, pendant longtemps, dans des régimes politiques qui, comme les démocraties occidentales, continuent à lutter pour résoudre des problèmes ayant un impact social grave.

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Comment évoluent les forces qui, aux États-Unis et en Europe, sont devenues les protagonistes du "moment populiste" ces dernières années ?

Une réponse qui comprendrait pleinement leur dynamique est impossible, car une autre caractéristique de ces formations est la relation presque exclusive qu'elles entretiennent avec leur contexte national spécifique: chacune ne parle qu'à son propre peuple, sans élaborer de projets et de propositions à une échelle qui dépasse les frontières de l'État dans lequel elle opère. Ainsi, chacun d'entre eux suit une stratégie spécifique et met en œuvre les choix tactiques qui en découlent: il y a ceux qui radicalisent les tonalités anti-establishment et ceux qui les atténuent, ceux qui envisagent une opposition rigide aux gouvernements sociaux-démocrates ou libéraux et ceux qui cherchent plutôt à obtenir une place dans les coalitions gouvernementales de même signe. Cela dépend des opportunités qui se présentent, mais aussi de ce que l'on appelle en sciences politiques la variable idiosyncratique, c'est-à-dire le caractère, la psychologie, les ambitions de leurs dirigeants. Il n'y a donc pas d'évolution commune ; les chemins peuvent être très différents.

Peut-on interpréter le retour au pouvoir des "élites" comme une incohérence du populisme?

Tout d'abord, c'est un signe de la force de ces mêmes élites - ou oligarchies, comme les populistes préfèrent les appeler -, qui continuent à détenir des ressources considérables de pouvoir, à commencer par leur poids financier, qui, à une époque où la politique est si fortement conditionnée par la logique économique qu'elle lui apparaît presque toujours subordonnée, compte de manière décisive. Ces élites ont également, et exercent, un grand pouvoir dans la sphère culturelle, et par ce biais, elles influencent massivement la mentalité générale des populations, les attirant vers leurs propres choix et solutions. Et puis, bien sûr, il y a les insuffisances de ces partis populistes qui, ayant réussi à exercer (plus souvent en commun qu'en propre) des fonctions gouvernementales, n'ont pas tenu une partie plus ou moins grande des promesses qu'ils avaient faites. Et cela tient aux faibles ressources en termes d'expertise technique que possèdent les populistes, à leur habitude de traiter les questions complexes de manière simpliste : un défaut auquel ils n'ont pas pu remédier jusqu'à présent et qui les met en difficulté face à "ceux d'en haut".

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L'expérience populiste italienne, avec l’ex-alliance M5S/Lega, en fin de partie, conduit à la formation de ce que beaucoup appellent déjà le "Gouvernement des élites". Quelles conclusions peut-on en tirer?

Cette institutionnalisation est le grand ennemi des mouvements populistes (à supposer que le M5S puisse réellement être considéré comme tel): elle risque de les transformer en partis comme les autres et leur enlève toute envie de remettre en cause l'establishment.

Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

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Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

Rétablir l’autorité pour restaurer l’unité de la nation; c’est le pari que veut faire l’avocat Thibault de Montbrial, président de Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et auteur de Osons l’autorité récemment paru aux éditions de L’Observatoire. Délinquance, radicalisation islamisme, ensauvagement, tous ces signes de délitement sont en expansion rapide et ne trouvent face à eux qu’une réponse pénale insuffisante dont nos gouvernants sont les premiers responsables (anarcho-tyrannie). Il est ici interviewé par Sputnik :

https://www.youtube.com/watch?v=FFeBY4EucHc&t=1074s

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Julien Langella, l’un des fondateurs de Génération Identitaire et présentement porte parole d’Academia Christiana publie un livre-manifeste intitulé Refaire un peuple, pour un populisme radical aux éditions de La nouvelle Librairie. Un excellent ouvrage présenté ici sur le site de Breizh-info :

https://www.breizh-info.com/2021/03/04/160063/refaire-un-...

Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France épinglé par l’OJIM pour leur « Complorama » mis en scène par Franceinfo sur la Russie, la Chine et l’Iran qui ourdiraient un vaste complot géopolitique et antisémite mondial:

https://www.ojim.fr/pour-complorama-un-complot-geopolitiq...

La tyrannie des minorités. Michel Onfray était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier samedi 6 mars pour la dénoncer. Mieux que de la dénoncer, il faut évidemment la combattre et pour ce faire voici les recettes suggérées par la fondation Polémia :

https://www.polemia.com/michel-onfray-attaque-la-tyrannie...

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Jean-Paul Brighelli retrace dans un entretien sans concession le délitement accéléré de l’école de la maternelle à l’université et le place dans l’évolution de notre civilisation, qu’il dit à bout de souffle et dans la voie d’une décadence comparable à celle de la Rome antique. Excellente vidéo de Vincent Lapierre :

https://www.youtube.com/watch?v=H8p-7N_DNVk

L’écrivain Pierre Jourde qui anime son blog sur le site de L’Obs se déchaîne à propos  des collaborateurs de l’islamo-gauchisme qui bien sûr n’existe pas, et leur envoie une bonne volée de bois verts, sans mâcher ses mots. Ici commenté par Pascal Tenno :

https://fl24.net/2021/03/08/un-ecrivain-francais-massacre...

Cordicopolis, cité où le coeur a tous les droits à condition qu’il évolue exclusivement dans le camp du « bien ». Olivier Amiel sur le site de Causeur met en cause les Woke (les éveillés) en s’inspirant des réflexions du génial Philippe Muray. Il les désigne comme les principaux coupables de la mise sous tutelle de la jeunesse par les schémas de la cancel culture et les désignent  comme des maître subversif à l’instar de ceux qui embrigadait les jeunes générations dans les Hitlerjugend ou les Komsomol.

https://www.causeur.fr/cancel-culture-empire-du-bien-phil...

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Jean-Marc Jancovici face à Natacha Polony. Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Une réflexion pleine de subtilité :

https://www.youtube.com/watch?v=WOd9hVICzBg

Jean-Marc Jancovici. Climat, quelle équation pour la chaine alimentaire? Brève intervention lors d’une conférence organisée par la Coopération agricole :

https://www.youtube.com/watch?v=cyvQWDG8mUo

Les hommes sont trop nombreux sur terre. Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie responsable, tire la sonnette d’alarme. N’est-il pas trop tard pour agir ? Le mode de vie des populations les plus riches est-il un problème ? L’Afrique, souvent pointée du doigt, est elle une bombe à retardement ? En incitant à limiter la natalité, l’invité de « Politique & Eco » milite pour la stabilisation de la population, qui a déjà eu lieu en Europe. Une démarche qui pourra provoquer nombre de croyants et pourtant nécessaire si nous voulons avoir quelques chance de maintenir un planète durable :

https://www.youtube.com/watch?v=bj8cBp4smXQ

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Dans une excellente critique des films de Jean-Pierre Melville (notamment Le Cercle Rouge), Jean-Loup Bonnamy découvre avec talent la nostalgie de la France d’avant qui n’était ni moisie ni rance comme se plaisent à nous la conter des idéologues mal intentionnés mais respirait au contraire la joie de vivre :

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/50-ans-apres-pourquoi...

Régis de Castelnau, avocat pénaliste, invité par Élise Blaise fait une bonne radiographie de la justice à l’époque du système Hollande-Macron:

https://www.youtube.com/watch?v=_gumsDKH8PA

Une évolution qui séduit Rokaya Diallo. On attend avec impatience un acteur noir dans la peau d’Adolf Hitler :

«Castings colorblind» : pourquoi de plus en plus d’acteurs et actrices non-blancs sont choisis pour interpréter des personnages historiques dans des séries - Fdesouche

 

Ecroulement militaire et « wokenisme » US

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Ecroulement militaire et « wokenisme » US

par Nicolas Bonnal

« Les forces armées américaines ne sont plus qu'un département d'aide sociale avec des drones. »

L’effondrement militaire américain est une évidence. On a même vu Hollywood s’en mêler avec le film 13 hours du cinéaste boutefeu Michael Bay qui montre la désorganisation et l’incapacité sur le terrain. De ce talentueux et lucide bouilleur d’images on recommandera aussi Gain and Pain et The Island qui explique comment on maintient des gens prisonniers (clones sans le savoir) dans une bulle d’extermination: en les maintenant dans l’enfance, et en leur faisant croire qu’il y a une épidémie au dehors…

Mais restons-en à la folie pentagonale. Il semble que Biden va encore être un plus gros cadeau que Trump pour les ennemis de l’empire – sauf si le gâteux s’effondre sur un bouton nucléaire pour en finir avec Poutine... On connait tous (sauf au Monde ou à Libé) les progrès des armes russes et chinoises. Une fois que la suprématie liée à la flotte et à l’aviation est terminée, que reste-t-il ? De la communication et du wokenisme. Les imbéciles auto-hypnotisés qui annonçaient que les généraux américains allaient remettre Trump au pouvoir (lui le louveteau de Wall Street, disciple d’Epstein, bon apôtre du vaccin, de Wall Street et de Netanyahou…) en seront pour leur grade. Les généraux sont des enthousiastes de la révolution des éveillés qui à coups de Reset, migrants ou de LGBTQ achève l’Occident…

L’armée US n’a donc plus grand-chose à voir avec le vieil Hollywood et John Wayne. Et cela commence à se savoir en Amérique. Le courageux Tucker Carlson en parle dans son journal télévisé (remplacera-t-il le gourou New Age Trump la prochaine fois ? Ce serait bien…). La revue Revolver.news écrivait  le 13 mars :

« Tucker Carlson n’a peut-être jamais servi dans les forces armées, mais il est en train de gagner de manière décisive une guerre de relations publiques contre l’armée américaine. Cela ne devrait surprendre personne, bien sûr. L’armée américaine perd la plupart des guerres qu’elle mène de nos jours.
» Pendant le long âge d’or de l’Amérique en tant que pays, l’armée s’abstenait généralement de faire de la politique et gagnait les guerres. Mais dans l’empire mondialiste américain en déliquescence, l’armée joue un rôle très différent. Protéger l’Amérique et gagner des conflits ne sont pas du tout le but de l’armée. Au lieu de cela, les forces armées sont devenues une peau de chagrin [dans le domaine qui est traditionnellement le sien de faire la guerre et de la gagner]. Cette institution autrefois formidable a été transformée en un véhicule pour les objectifs politiques intérieurs des globalistes et de la gauche. »

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Revolver.news parle alors de l’Afghanistan, de la brillante invasion et occupation de cet espace pas comme les autres qui fascina Kipling :

« L'objectif de politique intérieure de l'armée apparaît également dans la manière dont elle est utilisée. L'Amérique maintient 2 500 soldats en Afghanistan, qui sont inutiles pour contrôler le pays ou vaincre les talibans. Leur seul objectif est national, afin de permettre aux politiciens de Washington de se présenter comme durs face au terrorisme, favorables aux droits des femmes ou vaguement “pro-militaire”. Deux fois plus de troupes sont déployées autour du Capitole de Washington D.C., ostensiblement pour le “protéger” d'une “insurrection de droite”.

On avait vu il y a quelques années Lara Croft alias Angelina donner des cours de wokenisme aux généraux. Lucien Cerise en avait aussi très souvent parlé de cet OTAN comme organisme d’avancement sociétal…

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Biden en outre agit comme Sarkozy ou Hollande, chefs d’Etat des démocraties devenues folles. Il délaisse ses frontières et va porter la mort à l’autre bout du monde. Il laisse rentrer les migrants du Mexique (migrants venus du sud qui désolent aussi le bon président mexicain…), tout en voulant confiner indéfiniment ce qui reste du pays.

Revolver.news :

» Pendant ce temps, aucune troupe n’est déployée le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, même si des centaines de milliers de personnes traversent la frontière illégalement chaque année et même si la protection de la frontière a été l’obligation traditionnelle des armées permanentes tout au long de l'histoire de l'humanité. Pourquoi ont-elles disparu ? Parce que seules les armées concentrées sur les menaces étrangères protègent la frontière de leur pays. L’armée américaine est tournée vers l’intérieur. »

Et le courageux et anonyme journaliste d’enfoncer le clou :

« L'Amérique ne dépense pas $700 milliards par an pour décourager l'agression chinoise ou vaincre les talibans. L'Amérique dépense $700 milliards par an pour dire aux femmes qu'elles sont tout aussi bonnes que les hommes pour être soldats et marins. Elle dépense $700 milliards par an pour affirmer, contre toute évidence extérieure, que “la diversité est notre force”. Elle dépense $700 milliards pour soutenir les bilans des industriels de la défense et fournir une aide sociale de facto à la classe moyenne inférieure. Elle dépense $700 milliards pour permettre aux soldats transgenres de changer gratuitement de sexe. Réduire de moitié le budget de la Défense pourrait être l'approche la plus appropriée pour une “réforme de l'aide sociale”.

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Une belle définition de l’armée pour terminer :

« Après tout, les forces armées américaines ne sont plus qu'un département d'aide sociale avec des drones. »

Attention ce n’est pas nouveau : dans le brillant et libertarien recueil de textes Reassessing the presidency, Michael Levin et Ralph Raico ont montré le rôle destructeur des militaires dans la société. J’ai insisté sur ce point dans mon livre sur la comédie musicale (les comédies à base de marins et d’escales…). Les marins sont un instrument de déliquescence, un anti-modèle en Amérique et ailleurs, amenant bordels, bases, vices, passe-droits et ingénierie sociale. De ce point de vue le wokenisme est le couronnement de cette école de dégénérescence qu’on appelle l’Amérique, et qui effarait Baudelaire alors traducteur du visionnaire Edgar Poe. Mais on en a déjà parlé.

En attendant l’empire retourne sa violence contre sa population : voir l’Israël, l’Europe ou l’Amérique : comme on sait en temps de paix les suicides augmentent. Et comme ces imbéciles ne peuvent plus livrer (je ne dis pas gagner) de guerre, ils  exterminent leurs peuples. Céline encore et toujours :

« Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »

Sources:

https://www.revolver.news/2021/03/the-pentagons-fight-wit...

Reassessing the presidency – Mises Institute (PDF gratuit).

Bonnal (Tetyana/Nicolas) - Céline, le pacifiste enragé ; la comédie musicale américaine (Editions Tatiana, Amazon.fr)

00:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, woke culture, us army | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 17 mars 2021

Si les populistes ne disparaissent pas, ils sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés"

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Si les populistes ne disparaissent pas, ils sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés"

par Franco Cardini

Source : https://www.lintellettualedissidente.it/

Sur le thème du populisme, nous présentons aujourd’hui un interview du professeur Franco Cardini, historien de renommée internationale. Déjà en 2017, il était intervenu sur le sujet (avec une interview publiée sur vita.it que nous reproduisons ici sous une forme actualisée) "prophétisant" le reflux des mouvements populistes et soulignant les différences avec les mouvements populaires. Aujourd'hui, à la lumière du nouvel ordre politique, social et géopolitique, également déterminé par l'avènement de la pandémie de la Covid-19, Cardini exclut une "résurrection à court terme" du phénomène populiste désormais "englouti par la politique" et, surtout, ne voit pas d'opportunités pour l'Europe subordonnée au dessein hégémonique des États-Unis. Édité par Filippo Romeo en 2017.

Ces derniers temps, nous assistons à une croissance exponentielle du populisme. Pourriez-vous nous aider à cadrer le phénomène d'un point de vue historique en expliquant ce qu'il est, où il est apparu et comment il s'est développé ?

Je crois que l’on a déjà répondu cette question de manière exhaustive : mon ami et collègue Marco Tarchi, avec lequel je suis entièrement d'accord, y a précisément répondu et je reconnais son extraordinaire compétence en la matière.

Quelle a été son évolution en Italie ?

Je ne remonterai pas trop loin, et en particulier je n'aborderai pas la question de savoir si le fascisme était un populisme ou s'il avait un quelconque caractère y afférant. Il va sans dire qu'en Italie les grands mouvements "populaires" (y compris le communisme, qui se présentait comme classiste mais ne l'était pas en réalité) n'étaient pas populistes dans la mesure où du populisme ils n'avaient pas un caractère fondamental: la méfiance et/ou la lassitude et/ou le mépris de la politique. Le fascisme lui-même, qui avait en commun avec le populisme classique (boulangisme, par exemple) le mépris de la politique comme praxis ou comme revendication "démocratique", résolvait ce mépris en termes de hiérarchie et de discipline dans le militantisme ; de même, étant anti-classe et inter-classe, il résolvait cette position en termes corporatifs, s'inspirant de théoriciens très proches de la doctrine sociale de l'Église (Toniolo).

515i91eUP4L._SX333_BO1,204,203,200_.jpgQuant aux mouvements "populistes" actuels, leur parabole a déjà été parcourue au cours des vingt dernières années par la "Lega" et est en train d'être parcourue par le "M5S" : succès initial soudain, dû à la nouveauté, insistance sur quelques thèmes de propagande facilement déclinés avec quelques variables (anti-islamisme, xénophobie, anti-européanisme, "anti-politique", moralisme, etc.), lassitude vis-à-vis de la politique politicienne démocratique habituelle, due à la routine d’une politique professionnelle et incompétente, puis impasse et crise dues à une détérioration rapide – à un vieillissement. L'absence de véritables programmes et surtout d'une authentique tension civique conduit fatalement à un échec cyclique mais peut-être aussi à une résurrection rapide sur des modules récurrents (le berlusconisme et le recyclage des thèmes et sympathies de l'ex-Ligue dans le grillisme en sont la preuve).

En Europe, outre l'avancée du populisme, nous assistons à une croissance exponentielle des partis et mouvements nationalistes. Quelles sont les implications de ces phénomènes ?

Je n'ai aucune estime ni confiance dans les mouvements néo-micro-nationalistes: la seule issue possible pour un mouvement nationaliste sérieux dans un pays européen, dans les décennies entre les années 1950 et aujourd'hui, aurait été de viser, avec des mouvements nationalistes similaires, une identité européenne sérieuse, la construction d'un patriotisme européen et d'une conscience civique européenne. Sur ce sujet, il y avait eu quelques tâtonnements dans les années 1960 (le mouvement de Jean Thiriart, héritier en grande partie du "socialisme européen" de Pierre Drieu La Rochelle). La constellation de groupes et de personnalités du petit monde de la culture - je ne veux pas les appeler "intellectuels" parce que je n'aime pas ce terme - qui, depuis les années 70, a trouvé un catalyseur en Alain de Benoist, aurait pu reprendre ces thèmes: elle a choisi une autre voie, très intéressante cependant. Je n'attends rien du développement et peut-être du succès électoral des groupes néo-micro-nationalistes, sinon une utilisation hystérique et en même temps instrumentale de la xénophobie. Si et quand certains de ces groupes prendront comme objectif principal la nécessité d'une sérieuse reprise en mains de la souveraineté nationale, ce qui implique avant tout la sortie de l'OTAN, alors nous pourrons relancer le débat sur une base plus sérieuse et concrète. Jusque-là, je ne vois que des vœux pieux et une chasse aux sièges.

790x1200.jpgLe populisme peut-il être lu comme la énième désintégration d'une pensée européenne construite sur des cathédrales, des monastères et des universités ?

La pensée "européenne" de la chrétienté occidentale - celle qui est chantée dans un célèbre essai de Novalis - est celle qui s'est exprimée précisément dans les cathédrales, les monastères et les universités. C'est une pensée fondée sur la métaphysique, sur les distinctions hiérarchiques et sur le communautarisme. La modernité, qui est essentiellement l'individualisme et le primat de l'économique et du technologique, l'a détruit. Le monde moderne, celui de l'économie-monde, de "l'échange symétrique" et de l'exploitation généralisée de l'homme par l'homme (c'est ce qu'est la mondialisation) n'est pas né d'un développement harmonieux de ce qui existait auparavant, mais d'une révolution: la Révolution individualiste et matérialiste. Il faudra une autre Révolution pour le détruire. Sur le plan social et anthropologique, le mot grec qui exprime le mieux le caractère de ce type de Révolution est Metanoia.

La définition de "populiste" a été adoptée, par des spécialistes faisant autorité, également par le pontificat du pape Bergoglio. A votre avis, peut-on parler d'un moment populiste dans l'Eglise catholique ?

Mario Jorge Bergoglio a été péroniste dans sa jeunesse : il a donc connu un mouvement aux caractéristiques populistes-charismatiques assez explicites et avancées. Lorsqu'il est entré dans la Compagnie de Jésus, il a certainement gardé intacte cette tension vers la justice qui avait très probablement caractérisé son expérience péroniste, mais il l'a métabolisée, précisément, en termes de Metanoia. Je ne vois aucune trace de populisme dans la pensée de Bergoglio : j'y vois une profonde vocation eschatologique et une vocation prophétique-apocalyptique. Je ne sais pas si Bergoglio est le "dernier pape" prophétisé par Malachie : je sais qu'il est un pape des derniers temps, qui invite à vivre l'Eschata.

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Propos complémentaires de 2021

Dans votre interview de 2017, vous avez prédit de manière prophétique le flux et le reflux des mouvements populistes. Face à la situation socio-politique actuelle, quelle direction le phénomène prendra-t-il ? Et sous quelle forme pourrait-elle ressusciter ?

Il n'y avait pas de prophétie: c'est la tendance, parfaitement observable, des mouvements populistes qui soit échouent en tant que tels, soit sont réabsorbés par la politique (politicienne établie). Max Weber dirait que, puisqu'ils sont à leur manière du côté du "charisme", tôt ou tard, l'"institution" a raison d'eux. D'autre part, comme les révolutionnaires et les extrémistes, les populistes, s'ils ne disparaissent pas, sont condamnés à se transformer en conservateurs ou en progressistes "modérés". Maintenant, à part les boutades de Grillo qui - au moins aujourd'hui - est le premier à ne pas y croire, le gros du M5S prendra la voie des mécontents vaguement de gauche, à part une certaine frange de droite qui reviendra à sa position initiale. Sans aucun doute, le choix de Giorgia Meloni, outre le fait qu'il était obligatoire si elle voulait éviter de faire partie de l’inutile charrette de queue du nouveau gouvernement, était politiquement intelligent : Lorsque la "lune de miel" entre Draghi et la majeure partie de la politique italienne (ne parlons pas de la "vraie" société civile, qui ne se distingue même plus, submergée par les clameurs des médias) sera terminée, c'est-à-dire dans quelques semaines ou quelques mois, l'ancien M5S réapparaîtra fragmenté ou du moins redimensionné, à l'exception des politiciens les plus compétents qui le composent et qui font déjà la queue pour s’engager dans un PD, qui, à son tour, entre également en crise. Une "résurrection populiste" à court terme n'est pas prévisible : la métabolisation du mouvement « pentastellé » (Cinq Etoiles) devenu un semi-parti sera lente.

Peut-on considérer l'institutionnalisation comme un facteur de déclin des mouvements populistes ?

C'est généralement la règle: soit ils réussissent et se transforment en forces politiques, soit ils disparaissent. Le fait est qu'ils ont raison de se méfier de la politique, qui est injuste et malhonnête. C'est pour cette raison qu'elle a toujours raison d'eux: elle les engloutit, aussi parce qu'en général, à leur tête, il y a des gens qui meurent d'envie de faire de la politique, en se transformant d'outsiders en leaders.

La pandémie de la Covid 19 a accéléré certains processus qui ont affecté l'architecture géopolitique, et révélé, s'il en était encore besoin, la limite des modèles actuels d'organisation économique et sociale. À votre avis, à quoi ressemblera la prochaine mondialisation ? Les nouveaux changements pourraient-ils être une opportunité pour l'Europe ?

Franchement, je ne vois pas de changement qui pourrait constituer une opportunité. Draghi a été très explicite: volontairement ou non, il a énoncé un programme et un projet très clairs, parlant d'atlantisme et d'européanisme. Par "atlantisme", Draghi entend la fidélité aux pactes constitutifs de l'OTAN, qui sanctionnent la subordination politique et militaire, et donc diplomatique, de l'Union européenne au dessein néo-hégémonique américain, une caricature du "multilatéralisme" auquel Obama croyait peut-être sérieusement, caractérisée par un retour au programme "classique" du parti démocrate américain: le "gendarme démocratique" américain qui surveille et sanctionne le monde entier, au nom du principe axiomatique selon lequel la paix et la prospérité du monde (c'est-à-dire de 10% de la population mondiale, qui possède et gère 90% des richesses de la planète entière), donc la stabilité du statu quo, coïncident avec les intérêts des États-Unis. Par "européanisme" Draghi entend précisément le statu quo, c'est-à-dire une "Union" économico-financière/technologique qui doit considérer l'OTAN comme son bras militaire (dont la politique est dictée à Washington) et ne jamais rêver d'atteindre l'indépendance et la souveraineté politique en se transformant en une Fédération ou une Confédération souveraine capable de développer une position internationale propre, ce qui serait très utile et louable, soit une position de médiation entre les deux blocs de la nouvelle "guerre froide" qui se prépare entre les États-Unis d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre.

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Pour autant que je sache, le lancement d'une véritable Fédération européenne - maintenant que le projet de constitution, lancé il y a des années, a lamentablement échoué sur le faux obstacle du préambule relatif aux "racines chrétiennes" - n'est plus à l'ordre du jour ni à Bruxelles ni à Strasbourg; aucun signe de mouvement politique européiste à l'horizon; la seule personne qui a eu l'intelligence concrète de relancer un discours politique pro-européen unitaire, en écartant explicitement la formule fédéraliste, inadaptée à l'histoire européenne, et en parlant plutôt d'un possible projet confédéré, a été Giorgia Meloni. Il s'agissait d'un appel nouveau et intelligent, lancé une seule fois à ma connaissance et qui n'a été repris par personne. En revanche, Meloni ne peut rien faire: elle est "sous la claque" et le sait très bien. Si, dans quelque compétition électorale future, elle parvenait à dépasser les 15%, aussitôt quelque part exploseraient quelques bombes sous un monument à la Résistance, contre les murs de quelque synagogue, apparaîtraient quelques croix gammées, l'ANPI se mettrait aussitôt en branle, la "question morale antifasciste" renaîtrait et elle serait à nouveau formellement isolée. D'autre part, avec un "Parlement européen" comme celui-ci, expression des parlements des différents pays et marionnette de la volonté des Etats-Unis, on fait peut-être une politique des "fonds de relance", mais on ne va pas aller au-delà de l'euro. C'est la fin du projet européiste inauguré il y a des décennies par De Gasperi, Adenauer et Schuman.

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L’université française contre elle-même

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L’université française contre elle-même

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le monde universitaire ne supporte pas la contradiction. À peine sa ministresse de tutelle dénonce-t-elle l’emprise de l’islamo-gauchisme dans les facultés qu’une pétition parrainée par la sociologue Dominique Méda et l’économiste Thomas Piketty recueille six cents signatures de chochottes bardées de diplômes et de titres grandiloquents. Ce texte publié dans Le Monde du 20 février dernier dénonce les propos de Frédérique Vidal. Celle-ci provoque par ailleurs une vive controverse au sein même de la Macronie entre son courant progressiste – libertaire et sa faction libérale – autoritaire.

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La ministresse de l’Enseignement supérieur a demandé au CNRS d’enquêter sur l’influence de ce qui s’appelait dans les années 1970 – 1980 l’« islamo-progressisme » et dans les décennies 1990 – 2000 l’« islaméricanisme ». On observe maintenant l’arrivée à maturité d’un croisement surprenant de l’islam politique, de l’idéologie égalitaire et des tares conceptuelles venues d’outre-Atlantique (multiculturalisme, politiquement correct, féminisme, gendérisme, intersectionnalisme, écriture inclusive, études post-coloniales ou décoloniales, etc.). Les pétitionnaires s’élèvent contre ce qu’ils estiment être un inacceptable empiètement de leurs « libertés universitaires ». Véritable Titanic de la recherche française, le CNRS a rendu son travail vingt–quatre heures après sa saisie. Cette rapidité confirme l’inquiétude des soutiens d’une autre pétition elle aussi publiée dans Le Monde du 24 février. Les signataires tels que Pierre-André Taguieff, Jacques Julliard, Pierre Manent ou Gilles Kepel réclamaient que l’enquête diligentée revînt au Haut-Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Le CNRS répond en effet que l’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique pertinente. La théorie du genre, l’appropriation culturelle et le privilège blanc sont-ils scientifiquement prouvés ? Le croire serait une preuve manifeste de grande naïveté.

Tout ce cirque médiatique risible prouve le délabrement avancé des universités. Cela fait longtemps déjà que l’enseignement supérieur n’est plus un espace de liberté intellectuelle. Il y a plus de vingt ans, en novembre 2000, une commission Théodule de luxe révoquait de sa fonction de chargé de recherche du CNRS Serge Thion (1942 – 2017). Ce sociologue dissident spécialiste de l’Asie du Sud-Est, proche de Dieudonné et de Kémi Séba, soutenait dans les années 1970 les Khmers rouges. Il contestait ouvertement depuis les années 1980 certains événements marquants du XXe siècle dont les exactions pol-potistes commises au Cambodge.

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Le 15 novembre 2001, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Jack Lang, créait une « Commission sur le racisme et le négationnisme à l’Université Jean-Moulin Lyon – III ». Présidée par Henry Rousso, elle se composait d’Annette Becker, de Philippe Burin, de Florent Brayard et de Pierre-André Taguieff. Les successeurs chiraquiens de Lang, Luc Ferry et François Fillon, encouragèrent son enquête. Elle rendit son rapport final, le 5 octobre 2004, soit trois ans plus tard.

Dans ce document, ses membres reconnaissaient volontiers que « son champ d’investigation touche à la question de la liberté d’expression des universitaires – la “ liberté académique ” qui s’exerce dans le cadre de leur métier, à celle de l’autonomie réelle des universités, au mode d’évaluation des travaux scientifiques ou d’attribution des diplômes, ou encore aux procédures du recrutement (p. 9) ». Il s’agissait en réalité d’évaluer la présence d’une fantasmatique « extrême droite » au sein de Lyon – III. Président de cette université de 1979 à 1987, Jacques Goudet, converti à l’Orthodoxie, était connu pour être un ardent gaulliste, militant à l’UNI et au SAC.

À Lyon – III officiaient des esprits libres : Bruno Gollnisch, Bernard Lugan, Pierre Vial, Jean Haudry, Jean-Paul Allard, Jacques Marlaud, Bernard Notin. L’Institut d’études indo-européennes était particulièrement visée tant ses apports novateurs démontaient la doxa officielle. En page 231 du rapport, ses auteurs se permettent de mettre entre guillemets le mot « civilisation » quand ils l’associent aux Indo-Européens ! Un bien bel exemple de négationniste valorisé. À l’époque, aucune voix autorisée ne s’éleva contre cette honteuse ingérence.

Rongée par les vagues successives de gauchisme et les modes incessantes déferlant des côtes Est et Ouest des États-Unis, l’université hexagonale pâtit de sa massification. Trop d’étudiants s’inscrivent dans des impasses professionnelles. Il serait temps que le baccalauréat devienne un véritable concours d’entrée en première année d’études supérieures. Il serait aussi approprié que les jeunes majeurs que sont les étudiants puissent noter chaque semestre leurs enseignants. L’université devrait enfin s’ouvrir à une plus grande diversité des opinions et des expressions. Ces trois mesures de bon sens redonneraient en une génération un lustre nouveau à des universités aujourd’hui sinistrées.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 205, mise en ligne sur TVLibertés, le 9 mars 2021.

Guerre d’Espagne : un passé qui ne passe pas

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LA NEF n°334 Mars 2021 (version longue et intégrale de l’article paru dans La Nef)

Guerre d’Espagne : un passé qui ne passe pas

par Arnaud Imatz

Longtemps l’Espagne des années 1975-1985 a été considérée comme l’exemple « historique », « unique », presque parfait, de transition pacifique d’un régime autoritaire vers la démocratie libérale. Elle était  le modèle unanimement salué, louangé, par la presse internationale occidentale. Depuis, bien de l’eau est passée sous les ponts. La belle image d’Épinal n’a cessé de se détériorer au fil des ans cédant la place aux silences et réserves, puis aux critiques acerbes de nombreux « observateurs » et « spécialistes » politiques. Certains, parmi les plus sévères, n’hésitent plus à réactiver les vieux stéréotypes de l’increvable Légende noire, vieille de cinq siècles, que l’on croyait pourtant définitivement enterrée depuis la fin du franquisme. Mais qu’elle est donc la part de réalité et de fiction dans ce sombre tableau qui nous est désormais décrit?  

L’Espagne d’aujourd’hui  

L’Espagne apparaît faible, chancelante et impuissante ; elle n’a jamais été autant au bord de l’implosion. Les nationalismes périphériques, les séparatismes, qui la déchirent sont de plus en plus virulents. L’économie du pays souffre de maux graves : manque de compétitivité, détérioration de la productivité, rigidité du marché du travail, taux de chômage le plus élevé de l’UE (en particulier celui des jeunes avec beaucoup de diplômés forcés de s’exiler), coût excessif des sources d’énergie, système financier grevé par l’irrationalité du crédit, déficit public considérable, pléthore de fonctionnaires dans les diverses « autonomies », gaspillage de l’argent public… la liste des problèmes est désespérément longue. Avant la mort du dictateur, Francisco Franco, pendant la première phase du « miracle économique (1959-1975), l’Espagne s’était hissée au 8e rang des puissances économiques mondiales, position qu’elle avait conservée jusqu’à la crise de 2007. Mais elle a par la suite singulièrement décroché pour se retrouver reléguée au 14e rang.  

À cela est venu s’ajouter l’effet désastreux de la pandémie de coronavirus et la gestion déplorable de la crise sanitaire. Le président Sánchez et les porte-paroles du palais de la Moncloa ont d’abord prétendu sans vergogne : « le machisme tue plus que le coronavirus », puis, ils ont affirmé triomphalement : « nous avons mis le virus en déroute ». Mais le bourrage de crâne des propagandes politiciennes ne dure qu’un temps. La dure réalité des faits a fini, comme toujours, par s’imposer. On le sait, le bilan provisoire est parmi les plus calamiteux: un effondrement du PIB (-12%), une destruction de plus de 620 000 emplois, près de 4 millions de chômeurs officiels dont un chômage de plus de 40% chez les jeunes, un secteur hôtelier à l’abandon, au bord de la ruine, un recul du tourisme à un niveau plus bas qu’il y a vingt ans, une récession qui est la plus forte du monde occidental après l’Argentine, enfin, une surmortalité liée à la covid 19 s’élèvant à 60 000 voire 110 000 morts (selon les sources).  

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Le gouvernement Sanchez II.

Cela étant, il convient de préciser tout de suite que la pandémie, événement mondial, grave mais néanmoins conjoncturel, n’a fait qu’aggraver une crise générale préexistante. On ne saurait trop insister sur le rôle d’un facteur structurel, déterminant dans l’involution récente du pays : la défaillance de la classe ou de l’oligarchie politique (droites et gauches de pouvoir confondues) qui n’a jamais été aussi médiocre, corrompue et irresponsable. Le second gouvernement de Pedro Sánchez (2020-), coalition du parti socialiste (PSOE), du Parti communiste (PCE/IU) et de Podemos (un parti « populiste » d’extrême gauche, pro-immigrationniste, dont les leaders se réclament à la fois de Lénine, de Marx et du régime vénézuélien, ce dernier les ayant financés lorsqu’ils étaient dans l’opposition), n’est jamais que l’expression voire l’aboutissement d’un processus de détérioration, de dégénérescence, de vassalisation et de perte presque totale de souveraineté, qui s’est accéléré après le tournant du siècle.  

Bien sûr, le cas espagnol ne saurait être expliqué sans une remise en perspective globale. Toutes les démocraties occidentales sont aujourd’hui exposées aux dangers redoutables que sont la révolution culturelle, le politiquement correct, la nouvelle religion séculière postchrétienne et l’émergence du «totalitarisme light ». Mais pour ne pas excéder notre propos, tenons-nous en ici au rôle et à la part de responsabilité de la classe politique espagnole. On ne saurait vraiment saisir la nature et l’ampleur de cette responsabilité dans le collapsus général, politique, social, économique et moral (mais aussi dans le suicide démographique ; le taux de fécondité étant le plus bas de l’UE : 1,17, voire 1,23 en incluant l’indice de natalité des immigrés), sans évoquer quelques événements clefs de la transition démocratique et du tournant du siècle. Ce rappel permettra de mieux comprendre pourquoi tout ce qui touche à la guerre civile de 1936-1939 est devenu un sujet de division beaucoup plus violent aujourd’hui qu’il y a encore quinze ans, alors que le temps aurait dû contribuer à apaiser les passions.  

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De l’esprit de la transition démocratique au retour de la mentalité de guerre civile  

Un point d’histoire est indiscutable: c’est la droite franquiste (mélange complexe et subtil de carlistes-traditionalistes, monarchistes conservateurs et libéraux, phalangistes, conservateurs-républicains, démocrates-chrétiens, radicaux de droite et technocrates) qui a pris l’initiative d’instaurer la démocratie. Cette transition démocratique n’a pas été une conquête des ennemis de la dictature, elle a été un choix délibéré de la grande majorité de ceux qui avaient été jusque là ses principaux leaders. L’intelligence politique de la gauche (le PSOE de Felipe González et le PCE de Santiago Carrillo), a été de renoncer à ses revendications maximalistes, pour embrasser la voie du réformisme et joindre ainsi ses forces au processus démocratique amorcé par la droite franquiste. Les faits parlent d’eux même : Le décret-loi autorisant les associations politiques fut édicté par Franco en 1974, un an avant sa mort. La loi de réforme politique fut adoptée par les anciennes Cortes « franquistes » le 18 novembre 1976 et ratifiée par référendum populaire le 15 décembre 1976. La loi d’amnistie fut adoptée par les nouvelles Cortes « démocratiques » le 15 octobre 1977. Elle reçut l’appui de la quasi totalité de la classe politique (en particulier celle des leaders du PSOE et du PCE). N’oublions pas la présence dans les Cortes de la première législature de personnalités exilées d’extrême gauche aussi significatives que Santiago Carrillo, Dolores Ibarruri (la Pasionaria) ou Rafael Alberti. Enfin, c’est le Congrès (l’organe constitutionnel) qui a adopté la Constitution actuelle, qui a été ensuite ratifiée par référendum le 6 décembre 1978 (avec 87% de voix pour).  

La Transition démocratique reposait sur une parfaite conscience des échecs du passé et sur la volonté de les dépasser. Il ne s’agissait pas d’oublier et encore moins d’imposer le silence aux historiens ou aux journalistes, mais de les laisser débattre et de refuser que les politiciens s’emparent du sujet pour leurs luttes partisanes. Deux principes animaient cet « esprit de la transition démocratique », aujourd’hui dénoncé, tergiversé et caricaturé par les gauches, le pardon réciproque et la concertation entre gouvernement et opposition. Il était alors inconcevable que des politiciens de droite ou de gauche s’insultent en se traitant de « rouge » ou de « fasciste ».  

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Un premier durcissement dans les polémiques partisanes devait néanmoins se produire lors des législatives de 1993. Mais la vraie rupture se situe trois ans plus tard, en 1996, lorsque le PSOE avec son leader Felipe González (au pouvoir depuis 14 ans mais en difficulté dans les sondages), a volontairement joué la carte de la peur, dénonçant le Parti Populaire (PP), parti néolibéral et conservateur, comme un parti agressif, réactionnaire, menaçant, héritier direct du franquisme et du fascisme. Les Espagnols se souviennent encore d’une fameuse vidéo électorale du PSOE qui représentait le PP en doberman ou pitbull enragé et sanguinaire.  

Pendant toute la décennie 1990, un véritable raz de marée culturel, néo-socialiste et postmarxiste, a submergé le pays. Les nombreux auteurs autoproclamés « progressistes », tous défenseurs du Front populaire de 1936, ont inondé les librairies de livres, occupé les chaires universitaires, monopolisé les grands médias et gagné largement la bataille historiographique. La nation, la famille et la religion  sont redevenues des cibles privilégiées de la propagande semi-officielle. Paradoxalement, cette situation s’est maintenue sous les gouvernements de droite de José Maria Aznar (1996-2004). Obsédé par l’économie, « L’Espagne va bien ! », Aznar s’est désintéressé des questions culturelles ; mieux, il a cherché à donner des gages idéologiques à la gauche. A vrai dire, beaucoup de gens de droite lui donnaient raison lorsqu’il rendait hommage aux Brigades internationales (pourtant composées à 90% de communistes et socialistes marxistes), ou lorsqu’il condamnait le franquisme, voire le soulèvement du 18 juillet 1936 (alors qu’il est le fils d’un phalangiste et qu’il a été lui-même dans sa jeunesse un admirateur déclaré de José Antonio, un militant de la Phalange indépendante et dissidente). La droite « la plus bête du monde » (comme on aime à dire en France), acquiesçait aussi lorsqu’il encensait le ministre et président du Front populaire, Manuel Azaña, un franc-maçon, farouchement anticatholique, l’un des trois principaux responsables du désastre final de la République et du déclenchement de la guerre civile, avec le républicain catholique Niceto Alcalá-Zamora et le socialiste Francisco Largo Caballero, le « Lénine espagnol ». Les leaders du PP, régulièrement et injustement accusés d’être les héritiers du franquisme et du fascisme, croyaient pouvoir désarmer l’adversaire et trouver leur salut dans une continuelle profession de foi antifranquiste. Une erreur crasse, qu’ils finiront par payer vingt ans plus tard, lorsqu’en 2019 le parti populiste Vox surgira sur la scène politique.  

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Mais dans les années 2000, l’imprévisible allait se produire en dehors de la droite politique. Au nom de la liberté d’expression, d’opinion, de débat et de recherche, un groupe d’historiens indépendants, avec à leur tête l’américain Stanley Payne (voir notamment La guerre d’Espagne. L’histoire face à la confusion mémorielle, un livre incompréhensiblement épuisé et non réédité en France depuis des années) et l’ex-communiste Pio Moa (auteur de best-sellers tels Los mitos de la guerra civil, un livre vendu à plus de 300 000 exemplaires, encore inédit en France, qui démontre notamment que le soulèvement socialiste de 1934 a été l’antécédent direct du soulèvement national du 18 juillet), mais aussi toute une pléiade d’universitaires, dont un bon nombre de professeurs d’histoire de l’université CEU San Pablo de Madrid, se sont insurgés contre le monopole culturel de la gauche socialo-marxiste. Quelques années plus tard, d’autres travaux incontournables ont été publiés tels ceux de Roberto Villa García et Manuel Álvarez, sur les fraudes et les violences du Front Populaire lors des élections de février 1936, de César Álcala sur les plus de 400 « Checas » (centres de tortures organisés par les différents partis du Front populaire dans les grandes villes pendant la guerre civile), ou les recherches de Miguel Platon sur le nombre des exécutions et assassinats dans les deux camps (57 000 victimes parmi les nationaux / nacionales et non pas nacionalistas/nationalistes, comme on le dit à tort en France, et 62 000 victimes parmi les front-populistes ou républicains) et sur le nombre des victimes de la répression franquiste de l’après-guerre (22 000 condamnations à mort dont la moitié commuées en peines de prison). Citons également ici l’œuvre de référence, bien que beaucoup plus ancienne, d’Antonio Montero, sur la terrible persécution religieuse (près de 7000 religieux assassinés de 1936 à 1939 ; 1916 martyrs de la foi ayant été béatifiés et 11 canonisés par les papes entre 1987 et 2020, en dépit des pressions des autorités espagnoles).  

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Au lendemain de son accession au pouvoir, en 2004, plutôt que de contribuer à effacer les rancœurs, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, ami déclaré des dictateurs Fidel Castro et Nicolas Maduro, a ravivé considérablement la bataille idéologique et culturelle. Rompant avec le modérantisme du socialiste Felipe González, il a choisi délibérément de rouvrir les blessures du passé et de fomenter l’agitation sociale. En 2006, avec l’aide du député travailliste maltais, Léo Brincat, il a fait adopter par la commission permanente, agissant au nom de l’assemblée du Conseil de l’Europe, une recommandation sur « la nécessité de condamner le franquisme au niveau international ». Dès la fin de la même année, diverses associations « pour la récupération de la mémoire », ont déposé des plaintes auprès du Juge d’instruction de l’Audience nationale, Baltasar Garzón. Elles prétendaient dénoncer un «plan systématique » franquiste « d’élimination physique de l’adversaire » « méritant le qualificatif juridique de génocide et de crime contre l’humanité». Garzón, juge à la sensibilité socialiste, s’est déclaré immédiatement compétent mais il a été désavoué par ses pairs et finalement condamné à dix ans d’ « inhabilitation » professionnelle pour prévarication par le Tribunal suprême.  

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Baltasar Garzon.

La loi de mémoire historique de 2007  

Un an plus tard, en 2007, se voyant dans l’impossibilité de faire taire les nombreuses voix discordantes d’historiens et de journalistes, Zapatero et ses alliés ont choisi, sur l’initiative des communistes d’Izquierda Unida, de recourir à la loi « mémorielle ». La « loi de mémoire historique », adoptée le 26 décembre 2007, se veut et se justifie comme une « défense de la démocratie »,  contre un possible retour du franquisme et des « idéologies de haine ». En réalité, elle est une loi discriminante et sectaire en rien démocratique. Elle reconnaît et amplifie justement les droits en faveur de ceux qui ont pâti des persécutions ou de la violence pendant la guerre civile et la dictature (des normes en ce sens ayant déjà été édictées par des lois de 1977, 1980, 1982 et 1984), mais dans le même temps, elle accrédite une vision manichéenne de l’histoire contrevenant à l’éthique la plus élémentaire.  

L’idée fondamentale de cette loi est que la démocratie espagnole est l’héritage de la Seconde République (1931-1936) et du Front populaire (1936-1939). Selon son raisonnement, la Seconde République (avec le Front populaire), mythe fondateur de la démocratie espagnole, a été un régime presque parfait dans lequel l’ensemble des partis de gauche a eu une action irréprochable. La droite serait en définitive la seule responsable de la destruction de la démocratie et de la guerre civile. Pour couronner le tout, mettre en cause ce mensonge historique ne saurait être qu’une apologie exprès ou déguisée du fascisme.  

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Cette loi effectue un amalgame absurde entre le soulèvement militaire, la guerre civile et le régime de Franco, qui sont autant de faits bien distincts relevant d’interprétations et de jugements différents. Elle exalte les victimes et les assassins, les innocents et les coupables lorsqu’ils sont dans le camp du Front populaire et uniquement parce qu’ils sont de gauche. Elle confond les morts en action de guerre et les victimes de la répression. Elle jette le voile de l’oubli sur les victimes « républicaines » qui sont mortes aux mains de leurs frères ennemis de gauche. Elle encourage tout travail visant à démontrer que Franco a mené délibérément et systématiquement une répression sanglante pendant et après la guerre civile. Enfin, elle reconnait le légitime désir de beaucoup de personnes de pouvoir localiser le corps de leur ancêtre, mais refuse implicitement ce droit à ceux qui étaient dans le camp national sous prétexte qu’ils auraient eu le temps de le faire à l’époque du franquisme.  

Théoriquement, cette loi a pour objet d’honorer et de récupérer la mémoire de tous ceux qui furent victimes d’injustices pour des motifs politiques ou idéologiques pendant et après la guerre civile, mais en réalité, non sans perversité, elle refuse de reconnaître que sous la République et pendant la guerre civile beaucoup de crimes ont été commis au nom du socialisme-marxiste, du communisme et de l’anarchisme et que ces monstruosités peuvent être qualifiées elles aussi de crimes de lèse humanité (il en est ainsi, notamment, des massacres de Paracuellos del Jarama et des « Checas », et des hécatombes lors de la persécution des chrétiens). Dès sa promulgation, la « loi de mémoire historique » a d’ailleurs été systématiquement interprétée en faveur des représentants et sympathisants du seul camp républicain ou front-populiste et de leurs seuls descendants.  

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Le retour au pouvoir de la droite, trois ans après le début de la crise économico-financière de 2008, ne devait guère changer la donne. Le président Mariano Rajoy (2011-2018), ancien conservateur des hypothèques devenu un politicien professionnel roué mais dépourvu de tout charisme, s’est contenté de suivre le précepte bien connu des néolibéraux: ne pas toucher aux réformes culturelles ou sociétales « progressistes » mais défendre d’abord et avant tout les intérêts et les idées économiques et financières des eurocrates et de l’oligarchie mondialiste. Rajoy n’osera ni abroger, ni modifier la loi de mémoire. Un ami, philosophe Argentin à l’humour cinglant, résumait son idéologie par ces mots : « L’important c’est l’économie… et que mon fils parle l’anglais ». Mais encore faut il ajouter que cette attitude à courte vue a été largement partagée par son électorat. Historiquement, les droites espagnoles ont toujours été marquées par la forte empreinte du catholicisme, mais dans une société sécularisée, dans laquelle la hiérarchie de l’Église ne résiste pas mais donne au contraire au quotidien l’exemple du renoncement, de l’abdication et de la soumission, l’électorat de droite se retrouve inévitablement passif, apathique, désemparé, sans protection. Bon gestionnaire en période de calme, mais dépourvu des qualités de l’homme d’État, Rajoy s’est avéré incapable d’affirmer son autorité en pleine tourmente. Ébranlé politiquement par le référendum d’indépendance de la Catalogne (2017), organisé par les séparatistes sans la moindre garantie juridique, il a chuté finalement à l’occasion d’une motion de censure (2018) suite à l’implication du PP dans divers scandales de corruption.  

Vers la nouvelle « loi de mémoire démocratique » de 2021   

Avec l’adoption de la « loi de mémoire historique », la boîte de Pandore a été ouverte. Élu à la présidence, en juin 2018, le socialiste Pedro Sánchez, n’a pas tardé à en faire la démonstration. Pour rester au pouvoir, Sánchez, qui représente la tendance radicale du PSOE opposée aux modérés, a accepté les voix de l’extrême gauche et des indépendantistes alors qu’il avait juré avant les élections ne jamais le faire. Arriviste, allié par opportunisme à Podemos et au PC/IU, il doit donner régulièrement des gages à ses associés les plus radicaux (y compris aux nationalistes-indépendantistes) tout en ménageant Bruxelles et Washington, qui ne manqueraient pas de siffler la fin de la récréation si la ligne rouge venait à être franchie en matière économique.  

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Le premier gouvernement socialiste de Sánchez s’est engagé, dès le 15 février 2019, à procéder au plus vite à l’exhumation de la dépouille du dictateur Francisco Franco enterré quarante-trois ans plus tôt dans le chœur de la basilique du Valle de los Caídos. Le 15 septembre 2020, moins d’un an après avoir réalisé le transfert des cendres, malgré le chaos de la pandémie et le caractère prioritaire de la gestion sanitaire, le second gouvernement de Sánchez, une coalition de socialistes, de communistes et de populistes d’extrême gauche (PSOE-PC/IU-Podemos), a décidé d’adopter, au plus tôt, un nouvel « Avant-projet de loi de mémoire démocratique », qui devrait abroger la « loi de mémoire historique » de 2007. Au nom de la « justice historique » et du combat contre « la haine », contre « le franquisme » et « le fascisme », le gouvernement entend promouvoir la réparation morale des victimes de la guerre civile et du franquisme et « garantir aux citoyens la connaissance de l’histoire démocratique ».  

Cet avant-projet de loi prévoit plus précisément : la création d’un parquet spécial du Tribunal suprême compétent en matière de réparation des victimes ; l’allocation de fonds publics pour l’exhumation des victimes des franquistes enterrées dans des fosses communes et leur identification a partir d’une banque nationale ADN ; l’interdiction de la Fondation Francisco Franco et de  toutes les « institutions qui incitent à la haine » ; l’annulation des jugements prononcés par les tribunaux franquistes ; l’inventaire des biens spoliés et des sanctions économiques pour ceux qui les ont confisqués ; l’indemnisation des victimes de travaux forcés par les entreprises qui ont bénéficié de leur main d’œuvre ; la révocation et l’annulation de toutes les distinctions, décorations et titres nobiliaires concédés jusqu’en 1978 ; l’effacement et le retrait de tous les noms de rue ou d’édifices publics rappelant symboliquement le franquisme ; l’actualisation des programmes scolaires pour tenir compte de la vraie mémoire démocratique et pour expliquer aux élèves « d’où nous venons » afin que « nous ne perdions jamais plus nos libertés » ; l’expulsion des moines bénédictins gardiens  du Valle de los Caidos ; l’exhumation et le déplacement des restes mortels de José Antonio Primo de Rivera ; la désacralisation et la « resignification » de la basilique du Valle de los Caídos qui sera reconvertie en cimetière civil et musée de la guerre civile ; enfin, aux dire de la vice-présidente, Carmen Calvo, il  sera menée une « réflexion » sur l’éventualité de la destruction de l’immense croix surmontant le temple. Pour couronner le tout, des amendes de 200 euros à 150 000 euros sont prévues afin de réprimer toutes les infractions à la loi.  

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Carmen Calvo.

Dans un langage typiquement orwellien, la première vice-présidente Carmen Calvo n’a pas manqué de souligner que ce texte favorisera la « coexistence »  et permettra aux Espagnols de « se retrouver dans la vérité ». La réalité est pourtant tragique : cet avant-projet renouvelle et renforce l’utilisation de la guerre civile comme arme politique. Il discrimine et stigmatise la moitié des espagnols, efface les victimes de la répression front-populiste, refuse l’annulation même symbolique des sentences prononcées par les tribunaux populaires républicains et ignore superbement la responsabilité de la gauche dans certaines des atrocités les plus horribles commises pendant la guerre civile. Seule la vision « progressiste » du passé définie par les autorités en place est démocratique, l’histoire des « autres » devant disparaître comme dans le cas de l’histoire manipulée de l’Union soviétique.  

On ne saurait pourtant « se retrouver dans la vérité », comme le dit Calvo, en écartant d’un trait de plume toute recherche historique rigoureuse. Contrairement à ce que prétend la vice-présidente, le soulèvement militaire de juillet 1936 n’est pas à l’origine de la destruction de la démocratie. C’est au contraire parce que la légalité démocratique a été détruite par le Front populaire que le soulèvement s’est produit. En 1936, personne ne croyait en la démocratie libérale et certainement pas les gauches. Le mythe révolutionnaire partagé par toutes les gauches était celui de la lutte armée. Ni les anarchistes (qui s’étaient révoltés en 1931, 1932 et 1933), ni le parti communiste, un parti stalinien, ne croyaient en la démocratie. La majorité des socialistes avec leur leader le plus significatif, Largo Caballero, le « Lénine espagnol », préconisait la dictature du prolétariat et le rapprochement avec les communistes. Le PSOE était le principal responsable du putsch d’octobre 1934 contre le gouvernement de la République, du radical Alejandro Lerroux.  

Un seul exemple suffit pour illustrer le caractère révolutionnaire du courant alors majoritaire au sein du PSOE. Le 17 février 1934, la revue Renovación, publiait un « décalogue » des Jeunesses socialistes (mouvement dirigé par le secrétaire général Santiago Carrillo, qui devait fusionner avec les Jeunesses communistes, en mars 1936). Dans son point 8, on pouvait lire : « La seule idée que doit avoir aujourd’hui gravée dans la tête le jeune socialiste est que le Socialisme ne peut s’imposer que par la violence, qu’un camarade qui propose le contraire, qui a encore des rêves démocratiques, qu’il soit petit ou grand, ne saurait être qu’un traître, consciemment ou inconsciemment ». On ne saurait être plus clair ! Quant aux gauches républicaines du jacobin Manuel Azaña, elles s’étaient compromises dans le soulèvement socialiste de 1934, et ne pouvaient donc pas davantage être tenues pour démocrates. Ajoutons encore que, dès son arrivée au pouvoir en février 1936, le Front populaire ne cessera d’attaquer la légalité démocratique. Le Front populaire espagnol était extrémiste et révolutionnaire. Le Front populaire français était, en comparaison, modéré et réformiste. Telle est la triste réalité que le gouvernement socialiste espagnol cherche aujourd’hui vainement à cacher derrière un épais rideau de fumée.  

L’avant-projet de loi de « mémoire démocratique » de la coalition socialo-communiste n’est pas seulement antidémocratique ou autoritaire, il est proprement totalitaire. En poursuivant la « rééducation » pour ce qui concerne le passé, il porte gravement atteinte à la liberté d’expression et d’enseignement. Il est anticonstitutionnel, mais de cela bien évidemment ses rédacteurs se soucient comme d’une guigne dans la mesure où à plus long terme ils souhaitent imposer une autre constitution plus « révolutionnaire » et, par la même occasion, se débarrasser de la monarchie.   

Outre ce texte de loi de mémoire démocratique, le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a l’intention de soumettre prochainement au parlement tout un ensemble de projets de lois (sur l’euthanasie, l’interruption de grossesses, l’éducation, le choix en matière de genre, etc.), qui heurte de front les conceptions chrétiennes de la vie. Les autorités espagnoles ne recherchent plus la paix qu’à travers la division, l’agitation, la provocation, le ressentiment et la haine; la justice prend la forme de la rancœur et de la vengeance. L’Espagne semble s’enfoncer inexorablement dans une crise globale d’une ampleur dramatique.  

Arnaud Imatz  

https://lanef.net/2021/03/12/guerre-despagne-un-passe-qui...

mardi, 16 mars 2021

Démocratie et coups d'Etat

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Démocratie et coups d'Etat

Dominus Wernerius von Lothringen

Magister in artibus

Rester dans la légalité?

La conquête de la majorité au Parlement est le but stratégique du Coup d’État légal en Occident. En effet le pouvoir législatif, où se forme la volonté populaire est le seul lieu où s'incarne la liberté d'une nation et prend forme un débat constitutionnel. C'est la seule institution où la liberté est en jeu et peut être mise en péril.

C'est pourquoi la conquête du Parlement accorde la sanction de la légalité au pouvoir, majoritaire ou séditieux, qui n'avait été jusqu'ici qu'exclusivement légitime. Or la légalité de cette majorité est instrumentale, car la vulnérabilité des Parlements repose sur l'illusion de défendre l’État par la seule liberté, vue cependant avec les yeux des partis. Erreur très grave, puisque le Parlement a besoin de la complicité du détenteur de la Souveraineté, le Chef de l’État, pour décider, gouverner et régner. Le Chef de l’État italien, Sergio Mattarella, Imperator et Deus ex Machina de la structure constitutionnelle a montré d'être l'ultime recours de la légitimité des partis, divisés et querelleurs et, au lieu de dissoudre le Parlement, obsolète, et de faire appel au suffrage, repoussé plus loin, a ouvert la voie à un garant du salut public, Mario Draghi, Prince inattendu et nouveau premier Consul de la république romaine. L'investiture d'en haut, légale, a remplacé celle d'en bas, légitime. Du point de vue comparatif, ce même Coup d’État a comporté en Amérique le blocage de l'appareil fédéral, la violence d'une intervention séditieuse et la mise au ban du Chef catilinaire suprême, le Président Trump lui même. A l'extérieur du pouvoir impérial, par une offensive simultanée et prolongée les médias et la presse, ont montré d'être farouchement anti-catilinaires. Cette offensive a frappé les esprits, les attentes et la morale publique et a dressé, par réaction, la violence et la révolte, contre le pouvoir élu, car cela fait partie du jeu et du pari de la conquête du pouvoir d’État, qui ne connaissent qu'une loi : la réussite. La légitimité, contestée, a désarçonné la légalité, résiliente, massive et populaire.

Machiavel, Cromwell, Napoléon ou Trotski, grands catilinaires d'antan auraient ajouté à la dynamique des Coups d"État, l'inconnue de l'incertitude, de l'accident et de la Fortune. Or, tous les éléments d'un coup monté étaient réunis aux États-Unis et en Italie pour descendre Trump et pour installer Draghi. Cependant la dialectique permanente de la légalité et de la légitimité, liée à la vie historique rend aléatoire toute prévision sur la durée de l'expérience et sur les modèles politiques proposés. Il est clair que la transition entre les trois formes de régime classiques, selon Aristote, la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, autrement dit, le gouvernement de un, de peu et de tous, en leurs deux formes, pures et corrompues, ont conduit, au tout début du XXème siècle à la découverte de la "loi de fer" de toute organisation, celle de la classe politique et de l'oligarchie (Pareto, Mosca et Michels), qui jouent un rôle important dans la conservation du pouvoir. Changer de régime a toujours exigé la recherche d'un "sens" et une vocation militante pour la passation du pouvoir et le changement n'a jamais été purement technique ou rationnel, mais toujours complexe, partisan et personnel. Il a toujours été associé à un débat sur la meilleure forme du gouvernement, destiné à témoigner, chez les grands historiens du passé (Tacite, Plutarque, Suétone ou Tite-Live) et dans leurs Annales, sur les vices de l'homme, les maux de la société et les opportunités de la conjoncture. Assumant la thèse que nous sommes dans une situation, commune à tout l'Occident, de mutation d'époque, de nouveaux équilibres internationaux et d'autoritarismes montants, la démocratie est, en sa forme pure, derrière nous et une forme inédite de celle-ci, méconnaissable, opaque et inversée, émerge, au sein de la logique des contre-pouvoirs entre conservation et innovation. Dans ce cadre, la grande malade de notre temps apparaît ainsi la société, incapable de se renouveler dans la stabilité. Cette société, nationale-globaliste, post-moderne et post-démocratique exige un autre modèle de gouvernance, aujourd'hui peu clair. La crise est-elle si grave qu'un coup d’État peut s'organiser dans la légalité et transformer l'ordre social dans son ensemble ? Dans la société européenne et mondiale, la divinisation des pouvoirs concerne les autocraties montantes et leurs Césars. Cependant ce qui rend actuelle la pratique des Coups d’État, c'est la volonté de résoudre par la légalité et dans le respect formel de la légalité des problèmes qui concernent le dépassement de ses limites et qui étaient autrefois résolus par les armes. Le concept de démocratie en est terni et son modèle de gouvernance déconsidéré. Parmi les dangers n'y a-t-il pas l'ordre constitutionnel, les prérogatives du Parlement et la défense de l’État ? Bref, l'idée de Liberté ?

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L'instabilité permanente et le doute. Une "Glasnost" à la Richelieu et à la Deng Tsiao Ping mais pas à la Gorbatchev

L'éternisation parlementaire dans la recherche d'une coalition que supporte une majorité de gouvernement et les disputes et querelles entre les hommes et les partis a généré auprès du Président de la République un doute grandissant sur la possibilité de trouver une solution par une "décision" parlementaire et par un emploi normal de la représentation politique. Rompant avec la tactique ordinaire du choix entre les politiques et les grands commis de l’État, Mattarella a fait appel à un sursaut national et unitaire, qui éloigne les partis de la voie conflictuelle, pour prendre de l'ascendant sur une situation dégénérative et risquée. L'option du salut public et le doute grandissant sur les capacités d'auto- correction de la Chambre, ont fait choisir au Président l'option de la "légalité d'exception" et d'un armistice provisoire dans une dispute où l'ennemi principal était la réforme de l’État, la victoire contre la pandémie et la relance de l'économie. Combattre pour la survie voulait dire opérer une distinction entre la difficile guerre totale au système bureaucratique, inefficace, et une guerre limitée au parlementarisme, incapable d'avancer dans la division. Le premier but de guerre fut donc de réduire l'implication des passions et de fixer des objectifs praticables. La grande conséquence de la "Glasnost" politique à l'italienne, qui venait d'être lancée, incluant la toute jeune "Perestroïka économique" de l'Union Européenne, a été la recomposition du système politique. Une recomposition qui vise le renouvellement des partis et, globalement, de l'échiquier parlementaire, autrement dit, l'instauration d'une nouvelle oligarchie et une libéralisation de la structure administrative, sans la " terreur révolutionnaire du mérite", comme critère de réforme et de modernisation. Cela a voulu dire, pour Draghi, d'être avec Richelieu et Louis XIV et de rassembler davantage à Deng Tsiao Ping plutôt qu'au réformiste-visionnaire Gorbatchev. Libéraliser et moderniser certes, sous le contrôle du système politique, version ENA et Macron, mais expurger tout souverainisme à la de Gaulle. La recomposition du système politique, qui est en cours parallèlement en Espagne et en France, investit avant tout la gauche, dispersée et sans idées, sclérosée et dépourvue du vaccin contre le virus des divisions et des luttes intestines. Le Partito Democratico (PD), pour continuer à exister au delà des seules apparences discursives, devrait fusionner avec le M5S, autour du triumvirat Conti, Grillo et di Maio, la Greta Thunberg de l'économie verte. Cependant nous sommes loin du "Pacte de pacification" de 1921 entre Ivanohe Bonomi e Benito Mussolini. Il n'existe pas aujourd'hui de danger de révolte extrémiste comparable à celle du "parti armé" de l'époque, menaçant de brutaliser la politique. Il existe par contre l'idée de Grillo que "les fraises sont mûres", pour faire adopter l'option d'une légitimité du transformisme parlementaire. Le danger de la violence n'existe pas et le contrôle des masses devenues apathique et anti-politiques, renforce les partis de droite et, en particulier Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, très combative.

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Pas d'ennemi, pas de violence !

Pas d'ennemi, pas de violence! Pas de réarmement militant et d'affrontement physique et donc pas de défense armée de l’État ! L'État peut être défendu par le droit et par le respect de la légalité parlementaire. Le Coup d’État pour changer la République pourra se faire sans la violence et dans un cadre légal. En France et dans la clandestinité il n'y a que l’État islamique et, parmi les "hors la loi", il n'y a que les Djihadistes et le "Mouvement identitaire", mis au ban par Darmanin ! Pour éliminer les Fillon, les Sarkozy, les Berlusconi, les Orban il a suffi d'une magistrature d'obédience politique. Il n'y a plus de révolution en vue, il n'y a plus de négation du droit des peuples, ni d'injure permanente des vainqueurs sur les vaincus, hormis la période coloniale, ressassée à la sauce islamo-gauchiste. La colonne Vendôme n'a pas été abattue et la Commune de Paris n'a pas arrêté les communards devant la Banque de France par respect envers la Patrie. En Italie c'est le représentant de la Banque Centrale Européenne qui va vers le peuple, vers les classes moyennes et les entrepreneurs ! C'est comme si Versailles, compassionnelle, allait vers les prolétaires de la Commune de Paris ! Il n'est plus de militaires impitoyables et donc plus de gestes glorieux face aux pelotons d'exécution de Thiers, ni de chansons ardentes, semblables à l'Internationale de Pottier ! Il n'y a pas une grande défaite à venger mais un Parlement, une Assemblée ou des Cortés déjà épuisés, à asservir et déjà pliées, prêtes à se mettre en marche sous la discipline des règlements et des groupes parlementaires! Pour ces radicaux de polichinelle, amadoués par les strapontins parlementaires, le droit constitutionnel suffit et la légalité est respectée sans effusions de sang. L'Italie apparaît ainsi le laboratoire de l'Occident et un exemple indéniable pour la France ou l'Espagne, mais elle constitue néanmoins l'anti-modèle des États-Unis.

Brennus à Rome et QAnon et KU KLUX KLAN à Washington

Lors du sac de Rome au IV siècle avant Jésus-Christ, Brennus, Chef des Gaulois, négociant la rançon en or pour la libération de la ville avait jeté là avec mépris la fameuse phrase : "Vae Victis!" (Malheur aux vaincus!) La valeur de cette maxime persiste. Elle prouve la signification persistante de la force et des rapports de force et justifie, aux États-Unis l'importance de la conspiration et du complot pour conquérir et pour conserver le pouvoir. Dans le cadre des élections perdues, Trump aurait essayé de prévenir un coup d’État, monté par Barack Obama, Hillary Clinton et George Soros.

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Après sa défaite électorale en 2020, de nombreux partisans de la mouvance QAnon auraient recommandé au président de "franchir le Rubicon" et de conserver le pouvoir, en invoquant la loi martiale. Les croyances QAnon deviennent un partie intégrante des tentatives de renverser des élections présidentielles américaines de 2020, et cela sur la base de l'incapacité de la mouvance démocrate de respecter la légitimité du pacte constitutionnel et donc de la voie des urnes, sans tricher. En particulier, sur la base du préjudice qui découle, pour les minorités religieuses, sexuelles et raciales, de vivre à égalité avec l'actuelle majorité blanche. L'égalité serait un faux concept et une fiction juridique trompeuse, bref une utopie, marquée par l'idée d'affranchissement et de rattrapage d'une arriération, vis à vis de la supériorité raciale blanche. Les démocrates seraient prêts à tout pour faire franchir aux minorités cette frontière invisible, qui amènerait à une prépondérance de couleur. Or, puisque cette égalité est fictive et qu'elle masque une inégalité naturelle et réelle, toutes les pratiques de subversion deviendraient légitimes, la tricherie ou le Coup d’État. En effet là où est remis en cause un rapport de force originel et essentiel entre groupes sociaux, il ne peut y avoir que violence, puisque serait ainsi renversé le pacte constitutionnel du "vivre ensemble".

Nature et société

L'idée constitutive d'identité et de société en aurait à pâtir selon l'image de l'Amérique des confédérés de QAnon, du Ku Klux Klan, de Griffith et de son chef d’œuvre "La naissance d'une Nation". C'est le dilemme historique des fondements premiers et originels de la Cité sur la colline et du fait associatif américain, l'homogénéité ou l'hétérogénéité ethnique et tribale, qui précède toute autre distinction de droit et montre un aperçu de la société américaine et sa vulnérabilité.

La remise en cause de cette identité originelle ne peut être que violente et sanglante, car elle a son origine dans le sang et point dans la loi. Dès lors, renverser les rapports de force, en invoquant la loi martiale (QAnon..), le Coup d’État (Obama, Clinton, Soros), ou le prix de la soumission (Brennus), c'est se heurter au "fundamenta inconcussa", le vieux rapport de l'homme à la nature humaine, à la société constituée et à l'Histoire.

A partir de là, tricher au jeu électoral devient un enjeu de confrontation constitutionnelle et post-démocratique dans la maison de cyborg, le mode d'une impossible contestation politique, de la même façon que le couteau ou le coup de canif, décrivent les premiers pas de l'assimilation par les adolescents des migrations et leur plume à écrire pour l'initiation scolaire dans la maison de Descartes.

Si le modèle du Coup d’État légal et non violent des temps actuels, est désormais, pour l'Europe, le laboratoire politique de l'Italie, la contestation ethnique, sexuelle et raciale des États-Unis, deviendra peut-être le modèle violent et tribal de la condition humaine pour l'Europe et le monde ?

Dans une attente toujours fatale, la pétition dramatique de Tite Live retentira dans les consciences des décideurs d'Occident "Dum Romae Consulitur, Saguntum expugnatur !" (Alors qu'à Rome on débattait, Sagonte était prise!) (Tite-Live, Ab Urbe Condita).

Bruxelles le 15 mars 2021

lundi, 15 mars 2021

Chronique européenne: TransEuropa#2, avec Robert Steuckers - L'Europe encerclée ?

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Chronique européenne: TransEuropa#2, avec Robert Steuckers

L'Europe encerclée ?

Second épisode de notre série TransEuropa, spécialement consacrée à l'Europe. Depuis son bunker belge, le conférencier et essayiste Robert Steuckers (Oncle Bob pour les intimes) abordera différents sujets à propos de notre continent. Histoire, politique, littérature, grands mythes et bien d'autres sujets qui nous l'espérons raviront les auditeurs et leur donneront des clés de compréhension à propos de l'Europe. Aujourd'hui: l'Europe est-elle encerclée ? Bonne écoute et place à oncle Bob ! #géopolitique #international #Europe
 
 
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Extrait musique: © Kraftwerk-Trans Europa Express (1977)
Réalisation: ©Radio Lorraine Enragée 2021

La biocratie pendant la pandémie sans fin

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La biocratie pendant la pandémie sans fin

SOURCE : http://www.ilpensieroforte.it/dibattiti/4573-biocrazia-de...

Par Lorenzo Maria Pacini

Je suis désolé de devoir décevoir les pacifistes et les bien-pensants, les #willallbeallgood et les apologistes du c***d : nous sommes en guerre, et ce depuis longtemps. L'asymétrie avec laquelle les scénarios de guerre ont été redéfinis au XXIe siècle n'est plus celle des champs de bataille avec des canons, des chars et des avions, ni celle de l'espionnage entre l'Est et l'Ouest à la recherche de la pièce où se trouve le bouton rouge pour faire sauter quelques ogives nucléaires ; ces choses existent toujours, bien sûr, mais elles ont été incorporées dans la stratégie (pas si nouvelle) de la guerre sans fin qui utilise l'infodémie, le numérique et les technologies pour établir de nouveaux scénarios et différents paradigmes, en constante évolution et expansion.

En 1991, le CERN à Genève a publié le premier site web. En 2016, le Pentagone a reconnu le cyberespace comme un nouveau domaine de guerre, le cinquième après la terre, la mer, l'air et l'espace. Exactement 30 ans avant, pas après, en 1986, Ulrich Beck a prédit une lutte pour l'infosphère en écrivant cette phrase : "Dans la mesure où la localisation de la production s'épuise et s'effiloche, l'information devient le moyen central qui rend possible la connexion et la cohérence de l'unité de production. Le problème est donc de savoir qui, comment, par quels moyens, dans quel ordre, reçoit des informations sur qui, sur quoi et dans quel but. Il n'est pas difficile de prévoir que dans les conflits organisationnels de l'avenir, ces luttes de pouvoir sur le coefficient de distribution et de diffusion des flux d'information deviendront une source importante de conflits"[1]. Aujourd'hui, ces mots sont devenus réalité, plus que nous ne le pensons. Le développement de la techné en tant que nomos unique, hétéro-dirigé par le système libéral-capitaliste, paradigme consacré de la politique et de la vie sociale, nous a inévitablement projetés dans une dimension de transition, cette vraie transition qui est numérique mais ne l’est pas seulement ; elle est si inévitable que la roue du moulin a démarré à toute vitesse et ne montre aucun signe d'arrêt imminent. Pendant des années, nous avons été soigneusement éduqués à mesurer nos vies avec des critères numériques, des critères d'information et d'hyper-communication, dans la recherche compulsive du "like" du moment, entre une nouvelle application et le dernier modèle de smartphone, tandis que nous cliquions pour accepter les termes du contrat sur chaque page web sans jamais en avoir lu le contenu, dans une vente obsessionnelle d'images et de données parce que c'est comme ça et qu'on ne peut pas ne pas le faire si tout le monde le fait, abattant même le dernier mur de la dimension spirituelle, dont le culte a été mis en cage dans les minutes d'une émission en ligne en direct.

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Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est impossible de ne pas communiquer, que le marché change et que nous sommes des marchandises, passant de la stratégie de l'entreprise qui offre le produit pour les masses sur une vitrine, à l'algorithme qui envoie des informations calibrées sur les goûts de l'utilisateur individuel, pour ensuite livrer le produit directement à sa porte ; il est vrai aussi que maintenant tout le monde aime s'envoyer des messages sur les réseaux sociaux, pour montrer ce que l'on fait, pour collecter des approbations et des followers pour compenser la profonde solitude du nihilisme post-moderne, en amplifiant l'émotivité jusqu'à l'exaspération parce qu'aveugle et sourd devant un outil comme le smartphone qui ne communique pas l'être mais seulement des chiffres mis en rang ; le problème est que très peu ont compris que tout cela n'est rien d'autre qu'une nouvelle dimension de la guerre, et que nous ne sommes pas seulement les cibles mais aussi les armes.

Essayez un instant d'envisager le scénario suivant : les plateformes d'info-communication sont des camps d'entraînement, où nous sommes constamment remplis d'informations sur la façon dont le monde évolue selon un récit précis, au niveau politique, économique, social ; nous sommes entraînés à trouver des informations sur d'autres personnes ou produits, en explorant le web et en entrant en contact avec d'autres utilisateurs ; nous effectuons des achats et des ventes en déplaçant les poteaux indicateurs du marché, selon les modes induites et les besoins présumés qui nous font percevoir comme rigoureux et essentiels pour suivre une dimension en mutation fluide ; on nous montre des modèles idéaux, de la nourriture, du travail, du sport ; on nous pousse à croire à des choses vraies et fausses, comme des cobayes dans des laboratoires d'expérimentation psychométrique et sociologique, recevant kilo après kilo d'expériences à digérer émotionnellement et socialement ; on nous fait aussi écouter de la musique, quand elle est mélodique, quand elle est rythmée, quand elle est faite de discours de chefs de service passant en revue des troupes, nous rappelant que le subliminal est 95% de la personne humaine. Dans une telle configuration, il faut se demander : sommes-nous vraiment libres ?

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L'ingénierie sociale que les théoriciens du XIXe siècle ont minutieusement décrite dans leurs traités sur les doctrines politiques et sociales a été superbement appliquée par les experts en la matière. Nous sommes arrivés à une guerre à la manière de l'homo homini lupus, où pour déstabiliser un peuple, une nation ou un gouvernement, il n'y a plus besoin de raids et de coups d'État, mais simplement de subversion sociale, de terrorisme médiatique, de fausses informations, de pilotage des élections par le piratage électronique, par exemple. Il suffit de modeler l'esprit des masses dans une certaine direction et selon des modèles précis pour changer le monde. Une seule donnée, une simple information, a le pouvoir de changer un grand nombre de personnes.

Les années 2020 et 2021 sont par excellence la contre-épreuve de ce système complexe. La dictature sanitaire en marche, prédite depuis des années et des années par les dirigeants des grandes entreprises informatiques, de l'industrie pharmaceutique et des gouvernements de certains États passionnés par l'exportation de la démocratie, qui nous ont offert des milliers de pages de livres, d'interviews et de conférences où ils ont notifié leurs intentions avec une précision magistrale : tout cela n'est rien d'autre qu'une biocratie, ou plutôt une forme de gouvernement basée sur la vie, ou plutôt sur le contrôle de celle-ci. La vie qui, rappelons-le, n'est pas une valeur absolue car nous la perdons tous tôt ou tard, mais qui, dramatiquement, est désormais érigée en seule valeur à partir du moment où l'homme a été matériellement massifié et privé de transcendance, pour être réduit, un parmi d'autres, à être un produit du marché à calculer selon les mécanismes du profit et de la rentabilité. Mais c'est précisément sur la vie que nous avons été trompés par la terreur de la mort, le dernier démon contradictoirement exorcisé d'abord par la recherche spasmodique de formes de survie et de prolongation de la vie, puis invoqué par l'offre de mort aux enfants dans le ventre de leur mère et aux personnes âgées arrivées à leurs derniers jours, mais aussi par la promotion d'une culture de l'auto-anéantissement avec les drogues, la violence, l'impossibilité de construire un avenir.

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La pandémie du virus C***d est arrivée au bon moment, réalisant les prophéties de ces mêmes philanthropes immédiatement prêts à nous fournir la solution. Un stratagème dramatique, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, mais au bout du compte, pour le système, il s'agit d'une question de chiffres sur les plans d'affaires des entreprises et sur les comptes de pension de l'État ; ces ‘’chiffres’’ ne sont certainement pas des êtres dotés d'une dignité ontologique unique et non reproductible, et surtout inviolable. Au nom de la peur de mourir, ils nous ont forcés à ne pas vivre, et nous les avons laissés faire en bons écoliers trempés dans l'in-formation qui nous a donné la bonne forme pour recevoir un contenu fait de vide spirituel et d'identités fluides. Une pandémie qui, semble-t-il, ne semble jamais se terminer, au contraire elle trouve continuellement la raison politique ou économique pour revenir d'un moment à l'autre, tandis que des restrictions de plus en plus sévères nous sont imposées ; la pauvreté augmente, le désespoir se répand mais l'important est d'honorer le dieu Science, qui à travers ses prêtres Experts des CTS ou des Ministères de compétence prêchent l'évangile de Saint Virus selon les Médias, nous rappelant la nécessité de réparer nos terribles péchés que sont la socialité, la santé, les droits, la démocratie, la liberté, afin de pouvoir accéder au sacrement du Vaccin, instrument de l'insondable miséricorde du Gouvernement. Et ça ne s'arrête pas là. Beaucoup vont mourir de faim, et pas seulement ça, mais au moins ils auront un masque.

La biocratie de la pandémie sans fin est une réalité. La guerre est en cours et nous sommes ses troupes et ses cibles. La politique est un instrument de transformation et de privation du bien commun, et non plus son exercice et sa défense. Rien n'est sur le point de s'arrêter, car nous sommes dans une nouvelle normalité si évidente que même les descriptions littéraire ou cinématographiques de réalités dystopiques doivent céder devant ce nouveau réel et observer avec étonnement le chef-d'œuvre de l'ingéniosité humaine.

Nous sommes appelés à répondre à ce grand formatage par un grand réveil collectif, une prise de conscience qui conduit à une transmutation de la conscience et de notre mode de vie. La tâche de chacun d'entre nous est d'être un changement concret, donnant lieu à une redéfinition de la dynamique du pouvoir, qui appartient au peuple, et des structures de la politique, en vue de surmonter les formes précédentes qui ont échoué. Non pas un retour en arrière, à la vie d'avant, mais un dépassement, le dépassement de la mémoire nietzschéenne qui est une transformation vers une nouvelle dimension. Les processus déclenchés doivent suivre leur cours, dramatique d'un certain point de vue, mais nécessaire pour discerner ceux qui auront vraiment le courage de construire un monde nouveau et différent, dans cette nouvelle ère qui nous appartient déjà.

Lorenzo Maria Pacini.

Note :

[1] U. Beck, La société du risque. Vers une seconde modernité, Carocci Editore, 2005, p. 301.

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La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

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La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

par Georges FELTIN-TRACOL

La France, avec ses 66 millions d’habitants, n’appartient plus au système démocratique selon les critères de la cité antique d’Athènes. L’Institut de pataphysique politique PolDem, qui a publié, jeudi 11 mars, son rapport annuel sur la démocratie, classe désormais l’Hexagone dans la catégorie des « tyrannies électorales », ayant l’apparence des régimes démocratiques mais qui, en réalité, sapent l’indépendance et la neutralité des contre-pouvoirs (la justice, les médias), et transforme les opposants en ennemis d’État. Le pays de Jeanne d’Arc arrive en 7e position après les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada, la Suède et la Grèce. Le centre de recherche indépendant de l’université Guillaume–Faye à Méta-Sparte (capitale fédérale de l’Empire euro-sibérien) constate une détérioration des libertés depuis l’accession au poste de président de la République du libéral-progressiste Emmanuel Macron, en 2017, et estime qu’il s’agit d’« un des changements les plus spectaculaires parmi tous les pays du monde au cours des dix dernières années ». PolDem rappelle l’éventail des mesures déployées par le gouvernement français pour museler les oppositions réelles et la liberté d’expression. Cela va des dispositions financières pour couper les vivres des dissidents (essayistes, humoristes, éditorialistes), jusqu’aux ordonnances sur la situation sanitaire, ou la prévention des activités dites illégales en passant par la censure sur Internet et le contrôle des médias. Un arsenal utilisé pour « harceler, intimider et emprisonner les opposants politiques, ainsi que les personnes qui protestent contre les politiques du gouvernement ».

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Deux autres études confirment la dérive anarcho-tyrannique en France. Dans son rapport annuel sur l’état des libertés dans le monde, l’ONG Arnaud-Dandieu, basée en Araucanie – Patagonie, rétrograde elle aussi la France au rang des pays « partiellement libres ». Les auteurs soulignent que la politique répressive de Macron au moment des Gilets Jaunes s’est amplifiée avec le covid-19, le harcèlement de journalistes de réinformation couvrant la pandémie, l’abandon de millions de travailleurs indépendants et libéraux durant les confinements successifs, et la désignation de « boucs émissaires » parmi les jeunes identitaires français – européens.

Intimidation croissante

L’ONG Arnaud-Dandieu a fait le calcul : plus de 7 000 personnes ont été accusées de protestations après l’arrivée au pouvoir de La République en marche (LREM) et la plupart des accusés sont des opposants du parti d’Emmanuel Macron. Comme PolDem, l’ONG constate que les droits politiques et les libertés civiles dans le pays se sont détériorés depuis 2017, avec une pression accrue sur les organisations de défense des droits des peuples et des devoirs des citoyens, une intimidation croissante des universitaires et des réinformateurs, et une vague d’attaques contre les esprits réfractaires à la novlangue.

Dans un troisième classement, celui du département « Intelligence Unit » du magazine sealandais The Conservative Man sur l’état de la démocratie dans le monde, la France se retrouve dans la catégorie des démocraties « imparfaites », notamment parce que le gouvernement dirigé par Emmanuel Macron « a introduit des éléments de censure dans la libre expression des Français » en contradiction frontale avec l’étymologie fondatrice de la France.

Georges Feltin-Tracol

• Pastiche politique d’un article fallacieux consacré à l’Inde publié dans Le Monde des 14 et 15 mars 2021.

dimanche, 14 mars 2021

Patrick Zylberman et la préparation mondiale aux luttes contre le virus

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Patrick Zylberman et la préparation mondiale aux luttes contre le virus

par Nicolas Bonnal

Tempetes-microbiennes.jpgUn livre d’expert nous prévenait (dans un langage scientifique) il y a une dizaine d’années ou plus : les mondialistes nous conditionnaient par la peur des pandémies depuis le début des années 2000 (langage complotiste), en particulier dans le bon vieux monde transatlantique. Tout cela avait suivi le 11 septembre qui devait nous préparer au bioterrorisme, au cyber-terrorisme et enfin à leur vieil objectif de dépeuplement (conspiration ou constatation ?). L’expert en question s’appelle Patrick Zylberman et s’est alors fait l’auteur de drôles de constatations. Le livre a évidemment été mal reçu alors, les journalistes étant comme les médecins vendus achetés pour vendre terreur, vaccin et dictature technologique. 

On se contentera ici de citer sa page Amazon.fr.

« À l'Ouest, du nouveau.
Fin septembre 2005, le coordinateur pour la lutte contre la grippe aviaire et humaine à Genève prédisait de 2 à 150 millions de morts dans le monde lors d'une prochaine pandémie, 'comme en 1918!' tenait-il à préciser. Assurément, un nouveau spectre hante le monde transatlantique : la terreur biologique.
Les États planchent sur des scénarios catastrophes, afin que l'économie mondiale ne soit pas frappée, du jour au lendemain, par la mise hors travail de cadres dirigeants et de simples ouvriers affaiblis par l'infection. Cette peinture des 'tempêtes microbiennes' traduit une amplification considérable de l'idée de sécurité sanitaire et une dégringolade vertigineuse dans la fiction (chiffres exagérés, analogies sans fondement, etc.) lorsqu'il s'agit de définir la prévention contre les menaces microbiennes et les procédures de gestion des crises épidémiques.

Patrick Zylberman dégage trois grands axes de la sécurité sanitaire :
La place grandissante faite aux scénarios (fictions qui feignent le réel en proposant des situations imaginaires mais propices à l'apprentissage des réflexes et comportements visant à la maîtrise des événements) ;
Le choix systématique de la logique du pire comme régime de rationalité de la crise microbienne. Or l'événement déjoue les prévisions : il est toujours autre chose. Les scénarios du pire deviennent un handicap pour la pensée, parce qu'ils demeurent prisonniers de la modélisation ;
L'organisation du corps civique : dans l'espoir de renforcer l'adhésion aux institutions politiques et de faire face à la désorganisation sociale engendrée par la crise épidémique, les démocraties sont de plus en plus tentées d'imposer un civisme au superlatif (l'accent est mis sur les devoirs et les obligations du citoyen comme sur la nécessité de faire preuve d'altruisme), qu'il s'agisse des quarantaines, de la vaccination, voire de la constitution de réserves sanitaires sur le modèle des réserves de la sécurité civile.
Ce faisant, la sécurité sanitaire transatlantique contribue à la crise de l'État-nation. Afin de maîtriser des problèmes qui sont précisément internationaux dans leur nature, les États adoptent des solutions globales, même ceux qui, comme les États-Unis ou la Chine, se montrent d'ordinaire extrêmement chatouilleux sur le chapitre de la souveraineté nationale. »

9782738153104.jpgLe storytelling du pire justifie leur tyrannie, mais cela commence à savoir, même dans la citrouille du citoyen Ran-Tan-Plan (le chien Ran-Tan-Plan de Goscinny sent au moins confusément quelque chose)….

On guette le grand réveil et le choc en retour ?

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vendredi, 12 mars 2021

Contre le Grand Reset ! Vers la culture politique du Grand Réveil !  

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Contre le Grand Reset ! Vers la culture politique du Grand Réveil !  

par Alexandre Douguine

QU’EST-CE QUE LE « GRAND RESET » ?

Les Cinq Points du Prince Charles

Au Forum de Davos en 2020, son fondateur Klaus Schwab et le Prince Charles de Galles ont proclamé une nouvelle orientation pour l’humanité — le Grand Reset. Le plan, annoncé par le Prince de Galles, consiste en cinq points :

1. Captiver l’imagination de l’humanité.
2. Rétablissement économique après la pandémie du COVID-19, ce qui devrait conduire au début du « développement durable ».
3. Transition vers une économie non-pétrolière au niveau mondial.
4. Science, technologie et innovation doivent recevoir une nouvelle impulsion pour le développement.
5. Il est nécessaire de changer la structure de l’équilibre des investissements. La part des investissements verts doit être augmentée.

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Ce programme est en fait devenu l’idéologie de l’élite libérale globale. Joe Biden et son administration sont arrivés à la Maison Blanche sous ces slogans.

Si nous écartons la rhétorique humaniste et l’accent mis sur l’écologie (qui est précisément la lubie du Prince Charles), alors le programme de la nouvelle phase de globalisation et le plan d’action de l’élite internationale dans l’ère Biden sont réduits à ce qui suit :

  1. Il est nécessaire de subordonner complètement la conscience de l’humanité aux idées libérales-globalistes. Cela peut être atteint par le contrôle complet des médias, des réseaux sociaux, de l’éducation, de la culture, de l’art, où les nouvelles lois sont établies – politique du genre, glorification des minorités – sexuelles, ethniques, biologiques (exaltation de la laideur corporelle comme idéal de beauté et d’harmonie). En même temps, les Etats nationaux sont diabolisés, et les structures supranationales, au contraire, sont exaltées de toutes les manières possibles.
  1. Le « développement durable » (le projet du Club de Rome) implique une réduction de la population du globe (puisque les limites de croissance sont atteintes). D’où le lien avec la pandémie du COVID-19, ainsi que la mise en garde de l’OMS sur la probabilité de nouvelles pandémies.
  1. Le refus du pétrole vise à frapper un coup contre l’économie de la Russie, d’un certain nombre de pays islamiques et d’Amérique Latine (principalement le Venezuela), qui sont les piliers de l’ordre mondial multipolaire. La même tactique fut utilisée par les Etats-Unis dans la dernière période de l’URSS, ce qui abaissa artificiellement le prix du pétrole.
  1. « Développement technologique » signifie encore plus de numérisation avec l’introduction du contrôle total et de la surveillance totale des citoyens, le transfert d’un certain nombre de fonctions à l’« Intelligence Artificielle forte », l’accélération des technologies de bio-ingénierie, la production de masse des robots, la promotion des projets de mutation génétique et des projets de croisements d’espèces (ainsi que le « croisement » des humains et des machines).
  1. Il est nécessaire de continuer et d’accélérer la désindustrialisation de l’économie, de déplacer les bulles financières accumulées dans le domaine vague et opaque de la « production écologique » avec la monétarisation simultanée de l’environnement lui-même et sa transformation en capital.

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En même temps, les globalistes croient que l’arrivée des Démocrates à la Maison Blanche et la diabolisation de Trump et des conservateurs qui le soutenaient créent les conditions idéales pour un nouveau tour de globalisation et d’application de ce programme. De plus, la globalisation a manifestement piétiné durant les dernières décennies, et l’ordre multipolaire alternatif basé sur la montée de civilisations indépendantes – russe, chinoise, islamique, etc. – est graduellement devenu une réalité irréversible. Par conséquent, les globalistes n’ont simplement pas le temps : c’est maintenant ou jamais.

Voilà ce qu’est le « Grand Reset ». Et il a commencé.

Brève histoire du libéralisme

Si nous regardons les principaux stades de l’idéologie libérale, nous comprendrons que le « Grand Reset » n’est pas quelque chose de fortuit et de transitoire. La globalisation est le résultat logique de l’histoire mondiale, telle qu’elle est comprise par la pensée libérale. 

Le libéralisme est une idéologie qui se concentre sur la libération de l’individu vis-à-vis de toutes les formes d’identité collective.

Cela commença avec la Réforme Protestante et l’abolition des états médiévaux [= clergé, noblesse, tiers-état]. Le résultat fut une société bourgeoise où tous étaient égaux – mais seulement en théorie et en termes d’opportunités. Mais ce fut une grande avancée aux yeux des libéraux.

Les Etats-nations modernes émergèrent sur les ruines de l’Empire européen et du pouvoir du Pape – à nouveau, des individus (mais sous la formes d’Etats) furent libérés de l’identité collective (les identités catholique et impériale). Mais le progrès libéral ne s’arrêta pas là.

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Les philosophes Locke et Kant décrivirent le projet de « société civile », où les Etats-nations devaient être abolis. Les individus pouvaient théoriquement s’en sortir sans eux. Ainsi surgit la philosophie du cosmopolitisme, qui présuppose l’abolition des Etats-nations et (comme idéal) la création d’un Gouvernement Mondial. Ce fut la naissance du mondialisme – bien qu’en théorie.

Adam Smith formula les fondements du libéralisme en économie, soulignant la nature internationale du marché. Dans cette théorie libérale, le développement du capitalisme présupposait la disparition graduelle des Etats, et en fin de compte, le remplacement complet de la politique par l’économie, c’est-à-dire le marché.

La théorie critique du marxisme émergea au XIXe siècle, qui opposait la théorie des classes à l’individualisme libéral. L’idée de progrès était vue différemment ici, bien que les marxistes s’accordaient aussi sur la nécessité de la mort des Etats (l’internationalisme). Au XXe siècle, des idéologies de nationalisme extrême (le fascisme), contestant à la fois le libéralisme et le communisme, surgirent. Elles mettaient en premier le principe de la nation (l’Etat pour les fascistes, la race pour les nationaux-socialistes).

La défaite du fascisme en 1945 élimina cette idéologie de l’agenda, et l’image du futur fut disputée entre les libéraux et les communistes. Ce fut la signification idéologique de la Guerre Froide.

En 1991, l’Occident libéral finit par gagner. L’URSS s’effondra, et la Chine communiste se lança sur le chemin du développement du marché.

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C’est alors que la « fin de l’histoire », c’est-à-dire la victoire finale du libéralisme, fut proclamée. Cependant, après un examen plus attentif, il s’avéra que les libéraux n’avaient pas aboli deux types d’identité collective – l’identité sexuelle (le genre) et l’identité humaine elle-même. Cela signifiait que de nouveaux obstacles se trouvaient sur la route du progrès libéral. C’est pour cela que depuis les années 90 du XXe siècle, la politique du genre est venue au premier plan. Sa signification n’est pas seulement la tolérance pour les pervers et le féminisme radical qui restaure l’égalité des genres. D’après les progressistes libéraux, le genre devrait devenir une question de choix individuel – comme auparavant la religion, la profession, la nationalité, etc. Sinon, le « progrès » ralentirait. D’où les couples transgenres et gays dans l’administration Biden. Ces normes de la correction politique sont les signes de la victoire sur le tournant conservateur qui était presque arrivé sous Trump.

Maintenant la démocratie a fini par être définie comme le pouvoir des minorités, dirigé contre la majorité (manifestement une majorité « criminelle » qui est capable de choisir Trump ou… Hitler à tout moment, sous l’influence des sentiments populistes). Trump tenta désespérément de défendre l’ancienne compréhension de la démocratie, mais fut renversé. Il a été « annulé » [« canceled »] comme l’ont été les autres figures, mouvements, et pays entiers se trouvant sur la route du « Grand Reset » – le dernier stade du mouvement du libéralisme vers son triomphe historique.

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Et les libéraux ont un dernier problème devant eux – l’abolition de l’humanité, la politique du post-humanisme. La libération vis-à-vis de l’identité collective requiert l’abolition du genre et de l’espèce. Les futurologues libéraux font déjà l’éloge des nouvelles possibilités des post-humains – la fusion avec la machine multipliera la force du corps, de la mémoire, et aiguisera les sens ; l’ingénierie génétique mettra fin aux maladies ; la mémoire peut être stockée sur un serveur « cloud » ; l’humanité peut se connecter à la machine et atteindre l’immortalité.

Le « Grand Reset » est le triomphe de l’idéologie libérale à son stade le plus élevé, à son stade de globalisation.

Et tous ceux qui s’opposent à un tel agenda sont déclarés « ennemis de la société ouverte ». Ils sont invités à capituler volontairement. Sinon, tout le monde progressiste – avec ses finances illimitées, son potentiel technico-militaire et sa capacité inépuisable de contrôler l’« imagination de l’humanité » – leur tombera dessus.

Ainsi, le « Grand Reset » est la dernière note du progrès humain, tel qu’il est compris par la pensée libérale. Maintenant toute l’humanité est libre – libre d’être libérale.

Mais il faut noter qu’en même temps elle n’est pas libre de ne pas être libérale. Si un « illibéral » ou un « pas assez libéral » est repéré quelque part, le système punitif est lancé automatiquement.

Grand Réveil

Durant la féroce campagne électorale aux Etats-Unis, les supporters de Biden – les partisans du « Grand Reset » – utilisèrent tous les moyens contre leur adversaire Trump, incluant les moyens prohibés. Ils allèrent même jusqu’à appliquer les méthodologies des « révolutions de couleur » à l’intérieur des Etats-Unis – des méthodologies qui étaient auparavant exportées. Une telle détermination à la limite de l’infamie en dit long sur l’importance des enjeux. Les globalistes sont bien conscients que si leurs défaites et leurs échecs continuent à s’accumuler, toute l’histoire du libéralisme, longue de cinq cent ans, s’effondrera. Un monde multipolaire – vers lequel Trump, étant critique de la mondialisation, gravitait instinctivement – ne laisserait aucune chance aux libéraux. Ils jetèrent donc leurs masques, abandonnèrent les principes de la « vieille démocratie » et poussèrent Biden à la Maison Blanche, sans aucune considération de décence, des procédures et des règles.

Les supporters de Trump savaient à quelle force puissante et maniaque ils avaient affaire depuis sa première campagne électorale. Les Démocrates, conduits par la logique du mondialisme, étaient prêts à sacrifier les institutions américaines traditionnelles et la démocratie elle-même. Et c’est contre cela que les trumpistes mettaient en garde depuis 2016.

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Bien sûr, il est difficile pour les citoyens ordinaires de comprendre tout l’arrière-plan sinistre de l’idéologie libérale, qui mène immanquablement et consciemment à la destruction de l’humanité, à son « dépassement ». Cela est difficile à croire, ce n’est pas facile de parvenir à la vérité. Spécialement pour ceux qui ont été élevés sous l’influence de la démocratie libérale, à l’intérieur du système capitaliste et sous la profonde introduction d’une culture mondialiste. Et pourtant l’épiphanie a commencé.

C’est ainsi que la thèse du « Grand Réveil » est née. Ce slogan fut mis en avant par les supporters de Trump, qui devinrent les premières victimes du nouveau totalitarisme libéral à venir. Leurs initiatives furent immédiatement censurées, leurs comptes sur les médias sociaux furent supprimés, et même les références à eux furent effacées des systèmes des géants technologiques – Twitter, YouTube, Google, Facebook. 

Tout d’abord, cela affecta seulement les adversaires les plus bruyants des globalistes et les supporters de Trump. Mais à mesure que la campagne électorale s’envenimait, des cercles de plus en plus larges devinrent les victimes de la culture de l’« annulation » et du « deplatforming ». Jusqu’à ce que les globalistes appliquent finalement leurs méthodes au président US lui-même – Donald Trump.

Ce fut le moment du « Grand Réveil ». Maintenant la vraie nature des mondialistes a été comprise non seulement par les plus lucides et les plus irréconciliables, mais aussi par de vastes sections de la société américaine.

Ceux qui avaient voté pour Trump furent presque identifiés à des « fascistes » dans la dictature libérale établie. C’est ainsi que fonctionnent les lois du « Grand Reset » : quiconque n’est pas avec nous est un « fasciste », et il est possible – et même nécessaire ! – de traiter un « fasciste » de la manière la plus cruelle. Et cette fois, cette catégorie inclut non seulement les vrais conservateurs, qui ont toujours eu des réserves vis-à-vis des libéraux, mais aussi des libéraux, les citoyens américains ordinaires qui n’avaient pas eu le temps de s’adapter aux nouveaux critères du « progrès libéral ». Ils n’ont pas encore compris que la liberté est la liberté des minorités, et que les paramètres de cette liberté – c’est-à-dire ce qui peut être dit et fait, et ce qui ne peut absolument pas être fait (les normes du politiquement correct) – sont strictement établis par les élites libérales.

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Le « Grand Réveil » est le fait de comprendre que dans la période de la mondialisation, le libéralisme moderne s’est transformé en une vraie dictature, est devenu une idéologie totalitaire qui dénie – comme tout totalitarisme – le droit d’avoir un point de vue différent du point de vue dominant. C’est très similaire au début d’une nouvelle guerre civile aux Etats-Unis. Mais cette fois, ses camps sont différents : les supporters du « Grand Réveil » contre les supporters du « Grand Reset ».

A la veille d’une grande confrontation

Les Etats-Unis sont la première puissance du monde. Ce qui s’y passe concerne toute l’humanité. La victoire de Joe Biden et des architectes du « Grand Reset » derrière lui signifie que le monde est entré dans une nouvelle phase. Les globalistes sont déterminés à mener à bien ce qu’ils ont régulièrement échoué à faire durant les deux dernières décennies. D’abord le 11 septembre, puis Poutine, puis la Chine sous Xi Jinping, puis l’Iran, puis la Turquie, puis Trump. Et si les échecs continuent, le mondialisme risque de s’effondrer finalement. Le « Grand Reset » doit se faire maintenant ou jamais.

Et beaucoup d’élites d’orientation libérale dans divers pays – en Occident tout comme en Orient (incluant la Russie, bien sûr) – seront mobilisées par le mondialisme pour prendre une part active au projet de « Grand Reset ». Cela signifie qu’un front externe ainsi qu’un front interne vont être ouverts contre les supporters de la multipolarité, de la souveraineté et d’un ordre mondial polycentrique. Et ici commencent la pression externe de la part de la démocratique Washington et de l’OTAN sous son contrôle et le sabotage interne de la cinquième colonne et des élites libérales à l’intérieur des structures administratives des Etats.

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Le début d’une série d’opérations de changement de régime, une nouvelle vague de « révolutions de couleur » et la manipulation des conflits régionaux devraient s’ajouter à cela. Maintenant toute la force du sabotage global contre ceux qui n’ont pas pris le parti du « Grand Reset » va travailler à plein régime.

Il est évident que la Russie – du moins la Russie de Poutine, la Russie souveraine, indépendante et libre – appartient aux rangs du « Grand Réveil ».

Pour que cela devienne un fait irréversible, il faut faire un dernier effort. La moitié de la Russie s’est réveillée il y a vingt ans. Et ensuite elle commença un retour difficile mais généralement réussi (bien que prolongé) à l’histoire en tant que sujet de la politique mondiale, et non pas comme objet (comme dans les années 90 du XXe siècle). Mais l’espace pour un compromis avec les mondialistes est complètement épuisé. Nous n’avons qu’une option – nous réveiller complètement et non seulement prendre une part active au « Grand Réveil », mais – ce qui serait souhaitable et digne de l’échelle de notre histoire et de notre esprit – aussi le diriger.

Préalablement traduit en anglais par Cyrill Strelnikov, blogueur, observateur politique

Published by RIA-Novosti

Against Great Reset. Toward Political Culture of Great Awakening | Katehon think tank. Geopolitics & Tradition

«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

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«Pas dans un boum, dans un murmure»: notes sur notre petite apocalypse

par Nicolas Bonnal

Tout semble s’imposer, le marquage électronique,  les vaccins, le test partout, le passage au communisme sacerdotal (Abellio), le wokenisme démoniaque, la chienlit morale et LGBTQ à la télé, l’antiracisme-fascisme en roue libre, etc. D’un autre côté ici et là on nous ressort jusqu’à la nausée la phrase de Hölderlin, que Jean Baudrillard citait il y a déjà trente ans au sortir de l’abominable guerre du Golfe : « là où croît le danger là aussi croît ce qui sauve ». C’est dans le poème Patmos.

On va voir. La résistance n’existe pas, comme je l’ai dit, elle a été fluidifiée par les réseaux, les râleurs se contenant de cliquer, pas de résister ou de manifester comme on disait jadis. La perte de la capacité tellurique c’est la fin de la résistance, merde, lisez/appliquez Carl Schmitt pour une fois.

L’épuration de Trump et du reste se passe sans un murmure dans la salle. Le système avance rapidement et impeccablement ses pions et comme dit l’abject Figaro on va pouvoir tester les gens à l’entrée des autoroutes avec le test QR ou je ne sais quoi. On leur souhaite du plaisir aux gens, car à force de se gaver de télé, de radio, de hamburgers, ils vont mal finir. Mais s’en préoccupent-ils les gens ?  Ne sont-ils pas déjà morts ? Les films de zombie sont vieux de deux générations déjà.

A côté de cela on veut nous rassurer. Tout cela est inapplicable, le Français résiste, il ne se ferait pas vacciner… Mais le système a tout son temps (2030 date-butoir et regardez leurs progrès en un an) et je me souviens dans mon enfance pour la bagnole. Il y avait beaucoup de morts mais c’était aussi l’âge d’or de l’automobile et de la liberté sur les routes. Alors on a sévi comme pour chasser un virus (et l’acerbe Sarkozy a remis ça dès son arrivée au pouvoir). Limitation de vitesse, test d’alcoolémie, port de la ceinture de sécurité, multiplication aberrante des ronds-points, ils ont réussi à tout imposer nos bureaucrates et nos mondialistes et c’était pour notre bien, pour notre sécurité. Ici aussi c’est pour notre bien, pour notre sécurité. Et j’en arrive à me demander : tout cela ne démontre-t-il pas que l’humanité n’est qu’un troupeau d’esclaves ? Sous prétexte de voter (et où ne va-t-on pas voter ?), on se croit en démocratie et on se comporte comme des cloportes ou bien des bœufs à l’abattoir. Revoyez le sang de bêtes de Franju. On a un mouton traître nommé le miniard qui amène les comparses à l’égorgeoir, qu’on maintient en vie et qui sert à chaque fois pour conduire le troupeau bêlant  et opinant de Panurge.

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Passons au positif, car on va me reprocher de casser le moral des troupes.

Celui qui nous rassurerait c’est Biden qui a l’air bien gâteux, et sa Kamala qui est nulle comme un rat. Cette paire d’as a été élue en trichant sans une seule réaction (sinon la prise arrangée du Capitole qui a permis de virer Trump plus vite et d’accélérer le totalitarisme mondialiste – oui, c’est à cela que sert la résistance, gare au prochain attentat false flag !) et avec l’approbation de toute la canaille globale devenue folle ; car notre absence de résistance produit leur ubris. Mais on sait très bien que Biden peut dégager et qu’on peut caser une autre marionnette ; au point où en sont arrivés les journaux globaux (le NYT, le Monde, le Guardian, El Pais, etc.) ce n’est pas cela qui gênera l’opinion publique, chienne prête à toutes les prostitutions depuis des siècles (colonisations, guerres mondiales, mondialisation, totalitarismes, légalisation de toutes les perversions et en conséquence interdiction de toutes les libertés). Certains voient une possibilité de défaite militaire contre l’Iran, la Russie ou la Chine (mais on nous dit aussi qu’elle fait partie du N.O.M., cette Chine, que Biden est son homme ?). On verra, mais là encore je fais confiance aux généraux américains décrits par Kubrick : on finira au nucléaire puisque l’équipement US n’est plus à la hauteur face aux progrès des trois grands de l’opposition officielle (Iran, Russie, Chine donc). Certains donc disent que ce serait mieux une bataille et donc une défaite US, et un écroulement du satanisme occidental, mais encore faudrait-il en sortir vivants !

On a envie de prier la providence mais vu ce que sont devenus le Vatican et le catholicisme dit romain ? On ne va pas prier les dieux du Capitole tout de même ? Je constate d’ailleurs de plus en plus de recours chez les antisystèmes à l’increvable apocalypse, aux êtres de lumière, à l’attirail New Age, au zen emballé sous vide, comme disait Guy Debord. Lui voyait la liberté dans la lutte politique et sociale et pas dans les interventions divines toujours longues à se produire et chères à rembourser… Le clergé, le parti…

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En réalité je ne sais plus quoi écrire depuis quelques mois maintenant : tout est programmé pour nous faire vivre puis crever, par des satanistes et par l’inertie de milliards d’abrutis et de zombis peaufinés à la télé et au portable (voyez le film de Jarmusch, The Dead don’t die, qui le montre très bien).

Comme le montre Lucien Cerise le contrôle technologique trop tatillon ne marchera pas (il est trop fou et ils ne sont plus si bons, ils en restent à l’éternelle peur du gendarme comme au temps de de Funès et des pieds nickelés), mais c’est peut-être ce qui est voulu, pour que les survivalistes de Davos et les techno-lords de la Silicon Valley (voyez mon Internet nouvelle voie) soient contents. Le film Idiocracy, écrit par un des Coen, le montre finalement. Une humanité de fauchés, d’abrutis, d’affreux sales et méchants subsiste dans des ruines affreuses sorties des romans de Dick. Mais elle n’a pas l’air mécontent ! Et si finalement Klaus Schwab avait raison : si dans dix ans, les survivants abrutis étaient contents, les rares mécontents (tous vieux) s’étant suicidés ?

Last scene of all (dit Shakespeare), la situation en Israël, pays-phare des religions abrahamiques. Elle m’évoque l’apocalypse décrite par T.S. Eliot, texte lu à la fin d’Apocalypse now : c’est ainsi que le monde se termine, pas dans un boum, dans un murmure (not in a bang but a whimper). Quelle punition pour tant d’orgueil…

 

mercredi, 10 mars 2021

L'agonie de la liberté, ou l’entrée dans l'ère du posthumanisme

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L'agonie de la liberté, ou l’entrée dans l'ère du posthumanisme

par David Engels

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le site polonais Tysol et consacré au rôle de catalyseur joué par la crise sanitaire qui nous "catapulte dans le posthumanisme d'un seul coup de pied"...

Historien, essayiste, professeur, titulaire de la chaire d’Histoire romaine à l’Université Libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

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L'agonie de la liberté, ou : l’entrée dans l'ère du posthumanisme

Quand j'ai écrit, au début de la crise du coronavirus, que le confinement et ses conséquences constitueraient le plus grand choc dans l'histoire de l'Europe occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux lecteurs et commentateurs ont trouvé cette opinion trop pessimiste. Aujourd'hui, alors qu’après un an, la situation ne s’est pas améliorée, pire, qu'elle s'est même détériorée à bien des égards, nous sommes confrontés aux fruits de nos mauvaises décisions et surtout à une évidence : ce n'est pas la pandémie qui détruit la société européenne, mais la manière dont les gouvernements et les institutions internationales la gèrent.

Au fond, le confinement n'est pas le vrai problème ; au contraire, il agit uniquement comme un catalyseur d’un bon nombre d’évolutions qui étaient déjà en cours longtemps avant la pandémie. C’est là que réside la véritable tragédie politique : même les citoyens et gouvernements qui, jusqu’à présent, ont considéré ces évolutions avec un certain scepticisme, semblent désormais impatients de les voir concrétisées juste pour pouvoir revenir rapidement au confort d’une (supposée) « normalité » – et ce pour la plus grande jouissance de tous ceux qui bénéficient de cette évolution. Parce que cette « nouvelle normalité », même si elle devait être initialement similaire à « l'ancienne », serait tout de même basée sur une conditionnalité sans équivoque qui lui donnerait un fondement complètement différent, et deviendrait rapidement le levier de changements profonds : la « nouvelle » liberté des citoyens ne sera qu’une concession provisoire et non un droit inaliénable. Et même si, pour un observateur superficiel, cette « nouvelle normalité » se démarquera positivement des énormes restrictions liberticides dont nous souffrons maintenant en plein milieu de la pandémie, il sera difficile d’ignorer, du moins à long terme, le changement de paradigme fondamental qui s’impose – une rupture qui nous catapulte dans le posthumanisme d'un seul coup de pied.

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Depuis de nombreuses années déjà, la classe moyenne, véritable pilier de la démocratie bourgeoise classique de l'après-guerre, est aux prises avec des problèmes économiques croissants. Aujourd'hui, grâce à un lockdown désastreux, elle se retrouve complètement écrasée par deux extrêmes : d’une part, par une petite couche d'oligarques incroyablement riches et qui contrôlent « big tech », « big data », État profond, politique et médias ; et d’autre part, par une grande masse d'individus atomisés et appauvris – et ce qui subsistera encore de la classe moyenne après la crise du covid deviendra, par le mécanisme de la surtaxation et de subventions conditionnelles, totalement dépendant de l’État.

La situation est similaire pour le système financier international. Déjà avant la pandémie, beaucoup craignaient que son implosion ne soit qu'une question de temps. Maintenant, il est devenu clair que les immenses dettes souveraines déjà ingérables avant 2020 sont en train d’être décuplées à cause du lockdown et ne seront plus jamais maîtrisées sans une réorganisation fondamentale de l'ensemble du système monétaire par une suppression de la monnaie physique, des taux d'intérêt négatifs, une économie planifiée, des annulations de dettes, des coupes de budget, la «zombification» du petit commerce et des dévaluations cachées. De ce point de vue, la gestion financière de la crise du coronavirus pourrait même être considérée comme une « démolition contrôlée » d’un système financier poussé dans ses derniers retranchements déjà bien avant la pandémie - avec des conséquences désastreuses pour les citoyens et les États-nations.

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De même, notre conception actuelle d'une vie digne changera fondamentalement. Avant même la crise du covid, l’on pouvait déjà voir au Japon ou en Corée du Sud à quoi ressemblerait une société robotisée, informatisée et déshumanisée d'individus solitaires, qui ne sont guère plus que des extensions organiques externes d’ordinateur qui servent à la fois de lieu de travail et d’instrument de plaisir. Aujourd’hui, alors que les salles de classe virtuelles, le travail à domicile, les conversations électroniques et les systèmes de commande et de livraison en ligne sont utilisés à grande échelle et permettent à des millions de citoyens européens de rester cloitrés à la maison pendant des semaines, voire des mois sans sortir, ce nouveau mode de vie s’est installé partout en Europe et risque de devenir un genre d’état permanent et définitif – ce qui est d’autant plus tragique que le confinement aura des conséquences imprévisibles pour l'équilibre mental de la jeunesse européenne, qui, depuis un an déjà, souffre énormément de cet enferment permanent.

Le paysage médiatique est également en train de se transformer rapidement dans le cadre de la bataille pour le monopole interprétatif de la pandémie. La tendance des grands médias à censurer les contenus idéologiquement déplaisants était déjà clairement visible avant 2020. Mais l'effondrement financier de la presse écrite classique, sa nationalisation indirecte par l'État via des subventions, la généralisation de la lutte contre les prétendues « fake news », la persécution des penseurs « dissidents » à cause de leur soi-disant « hate speech » et la censure publiquement réclamée de la liberté d’expression des « covidiots » et « conspirationnistes » vont radicalement accélérer la transformation du monde des médias et vont, à quelques exceptions près, le rabaisser au niveau de simples organes de propagande gouvernementale.

Un autre facteur est la polarisation politique de la société, qui s'est déjà manifestée depuis l'émergence du soi-disant « populisme », mais qui s'est énormément accrue du fait de la pandémie et conduira bientôt à la formation de fronts politiques inattendus. Dans la plupart des pays occidentaux, la lutte politique n'est plus menée comme un échange argumentatif classique entre des positions progressistes et conservatrices, sociales et libérales, nationalistes et internationalistes. Nous observons plutôt, d’une part, la montée d’une élite politique majoritairement libéral-gauchiste et internationaliste, qui contrôle les médias publics et l'enseignement et va de pair avec la nouvelle oligarchie économique, et, d’autre part, un nombre croissant de personnes se méfiant profondément de ce « système » et luttant pour un changement radical. Cela se reflète également dans l'évaluation de la pandémie et du confinement et conduit graduellement à des convergences politiques parfois étonnantes entre partis « anti-système » qui auraient été impensables auparavant, car la volonté de plus en plus évidente de l'élite politique et médiatique de mentir clairement sur la planification, la mise en œuvre et l'ampleur du confinement, des vaccinations obligatoires, de la mobilité restreinte ou des subventions a fait perdre à de nombreuses personnes toute confiance dans les institutions établies - une hypothèque qui va peser lourdement sur toutes les institutions politiques et sera un réservoir électoral inépuisable pour les mouvements charismatiques alternatifs du futur.

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Le déclin des valeurs démocratiques est étroitement lié à cette situation. Ce déclin était déjà en préparation depuis le début des années 2000 par la radicalisation idéologique et le renforcement des pouvoirs des institutions européennes, ainsi que de la politisation croissante de l’éducation et des médias. Mais maintenant, la lutte contre la pandémie a conduit à une acceptation sociale généralisée de mesures non seulement non-démocratiques, mais souvent même antidémocratiques et impensables il y a deux ou trois décennies. Au nom du « bien commun », sur base d'une législation d’urgence et à l’aide d’interprétations souvent aventureuses des constitution, les droits fondamentaux se retrouvent restreints, les parlements privés de pouvoir, les forces de police utilisées contre leur propre peuple, les générations futures privées de leurs droits – et tout cela avec l’assentiment des médias et souvent des citoyens eux-mêmes. Sera-t-il possible de « réparer », du moins en partie, les institutions et systèmes de valeurs qui ont été tant mis à mal ? Le doute est plus que permis.

Même les revendications politiques les plus absurdes, et qui ne sont en aucun cas liées à la crise du covid, vont maintenant être mises en œuvre sous couvert de « lutte contre la pandémie », comme l’annoncent non seulement les nombreux gouvernements nationaux, mais aussi les institutions européennes qui s’attellent à instrumentaliser l’octroi (ou le refus) des subventions bruxelloises à des fins purement idéologiques. De l’institutionnalisation de la théorie du « genre » par la lutte contre la droite, l’« approfondissement » de l'intégration européenne, le contrôle de l’« état de droit », la protection des minorités « LGBTQ » et le soi-disant « green deal » à la « dictature climatique » sérieusement réclamée par certains politiciens de gauche, des projets politiques concrets sont actuellement sur la table dont la portée et le radicalisme auraient été, il y a encore quelques années, considérés inacceptables par tous les gens sensés et rejetés comme complètement surréalistes.

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Enfin, n’oublions pas l'une des pires conséquences de la situation actuelle : l’atteinte à l’intégrité du corps humain. Initialement largement rejetée par la plupart de ces mêmes institutions politiques qui, maintenant, nous forcent de plus en plus à nous faire vacciner avec des vaccins ARNm, dont l'effet à long terme (par exemple dans le domaine des pathologies auto-immunes et génétiques) est totalement inconnu, cette ingérence a de quoi renforcer la défiance de nombreux citoyens envers leurs élus, d’autant plus que leur objectif - lutter contre une pandémie qui ne touche en réalité qu'un infime pourcentage de la population, principalement des personnes âgées atteintes de graves maladies préexistantes – semble peu convaincant. Pire encore: au vu du virage transhumaniste réclamé par de nombreux politiciens de premier plan comme notamment le président Macron, l'utilisation massive de vaccins utilisant des techniques génétiques aux composantes incertaines et devant très probablement être régulièrement « rafraîchis » ou « mis à jour » sous menace de privation des libertés essentielles, apparaît comme une rupture délibérée du dernier barrage sur la voie de la création d'une « nouvelle » humanité artificielle, entièrement médicalisée.

Quiconque, aujourd’hui, ne se lève pas pour appeler les choses par leur nom, alors que la « nouvelle réalité » décrite ci-dessus, ce « grand reset » n'est plus une théorie du complot de quelques cinglés, mais une « utopie » revendiquée publiquement, devant les caméras, par de nombreux décideurs politiques et économiques, n’aura le droit de se lamenter ensuite de « n'avoir rien vu venir »…

David Engels (Tysol, 6 mars 2021)

Au Brésil, que pourra faire Lula ?

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Au Brésil, que pourra faire Lula ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Peut-on penser que l'annulation de sa condamnation pour corruption par un juge de la Cour Suprême le 8 mars 2021 permettra à l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit familièrement Lula de retrouver une activité politique ?

Désormais il pourra se présenter contre l'actuel président Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022. Selon des sondages, il n'est pas exclu qu'il soit élu. Son parti, le Parti des Travailleurs, bien représenté dans les milieux populaires, le poussera certainement dans ce sens.

Lula avait succédé à l'emblématique présidente Dilma Roussef, destituée au prétexte de maquillage des comptes publiques par le Sénat brésilien en août 2016 au terme d'une procédure montée en ce sens par l'opposition. Celle-ci ne lui pardonnait pas d'envisager pour redresser la situation économique de nationaliser les considérables gisements pétroliers et gaziers qui font l'essentiel de la richesse du Brésil.

Lula a déjà passé un an et demi en prison au prétexte de corruption, d'avril 2018 à novembre 2019, avant d'être libéré sur décision collégiale de la Cour suprême. En prison, il n'avait guère été traité mieux qu'un condamné de droit commun. Au moment où il avait été incarcéré, l'ancien chef de l'État était donné favori des sondages pour la présidentielle d'octobre 2018.

Les chances de Lula à la prochaine élection présidentielle paraissent cependant faibles, sans même mentionner son âge, 75 ans. Les mêmes acteurs politiques ayant sans preuves sérieuses accusé l'ancienne présidente Dilma Roussef et lui de corruption pour les chasser du pouvoir ne laisseront pas faire. Ceux qui avaient provoqué son emprisonnement trouveront une raison ou une autre pour continuer à le paralyser politiquement. 

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Il s'agit des couches supérieures de l'électorat qui détiennent toute la richesse financière du pays et refuseront le moindre retour à une politique de partage dcs richesses et à un minimum d'interventionnisme économique présentées par elles comme socialistes, sinon comme communistes.

Mais plus fondamentalement Jair Bolsonaro, l'actuel président, a toujours agi depuis son accession à la présidence comme le bras exécutif des Etats-Unis. Il se rend souvent à Washington ou reçoit avec des égards excessifs l'ambassadeur des Etats-Unis ou des hommes politiques américains très proches du pouvoir. Pour Washington, continuer à contrôler étroitement le Brésil constitue une arme essentielle afin d'empêcher qu'à travers lui, l'essentiel du continent sud-américain ne lui échappe et puisse éventuellement se rapprocher du BRICS. Rappelons qu'initialement le B de BRICS désignait le Brésil à côté de la Russie, de l'Inde de la Chine et de l'Afrique du Sud

Voir
https://www.huffingtonpost.fr/entry/au-bresil-lula-redevient-eligible-a-la-presidentielle-de-2022_fr_6046c2f9c5b6138d0878f8ad

mardi, 09 mars 2021

La Serbie et la Bulgarie construisent le nouveau pôle énergétique des Balkans

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La Serbie et la Bulgarie construisent le nouveau pôle énergétique des Balkans

Andrea Muratore

https://it.insideover.com/

La question soulevée par l'extension de la carte des gazoducs et de leurs infrastructures collatérales, avec lesquelles la Serbie et la Bulgarie visent à se tailler une place dans le jeu de l'énergie en Europe de l'Est reçoit peu d'attention. Belgrade et Sofia travaillent dur pour devenir des plaques tournantes fondamentales pour les routes de l'or bleu et pour se positionner stratégiquement dans la nouvelle géopolitique des gazoducs qui façonnent les routes et les équilibres entre l'Europe de l'Est, la Méditerranée et la région du Caucase.

En décembre, la construction du gazoduc Balkan Stream a été achevée, le complément européen de l'infrastructure Turkish Stream avec laquelle Ankara et la Russie ont créé une nouvelle voie d'accès pour le gaz vers le marché européen. Dans les documents officiels, le gazoduc, dont le nom a été proposé par le Premier ministre bulgare Boyko Borisov, est défini comme "l'expansion de l'infrastructure de transport de gaz naturel de la société Bulgartransgaz, qui s’effectue parallèlement au gazoduc principal du Nord jusqu'à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie" : c’est une prémisse nécessaire pour l'expansion du tracé vers la Hongrie que souhaite Viktor Orban.

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Le choix des pays que nous évoquons dans cette analyse va dans le sens de la construction de hubs régionaux destinés à permettre des interactions avec une multiplicité de fournisseurs. Par conséquent, la vision de Borisov et du président serbe Aleksandar Vučić de transformer les deux pays en un centre régional stratégique de distribution de gaz ne peut se limiter à une connexion russo-turque mais doit inclure d'autres options. Tout cela pour finaliser, entre autres, un projet d'expansion de la demande intérieure, et donc la garantie d'un approvisionnement à bas prix pour les populations des deux pays. La Bulgarie, dans le même temps, doit tenir compte de la stratégie énergétique européenne qui ne voit pas d'un bon œil une augmentation de la dépendance vis-à-vis de Moscou.

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Par conséquent, à un niveau intégré, Sofia et Belgrade explorent d'autres options, notamment l'Interconnecteur Bulgarie-Serbie (IBS) "béni" par Bruxelles, dont le chantier a récemment reçu la visite de la ministre bulgare de l'énergie Temenuzhka Petkova et du vice-premier ministre et ministre serbe de l'énergie Zorana Mihajlovic, et qui vise à construire une "liaison" de 120 km reliant les terminaux bulgares de Dimitrovgrad aux terminaux serbes de Nis afin d'ouvrir les portes de l'Europe également au gaz azerbaïdjanais provenant de la région de la mer Caspienne et au gaz naturel liquéfié stocké en Grèce. La société Bulgartranzgas de Sofia a annoncé qu'elle commencerait en mai et poursuivrait jusqu'en 2022 le projet de construction de la plaque tournante qui aboutira dans l'ancienne capitale romaine, la plus grande ville de Serbie orientale, et façonnera de nouveaux équilibres dans les routes énergétiques européennes.

Cette phase ouvrira la porte à un chevauchement entre les routes qui amènent le gaz russe au Vieux Continent et celles qui "pêchent" le gaz azéri, l'amenant à l'Ouest vers l'Italie avec le gazoduc Tap. A cela s'ajoutera le gaz naturel liquéfié dont la Grèce veut devenir un hub euro-méditerranéen avec le projet du Terminal de Stockage et de Regazéification (FSRU) d'Alexandroupolis, détenu à 20% par la société bulgare et qui peut fournir une capacité de stockage de 170.000 mètres cubes. Alors qu’IBS permettra un flux de 1,8 milliard de mètres cubes et aussi la possibilité d'ouvrir un marché sous-régional en ouvrant le flux inverse entre la Serbie et la Bulgarie.

Le projet IBS donne une perspective européenne à la stratégie serbo-bulgare, favorise le dialogue entre Belgrade et Bruxelles et promet d'apporter le développement et la croissance dans le domaine de l'énergie à deux pays aux économies fragiles et éprouvés par la pandémie. Elle témoigne du fait que la plus grande valeur ajoutée sur les marchés de l'énergie aujourd'hui est obtenue sur le front des infrastructures. L'investissement nécessaire de 85,5 millions d'euros verra également l'implication de la Banque européenne d'investissement, à la pointe du financement de projets à fort effet multiplicateur et à forte valeur ajoutée.

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Les conséquences pour la sécurité énergétique européenne peuvent être importantes, ainsi que celles pour la nouvelle perception géopolitique de la zone des Balkans, dans laquelle la Serbie et la Bulgarie peuvent devenir des points de référence sur ce marché stratégique. Ouverture à de nouvelles connexions pouvant intégrer les espaces qui vont de l'Europe de l'Est à la mer Caspienne, en passant par la mer Noire, dans un ensemble uni par la convergence des intérêts énergétiques et économiques. À cheval sur l'Est et l'Ouest, entre des acteurs majeurs tels que l'UE, la Russie et la Turquie, les petits et moyens acteurs régionaux cherchent leur propre espace. Les Balkans sont vivants et ne sont donc pas seulement un "objet" de la grande dynamique historique, comme le confirment d'autres mouvements comme celui posé par la Roumanie dans le domaine énergétique de l'hydrogène. La Serbie et la Bulgarie avancent avec un pragmatisme et un opportunisme qui confirment leur compréhension de l’enjeu en cours.