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jeudi, 25 septembre 2014

Regard sur les élections du 15 septembre 2014 en Russie

Regard sur les élections du 15 septembre 2014 en Russie

ednaiarossiya.jpgCe dimanche 15 septembre 2014 ont eu lieu des élections locales en Russie concernant l’élection des gouverneurs de 30 régions, les députés des parlements régionaux de 14 entités administratives de la Fédération de Russie (Républiques, Oblast, …) ainsi que les maires de trois villes de la Fédération de Russie. Ces élections relativement passées sous silence par les grands médias occidentaux présentaient deux intérêts essentiels.

Quel bilan tirer de ses élections ?

  • Le premier enseignement était d’estimer le soutien à Russie-unie, le parti du pouvoir, dont la popularité n’a cessé de croitre de 2000 à 2010. Après la crise financière mondiale et, surtout, les élections contestées en 2011, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, altérant considérablement l’image de Russie-Unie de la population russe.
  • Le second intérêt était de voir la réaction des électeurs de Crimée. En effet, les Criméens ont pu, pour la première fois, participer à une élection en Russie et voter en tant que citoyens russes, la Crimée ayant rejoint la Fédération de Russie en mars dernier.

Sans trop de surprises, le grand gagnant de ces élections aura été l’abstention, qui a atteint 55 à 75 % selon les localités et les types d’élections.

Les élections des gouverneurs ont vu une écrasante victoire des candidats du parti au pouvoir : sur les 30 gouverneurs élus, 28 l’ont été sous l’étiquette de Russie-Unie. Les deux autres gouverneurs sont un communiste, Vadim Potovsky, à Orel, et un indépendant, l’ex-leader de forces de droite Nikita Belikh. La participation a été de 46 %, soit 12 % de plus qu’aux mêmes élections de l’an passé.

Les élections aux diverses assemblées régionales ont également donné une solide victoire à des candidats pro-Kremlin. A Moscou, le parti au pouvoir Russie-Unie a emporté 28 postes sur 45, contre 10 indépendants, 5 communistes et 2 nationalistes (respectivement du Parti libéral démocrate de Vladimir Jirinovski et de Rodina). Contrairement aux élections des gouverneurs, le taux de participation a été très faible, dépassant à peine le cinquième des inscrits, avec 21 %. Cette nouvelle assemblée municipale sera constituée de 27 hommes et de 18 femmes, d’un âge moyen de 52 ans.

Trois élections municipales avaient lieu, dans les villes de Blagovechtchensk, Ioujno-Sakhalinsk et Anadyr. Et ce sont trois candidats de Russie-Unie qui l’ont emporté, avec des scores de respectivement 39 %, 79 % et 83 %. La participation a été respectivement de 23 %, 21 % et 69 %.

En Crimée, les électeurs ont plébiscité le parti Russie-Unie : 71 % des voix et 70 députés, devant le parti nationaliste LDPR, qui a obtenu 8 % des suffrages et 5 députés.

Russie-unie a enrayé la baisse de sa popularité

Ces résultats permettent d’émettre quelques réflexions. Le principal enseignement est que Russie-unie a enrayé la baisse de sa popularité. Ce phénomène peut s’expliquer de quatre façons :

1/ La scène politique russe ne comprend à ce jour aucune opposition crédible pour la majorité des électeurs russes. Aux yeux des électeurs russes, les deux partis principaux d’opposition, à savoir le Parti libéral-démocrate (populiste, nationaliste et panslave) et le Parti communiste, apparaissent de moins en moins en mesure de proposer une forme d’alternance politique fiable. Ces partis vieillissent avec leurs leaders historiques et ne devraient probablement pas leur survivre, tout au moins sous leur forme actuelle.

2/ Les autres partis d’opposition, notamment libéraux, ne bénéficient d’aucun ancrage réel dans la vie politique russe. Ils ne sont pas parvenus à se créer des espaces politiques propres. Cet échec est dû aux habiles manœuvres administratives du pouvoir, à la médiocrité de cette « élite » libérale et surtout au fait que les idées défendues par ces partis ne sont pas en adéquation avec l’évolution de la mentalité russe au cours de la dernière décennie.

3/ Contrairement aux partis d’opposition, Russie-Unie a su monopoliser l’échiquier politique de façon très habile, en formant trois clubs et courants principaux : « Social-conservateur », « Libéral-conservateur » et « Étatique-patriotique ». Cette diversification des courants permet à Russie-Unie de fédérer aussi bien les courants centristes et d’affaires (à tendance plutôt libérale) que les réseaux étatistes, patriotiques et conservateurs. Or ces réseaux sont en totale adéquation avec ce que ressent la majorité du corps électoral, lequel a sans doute également manifesté, via ces élections, son soutien au pouvoir, après les événements en Ukraine, notamment le retour de la Crimée au sein de la Fédération de Russie.

4/ Les électeurs qui estiment nécessaire une alternance politique sont toujours, et de loin, minoritaires en Russie. L’analyste Jean-Robert Raviot a parfaitement défini ce phénomène en définissant trois Russies. D’abord, la plus médiatisée car la plus occidentalisée, celle des « Moscobourgeois », ces bourgeois métropolitains baptisés « classe moyenne » par les commentateurs. En second, la Russie provinciale et périurbaine, très majoritaire, patriote et fragilisée par la crise, socle de la majorité favorable à Vladimir Poutine. Enfin, en troisième, la Russie des périphéries non-russes, contrôlées par des ethnocraties alliées au Kremlin et dans lesquelles les votes sont assez homogènes, en faveur du pouvoir central.

Les « Moscobourgeois », cœur de la contestation ?

L’électorat le plus critique vis-à-vis du pouvoir et la classe sociale la plus occidentalisée du pays se trouve à Moscou : on les appelle les « Moscobourgeois ». Encore que leurs tendances se sont affaiblies après les événements en Ukraine, même eux considérant dans leur grande majorité que le pouvoir a géré la crise avec énormément de succès.

Au cœur de l’hiver 2011, ce sont les « Moscobourgeois  qui sont descendus dans la rue après les dernières élections législatives en tentant de créer une « révolution des neiges » [1]. Lors de l’élection présidentielle de 2012, ils ont soutenu en masse le candidat Mikhaïl Prokhorov, qu’ils estimaient le candidat le plus occidental et démocrate. Sans trop de surprises, Prokhorov obtint ses meilleurs scores [2] dans les quartiers les plus chics de la ville : du centre, du nord-ouest et du sud-ouest. Lors de la même élection, les votes des quartiers les plus populaires (du sud et de l’est de la ville) se reportèrent, quant à eux, davantage sur Vladimir Poutine ou sur le candidat nationaliste Vladimir Jirinovski [3]. Ce sont toujours ces mêmes électeurs des quartiers chics de la capitale qui votèrent également le plus pour le candidat Alexey Navalny [4], lors des dernières élections municipales à Moscou [5].

Les « libéraux » n’augmentent pas leur score

La presse occidentale nous a présenté les mouvements civiques de 2011, ou les 25 % obtenus par le candidat Navalny lors de la dernière élection municipale à Moscou, comme la manifestation d’une vague de contestation bien ancrée et réelle au sein de la société russe. Mais lors de cette élection à Moscou,  Navalny n’a récolté que 630.000 électeurs, bien loin du réservoir de 868.000 voix que Prokhorov avait obtenu à Moscou lors de l’élection présidentielle de 2012. Ce plafond électoral de l’opposition dite libérale, à Moscou, apparaît stable depuis 1999, si on se réfère par exemple aux 510.0000 voix de Serguey Kirienko (ex-Premier ministre) ou aux quelques 500.000 voix d’Alexandre Lebedev en 2003. Cette baisse ne concerne pas que Moscou, mais toute la Russie, puisque le poids des partis politiques libéraux et occidentalistes ne cesse de diminuer depuis 1999 [6]. A l’échelle fédérale l’effondrement des partis libéraux et pro-occidentaux s’accentue [7] puisque ceux-ci sont passés de 12,5% lors des élections législatives de 1993 à 3,43% lors des élections de 2011, leur candidat à la présidentielle plafonnant lui a 7% de 1995 à 2012.

Les communistes par défaut ?

Lors des élections de dimanche dernier (le 15 septembre) les électeurs de ces mêmes rayons prestigieux du centre, du sud-ouest et du nord-ouest de la capitale ont cette fois élu des candidats communistes [7] plaçant à la seconde place des candidats de parti sociaux-démocrates libéraux, qu’il s’agisse de Russie Juste ou du parti libéral Iabloko. La Russie du 21ieme siècle est sans doute le seul pays du monde occidental au sein duquel les quartiers riches de la capitale seront représentés par des élus communistes !

Ces bizarreries électorales traduisent visiblement surtout une volonté de contestation politique pure, plus qu’une quelconque adhésion de remplacement au tandem conservatisme / patriotisme que prône le pouvoir en place, tandem idéologique soutenu par la croissance économique que le pays continue de connaitre.

Alexandre Latsa
pour vineyardsaker.fr

Notes

[1] La révolution des neiges ? (alexandrelatsa.ru, français, 11-12-2011)

[2] Sociologie des votes Poutine et Prokhorov (alexandrelatsa.ru, français, 17-03-2012)

[3] Sociologie des votes Poutine et Jirinovski a Moscou  (alexandrelatsa.ru, français, 05-06-2012)

[4] Histogramme des votes pour le candidat Alexey Navalny lors de la présidentielle de 2012 (ic.pics.livejournal.com, image PNG, 09-09-2013)

[5] Blog d’Alexandre Latsa: Quelques réflexions sur les résultats de l’élection municipale anticipée de Moscou (fr.ria.ru, français, 11-09-2013)

[6] De la politique en Russie (alexandrelatsa.ru, français, 21-03-2008)

[7] Idem.

[8] Предварительные результаты выборов депутатов Московской городской Думы (vybory2014.yandex.ru, russe, 2014)

[9] Russie: l’idéologie nationale-démocrate devient manifeste (fr.ria.ru, français, 18-01-2012)

Alexandre Latsa est analyste et vit en Russie. Il tient un blog très suivi, Un autre regard sur la Russie.

mardi, 23 septembre 2014

Comment éviter les naufrages de migrants en Méditerranée

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Comment éviter les naufrages de migrants en Méditerranée, selon le New-York Times

Les leçons du New York Times aux Européens
 
par Jean Paul Baquiast
 

Dans un op-ed, (opinion editorial) en date du 18 septembre, Intitulé «  Murder in the Mediterranean. Refugees Fleeing to Europe Face Death From Smugglers » le New York Times relate le fait qu'un bateau chargé de 600 immigrants clandestins avait été délibérément coulé par des passeurs voulant se débarrasser de passagers devenus encombrants. Le fait avait d'ailleurs été signalé par toute la presse européenne, qui s'en était indigné – sur le papier – sans rien proposer de bien concluant pour éviter le retour de tels phénomènes.

Ce n'est pas le cas du NYT. Il n'hésite pas à reprocher à l'Europe son indifférence. Il conseille aussi à l'Europe un certain nombre de mesures permettant de sécuriser l'immigration clandestine. «
 The international community, especially Europe, must take collective action before more refugees die. Police and legal authorities must seek out and punish smugglers who kill or torture migrants. ».

Ceci d'autant plus que, selon l'article, le nombre des immigrants est passé de 60.000 en 2013 à 130,000 en 2014, chiffres fournis par l'International Organization for Migration . Le mouvement ne fera que s'amplifier. Des centaines de milliers de Syriens, Palestiniens, Soudanais et Érythréens sont en instance de passage, notamment vers l'Italie.

Après avoir constaté que les mesures actuelles, Mare Nostrum en Italie, Frontex au niveau de l'Union européenne, seront insuffisantes pour empêcher l'afflux de ces populations, le NYT déclare que « The only way to stop desperate people from risking their lives with unscrupulous traffickers is to give more of them a legal path to safety in Europe ». « La seule façon de protéger les immigrants de trafiquants sans scrupules est d'organiser des voies d'accès sécurisées à l'Europe ».

Il est curieux d'entendre ce conseil de la part du journal de référence d'un pays qui militarise progressivement ses frontières avec le Mexique, et qui n'hésite pas à mobiliser la Garde Nationale et l'armée pour faire tirer sur les clandestins. La télévision française avait réalisé récemment un reportage sur une milliardaire américaine qui avait acheté un gros yacht destiné à récupérer des migrants en difficulté en Méditerranée, afin de les aider à entrer en Europe. A la question de savoir si elle irait jusqu'à les héberger chez elle en Amérique, elle n'avait pas répondu.

Ce n'est certainement pas en offrant de plus larges facilitées d'entrée sur le territoire européen que l'on diminuera le nombre des passeurs et celui de leurs exactions. Au contraire. Ceux-ci s'industrialiseront de plus en plus si l'on peut dire, en aggravant le prix à payer pour leurs services. La question de l'immigration dite de la misère, qui s'aggravera prochainement avec l'afflux de réfugiés climatiques, imposerait des actions intergouvernementales de grande ampleur. L'Amérique, en ce qui la concerne, pourrait s'attaquer sérieusement à la diminution de ses émissions de gaz à effet de serre, comme l'a fait l'Europe. En attendant, nous n'avons aucun besoin des bons conseils du NYT.

http://www.nytimes.com/2014/09/19/opinion/refugees-fleeing-to-europe-face-death-from-smugglers.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&module=c-column-top-span-region&region=c-column-top-span-region&WT.nav=c-column-top-span-region&_r=0

Jean Paul Baquiast

lundi, 22 septembre 2014

Mais quelle est donc la véritable visée des sanctions contre la Russie?

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Mais quelle est donc la véritable visée des sanctions contre la Russie?

Auteur : Tatiana Filiatcheva
 
 
A une guerre informationnelle frôlant la paranoïa obsessionnelle s’est ajoutée ce qu’on pourrait appeler une course aux sanctions sans queue ni tête. Inutile de rappeler qui est le chef d’orchestre et qui joue, souvent à l’envers mais sans s’en apercevoir, la partition.

Ce qui importe réellement aujourd’hui, c’est de cerner le véritable sens des sanctions infligées en en jugeant non pas par les intentions exprimées mais par les résultats obtenus.

Commençons par l’alpha. Ni l’UE, ni l’OTAN ne veulent de l’Ukraine. Les promesses qu’ils avaient fait miroiter se sont progressivement évaporées d’abord avec la reprise de la Crimée par la Russie, puis avec la guerre d’usure inattendue menée dans le Donbass et qui, vu les guéguerres des clans oligarchiques ukrainiens, a vocation à durer aves des alternances de chaud et de froid typiques pour ce genre de processus. L’Occident n’a cure de Kiev, pas plus que de l’ensemble de l’ouest ukrainien. S’il faut une zone tampon en Europe de l’Est, la Pologne suffit largement. L’espace ukrainien limitrophe de la Russie où l’OTAN espérait installer ses bases et surtout son système de défense antimissile est lui aussi perdu. Faudrait-il croire, ces lapalissades énumérées, que Washington se fasse du mauvais sang pour la jeune chaire à canon de l’Ouest que Kiev envoie par paquets dans les régions à reconquérir ? S’apitoierait-il sur les corps déchiquetés des civils ? Qui pourrait encore croire à cette fable pathétique qui n’a d’autre fondement que l’infaillibilité quasi-divine des USA ?

En réalité, si on s’appuie sur les résultats des sanctions et non pas sur des spéculations de bobos, il devient clair que l’Ukraine n’a strictement rien à voir avec les mesures dites « punitives » adoptées.

Primo, le premier et dernier perdant était, est et sera toujours l’UE. Jacques Sapir le montre bien à l’exemple des dommages parfaitement chiffrés et en hausse permanente que subissent les entreprises occidentales, allemandes et françaises en premier lieu Les toutes récentes analyses effectuées par Emmanuel Todd vont dans le même sens. L’histoire des Mistrals qui a suscité bien des soubresauts à Saint-Nazaire a failli heurter de plein fouet le contrat sur la fourniture des Rafales à l’Inde et a déjà entaché l’image de la France en tant qu’exportatrice d’armements. Plus on avance, plus on s’enfonce.

Secundo, il faut être bien aveugle pour ne pas relever que le degré d’exacerbation du conflit ukrainien est comme par hasard exactement proportionnel à l’intensification des sanctions : souvenons-nous des évènements qui ont suivi la signature de l’accord de Minsk ! En fait, ces mesures soi-disant coercitives ne font qu’encourager Kiev, cela d’une manière vulgaire et décevante, à taper encore plus fort sur les insurgés et les populations civiles que ceux-ci défendent. De ce point de vue, Porochenko et son équipe n’ont même pas conscience de scier la branche sur laquelle ils auraient pu s’asseoir plus confortablement qu’ils ne le font. Nous obtenons un tableau pittoresque : les USA anémient autant que possible l’économie de l’UE en exploitant à leur façon le dossier ukrainien sous couvert d’une riposte à une prétendue agression russe. Progressivement coupée de ses liens économiques avec la Russie, l’UE n’aura d’autre choix que d’accepter – et oui, les Américains ont trouvé moyen de faire passer la pilule – le désastreux traité transatlantique.

Maintenant, et nous arrivons au troisième et dernier point, qu’en est-il véritablement de la Russie ? De quelle façon sera-t-elle touchée ? Le marché russe est plutôt à l’abri des peines infligées. Qui plus est, un peu de protectionnisme lui fera beaucoup de bien, surtout en matière agricole et technologique. L’alliance des BRICS étant en pleine consolidation, l’industrie innovante va se réorienter sans trop de soucis vers notamment la Chine ou l’Inde. Reste le plan sociétal. Tout comme la France, la Russie a ses propres bobos. Très peu nuisibles en tant que tels, ils contribuent néanmoins efficacement à la création d’un climat de turbulence instrumentalisé avec beaucoup de brio par des agents bien formés et surtout bien sponsorisés de l’extérieur. Les slogans sont déjà tout prêts : Poutine veut affamer la Russie avec son embargo, il nous isole du reste du monde – il faut savoir que pour les bobos russes le reste du monde, c’est forcément l’Occident et les USA – il a annexé la Crimée, etc. Je ne cite ici que quelques exemples représentatifs pêchés à travers les réseaux sociaux et les sous-entendus de la presse dite libérale. Si cette vague de turbulence que je viens d’évoquer ne suffira bien sûr pas à déstabiliser d’une manière sensible et décisive le pays, elle contribuera à distraire le Kremlin de la problématique syrienne.

Il en ressort donc que les sanctions antirusses sont en fait, de un, un moyen de faire pression sur l’UE, de deux, une manœuvre de distraction de la Russie occupée à s’imposer sur le marché asiatique alors que les Américains, profitant du moment, se préparent à en finir avec la Syrie. Même si ce calcul est assez faux – je vois mal la Russie abandonner son allié syrien – il n’en demeure pas moins qu’il est plus difficile de gérer plusieurs dossiers à la fois tout en veillant à ce que les manifs prévues à Saint-Pétersbourg, à Kaliningrad et à Moscou où se prépare, le 21 septembre, un défilé pour la paix (en Ukraine) contre l’invasion russe, n’enveniment l’atmosphère.

L'IRAN DE NOUVEAU EN NEGOCIATIONS

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L'IRAN DE NOUVEAU EN NEGOCIATIONS

Il a pourtant un effet stabilisateur important

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Une délégation de quatre députés dont Jacques Myard, Philippe Mallé, Jean-Luc Reitzer, conduite par Odile Saugues, vice-présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale avait effectué une visite officielle en Iran du mardi 24 juin au vendredi 27 juin 2014. Cette visite s'inscrivait dans le cadre de la diplomatie parlementaire avec la volonté d'améliorer les relations franco-iraniennes à un moment où devait se jouer à Vienne, plus précisément le 20 juillet, une phase décisive avec Téhéran sur le dossier nucléaire. La délégation française avait reçu un accueil cordial, les entretiens ont été ouverts et directs avec, le Dr Borougerdi , président de la commission de la sécurité et des Affaires étrangères du Parlement iranien, Takht-Ravanchi, vice-ministre des affaires étrangères pour l'Europe et les Amériques et l'un des négociateurs sur le nucléaire et Amir Abdollahian , vice-ministre des Affaires étrangères pour les pays arabes et l'Afrique. Le compte-rendu de ces entretiens est intéressant car ils ont essentiellement porté sur le dossier nucléaire et le nouveau califat irakien.

Nucléaire iranien : réouverture des négociations 

Sur ce point, les interlocuteurs iraniens semble avoir un discours bien rodé : «Les temps difficiles sont passés; la confiance est une route à deux sens; nous sommes prêts à respecter nos engagements, mais nous voulons aussi nos droits; nous acceptons les inspections, nous mettons en œuvre le protocole additionnel; le Guide a condamné la bombe dans une fatwa; la porte de nos centrales est ouverte; l'AIEA filme tout». Et le vice-ministre Takht-Ravanchi d'ajouter «Je pars à Vienne avec la volonté d'aboutir». 

En fait, la réunion de Vienne ne s'est pas très bien passé et l'Iran et la troïka européenne (Grande-Bretagne, France et Allemagne) se sont réunis de nouveau le 11 septembre à Vienne pour évoquer les préparatifs d'un nouveau round de négociations entre Téhéran et les six médiateurs internationaux. L'Iran et ces six médiateurs (Russie, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne) chercheront ensuite à élaborer à partir du 18 septembre à New York et jusqu'au 24 novembre, un accord garantissant le caractère pacifique des recherches nucléaires iraniennes en échange de la levée totale des sanctions internationales contre la République Islamique. Les négociations entre les Six et l'Iran seront placées sous la direction de la Haute représentante, Mme Catherine Ashton. (Le 30 août 2014, le Conseil européen a désigné Federica Mogherini, ministre des Affaires étrangères italienne pour lui succéder le 1er novembre 2014).

La situation en Irak

Tous les interlocuteurs iraniens rencontrés par les députés accusent les Américains et les Saoudiens d'être responsables de la dégradation de la situation en ayant armé l'Etat islamique en Irak et au Levant ( EIIL ) qui s'est constitué et créé en Syrie. Les députés français s'en étonnent, ne semblent pas y croire mais c'est la stricte réalité. L'Isis est une officine créée de toutes pièces par les services américains, britanniques et saoudiens avec le soutien logistique du Mossad israélien. Il s'agit d'une instrumentalisation d'activistes extrémistes comme il en a existé de nombreuses dans la région. Intéressant à ce titre, un des commentaires iraniens : «Pour Téhéran, le 11 septembre 2001 et Al-Qaîda étaient un mouvement d'amateurs  ! Tout autre serait l'EILL qui disposerait, elle, d'énormes fonds, de beaucoup d'argent, d'armes modernes, d'informaticiens chevronnés et même de pétrole à exporter.» 

Le peuple iranien souffre

Toutes les entreprises iraniennes qui travaillent à l'international se plaignent des effets des sanctions. Le PIB iranien a diminué ces dernières années, en raison de la baisse des exportations de pétrole (1,2 million de barils) alors que l'inflation ne cesse d'augmenter. Nonobstant, d'après nos ''touristes'', les boutiques regorgent de biens multiples et les restaurants affichent complets la veille du vendredi chômé. On ne sent pas la morosité économique française. L'étranger de passage est ainsi frappé par l'animation des rues commerciales, l'Iran des villes donnant l'image d'un pays plein de vitalité. La délégation a rencontré quatre des cinq députés des minorités religieuses, deux Arméniens qui seraient encore 80 000, un Assyrien Chaldéen (13 000), un Zoroastrien (10 000), le député juif (15 000) étant lui en voyage. Tous ont attesté de leur statut de député égal à celui de leurs collègues musulmans et de leur liberté de culte, bénéficiant d'un statut personnel pour l'état civil avec des tribunaux propres. Il existe notamment à Ispahan 17 synagogues même si l'on peut noter que la communauté chrétienne a fortement diminué depuis 1979.

Une société mixte

Les femmes ont l'obligation d'avoir une tenue stricte qui cache les jambes, chevilles comprises, de porter le foulard, mais ce dernier est souvent placé avec élégance bien en-deçà du visage, le voile intégral étant interdit. La situation est donc sans comparaison avec celle de leurs consœurs de la péninsule arabique pourtant les meilleurs alliés des Occidentaux. La société iranienne est bien une société mixte où les couples sortent ensemble le soir, les femmes représentent plus de 60% des étudiants des universités, elles exercent tous les métiers - de fait, seuls les hommes sont discriminés, ils ne peuvent pas être médecins-gynécologues ! - les femmes peuvent en revanche soigner les hommes. Neuf femmes sont députés. Et, il n'est pas rare de voir une jeune femme allaiter son bébé avec la discrétion qui s'impose en public, ce qui est proprement impensable dans de nombreux pays arabes sunnites. Mais il est vrai que leur volonté d'émancipation qui se traduit par le maquillage et le rouge à lèvres interdits, agace les milieux conservateurs.

Les réseaux sociaux suscitent à l'évidence les mêmes irritations des autorités qui ne semblent pas en mesure de s'y opposer. Enfin, l'homosexualité est curieusement tolérée pour les travestis et transsexuels mais réprimée par des condamnations à mort publiques lorsqu'elles concernent des hommes non efféminés. De même, les exécutions capitales des trafiquants de drogue sont très importantes.

En somme, comme la Russie pour l'Europe, l'Iran est incontournable. Forte de son histoire multiséculaire, de ses 80 millions d'habitants, de sa position stratégique dans une région du monde en voie de déstabilisation rapide, on ne souhaite pas qu'elle soit elle aussi victime de la stratégie américaine du chaos qui semble gouverner toute la politique proche-orientale du Département d'Etat. Avec l'Iran, nous avons affaire comme hier avec la Libye ou l'Irak, et encore avec la Syrie à un régime qui tient le pays et assure les services publics. L'Iran est un très grand pays, un pays cultivé avec des ingénieurs performants qui ne pourra que devenir un partenaire incontournable des puissances occidentales et de la France.

Au-delà de ses promesses commerciales, l'Iran a de fait un rôle politique régional incontournable, jouant le rôle de verrou du côté de l'Irak mais aussi et il faut en tenir compte du côté de l'Afghanistan, c'est-à-dire du côté du centre Asie dont elle a toujours été la porte d'entrée naturelle. Malgré certaines critiques liées aux positions contradictoires et atlantistes de la France depuis quelques années, au suivisme de sa politique aventureuse, la France conserve malgré tout une solide considération qu'il serait bon pour l'avenir du vingt-et-unième siècle de ne pas solder. Nos dirigeants en seront-ils capables ou suivront-ils Jérusalem ?
 

dimanche, 21 septembre 2014

La stratégie de guerre de Moscou

La stratégie de guerre de Moscou

Sans morts mais fatale aux Etats-Unis

Valentin Mândrăşescu
Ex: http://metamag.fr

poutine_-_russia_-_dollar_-_russie.jpgL’aide de Poutine propose une alliance anti-dollar pour forcer les États-Unis à mettre fin à la guerre civile. Sergueï Glazyev, le conseiller économique de Vladimir Poutine, a publié un article décrivant un plan pour « saper la puissance économique des Etats-Unis » afin de forcer Washington à arrêter la guerre civile en Ukraine. Glazyev croit que la seule façon d’obliger les Etats-Unis à renoncer à ses plans pour le démarrage d’une nouvelle guerre froide est de planter le système du dollar.

Dans son article, publié par Argumenty Nedeli, le conseiller économique de Poutine et le cerveau derrière l’Union économique eurasienne, soutient que Washington tente de provoquer une intervention militaire russe en Ukraine, en utilisant la junte de Kiev comme appât. Si ce plan aboutit, cela donnera à Washington un certain nombre d’avantages importants. Tout d’abord, il permettra aux États-Unis d’introduire de nouvelles sanctions contre la Russie, radiant ainsi le portefeuille de Moscou de bons du Trésor américain. Plus important encore, une nouvelle vague de sanctions va créer une situation dans laquelle les entreprises russes ne seront pas en mesure de rembourser leurs dettes aux banques européennes.

Selon Glazyev, la soi-disant « troisième phase » de sanctions contre la Russie aura un coût énorme pour l’Union européenne. Le total des pertes estimées seront supérieures à 1 trillion d’euros. Ces pertes nuiront gravement à l’économie européenne, faisant des Etats-Unis le seul « refuge sûr » dans le monde. Des sanctions sévères contre la Russie déplaceront également Gazprom du marché européen de l’énergie, laissant la porte grande ouverte pour le GNL beaucoup plus cher des États-Unis.

La cooptation des pays européens dans une nouvelle course aux armements et dans des opérations militaires contre la Russie va augmenter l’influence politique américaine en Europe et aideront les États-Unis à forcer l’Union européenne à accepter la version américaine du TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), un accord commercial qui, en réalité, transformera l’UE en une grande colonie économique des États-Unis. Glazyev estime que l’initiation d’une nouvelle guerre en Europe ne sera bénéfique qu’à l’Amérique et ne créera que des problèmes pour l’Union européenne. Washington a utilisé à plusieurs reprises des guerres mondiales et régionales au profit de l’économie américaine et maintenant la Maison Blanche est en train d’essayer d’utiliser la guerre civile en Ukraine comme un prétexte pour répéter le vieux truc.

L’ensemble des contre-mesures de Glazyev vise spécifiquement le cœur de la force de la machine de guerre des États-Unis, c’est à dire la machine à imprimer les billets de la Fed. Le conseiller de Poutine propose la création d’une « large alliance anti-dollar » des pays qui veulent et peuvent supprimer le dollar de leur commerce international. Les membres de l’alliance devraient également s’abstenir de garder des réserves en devises dans des instruments libellés en dollars. Glazyev préconise de traiter les positions dans des instruments libellés en dollars comme des avoirs peu fiables et estime que les régulateurs devraient exiger de pleines garanties collatérales sur ces avoirs. Une coalition anti-dollar serait la première étape pour la création d’une coalition anti-guerre qui peut aider à arrêter les agressions des États-Unis.

Sans surprise, Sergei Glazyev estime que le rôle principal dans la création d’une telle coalition politique doit être joué par la communauté d’affaires européenne parce que les tentatives de l’Amérique pour allumer une guerre en Europe et une guerre froide contre la Russie menacent les intérêts des grandes entreprises européennes. A en juger par les récents efforts pour mettre fin aux sanctions contre la Russie, formulées par les chefs d’entreprise allemands , français, italiens et autrichiens,, le conseiller de Poutine a vu juste dans son évaluation. Un peu surprenant pour Washington, la guerre pour l’Ukraine pourrait bientôt devenir la guerre pour l’indépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis et une guerre contre le dollar.

Casse-tête et conséquences des sanctions anti-russes

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Casse-tête et conséquences des sanctions anti-russes
Traduction : Daniel pour Vineyardsaker

Tout ce que fait la Russie ne laisse pas de place au doute. On rapplique avec des sanctions. Nous y voilà encore. La dernière série de sanctions imposées par le département du Trésor américain et l'Union européenne vise le système bancaire russe, le secteur de l'énergie et l'industrie de la défense.

Les sanctions sont cruelles. Les sanctions sont désagréables. Il n'y a pas d'euphémisme pour les décrire. Ce n'est rien de moins qu'une déclaration de guerre économique.

Sberbank, la plus grande banque de Russie, n'aura plus accès aux marchés des capitaux occidentaux pour obtenir du financement à long terme, y compris toute forme d'emprunt s'étalant sur plus de 30 jours. En outre, cette nouvelle série de sanctions a ramené de 90 à 30 jours l'échéance maximale des prêts imposée à six autres grandes banques russes lors de la série de sanctions précédente.

Sur le front énergétique, ce que les États-Unis et l'Union européenne veulent, c'est la mise au rancart des nouveaux projets d'exploration russes en Sibérie et dans l'Arctique, en interdisant aux grandes pétrolières occidentales de vendre de l'équipement et de la technologie aux projets extracôtiers et en eau profonde, ainsi qu'aux projets d'exploitation du gaz de schiste.

Cela veut dire que les sociétés Exxon et Shell, par exemple, doivent mettre un frein à leurs activités avec cinq grandes sociétés russes dans le secteur du pétrole, du gaz naturel et du pipeline : Gazprom, Gazprom Neft, Lukoil, Surgutneftegaz et Rosneft.

Personne n'a jamais perdu d'argent en misant sur la stupidité des sempiternels « hauts responsables américains » anonymes, qui répètent inlassablement que la dernière série de sanctions vise à obliger Moscou à « respecter le droit international et la souveraineté de l'État ». Un examen rapide des données historiques nous autorise à rire aux éclats en lisant ce passage.

Pour sa part, David Cohen, sous-secrétaire chargé du terrorisme et du renseignement financier au département du Trésor américain, insiste pour dire que la série de sanctions va « isoler » la Russie du système financier mondial.

Les médias institutionnels occidentaux ont aussi qualifié la série de sanctions comme susceptible de « causer une agitation sur les marchés financiers déjà nerveux ». Comme « agitation », on a déjà vu pire. En Russie, les titres des sociétés visées par les sanctions ont monté. Aux États-Unis, les titres énergétiques ont fléchi. Bref, les marchés « agités » ont interprété la dernière série de sanctions comme un autre tir dans les pieds de Washington et de Bruxelles.

Divisons l'Eurasie

« L'isolement » de la Russie, c'est l'empêcher d'accéder à des « sources importantes de financement libellé en dollars », pour reprendre le jargon de Washington et de Wall-Street, baptisées par euphémisme « capitaux occidentaux ». Il est question ici de dollars américains et d'euros. Mais quiconque suit les mesures qui se superposent en faveur d'un monde multipolaire sait que la Russie n'a pas besoin de se procurer plus de dollars américains et d'euros.

Moscou pourrait se servir de ces deux devises pour des achats croisés de biens et services avec les États-Unis et l'Union européenne. Sauf qu'il peut se procurer ces biens et services ailleurs dans le monde. Pour ce faire, les « capitaux occidentaux » sont inutiles et Moscou favorise de plus en plus l'utilisation d'autres devises avec ses autres partenaires commerciaux. Le gang des atlantistes tient pour acquis que Moscou a bien plus besoin de biens et services des États-Unis et de l'Union européenne que l'inverse. Il se met le doigt dans l'œil.

La Russie peut vendre ses ressources énergétiques abondantes en n'importe quelle devise autre que le dollar américain et l'euro. La Russie peut acheter tous les vêtements qu'il lui faut en Asie et en Amérique du Sud. Dans le secteur de l'électronique et de la haute technologie, pratiquement tout est fabriqué en Chine de toute façon.

Un aspect crucial se joue sur le front énergétique. Il sera palpitant de suivre l'Union européenne - qui n'a même pas encore adopté de politique énergétique commune - dans sa recherche de fournisseurs de remplacement. Pour un certain nombre de raisons complexes (quantité insuffisante de gaz promise, absence de pipeline), l'Azerbaïdjan, le Turkménistan et le Qatar ne font pas partie du lot.

Ce n'est pas pour demain non plus que l'administration Obama autorisera l'Union européenne à importer de l'énergie de l'Iran, et ce, même si l'accord sur le nucléaire iranien (qui bat de l'aile) était signé d'ici la fin de 2014, ouvrant sans doute la voie à la levée des sanctions.

Les marchés « irrationnels » voient ce qui se passe vraiment. Loin d'être « irrationnels », ils fluctuent en fonction des profits à tirer de la realpolitik.

Tout ceci se passe avant même que Moscou n'ait donné la réplique. Le coup pourrait être fatal, s'il vise les exportateurs de l'Union européenne vers la Russie et même l'approvisionnement en énergie de la Russie. L'Union européenne va ensuite riposter, puis la Russie rappliquera. C'est exactement ce que souhaite Washington : une guerre commerciale et économique ravageant et divisant l'Eurasie.

Et ces vingt mille milliards de dollars ?

Sur le plan politique, l'Ukraine et l'Union européenne avaient initialement convenu de « repousser à la fin de 2016 l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne ». Ça ne s'invente pas. C'est exactement ce qu'a fait Victor Ianoukovytch en novembre dernier, car il savait que l'Ukraine ne pouvait se permettre de perdre un partenariat commercial certifié avec la Russie en faveur d'un vague « libre échange » avec l'Union européenne. Cette décision de « repousser » l'accord a été supervisée par ce parangon de médiocrité qu'est José Manuel Barroso, le président sortant de la Commission européenne.

Lors d'une séance plénière, le Parlement européen à Strasbourg s'est empressé de ratifier l'accord d'association avec l'Ukraine [1], au moment même où le président Petro Porochenko le déposait au Parlement ukrainien. Ce qui ne veut pas dire que l'accord entre immédiatement en vigueur. « L'intégration » économique avec l'Union européenne, l'euphémisme utilisé pour nommer l'invasion à sens unique de produits de l'Union européenne en Ukraine, ne débutera qu'en janvier 2016. Il ne faut pas s'attendre non plus à ce que l'Union européenne, frappée par la crise, accueille l'Ukraine en son sein prochainement (si elle le fait).

Ce jeudi, Porochenko va rencontrer son maître, le président des États-Unis Barack Obama, et prendra la parole au cours d'une séance conjointe des deux chambres du Congrès américain. Attendez-vous à de la rhétorique concernant « l'empire du mal » aux proportions intersidérales.

Mais c'est samedi à Berlin que les vraies choses vont se jouer, pendant les négociations sur l'énergie entre la Russie, l'Union européenne et l'Ukraine. Inutile de rappeler que Moscou a toutes les principales cartes dans son jeu.

La dette colossale de Washington a pratiquement atteint vingt mille milliards de dollars, et continue de grossir. Avec une crise monstrueuse qui s'approche comme un tsunami infernal, il ne faut pas s'étonner que Washington ait recours à la tactique de diversion parfaite : le retour de « l'empire du mal ». Les écoles d'études politiques s'inspirant des Marvel Comics ont de nouveau la cote, semble-t-il.

La Russie possède un énorme surplus de capitaux étrangers et est en mesure d'affronter la tempête. Par contre, la première économie de l'Union européenne qu'est l'Allemagne souffre déjà. Elle a déjà une croissance négative s'établissant à -0,2 %. C'est dans cette direction que le vent de l'imposition hystérique de sanctions souffle, en faisant dérailler davantage les économies de l'UE. Mais personne n'est prêt à parier que l'Union européenne aura le cran nécessaire pour résister à Washington. Surtout pas à Bruxelles, où les vassaux sont légion.

Ecosse: le vote des étrangers et des vieux a fait échouer le référendum

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Ecosse: le vote des étrangers et des vieux a fait échouer le référendum

Source Breiz Atao cliquez ici

La défaite, honorable, des indépendantistes écossais trouve son explication dans le vote des quelques 880 000 non-Ecossais qui représentent 17% de la population du pays. En acceptant de les laisser voter, les indépendantistes socialistes ont eux-mêmes créé les conditions de leur échec.

Un demi-million de Britanniques en Ecosse

C’est sans doute possible parce que le Parti National Ecossais (SNP), socialiste, n’a jamais remis en cause la consultation du demi-million d’Anglais vivant en Ecosse, un pays qui en compte 5,3 millions, que Londres a accepté la tenue du référendum. En disposant d’une solide minorité de blocage, le gouvernement britannique a pu aborder le référendum avec un atout décisif en main.

La presse britannique a abondamment détaillé les intentions de vote de ces résidents installés en Ecosse. Et le verdict est sans appel : 63% d’entre eux entendaient voter contre l’indépendance.

Or, il a manqué environ 300 000 voix aux indépendantistes pour l’emporter.

Les Polonais votent… pour garder leurs papiers

En plus des Britanniques, Londres savait pouvoir disposer du soutien des autres non-Ecossais afin de circonvenir le vote séparatiste. Un sondage réalisé au mois d’août auprès des immigrés polonais résidant dans le pays indiquait que ceux-ci allaient voter en fonction du devenir de leurs visas si l’Ecosse devenait indépendante. L’incertitude prévalait sur le statut européen de l’Ecosse suite aux déclarations anti-indépendantiste de Manuel Barroso.

En conséquence, la libre-circulation assurée aux ressortissants des états-membres de l’UE était en théorie remise en cause. Hors cette libre-circulation était le seul critère qui importait aux yeux des immigrés polonais et d’Europe de l’Est. Pour eux, le devenir du peuple écossais importait peu et ils n’ont pas hésité un instant à faire valoir leurs intérêts comme ceux de Londres sur ceux du peuple qui les accueille.

Les Pakistanais ont aussi eu leur mot à dire

Les pakistanais ont également eu leur mot à dire. Représentant plus de 150 000 personnes, cette immigration sait ce qu’elle doit au gouvernement anglais et perçoit l’indépendance écossaise comme une menace directe. Les deux tiers d’entre eux voulaient voter contre le “Oui” à l’indépendance.

Les Ecossais de la diaspora privés de vote

Tandis que Pakistanais, Anglais ou Polonais étaient appelés à voter par Alex Salmond et son parti, les Ecossais de la diaspora se voyaient priver du droit de voter. Une diaspora forte de millions de personnes à travers le monde. Le logiciel du “droit du sol” cher aux indépendantistes de gauche a logiquement joué à fond et produit les fruits qu’il est voué à produire.

Lorsque l’on retranche les votes des étrangers – Anglais, Européens de l’Est et extra-Européens – les Ecossais de souche ont bel et bien voté pour leur indépendance.

Les vieux coresponsables

Les vieux sont, avec les étrangers, les moteurs de la victoire du “Non”. 65% des plus de 50 ans en Ecosse s’opposaient à l’indépendance. Soucieux de leurs rentes, ils perçoivent l’indépendance comme une remise en cause de leurs intérêts. Sans surprise, ce sont ces mêmes générations qui soutiennent l’immigration afin de “payer les retraites”, la pyramide des âges résultant de leur faible taux de natalité ayant engendré une crise démographique.

Des enseignements à tirer

Il y a plusieurs enseignements à tirer de cette consultation. Tout d’abord, la défaite des indépendantistes, largement causée par leur orientation idéologique socialiste, n’est pas écrasante. L’Ecosse n’a retrouvé son parlement autonome qu’il y a 15 ans et les indépendantistes ne sont arrivés au pouvoir qu’il y a 7 ans. Parvenir – contre les médiats britanniques et la totalité des partis anglais et des responsables européens – à rassembler près de 46% des suffrages constitue une véritable performance en un temps historique aussi court.

Ensuite, il apparaît comme évident que l’indépendantisme de gauche, en soutenant une interprétation non-ethnique du nationalisme, a créé les conditions de son propre échec politique. En refusant, par conviction ou par peur, d’empêcher les étrangers de voter sur une question qui ne les concerne pas par définition, les indépendantistes du SNP ont donné à Londres les moyens de son succès.

S’ajoute à cela un clivage générationnel patent. L’égoïsme des Baby Boomers est le fil conducteur de leur comportement politique : pro-immigrationnistes, court-termistes, uniquement soucieux de leur bien-être et de leur patrimoine, ils ont pris en otage le destin de la jeunesse écossaise. Sans surprise, leur parasitisme a convergé avec celui des Anglais et des immigrés extra-européens.

Cependant l’échec écossais est relatif. Il est plus un début de processus qu’une fin et l’éviction progressive des générations conservatrices permet d’entrevoir des évolutions décisives pour ce pays. En quelque sorte, c’est la fin d’une certaine forme d’indépendantisme socialiste et le début d’un autre. Les petites nations d’Europe n’auront d’autre choix que de se doter de formations politiques résolument nationalistes en lieu et place de cet “indépendantisme de gauche” dépassé.

samedi, 20 septembre 2014

Traité transatlantique: un résumé magistral et une description sans fards de ce monstre économique

 

Traité transatlantique: un résumé magistral et une description sans fards de ce monstre économique à l’affût

Auteur : Frédéric Viale
 
On ne peut pas nier que cela n’existe pas, que cela ne se déroule pas, que c’est une théorie du complot! Pour ceux qui se poseraient encore des questions, seule une recherche sur le blog (comme ailleurs…) qui a multiplié les sujets sur les accords de libre-échange, dont celui-ci. Non seulement nos politiques refusent de nous en parler pour mieux nous l’imposer, mais les médias eux non plus ne sont pas très loquaces sur le sujet. Ces accords, nous allons les subir, et au prix fort, en y laissant nombre de libertés, notre santé, notre argent, et bien plus encore!

Le 14 juin 2013, le Commissaire européen chargé du commerce recevait du Conseil des ministres européen le mandat de négocier avec les États-Unis un traité de commerce dont l’appellation officielle marque l’ambition : Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (PTCI, en anglais TTIP). Le traité est plus connu sous le sigle TAFTA (Transatlantic Free Trade Area, Traité de libre-échange transatlantique), généralement utilisé par le mouvement social, qui le nomme également « Grand marché transatlantique ».

Un large mandat

D’emblée, l’objectif est posé par le point 3 du mandat : « L’accord prévoit la libéralisation réciproque du commerce des biens et services ainsi que des règles sur les questions liées au commerce, avec un haut niveau d’ambition d’aller au-delà des engagements actuels de l’OMC. » Il s’agit de négocier ce qu’on appelle dans le jargon un accord « OMC plus », c’est-à-dire un accord prenant pour base les principes qui se trouvent dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour aller plus loin et plus profondément dans la libéralisation du commerce.

Le mot « libéralisation » désigne, depuis presque vingt ans que l’OMC a été mise en place (janvier 1995), la mise en concurrence de tous les opérateurs de commerce internationaux. Cette mise en concurrence passe par la possibilité pour les entreprises d’avoir « accès aux marchés » (étrangers), de réaliser une « présence commerciale » (droit d’installation à l’étranger), de bénéficier au moins de la « clause de la nation la plus favorisée » (un traitement non moins favorable que celui dont bénéficie une autre entreprise étrangère) et, à terme, du « traitement national » (traitement identique de toutes les entreprises quelle que soit leur provenance), sans se voir opposer des « mesures distorsives » au commerce que constituent les décisions publiques de toute nature qui amènent à fausser la concurrence.

C’est le cas des subventions et plus largement des « obstacles au commerce », ou encore des « obstacles techniques au commerce ». Il s’agit généralement de toutes les mesures intérieures jugées « disproportionnées au but poursuivi », « inéquitables » et sans justification économique, sachant que protéger son marché intérieur n’est pas une justification économique par définition.

De la sorte, les gouvernements ou les instances infra-étatiques ne peuvent plus opposer aux entreprises des décisions publiques qui, au prétexte de protéger les populations de certains risques sanitaires, environnementaux ou autres (« obstacles techniques au commerce »), au prétexte de régulation économique, voire d’intervention économique (« obstacles au commerce ») constituent autant de mesures faussant la concurrence. Le point 23 du mandat reprend la nécessité de la clause de la nation la plus favorisée, du traitement national, de l’interdiction des obstacles au commerce qui sont la base des accords de l’OMC.

Mais cet accord entend aller plus loin.

Il aurait pour conséquence de renforcer les droits de la propriété intellectuelle. Dans le contexte de mondialisation actuelle, il s’agit là d’une tendance de fond qui s’approfondit depuis les années 1990 et qui peut avoir pour cadre l’OMC mais aussi, et d’abord, les législations nationales, particulièrement celle des États-Unis qui tend à exporter ses modèles de régulation dans le monde.

Concernant le projet TAFTA, certaines incertitudes planent sur la question de la protection de la propriété intellectuelle et notamment sur celle de la durée durant laquelle l’auteur pourrait prétendre à l’exploitation exclusive de son œuvre. Vu l’opacité des négociations, il est impossible de savoir si les dispositions du type de celles qui étaient présentes dans l’ACTA ne seraient pas présentes. On se souvient que les mécanismes de sanctions à l’encontre des utilisateurs d’Internet avaient déclenché une vive opposition des mouvements sociaux et finalement le rejet du Parlement européen. Il se trouve que la version fuitée de l’Accord économique commercial global (AECG), accord en voie de finalisation entre le Canada et l’Union européenne, porte les mêmes dispositions que le TAFTA et qu’on y trouve ce qui se trouvait dans l’ACTA.

Par ailleurs, le gouvernement français manque rarement de rappeler qu’il a réussi à imposer l’exclusion d’un secteur sensible des négociations : la culture. En fait d’exception culturelle, il s’agit uniquement de l’audiovisuel. Les autres aspects de la culture (livre, spectacle vivant, musique, etc.) ne sont pas concernés. Au demeurant, le Commissaire européen au commerce extérieur a rappelé qu’il ne manquerait pas de demander sur ce point l’élargissement du mandat, selon l’évolution des négociations – comprenez s’il est utile de pouvoir négocier la libéralisation de la culture pour obtenir autre chose. Jusqu’ici, le gouvernement affirme une position inébranlable. Mais, dans le secret de quelques réunions de la Direction générale du commerce, qui se tiennent sans publicité, sans ordre du jour ni compte rendu diffusés, il peut se passer bien des revirements.

Cet accord comporte également deux mécanismes qui, à eux seuls, constituent une des attaques les plus lourdes contre les principes démocratiques fondamentaux jamais tentées à ce jour : le mécanisme de règlement des différends investisseur-État ; le mécanisme de coopération réglementaire.

Deux mécanismes particulièrement dangereux

1. Le mécanisme de règlement des différends investisseur-État :

Le point 23 du mandat le prévoit. Ce mécanisme permettrait à un investisseur (une entreprise ou un financier) de porter plainte contre une décision publique, de quelque nature et de quelque niveau que ce soit, qui serait une mesure « arbitraire », « inéquitable », « disproportionnée », ou qui réaliserait une « expropriation directe ou indirecte » et qui, de ce fait, aurait une conséquence négative sur les bénéfices escomptés de l’investisseur. Cette plainte serait portée devant un organe d’arbitrage international, celui-ci pouvant décider d’une compensation en faveur de l’investisseur correspondant aux pertes découlant de la mesure incriminée, pertes actuelles ou futures.

Revenons sur les deux points importants de cette définition.

Premièrement, les motifs par lesquels les plaintes peuvent être déposées : ils sont extraordinairement flous. Qu’est-ce qu’une mesure « arbitraire », « inéquitable », « disproportionnée » ? Face à un tel flou, il faut savoir que les instances chargées de trancher (et nous verrons que la nature de ces instances également est très problématique) se baseront sur les traités qui les ont instituées. Quel est l’objectif de l’accord en négociation ? Atteindre le plus haut niveau de libéralisation possible. Il n’est pas utile d’espérer que, dans ce cadre, la référence à d’autres textes légaux puisse être faite. Déjà, l’OMC nous a donné l’exemple de traités de commerce ne se référant qu’à eux-mêmes et excluant la possibilité de faire référence à d’autres textes moins contraignants (ceux de l’Organisation internationale du travail, de l’Organisation mondiale de la santé par exemple). On voit mal pourquoi les « arbitres » institués par le TAFTA et qui seront chargés, en dernière instance, d’apprécier les demandes des entreprises le feraient en se référant à autre chose qu’à l’accord qui reconnait leur compétence. Ainsi, nous pouvons prédire sans risque d’erreur que les arbitres décideraient que sera « arbitraire », « inéquitable », « disproportionnée » toute mesure publique qui déviera de l’objectif à atteindre : la libéralisation maximale du commerce international.

Cela ouvre des perspectives, et pas seulement aux entreprises transnationales : quel périmètre sera-t-il laissé à la décision publique par les entreprises et les arbitres ? Quel type de mesures protectrices des populations pourra-t-elle passer au laminoir de ce mécanisme ?

La question se pose d’autant plus si on regarde ce que sont les « arbitres internationaux ».

Ils existent depuis de nombreuses années et ont été créés initialement pour « sécuriser » les investissements dans les pays où n’existent pas de systèmes judiciaires efficaces et hors du contrôle des gouvernements : le CIRDI, la CNUDCI, les Chambres de commerce ou autres organes ad hoc reconnus par les traités. Le « panel » se compose généralement de trois arbitres, un désigné par le plaignant, un par l’État, un en commun accord ou par les deux autres. Ce sont des personnes privées, petit groupe appartenant à la vingtaine de cabinets d’avocats internationaux dans le monde (14 aux EU, 6 dans l’UE, 1 en Asie) et ils ne sont tenus à aucune des règles qui pèsent normalement sur un juge : les conflits d’intérêts ne les concernent pas, et ils peuvent ainsi siéger dans un organe arbitral, conseiller un État, un investisseur, à moins qu’un de leurs confrères ne s’en charge. Ils peuvent être payés jusqu’à 3000 dollars de l’heure.

Pour avoir une idée des conséquences de l’application de ce mécanisme, il est utile de se référer à l’étude annuelle de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement. En effet, le mécanisme de règlement des différends investisseur-État existe déjà dans le chapitre 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et dans les nombreux accords bilatéraux sur l’investissement (BIT), plus de 3000 à l’heure actuelle.

Quelques conflits emblématiques :

- Philips Morris agit dans le cadre de deux accords bilatéraux sur l’investissement contre l’Uruguay et l’Australie pour contrer des politiques de lutte anti-tabac

- Vattenfall exige de l’Allemagne 3,7 milliards d’euros de compensation suite à l’arrêt de deux de ses centrales nucléaires du fait de la sortie du nucléaire de ce pays ;

- CMS Energy (États-Unis), Suez et Vivendi (France), Aguas de Barcelona (Espagne) ont obtenu 1,15 milliard de dollars de l’Argentine, poursuivie par plus de 50 plaintes de sociétés après la décision de figer les prix courants essentiels (énergie, eau…) et de dévaluer sa monnaie durant la crise financière de 2001-2002 ;

- Lone Pine Resources, entreprise énergétique des États-Unis, filiale « boîte-aux-lettres » d’une entreprise canadienne, poursuit le Canada pour 250 millions de dollars, suite à la décision du Québec de décider un moratoire sur l’extraction d’huile et de gaz de schiste ;

- Achmea, assureur privé néerlandais, a obtenu de la République slovaque une compensation de 22 millions d’euros pour avoir remis en cause la privatisation de la santé effectuée par l’administration précédente ;

- Véolia réclame à l’Égypte compensation après que ce pays a décidé d’augmenter le salaire minimum de 400 à 700 livres égyptiennes (de 41 à 72 euros). Notons d’ailleurs que l’Égypte est devenue le deuxième pays le plus poursuivi après l’Argentine, et ce depuis la récente Révolution.

Ainsi, il n’est ni plus ni moins question que de conférer aux entreprises et aux investisseurs un privilège, au sens premier du terme, c’est-à-dire le droit de bénéficier d’une règle particulière, taillée à leur mesure et les extrayant de la règle commune.

Précisions : ce droit de poursuivre les États n’est ouvert qu’aux entreprises étrangères (celles qui ont leur siège ou simplement une boîte-aux-lettres dans le territoire de l’autre partie à l’accord), il n’est pas réciproque (les États ne peuvent dans ce cadre poursuivre des entreprises) et, de fait, il est fermé aux petites entreprises. En effet, l’utilisation du mécanisme d’arbitrage est extrêmement onéreuse, il coûte plusieurs millions d’euros, ce qui en fait un instrument aux mains des entreprises transnationales.

2. Le mécanisme de coopération réglementaire

Le point 43 du mandat est assez elliptique là-dessus, mais nous avons bénéficié de fuites du document de décembre 2013 par lequel le Commissaire européen adresse à son homologue des États-Unis ce qu’il entend par « mécanisme de coopération réglementaire ».

Il s’agit de créer un organisme chargé de la mise en place et de l’approfondissement de l’accord qui aurait pour nom « Conseil de coopération réglementaire » (CCR). Il aurait une double mission.

La première serait d’organiser une « alerte précoce ». Si, dans l’avenir, un État souhaite prendre une mesure affectant le commerce (et toutes les mesures publiques sont susceptibles d’affecter le commerce), il faudra au préalable qu’il informe l’autre partie à l’accord, de sorte que celle-ci organise une consultation des opérateurs privés concernés, afin qu’ils donnent leur avis sur la mesure en question. On voit ainsi quelle influence déterminante auraient les desiderata des entreprises avant toute délibération publique et bien en amont des votes législatifs ou des décisions réglementaires.

Sa seconde mission serait d’organiser un lissage systématique et étalé dans le temps des réglementations existantes, si celles-ci devaient apparaître comme trop lourdes pour les opérateurs privés. Ainsi, les entreprises et leurs lobbies auront tout loisir de parvenir à amoindrir ou éradiquer une réglementation déjà existante en passant par la procédure discrète, opaque, non publique consistant à saisir le Conseil de coopération réglementaire, même largement après qu’une réglementation aura été décidée, afin de la rendre « moins lourde ».

À ce propos, on voit se profiler la stratégie nouvelle des promoteurs de l’accord qui semblent, pour certains d’entre eux, s’inquiéter de l’opposition grandissante au projet d’accord. Avec le mécanisme de coopération réglementaire, il sera parfaitement possible de conclure un accord ne comportant pas ce qu’il serait politiquement difficile d’assumer (la venue des OGM, la fracturation hydraulique pour les gaz de schistes, le poulet chloré, le porc à la ractopamine, etc.) mais qui renverrait les inévitables amoindrissements de réglementations à plus tard, aux bons soins de ce Conseil discret, technocratique, et affranchi des règles minimales de débat démocratique.

Conséquences de ces mécanismes

Il s’agit d’un projet d’accord qui porte essentiellement sur l’harmonisation des normes. Ce qui est possible d’un côté de l’Atlantique doit être accepté de l’autre. Au motif de faciliter le commerce, d’amoindrir les coûts découlant de réglementations différentes, il prévoit que, si les processus de fabrication et de certification peuvent rester différents aux États-Unis ou dans l’Union européenne, néanmoins les produits circuleront sans entraves et sans qu’il soit nécessaire que ceux fabriqués d’un côté répondent à toutes les normes spécifiques de l’autre côté, mais seulement à celles des normes du côté où ils auront été fabriqués.

C'est ainsi que doit disparaître le principe de précaution, car celui-ci est incompatible avec celui de reconnaissance mutuelle des normes. Le principe de précaution est prévu dans les textes européens et en France il a valeur constitutionnelle. Il s'applique a priori et prévoit qu'en cas de doute sur les effets d'un nouveau produit, d'un nouveau processus de fabrication, d'une nouvelle molécule, ceux-ci ne sont pas mis en contact avec le public pour éviter de faire face à de possibles conséquences négatives. Aux États-Unis, il en va différemment : l'interdiction de la mise sur le marché ne peut être le fait que de l'autorité de régulation qui aura réussi à démontrer les effets nocifs du produit nouveau, les entreprises engageant leur responsabilité en devant éventuellement faire face à des actions collectives de consommateurs (class actions) a posteriori. Du fait du principe de reconnaissance mutuelle des normes, les entreprises des États-Unis ne pourront pas être empêchées d'introduire sur le marché de l'Union des produits par ailleurs interdits de fabrication sur place. Nous pouvons prédire la suite de cet état de fait : un double système de certification des produits, un abaissement de la sécurité des consommateurs et, pour finir, un laminage du système le plus protecteur, que ce soit celui de l'UE ou des États-Unis, au nom de l'équité et de l'efficacité économique. Dans tous les cas, une course vers le fond.

Il faut envisager les conséquences possibles secteur par secteur :

- Dans le domaine agricole, deux éléments se conjuguent : la baisse des tarifs douaniers encore existants, l'harmonisation des normes par le bas.

Pour l'activité agricole, en effet, la moyenne des droits de douane est faible (environ 2 %). Toutefois, ils restent élevés dans certains secteurs : selon les produits, ils peuvent dépasser 200 %, dans l'élevage mais aussi pour les céréales, le sucre, de nombreux produits laitiers, les alcools. Un abaissement complet des droits de douane rendrait impossible de se protéger contre une agriculture états-unienne plus industrielle et plus compétitive.

Aux États-Unis, la taille moyenne des fermes est de cent soixante-dix hectares. Sur mille hectares, on emploie six personnes. Dans l'UE, la taille moyenne d'une ferme est de treize hectares, et on emploie cinquante-sept personnes par mille hectares. Les protections sociales et environnementales moins rigoureuses aux États-Unis permettent des coûts de production bien plus faibles. De plus, la concentration des productions autorise des économies d'échelle. Si les droits de douane sont abaissés, si les produits à bas coût et à qualité faible des États-Unis affluent en Europe, la seule solution pour les producteurs européens sera de s'aligner. Conséquences : concentration des fermes pour atteindre le seuil de rentabilité, davantage encore d'intrants chimiques, de pesticides, d'OGM, plus grand sacrifice de l'environnement, de la santé humaine et du bien-être animal. La victoire du contre-modèle productiviste serait complète.

On ne peut qu'entr'apercevoir les conséquences en termes de sécurité alimentaire de l'application du principe de reconnaissance mutuelle : aux États-Unis où les OGM sont massivement présents, où les hormones de croissance sont légales et où la chaîne de production tout entière tournée vers le rendement oblige à l'utilisation de produits tueurs de bactéries pour laver des produits mis en œuvre dans des conditions sanitaires déplorables, les intoxications alimentaires sont légion. Aussi, nous verrions, dans un premier temps, une entrée massive de ces produits ; puis, dans un second temps, l'alignement des modes de production vers le bas.

- Dans le domaine social, là encore les choses sont assez largement imprévisibles, ce qui en soit est une problème : le gouvernement français répète à qui veut bien l'entendre qu'il ne laissera les négociateurs franchir aucune « ligne rouge », et qu'il considère que le respect des normes sociales en est une. Il affirme même travailler à ce que cet accord soit l'occasion de hisser les normes sociales au plus haut niveau existant.

Outre le fait qu'il n'existe aucun exemple d'accord de commerce ayant réalisé cet exploit, rappelons que les États-Unis n'ont pas ratifié six des huit conventions de l'Organisation internationale du travail. Dès lors, certaines des obligations qui pèsent sur les employeurs de l'Union européenne ne pèsent pas sur ceux des États-Unis, qui peuvent produire à un coût plus bas. Là encore, il ne faut pas être devin pour prédire que le patronat européen saisira l'occasion de cette concurrence pour exiger des pouvoirs publics un alignement au nom de la compétitivité des entreprises de l'UE, vers des normes sociales moins coûteuses, donc plus basses.

Par ailleurs, il est bon de conserver à l'esprit les cas de la « jurisprudence arbitrale », et ici celui de Véolia poursuivant l'Égypte : cette poursuite est « motivée » par une augmentation du salaire minimum. Où se trouvent les garanties réelles que cela ne sera pas possible, en dehors des promesses verbales d'une ministre ?

- Dans le domaine environnemental, il apparaît clairement avec le projet de TAFTA que l'agenda de l'Union européenne est en contradiction complète avec les objectifs climats affichés. Tout d'abord, ce projet générera des contraintes pour les décideurs publics nationaux et locaux, ce qui risque d'inhiber davantage leur action. Mais surtout, il promeut les intérêts des grandes entreprises extractives et avec eux un modèle de « développement » qui n'est qu'une fuite en avant.

Dans un document du 20 septembre 2013, l'Union indique clairement que son objectif est d'obtenir que tombent les restrictions aux exportations de pétrole et de gaz des États-Unis - le président des États-Unis peut bloquer certaines exportations au nom de l'intérêt national. Il faut dire que le gaz de schiste se situe à un prix bas dont aimeraient profiter les opérateurs industriels.

L'article D du document permettrait que le droit des États de mettre en place une obligation de service public dans le domaine énergétique soit soumis à un test de nécessité. Celui-ci serait défini de manière objective, restrictive et exclurait des obligations pour les entreprises « plus lourdes que nécessaire ».

L'article E0 vise les mesures de localisation des secteurs de l'énergie renouvelable prises par les décideurs locaux : la définition des cahiers des charges des marchés publics serait concernée.

On voit mal, dans ces conditions, comment la France, qui soutient la tenue des négociations TAFTA, peut, dans le même temps, affirmer qu'elle nourrit des ambitions élevées pour la réunion COP21 qu'elle accueille en 2015.

- Concernant les libertés publiques, et notamment celles sur Internet, plusieurs inquiétudes apparaissent.

Tout d'abord celle relative à la collecte de données personnelles. La définition même de cette notion n'est pas la même des deux côtés de l'Atlantique : si dans l'UE les données personnelles sont constituées de l'ensemble des informations qui permettent de définir une personne (nom, adresse, etc.), aux États-Unis elle inclut aussi les données commerciales, c'est-à-dire l'ensemble de celles qui permettent de constituer le profil des consommateurs. Les données commerciales ne sont pas exclues des négociations.

Sachant qu'actuellement les plus grands opérateurs de collecte et de traitement des données commerciales sont sis aux États-Unis, la question se pose de savoir à quelles conditions il serait possible, pour ces opérateurs, de traiter des données personnelles de personnes vivant dans l'Union européenne. Sous quelles modalités les données personnelles seraient collectées par les entreprises des États-Unis ? Les quelques garanties existant actuellement sur le consentement préalable ou l'anonymisation des données pourront-elles encore exister ?

Un règlement est actuellement en préparation au niveau de l'Union européenne. Il viendra abroger la directive 95/46 applicable aux données personnelles. Ainsi, les instances de l'Union préparent un texte qui risque d'entrer en contradiction frontale avec les négociations pour le TAFTA. Cela pose non seulement un problème de cohérence, mais aussi de démocratie. En effet, à quoi servirait que le Parlement européen se prononce sur le nouveau texte si on sait déjà qu'il risque d'être vidé de son contenu par une définition différente des données personnelles qui ne permettrait plus une protection efficace des droits des personnes ?

- La question de la régulation des banques et des marchés financiers est cruciale.

L'Union, dans ce domaine, est la partie agressive. Après la crise financière de 2008, on a assisté aux États-Unis à un mouvement de re-régulation du secteur, avec une intervention accrue des régulateurs publics. Le gouvernement fédéral n'a manifesté jusqu'ici aucune volonté de changer ce mouvement. Mais le mécanisme de coopération réglementaire sera crucial pour amener à un affaiblissement des règles, pourtant timides, des États-Unis sur les marchés financiers : dès qu'une nouvelle règle financière serait envisagée, il faudrait que l'autre partie en soit informée et qu'elle n'affecte par les opérateurs financiers de l'autre côté de l'Atlantique.

Cela va même plus loin. Dans une note conjointe France/Royaume-Uni, ces deux pays posent que l'accord ne serait utile que si les opérateurs pouvaient opérer sur les deux territoires selon les règles de leur pays d'origine. Ainsi, les opérateurs européens interviendraient aux États-Unis selon les règles européennes. Les banques bénéficieraient donc du privilège, exorbitant, d'extra-territorialité. Comment envisager des lois plus dures pour la finance à l'avenir ?

On peut se poser la question de savoir pour quels bénéfices ce projet est négocié.

Juste avant la délivrance du mandat, la Commission européenne a demandé une étude d'impact au Centre pour la recherche en économie politique, le CEPR. L'étude réalise des projections en 2027. N'importe quel économiste un peu sérieux refuserait de se prêter à cet exercice digne de Madame Irma, le CEPR l'a fait. Est-ce qu'il l'a fait parce qu'il est financé par les plus grandes banques, par les plus grandes entreprises ? Ne soyons pas mauvaise langue et écoutons son pronostic : non seulement l'accord entraînerait une hausse de la création de richesse (119 milliards d'euros par an pour l'UE, 95 pour les États-Unis) mais aussi la création de cinq cent mille emplois.

Ces chiffres sont ridicules pour au moins deux raisons : d'une part, ils sont tellement faibles qu'ils justifieraient plutôt l'abandon des négociations que leur poursuite ; d'autre part, ils sont basés sur des hypothèses qui ont fait leur preuve, celle de leur inanité.

Ils sont faibles : 119 milliards d'euros, c'est 0,7 % du PIB de l'Union. Soit 545 euros par foyer. Statistiquement, c'est la marge d'erreur. Les cinq cent mille emplois prévus sont à mettre en regard des presque vingt-sept millions de chômeurs de l'Union. Ces chiffres sont ridicules surtout parce qu'ils sont basés sur l'hypothèse du modèle macroéconomique dit de « l'équilibre général ». Rappelons que ce modèle postule notamment la rationalité parfaite des individus, une information complète des prix, une connaissance commune de la nature des biens, l'absence d'incertitude radicale, dont la réunion forme les conditions d'une concurrence parfaite. Qui peut croire des hypothèses pareilles ?

La réalité est plus triviale : ce projet est d'abord porté par les grands lobbies d'affaires. De ce point de vue, le TAFTA n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Le TABC, l'ESF le réclament, Business Europe le réclame, la Chambre de commerce américaine le réclame : la liste est longue. Déjà, en 1998, le Partenariat économique transatlantique était créé pour instaurer un « haut niveau de dialogue » entre les deux zones. Et, surtout, l'Accord économique et commercial global (AECG), négocié depuis plus de quatre ans entre le Canada et l'UE, comporte exactement ce même type de dispositifs. La Commission a l'ambition de le déclarer « finalisé » le 25 septembre, et il ouvrirait un boulevard au TAFTA.

Conclusion

Face à l'instauration de privilèges pour les entreprises transnationales et les banques, les mobilisations populaires sont fortes. Nous avons les moyens d'avoir la peau de ces accords (car il faut ajouter désormais l'AECG) : non seulement les échéances nous laissent encore un an (si finalisation de l'AECG en septembre) et plus, mais nous sommes organisés au niveau européen et national. Au Canada, aux États-Unis, les mobilisations sont conséquentes.

Le calendrier prévu : le 11 octobre se tiendra une journée de mobilisation en Europe, une initiative citoyenne européenne sera lancée en septembre et, d'ores et déjà, une pétition est en ligne sur le site du collectif StopTAFTA et sur celui d'Attac.

De plus un vaste mouvement de déclarations de collectivités locales hors TAFTA se dessine, l'idée étant de ne pas attendre le dernier moment pour changer le rapport de force à la base et faire monter dans la population la nécessaire prise de conscience des risques encourus.

La ratification, ou non, de l'accord UE-Canada constituera un test. Les gouvernements, dont le nôtre, et les parlementaires cautionneront-ils l'instauration de tels privilèges pour les entreprises ?


- Source : Frédéric Viale

Entretien exclusif avec Oskar Freysinger

Entretien exclusif avec Oskar Freysinger

Propos recueillis en décembre 2013 par Alimuddin Usmani
Journaliste indépendant, collab. avec Radio Prague, Genève

FREYspb5a.jpgOskar Freysinger, personnalité politique suisse bien connue du public, exerce depuis 2013 la fonction de Conseiller d’Etat du canton du Valais. Alors qu’il s’exprime rarement dans les médias depuis son élection, il a accepté de répondre à quelques questions sur son rapport avec des personnalités françaises dissidentes en prenant soin de répondre de manière franche et directe.

Oskar Freysinger, vous connaissez la pensée d'Alain Soral, notamment pour avoir lu Comprendre l'Empire. Quels sont vos points de convergence avec cet essai?

Les voilà : une petite clique se prenant pour Dieu essaie de forcer les choses au niveau planétaire : globalisation des consciences par la propagation de la mauvaise conscience écologiste, culpabilisation des blancs, dénigrement de l’Etat Nation, destruction des racines et nomadisation des personnes, relativisme des valeurs, division pour régner, création de « l’homme nouveau ». C’est ce que j’appelle le « totalitarisme soft » qui a remplacé les dictatures traditionnelles. Le pouvoir reste opaque et diffus. Il est substitué par un contrôle planétaire cherchant  à manipuler les consciences et les comportements. Ce que Snowden et WikiLeaks (Assange) dénoncent est précisément une partie de la prise de contrôle planétaire de l’Empire (qui se prétend « du bien » !).

Concernant l'Islam vous avez une réelle divergence avec Alain Soral. Il estime que le réel problème n'est pas l'Islam mais l'immigration. Son constat s'appuie sur le fait que ceux qui critiquent l'islamisation, au nom de la laïcité, sont souvent les mêmes qui sont pour l'immigration au nom de l'universalisme maçonnique et de l'intérêt patronal bien compris. N'êtes-vous pas interpellé par ce qu'Alain Soral identifie comme une escroquerie politique?

Le dogme islamique est instrumentalisé, certes, mais le dogmatisme étroit qui le caractérise est néanmoins d’essence totalitaire. Ceux qui créent le communautarisme cherchent à détruire définitivement l’idée d’Etat Nation et par là-même d’Etat de Droit. Seul problème : l’instrument utilisé risque d’échapper à tout contrôle et de se retourner contre ceux qui ont ouvert la boîte de pandore. C’est ce qui est arrivé à la gauche iranienne qui a aidé les mollahs à faire chuter le Shah.

Depuis le Liban le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a récemment lancé l'appel suivant : « N'attribuez pas au christianisme les crimes des USA ni à l'Islam ceux d'Al Qaeda ». Le Hezbollah a conclu depuis quelques années une alliance avec les chrétiens du Général Aoun. Ne pensez-vous pas que la meilleure manière d'éviter le piège du choc des civilisations est de soutenir l'islamo-nationalisme du Hezbollah face au wahhabisme saoudien et qatari?

Qu’il soit d’essence chiite ou sunnite, le dogme islamique appliqué à la lettre tel que l’exigent les fondamentalistes et les intégristes, est une menace pour toute démarche d’émancipation démocratique. On ne vainc pas le diable par Belzébuth.

Comment expliquez-vous  l'acharnement du ministre de l'intérieur français Manuel Valls à l'égard d'Alain Soral et de Dieudonné dans ses discours? Ne trouvez-vous pas qu'il ferait mieux de combattre l'insécurité plutôt que de s'attaquer à un essayiste et à un humoriste?

Là, j’avoue que les socialistes au pouvoir se retrouvent face à un adversaire antisémite de nature inédite et bien plus difficile à combattre que le FN. Difficile de taxer Soral et Dieudonné de nazis ou de fachos, voire de racistes. De plus, ils ont une redoutable efficacité dans l’usage des technologies modernes de la communication. Finalement, qu’on partage ou non leur point de vue, on est forcé de reconnaître leur courage à user et abuser de la liberté d’expression qui est le pilier de toute démocratie qui se respecte. La censure gauchiste s’en retrouve toute chamboulée. Il est tellement plus facile de diaboliser la droite qu’une gauche islamophile et paradoxalement libertaire.

Vous exercez actuellement la fonction de Chef du département de la formation et de la sécurité en Valais. En mai dernier votre demande adressée aux enseignants a fait grand bruit. Vous aviez souhaité qu'ils signalent aux autorités les familles d'enfants dont les parents sont en situation illégale en Suisse[i]. Est-ce que des enseignants ont répondu à votre appel? Ne feriez-vous pas mieux de dénoncer l'élite patronale qui encourage et profite de cette manne à coût réduit plutôt que des individus qui ne font que récolter les miettes?

Je n’ai jamais incité les enseignants à dénoncer les illégaux pour deux bonnes raisons : un, ça ne fait pas partie de leur mandat d’enseignant, et deux, ils ne disposent d’aucune information à ce sujet. Ce sont les médias qui ont biaisé mon propos. D’ailleurs, aucune mesure allant dans ce sens n’a jamais été envisagée ou planifiée. À part ça, je dénonce le travail au noir et le dumping et je pense que le seul moyen de les combattre, c’est de retrouver la souveraineté dans la régulation des flux migratoires. Cela implique des contingents, des contrats de travail en bonne et due forme avant de venir en Suisse et des contrôles crédibles aux frontières. La libre-circulation détruit peu à peu les classes moyennes européennes, fragilise le tissu social, déracine les gens et paupérise encore plus les plus faibles, alors que les grands patrons et les multinationales se remplissent les poches.

La Suisse est une destination attractive pour les requérants d'asile et les migrants économiques. Le polémiste panafricain Kémi Seba dénonce le discours qui consiste à faire croire aux Africains que l'Europe est un Eldorado. Selon lui les élites africaines corrompues ainsi que l'oligarchie occidentale ont intérêt à aspirer les populations du continent africain pour créer un dumping social en Europe. Que pensez-vous de ces positions?

Cette analyse est parfaitement correcte. Elle confirme ce que je viens d’affirmer plus haut.

Le député vert européen Daniel Cohn-Bendit a lancé, avec la participation d'autres personnalités, un Appel du 14 décembre[ii]. Celui-ci est censé influencer le vote du budget de la Ville de Genève. N'êtes-vous pas agacé par les ingérences qu'il exerce dans les affaires de la Suisse?

Oui, ce Cohn-Bendit s’ingère tout le temps dans les affaires intérieures de la Suisse. Il se comporte comme une autorité tutélaire, voire coloniale. Or, la Suisse est un pays souverain, disposant probablement du système le plus démocratique au monde. C’est la seule « république démocratique » dans l’histoire qui mérite ce nom (même si c’est une confédération, mais je fais référence aux anciens pays du bloc communiste qui se qualifiaient ainsi). Plutôt que de s’occuper des dysfonctionnements patents du système UE, il préfère détourner l’attention des citoyens européens déçus en diabolisant la Suisse. C’est ce que font d’ailleurs les pays anglo-saxons en fustigeant les banques suisses pour mieux faire oublier Jersey, Guernesey, le Delaware et le Nevada où l’argent est blanchi en masse comme dans une « beautiful laundrette ».

Propos recueillis par Alimuddin Usmani, le 23 décembre 2013

vendredi, 19 septembre 2014

No Braveheart

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No Braveheart

von Robin Classen

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Schottland hat gewählt und bleibt im Vereinigten Königreich. Robin Classen kommentiert das Votum für uns.

Am heutigen Morgen ging eine der wohl längsten gesellschaftlichen Debatten im Vereinigten Königreich zu Ende. Nach mehr als zwei Jahren Wahlkampf, umfangreichster Berichterstattung im In– und Ausland und allgegenwärtigen Diskussionen hat Schottland sich in einer Volksabstimmung bei nahezu vollständiger Beteiligung für einen Verbleib im Vereinigten Königreich entschieden. Obgleich es in den letzten Umfragen nochmal sehr knapp wurde und zwischenzeitlich sogar die Abspaltungsbefürworter vorne lagen, schaffte es das „No“-Lager doch auf recht deutliche 56 Prozent der abgegebenen Stimmen.

Die Angstmacher haben gewonnen

Dabei hatte die „Yes“-Kampagne um die linksnationale Scottish National Party, die sich im Europaparlament bei den Grünen verortet, wirklich alles nur Erdenkliche in die Waagschale geworfen: Neben wirtschaftlichen und politischen Gründen spielte auch Idealismus eine maßgebende Rolle. Schottland war schon immer ein stures, eigenes Land, das sich nicht gerne von außen hineinreden lässt, weswegen eine Fremdbestimmung aus dem neoliberalen und imperialistischen London so gar nicht zu dem wilden Inselvolk des Nordens passt.

Mit einer Mischung aus Geschichtsbezug und modernem Sozialpatriotismus versuchte Alex Salmond die mehrheitlich sozialdemokratisch denkenden Schotten für eine Unabhängigkeit zu begeistern und scheiterte letztlich an den harten Fakten – unter anderem dem Geld. Obwohl die „Yes“-Anhänger immer wieder auf die extrem attraktive Chance verwiesen, als unabhängiger Staat selbst über die erheblichen Ölreserven im schottischen Meer zu verfügen und das neue Norwegen zu werden, gewann letztlich die auf Angst getrimmte Kampagne der „No“-Anhänger.

Die „No“-Anhänger gewinnen trotz eines schlechten Wahlkampfes

Die Unabhängigkeitsskeptiker waren zwar von vornherein schlecht organisiert und litten daran, dass David Cameron als britischer Tory-​Premier in Schottland ungemein unbeliebt ist und daher kaum erfolgreich für einen Verbleib Schottlands im Vereinigten Königreich werben konnte. Seine Taktik, mit Alistair Darling einen Labour-​Vertreter nach Schottland zum Wahlkampf zu entsenden, war ebenfalls nur eine dürftige Notlösung. Gewonnen wurde also nicht wegen, sondern eher trotz der honorigen Personen, die mitsamt der versammelten Hochfinanz, den Medien und den Unionisten gegen ein freies Schottland eintraten.

Was der „No“-Kampagne schließlich zum Sieg verhalf, war ein bewusstes Vermeiden romantischer Unabhängigkeitsideale in den Diskussionen und ein Pokern auf eine einzige Karte: den Materialismus. Welche Währung sollte ein unabhängiges Schottland denn haben? Das Pfund könne man schließlich nicht behalten, so das zentrale Argument. Auch seien 600.000 Arbeitsplätze im Ausland in Gefahr: Gerade so, als ginge es in der Abstimmung darum, dass Schottland das zweite Nordkorea werden sollte. Selbst Wladimir Putin musste als Argument dafür herhalten, dass das – bis auf England – von keinem anderen Staat umgebene und völlig unbedrohte Schottland zwingend auf die britische Armee angewiesen sei.

Auch die in Schottland eher populäre EU-​Mitgliedschaft stehe zur Disposition. Dieser Flut von Angstpropaganda gelang es am Ende, den Freiheitsgeist und den Wunsch nach Selbstbestimmung unter dem schweren Tuch des Materialismus zu ersticken. Braveheart war gestern, Schottland hat sich angstvoll im Goldenen Käfig verkrochen und den materiell gesicherten Status Quo der nationalen Selbstbestimmung vorgezogen.

Die Folgen betreffen ganz Europa

Die Folgen dieses historischen Referendums werden ganz Europa betreffen. Schottland wird von Cameron sicherlich Almosen in Form von kleineren Zugeständnissen in Hinblick auf die Selbstverwaltung bekommen. Andere Sezessionsbewegungen wie die Katalanen in Spanien, von denen einige nach Schottland gereist waren, um die „Yes“-Kampagne zu unterstützen, dürften am Ende vielleicht sogar teilweise profitieren: Die Abstimmung ist ein Beweis dafür, dass von Medien, Politik und Großkonzernen geschürte Angst das Stimmungsbild letztlich dominieren können, sodass eine Erlaubnis durch die spanische Regierung für das Referendum im November wahrscheinlicher wird.

Gewonnen ist damit jedoch noch lange nichts, wie der Ausgang des schottischen Votums belegt. Interessant sind die Auswirkungen insbesondere für ein möglicherweise kommendes Referendum über einen EU-​Austritt von Großbritannien. Schottland wird sich vermutlich mehrheitlich für einen Verbleib in der Union entscheiden, sodass der „Brexit“ nun ein Stück unwahrscheinlicher geworden ist. Dies wird aber von Teilen der nonkonformen Bewegungen in Europa durchaus begrüßt, da vor allem London die fanatischen Kompetenzerweiterungspläne von Brüssel in der Vergangenheit gestoppt hat.

Geld als bestimmender politischer Faktor

Letztlich ist das schottische „No“ aber eine Niederlage für ganz Europa und für die Werte der Demokratiebewegung. Geld als politischer Faktor ist im postmodernen Europa zum einzig entscheidenden Kriterium geworden, der Kapitalismus als Geisteshaltung hat gesiegt. Lernen müssen die freiheitlichen Bewegungen nun, finanzielle und wirtschaftliche Folgen ihrer Politik genaustens zu erörtern und diesen Themen mehr Aufmerksamkeit zu schenken.

Es erscheint daher auch wenig verwunderlich, dass sich unter den vielen nonkonformen Bewegungen in Deutschland mit der AfD gerade eine solche durchgesetzt hat, die nicht im Ansatz idealistisch oder staatspolitisch argumentiert, sondern ihre Ablehnung der Euro-​Politik allein aus den wirtschaftlichen und finanziellen Folgen für Deutschland speist. Nun gilt es für alle echten Alternativen, den vorherrschenden Materialismus argumentativ zu befriedigen, aber gleichsam nicht zu vergessen, warum man wirklich angetreten ist: Um ihn abzuschaffen.

Pour une nouvelle politique européenne de détente

Pour une nouvelle politique européenne de détente

L’aggravation du conflit avec la Russie est une impasse

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

colombe-de-la-paix.jpgIl y a plus de 50 ans, le 15 juillet 1963, Egon Bahr, à cette époque le maître à penser de la politique extérieure du SPD allemand, a fait un discours dans la Evangelische Akademie à Tutzing en Bavière, un discours d’une grande importance s’inscrivant dans l’Histoire. Il était intitulé «Wandel durch Annäherung» (le changement par le rapprochement mutuel). Egon Bahr a prononcé ce discours juste deux ans après la construction du mur entourant Berlin de l’Est (depuis le 13 août 1961 et moins d’un an après la crise de Cuba en octobre 1962).

Au sein des élites politiques des Etats occidentaux la manière de penser avait changé. La guerre froide misant sur la pure confrontation s’était aggravée de façon menaçante. Aucun des deux côtés n’avait pu remporter une «victoire». Par contre les coûts de la guerre froide avaient continué d’augmenter. La construction du mur de Berlin représentait un symbole du renforcement de la séparation de l’Allemagne et, avec la crise de Cuba, le monde faillit sombrer dans une catastrophe nucléaire.


A cette époque, on a reconnu au fur et à mesure que les peuples et les Etats en Europe et dans le monde devaient et pouvaient vivre ensemble en paix et coopérer même s’ils appartenaient à des blocs différents et avaient des idées différentes sur l’organisation de la vie sociale, économique et politique. De plus, à cette époque, est né à nouveau l’espoir d’un «changement par le développement de relations plus étroites» pouvant diminuer crises et conflits et empêcher tensions et aggravations. Du côté occidental cette politique a reçu le nom de «politique de détente». Déjà au milieu des années 1950 des politiciens soviétiques avaient parlé de la possibilité et de la nécessité d’une «coexistence pacifique».

Une nouvelle confrontation avec la Russie

Déjà dans les années 1980, et surtout la dissolution du bloc de l’Est en 1990, a fait oublier les expériences des deux dernières décennies. Depuis, comme enivré de sa «victoire» l’Occident cherche l’hégémonie. Depuis plus de dix ans déjà, dès la première entrée en fonction de Vladimir Poutine, des forces puissantes de l’«Occident», menées par les USA, cherchent à nouveau la confrontation ouverte avec la Russie.

Lors de la décennie suivante, à la suite de la dissolution de l’Union soviétique, ces forces ont essayé de rendre la nouvelle Russie docile afin qu’elle se laisse, sans résistance, instrumentaliser pour leurs intérêts. Les conséquences pour le pays furent désastreuses. Il sombra dans le chaos politique, économique et social et menaçait de s’effondrer. L’OTAN déplaça ses frontières – à l’encontre des accords avec les dirigeants soviétiques avant la dissolution du Pacte de Varsovie – et progressivement en direction de la frontière occidentale de la Russie. Des émeutes et des efforts de séparation à l’intérieur de la Russie furent encouragés de l’extérieur. De plus en plus d’organisations non gouvernementales sous influence occidentale, mais aussi d’autres forces à des postes de responsabilité au sein de la société russe, y œuvrèrent comme une 5e colonne.

Tout cela peut actuellement être prouvé de façon compréhensible pour tout le monde. Ce furent les années de «l’unique puissance mondiale» USA. Les USA et l’OTAN ne s’en sont plus tenus au droit international, mais ils ont misé uniquement sur leur puissance et leurs moyens de pression. Le nouveau président de la Russie, V. Poutine, a essayé de faire contre-poids. Ce qui lui a valu de devenir «l’ennemi public numéro 1» de l’Occident.

La confrontation actuelle n’a pas ses racines dans le développement intérieur de l’Ukraine, ni dans la politique ukrainienne occidentale ou russe. Elle a des causes bien plus profondes. Depuis que la Russie n’accepte plus d’être traitée de colonie occidentale, exploitée et humiliée, elle doit être mise à genoux.

La propagande occidentale antirusse n’a pas seulement commencé en automne dernier, elle est mise en œuvre depuis des années. Ces derniers mois et semaines, elle s’est aggravée en raison de l’importance centrale de l’Ukraine dans la lutte contre la Russie pour l’hégémonie et, du côté occidental, elle a pris des traits manichéens. Elle n’apprécie ni la Russie ni la politique russe à sa juste valeur. Elle mène tout droit dans une impasse – semblable à la guerre froide des décennies après la Seconde guerre mondiale.

L’OTAN mise sur la stratégie de confrontation

Dans nos médias occidentaux, nous lisons, entendons et voyons tous les jours qu’en Russie  tout serait «méchant», avant tout les dirigeants du gouvernement. C’est typique de la part d’une propagande de confrontation, mais totalement à côté de la réalité. Depuis quelques semaines, l’Occident a imposé des sanctions à la Russie. Maintenant l’OTAN veut résilier les accords avec la Russie, conclus après la guerre froide, réarmer à l’Est de l’Europe et fixer «la représentation hostile» de la Russie dans des décrets officiels. Ce que Philip Breedlove, le plus haut dirigeant militaire de l’OTAN en Europe, a déclaré au journal allemand Welt am Sonntag  du 17 août à savoir qu’un comportement de la Russie, comme en Crimée, contre un pays membre de l’OTAN serait compris comme un acte de guerre contre l’OTAN, n’a aucune base réaliste, mais c’est de la pure intox et propagande de guerre. Au lieu de présenter des preuves pour son affirmation que la Russie menacerait les pays baltes, ce général américain ne se lasse pas de prononcer de sombres menaces: «Je voudrais rappeler clairement une chose: lorsque l’OTAN voit s’infiltrer de forces étrangères dans l’un de ses territoires nationaux, et si nous pouvons prouver que cette démarche provient d’une nation qui est elle-même l’agresseur, l’article 5 s’appliquera. L’OTAN invoquera la clause de défense mutuelle. Cela signifie une réponse militaire à l’adresse de l’agresseur.» La question se pose de savoir pourquoi le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen et le commandant de l’OTAN en Europe, cité ci-dessus, ont écrit le même jour un article commun paru dans le «Wall Street Journal» où est évoqué de la même manière alarmante, un présumé danger russe pour les Etats membres de l’OTAN de l’Europe de l’Est?

Une politique à l’encontre de la nature humaine

Il y en a qui prétendent que la propagande et les projets de l’OTAN seraient des efforts de défense nécessaires contre une Russie agressive. Cette argumentation ne résiste pas à l’examen. La politique réelle de la Russie n’y donne aucune base.

D’autres, par contre, déclarent que cette politique occidentale correspondrait aux «intérêts» américains. Il y en a qui ajoutent qu’elle ne correspondrait en aucun cas aux «intérêts» européens … et d’autant moins aux «intérêts» allemands. On peut également y réfléchir.
Mais peut-il y avoir un «intérêt» dans de telles confrontations et aggravations? La guerre froide nous a bien montré que cette voie ne sert finalement l’intérêt de personne. Les responsables font fonctionner là un mécanisme très dangereux qui pourrait aboutir à une catastrophe pour l’humanité tout entière toucherant tous les êtres humains. Une telle politique est criminelle et va à l’encontre de la nature humaine. Les livres d’histoire sont pleins de cette politique «rationaliste» et «d’intérêts» qui a toujours abouti au désastre.

Avoir recours aux instruments de la politique de paix ayant fait leurs preuves

La politique des années 70 du siècle dernier a créé, sur la base du respect mutuel, des instruments permettant de quitter la voie de la confrontation, d’entamer des négociations et arriver ainsi à des solutions. Les Etats impliqués dans la crise actuelle sont tous membres de l’OCDE. Cette dernière offrirait la possibilité d’un débat sur un pied d’égalité, base essentielle d’une prise de décision commune. La «Charte de Paris» de novembre 1990, déclaration officielle de la fin de la guerre froide, constitue une réferrence sur laquelle se bases aujourd’hui. Il n’est pas besoin de réinventer la roue pour trouver une solution aux problèmes actuels – il faut simplement le vouloir.


Cette volonté grandira lorsqu’on arrivera à la conclusion qu’il ne peut y avoir un «vainqueur» dans une deuxième guerre froide, mais uniquement une solution par négociations. Les forces occidentales menant cette nouvelle guerre froide espèrent toujours une victoire. Elles ne misent pas seulement sur une victoire militaire au champ de bataille, mais sur un coup d’Etat en Russie même. Les «révolutions colorées» et le Maidan en Ukraine en sont l’exemple.
Mais le monde est devenu plus intelligent. La stratégie du renversement est transparente. Si l’on réussit à empêcher le renversement en Russie, la volonté grandira d’en finir avec la nouvelle guerre froide.    •

Will The Swiss Vote to Get Their Gold Back?

Will The Swiss Vote to Get Their Gold Back?

achat-de-lingots-dor-en-suisse.jpgOn November 30th, voters in Switzerland will head to the polls to vote in a referendum on gold. On the ballot is a measure to prohibit the Swiss National Bank (SNB) from further gold sales, to repatriate Swiss-owned gold to Switzerland, and to mandate that gold make up at least 20 percent of the SNB’s assets. Arising from popular sentiment similar to movements in the United States, Germany, and the Netherlands, this referendum is an attempt to bring more oversight and accountability to the SNB, Switzerland’s central bank.

The Swiss referendum is driven by an undercurrent of dissatisfaction with the conduct not only of Swiss monetary policy, but also of Swiss banking policy. Switzerland may be a small nation, but it is a nation proud of its independence and its history of standing up to tyranny. The famous legend of William Tell embodies the essence of the Swiss national character. But no tyrannical regime in history has bullied Switzerland as much as the United States government has in recent years.

The Swiss tradition of bank secrecy is legendary. The reality, however, is that Swiss bank secrecy is dead. Countries such as the United States have been unwilling to keep government spending in check, but they are running out of ways to fund that spending. Further taxation of their populations is politically difficult, massive issuance of government debt has saturated bond markets, and so the easy target is smaller countries such as Switzerland which have gained the reputation of being “tax havens.” Remember that tax haven is just a term for a country that allows people to keep more of their own money than the US or EU does, and doesn’t attempt to plunder either its citizens or its foreign account-holders. But the past several years have seen a concerted attempt by the US and EU to crack down on these smaller countries, using their enormous financial clout to compel them to hand over account details so that they can extract more tax revenue.

orsuisse.jpgThe US has used its court system to extort money from Switzerland, fining the US subsidiaries of Swiss banks for allegedly sheltering US taxpayers and allowing them to keep their accounts and earnings hidden from US tax authorities. EU countries such as Germany have even gone so far as to purchase account information stolen from Swiss banks by unscrupulous bank employees. And with the recent implementation of the Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA), Swiss banks will now be forced to divulge to the IRS all the information they have about customers liable to pay US taxes.

On the monetary policy front, the SNB sold about 60 percent of Switzerland’s gold reserves during the 2000s. The SNB has also in recent years established a currency peg, with 1.2 Swiss francs equal to one euro. The peg’s effects have already manifested themselves in the form of a growing real estate bubble, as housing prices have risen dangerously. Given the action by the European Central Bank (ECB) to engage in further quantitative easing, the SNB’s continuance of this dangerous and foolhardy policy means that it will continue tying its monetary policy to that of the EU and be forced to import more inflation into Switzerland.

Just like the US and the EU, Switzerland at the federal level is ruled by a group of elites who are more concerned with their own status, well-being, and international reputation than with the good of the country. The gold referendum, if it is successful, will be a slap in the face to those elites. The Swiss people appreciate the work their forefathers put into building up large gold reserves, a respected currency, and a strong, independent banking system. They do not want to see centuries of struggle squandered by a central bank. The results of the November referendum may be a bellwether, indicating just how strong popular movements can be in establishing central bank accountability and returning gold to a monetary role.

See the Ron Paul File

jeudi, 18 septembre 2014

Yes, nationalisme met een links-economische opstelling kan Schotland bevrijden

ecosse-a-glasgow.jpg

Yes, nationalisme met een links-economische opstelling kan Schotland bevrijden, en niet alleen Schotland

Geschreven door 

Ex: http://www.solidarisme.be

Wat het nationalisme nodig heeft : een linkse economische opstelling , rechts op de waarden

Wat is het verschil tussen een nationalisme dat een groot deel van de bevolking kan overtuigen om voor onafhankelijkheid te gaan -zoals in Schotland vandaag- en een nationalisme dat haar doelstellingen angstvallig ontkend, zelfs verraad ,zoals in Vlaanderen.Dat verschil ligt in de wil om met de bevolking een sociaal contract af te sluiten. Decennia  van  socialistisch   conformisme aan het liberaal kapitalisme hebben in het Verenigd Koninkrijk geleid tot een ongeziene privatisering van overheidsbedrijven en sociale nutsvoorzieningen. Ook in Schotland werden de ‘nationale’ eigendommen geprivatiseerd, net zoals men dat in de rest van het koninkrijk  gedaan heeft.

Zo heeft het liberalisme en de vrije markt ,de samenhang binnen de Europese samenlevingen zo goed als vernietigd, daar is een bijproduct van dat liberalisme, met name immigratie voor een groot stuk mee schuldig aan. Voor de Europese Unie was en is dat echter een goede zaak, zo werden en worden de nationale gemeenschappen losgetrokken uit hun natuurlijk verband, en is de overgang naar een transnationale gemeenschap –de Europese Unie –die zich op een zuiver marktdenken baseert makkelijker te bereiken.Het is in de tegenstelling met deze logica- vrije marktliberalisme versus sociale welvaartstaat die de Schotse elite ( en volk) doet overhellen naar een ‘nationalistische’ koers voor hun land. Of dat zal lukken ,dat zien we deze week, en dan moeten we nog kijken hoe de E.U tegen dit gegeven zal aankijken.

Want dit zal een delicate zaak worden, de Europese Unie wil maar wat graag afgesplitste staten in haar rangen opnemen, maar vanuit geopolitiek standpunt  kan het voor de Unie gevaarlijk worden om de rest van het Verenigd Koninkrijk tegen zich in het harnas te jagen. Het Verenigt Koninkrijk is een van de drie Europese regionale machten, naast Duistland en Frankrijk  in Europa en gebruikt de Unie als een vrij handels-territorium, maar wat gebeurt er wanneer die Unie de ‘nationale’ belangen zo fundamenteel aantast dat er effectief grondgebied verloren gaat bij één van deze regionale machten, zoals dat bij de mogelijke Schotse onafhankelijkheid het geval zal zijn. Who knows , noboby. Wat zou Duitsland doen mocht het Ruhrgebied zich- onafhankelijk van Duitsland -bij de Unie willen aansluiten, denkt iemand echt dat men dat in Duitsland zou tolereren? Dat is trouwens al eens gebeurt in de geschiedenis, met het verdrag van Versailles.Dat gaf achteraf vuurwerk zoals we weten. De overdracht van nationaal grondgebied naar de Unie vinden de regionale grootmachten  dan ook alleen maar fijn als de kleine landen zich ontbinden, niet als het bij hen gebeurt. Europa zou van een vredesproject wel eens tot een regionaal conflictproject kunnen transformeren door Engeland klem te zetten met het opnemen van Schotland als E.U staat.

Voor anti Europese Unie militanten zoals wij dat zijn kunnen de gebeurtenissen in Schotland leerrijk worden, het kan de Unie  –op termijn- verzwakken ,dit omdat men de Engelse economie , Scotland is een energiebron voor het Koninkrijk en politiek ,zeker de geopolitiek, dwars zal zitten met een eventuele erkenning van Schotland als E.U staat.. Dat zal de UKIP en andere anti-E.U partijen in dat land alleen maar versterken .En elke verzwakking van de superstaat moeten we toejuichen.

Het streven naar nationale onafhankelijkheid ,is met het bestaan van de E.U een zeer moeilijke zaak geworden voor regionalisten, want ze moeten zich ook afscheuren van de Europese Unie of zich aan de Unie onderwerpen.Maar wat is daar de meerwaarde van, het juk van de ene Unie ( in het geval van Schotland) het Verenigd Koninkrijk ,afwerpen om zich daarna te onderwerpen aan een nog grotere en meer transnationaal onderdrukkingsmechanisme ,wat de ultra liberale Europese Unie.Het zal menige Schot dan ook- op termijn- ontgoochelen ,mocht het land voor onafhankelijkheid kiezen en zich daarna geconfronteerd zien met een liberaler agenda  van de E.U.die voor een groot stuk geënt is op wat in de U.K vandaag reeds gangbaar is , en waaraan de Schotten juist willen ontsnappen.De Schotten willen hun vrijheid om een sociaal systeem in te voeren met collectieve voorzieningen. De E.U wil juist die collectieve voorzieningen afschaffen en vernietigen.Onafhankelijkheid kan dan alleen maar als men zich ook van de E.U afwent, maar dan zullen de Schotten tegen twee vijanden aankijken, de E.U en het Verenigd Koninkrijk.Europa dwingt nationalisten in een catch 22 positie.

Maar één les kan men nu al trekken, het anti-Europees nationalisme kan maar succes hebben wanneer het een links economische  richting kiest, een sociale en antiliberale koers vaart.Zo kan ,en moet men zich afzetten tegen het Europese regionalisme van de elite dat door partijen zoals de N-VA wordt aangehangen.Zal  een partij zoals het Vlaams Belang radicaal voor deze optie durven kiezen, het is nochtans haar enige uitweg. Elke andere optie zal de partij totaal van de kaart vegen, en het zal haar kritiek op de euroregionalisten van de N-VA onmogelijk maken omdat ze op sociaaleconomisch vlak in dezelfde vijvers zullen vissen. Dan wordt /is deze partij irelevant.

Het  alternatief om de strijd voor onafhankelijkheid te voeren is een nieuw soort partij oprichten ( eventueel na het ontbinden van het VB).Een sociale en nationale partij, links van de economie, rechts op de waarden.

 

 

L’UE s’est laissée dégrader au rôle de vassal des Etats-Unis

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«De toute évidence l’UE s’est laissée dégrader au rôle de vassal des Etats-Unis»

«La Suisse, en tant que pays neutre, doit offrir ses bons services et jouer un réel rôle de médiation»

Interview d’Oskar Freysinger, conseiller national et conseiller d’Etat (UDC)

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Horizons et débats: Pourquoi avez-vous lancé la «Pétition pour une Suisse neutre», quel en est le but?

Oskar Freysinger: Je voudrais attirer l’attention de la population suisse sur le fait que notre gouvernement est en train de piétiner la neutralité de notre pays.

Pourquoi la Suisse ne doit-elle pas se joindre aux sanctions de l’UE contre la Russie?

Parce que dans ce cas elle serait considérée comme appartenant au camp de l’OTAN. La Suisse, en tant que pays neutre, doit absolument s’abstenir de donner la faute à l’une ou l’autre des parties, si elle veut pouvoir offrir ses bons offices et jouer un réel rôle de médiation, ce qui lui a valu traditionnellement sa bonne réputation. Du reste, dans le contexte international, il n’y a pas de schémas noir et blanc. Il n’y a pas de répartition univoque du bien et du mal et les arguments, avancés par les adversaires qui diabolisent la partie opposée ou la rendent responsable de crimes, sont pour la plupart mensongers et difficiles à prouver. Dans le fond, il s’agit d’intérêts géopolitiques, de politique de puissance, d’argent et de sphères d’influence. Les requins restent des requins même si l’on les peint en couleurs.

Comment jugez-vous le rôle de l’UE dans ce conflit?

De toute évidence l’UE s’est laissée dégrader au rôle de vassal des Etats-Unis. En outre, sa position est hésitante, contradictoire et fluctuante. Ce n’est pas ainsi qu’on peut atteindre des résultats sur la scène internationale.

Jeudi passé, le Conseil fédéral a contribué de façon indirecte aux sanctions, en empêchant des affaires de contournement par la Suisse. Que dites-vous de cette procédure?

C’est de nouveau une de ces procédures hypocrites, une sorte de consensus qui n’en est pas un. J’ai honte de mon gouvernement qui annule l’invitation du président de la Douma, précisément dans le cadre des festivités des 200 ans de relations diplomatiques des deux pays. Il n’y a rien de plus ridicule!
Malheureux aussi, qu’Ueli Maurer ait cédé à la pression de Burkhalter, en décommandant l’escadron d’avions russes qui devait participer au meeting aérien AIR14 en Suisse. En même temps, le conseiller fédéral Schneider-Ammann parle d’un voyage en Russie pour négocier des traités économiques. Comment cela peut-il fonctionner? D’abord on gifle un partenaire économique prometteur, puis on attend du goodwill lors de négociations. Un tel comportement n’est pas seulement lâche et servile, mais avant tout stupide.

Quels sont les intérêts que poursuivent les Etats-Unis en Ukraine?

Comme on vient de le dire, il s’agit d’une pure politique de puissance de pétrole et de sphères d’influence. Je voudrais bien voir comment les Etats-Unis réagiraient si la Russie fomentait un coup d’Etat au Mexique amenant au pouvoir un gouvernement hostile aux USA. Rappelons-nous de la crise de Cuba dans les années 1960 et cela nous donne un avant-goût. S’y ajoute le fait que les Etats-Unis prennent leur revanche envers la Russie pour avoir soutenu Bachir el-Assad en Syrie parce que Poutine a tiré ses leçons des événements en Libye.

Quelles possibilités la Russie a-t-elle de réagir à la politique d’expansion que l’OTAN mène depuis 1991? Peut-on avant tout partir du fait que l’Ukraine ne sera pas la dernière tentative d’affaiblir la Russie?

Ce processus durera et pourrait bien dégénérer en une guerre. La Russie n’a apparemment pas d’autre choix que la soumission totale sous les prétentions du pouvoir américain ou bien la guerre. Des négociations n’amèneraient (comme dans le cas de la Serbie à Rambouillet dans le cadre de la crise aux Balkans des années 1990) qu’un ralentissement de l’inévitable.
Ce qui est inacceptable pour les Américains, c’est que Poutine a un agenda à lui, contraire aux intérêts américains et qu’il défend, qu’on le veuille ou non, certaines valeurs considérées comme réactionnaires dans la société occidentale moderne. Poutine est sans doute un politicien voulant le pouvoir et sachant frapper fort. Mais au vu du pouvoir d’ingérence, des manipulations et des activités bellicistes sans scrupules exercées par les Américains depuis des décennies et au niveau planétaire, il paraît plutôt inoffensif. Prenons simplement les troupes du «Khalifat» qui ont été créées et développées par les Etats-Unis, Israël et l’Arabie saoudite et qui doivent maintenant être détruites par leurs créateurs. «Les esprits que j’ai invoqués, je ne peux plus les maitriser» comme Goethe l’a si bien exprimé.

Quelle est l’attitude à prendre par les Etats européens dans ce conflit?

Ils devraient se rappeler que le vieux schéma affirmant que l’ennemi se trouve à l’Est et l’ami à l’Ouest a subi de graves fissures. Si l’UE veut avoir un sens, elle devrait se replacer de manière autonome et unie. Mais on en est loin. La dépendance face aux Etats-Unis de certains pays et politiciens de l’espace de l’UE est trop grande.

Comment la Suisse devrait-elle se comporter à l’avenir?

Neutre. Elle ne doit pas jouer les instances morales, là où il n’y a pas de morale. De plus, elle devrait nouer et maintenir de bonnes relations diplomatiques et économiques avec tous les pays du monde et offrir ses bons offices en cas de conflit.
La mouche qui pendant la lutte de deux ours s’est posée sur le nez de l’un risque de se faire écraser la première. Probablement même par cet ours sur le nez duquel elle s’est posée.

Monsieur Freysinger, nous vous remercions de cet entretien. •

(Interview réalisée par Thomas Kaiser)

Misère de l'occidentalisme: les Européens de l'Ouest ne veulent rien savoir de la Russie

Misère de l'occidentalisme: les Européens de l'Ouest ne veulent rien savoir de la Russie

Auteur : Slobodan Despot
 
russie.jpgCette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes, qui a l'une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, qui fut la première à envoyer un homme dans l'espace (et la dernière à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l'architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels — et de loin — de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l'utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l'espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu'il s'agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation !

L'Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à “Putler”-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l'URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré comme « russe ».

Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage «parce-qu'ils-nous-ont-libérés-en-45» n'ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l'hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d'affaires est suspendue au bon vouloir d'obscures commissions européennes dont les peuples qu'elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d'un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu'un autre larbin des multinationales.

Mais tout ceci n'est encore rien. C'est dans l'ordre des choses. L'Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l'infini, du conflit Rome-Byzance en l'étendant aux continents voisins voire à l'espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C'est le seul piège, du reste, que l'empire occidental n'ait pas posé tout seul et qu'il ne puisse donc désamorcer. (Etant entendu que la menace islamique n'est que le produit des manoeuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l'action de services d'Etat occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité).

La menace russe, elle, est d'une autre nature. Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d'elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l'Arctique comme à l'Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d'Empereurs chrétiens siégeant dans l'ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l'Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l'histoire du monde, inviolables bien que diffus. Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu'on peut l'imaginer, mêlant au sein d'un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l'Asie. Ils n'ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l'ont dans leur sang, si bien assimilé qu'ils n'y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu'on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des articles pour touristes.

Cela ressemble tellement à l'Europe. Et c'en est tellement loin ! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — gênois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l'odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d'un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n'est pas qu'ils ne pourraient pas l'apprendre. C'est qu'ils n'en ont pas envie. Pas plus qu'ils ne veulent connaître, vraiment, l'esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu'ils accueillent désormais par millions et qu'ils laissent s'agglutiner en ghettos parce qu'ils ne savent comment leur parler.

J'ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d'immigré. J'en ai appris d'autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m'étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu'il parle ? C'est le minimum de la courtoisie. Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d'anglais d'aéroport.

De même font les Russes, dont l'éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l'ouest du Dniepr ? Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l'Europe s'est acharnée à leur dissiper cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par coeur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ». L'Europe de Lisbonne à Vladivostok n'aura été réelle qu'à l'Est. À l'Ouest, elle ne fut jamais que la projection livresque de quelques visionnaires.

L'Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d'un tel ensemble ? Non. On préfère « definitely » se mirer dans l'Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres « outlaws » mal dégrossis s'étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu'un miroir ou un butin. Leur derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu'une paire de santiags au ranch de Reagan. Vingt ans plus tard, les soudards de l'OTAN occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu'ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils n'aimeront le tsar que tant qu'il détruira la Russie ! » « Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j'ai fini par comprendre. Ce n'est pas « nous les Slaves » qui avons de l'aisance pour les langues : c'est vous, les « Européens » qui n'en avez pas. Qui n'en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre package linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde. Pourquoi s'escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu'au-delà de votre civilisation, c'est le limes (comme au temps de César), et qu'au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l'abîme infini.

Voilà pourquoi le russe, pour vous, c'est du chinois. Et le chinois de l'arabe, et l'arabe de l'ennemi. Vous n'avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l'arabe des prédicateurs de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s'il vous était donné de saisir la finesse de l'humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.

Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu'eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d'obus.

Tout ceci n'est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d'Ukraine dont vous ignoriez jusqu'à l'existence. Vous leur en voulez d'être ce qu'ils sont, et de ne pas en démordre ! Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l'héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu'on vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l'amour de l'Autre la haine du Soi. Vous les enviez d'avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux : Jusqu'à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ?

Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d'être !

Ce qui impressionne le plus, c'est la quantité d'ignorance et de bêtise qu'il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du « ramassis de brutes qu'il s'agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation ». Car tout la dément : et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l'habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l'inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C'est que ce ramassis de brutes croit encore à l'instruction et au savoir quand l'école européenne produit de l'ignorance socialisée ; croit encore en ses institutions quand celles de l'UE prêtent à rire ; croit encore en son destin quand les vieilles nations d'Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.

Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu'à l'air qu'on respire. Le gouvernement d'Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine : tout est dit ! D'un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. De l'autre, une puissance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s'était engagé à ne jamais s'approcher. Votre gouvernement contre leur régime…

Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie ?

Du refuge ultime de vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden. Des sources d'une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d'emmener vos gens dans l'espace. Mais qu'importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation. Et qu'être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l'a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. À quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n'est bonne que pour saper la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n'hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l'issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…

Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine : les nazis et les djihadistes ? Comment pouvez-vous vouloir contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ? Destituer de l'extérieur un chef d'Etat plus populaire que tous vos polichinelles réunis ? Etes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l'« Occident » puisse y cohabiter avec un Etat russe ?

C'est peut-être cela, tout compte fait. La Russie est l'avant-poste, aujourd'hui, d'un monde nouveau, de la première décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités. À moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n'y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire : mieux vaut vous y préparer.


- Source : Slobodan Despot

mardi, 16 septembre 2014

TISA, negociaciones comerciales secretas para acelerar el proceso de privatizaciones y desregulaciones

por Agnes Rousseaux

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Se trata de un gran acuerdo comercial del que nadie habla, negociado en la mayor opacidad. Cincuenta países, incluyendo a los más fervientes defensores de la liberalización están discutiendo actualmente la apertura del “mercado de servicios” a la competencia internacional. Educación, salud, transportes, telecomunicaciones, servicios financieros… Todo se está exponiendo en la mesa de negociaciones. Sin que los ciudadanos ni los parlamentarios digan una palabra. Los negociadores –sometidos a las fuertes presiones de los lobbies– se reunieron recientemente en Ginebra en el 7° encuentro de intercambios internacionales, que podría amenazar seriamente a los servicios públicos y a las tentativas de regulación del sector financiero.

Este nuevo embate podría terminar con los servicios públicos, el agua, la educación o la salud, el fin de todo propósito de regular los mercados financieros o de proteger los datos de la ciudadanía. En síntesis un escollo jamás visto en el ejercicio de la democracia y el funcionamiento de las políticas públicas. El Acuerdo sobre el Comercio de Servicios (ACS) dentro del Trade in Services Agreement (TISA) se está negociado entre 50 países (1) incluidos los de la UE. Fue lanzado por los EE.UU. y propuesto a los países miembros de la Organización Mundial de Comercio (OMC) bautizado como el grupo “Verdaderos buenos amigos (de los servicios)” (Really Goods Friends).

“Calmar la frustración de las empresas”

Estas negociaciones se desarrollan fuera del marco de la OMC con los países que son más partidarios de la liberalización de los servicios, contrariados por el impasse de las negociaciones de Doha iniciadas en 2001 (2). Esos países representan más de las dos terceras partes del comercio mundial en servicios. Numerosos sectores se hallan incluidos: educación, transportes, correos y telecomunicaciones, servicios de auditoría y contabilidad, ingeniería y logística, salud, seguros, nuevas tecnologías y transferencia de datos, investigación, bancos y servicios financieros… El objetivo es abrir más aún a la competencia del sector de los servicios públicos e impedir toda intervención pública.

“Estas negociaciones son la oportunidad más prometedora de las últimas dos décadas para promover el comercio de servicios a escala internacional”, se entusiasma el lobby de la industria de los servicios en los EE.UU. La Coalición Internacional de las Industrias de Servicios (GSC) que integra el Medef es aun más explicita: este acuerdo se ha concebido “para apaciguar la frustración de las empresas, ocasionada por el impasse de Doha en materia de servicios” declara (3)

Prohibir toda intervención de los Estados

”Se trata de una tentativa de ampliar secretamente los aspectos más nefastos del infame acuerdo AGCS que generó, en el pasado, protestas mundiales”, responde Rosa Pavanelli, secretaria general de la Internacional de Servicios Públicos (ISP). Según esta organización, que reúne a los sindicatos del sector y representa a 20 millones de trabajadores, el ACS limitaría la capacidad de los gobiernos de legislar en algunos sectores como la seguridad de los trabajadores, el ambiente o la protección de los consumidores “El AVS se inscribe en una inquietante nueva ola de acuerdos comerciales y de inversión, fundado en poderes jurídicamente obligatorios que institucionalizan los derechos de los inversores y prohíben toda intervención estatal en un amplio abanico de sectores indirectamente vinculados al comercio”, menciona la organización internacional en un detallado informe.

Varios aspectos del acuerdo han sido duramente criticados por las organizaciones sindicales y no gubernamentales. En primer lugar todo sector que no se halle explícitamente excluido, protegido por cada país, podría estar incluido en el acuerdo. Con todos los peligros que eso implica. Estos acuerdos abrirían ampliamente la puerta a un flujo de empresas privadas en el sector educativo europeo, alerta la federación internacional de sindicatos de maestros. Una cláusula de estatu quo fijaría los actuales niveles de liberalización de cada país volviendo imposible la remunicipalización de los servicios de agua corriente, por ejemplo, o complicaría el restablecimiento de monopolios públicos en sectores actualmente abiertos a la competencia (4). Otro principio, la “cláusula con efecto cliquet (sic) que inmovilizaría toda liberalización futura de un determinado servicio. Una parte del seguro de desempleo, ¿estaría privatizada, como en el Reino Unido? Las jubilaciones, ¿estarían desmanteladas en beneficio de los fondos de pensión? ¡Imposible retroceder! Un atentado a las libertades democráticas fundamentales, denuncia la federación sindical internacional que ve en este futuro acuerdo una manera de volver permanente e irreversible un sistema de privatizaciones para todas las generaciones futuras”. Y los gobiernos absolutamente maniatados por las decisiones de sus predecesores: he aquí porque sería un grave atentado al funcionamiento democrático.

Bloquear las privatizaciones

Otro problema es que el acuerdo podría imponer a las autoridades públicas una “obligación de neutralidad económica” entre prestatarios de los servicios públicos y privados, denuncia el ISP. Es decir, que todo aporte financiero a los servicios públicos debería hacerse extensivo al sector privado “Si en un sector existen servicios privados junto a servicios públicos (por ejemplo, hospitales, escuelas) ambos tendrían derecho a las mismas subvenciones, en nombre de “la libre competencia y no falseada”, explica la organización Stop TISA. De modo que una universidad estadounidense podría instalarse en Suiza solicitando una financiación similar a la de las demás universidades públicas con cargo a los contribuyentes”. Un estado que subvencionase la construcción de un hospital público, ¿deberá financiar también una clínica privada en su cercanía? Estas y otra críticas incluidas en un documento de la Comisión Europea que sintetiza la consulta realizada a los “decididores y a las ONG”.

Las negociaciones comenzaron en febrero de 2012 y deberían concluir en 2015. Los negociadores de los países participantes se reúnen regularmente en Ginebra, bajo la conducción de los EE.UU. y Australia (5). En junio de 2013 un lapidario comunicado anunció que “los miembros de la OMC que están analizando nuevos planteos dirigidos al progreso de la liberalización del comercio de servicios están satisfechos de los progresos de las discusiones sobre el comercio de servicios (TISA)”. E invitan a incorporarse a otros países, miembros de la OMC que comparten estos mismos objetivos. China apoyada por la UE ha solicitado ya participar en estas negociaciones. Sus divergencias con los EE.UU. en torno a otros acuerdos comerciales no le han permitido aun ser admitida en la mesa de las discusiones..

Negociaciones secretas

Los participantes estimaron en noviembre de 2013 que el acuerdo se hallaba ya suficientemente “maduro” y lanzaron la etapa de “comercialización de ofertas iniciales” en la que cada país debe precisar cuáles son los sectores que desea incluir en el acuerdo y las modalidades que propone en cuanto a “apertura” a la competencia internacional de esos sectores, según un marco predeterminado por el acuerdo. A principios de 2014, la mayor parte de los países han intercambiado sus propuestas, actual base de las discusiones en curso. Algunos como Suiza y Noruega las han hecho públicas (6) mientras que otros países se hallan poco inclinados a que las conozcan sus ciudadanos.

No se sabe sin embargo gran cosa del contenido de las negociaciones ni de los términos generales del acuerdo, ya que se desarrollan dentro del “mayor secreto y al margen de los derechos democráticos”, subraya Rosa Pavanelli. En febrero de 2013, la Comisión Europea solicitó al Consejo, representante de los Estados miembros, dar libre paso alas discusiones. La apertura de las negociaciones fue inmediatamente validada por el Parlamento Europeo en julio de 2013 por 536 votos a favor y 111 en contra (7), con los votos franceses del PS y del UMP. Frente de Izquierda y ecologistas votaron en contra. En su resolución el Parlamento lamenta sin embargo que el Consejo haya adoptado una decisión sin tener en cuenta la opinión de los diputados. Y observa que: “el mandato de negociación de la UE fue propuesto por la Comisión y adoptado por el Consejo sin haber sido analizado el impacto”. Algo que no ha impedido ser votada por una amplia mayoría…¡Cuando están en juego los intereses económicos, la democracia se vuelve facultativa!

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Los lobbies industriales han sido consultados, pero los ciudadanos no

Wikileaks acaba de aclarar un poco la opacidad que reina en estas negociaciones, divulgando el anexo del acuerdo relacionado con los servicios financieros. De acuerdo con ese documento, especialmente redactado por los EE.UU. y Europa, las propuestas han sido clasificadas como confidenciales durante “cinco años a partir de la entrada en vigor del ACS o si no se ha llegado a ningún acuerdo cinco años después del cierre de las negociaciones”, el documento establece que su divulgación no está autorizada y que el texto debe ser “guardado en una construcción, una habitación o un contenedor cerrado y asegurado”.

Es evidente que los lobbies de la industria y los servicios tienen mucho más acceso a las informaciones que los ciudadanos y sus representantes: la Global Service Coalition ha enviado sus delegados a Ginebra con ocasión de las negociaciones de abril de 2014. Y se felicita en un comunicado de haber podido confirmar su apoyo sin reticencias al proceso y haber compartido sus puntos de vista con los negociadores.

Un acuerdo con muchas expectativas para las empresas

Lo menos que puede decirse es que las multinacionales de los países involucrados se hallan muy motivadas por las expectativas del acuerdo: “Las caídas del TISA podrían ser enormes para las empresas del sector servicios, explica la Cámara de Comercio de los EE.UU., está convencido de que las actuales negociaciones son “una oportunidad única para demoler los obstáculos al comercio internacional”. “Este palpitante nuevo acuerdo tiene el potencial de inflar el crecimiento económico y la creación de empleos en los EE.UU. y en el exterior”, señala la Cámara de Comercio. Un acuerdo tan “palpitante” que podría duplicar las exportaciones de servicios de los EE.UU. con una ganancia de 869.000 millones de dólares y 3 millones de empleos (8). Pero esta es la teoría. ¡Se esperan siempre centenares de miles de empleos que la apertura a la competencia posibilitaría a diferentes sectores de la Unión Europea!

¿Qué es lo reclaman las empresas y sus representantes? Los países que firmen el acuerdo deberán en primer término eliminar las regulaciones consideradas barreras comerciales “Si reconocemos la necesidad de algunas regulaciones (para la seguridad nacional, la protección de los datos…) deberían establecerse límites y parámetros para su aplicación”, afirma el lobby estadounidense de las industrias de servicios. Su bestia negra: la distorsión de la competencia entre el sector público y privado. “La competencia desleal por parte de las empresas subvencionadas o mantenidas por el Estado, de las empresas públicas o controladas por los Estados constituyen un obstáculo cada vez más importante para la provisión de los servicios por parte de las empresas estadounidenses en muchos mercados”. Se trata de proteger al sector privado “contra los comportamientos anticompetitivos de las empresas publicas”, alega igualmente la Cámara de Comercio de los EE.UU.

El lobby estadounidense del sector desea abolir toda preferencia nacional, obligaciones de localización o las cuotas de empleados locales. Y liberalizar mucho más los sectores de los medios y de la diversión “Ningún país debería estar autorizado a introducir nuevas restricciones o excepciones que deroguen o debiliten los compromisos existentes del AGCS”, sugiere (9). Los representantes de las empresas solicitan que el acuerdo incluya un mecanismo de regulación de los diferendos. Es decir, el establecimiento de tribunales de arbitraje privados para solucionar los litigios, en el marco de una jurisdicción extranacional, donde los intereses privados son ley (10). Suiza, en la última ronda de negociaciones, ha redactado una propuesta en tal sentido.

Congeladas las regulaciones financieras

El acuerdo también incluye los servicios financieros. Y podría provocar importantes consecuencias sobre el sector. A pesar de la crisis bancaria, los promotores del TISA tratar de eliminar aún más las reglamentaciones de los mercados mundiales de servicios financieros”, analiza Wikileaks. El anexo referente a los servicios financieros permanece aún en secreto “es una propuesta que solo puede gustar a los banqueros”, denuncia el abogado Lori Wallach de la ONG estadounidense Public Citizen: el principio del statu quo mencionado en este anexo impediría, por ejemplo, establecer nuevas reglamentaciones financieras, consideradas necesarias por los gobiernos, dado que constituirían restricciones a las empresas involucradas. Resultado: el acuerdo congelaría las regulaciones financieras en el estado actual, algo totalmente insuficiente para prevenir nuevas crisis bancarias, estima el abogado. De donde se deduce el riesgo de inestabilidad financiera en los años futuros.

También se ve en este anexo la firme voluntad de los EE.UU. de lograr la liberalización de los flujos de datos. Es decir, permitir sin trabas el intercambio de datos personales y financieros entre países. Una amenaza para las libertades fundamentales, porque muchos de los países que participan en estas negociaciones, en lo referente a protección de datos, son mucho menos exigentes que Europa. El lobby internacional de servicios desea lograr una disposición que obligue a las autoridades públicas a justificar todas las medidas que podrían restringir la transferencia de datos entre países (11).

¿Un acuerdo extensivo a todo el planeta?

“Lo que resulta terriblemente inquietante, es que el ACS está siendo negociado fuera del marco comercial multilateral por los países más inclinados a la liberalización, que no esconden su voluntad de arrastrar en este acuerdo, una vez concluido, al resto del mundo”, explica Rosa Pavanelli. Los negociadores tratan de que este acuerdo sea compatible con el marco de la OMC. O en el idioma de la Comisión europea: “Velar porque la estructura del acuerdo permita una futura multilateralización”. Un modo de permitir a los 50 países signatarios presionar sobre los demás miembros de la OMC para que acepten estas reglas (12). Como para debilitar la posición de los BRICS –Brasil, Rusia, India, China y Sudáfrica– excluidos, por el momento, de las negociaciones o de países africanos completamente ignorados.

Se ha formado un comité “Stop TISA” y se ha lanzado un pedido. Una carta firmada por 340 organizaciones no gubernamentales en la que expresan su oposición a estas negociaciones y se envió en 2013 a los ministros de Comercio. En vista de los desafíos democráticos, económicos y políticos, así como la opacidad de estas negociaciones, las movilizaciones podrían aumentar en los meses próximos.

Notas

1) Australia, Canada, Chile, Colombia, Corea, Costa Rica, Estados-Unidos, Hong Kong, Islandia, Israel, Japon, Liechtenstein, Mexico, Noruega, Nueva-Zélanda, Pakistan, Panama, Paraguay, Perú, Suiza, Taïwan, Turquia, más los 28 paises de la Union Europea.

2) “El TISA se está negociando fuera del marco de la OMC sobre la base del artículo V del Acuerdo General sobre Comercio y Servicios (AGCS) Sobre esa base diferentes países pueden bajo ciertas condiciones ampliar entre ellos la liberalización del comercio de servicios, más allá de lo que establece la OMC, sin que esta liberalización preferencial sea sometida a la cláusula de nación más favorecida del AGCS”, Fuente: Secretaría de Estado de Economía, Suiza.

3) Correo del Comisario Europeo de Comercio, 10 de setiembre de 2013

4) «It was agreed that commitments on national treatment would in principle be applied on a horizontal basis to all services sectors and modes of supply, i.e. the understanding on national treatment would be closer to the GATT model. Exemptions to this horizontal application would have to be listed in the countries’ national schedule of commitments. Participants in the negotiations might also agree that commitments would in principle reflect actual practice (the « standstill clause ») and that future elimination of discriminatory measures would be automatically locked in (the so-called « ratchet clause ») unless an exemption were listed. » Memo de la Comisión europea Negotiations for a Plurilateral Agreement on Trade in services, 15 de febrero de 2013

5) Ver la cronología de las negociaciones en los sitios de los ministerios suizo y australiano.

6) Ver la oferta de Suiza publicada en el sitio del ministerio de Economía (SECO) el de Noruega y el de Islandia.

7) Ver el texto votado y el detalle de la votación. El Consejo había otorgado mandato a la comisión europea en marzo de 2013 para negociar en nombre de la UE.

8) “Eliminating barriers to trade in services could boost U.S. services exports by as much as $860 billion—up from 2012’s record $632 billion—to as much as $1.4 trillion, according to the Peterson Institute. Such a dramatic increase could create as many as three million American jobs. »

9) Fuente: Comunicado de la Cámara de Comercio de los Estados-Unidos.

10) Ver sobre este tema nuestro artículo sobre las negociaciones del Acuerdo Comercial Transatlántico TAFTA/ttip

11) « However, the agreement should include a commitment that when an act, policy or practice of a relevant authority seeks to restrain cross-border data transfers or processing, that authority must demonstrate that the restriction is not an unnecessary restraint of trade or investment in light of alternative means by which to achieve the objective of protecting the identity of the customer, security of the data or the performance of prudential oversight. », Comentarios de la Coalición de industrias de servicios (CSI) por pedido de la Oficina de Representantes comerciales sobre el acuerdo TISA, 26 de febrero de 2013

12) Especialmente los 129 países miembros de la Organización Mundial de Comercio (OMC) que han asumido compromisos en función del Acuerdo General sobre Comercio y Servicios ( AGCS),

Fuente: http://www.cetri.be/

(Traducido del francés para rebelión por Susana Merino)

Fuente: Rebelión

lundi, 15 septembre 2014

Moscovici aux Affaires économiques: c'est beau, l'Europe!

Moscovici aux Affaires économiques: c'est beau, l'Europe!

Auteur : Philippe Rodier
 
Pierre Moscovici fut finalement nommé commissaire européen aux Affaires économiques. Ce n’était pourtant pas gagné en raison de l’opposition de certains pays voisins qui éprouvaient des scrupules à confier ce portefeuille à un Français au regard de la situation économique de notre pays.

Confier les affaires économiques de l’Europe à Pierre Moscovici, c’est en effet comme confier la justice au juge Burgaud qui a envoyé avec arrogance des innocents en prison, les sports à Raymond Domenech qui a ridiculisé l’équipe de France de foot, ou l’émission « Ce soir (ou jamais !) » à Marc-Olivier Fogiel, degré zéro de l’intelligence médiatique et journalistique.

Ancien ministre français de l’Économie et des Finances qui fut incapable de réduire les déficits et relancer notre compétitivité, Pierre Moscovici est comme un ancien détenu de Fleury-Mérogis devenu par la volonté des princes le surveillant en charge de mater ses anciens codétenus qui chercheraient à s’évader.

Car qu’a-t-il fait pour la France pendant ces deux années où il fut ministre de notre économie ? Rien de significatif et d’efficace, hormis augmenter sensiblement les impôts.

Y a-t-il eu une grande réforme fiscale ? Des simplifications législatives et réglementaires afin d’alléger la charge des forces économiques de la nation ? Une réduction des déficits ? Dans un article qu’il avait signé le 26 novembre 2012 dans Libération et intitulé « Notre révolution copernicienne », il annonçait que son objectif était de réduire la dette, de renforcer la compétitivité de la France et de mener des réformes structurelles. Or, non seulement l’objectif de 3 % vendu par Normal Ier n’a pas été atteint, mais on sait dorénavant que nous terminerons l’année 2014 à 4,2 % de déficit et que les 3 % ne seront jamais atteints pendant ce mandat présidentiel.

Pierre Moscovici, c’est la quintessence de ce que l’ENA peut produire de pire : protégé par un statut privilégié de fonctionnaire élitiste qui lui apporte un confortable matelas en cas d’échec dans une carrière qui sera politique de bout en bout, il n’a jamais connu d’expérience de salarié ou de chef d’entreprise et ne s’est jamais frotté aux réalités de ceux qui produisent et développent l’activité en France. Pour lui, l’économie se résume à des rapports macro-économiques et des synthèses statistiques produits par des collaborateurs issus du même moule à penser que lui.

Le nommer à ce poste révèle deux choses :

D’abord, la conception de l’Europe qu’ont nos gouvernants français au-delà de leurs beaux discours : un superbe placard avec tous les avantages associés et qui permet de continuer à exister.

Ensuite, celle que les dirigeants européens ont d’eux-mêmes, de leur mission, de leur ambition au sens noble, du sens qu’ils donnent à leur action.

Comment s’étonner, ensuite, de cette Europe sans âme qui désintéresse ou révulse de plus en plus les opinions ?


- Source : Philippe Rodier

Tisa, ces négociations commerciales secrètes qui visent à accélérer privatisations et dérégulation

 

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Tisa, ces négociations commerciales secrètes qui visent à accélérer privatisations et dérégulation

C’est un accord commercial dont presque personne ne parle, négocié dans l’opacité la plus totale. 50 pays, parmi les plus fervents défenseurs de la libéralisation, discutent en ce moment de l’ouverture du « marché des services » à la concurrence internationale. Éducation, santé, transports, télécommunications, services financiers... Tout est sur la table des négociations. Sans que les citoyens ou parlementaires aient leur mot à dire. Les négociateurs – soumis à la forte pression des lobbys – étaient récemment à Genève pour le 7e round de ces pourparlers internationaux, qui pourraient gravement menacer les services publics et les tentatives de régulation du secteur financier. Enquête.

par Agnès Rousseaux 
Ex: http://www.cetri.be

Ce pourrait être la fin des services publics, de l’eau, de l’éducation ou de la santé, la fin de toute volonté de réguler les marchés financiers ou de protéger les données des citoyens. Bref, une entrave encore jamais vue à l’exercice de la démocratie et au fonctionnement des politiques publiques. L’Accord sur le commerce des services (ACS) ou Trade in Services Agreement (TISA) est actuellement en cours de négociation entre une cinquantaine de pays [1], dont ceux de l’Union européenne. Il a été lancé par les États-Unis et proposé à des pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), baptisé le groupe des « Vrais bons amis (des services) » (Really Good Friends).

« Apaiser la frustration des entreprises »

Ces négociations se déroulent hors du cadre de l’OMC, avec les pays les plus partisans de la libéralisation des services, contrariés par l’impasse des négociations de Doha lancées en 2001 [2]. Ces pays représentent plus de deux tiers du commerce mondial des services. De nombreux domaines sont concernés : éducation, transports, poste et télécommunications, services de comptabilité et d’audit, ingénierie et logistique, santé, assurance, nouvelles technologies et transfert de données, recherche, banque et services financiers... Objectif : ouvrir encore davantage les services à la concurrence internationale et empêcher toute intervention publique.

« Ces négociations sont l’opportunité la plus prometteuse en deux décennies pour promouvoir le commerce des services à l’échelle internationale », s’enthousiasme le lobby de l’industrie des services aux États-Unis. La Coalition internationale des industries de service (GSC), dont fait partie le Medef, est encore plus explicite : cet accord a été conçu «  pour apaiser la frustration des entreprises, en raison de l’impasse du Cycle de Doha en matière de services », écrit-elle [3].

Interdire toute intervention des États

« Il s’agit d’une tentative de secrètement étendre les aspects les plus néfastes de l’infâme accord AGCS qui a suscité dans le passé des protestations mondiales  », répond Rosa Pavanelli, secrétaire générale de l’Internationale des services publics (ISP). Selon cette organisation, qui fédère les syndicats du secteur et représente 20 millions de travailleurs, l’ACS limiterait la capacité des gouvernements à légiférer dans certains domaines, comme la sécurité des travailleurs, l’environnement ou la protection des consommateurs. «  L’ACS s’inscrit dans cette nouvelle vague inquiétante d’accords commerciaux et d’investissement, reposant sur des pouvoirs juridiquement contraignants qui institutionnalisent les droits des investisseurs et interdisent toute intervention des États dans un large éventail de secteurs indirectement liés au commerce », décrit l’organisation internationale dans un rapport détaillé.

Plusieurs aspects de l’accord sont vivement critiqués par les organisations syndicales et non-gouvernementales. En premier lieu, tout secteur qui n’est pas explicitement exclu, protégé par chaque pays, pourrait être concerné par l’accord. Avec tous les dangers que cela comporte. Ces accords ouvriraient notamment la porte à un afflux d’entreprises privées dans le secteur éducatif européen, alerte la fédération internationale des syndicats d’enseignants. Une clause de statu quo viendrait figer les niveaux actuels de libéralisation des services dans chaque pays, rendant impossible toute remunicipalisation des services de l’eau par exemple, ou compliquant la création ou le rétablissement de monopoles publics dans des domaines actuellement ouverts à la concurrence [4]. Autre principe : la « clause à effet de cliquet » (sic), qui viendrait figer toute future libéralisation d’un service donné. Une partie de l’assurance chômage est privatisée, comme au Royaume-Uni ? La retraite est démantelée au profit de fonds de pension ? Impossible de revenir en arrière ! Une atteinte aux libertés démocratiques fondamentales, dénonce la fédération syndicale internationale, qui voit dans ce futur accord un moyen de « rendre pérenne et irréversible un système de privatisations pour toutes les générations à venir ». Des gouvernements complètement liés par les décisions de leurs prédécesseurs : voilà qui porterait gravement atteinte au fonctionnement des démocraties !

Verrouiller les privatisations

Autre problème : l’accord pourrait imposer aux autorités publiques une « obligation de neutralité économique » entre prestataires de services publics et privés, dénonce l’ISP. En clair, tout soutien financier apporté aux services publics devrait être ouvert au secteur privé. «  Si dans un domaine, des services privés existent à côté des services publics (par exemple hôpitaux, écoles), les deux auraient droit aux mêmes subventions, au nom de la « concurrence libre et non faussée », explique le collectif Stop-Tisa. Ainsi, par exemple, une université américaine pourrait s’établir en Suisse demandant un financement à la hauteur des universités publiques, aux frais du contribuable. » Un État qui subventionne la construction d’un hôpital public devra-t-il bientôt financer également une clinique privée dans les environs ? Autant de critiques reprises dans un document de la Commission européenne, qui fait la synthèse d’une consultation sur le sujet auprès des « décideurs et ONG  ».

Les négociations ont débuté en février 2012 et devraient se terminer en 2015. Les négociateurs des pays concernés se réunissent régulièrement à Genève, sous la conduite des États-Unis et de l’Australie [5]. En juin 2013, un communiqué lapidaire annonce que «  les membres de l’OMC explorant de nouvelles approches visant à faire progresser la libéralisation du commerce des services sont satisfaits des progrès des discussions sur un accord sur le commerce des services (Tisa)  ». Ils invitent les autres pays membres de l’OMC qui partagent ces objectifs à les rejoindre. La Chine, soutenue par la Commission européenne, a demandé à participer aux négociations. Ses divergences avec les États-Unis sur d’autres accords commerciaux ne lui ont pas permis d’être admise pour le moment à la table des discussions.

Des négociations très secrètes

En novembre 2013, les participants ont estimé que l’accord était suffisamment « mûr  » et ont lancé l’étape « d’échange d’offres initiales » : chaque pays doit préciser les secteurs qu’il souhaite inclure dans l’accord, et les modalités qu’il propose concernant «  l’ouverture  » à la concurrence internationale de ces secteurs, selon un cadre pré-déterminé par l’accord. Début 2014, la plupart des pays ont échangé ces propositions, qui sont la base des discussions en cours. Certains comme la Suisse ou la Norvège les ont rendues publiques [6], d’autres pays semblent peu enclins à les diffuser auprès de leurs citoyens.

On ne sait pas grand chose non plus du contenu des négociations et des termes de l’accord général. Elles « se déroulent dans le plus grand secret au mépris des droits démocratiques », souligne Rosa Pavanelli. En février 2013, la Commission européenne a demandé au Conseil, représentant les États membres, de donner son feu vert aux discussions. L’ouverture des négociations a ensuite été validée par le Parlement européen en juillet 2013, par 526 voix pour et 111 contre [7], avec pour la France, les voix du PS et de l’UMP. Front de gauche et écologistes ont voté contre. Dans sa résolution, le Parlement regrette cependant que le Conseil ait accordé un mandat sans prendre en compte l’avis des eurodéputés. Et observe «  que le mandat de négociation de l’Union européenne a été proposé par la Commission et adopté par le Conseil sans aucune analyse d’impact  ». Ce qui n’a pas empêché une large majorité de députés de voter... Quand les intérêts économiques sont en jeu, la démocratie devient visiblement facultative !

Les lobbies industriels consultés, pas les citoyens

Wikileaks vient de briser un peu de l’opacité qui règne sur ces négociations, en divulguant l’annexe de l’accord concernant les services financiers. D’après ce document, principalement rédigé par les États-Unis et l’Europe, les propositions sont classées confidentielles pendant « cinq années à dater de l’entrée en vigueur de l’ACS ou, si aucun accord n’est trouvé, cinq années après la clôture des négociations ». Le document précise que la divulgation n’est pas autorisée et que le texte doit être « conservé dans un bâtiment, une pièce ou un contenant verrouillé ou sécurisé  » (document à lire ici).

Visiblement, les lobbys de l’industrie des services ont davantage accès aux informations que les citoyens et leurs représentants : la Global Services Coalition a envoyé des délégués à Genève lors du round de négociation d’avril 2014. Et se félicite dans un communiqué d’avoir pu y affirmer son soutien sans faille au processus et d’avoir partagé sa vision avec les négociateurs.

 

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Un accord si « palpitant » pour les entreprises

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les multinationales des pays concernés sont très motivées par cette perspective d’accord. « Les retombées de TISA pourraient être énormes » pour les entreprises du secteur des services, explique la Chambre de Commerce des États-Unis. Elle estime que ces négociations présentent «  une opportunité unique dans une génération pour abattre les obstacles au commerce international ». « Ce palpitant nouvel accord a le potentiel pour enflammer la croissance économique et la création d’emplois aux États-Unis et à l’étranger  », écrit la Chambre de Commerce. Rien que ça ! Un accord tellement « palpitant  » qu’il pourrait doubler les exportations de services des États-Unis – soit un gain de 860 milliards de dollars et trois millions d’emplois [8]. Mais cela, c’est la théorie. On attend toujours les centaines de milliers d’emplois que devait permettre l’ouverture à la concurrence de plusieurs secteurs au sein de l’Union européenne !

Que demandent les entreprises et leurs représentants ? Les pays qui signeront l’accord devront d’abord modifier ou éliminer les régulations considérées comme des barrières commerciales. «  Si nous reconnaissons la nécessité de certains régulations (pour la sécurité nationale, la protection des données,...), il devrait y avoir des paramètres et des limites à leur application », écrit le lobby américain des industries de service. Sa bête noire : la distorsion de concurrence entre secteur privé et public. «  La concurrence déloyale de la part d’entreprises subventionnées ou soutenues par les États, ou d’entreprises publiques ou contrôlées par les États, devient un obstacle de plus en plus important à la fourniture de service par des entreprises états-uniennes sur de nombreux marchés  ». Il s’agit de protéger le secteur privé « contre les comportements anticoncurrentiels des entreprises publiques  », plaide également la Chambre de Commerce états-unienne. L’accès aux droits, lui, attendra.

Le lobby états-unien du secteur souhaite abolir toute préférence nationale, obligation de localisation ou quotas d’employés locaux. Et libéraliser davantage le secteur des médias et du divertissement. « Aucun pays ne devrait être autorisé à (...) introduire de nouvelles restrictions ou des exceptions, qui dérogent ou affaiblissent les engagements existants de l’AGCS », suggère-t-il aussi [9]. Les représentants des entreprises demandent que l’accord inclue un mécanisme de règlements des différends. C’est-à-dire l’instauration de tribunaux d’arbitrage privés, pour régler les litiges, dans le cadre d’une juridiction extra-nationale, où les intérêts privés font loi [10]. La Suisse a rédigé une proposition en ce sens lors du dernier round des négociations.

Les régulations financières gelées

L’accord concerne aussi les services financiers. Et pourrait avoir d’importantes conséquences sur ce secteur. Malgré la crise bancaire, «  les promoteurs de TISA cherchent à déréglementer davantage les marchés mondiaux de services financiers  », analyse Wikileaks. L’annexe sur les services financiers, jusqu’ici restée secrète, «  est une proposition que seuls les banksters peuvent aimer  », dénonce l’avocate Lori Wallach, de l’ONG états-unienne Public Citizen : le principe de statu quo, cité dans cette annexe, empêcherait par exemple de mettre en place de nouvelles réglementations financières, jugées nécessaires par les gouvernements, au motif que cela constituerait des restrictions pour les entreprises concernées. Résultat : l’accord gèlera les régulations financières à leur niveau actuel, qui demeure nettement insuffisant pour prévenir de nouvelles crises bancaires, estime l’avocate. De quoi accroître le risque d’instabilité financière pour les années à venir.

Cette annexe montre également la ferme volonté des États-Unis d’obtenir la libéralisation des flux de données. C’est-à-dire de permettre l’échange sans entrave entre pays des données personnelles et financières. Une menace pour les libertés fondamentales, car certains pays participants à ces négociations sont beaucoup moins exigents que l’Europe concernant la protection des données. Le lobby international des services souhaite d’ailleurs une disposition qui oblige les autorités publiques à justifier toutes les mesures qui viendraient restreindre les transferts de données entre pays [11].

Un accord étendu à toute la planète ?

« Ce qui est terriblement inquiétant, c’est que l’ACS est négocié en dehors du cadre commercial multilatéral par les pays les plus favorables à la libéralisation, qui ne cachent pas leur volonté d’entraîner le reste du monde dans cet accord, une fois ce dernier finalisé », explique Rosa Pavanelli. Les négociateurs cherchent à rendre cet accord compatible avec le cadre de l’OMC. Ou dans le langage de la Commission européenne : «  Veiller à ce que la structure de l’accord permette une future multilatéralisation. » Une manière de permettre aux 50 pays signataires de faire ensuite pression sur les autres membres de l’OMC pour qu’ils acceptent ces règles [12]. De quoi affaiblir la position des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – pour l’instant exclus de ces négociations, ou des pays d’Afrique, complètement ignorés.

Un comité Stop TISA ! s’est structuré et une pétition a été lancée (voir ici). Une lettre signée par 340 organisations non-gouvernementales exprimant leur opposition aux négociations a été envoyée aux ministres du Commerce, en 2013. Vu les enjeux démocratiques, économiques et politiques, ainsi que l’opacité de ces négociations, la mobilisation pourrait prendre de l’ampleur dans les mois à venir.

Notes

[1Australie, Canada, Chili, Colombie, Corée, Costa Rica, États-Unis, Hong Kong, Islande, Israël, Japon, Liechtenstein, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Suisse, Taïwan, Turquie, plus les 28 pays de l’Union Européenne.

[2« Le TISA est négocié en dehors du cadre de l’OMC sur la base de l’art. V de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) : Sur la base de l’art. V de l’AGCS, différents pays peuvent sous certaines conditions étendre la libéralisation du commerce des services entre eux au-delà de ce qui est le cas à l’OMC, sans que cette libéralisation préférentielle soit soumise à la clause de la nation la plus favorisée (NPF) de l’AGCS ». Source : Secrétariat d’État à l’Économie suisse.

[3Courrier au Commissaire européen au Commerce, 10 septembre 2013.

[4« It was agreed that commitments on national treatment would in principle be applied on a horizontal basis to all services sectors and modes of supply, i.e. the understanding on national treatment would be closer to the GATT model. Exemptions to this horizontal application would have to be listed in the countries’ national schedule of commitments. Participants in the negotiations might also agree that commitments would in principle reflect actual practice (the « standstill clause ») and that future elimination of discriminatory measures would be automatically locked in (the so-called « ratchet clause ») unless an exemption were listed. » Mémo de la Commission européenne, Negotiations for a Plurilateral Agreement on Trade in services, 15 février 2013, à lire ici.

[5Voir la chronologie des négociations sur les sites des ministères suisse et australien.

[6Voir l’offre de la Suisse, publiée sur le site du ministère de l’Économie (SECO), celle de la Norvège et de l’Islande.

[7Voir le texte voté et le détail des votes. Le Conseil avait donné mandat à la Commission européenne en mars 2013 pour négocier au nom de l’Union européenne

[8« Eliminating barriers to trade in services could boost U.S. services exports by as much as $860 billion—up from 2012’s record $632 billion—to as much as $1.4 trillion, according to the Peterson Institute. Such a dramatic increase could create as many as three million American jobs. » Source : Communiqué de la Chambre de Commerce des Etats-Unis.

[10Voir à ce sujet notre article sur les négociations de l’Accord commercial transatlantique Tafta / TTIP.

[11« However, the agreement should include a commitment that when an act, policy or practice of a relevant authority seeks to restrain cross-border data transfers or processing, that authority must demonstrate that the restriction is not an unnecessary restraint of trade or investment in light of alternative means by which to achieve the objective of protecting the identity of the customer, security of the data or the performance of prudential oversight. », Commentaires de la Coalition of Service Industries (CSI) suite à la requête de l’Office of the United States Trade Representative’s (USTR) sur l’accord TISA, 26 février 2013. A lire ici

[12Notamment les 129 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui ont pris des engagements au titre de l’accord général sur le commerce des services (AGCS).

dimanche, 14 septembre 2014

La Nato contro l’Europa?

La Nato contro l’Europa?

di Daniela Coli
Fonte: istitutodipolitica


untitledIl summit della Nato reduce dagli insuccessi in Afghanistan, Iraq e Libia poteva essere l’occasione di una riforma o addirittura di una scomparsa della Nato, come auspica Sergio Romano, per il quale l’Unione europea è prigioniera della Nato e non può sviluppare una propria politica estera autonoma dagli Stati Uniti. E’ difficile però immaginare un’Unione europea di ventotto paesi diversi per storia, interessi e geopolitica con una politica unica per Russia, Medio Oriente ed Africa. Ventotto paesi diversi che, in definitiva, affidano la direzione della propria difesa agli Stati Uniti possono anche essere giocati l’uno contro l’altro, o gli uni contro gli altri, se conviene al più forte. Basta pensare alla Libia, con francesi e inglesi alleati con Obama sotto le insegne della Nato a bombardare la Libia per mandare via gli italiani da un paese con cui l’Italia aveva appena firmato un trattato di collaborazione, come la Francia con l’Algeria. La Libia è la porta dell’Africa e destabilizzare la Libia significa destabilizzare l’Africa: non c’è da stupirsi se adesso l’Africa è insidiata dal terrorismo islamico e vari stati rischiano di trasformarsi in una nuova Somalia e in una nuova Libia. Il pericolo è ritrovarci con le bandiere nere di ISIS in casa, mentre gli Stati Uniti sono lontani, protetti da due oceani. L’Unione europea è troppo debole per avere una politica estera autonoma, da nord a sud è un’immensa base per ogni impresa americana: è diventata il cortile di casa americano, mentre l’America Latina si è emancipata, ha buoni rapporti con SCO (la Shanghai Cooperation Organization il cui summit si tiene il prossimo 11-12 settembre) capeggiata da Russia e Cina, e può addirittura vantare una piccola “reconquista” negli stati meridionali dell’America del Nord, dove lo spagnolo è ormai la seconda lingua.

Il summit Nato di Newton si è concluso con le dichiarazioni di Obama di una coalizione per distruggere ISIS e di cinque basi di intervento nei Paesi baltici per difendere l’Unione europea dall’imperialismo di Putin, anche se il presidente US ha dichiarato che non saranno inviati soldati americani nelle aeree di conflitto, ma solo aerei e droni. Il ministro della difesa britannico Philip Hammond ha precisato subito che per ora non vi è alcun impegno UK per attacchi aerei su ISIS. È lo stesso Hammond che nel giugno 2013, in visita in Afghanistan, disse che l’Iraq era il Vietnam britannico e l’UK non voleva altre guerre. Dopo il G8 in Irlanda, dove solo il nuovo Hitler Putin si oppose alla proposta di Obama di bombardare la Siria, il 29 agosto 2013 il parlamento britannico votò contro l’intervento in Siria: non accadeva dal 1872 che un governo britannico fosse battuto sulla guerra in parlamento. Poi è venuto il ciclone Farage alle europee a minacciare i partiti atlantici tory e laburista e un importante leader tory ha recentemente defezionato per il UKIP. Se teniamo conto degli interventi di Patrick Cockburn, corrispondente dal Medio Oriente dal 1979 per il Financial Times e ora per l’Independent, autorevole voce londinese, qualcosa sta muovendosi in Gran Bretagna. Per Cockburn l’invasione dell’Iraq del 2003 ha cambiato l’equilibrio globale del potere e destabilizzato l’intero Medio Oriente. Nei giorni inebrianti della caduta di Saddam, gli americani dichiararono che dopo l’Iraq sarebbero caduti l’Iran e la Siria, provocando la mobilitazione iraniana e siriana a sostegno di tutti i nemici dell’America nell’area. Come se non bastasse, sciolsero l’esercito iracheno, che non aveva deciso di morire per Saddam e non aveva combattuto, innescando il conflitto tra sunniti, sciti e curdi. La Siria, in guerra civile da tre anni, è un pantano molto più profondo e pericoloso di quello iracheno, perché la guerra civile siriana ha devastato tutta la regione e non si comprende quale sarà il nuovo assetto del Medio Oriente dopo la fine dell’ordine Sykes-Picot: per ora sembrano trarne vantaggio solo i curdi sparsi tra Iraq, Siria, Turchia e Iran. In Siria hanno vissuto tranquillamente per secoli sciti, sunniti, cristiani e perfino ebrei. L’ISIS (Islamic State of Iraq and Syria) è il risultato della guerra in Iraq e dei tentativi americani e dei loro alleati di far cadere Assad, armando ribelli che adesso decapitano giornalisti americani. Nonostante gli attacchi aerei, sarà difficile fermare ISIS per il corrispondente britannico e anche un’azione della Nato insieme ad Assad è difficile riesca. Per Cockburn non è una guerra di religione, ma di YouTube. Sono i video postati su YouTube da attivisti politici e rilanciati dai media occidentali a caccia di immagini e notizie sensazionali che alimentano l’esercito di ISIS, il cui obiettivo è affermarsi anche in Europa e in Cina. I tanti giovani britannici di origine araba che vanno a combattere per ISIS non sono il risultato del Corano e di iman malefici. Sono il risultato di processi psicologici simili a quelli descritti nel Fondamentalista riluttante di Mohsin Hamid: il giovane pakistano Changez, PhD a Princeton, superpagato analista finanziario di Wall Street, riscopre l’identità pakistana e musulmana nella New York post-9/11 terrorizzata da ogni faccia araba, che lo umilia trattandolo come un terrorista. Changez si sente diverso, è diverso, recupera la sua identità e vola in Pakistan. Nell’isteria della guerra globale al terrorismo possiamo immaginare quali effetti possano avere avuto sui giovani cittadini britannici, francesi, italiani, tedeschi o americani di origini araba i video della prigione di Abu Graib, dei piloti americani che da un elicottero Apache sparano su civili iracheni nelle strade di Baghdad o dei soldati americani che urinano su talebani morti in Afghanistan, senza contare le campagne di droni che uccidono civili come se fossero animali. Come sostiene Giovanni Sartori, la Gran Bretagna non è diventata multietnica e multiculturale per buonismo, ma per rifare l’impero. Un’idea antica: l’impero ottomano aveva i giannizzeri: rapiva bambini cristiani nei Balcani, soprattutto in Albania, li cresceva ed educava come ottomani e poi li mandava a uccidere nelle terre d’origine. I giovani britannici ed europei di origine araba che vanno a combattere per ISIS, come nel 2003 partivano per combattere in Iraq, non vogliono essere i giannizzeri dell’impero americano. ISIS non è una solo una sfida militare, ma, come sostiene Ernesto Galli della Loggia (Il Corriere della Sera, 7 settembre 2014), anche una sfida al multiculturalismo e ai valori americani, considerati astrattamente universali e da imporre in ogni caso a tutto il globo. È la sfida all’impero globale americano, ai suoi valori e miti, che noi europei accettiamo passivamente, trasformandoli subito in leggi sacre. Il video del giornalista americano Foley, sgozzato da un britannico di origine araba e i numerosi cittadini europei di origine araba (non solo britannici, ma anche francesi, italiani, tedeschi e americani) combattenti nelle file ISIS mostra il volto del multiculturalismo in Europa. I tanti video di giovani cittadini europei che invitano alla jihad fratelli e amici in Europa, rivelano il fallimento del multiculturalismo.

Inutile dare la colpa a Obama, accusandolo di non avere strategia: Obama si è comportato come ogni presidente americano, si è trovato ad affrontare il ritiro dall’Iraq e dall’Afghanistan e i problemi delle amministrazioni precedenti. Ha usato droni invece di aerei, ha bombardato dovunque in Afghanistan, Medio Oriente e Africa, ha ideato le arab springs o le twitter revolutions per scardinare l’assetto Sykes-Picot in Medio Oriente, ha attaccato la Siria armando ribelli islamici, ha distrutto la Libia e ora scarica droni in Somalia e Nigeria su terroristi islamici: ha prodotto il caos. Adesso c’è anche la Russia nel mirino americano. Pepe Escobar, l’autore di Globalistan: how the globalized world is dissolving into liquid war (2007), scrive spesso che gli Stati Uniti sono l’impero del caos. Nel caos, però, può esserci una strategia, una strategia pericolosa per l’Europa, perché gli Stati Uniti possono sempre ritirarsi protetti da due oceani, mentre l’Europa non può certo cambiare posizione geografica. L’Europa deve smettere di fare la bella addormentata in attesa del principe azzurro: può solo salvarsi, come ha fatto tante volte nella sua storia secolare, ritornando al realismo politico, perché la storia – sbagliava Fukuyama – non è finita.


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samedi, 13 septembre 2014

L’Europe et la Russie

L’Europe et la Russie

par Peter Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

UE-Russie_Ar_01.jpgJ’ai volontairement repris, dans le titre, la façon de s’exprimer de la plupart des journalistes et des dirigeants de l’UE et de l’OTAN, lesquels décrivent le conflit actuel comme opposant d’un côté « Kiev et les Européens » et de l’autre « Moscou ». Or rien n’est plus absurde ; la Russie fait partie de l’Europe et le conflit n’est qu’un conflit interne à l’Europe. En réalité, c’est un peu plus que cela, mais pas dans le sens que l’on croit, comme on le verra.

Revenons d’abord très brièvement sur l’enclenchement du conflit et sur les vraies responsabilités, pour lesquels quelques commentateurs, minoritaires hélas, ont apporté malgré tout une vision éclairée. Tout a commencé quand l’UE a fait miroiter à l’Ukraine une certaine forme d’association sans englober la Russie dans sa démarche. Je passe sur la propagande et sur l’organisation de l’agitation, sur le non-respect des accords négociés à Kiev. Je passe aussi sur le rôle des USA et sur leur doctrine Brzezinski. C’est l’UE qui a commis la faute originelle et qui n’a rien fait pour corriger son erreur en maintenant toujours la Russie à l’écart. C’est elle et elle seule qui porte la responsabilité des morts d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les USA, qui sont libres de leurs choix, les dirigeants européens n’ayant pas mission d’appliquer la stratégie d’un état qui n’est pas européen. Ce n’est pas l’Ukraine, qui est en décomposition. Ce n’est pas non plus la Russie.

La Russie pouvait-elle faire autre chose que réagir ? Chaque fois qu’elle s’est montrée conciliante, elle a été écrasée, humiliée. L’OTAN avait promis de ne pas s’étendre aux anciennes républiques soviétiques en échange de la réunification allemande ; la Russie n’a pas réagi quand cela s’est fait et maintenant l’OTAN envisage de s’étendre à l’Ukraine. Poutine a bien compris le message. Il a réagi en Géorgie et a fini par s’y faire respecter, même s’il est dommage que cela ait abouti à une situation bancale, avec des états non reconnus. Il a réagi de façon remarquable en reprenant une Crimée qui est russe et dont le rattachement à l’Ukraine par Khrouchtchev était justifié par la continuité géographique. Il devait réagir au Donbass. Là, on ne sait pas comment cela se terminera, mais il est peu probable que l’issue soit satisfaisante.

Que faut-il faire du côté de l’UE ? Il ne s’agit pas non plus de laisser entendre à la Russie qu’elle peut se permettre n’importe quoi : certains nostalgiques de l’URSS voudraient l’invasion de l’Ukraine. Mais il y a des dirigeants sérieux à Moscou alors qu’il n’y a que des pantins à Kiev. Il faut donc négocier comme Nicolas Sarkozy l’a fait pour la Géorgie, en reconnaissant à la Russie une part de bon droit et en indiquant ce qu’on exigeait d’elle par ailleurs. En Ukraine, il faudrait exiger de la Russie le respect de l’Ukraine et exiger d’elle de ne plus intervenir au Donbass dès lors que l’Ukraine aurait conféré un statut d’autonomie à cette province. En même temps, il faudrait faire comprendre aux dirigeants de Kiev qu’ils ne peuvent espérer aucun soutien s’ils n’acceptent pas cette autonomie. Partant de là, la Russie prendrait à sa charge le redressement économique de l’Est et l’UE celui du reste de l’Ukraine, dans le cadre d’une formule d’association UE-Ukraine-Russie.

Maintenant, si l’on replace le conflit dans une perspective européiste plus ambitieuse, en pensant à la future république à instaurer sur notre continent, le conflit prend une tout autre dimension. Bien sûr, on doit regretter cette guerre interne à l’Europe, qui fait des victimes dont on aurait pu se passer et qui va installer un fossé entre des Européens frères. Pourtant, étant donnée l’attitude des dirigeants de l’UE qui sont à la solde d’une puissance alliée mais étrangère, il fallait qu’elle ait lieu. Quelles que soient les réticences que l’on puisse avoir à propos des dirigeants russes, il faut reconnaître que la Russie d’aujourd’hui est le principal point d’ancrage de l’européanité sur le continent. Ainsi le conflit est-il une guerre entre l’Europe, représentée par la Russie, d’une part, et les mauvais démons de cette Europe, représentés par l’UE d’autre part. Il est donc essentiel que la Russie ne se couche pas dans cette affaire. C’est la survie d’une Europe européenne qui est en jeu.

En attendant, comment faire confiance aux dirigeants des USA et à ceux de l’UE en matière géopolitique ? Les Américains n’ont pas compris que cela fait deux décennies qu’ils ont tout faux quant à leurs alliances. Le 11 septembre ne leur a-t-il pas suffi ? L’exécution ignoble de leurs deux otages par les islamistes d’Irak et de Syrie ne leur a-t-elle pas ouvert les yeux ? Quant aux membres de l’UE, l’exemple de la Libye ne leur dit-il rien ? Ont-ils vraiment pris conscience de ce qui va se passer quand leurs milliers de djihadistes reviendront de Syrie ? Il est vrai que les pays de l’Est de l’UE sentent moins les dangers venant du Sud. Mais comment un dirigeant polonais, par exemple, lequel a nécessairement visité Paris à plusieurs reprises, peut-il se montrer aveugle ?

Peter EISNER (PSUNE/LBTF)

vendredi, 12 septembre 2014

Les mensonges sur l'indice de fécondité russe

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Les mensonges sur l'indice de fécondité russe

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On aurait pu espérer que la respectable New York Review of Books puisse être une source fiable, sur quelque sujet que ce soit. Ce n'est pas le cas cependant concernant la démographie, et plus précisément la démographie en Russie.

L'article cité ci-dessous 1), en date du 2 septembre 2014 dresse un tableau épouvantable des difficultés qu'a subies la population russe de 1992 à 2009 . Les personnes de sexe masculin y seraient frappées par une véritable épidémie de décès,  provenant de toutes les causes imaginables, y compris le suicide. Quant au taux de natalité (birth rate) il s'est effondré. L'article ne fait aucune allusion à un redressement sensible de la situation depuis l'arrivée au gouvernement de Vladimir Poutine, en conséquence des mesures adoptées en faveur de la relance économique, comme de la reprise des naissances. Pourtant, tous les démographes en conviennent, à l'ouest comme à l'est. Si la démographie s'était effondrée, à la suite de la perestroïka et de la libéralisation-américanisation systématique du pays s'en étant suivi, le mouvement s'est durablement inversé depuis quelques années.

Un article que vient de publier le magazine américain Forbes 2), spécialisé dans le conseil financier, écrit tout le contraire. Le taux de natalité, s'est redressé rapidement dans les dernières années, et se rapproche de celui des Etats-Unis .  Indéniablement la politique de réveil de la fierté nationale conduite par Vladimir Poutine joue un grand rôle dans ce phénomène salvateur. On notera qu'en Europe, et particulièrement en Allemagne, si fière de ses bons résultats, la population ne cesse de diminuer. Cette baisse n'est même pas compensée par le fort appel à l'immigration est-européenne et turque. Seule la France fait exception. Ses bons résultats se rencontrent dans toutes les catégories de la population et pas seulement dans les familles issues de l'immigration. La raison en échappe aux démographes.

Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons que nous étonner, voire nous indigner, du Putin-bashing qui s'est emparé de certains milieux culturels et économiques américains, y compris dans des instances apparemment apolitiques telles que la NYR. Seul Forbes conserve un minimum d'esprit scientifique. Qu'il en soit félicité.
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On nous écrit!: even more interesting is that the TFR will rise again this year. I do work in Rosstat and I can tell you this for sure. We've got complete info of births and deaths for 6 months and partial (around of 40-50%% of population) for July. Russia have 2% increase of births this year. As Russia progressively have less women of reproductive age with each coming year, this marginal increase will be translated in TFR value of 1.76. I can bet that in 2014 Russian TFR will be no any means lower than 1.75. Just check it again in March 2015, when such stats will be available. However, there's some info about fake statistics due to maternal capital (which is around $13k now) gerrymander, but anyway it couldn't lower the TFR value by more than 2-2.5%%. Moreover, average age of 1st births and all births continue to increase at least till 2013, which means that actual (cohort) fertility is even higher (see Bongaarts-Feeney method for calculation age- and parity- adjusted TFR).

Notes

  1. The NYR of Books http://www.nybooks.com/blogs/nyrblog/2014/sep/02/dying-russians/?insrc=hpbl

  1. Forbes http://www.forbes.com/sites/markadomanis/2014/08/18/russias-total-fertility-rate-is-rapidly-converging-with-americas/

Remerciements à Einar S. et à l'éditeur de ryskaposten.se/

Roland Dumas : "La France, chien d’avant-garde de l’OTAN"

 

Roland Dumas : "La France, chien d’avant-garde de l’OTAN"

Auteur : Emilie Denètre

Les 4 et 5 septembre, les membres de l’OTAN se sont réunis à Newport, au Royaume-Uni. Au menu des discussions : l’Ukraine. Alors que le pays en appelle à l’Alliance et envisage de relancer son processus d’adhésion, l’OTAN devra trancher sur l’envoi ou non d’une aide matérielle à Kiev. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas, nous livre son inquiétude sur la dérive de l’OTAN et sur ses conséquences sur la diplomatie française.

Humanité Dimanche. Est-ce que l’OTAN a encore une raison d’être ?


Roland Dumas. Elle peut en avoir une, pour ceux qui la gèrent ! Historiquement, l’Alliance atlantique était une alliance militaire qui avait une compétence géographique très limitée, l’Atlantique Nord, et qui avait un objectif : finir la guerre contre l’Allemagne. Donc, si l’on regarde l’ensemble de ces éléments, on se rend compte qu’elle n’a plus aujourd’hui de raison d’être. On avait décidé, alors que j’étais aux Affaires, du démantèlement des pactes. On ferait disparaître les deux alliances : l’Alliance atlantique et le pacte de Varsovie. Le pacte de Varsovie a bien été dissous mais l’OTAN, non... elle s’est même élargie (avec la Pologne et les États baltes) et renforcée. Il suffit d’écouter M. Rasmussen, son secrétaire général, pour se rendre compte que l’OTAN est devenue un instrument guerrier.

HD. Justement, l’Ukraine appelle l’OTAN à l’aide et envisage d’intégrer l’Alliance...


R. D. L’OTAN intervient à tout propos. En quoi son secrétaire général peut prendre la parole pour dire comme il l’a fait : « Je somme les Russes de ne plus envoyer d’armements aux russophones d’Ukraine ! » Au nom de quoi cette Alliance, qui était faite pour finir la guerre contre l’Allemagne avec une compétence sur l’Atlantique Nord, peut se mêler de choses aussi importantes que l’Ukraine ? Lorsque nous discutions du désarmement (lors de la chute de l’URSS – NDLR), mon homologue russe insistait pour que l’OTAN ne dispose pas d’armements dans les pays qui avaient fait partie du pacte de Varsovie, c’est-à-dire à proximité de sa frontière. C’était l’essence même de la paix. Tout le monde était d’accord. Eh bien, les Américains n’en ont pas tenu compte. Ils ont acheminé des armes dans les pays Baltes et en Pologne. D’où la controverse lorsque Poutine arrive au pouvoir. Il dit : « Vous n’avez pas tenu votre parole. » On n’a vraiment aucun intérêt à agiter le chiffon rouge devant le nez des Russes pour les effrayer ou pour les faire caler. En réalité, en quoi la Russie nous menace-t-elle ? Ce n’est pas une façon de traiter une grande puissance, qui a eu, au même titre que les Américains, sa part dans la victoire de 1945. La situation est devenue explosive et elle va l’être de plus en plus. Il existait un équilibre du monde et c’est cet équilibre qui est rompu.

« SORTIR DE L’OTAN ? IL FAUDRAIT UNE AUTORITÉ MONDIALE INCONTESTABLE. CE N’EST PAS POUR DEMAIN, CAR AUJOURD’HUI, CE SONT DES NAINS. »

HD. Quelles ont été les conséquences, pour la France, de la réintégration du commandement intégré de l’OTAN ?


R. D. Chirac voulait déjà réintégrer le commandement mais avec des compensations. Les Américains lui ont ri au nez. Les choses sont restées en l’état. Puis Sarkozy lui a emboîté le pas, mais cette fois-ci sans demander la moindre compensation ! Quant à Hollande, il n’a pas remis en cause cette décision, et ce à mon grand désespoir. Il l’a dit quasiment au lendemain de son élection... c’était assez caractéristique. Je pensais qu’il n’aurait pas, au moins dans ce domaine, un réflexe de suivisme. Aujourd’hui, la voix de la France est totalement occultée. Nous suivons la diplomatie américaine tout en essayant de donner l’illusion que nous existons sur la scène internationale. Alors nous aboyons plus fort que les autres. La France est devenue le chien d’avant-garde de l’Alliance, au risque d’apparaître comme une nation « va-t-enguerre ». Nous avons complètement tourné le dos à la position « traditionnelle », adoptée dès l’aprèsguerre. À chaque fois que j’allais à l’OTAN, le président Mitterrand me disait : « Surtout Dumas, souvenezvous, nous ne sommes pas dans le commandement intégré. » Comprendre : n’obéissez pas à toutes les décisions qui seront prises ! Avant, la voix de la France comptait et elle était souvent écoutée.

HD. Peut-on encore sortir de l’OTAN ?

R. D. On peut, mais c’est une décision si importante qu’il faudrait le prestige de De Gaulle pour faire cela. Il faudrait quelqu’un avec une autorité mondiale incontestable et des circonstances qui feraient que tout le monde comprendrait cette décision. Ce n’est donc pas pour demain car aujourd’hui, ce sont des « nains ».


- Source : Emilie Denètre

Les taux négatifs, le nouveau tour du magicien Draghi

 

Les taux négatifs, le nouveau tour du magicien Draghi au service du système monétaire américain

La décision du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le 4 septembre dernier, de faire passer l’Europe en taux négatifs [1], risque d’avoir des conséquences bien plus importantes que ce qui est perçu actuellement. Et cela pour une raison très simple : sans le vouloir, il a sans doute signé la fin de l’ère du capitalisme financier, au sens strict du terme, car la rémunération du système financier tourne désormais à l’escroquerie la plus évidente, au détriment des contribuables de tous les États européens.

Le capitalisme financier ne se justifie que par la rentabilité de ce capital. Les monnaies alternatives ou locales, qui se sont érigées dans des pays comme la Suisse (système Wir ou autres monnaies locales [2]), ont en général cette particularité, qu’elles perdent de leur valeur avec le temps ou qu’elles ne sont pas rémunérées. Du coup, les gens ont tendance à ne pas les conserver et à les faire circuler rapidement (théorie de la vitesse de circulation de la monnaie). Grâce à cela, la monnaie en question retrouve sa qualité de moyen d’échange et elle n’est plus une fin en soi. La thésaurisation devient alors contre-productive : les excès de monnaie se réinvestissent donc spontanément dans l’économie réelle, dans la production de biens et services.

La décision de Mario Draghi a surtout pour but de soutenir le dollar

En apparence le dollar se porte bien, car il monte par rapport à l’euro. Mais on oublié que cela ne se fait que grâce aux interventions des banques, selon un mécanisme classique de soutien. En effet, en accroissant le différentiel de taux d’intérêt entre le dollar et l’euro, la rémunération d’un placement en dollars devient plus attrayante pour les capitaux qui circulent que ne l’est la rémunération des placements en euros. J’ai toujours pensé que, vu sa construction imbécile, fragilisante et destructrice pour les pays de la zone, Allemagne exceptée, l’euro n’était que la variable d’ajustement de la politique monétaire américaine, et c’est particulièrement vrai depuis le début de l’été 2014, alors que le dollar perd de sa puissance au niveau planétaire, comme nous l’expliquons plus loin dans le présent article. En somme, si Mario Draghi a pris cette décision, ce n’est certainement pas pour mettre fin à un capitalisme financier débridé et criminel…

Le système monétaire américain fonctionne en circuit fermé

En ce sens, Mario Draghi, une fois de plus, en bon soldat de Goldman Sachs (dont il a été Vice-président pour l’Europe entre 2002 et 2005), ne fait rien d’autre que d’exécuter les consignes données par les banques américaines, qui se trouvent être les actionnaires de la Réserve fédérale des États-Unis (FED) [3]. En rendant peu attractifs les placements financiers en Europe, il espère sans doute que les capitaux vont se diriger d’urgence vers le territoire nord-américain, attirés par ces différentiels de taux, faisant ainsi revenir vers les banques américaines des liquidités qui leur manquent cruellement. Cela devrait ainsi permettre à ces banques américaines de continuer à acheter les émissions obligataires du Trésor Américain, lesquelles ne trouvent plus preneur sur les marchés étrangers. Le système américain fonctionne désormais totalement en circuit fermé.

La politique de la France se fait maintenant à la corbeille

Pour un pays, il y a trois moyens d’asseoir sa puissance : son armée, son économie et sa monnaie. Le pouvoir d’un État sur son territoire (le pouvoir régalien) lui permet en principe de faire en sorte que le politique ne soit pas soumis à la finance, mais que la finance reste un soutien à l’économie, en suivant les stratégies décidées par le politique. C’est le fameux « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » de Charles de Gaulle.

La Russie et la Chine ont parfaitement compris tout cela. Elles n’ont pas fait la même folie que les pays européens de céder leur pouvoir régalien à des banques privées, dans un processus initié par la France en 1973, via la loi Pompidou-Rotschild [4]. Cette loi a ensuite a été reprise dans l’article 123 du Traité de Lisbonne, qui a rendu les États européens dépendants du système bancaire européen, la Banque centrale européenne (BCE) n’ayant pas le droit de leur acheter directement leur dette (ce que l’on appelle la monétisation directe).

Si la BCE n’était pas ce qu’elle est, grâce aux taux négatifs, l’État pourrait rembourser moins que ce qu’il a emprunté !

Avouez qu’aujourd’hui, si la BCE pouvait acheter directement les obligations émises par l’État français à taux négatif, la dette de la France serait très vite résorbée et les économies recherchées par le gouvernement immédiatement trouvées, puisque le budget des intérêts financiers dus aux détenteurs de sa dette, donc versés par l’État français, représente son premier poste budgétaire de dépenses ; l’État pourrait même rembourser MOINS que ce qu’il a emprunté !

Les BRICS prennent le large et le dollar perd de sa superbe

Le 17 Juillet dernier, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont décidé de monter un système financier parallèle au système occidental actuel : le Système de protection des réserves monétaires (Contingent Reserve Arrangement alias CRA) [5], avec une banque devant se substituer au Fonds monétaire international (FMI), de manière à se protéger des variations monétaires déstabilisantes et de l’hégémonie du dollar. La Chine a déjà monté une banque d’investissement de ce type [6]. Le Fond monétaire Africain vient de se créer [7]. La Russie est en train d’annoncer la création d’un système de paiement indépendant du système « occidental », se libérant ainsi de l’influence du réseau Swift. Rappelons que le réseau Swift a été utilisé par les Américains à plusieurs reprises comme une arme géopolitique pour exclure des pays (l’Iran, le Vatican…), leur rendant ainsi très difficile toute transaction internationale. Ces différents pays ont également annoncé leur intention de cesser leurs transactions en dollars [8].

Dans ce contexte monétaire explosif, le dollar perd de sa superbe, et risque d’en perdre encore plus sil perd le statut essentiel de référent pour les transactions internationales. En effet, la cotation des matières premières en dollars oblige les pays ayant besoin de ces ressources, énergétiques en particulier, à détenir des réserves en dollars en abondance.

La guerre, partout et toujours, pour résoudre les problèmes monétaires

Les Américains ont toujours résolu leurs problèmes monétaires par des guerres exportées en dehors de leur territoire. Là, ils se trouvent confrontés à une double problématique : la fin du statut du dollar comme monnaie étalon et la fin du contrôle de la production énergétique, avec en particulier les cotations du gaz et du pétrole en dollar. Sous ce prisme, on comprend mieux ce qui se passe en Ukraine ou au Proche-Orient. Le contrôle par les États-Unis des productions de ces pays garantit qu’elles vont continuer à être cotées en dollars. L’Amérique évite ainsi le scénario catastrophe que nous venons de décrire, où les réserves en dollars des pays qui n’en auront plus besoin disparaîtraient. Israël et le gouvernement de Kiev jouent ainsi le même rôle de protection des intérêts américains, le premier dans la riche zone du Proche-Orient, le second par son rôle prépondérant de vecteur de transmission de ces énergies (via les gazoducs), ainsi que par la richesse de ses sous-sols.

Grâce à cette politique monétaire en circuit fermé, les banques américaines s’enrichissent sur le dos du contribuable

Comme nous l’avons expliqué plus haut, le gros problème actuel des Américains est qu’ils fonctionnent totalement en circuit fermé, les USA n’arrivant plus à placer leurs émissions obligataires sur les marchés étrangers. Dans ce contexte, la FED crée de la monnaie pour les banques privées (qui sont de plus ses propres actionnaires), ces dernières prêtant ces créations avec marge… à l’État américain.

Cela n’a de sens que s’il y a un risque pour les banques, la justification du taux d’intérêt étant la rémunération du risque. Dans la mesure où ce risque n’existe plus, puisque l’État lui-même contre-garantit les banques prêteuses, ce taux devient donc un enrichissement sans cause, une spoliation totale du contribuable américain. Cette notion d’enrichissement sans cause devrait d’ailleurs être développée et discutée ouvertement, car elle fait référence à des notions philosophiques et religieuses. Ces notions sont à mon avis plus éclairantes que les idéologies économiques du XIXe siècle pour analyser notre société actuelle et son régime de dette. Mais ce n’est pas l’objet de ce billet.

Redonner le pouvoir régalien au peuple et autoriser la puissance publique à créer de la monnaie

Concernant les taux, la même démarche s’applique totalement à l’Europe, si ce n’est que les banques européennes ne sont pas actionnaires de la BCE. Aujourd’hui, à l’heure où la BCE a décidé que les taux négatifs sont la solution pour les pays européens, il apparaitrait logique et cohérent que s’ensuive la monétisation directe de la BCE aux États, leur permettant ainsi, grâce à ces taux négatifs, de faire baisser leur dette, et ainsi de réaliser des économies budgétaires extrêmement importantes.

Un tel scénario supposerait que le pouvoir régalien autorise la puissance publique à créer de la monnaie, donc implicitement que le pouvoir régalien soit rendu au peuple, pour qu’à nouveau, le politique puisse reprendre la main sur le financier et non être soumis à une caste d’intérêts privés, qui n’ont que faire de l’intérêt général, et qui n’agissent qu’en fonction des désidérata de leurs actionnaires. En effet, dans le contexte actuel, quand un État émet des obligations, dont la vente sera assortie d’intérêts financiers, celui qui achète ces obligations s’enrichit sans justification : il obtient de l’argent à taux négatif et il spolie de façon inique la population de cet État, elle qui aura à en payer le prix !

Le dernier tour de passe-passe du magicien Draghi avec ses taux négatifs doit IMPÉRATIVEMENT OBLIGER les hommes et femmes politiques européens à choisir leur camp. Accepteront-ils que cette mesure profite uniquement aux intérêts financiers et au système monétaire européen, comme tous les tours de baguette magique précédents ? Ou bien exigeront-ils que cette nouvelle baisse des taux soit pour une fois utile aux peuples européens eux-mêmes, en faisant baisser la dette des États ? Afin que la dernière formule en date de notre président « Aller plus loin, plus vite et plus fort dans le redressement du pays : telle est notre ambition, tel est notre défi. Notre pays, notre économie, notre société, ont plus que jamais besoin de la mobilisation de tous ! » ne soit pas qu’un slogan politique de plus.

C&F

Notes

[1] La décision de la Banque centrale européenne (BCE) consiste à baisser le principal taux directeur à 0,05 %, et le taux de facilité des dépôts de -0,10 % à -0,20 % (lemonde.fr, 04-09-2014)

[2] La Banque Wir est une institution bancaire suisse qui émet sa propre monnaie pour faciliter les échanges économiques entre ses membres. Son siège est à Bâle. WIR est l’abréviation du mot allemand Wirtschaft, qui signifie « économie », wir signifiant également « nous » en allemand. (wikipedia, français)

[3] La Fed : un mythe de l’indépendance de la politique monétaire et de sa dépendance politique. (wikipedia, français)

[4] Le pouvoir régalien est celui de battre monnaie, c’est-à-dire la faculté d’un État de créer la monnaie nécessaire à ses opérations, si son budget est en déséquilibre . C’est ce que de Gaulle faisait avec ses dévaluations compétitives, en utilisant simultanément ce pouvoir régalien donné par les lignes d’escompte gratuit de la Banque de France au Trésor, et la capacité d’emprunt de l’État sur des investissements long termes (emprunt Pinay). C’est cette faculté d’escompte gratuit de la Banque de France au Trésor qui a été supprimée avec la loi Pompidou-Rotschild en 1973 . L’argument principal de Giscard d’Estaing était que la faiblesse des politiques et leur démagogie les auraient incités naturellement à créer « trop de monnaie » pour répondre aux demandes . Ce fonctionnement est celui de la FED depuis 1913 . Le Traité de Lisbonne a repris ce mode de fonctionnement, et il interdit à la BCE de monétiser directement pour le compte des États . Elle ne prête donc qu’aux Banques. Mais, en supprimant cette faculté, ce transfert a relégué le statut d’État à celui d’un ménage qui se doit d’avoir des comptes en équilibre, en lui ôtant ce pouvoir régalien qui lui était propre, et en soumettant le politique aux décisions des financiers . C’est le début de la destruction de la notion d’État-nation.

[5] Contigent Reserve Arrangement, présenté par le Trésor national d’Afrique du sud, que nous avons traduit par Système de protection des réserves monétaires (anglais)

[6] La Chine veut créer à tout prix une institution rivale de la Banque mondiale (agenceecofin.com, français, 27-06-2014)

[7] L’oeuvre de Kadhafi continue, le Fonds monétaire africain est né ! (reseauinternational.net, français, 05-07-2014)

[8] La Russie et la Chine abandonnent officiellement le dollar comme monnaie d’échange (reseauinternational.net, français, 05-09-2014)

Pour approfondir sur le thème de la création monétaire et du pouvoir des banques privées

Vers la fin du leadership américain...

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VERS LA FIN DU LEADERSHIP AMÉRICAIN…

L’Europe se trompe de voie

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Avec le conflit ukrainien, la position des Occidentaux, les sanctions contre la Russie, l'aventure libyenne et syrienne et l'Irak, la communauté internationale encaisse les coups mais n'en pense pas moins, y compris en Amérique latine, pourtant chasse gardée des Etats-Unis. En fait, Washington n'en fait-il pas trop, ouvrant des conflits partout dans le monde alors qu'intérieurement, économiquement et moralement le pays est en déclin ? 

Des dissidents comme Snowden ou Peter Kœnig notamment, économiste et ancien membre de la Banque Mondiale ont déjà lancé des alertes sur le caractère désormais criminel des gouvernants américains et de l'état profond qui les gouverne. Le raidissement de Washington, sa course jusqu'au boutiste au sauve-qui-peut hégémonique risque en tout cas de fortement bouleverser avant 2050 la face du monde et les grands équilibres posés depuis 1945.
 
L'Europe par ignorance a choisi la servilité et, du coup, elle sombrera avec l'Empire alors que sa vocation naturelle aurait été de s'arrimer à la Russie. La Russie tourne donc le dos à l'Ouest et se rapproche assidument mais fermement de la Chine pour pouvoir quitter le système hégémonique mondial piloté par le dollar au profit d’échanges qui seraient faits en monnaie locale. Ainsi, les échanges commerciaux avec les partenaires des deux titans ne seront bientôt plus influencés par le “pétrodollar”, par le billet vert. Parallèlement, la Chine souhaite redonner toute sa puissance au commerce vers l’Europe, l’Allemagne notamment, en réinventant la route de la soie qui traverse largement la Russie. Si l’on ajoute à cela le fait que la Chine est l’un des principaux propriétaires de la dette américaine… Il n’y a que peu de doute à avoir quant à l’issue du conflit mondialiste qui tait son nom et dont l’Occident répugne à dévoiler aux citoyens la portée.
 
Si l’émergence du tandem chino-russe devait s'avérer exact, la plupart des Etats européens dont la France devraient urgemment se poser la question de leur adhésion à ce nouveau modèle, le trio formant un vortex économique d’une telle puissance qu’il est peu probable que les mécanismes économiques actuels y résistent, le dollar n'étant plus qu'une monnaie de singe. Les déclarations officielles du gouvernement russe indiquent que le président et ministre des Affaires étrangères continuent de compter sur la bonne volonté de "nos partenaires occidentaux" pour trouver une solution diplomatique raisonnable en Ukraine mais comme le souligne l'analyste Paul Craig Roberts, il n'y a aucune preuve de cette bonne volonté dans les capitales occidentales. Le président Hollande suit, par exemple, au plus près les ordres de Washington jusqu'à refuser de livrer un navire qu'il doit à la Russie sous contrat. Hollande justifie ses courbettes à Washington par un mensonge: « les actions récentes de la Russie à l'est de l'Ukraine sont contraires aux principes fondamentaux de la sécurité européenne. » Alors qu'au contraire, ce sont les actions stupides de Hollande, Merkel, Cameron qui mettent en danger la sécurité européenne en permettant à Washington de s'avancer vers la guerre avec la Russie.

Comme le rapporte le professeur Michel Chossudovsky sur Global Research, des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont déclaré qu' « ils n'ont pas enregistré de troupes, de munitions ou d'armes traversant la frontière russo-ukrainienne au cours des deux dernières semaines ». Un rapport détaillé de la mission d'observation de l'OSCE en poste à la frontière entre la Russie et l'Ukraine indique que les rapports de l'OTAN, y compris ses photos satellites sont fondés sur de fausses preuves, relevant que les mouvements à la frontière sont ceux de réfugiés.

En coupant le financement de la Russie par le code SWIFT, Moscou sera contrainte économiquement de se tourner vers la Chine mais n'était-ce pas justement cela le cauchemar de Washington ? Pris dans l'engrenage de l'effet boomerang, il ne restera plus alors effectivement aux Etats-Unis que de marcher vers Moscou, de changer le régime moscovite mais le Dieu Hiver approche, les robinets de gaz peuvent se fermer. Toute l'escalade de la situation ukrainienne est causée par l'irrationalité des Etats-Unis au bord du gouffre financier et par la servilité européenne. Nonobstant, en quittant les pétrodollars, en créant leur propre banque d'investissement, la Russie et la Chine ouvrent au monde la voie d'un pacifisme rénové sur une autre construction du monde : une construction multipolaire.
 
Contrairement à ce que l'on affirme, l'économie américaine ne s'est jamais remise de la récession de 2008 et elle n'a pas cessé de se détériorer. La grande majorité de la population américaine a perdu son pouvoir d'achat. Il suffit de voir le comportement des croisiéristes américains aux Caraïbes ou en Polynésie. Depuis des années, la classe moyenne américaine n'a cessé de voir baisser ses revenus depuis des années. Les coups des Etats-Unis en Ukraine, en Irak sont comme les derniers coups du téméraire. A cette situation économique déplorable de Washington se joint la faiblesse intellectuelle criante de ses élites qui ont abandonné le réalisme politique qui faisait la force de la politique internationale américaine autrefois pour des visions idéologiques et idéalistes, un néo-hégélianisme mâtiné de démocratisme et de millénarisme apocalyptique. Washington a tellement endommagé la confiance des autres pays dans son jugement, l'intégrité du gouvernement américain est maintenant tellement remise cause officiellement ou officieusement par les diplomates mais aussi à l'intérieur même de l'Etat américain que le monde a perdu sa foi dans le leadership américain.

Bluster and Bluff in the Baltic

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Bluster and Bluff in the Baltic

“I say to the people of Estonia and the people of the Baltics, today we are bound by our treaty alliance. … Article 5 is crystal clear: An attack on one is an attack on all. So if … you ever ask again, ‘who’ll come to help,’ you’ll know the answer — the NATO alliance, including the armed forces of the United States of America.”

That was Barack Obama in Tallinn, Estonia, last week, reissuing a U.S. war guarantee to the tiniest of the Baltic republics — which his Cold War predecessors would have regarded as certifiable madness.

From 1945 to 1989, no president would have dreamed of issuing a blank check for war in Eastern Europe. Our red line was in the heart of Germany. It said to Moscow: Cross the Elbe, and we fight.

That red line was made credible by hundreds of thousands of U.S. troops permanently stationed in West Germany.

Yet Truman did not use force to break the Berlin Blockade. Ike did not use force to save the Hungarian rebels. JFK fulminated, and observed, when the Wall went up. When Leonid Brezhnev sent Warsaw Pact armies into Czechoslovakia, LBJ did nothing.

Why did these presidents not act? None believed there was any vital U.S. interest in Eastern Europe worth a war with Russia.

And, truth be told, there was no vital interest there then, and there is no vital interest there now. If we would not risk war with a nuclear-armed Russia over Hungary or Czechoslovakia half a century ago, why would we risk it now over Estonia?

Cold War presidents routinely issued captive nations resolutions, declaring our belief in the right of the peoples behind the Iron Curtain to be free. But no president regarded their liberation worthy of war.

What has changed?

When did the independence of the Baltic republics, miraculous and welcome as it is, become so critical to us that if Russia intrudes into Estonia, we will treat it as an attack on our homeland?

In 1994, George Kennan called the expansion of NATO into the old Soviet bloc “a strategic blunder of potentially epic proportions.”

Yet we not only brought into NATO all the Warsaw Pact nations, George W. Bush brought in the Baltic republics.

To see the folly of what we have done, consider Ukraine, which has been involved in a military and political collision with Russia ever since we colluded in the overthrow of its pro-Russian regime.

As neocons cheered the ouster of the corrupt and incompetent, but democratically elected, Viktor Yanukovych, Vladimir Putin moved to secure and annex Crimea, and pro-Russian separatists sought to break away from Kiev and achieve independence or reunification with Russia.

A question arises: Why do not the pro-Russian separatists of Donetsk and Luhansk have the same right to secede from Ukraine, as Ukraine had to secede from the Soviet Union?

And why is this quarrel any of America’s business? Was it the business of Czar Alexander II when the 11 Southern states seceded from the Union and, then, West Virginia seceded from Virginia?

Under the new government of Petro Poroshenko, Ukraine sent its forces to the southeast to crush the separatists.

They failed. Rising casualties and a separatist drive on the city of Mariupol have apparently persuaded Kiev to seek a ceasefire and peace.

Needless to say, those who celebrated the overthrow of the pro-Russian regime in Kiev are now apoplectic at Kiev’s apparent defeat.

Yet, on Sept. 5, the New York Times wrote, “The Americans have no illusion that Ukraine could ever prevail in a war with Russia.”

That is realism. But if Ukraine’s cause is militarily hopeless, what would be Estonia’s chances in a clash with Moscow? Estonia has three percent of Ukraine’s population and is less than one-tenth its size. If Moscow decided to take Estonia, it could do so in 48 hours.

And should Putin engage in so rash an act, what would NATO do?

Would 28 NATO nations declare war and send troops? Would the United States declare war on Russia and conduct air strikes on Russian forces inside and outside Estonia?

Would we send aircraft carriers into the Baltic Sea? Would we start a war with Russia that could lead to early use of tactical atomic weapons, devastating Estonia and causing massive deaths?

How would NATO save Estonia without destroying Estonia?

To eliminate second thoughts about our war guarantee to Estonia, some in Washington are calling for permanent U.S. bases and the stationing of U.S. troops in the Baltic states, so that any Russian incursion would lead to U.S. causalities and a definite clash with Russia.

Presumably this threat would deter Russia in perpetuity.

But if it doesn’t deter Putin, or if a future Russian ruler regards it as a bluff and chastises Estonia, what do we do then? Put the B-2s on alert and go to DEFCON-2, as we did in the Cuban missile crisis?