Parution du numéro 479 du Bulletin célinien
Sommaire :
“Chimiste le matin, écrivain l’après-midi, docteur le soir”
In memoriam François Löchen [2004 – 2024]
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Parution du numéro 479 du Bulletin célinien
Sommaire :
“Chimiste le matin, écrivain l’après-midi, docteur le soir”
In memoriam François Löchen [2004 – 2024]
Au grand dam de Garcin, ce sont ces auteurs-là qui suscitent des biographies et de savantes exégèses, en plus d’être édités, pour les plus grands d’entre eux, sur papier bible. C’est que la Bibliothèque de la Pléiade n’est pas la bibliothèque rose et qu’un écrivain ne peut être réduit à son engagement politique. Je connais mal l’œuvre de Prévost, Decour et Lusseyran mais je ne suis pas certain de trouver chez eux les bonheurs d’expression manifestant un art stylistique comparable à celui de ces écrivains maudits.
• Jérôme GARCIN, Des mots et des actes (Les belles-lettres sous l’Occupation), Gallimard, coll. “La part des autres”, 2024, 166 p. (18,50 €)
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Parution du numéro 71 de War Raok
EDITORIAL
L’inexorable défense de l’identité bretonne
La notion de communauté ethnique revient plus souvent dans mes propos que celle de citoyenneté. C’est d’abord qu’un grand nombre d’ethnies européennes n’ont pas d’État propre. C’est aussi qu’il s’agit de restituer à un peuple une personnalité dont il est dessaisi, ainsi que les moyens de la développer. La notion de citoyenneté ne répond pas, bien que rapportée à la notion antique, non contractuelle, de civitas elle ait aussi son utilité et sa grandeur. Même la réappropriation d’un territoire national reste secondaire par rapport à la reconquête de l’identité.
Mais cet appel à la communauté ethnique ne doit pas faire illusion. En bien des régions d’Europe, même dotées d’un État, une telle notion ne recouvre plus qu’une réalité très fragile. Il existe un utopisme national qui méconnaît ou sous-estime l’actuelle désagrégation des appartenances traditionnelles, territoriales et communautaires. La réalité n’a que peu à voir avec l’image idéalisée que beaucoup continuent de se faire de leur nation. Les solutions institutionnelles, pour utiles qu’elles soient, ne suffiront pas à tirer les peuples du monde mécanisé où ils se trouvent plongés. Seule le pourrait une forme nouvelle encore à naître sur les ruines des traditions moribondes.
Il faut se garder, aussi, d’exalter un peuple idéalisé, un État idéal où la nation, enfin réconciliée avec son propre destin, accéderait au bonheur parfait, hors des turbulences de l’histoire. Cette projection dans l’avenir d’un État idyllique, dont l’heure n’offre à l’évidence aucun trait, peut justement être qualifiée de « stade infantile du nationalisme ». La rêverie, romantique ou progressiste, sur la pureté et l’éternité d’un peuple, le messianisme écologique confondu avec la saine écologie, le césarisme centralisateur, la croyance en l’universalité d’une langue et d’une civilisation... autant de niaiseries aliénantes qui empêchent un véritable projet national de voir le jour.
Il importe de le souligner, les caractéristiques spécifiques d’une population, sa langue, sa définition ethnographique, ne sont nullement durables par elles-mêmes. Elles ne se maintiennent que tant que le groupe a la cohésion et la volonté nécessaires à leur affirmation et à leur transmission. Dans une société européenne vouée à l’histoire, qu’elle le veuille ou non, par détermination géographique et géopolitique, on ne peut sous peine d’échec méconnaître le risque constant de disparition qui menace la réalité du peuple, fût-il doté d’un État. On doit ici mentionner le cas de notre voisin français : son État, devenu simple contenant, peut parfaitement se maintenir tandis que la population qu’il contrôle se transformera lentement, par le jeu de la croissance effrénée du cosmopole parisien, d’un système d’enseignement homogénéisant et de l’immigration afro-asiatique, jusqu’à la totale dénaturation ethnique de tous ses citoyens. L’ordre social ne va pas nécessairement de pair avec la protection du peuple en tant que tel.
Il importe d’insister également sur la spécification nocive des termes français de « nation » et de « nationalisme ». Au sens strict, « nation » désignant le peuple ethniquement différencié, est « nationalisme » tout service volontaire de ses intérêts. Dans la pratique, le nationalisme a couvert toutes sortes de marchandises, dont le système universaliste anti-ethnique exporté par les Lumières. S’il m’arrive d’employer et de revendiquer le mot, ce sera sans aucune référence aux idéologies « nationalistes » qui ont pu dans le passé se manifester en Europe ou en d’autres points du monde. Il y a autant de nationalismes que de nations. L’emploi occasionnel de ces termes ne saurait devenir une référence dogmatique.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE WAR RAOK N° 71
Buhezegezh vreizh, page 2
Editorial, page 3
Buan ha Buan, page 4
Religion
Le christianisme est-il contre les patries ? Page 8
Europe
Les dangereuses dérives de l’Union Européenne, page 11
Mythologie celtique
Le cygne, page 12
Musique bretonne
Le violon, instrument roi du traditionnel breton, page 14
Traditions
Petite histoire du sapin de Noël, page 15
Santé alimentaire
L’alimentation : un enjeu culturel majeur, page 16
Billet d’humeur
La gauche mondialiste : riche et intolérante, page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton, page 21
LES CAHIERS DE L’EMSAV
Frañsez Debauvais, une vie pour la Bretagne, page 23
Portrait de Frañsez Debauvais, page 24
La vie d’un combattant, soldat de la Bretagne libre, page 25
Frañsez Debauvais devant les tribunaux français, page 29
Histoire de Bretagne
Le vol de la souveraineté bretonne par la France, page 31
Nature
La buse variable, un rapace diurne, page 35
Lip-e-bav
Le haggis, emblématique de la gastronomie écossaise, page 37
Keleier ar Vro
Promotion de l’apprentissage du breton par les adultes, page 38
Bretagne sacrée
La tour du Brégain ou ancien prieuré du Brégain, page 39.
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Parution du numéro 478 du Bulletin célinien
Sommaire :
La descendance obtient gain de cause
Dans la bibliothèque de Céline (2)
Londres : le milieu londonien dans l’actualité
Entre Céline et Robert Poulet [1965]
Évoquant dans un entretien télévisé la désastreuse réception critique de Féerie pour une autre fois, Céline raconte qu’on lui a reproché de “danser dans une assiette”. À l’époque, la majorité des lecteurs fut désorientée par le fait que le récit se limite au 4 de la rue Girardon, voire à un bombardement pour le second tome (écrit, comme on sait, avant le premier). J’ignore quel critique littéraire eut recours à cette expression. Je l’apprendrai peut-être en lisant le livre de Maxim Görke, La réception critique de Féerie pour une autre fois et de Normance, qui vient de paraître.
Curieux de lire cet ouvrage car, dans les deux cas, le dossier de presse est mince. Ainsi compte-t-on sur les doigts des deux mains les critiques qui, à l’été 1952, commentèrent le premier volet. Citons dans le désordre Roger Grenier, Albert Paraz, Roger Nimier, Robert Kemp, Théophile Briant, André Brissaud, Robert Poulet,… – la plupart d’entre eux étant des amis de l’auteur.
Ce n’était assurément pas le cas de Pierre Lœwel qui qualifia le livre d’« éructation informe, de borborygme, de déboulage de délirant dans lequel les vociférations de la grossièreté prennent un aspect démentiel et une odeur d’égout [sic] »¹.
Dans cet entretien, Céline confiait que les livres qu’il avait écrits depuis son retour d’exil ne s’étaient guère vendus. Avec Féerie, il s’était, en quelque sorte, mis dans les pas de Flaubert: « Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière². »
Féerie demeure un chef-d’œuvre méconnu, y compris des lecteurs de Céline. Exception notable : Jean-Pierre Dauphin (†) qui, à la fin des années 70, consacra deux numéros de la revue qu’il dirigeait à ce diptyque³. Céline détestait l’insuccès : plus question de promener les lecteurs dans une assiette. Il s’agissait maintenant de les faire voyager, ce qui sera le cas avec D’un château l’autre qui le vit renouer avec le succès.
Dans un autre entretien, Céline justifie l’intérêt du livre par le fait qu’il traite d’une partie de l’histoire de France dont on parlera un jour, disait-il, dans les écoles. Si tel n’est pas le cas pour une raison évidente, plusieurs auteurs ont fait de Sigmaringen le sujet d’un de leurs livres. Céline aurait sans doute été étonné que tant d’ouvrages soient consacrés à la fuite des “collabos”.
Certains historiens sont même devenus des spécialistes de l’épuration. Tel celui d’un livre récent dont Céline n’est pas le sujet principal mais dont la photo figure en couverture, marketing oblige. Le coup de pied de l’âne n’en est pas absent : il y est relevé que « toute honte bue, Céline compare volontiers son sort à celui des grands écrivains exilés ». Ces deux adjectifs ne se justifient-ils pas dans son cas ?!
• Marc BERGÈRE, Lignes de fuite (L’exil des collaborateurs français après 1945), Presses Universitaires de France, 2024, 376 p. (21 €). Sur le même thème, voir Yves POURCHER, L’exil des collabos (1944-1989), Éditions du Cerf, 2023, 330 p. (24 €)
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Parution du numéro 477 du Bulletin célinien
Sommaire :
Entretien avec Émile Brami
Céline vu par un oxfordien. Une lecture de Guerre
Un poème de Charles Bukowski sur Céline
Dans la bibliothèque de Céline. Ouverture
Philippe Sollers, un an déjà…
14:18 Publié dans Cinéma, Film, Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis-ferdinand céline, joann sfar, lettres, lettres françaises, littérature française, littérature, cinéma, film | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parution du numéro 476 du Bulletin célinien
Sommaire:
Entretien avec Dominique Abalain
Guerre atlantique [sur les traductions américaine et anglaise]
Entretien avec Pascal Fouché
Céline et La Fontaine.
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Parution du numéro 70 de War Raok
EDITORIAL:
Exposer notre théorie, c’est refuser de tricher avec notre peuple
L’élaboration de principes accordés à la défense des peuples colonisés répond à des nécessités. Il faut lui assurer les fondements solides d’une réflexion cohérente, d’une justification convaincante et d’un discours fondateur susceptibles de lui donner sa pleine dimension historique. Il y a urgence parce que la crise aiguë qui secoue nos peuples, aggravée par l’état de déliquescence de la société occidentale, risque d’atteindre un point de non-retour.
Il s’agit de poser des principes clairs car une action mal perçue est vouée à l’échec ou, ce qui est pire, à la perversion, au détournement vers des fins étrangères à son but. Réduite au niveau du spectacle, la revendication nationaliste, à contenu ethniste, ne servira que de faire-valoir à nos adversaires et sera réduite au rôle d’utilité d’une vie politique préfabriquée. Un peuple qui ne parvient pas à faire entendre sa voix ou qui le fait en usant de références qui lui sont données par l’extérieur (idées à la mode, slogans vides de sens...), est voué à être récupéré par le système qui l’aliène. Dans le même ordre d’idées, on sait comment le système colonial laisse filtrer, quand cela lui est utile, une « extrême-gauche » ou une « extrême-droite » qui lui servent de repoussoir et qui sont en fait des produits fabriqués de toute pièce. Pour éviter cette récupération dans un système qui veut la disparition des peuples, nous devons imposer nos propres références historiques, ne pas laisser les autres les définir par rapport à des concepts étrangers, à un vocabulaire exogène... C’est ainsi que nous nous poserons en acteurs historiques, non en figurants marginaux d’une société artificielle.
Sur le plan de la pratique, la cohérence doctrinale est le seul moyen d’éviter les manipulations de tous ordres. On connaît bien l’accusation d’un autonomisme ou d’un indépendantisme qui aurait sa source « à l’étranger ». On connaît aussi l’assimilation de l’ethnisme au « racisme » ou à la « xénophobie ». La déformation par adaptation à l’idéologie en cours est une arme coutumière de ceux qui luttent contre la liberté et l’émancipation des peuples. Nous la détournerons en montrant que nous portons en nous-mêmes les motivations et les justifications de nos actes et de nos idéaux.
Notre engagement pour le peuple breton résulte d’une prise de conscience et d’une décision spécifique. Nous sommes mus par une nécessité interne et non par la pression ou l’influence d’une société qui nous est étrangère, et dont nous refusons les rôles qu’elle veut nous faire jouer. Laisser à d’autres le soin de se définir c’est être agis par eux, c’est être sujets de l’histoire. Or nous voulons faire notre histoire, c’est-à-dire faire rentrer notre peuple dans l’histoire en lui rendant la possibilité d’agir pour lui-même et d’être l’acteur de son devenir.
Alors, nous devons nous situer et prendre du champ par rapport à l’instant, distinguer tactique et stratégie, refuser l’enfermement dans l’actualité, où les plus impatients risquent de perdre le sens de la durée qui caractérise les grandes actions menées au service d’un peuple. Une réflexion théorique est donc à la fois une auto-construction et une maîtrise de l’événement. Il entre enfin dans notre projet un élément d’éthique. Nous vivons en un temps qui favorise le trouble des esprits et provoque indirectement les situations ambiguës. La claire expression de nos idées et de nos buts est l’un des moyens par lesquels nous nous démarquons des velléitaires ou des profiteurs.
Si la conscience de nos buts doit nous inviter à plus d’exigence envers nous-mêmes, elle nous permet aussi de refuser l’aventurisme, l’excès d’actes et de paroles, l’immaturité politique ou le confusionnisme intellectuel qui sont les agents de toutes les provocations... tout comme la complaisance quasi pathologique dans des attitudes outrées.
Nous devons nous donner les moyens de dépasser l’événementiel pour mieux nous construire comme agents de l’histoire, acteurs de notre libération nationale.
Padrig Montauzier
Sommaire War Raok n°70
Buhezegezh vreizh, page 2
Editorial, page 3
Buan ha Buan, page 4
Politique
Histoire du fascisme, page 8
Environnement
Pseudo-écologistes et hypocrisie des pays occidentaux, page 11
Tribune libre
Migration et culpabilité impériale, page 14
Société
Sur le phénomène Woke, page 16
Billet d’humeur
L’homme politique en tant que menteur pathologique, page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton, page 21
Mythologie celtique
Le monde des abeilles chez les Celtes, page 23
Tradition
Culture traditionnelle et populaire de Kosovo Polje, page 26
Grandes figures
Paul Le Flem, 80 années de vie musicale, page 28
Histoire de Bretagne
La bataille de Trans-la-forêt, page 31
Nature
Le geai des chênes aux ailes marbrées bleues électriques, page 34
Lip-e-bav
Irish stew, stobhach Gaelach, page 36
Keleier ar Vro
Les châteaux et l’histoire de Bretagne, page 37
Bretagne sacrée
L’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, page 39.
* * *
Qui veut faire taire la revue War Raok?
Piv en deus c'hoant da lakaat ar gelaouenn War Raok da devel?
Chère lectrice, cher lecteur, chers abonnés, chers démocrates et défenseurs des libertés bretonnes,
En presque 25 années d’existence, c’est la toute première fois que la revue War Raok sonne l’alarme et sans un soutien de votre part, la revue, votre revue peut disparaître.
De nombreux médias de presse écrite connaissent un effondrement du nombre de leurs abonnés ces dernières années. War Raok est parvenu à limiter cette tendance à une lente érosion. Outre la baisse du nombre des abonnements, citons la hausse vertigineuse du prix du papier, le coût de la distribution… et malgré toutes ces difficultés, nous nous sommes engagés à ne quasiment pas augmenter le prix des abonnements.
Mais c’est pour un tout autre problème que nous tenons à vous informer, une autre menace qui, aujourd’hui, pèse sur la presse libre. En plus de 24 années de publication, War Raok n’a jamais eu la moindre menace de procès ! Et pour cause, l’équipe rédactionnelle et moi-même avons été toujours très rigoureux, très vigilants dans tous les articles publiés. Malgré cela, 4 procédures viennent d’être lancées contre la revue, procédures liées aux droits sur l’image.
Sur plus de 24 années, sur le site internet de War Raok, 11 malheureuses images réduites et miniaturisées au format de 2 centimètres par 2 centimètres servant d’illustrations à certains articles… constituent l’infraction et des facturations amendes de près de 3500 € pour les agences : AFP, Reuters, Associated Press, PA images.
Ne pensez-vous pas qu’un simple courrier nous signifiant l’infraction et nous recommandant par la suite d’être plus vigilants aurait été amplement suffisant ? Nous n’avons jamais voulu enfreindre la loi, ni porter préjudice aux agences de presse concernées… Les images incriminées ont été reprises sur divers sites d’informations et divers journaux, où bien souvent ne figurent pas les droits et le nom de l’agence propriétaire. Notre bonne foi est réelle et ne peut être mise en doute.
Face aux sommes réclamées, totalement disproportionnées, nous sommes toutefois optimistes, convaincus que vous allez être nombreux à nous aider, conscients que War Raok est plus que jamais nécessaire en tant que revue libre et indépendante bretonne, et ainsi faire face aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur le pluralisme de la presse.
Pas question à ce stade d’envisager un échec, nous parions résolument sur la réussite de cette mobilisation ! Nous comptons sur vous et chaque don de votre part participera à la survie de la revue, la voix de la nation bretonne… la voix de la Résistance bretonne !
Merci d’avance chers amis, pour la Bretagne, son peuple et les libertés bretonnes toujours aussi menacées.
Padrig Montauzier.
L’équipe rédactionnelle de War Raok.
Trugarez vras deoc’h-holl evit ho skoazell.
Skipailh War Raok/Mouezh Breizh.
Vos dons :
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Adresse : 50 B avenue du Maréchal Leclerc, Appt 203, 35310 Mordelles (Breizh).
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Parution du numéro 475 du Bulletin célinien
Sommaire :
Céline dans le journal de Dominique de Roux
Opérateur de présence
Vengeresses Bagatelles
Philip K. Dick, lecteur de Céline
Souvenir d’Albert Paraz
Paraz et ses paradoxes
Laquelle constitue un procès à charge sans nuances, parfois insidieux. Un exemple entre tous : après avoir rappelé qu’aux yeux des nazis, il y avait, d’un côté, les constructeurs de la culture (les Aryens) et, de l’autre, les destructeurs de cette culture (les Juifs), on donna à écouter ce dialogue entre Louis Pauwels et Céline (1959) : « – Quel est le genre d’hommes que vous aimez le plus ? – Le constructeur. – Et que vous haïssez le plus ? – Le destructeur. » Et l’auteur de cette série d’ajouter : “Troublant, n’est-ce pas ?” [sic]. En réalité, lorsque Céline loue les constructeurs, il fait référence, non pas aux nazis, mais à Henri IV qui mit en place une politique d’urbanisme moderne. En témoigne cette lettre à Maurice Lemaître datant de la même époque : « Du moment qu’il s’agit de violence et de ragots destructeurs, je vois rouge. Je suis de la lignée d’Henri IV, n’importe quoi, n’importe qui, mais construire ! jamais détruire ! jamais ! ».
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Le progressisme, arrière-garde armée du néolibéralisme
par Andrea Zhok
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28596-andrea-zhok-il-progressismo-retroguardia-armata-del-neoliberismo.html
Ce matin, j'ai reçu une publicité du magazine MicroMega, un magazine progressiste par excellence, auquel j'ai également contribué par le passé. La communication annonçait la sortie, en librairie et en ligne, du nouveau volume intitulé « Contre la famille. Critique d'une institution (anti-)sociale ».
Je cite ci-dessous le commentaire introductif.
"La famille en tant qu'institution sociale est, depuis peu, un objet d'analyse et de critique. Au cours de l'histoire, son dépassement a été l'objectif tant de projets d'émancipation fondés sur une idée de partage de la propriété et du travail, que de projets politiques totalitaires, qui voyaient en elle et dans les affiliations et loyautés qui la composent un obstacle à la relation entre les citoyens et l'État".
Il ne fait aucun doute que nous sommes aujourd'hui confrontés à un retour en force de la rhétorique de la famille et des liens du sang. Que signifie donc aujourd'hui se proclamer « contre la famille », comme MicroMega a choisi d'intituler le quatrième volume de cette année 2024, disponible en librairie à partir du 25 juillet ?
Certainement pas remettre en cause les liens d'affection et d'entraide qui se créent au sein de la famille, mais se concentrer et analyser de manière critique tous ses aspects anti-politiques et anti-sociaux: Le FAMILISME AMORAL; la TENDANCE À MINIMISER L'AUTORITÉ ET LA CRÉDIBILITÉ DES ÉCOLES, dans le désir d'être le seul organisme d'éducation de leurs enfants; le rôle joué dans la TRANSMISSION DES RÔLES RIGIDES DE GENRE; la CONCENTRATION DES GRANDS CAPITAUX TRANSMIS PAR L'HÉRÉDITÉ entraînant l'immobilisme social. ... D'autre part, ce sont très souvent les carences de l'État qui poussent les individus à se réinstaller au sein de la communauté la plus proche, en premier lieu la famille, dans un cercle vicieux qu'il convient de briser pour garantir le plein droit de chacun à l'épanouissement de sa propre personnalité [souligné par moi].
Un commentaire s'impose, qui examine en détail les allégations susmentionnées à l'encontre de l'ordre familial. Je pense qu'il est utile de montrer comment cette position exposée par MicroMega représente, sous une forme emblématique, certaines des raisons sous-jacentes pour lesquelles le progressisme culturel est devenu, dans le contexte contemporain, une entité socialement destructrice, politiquement dissolvante et éthiquement catastrophique.
L'attaque contre l'institution familiale dans les cercles progressistes ou « de gauche » n'est bien sûr pas nouvelle, mais comme toujours dans les développements culturels, le contexte dans lequel une thèse est proposée et développée n'est pas moins important que les thèses elles-mêmes.
Dans le contexte du 19ème siècle où s'est développée la critique de l'institution familiale, certaines des thèses rappelées ici, comme la référence au familialisme amoral, ont pu avoir une base relative.
Rappelons que le concept de « familialisme amoral » a été introduit par le politologue américain Edward C. Banfield dans son livre The Moral Basis of a Backward Society (1958), fruit d'un séjour de neuf mois dans le village de Chiaromonte (Basilicate). Cette expérience a apparemment permis à Banfield de tirer des conclusions de valeur générale sur le rôle négatif de la famille nucléaire en tant que porteuse de retard socio-économique, en raison de son égoïsme inhérent. Soixante-dix ans plus tard, le manque de rigueur de l'analyse de Banfield, 188 pages dépourvues de toute analyse historique ou comparative digne d'intérêt, est manifeste. Mais cela n'enlève rien au fait que le concept de familialisme amoral a réussi à se répandre comme l'une des nombreuses barres de fer utilisées pour démanteler toute légitimation de l'ordre familial. Que la famille nucléaire, dans des conditions historiques spécifiques, puisse assumer un rôle éminemment défensif et autoréférentiel est certain, mais que cela soit en quelque sorte une caractéristique qualifiante de la famille nucléaire et de ses loyautés internes, c'est un non-sens indéfendable. Quoi qu'il en soit, dans une phase d'expansion de la société moderne, dans laquelle, au moins en principe, les institutions étatiques structurées commençaient à faire leur place, il aurait pu être plausible de voir dans une certaine résistance et méfiance à l'égard des structures familiales traditionnelles un facteur restrictif, « régressif ». Le prototype de cette fonction régressive pourrait être un modèle de familialisme visible dans certaines formes de criminalité organisée (le familialisme du type « Parrain »). Mais la vraie question ici est de comprendre dans quelle mesure la « famigghia » de Vito Corleone représente dans l'Europe du 21ème siècle un véritable facteur de déstabilisation antisociale. L'impression est qu'une certaine intelligentsia puise ses sources sur la réalité sociale plus dans Netflix que dans un regard sur la réalité environnante.
Le deuxième reproche grave que MicroMega croit devoir faire à la famille est celui de « saper l'autorité et la crédibilité de l'école » (OK, ne riez pas). Là encore, nous nous trouvons dans un contexte analytique qui semble né dans la société des années 1960. Nous semblons avoir autour de nous des familles solides et imperméables, mais avec des taux d'analphabétisme élevés, qui font obstacle aux lumières de la raison apportées par la nouvelle école. En effet, alors qu'il y a soixante ans, on pouvait soutenir une fonction déprovincialisante et formatrice de l'école publique, celle-ci est aujourd'hui assaillie par des programmes hétérodirigés, américanisés, très idéologiques, avec simultanément une réduction des connaissances au profit des « compétences » (l'externalité des attitudes et des comportements). Dans le même temps, les familles sont de plus en plus impuissantes et accablées, assaillies à leur tour par des « écrans » omniprésents qui « éduquent » leurs enfants 24 heures sur 24 aux valeurs de TikTok et de Walmart. Les intellectuels de MicroMega ont l'air d'avoir décongelé, d'être entrés dans un congélateur lorsque le « maestro Manzi » passait à la télévision.
La troisième accusation est complémentaire de la seconde: la famille jouerait un rôle régressif parce qu'elle serait complice de la « transmission de rôles rigides de genre ». Or, outre le fait qu'il est fort douteux que cela corresponde en partie à la réalité d'aujourd'hui, la vraie question est la suivante: à qui incomberait exactement l'éducation des enfants en matière d'affectivité ou d'horizon d'attente en matière de sexe et de genre ? À MicroMega ? À Fedez ? À MinCulPop ? Au Kibboutz ? Aux Soviétiques ? à l'Agenda 2030 ? Sont-ils effleurés par le doute que l'idée de posséder une sagesse supérieure sur des questions telles que l'affectivité primaire est ouvertement autoritaire ?
Le quatrième réquisitoire est peut-être le plus cocasse: la famille favoriserait l'immobilité sociale parce qu'elle encourage la concentration du capital par l'héritage. Sortant de leur congélateur du 19ème siècle, les intellectuels de MicroMega ont bien les Buddenbrook sous les yeux. Ils imaginent des familles de capitalistes au chapeau haut de forme, à l'éthique de travail protestante, transmettant l'entreprise familiale et le capital à leurs descendants de sang. Le caractère anonyme des multinationales et des fonds d'investissement d'aujourd'hui semble leur avoir échappé. De plus, le modèle familial qui a alimenté la concentration du capital n'est même pas le capitalisme du 19ème siècle. Il faut remonter au majorat - aboli avec le Code Napoléon - où seul l'aîné héritait (pour éviter le morcellement du capital). Ici, imaginer qu'aujourd'hui la tendance du capital à se concentrer dans un régime capitaliste est due à l'héritage familial est une indication frappante de la façon dont la gauche ne manie même plus les éléments d'économie dont elle s'enorgueillissait autrefois.
Et d'ailleurs, si cette tendance existait, si nous étions encore au milieu des majorats, le problème serait évidemment ce que la législation permet, et certainement pas l'existence d'un système familial.
Bref, l'attaque en règle contre la famille que MicroMega croit devoir mener est motivée par un ensemble de prétextes insoutenables. Mais la motivation réelle et profonde est celle qui apparaît dans les considérations finales ci-dessus, et il s'agit d'une motivation purement IDEOLOGIQUE: la famille est l'une des « communautés les plus étroites », que les pseudo-lumières progressistes (en réalité le néo-libéralisme inconscient) exigent de briser afin de « garantir à chaque personne l'épanouissement de sa personnalité ».
Au-delà du caractère « antisocial et antipolitique » de la famille, l'ordre familial, et l'ordre communautaire en général, sont un scandale pour la gauche néolibérale d'aujourd'hui car ils ne correspondent pas aux exigences de l'individualisme mercantile, seule dimension de la liberté qu'elle est encore capable d'imaginer.
Le modèle de liberté qu'ils proposent est le rêve humide du grand capital auquel ils prétendent s'opposer. Ils rêvent d'individus déracinés, isolés, qui se consolent en se promenant dans ce grand supermarché qu'est devenu le monde occidental. Ils rêvent d'individus fragiles, fluides et donc prêts à être placés sans résistance dans tous les coins et recoins de la machinerie mondiale. Ils collaborent activement à la dissolution de toute identité stable, collective autant que personnelle, qui pourrait servir de rempart à la liquéfaction des rapports marchands.
Je ne sais pas si cette opération est le résultat d'une complicité flagrante avec le paradigme néolibéral, ou si elle n'est que le signe d'une dramatique inconscience culturelle, mais en fin de compte, cela importe juste ce qu'il faut : les intentions ne comptent pas beaucoup, et ce qui reste dans la mémoire future n'est qu'une contribution de plus à la dégradation en cours.
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Hommage à Pierre Vial
Ce numéro 100 est l’occasion d’une rétrospective de 25 ans de publication. C’est aussi le moment d’une transition. Notre Président-Fondateur, directeur de publication et rédacteur en chef de Terre & Peuple Magazine, Pierre Vial, a souhaité prendre du temps pour se consacrer à lui-même et à sa famille et donc transmet le flambeau à l’équipe qu’il a su réunir tout au long de ces années de travail en commun, afin de continuer l’oeuvre entreprise.
Avant d’indiquer la feuille de route pour, nous l’espérons, les 100 prochains numéros, nous voulons rendre hommage à l’homme qui nous a rassemblés et dont l’énergie, longtemps infatigable, a porté l’Association Terre et Peuple et la revue éponyme. Il est toujours préférable de saluer un homme d’exception quand il est toujours parmi nous car il peut en goûter le fruit, sa modestie dût-elle en souffrir.
Pierre Vial est à la fois un militant de la cause identitaire, un militant de la cause nationale, un historien de la civilisation européenne et un éveilleur de la conscience politique et culturelle de très nombreuses personnes, dont beaucoup sont abonnées à cette revue. Il faut rappeler ses contributions essentielles dans la période créative du Groupement de Recherche et d’Étude pour la Civilisation Européenne, dans la période de l’essor du Front National de Jean-Marie Le Pen avant d’aboutir à la création de Terre et Peuple. Entraîneur d’hommes, homme de foi, bon camarade, scrutateur sagace de l’évolution de notre époque, Pierre Vial a créé Terre et Peuple pour repenser le mouvement identitaire à l’aune des nouveaux défis du XXIe siècle. Pour ce rôle moteur, Pierre, sois remercié.
On peut tenter de résumer l’impulsion donnée par Pierre Vial à une reconfiguration de la pensée identitaire.
Il y a d’abord l’affirmation du caractère positif du substrat anthropologique albo-européen et la nécessité de l’étudier de manière empathique. La race albo-européenne, en ses diverses ethnies, a, sur le continent européen, le droit des primo-occupants. Elle y est l’autochtone et le véritable indigène. Elle a certes les défauts de ses qualités mais n’a pas plus démérité que les autres. Elle n’a pas à rougir de ses créations spirituelles, culturelles, historiques et matérielle. Elle a donc le droit de vivre et de se développer sur ses terres ancestrales. Et si elle doit examiner d’un oeil critique son héritage afin de ne pas recommencer certaines erreurs, c’est ni plus ni moins que les autres. On dira finalement qu’elle n’est ni meilleure ni pire que les autres mais différente et que cette différence mérite d’exister.
Il y a ensuite la nécessité de prendre en compte la longue histoire culturelle et civilisationnelle, liée à ce substrat anthropologique, qui a produit des psychologies collectives profondément enracinées. En particulier, dans la foulée de notre regretté ami et camarade Jean Haudry, dont il fut très proche, Pierre Vial a toujours insisté sur l’empreinte marquante des peuples Indo-Européens, matrices des peuples européens modernes. Il ne s’agissait pas de réduire l’identité européenne à une donnée unique, mais de comprendre le mariage d’unité et de diversité produite par la sédimentation historique des Indo-Européens dans les diverses ethnies du continent.
Cette compréhension fine a amené Pierre Vial à nous indiquer la voie païenne comme accès à une spiritualité tout à la fois diverse, enracinée dans des sols et des ethnies de longue durée et reliée, dans le temps et l’espace, à ses diverses composantes constitutives, loin du monothéisme idéologique. Il a consacré beaucoup de temps à l’étude des anciennes religions et des traditions populaires qui en gardent une trace rémanente. Et c’est une direction de travail dont il n’a jamais cessé de nous souligner la richesse pour structurer un avenir.
Comme historien, Pierre Vial a le sens de la stratification historique, c’est-à-dire de la superposition des changements qui s’accumulent au fil du temps, modifiant le legs du passé et induisant les variations du futur. C’est la raison pour laquelle il nous a incité à ne pas faire preuve d’angélisme en méprisant les nations historiques au profit de constructions fantasmées.
De la même manière, s’il n’a jamais hurlé avec les charognards qui s’acharnent sur les vaincus de l’histoire récente, une fois à terre, il sait aussi que l’histoire ne repasse pas les plats, en tout cas pas avec la même tambouille. C’est donc avec beaucoup d’ironie qu’il regarde ceux qui croient rejouer, dans les contreforts du Donbass, la geste du Front de l’Est mettant les runes au service… de Davos, de Bruxelles, de Washington et d’autres du même acabit. Il nous a tous engagé, dans nos analyses, à regarder le réel en face et à ne pas avancer vers l’avenir à reculons. Être fidèle à un héritage, ce n’est pas le bégayer.
Dernier enseignement, et non des moindres, sur lequel Pierre Vial a toujours insisté, c’est l’importance de la question sociale pour la cohésion nationale. En dehors des aspects délétères de l’idéologie libérale, il nous a engagé à être soupçonneux à l’égard des arrière-pensées des ploutocrates qui se souviennent de la nation quand ils ont besoin de chair à canon et l’oublient au moment du partage des bénéfices. Comme notre regretté ami et camarade Jean Mabire, dont il fut aussi longtemps l’ami, Pierre Vial nous a incité à voir dans les socialismes atypiques une source d’inspiration pour encadrer la nécessaire activité économique en ayant le souci du bien commun. Il aime à dire que les questions sociales, nationales et identitaires sont les dimensions pour résoudre un seul problème, celui de la pérennité du peuple.
Voilà, Pierre, les pistes et les indications que tu as montrées en créant Terre et Peuple, nous y resterons fidèles. C’est une inspiration créatrice pour continuer à penser l’identité, dans ses dimensions nationales et européennes au XXIe siècle. Tu peux désormais te consacrer aux tiens et à toi-même en profitant d’un repos mérité. Nous continuerons sur la voie que tu as défrichée.
JEAN-PATRICK ARTEAULT
Solstice d’Été n°100
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Parution du numéro 474 du Bulletin célinien
Sommaire:
Un Céline méconnu
Pour saluer Bernard Pivot
Écrire contre Céline
Montaigne dans Voyage au bout de la nuit.
Le monde littéraire est féroce. Le perspicace Jérôme Dupuis a rappelé que pendant des années Philippe Sollers (1936-2023) s’est targué d’avoir été l’un des grands artisans de la réhabilitation de l’auteur de Voyage au bout de la nuit ¹. Voire… Il y a quinze ans est sorti un recueil de tous les textes qu’il a consacrés à Céline depuis le début de sa carrière. Après un bref texte paru en 1963 dans le légendaire Cahier de l’Herne, il faut attendre… 1991 pour lire un nouveau texte de lui sur le sujet. Or, précise malignement Dupuis, la grande période de traversée du désert, ce furent les années 60, 70 et 80, où Sollers jugeait plus urgent de célébrer Lacan, Mao ou Casanova. Semblant devancer cette critique, Sollers concède, dans ce recueil, que « [sa] lecture de Céline aura été permanente, avec des hauts et des bas, en fonction de ce vers quoi [l’]entraînaient [sa] curiosité et [ses] passions du moment. »² Si Sollers n’a effectivement rien écrit sur le sujet durant ces années, il ne manqua pas de défendre l’écrivain à chaque fois qu’il fut sollicité. Ce fut notamment le cas en 1965 lorsque Le Nouvel Observateur lança une enquête sur Céline.
Sollers s’y exprimait aux côtés d’Aragon, Vailland, Nadeau, Barthes, Butor et d’autres : « Les livres qui m’intéressent sont les derniers qu’il ait écrits. Les plus importants sur le plan de la technique (…). Les points de suspension, cette confluence permanente entre la parole et l’écriture, tout cela est très moderne. » Ou en 1976 dans l’émission “Une légende, une vie” diffusée sur la deuxième chaîne de la télévision française. Je me souviens aussi de sa défense de l’écrivain, plus tardive, face à un hâbleur qui avait commis un consternant factum contre Céline. Souvenir moins plaisant : dans sa revue Tel quel, au mitan des années soixante, il lâcha les chiens sur Dominique de Roux, pourtant auteur d’un livre inspiré sur le natif de Courbevoie³.
Dix ans plus tard, Marc Hanrez, ami de l’un et de l’autre, fut sur le point de les réconcilier. La mort prématurée du fondateur de L’Herne empêcha cette rencontre. C’était l’époque où Sollers avait pris ses distances avec ce qu’il appelait ses « engagements extrémistes ». Comme on sait, ils trouvèrent leur acmé avec ce maoïsme aussi échevelé que fol. Sans doute serait-il malvenu à un admirateur de Céline de tancer ce genre de dérive. Lorsqu’on lui rappelait ses textes délirants sur Mao, il s’en sortait par une pirouette en disant qu’il s’agissait de « poèmes » (!).
Quant au racisme célinien, il le qualifiait de « biologisme » en totale contradiction avec le génie de l’écrivain. Et d’ajouter que, pour le maoïste qu’il était, « il y avait beaucoup de Chine dans Rigodon ». Si pendant trois décennies Sollers ne l’a guère défendu, c’est sans doute parce qu’il ne voulait pas être associé à cette droite qui défendait Céline mordicus alors même que lui s’activait à l’extrême gauche. Le temps où Libération lui consacrera un supplément d’une douzaine de pages n’était pas encore venu4. Aujourd’hui l’écrivain est indéboulonnable et il est incontestable que Sollers fut l’un de ses exégètes les plus sagaces.
• Ouvrage collectif, Hommage à Philippe Sollers, Gallimard, 2023 (12 €).
Signalons la création d’un groupe sur facebook, « La Closerie de Sollers », fondé par Yannick Gomez.
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Parution du numéro 473 du Bulletin célinien
Sommaire:
Entretien avec Rémi Ferland
Bibliographie : la réception critique
Céline raciste, Ramuz racialiste ?
Robert Poulet, éditeur du Pont de Londres
17:46 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louis-ferdinand céline, lucien rebatet, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Variations autour de l’idée d’Empire
par Georges FELTIN-TRACOL
L’idée d’Empire serait incompatible avec l’histoire de France. La nation française, héritière du Royaume des Lys, se serait construite contre elle, en particulier face aux différentes figures des Habsbourg, de Charles Quint à François-Joseph. Cette hostilité de principe s’inscrit dans la langue française. Verbe du premier groupe, empirer signifie « devenir pire, aggraver ». L’idée impériale n’appartiendrait pas à la tradition française. Affirmation péremptoire et erronée !
En Provence, vieille terre d’Empire – on l’oublie trop souvent -, dans les belles cités d’Aix et d’Orange, se développe l’association militante et culturelle Tenesoun. Son site annonce qu’elle promeut « une identité reposant sur le triptyque suivant : Provence, France, Europe ». Ce sympathique mouvement sort une revue de belle facture, Tenesoun Mag, qui publie des numéros hors série instructifs et didactiques. Intitulé « Empire(s) », le hors série de février 2024 (4 €, à commander sur le site éponyme) aborde le thème de l’Empire.
Il est plaisant que de jeunes militants s’approprient cette idée qui parcourt en filigrane l’histoire de France. On se focalise trop sur l’aspect juridique de l’émancipation royale française par rapport à l’héritage mémoriel carolingien en oubliant la bigarrure institutionnelle, sociale et économique constitutive de l’ancienne France. Certes, les Capétiens ont réussi là où les Hohenstaufen ont échoué. Toutefois, cela n’empêche pas, bien au contraire, que « la France est un empire, écrit avec raison Aurélien Lignereux dans L’Empire de la paix. De la Révolution à Napoléon : quand la France réunissait l’Europe, (Passés composés, 2023) : tel est le constat d’évidence partagé en 1789 tant y était frappante la diversité des populations que les rois avaient réunies et soumises à une souveraineté qui n’admettait nul supérieur en matière temporelle (le roi étant “ empereur en son royaume “) mais qui pouvait s’accommoder de l’hétérogénéité des coutumes, et qui devait même respecter certains privilèges garantis par les actes de réunion ». Dans un précédent essai, L’Empire des Français 1799 – 1815 1 – La France contemporaine (Le Seuil, coll. « Points – Histoire », 2014), le même auteur, spécialiste de l’œuvre napoléonienne, prévenait qu’« il serait réducteur de ne voir dans les entreprises de Napoléon que la consécration d’une ambition personnelle, sans racines dans le pays. C’est faire peu de cas de l’aspiration aux XVIe et XVIIe siècles à une translatio imperii en faveur de la France, rêve que traduisaient un messianisme dynastique et un providentialisme chrétien ».
Aurélien Lignereux se réfère bien évidemment à l’étude capitale, novatrice et magistrale d’Alexandre Yali Haran, Le Lys et le Globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux XVIe et XVIIe siècles (Champ Vallon, 2000). L’idée impériale n’est pas étrangère aux monarques français. Elle persiste d’ailleurs dans l’inconscient politique collectif, d’où le tropisme européen présent autant chez les nationalistes que chez les socialistes sans parler de certains gaullistes, des démocrates-chrétiens, des écologistes et des régionalistes. Il est dommage que les auteurs de ce hors série n’évoquent pas cet ouvrage précieux.
À la suite du Testament d’un Européen de Jean de Brem, Julien Langella revient sur la conquête hispanique de l’Amérique. Il formule pour l’occasion un hispanisme de langue française nullement incongru (la Franche-Comté fut longtemps une possession des rois d’Espagne). Rédacteur de plusieurs articles dans ce numéro, Estève Claret rappelle qu’« au fondement de l’empire se trouve un principe supérieur, qu’il soit spirituel, sacré, transcendant, métaphysique ou messianique. L’empire ne se contente pas d’assurer le bien commun des communautés politiques sous son autorité; il agit au nom d’un principe qui lui est supérieur et qui inscrit ces dernières dans un destin ». L’Empire englobe dans une unité nécessaire et limitée les multiples variétés qui s’expriment en communautés incarnées.
Dans « Saint-Empire romain germanique : le pouvoir du centre impérial sur ses périphéries », Estève Claret s’intéresse à l’origine territoriale du Sacrum Imperium qui « correspond, souligne-t-il, à la “ réunion “ de trois couronnes : la Trias des royaumes de Germanie, d’Italie et d’Arles – Bourgogne. Eux-mêmes sont composés de duchés dits ethniques (Stammsherzogtümer) car ils sont le fruit de regroupements linguistico-culturellement cohérents (Bavière, Franconie, Saxe, Souabe, etc.) ».
En lecteur avisé de Francis Parker Yockey, de Guillaume Faye et de Julius Evola, Tristan Rochelle explique que l’Empire, chanté par Dante, « est une institution surnaturelle à vocation universelle au même titre que l’Église, par exemple. Il se veut être le reflet de l’ordre cosmique, une image du royaume céleste. D’origine surnaturelle, il occupe la fonction de “ centre universel “, de centre de gravité d’un espace civilisationnel ». Dommage cependant que le poison dit universel s’insinue partout. À l’ère post-moderniste, ne serait-il pas cohérent d’envisager l’idée impériale dans une approche pluriverselle ? La notion de « Plurivers » convient en effet mieux à la perception révolutionnaire-conservatrice d’Empire, surtout aujourd’hui, période instable propice à « la résurgence des impérialismes ».
Les impérialismes ne se confondent pas avec les empires d’origine traditionnelle. Hubert R souligne que « le terme “ empire “ est lui-même à double tranchant. Il peut désigner tout à la fois un ensemble de peuples que relient des facteurs communs (culture, religion, ethnie…) et gouvernés par un pouvoir central. Ou bien il peut se rapporter à une volonté de domination servie par une prétention à l’universalité au nom d’une doctrine exclusivement spirituelle, idéologique ou économique ». Quant à Tristan Rochelle, il bouscule volontiers le lecteur par un volontarisme énergique et parfois provocateur. « Le seul droit qui vaille, c’est celui qu’offre la force. Une terre n’appartient à un peuple que tant qu’il est capable de la tenir en sa possession. Si un peuple étranger l’envahit et parvient à s’en rendre maître, alors celle-ci devient sienne. Et peu importe à cet égard depuis combien de temps son prédécesseur l’occupait. Les véritables frontières d’un peuple sont celles posées par sa volonté de conquête. Ces lois, qui sont celles de la vie, sont impitoyables mais sont les seules qui vaillent. Pleurnicher à ce propos ne les changera pas, l’Histoire est un cimetière de peuples vaincus. » Féroce et terrible constat. Ne serions-nous pas les ultimes veilleurs d’une civilisation désormais défunte qui rend l’esprit impérial totalement inaudible et incompréhensible ?
Quant à savoir si cet Empire européen plus qu’embryonnaire doit s’étendre selon la formule consacrée de Reykjavik jusqu’à Vladivostok, la réponse est finalement secondaire. Le plus important n’est-il pas en priorité de restaurer sa souveraineté intérieure ? En ces temps troublées d’hypertrophie individualiste, cette reconquête sur soi s’avère plus compliquée, mais aussi plus impérative que jamais.
GF-T
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Parution du numéro 472 du Bulletin célinien
Sommaire :
L’affaire Pierrat (Erreurs et contrevérités)
Le Céline de Meudon
Actualité célinienne
Acte de parole, acte d’écriture
À quand une grande émission littéraire consacrée à Céline ? Ce qui a été diffusé le mois passé sur France Inter rappelle furieusement ce qui l’avait été en juillet 2019 sur France Culture. Dans les deux cas, on a affaire à une dizaine d’heures d’émission (en plusieurs épisodes) où les historiens ont la part belle. Logique pour l’émission de Philippe Collin (2024) qui entend précisément apporter un regard historique ; ça l’était moins pour Christine Lecerf (2019), traductrice et critique littéraire.
C’est ce qu’avait déploré à l’époque Henri Godard qui lui avait accordé trois heures d’entretien (!) et dont seules quelques phrases furent retenues pour l’émission : « En dehors de la biographie, l’éclairage fut mis tout entier sur l’antisémitisme, au détriment de l’œuvre littéraire. Sur cette autre face de Céline, presque rien : de temps en temps quelques adjectifs et quelques exclamations ponctuelles (« grand écrivain », « quel écrivain ! » etc.) mais pas l’ébauche d’un commentaire qui tenterait de faire comprendre à des auditeurs qui ne connaissent pas l’œuvre sa nouveauté et sa puissance. » Même constat aujourd’hui par Émile Brami : « Je pensais que le journaliste voulait faire quelque chose d’intéressant ; il a tout gommé. »
Par ailleurs, dans l’une et l’autre émission, on retrouve quasi les mêmes intervenants, dont l’historienne Anne Simonin. Celle-ci a raison de rappeler que la loi d’amnistie du 16 août 1947 (article 10-4) bénéficiant aux anciens combattants de la guerre 14-18 ne pouvait s’appliquer à Céline, ladite loi en excluant ceux qui avaient été condamnés pour faits de collaboration (article 25). Là où elle fait fausse route, c’est lorsqu’elle prête à Jean Seltensperger, rédacteur d’un réquisitoire clément, un machiavélisme ne correspondant pas du tout au personnage¹.
L’idée fut, selon elle, d’inciter Céline à rentrer en France et à se présenter devant ses juges : « Une fois qu’ils auraient eu la main sur Céline, l’indignité nationale pouvait être couplée avec un autre article du code pénal (83-4) sanctionnant les actes de nature à nuire à la défense nationale. Et là, Céline faisait de la prison. » Cette fable, qu’elle avait déjà énoncée il y a six ans¹, ne cadre pas du tout avec la personnalité de ce magistrat, admirateur de Céline, qui avait d’ailleurs conservé par-devers lui la correspondance que l’écrivain lui avait adressée alors qu’il eût dû la déposer dans le dossier². Ironie de l’histoire : en imaginant cette stratégie judiciaire pour appâter l’inculpé, l’historienne se met au diapason célinien.
Suspicieux invétéré, n’imaginait-il pas en exil que « le moyen pour la justice de [l’] attirer à Paris, est de [lui] promettre la Chambre Civique… Une fois à Paris, on verra ce que l’on fera du lapin ! » ? Il y aurait encore bien d’autre singularités à relever dans cette émission. Elle s’ouvre par les “Actualités” de la R.T.F. à la mort de Céline, dont cette affirmation de Claudine Chonez (1906-1995), longtemps proche du PCF, à propos de Bagatelles pour un massacre : « Il s’agissait tout simplement du massacre des juifs. » [sic] Le contresens n’est évidemment pas rectifié par le journaliste. Mais pouvait-il en être autrement, lui qui définit ainsi Céline : « une âme pathétique au service des passions tristes, un homme plus que gênant, un esprit venimeux » ?
• Émission « Face à l’histoire » de Philippe Collin : “Louis-Ferdinand Céline, le voyage sans retour”, France Inter, 26 mars 2024. Podcast disponible sur le site internet de cette radio.
20:17 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis-ferdinand céline, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, revue | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parution du numéro 471 du Bulletin célinien
Sommaire :
Céline et Brassens, l’impossible filiation?
Entretien avec Gaël Richard
Céline dans Les Lettres françaises [1951-1953]
Une lettre et une carte postale de Colette Destouches à Henri Mahé.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le petit univers médiatique : pendant trente-cinq ans, Philippe Grumbach (1924-2003), directeur de L’Express, a renseigné les services secrets de l’URSS. Nous devons cette révélation à Vassili Mitrokhine, lieutenant-colonel du KGB, qui fut l’archiviste en chef du service secret soviétique durant une décennie¹.
Quel rapport avec Céline ? C’est que ce Grumbach accompagnait Madeleine Chapsal à Meudon lorsqu’elle fit, pour cet hebdomadaire, le fameux entretien à l’occasion de la parution de D’un château l’autre. Roger Nimier, qui était à la manœuvre, suggéra l’idée à cette journaliste dont il était proche. Cela ne se fit pas sans mal comme elle s’en souvient : « Hurlement général ! C’était tout de même un journal de gauche, avec pas mal – allons y gaiement ! – de Juifs. Alors l’idée de donner beaucoup de place à Céline les avait beaucoup remués. Surtout Philippe Grumbach, qui était rédacteur en chef, et avait essayé de faire barrage. » Il tint pourtant à l’accompagner, voulant voir « la tête de l’ennemi des Juifs »².
Cet entretien parut au printemps 1957 alors que Grumbach travaillait depuis dix ans pour les services secrets soviétiques. Une conférence de rédaction animée avalisa finalement la publication mais il fut décidé que le chapeau journalistique de cet entretien marquerait les distances de l’hebdomadaire avec l’écrivain sulfureux. L’entretien, titré « Voyage au bout de la haine », fut suivi d’une introduction relevant que les réponses de Céline « éclairent crûment les mécanismes mentaux de ceux qui, à son image, ont choisi de mépriser l’homme. » Quelques mois auparavant, l’Armée rouge avait réprimé dans le sang l’insurrection de Budapest, ce qui ne dissuada pas Grumbach de maintenir un contact fréquent (et rémunéré³) avec ses interlocuteurs soviétiques. Après cette invasion, le communiste militant qu’était Roger Vailland prit, lui, ses distances avec le PCF. Tout en collaborant à La Tribune des Nations, hebdomadaire dirigé par André Ulmann, agent d’influence soviétique. Il y défendait les positions diplomatiques de l’URSS dans cette revue qui avait un certain écho car envoyée aux ministères et aux principaux décideurs, ainsi qu’à de nombreuses ambassades. Durant une vingtaine d’années, il reçut plus de trois millions de francs et, en prime, une décoration soviétique. C’est dans cette publication que Vailland signa, un mois avant le procès devant la Cour de justice, son article fielleux, « Nous n’épargnerions plus L.-F. Céline ». Lorsque Grumbach fut harponné par le KGB, il était proche du PCF alors totalement inféodé à Moscou. Incompatibilité majeure avec Céline qui notait dès 1936 que « les Soviets donnent dans le vice, dans les artifices saladiers (…) : ils essayent de farcir l’étron, de le faire passer au caramel. ». Et de conclure : « C’est ça l’infection du système. »
16:10 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis-ferdinand céline, philippe grumbach, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, archives mitrokhine | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parution du numéro 69 de War Raok
EDITORIAL
La personnalité historique du peuple
Communauté ethnique, communauté nationale, communauté d’âmes collectives...
Padrig Montauzier
Origine, permanence de la singularité, projection dans un avenir, telles sont les préoccupations légitimes de toute communauté ethnique. Et nous, Bretons, qui sommes-nous ? Comment nous définissons-nous dans l’instant et dans la durée ? Nous répondons que nous sommes les membres d’un peuple : le peuple breton. Arrêtons-nous maintenant aux grandes déterminations qui définissent un peuple et le maintiennent dans sa personnalité différenciée, qui sont aussi ce par quoi la société politique internationale doit le reconnaître et le respecter.
Le peuple breton n’est pas une simple population, un agrégat d’individus assemblés par les hasards d’une contrainte politique, les lois d’un marché économique, les liens d’un contrat d’individus, les intérêts matériels transitoires d’une classe ou d’une famille. Il ne se saisit pas dans le moment mais ne se conçoit que dans la double perspective d’un passé et d’un avenir étroitement solidaires et propres à la communauté nationale. Le peuple breton est donc une entité organique qui unit en une communauté les ancêtres, les vivants et les futurs héritiers d’un groupe humain caractérisé par la convergence de traits culturels, historiques et territoriaux, d’une ethnie, ethnie qui est un fait de nature et de culture qui s’étayent et se nourrissent mutuellement.
Plus généralement, l’appartenance à un peuple est d’ailleurs ce qui spécifie en premier lieu un homme et le constitue comme humain, par-delà l’accomplissement des fonctions biologiques. A l’opposé des doctrines marxistes et libérales qui ramènent le peuple à une masse socio-économique, notre vision des peuples voit en eux les constituants premiers de l’espèce humaine. Ses caractères culturels et ethniques définissent ainsi le groupe national. Quant à la nation, elle n’est pas seulement une volonté de vivre ensemble. Elle ne se réduit pas à un contrat entre sociétaires anonymes, simple addition d’individus sans autre dénominateur commun que les clauses limitées de leur calcul. C’est la communauté de l’héritage culturel, répondant à un patrimoine génétique et territorial relativement stable, capable de résister aux vicissitudes de l’histoire.
Concernant la conscience nationale, expression récente, elle est relative à des réalités qui ont souvent varié en fonction des dominantes philosophiques. Le peuple lui, quel que soit son degré de conscience, reste un élément permanent de la vie, bien au-delà du politique. Aujourd’hui la conscience que les peuples ont d’eux-mêmes s’exprime par la réappropriation d’un héritage culturel et son actualisation volontaire.
L’histoire, en particulier, est une forme indispensable de la réalisation nationale. Elle n’est rien d’autre que la conscience du destin d’un peuple dans le temps et l’espace. Elle est ce qui doit être conservé et régénéré pour que nos peuples échappent à la disparition qui les menace. Là est l’enjeu de la « guerre des peuples » contre un système mondial d’arasement qui tente aujourd’hui de figer l’histoire dans une culture planétaire inerte.
La langue, par sa force contraignante, surtout si elle est menacée, façonne l’être collectif du peuple et permet l’expression d’un mode particulier de pensée et d’appropriation du monde. Il est évident qu’elle est un facteur objectif primordial et nécessaire mais non suffisant de l’appartenance nationale.
Mais pour que le peuple se perçoive comme tel et redevienne acteur de son propre destin, il faut que ses caractères objectifs, fussent-ils affaiblis, deviennent les fondements de son vouloir-vivre communautaire, seul capable de transformer la constatation passive de l’existence du peuple en une véritable volonté d’action. Le devenir d’un peuple, de nouveau éveillé, s’inscrit en effet dans le champ de l’expérience historique où se déploient ses possibilités d’action et où s’élaborent les grands mythes nationaux qui constituent sa mémoire.
Nous voilà bien éloignés du « droit à la différence », slogan d’un certain misérabilisme revendicatif, vieille lune, brumes romantiques où s’égarent les régionalistes et leur folklore aseptisé, mais véritable artifice verbal pour éviter de poser les vraies questions, celles de l’appartenance, de la caractérisation et de la réalisation ethno-culturelle d’un peuple particulier dans une civilisation donnée.
Pour conclure, en faisant de nouveau entendre la voix de nos peuples, nous recréerons le sens de leur destinée.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE
WAR RAOK N°69
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Agriculture :
À problèmes bretons, solutions bretonnes page 8
Environnement :
Du dogmatisme climatique à l’effondrement énergétique page 12
L’après Europe Peut-on encore soigner l’âme post-européenne ? Page 14
Terre de Celtie :
Les Gallois : une nation qui refuse de mourir page 16
Hent an Dazont:
Votre cahier de 2 pages en breton page 21
Mythologie celtique :
Le corbeau et les Celtes page 23
Ethnologie :
Défendre son identité n’est pas un crime ! Page 24
Grandes figures :
Jacques Cartier, navigateur et explorateur breton page 26
Histoire de Bretagne :
La succession d’Alain Fergent page 29
Culture bretonne :
Le Théâtre Populaire breton page 32
Nature :
Le cerf, grand ruminant, roi des forêts… page 35
Lip-e-bav :
L’araignée de mer page 37
Keleier ar Vro :
Tro Breiz 2024 page 38
Bretagne sacrée :
Gargouilles et chimères en Bretagne page 39.
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Parution du numéro 470 du Bulletin célinien
Sommaire :
Le modèle de Mme Bérenge : Barbe Domis (1856-1935)
Entretien avec Stéphane Zagdanski
Bagatelles pour un massacre loué par un militant sioniste (1944)
Divorce à Rennes
De Céline à Beethoven
Ramuz et Céline
Propos confirmé par Jünger dans son Journal. Après la chute de Stalingrad et le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, Céline sait que la partie est perdue : il assure alors à Morand qu’il restera en France avec pour conséquence que « les Soviets le feront tomber dans une fosse Katyn ». Dans une lettre censurée par Je suis partout, il écrira : « La fosse de Katyn est plus vaste qu’on l’imagine – Je suis porté à croire qu’elle va jusqu’aux Tuileries. » Il sera à nouveau invité le mois suivant (5 mai), cette fois en compagnie de Josée Laval, Heller et Jardin, directeur de cabinet de Laval. C’est l’époque où Céline tient des propos hallucinés. Morand les rapporte dans son journal : « Sa thèse est qu’Hitler est “l’hystérique de service”, manœuvré par les trusts, lesquels sont d’accord avec Londres et Washington, que tout cela c’est faire le jeu des Soviets, que Laval s’en ira, et nous tous avec. »
• Paul MORAND, Journal de guerre, I (Londres – Paris – Vichy, 1939-1943) & Journal de guerre, II (Roumanie – France – Suisse, 1943-1945), Gallimard, coll. “Les cahiers de la nrf”), 2 vol. de 1028 et 1042 p. Édition établie, présentée et annotée par Bénédicte Vergez-Chaignon (27 & 35 €)
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Parution du numéro 68 de War Raok
ÉDITORIAL
Autonomie - Un gros mot, un sacrilège… un blasphème pour nos républicains français!
La France et son monarque-président viennent de découvrir, sur une vieille étagère poussiéreuse d’une de leurs nombreuses bibliothèques, un livre ancien, rangé précieusement afin de n’être point lu, à la couverture quelque peu jaunie et au titre provocateur, voire sulfureux : Autonomie, sous-titré « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » !
Précipitation pour une saine lecture ? Eh bien non, notre monarque-président et sa cour se sont arrêtés à la première page considérant que les tous premiers chapitres risquaient de mettre en péril leur empire colonial, que leur république « Une et indivisible »… et totalitaire allait disparaître et ressembler alors aux horribles démocraties européennes voisines qui accordent une large autonomie à leurs peuples !
Les fondements de la république française allaient être sapés ! Est-il nécessaire de rappeler que la France a construit dans sa constitution un carcan empêchant toute évolution démocratique, toute réforme constitutionnelle afin de donner l’autonomie politique aux peuples qu’elle emprisonne ? La France, sa belle république, si on les compare aux États voisins européens qui les entourent, restent une anomalie, une exception… Pas touche au dogme ! Une fidélité inconditionnelle à leur révolution, révolution française qui ne s’est pas déroulée sous une pluie de roses mais dans un bain de sang, une monstruosité et pour nous Bretons la fin d’une existence nationale : plus de nation bretonne, plus de peuple breton… tous Français ! Je ne m’abaisserai pas à décrire ce qui s’est réellement passé sous cette Terreur révolutionnaire en Bretagne, mais ce qu’on en connaît pourrait faire passer les monstres de Daesh ou du Hamas pour de gentils apprentis…
Revenons et examinons maintenant la proposition d’autonomie du président français au peuple corse. Loin de moi l’idée de m’ingérer dans les affaires internes de mes amis nationalistes corses, je pressens tout de même, après les déclarations de Gilles Simeoni et de Guy Talamoni à la suite du discours d’Emmanuel Macron, une réelle consternation. Même s’il s’agit d’une véritable coquille vide, soyons honnêtes et reconnaissons un point positif néanmoins : le mot autonomie a été prononcé, l’idée également et en Bretagne, par exemple, elle fait son chemin puisque selon un sondage 70 % des Bretons y sont favorables. Le vœu du président du Conseil régional de Bretagne, son rapport de 29 pages relativement insipide qui ne mentionne même pas l’existence d’un peuple breton, justifiant et légitimant par là même cette revendication d’autonomie, va cependant éveiller et susciter un réel intérêt chez les Bretonnes et les Bretons.
Pour nous, nationalistes bretons, l’autonomie a un sens bien défini, une étape qui doit nous permettre de retrouver la voie de la prospérité et du bien-être. Cette toute première étape devra permettre au peuple breton de se réapproprier sa conscience historique, de contrer et réfuter les mystifications inculquées pour anesthésier sa volonté d’émancipation… de recouvrer une partie de ses libertés arbitrairement confisquées et de connaître enfin un début de vie nationale propre. Un projet audacieux, sage, un projet moderne et contemporain prenant en considération l’évolution géopolitique de l’Europe et des peuples qui la composent.
L’autonomie, c’est aujourd’hui la Catalogne, l’Écosse, le Pays de Galles, le Pays Basque, le Québec… Demain ce sera la Bretagne avec une démarche de renouveau pour rendre l’espoir aux Bretons et permettre à la Bretagne de prendre un nouvel essor européen.
Ce statut d’autonomie devra progressivement évoluer vers une co-souveraineté, c’est-à-dire une troisième voie entre simple autonomie de gestion (qui peut être remise en question à tout instant par l’État central) et une totale indépendance, négociée avec l’État français, une voie pacifique, raisonnée et réfléchie vers l’autodétermination et permettre au peuple breton de se retrouver. La Bretagne peut, avec un tel statut, devenir une grande région européenne entreprenante et riche.
Dès à présent, le peuple breton doit de nouveau entrer dans l’histoire avec la possibilité d’agir pour lui-même et être l’acteur de son avenir.
Padrig MONTAUZIER
Sommaire War Raok n° 68
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Environnement
Environnement / Écologie page 12
Écologie
Réchauffement climatique, éco-anxiété et restrictions page 14
Politique
Propositions pour un renouveau autonomiste page 16
Tribune libre
En sortir, c’est s’en sortir ! Page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 19
Tribune libre
La consommation de viande attaquée par les élites mondiales page 23
Réflexions
Le fanatisme idéologique tue les luttes de libération nationale page 24
Société
Novlangue… un dangereux flirt avec des tentations totalitaires page 26
Histoire de l’Emsav
Le marquis de l’Estourbeillon et l’URB page 29
Bretagne sacrée
Bannières de processions et de pardons, page 32
Nature
Libellules et demoiselles en Bretagne page 35
Lip-e-bav
Le ragoût dans les “mottes” d’Ouessant page 37
Keleier ar Vro
Les cent ans du Gwenn ha Du page 38
Bretagne sacrée
Le phare de l’île Vierge page 39
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Parution des numéros 467, 468 & 469 du Bulletin célinien
N°469:
Sommaire :
Des lettres retrouvées
Les sœurs Canavaggia et Céline
L’Église vue par Charles Bernard [1933]
Au moins Taguieff admet-il que Céline s’est montré “lucide” face au communisme. L’autre passage du livre relatif à Céline concerne son jugement dépréciatif sur Proust (pp. 64-68). Le but étant naturellement de montrer “sa profonde bêtise”. L’honnêteté eût consisté à montrer que son appréciation à l’égard du glorieux aîné connut une évolution certaine. Au point d’énoncer, un an avant sa mort, un avis aussi définitif que celui-ci : « Proust est un grand écrivain, c’est le dernier, c’est le grand écrivain de notre génération ». Pour avoir une idée exhaustive de cette évolution, je vous recommande la notice relative à Proust dans un dictionnaire que tout célinien devrait avoir dans sa bibliothèque². Quant aux essais dans lesquels il est question des liens entre ces deux géants, ils sont légion. Coïncidence : les deux plus notables sont parus la même année³. Au risque de choquer, oserais-je écrire que, même dans le dénigrement radical, Céline fait preuve de perspicacité ? Ainsi lorsqu’il utilise la métaphore de la chenille pour définir le style proustien : « Cela passe, revient, retourne, repart, [n’oublie rien, add.] incohérent en apparence (…) La chenille laisse derrière elle tel Proust une sorte de tulle, de vernis irisé, [impeccable add.], capte, étouffe, réduit, empoisonne tout ce qu’elle touche et bave, rose ou étron. » Ainsi décrit-il cette obsession parfois oppressante qui tend à vouloir tout exprimer à propos d’un fait ou d’un sentiment. Et, pour cela, passe et repasse indéfiniment sur la même observation ou la même sensation.
• Pierre-André TAGUIEFF, Le Nouvel Âge de la bêtise, Éditions de l’Observatoire, 2023 (23 €).
N°468:
Sommaire :
Une heure chez Me Gibault
Céline dans Le Populaire
Bibliographie. Les Dictionnaires.
Henri Thyssens nous a quittés le 28 octobre¹ à l’âge de 75 ans. Je le connaissais depuis 1979 ; il m’avait contacté à la parution du premier numéro de feu La Revue célinienne. Il découvrit Voyage au bout de la nuit à l’âge de dix-neuf ans alors qu’il effectuait son service militaire. « Ce Voyage me transporta dans un monde nouveau, celui de la lecture, à tel point que j’en fis un métier : libraire ². » Avant de créer sa propre librairie, “La Sirène”, il apprit le métier chez Halbart, puis chez Eugène Wahle, à Liège dont il était originaire. Parallèlement, il fit du courtage à Paris. Spécialisé dans les ouvrages de généalogie et de régionalisme, il publiait des catalogues qui attestaient d’un professionnalisme sans faille. Ceux qu’il réalisa sur la gastronomie ou sur Simenon sont conservés par les amateurs. Alors qu’il avait été un élève peu appliqué, Céline joua pour lui le rôle d’initiateur et lui donna l’amour des lettres. À l’instar de nombreux céliniens pointus, le livre de Céline qu’il préférait, sensible à la modernité du style, était Mort à crédit. Ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier des auteurs au style classique, tels Stendhal, Paul Léautaud ou Jules Renard qu’il relisait fréquemment. En 1976, cet autodidacte s’était fait connaître en éditant la correspondance à Évelyne Pollet qu’il avait rencontrée à plusieurs reprises. Cinq ans plus tard, il se rendit au Danemark sur les traces de Céline³. Il en ramena le flacon de cyanure que celui-ci avait emporté en Allemagne. Il l’avait fait analyser (c’était bien du cyanure de potassium mais désormais sans danger), ce qui lui permit de le proposer dans l’un de ses catalogues ! Il fut le créateur de la série Tout Céline, répertoire des livres, manuscrits et lettres passés en vente, qui connut cinq numéros et dans lesquels il publia différentes études, notes biographiques et recensions bibliographiques.
Mais la grande affaire de sa vie fut ses recherches sur l’itinéraire de Robert Denoël. Elles aboutirent à la création d’un site internet en accès libre d’une rigueur et d’une érudition en tous points remarquables. « Un éditeur assassiné, c’est rare, c’est incongru, on ne meurt pas pour les Lettres. Celui-là était différent, c’était un vrai bagarreur, et Liégeois de surcroît. Je me lançai donc à sa poursuite. Elle dura trente ans, mais je ne parvins jamais à mettre un nom sur son assassin, ou plutôt j’en trouvai plusieurs, ce qui compliquait encore l’affaire. »
On trouve d’ailleurs sur son site toutes les pièces connues sur cet assassinat ainsi que sur l’instruction judiciaire qui suivit. Il y a là matière à un livre majeur sur cette vie brisée mais Henri ne s’était jamais résolu à cette conversion, étant dans l’impossibilité, disait-il, de faire la synthèse de ce qui équivaut à un volume de centaines de pages. Il faudrait aussi évoquer l’homme qu’il fut : son ironie, sa fidélité en amitié, son indépendance d’esprit. Épris de liberté, il aura mené l’existence qu’il souhaitait. Ce qui importe maintenant c’est de préserver son travail. Michel Fincœur (attaché scientifique à la Bibliothèque Royale) et moi l’avions convaincu de léguer sa documentation aux “Archives & Musée de la Littérature”, à Bruxelles, ce qu’il fit il y a cinq ans. Il y existe désormais un “Fonds Robert Denoël / Henri Thyssens” qui a vocation à pérenniser le site internet qu’il créa en 2005 et qui constitue l’œuvre de sa vie.
N°467:
Sommaire :
Retour sur Drena Beach et Winna Winfried –
Le Spiegel et Céline
Un monument à Claude Duneton
En juillet 2021, la découverte des inédits a éclipsé celle d’un manuscrit de Mort à crédit, l’un des plus anciens retrouvés et donc antérieur à celui déjà connu. L’année passée, dans la nouvelle édition du roman (La Pléiade), Henri Godard annonçait que la publication du facsimilé de ce manuscrit de plus de 1.600 feuillets permettrait dans une certaine mesure de faire la lumière sur les différentes étapes de rédaction. Cela s’avère fondé et c’est ce qui en fait un document passionnant pour les amateurs et les chercheurs. Comme l’écrit Pascal Fouché, qui en a excellemment réalisé l’édition et la présentation, s’il est incomplet et qu’il ne livre pas toutes les clés de la méthode de travail de Céline, il nous permet tout au moins de mieux l’appréhender. Grâce aux versions successives de nombreuses séquences, on a accès aux différentes étapes. On assiste ainsi “en direct” au travail de création et on comprend mieux la manière de travailler de l’écrivain qui n’a de cesse d’accroître successivement plusieurs passages. Il est aussi intéressant de comparer avec ce qui sera modifié dans la version définitive. Un exemple parmi d’autres : on se souvient que dans celle-ci, il évoque sa mère en disant : « Elle a tout fait pour que je vive, c’est naître qu’il aurait pas fallu » ; cette phrase figure bien dans ce manuscrit, mais ici c’est de son père qu’il s’agit (« Il a tout fait… »). Les noms des personnages y sont loin d’être définitifs : ainsi, la concierge Mme Bérenge, qui fait l’ouverture du livre, s’appelle d’abord Mme Dovis. Quant à la datation, il faut situer la rédaction effective en 1934-1935, après qu’il a abandonné la partie qui serait devenue Guerre et le projet de Londres¹. Il se consacre alors uniquement au premier volet de ce roman qui, initialement, devait en comporter trois : « Enfance, Guerre, Londres. »
C’est que cette première partie prit tellement d’importance qu’elle constituera le roman tout entier totalisant pas moins de 700 pages imprimées. Nombreux sont les céliniens qui le considèrent comme son chef-d’œuvre, en tout cas supérieur à Voyage au bout de la nuit et surtout conforme à son projet esthétique. Mais cela n’a pas toujours été le cas et pas seulement pour la critique ; lorsque Henri Thyssens (†) lui consacra l’un de ses catalogues au début des années 80, il le titra fort justement « Mort à crédit, le mal-aimé »². Le prochain colloque de la Société d’Études céliniennes sera consacré aux manuscrits découverts il y a deux ans. Il reste à former le vœu que, sur la base de ce facsimilé, il se trouvera un céliniste pour dégager les leçons qu’apporte cette édition. Ajoutons que cette initiative éditoriale constitue une belle réussite bibliophilique, ce qui ne gâte rien.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Mort à crédit. Le manuscrit retrouvé (fac-similé & transcription), Gallimard, 2023, 2 volumes, l’un pour le fac-similé intégral ; l’autre pour la transcription (établie, annotée et présentée par Pascal Fouché), 1712 p., relié sous coffret, couverture toilée et marquée à chaud au format 25 x 11 x 39 cm, tirage limité à 999 exemplaires numérotés, 5,51 kg. (450 €).
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Parution du numéro 466 du Bulletin célinien
Sommaire :
Gare de l’Est. L’expert n’est plus aussi catégorique
“La Cour de cassation refuse l’amnistie à Céline” (1951)
Iconographie célinienne
Le Non-dit dans Voyage au bout de la nuit
Actualité célinienne.
Quoiqu’il en soit, son point de vue est connu grâce à la presse qui l’a interrogé à ce sujet. On sait, par exemple, qu’il réclame, à titre de dommages et intérêts, 2 € par exemplaire vendu de Guerre, Krogold et Londres, soit environ 500.000 € ³. Résolument hostile à toute réédition des pamphlets (même une édition “encadrée” par des historiens), Guillaume Grenet dénonce avec force les « monstruosités » dont son arrière-grand-père s’est rendu coupable. Ce qui a suscité cette réflexion d’un journaliste bien connu des céliniens : « J’avoue que je ne suis pas du tout convaincu par ces gens qui se réveillent des décennies plus tard en jouant les belles âmes avec les pamphlets pour obtenir autre chose. »
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Joyeux anniversaire !
Les 30 ans de la revue Réfléchir & Agir
par Georges FELTIN-TRACOL
Les abonnés de Réfléchir & Agir viennent de recevoir son 79e numéro, soit trente années d’existence et de combat. Trente ans déjà ! Comme le temps passe pour reprendre le titre d’un roman d’un brillant écrivain français trop tôt disparu car assassiné…
Qu’il est maintenant loin le tout premier numéro d’octobre – novembre 1993 sous la forme d’un fanzine. Sur sa couverture s’exprimait déjà sa différence avec une citation extraite d’un discours de José Antonio Primo de Rivera prononcée à Carpio de Tajo, le 25 février 1934: « La vie ne vaut la peine d’être vécue si ce n’est pour la brûler au service d’une grande cause. » L’éditorial posait des bases pour lesquelles R&A n’a jamais dérogées: «Le militant s’informe, analyse, parle, expose, discute et convainc. Il est chaque minute en train d’alimenter sa doctrine, toujours prêt à faire connaître ses idées et montrer partout que la résistance à l’ordre démocratique s’organise». Un article visionnaire prévenait ensuite de « La société de confusion : convergences doctrinales, brouillage des cartes et déclin du politique ».
Ainsi un brûlant feu intérieur continue-t-il à flamber chez les deux chevilles ouvrières qui effectuent au quotidien un travail parfois fastidieux: Eugène Krampon et Pierre Gillieth.
Grâce aux bons soins de Wilsdorf, l’émission du 7 juillet 2023 a longuement interrogé ce dernier sur cette entreprise militante remarquable. Nous invitons tous les auditeurs à l’écouter si ce n’est pas encore fait. L’ami Gillieth est infatigable. Outre la direction administrative et rédactionnelle d’un périodique de haute tenue, il s’occupe des éditions Auda Isarn. Cette sympathique maison d’édition publie plusieurs titres par an. Signalons le beau succès de la collection policière « Le Lys noir » et, en particulier, les aventures truculentes du Hussard.
Pour l’anecdote, le nom de cette collection irrita Rodolphe Crevelle (1955 - 2019), militant anarcho-royaliste de l’Hyper-France et de la francité résistante. Dans le sillage de La Manif pour Tous, cet ancien militant solidariste publia une série de journaux intitulée Le Lys noir placée sous le patronage de Georges Bernanos. Agacé par ce qu’il considérait comme un détournement, Rodolphe Crevelle menaça de casser la gueule des co-directeurs de la collection avant de se raviser. Il apprit qu’à côté de Pierre Gillieth officiait Francis Bergeron, le même qui dans sa jeunesse solidariste distribuât des tracts anti-communistes sur la Place rouge à Moscou à l’époque soviétique.
Des liens amicaux existent depuis le début entre le magazine autonome de désintoxication idéologique et Radio Méridien Zéro. Eugène Krampon a contribué aux deux projets. Le dossier du numéro 34 (hiver 2010) de R&A proposait d’ailleurs « Vers une rupture militante nécessaire » avec les entretiens de Gianluca Iannone, le fondateur de CasaPound, et de Frédéric Laroque, alors porte-parole du MAS (Mouvement d’action sociale). Placée sous la mémoire fidèle de Robert Dun (1920 – 2002) et de Jean Mabire (1927 – 2006), le magazine albo-européen perdure, comme l’écrit en éditorial du nouveau numéro Eugène Krampon, sur une magnifique « ligne anti-mondialiste, anti-capitaliste, grand européenne (de Dublin à Vladivostok), identitaire, socialiste révolutionnaire ».
Les thématiques du numéro 79 sont riches et variées. À côté des notules qui confirment la veulerie de nos contemporains, Klaas Malan poursuit son exploration des peuples minoritaires d’Europe, en l’occurrence ici les Tyroliens du Sud. Malan est un ardent partisan d’une Europe impériale des régions ethniques homogènes et enracinées. Le dossier concerne « Le retour de la question sociale ». L’inflation, la réforme désastreuse des retraites, la paupérisation massive de la population française et la hausse vertigineuse des profits démontrent toute l’acuité du sujet bien trop peu traité par la « mouvance »… Dans un excellent entretien, Pierre Le Vigan rappelle « la nécessaire union du national et du social, de la souveraineté, de l’identité et de la justice ». Il oublie malheureusement le versant écologique. Les questions identitaire et sociale dépendent aussi de la question environnementale. Identités ethno-culturelles, justice sociale et préservation des écosystèmes forment un tout à la radicalité foncièrement non cosmopolite.
La présence durable de R&A constitue un apport non négligeable de munitions lourdes dans la guerre culturelle en cours. En dehors des bulletins à diffusion confidentielle, d’autres titres participent aussi à la grande bataille des idées. Le doyen Rivarol subit les foudres du Système. Il continue malgré tout à avancer. Fondée en 1967, Militant demeure la revue nationaliste qui défend l'identité française et européenne. Éléments vient de fêter ses cinquante ans. Terre et Peuple Magazine se dirige vers son quart de siècle. Rébellion a vingt-et-un ans. Synthèse nationale approche de ses dix-huit ans. Le benjamin des imprimés est pour l’heure ZentroMag avec quatre années d’intenses activités.
Ces titres font honneur au pluriversalisme qu’anime l’ethno-différencialisme. Ils affrontent selon le tempérament de leur rédaction respective et malgré les inévitables divergences d’interprétation le politiquement correct et les délires du wokisme. On constate néanmoins que bien d’autres ont disparu: Flash, Présent, Le Choc du Mois, National Hebdo, La Nouvelle Revue d’Histoire, etc. Ces pertes peuvent susciter le désespoir et inciter peut-être à l’inaction et au désœuvrement. À tort ! Il importe toujours de se souvenir que l’histoire porte en elle l’imprévu. Comme le dit avec justesse Eugène Krampon dans ce numéro – anniversaire, « notre boulot et notre devoir, c’est de préparer notre résurrection à long terme, de reconstruire les murs porteurs de demain en évitant de les faire reposer sur une chape idéologique et des erreurs qui nous ont conduit à l’effondrement d’aujourd’hui ». L’aurore apparaît tôt ou tard après une très longue nuit.
GF-T
13:27 Publié dans Actualité, Revue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : revue, réfléchir & agir | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parution du numéro 67 de War Raok
EDITORIAL
Union dans l’action et dans les esprits
La situation actuelle de la France nous autorise à esquisser quelques sourires moqueurs, et nous ne sommes pas, nous Bretons, les seuls à regarder notre plus proche voisin sombrer lentement, s’affaiblir et devenir de plus en plus effacé face aux nouveaux grands de ce monde ! Quand on est faible et que l’on veut se faire passer pour puissant on prend un air vaniteux, on se montre même prétentieux, on mène des opérations de prestige qui prennent malheureusement des proportions tout à fait pathologiques. L’État français en est coutumier depuis plusieurs années et, dépité, il souffre d’un besoin névrotique de grandeur. Conscient de l’artifice de son existence, il se croit dans la nécessité de provoquer un sentiment de supériorité autour de ses réalisations qu’il qualifie de grandioses… et, comme d’habitude, il sombre dans un ridicule assez douloureux !
Oui, le bateau France prend l’eau ! Nous, Bretons, pourrions nous réjouir de ce déclin, de cette déliquescence, nous ravir de voir le pays des « Droits de l’Homme », pays qui nie l’existence de notre peuple, de notre nation, ce pays qui nous prive de nos libertés et de nos droits nationaux, qui embastille les peuples basque, corse, catalan, flamand, alsacien, occitan… se perdre et s’abîmer. Eh bien non. Laissons notre voisin gérer son naufrage et les problèmes qu’il s’est créés, pensons à notre Bretagne, épargnons à notre peuple les cruels événements qui font entrevoir l’abîme et arrêtons une gangrène qui se profile inéluctablement.
Faut-il quitter le bateau ? La réponse est évidente ! La société française est malade, touchée et faussée dans ses assises… Alors sauvons la Bretagne. Mais pour cela, un minimum d’unité, d’union politique devient une question de vie ou de mort. Les Bretons, dans leur grande majorité, s’en rendent compte par moments, pour retomber tout de suite après dans leur individualisme, faute d’une certitude qui devrait les engager et déterminer leur conduite. Pourquoi leur « mauvaise conscience » n’est-elle pas devenue conscience et conscience opérante ? Pourquoi les appels à l’union sont-ils restés sans prise sur les partis bretons ? Pourquoi l’impératif de l’union des forces politiques bretonnes n’a-t-il trouvé, sur peu de plan, les instruments aptes à faire valoir son exigence et à entraîner la Bretagne sur la voie de l’émancipation ?
Les raisons sont multiples. Tout d’abord, l’union n’a pas trouvé son instrument « intellectuel ». Union ne signifie pas juxtaposition, ni alignement comme le souhaiteraient certains, mais synthèse, analyse permettant de découvrir, pour chaque élément de la réalité bretonne ainsi dénombrée, le coefficient permettant de le situer suivant son poids spécifique et de reconstituer cette réalité dans ses articulations concrètes. Attention toutefois à ne pas s’épargner l’effort d’identifier le meilleur point d’application en vue des buts à atteindre.
L’union n’a pas trouvé non plus son instrument « moral ». Dans cette carence, l’intelligence a sa part de responsabilité. On se satisfait bien souvent d’une fausse analyse et l’on finit par se contenter de programme approximatif aux dépens non seulement de l’efficacité mais aussi du caractère. On accepte toute abdication d’une véritable pensée nationaliste devant les raccourcis dialectiques de l’action… La cohérence entre la pensée et l’action se trouve ainsi compromise ce qui désarme les consciences et les livre au désarroi. Il faut, une fois pour toute, mettre à l’écart, se débarrasser et dénoncer les sectaires, idéologues, imposteurs et autres arrivistes qui s’opposent constamment à toute initiative d’union ainsi que leurs travers pernicieux. Ces gens ne travaillent malheureusement pas pour la Bretagne !
Enfin, l’union n’a pas trouvé son instrument « politique », c’est-à-dire avoir une vue d’ensemble de tous les éléments de la vie nationale bretonne permettant de les articuler suivant leur importance et leur conformité aux intérêts du peuple breton.
Pour conclure, une véritable union nationale bretonne se doit de faire la part du présent et de l’avenir, assurer, à travers les nécessités, la sauvegarde des intérêts permanents de la Bretagne, tels qu’ils sont déterminés par son histoire, sa géographie et par les valeurs mûries dans sa civilisation.
Padrig MONTAUZIER.
SOMMAIRE WAR RAOK N° 67
Spécial été : 52 pages
Éditorial, page 3
Buan ha Buan, page 4
Géopolitique : Conflit en Serbie et au Kosovo ?, Page 13
Notre Europe :L’Europe, la mort ou la capitulation, page 15
Tribune libre : L’activisme écologiste et utopique..., page 17
Billet d’humeur : La “substitution ethnique" dans la société fluide, page 19
Société : Un enseignement enraciné, page 20
Religion : Christianisme orthodoxe et chrétienté celtique, page 22
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton, page 24
Histoire : Géopolitique de la Bretagne, page 29
Symbole sacré : La roue celtique, page 33
Tradition : La tradition indo-européenne chez les Celtes, page 35
Plantes et santé : Ti al louzoù … aujourd’hui, page 37
Terre de Celtie : Cornouailles : une identité celtique qui perdure, page 39
Civilisation celtique : Littératures écrites et orales des civilisations celtiques, page 44
Nature : Les sauterelles, Grillons, criquets, courtilières, page 47
Lip-e-bav : L’artichaut breton farci, page 49
Keleier ar Vro : La Bretagne défigurée, page 50
Bretagne sacrée : Les rochers sculptés de Rothéneuf, page 51
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Parution du numéro 465 du Bulletin célinien
Sommaire:
Jean Fontenoy et Céline
Bibliographie : les témoignages - Les souvenirs du cuirassier Pavard
Inénarrable Benoît-Jeannin ! Dans un article sur les manuscrits retrouvés, il revient sur son admiration passée pour Céline. Elle fut écornée, confie-t-il, par sa rencontre avec un normalien qui lui affirma, au mitan des années soixante, « témoignage de son oncle à l’appui, que Céline était loin d’être le “médecin des pauvres” qu’il prétendait ». Durant sa carrière médicale, le docteur Destouches a essentiellement travaillé dans des dispensaires de la banlieue ouvrière (Clichy, Sartrouville, Bezons). Sa patientèle était donc composée de gens pauvres. Pourquoi diable faut-il remettre ça en question? Mais Benoît-Jeannin ajoute : « J’avais depuis longtemps fait la part des choses et j’en étais arrivé à ne plus supporter le personnage qui avait affabulé toute sa vie. » Et de conclure gauchement : « Bref je n’étais plus célinien. » Admirable ! Reprocher à un romancier d’affabuler est d’une nigauderie patentée. D’autant que Céline n’a cessé de mythifier son personnage, ayant fait de sa vie la matière romanesque de son œuvre. Benoît-Jeannin affirme aussi qu’il était le « chouchou des autorités allemandes d’occupation ». Faux : les Allemands révéraient Claudel, Montherlant, Giraudoux, Chardonne. Pas Céline. Exception notable : Karl Epting. En 1942, Bernhard Payr, érudit littéraire nazi, publie un ouvrage sur l’état de la littérature en France. Il y juge sévèrement Céline qui « a remis en question à peu près tout ce que l’être humain a produit de valeurs positives et l’a traîné dans la boue. » Et lui reproche, cela va de soi, son « langage ordurier ». Ce docteur en philologie n’était pas n’importe qui : il dirigeait l’“Amt Schrifftum” (dépendant de l’Office Rosenberg), instance de surveillance de ce qui s’éditait en Allemagne et dans les pays occupés. Telle était la position officielle des nationaux-socialistes à l’égard de Céline.
À la suite de Philippe Alméras et d’Odile Roynette, Benoît-Jeannin met en doute la validité de la réforme dont Louis Destouches bénéficia en décembre 1915. Or les archives médicales sont formelles : sa blessure au bras provoqua une paralysie qui prédominait sur l’extension des doigts de la main droite. On a même décelé une “dégénérescence” de son nerf radial au niveau de la main. Le Dr Loisel, qui a étudié la question, précise qu’il ne pouvait rigoureusement plus effectuer le geste fin d’actionner une gâchette. Le cuirassier était donc inutilisable au front. Roynette était au printemps dernier l’invitée d’une discussion télévisée sur Céline¹. Elle n’a pas craint d’affirmer que “l’esprit de la Résistance” s’est incarné dans le sauvetage des manuscrits. Elle ne dit pas s’il s’est incarné dans la disparition des œuvres de Degas et de Gen Paul qui se trouvaient aussi dans l’appartement… L’historienne fait également sienne l’affirmation de Taguieff selon laquelle Céline fut un agent des services de renseignements allemands. Émile Brami, qui participait également à ce débat, a rétorqué que, selon lui, on ne peut pas accuser quelqu’un d’un fait aussi grave sans apporter des preuves. Et d’affirmer, ce que nous savions déjà, que Taguieff sollicite les documents. Ce n’est pas défendre Céline que de rétablir les faits, ce qui n’excuse en rien les actes ou écrits dont il est réellement coupable.
• Maxime BENOÎT-JEANNIN, « Céline’s War » in Que faire ? [Bruxelles], n° 5, novembre 2022, pp. 83-96 (20 €)
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Parution du numéro 464 du Bulletin célinien
Sommaire :
- Descendants versus ayants droit
- Réédition de Céline en Bretagne
- Entretien avec Yannick Gomez
- Biographies
- Nabe et Mergen persévèrent dans l’erreur.
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Parution du numéro 463 du Bulletin célinien
Sommaire :
Le goût de Céline chez Sollers
Krogold face à la critique
Céline loin des Lumières
Entretien avec Maxim Görke
Céline et Mirbeau
Gen Paul et Céline
Il faut savoir beaucoup de gré à Henri Godard, Pascal Fouché et Régis Tettamanzi pour le travail magistral accompli dans cette nouvelle édition de la Pléiade. Rappelons à ceux qui possèdent déjà l’œuvre romanesque dans cette collection que seuls deux volumes apportent, avec l’exégèse requise, un corpus inédit. À ne plus confondre avec les deux premiers volumes de l’édition précédente ; avant cette année, pour lire l’œuvre dans l’ordre chronologique de leurs phases de rédaction, il fallait lire les volumes dans l’ordre suivant : I, III, IV et II ! Cette tomaison est abandonnée ; désormais, les quatre volumes sont classés par grandes périodes d’écriture : Romans 1932-1934 (comprenant Voyage au bout de la nuit, avec notamment des séquences inédites du manuscrit et du dactylogramme, et ce que l’éditeur nomme “textes retrouvés” : La Volonté du roi Krogold, Guerre et Londres) ; Romans 1936-1947 (comprenant Mort à crédit, augmenté de dix séquences du roman dans la version du manuscrit retrouvé ; Casse-pipe suivi de ce que l’éditeur nomme “scènes retrouvées” ; et Guignol’s band). N’étant pas affectés par les découvertes de l’été 2021, les deux derniers volumes demeurent inchangés et sont seulement rebaptisés en Romans 1952-1955 et Romans 1957-1961.
À moins d’être un collectionneur éperdu de toutes les éditions céliniennes, seule l’acquisition des deux premiers volumes cités s’impose pour découvrir de l’inédit non procuré par la collection “Blanche”. Idéalement – puisqu’il s’agit de textes non achevés – il aurait fallu réserver Guerre, Londres et Krogold à la “Bibliothèque de la Pléiade”, et aux “Cahiers de la NRF” mais, outre les impératifs commerciaux, il est naturel de songer au grand public.
Au moins ces inédits ne lui ont-ils pas été présentés comme des “romans” puisque non avalisés par Céline qui les considérait à juste titre comme des textes non aboutis. Ajoutons que les deux nouveaux volumes de la Pléiade comprennent un avant-propos inédit de Henri Godard pour le premier et une préface actualisée pour le deuxième. Ses commentaires sagaces font litière de l’affirmation de certains selon laquelle Guerre serait un texte écrit en 1930-1931 destiné, à l’origine, à être intégré dans Voyage au bout de la nuit.
Cette hypothèse est, on s’en souvient, celle de l’universitaire italien Pierluigi Pellini¹. Il n’est pas le seul dans ce cas : en France aussi il se trouve deux ou trois céliniens qui le pensent aussi. Or Guerre ne peut avoir été écrit à la même période que Voyage puisqu’y figurent des bribes de Krogold. Lequel fut rédigé, comme on le sait, après la parution de son premier roman. Mais la grande découverte apportée par ces inédits est qu’après le fabuleux retentissement de Voyage, Céline a longuement tâtonné. Et n’a donc pas trouvé d’emblée ce qui sera désormais son style : celui inauguré par Mort à crédit. Auparavant il adopta encore, dans ces tentatives que sont Guerre et Londres, un langage proche de l’oralité populaire qui était celui de Voyage. Sa révolution stylistique sera la consécration d’un éprouvant et patient labeur.
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Parution du numéro 462 du Bulletin célinien
Sommaire :
Un entretien inédit avec Céline (1960)
Retour dans la Pléiade
Bagarre autour de l’héritage
Une amie méconnue : Blanche Chauvenet alias Blanchette Fermon
Entretien avec David Labreure
Céline, la guerre et la Lys en 1914.
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