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mardi, 08 mars 2022

La contre-mesure diplomatique de Poutine pour étrangler l'Occident

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La contre-mesure diplomatique de Poutine pour étrangler l'Occident

Federico Giuliani

Source: https://it.insideover.com/economia/la-contromossa-diplomatica-di-putin-per-strozzare-loccidente.html

Des armes pour vaincre la résistance ukrainienne sur le champ de bataille. Une diplomatie, menée en parallèle et avec audace, pour s'assurer un précieux parapluie contre les sanctions occidentales. L'opération militaire de Vladimir Poutine en Ukraine consiste en deux directives qui vont dans le même sens et au même rythme. La tentative de la Russie semble plutôt évidente : créer un nouvel espace géopolitique au sein duquel opérer économiquement avec des acteurs capables de remplacer, en tout ou en partie, les désormais anciens partenaires européens et américains.

Il est impossible de ne pas regarder la Chine, dont le rôle, aux fins de l'avenir de la Russie, est d'une importance vitale. Bien sûr, Pékin condamne la guerre et espère la résolution pacifique de chaque conflit, mais cette opportunité est trop belle pour que Xi Jinping fasse complètement volte-face. D'autre part, le principal rival des Russes et des Chinois est les États-Unis, pris au piège, ou du moins concentrés malgré eux sur le siège de Kiev. Flatter Washington, surtout d'un point de vue psychologique, est trop tentant pour ceux qui voudraient proposer un modèle alternatif à celui des Etats-Unis.

C'est peut-être la raison pour laquelle, lors des derniers Jeux d'hiver Pékin 2022, et avant le 24 février, Xi et Poutine ont conclu quelques accords dont la signification stratégique n'est comprise que maintenant. Anticipant une possible tempête économique de sanctions et d'interdictions, Moscou a préféré être sûr de déverser son gaz et son pétrole dans une nation de 1,4 milliard d'habitants. Une belle clientèle qui, au moins à court terme, pourrait endiguer les effets des sanctions sur les Russes.

Les jeux du pétrole ?

Attention, toutefois, à l'Arabie saoudite. Au cours des dernières heures, bien que peu se soient attardés sur ce détail, il y a eu un appel téléphonique entre Poutine et Mohammed bin Salman Al Saud, le prince héritier saoudien. Selon les rapports du Kremlin, les deux dirigeants ont souligné, et avec satisfaction, que les pays membres de l'Opep+ remplissent leurs obligations.

Obligations contractées et Opec+ : le pétrole et l'Organisation des pays exportateurs et producteurs de pétrole

L'Opec+ implique les 14 membres de l'Opep (Arabie saoudite, Algérie, Angola, Équateur, Émirats arabes unis, Gabon, Guinée équatoriale, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar, Venezuela) et les producteurs non-OPEP, à savoir l'Azerbaïdjan, le Bahreïn, le Brunei, le Kazakhstan, la Malaisie, le Mexique, Oman, la Russie, le Soudan et le Sud-Soudan. Ce club produit environ 71% du pétrole mondial. Son objectif est, entre autres, de stabiliser les prix du pétrole en contrôlant les quotas de production.

Pour en revenir aux entretiens Poutine-Bin Salman, il est apparu que les membres de l'Opep+ "contribuent à assurer la stabilité du marché mondial du pétrole" et que la Russie et l'Arabie saoudite continueront à coordonner leurs approches dans ce cadre.

Le rôle de l'Arabie Saoudite

Le sujet des sanctions imposées à la Russie par divers pays occidentaux a également été abordé lors de l'appel téléphonique. Les deux dirigeants ont parlé du caractère "inacceptable" que revêt la "politisation" de la question de l'approvisionnement énergétique mondial.  "Les parties ont exprimé leur intérêt mutuel pour la poursuite du développement global du partenariat mutuellement bénéfique entre la Russie et l'Arabie saoudite et sont convenues de poursuivre les contacts à différents niveaux", peut-on encore lire dans la note du Kremlin.

En bref, en rassemblant tous les points, on ne peut exclure que la Russie ait non seulement cherché à obtenir davantage de certitudes de la part de l'Arabie saoudite, mais qu'elle tente également de trouver un moyen de déclencher une tempête de pétrole contre les pays occidentaux, ou quelque chose de similaire. De quelle manière ? En faisant entrer Ryadh dans le club formé par la Russie et la Chine. Il n'y a pas de certitudes, mais les hypothèses assez fortes ne manquent pas.

Reuters a rapporté deux nouvelles qui méritent d'être étudiées. Tout d'abord, bin Salman ferait pression sur le président américain Joe Biden pour qu'il le reconnaisse comme le véritable dirigeant du royaume et pour obtenir un appui plus fort dans la coûteuse guerre du Yémen. Ce serait l'une des raisons pour lesquelles le prince héritier résiste à la pression américaine pour pomper davantage de brut afin de faire baisser le prix du pétrole, qui a augmenté depuis le début de l'opération militaire russe en Ukraine. En outre, Ryadh souhaite maintenir en vie la relation pétrolière avec Moscou.

Venons-en au deuxième point : l'agence de presse saoudienne SPA, citant bin Salman lui-même, a écrit que l'Arabie saoudite a la possibilité de réduire ses investissements aux États-Unis. Pour mémoire, les investissements saoudiens à Washington et dans ses environs s'élèveraient à quelque 800 milliards de dollars. De même, bin Salman pourrait se rapprocher encore plus de la Chine pour boucler le cercle autour de la Russie.

lundi, 07 mars 2022

Guerre de désinformation, de droite et de gauche, au service de l'OTAN

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Guerre de désinformation, de droite et de gauche, au service de l'OTAN

par KontraInfo (6 mars, 2022) - https://kontrainfo.com/guerra-de-desinformacion-por-derecha-y-por-izquierda-al-servicio-de-la-otan-por-marcelo-ramirez/

Par Marcelo Ramírez

On entend souvent aujourd'hui des théoriciens de la guerre expliquer que la confrontation cinétique, comme on appelle les affrontements armés dans le jargon militaire, n'est que le dernier maillon d'une chaîne constituée d'actions de différents ordres allant du culturel au psychologique, en passant par l'économique ou le technologique.

Le concept de base est que la préparation d'une guerre implique l'affaiblissement préalable de l'ennemi. L'Art suprême de la guerre consiste à soumettre l'ennemi sans combattre, comme l'a déjà dit Sun Tzu au 6e siècle avant J.-C., et deux millénaires et demi plus tard, c'est toujours le cas.

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La confrontation entre la Russie et les États-Unis est bien plus que la guerre quisévit aujourd'hui en Ukraine, c'est une guerre menée sur de nombreux fronts où l'armée n'est qu'un des nombreux scénarios dans lesquels se joue la dispute entre deux modèles, l'Occident mondialiste libéral à base financière, d'une part, et, d'autre part, le reste de l'humanité. La Russie n'est qu'un acteur de plus, peut-être le plus déterminé, qui est le bélier d'un monde qui a commencé à dire "ça suffit" à la prédominance qui s'est transformée en hégémonie absolue après la chute de l'Union soviétique.

Les élites occidentales se sont retrouvées du jour au lendemain sans rival, à la vieille des années 1990, si bien que cela aurait pu signifier la dissolution de l'OTAN et la paix universelle, avec une vie plus heureuse, hélas, nous avons assisté à une concentration de plus en plus grande des richesses ainsi qu'à une augmentation de la belligérance menée par une OTAN qui sortait de son cadre d'opérations initial et qui, derrière des portes closes, a commencé, à partir de 2001 avec le 11 septembre, à créer un État policier dans lequel elle a accru le contrôle sur ses propres citoyens jusqu'aux extrêmes que nous connaissons aujourd'hui.

Le différend se pose alors face au déclin de l'Occident en termes productifs, technologiques et culturels et à la montée en puissance d'autres acteurs menés par la Chine et la Russie. Cette confrontation a entraîné plus de 100 sanctions occidentales contre la Russie depuis l'arrivée au pouvoir de Poutine jusqu'à aujourd'hui. La même chose a commencé à se produire pour la Chine lorsque l'Occident a perçu que la nation asiatique auparavant perméable, rentable et obéissante devenait une menace pour sa prépondérance.

Les modèles qui s'affrontent, l'un avec un corporatisme privé mondial, l'autre avec des Etats-nations forts qui subordonnent le pouvoir de l'argent aux décisions politiques, se traduisent depuis plusieurs années, en Occident, par des processus provoquant délibérément une confluence de mesures visant à ralentir d'abord, puis à détruire, la montée en puissance de ces puissances émergentes, plus faibles en apparence mais dotées d'un ADN historique propre des nations puissantes, présentant des modèles politiques différents mais unis face à la frousse qu'elles inspirent aux milieux mondialistes.

L'Occident a décidé que le temps de l'attente était écoulé, que le cours ascendant et la puissance accumulée par les plus fortes puissances émergentes devaient être stoppés car ils risquaient de devenir incontrôlable, l'anglosphère/américanosphère aurait ainsi perdu le contrôle des événements mondiaux dont elle avait bénéficié pendant des siècles.

Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Le mondialisme occidental, expression ultime de ce modèle capitaliste productif, devenu financier, qui a donné naissance à l'Anglosphère, a décidé que la dernière option disponible pour empêcher que le pouvoir mondial change de mains, que le dernier rapport à imposer, c'était la guerre.

C'est ce qui nous amène à un présent où les rebelles décident qu'il n'est pas opportun de s'emparer du pouvoir par la force des armes car les USA, en gros (car l'anémie militaire des puissances européennes est notoire), peuvent détruire le monde dans leur chute. La Russie et la Chine croient simplement que l'état de l'Occident est en phase terminale et qu'elles ne peuvent qu'attendre qu'il tombe sous le poids de ses contradictions, de sa corruption et de sa faiblesse intrinsèque. 

Cela détermine ce que nous voyons ces derniers temps, un Occident qui fait appel à tout ce qui est en son pouvoir pour éviter un déclin qui s'est déjà transformé en chute libre. Ainsi, nous trouvons aujourd'hui une Ukraine où des éléments marginaux s'identifient au nazisme et se voient attribuer un statut militaire, comme le bataillon Azov ou Aidar, qui expriment le suprémacisme racial du nazisme en appelant à l'extermination des Ukrainiens d'origine russe mais cette fois, contrairement au nazisme historique, en se mettant au service des États-Unis.

Ces groupes partagent un front commun avec les groupes djihadistes, dont beaucoup ont été amenés directement de Syrie ou ont ensuite fait de courts séjours dans d'autres conflits parrainés par la CIA et le MI6.

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Ce qui est éclectique à première vue, ce qui serait incompatible comme l'huile et l'eau, est émulsifié sous le parapluie de l'OTAN. Il est donc clair que, de l'opération Gladio en Europe au djihadisme islamique, tout répond du même cerveau.

Tout cet aspect idéologique culturel est soutenu par deux pouvoirs conventionnels, la presse et les structures financières.

L'Occident utilise l'information comme une arme pour créer un monde de fumée et de miroirs afin de contrôler l'opinion publique, du moins dans ses propres sociétés, et d'essayer de secouer celles des autres. La campagne médiatique choquante déclenchée n'a jamais été vue auparavant, pas même à l'époque de la guerre du Golfe. Vous pouviez y trouver des voix dénonçant ce qui se passait, des voix minoritaires, mais des voix qui existaient quand même.

Bien sûr, le niveau du journalisme et des "spécialistes" était bien plus élevé qu'aujourd'hui, de simples répétiteurs des idées des autres, sans vol propre et sans même l'intention d'en avoir un.

Nous voyons alors comment chacune des actions et chacun des acteurs sont présentés de manière inverse à la réalité : celui qui a été persécuté pendant des décennies est présenté comme le persécuteur, celui qui est violé est l'agresseur, et celui qui est innocent est coupable.

Sur cette base, ils construisent un récit prétendument éthique et moral qui déforme et manipule les informations dans ce sens et s'appuie sur des mensonges systématiques et répétitifs. Sachant que la plupart des gens n'ont ni les informations ni le temps de savoir ce qui se passe, ils fixent les concepts au fur et à mesure.

Si un citoyen se sent plus concerné, il devra faire face à la cataracte des spécialistes dont les think tanks ou les académies sont soutenus par le mondialisme lui-même avec son réseau d'ONG et de fondations associées à des organisations internationales. Qui s'élèverait contre ceux qui les nourrissent ou, dans ce cas, financent leurs études et leurs conférences à l'étranger ?

Si cela ne suffit pas, il existe un réseau politique qui soutient les politiques atlantistes. D'un côté, nous avons le libéralisme classique qui ne cache pas son amour pour les États-Unis, soutenant explicitement ses politiques et se battant pour être ses représentants dans leurs pays, tandis que pour ceux qui se méfient des États-Unis, nous avons un menu à la carte.

S'ils sont des amoureux du capitalisme du 18e siècle, nous avons un groupe hétéroclite de libertaires, dont le blason les distingue des libéraux classiques, mais dont le noyau intérieur est le même. D'un point de vue critique des États-Unis, ou du moins formel, ils décident que tout est pareil et que Poutine est pareil à Biden.

La stratégie est simple, ceux qui ne peuvent être convaincus que le modèle anglo-américain est le meilleur de l'humanité sont placés sur une étape critique qui égale ceux qui cherchent un autre modèle.

Nous verrons des appels à une liberté abstraite et l'invocation de modèles inexistants dans l'histoire qui leur permettent d'être critiques envers la réalité en proposant quelque chose de magique et d'absent.

Ceux qui critiquent des états de chose en place au départ du discours utopique, qui s'avère toujours impraticable, ne développeront jamais une vision réaliste mais la présence bruyante de leurs discours parvient à freiner tout soutien à la Russie et à son peuple.

Curieusement, un fragment d'une expression de Klaus Schwab apparaît qui parle de Poutine comme d'un jeune homme prometteur, permettant une offensive libertaire dans sa sphère naturelle, qui est l'internet, avec des images incendiaires et des titres jaunes chargés d'épithètes envers le leader russe. Ne leur demandons pas de comprendre un quelconque contexte, tel que la Russie libérale des années 1990 avec Boris Eltsine, qui a rendu impossible toute ascension politique en dehors de ces voies.

L'important est de comprendre les politiques de Poutine une fois au pouvoir, ce qu'il fait réellement et si cela est compatible avec les politiques mondialistes du Forum de Davos, par exemple. Sans comprendre cela, nous arrivons à de mauvaises conclusions, tout en emprutant le chemin que le mondialisme lui-même trace, en semant des miettes de pain pour nous amener au but qu'il veut nous faire atteindre.

Les libertaires, se faisant l'écho des fake news et des auteurs liés à la CIA ou au MI6, diffusent leur position hostile à l'égard de la Russie et de la Chine tout en abjurant l'État, le nationalisme et la religion, éléments qui sont au cœur de la politique de Poutine.

De curieuses coïncidences qui alimentent les soupçons quand on voit les espaces que leur laissent les réseaux et les médias ainsi que les financements généreux qui leur permettent d'augmenter le nombre de leurs followers en faisant appel aux services de sociétés dédiées à l'augmentation du trafic sur les réseaux sociaux.

Si l'on ajoute à cela l'expérience antérieure de leur formation dans des universités ou des centres liés au Pentagone et le financement généreux, une fois de plus, qui leur permet de publier des livres, de donner des conférences dans différents pays et de générer des actions de marketing, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi maintenant, en ce moment même, l'offensive anti-Poutine apparaît avec des arguments typiques de la CIA.

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Le progressisme et le "néo-marxisme" font également partie du tableau de la guerre de l'information et de la culture qui conditionne ensuite les volontés et permet de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils se joignent aux sanctions.

Des présidents comme Boric, la social-démocratie européenne, les organisations de défense des droits de l'homme comme Amnesty International, sont des accessoires pour confondre leurs partisans qui croient qu'ils luttent contre le fascisme... en soutenant le nazisme ukrainien.

Les différentes ONG ont bien travaillé pour cela, les féministes disant que Poutine est sexiste et misogyne, les groupes comme les Femen, les ONG LGBTQ+ parlant d'homophobie et de persécution en Russie et en Ukraine, sont celles qui préparent l'atmosphère pour que les indécis finissent par soutenir l'OTAN.

Sans parler de certains hispanistes qui croient que se ranger du côté de ceux qui occupent Gibraltar et les Malouines, c'est défendre l'Hispanidad, un monde qui a été désarticulé par l'Empire britannique, c'est défendre les intérêts de ce monde, ils complètent un tableau qui vise à affaiblir la menace qui pèse sur le modèle occidental moribond.

Il s'agit de la préparation préalable aux actions militaires que l'OTAN recherche dans une course folle pour empêcher l'inévitable, déclenchant une escalade qui pourrait se terminer par une guerre thermonucléaire qui anéantirait des milliards de personnes sur terre, détruisant l'économie actuelle.

Plus alarmant encore, il existe des groupes puissants qui défendent la nécessité de réduire la population pour répondre aux exigences des nouvelles technologies.

Ce que nous voyons aujourd'hui est une guerre mondiale à différents niveaux, l'un des rares que domine encore l'Occident est la communication, et c'est ce qui nous fait voir que la Russie avait tort, que son économie va être pulvérisée et qu'elle est seule.

Cependant, les faits réels montrent que la Chine remplacera SWIFT dans une large mesure, que la Russie placera ses produits et obtiendra ce dont elle a besoin auprès de pays comme la Chine, l'Inde, les pays de l'ANASE, le Brésil, le Mexique, l'Amérique latine, surtout l'Afrique, le Pakistan. Même Israël se déclare neutre et la Turquie comprend de nombreuses actions russes.

Tout cela montre que le grand perdant est l'Europe, et que les États-Unis sont affaiblis parce que leurs partenaires déjà en déclin, maintenant avec le déclin de l'énergie et de nombreuses matières premières russes, verront leurs économies chuter précipitamment et leur poids mondial diminuer brusquement.

Le monde réel n'est pas celui que nous montrent les médias officiels et alternatifs sous leur contrôle. Les premiers mouvements montrent qu'en dehors de l'écume de la propagande, la situation est négative pour l'Occident à moyen terme, et c'est précisément ce qui augmente le danger de guerre.

La guerre mondiale à l'Est

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Stefan Schubert

La guerre mondiale à l'Est

Ex: https://kopp-report.de/der-weltkrieg-im-osten/

D'un point de vue purement militaire, la guerre en Ukraine est un conflit militairement limité, comme on le dit sobrement dans le jargon militaire. Mais les sanctions ont pris une telle ampleur et une telle dynamique que leurs effets s'apparentent à une bombe atomique économique. La destruction totale de l'économie russe est désormais l'objectif ouvertement revendiqué par l'Occident. Mais cette bataille finale comporte des risques considérables, tant pour la puissance économique allemande que pour la situation militaire à l'Est. Ce n'est rien de moins que jouer avec le feu, car personne n'est en mesure de prédire comment un Vladimir Poutine ébranlé et acculé va réagir.

La plus haute fonctionnaire de l'UE, Ursula von der Leyen, qui n'a pas été élue à ce poste mais qui doit son pouvoir uniquement à ceux qui tirent les ficelles dans les coulisses, est en mode guerre depuis plusieurs jours. Cela surprend beaucoup l'observateur objectif, car pas un seul coup de feu n'a été tiré sur un pays membre de l'UE. Ce qui est encore plus déconcertant, c'est la motivation de von der Leyen pour faire avancer le "mode guerre" au sein de l'UE.

Une telle volonté d'action de sa part a non seulement manqué à tous les soldats de la Bundeswehr pendant son mandat de ministre de la Défense, et c'est exactement le contraire qui s'est produit.

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Lors d'entretiens personnels, des officiers d'élite ou haut gradés la caractérisaient comme la "fossoyeuse" de la troupe en raison de son action qui fut quasiment destructrice. Comme elle a été intronisée par Angela Merkel, qui a représenté la déstabilisation de l'Allemagne comme aucun autre chancelier, la boucle est bouclée. Von der Leyen parle désormais ouvertement de la destruction de la base économique de la Russie. De tels fantasmes de destruction contre les 145 millions d'habitants du grand pays de l'Est ont une connotation plus que déconcertante au regard de l'histoire commune du siècle dernier.

Il faudrait plusieurs pages pour simplement énumérer les innombrables sanctions contre la Russie : l'exclusion des banques russes de SWIFT s'est accompagnée de la privation des Russes d'une grande partie de leurs propres réserves d'or et de devises, d'une valeur de plus de 600 milliards de dollars. La FIFA, l'UEFA et le Comité olympique ont exclu des athlètes et des équipes russes, et une chasse publique aux milliardaires russes, les oligarques, a été lancée. Ils ne sont pas accusés d'avoir participé à la guerre en Ukraine, mais seulement d'être "proches" de Poutine.

Le vieil homme blanc américain Joe Biden, dans son premier discours sur l'état de l'Union, a lancé à la face des milliardaires russes, et sans doute à celle de Poutine lui-même, la déclaration de guerre suivante : "Nous allons prendre vos yachts, vos appartements de luxe et vos jets privés".

Malgré tout son zèle, l'Occident, qui se pose comme si moralement supérieur, semble, ces jours-ci, ne plus accorder aucune importance aux bases juridiques de ces expropriations et confiscations. La classe supérieure russe doit désormais se trouver dans la quasi impossibilité de séjourner en Europe et en Amérique à cause des sanctions et du durcissement de la politique des visas. Roman Abramovitch, entre autres - qui est encore propriétaire du club de football londonien FC Chelsea, serait en train d'essayer de vendre sa villa de 180 millions d'euros et son penthouse londonien de trois étages pour 26 millions de livres.

Le message de l'UE et des Américains pour les oligarques s'assène à coups de maillet. Ceux qui sont avec Poutine, même s'ils sont neutres, ne pourront ni gagner ni investir de l'argent en Occident, et même les longues vacances en yacht sur la Côte d'Azur tomberont à l'eau. Mais le véritable message de ce message va bien au-delà des projets de vacances, car il met en œuvre un appel direct au coup d'État contre Poutine. Ce n'est que si les milliardaires russes s'opposent ouvertement à Poutine et participent à un changement de régime, sous quelque forme que ce soit, qu'il y aura un avenir pour eux et leurs enfants en Occident. Cette déclaration de guerre de l'Occident va créer un front mondial qui risque d'entraîner la nouvelle puissance mondiale, la Chine, dans le conflit. En effet, la Chine s'est jusqu'à présent exprimée de manière pro-russe et pourrait atténuer bon nombre des sanctions imposées par l'Occident. Au plus tard dans ce cas, le conflit ukrainien se transformerait en une guerre économique mondiale.

Les Russes sont les nouveaux non vaccinés

Bien entendu, nous compatissons avec les Ukrainiens et ils ont besoin de notre aide. L'armée russe a envahi le pays sur ordre de Poutine. Point final. L'expansionnisme de l'OTAN vers l'Est a certes pu être l'un des déclencheurs, mais il ne justifie pas la guerre contre le pays voisin. Surtout maintenant, alors que la stratégie militaire risque de changer. La guerre éclair s'étant enlisée, le nombre de victimes dans les villes risque désormais d'être élevé. Les chars, les tirs de missiles et les attaques aériennes menacent de détruire les centres-villes et les infrastructures.

Mais, malgré toutes les critiques, qu'y peuvent les plus de 3 millions de personnes d'origine russe qui vivent en Allemagne ? L'incitation de certains groupes de la population contre d'autres, qui, eux, seraient bien ciblés par la politique et les médias contrairement à certains, tient la république en otage depuis des années déjà et la polarise. Les effets de cette incitation de masse frappent maintenant les Russes en Allemagne.

Les réseaux sociaux montrent un petit supermarché russe dans la Ruhr dont les vitrines ont été brisées et dont la façade a été recouverte de peinture blanche. Un restaurateur allemand a immédiatement déclaré que toutes les personnes ayant un passeport russe étaient des personnes indésirables qu'il refusait de servir. Même les jeunes enfants ne sont pas épargnés par cette société civile qui se targue d'être si tolérante. Sur les réseaux sociaux, une vidéo devient virale : un père tente de parler à une enseignante de son fils qui est rentré à la maison perturbé. L'enseignante, qui serait une de ces auxiliaires qui aident les élèves à faire leurs devoirs, cela n'est pas clairement établi, avait forcé le garçon à enlever sa veste préférée, car il s'agissait d'une veste de l'équipe olympique russe.

La bien-pensante, dûment idéologisée, a alors prononcé la phraséologie typique de ces derniers jours, celle qui évoque la "solidarité" avec l'Ukraine et autres. Nous en sommes arrivés là dans ce que nos dirigeants et nos idéologues appellent "la meilleure Allemagne de tous les temps".

dimanche, 06 mars 2022

La revue de presse de CD - 06 mars 2022

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La revue de presse de CD

06 mars 2022

EN VEDETTE

La chaîne russe RT France fermée sans procès : une décision qui fait peur

« Cette chaîne n’est pas disponible dans votre pays ». Le message s’affiche désormais en blanc sur fond de bandeau rouge sur le site de RT France, la déclinaison française de la chaîne russe Russia Today. Après Facebook et Instagram lundi soir, YouTube a à son tour bloqué mardi le flux vidéo des médias russes Russia Today (RT France) et Sputnik. Une décision « avec effet immédiat » justifiée par Youtube auprès de l’AFP par « la guerre en cours en Ukraine ». Selon Russia Today, contactée par BV ce 1er mars vers 16h45, la chaîne fonctionnait toujours sur Twitter et continuait à émettre sur Free, CanalSat et Molotov.

Bvoltaire.fr

https://www.bvoltaire.fr/la-chaine-russe-rt-france-fermee...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

« Devant les sénateurs : saint Xavier, comédien et martyr », par Aude Lancelin

Le jeudi 18 février dernier, c’était au tour de Xavier Niel, patron du groupe Le Monde, d’être auditionné au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête visant à évaluer l’impact de la concentration des médias en France sur la démocratie. Beaucoup de mensonges, de storytelling et de bluff, qui ne laisse rien augurer de bon quant à l’issue d’une commission où les grands oligarques français de l’information auront été approximativement interrogés et constamment ménagés

QG.media

https://qg.media/2022/02/21/devant-les-senateurs-saint-xa...  

« Le Seigneur des anneaux » d’Amazon souille le chef-d’œuvre de Tolkien

La plus grande menace de la Terre du Milieu et du monde du Seigneur des anneaux n’est plus Sauron ou Morgoth, mais les wokes. 

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/05/422688-le-seigneu...

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Le Media Development Investment Fund : arme financière des réseaux d’influence médiatique de George Soros

Anciennement “Media Développement Loan Fund” de 1995 à 2013, le Media Development Investment Fund (MDIF) est destiné à soutenir financièrement « les entreprises indépendantes du secteur des médias et de l’information opérant dans des environnements difficiles, surtout dans les pays ayant un passé en matière d’oppression de la presse ».

ojim.fr

https://www.ojim.fr/media-development-investment-fund-geo...

ÉCOLOGIE

Agriculture européenne : Farm to Fork ou N’importe Quoi

Le volet agriculture et alimentation du « green deal » connu sous le nom de stratégie « Farm to Fork » est une catastrophe qui va fragiliser encore plus l’Europe.

Contrepoint.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/05/422765-agricultur...

5 démentis sur l’utilité des éoliennes en mer ou sur terre

Voici cinq arguments faux sur les éoliennes en mer ou sur terre.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/03/422640-5-dementis...

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ÉTATS-UNIS

Afrique de l’Ouest : Quand les protégés des États-Unis multiplient les coups d’État

Neuf protégés des États-Unis ont renversé des gouvernements depuis 2008, dont l’un la semaine dernière. Pendant ce temps, les attaques extrémistes ont augmenté de 70 %.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/afrique-de-l-ouest-quand-les-pr...

Brève analyse de la politique étrangère américaine

« Mais je soutiens que les crimes commis par les États-Unis durant cette même période [depuis 1945] n’ont été que superficiellement rapportés, encore moins documentés, encore moins reconnus, encore moins identifiés à des crimes tout courts. » Harold Pinter, Prix Nobel de la paix 2005.

Breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/03/03/180796/politique-e...

FRANCE

Médecins étrangers en France : le scandale continue

L’annonce a fait peu de bruit, mais l’information est d’importance : 1 200 médecins algériens vont bientôt arriver en France pour y exercer leur activité professionnelle. Le gouvernement français favorise ainsi le départ de professionnels qualifiés du Maghreb, sans résoudre pour autant en profondeur le problème récurrent du manque de médecins qui sévit dans notre pays depuis plusieurs années. Pire, il crée d’autres problèmes dans les pays d’origine des professionnels de soins qui arrivent en France.

Polémia

https://www.polemia.com/medecins-etrangers-en-france-le-s...

GAFAM

Une société américaine de surveillance affirme que l'iCloud d'Apple est un atout "phénoménal" pour les forces de l'ordre

Lors d'une présentation non publique, un représentant de la société américaine de surveillance PenLink a fait l'éloge de l'iCloud d'Apple, le qualifiant de "phénoménal". Certes, Apple ne déverrouille pas les iPhone à la demande des forces de l'ordre, mais leurs sauvegardes dans l'iCloud sont remises après l'obtention d'un mandat de perquisition. Ainsi, l'iCloud d'Apple permettrait de consulter les iPhone et de demander l'emplacement exact de suspects via Google et Facebook. Les messages WhatsApp pourraient également être lus via les sauvegardes - pour autant que ceux-ci ne soient pas chiffrés

Developpez.com

https://www.developpez.com/actu/331436/Une-societe-americ...

La tech française dans la guerre des données

Nouvelle bataille entre les États-Unis et l’Europe quant à la gestion des données personnelles. Cette fois-ci, c’est Facebook qui lance l’offensive, ouvrant un risque majeur pour les entreprises européennes. 

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/charles-degand-angelsquare/...

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L'esclavage numérique et la fin de l'enseignement

Le monde de l'éducation a été totalement happé par l'engouement pour la numérisation. A l'occasion de la pandémie, le GAFAM s'est frotté les mains. De manière anarchique d'abord, puis, formellement ou non, de concert avec les administrations, les géants technologiques ont profité du choc pandémique (la "Shock Doctrine" de Naomi Klein s'applique ici à la perfection) pour usurper les fonctions pédagogiques qui n'appartiennent qu'aux parents, aux instituteurs et aux professeurs.

euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/02/27/l...

GÉOPOLITIQUE

Souveraineté alimentaire et développement durable, entretien avec Thierry Pouch

La forte hausse des prix de l’alimentation a fait prendre conscience de l’enjeu de la souveraineté alimentaire. Méthodes de production, intrants et produits chimiques, maitrise des flux commerciaux, les enjeux alimentaires sont immenses, d’autant que la demande de nourriture est croissante. Entretien avec Thierry Pouch, membre de l’Académie d’Agriculture de France, pour mieux en saisir les enjeux.

Revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/souverainete-alimentaire-et...

LECTURE

« Les infiltrés. Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État », de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre. Allary Éditions, 2022

Présentation :

« C’est l’histoire d’un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l’intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l’État. Gestion de la pandémie et de l’hôpital, stratégie militaire, numérisation de nos services publics… : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignements. […] Ce livre relate ce suicide assisté. » (extrait de la 4e de couverture)

Auteurs :

Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre sont grands reporters à l’Obs. Le premier à notamment participer à l’excellent témoignage de Frédéric Pierucci, « Le piège américain : l’otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique raconte » (JC Lattès, 2019) sur l’affaire Alstom.

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Extraits :

« Les responsables de la santé publique parlent entre eux du ‘’paradoxe du serpent’’. Ou comment l’État paie deux fois. La première pour que des cabinets l’incitent à rogner les budgets, la seconde pour que ces mêmes cabinets l’aident à suppléer les carences qu’ils ont eux-mêmes contribué à organiser ».

« Les consultants américains sont les héritiers du taylorisme. Dans les années 1980, ils vont appliquer la même ‘’organisation scientifique du travail’’ à la démanteler à coups de privatisations, et transforment les fonctionnaires, du moins ceux qui ont échappé à la purge, en ouvriers de bout de chaîne, privés d’autonomie et soumis à des reportings permanents. »

« A la fin des années 2010, McKinsey a été mis en cause par la justice américaine pour avoir joué un rôle, au travers de ses conseils aux grands laboratoires, dans la surprescription de médicaments à base d’opiacés, qui a coûté la vie à 500 000 personnes aux Êtats-Unis. En février 2021, McKinsey a accepté de verser 573 millions de dollars pour éteindre les poursuites. »

« En 2007, le maître d’œuvre de la RGPP [La révision générale des politiques publiques] s’appelle Éric Woerth. Personne ou presque ne le note à l’époque, mais avant d’exercer en politique, il a travaillé pendant vingt ans dans le conseil : chez Bossard Consultants, précurseur français de la diffusion du New Public Management, puis chez le géant de l’audit Arthur Andersen. »

« ‘’Emmanuel Macron ? C’est l’idole des consultants ! Tout simplement parce qu’il est comme eux.’’ Alain Minc nous livre ce diagnostic en octobre 2021, lorsque nous l’interrogeons sur le rapport singulier du chef de l’État avec les ‘’infiltrés’’ » 

« Les cabinets, en investissant la bataille des idées, incitent leurs clients (privés ou publics) à acheter leurs prestations. Ce n’est jamais dit comme ça évidement. La ‘’com’’ des consultants est plus subtiles. Mais le ‘’diagnostic-vente’’ revient à être juge et partie. Et si pour la présidentielles 2022, ils affichent ouvertement leur programme, en réalité, cela fait longtemps qu’ils labourent le terrain, y compris auprès de la fine fleur des économistes. »

« Henri Verdier, qui était le directeur interministériel du numérique jusqu’en 2018, est bien placé pour le savoir. Il n’a cessé d’entendre au sein de ses équipes : ‘’Nous avons deux soucis, les GAFAM et les CASSOS’’. Soit d’un côté les Américains Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft et de l’autre les Français Capgemini, Atos, Sopra Steria, Orange, et SIA Partner. Les CASSOS, donc. Un vilain sigle pour ces entreprises florissantes. ‘’Sans elles, l’État ne sait plus faire’’, reconnaît cependant Henri Verdier, normalien et ex-créateur de start-up. L’État est devenu accro : il a pris l’habitude de se retrouver au consulting informatique sans songer à former ses propres experts. »

« ‘’On a créé des tas d’échelons intermédiaires (l’unité, le pôle, le groupe hospitalier) qui ont chacun leurs tableaux Excel pour suivre de soi-disant indicateurs de qualité. Mais les tableaux donnent une vision virtuelle de l’hôpital, pas une vision réelle’’, constate de son côté le professeur André Grimaldi, qui s’inquiète encore pour l’avenir : ‘’Cette organisation en chaîne de production a fini par dégrader la qualité des soins, en poussant les médecins à délaisser ce qui ne peut pas être valorisé par les indicateurs’’. […] ‘’Ce qui était vendu comme un indicateur de qualité était en fait un indicateur de productivité’’, raconte le chercheur Nicolas Belorgey. »

« La montée en puissance du consulting est en effet concomitante de la déresponsabilisation progressive du personnel politique, paniqué à l’idée de devoir rendre des comptes jusque devant un tribunal. Une dérive que la Cour des comptes dénonçait, dès 2014, jugeant très ‘’contestable (…) l’utilisation des consultants comme cautions techniques des décisions de l’Administration, parfois en doublons avec des avis internes, avec pour objectif ou conséquence une dilution de la responsabilité des décideurs publics.’’ »

« La priorité consiste à stopper un processus de privatisation larvée afin de bâtir un futur commun. Ministres et hauts fonctionnaires doivent en urgence se ‘’désintoxiquer’’ du consulting, réapprendre à penser par eux-mêmes, et cesser d’être les faire-valoir des grands cabinets américains. C’st au prix de cet effort qu’ils redeviendront ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être, d’authentiques responsables politiques. A l’heure où nous terminons ce livre, alors que la campagne présidentielle bat son plein, les consultants sont déjà à la manœuvre. Frédéric Lemoine – huit ans chez Capgemini puis chez McKinsey – s’est vu charger par Valérie Pécresse de penser son programme. Et c’est à une autre ancienne de McKinsey, Marguerite Cazeneuve, qu’Emmanuel Macron a confié le soin de réfléchir à sa future réforme des retraites. Cela pose une question cruciale ! qui décide de notre avenir et du périmètre d’action de notre État ? »

PROCHE ORIENT

L’apartheid d’Israël contre les Palestiniens : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité

L’apartheid d’Israël contre les Palestiniens : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/l-apartheid-d-israel-contre-les...

RUSSIE

L’eau. L’autre enjeu de la guerre en Ukraine. Entretien avec Franck Galland

L’eau potable, comme la question des vivres, est un sujet primordial, bien que souvent négligé dans l’analyse des conflits armés. Cette ressource qui nous paraît si abondante et facile d’accès dans le monde occidental n’est pas une réalité pour tous. Ce sont des défis auxquels les stratèges Russes comme Ukrainiens vont devoir résoudre tout au long de cette guerre. Décryptage avec Franck Galland, spécialiste des questions sécuritaires liées aux ressources en eau.

Revueconflits.com

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SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Pendant que l’Ukraine flambe, le puçage des populations continue

On ne sait pas comment s’achèvera le triste cirque ukrainien, mais rien ne semble vouloir arrêter l’asservissement des peuples. On détourne notre attention avec l’incohérence crasse maintenant habituelle (on veut la liberté des Ukrainiens mais on est farouchement contre celle des Français, non vaccinés, pas assez pucés-passés-QRCodisé, par exemple), mais c’est malheureusement pour mieux laisser toutes les autorités occidentales fabriquer nos propres chaînes, placer nos propres barreaux à la prison que nous nous construisons avec application.

Contrepoints.org

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Sur la situation géopolitique dans les Caraïbes

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Sur la situation géopolitique dans les Caraïbes

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitica.ru/article/o-geopoliticheskom-polozhenii-v-karibskom-basseyne

La transformation des processus clés de la politique mondiale et l'intensification de l'action de la Russie en Amérique latine obligent à regarder de plus près la région située à proximité immédiate des États-Unis - les Caraïbes, qui sont un carrefour pour les intérêts de nombreuses grandes puissances.

La plupart des acteurs de la région sont de petits pays, même s'il existe des géants comme le Mexique et le Venezuela. Certains sont des clients des Etats-Unis, un certain nombre ont des politiques indépendantes et sont en bons termes avec la Russie. Mais la plupart préfèrent trouver un équilibre.

En raison de sa proximité avec les États-Unis, Washington a toujours accordé une attention particulière à la région. En 1983, alors que la guerre froide faisait encore rage, les États-Unis ont lancé l'Initiative du bassin des Caraïbes (ICB), qui est devenue la pierre angulaire de l'interaction économique entre les États-Unis et les Caraïbes.

L'idée était de fournir une aide économique à la région afin de faire des États de la région des satellites fiables. Il s'agissait d'une sorte de soft power visant à contrer toute influence de l'Union soviétique et de ses alliés, surtout de Cuba. Officiellement, comme aujourd'hui, elle était justifiée par la nécessité de promouvoir et de renforcer les démocraties des Caraïbes.

L'ICB se compose de deux programmes commerciaux destinés aux pays et territoires des Caraïbes et d'Amérique centrale : la loi sur la relance économique des Caraïbes (CBERA) et la loi sur le partenariat commercial des Caraïbes (CBTPA).

Aujourd'hui, l'ICB fournit des avantages à 17 pays dans le cadre de la CBERA, dont huit sont également bénéficiaires de la CBTPA. La CBERA est imprescriptible et la CBTPA a été re-prolongée par le Congrès américain jusqu'en 2030. Les États-Unis offrent aux pays des Caraïbes un accès favorable à leur marché, ainsi qu'une impulsion en faveur de réformes libéralisées.

En 2016, la loi sur l'engagement stratégique États-Unis-Caraïbes a été adoptée, qui vise à accroître l'engagement avec les gouvernements, le secteur privé et la société civile dans la région. Les États-Unis partent du principe qu'ils n'ont pas encore tiré suffisamment d'avantages des Caraïbes et vont identifier divers points focaux pour s'engager, c'est-à-dire accroître leur influence.

Les États-Unis sont le premier partenaire commercial des Caraïbes et, à leur tour, les Caraïbes sont le sixième partenaire commercial des États-Unis, avec 35,3 milliards de dollars passant entre eux chaque année. En 2017, la région était le troisième marché d'exportation américain de produits manufacturés en Amérique latine, après le Mexique et le Brésil.

Toutefois, en dehors de l'accord de libre-échange entre la République dominicaine et l'Amérique centrale (CAFTA-DR), les pays des Caraïbes ne disposent pas d'accords de libre-échange bilatéraux avec les États-Unis, n'ayant accès aux marchés américains que par le biais de l'ICB.

Présence militaire américaine

Les États-Unis restent le principal partenaire des Caraïbes en matière de coopération sécuritaire. La région abrite sept bases militaires américaines clés qui font partie du Commandement sud des États-Unis (SOUTHCOM), et la sécurité a été un élément central de la stratégie américaine dans les Caraïbes [i]. Les bases américaines actives en Amérique latine sont connues sous le nom de "Forward Operation Locations" (FOL) ou Cooperative Security Locations (CSL).

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Ironiquement, l'une des bases est située à Cuba, dans la province de Guantanamo et représente en fait l'occupation illégale de la République depuis 1959. Le Honduras possède une base à Palmerola/Soto Cano, qui abrite environ 500 militaires américains + 600 entrepreneurs civils (dont des ressortissants honduriens).

Au Salvador, les avions de l'US Navy et de la Drug Enforcement utilisent l'aéroport international de Comalapa. La garnison qui s'y trouve fait partie du Joint Interagency Group basé à Key West, en Floride. Les îles de Curaçao et d'Aruba, qui sont des territoires d'outre-mer des Pays-Bas, ont rendu leurs territoires disponibles pour une présence militaire américaine.

L'armée américaine est assistée par les garde-côtes néerlandais. Une base militaire américaine existe à Antigua depuis la Seconde Guerre mondiale. L'US Air Force loue désormais le site au gouvernement d'Antigua. Aux Bahamas, il existe un centre pour tester les nouvelles armes sur l'île d'Andros. Il est associé à la marine américaine, mais d'autres membres de l'OTAN - Canada, Danemark, Allemagne, Grèce, Italie, Norvège, Grande-Bretagne - sont régulièrement présents sur le site. Enfin, l'armée américaine utilise régulièrement le port principal du Panama à Basco Núñez de Balboa pour le ravitaillement en carburant et le déchargement [ii].

Au large des côtes du Panama, l'armée américaine mène continuellement depuis 2003 des exercices militaires PANAMAX sous le prétexte de sécuriser le fonctionnement du canal. Il est intéressant de noter qu'aucune menace n'a jamais pesé sur le canal [iii].

La stratégie 2017-2027 de l'US SOUTHCOM indique que les défis potentiels futurs comprennent les réseaux de menaces transrégionaux et transnationaux qui incluent les organisations criminelles traditionnelles ainsi que la capacité croissante des organisations extrémistes telles que l'ISIL et le Hezbollah opérant dans la région, en utilisant les institutions faibles des Caraïbes et de l'Amérique latine. L'US SOUTHCOM note également que la région est "extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles et aux épidémies de maladies infectieuses" en raison des problèmes de gouvernance et d'inégalité.

Enfin, le rapport reconnaît la présence croissante de la Chine, de l'Iran et de la Russie dans la région et que les intentions de ces pays constituent "un défi pour toute nation qui valorise la non-agression, l'état de droit et le respect des droits de l'homme" [iv]. Ces préoccupations ont servi de prétexte pour renforcer les relations entre les États-Unis et les gouvernements de plusieurs pays de la région.

Dans ce cadre, l'Initiative de sécurité du bassin des Caraïbes (CBSI) est un partenariat de sécurité collaborative qui soutient la coopération en matière de lutte contre le trafic, de prévention du crime et d'initiatives de sécurité citoyenne.

Entre 2010 et 2018, le programme a dépensé plus de 556 millions de dollars. Le programme se concentre sur la coopération maritime et aérienne, le renforcement des capacités d'application de la loi, la sécurité des frontières et des ports, la réforme judiciaire et la prévention de la criminalité chez les jeunes à risque. Il implique le Bureau des affaires internationales de stupéfiants et de répression, le ministère de la Défense et l'Agence américaine pour le développement international.

Le rôle de la Chine, les intérêts de la Russie et d'autres pays

Fait important, entre 2002 et 2019, le commerce entre la région et la Chine a été multiplié par huit, passant de 1 à 8 milliards de dollars. Malgré l'existence du Forum de coopération économique et commerciale Chine-Caraïbes, les relations commerciales reposent essentiellement sur des accords bilatéraux, qui permettent à la Chine d'exporter principalement des produits manufacturés de grande valeur.

Le commerce sur les marchés chinois reste cependant largement unilatéral ; la CARICOM n'a pas d'accord d'accès préférentiel avec la Chine, qui a toujours un énorme excédent commercial dans la région. Grâce à sa présence croissante dans les Caraïbes, la Chine a de plus en plus attiré les partenaires commerciaux de longue date de Taïwan ces dernières années, alors même que Taïwan continue de proposer des accords de libre-échange bilatéraux dans le cadre d'une lutte d'influence.

Quatre des 15 pays qui reconnaissent Taïwan se trouvent dans les Caraïbes. Néanmoins, ces pays ont toujours un volume d'échanges nettement supérieur avec la Chine continentale, car Taïwan attire ses alliés dans la région principalement par le biais d'investissements et d'aides étrangères.

Le commerce entre le Mexique et les pays du CARICOM est également relativement insignifiant. Quant au Mexique, le commerce avec les Caraïbes représente moins de 0,1 % de son portefeuille de commerce international. Collectivement, les autres pays d'Amérique latine ont également des échanges minimes avec les pays du CARICOM : ces derniers ont exporté 2,2 milliards de dollars vers l'Amérique latine et importé 3 milliards de dollars de la région en 2019.

caribbean_flags.jpgLe commerce entre les pays de la CARICOM et le Canada est également faible. Cette relation économique est régie par l'Accord commercial entre le Canada et les Caraïbes (CARIBCAN), qui accorde aux pays des Caraïbes un accès en franchise de droits au Canada de manière unilatérale dans le cadre d'une initiative similaire à l'ICB. Cependant, malgré de nombreuses négociations, les États des Caraïbes n'ont pas encore conclu d'accord de libre-échange officiel avec le Canada, comme ils l'ont fait avec l'Union européenne.

En 2008, le Forum des Caraïbes a signé l'accord de partenariat économique CARIFORUM-UE, donnant à chaque région un accès préférentiel à l'autre. L'Union européenne est le deuxième partenaire commercial du CARIFORUM après les États-Unis. Elle importe principalement du carburant et des produits miniers des Caraïbes.

En 2010, la Russie et le CARIFORUM ont signé un protocole d'accord et établi un mécanisme de dialogue politique et de coopération. Et ce cadre juridique d'engagement s'étend [v]. En 2013, la Russie a effacé 277.000 dollars de dette envers la Guyane, et en 2015, un accord a été signé pour restructurer la dette de la Grenade.

Lorsque la question de la Crimée a été examinée à l'ONU en 2014, évaluant le retour de la Crimée à la Russie, la plupart des États des Caraïbes ont adopté une position neutre. Ces États étaient Antigua-et-Barbuda, la Jamaïque, le Guyana, le Suriname, la République Dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Peu de pays ont voté contre la Russie, parmi lesquels des pays traditionnellement pro-américains comme la Barbade, les Bahamas, Haïti et Trinité-et-Tobago [vi].

Depuis 2018, tous les pays des Caraïbes sont devenus exempts de visa pour les citoyens russes.

Le 27 juillet 2019, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une visite au Suriname, a noté l'intérêt des pays de la Communauté des Caraïbes à accroître la coopération et le dialogue politique avec Moscou : "Nous avons un intérêt mutuel à accroître la coopération, y compris le dialogue politique, entre les membres de la Communauté des Caraïbes et la Russie" [vii].

Selon l'ambassadeur russe en Guyane, Nikolay Smirnov, qui représente également notre pays à la Barbade, à Grenade, à Trinité-et-Tobago et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, "les pays des Caraïbes soutiennent le concept de multipolarité avec un rôle de coordination pour l'ONU, la règle du droit international et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États".

Et leurs voix ont un certain poids dans les arènes internationales, d'autant plus qu'ils adoptent souvent une position consolidée sur les grandes questions à l'ordre du jour international - qu'il s'agisse de la mise en œuvre des dispositions de l'Accord de Paris sur le climat, de la levée de l'embargo commercial et économique contre Cuba ou de la nécessité de résoudre la crise au Venezuela sans pression ni ingérence extérieures" [viii].

Dans la région, la Russie n'a une présence militaire conventionnelle qu'au Venezuela et au Nicaragua, avec des conseillers et des formateurs. Au Nicaragua, la Russie contribue également à la lutte contre le crime organisé, en particulier les tentatives d'utiliser le pays comme pays de transit pour les drogues.

La proximité de la région avec les États-Unis en fait une route majeure pour les activités illicites, notamment pour les organisations criminelles colombiennes et mexicaines qui coopèrent avec des groupes locaux pour le trafic de drogue dans les Caraïbes. Mais récemment, des cargaisons de drogue ont également été envoyées directement en Europe via des ports colombiens et brésiliens.

Le développement énergétique peut également présenter un certain intérêt. Seuls trois pays des Caraïbes - la Guyane, le Suriname et Trinité-et-Tobago - sont des exportateurs nets d'énergie, tandis que les autres dépendent fortement des importations de produits pétroliers [ix]. Trinité-et-Tobago est un important fournisseur d'énergie de la région, mais doit faire face à une baisse des revenus pétroliers en raison de la chute des prix mondiaux.

Le Guyana et le Suriname sont également sur le point de devenir des acteurs sérieux dans l'exploration des hydrocarbures dans la région, selon les données récentes des compagnies pétrolières internationales. Les réserves du bassin dit de la Guyana, dont la production a débuté en 2019, sont estimées à 10 milliards de barils, ce qui en fait l'hôte de l'un des 50 plus grands bassins pétroliers du monde.

La Guyane est membre du Commonwealth britannique et est le seul pays anglophone du continent. En outre, la Grande-Bretagne possède des territoires dans la région - Anguilla, les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans et Montserrat font toutes partie des Petites Antilles, autrefois découvertes par Christophe Colomb et conquises par l'Espagne.

6a010535f04dfe970b02942f8d796b200c-320wi.pngTrinité-et-Tobago est depuis longtemps le plus grand producteur de gaz naturel liquéfié (GNL) des Caraïbes et le sixième plus grand producteur de GNL au monde, ce qui en fait la seule nation insulaire de la région qui n'est pas un importateur net d'énergie.

Les Caraïbes sont également considérées comme ayant un énorme potentiel pour une transition énergétique verte, étant donné leur abondance de possibilités de production d'énergie solaire, éolienne, géothermique volcanique et (dans des circonstances limitées) marémotrice et hydroélectrique.

Il semble qu'une position plus active de la Russie dans la région, ainsi que sa participation à divers projets économiques et d'infrastructure, pourraient accroître le statut et le rôle de Moscou, et favoriser une nouvelle expansion de sa présence politique et même militaro-politique.

Notes:

[i] https://www.coha.org/the-u-s-militarys-presence-in-the-greater-caribbean-basin-more-a-matter-of-trade-strategy-and-ideology-than...

[ii] https://www.state.gov/wp-content/uploads/2019/12/WHA-US-Caribbean-2020-Report-web.pdf

[iii] https://www.navaltoday.com/2016/07/26/panamax-military-exercise-kicks-off/

[iv] https://web.archive.org/web/20170622051944/http://www.southcom.mil/Portals/7/Documents/USSOUTHCOM_Theater_Strategy_Final.pdf?ver...

[v] https://interaffairs.ru/news/show/23281

[vi] http://vestnik.bukep.ru/articles_pages/articles/2014/2014-4/Articles_362-365.pdf

[vii] http://caribbean-russia.com/frend

[viii] https://iz.ru/668332/nataliia-portiakova/kariby-i-rossiia-podderzhivaiut-kontceptciiu-mnogopoliarnosti

[ix] https://data.worldbank.org/indicator/EG.FEC.RNEW.ZS?locations=S3

 

samedi, 05 mars 2022

Les vulnérabilités de la politique intérieure et extérieure des États-Unis

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Les vulnérabilités de la politique intérieure et extérieure des États-Unis

Leonid Savin

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/uyazvimosti-ssha-vo-vnutrenney-i-vneshney-politike

Le nouveau cycle de confrontation entre la Russie et l'Occident [i] nous oblige, nous Russes, à réfléchir à la manière d'infliger des dommages à nos adversaires sans recourir à un conflit armé. Le principal instigateur de la campagne anti-russe étant les États-Unis, il est logique de prendre en compte les faiblesses de cet État afin de les exploiter au niveau géopolitique mondial.

Certains problèmes aux États-Unis n'ont rien à voir avec un programme international et reflètent des luttes politiques internes et une dégradation générale de la culture politique. Par exemple, la tendance à la LGBTQisation de la société américaine a atteint un tel sommet que les autorités publiques de ce pays qualifient déjà les mots "Maman" et "Papa" d'offensants, ce qui est bien sûr perçu comme des actions inacceptables par la partie conservatrice de la société [ii].

La bataille entre les partisans des valeurs traditionnelles et les pervers de tous poils se poursuit dans les branches législatives et judiciaires des différents États. Les républicains exploitent cette question pour prendre leur revanche lors des élections de mi-mandat au Congrès américain. La polarisation pourrait en outre conduire à la radicalisation d'un certain nombre de mouvements sociaux, dont beaucoup représentent des organisations militarisées. Cela a le potentiel d'ouvrir un conflit armé au sein du pays selon des lignes idéologiques.

L'économie américaine n'est pas non plus en très bonne santé. En décembre dernier encore, l'inflation des prix à la consommation s'élevait à 6,8 %, le taux le plus rapide depuis quatre décennies. L'inflation a déjà atteint un niveau record sur plusieurs années et le pays connaît également une bulle boursière et immobilière causée par les achats excessifs d'obligations par la Réserve fédérale.

L'économiste de renom Desmond Lachman, qui a précédemment travaillé au FMI, a souligné que "la dernière chose dont M. Biden a besoin avant les élections de mi-mandat de cette année, c'est que les bulles boursières et immobilières américaines éclatent. Néanmoins, c'est exactement ce qui pourrait se produire si la Fed est effectivement obligée de relever les taux d'intérêt pour tuer le dragon inflationniste auquel les prix élevés du pétrole donnent maintenant un nouvel élan.

Cela semble particulièrement pertinent étant donné que les bulles du marché boursier et du marché immobilier ont été fondées sur l'hypothèse que les taux d'intérêt resteraient éternellement à leurs niveaux actuels ultra-bas" [iii].

Étant donné qu'il est peu probable que la situation entre la Russie et l'Ukraine soit résolue de sitôt, il y a de fortes chances que les prix du pétrole restent élevés dans un avenir prévisible, surtout si des sanctions sont imposées au secteur pétrolier russe. Cela ne laisserait guère d'autre choix à la Réserve fédérale que de freiner sa politique monétaire pour éviter que les attentes d'inflation nationales ne s'atténuent [iv].

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Le gouvernement Biden a également été sévèrement critiqué pour le fait que les nouvelles lois relatives à l'allocation budgétaire pour contenir la Chine et soutenir le Pentagone détourneront des dizaines de milliards de dollars de l'éducation, des soins de santé et d'autres objectifs sociaux [v].

Les différends territoriaux des États-Unis avec leurs voisins peuvent également constituer un moyen efficace de détourner l'attention et de semer la confusion dans les partenariats au sein des membres de l'OTAN.

Si l'adage bien connu veut que les États-Unis n'aient que le Mexique et le poisson parmi leurs voisins, le Canada représente précisément le genre de cas où il existe des précédents en matière de conflits territoriaux. Et la dégradation économique pourrait exacerber ces tensions, car les zones revendiquées par les deux États présentent un intérêt pour les poissons et les fruits de mer et contiennent également d'importantes ressources énergétiques.

En tout, il y a cinq zones maritimes où le Canada et les États-Unis sont en désaccord sur leur propriété. La détérioration des relations entre les pays pourrait être précisément due à ceux-ci.

La première zone contestée est le détroit de Juan de Fuca, qui sépare l'île de Vancouver en Colombie-Britannique, au Canada, de la péninsule abritant l'Olympic National Park dans l'État de Washington, aux États-Unis. La frontière entre les deux pays passe en plein milieu du détroit. Les deux pays conviennent que la frontière doit être équidistante. Mais chaque côté utilise des points de base légèrement différents, ce qui entraîne de légères différences dans la ligne frontalière.

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De plus, le gouvernement de la Colombie-Britannique a rejeté les frontières canadiennes et américaines, ainsi que tout le principe d'équidistance. Il affirme le principe de la continuation naturelle, en déclarant que la limite appropriée est le canyon sous-marin (également appelé Juan de Fuca). Cette approche est favorable à la Colombie-Britannique, mais le gouvernement canadien n'est pas disposé à abandonner le principe d'équidistance, ce qui pourrait lui coûter cher dans d'autres domaines.

Le contraire est vrai à l'entrée de Dixon. Au nord de celle-ci se trouve l'île du Prince de Galles. Malgré son nom royal, l'île fait partie des États-Unis.  Au sud de Dixon Inlet se trouve l'archipel canadien de Haida Gwaii, connu jusqu'en 2010 sous le nom d'îles de la Reine-Charlotte. 

Les eaux qui les séparent sont riches en poissons, attirant les prédateurs, les albatros et, bien sûr, les humains. Il est intéressant de noter que le conflit actuel trouve ses racines dans une confrontation entre l'Empire russe et la Grande-Bretagne. La frontière actuelle entre l'Alaska et le Canada correspond au traité de Saint-Pétersbourg de 1825. Cet accord entre la Russie et la Grande-Bretagne a tracé une ligne entre les intérêts des deux pays dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord. Elle établit 54°40' de latitude nord comme limite sud de l'Amérique russe.

Le différend a ensuite été réglé par arbitrage international en 1903. La frontière terrestre actuelle se situe à 35 miles (56 km) à l'est de l'endroit où l'océan rencontre la côte, à mi-chemin entre les lignes revendiquées par les deux parties.

Les Canadiens, cependant, étaient mécontents. Si la frontière avait été légèrement plus en leur faveur, ils auraient eu un accès maritime direct aux champs aurifères du Yukon. Le tribunal arbitral a également défini la frontière maritime de l'Alaska avec le Canada. La ligne dite A-B partait du cap Muzon, le point le plus au sud de l'île Dalles, la plus méridionale de l'Alaska, vers l'est jusqu'au continent. Cela a laissé la majeure partie de l'entrée de Dixon du côté canadien de la ligne.

Mais les Américains ont vu les choses différemment. Ils pensaient que la ligne A-B concernait la frontière terrestre ; la frontière maritime passait bien au sud de cette ligne. Cela a coupé l'entrée de Dixon en deux : la partie nord menant aux États-Unis, la partie sud au Canada.

Ces opinions sont toujours défendues par les deux gouvernements à ce jour. L'une des raisons pour lesquelles cette question est si difficile à résoudre est le saumon du Pacifique présent dans la région, qui va y frayer chaque année.

Relativement récemment, dans les années 1990, la concurrence entre les pêcheurs canadiens et américains dans la région a dégénéré en une "guerre du saumon", les deux parties arrêtant occasionnellement les équipages de l'autre. La situation a atteint son paroxysme en 1997, lorsque des pêcheurs canadiens ont bloqué un ferry de l'Alaska, retenant effectivement ses passagers en otage pendant trois jours. Aujourd'hui, la situation est moins tendue. Mais le problème sous-jacent n'a toujours pas été résolu.

Dans la mer de Beaufort, il existe également une zone cunéiforme contestée au nord de l'endroit où la frontière entre l'Alaska et le territoire du Yukon atteint la mer. Cette frontière terrestre suit le 141e méridien ouest, comme convenu dans le traité de Saint-Pétersbourg de 1825 entre la Russie et la Grande-Bretagne.

Le Canada soutient que cette ligne doit être suivie à 200 milles nautiques (370 km) au nord dans la mer, et qu'il s'agit là de la frontière maritime. Mais les États-Unis soutiennent que la frontière maritime devrait être perpendiculaire à la ligne de côte lorsqu'elle entre dans la mer. La différence est une superficie d'environ 8100 miles carrés (21.000 kilomètres carrés).

La dispute porte sur d'importantes réserves de pétrole et de gaz cachées sous la glace et l'eau. Selon l'Office national de l'énergie du Canada, le biseau pourrait contenir jusqu'à 1,7 milliard de mètres cubes de gaz et 1 milliard de mètres cubes de pétrole, soit suffisamment pour répondre aux besoins énergétiques du pays pendant de nombreuses années. Et ces réserves pourraient devenir plus accessibles dans quelques années, lorsque la glace reculera en raison du changement climatique.

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Ensuite, il y a le passage du Nord-Ouest, représentant une route à travers divers canaux dans le vaste archipel du Nord, qui est bloqué par la glace depuis de nombreux mois. Au cours des dernières décennies, le changement climatique et la réduction de la glace de mer qui en résulte ont rendu les canaux du nord du Canada plus navigables. En 2007, un navire commercial a accompli le voyage sans l'aide d'un brise-glace, ce qui est une première.

Si la route du nord pouvait laisser passer les superpétroliers et autres navires trop grands pour le canal de Panama, cela réduirait considérablement leur seule option actuelle : un voyage autour du Cap Horn, à la pointe sud de l'Amérique du Sud. Comme la température globale de la Terre continue à augmenter, le passage du Nord-Ouest deviendra de plus en plus navigable, ne serait-ce qu'en été. Cela signifie que le différend territorial sur le passage du Nord-Ouest risque d'éclater à nouveau.

Pour le Canada, le problème est assez clair : toute voie navigable potentielle s'ouvrant à la navigation internationale passerait par les eaux canadiennes sur lesquelles le pays exerce une souveraineté totale, ce qui signifie que le Canada peut accorder l'accès ou facturer des frais de passage comme il l'entend.

Cependant, les États-Unis et plusieurs autres pays soutiennent qu'un passage du Nord-Ouest viable et de jure serait un détroit international ouvert au passage en transit sans restriction ni compensation.

En 1969, le pétrolier américain SS Manhattan a effectué le passage sans demander l'autorisation préalable des Canadiens. Pour donner suite, le brise-glace Polar Sea de la Garde côtière américaine a fait de même en 1985. Bien que ce dernier ait été autorisé à être inspecté par la Garde côtière canadienne, l'opinion publique canadienne est devenue furieuse et un scandale diplomatique a éclaté.

En 1986, le Canada a réaffirmé sa souveraineté sur le passage du Nord-Ouest, une revendication que les États-Unis ont refusé de reconnaître. Pour désamorcer la situation, les deux pays ont signé en 1988 un accord de coopération dans l'Arctique qui n'abordait pas la question de la souveraineté en tant que telle mais clarifiait certaines questions pratiques.

Selon le droit de la mer, les navires en transit n'ont pas besoin d'un permis de passage, mais ils ne peuvent pas se livrer à des recherches. L'accord partait du principe que les navires de l'US Coast Guard et de l'US Navy seraient toujours considérés comme effectuant des recherches, et qu'un permis de transit devrait donc toujours être demandé.

Le traité est resté en vigueur pendant environ dix ans. Fin 2005, des photos de l'USS Charlotte au pôle Nord ont été publiées. Bien sûr, personne n'a demandé au Canada la permission de passer. La réponse du Canada a été qu'il a décidé de ne plus utiliser le terme "passage du Nord-Ouest" et a désigné la zone comme "eaux intérieures du Canada".

Les États-Unis, en revanche, s'en tiennent à leur interprétation du droit international et se réservent le droit de considérer les eaux intérieures du Canada comme des eaux internationales. Incidemment, c'est aussi la position qu'ils défendent sur la mer de Chine méridionale et d'autres zones revendiquées par d'autres pays, en l'appelant "le droit à la libre navigation".

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Un autre point de conflit est l'île aux phoques de Machias (photo), au large des côtes du Maine. Elle se trouve à moins de 10 miles des côtes du Maine. Les Canadiens y ont établi leur présence sous couvert de travailler comme gardiens de phare. Les États-Unis, en revanche, la considèrent comme leur propriété. En 2002, le Canada a autorisé ses pêcheurs à y pêcher en été, ce qui a entraîné un conflit direct avec les pêcheurs du Maine.

Les droits des Indiens, y compris les demandes d'indemnisation, la possibilité de sécession du Texas et la montée du sentiment séparatiste dans les États riches (cela s'est déjà produit en Californie pendant la Grande Dépression, lorsque le gouvernement de l'État a imposé une interdiction d'entrée et l'a même entourée d'une clôture en fil de fer barbelé) sont également des cas intéressants qui ne peuvent être écartés. Enfin, l'énorme population hispanique, qui augmente rapidement, surtout dans le sud. Un rappel de l'annexion de certaines parties du Mexique par les États-Unis serait le bienvenu au sein de la communauté latino-américaine.

Notes:

[i] https://russtrat.ru/analytics/26-fevralya-2022-0010-8991

[ii] https://c-fam.org/friday_fax/biden-admin-says-mother-and-father-are-offensive/

[iii] https://www.19fortyfive.com/2021/12/americas-growing-inflation-problem-who-is-to-blame/

[iv] https://www.19fortyfive.com/2022/02/joe-bidens-next-economic-nightmare-an-oil-price-shock/

[v] https://fpif.org/the-u-s-competes-with-china-at-what-cost/

Des librairies prises pour cibles

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Des librairies prises pour cibles

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis la colère légitime et insatisfaite des « Gilets jaunes », il ne fait pas bon d’être un élu du soi-disant ensemble macronien, majoritaire par le jeu biaisé d’une forte abstention. L’actualité rapporte que des députés se font régulièrement menacer, insulter, voire frapper, par des manifestants opposés à l’actuelle tyrannie sanitaire. Les maires et les conseillers municipaux connaissent eux aussi ces désagréments inhérents à un quotidien de plus en plus difficile pour les petites gens. Le système médiatique d’occupation mentale s’en scandalise et dénonce ces intimidations violentes. Incapables de rétablir la sûreté dans bien des banlieues de l’immigration gangrenées par le trafic de drogue, les autorités hexagonales promettent une réponse prompte et implacable envers les auteurs de ces incivilités. Or, tous ces grands indignés se taisent quand certaines librairies deviennent les victimes d’attaques répétées.

Sous la présidence de « Flamby » Hollande et dans le prolongement de la « Manif pour Tous », la librairie Facta du défunt Emmanuel Ratier située dans le IXe arrondissement de Paris fut à deux reprises vandalisée. Quelques années plus tard, les pressions perdurent à l’égard des librairies non conformistes de la capitale. Charlie Hebdo du 14 avril 2021 consacrait sa deuxième page à une enquête dessinée sur les quatre dernières librairies qui résistent encore au fléau du politiquement correct. Il s’agit de la librairie Duquesne, de la Librairie française, de la librairie éponyme de l’ami Vincent, ancien de Facta, et de La Nouvelle Librairie tenue par le rédacteur en chef d’Éléments, François Bousquet. Ce dernier établissement a subi dès son ouverture bien des actes hostiles. Installée en face des jardins du Luxembourg en plein Quartier latin, cette librairie fut la cible de plusieurs séries de dégradations revendiquées par les antifas qui bénéficient d’une étonnante impunité. Si près du Sénat, n’y a-t-il donc pas de caméras de surveillance capables d’enregistrer les visages des délinquants ?

À Nancy, depuis plus d’un an existe la librairie Les Deux Cités. Sa simple présence a déclenché la vindicte rageuse de la gauche et de l’extrême gauche sans oublier la détestation officielle de la municipalité sociétaliste. Les gérants ne cachent pas qu’ils sont patriotes français et catholiques de tradition. Ils ont même osé fonder les Éditions du Verbe Haut (voir à ce propos sur Radio MZ les émissions « Vent d’Est » n° 14 du 16 juillet 2020 et n° 16 du 17 septembre 2021). Leur librairie reçoit des jets de peinture sur la vitrine, quand ce n’est pas de la glu mise dans la serrure ou des slogans injurieux peints sur la façade. Le 12 février 2022, elle accueille une séance de dédicace commune de la Française d’origine camerounaise Stella Kamnga et de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Un attroupement d’une trentaine d’individus masqués (en pleine rue ! Belle preuve de suivisme covidien) se forme devant la librairie. Ils scandent les habituelles inepties. Pendant ce temps, le maire, sourd, aveugle et muet devant toutes ces agressions, manifeste aux côtés de ses potes quelque peu dérangés, car protester contre une librairie honorable dénote des troubles mentaux flagrants. Il aimerait bien la faire couler, car il n’en apprécie pas le ton général. Les Deux Cités a déposé une dizaine de plaintes et de mains courantes sans que la justice n’y prête la moindre attention. On se demande bien pourquoi…

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On retrouve une situation semblable au Puy-en-Velay en Haute-Loire. Au début de l’été 2021 a ouvert la librairie Arts enracinés dans le centre historique de la ville mariale non loin de la cathédrale et du rocher Corneille d’où surplombe la statue de la Vierge Marie construite à partir de la fonte des canons pris à Sébastopol lors de la Guerre de Crimée.

La présence de cette librairie dans une ville moyenne de la France périphérique a suscité la haine des gauchistes. Ceux-ci ont monté RAFAHL (Réseau antifasciste Haute-Loire). La librairie ponote pâtit de dégradations courantes et de calomnies colportées par l’opposition de gauche au conseil municipal du Puy. Obsédé par les années 1930 et fantasmant en longueur de journée sur le début de la décennie 40, un collectif informel amasse quelques associations microscopiques comme la CGT Educ’action, Solidaire 43 - Sud Éducation, Europe Écologie - Les Verts, La France insoumise, le SNES - FSU, Génération.S de Benoît « 6,36 % » Hamon, le PCF, ATTAC, la section altiligérienne de RESF (Réseau Éducation sans frontières), la Ligue des droits de l’homme et des quelques philanthropes de l’Union communiste libertaire.

Cette ribambelle d’associations souvent subventionnées par les pouvoirs publics complaisants amalgament des incidents divers et accusent la librairie de tous leurs malheurs ainsi que de favoriser une ambiance violente en ville… Ses clients, une fois les bras chargés de bouquins, en profiteraient pour agresser de pauvres antifas qui passeraient par là, ce qui est bien sûr infondé. En réalité, les antifas, épris de drogues et de boissons alcoolisées, se battent entre eux pour des questions de bouteille, de joint, de fric et d’intimité animalière. Pour expliquer leur état déplorable, les blessés désignent ensuite d’inexistantes « phalanges littéraires de l’Ordre noir imprimé ».

Malgré l’interdiction préfectorale, le 5 février dernier, environ quatre cents crasseux envahirent la préfecture vellave afin d’exiger la fermeture de la librairie (pour quel motif légal ?) en attendant de vouloir peut-être la liste complète de ses amis et autres fidèles clients. En dehors de Lyon, la plupart provenaient de deux grands centres régionaux de contamination politico-hystérique : Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. La capitale auvergnate reste un fief socialiste. Quant à la préfecture de la Loire, l’édile, macronien contrarié, est en rupture de ban avec Les Républicains. Ces deux maires et leurs équipes laissent proliférer dans différents quartiers la constitution de foyers gauchistes.

Proches de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne, on reproche aux librairies de Paris, de Nancy ou du Puy-en-Velay de vendre des ouvrages politiquement incorrects comme des biographies de Jésus Christ, de Jeanne d’Arc ou les romans de Céline. Elles commettent par ailleurs l’horreur intellectuelle de tenir des conférences. Par exemple, au Puy, chaque samedi se déroulent à partir de 17 h « Les après-midis de la Chouette ». Faudrait-il raser les murs pour pouvoir y écouter des intervenants comme Marion Sigaut, Stéphanie Bignon, Bruno Favrit, Rémi Soulié ou votre serviteur ?

Rappelons que toutes ces actions de racailles contre des lieux de culture dissidente ne soulèvent aucune réprobation de la part des médiacrates et de ces grandes consciences morales qui invoquent en permanence les fameuses « valeurs ripoublicaines ». Soyons certains que si des militants identitaires osaient protester contre l’implantation d’une librairie gauchiste, d’un centre d’accueil pour immigrés clandestins ou d’une salle de shoot, les condamnations judiciaires tomberaient aussitôt.

La vie est un combat incessant. Les gérants de ces honorables librairies le savent. En dépit de journées fastidieuses et face à une adversité certaine, ils ne plient cependant pas. Au contraire, ils persistent et signent, fiers du travail déjà accompli, et certainement ravis d’emmerder les fanges de l’infrapolitique hexagonale.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 22, mise en ligne le 1er mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.

Comment les sanctions accélèrent le Reset et la débâcle occidentale

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Comment les sanctions accélèrent le Reset et la débâcle occidentale

par Nicolas Bonnal

J’ai demandé récemment si on vivait le Grand Reset ou simplement le grand épisode apocalyptique occidental : fin des énergies fossiles, fin de l’ère industrielle et bon écroulement de la cité Potemkine euro-américaine bâtie sur une montagne de dettes. La guerre de Poutine accélère cette formidable déglingue que certains ont prophétisé. Et comme il m’arrive d’être optimiste, je dirais qu’il semble difficile d’établir une dictature totalitaire et numérique dans le cadre d’un effondrement énergétique et systémique. On le peut après une guerre civile mais je ne vois pas nos brillantes élites la gagner cette guerre.

Le litre d’essence est à 2.13 euros, les 1000 m3 de gaz à 2500 dollars. On n’est qu’au début. Dirigé par des Trudeau, des Macron et des Biden, l’Occident est mal parti. Militairement il est nul (voyez mon texte sur Buchanan) et cela se savait en haut lieu. Cela se sait en tout lieu maintenant. Même Zelenski le dit ! Il n’avait pas vu la défaite face à l’Iran, la défaite au Yémen, en Syrie et leur retraite de ‘roussie’ en Afghanistan ? Bureaucratie odieuse destinée à plumer le contribuable l’OTAN n’est pas là pour se battre : tout au plus peut-il par son incompétence et sa chutzpah déclencher la Fin du Monde.

Restent la chasse aux chefs d’orchestre et la guerre hybride – qui n’est pas très brillante intellectuellement  (souvenez-vous des frites rebaptisées  Freedom fries pendant la très utile et morale guerre contre l’Irak). Patrick Armstrong repris par Bruno Bertez écrit à ce sujet :

« Pour l’Occident, tel qu’il a été, c’est fini. La confusion, les conneries, la vantardise, l’hystérie, les interdictions : l’Occident n’a plus rien dans sa besace. Verser de la vodka russe dans les toilettes, virer un chanteur et réalisateur, changer le nom d’une boisson ou d’une salade, interdire les chats ou les arbres, sanctionner un ploutocrate russe et voler son yacht, porter un t-shirt bleu et jaune. Pathétique. »

Il reste les sanctions, les goulues et jouissives sanctions, les érotomanes sanctions ; qui vont nous faire encore plus mal qu’à la Russie. Pourquoi ? « Les Occidentaux ne se tirent plus de balles dans le pied mais dans la tête » disait Charles Gave à Bercoff.  On rappellera que nous vivons dans une idiocratie et ce dans tous les pays occidentaux. Pepe Escobar écrit lui sur notre présent effondrement industriel :

 « …L'Allemagne et d'autres pays n'ont pas commencé à ressentir la douleur de la privation de gaz, de minéraux et de nourriture. CELA va être le vrai jeu…jusqu'à 60 % des industries manufacturières allemandes et 70 % des industries italiennes pourraient être contraintes de fermer définitivement, avec des conséquences sociales catastrophiques. La machine européenne ultra-kafkaïenne non élue à Bruxelles a choisi de commettre un triple hara-kiri en se présentant comme des vassaux abjects de l'Empire, en détruisant toutes les impulsions de souveraineté française et allemande restantes et en imposant l'aliénation de la Russie et de la Chine. »

L’Occident anglo-saxon en est réduit comme à ses débuts (cf. Keynes) à la piraterie (on vole l’or, l’argent, les yachts, tout ce qui traîne).

Mais Patrick Armstrong ajoute :

« Le judo consiste à tromper et à utiliser la force de l’adversaire contre lui. Poutine, le judoka, a poussé l’Occident au suicide. Il a dévoilé ce qui n’était pas compris : Mettez votre argent dans nos banques, nous pouvons le confisquer ; placez vos actifs sur notre territoire, nous pouvons les voler ; utiliser notre argent et nous pouvons l’annuler ; mettez votre yacht dans notre port, nous pouvons le pirater; Mettez votre or dans notre coffre, nous pouvons le saisir. »

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Les conséquences sont claires avec la méfiance de tous les pays émergents (c’est le retour de Bandoeng ou du communisme nationaliste de décolonisation) et fin rapide du SWIFT :

« C’est une leçon qui retentira dans le monde entier. Une illustration nue que « l’ordre international fondé sur des règles » est simplement une fiction: nous élaborons les règles et vous ordonnons de leur obéir. Dans 2 ou 3 semaines, tout le monde dans le monde qui est sur la liste des cibles potentielles de l’Occident aura déplacé ses actifs hors de portée de l’Occident. Xi se permettra un petit sourire. »

Et Armstrong de conclure :

« Quant aux sanctions occidentales contre la Russie, je pense qu’il y a une réponse très simple à cela : la semaine dernière, 1000 mètres cubes de gaz coûtaient 1000 $ ; aujourd’hui , c’est plus du double. La semaine prochaine, ce ne sera certainement pas moins cher. 

Idem pour l’aluminium, la potasse, le titane, le blé. Les compagnies aériennes russes louent leurs avions. Maintenant quoi? Les moteurs-fusées sont russes. Ce que les Occidentaux ne comprennent pas, c’est que le rouble est la monnaie que les Russes utilisent à l’intérieur du pays, mais que le prix du pétrole et du gaz est la monnaie russe à l’extérieur du pays. Je suis stupéfait de la stupidité : ils se coupent la gorge et détruisent leurs propres économies. »

Autrement dit pour nos énarques à la Trissotin : les sanctions ne renforcent pas les Russes ; elles les enrichissent. Et Poutine finance ainsi ses opérations. Les menaces démentes de Biden contre l’Inde et le reste du monde ne risquent pas d’accroître la confiance dans ce système américain qui peut à tout moment voler sa clientèle.

Comme on le sait, les Russes ont des problèmes avec leurs banques, avec Apple, avec Facebook, avec Google, les GAFAM étant la dernière émanation impériale destinée à nous tourmenter plus que les Russes ou les Chinois. Mais rien qui ne puisse être réglé promptement (voir l’article de Karine Bechet-Golovko à ce sujet), et celui de Pepe Escobar sur la doctrine Glaziev (couper les ponts avec l’Occident, et passer à l’étalon-or).

Il reste à ces élites mondialistes à se venger sur leur troupeau, ce qui semble facile vu le degré de soumission ou de conditionnement de ces populations accoutumées à être conditionnées et maltraitées. On pourrait avoir la confiscation de l’argent, la fin du gaz et de toute électricité, la fin des usines (déjà arrêtées en Allemagne), bref le Grand Reset de Schwab ou le plan Morgenthau, le célèbre banquier de Roosevelt qui voulait réduire de moitié la population allemande.

Sources :

https://thesaker.is/how-russia-will-counterpunch-the-u-s-...

https://brunobertez.com/2022/03/04/russia-observer-tactiq...

https://brunobertez.com/2022/03/03/larme-de-lor-le-verita...

https://russiepolitics.blogspot.com/2022/03/premiere-vict...

https://reseauinternational.net/buchanan-et-le-grand-effo...

https://reseauinternational.net/du-grand-reset-a-la-grand...

https://reseauinternational.net/guerre-du-gaz-leurope-pre...

Entre guerre et pandémie, pourquoi la mondialisation commence à s'effriter

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Entre guerre et pandémie, pourquoi la mondialisation commence à s'effriter

Francesca Salvatore

Source: https://it.insideover.com/economia/guerra-e-pandemia-perche-la-globalizzazione-inizia-a-sgretolarsi.html

Lorsque la pandémie a éclaté, le syndrome des rayons vides a démontré deux choses : les effets dévastateurs d'une psychose collective (les supermarchés n'ont jamais fermé un seul jour) et la mesure dans laquelle certaines entraves du village planétaire avaient mis en échec producteurs et consommateurs, en particulier dans le secteur alimentaire, un réseau complexe d'interactions impliquant les agriculteurs, les intrants agricoles, les usines de transformation, le transport maritime, les détaillants. Pendant des décennies, les gouvernements n'ont pas fait grand-chose pour protéger les petites exploitations agricoles et les producteurs de denrées alimentaires qui ont été évincés par ces géants commerciaux, générant des aberrations telles que Singapour, qui importe 90 % de ses denrées alimentaires de l'étranger, ou la très avancée Australie, qui exporte environ deux tiers de ses produits agricoles vers la turbulente région Asie-Pacifique.

Avertissements sinistres

La crise des équipements de protection individuelle avait également créé de véritables vagues de panique : au début de l'urgence, plusieurs pays du monde ont littéralement combattu le Covid à mains nues dans les unités de soins intensifs. A cela s'ajoute un épisode singulier, qui a accentué ces craintes, pendant la phase encore aiguë de la pandémie : le cargo taïwanais Ever Given, naviguant vers le port de Rotterdam, en Hollande, en provenance de Yantian, en Chine s'est échoué au nord du port de Suez en mars dernier, générant un incroyable effet domino quant aux produits avariés, aux coûts et aux livraisons manquées.

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Bloomberg a estimé que le blocage du canal de Suez, par lequel passent 12 % des marchandises mondiales et 30 % du trafic de conteneurs expédiés par voie maritime, a créé une perte économique d'au moins 9,6 milliards de dollars par jour, en raison de la non-livraison des marchandises à bord des navires bloqués dans le canal et de celles qui attendent dans les ports. Les marchandises arrimées dans les navires bloqués par le canal valaient à elles seules environ 8,1 milliards de dollars, selon la LLoyd's List.

L'affaire ukrainienne n'est pas loin du croquemitaine des blocages maritimes et des frontières fermées, et avec eux des chaînes d'approvisionnement. Ce qui est remis en question, ce n'est pas la mondialisation culturelle et technologique, qui nous permet de vivre avec les conflits et permet aux êtres humains de communiquer en temps réel, mais le système que le village global a développé autour de la production de nourriture, d'objets, et de l'empreinte énergétique de nos sociétés. La question fondamentale est de savoir pourquoi les aliments qui nous nourrissent chaque jour doivent parcourir jusqu'à 10.000 km pour arriver dans nos assiettes ; pourquoi, si l'industrie des micropuces tombe en panne à l'autre bout du monde, nous ne pouvons pas compenser leur manque ; et pourquoi l'énergie nécessaire pour produire tout cela doit provenir de milliers de kilomètres, ce qui nous oblige à marchander avec des zones instables de la planète et à faire des compromis avec des régimes illibéraux.

Vers la souveraineté alimentaire ?

Bien que ce conflit soit très différent de la Seconde Guerre mondiale, lorsque cette région était en proie à de véritables vagues de famine, ce qui se passe en Ukraine rayonne déjà vers l'extérieur et menace la disponibilité de la nourriture dans les nations moins prospères. Ceux-ci sont devenus dépendants des exportations de céréales et d'autres produits alimentaires en provenance d'Ukraine et de Russie, qui représentent désormais 29 % des exportations mondiales de céréales. Ils contribuent également à 19% des exportations mondiales de maïs et à 80% des exportations mondiales d'huile de tournesol. La mer Noire est au cœur de ce commerce transnational, et avec le risque de devenir une poudrière et de bloquer les expéditions vers la mer d'Azov, les prix à terme du blé ont déjà grimpé en flèche. Si cela se traduit par des retards et des pertes de plusieurs millions de dollars dans les pays les plus riches, une foule de nations à faible revenu risquent une famine pure et simple et une détérioration générale de la santé publique en raison du prix des céréales. La Russie et le Belarus sont également les principaux exportateurs d'engrais, la Russie étant en tête du classement mondial ; les prix, qui étaient déjà élevés avant la guerre, ont augmenté. La pénurie d'engrais met en péril la production agricole mondiale, qui en dépend, si elle n'est pas anesthésiée.

Il y a des nations dans le monde qui, ayant su se diversifier ou du moins être hautement technologiques, ont bien fait face à la pandémie : l'Italie, par exemple, a de bons antécédents en matière de chaînes d'approvisionnement courtes et les a redécouvertes ces deux dernières années ; la Chine moderne, un pays complètement différent du passé, avec de nouvelles technologies et des investissements records, a travaillé pendant des années pour améliorer sa sécurité alimentaire, dépensant des dizaines de milliards de dollars au cours de la dernière décennie pour racheter de grandes entreprises de semences. Ces efforts semblent avoir adouci le coup porté à l'industrie alimentaire au plus fort de la pandémie.

Pour toutes ces raisons, la question de la souveraineté alimentaire est revenue sur le devant de la scène au cours des 24 derniers mois : des pays comme le Népal, le Mali, le Venezuela et bien d'autres ont déjà reconnu la souveraineté alimentaire comme un droit constitutionnel de leur peuple, car elle semble être la meilleure défense contre tout choc économique.

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Réduire nos empreintes énergétiques

La crise énergétique est la deuxième implication majeure, après le désastre humanitaire, du conflit en Ukraine. La géopolitique du pétrole au cours du siècle dernier nous a montré à maintes reprises à quel point cette ressource est sensible à la politique internationale. Surtout, la géopolitique du gaz naturel est devenue plus complexe, sur laquelle on a spéculé à des niveaux intolérables, dans la croyance que l'or bleu pouvait être compris comme une source de transition. Il ne faut pas oublier que la géopolitique du gaz avait déjà montré comment certains événements ne concernant pas le Moyen-Orient pouvaient briser et reconstruire des équilibres internationaux. Dans les années 2000, avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en Russie, l'épreuve de force avec les oligarques du pétrole et du gaz s'est rapidement achevée, conduisant à la réalisation du contrôle de l'État sur d'autres sources d'énergie par le biais de Gazprom. Le président a promu un nouveau nationalisme, estimant que le gouvernement devait créer de grandes multinationales capables de rivaliser avec l'Occident. En 2001, il a changé l'équipe de direction de Gazprom, en 2003, il a fait arrêter le président du principal actionnaire de Yukos et en 2004, il a pris une autre direction, en augmentant la taxe à l'exportation sur le pétrole brut. Bien que la Russie ait reculé à la deuxième place en tant que propriétaire lointain de gaz, elle est restée le plus grand exportateur de gaz au cours de la dernière décennie, approvisionnant les pays d'Europe de l'Est et de l'Ouest atteints par les gazoducs de l'ère soviétique. Le transport est resté la véritable criticité du gaz naturel car il est sujet à des conflits géopolitiques : d'où les accusations répétées de l'Amérique et de l'Europe contre la Russie d'utiliser ses ressources pour retrouver une position de superpuissance. Des critiques confirmées ces derniers jours.

Il est clair que les événements de ces derniers jours viennent tragiquement heurter des décennies de choix énergétiques contre les projets que l'Europe et le monde entier avaient en matière de climat et d'utilisation des énergies renouvelables. L'Allemagne, pays en transition énergétique par excellence, mais aussi point chaud en raison des événements autour de Nord Stream 2, est le lieu où ces difficultés et contradictions se manifestent en premier. Environ 55% des importations de gaz de l'Allemagne proviennent de Russie, ainsi que 50% de la houille et environ 30% du pétrole. Alors que l'Allemagne dispose d'une réserve stratégique de pétrole, qui, selon la loi, doit durer 90 jours, il n'existe aucune exigence de ce type pour le gaz et le charbon. Ici, seules les entreprises elles-mêmes décident de leurs réserves. Il est désormais clair qu'il s'agissait d'une erreur stratégique et le ministère de l'Économie veut faire passer les changements juridiques le plus rapidement possible. L'Union européenne envisage de prendre des mesures pour renforcer sa sécurité énergétique alors que les sanctions de plus en plus sévères contre la Russie et l'escalade de la violence en Ukraine ont suscité des inquiétudes quant à l'approvisionnement pour l'hiver prochain.

L'Europe importe de Russie environ 40 % de son gaz, 35 % de son pétrole brut et plus de 40 % de son charbon. Alors que l'incertitude grandit quant à ces importations et que les réserves de gaz de l'UE tombent en dessous de 30 %, le bloc européen cherche des alternatives à l'énergie russe et planifie soigneusement l'hiver prochain. "La situation actuelle est tendue", a déclaré Kadri Simson, commissaire européen à l'énergie. Toutefois, les éminences grises européennes se veulent rassurantes quant à la fin de cet hiver et à l'été à venir. Cependant, la question de la souveraineté énergétique est une fois de plus étroitement liée aux questions de sécurité nationale, comme dans les années 1970, qui ne nous ont rien appris ou presque.

L'alimentation et l'énergie seront donc les deux directions dans lesquelles la mondialisation devra se remodeler. Le court et le moyen terme seront nécessaires pour faire face aux difficultés générées par la pandémie et aux résultats imprévus du conflit en Ukraine. Il s'agit d'un changement de rythme et de vision qui nous obligera à nous défaire des engagements internationaux antérieurs, des idéologies sclérosées et des politiques nationales à courte vue. L'arrière-cour va-t-elle se rétrécir au nom du froid et du ventre ?

vendredi, 04 mars 2022

Le grand dessein de la Moscovie post-soviétique et les prémisses culturelles du poutinisme

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L'Ukraine, un Non-Etat ? La Russie, une succession d’Empires ? La démocratie, un ennemi mortel de l’Etat russe ?

Le grand dessein de la Moscovie post-soviétique et les prémisses culturelles du poutinisme

Irnerio Seminatore

Depuis la guerre de Tchéchénie et celle de Géorgie, les théories sur l'empire ont cessées d'être marginales dans l'historiographie de la Russie post-soviétique

Elles constituent en revanche le terreau culturel des "silovikis", les anciens du KGB, devenus les décideurs de l'Etat actuel. Ces conceptions se résument à un cadre conceptuel selon lequel l'Etat russe est un Etat-civilisation et l'histoire de la Russie, depuis l'époque païenne, est une succession d'empires, ceux de Kiev-Novgorod, de la Moscovie, des Romanov et de Staline, pour lesquels la démocratie et le libre débat sont des ennemis mortels (Prokhanov).

A la base de l'invasion de l'Ukraine il y a l'idée que la liberté mène à l'anarchie et aux coups d'Etats (Maïdan) et que ceux-ci conduisent, par l'intervention de l'étranger (hégémon ,Otan, UE), au démembrement de l'Etat russe et à une menace vitale pour son existence (missiles rapprochés) .

La réévaluation de Staline et de son génie, fut celle d'avoir sauvé l'Etat, par remise en selle de l'autocratie, contre la folie démocratique généralisée, imputée aux bolchéviques, coupables d'avoir établi un pouvoir collégial au sommet de l'Etat.

Le "poutinisme", dans un contexte marqué par ce révisionnisme post-soviétique, est une lecture de la réalité internationale dans laquelle l'Ukraine est un non-Etat et un bras armé de l'étranger et ce dernier se rapproche sournoisement par vagues successives (par les élargissements de l'Otan), dans le but d'anéantir la Russie.

Dans ce cadre, l'Europe occidentale, impuissante, puisque subalterne de l'Amérique, ne peut apporter de solutions à la fissuration induite par l'Occident, à cause de l'inexistence d'une politique étrangère autonome et par la dissociation de l'unité indispensable (Raymond Aron) du "verbe diplomatique et de l'action militaire".

Dissociation qui conduit tout droit à un pouvoir désarmé (Macron) et à une politique internationale posée comme "politique des valeurs" (UE).

Dans une situation internationale où la position des Etats ne correspond plus aux principes juridiques de l'indépendance et de la souveraineté, en raison surtout des nouveaux systèmes d'armes et, du point de vue du système international, en raison de l'existence d'alliances intégratives à vocation régionale, la mutation des régimes politiques ne peut conduire au revirement des alliances et des engagements de sécurité que si elle est suscitée ou soutenue de l'extérieur par le leader du système (les Etats-Unis d'Amérique). Tel est le cas de l'Ukraine.

Dans de pareilles situations les jeux d'influences sont démultipliés et les politiques d'aide, d'amitié et de coopération recouvrent  en réalité des projets stratégiques de déstabilisation (des différents types de révolution de couleur et des interventions diverses, ouvertes ou sournoises)

Or, sur la scène mondiale, la communauté internationale représente idéologiquement le pendant des Etats, qui ne sont jamais complètement autonomes. En sa forme et en sa structure, la communauté internationale (onusienne et multilatéraliste), à la recherche d'un ordre stable, se plie à la cohérence du système hégémonisé par le pouvoir dominant (l'Amérique), donc "la compétition s'organise en fonction du conflit" (Raymond Aron).

Ainsi le noyau et le centre de rassemblement d'autres Etats, comme lieu de compétition entre hégémonies, américaines et russes, devient non seulement l'Ukraine, mais l'espace occidental tout entier, le "Rimland" européen (Europe de l'Ouest et de l'Est). L'enjeu n'est plus seulement régional, mais mondial; pire, multipolaire et systémique.

Or le pari historique pris par la Russie avec l'invasion de l'Ukraine, lui impose de ne pas subir une défaite, car elle perdrait alors, non seulement vis à vis de l'Occident, mais du monde entier et, en particulier, de l'Orient chinois et serait déclassée dans la hiérarchie de la "Triade" et des puissances du système international dans son ensemble.

Dans cette hypothèse et en termes de pur pouvoir politique, imposé par l'issue du conflit, Poutine et le poutinisme sortiraient de l'histoire et laisseraient la place à l'Empire du milieu renaissant.

Selon des observateurs désenchantés, par son invasion de l'Ukraine, la Russie ferait davantage, pour l'unité de l'Europe et de l'Union Européenne , en termes de blâmes et d'acrimonie anti-américaine, que la multiplicité des Sommets et des déclarations multilatéralistes des institutions "démocratiques". Des manifestations de rues, en rajouteraient, aussi bien à l'intérieur de la Russie, qu'à l'extérieur.

Assisterions nous ainsi, avec "l'opération spéciale" lancé contre un pays-frère mais asservis à Hégémon, à la renaissance de la "Doctrine Medvedev" sur la sécurité européenne de 2008 à Berlin, visant à faire contrepoids à l'Otan, dans un espace eurasien intégré, à l'image du vieux Pacte de Varsovie défunt?

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Cela serait alors le "début véritable de reconstitution de l'Union Russe, c'est à dire de l'Etat civilisationnel, qui à différentes périodes de son histoire, s'est appelé grande principauté de Moscou, royaume de Moscou, empire de Russie et Union Soviétique"? Comme l’a rappelé Poutine à la Conférence de Munich en 2007 (photo, ci-dessus), les bases d'un rassemblement anti-hégémonique, porté par le vent de l'histoire, étaient déjà là, mais devaient encore être coordonnés et démultipliés, composés de plusieurs axes fondamentaux, idéologique, diplomatico-stratégique et militaire".

Axe idéologique, car l'Occident aurait perdu le leadership intellectuel et moral. Axe diplomatico -stratégique, car la puissance américaine est un obstacle au plein épanouissement des potentialités eurasiennes du continent, rapprochant l'Est et l'Ouest. Axe militaire, puisque "le parapluie américain sur l'Europe se serait effondré". Puisque "l'Atlantisme a vécu, selon Medvedev, nous devons parler d'unité au sein de tout l'espace euro-atlantique de Vancouver à Vladivostok(2008)", mais au nom "des intérêts nationaux" et non des alliances ou des blocs. Au cas où cette proposition aurait été acceptée, la "solidarité européenne » aurait volé en éclat et la Russie se serait retrouvée au coeur du dispositif de sécurité européen, en symétrie du pouvoir chinois dans l'Asie-Pacifique.

Plus d'un chef d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pense aujourd'hui que l'opération spéciale consistant à décapiter politiquement l'Ukraine, vise ce même objectif, bien que les Européens portent une partie des responsabilité pour ne pas avoir entendu ni satisfait les revendications de sécurité de la Russie, depuis l'effondrement de l'Urss. Ainsi, derrière la crise de l'Ukraine, le test de la sécurité européenne a pour objectif la relation entre la Russie et l'Allemagne et de façon plus large, le bras de fer mondial entre le multilatéralisme occidental et le multipolarisme eurasiatique, autrement dit la forme de gouvernement démocratique et la forme autocratique.

Bruxelles le 27 février 2022

Finlandisation de l'Ukraine ? - Deux points de vue de l'Autriche neutre

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Finlandisation de l'Ukraine ?

Deux points de vue de l'Autriche neutre

Erich Körner-Lakatos & Bernhard Tomaschitz

Source : https://zurzeit.at/index.php/ploetzlich-ist-fuer-selenskij-eine-neutralitaet-der-ukraine-denkbar/ & https://zurzeit.at/index.php/kommt-es-zur-finnlandisierung-der-ukraine/


Va-t-on vers une finlandisation de l'Ukraine?

Erich Körner-Lakatos

Neutralité et renonciation à l'adhésion à l'OTAN : une alternative envisageable

Au vu de la situation en Ukraine, on parle ces derniers jours de la possibilité que le pays situé sur le Dniepr renonce à l'avenir à adhérer à l'OTAN et devienne un Etat durablement neutre. Des signes en ce sens sont même apparus dans la bouche du président Volodymyr Zelenski (soit dit en passant, le prénom Volodymyr signifie Vladimir ; Zelenski et son adversaire Poutine partagent donc au moins le même prénom). Avant cela, Emmanuel Macron avait déjà évoqué le terme de finlandisation, car la Finlande et l'Ukraine sont tout à fait comparables d'un point de vue géographique : les deux pays ont une longue frontière avec leur voisin oriental, la Russie, qui est militairement surpuissante.

En d'autres termes, la finlandisation signifie que le petit voisin ne peut affirmer son indépendance limitée que si sa neutralité présente une caractéristique particulière, à savoir un déséquilibre en faveur de la Russie. Un autre parallèle saute aux yeux : la Finlande et l'Ukraine ont longtemps fait partie de la Russie des Tsars, l'Ukraine en sa totalité en fit même partie après le pays nordique, et, dans ses frontières actuelles pendant la seule période de domination communiste. Les deux pays n'ont pu obtenir leur indépendance étatique que pendant une période de faiblesse de la Russie.

Pour comprendre ce que signifie la finlandisation pour la future Ukraine, il est nécessaire de se pencher sur l'histoire de la Finlande pendant qu'a germé le processus qui a donné, in fine, cette forme particulière de neutralité.

Comme on le sait, la Finlande faisait partie de la sphère d'intérêt soviétique en vertu du protocole additionnel secret du pacte Molotov-Ribbentrop signé en août 1939. C'est pourquoi les troupes soviétiques ont envahi les trois États baltes, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, sans rencontrer de résistance. Il en fut autrement en Finlande : pendant la guerre dite de l'hiver 1939/40, l'armée finlandaise, relativement petite, remporte des succès défensifs et met à mal l'Armée rouge, affaiblie par les purges de Staline. Ce n'est qu'au bout de six mois que la supériorité de Moscou se fait sentir et qu'Helsinki doit demander un armistice et subir des pertes territoriales, tout en étant épargnée par l'occupation.

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La situation est similaire après la guerre dite "de Continuation" qui rangea la Finlande du côté allemand dans le cadre de l'entreprise Barbarossa. En 1944, la Finlande n'est pas non plus occupée, mais commence alors une période qui durera jusqu'à l'effondrement de l'Union soviétique et qui est connue sous le nom de finlandisation, c'est-à-dire de prise en compte particulière des sentiments et des souhaits de Moscou.

Sous les présidences de Juho Paasikivi (1946-1956) et d'Urho Kekkonen (1956-1981), la Finlande a plutôt le statut de vassal de l'Union soviétique, du moins en politique étrangère. Kekkonen, qui appartient au parti paysan du centre et gouverne de manière presque dictatoriale, fait participer les communistes finlandais au gouvernement. On murmure même que Kekkonen a travaillé pendant des années pour les services secrets soviétiques, le KGB.

L'obéissance anticipée d'Helsinki est frappante. Lorsque la télévision suédoise diffuse un film basé sur la nouvelle d'Alexandre Soljenitsyne Un jour dans la vie d'Ivan Denissovitch, la Finlande coupe les émetteurs des îles Åland (un groupe d'îles dans le golfe de Botnie entre la Suède et la Finlande) parce que le bureau de la censure d'Helsinki interdit le film car il est considéré comme hostile aux Soviétiques. Le roman L'Archipel du Goulag, également écrit par Soljenitsyne, ne peut pas être publié en finnois - le chef de l'État Kekkonen s'y oppose. Par crainte d'effrayer Moscou.

Les manuels scolaires ne doivent rien contenir qui puisse fâcher les amis russes (les deux pays ont signé un traité d'amitié en 1948). Même la vie culturelle est soumise à une censure sévère : les acteurs et les artistes de cabaret qui se permettent de faire de petites blagues sur le voisin de l'Est n'obtiennent plus de rôles.

Leonid Brejnev et son Politburo vieillissant se réjouissent d'autant plus des quelque mille manifestations festives organisées en Finlande en 1970. L'occasion en est le retour du centenaire de la naissance de Vladimir Ilitch Lénine, le fondateur de l'Union soviétique.

D'autre part, entre 1945 et 1979, l'économie finlandaise connaît un essor fulgurant, basé sur l'économie de marché occidentale. On se transforme pour le voisin de l'Est en une sorte d'épicerie fine, qui profite certes en premier lieu à la nomenklatura, c'est-à-dire à la classe des fonctionnaires du PC soviétique.

En ce qui concerne l'Ukraine, une neutralité à la finlandaise serait un moindre mal. D'autres scénarios - un État vassal à la manière de la Biélorussie, voire une incorporation totale dans la Fédération de Russie - ne sont probablement pas du goût des citoyens ukrainiens.

***
Soudain, la neutralité de l'Ukraine est envisageable pour Zelensky

Dr. Bernhard Tomaschitz

Un statut de neutralité aurait permis à l'Ukraine d'éviter la guerre avec la Russie

Dans le cadre de l'opération militaire lancée par la Russie en Ukraine, les troupes russes ont désormais atteint la capitale Kiev. Face au désespoir de sa propre situation, le président ukrainien Volodimir Zelensky est manifestement en train de changer d'avis.

Dans un message vidéo diffusé sur Telegram, Zelensky a déclaré qu'il était prêt à discuter d'un statut de neutralité pour l'Ukraine: "Nous n'avons pas peur de la Russie, nous n'avons pas peur de parler avec la Russie, de parler de tout : des garanties de sécurité pour notre pays et un statut de neutralité". Si l'Ukraine avait négocié plus tôt un statut de neutralité avec la Russie ou avait déclaré sa neutralité de son propre chef au lieu de se laisser entraîner dans le sillage de la politique hégémonique américaine, le pays aurait évité bien des désagréments. Notamment la guerre actuelle avec son puissant voisin de l'Est.

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En outre, Zelenskij s'est plaint de ce qu'il considère comme un manque de solidarité de la part de l'OTAN : "Nous sommes livrés à nous-mêmes. Qui est prêt à partir en guerre pour nous ? Honnêtement, je ne vois personne. Qui est prêt à donner des garanties à l'Ukraine pour qu'elle devienne membre de l'OTAN ? Franchement, tout le monde a peur".

Pour les États-Unis, l'Ukraine, qui a été réarmée et qui devait se rapprocher de l'OTAN, était un instrument important pour parfaire l'endiguement de la Russie. Mais dans la situation actuelle, les pays de l'OTAN ne sont pas prêts à envoyer des soldats dans ce pays non-membre, pour des raisons compréhensibles. En ces heures amères, l'Ukraine et son président Zelenski doivent se rendre compte qu'ils ont été des pions dans le jeu des États-Unis.

jeudi, 03 mars 2022

Géopolitique d'un échec

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Géopolitique d'un échec

par Stefano De Rosa 

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/geopolitica-di-un-fallimento

Au lieu de justifier une critique à sens unique contre la Russie, les événements de guerre en Ukraine devraient surtout interpeler l'Union européenne sur sa fonction politique, laquelle est inexistante, et sur sa subordination aux États-Unis et à l'OTAN

Au cours de l'été 2008, l'actualité internationale et la diplomatie du monde entier ont été monopolisées par la crise russo-géorgienne. Presque tous les commentateurs et décideurs politiques ont traité les événements caucasiens selon la distinction habituelle entre "bons" et "mauvais", plaçant la Géorgie, l'OTAN, les États-Unis et l'UE parmi les premiers et la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud parmi les seconds.

L'affaire présentait des analogies avec la question du Kosovo, une région serbe à majorité albanaise qui, une décennie plus tôt, a jugé bon de se séparer de la Serbie, faisant valoir un droit fondé sur l'autodétermination des peuples et donnant naissance à une nation artificielle. Chacun se souvient de la façon dont l'Occident - avec sa logique coloniale du XIXe siècle - s'est comporté face à la réaction légitime de Belgrade qui, voulant préserver son intégrité territoriale, ne pouvait tolérer le séparatisme islamo-kosovar.

L'OTAN, composée d'États membres dans un but de défense mutuelle, a bombardé un État souverain - la Serbie - sans que cet Etat n'ait menacé l'un de ses membres. Pour la première fois, l'Alliance atlantique est intervenue dans une guerre civile sans mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, inaugurant ainsi une nouvelle ère dans les relations internationales, dans laquelle le "droit d'ingérence" était justifié par la défense de la démocratie, des minorités et des droits de l'homme.

Un critère refusé, par exemple, aux Serbes de Bosnie (quelques années plus tôt), aux Kurdes ou au Tibet, au nom de la (prétendue) intangibilité des frontières. Cette guerre - une monstruosité juridique avalisée, de surcroît, en Italie par le gouvernement D'Alema - s'est révélée être un dangereux précédent historique, dont la légitimité a été contestée par de larges couches de l'opinion publique internationale et, de manière significative, par la Russie elle-même.

Plus de neuf ans plus tard, les camps des acteurs se sont inversés: c'est la Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, qui a bénéficié politiquement de l'indépendance vis-à-vis de la Géorgie des deux petites républiques ethniques caucasiennes, désireuses d'entrer dans la sphère d'influence et la protection militaire du Kremlin. Pourquoi la Russie aurait-elle fait fi en 2008 du principe d'autodétermination (si cher au président Wilson en 1919) alors qu'en 1999, son exercice était garanti aux Kosovars avec la précieuse contribution de l'uranium appauvri des bombes lancées sur Belgrade ?

Cela n'a pas eu pour résultat le bombardement de Moscou par l'OTAN en 2008. De toute évidence, l'intangibilité des frontières était considérée comme un principe élastique à adapter au potentiel atomique ou au droit de veto à l'ONU du "mauvais" pays. Les récurrences de l'histoire (et parfois de la géographie) se sont répétées au cours de l'hiver 2022 en Ukraine. Les revendications des républiques autoproclamées de Donetsk et Luhansk dans le Donbass reconnues par Moscou étaient similaires à celles des républiques ethniques de Géorgie en 2008 et similaires aussi avec celles du Kosovo en 1999: les raisons invoquées étaient linguistiques, culturelles et religieuses pour justifier un détachement légitime (malgré une application intermittente du principe d'autodétermination des peuples) d'avec l'État auquel elles appartiennent.

Plutôt que de se diviser, de se demander si les craintes de la Russie sont fondées et si les raisons de son action militaire sur le territoire ukrainien sont justifiées, il serait plus constructif de se demander quelle est la fonction actuelle de l'Union européenne et si, dans cette affaire, elle n'a pas manqué une nouvelle occasion de se libérer de la protection des États-Unis, d'un point de vue énergétique et militaire, et de se différencier de l'OTAN, d'un point de vue politico-international. Une approche géopolitique à long terme pourrait peut-être offrir des éléments pour une meilleure compréhension prospective des événements et nous permettre d'échapper au joug d'une propagande narrative banalisée et à sens unique.

À cet égard, la théorie organique de l'État élaborée en 1897 par Friedrich Ratzel peut venir à la rescousse. Il considère l'entité étatique comme un organisme vivant et, en tant que tel, ayant tendance à s'étendre, à acquérir de nouveaux espaces également par le biais de fusions entre États et à lutter pour la conquête de son espace vital (le Lebensraum, l'espace géographique dont il a besoin pour vivre). Selon Ratzel, ce sont les batailles et les conflits, et non les accords, qui régissent les relations entre les États.

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À la mort de Ratzel en 1904, Sir Halford Mackinder (photo), dans un discours célèbre à Londres, a parlé du "pivot géographique de l'Histoire", le Heartland, le cœur eurasien de la Terre. Le géographe anglais a appelé cette région l'île du monde, dominée par le Heartland. Mackinder a écrit en 1919 : "Celui qui dirige l'Europe de l'Est dirige le Heartland ; celui qui dirige le Heartland dirige l'île du monde ; celui qui dirige l'île du monde dirige le monde". Il est facile d'y voir les préoccupations d'un exposant de la "thalassopolitique" dont parle Julien Freund.

La Première Guerre mondiale venait de se terminer. Pour Mackinder, il était essentiel d'empêcher une alliance entre l'Allemagne et la Russie et donc la conquête du Heartland. D'où la nécessité de créer des "États tampons" pour contrecarrer ce projet. Malgré les développements ultérieurs de la Seconde Guerre mondiale, de la Guerre froide et de l'effondrement du système soviétique, son modèle peut encore être adopté avec succès pour clarifier la dynamique d'un présent qui, autrement, serait incompréhensible.

Il ne peut y avoir de politique - pour emprunter à Carl Schmitt - que s'il existe une pluralité d'entités politiques entretenant entre elles des relations amicales ou hostiles. L'unification politique du monde poursuivie par la globalisation économique et financière conduit à une "dépolitisation totale" (Alain de Benoist). Le dilemme schmittien entre le monopole mondial d'une seule puissance (univers), d'une part, et les sphères d'intervention et les aires de civilisation (plurivers), d'autre part, est la véritable clé d'interprétation de ce qui se passe sur le flanc oriental de l'Europe.

Sans connaître l'issue, le mérite de l'initiative russe est, pour l'instant, au moins celui d'avoir remis la géographie et la politique sur le devant de la scène. Elle a également mis en évidence une saine distinction entre solide et liquide, entre fermeture et ouverture, entre identité et hybridité, entre enracinement et nomadisme, entre sentiment de limitation et omnipotence. C'est sur ces dichotomies que les chancelleries et les consciences individuelles doivent être appelées à s'exprimer. Il ne s'agit pas d'adhérer sans critique à ces visions stratégiques et culturelles ou de les partager. Ce qui est important, cependant, c'est de ne pas les négliger ou de les reléguer dans les scories contaminées de l'histoire.

 

 

Ukraine, la première guerre sociale et cybernétique de l'histoire

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Ukraine, la première guerre sociale et cybernétique de l'histoire

Francesca Salvatore

Source: https://it.insideover.com/guerra/ucraina-la-prima-guerra-social-e-cyber-della-storia.html

Une guerre étrange qui nous catapulte dans le troisième millénaire. Semblable à aucune autre, si ce n'est la peur et les rues tachées du sang des innocents. Le conflit en Ukraine est une émission en direct constante qui passe par les réseaux sociaux comme une émission en direct continue d'un reality show dystopique. Les réseaux sociaux sont remplis d'images postées par les protagonistes eux-mêmes qui, à l'aide de smartphones et de connexions précaires, se documentent, demandent de l'aide et exorcisent la peur.

Le reportage en direct rend obsolètes les reporters, les correspondants, les relais, les documents et les histoires. D'autre part, le web est un protagoniste sombre. La guerre de l'information du Kremlin va de pair avec l'escalade militaire en cours. Le flux de désinformation se poursuit depuis des mois afin de discréditer l'Ukraine en tant que pays et en tant que société. Puis il y a ceux, comme le collectif Anonymous, le réseau sans visage de "bons" geeks, qui décident de faire la guerre à Poutine en sabotant ses sites gouvernementaux. C'est comme être dans les Hunger Games, mais ce n'est "que" le début de 2022.

Un conflit sur l'air

"Papa, maman, je vous aime". La vidéo d'un jeune soldat ukrainien partant en guerre a fait le tour du monde. Un "Piero" 3.0 qui ne laisse pas derrière lui une photo en noir et blanc, immobile à côté d'un pilier, et encore moins des lettres du front qui arriveront des semaines plus tard. Il emmène son monde à la guerre avec lui, et marquera la guerre par des nouvelles de chez lui. Tant que ce téléphone émet, c'est une bonne nouvelle. Les réseaux sociaux arrivent dans les abris, tandis que les bombes déchirent le ciel et nous font passer nous aussi des "foyers chaleureux" au théâtre de la guerre. Les objectifs des téléphones portables bénis/maudits immortalisent les regards, les chars d'assaut, documentent la vie et la mort. Et c'est sur les réseaux sociaux que les dirigeants lancent des appels et des réparties.

Le président ukrainien Zelensky n'abandonne jamais son téléphone, et c'est son sceptre en ces heures tragiques. De ce téléphone, il écrit des messages sur les réseaux sociaux, prend des photos pour témoigner qu'il est vivant, incite les Ukrainiens à résister par des messages vidéo, dirige l'armée: le web fait partie intégrante de sa mythopoïèse, qui mêle chevalerie, courage et drame.

Mais les médias sociaux sont aussi la bête noire de Moscou en ce moment : Facebook a interdit à tous les médias d'État russes de parrainer et de monétiser leur contenu, tandis que Moscou a bloqué l'accès à Twitter sur le territoire russe. Le web est devenu un véritable front où s'affrontent vérité, mensonges et post-vérités, où les fake news sont générées et les démentis correspondants à la vitesse de l'éclair. Facebook a commencé à bloquer le contenu de quatre médias russes comme étant des sources possibles d'informations trompeuses, déclenchant la colère de Poutine qui demande que ces blocages soient retirés. Les forums de discussion, les photos de profil, les histoires et les reels deviennent instruments de guerre, pour la fomenter, la documenter, se rebeller contre elle.

La cyberguerre est déjà là

Parallèlement à une invasion, les cyberattaques mettent le grappin sur un système étranger. L'année 2021 nous a silencieusement habitués à ce nouveau type d'attaques, puisque leur nombre et leur gravité moyenne ont atteint des niveaux jamais égalés en Italie ou à l'étranger. Un exemple frappant est l'attaque contre le Colonial Pipeline aux États-Unis, qui a révélé en mai dernier, pour la première fois, comment les pirates informatiques peuvent perturber le fonctionnement du système d'un pays : le plus important réseau d'oléoducs américains a été bloqué, les approvisionnements ont été interrompus et le président Biden a été contraint de déclarer l'état d'urgence en pleine pandémie. La puissance de l'attaque, principalement à des fins d'extorsion, avait ouvert un énorme point d'interrogation sur l'avenir. Jeudi, le jour où Moscou a attaqué l'Ukraine, le Conseil européen, en plus de condamner l'invasion, a appelé "la Russie et les formations soutenues par la Russie à cesser les campagnes de désinformation et les cyber-attaques", marquant ainsi le début d'une nouvelle ère.

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Toutefois, il ne s'agit pas entièrement d'une cyberguerre. La bataille du web et des réseaux sociaux en matière d'informations trafiquées et déformées est le volet information de cette guerre, mais en soi, elle n'est rien d'autre que les fausses informations traditionnelles véhiculées auparavant par d'autres méthodes. Plusieurs cyberattaques ont eu lieu ces derniers jours, dont l'origine remonte à Moscou. Selon les experts du Washington Post, dans les prochains jours, les cyberattaques vont s'intensifier pour deux raisons principales : en réponse aux sanctions occidentales ; et comme instrument de soutien tactique aux opérations militaires sur le terrain.

La guerre hybride que suppose le conflit ukrainien est ainsi confirmée. En ce qui concerne le premier point, selon le journal, dans les prochaines heures, "il est très probable que nous assisterons à l'intensification de l'utilisation de capacités cybernétiques offensives avec des cyberattaques en guise de représailles contre les sanctions imposées à la Russie". Même l'Italie ne peut se targuer d'être à l'abri : le secteur de l'énergie en particulier est sur le qui-vive, où les attaques pourraient être plus probables et potentiellement plus dommageables.

Le 22 février, les spécialistes de l'Unité 42, le groupe de recherche basé à Palo Alto et spécialisé dans les cybermenaces, ont signalé "une augmentation significative des cyberattaques" au cours des neuf jours précédents. Depuis la mi-février, une série d'attaques Ddos (celles qui bloquent les réseaux et les infrastructures) a frappé le gouvernement et les banques ukrainiennes.

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Le 23 février, des organisations américaines (CISA, FBI, National Security Agency) et le National cyber security center (NCSC) britannique ont signalé la propagation de Cyclops Blink, un malware distribué à l'aide d'une mise à jour du célèbre antivirus WatchGuard. Les agences ont remonté la piste du malware jusqu'à Sandworm, une organisation cybercriminelle bien connue qui a des liens avec le gouvernement russe : une équipe qui comprendrait plusieurs officiers militaires du Crane (Direction principale des renseignements russes). Il s'agit du même groupe responsable des attaques de 2015 et 2017 contre l'Ukraine via le ransomware Petya.

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Les Anonymous et la "bonne guerre"

Les hacktivistes du célèbre groupe qui se cache derrière le masque de Guy Fawkes enchaînent actuellement les actions. Dans un long message vidéo, le mouvement international de pirates informatiques a déclaré la "guerre" au président Poutine après que les troupes russes ont envahi l'Ukraine dans le cadre d'une opération appelée "OpRussia - Defend Ukraine". Dans la vidéo, le collectif appelle les gens à rejoindre la cyber-guerre au nom de la défense des droits de l'homme.

Samedi, le groupe de pirates informatiques a rendu inaccessibles depuis longtemps les sites Web du Kremlin et du ministère de la Défense, ainsi que celui du diffuseur russe RT - la première chaîne d'information en langue anglaise de Russie. Samedi également, après que Poutine a ordonné une plus grande censure de ce qui pouvait être montré à la télévision, les Anonymous ont piraté les réseaux de télévision et ont diffusé un montage de la guerre en cours. En arrière-plan, une chanson russe de Monatyk, qui a participé au concours Eurovision de la chanson en 2017. Et encore, un site du réseau de contrôle du gaz russe a également été piraté, dans le cadre de l'offensive contre la Russie et pour la défense de l'Ukraine. Il s'agit du terminal russe Linux à Nogir, en Ossétie du Nord. "Nous avons modifié les données et augmenté la pression du gaz à tel point que cela a failli provoquer un incendie", peut-on lire dans un tweet des hackers. "Mais cela n'a pas été le cas", ajoute-t-il, "grâce à l'action rapide d'une personne responsable. En tant que collectif, Anonymous a pour objectif d'aider à fournir des informations valables au peuple russe sur les actions "folles" de Poutine, tout en essayant d'aider le peuple ukrainien en fournissant des colis de soins, en essayant de garder les canaux de communication ouverts et en aidant à obscurcir leurs communications des "yeux indiscrets".

Au début, les opérations perturbatrices des hackers les plus notoires du monde ont suscité un soutien inconditionnel et une sympathie collective. Mais de nombreux doutes entourent une organisation aussi mystérieuse et pourtant puissante de "justiciers du web".  Combien de hackers y a-t-il dans le collectif ? Comment s'organisent-ils ? La série d'actions perturbatrices en Russie est-elle vraiment de leur fait ? Est-il possible qu'un État soit derrière eux, se cachant pour empêcher l'escalade ? À ce stade de la "règle de suspicion", toutes les hypothèses sont plausibles.

Le collectif est officiellement né en 2003 lorsque des images et du contenu sont apparus pour la première fois de manière anonyme sur "4Chan", un site anglophone de conseil en image fondé par Christopher Poole en 2003, sur le modèle du site japonais "2channel". Dès le départ, Anonymous s'est déclaré être "une idée, un drapeau qui rassemble ceux qui veulent la justice et l'honnêteté dans le monde". Parmi leurs exploits les plus récents, citons les menaces à l'encontre d'Elon Musk, accusant le milliardaire de surinfluencer les cryptomonnaies par le biais de ses messages sur les médias sociaux ; et encore l'attaque contre l'Église de Scientologie en 2008, contre Visa et Mastercard en 2010 et l'opération KKK en 2015, lorsque les identités de plus de 1000 membres du Ku Klux Klan ont été rendues publiques.

Colonel Douglas Macgregor : "Poutine met en garde l'Otan depuis 15 ans"

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Colonel Douglas Macgregor : "Poutine met en garde l'Otan depuis 15 ans"

Roberto Vivaldelli

Source: https://it.insideover.com/guerra/il-colonnello-macgregor-putin-ha-avvisato-per-15-anni-la-nato.html

L'ancien président américain Donald Trump a toujours apprécié et tenu en haute estime les opinions hors normes du colonel Douglas Macgregor, à tel point qu'il a failli le nommer conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche après le départ de John Bolton en 2019. Vétéran de la guerre du Golfe, Macgregor est l'auteur de Breaking the Phalanx, un texte proposant la réforme de l'armée américaine, qui a intéressé le secrétaire à la Défense de l'époque, Donald Rumsfeld, à l'automne 2001. Après avoir quitté l'armée en 2004, Macgregor a souvent été invité à commenter la politique étrangère américaine à la télévision - sur Fox News, en particulier -, souvent à partir d'une position moins conventionnelle, critiquant l'immigration illégale et le magnat libéral, George Soros, avec des mots très durs.

Le 27 juillet 2020, la Maison Blanche a annoncé l'intention de Donald Trump de nommer Macgregor au poste d'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, mais les médias libéraux américains ont lancé une offensive haineuse contre le vétéran de l'armée américaine en raison de ses positions, ce qui a conduit à l'enlisement de sa nomination au sein de la commission des affaires étrangères du Sénat. Lorsque l'idée de s'installer à Berlin a été écartée, il a été nommé conseiller principal du secrétaire à la défense par intérim Christopher Miller le 11 novembre 2020. Aujourd'hui, le colonel Macgregor est de retour dans l'actualité, une fois de plus en raison de ses opinions résolument "contre-culturelles" sur l'invasion russe de l'Ukraine, telles qu'exprimées sur Fox News. Nous l'avons rattrapé pour lui poser quelques questions.

Macgregor : "Poutine a averti l'Occident depuis des années"

Selon le vétéran de l'armée américaine, l'invasion russe de l'Ukraine était planifiée depuis des mois. L'objectif de Vladimir Poutine, explique-t-il, "est de faire en sorte que les États-Unis et leurs alliés ne puissent pas stationner des missiles et des forces de combat à la frontière" avec la Fédération de Russie. Dans son discours du 24 février, le président russe a souligné que "ce qui se passe est une mesure nécessaire. On ne nous a laissé aucune possibilité de faire autrement". Une lecture correcte, selon le colonel Macgregor. "Oui. Poutine a essayé à plusieurs reprises, depuis au moins 15 ans, de signaler l'opposition de la Russie à l'avancée de l'OTAN vers les frontières de la Russie."

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Le colonel explique quels sont les objectifs du Kremlin en Ukraine : "Moscou veut une Ukraine neutre, non alignée et non hostile à la Russie. Le modèle est l'Autriche et son traité d'État de 1955. Il n'est pas enclin à traverser le Dniepr et à se diriger vers l'ouest. L'armée russe a déjà encerclé et coupé les forces ukrainiennes à l'est du fleuve Dniepr. Elle souhaiterait une résolution telle que décrite. Si cela échoue, elle écrasera les forces ukrainiennes, traversera le Dniepr et annexera ou déclarera l'Ukraine orientale comme une République russe indépendante. Cela lui donnerait le "tampon" qu'elle souhaite", explique Macgregor. "Compte tenu de la géo-hydrographie de l'Ukraine occidentale, elle peut retenir au-delà du Dniepr les forces occidentales qui tenteraient de traverser le fleuve et qui rencontreraient une destruction certaine par des moyens conventionnels." Mais combien de temps l'armée ukrainienne peut-elle résister à l'avancée russe ? L'expert n'a aucun doute: "Au maximum 30 jours". Et les sanctions économiques n'arrêteront pas Moscou: "Les sanctions ont-elles forcé Moscou à quitter la Crimée ? Les sanctions ont-elles forcé l'Iran à se soumettre aux exigences des États-Unis et d'Israël ? Non. Les sanctions ne changent pas les gouvernements".

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"Biden a provoqué la Russie"

L'ancien conseiller principal du Pentagone sous l'administration Trump explique quelles ont été les erreurs de l'actuel locataire de la Maison Blanche, Joe Biden. Il aurait essayé de tout faire sauf d'établir un dialogue diplomatique avec la Fédération de Russie: "Biden a commencé son mandat en condamnant Poutine et son gouvernement. Il n'a pas cessé de menacer Poutine et de pousser les gouvernements européens à le rejoindre. Plus sérieusement, Macgregor note que "les forces américaines ont mené des exercices et des opérations militaires à moins de 50 miles nautiques de Saint-Pétersbourg". En revanche, l'ancien président Donald Trump a "écouté le président Poutine, en cherchant à améliorer les relations avec la Russie". Cependant, note-t-il, "Poutine a compris que le président Trump avait été subverti par son propre gouvernement et a conclu qu'il devait se préparer à une nouvelle administration américaine hostile. Encore une fois, le résultat est l'action en cours dans l'est de l'Ukraine".

Une autre question clé concerne l'ordre mondial qui émergera après la fin du conflit. L'isolement de l'Occident et les sanctions économiques sévères pousseront la Russie à se tourner de plus en plus vers la Chine, mais attention : il ne s'agit pas, pour le moment, d'une véritable "alliance". "Moscou et Pékin ne sont pas des alliés", explique le colonel Macgregor. "Ce sont des partenaires stratégiques qui entretiennent des relations économiques mutuellement bénéfiques. Tous deux sont menacés par les États-Unis et, bien sûr, coopèrent pour des raisons de sécurité."

mercredi, 02 mars 2022

Mourir à 50 ans dans une église orthodoxe ou à 70 ans dans un supermarché occidental: tel est le choix de la ménagère ukrainienne !

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Mourir à 50 ans dans une église orthodoxe ou à 70 ans dans un supermarché occidental: tel est le choix de la ménagère ukrainienne !

par Frédéric Andreu

Ce qui motive en premier lieu les masses humaines, guidés par des élites débiles, résident au niveau du bas-ventre. Les Ukrainiens se trouvent devant un choix de civilisation et identitaire que leur imposent, ni la Russie, ni l'Europe européenne, mais les forces otanesque de la division. Ils sont partagés entre, d'un côté, la perspective d'un salaire à 200 Euros qu'impliquerait le rattachement au contre-Empire du grand frère russe et de l'autre, les paillettes lucifériennes de l'Occident...

Le problème, c'est que la stratégie impériale des Etats-Unis et de l'Otan oblige à ce faux choix. Elle pose un limes entre votre âme et votre ventre. Cela c'est la victoire postume de Brzezinski, le merlin noir des élites étatuniennes.

A ce jeux-là, il n'est pas impossible que l'Ukraine connaisse un partage géopolitique en deux, au niveau du fleuve Dniepr. Mais cela rimerait alors avec le martyr des minorités de part et d'autre. Cette politique serait la victoire des puissances atlanto-sionistes qui sont derrière ce scénario diabolique.

L'un des rares politiques français qui ne s'y résigne pas n'est pas issu des rangs de la droite. C'est Jean-Luc Mélanchon, ancien député socialiste, certes, mais pas plus ni moins que ne l'était Marcel Déat avant guerre... En fait, la classe politique embourgeoisée et technocratique qui règne en France et à Bruxelles, capables des pires traîtrises et des pires non-sens historiques, déclarent en coeur: “avec nos sanctions, nous allons isoler la Russie !”.

L'hôpital se moque vraiment de la Charité ! Ces idiots utiles de l'Amérique pensent isoler un pays-continent 35 fois plus vaste que la France, allié de surcroît à la Chine et à l'Inde, pays dont le réservoir démographique correspond à la moitié de la population mondiale !

Résultat de cette stupidité sans nom est le suicide de l'Europe : c'est la petite péninsule européenne et non la Russie qui serait isolée comme une tête isolée du corps.

L'Europe aurait alors pour seule perspective d'être une annexe du grand marché américain. Bien sûr, que les démographes se rassurent, l'Afrique pourra toujours suppléer au manque démographique des Européens : les populations noires déracinées pourront se déverser, toujours plus nombreuses, sur le Vieux Continent, avec la bénédiction d'un pape tiers-mondiste et des élites européennes panmixistes.

Quand cette classe de Libéraux-traitres non élue qui dirige l'Union Européenne parle de paix, il faut entendre LGBTISME, pensée unique, matérialisme pratique, MacDonaldisation souriante de la société. Avec la mise au ban de la Russie, l'Europe sera en “paix” à la puissance dix. Voici le contenu du mot “paix” pour la génération à venir ! Adieu Homère et Pic de la Mirandole ; bonjour le clown multicolore Mac Do !

Les partisans du réel savent au contraire que l'Europe a tout intérêt à s'ouvrir à cette Russie frappée de l'aigle à deux têtes, l' ”empire bicéphale” reliant notre présent à la grande politique transcontinentale des derniers Bourbons.

En effet, on ignore trop souvent, dans le pays régicide qui a coupé la tête à Louis XVI, que le projet du Bon Roi était non seulement de lier alliance avec la maison des Habsbourg par le mariage avec Marie Antoinette, mais aussi de créer une alliance commerciale, voire plus, avec la Russie de Catherine II. A l'époque les élites russes et européennes ne parlaient pas seulement en terme de taux d'inflation et de statistique, ils ne parlaient pas dans un anglais d'aéroport mais dans le français de Molière. Ils parlaient de philosophie, de découverte des îles, de voyage, de vin et de belles lettres.

On ne sait généralement pas, non plus, que cette politique que les derniers Bourbons ont incarné par des mariages et des liens diplomatiques, est dans les faits, le même tropisme que Napoléon Bonaparte a suivi mais que l'Empereur a été contraint de faire par la guerre...

Les deux tentatives ont échoué, mais c'est pourtant ce flambeau-là qu'il faudrait reprendre car il est inscrit dans le destin même de la France, à la fois politique et spirituel. Il s'agit aussi de faire passer l'oxygène du poumon gauche (l'Europe) au poumon droit (la Russie) et vice-versa. Ce futur est tout simplement inscrit dans le critérium géographique de la terre puisque la France commence le Grand Continent et la Russie le termine, preuve que le plan spirituel et matériel ne s'opposent pas. Cela, Louis XVI et Catherine II le savaient, lui le catholique pratiquant ; elle, l'orthodoxe, lorsqu'elle déclara que la France devait être “nation privilégiée de la Russie”. La Révolution dite “française”, fomentée en réalité par des agents anglais, allait mettre un terme à ce rêve.

Et si le rêve de la Monarchie et de l'Empire napoléonien se réalisait finalement par un socialiste franc-maçon d'inspiration révolutionnaire ? Dans ce cas, Jean-Luc Mélanchon resterait dans l'Histoire d'abord et avant tout comme Français !

 

mardi, 01 mars 2022

La guerre en Europe et l'autodestruction de l'Occident

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La guerre en Europe et l'autodestruction de l'Occident

Stefan Schubert

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Alors que les hommes politiques allemands se sont confortablement installés dans leur monde parallèle aux couleurs de l'arc-en-ciel, monde dans lequel des licornes en train de brouter peuvent décider chaque jour si elles préfèrent être aujourd'hui une femelle ou un mâle, les armes parlent à nouveau en Europe. Avec un projet planifié à long terme, mis en œuvre avec autant d'habileté stratégique que d'absence de scrupules, Poutine a mis fin brutalement à l'une des plus longues périodes de paix du continent européen. Et la seule chose que les politiciens allemands, incapables de gérer la crise, parviennent à faire en cette heure historique, c'est de débiter des phrases creuses et d'éclairer en bleu et jaune la porte de Brandebourg.

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Dans ce texte, il ne sera pas question de la violation du droit international ou de l'agenda mondialiste de l'OTAN, mais de la destruction de l'Allemagne, de la destruction de son identité et de la modification délibérée de la composition de sa population. Certes, de nombreux réseaux internationaux agissent depuis l'étranger, mais le plus grand ennemi du citoyen allemand aujourd'hui se cache dans son propre pays.

Alors que le principal objectif des gouvernements occidentaux est de rééduquer leur propre population et de la transformer en une masse conformiste sans défense (notamment avec les mesures décidées suite à l'apparition du coronavirus), d'autres pays créent des faits. Nous ne connaissons la chute de l'Empire romain que par les livres d'histoire, or nous assistons non seulement en direct à l'effondrement historique du monde occidental, et nous nous trouvons en plein dedans.

Alors qu'en Allemagne, le gouvernement fédéral le plus incompétent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a commencé son œuvre de destruction, les absurdités des élites berlinoises s'empilent chaque jour un peu plus. Une ministre des Affaires étrangères qui n'est même pas capable de manipuler son propre CV et son livre de bonnes manières pour qu'ils résistent à un simple examen et qui, pour l'une de ses premières interventions lors de son entrée en fonction, baragouine quelque chose à propos d'une "politique étrangère féministe". Et puis, il y a cet homme portant une perruque et des vêtements de femme qui a obtenu un mandat au Bundestag grâce aux quotas de femmes chez les Verts.

Et une ministre de l'Intérieur qui s'enfonce de plus en plus dans les marécages de l'extrême gauche antifa, diffame les promeneurs pacifiques (ndt: qui contournent les interdictions de manifester) et est sur le point de pousser à une nouvelle immigration de masse incontrôlée. De plus, des responsables de parti occupant les plus hautes fonctions de l'État, le président de la Cour constitutionnelle fédérale et le président de la protection constitutionnelle fédérale, donnent l'impression, dans leurs interventions et leurs décisions, d'avoir déclaré la guerre à une partie de leur propre peuple.

En outre, dans la soi-disant "lutte contre la droite", les autorités des forces de sécurité sont soumises à de telles vagues d'épuration que la police et l'armée ne sont plus que l'ombre des jours précédents et ont été privées de leur capacité opérationnelle.

Cet État de gauche détruit systématiquement la capacité de défense de cette génération et des suivantes et veut les rééduquer pour en faire une jeunesse unitaire gauche-verte : végétalienne, antiraciste et activiste pour le climat. Une jeunesse qui finit par appliquer une à une toutes les directives du gouvernement - sans réfléchir par elle-même. Les mesures arbitraires, l'obligation de porter un masque à l'extérieur, etc. sous prétexte de l'épidémie du coronavirus, servent ici de modèle pour les années à venir.

Parallèlement, le gouvernement de gauche lance une véritable campagne de destruction de l'industrie allemande. A cause de l'idéologie verte, maquillée en tournant énergétique, de grands secteurs économiques risquent de perdre leur compétitivité internationale, de faire faillite ou de voir leur production partir à l'étranger. Sur l'autel de cette idéologie, on renonce en outre à des prix abordables pour l'électricité et le gaz, ainsi que la sécurité énergétique des 83 millions de citoyens de ce pays. Les black-out sont aussi certains que les amen à l'église. Parlons-en de l'Église: au lieu de fournir un soutien moral et une foi solide en ces temps difficiles, les institutions ecclésiales allemandes (protestantes et catholiques) se perdent dans un marécage sordide, fait d'enrichissements personnels et d'abus pédophiles. Cette liste est loin d'être exhaustive, mais elle illustre la chute délibérée d'une nation autrefois si fière.

L'Occident - préoccupé par lui-même, sans défense et sans projet

Cette destruction de l'intérieur par une idéologie de gauche ne se limite pas à l'Allemagne. On l'observe de la même manière en Amérique, en France, en Grande-Bretagne et dans de nombreux autres pays. Alors que l'Occident est détruit par les réseaux mondialistes à la suite de la "grande réinitialisation", des pays et des groupes concurrents reconnaissent sa faiblesse et l'exploitent pour défendre leurs propres intérêts. La Chine, la Russie et la fuite humiliante devant les talibans d'Afghanistan ne sont qu'une partie de ce nouvel ordre mondial.

Alors que la stupidité est récompensée par des postes ministériels en Allemagne, Poutine crée des faits. Les slogans répétés de l'Occident et les innombrables menaces de sanctions ne provoquent plus qu'un haussement d'épaules en dehors des élites occidentales. Moscou et Pékin semblent s'être concertés sur leur approche, la Chine critiquant ouvertement les États-Unis et annonçant qu'elle ne se joindra à aucune des sanctions occidentales. Au contraire, le pays demande publiquement la levée de celles-ci. Et comme l'Europe et l'Amérique dépendent du flux économique constant de la Chine dans tous les domaines de la vie, l'Occident a été relégué au rang de spectateur sur la scène mondiale.

L'armée allemande a été systématiquement détruite par les politiques et le ministère de la Défense a été transformé en dispensaires pour politiciennes usées. Les noms des fossoyeurs au féminin de notre armée sont: Ursula von der Leyen, Annegret Kramp-Karrenbauer et Christine Lambrecht. Si vous essayez de survivre à une telle direction, vous n'avez pas besoin d'une guerre d'usure sur le front de l'Est pour vous rendre sans défense. Et non, il ne s'agit pas de fake news - Ursula von der Leyen a fait modifier les chars allemands pour que les femmes enceintes puissent également les conduire dans la cour de la caserne. La révélation publique de la Bundeswehr est complétée par le plus haut gradé de l'armée de terre allemande, l'inspecteur de l'armée de terre Alfons Mais (photo), qui dénonce la négligence de la préparation opérationnelle pendant des années. Dans la crise ukrainienne, la Bundeswehr est "plus ou moins à sec", ce sont ses mots exacts.

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L'ère de l'Occident et de sa suprématie sur le monde est désormais définitivement révolue. Après la fuite humiliante devant des guerriers de Dieu à la belle barbe bien fournie en Afghanistan, c'est maintenant un Waterloo à l'est du continent européen. Les impacts se rapprochent et les secousses actuelles sont déjà perceptibles à Berlin.

"Accéder au canal Telegram de l'auteur Stefan Schubert : le point de situation de Schubert, https://t.me/SchubertsLM

lundi, 28 février 2022

Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

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Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-le-responsabilita-dell-europa-zombie-atlantica

L'invasion de la Russie est arrivée, l'attaque contre l'Ukraine s'est déroulée selon les prédictions (et les souhaits) de Biden. En fait, les avertissements répétés d'invasion, l'état d'alerte de l'OTAN et les sommets récurrents avec les dirigeants européens avaient un but précis : réaligner l'Occident face à l'ennemi absolu du moment, en tant que menace pour le nouvel ordre mondial orchestré par les États-Unis. Après la fuite humiliante d'Afghanistan, avec l'état de guerre civile qui perdure aux Etats-Unis, avec la crise économique post-pandémique et le retour corrélatif de l'inflation, la présidence Biden, qui s'est avérée très faible et qui connait une forte baisse de soutien interne, était à la recherche d'une nouvelle urgence, afin de rallier l'opinion publique nationale et les alliés de l'OTAN contre un nouvel ennemi absolu. Et cela s'est incarné dans la figure de Poutine, déjà défini comme un "criminel" au début de sa présidence. La figure de l'ennemi irréductible, de la menace perpétuelle pour la sécurité des Etats-Unis, pour les valeurs de l'Occident, est un mantra récurrent de la politique étrangère américaine. La perspective d'un ennemi à combattre et à vaincre constitue donc un mythe fondateur, assumé de temps à autre pour justifier idéologiquement le rôle dominant de la puissance mondiale américaine.

Du point de vue américain, il ne s'agissait pas de défendre l'intégrité territoriale et de sauvegarder l'indépendance de l'Ukraine, mais d'imposer à la Russie l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. En réalité, l'expansion progressive de l'OTAN en Europe de l'Est a représenté une phase décisive de la stratégie de pénétration en Eurasie, avec le démembrement consécutif de la Russie : il s'agissait de reproduire, à grande échelle, la même stratégie du chaos déjà expérimentée dans l'ex-Yougoslavie, après la dissolution de l'URSS. Cette politique expansionniste de l'OTAN a toutefois été entravée par la réaction de la Russie de Poutine qui, dès 2014, avec l'occupation de la Crimée et du Donbass, a réussi à s'opposer à l'occidentalisation de l'Ukraine suite à la "révolution colorée" (c'est-à-dire le coup d'État) de Maïdan, qui a retiré l'Ukraine de la sphère d'influence russe.

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Poutine s'oppose à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN car il veut préserver les besoins de sécurité de la Russie. Mais il existe un précédent historique bien connu : lorsque l'URSS a voulu installer ses bases de missiles à Cuba, la menace de guerre nucléaire de l'Amérique de Kennedy a contraint l'Union soviétique à abandonner ses plans.

On peut donc se demander comment Biden entendait protéger l'Ukraine de l'invasion russe, puisqu'il n'a accepté aucune négociation avec Poutine qui permettrait d'éviter la poursuite de l'expansion de l'OTAN vers l'est et qu'il a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne voulait pas autoriser une intervention militaire américaine en Ukraine. L'Occident s'est borné à déclarer verbalement qu'il n'était pas prévu que l'Ukraine rejoigne l'OTAN dans un avenir proche, mais Biden a refusé de conclure un quelconque accord officiel avec Poutine sur la question. En outre, la confiance de Zelenski lui-même dans le soutien européen et américain est totalement incompréhensible à la lumière des résultats des conflits précédents en Afghanistan, en Géorgie et au Kurdistan (pour n'en citer que quelques-uns), où les Américains se sont retirés et ont toujours abandonné leurs alliés à leur sort.

Mais les États-Unis poursuivent des objectifs bien différents dans le conflit ukrainien. L'invasion russe de l'Ukraine est une excellente occasion pour les États-Unis de rompre les relations entre l'Europe et la Russie et de tuer dans l'œuf toute velléité d'autonomie européenne vis-à-vis de l'OTAN et des États-Unis. Des divisions européennes internes apparaissent au sujet des sanctions contre la Russie. Une grave crise énergétique pourrait réduire la puissance économique de l'Allemagne et de l'Europe et placer l'Europe dans une position subordonnée dans la zone d'influence atlantique. Cependant, l'UE s'est alignée sur la russophobie américaine. Scholz, en représailles à l'invasion russe, a bloqué le démarrage du gazoduc Nord Stream 2. Biden a été exaucé. En effet, les États-Unis ont l'intention de libérer l'Europe de la dépendance énergétique russe afin de lui imposer la dépendance énergétique américaine.

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L'imposition même de sanctions à la Russie est contestée en Europe. Tant en matière d'approvisionnement énergétique que dans le domaine économique et financier. En excluant la Russie du système des transactions rapides internationales, l'intention est de provoquer l'isolement et l'effondrement économique ultérieur de la Russie. Mais la Russie possède déjà son propre système de paiement et pourrait également utiliser les systèmes alternatifs fournis par la Chine. Dans ce cas, il y aurait une restriction mondiale significative de la zone dollar. Le blocage du système de paiement swift entraînerait également une grave crise du système bancaire et économique européen. Les banques françaises et italiennes sont exposées à la Russie à hauteur de plus de 50 milliards d'euros, l'Italie dépend à 50 % du gaz russe et ses exportations vers la Russie s'élèvent à environ 8 milliards d'euros par an. La mondialisation a conduit à l'interdépendance mondiale des marchés. L'Occident est maintenant la victime du système même qu'il voulait imposer au monde.

Depuis Obama, les États-Unis prévoient de réduire le rôle de l'économie européenne dans le monde. Mais la fin des échanges entre l'Occident et la Russie n'aurait pour effet que de renforcer l'axe russo-chinois (qui se targue déjà d'un volume d'échanges de 140 milliards), en opposition ouverte avec l'Occident. L'Occident, en outre, a supprimé sa propre mémoire historique. Si, pendant la guerre froide, l'URSS et la Chine de Mao avaient été alliées, quel aurait été le sort de l'Occident ?

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L'invasion russe de l'Ukraine aurait-elle pu être évitée ? La réponse est affirmative. Les accords de Minsk, qui prévoyaient l'autonomie des régions russophones du Donetsk et de Luhank (Lugansk) et les laissant sous la souveraineté ukrainienne, auraient pu être mis en œuvre. Mais l'Ukraine a refusé. Les rencontres diplomatiques entre les dirigeants russes et occidentaux se sont révélées être un dialogue de sourds, étant donné le refus américain préjudiciable à tout accord avec Poutine (qui fait déjà l'objet de sanctions occidentales depuis 2014) sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Jusqu'à la veille de l'invasion, Zelenski avait réitéré sa position en faveur de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et à l'OTAN, telle qu'elle est inscrite dans sa constitution.

Mais surtout, c'est l'Europe qui est responsable du triste sort de l'Ukraine, soumise à l'invasion dévastatrice de la Russie. On peut pécher en pensée, en parole, en acte et par omission. Et les péchés d'omission commis par cet ectoplasme atlantique qu'est l'Europe sont irrémédiables. En fait, l'Europe aurait pu proposer une négociation autonome avec la Russie, impliquant l'adhésion de l'Ukraine à l'Europe, mais pas à l'OTAN. Cela aurait permis de préserver l'intégrité de l'Ukraine en imposant sa neutralité en tant que pays-pont nécessaire dans les relations entre l'Europe et la Russie. Le rôle de l'OTAN en tant qu'avant-poste armé aurait au contraire condamné l'Ukraine à la dépendance économique et militaire de l'Occident.

Dans ce contexte, l'Europe se serait désengagée de l'Alliance atlantique. Mais cette perspective est rejetée par l'Europe, car elle signifierait que l'Europe assume le rôle d'un acteur autonome par rapport aux États-Unis dans la géopolitique mondiale. Dans l'UE actuelle, l'OTAN s'identifie et se superpose à l'Europe. Tous les anciens membres du Pacte de Varsovie, qui étaient russophobes, sont devenus membres de l'UE, comme ils appartiennent à l'OTAN. L'européanisme actuel coïncide donc avec l'atlantisme. En conclusion, l'UE existe en tant qu'organe européen supranational au sein de l'Alliance atlantique.

Dans cette perspective atlantiste (et l'unité européenne au sein de l'OTAN est continuellement réaffirmée par tous les dirigeants des États membres de l'UE), l'Europe ne peut que subir, tant économiquement que politiquement, les conséquences du conflit entre les États-Unis et la Russie, seuls véritables protagonistes de la crise ukrainienne. Comme l'a déclaré Alberto Negri dans son récent article "Poutine et les Européens unis dans le paradoxe", cette situation présente également des aspects paradoxaux : "Mais le meilleur est encore à venir. L'augmentation de la consommation et des investissements en 2021 et d'autres facteurs ont contribué à la multiplication par quatre du prix du gaz en Europe. Ainsi, la Russie a également multiplié le chiffre d'affaires de Gazprom, alors qu'elle a considérablement réduit ses approvisionnements. En outre, Moscou reste le plus grand fournisseur unique de pétrole en Europe, avec une part de 25 %. En bref, le moteur de l'économie européenne est entre les mains de Poutine et l'argent européen finance l'effort de guerre russe. Est-ce qu'on va s'en sortir ?" Ou assisterons-nous, comme tout le suggère, au suicide de l'Europe ? Mais un zombie, c'est-à-dire un mort-vivant, peut-il se suicider ?

Guerre en Ukraine : le point de non-retour - 32 points sur la question ukrainienne

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Guerre en Ukraine : le point de non-retour

32 points sur la question ukrainienne

par Roberto Buffagni

Source : Roberto Buffagni (28 fév. 2022) & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-il-punto-di-non-ritorno

Je résume aussi brièvement que possible le déroulement des événements passés et propose une hypothèse interprétative des événements futurs.

1. La cause profonde de la guerre est la décision stratégique américaine d'étendre l'OTAN à l'Est. L'expansion a commencé avec l'administration Clinton, après l'effondrement de l'URSS. George Kennan, Henry Kissinger, John Mearsheimer - pour ne citer que les principales personnalités américaines dans le domaine des relations internationales - l'ont considéré comme une erreur de première grandeur, annonciatrice de graves conséquences.

2. Le sommet de l'OTAN de 2008 à Bucarest a déclaré que la Géorgie et l'Ukraine rejoindraient l'OTAN. La France et l'Allemagne s'y opposent mais cèdent à la pression américaine. Le résultat est un compromis : aucune date d'entrée n'est spécifiée.  

3. La Russie fait immédiatement savoir que l'entrée de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'OTAN est inacceptable. La raison sous-jacente est que la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN deviendraient des bastions militaires occidentaux à la frontière russe. Immédiatement après le sommet de Bucarest, la Russie envahit la Géorgie pour l'empêcher de rejoindre l'OTAN. Elle n'est ni politiquement ni militairement capable de faire de même avec l'Ukraine.

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4. En 2014, les États-Unis orchestrent un coup d'État en Ukraine et installent un gouvernement qui leur plaît et qui met le désir de rejoindre l'OTAN dans la constitution.

5. En 2021, les États-Unis et les pays de l'UE commencent à armer sérieusement les Forces Armées ukrainiennes.

6. Fin 2021, la Russie ouvre des discussions diplomatiques avec les États-Unis. Le point clé de la proposition russe est la signature d'un traité garantissant que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN. Contre la coutume diplomatique, la Russie rend le projet de traité public.

7. Les États-Unis refusent de garantir par écrit que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN, car cela reviendrait à renoncer au rôle décisionnel "superiorem non recognoscens" dans l'ordre international unipolaire qu'ils détiennent depuis l'effondrement de l'URSS. Ils font immédiatement savoir qu'ils n'interviendront PAS militairement pour défendre l'Ukraine en cas d'attaque russe. Une grande puissance nucléaire n'affronte une autre grande puissance nucléaire sur le terrain que lorsque ce qui est en jeu est un intérêt vital pour les deux. L'Ukraine est un intérêt vital pour la Russie, elle n'est PAS un intérêt vital pour les États-Unis.

8. Lors de la conférence de Munich, le chef du gouvernement ukrainien annonce que l'Ukraine envisage d'acquérir des armes nucléaires tactiques. Les plus petites armes atomiques tactiques peuvent effacer une division blindée de la surface de la terre.

9. Peut-être à cause de cette annonce, la Russie accélère. Elle reconnaît les républiques du Donbass, envahit l'Ukraine. Elle mène la guerre de la manière la plus susceptible d'épargner la vie des civils, en vue de la réconciliation/stabilisation de l'Ukraine. L'objectif stratégique russe ne comprend PAS la conquête totale ou partielle du pays, mais sa neutralisation, la reconnaissance des républiques du Donbass et de Crimée, la démilitarisation de l'Ukraine.

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10. Les États-Unis - plus précisément, l'establishment qui dirige leur politique étrangère et qui est en mesure d'influencer fortement toute administration - décident de mettre en œuvre une stratégie de guerre indirecte, dans le but de provoquer un "changement de régime" en Russie, et utilisent les pays de l'UE comme un instrument politique, en assumant le rôle d'"OTAN politico-économique".

11. Des sanctions économiques majeures sont imposées à la Russie par les États-Unis et les pays de l'UE, y compris le gel, c'est-à-dire la saisie, des actifs de la Banque nationale russe détenus dans les pays occidentaux (un acte de guerre).

12. Des mesures draconiennes sont également décidées par les pays de l'UE, qui sont aussi de véritables actes de guerre : l'UE finance et envoie à l'Ukraine des systèmes d'armes non seulement défensifs mais aussi offensifs (avions de chasse). La distinction entre les systèmes d'armes offensifs et défensifs, qui n'a aucune valeur sur le champ de bataille, est toutefois pertinente sur le plan juridique. Envoyer des systèmes d'armes défensifs à un pays en guerre ne constitue pas un acte de guerre contre son ennemi, envoyer des systèmes d'armes offensifs oui.

13. La Suède et la Finlande, pays neutres limitrophes de la Russie, annoncent qu'ils envisagent de rejoindre l'OTAN.

14. L'Allemagne annonce un vaste programme de réarmement.

15. L'envoi de systèmes d'armes à l'Ukraine ne change pas l'issue du conflit en Ukraine, car il ne modifie pas l'équilibre des forces entre les protagonistes, qui penche fortement en faveur de la Russie. Il s'agit d'une provocation adressée à la Russie. Elle la met au défi de réagir à des actes de guerre réels, sachant qu'une réaction militaire russe contre des pays de l'UE, qui sont également des pays de l'OTAN, provoquerait un conflit ouvert OTAN-Russie. L'intention de la provocation est de démontrer l'impuissance russe : "Vous avez mordu plus que vous ne pouvez mâcher", et ainsi déstabiliser le gouvernement de la Fédération de Russie.

16. Le gouvernement russe lève l'alerte nucléaire. C'est un cas de "escalade pour désescalade". Par l'escalade, un message est envoyé à l'adversaire : "Sachez que nous sommes prêts à aller jusqu'au bout, y compris au conflit nucléaire. Désescaladez ou subissez les conséquences".

17. Les premiers entretiens entre les représentants des gouvernements ukrainien et russe sont annoncés pour ce matin.

18. L'opération de "changement de régime" en Russie exploite toutes les failles du conflit en Russie, en premier lieu les nationalismes des États qui composent la Fédération. Le scénario envisagé par les planificateurs est similaire à celui déjà mis en œuvre dans l'ex-Yougoslavie : guerre civile, fragmentation de la Fédération de Russie, implosion de l'État fédéral, nouveaux gouvernements dirigés par des politiciens acceptables pour l'Occident, et le président fédéral russe V. Poutine, déjà décrit par les médias occidentaux comme un gangster mentalement dérangé, comme le président yougoslave Milosevic accusé devant le Tribunal international de La Haye.  

19. Il est très clair, d'après ce qui précède, que la Russie NE PEUT PAS reculer. S'il le fait, le gouvernement sera déstabilisé et la deuxième phase de l'opération de changement de régime sera déclenchée : des révolutions colorées dans les États constitutifs de la Fédération de Russie. En outre, l'Ukraine est la dernière ligne de défense militaire et politique de la Fédération de Russie, qui est dos au mur et défend sa survie.  

20. Je rappelle que pour éviter la situation actuelle très dangereuse, il aurait suffi de deux choses : a) garantir par écrit que l'Ukraine ne rejoindrait pas l'OTAN; b) qu'un seul pays de l'UE propose, avant le début des hostilités, une révision du système de sécurité européen tenant compte des intérêts russes, orientée vers la neutralisation de l'Ukraine.  

21. Je prédis que les pourparlers entre l'Ukraine et la Russie ne donneront aucun résultat. Le gouvernement ukrainien est dirigé par les États-Unis. Il est dans l'intérêt des États-Unis, en vue de l'opération de changement de régime, de gagner du temps et d'accroître la pression sur le gouvernement russe.

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22. L'attitude actuelle des pays de l'UE n'est dans l'intérêt d'aucun pays européen, y compris les voisins de la Russie. En fait, la Russie n'a PAS l'intention de s'étendre, ni en Ukraine ni ailleurs (elle n'en a pas la capacité politico-militaire). La Russie défend son intégrité politique et sa survie en tant qu'État unitaire.

23. L'attitude actuelle des pays de l'UE fait courir un grand risque à tous les pays européens. Elle est dictée par les États-Unis, qui peuvent ainsi mener une politique de "guerre courte" contre la Russie à coût zéro. Le coût économique et politique est payé par les peuples d'Europe.

24. L'attitude actuelle des pays de l'UE laisse soupçonner que leurs dirigeants ne se rendent pas compte de la gravité des actes qu'ils posent, ni de leurs éventuelles conséquences.

25. En effet, je répète que la Russie NE PEUT PAS faire marche arrière, et que ses objectifs ne sont pas expansionnistes ou impérialistes, mais strictement défensifs. La Russie les considère comme des intérêts vitaux, qu'elle doit sécuriser pour survivre.

26. La Russie est une grande puissance nucléaire. Personne au monde, à part Dieu ou le recul, ne sait quelles pourraient être les conséquences d'une opération réussie de changement de régime en Russie, car personne ne peut savoir qui contrôlerait l'arsenal nucléaire russe, ou des parties de celui-ci, plus que suffisantes pour provoquer une destruction catastrophique.  

27. De plus, un échec définitif de l'opération de changement de régime après son succès partiel et temporaire pourrait encourager un comportement désespéré et irrationnel de la part des dirigeants politiques russes, qui, je le rappelle encore une fois, ont le sentiment de se battre pour la survie de la Russie.

28. La décision allemande de réarmer, et d'envoyer en Ukraine des armes qui tueront les soldats russes, combinée à la présence en Ukraine de formations qui rappellent le national-socialisme, ne peut que rappeler aux Russes ce qui s'est passé lors de la deuxième guerre mondiale, lorsque les Allemands ont tué 22 millions de civils russes, et qu'une partie des Ukrainiens s'est rangée du côté des nazis contre l'URSS. Les Russes appellent la seconde guerre mondiale la "Grande guerre patriotique", célèbrent solennellement son souvenir, se rassemblent autour d'elle. Le patriotisme et le nationalisme sont une force très puissante en Russie. Les émotions qu'ils suscitent lorsque la survie de la nation est jugée en danger peuvent dépasser la rationalité.

29. Très important : à partir de maintenant, il est absolument nécessaire de prendre au pied de la lettre, et de croire du premier au dernier mot, les avertissements et menaces officiels adressés à l'Occident par les dirigeants russes. En effet, les dirigeants politiques russes n'ont non seulement aucune raison de mentir ou de proférer des menaces vides de sens, mais ils ont absolument besoin d'être clairs, sincères et cohérents dans leurs déclarations officielles à l'Occident. C'est en effet le seul instrument à sa disposition pour contrôler rationnellement le cours des événements et éviter qu'ils ne deviennent incontrôlables et ne précipitent une catastrophe. Penser que les dirigeants russes bluffent est une recette pour le désastre.

30. Il est très important que ceux qui partagent cette lecture des événements transmettent, du mieux qu'ils peuvent, aux parlementaires italiens leur désaccord inquiet pour l'attitude de notre gouvernement et de l'UE. Il convient de rappeler que seul le Parlement peut légitimement décider des actes de guerre et que l'article 11 de la Constitution italienne "répudie la guerre comme instrument d'offense à la liberté des autres peuples et comme moyen de régler les différends internationaux". Il s'agit d'un différend international, qui peut être réglé rapidement en garantissant la neutralité de l'Ukraine.

31. En conclusion, rappelons qu'une attitude agressive et intransigeante, et pire, la collaboration à l'opération de "changement de régime" en Russie, peut précipiter l'Ukraine dans l'abîme. L'issue militaire du conflit, compte tenu des forces sur le terrain et de l'incapacité de la Russie à faire marche arrière, est prédéterminée. Le seul effet réel d'une agression intransigeante pourrait être une augmentation de la pression militaire russe pour conclure rapidement les opérations. Cela impliquerait l'adoption d'un style de guerre beaucoup plus violent et une augmentation spectaculaire des pertes civiles. Si les événements devenaient incontrôlables et débouchaient sur une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie, une attitude agressive et intransigeante pourrait également plonger les nations européennes dans l'abîme.

32. De nombreuses personnes suivent le déroulement de cette affaire comme s'il s'agissait d'une série télévisée. Ce n'est pas une série télévisée, c'est la réalité. Nous ne sommes pas à Disneyland, nous ne sommes pas au pays des merveilles. Nous ne sommes pas des enfants : il n'est pas vrai que Papa USA, qui est si fort et si juste, nous protège et veillera à ce que tout se termine de la meilleure façon possible. Soyons des adultes responsables. Une fois cette crise passée, nous discuterons à nouveau des valeurs, des modèles de société, des raisons et des torts, qui sont très importants. Mais avant de discuter des valeurs et des modèles de société, nous devons savoir comment vivre et survivre.

Examen d'un rapport de la RAND Corporation: "Overextending and Unbalancing Russia"

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Examen d'un rapport de la RAND Corporation: "Overextending and Unbalancing Russia"

Pavel Kiselev

Source: https://www.geopolitica.ru/en/article/overextending-and-unbalancing-russia-rand-corporation?fbclid=IwAR0IGXyuVEcYVNB9fIOlXPyQriLpXqYa1KpFuDStTvY8kgxz_pAS_TzaZ24

La provocation à la guerre qui sévit aujourd'hui sur le territoire de l'Ukraine a été planifiée par les États-Unis depuis longtemps, et cela leur semble être la meilleure étape à franchir pour obtenir la destruction de la Russie.

En 2019, le think tank américain RAND Corporation a publié un rapport sur le programme d'affaiblissement et de démoralisation de la Russie intitulé Overextending and Unbalancing Russia. Les informations sont disponibles gratuitement sur le site Web de RAND.

Le rapport contient beaucoup de choses intéressantes concernant les stratégies visant l'affaiblissement de l'économie russe, le matraquage idéologique de la population avec les valeurs libérales, et ainsi de suite. Mais dans la situation actuelle, nous sommes intéressés par les points relatifs à la pression politique et militaire sur notre pays. Voici une liste de ces points :

- Fournir une aide létale à l'Ukraine permettrait d'exploiter le plus grand point de vulnérabilité externe de la Russie. Mais toute augmentation des armes et des conseils militaires américains à l'Ukraine devrait être soigneusement calibrée pour augmenter les coûts auxquels la Russie devrait consentir pour maintenir son engagement actuel sans provoquer un conflit beaucoup plus large dans lequel la Russie, en raison de la proximité, aurait des avantages significatifs.
   

- Augmenter le soutien aux rebelles syriens pourrait mettre en péril d'autres priorités politiques américaines, comme la lutte contre le terrorisme islamique radical, et risquerait de déstabiliser davantage toute la région. En outre, cette option pourrait même ne pas être réalisable, étant donné la radicalisation, la fragmentation et le déclin de l'opposition syrienne.

- Promouvoir la libéralisation en Biélorussie n'aboutirait probablement pas et pourrait provoquer une forte réaction russe, qui entraînerait une détérioration générale de l'environnement sécuritaire en Europe et un recul de la politique américaine.

- Étendre les liens dans le Caucase du Sud - rivaliser économiquement avec la Russie - serait difficile en raison de la géographie et de l'histoire.

- Réduire l'influence russe en Asie centrale serait très difficile et pourrait s'avérer coûteux. Un engagement accru a peu de chances de nuire à la Russie sur le plan économique et risque d'être disproportionnellement coûteux pour les États-Unis.

- Agiter la Transnistrie et expulser les troupes russes de la région serait un coup dur pour le prestige russe, mais cela permettrait également à Moscou d'économiser de l'argent et, très probablement, d'imposer des coûts supplémentaires aux États-Unis et à leurs alliés.

Comme le montre la liste, la déstabilisation de l'Ukraine et l'assistance aux nationalistes ukrainiens en matière d'armement constituent une tâche prioritaire pour affaiblir l'influence de la politique étrangère de la Russie sur l'étranger proche, car le reste des actions envisagées par le Pentagone nécessite un tout autre alignement des forces autour de la Russie.

La déstabilisation des relations entre la Russie et l'Ukraine est le premier grand pas vers la destruction de l'État russe, ainsi que l'encerclement de toute la frontière russe par des conflits militaires dans les territoires environnants. L'essentiel est de provoquer un affrontement, d'allumer le feu de la guerre, d'enserrer la Russie dans un cercle ardent de chaos.

Les Etats-Unis visent à faire de l'ensemble du territoire bordant la Russie du côté européen un tremplin pour désamorcer le potentiel militaire russe. Le rapport poursuit en disant que les bombardiers, les chasseurs, les armes nucléaires et les installations antimissiles de l'OTAN doivent être relocalisés à portée de main des principales installations stratégiques russes. L'expansion de l'OTAN réduira les risques et les coûts pour les États-Unis en attirant d'autres pays dans l'économie de l'alliance et rendra les défenses de la Russie plus vulnérables.

Les points stratégiques de ce plan ont déjà commencé à être mis en œuvre par les États-Unis en 2021. Les experts du centre analytique ont souligné que pour étendre l'influence de l'OTAN, il est nécessaire de mener des exercices des armées de l'Alliance de l'Atlantique Nord dans des territoires tampons qui ne font pas partie de l'OTAN. Le gouvernement de Kiev et les dirigeants de l'alliance ont organisé des exercices militaires sur le territoire de l'Ukraine afin de montrer leur "approche provocatrice envers la Russie".

Les États-Unis voulaient vraiment provoquer la Russie jusqu'au moment où les forces de l'OTAN atteindraient les frontières de la Russie ou, pire encore, entoureraient les murs du Kremlin. Mais la partie russe, comme d'habitude, "s'attelle longtemps, mais roule vite". Les provocations sans fin, les actions terroristes dans les territoires de la RPD et de la RPL ne pouvaient pas durer longtemps. Nous ne pouvions pas attendre que les États-Unis jouent suffisamment la diplomatie et étendent leur hégémonie à l'est de l'Europe jusqu'aux terres russes. Les actions de notre armée en Ukraine aujourd'hui sont le seul moyen de contenir une guerre plus sanglante, de réconcilier deux pays frères et de stopper la politique expansionniste des Etats-Unis.

A propos de l'auteur :

Kiselev Pavel - traducteur, linguiste, membre de l'Union eurasienne de la jeunesse.

dimanche, 27 février 2022

Guerre en Ukraine: la spirale autoréalisatrice

Guerre en Ukraine: la spirale autoréalisatrice
 
Source: Page Facebook de Pierre-Emmanuel Thomann
 
Pourquoi la guerre entre la Russie et l'Ukraine a t-elle éclaté de manière aussi rapide ? A partir du moment où les propositions russes ont été rejetées en bloc par les Etats-Unis et les membres de l'OTAN, une aggravation de la situation n'était qu'une question de temps, mais pourquoi si vite ?
 
Les historiens débattent encore aujourd'hui sur les causes et le déroulé des évènements et décisions qui ont abouti au déclenchement de la première guerre mondiale et il en sera ainsi pour ce conflit. Toutefois, en gardant à l'esprit les nombreuses incertitudes du brouillard de la guerre, voici mon hypothèse.
 
Paradoxalement, c'est la guerre de communication des Anglo-Saxons accusant la Russie d'une invasion imminente qui a provoqué l'accélération des évènements. On peut poser l'hypothèse que c'est un bon exemple de prophétie auto-réalisatrice. La guerre de communication des Anglo-Saxons et gouvernements atlantistes a ensuite évolué depuis le déclenchement du conflit accusant la Russie d'une invasion non provoquée de l'Ukraine. Il s'agit en réalité, non pas d'une invasion, mais d'une opération de neutralisation de l'Ukraine après plusieurs décennies d'actions hostiles des Etats-Unis et leurs allés de l'OTAN envers la Russie depuis la disparition de l'URSS.
 
Cette campagne de désinformation largement relayée par les médias française et allemands n'a d'équivalent que la propagande des Etats-Unis lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003, et celle de la province serbe du Kosovo en 1999. Le déclenchement de l'opération militaire russe ne s'est d'ailleurs pas produite à la date annoncée par les médias et membres des gouvernements anglo-saxons, mais décalée dans le temps à la suite d'un enchaînement plus complexe de tractations diplomatique et d'évènements sur le terrain.
 
En effet, reprenons le déroulé des évènements.
 
La Russie a fait des propositions en décembre 2021, aux Etats-Unis et à l'OTAN, pour une nouvelle architecture de sécurité européenne, incluant l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN, notamment à l'Ukraine, la promesse de pas installer des systèmes d'armes aux frontières de la Russie, et un retour des capacités et des infrastructures militaires du bloc en Europe à l’état de 1997, date de la signature de l’Acte fondateur OTAN-Russie.
 
La seule réponse des Etats-Unis (et son supplétif le Royaume-Uni) a précisément été le déclenchement d'une guerre de communication accusant la Russie d'une invasion imminente, afin de détourner le regard sur leur propres objectifs, c'est à dire refuser toute négociation substantielle sur l'élargissement de l'OTAN, torpiller à l'avance toute négociation séparée des Européens, notamment les tentatives des diplomaties françaises et allemandes, et accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine qui a ensuite repris les bombardements contre le Donbass. L'objectif non-explicite était de provoquer une guerre entre la Russie et l'Ukraine, en utilisant cette dernière comme force militaire supplétive pour affaiblir la Russie sans envoyer un seul soldat américain.

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La Russie avait de son côté vraisemblablement anticipé plusieurs scénarios. Soit les médiations européennes .aboutissaient à une promesse de stopper l'élargissement de l'OTAN avec la négociation d'un nouveau traité de sécurité européen, soit la Russie serait contrainte, comme elle l'avait annoncé dès 2021, de procéder à des mesures technico-militaires pour assurer sa sécurité, mais aussi celle du Donbass, qui n'a en réalité jamais cessé d'être sous les bombardements ukrainiens depuis 2014, depuis qu'il ont gagné leur guerre d'indépendance après le coup d'Etat à Kiev.
 
La situation pouvait vraisemblablement encore se détendre, si les Européens avaient clairement promis dans un traité de geler de manière définitive l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et éviter de promettre de livrer des armes à l'Ukraine, et si l'Ukraine avait aussi enfin accepté de mettre en oeuvre les accords de Minsk, Toutefois les accords de Minsk n'étaient déjà plus décisifs , car ils ne pouvaient être pleinement efficaces que dans une négociation plus globale sur une nouvelle architecture de sécurité, dont l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN. Selon ce scénario, les Russes ne seraient sans doute pas intervenus.
 
La médiation européenne, trop tardive n'a pas abouti, car il n'y a pas eu de promesse sur le fond et les gouvernement français et allemands n'ont pas élaboré de position clairement différente et indépendante des Etats-Unis. .Les Européens ont en même temps largement relayé le narratif des Etats-Unis, et l'UE a démontré quelle n'était qu'un annexe de l'OTAN sur cette question.
L'Ukraine n'a pas cessé de réclamer une adhésion à l'OTAN tout en maintenant des troupes massées aux frontières du Donbass et intensifiant les bombardements sur la ligne de front du Donbass.
 
La dégradation rapide de la situation aux frontières du Donbass a donc convaincu les Russes , que l'option d'un négociation substantielle était impossible et que la volonté des Etats-Unis, et leurs alliées européen était de poursuivre l'otanisation inexorable et accélérée de l'Ukraine. La préparation d'une offensive dans le Donbass (à l'image du président Ukrainien Poroshenko en 2014 en contradiction avec sa promesse de négocier avec les républiques séparatistes du Donbass) était même de plus en plus probable.
 
L'option de la reconnaissance des République indépendantes du Donbass pour assurer leur sécurité et l'option de la neutralisation de l'Ukraine, car les deux objectifs ne sont pas séparables, est devenue une nécessité. L'Ukraine devenait une anti-Russie et un Etat-front armé par les membres de l'OTAN dans la cadre de la création d'un arc d'instabilité autour de la Russie. Les extensions successives de l'OTAN menacent les frontières de la Russie et ont pour objectif depuis la chute de l'URSS de la repousser dans ses terres continentales, et empêcher l'émergence du monde multipolaire pour préserver la suprématie des Etats -Unis (voir carte) en Europe et dans le monde. Ce d'autant plus qu'ils sont en régression géopolitique depuis l'échec de la tentative de changement de régime Syrie, et le départ d'Afghanistan. Idéalement ils souhaitent aussi provoquer un changement de régime sur la territoire de la Russie, comme en Ukraine.
 
L'opération militaire russe est évidemment une réplique au changement de régime à Kiev en 2014, et perçu comme une libération pour les Ukrainiens souhaitant la meilleure relation possible avec la Russie, voire une réunification, a fortiori dans le Donbass C'est le retour du balancier géopolitique,
 
Les Anglo-Saxons parlent désormais d'une invasion provoquée, alors qu'ils sont responsables de cette évolution, en refusant de stopper l'otanisation de l'Ukraine, et sachant parfaitement qu'il s'agissait d'un casus belli pour la Russie. Celle-ci l'a démontré depuis la guerre Russie-Géorgie en 2008. De plus, pour les Russes , il ne s'agit pas d'invasion, car ils considèrent qu'il s'agit de libérer les Ukrainiens d'un régime illégitime sous contrôle des Etats-Unis. Le statu quo n'est plus possible.
 
Cela fait longtemps que les Etats-Unis cherchent à provoquer une guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui est leur proxy mais les conséquences géopolitiques, contrairement à leurs attentes, ne leur seront pas forcément favorables car dans le monde multipolaire, il sera très difficile d'isoler la Russie. Les gouvernements français et Allemands ont encore raté une occasion de montrer qu'il pouvaient être indépendants des Anglo-Saxons. La décision de livrer des armes à l'Ukraine démontre a postériori, que leur tentative de médiation n'était pas crédible sur les question de fond, et souligne leur alignement sur les priorités géopolitiques des Etats-Unis, et leur rôle de supplétifs. C'est un mauvais calcul, car une chose est sûre, la Russie ne peut pas perdre cette guerre, car il s'agit de son intérêt vital intérêt vital, non seulement géostratégique mais aussi du point de vue de la continuité de la Russie historique. Les membres des gouvernements actuels allemands et français, dont les visions du monde sont modelées par les idéologies atlantistes et mondialistes hors sol, sont non seulement incapables d'identifier et de préserver les intérêts des nations qu'ils sont censés incarner, mais ils sont aussi des somnambules de la géopolitique.

BELGIUM. NATO. UKRAINE. Expert Debates

BELGIUM. NATO. UKRAINE. Expert Debates

 
Experts:
 
Kris Roman, representative of Donetsk People's Republic (Belgium)
Willy Van Damme, journalist (Belgium)
Robert Steuckers, translator (Belgium)
Alfred Vierling, international law expert (The Netherlands)
Moderator: Dr. Johan Bäckman (Finland)

L'esclavage numérique et la fin de l'enseignement

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L'esclavage numérique et la fin de l'enseignement

Carlos X. Blanco

Nous nous dirigeons vers un nouvel esclavage. Plus grand, si possible, que celui d'autres époques où l'on fouettait le dos nu et où l'on attachait le cou, les chevilles et les poignets avec des entraves, des anneaux et des chaînes. Aujourd'hui, le fer n'est pas nécessaire. Il existe d'autres technologies de contention. Il s'agit des technologies de l'information, de la communication et du contrôle.

Il ne s'agit pas vraiment de technologies au sens strict. Ce dont nous parlons n'est pas une "connaissance" ou un discours raisonné (logos) sur la technologie (techné). Nous parlons plutôt d'un ensemble d'appareils basés sur l'électronique et l'informatique qui permettent au fournisseur, sous prétexte de "nous faciliter la vie" avec leurs applications, de disposer d'énormes quantités de données sur la vie privée, les propensions, les affinités, les goûts, les habitudes (allant du commerce du sexe aux bibelots inutiles).

Les entreprises fournisseuses proposent leurs applications aux particuliers, aux entreprises et même aux établissements d'enseignement de manière apparemment gratuite et avec l'attrait de nous épargner du travail physique et intellectuel. Les consommateurs, de l'écolier qui entre dans une salle de classe virtuelle à l'adulte qui achète en ligne des cadeaux et des livres, par exemple, croient sincèrement qu'avec eux leur vie est "plus facile", qu'ils gagnent du temps, évitent les déplacements, évitent de stocker des objets physiques, apprennent plus vite et plus efficacement. La société qui nous fournit les applications est souvent liée à certains des géants des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). En réalité, la vie devient plus compliquée et s'appauvrit.

Le monde de l'éducation a été totalement happé par l'engouement pour la numérisation. A l'occasion de la pandémie, le GAFAM s'est frotté les mains. De manière anarchique d'abord, puis, formellement ou non, de concert avec les administrations, les géants technologiques ont profité du choc pandémique (la "Shock Doctrine" de Naomi Klein s'applique ici à la perfection) pour usurper les fonctions pédagogiques qui n'appartiennent qu'aux parents, aux instituteurs et aux professeurs.

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L'"État Papa", dans un autre cas flagrant de négligence de ses fonctions, loin de répondre aux besoins éducatifs des étudiants dans une situation de crise, dans une occasion totalement hors du commun, a confiné tout le monde chez soi et a prolongé indûment la fermeture des écoles et des universités, remplaçant la fourniture d'un service essentiel comme l'Éducation par une consommation obligatoire, compulsive et sans cervelle de ressources numériques et d'applications cybernétiques privées. Les GAFAM ont non seulement obtenu des millions de données supplémentaires sur les mineurs, mais aussi de nouveaux accros à leurs plateformes et un degré de dépendance à leurs "services" qui aura des effets dévastateurs à long terme. Toute une génération académique a ainsi été perdue, et a fourni de la sorte la base sociale de l'effondrement éducatif et culturel imparable et irréversible de l'Espagne.

A ce jour, alors que le risque de contagion dans les écoles est minime et que l'utilité et le sens de ces classes numériques et plateformes en ligne sont plus que discutables, les administrations éducatives sont toujours déterminées à promouvoir ce pseudo-enseignement. Les enseignants sont plus ou moins contraints de se "recycler" avec des cours (souvent en dehors de leurs heures de travail) sur la numérisation. Ces cours, comme cela s'est déjà produit dans d'autres secteurs tels que la banque et la vente, seront précisément la ruine de ceux qui les suivent et mettront en pratique leur formation, car la sauvegarde des emplois et le remplacement de l'enseignant par un système d'algorithmes qui quantifieront les "progrès" des étudiants seront imposés plus tôt que prévu. Avec un entêtement moutonnier, de nombreux enseignants s'enthousiasment pour cette "révolution numérique", en s'aveuglant sur l'évidence : c'est la mort même de la figure de l'enseignant et la fin de l'éducation telle que nous l'avons comprise depuis les temps de la Grèce et de Rome jusqu'à hier.

Les élèves interagissent avec un réseau, dont ils sont de plus en plus esclaves. Les enseignants et les parents sont absents du processus éducatif. L'État-providence, qui comprend un État formellement engagé dans le travail d'éducation, est également en recul. Un monde régi par les machines et une "révolution numérique" au service de puissances mondiales qui "éduqueront" à leur manière et à leur profit exclusif. L'esclavage numérique est là.

 

La revue de presse de CD - 27 février 2022

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La revue de presse de CD

27 février 2022

EN VEDETTE

Si vous pensez autrement, vous êtes un terroriste !

Il va devenir difficile de distinguer ce qui fait le charme un peu rude des dictatures orientales de la soyeuse bonté des démocraties occidentales : chaque jour qui passe accroît l’évaporation rapide des principes fondamentaux de nos démocraties et tout indique qu’on se dirige vers un monde où penser de travers vaudra sinon mise à mort physique, au moins mise à mort sociale… Pour étayer ce constat, on pourrait par exemple jeter un œil au dernier bulletin produit par le Homeland Security, l’administration américaine en charge de la sécurité intérieure du pays, et qui a récemment explicité comment elle entendait lutter contre les menaces terroristes qu’elle voit manifestement partout.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/21/422090-si-vous-pe...

AFRIQUE

Mali : les éthers idéologiques expliquent l’éviction de la France

Le vendredi 18 février 2022, la junte militaire au pouvoir à Bamako a exigé que le départ des forces de « Barkhane » se fasse immédiatement, et non pas par étapes, comme l’avait annoncé le président Macron. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation et à une telle rupture ?  Explications de Bernard Lugan.

Synthèsenationale

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/02/2...

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AMÉRIQUE DU SUD

Un regard sud-américain

Dans les années 1970, Jorge Luis Borges se plaignait déjà que les éditeurs américains ne voulaient pas publier ses romans et ses nouvelles parce qu'il n'appelait pas l'homme noir "homme de couleur" et l'aveugle "malvoyant".

À cette époque, les intellectuels yankees ont commencé à utiliser ce que l'on appelle aujourd'hui le "langage inclusif" : l'utilisation de la rhétorique inappropriée et la répétition de locutions généralisantes telles "tout le monde", "garçons et filles" ; "travailleurs", etc. En Yanquilandia, ce langage n'est plus utilisé mais, comme d'habitude, il est arrivé vingt ans plus tard en Amérique du Sud où les progressistes l'ont adopté comme une nouveauté.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/02/21/s...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

Wikipédia est-il fiable ou orienté idéologiquement ?

Mise à jour au 23/02/2022 : l’actualité récente remet à la une Wikipédia, surnommée “Wokipédia” par de mauvaises langues, dans un contexte de guerre d’édition que se livrent partisans et opposants à Éric Zemmour sur sa biographie. Devinez lesquels ont été exclus ? L’occasion de remettre en avant un article d’août 2020) que nous avions consacré à l’encyclopédie, pas aussi libre qu’elle le prétend.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/wikipedia-est-il-fiable-ou-oriente-id...

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ÉCOLOGIE

Pourquoi la forêt française a besoin d’un traitement de fond

Les conclusions des Assises nationales de la forêt et du bois, lancées par le gouvernement en octobre 2021 avec pour objectif de « penser la forêt française de demain », devraient être rendues dans les prochains jours. Un des axes majeurs de cette réflexion concernait le renforcement de la résilience des forêts et la préservation de la biodiversité. Car la forêt française est aujourd’hui en crise : depuis deux décennies, on assiste en effet à une mortalité croissante des peuplements forestiers et à une baisse globale de leur productivité.

The conversation.com

https://theconversation.com/pourquoi-la-foret-francaise-a-besoin-dun-traitement-de-fond-177006?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928+CID_b788d741d44ecc30d031da217cf9d54c&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Pourquoi%20la%20fort%20franaise%20a%20besoin%20dun%20traitement%20de%20fond

FRANCE

La Cordée, exemple d’une école privée hors contrat : ça marche !

J’aimerais vous parler de La Cordée. Cette école privée hors contrat de Roubaix a ouvert ses grilles en septembre 2015 avec sept élèves. À la fin de cette première année scolaire, ils étaient déjà vingt, et en septembre dernier, ce sont quatre-vingts élèves répartis en huit classes allant de la grande section de maternelle à la 5e qui y faisaient leur rentrée.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/24/301077-la-cordee-...

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GAFAM

Éducation aux médias et à l’information : la généralisation, et après ?

Depuis 2018, l’éducation des jeunes et des adultes aux médias numériques et à l’information en général fait l’objet d’un regain d’intérêt remarquable, dû à l’urgence de la lutte contre les infox et la circulation des discours de haine. Cela s’est traduit par une salve de textes officiels. Devenue une obligation pour les États membres dans la Directive service des médias audiovisuels (DSMA), l’« Éducation aux médias et à l’information », ou « EMI », hors et dans l’école, est mentionnée comme un des piliers du Plan d’action contre la désinformation de l’Union européenne. L’OTAN en a fait l’objet de sa « diplomatie culturelle ».

Theconversation.com

https://theconversation.com/education-aux-medias-et-a-linformation-la-generalisation-et-apres-177372?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928+CID_b788d741d44ecc30d031da217cf9d54c&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=ducation%20aux%20mdias%20et%20%20linformation%20%20la%20gnralisation%20et%20aprs

Facebook News arrive en France

Après les États-Unis en 2020, le Royaume-Uni et l’Allemagne en 2021, Facebook News a fait son arrivée en France courant janvier 2022. Suivant la voie par la signature, en octobre 2020, d’un accord entre Google et l’Alliance pour la presse d’information générale (APIG) sur les droits voisins, il se présente comme une fonctionnalité supplémentaire offrant un résumé de l’actualité par des titres majeurs de la presse nationale française. Néanmoins, comme nous pouvions nous y attendre, ce « résumé » est soumis à quelques critères bien connus…

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/facebook-news-france/?utm_source=news...  

ISLAMISME

Pourquoi le voilement du corps des femmes est au cœur du projet des islamistes

Au Maghreb, durant l’année 2021, des cérémonies incitant les adolescentes et les étudiantes à se voiler ont été organisées. En Tunisie et en Algérie des jeunes filles fraîchement voilées ont été récompensées dans une ambiance festive. Une campagne pro-hijâb a également été récemment mise en place au sein du Conseil de l’Europe par les organisations fréristes (Frères musulmans) européennes. Autant d’évènements qui semblent témoigner d’une recrudescence de l’activisme islamiste qui fait du voile son fer de lance.

Theconversation.org

https://theconversation.com/pourquoi-le-voilement-du-corps-des-femmes-est-au-coeur-du-projet-des-islamistes-170160?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2023%20fvrier%202022%20-%202213521963&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2023%20fvrier%202022%20-%202213521963+CID_711203546d11ad1c6be9087946899a27&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Pourquoi%20le%20voilement%20du%20corps%20des%20femmes%20est%20au%20cur%20du%20projet%20des%20islamistes

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RÉFLEXION

Giorgio Locchi et la philosophie de l'origine

Giorgio Locchi est un nom familier pour ceux qui ont appris à penser dans les années 1970. Le dernier ouvrage de Giovanni Damiano, consacré à l'exégèse de la contribution théorique de Locchi, a le mérite incontestable de raviver l'intérêt pour ce philosophe, dont la pensée vise à dépasser l'état actuel des choses. Nous nous référons à, Il pensiero dell'origine in Giorgio Locchi (La pensée de l'origine chez Giorgio Locchi), en librairie grâce à une belle initiative des éditions Altaforte Edizioni. Le texte est enrichi par un essai de Stefano Vaj, qui lit la contribution du philosophe en termes transhumanistes, et par la postface de Pierluigi Locchi, le fils du penseur (pp. 145, euro 15,00).

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/02/20/g...

RUSSIE

Crise ukrainienne : la géographie, ça sert d’abord à faire la guerre

La débandade américaine en Afghanistan après une guerre de 20 ans a-t-elle marqué la fin d’un cycle historique entamé avec la chute de l’URSS en 1991 ? Vladimir Poutine a reconnu hier officiellement l’existence de Donetsk et Louhansk, les deux républiques séparatistes pro-russes de la région ukrainienne du Donbass. Cette décision à la fois prévisible et inattendue lui permettrait-elle d’obtenir mieux que l’acceptation de ses demandes écrites adressées aux Etats Unis ?  En 1974, la Turquie membre de l’OTAN avait envahi Chypre, pays indépendant au prétexte d’une tentative de coup d’État à Nicosie. La « communauté internationale », à savoir les États-Unis et les pays européens n’avaient pas bougé. Cela fait 48 ans que ce pays est coupé en deux et ce n’est pas près de changer. Cette durée montre le basculement auquel nous allons être confrontés avec les décisions de Vladimir Poutine. Basculement qui va complètement structurer ce qui va se passer dans cette partie du monde.

Vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/02/crise-ukrainienne-la-ge...

Vladimir Poutine : un coup plus loin

L’intervention militaire russe en Ukraine constitue une surprise et il est nécessaire d’apporter quelques compléments à l’article que nous avons publié il y a deux jours. Nous entrons probablement dans une phase d’accélération comme l’Histoire en a toujours connu. Mais qui plonge justement dans un inconnu difficilement prévisible

Vududroit.com

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SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Covid, vaccins, omicron : questions sans réponses

Il y a 10 jours, dans un billet sur omicron et l’Afrique du Sud qui sortait de sa vague, je signalais quelque chose qui me paraissait anormal, à confirmer avec le temps. C’est maintenant confirmé. Cette chose, ce sont des décès anormaux, surtout tardifs. Non seulement ce qui semblait pointer est confirmé pour l’Afrique du Sud, mais cela apparaît dans des pays comme la France et Israël…

Covid-factuel.fr

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Viral 2 / L'immunité face au Covid façon Olivier Veran

Mise en œuvre cette semaine, la modification des conditions d'attribution du pass vaccinal devrait conduire des millions de Français à s'en voir privés, faute de rappel et en application de la nouvelle doctrine immunitaire d'Olivier Véran. Il l'a présentée sur BFM TV le 2 février en répondant à la question d'une certaine Sabrina qui lui demandait quelle publication scientifique justifiait de réduire le délai entre deux doses de vaccins de 6 à 4 mois pour l'octroi du précieux sésame. En guise de réponse, le ministre a déclaré que notre système immunitaire se devait d'être « stimulé au moins trois fois », soit par une infection au covid, soit par une injection vaccinale. Car « une infection égale une injection », affirmait-il, après avoir précisé qu'il faudrait tout de même « au minimum une dose de vaccin » ?!

Blast-info.fr

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Les géants de la Big Tech s’apprêtent à dégrader davantage notre système de santé

« C’est comme Uber, mais pour les infirmières. » Cela vous effraie ? Ça devrait. Les hôpitaux privés conjuguent de plus en plus leurs forces avec la Silicon Valley afin de rendre le système de santé américain encore plus opportuniste.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/les-geants-de-la-big-tech-s-app...

Père Castex raconte nous des histoires

Nous allons vérifier les propos de Père Castex avec des données publiques provenant de l’État. L’exploit était pourtant de taille. Comment faire tenir 6 contradictions dans un seul discours de 20 minutes ? Défis pourtant réussis haut la main par Jean Castex dans son discours du 20 janvier 2022. Il faut dire qu’il a commencé très fort avec des phrases invraisemblables comme « la levée des restrictions […] à la faveur du pass vaccinal », alors que le pass vaccinal est une restriction. Ou encore « le variant omicron est beaucoup plus dangereux, mais moins sévère que ses prédécesseurs ». Une très remarquable et implacable vidéo.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/21/422020-pere-caste...

CONSEIL de l'EUROPE

Le Conseil de l’Europe propose d’enseigner l’histoire de “l’islam d’Europe

Le Conseil de l’Europe propose d’enseigner l’histoire de “l’islam d’Europe”, de renforcer la participation politique des communautés musulmanes, de satisfaire leurs exigences religieuses… C’est une « pépite » qu’a dévoilé le site Fdesouche, et qui montre encore une fois tout le gouffre qui sépare les technocrates de Bruxelles des populations européennes. Dans un document (voir ici) daté du 1er mars 2022, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) du Conseil de l’Europe a dressé un état des lieux et émis 60 recommandations pour lutter contre le “racisme antimusulman” à l’attention des 47 États membres du Conseil de l’Europe.

Breitz-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/02/25/180555/le-conseil-...

samedi, 26 février 2022

La crise ukrainienne et l'Occident: la dimension idéologique

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La crise ukrainienne et l'Occident: la dimension idéologique

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitica.ru/en/article/ukrainian-crisis-and-west-ideological-dimension

La crise autour des événements d'Ukraine a des dimensions à la fois géopolitiques et idéologiques. Dès le début de l'aggravation de la situation aux frontières orientales de ce pays, diverses forces politiques aux États-Unis et en Europe ont évalué différemment le déroulement des événements. Les libéraux et les mondialistes ont soutenu Kiev, les représentants d'autres mouvements idéologiques ont adopté une position plus favorable à la Russie. Le début des hostilités à grande échelle contre le régime actuel de Kiev de la part jouée par la Russie a provoqué diverses réactions : de l'hystérie de la part des libéraux, à la condamnation avec un appel à entamer immédiatement un dialogue de la part des conservateurs.

Pôle libéral : bataille idéologique

Indépendamment du pays, les partisans les plus zélés de "l'indépendance ukrainienne" ont été les libéraux et les mondialistes. Pour eux, le conflit ukrainien est une confrontation entre la Russie "autoritaire" et l'"Ukraine démocratique". Pour le célèbre pseudo-historien gay et transhumaniste israélien Yuval Noah Harari, la résolution de "la question fondamentale de l'avenir de l'histoire et de l'avenir de l'humanité" dépend de l'Ukraine. Selon le pseudo-philosophe libéral français Bernard-Henri Lévy, l'Occident devrait déclarer au moins une "guerre froide" à la Russie.

Francis Fukuyama, l'un des chefs de file des néoconservateurs, Bill Kristall, et d'autres intellectuels libéraux, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, ont lancé des appels pour imposer des sanctions immédiates et sévères contre la Russie avant même le début de l'opération militaire du 24 février. Leur point de vue est clairement exprimé dans l'un des articles de Francis Fukuyama: "L'Ukraine est aujourd'hui un État avancé dans la lutte géopolitique mondiale entre la démocratie et l'autoritarisme. Les Européens qui tiennent à la démocratie libérale pour eux-mêmes doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas être des spectateurs dans ce conflit. Les ambitions de Poutine vont bien au-delà de l'Ukraine ; il a clairement indiqué ces dernières semaines qu'il aimerait inverser les gains démocratiques européens réalisés depuis 1991 et créer une sphère d'influence russe dans l'ensemble de l'ancien Pacte de Varsovie. En dehors de l'Europe, les Chinois surveillent de près la réponse de l'Occident à cette crise, pesant leurs perspectives de réincorporation de Taïwan. C'est pourquoi la défense de l'Ukraine doit être d'une importance urgente pour tous ceux qui se soucient de la démocratie mondiale."

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Cette partie de l'éventail politique préfère ne pas remarquer que la "démocratie" ukrainienne révèle des tons ultra-nationalistes. Ou, comme l'explique le politologue allemand Andreas Umland, ce processus de confrontation avec la Russie, fait que l'on passe rapidement à l'accusation de "fascisme" adressé à la Russie et à la comparaison de Poutine avec Hitler.

Pour les libéraux, le début d'une opération militaire russe en Ukraine exige une intervention occidentale immédiate, y compris une intervention militaire. En particulier, selon Francis Fukuyama : "Nous avons maintenant besoin de quelque chose de plus que des sanctions".

Le même point de vue est partagé par les dirigeants libéraux des États-Unis, du Canada et des pays d'Europe occidentale. Parmi les figures politiciennes, la position la plus anti-russe est occupée par les libéraux de gauche - les Verts européens. Ainsi, Yannick Jadot, le candidat des Verts à l'élection présidentielle française, a condamné les réactions plutôt "molles" d'Eric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon face à la décision de la Russie de reconnaître les deux Républiques du Donbass et a appelé à la défense de la "démocratie" en Ukraine.

La droite

Si les libéraux offrent un modèle clair pour comprendre ce qui se passe autour de l'Ukraine ("la démocratie contre l'autoritarisme", "le monde global de l'avenir" contre le "passé", "le progrès contre la régression"), il n'existe pas une telle interprétation à droite comme à gauche. La droite et la gauche populistes ont tendance à soutenir la Russie ou à adopter une position neutre, appelant au dialogue. La "droite" traditionnelle, en règle générale, s'aligne sur la position des libéraux.

Aux États-Unis, la crise ukrainienne a divisé le parti républicain

La plupart des républicains du Congrès ont soutenu la décision de Joe Biden d'imposer des sanctions à la Russie. Certains ont même loué les actions de Biden, comme le déploiement de plus de troupes américaines en Europe de l'Est pour renforcer les défenses de l'OTAN.

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Mais des sections influentes de l'establishment républicain, dont le sénateur Josh Hawley, le présentateur de Fox News Tucker Carlson et le candidat au Sénat de l'Ohio J. D. Vance (photo), s'opposent à l'ingérence américaine en Ukraine. Ils soutiennent que l'extension de l'engagement américain dans l'OTAN est une erreur et que le président devrait plutôt se concentrer sur la lutte contre la Chine et la sécurisation de la frontière sud de l'Amérique.

L'ex-président Trump lui-même, commentant les décisions du président de la Russie, l'a qualifié de "brillant". "Oh, c'est merveilleux", a déclaré Trump à ce sujet. En même temps, l'homme politique n'a pas manqué de déclarer que déjà sous sa présidence, un tel développement des événements aurait été impossible. L'ancien président américain utilise la situation ukrainienne pour critiquer Joe Biden. Après le 24 février, la rhétorique de Trump n'a pas changé. De plus, pendant le début de l'opération militaire russe, alors que d'autres grandes chaînes de télévision américaines sonnaient l'appel, Douglas McGregor, un colonel retraité de l'armée américaine, qui a été nommé par Trump au poste d'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, déclarait:  "La première chose que nous devons faire est de reconnaître que le principal point de vue de Poutine - pas seulement son point de vue, mais aussi le point de vue du gouvernement russe, qu'ils défendent depuis 25 ans, est valable. Ils ne veulent pas de troupes américaines, de missiles et de troupes de l'OTAN juste de l'autre côté de la frontière dans l'est de l'Ukraine". Selon McGregor (photo, ci-dessous), les États-Unis devraient s'entendre avec la Russie sur la neutralité de l'Ukraine afin d'éviter tout conflit.

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L'idéologue populiste américain Stephen Bannon a également évalué les actions de la Russie de manière plutôt positive. Selon lui, "la situation dans les régions orientales russophones de l'Ukraine, cette crise est créée à 100 % par les actions de l'administration Biden."

La droite propose également une évaluation idéologique de ce qui se passe. Pour les libéraux, la reconnaissance de la RPD et de la RPL, suivie du déploiement de troupes russes sur place, est un coup porté à l'ordre mondial libéral. Les conservateurs populistes américains évaluent les conséquences mondiales de ce mouvement de manière similaire, mais de manière positive.

Selon les mots du blogueur et commentateur conservateur populaire Steve Posobik, "C'est l'effondrement complet de l'ordre mondial néolibéral. C'est une situation où tout revient au modèle des sept civilisations de Sam Huntington. ... Il s'est avéré que les civilisations, les intérêts nationaux et le réalisme l'ont emporté".

Après le début de l'opération militaire en Ukraine, les médias et les commentateurs libéraux et néo-conservateurs ont commencé à persécuter Stephen Bannon, qui a parlé positivement de Poutine dans l'une des émissions avec le fondateur de Blackwater, Eric Prince.

Les données des sociologues montrent qu'à l'heure actuelle, l'électorat du parti républicain américain est le moins enclin à soutenir les aventures anti-russes de Biden. Ainsi, seuls 43 % des électeurs républicains ont soutenu les démarches de Biden visant à transférer des troupes américaines en Europe, contre 56 % des indépendants et 70 % des démocrates, selon un sondage de l'université Quinnipiac. Pour une partie importante de l'électorat du Parti républicain, les problèmes internes sont importants, pas une crise dans une autre partie du monde.

En France, la position la plus "anti-russe" sur le flanc droit a été prise par Valérie Pécresse, une candidate du parti républicain de droite. Elle s'est en fait ralliée à la position du président libéral Emmanuel Macron, qui prône à la fois la pression sur la Russie et le dialogue avec elle. "Il faut avoir un vrai dialogue avec la Russie, et je soutiendrai ce dialogue, mais ce n'est pas un dialogue de soumission aux positions russes", a déclaré Mme Pécresse. Après le début de l'opération militaire en Ukraine, la candidate a déclaré sa "pleine solidarité" avec l'Ukraine et a proposé de prendre des "mesures sévères" contre la Russie.

Marine Le Pen, leader du Rassemblement national, a qualifié la décision du président Poutine d'"acte extrêmement regrettable" mais a déclaré que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d'assurer la paix en Europe". Elle prône le retrait des troupes russes du Donbass, mais la reconnaissance de la Crimée comme étant russe.

Après le début de l'opération militaire de la Russie en Ukraine, la position de Mme Le Pen n'a pas changé. Elle prône le retrait des troupes russes et l'ouverture d'un dialogue avec Moscou. Selon elle, la France devrait prendre l'initiative d'organiser une réunion diplomatique sous l'égide de l'ONU avec la participation des États-Unis, de la Russie, de l'Ukraine, de la France, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, ainsi que de la Pologne, de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie, États limitrophes de l'Ukraine,

A son tour, Eric Zemmour, parlant de positions similaires à celles de Donald Trump, critiquant les actions de la Russie, a noté que l'OTAN et la politique d'expansion de l'alliance contre les intérêts de la Russie sont à blâmer pour la violation des frontières de l'Ukraine.

En général, la position de Zemmour n'a pas changé depuis le 24 février. Selon lui, la France devrait initier un accord de l'OTAN avec la Russie pour arrêter l'expansion de l'alliance.

En général, la position de la partie droite des populistes français est à retenir. La condamnation rituelle de la Russie est compensée par des déclarations sur la nécessité d'un dialogue.

En Allemagne, le parti populiste de droite "Alternative pour l'Allemagne" (AfD) s'est initialement prononcé en faveur des actions de la Russie. Le leader de l'AfD, Tino Chrupalla (photo, ci-dessous), a souligné que les résidents de la DPR et de la LPR ont le droit de décider eux-mêmes à quel pays ils appartiennent.

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Dans une déclaration au nom du parti, l'AfD a toutefois déclaré qu'il exprimait des "regrets" quant aux développements actuels. La situation actuelle est une conséquence de "l'expansion de l'OTAN vers l'est, qui a été promue contrairement à tous les accords avec Moscou". Ainsi, l'Occident a "violé les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité." À son tour, le politicien berlinois de l'AfD, Gunnar Lindemann (photo, ci-dessous), a posté des feux d'artifice sur Twitter en l'honneur de la reconnaissance des républiques populaires par la Russie.

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L'opération militaire de la Russie en Ukraine a été condamnée par l'AfD : Alice Weidel, chef de la faction au Bundestag, et Tino Chrupalla ont déclaré que "la Russie doit immédiatement arrêter les hostilités et retirer ses troupes d'Ukraine."

En Italie, le chef du parti de la Ligue, Matteo Salvini, a condamné la "violation" des frontières de l'Ukraine, mais s'est opposé à l'imposition de sanctions contre la Russie.

La gauche

En France, la plupart des candidats de gauche à la présidentielle se sont manifestés pour condamner les actions russes dans le Donbass. Ainsi, Christiane Taubira, ex-ministre de la Justice, a déclaré que "La solidarité des États européens avec l'Ukraine ne doit pas faiblir", le chef du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel a souligné que : "La reconnaissance par le Président de la Russie de l'indépendance des deux républiques séparatistes d'Ukraine est une décision extrêmement grave et dangereuse ! Tout doit être fait pour désamorcer cette guerre qui s'embrase aux portes de l'Europe !

Les mêmes politiciens ont condamné l'opération militaire de la Russie en Ukraine.

Même Jean-Luc Mélenchon, le leader du mouvement populiste de gauche France Insoumise, qui avait auparavant une attitude positive envers la Russie, a déclaré que "quoi que l'on pense des arrière-pensées ou de la logique de la situation, néanmoins, c'est la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode".

Le 24 février, l'homme politique de gauche a condamné le recours à la force par la Russie et a appelé à la mobilisation des forces de défense de l'UE et de la France. Selon lui, la France devrait promouvoir un dialogue pacifique.

En Allemagne, le parti de gauche a déclaré qu'il condamnait unanimement les actions de la Russie comme étant contraires au droit international. Dans une déclaration commune, les dirigeants du parti et du groupe parlementaire Susanne Hennig-Wellow, Janine Wissler, Amira Mohamed Ali et Dietmar Bartsch ont accusé le président russe de reconnaître les "républiques populaires" de Louhansk et de Donetsk et perçoivent l'"invasion" y associée des troupes russes en Ukraine comme étant "contraires au droit international, violant la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine et augmentant le danger d'une guerre majeure en Europe". Ces gauchistes patentés exigent le retrait des troupes russes du Donbass. Sevim Dagdelen et Gregor Gysi, des députés de gauche du Bundestag qui ont précédemment exprimé des positions pro-russes et accusé l'OTAN d'alimenter le conflit en Ukraine, ont appelé à prévenir une guerre entre la Russie et l'OTAN. Dans le même temps, Mme Dagdelen (photo, ci-dessous) a accusé la Russie de violer le droit international.

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Bien que Gysi et Dagdelen soient opposés aux sanctions contre la Russie, le parti compte de fortes voix de gauche qui accusent la Russie d'un chauvinisme et d'un nationalisme de grande puissance et qui soutiennent l'approche libérale qui veut des sanctions.

Sarah Wagenknecht, une représentante de l'aile populiste de la gauche, a également condamné les actions de la Russie, les qualifiant de "violation claire des accords de Minsk".

Le 24 février, Die Linke a publié une déclaration officielle affirmant que "le bombardement et l'invasion des troupes russes en Ukraine constituent un nouveau niveau d'agression de la part de Poutine, que nous condamnons dans les termes les plus énergiques possibles".

En Italie, le ministre des affaires étrangères du parti populiste de gauche "5 étoiles", Luigi Di Maio, a condamné la Russie, appelant à des sanctions "proportionnelles" contre la Russie.

Libéralisme contre réalisme

En général, aux États-Unis et dans les pays européens, les populistes de gauche et de droite sont plus susceptibles d'agir à partir de la position consistant à "comprendre" les actions de la Russie et à promouvoir le dialogue avec elle, plutôt que de soutenir carrément ses actions. Les positions des parties "gauche" et "droite" du spectre populiste dans cette situation dans chaque pays sont pratiquement similaires, à l'exception des Etats-Unis, où il n'existe pas de pôle populiste sérieux au sein du parti démocrate. Aux États-Unis également, les populistes considèrent le plus ouvertement que la crise du Donbass "ne regarde pas les États-Unis".

En Europe, à son tour, parmi les pays qui ont un impact sérieux sur l'agenda international, c'est au Royaume-Uni que l'éventail politique est le plus uni sur des bases anti-russes. Il n'y a pas non plus de structures populistes sérieuses dans la politique de ce pays. Plus ou moins proches de la position des populistes continentaux sont les idées de Nigel Farraj, l'ancien chef du UK Independence Party (UKIP), qui considère qu'il faut adopter un moratoire sur l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN et ne pas surenchérir l'hystérie sur "l'invasion" de l'Ukraine par la Russie.

En général, malgré la condamnation rituelle de la Russie, les forces populistes, de gauche comme de droite, considèrent la crise sous l'angle de la théorie du réalisme dans les relations internationales (RI). Pour eux, elle n'a pas de contenu idéologique, et malgré la différence d'intérêts possible, le dialogue avec la Russie est possible, même s'ils ne saluent pas les actions militaires de Poutine. Les libéraux (y compris les libéraux de droite et de gauche) comprennent le conflit ukrainien différemment : tout d'abord, comme une confrontation idéologique (la théorie libérale des RI), qui exclut tout dialogue.

En général, on s'attend à une pression informationnelle massive à court terme, peut-être même à des tentatives d'engager des poursuites pénales sous des prétextes farfelus contre des populistes de gauche et de droite dans les pays occidentaux. Les libéraux utilisent la situation en Ukraine pour faire pression sur leurs rivaux. Ce faisant, ces rivaux seront également contraints de s'adapter au discours anti-russe ambiant. Cependant, les éventuels succès de la Russie et les échecs et gaffes des gouvernements libéraux de l'Occident, au contraire, apporteront des arguments aux mouvements et dirigeants populistes qui insistent sur une vision réaliste de la politique mondiale. Dans une large mesure, l'alignement politique des pays occidentaux dépendra des perspectives de l'opération militaire russe en Ukraine.

La Russie entre dans une nouvelle phase de confrontation avec l'Occident

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La Russie entre dans une nouvelle phase de confrontation avec l'Occident

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/rossiya-vstupaet-v-novuyu-fazu-protivostoyaniya-s-zapadom

La reconnaissance de la DPR et de la LPR, ainsi que l'opération de maintien de la paix en Ukraine, était nécessaire pour un certain nombre de raisons

La décision des dirigeants russes de reconnaître la DPR et la LPR était une mesure forcée et prévisible. Bien que près de huit ans se soient écoulés depuis les référendums organisés dans les anciens oblasts ukrainiens de Donetsk et de Louhansk, cette reconnaissance par Moscou a suscité un soutien public non seulement dans les républiques déjà légitimées, mais aussi en Russie, au Belarus, en Serbie et dans plusieurs autres pays.

Kiev s'est rendu coupable non seulement d'une planification de génocide contre le peuple russe en Ukraine au fil des ans, mais aussi d'une glorification irrationnelle et stupide du nazisme et d'une politique étrangère clairement destructrice qui a inclus une militarisation outrancière avec l'aide des pays occidentaux, assortie de tentatives actives d'adhésion à l'OTAN.

Ces facteurs ont été fondamentaux dans la décision, bien que Moscou ait espéré jusqu'au dernier moment que l'Ukraine applique correctement les accords de Minsk. Cela ne s'est malheureusement pas produit, de sorte qu'un retournement contre l'Ukraine, comme celui de ces derniers jours, était tout simplement nécessaire. Principalement pour des raisons humanitaires.

Il faut également prêter attention à la situation stratégique qui s'est installée autour de l'Ukraine. Après le coup d'État de 2014, les dirigeants biélorusses, notamment, ont été fidèles au régime de Petro Porochenko, puis à celui de Vladimir Zelenski. Ce n'est qu'après une tentative de coup d'État similaire au Belarus même qu'Alexandre Loukachenko a commencé à mener une politique clairement pro-russe. Et à la veille de la reconnaissance de la DNR et de la LNR, un exercice militaire conjoint avec la Russie s'est tenu sur le territoire du Belarus. Les dirigeants biélorusses ont également annoncé leur intention d'acheter un certain nombre de systèmes d'armes de fabrication russe, notamment des avions de combat et des systèmes de défense aérienne.

Par conséquent, le rôle du Belarus dans l'opération conjointe de maintien de la paix est désormais très important. Kiev ne s'est pas seulement retrouvé sous un blocus économique de la part de la Russie et du Belarus. L'une des directions d'avancée vers Kiev a été choisie à partir de cette position stratégique.

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Il est maintenant nécessaire d'examiner la procédure de reconnaissance de la RPD et de la RPL du point de vue du droit international. Déjà le 21 février, et même avant, alors que les politiciens occidentaux étaient hystériques à propos de l'"invasion" imminente de la Russie, les représentants du cartel néolibéral de l'OTAN parlaient d'une seule voix de la violation du droit international. Mais l'ont-ils fait ? Et qu'entendent-ils par droit international ?

Il suffit de rappeler que le bombardement de la Yougoslavie en 1999 et la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo ont violé les accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières politiques en Europe. Mais l'Occident n'y a pas prêté attention. Comme le droit de précédent s'applique en Occident, ces événements ont effectivement ouvert la voie à de telles actions.

Mais encore plus tôt, en 1994, les États-Unis ont envahi Haïti sous des prétextes fallacieux, alors qu'ils avaient reçu l'approbation des Nations unies. Cela a été relativement facile à faire dans le sillage immédiat de l'effondrement de l'URSS, surtout si l'on considère qu'à l'époque Andrei Kozyrev était ministre des Affaires étrangères et écoutait les instructions de Washington. L'administration de Bill Clinton a motivé sa décision d'occuper Haïti par la nécessité de protéger les citoyens américains dans ce pays.

Ces deux cas, et plus tard le bombardement de la Libye en 2011, sont connus sous le nom de doctrine de la responsabilité de protéger (R2P). Cette doctrine a été développée directement en Occident. Entre-temps, elle a été mise en œuvre à l'ONU en 2005 à la demande du Canada, qui l'avait rédigée en 2001 [i]. L'implication est que la souveraineté n'est pas seulement un droit, mais aussi une obligation. Et si certains gouvernements manquent à leur devoir de respecter les droits et libertés de leurs citoyens, ils doivent être punis.

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Une autre association apparaît avec la partition du Soudan. Le Sud-Soudan a obtenu son indépendance par un référendum en juillet 2011, qui faisait suite à un accord entre le gouvernement et les rebelles du sud [ii]. Le processus a été directement supervisé par des politiciens américains de haut rang, qui voyaient dans la partition un intérêt pour les États-Unis, notamment l'accès aux ressources pétrolières. De manière révélatrice, cette préoccupation de Washington n'a pas sauvé le Sud-Soudan - il a plongé dans une nouvelle guerre civile en 2013.

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Une question légitime se pose : le gouvernement ukrainien a-t-il réussi à garantir les droits de la population russophone sur le territoire ukrainien depuis le coup d'État de février 2014 ?

Tout d'abord, le gouvernement lui-même peut difficilement être qualifié de légitime, car après le coup d'État, une alliance de néonazis et d'Occidentaux s'est lancée dans une politique d'intimidation et de chantage. Et les décisions prises par le parlement ukrainien après le 22 février 2014 ne peuvent être considérées comme des actes juridiques.

Deuxièmement, lorsque la polarisation politique a clairement mis en évidence les deux camps opposés, des tentatives ont-elles été faites pour résoudre pacifiquement les différends par le biais de négociations ? Non, la junte de Kiev a envoyé non seulement des unités des forces de l'ordre et des services spéciaux, mais aussi des formations militaires dans les régions qui défendaient leurs droits (notamment en parlant leur langue maternelle). Donetsk et Luhansk ont subi des raids aériens et des tirs d'artillerie.

Par conséquent, l'Ukraine, en tant qu'État, a perdu son droit à la souveraineté. Et lorsque la Russie vient protéger les civils dans un pays voisin dont la population est liée historiquement, culturellement et spirituellement par des traditions séculaires, elle a bien plus le droit de parler de "responsabilité de protéger" que les États-Unis et les pays de l'OTAN, qui ont envahi d'autres pays sous des prétextes farfelus. Enfin, ni la Yougoslavie, ni Haïti, ni l'Irak, ni la Libye, ne représentaient une menace existentielle pour les États-Unis. Mais l'Ukraine, transformée par l'Occident en un pays carrément hostile à la Russie, représente certainement une telle menace.

Nous avons donc affaire à deux poids, deux mesures. Et si l'on prête attention au fait que c'est à la Russie que l'Occident refuse de prendre la défense (on se souvient de la réaction à l'opération visant à contraindre la Géorgie à la paix en août 2008), alors cela suggère une certaine forme de racisme.

Après tout, il s'avère que ce sont les Russes qui ne sont pas autorisés à venir en aide à leurs compatriotes ou à d'autres peuples. C'est presque comme Orwell, où dans son œuvre "La Ferme des animaux", les cochons qui ont pris le pouvoir ont déclaré que tous les animaux sont égaux, mais que certains sont plus égaux que d'autres. Cela n'est pas explicitement indiqué, mais clairement sous-entendu.

De plus, les États-Unis refusent le droit non seulement de prendre la défense de ces populations harcelées, mais aussi de critiquer, de signaler les violations et d'établir des comparaisons - tout cela est déclaré faux par le département d'État américain, tandis que les satellites de Washington s'emploient activement à informer et à laver psychologiquement le cerveau de leur propre population et de la population russe par le biais d'agents étrangers, des médias sociaux et de divers programmes de subventions par le biais de missions diplomatiques.

La médisance des politiciens occidentaux à l'égard des pays non-occidentaux relève également clairement du double standard. Prenez, par exemple, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré que la décision de Moscou de reconnaître la LNR et la DNR était inacceptable. "Nous appelons les parties à se laisser guider par le bon sens et à respecter le droit international", a déclaré le président turc [iii].

La présence de l'armée turque en Syrie et en Irak ne viole-t-elle pas le droit international? Ont-ils reçu une invitation des autorités de ces pays? Bien sûr que non. Et la situation en Chypre du Nord ne correspond clairement pas aux normes dont parle Erdogan.

À propos, pendant des décennies, la République de Chypre du Nord n'a été reconnue que par la Turquie pour des raisons évidentes. Et la DNR et la LNR ont déjà été reconnues non seulement par la Russie, mais aussi par la RCA. La Syrie, qui a déjà soutenu la décision du président Poutine, est la prochaine [iv]. Des reconnaissances officielles suivront sûrement de la part de la Biélorussie, du Venezuela et du Nicaragua, dont les dirigeants ont soutenu la décision de Moscou. Et aussi d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

Bien sûr, Erdogan est préoccupé par la question kurde, car la population kurde de Turquie augmente chaque année, ce qui entraînera inévitablement des déséquilibres politiques à terme. Mais Erdoğan lui-même mène plutôt dans son pays une politique répressive sous couvert de lutte contre le terrorisme, puisque le Parti des travailleurs du Kurdistan y est reconnu comme une organisation terroriste.

Toutefois, le rôle de la Turquie pourrait être plus destructeur en direction de l'Ukraine - où des drones de combat Bayraktar ont déjà été livrés, qui pourraient être utilisés contre les habitants du Donbass [v]. Et les combattants sans scrupules utilisés par la Turquie à Idlib en Syrie ou en Libye pourraient également se déployer après les Bayraktars [vi]. Au moins, la possibilité d'un tel scénario doit être envisagée. D'autant plus qu'il a déjà été fait état du recrutement de combattants de Bosnie-Herzégovine, d'Albanie et du Kosovo pour les envoyer en Ukraine [vii].

En résumé, on peut conclure clairement que la Russie est du bon côté de l'histoire. Il sera difficile de briser le blocus de l'information et de faire connaître la vérité aux citoyens d'autres pays, notamment ceux de la communauté euro-atlantique. Bien qu'il y ait là aussi des médias et des politiciens adéquats. Il sera également difficile de surmonter les nouvelles mesures de sanctions qui concernent la dette souveraine de la Russie et sa capacité à opérer sur les marchés occidentaux.

Mais, d'un autre côté, cela nous oblige à continuer à développer notre propre stratégie mondiale, où il n'y aura pas de place pour le totalitarisme occidental. Par conséquent, la reconnaissance de la DNR et de la LNR est un autre pas vers la multipolarité émergente [viii].

Sources:

[i] https://www.un.org/en/genocideprevention/about-responsibility-to-protect.shtml

[ii] https://ria.ru/20210109/sudan-1591607931.html

[iii] https://www.forbes.ru/society/456553-erdogan-nazval-nepriemlemym-resenie-putina-priznat-dnr-i-lnr

[iv] https://ria.ru/20220221/siriya-1774191571.html

[v] https://www.mk.ru/politics/2022/02/21/eksperty-ocenili-ugrozu-ot-tureckikh-bayraktarov-na-donbasse.html

[vi] https://ru.armeniasputnik.am/20200122/Idlib-kak-zhertva-voenno-politicheskoy-avantyury-Turtsii-pochemu-Erdogan-zhaluetsya-Putinu-21797766.html

[vii] https://rg.ru/2022/02/21/zapadnye-specsluzhby-verbuiut-boevikov-dlia-otpravki-na-ukrainu.html

[viii] https://katehon.com/ru/article/liberalizm-umiraet-priblizhaetsya-mnogopolyarnost