Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 20 février 2016

Jean Dutourd, l'anarcho-gaulliste

Jean-Dutourd-l-humour-de-la-verite.jpg

Jean Dutourd, l'anarcho-gaulliste

Par

 Bruno de Cessole (archives: 2011)

 

 

 

 

Ex: http://www.valeursactuelles.com

 
Disparu le 17 janvier 2011 à l’âge de 91 ans, l'écrivain fut tout au long de sa vie un résistant au conformisme, à la bêtise et au progressisme.

Lorsqu’on l’allait visiter dans son sombre appartement proche de l’Académie, il fallait traverser un salon vaste comme un hall de gare (de province), longer un couloir interminable, avant de pénétrer dans le bureau bibliothèque où il vous recevait, en veste d’intérieur écossaise, la bouffarde au bec, dans la compagnie de quelques milliers de livres impeccablement alignés sur les rayonnages. Un décor très britannique, boiseries, fauteuils de cuir, odeur de cire et de tabac blond, nuancé d’ordre monacal ou militaire. Le maître des lieux, du reste, avait un côté très British, et pas seulement pour la moustache et la pipe dignes du Colonel Bramble ou du Major Thompson.

Jean Dutourd était un vieux Gaulois ronchonneur tempéré par l’humour anglais et le goût du paradoxe chers à Jonathan Swift et à Oscar Wilde. En dépit de son inaltérable attachement à la mère patrie, « la France ma mère, qui s’est, en quinze siècles, façonné une âme plus belle et plus grande que toute autre nation », Dutourd renchérissait volontiers sur Godefroy, le héros de Courteline, qui soupire : « J’aime bien maman, mais crénom, qu’elle est agaçante ! » Bon fils, l’auteur des Horreurs de l’amour pouvait râler, mais ne la reniait pas, même quand elle faisait des bêtises, comme de désavouer de Gaulle en 1968 ou de porter Mitterrand au pouvoir en 1981.

Dans ces années-là, je le voyais souvent, car il était, pour les journalistes, un “bon client”. Depuis son élection à l’Académie française en 1978, à la suite du plasticage de son appartement, qui contribua beaucoup, disait-il en riant, à son élection, il s’autorisait une liberté de parole qui ne s’encombrait pas des prudences habituelles chez les habits verts. Il avait l’esprit caustique, la parole drue, la formule assassine, et n’épargnait personne, à commencer par les hommes de pouvoir et les belles âmes progressistes. Jamais il ne fut plus en verve que durant les deux septennats mitterrandiens où il publia le Socialisme à tête de linotte, le Spectre de la rose, la Gauche la plus bête du monde, le Septennat des vaches maigres, Journal des années de peste 1986-1991, la France considérée comme une maladie mais aussi Henri ou l’Éducation nationale, le Séminaire de Bordeaux, Ça bouge dans le prêt-à-porter, désopilante anthologie des clichés et des expressions à la mode dans le journalisme.

2877062937.08.LZZZZZZZ.jpgDu temps que le Général régnait sur la France, le gaulliste Dutourd était abreuvé d’injures, dont les moindres étaient : « nouveau Déroulède », « grosse bête », « patriote ringard ». On le vilipendait pour son « gros bon sens », sa prétendue « vulgarité », sa propension à se faire « le porte-parole de la majorité silencieuse ». « Pour être admis chez les gens intelligents, me disait-il, il fallait m’avoir traité d’imbécile ! » Du jour où les socialistes parvinrent au pouvoir, on le découvrit soudain moins bête qu’on ne le disait, et jamais il ne fut davantage invité sur les plateaux de télévision, où son flegme narquois et ses bons mots faisaient florès.

La politique, en réalité, ne l’intéressait que comme prétexte à exhaler ses humeurs. Il avait, reconnaissait-il, des sentiments plutôt que des idées politiques. Depuis le discours du 18 juin 1940, il n’avait jamais varié de ligne : “anarcho-gaulliste”, et le moins mauvais régime aurait été à ses yeux « une monarchie absolue tempérée par l’assassinat », selon une formule qu’il attribuait à Stendhal, attribution dont je ne suis pas sûr qu’elle soit exacte. Cet individualiste, qui s’inscrivait dans la lignée de ses maîtres, Montaigne, Voltaire, Stendhal et Chesterton, se méfiait de l’État-providence et de l’angélisme, ce « crime politique » qui conduit l’État à vouloir faire le bien du citoyen malgré lui : «Tous les gouvernements sont comme les bonnes femmes qui disent à un type: “Tu verras, je vais faire ton bonheur !” Instantanément, le type est terrorisé et se dit : “Elle va m’emmerder toute ma vie !” C’est la même chose en politique. »

Jean Dutourd était de ces dinosaures en voie de disparition qui ne s’excusent pas d’être français, n’admettent guère que l’“insolente nation” trahisse sa vocation à la grandeur, et ont souvent mal à leur pays. Il avait intitulé l’un de ses livres De la France considérée comme une maladie. Une expression qu’il tenait de sa belle-mère, qui répétait sans cesse : «J’ai mal à la France. » « Je crois, me confiait-il, que les Français ont toujours eu mal à la France. Depuis qu’il existe une littérature française, les écrivains ont des bleus à leur patrie. Peut-être à cause de l’hypertrophie de notre sens critique qui nous fait nous gratter sans cesse. Cela dit, il y a eu des périodes où les Français n’avaient pas trop mal à la France. Comme sous Louis XIV et Napoléon. C’était l’Europe qui avait mal, à ce moment-là.»

L’un des drames de notre pays résidait, selon lui, dans la disparition progressive du bon sens au profit de la prétention des soi-disant élites qui ne s’expriment plus que dans un sabir incompréhensible par le peuple, véritable attentat contre la clarté de notre idiome national. « Intellectuel n’est pas synonyme d’intelligent. Je dirais même qu’on est plutôt intelligent quand on n’est pas intellectuel. Les intellos sont la lie de la terre. Ils incarnent l’éternelle trahison des clercs. On est un artiste, un écrivain, un philosophe, mais pas un intellectuel ! Un intellectuel, c’est un de ces mauvais curés qui font tout pour vous dégoûter du bon Dieu. Bref, c’est affreux ! »

Il prétendait n’être qu’un homme de la rue qui sait écrire

S’il était volontiers disert sur la vie publique, l’homme, en revanche, était d’une discrétion rare sur sa vie privée : « Mon rêve, c’est de ne pas avoir de biographie, car celle-ci se construit toujours au détriment de l’oeuvre. Alors, pas de biographie. Comme Homère et comme Shakespeare…» Dans Jeannot, Mémoires d’un enfant, il avait arrêté ses Mémoires à l’âge de 11 ans, estimant que les décennies suivantes n’offraient rien de singulier. « Je suis un homme de la rue qui sait écrire. C’est la seule chose que je sache faire », confessait-il avec une fausse modestie goguenarde. Depuis le Complexe de César, son premier livre, déjà provocateur, publié en 1946, il n’avait cessé de publier avec une régularité horlogère, et un talent hors du commun. Il était de ces rares écrivains, comme Marcel Aymé, pour qui le français était une langue naturelle. À la fois très simple, très pure, et savante, mêlant la familiarité et les tournures recherchées héritées de ces classiques qu’il fréquentait assidûment.

Parmi les soixante-dix titres que laisse ce grognard en demi-solde, vaste panorama satirique de son époque, certains furent des succès considérables comme Au bon beurre (prix Interallié) et les Taxis de la Marne ; les autres témoignent d’une remarquable capacité à varier de registre, de Doucin aux Mémoires de Mary Watson, tout en reflétant une vision du monde à la fois sans illusions, autrement dit réactionnaire, et cocasse. Car Jean Dutourd était un moraliste qui avait l’élégance de la gaîté.

Bruno de Cessole

samedi, 16 janvier 2016

Avec la mort de Pierre Boulez, une page de l’histoire de la musique française se tourne

barenboim_boulez_2011_09_2419.jpg

Avec la mort de Pierre Boulez, une page de l’histoire de la musique française se tourne

par Jean-François Gautier

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

(Breizh-info.com) – La mort de Pierre Boulez, né en 1925 à Montbrison (Loire), clôt un chapitre de l’histoire de la musique française qu’il avait illustrée avec éclat.

Collégien au petit séminaire de Montbrison, il prépara ensuite une mathématique supérieure à Lyon avant d’entrer en 1943 au Conservatoire de Paris dans la classe d’analyse musicale d’Olivier Messiaen. Pianiste remarquable, prodigieux lecteur, analyste incomparable, Boulez tenta très rapidement d’appliquer à l’écriture musicale ce que les mathématiciens de l’époque – le groupe Bourbaki, fondé en 1935 à Besse, en Auvergne – tentaient pour leur science : une approche systématique, dédiée à une construction générique telle que, partant de quelques propositions initiales, toutes les autres peuvent s’en déduire logiquement.

Appliquée par Boulez à l’écriture musicale, cette méthode, répandue de congrès musicaux en festivals de musique contemporaine, connut un succès planétaire, notamment grâce aux enseignements américains donnés dans des Universités, et non dans des Conservatoires à la manière française, où les instrumentistes côtoient les compositeurs. La position d’avant-gardiste adoptée par Pierre Boulez essaima d’autant mieux qu’elle clouait au pilori les références admises, dans de fortes polémiques qui participèrent à sa réputation. De son maître Messiaen, il disait publiquement : « Il ne compose pas, il juxtapose… ». Et son aîné André Jolivet, ami de Messiaen, fut affublé par lui du sobriquet de ‘Joli Navet’.

Organisateur né, Boulez se trouva néanmoins des relais en Allemagne, au Canada et aux États-Unis, qui répandirent sa bonne parole. Il y eut un grain de sable en France, en 1964 : André Malraux, alors ministre de la Culture du général De Gaulle, nomma à la tête de la direction de la musique le compositeur Marcel Landowski, et non Boulez que précédait sa réputation de caractère intraitable et colérique. Jugeant les structures des écoles et des orchestres français ‘sclérosées et vieillies’, Boulez s’exila alors à Darmstadt où l’accueillit une école de musique réjouie d’une recrue de ce format.

Il intriguera ensuite pour obtenir des postes en France. Grâce à ses réseaux, qui remontent jusqu’à Claude Pompidou, l’épouse du président de la République, il trouve des crédits pour faire bâtir en 1969, à côté du Centre Beaubourg-Georges-Pompidou, un Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique (Ircam), qui devient une autorité internationale pour les jeunes compositeurs. Cette création est suivie, en 1976, de celle de l’Ensemble Intercontemporain qui ne joue que des partitions de Boulez ou celles approuvées par lui.

Des querelles d’école s’en suivent, notamment en direction des ‘baroqueux’ qui émergent alors et tentent de reconstituer un répertoire du XVIII° siècle que Boulez juge ‘historiquement dépassé’, Bach mis à part. Polémiques aussi avec les jeunes confrères qui ne suivent pas ses orientations, et que Landowski regroupe en 1991 au sein de l’association Musique Nouvelle en Liberté, soutenue par le violoncelliste russe Rostropovitch et par l’anthropologue Claude Lévi-Strauss.

Boulez, qui avait pour mot d’ordre dans sa jeunesse de « brûler les maisons d’opéras », n’hésita pas en 1976, lorsque Wieland Wagner lui proposa de diriger à Bayreuth les quatre épisodes de L’Anneau des Nibelungen, pour le centenaire de leur création. Et il récidiva en 1979 en créant à l’Opéra de Paris la Lulu, d’Alban Berg, une œuvre entièrement dodécaphonique et inachevée qui avait dormi quarante-cinq ans dans les tiroirs. Dans les deux cas, la mise en scène assurée par Patrice Chéreau assura aux représentations le succès scandaleux qu’appréciait Boulez.

Sa réputation internationale doit aussi à sa capacité de conduire avec clarté les œuvres les plus disparates, à la tête des orchestres les plus divers, ceux de la BBC, de Cleveland, de Chicago, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Philharmonique de New York, et tant d’autres encore. De chaque concert il faisait une leçon, ce que les instrumentistes et les étudiants en musique appréciaient par dessus tout.

De 1976 à 1995, Boulez fut aussi professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Invention, technique et langage en musique. Malgré une présence raréfiée certaines années, il montra là une forte capacité à manier le concept, et ses résumés de cours, traduits dans le monde entier, rencontrèrent tout à la fois un public enthousiaste et une opposition virulente.

Au total, Boulez aura plus convaincu par son entreprise de chef d’orchestre et de brillant analyste de partitions (Stravinsky, Debussy, à propos desquels il initia une jeunesse avide d’analyses claires), que comme compositeur. Si des œuvres de jeunesse comme Le Soleil des eaux (1950) ou Le marteau sans Maître (1954), sur des textes du poète René Char, ont montré combien il savait manier tout à la fois le lyrisme et la rigueur, ce qui permit d’ailleurs à nombre d’instrumentistes de réfléchir plus avant sur leur métier, les deux douzaines de partitions qui suivirent, constamment remaniées, ont consacré un statut partagé par nombre de compositeurs dans les sociétés modernes : ils sont coupés tout à la fois de leurs traditions populaires, tant mélodiques que rythmiques, et d’un public ordinaire tel que celui de Bach à la paroisse Saint-Thomas de Leipzig, ou au Café Zimmermann quand il y dirigeait, dans des pages totalement ‘contemporaines’, le Collegium Musicum cofondé en 1729 avec Telemann.

Le chef helvétique Ernest Ansermet, qui dirigea nombre de compositeurs du XX° siècle, fut l’un des principaux opposants à l’avant-garde boulézienne. Il lisait dans les partitions du nouveau maître des « produits de décomposition », ajoutant qu’il faisait partie de ceux qui « croyaient être à l’avant-garde de l’histoire – et n’importe quel imbécile vous dira qu’ils « avancent ». En réalité ils reculent, et en reculant ils sont tombés au-dessous de ce qu’était la musique à l’aube de l’histoire, à ce moment où les sons ne faisaient pas encore de la musique pour l’oreille humaine. »

Des polémiques dont il fut la cible – souvent des réponses à celles qu’il engageait lui-même – Boulez n’avait cure, tant ses réseaux et les postes qu’il avait conquis étaient solides. Reste maintenant, après sa mort, à attendre le jugement de la postérité. Il sera sans polémiques inutiles. Parlera-t-on encore de lui en 2050, et ses œuvres seront-elles encore jouées ? Et par qui ? Réponse dans trente-cinq ans.

J.F. Gautier

Photo : DR
Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

Breizh-info

dimanche, 27 décembre 2015

Lawrence Dennis: 1893–1977

LawrenceDennisCharlesESteinheimerTimeLifeGetty128.jpg

Lawrence Dennis: 1893–1977

December 25, Christmas Day, is also the birthday of one of the most exotic and courageous thinkers ever to stride across the American political stage: Lawrence Dennis.

Now, there are three basic facts everyone learns about Mr. Dennis at the outset.

One: he was a leading Right-wing economic and political theorist of the 1930s and ’40s—an American fascist if you will. And he got caught up the the “Great Sedition Trial of 1944” (a trial that ended inconclusively when Judge Edward Eicher, a former Iowa congressman, suddenly dropped dead and no one cared to reconvene proceedings).

lawrfencedennisAmGJL._SX334_BO1,204,203,200_.jpgTwo: Lawrence Dennis was part African-American, a fact that was marginally believable at first glance, given his “swarthy” or “bronzed” complexion and short, wiry hair. Dennis could “pass for white” if he wanted to, and so he did for several decades. But this was mainly for reasons of convenience. During his years at Exeter, Harvard, the diplomatic corps, and Wall Street, talking about a mulatto heritage was just an unnecessary complication, and so he didn’t. At the end of the day there is no reason to believe he was ashamed of his mixed-race heritage; it is said that when he died in his eighties he was sporting an afro [2].

Dennis’s racial mixture, coupled with his radical-right politics, confounds political historians on the Left. They have no trouble dealing with the fact that W. E. B. DuBois, another light-skinned mulatto, went to Harvard and later joined the Communist Party USA. But to imagine another light-skinned man of Negro heritage was a fascist? And not only an American fascist, but former diplomat and famous diplomatic theorist. In 2007 a biography of Dennis was a published with the title of The Color of Fascism.[1] As one might expect from that lurid title, the publisher promoted the bio as a racial saga: a story of “deception” and hypocrisy and living in shame among virulent hatemongers.

But now we come to the third remarkable thing about Lawrence Dennis—maybe the weirdest fact of all. He had been a baby celebrity, a child preacher.

At the end of the 19th century, newspapers in New York and Chicago were fascinated by the something of this infant phenomenon, “Larney Dennis”—the Child Prodigy from Georgia, come to save yo’ souls!

Decades later, the whole notion of a colored moppet haranguing the sinners would become a routine item on the church-vaudeville circuit (Rev. Al Sharpton started out this way). But in the late 1890s this little hi-yaller preaching prodigy with the white frock and booming voice was one-of-a-kind, a huge drawing card:

“Pray! Pray! Down on yo’ knees and pray!”

A child’s quivering tones, yet instinct with power. Above a tiny form in shot white frock with a strange majesty in the upraised olive face and small commanding hand. Below a vast multitude of more than three thousand souls, curious, cynical, devout; yet all, believer and scoffer, alike, held in sway by this morsel of humanity.

In a word, Lawrence Dennis, the negro baby evangelist, was before his first New York audience at the Mount Olivet Baptist Church in West Fifty-third street this afternoon enacting one of the most remarkable scenes in the shifting life of the great metropolis.

Long before 4, the hour named for the service, the church was packed…

Little Lawrence shook the black curls confined at either side of his head with a pink ribbon and looked expectantly about.

“I am 5 years old,” in reply to the first query, “and I was bo’n on the 25th of December, Christ’s birthday.”

***

“Why are you here?” cried a negress from the middle of the house.

“To save New York,” ejaculated the preacher. “I’se got to save you goats.”

(Chicago Tribune, January 8, 1899)

lawrence-dennis.gifA most bizarre start in life for a diplomat, or Wall Street investment banker, or fascist economic theorist—all of which Dennis would be in the 1920s and ’30s.

It all seems mythical, this story of the white-frocked child evangelist;  so disconnected is it from Dennis’s adult careers. A bit like the Homeric story of Achilles on Skyros, disguised as a princess so he wouldn’t have to die in the Trojan Wars as prophecy predicted. (As you may recall, this experience gave Achilles such a tough hide that he went off and died in the Trojan Wars anyway.)

Lawrence Dennis’s break with his past came in his mid-teens, and it was drastic. He went to prep school at Philips Exeter and pretty much swept his childhood fame and negritude under the rug. He was a star debater at Exeter and then at Harvard College, where he crash-coursed an accelerated A.B. degree in two-and-a-half years. (This was rather less difficult than it sounds today: during the Great War, Harvard and Yale handed out course credits like doughnuts, so the boys could get to France, or come back and graduate without much effort.)

After that, it was the Foreign Service corps for Dennis, in Haiti, Romania, and Central America. It seems to be his time in Honduras and Nicaragua that radicalized this rising young diplomat. It became clear to him that Central America and the Caribbean—most of the Americas in fact—were the playthings, the game-board of the U.S. State Department and, ultimately, Wall Street. He tried to publish articles about revolutions in Honduras and Nicaragua in the Atlantic Monthly and Foreign Affairs, but Foggy Bottom embargoed them.[3]

Rather ironically, Dennis thereupon left the State Department and went to work for the Guaranty Trust Company for a while,[4] followed by the J. & W. Seligman investment bankers. Seligman sent Dennis to Lima, as their representative.

Dennis took one look and balked: the Wall Street loans to Peru were ill-constructed and predestined to fail. This was an old Wall Street trick, going back at least to the mid-19th century. The basic idea was that the investment bank would make loans to a Latin American country, which the country didn’t ever have a prayer of paying back. When the foreign government defaulted, the investment bank would demand that the US State Department and Treasury step in and guarantee the loans, by claiming assets or future revenues from the country.[5]

Lawrence Dennis quit Seligman and wrote some articles for The New Republic exposing these shenanigans in Peru. Thenceforth he was essentially barred from employment on both Wall street and the State Department. He didn’t much care. It was the height of the depression, 1932, and he wrote a well-received book, based on on diplomatic and banking experience, called Is Capitalism Doomed?[6]

The capitalism Dennis refers to here is not international banking per se, but rather the specific American brand of “Wild West” laissez-faire capitalism, with no governmental restraints and oversight. Drawing a parallel to Frederick Jackson Turner’s thesis about the closing of the American frontier in the 1890s, Dennis argued that the days of “Wild West” capitalism—arrant speculation, plutocratic strong-arming of Congress and weak foreign “republics”—were dead and gone.[7]

It was 1932, and there was no shortage of howls about the demise of capitalism. But oddball Dennis didn’t howl with the crowd. For him, the solution wasn’t some Bolshevik revolution that destroyed most existing structures of society and put an alien class on top. He proposed something much simpler: a nationalistic ethos that restrained the capitalists and put the American people’s needs into the driver’s seat. In other words, American fascism.

Is Capitalism Doomed? was mostly a reflection of Dennis’s diplomatic and Wall Street adventures. It took a few more years for him to articulate a cogent argument of why fascism, rather than bolshevism, was the proper replacement for freebooting Wall Street capitalism. This came with his 1940 treatise, The Dynamics of War and Revolution.[8]

Is Capitalism Doomed? had been published by Harper & Bros., as mainstream and old-line a New York publishing house as existed; but by the late ’30s Dennis’s fascist connections put him beyond the pale, and he had to distribute this through his own private imprint.[9]

Accordingly this Dennis book never got much distribution. But it is clear he was reaching the apogee of his political insight in such toothy passages as these:

Back in 1933 an 1934 I was one of the few writing Americans who saw that both socialism and nazism had to end in an extreme form of socialism by reason of the pressures of inevitable trends in social change. I derided the interpretations of Fascism and Naziism made equally  by the conservatives and the communists at the time. Incidentally, it is to be remarked the American communists and fellow travelers, who are as unsophisticated in politics as Wall Streeters or Mrs Roosevelt, helped both Mussolini no end in the early days by denouncing them as capitalist stooges. My book The Coming American Fascism, was treated my many critics as wholly irrelevant to Fascism because it did not accord with the the orthodox Moscow interpretation of this new phenomenon. On this point, the orthodox line of Union Square and the Union League Club was the same. . . .

To me in 1933-1936, as now, the idea then being advanced on Park Avenue and lower Third Avenue that the demagogue of a popular national socialist movement with a private army of the people under his orders could be the Charlie McCarthy of big businessmen was utterly preposterous. I have known intimately too many big businessmen to have any uncertainly as to the role they would be playing in any Charlie McCarthy act with a Hitler. Businessmen are socially the least intelligent and creative members of our ruling classes. . . .

Notes

dennissjwL._SX331_BO1,204,203,200_.jpg1. Gerald Horne, The Color of Fascism: Lawrence Dennis, Racial Passing, and the Rise of Right-Wing Extremism in the United States (New York: New York University Press, 2007).

2. Ibid.

3. A more famous diplomat radicalized by similar experiences in Latin America was Sumner Welles, Undersecretary of State in the Cordell Hull years, who devoted a long book, Naboth’s Vineyard: The Dominican Republic 1844-1924 (New York: Payson and Clarke, 1928) to detailing the exploitation of that island nation by American banking interests.

4. Later Morgan Guaranty Trust; currently a segment of JPMorganChase.

5. Barbara Stallings, Banker to the third World: U.S. portfolio Investment in Latin America, 1900-1986 (Berkeley: University of California Press, 1987).

6. Lawrence Dennis, Is capitalism doomed? (New York: Harper & Brothers, 1932).

7. See Keith Stimely’s treatment of this topic, reprinted here [4] December 25, 2014.

8. Lawrence Dennis, The Dynamics of War and Revolution (New York: The Weekly Foreign Letter, 1940).

9. Justus Doenecke, “The Isolationist as Collectivist: Lawrence Dennis and the Coming of World War II” https://mises.org/library/isolationist-collectivist-lawre... [5]

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2015/12/lawrence-dennis-1893-1977/

URLs in this post:

[1] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/12/lawrence-dennis.png

[2] sporting an afro: http://www.theguardian.com/world/2007/apr/04/usa.race

[3] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/12/larney-dennis.jpg

[4] reprinted here: http://www.counter-currents.com/2014/12/lawrence-dennis-and-a-frontier-thesis-for-american-capitalism/

[5] https://mises.org/library/isolationist-collectivist-lawrence-dennis-and-coming-world-war-ii-0: https://mises.org/library/isolationist-collectivist-lawrence-dennis-and-coming-world-war-ii-0

 

mardi, 01 décembre 2015

In Memoriam Heinz Dieter Hansen

Deelneming2.jpg

In Memoriam

Heinz Dieter Hansen

Nous venons d'apprendre la disparition de notre ami très cher Heinz Dieter Hansen de Hambourg, animateur de la "Deutsch-Europäische Studiengesellschaft" et fondateur de la série de brochures Junges Forum.

Un hommage mérité lui sera rendu!

17:47 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : heinz dieter hansen, allemagne, hommage, disparition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 30 novembre 2015

Histoire vraie de l'homme qui cherchait le yéti

magrannydkq7OIdS1rnng97o1_1280.jpg

A la fin des années 1980, Jordi Magraner, zoologue franco-espagnol, monte une expédition. Toute scientifique qu'elle soit, elle paraît incroyable : Magraner part à la recherche du « barmanou », aussi appelé yéti dans d'autres régions du monde, au coeur des montagnes d'Afghanistan.

Gabi Martinez a enquêté sur cet explorateur hors du commun et nous livre le récit palpitant et hautement romanesque de cette histoire vraie. Pendant des années, Jordi Magraner arpente les montagnes du nord du Pakistan et d'Afghanistan. Il est convaincu que la théorie de l'évolution de Darwin n'explique pas pourquoi l'être humain parle et a une conscience. Il se dit qu'il existe bien un chaînon manquant, qu'il pourrait s'agir du barmanou. Il est un fervent apôtre de la cryptozoologie, ce courant qui étudie les animaux dont l'existence est sujette à caution. En partant à sa recherche, il découvre la fascinante communauté kalash, ces hommes blonds aux yeux bleus, de tradition païenne. Il devient l'un des leurs. En lutte constante avec les institutions françaises et pakistanaises, il travaille pour le Musée d'Histoire Naturelle de Paris, rencontre Massoud, dirige l'Alliance Française de Peshawar…

Mais quand les États-Unis envahissent l'Afghanistan, l'atmosphère devient irrespirable. Il est accusé de pédophilie et d'espionnage. Assassiné en 2004 au Pakistan, le crime n'a pas été élucidé et son corps n'a pas été rapatrié. Jordi Magraner est un personnage issu d'un autre monde, pareil à ces écrivains explorateurs du XIXe siècle. Un personnage anachronique, résolument romanesque, qui rappelle par moments le Limonov d'Emmanuel Carrère. 

Source: http://www.zentropa.info

mercredi, 11 novembre 2015

Helmut Schmidt : un très grand Allemand nous quitte

Helmut_Schmidt-Der_Deutsche_Kanzler__MG_2981xxx.jpg

Helmut Schmidt : un très grand Allemand nous quitte

Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Sur le vif - 10.11.15 - 16.37h

HS7460z.jpgHambourg, 25 mars 1999 : à quelques heures du début des bombardements de l’OTAN sur la Serbie, l’ancien chancelier Helmut Schmidt (1974-1982), cinquième de la République fédérale à porter ce titre, 80 ans, nous reçoit, mon confrère Pierre-André Stauffer de l’Hebdo, et moi, dans son bureau, au sommet de la tour de « Die Zeit », dont il est l’éditeur. Vue sur le port. Sa ville natale, splendide. Hanséatique. L’une de mes villes allemandes préférées.

Pendant 90 minutes, au milieu d’une incroyable tabagie, alternant les Menthol et les prises de tabac à sniffer (une vielle habitude d’adolescent marin, ici à Hambourg, nous dit-il), cet homme d’exception, successeur de Willy Brandt (dont il a été le ministre) à la Chancellerie, prédécesseur de Kohl, n’ayant rien à envier à ce dernier, nous promène, avec son allemand qui sent la mer du Nord, dans le prodigieux dédale de l’Histoire de son pays au vingtième siècle, celle qu’évoque Günter Grass dans son livre « Mein Jahrhundert ». Mais Grass est peintre, l’un des plus grands, Schmidt est acteur. Ce siècle allemand, il a contribué à le faire.

L’homme qui vient de nous quitter, à presque 97 ans, était né à Hambourg le 23 décembre 1918, un mois et douze jours après l’Armistice, un mois et quatorze jours, surtout, après le début de la Révolution allemande, celle du 9 novembre, celle dont parle Döblin dans son roman « November 1918 ». Il grandit dans la ville hanséatique, fait toute la Seconde Guerre mondiale comme officier de DCA, est décoré de la Croix de Fer, prisonnier des Britanniques en 1945, s’inscrit au SPD (le parti social-démocrate) en 1946, entame une prodigieuse carrière politique, d’abord dans le Land de Hambourg, puis au niveau fédéral (Défense, Finances), avant les huit années de pouvoir suprême.

Helmut Schmidt était un Européen convaincu. Mais pas une Europe du cœur, comme son successeur le Rhénan Helmut Kohl. Non, juste une Europe de la raison, avait-il tenu à nous préciser en ce jour de mars 1999, pour que le continent atteigne une dimension critique suffisante pour affronter les grands blocs. On connaît son amitié légendaire avec Valéry Giscard d’Estaing, ils furent, au même titre que de Gaulle-Adenauer et Kohl-Mitterrand, l’un des grands couples de la construction européenne. En 2001, je les avais revus, MM Schmidt et Giscard, à la Fondation Jean-Monnet de Lausanne, j’avais pu mesurer la proximité qui les liait.

HSdL._SX296_BO1,204,203,200_.jpgCe que les gens, aujourd’hui, connaissent peu en Suisse romande, c’est l’immensité de l’intelligence politique de l’homme qui nous quitte aujourd’hui. Dans la droite ligne de Bismarck, il construit le destin allemand sur le long terme, sans états d’âme, jouant des alliances pour le seul intérêt supérieur de la nation qui lui est confiée. Simplement, ses années de Chancellerie, 1974-1982, sont celles où l’Allemagne, redevenue géant économique, n’a pas encore droit à occuper la même taille en politique. Avec les vainqueurs occidentaux de la Seconde Guerre mondiale, Américains principalement, Schmidt, parfait anglophone, s’entend à merveille. Mais il serait faux de ne voir là qu’une obédience atlantiste : l’homme, patiemment, guette l’heure de son pays. Ce sera son successeur, le Rhénan Helmut Kohl, qui l’entendra sonner, le 9 novembre 1989. Et son prédécesseur, l’immense Willy Brandt, qui aura ce jour-là le mot juste : « Jetzt kann zusammenwachsen, was zusammengehört ».

Je ne puis en dire beaucoup plus pour l’heure, mon émission spéciale sur la grève de la fonction publique genevoise m’attend. Mais je tenais, à chaud, à rendre un premier hommage à cet homme tellement allemand, avec sa discipline de fer, son incroyable liberté de parole (il en a usé jusqu’au bout), sa culture historique, sa virtuosité de piano (il avait hésité à en faire son métier). Helmut Schmidt, comme Willy Brandt, est un chancelier profondément allemand. Je crois que Kohl, et même Adenauer, sont des chanceliers européens, au sens le plus noble de ce mot. Mais Schmidt était, dans toutes les fibres, un chancelier allemand. Connaissant à fond l’Histoire de son pays, en tout cas depuis Frédéric II, son équation (comme Willy Brandt) avec la question de l’Est, son intégration provisoire au système atlantique, sa nécessité d’un dialogue constant avec la France. Pour le reste, un esprit totalement libre, un provocateur. L’un des très grands Allemands du vingtième siècle, oui, lui qui naît en pleine Révolution allemande, et qui meurt au moment où Mme Merkel ne sait pas comment se sortir, mise sous pression par le Ministre-Président de Bavière, de la question des réfugiés.

Le Grand Refuge, Schmidt l’avait connu, à l’âge de 27 ans : alors que, officier de la Wehrmacht, il tombait aux mains des Britanniques, au moins 12 millions d’Allemands des pays de l’Est, fuyant l’Armée Rouge, déboulaient dans une « mère patrie » en ruines. A partir de là, il a fallu reconstruire. Nous perdons aujourd’hui un incomparable constructeur.

Pascal Décaillet

Neuf articles de et sur Jean Thiriart

thiriart.71b.jpegNeuf articles de et sur Jean Thiriart:

http://www.leblancetlenoir.com/search/thiriart/

mardi, 10 novembre 2015

Zum Tode Helmut Schmidts

HS317772_303,00.jpg

“Ohne Kenntnis der Geschichte bleibt die Gegenwart unbegreifbar”

Zum Tode Helmut Schmidts

Ex: http://www.zuerst.de

Hamburg. Im Alter von 96 Jahren ist Altkanzler Helmut Schmidt am heutigen Dienstag verstorben. Er prägte die Politik der Bundesrepublik Deutschland über Jahrzehnte hinweg und galt noch im hohen Alter als streitbarer Diskutant, dem die Wahrheitsliebe und klare Worte stets wichtiger waren, als sich dem politischen “Mainstream” unterzuordnen.

Der 1918 in Hamburg geborene Schmidt wollte eigentlich Architekt und Städteplaner werden, doch nach dem Zweiten Weltkrieg, in dem er als Oberleutnant der Wehrmacht bis zu seiner Gefangennahme im April 1945 diente, ließ er sein gestalterisches Talent in die Politik einfließen. Angetreten, um Politik als aktives Steuern und Lenken zu betreiben, fiel sein Tatendurst in der Aufbauphase der unmittelbaren Nachkriegszeit auf fruchtbaren Boden. Der SPD-Politiker erlebte seinen ersten kommunal- und landespolitischen Höhepunkt, als er sich in seiner Funktion als Hamburger Innensenator als Mann der Tat bewies: während der Flutkatastrophe im Februar 1962 zögerte er keinen Moment, die Bundeswehr zum Einsatz zu beordern; freilich ohne rechtliche Grundlage. Der anpackende Charakter sollte sein Markenzeichen bleiben.

Auch als Bundeskanzler mußte der Hanseat in Ausnahmesituationen kühlen Kopf bewahren. Als fünfzehn Jahre später arabische Links-Terroristen die Lufthansa-Maschine “Landshut” entführen, befiehlt Schmidt für den 18. Oktober 1977 die Befreiung der 86 Geiseln: die Bundesgrenzschutz-Sondereinheit “GSG 9″ stürmt die Maschine auf dem somalischen Flughafen Mogadischu – die “Operation Feuerzauber” glückt. Helmut Schmidts Ruf als “Krisenkanzler” war begründet.

In der Hochphase des Kalten Krieges war es der SPD-Kanzler Schmidt, der gegen die Parteilinke, die aufkommende Friedensbewegung und den linksextremen Terror eine Linie des realpolitisch Machbaren durchsetzen mußte. Mit dem NATO-Doppelbeschluß, der aus seiner Sicht die Sowjetunion zur Abrüstung ihrer Mittelstreckenraketen zwingen sollte, gelang Schmidt zwar die Durchsetzung seiner Position. Doch mittelfristig war dies der Anfang vom parteipolitischen Ende seiner Kanzlerschaft. Als ihm am 1. Oktober 1982 der Bundestag in einem Mißtrauensvotum das Vertrauen entzog, war dies ein harter Schlag.

Doch Schmidt widmete sich fortan publizistischen Projekten, insbesondere als “Zeit”-Herausgeber sollten es europa- und weltwirtschaftspolitische Themen sein, die in den kommenden 30 Jahren zum Steckenpferd des diplomierten Volkswirts wurden. In den letzten Jahren seines erfüllten Lebens fand der Hamburger Ehrenbürger aber auch zunehmend kritische Worte zur bundesdeutschen Einwanderungs- und Ausländerpolitik. “Wir müssen eine weitere Zuwanderung aus fremden Kulturen unterbinden”, so eine viel zitierte Äußerung des Altkanzlers, der die multikulturelle Gesellschaft als “eine Illusion von Intellektuellen” angriff. Für diese und andere nonkonforme Verlautbarungen stand Schmidt immer wieder im Kreuzfeuer der Kritik – ohne, daß es ihn je angeficht hätte.

Ob als Verteidigungs-, Wirtschafts- oder Finanzminister, ob als Innensenator oder Bundeskanzler, ob als Zeitungsherausgeber oder Kolumnist: Schmidt polarisierte zeitlebens und gehörte zu den wenigen Ausnahmeerscheinungen der bundesrepublikanischen Politik. Sein Ausspruch, “Ohne Kenntnis der Geschichte bleibt die Gegenwart unbegreifbar”, war Leitbild seines Schaffens. Ein Credo, das der heutigen Staatsführung ferner nicht sein könnte. (sp)

 

mercredi, 23 septembre 2015

Ratier: les meilleurs s'en vont, les pires restent!

ratier_meilleurs.jpg

00:05 Publié dans Actualité, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuel ratier, caricature, france, actualité, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 28 août 2015

A Soldier for Truth: Tribute to Emmanuel Ratier

emmmNPwJy.jpg

A Soldier for Truth:
Tribute to Emmanuel Ratier, 1957–2015

French version here [2]

They say no man is a prophet in his own land.

Emmanuel Ratier was unknown in the English-speaking world. The English version of Wikipedia has no page about him. In France, the country he was born in and always had at heart, Ratier was barely known in the mainstream. Only recently had he started to become well-known, thanks to a biography he wrote about the current Prime Minister, Manuel Valls.

Densely packed with information, Le vrai visage de Manuel Valls [3] (The true face of Manuel Valls) shows how, as an eighteen-year-old, the future politician concluded an alliance with two other ambitious young men (who hold today positions of responsibility). It also unveils, with clear evidence, how the career-oriented Valls abandoned a two-decade long support to the Palestinian cause in favor of Zionism, a mandatory move for climbing the social ladder. Ratier’s biography has been a best-seller on Amazon France. Indeed, it sold more than Valls’ own autobiography, even before any official media was allowed to cover the book.

Ratier was no prophet. As far as I know, he barely went in for predicting the future. However, he was what may be called an initiated man. Over the years, he became very well informed and managed to become a top investigative reporter.

In such a situation, Ratier could have been a Machiavellian. He could have betrayed his youthful nationalist engagement, from back in the 1970s, in order to take a comfortable place inside the conservative Right. Former nationalists had already done so. But instead, Emmanuel Ratier devoted himself to the truth. He did not fall for a career inside the system, money, or social status – he chose the truth.

Though the general public was not acquainted with him until recently, his work had been noticed in the initiated environments well beyond the Right. In 1996, he launched Faits et documents [4] (Facts and documents), a twelve-page newsletter published every two weeks. Aiming at a confidential audience, Faits et documents featured profiles of important personalities, some of them famous and some more discreet, as well as copious information on what was happening inside freemasonry and other power networks.

Faits et documents was remarkable for the high density of information its few pages encapsulated. I have never seen so many valuable items in any official media outlet. The letter was presented as “confidential,” yet it could be accessed by anyone: if you wanted to have a look, you just had to know about the existence of F&D – and be able to digest the sheer information given inside – to receive it twice monthly.

Thorough research, detailed information clearly presented, and lasting significance: such were the marks of Ratier’s work. He claimed that the Ministry of the Interior had one subscription to his newsletter but photocopied it so more than a dozen top officials could read it.

In addition to his newsletter, Ratier wrote remarkable books in the same vein: a two-volume Encyclopédie politique française (Encylcopedia of French politics) (Paris: Faits & Documents,‎ 1992, 2005); a two-volume Encyclopédie des pseudonymes (Encylcopedia of pseudonyms) (Paris: Faits & Documents,‎ 1993, 1994) along with another two-volume Encyclopédie des changements de noms (Encyclopedia of name changes) (Paris: Faits & Documents,‎ 1995, 1998); Ras l’front: anatomie d’un mouvement antifasciste, la nébuleuse trotskyste (Paris: Facta,‎ 1998) a book about an “antifascist” Trotskyist group linked with power networks; Au coeur du pouvoir (In the heart of power) (Paris: Faits & Documents, 1996), a book about the globalist Le Siècle group, and numerous other works of truly remarkable quality.

Though Ratier was read and watched by powerful people, he almost never retracted anything he said or wrote. Officials who despised nationalism and the “far Right” in general still considered him a highly reliable source.

Even if Ratier was himself well-connected, he always kept Faits et documents under his exclusive control. Perhaps this decision led him to spend too much time alone. During his last 20 years, he took no long term vacation. He often worked seven day weeks, and his work days stretched into the evening. Some years ago, a stroke sent him to the hospital. Fortunately, he bounced back and was able to walk again quite soon. A month later, Emmanuel Ratier was at his desk, writing his letter and updating his book on Le Siècle with undiminished energy. His work demonstrated both intact abilities and renewed motivation, something impressive for a man in his 50s.

But nobody can maintain such intensity indefinitely. At the end of 2014, he reported new health problems. On August 19, 2015, another stroke hit him, and this time his heart stopped for real. Another prolific French writer, the famous Honoré de Balzac, who habitually consumed dozens of cups of coffee each day, had a similar end.

Emmanuel Ratier was a soldier for truth. He gave the same attention to the beautiful and the ugly, faithfully reporting the minutest details, constructing accurate profiles for personalities that would prefer to sweep the truth under the carpet. He was a soldier that no one called but who always answered “present.” His talent and dedication led even objective enemies of our cause to read his work, something he was well aware of, but which did not prevent him from serving the cause of truth again and again.

He will be missed.

Rest in peace, monsieur Emmanuel Ratier. We will remember you and everything you gave to us. May ten detectives rise to pursue your legacy.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2015/08/a-soldier-for-truth/

URLs in this post:

[1] Image: https://secure.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/08/CMzL5Z3WoAEneLM.png

[2] here: http://www.counter-currents.com/2015/08/un-soldat-pour-la-verite/

[3] Le vrai visage de Manuel Valls: http://www.vraivisagemanuelvalls.com/

[4] Faits et documents: https://fr.wikipedia.org/wiki/Faits_et_Documents

dimanche, 23 août 2015

Pierre Vial: Emmanuel Ratier a rejoint les oies sauvages

oies9903_1_5_3czYvqbD.jpg

Emmanuel Ratier a rejoint les oies sauvages

par Pierre VIAL

Un grand Résistant Identitaire s’est éteint ce 19 août 2015…

Emmanuel Ratier présent !

 

Nous, ses Amis, nous l’appelions Manu. On se connaissait depuis toujours. J’ai, dans mes archives, la collection de Fanal, bulletin ronéotypé incandescent que Manu réalisait alors qu’il était lycéen à Rouen. Il a été partie prenante de toutes nos aventures, de toutes nos – nombreuses – folies, nous qui sommes toujours restés les Don Quichotte de nos quinze ans. Jean Mabire avait pour Manu une grande estime (et il ne la distribuait qu’à bon escient…).

 

Pour beaucoup, Emmanuel Ratier c’est Faits et Documents, fruit d’un infatigable travail de bénédictin, accumulant des informations qui étaient autant de munitions pour notre camp. J’avais coutume de dire qu’Emmanuel avait, dans le genre, fait encore mieux qu’Henry Coston. Le compliment n’était pas mince et Manu le prenait pour tel, avec cette modestie qui, avec sa permanente gentillesse, le caractérisait.

 

Homme de travail et d’action, homme d’un courage aussi tranquille qu’imperturbable, Manu faisait face aux aléas de la vie avec la sérénité qui appartient à ceux qui ont le sentiment de mettre en application la vieille maxime des temps de la chevalerie médiévale : « Fais ce que dois ».

 

Chercheur dans l’âme, Manu avait réalisé de magistrales études sur les groupes de pression qui sont les véritables maîtres du jeu dans notre soi-disant démocratie. Avec, en 2011, un monument : Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France (éditions Facta). Tous les journalistes un tant soit peu informés pillent allègrement – sans bien sûr jamais le citer – ce livre consacré au Siècle, ce cercle où se retrouvent, copains comme cochons, les puissants du monde de la politique et de l’économie, qu’ils soient censés être de droite ou de gauche (étiquettes destinées à amuser les gogos).

 

Sachant qu’un livre est une arme, Manu avait réussi la gageure d’installer au cœur de Paris une librairie politiquement très incorrecte, la Librairie Facta, visée à plusieurs reprises par des attentats terroristes (dont les auteurs, parfaitement connus des services de police, n’ont bien sûr jamais été inquiétés…). Les camarades de nos provinces de passage à Paris savent trouver chez Facta de quoi faire provision de saines lectures.

 

Mais je ne veux surtout pas oublier que Manu fut avant tout un militant (c’est pour moi, n’en déplaise à certains, le plus beau des compliments car le militant c’est, étymologiquement, un « combattant »). Militant, Manu le fut partout et toujours, y compris dans ces camps de mouvements de jeunesse où il tint souvent le rôle, aussi ingrat que vital, de cuistot. Je l’ai vu, heureux comme un pape, en voyant que son rata était apprécié de jeunes estomacs affamés (mais aussi par les anciens venus constater que la relève était assurée).

 

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Manu est de continuer le combat, avec ténacité, comme il l’a toujours fait, contre vents et marées. Et nous savons qu’il marche en esprit dans nos rangs.

 

Salut, Manu. Rendez-vous au Walhalla, en compagnie de tous nos vieux camarades.

 

Pierre Vial, président de Terre et Peuple

 

• D’abord mis en ligne sur Terre et Peuple, le 20 août 2015.

Francis Bergeron: hommage à Emmanuel Ratier

bougie-deuil.jpg

Hommage à Emmanuel Ratier

par Francis Bergeron

Ex: http://www.delitdimages.org 

Ce mercredi mon téléphone portable affiche le nom d’Emmanuel Ratier.

— Oui, Emmanuel ? Que puis-je pour toi ?

Mais ce n’est pas Emmanuel au bout du fil, c’est, sur le portable d’Emmanuel, l’un de ses amis très proches, Michel Nicolet, un « crieur » de Drouot, que j’avais connu à Drouot, précisément, il y a quarante ans, peut-être, en tout cas bien avant de découvrir que Michel et moi avions les mêmes curiosités littéraires, culturelles, politiques, et un ami commun : Emmanuel Ratier.

— Tu ne pourras plus rien faire pour Emmanuel, me dit-il, la gorge nouée. Une crise cardiaque vient de l’emporter. Il faisait de la spéléologie. Il a présumé de ses forces.

La mort de gens qu’on aime est toujours une catastrophe, mais l’horloge biologique prépare plus ou moins, – plus ou moins bien –, évidemment, à ce genre de chose. Mais Emmanuel, lui, était notre cadet. Rien ne pouvait laisser penser… Il ne se ménageait certes pas. Et nous connaissions ses problèmes de santé. Lui-même évoquait des coups de fatigue. Mais de là à imaginer…

Cette affreuse nouvelle, c’est un véritable coup de massue, encore accentué par le fait que, ces derniers mois, nous ne nous quittions pratiquement plus. Il m’avait embringué dans plusieurs de ses projets, et en particulier un projet qui nous tenait à cœur, à quelques-uns : la constitution d’un centre d’archivage et de conservation du patrimoine identitaire et européen.

Il avait suivi avec sympathie, il y a 15 ans, la création d’un Institut d’Histoire des Identités dans le Berry. Mais ce qu’il voulait faire était autrement plus ambitieux. Nous venions tout juste de créer, sous son impulsion, une association (avec Anne Brassié, Eric Delcroix et quelques autres) ; nous avions acheté (il avait acheté, en fait) d’énormes locaux, et les mètres cubes d’archives, de livres, de journaux, d’affiches, de tracts, se déversaient depuis quelques mois, en flots continus, dans ce bâtiment de 900 m2, déjà plein à craquer, à peine ouvert. Le classement avait commencé cet été, sous sa direction.

Mais Emmanuel Ratier, c’était aussi sa lettre confidentielle Faits et Documents, remarquablement faite, et lue par des gens situés parfois aux antipodes de ses propres opinions. Il y avait ses émissions sur Radio Courtoisie, sa maison d’édition, sa librairie Facta, et encore ses dîners mensuels, exceptionnels carrefours de rencontres pour tout un travail de réseau.

Ratier, je l’avais connu jeune journaliste à Valeurs actuelles. Et ce qui faisait sa force et son efficacité hors du commun, aujourd’hui, c’était précisément qu’il avait bâti un réseau relationnel très dense, dont il était le pivot central.

Originaire du Vaucluse, Emmanuel Ratier était le fils d’un architecte et d’une ingénieur chimiste. Etudiant, il avait milité dans les groupuscules de droite, à Rouen. Diplômé du Centre français du Journalisme et de l’Institut d’Etudes Politiques, il avait créé la revue culturelle Balder (1976-1979), puis avait travaillé au Figaro Magazine, à Valeurs Actuelles, en 1982-1983 (ce qui situe très exactement l’époque où j’ai fait sa connaissance), à Magazine Hebdo, et à Minute, dont il avait été un temps le rédacteur en chef, en charge des enquêtes.

Mais son talent exceptionnel était encore ailleurs. Henry Coston l’avait désigné comme son héritier moral. L’expertise de Coston, ce don pour trouver et exploiter au mieux les archives les plus secrètes, Emmanuel Ratier l’avait, lui aussi, mais avec un niveau de fiabilité encore supérieur, et appuyé sur les possibilités des nouvelles technologies. Coston avait fait de son Dictionnaire de la politique française l’outil indispensable des journalistes et des hommes politiques. « Jamais cité, toujours pillé », telle aurait pu être sa devise. Mais que dire alors du travail de Ratier ? Que dire des deux tomes de son Encyclopédie politique française, de son Encyclopédie des pseudonymes, de son Encyclopédie des changements de noms, de ses enquêtes sur Jacques Chirac, et sur Manuel Valls (Le Vrai visage de Manuel Valls), de ses révélations sur les Mystères et secrets du B’Naï B’rith ?

Sa mort nous laisse sonnés sur place, car on ne peut s’empêcher de se dire : comment faire vivre désormais toutes ces entreprises sans lui ? Comment mener tous ces projets sans lui ? Il le faudra, pourtant. Car c’est ce qu’il attend de nous.

Issu de la nouvelle droite, Emmanuel n’était guère attiré par les consolations de la religion, même si une messe au moins sera dite pour lui.

Mais dès maintenant, à Véronique, son épouse, à Camille, Marguerite et Sophie, ses trois filles, dont il était si fier, et à juste titre, l’équipe de Présent transmet ses pensées les plus attristées et les plus émues, et à titre personnel, je tiens à leur marquer toute mon affection, dans ces moments si difficiles.

Francis Bergeron-Présent

12:51 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, presse, journalisme, emmanuel ratier, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

RATIER : UNE ENCYCLOPÉDIE LIBRE DISPARAÎT

Emmanuel-Ratier.jpg

RATIER : UNE ENCYCLOPÉDIE LIBRE DISPARAÎT

Un anti système jamais condamné car il disait des vérités

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr
C’est une bibliothèque qui disparaît avec un journaliste druide unique en son genre. Emmanuel Ratier, journaliste et écrivain, nous a quitté ce mercredi 19 août à l’âge de 57 ans. Militant infatigable de la «  vérité est ailleurs », il était le rédacteur de la lettre confidentielle Faits et documents, indispensable pour tous les journalistes désireux de connaitre les dessous du pouvoir et le parcours des personnalités du monde politique, économique et médiatique. Il était – dans la lignée d’Henry Coston – l’archiviste et le documentaliste numéro un de la droite nationale , régulièrement pillé par ses détracteurs et haï par ceux qui veulent vivre cachés pour manipuler sans se dévoiler.

Il fût également l’auteur d’une inégalée « Encyclopédie politique Française » en deux volumes, mais également d’un précieux « Au coeur du pouvoir : enquête sur Le Siècle ». Plus récemment son remarquable livre « Le vrai visage de Manuel Valls » avait été frappé de la loi du silence. Il prétendait notamment révéler le rôle de l’épouse du Premier ministre dans une subite «conversion» qu’aurait connue ce dernier en faveur d’Israël. Il gênait le vrai pouvoir, mais ses analyses et  portraits sans concession n’ont jamais été contestés.
 

emmanuel-ratier-ouvrages-830x830.png


Inconnu du grand public, cet ancien du journal Minute avait aussi collaboré à Valeurs Actuelles et au Figaro Magazine. Il s’était également fait surtout le documentaliste de sa famille politique. «Faits et Documents», cette publication bimensuelle était devenue une petite institution utilisée même par des spécialistes extérieurs à la mouvance. Jeudi, de nombreuses figures de son camp saluaient la mémoire de l’essayiste - dont Jean-Marie Le Pen.

«Ces dernières années, Emmanuel Ratier s’était rapproché du polémiste antisémite Alain Soral, participant notamment à alimenter le site de son organisation Egalité et Réconciliation,» croit devoir préciser Libération,  sans doute pour discréditer un véritable journaliste d’investigation et non  le membre d'une meute conformiste forte de son nombre. Animateur sur Radio Courtoisie, l’antenne «de la libre parole et du pays réel», Ratier dirigeait également la librairie Facta, dans le neuvième arrondissement de Paris. 

Le journaliste entretenait enfin une très riche documentation personnelle sur de nombreuses personnalités, associées ou non à l’extrême droite. Des dossiers parfois mis à disposition de ses amis politiques ou de journalistes, même représentants de cette «presse du système» honnie.
 
Qui prendra la suite d’un  journaliste quasiment irremplaçable aujourd’hui? 

S’ils sont Charlie, on nous permettra d’être plutôt Ratier….. Car savoir et comprendre vaut mieux que caricaturer et salir.
 

emman0ab1e407504db.jpg

Mort du dernier véritable journaliste, Emmanuel Ratier

Mort du dernier véritable journaliste, Emmanuel Ratier

Auteur : Quenel+ 
Ex: http://zejournal.mobi

emmanuZ3mrKn.jpgSouvent publié, souvent relayé, souvent lu, souvent interrogé, nous n’avons jamais vu l’Homme mais c’est sa voix que nous connaissions tous. Très discret, peu dans le grand public connaissaient son visage.

Arrêt cardiaque – Le décès d’Emmanuel Ratier est survenu hier, mercredi 19 aout 2015, et à notre connaissance, l’information est venue en premier lieu du carnet de Thibault de Chassey. Puis c’est Contre-info qui a repris, Panamza, FdeSouche, Égalité & Réconciliation, Breiz-info, Paul Eric Blanrue, Jeune Nation, Médias-Presse.info et bien d’autres…

L’hommage est unanime et sans doute, beaucoup n’ont pas encore eut le temps de le faire et vont le faire dans la journée.

Paul Eric Blanrue, dans son oraison, résume l’Homme ainsi :

Emmanuel Ratier, successeur d’Henry Coston, éditeur, auteur, directeur de la librairie Facta de nombreuses fois vandalisée par des antifas. Il était l’un des meilleurs spécialistes français des sociétés occultes.

[…]

Après un déménagement, il venait de m’annoncer qu’il partait en vacances. Je le connaissais depuis plus de 30 ans… Il était irremplaçable et ne sera pas remplacé dans le rôle qui était le sien. Il avait 57 ans. C’est jeune, trop jeune. Je pense très fort à sa femme, à ses jeunes filles et à sa famille, à qui j’adresse mes plus sincères condoléances.

À cette occasion, l’Historien publie une photo en compagnie d’Emmanuel Ratier, la première. Afin que l’hommage soit complet et que chacun puisse mettre un visage sur cette voix, nous avons nous aussi décidé de la publier en espérant que là où il est, M. Ratier accepte cela.

M. Ratier, à gauche en compagnie de Paul Eric Blanrue. Sur la tombe de Louis Ferdinand Céline à Meudon, le 1er Juillet 2011.

Son dernier livre, Le vrai visage de Manuel Valls, fit l’effet d’une bombe et le pouvoir ne put y répondre qu’à sa méprisable mesure : la librairie « Facta » vandalisée par 2 fois et un énième contrôle fiscal.

La librairie « Facta » d’Emmanuel Ratier vandalisée deux fois ces deux dernières années :

Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 :

Ainsi que dimanche 9 février 2014, lors d’une manifestation des « Antifas » autorisée par la préfecture de police de Paris :

L’Homme était connu pour ses travaux colossaux de journalisme pur. C’est le dernier véritable journaliste qui s’en est allé. Le Créateur en a décidé ainsi.

Il avait décidé de se mettre à son compte en publiant de nombreux ouvrages sur la vie politiques française. Basés sur des documents (et non des ragots) ceux-ci n’étaient jamais attaqués.

Sa lettre d’information Faits & Documents, disponible sur abonnement, était attendu impatiemment tous les 15 jours : une dizaine de pages truffées d’infos et de scoops, comme la liste des membres du Club le Siècles, la liste complète des invités au dîner du CRIF, et également l’actualité de la franc-maçonnerie. Une mine d’or.

Emmanuel Ratier n’a jamais refusé un coup de main à Quenel+ quand nous l’avons sollicité pour nous fournir des éléments biographiques du monde politico-médiatique.

Faits & Documents a toujours relayé par ailleurs les persécutions d’état dont était victime Dieudonné et autres résistants.

Le 8 mai 2014, Dieudonné l’avait d’ailleurs invité pour parler du livre Le Vrai Visage De Manuel Valls :

Dieudonné reçoit Emmanuel Ratier pour Le Vrai Visage de Manuel Valls - 8 mai 2014

Parmi ses publications, vous connaissez sans-doute :

- La revue Faits & Documents 

- Le Vrai Visage de Manuel Valls

- Au cœur du Pouvoir

- L’Encyclopédie des changements de nom

- Les guerriers d’Israël : Enquête sur les milices sionistes

- Ras l’front : Anatomie d’un mouvement antifasciste

- Les chrétiens de gauche

- L’Encyclopédie politique française

- L’Encyclopédie des pseudonymes

- Mystères et secrets du B’nai B’rith

L’équipe de Quenel+ se joint à tous ceux qui l’ont fait avant nous et nous présentons nos condoléances à la famille et aux amis de M. Ratier.

Il nous a montré le chemin du véritable journalisme et nous devons tous tenter à nos niveaux respectifs de poursuivre son travail.

Qu’il repose en Paix.

 - Source : Quenel+

vendredi, 21 août 2015

„Man kann die Nation nicht unter den Teppich kehren“

„Man kann die Nation nicht unter den Teppich kehren“

Ex: http://www.jungefreiheit.de

Egon Bahr () hieß uns von Anfang an herzlich willkommen. Kaum hatten wir sein Büro im Willy-Brandt-Haus, der SPD-Parteizentrale in Berlin, betreten, wich unsere Anspannung, denn der große alte Mann der deutschen Sozialdemokratie blickte uns mit einer Mischung aus echtem Interesse und Sympathie aus neugierigen Augen und freundlich lächelnd an.

Das ist keineswegs selbstverständlich, viele Interviewpartner können oder wollen sich kaum die Zeit nehmen. Unpersönlich drängen sie darauf anzufangen, hasten durchs Gespräch und verabschieden sich, bevor der Kaffee ausgetrunken ist. Keine Zeit, sie haben noch weitere Termine. Peter Glotz empfing uns nur wenige Wochen nach Bahr, gewährte das Interview jedoch, wie er deutlich machte, lediglich aus Gründen der Fairneß, nicht aus Sympathie.

Bei Egon Bahr war das anders. Er las die JF offenbar intensiv. Wann immer ich ihm in den folgenden Jahren begegnen sollte, zeigte er sich erfreut und kommentierte gerne – mitunter kritisch, aber nie ohne Wohlwollen –, was er in unserer Zeitung gelesen hatte.

„Wir müssen lernen, wieder eine normale Nation zu sein“

Das erste Interview fand im November 2004 statt und sorgte gleich für Aufregung. Schon die Überschrift „Wir müssen lernen, wieder eine normale Nation zu sein“ deutete an, daß Bahr in dem Text keine Rücksicht auf politische Korrektheit nehmen würde. So gestand er etwa ein, daß Deutschland auch heute noch ein von den USA zumindest ein bißchen besetztes Land sei, auch wenn das Ausmaß „nicht mehr weh“ tue. Und konzedierte, daß „im Grunde jedes Land froh sein muß, wenn es seine Besatzer los wird“, zumal die USA in Deutschland bis heute „sicherheitspolitisch“ lediglich ein „Protektorat“ sähen.

Auch innenpolitisch wurde Bahr deutlich: „Ich kenne keinen Staat, in dem wir als Europäer angesprochen werden. Wir werden überall als Deutsche gesehen. Es ist der Nationalstaat, in dem das Zugehörigkeitsgefühl und die Loyalität der Bürger wohnt!“, mahnte er und forderte: „Ich glaube wirklich, daß die jungen Leute da umlernen müssen. Oder wollen sie etwa ohne eigenen Stolz leben? Man kann aus der deutschen Geschichte nicht austreten und in Nihilismus verfallen. Man kann die Nation nicht unter den Teppich kehren.“

Und natürlich erinnerte er an Willy Brandts Wahlkampfaufruf von 1972: „Deutsche, wir können stolz sein auf unser Land!“ Zwar habe Brandt mit seinem Warschauer Kniefall „deutsche Schuld bezeugt“, doch so korrigierte Bahr: „Kein Volk kann dauerhaft auf Knieen leben“, nein, mit Blick auf den Nationalsozialismus forderte er: „Die Vergangenheit darf die Zukunft nicht behindern!“

Stets verteidigte er seine JF-Interviews

Kein Wunder, daß das Ärger gab, wobei den meisten Unmut erregte, daß Bahr überhaupt gewagt hatte, mit der JF zu sprechen. Die Kritik focht ihn allerdings keineswegs an. Mutig ging er im öffentlich-rechtlichen Fernsehen in die Offensive und verkündete: „Ich sehe mit Entsetzen, daß man (…) diskutiert, ob ich der Zeitung ein Interview hätte geben sollen.“ Um dann so etwas wie eine Ehrenerklärung für die JUNGE FREIHEIT zu formulieren: „Ich habe die Zeitung über Monate verfolgt, fand sie interessant, intelligent, rechtskonservativ – aber nicht nazistisch.“ Und: „Den 20. Juli (hat sie) fabelhaft behandelt, einschließlich der dortigen Sozialdemokraten.“ Schon zuvor hatte er im Interview geäußert: „Ich kenne keine deutsche Zeitung, die die Erinnerung an den 20. Juli so leidenschaftlich engagiert, so ernst und so ausführlich behandelt wie die JUNGEN FREIHEIT.“

Persönlich sagte Bahr mir danach, wie egal ihm diese Kritik gewesen sei, obwohl sie auch aus seiner eigenen Partei gekommen war, und munterte mich sogar mit der Belehrung auf, daß die JF keinen Grund habe, sich für irgendetwas zu schämen und ruhig Selbstbewußtsein zeigen könne. Das tat er selbst und lud uns beim nächsten Interview gleich wieder ins Willy-Brandt-Haus ein, woraufhin die Kritiker kapitulierten.

2011 griff er dann für die JUNGE FREIHEIT gar selbst zur Feder. Mit einem Beitrag über die berühmt-berüchtigte „Kanzlerakte“ machte er sich zum JF-Autor: Für dieses Thema war er prädestiniert, denn erstmals hatte er – 2009 in der Zeit – deren Existenz offiziell bestätigt, die zuvor von vielen für eine bloße Verschwörungstheorie gehalten worden war. Nun nahm er zum zweitenmal dazu in einer Zeitung Stellung.

Eine Frage der Souveränität

In seinem JF-Beitrag gab Bahr in der Sache allerdings Entwarnung: Zwar hätten in der Tat die Kanzler Adenauer, Erhard und Brandt diesen alliierten Vorbehalt noch unterschrieben, doch sei es dabei lediglich um die Bestätigung der Vorrechte gegangen, die die Siegermächte schon 1949 bei Verabschiedung des Grundgesetzes geltend gemacht hätten. Formal möglicherweise ein Aufreger, de facto aber nicht, denn, so Bahr, es sei ohnehin eine „Lebenslüge der alten Bundesrepublik gewesen“ zu behaupten, „mit dem Beitritt zur Nato 1955 wir wären souverän geworden“ – und Kanzler Helmut Schmidt schließlich habe sich Bahr gegenüber „nicht mehr daran erinnern können, ein solches (Dokument) vorgelegt bekommen zu haben“.

Bei unserem letzten Treffen Ende Mai 2015 bat ich Bahr um ein Interview dazu, wie er das Kriegsende 1945 erlebt habe, das im Rahmen einer neuen Reihe erscheinen solle, die die JF starten möchte. Er willigte ein, bat jedoch darum, diesen Termin zu schieben, denn er bot von sich aus ein anderes Interview an, das ihm angesichts der Ukraine-Krise dringlicher erschien: „Ich würde in der JUNGEN FREIHEIT gerne einmal über Otto von Bismarck und die jüngste deutsche Außenpolitik sprechen.“ Dazu hatte er mir bereits einen Aufsatz zugesandt, der als Gesprächsgrundlage dienen sollte.

Doch zu keinem der beiden Interviews sollte es mehr kommen. Völlig überraschend ist die Nachricht von seinem Tod, denn im Mai – und auch danach am Telefon – wirkte er alert und gesund. Die Frage bleibt, ob sein Traum sich erfüllt, den er in einem anderen JF-Interview einmal so formuliert hat: „Wir Deutsche versöhnen uns schneller mit unseren Nachbarn als mit uns selbst. Deutschland ist das einzige Land in Europa, das seine Identität immer noch sucht (…) Wir empfinden die Normalität unserer Nationalität immer noch nicht. Aber es geht nun mal nicht ohne diese Normalität.“

JF-Interviews mit Egon Bahr:
> „Sonst ist Europa eine Lachnummer“
> „Wir müssen lernen, wieder eine normale Nation zu sein“

Ein linker Patriot – Zum Tode von Egon Bahr

Egon-Bahr-stellte-den-Beruf-vor-die-Familie.jpg

Ein linker Patriot – Zum Tode von Egon Bahr
Von  
Ex: http://www.compact-online.de

Es war die Selbstverständlichkeit des Satzes, die beeindruckte: „Wir wollen Deutsche sein, so viel von Deutschem noch übrig geblieben ist. Ja was denn sonst?“, sagte Egon Bahr im November 2014 auf der COMPACT-Konferenz. Es war die Quintessenz eines politischen Lebens. Eine Bilanz. Egon Bahr konnte sie ziehen, denn seinen Teil trug er bei. Jetzt ist der Vordenker der neuen Ostpolitik im Alter von 93 Jahren verstorben.

Er war immer ein kritischer Geist, ein politischer Querdenker. Als regelrechter Kalter Krieger, wie er sich selbst nannte, lehnte Bahr etwa 1956 das KPD-Verbot ab. Als Willy Brandt 1974 der SPD-Fraktion seinen Rücktritt erklärte, sah man Bahr weinen. Doch weniger über die Demission des Freundes und Weggefährten, als über die zynische Heuchelei des Fraktionschefs Herbert Wehner: Der Alt-Stalinist und Intrigant hatte Brandts Erklärung mit einem lautstarken „Willy, du weißt, wir alle lieben dich“ kommentiert. In der Ukraine-Krise waren Kritik an der Politik Russlands und gleichzeitig die klar benannte Mitverantwortung des Westens für ihn kein Widerspruch. Noch vor wenige Wochen unterzeichnete er eine Resolution gegen die Eskalationspolitik – die Krieg in der Ukraine könne in die Katastrophe führen, „wenn die bereits drehende Spirale des Wettrüstens, der militärischen Provokationen und konfrontativen Rhetorik nicht gestoppt wird“, heißt es darin.

Nach dem Krieg ging Bahr – der wegen seiner jüdischen Großmutter aus der Wehrmacht ausgestoßen wurde – als Journalist erst zur „Berliner Zeitung“ im sowjetischen Sektor, dann jedoch bald zum von den USA gegründeten Rundfunksender RIAS, später in den diplomatischen Dienst. 1956 trat er der SPD bei – noch vor dem verhängnisvollen Godesberger Programm. Die Ernennung zum Leiter des Presseamtes im West-Berliner Senat unter dem Regierenden Bürgermeister Willy Brandt wurde zu einer Schicksalsentscheidung.

Wendepunkt in Bahrs – wie Brandts – Leben waren die Tage nach dem 13. August 1961. Die DDR – und damit die Sowjetunion – errichteten eine Mauer mitten in Berlin. Ein Messerstich aus Zement ins deutsche Herz. Und die Westalliierten, angebliche Schutzmächte West-Berlins, taten: Nichts. US-Präsident John F. Kennedy soll beim Eingang der Nachricht im Weißen Haus erklärt haben, die Berlin-Krise sei nun beendet. Es gibt Hinweise, er sei im Vorfeld über die geplanten Sperrmaßnahmen informiert gewesen.

In diesem Moment muss der sozialdemokratischen Denkfabrik im Rathaus Schöneberg bewusst geworden sein: Auf die Westmächte ist kein Verlass. Die Deutschen selbst müssten die Teilung überwinden. Das ging nur im Dialog miteinander – und den wollten beide Seiten. Anfang Dezember 1963 hatte der stellvertretende Ministerpräsident der DDR, Alexander Abusch ein Passierscheinabkommen für die Besuche von West-Berlinern im Ostteil der Stadt angedeutet – Brandt und Bahr nahmen den Strohhalm dankbar an. Nur Wochen später konnten 700.000 West-Berliner erstmals seit dem Mauerbau Verwandte im Ostteil besuchen.

Doch für wirkliche Deutschlandpolitik war Berlin zu klein. Bahrs Chance bot der Wechsel Brandts nach Bonn. Während dessen Zeit als Außenminister (1966—1969) war er als Ministerialdirigent Leiter des Planungsstabes im Auswärtigen Amt. Als vielleicht engster Freund, jedenfalls wichtigster Berater wurde er zum Architekten der Ost-Verträge. Später hatte er als Bundesminister für besondere Aufgaben praktisch ein eigenständiges Ressort für die Kontakte nach Ost-Berlin und Moskau. Sein Credo „Wandel durch Annäherung“ und „Politik der kleinen Schritte“ prägte eine langfristige angelegte Strategie einer deutschen Lösung – deren Ausgangspunkt die Verträge mit der Sowjetunion, Polen und schließlich der DDR waren. In Washington wurden Brandt und Bahr für diesen Kurs stets beargwöhnt.

Unklar ist bis heute Bahrs Rolle im Misstrauensvotum der Union gegen Brandt im April 1972. Immer wieder gab es Gerüchte, sowohl der geheime Verbindungsmann der DDR-Regierung Hermann von Berg, als auch der DDR-Unterhändler beim Grundlagenvertrag Michael Kohl hätten seine Haltung zu Bestechungen von CDU/CSU-Abgeordneten ausgelotet. Bahr bestritt dies zeitlebens. Klar ist, dass sich Brandt damals tatsächlich nur durch den Kauf von zwei Oppositionsparlamentariern durch die Staatssicherheit im Amt halten konnte.

Der Rücktritt Willy Brandts 1974 markierte auch für Bahr den weitgehenden Bedeutungsverlust. Dem neuen Bundeskanzler Helmut Schmidt diente er bis zum Ende der Legislaturperiode als Entwicklungshilfeminister. Einige Jahre war er Bundesgeschäftsführer der SPD. Sein Glaube an eine deutsche Einheit wurde in den 1980er Jahren schwächer – doch ganz erloschen ist er nie. Als schließlich zusammenwuchs, was zusammengehört – wie es Brandt nach dem Mauerfall formulierte – war Bahrs Vision die einer Friedensmacht Deutschland, die ihren Einfluss in der Welt geltend machen sollte. Doch dieser Wunsch hat sich nicht erfüllt.

In einem seiner letzten Interviews sagte Bahr, er erinnere sich, „dass Brandt über sich selbst sagte: ‘Je älter ich werde, um so linker werde ich.’ Wenn ich sehe, wohin dieser Kapitalismus treibt, habe ich das Gefühl, dass es bei mir ähnlich ist.“ Nun ist er gegangen: ein kritischer Geist, ein linker Patriot.

 

 

jeudi, 11 juin 2015

Le Chevalier, la Mort et le Diable

80559540_o.jpg

Le Chevalier, la Mort et le Diable
 
Le 21 mai 2013, à 14 h 42, Dominique Venner offrait ce qui lui restait de vie dans un acte de "protestation et de fondation", devant le maître-autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, son Panthéon à lui.
 
Médecin
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

« Cette mort, nous lui devons d’en faire un point de non-retour. Qu’elle nous aide à nommer ce qui survient, pour commencer – à nommer vraiment : conquête, contre-colonisation, lutte pour le territoire, choc des civilisations, guerre de religion, changement de peuple. Puis à nous unir, malgré nos divisions, pour empêcher ce qui survient de survenir plus longtemps. »

dvggggggg.pngC’est par ces mots que Renaud Camus prononçait, le 31 mai 2013, l’éloge funèbre de Dominique Venner, dénonçant le « Grand Remplacement, le changement de peuple et le changement de civilisation qu’il implique nécessairement, comme la raison principale de son geste, à la fois, et comme la plus grave, de très loin, des menaces qui pèsent sur nous et sur notre histoire ».

Son sacrifice est un « un hommage à la place immense que tiennent l’Église et la foi, le christianisme, dans notre culture et notre civilisation menacées, pour nous alerter, nous réveiller, nous tirer avant qu’il ne soit tout à fait trop tard de l’hébétude où nous gisons ».

Et le philosophe Alain de Benoist de poursuivre, ce même jour, « son geste dicté par le sens de l’honneur au-dessus de la vie ; cette façon de mourir est l’issue la plus honorable lorsque les mots deviennent impuissants à exprimer ce que l’on ressent, […] et les béotiens et les lilliputiens qui rédigent ces bulletins paroissiaux de la bien-pensance que sont devenus les grands médias ont été incapables de comprendre le sens même de ce geste. »

Il n’était ni un extrémiste, ni un nihiliste, ni un désespéré. Il s’est donné la mort dans la cathédrale Notre-Dame de Paris pour « réveiller les consciences assoupies, un appel à agir, à penser, à continuer; […] les peuples qui oublient leur passé, qui perdent la conscience même de leur passé se privent d’un avenir. »

Depuis lors, le peuple s’est mué en Charlie, il y eut les frères Kouachi, Coulibaly, le changement de peuple par les mers et les ventres des mères voilées, les églises profanées, les déséquilibrés, l’Ukraine, le racolage transatlantiste, la GPA fruit des entrailles de la République, le Grand Orient, la christianophobie institutionnalisée, l’amour, la tolérance et la paix, l’islam, la désinformation, le mensonge et la calomnie, Zemmour viré, Le Suicide français, les djihadistes avortés du ventre laïque de la République féconde, les zones de non-droit, les territoires perdus, si le FN passe je quitte la France, Robert Ménard, sa crèche, son « fichage », la bave et la meute, la loi sur le renseignement, Valls, la rage, l’amalgame, la stigmatisation, la cristallisation des discours, les valeurs de la République, la novlangue, le plug anal, la déconstruction de l’éducation, de l’Histoire, le genre, Belkacem, la haine, le doublement du nombre des mosquées, la destruction des églises, le changement, le remplacement, Taubira, le fiel, Les Républicains, la démagogie, les Femen, l’antiracisme, BHL, la propagande, la cinquième colonne…

Réveiller les consciences assoupies d’un peuple de zombies, de Charlie, un non-peuple de l’oubli, léthargique, de morts-vivants, avachis, titubant à peine étourdis vers l’abattoir du multiculturalisme. Plus belle la vie. Avant la mort.

Le 21 mai 2013, à 14 h 42, Dominique Venner offrait ce qui lui restait de vie dans un acte de « protestation et de fondation », devant le maître-autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, son Panthéon à lui.

« Il sera nécessairement toujours là aux côtés des cœurs rebelles et des esprits libres, confronté depuis toujours à l’éternelle coalition des Tartuffes, des Trissotins et des Torquemadas. »

00:05 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, nouvelle droite, dominique venner | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 06 juin 2015

Hommage à Tarek Aziz

tarik_aziz.jpg

Hommage à Tarek Aziz, mort à l’âge de 79 ans

FPS Info

Ex: http://patriotismesocial.fr

Triste nouvelle. Tarek Aziz, ancien ministre irakien des Affaires étrangères est décédé à l’hôpital Al-Hussein de Nassiriya, à 320 kilomètres au sud de Bagdad, à l’âge de 79 ans d’une crise cardiaque, selon le docteur Saadi Al-Majed, le chef du département de la santé de la province de Zi Qar.

Il incarnait le visage de la diplomatie irakienne de l’ancien Raïs.

Tarek Aziz purgeait depuis 12 ans une peine de prison. En 2010, il était condamné à la peine capitale par la volonté de la puissance occupante américaine.

Le Vatican avait plaidé sa grâce. Le président irakien d’alors, le Kurde Jalal Talabani, avait déclaré qu’il ne signerait jamais son ordre d’exécution, eu égard à l’âge et à la religion du condamné. Un an plus tard, Tarek Aziz demandait au premier ministre Nouri Al-Maliki de hâter son exécution à cause de sa mauvaise santé.

L’ancien ministre souffrait depuis de nombreuses années de problèmes cardiaques et respiratoires, d’une tension artérielle élevée et de diabète. Sa santé s’était nettement dégradée en prison.

Tarek Aziz était l’homme des missions difficiles. Pendant vingt-quatre ans, même lorsqu’il n’était plus ministre des affaires étrangères en titre, Tarek Aziz en était de fait le principal, sinon le seul, officier de liaison avec la communauté internationale.

Par son expérience et aussi grâce à un bagage intellectuel, il avait acquis le « parler occidental », qui lui permettait d’exposer les vues de son pays, d’en soigner et d’en adapter la forme, sans jamais en trahir le contenu. « Le monde occidental n’est pas une énigme pour moi, parce que j’ai beaucoup lu à son sujet, sa littérature, sa poésie et ses romans les plus célèbres, puis j’ai appris la langue anglaise à l’université irakienne », confiait-il dans un livre d’entretien (en arabe) avec la journaliste Hamida Nahnah, Tarek Aziz… Un homme et une cause. Ses premières visites à Paris – ville qui le fascinait – et à Londres n’ont lieu qu’en 1970. Il ne découvre New York que quatre ans plus tard.

Eveil précoce à la vie politique

Tarek Aziz est né en 1936, près de Mossoul, dans le nord de l’Irak, au sein d’une famille de conditions très modestes. De son vrai nom, Tarek Hanna Mikhaïl Issa, il en était aussi le seul membre chrétien (chaldéen) et l’un des plus anciens compagnons de Saddam Hussein qui aient survécu à toutes les purges. Sa discrétion sur sa vie privée contrastait avec la médiatisation dont il avait été l’objet en sa qualité de missi dominici de son pays, notamment à l’occasion de crises graves : telles la guerre de huit ans (1980-1988) contre l’Iran, ou l’invasion et l’annexion du Koweït (août 1990) et ses suites dramatiques.

Son baptême politique remonte à sa prime adolescence, lorsque, à l’occasion de la création de l’Etat d’Israël, en 1948, et de la reconduction quasi concomitante du traité anglo-irakien – signé en 1930 et plaçant l’Irak pratiquement sous protectorat anglais –, il participe aux manifestations populaires qui forcent le régent Abdel Ilah – le roi Fayçal II n’était pas en âge de gouverner, après la mort de son père, Ghazi, dans un accident de voiture – à abroger le traité et à limoger le gouvernement au profit d’une équipe plus nationaliste.

Cet éveil précoce à la vie politique conduit Tarek Aziz à s’intéresser à toutes les idéologies politiques.

Le marxisme le séduit, mais il en récuse l’adversité envers les religions : « Je ne suis pas pratiquant, mais pas non plus athée, et je refuse l’idée selon laquelle “la religion est l’opium des peuples”. » Il ne partage pas non plus la théorie de la lutte des classes, aux relents « haineux » à ses yeux. Le Baas, qu’il découvre au début des années 1950, l’attire parce qu’il « associe le socialisme au panarabisme, qui lie l’homme à sa culture, à son vécu et à sa civilisation ». Les écrits du Syrien Michel Aflak, l’un des idéologues du Baas, le fascinent, qui allient, dit-il, la pensée philosophique profonde aux élans romantiques. Le jeune Tarek Aziz, alors féru de poésie, de littérature et de musique – il a pris des cours de piano à l’Académie des beaux-arts de Bagdad – est conquis.

Au journaliste Patrick Denaud, qui a publié un livre d’entretien avec lui (Irak, la guerre permanente, éditions Le Félin), il affirme tenir son panarabisme d’un climat familial. « Mon père a eu deux fils. Au premier, il a donné le nom de Faouziz, du nom d’un chef arabe qui a combattu les juifs israéliens. Moi, je m’appelle Tarek, du nom du dirigeant arabe musulman qui a conquis l’Andalousie. Pour un chrétien, donner ces noms à ses deux fils dans les années 1930 n’était pas innocent. Mon adhésion au Baas relève de cette tradition. »

Renvoyé à la base

Juillet 1958. Un coup d’Etat militaire renverse la monarchie. A la faveur d’une relative libéralisation politique, le Baas sort de l’ombre, et Tarek Aziz est chargé de diriger le quotidien Al-Chaab, sur lequel les baasistes ont mis la main et qu’ils rebaptisent Al-Joumhouriya (« La République »). Mais l’Irak entre dans une zone de turbulences, à laquelle le Baas n’est pas étranger. Une tentative d’assassinat, en octobre 1959, du leader Abdel Karim Qassem, par un jeune baasiste alors totalement inconnu, Saddam Hussein, vaut à de nombreux militants de se retrouver en prison. Le Baas est renvoyé dans la clandestinité et avec lui les activités de Tarek Aziz, qui se voit confier la direction de la publication interne du parti, Waï Al-Oummal (« la conscience ouvrière »), qui, comme son nom l’indique, s’adresse à la section ouvrière du parti. Un an plus tard, il cumule déjà les fonctions de membre des directions nationale et régionale du Baas, ainsi que de sa section ouvrière ; mais un article critique qu’il publie dans Waï Al-Oummal lui vaut d’être renvoyé à la base, avant que de nouvelles élections le rétablissent dans son statut de membre des deux commandements suprêmes.

Tarek Aziz participe au coup d’Etat ourdi en février 1963 par le Baas et par un groupe d’officiers nationalistes. Neuf mois plus tard, les putschistes sont à leur tour renversés par un coup d’Etat pro-nassérien. Tarek Aziz retrouve la clandestinité et se replie sur Damas. C’est là, dans la capitale syrienne, qu’au cours de la même année, à l’occasion du sixième congrès du parti, il rencontre pour la première fois celui qui, dix-neuf ans plus tard, gouvernera l’Irak pendant vingt-quatre ans : Saddam Hussein.

Les deux hommes se retrouvent à Bagdad après la défaite de l’Egypte lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Tarek Aziz est nommé rédacteur en chef d’Al-Thaoura, l’organe du parti. Saddam Hussein, alors secrétaire adjoint du parti, est responsable de l’information. Ils se découvrent des affinités politiques et se lient d’amitié. Ce compagnonnage durera jusqu’à la chute du régime, en 2003. Tarek Aziz est sans doute alors l’un des rares, sinon le seul membre du Commandement de la révolution irakienne (CCR), à se permettre une liberté de ton avec Saddam Hussein.

Juillet 1968 : le Baas s’empare à nouveau du pouvoir. Le tandem Ahmed Hassan Al-Bakr – Saddam Hussein gouverne le pays jusqu’en 1979, lorsque Saddam Hussein écarte Al-Bakr et prend les rênes du pouvoir. Membre du CCR depuis deux ans, Tarek Aziz accède alors au rang de vice-premier ministre et de ministre des affaires étrangères. Un an plus tard, il est la cible d’un attentat à l’université Al-Moustansiriya, à Bagdad. L’attentat ayant été attribué aux islamistes chiites, le CCR adopte une résolution punissant de la peine de mort la simple appartenance au parti Al-Daawa et à l’Organisation de l’action islamique.

C’est la guerre contre l’Iran qui fait découvrir au grand public cet homme aux épaisses lunettes, au gros cigare et aux cheveux grisonnants, qui, avant de prendre en main la diplomatie, a été ministre de la culture et de l’information. Du siège des Nations-Unies, à New York, aux capitales arabes, en passant par Moscou, Paris et Londres, il n’a de cesse d’expliquer que son pays fait office de rempart contre « l’exportation de la révolution » islamique que projette l’imam Rouhollah Khomeyni après le renversement du shah dans l’Iran voisin.

Porte-parole de son pays

Son entregent n’est pas étranger au rétablissement, en 1984, des relations diplomatiques entre l’Irak et les Etats-Unis, rompues dix-sept ans plus tôt. Quitte, pour mettre de l’huile dans les rouages, à édulcorer la rhétorique baasiste à propos du conflit avec Israël, en affirmant que son pays, qui « ne se considère pas comme partie directe au conflit parce que Israël n’occupe pas de territoires irakiens », soutiendra « toute solution juste, honorable et durable » du conflit israélo-arabe.

En 1990, deux ans après la fin de la guerre contre l’Iran, Tarek Aziz se fait le porte-parole de son pays, qui accuse le Koweït de pomper le pétrole du gisement pétrolier de Roumeila, à la frontière entre les deux pays, et d’inonder le marché du brut, provoquant ainsi un effondrement du prix et la ruine d’un Irak exsangue au sortir de la guerre. Ce sera l’une des justifications de l’invasion du Koweït cette année-là.

Selon certaines sources, Tarek Aziz est hostile au maintien de l’occupation du Koweït au moment où une armada de plusieurs centaines de milliers d’hommes menace d’en déloger l’armée irakienne par la force des armes. Il n’en défend pas moins pied à pied la politique de son pays jusqu’au bout, y compris lors de cette désormais célèbre rencontre « de la dernière chance », à Genève, le 9 janvier 1991, avec le secrétaire d’Etat américain James Baker.

Il s’offre même, ce jour-là, le luxe de refuser d’accuser réception d’une lettre adressée par le président George Bush (père) à Saddam Hussein, à cause de sa formulation, selon lui, indigne à l’égard d’un chef d’Etat.

Quand George Bush (fils) commence à bombarder Bagdad, en mars 2003, Tarek Aziz dit des forces américaines : « Nous allons les recevoir avec la meilleure musique qu’ils aient jamais entendue et les plus belles fleurs qui aient jamais poussé en Irak… Nous n’avons pas de bonbons ; nous pouvons seulement leur offrir des balles. » Le 24 avril, quand des soldats américains frappent à sa porte à Bagdad, il se rend sans résistance.

vendredi, 29 mai 2015

JOSÉ LUIS ONTIVEROS: ¡PRESENTE!

 

Ha muerto el escritor mexicano José Luis Ontiveros. Además de tener el honor de conocerlo personalmente, tanto la Página Transversal como Cultura Transversal tuvieron el privilegio de recibir y publicar algunos de sus artículos y entrevistas. Autor de obras como La treta de los signos, Cíbola, La maldita obediencia del doctor, El hotel de las cuatro estaciones, El húsar negro, Apología de la barbarie, Rubén Salazar Mallén, subversión en el subsuelo, Carta a un marxista decepcionado, La espada y la gangrena, Conquista del poder y metapolítica, Robinsón literario… José Luis Ontiveros nació en la ciudad de Córdoba (Veracruz, México), el 28 de diciembre de 1954. Estudió lengua y literaturas hispánicas en la FFyL de la UNAM y el posgrado en periodismo en la Universidad Complutense de Madrid. Ha sido académico de la FFyL de la UNAM y de la Universidad Panamericana; jefe de publicaciones de la Universidad Anáhuac. Colaborador, entre otras, de Casa del Tiempo, Cuestión de Fondo, El Sol de México, Excélsior, Novedades, Punto y Coma, Revista Graal, Ciudad de los Césares, DisidenciaS, El Corazón del Bosque, El Espía Digital, Revista de la UAM, Revista Universidad de México, y Unomásuno. Premio Nacional de Cuento Juan Vicente Melo 1991.

Descanse en paz el maestro Ontiveros. Que Dios lo acoja en su Gloria.

Entrevista a José Luis Ontiveros: “Los escritores verdaderos tenemos una revuelta constante contra el dominio usurocrático en la literatura”.

Entrevista al escritor mexicano José Luis Ontiveros

• “(En la hegemonía cultural imperante) la forma de combatir es la espada y la palabra”.
• “Este es el sentido que le da a la palabra un Ezra Pound, un Hölderlin”.
• “(Los escritores verdaderos) tenemos una revuelta constante contra el dominio usurocrático en la literatura”.
• “Los grandes escritores deciden subterráneamente desde sus guardillas el destino de su pueblo”.
• “El verdadero escritor no se basa más que en su propia escritura, en su propio Ser. Su relación con la política es puramente accidental y la trasciende”.

Fuente: Controversia TV.

mardi, 26 mai 2015

The Shock of History

The Shock of History

Originally published at Alternative-Right October 23, 2011. Republished to honor the memory of Dominique Venner, who took his life in the service of our people two years ago this week.

A propos:

Dominique Venner.

Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.

Versailles: Via Romana, September 2011.

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Venner_3.jpgConservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’slongue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

venner-dominique-choc-de-l-histoire.jpgThe Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

Hommage à Dominique Venner

dv-poster.jpg

jeudi, 21 mai 2015

Métapolitique: Dominique Venner et nous.

DVzzz.jpg

Métapolitique: Dominique Venner et nous

 

« Savoir sans agir n’est pas encore savoir »

Yukio Mishima

« C’est une humiliation pour nous tous que vous pleuriez un prince dont l’âme va bientôt monter au ciel et s’y confondre avec le feu des étoiles »

L’empereur Julien à ses familiers sur son lit de mort.

Mes camarades du Cercle Non-conforme m’ont demandé comme à d’autres de résumer en quelques lignes ce que Dominique Venner m’a apporté au travers de ses écrits ou de son parcours.

J’espère y arriver en quelques lignes …

Pour commencer je salue l’initiative de cette journée d’hommage à Dominique Venner, étant pour ma part dans l’impossibilité technique de ne plus effectuer aucun déplacement militant ou politique pour l’instant faute de moyens et de réseau politique sérieux constitué dans ma région. Je suis donc condamné à rester chez moi pour l’heure, immobile mais pensif. Toujours actif et vif par l’esprit même si le reste ne suit plus faute d’organisation humaine à la hauteur de notre tâche là où je vis.  Cela malgré des efforts forcenés mais vains pour tenter de coordonner avec d’autres quelque chose de stable et de pérenne dans ma zone depuis des années. Le militantisme étant une respiration, il faut parfois savoir souffler même si cela ne dépend pas forcément toujours de nous … Mais comme disait justement Epictète, qu’aimait Dominique Venner, « il y a les choses qui dépendent et celles qui ne dépendent pas de nous ». Il faut donc se concentrer sur celles qui dépendent de nous, sans amertume ni agitation, et laisser faire le reste à la Providence. Volonté n’est pas volontarisme et dans la vie tout est une question de rythme comme disait le Samouraï Musashi …

Je pense personnellement très souvent et régulièrement à Dominique Venner comme certains de mes proches le font de leur côté. Je pense aussi beaucoup à la seule mais mémorable fois où je l’ai rencontré. Je garde précieusement sa dédicace du « Cœur rebelle » par-devers moi et le souvenir de la soirée et des discussions passées avec lui et mes camarades présents ce soir-là. Les choses les plus importantes dans la vie étant d’abord intimes et non publique et politique comme l’a illustré la vie et l’œuvre de Dominique Venner. Le plus important dans la vie étant au cœur, qu’il soit rebelle ou contemplatif. Celui de Dominique Venner était les deux. Le plus important étant d’être et de durer. Le plus important étant le temps long, le temps de civilisation, comme nous l’a précisément explicité dans son œuvre Dominique Venner. Et le temps de civilisation doit devenir pour nous le temps militant.

 

hommage,dominique venner,nouvelle droite

 

La réaction à l’instant T que tout et tous nous imposent en permanence dans cette société aliénée, y compris dans notre mouvance politique virtuelle étant vraiment à mettre à distance de manière stoïque et disciplinée afin de ne pas être aspiré par le gouffre de néant de notre époque. Le plus important étant d’honorer et de transmettre le souvenir et l’héritage de Dominique Venner avec sérénité et sur le temps long. Et surtout de l’actualiser dans notre quotidien et notre vie afin de résister de manière spirituelle et intérieure au dérèglement contemporain. Je pense que par sa vie et par son œuvre, il vit au travers de chacun de nous et au travers de notre tâche régulière et volontaire pour maintenir le fil de notre civilisation aujourd’hui menacée dans sa chair et dans son essence même.

Sur les aspects les plus marquants de son travail, je retiendrai les quelques éléments qui suivent. Eléments centraux de son travail selon moi mais non exclusifs ou limitatifs dans le vaste ensemble de son œuvre.

Le travail avec la NRH.

Comme beaucoup de militants j’ai vraiment connu le travail de Dominique Venner au travers de la Nouvelle Revue d’Histoire. J’estime ce travail fondamental. Quand on me demande « qu’est-ce que je devrais lire pour me former ? », je suis souvent bien embêté pour désigner un ouvrage précis qui résumerait toute notre vision du monde et notre culture de manière synthétique. Et bien la NRH remplit en partie cette tâche, par ces auteurs et thématiques, elle est un élément passionnant et central pour accéder et faire accéder de manière claire et rapide à une vision d’ensemble de l’Histoire qui soit nôtre. A la fois critique mais clairement positionnée au niveau des idées et des choix politiques, civilisationnels et même existentiels. L’Histoire étant maitresse de vie, d’action et de réflexion, je ne saurai que conseiller de continuer à lire et à faire connaitre la NRH, surtout aux plus jeunes. On a tous pu voir l’impact de cette publication autour de nous, sur nos proches et moins proches. Le mieux étant même d’en offrir des abonnements à ceux à qui on aimerait la faire connaitre. A tous les niveaux la réalité d’une revue d’histoire identitaire et non-alignée présente dans tous les kiosques de France est à soutenir impérativement.

Les idées métapolitiques et culturelles des livres de Dominique Venner.

Il serait trop long d’expliquer ici ce que m’ont apporté chacun de ses livres. Presque chacun constitue une lecture historique ou militante obligatoire. Mais si je ne devais en garder que quelques-uns, ce serait : « le siècle de 1914 », « Histoire de la collaboration », « Histoire et tradition des européens », « Le Choc de l’histoire », « Ernst Jünger, un autre destin européen », « Le Cœur Rebelle ». Chacun de ses livres recèlent des idées essentielles pour notre combat. Mais parmi celles-ci je retiendrai l’idée de constituer un mouvement métaculturel et métapolitique natif-européen qui agisse sur le long terme et la formation d’un type humain européen différencié et traditionnel. Cette idée me parait l’une de ses idées les plus intéressantes de la dernière partie de son œuvre. Il a par exemple explicité cette idée dans un article de la NRH sur les droites radicales reprit dans « le Choc de l’Histoire ». Il y parle notamment de l’engagement théopolitique héroïque et idéaliste de certaines figures du « siècle court » (ou siècle de fer) que fut le XX ème siècle. Des figures comme José Antonio Primo de Rivera ou d’autres qu’il estimait héroïques mais qu’il jugeait, au soir de sa vie, comme anachroniques, voir inadaptées au monde cynique et cruel de la politique et de ses arrangements humains trop humain … Reste que malgré cela il ne put s’empêcher de donner une forme politique concrète à son geste. Illustrant ainsi qu’il n’avait jamais cessé d’être un homme formé à l’école du militantisme et de la foi politique. Phénomène typiquement occidental et européen comme il l’avait par ailleurs démontré si souvent.

Il donnait aussi dans ce texte l’exemple indien contemporain du « Rashtriya Swayamsevak Sangh » ou « RSS », en français : « Organisation volontaire nationale ». Le RSS étant une sorte de mouvement nationaliste de fond de la société indienne qui ne vise pas à prendre le pouvoir politique de manière immédiate ou parlementaire mais plutôt à former des cadres et des volontaires nationaux aptes à diffuser le revivalisme hindou partout où cela est possible dans la société indienne. Sur le temps long précisément, sans se soucier des agendas électoraux. Ce mouvement existe depuis 1925 et a eu une grande influence durant la lutte pour l’indépendance de l’Inde. C’est cette idée que nous devrions faire nôtre au travers d’un véritable « Mouvement Natif-Européen » (je lance l’idée et le terme) métaculturel et métapolitique qui se situerait bien plus dans une perspective civilisationnel de fond et de long terme que dans le « court-termisme » et l’hystérie spectaculaire politicienne. Une sorte de GRECE refondu et adapté à notre époque. Avec un côté de volontariat social et communautaire façon Casapound plus dynamique et concret que la seule guerre des idées.

 

hommage,dominique venner,nouvelle droite

 

La seconde idée fondamentale pour moi dans l’œuvre de Dominique Venner est celle de l’importance des « représentations » qu’un peuple ou une civilisation ont d’eux-mêmes. Cette idée est consubstantielle à la première, elle donne la raison d’être au mouvement théopolitique communautaire altereuropéen que nous voudrions tous voir émerger. Elle pose l’idée de la centralité de notre culture et de ce que nous ressentons être notre personnalité et notre identité propre de manière essentielle. C’est ce champ que pour ma part je veux toujours plus investir afin de réveiller l’inconscient culturel natif-européen. C’est ce que les américains appellent le « soft-power ». C’est par là, qu’en grande partie, nous avons été vaincu et subjugué depuis 1945 et la chute de l’Occident.

L’éclaireur de l’esprit Européen, le front de l’être.

Le dernier aspect que je voudrais aborder est selon moi celui le plus important : celui de son rôle d’éveilleur et d’éclaireur spirituel de l’Europe intérieure et militante. Son rôle de « stalker » de l’Europe méditative et guerrière, d’une Europe native « internelle » et combattante. Par sa vie et par son œuvre il s’est fait l’avant-garde spirituelle d’une révolution existentielle européenne qui ne fait que commencer. Et dont peu comprennent encore le sens réel : la naissance d’une nouvelle et atemporelle spiritualité européenne. Le retour du « Dasein », de l’ « Être-là » natif-européen.

Sa vie, ses réflexions et sa fin illustre aussi pour moi l’expression d’une tension dialectique positive avec et contre le christianisme. La centralité de sa réflexion sur la question religieuse est quelque chose de constant chez lui, surtout dans la dernière partie de son œuvre. L’imperméabilité de son âme à la foi chrétienne est quelque chose qui m’a souvent révolté tout autant qu’intrigué.
Pour autant, son acte au cœur du symbole le plus éclatant de la forme occidentale-européenne du Christianisme ne peut qu’interpeller. Comment sonder jusqu’au bout la portée qu’il a voulu donner à son geste ? Et comment ne pas songer que, peut-être, dans le silence de son âme en quête, il n’a pas posé une ultime interrogation au Dieu vivant qu’il n’a pas connu et qui peut-être l’aurait apaisé ?

C’est aussi une question posée de front à une Eglise qui a décidé de trahir la civilisation qui l’a portée de par le monde et a permis son rayonnement universel afin de se faire simple rouage du mondialisme et de sa contre-église synagogale et inversée.

Pour ma part, je considère la tension entre l’universel Chrétien et nos cultures natives-européennes primordiales comme un aspect fondamental de l’esprit européen. Le Christianisme du « millenium » médiéval roman puis gothique fût l’illustration intemporelle de ce que peut être une culture « païenne » spiritualisée et vivifiée de l’intérieure et d’en haut par l’Esprit Saint qui n’est pas de ce monde. Cette tension entre Christianisme et paganisme a toujours trouvé sa solution chez nous, natifs-européens, dans une forme de « coïncidence des opposés » qui ne choquent que les modernes à l’esprit dualiste et rationaliste. Une pensée de l’être native-européenne peut très bien concevoir, à l’image de celle des bâtisseurs des cathédrales européennes, une vision pagano-chrétienne de l’existence. C’est ainsi que pendant des siècles ont vécu nos pères et vivent encore certaines populations orthodoxes de l’Est européen. Je ne « reprocherais » qu’une seule chose au « paganisme » de Dominique Venner, ce fût peut-être d’avoir été trop vitaliste et immanentiste (panthéiste) et d’avoir trop rejeté l’héritage platonicien. Ce qui le conduisait à ne pas considérer que le paganisme primordial européen et ses dieux puissent avoir été l’expression d’une connaissance réellement surnaturelle qu’avaient nos aïeux. Connaissance des forces qui forment la matière. Forces transcendantes à la nature visible et issues d’un Dieu transcendant. Paganisme surnaturaliste qui allait s’épuisant dans l’Empire romain et que le Christianisme allait régénérer et réorienter vers « l’au-delà » nécessaire à un «être-là » réellement pérenne.
Le paganisme n’étant plus vu alors comme une simple spiritualité de la nature mais bien comme l’expression pour nos aïeux de la connaissance réelle qu’ils avaient de la surnature.

Comme l’écrivait récemment un camarade, la question théopolitique – et donc théologique – est centrale dans les crises et les convulsions que traversent notre civilisation depuis plusieurs siècles. Crises dont le paroxysme fut la catastrophe civilisationnelle globale des grandes guerres civiles européennes de 14-18 et 39-45. Dominique Venner, par son geste ultime, a posé de front cette question et cela au cœur du cœur de spirituel de notre nation : Notre Dame de Paris. On a entendu depuis un an, tout et son contraire sur ce geste inouïe. Parmi les réflexions récurrentes qui m’exaspèrent on trouve celle qui consiste à voir son geste uniquement sous l’œil unidimensionnel et matérialiste de celui qui dit : « non mais ça n’a servi à rien, tout le monde s’en moque, tout le monde a déjà oublié etc … ». Cette réflexion courante que l’on entend trop souvent autour de nous illustre parfaitement l’imprégnation et la contagion de l’esprit matérialiste chez trop de nos camarades ou proches. L’esprit de masse. C’est ne pas comprendre que cet acte, ce geste de pro-vocation (au sens de « pro-vocare », d’appeler à des vocations), a un impact qui se situe à un niveau intérieur et supérieur inaccessible à la mentalité rationaliste et dualiste moderne. Par son geste Dominique Venner a rendu son œuvre et son trajet de vie hors d’atteinte de l’esprit de notre époque. Il a démontré, que oui, on peut vivre une vie intègre jusqu’au bout, que l’on peut se donner une forme, se sculpter une âme et toujours se tenir prêt à mourir quand le devoir et les circonstances l’exigent.

Quelle leçon et maintenant presque, avec un certain recul d’une année, quelle forme d’ironie aristocratique vis-à-vis de ceux qui vont rester et qui auront à méditer sur son acte. C’est comme s’il nous disait à nous, encore ici-bas : « vous ne vous attendiez pas à ça ! Et bien réagissez maintenant !». Je peine aussi à me représenter la discipline et le calme intérieur qu’il a fallu pour organiser à tel point un acte de ce type. Il faut se représenter jusqu’au poids et aux cliquetis de l’arme qu’il a choisi et empoigné pour passer à l’action. Comme un soldat pour son dernier assaut. Car c’est bien d’un assaut dont il s’agissait, un assaut de l’esprit contre les dogmes faux de notre temps. N’en déplaise à ceux, trop intellectuels et trop mous pour avoir jamais éprouvé le poids d’une arme dans leurs mains blanches et pour comprendre la détermination d’un esprit entrainé à vouloir. Trop intellectuels et trop lâches pour refuser de se trainer derrière les conventions et les prisons que notre temps construit pour nous transformer en automates délirants et rationalistes. Dominique Venner n’était pas un intellectuel, c’était un penseur, un guerrier né et un homme de tradition.

 

hommage,dominique venner,nouvelle droite

 

Un « homme plein ».

Principalement ce que je retiens de son trajet, de son œuvre et de son attitude devant la vie, ce fut  précisément d’avoir montré que le temps de civilisation doit devenir le temps militant. Que l’agitation et l’activisme activiste ont une limite évidente et appartiennent en fait à une logique en partie anachronique. Ce qui n’enlève rien à la nécessité de savoir agir au moment juste et de savoir saisir le kaïros quand il se présente. Mais agir n’est pas s’agiter ni faire du sur-place. L’action découle de la contemplation même si la contemplation s’en nourrit pour de nouvelles méditations.

Je vois un parallèle évident entre l’œuvre et la vie de Dominique Venner et celle du naturaliste suisse Robert Hainard. Robert Hainard avait écrit un essai qui s’intitule « le monde plein ». Il nous faut devenir ce que j’appelle des « hommes pleins », c’est-à-dire présents à eux-mêmes et habitants d’un « monde plein ». Des hommes et des femmes aux représentations qui sont les leurs, des hommes enracinés spirituellement et métaphysiquement dans l’être. Les systèmes philosophiques n’étant pour l’esprit vraiment éveillé à la réalité de l’être que des outils ou des pistes pour cerner le mystère de la vie. La pensée du penseur n’étant au final qu’une calligraphie faite pour dessiner et contourer le réel plus que pour vraiment l’arraisonner et le dominer brutalement. J’y vois quelque chose comme l’expression d’un shintoïsme natif-européen occidental en devenir. Nous ne sommes encore qu’au début d’une révolution spirituelle qui devra aboutir au retour radical à nous–mêmes et à ce que nous sommes ontologiquement. A l’inverse, cela n’exclut pas du tout l’expression vitale d’un Christianisme natif-européen qui serait bien trop longue à expliciter ici. Les effets du sacrifice de Dominique Venner impacte notre réalité à un niveau subtil bien plus complexe que ne peuvent l’imaginer ceux qui acceptent de vivre selon les représentations de l’occupant anti-européen et de son sortilège de mort spirituelle. Dominique Venner expliquait souvent que l’Europe était entrée en « dormition », je pense que son geste est peut-être l’un de ceux que la princesse Europa attendait pour se réveiller. L’essence de notre civilisation ne peut être détruite. Elle s’adapte à chaque époque aux contingences historiques mais elle renait toujours sous des formes nouvelles mais reliées entre elles par la culture et l’histoire. Aujourd’hui notre civilisation mute horriblement sous le poids du globalisme mais elle se réveillera bientôt et jaillira pure et terrible comme jadis devant les yeux effrayés de tous ses profanateurs qui pensaient en avoir fini avec elle.

C’est notre quête et le sens de nos vies, à nous derniers natifs-européens conscients de notre identité. Dominique Venner nous y précède et nous a montré une voie. Souhaitons et prions pour que l’éternité dans laquelle il est entré lui ait apporté les réponses qui lui manquaient.

Les réponses qui nous manquent à tous et que seul Dieu peut donner. Prions, luttons, créons.

Je me permettrai de conclure en citant une partie du texte d’hommage que j’avais écrit l’an dernier. http://les-non-alignes.fr/node/63

« Ne disons pas : « j’ai encore le choix, je n’ai pas le temps, tout est perdu » et toutes les autres sortes de geigneries et de faux-fuyants habituels car maintenant la bataille de France va commencer. Notre révolution – revolvere comme retour à l’origine – a maintenant un sens, nous savons désormais pourquoi nous vivions et que notre lutte n’était pas vaine. Comme si Dominique Venner avait senti nos forces et nos volontés qui s’épuisaient, à la dernière seconde, il nous remonte le moral et nous galvanise pour toujours.  Oui, pour toujours. Cher Dominique, vous avez rejoint le ciel tel Hercule : sur un char de soleil, au cœur d’un vacarme de feu, brulé par la tunique de Nessus qui étouffe à mort les peuples européens. Votre âme est désormais auprès des étoiles immortelles où vivent les héros. Vous êtes devenu un « numen » qui reste avec nous et nous protège. Dans l’ancienne foi de l’Europe qui fut la vôtre, on eût dressé un temple à votre souvenir et pour le culte votif de votre mémoire. Le sénat aurait décidé votre apothéose.

Notre sénat _celui des hommes libres qui défendent la patrie_ la décrète dès aujourd’hui ! Car du panthéon du ciel où vont les héros immortels et où vous êtes maintenant, vous êtes un dieu qui lutte à nos côtés, nous protège et nous enseigne pour toujours.

 Dans la vision européenne traditionnelle de la vie qui est la nôtre, les forces qui sont au-dessus de la vie et qui forment le monde, combattent sur terre auprès des héros. Qui n’est pas assuré de cela aussi surement que de la brûlure du feu, n’est pas encore des nôtres. »

Pierre-Antoine Plaquevent, responsable des Non-Alignés, pour le C.N.C. Mai 2014.

00:15 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, dominique venner, nouvelle droite | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 15 mai 2015

Martin Buber

martinbubergr.jpg

Martin Buber

By John Ellerby

Transcribed by Luke Dodson

Originally published in Anarchy 54 (Vol 5 No 8) August I965 (Freedom Press)

Ex: http://www.attackthesystem.com

Martin Buber, who died in Jerusalem on June 13 at the age of 87, belonged to a generation of central European Jews for whom it was a privilege to die in old age, in bed. We discuss him in this issue of Anarchy together with two of his contemporaries, the German anarchists Gustav Landauer and Erich Mühsam, who both died by violence, one murdered in the reaction to the revolutionary period after the First World War, the other, one of the first victims of Nazism. In a sense, looking back in the light of history, one could say that they were privileged too, in that their deaths were noticed.For, as Martin Buber wrote to Gandhi (who had suggested that the Jews in Germany should use satyagraha as a reply to Nazi atrocities), “Now do you know or do you not know, Mahatma, what a concentration camp is like and what goes on there? . . . An effective stand may be taken in the form of non-violence against unfeeling human beings in the hope of gradually bringing them thereby to their senses; but a diabolical steamroller cannot thus be withstood . . . Testimony without acknowledgement, ineffective, unobserved martyrdom, a martyrdom cast to the Winds – that is the fate of innumerable Jews in Germany. God alone accepts their testimony, and God ‘seals’ it, as is said in our prayers. But no maxim for suitable behaviour can be deduced therefrom . . . ”

Landauer, Mühsam and Buber were all Jews in the racial sense, if indeed there is such a thing, but Buber was also a Jew in the religious sense: in fact he was world-famous as a religious thinker who transcends the limits of any particular faith. (Though he remarked in a television interview, “I must confess I don’t like religion very much”) One might almost say that there is a “cult” of Martin Buber in the same way as there has been a cult of Simone Well. We do not subscribe to this cult: we are simply interested in Buber’s social ideas, but at least it has meant that his works are available in translation – while none of those of Landauer, the close friend who deeply influenced his ideas, have been published in English.

Buber was hardly an anarchist, but the essay Society and the State, reprinted in this issue of Anarchy, seems to me to have the greatest value for anarchists and especially for anarchist propagandists, because of the clarity of the light it throws on what we might call the sociological bases of anarchist thought: the idea of the social principle and the political principle and the inverse relationship between them in any society, and of the notion of the “political surplus” and the “latent external crisis” are surely more useful to anarchists than to anyone else in explaining the nature of the world we live in.

Again, Buber was not a revolutionary. “Just as I do not believe,” he wrote, “in Marx’s ‘gestation’ of the new form, so I do not believe either in Bakunin’s virgin-birth from the womb of Revolution. But I do believe in the meeting of idea and fate in the creative hour.” He was not a revolutionary, but his approach to the moral problems of revolution was identical with that of Malatesta (see V. Richards: Malatesta: His Life and Ideas). Buber, contrasting the revolutionary with the soldier, wrote that “the revolutionary stands, according to the situation, in the tension between goal and way, and within its responsibility, neither of which the soldier knows. His personal statement is not, ‘I must here use force, but I do not want to do so’; but, ‘I have taken it on myself to use as much force as is necessary in order that the revolution be accomplished, but alas for me and for it if more force is used than is necessary!’ The personal responsibility of the soldier stems from principle; he can carry the contradiction out to its logical conclusion in his soul, reaching perhaps a decision to allow himself to be killed rather than to kill; even if he does not follow this conclusion in practice, he at least achieves the fundamental formulation of it. But the personal responsibility of the revolutionary is, according to its nature, one of demarcation. The watchword of his spirit is “Up to here’, and for that ‘Up to here’ there is no fast rule, each moment presenting it with ever new face. The revolutionary lives on the knife’s edge. The question that harasses him is, in fact, not merely the moral or religious one of whether he may kill; his quandary has nothing at all to do, as has at times been said, with ‘selling his soul to the devil’ in order to bring the revolution to victory. His entanglement in the situation is here just the tension between ends and means. . . . ”

bub1.jpgIn his book Paths in Utopia (Routledge 1949), Buber relates the collective settlements in Palestine (he was writing before the establishment of the State of Israel) to the tradition of Proudhon, Kropotkin and Landauer. The book is a defence and restatement of that stream of socialist thought which was castigated by Marx and Engels as “utopian”:

“Kropotkin summed up the basic view of the ends in a single sentence: the fullest development of individuality ‘will combine with the highest development of voluntary association in all its aspects, in all possible degrees and for all possible purposes; an association that it is always changing, that bears in itself the elements of its own duration, that takes on the forms which best correspond at any given moment to the manifold strivings of all’. This is precisely what Proudhon had wanted in the maturity of his thought. It may be contended that the Marxist objective is not essentially different in constitution; but at this point a yawning chasm opens out before us which can only be bridged by that special form of Marxist utopics, a chasm between, on the one side, the transformation to be consummated some time in the future – no one knows how long after the final victory of the Revolution – and, on the other, the road to the Revolution and beyond it, which road is characterised by a far-reaching centralisation that permits no individual features and no individual initiative. Uniformity as a means is to change miraculously into multiplicity as an end; compulsion into freedom. As against this the ‘utopian’ or non-Marxist socialist desires a means commensurate with his ends; he refuses to believe that in our reliance on the future ‘leap’ we have to have now the direct opposite of what we are striving for; he believes rather that we must create here and now the space now possible for the thing for which we are striving, so that it may come to fulfilment then; he does not believe in the post-revolutionary leap, but he does believe in revolutionary continuity.”

When we examine capitalist society, says Buber, “we see that it is a society inherently poor in structure, and growing poorer every day”. (By the structure of a society is to be understood its social content or community content: a society can be called structurally rich to the extent that it is built up of genuine societies: that is local communes and trade communes and their step by step association.) He compares Proudhon with Saint-Simon: “Saint-Simon started from the reform of the State. Proudhon from the transformation of society. A genuine reconstruction of society can only begin with a radical alteration of the relationship between the social and the political order. It can no longer be a matter of substituting one political regime for another, but of the emergence, in place of a political regime grafted upon society, of a regime expressive of society itself.”

Buber sees Kropotkin as amplifying Proudhon’s thought in stating the simple antithesis between the principles of the struggle for existence and mutual help. He regards Kropotkin’s earlier theory of the State as historically under-substantiated and regards as more correct the later view in Modem Science and Anarchism (French edition of 1913):

“All through the history of our civilisation, two contrary traditions, two trends have faced one another; the Roman tradition and the national tradition; the imperial and the federal; the authoritarian and the libertarian.” In his critique of Kropotkin, Buber declares that “As in his inadequate distinction between the excessive and the legitimate State, or the superfluous and the necessary State, so in another important respect Kropotkin’s view, although perceiving many historical relationships unnoticed by Proudhon is not realistic enough. . . . The danger of collective egoism, as also that of schism and oppression, is hardly less in an autonomous community than in the nation or party, particularly when the community participates as a co-partner in production.” He thinks that Landauer’s step beyond Kropotkin consists in his insight into the State. “The State is not, as Kropotkin thinks, an institution which can be destroyed by a revolution. ‘The state is a condition, a certain relationship between human beings, a mode of human behaviour; we destroy it by contracting other relationships, by behaving differently’.” Therefore, says Buber, we shall always be helping to destroy it to the extent to which we do in fact enter into other relationships.

He then examines the ideas of Marx, Engels, Lenin and Stalin, and shows how in their changing and contradictory attitudes to the old Russian communal institutions, the Mir and the Irtel, and in their attitudes to co-operatives and workers’ councils, they regarded them simply as a tool in the political struggle. “From the standpoint of Leninism,” said Stalin, “the collective economies and the Soviets as well, are, taken as a form of organisation, a weapon and nothing but a weapon.” One cannot in the nature of things, comments Buber, “expect a little tree that has been turned into a club to put forth leaves”. And he goes on to consider the history of the co-operative movement: “But for the most part the running of large co-operative institutions has become more and more like the running of capitalist ones, and the bureaucratic principle has completely ousted, over a wide field, the voluntary principle, once prized as the most precious and indispensable possession of the Co-operative movement. This is especially clear in countries where Consumer Societies have in increasing measure worked together with the State and the municipalities, and Charles Gide was certainly not far wrong when he called to mind the fable of the wolf disguised as a shepherd and voiced the fear that, instead of making the State ‘Co-operative’ we should only succeed in making the Co-operative ‘static’.”

Of the repeated attempts in the last 150 years in Europe and America to found co-operative settlements, he says he would apply the word failure not merely to those attempts, which after a more or less short-lived existence, either disintegrated completely or took on a capitalist complexion, thus going over to the enemy camp; he would also apply it to those that maintained themselves in isolation. “For the real, the truly structural task of the new Village Communes begins with their federation, that is, their union under the same principle that operates in their internal structure. Even where, as with the Dukhobors in Canada, a sort of federation itself continues to be isolated and exerts no attractive and educative influence on society as a whole, with the result that the task never gets beyond its beginnings and, consequently there can be no talk of success in the socialist sense. It is remarkable that Kropotkin saw in these two elements – iso1ation of the settlements from one another and isolation from the rest of society – the effective causes of failure even as ordinarily understood”.

If the “Full Co-operative” in which production and consumption are united and industry is complemented by agriculture, is to become the cell of the new society, it is necessary, says Buber, that “there should emerge a network of settlements, territorially based and federatively constructed, without dogmatic rigidity, allowing the most diverse social forms to exist side by side, but always aiming at the new organic whole”. There is one effort, he concludes, “which justifies our speaking of success in the socialistic sense, and that is in the Jewish Village Commune in its various forms, as found in Palestine”. He calls it a signal non-failure, he cannot say a signal success, because he is too aware of the setbacks and disappointments, of the intrusion of politics, of the “lamentable fact that the all important attitude of neighbourly relationship has not been adequately developed,” of how much remained to be done. But of the importance of this non-failure he writes:

“There can hardly be any doubt that we must regard the last war as the end of the prelude to a world crisis. That crisis will probably break out – after a sombre interlude that cannot last very long – first among some of the nations of the West, who will be able to restore their shattered economy in appearance only. They will see themselves faced with the immediate need for radical socialisation, above all the expropriation of the land. It will then be of absolutely decisive importance who is the real subject of an economy so transformed, and who is the owner of the social means of production. Is it to be the central authority in a highly centralized State, or the social units of urban and rural workers, living and producing on a communal basis, and their representative bodies? In the latter case the remodelled organs of the State will discharge the functions of adjustment and administration only. On these issues will largely depend the growth of a new society and a new civilisation.”

There are two poles of socialism, Buber concluded, between which our choice lies, one we must designate – so long as Russia has not undergone an essential inner change – by the formidable name of Moscow. “The other I would make bold to call Jerusalem.”

bub2.JPGAnother crucial reason why he thought that the kibbutzim were the germs of a new form of social life was the variety to be found among them: “New forms and new intermediate forms were constantly branching off in complete freedom. Each one grew out of the particular social and spiritual needs as these came to light – in complete freedom, and each one acquired, even in the initial stages, its own ideology – in complete freedom, each struggling to propagate itself and spread and establish its proper sphere – all in complete freedom. The champions of the various forms each had his say, the pros and cons of each individual form, were frankly and fiercely debated – always, however, on the plane which everybody accepted as obvious; the common cause and common task, where each form recognised the relative justice of all the other forms in their special functions. All this is unique in the history of co-operative settlements.”

At this point something must be said of Buber’s attitude to Zionism. According to the Jewish Chronicle’s obituary, it was when he was a student in Vienna that he became the spokesman of a group known as the Democratic-Zionist Fraction “which opposed the purely political trend of Herzlian nationalism and stressed the culture side of the Jewish renascence. . . But the rejection of the brand of spiritual and cultural Zionism favoured then by Buber disappointed him so much that he withdrew for some time in the Zionist political field. . . Finding himself in agreement with many of the views on nationalism held by A. D. Gordon and his Hapoel Hatzair group, he gave his support to them and to the Chalutz movement . . . (but) it was not long before he saw, once more, that he could not agree with his fellow Zionists and their militant nationalism.” (Hapoel Hatzair means “the young worker” and Aaron David Gordon, about whom Buber wrote movingly in his book Israel and Palestine was a kind of Tolstoyan anarchist.) Buber himself, who left Germany at the last possible moment in 1938, to become Professor of Social Philosophy at the University of Jerusalem, continued to hold unpopular views, he did not want a Jewish state, but like Judah Magnes and Ernst Simon, sought co-operation with the Arabs. The Guardian notes that “In Palestine his idea of binationalism caused him to be ostracised by the orthodox as ‘an enemy of the people’.” It is 44 years since Buber warned his fellow Zionists that if the Jews in Palestine do not live with the Arabs as well as next to them, they will find themselves living in enmity to them, and he never ceased to give his support to Brit Shalom and its successor Ihud, the organisations seeking co-operation with the Arabs.

In 1951 Buber was criticised for accepting the Goethe Prize of the University of Hamburg. Was he not, it was asked, in too much haste to forgive? His reply was to accept another German prize and in doing so, to say these words:

“About a decade ago a considerable number of Germans – there must have been many thousands of them – under the indirect command of the German government and the direct command of its representatives, killed millions of my people in a systematically prepared and executed procedure, whose organised cruelty cannot be compared with any previous historical event. I, who am one of those who remained alive, have only in a formal sense a common humanity with those who took part in this action. They have so radically removed themselves from the human sphere, so transposed themselves into a sphere of monstrous inhumanity inaccessible to my conception, that not even hatred, much less an overcoming of hatred, was able to arise in me. And what am I that I could here presume to ‘forgive’! . . .

“When I think of the German people of the days of Auschwitz and Treblinka, I behold, first of all, the great many who knew that the monstrous event was taking place and did not oppose it. But my heart, which is acquainted with the weakness of men, refuses to condemn my neighbour for not prevailing upon himself to become a martyr. Next there emerges before me the mass of those who remained ignorant of what was withheld from the German public, and who did not try to discover what reality lay behind the rumours which were circulating. When I have these men in mind, I am gripped by the thought of the anxiety, likewise well known to me, of the human creature before a truth which he fears he cannot face. But finally there appears before me, from reliable reports, some who have become as familiar to me by sight, action, and voice as if they were friends, those who refused to carry out the orders and suffered death or put themselves to death, and those who learned what was taking place and opposed it and were put to death, or those who learned what was taking place and because they could do nothing to stop it killed themselves. I see these men very near before me in that especial intimacy which binds us at times to the dead and to them alone. Reverence and love for these Germans now fills my heart.”

Buber was often described as a mystic, and parried this by declaring that he was in fact a rationalist, that being “the only one of my world views that I have allowed to expand into an ism”. For, he wrote, “my innermost heart loves the World more than it loves the spirit”. Nine years ago I heard him lecture in London on “That Which is Common”, relating his philosophy of dialogue, of “I and Thou” with his views on community and society. He took as his text an account of Aldous Huxley’s experiments with the drug mescalin, which became, in Buber’s slow and emphatic English, a parable of the disjointed society of Western individualism. Huxley, in his escape from the “painful earthly world” under the influence of the drug, found that his lips, the palms of his hands, and his genitals (the organs of communication with others, interpolated Buber) became cold, and he avoided the eyes of those who were present. For, said Buber, to regard the eyes of the others, would be to recognise that which is common. And after this flight from selfhood and environment, Huxley “met them with a deep mistrust”. Huxley regarded his mescalin intoxication as a mystical experience, but, declared Buber, those whom we call mystics, like those we call creative artists, do not seek to escape from the human situation. “They do not want to leave the authentic world of speech in which a response is demanded. They cling to the common world until they are torn from it.”

jeudi, 14 mai 2015

Jef Geeraerts: 1930-2015

jgee9038630.jpg

Door: Johan Sanctorum

Ex: http://www.doorbraak.be

Jef Geeraerts: 1930-2015

Hoe een collegejongen tot pornograaf uitgroeide, met Congo als keerpunt

De dood van Jef Geeraerts beroert slechts weinigen, en terecht: voor deze toegewijde veelschrijver was literatuur toch in de eerste plaats een substituut voor wat in de Congolese natuur écht kon, namelijk negerinnen bespringen terwijl hun luie mannen toch maar onder een boom liggen te slapen. Gezien de blanke vrouwen ietwat preutser en minder onderdanig zijn, zat er voor de teruggekeerde koloniaal weinig anders op dan zijn seksuele kapriolen te verplaatsen naar de literaire ruimte. Daar is niets op tegen, au contraire: het geeft blijk van een groot aanpassingsvermogen en ook wel enige zelfkennis.

Racisme en seksisme dus, laten we er niet om heen draaien, in tempore non suspecto. Het kon inderdaad niet anders dan literatuur opleveren van teruggekeerde assistent-gewestbeheerders die doelloos achter hun lul lopen onder een grauwe Belgische hemel, tussen bleke, magere, frigide skeletten met regenkapjes. Je zou voor minder een gloeiende Congo-roman schrijven. Vlaamse pornografie als auto-terapie van negerinnenneukers met afkickproblemen. Het tijdgewricht is belangrijk: we zitten in de jaren '60 en ook Vlaanderen was klaar voor een culturele revolutie, die - niet toevallig - door collegejongens en gewezen misdienaars werd opgezet, zoals studentenleider Paul Goossens.

jgee57_001.jpgEn toevallig was daar Jef Geeraerts, met Black Venus. We hadden ons schandaal. In het begin had Jef wat last met de censuur, maar alles went, en vooral: het is maar literatuur. Want dat hadden de machthebbers snel begrepen: vuile boekjes, broekjes en doekjes zijn beter dan echte subversiviteit. Laat ze spuiten, die schrijvers, ondertussen doen ze geen groter kwaad.

Jef nam dus, eerder instinctief dan rationeel, de literaire piste. Een kwestie van overleven. Een oefening in het elegant masturberen, die tot een broodwinning kan leiden. Zijn dochter Ilse walgde van dat postkoloniale macho-gebral. Maar niettemin in zijn geval een goede keuze, deze strategie van de sublimatie heeft hem en de maatschappij veel ellende bespaard: met wat tegenslag en minder talent had hij een Dutroux of Farid le Fou kunnen worden. Jef is en bleef een misdienaar met een vuile broek en een goede pen.

Langzamerhand werd de literaire seksheld een zielig oud ventje, lallend met een dubbele tong, en gekweld door erectieproblemen. Dat was vóór het Viagra-tijdperk. Dus verkaste 'de Vlaamse Hemmingway' opnieuw naar een ander genre, zijnde de crimi. Dan kwam zijn tweede vrouw in zijn leven, meer een muze dan de seksslavin die zijn eerste vrouw niet kon zijn.

Vanaf nu werden de grote stijve leuters schietgeweren en de spermasalvo's kogelregens. Ook dit dient men te zien als een aanpassingsmodus bij naderende impotentie, maar tegelijk toch ook weer als een verdrongen wens om echt in het rond te schieten: de crimi als vluchtheuvel van de vermoeide pornograaf.

Naar Vlaamse normen was Jef Geeraerts een groot schrijver. Naar Vlaamse normen. En in de specifieke Belgische context van de postkoloniale melancholie rond een verloren paradijs waarin de blanke bwana eindeloos kon stoeien en tussendoor de karwats kon bezigen.

De Boekenbeurs zal hem missen. Ach, zijn we in sé niet allemaal uit het paradijs gesmeten fantasten, op zoek naar een redelijk surrogaat?

Angele Diabang-big-22_0.jpg

dimanche, 26 avril 2015

Pasolini : le chant de l’abyme

paso1.jpg

Pasolini: le chant de l’abyme

« Scandaliser est un droit. Être scandalisé est un plaisir. Et le refus d’être scandalisé est une attitude moraliste. »

Devant le journaliste français qui l’interroge, Pier Paolo Pasolini ne mâche pas ses mots. Il ne l’a jamais fait. Il vient de terminer Salo ou les 120 journées de Sodome. Le lendemain, il sera mort. C’est ainsi que débute le beau film qu’Abel Ferrara a consacré à cet homme qui paya de sa vie son droit sacré au blasphème moderne.

Rassurons d’emblée ceux que les biopics convenus lassent ou exaspèrent : le film de Ferrara n’a pas l’ambition, ni la volonté, d’embrasser toute la vie du poète italien de façon linéaire. Son récit se concentre sur les derniers jours de sa vie, comme si ces ultimes instants recelaient en eux-mêmes toute sa puissance tragique et artistique.

Alternant les scènes de vie familiale avec les interviews politiques, Ferrara s’aventure également, à la manière des récits en cascade des Mille et une nuits, dans le champ de l’imaginaire en illustrant son roman inachevé Pétrole et les premières esquisses du film Porno-Teo-Kolossal racontant le voyage d’Epifanio et de son serviteur Nunzio à travers l’Italie à la recherche du Paradis, guidés par une comète divine. Enchâssant la fiction dans la réalité (et même la fiction dans la fiction), Ferrara trace une ligne de vie viscérale entre Pasolini et ses œuvres : « Pasolini n’était pas un esthète, mais un avant-gardiste non inscrit, affirme Hervé Joubert-Laurencin. Il n’a pas vécu sa vie comme un art mais l’art comme une vie, il n’était pas « décadentiste » mais « réaliste », il n’a pas « esthétisé la politique » mais « politisé l’art ». »

Et sa voix politique, frontale mais toujours respectueuse, a eu un retentissement phénoménal dans les années 1960/1970 en Italie et en Europe, en se heurtant au conservatisme politique et au puritanisme moral. La beauté de son cinéma politique résidait dans le regard cru qu’il portait sur les choses, notamment les plus triviales. Devant sa caméra elles ne se transformaient pas en verbiage théorique. Les choses restaient des choses, d’un réel trop éclatant, trop beau, trop vrai : « Je n’ai pas honte de mon « sentiment du beau ». Un intellectuel ne saurait être qu’extrêmement en avance ou extrêmement en retard (ou même les deux choses à la fois, ce qui est mon cas). C’est donc lui qu’il faut écouter : car la réalité dans son actualité, dans son devenir immédiat, c’est-à-dire dans son présent, ne possède que le langage des choses et ne peut être que vécue. » (Lettres luthériennes)

Vent debout face à la houle

paso3.jpgPasolini était un homme du refus. Mais pas circonstancié et tiède : « Pour être efficace, le refus ne peut être qu’énorme et non mesquin, total et non partiel, absurde et non rationnel. » (Nous sommes tous en danger) C’est tout ou rien. Pasolini était CONTRE. Contre la droite cléricale-fasciste et démocrate-chrétienne mais aussi contre les illusions de son propre camp, celui du gauchisme (cette « maladie verbale du marxisme ») et de ses petit-bourgeois d’enfants.

Il était contre les belles promesses du Progrès qui font s’agenouiller les dévots de la modernité triomphante, ces intellos bourgeois marchant fièrement dans un « sens de l’Histoire » qu’ils supposent inéluctable et forcément bénéfique. « La plupart des intellectuels laïcs et démocratiques italiens se donnent de grands airs, parce qu’ils se sentent virilement « dans » l’histoire. Ils acceptent, dans un esprit réaliste, les transformations qu’elle opère sur les réalités et les hommes, car ils croient fermement que cette « acceptation réaliste » découle de l’usage de la raison. […] Je ne crois pas en cette histoire et en ce progrès. Il n’est pas vrai que, de toute façon, l’on avance. Bien souvent l’individu, tout comme les sociétés, régresse ou se détériore. Dans ce cas, la transformation ne doit pas être acceptée : son « acceptation réaliste » n’est en réalité qu’une manœuvre coupable pour tranquilliser sa conscience et continuer son chemin. C’est donc tout le contraire d’un raisonnement, bien que souvent, linguistiquement, cela en ait l’air. […] Il faut avoir la force de la critique totale, du refus, de la dénonciation désespérée et inutile. » (Lettres luthériennes)

« Les saints, les ermites, mais aussi les intellectuels, les quelques personnes qui ont fait l’histoire sont celles qui ont dit « non« , et pas les courtisans ou les assistants des cardinaux. »

C’est aussi son rejet de la nouvelle langue technique qui aplatit tout sur son passage, écrasant les particularismes culturels et linguistiques, réduisant en poussière le discours humaniste et faisant du slogan le nouveau port-étendard d’un monde mort sur lequel l’individu narcissique danse jusqu’à l’épuisement. Et la gauche, qui ne veut pas rester hors-jeu, s’engouffre dans cette brèche en prêtant allégeance à la civilisation technologique, croyant, de façon arrogante, qu’elle apportera Salut et Renouveau sans percevoir qu’elle détruit tout sentiment et toute fierté chez l’homme. Les regrets pointent : « L’individu moyen de l’époque de Leopardi pouvait encore intérioriser la nature et l’humanité dans la pureté idéale objectivement contenue en elles ; l’individu moyen d’aujourd’hui peut intérioriser une Fiat 600 ou un réfrigérateur, ou même un week-end à Ostie. » (Écrits corsaires)

Si Pasolini était épris de cette belle passion triste qu’est la nostalgie, c’était non pas celle, réactionnaire, d’un Âge d’or fantasmé, mais celle d’une époque où le peuple avait le sens de la mesure, la dignité chevillée au corps et le ventre plein. Celle d’une Italie créatrice et glorieuse. Quand les petites gens n’avaient pas la pauvre ambition de devenir les puissants qu’ils combattaient : « J’ai simplement la nostalgie des gens pauvres et vrais, qui se battaient pour renverser ce patron, mais sans vouloir pour autant prendre sa place ! Puisqu’ils étaient exclus de tout, personne ne les avait même colonisés. […] Dis-moi, maintenant, si le malade qui songe à sa santé passée est un nostalgique, fût-il idiot ou misérable avant d’être atteint ? » (Nous sommes tous en danger) Quelque chose d’humain semble fini et Pasolini pleure un monde en ruine.

L’abrutissement de masse du monde bourgeois

Ferrara filme Pasolini comme le dernier homme d’une Terre dévastée, cette Italie tant aimée et tant haïe. L’ultime représentant d’une Humanité désormais asservie par l’aliénation de la mentalité bourgeoise qui dépasse le cadre de la classe sociale. « Par bourgeoisie, je n’entends pas tant une classe sociale qu’une pure et simple maladie. Une maladie très contagieuse ; c’est si vrai qu’elle a contaminé presque tous ceux qui la combattent, des ouvriers du Nord aux ouvriers immigrés du Sud, en passant par les bourgeois d’opposition, et les « solitaires » (comme moi). Le bourgeois – disons-le par un mot d’esprit – est un vampire, qui n’est pas en paix tant qu’il n’a pas mordu le cou de sa victime pour le pur plaisir, naturel et familier, de la voir devenir pâle, triste, laide, sans vie, tordue, corrompue, inquiète, culpabilisée, calculatrice, agressive, terrorisante, comme lui. » (Contre la télévision)

paso2.jpgLa télévision étant, pour lui, le bras armé de cette aliénation de masse. « La télévision, loin de diffuser des notions fragmentaires et privées d’une vision cohérente de la vie et du monde, est un puissant moyen de diffusion idéologique, et justement de l’idéologie consacrée de la classe dominante. » (Contre la télévision) Pasolini découvre, horrifié, la propagande moderne du divertissement de masse dont la bêtise n’a d’égale que la vulgarité, sous couvert d’un manichéisme moral mis au goût du jour : «  Il émane de la télévision quelque chose d’épouvantable. Quelque chose de pire que la terreur que devait inspirer, en d’autres siècles, la seule idée des tribunaux spéciaux de l’Inquisition. Il y a, au tréfonds de ladite « télé », quelque chose de semblable, précisément, à l’esprit de l’Inquisition : une division nette, radicale, taillée à la serpe, entre ceux qui peuvent passer et ceux qui ne peuvent pas passer. […] Et c’est en cela que la télévision accomplit la discrimination néo-capitaliste entre les bons et les méchants. Là réside la honte qu’elle doit cacher, en dressant un rideau de faux « réalismes ». » (Contre la télévision)

Mais cet avilissement général est aussi de la responsabilité des hommes politiques qui acceptent tacitement de voir leur parole simplifiée, leur image dégradée, leur rôle discrédité. « L’écran de télévision est la terrible cage de l’Opinion publique – servilement servie pour obtenir un asservissement total – qui tient prisonnière toute la classe dirigeante italienne : la mèche blanche d’Aldo Moro, la jambe courte de Fanfani, le nez retroussé de Rumor, les glandes sébacées de Colombo, sont un spectacle représentatif qui tend à spoiler l’humanité de toute humanité. » (Contre la télévision)

C’était vrai du temps de Pasolini, ça l’est encore plus de nos jours. Un simple coup d’œil sur la prodigieuse machine consensuelle à fabriquer du bouffon qu’est Le Grand Journal de Canal + suffit à s’en convaincre. Un bref regard sur un quelconque programme de télé-réalité dont le but, toujours le même, est d’humilier les participants en flattant le spectateur suscite le dégoût.

Pour le romancier italien, seule une prise du conscience des téléspectateurs, un sursaut salvateur du peuple, contre cet instrument mesquin et vulgaire permettra de sortir le pays de sa torpeur générale. Il ne se faisait pourtant guère d’illusion : « Quand les ouvriers de Turin et de Milan commenceront à lutter aussi pour une réelle démocratisation de cet appareil fasciste qu’est la télé, on pourra réellement commencer à espérer. Mais tant que tous, bourgeois et ouvriers, s’amasseront devant leur téléviseur pour se laisser humilier de cette façon, il ne nous restera que l’impuissance du désespoir. » (Contre la télévision)

Le fascisme au carré de la société de consommation

paso4.jpgSi le fascisme avait détruit la liberté des hommes, il n’avait pas dévasté les racines culturelles de l’Italie. Réussissant le tour de force de combiner l’asservissement aux modes et aux objets à la destruction de la culture ancestrale de son pays, le consumérisme lui apparut comme, pire que le fascisme, le véritable mal moderne à combattre. Un mal qui s’est immiscé dans le comportement de tous les Italiens avec une rapidité folle : en l’espace de quelques années, l’uniformisation était telle qu’il était désormais impossible de distinguer, par exemple, un fasciste d’un anti-fasciste. Il n’y a plus que des bourgeois bêtes et vulgaires dans un pays dégradé et stérile.

La longue plainte de Pasolini est celle d’un homme qui assiste, impuissant, au génocide culturel de son pays : « Aucun centralisme fasciste n’est parvenu à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation. Le fascisme proposait un modèle réactionnaire et monumental, mais qui restait lettre morte. Les différentes cultures particulières (paysannes, sous-prolétariennes, ouvrières) continuaient imperturbablement à s’identifier à leurs modèles, car la répression se limitait à obtenir leur adhésion en paroles. De nos jours, au contraire, l’adhésion aux modèles imposés par le centre est totale et inconditionnée. On renie les véritables modèles culturels. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que la « tolérance » de l’idéologie hédoniste voulue par le nouveau pouvoir est la pire des répressions de toute l’histoire humaine. » (Écrits corsaires)

L’injonction hédoniste et la fausse tolérance ont également souillé la naïveté des cœurs tendres. Les hommes et les femmes sont devenus des machines se fracassant les unes contre les autres. « Le consumérisme a définitivement humilié la femme en créant d’elle un mythe terroriste. Les jeunes garçons qui marchent presque religieusement dans la rue en tenant, d’un air protecteur, une main sur l’épaule de la jeune fille, ou en lui serrant romantiquement la main, font rire ou bien serrent le cœur. Rien n’est plus insincère qu’un tel rapport réalisé concrètement par le couple de la société de consommation. » (Lettres luthériennes) La fausse libération sexuelle est en réalité une obligation sociale, créant un désarroi chez ceux qui ne se conforment pas à la panoplie du parfait petit consommateur de corps. Le couple est désormais maudit.

« Je sais qu’en tapant toujours sur le même clou, on peut arriver à faire s’écrouler une maison. »

Pasolini refuse ce bonheur factice dont l’unique cause est la satisfaction immédiate des besoins matériels, l’achat compulsif et jovial dans une société au bord du gouffre, la grande fête des magasins accueillants : « Tout le monde est malin et, par conséquent, tout le monde a sa bonne tête de malheureux. Être malin est le premier commandement du pouvoir de la société de consommation : être malin pour être heureux (hédonisme du consommateur). Résultat : le bonheur est entièrement et totalement faux, alors que se répand de plus en plus un malheur immédiat. » (Lettres luthériennes)

Le crépuscule d’un homme haï par tous

« Je suis complètement seul. Et, de plus, entre les mains du premier qui voudra me frapper. Je suis vulnérable. Soumis à tous les chantages. Je bénéficie peut-être, c’est vrai, d’une certaine solidarité, mais elle est purement virtuelle. Elle ne peut m’être d’aucune aide dans les faits. » (Contre la télévision) Prophète de sa propre destinée, Pasolini a succombé à la haine de ses contemporains.

Il fut assassiné la nuit du 1er au 2 novembre 1975 sur la plage d’Ostie, près de Rome, par une bande de misérables lâches, ces « ragazzi di vita », héros de ses romans et de ses films, qu’il côtoyait régulièrement. Assassiné par ceux qu’il aimait. Ferrara, qui a toujours été fasciné par la chute des figures mythiques, ne nous épargne pas la cruauté de ces derniers instants d’horreur. Ceux d’un homme battu à mort parce que porteur de la marque infamante du scandale. Il avait 53 ans.

À la suite de cette ignominie, certains n’hésitèrent pas à brandir cette justification puante selon laquelle « il l’avait bien cherché, ce sale PD ». Une excuse d’assassins que, sous couvert d’un puritanisme moral, on entend encore de nos jours pour justifier les pires crimes (viols, lynchages ou attentats). Pour légitimer la violence physique des bourreaux, il faut commencer par accuser « la violence symbolique » et « oppressante » des victimes. Soit la barbarie qui considère, in fine, le meurtre comme une réponse appropriée à un poème, un film ou un dessin. Une perte de sens de la mesure ahurissante. Une logique proprement fasciste.

Profondément pessimiste, Pasolini était descendu en Enfer, au-delà de l’horizon, et nous avait mis en garde : « Je ne crois pas que l’homme puisse être libre. Il ne faut jamais rien espérer : l’espérance est une chose horrible que les partis ont inventée pour garder leurs militants. » Mais il a paradoxalement chanté le plus beau des conseils à Gennariello dans ses Lettres luthériennes, celui qui mérite notre attention en tout lieu et en tout temps, celui qui fait danser la grâce avec la rage : « Ne te laisse pas tenter par les champions du malheur, de la hargne stupide, du sérieux joint à l’ignorance. Sois joyeux. »

Nos desserts :

00:05 Publié dans Biographie, Cinéma, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pier paolo pasolini, cinéma, film, italie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook