Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 24 mai 2014

Dominique Venner? Présent!

DV6LivAr.jpg

Dominique Venner? Présent!

Un an déjà. Comme le temps passe… Il y a un an, nous apprenions, choqués et incrédules, la mort volontaire de Dominique Venner devant l’autel de Notre-Dame.

Dominique Venner était un homme que l’on était pas obligé de trouver sympathique – son antichristianisme virulent et sa roideur pouvaient notamment heurter – mais que l’on ne pouvait que respecter, voir admirer, pour la rectitude et la cohérence de son engagement, la droiture de son parcours et la grande qualité de ses œuvres et travaux.

Dominique Venner était sans conteste l’une de ces rares personnalités dont la vie est à la hauteur de la production intellectuelle, dont les mots ont toujours été incarnés par des actes, et les valeurs appliquées au quotidien. C’est ainsi que, sans le rechercher, il s’était imposé comme un référent et un modèle pour de nombreux « cœurs rebelles » de toutes générations. Sans doute d’ailleurs, est-ce en partie pour assumer et consacrer pleinement ce statut, qu’il a décidé de faire de sa mort un acte symbolique et une adresse au monde.

Son sacrifice l’a ainsi fait entrer dans un cercle encore plus restreint : celui des hommes qui mettent leur peau au bout de leurs idées.

Sa mort volontaire a prouvé – ou tenté de prouver- que la politique et le combat culturel n’étaient pas que des jeux, une simple agitation ou un divertissement, que les paroles et les écrits pouvaient avoir des conséquences et les engagements des issues tragiques.

C’est au regard de tout cela que nous sommes à la fois heureux et fiers de rendre hommage, dans ce numéro, à ce grand européen qui laisse derrière lui une œuvre foisonnante et stimulante ainsi qu’un éclatant message de courage et de combativité. Puisse la richesse et la diversité des témoignages réunis ici constituer à la fois un chant funèbre et une ode à la vie!

Xavier Eman

(Introduction au dossier « Dominique Venner » in « Livr’arbitres n°14)

www.livr-arbitres.com 

mercredi, 21 mai 2014

L'hommage à Dominique Venner

VennerMemorial1.jpg

Pierre Le Vigan

L'hommage à Dominique Venner

La considérable affluence au colloque Dominique Venner (plus de 500 personnes à la Maison de la Chimie ce 17 mai), la qualité des interventions à la tribune laisse entrevoir un mouvement de sursum corda mais aussi de sursum ratio. « Elévation des cœurs, et élévation de notre raison. Par un acte en apparence irrationnel, mais en fait logique, Dominique Venner a ouvert une voie : celle du sacré, celle, aussi, de la hauteur de vue. La hauteur de vue n’est pas l’indifférence, elle n’est pas le refus de s’engager, elle est la froideur dans la perception des enjeux, qui va volontiers avec la chaleur de la camaraderie. La mort sacrificielle de Dominique Venner, il y a un an, à Notre-Dame de Paris, a précisément ce sens précis : ouvrir un espace du sacré. Ce que croyait précieux Dominique Venner ce n’était ni la droite ni la gauche, c’était la France et l’Europe comme civilisation, c’était le sens même de ce que patrie veut dire, et de ce qu’honneur veut dire. Car l’honneur, en un sens, c’est toujours filiation et transmission. Or, c’est tout cela, avec l’effacement du sens, avec le relativisme généralisé, avec le changement de peuple par l’immigration de masse, qui est mis à bat par la modernité ravageuse. Et par une politique criminelle, celle du mondialisme comme système à tuer les peuples. Changer notre peuple dans sa composition ethnique et culturelle pour tuer toute notion de peuple, dépolitiser tout pour ne laisser que la table rase du turbocapitalisme se déployant sur fond de grand marché universel, avec des hommes interchangeables, et d’ailleurs interchangés et inter-échangés, sans passé, sans héritage, sans histoire, et donc sans avenir. Avec un seul présent : celui de consommateur et de producteur. Avec des femmes louant leur ventre, et des hommes vendant leur sperme. Voilà le monde dont Venner ne voulait pas. Sain refus. Mais aussi portait-il une grande espérance, la lueur d’un autre monde possible, poétique, fort, tragique, noble, plein des exemples héroïques qui agrandissent nos petites vies pour leur donner un souffle, une ampleur, une dimension mythique. Nous ne guérirons jamais de Dominique Venner, et c’est pour cela que nous resterons vivants.

PLV

Pierre Le Vigan, écrivain, philosophe, vient de publier L’effacement du politique. La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, la barque d’or, labarquedor@hotmail.fr, 15 €.

00:05 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, dominique venner, nouvelle droite | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 29 avril 2014

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

illustr_home_tableau.jpg

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de

Charles Péguy (1873-1914) war Sozialist, „Dreyfusard“, Humanist, Publizist, Polemiker, Dichter, Patriot, Katholik. Er fiel als Freiwilliger am 5. September 1914, zu Beginn des 1. Weltkrieges, am Vorabend der Marne-Schlacht.  Sein Werk hat heute in Frankreich den Status eines „kleineren“, inzwischen etwas verblassten Klassikers.

In Deutschland ist Péguy so gut wie völlig vergessen (allenfalls Robert Spaemann [2] erinnert gelegentlich an ihn), zumal sein Prosawerk im Gegensatz zu seinen recht voluminösen Versdichtungen nur bruchstückhaft übersetzt wurde. Das hat verschiedene Gründe.

Hans Urs von Balthasar schrieb, das „ungeheure“ Prosawerk Péguys sei „selbst für Franzosen ein Urwald“: „Vieles daraus, und einiges vom Schönsten, wird immer unübersetzbar bleiben. Manches ist Gestrüpp und würde eine Übertragung nicht rechtfertigen. Sehr vieles ist leidenschaftliche, zeitgebundene politische Diskussion und Polemik und setzt, um verstanden zu werden, bereits ein historisches Studium voraus.“ Hinzu kommt noch der eigentümliche, in endlose Arabesken und „Litaneien“ ausufernde Stil des Autors, der dem Leser oft viel abverlangt. Wenn sie aber ihre Wirkung entfaltet, hat Péguys Prosa eine bewegende suggestive Kraft.

Balthasar gab 1953 eine von ihm selbst übersetzte Auswahl unter dem Titel „Wir stehen alle an der Front“ heraus. Um über all dem tagespolitischen Theater die übergeordnete Perspektive nicht zu vergessen, möchte ich als Ostergabe ein herrliches Stück aus Péguys Schrift “ Un nouveau théologien“, aus dem Jahr 1911  bringen. Auch unsere un- und nichtchristlichen Leser werden es ohne Zweifel mit Gewinn lesen, sofern ihr Herz in einem ähnlichen Rhythmus schlägt.

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Man redet von einem Zeitalter des Glaubens. Will man damit sagen, daß jahrhundertlang, Jahrhunderte der Christenheit, des Liebesgesetzes, der Gnadenherrschaft, anno Domini, anno gratiae Domini, der Glaube, die angenommene Wahrheit etwas Gemeinsames war, sozusagen und buchstäblich etwas Öffentliches, das im Blut und in den gemeinsamen Adern floß, im Volke lebte, sich von selber verstand, einen Teil des anerkannten Rechtes bildete, etwas, das nicht nur Zustimmung fand, sondern eine öffentliche, feierliche, amtliche Begehung, und daß es sich heute nicht mehr gleicherweise verhält: so hat man recht. Man hat historisch recht. Man hat bloß ein geschichtliches Faktum festgestellt und zur Kenntnis genommen.

Aber diese Kenntnisnahme muß mit der äußersten Vorsicht geschehen. Denn es ist die große Frage, ob unsere heutige Treue, unser heutiger Christenglaube, wie er so badet in der modernen Welt und unangetastet hindurchgeht durch die moderne Welt, das moderne Zeitalter, die modernen Jahrhunderte, die zwei oder mehreren intellektuellen Jahrhunderte, dadurch nicht eine seltsame Schönheit erhalten hat, eine bisher unerreichte Schönheit, eine einzigartige Größe in den Augen Gottes. Es ist eine ewige Frage, ob unsere moderne Heiligkeit, das heißt unsere christliche Heiligkeit, eingetaucht in die moderne Welt, in diese vastatio [3], diesen Abgrund von Unglauben und Untreue in der heutigen Welt, vereinsamt wie ein Leuchtturm, der seit bald drei Jahrhunderten vergeblich von einem ganzen Meer berannt wird, nicht doch – vielleicht – angenehmer ist in den Augen Gottes.

Nolite judicare. Wir werden darüber nicht richten. Nicht wir (man vergißt es zu oft) sind mit dem Gericht beauftragt. Aber ohne bis zu den Heiligen zu gehen, zu unseren modernen Heiligen (der Zeit nach modern): auch wir Sünder sollten uns hüten, in Hochmut zu verfallen. Zu sehen, was ist, ist aber vielleicht kein Hochmut. Festzustellen, daß unsere moderne Beständigkeit, unser moderner Glaube, von allen Seiten angegriffen, bedrängt, aber in keiner Weise erschüttert, vereinsamt in dieser modernen Welt, im Wellenschlag einer ganzen Welt, unerschöpflich von Wogen und Sturm gepeitscht, immer aufrecht, allein in einer ganzen Welt, aufrecht in einem unerschöpflich entfesselten Meer, einsam im Ozean, unangetastet, vollständig, nie und in keiner Weise erschüttert, nie und in keiner Weise schartig und angenagt, zuletzt doch ein schönes Denkmal errichtet vor dem Angesicht Gottes. Zur Verherrlichung Gottes.

Vor allem ein bisher nie gesehenes Denkmal. Daß unsere Lage neu ist, daß unser Kampf neu ist, das zu betonen, ist vielleicht nicht unsere Sache, aber schließlich: wer sieht nicht, daß unsere Lage neu, daß unser Kampf neu ist? Daß diese moderne Kirche und Christenheit, christlich tauchend in der modernen Welt, christlich schreitend durch die moderne Zeit, die moderne Periode, eine Art von großer eigentümlicher tragischer Schönheit besitzt, beinahe die große Schönheit nicht zwar einer Witwe, aber einer Frau, die allein eine Festung bewacht. Eine dieser tragischen Schloßherrinnen, die Jahre und Jahre das Schloß unversehrt bewahrten für den Herrn und Meister, für den Gemahl.

Wer sieht nicht, daß unsere Glaubenstreue mehr denn je eine Lehenstreue ist. Daß unsere Standhaftigkeit, unser Glaube, unsere Treue, ein eigenes, bisher unbekanntes Gewicht besitzen, weil sie durch bisher unbekannte Prüfungen hindurchgegangen sind. Es ist eine ewige Frage, ob die Unwissenheit näher bei Gott ist oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit schöner ist in den Augen Gottes oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit Gott angenehmer ist oder die Erfahrung. Aber eines können wir sagen, weil wir es sehen: unsere Glaubenstreue hat eine gewisse besondere Schönheit, die wir gleichsam erfunden haben. Die wie geschaffen wurde für die heutige Welt. Unsere Treue ist  gleichsam treuer als die einstige Treue. Wie gesteigert. Wie ins Licht gehoben. Mehr als je ein Glaube, der durchhält.

Miles Christi. Jeder Christ ist heute Soldat. Kämpfer Christi. Es gibt keine ruhigen Christen mehr. Diese Kreuzzüge, die unsere Väter in den Ländern der Ungläubigen suchten, sie kommen heute von selbst auf uns zu, wir haben sie bei uns zu Hause. Unsere Glaubenstreue ist ein Kastell. Jene Kreuzzüge, die ganze Völker versetzten, die einen Erdteil auf den anderen warfen, sind zurückgeflutet auf uns, bis in unsere Häuser. Die Ungläubigen, einzeln oder gebündelt, umrißlos oder bestimmt, unförmig oder geformt, allenthalben verbreitet, verankert im öffentlichen Recht – und mehr noch die Ungläubigkeiten, die Treulosigkeiten haben den Kampf bis zu uns zurückgeschlagen.

Der Geringste von uns ist ein Soldat. Der Geringste von uns ist buchstäblich ein Kreuzfahrer. Alle unsere Häuser befinden sich heute in periculo maris, sind vom Meer bedroht. Der Heilige Krieg ist überall. Er währt ununterbrochen. Das ist längst kein hundertjähriger Krieg mehr. In diesem Moment (1911) befindet er sich in seinem zweihundertsten oder hundertfünfzigsten Jahr. Er ist überall, darum braucht er auch nirgends mehr gepredigt zu werden. An keinem bestimmten Ort.

Dieser Krieg, der sich einst wie ein großer Fluß bewegte, dessen Namen man kannte, dieser Krieg umspannt nun den Kontinent, geht über den Kontinent hinaus, bewegt sich wie ganze Völker, wie ganze kontinentale Armeen von einem Kontinent zum anderen, ist heute in tausend Flüsse aufgespalten, er steht heute vor unserer Schwelle, er schlägt an unsere Tore. Wir alle sind Inseln, gepeitscht von einem unaufhörlichen Sturm, und alle unsere Häuser sind Festungen im Meer.

Und das heißt, daß die Tugenden, die einst von einer bestimmten Fraktion der Christen verlangt waren, heute von der gesamten Christenheit eingefordert werden. Ein Kampf, eine Tugend, die einst freiwillig waren, da sie den Gegenstand eines Gelübdes bildeten, sind heute benötigt, gefordert, gebieterisch auferlegt, ohne daß und bevor wir noch dazu Stellung nehmen könnten. Ohne daß wir befragt würden. Ohne daß wir unsere Ansicht dazu äußern müßten. Hier gilt die Redensart: Jeder ist Soldat trotz seiner Einwilligung. Welcher Vertrauensbeweis an die Truppe! Es gilt buchstäblich der obligatorische Militärdienst; und es ist äußerst beachtlich, daß die weltlichen Staaten genau das gleiche Gesetz erlassen haben, das für die Christenheit gilt. Es ist Massenaushebung (levée en masse).

Was Sache des Gelübdes war und infolgedessen der Freiheit des Einzelnen überlassen blieb, ist Gesetz für alle geworden. Man hat so sehr auf uns gezählt, daß, wo die andern frei waren, wir gezwungen sind. Was den andern angeboten war, ist uns auferlegt. Was für die anderen außergewöhnlich war, ist für uns gewöhnlich, macht uns selbst aus. Aus diesem Stoff ist unser ganzes Leben gemacht, aus diesem Stoff ist unser Mut gemacht.

Unsere Väter mußten selber „das Kreuz nehmen“ und mit ihm fortziehen, in den Kreuzzug. Uns gibt Gott das Kreuz (welcher Vertrauensbeweis!) für einen unaufhörlichen Kreuzzug am Ort. Die schwächsten Frauen, die Kinder in der Wiege sind schon belagert. Der Krieg steht auf der Schwelle und klopft an unsere Pforten. Wir müssen ihn nicht suchen, wir müssen ihn nicht hinaustragen. Er ist es, der uns sucht. Er ist es, der uns findet. Die Tugenden, die einst den Soldaten, den bewaffneten Männern, den Edelleuten in ihren Rüstungen vorbehalten waren, sie werden heute von dieser Frau und von diesem Kind abverlangt.

Von dort erwachsen uns unsere Standhaftigkeit, unsere Treue, unsere Pflicht, von dort empfangen wir diese einzigartige Größe, diese tragische, auf der Welt einzigartige Schönheit der Belagerten, diese Schönheit der Treue in der Einkesselung, der die Größe entspringt, die tragische Schönheit der großen militärischen Belagerungen, der Belagerung von Orléans, der Belagerung von Paris. Wir werfen uns heute alle in die Bresche. Wir stehen heute alle an der Front. Ihre Grenze ist überall. Der Krieg ist überall, in tausend Stücke aufgespalten, zerteilt, zerbröselt. Wir stehen heute alle auf den Stufen des Königreiches.

Aus: Charles Péguy, Wir stehen alle an der Front. Eine Prosa-Auswahl von Hans Urs von Balthasar (1953). Bearbeitung und zusätzliche Übertragungen von Martin Lichtmesz.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/44818/charles-peguy-alle-unsere-haeuser-sind-festungen-im-meer.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/44818/charles-peguy-alle-unsere-haeuser-sind-festungen-im-meer.html/peguy

[2] Robert Spaemann: http://www.kath-info.de/frustration.html

[3] vastatio: http://dela.dict.cc/?s=vastatio

00:08 Publié dans Histoire, Hommages, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charles péguy, histoire, france, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 04 avril 2014

JACQUES LE GOFF: Une vie pour l'Histoire

goff.jpg

JACQUES LE GOFF
Une vie pour l'Histoire

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

Jacques Le Goff est mort, ce 1er avril, à Paris, âgé de 90 ans. Né en 1924, à Toulon, il a consacré sa vie à l'exploration du Moyen Âge. Normalien et agrégé d'Histoire, il a participé aux belles heures de l'École des Annales avec les disciples de Marc Bloch (1886-1944) tel Fernand Braudel et Lucien Febvre. Tous ses ouvrages évoquent un Moyen Age qui serait un «tremplin pour l'avenir, Moyen Age qui apparaît comme la matrice de notre modernité ». A la question «l'Europe est-elle née au Moyen Age ?», Jacques Le Goff n'apporte qu'une réponse: « Oui, et c'est une bonne nouvelle.» Agnostique et Européen convaincu, il est mondialement connu comme l’un de nos plus grands médiéviste. Il est considéré comme "le père de la Nouvelle histoire".

jacques_le_goff_temps_sacre.jpgDans "L'Europe est-elle née au Moyen Age? " ( Ed. Seuil), il expose sa conception de la naissance de l'idée européenne. Il divise son étude en quatre périodes, de la fin de l'empire romain à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.


Selon Jacques Le Goff : « La mémoire ne cherche à sauver le passé que pour servir au présent et à l’avenir ». Pour lui, l’inscription dans le temps est un élément constitutif de l’identité collective. Tout groupe est en effet confronté à la question de la pérennité de son identité. La mémoire participe à la construction de l’identité de nos sociétés.


Jacques Le Goff  était aussi un historien ancré dans le monde. Dans une interview à La Vie  (2004) il expliquait sa position hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne : « Quel est le territoire de l’Europe? La géographie a fait qu’au Nord, à l’Ouest et au Sud, la question soit facile à trancher. En revanche, à l’Est, pas de frontières nettes... Or, il n’y a pas d’espace politique sans une certaine conformité à la géographie. Pour l’essentiel, la Turquie est une puissance asiatique, pas européenne. La question se pose différemment pour la Russie, qui, culturellement et historiquement, fait partie de l’Europe. Pour moi, l’Europe s’arrête à l’Oural et au Bosphore, même s’il est clair que la Russie n’entrera dans l’Union qu’avec ses territoires asiatiques. La question est partiellement résolue depuis 1989, puisque la plupart des territoires non russes de l’URSS ont pris leur indépendance. »

Dans un article intitulé « Le pouvoir et l’histoire » ( Libération, 19/10/2007), face aux lois liberticides, il défendait la liberté pour l’histoire : « Laissons aux historiens le soin d'établir les faits. Et, si une situation historique est complexe, si une mémoire est tourmentée, laissons aux citoyens le soin de se faire une opinion en fonction des informations. »


jlg.jpgHéritier de l'école des Annales, il fut l'auteur d'une oeuvre monumentale et très dense. Parmi ses plus récentes publications: "Le Moyen Age et l'Argent" (2010), "Le Moyen Age expliqué en images" (2013) ou encore, paru en janvier 2014, "Faut-il vraiment découper l'histoire en tranches?" aux éditions du Seuil. Son ouvrage le plus connu est consacré à Saint Louis (Gallimard, “ Bibliothèque des Histoires ”, 1996 »), une somme de 1000 pages. On note aussi  "Les intellectuels au Moyen Âge" (Seuil, 1957)," La civilisation de l'Occident médiéval" (Arthaud, 1964) etc. Il se situe dans la lignée des Marc Bloch, Lucien Febvre, Fernand Braudel, Georges Duby,  Maurice Lombard  et Jean Favier.


Jacques LE GOFF, un européen pour qui  « Il n’y aurait pas eu d’Europe sans les bibliothèques, sans la présence du savoir gréco-romain dans l’enseignement. Platon, Aristote, Cicéron, c’est bien le Moyen Âge qui les a fait connaître et qui les a installés dans la pensée européenne ! L’apport grec se résume, au plan politique, à la démocratie et, au plan du savoir, au goût de la science et à l’esprit critique. Tout cela, aujourd’hui encore, reste très européen. La plupart des autres civilisations sont restées imperméables à l’esprit critique. Dans l’apport romain, je retiens essentiellement le droit. Un apport que le Moyen Âge va considérablement enrichir. Au droit romain, il a ajouté le droit canonique et le droit coutumier, qu’il a couchés par écrit au XIIIe siècle.»


Jacques Le Goff rejoint Jean-François Mattéi au Panthéon des Européens illustres.

00:05 Publié dans Histoire, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques le goff, histoire, hommage, historiens | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 01 avril 2014

JEAN-FRANCOIS MATTEI Hommage à un humaniste européen

JEAN-FRANCOIS MATTEI
 
Hommage à un humaniste européen

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

jfm470121253-photo.jpgJean-François Mattéi, c'était d'abord un Grec. Homme d'une immense culture, profondément engagé dans la défense des plus hautes valeurs de l'humanisme européen, il s'inquiétait du déclin de l’Europe. Il laisse une œuvre de première importance consacrée autant aux philosophes grecs, dont il était un éminent spécialiste, qu’à Heidegger, Nietzsche, ou Camus. 

Décédé ce lundi, à Marseille, Jean-François Mattéi  était né à Oran, en Algérie, le 9 mars 1941. Il fut un professeur de philosophie grecque et de philosophie politique de renom, ancien élève de Pierre Aubenque et de Pierre Boutang. Il était un intellectuel engagé, à contre-courant du politiquement correct.


L’ouvrage qui le fit connaître au grand public fut incontestablement La barbarie intérieure, publié aux P.U.F. en 1999. Dans cet ouvrage, il dénonçait le monstrueux égalitarisme qui aplatit tout et qui nous prive du sens de l’excellence sans lequel rien de grand ne peut naître ni s’imposer.
Dans l'un de ses derniers essais, L'Homme indigné (paru aux éditions du Cerf en novembre 2012), il apporte son point de vue sur le sentiment de révolte - accru dans notre société actuelle -, à la lumière de Dostoïevski, Philip Roth, Nietzsche et Tom Wolfe.


Dans son ouvrage, "Le procès de l'Europe", Jean-François Mattéi exalte la culture européenne. Interviewé par Le Point, il évoquait sa conception de l’Europe : « L'Europe est essentiellement une identité culturelle qui n'a jamais réussi à réaliser son unité politique. Ce ne fut pas le cas à l'époque des Romains, puisque l'Empire s'est effondré. Ce ne fut pas le cas ensuite à l'époque de Charlemagne, ni même à celle de Napoléon. C'est d'autant plus paradoxal que ce sont l'Europe et les Européens qui ont inventé la politique et la démocratie. Or l'Europe n'est pas parvenue à s'unir, alors qu'elle avait trois facteurs d'unité évidents : la science grecque, le droit romain et la religion chrétienne, qui fut son ciment culturel. Ce qui m'intéresse, c'est donc moins l'Europe actuelle dans ses échecs que la substance culturelle qui la constitue dans ses réussites. ».


jfmattei barbarie téléchargement.jpgJean-François Mattei, le pied-noir d’Oran qui a quitté son pays en 1962 défendait, au nom de la fidélité à ses origines, la colonisation. Pour lui, « loin d'être l'abomination que l'on dénonce aujourd'hui, et en dépit de ses abus et de ses violences, la colonisation a été le processus historique de développement de l'humanité dans sa recherche de principes et de savoirs universels. »


Il s’était opposé à la mode actuelle de la repentance  « parce que cela permet à certains de nos contemporains de se donner bonne conscience à peu de frais en battant leur coulpe sur les crimes de leurs prédécesseurs ».


Jean-François Mattei était avant tout un philosophe ancré dans le réel. Européen lucide, il manquera dans le débat à venir.


En savoir plus :

L’identité de l’Europe, PUF, juin 2010 (Sous la direction de Chantal Delsol et de Jean-François Mattéi)

Le Regard vide / Essai sur l’épuisement de la culture européenne, Flammarion, 2007.

La République brûle-t-elle ? : Essai sur les violences urbaines françaises, Ed Michalon, 2006(Sous la direction de Raphaël Draï  et de Jean-François Mattéi)

La crise du sens, Ed Cécile Defaut, octobre 2006

L’énigme de la pensée, Ed Ovadia, novembre 2006

Nietzsche et le temps des nihilismes, PUF, août 2005 (Sous la direction de Jean-François Mattéi)

De l’indignation, Paris, La Table Ronde, 2005

La Barbarie intérieure, PUF, 1999


3 QUESTIONS A Jean François MATTEI

par LESRENCONTRESDECANNES

jfm9782082105897.jpg

 

dimanche, 23 février 2014

En souvenir de Robert Keil

Robert Steuckers:

En souvenir de Robert Keil (1935-2014), homme d’une fidélité inébranlable

J’ai fait la connaissance de Robert Keil lors d’une activité du G.R.E.C.E. tout au début des années 90. C’était en Provence. Quand Robert Keil est venu me saluer pour la première fois, c’est avant tout un large sourire qui s’est avancé vers moi, un visage qui exprimait la joie de vivre et entendait la communiquer à tous. Keil était né bilingue comme moi, à la charnière des mondes roman et thiois, là où le lorrain d’oïl se mêle au dialecte mosel-fränkisch. Il était un homme de l’espace lotharingien capable de comprendre les sentiments profonds des uns et des autres, capable aussi de rire de bon coeur des travers humains ou de fustiger avec acidité joyeuse les snobs de tous acabits. Sa famille, au sens large, était lorraine, sarroise, luxembourgeoise et allemande, dispersée sur trois ou quatre nationalités, sans compter une assez forte proportion d’émigrés vers l’Amérique, sur lesquels il avait rassemblé une documentation en anglais, qu’il m’avait un jour demandé de traduire, découvrant ainsi un lointain cousin pionnier de l’aviation civile et proche de Lindbergh. Né Français le 9 avril 1935, il devient Allemand en 1940, peu avant d’entrer à l’école primaire, redevient Français en 1944, quand il n’a pas encore quitté celle-ci. Les souvenirs de sa tendre enfance étaient tout à la fois français et allemands, comme l’atteste son cahier d’écolier de 1943, qu’il aimait me montrer et où il avait dessiné un bombardement américain sur Metz, dessin d’enfant où l’on reconnaissait bien la belle cathédrale de la ville lorraine. Cette double appartenance a fait de lui un véritable Européen comme bon nombre d’Alsaciens-Lorrains qui, autour de Robert Schuman, ont voulu faire l’Europe dès la fin de la deuxième guerre mondiale, afin que les carnages des deux guerres mondiales ne se reproduisent plus jamais. C’est cette noble aspiration qui l’avait amené à fréquenter des cercles qui se proclamaient “européistes” ou qui l’étaient vraiment.

Amateur d’art, hôte exceptionnel, caricaturiste caustique

Robert Keil était aussi un amateur d’art au goût très sûr, bien que différent des engouements à la mode pour les happenings et les tachismes de toutes natures. Avec son épouse Elizabeth, Keil était un homme qui savait recevoir chez lui à Metz avec tout l’art de la table et toutes les saveurs qui l’accompagnent: de toute ma vie, jamais je n’ai goûté mets plus fins à une table d’hôte. Etre invité à la table de Keil était un privilège que même un ascète fruste comme moi a apprécié, de toute la force du péché de gourmandise, et en gardera un souvenir éternel. Ma compagne Ana, qui fera connaissance avec les Keil en 2006, garde un souvenir émerveillé de cette table magnifiquement dressée, où des mets d’une formidable délicatesse nous ont été offerts. Comment ne pas oublier cette réception de Nouvel An, dans les années 90, où j’ai eu une conversation très féconde avec sa belle-mère, dont les jugements sur le demi-siècle qui venait de s’écouler était d’une précision d’entomologiste, d’une rigueur sans appel et d’un non-conformisme tonifiant. Enfin, dernière qualité de Keil: il était à ses heures un excellent caricaturiste. S’il avait voulu peaufiner ce talent, il aurait bien égalé Alidor, le caricaturiste de “Pan” et de “Père Ubu” à Bruxelles, l’ancien compagnon d’Hergé au “Vingtième Siècle”. Quand un politicard moisi ou véreux commettait une forfaiture quelconque, Keil, espiègle, prenait son crayon et fignolait une belle caricature caustique qu’il envoyait là où il le fallait, pour faire jaser ou enrager. Il a d’ailleurs un jour croqué mon portrait, assis sur un siège de jardin, d’après une photo prise à Vlotho en 2002, et m’a affublé d’une couronne, d’un sceptre et d’un vieux pistolet de pirate. Je conserve religieusement ce dessin dans mes archives.

Grâce à Keil, Metz est devenu pour nous, avant même la création de “Synergies Européennes”, un centre d’activités métapolitiques intenses. C’est probablement la ville où j’ai le plus souvent pris la parole en public, notamment dans le centre culturel de la Rue Saint-Marcel et dans quelques hôtels. Les thèmes de ces conférences ou colloques étaient la géopolitique, l’oeuvre politologique de Carl Schmitt, la polémologie, la philosophie de l’histoire, la partitocratie, la perspective eurasienne, la philosophie tout court, etc. Il faudrait retracer l’histoire de ce “Cercle Hermès”, essentiellement animé par Keil et le Dr. Cuignet, qui puisait ses orateurs parmi les cadres et les stagiaires de “Synergies Européennes”. Je sais que Keil a tenu un journal très précis et très complet des activités du Cercle Hermès: j’espère que ce sera l’occasion d’écrire très bientôt un article sur “Robert Keil et le Cercle Hermès de Metz”.

Une succession ininterrompue d’activités

Mais en ne me référant qu’aux seuls documents qui me sont accessibles dans le bureau où je rédige cet hommage à ce travailleur (trop) modeste et opiniâtre que fut Robert Keil, je redécouvre les traces de plusieurs activités qu’il a patronnées ou rendues possibles: les 5 et 6 aôut 1995, le Cercle Hermès (CH) organise une sortie sur le site archéologique alsacien de Mackwiller, qui recèle un “Mithraum”, avec pour guide le Prof. J.J. Hatt, conservateur honoraire du Musée Archéologique de Strasbourg. Le 3 février 1996, le CH me donne la parole pour parler des “néo-communautariens” américains et de la notion sociologique de “communauté” (Ferdinand Tönnies). Le 16 mars 1996, c’est au tour de la brillante germaniste française Isabelle Fournier de parler de l’oeuvre d’Ernst Jünger. Le 7 juin 1996, le philosophe et musicologue Jean-Marc Vivenza s’adresse au public du CH pour leur parler de l’avant-garde futuriste, appuyé par un magnifique diaporama car toute l’Europe s’intéressait à l’époque au futurisme (une exposition se tiendra plus tard à Bruxelles, début des années 2000, au Musée d’Ixelles). Le 22 septembre 1996, les sympathisants du CH visitent le champs de bataille de Verdun sous la direction de l’historien Philippe Conrad, aujourd’hui directeur de “La Nouvelle Revue d’Histoire”.

Le 25 janvier 1997, je prends une nouvelle fois la parole à la tribune du CH pour retracer l’histoire de la redécouverte des paganismes depuis la renaissance italienne et, plus particulièrement, depuis la traduction du “Germania” de Tacite par l’humaniste Piccolomini, futur chancelier de l’Empereur Frédéric III et futur Pape Pie II. Le 24 mai 1997, le “Cercle Europa”, soutenu par Keil, anime une réunion consacrée au philosophe et écrivain germano-balte Hermann von Keyserling, et projette le film de Volker Schlöndorff, “Le coup de grâce”, tiré du livre éponyme de Marguerite Yourcenar. Le 31 mai 1997, le géopolitologue Alexandre Guido Del Valle vient énoncer ses thèses prémonitoires, aujourd’hui partagées par d’innombrables observateurs de l’échiquier international, sur l’alliance des Etats-Unis et de l’islamisme contre l’Europe. Le 21 juin 1997, le CH invite le géopolitologue franco-russe Viatcheslav Avioutsky pour parler de la “renaissance cosaque” en Russie. On doit aujourd’hui à Avioutsky de nombreux ouvrages didactiques sur le Caucase, la Tchétchénie, les révolutions colorées, etc., qui font autorité. Fin juin 1997, Robert Keil réunit, grâce à l’appui du CH, des étudiants pour une projection du film biographique de Paul Schrader sur l’écrivain japonais Yukio Mishima. Le 13 décembre 1997, Dominique Venner, à l’époque directeur de la revue “Enquête sur l’histoire”, présente son ouvrage sur les armées blanches pendant la guerre civile russe.

Huntington, Brzezinski, Clausewitz, Jomini, de Pange, Heidegger, Rougemont, Jouvenel, etc..

Le 26 septembre 1998, le CH organise dans le château du Comte de Pange en Lorraine un colloque sur un éventail de questions politologiques, où Marc d’Anna prend la parole sur les thèses de Samuel Huntington et de Zbigniew Brzezinski, Laurent Schang sur l’oeuvre du Comte Jean de Pange, fédéraliste européen, et moi-même sur la notion de partitocratie, telle qu’elle avait été théorisée par le grand politologue espagnol Gonzalo Fernandez de la Mora, directeur et fondateur de la revue “Razon española”. Cette liste ne constitue qu’un aperçu succinct des innombrables activités du CH, toute de haute qualité et de grande tenue intellectuelle: comment oublier les interventions du haut fonctionnaire européen André Wolff, de Pierre Bérard (animateur du “Cercle Kléber” de Strasbourg), le colloque sur la polémologie (Clausewitz, Jomini, etc.), avec la participation de mes compatriotes Diaz et Banoy, le colloque sur les visions de l’histoire dans le monde anglo-saxon, avec les interventions magistrales du Liégeois Xavier Hottepont (sur Huntington) et du Bordelais Eddy Marsan en 2003, le colloque philosophique animé par l’heideggerien Desmons, les Lorrain Thull (sur le penseur suisse Denis de Rougemont) et Schang (sur Bertrand de Jouvenel) et moi-même (sur le scepticisme grec)? Et la soirée sur la notion géopolitique d’Eurasie en 2009, où j’ai été amené à présenter ma préface au livre du géopolitologue croate Jure Vujic? Tout cela a été possible parce Keil, qui avait du flair et de l’instinct, a toujours invité des orateurs qu’il estimait personnellement pertinents, sans jamais écouter les sirènes intrigantes qui entendaient gérer seules toutes les activités métapolitiques de notre sensibilité dans tout l’espace inter-sidéral de notre galaxie.

On le voit à cet échantillon pourtant très succinct: les activités positives et désintéressées de Robert Keil ont touché tous les sujets essentiels de la pensée. Robert Keil n’a jamais manqué aucune université d’été de la F.A.C.E. (“Fédération des Activités Communautaires en Europe”) ou de “Synergies Européennes”. Il a toujours répondu “Présent!”. Depuis la première université d’été de Lourmarin en Provence à la dernière à Vlotho en Basse-Saxe, Robert Keil a toujours été le premier à s’inscrire, à donner un coup de main, à véhiculer les inscrits non motorisés ou les étudiants impécunieux. On le voit sur les photos: accablé, comme moi, par la canicule méditerranéenne à Lourmarin en 1993 ou en grande conversation avec un professeur portugais; attablé à Varese avec les autres convives français, autrichiens, italiens; en excursion dans la montagne, à la découverte de traces archéologiques préhistoriques dans les Alpes lombardes; en promenade le long du Lac Majeur avec d’autres stagiaires, dont l’Autrichien Gerhoch Reisegger; à l’écoute de Guillaume Faye dans le parc de la demeure qui nous abritait à Vlotho ou du guide sur le site des Externsteine. Mais ce n’est pas tout: Robert Keil n’a jamais manqué un séminaire de “Synergies Européennes”, à Paris (sur l’Allemagne, la Russie ou la pensée rebelle), dans le Périgord (où nous logions dans la même demeure), au Crotoy en Picardie, où nous avons eu le bonheur de goûter aux fruits de la mer, dans l’estuaire de la Somme. De là, il m’a ramené à Dinant pour que je prenne le train de Bruxelles. Nous avons traversé la Thiérarche à la tombée de la nuit pour arriver à Chimay, où il tenait absolument à consommer une bonne bière d’abbaye, avant de reprendre la route vers sa chère Lorraine. Fin novembre 2005, Bruxelles est bloqué sous une épaisse couche de neige: impossible de démarrer la voiture; je saute dans un train pour Metz, où il n’a pas neigé, d’où Keil, toujours prompt à servir la cause de la culture, m’amène en voiture à Nancy, pour un colloque géopolitique de l’association “Terre & Peuple” du Prof. Pierre Vial. Le 10 mars 2012, quand je prononce devant quelques amis de longue date une conférence sur la notion de “patrie charnelle”, tirée de l’oeuvre du philosophe des Lumières, Johann Gottfried Herder, Keil est évidemment présent au dîner-débat. Nous avions projeté d’organiser, suite au décès du Prof. Piet Tommissen en août 2011, un colloque sur le grand politologue alsacien Julien Freund, plus apprécié en Belgique (UCL et VUB confondues!) qu’en France, si l’on excepte, bien sûr, les efforts méritoires et exceptionnels, mais récents, de Pierre-André Taguieff. Malheureusement, ce projet d’un colloque en hommage à Freund ne se concrétisera sans doute jamais.

Keil hébergeait tous les orateurs du CH dans un charmant hôtel de Metz, où le veilleur de nuit, d’origine italienne, était un fervent lecteur de “Nouvelles de Synergies européennes” et de “Vouloir”.

“Recours aux Forêts” et “Antaios”

En avril 1994, à Munkzwalm en Flandre, Robert Keil participe à la réunion qui conduira à la fondation de “Synergies Européennes”, sans demander aucune fonction, tant sa modestie était proverbiale. Ce fut, le soir, dans le quartier gastronomique de la “petite rue des Bouchers” à Bruxelles, une cène amicale qui a scellé durablement notre amitié et surtout notre complicité “inter-lotharingienne”. Robert Keil ne limitait pas ses intérêts aux seules activités de “Synergies Européennes”: il suivait avec passion les travaux de l’écologiste Laurent Ozon et de sa revue “Le recours aux Forêts”. Son épouse, d’ailleurs, fine gastronome, avait lu avec grande attention le numéro consacré à “la bonne alimentation”. De même, Robert et Elizabeth Keil lisaient et soutenaient la revue “Antaios” de l’Ixellois Christopher Gérard, qu’ils surnommaient malicieusement “Méphisto”, et qui avait composé d’excellents dossiers sur le mithraïsme ou sur l’hindutva indienne, actualisation de l’immémoriale tradition hindoue. Ce directeur d’“Antaios”, philologue classique issu de l’ULB, prendra aussi la parole dans les salons messins réservés par le CH. Plus tard, Gérard-Méphisto allait amorcer, début de la décennie 2000, une carrière d’écrivain, grâce à l’appui initial de Vladimir Dimitrijevic, le regretté directeur des éditions “L’Age d’Homme” qui sera aussi le promoteur d’un autre orateur de prédilection de Keil, Alexandre Guido Del Valle. Keil et Dimitrijevic partageaient assurément une vertu commune, le flair, bien qu’ils aient été des hommes foncièrement différents, venus d’horizons totalement divergents.

Inoubliable André Wolff

Outre le Cercle Hermès, Keil, notamment à l’instigation de Gilbert Sincyr, le premier Président de “Synergies Européennes”, cherchait à animer des structures plus modestes, mais à ambitions très vastes, comme l’UFEC, qui deviendra vite le “Club Minerve”, qui éditera, pendant un certain temps, un bulletin “Res Publicae Europeae”, où oeuvrera le géopolitologue français Louis Sorel dont on retrouvera plus tard la signature, sous son vrai nom, dans quantité de revues de haute gamme, sur papier glacé. Dans le cadre de ces activités annexes au CH et à “Synergies Européennes”, il va rencontrer un autre enfant de Metz, le Dr. André Wolff, haut fonctionnaire de la CECA puis des CEE, dès leurs débuts, dans les années 50. André Wolff était un “européiste” convaincu, parce que Lorrain comme Keil; bilingue de naissance lui aussi, il ne pouvait souffrir l’existence inutile de frontières hermétiques, d’inimitiés bétonnées, sur le territoire de l’ancienne Lotharingie.

Né peu après la première guerre mondiale, Wolff était devenu Allemand en 1940, puis redevenu Français en 1944, pour suivre, après cette deuxième grande conflagration fratricide en Europe, la piste lancée par Robert Schuman, celle d’une construction européenne efficace, animée par la ferme volonté de renforcer le poids de notre continent dévasté. Devenu l’un des premiers fonctionnaires européens en place à Bruxelles, Wolff avait fait une carrière brillante, maîtrisant l’allemand, le français et l’italien à la perfection. Il habitait à Laeken. Il y jouissait d’une retraite bien méritée, commencée fin des années 80. Keil le rencontrait très souvent. Personnellement, je n’osais guère déranger cet homme vénérable, d’un âge déjà avancé, doux et affable, gentil mais déterminé, toujours tiré aux quatre épingles, au savoir politique accumulé depuis les temps héroïques de la CECA. Jamais je n’ai osé lui réclamer des articles ou des communiqués, alors qu’il l’aurait bien voulu, je pense. C’était donc Robert Keil qui organisait, depuis Metz, des réunions avec Wolff et moi dans une taverne danoise à l’ombre de la Basilique de Koekelberg, quand notre fonctionnaire en retraite était à Bruxelles car il résidait chaque année pendant de longs mois dans un village italien d’où son épouse était originaire. Comme auparavant avec Keil, le courant entre Wolff et moi est passé tout de suite: fraternité silencieuse des Lotharingiens, des hommes d’entre-deux, de tous ceux qui refusent les enfermements monoglottes.

André Wolff rédigeait tous les communiqués de “Minerve”, avec une précision remarquable, utilisant le langage équilibré de l’UE pour faire passer un message proche du nôtre. Il demeurait une voix écoutée dans les arcanes de l’UE mais, hélas, non suivies d’effet car l’esprit européiste pionnier a bel et bien cédé la place à un mondialisme faussement mièvre, insidieux, foncièrement méchant dans sa volonté impavide de tout homogénéiser, un mondialisme sans aucune assise territoriale et culturelle. Wolff prendra la parole à mes côtés à la tribune du Cercle Hermès en 2009, pour introduire ma conférence sur la notion géopolitique d’Eurasie. Il avait 89 ans. Il mourra à Bruxelles dans sa 93ème année, suite à une mauvaise grippe. Keil en était profondément attristé. En m’annonçant au téléphone le décès de Wolff, sa voix était troublée par un sanglot, que j’avais envie de partager, tant la disparition de cet homme doux et convaincu a été finalement une grande perte pour tous ceux qui, dans les coulisses du Berlaymont à Bruxelles, entendaient maintenir une véritable “conscience européenne” de carolingienne et de lotharingienne mémoire. La voix de Wolff, toujours précise en dépit des ans, s’est hélas éteinte et, sans doute avec lui, l’esprit profondément européiste des fondateurs honnêtes de l’unité européenne, aujourd’hui galvaudée par des pitres politiques ou des canailles néo-libérales ou des valets au service d’un impérialisme étranger qui veut notre mort et la guette, la prépare, à tout moment par satellites-espions interposés.

Notre dernière rencontre

J’ai rencontré Keil pour la dernière fois dans la capitale française en septembre 2013 lors du colloque de “Maison Commune” organisé par Laurent Ozon, avec le concours du philosophe Jean-François Gauthier, auteur, récemment, d’un ouvrage didactique sur les messianismes politiques, paru chez Ellipses à Paris. Keil était heureux de voir deux de ses orateurs favoris fraternellement réunis après tant d’années de séparation. Keil était assis en face de moi pendant tout le colloque, affichant son éternel sourire si chaleureux, tout à la fois complice, espiègle, heureux et satisfait que la machine tournait toujours en dépit du temps qui passe, de l’acharnement des adversaires de tous horizons. En écrivant ces lignes d’hommage, c’est ce visage de Keil à Paris que j’ai en tête et que je n’oublierai jamais plus. Ana aussi, quand elle a appris la disparition de cet ami, a dit, spontanément, que c’est ce visage qu’elle gardera  toujours en tête, en souvenir de celui qui, avec son épouse, l’avait si bien accueillie en août 2006. Mais Keil, je le voyais bien, était épuisé d’avoir tant parcouru l’Europe en voiture en tous sens pendant tant d’années. Ensuite, il se plaignait qu’une cécité partielle le menaçait. Sur une charmante terrasse du 16ème, nous avons partagé le repas du soir en commun, avec les autres orateurs et organisateurs du colloque, ainsi que de jeunes écologistes provençaux, venus tout spécialement de Manosque, la ville de Giono, pour nous écouter. Keil était assis trois sièges plus loin à ma gauche si bien que je ne pouvais guère lui parler. Il a quitté la table, fatigué, bien avant les autres convives et tenait à me voir le lendemain matin avant son départ de la Gare de l’Est. Notre hôtel était à l’autre bout de Paris et il nous a été impossible d’arriver à temps dans le quartier de la Gare de l’Est pour prendre le petit déjeuner avec Keil. Nous avons donc raté notre dernier rendez-vous.

Robert Keil, incarnation du “triple C”

Robert Keil s’est éteint le 19 février 2014, treize jours après Gilbert Sincyr, premier Président de “Synergies Européennes”. Pour nous, c’est une catastrophe car il a été, avec Wolff, le seul à avoir réellement compris, dans ses chairs, dans toutes les fibres de son enveloppe charnelle, la dynamique transfrontalière et véritablement européenne que nous avons voulu impulser, parfois envers et contre l’incompréhension des “Français et des Allemands de l’intérieur”. Ensuite, il faut aussi le remercier pour cette bonne humeur constante et ce désintéressement qu’il a montré à tous moments. Quand Sincyr et moi rédigions la Charte de “Synergies Européennes” en 1994, nous avions tous deux décidé de placer nos activités à l’enseigne d’un “triple C”, pour “communauté”, “convivialité” et “courtoisie”. Dans un espace métapolitico-culturel difficile, comme celui que nous allions devoir côtoyer à notre corps défendant, ce “triple C” était un défi: trop de psycho-rigidités, d’affects inutiles, de raideurs rédhibitoires, de poses ridicules, de nullités prétentieuses exhibant leur “quant-à-soi”, d’inconsistences intellectuelles le refusaient implicitement, instinctivement, le prenaient pour une position inadéquate pour ceux qui, très suffisants, prétendaient constituer une sorte de “camp des saints”. Mais on ne bâtit pas une communauté réelle sans cette fibre transrationnelle, cette fibre charnelle, sans la convivialité que Keil et son épouse créaient lors des événements culturels qu’ils patronnaient, sans la courtoisie qui consiste à respecter le rythme et l’idiosyncrasie d’autrui quand il s’exprime par oral ou par écrit, à écouter les récits qui relèvent de son vécu. Je puis le dire et l’écrire: Keil a été le seul, l’unique, à incarner le “triple C”. C’est pourquoi son “départ” est une catastrophe anthropologique car qui remplacera cette incarnation lorraine du “triple C”? Je ne vois rien se pointer à l’horizon. Comme Ozon vient de l’exprimer par un courriel, “ce départ l’emplit d’une profonde tristesse”. Moi aussi. Car nous avons perdu un ami, de meilleur il n’y en avait pas. Il va falloir se battre pour lui, à sa place, en son créneau aujourd’hui vide, mais pourrons-nous en avoir la force? La force de réorganiser chaque mois des activités d’un tel niveau, avec un tel rythme et une telle constance? Avec une aisance sans pareille, avec une bonhommie qui conquiert tous les coeurs?

Merci, Papa Keil, pour ta bonne humeur, pour ta constance, pour ta fidélité. J’ose croire que tu as rejoint ce cher André Wolff dans le monde dont on ne revient pas. Réserve-nous une bonne table, comme tu le faisais à la taverne danoise de Koekelberg.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, 21 février 2014).

vendredi, 21 février 2014

Porträt Giorgio Locchi

Porträt Giorgio Locchi (I)

von Ettore Ricci

Ex: http://www.blauenarzisse.de

 

giorgio-locchi-286x300.jpgDer Italiener Giorgio Locchi gehört zu den wichtigsten Denkern der Neuen Rechten. Ettore Ricci stellt ihn hier zum ersten Mal auf Deutsch vor.

Locchi, der von 1923 bis 1992 lebte, war zweifelsohne einer der tiefsinnigsten Denker der nonkonformen Kultur Europas. Hinzu kommt: Er war ein bedeutendes Mitglied der ersten Neuen Rechten ab den 1970er Jahren. Seine Philosophie und seine Intuitionen beeinflussten unter anderem das Gedankengut der Rechtsintellektuellen Guillaume Faye, Pierre Vial, Pierre Krebs, Robert Steuckers, Stefano Vaj, Adriano Scianca sowie, vor allem gegen Ende der Siebziger Jahre, die Ideen Alain de Benoists.

Geprägt von Musik, Physik und Philosophie

Aber wer war Locchi? In Rom geboren, hielt er sich in seiner Jugendzeit lange in Deutschland auf. Es war das Land, zu dem ihm auch seine deutsche Ehefrau, Elfriede Locchi, verführte. Daraufhin studierte er Jura und wurde zum Auslandskorrespondenten der italienischen Zeitung Il Tempo in Paris.

Locchi galt als hochfeiner Kenner der deutschen Philosophie, der klassischen Musik und der neuen Physik. Nach dem Ende des Kriegs wohnte er in Saint-​Cloud, einer schönen Gemeinde in der Nähe von Paris. Er lebte in einem Haus, „bei dem viele französische, italienische und deutsche Jungen weniger zum Besuch, als zur Pilgerfahrt vorbeikamen. Aber sie simulierten Gleichgültigkeit in der Hoffnung, dass Locchi (…) wie Zarathustra gelaunt zu weissagen wäre, anstatt – wie es leider öfters vorkam – vom Wetter, seinem Hund und weiteren irrelevanten Kleinigkeiten zu sprechen”, so Locchis Weggefährte und Schüler Vaj.

Locchi war mehr als ein Philosoph, Journalist, Essayist und Denker. Er war eher, wie Guillaume Faye zurecht sinngemäß schrieb, „Lehrer und Dynamit”, ganz im Sinne Friedrich Nietzsches. Seinen Schülern galt Locchi als Anreger uralter Energien, als Multiplikator geahnter, doch noch nicht verstandener Erleuchtungen: „Wer sein Buch Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista (sinngemäß Wagner, Nietzsche und der Mythos des Übermenschen, E. R.) aufschlägt, der steht einer Enthüllung eines originellen und originären Wissens gegenüber – eine Enthüllung, die nie total sein mag. Denn der aristokratische Stil Locchis ist hermetisch und andeutend. Der Leser wird dadurch fasziniert, indem er versucht, ein weiteres Wissen durch die Zeilen zu schielen, das der Autor – ganz sicher – schon besitzt und das Locchi dennoch mit Mäßigung spendet”, schreibt Scianca über ihn.

Der Reiz Locchis liegt in seiner vielseitigen, sich anderer Denkschulen bedienenden Ausbildung. Sein Werk beruft sich auf philosophische, ethnologische, musikwissenschaftliche, physikalische und religionsgeschichtliche Abhandlungen. Und eben dadurch war er in der Lage, seinen neuen Mythos der Geschichte in allem Glanz und all seiner Schönheit zu enthüllen.

Ende oder Wiedergeburt der Geschichte?

Der Sinn des leider geringen, doch intensiven Schaffens Locchis besteht genau darin. Er hat den Mythos und die Kraft einer antiegalitaristischen Geschichtstendenz in all seiner Klarheit veranschaulicht. Dieser neue Mythos entstand mit und dank Richard Wagner sowie Nietzsche. Es war eine Kraft, die sich auch in den revolutionären politischen Bewegungen der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts entfaltete. Einige nennen diese Bewegungen „Konservative Revolution”, andere „Faschismus”. Locchi hat deren Mytheme, die Bestandteile ihres antiegalitaristischen Mythos, erkannt. Anders gesagt: Er hat im Sinne Oswald Spenglers den „Ideen ohne Worte” Ausdruck verliehen.

Neuer Mythos des Übermenschen

Locchi bezeichnet den neuen Mythos auf Italienisch als „sovrumanismo”, auf Französisch als „surhumanisme”. Ins Deutsche lässt sich der Begriff nur schwer übertragen. Es handelt sich um eine Idee, die auf dem Modell des Übermenschen von Nietzsche beruht. Damit setzte sich Locchi der anderen, zweitausendjährigen Tendenz des Gleichheitskults, dem Egalitarismus, entgegen. Auch dieser hat ganz und gar mythische Wurzeln. Er entstand mit dem Christentum innerhalb der griechisch-​römischen, polytheistischen Kultur. Das Weltgefühl und die Weltanschauung des Abendlandes hat der Egalitarismus nahezu völlig geprägt. Denn die anderen Ideologien der Gleichheit, zum Beispiel Aufklärung, Liberalismus und Marxismus, entstammen der gemeinsamen Wurzel des christlichen Mythos. Im 20. Jahrhundert erlebte dieser seine hochideologische, vom biblischen Ursprung wegführende Phase.

Daraus entstand das, was Locchi den „epochalen Konflikt” nannte. Dieser Konflikt entspringt den gegnerischen und unvereinbaren Weltgefühlen und Projekten der zwei Tendenzen, die Locchi anhand des Denkens Nietzsches erklärt: Der Egalitarismus will den letzten Menschen und das Ende der Geschichte, der neue Mythos dagegen den Übermenschen und eine Wiedergeburt der Geschichte.

Moderner Hass gegen die Geschichte

definiciones.jpgDer egalitaristische, metaphysisch begründete Hass gegen die Geschichte wurde im 20. Jahrhundert noch deutlicher. Der französische Ethnologe Claude Lévi-​Strauss etwa verurteilte die „heißen Gesellschaften” als „Geschichtserzeuger”, Bertolt Brecht nannte „unglücklich das Land, das Helden nötig hat”. Aus den Gedanken Locchis heraus wird ihre Haltung erklärbar: Denn Helden stellen die Geschichte-​Macher schlechthin dar. Diese Ablehnung gegenüber der Idee der stets unvollendeten Zeit steigerte der bekannte US-​amerikanische Politikwissenschaftler Francis Fukuyama, als er 1992 das Ende der Geschichte verkündete.

Locchi beschreibt deren verbindende Ideologie, nämlich die Idee der Gleichheit. Denn sowohl Theorie und Praxis des Egalitarismus sind sehr alt ‒ über 2000 Jahre. Er entstand mit dem Christentum und gipfelte im Marxismus sowie im Liberalismus. Die egalitaristischen Ideologien haben einen mythisch inszenierten, als vorgeschichtlich beschriebenen Ursprung, zum Beispiel den Garten Eden, Urkommunismus und vorgesellschaftliche Freiheit sowie ein nachgeschichtliches Ziel. Es ist wahlweise das Himmelreich, die kommunistische Gesellschaft oder eben die planetarische Demokratie.

Die Linie und das Verschwinden der Zukunft

Die Geschichte „an sich” kann aus des Sicht des Egalitarismus, so Locchi, nur noch eine Strafe bzw. ein Unfall sein. Ihr einziger Sinn liegt in ihrem Ende. Zum Glück führen demnach allein die christliche Vorsehung Gottes, die marxistische wissenschaftliche Theorie oder der liberale Fortschritt. Sie gelten als metaphysische und somit die Zukunft bestimmende Wesen. Sie würden, so die Überzeugung dieser Ideologien, den Menschen endlich zu ihrer Idee des Glücks führen, das außerhalb der Geschichte steht. Solche Auffassung kommt aus dem Hauptmythem des Egalitarismus, nämlich dem Geschichtsbild der Linie, das bereits Armin Mohler in seiner Dissertation Die konservative Revolution in Deutschland 1949 beschrieben hatte.

Mohler und der „Narr des Glücks”

Sowohl Locchi als auch Mohler erkannten im egalitaristischen Geschichtsbild einen zentralen Gedanken: Die Zeit, folglich also auch die Geschichte, würden demnach linear verlaufen. Sie besitzt, so Mohler, einen ominösen, oft mythisch begründeten Anfang und zugleich einen scheinbar unvermeidbaren, fatalen Schluss. Der Mensch hat nach dieser Theorie letztendlich eben doch keine umfassende Möglichkeit, sein Schicksal zu bestimmen. Denn er darf seine angeblich vorausgesetzte Freiheit nicht ausüben, er ist auf sein Ende verdammt.

Der Mensch bleibt so ein verzweifelter „Narr des Glücks”, wie ihn William Shakespeare bei König Lear sowie Romeo und Julia beschreibt. Dieser „letzte Mensch”, den auch Nietzsche beschreibt, wähnt sich am Ende der Geschichte angekommen. „Was ist Liebe? Was ist Schöpfung? Was ist Sehnsucht? Was ist Stern?”, zitiert Nietzsche diesen satten und ungläubigen Charakter in Also sprach Zarathustra. Für Locchi stellt dieser „letzte Mensch” zugleich das letzte Ziel des Egalitarismus dar.

Zugleich, so dieser einzigartige italienische Denker, entstand im 19. Jahrhundert eine neue Geschichtstendenz gegen das Projekt der allgemeinen Gleichheit und des Sieges über die Geschichte. Es handelte sich um eine Tendenz, die durch ihren eigenen Mythos und ihren eigenen Willen beseelt war. Sie entsprang für Locchi der Musik Wagners und dem philosophischen Gedicht Nietzsches. Aus ihr entwickelte sich das Bild einer anderen Geschichte und einer anderen Zukunft. Locchi widersprach damit zugleich den rationalistischen Ideen der Moderne grundlegend. Gegen sie formte er einen neuen Mythos.

Anm. der Red.: Im zweiten Teil seines Porträts erklärt Ettore Ricchi, warum Locchi auch in Richard Wagner den Vater dieses neuen Mythos gegen die Gleichheit sah.

Porträt Giorgio Locchi (II)

Der italienische Rechtsintellektuelle Giorgio Locchi entwarf auf alten Traditionen ein neues Bild europäischer Geschichte. Seine Kronzeugen gegen den Egalitarismus waren Richard Wagner und Friedrich Nietzsche.

Die Geschichte blieb für den Italiener der wesentliche Bestandteil der menschlichen Natur, ja ihr eigentliches Wesen. Nicht der Verstand, so Locchi und der konservative Soziologe Arnold Gehlen, zeichneten den Menschen im Gegensatz zu den Tieren aus, sondern eben seine Geschichtlichkeit. Denn die Tiere haben keine Geschichte, sie wiederholen ihre ihnen angeborene, im Instinkt verwurzelte Natur. Damit kennen sie keine wirklich geschichtliche Entwicklung. Deshalb besitzen sie laut Locchi auch keine Kultur. Sie aber bleibt die wahre, einzigartige Natur des Menschen.

Die Kugel und die Erlösung der Vergangenheit

Denn der Mensch hat entweder keine bzw. alle Instinkte: Er ist im Sinne Gehlens voll und ganz „weltoffen”. Er muss seine Kultur und sich selbst entwerfen. Und der Mensch ist keine „res cogitans”, also keine „denkende Sache” im Sinne des rationalistischen französischen Philosophen René Descartes, sondern ein Schicksal, ein Da-​Sein.Diese Identität des Menschen beschrieb Martin Heidegger in seinem Hauptwerk Sein und Zeit: „Das Dasein hat faktisch je seine Geschichte und kann dergleichen haben, weil das Sein dieses Seienden durch Geschichtlichkeit konstituiert wird.” Für den neuen Mythos Locchis, den er auf alten Denkschulen gründet, bleibt die Geschichte deshalb die einzige Dimension, in der sich der Mensch durchsetzen kann.

americano12.pngEine solche Menschenauffassung kommt aus einem Hauptmythem der neuen Tendenz: Es handelt sich um die Dreidimensionalität der Geschichtszeit. Sie widersetzt sich dem linearen und eindimensionalen, egalitaristischen Bild der Zeit entschieden. Ihr Geschichtsbild ist die Kugel. Locchi erklärt, auf der egalitaristischen Linie „erscheinen Vergangenheit und Zukunft aus der Gegenwart ausgeschlossen; man ist immer in der Gegenwart, man ist nicht mehr und nie in der Vergangenheit, man ist noch nicht und nie in der Zukunft. In der Physis, im Leben, ist das wahr. In der Geschichte aber sind Vergangenheit, Aktualität und Zukunft immer zugleich da, von einer ‚Gegenwart’ als ihr ‚Inniges’ bestimmt, die das Dasein selbst (im heideggerschen Sinne) ist.” Wie auch Mohler in der Konservativen Revolution schreibt, bleibt „die Kugel wohl das bessere Gegenbild zur geraden, ‚einsinnigen’ Linie als der Kreis. Sie bedeutet für den Kykliker, (also den, der nicht an ein Ende der Geschichte glaubt, E. R.), daß in jedem Augenblick alles eingeschlossen ist, daß Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft zusammenfallen.”

Die Vergangenheit ist kein Gefängnis mehr

All das ist entscheidend: Es besagt, dass die Vergangenheit als determinierende Verkettung unzählbarer Ursachen den Menschen nicht mehr eindeutig und tyrannisch bestimmt. Damit widerspricht Locchi auch der hegelianischen Auffassung der Zeit, die von einem Fortschritt auf Grundlage der menschlichen Geschichte ausgeht. Auch die Zukunft ist nach Locchi nicht mehr von vornherein festgesetzt, sondern bleibt offen. Darin besteht genau die geschichtliche, also die eigentliche Freiheit des Menschen. Er ist nicht mehr Shakespeares „Narr des Glücks”, sondern ein „homo faber suae fortunae” ‒ der Schmied seines eigenen Schicksals, das er frei gewählt hat.

Warum handelt es sich hier um eine Wahl? Nach Locchis Auffassung bestimmt die Vergangenheit zwar den Menschen, doch er kann sich zugleich durch deren Bejahung von ihr befreien. „Die Vergangenen zu erlösen und alles ‚Es war’ umzuschaffen in ein ‚So wollte ich es!’ — das hiesse mir erst Erlösung!”, schreibt Nietzsche in Also sprach Zarathustra. Genau das habe er, so Locchi, mit dem sogenannten „Tod Gottes” beabsichtigt, nämlich das Ablegen jeder beengenden, die Geschichte allein verneinenden Metaphysik. Erst dadurch kann der Mensch befreit werden.

Der Übermensch entscheidet die Geschichte

Um wieder mit Locchi zu sprechen: Der Mensch als geschichtliches Dasein muss zugleich immer zwischen verschiedenen Formen der Erinnerung wählen und deshalb entscheiden. Zugleich beruft er sich in dieser Wahl auf einen gemeinsamen Ursprung und bestimmt damit auch seine Zukunft. Nach Heidegger „wählt sich das Dasein (damit, E. R.) seinen Helden.” Dieses vom Menschen bestimmte Schicksal bleibt gleichzeitig ein Geschick, ein Auftrag des Menschen. Denjenigen, der diese Entscheidung trifft, meinte Locchi mit dem neuen Mythos des „Übermenschen”.

Für Locchi entstanden diese Zeitauffassung und der neue Mythos dank Wagner und Nietzsche. Da sich das neue Weltgefühl durch die Sprache des Mythos ausdrückte, wurde es von den Verfechtern des Egalitarismus als „irrational” wahrgenommen und angeprangert. Es handelte sich dabei jedoch um einen irrtümlichen, für die spätpositivistischen Rationalisten typischen Ansatz. Aber die Absicht der mythischen Sprache ist es eben nicht, intellektuell zu überzeugen, sondern emotional zu begeistern. Gerade wegen dieser scheinbar unvernünftigen und verzaubernden Elemente wird sie von ihren Gegnern als höchst gefährlich gespürt. Deshalb verurteilen auch Wagners Gegner dessen Musik so unerbittlich und kompromisslos.

Die Figur des Hans Sachs fasst in Wagners Meistersinger von Nürnberg von 1868 die wesentliche Botschaft zusammen: „Es klang so alt und war doch so neu.” Folgt man weiter Locchi, gipfelte das mythische Projekt Wagners jedoch in der Tetralogie Der Ring des Nibelungen von 1876 und im Drama Parsifal von 1882. In der renommiertesten der italienischen Zeitungen, Il Corriere della Sera, hat der bekannte Musikwissenschaftler Paolo Isotta mehrfach Locchis Wagner, Nietzsche und der Mythos des Übermenschen als „ein Standardwerk der Wagnerischen Hermeneutik” bezeichnet.

Wagners Weltuntergang als Wiedergeburt

Locchi, so Isotta, habe erkannt, dass Wagner das zyklische Bild der Zeit erneuern wollte. Der Komponist habe damit den Mythos und die andere, weder geschichtslose noch gleichförmige Welt regenerieren wollen. Weltuntergang zeigt sich in seinem Werk zugleich als Weltwiedergeburt, Ende und Anfang fallen zusammen. Der Komponist ahnte das Heraufziehen dieser neuen Zeitauffassung. Aber die diskursive, lineare und eindimensionale Sprache seiner Zeit konnte das nicht ausdrücken. Der neue Mythos konnte nur in der Gestalt einer beschwörenden, erhebenden und rätselhaften Musik Gestalt gewinnen. Diese nicht nur den Zeitgenossen als großes Rätsel erscheinende Musik bleibt das Leitmotiv von Wagners Gesamtkunstwerks und des Wort-​Ton-​Dramas. Ihr vertraute er die Sprache des Mythos an.

Wotan, der wirkliche Held der Ring–Tragödie, weiß vom Ende der Welt. Dennoch will er dieses auch, um die Schöpfung regenerieren zu können. Nach der meisterhaften Exegese von Locchi erscheint die Wiedergeburt der Welt genau am Schluss der Götterdämmerung unter den Flammen von Walhall. Sie wird durch das „Erlösungsmotiv” verkündigt.

Zuvor erschallte es nur einmal im ganzen Drama, und zwar in Die Walküre, als Sieglinde dank Brünnhilde entdeckt, dass sie Siegfried im Schoße trägt, Der Walküre ruft sie entgehen: „O hehrstes Wunder! Herrlichste Maid! /​Dir Treuen dank’ ich heiligen Trost! /​Für ihn, den wir liebten, rett’ ich das Liebste”. Es handelt sich hier, wie Locchi erklärt, um das echte Motiv der Erlösung, des Lebens und damit der Wiedergeburt. Das scheinbare Ende aller Dinge bedeutet gleichzeitig einen neuen Anfang, den Beginn einer regenerierten Welt. Wagner schrieb: „Wir erkennen den Grund des Verfalles der historischen Menschheit, sowie die Nothwendigkeit einer Regeneration derselben; wir glauben an die Möglichkeit dieser Regeneration, und widmen uns ihrer Durchführung in jedem Sinne.” Locchi sah darin die zentrale und entscheidende Botschaft Wagners.

Anm. der Red.: Im dritten Teil seines Porträts zu Giorgio Locchi schreibt Ettore Ricci über den Einfluss Nietzsches. Darüber hinaus blieb der Italiener nicht nur dem europäischen Erbe verpflichtet. Er gehörte in den 1970er Jahren zu den ersten Rechten, die grundlegende Kritik an der heraufziehenden, US-​amerikanischen Globalisierung übten. Zum ersten Teil des Porträts geht es hier.

Porträt Giorgio Locchi (III)

Giorgio Locchi entwickelte auf Grundlage nietzscheanischer Philosophie eine neue historische Idee. Mit Alain de Benoist verfasste er ein US-​kritisches Plädoyer für das Erbe Europas.

Nietzsche hat die abendländische Philosophie und Metaphysik grundlegend zerstört aber auch erneuert. Er schuf die Idee der geschichtlichen Freiheit des Menschen. In der von ihm beschriebenen ewigen „Wiederkunft des Gleichen” offenbarte dieser einen neuen Mythos, so Locchi.

Das Rätsel ewiger Wiederkehr

Zu lange wurde Nietzsches Philosophie der „ewigen Wiederkunft” als eine herkömmlich zyklische Zeitauffassung betrachtet. Aber man muss auch damit rechnen, wie Locchi hinweist, dass „Nietzsche in seinem aristokratischen Bestreben, den Unerwünschten die Türen seines Hauses zu versperren, deren Schlüssel sorgfältig verbarg”. Denn er habe, ebenso wie Wagner, das Rätsel der ewigen Wiederkehr verschlüsselt.

Alles Gerade lügt, murmelte verächtlich der Zwerg. Alle Wahrheit ist krumm, die Zeit selber ist ein Kreis. Du Geist der Schwere! sprach ich zürnend, mache dir es nicht zu leicht! Oder ich lasse dich hocken, wo du hockst, Lahmfuss, — und ich trug dich hoch!”, schreibt er in Also sprach Zarathustra. An anderer Stelle spricht Nietzsche erneut durch den Seher: „Alles geht, Alles kommt zurück; ewig rollt das Rad des Seins. Alles stirbt, Alles blüht wieder auf, ewig läuft das Jahr des Seins. Alles bricht, Alles wird neu gefügt; ewig baut sich das gleiche Haus des Seins. Alles scheidet, Alles grüsst sich wieder; ewig bleibt sich treu der Ring des Seins. In jedem Nu beginnt das Sein; um jedes Hier rollt sich die Kugel dort. Die Mitte ist überall. Krumm ist der Pfad der Ewigkeit.”

Im Anfang liegt die historische Größe

Die dreidimensionale Zeit wird hier erneut deutlich: In der Kugel gibt es keinen Anfang und kein Ende, sondern eine Mitte, die überall ist. In ihr fallen die drei Dimensionen der Zeit zusammen. Es kann sich also nicht um das Bild des Kreises handeln. Denn das ist nur eindimensional. Der mythische Anfang der Geschichte ist bei Locchi und Nietzsche keine reaktionäre Wiederkehr eines mumifizierten Ursprungs, sondern ein verwandelter, regenerierter Anfang.

Heidegger formulierte das in seiner umstrittenen Rede Die Selbstbehauptung der deutschen Universität 1933 noch treffender: „Der Anfang ist noch. Er liegt nicht hinter uns als das längst Gewesene, sondern er steht vor uns. Der Anfang ist als das Größte im voraus über alles Kommende und so auch über uns schon hinweggegangen. Der Anfang ist in unsere Zukunft eingefallen, er steht dort als die ferne Verfügung über uns, seine Größe wieder einzuholen.”

Kritik der „Amerikanischen Metapolitik”

locchi-steuckers-konservative-revolution.jpgNeben der Interpretation und Weiterentwicklung der deutschen, geschichtsphilosophischen Tradition spielte Locchi auch an anderer Stelle eine entscheidende Rolle. Am fundamentalsten blieb seine Kritik der USA. Innerhalb der Neuen Rechten mag das heute als Trivialität erscheinen. In den Siebziger Jahren waren jedoch viele Rechte davon überzeugt, dass im Vergleich mit der Sowjetunion die Vereinigten Staaten das geringere Übel seien. Unter dem Pseudonym Hans-​Jürgen Nigra veröffentlichte Locchi in den 1970er Jahren mit Alain de Benoist, Pseudonym Robert de Herte, dazu ein Buch. In Deutschland erschien es 1979 unter dem Titel Die USA. Europas mißratenes Kind.

Beide interessierte hier nicht die Weltpolitik der USA, sondern eine „amerikanische Metapolitik”, nämlich der „american way of life”. In ihm verdichte sich, so Locchi und de Benoist, die antiheroische Weltanschauung, der puritanische Moralismus, der hedonistische Individualismus, die Stillosigkeit und die im Biblischen wurzelnde Verachtung der Politik als geschichtsstiftendem Handeln.

Europa ist Morgenland

Locchi lenkt dabei die Aufmerksamkeit auf Europa und sein Schicksal. Nach ihm ist das Abendland nämlich nicht das Land des Abends, also des Untergangs. Er hoffte auf die Morgenröte eines wieder in die Geschichte tretenden Europas. Nach dem zyklischen Weltgefühl Locchis, basierend auf Wagner und Nietzsche, gehört die Zukunft den Völkern, welche die längere Erinnerung besitzen. In diesem Zusammenhang könnte die indogermanische Tradition den regenerierenden Ursprung darstellen. Für Locchi sollten die europäischen Völker insbesondere die geistig-​kulturelle Gesinnung der Indogermanen wiederholen, als sie die „Neolithische Revolution” umsetzten.

In dieser Zeit entwickelten sie Viehzucht, Ackerbau und Vorratshaltung, die reine Ausplünderung des in der Natur Vorgefundenen nahm ein Ende. Zugleich entschieden sich die indogermanischen Völker, wenn auch ohne prophetische Voraussicht, damit für ein geschichtlich eigenes Schicksal. Die Erweckung dieses uralten Bewusstsein bietet auch Antworten auf scheinbar entfernte, hoch– oder postmoderne Fragen.

Europa, das Land der Kinder

Die Möglichkeit einer europäischen Zukunft besteht also in einem Widerhall, der aus den zurückliegenden Jahrtausenden herkommt. In diesem Fall könnte Europa aber kein Vaterland im traditionellen Sinn sein. Als unser in der Geschichte sich wandelndes Erbe stellt es nicht das Land der Väter, sondern vielmehr, wie Locchi schreibt, das Land der Kinder dar.

Oh meine Brüder, nicht zurück soll euer Adel schauen, sondern hinaus! Vertriebene sollt ihr sein aus allen Vater– und Urväterländern! Eurer Kinder Land sollt ihr lieben: diese Liebe sei euer neuer Adel, — das unentdeckte, im fernsten Meere! Nach ihm heisse ich eure Segel suchen und suchen! An euren Kindern sollt ihr gut machen, dass ihr eurer Väter Kinder seid: alles Vergangene sollt ihr so erlösen! Diese neue Tafel stelle ich über euch”, kündigte dies Nietzsche in Also sprach Zarathustra an.

Europas Schicksal und Wiedergeburt

Vielleicht ist das Ende der Geschichte trotzdem möglich: Denn die geschichtliche Freiheit des Menschen setzt die Möglichkeit voraus, auf diese Freiheit auch verzichten zu können. Aber das bleibt weder eine Notwendigkeit noch ein vorausbestimmtes Los. Ein neuer Mythos, ganz im Sinne von Locchi, kann unserem Kontinent seine Geschichte zurückgeben. Dafür brauchen die Europäer vor allem zwei Dinge: Den Willen zur Wiedergeburt und zum Schicksal.

Anm. der Red.: Hier geht es zum ersten, hier zum zweiten Teil des Locchi-​Porträts von Ettore Ricci. Online sind zudem Texte von Locchi auf Italienisch verfügbar.

 

lundi, 17 février 2014

En souvenir de Gilbert Sincyr

Robert Steuckers:

En souvenir de Gilbert Sincyr (1936-2014), Premier Président européen de “Synergies Européennes”

3076329118.jpgJ’ai rencontré pour la première fois Gilbert Sincyr à l’Ecole des Cadres du G.R.E.C.E. de 1980, baptisée “Promotion Thémistoklès Savas”, du nom d’un camarade grec, tué quelques mois plus tôt dans un accident de moto, alors qu’il sillonait les routes étroites et sinueuses des montagnes de l’Epire. Cette “Ecole des cadres” était rondement menée par Philippe Marceau qui, plus tard, sous son vrai nom, animera les structures des “Identitaires” avant de s’en dissocier récemment pour aborder d’autres activités. Marceau était cadre d’entreprises et abordait les choses de manière pragmatique: il avait notamment fait activer une caméra qui nous filmait alors que nous devions prononcer un bref exposé ou répondre à des questions critiques venues d’un public certes fictif mais dont les interpellations étaient bel et bien calquées sur celles que formulaient les participants aux activités du G.R.E.C.E. qui vivait alors sa période de gloire, bien ancré qu’il était dans le monde médiatique grâce au “Figaro Magazine”. Dans ces exposés filmés, pas question de se gratter le nez, de jouer avec un stylo à billes, de se tordre les paluches car le film montrait combien de tels gestes inconscients étaient ridicules: immense leçon de modestie et de maîtrise de soi! Marceau avait aussi prononcé un exposé d’une clarté limpide sur les types de personnes à recruter pour animer des cercles locaux, des antennes régionales, etc.: je m’en suis toujours souvenu! On était loin du pilpoul que d’aucuns ont reproché au G.R.E.C.E. quelques années plus tard, après que Marceau eût tiré sa révérence.

Sur les crêtes du Lubéron

Cette “Ecole des cadres” avait prévu, comme d’habitude dans toutes les activités du G.R.E.C.E. en Provence, une longue promenade sur les crêtes du Lubéron. Gilbert Sincyr était dans mon équipe et jouait le rôle du serre-file derrière les plus jeunes, dont Patrick Bouts, Stefano Sutti Vaj et moi-même, qui gambadions comme des cabris. Sincyr m’a alors dit qu’il venait de fêter ses 44 ans et qu’il avait beaucoup “crapahuté” (terme militaire qu’il m’a appris!) en Algérie pendant le conflit qui avait opposé la France au FLN. Gilbert Sincyr, originaire de Picardie, de la région d’Abbeville, avait en effet servi en Algérie de 1958 à 1961 comme conscrit dans une unité de combat particulièrement efficace et y avait gagné une citation. Il s’était ensuite installé dans la région de Toulouse. Après l’“Ecole des cadres” de 1980, j’ai revu Gilbert Sincyr en Provence, à Roquefavour, en juillet 1984, où il était accompagné de son fils. C’était à l’occasion d’un séminaire spécial organisé par Guillaume Faye, à l’époque infatigable animateur du département “Etudes et recherches” du G.R.E.C.E. Nous avons eu quelques conversations banales, sur la famille, les études, le quotidien, réalités prosaïques sur lesquelles Gilbert Sincyr a toujours voulu demeurer branché, avec raison, car elles sont le socle incontournable de toutes nos actions (et Heidegger ne l’aurait pas démenti...). Gilbert Sincyr m’a aussi parlé, au cours de ces journées, de ses activités de délégué syndical au sein de son entreprise, qualité inhabituelle en milieux néo-droitistes à l’époque.

Deux ans plus tard, Gilbert Sincyr remplace Jean-Claude Cariou au poste de Secrétaire-général du G.R.E.C.E. Tâche ardue et ingrate car l’éviction de Cariou, à cause des manigances abjectes d’Alain de Benoist et de sa clique de séides infréquentables, a été une page fort sombre de l’histoire du G.R.E.C.E, sur laquelle je me suis déjà exprimé (*). C’est bien sûr une époque où le G.R.E.C.E. ne dispose déjà plus de “fenêtres” dans le monde médiatique, celui qui compte vraiment dans l’Hexagone: ses équipes ont été exclues du “Figaro Magazine” et l’entreprise ambitieuse d’Alain Lefèbvre, “Magazine Hebdo”, a également capoté au bout de deux années, étouffée par le refus des publicitaires d’acheter des pages dans ce “news” d’un non-conformisme finalement assez ténu. Par ailleurs, les options trop “droitistes” de ces organes de presse ne cadraient plus exactement avec l’évolution intellectuelle et critique du mouvement, où l’on avait décidé, dorénavant, de mettre l’accent sur une défense des valeurs historiques européennes contre les non-valeurs imposées par le soft power de la “Communauté atlantique”, sur la nécessité d’une déconnexion par rapport à l’O.T.A.N. et aux institutions économico-financières de l’Occident, toutes positions que le public de droite, giscardien ou chiraquien, n’était pas prêt à accepter. Gilbert Sincyr devait alors gérer son secrétariat dans un espace où s’accumulaient les porte-à-faux. Quand Sincyr était Secrétaire Général du G.R.E.C.E., je n’ai pratiquement jamais eu affaire à lui, l’année 1986 ayant été la plus dynamique et la plus active du groupe E.R.O.E. (“Etudes, Recherches et Orientations Européennes”), qui, au départ de Bruxelles, travaillait très étroitement à l’époque avec ses amis britanniques du groupe IONA et allemands du “Gesamtdeutscher Studentenverband” (GdS), ainsi que dans un cadre belge bien bilingue, grâce notamment aux efforts d’Erik Van den Broele, de Bruges, et du regretté Reinhard Staveaux, de Ternat, décédé prématurément quelques années plus tard. A cette époque, où je ne passais presque plus à Paris, je n’ai eu qu’une très brève conversation avec Sincyr dans les locaux du G.R.E.C.E., rue Charles-Lecocq dans le XVème. Manifestement, de Benoist, inquiet et jaloux du succès, finalement fort modeste, de l’E.R.O.E. avait raconté à Sincyr pis que pendre à notre sujet —car tous ceux qui lui déplaisaient étaient toujours décrits comme de “dangereux extrémistes” ou des “terroristes potentiels”— et le Secrétaire général du G.R.E.C.E., qu’était devenu Sincyr, prenait alors des airs fort soupçonneux en me posant des questions sur nos activités.

Un secrétariat général très difficile

Mais tout en prêtant l’oreille aux médisances fielleuses d’Alain de Benoist, heureusement contrebalancées par les analyses plus rationnelles de la situation que posait Guillaume Faye à l’époque, Sincyr s’apercevait que le navire prenait eau de toutes parts. Cariou laissait derrière lui un grand vide, d’autant plus que le prestigieux Président, le Prof. Jean Varenne, indianiste de réputation internationale, avait été écoeuré et atterré par le comportement inique des hommes de mains français et vietnamiens d’Alain de Benoist, lors du “procès” interne intenté contre Cariou, viré illico pour avoir osé demandé un salaire décent pour Faye, à l’époque principal animateur de la revue “Eléments”. Varenne avait définitivement quitté les locaux de la rue Charles-Lecocq, sans mot dire et sans plus jamais donner de nouvelles. D’autres avaient fondé une association parallèle, l’I.E.A.L. (“Institut Européen des Arts et des Lettres”), qui appuyait l’E.R.O.E. dans ses initiatives françaises ou franco-belges (et c’est surtout cela qui inquiétait de Benoist...). Ensuite, au printemps de l’année 1987, Faye prend définitivement congé du G.R.E.C.E, en rédigeant une lettre très pondérée et équilibrée aux amis de son combat métapolitique, puis anime, dans un premier temps, les cercles bretons de Paris avec son ami de toujours, Yann-Ber Tillenon, avant de disparaître pendant une douzaine d’années dans l’univers très différent du show-bizz. Au bout de dix-huit mois, Sincyr est bien forcé de s’apercevoir, à sa grande désolation, que la baraque est vide, sauf bien entendu le bureau capharnaümesque de l’intrigant-en-chef, flanqué de son bougre-à-tout-faire que j’aimais à surnommer “Vlanparterre”, loueur de microphones et recruteur de tirailleurs tonkinois (on me comprendra...). C’est alors au tour de Sincyr, désabusé, de tirer sa révérence, de retourner à Toulouse et de dresser le bilan avec ses amis de la région, fort nombreux, au départ, à avoir été séduits par le combat métapolitique du G.R.E.C.E. Ces personnalités du pays toulousain, du Languedoc et du Bordelais vont alors, autour de Sincyr, réfléchir à d’autres possibilités de réamorcer un combat métapolitique efficace sans qu’il ne soit, cette fois, handicapé par l’irrationalité puérile et malfaisante de personnalités narcissiques, de vieux gamins immatures à problèmes irrésolus, et sans véhiculer un flou artistique permanent et désorientant quant au message à transmettre. C’est fort de ce repli, de ce “withdrawal” introspectif, que Sincyr me recontactera cinq ans plus tard.

En attendant, onze ans se sont écoulés depuis notre première rencontre en Provence: Sincyr a désormais 55 ans. A l’automne 1988, Charles Champetier, qui n’a que dix-neuf ans, a pris contact avec le G.R.E.C.E. moribond, végétant autour de de Benoist et de son drôle de zouave de Vlanparterre. Champetier donne réellement une impulsion nouvelle à l’association qui, grâce à ses très jeunes recrues, va connaître une renaissance vigoureuse dans les années 1989 et 1990. Le G.R.E.C.E. est désormais flanqué d’une structure modeste mais efficace que l’on a appellé “Nouvelle Droite Jeunesse” (N.D.J.). Elle publie un bulletin, “Metapo”, que je fais imprimer à Bruxelles.

Universtié d’été 1991

Début 1991, après une épuration de cette structure, à l’instigation du grand comploteur habituel, le G.R.E.C.E.-N.D.J. se rétrécit, perd quelques fortes personnalités jeunes (issues des milieux néo-gaullistes ou gaullistes de gauche) et s’aligne sur la politique erratique des “aggiornamenti” constants et quotidiens, sur la fébrilité touche-à-tout d’Alain de Benoist qui prend un malin plaisir à choquer et à désorienter ses propres vieux amis, au lieu de leur expliquer calmement, avec bienveillance, la nécessité qu’il y a parfois (mais pas toujours...) à adapter le discours sans renoncer à l’essentiel. Champetier, malheureusement, fasciné au mauvais sens du terme par son “Maître”, embraye sur cette politique néfaste, croyant bien faire et n’ayant plus rien à perdre car son militantisme trop zélé l’a conduit à rater ses études: il est désormais un jouet aux mains de son manipulateur retors. L’Université d’été du G.R.E.C.E. de 1991 est une catastrophe, alors que celle de 1990 avait été un franc succès. Sous l’impulsion de Maurice Rollet et d’Arnaud Hautbois, les veillées, en cette campagne isolée de l’arrière-pays aixois, comprenaient, faute d’autres distractions, des libations diverses mais surtout des sketches amusants, imités, le plus souvent de ceux de Thierry Le Luron, vedette du show-bizz à l’époque. Hautbois était un virtuose de ce genre de spectacle et un bon imitateur de Le Luron. Pendant que Hautbois se démenait sur la scène improvisée, le lugubre de Benoist était au fond de la salle, l’air sinistre, la trogne grimaçante, le cul pincé, la lippe nicotinée prête à éructer, et désapprouvait l’humour (faculté dont il est effectivement dépourvu) des animateurs. L’un d’eux, ami de Guillaume Faye, E.L., avait émis quelques blagues en chantant dans une fausse langue soi-disant “vieille-slavone”. Ces histoires drôles et ces contrepèteries étaient peut-être un peu lourdes mais je ne me souviens pas de leur teneur tant elles étaient somme toute anodines, en marge des sketches de Hautbois. Aussitôt, de Benoist ordonne qu’E.L. soit jugé par un tribunal composé à la hâte, présidé par le nouveau Secrétaire Général Xavier Marchand. Les “juges” s’installent alors à une grande table disponible dans une pièce annexe et le “prévenu” doit s’installer sur un vieux siège avant de Peugeot 403, au tissu complètement élimé, sans pieds, ce qui le place automatiquement très bas —les longues jambes de cet homme de haute taille étant pliées, avec les genoux à hauteur de son menton— par rapport à ceux qui vont, dans ce tribunal de sotie, prononcer sa condamnation avec toute la sévérité voulue. J’étais effaré du spectacle mais le prévenu n’était guère impressionné: il répondait en rigolant et augmentait ainsi la fureur de ses interlocuteurs, qui fulminaient des imprécations “logorrhiques” sans rien entendre. Maurice Rollet était bien embêté et aurait voulu éviter cet incident grotesque. Je regardais la scène par une fenêtre et je m’esclaffais, incapable de retenir un rire homérique en zyeutant les tronches courroucées de Benoist et de Marchand. A côté de moi, une militante du Périgord, qui avait suivi la ligne de retrait préconisée par Sincyr et ses amis des pays occitans, qui était venue espionner les néo-grecistes, me dit que ce type de comportement n’est pas d’esprit “communautaire” comme il faudrait l’entendre et que les déviances idéologiques boîteuses et fumeuses émises depuis l’épuration récente de la N.D.J. ne faisaient que jeter le désarroi et la confusion dans les esprits. Elle me signale qu’une structure alternative a été construite à la manière d’un “second échelon” et que ce second échelon aurait bien besoin de mes compétences.

J’entendais tout de même respecter mon serment de rester fidèle à la structure de départ, sans doute parce que je suis naïf et candide comme Tintin, ou du moins que je l’étais encore à l’époque, où je n’avais que 35 ans. De toutes les façons, il fallait que je montre à autrui, amis comme adversaires, une bonne cohérence dans mes engagements, faute de quoi j’aurais eu l’air ridicule. Mais je ne contestais pas la nécessité de corriger le tir, vu que l’association, qui avait pourtant connu une renaissance entre 1989 et début 1991, repartait de plus belle en quenouille, sous la fausse direction d’une parfaite marionnette comme Xavier Marchand, nouveau “Secrétaire général” et, par là, successeur de Sincyr. Des paroles de la jeune dame du Périgord, je retenais donc avec satisfaction qu’il existait un “second échelon” capable, éventuellement, de mieux fonctionner, composé d’hommes et de femmes formés au G.R.E.C.E. des temps héroïques, peu enclins à varier selon les humeurs et les dernières lectures ou propos commensaux d’Alain de Benoist. Marchand avait cependant surpris mes conversations avec la militante périgourdine et répéré une de nos escapades en Mini Morris vers le bureau de poste de Ventabren, afin de pouvoir causer à la terrasse d’un bistrot local sans craindre les oreilles indiscrètes. Aussitôt Marchand m’a soupçonné (et son patron avec lui) de faire partie du “second échelon”. Plus tard, à Paris, Marchand, la mine coléreuse, m’apostrophe en me parlant de ce “second échelon”: je fais le bête parce que je n’en sais finalement pas grand’chose, la militante périgourdine ayant été très vague comme il se doit; Marchand enchaîne, me décrit parfaitement ce que cette structure encore inconnue représente en réalité et me déclare tout de go que ce “second échelon”, véritable incarnation du mal pour de Benoist, dispose désormais de plus de militants et de fonds que son propre G.R.E.C.E.! Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd! Quelques semaines plus tard, une voix venue du “second échelon” me précise au téléphone qu’une fidélité au G.R.E.C.E. n’est pas incompatible avec une participation discrète aux séminaires du “second échelon”. Je participe à l’un d’eux et c’est là que je revois Sincyr qui me dit être l’un des principaux hommes-orchestre de ce “second échelon” et que son intention avait toujours été de poursuivre le combat métapolitique qu’il avait promis de mener, comme moi, quand il était au G.R.E.C.E.: la déréliction dans lequel celui-ci était plongé empêchait tout un chacun de travailler de manière cohérente à une oeuvre métapolitique donc de respecter son serment.

Ce n’est qu’après le colloque du G.R.E.C.E. de décembre 1992 que je romps définitivement avec le petit club gravitant autour d’Alain de Benoist, qui avait mené tout au long de l’année, sous la houlette de Marchand et à l’instigation de Benoist himself, de véritables cabales contre ma personne, notamment parce que je collaborais à la revue de Michel Schneider “Nationalisme & République” et, bien sûr, parce que j’étais désormais considéré comme une “taupe” du “second échelon”. C’était peut-être amusant de démonter les intrigues à deux sous de ce jeune sot de Marchand mais les plus courtes étant les meilleures, cela devenait fatigant à la longue, d’autant plus que le seul garçon chaleureux et jovial de la bande, Arnaud Hautbois, venait d’être viré sous des prétextes futiles, poursuivi par la haine de son concurrent, Arnaud Guyot-Jeannin, qui ne rêvait que d’une chose: prendre sa place, remplacer sa truculence et sa jovialité par un guénonisme de Prisunic. Cependant, dans mes conversations avec Sincyr, j’avais bien précisé que notre combat métapolitique devait être public et surtout visible, au nom de la notion de “visibilité” que préconisait Carl Schmitt, sans doute inspiré, catholique rhénan qu’il était, par le verset évangélique qui dit que l’on ne peut cacher un luminaire sous un boisseau.

Sortir le luminaire du boisseau

L’occasion de sortir le luminaire du boisseau se présente en janvier 1993. Après avoir entendu les arguments des uns et des autres suite à mon départ définitif du G.R.E.C.E., j’ai fini par estimer, avec Christiane Pigacé et Thierry Mudry, qui collaboraient tous deux à “Nationalisme & République” comme moi, que les rencontres provençales d’été devaient être maintenues et entretenues sans les vaudevilles organisés par Rollet (qui faisait dans le burlesque) et de Benoist (qui avait fait dans le fouquier-tinvillisme de carnaval). Grâce à Philippe Danon, ancien cadre d’Alcatel, ami des Mudry, nous avons pu disposer d’un gîte rural de haute qualité en Provence. Sincyr était enthousiasmé: il voulait lui aussi sortir le luminaire du boisseau et nous lui offrions là une occasion rêvée, un projet cohérent et bien étayé. Il crée alors la F.A.C.E. (“Fédération des Activités Communautaires en Europe”), structure formelle qui sort partiellement le “second échelon” de l’informalité et du silence. Ce sera donc la F.A.C.E. qui organisera les deux premières universités d’été provençales (1993-1994), organisées sous la quadruple houlette de Christiane Pigacé, Thierry Mudry, Alessandra Colla et moi-même et sous le patronnage de Julien Freund. Plusieurs associations, groupes d’amis, structures modestes et informelles avaient mis leurs efforts en commun grâce à l’appui de Sincyr. Cette première université d’été fut donc un succès. Inespéré au départ!

 

covnew10.jpgAu printemps 1994, nous décidons, à Munkzwalm en Flandre orientale, de mettre sur pied “Synergies Européennes”, dont Sincyr sera le premier Président européen. Ce fut une aventure formidable qui durera une bonne dizaine d’années et qui ressuscitera en 2007 sous la forme d’un blog, alimenté chaque jour par des articles de fonds ou des vidéos, désormais connu sur la planète entière. En 1995, l’Université d’été connait un nouveau succès remarquable, alors qu’en 1994 elle avait été moins fréquentée. A partir de 1996, elle se tient en Italie, d’abord à Madesimo près du Splügenpass, très haut dans la montagne, où Sincyr et moi partagions une chambre dont la fenêtre offrait une vue imprenable sur la vallée. En 1997, elle se tiendra à Varese. En 1998 dans le Trentin. Plus tard, elles se tiendront à Pérouse et à Gropello di Gavirate, sur les bords du Lac de Varese, avec vue sur le Monte Rosa (ou Lyskamm) dont Julius Evola avait escaladé la face nord. Ensuite, de 2001 à 2003, elles se tiendront en Allemagne, à Vlotho im Wesergebirge. Entre les universités d’été, de nombreux séminaires s’organiseront en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Autriche, au Portugal, etc. Comment ne pas se souvenir de notre voyage commun à Lisbonne, début novembre 1993, où nous devions inaugurer une antenne? Comment oublier ce passage au Cabo da Roc, point le plus occidental du continent européen, où nous avons grelotté sous un vent très froid venu du grand large?

1998: année fatidique

Rétrospectivement, je regrette que l’année 1998 ait provoqué notre rupture pour des raisons finalement indépendantes de nos volontés. Je vais m’expliquer. D’abord la fusion fin 1997 entre la D.E.S.G. (“Deutsch-Europäische StudienGesellschaft”) de Hambourg et “Synergies Européennes” donne un poids plus lourd au pôle allemand et, par ricochet, au nouveau Président de “Synergies Européennes-France”, le Professeur Jean-Paul Allard, brillant germaniste, qui prend la parole au Château de Sababurg en Hesse lors de la journée d’étude, organisée pour sanctionner la fusion entre les deux associations, journée mémorable appuyée par la présence du Croate Tomislav Sunic et d’une forte délégation autrichienne. Allard et moi estimions que nos activités ne pouvaient opérer un retour en arrière, c’est-à-dire servir de prélude à une réconciliation hypothétique avec le G.R.E.C.E., sur base d’un travail assidu dont nous aurions dû donner le meilleur exemple et impulser de la sorte une dynamique entraînante. Sincyr avait toujours cultivé l’illusion qu’une telle réconciliation “pan-néo-droitiste” lui aurait permis de demeurer fidèle à tous ses serments de combattant métapolitique et de voir l’avènement d’un mouvement plus vaste, regroupant dans l’unanimité tous ceux et celles qui partageaient nos valeurs. Allard lui avait démontré l’impossibilité d’une telle réconciliation, vu les intrigues permanentes de Benoist et d’autres personnages peu reluisants, et ce fut là l’objet majeur de leurs conversations dans les avions qui les avaient menés de Lyon à Hanovre et retour. Allard ne percevait pas l’utilité non plus de revenir au “repli” qui avait permis l’éclosion du “second échelon”. Sincyr, qui n’était pas a priori germanophile (bonne chose car il faut se méfier des dérives saugrenues de bon nombre de Français germanophiles qui ne parlent pas l’allemand), qui avait simplement conservé une admiration sincère pour des légionnaires allemands sacrifiés en Algérie à ses côtés, s’est-il méfié de cet apport germanique prestigieux qui aurait pu déplaire à certains de ses amis, peu soucieux, à juste titre, de singer des germanophiles infréquentables de la place de Paris ou d’ailleurs dans l’Hexagone? On peut émettre l’hypothèse. Mais la D.E.S.G., fondée en 1964, a toujours été d’un européisme positif et n’a jamais basculé dans un nationalisme anti-démocratique et hystérique. Elle était le meilleur interlocuteur dont on pouvait rêver en Allemagne. Il suffit de consulter la collection des cahiers “Junges Forum” qu’elle éditait.

Malgré les succès des séminaires de “S.E.-Ile-de-France” sur l’Allemagne et sur la Russie, Sincyr sera déçu par la faible affluence lors d’un troisième séminaire parisien sur le thème de “Littérature et rebellion” où Marc Laudelout, du “Bulletin célinien”, et Nicole Debie, célinienne historique, avaient pris la parole aux côtés du philosophe futuriste et heideggerien Jean-Marc Vivenza. Le sentiment d’être supplanté par Allard qui, de surcroît, partageait ma politique de “visibiliser et de pérenniser la rupture”, et la déception suite au séminaire parisien si peu fréquenté du printemps 1998 sont, à mes yeux, les deux raisons majeures qui vont conduire Sincyr à désespérer de notre propre création, lancée au début des années 90. J’aurais aimé avoir avec lui une conversation rétrospective sur cette année 1998, où il semble avoir perdu espoir, alors même que des horizons nouveaux s’ouvraient à nous, notamment grâce aux contacts pris lors de la journée d’hommage à Julius Evola, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Cette journée avait rassemblé à Vienne, dans les locaux de la “Burschenschaft Olympia”, des amis venus d’horizons divers, d’Italie, de Hongrie, d’Allemagne, d’Autriche, de Grande-Bretagne, de Suisse et de Belgique. Les questions que j’aurais voulu poser à Sincyr sur ses réticences de 1998 demeureront pour toujours sans réponse et je le regrette vivement. Comme je regrette qu’une maladie foudroyante ait mis un terme prématuré à la carrière du Prof. Jean-Paul Allard, qui n’a plus pu exercer ses fonctions de Président de “Synergies Européennes-France”.

Nos contradictions

Le décès de Gilbert Sincyr le 6 février 2014, et l’hommage qui lui est dû pour sa fidélité constante et inébranlable au combat métapolitique, ne doit pas nous amener à nous voiler la face. Il y avait entre lui et moi des contradictions accumulées —qui ont atteint en 1998 une intensité difficilement gérable— et les dévoiler dans cet hommage n’a pour but que de servir l’histoire authentique (et non trafiquée) de nos initiatives (dont certains ont déjà la nostalgie, à commencer par moi-même) et, plus essentiellement encore, de montrer des ambigüités qui ne doivent plus jamais se répéter; elles doivent plutôt servir à éclairer ceux qui, jeunes et ardents, s’engagent, aujourd’hui, dans un combat métapolitique, quel qu’il soit mais dont les modèles auront peut-être été les nôtres, parmi de nombreux modèles possibles. L’année 1998 a sanctionné la rupture entre Sincyr et moi; elle reposait sur trois faisceaux de motifs: 1) la définition du paganisme; 2) les ambigüités dans l’attitude à adopter vis-à-vis du G.R.E.C.E. et 3) l’attitude qui consiste à écouter ou à ne pas écouter les sirènes séductrices de tiers mal intentionnés ou de pseudo-camarades trop timorés, en l’occurrence ceux qui se présentent comme amis mais veulent la disparition de votre structure, parce qu’elle est perçue comme concurrente ou comme dangereuse (pour leur confort personnel ou leur quiétisme paresseux). Précisons ces trois points. 1) Sincyr cultivait une vision naïve du paganisme qui, à mon humble avis, risquait de discréditer le mouvement si elle s’exprimait de manière trop visible. Pour moi, pour Vivenza ou pour Allard, le “paganisme” était un retour aux Grecs, aux racines classiques de notre culture européenne, par le biais de la philosophie contemporaine, notamment Heidegger. Nous étions conscients également de la nécessité d’une liturgie basée sur le rythme des saisons, comme l’avait préconisé David Herbert Lawrence (**) dans son petit livre intitulé “Apocalypse” ou sur la nécessité de renouer avec les idées religieuses rénovatrices de l’époque qui avait immédiatement précédé la “révolution conservatrice” (***). Mais qui dit liturgie ne doit pas nécessairement s’ingénier à inventer de nouveaux rituels, détachés de tout contexte, qui peuvent trop aisément s’assimiler à de la parodie. Ces nouveaux rituels et ces quelques ornements ou objets pseudo-sacerdotaux, auxquels Sincyr tenait beaucoup, expliquent notamment l’attitude dubitative de nos amis espagnols et, par voie de conséquence, l’enlisement de S.E. en Espagne.

Ensuite, 2) il y avait l’ambigüité que cultivait Gilbert Sincyr face au G.R.E.C.E., auquel comme moi, il avait prêté serment. Mais un serment à mes yeux crée une “Eidgenossenschaft” qui doit impérativement fonctionner dans les deux sens. Au G.R.E.C.E., après les départs de Marceau et de Cariou, les valeurs —qui devraient nécessairement structurer toute “communauté du serment”— ont été systématiquement piétinées par de Benoist, être incapable de s’aligner sur des vertus fortes et admirables comme la fidélité et incapable aussi de percevoir la sacralité que revêt tout serment, en dépit des pensums qu’il a gribouillés à tours de bras, au début de sa carrière, sur la fidélité des anciens Germains ou autres ancêtres réels ou imaginaires. Aucune société alternative, contestatrice d’un quelconque ordre établi, ne peut cependant fonctionner sans de telles vertus et sans hommes capables de les incarner. Une société alternative n’est pas un parti politique en place, bien établi, où ce genre d’intrigues est monnaie courante, comme nous l’apprennent les actualités, chaque jour qui passe. J’étais donc partisan de bien visibiliser la rupture entre S.E. et le G.R.E.C.E., en la soulignant, dans chaque numéro de nos revues, au détour de quelques phrases sarcastiques ou moqueuses, de manière à ne jamais être assimilé au pandémonium greciste, à ne jamais avaliser les évictions iniques qui avaient marqué l’histoire trouble du mouvement, surtout dans les années 80. Sincyr, plus âgé et certainement d’un tempérament plus conciliateur que moi, voulait “oublier” ces dérapages qu’il jugeait certes navrants mais non rédhibitoires pour façonner un (très) hypothétique futur néo-droitiste unanimiste et consensuel. Personnellement, j’estimais que ce “modus operandi” greciste et benoistien, tissé d’intrigues glauques et d’évictions iniques, était indéracinable et, par voie de conséquence, les “oublier” revenait à s’y exposer une nouvelle fois, ultérieurement, avec le risque de faire capoter de bonnes initiatives où de Benoist n’aurait pas été la seule, l’unique, l’incontournable vedette et surtout, où il n’aurait pas pu bénéficier de toutes les ressources de la caisse. Gommer le passé, l’oublier, est un stratagème de “Big Brother” dans le “1984” d’Orwell: notre option nous mène à percevoir l’histoire telle qu’elle est, sans tenir compte des travestissements imposés par le “Parti” ou par “Big Brother” ou par une quelconque instance censurante. Ce doit être vrai pour l’histoire des peuples comme pour l’histoire des structures où nous avons été actifs. Point à la ligne. Pas question de transiger sur ce principe.

Sincyr n’aimait pas mes petits “poulets”, mes allusions, mes sarcasmes, dont je ponctuais parfois la longue rubrique des “activités communautaires en Europe” qui paraissait dans presque chaque numéro de “Nouvelles de Synergies européennes”. Il estimait que c’était des “attaques personnelles”. Je rétorquais que mes “attaques” étaient bien moins perverses, n’étaient pas aussi vicieuses que les tentatives permanentes de dénigrer nos activités, de faire pression sur les personnes qui nous louaient ou nous prêtaient salles et locaux, nous accordaient leur patronage, participaient à nos activités comme orateurs. Qui plus est, je faisais remarquer à Sincyr, qui, au nom de son unanimisme consensuel, ne me croyait pas, ne voulait pas me croire, que toutes ces attaques venues de Paris le prenaient aussi grossièrement pour cible, le traitaient de “beauf” et de “boeuf”, tandis que moi, évidemment, j’étais le “Grand Satan”, le “Belge” (Benoist étant sur ce chapitre le meilleur disciple de Coluche, tant et si bien qu’on pourrait, en ce qui nous concerne, lui ôter le label de “ND”, qu’il n’aime pas, sans doute à juste titre, pour le remplacer par “NC” ou “Nouveau Coluchisme”, ce qui le ferait culbuter dans les rangs d’une certaine gauche, le lavant ainsi, enfn, de tout soupçon d’infâmie...). Dans une lettre de novembre 1998, je dressais à Sincyr la liste quasi complète des pressions exercées par le G.R.E.C.E. ou ses séides contre nos initiatives, dont une des dernières en date avait été de téléphoner au propriétaire d’un château en Lorraine, qui nous avait prêté une salle pour tenir un colloque géopolitique où deux “bêtes noires” de de Benoist prenaient la parole: le politologue Alexandre Del Valle et moi-même. C’est malheureusement par cette lettre de novembre 1998 que nos relations se sont terminées, du moins provisoirement jusqu’en octobre 2012: Sincyr avait achevé son quinquennat de président et son poste était passé à Alessandra Colla de Milan. Il ne voulait apparemment plus tenir un rôle dans un espace “néo-droitiste” français (ou assimilable), déchiré par ce qu’il percevait comme une “guerre civile”. Pour moi, il fallait garder raison et oeuvrer dans un espace propre et assaini, débarrassé d’intrigues ineptes, pour exprimer sans détours des vérités politiques, métapolitiques, culturelles, philosophiques, toutes pertinentes “hic et nunc”, sans devoir me référer et me soumettre à des cercles de vieux copains, certes fidèles les uns aux autres, ce qui est bien, mais incapables d’accepter de nouvelles fidélités, des combattants plus jeunes et surtout de les conserver dans leurs rangs. Attitude négative et incongrue que l’on ne peut évidemment reprocher à Sincyr, qui a tout fait, dans la mesure de ses moyens, pour échapper à ce type d’impasses dans le réseau associatif néo-droitiste. Ensuite, pour moi, pas question d’exporter dans toute l’Europe les querelles suscitées par les atermoiements, les jalousies, les ressentiments, les intrigues et les caprices de de Benoist. Dans ma lettre de novembre 1998, j’exprimais mon point de vue à Sincyr en lui expliquant que sa fidélité au seul “camp” (mot dont je contestais l’usage!) de la ND historique le faisait chavirer dans une forme de recrutement endogame, conduisant forcément à un ressac permanent voir à la sclérose et à la dégénérescence, alors que le but de toute manoeuvre de recrutement est de pratiquer l’exogamie pour pouvoir disposer en permanence de ressources humaines neuves et combattives. “Synergies européennes” ne pouvant en aucun cas devenir une “gérontocratie”.

“Grand Nuisible” et “bathyscaphistes”

Enfin, 3) Sincyr a trop écouté les voix de ceux qui nous dénigraient en jouant sur sa fibre consensuelle, expression d’une naïveté admirable car, en effet, il vaut mieux être un naïf qu’un intrigant: c’est plus propre, c’est plus sain, c’est plus honorable. Parmi ces voix, il y avait évidemment le “Grand Nuisible” habituel qui promettait à Sincyr, sans avoir la moindre intention de tenir ses promesses, de lui donner de nouvelles responsabilités dans une structure fusionnée, unanime et enfin consensuelle, à la condition bien sûr que le “Grand Méchant” pondeur de poulets sarcastiques, c’est-à-dire moi, l’adepte de la “thérapie du miroir”, soit éliminé de la danse. Je ne pense pas que Sincyr ait vraiment cru à ces promesses mais il a peut-être pensé, oui, que j’étais un élément perturbateur dans la classe et qu’il fallait m’isoler pour que je ne trouble plus le consensus qui allait revenir très bientôt, allelouïa, d’autant plus que 1998 a été l’année du retour de Guillaume Faye dans l’espace métapolitique néo-droitiste (ou assimilé, Faye n’ayant pas la manie des étiquettes). Gilbert Sincyr a certainement été l’un de ceux qui avaient espéré le plus ardemment ce retour. Faye débarque à Bruxelles à la fin de l’hiver 97-98 et m’annonce, dans une ambiance de liesse aux tables de la taverne “Le Cent Histoires”, qu’il reprend le combat et que de nouveaux livres sont prêts à être mis sous presse. Il accepte de participer à notre Université d’été du Trentin, à la grande joie de nos correspondants allemands de l’ex-D.E.S.G., devenue “Synergon-Deutschland”, et de Tomislav Sunic, tous présents à Bruxelles, le jour du retour de Faye. Champetier interviewe le “fils prodigue” de la ND historique pour “Eléments”. Sincyr aurait dès lors pu croire à une fusion rapide grâce au retour de Faye. La clique autour de de Benoist, elle, a craint une alliance Faye/Synergies qu’elle aurait difficilement pu contenir. Je ne saurais malheureusement jamais comment Sincyr a perçu ce remaniement dans le paysage associatif néo-droitiste, nouvelle donne qui n’existait pas au moment où il construisait patiemment son “second échelon” et participait aux activités publiques et visibles de la F.A.C.E. et de “Synergies européennes”. Le retour de Faye, mes positions intransigeantes pour préserver l’autonomie de S.E., comme Jean van der Taelen et moi avions préservé l’autonomie d’E.R.O.E. à Bruxelles, la rage irrationnelle et délirante d’Alain de Benoist à vouloir briser toute autonomie soustraite à son contrôle erratique et capricieux avaient désespéré Sincyr. Il jette l’éponge. Il ne reviendra pas au G.R.E.C.E. D’autres amis, trouillards, lui disent —et il m’avait rapporté leurs paroles— qu’il faut procéder à une “immersion profonde”, soit se soustraire à toute visibilité. A Bruxelles, moqueurs, nous les appellions les “sous-mariniers” ou les “Commandants Cousteau” ou les “bathyscaphistes”, ou encore les “scaphandriers cyclistes”, le langage coloré étant notre marque favorite, zwanze et gouaille obligent.

Du silence à l’écologisme pratique et localiste

Sincyr restera silencieux pendant la guerre de Yougoslavie en 1999, où Laurent Ozon déploie son mouvement “Non à la guerre”, avec l’énergie qu’on lui a toujours connue. Il ne dira mot non plus lors de la cabale menée par de Benoist et Champetier contre Faye en 2000, où ces deux brillants sujets dénoncent leur ancien ami —qu’ils avaient pourtant interviewé pour “Eléments” en 1998— dans la presse italienne et envoient des communiqués condamnant ses positions à une liste impressionnante de journalistes du “Monde”, de “Libération” et du “Nouvel Observateur”, dans le fol espoir d’apparaître comme de braves nouveaux gauchistes soft face à un méchant Faye hard pourfendant les idéologies et les lubies dominantes, au risque de se faire crosser par un jugeaillon parisien (ce qui fut fait...). Champetier, maladroit, envoie ce courriel avec les adresses lisibles par tous, parce qu’envoyées en mode “CC” et non “CCI”. Par cette maladresse informatique, il tombe le masque, et fait tomber celui de son chef, mais il est à son tour évincé fin 2000. Sa servilité et sa veulerie n’ont servi à rien. Son commanditaire était plus veule que lui, et surtout plus retors, et n’avait cure de cette fidélité que son féal disciple avait toujours montrée sans faiblir jusqu’à participer à une délation particulièrement sordide mais qu’il croyait juste de commettre pour assurer le triomphe de son vil Maître, pour les siècles des siècles, et où il aurait reçu un petit morceau de sa gloire, une portion congrue et, sans doute, une entrée dans les dictionnaires de noms propres. La série noire des évictions a donc continué... Ce comportement suscite alors la réaction d’un “Cercle Gibelin” qui lance sur la grande toile des “manifestes dextristes” en préconisant, comme le voulait d’ailleurs Sincyr au départ, une réconciliation des pôles de la ND (G.R.E.C.E., T&P et S.E.), sous les auspices d’une personnalité non contestée (Mabire ou Venner). Sincyr n’intervient pas dans le débat. Je ne saurais jamais ce qu’a pensé Sincyr de tous ces soubresauts de l’année 2000.

A partir de décembre 1998, Gilbert Sincyr n’opte pourtant pas pour un retrait total, pour la stratégie étonnante que préconisaient les “bathyscaphistes” de ses amis. Il était un amoureux de la nature. Il admirait Paul-Emile Victor et le Commandant Cousteau. Il avait été séduit, au début de l’aventure de “Synergies européennes” par les travaux de Laurent Ozon et par la revue de son équipe, “Le Recours aux Forêts”, surtout par les deux numéros exceptionnels sur l’urbanisme et la “bonne alimentation” que l’écologiste le plus original de France avait publiés suite à son passage chez les Verts d’Antoine Waechter et à sa lecture méticuleuse des théories d’Edward Goldsmith. Gilbert Sincyr va donc s’occuper d’écologie dans un mouvement local qu’il baptise “D’abord Vert”, actif surtout dans la périphérie toulousaine. On verra alors Sincyr renouer avec son passé écologiste, avec l’admiration qu’il vouait à Paul-Emile Victor, en inaugurant des marchés de Noël, des foires aux produits régionaux, en plantant des arbres avec les enfants des écoles. Sincyr était devenu un “localiste” très actif dès le début de la première décennie du 21ème siècle. Nos chemins étaient séparés: pour moi, les années 2002 et 2003 ont été très difficiles, vu que le Ministère de la Justice, sous la brillante gestion d’une ministresse aussi incompétente que prétentieuse, ne payait plus ses experts, vu que la Région bruxelloise ne payait plus les bureaux d’architecture qui me confiaient des travaux, j’ai dû faire le gros dos, laisser passer l’orage et, en décembre 2003, j’apprends que ma mère est atteinte d’un mal incurable, que son grand âge (89 ans) va permettre de ralentir, toutefois après une opération très meurtrissante et un recul général de ses facultés mentales. Fils unique, elle est dès lors à ma seule charge. Je la maintiendrai chez elle, en ses foyers, jusqu’en février 2008, alors que les médicastres et les Diafoirus de l’hôpital Saint-Jean voulaient l’enfermer dans un “mouroir”. Elle rendra l’âme en décembre 2011. Les revues “Nouvelles de Synergies européennes” et “Au fil de l’épée”, émanations de “Synergies européennes” et créées sous les auspices de Sincyr, paraissent jusqu’en 2002 et 2004, année où je rencontre Ana, ma deuxième femme flanquée de son petit chien “Gamin”, avec qui j’ai entamé une nouvelle série de voyages à travers l’Europe. A partir de janvier 2007, nous lançons à Bruxelles, le blog http://euro-synergies.hautetfort.com qui sera suivi plus tard par http://vouloir.hautetfort.com et http://archieveseroe.eu , animés tous deux par une équipe parisienne. La dynamique était relancée et je ré-amorçais en Europe mes tournées de conférence, en bénéficiant finalement d’une logistique mise en place dans les années 90 par “Synergies européennes” et appuyée cette fois par la notoriété qu’a acquise le blog au fil de ces sept dernières années. Eh oui, le petit Belzébuth de Bruxelles n’est pas mort malgré les trente ans de guerre qu’on a menées contre lui. Espiègle à l’instar d’Uilenspiegel, il continuera à adresser ses pieds-de-nez aux sots qui se prennent pour des phares de l’humanité.

Des Mérovingiens aux Pippinides

51CVkipR9zL._SY300_.jpgFin de la première décennie du 21ème siècle, Gilbert Sincyr, lui, se lance dans la rédaction de plusieurs ouvrages: sur le paganisme, son violon d’Ingres, où il recevra, prix de consolation, une maigre préface d’Alain de Benoist, mais aussi et surtout sur une période de l’histoire européenne et gauloise-française finalement peu connue et négligée par notre mouvement de pensée: la période qui va de la disparition de l’Empire romain, avec Aetius, à l’émergence de la Gaule mérovingienne et à la réaction austrasienne face aux rezzous maures venus d’Espagne occupée. Philippe Randa aura la bonne idée d’éditer tous ces ouvrages historiques de Gilbert Sincyr et, ainsi, d’occuper un créneau vide dans l’historiographie néo-droitiste. Créneau qu’il s’agit encore de compléter d’apports nouveaux. Sincyr a ouvert la voie, modestement: à ses successeurs, d’où qu’ils viennent, de poursuivre sur la sente qu’il a commencé à tailler pour nous tous. Nous participons ensuite tous les deux à un ouvrage collectif, “Force et Honneur”, sur les grandes batailles qui ont marqué l’histoire européenne, mais sans nous rencontrer.

Ce fut un deuil qui nous a permis de renouer nos relations rompues en 1998. Je possédais l’adresse électronique de Sincyr mais ne lui envoyais rien car il ne m’avait rien demandé. J’apprends en octobre 2012 le décès du politologue italien Mariantoni, qui avait participé à quelques-unes de nos universités d’été. Ce spécialiste du Proche et du Moyen Orient vivait en Suisse et était l’un de nos fidèles. J’envoie le faire-part à Sincyr qui me répond, le 24 octobre 2012: “La mort de Mariantoni est une grande perte. Son combat restera pour nous un exemple”. Phrase simple qui exprime une gratitude sincère. Ensuite Sincyr se réconcilie avec moi, en une seule phrase concise, et termine son courriel par la formule, très importante à ses yeux, “Que les Dieux te soient propices!”. Le 12 novembre 2012, il me transmet des nouvelles d’un ami toulousain. Le 21 janvier 2013, il écrit, tristement, suite à l’envoi de mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, tombé en Syrie, à Alep, dans le cadre de son métier de reporter de guerre: “Les rangs de nos amis s’éclaircissent”. Le 22 mars 2013, il me remercie de lui avoir envoyé le texte d’une de mes allocutions à Nancy, sur la notion de “patrie charnelle”, qui lui tenait fort à coeur. Le 24 avril, je lui écris pour lui dire que je ne pourrai pas être présent à Paris pour le lancement de l’un de ses livres. Il me répond: “C’est dommage que tu ne puisses pas venir, cela aurait fait une occasion de nous revoir”. Et sûrement de remettre beaucoup de choses sur le tapis. Je n’ai jamais revu Gilbert Sincyr. Je me promettais de le revoir à Toulouse en août 2014, lors de mon retour annuel d’Espagne. La Camarde en a décidé autrement. Adieu donc, camarade, mais sans toi, l’histoire de notre aventure commune, celle de “Synergies européennes”, demeurera toujours incomplète. Je vais écouter les “Oies sauvages” et le “J’avais un camarade”, que tu as dû murmurer en Algérie, face aux corps sans vie de quelques-uns de tes camarades de combat et de ces légionnaires allemands et européens que tu as un jour évoqués dans une conversation. Je sais que cela te fera un immense plaisir car tu es allé les rejoindre. Ne t’inquiète pas: nous te rejoindrons tous, quand nos heures seront venues. En attendant, nous continuons le combat en pensant à la phrase finale de ton éditorial du n°2 de “Nouvelles de Synergies européennes” (juillet 1994): “On dit que la vie est un combat. Pour nous c’est une chance: nous aimons l’une et l’autre”.

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, 15 février 2014.

Notes:

(*) Cf. sur le site http://robertsteuckers.blogspot.com l’article “L’apport de Guillaume Faye à la Nouvelle Droite et petite histoire de son éviction” (qui a servi de préface à une nouvelle édition italienne de son livre “Le Système à tuer les peuples”) et l’entretien accordé à Pavel Tulaev, Président de “Synergies Européennes-Russie”, intitulé “Answers to Pavel Tulaev”, mis en ligne en février 2014.

(**) Cf. Robert Steuckers, “Le visionnaire Alfred Schuler (1865-1923), inspirateur du Cercle de Stefan George”, in Vouloir, n°8 (nouvelle série), automne 1996 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ) & Robert Steuckers, “Paganisme et philosophie de la vie chez Knut Hamsun et David Herbert Lawrence”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ).

(***) Cf. Robert Steuckers, “Eugen Diederichs et le Cercle Sera”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (consultable sur: http://robertsteuckers.blogspot.com ).

jeudi, 23 janvier 2014

Muere el soldado japonés que siguió luchando 30 años después del fin de la II Guerra Mundial

Muere el soldado japonés que siguió luchando 30 años después del fin de la II Guerra Mundial

alt«Victoria o derrota, yo he hecho todo lo que he podido» respondió el subteniente japonés Hiroo Onoda en 1974 al enterarse de la derrota de Japón casi 30 años después de que hubiera finalizado la II Guerra Mundial. El soldado del Ejército Imperial nipón vivió durante tres décadas escondido en la selva de Filipinas convencido de que se seguía luchando.

Onoda solo entregó sus armas cuando su comandante le ordenó abandonar su escondite en una montaña de la isla de Lubang, a 112 kilómetros al sur de Manila. Cuando fue hallado en una montaña de la isla de Lubang, a 112 kilómetros al sur de Manila, el soldado japonés conservaba en su poder una copia de la orden dada en 1945 por el emperador Hirohito para que los soldados japoneses se entregasen a los aliados, pero él insistía: «Sólo me rendiré ante mi superior».

Onada había llegado a la isla de Lubang en 1944 a los 22 años con la misión de introducirse en las líneas enemigas, llevar a cabo operaciones de vigilancia y sobrevivir de manera independiente. Tenía una orden: no rendirse jamás y aguantar hasta la llegada de refuerzos. Con otros tres soldados obedeció estas instrucciones incluso después de la capitulación de Japón.

Vivió de plátanos, mangos y el ganado que mataba en la selva, escondiéndose de la Policía filipina y de las expediciones de japoneses que fueron en su busca desde que en 1950 se supo de su existencia por uno de los soldados que le acompañaban, que decidió abandonar la selva y volver a Japón. Onoda los confundía con espías enemigos.

Expediciones fallidas

Tokio y Manila intentaron contactar con los otros dos soldados japoneses durante años hasta que en 1959 finalizaron su búsqueda, convencidos de que habían muerto. En 1972, Onoda perdió a su último hombre al hacer frente a las tropas filipinas y Tokio decidió entonces enviar a miembros de su propia familia para intentar convencerle de que depusiera las armas. Todos los esfuerzos fueron en vano y su pista se perdió de nuevo hasta que fue avistado por el estudiante japonés Norio Suzuki en marzo de 1974 cuando hacía camping en la selva de Lubang.

Tuvo que desplazarse hasta la isla el entonces ya excomandante Yoshimi Taniguchi para entregarle las instrucciones de que quedaba liberado de todas sus responsabilidades. Solo así, Onada se rindió. Su madre, Tame Onoda, lloró de alegría.Los japoneses recibieron a Onada como a un héroe nacional a su regreso a Tokio por la abnegación con la que había servido al emperador. Tenía entonces 52 años. El exteniente contaría entonces que durante sus treinta años en la jungla filipina solo tuvo una cosa en la cabeza: «ejecutar las órdenes».

Un año después se mudó a Brasil, donde se casó con Machle Onuki y gestionó con éxito una finca agrícola en Sao Paulo. En 1989 volvió a Japón y puso en marcha un campamento itinerante para jóvenes en el que impartía cursos de supervivencia en la naturaleza y escribió su increíble aventura en el libro «No rendición: mi guerra de 30 años».

Onoda, el último de las decenas de soldados japoneses que continuaron su lucha sin creer en la derrota nipona, falleció este jueves en un hospital de Tokio a los 91 años por un problema de corazón, tras llevar enfermo desde finales del año pasado.

Fuente: ABC

In morte di Hiroo Onoda: apologia dell'eroismo

In morte di Hiroo Onoda: apologia dell'eroismo

di Daniele Scalea

Fonte: huffingtonpost

Si è spento mercoledì scorso Hiroo Onoda, il militare giapponese disperso nelle Filippine che, ignorando l'esito della Seconda Guerra Mondiale, continuò a combattere nella giungla, prima con tre commilitoni e - dopo la loro resa o morte - da solo, fino al 1974. Inizialmente rifiutò d'arrendersi pure di fronte ai messaggi con cui lo si informava della fine del conflitto, ritenendoli una trappola. Depose le armi solo quando il suo diretto superiore di trent'anni prima si recò da lui per ordinarglielo, dispensandolo dal giuramento di combattere fino alla morte. Raccontò la sua storia in un libro, pubblicato nel 1975 da Mondadori col titolo Non mi arrendo.

La storia di Onoda apparirà senz'altro "esotica" (roba da giapponesi!) e "arcaica" (ormai le guerre non ci sono più! In Europa Occidentale, s'intende, perché nel resto del mondo ci sono eccome) a gran parte dei lettori italiani del XXI secolo. Chi di noi riesce a immaginarsi, poco più di ventenne nella giungla, restarci trent'anni solo per onorare un giuramento e battersi per la causa che si ritiene giusta? Eppure la storia di Hiroo Onoda qualcosa da insegnarci ce l'ha; e proprio perché la sentiamo così lontana, temporalmente e culturalmente, da noi.

In quest'epoca così moderna e avanzata, il lettore al passo coi tempi potrà ben pensare che, in fondo, Onoda era solo un "fanatico", un "folle", un "indottrinato". Nei tempi bui che furono, il senso comune l'avrebbe definito un "eroe". Questa figura dell'Eroe, così pomposamente celebrata nei millenni passati, ha perso oggi tanto del suo smalto - presso la civiltà occidentale, e in particolare europea. Bertolt Brecht sancì che è sventurata quella terra che necessiti di eroi. Il nostro Umberto Eco ha deciso che l'eroe vero è quello che lo diventa per sbaglio, desiderando solo essere un "onesto vigliacco" come tutti noi altri. Salendo più su troviamo il nuovo vate d'Italia: Fabio Volo ha scritto che non è eroe chi lotta per la gloria, ma l'uomo comune che lotta per la sopravvivenza.

Prima di discutere queste tre idee, precisiamo che l'Eroe si definisce (o almeno così fa la Treccani) come colui che si eleva al di sopra degli altri: in origine più per la nobilità di stirpe, in seguito per la nobiltà nell'agire. L'Eroe non è necessariamente un guerriero: semplicemente la guerra, mettendo chi le combatte di fronte a situazioni e rischi assenti nella vita comune, facilita il manifestarsi dell'eroismo. Ma non è banalizzazione dire che l'Eroe può esserlo nel lavoro, nella scienza, nella politica, nell'arte e così via. È invece banalizzazione individuare l'eroismo nel fare ciò che tutti fanno, perché viene meno il senso stesso del termine: l'elevarsi, il fare più del normale, il più del dovuto. Dove tutti sono eroi, nessuno è eroe.

Alla luce di quanto appena detto, si coglierà l'illogicità della formulazione di Volo (per la cronaca: tratta da Esco a fare due passi), pure se inserita nel suo epos dei broccoletti (in sintesi elogio di mediocrità e de-gerarchizzazione di valore; ma se proponi un modello anti-eroico, allora parla di anti-eroi e non di eroi). Tutti sopravvivono, indotti in ciò dall'istinto di autoconservazione, e non vi è nulla di particolarmente commendevole nel far ciò che si è costretti a fare. Al contrario, l'Eroe per distinguersi dalla massa può andare contro l'istinto di autoconservazione (sacrificare, o porre a rischio, la propria vita per conseguire un obiettivo o per salvare altre vite), o fare più di ciò che è da parte sua dovuto. Non potremmo definire un eroe, ad esempio, un Giacomo Leopardi che sacrifica la sua salute e la sua felicità per diventare un sommo poeta, e così deliziare contemporanei e posteri?

L'idea della scelta libera e volontaria pare elemento costitutivo dell'eroismo, e ciò richiama in causa anche Eco. È in fondo diventato un cliché anche hollywoodiano, quello per cui l'eroe protagonista del film non diviene tale perché convinto della causa per cui battersi, ma solo perché travolto dagli eventi. L'escamotage classico vuole che i "cattivi" massacrino la sua famiglia, inducendolo per vendetta a combatterli. Questo leit motiv lo ritroviamo in tanti film di successo: pensiamo a Braveheart, The Patriot, o Giovanna D'Arco di Luc Besson, dove tra l'altro il primo e l'ultimo cambiano la vera storia pur d'inserirvi il tema suddetto. Gli appassionati di cinema potranno trovare molti più esempi, anche in generi diversi dall'epico e dallo storico. A quanto pare, l'individuo occidentale medio riesce ad accettare molto più la vendetta personale che lo schierarsi coscientemente per una causa collettiva che si ritiene giusta.

Eppure, lo ribadiamo, è la libera scelta a dare davvero valore all'atto eroico. Sembrano in ciò molto più savi dei nostri maître à penser odierni i teologi riformatori del Cinquecento quando, con logica rigorosa, notavano che non vi può essere merito individuale senza libero arbitrio. Così come una salvezza decisa da Dio è merito esclusivamente di Dio, un atto eroico costretto (non semplicemente indotto: costretto) dalle circostanze è "merito" delle circostanze stesse.

Rimane in ballo la questione se sia davvero una sventura aver bisogno di eroi. Tanti pensatori hanno più o meno esplicitamente ricondotto il progresso a un meccanismo di sfida-risposta, in cui spesso giocano un ruolo essenziale individui straordinari per la loro capacità creativa. Tra i più espliciti assertori di tali tesi nel secolo scorso, citiamo alla rinfusaA.J. Toynbee, H.J. Mackinder, Carlo Cipolla, Lev Gumilëv. Sono le persone straordinarie (nel senso letterale di fuori dall'ordinario, e dunque non comuni) che, con i loro atti creativi (in cui spesso la creazione maggiore è l'atto in sé come esempio ispiratore per gli altri), rinnovano costantemente la vitalità di un popolo. Rovesciando l'aforisma di Brecht:sventurata quella nazione che non ha bisogno di eroi, perché significa che ha scelto coscientemente d'avviarsi sulla strada della decadenza.

Restiamo sull'eroismo, torniamo a Hiroo Onoda. C'è una lezione che potremmo apprendere dall'eroica follia di questo giapponese che per trent'anni continua da solo una guerra già conclusa, o dai mille altri eroi - di guerra e pace, armati di spada, penna o lingua che fossero? Io credo di sì.

Potremmo imparare da loro lo spirito di sacrificio e l'indomita fede di chi crede in ciò per cui lotta - sia essa una patria o un'idea, un partito o una persona, una guerra o una pace.

Dovremmo imparare da loro che eroismo non è sopportare supinamente, tutt'al più inveendo (ma su Facebook o Twitter, che la poltrona è più comoda della piazza) contro le storture del mondo; ma eroismo è insorgere, levarsi contro l'ingiustizia. Se il mondo è storto non è eroico guardarlo cadere, ma cercare di raddrizzarlo.

Dovremmo riflettere che se oggi le cose vanno male, mancano i diritti e abbondano le ingiustizie, la morale è corrotta, l'ingiusto trionfa e il giusto patisce; se l'oggi insomma ci pare sbagliato, dovremmo impegnarci a correggerlo.

Perché i diritti non li regala nessuno, la giustizia non si difende da sola, il progresso non viene da sé. Servono i creativi, servono gli eroi.

Con buona pace dei Brecht, degli Eco e dei Volo.


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

mercredi, 22 janvier 2014

Hans-Jürgen Krahl, prophète de la révolte étudiante

mitscherlich.jpg

Werner Olles:

Hans-Jürgen Krahl, prophète de la révolte étudiante

Dans la nuit du 14 au 15 février 1970, une voiture dérape sur le verglas qui recouvre la route fédérale 252 dans la localité de Wrexen, dans le Nord de la Hesse, dans le Cercle de Waldeck; la voiture s’était engagée dans une courbe puis est entrée en collision frontale avec un camion arrivant dans le sens inverse. L’étudiant Hans-Jürgen Krahl, 27 ans, qui se trouvait à la “place du mort”, est tué sur le coup; le conducteur, Franz-Josef Bevermeier, 25 ans, meurt peu de temps après son arrivée à l’hôpital. Les trois autres occupants, dont Claudia Moneta, la fille du haut responsable d’IG-Metall, Jakob Moneta, sont grièvement blessés.

La mort de Hans-Jürgen Krahl n’a permis “aucune mystification a posteriori”, comme l’ont déclaré Detlev Claussen, Bernd Leineweber et Oskar Negt lors des obsèques du “camarade H.-J. Krahl”. En effet, ils ont écrit: “[Cette mort] atteste d’un fait brutal et misérable, celui d’un accident de la circulation, un événement contingent de la vie quotidienne, que l’on ne peut que difficilement forcer à entrer en rapport avec les faits sociaux”.

Certes, deux anciens présidents du SDS (l’association des étudiants de gauche et d’extrême-gauche), Karl Dietrich et Frank Wolff, s’étaient immédiatement rendus, la nuit même, sur les lieux de l’accident et s’étaient aussi rendus au chevet des blessés, mais une assemblée des membres, convoquée à la hâte, décide de se conformer “aux habitudes et aux valeurs bourgeoises” et de ne pas prononcer un éloge funèbre de type militant. Dans les colonnes du “Frankfurter Rundschau”, Wolfgang Schütte n’a toutefois pas pu s’empêcher de comparer Krahl à Robespierre et de glorifier “la terrible conséquence de ses visions théoriques, qu’il a pensées jusqu’au bout, sans compromis aucun”, ainsi que “ses énormes facultés d’agitateur”, et de dire de lui “qu’à côté de Rudi Dutschke, il fut une des figures dominantes du SDS”.

Krahl n’a jamais pu égaler la popularité de Dutschke

krahl.jpgLes hommages rendus à Krahl témoignent donc de cette absence de tact et de goût qui caractérise le “gourouïsme” du camp de la gauche libertaire, un “gourouïsme” que Krahl avait toujours combattu. Toutefois, ils reflétent une once de vérité et attestent encore du respect que suscitait l’itinéraire de Krahl chez ses camarades d’alors qui, pourtant, par la suite, n’auront ni son courage ni sa probité et n’ont jamais pu suivre ses traces, ni sur le plan intellectuel ni sur le plan politique. Après son enterrement au cimetière de Rickling, un centaine de militants du SDS, venus de toute l’Allemagne fédérale et de Berlin-Ouest, se réunissent dans les locaux de la “Techniche Universität” de Hanovre et décident, de manière certes informelle, de dissoudre leur association étudiante. Et, de fait, juste un mois plus tard, cette dissolution sera prononcée officiellement à Francfort-sur-le-Main.

Hans-Jürgen Krahl, né en 1943 à Sarstedt près de Hanovre, termine ses études secondaires et passe son “Abitur” en 1963. Il part étudier d’abord à Göttingen, la philosophie, l’histoire, la philologie germanique et les mathématiques. Deux ans plus tard, il quitte Göttingen pour Francfort, ce qui constitue une décision éminemment politique. Il passe d’abord par le “Ludendorff-Bund” puis par le “Parti Allemand Guelfe” et, finalement, par une Burschenschaft (Corporation) traditionnelle qui pratiquait la “Mensur” (les duels à l’épée). Dans le cadre de cette Burschenschaft, il écoute un jour la conférence d’un “Vieux Monsieur” (un ancien membre) qui, tout en dégustant avidement un gigot d’agneau, lui parle de l’infatigable esprit combattant de la classe ouvrière. Enfin, Krahl adhère, non pas à un parti de gauche, mais à la “Junge Union” (la jeunesse des partis démocrates-chrétiens): plus tard, il décrira cette étape de son existence comme un pas en direction d’une “bourgeoisie éclairée”.

Sa décision de s’installer à Francfort était surtout une décision d’aller écouter les leçons d’Adorno, qui deviendra le promoteur de sa thèse de doctorat. Il est fort probable que Krahl aurait entamé une brillante carrière académique car il était un étudiant très doué d’Adorno mais son adhésion en 1964 au SDS puis sa disparition précoce ont empêché cet avancement.

Il s’était rapidement imposé au milieu de la gauche radicale de Francfort parce qu’il philosophait en s’appuyant sur Kant et Hegel, parce qu’il tenait des discours si parfaits qu’on pouvait les imprimer aussitôt prononcés et parce qu’il avait colporté une légende biographique où il avait fait croire à ses camarades médusés qu’il descendait d’une ancienne famille noble de Prusse et qu’il était un descendant de Novalis, le Baron de Hardenberg. Dans le cadre du SDS de Francfort qui, au départ, était une sorte de “Männerbund”, d’association exclusivement masculine, Krahl a trouvé un public, augmenté de nouvelles recrues, qui estimaient, comme lui, que la “théorie critique” ne devait pas seulement se concevoir comme un projet purement académique mais devait chercher à se donner une utilité pratique et politique.

Dans la phase anti-autoritaire du mouvement étudiant entre 1967 et 1969, Hans-Jürgen Krahl est vite devenu une des têtes pensantes les plus en vue du SDS, qui n’a cependant pas eu les effets de masse que provoquait Rudi Dutschke, en énonçant ses thèses vigoureuses et pointues qu’il assénait comme autant de coups de cravache à ses auditeurs. Krahl était alors un intellectuel qui paraissait un peu ridicule et emprunté: en 1967, lors d’un “Teach-in” spontané pour protester contre la mort de Benno Ohnesorg, abattu par la police, il avait radoté un discours “hégélisant” quasi incompréhensible, truffé de concepts sociologiques des plus compliqués, tant et si bien que les étudiants avaient quitté l’auditorium. Après ce début malheureux, Krahl allait toutefois devenir le “théoricien de la praxis émancipatrice” (selon Detlev Claussen) qui poursuivait un but élevé, celui de transformer la “nouvelle gauche” en un mouvement d’émancipation sociale, qui se serait clairement distingué, d’une part, du réformisme social-démocrate et, d’autre part, du socialisme étatique et autoritaire de facture marxiste-soviétique et de l’idée léniniste d’un “parti de cadres”.

Cinq semaines après la mort de Krahl, le SDS se dissout

En ébauchant ce projet d’une “nouvelle gauche” alternative, Krahl devait immanquablement s’opposer à ses professeurs de l’université. Tandis que Max Horkheimer posait dès 1967 la thèse “qu’être un radical aujourd’hui, c’est en fait être un conservateur” et “que le système pénitentiaire de l’Est était bien pire que la falsification, finalement assez grossière, que constituait l’ordre démocratique de l’Occident”. Adorno, quant à lui, avait été profondément choqué lorsqu’un groupe de radicaux, parmi lesquels Krahl, avait occupé symboliquement le fameux “Institut für Sozialforschung” (berceau de la fameuse “Ecole de Francfort”). Adorno, à son grand dam, avait dû appeler la police! Carlo Schmid, qui donnait un cours intitulé “Thérorie et pratique de la politique extérieure”, avait été chahuté par un “Go-in” du SDS dont les militants l’avaient apostrophé en le traitant de “Ministre de l’état d’urgence” (“Notstandminister”) et en voulant le contraindre à discuter de la législation allemande sur l’état d’urgence et de la guerre du Vietnam. Carlo Schmid, contrairement à la plupart de ses collègues, pensait que la RFA ne devait pas hésiter à prendre des mesures d’urgence si elle voulait conserver une réelle autorité sur ces citoyens. Schmid, lors du chahut, n’a pas capitulé, il a résisté physiquement et a poursuivi son cours parce que, a-t-il dit par la suite, il ne voulait pas être co-responsable du “déclin de l’autorité étatique”: “L’autorité ne recule pas...”.

Plus tard, Adorno a défendu Krahl dans une lettre à Günter Grass: dès que Krahl en eut terminé avec ses attaques contre Adorno, il lui avait fait savoir, que cette animosité n’était en rien personnelle mais uniquement politique. Krahl a pris prétexte de la mort soudaine d’Adorno en août 1969, au moment où les actions du mouvement étudiant atteignaient leur point culminant, pour articuler les contradictions qu’il percevait dans la “théorie critique” d’Adorno et pour formuler et concrétiser ses propres positions, celles, disait-il, d’une “troisième génération de la théorie critique” (Detlev Claussen). Krahl lançait aussi un avertissement au mouvement étudiant, qui se disloquait en diverses factions, de ne pas troquer la praxis du refus individuel, propre à la phase anti-autoritaire, et l’hédonisme des nouvelles sous-cultures pour une morale organisationnelle rigide et pour le principe léniniste de discipline.

Krahl lui-même était à la recherche d’une nouvelle forme d’organisation, où serait apparue l’identité d’intérêt entre les intellectuels et la classe ouvrière. Cette quête intellectuelle a donc pris fin en février 1970 par la mort accidentelle de Krahl. Celui-ci n’a pas survécu très longtemps “au court été de l’anarchie”, pour reprendre le titre d’un roman de Hans Magnus Enzensberger.

L’heure des “desperados” et des “psycho-rigides”

krahl-sds.gifAvec Krahl meurt aussi l’esprit de 1968. Le 21 mars 1970, très exactement cinq semaines après la mort de Krahl, 400 membres du SDS se réunirent à la Maison des Etudiants de l’Université de Francfort pour tenir une réunion informelle et pour décréter la dissolution par acclamation du Bureau fédéral et, par voie de conséquence, de l’association elle-même. Udo Knapp, membre du Bureau, déclare alors que le SDS “n’a plus rien à apporter pour fixer le rapport entre les actions de masse et l’organisation du combat politique”. C’était évidemment la pure vérité. Après avoir longuement discuté de la question de l’héritage du SDS, l’assemblée s’est finalement déclarée incompétente pour statuer à ce sujet, car elle n’était pas une conférence de délégués en bonne et due forme: cette indécision marque la triste fin du SDS, devenu un boulet pour ses propres membres.

C’est alors qu’a sonné l’heure des “desperados” regroupés autour d’Andreas Baader et Ulrike Meinhof, qui inaugurent l’ère sanglante du terrorisme de la RAF. C’est aussi l’avènement en RFA des divers regroupements partisans dits “marxistes-léninistes”, totalement staliniens dans leurs modes de fonctionnement et de raisonnement, autour de personnalités telles Schmierer, Horlemann, Semler, Aust et Katarski, qui sortaient de l’ombre en rasant les murs comme des “lémuriens” et dont les joutes idéologiques stériles, sans bases conceptuelles solides, cherchaient à ancrer des positions politiques dépassées: Krahl n’avait eu de cesse d’avertir les mileux de la gauche radicale que tout cela constituait des voies de garage. En effet, les gauches radicales allemandes ont abandonné les débats reposant sur des arguments solides, n’ont plus posé intelligemment le problème de la violence; elles se sont perdues dans des poses et des esthétismes, où l’on vantait sa puissance imaginaire, ou dans la délation vulgaire et atrabilaire ou, dans les meilleurs cas, dans la recension critique d’ouvrages idéologiques. Tout cela a bien vite échoué au dépotoir des gauches allemandes, dont l’histoire est si riche en déceptions. Mais cet échec ne doit pas nous satisfaire. Au contraire.

Une définition claire de l’aliénation

En nous souvenant du révolutionaire Hans-Jürgen Krahl, un homme qui se mouvait avec la même aisance dans les méandres de la logique du capitalisme et parmi les images et les idées des romantiques allemands, il nous faut aussi nous rappeler d’une de ses positions, formulée de manière programmatique, lorsqu’il se présenta lui-même lors du procès “Senghor” devant le tribunal du Land de Hesse à Francfort: “Il ne s’agit pas seulement de faire le simple deuil de l’individu bourgeois, mais de faire l’expérience, par le truchement de l’intellect, de ce qu’est l’exploitation dans cette société, laquelle consiste à détruire totalement et radicalement le développement du besoin au niveau de la conscience humaine. Car force est de constater que les masses sont enchaînées, même si leurs besoins matériels sont satisfaits; en fait, la satisfaction de leurs besoins élémentaires reste lettre morte, car elles ont peur que le capital et l’Etat ne leur ôtent les garanties de cette sécurité [matérielle]”.

Depuis la fin des années 20, lorsque Martin Heidegger sortait son ouvrage-clef “Sein und Zeit” (“L’Etre et le temps”) et Georg Lukacs éditait “Geschichte und Klassenbewusstsein” (“Histoire et conscience de classe”), personne d’autre que Krahl n’avait donné une définition plus intelligente et plus décisive de l’oppression dans les sociétés de masse, qu’elles soient déterminées par le capitalisme privé ou par le capitalisme d’Etat, à l’Ouest comme à l’Est à l’ère du duopole de Yalta.

Werner Olles.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, 11 février 2000, n°7/2000; http://www.jungefreiheit.de ).

dimanche, 19 janvier 2014

Romualdi

00:05 Publié dans Evénement, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adriano romualdi, italie, événement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 17 janvier 2014

Hiroo Onoda: RIP

jeudi, 26 décembre 2013

RIP Mikhail Timofeyevich Kalashnikov

 

Internationally-renown small arms designer, Internationally-Russian military hero and inventor Mikhail Kalashnikov has died at 94 in his rifle’s home town of Izhevsk. His passage follows several years of heart trouble.

Kalashnikov’s most famous invention, the AK-47 rifle and the many guns that duplicate the design, is to-date the most successful firearm of all time, and likely will continue to be for many decades to come.

In that way he has achieved a little bit of immortality, joining the likes of Sam Colt, John Browning, Eugene Stoner, Hiram Maxim, John Garand, Richard Gatling, Benjamin Henry and the Mauser brothers.

While Kalashnikov has been given every ounce of credit due for his eponymous rifle, the design didn’t spring up in a single flash of genius. It took years of struggle and effort to invent the AK-47.

Kalashnikov was born in Kurya on Nov. 10, 1919, the 17th child of Timofel and Alexandra Kalashnikov, both well-to-do peasants. While from an early age he showed a predisposition towards machines and mechanics, he grew up hoping to be a poet and has in fact published half a dozen books of poetry later in his life. He never finished high school.

At the age of 11 Kalashnikov’s family was deported to Siberia and their property was confiscated by Stalin’s Dekulakization regime, where they lived in Nizhnyaya Mokhovaya on the Western Siberian Plain. There he and his father took up hunting to put food on the table. (Kalashnikov was from then on an active hunter into his 90s.)

After just a few years in Siberia Kalashnikov asked to leave his family in order to get a better education, hitchhiking 600 miles back to Kurya, his first home. There he worked to become a mechanic for a the Turkestan–Siberian Railway, where he would hone his engineering skills, until 1938 when he was drafted.

Given his aptitudes and smaller size, Kalashnikov was made a tanker and never stopped tinkering. In just three years he made a name for himself in the Red Army, having invented a Tokarev-TT stabilizer for shooting through tank slits, a tank engine runtime calculator and an inertia-driven tank shell counter to let tankers know how many shots they had remaining.

These inventions were so popular that the Russian forces would make them standard on all tanks. Not bad for a poet.

In June of 1941 he was called to Leningrad to complete and standardize his tank modifications for implementation military-wide. On his way to Leningrad he was hit by a shell during the October Battle of Bryansk, which tore through his shoulder.

From his hospital bed Kalashnikov continued to contribute to the Great Patriotic War, by working on plans for a new submachine gun after hearing so many wounded soldiers complain about the quality of their small arms.

kalashnikov-2.jpgWhen he was released from the hospital in April of 1942 he was immediately granted a six-month sick leave to continue his recovery. It was in that span that he traveled to the Matai depot to develop and prototype his submachine gun.

And it was a failure. The design was not accepted into service but his talent would not go unnoticed. His largely self-taught body of experience led him to build an entirely original sub-machine gun and it was his unorthodox approach to building small arms that got the attention of the Main Ordnance Directorate.

It was there in 1944 that Kalashnikov turned his efforts to the increasingly-popular and proven effective self-loading rifle. Chambered for the new 7.62x39mm cartridge, Kalashnikov developed a simplified version of the M1 Garand and submitted the rifle to the Red Army for evaluation.

It, too was rejected in favor of the Simonov Carbine, or SKS, which would become the standard infantry rifle for the Soviet Army.

Over the course of three more years Kalashnikov continued to toil over new designs that could be made easily, used easily and cost less than traditional machined steel firearms. In the end he wound up with a plan that cherry-picked many proven mechanisms and traits from existing, battle-proven designs and spun them into something altogether new.

In 1947 his plans for a new type of assault rifle were accepted and put into manufacturing. The simplicity of the design, the low cost of manufacturing, the stamped-steel construction and impressive overall reliability propelled the AK-47 into the winner’s circle and it would officially enter service in 1949.

Unofficially, the AK-47 was still a failure. It would be years before it would see use in numbers and for nearly the next decade the SKS remained the actual standard infantry rifle.

It wasn’t until 1956 that engineers at Izhevsk were able to develop the technology to reliably weld together an AK-47 rifle as designed. In its first seven years of manufacture, the AK-47 had a tremendous rejection rate. They cost too much to make in numbers, and the interim solution, using a milled receiver, while reliable, was also expensive.

While the AK-47 may be the most successful design in the world, the truth is that there weren’t a lot of actual AK-47s made. The design went through three revisions, stamped and milled, before Kalashnikov unveiled the AKM, which is what we really think of when we hear “AK-47.” It would be this rifle that would make Kalashnikov a household name.

 

Whatever they’re called, they’re Kalashnikov rifles. And even as the sun sets on the original and improved designs by Kalashnikov and the Russian Military gears for the adoption of the AK-12 — a new Russian rifle that for the first time in over 60 years, departs from the fundamental AK pattern — Kalashnikov will remain a cherished, household name, as the Russian Ministry of Defense has renamed their small arms manufacturers the Kalashnikov Concern.

Kalashnikov was one of the most decorated inventors of all time. He served his country for over 70 years.

He also invented a lawnmower.

mardi, 24 décembre 2013

George Santayana

George-Santayana-Quotes-4.jpg

150. Geburtstag George Santayana

Ex: http://www.sezession.de

(Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)

von Till Kinzel

Santayana war ein Denker sui generis, der verschiedene Denkströmungen zusammenbrachte, die man gemeinhin als inkompatibel betrachtet.

PT-AK480_BRLede_DV_20081217173514.jpgEr war z. B. Materialist und Atheist (Naturalist), schätzte aber die religiösen Traditionen des Katholizismus. Santayana kam während seines Studiums in Berlin in Berührung mit dem Werk Schopenhauers, über den er auch seine Dissertation schreiben wollte. Dies wurde ihm jedoch von seinem Doktorvater in den USA verwehrt. Die starken ästhetischen Interessen Santayanas wurden aber durch die Lektüre Schopenhauers gefördert – sein frühestes Werk, das sich auch gegen Kant richtete, unternahm bereits eine Verteidigung des Sinns für Schönheit (The Sense of Beauty, 1896).

Die akademische Karriere an der Harvard-Universität, wo u. a. T. S. Eliot [3] und Robert Frost zu seinen Studenten gehörten, gab er 1912 auf und siedelte nach Europa über. Seit den zwanziger Jahren lebte er nur noch in Italien. Politisch hatte Santayana, weil er Ordnung über Chaos stellte, situationsbedingt durchaus eine generelle Sympathie für das innenpolitische Ordnungskonzept des frühen italienischen Faschismus [4] (siehe dazu den wichtigen Brief vom 8. Dezember 1950 an Corliss Lamont). Er hielt aber Mussolini für einen schlechten Menschen und dessen kriegerische Außenpolitik für fatal. Santayana wandte sich grundsätzlich gegen die politischen Erscheinungsformen der modernen massenpolitischen Systeme, wozu seiner Meinung nach auch der Amerikanismus gehörte. Es erschien ihm dagegen wichtig, aristokratische Elemente in der Gesellschaft zu bewahren, die für ihn mit der Vernunft in der Gesellschaft unbedingt vereinbar waren, wie er in The Life of Reason (1905–06) erklärte.

Santayanas ambivalentes Verhältnis zur Religion läßt sich von seiner Ästhetik her aufschließen. Denn Santayana denkt zuerst über die Kunst nach, bevor er die Religion aus ihrer Nähe zur Kunst her genauer in den Blick nimmt. Dabei hat er zunächst ein starkes Gefühl für die Notwendigkeit einer »Apologie der Kunst«, die Santayana durch den Beweis liefern möchte, daß »die Kunst zum Leben der Vernunft gehört«. Diese Verteidigung der Kunst ist notwendig, weil die Kunst aufs engste mit etwas verbunden ist, das man Verzauberung nennen kann und eben deshalb auch gefährlich ist. Denn, so Santayana, »Berauschtheit ist eine traurige Angelegenheit, zumindest für einen Philosophen «. Es ist demnach für Santayana eine philosophische Notwendigkeit, sich mit der Kunst als einer potentiellen Rivalin der Philosophie auseinanderzusetzen. Santayanas ästhetische Präferenzen dienen ihm als Ausgangspunkt für eine Reflexion auf die »Ursachen und die Feinde des Schönen«, was wiederum zu der politischen Frage führt, im Schutze welcher Mächte das Schöne gedeihen kann und unter dem Einfluß welcher Kräfte esdahinwelkt. Positiv werden jene Einflüsse gewertet, die die Entfaltung von Möglichkeiten fördern, während die negativen Einflüsse feindselige Umstände hervorbringen.

Die Unterscheidung zwischen diesen beiden Formen im politischen Leben erweist sich als die zentrale Aufgabe der politischen Philosophie im Sinne Santayanas, die vor allem in seinem Werk Dominations and Powers (1951) niedergelegt ist. Santayana steht insofern in der Nachfolge Spinozas, als er die Geschicke der Menschheit unter der Perspektive der Ewigkeit, sub specie aeternitatis, betrachtet. Er dachte dabei auch intensiv über den Wandel der politischen Ereignisgeschichte und der politischen Systeme nach, die er mit einer gewissen Distanz beobachtete, was ihn deutlich von den auf klare praktische Ziele ausgerichteten modernen Philosophen unterschied. Er lehnte deshalb auch entschieden die Projektemacherei von modernen Propheten à la Ezra Pound [5] ab. Platonisch war Santayanas Einsicht, daß eine uneingeschränkte Ernsthaftigkeit in menschlichen Dingen immer unangebracht sei. Eine große literarische Darstellung seiner Weltanschauung jenseits von Tragödie und Komödie bietet Santayanas Bildungsroman The Last Puritan (Der letzte Puritaner, 1936).

Santayanas politische Philosophie gehört in die skeptisch-realistische Tradition von Aristoteles über Montaigne, Locke und Hume bis zu Oakeshott [6], die sich um ein Verständnis der Grundlagen einer freiheitlichen Politik bemühten. Auch wenn er Machiavellis Ansatz ablehnte, anerkannte er dessen genuine Einsichten in die Welt der Politik und lobte ihn dafür, daß er den Tatsachen ins Auge sah und sie freimütig zum Ausdruck brachte. Santayana teilte diese Sicht und sah selbst sehr scharfsichtig, welches Gefahrenpotential z. B. in jenen »sentimentalen Banditen « schlummert, die sich einem falsch verstandenen Humanitarismus verschreiben: »Er raubt und mordet nicht zu seinem eigenen Nutzen, sondern für die Größe seines Landes oder die Befreiung der Armen.«

Santayana stand dem Liberalismus sehr kritisch gegenüber, da dieser sich weigerte, alles das zur Kenntnis zu nehmen, was es über Politik und Kultur zur Kenntnis zu nehmen gebe. Die Liberalen erschienen nach Santayana auf der Bildfläche, wenn »eine Kultur ihre Kraft verausgabt hat und rasch absinkt«. Die Liberalen würden in ihrem Bestreben, die Kultur zu reformieren, unter einer spezifischen Blindheit leiden, da sie die (nichtliberalen) Grundbedingungen dessen, was sie wertschätzten, nämlich geistige und künstlerische Errungenschaften, nicht erfaßten.

Schriften: The Sense of Beauty, New York 1896; The Life of Reason, 2 Bde., London 1905–06; Scepticism and Animal Faith, New York 1923; Der letzte Puritaner, München 1936; Die Spanne meines Lebens, Hamburg 1950; Die Christus-Idee in den Evangelien, München 1951; The Letters of George Santayana, hrsg. v. Daniel Corey, New York 1955; Dominations and Powers. Reflections on Liberty, Society and Government, Clifton 1972; Interpretations of Poetry and Religion, Cambridge, Mass. 1989; The Essential Santayana. Selected Writings, hrsg. v. Martin A. Coleman, Bloomington 2009.

Literatur: Thomas L. Jeffers: Apprenticeships. The Bildungsroman from Goethe to Santayana, New York et al. 2005; Till Kinzel: The Tragedy and Comedy of Political Life in the Thought of George Santayana, in: Limbo 29 (2009); John McCormick: George Santayana. A Biography, New York 1987; Paul Arthur Schilpp (Hrsg.): The Philosophy of George Santayana, Evanston 1940; Irving Singer: George Santayana. Literary Philosopher, New Haven 2000.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/42843/150-geburtstag-george-santayana.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2013/11/Staatspolitische-Handbuch-3-Vordenker.jpg

[2] Vordenker: http://antaios.de/detail/index/sArticle/1116/sCategory/9

[3] T. S. Eliot: http://www.sezession.de/40896/125-geburtstag-t-s-eliot.html

[4] frühen italienischen Faschismus: http://www.sezession.de/2339/faschismus-links.html

[5] Ezra Pound: http://www.sezession.de/3552/autorenportrait-ezra-pound.html

[6] Oakeshott: http://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/restposten-/1148/michael-oakeshott.-philosoph-der-politik?c=12

dimanche, 22 décembre 2013

Roberto de Moraes (1939 – 2010) In memoriam

Recordar um Amigo. Até sempre!

«De ano para ano tenho suportado, também, o sofrimento que Hölderlin atribui a Hyperionte: o sentimento de ser estrangeiro na própria pátria.”

Ernst Jünger

 
Ernst Jünger e Roberto de Moraes

lundi, 16 décembre 2013

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
coppreve.jpgLe grand philosophe italien, Costanzo Preve nous a quitté fin novembre. Né à Valence en 1943, il est décédé ce 23 novembre à Turin. C'était sans doute, pour nous,le dernier marxiste vivant, le dernier en tout cas qui mérite fortement cette appellation de par sa rigueur d'analyse et son absence de compromissions, l'exact opposé des marxistes français comme Alain Badiou ou Etienne Balibar totalement asservis aux idéologies du capital et incapables d'avoir saisi en temps réel la manipulation du ''grand remplacement'', l'aliénation de l'immigration et des sans papiers comme armée de réserve du capital, bataillons de la bourgeoisie française, fossoyeurs de l'identité européenne.
 
Heureusement, d'Italie, Costanzo Preve nous réconciliait avec les communistes, les Lukacs et les Gramsci de la grande époque. Costanzo Preve avait été un grand professeur, enseignant d'histoire et de philosophie de 1967 à 2002, toujours proche des jeunes, jusqu'à sa retraite. Il ne fut jamais universitaire. Il avait été membre du Parti Communiste italien de 1973 à 1975 et en 1978, il avait participé à la création du Centre d'Etudes du Matérialisme historique à Pistoia. Costanzo Preve est un auteur prolifique et, depuis quelques années, je ne manquai aucune de ses publications. Je me souviens même avoir travaillé tout un été, en plein Océan indien, sur une traduction de notre auteur. Le style était impeccable. C'est un style qui s'est perdu parce qu'il suppose le matérialisme historique, la dialectique quasi dans les veines ou dans les gènes, c'est le style radical du grand Pasolini des Ecrits Corsaires mais chez Preve, c'était un style beaucoup plus conceptuel, beaucoup moins poétique et lyrique, beaucoup plus cérébral.
 
Il écrivait dans de très nombreuses revues et contrairement aux pseudo-marxistes français sectaires, il avait toujours la noblesse de citer ses sources, fussent-elles à contre-courant. La chute du Mur de Berlin ne le désarma pas, bien au contraire car il était un révolutionnaire critique, n'hésitant pas à dénoncer la conjonction criminelle dans l'histoire contemporaine du sionisme et de l'américanisme. Costanzo Preve était un penseur transversal, transcourant très italien car dans l'hexagone, la transversalité est quasi criminelle. 

A la fin de sa vie, ces dernières années alors qu'il semblait très fatigué et malade, Costanzo Preve, toujours au bureau à écrire ou à lire,  dialoguait avec Alain de Benoist ou Alexandre Douguine, le théoricien de la quatrième théorie et de l'eurasisme. Pour donner, ici-même, un aperçu de Costanzo Preve, j'offre au lecteur de Metamag cette petite traduction d'un entretien de Preve sur Carl Schmitt. Preve y déclare : “La raison pour laquelle j'acceptai pour l'essentiel la dichotomie schmittienne [ami-ennemi] réside dans le fait que celle-ci décrit avec une admirable précision la situation historico-politique qui s'est créée au vingtième siècle et surtout qu'elle permet de nommer l'empire idéocratique américain comme étant l'ennemi principal. En effet, ce dernier est l'ennemi principal non pas parce qu'il demeure le seul empire  capitaliste qui reste (la Russie, la Chine, l'Inde, etc. sont aussi cent pour cent capitalistes), mais parce que son existence brute coordonne, aussi bien sur le plan militaire mais surtout dans le domaine culturel, la reproduction totale d'un capitalisme globalisé mondial, imposant ses règles financières. C'est pour cela qu'il est l'ennemi principal, et non pas parce que ses rivaux seraient par principe “humainement” meilleurs. (…) De plus, Schmitt a été l'unique penseur du vingtième siècle qui a mis en relief de manière claire et paradigmatique le fait que l'immorale légitimation particulière de la puissance maritime américaine s'est édifiée à travers la référence à une prétendue “humanité”. (…) Aujourd'hui, le paradoxe dialectique est celui-ci: l'ennemi principal est présentement celui qui se présente comme le principal ami de l'humanité, celui qui prétend soumettre à “la manière universaliste” sa  structure économique, politique et sociale particulière, et le fait au nom d'un mandat religieux, d'une divinité auto-attribuée, d'un authentique Antéchrist, fruit d'une fusion monstrueuse entre le fondamentalisme judéo vétérotestamentaire et le puritanisme calviniste des “élus”.''

2867909646.jpgEn fait, peu connaissent en dehors du cercle étroit des schmittiens, la profondeur du travail intellectuel de Costanzo Preve, l'importance de son analyse critique. Le philosophe italien n'était pas un sorbonnard ou un agrégatif mais un résistant au pied de la lettre et au chevet de la lutte, un vrai camarade, un authentique compagnon, un dissident. La formation intellectuelle est la condition de toute action. Il ne saurait y avoir de résistance culturelle sans dialectique. Dans une telle formation, le marxisme est aussi une priorité méthodologique. Comme il faut lire Dominique Venner, il faut faire lire Costanzo Preve à tout candidat de l'esprit critique. Bien sûr, la pensée unique universitaire attaquera les idées d'un Costanzo Preve mais c'est parce que de telles idées peuvent la faire descendre de son piédestal et la vaincre de par sa méthode et sa rigueur scientifique. Les idées dissidentes sont larges et il y a en fait une infinité de penseurs oubliés, de syndicalistes inconnus, d'économistes à relire (nous pensons par exemple au protestant Charles Gide). 

En rendant ici même hommage à Costanzo Preve, nous souhaitons dire simplement aux plus jeunes qu'il faut par principe tout lire et dédier tous ses efforts à la diffusion des pages critiques des hommes et des femmes ouverts, libres d'opiner contre leurs propres partis, libres de désirer mourir pour des idées, libres en définitive de mourir en transmettant à leurs enfants les enseignements et les principes de tolérance intellectuelle qui furent toujours la valeur même de l'esprit européen. Malgré la dictature de la pensée unique, Costanzo Preve n'abandonna jamais et ne se tut jamais car on ne peut taire la vérité quand bien même demain, on nous préviendrait subrepticement que nous serons menottés.

N.B: De Costanzo Preve, nous recommandons en français son Histoire critique du marxisme chez Armand Colin, coll. ''U'' et L'éloge du communautarisme: Aristote-Hegel-Marx, Krisis, Paris 2012. Le dernier ouvrage publié en français est La quatrième guerre mondiale, Astrée, Paris 2013.

mercredi, 11 décembre 2013

Wolf Jobst Siedler ist verstorben

dab69e61bb44f40970db6f3168bb6061.jpg

Wolf Jobst Siedler ist verstorben

By Erik Lehnert

Ex: http://www.sezession.de

Am Mittwoch verstarb nach langer Krankheit der liberalkonservative Verleger und Publizist Wolf Jobst Siedler (87).  Siedler gründete und führte ab 1980 den nach ihm benannten Verlag. Im Jahr 2007 wurde er für sein Lebenswerk von der Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung (FKBF) mit einem Ehrenpreis gewürdigt. Wir dokumentieren nachfolgend den biographischen Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs.

Siedler.jpg.987511.jpgArmin Mohler nannte drei Gründe, als er Siedler im Criticón ein Autorenporträt widmete: Er sei unter den konservativen Autoren einer der »besten und eigenwilligsten Formulierer«, er sei ein typischer Vertreter des konservativen Einzelgängers, der sich mit niemandem gemein machen wolle, und er sei, neben Gross und Altmann, das »konservative Alibi für die Meinungsmacher«.

Siedler wurde in den Medien nicht nur toleriert und verfaßte zustimmungsfähige Essays, sondern spielte über viele Jahre selbst eine herausragende Rolle im Medienbetrieb. Siedlers Familie ist fest in Berlin und Preußen verankert, zu seinen Vorfahren gehören Johann Gottfried Schadow und Carl Friedrich Zelter, sein Vater war als Syndikus in der Industrie tätig. Ein einschneidendes Erlebnis ist für den jungen Siedler, als er und der mit ihm befreundete Sohn Ernst Jüngers wegen Wehrkraftzersetzung zum Tode verurteilt und schließlich zur Frontbewährung, die für Jünger tödlich endet, begnadigt werden. Lebenslang resultierte daraus ein Mißtrauen gegen Mehrheiten und eben die gesuchte Rolle des Einzelgängers. Nach einem Studium der Philosophie, Soziologie und Germanistik wurde Siedler zunächst Generalsekretär des deutschen Büros des »Kongresses für kulturelle Freiheit «, einer antikommunistischen und auf Westbindung zielenden Vereinigung, die, wie später herauskam, vom CIA finanziert wurde und vor allem linksliberale Intellektuelle ansprechen sollte. Anschließend war Siedler Redakteur bei der amerikanischen Neuen Zeitung und von 1955 bis 1963 Feuilletonchef des linksliberalen Tagesspiegel.

Die Essays aus dieser Zeit begründeten seinen Ruf als kulturkonservativer Publizist. Er wechselte dann auf die Verlegerseite und wurde Leiter des Propyläen-Verlages, machte im Springer-Konzern Karriere und führte schließlich alle unter Ullstein zusammengefaßten Verlage. In dieser Zeit erschien sein bekanntestes und wichtigstes Buch, Die gemordete Stadt (1964), das ihn zum Vorreiter einer später einsetzenden Nostalgiebewegung machte, die es nicht mehr hinnehmen wollte, daß die deutschen Altstadtviertel abgerissen wurden, und den Eigenwert der schönen Form betonte. Als Verleger pflegte Siedler vorwiegend die kulturkonservative Seite, hatte Kontakt mit wichtigen Autoren, so Ernst Jünger, der ihm zahlreiche wichtige Hinweise gab. Einer davon war die Veröffentlichung der belletristischen Werke von Pierre Drieu la Rochelle, die zwischen 1966 und 1972 bei Ullstein erschienen. Auch Hellmut Diwalds Geschichte der Deutschen (1978) fällt in diese Zeit, wobei Diwald damals nicht als Rechter galt und auch die gegenchronologische Herangehensweise eher eine experimentelle Sehnsucht verriet.

Im Mai 1979 mußte Siedler Ullstein verlassen und gründete Anfang 1980 seinen eigenen Verlag, den er in wenigen Jahren zu einem erfolgreichen Unternehmen machte. Herausragende Buchprojekte waren Siedler Deutsche Geschichte (13 Bde., 1982–2000), die unter der Überschrift »Die Deutschen und ihre Nation« einen Gegenentwurf zu Propyläen Deutsche Geschichte lieferten, und die Deutsche Geschichte im Osten Europas (10 Bde., 1992–1999). 1993 verkaufte Siedler den Verlag an die Gruppe Random House, wo er bis heute als eigene Marke weitergeführt wird. Siedlers Sohn gründete 2004 den wjs verlag.

Das schriftstellerische Werk Siedlers besteht vor allem aus Essays, die er in verschiedenen Sammelbänden veröffentlicht hat. 1965 erschienen die Behauptungen, die Mohler als »schönste Essay-Sammlung, die ein deutscher Konservativer seit 1945« veröffentlicht hat, bezeichnete. Melancholie über das tote Preußen und die Selbstaufgabe des Bürgertums sind wiederkehrende Motive seiner Aufsätze. 1982 hielt Siedler die Laudatio auf Ernst Jünger zur Verleihung des Goethe-Preises in Frankfurt am Main, in der er Jünger als »die vorläufig letzte Erscheinungsform von Weltliteratur in deutscher Sprache« feierte.

Schriften: [mit Elisabeth Niggemeyer] Die gemordete Stadt. Abgesang auf Putte und Straße, Platz und Baum, Berlin 1964; Behauptungen, Berlin 1965; Weder Maas noch Memel. Ansichten vom beschädigten Deutschland, Stuttgart 1982; Abschied von Preußen, Berlin 1991; Der Verlust des alten Europa. Ansichten zur Geschichte und Gegenwart, Stuttgart 1996; Phoenix im Sand. Glanz und Elend der Hauptstadt, Berlin 1998; Ein Leben wird besichtigt. In der Welt der Eltern, Berlin 2000; Wir waren noch einmal davongekommen. Erinnerungen, München 2004; Wider den Strich gedacht, München 2006.

Literatur: Armin Mohler: Wolf Jobst Siedler. Der tolerierte Konservative, in: Criticón (1983), Heft 75.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/42093/wolf-jobst-siedler-ist-verstorben.html

 

v49_Ullstein_Trauer_72.pdf.985546.gif


00:06 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wolf jobst siedler, hommage, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 07 décembre 2013

L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

jean-parvulesco.jpg

L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

par Claudio Mutti

Ex: http://www.eurasia-rivista.orginv

 

Le texte suivant reproduit l’intervention du directeur d’”Eurasia” au colloque sur Jean Parvulesco qui a eu lieu à Paris le 23 novembre 2012.

Ma première rencontre avec le nom de Jean Parvulesco date du 1974, quand j’étais l’objet d’attention des mêmes juges italiens qui, dans le cadre d’une enquête politique, s’intéressaient aussi à ce mystérieux roumain lequel appelait à être prêt pour le Endkampf (un mot très suspect aux yeux des chasseurs de sorcières, qui, dans leur orthographe, devenait endekampf) (1).

Selon les enquêteurs, le Roumain aurait voulu réaliser, avec deux des accusés, un accord fondé sur deux points: “a) adhésion à la politique de lutte internationale contre le bipolarisme russo-américain dans la perspective de la ‘Grande Europe’, de l’Atlantique aux Ourals; b) contacts avec les forces du gaullisme et du neutralisme eurasien qui se proposaient cette ligne internationaliste” (2).

Trois ans après, en 1977, je lus dans le bulletin “Correspondance Européenne”, dirigé par Yves Bataille, un longue article intitulé L’URSS et la ligne géopolitique, qui semblait confirmer les bruits diffusés par quelques “dissidents” soviétiques au sujet de l’existence d’une mouvance pro-eurasienne agissant plus ou moins clandestinement de l’intérieur de l’Armée Rouge.

J’ai publié la traduction de cet article dans le premier numéro (janvier-avril 1978) d’une petite revue italienne qui s’appelait “Domani”.

L’auteur en était Jean Parvulesco, qui résumait dans la façon suivante les thèses fondamentales de certains milieux russes présentés comme “les groupes géopolitiques de l’Armée Rouge”, thèses exprimées dans une série de documents semi-clandestins arrivés en sa possession.

1. Le “Grand Continent” eurasiatique est un et indivisible, “de l’Atlantique au Pacifique”.

2. La politique européenne de la Russie soviétique ne saurait donc être qu’une politique d’unité continentale, solidaire avec une Europe intégrée autour de la France et de l’Allemagne.

3. L’unité du Grand Continent eurasiatique doit être poursuivie, aussi, à travers la mise en place d’une structure de relations économiques et politiques avec l’Afrique, le Monde Arabe, le Japon, l’Indonésie.

4. L’ennemi fondamental de l’unité géopolitique eurasiatique reste les Etats-Unis.

5. La mission historique de la Russie n’est pas terminée, elle ne fait que commencer.

Selon un “mince livret” cité dans l’article de Parvulesco, le jour de la mort de Staline trois saints staretz étaient partis à pied de Kiev, en assumant, chacun d’eux, la responsabilité apostolique du renouveau final de l’Orthodoxie dans une aire culturelle du Continent. Des trois staretz, Élie prit la Russie, Alexandre la “Grande Sibérie” e Jean l’Europe.

Ce dernier, Frère Jean, bien que poursuivi pendant des années par la Securitate roumaine, aurait produit par sa seule présence sur place le “changement intérieur” du régime communiste de Bucarest.

Pour soutenir cette affirmation, Parvulesco évoque le témoignage du roman Incognito de Petru Dumitriu, paru en 1962 chez les Éditions du Seuil.

480.jpgPetru Dumitriu (1924-2002) a été un romancier roumain, dont le chef-d’oeuvre, Cronica de familie, a été également publié en France par Seuil, en 1959. En 1960, voyageant en Allemagne de l’Est, il passa clandestinement à Berlin Ouest et demanda asile politique aux autorités françaises, qui le lui refusèrent; il l’obtint en Allemagne Fédérale. Ensuite il vécut à Frankfurt et à Metz, où il mourut en 2002.

Le Frère Jean qui figure dans Incognito de Petru Dumitriu est vraisemblablement l’alter ego littéraire du moine russe Ivan Koulyguine (1885- ?), représentant d’un filon hésychaste remontant au grand staretz ukrainien Païssius Vélitchkovsky (1722-1794), qui vécut au XVIIIe siècle au monastère de Neamtz en Moldavie et ensuite à Optina Poustyne.

En novembre 1943 le Père Ivan Koulyguine s’était enfui de l’Union Soviétique avec le métropolite de Rostov et avait trouvé refuge dans le monastère Cernica, près de Bucarest. Appelé en Roumanie Ioan Străinul, c’est à dire Jean l’Étranger, le Père Ivan devint le guide spirituel du Buisson Ardent (“Rugul Aprins”), un groupe d’intellectuels roumains qui se proposait de ranimer la tradition hésychaste.

Ivan Koulyguine fut arrêté par les Soviétiques en octobre 1946; poursuivi en justice et condamné en janvier 1947 à dix ans de travaux forcés, il fut transféré en URSS, où l’on perdit sa trace.

Jean Parvulesco n’est pas le seul à parler d’un “changement intérieur” produit en Roumanie par l’action de Frère Jean, c’est à dire du Père Ivan.

Aussi Alexandru Paleologu, qui a été ambassadeur de la Roumanie à Paris, a écrit qu’après la libération des survivants du groupe du Buisson Ardent, qui eu lieu grâce à l’amnistie voulue par Gheorghiu-Dej, “les nouvelles générations, les jeunes assoiffés de Dieu, (…) devinrent, en quelque sorte, les témoins au deuxième degré d’un mouvement chrétien qui a su jouer un rôle encore plus important qu’on aurait pu le croire et qui, à la vérité, s’avérait être de ‘longue haleine’ et d’une influence profonde” (3).

Ensuite, j’ai trouvé l’état civil de Jean Parvulesco dans une fiche de la Securitate roumaine rédigée dans les années ’50, que je vais traduire:

“Jean Pîrvulescu, fils de Ioan et de Maria, né le 29 septembre 1929 à Piteşti, dernier domicile à Craiova, str. Dezrobirii n. 25. En 1948 il a disparu de son domicile et il a passé frauduleusement la frontière; en 1950 il a écrit de Paris, France, à ses proches en RPR. En 1956 on a signalé que, avec l’espion Ieronim Ispas, il était sur le point de venir en Roumanie sous couverture du rapatriement, en mission d’espionnage. Dans le cas où il est identifié, il doit être arrêté” (4).

Piteşti, la ville natale de Jean Parvulesco, se trouve au bord de l’Argeş, une rivière qui constitue le scénario d’une fameuse légende roumaine: la légende de Maître Manole, constructeur de ce monastère de Curtea de Argeş qui fut commissionné par Negru Voda, duquel la mère de Jean Parvulesco serait une descendante.

Piteşti est située très près de la région historique de l’Olténie, dont Craiova est la capitale. Dans cette même région se trouve la localité de Maglavit, où, depuis le 31 mai 1935, un berger illetré du nom de Petrache Lupu (1908-1994) était le destinataire des communications d’une entité qu’il appellait Moşul, c’est à dire “le Vieux”, et qui était considérée comme une sorte de théophanie. “À Maglavit et dans les alentours – rapporte la presse de l’époque – prévaut un état d’esprit complètement nouveau. Les gens ont accueili les exhortations de Petrache Lupu à chercher de s’imposer un type de vie différent” (5).

L’écho que ces événements ont en Roumanie (on parle de la “psychose de Maglavit”) conduit Emil Cioran à changer d’avis sur le scepticisme du peuple roumain et à placer ses espoirs en un prochain grand phénomène spirituel et politique. “On ne peut pas dire – écrit Cioran – ce qu’il sera; mais on peut dire que, s’il ne naît pas, nous sommes un pays condamné” (6).

valsan.JPGMihai Vâlsan (1911-1974) reçoit du voyant de Maglavit une sorte de “bénédiction” (binecuvântare); et, comme les messages du “Vieux” semblent annoncer aux Roumains que leur terre deviendra le siège d’un centre spirituel comme l’avait déjà été la Dacie dans l’antiquité, Vâlsan pense que tout cela a affaire avec le Roi du Monde. On connaît le développement de cette histoire.

Ce qui peut nous intéresser ici, c’est la position de Parvulesco face à ces deux Roumains d’expression française – Cioran et Vâlsan.

Pour ce qui est de Cioran, Parvulesco a dit dans un entretien avec Michel d’Urance paru dans “Éléments”: “Je porte encore en moi le deuil atroce que j’avais ressenti devant l’effroyable auto-mutilation que Cioran avait infligée à son génie profond, à son inspiration la plus intime, afin qu’il puisse se faire relativement admettre au banquet des noces démocratico-marxistes d’après la guerre – qui battait alors son plein. Le nihilisme de Cioran, aussi loin qu’il pût aller, n’avait jamais représenté un choix doctrinal, n’ayant en aucun cas constitué que le signe exacerbé d’un constat de désastre face à l’effondrement en cours de la civilisation européenne tout près de sa fin” (7).

Quant à Michel Vâlsan, Jean Parvulesco a dû voir en lui, dans quelque façon, l’intermédiaire secret entre l’enseignement de René Guénon et le Général De Gaulle.

Dans La spirale prophétique il se demande: “Quels sont (…) les rapports encore présents et les rapports à venir entre l’oeuvre de René Guénon et celle de Michel Vâlsan? Y a-t-il eu, y a-t-il, de l’une ou l’autre, la continuation d’un même ministère, exclusivement, ou bien l’oeuvre de Michel Vâlsan apparaît-elle, ou commencerait-elle à apparaître comme la proposition, comme le fruit ardente d’une spécification déjà differenciée?” (La spirale prophétique, p. 75). En tout cas, Parvulesco était convaincu de “l’existence d’une convergence voilée mais très profonde entre l’enseignement de René Guénon et les dimensions confidentielles, voire occultes, de l’action historique et transhistorique entreprise par Charles de Gaulle (…)” (8).

Si nous devions ajouter foi aux dires de Jean Robin, Michel Vâlsan aurait joué un rôle occulte auprès de “ce grand guénonien que fut le général de Gaulle” (9), rangé par Vâlsan lui-même – toujours selon Jean Robin – parmi les “préfigurations du Mahdi” (10) qui se sont manifestées au XXe siècle. Rapportant une information qu’il déclare avoir recueillie auprès de “certains disciples de Michel Vâlsan” (11), Jean Robin fait allusion à une correspondance épistolaire entre Vâlsan et le Général, ainsi qu’à une “mystérieuse initiation” que le premier aurait transmise au second dans les jardins de l’Élysée; il ajoute que Vâlsan était en mesure d’annoncer à l’avance à ses disciples les décisions de Charles de Gaulle y compris les moins prévisibles.

Cependant, Michel Vâlsan ne figure pas dans la liste des écrivains qui, selon ce que Parvulesco dit dans l’entretien paru dans “Éléments”, “ont le plus compté pour [lui], qui ont souterrainement nourri [son] oeuvre”. Il s’agit d’une liste de trente-six auteurs, parmi lesquels il y a Virgile et Dante, Rabelais et Pound, Gobineau et Saint-Yves d’Alveydre; on y trouve aussi Haushofer, Hamsun, Drieu La Rochelle, Céline, Guénon, Corbin, Heidegger.

vasile.jpgLe seul compatriote que Parvulesco ait cité dans cette liste est “Basile Lovinesco”, c’est à dire ce Vasile Lovinescu (1905-1984) qui nous a donné l’exégèse hermétique de la légende de Maître Manole.

D’ailleurs, lorsque dans La spirale prophétique nous lisons la phrase sur les “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (12), c’est bien Vasile Lovinescu qui nous vient à l’esprit, avec son essai sur la “Dacie hyperboréenne”, écrit sous le pseudonyme de “Géticus” et originellement paru en français dans plusieurs livraisons de la revue “Études Traditionnelles” en 1936-1937.

Pour ce qui est de Mircea Eliade, dans l’entretien avec Michel d’Urance Jean Parvulesco dit que, selon une information qu’il avait reçu à la rédaction d’”Etudes”, Jean Daniélou aurait demandé à Eliade, sur instance du pontife Pie XII, de s’engager dans un travail intellectuel ayant pour but d’exposer une nouvelle vision de l’histoire des religions, pour combattre dans les milieux universitaires l’hégémonie culturelle du marxisme et de ses dérivés. L’engagement d’Eliade dans cette entreprise, observe Parvulesco dans l’entretien citée plus haut, “ne lui a plus permis de tellement s’occuper de littérature, alors que ses romans roumains d’avant la guerre, ainsi que ses nouvelles plus récentes, n’avaient pas cessé d’administrer  la preuve éclatante de son extraordinaire vocation de romancier”.

Parvulesco nous dit que deux nouvelles d’Eliade, Minuit à Serampore et Le secret du Docteur Honigberger (respectivement parues en Roumanie en 1939 et en France chez Stock en 1956 et 1980), recèlent une conception tantrique occulte et interdite envisageant la suspension et le changement du cours et de la substance même de l’histoire (13).

Il nous dit encore que tous les grands romans roumains écrits par Eliade avant la guerre “instruisent pathétiquement le procès de cette génération [c'est à dire la "nouvelle génération" roumaine entre les deux guerres mondiales, génération, il dit,] de hauts mystiques sacrifiés dans un dessein très occultement providentiel, et qui eurent à subir, en quelque sort, l’épreuve de l’immolation sanglante jusqu’à l’avoir eux-mêmes inexorablement attirée sur eux” (14).

Parmi les romans éliadiens d’avant-guerre, c’est surtout Le retour du Paradis (Întoarcerea din rai) qui a touché Parvulesco, et cela à cause d’une citation poétique insérée dans ce texte. Il écrit: “C’est en lisant, adolescent encore, Le retour du Paradis de Mircea Eliade que j’avais en effet pris conscience des pouvoirs suprahumains contenus dans un hymne orphique de Dan Botta, qui s’y trouvait cité (sans doute très à dessein, je ne le sais plus). Quarante ans après, des fragments de l’hymne orphique de Dan Botta viennent me hanter encore. (…) Ce fut à l’instant même de la première lecture de l’hymne orphique de Dan Botta que Chidher le Vert est venu se saisir de moi, porté par le sommet d’une immense vague de lumière verte, supracosmique, lumière fondamentale (…) de la Voie Deltaïque, qui concerne l’humanité dans les cycles de son devenir impérial occulte d’avant et d’après le cycle actuel, Voie Deltaïque régie, dans les abîmes, par la divine Una, la jeune femme verte, la vierge supracosmique dont le nom et la figure irradiante se perpétuent irrationnellement dans les remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (15).

Le roumain Dan Botta (1907-1958), poète, dramaturge, essayiste, philologue, traducteur de Sophocle, Euripide, Shakespeare, Villon et Poe, appartenait à la “nouvelle génération” et adhéra au mouvement légionnaire; il fut membre du comité de direction de l’Encyclopédie Roumaine et fonda en 1941 la revue “Dacia”.

Comme poète, il débuta en 1931 avec un volume de vers intitulé Eulalii et préfacé par Ion Barbu (1895-1961), dans lequel se trouve la plus célèbre de ses créations poétiques, Cantilena, écrite dans les formes et les rythmes d’une poésie populaire. Or, l’”hymne orphique de Dan Botta” est justement Cantilena et le passage cité par Eliade qui a hanté longuement Jean Parvulesco est le suivant:

Pe vântiri ascult

Orficul tumult 

(…) 

Oh, mă cheamă-ntruna

Palida nebuna 

Fata verde Una, 

Şi-n mine se strânge 

Piatra ei de sânge…

Parvulesco nous en donne une belle traduction, un peu libre, faite vraisemblablement par lui même:

exposé sur les hauts vents

un orphique tumulte j’entends

quand elle dresse soudain sa lyre,

la fille verte de mon délire

Una, et qu’en moi se tend

la pierre rouge de son sang.

Dans le même chapître du Retour du Paradis où sont cités les vers de Cantilena, quelques personnages du roman d’Eliade essayent de comprendre pourquoi la femme aimée par le protagoniste, Anicet, porte le nom de Una; l’un d’eux pense à la Junon des Etrusques, qui s’appellait Uni, tandis qu’un autre pense au Dialogue entre Monos et Una de Edgar Poe. Mais on n’arrive pas à une explication conclusive.

En 1960, vingt-six ans après la publication du Retour du Paradis, Mircea Eliade est revenu sur les vers de Cantilena, écrivant dans une revue de l’émigration roumaine: “Pour Dan Botta, le monde devenait réel quand il commençait à révéler ses structures profondes; c’est à dire, quand l’oeuil de l’esprit commence à saisir, derrière les apparences, les images éternelles, les figures mythiques. Tu pénétrais dans le mystère d’une nuit d’été quand tu arrivais à te la révéler comme dans ces vers de Cantilena: ‘Pe vântiri ascult – Orficul tumult – Când şi ardică struna – Fata verde, Una, – Duce-i-aş cununa…‘ Alors le cosmos entier dévoilait ses significations profondes, car le vent, la lune étaient la chiffre de mythes et drames anciens, qui faisaient déjà partie de l’histoire spirituelle de l’homme. Plus exactement: de l’homme balcanique, entendant par ce terme ethno-géographique toute l’Europe de l’est (…) Dan Botta avait un faible pour ce territoire (…) Dans une certaine façon c’était une géographie sacrée, parce que sur ces plaines et ces montagnes les hommes avaient rencontré Apollon et Dionysos, Orphée et Zamolxis” (16).

Zamolxis la Genghis-Han.jpgLa relation entre la suprême divinité des Daces et l’activité de Eliade a été soulignée par Jean Parvulesco, qui, à propos des “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis”, écrit: “D’ailleurs, juste avant la dernière guerre, Mircea Eliade n’avait-il pas commencé l’édition d’une collection de cahiers de l’histoire des religions intitulée, précisément, Zamolxis ?” (17).

Pour revenir à la “fille verte Una”, il faut citer un autre passage de La spirale prophétique, qui est le suivant: “Je rappelle que, dans certains groupements spirituels des plus spéciaux et actuellement des plus retirés, c’est le 7 juillet [rappellez cette date] que des rassemblements se font, à l’abri du plus parfait secret, pour célébrer la ‘déesse verte’ Una, l”infiniment absente, l’infiniment lointaine, l’infiniment silencieuse mais qui, bientôt, ne le sera plus’ ” (18).

Dans “la fille verte Una” (fata verde Una) évoquée par Dan Botta, Eugène Ionesco y a vu une épiphanie de Diane rattachable à la mythologie légionnaire, probablement parce que la couleur verte était la couleur symbolique de la Garde de Fer.

Mais il faut dire, aussi, qu’en Dacie on a trouvé des nombreuses inscriptions dédiées à Diane (Diana regina, vera et bona, mellifica), avec laquelle a été identifiée une divinité traco-gétique.

Il faut ajouter que le nom latin de Diana a produit en roumain le mot zână, qui signifie “fée”, tandis que Sancta Diana a donné origine à la forme plurielle Sânziene. Le Sânziene sont fêtées dans la nuit du 24 juin, une fête solsticiale qui coïncide avec la nativité de Saint Jean le Baptiste. C’est précisement cette nuit la “nuit d’été” que Eliade – dans le passage que je viens de vous lire – a mis en relation avec les vers de Cantilena qui hantaient Jean Parvulesco.

Je rappelle aussi que Noaptea sânzienelor, “La nuit des fées”, est le titre d’un roman de Mircea Eliade (publié en 1955 chez Gallimard avec le titre de Forêt interdite), où le protagoniste, Ştefan Viziru, se trouve emprisonné avec les légionnaires à Miercurea Ciuc, exactement comme le fut Mircea Eliade.

Or, Jean Parvulesco a écrit un texte mystique qui s’appelle Diane devant les Portes de Memphis, imprimé exactement le 7 juillet 1985 et présenté comme une liturgie de Diane.

Qui est donc cette Diane célébrée par Jean Parvulesco? D’après ce qu’il dit, on la peut l’identifier avec la mystérieuse “femme couverte de soleil, la lune sous ses pieds et couronnée dedouze étoiles” (19) qui se tient, dit Parvulesco, au centre de la future civilisation impériale eurasiatique.

Ici il faut donc souligner une autre convergence essentielle entre Mircea Eliade et Jean Parvulesco. C’est leur commune reconnaissance du destin unitaire du Continent eurasien. Dans ses entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Eliade déclarait avoir découvert qu’en Europe “les racines sont bien plus profondes que nous l’avions cru (…) Et ces racines nous révèlent l’unité fondamentale non seulement de l’Europe, mais aussi de tout l’ékoumène qui s’étend du Portugal à la Chine et de la Scandinavie à Ceylan” (20).

Presque simultanément, Jean Parvulesco s’engageait dans les voies de l’avènement de la nouvelle Europe grande-continentale, de l’ « Empire Eurasiatique de la Fin ».

1. Fiasconaro e Alessandrini accusano. La requisitoria su la strage di Piazza Fontana e le bombe del ’69, Marsilio, Padova 1974, p. 231.

2. Fiasconaro e Alessandrini accusano, cit., p. 142.

3. André Paléologue, Le renouveau spirituel du “Buisson Ardent”, “Connaissance des Religions”, avril 1990, p. 132.

4. Mihai Pelin, Culisele spionajului românesc. D.I.E. [Direcţia de Informaţii Externe] 1955-1980, Editura Evenimentul Românesc, Bucarest 1997, p. 42.

5. H. Sanielevici, Rasa lui Petrache Lupu din Maglavit, “Realitatea Ilustrată”, IXe année, n. 447, 14 août 1935.

6. E. Cioran, Maglavitul şi cealalta Românie, “Vremea”, VIIIe année, n. 408, 6 octobre 1935, p. 3.

7. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, “Éléments”, 126, Automne 2007, pp. 54-57.

8. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, Guy Trédaniel, Paris 1986, p. 76.

9. Jean Robin, René Guénon. La dernière chance de l’Occident, Guy Trédaniel, Paris 1983, p. 9.

10. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, Guy Trédaniel, Paris 1985, p. 211.

11. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, cit., p. 335.

12. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, cit., p. 325.

13. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 255-256.

14. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 324-325.

15. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, p. 325.

16. Mircea Eliade, Fragment pentru Dan Botta, “Prodromos”, 7, juillet 1967, p. 21.

17. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 325-326.

18. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 328.

19. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, cit., p. 53.

20. Mircea Eliade, L’épreuve du labyrinthe. Entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Pierre Belfond, Paris 1978, p. 70.

jeudi, 28 novembre 2013

Dossier "Preve"

costanzo-preve_mr.jpgEl pasado día 23 de noviembre murió en la ciudad de Turín el filósofo italiano Costanzo Preve (nacido en Valenza en 1943). Filósofo marxista y profesor de historia y de filosofía de 1967 a 2002. Miembro del PCI de 1973 a 1975. En 1978 participó en la creación del Centro Studi di Materialismo Storico (CSMS).

Escribió unos sesenta libros sobre diversos temas y colaboró en numerosas publicaciones. Tras la caída del muro de Berlín participó en actividades del campo anti-imperialista contra la política norteamericana y sionista. En los últimos años apostó por la crítica transversal, colaborando por ejemplo con Alain de Benoist.

Como ha expresado Alexander Dugin en una conocida red social: “He was excellent Italian Marxist intellectual with positive attitude to the eurasianism and 4PT. Great loss. Constanzo Preve?Presente!” (“Nuestro amigo Costanzo Preve ha muerto. Era un excelente intelectual marxista italiano con una actitud positiva hacia el eurasianismo y la 4TP. Gran pérdida. Costanzo Preve – ¡Presente!).

El último número de la revista Nihil Obstat publica un trabajo de Costanzo Preve, dentro del dossier: “La izquierda. Crisis e identidad”.

Enlazamos dos vídeos, en italiano, del acto de presentación del número 2/2005 de la revista italiana “Eurasia”, que contó con la intervención, entre otros, de Alexander Dugin y del recientemente desaparecido Costanzo Preve.

Fuente: La Cuarta Teoría Política en español

Costanzo Preve: “Hoy la paradoja dialéctica está en esto: el enemigo principal es precisamente el que se presenta como el principal amigo de la humanidad”

“La razón por la que acepto en lo esencial la dicotomía schmittiana [amigo-enemigo] está en el hecho de que esta describe con admirable aproximación la situación histórico-política que se creó en el siglo XX y sobre todo permite nombrar al imperio ideocrático americano como el enemigo principal. Este es el enemigo principal no porque sea el único imperio capitalista (también Rusia, China, India, etc. son capitalistas al cien por cien), sino porque su existencia bruta coordina, tanto en el plano militar como sobre todo en el cultural, la entera reproducción capitalista globalizada mundial, imponiendo sus reglas financieras. Por esto es el enemigo principal, no ciertamente porque sus competidores sean “humanamente” mejores. (…) Además, Schmitt ha sido el único pensador del siglo XX que ha puesto de relieve de modo claro y “reproducible” que la sucia legitimación particularista de la potencia marítima americana ha sido edificada a través de la referencia a una presunta “humanidad”. (…) Hoy la paradoja dialéctica está en esto: el enemigo principal es precisamente el que se presenta como el principal amigo de la humanidad, a la que pretende conformar “universalistamente” a su  estructura económica, política y social particularista, y lo hace en nombre de un mandato religioso, de una divinidad auto-atribuida, un auténtico Anti-Cristo fruto de una fusión monstruosa entre fundamentalismo judío veterotestamentario y puritanismo calvinista de los “elegidos” “.

Costanzo Preve

Fuente: Arianna Editrice

Extraído de: La Cuarta Teoría Política en español

kommunismus1.jpg

 

Sobre el concepto de comunismo

por Costanzo Preve -  Turín, febrero 2009.

1.- En una correspondencia epistolar en la red con Atilio Mangano, publicada en su blog (ripensaremarx.splinder.com), Gianfranco La Grassa (en adelante GLG) admite abiertamente que ya no puede llamarse “comunista”, que es anticapitalista sin comunismo; en resumen, él admite que ya no maneja el concepto de comunismo. Se trata de una confesión que le honra. Desde el momento en que GLG es un verdadero especialista en Marx y no un caótico charlatán, está claro que no puede contentarse con afirmaciones antieducativas de tipo narcisista-existencialista a lo Pietro Ingrao para quien el comunista es aquel que “se siente comunista” o “se declara comunista”. Por lo mismo que un loco de manicomio que se declara Napoleón debería ser verdaderamente Napoleón. Si hubiera en Italia una discusión marxista seria, en lugar de blogs auto referenciales en recíproca lucha sectaria, la confesión de GLG provocaría una discusión. Pero esto no ocurrirá. No importa, yo voy a discutirla.

2.- Según el Dictionnaire Critique du Marxisme de Labica y Benusan, en la palabra “Comunismo”, se pueden leer unas interesantes puntualizaciones:

(a) Hasta La Ideología alemana de 1845, Marx nunca usó el término “comunismo” sino el de “socialismo”. En este contexto histórico, el comunismo no era sino el reparto igualitario de bienes y Marx lo critica en los Manuscritos de 1844 con la curiosa expresión “propiedad privada general”.

(b) en los Manuscritos de 1844, Marx está pensando aún el socialismo en términos “conviviales” y comunitarios de una asamblea reunida en torno a una mesa común fraternal (de donde viene el término “compañeros”, cum-pane, el que comparte conmigo el pan). Los orígenes comunitario-conviviales del término comunismo en 1844 están filológicamente documentados y el que quiera separar comunismo de comunitarismo debe destruir toda la documentación existente. (c) en los Manuscritos de 1844 hay una centralidad del concepto de alienación. Como se sabe hay escuelas marxistas (entre las cuales la escuela althuseriana de GLG) que quisieran deshacerse de este concepto “juvenil”. Otras escuelas, como la mía, tienen al respecto una opinión contraria y sostienen su permanencia y centralidad durante toda la vida de Marx. Una, no la única, de las razones por la que yo la mantengo como central es que en Marx la crítica al concepto abstracto de alienación es inseparable del concepto concreto de división del trabajo. Y un comunismo que obvia la división del trabajo, tal y como está ocurriendo hoy en día, se parece más bien poco a un “comunismo” y mucho a una ingeniería social de tipo positivista.

(d) En La ideología Alemana de 1845 tenemos la no casual co-presencia de dos conceptos nuevos. De una parte, el concepto de modo de producción capitalista, cuyos nombre y concepto no existían antes de 1845. Por otra parte, el concepto de comunismo no como un ideal a realizar, sino como un movimiento real que intenta abolir el actual estado de cosas. El verdadero “materialismo histórico” nace como tal, solamente en 1845, a través de la conexión dialéctica orgánica del modo de producción capitalista, de las contradicciones de este modo de producción (burguesía y proletariado, fuerzas productivas y relaciones de producción, etc.), y del comunismo como movimiento real.

(e) En el Capital, capítulo sobre el fetichismo de la mercancía, Marx piensa el capitalismo a diferencia del robinsonismo y en contraste con el “sombrío” mundo feudal y con la explotación agraria familiar, a través de la representación “de una asociación de hombres libres que trabajan con medios de producción colectivos y emplean, conscientemente, sus numerosas fuerzas de trabajo individuales como una fuerza de trabajo social (…) Las relaciones sociales de los hombre en sus trabajos y con los productos de estos, siguen aquí siendo diáfanamente sencillas, tanto en lo que respecta a la producción como en lo que atañe a la distribución”.

Resumiendo: si las palabras tienen un sentido, el comunismo resulta de tres conceptos de comunidad (comunidad de trabajo, comunidad de producción, comunidad de distribución), de planificación (es decir, de la preponderancia de un plan sobre el mercado) y, en fin, de transparencia (las relaciones sociales “comunistas” son “transparentes” y, al contrario, no están ensombrecidas por el fetichismo de la mercancía, debido a su vez a la alienación de los productos del trabajo; por lo que, como se puede ver, yo rechazo radicalmente la lectura de Althuser y de GLG de la separación entre el concepto de alienación y el concepto de fetichismo de la mercancía, conceptos que yo considero al contrario, lógica e históricamente interconectados).

(f) En los escritos de alrededor de 1870 y de la Comuna de París, Marx muestra que para él el comunismo es la “asociación de los productores”. Esta asociación de los productores tiene dos bases: la reapropiación del plusproducto social apropiado por las clases explotadoras y la democracia directa de los productores mismos. Marx ve así, ligadas, la democracia directa y la extinción del Estado, porque para él la democracia directa es incompatible con la permanencia del Estado, por muy “democratizado” que sea.

wutwiderstand-kopie.jpg(g) El la Crítica al programa de Gotha de 1875, Marx distingue dos fases en el paso al comunismo, la primera fase (de cada uno según sus capacidades, a cada uno según su trabajo) y la segunda fase (de cada uno según sus capacidades, a cada uno según sus necesidades). Es una distinción generalmente muy conocida hasta por los principiantes de los estudios de marxismo.

En la interpretación clásica del marxismo, la primera fase se viene llamando “socialismo” y la segunda, “comunismo”. Gracias a los estudios de la tendencia maoísta occidental (Althuser, Bettelheim, Natoli, etc.) se da por cierto que esta distinción es inexacta. El socialismo de hecho, no es para Marx un modo de producción autónomo, sino simplemente la transición del capitalismo al comunismo, en la que perdura la lucha de clases entre burguesía y proletariado entorno a las dos “líneas” del partido (teoría de la revolución cultural de Mao Tsé-tung y del maoísmo europeo).

El discurso debería ser más largo y mejor articulado, pero contentémonos de momento con estos siete puntos introductorios. Y sobre todo, comentémoslos de manera libre y desprovista de prejuicios.

3. Para quien conozca la filosofía de Hegel y no habla de oídas como un borracho en la taberna, es evidente que el comunismo de Marx no se “superpone” a la historia como un proyecto racional abstracto, sino que emerge del desarrollo de determinaciones dialécticas (en el sentido de determinaciones del finito que reenvía a otra cosa distinta a sí mismo), y por consiguiente está contenido en el capitalismo como su posibilidad ontológica objetiva. Quien conozca la Fenomenología del espíritu, y no el que escupe sobre ella sin conocerla más que de oídas, reconocerá en ella la teoría del Saber Absoluto de Hegel para quien “la fuerza del espíritu consiste más bien en permanecer igual a sí mismo en su exteriorización”. Si intentamos deducir el comunismo no sólo de una posibilidad objetiva no necesitada por nada vinculante (el dynamei on aristotélico), sino por una necesidad histórica que toma la forma (loca) de una ley natural positivista, quedaríamos en un impás.

La “ciencia” así entendida nunca podría deducir científicamente el paso del capitalismo al comunismo.

4. El fallo de todos los “cientifismos”, desde Lucio Colletti hasta Gianfranco La Grassa, está pues inscrito desde un principio en el carácter erróneo de sus presupuestos. Y como a mi no me extraña en absoluto que Collletti, lleno se su estúpido rencor hacia Hegel, mucho mejor que él, se haya pasado al fin de Marx a Popper, tampoco me extraña que Gianfranco La Grassa, basándose en que el comunismo es tan aleatorio como la caída de un meteorito, afirme en su correspondencia con Mangano que “creer en el comunismo es como creer en Dios” y que la creencia en le comunismo es una simple manera de dar sentido a la propia vida, análogo desde este punto de vista a la creencia cristiana.

Los que quieren fundar el comunismo sobre la ciencia científica depurada de la horrible tríada irracionalista filosofía-idealismo-humanismo, sobre la que, al revés, yo fundamento racionalmente mi comunismo, lo reivindico y me enorgullezco, llegan necesariamente a la excomunión de Pascal, es decir, a la fe comunista equiparada a la fe en Dios.

¿Que si me extraña? ¡Ni en sueños! Desde hace varios años yo he llegado a la conclusión calma y prudente (falible y provisional como toda conclusión) que el peor irracionalismo, ese que es incurable (e incurable porque no sabe socráticamente que no sabe) es la arrogancia cientifista, la que se descarga en su odio contra la filosofía, el humanismo y el idealismo, el comunitarismo, el decrecimiento, etc. Al final, su delirio cientifista se les derrite en las manos como un helado al sol y tienen que hablar primero del comunismo aleatorio como la caída de un meteorito y después, de la fe en el comunismo como algo parecido, igual incluso, a la fe en Dios.

Todo esto merece unos breves comentarios.

5. Dicho de manera sintética, el paradigma teórico de GLG puede resumirse así: el análisis del modo de producción capitalista es una ciencia, mientras que el comunismo es una religión.

Este modelo teórico nada tiene que ver con el de Marx. Fíjense bien que yo no he dicho que sea una interpretación discutible de Marx. Interpretaciones de Marx hay por centenas. Por ejemplo, mi interpretación de Marx (la de Costanzo Preve) es una interpretación discutible: Marx es el tercer gran pensador idealista después de Fichte y Hegel; en Marx el materialismo tiene únicamente un status metafórico complementario pero no fundamental: el arte, la religión, la filosofía, no son superestructuras; el Estado tampoco se extinguirá en el comunismo; el humanismo es parte integrante en el pensamiento de Marx; el comunitarismo está en la base del concepto de comunismo, etc. Es el caso de decir: ¡nada más discutible que esto!

Y sin embargo, por muy discutible que sea, mi interpretación está en todo conforme al proyecto de Marx, fundado en el hecho de poner juntos capitalismo y comunismo y en el pensar el comunismo a partir de la contradicción del capitalismo, no como su salida necesaria (por usar el lenguaje positivista erróneo de Marx y Engels, como un “proceso de la historia natural”), sino como su salida ontológica posible (el dynamei on aristotélico, el experimentum mundi de Bloch, la ontología del ser social de Lukacs, etc.).

Si por el contrario se llega al dualismo total, separado, del análisis del modo de producción capitalista como ciencia y del comunismo como religión, entonces estamos completamente fuera de Marx.

Fíjense bien que para mi esta afirmación no comporta en absoluto una condena moralista indignada ni una excomunión de grupúsculos locos y sectarios. Sencillamente, yo constato a dónde hace llegar necesariamente el extendido grito de odio y de desprecio hacia la filosofía, el idealismo y el humanismo.

La confesión de GLG (el comunismo es como la fe en Dios) no me escandaliza, por supuesto. Simplemente me hace gracia verlo escrito negro sobre blanco, porque representa una confirmación clamorosa de lo que yo pienso, desde hace al menos veinte años, de todos los paradigmas antifilosóficos y antihumanistas del comunismo. Los cuerpos caen por gravitación. Los marxismos cientifistas y antifilosóficos caen también por la ley de la gravedad.

6. Después de cincuenta años de estudios serios y originales sobre Marx y el marxismo, nuestro GLG ha llegado a dos conclusiones sobre el comunismo. En primer lugar, el comunismo es una fe religiosa y existencial comparable a la fe en Dios. Hay quien tiene la suerte de tenerla o quien por desgracia (o por fortuna porque estaría “webwrianamente” más desencantado) no la tiene. En segundo lugar, la venida del comunismo en la historia humana es un fenómeno puramente aleatorio, comparable a la caída de un meteorito.

38573338.jpgVeamos cómo el maestro de GLG, Louis Althuser, se representaba el comunismo en una conferencia en Terni (véase Repubblica et Manifesto, 5/4/1980) poco antes de su conocida catástrofe. Delante de una platea de monos pasmados “de izquierda”, el maestro franco-taoísta sostiene por este orden las tesis siguientes (por desgracia me limito a las solas tesis relatadas por los mediocres periodistas allí presentes).

(a) Hay que interpretar quitando todas las partituras

(b) El socialismo histórico construido hasta hoy es una mierda (sic)

(c) Después de esta mierda, sin embargo, gracias a la resistencia obrera constituyente, vendrá el anarquismo social.

(d) En cuanto al comunismo, de momento sólo está vivo en los niños que juegan dichosos y sin vigilancia en el recreo.

(e) El comunismo por otra parte no significa en absoluto “socialización”, porque socializar es una cosa terrible, una “tendencia del capitalismo” y en todo caso lo que hace falta es “desocializar”.

En una entrevista concedida por Lucio Colletti, éste nos informa que cenó con Althuser en un pequeño restaurante vietnamita, que discutieron de marxismo y que Althuser le habría dicho que el marxista que le parecía más prometedor y pertinente era el italiano Antonio Negri, llamado Toni Negri, más tarde internacionalmente famoso por sus dos obras escritas con Michel Hardt, Imperio y Multitud, de las cuales, por pudor, no voy a hablar pero que para mí son de lo peor, en sentido absoluto, de todo lo que se ha publicado en la coyuntura histórica (provisional) del último decenio.

Un breve comentario. La simpatía de Althuser por Negri (considero fiable el testimonio de Colletti) no es casual, pues ambos están de acuerdo en declinar teóricamente el comunismo en términos de anarquismo, es decir, en la extinción del Estado. Y como no pueden “demostrar” esta tesis (precisamente la extinción del Estado), tesis efectivamente indemostrable (y podemos verlo además de en Preve, en Danilo Zolo, en Domenico Losurdo y en muchísimos más), tienen que replegarse en metáforas del todo literarias, como la de los niños que juegan sin vigilancia en el patio, o bien como las imaginarias “multitudes constituyentes”. El mismo Negri, después de la muerte de Althuser, ha confirmado repetidamente su adhesión al supuesto “materialismo aleatorio”, es decir, a la teoría del comunismo pensado como la caída de un meteorito. Se configura así una auténtica escuela veneto-marxista que va desde Padua (Toni Negri) a Conegliano Veneto (Gianfranco La Grassa)

Yo, en cambio, estoy de acuerdo con Althuser en los puntos (a) y (e). En efecto, es necesario hoy interpretar el marxismo sin partituras. Mi difunto amigo Jean Marie Vincent lo dijo de manera muy precisa en un ensayo fundamental sosteniendo (¡sic!) que es necesario “desembarazarse del marxismo” entendido como tradición secular 1890-1990. Y muy bien dicho. Personalmente hace al menos veinte años que intento hacerlo. Además, es perfectamente verdad que sin ‘desocializar’ la socialización capitalista (particularmente la peor de estas socializaciones culturales, la socialización de la supuesta “cultura de izquierda”), no tiene ningún sentido hablar de comunismo. Sin embargo estoy en desacuerdo con los puntos (b), (c) y (d). Concedido que los niños jadeantes jugando al balón son la imagen de la felicidad, pero este tipo de éxtasis (salir de sí mismo, ek-stasis) no debe ser asimilado a la asociación de productores que, para Marx, es el concepto de comunismo. La asociación de productores puede aparecer como algo pedante, molesto y difícil. La felicidad en mi opinión se busca y se encuentra en otra parte. La felicidad es una dimensión privada. Sólo la justicia es una dimensión pública. Un poco de filosofía griega no haría mal.

7. Al que quiera continuar en la ruta de las multitudes constituyentes en medio de un imperio desterritorializado sin ningún Estado nacional, del anarquismo social mágicamente evocado sin la más mínima carga de demostración racional sobre una base histórica, de la fe en el comunismo pensada según el modelo de la fe en Dios, del comunismo pensado sobre el modelo aleatorio como una caída de meteorito, del comunismo estético como felicidad presente de unos niños agitados que juegan al balón en el patio, de las casi insoportables declaraciones de odio contra la filosofía, el idealismo y el humanismo, etc. a ése se le aconseja que interrumpa inmediatamente la lectura. Contra negantes principia, non est disputandum- que decía Hegel [Con los que niegan los principios, no se discuta]. A quien, en cambio, quiera seguir adelante, se le ruega que lea con atención extrema los párrafos que siguen.

8. No es verdad que las cosas sean “complejas”. La supuesta “complejidad” es un mito de la casta universitaria, la misma que ha reducido la filosofía a la “citatología”. La “citatología”es el único parámetro académico para concursos universitarios, desde el momento en que la filosofía ha quedado privada de todo papel fundante en la comprensión de la sociedad y de la historia. Platón, Aristóteles, Spinoza, Kant, Hegel y Marx habrían suspendido inexorablemente en un concurso universitario porque escribieron sin citar a nadie. Las citas a veces pueden ser útiles, pero son como el vinagre balsámico de Módena, una gota basta.

Se dirá que esto sólo valía para las grandes figuras pero que ahora eso ya no vale. Ahora, sin “citatología”, uno es expulsado de la república de los doctos. Idiotez. Lukacs escribe (Pensiero Vissuto, Ed. Rinuniti, Roma 1983, p. 44): “Bloch tuvo una gran influencia en mí. Fue él quien me convenció con su ejemplo que era posible filosofar a la manera tradicional. Hasta ese momento yo había estado sumergido en el neokantismo de mi tiempo, y ahora yo reconozco en Bloch el fenómeno de alguien que filosofa como si la filosofía moderna toda ella no existiera y que es posible filosofar a la manera de Aristóteles y Hegel”. Aquí Lukacs tocó un punto esencial. No se trata de hacerse, de modo megalomaniaco, la ilusión de poder llegar al nivel de Aristóteles o de Hegel. Se trata de filosofar a la manera de Aristóteles y de Hegel sin la estúpida retórica de la complejidad y sin creer que se puede “demostrar” algo de modo erudito y citatológico. No se trata ciertamente de abominar del circo universitario y sus rituales “citatológicos”, sino de comprender que este circo es totalmente irrelevante para la discusión filosófica de los contenidos.

9. Hostil al “citacionismo” inútil y pleonástico, coartada para androides académicos carentes de ideas originales, voy a empezar esta vez con una cita; una cita de una parte de la primera de la tesis sobre Feuerbach escrita por Marx en la primavera de 1845 en Bruselas y que Engels recoge en una publicación póstuma de 1888. Dice así:

“El defecto principal todos los materialismos hasta aquí (incluido el de Feuerbach), es que el objeto (Gegenstand), la realidad efectiva, la sensibilidad no es concebida más que bajo la forma del objeto (Objekt) o de la intuición; pero no como actividad sensiblemente humana, como práctica, no subjetivamente”.

Omito el resto, secundario y no esencial. Mi difunto amigo Georges Labica, maestro querido y amigo fraternal, dedicó un comentario analítico a las tesis sobre Feuerbach que valdría la pena retomar, lo que yo no puedo hacer aquí por razones de espacio. Si se hiciera, aparecería la interpretación conocida del marxismo como “filosofía de la praxis” inaugurada en Italia por el libro de Giovanni Gentile de 1899 sobre la Filosofía de Marx (libro que en su día Lenin pudo apreciar en su versión francesa, al punto de aconsejar a su hermana que lo tradujera al ruso), cuyo modelo fue retomado sustancialmente por Gramsci en sus Cuadernos de la cárcel, muy bien comentados en francés por André Tosel. Aun así, voy a hacer mi interpretación teorética y no “citatológica”.

10. Antes de nada es necesario un acto brechtiano de distanciamiento. La primera tesis sobre Feuerbach de Marx se basa en dos curiosos equívocos de Marx. No hay necesidad alguna de pensar que Marx es el hijo de Dios y que nunca se equivoca. Marx cometió algunos errores como, por ejemplo, en la interpretación de Hegel y, sólo muy recientemente, con la caída de la Santa Inquisición del comunismo estatal y partisano, se ha empezado a permitir decirlo con precaución (véase Roberto Fineshi, Marx et Hegel, Carrocci, Roma, 2006).

Es evidente que aquí Marx busca fundamentar una filosofía de la praxis que explicitará en la undécima, y última, tesis sobre Feuerbach, a saber: “Los filósofos sólo han interpretado el mundo de diferentes maneras, se trata de transformarlo”. Es interesante saber que Engels en 1888 nos haya interpolado, inventándoselo, un “aber” inexistente en el texto original, por lo que la frase suena así: “Los filósofos hasta ahora han interpretado el mundo de diferentes maneras. Se trata al contrario de transformarla”. Engels metió su ingenuo “aber” ( “al contrario” ) con toda la buena fe. Pero durante un siglo los idiotas incurables travestidos de “auténticos marxistas” han puesto por delante la demencial concepción activista que opone la interpretación a la transformación, como si se pudiese transformar algo sin previamente haberlo interpretado correctamente. Se trata de una demagogia llamada “dromomanía” [incontrolable urgencia de moverse], típica de los que nunca pueden quedarse quietos en su sito y se agitan sin cesar. Una gran parte de la historia del marxismo es una historia de dromomanía histérica. Pero pasemos al análisis de la primera tesis sobre Feuerbach.

Para ello hay que decir que hay que resaltar lo primero dos verdaderos errores.

En primer lugar, no es en absoluto verdad que el materialismo de Feuerbach tenga que ser inscrito dentro de los materialismos contemplativos, que consideran la realidad en términos abstractos de objeto (Object), y no de obstáculo que se pone delante de nuestra praxis (Gegenstand). No es en absoluto verdad que Feuerbach no conciba la realidad como actividad humana, sensible y como praxis subjetiva. Es exactamente lo contrario. Feuerbach concibe la praxis humana como vector humanista fundamental de desalienación del hombre, el único medio de volver a poner en su sitio a la teología que no es otra cosa más que la antropología instalada en la cabeza. La falta de generosidad de Marx para con Feuerbach es clamorosa, aunque comprensible en un hombre que aún no tiene treinta años y que tiene que efectuar el freudiano asesinato del padre (incluso de dos padres, Hegel y Feuerbach). En segundo lugar ( y en este punto nos encontramos en la cima del teatro filosófico del absurdo), Marx observa que “el aspecto activo fue desarrollado de manera abstracta por el idealismo, que naturalmente no conoce la actividad real, sensible como tal.”

Que el idealismo inaugurado en 1794 por Fichte (Véase La doctrina de la ciencia) trate de modo abstracto el lado activo, y naturalmente no conozca la actividad real efectiva, sensible como tal, es una pura invención polémica del joven Marx. El ‘Yo’ de Fichte es una metáfora filosófica unificada bajo la forma de un concepto unitario transcendental-reflexivo de la humanidad entera, pensada como vector dinámico transformador del ‘No-Yo’, es decir, de los continuos obstáculos con que la humanidad se encuentra como el obstáculo a su incesante actividad de perfeccionamiento, que es exactamente lo que Marx considera necesario para pasar de la interpretación del mundo a su transformación. De ello se deriva una simpática paradoja según la cual el materialismo que Marx buscaba ya existía desde hacía medio siglo (1794-1844) y exactamente era el idealismo de Fichte.

11. Bertol Brecht, en Diálogo de refugiados, dice que quien no tiene sentido del humor no debería ocuparse de filosofía. Brecht interpreta efectivamente la dialéctica hegeliana como la manifestación filosófica del sentido del humor, en la forma de la identidad de los opuestos y de la continua transformación de un opuesto en el otro y viceversa. En lo esencial Brecht tiene razón. Y en ese punto álgido de la historia del teatro del absurdo está el que Marx crea haber descubierto en 1845 algo que ya estaba descubierto ampliamente por Fichte en 1794, y llame “materialismo” nada menos que al modelo clásico del idealismo, creyendo evidentemente que el materialismo consiste en el hecho de no creer en Dios o en la primacía de la infraestructura sobre la superestructura. De esta manera, bajo el nombre de “materialismo”, utilizado en su sentido puramente metafórico, simplemente se interpolan el ateísmo y el estructuralismo bajo otro nombre.

Pero la cosa no para aquí, la cosa no ha hecho más que empezar.

12. Simplificando de una manera brutal, pero al mismo tiempo de ninguna manera disculpándome de esta simplificación, incluso reivindicándola con el legítimo orgullo del innovador, yo pienso que la lógica histórica del marxismo (la historia lógica y no la historia efectiva) puede resumirse de modo dialéctico en tres momentos. Al decir “dialéctica”, entiendo la única dialéctica moderna que existe, la dialéctica triádica de Hegel, porque no existe otra. Por decirlo brevemente, la supuesta “dialéctica negativa” de Adorno en mi opinión no es una verdadera dialéctica, simplemente una “furia de la disipación”, que no se determina nunca sustancialmente ni temporalmente y por tanto, si no se determina nunca ni espacialmente ni temporalmente, no es una verdadera dialéctica, porque la dialéctica debe siempre determinarse en un finito espacio-temporal, que, al ser una determinación finita, debe como toda determinación, remitir a otra cosa distinta de sí, y es por esto por lo que la dialéctica es propiamente dialéctica (véase Fernando Vidoni, Dialettiche nel pensiero contemporaneo, Canova, Trevisa, 1996).

Hubo una dialéctica antigua (Platón). Pero la dialéctica moderna, construida sobre la base histórica y no geométrico-pitagórica, por Hegel, es triádica, como lo es por otra parte la Trinidad cristiana, que filosóficamente representa el fin del pensamiento antiguo y el nacimiento del pensamiento “moderno” en un sentido evidentemente figurado y metafórico.

Por decirlo brevemente, se puede interpretar la dialéctica triádica de Hegel de la manera que se quiera, como tesis-antítesis-síntesis, o como momento abstracto-dialéctico-especulativo, o incluso como lógica del ser-de la esencia-del concepto. Haced lo que queráis con tal de que comprendáis la lógica dialéctica de esta exposición dialéctica de la historia lógico-trascendental del pensamiento de Marx.

13. Afirmé en el párrafo precedente que la única dialéctica moderna es triádica, y sólo triádica, entendida como la secularización racional idealista de la Trinidad cristiana que la precede, lo que supone la comprensión, difícil pero necesaria de que, a diferencia de los judíos y de los musulmanes que creen en Dios, los cristianos realmente no creen en Dios (como lo repiten en coro los tontos y los desinformados) sino en la Trinidad, que es algo muy diferente. De aquí depende el reconocimiento del carácter cognitivo de la religión en la forma de la representación (Vorstellung), negada por todos los confusionistas, positivistas, empiristas, laicista, ateos de todo pelo. Pero dejemos esto de lado, o como dice el patriota insurgente condenado a ser fusilado, ‘tirem innaz’ [en napolitano: ‘continuemos’]. Fiel al método triádico, expondré la lógica histórica del proyecto de Marx en tres momentos: A, B y C

(A) En un primer momento, el pensamiento de Marx se manifiesta en forma de una filosofía de la praxis, o más exactamente en la forma de una filosofía de la unidad de la teoría y de la práctica, es decir, de un idealismo de tipo fichteano que se cree materialista. Se trata del joven Marx de 1841 a 1848 más o menos. En el siglo XX, esta filosofía de la praxis integral es relativamente rara y se encuentra casi sólo en el italiano Antonio Gramsci y en el alemán Karl Korsch (dejo de lado las diferencias significativas entre ambos). En mi opinión Georges Labica puede ser definido como un representante , a finales del siglo XX, de esta línea de pensamiento lo que explica su valoración por parte de Antonio Labriola (según sostiene André Tosel en su emotiva necrología).

(B) Y sin embargo, muy pronto esta versión de la filosofía de la praxis es investida por el positivismo y su influencia preponderante. A partir de los años 50 del siglo XIX, el objeto que primero era un Gegenstand, viene a ser a todos los efectos un Objekt, en concreto el modo de producción capitalista entendido como objeto de conocimiento “neutro”, es decir, objeto de la ciencia positivista, incluso barnizado en apariencia de una “dialéctica” inofensiva. La ciencia positivista, como es sabido, está enteramente sacada del modelo de las ciencias naturales y esto explica la dominación del concepto de “ley científica” totalmente incompatible con una filosofía de la praxis. El primer representante de esta tendencia es el segundo Marx (1850-1883), seguido de Engels, pasando por el materialismo dialéctico y por el marxismo dicho “oficial” (aunque compartido filosóficamente por todos los heréticos, desde Rosa Luxemburgo a Amadeo Bordiga y León Trotsky)), para acabar en los fanáticos de la ciencia sin bases filosóficas (Galvano Della Volpe, Luis Althuser, Gianfranco La Grassa). Es justo esta tendencia la que hoy parece entrar en una crisis teórica profunda (apología de lo aleatorio, poder constituyente de la multitud, comunismo como felicidad de niños, como caída de un meteorito o como creencia en Dios, etc.). Sin embargo, y yo me siento moderadamente pesimista, su poder de inercia tiene varias decenas de años por delante.

(C) La síntesis de la filosofía subjetivista de la praxis y de la filosofía objetivista de la (presunta e inexistente) ciencia, es en mi opinión una ontología del ser social, cuya formulación por parte de Lukacs no debe ser entendida como definitiva sino como inicial y provisional. Sin embargo es un primer punto de partida. Es totalmente normal que hoy esté olvidada, en una época de arrepentimientos, de destitución moralista del siglo XX entendido como siglo de las utopías totalitarias y de las ideologías asesinas, de apología del fragmento, del postmodernismo, del relativismo y del nihilismo fiable y tranquilizante.

La ontología del ser social, tal y como nos la ha transmitido el último Lukacs, es insuficiente. Pero es un primer paso digno de ser elaborado y perfeccionado . En cualquier caso, solamente por esta vía pueden superarse (en el sentido de la Aufhebung, la superación-conservación de Hegel), el momento de la praxis y el momento de la infundada ilusión positivista del marxismo como ciencia.

La ilusión positivista de la transformación del marxismo en ciencia positivo-predictiva, sobre una base determinista y necesarista, justamente porque es infundada e ilusoria, debe a la larga transformarse ella misma dialécticamente en su contrario, es decir, en una apología de lo aleatorio, de la separación entre concepto científico del capitalismo y como fe y esperanza en la existencia de Dios.

Ocupémonos un momento de ello.

14. La conclusión del primer período del pensamiento marxiano como idealismo de la unidad teoría-praxis con primacía de la praxis sobre la teoría, un idealismo que se creía subjetivamente un materialismo (y que me recuerda un libro para niños de una gaviota que se creía un gato), puede situarse en el bienio 1848-1849 y en el fin del ciclo revolucionario en Europa. Esto no tiene nada que ver con un “cambio en el programa de investigación de Marx”, por usar la jerga epistemológica de los profesores de universidad. Se trata de un paso obligado. La revolución “práctica” se alejaba, el Gegenstand se hacía más “duro” de lo que se había pensado anteriormente, y el momento era llegado de empezar a pensar el capitalismo como Object y ya no como Gegenstand.

Llegaba el momento de la elaboración de ese objeto de pensamiento llamado “modo de producción capitalista” que la escuela de Althuser y de La Grassa puso enseguida en el centro de la consideración “científica” del presente histórico. Las tesis teóricas contra el humanismo y contra la categoría de alienación no eran en absoluto necesarias para enfatizar la importancia central de la categoría de modo de producción y se explican únicamente en el interior de la coyuntura ideológica francesa del período 1956-1968 y de la lucha sectaria de Althuser contra Garaudy, Sève y Sartre. El hecho de que Gianfranco La Grassa haya prolongado este escenario conflictivo durante casi medio siglo es solamente un fenómeno de sectarismo veneto-trevisiano. No hubiera hecho falta. Tranquilamente se puede subrayar la centralidad de la categoría modo de producción sin gritos de odio continuos y reiterados contra la filosofía y el humanismo. Pero esto nos aconseja abrir un paréntesis.

15 ¿El marxismo es un humanismo? He aquí una pregunta inútil y sin sentido. Sin embargo si queremos darle una respuesta, debe ser elemental, sólo requiere saber contar hasta dos. Desde el punto de vista del modelo epistemológico de explicación de los hechos sociales y su recíproca relación, el marxismo no es un humanismo sino un estructuralismo. Su fundamento teórico no está en el concepto filosófico de Hombre (con mayúscula) sino en el concepto de modo de producción social que, por su parte, existe sólo en la conexión dialéctica de tres componentes interconectados (desarrollo de las fuerzas productivas sociales, relaciones sociales de producción, formaciones ideológicas de legitimización del poder y/o estrategia de oposición a éste). Es de una evidencia absoluta.

Inversamente, desde el punto de vista de la fundamentación filosófica de la legitimidad de la critica del capitalismo, el marxismo es un humanismo integral, porque el Hombre (metáfora de toda la humanidad pensada como un solo concepto unitario de tipo trascendental-reflexivo) es el único Sujeto capaz de proyectar de manera colectiva y comunitaria la superación del modo de producción capitalista o de cualquier otro modo de producción clasista. Ningún otro “sujeto” puede ser capaz de ello ( sea providencia divina, el desarrollo tecnológico, automatismo de la economía, derrumbes o crisis cíclicas de la producción, etc.)

El problema tiene pues una solución muy fácil. No ciertamente para los rabiosos aborrecedores de la filosofía como saber fundacional, que aceptan la filosofía de mala gana, sólo como clarificación epistemológica y gnoseológica de la ciencia de la naturaleza concebida como única ideación cognitiva legítima en el mundo. Sin embargo, así se enlaza la cadena destructiva y autodestructiva del materialismo dialéctico (Stalin), del galileismo moral (Della Volpe), de la teoría de los conjuntos teóricos (Althuser) y de todas las otras numerosas variantes de la ilusión utópica de la fundación científica de la deducción del comunismo directamente de las “leyes naturales” de las tendencias de la producción capitalista, totalmente des-sujetivizada y objetivizada.

Al final de este viaje utópico-científico se encuentra los bambinos comunistas que juegan sin aliento y dichosos, los meteoritos aleatorios que caen sobre la tierra, la creencia en Dios y otras curiosidades parecidas.

16. Hay una paradoja en la historia del marxismo que es necesario manejar racionalmente. Si se hace así, entonces se abren vías para una solución nueva del problema de la comprensión de las razones del anticapitalismo . El anticapitalismo, en efecto, es muy a menudo una actitud legítima y racional sostenida y defendida sobre la base de auténticas tonterías extremistas que alejan a las personas normales y atraen solamente a tontos, fanáticos o iluminados. Todos los marxistas que por su acción han desmentido el inútil modelo científico del paso automático interno del capitalismo al comunismo, desde Lenin en 1917, a Stalin en 1929, a Mao Tse Tung en 1949, a Fidel Castro en 1959, etc., han sistemáticamente mantenido en sus aparatos partidistas, ideológicos, escolares y universitarios la tontería positivista de la evolución fatal del capitalismo al comunismo en base a la “necesidad del proceso de la historia natural” ¿Por qué?

Es difícil explicar el porqué de las tonterías. Pero la analogía con las religiones nos puede ayudar. La religión, fruto legítimo del pensamiento humano (totalmente independiente del hecho de que un individuo particular crea o no) que no se apagará sino mediante la vulgarización de la astrofísica o del darvinismo y que es un bien que no se extingue, cumple las funciones estructurales para la reproducción social, como respuesta a la cuestión del sentido de la vida individual de las personas particularmente sensibles y más aun como la “estabilización” metafísica de la ética comunitaria de solidaridad y del apoyo mutuo. Y sin embargo, esta función racional debe estar necesariamente sustentada en hechos tan increíbles como la Sangre de san Genaro, los pastorcitos de Lourdes o de Fátima que ven a la señora que les habla en gascón o portugués, etc. En teoría podíamos retener solamente el elemento racional de la solidaridad comunitaria sin tener que aceptar necesariamente milagros totalmente increíbles. Pero en la práctica, no es así. El que quiera el elemento racional debe asumir también el elemento milagroso.

Algo parecido ocurre con el comunismo. En teoría no habría necesidad alguna del elemento de la religión positivista, es decir, el estúpido cientifismo que pretende derivar el “fracaso” del capitalismo del automovimiento interno de la economía fetichizada. Hay razones más que abundantes para oponerse al capitalismo. Evidentemente hay un porcentaje de cretinos que tiene que poder creer que el socialismo se fundamenta sobre una “ciencia”. Luego los teóricos positivistas se pelearán –como lo hacen regularmente todos los teólogos– para saber si este modelo de ciencia debe ser galileano, newtoniano, positivista puro, obtenido de la crisis de las ciencias de principios de siglo XX, webberiano, etc.

17. Mientras que el viejo Karl Marx (1818-1883) nunca puso en coherencia ni sistematizó su modelo teórico (de ahí la legitimidad de todas la interpretaciones sucesivas), el código marxista sistematizado en doctrina coherente fue puesto en pie conjuntamente por Engels y Kautsky durante los dos decenios 1875-1895.

Estos dos decenios corresponden exactamente a la gran Depresión (1873-1896) en Europa. Se trata de uno de los períodos más contra-revolucionarios de toda la historia europea. Colonialismo, imperialismo, racismo, antisemitismo, etc. El marxismo es hijo de la contra-revolución que siguió a la carnicería de la Comuna de París (1871).

Esto explica por qué, en presencia de una contra-revolución en acto, el código marxista se haya refugiado por compensación en un modelo positivista de revolución en potencia. Aquí nos haría falta Freud, pero el viejo Sigmund apenas es evocado por esos marxistas que temen que su mirada profundice en sus neurosis y en sus psicosis. El único pensador anticapitalista del período 1889-1914, que supo refutar radicalmente el código positivista, fue Georges Sorel, el único y verdadero defensor de la filosofía de la praxis de Marx y, por cierto, no es una casualidad que haya sido marginado y echado fuera del movimiento obrero organizado. Pero Sorel no era un “irracionalista”. Sencillamente su concepto de ciencia, del que en modo alguno carecía (era ingeniero jubilado, perfectamente al corriente de la ciencia de su tiempo) derivaba de Bergson, también científico de formación, y no del modelo determinista y mecanicista del positivismo universitario alemán. Este “marxismo” (Erich Matthias, Kautsky y el kautskismo, De Donato, Bari, 1971) era solamente el reverso ideológico de una práctica política y sindical oportunista de la social-democracia alemana. El fallo de Sorel en este sentido, es totalmente significativo. El hecho de que Sorel se hubiera metido con la casta infecta de los “intelectuales” más que con los simples trabajadores muestra que había sabido aislar el núcleo de la cuestión. El pescado siempre empieza a pudrirse por la cabeza. En los mismos años Robert Michels llegaba más o menos a las mismas conclusiones.

18. Es pues necesario cambiar absolutamente de ruta. La tentación cientifista es una ilusión. Quien la sigue, aunque vaya de buena fe y con sincera convicción, terminará en el dualismo insoluble entre la ciencia del modo de producción capitalista y la religión del comunismo, con todos sus derivados (Niños felices que juegan al balón, anarquismo social de las multitudes, caída de meteoritos, fe en Dios y búsqueda del sentido de la vida, etc.) Evidentemente que es necesario relegitimar la vieja definición del comunismo de Marx en términos de libre asociación de los productores, en la que la “producción” no es solamente textil, metalúrgica o nuclear, sin también “producción” de investigación científica, de arte, de religión, de filosofía. La palabra “producción” es la mejor porque sin producción de bienes y servicios, la especie humana no podría ni “reproducirse”. Pero la libre asociación de productores es posible solamente en el interior de una comunidad de productores y, en mi opinión, la comunidad de productores presupone el mantenimiento sea de la familia, sea del estado nacional con todas las garantías posibles para las minorías. Se abriría aquí una serie de problemas que no podemos discutirse en este lugar. En su época, Franco Fortín utilizó la metáfora de la apertura de la “cadena de los porqués”. Y en efecto, si se abre la cadena de los porqués, no hay quien la mande parar y proseguirá mientras no se haya llegado al último eslabón de la misma cadena. Y el último eslabón es siempre provisional en el espacio y en el tiempo, y corresponde exactamente a los que Hegel llamaba “determinación” (Bestimmung).

La herencia de Marx está más allá de la oposición abstracta entre idealismo y materialismo. La herencia de Marx es humanista. La herencia de Marx es filosófica. La herencia de Marx es comunitaria, comprendida también la comunidad nacional. Quien quiera seguir el camino del meteorito puede hacerlo. Pero sin nosotros.

Notas:

K. Marx, Capital, I,I,IV. Traduction de J. Roy – in Oeuvres I, la Pléiade, p. 613 Pensée vécue, mémoire parlée , L’Arche, 1986 Texto alemán: „Der Hauptmangel alles bisherigen Materialismus (den Feuerbachschen mit eingerechnet) ist, dass der Gegenstand, die Wirklichkeit, Sinnlichkeit nur unter der Form des Objekts oder der Anschauung gefasst wird; nicht aber als sinnlich menschliche Tätigkeit, Praxis, nicht subjektiv.” Texto alemán: „Die Philosophen haben die Welt nur verschieden interpretiert, es kömmt drauf an, sie zu verändern

[Traducción, J.Mª Fdez. Criado. Equipo Crónica CR]

Fuente: Rebelión

 

mercredi, 27 novembre 2013

Articles en hommage à Costanzo Preve (1943-2013)

in-memoriam-costanzo-preve.jpg

Articles en hommage à Costanzo Preve (1943-2013)

 

16:20 Publié dans Hommages, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : costanzo preve, italie, philosophie, marxisme, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 24 septembre 2013

Zvonko Busic, un suicide pour le salut de la Croatie et de l’Europe

busic_zvonko6-Bern_348687S1.jpg

In memoriam

Zvonko Busic, un suicide pour le salut de la Croatie et de l’Europe

par Jure Georges VUJIC

Trois mois seulement après la mort tragique de Dominique Venner, un autre suicide sacrificiel a retenti au matin du 1er septembre, non sous le Soleil de Paris au cœur de Notre-Dame, mais cette fois-ci en Croatie à Rovanjska sur le littoral croate de l’Adriatique. C’est le suicide de Zvonko Busic, l’un des derniers dissidents et révolutionnaires croates de l’époque yougoslave communiste.

 

Busic venait de purger une peine de trente-deux ans de prison pour avoir détourné pour des raisons politiques (la cause de l’indépendance croate) en 1976 un avion étatsunien. Il fut libéré en 2008. Son retour en Croatie suscita un accueil triomphal de la part d’une grande partie de la population croate. En 1976, il avait dirigé un groupe de révolutionnaires et nationalistes croates qui détourna un Boeing 727 de la compagnie T.W.A. sur un vol New York – Chicago avec soixante-seize passagers à bord afin d’attirer l’attention du monde sur la lutte indépendantiste croate désireuse de se séparer de la Yougoslavie communiste et titiste… L’avion s’était finalement posé à Paris et la presse étatsunienne avait publié leur revendication. Mais un policier à New York avait été tué en tentant de désamorcer une bombe que les pirates de l’air avaient dissimulé dans une station de métro. Condamné par les autorités américaines sous la pression de Belgrade à la prison á vie, il fut amnistié pour conduite exemplaire. Alors qu’il avait retrouvé de retour en Croatie son épouse Julienne Eden Busic, de citoyenneté étatsunienne qui l’avait secondé dans sa prise d’otage (elle avait été libérée en 1990), il décida de poursuivre la lutte politique dans sa patrie qui, après avoir gagné la guerre d’indépendance en 1991, est plongé dans le marasme politique, économique et moral par la responsabilité des gouvernements successifs néo-communistes et mondialistes. Ils ont livré la Croatie aux magouilles politico-affairistes, au Diktat des eurocrates de Bruxelles et de leurs laquais locaux ainsi qu’à la convoitise des oligarchies  anti-nationales. Toutes s’efforcent de faire table rase de l’identité nationale croate en imposant comme d’ailleurs partout en Europe, le sacro-saint modèle néo-libéral, des lois liberticides, la propagande du gender à l’école, la légalisation du mariage homosexuel. Bref, le scénario classique de l’idéologie dominante et mondialiste. Busic qui aimait citer Oswald Spengler n’était pas homme à accepter cet état de fait qu’il qualifiait lui-même de « déliquescence morale et sociale catastrophique ».

 

Busic soutint toutes les luttes révolutionnaires et nationales, de l’O.L.P. palestinien à l’I.R.A. irlandaise en passant par les Indiens d’Amérique du Nord. Ironie de l’histoire, il avait découvert les écrits historique de Dominique Venner en prison et fut peiné par sa disparition tragique.

 

Homme « classique » épris des vertus de l’Antiquité, Busic était avant tout un résistant croate et européen, un  baroudeur qui n’avait que du mépris pour le conformisme, la tricherie, la petite politique partisane et parlementaire, les calculs électoraux. Son idéal type était évolien : le moine-soldat, un style sobre et austère, guerrier, un genre de vie qu’il a appliqué durant toute sa vie. Ce n’est pas par hasard qu’il  fut très vite marginalisé par le système politique croate qu’il soit de droite ou de gauche. Après avoir rallié fort brièvement le Parti du droit croate (H.S.P.) du Dr. Ante Starcevic et de l’actuelle députée croate au Parlement européen, Ruza Tomasic, il tenta, en fondant l’association Le Flambeau, de constituer un « front national » regroupant l’ensemble des forces nationales croates (droite et gauche confondues). Mais très vite, cette vision et ce projet frontiste, d’orientation nationale-révolutionnaire, se soldèrent par un échec en raison des luttes de pouvoir inhérentes à la mouvance nationale croate. Busic n’avait pas caché sa déception en déclarant qu’« il n’avait pas réussi dans l’unification et la création d’un front uni patriotique ». Il annonça alors dans la presse croate sa décision de se retirer de la politique, car « il ne voulait pas contribuer à la destruction continue des forces politiques nationales et patriotiques en Croatie ».

 

Les obsèques de Zvonko Busic auxquels ont assisté des milliers de personnes et l’ensemble de la mouvance nationale croate, constituèrent (à Zagreb le 4 septembre dernier) furent un sérieux avertissement à la classe politique mondialiste croate. Son suicide fut un événement sans précédent pour l’opinion croate, habituée à ses coups de de colère, son franc parler et son idéalisme infatigable face à l’apathie sociale et la corruption de classe politique. Il faut dire qu’il a été longtemps traîné dans la boue par la presse croate gauchisante qu’il l’a continuellement traité de terroriste dès sa sortie de prison. Personne, et encore moins moi-même qui l’avait régulièrement côtoyé, ne s’était attendu à la fin tragique, de cet homme d’action à l’allure légionnaire et don quichottesque. Et après tout, est-ce que quelqu’un avait pu s’attendre au suicide de Dominique Venner ? Probablement non. Peu avant sa mort, Zvonko Busic a laissé une lettre à son ami Drazen Budisa, dans laquelle il avait demandé pardon á ses proches et qu’il se retirait car « il ne pouvait plus continuer de vivre dans l’obscurité de la Caverne platonicienne », faisant allusion à l’allégorie platonicienne de la Caverne. C’est vrai. Busic était trop pur, trop droit et trop sensible pour vivre dans le mensonge de cette Croatie post-communiste néo-libérale hyper-réelle, une Croatie qui avait fait allégeance à l’U.E. et à l’O.T.A.N., domestiquée et néo-titiste, alors que le gouvernement actuel refuse de livrer aux autorités allemandes, Josip Perkovic, qui fait l’objet d’un mandat d’extradition européen. Cet ancien agent de l’U.D.B.A. (la police politique et services secrets titiste yougoslaves) est impliqué dans l’assassinat de plusieurs dissidents croates à l’étranger.

 

La Croatie est le seul pays post-communiste à ne pas avoir voté une loi sur la lustration et où les rênes du pouvoir politique et économique sont encore entre les mains des anciens cadres titistes et de la police secrète qui n’a jamais été officiellement démantelée. Busic – c’est vrai – ne pouvait supporter ces ombres factices et éphémères de la société marchande et consumériste  mondiale, à l’égard de laquelle il s’est tant offusqué. Et pourtant, Busic, tout comme Venner, est tombé, volontairement, froidement, consciemment, je dirai même sereinement. Comme pour Venner, il s’agit du même modus operandi, du même  esprit sacrificiel, d’une mort annoncée, une mors triumfalis qui dérange et interroge. Dans le cas de la Croatie, sa mort a retenti non comme une fin, mais comme un avertissement, un appel à la mobilisation, un dernier appel à la lutte, un dernier sursaut pour le salut de la nation croate et européenne. Puisse ses vœux être exhaussés !

 

Jure Georges Vujic

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3415

dimanche, 22 septembre 2013

Raoul Girardet est mort

L’historien Raoul Girardet est mort

L’historien Raoul Girardet, spécialiste des sociétés militaires et du nationalisme français, qui a enseigné à Sciences-Po, à l’ENA ou encore à Polytechnique, est mort mercredi 18 septembre 2013 dans sa 96e année.

C’était un ancien membre de l’Action française, de la résistance, rédacteur à La Nation Française de Pierre Boutang puis à L’Esprit public comme défenseur de l’Algérie française.

Une figure de l’enseignement de l’histoire est partie. Né le 6 octobre 1917, agrégé d’histoire et docteur ès-lettres, Raoul Girardet est une personnalité qui a marqué Sciences-Po, où il a enseigné pendant plus de 30 ans et a notamment créé le cycle d’études d’histoire du XXe siècle. Son cours sur le "Mouvement des idées politiques dans la France contemporaine" et son séminaire sur la France des années 30, assurés conjointement avec Jean Touchard et René Rémond, ont marqué des générations d’étudiants. Raoul Girardet a publié des ouvrages de référence sur "La Société militaire en France", "Le nationalisme français", "L’idée coloniale en France" et un essai sur "Mythes et mythologies politiques".

En 1990, dans un livre d’entretiens avec le journaliste Pierre Assouline, "Singulièrement libre", il était revenu sur son parcours personnel : la Résistance puis l’engagement en faveur de l’Algérie française, qui l’ont conduit deux fois en prison. Raoul Girardet a également enseigné à l’Ecole nationale d’administration, à l’Ecole Polytechnique et à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Il était Croix de guerre 1939-1945 et officier de la Légion d’honneur. Ses obsèques seront célébrées le 23 septembre dans l’Eure, dans l’intimité familiale. Une célébration aura lieu ultérieurement à Paris.

AFP via TF1  http://www.actionfrancaise.net

19:28 Publié dans Actualité, Histoire, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raoul girardet, histoire, actualité, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 27 août 2013

70. Geburtstag Panajotis Kondylis

kondilis_panagiotis.jpg

70. Geburtstag Panajotis Kondylis

Ex; http://www.sezession.de

(Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)

von Adolph Przybyszewski

Der Philosoph Panajotis Kondylis hinterließ ein umfangreiches, gleichwohl Fragment gebliebenes Werk: Ein überraschender Tod riß ihn, nachdem er zahlreiche gewichtige Monographien, Übersetzungen und Aufsätze vorgelegt hatte, mitten aus der Arbeit an einem auf drei Bände geplanten Opus magnum.

Der Außenseiter des akademischen Betriebs ist zwar längst in der Fachwelt anerkannt, wird im intellektuellen Establishment aber noch immer als »Geheimtip« gehandelt. Ein Grund dafür liegt in der Kühnheit und Souveränität des analytischen Zugriffs von Kondylis: Seine Denkhaltung kennzeichnete er selbst als »deskriptiven Dezisionismus«, der jegliches Wertesystem als Funktion menschlichen Machtwillens mit tiefer Skepsis betrachtet, andererseits wissenschaftlich objektiver Erkenntnis mit großem Pathos verpflichtet ist. Seine Werke enthalten sich folglich ahistorischer normativer Urteile, um die Tugend des kalten, illusionslosen Blickes zu schulen.

Der Sohn eines Berufsoffiziers und einer Lehrerin war Sproß einer griechischen Oberschichtfamilie, zu der u. a. der 1936 gestorbene General und zeitweilige Minister Georgios Kondylis zählte. In Athen, wo er auch die Schule besucht hatte, studierte Panajotis Kondylis Philosophie und Klassische Philologie, absolvierte überdies noch vor Abschluß des Studiums seinen Militärdienst. Nach dem »Putsch der Obristen« im Jahr 1967 geriet er wegen seiner Befassung mit Marx und Engels in Verdacht, wurde aber nicht behelligt und konnte 1971 nach Deutschland gehen, um in Frankfurt am Main, vor allem aber in Heidelberg Philosophie, Geschichte und Politikwissenschaften zu studieren. Gefördert wurde er dort von den kriegsgedienten Historikern Reinhart Koselleck und Werner Conze, promovierte jedoch 1977 bei Dieter Henrich als Philosoph.

Kondylis blieb als Autor, Leser und Mann des Gesprächs zeit seines Lebens Privatgelehrter, der in Athen wie in Heidelberg zu Hause war. Sein Hauptwerk schrieb der polyglotte Grieche auf deutsch, da er dieser Sprache eine dem Altgriechischen ähnliche begriffliche, grammatische und damit philosophische Potenz zumaß. Kondylis’ Denken geht aus von einer sozialhistorisch gesättigten Ideengeschichte, die zu systematischen philosophischen Einsichten destilliert und damit theoretisch fundiert wird. Seine Fragment gebliebenen »Gründzüge der Sozialontologie « (Das Politische und der Mensch, 1999) verstehen den Menschen als ein soziales Wesen von Grund auf. Seinsgeschichte hat Kondylis zufolge nicht beim Menschen als einzelnem anzusetzen, so seine Kritik an Heidegger, sondern beim agonalen Sozialwesen, das stets zwischen Konflikt, Konkurrenz und Kooperation ausgespannt ist.

In Macht und Entscheidung (1984) legt er dar, daß Identität auf vorbewußten Grundentscheidungen fußt; indem sich der Machtanspruch der »eigenen Identität innerhalb des mit ihr verwachsenen Weltbildes« entfaltet, sind geistige Operationen nicht weniger als handfeste Handlungen immerauch Funktionen des menschlichen Selbsterhaltungstriebs und daher stets polemisch angelegt. Das Ringen um die Köpfe ist elementarer Bestandteil des Kampfes um die eigene Stellung in der Welt.

pana10.gifBeispielhaft entfaltet wird dies schon in Kondylis’ Dissertation über Die Entstehung der Dialektik (1979) bei Hölderlin, Schelling und Hegel und der damit zusammenhängenden Studie über Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus (1981), wo er zeigt, »wie sich ein systematisches Denken als Rationalisierung einer Grundhaltung und -entscheidung allmählich herauskristallisiert, und zwar im Bestreben, Gegenpositionen argumentativ zu besiegen«. Die Ausformung jener Dialektik, wie sie nach Hegel im Marxismus Ideologie einer weltgeschichtlich wirksamen Macht wurde, erweist sich als Teil eines konfliktreichen, schon im Spätmittelalter einsetzenden Prozesses der Ablösung von Weltbildern, in dem die formal-begrifflichen Strukturen der jeweils älteren Metaphysik stillschweigend übernommen und polemisch umgedeutet werden.

Kondylis’ Interesse galt daher einerseits solchen Denkfiguren, andererseits auch den konkreten Menschen und Schichten, die damit operieren. In diesem Sinne beschrieb und analysierte er die Formierung und Entwicklung der europäischen »Neuzeit« in seiner Studie über den Konservativismus (1986) und den Niedergang der bürgerlichen Denk- und Lebensform (1991), um schließlich konsequent mit der im 20. Jahrhundert etablierten nachbürgerlichen Massendemokratie auch die aktuellen Formen der Globalisierung in den Blick zu nehmen. Bereits Kondylis’ Deutung von Clausewitzens Theorie des Krieges (1988), deren Aneignung und Fortführung insbesondere in der Marxschen Tradition er untersuchte, belegt, daß er seine geistesgeschichtliche Arbeit nicht nur zur Fundierung einer Philosophie des Menschen als Sozialwesen betrieb: Sie läßt ihn als genuin politischen Denker erkennen, der sich vor allem Thukydides, Machiavelli, Thomas Hobbes, Carl Schmitt und Raymond Aron verpflichtet weiß.

Als besondere analytische Leistung von Lenins Clausewitz-Verständnis betont er etwa, daß diesem »die Politik nicht als das mäßigende Element erscheint, das den Krieg bändigen soll, sondern als ein Zustand permanenten Kampfes, woraus von Zeit zu Zeit Kriege entstehen müssen. Die Vorstellung vom Kampf steht im Mittelpunkt von Lenins politischem Denken «. Mit Clausewitz mißt Kondylis dem »Takt des Urteils« größte Bedeutung für jede angemessene »zukunftsorientierte Lagebeschreibung« zu: Dieser ist nicht als Metapher für Intuition, sondern als eine aus Erfahrung und Wissen gespeiste intellektuelle Urteilsfähigkeit zu verstehen. Dem entspricht Kondylis’ gesamtes Werk: Seine systematische und große Materialmassen bewältigende Durchdringung der Geschichte stellt das Rüstzeug bereit, die gegenwärtige Lage und das Potential künftiger Lageentwicklungen zu beurteilen. Frucht dieses politischen Denkens sind Kondylis’ zu einem Band zusammengefaßte Aufsätze über Das Politische im 20. Jahrhundert (2001), besonders aber seine Studie über die »Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg«. Hier wird eine Zukunft »als Form und Möglichkeit, nicht als Inhalt und Ereignis erkennbar«, in der globalisierte Verteilungskämpfe »das erschütterndste und tragischste Zeitalter in der Geschichte der Menschheit« jenseits aller Utopien erwarten lassen.

Schriften: Die Entstehung der Dialektik. Eine Analyse der geistigen Entwicklung von Hölderlin, Schelling und Hegel bis 1802, Stuttgart 1979; Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus, Stuttgart 1981; Macht und Entscheidung. Die Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage, Stuttgart 1984; Konservativismus. Geschichtlicher Gehalt und Untergang, Stuttgart 1986; Marx und die griechische Antike. Zwei Studien, Heidelberg 1987; Theorie des Krieges. Clausewitz – Marx – Engels – Lenin, Stuttgart 1988; Die neuzeitliche Metaphysikkritik, Stuttgart 1990; Der Niedergang der bürgerlichen Denk- und Lebensform. Die liberale Moderne und die massendemokratische Postmoderne, Weinheim 1991; Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg, Berlin 1992; Montesquieu und der Geist der Gesetze, Berlin 1996; Das Politische und der Mensch. Grundzüge der Sozialontologie, Bd. 1: Soziale Beziehung, Verstehen, Rationalität, aus dem Nachlaß hrsg. v. Falk Horst, Berlin 1999; Das Politische im 20. Jahrhundert. Von den Utopien zur Globalisierung, Heidelberg 2001; Machtfragen. Ausgewählte Beiträge zu Politik und Gesellschaft, Darmstadt 2006; Machiavelli, Berlin 2007.

Literatur: Jeroen Buve: Macht und Sein. Metaphysik als Kritik oder die Grenzen des Kondylischen Skepsis, Cuxhaven 1991; Falk Horst (Hrsg.): Panajotis Kondylis. Aufklärer ohne Mission, Berlin 2007; Adolph Przybyszewski: Autorenportrait Panajotis Kondylis, in: Sezession (2006), Heft 12.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/40287/70-geburtstag-panajotis-kondylis.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2013/02/9783935063562.jpg

[2] Vordenker: http://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/staatspolitisches-handbuch/33/staatspolitisches-handbuch-band-3-vordenker

mardi, 25 juin 2013

G. Faye: Hommage à Dominique Venner

Suicide de Dominique Venner, le 21 mai à Notre-Dame. Marine Le Pen s’est inclinée devant son geste de réveil des consciences, ce qui peut paraître étonnant, mais tout à son honneur. Une représentante du groupe de clownesses féministes, les Femen, a essayé de salir sa mémoire dès le lendemain, en mimant, seins nus, son suicide, dans le choeur de Notre-Dame. Sur son buste maigrichon était peint : « May Fascism rest in Hell » (Que le fascisme repose en enfer). Ça fait la seconde fois que ces groupies dénudées peuvent entrer impunément dans la cathédrale où pourtant un filtrage est organisé à l’entrée. Les journalistes de l’AFP étaient prévenus du happening pour le couvrir et sont donc passibles de complicité.

Les médias de gauche et les politiciens du même bord (notamment le pathétique Harlem Désir) ont accusé Venner, post mortem, d’incitation à la violence, de provocation. Crachats de crapauds. Manifestement, le geste romain de Venner les a effrayés, parce qu’il procède du tragique, donc de l’Histoire, eux dont toute la vie n’est que reptation.

Venner s’est donné la mort, en exemple, non par désespoir mais par espérance : son sacrifice symbolique incite la jeunesse, face au naufrage entamé de la civilisation européenne dans son germen et dans ses valeurs, à résister et à combattre au prix de la mort, qui est le prix de la guerre. Une guerre qui a commencé. Venner voulait faire comprendre que la victoire ne peut s’obtenir, dans toute l’histoire des peuples, que si les combattants sont prêts à mourir pour leur cause. C’est pour les futures générations européennes résistantes et combattantes que Dominique Venner a offert sa vie. Il fut un « éveilleur de peuple » selon la formule de son ami Jean Mabire.

**********

Et il s’est tué, lui qui n’était pas chrétien au sens entendu, sur l’autel central de Notre-Dame de Paris, c’est-à-dire au cœur d’un des lieux les plus chargés de sacré et d’histoire de toute l’Europe. (L’Europe : la vraie patrie de Venner, l’authentique, pas le simulacre– guimauve de l’actuelle Union européenne). Notre-Dame, un lieu de mémoire beaucoup plus dense que, par exemple, la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Il a voulu donner à son sacrifice une signification particulière ; à l’image des vieilles traditions romaines pour lesquelles la vie d’un homme, jusqu’au bout, est dévolue à celle de la patrie qu’il aime et qu’il doit servir. Comme Caton, Venner ne transigeait pas sur les principes. Ni d’ailleurs sur ce style qu’il s’imposait – de comportement, d’écriture et d’idées – qui n’avait rien à voir avec la posture – le look – des cuistres. Sa sobriété exposait en essence la puissance de sa leçon. Maître distant, qui n’était pas sans rapport avec la tradition stoïcienne, rebelle de cœur et de courage et non pas de cirque ou d’imposture, homme complet, d’action et de réflexion, il n’a jamais dévié de sa voie. Un jour, il m’a dit qu’il ne fallait jamais perdre son temps à critiquer les traîtres, les lâches, les girouettes intéressées, ni évidemment leur pardonner, mais les ignorer et aller de l’avant. Le silence du mépris.

********

C’est Dominique Venner, en 1970, qui m’a fait entrer dans la Résistance, que je n’ai jamais reniée ni quittée depuis. Il fut mon sergent recruteur. Sa mort volontaire qui, plus qu’à celle de Montherlant, est un écho à celle de Mishima, est un acte fondateur. Et elle m’a rempli d’une tristesse joyeuse, comme un éclair d’orage. Un guerrier ne meurt pas dans son lit. La mort sacrificielle de cet homme d’honneur exige, pour honorer sa mémoire et son œuvre, de ne pas se lamenter mais de se battre. Mais se battre pour quoi ?

Non pas seulement pour la résistance, mais pour la reconquête. La contre-offensive, autrement dit. À la suite d’un de mes essais où je développais cette idée, Venner m’a envoyé une lettre de son écriture calligraphiée, pour m’approuver. Son sacrifice ne sera ni vain ni ridicule, comme tentent de le faire croire les cloportes. La mort volontaire de Dominique Venner est un appel à la victoire.

Guillaume Faye