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mardi, 07 février 2012

Manipulation du Conseil de sécurité de l’ONU au profit des USA : les cas irakien, libyen et syrien

Manipulation du Conseil de sécurité de l’ONU au profit des USA : les cas irakien, libyen et syrien

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

Les décisions du Conseil de Sécurité des Nations Unies sont décrites comme « la volonté de la communauté internationale », et son appui à un programme national confère à ledit programme une autorité morale. Pour cette raison, il est crucial de comprendre les tactiques par lesquelles l’indépendance du Conseil de sécurité de l’ONU est souvent usurpée, et les méthodes de coercition, d’intimidation et de corruption utilisées pour extorquer l’approbation des membres réticents du Conseil de sécurité, ou de ceux des membres farouchement opposés à une action en particulier.

 

Il y a vingt-deux ans, à la suite de l’adoption du Conseil de sécurité des Nations Unies de la Résolution 678, qui a autorisé l’utilisation de « tous les moyens nécessaires » pour mettre fin à l’invasion irakienne du Koweït, et “approuvé” le lancement de la première guerre du Golfe Persique soutenue par les Nations Unies, l’ancien procureur général des États-Unis, Ramsey Clark, qui avait été témoin des conséquences dévastatrices de la guerre de bombardements massifs de Bagdad, a déclaré que « Les Nations Unies, qui ont été créées ‘afin de prévenir le fléau de la guerre’, sont devenues un instrument de guerre. »

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le Conseil de sécurité s’est trouvé en danger de devenir un instrument pour porter des coups politiques, utilisé dans le but de « légitimer » les aventures néo-impériale, et la réaffirmation de la domination occidentale sur d’anciens territoires coloniaux en Afrique, en Asie, et au Moyen-Orient. Depuis 1991, le Conseil de sécurité des Nations Unies a souvent été décrit comme “un bras du Pentagone”, ou “une annexe du département d’Etat américain.”

En 1990, seuls deux pays au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies s’opposent au passage de la Résolution 678, et quand le Yémen exprime son vote, l’ambassadeur américain menace effrontément : « Ce sera le vote le plus cher que vous ayez déjà exprimé », et le Etats-Unis coupent immédiatement l’aide de 70 millions de dollars au Yémen.

Plusieurs mois avant le vote, le 25 septembre 1990, M. Abou Hassan, ministre des Affaires étrangères de la Malaisie a déclaré devant le Conseil de sécurité :
« Nous ne pouvons pas ne pas nous sentir perturbés par cette course effrénée, par le remplacement d’une résolution par une autre dans les sept semaines. On peut se demander si le temps est donné à chaque résolution pour pouvoir prendre effet.

Allons-nous aussi vite pour rendre les sanctions efficaces, ou nous préparons-nous à une situation où nous devrons conclure que les sanctions ne sont pas efficaces et que d’autres mesures doivent donc être prises ? La Malaisie n’acceptera pas cette dernière solution. Nous n’acceptons pas que la guerre soit inévitable. [...] La Malaisie croit que notre sentiment de malaise est partagé par beaucoup en dehors du Conseil et que le Conseil devrait faire le point sur le chemin qu’il prend.

La Malaisie, par principe, est opposée à la participation des forces armées des grandes puissances dans une région … En tant que membre non-aligné et venant d’une région qui a été victime de batailles et de guerres menées par les armées des grandes puissances, nous craignons les conséquences d’une présence à long terme des forces militaires des grandes puissances. »

Le 25 septembre 1990, le ministre colombien des Affaires étrangères déclarait :
« Nous souhaitons avant tout appeler à la paix et à la réflexion … nous sommes certains que toute confrontation militaire serait une tragédie que nous regretterions le reste de nos vies. » Le jour suivant, l’ambassadeur de Colombie a déclaré : « Nous espérions qu’un projet de résolution en ce sens pourrait être soumis au Conseil avec notre co-parrainage dans les prochains jours. Le lendemain, nous avons soumis un projet de résolution, avec Cuba, la Malaisie et le Yémen, tenant compte des remarques faites par notre ministre des Affaires étrangères la veille. Mais la vérité est aussi que dès le lendemain toutes sortes de pressions ont commencé à être exercées pour nous amener à oublier notre texte … Qui plus est, on nous a donné à comprendre que notre projet n’avait pas eu l’approbation du Secrétaire général. Cela ne s’est pas avéré être le cas … La semaine dernière, afin d’arriver au texte final de ce qui est maintenant la résolution 674, des consultations intensives ont eu lieu qui nous ont laissés heurtés et frustrés et nous demandant de quelle façon fonctionne le Conseil de sécurité. Ma délégation ne porte pas de jugement sur ces procédures. Nous demandons à tout le monde ici de le faire, du fond de son âme, en gardant à l’esprit l’avenir de l’Organisation des Nations Unies et du monde, ce qui compte vraiment. »

Malgré la ferme opposition à l’action militaire exprimée par la Colombie et la Malaisie au cours des mois qui ont précédé le 16 janvier 1991, le secrétaire d’Etat James Baker était déterminé à forcer ces deux membres non permanents du Conseil de sécurité à soutenir la guerre, malgré leur point de vue. Baker a fait une visite éclair pour y arriver, et a dit au président colombien que son ambassadeur “devenait fou de ces initiatives de paix, et devait être arrêté”. Ceci était accompagné par la menace habituelle de couper l’aide. Baker a poursuivi le ministre malaisien des Affaires étrangères à son hôtel à Tokyo, et a réussi à le forcer à inverser sa position et à voter en faveur d’une action militaire contre l’Irak. Encore une fois les mêmes tactiques ont été utilisées, encore une fois avec succès.

Pendant les semaines précédant le 15 janvier 1991, le Président de l’Algérie avait voyagé à travers le Moyen-Orient et discuté avec les dirigeants de Syrie, Egypte, Jordanie, Oman, d’Irak et d’Iran. Il avait également parlé à deux reprises avec le conseiller du roi Fahd d’Arabie saoudite. Des sources diplomatiques haut placées, accréditées auprès de l’Organisation des Nations Unies, ont confirmé que les accords que le président algérien avait obtenu des dirigeants de chaque pays auraient conduit à une résolution pacifique du conflit en conformité avec les exigences de l’ONU. La dernière réunion devait avoir lieu avec le roi Fahd d’Arabie saoudite. Au dernier moment, le roi a refusé de rencontrer le président algérien, et lui a refusé un visa pour entrer en Arabie Saoudite, affirmant qu’ “il avait besoin de plus de temps”. Selon une source diplomatique haut placée, “Washington ne voulait pas de cette rencontre.”

Le 17 Janvier 1991, le président Bush déclarait que son but était la libération du Koweït, et non pas la conquête de l’Irak, affirmant en outre “nous sommes déterminés à assommer le potentiel d’armes nucléaires de Saddam Hussein. Nous allons aussi détruire ses installations d’armes chimiques”. En faisant ceci, les Etats-Unis se plaçaient eux-mêmes en violation d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU (A/C.1/45/L.38) “interdisant les attaques contre les installations nucléaires”. Les tentatives d’appliquer cette résolution ont été contrées par les menaces des Etats-Unis et des autorités égyptiennes pour que ces efforts soient abandonnés.

L’article 22 de la Convention de La Haye déclare expressément illégale l’utilisation de “tous les moyens nécessaires”. La résolution 678 viole également les articles 25 et 27 de la Convention de La Haye, et viole les articles 1, 2a, 2b et l’article III c de la Convention d’interdiction des génocides. L’enquêteur des Nations Unies Martti Ahtisaari a révélé que les bombardements de la coalition avaient causé “des dégâts quasi-apocalyptiques, détruisant les infrastructures économiques nécessaires à la vie humaine en Irak”, avertissant que “le peuple irakien pourrait bientôt faire face à une nouvelle catastrophe imminente, qui pourrait comprendre épidémies et famines, si un soutien massif aux besoins vitaux n’est fourni.”

Le rapport du 15 Juillet de la mission humanitaire des Nations Unies à l’Irak, présenté par Sadruddin Aga Khan, stipule que : « Le lendemain de la guerre du golfe Persique de janvier et février 1991, se présentait à la communauté internationale un spectacle convaincant de souffrance et de dévastation. Les conséquences tragiques du conflit, la perte incalculable de vies et les destructions, ont été aggravés par des déplacements massifs de populations mal préparées, par les catastrophes écologiques d’une ampleur sans précédent, par l’effondrement des structures vitales des sociétés humaines actuelles [...]. Il est évident que pour un grand nombre de gens en Irak, chaque mois qui passe les rapproche du bord de la calamité. Comme d’habitude, ce sont les pauvres, les enfants, les veuves et les personnes âgées, les plus vulnérables parmi la population, qui sont les premiers à souffrir.”

L’échec de l’administration de George W. Bush d’obtenir du Conseil de sécurité des Nations Unies un soutien à “Shock and Awe”, attaque par bombardement de l’Irak en 2003, a sérieusement ébranlé la crédibilité et le moral de l’opération, et a affaibli la popularité de Bush au point où il devint l’objet de ridicule et sa “mission accomplie” raillée ; ce fut une partie du résultat visible et désastreux de cette guerre, et l’exposition des mensonges utilisés pour justifier la guerre est devenu un facteur majeur dans la campagne présidentielle réussie de Barack Obama.

Le 4 octobre 2011, le projet de résolution S/2011/612 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui recherchait l’approbation du Conseil de sécurité pour prendre des mesures punitives contre la Syrie, a été défait par les vetos émis par la Russie et la Chine.

Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ont été outrés de ce que la Résolution 1973, autorisant une zone d’exclusion aérienne en Libye pour la seule fin de protéger les civils, ait été transformée en attaques de la Libye par l’OTAN, et en un soutien flagrant de l’OTAN à l’opposition libyenne, en violation grave du mandat de l’OTAN. En effet, l’ancien président de la Ligue arabe, Amr Moussa a appelé à une réunion d’urgence de la Ligue arabe, et a déclaré : “Ce qui se passe en Libye diffère de l’objectif d’imposer une zone d’exclusion aérienne, et ce que nous voulons est la protection des civils, et non le bombardement de davantage de civils.”

La résolution 1973 a abouti, en violation de son mandat, à un “changement de régime” et à l’assassinat sans procès de Mouamar Kadhafi, le président libyen, et à un résultat final d’innombrables violations du droit international, sous le couvert de la bénédiction donnée par la résolution 1973 du Conseil des Nations Unies pour la sécurité.

En guise d’explication de la voix de veto de la Russie le 4 octobre, le Représentant permanent de la Fédération de Russie a déclaré :

« Au sein du Conseil, la situation en Syrie ne peut pas être considéré séparément de l’expérience libyenne. La communauté internationale s’alarme à propos de la conformité de la résolution du Conseil de sécurité sur la Libye avec l’interprétation de l’OTAN ; ce doit être un modèle pour l’action future de l’OTAN pour mettre en œuvre la responsabilité de protéger …. La demande d’un cessez-le-feu rapide, transformé en une véritable guerre civile, les conséquences humanitaires, sociales, économiques et militaires dépassant les frontières libyennes. La situation concernant la zone d’exclusion aérienne, s’est transformée en des bombardements de raffineries de pétrole, de stations de télévision et d’autres sites civils. L’embargo sur les armes s’est transformé en un blocus naval de l’ouest en Libye, y compris un blocus des fournitures humanitaires …. En ce qui concerne la Syrie … la poursuite de cette tragédie ne peut pas être blâmée seulement pour les actions dures des autorités. Les événements récents montrent de façon convaincante que l’opposition radicale ne cache plus son penchant extrémiste et s’appuie sur des tactiques terroristes, en espérant des soutiens étrangers et agissant en dehors de la loi. Des groupes armés soutenus par la contrebande et d’autres activités illégales fournissent le matériel, se servent sur le pays, tuent et commettent des atrocités contre des gens qui respectent les autorités policières. »

Le veto russo-chinois qui a empêché le projet de résolution 612 n’était toutefois pas la fin de l’histoire. Ce fut le début d’une campagne furtive, et d’une campagne pas si furtive que ça, des USA et de l’OTAN pour forcer le Conseil de sécurité à soutenir son programme de soumettre et d’imposer un changement de régime en Syrie. Une pression constante sur la Russie et la Chine s’en est suivie pour qu’ils inversent leur position.

Peu après, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et 17 autres états ont coparrainé une résolution qui a été soumise à la Troisième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, condamnant les autorités syriennes pour les violations des droits humains, une résolution qui à aucun moment ne fait référence à des violations flagrantes des droits humains commises par l’opposition syrienne dans ce qui est rapidement devenu une guerre civile. Il était beaucoup plus facile et plus rapide d’obtenir une résolution condamnant les autorités syriennes adoptée par l’Assemblée générale, où de nombreux petits pays, plus faibles, seraient plus accessibles aux différentes formes d’influence que ne serait le cas au Conseil de sécurité. Une fois adoptée, la résolution de la Troisième Commission de l’Assemblée générale pourrait être utilisé pour faire pression, et si nécessaire servir de menace ou de chantage vis-à-vis des membres du Conseil de sécurité perçus comme récalcitrants par les puissances (USA et OTAN). La résolution intitulée « Situation des droits de l’homme dans la République arabe syrienne (A/66/462/Add.3) » a été adoptée le 19 décembre par un vote de 133 en faveur, 54 contre ou abstentions. Une pression extrême sur la Russie et la Chine a continué tout au long de décembre, lorsque la Russie a tenu la présidence du Conseil de sécurité.

Le 8 décembre, par une coïncidence fortuite, la Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Mme Navi Pillay, était à New York, et l’ambassadeur français, Gérard Araud l’a priée de « venir faire un tour » et qu’elle informe le Conseil de sécurité sur la Syrie. De sérieuses questions ont été soulevées à propos de Mme Pillay, qui dépasserait le mandat de son office, et permettrait à son bureau d’être politisé. Il y a eu également des doutes sur son impartialité. Des questions ont été soulevées sur sa présence fortuite à New York, sur la justification de sa visite au Conseil de sécurité, et sur son accueil réellement à l’unanimité par les membres du Conseil. Brusquement, un grand nombre de journalistes se sont mis à fourmiller au Conseil de sécurité après qu’un « vote de procédure » avait été annoncé. Et puis le « vote de procédure » n’a pas eu lieu. Evidemment l’ambassadeur français avait menacé d’un vote procédural pour embarrasser la Russie et la Chine, et amener à Mme Pillay une toute autre audience au Conseil de sécurité.

Pour garder l’équilibre, l’ambassadeur de Chine a demandé instamment que la question de la Palestine soit également considérée, et que la communication de Mme Pillay porte aussi sur les problèmes urgents et graves des violations des droits humains au Moyen-Orient, non pas exclusivement en Syrie. Il y avait une opposition massive, par exemple des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne à inclure la Palestine dans le briefing de Mme Pillay – bien que ces représentants permanents aient insisté sur le fait qu’ils ne s’opposaient pas à inclure la Palestine dans ce briefing – qu’ils ont affirmés, indignés, que l’inclusion de la Palestine était une diversion, et une tentative de détourner l’attention des problèmes en Syrie., Lorsqu’on a demandé à l’ambassadeur de Russie, Président du Conseil de sécurité, s’il avait rencontré une opposition à l’inclusion de Palestine dans le briefing, il a répondu : “Ce que signifie opposition peut devenir une discussion linguistique … j’ai vu chacun des trucs dans le livre qui m’a été présenté, scénarii pour étrangler le président du Conseil de sécurité. “

L’ambassadeur de Russie a fait une déclaration à la presse concernant l’absurdité de cet imbroglio au sein du Conseil de sécurité : “dans certain texte de science-fiction il y avait un petit poème. Il est difficile de traduire des poèmes du russe en anglais, mais c’est devenu quelque chose comme ceci : « Ce matin, une fusée a été lancée. Elle vole à seize fois la vitesse de la lumière, de sorte qu’elle atteindra sa destination à 18 heures … hier. »

Après le briefing, Mme Pillay a parlé brièvement à la presse, alléguant que le 12 décembre, il y avait eu 5.000 morts en Syrie, dont 300 enfants, qu’il y avait des milliers de personnes en détention, qu’on avait torturé, et elle a recommandé que les autorités de la Syrie soient soumises à la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. A aucun moment Mme Pillay n’a identifié la source de son information, et elle est partie avant que j’aie eu l’occasion de prendre des renseignements sur l’identité de ses sources. Puis les Français, les représentants britanniques, portugais et américains ont parlé à la presse réitérant qu’il était « inconcevable que le Conseil de sécurité n’ait pris aucune mesure » et « insupportable que le Conseil soit obligé de garder le silence » au vu des révélations effroyables Mme Pillay. »

J’ai finalement été en mesure de demander au Représentant permanent britannique, Mark Lyall Grant quelle avait été la source d’information de Mme Pillay, et on m’a dit que la source des détails horribles du Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme était 233 membres défectifs de l’armée. Laissant de côté les différentes motivations possibles des membres défectifs de l’armée qui pourraient avoir déformé l’information, l’absence de fourniture par Mme Pillay de toute information sur d’éventuels actes de violence commis par l’opposition, et sa focalisation exclusive sur les violences commises par le gouvernement soulève des questions extrêmement sérieuses au sujet de son objectivité, et de la convenance et de la légalité de l’imprimatur donné par son bureau au profit d’une seule partie dans ce qui est essentiellement une guerre civile. Mme Pillay a fait valoir qu’elle n’avait pas accès à la Syrie. Comment alors est-elle en mesure de fournir une analyse crédible sur les témoignages à propos de violences commises par le gouvernement syrien ? Le Président du Conseil a rappelé à la presse que le 3 août, il y avait eu des rapports suivant lesquels la marine syrienne avait tiré sur l’opposition. Des témoins russes résidant en Syrie ont désavoué ces rapports. Par la suite, aucune mention n’a été faite sur cette divergence, et Mme Pillay n’a jamais investigué sur les rapports présentés par les témoins russes contestant les accusations contre la marine syrienne.

Le 18 décembre, le New York Times rapportait d’horribles morts de civils en raison des frappes de l’OTAN sur la Libye. Le 19 décembre le Secrétaire général Ban Ki-moon, a d’abord nié ces rapports. L’après-midi, dans une mise au point, le Président du Conseil a indiqué que les affirmations de l’OTAN (de zéro victime civile) étaient cruelles et cyniques. L’OTAN était évidemment réticente ou incapable d’enquêter de manière efficace sur les résultats des 7700 bombes ou missiles qu’il a lancés sur la Libye. Le New York Times a déclaré :

« Un examen sur le terrain par le New York Times à propos des raids aériens sur la Libye – y compris des entrevues avec des survivants, des médecins et des témoins, et la collecte des restes de munitions, les rapports médicaux, les certificats de décès et des photographies – rend compte de dizaines de civils tués par l’OTAN dans de nombreuses attaques distinctes. Les victimes, dont au moins 29 femmes ou enfants avaient touchés par les tirs durant leur sommeil … Suivant ce que l’OTAN racontait pendant la guerre, et dans les déclarations subséquentes jusqu’au 31 octobre, l’opération dirigée par l’Alliance aurait été presque impeccable – un modèle de guerre aérienne qui utilise la haute technologie, la planification minutieuse et toute retenue pour protéger les civils des troupes du colonel Kadhafi, ce qui était le mandat de l’alliance. « Nous avons effectué cette opération très précautionneusement, sans perte civile confirmée », a déclaré en novembre le Secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Le président du Conseil de sécurité a déclaré que « les Nations Unies devraient aider à enquêter sur les victimes civiles, si l’OTAN ne peut pas faire cela elle-même ».

Alors que le Président du Conseil de sécurité avait déclaré le 9 décembre que les pressions exercées sur lui par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne au sein du Conseil de sécurité avait « failli l’étrangler », le 16 décembre un avis aux médias a été envoyé au corps de presse de l’ONU par Fehmi Khairullah de la « Syria First Coalition », une organisation américaine (la source de son financement n’est pas claire) … annonçant la Journée syrienne de protestation, en déclarant : « le régime syrien tue son propre peuple avec le soutien de la Fédération de Russie au régime criminel syrien ». L’avis aux médias annonçait des manifestations « pour protester contre le soutien de la Russie du régime pénal syrien », a eu lieu le vendredi 16 décembre 2011 de 15 heures jusqu’à 17 heures devant la Mission russe auprès des Nations Unies, 136 East 67 Street, New York 10065 ; les manifestants faisant partie du « Rassemblement des syriens indignés, pour condamner le soutien continu des russes au régime syrien criminel ».

La pression sur le Président du Conseil de sécurité de l’ONU au sein du Conseil de sécurité lui-même, qui, selon ses mots « se sont arrêtés juste avant de l’étrangler », a été complétée par des manifestations de la « Syria First Coalition » devant la mission russe à l’ONU, et une lettre adressée à l’ambassadeur russe, accusait : « Votre droit de veto au sein des Nations Unies soutient non seulement le régime meurtrier, mais aussi bloque toute aide humanitaire à la population désespérée de la Syrie, qui est dans un froid glacial, affamée, apeurée et sans fournitures médicales. » La lettre qui faisait état de 5078 syriens tués ne mentionne pas que cela inclut les 1000 officiels du gouvernement syrien tués par l’opposition, un chiffre admis, même par Mme Navi Pillay, haut Commissaire des droits de l’Homme.

Le 22 décembre, dans la mise au point du Conseil de sécurité, le Président du Conseil a été contraint de défendre son inscription dans l’agenda de décembre du Conseil de sécurité d’une discussion sur les violations des droits humains du peuple palestinien, et sur la question cruciale de civils libyens tués par frappes de l’OTAN. Evidemment le groupe USA / OTAN a exigé que seule la question de la Syrie figurât sur l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

L’ambassadrice américaine Susan Rice, indignée de ce que le Conseil de sécurité ait pointé le doigt sur la mort de 70 civils libyens à la suite du bombardement de la Libye par les USA et l’OTAN, a déclaré : « Bienvenue à l’exagération. J’étais récemment en Libye, et le peuple libyen a exprimé son immense gratitude pour l’aide de l’OTAN. » L’ambassadrice Rice a évidemment négligé de rencontrer Mustafa Naji al Morabit, victime parmi beaucoup d’autres de frappes aériennes de l’OTAN. Selon le New York Times, « Le 4 août une bombe éclate dans le petit matin calme et percute leur maison provoquant la chute de la façade. L’épouse de M. Morabit, Eptisam Ali al-Barbar, est décédée le crâne écrasé. Deux de leurs fils, Mohammed, 6 ans et Moataz, 3 ans, ont été tués aussi. Trois orteils du pied gauche de Fatima Omar Mansour, la mère de M. Morabit, ont été amputés, et sa jambe gauche a été brisée. »

« Le 8 août, quatre jours après la destruction de la maison des Morabit, selon les survivants, les médecins et des enquêteurs indépendants, l’OTAN a frappé des bâtiments occupés par des civils, cette fois dans la Majer. Ces attaques ont été les accidents les plus sanglants connus de la guerre de l’OTAN. L’attaque a commencé avec une série de bombes à guidage laser de 500 livres, a appelé GBU-12, comme le suggère les restes des munitions. La première maison, d’Ali Hamid Gafez, 61 ans, qui était bondée avec des proches de M. Gafez, a été disloquée par l’attaque, suivant ses voisins et lui-même. La bombe a détruit le deuxième étage et une grande partie du premier. Cinq femmes et sept enfants ont été tués, plusieurs autres personnes ont été blessées, dont l’épouse de M. Gafez qui a du être amputée de la jambe gauche, suivant le médecin qui a effectué cette opération. Plusieurs minutes après la première frappe, alors que les voisins accourraient pour creuser à la recherche des victimes, une autre bombe a frappé. L’explosion a tué 18 civils, suivant les deux familles … Les premières constatations sur les attaques Majer, qui font partie de l’enquête des Nations Unies sur les actions de toutes les parties en Libye où des civils ont été blessés, ont soulevé des questions sur la légalité de l’attaque en vertu du droit international humanitaire, selon un fonctionnaire proche de l’enquête. »

Le 23 décembre, le président du Conseil de sécurité a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a décrit l’Ambassadrice Rice « d’une rhétorique inhabituellement explosive », et la violence dans la discussion de l’ambassadeur russe sur les civils libyens abattus par des frappes aériennes de l’OTAN. Il a déclaré qu’il était nécessaire de répondre au déchaînement de l’ambassadrice Rice qui « a sombré dans des abus de langage ». Il a cité les accusations du 22 décembre de l’ambassadrice Rice de « grandiloquence, fausses revendications, un truc pas cher, duplicité, redondant et superflu », tous les gros mots utilisés par l’ambassadrice Rice à propos des discussions de l’ambassadeur de Russie sur les victimes civiles de la Libye par les bombardements de l’OTAN. L’ambassadeur de Russie fait alors remarquer : « Vous ne pouvez pas battre une éducation à la Stanford, vous savez ? »

L’ambassadeur de Russie a déclaré que dans le Conseil de sécurité n’y avait pas eu de demande d’enquête sur les victimes civiles des bombardements libyens de l’OTAN, et la question avait été totalement ignorée. Il a également rappelé à la presse que le président Obama avait déclaré qu’il voulait le dialogue avec les Nations Unies et le Conseil de sécurité. Il a ajouté que dans ce cas, il suggère que le « Dictionnaire de jurons de Stanford soit remplacé par quelque chose de plus victorien. »

En réponse à une question sur la dégradation des relations de travail entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dans une atmosphère d’acrimonie au sein du Conseil de sécurité, l’ambassadeur russe a déclaré qu’il s’inquiétait de ce que le « Conseil de sécurité n’évolue pas dans la bonne direction », qu’il y avait des membres qui sont inflexibles, qui demandent que « les choses se fassent à leur manière et non pas autrement », qui ne prennent pas d’autres points de vue en considération, et doivent avoir ce qu’ils demandent immédiatement. Cela « nuira à la capacité du Conseil de sécurité à travailler. ». Il a déclaré que l’action du Conseil de sécurité pour mettre fin à la violence en Syrie ne doit en aucun cas être un « auxiliaire de changement de régime politique », comme s’était avérée la résolution 1973 du Conseil de sécurité sur la Libye. Il a dit que le changement de régime conçu et forcé de l’extérieur du pays est « inévitablement destructeur, entraînant des effusions de sang, et ni le Conseil de sécurité ni les Nations Unies ne devraient avoir rien à voir avec cela. » Il a déclaré que, à 11 heures ce matin la Fédération de Russie avait présenté son troisième projet de résolution sur la Syrie, et que « nous ne passerons pas sous silence la violence causée par l’opposition extrême et ne ferons pas appel à des sanctions ou un embargo sur les armes, car en Libye l’embargo sur les armes n’a d’impact que pour le gouvernement, car l’opposition a reçu illégalement des livraisons d’armes massives de beaucoup de sources.

Le sort du troisième projet de résolution soumis par la Russie le 23 décembre est encore indéterminé. A ce jour, des amendements et suppressions sont demandées par les USA et les pays de l’OTAN pour transformer cette résolution en quelque chose de méconnaissable, exactement à l’opposé de son intention première. Leurs projets actuels comprennent :

« Soulignant la nécessité de résoudre la crise actuelle en Syrie pacifiquement, et soulignant que rien dans la présente résolution oblige les États à prendre des mesures ou des actions dépassant le cadre de la présente résolution, y compris l’usage de la force ou la menace de la force » (Royaume Uni)

Supprimé du projet de résolution russe original : « Exclure toute intervention militaire de l’extérieur »

« Exige pour que le gouvernement syrien réponde à sa responsabilité de protéger sa population, de mettre immédiatement fin aux attaques contre ceux qui exercent leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association pacifiques et de respecter pleinement ses obligations en vertu du droit international applicable ».

Supprimé de ce projet de résolution russe d’origine : « Exige que les groupes armés d’opposition de l’opposition syrienne stoppent les violations des droits humains et les attaques terroristes contre les civils, les institutions étatiques, et contre le personnel et les membres des familles de l’armée et des forces de l’ordre. »

Supprimé de la résolution projet russe d’origine : « Prie instamment les responsables syriens de l’opposition à se dissocier des extrémistes, d’accepter l’initiative de la Ligue des États arabes et de s’engager dans un dialogue substantiel, sans conditions préalables et en profondeur avec les autorités syriennes sur les façons de réformer les autorités syriennes. “

Les Etats-Unis ont exigé les modifications :

Interdiction de voyage et gel des avoirs, pour 19 responsables syriens nommés
Gel des avoirs du gouvernement de la Syrie, y compris de la Banque centrale Syrie et des banques commerciales syriennes
Interdiction de transactions commerciales gouvernementales avec la Syrie, à l’exception des produits stratégiques qui affectent le peuple syrien
Interdiction des vols de / vers la Syrie
Embargo sur les armes (US / Royaume-Uni)

Supprimé de la résolution projet russe d’origine : « Décide que rien dans cette résolution ne doit être interprété comme une autorisation d’ingérence militaire de toute sorte en Syrie par n’importe qui. »

Dans tout cela est remarquablement ignoré le gorille de 300 kg dans le salon ! Le 17 mars, la résolution 1973 sur la Libye a été adoptée au Conseil de sécurité des Nations Unies, et le bombardement de l’OTAN de la Libye a immédiatement suivi. Le lendemain, le 18 mars, des manifestations anti-gouvernementales ont commencé en Syrie. Le 18 avril 2010, la une du Washington Post rapportait :

« Les Etats-Unis fournissent un soutien secret à l’opposition syrienne. Leaked Cables révélait un financement. “Le Département d’Etat a secrètement financé des groupes politiques d’opposition syriens et des projets connexes, y compris une chaîne de télévision par satellite qui diffuse une programmation anti-gouvernementales dans le pays … Barada TV est étroitement liée avec le Mouvement pour la Justice et le Développement, un réseau de syriens exilés basé à Londres. Des câbles diplomatiques américains montrent que le Département d’Etat a déversé pas moins que 6 millions $ au groupement pour faire fonctionner le canal satellite et financer d’autres activités à l’intérieur de la Syrie … Les dirigeants du Mouvement pour la Justice et le Développement sont d’anciens membres des Frères musulmans …. Plusieurs câbles diplomatiques américains de l’ambassade à Damas révèlent que les exilés syriens ont reçu de l’argent d’un programme du Département d’Etat a appelé le “Middle East Partnership Initiative.” Selon les câbles, le Département d’Etat a versé de l’argent au groupe d’exilés via Democracy Council, une association à but non lucratif de Los Angeles. Selon son site Internet, Democracy Council parraine des projets au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine afin de promouvoir les « éléments fondamentaux de sociétés stables ». Le fondateur du conseil et président, James Prince est un ancien membre du personnel du Congrès et conseiller en placement chez Price Waterhouse Cooper… Edgar Vasquez, un porte-parole du Département d’Etat a déclaré que le Middle East Partnership Initiative a alloué 7,5 millions pour les programmes syriens depuis 2005. Un câble de l’ambassade à Damas, cependant, souligne un total beaucoup plus élevé – environ 12 millions $ entre 2005 et 2010 ».

Le financement américain et l’implication dans la déstabilisation de gouvernements indépendants à travers le monde suivent un modèle semblable tout au long de leur longue histoire, depuis la déstabilisation et le renversement du gouvernement démocratiquement élu de Mossadegh en Iran en 1953, à la déstabilisation et le renversement d’une longue succession de présidents démocratiquement élus : Arbenz au Guatemala, Juan Bosch en République Dominicaine, Goulart au Brésil, Soekarno en Indonésie, Allende au Chili (avec la célèbre déclaration de Kissinger « Nous ne pouvons pas permettre au Chili de devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son propre peuple »). Dans tous les cas, ces gouvernements démocratiquement élus, ne dépendant pas d’un contrôle de sociétés américaines, ont été remplacés par des dictatures militaires qui ont institutionnalisé la torture, et placé les économies de leurs pays sous le contrôle des multinationales basées aux Etats-Unis, appauvrissant leurs propres citoyens.

Le modèle actuel émergeant au Moyen-Orient laisse présager des développements inquiétants dans une trajectoire qui devient évidente. L’autorisation par Conseil de Sécurité de l’ONU de « toutes les mesures nécessaires » dans la résolution 1973 contre le gouvernement libyen a permis une sanglante agression impérialiste inadmissible.
New York Times, 21 août 2011.

« La coordination entre l’OTAN et les rebelles, et entre les groupes rebelles vaguement organisés eux-mêmes, est devenue plus sophistiquée et mortelle dans les dernières semaines, même si le mandat de l’OTAN avait été simplement de protéger les civils, et de ne pas prendre parti dans le conflit … dans le même temps, la Grande-Bretagne, la France et les autres nations ont déployé des forces spéciales sur le terrain en Libye pour aider à former et à armer les rebelles.”

Le renversement de Mossadegh en Iran est décrit en détail par Robert Dreyfus dans « Devil’s Game : How the United States Helped Unleash Fundamentalist Islam » (page 109) :

« Mossadegh fait passer la nationalisation de la compagnie pétrolière anglo-perse (APOC). Ce fut un coup catastrophique pour l’Angleterre … L’APOC avait été la fierté et la joie des biens impériaux de Grande-Bretagne. Mossadegh est devenu instantanément un homme détesté par Londres. L’histoire du coup d’état, géré conjointement par la CIA et le M16 a été décrite à plusieurs reprises. Presque jamais signalé, cependant, est le fait que les deux agences de renseignement ont travaillé étroitement avec le clergé de l’Iran, les oulémas, pour affaiblir et finalement renverser Mossadegh. Un rôle crucial a été joué par les foules de la rue, achetées et payées par la CIA et mobilisées par des agitateurs liés à des oulémas, qui ont exigé la démission du Premier ministre Mossadegh et le retour du Shah. L’ayatollah Kashani, le représentant en chef des Frères musulmans en Iran, a été une figure centrale dans la campagne. “

Si le Conseil de sécurité adopte n’importe quelle résolution qui pourrait se transformer en une autorisation permettant « toutes les mesures nécessaires » pour être utilisée pour justifier une action militaire en vue de forcer un changement de régime en Syrie, ce serait masqué par une feuille de vigne de préoccupation pour les « droits humains » du peuple syrien, dans une guerre civile provoquée par les encouragements d’une opposition préfabriquée par les USA et l’OTAN. Cela devrait inévitablement aboutir, comme en Libye, en une « coordination entre l’OTAN et l’opposition », et permettrait d’éliminer la dernière barrière aux grandioses desseins impériaux des USA et de l’OTAN. Cela déclencherait des fantasmes pathologiques de domination mondiale longuement chéris par le russophobe Brzezinski, et d’autres décideurs politique de la même trempe, la rupture de leurs contact précaires avec la réalité, et lancerait les puissances des USA et de l’OTAN dans les erreurs fatales de Napoléon et d’Hitler, la psychose avérée. Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui pourrait être interprétée comme permettant une action militaire des USA et de l’OTAN contre la Syrie propulserait ces forces, déjà ivres de pouvoir, à la prochaine recherche d’une résolution autorisant une action militaire contre l’Iran.

La Libye, la Syrie et l’Iran ont beaucoup de pétrole et encore pas d’armes nucléaires. Toute action contre l’Iran, qu’elles soient menées par les USA, l’OTAN ou Israël, déclencherait une conflagration impossible à contrôler, impliquant potentiellement des états nucléaires, et il serait impossible de déterminer ou de restreindre la direction dès le départ. Et le point final de cette trajectoire serait inévitablement la Russie, qui contrôle d’énormes réserves de pétrole et de gaz convoitées par l’Occident. Mais contrairement à l’aventure insensée de Napoléon et d’Hitler, avant l’ère atomique, aujourd’hui la Russie possède des armes nucléaires, est entourée par des pays de l’OTAN hostiles et est confrontée à la menace de la défense antimissile de l’OTAN. La Russie, dont l’existence est menacée désormais, a abandonné la doctrine de l’Union soviétique de « non utilisation en premier des armes nucléaires ».

Si la Russie résiste à une pression croissante et continue d’interdire toute résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU autorisant “tous les moyens nécessaires” contre la Syrie, cela peut être le moment où, privés du soutien du Conseil de sécurité des Nations Unies, et incapables de prétendre qu’ils agissent en conformité avec « la volonté de la communauté internationale », la force psychologique des US et de l’OTAN sera épuisée, comme le fut Napoléon à la bataille de Borodino en1812, et Hitler à Stalingrad en 1943. La route vers une troisième guerre mondiale aura été bloquée, et le Conseil de sécurité des Nations Unies se sera racheté de son statut actuel d’instrument de guerre.

Carla Stea
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Carla Stea est une journaliste accréditée auprès du Département d’Etat américain et des Nations Unies. Ses articles ont été publiés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Russie, en Amérique latine, et ont paru dans Latin American Perspectives, Covert Action Quarterly, War and Peace Digest, Rock Creek Free Press, Komsomolskaïa Pravda, Rabotchaïa Tribuna, Sovetskaya Rossia, Novosti Press, et Tapol, Rapport sur les droits de l’homme, Indonésie.

Source : Libya 360

Traduit de l’ anglais par jean-Pierre Geuten

Source : michelcollon.info

samedi, 04 février 2012

L’OTAN et la CIA arment en cachette les rebelles syriens afin d’affaiblir l’Iran

L’OTAN et la CIA arment en cachette les rebelles syriens afin d’affaiblir l’Iran

 
Ouvrir les yeux sur le 11-Septembre, c’est aussi ouvrir les yeux sur les guerres qui s’en sont suivies, et nous avons souvent tenté d’alerter le public français sur les guerres injustes et illégales contre l’Irak et l’Afghanistan, mais jamais encore n’avions-nous traité du cas de la Syrie. L’occasion nous en est donnée par cet article où apparait le nom de l’ex-agent de la CIA Phil Giraldi, qui a co-signé une lettre des Vétérans US du Renseignement récemment adressée au président Obama, le mettant en garde contre un nouveau conflit contre l’Iran qui pourrait dégénérer en 3e guerre mondiale. Phil Giraldi n’est pas un inconnu dans le Mouvement pour la vérité sur le 11/9, il est notamment l’auteur avec la lanceuse d’alerte Sibel Edmonds, de l’un des articles majeurs de ces dernières années sur la corruption au sein des services secrets US

La fourniture d’armements, de renseignements stratégiques, d’instructeurs militaires de la part de l’OTAN et de la CIA aux rebelles syriens s’inscrit évidemment dans un objectif de renversement du régime de Bachar El-Assad, mais surtout dans celui d’un futur conflit avec l’Iran car, comme l’écrit l’auteur de ce papier, “la route de Téhéran passe par Damas“.

Carte de la région


L’OTAN et la CIA arment en cachette les rebelles syriens afin d’affaiblir l’Iran

Par Daan de Wit, DeepJournal,

Traduction GV pour ReOpenNews

L’actuelle couverture médiatique sur l’Iran nous rapporte toute une série d’incidents, mais lorsque l’on regarde cela dans le contexte [plus large] des événements survenus ces dernières années – comme je l’ai fait dans mon livre « The Next War – The attack on Iran – A preview » et aussi dans une série d’articles parus dans le « DeepJournal », il est clair que tous ces éléments s’assemblent en vue d’une guerre contre l’Iran. C’est un projet de longue haleine qui a demandé des années de préparation, et son but ultime se rapproche chaque fois un peu plus. L’un des éléments de cette préparation est la fourniture en secret d’armes aux rebelles syriens.

Affaiblir la Syrie, c’est affaiblir l’Iran. Au lendemain de l’annonce par les États unis de nouvelles mesures contre l’Iran justifiées par son programme nucléaire, le conseiller à la Sécurité nationale de Barack Obama, Tom Donilon, a déclaré que « la fin du régime d’Assad représenterait le plus important revers de l’Iran dans la région – un coup stratégique qui ferait encore plus pencher la balance du pouvoir dans la région contre l’Iran. » Évoquant en novembre dernier la situation instable en Syrie, le secrétaire d’État d’Obama avait dit : « Je pense qu’il pourrait y avoir une guerre civile avec une opposition extrêmement déterminée, bien armée, et bien financée […] chose que nous haïssons, car nous sommes favorables aux protestations pacifiques et à une opposition non violente. » La première partie de la déclaration d’Hillary Clinton ressemblait davantage à l’expression d’un espoir qu’à l’avertissement qu’elle tentait d’envoyer, comme cela fut confirmé par le fait que l’OTAN et les USA sont en train d’alimenter en armes libyennes les rebelles syriens.

L’envoi secret par l’Occident d’armements aux rebelles syriens

Les opposants au régime du président Assad sont armés en secret par l’Occident. Des avions sans marques appartenant à des pays de l’OTAN atterrissent sur les bases militaires de la Turquie près de la frontière syrienne. Ces appareils apportent des armes provenant de l’arsenal de Mouammar Kadhafi. À bord des avions se trouvent également des combattants issus du CNT libyen, « qui ont l’expérience de dresser des volontaires locaux contre des soldats entrainés, une compétence qu’ils ont acquise en affrontant l’armée de Kadhafi. » Mais une étape de plus a été franchie. L’ex-officier de la CIA Phil Giraldi, [souvent] très bien informé explique que « les instructeurs des forces spéciales françaises et britanniques sont sur le terrain, et prêtent main-forte aux rebelles syriens, tandis que la CIA et la Division des Opérations spéciales US fournissent les moyens de communication et de renseignement pour soutenir la cause des rebelles, en permettant aux combattants d’éviter les zones où se concentrent les soldats syriens ».

La route de Téhéran passe par Damas

La stratégie visant à atteindre Téhéran à travers Damas semble avoir également été adoptée par l’Arabie Saoudite : « le Roi sait bien qu’excepté l’effondrement de la République islamique elle-même, rien ne pourrait plus affaiblir l’Iran que la perte de la Syrie, » a expliqué une source saoudienne au magazine Foreign Policy en août dernier. Depuis lors, la situation n’a cessé d’évoluer. La situation syrienne est surveillée de près par les Russes, qui ne la voient pas du même œil « sentimental » que le public occidental : « L’Ouest fait pression sur la Syrie parce que ce pays refuse de mettre fin à son alliance avec l’Iran, et non pour sa répression des opposants, » a indiqué Nikolai Patrushev, qui a travaillé pour le KGB aux côtés du premier ministre Vladimir Poutine pendant l’ère soviétique. Patrushev a poursuivi : « Cette fois, ce n’est pas la France, la Grande-Bretagne ni même l’Italie, qui fourniront la principale force de frappe, mais sans doute le voisin turc, qui [pourtant] était en bons termes avec la Syrie jusque très récemment, mais est un rival de l’Iran extrêmement ambitieux. »

La vacance du pouvoir syrien pourrait profiter aux islamistes

La Russie s’inquiète pour l’avenir : « La Russie, qui possède une base navale en Syrie et vend des armements aux pays du Moyen-Orient, est très inquiète de la possibilité que des islamiques radicaux puissent arriver au pouvoir, » a indiqué Irina Zvyagelskaya, une analyste du Moyen-Orient travaillant pour l’Académie des sciences de Moscou. Mme Zvyagelskaya a expliqué lors d’une interview téléphonique aujourd’hui : « Notre crainte est que la Syrie s’écroule et que des forces dirigées par des extrémistes islamiques s’emparent du pouvoir, ce qui ne plairait à personne. Cela déstabiliserait la région tout entière. »

Phil Giraldi fait la même analyse. Il écrit : « Aux États-Unis, de nombreux sympathisants d’Israël sont pour un changement de régime d’Assad, convaincus qu’une Syrie affaiblie, en proie à la guerre civile, ne présenterait pas de risque pour Tel-Aviv. Mais ils devraient y penser à deux fois, car la situation pourrait bien se retourner contre eux. [En effet] en Syrie, le mouvement politique d’opposition le mieux organisé et disposant des financements les plus importants n’est autre que celui des Frères musulmans. » Hillary Clinton a déclaré : « Ecoutez, Assad va partir ; ce n’est qu’une question de temps. »

Des professionnels du renseignement mettent en garde Obama

Cela fait plusieurs années maintenant que Phil Giraldi met en garde contre une éventuelle guerre contre l’Iran, qui selon lui, pourrait déclencher la 3e guerre mondiale. « En tant que professionnels possédant à nous tous plusieurs centaines d’années d’expérience dans le Renseignement, la politique étrangère, et le contre-terrorisme, nous sommes inquiets de voir les rumeurs basées sur une déformation grossière des faits qui tentent de vous convaincre de déclencher une nouvelle guerre. » Telle est la première phrase d’une lettre envoyée au président américain par les Veteran Intelligence Professionals for Sanity (ex-professionnels du Renseignement), dont Giraldi fait partie des signataires. Ce groupe de spécialistes du renseignement demande [au président] de ne pas lancer une guerre contre l’Iran. « Nous assistons à un remake de la [soi-disant] menace des armes de destruction massive (AMD) irakiennes. » C’est un argument solide, que je développe dans mon livre The Next War. Ce groupe d’experts conclut sa lettre par cette phrase : « Nous nous dirigeons très certainement vers ce que vous appelez une « guerre idiote » (dumb war) ; nous devrions éviter de nous engager dans une nouvelle « guerre idiote » contre un pays presque trois fois plus grand que l’Irak, qui pourrait donner naissance à un conflit régional majeur et créer des générations de djihadistes. Une telle guerre, contrairement à ce que disent certains, ne rendrait pas Israël et les USA plus sûrs. »

Daan de Wit

 

Traduction GV pour ReOpenNews

mercredi, 01 février 2012

Krieg ums Öl

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Krieg ums Öl

Ex: http://www.zuerst.de/

Der Ring der Sanktionen schließt sich enger um den Iran. Doch nicht nur Teheran ist das Ziel, es sind auch dessen Handelspartner in Kontinental­europa und Fernost

Mit beängstigender Zwangsläufigkeit scheint ein Krieg gegen Iran näher zu kommen. Immer aggressivere Sprüche aus Israel, immer mehr US-Kriegsschiffe im Persischen Golf, immer mehr Abschnürung durch Sanktionen.

Vor allem trügt der Eindruck, der uns in den westlichen Medien vermittelt wird, wonach der Iran zunehmend isoliert sei. Bei der Berichterstattung über immer neue Sanktionen muß man nämlich auch das Kleingedruckte beachten: Es handelt sich hierbei keineswegs um UN-Sanktionen, die von allen UN-Mitgliedstaaten beachtet werden müssen. Vielmehr sind es exklusive Sanktionen der USA und der EU, die andere völkerrechtlich nicht binden. Die letzte Sanktionsrunde des UN-Sicherheitsrates datiert vom Juni 2010. Damals wurden alle Zulieferungen zum iranischen Atomprogramm verboten (plus einige Reisebeschränkungen). Seither konnte man sich in diesem höchsten Gremium der Vereinten Nationen auf keine weiteren Strafmaßnahmen einigen – und seit die Libyen-Resolution von den NATO-Mächten zu einem blutigen „Regime-Change“ mißbraucht wurde, ist eine Zustimmung von China und Rußland zu irgendetwas Ähnlichem, was Iran oder Syrien angeht, gleich null.

Die Sanktionen des Jahres 2011, beschlossen ausschließlich von Nordamerikanern und Europäern, betreffen anders als die der UN nicht das iranische Atomprogramm, sondern den gesamten Energiesektor, insbesondere Benzinlieferungen. Der Iran, obwohl über reiche Vorkommen an Schwarzem Gold verfügend, hat nämlich Engpässe bei der Raffinierung des Rohöls, weswegen der Treibstoff für Nutzfahrzeuge und PKWs übers Ausland eingeführt werden muß. Das Erpresserische an diesen exklusiv-westlichen Sanktionen ist: Sie bedrohen auch Firmen von Drittstaaten, die sich nicht daran halten, mit Strafen. Ein chinesisches Unternehmen, das weiter mit dem Energiesektor Irans Geschäfte macht, muß damit rechnen, in den USA auf hohe Summen verklagt zu werden und im Fälligkeitsfall dafür mit seinen Vermögenswerten in den USA zu haften. Allerdings: Gegenüber chinesischen (oder indischen oder russischen) Firmen, die keine Niederlassungen in den NATO-Staaten haben, bleiben diese Sanktionen zahnlos. Am härtesten gehen die Briten vor, die mittlerweile jede Form von Finanztransaktion mit Iran verboten haben. Damit ist jeder bilaterale Handel unmöglich geworden, weil es kein Finanzinstitut mehr gibt, über das Exporte fakturiert oder versichert werden können. In den USA wird im Zweifelsfall mehr gebellt als gebissen: Das neue, vom Kongreß verabschiedete Sanktionsgesetz hat Präsident Barack Obama mit einer Zusatzklausel versehen, die ihm das Recht gibt, Sanktionen auch auszusetzen oder nicht anzuwenden. So will er verhindern, daß im Falle einer Krise die Öl-zufuhr aus dem Persischen Golf nicht aufgrund iranischer, sondern amerikanischer Maßnahmen gebremst wird, in der Folge der Ölpreis explodiert – und dann seine Chancen bei den Präsidentschaftswahlen im November 2012 in den Keller sinken. Dies ist ein gutes Beispiel, wie persönliche oder parteipolitische Interessen manchmal auch kriegsverhindernd wirken können – zumindest bis zum Urnengang.

Die Merkel-Regierung hat sich, in deutlichem Kontrast zu ihren Vorgängern, den Sanktionsvorstößen Wa-shingtons und Londons in der Regel schnell gebeugt. So haben fast alle Banken ihre Geschäftsbeziehungen mit dem Iran eingestellt; im Frühjahr 2011 wurde mit Sanktionen gegen die Europäisch-Iranische Handelsbank (EIHB) mit Sitz in Hamburg eines der letzten Schlupflöcher im Sanktionenwall geschlossen – nach massivem Druck aus Israel und Großbritannien. Im September 2011 berichtete Die Zeit: „Viele deutsche Konzerne ziehen sich aus Iran zurück – obwohl das Geschäft lukrativ ist.“ So stoppte der Vorstand von Thyssen-Krupp alle Beziehungen zu iranischen Kunden – ohne den Aufsichtsrat zu informieren und obwohl Iran immer noch mit 4,5 Prozent Mit-eigentümer des Stahl-Konzerns ist! Zuvor hatten bereits die Münchener Rück, Linde und die Allianz ihren Rückzug aus Persien erklärt. Siemens kündigte im Frühjahr 2011 an, keine Neuaufträge aus dem Iran mehr anzunehmen, Daimler wollte stark reduzieren. Die Zeit schreibt über die Motive der deutschen Bosse: „Sie wollen nicht ihr Amerika-Geschäft aufs Spiel setzen, nur um weiterhin Geschäfte mit den Mullahs und Präsident Mahmud Ahmadinedschad zu machen. Zu groß ist der politische Druck, vor allem aus den USA. Thyssen-Krupp setzt in Amerika jährlich 4,9 Milliarden Euro um – und künftig wird es noch mehr sein. Der Konzern baut in Alabama ein neues Stahlwerk. In Iran beläuft sich der Jahresumsatz auf weniger als 200 Millionen Euro.“ Man möge beachten: Keines dieser Geschäfte betraf das von der UN sanktionierte Atomprogramm, alles spielte sich im Bereich der zivilen Wirtschaft ab! Trotzdem führt das Powerplay der Amerikaner dazu, daß Deutschland ein Exportmarkt mit (bis 2005) fünf Milliarden Euro Umsatz wegbricht.

Da der Iran die deutschen Einfuhren und Dienstleistungen – allerdings mehr schlecht als recht – durch russische, indische oder chinesische Partner ersetzen kann, bleibt der Verdacht, daß die Sanktionen weniger auf die Mullahs als auf die Krauts (und andere US-Konkurrenten) zielen. Im Hintergrund steht die unterschiedliche Energie-Abhängigkeit vom Golf. Die USA beziehen etwa ein Viertel ihrer Ölimporte vom Golf, ein weiteres Viertel aus Venezuela, der Rest verteilt sich auf Afrika (zunehmend) und Kanada, Mexiko und die EU-Nordsee (abnehmend). Noch stärker abhängig vom Golföl sind die asiatischen Staaten wie Japan und China. Die Bundesrepublik hingegen bezieht mehr als ein Drittel ihres Öl- und Gasbedarfs aus Rußland und den GUS-Staaten (Tendenz stark steigend) und ein knappes weiteres Drittel aus der Nordsee (Tendenz stark fallend), die Golfstaaten und Iran rangieren nur unter ferner liefen. Betrachtet man die Importe und insbesondere die Energieimporte, bilden sich also grob zwei geopolitische Achsen heraus: einerseits zwischen Nordamerika (plus Südasien) und dem Golf, andererseits die „Verkoppelung des europäischen Wirtschaftsraums mit dem russischen Rohstoffraum“ (Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik).

Bei den Exporten ergibt sich ein anderes Bild. Die deutschen Exporte in die Golfregion bestehen vor allem aus Industrieanlagen(technik), Fahrzeugen und Maschinen. Die US-Exporte werden hingegen von der Rüstungs­industrie dominiert. Der jährlich zehn Mil-liarden Dollar schwere Rüstungsmarkt in Saudi-Arabien ist überwiegend in US-Hand, außerdem zahlt Riad an die US-Amerikaner beträcht­liche Stationierungskosten für die GIs. Kurz gesagt: Im deutschen Export ­dominiert das zivile Element, im US-­Export ist es umgekehrt. Die USA würden von einem Krieg profitieren und ihn wegen ihrer Ölabhängigkeit vom Golf gegebenenfalls auch benötigen; bei Deutschland ist beides nicht der Fall.

Deutsche und amerikanische Interessen in der Region sind also gegensätzlich: Für die US-Industrie ist sie wegen des Imports billigen Öls unersetzlich, während sie für die deutsche Industrie als Absatzmarkt teurer Maschinen interessant ist. Je billiger das Öl, umso geringer die Öleinnahmen der Golf-Staaten, umso geringer ihr Budget zum Kauf deutscher Maschinen. Je verhaßter die herrschenden Eliten, umso mehr sind sie zur Sicherung ihrer Pfründe auf US-amerikanische Militärhilfe angewiesen, umso besser laufen die Geschäfte für die US-Rüstungsindustrie. Für die USA sind korrupte Bereicherungsdynastien vom Typ Saudi-Arabien ideal, die das Öl verschleudern und von US-Bajonetten geschützt werden müssen.

Katerina Stavrapoulos

dimanche, 29 janvier 2012

CONFRONTATION BETWEEN MILITARY BLOCS: The Eurasian "Triple Alliance." The Strategic Importance of Iran for Russia and China

CONFRONTATION BETWEEN MILITARY BLOCS: The Eurasian "Triple Alliance." The Strategic Importance of Iran for Russia and China

 

Despite areas of difference and rivalries between Moscow and Tehran, ties between the two countries, based on common interests, have developed significantly.

Both Russia and Iran are both major energy exporters, they have deeply seated interests in the South Caucasus. They are both firmly opposed to NATO's missile shield, with a view to preventing the U.S. and E.U. from controlling the energy corridors around the Caspian Sea Basin.

Moscow and Tehran's bilateral ties are also part of a broader and overlapping alliance involving Armenia, Tajikistan, Belarus, Syria, and Venezuela. Yet, above all things, both republics are also two of Washington’s main geo-strategic targets.

The Eurasian Triple Alliance: The Strategic Importance of Iran for Russia and China 

China, the Russian Federation, and Iran are widely considered to be allies and partners. Together the Russian Federation, the People's Republic of China, and the Islamic Republic of Iran form a strategic barrier directed against U.S. expansionism. The three countries form a "triple alliance," which constitutes the core of a Eurasian coalition directed against U.S. encroachment into Eurasia and its quest for global hegemony.

While China confronts U.S. encroachment in East Asia and the Pacific, Iran and Russia respectively confront the U.S. led coalition in Southwest Asia and Eastern Europe. All three countries are threatened in Central Asia and are wary of the U.S. and NATO military presence in Afghanistan.

Iran can be characterized as a geo-strategic pivot. The geo-political equation in Eurasia very much hinges on the structure of Iran's political alliances. Were Iran to become an ally of the United States, this would seriously hamper or even destabilize Russia and China. This also pertains to Iran's ethno-cultural, linguistic, economic, religious, and geo-political links to the Caucasus and Central Asia.

Moreover, were the structure of political alliances to shift in favour of the U.S., Iran could also become the greatest conduit for U.S. influence and expansion in the Caucasus and Central Asia. This has to do with the fact that Iran is the gateway to Russia's soft southern underbelly (or "Near Abroad") in the Caucasus and Central Asia.

In such a scenario, Russia as an energy corridor would be weakened as Washington would "unlock" Iran's potential as a primary energy corridor for the Caspian Sea Basin, implying de facto U.S. geopolitical control over Iranian pipeline routes. In this regard, part of Russia's success as an energy transit route has been due to U.S. efforts to weaken Iran by preventing energy from transiting through Iranian territory.

If Iran were to "change camps" and enter the U.S. sphere of influence, China's economy and national security would also be held hostage on two counts. Chinese energy security would be threatened directly because Iranian energy reserves would no longer be secure and would be subject to U.S. geo-political interests. Additionally, Central Asia could also re-orient its orbit should Washington open a direct and enforced conduit from the open seas via Iran. 

Thus, both Russia and China want a strategic alliance with Iran as a means of screening them from the geo-political encroachment of the United States. “Fortress Eurasia” would be left exposed without Iran. This is why neither Russia nor China could ever accept a war against Iran. Should Washington transform Iran into a client then Russia and China would be under threat.

Misreading the Support of China and Russia for U.N. Security Council Sanctions

There is a major misreading of past Russian and Chinese support of U.N. sanctions against Iran. Even though Beijing and Moscow allowed U.N. Security Council sanctions to be passed against their Iranian ally, they did it for strategic reasons, namely with a view to keeping Iran out of Washington's orbit.

In reality, the United States would much rather co-opt Tehran as a satellite or junior partner than take the unnecessary risk and gamble of an all-out war with the Iranians. What Russian and Chinese support for past sanctions did was to allow for the development of a wider rift between Tehran and Washington. In this regard, realpolitik is at work. As American-Iranian tensions broaden, Iranian relations with Russia and China become closer and Iran becomes more and more entrenched in its relationship with Moscow and Beijing.

Russia and China, however, would never support crippling sanctions or any form of economic embargo that would threaten Iranian national security. This is why both China and Russia have refused to be coerced by Washington into joining its new 2012 unilateral sanctions. The Russians have also warned the European Union to stop being Washington's pawns, because they are hurting themselves by playing along with the schemes of the United States. In this regard Russia commented on the impractical and virtually unworkable E.U. plans for an oil embargo against Iran. Tehran has also made similar warnings and has dismissed the E.U. oil embargo as a psychological tactic that is bound to fail.

 
Left photo: President Mahmoud Ahmadinejad of Iran and President Dmitry A. Medvedev of Russia during a bilateral meeting in Dushabe, Tajikistan.
The bilateral Iranian-Russian meeting was held on the sidelines of a Shanghai Cooperation Organization summit on August 28, 2008.
Right photo: Iranian Foreign Minister Ali Akbar Salehi and Russian Foreign Minister Sergey V. Lavrov together in Moscow discussing Russia’s step-by-step nuclear proposal.


Russo-Iranian Security Cooperation and Strategic Coordination

In August 2011, the head of the Supreme National Security Council of Iran, Secretary-General Saaed (Said) Jalili, and the head of the National Security Council of the Russian Federation, Secretary Nikolai Platonovich Patrushev met in Tehran to discuss the Iranian nuclear energy program as well as bilateral cooperation. Russia wanted to help Iran rebuff the new wave of accusations by Washington directed against Iran. Soon after Patrushev and his Russian team arrived in Tehran, the Iranian Foreign Minister, Ali Akbar Salehi, flew to Moscow. 

Both Jalili and Patrushev met again in September 2011, but this time in Russia. Jalili went to Moscow first and then crossed the Urals to the Russian city of Yekaterinburg.

The Iran-Russia Yekaterinburg meeting took place on the sidelines of an international security summit. Moreover, at this venue, it was announced that the highest bodies of national security in Moscow and Tehran would henceforth coordinate by holding regular meetings. A protocol between the two countries was was signed at Yekaterinburg. 

During this important gathering, both Jalili and Patrushev held meetings with their Chinese counterpart, Meng Jianzhu. As a result of these meetings, a similar process of bilateral consultation between the national security councils of Iran and China was established. Moreover, the parties also discussed the formation of a supranational security council within the Shanghai Cooperation Council to confront threats directed against Beijing, Tehran, Moscow and their Eurasian allies. 

Also in September 2011, Dmitry Rogozin, the Russian envoy to NATO, announced that he would be visiting Tehran in the near future to discuss the NATO missile shield project, which both the Moscow and Tehran oppose.

Reports claiming that Russia, Iran, and China were planning on creating a joint missile shield started to surface. Rogozin, who had warned in August 2011 that Syria and Yemen would be attacked as "stepping stones" in the broader confrontation directed against Tehran, responded by publicly refuting the reports pertaining to the establishment of a joint Sino-Russo-Iranian missile shield project.

The following month, in October 2011, Russia and Iran announced that they would be expanding ties in all fields. Soon after, in November 2011, Iran and Russia signed a strategic cooperation and partnership agreement between their highest security bodies covering economics, politics, security, and intelligence. This was a long anticipated document on which both Russia and Iran had been working on. The agreement was signed in Moscow by the Deputy Secretary-General of the Supreme Security Council of Iran, Ali Bagheri (Baqeri), and the Under-Secretary of the National Security Council of Russia, Yevgeny Lukyanov.

In November 2011, the head of the Committee for International Affairs in the Russian Duma, Konstantin Kosachev, also announced that Russia must do everything it can to prevent an attack on neighbouring Iran. At the end of November 2011 it was announced that Dmitry Rogozin would definitely visit both Tehran and Beijing in 2012, together with a team of Russian officials to hold strategic discussions on collective strategies against common threats.

   
Left and right photos: Secretary-General Jalili and Secretary Patrushev in Tehran, Iran holding Iranian-Russian national security talks during August 2011.

 
Left photo: Deputy Secretary-General Ali Bagheri at a press conference in Moscow, Russia after signing a security pact with Russian officials.
Right photo: Konstantin Kosachev, the Chairperson of the Committee for International Affairs in the Russian Duma.
 

Russian National Security and Iranian National Security are Attached

On January 12, 2012, Nikolai Patrushev told Interfax he feared that a major war was imminent and that Tel Aviv was pushing the U.S. to attack Iran. He dismissed the claims that Iran was secretly manufacturing nuclear weapons and said that for years the world had continuously heard that Iran would have an atomic bomb by next week ad nauseum. His comments were followed by a dire warning from Dmitry Rogozin.

On January 13, 2012, Rogozin, who had been appointed deputy prime minister, declared that any attempted military intervention against Iran would be a threat to Russia's national security. In other words, an attack on Tehran is an attack on Moscow. In 2007, Vladimir Putin essentially mentioned the same thing when he was in Tehran for a Caspian Sea summit, which resulted in George W. Bush Jr. warning that World War III could erupt over Iran. Rogozin's statement is merely a declaration of what has been the position of Russia all along: should Iran fall, Russia would be in danger.

Iran is a target of U.S. hostility not just for its vast energy reserves and natural resources, but because of major geo-strategic considerations that make it a strategic springboard against Russia and China. The roads to Moscow and Beijing also go through Tehran, just as the road to Tehran goes through Damascus, Baghdad, and Beirut. Nor does the U.S. want to merely control Iranian oil and natural gas for consumption or economic reasons. Washington wants to put a muzzle around China by controlling Chinese energy security and wants Iranian energy exports to be traded in U.S. dollars to insure the continued use of the U.S. dollar in international transactions.

Moreover, Iran has been making agreements with several trade partners, including China and India, whereby business transactions will not be conducted in euros or U.S. dollars. In January 2012, both Russia and Iran replaced the U.S. dollar with their national currencies, respectively the Russian rouble and the Iranian rial, in their bilateral trade. This was an economic and financial blow to the United States.

 
Left photo: Vladimir V. Putin and Mahmoud Ahmadinejad holding talks in Tehran, Iran on the sidelines of a summit of Caspian Sea nations in October 2007.
Right photo: Dmitry O. Rogozin, the departing representative of Russia at NATO Headquarters in Brussels, Belgium.


Syria and the National Security Concerns of Iran and Russia

Russia and China with Iran are all staunchly supporting Syria. The diplomatic and economic siege against Syria is tied to the geo-political stakes to control Eurasia. The instability in Syria is tied to the objective of combating Iran and ultimately turning it into a U.S. partner against Russia and China. 

The cancelled or delayed deployment of thousands of U.S. troops to Israel for "Austere Challenge 2012" was tied to ratcheting up the pressure against Syria. On the basis of a Voice of Russia report, segments of the Russian media erroneously reported that "Austere Challenge 2012" was going to be held in the Persian Gulf, which was mistakenly picked up by news outlets in other parts of the world. This helped highlight the Iranian link at the expense of the Syrian and Lebanese links. The deployment of U.S. troops was aimed predominately at Syria as a means of isolating and combating Iran. The "cancelled" or "delayed" Israeli-U.S. missile exercises most probably envisaged preparations for missile and rocket attacks not only from Iran, but also from Syria, Lebanon, and the Palestinian Territories.

Aside from its naval ports in Syria, Russia does not want to see Syria used to re-route the energy corridors in the Caspian Basin and the Mediterranean Basin. If Syria were to fall, these routes would be re-synchronized to reflect a new geo-political reality. At the expense of Iran, energy from the Persian Gulf could also be re-routed to the Mediterranean through both Lebanon and Syria.

 
Left photo: Syrian Defence Minister Dawoud (David) Rajha visiting the docked Russian aircraft carrier Admiral Kuznetsov in the Syrian port of Tartus on January 8, 2012.
Right photo: Syrian allies, Secretary-General Hassan Nasrallah of Hezbollah and Mahmoud Ahmadinejad of Iran, join President Bashar Al-Assad for a summit in Damascus, Syria on February 25, 2010.
 


 
Left photo: The Alvand, one of the two Iranian warships that visited the Syrian port of Lattakia during February 2011.
Right photo: Rear-Admirial Habibollah Sayyari holding a press conference on February 28, 2001 at the Iranian Embassy in Syria about the Iranian naval presence off Syria’s Mediterranean coast.
 


Mahdi Darius Nazemroaya is a Sociologist and award-winning author. He is a Research Associate at the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal. He specializes on the Middle East and Central Asia. He has been a contributor and guest discussing the broader Middle East on numerous international programs and networks such as Al Jazeera, Press TV and Russia Today. His writings have been published in more than ten languages​​. He also writes for the Strategic Culture Foundation (SCF), Moscow.

 Global Research Articles by Mahdi Darius Nazemroaya

samedi, 28 janvier 2012

L’Arabie Saoudite, faire-valoir idéal pour les ingérences américaines en Iran

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Alessia LAI:

 

L’Arabie Saoudite, faire-valoir idéal pour les ingérences américaines en Iran

L’Iran avertit: “Si les Saoudiens veulent se substituer à nous, ils seront responsables de tous les incidents qui se produiront”

La question nucléaire iranienne et les sanctions internationales qui en découlent sont en train d’attiser les tensions dans le Golfe Persique et d’exaspérer la rivalité historique entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Dimanche 15 janvier 2012, l’Iran a lancé un avertissement clair à ses voisins du Golfe: ils ne doivent pas s’aligner sur les sanctions de l’Occident en fournissant leur propre pétrole pour compenser le manque de fournitures qui seraient dues à l’embargo contre Téhéran. “Ces signaux, que nous lançons, ne sont nullement amicaux et nous invitons les responsables de l’Arabie Saoudite à réfléchir avant d’agir”: telle fut la réponse du ministre iranien des affaires étrangères Ali Akbar Salehi.

Le lendemain, lundi 16 janvier, le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Nuaimi, a assuré que son pays pourrait rapidement compenser les exportations de brut iranien en cas de nécessité; il ajoutait que si l’Iran devait bloquer le Détroit d’Ormuz, passage stratégique à l’entrée du Golfe, en guise de représailles à tout éventuel embargo, ce détroit ne resterait pas fermé très longtemps. “Actuellement, nous produisons entre 9,4 et 9,8 millions de barils par jour”, a précisé al-Nuaimi, alors que “nous avons une capacité dep roduction de 12,5 millions de barils par jour. En peu de jours, nous pourrions facilement atteindre une production allant jusqu’à 11,4 barils par jour”.

Ces paroles ont évidemment déplu à Téhéran: “Si telle est la position officielle de l’Arabie Saoudite, nous invitons les autorités de ce pays à réagir plus calmement, avec un bon sens de la responsabilité et avec sagesse”. Telle fut la réplique de Salehi, qui a ajouté que les Iraniens ont bien l’intention de “rester tolérants à l’égard des pays du Golfe Persique, et à l’égard de l’Arabie Saoudite en particulier”. Il a rappelé que des affirmations du genre ont déjà été proférées dans le passé. Pourtant la situation est particulièrement tendue, vu la décision de l’UE d’imposer des sanctions à partir du 23 janvier et vu les pressions qu’exercent les Etats-Unis sur les pays asiatiques pour qu’ils réduisent leurs importations de brut iranien. Le Japon, sollicité par le ministre américain du trésor, craint de devoir réduire de 10% ses importations de brut iranien. Toutefois, un jour plus tard, le premier ministre japonais a redimensionné les déclarations du ministre des finances Azumi.

L’offensive américaine s’est alors concentrée sur la Corée du Sud, dont les importations de pétrole iranien sont plus importantes: 9,6% de toutes ses nécessités en brut viennent d’Iran. Séoul devra opter pour une exemption temporaire des restrictions en matière d’importation de pétrole, à condition de réduire significativement tous les autres échanges avec Téhéran. Les Coréens motivent comme suit la demande temporaire d’exemption: ils doivent d’abord trouver d’autres sources d’approvisionnement. La proposition saoudienne va évidemment dans ce sens: fournir les clients de l’Iran quand celui-ci sera soumis à l’embargo promis et appuyer à sa façon les mesures vexatoires que les Etats-Unis prennent à l’égard de l’Iran.

La situation est rendue encore plus compliquée, notamment vu la tournée (la première depuis vingt ans dans la région) du premier ministre chinois Wen Jiabao dans la péninsule arabique. Wen Jiabao a commencé ce voyage à Ryad, où il a signé un accord pour la construction d’une raffinerie à Yanbou, ville portuaire sur les rives de la Mer Rouge. La Chine, qui a approuvé les sanctions de l’ONU mais critique celles prises unilatéralement par les Etats-Unis et l’UE, est le premier pays importateur de brut iranien, pour un volume correspondant à 5% de sa demande interne. En revanche, les Chinois couvrent 25% de leurs besoins en se fournissant auprès des monarchies du Golfe. La position de la Chine sur la question du nucléaire iranien est donc d’une importance cruciale.

Malgré les pressions américaines, l’Inde a déclaré qu’elle continuerait à se fournir en Iran: “Nous continuerons à acquérir notre pétrole en Iran”, a dit le ministre indien des affaires étrangères, Ranjan Mathai, au cours d’une conférence de presse. Demeure le fait que les offres saoudiennes constituent non seulement un affront à l’Iran mais sont contraires aux principes mêmes de l’OPEP, l’organisation qui équilibre la production de pétrole dans le monde. Pour cette raison, le représentant de l’Iran auprès de l’OPEP, Mohammed Ali Khatibi, dans un entretien accordé au quotidien “Sharq”, a affirmé que “si nos voisins du Sud utilisent leur capacité de production pour se substituer à notre pétrole et s’ils décident de coopérer avec des pays aventuriers (c’est-à-dire dans sa terminologie: “occidentaux”), ils seront responsables de tous les incidents qui se produiront et leur attitude ne sera pas considérée comme amicale”’.

Ensuite, Téhéran a invité les pays européens, qui, prochainement, décideront d’un embargo sur le pétrole iranien, à tenir compte de leurs “intérêts nationaux”. Quelque 18% des exportations iraniennes s’acheminent vers l’Europe et, en particulier, vers l’Italie (180.000 barils/j.), l’Espagne (160.000 barils/j.) et la Grèce (100.000 barils/j.). On sait déjà que Rome s’est immolée sur l’autel des intérêts américains, est restée sourde aux bons conseils venus de Téhéran: “Si l’Union Européenne se veut sérieuse quand elle affirme son indépendance, alors elle devrait se concentrer sur ses intérêts nationaux et non céder aux pressions politiques américaines”, comme l’a dit le porte-paroles du ministère iranien des affaires étrangères, Ramin Mahmanparast.

Alessia LAI.

( a.lai@rinascita.eu ).

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 18 janvier 2012; http://www.rinascita.eu ).

dimanche, 22 janvier 2012

Flambée Du Prix de L’Essence Conséquence Directe Des Sanctions Contre L’Iran

Flambée du prix de l’essence: conséquence directe des sanctions contre l’Iran

En France le prix de l’essence à la pompe a atteint un record historique. Ni les US ni Israël n’importent de pétrole iranien et par conséquent ne subissent de plein fouet les conséquences. En plus les US ont un accord avec Israël pour leur fournir du pétrole en cas de pénurie (pendant une guerre un embargo par exemple) et Israël dispose également dans le Sud d’importants réservoirs souterrains.

Flambée  Du Prix de L'Essence Conséquence Directe Des Sanctions Contre L’Iran
Le prix du carburant a atteint un niveau historique en France vendredi, selon des données hebdomadaires compilées par la Direction générale de l’énergie et du climat. De plus, enlevez la facture pétrolière, et la France devient tout de suite excédentaire sur la balance de ses exportations donc si le prix du pétrole flambe le déséquilibre de sa balance commerciale va s’accentuer.Autre facteur de flambée du Brut la chute de l’Euro face au dollar provoquant une augmentation de la facture pétrolière.

Le prix du Brut flambe à cause des spéculations portant à la fois sur les sanctions unilatérales contre l’Iran déjà prises et que va renforcer l’UE imitant en cela les US sous pression du Lobby Juif Sioniste, et sur les rumeurs d’attaques militaires par les US et ou Israël contre les installations nucléaires iraniennes.

Les compagnies pétrolières – dont Total qui ne paie pas d’impôt en France et l’Etat français via ses taxes – premières bénéficiaires de cette envolée du Brut la répercutent immédiatement à la pompe bien sûr.Le PDG de Total, Christophe de Margerie estime que “les chances que le baril descende en dessous de 100 dollars sont faibles” et qu’il devrait “rester dans la zone des 100-120 dollars” des chiffres qui pourraient être revus à la hausse si la situation au Moyen Orient se dégrade à cause des velléités colonialistes belliqueuses des US Israël et leurs ingérences continuelles par des actions clandestines terroristes en Syrie et en Iran.Total a bénéficié des cours élevés du pétrole au 3e trimestre 2011 avec un bénéfice net en hausse de 17 % à 3,31 milliards d’euros. Pour 2012, le PDG de Total prévoit des résultats “en hausse” pour la compagnie pétrolière et ce qu’il ne dit pas bien sûr pour les dividendes de ses actionnaires. Les Français qui font le plein pour aller bosser – et les autres notamment ceux qui vivent en périphérie des villes et à la campagne – apprécierons.

Les US ISRAEL viennent de mener une vaste campagne de propagande sur des exercices militaires conjoints – finalement repoussés- que s’est empressé de relayer avec de nombreux détails le site affilié aux services de renseignements militaires et de propagande israélienne Devka Files. L’objectif de cette campagne c’est de faire pression sur l’UE pour qu’elle adopte des sanctions contre l’importation de pétrole iranien et boycotte la Banque Centrale d’Iran.

Pour se faire, et avec la complicité de l’administration Obama qui feint de vouloir « restreindre » les velléités guerrières de l’entité coloniale sioniste, les Juifs israéliens utilisent leur méthode favorite le chantage à une intervention militaire d’où récemment le battage médiatique international intensif sur une possible guerre Iran US Israël.

Ce qui est passé sous silence par contre lorsqu’on parle de sanctions unilatérales des US de l’UE et consorts contre l’Iran c’est que les deux principaux instigateurs de ces sanctions les US et Israël n’importent pas de pétrole de l’Iran et par conséquent leurs économies et leurs populations respectives sont beaucoup moins touchées que celles des membres de l’UE dont la France même si ces deux pays subissent également les contre coups de la flambée des cours du Pétrole.

En effet les US importent majoritairement leur pétrole – par ordre d’importance – du Canada de l’Arabie Saoudite leur allié whahhabite et protégé du Golfe, du Mexique, du Venezuela et du Nigéria ces pays couvrant à eux seuls 69% des importations américaines de Brut. Autre pays exportateur de Brut vers les US par ordre décroissant de barils exportés : La Colombie, l’Irak, L’Equateur, l’Angola, La Russie, Le Brésil, Le Koweït, L’Algérie, Oman.

Par contre les US seraient directement touchés pour leurs importations de pétrole des pays du Golfe par une réglementation et un contrôle astreignants mis en place par l’Iran pour emprunter ses eaux territoriales au niveau du passage d’Hormuz – tankers pétroliers transportant le pétrole d’Arabie Saoudite, d’Irak, du Koweït, d’Oman… et autres navires de guerre dont ceux de la Vème Flotte US stationnée à Bahreïn dans un cul de sac – ce que le parlement iranien pourrait décidé en toute légalité conformément au droit de la mer international ce d’autant plus qu’un embargo unilatéral sans résolution du CSONU sur les exportations de pétrole iranien constitue un acte de guerre. L’Iran serait en droit de prendre les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité Terre Mer Air inclus limiter drastiquement la circulation des navires étrangers dans ses eaux territoriales aux alentours du Détroit D’Hormuz.

L’administration Obama sous la pression des Républicains néocons alliés des Juifs sionistes américains a ratifié cet embargo pétrolier et les sanctions qui l’accompagnent pour les sociétés étrangères faisant affaire avec l’Iran notamment via la Banque Centrale d’Iran risque à terme d’en payer chèrement les conséquences économiquement dans un climat de Grande Récession qui pourrait se transformer en Méga Récession.

Les Juifs sionistes et leurs alliés néo cons américains n’ont aucun problème à promouvoir agressivement -inclus en corrompant les élus du Congrès américains – cet embargo sur les importations de pétrole iranien.

Le régime colonial sioniste auto proclamé Israël, lui aussi n’importe pas de pétrole de l’Iran sauf à l’époque du Shah à partir de 1968 jusqu’en 1979 utilisant pour se faire un pipeline le «TIPline». Israël importe des milliers de barils par jour et occupe la 42ème place sur la liste des 211 pays importateurs de pétrole et 35ème place per capita en matière de consommation.

Israël dépend à 99% du marché mondial du pétrole pour ses importations et si les Israéliens subissent aussi par ricochet les conséquences de la flambée du Brut elles sont bien moindre que celles subies dans les pays membres de l’UE dont la France.

Pour ce qui est de conséquences éventuelles de la réduction du trafic ou de la fermeture du Détroit D’Hormuz par l’Iran Israël n’est pas concerné et n’en subirait pas les conséquences à la différence des pays membres de l’UE dont la France et des US.

Bien que ce soit plus difficile de répertorier les pays producteurs de pétrole qui exportent vers Israël car certains pays du Golfe le font clandestinement ce ne sont pas eux qui approvisionnent majoritairement le régime sioniste en Brut.

90% des importations pétrolières d’Israël viennent de la Mer Caspienne. Deux importants pipelines sont impliqués dans cet approvisionnement Le Caspian Consortium Pipeline qui transporte du pétrole provenant du Khazakstan et de Russie à Novorossiysk un port russe sur la mer Noire qui est ensuite transporté par tankers jusqu’au port de Haïfa qui avec le port d’Askelon plus au Sud sont les deux terminaux pétroliers gérés respectivement par Oil Refineries Ltd à Haïfa et Paz Oil Company Ltd à Ashdod à côté d’Ashkelon.

Un nouveau pipeline a été mis en service le BTC pipeline -Baku-Tbilisi-Ceyhan- qui transporte du pétrole de l’Azerbaïdjan via la Georgie et la Turquie jusqu’au port méditerranéen turc de Ceyhan puis par voie maritime jusqu’à Ashkelon mais Israël la Turquie et les compagnies pétrolières à qui appartiennent le BTC dont BP ont des projets de construction de pipelines – 400Km- sous la mer le long de la côte Est de la Méditerranée pour le transport non seulement de pétrole mais aussi de gaz naturel d’électricité et d’eau qui d’Ashkelon seraient ensuite acheminés par pipelines à Eilat sur la Mer Rouge et de là vers l’Asie.

La Russie qui exporte du pétrole en Israël utilise déjà discrètement ces voies d’acheminement pour envoyer son pétrole en Asie notamment en Inde et en Chine.

L’Azerbaïdjan – pays à majorité musulmane – est donc le plus important fournisseur de pétrole d’Israël et ce n’est pas sans raison que des sites d’institutions étatiques de ce pays viennent de subir des attaques internet par des hackers qui dénoncent cette collaboration avec le régime colonial sioniste.

Israël bénéficie également d’un accord avec l’Egypte concernant sa production de pétrole et de gaz dans le Sinaï restitué lors de la signature du Traité de paix de Camp David en 1979 afin de bénéficier d’un approvisionnement prioritaire en pétrole en cas de pénurie mais compte tenue des besoins grandissant de l’Egypte et des changements politiques survenus ces derniers mois il est peu probable que cet accord soit respecté si la situation se détériorait en matière d’approvisionnement pétrolier pour Israël.

Bien que les relations entre la Turquie et Israël semblent – nul ne sait ce qui se passe en coulisses le gouvernement turc d’Erdogan joue l’anti sioniste surtout pour son opinion publique turque – s’être détériorées ces derniers mois pas question qu’Ankara coupe le robinet d’approvisionnement en pétrole d’Israël tout simplement parce que le BTC appartient à des multinationales et que la Turquie est liée par des engagements vis-à-vis de la libre circulation du pétrole provenant de la Caspienne sur son territoire et à travers le Bosphore qu’elle contrôle et par où transitent des tankers provenant de la Mer noire transportant du pétrole à destination d’Israël.

Concernant le Bosphore, le Traité de Montreaux de 1936 garantit la libre circulation en temps de paix des navires à travers le Détroit du Bosphore et des Dardanelles en contre partie de quoi la Turquie en a le contrôle. O0bligée de respecter ce traité la Turquie ne peut donc pas empêcher des tankers de circuler à travers le Bosphore notamment pour approvisionner Israël.

D’autre part suite aux conclusions de la Commission israélienne Agranat chargée d’enquêter sur les erreurs commises lors de la Guerre de Kippour en 1973 – Israël avait alors du faire appel d’urgence aux Américains pour lui livrer du pétrole surtout du kérosène pour ses avions de combat- l’amiral Moshe Shahal à l’époque ministre de l’énergie dans les années 90 a fait construire des réservoirs de pétrole souterrains dans le Sud soit disant protégés d’attaques conventionnelles et nucléaires.

Ces réservoirs contiennent une réserve stratégique de pétrole en cas de pénurie d’approvisionnement sur le marché mondial à cause d’une guerre ou d’un embargo par exemple. Cette réserve de pétrole a été utilisée pour la dernière fois lors de la guerre de l’été 2006 au cours de laquelle le Hezbollah a pilonné de ses roquettes artisanales le port de Haïfa et ses alentours empêchant les tankers pétroliers étrangers de s’approcher des côtes israéliennes et donc de décharger leur précieuse cargaison d’or noir.

En clair les deux pays les US et Israël – mais surtout Israël via son réseau d’influence de Juifs sionistes infiltrés au plus au niveau de l’administration américaine et leurs soutiens indéfectibles chez les néo cons US – qui poussent agressivement les états membres de l’Union Européenne à imposer un embargo sur l’importation de pétrole iranien sont à l’abri des conséquences incontrôlables notamment les effets dévastateurs sur les économies des pays de la zone euro d’un tel embargo.

Les sanctions unilatérales prises contre l’Iran par les US et l’UE – auxquelles s’opposent d’ailleurs la Russie et la Chine – notamment cet embargo contre l’importation de pétrole iranien et toute opération financière avec la Banque Centrale d’Iran sont non seulement illégales un casus belli en droit international régissant les lois de la guerre – un tel embargo ne peut être décidé que par le CSONU comme cela a été le cas de l’Irak de Saddam Hussein avec les conséquences désastreuses sur la population civile irakienne dont la morts de nombreux enfants – mais elles sont de plus basées sur le dernier rapport mensonger de l’AIEA de Yukiya Amano (au service des US comme lui-même l’a affirmé selon un câble révélé par Wikileaks) accusant sournoisement l’Iran d’avoir un programme nucléaire militaire.

Ces accusations ont été portées depuis plusieurs années donc rien de nouveau sur la base de documents – les fameux documents du pc portable – que l’ancien secrétaire général de l’AIEA Mohamed El Baradei avait rejetés parce qu’ils les considéraient comme non fiables autrement dit des faux.

Depuis plusieurs experts en nucléaire militaire de même que d’anciens inspecteurs de l’AIEA ont confirmé ces affirmations et allant plus loin même ont déclaré pour certains d’entre eux après enquête et examen minutieux qu’ils avaient été fabriqués par le Mossad et transmis à l’AIEA via le MEK le groupe terroriste de la secte MEK (MKO et ses Gourous Maryam et Massoud Rajavi ) protégée par la France de Sarkozy et consorts et utilisée pour fournir des supplétifs en Iran aux services d’espionnage israéliens et commettre des attentats et assassinats contre des scientifiques iraniens.

Quant à ceux qui comme le ministre des affaires étrangères français Alain Juppé – roue de secours de l’UMP pour la présidentielle 2012 et candidat chouchou des Américano Sionistes au cas ou Sarkozy rattrapé par ses affaires de malversations Karachi, Bettencourt etc… ne pourrait pas se présenter – affirment que les Pays du Golfe pourront palier à la réduction de production de pétrole iranien, ils mentent.

En effet l’ex président de l’OPEP, Chakib Khalil, a mis en garde les pays européens concernant l’incapacité pour l’Arabie saoudite et les autres pays arabes producteurs de pétrole dans le Golfe Persique d’assurer leurs besoins en pétrole.

M.Khalil a fait remarquer que les plus gros importateurs du pétrole iranien, comme le Japon – qui s’est montré réservé quant à l’application de l’embargo sur le pétrole iranien et trouvera certainement un moyen de le contourner – et surtout l’Union européenne devront assurer leur besoin en pétrole auprès de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Émirats Arabes Unis.

Il a ajouté que ces pays ne pourraient combler les besoins des pays membres de l’UE que pendant une très courte période en gros 1 mois seulement. Ensuite ils (dont la France) seront obligés de taper dans leurs réserves de pétrole.

Cela provoquera une nouvelle envolée du prix du pétrole par ricochet en France – et ailleurs aussi – celle du prix de l’essence à la pompe et par ricochet encore un plus grand déséquilibre de la balance commerciale française donc un endettement encore plus grand.

Une Méga Récession pour l’ensemble de l’UE.

De là à penser que les Américano Sionistes ont concocté un plan de guerre économique – avec le concours de l’Allemagne et de certains dirigeants dont Sarkozy qui font passer les intérêts des US Israël avant ceux de la France et des Français – pour affaiblir durablement l’Europe afin de l’asservir à son dictat notamment en matière de politique étrangère surtout en ce qui concerne le Grand Moyen Orient il n’y a qu’un pas facile à franchir les faits ci-dessus parlant d’eux-mêmes réfutant d’avance toute accusation fascisante de «théorie du complot» pour quiconque dénonce Israël et son parrain les US de vouloir à terme provoquer une IIIème Guerre Mondiale.

Mercredi 18 Janvier 2012

mercredi, 11 janvier 2012

La crise iranienne de plus en plus intégrée dans la crise générale

La crise iranienne de plus en plus intégrée dans la crise générale

Les pays non alignés au bloc occidental entrent dans une phase active de la guerre des devises en commerçant avec l'Iran en monnaie locale

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Parallèlement à sa posture militaire affirmée dans le Golfe au nom de l’esprit de la souveraineté régionale, l’Iran travaille beaucoup en ce moment à rassembler le plus possible de réaffirmations de liens amicaux avec d’autres pays, d’une façon directe ou indirecte. Il s’agit d’une offensive diplomatique ou autre, mais qui se situe essentiellement au sein du système de la communication qui est sans aucun doute le champ privilégié de l’“action”, aujourd’hui dans la crise iranienne. Il est évident que les interventions des uns et des autres dans cette période de grande tension constituent des actes politiques, toujours dans le champ du système de la communication.

• Il nous semble que la position de la Turquie est à nouveau un point important, avec une réaffirmation sans ambigüité des liens entre ce pays et l’Iran. La semaine dernière, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, l’homme le plus important du cabinet turc après Erdogan, était à Téhéran où il a eu diverses conversations pour réaffirmer les liens entre les deux pays. Samedi, Davutoglu a réaffirmé cette atmosphère amicale au cours d’une interview télévisée, en trouvant une formule-choc qui porte tout le crédit venu de ses conceptions d’universitaire et d’intellectuel du monde musulman : «Les liens entre l’Iran et la Turquie sont à leurs meilleurs niveaux depuis 400 ans». (Ci-dessous, selon PressTV.com, le 8 janvier 2012.)

«Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoglu has emphasized that Iran-Turkey ties are at the highest level in the past 400 years. Davutoglu made the remarks in an interview with a Turkish TV network on Saturday. He hailed the maintenance of warm relations between Tehran and Ankara and called for further expansion of interactions between the two neighboring nations…»

• La Chine a officiellement une prise de position qui, selon la prudence coutumière de sa diplomatie, constitue un soutien officiel indirect à l’Iran. La Chine signale notamment qu’elle poursuivra normalement ses liens commerciaux avec l’Iran, notamment concernant la livraison du pétrole. (Sur PresTV.com, le 7 janvier 2012.)

«China has dismissed the new US sanction against Iran's oil sector, saying that the commercial ties with Iran are totally legitimate and should not be subject to any punishment. “China maintains normal and transparent energy and economic cooperation with Iran which does not violate UN Security Council resolutions and these interactions should not be affected,” Chinese Foreign Ministry spokesman Hong Lei told a daily news briefing on Thursday. “China opposes the placing of one's domestic law above international law and imposing unilateral sanctions on other countries,” he added.

»Hong went on to say that sanctions are not the correct approach to easing what the US calls tensions over Iran's nuclear program, adding that, “Dialogue and negotiation is the right way out.”»

• La Russie n’est indirectement pas en reste sur cette ligne, au travers d’une déclaration de l’ambassadeur d’Iran en Russie (PressTV.com, le 8 janvier 2012), annonçant que la Russie et l’Iran s’étaient mis d’accord, depuis un projet lancé dans ce sens en marge du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai, en juin 2011, pour négocier et régler leurs échanges commerciaux dans leurs deux monnaies nationales (rial et rouble), au lieu du dollar. Cette annonce est clairement inscrite, par les Iraniens, comme une mesure commune du même esprit que les déclarations russes hostiles aux nouvelles sanctions décidées par les USA et les pays du bloc BAO (les Européens ayant enchaîné sur l’embargo pétrolier décidé par les USA, selon une ligne politique dont personne, dans les milieux européens, n’est capable d’en définir ni le sens profond, ni le but, ni la justification opérationnelle, – tout cela conformément aux normes de la politique européenne, – sans surprise, tout cela).

«Iranian Ambassador to Moscow Seyyed Reza Sajjadi […] said Tehran and Moscow switched to their national currencies in preference after the meeting between their presidents. Sajjadi also pointed to Russia' strong opposition to sanctions against Iran over its nuclear program, saying Russians have clearly announced that they will not accept fresh anti-Iran bids that target the country's Central Bank and financial institutions.»

• De son côté, l’Inde travaille activement, actuellement, pour mettre en place un dispositif financier qui lui permettra de payer ses importations de pétrole iranien en roupies plutôt qu’en dollar. (L’Iran est le deuxième fournisseur de pétrole de l’Inde après l’Arabie et reçoit chaque mois pour ce commerce l’équivalent d’un milliard de dollars.) Là encore, il s’agit d’une mesure qui, dans l’esprit autant que dans les actes, s’oppose aux sanctions contre l’Iran décidées par le bloc BAO. Le caractère technique de la décision a cette dimension politique, en plus, comme dans le cas russe, d’une décision commerciale et monétaire qui contribue à affaiblir le rôle du dollar et à rejeter son statut de monnaie internationale d’échange. (Dans PressTV.com, le 8 janvier 2011.)

«In the wake of the US decision to impose fresh sanctions against the Islamic Republic that would target its oil exports, India announces plans to pay for the Iranian crude it imports in rupees. A senior Indian government official, speaking on condition of anonymity, said the issue will be addressed when a multi- disciplinary team visits Tehran on January 16 to discuss uninterrupted supply from the major oil producer, the Press Trust of India reported on Sunday…»

• Il y a également le voyage d’Ahmadinejad en Amérique du Sud, auprès d’amis sûrs, évidemment vilipendés par les USA. Dans la même dépêche Russia Today du 8 janvier 2012, qui présente ce voyage, il y a des détails sur l’intention affichée de l’Iran de faire commerce de combustible nucléaire.

«Meanwhile, Iranian President Mahmoud Ahmadinejad has left for a five-day Latin America trip. It will take in Venezuela, Cuba, Ecuador and Nicaragua, countries which, “resist the oppression” of the United States and share “an anti-colonialist view,” he said just before flying out on Sunday, according to the country’s Fars news agency.

»Commenting on Ahmadinejad’s trip, the US State Department said that “as the regime feels increasing pressure, it is desperate for friends – and is flailing around in interesting places to find,” them.»

• Ce voyage d’Ahmadinejad est donc considéré par les USA, comme on le voit ci-dessus, avec une ironie méprisante. Il y a aussi une certaine générosité et un libéralisme d’esprit remarquables dans l’observation américaniste de la chose, puisque, comme le rapporte le Washington Times le 8 janvier 2011, les USA semblent autoriser le reste du monde à avoir des contacts diplomatiques avec l’Iran sans nécessairement provoquer une attaque de destruction massive et de punition des USA dans les 24 heures : «[O]ne State Department official telling The Washington Times that “merely hosting Iran in a diplomatic visit does not violate the sanctions regime.”»… Nous sommes rassurés de ce côté, mais la philosophique psychologie américaniste, montrant une charmante manifestation de sa maniaco-dépression courante, passe de la dérision et de la générosité à l’angoisse pure et simple lorsqu’il s’agit du Guatemala, où le président élu Otto Perez Molina doit recevoir le 14 janvier les invités internationaux pour son inauguration. Ahmadinejad, qui est donc dans la région, en sera-t-il ? Le Guatemala examine la question et n’a pas catégoriquement rejeté l’idée, ce qui plonge Washington dans cette angoisse signalée plus haut, d’autant que ce même Washington considère que Molina, ancien officier de l’armée sans doute formé par les instructeurs US de Fort Bragg, est l’“un des siens” («one of the region's few emerging U.S. allies», précise obligeamment le Washington Times).

Mises à part les billevesées américanistes (sauf pour l’étude de la pathologie de la psycvhologie), ce tableau général est intéressant. Il montre comment s’organise la riposte face aux embargos divers et draconiens imposés par le bloc BAO, sous la direction de Washington. D’une certaine façon, il s’agit d’une illustration supplémentaire de la situation particulière de la crise iranienne et de la nouvelle forme qu’elle a prise. Nous ne sommes pas dans un état de guerre, ni même de volonté de guerre affichée (comme dans les six années précédente où le but affirmé implicitement mais violemment était une attaque contre l’Iran), mais dans un état de tension extrême avec des risques divers (dans le Golfe et alentour), avec comme facteur fondamental de cette tension ces mesures d’embargo. Même si l’embargo à ce degré peut légitimement être considéré comme “un acte de guerre”, il n’empêche qu’il ne s’agit pas d’une guerre ou d’une menace précise de guerre dans sa brutalité et dans les regroupements forcés et urgents auxquels cela contraint. Il reste bien assez de place pour les manœuvres diplomatiques, directes ou indirectes, et il semble qu’on ne s’en prive pas, et que l’Iran, contrairement aux affirmations sarcastiques d’une porte-parole énervée du département d’État, est loin d’être isolé. (Cela serait sans doute différent, justement, s’il y avait une marche assurée vers la guerre, justement à cause du facteur de brutalité qui invite à la prudence, voire à la couardise, et contrecarre cette sorte de manœuvres.)

Un autre facteur intéressant, qui montre également l’évolution de la situation, est que ce “regroupement”, plutôt en faveur de l’Iran puisque les adversaires de l’Iran sont en mode automatique de regroupement-Système depuis longtemps, s’effectue sous la forme indirecte d’actes commerciaux et d’échange ; l’intérêt de la chose est alors que cette forme d’évolution signifie non seulement un refus de l’embargo mais conduit à une situation plus générale et plus importante de l’abandon de la devise US pour les échanges. Cela donne une dimension générale qui dépasse la seule crise iranienne et met en cause la politique générale des USA, en intégrant d’une façon intéressante la crise iranienne dans la crise générale. Cela rejoint d’une façon également intéressante et, en plus, révélatrice, cette remarque du général israélien Dan Halutz, cité ce 9 janvier 2012 dans un autre contexte, et sans aucun doute dans un autre sens : «…but Iran is a global problem – not just Israel's problem.» Certes, Halutz parle du “problème iranien”, et l’on comprend pourquoi, mais l’intérêt de sa remarque est le fait de l’“internationalisation” du “problème”, c’est-à-dire de son intégration dans les problèmes généraux, ce qui revient effectivement et objectivement, quoi qu’on en veuille, à l’intégration de la crise iranienne dans la crise générale. Un tel processus est une défaite fondamentale pour le bloc BAO qui a toujours joué sur la spécificité iranienne pour soutenir sa politique extrémiste et maniaque ; si la crise iranienne s’intègre dans la crise générale, on est aussitôt conduit à observer cette évidence qu’il n’y a plus de spécificité iranienne, donc plus de responsabilité exclusive de l’Iran (selon la thèse du bloc BAO), donc un élargissement de la crise du nucléaire au reste et ainsi de suite… Nous entrons alors dans le vaste territoire de la crise générale où les responsabilités sont plus que partagées et où l’on sait bien que la cause première revient évidemment au Système lui-même. Le processus déjà identifié au niveau stratégique se poursuit donc et s’élargit à tous les domaines.

mercredi, 28 décembre 2011

The March to War: Iran and the Strategic Encirclement of Syria and Lebanon

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The March to War: Iran and the Strategic Encirclement of Syria and Lebanon
 

The encirclement of Syria and Lebanon has long been in the works. Since 2001, Washington and NATO have started the process of cordoning off Lebanon and Syria. The permanent NATO presence in the Eastern Mediterranean and the Syrian Accountability Act are part of this initiative. It appears that this roadmap is based on a 1996 Israeli document aimed at controlling Syria. The document’s name is A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm.

The 1996 Israeli document, which included prominent U.S. policy figures as authors, calls for “rolling back Syria” in 2000 or afterward. The roadmap outlines pushing the Syrians out of Lebanon, diverting the attention of Damascus by using an anti-Syrian opposition in Lebanon, and then destabilizing Syria with the help of both Jordan and Turkey. This has all respectively occurred from 2005 to 2011. This is also why the anti-Syrian March 14 Alliance and the Special Tribunal for Lebanon (STL) were created in Lebanon.

As a first step towards all this the 1996 document even calls for the removal of President Saddam Hussein from power in Baghdad and even alludes to the balkanization of Iraq and forging a strategic regional alliance against Damascus that includes a Sunni Muslim Arab “Central Iraq.” The sectarian nature of this project is very obvious as are its ties to opposing a so-called “Shiite Crescent.” The roadmap seeks to foment sectarian divisions as a means of conquering Syria and creating a Shiite-Sunni rift that will oppose Iran and keep the Arab monarchs in power.

The U.S. has now initiated a naval build-up off the Syrian and Lebanese coasts. This is part of Washington’s standard scare tactics that it has used as a form of intimidation and psychological warfare against Iran, Syria, and the Resistance Bloc. While Washington is engaged in its naval build-up, the mainstream media networks controlled by the Saudis and Arab clients of the U.S. are focusing on the deployment of Russian naval vessels to Syria, which can be seen as a counter-move to NATO.

Al-Ramtha in Jordan is being used to launch attacks into Daraa and Syrian territory. The Jordanian Minister of State for Media Affairs and Communications, Rakan Al-Majali, has even publicly admitted this and dismissed it as weapons smuggling. For years, Jordanian forces have successfully prevented weapons from reaching the Palestinians in the Israeli-occupied West Bank from Jordanian territory. In reality, Amman is sending weapons into Syria and working to destabilize Syria. Jordanian forces work as a frontline to protect Israel and the Jordanian intelligence services are an extension of the C.I.A. and Mossad.

According to the Turkish media, France has sent its military trainers into Turkey and Lebanon to prepare conscripts against Syria. The Lebanese media also suggests the same. The so-called Free Syrian Army and other NATO-GCC front organizations are also using Turkish and Jordanian territory to stage raids into Syria. Lebanon is also being used to smuggle weapon shipments into Syria. Many of these weapons were actually arms that the Pentagon had secretly re-directed into Lebanon from Anglo-American occupied Iraq during the George W. Bush Jr. presidency.

The French Foreign Minister, Alain Juppé, has promised the Syrian National Council, that a so-called “humanitarian corridor” will be imposed on Syria. Once again, the Syrian National Council is not an independent entity and therefore Juppé did not really make a promise; he really made a declaration.

While foreign companies like Suncor Energy were forced to leave Libya, they have not left Syria. The reason that these companies have stayed has been presented as being humanitarian, because they provide domestic local services in Syria. For example, Suncor Energy helped produce oil for export from Libya, but in Syria produces energy for local consumption. In reality, hostile governments are letting these companies stay, because they siphon money out of Syria. They want to prevent any money from going in, while they want to also drain the local economy as a catalyst to internal implosion in Syria.

Along with the U.S. and its NATO allies, the Gulf Cooperation Council (GCC) is imposing sanctions that include an end to all flights to Syria. The GCC states and Turkey have joined the foreign ministries of NATO states in asking their citizens to leave Syria. Since the U.N. Security Council is no longer a viable route against Syria, the GCC may also try to impose a no-fly zone over Syria through the Arab League.

Turkey: NATO’s Trojan Horse and Gateway into the Middle East

Turkey was present at the Arab League meeting in Morocco, which demanded regime change in Damascus. Ankara has been playing a dirty game. Initially, during the start of NATO’s war against Libya, Ankara pretended to be neutral while it was helping the Transitional Council in Benghazi. The Turkish government does not care about the Syrian population. On the contrary, the demands that Turkish officials have made to the Syrians spell out that realpolitik is at play. In tune with the GCC, Turkey has demanded that Damascus re-orient its foreign policy and submit to Washington’s demands as a new satellite. Through a NATO initiative, the Turks have also been responsible for recruiting fighters against the Libyan and Syrian governments.

For several years Ankara has been silently trying to de-link Syria from Iran and to displace Iranian influence in the Middle East. Turkey has been working to promote itself and its image amongst the Arabs, but all along it has been a key component of the plans of Washington and NATO. At the same time, it has been upgrading its military capabilities in the Black Sea and on its borders with Iran and Syria. Its military research and development body, TUBITAK-SAGE, has also announced that Ankara will also start mass-production of cruise-missiles in 2012 that will be fitted for its navy and forthcoming deliveries of U.S. military jets that could be used in future regional wars. Turkey and NATO have also agreed to upgrade Turkish bases for NATO troops.

In September 2011, Ankara joined Washington’s missile shield project, which upset both Moscow and Tehran. The Kremlin has reserved the right to attack NATO’s missile shield facilities in Eastern Europe, while Tehran has reserved the right to attack NATO’s missile shield facilities in Turkey or in the case of a regional war. There have also been discussions about the Kremlin deploying Iskander missiles to Syria.

Since June 2011, Ankara has been talking about invading Syria. It has presented the invasion plans as a humanitarian mission to establish a “buffer zone” and “humanitarian corridor” under R2P, while it has also claimed that the protests in Syria are a regional issue and not a domestic issue. In July 2011, despite the close Irano-Turkish economic ties, the Iranian Revolutionary Guard made it clear that Tehran would support the Syrians and choose Damascus over Ankara. In August 2011, Ankara started deploying retired soldiers and its military reserve units to the Turkish-Syrian border. It is in this context, that the Russian military presence has also been beefing up in the port of Tartus.

From Damascus to Tehran

It is also no mere coincidence that Senator Joseph Lieberman started demanding at the start of 2011 that the Pentagon and NATO attack Syria and Iran. Nor is it a coincidence that Tehran has been included in the recent Obama Administration sanctions imposed against Damascus. Damascus is being targeted as a means of targeting Iran and, in broader terms, weakening Tehran, Moscow, and Beijing in the struggle for control over the Eurasian landmass. The U.S. and its remaining allies are about to reduce their forces in Iraq, but they do not want to leave the region or allow Iran to create a bridge between itself and the Eastern Mediterranean using Iraq.

Once the U.S. leaves Iraq, there will be a direct corridor between Lebanon and Syria with Iran. This will be a nightmare for Washington and Tel Aviv. It will entrench Iranian regional dominance and cement the Resistance Bloc, which will pin Iran, Syria, Iraq, Lebanon, and the Palestinians together. Israel and the U.S. will both be struck with major strategic blows.

The pressure on Syria is directly tied to this American withdrawal from Iraq and Washington’s efforts to block Tehran from making any further geo-political gains. By removing Damascus from the equation, Washington and its allies are hoping to create a geo-strategic setback for Iran.

Everything that Washington is doing is in preparation for the new geo-political reality and an attempt to preserve its regional standing. U.S. military forces from Iraq will actually be redeployed to the GCC countries in the Persian Gulf. Kuwait will host new combat units that have been designated to re-enter Iraq should security collapse, such as in the case of a regional war, or to confront Iran and its allies in a future conflict. The U.S. is now activating the so-called “Coalition of the Moderate” that it created under George W. Bush Jr. and directing it against Iran, Syria, and their regional allies.

On November 23, 2011 the Turks signed a military agreement with Britain to establish a strategic partnership and closer Anglo-Turkish military ties. During an important state visit by Abdullah Gül to London, the agreement was signed by Defence Secretary Phillip Hammond and the Deputy Chief of the Turkish General Staff, Hulusi Akar. The Anglo-Turkish agreement comes into play within the framework of the meetings that the British Chief of Defence Staff, General David Richards, and Liam Fox, the former scandal-ridden British defence minister, had with Israeli officials in Tel Aviv. After the visit of General Richards to Israel, Ehud Barak would visit Britain and later Canada for talks concerning Syria and its strategic ally Iran. Within this timeframe the British and Canadian governments would declare that they were prepared for war with both Syria and Iran.

London has announced that military plans were also drawn for war with Syria and Iran. On the other side of the Atlantic, Canada’s Defence Minister, Peter MacKay, created shockwaves in Canada when he made belligerent announcements about war with Syria and Iran. He also announced that Canada was buying a new series of military jets through a major arms purchase. Days later, both Canada and Britain would also cut their banking and financial ties with Iran. In reality, these steps have largely been symbolic, because Tehran was deliberately curbing it ties with Britain and Canada. For months the Iranians have also openly been evaluating cutting their ties with Britain and several other E.U. members.

The events surrounding Syria have much more to do with the geo-politics of the Middle East than just Syria alone. In the Israeli Knesset, the events in Syria were naturally tied to reducing Iranian power in the Middle East. Tel Aviv has been preparing itself for a major conflict for several years. This includes its long distance military flights to Greece that simulated an attack on Iran and its deployment of nuclear-armed submarines to the Persian Gulf. It has also conducted the “Turning Point” exercises, which seek to insure the continuation of the Israeli government through the evacuation and relocation of the Israeli cabinet and officials, including the Israeli finance ministry, to secret bunkers in the case of a war.

For half a decade Washington has been directing a military arms build-up in the Middle East aimed at Iran and the Resistance Bloc. It has sent massive arms shipments to Saudi Arabia. It has sent deliveries of bunker busters to the U.A.E. and Israel, amongst others, while it has upgraded its own deadly arsenal. U.S. officials have also started to openly discuss murdering Iranian leaders and military officials through covert operations. What the world is facing is a pathway towards possible military escalation that could go far beyond the boundaries of the Middle East and suck in Russia, China, and their allies. The Revolutionary Guard have also made it clear that if conflict is ignited with Iran that Lebanon, Iraq, and the Palestinians would all be drawn in as Iranian allies.

Mahdi Darius Nazemroaya is a Sociologist and award-winning author based in Ottawa. He is a Research Associate at the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal. He was a witness to the "Arab Spring" in action in North Africa. While on the ground in Libya during the NATO bombing campaign, he reported out of Tripoli for several media outlets. He was Special Correspondent for Global Research and Pacifica's investigative program Flashpoints, broadcast out of Berkeley, California. His writings have been published in more than ten languages.

vendredi, 23 décembre 2011

L'Iran et le drone d'Obama

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L'Iran et le drone d'Obama

"Des services de renseignements européens affirment que l’Iran a stupéfait l’Occident en réussissant à neutraliser un satellite espion de la CIA grâce à une technologie de brouillage de pointe au laser, qui aurait rendu le satellite complètement aveugle. C’est la première fois qu’un incident de ce type est enregistré. Ce constat pourrait indiquer que l’Iran a désormais accès à une technologie capable de détecter des véhicules automatiques aériens":
http://allainjules.com/2011/12/18/iran-2-usa-0-apres-le-drone-liran-neutralise-un-satellite-de-la-cia/

dimanche, 11 décembre 2011

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

 

Pourquoi la CriseEx: http://mbm.hautetfort.com/

Pour Jean-Loup Izambert, journaliste indépendant et écrivain, qui publie son septième ouvrage (1) sous le titre de Pourquoi la crise ? aux éditions Amalthée, la crise du capitalisme est devenue totale. Contrairement aux déclarations de certains économistes et politiciens, il affirme qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Pour l’auteur de la seule investigation journalistique sur les origines de la crise(2), le système capitaliste ne peut survivre que par la guerre. Quelle alternative pour les peuples ? Entretien.

Geostrategie : Vous démontrez dans votre livre Pourquoi la crise ? que le capitalisme ne peut plus supporter la démocratie parlementaire avec laquelle il s’est développé. Sommes-nous à un point de rupture avec ce système et les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ?

Jean-Loup Izambert : C’est évident. Pourquoi et quelles données changent par rapport aux dernières décennies ? Dans ce système les grands propriétaires privés de l’économie contrôlent l’économie et tentent de l’imposer par tous les moyens comme régime aux peuples de la planète, y compris par la guerre. C’est ce qu’ils ont toujours fait avec la seule préoccupation de s’enrichir et de faire main basse sur les richesses des peuples au seul profit des sociétés transnationales qu’ils dirigent. Mais parvenu au stade de l’impérialisme, période actuelle du développement du capitalisme, les grands possédants ont besoin d’un pouvoir politique qui leur soit totalement dévoué pour protéger et accroître encore la concentration des richesses qu’ils cumulent. Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour eux d’une question de survie, de rester maîtres du pouvoir et bien sûr de leur privilèges. L’une des contradictions qu’ils doivent gérer vient justement du fait que l’accumulation du Capital et la concentration des richesses qu’ils sont contraints de perpétuer sous peine de perdre pouvoir et privilèges implique aujourd’hui des centres de décisions de plus en plus fermés, dans l’entreprise comme dans la société. Or, cette tendance à la centralisation va à l’inverse de mouvement des sociétés qui pousse vers plus d’ouverture, de démocratie, de participation, de culture notamment avec le développement des sciences et des techniques.

Geostrategie : Quels faits caractérisent aujourd’hui cette concentration des richesses ?

J-L.I. : Aujourd’hui 200 sociétés transnationales contrôlent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites. L’augmentation des richesses conduit-elle à l’enrichissement des peuples ? Non. Au niveau mondial 103 200 personnes, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars, hors résidence principale et biens de consommation. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’Organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. D’une part les peuples prennent de plus en plus conscience qu’ils ne profitent pas de l’augmentation des richesses produites, que plus les richesses se concentrent entre quelques mains plus la misère s’accroît dans les sociétés mais également que ce phénomène touche aujourd’hui le cœur même de l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres du fisc étasunien, à la veille de l’aggravation de la crise 60 millions de personnes « vivaient » aux Etats-Unis avec moins de sept dollars par jour. Bien que dissimulée par les médias qui appartiennent aux milliardaires, la situation est analogue dans la petite Europe de Maastricht de 20 millions de chômeurs où 80 millions de citoyens – soit quand même 16% de ses 495 millions d’habitants – courent un risque de pauvreté, 17 millions sont répertoriées comme « très pauvres » et 70 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les propres statistiques publiées par la Commission européenne et d’autres organismes « européens ». Dans ce contexte, les grands possédants de l’économie ont besoin de faire courber la tête aux peuples pour maintenir leur système d’exploitation.

Les dirigeants bourgeois organisent le déficit des nations

Geostrategie : Comment le pouvoir politique favorise-t-il ces grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I.: De différentes manières. Cela va du vote de lois en faveur de la grande bourgeoisie, à une complicité évidente avec le système d’évitement fiscal qui appauvrit la collectivité jusqu’au vote de crédit pour des guerres régionales dans lesquelles vous voyez apparaître et se développer des Sociétés Militaires Privées (SMP) liées aux armées et services occidentaux et financées par les Etats et leurs transnationales. Les provocations répétées à coups de campagnes médiatiques contre la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, la République Islamique d’Iran ou d’autres mais aussi le soutien à des dictatures comme en Irak après avoir ravagé le pays par la guerre, dans plusieurs pays d’Afrique ou l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan sont des illustrations de la tentation totalitaire du capitalisme. L’actuelle présidence française, son Premier ministre et son gouvernement sont au diapason de ce qui se passe dans tous les pays capitalistes sans exception : atteintes répétées aux libertés, vote de lois en faveur des grands possédants, réduction du rôle des assemblées élues – par exemple, avec la volonté de tenter de supprimer les communes ou les départements en France ou en réduisant le rôle du Parlement -, « dépénalisation du droit des affaires » qui a pour conséquence de laisser faire le pillage de la nation par les grands propriétaires privés de l’économie, retrait du rôle de l’Etat dans ses fonctions essentielles de la santé, de l’éducation, du logement, du développement économique et de l’emploi, engagement dans des guerres et occupations de pays contre l’intérêt des peuples.

Geostrategie : La dégradation de la situation économique ne dépend donc pas seulement de la crise comme les médias de masse tentent d’en accréditer l’idée ?

J-L.I. : Comme je l’ai dit, la crise est liée à la nature même du capitalisme. Elle prend une ampleur que n’a jamais connue le système alors que le pouvoir politique n’a cessé de border son lit. Par exemple l’actuel président français s’était engagé lors de sa campagne électorale à mettre en oeuvre une politique de plein emploi. Mais l’explosion du chômage et de la misère que nous connaissons aujourd’hui n’est pas le fait de la seule crise. Bien avant que celle-ci ne se manifeste brutalement, le gouvernement français UMP, à peine installé, procédait déjà à la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique sur plusieurs années tandis que les dirigeants de grandes sociétés privées en programmaient la liquidation de centaines de milliers d’autres dans tous les secteurs d’activité. Cette politique au service de la concentration du Capital n’est que la continuité des précédentes politiques menées par les gouvernements de droite comme de gauche. En fait le rôle de l’Etat bourgeois se borne à protéger les intérêts des grands possédants contre l’intérêt général avec pour conséquence l’aggravation du déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat et une misère grandissante pour le plus grand nombre. Un exemple : les sociétés transnationales qui auraient dû payer plus de 33 milliards d’euros d’impôts pour la seule année 2006 en ont réglé 6,1 milliards avec la bénédiction de l’Etat ! Dans le même temps, ces entreprises qui ne créent pratiquement pas d’emplois, organisent des plans de licenciements, exportent une partie de leurs bénéfices pour échapper à l’impôt ont reçu de l’Etat 65 milliards d’euros d’aides de toutes sortes et bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales. Pour vous donner une idée, sur deux années, cela représente environ 130 milliards d’euros soit pratiquement l’équivalent du budget annuel européen pour la période 2007-2013 ou le montant du déficit record du budget de la France fin 2009 contre 56,3 milliards en 2008. La dette publique de la France atteint aujourd’hui des sommets en se situant, selon l’INSEE, à 1413,6 milliards d’euros pour le premier trimestre 2009 soit 72,9% du Produit Intérieur Brut (montant des richesses créées dans un pays sur une année entière). De même, l’Etat et les dirigeants des grandes sociétés privées doivent des milliards d’euros à la Sécurité Sociale qui ont déjà été payés par les salariés aux entreprises et les consommateurs mais ne sont toujours pas reversés à l’organisation de solidarité nationale par le grand patronat. Voilà comment le gouvernement organise les déficits. Quand le Président de la République et les ministres de l’Intérieur qui se succèdent affirment « qu’il n’y a pas de zone de non droit » en ciblant la jeunesse amputée d’avenir qui se révolte, ils se moquent ouvertement du monde. Les premières zones de non droit se situent au sein même de structures de l’Etat et elles sont le fait de leur politique qui conduit le pays à la ruine ! Ce n’est qu’un aspect qui explique aussi la violence du système vis-à-vis de toutes les résistances qu’il rencontre et de celles qui en découlent de manière plus générale dans les rapports sociaux.

Geopolitique : La violence est donc liée à la fin du système ?

J-L.I. : Oui, un peu comme les derniers sursauts d’une bête blessée à mort. Elle se manifeste par le rejet brutal de millions d’hommes et de femmes du système de production, leur mise à l’écart de la vie sociale, du logement, de la santé, de la culture. Elle se manifeste également par la destruction de pans entiers de l’économie, de régions et de pays comme en Yougoslavie, en Irak, en Palestine, en Amérique centrale ou en Afrique où les derniers « rois-nègres » ne doivent leur trône qu’à la corruption débridée de transnationales et, parmi d’autres, au pouvoir élyséen. Le capitalisme est un système criminel qui a fait la prospérité d’une caste de milliardaires sur la mort de centaines de millions d’êtres humains, sur les souffrances les plus atroces des peuples sur tous les continents par la famine, la surexploitation, le colonialisme, la guerre. Et cela continue. Au moment où nous parlons, selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies, une personne meurt de faim – « seulement » de faim, épidémies et guerres non comprises – toutes les quatre secondes. Dans le même temps les dirigeants occidentaux en sont à faire payer les paysans par les contribuables à coups de primes pour mettre leurs terres en friches, à détruire des pêches entières par des règlements imbéciles décidés par les bureaucrates de Bruxelles. Et au moment où nous parlons ce sont plus de 350 millions d’enfants de 6 à 17 ans qui sont surexploités par les transnationales capitalistes sur tous les continents dans presque tous les types d’industrie, de l’Asie aux Etats-Unis(3). Si ce n’est de la violence et de l’égoïsme, qu’est-ce donc le capitalisme ?!

Une exigence de destruction

Geostrategie : Dans votre livre vous rapportez le témoignage de plusieurs intervenants de différents milieux et pays dont certains évoquent une crise totale contrairement aux précédentes. Quels changements avec les crises précédentes ?

J-L.I. : Effectivement la crise est presque mondiale par le fait qu’elle touche tout le système capitaliste. Des pays comme la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, Cuba, le Venezuela révolutionnaire du président Hugo Chavez, le Brésil, la République démocratique du Vietnam ou d’autres comme la République Islamique d’Iran sont moins touchés car ils sont, pour des raisons diverses – historiques, politiques, culturelles, économiques – moins imbriqués dans le système capitaliste, ses réseaux commerciaux, bancaires et financiers. Jusqu’à présent nous devions faire face à des crises conjoncturelles du capitalisme, des périodes où la concentration du Capital s’accélérait brusquement en mettant en difficulté momentanée des monnaies, des économies, des pays. Face à cette situation inédite il était important que je donne la parole à des intervenants de différents milieux tous concernés par la banque, la finance, l’organisation d’entreprise et de la société. Quelques français comme le Président du groupe Crédit Agricole Société Anonyme, un commissaire aux comptes ou un important cabinet d’avocats d’affaires parisien ont refusé de débattre de la situation et de répondre à des questions portant sur l’évolution de l’activité de leur secteur professionnel dans le contexte actuel. La plupart ont joué le jeu et apportent, comme vous avez pu le lire, une contribution importante à mon travail par leur vécu mais également par leur propre réflexion et leurs travaux. C’est le cas du président Etienne Pflimlin du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel-CIC, de Pierre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, l’une des plus importantes sociétés de conseil aux actionnaires, du président Alban d’Amours du Mouvement des Caisses Desjardins, l’un des plus importants instituts financiers du Canada de forme coopérative, d’Hervé Sérieyx, haut fonctionnaire, dirigeant de société, chercheur et conseil en organisation d’entreprise, de Mark Schacter au Canada qui est conseil international en organisation d’entreprise, de l’Institut Canadien des Comptables Agréés faute de trouver un européen qui daigne répondre à de simples questions de droit sur la transparence de gestion et la validité des comptes des transnationales, du réseau SWIFT spécialisé dans les transactions internationales, d’un syndicaliste de la CGT fin connaisseur du monde bancaire ou encore de magistrats comme Jean de Maillard, spécialisé dans les nouvelles formes de criminalité financière, des avocats d’affaires et bien entendu des responsables du mouvement Coopératif international. La rencontre de tous ces acteurs de l’entreprise, de la finance, de la banque, du droit au sein d’un même lieu – un livre -, la transmission aux lecteurs de leur expérience comme de leurs idées et de leurs propres travaux permet de dresser un tableau aussi précis que possible de la situation actuelle pour mieux comprendre les origines et mettre en exergue les responsables de la crise. De même cette démarche permet de mon point de vue de tenter d’esquisser les possibles d’un nouveau mode d’organisation et de gestion économique et social. Ainsi que l’explique Sherron Watkins, l’ancienne vice-présidente de la société étasunienne Enron, transnationale de l’énergie faillie en décembre 2001, la crise du capitalisme est désormais totale. Elle touche tout le système : économie, finance, groupes de surveillance du monde des affaires et institutions internationales, politique, morale et idéologie. La continuité de ce système s’accompagne aujourd’hui d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation », « libéralisation » ou « mondialisation » et couvrent la répression, l’esclavage, le colonialisme et la dépendance des mots de « sécurité », « liberté », « droits de l’Homme » n’ayant plus que le mensonge, la tromperie et la falsification pour camoufler la fin de leur système.

Geostrategie : Mais ces pouvoirs sont l’émanation du suffrage universel, du vote des peuples. Si l’on pousse le raisonnement à son terme doit-on en conclure que les peuples occidentaux souhaitent le capitalisme ?

J-L.I. : Effectivement, les peuples occidentaux se sont prononcés jusqu’à aujourd’hui en faveur de représentants du capitalisme, pratiquement sans rien connaître du reste de la nature de celui-ci ni même envisager où ce système les conduit à l’heure actuelle. Prenons l’exemple de la France. En 1981, lors des élections présidentielles puis des élections législatives qui ont suivi, le peuple français a eu l’occasion de choisir entre la continuité du système symbolisée par les partis conservateurs et la rupture que proposait à l’époque le Parti Communiste Français avec le Programme commun de gouvernement des forces de gauche auquel était associé le Parti Socialiste et les radicaux de gauche. Ce Programme commun de gouvernement était lui-même l’aboutissement d’années d’engagement des communistes français pour ouvrir une voie nouvelle dans la construction d’une démocratie avancée. Ce programme venait en effet après plusieurs grandes campagnes nationales du PCF et l’élaboration et la diffusion du propre programme du PCF à des millions d’exemplaires sous le titre de « Changer de cap », programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire. Pour la préparation de celui-ci les militants communistes ont mené à l’époque de grandes campagnes d’information, de débats, collecté sur plusieurs mois avec « les cahiers de la misère » le vécu et les espoirs du peuple dans les campagnes, les quartiers, les usines, les universités. Tout cela a permis d’aider les gens dans leurs problèmes quotidiens – par exemple en s’opposant aux licenciements dans des entreprises qui réalisaient des profits ou à empêcher des saisies-expulsions – tout en débattant avec eux des changements à mettre en œuvre pour une nouvelle politique nationale. Au moment du vote, lors des élections présidentielles et des législatives qui ont suivi, une majorité de votants a cédé aux campagnes médiatiques anticommunistes et s’est réfugiée dans le giron du Parti Socialiste. Une fois au pouvoir, celui-ci s’est empressé d’abandonner ses engagements sous la pression de la bourgeoisie et du gouvernement étasunien qui s’opposait à la présence de ministres communistes dans le gouvernement français. Toutes les transformations radicales contenues dans le programme commun de gouvernement, tout particulièrement les nationalisations des secteurs clés de l’économie, le développement de la démocratie et toute mesure qui permettait de rompre avec le système ont ainsi été abandonnées par la « génération Mitterrand ». Démonstration a été faite une nouvelle fois que sans parti révolutionnaire, sans mobilisation et soutien à des propositions de rupture avec le système, il ne peut y avoir de réel changement. Si les mesures préconisées par le PCF avaient reçu à l’époque un large soutien populaire, le cours des choses aurait été bien différent, y compris la question européenne. Du reste, si vous relisez aujourd’hui « Changer de cap », le programme du PCF, ou même le Programme commun de gouvernement de 1972, vous constaterez avec le recul du temps et en regard de la situation actuelle le bien fondé des propositions de l’époque dont certaines ne demandent qu’à être actualisées. Chacun doit donc assumer ses responsabilités face à l’Histoire. Le passage à la construction d’une société socialiste ne peut se faire que sur la base d’un rapport des forces sociales et politiques favorables au peuple et ne peut être que le résultat de sa volonté et de sa lutte. Une trentaine d’années plus tard le peuple français, sans tirer les leçons de ses expériences, continue de voter tantôt à gauche, tantôt à droite sans avoir encore conscience qu’il confie en réalité son pouvoir aux mêmes maîtres de la finance et de l’économie. La politique qu’il vit au quotidien reste par conséquent la même et rien ne change dans l’entreprise, dans la vie économique à laquelle il consacre l’essentiel de son existence. Bien entendu, la situation s’est aggravée au fil des trois décennies qui se sont écoulées depuis 1981 et il commence à payer chèrement sa marche « droite-gauche-droite-gauche » à coups de chômage, d’impôts, de taxes, d’exclusions, de restrictions, de lois liberticides et de guerres. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car c’est en dernier ressort lui qui décide, par ses luttes et ses votes. Souvenons-nous toutefois que l’Histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

La priorité est à l’action sur des propositions révolutionnaires

Geostrategie : La responsabilité serait-elle uniquement le fait d’un peuple ignorant de la chose politique et de sa propre histoire ou plus préoccupé par ses « petits problèmes » que du devenir de la société et de la planète ?

J-L.I. : Non, bien évidemment. La crise n’incite pas à la réflexion et à l’action. Les médias qui sont la propriété privée des milliardaires par banques et sociétés de communication interposées jouent un rôle important dans la désinformation et l’abrutissement des masses. Le fait qu’un navet comme le film « Bienvenue chez les Chtis » soit élevé au rang de succès cinématographique ou que des foules honorent comme un dieu la mort d’un pantin médiatique comme Michael Jackson qui, en dehors du fait qu’il n’a rien apporté d’essentiel à la musique, se droguait, couchait avec des petits enfants et s’était fait tirer et blanchir la peau pour ne plus être noir en dit assez long sur le niveau culturel d’une frange des sociétés occidentales. Nous sommes bien loin des grands musiciens et chanteurs comme King Oliver, Sindey Bechet, Count Basie, Louis Armstrong, Ray Charles, Otis Redding ou d’autres dont les musiques populaires traversent les générations ! Ce n’est qu’un aspect des conséquences des batailles que se livrent les transnationales étasuniennes, européennes et japonaises pour le contrôle des grands moyens de communication, des groupes de presse aux satellites en passant par les majors du cinéma. Sans doute le peuple sortira-t-il de son hibernation politique lorsque nous passerons de « Qui veut gagner des millions ? » à « Qui va partir à la guerre ? »… Depuis les années quatre-vingt, les dirigeants du PCF ont commis de lourdes erreurs stratégiques. Comme s’ils n’avaient pas compris les leçons du passé, ils continuent de rechercher des alliances électorales avec d’autres partis réformistes au lieu de privilégier des propositions pour éveiller les consciences, organiser de grands débats nationaux sur les questions essentielles et rassembler dans l’action avec audace. Lorsqu’un parti ou un mouvement posera des questions comme « Comment contrôler le système bancaire et financier ? », « Quelle organisation bancaire et financière pour l’économie ? », « Quelles mesures pour la gestion démocratique des entreprises ? » ou « Comment rendre à l’assemblée du peuple sa représentation nationale ? », questions dont les réponses sont essentielles pour s’engager dans une rupture avec le système, alors la société commencera à s’éveiller. Et dans l’immédiat, il ne faut pas compter sur les états-majors syndicaux qui sont surtout préoccupés de canaliser le mécontentement afin d’éviter les grandes colères qui commencent à gronder. Il est particulièrement lamentable de voir des représentants syndicaux négocier la diminution du nombre de licenciés dans des entreprises en pleine santé financière quand ceux-ci devraient non seulement appeler à la lutte pour le maintien et le développement de l’emploi, exiger des licencieurs l’ouverture des comptes de l’entreprise et se battre pour des droits nouveaux afin de participer à leur gestion. Dites-moi un peu à quoi servent les comités d’entreprises quand des salariés découvrent du jour au lendemain des plans de licenciements prévus de longue date ?! Avez-vous remarqué comment le mouvement radical de séquestration de responsables de ces plans de licenciements né à la base a été enrayé ? Ce type d’action très intéressant a pratiquement disparu des journaux télévisés et autres du jour au le demain. Dans l’immédiat, entre des partis dits progressistes sans propositions révolutionnaires et des syndicats au minimum compatissants, le pouvoir des « compteurs de petits pois », pour reprendre la formule d’Hervé Sérieyx, ne pouvait pas mieux espérer.

Geostrategie : Est-ce à dire que la situation est politiquement bloquée et qu’il sera difficile de sortir de la crise ?

J-L.I. : L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales comme par exemple le report de l’âge de la retraite à 65 ans. Ce n’est que la suite logique du « travailler plus pour gagner plus » développé par l’UMP. Il n’y aura pas de sortie de crise pour la simple raison que le capitalisme ne peut plus être aménagé. Vous avez pu remarquer combien les médias des puissances financières se font silencieux tant sur l’origine de la crise, ses conséquences générales et son extension dans d’autres pays. Il faut surtout éviter que les masses prennent conscience de l’ampleur des dégâts comme des responsables de la situation pour mieux les enfermer dans la fatalité et le renoncement à la lutte.

Nous ne sommes plus en démocratie

Geostrategie : Cela signifie-t-il que l’appauvrissement continu de la société va se poursuivre de manière plus brutale au détriment de l’intérêt général et au seul profit des grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I. : Oui. Nous entrons dans une nouvelle période où le chômage s’accroît de manière considérable et où des millions de citoyens supplémentaires sont écartés du droit de vivre dignement de leur travail, où la collectivité humaine déjà menacée va encore s’appauvrir tandis que le clan des grands propriétaires privés de l’économie va continuer de s’enrichir. Selon le World Wealth Report publié par la banque d’affaires étasunienne Merrill Lynch et Cap Gemini « la croissance de la richesse des grands fortunes financières privées devrait être de 7,7% par an pour atteindre 59100 milliards de dollars à l’horizon 2012 ». Voilà des gens qui sont, eux, dispensés de l’allongement de la durée du travail comme de l’effort national que les gouvernements occidentaux tentent d’imposer aux peuples pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pas responsables. Deux options se présentent : la continuité du système et la guerre ou la révolution. La première hypothèse va se traduire par un renforcement du caractère autoritaire du pouvoir politique, dernier stade de l’impérialisme avant la dictature et la guerre, la guerre économique conduisant toujours à la guerre totale. C’est ce à quoi nous assistons en France comme dans la plupart des pays capitalistes. Le pouvoir politique devient plus autoritaire, toutes les libertés sont graduellement réduites sous prétexte de prévention, de sécurité et d’ordre, les assemblées élues sont amoindries dans leur pouvoir de décision et d’intervention, qu’il s’agisse des collectivités, des comités d’entreprise et autres. A ce stade, la bourgeoisie dispose encore des moyens de diviser le peuple en favorisant des « faux-nez » d’opposition comme le Parti Socialiste en France et en introduisant dans la vie politique des courants rétrogrades dont elle sait qu’ils contribueront à jeter le trouble dans la bataille d’idées. C’est le cas du mouvement Vert ou prétendument écologiste qui a germé sur une conséquence du capitalisme – la détérioration de l’environnement humain par les transnationales – et grandit sur son fumier sans remettre en cause le système, les causes profondes de cette détérioration.

Geostrategie : Pourtant le mouvement écologiste dénonce la destruction de l’environnement ?

J-L.I. : Bien sûr et le Parti Socialiste dit vouloir s’opposer à la politique du Premier ministre de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Mais vous pouvez dénoncer tout ce que vous voulez, cela ne gêne nullement la bourgeoisie du moment que vous ne vous en prenez pas à l’essentiel, à la cause, à l’origine de cette destruction : son pouvoir politique et celui des puissances financières, son système et son mode de gestion des entreprises et des sociétés humaines. Le discours de ces écologistes opposés, par exemple, à la maîtrise et au développement de l’énergie nucléaire rappelle ces mentalités arriérées qui accusaient dans les années 1830 les premiers trains à vapeur de répandre la tuberculose dans les campagnes. Quant à la LCR-NPA, quelle que soit ses changements de nom, cette organisation a toujours contribué à diviser et affaiblir le mouvement populaire avec une phraséologie pseudo-révolutionnaire et elle doit être combattue comme telle. Elle est du reste complètement absente des mobilisations ouvrières contre la crise.

La question du Front National

Geostrategie : Et le Front National ?

J-L.I. : Il en va un peu de même pour le Front National qui dénonce les puissances financières mais dont le programme politique n’envisage aucune mesure économique radicale pour mettre un terme à leur domination et contraindre les maîtres de l’économie à rendre gorge. Contrairement aux campagnes de ce parti, ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables du chômage. Je parle bien entendu de l’immigration qui vient travailler en France avec une qualification, s’y former dans le cadre de contrats avec des entreprises ou des universités ou y est présente depuis plusieurs génération et non de l’immigration clandestine issue de l’aggravation de la misère qui déserte son combat national pour changer l’ordre des choses. Cette dernière, la plupart du temps inculte, sans formation, analphabète, parfois trafiquante au-lieu d’être parquée dans des camps de rétention aux frais des contribuables devrait être reconduite aux frontières sans atermoiements. Essayez donc comme français de vous rendre clandestinement, « sans papiers », dans un pays d’Afrique ou même en Albanie pour juger de l’hospitalité qui vous sera réservée…Ce qui coûte cher à la France c’est le grand patronat qui attire et utilise cette main d’ouvre bon marché et inculte pour briser le tissu social et les avancées démocratiques qui sont autant d’obstacles à son enrichissement. Et quand cela lui est insuffisant, il délocalise les entreprises, comme le groupe Michelin, pour faire du chômage en France et produire à moindre coût et bien souvent à qualité inférieure dans des pays à la main d’œuvre corvéable à merci. Je le rappelle : 350 millions d’enfants sont actuellement surexploités par les transnationales à travers le monde ! Je rappelle également, puisque personne n’en parle, que le grand patronat français a reçu près de 65 milliards d’euros de subventions de l’Etat tout en bénéficiant de 8,5 milliards d’euros d’exonérations fiscales, de 25 milliards d’euros au titre d’une ribambelle de prêts bonifiés et de la baisse du coût du travail, etc. (4) Dans le même temps l’Etat ne budgétisait que 6 milliards d’euros pour le logement et 5 pour une justice qui se situe déjà parmi les derniers pays d’Europe par son budget !… Ce qui coûte cher à la France, c’est le grand patronat, le chômage qu’il fabrique et son organisation corrompue, le Medef. Le Front National ne reconnaît pas la lutte des classes, condition essentielle du combat pour l’émancipation humaine, raison pour laquelle il ne pourra pas mener jusqu’au bout le combat qu’il prétend mener, ce qui ne veut pas dire qu’il n’aurait pas un rôle à jouer. Mais pour prétendre être « front » et « national » sans doute faudrait-il qu’il se réfère plus à l’avenir qu’au passé dans son discours et ses propositions et que ses militants n’hésitent pas à se trouver aux côtés des travailleurs en lutte pour la défense de leur avenir au lieu de pratiquer un discours antisyndical d’un autre âge. Quand le Front National désignera pour cible le clan des milliardaires qui pille la France au lieu des immigrés qui contribuent à l’enrichir par leur travail, quand ce parti proposera et appellera à la lutte pour nationaliser la haute finance, rendre à la nation ce qui lui appartient, développer la démocratie directe, alors celui-ci commencera à être crédible comme « front national ». Cette logique s’inscrirait d’ailleurs dans la lignée de ses propositions pour une «Europe des peuples » par opposition à « l’Europe des banques ». Pour l’heure il reste enfermé dans un discours anticommuniste, antisyndical, anti-fonctionnaire et s’accroche aux oripeaux du système comme l’église catholique – je parle bien entendu de l’institution et non de la croyance, même si je suis athée – et s’oppose ainsi à tout grand rassemblement national sur des propositions de rupture. Imaginez la force que représenteraient le rassemblement et la mobilisation des organisations – partis politiques, syndicats, associations, etc. – agissant de concert sur des objectifs communs de rupture, chacun conservant, bien évidemment, son identité. Un Front National ouvert, démocratique, aux propositions novatrices, en prise avec la société en lutte pourrait jouer ce rôle de rassembleur. Après chacun prendra ses responsabilités de l’accompagner ou non sur les objectifs en question mais la clarté serait faite dans la société sur qui défend réellement l’intérêt général des français. Pourquoi le Front National ne soutient-il pas les travailleurs qui séquestrent les licencieurs dans des entreprises en bonne santé pour exiger des droits nouveaux dans les entreprises ? Visiblement, les propositions de changement font défaut et se limitent plutôt aux périodes électorales qu’au vécu quotidien des français. Bien entendu le rejet du Front National par la classe politique est injustifiable. Mais pour une part, il porte la responsabilité de cette situation en ne désignant pas les vrais responsables de la crise et en restant enfermé dans un carcan droitier et populiste qui l’empêche, pour partie, de prétendre à devenir national et populaire. Des dirigeants trop souvent issus de partis bourgeois ou à « l’idéologie de reclus » s’identifient par leur propos et leur image plus aux forces du passé qu’à une force porteuse d’avenir et de changement radical. Même si aucune perspective de changement réelle n’existe à l’heure actuelle, la grande bourgeoisie est très préoccupée par la réduction de son assise populaire. Plusieurs faits en attestent comme ses tentatives répétées de faire voter plusieurs fois les peuples ou de remplacer un vote populaire sur des questions qui engagent toute la nation par celui du Parlement lorsque leurs votes ne lui conviennent pas, la tentative de se fabriquer des circonscriptions sur mesure, etc. Nous ne sommes plus en démocratie…

Les forces vives de la nation absentes du Parlement

Geostrategie : …Parlement dont les membres sont pourtant élus par le peuple ?

J-L.I. : Oui, mais les Parlements ne représentent plus vraiment les peuples dans les pays occidentaux et leurs élus nationaux sont de plus en plus coupés des citoyens. Je n’évoque même pas le cas du Sénat français qui est une assemblée inutile et coûteuse qui devra être supprimée afin de renforcer les moyens et l’efficacité de l’assemblée des représentants de la nation. Si vous vous intéressez à la composition de l’Assemblée Nationale française, vous constaterez que sur les 577 députés, ne figure qu’un seul député issu de la classe ouvrière, le député communiste Maxime Gremetz, et un seul salarié agricole, le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle qui est technicien agricole. Quant aux artisans, la « première entreprise de France », selon leur slogan, ne compte que deux élus ! Par contre vous trouvez vingt-deux « sans profession déclarée » parmi lesquels dix-neuf UMP, la plupart fils et filles de petits bourgeois, quinze permanents politiques, tous de l’UMP et du PS, qui faute de faire métier ont fait carrière dans la fonction d’élu et n’ont jamais participé aux forces vives de la nation, trente-huit avocats et, toutes catégories confondues, 184 fonctionnaires dont l’essentiel n’est pas représentatif de la fonction publique, exception faite des enseignants qui forme le gros de cette troupe avec les hauts fonctionnaires. Dans les faits, ce Parlement français n’est pas représentatif de la société française dans sa composition socioprofessionnelle. Les forces vives, classe ouvrière en tête, celles qui font le pays et connaissent les problèmes du quotidien, les drames de la vie sont quasiment absentes du lieu où se décident les lois ! Où sont les ouvriers, les marins-pêcheurs, les paysans, les ingénieurs, cadres et techniciens ? Ceux qui font vivre la France dans ce qu’elle a d’essentiel, de généreux, de génie créateur délèguent en masse leur voix et leur pouvoir à de petits bourgeois et à des politiciens carriéristes qui, une fois élus, ont tôt fait de les oublier ! De plus, le mode de scrutin ne permet pas une véritable représentation du peuple. L’Assemblée Nationale française est bien moins démocratique dans sa composition et son fonctionnement que la Douma en Fédération de Russie dans laquelle tous les partis ayant obtenus un minimum de suffrages sont représentés. En France, lors du premier tour des élections législatives de juin 2007, l’UMP s’est attribué 98 députés avec 10,28 millions de suffrages alors qu’il en a fallu 6,43 millions au Parti Socialiste pour en obtenir un seul ! Quant au PCF et au Front National ils n’en obtenaient aucun avec un peu plus de 1,11 millions chacun ! Le propos n’est pas de savoir si l’on est d’accord ou pas avec la politique proposée par ces partis mais de constater que le mode de scrutin ne permet pas une représentation équitable des courants de pensée de notre société. Le second tour de scrutin avec ses alliances opportunistes et politiciennes ne fait qu’aggraver la situation en excluant des millions d’électeurs de leurs choix et de la représentation nationale. Faute de proportionnelle intégrale, un français sur trois n’est pas représenté au Parlement.

Geostrategie : S’il n’y a pas grand-chose à attendre des partis politiques et des assemblées élues, comment les citoyens peuvent-ils modifier le cours des choses ?

J-L.I. : La démocratie est d’abord ce que les citoyens en font. Ils peuvent intervenir auprès des maires des communes, généralement plus accessibles pour changer la donne sur des problèmes locaux mais également auprès des députés pour des questions qui relèvent de la politique nationale. Les citoyens peuvent très bien se grouper et agir sur des objectifs de rupture avec le système – par exemple, refuser tout licenciement dans les entreprises qui font des profits, s’opposer aux délocalisations, exiger la construction de nouveaux logements, l’embauche de professeurs pour les écoles, de personnels pour les hôpitaux, les services postaux, etc. – et obliger leurs élus à s’engager sur leurs revendications, à leur rendre des comptes sur leurs votes dans les assemblées, ce qui ne sa fait pratiquement plus. Mais les questions fondamentales du passage à une démocratie politique avancée et du contrôle des grands moyens de production, de financement et d’échange reste toujours à conquérir. D’une manière générale, de mon point de vue, les luttes sociales demeurent encore bien en retrait dans leur contenu et leur combativité pour faire front aux attaques dont le monde du travail est l’objet. Mais l’entreprise reste le cœur des batailles à venir : c’est là que les salariés doivent agir pour obtenir de nouveaux droits leur permettant de participer à la gestion et de bénéficier des bons résultats auxquels ils contribuent. Dans les faits comme l’explique Hervé Sérieyx dans mon livre, « il s’agit de passer du « personnel-instrument » au service de l’organisation à « l’organisation-instrument » au service des personnes. » Il s’agit de cheminer d’une organisation d’entreprise destinée à gérer la docilité à une organisation qui suscite chez chacun de ses membres le désir d’y devenir un acteur engagé. La route est difficile mais les partis politiques classés habituellement comme « progressistes » ont failli à leur tâche. Il ne suffit pas que le monde capitaliste s’écroule pour qu’une nouvelle société prenne le relais. L’émancipation du peuple sera l’œuvre du peuple lui-même et à ce jour l’absence d’un courant révolutionnaire important fait défaut pour éclairer les citoyens sur des propositions de rupture avec le système finissant. C’est l’outil qui manque pour favoriser cette transformation politique et sociale. Le peuple est égaré, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas en attente ou demandeur de solutions pour changer la vie.

Des premières mesures d’un gouvernement révolutionnaire

Geostrategie : Quelle seraient les premières mesures que devrait prendre un gouvernement révolutionnaire ?

J-L.I. : Le pouvoir devra immédiatement stopper toutes transactions financières internationales le temps de procéder immédiatement à la nationalisation de la Banque de France et du secteur bancaire et financier, exception faite des sociétés coopératives de banque qui présentent dans leurs principes de critères de gestion démocratiques. L’un des premiers objectifs du nouveau pouvoir devrait également consister à donner de nouveaux droits aux sociétés coopératives, tout particulièrement afin que leurs sociétaires disposent des moyens réels de faire respecter les principes de gestion par les dirigeants quand ce n’est pas le cas. La banque et la finance sont le cœur de l’activité économique et c’est d’abord là que des mesures nationales et radicales doivent être prises avant d’envisager par la suite une action de proposition plus importante au niveau européen et international, à l’ONU par exemple ou par d’autres organisations internationales. De même, il devra formuler dans un second temps des propositions pour changer ces vieux outils du capitalisme (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce, etc.) Sur ces points, le gouvernement de Vladimir Poutine de la Fédération de Russie peut permettre d’avancer rapidement puisqu’il est déjà prêt à agir, à proposer et à soumettre au débat des solutions. Il ne faut pas perdre de vue que les mesures qui permettraient d’envisager un avenir meilleur sont également valables pour tous les peuples. Parler de la « réglementation de la vie économique » ou de « réguler les marchés financiers » comme le président français et ses homologues occidentaux en passant sous silence la nationalisation du secteur bancaire et financier ou la gestion démocratique des entreprises, en ne s’attaquant pas aux puissances financières c’est tromper les gens en discourant sur des promesses que l’on est décidé à l’avance à ne pas tenir. Comment peut-on prétendre contrôler et réglementer l’économie sans contrôler et réglementer les banques, le cœur de la vie économique, sans unifier la « comptabilité financière » de l’Etat ?!

Geostrategie : Mais la nationalisation démocratique des banques est une opération difficile qui prendra du temps ?

J-L.I. : C’est l’idée que distillent dans l’opinion les milliardaires avec leurs médias qui ont pardessus tout peur de perdre ainsi la maîtrise de l’économie et leurs privilèges. Dans les faits cette opération qui ne présente pas de grande difficulté sur le plan technique peut aller très vite. L’individu qui aura 1500 euros sur son livret d’épargne comme celui qui possédera 15 millions d’euros sous forme d’actions, d’obligations ou autre garderont chacun ce qu’ils possèdent après la nationalisation. Ceux qui propagent l’idée inverse sont uniquement motivés par le fait d’entretenir la confusion entre nationalisation et confiscation des biens privés pour protéger leurs privilèges. Dans un premier temps, le nouveau pouvoir devra surtout voter des lois favorisant la démocratie dans les entreprises par de nouveaux droits pour la gestion et l’élection des dirigeants sur la base de leur formation, de leur compétence et de leur expérience. Les sociétés coopératives seront des outils précieux pour insuffler la démocratie dans l’économie. Comme vous avez pu le lire, je mets en valeur dans mon livre la contribution importante des sociétés coopératives au mouvement pour la gestion démocratique des entreprises en comparant leurs principes de gestion et leur vécu avec les critères des sociétés classiques ou capitalistes si vous préférez. C’est un chantier immense, ardu et passionnant.

Geostrategie : Qu’est-ce qui changerait si une telle mesure était mise en œuvre ?

J-L.I. : Disons que nous ouvririons la porte de la rupture avec le capitalisme en donnant aux acteurs de l’économie, et en premier lieu à la classe ouvrière et à ses alliés qui font fructifier le Capital par leur travail, des ouvriers des chantiers aux analystes financiers, les moyens de définir et contrôler la marche des entreprises auxquelles ils sont associés, la possibilité de s’intéresser à leur organisation, d’intervenir pour participer à leur transformation. Ce serait le début d’un long mouvement d’émancipation, d’appel aux intelligences, d’appropriation de l’économie par tous ses acteurs au profit de l’intérêt général. Par exemple, concernant les banques, comme j’en fais la démonstration dans mon livre avec l’intervention de spécialistes de la comptabilité des grandes entreprises, aucun contrôle effectif de ces établissement n’est actuellement réellement possible tant les capitalistes jouent sur des procédés extrêmement complexes et subtils pour en établir les bilans, les faire « contrôler », fonder des structures dans des places off shore, éviter l’impôt, spéculer à hauts risques avec des produits financiers ultrasophistiqués. Pourquoi avoir tant de banques qui offrent les mêmes produits financiers quand leur réunion en une seule – exception faite des banques coopératives où se trouvent en germe les principes d’une gestion authentiquement démocratique -, laissant à chacun ce qu’il possède, permettrait le contrôle réel du mouvement des capitaux au profit de l’intérêt général ? Cette nationalisation démocratique accompagnée de la démocratisation des coopératives permettrait à l’Etat de savoir où et comment circulent les capitaux, au profit de qui et de les faire revenir à l’économie réelle sous contrôle populaire. Ce serait un véritable poumon d’oxygène pour la société toute entière quand on sait qu’un niveau mondial les pertes annuelles de recettes fiscales par les gouvernements du monde provenant du seul évitement fiscal – fraude et blanchiment non compris – sont estimées à plus de 255 milliards de dollars.

Geostrategie : Les banques ont déjà été nationalisées ainsi que des sociétés transnationales. Pourtant rien n’a vraiment beaucoup changé à l’époque ?

J-L.I. : C’est exact et c’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’aspect démocratique que devront avoir les nationalisations. Il ne s’agit pas de remplacer des dirigeants de droite par des dirigeants de gauche à la tête de ces entreprises pour que ceux-ci les gèrent de manière identique, comme des « compteurs de petits pois », sur la base de seuls critères financiers de profit maximum immédiat avec des hiérarchies bardées de pré carré, des atteintes répétées aux libertés démocratiques, une opacité de gestion et de trucage des comptes incompatibles avec la démocratie. Les dirigeants auront à mettre en œuvre immédiatement les décrets et lois du pouvoir révolutionnaire donnant de nouveaux droits aux salariés pour qu’ils puissent intervenir complètement dans la gestion, mettre un terme au détournement d’une partie des bénéfices par les dirigeants actuels des entreprises des secteurs clés de l’économie, démocratiser toutes les fonctions jusqu’à changer l’entreprise, faire que l’entreprise soit un outil au service de ses acteurs et de son environnement et non l’inverse comme aujourd’hui. C’est une étape décisive qui implique une élévation quantitative et qualitative de la conscience de ses acteurs mais également de l’environnement des professionnels qui l’accompagnent dans sa création et son développement : commissaires aux comptes, auditeurs, experts comptables, etc. Sans cela les nationalisations resteront lettre morte et deviendront, comme nous l’avons connu, des « étatisations ». C’est la raison pour laquelle ces grandes orientations du pouvoir pour aller vers une démocratie avancée doivent s’accompagner de ce que Pierrre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, la principale société de conseil aux actionnaires, appelle « les petits pas ». Ainsi qu’il l’explique, il faudra initier des réformes plus modestes et locales qui vont dans le bon sens.

Geostrategie : Par exemple ?

J-L.I. : Par exemple d’abord décourager le grégaire et encourager la diversité d’opinion dans les marchés en mettant fin aux conflits d’intérêts des établissements financiers des groupes lors des opérations de marché. Comme le souligne Pierre-Henry Leroy, « ceci impose de recourir à des experts vraiment indépendants et non pas, comme aujourd’hui, payés et nommés par les intéressés. Une définition précise des conflits d’intérêts, des interdictions et des sanctions s’imposent. » Ou encore abolir les règlements qui alourdissent l’épanouissement de l’économie au profit de l’intérêt général, ce qui est d’autant plus facilement envisageable à partir du moment où ses acteurs disposent des moyens légaux et culturels favorisant leur intervention.

La seule issue pacifique à la crise : une révolution nationale et radicale

Geostrategie : Mais les économies étant aujourd’hui très liées d’un pays à l’autre avec la mondialisation capitaliste, pensez-vous qu’il soit possible de tenir tête aux dispositions européennes, aux règlements internationaux et aux pressions qui ne manqueraient pas de s’exercer sur une seule nation qui s’engagerait dans cette voie de rupture ?

J-L.I. : Votre question porte sur un point essentiel : le soutien du peuple à des réformes radicales. Un changement social de cette ampleur ne peut être le fait d’une seule avant-garde, aussi éclairée soit-elle. Si celle-ci est nécessaire pour formuler des propositions, porter le niveau de conscience à la hauteur des mesures indispensables, ouvrir le débat sur les questions essentielles, seul un grand soutien populaire à celles-ci peut permettre de rompre avec la situation actuelle, quelle que soit la voie de transition choisie par le peuple, électorale ou non. Le passage de la République du Venezuela d’un Etat sous domination étasunienne à un Etat démocratique, indépendant et progressiste est l’un des exemples les plus intéressants à étudier de notre époque. Toutes les attaques menées contre le gouvernement révolutionnaire du Venezuela, de l’intérieur par le grand patronat et les éléments conservateurs de l’église catholique et de l’extérieur par les Etats-Unis et d’autres pays avec certaines associations plus ou moins liées aux services étasuniens n’ont pu empêcher le processus de rupture de suivre son cours. Aujourd’hui le pays s’engage sur la construction d’une société socialiste en faisant l’apprentissage d’une authentique démocratie directe. Les secteurs clés de l’économie ont été nationalisés, les capitaux qui s’exportaient dans la poche de gros actionnaires étasuniens sont aujourd’hui injectés dans la modernisation des entreprises et des régions, des dizaines de milliers de coopératives se sont créées dans tous les domaines de l’activité économique et le pays se modernise au profit de ses citoyens. Ce qui paraissait impensable à une grande majorité du peuple se réalise aujourd’hui avec son soutien actif. Pourquoi cela a-t-il été possible malgré les accords régionaux, les règlements internationaux et les pressions de toutes sortes, jusqu’à des tentatives de coup d’Etat orchestrées par les Etats-Unis ? Parce que le peuple a su se constituer une avant-garde révolutionnaire exemplaire en bien des domaines, se rassembler, se mobiliser et le rester sur ses objectifs principaux de transformation politique et sociale radicale. Vos comprenez face à ces succès pourquoi le Venezuela révolutionnaire n’existe pratiquement pas dans les médias occidentaux. Le gouvernement français devrait se souvenir qu’il a plus besoin du Venezuela que le Venezuela n’a besoin de la France.

Geostrategie : Est-il possible de faire une telle révolution nationale et radicale en France ?

J-L.I. : Bien évidemment et c’est même la seule issue pacifique pour sortir de la crise et rompre avec le système actuel. Il est envisageable d’organiser en France le contrôle de toute la vie économique, d’opérer sa « réglementation » en la « débureaucratisant », de faire retourner à l’économie les capitaux que les capitalistes évitent de l’impôt et du développement des entreprises sans qu’il leur soit possible de dissimuler des biens et des revenus. Il n’y a nul besoin d’un appareil spécial de l’Etat puisque les salariés et les directeurs pourraient réaliser eux-mêmes la fusion immédiate de toutes les banques capitalistes en quelques semaines, par exemple sous l’autorité du ministère des Finances avec des congrès de travail réunissant les professionnels, cadres-dirigeants, représentants des propriétaires du Capital, salariés, syndicats, associations de consommateurs, etc. par banque, par région et nationalement. Il est évident que ceux qui s’y opposeraient ou feraient traîner les choses en longueur pour se livrer à des opérations malhonnêtes de dernière minute et entraver le processus de rupture en seraient exclus. Les avantages de la nationalisation du secteur bancaire seraient décisifs pour les PME, les collectivités et le peuple entier qui pourrait ainsi s’approprier les richesses qu’il crée et lui échappent. Un gouvernement qui arriverait au pouvoir avec la volonté de rompre avec le capitalisme ne peut être que nationaliste et radical. Etre nationaliste, cela veut dire donner la priorité à l’intérêt général de la communauté de territoire, de langue et de culture à laquelle on appartient. Concernant les accords régionaux ou internationaux que vous évoquiez, la petite Europe de Maastricht n’est pas un problème puisque pour ceux qui en doutaient l’expérience montre, à moins d’être complètement aveugle, qu’elle n’est qu’une organisation au service des grandes banques et des gros propriétaires privés de l’économie. Elle ne pouvait par conséquent résoudre aucun problème, quel qu’il soit, dans les sociétés qui la composent, qu’il s’agisse d’économie, de social, de culture, de liberté, de démocratie ou de droits de l’Homme. Vous remarquerez du reste que les promesses faite sur cette construction européenne par les dirigeants bourgeois et socialistes sur la fin du chômage, l’ouverture des marchés, le développement des entreprises, la solidarité entre les peuples, les libertés n’ont jamais vu le jour et que c’est même le contraire qui s’est produit. Je dresse dans mon livre un descriptif de la situation de cette petite Europe en m’appuyant sur des documents de synthèse de ses propres organismes peu connus du public. Il apparaît que celle-ci, dont les dirigeants sont si prompts à donner des leçons à d’autres peuples, est en recul sur tous les fronts. Il faut se préparer dès maintenant à construire l’Europe des peuples de Dublin à Vladivostock qui donnera la priorité aux qualités et à l’identité de chaque peuple par la recherche de coopérations mutuellement avantageuses, mettra un terme à la bureaucratie de Bruxelles engendrée par les puissances financières. Cela veut dire rompre avec l’actuelle « construction européenne », avec le traité de Maastricht et ceux qui ont suivi. Etre radical c’est avoir conscience que la classe dominante – la grande bourgeoisie – s’accrochera au pouvoir et à ses privilèges par tous les moyens et que seules des mesures radicales bénéficiant d’un fort soutien populaire permettront de la contraindre à respecter les lois nouvelles, de la renvoyer dans ses foyers et de rompre avec son système.

Le capitalisme a besoin de la guerre pour survivre

Geostrategie : La démocratie est-elle possible dans l’entreprise et tout particulièrement dans des sociétés transnationales à l’organisation complexe ?

J-L.I. : Je montre dans mon livre comment la gestion des sociétés coopératives se distingue – du moins dans celles dont les principes de gestion sont respectés – des entreprises classiques. Les entreprises coopératives sont des exemples de gestion à partir du moment où ses acteurs font respecter leurs critères de gestion par les dirigeants qu’ils élisent. Cela fonctionne dans de grandes banques comme le Crédit Mutuel en France ou le Mouvement des caisses Desjardins au Canada et peut donc très bien se mettre en place dans des PME. Chacun doit avoir conscience de la gravité de la situation car le système a aujourd’hui besoin de la guerre pour subsister. Le général russe Leonid Ivashov a mis en garde à plusieurs reprises contre la volonté des Etats-Unis de déclencher un conflit militaire majeur…

Geostrategie : …Vous voulez dire une troisième guerre mondiale ?

J-L.I. : Je dis « conflit militaire majeur » c’est-à-dire pouvant entraîner rapidement plusieurs pays dans des conflits bien plus graves que la guerre contre l’Irak ou contre la République fédérative de Yougoslavie. C’est du reste ce qu’ont tenté les Etats-Unis en foulant le droit international et en tentant de constituer une alliance de guerre contre l’Irak en passant outre l’ONU. Les Etats-Unis sont en pleine faillite, leur dette financière n’est plus remboursable et ne peut plus qu’être remise. Comme le rappelle le général Ivashov dans mon livre, tout se qui se trouve aux Etats-Unis – industries, immeubles, technologies de pointe, etc. – a été hypothéqué plus de dix fois partout dans le monde et nous sommes au bord d’un krach du système financier international sur le dollar étasunien. Le général Ivashov, qui est vice-président de l’Académie russe des problèmes géopolitiques, estime que « les banquiers mondiaux » en faillite ont besoin d’un événement de force majeure de proportions mondiales pour s’en sortir ». Selon son analyse, « l’importance des événements à venir est réellement épique. (…) Les conflits régionaux comme ceux déclenchés contre la Yougoslavie, l’Irak et l’Afghanistan ne donnent que des effets à court terme. Ils ont besoin de quelque chose de beaucoup plus important et ce besoin est urgent ». Les Etats-Unis et leurs sujets anglo-saxons n’ont pas réussi à entraîner les pays occidentaux dans leur croisade contre l’Irak. Ils tentent aujourd’hui de renouveler leur opération contre l’Afghanistan et la République Islamique d’Iran avec l’OTAN et vont de provocation en provocation pour tenter de renverser le régime légitime du peuple Iranien.

Au nom de quoi l’Occident serait-il à l’abri des guerres qu’il provoque ?

Geostrategie : Est-ce à dire que les conflits régionaux actuels peuvent gagner en ampleur ?

J-L.I. : Malheureusement l’heure est à la guerre et les dirigeants occidentaux en portent la responsabilité. Ils font régulièrement la démonstration de leur recherche d’un conflit majeur, pour sauver leur système en faillite. Ils multiplient les provocations médiatiques, économiques et armées de manière répétée contre plusieurs Etats depuis quelques années. Par exemple, les dirigeants Français mènent des opérations militaires hors frontières contre des peuples (Comores, Afrique, Albanie, Kosovo, Bosnie, Afghanistan, etc.) avec une structure militaire, le Commandement des Opérations Spéciales dont le siège est basé à Villacoublay (Yvelines) en région parisienne, la plupart du temps sans consultation du Parlement. L’armée n’est plus au service de la défense du pays tous azimuts mais des besoins des sociétés transnationales et des guerres étasuniennes. Il semble que le président Sarközy de Nagy-Bocsa n’ait pas compris que le retour en puissance sur la scène internationale de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine, de l’Inde et de l’Amérique latine et centrale mette un terme aux schémas idéologiques et aux alliances des années soixante-dix. Les français peuvent du reste interpeller leurs députés sur ces opérations militaires en se servant de mon livre puisque celles-ci vont leur coûter en 2009 plus d’un milliard d’euros avec l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Aujourd’hui, le mot d’ordre des militants nationalistes et révolutionnaires doit être « Troupes françaises hors d’Afrique ! », « Troupes françaises hors d’Afghanistan ! » L’action doit se développer afin d’entraver par tous les moyens le fonctionnement des troupes d’invasion et les centres nerveux des Etats qui participent à ces opérations militaires meurtrières dans lesquelles périssent de nombreux civils. Le temps de la guerre qui se déroule à plusieurs heures d’avion des capitales occidentales sans répercussions pour l’agresseur est révolu.

Geostrategie : Selon vous ces conflits sont donc susceptibles aujourd’hui d’avoir des répercussions en Occident même ?

J-L.I. : Les occidentaux doivent comprendre que les bombes qu’ils lâchent sur les autres peuples, que l’uranium appauvri que les armées étasuniennes, françaises et anglaises n’ont pas hésité à utiliser en 1991 lors de la guerre du Golfe, puis en Bosnie en 1995, puis encore contre la Serbie en 1999, puis à nouveau contre l’Irak en 2003 avec les conséquences dramatiques pour les êtres humains et l’environnement peut aussi se répandre au cœur de leurs propres villes, de leurs repaires économiques, financiers et militaires. Comme le rapporte le contre-amiral Claude Gaucherand, à l’hôpital pour enfants de Bassorah, en Irak, l’une des plus modernes maternité du monde arabo-musulman avant la guerre, où naissaient 12000 enfants par an, les femmes qui accouchent ne disent plus « fille ou garçon » mais « monstre ou être humain ? » Les cas de leucémie ont été multipliés par 13 et les cancers par 6 en douze ans et ces chiffres ne font qu’augmenter. Il faut également savoir que le plus moderne institut de production de vaccins du Proche-Orient qui fût créé dans les années 1980 par une coopération de l’Irak avec les établissements Mérieux a été détruit par l’ONU et ses envoyés de l’UNISCOM avec des conséquences dramatiques pour les populations et les animaux bien au-delà de l’Irak et de sa région. L’utilisation de telles armes comme le déclenchement des guerres sans consultation du Parlement fait des dirigeants de l’époque des criminels de guerre. Donnez-moi une seule raison qui justifierait que les populations occidentales soient à l’abri des guerres offensives qu’elles laissent financer avec leurs deniers par leurs dirigeants et leurs représentants sans sourciller ? Les bombes ne seraient-elles bonnes que pour les enfants Serbes, Palestiniens, Irakiens, Africains ou Afghans ? Ce temps là est bien fini.

Les fraudeurs ne sont pas à Téhéran mais à l’UMP

Geostrategie : Les politiciens et médias occidentaux parlent de « dictature » et de « révolution manquée » contre le régime de Téhéran, menaçant d’intervenir pour la protection des droits de l’Homme. Quel est votre avis sur l’évolution de la situation en Iran ?

J-L.I. : Premièrement, le peuple Iranien a réélu le président Ahmadinedjad avec une écrasante majorité, bien plus large que celle que le peuple français a donnée au président français lors de l’élection présidentielle de 2006. Permettez-moi de souligner au passage que l’élection du président français ne respecte même pas la loi qui prévoit qu’aucun citoyen ne peut porter de nom autre que celui exprimé dans son acte de naissance, à savoir pour ce fils d’émigrés juifs hongrois, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Visiblement, « de Nagy-Bocsa » est resté de l’autre côté de la frontière du bulletin de vote. Ensuite, je ne pense pas que le président français et son parti, l’UMP, dont une ribambelle d’élus ont vu leur élection annulée dans différents scrutins parce qu’ils avaient triché – Serge Dassault le « jeune » sénateur-maire UMP de 84 ans de Corbeil-Essonne, fabricant d’armes, a été déclaré inéligible pour un an par le Conseil d’Etat et accusé d’avoir acheté des voix ! – soient en mesure de donner des leçons de démocratie électorale à l’Iran. Ils le sont d’autant moins que d’autres élus de l’UMP ont été également déboutés de leur tentative de remettre en cause plusieurs résultats de scrutin au prétexte que ceux-ci ne leur étaient pas favorables. Le parti des fraudeurs n’est pas à Téhéran mais bien en France. L’UMP est d’ailleurs coutumier de «putsch » contre le peuple et la démocratie.

Geostrategie : « Putsch » contre la démocratie, c’est-à-dire ?

J-L.I. : Je rappelle que le 23 mars 1999, les représentants des dix-neuf pays de l’OTAN ont déclenché les frappes aériennes contre la République Fédérative de Yougoslavie sans consultation des parlements. Puis, ils ont violé une nouvelle fois la Constitution française en 2001 quand le Premier ministre « socialiste » Lionel Jospin a, d’un commun accord avec le président UMP Jacques Chirac, décidé de participer à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan. Depuis les choses n’ont fait que s’aggraver et les opérations militaires extérieures pèsent de plus en plus lourdement dans le budget de l’Etat. J’ajoute que la France participe au soutien de dictatures sur le continent Africain où elle n’a rien à faire et dont elle ne conteste du reste pas les élections de dirigeants, réellement truquées celles-ci. Et voilà qu’aujourd’hui, avec leurs homologues de la petite Europe de Maastricht, ils s’entendent pour faire revoter les Irlandais qui se sont prononcés majoritairement contre le traité de Lisbonne et dont le vote ne leur convient pas ! Et ce sont ces dirigeants français qui ont la prétention de donner des leçons de démocratie à l’Iran ? Ce n’est pas sérieux. Cette réalité n’est que celle d’une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, jusqu’à la guerre, pour sauvegarder ses privilèges

Un fait dont personne ne parle

Geostrategie : Les reproches formulés au gouvernement iranien par les dirigeants occidentaux procèdent-ils de la volonté de chercher un conflit majeur ? S’agit-il d’une opération concertée ?

J-L.I. : Oui. Plusieurs éléments prouvent que nous assistons à une tentative de déstabilisation du gouvernement Iranien réparée de longue date par les services étasuniens avec la collaboration de membres de services occidentaux et sionistes. La stratégie est la même que celle employée pour la prétendue « révolution orange » en Ukraine ou dans d’autres pays comme la Géorgie avec d’autres couleurs et d’autres valets. Vous retrouvez derrière ces « candidats de la liberté » les mêmes associations financées par des annexes des services étasuniens, les mêmes bailleurs de fonds, les mêmes campagnes médiatiques spontanées avec manifestations, pancartes, mots d’ordre en anglais, provocations, etc. Malheureusement les occidentaux, tous particulièrement les étasuniens, les anglais et les français, devront se faire à l’idée que le président Ahmadinejad jouit d’un fort soutien populaire et de la confiance des forces révolutionnaires d’Iran. J’attire du reste votre attention sur un fait dont personne ne parle : ces conservateurs petits bourgeois qui se présentent comme des défenseurs de la « liberté », de la « démocratie » et des « droits de l’Homme » ont tous le même programme politique : « libérer » l’économie. Cela signifie privatiser avec les conséquences qui s’en suivraient pour le peuple, tout particulièrement dans le domaine de l’énergie puisque l’Iran est un grand pays producteur de pétrole. Avez-vous remarqué le silence entretenu par les médias occidentaux sur le programme politique de cette opposition ? Je ferai le reproche aux dirigeants iraniens de ne pas suffisamment mettre en avant les acquis de la Révolution islamique qui a libéré le pays du joug de l’étranger et a permis de consacrer au développement économique et social des capitaux qui partaient auparavant dans la poche des gros actionnaires des sociétés occidentales. La République Islamique d’Iran se modernise, y compris par la maîtrise de l’énergie nucléaire, et contrôle son activité économique au profit de toute la société : voilà ce que ne supportent pas les occidentaux, français compris, dont les milliardaires dirigeants des sociétés transnationales convoitent les richesses et la place stratégique. Il est évident qu’un Hossein Moussavi comme tout autre dirigeant soutenu par les occidentaux permettrait à Israël de poursuivre tranquillement le génocide du peuple Palestinien sans que cette entité ait à répondre régionalement et internationalement de ses crimes. La politique de paix développée par l’Iran s’accompagne forcément d’une dénonciation de la réalité de la politique raciste et belliciste de l’entité sioniste, que cela plaise ou non. Il ne peut y avoir d’aboutissement à plus de soixante années de conflit sans que la réalité des faits soit posée sur la table.

Il est temps d’en finir avec « l’Etat » raciste israélien

Geostrategie : La communauté internationale peut-elle encore jouer un rôle dans le règlement de la question juive au Proche Orient ?

J-L.I. : La communauté internationale n’existe plus depuis longtemps Pour qu’elle existe encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique commune de régler les conflits dans l’intérêt des peuples, ce qui n’est plus le cas, tout particulièrement avec ce que l’on appelle « l’Etat » d’Israël. Le président Ahmadinejad a souligné avec raison, lors de son intervention à la tribune des Nations Unies à Genève le 11 avril dernier qu’ « après la deuxième guerre mondiale, sous prétexte « des souffrances des juifs », un groupe de pays puissants a eu recours à l’agression militaire pour faire d’une nation entière une population sans abri. Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et d’ailleurs pour établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée. Il est tout à fait regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux ainsi que les Etats-Unis aient entrepris de défendre ces racistes auteurs de génocide. Ils ont toujours soutenu les actes odieux du régime sioniste ou sont resté silencieux face à ces actes ». Tout cela n’est que la triste vérité et nous sommes aujourd’hui confrontés à une peste sioniste qui se répand comme un poison de manière analogue à celles des nazis : pureté de la « race » qui place le juif , « peuple élu », au-dessus de tout autre être humain – et je vous renvoie sur ce point à La question juive écrit par le juif allemand Karl Marx -, implantation de colonies qui répond au besoin d’espace vital à l’image de l’ancien Reich allemand, populations chassées à coups d’interventions militaires, villages rasés, terres spoliées, torture, etc. L’ouvrage de Serge Thion, Le terrorisme sioniste,(5) est sur ce point révélateur de la terreur qui accompagne l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste depuis 1947. Israël n’est pas un Etat mais une entité raciste sans frontières définies et sans constitution. C’est l’amie assassine du président Sarközy de Nagy-Bocsa dont l’historien Paul-Eric Blanrue décrit fort bien l’introduction dans l’appareil d’Etat français dans son ouvrage Sarkozy, Israël et les juifs.(6)

Geostrategie : Vous êtes l’un des rares journalistes français à soutenir l’intervention du président Ahmadinejad. Selon vous, le président Iranien n’a fait que rapporter la réalité des faits à la tribune de l’ONU ?

J-L.I. : L’un des rares à le soutenir ? Je ne pense pas. Sans doute dans les salons dorés des capitales occidentales et de l’ONU à Genève – et encore car il y fût applaudi par la grande majorité des participants à la déception des représentants occidentaux. Je renvoie ceux qui doutent de la triste réalité de la Palestine occupée et du racisme de l’entité sioniste à se rendre dans les pays arabes. Je ne parle pas de descendre dans les hôtels cinq étoiles pour l’interview d’une personnalité et de partager le reste de son temps entre le bar et la piscine de l’hôtel comme le font certains journalistes occidentaux. Je parle de vivre avec le peuple, d’aller à sa rencontre, de l’écouter, d’essayer de le comprendre. Ils verront alors que le président iranien jouit d’une grande popularité dans le monde arabo-musulman. Par ailleurs, un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui fait suite à une importante mission d’enquête en Israël rapporte, je cite, « les nombreuses discriminations raciales (…) tant légalisées qu’empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit » qui constituent « une violation à la Déclaration universelle des droits de l’homme, au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». Il est évident que si les occidentaux continuent de soutenir une telle entité raciste, ils devront finir par assumer également la responsabilité du génocide du peuple Palestinien et de la guerre qui se prépare. Depuis 62 ans cette entité viole toutes les lois internationales, procède à une véritable épuration ethnique de la Palestine, refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et poursuit sa guerre d’occupation et d’expansion à l’abri du discours trompeur de ses dirigeants. Vous seriez enfant Palestinien et vous auriez vu votre famille décimée sous les bombes sionistes ou chassée de sa terre, pensez-vous que vous continueriez d’applaudir aux rencontres diplomatiques sans lendemain avec un occupant qui piétine la diplomatie et les pactes internationaux jusqu’au sein de l’ONU ? Quant aux dirigeants des pays arabes au pouvoir qui ne sont, exception faite de la Syrie, que des modérés corrompus agenouillés devant les occidentaux, ils portent une lourde responsabilité dans l’extermination du peuple Palestinien et la présence coloniale dans cette région du monde.

Geopolitique : Dans de telles conditions, pensez-vous qu’après tant d’années une solution diplomatique puisse encore être trouvée ?

J-L.I. : En refusant toute véritable négociation pour que la Palestine retrouve l’intégralité de sa terre et ses droits, l’entité sioniste empoisonne la vie politique internationale et diplomatique depuis plus d’un demi-siècle. Ce racisme religieux que les occidentaux et l’ONU refusent de combattre oblige à considérer que la seule alternative qui reste désormais pour en finir avec Israël est la guerre. Que voulez-vous qu’il reste quand des dirigeants refusent de voir la réalité des choses, d’entendre la voie de la diplomatie et donc de la sagesse ? Ainsi que je le rapporte dans mon livre, une mission d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme conclut que « le projet politique fondateur de l’Etat d’Israël, l’instauration d’un « Etat juif » est porteur d’une discrimination à l’égard de la population non juive ». Si « l’Etat d’Israël est « l’Etat des juifs » comme le stipule l’article 7 de la loi fondamentale sur la Knesset, alors tout juif qui se trouve en dehors de cet Etat doit être considéré comme immigré. Une liste noire des Etats et sociétés qui commercent avec Israël, fournissent à cette entité du gaz, du pétrole – comme la Fédération de Russie, la Turquie, la Géorgie et quelques autres -, des armes et autres bien de consommation doit être dressée afin de dénoncer publiquement leur participation au massacre du peuple Palestinien et d’organiser un boycott progressif et massif de leur commerce. Il faut ainsi s’opposer comme le font une centaine d’organisations, de partis politiques, d’associations, y compris juives, à l’implantation de la société israélienne Agrexco à Sète et ailleurs en France. Ce n’est qu’un aspect du combat qu’il faut aujourd’hui mener contre cette entité raciste jusqu’à la contraindre à la raison car chaque jour elle vole la vie et la terre des Palestiniens.

Renforcer l’action commune des peuples contre l’impérialisme

Geostrategie : Revenons à l’Iran. Pensez-vous que la République Islamique d’Iran puisse affronter la crise provoquée par les occidentaux ?

J-L.I. : Crise est un bien grand mot. Je parlerai plutôt de nouvelle provocation occidentale et d’ingérence dans les affaires du peuple iranien. Non seulement elle le peut mais elle en sortira renforcée. Il faut savoir qu’ au-delà d’un appareil d’Etat en pleine modernisation, la République Islamique d’Iran dispose de militants révolutionnaires aguerris à la lutte contre les provocations occidentales, d’une jeunesse formée dans les écoles et Universités ouvertes à toutes les couches de la population qui soutient majoritairement le régime contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux, de penseurs et d’intellectuels riches de la culture perse, d’une religion avec laquelle la corruption et l’enrichissement personnel contre l’intérêt général ne sont pas compatibles. Il ne faut pas oublier qu’en août 1953 les occidentaux ont eux-mêmes préparé le coup d’Etat pour renverser le régime démocratique de Mohammad Mossadegh afin d’installer au pouvoir la dictature des Pahlavi qui a plongé l’Iran dans un bain de sang. Quelques mois après son installation au pouvoir par les occidentaux, en 1954, un consortium composé de compagnies étasuniennes, anglaises, françaises et hollandaises se mettait en place pour gérer l’exploitation pétrolière de l’Iran au profit des actionnaires des grandes compagnies occidentales. Un véritable pillage de l’Iran s’est ainsi opéré pendant près de vingt-six années de dictature jusqu’à la Révolution islamique en 1978 et 1979. Il est évident que les dirigeants occidentaux entendent aujourd’hui dicter de nouveau à l’Iran sa politique économique tantôt en lui interdisant d’utiliser l’énergie nucléaire, tantôt en le menaçant, tantôt en exerçant des pressions économiques ou en essayant de déstabiliser son régime démocratiquement élu pour imposer une marionnette à leur solde afin de s’approprier ses richesses.

Geostrategie : Mais vous êtes vous-même athée et vous soutenez le pouvoir religieux de Téhéran ?

J-L.I. : Où est le problème ? Notre foi n’est pas la même mais je constate que le régime de Téhéran défend l’indépendance économique du pays, les nationalisations – même si celles-ci doivent aujourd’hui passer à un niveau qualitatif supérieur – et donc la possibilité pour le peuple Iranien d’améliorer ses conditions d’existence en participant plus fortement à la vie économique. On ne peut en dire de même du Vatican ou de l’entité sioniste qui sont deux des principales destinations du blanchiment de l’argent du crime organisé et du commerce des armes, ni des Etats-Unis avec leurs 60 millions de pauvres où la misère, contrairement à la République Islamique d’Iran, est en pleine expansion ! Quant à l’Union Européenne, donneuse de leçon de droits de l’Homme elle devrait commencer par s’occuper de ses 20 millions de chômeurs, de ses 70 millions de citoyens mal logés, de ses 80 millions d’autres qui courent un risque de pauvreté dont « la moitié d’entre eux est dans une situation de pauvreté durable » si j’en crois le Rapport conjoint 2008 sur la protection sociale et l’inclusion sociale de la Commission européenne ! Où sont les droits de l’homme pour ces habitants de la petite Europe ? Par ailleurs, la France a fait le choix de servir de refuge à une organisation armée logée à Auvers-sur-Oise, en région parisienne, qui était, voici peu de temps, classé sur la liste noire des mouvements terroristes du Département d’Etat étasunien et de l’Union Européenne. Elle vient d’en être retirée car les dirigeants anglo-saxons ont réalisé qu’ils avaient besoin de l’instrumentaliser pour développer une grande campagne contre la République Islamique d’Iran. Tout ce qui peut leur servir contre l’Iran révolutionnaire est bon. Il serait du reste intéressant de savoir de qui cette organisation reçoit des fonds et des armes en quantité impressionnante… Le gouvernement français devrait prendre garde. Que n’entendrait-on si l’Iran abritait sur son sol une organisation dont le but avoué serait de renverser le gouvernement français ?! Sans intervenir dans les affaires intérieures iraniennes, je pense que les dirigeants iraniens devraient revoir les conditions des échanges avec les pays de l’Union Européenne, tout particulièrement la France, et choisir des partenaires commerciaux plus fiables et respectueux de l’indépendance des peuples. Cela vaut pour l’Iran comme pour tous les peuples qui se lèvent sur tous les continents et qui doivent, au-delà de leurs croyances différentes, se rapprocher pour agir en commun contre l’impérialisme.

Geostrategie : Le conflit majeur dont vous parlez pourrait prendre des formes nouvelles ?

J-L.I. : Je le pense car les occidentaux semblent oublier qu’il ne peut y avoir de second Hiroshima puisque cela signifierait la fin de l’Humanité. Le président étasunien Obama qui a pris un ton aux relents de guerre froide vis-à-vis de la Fédération de Russie devrait bien réfléchir à changer d’attitude contre le cœur de l’Eurasie. De même, son implication et celle de son administration – CIA, Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération(7) et Commandement Sud des Etats-Unis (Southcom) – dans le coup d’Etat en juin dernier contre Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras, ne fait que confirmer la poursuite de la politique belliciste et agressive de ses prédécesseurs. Vous constaterez au passage la disproportion du traitement dans les médias français entre le coup d’Etat étasunien au Honduras avec des centaines de morts et des milliers d’arrestations qui n’ont eu droit qu’à quelques toutes petites minutes d’antenne et le coup d’Etat manqué des occidentaux en Iran qui a fait chaque jour l’objet de commentaires aussi faux qu’abondants. Les Etats-Unis ne sont plus en état de dicter leur volonté au monde et leur président va devoir faire front sur le plan intérieur aux déceptions qui vont naître des promesses qu’il a faites pour être élu et qu’il ne pourra tenir. Sur le plan extérieur les guerres qu’il entretient et les nouvelles qu’il cherche à provoquer vont accroître l’endettement et contribuer au processus d’affaiblissement majeur des Etats-Unis et du capitalisme en faillite. Imaginez ce qu’il adviendrait de la société étasunienne dans un tel contexte politique, économique et social si son président noir était victime d’un odieux attentat raciste perpétré par un groupe sioniste ou des miliciens extrémistes blancs ?!… Imaginez ce qu’il adviendrait demain si les images captées par satellite et caméras sur le prétendu attentat contre le Pentagone en septembre 2001 étaient publiées ? Certains responsables du Federal Bureau of Investigation en ont une idée pour avoir fait saisir aux Etats-Unis certaines de ces bandes vidéos…Il est étrange, ne trouvez-vous pas, que cette manipulation et mise en scène hollywoodienne ait échappé aux « yeux du ciel » pour l’un des bâtiments les plus surveillés de la planète ? Sans doute faut-il encore laisser du temps au temps. Les occidentaux ne sont plus les seuls à maîtriser les nouvelles technologies et les peuples à qui ils ont pris leurs familles, leurs terres, leurs richesses, leur espoir, leur avenir n’ont plus rien à perdre. Ces « terroristes » là seront les libérateurs d’aujourd’hui comme l’étaient hier communistes et sans partis dans la Résistance contre le nazisme. A mains nues ou en costume cravate nous devons être à leurs côtés car pour eux comme pour nous, l’avenir c’est aujourd’hui la révolution ou la guerre.

Notes :

(1) Diplômé de l’Ecole des Hautes Sociales, de l’Ecole des Hautes Etudes Internationales et de l’ESJ, Jean-Loup Izambert est un journaliste indépendant qui a également exercé comme conseil en communication politique et communication de crise. Spécialisé depuis les années quatre-vingt cinq dans l’investigation économique, politique et financière, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages : Le krach des 40 banques (Ed. du Félin, 1998), Le Crédit Agricole hors la loi ? (Ed. Carnot, 2001), Crédit Lyonnais, la mascarade (Ed. Carnot, 2003), ONU, violations humaines (Ed. Carnot, 2003), Faut-il brûler l’ONU ? (Ed. du Rocher, 2004), Les Démons du Crédit Agricole (Ed. L’Arganier, 2005), Pourquoi la crise ? (Ed. Amalthée, 2009)

(2) Lire Résistance, n°56, juin 2009 et le site Internet voxnr.com

(3) Source : Organisation Internationale du Travail.

(4) Source : Rapport sur les aides publiques aux entreprises, Inspection générale des Finances, des Affaires sociales et de l’Administration, janvier 2007.

(5) Le terrorisme sioniste, par Serge Thion, Ed. Akribeia, Paris (disponible ici).

(6) Sarkozy, Israël et les juifs, par Paul-Eric Blanrue, Ed. Oser dire (disponible ici).

(7) L’institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, aussi appelé « Ecole américaine » est un centre d’entraînement et de formation étasunien destiné à former des militaires et commandos pour contrer les forces progressistes et révolutionnaires du continent d’Amérique centrale et latine. Plusieurs chef militaires des dernières dictatures de ce continent soutenues par Washington en sont issus.

 

samedi, 10 décembre 2011

Notes sur le vol Iran-Air RQ-170

Une intéressante et impertinente analyse (avec toutes les sources de la polémique) sur un événement qui ouvre un abîme de perspective et doit occasionner quelques cauchemars aux techno-stratèges de Washington et de Tel Aviv.

Notes sur le vol Iran-Air RQ-170

L’expression est bien connue  : “the fog of war” (le brouillard de la guerre), signifiant le caractère incontrôlable, insaisissable des évènements dès qu’un conflit commence, dès qu’une bataille est engagée. Toute la planification, les ordres de marche, les plans d’attaque, semblent soudain plongés dans la confusion des forces qui bousculent et basculent l’ordre et le rangement de ce qu’on espérait établi à l’avance.

Aujourd’hui, le “brouillard” n’a pas besoin de “guerre” au sens classique du terme pour se lever, drôlement épais, obscurcir la vérité des choses. La double action du système du technologisme à son extrême de surpuissance et du système de la communication à son extrême de déloyauté possible derrière sa loyauté officielle par rapport au Système (son côté Janus) en sont la cause.

Ainsi en est-il de l’aventure du drone (UAV pour Unmanned Air Vehicle) de reconnaissance US, un RQ-170 Sentinel tombé dans des mains impies (c’est-à-dire iraniennes) ; UAV de “deuxième génération”, en service depuis 2009, utilisé par l’USAF et la CIA, équipés de choses extrêmement avancées (on vous en laisse penser là-dessus) ; tombé dans “les mains impies” dans des conditions indéterminées mais qui pourraient bien être les pires possibles (les Iraniens réussissant à interférer et à en prendre en charge le contrôle de l’UAV pour le faire se poser chez eux avec un minimum de dommages, presque en bon état de marche).

Communication autour de l’histoire d’un RQ-170 perdu

Les officiels US ont beaucoup changé leurs versions de l’événement dès lors que les Iraniens ont annoncé la chose, le 4 décembre. Ils ont varié du simple déni jusqu’à la reconnaissance de l’incident selon des versions elles-mêmes variables. Danger Room, le 4 décembre 2011, exposait à la fois l’incrédulité des spécialistes et des officiels, ainsi que l’habituelle piètre considération pour les capacités des “mains impies”.

 

«For the second time this year, the Iranian government is claiming it forced down a stealthy U.S. Air Force spy drone. Only this time, Iran says it bagged the RQ-170 “with little damage” by jamming its control signal — a potentially worrying development for American forces heavily reliant on remote-controlled aircraft. There are good reasons to question Iran’s story — or at least parts of it. For starters, the earlier claim of a drone shoot-down proved false. Why would this announcement be any more credible? Also, for most U.S. unmanned aircraft, merely jamming the control signal won’t bring them down. Some don’t have control signals at all.»

Depuis le 4 décembre, les évènements se sont précipités, et la confirmation de l’aventure du RQ-170 s’est, si l’on ose écrire, largement confirmée. Le 6 décembre 2011, Russia Today, rapporte la chose, les circonstances supposées, les variations et ainsi de suite.

«Officials in the US are now scrambling over the intel that could fall into the hands of Iran and its allies after a surveillance aircraft originally reported downed over Iran is being revealed as a top-secret stealth drone.

»Though American officials quickly denied that an aircraft crashed at all last week, reports from overseas revealed that an US plane had indeed been flying over Iran. Now officials within the US government are admitting that the craft was actually an unmanned, robotic spy drone equipped with some of the country’s finest technologies and kept under wraps for years.w

»Furthermore, the craft was flying in an intelligence-gathering operation for the CIA, and if its cutting edge technology is examined by enemy forces, some of America’s top secrets could be exposed.»

Experts en damage control

Les 5 et 6 décembre, nombre d’articles ont publié des avis de divers experts US, en général toujours les mêmes, avec Loren B. Thompson en tête (employé par Lockheed Martin, Loren B., alors que Lockheed Martin construit le RQ-170). Rien de grave, dit Loren B., continuez à dormir, braves gens, sur les lauriers de l’inexpugnable génie du technologisme américaniste.

Autre expert optimiste (pour les trésors technologiques du bloc BAO), John Pike, cité dans le Daily Telegraph le 6 décembre 2012 et dans le Los Angeles Times le même 6 décembre 2011. (Cela pour les citations que nous donnons. En fait, ces avis ont été repris et dupliqués à l’infini, toujours les mêmes mots, toujours le même sens.)

«John Pike of the Globalsecurity.org think tank said the Iranians already have all the data on the drone's external shape, “and there is nothing particularly unique about this configuration.” He said the key to America's success with the stealthy aircraft is the fuel efficient engines, which give it the ability to stay aloft for days rather than hours.

»“Are we going to stop flying them? No. Was it a secret we were flying them? No,” said Pike. “Did Iran shoot it down? Probably not. Because Iranian air defences are not very good, and it is a good stealth vehicle. And did Iranian hackers hack into it and bring it down? No. It's just too hard to do.”»

En d’autres termes, rien à craindre… «The cat's already out of the bag with stealth technology. The materials have already been widely disseminated. One little drone isn't going to make a difference either way.»

Il est également précisé de-ci de-là que les experts d’Aviation Week & Space Technology, David Fulghum et Bill Sweetman ne sont pas inquiets, pour de pures raisons techniques. Selon eux, le niveau technologique du RQ-170 est d’ores et déjà dépassé et cela minimise d’autant la perte.

Experts en mode perplexe, ou pire

Il y a une autre chanson, toujours dans le chef des “experts”, identifiés ou anonymes, comme il est de coutume dans le système de la communication. Il y a d’abord l’expert perplexe, celui qui n’ose pas trop s’avancer et qui montre une réelle inquiétude. C’est le cas du très fameux Anthony Cordesman, selon les avis qu’il donne au Christian Science Monitor le 5 décembre 2011.

«The US military keeps a close hold on the technological feats and intelligence-gathering capacities of these drones, but what is clear is that “any stealth technology is remarkably sophisticated in design,” notes Anthony Cordesman, a national security analyst at the Center for Strategic and International Studies in Washington, D.C.

»The question, he adds, is how readily the drone might be reverse engineered. That answer “depends on something we just don’t know: how good the Iranians are at this, and how likely they are to bring in the Chinese, the North Koreans, or others” to deconstruct the UAV and mine it for secrets, Dr. Cordesman says. “Can they activate enough of the sensor data in ways you can actually read to know the limits of the vehicle?” Cordesman asks. “If you have it, how much can you exploit it? Are they going to bring in a third party? Iran is not unsophisticated, but it’s not at the level of technology as China.”

»Just studying the futuristic wedge shape of the RQ-170 – which is designed to more easily penetrate air defenses in a way that the Predators and Reapers can not – could prove helpful for those trying to exploit US military technology. “The shape of any drone device represents an incredible amount of design and engineering,” Cordesman says. So, too, does the coating on the exterior of the aircraft, which increases its stealth capabilities.»

Dans l’article déjà cité du Los Angeles Times, un autre expert, anonyme celui-là, et venant des sphères officielles, et beaucoup plus catégorique : une catastrophe, rien de moins…

«Another U.S. official with access to intelligence said that losing the Sentinel is a major security breach. The official, who was not authorized to publicly speak about the information, wouldn't say how the drone fell into Iranian hands, but confirmed that the downed drone was largely intact. “It's bad — they'll have everything” in terms of the secret technology in the aircraft, the official said. “And the Chinese or the Russians will have it too.”»

La “réponse du berger à la bergère” ?

Le plus intéressant, – pour l’instant, soyons prudent, puisque d’autres nouvelles peuvent venir, – nous vient certainement de ce que nous nommerions “la réponse du berger à la bergère”. Dans Flight Global, le 5 décembre 2011, Stephen Trimble sort un lapin de son chapeau, nommé : Avtobaza, – drôle de nom pour un lapin, pourquoi pas “réponse du berger à la bergère” ?)

Il s’agit d’un système russe de brouillage et de contre-mesure électroniques, tout nouveau tout beau, excellent en performances d’interférences dans les systèmes offensifs du bloc BAO, notamment les UAV… Or, nous dit Trimble, les Russes viennent de livrer un système Avtobaza aux Iraniens ; voit-on la connexion et commence-t-on ainsi à reconnaître le lapin sorti du chapeau, sous son nom de “réponse du berger à la bergère” (par exemple, de la part des Russes, par rapport aux projets anti-missiles US qu’ils dénoncent avec tant de véhémence ?

«The original reports that Iran “shot down” a Lockheed Martin RQ-170 Sentinel appear to be misleading. Iranian news agency reports credited the army's electronic warfare unit with bringing down the UAV, but apparently in a way that limited the amount of damage on landing or impact.

»Only six weeks ago, Russia announced delivering the Avtobaza ground-based electronic intelligence and jamming system to Iran. Most Russian weapons exports to Iran are blocked, including the proposed transfer of the S-300 surface to air missile system. But there is a key difference between a SAM battery and a jamming system. The S-300 can vastly complicate a strike on an Iranian nuclear site at Natanz or Qoms. A jamming system, such as the Avtobaza, is unlikely to be used to defend such a site because it could interfere with the radar of the S-300 or the Tor-M1 SAM battery.

»The Avtobaza, moreover, is designed to jam side-looking and fire control radars on aircraft and manipulate the guidance and control systems of incoming enemy missiles. It would be the perfect tool to target and perhaps infiltrate the communications link that allows a UAV to be controlled from a remote location.»

Cette affaire-là (Avtobaza versus RQ-170) est la plus sérieuse dans les commentaires divers, parce qu’elle ouvre un nouveau champ d’interrogation. Il s’agit des capacités iraniennes de défense antiaérienne en général, dans tous les cas dans le champ électronique qui est le domaine favori du bloc BAO, tout cela en cas d’attaque de l’Iran par le susdit bloc.

La version sophistiquée

…D’où une dernière version, la plus sophistiquée et la plus alarmiste. Elle vient de DEBKAFiles, le 6 décembre 2011. Le site si proche des services de sécurité israélien n’y va pas de main morte. Il interprète la prise du RQ-170 comme une “capture” électronique par les Iraniens, pour aimablement convoyer le RQ-170 des cieux d’Afghanistan où il se trouvait en mission, vers ceux de l’Iran, jusqu’à un atterrissage fait avec précaution…. Là-dessus, DEBKAFiles enchaîne sur les capacités iraniennes en cas d’attaque, en rappelant une référence cuisante pour Israël, – un coup du Hezbollah, lors de la “guerre du Liban“ de l’été 2006.

«An American military source confirmed that Iran had the RQ-170, but added there was “absolutely no indication the drone was shot down.” This leads to the conclusion that the Iranians were able to control the drone from a distance (over Afghanistan) and guide it across the border to land to Iran, say DEBKAfile's military sources. The slight damage would then apply to the wings and may have been caused when it was brought in to land by an Iranian crew unused to handling an electronic warfare craft.

»Our sources add that possession of the drone is more than just a major intelligence coup for Tehran; it has acquired an important military edge before any overt military operation has been launched. Western and Israeli war planners now have cause to fear that Iran has penetrated the heart of their most secret intelligence and electronic technological hardware for striking its nuclear infrastructure. If Tehran is capable of reaching out and guiding an American stealth drone into landing from a distance, it may also be able to control the systems of other aircraft, manned or unmanned.

»This feat recalls Hizballah's surprise attack on an Israeli missile boat in the 2006 Lebanon war when its Chinese-made shore-to-ship C-802 missile was enabled by Iranian-manned coastal radar interference to override the ship's advanced electronic defense systems and so put the Israeli Navy out of action within range of the Lebanese coast.»

Considérations sur le rangement des choses

On voit que cela fait beaucoup de versions, d’interprétations, etc. On voit également que le “brouillard“ dont nous parlions plus haut est déjà présent dans ce qu’on pressent comme explications différentes à l’intérieur même du système de sécurité nationale US, entre services, agences, département, etc., voire à l’intérieur de ces divers centres de pouvoir, à la fois sur le fonctionnement des UAV et sur les diverses connexions et coordinations entre services, agences, département, etc.. Faut-il vraiment s’en étonner ?

On peut, on doit rappeler qu’il n’y a pas si longtemps (en octobre), on a appris, 1) qu’un virus interférait dans le guidage des UAV et UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle) des forces armées US, et 2) que la présence de ce virus et la recherche de son élimination s’étaient heurtées à des déconnexions gravissimes d’information et de communication à l’intérieur des centres de pouvoir US, et à l’intérieur même de l’USAF qui était la première victime de ce virus. Au reste, qui n’irait pas désormais imaginer que ce virus d'octobre dernier est d’origine iranienne, comme une autre version du thème “réponse du berger à la bergère“, par exemple à l'affaire Stuxnet… (Sur le virus des UAV/UCAV de l'USAF et le reste, voir notre texte, le 14 octobre 2011.)

D’où les flottements divers dans les réactions officielles, jusqu’à des contradictions formelles, sinon à la limite d’être agressives entre centres de pouvoir, comme si chacun (chaque service, chaque agence, chaque département, etc.) cherchait à se couvrir et à éventuellement charger ses concurrents. On a une illustration de cette hypothèse dans cette remarque de Trimble, dans le texte déjà référencé (Flight Global, le 5 décembre 2011), où Trimble signale que le commandement des forces du bloc BAO en Afghanistan (l’ISAF) n’a nullement cherché à dissimuler la perte d’un RQ-170, bien au contraire… Quand l’on sait que le RQ-170 serait un UAV de la CIA et que la CIA ne dépend pas du commandement ISAF, on comprend que l’attitude de l’ISAF en l’occurrence laisse à penser quelques tonnes d’arrière-pensées.

«Interestingly, the International Security Assistance Force has made no effort to deny Iran's claims. Instead, the NATO headquarters in Kabul issued a statement acknowledging the loss of one of their UAVs over western Afghanistan last week. The statement also suggested the Iranians may have simply found the misplaced UAV for them. It may be important that NATO officials did not deny Iran's claims that the UAV was the RQ-170, which is known to operate from Kandahar where it was originally spotted.»

Considérations sur l’état de “guerre”

Un deuxième point, plus politique, est à signaler. Il s’agit de l’affirmation iranienne que le bloc BAO mène une guerre secrète contre lui, et des dénégations constantes, officielles, du bloc BAO, – auxquelles personne ne croit par simple inattention un peu lasse mais qu’on fait parfois semblant de croire par sens du devoir sacré de la civilisation. DEBKAFiles (même texte du 6 décembre 2011) nous signale cette charmante occurrence :

«Saturday, Dec. 3, Israel's defense minister Ehud Barak, when asked about a covert war against Iran, denied it was taking place. Twenty-hours later, this clandestine war peaked in a major coup for Iran, its capture of the sophisticated US RQ-170 Sentinel stealth reconnaissance drone. Tehran reported that, apart from slight damage, the aircraft was shot down complete with all its top-secret electronic systems in working condition.»

Ce cas est d’ailleurs réjouissant dans les contradictions internes qu’il implique, du point de vue du bloc BAO… Dans le genre  : vaut-il mieux laisser croire ceci, ou laisser croire cela ? Voici le raisonnement…

• Soit l’on veut clouer le bec aux “mains impies” de ces barbares d’Iraniens, qui en sont à la lampe à huile et à la marine à voile. L’on dénie absolument qu’ils aient pu piquer le contrôle d’un RQ-170 au-dessus de l’Afghanistan pour l’amener en Iran, et l’on implique que la merveille se trouvait en vol au-dessus de l’Iran, – et l’on accrédite absolument la narrative épouvantablement fausse, comme chacun ne manque pas de penser, que le bloc BAO pratique une “guerre” secrète contre l’Iran en se baladant dans les vastes cieux de ce pays pour faire de la surveillance, de la reconnaissance, du brouillage, de l’interférence, voire de l’assassinat téléguidé et tutti quanti

• Soit l’on sauve cette narrative de l’innocence du bloc BAO en affirmant, comme l’a fait l’ISAF, que le RQ-170 se trouvait au-dessus de l’Afghanistan, et que les cieux iraniens sont vierges de toute interférence du bloc BAO. L’on alimente, sinon accrédite dans ce cas la version DEBKAFiles, selon laquelle les “mains impies” ont de sacrés capacités techniques et électroniques, puisqu’allant chercher le RQ-170 au-dessus de l’Afghanistan et ainsi de suite…

• Solution de désespoir… On s’en remet au hasard. Tout cela s’est fait au hasard des choses et du temps. Le RQ-170 est passé d’Afghanistan, tout près de la frontière iranienne, en Iran, parce qu’il lui plaisait d’ainsi aller se balader. (Au moins, il a l’instinct de savoir où se trouve le vrai ennemi…) Puis le RQ-170 a eu une faiblesse et il s’est posé délicatement dans les “mains impies” en question… Autre explication hasardeuse  : il se croyait encore en Afghanistan, pourquoi pas ?

Bref, on ne pavoise pas, et les Iraniens rient dans leurs barbes qu’ils ont fournies.

Considérations sur le “fog” postmoderniste

Tout cela nous conduit à des considérations hypothétiques plus larges, qui ont toutes à voir avec le “brouillard de la guerre”, qui, décidément, se lève épais avant que la guerre n’ait lieu ; ou bien, vous rétorquent des experts qui en savent un saladier, c’est que la “guerre”, aujourd’hui, a pris des formes postmodernistes étranges, subreptices et insaisissables… D’accord, sauf qu’il semblerait qu’on puisse faire l'hypothèse qu'on peut se saisir d’un RQ-170 en plein vol. Cela va conduire à du chambardement.

• L’alarme sur les capacités des Iraniens… En général, les “experts” d’abord cités se conforment surtout aux consignes du système de la communication, dans ses aspects favorables au Système, et tendent à minimiser l’événement. On a vu également que des bémols se glissent déjà qui, au contraire, dramatisent l’aventure. Ils sont les signes avant-coureurs des réactions de la bureaucratie qui va réagir à ces bruits de la communication en se conformant au système du technologisme qui les inspirent, dans le sens de la surpuissance en tous sens, y compris celui de l'évaluation des menaces. C’est-à-dire que les hypothèses les plus défavorables vont être prises en compte, pour ne laisser rien au hasard, ne courir aucun risque, etc. Ainsi va-t-on commencer à considérer l’Iran comme une puissance aux capacités électroniques dissimulées mais extrêmement déstabilisantes, et avec une aide non moins dissimulée mais diablement efficace des Russes.

• Le résultat va donc être double  : 1) d’une part, il va devenir plus impératif que jamais de détruire la puissance iranienne qui, insensiblement, va passer de l’exception nucléaire à la panoplie imposante, sinon complète de la puissance (nucléaire, électronique, etc.). 2) D’autre part, il va devenir plus dangereux que jamais de lancer une attaque contre l’Iran, ainsi chargé de redoutables capacités.

• Ainsi la crise iranienne va-t-elle se renforcer, encore plus grave, encore plus menaçante, encore plus risquée, encore plus insoluble…

• Quant à l’aventure du RQ-170, il est évident que nous ne saurons jamais la véritable explication puisque tout est brouillé dans le “brouillard de la guerre” entre services et systèmes divers… Mais cette vérité-là, au fond, ne nous importe guère, puisque nous pratiquons la vertu du voeu de l'inconnaissance. Ce qui importe, en conclusion, c'est ce qui suit en guise de conclusion.

• …Ainsi, grâce au RQ-170 dans ce cas, le bloc BAO, notre contre-civilisation et tout le tremblement, continuent leur longue mais très, très rapide marche en suivant le fil inexorable du processus de leur autodestruction.

dimanche, 04 décembre 2011

Geopolitisches Schachbrett

Geopolitisches Schachbrett: Teile, erobere und beherrsche den »neuen Nahen und Mittleren Osten«

Mahdi Darius Nazemroaya

 

Der Ausdruck »Arabischer Frühling« ist ein Schlagwort, das in weit entfernten Büros in Washington, London, Paris und Brüssel von Personen oder Gruppen erfunden wurde, die sehr wenig über die Araber wissen und keinesfalls über irgendwelches Expertenwissen über die Region verfügen. Was sich derzeit in den arabischen Bevölkerungen entwickelt, besitzt keine homogene Struktur, sondern ist von vielfältigen Faktoren bestimmt. Der Wille zum Aufstand gehört ebenso wie Opportunismus dazu. Und jede Revolution ist mit einer Gegenrevolution konfrontiert.

 

Die Aufstände und Proteste in der arabischen Welt stellen auch kein »arabisches Erwachen« dar; ein solcher Begriff setzte voraus, dass die Araber die ganze Zeit geschlafen hätten, während um sie herum Diktatur und Ungerechtigkeit herrschten. Im Gegensatz zu dieser landläufigen Auffassung kam es in der arabischen Welt, die zur umfassenderen turko-arabisch-iranischen Welt gehört, immer wieder zu Aufständen, die von den arabischen Diktatoren dann in Absprache mit und mit Unterstützung von Ländern wie den USA, England und Frankreich niedergeschlagen wurden. Die Einmischung dieser Mächte trat immer als Gegengewicht zur Demokratie auf, und dies wird wohl auch so bleiben.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/mahdi-darius-nazemroaya/das-geopolitische-schachbrett-wird-fuer-den-kampf-der-kulturen-vorbereitet-teile-erobere-und-beh.html

dimanche, 27 novembre 2011

P. Vial: bientôt la guerre en Iran?


Pierre VIAL:

Bientôt la guerre en Iran ? 

mercredi, 23 novembre 2011

La vieille inimitié entre l’Arabie Saoudite et l’Iran

 

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Günther DESCHNER:

La vieille inimitié entre l’Arabie Saoudite et l’Iran

Un marchand d’automobiles paumé quelque part en Amérique, qui égare toujours ses clefs et perd ses portables, aurait des complices présumés, membres de la mafia mexicaine des drogues, qui font des milliards en chiffre d’affaires mais se laissent manipuler pour une promesse d’1,5 million de dollars afin de commettre un attentat visant à accentuer le conflit qui sévit souterrainement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. L’attentat devait frapper l’ambassadeur saoudien à Washington. Tout cela rappelle trop bien la prestation de Colin Powell, alors ministre américain des affaires étrangères, lorsqu’en 2003, il avait présenté un tuyau d’aluminium à la tribune du Conseil de Sécurité de l’ONU, comme preuve que “l’Irak de Saddam Hussein s’en servait pour produire des armements nucléaires”. Cinq ans et 100.000 morts plus tard, Powell a admis qu’il s’était agi d’“induire en erreur” le Conseil et que cette démarche avait été indigne de lui...

L’alliance tacite entre l’Arabie Saoudite et Israël

En souvenir de cet incident de 2003, le nouveau montage qu’ont tenté de fabriquer les petits machiavels des services secrets américains, aurait pu avoir des conséquences fâcheuses. Si l’attentat avait vraiment eu lieu, il n’aurait apporté que des déboires aux Iraniens. Certes, leurs rapports avec leurs voisins saoudiens ne sont pas bons mais au-delà de rodomontades verbales sur le sort des chiites de Bahrein ou de la province saoudienne du Hassa, riche en gisements pétroliers, l’Iran ne peut risquer d’envenimer la situation et de créer un casus belli. Même pour les plus radicaux du régime des mollahs, la querelle qui oppose Téhéran à Washington est un casse-tête suffisant: nul besoin de créer d’autres conflits. Bon nombre d’indices tentent également de démontrer que les Américains ne souhaitent pas déclencher un conflit supplémentaire au Moyen Orient.

Le climat s’est aussi considérablement refroidi entre les deux alliés de longue date que sont la famille royale saoudienne et les Américains. Le Roi Abdullah en veut aux Etats-Unis d’avoir laissé tomber son ami Moubarak en Egypte. Ensuite, en septembre dernier, les Etats-Unis ont torpillé le processus de reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat au Conseil de Sécurité des Nations Unies, alors que les Saoudiens, et leur roi personnellement, avaient jeté tout leur poids dans la balance pour que cette reconnaissance devienne un fait.

Les plans pour le pseudo-attentat contre l’ambassadeur saoudien n’ont pas pu être prouvés jusqu’ici mais leur potentialité permet toutefois de mettre en lumière la situation qui règne actuellement dans la région du Golfe ainsi que les constantes et les changements qui ponctuent les relations irano-saoudiennes voire de dévoiler les alliances réelles, au-delà des apparences, dans lesquelles les protagonistes sont engagés.

Les deux Etats sont rivaux depuis plusieurs décennies: même au temps du Shah, quand l’Arabie Saoudite et l’Iran constituaient les deux piliers de la politique américaine dans la région, l’inimitié entre les deux puissances demeurait latente. Lorsque la guerre éclate en 1980 entre l’Irak et l’Iran, celle que l’on a par la suite appelé la “Première Guerre du Golfe”, l’Arabie Saoudite a rassemblé à ses côtés tous les petits Etats du Golfe pour former le GCC (“Golf Cooperation Council” ou “Conseil de Coopération du Golfe”). Ce GCC a aidé Saddam Hussein à coups de milliards. Au bout du compte, l’Iran et l’Arabie Saoudite demeurent des concurrents parce que chacune des deux puissances cherche à se donner le rôle dominant dans la région, tout en reconnaissant qu’elles sont toutes deux des puissances régionales.

Dans cette inimitié de longue date, les différences entre Chiites et Sunnites ont joué et jouent toujours un rôle déterminant. L’Iran est le seul pays musulman où le chiisme est religion d’Etat, tandis que l’Arabie Saoudite est non seulement la gardienne des lieux saints de l’islam (La Mecque et Médine) mais aussi le pays sanctuaire du wahhabisme, une forme puritaine et extrême de l ‘islam sunnite, majoritaire dans le monde musulman.

L’opposition entre l’Arabie Saoudite et la République islamique d’Iran s’est encore envenimée vu les rapports très différents que les deux puissances entretiennent avec les Etats-Unis. Tandis que les nouveaux détenteurs du pouvoir à Téhéran proclamaient en 1979 que les Etats-Unis étaient leur “ennemi principal” et constituaient un “Grand Satan”, l’Arabie Saoudite était le principal allié de Washington dans le monde arabe.

La tension entre Iraniens et Saoudiens s’est accrue récemment mais cela n’est pas dû en première instance aux activités nucléaires que déploie l’Iran: c’est principalement à cause de la “bête guerre” (dixit Obama) lancée en 2003 par les Etats-Unis. L’effet majeur de cette guerre a été d’amener un gouvernement chiite au pouvoir en Irak, ce qui a augmenté considérablement l’influence iranienne au Proche Orient. L’Arabie Saoudite a tout simplement peur de voir se déclencher une agitation révolutionnaire chiite sur son propre territoire ou dans des pays voisins, comme le Bahrein, le Qatar ou le Koweit.

L’Arabie Saoudite a réagi à ce danger potentiel en finançant des groupes sunnites radicaux en Irak et ailleurs dans la région. Les Saoudiens favorisent ainsi, volens nolens, la partition de l’Irak et la division entre musulmans, même si cela ne va pas directement dans le sens voulu par l’allié américain. Cette situation débouche sur un paradoxe: les Saoudiens et les Américains restent les partenaires d’une grande alliance privilégiée, luttent de concert sur certains fronts mais sont opposés les uns aux autres, du moins indirectement, sur d’autres théâtres d’opérations.

Rappelons-nous un fait du passé: pendant de longues années, les Saoudiens ont demandé aux Allemands de leur livrer des chars. Cette transaction n’avait jamais pu avoir lieu parce que, disait-on, cela pouvait nuire aux intérêts d’Israël. Or récemment, Américains et Israëliens ont donné subitement leur accord: la transaction s’est effectuée en un temps record. C’est là l’indice que l’imbroglio des alliances et contre-alliances au Proche-orient a subi une modification de fond.

“Israël est aujourd’hui l’acteur militaire le plus fort de la région, tant sur les plans conventionnel que non-conventionnel”, commentait récemment l’expert ès défense Markus Kaim, de la Fondation “Wissenschaft und Politik” de Berlin. “Depuis peu, Israël n’est plus existentiellement menacé par une quelconque puissance et, chose plus importante, il y a le rôle nouveau de l’Iran. L’Iran cherche à se positionner comme puissance hégémonique au Proche et au Moyen Orient, est sur le point de produire des armements nucléaires, ou, si on veut le formuler de manière plus prudente, de se doter de la capacité d’en développer et d’en constuire, le cas échéant. Face à cela, la réaction saoudienne a été, au cours de ces dernières années, de se chercher des alliés et d’emprunter à son tour la politique de la course aux armements. Ce contexte fait qu’il y a de facto une sorte d’alliance tacite entre Israël et l’Arabie Saoudite”.

Cette situation devient d’autant plus problématique que d’autres nouvelles sont annoncées ces temps-ci: dans la famille régnante d’Arabie Saoudite, les décès et l’annonce de maladies graves se succèdent. Pour la suite des événements, il est de la première importance, aujourd’hui, de savoir qui, dans le royaume wahhabite, prendra les vraies décisions, en tenant compte également des bouleversements qui se sont produits dans le monde arabe cette année. Le Roi Abdullah est vieux et malade et il semble que les décisions soient prises, désormais, par son demi-frère, le ministre de l’intérieur Naïf, beaucoup moins souple. Si l’Arabie Saoudite renonce à la politique de réformes lancée par le Roi Abdullah ou devient la puissance phare d’une contre-révolution généralisée, alors sa légitimité régionale sera battue en brèche.

Les Américains ont déçu les Saoudiens

L’idée d’un “avenir ouvert”, donc d’un changement complet de donne, est de plus en plus envisageable en ce qui concerne les rapports américano-saoudiens. Ryad est ouvertement en faveur d’un Etat palestinien, milite même en sa faveur de manière fort pugnace, et n’achète plus exclusivement des armes “made in USA”. Malgré la dernière transaction en matière d’armements, portant sur quelque 60 milliards de dollars, le partenariat militaire américano-saoudien présente de plus en plus de lézardes. En effet, depuis 2009, les Saoudiens optent pour la diversification, y compris quand il s’agit d’acheter des systèmes anti-missiles, des chars d’assaut ou des avions. Désormais, ils s’adressent aussi aux Russes.

En ce moment, Ryad est confrontée à la question de la succession, ce qui complique considérablement le choix de ses stratégies prochaines. Dans ce contexte, le Prince Turki al-Faisal, qui n’a que 65 ans et est donc un homme jeune pour la tradition saoudienne, a prononcé des conférences et écrit des essais substantiels, attirant ainsi l’attention sur sa personne et ses idées. Neveu du Roi Abdullah, il a été pendant près d’un quart de siècle le chef des services secrets saoudiens; il a aussi été longtemps ambassadeur à Londres et à Washington. De tous les princes saoudiens, il est le plus intellectuel et est considéré comme le successeur de son frère Saoud al-Faisal, aujourd’hui malade et ministre des affaires étrangères depuis de nombreuses années.

Turki a annoncé “une doctrine de sécurité soudienne pour la décennie à venir”. Cette doctrine devrait constituer la réponse à la situation changeante dans la région, aux conflits internes qui secouent les pays voisins (Syrie, Irak, Yémen et Bahrein), à la position dépourvue de souplesse d’Israël dans le conflit avec les Palestiniens, à la déception qu’a provoquée le manque de soutien américain aux desiderata saoudiens et, bien entendu, à la volonté iranienne d’asseoir l’hégémonie de Téhéran dans la région.

Dans un article d’opinion que Turki a rédigé pour le “Washington Post”, il prévoit des “conséquences catastrophiques” dans les relations américano-saoudiennes. Si les Etats-Unis maintiennent leurs positions actuelles, alors “nos anciennes relations, vieilles de plusieurs décennies, connaîtront le point le plus bas qu’elles aient jamais connu, ce qui nuira de manière irréversible au processus de paix et à l’image de l’Amérique dans le monde arabe; le gouffre idéologique qui sépare le monde musulman de l’Occident s’accroîtra, et les possibilités de nouer des amitiés et de parachever des coopérations entre les deux mondes pourraient disparaître”.

Günther DESCHNER.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°44/2011; http://www.jungefreiheit.de/ ).

 

Iran/Inde: coopération dans les secteurs hydrique et alimentaire

 

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Federico DAL CORTIVO:

 Iran/Inde: coopération dans les secteurs hydrique et alimentaire

L’eau est un bien précieux et, dans un futur proche, elle pourra constituer un “casus belli” quand il s’agira, une fois de plus, d’exporter la “démocratie” dans l’une ou l’autre région du monde

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Le ministre indien des ressources hydriques, Pawan Kumar Bansal (photo), s’est rendu récemment à Téhéran pour y représenter l’Inde au XXIème Congrès sur la sécurité alimentaire et hydrique: ce sont là des sujets du plus haut intérêt pour ces deux grands pays de la masse continentale eurasienne. Bansal a surtout mis l’accent sur “l’importance de détenir une sécurité alimentaire sur la scène mondiale actuelle”, ce qui a pour corollaire la disponibilité en eau pour la population et les cultures; l’eau, véritable or bleu, est essentielle pour toute autosuffisance en ces secteurs d’activité humaine.

Le ministre indien, après avoir souligné les affinités qui existent entre l’Inde et l’Iran, a également rappelé qu’il manquait une stratégie commune en ce domaine hydrique/alimentaire. “L’Inde investit beaucoup en ce moment dans le secteur hydrique, avec sa population de plus de 1,7 milliard d’habitants; les recherches pour trouver de nouvelles sources d’eau s’effectuent de concert avec la construction d’implantations spécifiques, destinées à la distribution et l’épuration”. Bansal a ensuite ajouté: “Le gouvernement de la Nouvelle Delhi carresse le projet d’augmenter de 20% l’efficacité des systèmes d’irrigation en l’espace de cinq années, projet qui va de paire avec un renforcement des capacités technologiques de la productivité agricole”. “Toutes les activités concernant l’eau et son utilisation”, a poursuivi le ministre indien, “devront être abordées avec l’implication totale et complète de la population et des diverses entités collectives locales, de manière à responsabiliser également les utilisateurs quant à l’usage correct de cette précieuse ressource”.

L’eau représente de fait un bien de plus en plus important sur le plan stratégique, au vu de ce qui se passe dans le monde actuel où la consommation par tête d’habitant a doublé depuis le début du 20ème siècle, avec un maximum de quelque 1700 m3 par habitant aux Etats-Unis.

Dans le monde, il y a environ 1400 millions de km3 d’eau, dont 96% se trouvent dans les océans; seule une petite partie est constituée d’eau douce, dont 1,74% est immobilisée dans les glaces et 1,7% dans les nappes phréatiques souterraines; par conséquent, moins d’1% de l’eau douce se trouve dans les fleuves et les lacs de surface. En 2000, l’ONU avait fixé huit objectifs de développement mondial; parmi ceux-ci, il y avait la volonté de réduire, dans la mesure du possible, la part de la population mondiale sans accès à l’eau potable.

Derrière ces aspects purement humains de l’utilisation de l’or bleu, il y a les intérêts de ceux qui veulent contrôler cette richesse et s’en accaparer comme c’est déjà le cas pour le pétrole.

Carlos Pareyra Mele, analyste argentin et expert ès géopolitique de l’Amérique latine, soutient la thèse que depuis le milieu des années 80 du 20ème siècle, l’eau est devenue un objectif considéré comme stratégique par les gouvernements américains qui la camouflent généralement derrière un discours sur la “biodiversité”. En 2004, toujours selon cet expert argentin, le journal “The Guardian” a rendu public un rapport secret d’un conseiller du Pentagone, A. Marshall, dans lequel ce dernier avertissait les autorités américaines que, vu le réchauffement climatique, l’eau deviendra bien vite une matière première précieuse, dont il faudra nécessairement s’assurer le contrôle, du moins de ses sources les plus importantes.

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Or c’est justement le continent sud-américain qui recèle les plus grands bassins d’eau douce du monde, avec 25% du total de la planète entière. Cette masse hydrique pourrait fort bien attirer l’attention de la superpuissance américaine qui chercherait alors à contrôler, pour son compte propre, cette énorme masse d’eau douce disponible, soit par le biais de ses seules multinationales soit en organisant la déstabilisation politique des Etats latino-américains. Ce qui ne serait pas nouveau même si aujourd’hui de telles manigances semblent moins probables qu’aux temps jadis. L’Amérique du Sud cherche depuis deux bonnes décennies à sortir le plus rapidement possible de son statut d’“arrière-cours” des Etats-Unis; ceux-ci s’étaient substitués à l’Angleterre et avaient pillé à grande échelle les immenses richesses naturelles de ce continent. Cependant, les Sud-Américains ne doivent pas baisser la garde, comme d’ailleurs personne sur cette planète ne doit la baisser, parce que ce qui est en jeu, ce sont les matières premières et les richesses naturelles. Soyons-en sûrs, elles attireront l’attention de Washington et de ses alliés. Face à leurs manoeuvres, il s’agira de ne pas être désarmé.

Federico DAL CORTIVO.

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 28 octobre 2011 – http://rinascita.eu ).

 

dimanche, 20 novembre 2011

L’Arabia Saudita gioca un ruolo chiave nell’alleanza anti-iraniana degli Stati Uniti

 

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L’Arabia Saudita gioca un ruolo chiave nell’alleanza anti-iraniana degli Stati Uniti

 

Jean Shaoul, Global Research,

Ex: http://aurorasito.wordpress.com/

World Socialist Web Site

Il ruolo chiave dell’Arabia Saudita nel tentativo di destabilizzare il regime baathista di Bashir Assad, è al centro del tentativo di Washington di mettere insieme una alleanza anti-iraniana, più in generale, volto a reprimere le masse mediorientali.
L’Arabia Saudita, principale produttore ed esportatore di petrolio al mondo, ha le maggiori riserve di petrolio conosciute al mondo. Questo ha portato una ricchezza incalcolabile alla famiglia regnante saudita e ai suoi oltre 20.000 capi. La Casa dei Saud mantiene il potere con un sistema di repressione brutale che vieta ogni  protesta pubblica, sciopero e manifestazione di dissenso, combinata con la sua difesa di una versione estrema dell’Islam sunnita, il wahhabismo.
Dal 10 al 15 per cento della popolazione, è sciita ed è perseguitata. Questo crea profonde tensioni sociali, tanto più che gli sciiti vivono principalmente nella Provincia Orientale, dove si trova il 90 per cento dei 260 miliardi di barili di riserve petrolifere accertate saudite.
La maggior parte della popolazione ha tratto scarso beneficio dalla ricchezza petrolifera. La disoccupazione tra gli uomini sauditi è ufficialmente all’11,6 per cento, ma è più volte questa cifra. Un gran numero di donne è escluso dal mercato del lavoro. I giovani sotto i 30 anni, che costituiscono i due terzi della popolazione di 26 milioni di abitanti, sono colpiti; il 40 per cento dai 20 ai 24enni è disoccupato. Anche i laureati non trovano lavoro, non possono sposarsi e mettere su casa.
L’aumento del prezzo del petrolio ha creato 2,2 milioni nuovi posti di lavoro nel settore privato, ma solo il 9 per cento è andato a cittadini sauditi. Quasi 6 milioni di lavoratori, o l’80 per cento della forza lavoro, non sono cittadini, ma soprattutto lavoratori migranti provenienti dal Sud o Sud-Est asiatico, che lavorano per una miseria, senza diritti o protezione.
A gennaio, a seguito dei movimenti sociali di massa in Tunisia ed Egitto, scoppiò la protesta per chiedere la liberazione dei “prigionieri politici dimenticati“, che sono stati imprigionati per 16 anni senza accuse o processi.  Ciò ha indotto il re Abdullah a tornare a casa subito, dopo mesi di ricovero negli Stati Uniti.
Un punto di riferimento delle proteste è stata Qatif, una zona prevalentemente sciita nella parte orientale petrolifera del paese. Proteste, tutte ignorate dai media internazionali, sono in corso da mesi, con i dimostranti che denunciano l’intervento militare saudita nel vicino Bahrain, chiedono la liberazione di persone arrestate durante le proteste, e denunciano il regime di oppressione delle donne.
Essi sono stati colpiti dalla repressione e da un massiccio pacchetto di riforme da 130 miliardi di dollari USA, un importo pari al 36 per cento del Pil saudita. Il pacchetto comprendeva un salario minimo mensile di 3.000 riyal (800 dollari), due mesi di paga extra per i dipendenti pubblici, più borse di studio agli studenti universitari, l’indennità di disoccupazione di circa 260 dollari al mese, 500.000 case a prezzi accessibili, 4,3 miliardi di dollari in investimenti nelle strutture mediche, 60.000 posti di lavoro nelle forze di sicurezza e una commissione anti-corruzione.
Tale generosità è sostenibile soltanto se il prezzo del petrolio, attualmente a più di 85 dollari al barile, rimane alto.
L’aumento della spesa sociale si aggiunge a un pesante disegno di legge sulla difesa, che trattiene circa un terzo del bilancio saudita. Questo è destinato ad aumentare, in linea con l’atteggiamento sempre più bellicoso del regno verso l’Iran, col suo coinvolgimento nello Yemen e in Pakistan, e col finanziamento segreto delle forze sunnite in Iraq e in Siria. Inoltre, l’Arabia Saudita è impegnata a pagare la maggior parte dei 25 miliardi di dollari del Gulf Cooperation Council (GCC), con cui si è impegnata ad acquietare il malcontento sociale in Bahrain, Egitto, Giordania e Oman. Riyadh fornisce anche grosse somme ai palestinesi e all’Afghanistan.
La morte, il mese scorso, dell’86enne principe ereditario Sultan bin Abdul Aziz, ha sollevato preoccupazioni circa il futuro politico del regno. L’88enne re Abdullah è in condizioni di salute estremamente precarie. Abdullah ha ritardato il funerale del principe Sultan, fino a quando ha ottenuto l’accordo del Consiglio dell’eredità, composto da rappresentanti di ciascuna delle famiglie degli Ibn Saud, fondatrice del regno, nel nominare il principe Nayif, ministro degli interni, nuovo principe ereditario. Ma Nayif, 78 anni, soffre di cattiva salute e non c’è accordo nella nuova generazione per la successione.
L’Arabia Saudita ha funzionato come perno centrale della reazione sociale durante le proteste di massa che hanno scosso il Medio Oriente, quest’anno. Il suo obiettivo principale è distruggere tutte le proteste prima che si diffondano in Arabia Saudita e negli altri Stati del Golfo, che affrontano tutte il dissenso della propria irrequieta popolazione sciita.
Furiosa verso Washington, che ha ritirato il proprio sostegno all’egiziano Hosni Mubarak e all’ex presidente della Tunisia, Zine al-Abidin Ben Ali, che ha accolto, l’Arabia Saudita ha aiutato a schiacciare le proteste contro il vicina Bahrain della dinastia al-Khalifa.
Riyadh ha anche sostenuto il re di Giordania Abdullah, che affronta le proteste in corso, guidate dai Fratelli Musulmani, con contanti e l’offerta di aderire al GCC, incluso il suo supporto militare.
Nel vicino Yemen, Riyadh ha appoggiato la 30ennale dittatura del presidente Ali Abdullah Saleh, contribuendo a reprimere la filiale locale di al-Qaida e i ribelli sciiti, vicino al confine con l’Arabia Saudita. L’elite saudita è preoccupata che le proteste prolungate in Yemen si riversino oltre il confine. Nonostante cerchino di far dimettere Saleh attraverso un accordo mediato dal GCC, i sauditi gli hanno permesso di tornare nello Yemen, dopo mesi durante i quali era a Riyadh, per curarsi delle ferite subite a seguito di un tentativo di assassinio. Questo perché non possono contare su alcun successore.
L’Arabia Saudita ha inoltre collaborato agli “omicidi mirati” degli Stati Uniti di Anwar al-Awlaki, un religioso statunitense musulmano, nello Yemen, e più tardi di suo figlio.
La dinastia saudita gareggia con l’Iran per l’influenza regionale. Usa la sua tutela di due dei tre luoghi sacri dell’Islam, Mecca e Medina, per sostenere la sua pretesa di difendere la fede musulmana, sostenendo un conflitto religioso contro gli “eretici” sciiti, con il sostegno delle altre monarchie del Golfo.
Per decenni, Riyadh ha usato la sua enorme ricchezza petrolifera per coltivare i religiosi sunniti e i gruppi salafiti, e le campagne di finanziamento dell’educazione religiosa e i programmi televisivi trasmessi in tutto il Medio Oriente e l’Asia centrale. Ha scatenato l’ostilità verso le minoranze sciite, per dividere ogni dissenso interno, impedendo la crescita di partiti politici sciiti  filo-iraniani e contrastare l’influenza iraniana. Ed incolpa di routine l’”interferenza” iraniana in Bahrain e nello Yemen, per i disordini che vi sono, ma senza produrre alcuna prova.
In Libano, i sauditi sostengono la fazione filo-occidentale di Saad Hariri e Rafik Hariri, suo padre ed ex primo ministro assassinato nel 2005, quale un baluardo contro l’influenza siriana e iraniana. Hezbollah, il partito sciita appoggiato da Siria e Iran, ha un ampio richiamo popolare al di fuori del Libano, per la sua opposizione ad Israele.
Nel 2002, l’allora re Fahd aveva presentato il suo piano per normalizzare le relazioni con Israele, in cambio di uno stato palestinese accanto a Israele, entro i confini del 1967, per disinnescare la rabbia diffusa in tutta la regione. La roadmap del presidente George W. Bush, annunciata nel 2002, è stato un tentativo di contrastare l’impatto politico dell’invasione dell’Iraq nel 2003, da cui l’allora principe ereditario Abdullah aveva messo in guardia, poiché avrebbe rafforzato l’Iran.
L’Arabia Saudita è implacabilmente ostile al governo iracheno, che è vicino all’Iran. Riyadh s’è rifiutata di inviare un ambasciatore a Baghdad e insiste sul rimborso dei suoi 30 miliardi di dollari di prestito dati a Saddam Hussein per perseguire gli otto anni di guerra contro l’Iran, negli anni ’80.
Secondo il Dipartimento di Stato USA, nei documenti pubblicati da Wikileaks, il primo ministro iracheno Nouri al-Maliki ha accusato l’Arabia Saudita di “fomentare conflitti settari” e di “finanziamento di un esercito sunnita.” Il suo intervento in Iraq rischia di degenerare dopo che le truppe USA si ritireranno, alla fine di quest’anno.
Riyadh ha giocato un ruolo chiave nell’annuncio della Lega Araba, il 13 marzo, di supporto a una ‘no-fly zone’ sulla Libia, che ha aperto la strada alla guerra della NATO per rimuovere il colonnello Muammar Gheddafi e installare il Consiglio di transizione nazionale fantoccio.
Negli ultimi anni, Riyadh ha riparato i rapporti con la Siria, mentre Damasco cercava relazioni più strette con Washington. Insieme, i due paesi hanno cercato di impedire che le tensioni in Libano degenerassero in un conflitto armato. Ma mentre Riyadh aveva originariamente sostenuto il presidente Bashar al-Assad contro il movimento di protesta guidato soprattutto dalla Fratellanza musulmana e dai salafiti, per mantenere la stabilità nella regione, ha cambiato bandiera, vedendo nei disordini  un’opportunità per ridurre l’influenza dell’Iran in Medio Oriente.
Lo scorso agosto, ha ritirato il proprio ambasciatore da Damasco. Alcuni degli oppositori, molti armati, hanno il supporto dell’Arabia Saudita e delle forze intorno l’ex primo ministro Saad Hariri in Libano. Sono rappresentati nel Consiglio nazionale siriano, istituito con il sostegno della Turchia, nel tentativo di fornire un governo embrionale in esilio siriano e legittimare l’intervento turco per conto delle potenze occidentali.
In Pakistan, Riyadh è stato uno dei principali donatori di Islamabad, secondo solo agli Stati Uniti, e appoggia i suoi sforzi verso la riconciliazione con i taliban in Afghanistan, a scapito delle fazioni rivali più vicine a Teheran. Secondo il Center for Global Development, Riyadh fornito al Pakistan quasi 140 milioni di dollari all’anno tra il 2004 e il 2009. L’anno scorso, Islamabad ha dato 100 milioni di dollari per gli aiuti sul diluvio, e quest’anno altri 114 milioni di dollari.

 

Traduzione di Alessandro Lattanzio – SitoAurora

mardi, 15 novembre 2011

USA-Tricks gegen Iran: Eine Analyse

USA-Tricks gegen Iran: Eine Analyse

John Lanta

Nur wenige Wochen nach dem wundersamen Attentatsversuch des Iran gegen den saudischen Botschafter in Washington, dessen Story so unglaubwürdig war, dass kein namhafter Politiker in Europa dazu Stellung nehmen wollte, erreicht uns jetzt eine Geschichte, an der man nicht so leicht vorbeikommt. Kennzeichen der Anklagen gegen den Iran wegen seines angeblichen Atomwaffenprogramms sind wenig gehaltvolle Vorwürfe, falsche Schlussfolgerungen und deren ständige Wiederholung über viele Jahre. 

Die Tatsachen sind: Der Iran erfüllt alle Wünsche der Wiener Atomkontrollbehörde IAEA (International Atomic Energy Agency), lässt auch über die vorgeschriebenen Kontrollen hinaus weitere Kontrollen zu, die nicht vorgeschrieben sind, ist berechtigt, ein friedliches Atomprogramm voranzutreiben – und WÄRE jederzeit berechtigt, mit der rechtlich festgelegten Kündigungsfrist von drei Monaten aus dem unterschriebenen Atomwaffensperrvertrag auszusteigen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/john-lant...

dimanche, 04 septembre 2011

De la Perse à l'Inde: les commandos allemands au Proche et au Moyen Orient de 1914 à 1945

Rudolf MOSER:

De la Perse à l’Inde: les commandos allemands au Proche et au Moyen Orient de 1914 à 1945

 

Wasmuss2.jpgLes études historiques se rapportant aux trente ans de guerres européennes au cours du 20ème siècle se limitent trop souvent à des batailles spectaculaires ou à des bombardements meurtriers, qui firent énormément de victimes civiles, comme Hiroshima ou Dresde. Les aventures héroïques de soldats allemands sur des fronts lointains et exotiques ne sont guère évoquées, surtout dans le cadre de l’historiographie imposée par les vainqueurs. La raison de ce silence tient à un simple fait d’histoire: les puissances coloniales, et surtout l’Angleterre, ont exploité les peuples de continents tout entiers et y ont souvent mobilisé les indigènes pour les enrôler dans des régiments à leur service.

 

L’historiographie dominante, téléguidée par les officines anglo-saxonnes, veut faire oublier les années sombres de l’Empire britannique, ou en atténuer le souvenir douloureux, notamment en valorisant le combat de cet officier anglais du nom de Thomas Edward Lawrence, mieux connu sous le nom de “Lawrence d’Arabie”. Cet officier homosexuel a mené au combat les tribus bédouines de Fayçal I qui cherchaient à obtenir leur indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman. Il fallait, pour les services naglais, que cette indépendance advienne mais seulement dans l’intérêt de Londres. Le 1 octobre 1918, Damas tombe aux mains des rebelles arabes et, plus tard dans la même journée, les forces britanniques entrent à leur tour dans la capitale syrienne. Mais les Arabes étaient déjà trahis depuis deux ans, par l’effet des accords secrets entre l’Anglais Sykes et le Français Picot. L’ensemble du territoire arabe de la Méditerranée au Golfe avait été partagé entre zones françaises et zones anglaises, si bien que les deux grandes puissances coloniales pouvaient tranquillement exploiter les réserves pétrolières et contrôler les régions stratégiques du Proche Orient. La liberté que Lawrence avait promise aux Arabes ne se concrétisa jamais, par la volonté des militaires britanniques.

 

Beaucoup de tribus de la région, soucieuse de se donner cette liberté promise puis refusée, entrèrent en rébellion contre le pouvoir oppressant des puissances coloniales. La volonté de se détacher de l’Angleterre secoua les esprits de la Méditerranée orientale jusqu’aux Indes, tout en soulevant une formidable vague de sympathie pour l’Allemagne. Les rebelles voulaient obtenir un soutien de la puissance centre-européenne, qui leur permettrait de se débarrasser du joug britannique. Ainsi, pendant la première guerre mondiale, le consul d’Allemagne en Perse, Wilhelm Wassmuss (1880-1931), fut un véritable espoir pour les indépendantistes iraniens, qui cherchaient à se dégager du double étau russe et anglais. L’historien anglais Christopher Sykes a surnommé Wassmuss le “Lawrence allemand” dans ses recherches fouillées sur les Allemands qui aidèrent les Perses et les Afghans dans leur lutte pour leur liberté nationale.

 

Fin 1915, début 1916, le Feld-Maréchal von der Goltz, commandant en chef des forces armées de Mésopotamie et de Perse, entre dans la ville iranienne de Kermanshah. Les Perses s’attendaient à voir entrer des unités allemandes bien armées, mais le Feld-Maréchal n’entre dans la ville qu’avec deux automobiles. Pendant ce temps, le Comte von Kanitz avait constitué un front contre les Anglais qui avançaient en Perse centrale. Les forces qui meublaient ce front étaient composées de gendarmes iraniens, de mudjahiddins islamiques, de mercenaires, de guerriers tribaux (des Loures et des Bachtiars) et de Kurdes. La mission militaire germano-perse se composait de trente officiers sous le commandement du Colonel Bopp. Le gouvernement de Teheran cultivait une indubitable sympathie pour les Allemands: l’Angleterre se trouvait dès lors dans une situation difficile. Lorsque la Turquie ottomane entra en guerre, un corps expéditionnaire britannique, sous le commandement de Sir Percy Cox, occupa Bassorah et Kourna. La Perse se déclara neutre mais, malgré cela, les Anglais continuèrent à progresser en territoire perse, pour s’assurer l’exploitation des oléoducs de Karoun, entre Mouhammera et Ahwas.

 

Les tribus des régions méridionales de la Perse étaient toutefois fascinées par Wassmuss, le consul allemand de Boushir, originaire de Goslar. Wassmuss traversa le Louristan, région également appelée “Poucht-i-Kouh” (= “Derrière les montagnes”), où vivaient des tribus éprises de liberté, celles des Lours. En 1916, Wassmuss fait imprimer le journal “Neda i Haqq” (“la Voix du droit”) à Borasdjan, “pour éclairer et éveiller l’idée nationale persane”. Wassmuss travailla d’arrache-pied pour influencer le peuple iranien. Son journal en appelait à la résistance nationale et préchait la révolte contre l’ennemi qui pénétrait dans le pays. Wassmuss fut ainsi le seul à pouvoir unir les tribus toujours rivales et à leur donner cohérence dans les opérations. “Les chefs religieux distribuèrent des directives écrites stipulant qu’il était légal de tuer tous ceux qui coopéraient avec les Anglais”. Mais tous les efforts de Wassmuss furent vains: il n’y avait aucune planification et la révolte échoua, littéralement elle implosa. Elle est venue trop tard: dès le début de l’année 1918, les troupes britanniques avaient occupé la majeure partie du territoire perse, en dépit de la neutralité officielle qu’avait proclamée le pays pour demeurer en dehors du conflit.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés ne s’intéressaient qu’au pétrole, qu’à assurer leur prédominance économique en Iran, et ne se souciaient guère de lutter contre l’idée nationale persane. Rien n’a changé sur ce chapitre aujourd’hui: les Occidentaux ne cherchent que des avantages économiques. Toujours pendant le second conflit mondial, près d’un million d’hommes, épris de liberté, se sont rangés aux côtés de la Wehrmacht allemande, dans l’espoir de libérer leur pays de la tutelle des puissances coloniales occidentales: parmi eux, on compte les Indiens de la Légion “Asad Hindi”, les troupes recrutées par le Mufti de Jérusalem, les combattants issus des tribus du Caucase et quelques nationalistes iraniens. Ces derniers ont également apporté leur soutien à une opération osée, et sans espoir, que l’on avait baptisée “Amina”. Elle avait été planifiée par l’Abwehr de l’Amiral Canaris et devait être menée à bien par des soldats de la fameuse division “Brandenburg”.

 

L’objectif était de détruire la raffinerie de pétrole d’Abadan afin d’interrompre l’approvisionnement en carburant de la flotte britannique du Proche Orient. Mais les troupes britanniques et soviétiques sont entrées dans le Sud et dans le Nord de l’Iran, le 25 août 1941 et l’opération prévue par Canaris n’a pas pu avoir lieu. Plusieurs unités iraniennes résistèrent âprement mais dès le 28 août, elles ont dû capituler. Mais la lutte clandestine s’est poursuivie: début 1942, l’Abwehr allemande engage cent soldats indiens, qu’elle a bien entraînés, pour faire diversion dans l’Est de l’Iran. Les autres théâtres d’opération, très exigeants en hommes et en matériels, et l’éloignement considérable du front persan ont empêché toute intervention directe des Allemands. Les ressortissants allemands qui se trouvaient encore en Perse, après l’entrée des troupes britanniques et soviétiques, ont courageusement continué à soutenir les efforts des résistants iraniens. Il faut surtout rappeler les activités légendaires de Bernhard Schulze-Holthus, qu’il a déployées auprès des tribus guerrières des Kashgaï. Il était le conseiller du chef tribal Nazir Khan, qui refusait de payer des impôts à Teheran. Le rejet de la présence britannique conduisit donc à cette alliance germano-perse. Après plusieurs défaites, qui coûtèrent beaucoup de vies au gouvernement central iranien, celui-ci conclut un armistice avec Nazir Khan. Ce traité promettait l’autonomie aux Kashgaïs et leur fournissait des armes. En 1943, Nazir Khan revient de son exil allemand. Les Britanniques l’arrêtent et l’échangent en 1944 contre Schulze-Holthus.

 

De nos jours encore, les régions du monde qui ont fait partie de l’Empire britannique sont des foyers de turbulences, surtout au Proche Orient. La question est ouverte: à quand la prochaine attaque contre le “méchant Iran”, que décideront bien entendu les “bonnes” puissances nucléaires?

 

Rudolf MOSER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°44/2010; http://www.zurzeit.at ).

lundi, 29 août 2011

Août 1941: violation de la neutralité iranienne

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Anton SCHMITT:

Août 1941: violation de la neutralité iranienne

 

Tous ceux qui réfléchissent aujourd’hui aux positions politiques que prend l’Iran et s’en étonnent, devraient étudier l’histoire récente de ce grand pays du Moyen Orient qui, depuis près de deux siècles, n’a jamais cessé d’être le jouet de ses voisins et des grandes puissances mondiales. La haute considération dont bénéficie l’Allemagne en Iran —en dépit de la politique désastreuse actuellement suivie par la Chancelière Merkel— ne dérive pas d’un “antisémitisme foncier” que les médiats attribuent plutôt à tort à la population iranienne mais provient surtout du fait que l’Allemagne n’a jamais tenté de se soumettre l’Iran.

 

Les puissances qui se sont attaquées à la souveraineté iranienne sont la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis, qui, tous, ont été des adversaires de l’Allemagne au cours des deux guerres mondiales.

 

Le 25 août 1941, à 4 h 30 du matin, les Soviétiques et les Britanniques amorcent les hostilités avec l’Iran. Quelques minutes auparavant, les ambassadeurs Simonov et Bullard avaient transmis une note qui annonçait la décision de  leurs gouvernements respectifs. Cette note évoquait l’amitié que Soviétiques et Britanniques éprouvaient à l’endroit du peuple iranien, qu’ils entendaient désormais libérer de l’influence des “agents allemands”.

 

Quelques jours auparavant, le gouvernement iranien, qui percevait la menace, avait, dans son désarroi, demandé l’aide des Etats-Unis. Franklin Delano Roosevelt répond à l’appel des Iraniens le 22 août 1941 en adoptant un ton incroyablement cynique: il prétend que les bruits circulant à propos d’une invasion de l’Iran, qui aurait été dûment planifiée par les Soviétiques et les Britanniques, sont dépouvus de véracité et qu’il n’a rien appris de semblables projets. En fait, Roosevelt s’exprimait exactement de la même manière que Walter Ulbricht, lorsqu’on lui posait des questions sur l’imminence de la construction du Mur de Berlin en 1961.

 

Comme Churchill avait contribué à décimer l’armée de terre britannique au cours des campagnes menées dans le Nord de la France, en Grèce et en Libye, les Britanniques ne pouvaient plus aligner que des troupes coloniales de seconde voire de tierce catégorie, recrutées surtout en Inde. Les Soviétiques n’éprouvaient pas les mêmes difficultés. La manière dont l’attaque contre l’Iran fut perpétrée démontre que les agresseurs ne faisaient pas grand cas du droit de la guerre. Tandis que la Wehrmacht allemande avait demandé, avant d’entamer les hostilités, aux Danois et aux Norvégiens de capituler, les Britanniques, eux, n’ont pas accordé la moindre chance aux Iraniens à Khorramshar; ils ont ouvert le feu sans faire le détail, détruisant les casernes où les soldats du Shah dormaient encore.

 

Suite à l’invasion, l’Iran fut partagé en plusieurs “zones”. Les Américains, accourus à l’aide, ont remplacé les Anglais et fourni, pour leur zone, des troupes d’occupation. Les Américains se sont mis aussitôt à construire des routes et des voies de chemin de fer. C’est ainsi que s’est constitué toute une logisitique permettant de fournir matériels et approvisionnements américains aux Soviétiques. Au cours des années 1942/1943, 23% des aides américaines à l’URSS de Staline passaient par l’Iran. L’issue de la bataille de Stalingrad en a indubitablement dépendu. Après la guerre, les occupants ont lourdement facturé à l’Iran la construction de ces infrastructures, qu’ils avaient entreprise pour le bénéfice de leur propre guerre.

 

Le Shah, père du dernier Empereur Pahlevi, avait été jugé trop récalcitrant: les occupants ont dès lors exigé son abdication, peu de temps après l’invasion. Son fils monte sur le trône. Les “agents allemands”, qui avaient servi de prétexte à l’agression, existaient réellement. Quelques rares représentants de la fameuse Division “Brandenburg” ont bien tenté d’organiser la résistance iranienne, mais leurs actions n’eurent guère d’effets sur le plan militaire. En 1944, le père du dernier Shah meurt dans son exil sud-africain. Après la fin des hostilités, les occupants ne s’empressent pas de partir. Les Soviétiques tentent, avec l’appui d’un parti communiste rigoureusement bien organisé, de prendre le pouvoir réel en Iran, selon le même scénario mis au point en Tchécoslovaquie et appliqué avec le succès que l’on sait dans ce pays d’Europe centrale. Les Britanniques, eux, se contentaient, d’exploiter les puits de pétrole iraniens.

 

Dans le passé, bon nombre de grandes puissances, lorsque surgissaient des conflits, n’éprouvèrent que peu de respect pour la souveraineté des Etats neutres. Lors de la première guerre mondiale, les grandes puissances n’ont pas hésité à bafouer les droits des puissances de moindre envergure. Cela ne concerne pas seulement la Belgique et le Luxembourg, dont la neutralité fut violée par l’Allemagne en 1914, mais aussi la Grèce que la France et la Grande-Bretagne contraignirent à accepter leurs conditions en 1916.

 

Anton SCHMITT.

(article publié dans “zur Zeit”, Vienne, n°34/2011; http://www.zurzeit.at/ ).

lundi, 22 août 2011

IRAN-USA: la grande parodie

IRAN – USA : la grande parodie

par Jean-Marc Desanti

Ex: http://leschevaliersnoirs.hautetfort.com/

«  Le pouvoir n'existe plus que comme parodie  »

(Jean Baudrillard )

 

Il n'existe pas entre états stables de tensions irréductibles car il n'y a pas entre gouvernements de relations établies «  une fois pour toutes  ». Les adversaires d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui et les alliés de demain, parce que la nature même de tout pouvoir est de survivre en développant une politique prioritairement conforme à ses intérêts, c'est à dire, en termes moins élégants, de tout faire pour durer.

 

Les USA et l'Iran ont , officiellement, connu une amitié réciproque jusqu'à la chute du Shah, puis en apparence, depuis vingt ans, de violentes tensions qui semblaient se cumuler durant le conflitIran-Irak. En réalité l'administration américaine de Reagan misa très concrètement sur Téhéran en organisant des livraisons massives d'armes par l'intermédiaire d'Israël. Ce qu'on nomma « l'Irangate » apparaissait comme incompréhensible aux yeux de beaucoup de « spécialistes », l'explication était pourtant simple : Face au « matérialisme » soviétique l'islamisme était favorisé. En vendant des armes aux iraniens les États-Unis faisaient d'une pierre deux coups.

D'une part ils se servaient des profits engrangés pour soutenir « les contras » qui combattaient les Sandinistes soutenus par l'URSS au Nicaragua et d'autre part nourrissaient la lutte armée contre l'Irak, faisant plus de 500 000 morts, qui avait le soutien de Paris et de Moscou.

 

Puis, les évènements continuèrent à resserrer les liens très discrets mais très étroits entre Washington et Téhéran. En 1998, 70 000 hommes des forces terrestres et aériennes iraniennes, appartenant aux pasdaran (gardiens de la révolution) et aux bassidji (milices islamiques) se massèrent à une cinquantaine de kilomètres de la frontière afghane en menaçant d'intervenir pour écraser les talibans. C'est à cette époque que la Vevak ( services secrets iraniens ) établit des contacts avec le commandant Massoud. C'est à cette époque aussi que la Vevak et la CIA s'entendirent sur le plan de soutien et de secours aux forces de Massoud. Téhéran était, d'ailleurs, déjà engagé dans le conflit, ses avions ravitaillant en vivres et en armes depuis des mois l'Hazarajat, une région du centre de l'Afghanistan, tenue par les milices chiites hazaras, alliées de Massoud et que les talibans n'avaient pas encore conquises.

 

Aussi lorsque le premier décembre 2001 l'US Air Force commença les bombardements sur Tora Bora, elle put bénéficier de l'ouverture de l'espace aérien iranien pendant deux mois.

 

Mieux encore, en 2003, l'armée américaine est partie du Koweit vers Bagdad, via le désert de Nassiriyah, les brigades de l'organisation Badr avec leurs 15000 hommes ( réfugiés et transfuges chiites irakiens ayant combattu avec les iraniens pendant la guerre irano-irakienne ) étaient déjà entrées depuis la côte d'Al Imara et de Sa'd Algharbi pour protéger les arrières de l'armée américaine. C'est à ce moment-là aussi que les Iraniens proposèrent aux Etats-Unis le fameux accord 6+6 , les six pays frontaliers de l'Irak, plus les USA et les pays du Conseil de sécurité, plus l'Égypte... Ce qui fut appliqué, dans les faits, malgré les dénégations embarrassées des diplomates US.

 

Pour le Pentagone, les iraniens sont des gens censés avec lesquels on peut faire « de bonnes affaires », la réciproque est vraie.

 

Depuis une dizaine d'années, il n'est pas de mois où l'on n'annonce une attaque américano-israélienne ou israélienne ou américaine contre l'Iran. Les experts les plus avisés nous exposent avec précision le déroulement des opérations futures, escomptant bien qu'avec le temps , ils auront forcément un jour raison …

 

Mais il n'en est rien et pour cause.

 

Les américains ont pu, grâce au puissant allié chiite, pacifier l'Irak, c'est à dire morceler le pays en le laissant sous forte influence iranienne.

 

Les iraniens, toujours inquiets et en opposition face au monde arabe sunnite, ont réussi par Gi interposés à détruire Bagdad l'orgueilleuse et même, par ricochet, à s'introduire et à remporter de grandes victoires en imposant le Hezbollah dans le jeu compliqué entre le Liban, la Syrie et Israël.

 

Le reste, recette médiatique rabâchée de l'intox et de la peur, n'est qu'un rideau de fumée , des gesticulations à usage interne.

 

Le USA PATRIOT Act n'est-il pas indispensable au capitalisme d'état américain pour expliquer ses atteintes aux droits fondamentaux face à l'apocalypse d'un nucléaire iranien ?

 

De même la répression de toute opposition par les bassidji ne trouve-t-elle pas sa parfaite justification dans les manœuvres supposées destructrices du « grand Satan » ?

 

Mais observons, de plus près, les dernières trouvailles des deux présumés protagonistes.

 

On parle de plus en plus du PJAK, groupe révolutionnaires armé kurde créé en 2004, d'inspiration marxiste et féministe ( la moitié des combattants sont des femmes ).

 

Ce groupe perpétrerait des attentats à la frontière de l'Irak et de l'Iran.

Le 4 Février 2009, Barrack Obama décréta le PJAK , comme groupe international terroriste. Cet acte gouvernemental américain n'est-il pas un soutien direct au gouvernement iranien ?

 

Quel genre de conception est-ce ? Pourquoi le président américain prend-t-il cette décision et choisit-il de ne pas soutenir la démocratie et les droits des groupes minoritaires en Iran comme les Kurdes, les Azéris, les Assyriens, les Juifs ou les Arabes ? 

 

Le gouvernement américain sait pourtant bien que les droits des Kurdes n'ont pas été reconnus pendant un siècle. Comment se fait-il alors que le président Obama s'oppose aux droits fondamentaux tels que le respect de toute culture et le libre apprentissage de sa langue maternelle ?

 

Ce volontarisme politique soutient-il le gouvernement iranien pour lui permettre de continuer son « alliance » avec le Pentagone, et le gouvernements turc afin que la Turquie puisse rester membre de l'OTAN ? 

 

Le régime iranien craint-il les militants du PJAK parce qu'ils sont pour la démocratie ?

 

Il semble, curieusement, que l'administration Obama ne supporte pas la lutte pour la démocratie en Iran.

 

De même, elle montre une patience peu commune et une prudence inhabituelle dans ses commentaires, concernant les évènements sanglants en Syrie. Le peuple kurde qui a vécu en Syrie des milliers d'années, avant même l'arrivée des Arabes au Moyen-Orient, n'a pas obtenu la citoyenneté syrienne, et est le premier à payer le prix du sang aujourd'hui.

 

Est-ce donc la raison pour laquelle on laisse la répression durer et se renforcer encore ?

 

« Nous avons des rapports de nos frères à l'intérieur de l'appareil de sécurité iranien qui démontrent que des généraux turcs sont venus en Iran pour préparer l'écrasement du PJAK et faire porter, à l'organisation,la responsabilité d'actes terroristes réalisés par des provocateurs », a déclaré Amir Karimi, membre du Comité de coordination du PJAK. 

 

« Ce plan de terreur fait partie de leur tentative pour obtenir de l'Union européenne de rallier les États-Unis afin de répertorier le PJAK comme un groupe terroriste ».

 

Pendant ce temps, en Europe, le régime iranien a envoyé quelques tueurs à gages en l'Allemagne pour abattre le secrétaire général du PJAK, Rahman Haji Ahmadi. 

 

« La police allemande a appelé la semaine dernière Ahmadi pour l'avertir que trois tueurs iraniens, utilisant des passeports turcs, avaient emménagé dans un appartement près de l'endroit où il vit  », a déclaré le porte-parole du PJAK . « Ils lui ont demandé d'être prudent, mais ne lui ont offert aucune protection  ».

 

Comment comprendre de telles circonvolutions ?

 

Il nous suffit de regarder une carte du «  grand Moyen -Orient », projet US machiavélique déjà largement engagé.

 

Ainsi, si on y voit un Kurdistan « libre » avec pour capitale Kirkouk, où les kurdes représentaient les trois quarts de la population en 1897, avant d'être massacrés dès 1980 par le régime arabe d'Hussein, avec l'aide et la complicité des turcs et des iraniens, on observe aussi que l'Iran débarrassé au nord – ouest des kurdes, récupérerait, au sud-ouest, une vaste zone appelée «  états arabes chiites  », entourant le Koweït et ayant une frontière commune avec les «  territoires intérieurs saoudiens indépendants  », une partie de l'Arabie saoudite démembrée.

 Il est à craindre qu'une fois de plus, ayant toujours besoin de barbouzes pour leurs opérations très spéciales, la NSA, avec l'aide du MIT turc ( Millî İstihbarat Teşkilatı ) et de la Vevak n'ait encore créé, un nouveau Al Qaida ou une nouvelle UCK, manipulables à souhait, qu'elle agite , qui parfois lui échappe, mais qui donne l'impression, l'illusion fausse qu'il se passe « quelque chose » , que demain peut-être les rapports de force basculeront.

 

Mais tout est sous contrôle. Le logiciel suit sa progression. Tous les paramètres ont été rentrés, les hypothèses élaborées sont testées et corrigées en temps réel.

 

N'oublions pas, Oncle Sam ne sort de son grand chapeau que le meilleur scénario possible à ses yeux.

 

Pour les petits James Bond obéissants comme Oswald, Diem, Bakhtiar, Moro, Kabila ou Ben Laden , leurs destinées, nous le savons, est de finir truffés de plomb car les états ne s'opposent jamais. Il peut y avoir, seulement, des changements d'équipes, des rotations de mafias ( pour ceux qui transgressent les règles du Monopoly mondial ). On sort les « caves » de la salle de jeu pour ne garder que les « affranchis ».

 

Les états sont, ne l'oublions pas, le « game », le casino, la banque.

Le lieu où se décident les règles à suivre impérativement, les pauses, les clients qui gagnent un peu, les mensonges, les stratégies et les trahisons, bref ce qui fait que la banque ne perd jamais.

 

Jean-Marc DESANTI

 

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                                      http://ainsivalemonde-opinions.blogspot.com/2011/06/iran-...

 

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mercredi, 01 juin 2011

Iran: Khamenei contre la "culture laïque" d'Ahmadinedjad

Ferdinando CALDA :

Iran : Khamenei contre la « culture laïque » d’Ahmadinedjad

 

Le « Guide Suprême » ordonne la création d’un organe politique pour contrer la politique culturelle « nationaliste » du Président

 

Mahmoud-Ahmadinejad.jpgLa politique culturelle du gouvernement iranien de Mahmoud Ahmadinedjad est jugée désormais « laïque » et « nationaliste » par les tenants d’un islamisme strict et sourcilleux. L’Ayatollah Ali Khamenei et le clergé « conservateur », duquel il est fort proche, jugent qu’il faut mettre un holà à cette politique « impie ».  Les choses sont allées loin : le « Guide Suprême » a ordonné la création d’un « Conseil culturel supérieur pour le Progrès », afin d’influencer directement les orientations culturelles du pays.

 

Ce nouveau conseil, explique le site d’information « Digarban », travaillera parallèlement au « Conseil supérieur de la Révolution Culturelle », contrôlé, lui, par la Présidence. En pratique, il s’agit d’un organe politique faisant office de « doublure » et à l’intérieur duquel on ne retrouve aucun membre de l’équipe gouvernementale. Le « Conseil Supérieur de la Révolution Culturelle » est un organe de décision en République islamique d’Iran, qui a pour tâche de fixer les orientations politico-culturelles du pays. Les tâches de ce Conseil comprennent dès lors, entre bien d’autres choses, d’accorder des licences pour fonder des universités ou des facultés universitaires privées et d’assumer la coordination de tous les centres culturels du pays.

 

La démarche que vient de poser Khamenei, ajoute le site « Digarban », pourrait lui permettre d’intervenir directement en matières de politiques culturelles sans devoir passer par l’autre Conseil, celui que contrôle la Présidence.

 

Cela fait un petit temps déjà que les milieux conservateurs et religieux iraniens critiquent Ahmadinedjad sous prétexte qu’il mènerait une politique trop inspirée par le nationalisme iranien classique plutôt que par l’islamisme. Pendant l’été 2010, le chef de cabinet Esfandiar Rahim-Mashai avait insisté sur la nécessité, pour l’Iran, de créer une « école iranienne » au sein de l’Islam, afin, laissait-il sous-entendre, d’accorder la priorité aux intérêts réels du pays.

 

Or c’est justement contre Rahim-Mashai, bras droit d’Ahmadinedjad, que se sont déchainées les attaques « conservatrices » de ces dernières semaines, culminant dans l’accusation de « sorcellerie » ! Suite à cette accusation, plusieurs collaborateurs du Président ont été arrêtés.

 

Ces dernières semaines, le conflit entre Ahmadinedjad et l’aile ultraconservatrice du clergé, dirigée par le président du Parlement Ali Larijani et du puissant ex-Président Akbar Hashemi Rafsanjani, s’est considérablement envenimé. D’une part, le Président a procédé à un remaniement significatif du gouvernement pour assurer à ses plus fidèles alliés les positions clefs ; d’autre part, ses adversaires ont lâché contre lui la magistrature, pouvoir constitutionnel proche du « Guide Suprême » et des « conservateurs » (le chef de la magistrature iranienne actuelle est l’Ayatollah Sadeq Amoli Larijani, frère d’Ali Larijani).

 

A la mi-mai 2011, plusieurs sites de l’Internet, favorables à Ahmadinedjad, ont été fermés ou ne sont plus accessibles. Face à ces attaques, les forces qui soutiennent le Président ont fait savoir qu’elles étaient prêtes à faire descendre dans les rues de Téhéran des centaines de milliers de gens pour protester avec toute la véhémence voulue contre la politique d’intimidation qu’orchestre, contre la politique présidentielle, le clergé autour de Khamenei.

 

Ferdinando CALDA ( f.calda@rinascita.eu ).

 

(article paru dans « Rinascita », Rome, 25 mai 2011 – http://www.rinascita.eu ). 

jeudi, 28 avril 2011

Reza Shah inaugure le chemin de fer transiranien

Reza Shah inaugure le chemin de fer transiranien

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, iran, moyen orient | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 05 avril 2011

Ahmadinedjad hérisse le clergé chiite

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Ferdinando CALDA :

Ahmadinedjad hérisse le clergé chiite

 

Les milieux conservateurs iraniens reprochent à Ahmadinedjad d’avoir célébré la fête traditionnelle et païenne du Nowruz

 

Dimanche 27 mars 2011 à Téhéran : Mahmoud Ahmadinedjad, président de l’Iran, a inauguré officiellement les célébrations du Nowruz, fête traditionnelle persane du Nouvel An. Cette initiative a suscité bon nombre de critiques de la part des milieux conservateurs et religieux, parce qu’elle est d’essence non islamique.

 

La cérémonie s’est tenue en présence des présidents d’Afghanistan (Hamid Karzaï), d’Irak (Djalal Talabani), du Turkménistan (Gurbanguly Berdimuhammadov), du Tadjikistan (Emomali Rahmon) et d’Arménie (Serzh Sargsyan).

 

Des représentants d’une vingtaine d’autres pays assistaient également à la célébration, comme le ministre de la santé indien, le ministre des affaires étrangères d’Oman, le ministre de la culture du Kirghizistan, le vice-président de Zanzibar et le secrétaire général de l’Organisation de la Coopération économique (OCE). En deux ans, c’est la seconde fois consécutivement que l’Iran accueille les dirigeants des pays de la région pour célébrer le nouvel an persan par ce festival international du Nowruz.

 

Malgré ce succès diplomatique indéniable, les milieux conservateurs et religieux iraniens rejettent avec véhémence les racines païennes et préislamiques de cette fête et voient dans l’initiative d’Ahmadinedjad une dérive de plus vers le « laïcisme ». « L’Iran a ses fondements sur les seules valeurs islamiques », a souligné, ces derniers jours, Abdolnabi Namazi, un ayatollah membre de l’Assemblée des experts, tout en dénonçant les dangers du « nationalisme », vu l’accent mis sur les festivités traditionnelles du Nowruz. De son côté, le député conservateur Ahmad Tavakkoli, l’un des critiques les plus acerbes d’Ahmadinedjad, a demandé au gouvernement de « suspendre les festivités en signe de solidarité avec les citoyens des pays musulmans », tués lors des révoltes qui ont animé ces dernières semaines.

 

Les polémiques n’ont nullement empêché le bon déroulement des festivités du dimanche 27 mars 2011 mais ont néanmoins eu quelques conséquences. Le gouvernement, par exemple, a dû annuler  —officiellement par « manque de temps »—  les célébrations qui devaient avoir lieu dans la ville de Chiraz, proche des ruines de l’antique Persépolis, à cause de l’opposition que leur manifestaient les milieux conservateurs qui voyaient en elles une réminiscence des fastes donnés en 1971 par le dernier Shah pour les 2500 ans de l’impérialité iranienne, fêtes qui s’étaient précisément tenues à Chiraz.

 

Ce n’est pas la première fois, du reste, que les milieux religieux et conservateurs se sont dressés contre les positions qualifiées de « laïques » du Président Ahmadinedjad ; selon ces milieux, celui-ci se montrerait trop intéressés aux aspects nationaux et nationalistes de l’histoire iranienne et moins aux aspects religieux.

 

Pendant l’été 2011, par exemple, Ahmadinedjad a dû répondre à plusieurs questions parlementaires à la suite des déclarations de son chef  de cabinet, Esfandiar Rahim-Mashai, qui avait souligné la nécessité de soutenir une « école iranienne » au sein de l’islam, tout en faisant comprendre qu’il fallait par là donner la priorité aux intérêts du pays.

 

A plusieurs reprises, comme lorsqu’il s’est agi de remettre en question l’interdiction pour les hommes de porter la cravate et l’obligation pour eux de se laisser pousser la barbe, de nombreux porte-paroles du clergé chiite iranien ont invité Ahmadinedjad à « ne pas s’occuper de questions religieuses ».

 

Ferdinando CALDA.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 29 mars 2011 ; http://rinascita.eu/ ).

 

Commentaire :

La carte iranienne traditionnelle permet une meilleure diplomatie dans la région. Les tradition persanes préislamiques sont aux yeux de tous plus séduisantes que le fondamentalisme islamiste de Khomeiny.  C’est parce qu’il avait pratiqué une politique semblable que le Shah avait été éliminé par les Américains via l’artifice de la révolution islamiste. Les islamistes actuels travaillent pour les Etats-Unis en sabotant toute diplomatie iranienne traditionnelle, qui, elle, attire la sympathie de tous les voisins de l’Iran. Des clivages qu’il serait bon de garder en tête lorsque l’on pose un jugement, quel qu’il soit, sur la politique et la géopolitique du Moyen-Orient irano-centré.

vendredi, 18 février 2011

Schweres Zerwürfnis zwischen den USA und Saudi-Arabien: Abdullah steht zu Mubarak und wendet sich Teheran zu

Schweres Zerwürfnis zwischen den USA und Saudi-Arabien: Abdullah steht zu Mubarak und wendet sich Teheran zu

Redaktion

 

Wie Quellen aus dem Nahen Osten berichten, gehört das Gespräch zwischen US-Präsident Barack Obama und dem saudischen König Abdullah vom Dienstag, dem 10. Februar, zu den heftigsten Gesprächen, die ein amerikanischer Präsident jemals mit einem arabischen Herrscher führte. Die Auswirkungen der ägyptischen Krise hatten den saudischen König dermaßen verärgert, dass er einen überraschenden Herzanfall erlitt. Gerüchte seines Todes erschütterten die weltweiten Finanz- und Erdölmärkte, wurden aber von einem Berater der Königsfamilie dementiert. Andere Quellen berichten, er habe bereits in der Vergangenheit Herzanfälle erlitten.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/red...

 

 

jeudi, 27 janvier 2011

Der Iran entsendet Kriegsschiffe ins Mittelmeer und ins Rote Meer

Der Iran entsendet Kriegsschiffe ins Mittelmeer und ins Rote Meer

Redaktion

 

Nur 24 Stunden nach dem Scheitern der Verhandlungen mit den sechs Weltmächten über das iranische Atomprogramm in Istanbul kündigte der Iran am vergangenen Sonntag an, einen Marineverband durch den Suezkanal zu einem Übungs- und Aufklärungseinsatz ins Mittelmeer und das Rote Meer zu entsenden. Der Verband soll aus drei bis vier Schiffen bestehen, darunter ein Zerstörer aus eigener Produktion. Quellen aus Militärkreisen erklären: Ein Teil des Verbandes soll an der Süd- und Westküste Israels eingesetzt werden.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/red...