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dimanche, 10 novembre 2013

Syrie-Iran-Arabie : Nouvel ordre mondial

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Syrie-Iran-Arabie : Nouvel ordre mondial
 

Global Research, novembre 04, 2013

Les informations en provenance de mes contacts en Syrie et au Liban confirment mes analyses de géopolitique : le monde bascule dans un nouvel ordre, les pôles de puissance changent entraînant de nouveaux rapports de forces qui s’exercent  sur de nouveaux points d’appui.

Le « pivotement » américain vers l’Asie, s’il est exagéré par certains n’en est pas moins réel. Il implique l’apaisement des tensions au Proche et Moyen-Orient en réglant les crises syrienne et iranienne et en mettant un terme aux affrontements chiites-sunnites instrumentés à des fins stratégiques.

L’Iran retrouvera prochainement sa place géostratégique essentielle dans la région, avec la « modération » dans les relations internationales prônée par le Président Rohani dans son discours aux Nations Unies fin septembre. Plusieurs pays l’ont compris qui cherchent à se rapprocher de Téhéran, comme la Turquie et même le Qatar et l’Arabie.

L’islam politique vit son chant du cygne : ce sont des musulmans sincères qui ont renversé Morsi en Egypte le 30 juin dernier. Les Frères Musulmans, organisation longtemps souterraine dans les états arabes,qui a remporté toutes les élections car elle était la seule structurée depuis longtemps et a disposé de puissants moyens financiers des pays du Golfe,  est l’expression politique de cette idéologie qui proposait de gouverner au nom de la charia. Ils ont prouvé leur incompétence et leur incapacité à répondre aux aspirations des peuples et à gérer des états modernes: la Tunisie les rejette, de même que l’Egypte et le chaos libyen finira par en faire de même. Les musulmans veulent vivre selon leur foi mais entendent être en harmonie avec le « village mondial ». (Expression de René Girard)

Dans les bouleversements politiques et sociaux du monde arabe, les chrétiens qui étaient présents sur ces terres six siècles avant l’islam, ont un rôle essentiel à jouer pour la cohésion sociale des populations et seront un facteur important des réconciliations nationales partout où des drames ont eu lieu. Les rapprochements entre Patriarches orientaux et Imams dans les pays en crise montrent que les appels du Pape François à l’union des fidèles chrétiens et musulmans  répondent à un besoin vital et sont entendus par les populations comme par les dirigeants. Par leurs positions en dehors des rivalités internes aux musulmans, mais profondément patriotes et ancrés dans la vie des pays arabes, ils sont un catalyseur d’harmonie entre les différentes ethnies et confessions de ces pays souvent très composites, notamment la Syrie.

Les islamistes takfiristes restent nombreux, encore soutenus par l’Arabie Séoudite pour les détourner de menacer le royaume des Séoud désormais menacé dans son existence même. Ce sera la tâche la plus ardue d’en finir avec eux après la solution négociée de la crise syrienne. Avec le revirement du Qatar qui cherche à se rapprocher de la Syrie de Bachar el Assad, on assiste à l’isolement des positions séoudiennes et israéliennes. Les deux pays ont d’ailleurs compris qu’ils n’étaient plus les alliés indéfectibles des Etats-Unis qui attendent d’eux des changements de position.

La destruction du stock d’armes chimiques syriennes, constitué pour répondre aux armes de destructions massives israéliennes, notamment nucléaires, biologiques et chimiques, met Tel Aviv en position délicate face aux initiatives pour un PO débarrassé de ces menaces.
L’Arabie est menacée par des dissensions internes à la famille régnante et des irrédentismes qui déboucheraient en une partition possible en trois parties, le nord avec la Jordanie et les Palestiniens, le centre avec  le sud du Yémen de l’Hadramaout à la mer, et l’est chiite et pétrolier.


Le terrorisme islamiste international pourra être éradiqué quand il aura perdu ses commanditaires et soutiens, d’autant plus qu’il représente aux yeux des musulmans sincères un véritable blasphème de l’interprétation du Coran. Simultanément au changement de stratégie américaine dans la région, l’Arabie Séoudite va devoir mettre un terme à sa croisade sunnite contre un axe chiite centré sur l’Iran et appuyé sur l’Iraq, la Syrie et le Liban. Il semble d’ailleurs que la brouille avec les Etats-Unis sur la question syrienne amène la monarchie à revoir ses fondamentaux, comme en attestent des visites récentes en Iran. Son refus d’occuper le siège où elle avait été élue à l’AG de l’ONU est à la fois un signe de son irritation et de sa prise de conscience des nouveaux rapports de force dans la région.

En réalité les Etats-Unis ne font qu’accompagner l’évolution du monde comme Chuck Hagel l’avait annoncé avant même sa prise de fonction de Secrétaire d’état à la Défense (voir PJ).

L’Occident dirigé par l’Amérique a fait croire, grâce à un énorme budget de communication, qu’il représentait le bien et la justice et qu’il avait le soutien de la majorité des peuples pour ses aventures guerrières. Mais lors des menaces de frappes occidentales contre la Syrie fin août-début septembre derniers, qu’en réalité Obama n’avait proférées que pour lâcher du lest aux groupes de pression américains, alors qu’il y était hostile au fond de lui en raison des conséquences catastrophiques qu’elles auraient entraînées, et que son Etat-Major connaissait, cette coalition guerrière « occidentale » ne représentait que 800 millions d’habitants, non consultés d’ailleurs sauf les Britanniques qui s’y étaient opposés, contre les quelques 6 milliards du reste du monde soutenant la Russie et la Chine. On sait les artifices qu’il a utilisés pour retarder la décision et ensuite s’engouffrer dans la proposition russe de destruction du stock d’armes chimiques de la Syrie. Simultanément, cette proposition acceptée avec soulagement entérinait la reconnaissance de Bachar el Assad comme Président d’une Syrie chargée de la faire appliquer jusqu’à son terme.

La réunion de la conférence de Genève II pour régler la crise est désormais inéluctable, quelles que soient les manœuvres de ceux qui y sont hostiles comme l’Arabie, et le plus intelligent est de s’en accommoder.

Les organisations rebelles civiles qui s’y opposent ne représentent que quelques poignées de Syriens déracinés et les militaires, comme les brigades Liwad al Tawhidi, Ahrar al Cham, Souqour al Cham sont des organisations terroristes composées majoritairement d’étrangers qui combattent pour un état islamique mondial et n’ont aucune identité syrienne.  Les forces de l’Armée Syrienne Libre sont devenues insignifiantes ou ont fait allégeance aux djihadistes, quand elles n’ont pas déposé les armes ou rejoint les forces régulières syriennes.

Quant aux Kurdes, l’Armée syrienne leur a donné la responsabilité de tenir leurs régions et ils s’en acquittent au prix de pertes sévères contre les djihadistes mais ils prennent le dessus de plus en plus.

Simultanément le dossier iranien sera également bouclé, peut-être même avant le syrien qui demande du temps pour régler le sort des takfiristes fanatiques qui sévissent sur le terrain. La reconstruction de la Syrie demandera du temps et beaucoup d’argent, de nombreuses infrastructures ayant été détruites. Mais il n’y a pas de solution sans Bachar et les Américains le savent, même si John Kerry est obligé, lui aussi,  de lâcher du lest par des déclarations hostiles ou ambiguës.

Le Liban multiconfessionnel, fragilisé par son voisinage de la Syrie d’où il reçoit plus d’un million de réfugiés de toutes confessions n’a toujours pas de gouvernement pérenne du fait des désaccords attisés par les appuis étrangers des parties prenantes. Cependant les structures étatiques comme l’Armée et la police restent cohérentes et accomplissent leur tâche malgré les difficultés. L’alliance, sans doute majoritaire dans le pays, entre les chrétiens du CPL du général Aoun, le Hezbollah composé principalement de chiites mais pas exclusivement, et le parti Amal de Nabih Berri reste la force politique dominante qui a soutenu le régime en place à Damas Habitués des discussions de diwan pour trouver des compromis, les dirigeants des grandes familles analysent les situations au regard de leurs alliances extérieures et, fins observateurs, ils semblent avoir admis que le régime syrien sortirait vainqueur de la crise et en tirent les conséquences ; le chef druze Walid Joumblatt a récemment apporté son soutien à Nabih Berri pour la formation d’un gouvernement, signe qu’une issue pourrait s’ouvrir, d’autant plus que l’Arabie pourrait la souhaiter aussi et le faire savoir à ses alliés locaux, le chrétien Samir Geagea et le sunnite Saad Hariri.

En l’absence d’état  solide, la fragilité du Liban tient à la présence armée forte du Hezbollah, au nom de la résistance à Israël, simultanément avec celle des milices sunnites présentes officiellement pour certaines ou dans les camps palestiniens, qui en sortent pour combattre en Syrie voisine ou dans la région de Tripoli au Nord, faisant déjà plusieurs dizaines de morts, soldats et civils. Ce mélange est dangereux et pourrait exploser dramatiquement si les djihadistes venaient à quitter la Syrie pour attaquer le Hezbollahau Liban. Des menaces sérieuses sont d’ailleurs annoncées sur la FINUL au Sud contre les soldats occidentaux, dont les Français.

La France a tout intérêt à reprendre langue diplomatiquement avec un régime qui sortira vainqueur d’une crise tragique et à utiliser les liens d’amitié qui demeurent malgré tout entre Syriens et Français, ancrés dans des échanges culturels anciens, en dépit des affrontements qui les ont aussi émaillés.

Elle aurait aussi tout intérêt à se rapprocher de la Russie dont la diplomatie toute en finesse a montré son efficacité. La Russie va marquer des points dans le règlement de ce conflit parce qu’elle a su offrir une porte de sortie honorable à la grande Amérique dans une crise où elle s’était embourbée. Elle défend  ses intérêts stratégiques mais aussi tactiques car de nombreux djihadistes sont des combattants tchétchènes qui se retourneront contre elle s’ils le peuvent.

La Turquie, la Jordanie, l’Arabie Séoudite seront les perdants à divers égards du règlement de la crise, de même qu’Israël. Sans doute ces états sauront-ils trouver une nouvelle posture pour limiter les dégâts avec opportunisme et s’adapter aux nouveaux équilibres du monde. Il faut s’attendre que la Chine nouera ou développera des liens avec les pays de la région, elle qui propose des investissements en échange de la fourniture de l’énergie dont elle a besoin pour sa croissance toujours forte.

Alain Corvez

Le colonel Alain Corvez est Conseiller en stratégie internationale.

vendredi, 08 novembre 2013

Die Annäherung zwischen den USA und Iran: die Entwicklung einer neuen geopolitischen Lage?

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Die Annäherung zwischen den USA und Iran: die Entwicklung einer neuen geopolitischen Lage?

von Prof. Dr. Albert A. Stahel, Institut für Strategische Studien, Wädenswil

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Vor wenigen Wochen haben kurz vor dem Rückflug des iranischen Präsidenten nach Teheran Rouhani und Obama miteinander telefoniert. Beinahe gleichzeitig fand auch ein Treffen zwischen dem amerikanischen und dem iranischen Aussenminister statt. Zum ersten Mal seit der Besetzung der US-Botschaft in Teheran 1979 hat damit wieder eine direkte Begegnung zwischen den beiden Staaten stattgefunden. Obwohl das Treffen wie auch das Telefongespräch nur ein erster Schritt zu einer Normalisierung der Beziehungen zwischen den USA und Iran sein kann, könnte sich daraus eine neue geopolitische Lage im Mittleren Osten entwickeln.


Die Annäherung ist für beide Staaten zum gegenwärtigen Zeitpunkt notwendig und sinnvoll. Während die Wirtschaft Irans unter den Sanktionen leidet, wollen die USA ihre Präsenz im Mittleren Osten aus zwei Gründen reduzieren. Erstens wollen sie ihre Alliierten mit ihren Machtmitteln und mit ihrer Seemacht im westlichen Pazifik vermehrt bei der Eindämmung von China unterstützen und damit ihren neuen Rivalen in Schach halten. Zweitens müssen sie aus Gründen ihrer wirtschaftlichen und finanziellen Schwäche die Überdehnung ihrer Machtmittel dringend reduzieren. Eine gleichzeitige Präsenz in zwei Regionen können sich die USA nicht mehr leisten. Die Annäherung an Iran erfolgt deshalb zur richtigen Zeit und ist auch von der Obama-Administration in der letzten Zeit gefördert worden. Auch die Ayatollahs in Teheran dürften die Kontakte von Rouhani unterstützen. Wenn Revolutionsführer Khamenei öffentlich vor einer überhasteten Annäherung an die USA warnt, so ist dies als Beruhigung der Konservativen in Teheran zu verstehen. Rouhani hat mit Sicherheit seine Aktion mit Khamenei abgesprochen.


Zu welchen Folgen und Auswirkungen könnte eine Annäherung zwischen Iran und den USA führen? Zunächst einmal werden die USA schrittweise die Sanktionen und das Embargo gegenüber der iranischen Volkswirtschaft reduzieren müssen. Mit dieser Reduzierung dürfte auch die Aufnahme direkter diplomatischer Beziehungen einhergehen. Mittelfristig wird Teheran sein nukleares Programm der engen Kontrolle der Internationalen Energieagentur unterwerfen müssen. Im Gegenzug werden die USA die zivile Nutzung der Kernenergie durch Iran akzeptieren. Langfristig werden die USA nur schon wegen der Reduzierung ihrer Verpflichtungen im Mittleren Osten auch die iranische Vorherrschaft im Persischen Golf akzeptieren. Dies bedeutet, dass die Vereinigten Staaten das neue geopolitische Einflussgebiet Teherans, das sich auf Grund der verfehlten Intervention der Bush-Administration im Irak entwickelt, anerkennen werden. Dieses Einflussgebiet könnte sich nach dem Abzug der USA aus Afghanistan 2014 von Afghanistan bis einschliesslich Libanon erstrecken. Die Partnerschaft mit Iran wäre für die USA auch eine willkommene Eindämmung und Bekämpfung der sunnitischen Salafisten in Afghanistan, Pakistan und Syrien. In Syrien werden die Iraner im Gegenzug dem Ersatz von Assad durch einen anderen Alawiten zustimmen müssen.


Das eigentliche Opfer dieser geopolitischen Neuorientierung wird Saudi-Arabien sein. Die Zukunft des Königreichs, das bis anhin sehr aktiv die sunnitischen Extremisten weltweit unterstützt hat, könnte in Frage gestellt sein. Was Israel betrifft, so werden die USA weiterhin die Sicherheit des jüdischen Staates garantieren, allerdings ohne sich den Launen der jeweiligen Regierungen in Jerusalem unterwerfen zu wollen. Die Zeiten, in denen die USA im Mittleren Osten geopolitisch in israelischer Geiselhaft waren, dürften vorbei sein.
Die ersten Schritte der Obama-Administration zur Annäherung an Iran sind zu begrüssen. Sie waren dringend notwendig. Die Perser sind nur schon auf Grund der geostrategischen Lage Irans der natürliche Verbündete der USA in der Region.    •

mercredi, 06 novembre 2013

House of Saud May Throw Oily Spanner into US-Iran Talks Gambit

House of Saud May Throw Oily Spanner into US-Iran Talks Gambit

by Finian Cunningham

Ex: http://www.strategic-culture.org/

Obama-and-Hassan-Rohani.jpgThe Saudi spat with its historic Washington ally has several ways of playing out. Jilted over American «double standards» in the Middle East (how ironic is that?), senior members of the House of Saud, including intelligence chief Prince Bandar bin Sultan, have hinted that the oil-rich kingdom may shop elsewhere for its billion-dollar weapons toys that it traditionally sources from Washington. Given the parlous state of the US industrial economy, such a loss of exports in a key revenue sector, would be a nasty blow... 

Another line for a Saudi sting against the «feckless Americans» might be to throw an oily spanner into US-Iran talks over the long-running nuclear dispute. Specifically, Saudi Arabia – the main productive force in the OPEC oil cartel – could make sanctions relief for Iran a problematic order.

Not that Washington cares too much about affording sanctions relief per se, but the Saudi recalcitrance could damage what appears to be a cynical gambit by the US to engage with Iran diplomatically for geo-strategic reasons. 

For the Saudis, this opportunity for vandalism would be sweet revenge for their exasperation with perceived American flip-flopping on Syria and Iran. The Wahhabi Saudi kingdom is obsessed with the defeat of Shia Islam represented by Iran and its allies in Syria and the Hezbollah militia in Lebanon. That obsession is borne out of arcane sectarian religious animosity and also out of more mundane political rivalry. The prestige of the Iranian revolution across the Middle East and its trenchant anti-imperialism are dangerous inspirations to the Arab Street, from the House of Saud’s point of view. 

So, the apparent about-turn in US policy, first in baulking at the launch of an all-out military strike on Syria last month, and then secondly, the surprise US-led rapprochement towards Tehran over the decade-old nuclear dispute, has provoked Saudi ire to its very theocratic foundations. 

That explains the extraordinary huff expressed recently by Prince Bandar, the Saudi spymaster. Given his close contacts with the Washington establishment owing to his role as ambassador for 22 years (1983-2005), we can be sure that Bandar’s reported griping and threat-making to Western diplomats was designed to send a stern message from the House of Saud to senior US government figures. The Saudis are not merely disgruntled with their American patron; they are aggrieved by what they perceive as betrayal.

From the House of Saud’s precarious position as unelected rulers of the world’s biggest oil-exporting country – where elite wealth sits incongruously alongside massive poverty among the 20 million indigenous population – there stems an intense zero-sum mentality. Any perceived setback to the rulers or concession to rivals is intolerable to the despotic regime’s sense of its own insecure authority, both at home and regionally. That is why its reactions are so vehement, such as the furious rejection earlier this month of a non-permanent member seat on the UN Security Council – again, another action aimed at showing displeasure with Washington. 

Saudi animosity towards Iran, Syria and Hezbollah – the Shia Crescent – is of course nothing new. Such geopolitical envy can be traced back to the Islamic Revolution of 1979. For its own hegemonic reasons, Washington has cultivated the Saudi rivalry with Iran, viewing the Saudi-led Sunni monarchies of the Persian Gulf as a bulwark against Iranian-inspired popular uprisings. Bahrain is perhaps the best example, where the US and Saudi Arabia have colluded in crushing the pro-democracy movement in Bahrain that arose during the Arab Spring of 2011. The counter-insurgency propaganda of the Bahraini and Saudi regimes, with tacit approval from Washington, blames the uprising on the subversive agency of Iran and Hezbollah. Iran denies any such political interference in the internal affairs of the Sunni monarchies. Tehran maintains, with sound reasoning, that the unrest in Bahrain, Saudi Arabia and the other oil sheikhdoms is simply a reflection of the gross democratic deficit in these fascistic states. 

The Arab Spring also gave the House of Saud a golden opportunity to hit back against the Shia Crescent by joining in the Western-led covert war for regime change in Syria. By unseating the government of President Bashar al-Assad that would, so the logic went, deliver a powerful blow to Iran’s regional influence. 

But the military option against Syria and Iran has proven to be a blunt instrument that has yielded little result, as far as Western strategic objectives are concerned. Both Syrian and Iranian governments remain unbowed despite years of brutal aggression in the form of proxy mercenary armies against the former and a barrage of economic sanctions on the latter.   

This would explain why Washington and its Western allies, Britain and France, now seem prepared to exercise the political option through diplomatic negotiations. It’s not that Washington has given up on its strategic objectives of thwarting both Syria and Iran. It is just that the tactics are shifting, from military aggression to political wrestling. As Prussian military theorist Carl Von Clausewitz (1780-1831) aptly put it, war is but a continuation of politics by other means, and vice versa. 

From Washington’s point of view, this shift would kill two strategic birds with one stone. By engaging Iran and Syria into a political process, concessions might be traded one against another, with the all-important result of undermining both governments. A potential point of attack would be Iran’s urgent need for economic sanctions to be lifted.

The alacrity of Iran’s new diplomatic push over the nuclear deadlock shows that the Islamic Republic has an acute need to remove the Western embargo on its economy. It is reckoned that the combination of US and European Union sanctions imposed on Iran in mid-2012 alone has hit oil exports by more than half, resulting in a loss of revenues of $35 billion over the past year. That can only be described as devastating, to say nothing of criminal aggression.

The Iranian election of President Hassan Rouhani in mid-June and the appointment of Western-educated Mohammed Javad Zarif as foreign minister have brought a sea-change in Iran’s relations with Washington, the P5+1 group of UN Security Council members plus Germany, the EU and the UN’s atomic watchdog, the International Atomic Energy Agency. Talks with the IAEA this week in Vienna were described as «serious and earnest». All such talks have been reported as «constructive» and «progressive». This dramatic change can largely be seen as a manifestation of Iran’s pressing need to alleviate Western strictures on its economy.

But this diplomatic development can also be viewed as Washington and its Western allies wanting to engage Iran politically for their own pressing tactical reasons, with regards to realizing strategic objectives towards both Iran and Syria. 

Following the first round of negotiations between Iran and the P5+1 group in Geneva last month, there was dizzying high praise from Washington and European powers. But ahead of the second round of talks scheduled in Geneva next week, there have been assorted signals that Washington and the Europeans are reverting to playing hardball. 

The Obama administration is saying that there will no sanctions relief any time soon and that Iran will have to present concrete evidence that it is not pursuing nuclear weapons. The US Congress is also preparing to pass a bill that will ratchet up the sanctions regime even more, while the EU is reportedly stepping up enforcement of its embargoes on Iranian shipping and finance. 

The effect of this hardball will make Iran amenable to acceding to political concessions, especially as it gains the tantalizing whiff of sanctions relief. Here Iran has to tread carefully because of its own domestic population who are deeply suspicious of Western intentions. So far, the Rouhani presidency insists that the country’s right to enrich uranium at the 20 per cent level for civilian purposes is non-negotiable. It is inconceivable that the government in Tehran would survive politically if it were to give way on such a redline issue. That raises the question of what other concessions the West might demand from Iran for the latter’s much-needed sanctions relief?

Perhaps the Iranians might be asked to act as an interlocutor to enable the West to extract concessions from the government in Damascus regarding the imposition of a transitional government there.  

In pursuing its political machinations, the West has to proceed smartly and delicately too. For one thing, it has to appear to be giving the Iranians something, otherwise Iran will not engage, or the Iranian masses will demand complete withdrawal from a futile process. 

In that regard, it is significant that the White House is saying that it is considering the unfreezing of Iranian assets worth up to $50 billion. That amount would more than compensate for the loss in oil revenues for Iran over the past year. 

And it seems that Iran is anticipating a return to international oil markets because of the warmer diplomatic climate. The Reuters news agency reported last week: «Iran is reaching out to its old oil buyers and is ready to cut prices if Western sanctions against it are eased.»

The report added: «New Iranian President Hassan Rouhani's ‘charm offensive’ at the United Nations last month, coupled with a historic phone call with US President Barack Obama, revived market hopes that Iranian barrels could return with a vengeance if the diplomatic mood music translates into a breakthrough in the standoff over Tehran's disputed nuclear program.»

Reuters quoted a senior oil trader as saying: «The Iranians are calling around already saying ‘let's talk’ ... You have to be careful, of course, but there is no law against talking.»

Now, here is where the Saudis smarting over US «betrayal» could play havoc with Washington’s tactical engagement with Iran and Syria. 

Iran’s forced withdrawal from oil markets due to Western sanctions has been replaced by a spike in Saudi oil production, which has helped to maintain market prices at around $100 a barrel over the past year. Saudi oil output is said to be at an all-time high, towards its full capacity of 12 million barrels a day. 

For Washington to engage Iran in a political process, even for entirely cynical reasons, it will need to show a certain degree of flexibility in allowing Iran to resume at least a portion of vital oil exports. However, that overture is, as it turns out, the prerogative of Saudi Arabia, whose extra oil output has covered the global shortfall from sanctioned Iranian supplies. The Saudis are unlikely to facilitate any resumption of Iranian oil business. 

In that way, the Saudis have the power to throw a very oily spanner in the diplomatic wheels that Washington is trying to turn with Iran.




Republishing is welcomed with reference to Strategic Culture Foundation on-line journal www.strategic-culture.org.

dimanche, 27 octobre 2013

On the Military Alliance of Israel and Saudi Arabia against Iran

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On the Military Alliance of Israel and Saudi Arabia against Iran

Nikolai BOBKIN

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Saudi Arabia's ministry of defense has placed an order with the U.S. for the delivery of high-tech cruise missiles and aerial bombs totaling 6.8 billion dollars. It is expected that the contract will be signed within a month after the request is approved by Congress. In the opinion of the Pentagon's Defense Security Cooperation Agency (DSCA), the arms shipment will not change the military balance in the region and does not create a threat to neighboring states. But is that true? Now, when Israel and Saudi Arabia are discussing the possibility of a military alliance against Iran, this deal looks like military reinforcement of this Arab-Israeli alliance, the likelihood of whose creation is becoming more realistic…

Tel Aviv and Riyadh perceived the U.S. refusal to make a military strike against Syria and President Obama's first steps toward normalizing relations with Tehran as the White House's commencement of a new stage in transforming the geopolitical structure of the Middle East. The Saudi royal family, displeased with Obama's course, responded to Washington asymmetrically by challenging the United Nations. The Kingdom of Saudi Arabia (KSA) became the first state to reject a seat on the UN Security Council, complaining about the council's activities. Riyadh is displeased that Bashar al-Asad still remains in power, there has been no success in resolving the Palestinian-Israeli conflict, and furthermore, in the opinion of Saudi diplomats, the UN has not made enough effort to make the Middle East a zone free of weapons of mass destruction (in reference to Iran's nuclear program). 

The Russian Ministry of Foreign Affairs called the Saudi demarche «strange». It is quite obvious that the reproaches against the Security Council in the context of the Syrian crisis have an anti-Russian orientation. Previously Russia and China blocked Security Council resolutions to toughen sanctions against Syria three times. Arab UN members do not hide their perplexity at Saudi Arabia's rejection of this honored status either, and urge Riyadh to reconsider, at least in order to provide the Arab world with representation in the Security Council. Saudi leaders, however, claim that «the manner, the mechanisms of action and double standards existing in the Security Council prevent it from performing its duties and assuming its responsibilities toward preserving international peace and security as required.» That is the monarchy's reaction to the UN not acting on Saudi Arabia's calls to military intervention in the Syrian conflict and resolution of the Iranian nuclear problem using military force.

Riyadh has more than once declared its claims to dominance in the Middle Eastern region. It has now come to the point where in the days of the Syrian standoff the Saudi government proposed to Barack Obama that the U.S. pay for a military operation against Syria, as if they were talking about the services of a hired killer. The White House's refusal to take punitive military measures against the Syrian government was deeply disappointing to the Arab sheikhs. Washington was criticized for its inability to follow through on its own threats. 

Dissatisfaction with Obama's policy was made even plainer in Saudi assessments of the first signs of a thaw in Iranian-American relations. Riyadh has come to the conclusion that the U.S. and Iran are secretly planning a strategic alliance aimed at weakening Saudi influence. There is nothing unexpected in the fact that rapprochement with Iran could serve America's regional interests. The Americans themselves believe that a means of controlling the Middle East such that no one country can become the absolute military leader and lay claim to the role of a regional superpower is advantageous to the U.S. The classic way to reach this goal is to support the balance of powers while preserving constant tension in the relations between rival states, in this case Saudi Arabia and Iran. 

Many years of a one-sided orientation toward Saudi Arabia in the Islamic world has caused the U.S. to lose influence among Shiites, while Sunni Islam, which is under Saudi influence, has taken an anti-American course. Not only does Riyadh finance foreign military intervention in Syria, but Saudi intelligence supports Sunnite terrorist groups in countries from Algeria to Pakistan, including the Taliban movement which is now fighting against the Americans in Afghanistan. Further unconditional friendship with Riyadh has become dangerous for the U.S., and the conjecture that Washington's foreign policy will soon cease to serve the interests of Saudi Arabia is looking more and more justified. 

Of course, a rapprochement between Washington and Tehran is no guarantee that the position of the U.S. in the world of Shiite Islam will be substantially stronger, but there exists a chance that anti-American sentiment in a number of countries in the «Greater Middle East», such as Iraq, Lebanon, Syria, Bahrain and Afghanistan, will be reduced. Furthermore, the «reset» of relations with Iran would allow the United States to avoid the risk of being drawn into a war to protect Saudi Arabia through alliance obligations. Nevertheless, Washington still allows for the possibility of «closing» Iran's nuclear dossier by force through making strikes against Iranian nuclear infrastructure sites. Israel categorically insists on this scenario. Saudi Arabia does not hide its interest in the military destruction of the IRI's nuclear sites either. 

Tel Aviv has declared that it is prepared to conduct an independent operation against the IRI. Directing strikes against Iran through the territory of the KSA is one of the main options being considered by the Israeli military. Besides enmity toward Iran, Israel and Saudi Arabia share the common goal of overthrowing the regime in Syria, Tel Aviv and Riyadh are united in supporting the military government in Egypt, and they have also found common ground with regard to the unacceptability of an increase in the geopolitical role of their common rival Turkey. Information about secret negotiations between Israel and Saudi Arabia stopped being sensational years ago. Despite U.S. plans, the world could become a witness to the appearance of a seemingly unlikely Arab-Israeli alliance which would lay claim to the role of a «collective superpower» in the region. 

This autumn has in general brought chaos to the ranks of America's allies. The plans for U.S. military action in Syria was not supported by its most loyal ally, Great Britain; the great majority of NATO countries refused to take part in this venture; the leaders of many other allied countries have shrunk from solidarity with President Obama; and now longstanding Middle Eastern partners are acting independently on the issue of war with Iran.

Examples of Israeli independent action are becoming numerous. Over a quarter of a century ago, in 1981, Israel destroyed Iraq's Osirak nuclear reactor not long before its commissioning. The Reagan administration officially condemned this attack at the time, but the Israelis consider it one of their most successful military operations. In 2007 Israel made air strikes against the alleged al-Kibar reactor which the Syrians were building in a desert area in the eastern part of the country and about which the IAEA supposedly did not know in order to demonstrate its resolve to destroy nuclear sites in neighboring countries in the early stages. At that time the Bush administration was divided in its assessment of this attack, but many high-ranking politicians in the U.S. feel that the raid was premature. In May of this year Israel made a strike against Damascus' airport, as well as several missile bases in Syria. The true goal of the Israeli air strikes against Syrian military sites was to test the possibility of flying over this Arab country to make a strike against Iranian nuclear sites. Tel Aviv is conducting such rehearsals for the beginning of war without a backward glance at the reaction of the global community. The UN has not reacted properly to a single recent Israeli military action in Syria. 

Saudi Arabia, unlike Israel, is now making its public debut as a subverter of UN authority for the first time, but the royal family has been preparing to start out on this dangerous path for many years, closely tying its foreign policy activities to support for international terrorist organizations. No one speaks of the moral principles of Saudi diplomacy anymore, so Saudi Arabia's agreeing to provide the Israelis a military corridor may be considered participation in strikes against Iran. 

Temporary basing of aircraft at Saudi air bases is also involved. Transport planes of the Israeli air force have already been seen in Saudi Arabia unloading ammunition, which in the case of war with Iran it will be convenient to have right there nearby. And it will be even better for Israel if the Saudi military pays for the cruise missiles and aerial bombs for these purposes and ships them from the U.S. itself. This is the main reason for the KSA Defense Department's new almost 7-billion-dollar order. 90% of the deliverables are ammunition for American-built fighter planes, which are standard in the air forces of both Israel and Saudi Arabia. By approving this contract, the U.S. Congress will be giving the green light to the dangerous plans of Tel Aviv and Riyadh, and the American troops in the Persian Gulf will be drawn into the dangerous scheme of two out-of-control allies.

 
Tags: Al Qaeda Gulf Cooperation Council Iran Israel Saudi Arabia US

 

vendredi, 18 octobre 2013

L’Iran au-delà de l’islamisme, de Thomas Flichy de la Neuville

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Parution :

L’Iran au-delà de l’islamisme, de Thomas Flichy de la Neuville

 Ex: http://www.realpolitik.tv

Thomas-Flichy-Comprendre-l-Iran-au-dela-de-l-islamisme-Editions-de-l-Aube-2013_medium.pngL’Iran est aujourd’hui placé au centre de l’attention géopolitique mondiale pour trois raisons fondamentales. En premier lieu, ce pays constitue le coeur énergétique du monde, exploitant simultanément les réserves en hydrocarbures de la mer Caspienne et celles du golfe Persique. Les puissances du Moyen-Orient qui l’environnent constituent, à cet égard, des périphéries envieuses. Pour la Chine, un partenariat avec l’Iran permettrait l’indispensable sécurisation de ses approvisionnements énergétiques. Ceci explique la double poussée maritime et terrestre de l’Empire du Milieu vers l’Iran, sur les traces des routes de la soie de la dynastie Tang. En second lieu, le monde chiite représente le coeur historique de l’innovation musulmane. Ce foyer d’inventivité est confiné depuis très longtemps par le monde sunnite. Profitant aujourd’hui du basculement irakien et de l’instabilité syrienne, l’Iran pousse son avantage pour étendre son influence au coeur du Moyen-Orient. Mais sa créativité, décuplée par la puissance imaginative de la poésie persane, effraie. En troisième lieu, l’Iran, qui souffre d’un déficit énergétique malgré ses réserves prodigieuses de gaz, développe des activités atomiques de façon accélérée, suscitant les interrogations légitimes de ses voisins. Soucieux d’éviter l’affrontement, les États-Unis et leurs alliés ont exercé des pressions indirectes sur l’Iran afin que celui-ci renonce à l’enrichissement nucléaire. Ces actions ont été qualifiées, le 3 septembre 2001, de djang-e-naram, ou « guerre douce », par Hossein Mazaheri, professeur de droit à Ispahan. Cette nouvelle forme de guerre, intimement liée aux progrès technologiques de la dernière décennie, se présente en effet comme un conflit dans lequel chacun des adversaires, préservant le capital humain et matériel de ses forces armées, cherche à faire tomber l’ennemi par des actions masquées et déstabilisatrices telles que les sanctions financières, la manipulation médiatique, les cyber-attaques ou l’élimination ciblée des têtes de réseau adverses. Ce conflit dépasse de loin la simple réalité iranienne dans la mesure où les puissances asiatiques et continentales que constituent la Russie, la Chine et l’Iran ont connu, malgré des différends internes, un rapprochement spectaculaire au cours des dernières années. Face à cette conjonction, les États-Unis redoutent la formation d’un nouvel Empire mongol, capable de concurrencer leur puissance océanique.

 

(…)

 

Les incompréhensions entre Français et Iraniens s’enracinent en réalité dans une double fracture culturelle. Partageant un héritage indo-européen commun, la France et la Perse se sont brusquement éloignées à partir de la conquête islamique. Les grandes divergences s’expliquent en grande partie par la très longue période d’occupation qu’a connue l’Iran depuis lors. La culture aristocratique de la négociation menée par les hommes d’armes s’est effacée à cause du discrédit jeté sur les élites militaires persanes vaincues. La culture des marchands combinant ruse et sophistication s’est substituée aux modes antiques de négociation. Face aux envahisseurs, l’inertie s’est imposée comme la force des dominés. La déliquescence de l’État a favorisé la lenteur et la corruption de ses agents. Face à la suspension du droit commun, les courtiers se sont substitués aux gens de loi afin de dire le droit et régler les difficultés privées. Devant le despotisme des rois et la prodigieuse insécurité des personnes et des biens s’est développé un langage indirect et ambigu destiné à protéger les sujets de l’arbitraire du pouvoir. Incapables de maîtriser leur propre destin, les Iraniens ont attribué les malheurs du pays aux complots étrangers. Les longs siècles de domination ont par conséquent forgé une culture allant à rebours de la tradition française fondée sur le temps compté, la force de la loi, la bonne foi et le rayonnement. La seconde fracture est le fruit de la Révolution française. Les ambassadeurs français du XVIIème siècle avaient de nombreux atouts pour comprendre les ressorts secrets de la culture persane. Enracinés dans la transcendance et l’attente messianique d’un temps nouveau, ils servaient un État puissant. Conscients d’un héritage historique pleinement assumé et partie intégrante de leur identité, ils étaient non seulement capables de saisir les références faites à leur propre passé, mais également aptes à renvoyer leurs interlocuteurs à leurs propres contradictions historiques. Ils n’ignoraient ni l’art de la conversation, ni les références littéraires donnant tout son sens à leur culture. L’étiquette de la Cour avait façonné en eux une habitude de la courtoisie devenue une seconde nature. Aujourd’hui, la fracture révolutionnaire sépare ces improbables messagers de la culture persane. Si la fracture culturelle générée par les invasions de la Perse explique pour une large part notre inaptitude à comprendre l’Iran au-delà des mots, nous pouvons à l’évidence puiser dans notre culture classique les clefs d’un dialogue réinventé avec ce pays méconnu.

 

Professeur à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux, à l’École Navale puis à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Thomas Flichy de La Neuville est spécialiste de la diplomatie au XVIIIème siècle. Ancien élève en persan de l’Institut National des Langues et Cultures Orientales, agrégé d’histoire et docteur en droit, ses derniers travaux portent sur les relations françaises avec la Perse et la Chine à l’âge des Lumières.

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lundi, 14 octobre 2013

Les méfaits du lobby militaro-industriel américain

L’AMERIQUE CONTRE L’EUROPE
Les méfaits du lobby militaro-industriel américain

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr
La guerre économique fait rage plus que jamais. Et c'est, une fois encore l'Europe qui en fait les frais. Deux exemples récents nous en apportent la confirmation.

L’achat de 37 avions de combat américains F-35 par les Pays-Bas. Ce pays n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il y a deux décennies déjà, un contrat passé avec l’avionneur américain Lockheed avait fait scandale. Le prince consort, Claus, avait été mêlé à cette affaire de pot-de-vin. Rebelote aujourd’hui donc. On se demande bien ce que peut faire un pays comme la Hollande avec des avions de combat si ce n’est l’épandage des tulipes !

L’autre événement tout récent, c’est le choix par les Allemands du lanceur américain Falcon 9 pour lancer trois satellites gouvernementaux. Au détriment de la très fiable fusée européenne Ariane. On est en droit de se poser des questions sur le fil à la patte qui relie Angela Merkel aux lobbies américains. Une fois de plus, démonstration est faite que l’Europe n’est qu’un leurre. Depuis le plan Marshall, les Américains ne cessent de vouloir mettre les Etats européens au pas. C’est-à-dire détruire nos industries et imposer leur camelote.

Le lobby militaro-industriel américain a ainsi tout fait pour mettre le constructeur automobile français PSA en difficulté. C’est aujourd’hui le tour de Renault. Bien sûr, ce n’est pas le seul domaine où ce lobby intervient. Preuve que le libéralisme dans sa version anglo-saxonne n’est qu’un leurre destiné à ne servir que le dieu dollar et donc la finance anonyme et vagabonde.

 
En mars 2007, Capital publiait un article sur la Logan (de Dacia, détenue par Renault) qui faisait un véritable carton en Iran. Plus de 100 000 Iraniens avaient réservé leur véhicule en dépit d'une attente de plusieurs mois. 70 % des véhicules étaient commandés avec toutes les options. Il s'agissait d'un véritable succès puisque Renault avait échoué à lancer ce véhicule en Inde. Le 10 janvier 2013, La Tribune annonçait que Renault prospérait en Iran, avec notamment 84 000 Logan (rebaptisées localement Tondar) commandées entre janvier et novembre 2012. La Tribune (26 juillet 2013) indique que « Renault avait vendu plus de 100 000 véhicules l'an dernier et 38 000 encore, au premier semestre, pour l'essentiel des Tondar. » Tout comme Peugeot, Renault travaillait avec ses partenaires locaux, Iran Khodro et Pars Khodro, à qui il livrait des pièces détachées montées ensuite surplace. 

Peugeot ayant dû cesser ses activités en février 2012 sous les pressions américaines, avec « un manque à gagner (pour Peugeot) de plus de 313 000 véhicules en 2012, et, potentiellement, de plus de 400 000 unités environ en 2013 », Renault récupérait alors la mise et voyait ses ventes augmenter. Tous les espoirs paraissaient permis en cette période de crise d'autant que le 23 juillet 2013, kan Khodro annonçait un nouvel accord pour la construction de Clio en lran.

Pourtant, trois jours après, à peine, Renault publiait ses chiffres semestriels, avec une grosse surprise à la clé. Le bénéfice net était divisé par vingt, passant de 146 millions au premier semestre 2O12 à 39 millions d'euros pour la même période 2013. Raison : la nécessité de passer une provision de 512 millions d'euros liée à l'arrêt des activités de Renault en Iran: « Le système des sanctions a été durci au mois de juin puisque l’activité automobile a été incluse dans le régime des sanctions par les États-Unis (le 3 juin, onze jours avant l'élection présidentielle en Iran, qui vit la victoire du conservateur le plus modéré, Hassan Rohani). La provision qu'on passe aujourd'hui dans nos comptes correspond à la valeur des actifs que nous avons, essentiellement de l'argent qu'on ne peut pas ( en fait « plus ») rapatrier (en raison de la rupture sans préavis.» Exactement ce qui était déjà arrivé à Peugeot).

Il y a une situation de fait d'interruption de l'activité dans ce pays. Sans que cela soit clairement dit, Renault renonçait sous les pressions du lobby militaro-industriel américain à son marché iranien . Le décret 13645 de Barack Obama du 3 juin indique la multiplication des sanctions contre toute organisation ou entreprise effectuant des transactions importantes d'achat ou de vente de rials, ou qui détiennent des comptes (bancaires) en rials, en dehors de l’iran. La vraie raison est fournie par la Tribune (26 juillet 2013): Renault et PSA « détenaient tous les deux une part très importante du marché local... contrairement aux multinationales de Détroit, General Motors ou Ford, qui en étaient absentes ! »

Quand, les Européens et leurs politiques comprendront-ils que l'ennemi est à l'Ouest, pas à l'Est ?

jeudi, 10 octobre 2013

Arabische landen en Israël proberen samen toenadering VS tot Iran te stoppen

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Arabische landen en Israël proberen samen toenadering VS tot Iran te stoppen

Iraanse generaal: Obama heeft zich overgegeven

Na 5 jaar dreigen met militair ingrijpen kampt de Israëlische premier Netanyahu (hier tijdens zijn VN-toespraak eerder deze week) met een geloofwaardigheidsprobleem. Inzet: in Iran wordt Obama als krijgsgevangene van generaal Soleimani afgebeeld.

Het op het laatste moment annuleren van een ogenschijnlijk zekere Amerikaanse aanval op Syrië was een forse streep door de rekening van Saudi Arabië, de Arabische Golfstaten en Israël. De Arabieren en Israëliërs hebben dan ook de bijna onwaarschijnlijke stap gezet hun diplomatieke krachten te bundelen, om te voorkomen dat president Obama zijn toenadering tot Iran doorzet en definitief het omstreden Iraanse nucleaire programma accepteert.

Briljante Putin voorkomt oorlog

De landen op het Arabische schiereiland zijn aartsvijanden van Iran. Hetzelfde geldt voor de Joodse staat Israël. Omdat Syrië de krachtigste bondgenoot van de islamitische Republiek is, en beide landen samen de shi'itische terreurbeweging Hezbollah in Libanon steunen, lobbyden zowel de (soennitische, salafistische en wahabistische) Arabieren als de Israëliërs in Washington voor een militaire aanval op het regime van de Syrische president Assad.

De Russische president Vladimir Putin gooide echter roet in het eten met een voorstel dat best briljant mag worden genoemd. Mede door zijn eigen 'rode lijn', het gebruik van chemische wapens, zat Obama behoorlijk in de knel en kon hij, ondanks het massale verzet van het Congres en de Amerikaanse bevolking, weinig anders dan marineschepen en vliegtuigen bevelen zich gereed te maken voor de aanval op Syrië. Plotseling bood Putin hem echter een uitweg door Syrië over te halen akkoord te gaan met het vernietigen van het chemische wapenarsenaal. (3)

Wereld opgelucht, Israël en Arabieren niet blij

De wereld haalde opgelucht adem, zeker omdat veel analisten en Midden Oosten experts hadden voorspeld dat een aanval op Syrië wel eens een nieuwe grote regionale oorlog zou kunnen veroorzaken, en mogelijk zelfs de Derde Wereldoorlog. Zo'n omvangrijk militair conflict zou de genadeklap betekenen voor de toch al zeer wankele wereldeconomie.

De Arabieren en Israëliërs laten het er echter niet bij zitten, zeker niet nu president Obama tot hun afgrijzen openlijk toenadering zoekt tot Iran, en bereid lijkt om het omstreden nucleaire programma van het land te accepteren. Voor de duidelijkheid: het gaat niet om Irans recht op kernenergie, zoals de mullahs in Teheran voortdurend beweren. Zoals we onlangs opnieuw uitlegden is de uraniumverrijking tot 20%, wat bevestigd wordt door zowel het IAEA als Iraanse officials, totaal onnodig voor kernenergie, en dient -na verdere verrijking- enkel voor de productie van kernwapens.

Iran ontkende jarenlang uraniumverrijking

Wat de rest van de wereld gemakshalve ook vergeet is dat Iran jarenlang heeft ontkend dat het uranium verrijkte. Pas toen Westerse satellieten en inlichtingendiensten harde, onontkenbare bewijzen leverden, erkenden de leiders in Teheran plotseling dat ze in het geheim toch verrijkingsfabrieken hadden gebouwd, al haastten ze zich te verklaren dat deze enkel voor vreedzame doeleinden zouden worden gebruikt.

De huidige president Hassan Rouhani was 6 jaar geleden, toen nog hoofdonderhandelaar namens de islamitische Republiek, openlijk trots op het misleiden van het Westen, dat hij jarenlang aan het lijntje had weten te houden met de bewering dat Iran geen uranium verrijkte, terwijl er ondertussen op geheime locaties duizenden verrijkingscentrifuges werden geïnstalleerd.

Tellen we hier de regelmatige oorlogszuchtige taal van Iraanse militaire en geestelijke officials aan het adres van de Arabische Golfstaten en Israël bij op, dan wekt het geen verbazing dat de meeste landen in het Midden Oosten nauwelijks vertrouwen hebben in de plotselinge, zogenaamd goede bedoelingen van Iran.

Unieke samenwerking Arabische landen en Israël

Medewerkers van de Israëlische premier Netanyahu maakten gisteren bekend dat hoge officials uit Saudi Arabië en andere Arabische Golfstaten in Israël hebben overlegd over een gezamenlijke strategie, waarmee voorkomen moet worden dat Obama zijn softe benadering van Iran doorzet.

Nog nooit eerder vond er in de Joodse staat op zo'n hoog niveau overleg over samenwerking plaats tussen de Arabieren en Israëliërs, normaal gesproken vijanden van elkaar. Het is des te meer een overduidelijk signaal dat de Arabische oliestaten en Israël zeer ontevreden zijn over het wispelturige en onberekenbare beleid van president Obama.

Zorgen in Europa over nieuwe koers VS

Zelfs in het doorgaans zo passieve en timide Europa groeien de zorgen over Amerika's toenadering tot Iran. Duitse en Franse diplomaten drongen bij Israël zelfs op een harde opstelling aan, hopende dat Obama hiermee zou kunnen worden afgeremd. In sommige Europese landen dringt langzaam het besef door dat Obama hen slechts heeft gebruikt voor de jarenlange onderhandelingen met Iran, en hen nu laat vallen voor directe overeenkomsten met de theocratische leiders in Teheran.

Premier Netanyahu hield tijdens zijn recente VN-toespraak dan ook vast aan zijn eis dat Iran zijn nucleaire programma moet ontmantelen, en onderstreepte bovendien dat Israël nog steeds bereid is desnoods alleen in te grijpen. Ondanks het feit dat Iran hier de spot mee dreef -tenslotte dreigt Netanyahu hier al jaren mee, en heeft hij nog altijd niets gedaan-, zijn de shi'itische leiders wel degelijk bevreesd voor Israëls militaire macht.

Netanyahu's invloed in Washington tanende

Netanyahu's ferme taal was mogelijk nog meer aan het adres van het Witte Huis gericht. De Amerikaanse ambassadeur voor Israël, Dan Shapiro, was zichtbaar niet blij met de openlijke poging van de Israëlische premier om Obama's nieuwe Iranstrategie te dwarsbomen. De premier van de Joodse staat beseft echter dat hij Obama hoogstwaarschijnlijk niet van zijn nieuwe koers zal kunnen doen afzien, en verwacht dan ook dat de sancties tegen Iran -die het land op de rand van de afgrond hebben gebracht- binnenkort zullen worden verlicht.

De Israëlische leider ziet zich nu gesteld voor de lastige taak zijn tanende geloofwaardigheid, het gevolg van vijf jaar lang dreigen maar in werkelijkheid niets doen, te repareren. Of dat hem gaat lukken is maar de vraag, want nu het islamitische regime in Teheran tot de conclusie is gekomen dat een Amerikaanse aanval definitief van de baan is, vermoedt men dat ook Israël feitelijk heeft afgezien van militair ingrijpen. De komende tijd zal Iran dus proberen om de kloof tussen Israël en de VS verder te vergroten. (1)

Obama afgebeeld als krijgsgevangene van Iraanse generaal

De verzoenende taal van Obama tijdens zijn VN-toespraak vorige week wordt in Iran als een Amerikaanse nederlaag opgevat. De Iraanse Quds strijdkrachten publiceerden een foto van Obama in uniform, met zijn handen boven zijn hoofd als een krijgsgevangene. Boven hem het gezicht van de commandant van de Quds strijdkrachten, generaal Qasem Soleimani. De tekst op de afbeelding: 'In de niet al te verre toekomst - Eén Qasem Soleimani is genoeg voor al de vijanden van dit land.'

Bovendien voegde Seyed Hosseini, lid van de parlementaire commissie voor Nationale Veiligheid en Buitenlands Beleid, daar aan toe dat Iran weliswaar instemt met het Non-Proliferatieverdrag, maar nooit het aanvullende protocol zal ondertekenen. Dat betekent dat het IAEA geen toestemming krijgt om ter plekke te verifiëren of Iran zich inderdaad aan de regels houdt. Hosseini onderstreepte tevens dat Teheran geen enkele opschorting van het nucleaire programma zal accepteren.

Iran toont nieuwe raketten

Generaal Yahya Safavi, voormalig hoofdcommandant van de Revolutionaire Garde en thans speciaal adviseur van opperleider Ayatollah Khamenei, zei dat Amerika eindelijk begrijpt dat het 'niet op kan tegen het machtige Iran. Natuurlijk zal Iran agressief zijn eisen aan Amerika blijven stellen.'

Enkele weken geleden toonde het islamitische regime tijdens een militaire parade vol trots 30 nieuwe ballistische raketten met een bereik van 2000 kilometer. Deze raketten kunnen -behalve natuurlijk Israël- heel het Midden Oosten bereiken, en ook de Europese hoofdsteden Athene, Boekarest en Moskou. De Iraanse leiders verklaarden vol bravoure dat de Iraanse militaire kracht de machtsbalans in het Midden Oosten en zelfs de wereld zal veranderen. (2)

Hoog explosief kruitvat

De hele regio is hoe dan ook één groot hoogexplosief kruitvat, waar verschillende (wereld)machten een complex geopolitiek schaakspel tegen elkaar spelen, waarvan de uitkomst ongewis is - behalve dat eigenlijk alle analisten verwachten dat vroeg of laat de vlam in de pan zal slaan. Eén van de belangrijkste, in de media vrijwel onbelichte beweegreden is de controle over olie en gas, en daarmee over energie en miljardeninkomsten (zie linken onderaan voor meer uitleg). Voorlopig lijkt het blok Rusland-Iran-Irak-Syrië-Hezbollah de eerste slag te hebben gewonnen van het blok VS-Europa-Saudi Arabië-Golfstaten-Turkije-Israël.


Xander

(1) DEBKA
(2) World Net Daily
(3) KOPP

Zie ook o.a.:

01-10: Iran heeft nog voor drie maanden geld en staat op instorten
29-09: 'Israël wordt uitgelokt tot nieuwe preventieve aanval in Syrië'
26-09: CIA-klokkenluider: VS levert rechtstreeks wapens aan Al-Qaeda
25-09: Iraanse president Rohani openlijk trots op misleiden Westen
20-09: Turkije erkent leveren wapens aan Al-Qaeda en wil oorlog tegen Syrië
20-09: Deal Amerika-Rusland over Syrische chemische wapens wankelt (/ Obama schrapt wet die leveren wapens aan Al-Qaeda verbiedt)
15-09: Syrische rebellen passen Nazi-methoden toe bij afdwingen Sharia (/ Rebellen woedend dat VS geen oorlog tegen Assad begint)
14-09: Inlichtingen-insider: Mogelijk alsnog oorlog tegen Syrië door enorme false-flag aanslag
08-09: (/ Uitvoerig bewijs dat chemische aanval een provocatie van door Turkije en Saudi Arabië gesteunde oppositie was
06-09: VS, Rusland en China bereid tot oorlog over Syrië om controle over gas en olie (/ 'Rusland valt Saudi Arabië aan als Amerika ingrijpt in Syrië')
02-09: (/ Saudi Arabië en Golfstaten eisen massale aanval op Syrië)
02-08: Nieuwe president Iran: Israël is wond die verwijderd moet worden
31-08: 'Binnenkort mega false-flag om publiek van oorlog te overtuigen'
27-08: Inlichtingen insider: Derde Wereldoorlog begint in Syrië
30-07: 9e Mahdi Conferentie: Iran waarschuwt dat Armageddon nabij is
05-06: Gatestone Instituut: VS helpt herstel Turks-Ottomaans Rijk

2012:
27-11: IAEA ontdekt schema's voor krachtige Iraanse kernbom
09-10: Overgelopen topofficial Iran bevestigt vergevorderd kernwapenprogramma
09-07: Ayatollah Khamenei: Iran moet zich voorbereiden op 'het einde der tijden'
22-05: Stafchef Iraanse strijdkrachten herhaalt hoofddoel: Totale vernietiging Israël
16-05: Ayatollah Khamenei tegen oud premier Spanje: Iran wil oorlog met Israël en VS
25-04: Iran bereidt zich voor op 'laatste 6 maanden': kernoorlog en komst Mahdi

mercredi, 09 octobre 2013

Israël regrette déjà Ahmadinejad

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Israël regrette déjà Ahmadinejad
 
Rohani pas assez méchant pour diaboliser l’Iran


Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
 
Ah que le méchant Iran était pratique du temps du diable révisionniste Ahmadinejad ! Le très conciliant Rouhani trompe peut-être son monde mais il complique la tache d’Israël. C’était évident à l’Onu avec un Netanyahu  soupçonneux, agressif  mais isolé.

Une trop grande agressivité de la part du Premier ministre israélien risque même, dans le nouveau contexte, d’attirer l'attention sur le fait qu'Israël, contrairement à l'Iran, n'est signataire ni du Traité de Non-prolifération ni, comme maintenant la Syrie, de la convention sur les armes chimiques. Tout de même qui le rappelle ? Qui s’en inquiète ? L'Iran n'est plus dirigé par un Président élu à l'occasion d'élections contestées, une contestation très médiatisée et pas innocente cependant, de surcroît négationniste de la Shoah et appelant régulièrement à la disparition de l'État d'Israël. Certes on a assimilé  disparition   à destruction  de manière abusive mais le président iranien était dans un raisonnement rigide,  condamné par les pays occidentaux et qui favorisait les déclarations alarmistes d’Israël.

Le nouveau Président iranien a été élu dès le premier tour, à la surprise générale, tant des observateurs iraniens qu'étrangers, par plus de 70% du corps électoral. Personne cependant n’a souligné que l’Hitler de Téhéran ne s’était pas représenté jouant le jeu de la constitution  et acceptant le plus démocratiquement du monde le verdict des urnes. Ces élections ont été saluées par l'ensemble de la communauté internationale dont le Président Obama qui n'a pas manqué de féliciter, de vive voix, le président Rouhani lors de leur échange téléphonique.
 
Par ailleurs, avant et pendant son déplacement à New York, Rouhani s'est employé à se distinguer radicalement de son prédécesseur. Avant de prendre l'avion, il a ainsi libéré des prisonniers politiques, retiré le dossier du nucléaire des mains du très dogmatique Conseil National de Sécurité afin de le confier à son ministre des affaires étrangères, Javad Zarif, remplacé l'ambassadeur d'Iran à l'AIEA et congédié le responsable de l'Administration nucléaire désigné par le Président sortant.

Une fois à New York, il a séduit les membres du conseil de sécurité par son discours modéré amenant même le très hostile Laurent Fabius à reconnaître que tant le ton que le discours iraniens avaient indiscutablement changé par rapport au passé. Est venu ensuite la rencontre avec François Hollande, une première depuis la rencontre de Jacques Chirac et l'ancien Président Khatami en 2006.

Sur le podium de l'assemblée générale de l'Onu, le 27 décembre dernier, Rouhani s'est même abstenu de faire mention, ne serait-ce que du nom d'Israël, avant de reconnaître l'Holocauste lors d'un entretien avec CNN le lendemain. Certains en Israël commencent à trouver que la mariée est trop belle et que cela cache quelque chose. Mais pour le moment ce discours et inaudible. Le premier ministre israélien, embarrassé par le retour de la diplomatie entre Washington et Téhéran a réclamé à la tribune des Nations Unies que les sanctions contre l'Iran soient maintenues et menacé d'agir seul. 

L'an dernier à la même tribune, Benyamin Netanyahu avait tracé une ligne rouge sur un croquis de bombe atomique iranienne pour montrer la nécessité d'agir vite avant que l'Iran ne devienne une puissance nucléaire. Pour le Premier ministre israélien, Hassan Rohani est "un loyal serviteur du régime", pas plus fiable que son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, qui se livrait à de violentes diatribes anti-israéliennes à la tribune de l'ONU. Il faut "se concentrer sur les actions de l'Iran", a-t-il estimé, et en attendant il faut "maintenir la pression".  Un discours solitaire face à un Iran qui marque des points en tout cas face aux autres pays. Le loup est peut être déguisé en mouton, mais comme tout le monde veut voir un mouton ça marche.

Et c’est ainsi que Rouhani dessine un mouton, après le départ du grand méchant loup Ahmadinejad.

samedi, 05 octobre 2013

La presse-Système à la lumière du cas iranien

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La presse-Système à la lumière du cas iranien

Ex: http://www.dedefensa.org

L’enthousiasme diplomatique fut palpable, presque visuel, autour de cet nouvel Iran-là, celui de Rouhani. Il faut reconnaître au nouveau président iranien qu’il sait y faire, et jouer par instinct de cette civilisation de l’image, de l’instant, du body language et autres fariboles qui déterminent ce que certains s’acharnent à nommer encore une “politique”. Le ministre des affaires étrangères iranien sait également y faire puisque, comme nous l’avons déjà noté (voir le 28 septembre 2013), il a réussi à faire rire aux éclats lady Ashton, digne et austère très-Haute Représentante de l’UE, lors d’une réunion à trois (Zarif-Kerry-Ashton), dans les couloirs de l’ONU, également la semaine dernière. Il est également remarquable, mais dans un registre plus sérieux et plus significatif, que ce soit les Américains qui coururent derrière Rouhani pour une poignée de main avec Obama dans les mêmes couloirs de l’ONU, que Rouhani fit savoir que le temps n’était pas encore venu, que BHO insista tant qu’il finit par agripper son interlocuteur, cette fois au téléphone, pour un entretien d’un quart d’heure largement promu par l’armée de communication de la Maison-Blanche.

Insistons sur cet aspect de la communication-récréation, qui semble avoir la faveur de l’administration Obama ... Comme nous l’observions dans le texte référencé ci-dessus, voici donc le morceau de choix de cet entretien (de Al Monitor, dans sa rubrique Back Channel, le 27 septembre 2013) : «Obama signed off on the call with a Persian goodbye, after Rouhani wished him farewell in English, the White House said. Rouhani’s Twitter account, in a tweet that was later deleted, said Rouhani told Obama in English, ‘Have a Nice Day!’ and Obama responded with, ‘Thank you. Khodahafez.’»

L’autre texte référencé de Al Monitor, du 27 septembre 2013, sur l’“offensive de charme”, mentionne diverses interventions engageantes et chaleureuses de Rohani désignées comme autant de “platitudes”, montrant manifestement une certaine insatisfaction du côté du bloc BAO. (L’auteur(e) de l’article, Barbara Slavin, est de The Atlantic Council, ce qui nous garantit de toutes les déviations.) On a même été insatisfait ce qui semble avoir été l’un des thèmes majeurs des diverses rencontres de Rouhani à New York, – savoir, Rouhani croit-il ou non à l’Holocauste ? (Nous nous permettons de souligner en gras, pour bien nous faire comprendre à tous que l’idée du “thème majeur” n’est pas un sarcasme bien mal venu de la part de l’auteur de cet article ; et l’on passera sur l’affirmation répétée pour la nième fois de faire de Ahmadinejad un “négationniste”, ce qui est une narrative et une complète inexactitude, – mais simplement par ignorance et paresse de conformisme enchaînant sur la propagande vulgaire, – par rapport aux traductions sérieuses du discours-sacrilège, incriminé, de l’ancien président.)

«On the Holocaust — an issue that came up in almost every meeting with Americans Rouhani held this week — he said that Iran condemned “the crimes by the Nazis in World War II.” He added, “Many people were killed including a group of Jewish people.” One might argue that 6 million people are hardly just a “group,” but Rouhani had already gone about as far as he apparently felt he could in trying to overcome memories of Ahmadinejad’s chronic Holocaust denial without upsetting his right flank at home.»

Cette remarque sur la position de Rouhani sur l’Holocauste éclaire deux points fondamentaux qui persistent dans la position des USA vis-à-vis de l’Iran, qui ne sont d’ailleurs pas spécifiques à l’Iran mais d’une façon générale spécifique à la position générale des USA dans le système de la communication. Ces deux points opérationnalisent l’emprisonnement plus fort que jamais des élites d’influence et de communication à la fois du conformisme de jugement aligné d’une façon quasiment obscène sur le pouvoir d’influence du Système plus encore que des directions politiques, à la fois de la croyance à des narrative qui semblent complètement imperméables à toute incursion de l’extérieur, de la simple réalité et de la vérité des situations. Les deux points cités sont, d’une part, des positions médiatiques et d’influence fondées sur des cas très souvent symboliques, et nécessairement d’un symbolisme faussaire, ce qui rend le jugement général à la fois dérisoire et trompeur ; d’autre part, une opinion générale basée sur des informations complètement déformées et extrêmement vieillies. Il s’agit d’une attitude de type pavlovienne sur le fond, la seule préoccupation des “auteurs” concernant la forme de la présentation ; leur réforme, pour ne pas parler de leur suppression, semble totalement hors de portée de l’humaine nature dans l’état où cette nature se trouve, actuellement d’une extrême pauvreté. Pour le cas de l’Iran, le premier point est mis en évidence par cette question de l’Holocauste, qui reste réellement, d’un point de vue qu’on jugera extraordinaire et surréaliste à la fois, essentiel dans l’opinion des élites d’influence sur l’Iran et par conséquent dans l’opinion qu’on est en train de se forger sur Rouhani.

Le second cas est remarquablement mis en évidence par Glenn Greenwald, qui vient de publier une de ses chroniques critiques, le 28 septembre 2013 dans le Guardian. Il s’agit de l’affirmation de Rouhani selon laquelle l’Iran ne veut pas produire d’armes nucléaires. Greenwald met en évidence une réaction caractéristique, d’un de ces journalistes “vedettes”, c’est-à-dire de la catégorie des présentateurs des grands journaux télévisés, en l’occurrence Brian Williams de NBC. Greenwald met en regard sa déclaration tonitruante (le souligné en gras est de Greenwald) et une interview d’Ahmadinejad datant du 13 août 2011 sur Russia Today. L’interview d’Ahmadinejad est l’une parmi des dizaines de déclarations des plus hauts dirigeants iraniens, y compris l’Ayatollah Khamenei par un décret religieux datant de 2005 rejetant catégoriquement la production d’armes nucléaires.

«There is ample reason for skepticism that anything substantial will change in Iran-US relations, beginning with the fact that numerous US political and media figures are vested in the narrative that Iran is an evil threat whose desire for a peaceful resolution must not be trusted ... [...] Here is what NBC News anchor Brian Williams told his viewers about this event when leading off his broadcast last night, with a particularly mocking and cynical tone used for the bolded words:

»“This is all part of a new leadership effort by Iran – suddenly claiming they don't want nuclear weapons! ; what they want is talks and transparency and good will. And while that would be enough to define a whole new era, skepticism is high and there's a good reason for it.”

»Yes, Iran's claim that they don't want nuclear weapons sure is “sudden” – if you pretend that virtually everything that they've said on that question for the past ten years does not exist.) Here, for instance, is previous Iranian president Mahmoud Ahmadinejad in an August 13, 2011, interview:

»“Q: ‘Are you saying that at some point in the future you may want to acquire a nuclear deterrent, a nuclear weapon?’

»“Ahmadinejad: ‘Never, never. We do not want nuclear weapons. We do not seek nuclear weapons. This is an inhumane weapon. Because of our beliefs we are against that.

»“Firstly, our religion says it is prohibited. We are a religious people. Secondly, nuclear weapons have no capability today. If any country tries to build a nuclear bomb, they in fact waste their money and resources and they create great danger for themselves”... “Nuclear weapons are the weapons of the previous century. This century is the century of knowledge and thinking, the century of human beings, the century of culture and logic”... “ Our goal in the country and the goal of our people is peace for all. Nuclear energy for all, and nuclear weapons for none. This is our goal.

»“All nuclear activities in Iran are monitored by the IAEA. There have been no documents against Iran from the agency. It's just a claim by the US that we are after nuclear weapons. But they have no evidence that Iran is diverting resources to that purpose.”»

Cette sorte de “journalisme” qu’illustre Brian Williams est exactement celle que dénonce Seymour Hersh, dans une interview au Guardian, le 27 septembre 2013. Hersh est l’un des meilleurs journalistes d’investigation et de révélations politiques aux USA depuis l’affaire de My Lai en 1969, – c’est-à-dire, l’un des seuls grands journalistes d’investigation politique aux USA ; et sa fureur pour l’ensemble de la “profession” éclate littéralement dans ses propos rapportés par le Guardian...

«It doesn't take much to fire up Hersh, the investigative journalist who has been the nemesis of US presidents since the 1960s and who was once described by the Republican party as “the closest thing American journalism has to a terrorist”. He is angry about the timidity of journalists in America, their failure to challenge the White House and be an unpopular messenger of truth. Don't even get him started on the New York Times which, he says, spends “so much more time carrying water for Obama than I ever thought they would” – or the death of Osama bin Laden. “Nothing's been done about that story, it's one big lie, not one word of it is true,” he says of the dramatic US Navy Seals raid in 2011...»

On a donc vu que nous entamions cette réflexion sur le cas iranien, qui est pressant et brûlant. Les enjeux politiques sont considérables et l’on devrait poursuivre dans ce sens d’explorer la possibilité qu’ils soient relevés. D’une façon différente, on voit que nous le poursuivons en passant à la question plus générale de la communication, avec l’attitude de la presse-Système (aux USA, mais le bloc BAO suit, comme d’habitude) telle qu’elle est dénoncée avec véhémence par celui qui est le plus qualifié pour juger, Seymour Hersh. En apparence, nous nous éloignons du sujet initial, en vérité nous ne le quittons pas mais veillons à le mettre dans le contexte qui, selon nous, importe le plus, qui est le contexte du système de la communication. La question iranienne est et sera traitée dans le cadre du système de la communication dans sa division presse-Système/narrative, et c’est effectivement le cadre qui importe. On verra que cela complique singulièrement le problème, au point qu’il est inutile de décrire la place qu’on doit accorder au scepticisme, qui est considérable (Greenwald : «There is ample reason for skepticism that anything substantial will change in Iran-US relations...»).

Désordre, désordre, désordre

Hersh est particulièrement vindicatif à l’encontre d’Obama et de son administration, qu’il juge sans la moindre hésitation comme la pire de toutes les administrations pour ce qui est du maniement du mensonge sous la forme de narrative pleines d’attrait pour le conformisme régnant. Cette situation se comprend d’un point de vue qu’on dirait “technique”, par le fait que la presse-Système, face à Obama et à ses “mignons”, ne cherche même plus à débusquer ce qu’il peut y avoir de faussaire dans l’information-narrative qui leur est présentée, mais au contraire y collabore activement.

«The Obama administration lies systematically, he claims, yet none of the leviathans of American media, the TV networks or big print titles, challenge him. “It's pathetic, they are more than obsequious, they are afraid to pick on this guy [Obama],” he declares in an interview with the Guardian. “It used to be when you were in a situation when something very dramatic happened, the president and the minions around the president had control of the narrative, you would pretty much know they would do the best they could to tell the story straight. Now that doesn't happen any more. Now they take advantage of something like that and they work out how to re-elect the president...”

Nous comprenons parfaitement la fureur et la rage vindicative de Hersh, travaillant depuis plus de quarante ans à débusquer diverses vérités de situations systématiquement noyées sous les narrative développées par les services adéquats. Pour autant, il n’est pas assuré que la servilité du caractère soit la cause centrale du phénomène. Elle joue sans aucun doute un rôle important, de même qu’elle joua pendant une période transitoire le rôle essentiel. Mais notre appréciation est que cette servilité a peu à peu perdu son caractère exclusif et même son caractère essentiel dans le comportement de ces créatures, qu’elle a été remplacée dans l’explication de leur comportement par une attitude plus active, plus spécifique, – une attitude qu’on pourrait qualifier, dans une expression absolument paradoxale par l’inversion du sens qu’elle implique, de plus indépendante (du pouvoir).

On comprendra ce que nous voulons dire au travers de certaines expressions employées par Hersh, sans nécessairement en suivre le sens jusqu’au bout («The New York Times [...] spends “so much more time carrying water for Obama than I ever thought they would”», «Now they take advantage of something like that and they work out how to re-elect the president...»). Hersh signifie par là que les pions de la presse-Système vont au-devant des narrative qui leur sont servies et collaborent activement à leur développement. Ils en sont même à agir dans ce sens, – justement, on retrouve l’expression paradoxale mentionnée plus haut, – presque indépendamment de l’action des services de communication du pouvoir, voire sans nécessité de consultation, ou d’impulsion de ces services. C’est un peu comme si ces pions disposaient d’un thème, – la narrative à laquelle tout le monde souscrit, – et qu’ils l’exploitaient de leur côté, d’une façon indépendante, peut-être jusqu’au point où ils créent leur propre variation sur ce thème, peut-être jusqu’au point où le pouvoir et ses services de la communication n’en demandaient pas tant ... C’est ce dernier point qui est intéressant.

Revenons à Greenwald et à la performance de Williams. Acceptons l’hypothèse très plausible qu’Obama cherche effectivement un arrangement avec l’Iran. (Très plausible, à cause de la faiblesse d’Obama, de ses crises intérieures qui l’accablent, des déconvenues qu’il rencontre dans ses aventures extérieures qui déplaisent de plus en plus au public US, donc de l’intérêt qu’il finit par admettre pour lui-même qu’il a à tenter de résoudre pacifiquement certaines de ces crises extérieures, – exercice difficile pour lui, mais quoi, – avec l’éventuel regain de popularité qui va avec.) Dans le cas de cette hypothèse, on comprend que “la performance de Williams”, avec les comportements de cette sorte qui sont légion au sein de la presse-Système, n’est pas d’une très grande aide pour Obama ... Si cette sorte de comportement se poursuit, – et qui peut faire croire qu’il en serait autrement en raison de l’attraction manichéenne de la narrative, – il va devenir un vrai handicap pour BHO ...

L’hypothèse ainsi envisagée est que la presse-Système n’est plus enchaînée à une servilité qui l’irrite de plus en plus devant l’erratisme et le chaos des politiques conduites par les directions de même qualificatif, notamment celle des USA. La presse-Système aime nombre des narrative qui lui sont offertes, qu’elle a suivies d’abord par servilité bien entendu, mais qu’elle continue à suivre par facilité, paresse et goût de la simplicité autant que de manichéisme sensationnaliste et nécessairement extrémiste. De ce point de vue, l’administration GW Bush avait une bien plus grande faveur de la presse-Système, à cause du simplisme extrémiste de son président, que celle d’Obama dont l’extrémisme, – pire à bien des égards que celui de Bush, – s’accompagne d’un intellectualisme arrogant et se marque de nombreuses circonvolutions en même temps qu’elle subit l’affaiblissement catastrophique des USA marqué par l’impuissance de l’action. Ainsi la presse-Système défend-elles “ses ” narrative même si certaines d’entre elles commencent à s’avérer contre-productives pour le pouvoir, – comme pourrait l’être celle qui concerne l’Iran, qu’on a appréciée ci-dessus. Ainsi la presse-Système (re)devient-elle “indépendante”, bien entendu sans le moindre intérêt pour la vérité de la situation, et pour le moindre travail sérieux de journaliste. A cet égard, la presse-Système n’a rien à voir avec l’information, et tout avec le spectacle, la promotion, la mise en scène publicitaire, etc.

Un exemple a contrario et extrême, où la presse-Système rencontre par hasard la vérité de la situation, et une posture antiSystème, est celui de la crise Snowden/NSA. Dans ce cas, la presse-Système a suivi après un temps d’invectives anti-Snowden conforme à ses mœurs, le cours antiSystème dans le chef de l’attaque contre la NSA. Hersh-le-furieux le reconnaît d’ailleurs implicitement : «Snowden changed the debate on surveillance. [Hersh] is certain that NSA whistleblower Edward Snowden “changed the whole nature of the debate” about surveillance. Hersh says he and other journalists had written about surveillance...» ; mais il ajoute aussitôt une réserve de taille sur le fait que cette affaire ne change rien à la nature de la presse-Système («He isn't even sure if the recent revelations about the depth and breadth of surveillance by the National Security Agency will have a lasting effect»)... Hersh n’a pas tort sur l’ensemble de la thèse, mais tout montre néanmoins que sur cette narrative Snowden/NSA, dans ce cas antiSystème, la presse-Système poursuivra dans le sens actuel, – simplement parce que la narrative “marche”, qu’elle est une bonne “marchandise”, bonne pour “le spectacle, la promotion, la mise en scène publicitaire, etc.”. La poursuite de cette voie, on le comprend, n’est pas favorable au pouvoir ni au Système en général, et la servilité n’est plus une explication satisfaisante.

Ainsi, ce qu’on nomme la presse-Système suivrait-elle une mue complète qui ne fait pas d’elle seulement un instrument du pouvoir politique et du Système que ce pouvoir sert, même si en nombre d’occasions elle remplit effectivement cette fonction. D’un certain point de vue, la servilité complète où la presse-Système s’est abîmée après le 11 septembre 2001, – d’ailleurs fort bien préparée à cela, – ne serait qu’une étape dont elle a évidemment conservé beaucoup, l’aboutissement étant finalement de devenir une créature complète du système de communication avec les aléas qui caractérise ce système (dont les aspects antiSystème qu’on lui connaît lorsqu’il est en mode-Janus). L’aboutissement final de la presse-Système est cette “indépendance” à la fois caricaturale et paradoxale, où elle réclame d’abord l’exploitation spectaculaire et publicitaire des narrative qui lui tiennent lieu d’objet professionnel, certaines de ces narrative (Snowden/NSA) pouvant être antiSystème.

Face à cette situation qu’il ne réalise pas d’une façon consciente bien entendu, aussi nettement qu’elle est exposée, le pouvoir politique est de plus en plus embarrassé et pas loin d’être impuissant. C’est un lieu commun de constater le déclin accéléré de la puissance US, et c’est le pouvoir politique (l’exécutif) qui est touché le premier, qui est affaibli, qui a moins de capacités d’influence, notamment sur la presse-Système ; d’autre part, cette situation interdit de plus en plus la sorte de narrative simpliste et manichéenne, de type publicitaire, dont la presse-Système fait son miel, d’où cette certaine distance établi entre l’un (le pouvoir exécutif) et l’autre (la presse-Système) malgré la servilité avérée de la seconde. La presse-Système représente désormais un outil d’un système de la communication dont les narrative peuvent aussi bien se placer en position antagoniste de l’action d’un pouvoir qui n’a plus “les moyens de suivre”. On a pu voir, lors de la phase paroxystique récente de la crise syrienne (21 août-10 septembre), combien la presse-Système pouvait se montrer critique, voire méprisante, pour un président qui zigzague, qui n’ose pas attaquer, qui se défausse sur le Congrès, qui se précipite sur l’initiative Poutine pour s’y abriter, etc.

.. Or, ce même pouvoir, devant lequel se couche en principe la presse-Système et qui, pourtant, paraît déconnecté d’elle en des occurrences de plus en plus avérées, est aussi paralysé devant elle, – comme il l’est devant le Congrès, devant l’opinion publique, devant Poutine, etc., comme l’est en général l’infiniment tortueux Barack Obama. D’où, pour en revenir au cas débattu en tête de cette analyse, notre scepticisme pour le cas iranien, d’autant que l’arrangement avec l’Iran, sous la pression de la narrative courante, devrait être fait à l’avantage complet du bloc BAO, en exigeant des concessions iraniennes qui ne se feront pas, donc en repoussant Rouhani de sa position de compromis vers une position beaucoup plus dure ... La presse-Système soutiendra le principe du rapprochement avec l’Iran pour sacrifier à l’image de modéré de Rouhani tout en accablant l’Iran de tous les maux et en exigeant l’impossible sous la forme de concessions sans nombre.

Pour compléter ce dossier iranien et argumenter que les circonstances autour de l’arrivée de Rouhani ont néanmoins modifié certains aspects fondamentaux de la crise, on avancera également l’hypothèse que les blocages subsistant pour un règlement de cette crise ne profiteront pas pour autant à Israël, dont la recherche d’une possibilité d’attaque de l’Iran en a été jusqu’ici le principal enjeu. Il semble bien que le seul résultat effectif du contact rétabli avec l’Iran de Rouhani est bien celui d’avoir dédramatisé en bonne part cette crise, d’avoir dé-“diabolisé” l’Iran en la personne de son président (voir 30 septembre 2013) et, par conséquent, d’avoir rendu notablement hors de propos la perspective d’une attaque. C’est précisément ce que déplore DEBKAFiles, le 27 septembre 2013, en des termes rooseveltien (le «Thursday, Sept.26, will go down in Israel’s history as the day it lost its freedom to use force...» ci-dessous pourrait équivaloir à une sorte de «December 7, 1941 will live in history as a day of infamy...») :

«Thursday, Sept.26, will go down in Israel’s history as the day it lost its freedom to use force either against the Iranian nuclear threat hanging over its head or Syria’s chemical capacity – at least, so long as Barack Obama is president of the United States. During that time, the Iranian-Syrian-Hizballah axis, backed by active weapons of mass destruction, is safe to grow and do its worst. Ovations for the disarming strains of Iran’s President Hassan Rouhani’s serenade to the West and plaudits for the pragmatism of its Foreign Minister Mohammed Zarif flowed out of every window of UN Center in New York this week....»

Les “journalistes” de la presse-Système se sont transformés en créatures publicitaires, animateurs de talk shows, créatures d’images et créateurs d’images virtuelles, dépendantes bien entendu du corporate power qui attendent d’eux qu’ils se comportent en GO (Gentils Organisateurs) des festivités du Système, y compris les “nouvelles du monde“ présentées sous une forme attrayante en allant à l’essentiel (Pussy Riot, mariage gay, etc.) ; créatures de l’instant, animées par la logique de la publicité, faisant une de leur plus grande gloire d’une complète ignorance des références politiques et historiques puisque, selon le mot fameux d’un officiel de l’administration GW Bush de 2002 rapporté par Ron Suskind (voir le 23 octobre 2004), – «We're an empire now, and when we act, we create our own reality» (alors, pourquoi s’épuiser à étudier la “vraie réalité”, la vérité du monde ?).

Alors, ces créatures publicitaires tiennent terriblement à leur narrative et elles n’apprécieraient guère un président qui leur dirait «... And when we act, we don’t create our own reality», – ce qui est de plus en plus cas de l’administration BHO. Par conséquent, ces serviteurs serviles du Système, donc du pouvoir représentant le Système, essentiellement en 1999-2001 jusqu’à 2008 et après, suivent de moins en moins les consignes ou narrative du pouvoir, préférant les leurs propres. Littéralement, la presse-Système n’a plus vraiment d’orientation. Si l’on en revient à l’épisode syrien, où elle s’est plutôt opposée à Obama dans l’entreprise de bloquer l’attaque contre la Syrie, on peut conclure des diverses observations de la situation (voir le 25 septembre 2013) qu’elle n’a fait que se ranger dans le sens du “bruits de communication”, qui fut généré finalement par la conjonction de la presse antiSystème, par le public, par un nombre croissant de parlementaires songeant à leur réélection et fatigués des expéditions lointaines. Elle a dédaigné la narrative de l'équipe BHO, remarquable par sa confusion.

Les rares exceptions échappant à cette dérive de la presse-Système vers le néant publicitaire sont le plus souvent le résultat d’une sorte d’investissement par des éléments de la presse antiSystème. C’est le cas flagrant du Guardian, qui tient le rôle moteur qu’on sait dans la crise Snowden/NSA, à cause d’un seul homme ; Glenn Greenwald, venu de la presse antiSystème et y ayant gardé un pied, a forcé le quotidien britannique à tenir un rôle éminent et éminemment politique contre le Système (cela, en mettant à part le reste de son activité éditoriale, qui tente désespérément de balancer cette terrible dérive antiSystème qui l’emporte irrésistiblement, d’ailleurs avec l’aide des agents de renseignement type Dupont-Dupond à chaussures cloutées qui le harcèlent grossièrement et renforcent la cause de Greenwald).

La presse-Système, minée par son absolue servilité et finalement retranché dans la bulle de narrative que lui suggèrent de suivre son orientation d’objet publicitaire et de relations publiques, est entrée dans une époque où elle n’est plus un facteur politique décisif, où elle est devenue un facteur de désordre de plus en orientant son action vers la seule réaction à des stimuli d’ordre effectivement publicitaire et de relations publiques, sans plus aucune cohérence idéologique, fût-ce de l’idéologie la plus extrémiste et la plus pro-Système possible. Elle est désormais inscrite dans le grand courant de l’irresponsabilité sans directivité définie qui caractérise nombre de centres de pouvoir et de producteurs de puissance du bloc BAO et du Système en général. Elle est partie prenante du grand désordre général ; bref, elle sert finalement à quelque chose ...

dimanche, 15 septembre 2013

Iran Will Stand Up for Syria With All its Might

 

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Iran Will Stand Up for Syria With All its Might

Nikolai Bobkin

Ex: http://www.strategic-culture.org

The US administration has launched the process of getting congressional approval of an attack against Syria. The Senate foreign affairs committee has voted for the resolution supporting the planned action. The next step is moving the motion to the full Senate and then to the House of Representative to receive bipartisan support. This way Washington is trying to make the decision to strike Syria look legitimate, even if it is going around the UN Security Council. 

The prediction that the war will spill over to encompass the entire Middle East in case the United States strikes Syria is coming true. As it was supposed to be, the first outside actor to get involved is Iran.  The enlistment is on, Iranian young people are willing to put on uniform and defend Syria. The number of volunteers is nearing 100 thousand. They have sent a letter to the President of Syria asking for his permission to be deployed in the area of Golan Heights… They want their government to provide airlift to Syria across the Iraqi airspace. Iraq is the country with large Shiite population; the probability is high that thousands of Shiites there will join the Iranian volunteers. Obama wanted the inter-religious strife in the Middle East turn into a slaughter of universal scope, now he can get it, or to be more exact, he can provoke its start in Syria by launching the Tomahawk missiles against this country. 

It’s Syria that is in sight, but the main target is the Islamic Republic of Iran. The newly elected President Rouhani’s policy is aimed at normalization of relations with the West and putting a stop to international isolation. It evokes concern among the United States and Israel’s ruling circles.  It’s a long time since Americans have been putting blame on Iran for all the troubles of the Middle East, even when it was clear that Iran had nothing to do with what happened.  It may sound as a paradox, but the Tehran’s readiness to start the talks on nuclear program was perceived by the Obama’s administration as a threat to its interests.  According to the White House logic, it may lose the main argument in the confrontation with Tehran. Then the US sanctions will instill no fear anymore.  Europe is already sending unambiguous signals to demonstrate that it expects real progress to be achieved at the talks.  The US has no trade ties with Tehran and it views the sanctions as an effective leverage in the standoff while Europeans face multibillion losses.     

The argument of “Iranian nuclear threat” has become an obsession for Washington after Ahmadinejad is gone. It fully matches the intent to find a pretext for war. The Syrian phase of the military operation is to start pretty soon.     

Iran needs no war. Instead Iranians want Obama to seriously weigh the consequences of such action letting him know that there is no way he could hide behind the back of Congress. Iranian Foreign Minister Mohammad Javad Zarifsaid said, “Mr. Obama cannot interpret and change the international law based on his own wish.” He added, that, “Only the UN Security Council, under special circumstances, can authorize a collective action, and that will be under Chapter 7 of the UN Charter, and this issue needs the approval of the Security Council.” By and large it coincides with the Russia’s position.

Tehran sees no intrigue in the fact that Congress will finally sanction the war against Syria, it is just curious to see how the US lawmakers will manage to do it under the pretext of “punishing” Syria for using chemical weapons while going around the Iranian issue. The members of Congress will inevitably take into consideration the “Iranian factor.”  Calling for war against Syria, State Secretary John Kerry tries to convince lawmakers that, if no action is taken against Syria, Iran is more likely to move ahead on its nuclear program. Kerry does not deliberate on availability of direct link between the events in Syria and the Iranian nuclear program, he simply states the White House position. US Defense Secretary Chuck Hagel says taking no action against Syria will undermine the Washington’s ability to counter the Iranian nuclear efforts.  The US Congress is under heavy influence of Jewish lobby and the arguments work because, while being hostile to Syria, Israel always had Iran in mind.  Where exactly the “red line” is drawn presents a matter of rather minor importance for Israeli politicians.  Some Republicans in Congress not only support the action against Syria but call for an intervention of larger scale sayinga limited strike will not be enough to seriously scare Iran.  Astrike against Syria is likely to make Tehran boost its security, including the acquisition of nuclear weapons as a universal deterrent… This isa reasonable warning which is not heeded somehow.  Having Iran in sight, a military provocation against Syria is also aimed at stoking disagreement in the ranks of Iranian leadership.  Washington hopes that war-minded politicians will prevail and the Iranian government will have to cede and abandon balanced approaches to the issue.  Indeed, only a few months ago such overt threats from Washington would have stoked a storm of responses, former President Ahmadinejad used to strike the keynote. Now Iran appears to be extremely restrained. Talking to Obama in absentia, Iran’s Defense Minister Brig. Gen. Hossein Dehghan uses proper diplomatic language and insists that all problems should be solved by political means. 

Still, the public restraint of the new Iranian government should leave no illusions for Americans.  It’s not government bureaucrats they’ll have to deal with in case combat actions start, but rather the Iranian Republic’s armed forces - the guarantee of retaliation in case the country is attacked.

Iran’s chief of staff Hassan Firouzabadi was quoted declaring that if the US strikes Syria, Israel will be attacked.  It’s not an occasion that Iranian volunteers, who are going to defend Syria, pay no interest in being deployed in the areas adjacent to the borders with Turkey of Jordan. No, they want it to be the Golan Heights - the line of Syrian-Israeli border stand-off since a long time. A potential strike delivered by Iran against Israel in retaliation for US attacking Syria is the worst scenario of all; this is the case when it’s impossible to avoid a large-scale Middle East war.  Instead of taking a decision to back away from a military action against Syria, Obama is driving Iran against the wall by staging incessant provocations like. For instance, the recent demonstrative Israeli missile defense test in preparation for Iranian retaliatory strike.  




Republishing is welcomed with reference to Strategic Culture Foundation on-line journal www.strategic-culture.org.

samedi, 20 juillet 2013

L’Iran, de la “révolution blanche” à la révolution tout court

L’Iran, de la “révolution blanche” à la révolution tout court

Ex: http://www.valeursactuelles.com

shah011.jpgJanvier 1978-janvier 1979. C’est au moment où elle se modernisait que la monarchie des Pahlavi s’est défaite dans la confusion. De là date l’essor de l’islamisme radical.

Une tasse de thé, un dernier regard, Mohammad Réza Pahlavi quitte son palais presque vide, le 16 janvier 1979. Dans les jardins, il retrouve la chahbanou, puis gagne l’aéroport international de Téhéran. Un petit groupe les attend, mais ni ambassadeur étranger ni ministre. Des militaires supplient le chah de rester. Le général Badreï, chef de l’armée de terre, s’agenouille selon un vieil usage tribal et lui baise les genoux. Le chah enlève ses lunettes, le relève. Il pleure en public. À Chapour Bakhtiar, nommé à la tête du gouvernement deux semaines plus tôt, le 31 décembre 1978, il dit : « Je vous confie l’Iran et vous remets entre les mains de Dieu. »

Le chah pilote lui-même son Boeing 707 jusqu’à la sortie de l’espace aérien iranien. Il craint une attaque surprise. Commence pour le souverain une longue errance. Rongé par un lymphome, repoussé par tous, il trouve asile en Égypte où il mourra le 27 juillet 1980. Il régnait depuis le 16 septembre 1941 et allait avoir 61 ans.

Moins de dix ans plus tôt, il avait célébré à Persépolis les 2 500 ans de l’Empire perse dont il se voulait le continuateur. En même temps, son régime exaltait la modernisation de l’Iran et la “révolution blanche”, ce plan ambitieux de réformes lancé en 1963. La “grande civilisation” à laquelle le chah avait rendu hommage semblait de retour.

Mais à quel prix ! Omniprésence de la Savak (la police politique), pouvoir autocratique, cassure entre la capitale et la province, fracture entre une élite occidentalisée et le peuple, autisme du chah qui ignore l’aspiration de la société à intervenir dans la vie politique, corruption, vénalité, et hausse des prix. À ceux qui évoquent les ravages sociaux et politiques de l’inflation, le chah répond : « Mon gouvernement m’assure du contraire. Vous ne répercutez que des bavardages de salon ! »

La “révolution blanche” a heurté les plus traditionalistes de la société iranienne, les chefs de tribus et une partie du clergé conduite par un mollah nommé Ruhollah Khomeiny. Né en 1902, celui-ci nie toute valeur au référendum qui doit approuver la “révolution blanche”. C’est surtout la proclamation de l’égalité entre homme et femme et la modernisation du système judiciaire qui le font réagir car il estime que ce sont deux atteintes aux préceptes de l’Islam et du Coran. Sans oublier que la réforme agraire est, dit-il, préparée par Israël pour transformer l’Iran en protectorat…

De Qom, ville sainte du chiisme, Khomeiny provoque le chah le 3 mai 1963. Il est arrêté. Suivent trois jours d’émeutes, les 15, 16 et 17 juin, 75 victimes, 400 arrestations et un constat : l’alliance “du rouge et du noir”, une minorité religieuse active et fanatisée avec les réseaux clandestins du Toudeh, le parti communiste iranien. Pour éviter la peine de mort à Khomeiny, des ayatollahs lui accordent le titre de docteur de la loi faisant de lui un ayatollah. Libéré, il récidive en 1964 et s’installe en Irak.

Ces oppositions, le chah les connaît. Elles le préoccupent. Il lance un appel aux intellectuels pour qu’ils en discutent en toute liberté. En avril 1973 se réunit le “Groupe d’études sur les problèmes iraniens”, composé de personnalités indépendantes. En juillet 1974, un rapport est remis au chah qui l’annote, puis le transmet à Amir Abbas Hoveida, son premier ministre. « Sire, lui répond-il, ces intellectuels n’ont rien trouvé de mieux pour gâcher vos vacances. N’y faites pas attention, ce sont des bavardages. » En fait, il s’agit d’un inventaire sans complaisance de l’état du pays complété de mesures correctives avec cet avertissement : si elles ne sont pas prises au plus vite, une crise très grave pourrait éclater. Cinq mois plus tard, le chef de l’état-major général des forces armées remet à son tour un rapport confidentiel et aussi alarmant que celui des intellectuels : l’armée résistera à une agression extérieure mais un grave malaise interne peut mettre en danger la sécurité nationale.

Ces deux avertissements venus du coeur même du régime restent lettre morte. Un nouveau parti officiel créé en 1975, un nouveau premier ministre nommé en août 1977 ne changent rien : les ministres valsent, les fonctionnaires cherchent un second emploi, le bazar de Téhéran gronde. Or dès l’année 1976, le chah sent que la maladie ronge son avenir. « Six à huit ans », lui a dit le professeur français Jean Bernard. C’est un homme fatigué qui affronte la montée de la violence révolutionnaire dans son pays.

D’Irak, Khomeiny redouble ses attaques. Le chah, dit-il, n’est qu’« un agent juif, un serpent américain dont la tête doit être écrasée avec une pierre ». Le 8 janvier 1978, un article paru dans un quotidien du soir de Téhéran fait l’effet d’une bombe. Il s’agit d’une réponse virulente à Khomeiny, qui a été visée au préalable par le ministre de l’Information. Or la polémique mêle vérités et mensonges. Le lendemain, à Qom, des manifestants envahissent la ville sainte : un mort, le premier de la révolution. Le 19 février, quarante jours après ce décès, le grand ayatollah Shariatmadari organise à Tabriz une réunion commémorative. À nouveau, du vandalisme, des morts, des blessés. L’engrenage manifestation-répression est engagé. Et à chaque quarantième jour, à Téhéran, à Tabriz, à Qom, se déroule une manifestation qui tourne à l’émeute. La police appréhende des jeunes gens rentrés récemment des États-Unis et connus pour leur appartenance à des groupes d’extrême gauche, ou des activistes sortis des camps palestiniens, des individus ne parlant que l’arabe. Les forces de l’ordre ne tentent quasi rien contre eux.

Le pouvoir s’affaiblit et s’enlise. Le chah nie la réalité, ignore le raidissement du clergé, continue à raisonner en termes de croissance de PIB. Et puis les Britanniques et les Américains ont leur propre vision de la situation ; ils conseillent de pratiquer une ouverture politique et de libéraliser le régime : le général Nassiri, cible de la presse internationale et qui dirigeait la Savak depuis 1965, est écarté en juin 1978. Loin de soutenir le chah, comme le faisait Richard Nixon, le président Carter envisage son départ et son remplacement. Au nom des droits de l’homme, les diplomates américains poussent aux dissidences les plus radicales. Une ceinture verte islamiste, pensent-ils, est plus apte à arrêter l’expansion du communisme soviétique.

Le 5 août 1978, le chah annonce des élections “libres à 100 %” pour juin 1979, une déclaration considérée comme un signe de faiblesse. Le 11, débute le ramadan. Des manifestations violentes éclatent à Ispahan : pour la première fois, des slogans visent directement le chah. Le 19, se produit un fait divers dramatique : un cinéma brûle, 417 morts. Un incendie criminel. L’auteur ? Des religieux radicaux ? La Savak ? Le soir même, la reine mère donne un dîner de gala. L’effet sur l’opinion est désastreux, alors que les indices orientent l’enquête vers l’entourage de Khomeiny.

Le nouveau premier ministre, Jafar Sharif- Emami, surnommé “Monsieur 5 %” tant il prélève de commissions, déclare sous le coup de l’émotion “la patrie en danger”. Le 7 septembre, 100 000 personnes manifestent à Téhéran avec des ayatollahs : des portraits de Khomeiny apparaissent. La loi martiale est décrétée pour le lendemain 8. Les manifestants prennent de vitesse police et armée. Ils veulent occuper la “maison de la Nation” et y proclamer une “République islamique”. Le service d’ordre tire en l’air, des tireurs embusqués ouvrent le feu sur la foule. C’est le “vendredi noir”, soigneusement « préparé et financé par l’étranger » affirment les auteurs. Au total, 191 victimes. La rupture entre le régime et les partisans de Khomeiny est totale.

Le chah est anéanti. « Jamais, confie-t-il, je ne ferai tirer sur mon peuple ! » Lui qui croyait être tant aimé se sent trahi : « Mais que leur ai-je donc fait ? ». Un seul souci l’habite : éviter la guerre civile, sa hantise. Le “vendredi noir” marque le début de son inexorable chute.

Le désordre et l’anarchie s’installent ; Khomeiny gagne la France, reçoit intellectuels et journalistes (mais pas ceux de Valeurs actuelles à qui les auteurs de l’ouvrage que nous citons en référence rendent hommage) qui raffolent de l’ermite de Neauphle-le-Château ; en Iran, les marches en sa faveur se multiplient et façonnent l’image d’une révolution romantique et démocratique ; les Américains organisent en secret la phase finale de leur plan : neutraliser l’armée iranienne et le haut état-major fidèles au chah. Les jeux sont faits.

« L’Iran des Pahlavi n’était certes pas parfait, mais il était en pleine modernisation, écrira Maurice Druon dans le Figaro du 12 novembre 2004. Fallait-il pousser à le remplacer par un régime arriéré, animé par un fanatisme aveugle ? L’essor de l’islamisme radical date de là. »

À lire Mohammad Réza Pahlavi. Le Dernier Shah/ 1919-1980, de Houchang Nahavandi et Yves Bomati, Perrin, 622 pages, 27 €.

mardi, 25 juin 2013

P. Scholl-Latour: “L’Occident s’allie avec Al-Qaeda”

“L’Occident s’allie avec Al-Qaeda”

Peter Scholl-Latour, le grand expert allemand sur le Proche et le Moyen Orient s’exprime sur la guerre civile syrienne, sur le rôle de l’Europe et des Etats-Unis, sur le programme nucléaire iranien qui suscite bien des controverses...

Entretien avec Peter Scholl-Latour

PSLatour.jpgQ.: En Syrie, l’armée vient de reprendre un bastion des rebelles, la ville de Qussayr et a enregistré d’autres succès encore. Ces victoires représentent-elles un tournant dans cette guerre civile atroce, cette fois favorable à Bechar El-Assad?

PSL: Jamais la situation n’a vraiment été critique pour le Président El-Assad, contrairement à ce qu’ont toujours affirmé nos médias. Il y a bien sûr des villages qui sont occupés par les rebelles; des frontières intérieures ont certes été formées au cours des événements mais on peut difficilement les tracer sur une carte avec précision. La Syrie ressemble dès lors à une peau de léopard. Aucun chef-lieu de province n’est tombé aux mains des rebelles, bien que bon nombre d’entre eux soient entourés de villages hostiles à El-Assad. Il est tout aussi faux d’affirmer que tous les Sunnites sont des adversaires d’El-Assad, et la chute d’une place forte stratégique aussi importante que Qussayr est bien entendu le fruit d’une coopération avec le Hizbollah libanais.

Q.: Le Liban sera-t-il encore plus impliqué dans la guerre civile syrienne qu’auparavant? 

PSL: Le Liban est profondément impliqué! Quand j’étais à Tripoli dans le Nord du pays, il y a trois ans, des coups de feu s’échangeaient déjà entre les quartiers alaouites et sunnites. La ville de Tripoli a toujours été considérée comme le principal bastion au Liban de l’islam rigoriste et, pour l’instant, on ne sait pas encore comment se positionneront vraiment les chrétiens. On peut cependant prévoir qu’ils en auront bien vite assez de la folie des rebelles syriens, dont le slogan est le suivant: “Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au cimetière!”.

Q.: L’UE vient encore de prolonger l’embargo sur les armes contre la Syrie, vu que l’Europe ne montre aucune unité diplomatique ou stratégique. Peut-on considérer cette posture comme un prise de position inutile de la part de l’UE?

PSL: Les Européens montrent une fois de plus une image lamentable, surtout les Français et les Anglais. Cette image lamentable, à mes yeux, se repère surtout dans la tentative maladroite des Français de prouver que le régime d’El-Assad utilise des gaz de combat, affirmation purement gratuite car il n’y a pas l’ombre d’une preuve. Cependant, les seuls qui auraient un intérêt à utiliser des gaz, même en proportions très limitées, sont les rebelles, car Obama a déclaré naguère que l’utilisation de telles armes chimiques constituerait le franchissement d’une “ligne rouge”, permettant à l’Occident d’intervenir.

Q.: L’Occident pourra-t-il encore intervenir, surtout les Etats-Unis, même sans utiliser de troupes terrestres et en imposant militairement une zone interdite aux avions d’El-Assad?

PSL: Les Américains ne sont pas prêts, pour le moment, à franchir ce pas parce qu’ils ne veulent pas s’impliquer encore davantage dans les conflits du Proche Orient et surtout parce qu’ils en ont assez du gâchis libyen. L’Occident a certes connu une forme de succès en Libye, en provoquant la chute de Khadhafi, mais le pays est plongé depuis lors dans un inextricable chaos dont ne perçoit pas la fin. En Cyrénaïque, plus précisément à Benghazi, où l’on a cru naïvement qu’un soulèvement pour la démocratie avait eu lieu, l’ambassadeur des Etats-Unis a été assassiné. On aurait parfaitement pu prévoir ce chaos car la Cyrénaïque a toujours été, dans l’histoire, la province libyenne la plus travaillée par l’islamisme radical.

On a cru tout aussi naïvement que des élections allaient amener au pouvoir un gouvernement modéré et pro-occidental, mais on n’a toujours rien vu arriver... Les luttes acharnées qui déchirent la Libye sont organisées par les diverses tribus qui ont chacune leurs visions religieuses propres.

Q.: L’Occident soutient les rebelles en Syrie tandis que la Russie se range derrière El-Assad. Peut-on en conclure que, vu les relations considérablement rafraîchies aujourd’hui entre l’Occident et la Russie, la guerre civile syrienne est une sorte de guerre russo-occidentale par partis syriens interposés?

PSL: Bien sûr qu’il s’agit d’une guerre par partis syriens interposés: les Russes se sont rangés derrière El-Assad, comme vous le dites, de même que l’Iran et le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. La frontière entre la Syrie et la Turquie est complètement ouverte, ce qui permet aux armes, aux volontaires anti-Assad et aux combattants d’Al Qaeda de passer en Syrie et de renforcer le camp des rebelles. De plus, en Turquie, on entraîne des combattants tchétchènes, ce qui me permet de dire que l’Occident s’est bel et bien allié à Al-Qaeda.

Q.: Quelles motivations poussent donc les Turcs? Sont-ils animés par un rêve de puissance alimenté par l’idéologie néo-ottomane?

PSL: Selon toute vraisemblance, de telles idées animent l’esprit du premier ministre turc Erdogan. Mais, depuis peu, des troubles secouent toute la Turquie, qu’il ne faut certes pas exagérer dans leur ampleur parce qu’Erdogan est bien installé au pouvoir, difficilement délogeable, ne peut être renversé. Mais les événements récents égratignent considérablement l’image de marque de la Turquie, telle qu’elle avait été concoctée pour le public européen, celle d’un pays à l’islam tolérant, exemple pour tout le monde musulman. Cette vision vient d’éclater comme une baudruche. Mais les véritables inspirateurs des rebelles syriens sont les Saoudiens, dont la doctrine wahhabite est précisément celle des talibans.

Q.: L’Autriche va retirer ses casques bleus du Golan. On peut dès lors se poser la question: la mission de l’ONU dans cette région pourra-t-elle se maintenir? Si la zone-tampon disparaît, ne peut-on pas craindre une guerre entre Israël et la Syrie?

PSL: Pour les Israéliens, ce serait stupide de déclencher une guerre, ce serait une erreur que personne ne comprendrait car depuis la fin de la guerre du Yom Kippour, il y a près de quarante ans, il n’y a pas eu le moindre incident sur la frontière du Golan. J’ai visité là-bas les casques bleus autrichiens et ils ne m’ont pas mentionné le moindre incident. Aujourd’hui toutefois les échanges de tirs ont commencé et les groupes islamistes extrémistes s’infiltrent; il vaut donc mieux que les Autrichiens, qui ont l’ordre de ne jamais tirer, se retirent au plus vite.

Q.: Mais alors une guerre entre Israéliens et Syriens devient possible...

PSL: Israël a une idée fixe: la grande menace viendrait de l’Iran, ce qui est une interprétation totalement erronée. Si les rebelles ont le dessus en Syrie, Israël aura affaire à des islamistes sunnites sur les hauteurs du Golan. Bien sûr, on me rétorquera que le Hizbollah chiite du Liban est, lui aussi, sur la frontière avec Israël, mais il faut savoir que le Hizbollah est une armée disciplinée. Sa doctrine est aussi beaucoup plus tolérante qu’on ne nous l’a dépeinte dans les médias occidentaux: par exemple, dans les régions tenues par le Hizbollah, il n’y a jamais eu de persécutions contre les chrétiens; les églises y sont ouvertes et les statues mariales y demeurent dressées. Toutes choses impensables en Arabie Saoudite, pays qui est un de nos chers alliés, auquel l’Allemagne ne cesse de fournir des chars de combat... Nous vivons à l’heure d’une hypocrisie totale.

Q.: Vous venez d’évoquer l’Iran: un changement de cap après les présidentielles est fort peu probable, surtout si la figure de proue religieuse demeure forte en la personne de Khamenei...

PSL: On a largement surestimé Ahmadinedjad. Il a certes dit quelques bêtises à propos d’Israël mais dans le monde arabe il y a bien d’autres hommes politiques qui ont dit rigoureusement la même chose, sans que les médias occidentaux n’aient jugé bon de lancer des campagnes d’hystérie. Certes, le zèle religieux est bien repérable chez les Chiites d’Iran et, dans les villes surtout, le nationalisme iranien est une force politique considérable. Si un conflit éclate, l’Iran n’est pas un adversaire qu’il s’agira de sous-estimer.

Q.: Le programme nucléaire iranien, si contesté, est aussi et surtout l’expression d’un nationalisme iranien...

PSL: On ne peut prédire si l’Iran se dotera d’un armement nucléaire ou non. Mais on peut émettre l’hypothèse qu’un jour l’Iran deviendra une puissance nucléaire. Cela ne veut pas dire que l’Iran lancera des armes atomiques contre ses voisins car Téhéran considèrera cet armement comme un atout dissuasif, comme tous les autres Etats qui en disposent. L’Iran, tout simplement, est un Etat entouré de voisins plus ou moins hostiles et aimerait disposer d’un armement atomique dissuasif.

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz.

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°24/2013).

mercredi, 19 juin 2013

Élection d’Hassan Rohani

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Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

 
Le résultat des élections est il une surprise ?

A l’évidence, aucun analyste n’avait prévu la victoire d’Hassan Rohani au premier tour de l’élection présidentielle [vendredi dernier]. Mais il ne faut pas oublier que l’Iran est un pays imprévisible qui puise sa créativité et son esprit d’innovation dans une culture poétique inaccessible aux prévisions mathématiques.

Les réformateurs l’ont ils emporté ?
 
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distinction entre réformateurs et conservateurs s’avère peu opérante en Iran. La preuve en est que parmi les six candidats en lice, cinq étaient classés ultraconservateurs ou conservateurs pragmatiques. Il s’agit de Saïd Jalili, d’Ali-Akbar Velayati, de Mohsen Rezaï d’Hassan Rohani et de Mohammad Ghalibaf. Seul un candidat, Seyed Mohammad Gharazi, était qualifié de modéré. A ce compte, les Iraniens avaient mathématiquement 83% de chances d’élire un conservateur. C’est oublier que le monde iranien est marqué depuis des siècles par un rêve qui n’a rien de conservateur, celui de réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve souterrain, qui hante la plupart des hommes d’État iraniens se heurte à deux obstacles : l’Iran n’est ni Sunnite ni Arabe. Il est par conséquent tenu à l’écart par les pays musulmans qui s’effraient de son inépuisable créativité. Devant ce rejet, les Iraniens sont tiraillés entre deux types d’évolutions : soit un basculement vers l’Occident ou à l’inverse une consolidation des liens avec l’Asie. Même si les Iraniens se perçoivent comme des Occidentaux, ils ont été contraints par les sanctions récentes à se rapprocher simultanément de la Russie et de la Chine pour former une alliance plastique que l’on pourrait qualifier de Nouvel Empire Mongol.

Il conviendrait, par conséquent, de repenser la distinction entre réformateurs et conservateurs au profit d’un nouveau gradient Occident/Orient. Or cette nouvelle distinction bouleverse les schémas établis car il n’est pas plus conservateur de se tourner vers la Chine que vers l’Europe. La véritable question est par conséquent la suivante : qui l’a emporté entre les Océanides – partisans d’un rapprochement avec la puissance maritime américaine – et les Gengiskhanides – qui souhaitaient un rapprochement avec la Russie et la Chine. Les Iraniens nous ont répondu aujourd’hui de façon totalement inattendue avec la victoire des Iranides un tiers parti qui souhaite le retour à une politique d’équilibre internationale. Aujourd’hui, le Nouvel Empire Mongol connaît un vacillement et ce n’est pas tout à fait un hasard si les chancelleries russe et chinoise ont du mal à se positionner ce soir sur le résultat de l’élection.

Quel est le profil du nouveau président ?

Parmi les six candidats, les hommes ayant exercé des fonctions diplomatiques importantes étaient surreprésentés : il s’agissait de Saïd Jalili, ancien Vice-Ministre des Affaires Étrangères, d’Akbar Velayati ancien Ministre des affaires étrangères, et d’Hassan Rohani qui a une grande expérience de la diplomatie puisqu’il a été personnellement en charge du dossier nucléaire. A l’évidence, ces diplomates l’ont emporté sur les spécialistes de l’ordre intérieur

Peut on espérer un règlement de la question nucléaire ?

Il faut s’attendre à une inflexion sur ce point. Nous avons aujourd’hui un signe fort. Même s’il est improbable qu’Hassan Rohani remette en cause la volonté de l’Iran de mettre en place une filière nucléaire, les négociations peuvent avancer. Leur échec actuel s’explique en partie par la très grande difficulté pour les Occidentaux à prendre au sérieux les spécificités culturelles et juridiques de l’Iran. A la différence de la France, l’Iran a été occupé pendant près de mille ans par des puissances étrangères. Cette occupation a marqué en profondeur ses élites qui ont mis au point des procédés de négociation extrêmement sophistiqués afin d’assurer leur survie politique. Or, depuis la découverte des hydrocarbures, l’Iran est devenu le centre géopolitique de la planète contrôlant simultanément les richesses énergétiques de la mer Caspienne et du Golfe Persique. Cela amène les négociateurs iraniens à réfléchir à chaque mouvement diplomatique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Iran n’a pas donné le signal d’une proche normalisation. D’un point de vue intérieur, il a opéré un rééquilibrage en se repositionnant au centre. Dans ces circonstances, il ne fait guère de doute qu’Hassan Rohani n’acceptera de ralentir la nucléarisation de l’Iran qu’à condition que la communauté internationale accorde à l’Iran le statut de puissance régionale. Car au fond, par delà ses difficultés économiques, l’Iran aspire par dessus tout à une dignité retrouvée sur la scène internationale.

Thomas Flichy

Historien du droit et des institutions
Source : Realpolitik.tv.

jeudi, 09 mai 2013

Jean Aziz et le face à face Iran – Arabie Saoudite au Liban et en Syrie

Jean Aziz et le face à face Iran – Arabie Saoudite au Liban et en Syrie

La thèse que je défends sur ce blog est que la crise syrienne a dès le départ donné lieu à une immixtion de forces étrangères à ce pays ; des forces qui ont engagé très tôt une action violente, parfois très professionnelle, contre l’appareil policier et militaire du régime.

Ces forces étrangères, non contentes d’armer militairement et d’outiller dans la guerre médiatique des citoyens syriens, qu’ils appartiennent à la mouvance des Frères Musulmans, du wahabbisme ou tout simplement à celle de ceux qui pensent que leur avenir personnel ou celui de leur clan pourrait être plus radieux sans Bachar al-Assad, ont fait venir des mercenaires de Turquie, de Jordanie, et même de Tunisie, de Tchétchénie et d’Europe (je ne parle pas là de Syriens résidant en Europe).

Il va sans dire que ceux qui espéraient une démocratisation de la vie politique en Syrie en sont pour leurs frais.

Jean Aziz, qu’on a déjà croisé sur ce blog, grossit peut-être un peu le trait, mais oui, nous assistons en Syrie à une guerre entre l’Iran et le Hezbollah d’une part, et l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et les Etats Unis d’autre part.

Et c’est l’axe turco-arabo-occidental qui a pris l’initiative de cette guerre et a fait en sorte qu’elle perdure faute de possibilité de règlement politique qu’il s’est ingénié à empêcher, exactement comme en Libye.

Sauf que l’enjeu stratégique est nettement plus important en Syrie qu’en Libye et que si les Américains jouent là avec la sécurité de leur entité sioniste adorée, les monarques jouent peut-être leurs têtes !

Pourtant, dans un monde rationnel, cette crise aurait été réglée depuis longtemps ou n’aurait jamais eu lieu.

Mais un monde rationnel serait un monde où les Etats Unis au lieu de chercher la confrontation avec l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, chercheraient à avoir des relations normales avec ces pays avec lesquels ils ne devraient avoir à priori pas de conflit aigu.

Oui, j’écris ces pays car je ne compte pas le Hezbollah qui n’existerait pas si les Etats Unis ne s’entêtaient pas à soutenir inconditionnellement une entité sioniste qui ne pourra jamais avoir un statut normal dans la région.

Même si, pour les pétromonarchies d’Arabie et du Qatar, tout l’enjeu d’une défaite de l’axe Syrie – Hezbollah – Iran est la possibilité de pouvoir enfin normaliser leurs relations avec l’entité sioniste et donc d’enterrer définitivement les droits du peuple palestinien.

L’objectif est illusoire certes et les monarques comme le Grand Turc devraient méditer ce propos de Kant :

Est illusion le leurre qui subsiste même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas.

L'Iran contre la diplomatie saoudienne au Liban

par Jean Aziz,  

Al-Monitor Lebanon Pulse, 29 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Trois semaines de développements de la situation au Liban ont suffi pour effacer le sentiment qu’une percée dans les relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était proche, du moins au Liban. Ce sentiment avait pris corps le 6 avril quand le parlement libanais a désigné, dans un consensus presque total, le député de Beyrouth Tammam Salam pour former le nouveau cabinet.

Au début, il y avait certains signes qu’une percée dans la relation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était en vue. L’ambassadeur Saoudien à Beyrouth, Ali Awad Asiri, avait clairement fait une ouverture en direction du Hezbollah. A un point tel que certains avaient dit que l’Arabie Saoudite avait entamé des contacts directs avec la plus puissante organisation chiite du Liban par l’intermédiaire d’un officiel des services de sécurité libanais qui jouit de la confiance du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah en personne. On a même dit que l’adjoint de Nasrallah, le Cheikh Naim Qassem devait se rendre en Arabie Saoudite à la tête d’une mission du Hezbollah avec la mission de discuter des relations entre la banlieue sud de Beyrouth et Riyad. La délégation devait aussi aborder le problème de la formation d’un nouveau gouvernement [au Liban] et l’acceptation d’une nouvelle loi pour les élections législatives pour faire en sorte que les élections interviennent avant la fin du mandat de l’assemblée actuelle le 20 juin et éviter ainsi au Liban d’aller vers l’inconnu.

Cette impression optimiste a vite disparu et il est devenu évident que la stratégie de la tension entre les axes saoudien et iranien reste d’actualité  jusqu’à nouvel ordre.

Il semble que les deux parties pratiquent un jeu de dupe pour améliorer leurs positions et leurs capacités en préparation d’une attaque surprise contre l’autre camp.

Sous couvert d’ouverture en direction du Hezbollah à Beyrouth, l’axe saoudien a l’œil rivé sur une bataille régionale pour renforcer le siège du régime syrien et renverser le président Bachar al-Assad. Au moment où les Saoudiens se préparaient à attaquer la capitale syrienne, ils avaient jugé prudent de ne pas ouvrir plus d’un front à la fois. Ils ont donc fait une trêve avec le Hezbollah et montré de la bonne volonté à l’égard de ce dernier, tandis que le nœud coulant arabo-turco-occidental se resserrait autour du cou d’Assad.

Image

Jean Aziz prend la pose entre Michel Aoun (à droite sur la photo) et Hassan Nasrallah

De leur côté, l’Iran et le Hezbollah ne se sont pas laissés berner par la manoeuvre saoudienne. Quelques jours après avoir commencé à tester les réactions de l’autre camp, l’Arabie Saoudite a commencé son attaque : les alliés libanais de Riyad ont durci leurs positions en formant un nouveau gouvernement et en définissant une loi électorale, ce qui a fait prendre conscience à l’axe du Hezbollah [le Hezbollah et ses alliés au Liban] de la manœuvre, ce qui a amené cet axe à changer de tactique. Le Hezbollah a alors contre attaqué sur presque tous les fronts.

Il semble que l’Arabie Saoudite avait misé sur une évolution favorable de la situation militaire en Syrie quand  cette évolution a en fait été favorable au camp iranien. Un facteur sur le terrain a inversé la donne : en deux semaines, les forces pro-régime ont avancé dans toutes les régions autour de Damas et de Homs. Ce développement a placé les 370 kilomètres de frontière syro-libanaise sous le contrôle du régime syrien et de ses alliés au Liban. Ce qui a piégé et isolé une partie significative des Sunnites – qui sont traditionnellement soutenus par l’Arabie Saoudite et sont près d’un demi-million à Akkar et à Tripoli – par l’interposition de l’armée syrienne et de ses alliés libanais.

Mais la riposte contre l’Arabie Saoudite au Liban a d’autres manifestations: la visite du Hezbollah à Riyad dont on parlait n’a jamais eu lieu et on a appris que Nasrallah est allé à Téhéran dernièrement. Malgré de nombreuses conjectures sur les objectifs de cette visite et son timing, le Hezbollah a ostensiblement gardé le silence sur ce sujet. Le parti ne l’a ni confirmée, ni infirmée. Cependant, des photos de Nasrallah rencontrant le Guide Suprême Iranien Ali Khamenei ont été publiées sur les réseaux sociaux. Des cercles proches du Hezbollah affirment que la photo était tirée d’archives, mais la photo n’a pourtant pas l’air bien ancienne.

Une autre manifestation de la contre attaque a été l’annonce par Israël de la destruction au dessus de la mer au large d’Haïfa d’un drone venu du Liban. Mais à la différence d’incidents similaires, comme quand Israël avait détruit le drone Ayyoub le 9 octobre 2012, le Hezbollah a promptement démenti avoir un rapport quelconque avec cette affaire. Certains ont interprété ce démenti comme étant causé par l’échec du drone «Ayyoub 2» à pénétrer en profodeur en territoire israélien. Mais le drone avait peut-être simplement comme objectif de survoler les champs gaziers israéliens en Méditerranée. Dans ce cas, le drone a réussi à envoyer le message à Israël, ce qui explique aussi le démenti du Hezbollah.

Ces deux derniers jours, ce cercles proches du parti ont traité cette affaire d’une manière évasive en demandant: Et si toute cette affaire se résumait à un gamin du sud Liban qui jouait avec un avion télécommandé amenant les Israéliens à suspecter le Hezbollah de leur faire la guerre ?

Certains à Beyrouth pensent que la contre attaque iranienne contre les avancées de l’Arabie saoudite, qui se sont traduites par la démission de l’ancien premier ministre Libanais Najib Mikati se déploie bien au-delà de la scène libanaise pour toucher le Bahreïn et même l’Irak. On a parlé de découvertes de caches d’armes pour l’opposition bahreïnie à Manama ; et les troupes du premier ministre Irakien Nouri al-Maliki sont entrée à Hawija et menacent de faire la même chose à Anbar.

Toutes choses qui confirment une fois encore que tout accord entre les Libanais doit se faire sous des auspices internationaux, c’est-à-dire au minimum une entente entre Washington et Téhéran. Mais une telle entente ne pourra sans doute pas intervenir tant que ne se seront pas produits certains événements, que ce soient les élections présidentielles en Iran en juin prochain ou les résultats des discussions d’Almaty sur le nucléaire (si elles reprennent).

Entre temps, la situation libanaise va déboucher soit sur la prolongation de la crise par la prolongation du mandate du parlement et le report de la formation d’un nouveau gouvernement, soit sur l’explosion de la situation!

La plupart des organisations libanaises et des parties étrangères préfèrent la première option.

Jean Aziz est un collaborateur d’ Al-Monitor’s Lebanon Pulse. Il est éditorialiste au journal libanais Al-Akhbar et anime une émission de débat politique sur OTV, une chaîne de télévision libanaise.

Ajoutons que ce chrétien a d’abord appartenu aux Forces Libanaises, un mouvement d’extrême droite avant de rejoindre le général Michel Aoun sur une position nationaliste, modérément antisyrienne (ou modérement prosyrienne), favorable à l’entente interconfessionnelle et hostile à l’entité sioniste. C’est pourquoi on dit qu’il est proche du Hezbollah. Il l’est à peu près à la façon de Michel Aoun.

http://mounadil.wordpress.com/2013/04/30/jean-aziz-et-le-face-a-face-iran-arabie-saoudite-au-liban-et-en-syrie/

lundi, 15 avril 2013

Petrodollar Cycle & Realpolitik

Petrodollar Cycle & Realpolitik

 

mercredi, 30 janvier 2013

Il Venezuela cede all’Iran i suoi caccia F-16

 

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Il Venezuela cede all’Iran i suoi caccia F-16

Alla fine degli anni ’70, l’Iran imperiale di Riza Palivi aveva ordinato 160 cacciabombardieri General Dynamics (oggi Lockheed) F-16A Fighting Falcon. Tuttavia, con la caduta dello Shah, nel 1979, l’ordine venne annullato e gli aeromobili non furono mai consegnati, anche se alcune attrezzature per la loro manutenzione erano già giunte in Iran.
Nell’agosto 2012, almeno due F-16 sarebbero stati avvistati nella base aerea di Mehrabad, presso Teheran. Infatti, secondo alcuni fonti, un Fighting Falcon sarebbe operativo dalla base iraniana, mentre un altro sarebbe stato sottoposto a un processo di reverse engineering e poi forse inviato in Pakistan. Il quotidiano spagnolo ABC aveva anche riportato che almeno un F-16A Block 15 dei 24 acquistati dal Venezuela, nel 1983, era stato inviato in Iran nell’agosto 2006, nell’ambito della cooperazione militare tra Iran e Venezuela, che vede anche l’impiego di due droni iraniani Mohajir (ribattezzati Sant’Arpia) da parte delle forze armate venezuelane. Infatti, nell’agosto 2006 il Maggior-Generale Roger Lara Lamb e il Tenente-Colonnello Luis Reyes Reyes avviarono e gestirono l’operazione per la consegna all’Iran di quel primo cacciabombardiere F-16A.
In seguito, nell’agosto 2009, il Presidente della Compañia Anomina Venezolana de Industrias Militares (CAVIM), Generale Eduardo Richani Aref si recò a Teheran, dove affermò che “i venezuelani si sono impegnati ad accelerare la fattibilità degli studi presentati dall’AIO [Aviation Industries Organization] iraniana riguardo al caccia F-16“, Il viceministro per la logistica del ministero della Difesa iraniana, Generale Mohammad Mohammad Lou Beig, siglò il documento che comprendeva anche altri accordi di cooperazione, come la vendita dei droni Mohajir.
Sempre secondo il quotidiano spagnolo ABC, un F-16B biposto, di stanza nella base aerea di Maracay, sarebbe stato smontato, imballato in grandi contenitori di legno sigillati e privi di contrassegni, e quindi caricati nella base aerea el Libertador, su un Boeing KC-707 dell’Aeronautica Militare venezuelana. Il volo avrebbe fatto scalo in Brasile (Recife) e in Algeria prima di giungere a Teheran. Dei piloti e tecnici venezuelani sarebbero stati inviati per rimontare il velivolo e addestrare gli iraniani presso la base di Mehrabad, in Iran.
La notizia era stata divulgata da ABC in concomitanza con la visita del presidente iraniano Mahmoud Ahmadinejad in Venezuela. Ahmadinejad aveva detto che l’Iran sosterrà sempre il Venezuela di Chavez: “Apprezziamo la vostra opposizione all’imperialismo”, e Chavez avrebbe risposto che “siamo consapevoli delle minacce alla sovranità e all’indipendenza iraniane. Potete contare sul nostro sostegno. Sosterrò Ahmadinejad in tutte le circostanze, dato che i nostri legami con l’Iran sono una questione sacra per noi.”
Già nel maggio 2006, il Generale Alberto Muller, consigliere di Chavez, aveva dichiarato all’Associated Press che valeva la pena prendere in considerazione “la possibilità di una trattativa con l’Iran per la vendita di quegli aerei“, e di aver raccomandato al ministro della Difesa che il Venezuela considerasse la possibilità di vendere gli F-16 a un altro paese, come Russia, Cina, Cuba o Iran, in risposta al bando degli Stati Uniti sulle vendite di armamenti all’amministrazione del Presidente Hugo Chavez. Il dipartimento di Stato degli Stati Uniti, reagiva avvertendo che Washington avrebbe dovuto firmare ogni vendita di F-16, cosa che il portavoce Sean McCormack suggeriva essere assai improbabile. “Senza il consenso scritto degli Stati Uniti, non è possibile trasferire articoli per la difesa, e in questo caso gli F-16, a un paese terzo“. Ma il Generale Muller ribadiva: “La raccomandazione che faccio al ministro, e che farò al Presidente al momento opportuno, è che gli F-16 siano venduti a Paesi terzi, poiché gli USA, non conformandosi alla loro parte dell’accordo (ovvero inviare i pezzi di ricambio e permettere così la manutenzione degli F-16A), ci liberano da qualsiasi obbligo a rispettare la nostra parte.”
Dei 24 F-16 acquistati nel 1983, solo dodici-sedici restano operativi, mentre gli altri vengono conservati per mancanza di pezzi di ricambio. Il governo di Caracas comunque aveva annunciato l’intenzione di vendere o cederli a Paesi terzi, anche senza il permesso degli Stati Uniti. L’F-16 verrebbe valutato dall’Iran per testare i propri sistemi difesa aerea, in previsione di un possibile attacco aereo israeliano o statunitense al programma nucleare iraniano, dove verrebbe impiegato il cacciabombardiere F-16I Sufa (Block 52).
Dopo la visita a Teheran nel 2009 dei vertici militari venezuelani, quando si sarebbe deciso l’invio di ulteriori cacciabombardieri F-16A, almeno altri tre velivoli si troverebbero oggi in Iran. Ely Harmon, ricercatore israeliano presso l’Istituto Internazionale per il Controterrorismo, ha affermato che “Questo aereo è molto utile per l’Aeronautica dell’Iran, perché può così addestrare i propri piloti alle tattiche degli avversari, dimostrando anche la profonda relazione tra l’Iran e il Venezuela. Una partnership che potrebbe anche manifestarsi in una rappresaglia contro coloro che attaccassero gli impianti nucleari iraniani.”

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Venezuela Threatens to Sell F-16 Fleet to Iran, Associated Press, 16 maggio 2006
Inter-american Security Watch 22 giugno 2012
The Aviationist 20 agosto 2012

A cura di Alessandro Lattanzio

17:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iran, venezuela, f-16, aviation, iiaf, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 26 janvier 2013

Iran in the strategic plans of the U.S.

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Iran in the strategic plans of the U.S.

 

 
Ex: http://geopolitica.ru/
 

The Iranian issue, which had been pushed aside under the shadow of the U.S. presidential campaign, has once again come to the forefront. On November 30th, U.S. Secretary of State Hillary Clinton stated that «the U.S. administration is open to bilateral talks with Iran if Tehran will show a similar willingness to do so» (1).

Clinton explained this «openness» of America to its strategic adversary in that «the behavior of Iran is already a threat that will grow exponentially if it has nuclear weapons at its disposal «(2). It is therefore clear: the United States is ready for any action against Iran, before they have the protection of a nuclear umbrella. The problem for Washington is not only the Iranian nuclear program but the worldview of the Iranian leadership, against whom they use the theme of the fight for the non-proliferation of nuclear weapons.

Let's listen to what Henry Kissinger says in this regard, as he is a person belonging to a narrow circle of people who make decisions, not like Clinton, who just brings them before the public.

One would say about Kissinger that «he smells of power». Kissinger «sharply raised the value and prestige of the National Security Council in the years when America was in decline - in the 1970`s» (3).He was the only senior advisor of U.S. President Richard Nixon's foreign policy (1969-1974) and the most important person in the White House (4). As William Isaacson wrote about him, «Kissinger in the 1970`s played a huge role in creating global peace and in the victory over communism»(5). He is a protégé of the Rockefellers, a member of the Bilderberg Club and Nobel Peace Prize winner (1973) for his role in the achievement of the Paris Agreement on Ending the War and Restoring Peace in Vietnam, the initiator and organizer of detente in relations with the USSR and the policy of cooperation with China, an intellectual and a brilliant analyst, Henry Kissinger always knows what he is talking about.

On November 17 The Washington Post published an article by Henry Kissinger « Iran must be President Obama’s immediate priority», in which, among the most important challenges facing the U.S. president and the one most demanding an urgent solution, he specified stopping Iran's nuclear program… (6).

The starting point for the motivation of the United States to come to a «settlement» with Iran was the Israeli position, which according to Netanyahu, is ready to establish a «red line» that Iran should not cross «in its pursuit of nuclear weapons»(7). In response to Israel's intent to hold to such a «red line», Kissinger made it clear that it is the prerogative of the United States and nobody else (to call a spade a spade, it is the prerogative of the Jewish lobby in the U.S.). The determination of what should be meant by the expression» it is unacceptable for Iran to gain access to nuclear weapons», must be issued by Washington, and only there can the proverbial «red line» be made (8).

Kissinger assures his readers that the talks with Iran on a «5 +1» basis (the permanent members of the UN Security Council - Russia, the U.S., Britain, China, France and Germany) are futile, hopeless and create the conditions for the growth of Iranian nuclear capabilities. If we do not stop Iran's nuclear program now, says Kissinger, then «the result will be a substantial increase in the uncontrolled proliferation of nuclear weapons in the region», in the already incandescent «Arab spring»(9). From these words can be seen another meaning for the «twitter revolutions» in the Middle East: the U.S. first heated up the region(10), to solve the problem of «non-proliferation» of a non-existent nuclear-armed Iran in a situation of high conflict.

In an interview on October 6, 2012, Kissinger said that the main problem for the new U.S. president is the internal state of the country, which is experiencing social and economic crisis (11). The future of America depends on solving this major problem. And history shows that the U.S. often prefers to resolve its domestic problems by the use of foreign policy tools, ranging from two world wars and ending in Libya. Now it is Iran`s turn.

Obama must once and for all solve the Iranian nuclear issue, said Kissinger. «The time available for a diplomatic outcome shrinks in direct proportion as the Iranian enrichment capacity grows and a military nuclear capacity approaches. The diplomatic process must therefore be brought to a point of decision. The P5+1 or the United States unilaterally must put forward a precise program to curtail Iranian enrichment with specific time limits. «(12).

«We cannot afford another strategic disaster», insists Kissinger, referring to the mystifying problem of the «the apocalyptic strain in the Iranian theocracy». To enhance the effect, he talks about his almost absolute certainty, «the near-certainty that several regional powers will go nuclear if Iran does», which allegedly will increase the likelihood of a nuclear exchange.

That is why the U.S. must «insist on limiting Iran's enrichment activities, by aiming to cut Tehran`s access to raw materials for nuclear weapons». Kissinger says that «the higher the level of enrichment, the less time will be needed to create weapons-grade nuclear material. Conventional wisdom holds that the highest practically enforceable limit is 5 percent enrichment, and then only if all fissile material beyond an agreed amount is safeguarded outside Iran» (I leave out the question of who formulates this 'conventional' view. - EP).

At the same time, the old diplomat leaves a loophole for maneuver. As he said before, «This does not imply a red line authorizing any country to go to war. However respectfully the views of friends are considered, the ultimate decision over peace or war must remain in the hands of the president,» emphasizes Kissinger. And as to the question, why bilateral talks with Iran are needed, Kissinger answers with all sincerity: Diplomacy may reach an acceptable agreed outcome. Or its failure will mobilize the American people and the world (in the war against Iran. – E.P). It will clarify either the causes of an escalating crisis, up to the level of military pressure, or ultimate acquiescence in an Iranian nuclear program. Either outcome will require a willingness to see it through to its ultimate implications».

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Kissinger`s logic is: «... To the extent that Iran shows willingness to conduct itself as a nation-state, rather than a revolutionary religious cause, (i.e. to fulfill all U.S. conditions and give up its sovereignty. – E.P) and accepts enforceable verification, elements of Iranian security concerns should be taken seriously, including gradual easing of sanctions as strict limits on enrichment are implemented and enforced. But time will be urgent. Tehran must be made to understand that the alternative to an agreement is not simply a further period of negotiation and that using negotiations to gain time will have grave consequences. (my italics. – E.P). “What is this if not the threat of war?» A creative diplomacy, allied to a determined strategy (i.e. the threat of military action? – E.P), may still be able to prevent a crisis provided the United States plays a decisive role in defining permissible outcomes».

* * *

According to the latest report of the Director General of the IAEA, Iran has 16 nuclear facilities. Among them are the particularly important uranium enrichment plants at Natanz and Fordow. In addition, there is an experimental plant in which uranium is enriched up to 19.8% (13). By the way, this is still low-enriched uranium.

The Iranian leaders have repeatedly stated that the increase in up to 5% enriched uranium-235 is due to the need to produce nuclear fuel for light water reactors and that enriched up to 20% is for research reactors. However, now there is only one energy reactor in Bushehr, for which Russia undertook to supply nuclear fuel during its lifetime. Plans for the construction of both power and research reactors have not been implemented. Moreover, under the influence of severe financial and economic sanctions imposed by the EU, the U.S. and others, Iran was forced to propose a plan for a phased suspension of uranium enrichment up to 20% in exchange for the easing of sanctions. In particular, Iran agreed to suspend activity at the uranium enrichment plant at Fordow (14) .However; this has not been the understanding in Washington or Brussels. In contrast, Washington, having achieved concessions began to prepare the field for a tightening of sanctions against Iran and forced Iran to more concessions. Such tactics of the White House, among other things, are designed to put an end to the Russian-proposed principles for the settlement of the situation regarding the Iranian nuclear program – mutual reciprocity.

It is worth mentioning one more statement, this from Clinton. During a speech on November 29, 2012 at the Brookings Institution (Washington), she said: “We’ve made progress with Moscow on areas such as nuclear arms reduction, sanctions on Iran, and trade, and we seek to expand our areas of cooperation. But the reality is that we have serious and continuing differences on Syria, missile defense, NATO enlargement, human rights, and other issues. It will be up to us and our European partners to continue looking for opportunities to engage with Russia and to make progress on the issues that matter to us». (15).Now one of the major issues of importance to the U.S., is Iran. Here, to expect that Russia could agree to what the Americans want is unlikely. The plan for «bilateral talks» with Iran and the presence of Russian pressure on Iran is not working.

In response to growing pressure from the United States, Iran can stop IAEA inspections on its territory, withdraw from the NPT, and even make a decision to conduct a nuclear test. Washington would be unable not to intervene in this situation. Thus, the U.S. is deliberately provoking and stirring up the situation on everything around Iran. On the one hand – there is the offer of bilateral talks (eliminating other negotiators) and on the other - to provoke harsh measures from Tehran that would justify a «response», including military action.

Kissinger's article «Iran must be President Obama’s immediate priority».

Some have argued that even in the worst-case scenario, a nuclear Iran could be deterred. Yet this ignores the immensely costly, complex and tension-ridden realities of Cold War-era deterrence, the apocalyptic strain in the Iranian theocracy and the near-certainty that several regional powers will go nuclear if Iran does. Once nuclear balances are forged in conditions where tensions are no longer purely bilateral, as in the Cold War, and in still-developing countries whose technology to prevent accidents is rudimentary, the likelihood of some nuclear exchange will mount dramatically.

This is why the United States has insisted on limits on Iranian enrichment — that is, curtailing access to a weapon’s precursor elements. Abandoning the original demand to ban all enrichment, the P5+1 has explored what levels of production of fissile material are compatible with the peaceful uses authorized by the Non-Proliferation Treaty. The higher the level of enrichment, the shorter the time needed to bring about militarily applicable results. Conventional wisdom holds that the highest practically enforceable limit is 5 percent enrichment, and then only if all fissile material beyond an agreed amount is safeguarded outside Iran.

I remember a phrase by Chancellor of the Austrian Empire Klemens von Metternich, who can be likened to Kissinger. «Because I know what I want and what others are capable of, I am fully prepared». (16)

Kissinger, and those whom he directs, know what they want. However, do they flatter themselves that they know what others are capable of?
________________________________________
(1) Hillary Clinton: U.S. ready for bilateral talks with Iran. URL: http://www.itar-tass.com/c12/586576.html
(2) As above.
(3) D. Rothkopf Running the World. The Inside Story of the National Security Council and the Architects of American Power. N.Y.: Public Affairs, 2005. P. 126.
(4) H. Smith: The Power Game. How Washington Works. L.: Collins, 1988. P.568, 598.
(5) W. Isaacson Kissinger: A Biography. N.Y. etc.: Touchstone Books, 1992. P. 767.
(6) H. Kissinger Iran must be President Obama's immediate priority. URL: http://www.washingtonpost.com/opinions/henry-kissinger-iran-must-be-president-obamas-immediate-priority/2012/11/16/2edf93e4-2dea-11e2-beb2-4b4cf5087636_story.html
(7) Netanyahu will determine to the UN General Assembly the «red lines» for Iran. URL: http://www.rosbalt.ru/main/2012/09/25/1038402.html
(8) H. Kissinger: Iran must be President Obama's immediate priority ...
(9) As above.
(10) Details from Elena Ponomareva: Secrets of the «color revolutions». In Part III. 2012. № 1-6. URL: http://svom.info/authors/elena-ponomareva/
(11) Henry Kissinger - Extended. URL: http://www.washingtonpost.com/video/thefold/henry-kissinger---extended/2012/10/05/fa5ea71c-0f3b-11e2-bd1a-b868e65d57eb_video.html
(12), Iran should become an immediate priority for Obama. URL: http://www.inosmi.ru/world/20121119/202345548.html/. Further references are given in this article.
(13) V.V. Evseev: The Iranian nuclear programme in a Middle Eastern perspective / / New Eastern Outlook. 10/12/2012. URL: http://www.ru.journal-neo.com/node/119230.
(14) As above.
(15) Clinton has found a «challenge» for Europe. URL: http://www.rg.ru/2012/11/30/clinton-site.html
(16) M. Kalb, B Kalb. Kissinger. New York: Bell Books, 1975. P. 628.

Source: Strategic Culture Foundation

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dimanche, 20 janvier 2013

En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

par Robert Bibeau
 
Ex: http://mediabenews.wordpress.com/


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La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu… pour le moment. La guerre d’Iran n’aura pas lieu de sitôt même si ‘Pierrot le fou’ – Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël – crie « Aux loups, aux loups » à la Knesset – parlement israélien – pendant qu’Ahmadinejad – le Président iranien – ne l’écoute pas, ne l’entend pas, et pour cause…

L’Iran connaît parfaitement les plans de l’hyène américaine et l’Ayatollah Khamenei sait également que le renard israélien ne commande pas au loup états-unien. C’est plutôt l’inverse (1).

Tout ce que la Terre porte d’analystes, d’observateurs, d’experts militaires se sont émus la semaine dernière à l’annonce qu’un porte-avions de la Ve flotte américaine, furetant dans le secteur du détroit d’Ormuz, loin de son port d’attache, avait été chassé de la région par un exercice militaire iranien. Le navire risquait en effet de provoquer un incident-accident entre les deux belligérants se disputant le Golfe persan (2).

L’incident n’était pourtant qu’un exercice de réchauffement avant la conflagration à venir. Après avoir assisté à ce coup monté, dites-vous que l’une des prochaines fois sera la bonne et que cet incident provoqué déclenchera non pas la ‘troisième guerre mondiale’ mais l’attaque américano-israélienne contre l’Iran que l’Amérique attend depuis si longtemps.

Pourquoi pas cette fois, ni la prochaine, mais la suivante seulement ? Et pourquoi en 2013 et pas avant ? Pour répondre à ces questions il faut savoir pourquoi les USA en veulent tant à l’Iran. Si l’on ne sait pas répondre à cette question préalable, on en est réduit à conjecturer – à spéculer – à colporter les papiers d’intoxication médiatique des éditorialistes américains et israéliens.

Posons d’abord une prémisse évidente. Neuf pays de par le monde possèdent l’arme atomique. Ce sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – entre 100 et 200 ogives – (3). Y a-t-il plus criminel que le gouvernement états-unien ? Y-a-t-il plus hystérique que le gouvernement israélien ? Y-a-t-il plus instable que le gouvernement pakistanais ? Y-a-t-il plus imprévisible que le gouvernement coréen ? Y-a-t-il plus soumis que le gouvernement du Royaume-Uni ? Y-a-t-il plus cynique que le gouvernement de Russie ? Y a-t-il plus agité que le gouvernement de Sarkozy ? Pourtant, ni l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ni l’ONU ne suggèrent le désarmement nucléaire de ces gouvernements menaçants et incompétents.

Il faut en conclure que la propagande à propos du danger nucléaire iranien n’est qu’un faux-semblant qui cache autre chose, d’autant plus que celui qui s’en dit le plus préoccupé-menacé est justement le seul qui ait utilisé l’arme atomique deux fois plutôt qu’une (Hiroshima et Nagasaki) et qu’il menace encore une fois de l’utiliser contre l’Iran – bombes de type Blu-117 – (4). Qui plus est, les États-Unis possèdent 2 200 têtes nucléaires et 800 vecteurs, de quoi détruire la planète toute entière (5). Que feront les deux ou trois bombes nucléaires iraniennes – à supposer qu’elles existent – montées sur des missiles Shihab-3 – 2 200 km de portée maximum – alors que les États-Unis se situent à 11 000 kilomètres du Golfe persique ? Moins d’une heure après une prétendue attaque iranienne, mille bombes nucléaires américaines pulvériseraient l’Iran ne laissant plus une âme qui vive (77 millions d’habitants). Espérons que nous en avons terminé avec cette fadaise de la menace nucléaire iranienne tout juste bonne à effrayer les retraités des salons de thé.

Mais alors qu’est-ce qui justifie l’acrimonie états-unienne à l’encontre de la destinée iranienne ? Dans un papier, il y a tout juste une année, nous avions répondu à cette question – « Regardez du côté du détroit d’Ormuz », disions-nous (6).

L’Iran a commis le crime de lèse-majesté de ne pas trembler quand Georges W. Bush l’a désigné à la vindicte de sa ‘communauté internationale’. L’Iran a l’outrecuidance de développer sa propre politique nationale plénipotentiaire. L’Iran a le culot de vendre son pétrole à la Chine en devises souveraines iraniennes. L’Iran s’approvisionne en armement auprès de la Russie honnie. L’Iran a choisi le camp de l’impérialisme chinois – l’ennemi irrédentiste de l’impérialisme américain. Enfin, l’Iran a le mauvais goût de posséder une frontière sur le détroit d’Ormuz par où transite près de 35 % du pétrole mondial, point de passage pétrolier que les États-Unis entendent bien entraver ou faire entraver  ! Pour que ce plan machiavélique fonctionne, les États-Unis doivent cependant colmater au moins deux brèches dans le dispositif de verrouillage pétrolier de la région du Golfe persique. Le projet Nabucco, un oléoduc irano-irako-syrien destiné à acheminer le pétrole iranien et irakien jusqu’en Méditerranée via le territoire syrien et le projet d’oléoduc des Émirats Arabes Unis destiné à contourner le détroit d’Ormuz pour l’acheminer directement jusqu’au port de Foujeirah (7). Pour ce dernier oléoduc ce ne sera pas compliqué ; les Émirats Arabes Unis sont sous protectorat américain et leur pétrole sera acheminé aux clients que Washington aura accrédités ; pour le premier cependant, rien n’est assuré et la subversion récemment entreprise contre la Syrie vise justement le contrôle de cet oléoduc.

Dans un récent article nous demandions pourquoi la France et l’Euroland endossent la stratégie américaine visant leur propre étranglement pétrolier (8) ? En effet, si le détroit d’Ormuz est interdit à la navigation, c’est la Chine et l’Europe qui seront privées de carburant et non les États-Unis qui s’approvisionnent autrement. Ceci nous amène à conclure que l’Union Européenne devrait réviser ses politiques vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran prochainement.

China Marks 60 Years Of The Chinese Navy

L’agression américaine contre la Syrie et l’Iran s’inscrit comme une étape de la guerre que se livrent les trois grands camps de l’impérialisme mondial – le camp états-unien – le camp de l’Euroland allié au camp américain jusqu’au 8 décembre dernier et dont il tente dorénavant de s’éloigner pour ne pas couler avec le dollar plombé – et le camp chinois, la superpuissance industrielle montante à laquelle sont associées l’Iran, la Syrie et la Russie.

Un expert affirme que ce que nous décrivons ci-haut : « ce modèle militaire mondial du Pentagone en est un de conquête du monde » (9). Les États-Unis n’envisagent nullement de conquérir le monde. Leur puissance technico-militaire est énorme mais leur capacité militaire conventionnelle – humaine – est bien en-deçà de telles ambitions. Les Américains souhaitent simplement détruire les infrastructures urbaines, les infrastructures portuaires et les raffineries iraniennes de façon à punir ce pays pour sa dissidence ; faire un exemple auprès de tous les autres pays en voie de développement qui caressent des rêves d’indépendance nationale.

Les États-Unis ne cherchent pas à s’emparer du pétrole iranien, ils en seraient bien incapables puisqu’ils ne songent nullement à débarquer des détachements de Marines et à s’installer à Téhéran. Quand on est impuissant à mater les talibans afghans, on ne songe même pas à occuper l’Iran.

Les États-Unis cherchent plutôt à provoquer une crise économique, financière, monétaire mondiale qui frappera toutes les puissances impérialistes, dépréciera leurs monnaies (le Yuan et l’Euro – le Dollar, lui s’en va déjà à vau-l’eau) et les rendront dépendantes des marchés boursiers et des ressources énergétiques du monde anglo-saxon (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada) où la valeur des entreprises pétrolières s’élèvera de façon vertigineuse en même temps que la valeur de l’or noir (Golfe du Mexique, Alaska, Sables bitumineux de l’Alberta et Mer du Nord).

Ce coup de « poker » démentiel et meurtrier ne provoquera pas la ‘troisième guerre mondiale’ – les deux autres blocs impérialistes concurrents ne sont pas encore prêts à engager un affrontement militaire contre la superpuissance nucléaire américaine représentant la moitié des dépenses militaires de la planète (10).

Les peuples du monde souffriront énormément de cette crise économique profonde accompagnée d’une inflation importante, d’une hausse du chômage déjà catastrophique, d’une déprime boursière, de l’effondrement des hedge funds et des caisses de retraite des travailleurs ; cette crise enclenchera des soulèvements ouvriers, des grèves et des occupations d’usines jalonneront la guerre de classe – travail contre capital – sur le front économique que les opportunistes petits-bourgeois auront mission de liquider en proposant divers slogans réformistes pour sauver le système capitaliste.

L’attaque américano-israélienne contre l’Iran n’aura pas lieu en 2012 – année d’élection américaine. Le sort de la Syrie doit d’abord être tranché ; pour Méphisto Obama et pour le Minotaure Netanyahu rien ne presse. Après l’élection il sera temps d’ouvrir les portes de l’enfer et de libérer les Cerbères des Guerres puniques contemporaines.

Un indice pour ceux qu’il presse de savoir quand cela surviendra : il suffit de compter les grands navires de guerre américains qui mouillent dans le Golfe persique ; quand il n’en restera plus aucun, le combat de l’Armageddon tonnera dans la fournaise persane.

Robert Bibeau

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(1) « Déclarations d’Hillary Clinton et du secrétaire à la Défense Leon Panetta : « aucune option n’est écartée ». Panetta a toutefois indiqué qu’« Israël ne devrait pas envisager d’action unilatérale contre l’Iran », tout en soulignant que « toute opération militaire d’Israël contre l’Iran doit être appuyée par les États-Unis et coordonnée avec eux ». (Déclaration de Leon Panetta le 2 décembre au Saban Center, cité dans U.S. Defense Secretary : Iran could get nuclear bomb within a year – Haaretz, 11 décembre 2011. C’est l’auteur qui souligne.).

(2) Il faut souligner toutefois que la flotte de guerre iranienne est chez-elle près des côtes d’Iran alors que la Ve flotte américaine est une intruse à 11 00 kilomètres des côtes américaines. 3.1.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/03/le-bras-de-fer-entre-l-iran-et-l-occident-se-poursuit_1624979_3218.html

(3) Mordechaï Vanunu en entrevue avec Silvia Cattori. 2005. « non seulement on ne s’en prend pas à Israël, mais on aide même ce pays en secret. Il y a une coopération secrète entre Israël et la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Ces pays ont décidé de contribuer à la puissance nucléaire d’Israël afin de faire de ce pays un État colonial, dans le monde arabe. Ils aident Israël, parce qu’ils veulent que ce pays soit à leur service, en tant que pays colonialiste contrôlant le Moyen-Orient, ce qui leur permet de s’emparer des revenus pétroliers et de maintenir les Arabes dans le sous-développement et les conflits fratricides. Telle est la principale raison de cette coopération. ». http://www.silviacattori.net/article2313.html

(4) Michel Chossudovsky 6.1.2012. Mondialisation. « (…) attaque contre l’Iran, mais aussi que cette attaque pourrait inclure l’utilisation d’armes nucléaires tactiques antiblockhaus ayant une capacité explosive allant de trois à six fois celle d’une bombe d’Hiroshima. » http://www.centpapiers.com/l%E2%80%99iran-face-a-une-attaque-a-l%E2%80%99arme-nucleaire-%C2%AB-aucune-option-n%E2%80%99est-ecartee-%C2%BB/91431

(5) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1089606/2010/04/06/Arsenal-nucleaire-americain-sur-terre-mer-ou-ciel-des-ogives-par-milliers.dhtml

(6) La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ? 14.01.2011.  http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112543 et dans cet écrit datant de novembre dernier, Menacer l’Iran préparer l’invasion de la Syrie. 17.11.2011. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724

(7) http://www.voltairenet.org/Les-Etats-Unis-suspendent-leurs et http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201201/09/01-4484169-emirats-un-oleoduc-pour-eviter-le-detroit-dormuz-bientot-operationnel.php

(8) Deux mille douze avant et après ? http://www.centpapiers.com/deux-mille-douze-avant-et-apres/91333

(9) Pierre Khalaf. Guerre au Proche-Orient : anatomie d’une menace. 24.10.2011. http://www.voltairenet.org/Guerre-au-Proche-Orient-anatomie-d

Manlio Dinucci. Les USA ‘tournent’ la page et s’apprêtent à de nouvelles guerres. 7.1.2012. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28526

Le Qatar entre le Canal de Suez et l’axe Le Caire-Téhéran

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Le Qatar entre le Canal de Suez et l’axe Le Caire-Téhéran

Ex: http://www.dedefensa.org/

Oui, que veut le Qatar ? Quelle est sa politique, quel est sont but, quels sont ses buts ? Chaque fois l’on croit avoir compris, que ce minuscule émirat croulant sous des tonnes de $milliards a bel et bien une stratégie, qu’il complote, qu’il sait où il va, qu’il achète tout le monde dans un but si précis qu’il brille comme une montagne d’or. Puis, quelque chose de nouveau surgit, dont on s’avise un peu gêné, qu’il pourrait bien s’agir d’une contradiction. Aujourd’hui, la situation à cet égard a des aspects rocambolesques. Les commentateurs eux-mêmes, et parmi les plus avisés, les plus aptes à manier ou manipuler l’information et le reste dans le sens des interprétations les plus audacieuses, commencent à faire de ces contradictions elles-mêmes, sans plus les dissimuler, et finalement de ce qui constitue le mystère qatari, le sujet de leurs articles. En voici deux exemples édifiants.

• Commençons par quelques observations complètement et ingénument étonnés de Mohammad Hisham Abeih, de As Safir, le quotidien libanais indépendant de gauche, toujours bien informé… Ce 10 janvier 2013, le sujet de l’article de Mohammad Hisham Abeih, c’est la visite Premier ministre du Qatar en Égypte… Et l’article se termine par la même question qui semble l’avoir justifié, – question sans réponse, au début comme à la fin de l’article… «The question remains: What does Qatar want from Egypt other than extended economic power and influence in political decision-making?» Il y a dans l’article diverses précisions sur la puissance d’Al Jazeera et, surtout, la présence massive de Frères Musulmans, spécifiquement égyptiens, dans la rédaction de la TV qatari, ce qui correspond à un curieux renversement de l’influence qatari en Égypte qui est partout affirmée. («Specifically, many leading figures at Al Jazeera news are Brotherhood-affiliated Egyptians. […] In addition, Brotherhood guests and loyalists dominate most of the channel’s programs tackling Egyptian political affairs.») Il y a enfin le compte-rendu un peu étonnant de la conférence de presse du 9 janvier au Caire, avec les deux premiers ministres (égyptien et qatari), où fut chaudement débattu le projet prêté au Qatar d’acquérir sous forme de location pour 99 ans rien de moins que… le Canal de Suez.

«The press conference held yesterday [Jan. 9], after Qatari Prime Minister Hamad bin Jassim Al Thani met with Morsi and Egyptian Prime Minister Hisham Qandil, was heated. Hamad found himself having to respond to questions and accusations regarding Qatar's role in Egypt’s political and economic affairs. He said that “Egypt is too great to be dominated by anyone.” Hamad said that if the right to vote in a parliamentary or presidential election in Egypt was granted to everyone in Qatar, the outcome would not be affected. Hamad was referring to Qatar's small population (1.6 million people including expatriates, compared to 90 million in Egypt).

»However, the impact that Egyptians worry about has absolutely nothing to do with Qatar's population, but with money and influence. It was recently rumored that Qatar intended to acquire the Suez Canal in a gradual deal, beginning with developing the canal and managing a few facilities as a prelude to granting it a concession for a period of 99 years. That is about the same period obtained by French adventurer Ferdinand de Lesseps, who persuaded the governor of Egypt, Muhammad Said Pasha, to develop the canal in the mid-nineteenth century.

»Talk about the Suez Canal was initially brought up by former presidential candidate Ahmed Shafiq at the height of his campaign during the presidential election run-off last June. The issue was dealt with lightly by the Muslim Brotherhood, but resonated within the opposition, especially after multiple visits were made by Qatari officials to Egypt, most notably by Emir Sheikh Hamad bin Khalifa Al Thani and Prime Minister Hamad. There were also rumors that Qatar’s Director of Intelligence Ahmed Bin Thani made a secret visit to Egypt last May, where he allegedly met with Brotherhood leader Mohammed Badie. The group’s denial of the news did not stop its spread.

»So the Qatari prime minister found himself obliged to answer a question about Qatar’s intentions regarding the Suez Canal. He said that all talk about this matter is a mere joke, and that there are no Qatari projects concerning the canal, which he considered to have a special Egyptian heritage.»

• Alors, le Qatar veut-il, d’une certaine façon, acheter l’Égypte ? C’est peut-être ce qu’ont pu croire, en s’en réjouissant, les USA et Israël… Mais voici, sous la forme d’un rapport de DEBKAFiles du 14 janvier 2013, confirmé pour la part qui concerne le voyage d’un émissaire du Pentagone au Caire par certaines rumeurs venues de Washington, un autre son de cloche sous la forme de cette courte phrase : «Both Washington and Jerusalem are baffled by Qatar’s inconsistency…» Dans ce rapport de DEBKAFiles, on y voit le Qatar, ami fidèle des USA abritant le quartier-général de la Vème Flotte, principal soutien des rebelles syriens et donc ennemi juré de l’Iran, apprécié également par Israël, soudain décrit comme entremetteur zélé entre l’Égypte et… l’Iran, tout cela concrétisé par des visites iranienne au Caire, notamment celle, secrète, du chef des Gardiens de la Révolution. Il est vrai que le sous-secrétaire à la défense US pour le renseignement, Michael Vickers, qui venait au Caire au début du mois pour organiser la coopération israélo-égyptienne anti-terroriste dans le Sinaï, s’est heurté au désintérêt le plus complet des Égyptiens, tout entiers mobilisés pour les suites de la visite du général iranien Soleimani en attendant celle du ministre iranien des affaires étrangères, avec la bénédiction du Qatar…

«However, according to our sources, Vickers’ mission to reactivate the Libyan and Sinai fronts against Islamist terror ran into a spirit of non-collaboration in Cairo. He found Egyptian leaders immersed in a process of rapprochement with Tehran brokered by Qatar, and was told that fighting the terrorist networks rampant in Sinai was not exactly convenient at that moment. Instead, they were busy entertaining distinguished Iranian guests. DEBKAfile’s intelligence sources report the first was Revolutionary Guards Al Qods Brigades commander, Gen. Qassem Soleimani, who paid a secret visit to Cairo last month, followed last Wednesday, Jan. 11, by Iran’s Foreign Minister Ali Akhbar Salehi. It seems that President Mohamed Morsi has become a fan of Gen. Soleimani. He was deeply impressed by the feat he masterminded of keeping Syrian ruler Bashar Assad in power against all odds. The Iranian general was invited to Cairo to give Egypt’s Muslim Brotherhood expert advice on keeping their regime safe from internal and external conspiracies.

»Washington was disturbed most of all to discover that Qatar was the live wire which egged Cairo on to open up to friendship with Tehran. The Qataris oiled the works by promising cash-strapped Egypt a long-term loan of $2 billion on top of the first like amount extended last year. Both Washington and Jerusalem are baffled by Qatar’s inconsistency – on the one hand, robustly supporting the Syrian rebellion for the overthrow of Bashar Assad, Tehran’s closest ally, while furthering Iran’s drive to win over Egypt’s Muslim Brotherhood and expand its influence in the Arab world, on the other. How does this square with the new pro-US Sunni Muslim axis including Egypt, Qatar and Turkey, which American diplomats negotiated along with the Gaza ceasefire deal in November? Could Qatar be playing a double game by building a second bloc along with Egypt and Iran?

»Qatar’s motivations are vitally important to Israel because its rulers are already spreading tentacles smoothed by heavy cash infusions deep into the Palestinian power centers of Gaza and the West Bank. By working for détente with Iran, Egypt and Qatar could end up opening the Palestinian back door for Tehran to walk through in both territories. This prospect was behind Prime Minister Binyamin Netanyahu’s recent warnings that Hamas could land with both feet in the West Bank in a matter of days.»

Ainsi, oui, certes, – que veut le Qatar ? Encore plus de savoir si le Qatar joue double jeu, on aimerait savoir quel double jeu joue le Qatar ? Et si ce double jeu n’est pas éventuellement triple ? Et ainsi de suite… Certes, l’“Orient compliqué”, mais lorsque cet “Orient compliqué” s’accompagne des $milliards et de la dialectique en narrative et en boucle du bloc BAO, cette complication, devient ivresse ; et lorsque la sensation est celle d’une situation générale que plus personne le contrôle, où toutes les initiatives sont permises, où plus aucune règle de légitimité, d’autorité internationale ne semble prévaloir ni même s’imposer, l’ivresse devient vertige… Il nous paraît donc inutile de vouloir éventuellement avancer l’amorce d’une esquisse d’explications pour les divers faits rapportés ci-dessus, par rapport à ce que l’on sait des diverses aventures du “printemps arabe” et du Qatar. Il nous suffit de constater que la “politique extérieure” du Qatar tend à se “diversifier” dans le sens du désordre, lequel touche d’bord ceux qui pensaient pouvoir s’appuyer sur sa puissance financière et sa puissance d’influence pour faire progresser certaines causes et certains desseins précis.

Notre appréciation du Qatar, comme on a pu le lire dans nos Notes d’analyse le 23 octobre 2012, est qu’il s’agit d’une puissance absolument créé par le Système… («“Avatar” certes, monstre, avorton, Frankenstein, tout cela va très bien après tout… Avec le Qatar tel qu’il est devenu en 2012 à cause de son rôle dans le Système, nous découvrons une nouvelle sorte d’entité monstrueuse… […] Le Qatar et son aventure constituent effectivement un exemple archétypique de l’activité du Système, avec le Qatar devenu lui-même dans son développement des quelques dernières années une parfaite émanation du Système. La rapidité des changements d’orientation de son destin est remarquable, et mesure la puissance de l’activité du Système et des effets que cette activité engendre.») Dans les mêmes Notes, nous estimions encore, en conclusion à propos du destin du Qatar :

«Sans légitimité et sans autre substance que cette charge de puissance négative et dissolvante qu’est devenu l’argent dans le cadre de l’activisme fou du Système, le Qatar est parvenue au sommet de la courbe de son activité de surpuissance devant laquelle tous les pays du bloc BAO s’inclinent avec respect. Dans la logique même de la dynamique qu’on connaît bien désormais, le processus d’autodestruction ne devrait pas tarder à porter tous ses fruits, et l’on peut d’ores et déjà considérer que les avatars rencontrés par les ambitions syriennes du Qatar en sont les premiers…»

Manifestement, nous étions courts et un peu modestes, notamment en nous cantonnant aux seules affaires syriennes et à leur course éventuellement classique. L’“autodestruction”, dans ce cas, entre dans le cadre de l’évolution du Système lui-même et peut prendre, et prend le plus souvent bien entendu, la forme du désordre ; c’en est même la marque la plus évidente, avec les “vertus” de déstructuration et de dissolution que le désordre charrie avec lui et répand autour de lui… Dans ce cas, effectivement, le plus remarquable dans l’actuelle courbe du Qatar telle qu’elle nous est présentée au travers de ces différents exemples, c’est de voir combien l’avancement de surpuissance de cette entité est de plus en plus marquée par le désordre, avec des initiatives allant dans tous les sens et relevant des appréciations immédiates et des occasions de l’instant, sans souci de cohérence et de cohésion, sans souci du désarroi que tout cela entraîne dans les autres pays, – y compris et surtout, chez les “amis” et les “alliés”.

Le Qatar assume sa surpuissance de création du Système, et la paye par l’absence de légitimité qui est la source conjoncturelle (“conjoncturelle” dans ce cas particulier) du processus d’autodestruction, tout cela produisant effectivement une politique extérieure conquérante et de plus en plus désordonnée, qui finit par entraîner ses meilleurs “amis” et “alliés” dans l’incompréhension et le vertige des initiatives contradictoires. Les autres, ceux qui sont d’abord catalogués selon des jugements un peu sommaires dans la catégorie des “ennemis” et des “vassaux”, comme l’Iran et l’Égypte, peuvent et doivent espérer profiter de certaines opportunités, quand l’occasion s’en présente, lors de soubresauts divers de la politique qatari, comme on le voit avec l’Iran et l’Égypte, mais en gardant à l’esprit la fragilité des processus et en favorisant évidemment leurs propres intérêts. (Dans le cas précis, sur le terme et même très rapidement, il apparaît que, malgré l’actuelle forme des relations, des pays comme l’Égypte et l’Iran, à la légitimité affirmée, ont bien plus de chance de tirer leur épingle du jeu dans ce tourbillon dont le Qatar est le centre et le moteur, que le Qatar lui-même, certes, qui apparaît plus que jamais comme un pion ou une sorte d’électron libre, un agitateur du Système…) Finalement, tout s’inscrit d’une façon logique dans le schéma général de la politique-Système et de ses caractères si extraordinaires, si contradictoires.

dimanche, 13 janvier 2013

Entretien avec Jean-Michel Vernochet

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Entretien avec Jean-Michel Vernochet à propos de son livre «Iran, la destruction nécessaire»

Propos recueillis par Francis Ros

Ex: http://www.mecanopolis.org/

L’Iran doit être « détruit » : en tant que théocratie nationalitaire il est voué à être « normalisé »… En tête des agendas politiques, l’inscription volontariste de l’Iran au rang des démocraties libérales est donc à l’ordre du jour… Car l’Iran est appelé, volen nolens, à se fondre dans le grand chaudron des sociétés éclatées dans lesquelles la segmentation du marchés atteint son paroxysme (minorités ethniques, confessionnelles, sectaires et sexuelles, femmes, jeunes, enfants, la publicité s’adressant à ces derniers dès l’âge de deux ans, l’âge de leur scolarisation précoce…) afin de pouvoir pleinement être intégré au marché unique, autrement dit le « système-monde ».

Francis Ros – L’armée hébreu vient de mettre fin précipitamment à ses bombardements de la bande de Gaza, quant au ministre de la Défense, Ehoud Barak, celui-ci vient de faire valoir ses droits à la retraite. N’est-ce pas le signe d’un net reflux des ambitions expansionnistes d’Israël et donc d’un renoncement implicite à toute agression contre l’Iran ?

JMV. Regardons les choses en face. Gaza a été pilonnée, l’aviation et les drones israéliens ont y semé la mort et la désolation. Certes, l’escalade s’est arrêtée assez vite, mais qui est nommément désigné comme le premier responsable de ces tragiques événements ? Téhéran ! M. Fabius, ci-devant ministre des Affaires étrangères ne s’est pas gêné pour accuser l’Iran, « ce pelé, ce galeux d’où nous vient tout le mal » [Les Animaux malades de la peste] de « porter une lourde responsabilité dans l’affaire de la bande de Gaza », ceci en ayant notamment fourni des « armes à longue portée au Hamas ». M. Fabius étant particulièrement déconnecté, comme la plupart des énarques, ne connaît apparemment pas le sens du couple de mots « longue portée »… mais l’expression fait « riche ». Ainsi s’est-il répandu le 22 novembre sur Radio Monte-Carlo et BFMTV où il a désigné la cible ultime : « L’Iran est indirectement impliqué dans plusieurs conflits graves dans cette région… les missiles à longue portée de 950 kg qui peuvent atteindre le centre d’Israël et les villes du sud du pays sont fournis par l’Iran ». Des missiles qui n’ont causé au demeurant aucune victime dans le centre d’Eretz Israël malgré leur supposée formidable létalité ! A contrario nombreux ont été à Gaza les morts et les blessés dus à des bombes réputées « intelligentes » ! Bref, l’arrêt de l’offensive sur Gaza, la démission (ou l’éviction) d’Ehoud Barak ne changent rien sur le fond. Certains vont même jusqu’à se demander si les « rats » ne se mettraient pas à quitter le navire, surpris qu’ils sont par une annonce intervenant cinq jours après la fin de l’opération « Colonne de nuées » autrement nommée en français « Pilier de Défense ». Certes l’actuel ministre israélien de la Défense, ancien premier ministre de 1999 à 2001, militaire le plus décoré du pays qui en janvier 2011 a tourné le dos au Parti travailliste pour rallier le cabinet de Benyamin Netanyahou, était considéré jusqu’à ce lundi 26 novembre comme le numéro 2 du gouvernement… âgé de soixante-dix ans il ne quittera cependant pas ses fonctions d’ici les élections législatives du 22 janvier 2013. Mais il est encore trop tôt pour savoir ce que cache ou dissimule ce départ impromptu… de graves désaccords au sommet de l’État hébreu à n’en pas douter et des révisions politiques – forcément « déchirantes » imposées de l’extérieur ou par l’effet d’un simple « retour au réel » ? La question se pose : Israël a-t-il trop présumé de ses forces ? Ses méfaits et son hybris ne sont-ils pas en train de le rattraper ? Désormais la coupe est-elle pleine ? Reste que nous pouvons compter sur le Likoud, génétiquement parlant, et sur ses épigones néoconservateurs de Washington, pour ne pas savoir ni ne vouloir s’arrêter à temps.

Au cours de cette dernière crise, MM. Obama et Fabius n’ont au demeurant ni lâché ni désavoué Israël et son gouvernement, le Likoud. J’en déduis que cet arrêt du pilonnage aérien de Gaza, n’est en réalité qu’une sorte de « repli tactique » et que cela ne change en rien – au moins pour l’instant – quant à l’agenda occidentaliste visant à un remodelage en profondeur du Proche-Orient, Syrie, Liban, Iran… Même si nous nous plaçons dans la perspective encore lointaine d’une autosuffisance énergétique de l’Amérique du Nord grâce au gaz de schiste. Les enjeux énergétiques liés à la bataille de Syrie ou au littoral gazaoui – lequel jouxte la partie méridionale du « Léviathan », poche de gaz super géante dont Israël entend bien s’approprier la totalité – ne sont qu’une dimension du projet occidentaliste de reconfiguration de l’aire islamique. Un projet auquel l’Administration américaine n’est pas prête à renoncer, qu’elle soit « démocrate » ou « républicaine ». Trop d’efforts et de moyens ont été déjà consentis en ce sens, la guerre de Syrie est coûteuse en termes diplomatiques, le mouvement est amorcé, la coalition euratlantiste ne reviendra plus en arrière. Même si M. Obama, en raison de restrictions budgétaires, réduit la voilure le cap sera maintenu contre vents et marées.

Syrie, Liban, Iran, ces trois pays constitutifs de l’arc chiite – l’Irak peinant durement à se reconstruire – doivent être et seront brisés sauf circonstances exceptionnelles. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe aucune dissension au sein des états-majors politiques et militaires à Washington et Tel-Aviv. Paris comptant pour du beurre, les états d’âme des exécutants n’entrant en effet pas en ligne de compte ! Désaccords, non pas sur les objectifs à atteindre – la nécessaire destruction d’un Iran souverain fait l’unanimité – mais sur les moyens d’y parvenir et le calendrier : la force brutale préconisée par le Likoud et les Néoconservateurs, ou encore l’usure et la ruse, les manœuvres indirectes, la guerre subversive ou les révolutions internes !

Depuis des années, surtout ces derniers mois nous voyons les nuées monter sur l’horizon. Les orages ont rarement pour habitude de faire demi-tour… de même les machines infernales, une fois le mécanisme enclenché. L’Iran est voué à la destruction… sauf capitulation en rase campagne de ses élites dirigeantes. À ce titre il est vrai que des élections présidentielles auront lieu en Iran en juin 2013. Rien n’indique cependant que les nouveaux dirigeants pourraient réorienter – du tout au tout – l’actuelle politique de la République islamique, ni, que de l’autre côté M. Obama veuille se déjuger en acceptant de négocier directement avec la théocratie parlementaire iranienne.

FR – Mais pourquoi au final l’Occident est-il si acharné contre l’Iran ? Le nucléaire est-il la seule ou la vraie raison ?

JMV – Le nucléaire n’est de tout évidence qu’un prétexte. Une grosse ficelle du même genre que les « armes de destruction massive » qui ont servi à tétaniser les opinions publiques occidentales et à lancer la croisade pour la démocratie en et contre l’Irak. Le 14 novembre dernier « Le Parisien » nous expliquait doctement que « selon les experts internationaux, le programme iranien se poursuit lentement mais sûrement malgré les sanctions économiques qui étranglent le pays. C’est une question de mois pour que Téhéran parvienne à ses fins », analyse un diplomate français. « Chaque jour qui passe nous rapproche peut-être d’une issue dramatique ». Observons que nul ne sait précisément qui sont « les experts internationaux » ni qui est le « diplomate français » ici mentionné. Tout cela n’est pas sérieux, mais c’est à l’image de ce que nous serinent quotidiennement grands et petits médias : une menace croît à l’Est qui est en passe de se muer en danger imminent. Conclusion : l’intervention est inéluctable. Répété mois après moi, semaines après semaines, années après années ce type de discours apparaît comme une fatalité et plus encore, comme une nécessité. La raison désarme devant tant de constance et d’énergie dans le prêche du malheur… et parce que dans nos magnifiques démocraties le peuple – de toutes façons désinformé à mort – n’est jamais consulté pour ce qui engage son avenir, l’opinion subit et accepte, toujours et encore. Et que pourrait-elle faire d’autre puisqu’elle ne dispose d’aucun choix alternatif possible ? Chacun sait pourtant que la possession d’une ou plusieurs têtes nucléaires ne feraient pas de l’Iran un adversaire redoutable face aux deux ou trois cents vecteurs de mort atomique que déploie Israël. Au fond, tout cela serait risible si ce n’était atrocement tragique. N’est-ce pas M. Rocard, l’ancien Premier ministre, qui, transverbéré par un trait de lucidité – mais à moitié goguenard et satisfait de lui-même comme seuls savent l’être les « égrotants » – s’exprimait ce dernier printemps en ces termes [[Libération 2 mars 2012] : « Nous avons une stratégie américano-anglaise… de torpiller toute possibilité de discuter sérieusement avec les Iraniens. Et même de faire un peu de provoc de temps en temps. Comme s’il s’agissait de préparer une situation de tolérance rendant acceptable une frappe israélienne. Dans cette hypothèse, la guerre devient une guerre irano-syrienne soutenue par la Chine et la Russie, comme on le voit à l’Onu, contre en gros l’Occident et ses clients. Et l’Europe se tait. C’est une affaire à millions de morts, l’hypothèse étant que ça commence nucléaire. Je connais bien ces dossiers et je n’ai jamais eu aussi peur. Nos diplomates ont perdu l’habitude de traiter des situations de cette ampleur et tous nos politiques jouent à se faire plaisir avec des satisfactions de campagne électorale. Ce qui est nouveau, c’est l’intensité des dangers par rapport à un état d’esprit futile. Autre nouveauté, ces dangers sont extérieurs, résolument mondiaux. Il n’y a que l’Amérique latine et l’Australie pour avoir une chance d’y échapper. Aucun grand pays, même la Chine ou les États-Unis, n’y peut quelque chose à lui tout seul. Il n’y a de réponse que dans une consultation mondiale attentive dont tout le monde se moque… Ça me rend malade ». L’agneau de la fable – innocent ou pas, là n’est pas la question – face au loup dominateur et sûr de lui, est forcément perdant : le premier démuni pollue l’eau du maître des lieux, l’autre manie la rhétorique sans appel du dominant. Iran/État-Unis, toutes proportions gardées, le schéma est à l’identique avec à l’arrivée, sans doute, le même résultat.

FR – Mais quels intérêts l’Iran menace-t-il concrètement ?

JMV – L’Iran ne menace personne mais barre le passage à une foultitude d’intérêts. Comme déjà dit, il ne faut pas réduire comme cela a été fait pour l’Irak, la question à sa seule dimension géoénergétique. Pour faire court disons qu’un processus d’unification global du Marché est en court et que l’Iran y fait obstacle. Après tout, il s’agit d’un pays où les prêts financiers taux usuraires sont interdits cela seul constitue un casus belli pour les potentats de la Finance mais pour tout le système. Où l’Iran se soumet, accepte sa conversion aux dogmes du Monothéisme du Marché, ou bien doit se résoudre à se voir effacé de la Carte du Temps. À prendre ou à laisser. Sauf miracle, révolutions, effondrement des nations occidentales sous l’effet de la crise systémique…

FR – Quelles sont, à votre avis, les issues possibles ? La guerre est-elle inéluctable ou encore évitable?

JMV – Obama veut ou voudrait temporiser. Sa préférence va aux stratégies indirectes, entre autres la subversion, l’étranglement par les sanctions, les révoltes populaires encouragées et soutenues de l’extérieur. Et cela marche. Les sanctions commencent à mettre l’Iran à genoux. Le peuple souffre. Les gens du Département d’État et les adeptes du smart power – le gros bâton subtil – comptent à ce titre sur un soulèvement de la population. De ce point de vue, pour le Département d’État, le président Ahmadinejad est devenu un personnage « contingent ». Il n’est plus le paramètre central. Les prochaines élections présidentielles pourraient en effet conduire à la tête des personnalités plus dures voire plus intransigeantes que l’actuel président. En tout cas, les stratèges de la terreur veulent d’abord priver l’Iran de ses bases avancées : celles du Liban, c’est-à-dire le Hezbollah ; de Syrie contre laquelle les coups de boutoirs se multiplient. En un mot, il s’agirait de ne pas aller trop vite en besogne, d’assurer les arrières, de déblayer le terrain et de faire le ménage avant de s’attaquer au sanctuaire iranien. Les autres, les faucons, veulent fondre sur la proie sûrs qu’ils sont de l’écraser sous leurs bombes en raison de leur infernale supériorité ; à savoir une maîtrise absolu des mers, de l’air et de l’espace… des espaces devrait-on dire puisqu’outre l’espace extra atmosphérique il est désormais question de guerre à outrance dans le cyberespace. Or les Occidentalistes sont déjà allés top loin. Ils n’ont d’ailleurs pas pour habitude de reculer. La Syrie mise à feu et à sang est un bon exemple de la détermination du camp israélo-américain, de leurs alliés, commensaux et satellites. Ils iront donc jusqu’au bout. Sauf que nul n’est vraiment assuré du résultat. Une victoire militaire coûtera de toutes façons cher, même si ce n’est pas à court terme. Car nul ne peut impunément et indéfiniment défier voire mépriser une communauté internationale en pleine mutation… Communauté des nations à présent traversée par les courants invisibles d’une information non filtrée véhiculée par la Toile. Dans l’actuel contexte de crise systémique, personne ne peut exclure non plus des révoltes en Europe et aux États-Unis. Une hypothèse qui devient chaque jour de moins en moins absurde pour ne pas dire de moins en moins « improbable ». L’hybris des maîtres du monde est telle qu’ils croient encore pouvoir contenir ou canaliser des mouvements populaires de grande ampleur. L’histoire certes se répète souvent, mais c’est refuser de tenir un compte exact des transformations sociétales en cours ou déjà accomplies. L’intelligence et la culture des dirigeants occidentaux promus par le cirque médiatique et le bastingue démocratique, ne sont plus à la hauteur des défis actuels. Sur ce point nous sommes entièrement d’accord avec Michel Rocard. Mais pas pour les mêmes raisons. En vérité, sauf miracle, nous irons à l’abîme parce que ces gens veulent y aller et ont décidé de nous y emmener avec eux, assurés qu’ils sont de n’avoir pas à payer le prix du sang versé. Le sang des autres, bien entendu.

Entretien conduit pour Geopolintel par Francis Ros

« Iran, la destruction nécessaire » peut-être directement commandé chez l’éditeur Xénia

jeudi, 20 décembre 2012

REFLEXIONS SUR LA SYRIE ET L'IRAN

REFLEXIONS SUR LA SYRIE ET L'IRAN

Méridien Zéro vous propose d'écouter la conférence donnée récemment par Robert Steuckers à nos camarades du Cercle Non Conforme. Cette conférence porte sur l'histoire et l'actualité géo-politique de la Syrie et de l'Iran.

Enregistrement et montage réalisés par Lord Igor et Wilsdorf.

robert steuckers, syrie, iran, conflit, islam

Pour écouter: http://www.meridien-zero.com/archive/2012/12/14/emission-n-123-reflexions-sur-la-syrie-et-l-iran.html

mardi, 27 novembre 2012

Le retour du dauphin d’Ahmadinedjad

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Ferdinando CALDA:

Le retour du dauphin d’Ahmadinedjad

 

Mashai sera probablement candidat aux présidentielles iraniennes de 2013: les conservateurs sont furieux et évoquent, avec la même rage que les médias occidentaux, l’installation en Iran, d’un “modèle de transition poutinien”.

 

“Ils ne pourront pas empêcher ma candidature aux prochaines présidentielles. Je poursuivrai sur la route qui est le mienne sans faire le moindre compromis, même au prix de ma propre vie”. C’est par cet appel, véritable cri du coeur, qu’Esfandiar Rahim Mashai, bras droit du président iranien Mahmoud Ahmadinedjad, a annoncé son intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, prévues pour juin 2013. Cette déclaration aurait été prononcée peu avant la mi-novembre 2012 à Téhéran mais elle n’aurait filtré dans les médias que le 16 ou le 17, suite à des notes affichées sur les sites d’information iraniens, comme les philo-conservateurs “Tabnak” et “Nimruz”. Ces déclarations incendiaires du dauphin d’Ahmadinedjad —qui pourront sans doute être démenties prochainement— s’inscrivent dans un climat politique plutôt tendu, où le président et son équipe sont depuis longtemps déjà la cible des critiques conservatrices, venues des milieux proches du “Guide Suprême”, Ali Khamenei. Ce dernier a pris Mashai dans le collimateur parce que le dauphin du Président déploie une rhétorique nationaliste et prend des positions considérées comme étant à la limite de l’”hérésie”. Le “Guide Suprême” se montre surtout irrité par la thèse de Mashai qui évoque le prochain retour du Douzième Imam de la tradition chiite, un “Messie” qui, de fait, mettrait un terme à la légitimité même du “Guide Suprême” en tant que chef spirituel (et politique).

 

Dans le passé, l’évocation d’une possible candidature de Mashai aux présidentielles iraniennes avait déjà déchaîné de vives protestations dans les rangs des conservateurs partisans du “Guide”, qui avaient accusé Ahmadinedjad (qui, légalement, ne peut pas se représenter pour un troisième mandat consécutif) de vouloir instituer en Iran un “modèle poutinien” afin de se maintenir au pouvoir. La présidence avait toujours démenti, jusqu’ici, la candidature de Mashai mais les partisans d’Ahmadinedjad feraient pression pour que cette candidature soit effective car ils sont désormais convaincus qu’au cours de ces deux dernières années, le bras droit du Président a bien résussi à obtenir une sorte de consensus dans de vastes strates de la population iranienne, surtout les plus humbles, grâce à ses prises de position nationalistes et “laïques”.

 

Entretemps toutefois le poids politique d’Ahmadinedjad s’est réduit dans le pays suite aux coups que lui ont porté les élites conservatrices, la hiérarchie des mollahs et la magistrature. Traditionnellement proches des courants conservateurs, les juges, ces derniers temps, ont littéralement harcelé les collaborateurs du Président. Parmi les dernières embuches mises en place par la magistrature conservatrice, citons notamment l’arrestation, fin septembre 2012, d’Ali Akbar Javanfekr, directeur de l’agence de presse “Irna” et conseiller d’Ahmadinedjad.

 

Arrestations, attaques en règle perpétrées par des clercs, confrontations avec le “Guide Suprême”, sanctions internationales et actes politiques jugés trop ambitieux ou trop risqués (tant en politique intérieure qu’en politique extérieure) ont mit en péril le pouvoir d’Ahmadinedjad. A cause de l’inflation galopante, au début de la troisième semaine de novembre 2012, le Parlement iranien a bloqué, du moins jusqu’au printemps prochain, la réforme des subsides accordés par l’Etat pour l’alimentation et l’énergie, alors qu’Ahmadinedjad désirait ardemment que passe cette réforme. Le blocage de la réforme a pourtant été approuvé par 183 voix favorables; 4 voix s’y sont opposé et il y a eu 20 abstentions.

 

Ferdinando CALDA.

( f.calda@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, 17 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

 

Quels sont les autres candidats à la présidence en Iran?

 

A quelques mois des prochaines élections présidentielles iraniennes, on ne connait pas encore les candidats officiels. Selon des sondages récents publiés dans le quotidien “Iran” (et qui restent à vérifier), le bras droit d’Ahmadinedjad, Esfandiar Rahim Mashai bénéficierait d’un bon appui au sein de la population (35%). Après lui, on aurait l’ancien président réformiste Seyyed Mohammed Khatami, qui fut à la tête du gouvernement iranien entre 1997 et 2005. Malgré les pressions des milieux politiques réformistes, il ne semble pas que Khatami ait l’intention de se présenter. Chez les conservateurs, en revanche, le consensus semble s’être fait autour de la personne de l’actuel maire de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf. D’autres noms sont parfois évoqués comme celui du président du Parlement Ali Larijani, chef de file du mouvement qui soutient aujourd’hui Khamenei et mène toutes les campagnes contre l’entourage d’Ahmadinedjad (F.C.).

mercredi, 21 novembre 2012

Londres refuse de prêter ses bases aux Etats-Unis

Ferdinando CALDA:

Londres refuse de prêter ses bases aux Etats-Unis pour toutes opérations contre l’Iran

 

Le gouvernement britannique se souvient de ses déboires irakiens: il sait désormais que toute attaque préventive viole le droit international

 

xin_58030224084311104011.jpgLondres vient de rejeter le requête de Washington: les Etats-Unis ne pourront pas utiliser les bases militaires britanniques pour d’éventuelles actions contre l’Iran. Les Britanniques avancent pour argument que toute attaque préventive contre Téhéran constituerait une violation du droit international, vu que la République Islamique ne représente pas, ajoutent-ils, une “menace claire et immédiate”. C’est du moins ce qu’écrit le “Guardian”, qui cite des sources gouvernementales britanniques. Selon le célèbre quotidien, Washington aurait demandé à pouvoir utiliser les bases militaires britanniques de Chypre, celles de l’Ile de l’Ascension (au milieu de l’Atlantique) et de Diego Garcia dans l’Océan Indien. A la suite de cette requête américaine, Londres aurait commandé une sorte d’audit légal au Procureur général du Royaume, puis à Downing Street, au Foreign Office et au ministère de la Défense. “La Grande-Bretagne violerait le droit international si elle venait en aide à une opération qui équivaudrait à une attaque préventive contre l’Iran”, a déclaré un haut fonctionnaire britannique au “Guardian”; et il ajoute: “le gouvernement a utilisé cet argument pour rejeter les demandes américaines”.

 

D’autres sources ont souligné que la requête des Etats-Unis n’était pas formelle mais qu’elle constituait toutefois un signal, annonçant un conflit imminent. Il s’agirait plutôt de sonder les positions du gouvernement britannique. La réponse de Londres a certainement fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. L’une des sources du “Guardian” aurait par ailleurs déclaré: “Je crois que les Etats-Unis ont été assez surpris que les ministres (britanniques) se soient montrés si réticents à donner anticipativement les garanties nécessaires pour ce type d’assistance”. Et cette source explique: “On aurait pu s’attendre à ce que l’opposition vienne des libéraux-démocrates seulement mais elle a trouvé des voix chez les conservateurs également”.

 

Comme le note encore le “Guardian” dans un autre article, l’opposition du gouvernement britannique à accorder son appui inconditionnel au renforcement de la présence militaire américaine dans la région du Golfe Persique montre clairement que les leçons tirées de la guerre d’Irak de 2003 sont encore très présentes dans les esprits à Londres. A cause de l’appui qu’il avait apporté à l’invasion américaine de l’Irak, l’ancien premier ministre Tony Blair avait dû rendre des comptes devant les juges pour avoir répété les bobards quant aux “armes de destruction massive” de Saddam Hussein. Cette fois, souligne le “Guardian”, la Grande-Bretagne a pris des positions claires: elle n’accordera aucun blanc-seing et prendra ses décisions en toute autonomie quand il s’agira de distinguer ce qui est légal de ce qui ne l’est pas.

 

Cela ne signifie pas pour autant qu’il existe des différences substantielles entre les vues adoptées à Londres et à Washington sur le dossier iranien. Ni sur la nécessité ou l’opportunité d’une intervention militaire. Tant les commandants militaires américains que leurs homologues britanniques, ainsi que les Israéliens et les Iraniens, sont tous convaincus qu’une action militaire, quelle qu’elle soit, aura des conséquences dangereuses dans toute la zone (et même au-delà) et risquerait bien de se révéler contre-productive: Téhéran ne renoncera pas pour autant à son programme nucléaire. Personne cependant n’ose courir le risque de se retrouver impréparé au cas où la situation dégénèrerait. Pour ce qui concerne les Britanniques, il n’y a qu’une dizaine des bâtiments de la marine royale qui croisent actuellement dans le Golfe Persique, y compris un sous-marin nucléaire.

 

La principale inconnue, pour le moment, reste les actions menées par Israël, où, depuis quelques mois, le gouvernement de Benjamin Netanyahu jette constamment de l’huile sur le feu et vicie le climat déjà fort tendu par sa rhétorique tissée de menaces. Depuis les présidentielles américaines, les analystes prévoient une nouvelle série d’initiatives diplomatiques mais aussi que tout nouvel échec (que l’on escompte pourtant pas...) donnerait prétexte aux Israéliens de frapper l’Iran. Et là, si l’Iran riposte en focalisant ses tirs de manière proportionnée sur Israël seul, Washington et ses alliés pourrait difficilement justifier une intervention militaire contre l’Iran devant le droit international. Tant Obama que Romney, les deux candidats à la présidence, ont, pendant la campagne électorale, assuré leur soutien total à Israël en cas d’attaque iranienne. Mais Londres, qui se souvient de ses déboires irakiens, pourrait éprouver des réticences à violer une fois de plus les règles du droit international.

 

Ferdinando CALDA.

( f.calda@rinascita.eu ; articla paru dans “Rinascita”, 27 octobre 2012; http://rinascita.eu/ ).

mardi, 20 novembre 2012

Le Shâhnâmeh ou Livre des Rois de Ferdowsi

Le Shâhnâmeh ou Livre des Rois de Ferdowsi

par Arefeh Hedajazi

Ex: http://mediabenews.wordpress.be/

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Abolghâssem Hassan ben Ali Ferdowsi, grand maître de la langue persane, fut une personnalité aussi légendaire que ses héros. Du jeune noble, lettré et bien élevé, qui décide de transcrire sous forme d’un immense ouvrage épique les légendes et les mythes de l’ancienne Perse, au vieux sage usé et fatigué qui, vers la fin de sa vie, nous conte les tourments de son âme en peine, l’itinéraire de ce héros inclassable et obstiné est unique. Il fut noble dehghân, poète de cour, satiriste, chef de file du mouvement sho’oubbieh et surtout, l’auteur du Shâhnâmeh ou Livre des Rois, recueil épique de 120 000 vers, où l’histoire de l’Iran ancien rejoint celle des autres civilisations antiques. Même si, pour les persanophones du monde entier, Ferdowsi est non seulement un poète, mais il constitue également un patrimoine personnel destiné à chaque membre de cette communauté. La vie de ce maître est, telle celles de ses héros, entourée de légendes et de mystères qui ne donnent que plus de valeur à la place qu’il tient unanimement dans le cœur de tout iranien.

Dans la traduction arabe du Shâhnâmeh réalisée par Albandâri datant approximativement de l’année 1223, le nom de Ferdowsi est « Mansour ben Hassan ». Il apparaît ailleurs sous le nom de « Hassan ben Ali » ou  » Hassan ben Eshagh Sharafshâh ». Pour les chercheurs, c’est la version de la traduction arabe du Livre des Rois par Albandâri qui paraît la plus probable. Son patronyme « Abolghâssem Ferdowsi » est quant à lui unanimement accepté et il n’existe pas de doute au sujet de son exactitude.

Ferdowsi est né à Baj dans la région de Touss. La date précise de sa naissance est inconnue mais les divers recoupements permettent de croire qu’il est né en 940 ou 941. De ses études, on ne sait pas grand-chose mais il connaissait certainement la littérature persane et arabe. Certains pensent que Ferdowsi aurait pu être zoroastrien. C’est une idée totalement fausse. Comme toujours avec les auteurs, le meilleur moyen de connaitre exactement leur biographie est de prendre en compte ce qu’ils en ont dit dans leurs œuvres. D’après les biographes officiels et Ferdowsi lui-même, il était musulman chiite, d’une optique proche de celle des Mo’tazzelleh. C’est ce que dit également Nezâmi Arouzi dans ses Quatre Articles. Ferdowsi présente son chiisme dans l’introduction du Shâhnâmeh :

Tu ne verras point de tes deux yeux le Créateur

Ne les fatigue donc point à Le voir

Par ailleurs, dans beaucoup d’autres vers, il loue l’Imam Ali et c’est dans son Hajvnâmeh, recueil satirique, qu’il montre le plus franchement son appartenance au chiisme. D’autre part, Ferdowsi s’est toujours montré fidèle à ses idéaux et son patriotisme ne doit pas être pris pour une tendance zoroastrienne. Le Maître de Touss était monothéiste, et en de très nombreux endroits de son Livre des Rois, il loue Dieu l’unique et parle de Son Unicité et de Son Immatérialité. Sa plus célèbre louange est celle qui introduit

le Shâhnâmeh :

Tu es le haut et le bas de ce monde

Je ne sais point ce que Tu es,

Tu es tout ce que Tu es.

Ferdowsi était noble et descendait d’une très vieille famille de propriétaires terriens. Cette naissance et cette situation familiale jouèrent sans aucun doute un rôle important dans la formation du jeune Ferdowsi. Premièrement car en tant que noble persan, il s’était familiarisé très jeune avec l’histoire mythique de l’Iran antique. Il est intéressant de noter qu’en la matière, Ferdowsi n’est que le digne héritier des Khorâssânis : quand les Arabes musulmans envahirent l’Iran en l’an 641, toute la cour sassanide, ainsi que les grands administrateurs de cet empire immense se réfugièrent dans la région du Khorâssân, qui comprenait également à cette époque une partie de la Transoxiane. C’est pourquoi, après l’arabisation forcée de la culture iranienne qui ne s’est pas fait sans résistance, ainsi qu’avec la politique de discrimination raciale mise en œuvre par les califes omeyyades, la région du Khorâssân, géographiquement la plus lointaine de la capitale du califat, devint le centre de la résistance iranienne culturelle, religieuse et même militaire et politique. Ce d’autant plus que le Khorâssân était, dès avant l’islam, une satrapie particulièrement importante étant donné qu’elle avoisinait les tribus nomades et très peu civilisées de l’Asie centrale et que par conséquent, les habitants avaient depuis très longtemps un patriotisme à la limite du chauvinisme qui ne fit que s’exacerber avec les exactions arabes. Après l’invasion arabe et la migration de l’élite sassanide, qui parlait une langue noble, le dari, c’est-à-dire la langue du « darbar » (la cour), cette province devint le bastion des défenseurs de l’identité persane, symbolisée par le dari. C’est par la voie de cette langue, qui se répandit rapidement et perdit son statut de langue privilégiée, que les légendes et les mythes de l’ancienne Perse, rassemblés dans des textes religieux tels que le Khodâynamak ou « Le Livre divin », ou dans des semi biographies narrant l’histoire des rois perses, telles que les multiples Tâj namak ou « Livre des couronnes », commencèrent à circuler, narrés par les conteurs ambulants ou sous forme de contes pour enfants. C’est pourquoi Ferdowsi le Tousssi, pur enfant du Khorâssân, connaissait, comme tous les habitants de cette région, les mythes de l’Iran préislamique.

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Siyâvosh et Afrâsiyâb sur le terrain de chasse, artiste inconnu, Shâhnâmeh du Shâh Esmâïli, 1564

Il est d’ailleurs intéressant de souligner ici le rôle des vieilles familles patriciennes de propriétaires terriens, les « dehghâns », d’où était issu Ferdowsi, dans la préservation du patrimoine littéraire et culturel persan. En effet, lors des premiers siècles de l’histoire de l’Iran islamique, à l’époque où la politique d’arabisation des Ajams ou adorateurs de feu qu’étaient les Iraniens au regard des Arabes était appliquée par les califes avec la plus grande rigueur, ce furent ces familles qui, beaucoup plus que les rois, furent les mécènes des artistes persans et les protecteurs du patrimoine culturel iranien.

L’autre importance qu’eût le statut familial de Ferdowsi dans la rédaction de son livre fut l’aspect financier. En tant que propriétaire, Ferdowsi vécut et travailla son ouvrage magistral sur ses terres sans être inquiété par la nécessité d’avoir un emploi. Il est vrai que trente-cinq après le commencement de la rédaction du Livre des Rois, le poète n’était plus qu’un octogénaire fatigué et appauvri, ayant perdu ses terres, sa fortune engloutie par son œuvre, qui cherchait un mécène.

La rédaction du Shâhnâmeh

C’est vraisemblablement dès avant la mort de Daghighi, son prédécesseur dans la rédaction du Shâhnâmeh, que Ferdowsi a commencé à versifier les mythes anciens. Semblable en cela en la plupart des poètes du Xème siècle, Daghighi est un poète très peu connu. La plupart des auteurs de cette période ne sont connus qu’à travers les œuvres des autres écrivains ou de par quelques rares vers qui nous sont parvenus à travers les anthologies. De Daghighi, l’on sait qu’il fut poète lyrique, qu’il vécut à la cour des Ghaznavides et qu’il était très talentueux, au point d’en être célèbre dans cette cour pourtant si riche en poètes. Grâce à son talent, Daghighi était capable de manier tous les genres et de jongler avec tous les styles. C’est pourquoi, quand en poète Khorassani, il décida comme tant d’autres avant lui, de mettre en vers les mythes de la Perse, il put, comme il l’avait fait en tant qu’auteur lyrique, impressionner en tant que poète épique dans son Gashtasbnâmeh. Mais Daghighi avait un mauvais caractère, querelleur et belliqueux. Ses contemporains poètes ont préféré garder le silence à ce sujet ou se sont cantonné à y faire allusion. Ferdowsi dit de lui que, malgré sa jeunesse, ses dons et son talent, il avait le mal en lui et que c’est de par sa propre faute qu’il perdit la vie. En effet, Daghighi mourut jeune, tué par son esclave, alors qu’il avait à peine rédigé cinq cents distiques de son Gashtasbnâmeh.

C’est probablement la mort de Daghighi, qui n’avait qu’à peine eu le temps d’entreprendre sa compilation des mythes de l’Iran antique, qui provoqua chez Ferdowsi le désir de continuer cette compilation. D’après les divers recoupements, on a estimé que le travail de la rédaction du Shâhnâmeh fut définitivement entamée entre les années 980 et 982, à une époque très troublée par les dissensions qui opposaient les trois héritiers du gouverneur de Khorâssân, et les escarmouches ravageuses qui opposaient les armées du roi samanide à celle du roi bouyide, que Ferdowsi évoque dans son ouvrage. Autre indice, Ferdowsi fait également état d’une famine violente l’année où il termina la version première du Livre des Rois ; d’après un historien du XIIème siècle, Attabi, cette famine sévit de 992 à 994, ce qui correspond à la date déterminée par les chercheurs.

D’après les recherches des biographes, à ce moment là, Ferdowsi avait déjà exercé sa plume à versifier quelques unes des légendes anciennes.

Parmi les divers travaux d’écriture que Ferdowsi avait déjà amorcés quand il commença la rédaction du Shâhnâmeh, l’on peut citer la légende de « Bijane et des sangliers », également connue sous le nom de « Bijane et Manijeh ». Cette légende, qui forme l’un des chapitres du Livre des Rois, a été très visiblement écrite par un Ferdowsi à la plume encore inexpérimentée, un Ferdowsi qui n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière et son style particulier, précis et puissant, c’est-à-dire par Ferdowsi jeune, quelques années avant qu’il ne se lance de façon sérieuse dans la rédaction de son œuvre. La légende de « Bijane et les sangliers » est donc le premier chapitre rédigé du Livre des Rois. D’ailleurs, cette légende était visiblement très connue au Xème siècle car de nombreux auteurs l’ont cité dans leurs ouvrages. On peut mentionner les vers de Manoutchehri, qui compare la nuit à la chevelure de Manijeh et au puits de Bijane, ainsi que quelques uns des vers de Ferdowsi lui-même, qui prouvent que cette légende inspirait à l’époque non seulement les gens de lettres, mais également et beaucoup plus les architectes, les décorateurs et les graveurs.

Quand il commença sa « compilation », Ferdowsi ne possédait pas encore le manuscrit du Gashtasbnâmeh. En effet, Daghighi venait à peine de mourir et son ouvrage inachevé n’avait pas encore été copié pour le public. C’était un vrai désagrément pour Ferdowsi car il avait besoin de cet ouvrage en tant que référence. Son rythme de travail risquait de se ralentir lorsqu’un ami bienfaiteur lui fit don du manuscrit du Shâhnâmeh d’Abou-Mansouri, le plus vieux des Shâhnâmeh en prose connu à ce jour.

Ce Shâhnâmeh ainsi que celui d’Aleman furent les deux principaux ouvrages de référence de Ferdowsi dans la mesure où le maître se servit de références écrites. Car contrairement à ce que les chercheurs ont longtemps cru, de nombreux chapitres du Shâhnâmeh ne trouvent pas leur source dans les deux ouvrages de référence cités plus haut. De fait, ces chapitres faisaient partie des contes et des légendes qui circulaient librement dans la société du Khorâssân et qui étaient connus par tous.

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Garsiva rencontre Siyâvosh, artiste inconnu, Shâhnâmeh, XVe siècle

Ainsi, Ferdowsi raconte dans l’un de ces chapitres qu’une nuit, l’inspiration lui manquant, son épouse, le voyant troublé et énervé, lui prépara une collation qu’elle lui servit tout en lui narrant en pahlavi l’une de ces légendes. Cette légende fut la référence principale du chapitre de Rostam et Esfandyâr. Il est intéressant de noter que Ferdowsi précise que la légende lui fut contée dans la langue pahlavi. Comme nous l’avons précisé plus haut, c’est avant d’avoir accès au manuscrit du Livre des Rois d’Abou-Mansouri que Ferdowsi commença à mettre en vers certaines légendes de l’ancienne Perse. C’est pourquoi, il n’avança pas dans l’ordre classique. Il préféra choisir les épisodes légendaires selon ses propres goûts et selon le plan général qu’il avait pour son Livre des Rois. C’est donc après avoir rédigé le livre dans son intégralité qu’il le remania entièrement et plaça les épisodes selon son propre flair littéraire, tout en les reliant ensemble par des vers de « connexion ». De plus, la comparaison du Livre des Rois de Ferdowsi avec l’Histoire des rois perses, ouvrage qui est quasiment une traduction du Livre des Rois d’Abou-Mansouri montre parfaitement que de nombreux chapitres du Shâhnâmeh de Ferdowsi, tels les épisodes de « Bijane et Manijeh », « Rostam et Sohrâb » ou « Rostam et le démon Akvane » n’ont pas été inspirés par le Shâh-Nâmeh d’Abou-Mansouri mais plutôt par le Azad sar, recueil préislamique iranien de légendes à l’auteur inconnu.

Lorsque Ferdowsi débuta la rédaction du Livre des Rois, il se plaça très probablement sous la protection d’un seigneur de la région de Touss, dont on ne connaît pas le patronyme et il serait par trop inexact de s’en tenir à des estimations approximatives. Cet homme, qui disparut de façon mystérieuse quelques années plus tard, éprouvait, selon le Livre des Rois, énormément de respect pour Ferdowsi qu’il traitait avec les plus grands égards et Ferdowsi avoue que les encouragements de ce seigneur lui furent précieux dans la continuation de son travail.

Quelques années plus tard, ce fut Hossein Ghotaybeh, l’envoyé du calife à Touss, qui devint le mécène de Ferdowsi.

Il y également deux des grands de Touss et de Bâj qui le soutinrent financièrement lors de la rédaction du Shâhnâmeh et Ferdowsi fait également état d’eux dans son Livre des Rois. Mais leur nom n’est pas lisible et change d’un manuscrit à l’autre. C’est pourquoi ils sont toujours anonymes et il ne reste d’autre choix que de faire des suppositions au sujet de leur identité.

Après avoir entamé la rédaction de son ouvrage, le Maître de Touss chercha un seigneur digne de ce nom pour lui dédicacer son livre phénoménal. Des seigneurs de la région, aux yeux de Ferdowsi, aucun ne méritait de se voir dédicacer le Shâhnâmeh et il chercha longtemps un grand roi pour lui offrir son livre.

D’autre part, l’on sait qu’une version première du Shâhnâmeh a été rédigée par Ferdowsi et terminé en 994, c’est-à-dire quatorze ans après avoir commencé son travail. Cette version ne fut dédiée à personne mais elle est devint célèbre dans les siècles suivants et c’est cette version qui a été traduite en arabe par Albandâri. Elle est cependant beaucoup moins complète que les deux versions principales.

En réalité, de nombreux manuscrits du Shâhnâmeh furent copiés du vivant de Ferdowsi, alors qu’il travaillait encore sur ce livre. C’est pourquoi les manuscrits existants ont chacun des versions propres et uniques.

Grâce aux multiples copies qui se firent du Shâhnâmeh du vivant de Ferdowsi, ce dernier, déjà auparavant reconnu comme grand lettré, devint de plus en plus célèbre. C’est ainsi que sa célébrité grandissante dépassa même les murs du palais du roi Mahmoud le Ghaznavide, le seul qui fut jugé digne par Ferdowsi de se voir dédicacer le Livre des Rois. Il est vrai que le Maître de Touss regretta très vite sa décision, étant donné les conséquences assez désastreuses qui en découlèrent pour lui.

C’est soit par l’intermédiaire de Nasr ben Nasser-e-Din Saboktakin, le frère du roi, soit par celui du ministre Abol Abbâs Fazl ben Ahmad, que les deux grands, le roi et le poète, se rencontrèrent en l’an 1003 ou 1004. C’est à cette époque que Ferdowsi décida de réviser son œuvre et d’y louer le roi ghaznavide, pour ainsi pouvoir échapper à sa pauvreté qui commençait sérieusement à se transformer en misère. En effet, trente ans après avoir débuté la rédaction du Livre des Rois, il ne restait à Ferdowsi qu’une petite partie de son héritage de patricien. Il s’en plaint d’ailleurs avec fierté vers la fin de son œuvre, quand il précise qu’après trente ans, il ne lui reste ni jeunesse, ni grâce, ni vigueur et surtout, ni argent. Quand le poète et le roi se rencontrèrent pour la première fois, la réputation de ce nouveau Livre des Rois avait déjà dépassé les frontières de la région et les grands et les savants se faisaient copier des manuscrits de ce monument littéraire, mais personne parmi eux ne s’avisait d’aider financièrement le vieux gentilhomme de Touss. Cette mauvaise fortune obligea donc Ferdowsi à dédier son livre à Mahmoud le Ghaznavide, à qui pourtant il était en tout point opposé. Le poète avait alors soixante-cinq ou soixante-sept ans.

Il est plus probable que l’intermédiaire entre le roi et le poète ait été Abol Abbâs Fazl ben Ahmad Esfareyeni, le vizir du roi, ainsi que quelques uns des vers du début de l’histoire de « Keykhosrow et Afrassiâb » nous le font penser. On peut déduire de ces vers que le ministre de Mahmoud était un homme cultivé et un grand lettré, amateur de littérature persane et protecteur et mécène de ce qu’il considérait dès cette époque comme le seul patrimoine purement persan qui pourrait rester et être préservé tout au long des siècles troublés que traversait l’Iran.

Les caractéristiques du Shâhnâmeh

Dans le Shâhnâmeh, Ferdowsi a essayé dans la mesure du possible de rester fidèle aux légendes manuscrites ou orales qui existaient en grand nombre dans cette région de l’Iran, préservées avec chauvinisme par les Persans restés fidèles à leurs traditions par esprit de contradiction avec les Arabes. Mais cette fidélité ne signifie pas que Ferdowsi avait simplement été un compilateur : tout en respectant la trame originale du récit, le maître donne libre cours à sa puissance narrative pour faire du Livre des Rois un monument épique unique au monde.

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Le fils de Fereydoun et les filles de Sarv au banquet du roi yéménite, attribué à Qâsem Ali, Shâhnâmeh du Shâh Tahmâsb, XVIIe siècle.

Comme avant lui Homère et comme des siècles plus tard Balzac et Hugo, Ferdowsi est le maître de la description. Il fait quasiment vivre les personnages antiques sous le regard enchanté du lecteur. C’est pourquoi son chef d’œuvre est toujours aussi moderne. Nous vivons la vie de Rostam, nous partageons les peines et les angoisses de ce héros humain, qui contrairement aux héros surhommes de Homère, est un homme comme les autres, qui se trompe, qui a parfois mal, souvent besoin d’aide ; un homme faible et orgueilleux comme tant d’autres, qui vit les mêmes joies et peines.

Ferdowsi décrit les personnages, les champs de batailles, les beuveries et autres orgies, les palais, les forêts et les démons avec une vivacité qui fait les délices du lecteur moderne. C’est surtout dans la description des scènes de bataille qu’il atteint l’apogée de son pouvoir narratif incroyable.

Dans le Livre des Rois, de même que dans toutes les œuvres épiques, le lecteur se voit confronté à des sentiments de patriotisme et de fierté nationale, ainsi qu’à des exagérations délicieuses et littéralement incroyables, des événements inattendus et logiquement impossibles, et parfois à l’amour du héros. Les histoires d’amour du Livre des Rois donnent un charme tout particulier à ce livre.

Ferdowsi commence d’habitude ses chapitres avec un prêche à caractère moral. Ainsi, il prologue ses chapitres en incitant le lecteur à prendre leçon de ce qu’il va lire et à en tirer une morale efficace dans sa propre vie. Et tout en narrant les histoires conformément à la trame traditionnelle de l’intrigue, il ne se prive pas d’orner le récit par des rajouts stylistiques qui font tout le charme de l’histoire. C’est pourquoi l’importance du talent de conteur qu’est celui de Ferdowsi doit être absolument prise en compte lors de la lecture de son Livre des Rois.

On peut également suivre la trace du poète dans son œuvre quand il parle de lui-même ou des personnages réels qu’il a connus ou qui lui sont liés d’une manière ou d’une autre. Ici aussi, ses descriptions sont puissantes et vivaces, dix siècles plus tard, nous avons l’impression d’avoir affaire à des contemporains, vivant sous nos yeux.

Quant au style de Ferdowsi en soi, il est très difficile d’en parler. On peut simplement dire que Ferdowsi est, comme Saadi, le maître incontesté de la simplicité et comme Saadi, ce qu’il écrit est facile à lire mais impossible à imiter, ainsi que le prouvent plusieurs centaines de tentatives d’imitation. Le style de Ferdowsi est limpide, clair, sans préciosité langagière, tout cela sans pour autant éviter les figures stylistiques. Mais il le fait avec tant de raffinement et tant de précision que le lecteur ne garde de sa lecture que l’impression d’une chute vraie dans le temps et d’une participation quasi personnelle à une bataille antique pour ne pas dire préhistorique. Même lors de l’usage de figures stylistiques, usage beaucoup plus fréquent qu’on ne le l’imagine à la simple lecture du texte, Ferdowsi préserve sa parole souple, bien faite et simple.

Ses comparaisons et métaphores portent bien la marque de leur temps. En effet, à l’époque des Samanides et au début du règne des Ghaznavides, la poésie persane possédait une fraîcheur et une simplicité qu’elle perdit au fil des siècles. Le langage de Ferdowsi est aussi imaginatif, haut en couleur, simple, et efficace dans sa simplicité que celui de la plupart des poètes de son époque.

Malgré ses connaissances étendues dans les sciences de son époque, il utilise rarement des termes scientifiques ou philosophiques. Ce n’est que dans des contextes particuliers, par exemple lorsqu’il veut disserter sur Dieu, ou l’infini ou épiloguer un chapitre de façon à en tirer des conclusions moralisantes, qu’il use de ce genre de termes. Et même dans ce cas, l’utilisation de termes savants se fait de manière très simple, sans appuyer et sans entrer dans des dissertations.

Le Livre des Rois est l’une des sources les plus importantes aujourd’hui disponibles des anciens mots persans. Car sans ce livre, le persan, à l’époque parfaitement dominé par l’arabe, aurait disparu, comme les langues des autres pays conquis par les Arabes musulmans qui se sont en grande majorité arabisés.

Les phrases et les expressions du Shâhnâmeh sont en général simples et sans aucune ambigüité. Les noms du Shâhnâmeh sont tous utilisés de manière conforme à la plus stricte des rhétoriques et, judicieusement placés, ils donnent à l’ensemble un maximum de beauté. C’est le langage utilisé par Ferdowsi dans cette œuvre, tenant à utiliser dans la mesure du possible du plus pur persan, qui a permis la préservation de centaines de mots de la langue persane qui, même s’ils n’ont guère été utilisés par la suite par les écrivains et poètes, ont ainsi échappé à la disparition. Cela ne veut bien sûr pas dire que Ferdowsi n’a absolument pas utilisé des mots arabes. En effet, même si la plupart des mots du Livre des rois sont en pur persan, l’on rencontre quand même un certain nombre de mots arabes. Ces derniers sont pour la plupart simples et étaient -et le sont toujours- communément utilisés par les Persans. C’est pourquoi, on les rencontre également dans les ouvrages de poésie des contemporains ou même des proches prédécesseurs du Maître. Quant aux mots arabes inusités à l’époque, ils sont quasi inexistants et dans les rares cas où le poète les a choisis, il s’est souvent trompé dans leur usage.

Dans l’histoire d’Alexandre, conté dans le Livre des Rois, la présence des mots arabes est beaucoup plus palpable. Il y a dans cet épisode beaucoup plus de mots arabes que dans le reste des histoires de l’ouvrage. La raison en est que la référence principale du maître de Touss pour ce chapitre fut la traduction arabe du Livre d’Alexandre, qui avait été originellement un texte grec et qui avait été ensuite traduit en pahlavi, syriaque et arabe et finalement, de l’arabe, avait été retraduit en persan.

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Siyâvosh traverse le feu, artiste inconnu, Shpahnâmeh du Shâh Tahmâsb.

L’examen du Livre des Rois met en évidence le fait que la persistance et l’obstination de Ferdowsi à utiliser des mots persans, ne sont pas le résultat d’un chauvinisme exacerbé par les exactions des califes arabes. Le Maître de Touss n’a fait qu’user de la langue ordinaire alors en vigueur dans le Khorâssan. En effet, le Khorâssân, – aujourd’hui la Transoxiane-, était loin du centre du califat, où la langue arabe régnait en maître, c’est pourquoi les habitants de cette région ont continué pendant très longtemps à parler un persan proche du persan préislamique. De plus, Ferdowsi était assez influencé dans son langage poétique par les œuvres de référence dont il se servait et qui étaient pour la plupart, soit en pahlavi, soit en persan traduit du pahlavi. C’est donc pour cette raison que le chapitre d’Alexandre, où Ferdowsi a utilisé une référence en langue arabe, est rédigé dans un langage plus « arabisé ».

Quant à ce qui est des idées personnelles de Ferdowsi, nous les rencontrons souvent au cours de la lecture du Shâhnâmeh. Il arrive souvent à l’auteur d’argumenter sur des notions philosophiques. Pourtant, Ferdowsi attaque parfois violemment les philosophes qu’il considère bavards et incapables de montrer une voie bonne à suivre.

Chaque fois qu’il l’a jugé nécessaire, Ferdowsi moralise et tente de montrer la voie la plus juste et la plus sage. Il est en la matière l’un des plus grands auteurs moralisateurs. Certains de ses conseils font partie de la structure de l’histoire qu’il conte, tels ceux que donne le sage Bozorgmehr, sage qui revient de façon récurrente dans le Livre des Rois. Quant aux conseils et prêches qui ne faisaient pas originellement partie de la structure du conte et qui ont été rajoutés par Ferdowsi, ils sont souvent placés à la fin de l’épisode, qui conte dans la plupart des cas la mort d’un héros ou d’un roi.

La première chose qui frappait Ferdowsi quand il mettait en scène la mort d’un de ses personnages était l’infidélité et l’inconstance du monde. Mais pour lui, cette inconstance de la vie ne doit pas mener au désespoir, au contraire, il faut tenter de bien vivre, de vivre sagement et d’être bon.

Le Livre de Rois, son importance et ses traductions

Etant donné l’influence et l’impact énorme du Livre des Rois sur l’ensemble de la population persanophone mondiale, et ce depuis l’existence de cet ouvrage magistral, la généralisation de sa lecture par toutes les catégories sociales et l’importance simplement littéraire de cette œuvre, après Ferdowsi, de nombreux poètes tentèrent de créer de pareilles œuvres épiques, contant l’histoire, les mythes, les légendes et les épisodes religieux de l’Iran, mais aucune de ces œuvres n’eut le succès du Shâhnâmeh, aucun poète ne réussissant à égaler son auteur de génie.

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Le tombeau de Ferdowsi à Touss

L’influence du Shâhnâmeh ne se limita pas au seul territoire persanophone et très vite, ce livre fut traduit en d’autres langues par des étrangers influencés par sa beauté et sa puissance narrative. La première traduction de cette œuvre est celle de Ghavâmeddin Albandâri al Esfahâni qui le traduisit en vingt et un ans, de 1223 à 1244, sur l’ordre de l’émir de Damas. Cette traduction fut faite d’après le manuscrit original du Livre des Rois. Une autre traduction fut effectuée deux siècles plus tard, en turc, par Ali Afandi. Des traductions intégrales ou partielles du Livre des Rois de Ferdowsi sont également disponibles en arménien, géorgien, gujrati, anglais, français, allemand, russe, espagnol, italien, danois, latin, polonais, magyar, suédois, etc.

Parmi ces traductions, la plus importante est celle de Schack en allemand et celle de Jules Mohl en français. Il y a également une traduction versifiée allemande de l’histoire de Rostam et Sohrâb, faite par Friedrich Rückert. Il y a de même une traduction anglaise de cette même histoire, par Atkinson, en vers, et une traduction intégrale du Livre des Rois en vers par l’italien Pazzi, de même qu’une traduction versifiée de l’histoire de Rostam et Sohrâb en russe par Joukovski. Les orientalistes ont fait beaucoup de recherches au sujet du Livre des Rois. On pourrait notamment citer le travail de Jules Mohl dans son introduction au Livre des Rois ainsi que celui de Nِldeke en allemand dans son Das Iranische Nationalepos, qu’il publia en 1920.

Aujourd’hui, plus de mille ans après la rédaction du Shâhnâmeh de Ferdowsi, ce livre épique aux trésors inépuisables n’a pas fini d’intéresser les chercheurs et les mythologistes de tous horizons. En effet, au delà d’un ouvrage littéraire monumental, cet ouvrage est la compilation de légendes et de mythes souvent plus anciens que l’histoire et qui partagent de nombreux traits communs avec ceux de toutes les autres civilisations. A ce titre, ils intéressent de nombreux chercheurs. Cependant, il est aujourd’hui évident que les recherches concernant le Shâhnâmeh n’ont fait que commencer et que de nombreux aspects et dimensions de ce livre sont encore à découvrir.

Arefeh Hedjazi pour la Revue de Téhéran

dimanche, 18 novembre 2012

Come l’Iran elude il blocco occidentale. Il Triangolo del petro-oro Turchia-Dubai-Iran

Come l’Iran elude il blocco occidentale. Il Triangolo del petro-oro Turchia-Dubai-Iran

di Tyler Durden

Fonte: aurorasito

Negli ultimi mesi vi è stata molta speculazione errata sul perché l’Iran, escluso dal regime di mediazione SWIFT sui petrodollari, vedrebbe implodere la propria economia mentre il paese non ha accesso ai verdoni, non potendo quindi effettuare scambi internazionali; il fattore trainante dietro le sanzioni internazionali che cercano di rovesciare il governo dell’Iran facendo morire la sua economica. Mentre vi sono stati periodi d’inflazione rilevante, finora il governo locale sembra essere riuscito a metterci una pietra sopra, frenando la speculazione del mercato grigio, e l’Iran continua a operare più o meno grazie ai suoi allegri metodi nel commercio internazionale, che è certamente vivo, in particolare con la Cina, la Russia e l’India quali principali partner commerciali. “Come è possibile tutto questo” si chiederanno coloro che sostengono l’embargo totale occidentale sul commercio iraniano? Semplice, l’oro. Perché mentre l’Iran potrebbe non avere accesso ai dollari, ha ampio accesso all’oro. Questo di per sé non è una novità, ne abbiamo parlato in passato: l’Iran ha importato notevoli quantità di oro dalla Turchia, nonostante le smentite del governo turco. Oggi, per gentile concessione della Reuters, sappiamo esattamente ciò che sarà l’equivalente della Grande Via della Seta del 21° secolo, e quanto sia stato efficace l’Iran, da bravo topolino da laboratorio, nel sottrarsi al grande esperimento dei petrodollari da cui, secondo la saggezza convenzionale, non ci sarebbe scampo. Vi presento il petro-oro.
Tutto inizia, contrariamente alle smentite ufficiali del governo, in Turchia. La Reuters spiega: “Corrieri che trasportano milioni di dollari in lingotti d’oro nei loro bagagli volano da Istanbul a Dubai, da dove l’oro viene inviato in Iran, secondo fonti del settore che conoscono il business. Le somme in gioco sono enormi. I dati commerciali ufficiali turchi suggeriscono che quasi 2 miliardi di dollari in oro sono stati inviati a Dubai per conto di acquirenti iraniani, ad agosto. Le spedizioni aiutano Teheran a gestire le sue finanze di fronte alle sanzioni finanziarie occidentali. Le sanzioni, imposte sul controverso programma nucleare iraniano, l’hanno in gran parte escluso dal sistema bancario globale, rendendogli difficile poter effettuare trasferimenti internazionali di denaro. Utilizzando l’oro fisico, l’Iran può continuare a muovere le sue ricchezze al di là delle frontiere.”
Quindi …. l’oro è denaro? In altre parole viene ampiamente accettato; si tratta di una riserva della ricchezza, ed è un mezzo di scambio? Huh. Qualcuno lo dica al Presidente. Potrebbe non esserne a conoscenza. Pare proprio di sì, almeno nei paesi che non vivono giorno per giorno sul bordo del quadrilione di dollari in derivati, ragione delle armi di distruzione immediata e di massa. “Ogni moneta nel mondo ha una identità, ma l’oro è un valore senza identità. Il suo valore è assoluto dovunque tu vada“, ha detto un trader di Dubai che conosce il commercio dell’oro tra la Turchia e l’Iran. L’identità della destinazione finale dell’oro in Iran non è nota. Ma la scala delle operazioni attraverso Dubai e la sua crescita improvvisa, suggeriscono che il governo iraniano vi abbia un ruolo. Il commerciante di Dubai e altre fonti familiari al business, hanno parlato con Reuters in condizione di anonimato, a causa della sensibilità politica e commerciale della questione. Che cosa ottiene in cambio la Turchia? Qualunque sia, l’Iran risponde alle esigenze della Turchia, naturalmente. “L’Iran vende petrolio e gas alla Turchia, con pagamenti effettuati a istituzioni statali iraniane. Le sanzioni bancarie statunitensi ed europee vietano i pagamenti in dollari o euro, così l’Iran viene pagato in lire turche. La lira ha un valore limitato nell’acquisto di merci sui mercati internazionali, ma è l’ideale per fare baldoria acquistando oro in Turchia.” E così, in un mondo in cui evitare il dollaro viene considerato dalla maggioranza una follia, Turchia e Iran, in silenzio ed efficacemente, hanno creato la loro scappatoia, in cui le risorse naturali sono scambiate con una valuta locale, che viene scambiata con l’oro, e che poi viene utilizzato dall’Iran per acquistare qualsiasi cosa, e tutto ciò di cui necessita, da tutti quegli altri paesi che non rispettano l’embargo imposto dagli Stati Uniti e dagli europei. Come quasi tutti i paesi dell’Africa. Perché l’oro parla, e i petrodollari camminano sempre più.
Ciò che è inquietante, è che anche Dubai sia entrato nella partita, e le tre vie di transazione potrebbero presto diventare il modello per tutti gli altri paesi che non hanno paura di subire l’ira dell’embargo dello Zio Sam: “A marzo di quest’anno, quando le sanzioni bancarie hanno cominciato a mordere, Teheran ha effettuato un forte aumento di acquisti di lingotti d’oro dalla Turchia, secondo i dati sul commercio del governo turco. L’esportazione d’oro verso l’Iran dalla Turchia, uno dei maggiori consumatori e depositari di oro, è arrivata a 1,8 miliardi di dollari a luglio, pari a oltre un quinto del deficit commerciale della Turchia di quel mese. Ad agosto, tuttavia, un improvviso crollo delle esportazioni turche d’oro dirette in Iran, è coinciso con un balzo delle sue vendite del metallo prezioso negli Emirati Arabi Uniti. La Turchia ha esportato un totale di 2,3 miliardi dollari in oro ad agosto, di cui 2,1 miliardi dollari erano in lingotti d’oro. Poco più di 1,9 miliardi, circa 36 tonnellate, sono stati inviati negli Emirati Arabi Uniti, come dimostrano gli ultimi dati disponibili dell’Ufficio di Statistica della Turchia. A luglio la Turchia ha esportato solo 7 milioni in oro negli Emirati Arabi Uniti. Nello stesso tempo, le esportazioni d’oro dalla Turchia dirette verso l’Iran, che oscillavano tra 1,2 miliardi e circa 1,8 miliardi di dollari ogni mese da aprile, sono crollate a soli 180 milioni ad agosto. Il commerciante di Dubai ha detto che da agosto, le spedizioni dirette verso l’Iran sono state in gran parte sostituite da quelle attraverso Dubai, a quanto pare perché Teheran voleva evitare la pubblicità. ‘Il commercio diretto dalla Turchia verso l’Iran si è fermato perché c’era semplicemente troppa pubblicità in giro’, ha detto il commerciante. Concessionari, gioiellieri e analisti di Dubai hanno detto di non aver notato alcun grande ed improvviso aumento dell’offerta sul mercato dell’oro locale ad agosto. Hanno detto che ciò suggerisce che la maggior parte delle spedizioni negli Emirati Arabi Uniti venga inviata direttamente in Iran. Non è chiaro come l’oro passi da Dubai all’Iran, ma vi è una corrente di scambi tra le due economie, in gran parte condotta con i dhow di legno e altre navi che attraversano il Golfo, a una distanza di soli 150 chilometri nel punto più stretto. Un commerciante turco ha detto che Teheran è passata alle importazioni indirette perché le spedizioni dirette venivano ampiamente riportate sui media turchi e internazionali, all’inizio di quest’anno. ‘Ora sulla carta sembra che l’oro vada a Dubai, non in Iran’, ha detto.”
Che cosa succede se gli Stati Uniti chiedono che lo scambio tra Dubai e l’Iran finisca? Niente: un altro paese si affretterà a sostituirlo nel triangolo d’oro, e poi un altro, e poi un altro ancora. Dopo tutto, sono pronti ad intervenire nelle condizioni molto redditizie della domanda/offerta delle transazioni. Proprio come avviene nel flusso bancario che sostiene il mercato delle obbligazioni e degli stock scambiati giorno per giorno. Che cosa accadrebbe se la stessa Turchia si ritirasse? “Gli acquirenti possono anche voler rendere i loro acquisti meno vulnerabili a qualsiasi possibile interferenza da parte del governo della Turchia. Lo stretto rapporto della Turchia con l’Iran ha cominciato a scadere da quando i due stati si trovano sui lati opposti della guerra civile in Siria, con la Turchia che sostiene la caduta del presidente Bashar al-Assad e l’Iran che rimane il più fedele alleato regionale di Assad.” Quindi, ancora la stessa cosa: l’Iran semplicemente troverebbe un paese della regionale che ha bisogno di greggio, e molti, molti di costoro sono in giro, e offrirebbe uno scambio oro-greggio che manterrebbe il mini-ciclo petro-oro a galla. Eppure assai ironicamente, nonostante tutte le ostilità palesi tra l’Iran e la Turchia sulla Siria, le due nazioni continuano a trattare, suscitando la domanda su quanto credibili siano tutte quelle storie sull’animosità medio-orientale tra questo o quel paese, o questa o quella fazione o etnia. Non c’è da sorprendersi: l’oro supera tutte le differenze. Tutte.
Infine, la realtà è che nessuno, in realtà, infrange alcuna regola. Non vi è alcuna indicazione che con il commercio di oro Dubai stia violando le sanzioni internazionali contro l’Iran. Le sanzioni delle Nazioni Unite vietano l’invio di materiali connessi al nucleare in Iran e congelano i beni di alcuni individui e imprese iraniani, ma non vietano la maggior parte del commercio. Gli Emirati Arabi Uniti non hanno ancora rilasciato i dati relativi al commercio per agosto. Dai funzionari della dogana di Dubai non è stato possibile avere un commento, nonostante i ripetuti tentativi di contattarli. I dati commerciali turchi confermano che l’oro viene trasportato per via aerea a Dubai. Secondo i dati, 1450 milioni dollari di oro turco esportato, in totale, ad agosto sono stati spediti tramite l’ufficio doganale nell’aeroporto Ataturk. Quasi tutto il resto, 800 milioni, è stato spedito dal più piccolo aeroporto di Istanbul, il Sabiha Gokcen. Le esportazioni totali di tutte le merci della Turchia verso gli Emirati Arabi Uniti, sono ammontate a 2,2 miliardi di dollari ad agosto. Di tale somma, 1,19 miliardi dollari sono stati registrati presso l’aeroporto Ataturk, mentre 776 milioni dollari sono stati registrati al Sabiha Gokcen. Un broker doganale che fa affari nell’Ataturk, ha detto che i corrieri si imbarcano sui voli per Dubai della Turkish Airlines e della Emirates, portandosi il metallo nel bagaglio a mano, per evitare il rischio di perderlo o di vederselo rubato. L’importo massimo di lingotti d’oro che è permesso prendere a un passeggero è di 50 kg, ha detto. Ciò suggerisce che durante agosto, diverse centinaia di voli dei corrieri potrebbero aver portato l’oro a Dubai per conto dell’Iran. “E’ tutto legale, dichiarano, danno il loro codice fiscale e tutto viene registrato, quindi non c’è nulla di illegale in questo“, ha detto il broker. “Al momento, c’è un bel po’ di traffico a Dubai. Anche a settembre e ottobre l’abbiamo visto.”
I dati sul commercio mostrano che quasi 1400 milioni di dollari delle esportazioni dalla Turchia agli Emirati Arabi Uniti, ad agosto, provenivano da una o più società con un numero di codice fiscale registrato nella città costiera di Izmir, la terza più grande della Turchia. I funzionari doganali dell’Ataturk hanno rifiutato una richiesta della Reuters di fornire i documenti di identificazione degli esportatori, dicendo che le informazioni sono riservate. L’identità delle società che gestiscono il commercio non poteva essere confermata. I commercianti hanno detto che a causa del rischio di attirare attenzioni indesiderate da parte delle autorità statunitensi, solo poche aziende sono disposte a mettersi in gioco. E il gioco è fatto: un sistema libero perfettamente controbilanciato, in cui si fanno transazioni e nessuna traccia viene lasciata. Ancora più importante, questo è il piano per il futuro, come sempre più paesi eludono l’assoggettamento al regime dei petrodollari, così onnipresente nel secolo passato, ma che si sta lentamente e inesorabilmente spostando a beneficio dei paesi che non sono insolventi, e che in realtà producono cose necessarie per il resto del mondo.

Traduzione di Alessandro Lattanzio - SitoAurora


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