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Les « Algériens » exigent de la France repentance et compensations [1]. Ah bon ? Et de quel droit ?
Pierre-Emile Blairon
FLN : la haine de la France
Le FLN (Front de Libération Nationale) est arrivé au pouvoir en Algérie et s’y est maintenu jusqu’à aujourd’hui, non pas par ses actions en faveur du peuple « algérien » qui tente de survivre dans une misère noire (contrairement à ses élites corrompues qui, elles, vivent dans l’opulence) mais grâce à un seul mot d’ordre : la haine de « l’infidèle », qu’il soit païen (qu’il faut abattre sur-le-champ suivant les préceptes du Coran), ou qu’il soit chrétien ou juif (qui sont, comme l’islam, des religions du Livre, et bénéficiant de ce fait d’une certaine tolérance mais que l’islam peut - et doit - soumettre à la condition inférieure de dhimmi). Cette haine religieuse va s’exercer encore plus radicalement à l’encontre du Français [2], que le pouvoir FLN a présenté comme un colonisateur cruel et sanguinaire, ressentiment méthodiquement instillé dans les cerveaux des « Algériens » sur la base du slogan initial : « La Révolution algérienne, un peuple au combat contre la barbarie colonialiste » et soigneusement entretenu depuis le départ des Pieds-Noirs il y a 62 ans ; autant dire que les jeunes « Algériens » n’ont aucune connaissance du passé du lieu où ils vivent [3], n’ont qu’une vision entièrement négative de la présence française en Algérie et ne disposent que d’un narratif étriqué de l’histoire de l’Algérie fondé sur la glorification des moudjahidin, les membres du FLN, parti unique et totalitaire au pouvoir depuis « l’indépendance » en 1962.
Précisons qu’un moudjahid est un combattant pour la foi, islamique bien sûr, qui s’engage dans le djihad, la guerre sainte, ce qui nous donne une indication précise sur les réelles intentions des rebelles brusquement et férocement apparus sur le territoire de l’Algérie française en 1954 : c’était des islamistes, probablement manipulés par des puissances étrangères, jalouses de la vitalité de l’Empire français [4], qui se présentaient sous faux drapeau « nationaliste », prétexte d’autant plus invraisemblable que l’Algérie n’a jamais existé comme « nation » depuis le début des temps. Ce qui explique les guillemets dont ont été également entourés dans le présent article les termes « Algériens » et « indépendance ».
« Les Algériens considèrent Abd el Kader comme le père de la nation algérienne. Or, la nation algérienne n'existait pas plus du temps d'Abd el Kader, que la nation libyenne n'existe aujourd'hui... Il y avait dans la Régence d'Alger un grand nombre de tribus berbères et arabes (autour de 950), placées sous la domination des Turcs, nullement organisées en État, soumises à l'anarchie et aux dissensions permanentes. Elles n'avaient comme point commun que la religion musulmane. C'est la France qui "inventa" l'Algérie, créant le terme même d'Algérie qui n'existait pas avant 1830. C'est une décision du Ministre de la Guerre, le Général Schneider, qui fixa, le 14 octobre 1839 le nom d'Algérie, qui remplaça officiellement l'appellation « possessions françaises dans le nord de l'Afrique [5] ».
Je vais, à ce stade de cet article, juste rappeler que la France est intervenue en Algérie en 1830, à la demande des puissances européennes, pour mettre fin à la piraterie qui avait ses bases le long des côtes barbaresques, le nom même de l’Algérie n’existant pas encore ; pirates arabes qui écumaient la mer Méditerranée en attaquant les bateaux de commerce pour les piller et réduire les équipages et les passagers en esclavage ou pour les libérer contre rançon ; les historiens ont compté jusqu’à 1.250.000 marins et passagers ainsi soumis et faits prisonniers dans ces comptoirs côtiers.
Les premiers terroristes islamistes : le FLN
Arnaud Folch principalement, Eric Letty et Bruno Larebière ont effectué un remarquable travail de rétablissement de la vérité et de réinformation dans l’édition du hors-série n°21 de Valeurs actuelles du 23 octobre 2019 intitulé : Algérie française, les vérités interdites. Les sanglantes exactions de cette secte de fanatiques islamistes rassemblés sous la dénomination de FLN n’ont pas été édulcorées et encore moins cachées comme l’ont fait la quasi-totalité des médias français sur cette peu glorieuse page de l’histoire française dont la responsabilité incombe essentiellement au général De Gaulle.
A côté du FLN, les Talibans afghans, les coupeurs de tête Saoudiens ou les Ayatollahs iraniens apparaissent comme de doux agneaux.
Sous le titre Le vrai visage des "libérateurs", Arnaud Folch nous dépeint certains aspects de la barbarie de ceux qui sont toujours au pouvoir en Algérie : « C’est à une guerre de terreur que s’est livrée le FLN ; à son actif, entre 1954 et 1963: 200.500 morts, le FLN va multiplier les massacres. Ignorés par les "bien-pensants", mais confirmés par des notes et rapports "confidentiels".
Et Arnaud Folch relate quelques épisodes épouvantables de ce terrorisme hallucinant qui va d’abord s’exercer contre la population musulmane pour la soumettre contre son gré, puisqu’elle était majoritairement pro-française, puis contre la population européenne d’Algérie : « Les musulmans constituent l’immense majorité des victimes du FLN » ; ce sont des villages entiers qui seront rayés de la carte et leurs populations exterminées sauvagement, comme ce village de Melouza, le 28 mai 1957 : « Les rebelles les font sortir des gourbis par groupes de cinq, qu’ils abattent aussitôt à la mitraillette, puis ils pénètrent dans les maisons et, à la hache, à la pioche, au couteau, ils exécutent et mutilent tous les hommes et adolescents de plus de 15 ans. On dénombrera 301 cadavres et 150 blessés. Un villageois qui avait fait le mort au milieu d’un monceau de cadavres a dit que les assaillants criaient, avant d’ouvrir le feu : "fils de chiens, Vous avez aidé les Français, vous allez mourir !" (Newsweek) "Le sol était noir de sang et de cervelle, dont ceux du garde-champêtre Aïssa Dadou, auquel les hommes du commando "ont coupé les mains, fait sauter les yeux, puis l’ont tué ainsi que ses cinq enfants" ( Time magazine). »
Le FLN maintenait la stricte discipline de la loi islamique, la charia : les hommes qui ne la respectaient pas, par exemple ceux qui fumaient ou buvaient de l’alcool, avaient le nez, les lèvres et les oreilles coupées. Difficile, dans ces conditions, de continuer à proclamer sa foi en la valeur civilisatrice de la France et en ses bienfaits, n’est-ce pas ? Les « indigènes » seront pourtant nombreux à le faire.
La valise ou le cercueil
Côté européen, les égorgeurs ne sont pas en reste:2300 hommes, femmes et enfants Pieds-Noirs enlevés et jamais retrouvés [6] (Ceci n’est pas tout à fait exact : certaines femmes enlevées ont pu être sauvées, tirées des griffes de leurs tortionnaires, mais devenues folles après avoir été réduites en esclavage et livrées à la prostitution dans des « centres de repos » – repos du guerrier – du FLN).
D’autre part, concernant les Pieds-Noirs qui ont été tués par les membres du FLN, en bien plus grand nombre que les disparus, 154 pages de photos ont été éditées dans un document officiel de 1957 appelé Aspects véritables de la rébellion algérienne concernant des centaines de meurtres horribles, hommes, femmes, enfants, décapités, écorchés vifs, mutilés, égorgés…
Les harkis, ces soldats fidèles à la France qu’elle a lâchement abandonnés sur ordre de De Gaulle - en rejetant même à terre ceux qui avaient pu prendre place sur un bateau à destination de la France pour les livrer à leurs bourreaux - ont été volontairement sacrifiés ainsi que leurs familles: 150.000 personnes « ont été massacrées après le « cessez-le-feu » du 19 mars 1962 dans des conditions atroces : « Certains furent crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés », d’autres furent ébouillantés vivants, dépecés à la tenaille...
Et la France accueille actuellement, tous les jours, par milliers, les enfants et petits-enfants de ces barbares qui ont perpétré ces horreurs.Des individus élevés dès leur plus jeune âge dans la détestation de la France et des Français mais qui ne voient pas d’inconvénient à profiter de l’aide du peuple honni sur son propre sol, qui vont, pour beaucoup d’entre eux, coûter très cher à la CAF, aux services de santé, aux services de justice, à la "politique de la ville", aux services pénitentiaires, etc. S’il s’agit de restitution, la France doit, au plus vite, renvoyer en Algérie ses milliers de ressortissants délinquants, fichés S et ceux qui se sont vus signifier une obligation de quitter le territoire mais qui sont toujours présents sur notre sol. L’Algérie n’en veut pas ? Lorsque le FLN a expulsé un million de Pieds-Noirs en 1962, il ne leur a pas demandé s’ils voulaient bien partir : il leur a laissé le choix entre la valise et le cercueil. Le choix fut donc vite fait : en trois mois, il n’y avait plus de Pieds-Noirs en Algérie. La Méditerranée peut se traverser dans l’autre sens et pour les mêmes raisons.
Il faudra aussi que la France cesse d’accueillir dans ses hôpitaux les représentants de la nombreuse nomenklatura du FLN et leurs familles qui viennent se faire soigner aux frais de la princesse, incapables qu’ils ont été de mettre en place, ou simplement de conserver, un service de santé digne de ce nom en Algérie.
« Au titre de l’accord bilatéral du 27 décembre 1968, les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire plus favorable à leur immigration en France. Exemple d’avantage : la délivrance d’une carte de séjour de 10 ans leur est facilitée dans de nombreux cas » (Causeur, 17 mars 2021).
En France, sur le territoire métropolitain, les habituelles bonnes âmes de gauche – intellectuels, artistes, politiques, hommes d’église - ont servi, pour certaines, de porteuses de valises (remplies de billets) aux rebelles, les autres, plus nombreuses, cautionnant toutes ces horreurs par simple idéologie. Quelques noms ? Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, François Truffaut, Pierre Boulez, Alain Resnais, Simone Signoret, Françoise Sagan, Danièle Delorme, Clara et Florence Malraux (femme et fille du ministre), Lionel Jospin, Mgr Duval…
L’œuvre de la France en Algérie
L’historien africaniste Bernard Lugan a, dans son livre L’Algérie, l’histoire à l’endroit, remarquablement décrit les diverses facettes de l’œuvre que la France a accomplie en 130 ans en Algérie ; il répondait déjà, en 2019, à une première tentative du gouvernement algérien visant à réclamer des indemnités à la France.
« Le 15 juillet dernier, montrant en cela qu’il n’est pas encore mentalement décolonisé, Mohand Ouamar Bennelhadj, membre essentiel du "Système" algérien puisqu’il est le secrétaire général par intérim de l’ Organisation nationale des moudjahidines, les "anciens combattants", a ainsi appelé le parlement algérien à voter une loi criminalisant la colonisation française. Il a en outre demandé que cette loi ouvre la voie à des "compensations", osant écrire que les Français ont "génocidé" les Algériens et que, après avoir pillé le pays, ils "n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur".
« En 1962, la France a légué à l’Algérie un héritage exceptionnel et non des "broutilles" et des "choses sans valeur", à savoir 54.000 kilomètres de routes et pistes (80.000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800.000 enfants scolarisés dans 17.000 classes (soitautant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français [7]), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et de la semoule pour le couscous… Tout ce que la France légua à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même son nom lui fut donné par la France. Tout avait été payé par les impôts des Français. Daniel Lefeuvre a montré qu’en 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! »
Comment Macron a-t-il réagi à ces demandes arrogantes provenant des caciques « algériens » ? Eh bien, il n’a pas réagi. Pourquoi ? Je vais vous donner un petit indice.
Dans un article bien tourné paru sur Boulevard Voltaire [8], le 20 mars 2022, Frédéric Sirgant a évoqué la thèse de deux journalistes de gauche, Emmanuel Rivoire et Yanis Mhamdi, selon laquelle « Emmanuel Macron, lors d'une visite à Alger pour sa campagne en février 2017, où il est reçu tel un chef d'État alors qu'il n'est même plus ministre, a rencontré des oligarques algériens, en même temps soutiens du régime, pour obtenir des financements pour sa campagne, qui lui faisaient alors cruellement défaut, en échange de son soutien au régime et à l'idéologie FLN. »
Les Européens ont conquis le monde par terre et par mer, sans autre justification que le goût de l’aventure, de la découverte et de la conquête ; ils avaient dans la bouche le goût âcre de ces nouvelles terres qui vibraient sous le pas de leurs chevaux, si différentes de celle qui les avait adoptés, ou qu’ils avaient choisie, mus par ce que Spengler appelait le tact racique, ce tact, cette intuition spirituelle, qui a entièrement disparu chez nos contemporains ; croyez-vous qu’Alexandre, lors de son périple immense, avait en vue de soumettre les peuples des régions qu’il traversait pour des raisons d’ordre économique, qu’il s’adonnait à des petits calculs de petit bourgeois ?
Que les petits esprits souffreteux de notre fin de cycle qui hurlent à la mort dès qu’on leur parle d’Empire prennent la mesure de leur insignifiance et ferment le seul organe qu’ils ont de grand: leur bouche. De la même façon qu’ils méprisent la geste des grands explorateurs dont le récit a enchanté mon enfance, comme, pour ne citer que de grands Français, en vrac: Samuel de Champlain, Jean-François de Lapérouse, Jean-Baptiste Charcot, Bertrand François Mahé de la Bourdonnais, Louis-Antoine de Bougainville, Jacques Cartier, René-Robert Cavelier de La Salle, René Caillié, Pierre Savorgnan de Brazza, Louis Faidherbe, Jean du Plessis d'Ossonville, Pierre Belain d'Esnambuc, Charles de Foucauld…
« Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l’Algérie », avait proclamé en 1841 Tocqueville, de retour d’un voyage in situ. « L’abandon qu’elle en ferait serait aux yeux du monde l’annonce certaine de sa décadence. (…) Tout peuple qui lâche aisément ce qu’il a pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites proclame que les beaux temps de son histoire sont passés [10].»
Cette belle envolée concerne aussi les événements en cours en Nouvelle-Calédonie mais nous en parlerons dans un prochain article.
Pierre-Emile Blairon.
Notes:
[1] La partie française est ainsi invitée « à transmettre ses préoccupations en matière de restitution de biens culturels, archivistiques et autres ». Les historiens français ont répondu que la liste allait être transmise à Emmanuel Macron pour que « les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible ».V.A du 29 mai 2024
[2] Jean-Pierre Lledo, Causeur du 1er novembre 2018 : « L’égorgement n’est pas un acte sauvage pour le combattant puisque sanctifié par l’islam : je suis venu à vous par l’égorgement, a dit Allah (Abu Ya’la , hadith n° 7285.) »
[3] Ils pensent même que les immeubles haussmaniens qu’ont construits les Européens, encore debout, mais progressivement dégradés puisqu’ils ne bénéficient d’aucune restauration, ont été construits par les « Algériens » ; les mêmes doivent être persuadés que les bâtiments de style mauresque sont là depuis des siècles, alors qu’ils ont été édifiés par les Français à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, inaugurant ainsi un style bien adapté au pays. Voir les photos accompagnant le présent article.
[4] Et pour cause : la société CREPS découvrait en mars 1954, à 80 km au sud-ouest d'In Salah, à 1450 m de profondeur, le premier gisement d'hydrocarbures du Sahara : le champ de méthane du Djebel Berga.
[5] Jean-Pierre Simon, CDHA (Centre de Documentation Historique sur l’Algérie, Aix-en-Provence)
[6] J’ai moi-même failli être enlevé à l’âge de 10 ans ; Voir mon article sur ce même site sur la fin de l’Algérie française et le terrible massacre des Oranais pour « fêter l’indépendance » : Oran, 5 juillet 1962 : la fin d’un monde (7 juillet 2023). Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/05/o...
[7] Et il faut ici rappeler l’œuvre admirable effectuée par l’armée et les appelés pour instruire les populations dans des zones éloignées de tous services publics par l’intermédiaire des S.A.S. (Les Sections Administratives Spécialisées).
Les atlantistes n'ont pas eu le temps de se réjouir du fait que l'Algérie avait retiré sa demande d'adhésion aux Brics, que la douche froide est immédiatement arrivée: Alger s'est hissé au premier rang pour exprimer sa solidarité avec les Palestiniens. Précisons que le fait de faire partie ou non de l'accord avec le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ne remet nullement en cause l'appartenance au Global South. Cela ne remet pas non plus en question le choix des alliances, la conscience de qui sont les amis et les ennemis.
Une différence abyssale avec ceux qui confondent maître et ami. L'amitié suppose la liberté de choix, la servitude n'offre pas le même privilège. De plus, avoir un maître, c'est risquer de faire tous les mauvais choix. Pour plaire au maître, on se fait du mal à soi-même.
Ainsi, il devient pathétique pour les institutions italiennes d'arborer des symboles israéliens au moment où elles achètent 26 milliards de mètres cubes de gaz à l'Algérie. Et ce, pour réduire les achats de gaz russe à des prix inférieurs, pour obéir à Rimbam-Biden. Aujourd'hui, souligne Marco Rizzo, leader de Democrazia Sovrana Popolare, le principal fournisseur de gaz de l'Italie est le pays d'Afrique du Nord le plus proche du Hamas, tout en continuant à être proche de Moscou.
Oui, car le renoncement aux Brics n'est qu'une question technique, liée à la formule actuelle qu'Alger juge inutile pour le pays. Mais le lien avec la Russie reste plus que solide. Tandis que pour l'Italie américanophile, le coût de l'énergie s'aggrave, mettant à genoux familles et petites entreprises. Sans même entamer l'alliance de plus en plus solide entre les pays du Sud. Au contraire, la répression annoncée par Israël pourrait encore aggraver la situation de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Et en perspective aussi des approvisionnements en autres matières premières indispensables à un Vieux Continent qui en manque cruellement quand il n'en est pas totalement dépourvu.
Bien que passée inaperçue, elle a été la première polémique de l’année 2023. José Gonzalez, député RN de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, accède à l’une des dix vice-présidences des Amitiés parlementaires France – Algérie. La gauche crie au scandale d’autant que le doyen de l’Assemblée nationale, originaire d’Oran, n’a jamais caché la déchirure de l’exil et la nostalgie pour la terre de ses ancêtres. Cette vaine querelle prouve encore l’intensité, la profondeur et la complexité des relations franco-algériennes. Or, malgré une indépendance acquise depuis soixante ans, l’Algérie continue à peser sur le devenir français.
En septembre 2021, le gouvernement français restreignait le nombre de visas accordés non seulement aux Algériens, mais aussi aux Tunisiens et aux Marocains. En 2019, Paris avait accordé environ 200.000 visas aux seuls Algériens! Cette mesure de rétorsion répondait au refus habituel des trois États maghrébins de ne pas reprendre (ou bien peu) leurs ressortissants expulsés de l’Hexagone. En 2019, le taux de reconduction à la frontière ne représentait que 14,4 %. Le Figaro du 19 octobre 2022 signalait qu’« en 2021, les Algériens composaient la seconde nationalité la plus représentée en CRA (centre de rétention administrative) (1687 personnes, 10,3 % du total), après les Albanais (1521, 11,5 %), les Tunisiens (1387, 9,4 %) et les Marocains (1587, 8,6 %) suivaient ». La « crise des visas » s’achève en décembre 2022 par l’incroyable reculade du gouvernement français. A-t-il pris conscience du poids démographique algérien en France ? A-t-il tenu compte des impératifs énergétiques et économiques du moment ?
On recense entre 75 et 85 vols quotidiens entre la France et l’Algérie, soit quatre cents liaisons aériennes par semaine ! Un article du Monde du 25 août 2022 citait Christophe Castaner de sinistre mémoire évoquant « 1,2 millions de Français algériens qui votent ». Un parent faisant son service militaire en 1995 se souvient qu’un binational qui préférait effectuer dix mois de conscription en France plutôt que deux ans en Algérie, lui déclara avoir voté à l’élection présidentielle algérienne pour le candidat islamiste Mahfoud Nahnah…
L’octroi massif de visas aux Algériens est une exigence fréquente de la rue maghrébine. Dès qu’un président hexagonal parcourt Alger, Constantine, Tizi Ouzou, la foule lui hurle : « Des visas ! Des visas ! Des visas ! » Les autorités algériennes aimeraient que leur validité dure plus longtemps. L’actuel chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, déclare au Figaro du 30 décembre 2022: «Je me permets de paraphraser un ami qui, de manière anecdotique et ironique, me déclarait récemment que les Algériens devraient avoir des visas d’une durée de 132 ans». Par-delà le ton sarcastique, les propos présidentiels ne peuvent qu’encourager les Harraga, ces jeunes Algériens désespérés par l’inertie du régime, son incompétence et sa kleptocratie, à émigrer en France. Ambassadeur de France en Algérie à deux reprises (2008 – 2012 et 2017 – 2020), Xavier Driencourt explique dans Le Figaro du 21 décembre 2022 que « les autorités algériennes n’ont pas intérêt à récupérer ces ressortissants, réfractaires, politiquement marginaux ou contestataires, souvent kabyles, qui fuient leur pays en raison du contexte politique ou pour des raisons économiques; ces migrants sont une variable d’ajustement dans un pays en crise ».
L’attrait migratoire de l’Hexagone se comprend pour la libéralité de ses prestations sociales supérieures à un modèle suédois dépassé qu’il délivre aux immigrés. Sans omettre d’autres facilités obtenues. Par exemple, Xavier Driencourt insiste sur « l’utilisation des passeports diplomatiques, qui permet à nombre de ressortissants algériens de venir en France sans visa et sans aucune forme de contrôle, la non-délivrance de titres de séjour aux Algériens qui ne résident pas en France mais qui profitent de leur carte de résident pour se faire soigner et/ou bénéficier des avantages sociaux du système français ». L’« envie de France » s’accroît au moment où le gouvernement algérien retire la langue française à l’école au profit de l’anglais. Le président Tebboune a beau déclaré qu’« en 2022, l’Algérie compte 27 millions de locuteurs qui maîtrisent le français sur 45 millions d’habitants », il estime néanmoins que son pays « ne s’est pas libéré pour faire partie d’un je ne sais quel commonwealth linguistique ». L’arrêt de l’apprentissage de la langue de Molière dans le système scolaire ne signifie pas la fin des flux migratoires. Bien au contraire !
Lors de la campagne présidentielle de 2012, alors conseiller de l’ombre de Nicolas Sarközy, Patrick Buisson suggérait au président-candidat d’abroger la partie encore en vigueur des accords d’Évian. L’ambassadeur Driencourt (photo) propose pour sa part « la dénonciation ou à tout le moins la renégociation des accords de 1968 ». « Ces accords du 27 décembre 1968, précise-t-il, portent sur les conditions d’arrivée et d’installation des Algériens en France. Ils comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires par rapport aux autres nationalités, y compris les Marocains et les Tunisiens: certificat de résidence de dix ans, régularisation des sans-papiers facilitée, regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies par rapport aux autres nationalités, visas étudiants assez généreux, etc. Beaucoup de facilités, donc, au bénéfice des Algériens. Négociés et signés dans la foulée des accords d’Évian, à une époque où la France voulait faire venir en France une main-d’œuvre algérienne francophone, ces accords n’ont plus de sens dans le contexte actuel ». Hélas ! on sait que le gouvernement macronien ne fera rien alors que les Algériens présents en France, quand ils ne militent pas en faveur de la cause kabyle, s’islamisent très rapidement. N’oublions jamais cette pancarte mal orthographiée brandie par une participante goguenarde à une manifestation contre le concept fallacieux d’islamophobie tenue à Paris le 19 octobre 2019 : « Française musulmane et voilée, si je vous dérange, je vous invite à quitter mon pays. »
Un lecteur de Valeurs actuelles du 7 juillet 2022 cite par ailleurs Léon Roches rapportant les commentaires de l’émir Abdel Kader dont il fut le secrétaire particulier de 1836 à 1840: «Nous avons vendu notre âme à Dieu, nous méprisons la mort. C’est nous qui rendrons la Mitidja déserte et qui bloquerons l’infidèle dans Alger. Bientôt nous chasserons les Français d’Alger. Puis nous passerons la mer sur des barques. Nous prendrons Paris. Nous nous y assemblerons. Puis nous conquerrons les autres nations et nous leur apprendrons la vérité du vrai Dieu». Après cinq années de détention et libéré par un homme qui a lui aussi connu l’emprisonnement, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, l’émir s’installera à Beyrouth où il protégera des chrétiens persécutés. Quant à ses petits-fils, ils seront officiers de l’armée française.
Les réflexions d’Abdel Kader se comprennent à l’aune de l’histoire de la future Algérie. Elle fut du Moyen Âge jusqu’à la conquête de 1830 un puissant foyer de piraterie barbaresque. En 1541, l’empereur Charles Quint organisa le siège d’Alger sans pour autant pouvoir briser cette menace.
Détentrice de gisements considérables d’hydrocarbures, l’Algérie a les moyens de jouer sur l’activité économique et l’avenir énergétique de la France. L’importante communauté algérienne, binationale ou non, constitue un autre moyen de pression. En 2002, au mépris de la souveraineté nationale, l’Amicale des Algériens en Europe appelait à voter contre Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection présidentielle. Les prochaines décennies confirmeront peut-être la prédiction de Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923 – 1957), l’un des six fondateurs du FLN (Front de libération nationale). Il lança aux soldats français qui venaient de l’arrêter: «Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous annonce la France algérienne».
« Vigie d’un monde en ébullition », n° 58, mise en ligne le 25 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro.
Quatre milliards de mètres cubes en plus. C'est la quantité de gaz que l'Algérie, qui est maintenant devenue le premier fournisseur de l'Italie, s'est engagée à livrer à partir des prochaines semaines. Une bouffée d'air frais pour remplir les réserves et affronter l'hiver prochain avec un peu plus de certitude, mais cela ne suffira pas à donner du souffle à notre économie. En fait, les prévisions pour la fin de cette année et l'année prochaine (mais aussi pour 2024) s'assombrissent de jour en jour à mesure que nous nous rapprochons de l'arrêt des approvisionnements en provenance de Russie.
Pourquoi le gaz de l'Algérie ne suffira pas
La première raison est stratégique. Si l'Allemagne va littéralement à l'encontre de sa politique de fournisseur (presque) unique - à la poursuite de laquelle l'Italie a été empêchée de devenir une plaque tournante euro-méditerranéenne de l'or bleu -, avec l'interruption des flux en provenance de Moscou et la nécessité de se tourner vers d'autres, le pouvoir de négociation de cette dernière augmentera. L'exact opposé du principe de diversification, qui devrait guider toutes ces décisions en vue d'équilibrer les relations entre clients et fournisseurs. La deuxième raison est d'ordre économique. Compte tenu de la manière dont le marché est structuré sur le vieux continent, l'explosion des prix est désormais difficile à contenir, quelle que soit la quantité, la qualité ou la répartition géographique du gaz naturel entrant.
De la croissance à la (quasi) stagnation
Il y a quelques mois, la Banque d'Italie prévoyait, en cas d'embargo total contre la Russie, deux ans de récession et au moins un demi-million d'emplois partis en fumée. Le danger que plus aucun gaz n'arrive de l'Est devient chaque jour plus concret, et les estimations pour le futur proche vont en conséquence. Nous pourrons peut-être échapper au signe moins devant la tendance du PIB cette année, mais seulement parce que le flux ne s'est pas arrêté entre-temps et que nous avons mis suffisamment de foin dans la basse-cour. Or, selon le dernier bulletin de Via Nazionale, ce qui devait être, selon le gouvernement, une croissance de près de 5 % au plus tard à l'automne pourrait, dans le scénario défavorable, tomber en dessous de 1 %.
D'une croissance soutenue à une quasi-stagnation, le pas a été court et nous livre un PIB au point mort aux niveaux de 2016, qui étaient à leur tour ceux du début du millénaire : la récupération des vingt années perdues devient de plus en plus difficile. La situation ne s'améliorera pas en 2023, lorsque - toujours dans le cas d'un scénario défavorable d'interruption des approvisionnements en provenance de Moscou - la croissance du PIB connaîtra une contraction proche de deux points de pourcentage. À ce stade, il faudra attendre 2024 pour une reprise, mais en présence d'une image détériorée, surtout du côté de l'emploi : "Le taux de chômage au cours de la période de deux ans 2023-24, écrit Palazzo Koch, atteindrait des niveaux supérieurs à ceux préfigurés dans le scénario de base d'un peu plus d'un point de pourcentage", donc au-dessus de 9%. Tout cela à condition qu'aucune autre (auto)sanction n'arrive. Ou encore pire.
"La France se doit de protéger ses enfants de l'autre côté de la Méditerranée, elle le fait et elle le fera..." Charles De Gaulle, le 21 septembre 1961, à Villefranche-de- Rouergue.
Il semble bien que la marque de naissance de toutes les « révolutions » modernes soit apposée au fer rouge des massacres perpétrés par des individus fanatisés et manipulés, ou par des foules hystériques tout autant influencées. Le mythe de fondation de ces bouleversements a besoin d’un holocauste pour que l’Histoire, tout aussi moderne que ces révolutions, puisse en retenir les effets après en avoir défini (sommairement) les causes.
Juste trois exemples :
La révolution « française », mère de toutes celles qui ont suivi, a construit ses bases sur le génocide des Vendéens et la décapitation de ses opposants. Serait-ce là ce que nos politiciens appellent « les valeurs de la République » ?
La révolution « russe » de 1917 a massacré tous les membres de la famille impériale russe (il s’agit bien d’un massacre et non d’une exécution) dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 sur ordre de Lénine.
La révolution « algérienne [1] » a écrit son acte de naissance avec le sang des martyrs oranais, Européens et musulmans, lors du massacre du 5 juillet 1962.
Les prémices
Nuit de Noël 1960, Oran, quartier Victor-Hugo ; nous habitons alors, ma famille et moi, mes parents, mon frère, ma sœur, un petit appartement d’une ancienne maison en rez-de-chaussée au 13, rue de Bône ; Maman et ma grande sœur s’affairent à préparer une veillée de Noël avec quelques pâtisseries dont les Oranaises ont le secret et mon frère et moi nous supputons, en nous chamaillant comme d’habitude, la nature des cadeaux que nous trouverons le lendemain au pied du pin enguirlandé ; la radio diffuse des chants de Noël en sourdine ; soudainement, bruits de pas lourds et précipités dans le jardin à l’arrière de la maison : Jeannette, Juanica ! Ma mère reconnaît la voix d’une de nos voisines qui habite l’immeuble à côté, madame Montesinos.
Elle se précipite à l’extérieur ; la voix de son amie paraît angoissée : « Fermez les portes et les fenêtres, ils arrivent ! » ; et madame Montesinos repart en haletant, balançant son corps imposant – les madres espagnoles sont comme les mamas italiennes - sans prendre le temps de répondre aux questions de ma mère : « Mais qui ? Quoi ? Madre de dios ! »
En prêtant l’oreille, nous parvient au loin une rumeur sourde d’où jaillissent des youyous et des cris de frayeur. Nous comprenons tout de suite. « Gracias, Angela ! », crie ma mère.
Nous poussons la grosse commode devant la porte, rempart sans doute dérisoire ; mon père sort le fusil, ma sœur éteint la radio et les lumières ; il n’a pas fallu longtemps avant que nous entendions le choc cinglant des coups de hache frappés aux portes de nos voisins et à nouveau ces cris et ces youyous ; nous sommes tous à genoux, sauf mon père derrière la porte avec le fusil ; ma mère chante du bout des lèvres un cantique en nous serrant contre elle, ma sœur prie ; les coups se rapprochent ; notre tour va venir ; nous savons dans quelle horreur notre vie va se terminer ; nous nous attendons d’une seconde à l’autre à voir notre porte voler en éclats ; mais rien n’arrive ; la foule hystérique passe en courant et en hurlant ; un Arabe, juste devant notre entrée, crie quelque chose ; la rumeur s’éloigne.
Noël 1960 ; Noël de terreur. Me acuerdare de ti toda mi vida, cuando mi madre cantaba para no llorar [2]… Je me souviendrai de toi toute ma vie, quand ma mère chantait pour ne pas pleurer.
Nous saurons plus tard que l’Arabe qui criait devant la porte était employé du garage où travaillait mon père et qu’il encourageait ses coreligionnaires à continuer leur chemin.
Je n’ai pas su s’il y avait eu des victimes ou s’il ne s’agissait que d’une opération d’intimidation destinée à faire partir les Européens du quartier ; ce que nous avons d’ailleurs fait.
C’était peut-être pour moi la deuxième fois qu’un indigène me sauvait la vie ; j’avais failli être enlevé au « Village nègre », un quartier dépourvu d’Européens dans lequel je m’étais imprudemment aventuré deux ans auparavant au retour du lycée, lorsqu’un homme, musulman comme mes ravisseurs, s’était interposé pour me remettre en liberté ; mes parents n’en ont jamais rien su.
Quelques mois après ce terrible événement de Noël, notre famille avait encore à subir une épreuve : revenant du quartier Gambetta, le soir, après un dîner chez des membres de notre famille, nous arrivons dans une zone totalement privée de lumière ; plusieurs coups de sifflet stridents – nous avons compris trop tard qu’on nous prévenait– et un déluge de feu s’abat sur notre voiture : mitrailleuse 12,7 à balles traçantes qui anticipe notre augmentation de vitesse et tire donc devant notre véhicule ; mon père, au contraire, ralentit : combattant pendant 11 ans en France et jusqu’en Allemagne pendant la guerre en tant qu’appelé de 35 à 46 (au service de la France et des Français « métropolitains » -, c’est gratuit, merci ! et merci de votre accueil en 1962 !-), ça laisse des traces. Nous réussissons à franchir les barrages établis cette fois par les commandos OAS pour protéger leur retraite ; après vérification, seulement deux impacts de balles qui n’ont touché personne. Nous saurons ensuite qu’une caserne de gardes mobiles avait été attaquée par l’OAS et nous passions inopportunément devant cette caserne juste après l’attaque.
L’horreur
« Qui sont les coupables ? » demandera Guillaume Zeller dans son livre Oran, 5 juillet 1962, un massacre oublié [3]. Oui, Zeller, le petit-fils de l’un des quatre généraux du putsch qui avaient tenté le tout pour le tout pour sauver leur honneur, l’Algérie et les Pieds-Noirs.
Et Guillaume Zeller poursuit : « Cinquante après, les causes de ce déferlement meurtrier demeurent inexpliquées. Etait-il spontané ou orchestré ? Et s’il y a eu préméditation, qui l’a organisé ? Deux hypothèses majeures se dessinent , une troisième - celle d’une provocation due à un commando résiduel de l’OAS - ayant été écartée par les responsables algériens eux-mêmes.
Le premier scénario, soutenu alors par le FLN, est celui d’un débordement massif et incontrôlé provoqué par les bandes criminelles qui règnent sur les quartiers de Victor-Hugo, de Lamur et surtout du Petit-Lac. » […] Une seconde théorie suppose que le camp Boumediene-Ben Bella aurait prémédité les débordements criminels de cette journée. »
Il y a, à mon avis, une conjugaison des deux hypothèses. Ces bandes criminelles venaient sans doute du Petit-Lac et se sont accrues des éléments les plus fanatiques de notre quartier de Victor-Hugo. 18 mois après leur passage devant notre maison, ces bandes se sont renforcées en nombre, en fanatisme et en organisation et étaient donc toutes prêtes à déferler sur le Centre-Ville le 5 juillet 1962. Il est vraisemblable qu’une telle persévérance ne peut-être que le fruit d’un encadrement provenant de structures plus anciennes et plus aguerries, comme le FLN et l’ALN.
Nous n’avons pas vécu le 5 juillet 1962 à Oran ; mes parents, forts de la sinistre expérience du Noël 1960, sentant confusément le danger, avaient décidé de réfugier notre famille à Mers-El-Kébir, plus précisément à Sainte-Clotilde, chez la sœur de mon père, quelques jours avant la date de l’indépendance.
Les récits des exactions commises contre les Pieds-Noirs ce jour-là à Oran sont une longue suite d’abominations difficilement transcriptibles, si ce n’est d’employer des mots comme énucléation, émasculation, éventration, etc., le tout ante mortem. Je ne vais donner ici qu’un aperçu dénué d’images violentes, écrit par Gérard Rosenzweig dans Causeur du 5 juillet 2016.
« Place d’Armes, les manifestants, après de multiples égorgements, font maintenant des prisonniers. Tout ce qui montre allure européenne, vêtements, visages, langage, tout est capturé, dépouillé, roué de coups, blessé. Malheur au blanc et à tout ce qui s’en rapproche. Là aussi, des dizaines et des dizaines d’hommes, de femmes ou d’enfants touchent à leur dernier jour. La ville n’est plus qu’une clameur multiple de cris de mourants, de pogroms et de haine brutale.
La contagion est instantanée : en moins d’une heure le massacre pousse ses métastases partout et s’organise selon d’épouvantables modes. Ici, on tue à la chaîne. Là, c’est à l’unité, à la famille. En quelques lieux, le sang a envahi les caniveaux. Ailleurs, on assassine, on démembre, on violente, on blesse pour faire plus longtemps souffrir ; le parent meurt devant le parent provisoirement épargné. Douze heures trente. La place d’Armes est devenue maintenant un lieu de détention et de transit. Tandis qu’à cinquante mètres, à l’abri du Cercle militaire et des arbres qui le dissimulent, les soldats français ne peuvent pas ne pas entendre l’affreux concert de mort qui va durer jusqu’à dix-sept heures.
Plus connu sous le nom de "Boucher d’Oran", le général Katz nommé à cette fonction par un autre général-président, effectuera même à cette heure-là un rapide survol en hélicoptère. Sans rien repérer de particulier, certifiera-t-il, sinon quelques attroupements et défilés de manifestants joyeux. »
On sait qu’il y avait ce jour-là à Oran 18.000 soldats français à qui le général Katz (photo) a interdit d’intervenir pour secourir les victimes. Sur ordre de De Gaulle ? Seuls, quelques justes se sont distingués comme le lieutenant musulman Rabah Khelif et le capitaine Croguenec qui, défiant les consignes, ont sauvé des centaines de Pieds-Noirs.
Le nombre de victimes (tués et disparus) à Oran le 5 juillet 1962 sur lequel s’accordent désormais tous les historiens a été révélé par Jean-Jacques Jordi : environ 700.
Portrait d’Oranais
« ...Pour la plupart d’entre eux, ils ne connaissent pas la France (sauf pour aller y mourir au moment des guerres), et n’y ont aucune famille. L’Algérie est donc la patrie immédiate, la France demeurant la patrie rêvée. Pas d’université à Oran au contraire d’Alger. Les Oranais sont de nature simple, certains diraient primaires ; ils sont bruyants, exubérants, directs, se passionnent au-delà du raisonnable, s’enflamment pour un rien, Et surtout, ils ont une foi aveugle et absolue en la parole donnée […] A Oran, on n’est pas sensible à la casuistique. C’est clair et net : un contrat est un contrat, et on ne trahit pas un contrat. On est un homme, c’est tout et c’est beaucoup ; et l’on se fonde essentiellement plus sur le Droit oral, que sur le Droit écrit comme à Alger. Parler, c’est s’engager, c’est jurer. Ce jour-là, De Gaulle vient de jurer… Seul le pire des "falsos" (homme sans parole, hypocrite, menteur, qui trahit la parole donnée) on coupe les relations avec lui, on le méprise et on le combat. C’est ainsi que la fatalité vient d’installer son décor de tragédie. »
Pour eux, la parole affirmée est toujours une parole donnée, une parole d’honneur ; et l’on ne retire jamais une parole d’honneur. C'est ainsi que l’on peut mourir pour elle, comme en Espagne, en Grèce, en Italie ou en Corse. Ce jour-là, 6 juin 1958, par sa méconnaissance absolue des peuples méditerranéens, De Gaulle commet une erreur politique absolue : car ce qu’il vient de clamer, d’abord à Oran puis à Mostaganem (80 km plus à l’Est), devant près de trois cent mille personnes constitue un véritable contrat officiel passé entre lui et le peuple d’une ville [4].
La déportation
La France n’était pas ma patrie ; Nous lui avions tout donné ; elle nous avait tout repris, et bien au-delà du compte ; j’ai considéré que nous avions été déportés plutôt que « rapatriés ».
Nous sommes partis le 22 juillet sur un bateau, le Ville d’Oran, je crois, qui arrivera à Marseille ; nous avions dû attendre quelques jours à Sainte-Clotilde pour que mon père fasse fabriquer un cadre en bois pour y amasser quelques affaires ; sur le quai d’embarquement à Mers-El-Kébir, écrasé par le silence, le soleil et la tristesse, montait d’un juke-box une chanson de Johnny Halliday : les gens m’appellent l’idole des jeunes, préoccupation bien insouciante et saugrenue dans ce contexte de dévastation et de désespoir.
J’ai dormi sur le pont dans un rouleau de corde qui sentait le mazout.
Au collège d’Orange où nous étions pensionnaires, mon frère et moi, les jours sombres et glacés – terrible hiver 1962- se succédaient sans le moindre répit ; j’étais en classe de quatrième ; mon professeur principal m’avait pris en grippe et ne ratait pas une occasion d’exercer quelque brimade ou moquerie à mon encontre ; il n’avait pas supporté la lecture de mes carnets de notes d’Algérie et la liste de mes prix scolaires ; c’était un gaulliste dogmatique qui détestait les Européens d’Algérie - qu’il prenait sans doute pour des sauvages incultes - et maltraitait avec une bonne dose de sadisme cet élève trop rebelle.
J’avais perdu mon grand ami V., natif de l’Algérois, élève de terminale, je crois, qui s’était suicidé cette année-là en jouant à la roulette russe ; il me protégeait de l’hostilité des jeunes métropolitains que les autorités gaullistes et communistes avaient consciencieusement désinformés.
Dès lors, je m’étais désintéressé de tout effort en classe et de tout projet d’avenir.
Quelques bonnes lectures (Le Matin des magiciens, livre-culte de cette époque, et les œuvres de Giono), la fréquentation de quelques jeunes Pieds-Noirs aussi désemparés que moi, me raccrocheront à ma nouvelle terre et à la vie.
La fin d’un monde
Le 5 juillet 1962 à Oran allait marquer la fin de la colonisation partout dans le monde.
Christian Lambert, Ancien ambassadeur de France en Afghanistan, au Sri Lanka et en Yougoslavie, disait ceci : « La décolonisation imposée par les Démocrates américains et les Soviétiques, a été la cause de dizaines de millions de morts, de l’apogée du communisme dans le monde, c’est-à-dire le crime, l’incurie et la corruption et aussi du réveil de l’Islam intégriste dont le vrai programme est celui d’Al Qaïda : retour à une dictature religieuse obscurantiste par le terrorisme. »
Et De Gaulle disait cela, dans ses confidences à Alain Peyrefitte : « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ».
Il faut bien constater que le fin stratège et le grand visionnaire supposés qu’était De Gaulle s’étaient bien trompés. Non seulement, l’indépendance de l’Algérie n’a pas arrêté le flux migratoire vers l’Europe et surtout vers la France, mais elle l’a considérablement accru, l’Algérie, comme bien d’autres pays africains ayant accédé à l’indépendance, étant complètement incapable de s’assumer seule. Comment expliquer autrement que les « Algériens », sitôt l’indépendance déclarée, n’ont eu de cesse que de se « réfugier » chez le vilain colonisateur tant honni ?
En se débarrassant de l’Algérie à tout prix, et surtout au prix du sang des Pieds-Noirs, De Gaulle privait la France de son meilleur rempart contre le déferlement nord-africain et subsaharien sur l’Europe, celui que nous connaissons aujourd’hui. Les Européens d’Algérie et leurs fidèles alliés indigènes tenaient le même rôle que les végétaux plantés pour stopper l’avancée des sables sahariens vers le nord.
On sait dans quel marasme vivent désormais les anciens colonisés « algériens » qui n’ont pas su, depuis leur indépendance, préserver les acquis de la colonisation, ni même exploiter les ressources naturelles abondantes que De Gaulle leur avait trop généreusement offertes.
Pour nous en convaincre, il suffit de lire ces lignes d’un journaliste arabe oranais, Kamel Daoud, dans Le Quotidien d’Oran du 5 mars 2018, dans un article titré : Oran, Mostaganem : on déteste ce pays.
« Encore des villages, des moitiés de villes aux constructions inachevées, des hideurs architecturales, entre pagodes, bunkers, fenêtres étroites alors que le ciel est vaste, ciments nus, immeubles érigés sur des terres agricoles au nom du «social», urbanisme de la dévastation.
La crise algérienne, sa douleur, se voit sur ses murs, son urbanisme catastrophique, son irrespect de la nature.
Les années 90 ont été un massacre par la pierre et le ciment.
Le «social» des années 2000 a consommé le désastre. Au fond, nous voulons tous mourir. Camper puis plier bagage. C’est tout.
Arrivée près d’une plage à Mers El Hadjadj (Port-aux-Poules)
Plage d’une saleté repoussante, inconcevable.
On comprend, on a l’intuition d’une volonté malsaine de détruire les bords de mer, le lieu du corps et de la nature, et de le masquer par des minarets et des prières. Car il y a désormais une mosquée à chaque plage. Insidieuse culpabilisation.
Égouts en plein air. Odeurs nauséabondes. On conclut à une volonté nette de détruire ce pays et de le remplacer par une sorte de nomadisme nonchalant.
En ville, à Mostaganem, de même qu’à Oran, la nouvelle mode : des affichettes sous les « feux rouges » qui vous appellent à consacrer le temps de l’attente à la prière et au repentir. On rêve alors d’un pays où on appelle à ne pas jeter ses poubelles par les vitres de sa voiture, où on appelle à ne pas salir et cracher, insulter et honnir, qualifier de traître toute personne différente et ne pas accuser les femmes en jupes de provoquer les séismes. On rêve de respect de la vie, des vies.
Non, c’est une évidence : on n’aime pas ce pays, on s’y venge de je ne sais quel mal intime. Tout le prouve : la pollution, le manque de sens écologique, l’urbanisme monstrueux, la saleté, les écoles où on enterre nos enfants et leurs âmes neuves pour en faire des zombies obsédés par l’au-delà.
On rêve d’un pays, pas d’une salle d’attente qui attend l’au-delà pour jouir du gazon au lieu de le nourrir ici, sous nos pas, pour nous et nos enfants. On rêve et on retient, tellement difficilement, ce cri du cœur : pourquoi avoir tant combattu pour ce pays pour, à la fin, le maltraiter si durement ? Pourquoi avoir poussé nos héros à mourir pour transformer la terre sacrée en une poubelle ouverte ? Pourquoi avoir rêvé de liberté pour en arriver à couper les arbres et inonder le pays de sachets en plastique ?
Alors, tout ça pour ça ?
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[ J’ai encadré de guillemets les trois adjectifs de nationalité car aucune des trois révolutions ne mérite ce qualificatif : la révolution française est une prise de pouvoir lors d’une émeute de voyous, manigancée par les bourgeois parisiens, la révolution russe est marxiste et la révolution algérienne ne peut être algérienne puisque l’Algérie n’existait pas avant l’arrivée des Français de Charles X ; seules, des tribus nomades avec des chefs de grande noblesse comme le Bachaga Boualem et les montagnards kabyles avaient un attachement au sol de cet espace indéfini.
[2]. Noël à Oran, chanson de François Valéry, incroyablement adaptée à ce funeste souvenir.
Ne pas oublier ! Algérie 1962 : le général Franco envoie 2 ferries à Oran pour embarquer les pieds-noirs abandonnés sur les quais à la barbarie du FLN
Récit
Le but principal de l’opération étonnante décrite ici était de rapatrier la communauté espagnole d’Oran. Une présence en Algérie qui datait du Moyen âge. Huit ans plus tard, l’épisode n’empêcha pas la rencontre historique De Gaulle – Franco au palais du Pardo, à Madrid. Rencontre souvent qualifiée de scandaleuse en France mais qui eut bel et bien lieu le 8 juin 1970.
Le 30 juin 1962 à 10 h du matin, malgré l’opposition de de #Gaulle, le général Franco donne l’ordre à ses capitaines d’embarquer les pieds-noirs, faisant fi de la pression imposée par la France.
Franco prévint de Gaulle qu’il était prêt à l’affrontement militaire pour sauver ces pieds-noirs abandonnés sur les quais d’Oran et livrés à la barbarie du FLN.
De Gaulle est également informé que l’aviation et la marine de guerre espagnoles sont en route jusqu’aux eaux internationales, face à Oran.
Finalement, face à la détermination du général Franco, la France cède et le samedi 30 à 13h00 ces deux bateaux espagnols peuvent embarquer 2200 pieds-noirs, 85 voitures et un camion.
Lors de l’embarquement, les courageux capitaines espagnols durent s’opposer à la montée sur leurs bâtiments d’une compagnie de CRS qui voulaient lister tous les pieds-noirs embarqués à destination de l’Espagne.
Les capitaines espagnols avouèrent n’avoir pas compris l’attitude arrogante des autorités françaises dans une situation aussi dramatique.
Contre vents et marées, finalement à 15h30, les quais d’Oran, noirs de monde, se vidèrent. Les bateaux espagnols prirent enfin la mer malgré une importante surcharge.
De l’arrivée jusqu’au départ des ferrys espagnols, une liesse, joie et larmes, s’était emparée des pieds-noirs aux cris de « Viva España ! » et « Viva Franco ! » …
Son rôle de porte de l'Atlantique a fait du Maghreb l'une des zones les plus intéressantes pour les puissances méditerranéennes. Cette zone a été subjuguée à plusieurs reprises par l'Empire ottoman, la France et l'Espagne. Ces deux derniers ont déployé leur concurrence politique et économique dans deux États en particulier : l'Algérie et le Maroc.
Le Maghreb et la France coloniale
L'État dont l'influence est la plus importante au Maghreb est la France qui a pénétré en Algérie dès la première moitié du 19ème siècle; les raisons qui ont poussé Paris à s'ingérer dans les affaires du Maghreb sont principalement des questions de sécurité. Les pirates barbaresques présents dans la région représentaient un danger constant pour le commerce dans la zone et, d'autre part, pour détourner les tensions internes à la monarchie française de l'époque, il fut décidé de prendre possession de la rive sud de la Méditerranée, en face de la Provence.
Depuis le 19ème siècle, Paris déplace de plus en plus de colons sur ce territoire dans le but d'assurer son contrôle et de pénétrer à l'intérieur des terres. Cela a conduit la France à la nécessité de consolider les frontières de la colonie tant à l'est, avec l'occupation de la Tunisie, qu'à l'ouest, avec l'entrée du Maroc. La décolonisation après la Seconde Guerre mondiale, qui s'est déroulée de manière traumatisante en raison de la volonté française d'intégrer les territoires coloniaux d'Afrique du Nord à la France métropolitaine, a laissé des traces dans les relations entre Paris et l'État nord-africain. Celles-ci sont restées volatiles en raison d'une amertume remontant au passé colonial et à la guerre d'Algérie. L'ancienne colonie voit Paris comme un ennemi historique auquel il ne faut pas se soumettre, tandis qu'Alger est perçu par l'Elysée comme un partenaire qui n'est pas totalement fiable.
La France a un intérêt pour l'Algérie en tant que jonction fondamentale pour atteindre le Sahel, qui est devenu central dans l'agenda français en raison des routes de migrants qui le traversent. Le maintien de bonnes relations avec l'État maghrébin permet à Paris de prendre des mesures plus fermes pour lutter contre le terrorisme et la traite des êtres humains. En outre, les énormes gisements d'hydrocarbures et de gaz d'Alger ont historiquement attiré l'attention de la plus grande compagnie pétrolière française, Total. Si l'on ajoute à cela le fait qu'une proportion importante de citoyens français a des liens directs avec les colons rapatriés après l'indépendance de l'Algérie, l'importance des relations avec cet État pour Paris apparaît très clairement.
Dans le cas du Maroc, les relations avec la France sont sensiblement différentes. Tout d'abord, par rapport à son voisin oriental, elle n'a jamais complètement perdu son administration locale, étant un protectorat avec son propre souverain pendant toute la période de la colonisation française. La colonisation française a également été beaucoup plus courte que celle de l'Algérie, laissant des cicatrices moins évidentes.
Bien que moins important économiquement que l'Algérie, reposant principalement sur le commerce du phosphate, le Maroc possède une base manufacturière croissante qui a attiré des entreprises françaises telles que Renault. Le rôle majeur que la France attribue au Maroc est de contribuer à la stabilité du Sahel et d'éviter un renforcement excessif de l'Algérie. Le soutien indirect apporté par la France à Rabat dans le dossier de l'annexion par le Maroc du Sahara occidental, dont le gouvernement, représenté par le Front Polisario, est en exil en Algérie, en est une illustration.
Mouvements espagnols au Maroc et en Algérie
De l'autre côté, on trouve l'Espagne, qui est entrée très tôt dans cette partie de l'Afrique, mais qui n'a commencé à la contrôler sérieusement qu'à partir de la seconde moitié du 19ème siècle, pour éviter un renforcement excessif de la France. Concentrant son contrôle au nord-ouest, dans la région du Rif marocain et du Sahara occidental, l'Espagne a des liens historiques avec le Maroc actuel.
Les relations entre Madrid et Rabat sont de première importance pour l'Espagne, qui contrôle toujours un certain nombre d'enclaves sur le sol africain, Ceuta et Melilla étant les plus connues. Ces liens ne sont toutefois pas facilités par la question des migrants et de la souveraineté espagnole sur ses enclaves nord-africaines, qui voit souvent les deux gouvernements s'opposer, bien que l'attitude de base soit la coopération.
Une autre question qui rend les relations entre les deux États difficiles est l'occupation marocaine du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, alors que l'Espagne continue d'avoir des contacts avec les membres du Front Polisario. En témoigne, par exemple, le fait que le leader de ce mouvement, Brahim Ghali, s'est récemment rendu dans un hôpital espagnol pour y être soigné après avoir contracté le Covid-19, ce qui a suscité des protestations officielles de Rabat. Néanmoins, Madrid reste le principal partenaire économique du Maroc et son principal interlocuteur en Europe.
Contrairement à son voisin occidental, l'Algérie ne partage pas de liens coloniaux avec l'Espagne. Ce qui a poussé Alger et Madrid à collaborer, c'est la nécessité pour l'Espagne de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie, ainsi que la lutte contre l'immigration clandestine. Depuis le siècle dernier, des contacts commerciaux ont été établis entre les principales villes espagnoles de la côte méditerranéenne et l'Algérie, et l'Espagne est actuellement, avec la France, le principal pays de référence de l'État nord-africain dans l'Union européenne. Le rôle de l'Algérie, selon l'Espagne, n'est pas seulement d'approvisionner Madrid en combustibles fossiles et de repousser les migrants irréguliers, mais aussi de maintenir l'équilibre géopolitique en Afrique du Nord, en évitant un renforcement excessif du Maroc.
Quand la géographie l'emporte sur l'histoire
Sur la rive africaine de la Méditerranée occidentale, la France et l'Espagne sont les deux principales puissances européennes qui se disputent l'influence. Alors que Paris a longtemps pu compter sur les liens historiques et coloniaux qui unissent encore Alger et Rabat, Madrid a mené une politique fondée sur une lente pénétration commerciale.
La volonté française d'une plus grande présence au Maghreb est liée d'une part à l'affirmation du rôle prestigieux du pays, membre du G7 et du Conseil de sécurité de l'ONU, et d'autre part à la sécurisation du contrôle des routes migratoires et à la lutte contre les flux. Les objectifs de Paris comprennent également une présence significative dans les secteurs stratégiques de la région. Le poids du passé colonial limite toutefois considérablement la marge de manœuvre française en Algérie, tandis que le Maroc, bien que faisant partie de l'Afrique francophone, gravite depuis des années fermement dans la sphère d'influence espagnole. Par ailleurs, la laïcité excessive et délirante de la France et le droit d'asile accordé à de nombreux dissidents maghrébins constituent un obstacle dans les relations entre Paris, Alger et Rabat.
L'Espagne, pour sa part, entend profiter des tensions entre le Maroc et l'Algérie pour gagner des parts de marché dans ces deux États. Cela se fait d'une part en maintenant des relations très étroites avec le Maroc pour des raisons de sécurité intérieure, en bordant physiquement le pays par les enclaves espagnoles sur la côte africaine. D'autre part, Madrid soutient indirectement l'Algérie dans la question du Sahara occidental, bien que ces dernières années, l'orientation espagnole se tourne de plus en plus vers une solution politique de la question et non vers un référendum.
L'érosion de l'influence française dans cette zone est plus évidente que jamais, tandis que l'importance de l'Espagne dans les affaires politiques, économiques et de sécurité de la région s'accroît en raison de sa proximité avec le Maghreb. La géographie bat l'histoire.
A propos de l'auteur / Vincenzo D'Esposito
Diplômé en études internationales à l'université "L'Orientale" de Naples avec une thèse sur l'hydrohégémonie dans le bassin du Syr Darya. Il est actuellement inscrit au programme de maîtrise en développement durable, géopolitique des ressources et études arctiques au SIOI. Il a étudié et travaillé en Allemagne après avoir obtenu deux bourses Erasmus, qui l'ont conduit d'abord à étudier à Fribourg-en-Brisgau, puis à effectuer un stage à la Chambre de commerce italienne pour l'Allemagne. Passionné par l'Asie centrale et l'énergie, il collabore avec plusieurs groupes de réflexion en tant qu'analyste géopolitique.
Le 17 février 1989 à Marrakech, Hassan II du Maroc, le Guide libyen Kadhafi et les présidents algérien Chadli Bendjedid, tunisien Ben Ali et mauritanien Sid'Ahmed Taya lançaient l’Union du Maghreb arabe (UMA). Cette nouvelle organisation internationale à vocation régionale entendait favoriser un espace économique commun, une union douanière et une zone de libre circulation des biens et des personnes. Cette imitation maghrébine du processus européen resta néanmoins inachevée, car ce projet ambitieux fut très tôt miné par la vieille rivalité entre le Maroc et l’Algérie.
Cinq ans plus tard, le 24 août 1994, suite à un attentat commis contre l’hôtel Atlas - Asni à Marrakech, le Maroc imposait le visa pour les Algériens. Soutien indéfectible du Front Polisario, l’Algérie répondait par la fermeture de sa frontière terrestre avec son voisin occidental. Les contentieux ne manquent plus entre Alger et Rabat.
Outre la question du Sahara occidental annexé par le Maroc, l’Algérie se méfie depuis soixante ans des revendications territoriales de son voisin. Dès la fin du protectorat français en 1956, l’Istiqlal, le parti indépendantiste, évoque un « Grand Maroc », soit un royaume qui engloberait non seulement le Sahara occidental à l’époque espagnol, mais aussi toute la Mauritanie, l’Ouest sahélien du Mali jusqu’aux portes de Tombouctou et l’Ouest algérien avec les régions de Tindouf, de Béchar, d’In Salah et de Figuig.
Ces dissensions frontalières suscitent d’ailleurs entre septembre 1963 et février 1964 un conflit armé entre le jeune État algérien et le royaume alaouite : la « Guerre des Sables ». Ni l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, ni le président tunisien Habib Bourguiba ne parviennent à arrêter les combats. Le cessez-le-feu entre les belligérants revient finalement à la médiation conjointe de l’empereur éthiopien Hailé Sélassié et du président malien Modibo Keïta. Sur le terrain, l’armée royale marocaine a nettement triomphé de l’Armée de libération nationale. La victoire de Rabat contribue à affaiblir Ahmed Ben Bella et permet en 1965 le coup d’État de Houari Boumédiène. En janvier 1976, soldats algériens et marocains s’affrontent encore pendant deux jours à Amgala. Le 13 novembre 2020, l’armée marocaine intervient en force contre le Polisario afin de débloquer un axe routier près de Guerguerat. Il en découle une reprise d’intenses combats entre les Marocains et la rébellion sahraouie.
Depuis cet été 2021, on assiste à une escalade entre les deux États. Fragilisé par le Hirak, la forte contestation de la société civile lasse de subir la corruption et l’incompétence du FLN, de ses avatars politiciens et d’une clique militaire, ainsi que par les revendications autonomistes croissantes de la Kabylie, le gouvernement algérien rompt, le 24 août 2021, ses relations diplomatiques avec le Maroc. La mort, le 1er novembre dernier, de trois chauffeurs routiers qui effectuaient le trajet entre la Mauritanie et l’Algérie par des drones marocains crispent encore plus les relations bilatérales.
Les griefs de l’Algérie contre le Maroc sont variés. Alger dénonce la mainmise marocaine sur le Sahara occidental. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, désigne le représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, comme un soutien actif au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie interdit, clandestin et classé comme terroriste. Les incendies de cet été qui ont ravagé les forêts algériennes seraient des actions subversives marocaines. Enfin, l’Algérie n’apprécie pas que son voisin ait rallié les « accords d’Abraham » et établi des relations diplomatiques avec l’État d’Israël. En septembre dernier, l’Algérie a aussi fermé son espace aérien à tout aéronef entrant et sortant du Maroc…
L’accord entre Israël et le Maroc n’est pas une surprise. En échange de cette reconnaissance, les États-Unis de Donald Trump valident les droits légitimes de Rabat sur le Sahara occidental. Une importante communauté juive a longtemps vécu au Maroc. Sous le protectorat français, le drapeau marocain portait parfois en son centre une étoile à six branches. Descendant du prophète Mahomet et « Commandeur des croyants », le roi du Maroc, apte à contenir les poussées islamistes, peut se permettre de telles initiatives. À la fin des années 1970, Hassan II fit condamner par ses oulémas et ses cadis les écrits de l’ayatollah Khomeiny jugés « hérétiques ». La dynastie marocaine entretient enfin de nombreux liens familiaux avec les principales tribus berbères si bien que le Maroc est un royaume de langue arabe avec un fort substrat ethnique berbérophone.
Tous ces faits agacent l’Algérie, adepte depuis l’indépendance d’un centralisme arabo-musulman à l’encontre des Kabyles et des Touaregs. Incapable de résoudre les crises économique et sociale, le gouvernement a interdit à compter du 1er novembre dernier l’usage du français dans les administrations et dans l’enseignement. Si le pouvoir algérien avait utilisé au cours des précédentes décennies une partie de l’argent des hydrocarbures à constituer un corps d’enseignants du premier degré dévoué à l’«algérianité» à l’instar des tristement célèbres «Hussards noirs» de la IIIe République française, une « assimilation » au modèle stato-national algérien aurait peut-être pu se réaliser. Mais c’était sans compter sur l’avidité matérielle illimitée de la caste et de ses factions.
Une nouvelle « guerre des sables » pourrait survenir dans les prochaines semaines, sinon dans les prochains mois. Fortement appuyée par la Russie et la Turquie, l’Algérie dispose dorénavant, avec l’Afrique du Sud et le Rwanda, de l’armée la plus puissante du continent africain. Une guerre à la fois cybernétique et conventionnelle telle qu’elle vient d’être pratiquée par l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh et l’Arménie, montrerait sa supériorité technique et tactique sur les troupes marocaines. On a oublié qu’au début de ce siècle, des cénacles néo-conservateurs étatsuniens envisageaient l’adhésion de l’Algérie à l’OTAN…
Il faut par conséquent suivre avec la plus grande attention tout ce qui se trame au Maghreb. Plusieurs foyers d’instabilité (la Tunisie, la Libye, le Sahel malien et nigérien, et maintenant le Maroc) entourent l’Algérie. Une guerre entre l’Algérie et le Maroc aurait de graves répercussions en France, en Belgique et en Allemagne où vivent des communautés immigrées originaires de ces États. Rien n’empêcherait qu’elles y importent une violence exacerbée.
Plus que jamais, en proie à des turbulences historiques, la rive Sud de la Méditerranée est à surveiller avec la plus grande attention possible.
GF-T
« Vigie d’un monde en ébullition », n° 10, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro du 16 novembre 2021.
L’Etranger to Himself: Race & Reality in Albert Camus’ The Stranger
By Fenek Solère Ex: https://www.counter-currents.com
Albert Camus Trans. Joseph Laredo The Stranger London: Penguin, 2000 (1942)
“I love my country too much to be a nationalist.”
— Attributed to Albert Camus
Whenever I watch Pontecorvo’s iconic movie The Battle of Algiers (1966), I find myself thinking of the Gitane-smoking and brilliantine-coiffured Albert Camus. I’m especially reminded of him in the scene where a gang of young Europeans lean against a shop window and watch as Ali, the young Arab protagonist, crosses the street and passes a noisy bar. A blond youth pushes a chair in front of him, sending Ali head-over-heels, stumbling to the floor. Before a devil-may-care smirk can even appear on the callous face of the Pied-Noir, the Arab stares up at him with utter hatred and launches headfirst into his enemy.
Franco Solinas’ script perfectly captures the moment on screen:
Using his head, Ali rams into the youth’s face, striking him in the nose and splurting blood everywhere. The youth is unable to shout. He opens his mouth in the attempt, but the only result is a gurgling sound and blood. His friends intervene. Ali is surrounded. The police arrive. A mass of people jump on Ali, kicking him and striking him with their fists as long as they please. Finally, the police aid Ali and disperse the crowd.
Defiant, Ali “pays no heed to the blows, the shouts, the spitting, but seems neither to see nor hear, as if he were already resigned to having lost the battle this time, and was preparing to wait patiently for a better chance. He is walking with an unfaltering step. His face is emotionless, oval, swarthy. His hair black and wavy, his forehead low and wide; his eyes large and slanted with eyelids somewhat lowered, his mouth firm and proud.”
It is the unmistakable image of the Gaul confronting the Moor, during Albert Maquet’s “invincible summer” of Algeria. A societal fissure ran right through the Kasbah and the mountainous terrain of the parched Tassili n’ Ajjer just as it did between the Jews and Palestinians along the banks of the Jordan River and through the black ghettos in American cities in the 1960s.
The testosterone-fueled tension captured in Ali’s street confrontation is similarly rendered in Camus’ The Stranger, where the local Pied-Noir lads with their “hair greased back, red ties, tight fitting jackets with embroidered handkerchiefs in their top pockets and square-toed shoes. . . laugh noisily as [girls] went by.” Camus’ hero Meursault “knew several of the girls and they waved to me.”
The same sort of girls are later blown to pieces in The Battle of Algiers when Ali dispatches his female Fedayeen to exact revenge:
Djamila, the girl who in January, in rue Random, gave the revolver to Ali la Pointe, is now standing in front of a large mirror. She removes the veil from her face. Her glance is hard and intense; her face is expressionless. The mirror reflects a large part of the room: it is a bedroom. There are three other girls.
There is Zohra, who is about the same age as Djamila. She undresses, removing her traditional costume, and is wearing a slip . . . There is Hassiba who is pouring a bottle of peroxide into a basin. She dips her long black hair into the water to dye it blond.
Every action is performed precisely and carefully. They are like three actresses preparing for the stage. But there is no gaiety; no one is speaking. Only silence emphasizes the detailed rhythm of their transformation . . . Djamila’s lightweight European dress of printed silk . . . Zohra’s blouse and short skirt to her knees . . . make-up, lipstick, high-heeled shoes, silk stockings . . . Hassiba has wrapped her hair in a towel to dry it . . . a pair of blue jeans, a striped clinging tee-shirt . . . Her blond hair is now dry. She ties it behind in a ponytail. Hassiba has a young, slim figure. She seems to be a young European girl who is preparing to go to the beach.
Pontecorvo’s depiction of guerrilla warfare way back when in Algiers was prophetic. It’s now reenacted week by week with real daggers, bullets, and plastic explosives in the towns and cities of 21st-century Europe. Solinas’ script continues:
MILK BAR. EXPLOSION. OUTSIDE. DAY.
The jukebox is flung into the middle of the street. There is blood, strips of flesh, material, the same scene as at the Cafeteria; the white smoke and shouts, weeping, hysterical girls’ screams. One of them no longer has an arm and runs around, howling despairingly; it is impossible to control her. The sound of sirens is heard again. The crowd of people, the firemen, police, ambulances all rush to the scene from Place Bugeand.
The ambulances arrive at rue Michelet. They are already loaded with dead and wounded. The relatives of the wounded are forced to get out. The father of the child who was buying ice cream seems to be in a daze: he doesn’t understand. They pull him down by force. The child remains there, his blond head a clot of blood.
These communal antagonisms had been simmering for years. The insurgent Front de Liberation Nationale (FLN), just like their Etoile Nord-africaine predecessors, was attacking isolated farmsteads and police stations. The Pieds-Noir responded in kind, holding meetings with banners that read “le juif parasite,” and Lucien Bellat’s Unions latines was breaking up seditionist gatherings organized by communists and Muslims in places like Sidi-Bel-Abbes in June 1936.
Algeria was a bubbling cauldron that was rapidly reaching its boiling point, and it was here that Camus was born into a poor family in a white ghetto. He was surrounded by a Pied-Noir community that felt psychologically under siege. Many joined the colonial chapters of metropolitan leagues like the Action francaise, Jeunesses patriots, the Croix de Feu, and the Parti populaire francais during the interwar years.
Camus’ latter-day anti-colonial critics dismiss his much-vaunted socialist credentials despite his joining the Communist Party in 1935, becoming editor-in-chief of the resistance journal Combat during the war years, his well-known sympathies for the Arab peoples, his support for the Blum-Viollette proposal to grant Algerians full French citizenship, and of course, his searing allegory of fascism in his novel The Plague[4] (1947).
Instead, Camus’ postmodern detractors claim that he had thoroughly imbibed the inherent racism of his forebears. Ralph Flowers cites excerpts from The Stranger as evidence of Camus’ subconscious “hatred” in Camus and Racism (1969): “Why in the fictional works L’Etranger, La Peste, and LaChute (1956) does Camus either treat the Arab cursorily or else delete completely?”
The late Palestinian academic Edward Said, author of Culture and Imperialism (1993), describes Camus as having an “incapacitated colonial sensibility,” arguing:
The plain style of Camus and his unadorned reporting of social situations conceal rivetingly complex contradictions . . . unresolvable by rendering, as critics have done, his feelings of loyalty to French Algeria as a parable of the human condition.
French historian Benjamin Stora describes The Stranger’s central character as “paradoxical” and the result of “double positioning.” Mary Ann & Eric Witt’s assert in their seminal piece “Retrying The Stranger” (1977) that the “race question” was central to the story. Tulshiram C. Bhoyar asserts that “Meursault displays misogynistic attitudes toward women, perpetrates prejudicial acts against native people, and commits a callous crime against an indigenous person” in his paper “The Stranger: A Study of Sexism, Racism and Colonialism,” published in Epitome in 2016.
Bhoyar continues:
Jean-Paul Sartre, the existentialist philosopher, in his essay “An Explication of the Stranger” (1947), considered him as an existential hero who is free and responsible for his action. Both of them (Camus and Sartre) did not think that the murder committed by Meursault has a political dimension and the legal system of the Pied-Noir French depicted in the novel is oppressive to indigenous Arabs. But this notion is challenged by many modern critics and readers. They think Meursault is a sexist, racist and colonialist hero.
Credible comments when one, like Flowers, notes:
In the first place, Camus writes as a member of the white race. He never tried to assume the role of an Arab . . . Probably the majority of Algerian Europeans were merely indifferent to the abject status of the native race; this was the real crime of Meursault . . . Considering the story solely from the facet of the race problem, Meursault was guilty of a race crime.”
George Heffernan explains in his paper “A Hermeneutical Approach to Sexism, Racism, and Colonialism in Albert Camus’ L’Etranger:”
Camus has created with Meursault an unreflective character whose sexist, racist, and colonialist attitudes are held up to the reflective reader . . . Meursault ignores the screams of the terrified Arab woman, whom Raymond is beating mercilessly . . . He is a racist, because at first he declines to write the letter that Raymond wants him to write to his allegedly unfaithful mistress, but as soon as he discovers that the woman to whom he is to write is an Arab, he complies with Raymond’s request without further ado.
The relevant section in The Stranger, a manuscript that traveled with Camus to France as German troops marched down the Champs Elysee, reads:
He lit a cigarette and told me his plan. He wanted to write her a letter “which would really hurt and at the same time make her sorry.” Then, when she came back he’d go to bed with her and “right at the crucial moment” he’d spit in her face and throw her out.
When he told me the girl’s name I realized she as Moorish. I wrote the letter.
Camus’ daughter Catherine acknowledges this reality, admitting her father is “regarded as a colonialist.” As a result, his books are not part of the school curriculum in Algeria, and the novelist Hamid Grine, author of Camus in the Hookah (2011) declaims that “Algeria has erased him.”
To a certain extent, Camus is indeed a mass of contradictions. He writes so poignantly about an individual Arab in “L’Hote,” and yet the same people are almost completely absent from The Plague. He became the glamour boy that went on to rival Sartre amongst the New Left coterie after the Liberation of France, but objected in disgust to the murderous “Epuration” that followed in its wake. Camus insisted he was a communist, yet never read Das Kapital.
So, what truly motivated Meursault to do what he did on that beach? His fellow Pied-Noir, Raymond, had already told him he’d been followed all day by a group of Arabs and one of them was the brother of his former mistress. “If you see him near the house this evening when you come home, warn me.”
Those descriptions from his essay “Summer in Algiers” (1939), of “the beauty of the race,” “the gentle warm water and the brown bodies of the women,” and “the old men sitting at the back of cafes listening to young men with brilliantined hair boasting of their exploits,” come to mind.
Those same hormone-infused images discussed earlier, what Pontecorvo captures so clearly in the street fight between Ali and the white boy, must surely go some way to explaining Meursault’s fateful actions in Camus’ disturbing novella:
I took a step, just one step forward. And this time, without sitting up, the Arab drew his knife and held it out towards me in the sun. The light leapt up off the steel and it was like a long, flashing sword lunging at my forehead. At the same time all the sweat that had gathered in my eyebrows suddenly ran down over my eyelids, covering them with a dense layer of warm moisture. My eyes were blinded by this veil of salty tears. All I could feel were the cymbals, the sun was clashing against my forehead and, indistinctly, the dazzling spear still leaping off the knife in front of me. It was like a red-hot blade gnawing at my eyelashes and gouging my stinging eyes. That was when everything shook. The sea swept ashore a great breath of fire. The sky seemed to be splitting from end to end and raining down sheets of flame. My whole being went tense and I tightened my grip on the gun. The trigger gave, I felt the underside of the polished butt and it was there, in that sharp and deafening noise, that it all started. I shook off the sweat and the sun. I realized I’d destroyed the balance of the day and the perfect silence of this beach where I’d been happy. And I fired four more times at a lifeless body and the bullets sank in without leaving a mark. And it was like giving four sharp knocks at the door of unhappiness.
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L'Algérie célèbre le Nouvel An berbère 2968, férié pour la première fois
par AFP & http://www.h24info/ma
Bonne année 2968 ! L'Algérie célèbre vendredi Yennayer, le Nouvel an berbère, décrété férié pour la première fois dans un pays d'Afrique du Nord, région où cette importante minorité revendique la reconnaissance de son identité.
Repas de fête autour d'un copieux couscous accompagné de volaille ou de brebis, chants, danses, jeux traditionnels, théâtre et parades équestres sont comme chaque année au menu des festivités, en plus de nombreuses manifestations officielles organisées pour la première fois par les autorités à travers le pays.
"Traditionnellement, nous célébrons Yennayer en famille autour d'un repas copieux à base de volaille, mélangée à de la viande séchée", explique Samia Moumni, en s'affairant à préparer sous un petit chapiteau diverses variétés de couscous kabyles à Tizi-Ouzou, principale ville de Kabylie, où vendredi 3.000 personnes devaient partager un repas géant dans le stade.
Cette région montagneuse à l'est d'Alger abrite la plus importante population berbère d'Algérie, pays qui compte quelque 10 millions de Berbérophones, soit un quart de sa population: Kabyles, mais aussi Mozabites dans la Vallée du Mzab (centre), Chaouis dans les Aurès (est) ou Touaregs (sud).
Jeudi soir, les habitants d'Ath El Kacem, village kabyle situé au pied de la montagne du Djurdjura, à une cinquantaine de km au sud de Tizi-Ouzou, ont bravé un froid glacial pour partager un "imensi n'yennayer", repas collectif fait de couscous au poulet.
Toute la soirée, des dizaines de femmes vêtues de robes traditionnelles brodées aux couleurs vives, où dominent le rouge et le jaune, ont confectionné le couscous, remuant, dans de grands plats de terre cuite la semoule, les mains imbibées d'huile d'olive, en chantant des chants kabyles anciens ou déclamant des poèmes louant les bienfaits de Yennayer, synonyme d'abondance.
Le calendrier berbère, inspiré du calendrier julien (romain) est agraire, rythmé par les saisons et les travaux agricoles. Il a été dépoussiéré et remis en valeur par les militants de la cause berbère dans la seconde moitié du XXe siècle.
Ceux-ci ont choisi notamment l'avènement du pharaon berbère Sheshonq 1er (Chachnaq en berbère) sur le trône d'Egypte, en 950 avant J.C., comme année zéro du calendrier et les Berbères -ensemble de peuples autochtones d'Afrique du Nord, dont la présence est antérieure à l'arabisation de la région- fêtent donc vendredi le début de l'année 2968.
"Cette année, Yennayer a une saveur particulière", se réjouit en lançant des youyous l'une des doyennes du village d'Ath El Kacem, Na Ouerdia Mohamedi.
Yennayer, depuis longtemps célébré en Algérie, particulièrement dans les régions berbérophones où la journée était fériée de fait, s'est vu cette année conférer un caractère officiel par le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui, le 27 décembre, l'a décrété jour férié partout en Algérie "pour conforter l'unité nationale".
Cette décision est intervenue dans la foulée de protestations dans plusieurs localités berbérophones, notamment en Kabylie, contre le rejet d'un amendement parlementaire en faveur d'une généralisation de l'enseignement du tamazight, la langue berbère.
La Kabylie, région traditionnellement frondeuse, est à la pointe depuis les années 1960 des revendications identitaires et linguistiques kabyles et plus largement berbères, longtemps niées voire réprimées par l'Etat algérien, désireux d'unir le pays autour de l'arabité.
"La décision du président Bouteflika va contribuer à renforcer l'identité amazighe (berbère) de l'Algérie", estime de son côté Kahina Belaidi, 20 ans, une habitante d'Ath El Kacem.
Le tamazight a été reconnu langue nationale en mars 2002 après les émeutes sanglantes du "printemps noir" de 2001 qui avaient fait 126 morts en Kabylie, avant d'être consacrée deuxième langue officielle du pays avec l'arabe dans la Constitution adoptée en 2016.
Mercredi, le ministère de l'Intérieur a publié le premier communiqué officiel en tamazight et le gouvernement a annoncé le début de la procédure officielle pour inclure Yennayer dans les fêtes légales algériennes.
"La reconnaissance officielle de Yennayer est l'un des aboutissements du long combat pour la culture, l'identité et la langue amazighes", estime l'anthropologue Azzedine Kinzi dans le quotidien El Watan paru vendredi. "Elle ne sera plus jamais une fête de seconde zone".
Mais pour le linguiste Salem Chaker, c'est "typiquement une mesure qui ne coûte pas cher". Cela "ne change strictement rien à la situation réelle du tamazight, langue et culture minoritaire et minorée", explique-t-il à El Watan.
Un manifeste inédit d’Albert Camus sur la liberté de la presse
Le manifeste censuré de Camus
Ex: http://www.zejournal.mobi
En 1939, peu après le déclenchement de la guerre, et alors que la presse est déjà souvent censurée, l’écrivain veut publier dans le journal qu’il dirige à Alger un texte vibrant qui invite les journalistes à rester libres. Ce texte fut interdit de publication. Il est inédit. Et il reste très actuel:
« Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.
Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.
Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain – le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l’époque – , par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.
Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.
Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.
Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merleou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.
Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.
Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.
Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.
Albert Camus
Cet article devait paraître le 25 novembre 1939 dans » Le Soir républicain « , un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger. L’écrivain y définit ”les quatre commandements du journaliste libre » : lucidité, refus, ironie et obstination. Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce texte aux Archives nationales d’outre-mer, à Aix-en-Provence (Lire son texte plus haut). Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Et, plus largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme libre.
Discours de BOUALEM SANSAL, President de la cérémonie de remise des prix aux journalistes 2016 de la Fondation Varenne du 13 décembre 2016. L'écrivain algérien a livré son regard sur l’islamisme et les drames qui ont touché la France récemment. « Personne ne peut mieux qu’un Algérien comprendre ce que vous vivez, ce que vous ressentez, l’Algérie connaît l’islamisme, elle en a souffert vingt années durant ». Sa prise de recul sur les événements, sa mise en perspective historique, beaucoup dans son discours a pu rappeler aux participants les lignes de force d’un article de fond.
On connait le destin tragique de la flotte française après la défaite de 1940. Selon l’article 8 de la convention d’armistice, Paris n’a pas été obligé de livrer sa flotte mais devait empêcher que celle-ci ne tombe en des mains étrangères. Winston Churchill s’était méfié de cette disposition et ordonna la destruction de la flotte française qui mouillait en Algérie. Le 3 juillet 1940, dans le port de Mers-el-Kébir, un combat inégal s’est joué qui coûta la vie à 1297 marins français. L’agresseur britannique n’a eu à déplorer que des pertes très minimes. En guise de vengeance, des escadrilles d’appareils de la marine française (80 avions en trois vagues d’assaut) couvrent Gibraltar d’un tapis de bombes. Le 24 septembre, Vichy lance une deuxième attaque aérienne contre le rocher aux singes.
La tentative allemande de s’emparer du reste de la flotte française, le 27 novembre 1942, se soldera également par un échec.
Mais qu’en fut-il de l’armée de l’air du gouvernement du Maréchal Pétain ? Depuis Mers-el-Kébir, les relations entre Londres et Vichy sont mauvaises, ce qui conduit à quelques combats acharnés contre les Britanniques ou les Américains, parfois aussi contre des pilotes rangés sous la bannière de De Gaulle dans les FAFL (les « Forces Aériennes de la France Libre »). Passons en revue quelques-uns de ces faits de guerre.
Les Britanniques voulaient prendre le contrôle de la Syrie sous mandat français. A la fin du printemps de 1941, les forces de Vichy affrontent les soldats de Londres. A la fin du mois de mai, Pétain ordonne le transfert en Syrie de l’escadrille GC-III/6 comprenant quelque vingt Dewoitine D-520 (l’appareil le plus moderne de son Armée de l’air). Ils quittent l’Algérie pour la Syrie en passant par la Turquie, où deux de ces avions s’écrasent au sol. L’escadrille est malchanceuse : elle perd son as, le Capitaine Emile Jacobi, abattu au combat le 10 juin.
Trois appareils britanniques de type Bristol Blenheim attaquent le 5 juin 1941 l’aérodrome d’Alep et détruisent au sol plusieurs Fiat CR-42 italiens, avant d’être mis en fuite par trois chasseurs Morane-Saulnier 406. Le 21 juin, la 4ème Brigade de Cavalerie britannique marque son intention de s’emparer de Palmyre. La première progression de cette unité est stoppée par des attaques virulentes de bombardiers Martin 167F de l’aviation de Vichy. Dans les combat pour défendre la Syrie, les forces de Vichy perdent 31 appareils, les alliés, officiellement, au moins 27. Pierre Le Gloan, as de l’aviation de Vichy dans la 5ème Escadrille du Groupe de Chasse résiste jusqu’au 5 juillet en enregistrant sept victoire confirmées et deux probables.
A partir du 5 mai 1942, la colonie française de Madagascar fait l’objet d’une attaque britannique, parce que Londres craignait que les Japonais parviennent à s’emparer de l’île, à s’y incruster et à contrôler l’ensemble du territoire maritime de l’Océan Indien. Les combats seront acharnés et se prolongeront jusqu’au 8 novembre, jusqu’à la victoire des Britanniques. Les forces de Vichy, en charge de défendre l’île, sont commandées par le Gouverneur-Général Armand Léon Annet, à la tête de 8000 soldats dont environ 6000 Malgaches. Pour appuyer ces troupes au sol, Annet dispose de 17 chasseurs MS-406, de 10 appareils de reconnaissance de type Potez-63 et de quelques Potez-25. Entre le 5 et le 7 mai 1942, les chasseurs britanniques basés sur les porte-avions Illustrious et Indomitable descendent quatre Potez-25 et trois MS-406. Au moment de la capitulation des Vichystes, il ne restera plus qu’un seul MS-406 et un seul Potez-63 capables d’être opérationnels.
Le 8 novembre 1942, 107.000 soldats anglais et américains débarquent sur les côtes du Maroc et de l’Algérie, lors de l’Opération « Torch ». En quelques endroits, les Vichystes opposent une âpre résistance. Leur Armée de l’air est basé à Marrakech, Meknès, Agadir, Casablanca et Rabat : en tout, ils disposent de 86 chasseurs et de 78 bombardiers. Outre les appareils de production française, comme les MS-406, cette aviation du Maroc dispose d’appareils américains comme les bombardiers Martin et Douglas et les chasseurs de type Curtiss P-36. Ce sont souvent des modèles trop anciens mais ils sont servis par des pilotes expérimentés et demeurent, de ce fait, redoutables.
A 7h30, les appareils américains F4F Wildcat attaquent l’aérodrome de Rabat et détruisent neuf bombardiers français. Près de Casablanca, des appareils SBD Dauntless attaquent en piqué le navire de combat Jean Bart et lui causent de solides avaries.
Mais les Vichystes vont contre-attaquer : depuis Oran une escadrille de chasseurs prend à partie un groupe de bombardiers-torpilleurs anglais. Une unité de Dewoitine D-520 attaquent des avions de transport britanniques qui véhiculent des parachutistes américains. Trois C47 sont abattus, de même que six bombardiers-torpilleurs Fairey-Albacore et quelques chasseurs qui les accompagnaient. Les Français perdent quatre appareils. Quelques LEO (Lioré & Olivier) 451, des bombardiers légers, tentent une attaque contre les troupes américaines qui débarquaient. Mais ils sont interceptés par des chasseurs britanniques de types Hurricane et Seafire. Le bilan de ce 8 novembre algérien et marocain : les Vichystes perdent treize appareils et abattent officiellement 17 avions ennemis. Trois autres appareils anglo-américains sont perdus mais sans qu’une victoire puisse être revendiquée.
Le héros du jour est le Lieutenant Georges Blanck du GC-I/3 qui a eu trois victoires confirmées et deux autres probables. Quand les combats au Maroc et en Algérie cessent à la mi-novembre, les Vichystes ne disposent plus que de 37 chasseurs et 40 bombardiers.
Conclusion : l’Armée de l’air du Maréchal Pétain a pu revendiquer 125 victoires confirmées dans sa lutte contre les Anglo-Américains.
En Extrême-Orient, les Français sont restés jusqu’au bout fidèles à Vichy. En 1940, cependant, ils ont dû laisser les Japonais utiliser leurs aérodromes. Vichy ne disposait en Indochine que de quelques MS-406, auxquels il faut ajouter trois Potez-63, des chasseurs lourds, semblables au Me110 allemand, quatre bombardiers de type Farman F221 et trois avions de reconnaissance Potez-540. Le 25 septembre 1940, un combat aérien oppose Français et Japonais.
La Thaïlande, qui s’appelait alors le Siam, voit arriver, fin 1940, l’heure de la revanche. En effet, l’humiliante politique de la canonnière, pratiquée par les Français dans la région en 1893, avait conduit à la défaite des Siamois. Au début du mois de janvier 1941, les Thaïs attaquent avec deux divisions, soit 60.000 hommes et 130 chars. Les Français de Vichy sont commandés par l’Amiral Jean Decoux. Ils sont obligés de battre en retraite. L’aviation siamoise bombarde Hanoi le 11 janvier 1941. Les chasseurs de Vichy interceptent les avions thaïlandais et abattent trois chasseurs ennemis et un bombardier. Mais ils perdent également trois appareils.
Les Français ne sont vainqueurs que sur mer, lors de la petite bataille navale qui se déroule le 17 janvier devant Koh Chang, l’île aux éléphants dans la partie orientale du Golfe du Siam. Le croiseur Lamotte-Picquet a eu beau jeu avec ses huit canons de 155 mm.
Les Japonais jouent alors les conciliateurs et, lors du Traité de Tokyo du 9 mai 1941, Bangkok reçoit l’ouest du Laos, avec l’ancienne ville royale de Luang Prabang, ainsi que la province cambodgienne de Battambang, si bien que le territoire thaïlandais s’étendra, pendant la durée de la guerre, quasiment jusqu’aux ruines d’Angkor.
« Histoire de l’Afrique du Nord » de Bernard Lugan
Recension
par Camille Galic, journaliste, essayiste
Ex: http://www.polemia.com
Depuis les prétendus printemps arabes et la paupérisation provoquée par la chute du prix des hydrocarbures en Algérie, déjà fragilisée par la succession de l’égrotant Bouteflika, le Machrek et le Maghreb connaissent également une extrême tension, qui provoque un exode massif vers nos pays.
C’est dire si Histoire de l’Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) des origines à nos jours, de Bernard Lugan, vient à point.
Pour son dernier et très ambitieux ouvrage, l’historien africanologue, auquel on doit déjà une Histoire de l’Egypte (1) et une autre du Maroc (2), a étudié son et plutôt ses sujets non pas géographiquement, mais chronologiquement, comme l’avait fait il y a trente ans Jean Duché pour sa passionnante Histoire du Monde (3). Choix judicieux car les destins des contrées concernées, et qui, depuis l’Antiquité ont durablement été soumises aux mêmes maîtres, l’Empire romain puis l’Empire ottoman s’interpénètrent. Avec la lecture « horizontale » adoptée par Bernard Lugan, on discerne mieux les interactions, les similitudes mais aussi les contradictions entre les cinq composantes de la rive sud de la Méditerranée, avec une inexorable constante : le facteur ethnique.
Toute l’Afrique du Nord était en effet peuplée jadis de Berbères (selon l’égyptologue Christiane Desroches-Nobecourt qui ausculta sa momie, l’illustre Ramsès II aurait été un « grand rouquin »). Si, en Egypte, les clans nilotiques furent tôt unifiés par les pharaons, au contraire de ceux du désert libyque, redoutables prédateurs, ce sont les luttes tribales qui, de la Cyrénaïque à l’Atlantique, entraînèrent d’épouvantables carnages et favorisèrent tour à tour les successives occupations étrangères — romaine, vandale, byzantine, arabe, normande, ottomane et enfin française ou italienne —, les chefs locaux s’appuyant sur les nouveaux venus pour neutraliser et/ou massacrer leurs rivaux et les peuples d’iceux. Ces confrontations furent particulièrement sanglantes en Algérie et au Maroc où les différentes tribus ont longtemps joué le Portugal ou l’Espagne pour venir à bout des autres. Et n’est-ce pas la Communauté internationale qui s’est immiscée dans les rivalités tribales du cru pour éliminer le régime de Kadhafi avec ce résultat que la Libye a sombré à nouveau dans les haines ancestrales entre tribus de la Cyrénaïque et celles de la Tripolitaine, sans parler du Fezzan ?
Et quand le soutien étranger ne suffit pas, c’est le respect ou plutôt le non-respect de la religion qui légitime les carnages. Ainsi les Almohades misèrent-ils sur le fanatisme pour renverser la dynastie almoravide considérée comme corrompue par les plaisirs d’Al-Andalus (création berbère, et non arabe, insiste Lugan) puisque les femmes n’y étaient pas voilées et qu’on y écoutait de la musique.
L’arabisation, funeste révolution
Ce sont aussi les Almorades qui unifièrent tout le Maghreb sous la férule marocaine mais, auparavant, ces purs Berbères de l’Anti-Atlas avaient changé la physionomie de la région en ouvrant la voie aux Arabes, comme le rappelle notre auteur : « Sous le règne de Jacoub al Mansour (1184-1199), les tribus arabes Rijah, Jochem, Athbej, Sofyan, Khlot, Attej et Zoghba reçurent l’autorisation de s’installer dans les riches plaines atlantiques, alors peuplées par plusieurs tribus masmouda aujourd’hui disparues ». Ne restait plus aux Berbères restés sur place qu’à fuir vers les montagnes, pour y fomenter de nouvelles séditions, ou à s’assimiler « peu à peu aux Arabes, à telle enseigne qu’aujourd’hui, la plupart des habitants des Doukhala sont persuadés qu’ils sont d’origine arabe ».
Cette révolution, qui irradia dans tout le Maghreb, eut des répercussions aussi durables que funestes : l’agriculture, jusque-là pratiquée par les sédentaires et qui avait fait de la Numidie le « grenier à blé » de Rome, dut céder aux pratiques des nomades, ce qui entraîna des disettes endémiques car, de l’aveu même d’Ibn Khaldoun, « semblables à une nuée de sauterelles, ils détruisaient tout sur leur passage ». Des gigantesques étendues d’alfa qui remplacèrent les champs de blé, on peut tirer du papier ou des paillasses, mais pas du pain. Et le drame de l’Algérie contemporaine est qu’après l’indépendance, comme le rappelle Bernard Lugan, le FLN influencé par Nasser et le jacobinisme français se livra à une arabisation forcenée de ce qui était encore kabyle (« Nous sommes des Arabes, des Arabes, des Arabes », proclamaient dans les rues d’Alger d’immenses inscriptions après l’indépendance). Avec ce résultat que la Mitidja, cet immense verger naguère si prospère grâce à la colonisation et à l’assèchement des marais, si coûteux en vies humaines, s’est désertifiée et qu’Alger doit importer à grands frais l’essentiel des denrées alimentaires. C’est la « crise du pain » qui favorisa la montée du Front islamique du Salut et provoqua la meurtrière guerre civile qui ravagea le pays après l’annulation des législatives de juin 1990 gagnées par le FIS.
Mais comment les Berbères, par nature insoumis sinon libertaires, et où la christianisation avait été « intense » (600 évêchés identifiés en Afrique du Nord), avaient-ils pu accueillir si rapidement une religion aussi globalisante et dogmatique que l’islam qui, en 714, soit moins d’un siècle après l’Hégire, avait déjà soumis toute l’Afrique du Nord à la loi du prophète ? Du point de vue théologique et sociologique, l’islam est certes « confortable », qui après une profession de foi minimale, la chahada, n’exige l’adhésion qu’aux quatre « piliers », dont seul le ramadan est contraignant, et assure à ses fidèles un statut social et financier privilégié par rapport aux dhimmis. Mais s’y ajoutèrent des motifs économiques et politiques. Ainsi les chrétiens coptes d’Egypte, furieux de voir le concile de Chalcédoine consacrer la prééminence du patriarcat de Byzance sur celui d’Alexandrie avec pour conséquence la primauté de la Nouvelle Rome sur le grand port égyptien comme grande place économique de la Méditerranée orientale, versèrent-ils dans la dissidence, ce qui entraîna une reprise en main musclée sous Justinien et donc une grande rancœur chez les coptes se considérant comme occupés. « Ces luttes internes au christianisme préparèrent donc le terrain aux conquérants arabo-musulmans ».
Cette Histoire de l’Afrique du Nord apprendra – ou rappellera aux plus érudits – quantité d’événements marquants ou de faits moins importants mais révélateurs. Sait-on que l’armée fatimide chiite qui, en 969, marcha sur l’Egypte avant de s’emparer de Damas était « essentiellement composée de contingents berbères » partis de l’Ifrikiya-Tunisie ? Que les Mameluks, cette aristocratie d’« esclaves exclusivement blancs », Slaves, Albanais ou Caucasiens, qui régna plus de trois siècles sur l’Egypte, « méprisaient l’usage des armes à feu » qui « devint même le monopole exclusif des esclaves noirs », considérés comme « une horde méprisable » ? Alors que, comme l’a reconnu le ministre de la Défense Le Drian, « plus de 800.000 Africains attendent en Libye de franchir la Méditerranée » grâce à des passeurs qui leur font miroiter l’Eldorado contre des milliers de dollars, sait-on enfin que, depuis la conquête arabe, ce pays fut la plaque tournante de la traite négrière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, par où transitèrent, selon certains auteurs, plus de cinq millions d’esclaves noirs, razziés par « des esclaves, qui n’étaient pas les moins sanguinaires, opérant au nom de l’islam » ? Une tradition multiséculaire, revivifiée par le catastrophique printemps libyen, auquel, pour notre plus grande honte, la France de Sarkozy cornaqué par Bernard-Henri Lévy apporta aide, subsides et armements.
Eclairé de très nombreux encadrés explicitant les points les plus divers (origine ethnique des anciens Egyptiens, piraterie contre lesquelles les puissances européennes multiplièrent les interventions armées, rôle des gouverneurs ottomans, drame des disparus d’Algérie, etc.) et d’un copieux cahier de 72 pages d’illustrations et surtout de cartes extrêmement bien faites sur l’Afrique du Nord depuis les Romains, les migrations, la progression de l’islam, des invasions et occupations, cette Histoire de l’Afrique du Nord est un indispensable livre de référence. En outre, ce qui ne gâte rien, ce gros livre se lit avec autant d’agrément que d’intérêt.
Camille Galic 15/06/2016
Bernard Lugan, Histoire de l’Afrique du Nord, éd. du Rocher 2016. 732 pages grand format avec index, bibliographie (des noms propres mais non des lieux) et cahier illustré couleur.
Notes :
1/Editions du Rocher, 2001
2/Critérion, 1992.
3/Histoire du Monde, en cinq tomes publiés de 1960 à 1966 par Flammarion.
Journaliste, Rédacteur en chef du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Propos recueillis par Salima Tlemçani pour le journal El Watan
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
Nous reproduisons l’entretien accordé par Richard Labévière au quotidien algérien El-Watan durant la conférence d’Alger sur « la dé-radicalisation », les 22 et 23 juillet derniers. Propos recueillis par Salima Tlemçani. Nous nous sommes permis de reprendre quelques erreurs de transcription qui altéraient la compréhension générale.
Spécialiste du financement du terrorisme islamiste, Richard Labévière, rédacteur en chef du magazine en ligne prochetmoyen-orient.ch, dénonce « la naïveté, le machiavélisme ou l’hypocrisie » de certains Etats comme la Suisse ou la France, qui recyclent d’anciens membres du GIA (Groupes islamiques armés). Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il espère casser les faux-fuyants du politiquement correct des Nations unies et parler carrément de « takfirisme », de déviation de l’Islam, d’Islam radical salafo-jihadiste, entretenus par certains pays qui doivent être interpellés pour faire le ménage chez eux.
- El-Watan : Pourquoi, après tant de victimes, on continue à parler d’extrémisme violent au lieu de terrorisme ? A-t-on peur d’identifier le mal et ses causes ?
Richard Labévière : Nous sommes face aux faux-fuyants sémantiques du politiquement correct, liés au fonctionnement et aux contraintes formelles de ce genre de rencontres organisées sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU, où l’on évite de citer nommément les pays et les responsabilités impliquées dans le phénomène terroriste. Cela débouche sur une langue de bois qui évite de « nommer un chat un chat ». Pourtant, la conférence d’Alger sur la dé-radicalisation concerne bien le terrorisme salafo-jihadiste et ses idéologies. Celles-ci nous ramènent à deux filiations principales : à la doctrine des Frères musulmans de Hassan al-Bana et Sayed Qotb, ainsi qu’à l’idéologie wahhabite, telle qu’elle est véhiculée par les médersas et les conseils d’oulémas d’Arabie Saoudite, du Qatar et l’ensemble de leurs relais internationaux… Lorsqu’on travaille sérieusement sur ces dossiers, on ne peut pas éviter d’identifier les vraies responsabilités sans nommer les Etats impliqués donc responsables de l’extension de la menace terroriste.
Les bailleurs de fonds, sur lesquels j’ai beaucoup travaillé depuis 25 ans, sont en majorité des donneurs d’ordres saoudiens, koweïtis, Emiratis, etc… Ce rappel évident ne veut pas dire qu’il faille criminaliser en bloc ces Etats. Mais, je pense qu’il faut parler vrai et nommer les idéologies et les mécanismes en cause ; remonter aux sources de financement, déconstruire leurs filiations à l’étranger, afin d’établir les chaînes de responsabilité, quitte à heurter quelques sensibilités. Le terrorisme est une technique, un mode opératoire. On ne lutte pas contre une technique et un mode opératoire, mais contre des objectifs précis et des ennemis clairement identifiés. Ce travail de traçage permet de situer les opérateurs et les organisations malfaisantes qui financent, appuient et entretiennent l’expansion du phénomène terroriste.
Il faut donc casser ce politiquement correct des Nations unies et parler plus précisément du « takfirisme », des déviations de l’Islam, d’Islam radical salafo-jihadiste entretenus par certains pays qu’il faut maintenant interpeller afin qu’ils fassent le ménage chez eux… La tenue de cette conférence, à Alger, est très importante, non pas parce que l’Algérie constitue un modèle de l’antiterrorisme, mais certainement pour sa grande expérience en la matière.
Elle s’est démenée durant les années 1985/1998, toute seule, sans appuis internationaux. Ses forces de sécurité ont combattu les précurseurs de ce que nous appelons aujourd’hui Dae’ch, puisque les GIA pratiquaient les mêmes horreurs et avaient proclamé le califat, sauf qu’à l’époque il n’y avait pas de téléphone portable, ni d’internet ; et qu’on était bien avant les attentats du 11 Septembre 2001. L’Algérie d’aujourd’hui se trouve dans un contexte géostratégique très déstabilisé depuis la guerre franco-britannique relayée par l’OTAN en Libye. Ce pays a véritablement implosé. Il est actuellement aux mains de groupes « takfiristes ». Ces derniers se sont vite redéployés en Tunisie, dans les pays de la bande sahélo-saharienne, des côtes de la Mauritanie jusqu’à la Corne de l’Afrique, avec des jonctions opérationnelless entre AQMI, Ansar Eddine, Boko Haram et les Shebab somaliens, grâce à l’argent des narcotrafiquants d’Amérique latine, qui disposent de têtes de pont aéroportuaires en Guinée Conakry, au Maroc et en Mauritanie.
El-Watan : Du Maroc jusqu’en Asie, la « politique du chaos » organisé vise la destruction d’Etats comme l’Irak, la Syrie, la Libye ou le Yémen avec l’expansion de groupes comme Dae’ch, ayant pris la succession d’Al-Qaïda et de ses héritiers Taliban en Afghanistan. Ne sommes-nous pas en présence de prestations de services négociés entre les puissants de ce monde et les groupes islamistes armés, qui apparaissent aussi bien équipés que des Etats, pour semer mort et dévastation ?
RL : Vous avez raison. Souvenez-vous, de la guerre d’Afghanistan (1979 – 1989), on estimait à 35 ou 40 000 le nombre des activistes étrangers passés dans les factions les plus extrémistes, dont la nébuleuse d’Oussama Ben Laden, le fils illégitime de la monarchie saoudienne, des Services américains et pakistanais. Dans le contexte de la Guerre froide, les Américains ont toujours utilisé l’extrémisme radical sunnite, et ce, dès l’instant où le président égyptien Nasser s’était tourné vers Moscou. Les différentes administrations américaines (républicaines et démocrates) n’ont cessé d’utiliser les Frères musulmans pour lutter contre le nationalisme arabe en Egypte, au Yémen, en Palestine, en Asie centrale et même dans le Sin-Kiang chinois....
Cette politique a culminé en Afghanistan, où les Américains ont fabriqué Ben Laden et ses émules. Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, ils n’ont pas assuré le service après-vente et les effets induits leur sont revenus en pleine figure. L’élève s’est retourné contre ses maîtres. Le deuxième élément clef concerne l’Arabie Saoudite, partenaire stratégique des Etats-Unis depuis la signature du Pacte du Quincy (février 1945) entre Ibn Séoud (le fondateur du royaume d’Arabie saoudite) et le président Roosevelt : les Etats-Unis gèrent les premières réserves d’hydrocarbures du monde, tandis que Riyad exporte le wahhabisme jusqu’en Indonésie, en Afrique, voire en Amérique latine et en Europe.
Ce qui nous amène à cette situation d’aujourd’hui où la France, par exemple, est partie en guerre contre Bachar al-Assad pour faire plaisir au nouveau roi Salman. Les marchés d’armement avec l’Arabie Saoudite représentent quelques 35 milliards d’euros. Mieux, après les attentats du 11 Septembre 2011, les Américains ont pointé du doigt les Saoudiens, mais ils ont attendu mai 2011 pour aller tuer Ben Laden alors qu’ils connaissaient parfaitement sa villégiature pakistanaise depuis plus de cinq ans… Ils ont décidé de le tuer en mai 2011 parce qu’ils ne voulaient empêcher une jonction entre Al-Qaïda et les révoltes arabes déclenchées en janvier 2011.
Le calcul américain consistait à mettre les Frères musulmans au pouvoir partout dans les pays arabes, en Tunisie, en Egypte, etc., mais, malheureusement pour eux, cela n’a pas marché. En tout cas, l’administration Obama a décidé a ce moment de tourner la page al-Qaïda et d’utiliser le chaos en recourant à de petits groupes en Irak et ailleurs, permettant à Dae’ch de se développer et de conquérir des territoires importants en Irak et en Syrie. Lorsque les fêlés de Dae’ch ont proclamé le califat, tout le monde s’est inquiété, à commencer par les pays du Golfe. Les Saoudiens ont eu peur qu’ils ne revendiquent la gestion des Lieux saints (La Mecque et Médine).
Dae’ch est né d’une scission interne d’al-Qaïda en Syrie et en Irak. Au départ, son expansion s’est faite avec la bienveillance, sinon sous le contrôle des services américains, turcs et saoudiens. Nous sommes dans une logique d’échecs en série, mais d’échecs et de désastres prémédités. D’abord en Afghanistan avec le retour des Talibans, puis surtout avec les conséquences désastreuses de la deuxième guerre d’Irak et la chute de Bagdad du printemps 2003. Quand le proconsul américain Paul Bremer démantèle l’armée irakienne et le parti baath, il sait très bien qu’il va favoriser les divisions ethniques et contribuer à re-tribaliser, sinon détruire le grand Etat-nation arabe qu’était l’Irak. Ce faisant, il met en œuvre la prophétie d’Oded Yinon - un conseiller du ministère israélien des Affaires étrangères - qui écrivait en 1982, qu’il était dans l’intérêt stratégique d’Israël de casser les Etats-nations arabes en autant d’ethnies et de tribus qui se combattraient entre-elles. Par extension, la « fitna », jetant les Sunnites contre les minorités chi’ites constitue une véritable aubaines pour les stratèges de Washington et de Tel-Aviv : diviser pour régner…
Les attentats commis par Dae’ch, ciblant des mosquées chi’ites en Irak, en Syrie, au Pakistan ou au Koweït, illustrent parfaitement cette théorie des néoconservateurs américains, dite de l’« instabilité constructive », permettant aux Etats-Unis et à leurs alliés d’exploiter le pétrole et les richesses de ces Etats fragilisés, sinon « faillis » en toute tranquillité.
El-Watan : Pourquoi à chaque fois, comme vous le dites, l’élève dépasse le maître et les Occidentaux, notamment les Américains, n’en tirent pas les leçons ?
RL : J’ai eu l’occasion, à maintes reprises, de dire que si Dae’ch n’existait pas, il aurait fallu l’inventer. Les puissances occidentales auraient dû l’inventer… Comment expliquez-vous qu’une coalition internationale anti-Da’ech aussi importante, avec des moyens aussi colossaux, n’arrive pas à neutraliser quelque 40 000 hommes disposant de quelques blindés ? Sur le plan militaire, cela est strictement inconcevable. Pour éradiquer Dae’ch, la plupart des experts militaires savent très bien qu’il suffirait de déployer au sol un contingent d’une dizaine de milliers de forces spéciales pour engager deux ou trois confrontations définitives.
On ne le fait pas parce qu’on veut canaliser le phénomène et l’utiliser pour déstabiliser la région, pour faire fonctionner les industries militaires et maintenir un niveau de violence nécessaire aux jeux d’alliances stratégiques, afin de contenir les pays dits « méchants » comme l’Iran, la Syrie qu’on veut démanteler et le Hezbollah libanais qui, pourtant défend aujourd’hui, en première ligne, l’intégrité et la souveraineté du Liban. Nous sommes dans une logique où, d’un côté, on assiste à la démultiplication de groupes armés qui profitent des revenus des trafics de drogue, d’armes d’êtres humains, d’ivoire d’éléphants…. et, de l’autre, des réponses tactiques d’une coalition internationale hétéroclite dont les Etats membres cherchent d’abord à défendre et promouvoir leurs propres intérêts économiques et stratégiques ; le plus bel exemple étant la Turquie. Sous prétexte de lutter contre Dae’ch, ce qu’elle ne fait pas, elle en profite pour décimer les Kurdes, qui constituent pourtant les premières forces engagées au sol contre les terroristes de l’ « Etat islamique ».
En fait, les deux sont des ennemis complémentaires. Le terrorisme est un mal nécessaire qui rapporte beaucoup d’argent. On évite soigneusement de remonter aux causes, notamment financières du terrorisme parce qu’on identifierait alors ses véritables bénéficiaires. Prenons un seul exemple très actuel : naïveté ou machiavélisme de certains Etats comme la France ou la Suisse qui recyclent d’anciens terroristes des GIA dans des ONGs, spécialisées dans la défense des droits humains et de la démocratie. A défaut d’en pleurer, c’est à mourir de rire, sinon d’indignation. En mourir, c’est souvent le cas…
El-Watan : Dans cette confrontation géostratégique d’intérêts, l’Algérie est-elle la cible ou l’alliée ?
RL : Le peuple algérien a fait face au colonialisme, à la Guerre de libération, à la décennie noire (1988/1998). Quelle histoire ! Et maintenant, elle est confrontée, presque encerclée de menaces terroristes de toutes parts. Elle n’est pas forcément un « modèle », mais sa riche expérience en la matière peut être partagée. Quand les militaires parlent de « retex » (retour d’expérience), on voit très bien que les institutions algériennes fonctionnent, l’armée fait son boulot comme elle l’a fait auparavant, non seulement pour l’intégrité et la stabilité de l’Algérie, mais pour l’ensemble des autres pays de la Méditerranée, confrontés aux flux migratoires qu’ils n’arrivent pas à juguler. Sans l’Algérie, ce sont des millions et non pas des milliers d’immigrés qui se déverseraient dans les ports européens.
Mais il est clair que l’Algérie garde l’image du front du refus et qu’elle joue le rôle d’empêcheur de tourner en rond au sein de l’OPEP et d’autres institutions internationales, notamment l’Union africaine. Dans la mesure où elle a toujours revendiqué farouchement son indépendance et sa souveraineté sur les plans régional et international, elle devient un pays gênant comme l’ont été l’Irak, la Libye et la Syrie aujourd’hui ainsi que les autres Etats-nations du Proche-Orient n’acceptant pas le nouvel ordre géostratégique américano-israélo-saoudien. Il y a des pays arabes qualifiés - comme l’avait proclamé en son temps la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice - de « modérés », cautionnant l’agenda des néoconservateurs américains et ceux qui refusent cet alignement. L’Algérie refuse l’alignement. Elle reste perçue comme un obstacle à la mondialisation économique libérale, sauvage et mafieuse, qui, faut-il le souligner, est toujours allergique aux Etats-nations forts, indépendants et souverains.
C’est pour cela qu’on veut démanteler la Syrie, qu’on a cassé l’Irak, qu’on a coupé le Soudan en deux Etats, comme on veut scinder le Yémen ainsi qu’on l’a fait au Kosovo, devenu aujourd’hui un micro-Etat mafieux spécialisé dans les trafics d’organes humains, d’armes et de prostituées. On veut faire des Etats confettis qui acceptent le nouvel ordre des Américains. Lors de cette conférence d’Alger, le représentant de la Russie a déclaré que la Syrie est une ligne rouge, parce que si demain Dae’ch prend le pouvoir, l’ « Etat islamique » menacera le Caucase, à nouveau la Tchétchénie, voire directement Moscou. Heureusement que face aux pays du Golfe, qui financent et sous-traitent ces politiques destructrices, il y a des Etats comme l’Algérie et la Russie qui demeurent dans des logiques stato-nationales et régaliennes.
El-Watan : Justement, ne voyez-vous pas qu’à travers cette façon d’éviter de nommer les idéologies à l’origine de cette altération de l’Islam, il y a une volonté de protéger le Qatar et l’Arabie Saoudite ?
RL : Certainement ! Mais ces pays ne sont pas uniquement responsables de la diffusion des idéologies radicales, mais aussi, comme nous le disions, du financement de l’islamisme politique et militaire. Je travaille depuis 20 ans sur les financements des groupes islamistes terroristes, mais également sur les systèmes de medersa qui, à coups de pétrodollars, ont détruit les confréries soufies pluralistes dans toute l’Afrique subsaharienne, au Niger, au Sénégal et ailleurs afin de les remplacer par le dogme wahhabite totalement étrangers aux pratiques religieuses de ces pays.
C’est là que les choses doivent être clairement dites. Cela ne se fait peut-être pas d’une manière publique, mais dans les travaux à huis clos, les représentants du Niger, de la Fédération de Russie, du Sénégal, de l’Egypte ont exprimé des inquiétudes très claires. Il y a une prise de conscience de plus en plus générale, débouchant sur non pas la recherche de modèles « clés en main » de dé-radicalisation mais sur des « retex », des retours d’expérience propices à l’échange et à des coopérations régionales et internationales. La dé-radicalisation commence par l’école et l’éducation. Il faut être tout à fait rigoureux dans la formation des différentes instances de diffusion religieuses afin d’arriver à des pratiques modérées et respectueuses de la croyance des « autres ». Cette posture se fonde sur la connaissance de l’Autre, donc sur son acceptation. Les causes de tous ces extrémismes sont, très souvent d’abord liées à l’ignorance de l’Autre…
En Afrique subsaharienne, et même en Europe, il y a un débat sur la nécessité d’une réflexion approfondie sur l’Islam. Je ne suis pas islamologue, mais je me réfère à des spécialistes, comme le grand juriste égyptien (malheureussement disparu) Al-Ashmawi qui a lutté toute sa vie contre toutes les formes d’islamismes politiques et militaires ayant pris l’Islam en otage. Il plaidait, déjà au début des années 1980, pour un profond mouvement de réforme de l’Islam à travers des outils pédagogiques et institutionnels ad hoc, prônant notamment l’apprentissage du fait religieux dans les écoles, avec des accords et des conventions de partenariat de réciprocité entre les pays, parce que, à quoi sert-il que l’Algérie, la Tunisie, la France ou d’autres pays fassent des efforts sur l’apprentissage du fait religieux, si dans le même temps, les oulémas saoudiens continuent à affirmer que la terre est plate ?
El-Watan : Ne voyez-vous pas que l’Algérie reste victime d’une incompréhension, qui date des années 1990, et qui ressurgit aujourd’hui à travers certaines réactions internationales après les attaques terroristes de Tiguentourine et plus récemment de Aïn Defla, rappellant ainsi la logique des partisans du « qui tue qui ? » ?
RL : Je crois qu’il y a quand même une certaine évolution. Les anthropologues et les experts les plus sérieux ont tordu le cou à cette monstrueuse propagande, aux impostures intellectuelles et politiques du « qui tue qui ? ». Il y a quand même eu, rétrospectivement, une condamnation unanime de cette propagande, notamment en France, en Allemagne, en Suisse et même certains pays du Golfe, même si - nous le disions à propos des ONGs -, ces pays n’en n’ont pas tirer toutes les conséquences !
El-Watan : La Jordanie et le Bahreïn…
RL : Oui, les deux ont condamné les derniers attentats. Il est décevant de constater, néanmoins, que les pays arabes, surtout la Ligue arabe, n’assurent que le service minimum quand il s’agit de réagir aux attentats commis en Algérie. Mais quand le président du Sénat suisse tresse les louanges de la lutte antiterroriste, que le président Hollande loue les relations franco-algériennes en matière de lutte antiterroriste, que les Allemands voire les Britanniques, reconnaissent le rôle important joué par l’Algérie dans le même domaine, je pense que votre pays a fait un progrès considérable.
C’est vrai qu’il y a toujours cette réticence à son égard à cause de ses positions qui l’honorent face aux crises du Yémen, d’Irak, de Libye et de Syrie. Mais ses efforts diplomatiques dans le règlement pacifique des crises, comme celles du Mali, de Libye, du conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie, forcent le respect et une certaine reconnaissance internationale.
L’Algérie n’est pas sur la ligne américano-saoudo-israélienne. Elle gêne par sa tradition de la défense des indépendances nationales, notamment sur la Palestine, la Syrie et les autres crises proche-orientales. Ce qui la rend suspecte aux yeux de tous les pays qui ont décidé de s’aligner sur cet agenda américano-saoudo-israélien. Cet alignement a pour centralité le conflit israélo-palestinien et le règlement de la guerre en Irak et la Syrie. Nous sommes dans une logique de confrontation de deux camps, occidentalo-saoudo-israélien, et celui d’un front du refus représenté par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais ainsi que les nationalistes qui soutiennent la cause palestinienne.
El-Watan : Comment expliquer que les Algériens soient peu nombreux dans les rangs de Dae’ch, alors qu’ils constituaient le contingent le plus important au sein d’al-Qaïda ?
RL : On peut identifier trois facteurs qui expliquent ce fait. Le premier est que chaque famille algérienne garde en mémoire l’histoire extrêmement douloureuse des années 1990. Le peuple algérien a eu cette maturité du malheur qui fait qu’aujourd’hui, ses enfants ne rêvent plus du jihad en Irak ou en Syrie, parce qu’ils en connaissent les impostures spirituelles et idéologiques. Le deuxième facteur est lié au fonctionnement des institutions de l’Etat algérien. Que l’on soit d’accord ou non avec la situation politique interne, il y a une réalité que personne ne peut nier. Les institutions fonctionnent.
L’Algérie a tenu le coup seule durant dix ans, sans l’appui de la communauté internationale, et aujourd’hui elle continue à le faire en déployant ses moyens militaires et diplomatiques et cela force, on l’a dit, une certaine reconnaissance, voire une admiration certaine. Le troisième facteur nous ramène aux fondamentaux à l’héritage de la Révolution nationale de l’indépendance de l’Algérie. En Syrie par exemple, la communauté algérienne est suspectée d’être l’alliée de l’Etat syrien et du baathisme mais aussi pour avoir une conception nationale qui est contradictoire avec la oumma. Pour moi, ce sont les trois raisons qui font que les Algériens soient peu présents dans les rangs de Dae’ch. On ne sort pas indemne de ce que vous aviez subi durant les années 1990 sans un minimum de mémoire et de maturité politique.
El Watan : L’armée algérienne a fait son travail, même si ce travail doit être mieux relayé par les médias, les mosquées, les écoles, etc. De nombreux spécialistes disent que l’intégrisme, qui constitue la matrice de l’extrémisme violent, est là et n’a pas été vaincu comme l’a été le terrorisme. N’y a-t-il pas de risque de retour vers les années de violence ?
RL : Je reste très confiant par rapport aux capacités institutionnelles algériennes, même s’il y a des difficultés à gérer l’avenir et à trouver des solutions aux nouveaux défis. L’Algérie est aujourd’hui fragilisée économiquement à cause de la politique de bas prix du baril de pétrole, imposée par l’Arabie Saoudite pour mettre en difficulté ses ennemis géopolitiques membres de l’Opep, à savoir le Venezuela, la Russie et l’Algérie.
El Watan : Voulez-vous dire que la baisse des prix du pétrole est une politique de sanction?
RL : C’est une manière de sanctionner les pays qui ne sont pas sur la ligne de la mondialisation économique vue par les Etats-Unis, les pays du Golfe et Israël. On crée un contexte économique qui défavorise l’Algérie, on attise certaines revendications sociales comme celles liées au gaz de schiste par exemple, ou encore on pousse à la confrontation communautaire, comme cela s’est passé à Ghardaïa, on aide à faire remonter des groupes islamistes du sud du pays, etc. En fait, on fait tout pour que plusieurs problèmes entrent en convergence et fragilisent l’Algérie. Cependant, je reste très confiant quant à la solidité des institutions du pays et de son armée pour faire face à ces situations construites.
El-Watan : Le fait que nous soyons entourés par des pays pourvoyeurs d’éléments de Dae’ch ne suscite-t-il pas le risque d’implantation de cette nébuleuse terroriste ?
Le trio Sarkozy-Cameron-Obama n’a pas pris conscience des conséquences de la guerre qu’il a menée en Libye, suscitant une implosion politique de ce pays immense. Rappelez-vous, l’Union africaine était en discussion avec les Libyens. Elle était sur le point d’arriver à une sortie de crise en faisant évoluer les positions d’El Gueddafi. Mais la France et la Grande-Bretagne ont décidé d’intervenir et d’outrepasser la résolution 1973 de l’ONU. A ce jour, ces pays n’ont pas encore fait leur mea culpa à propos du chaos qu’ils ont créé dans ce pays.
La grande force de l’Algérie, c’est sa stabilité. Si elle sombre, ce ne sont pas des milliers mais des millions de migrants qui vont se déverser en Europe. Cela est un atout essentiel. Il ne s’agit pas de culpabiliser seulement les pays européens qui n’accueillent pas suffisamment le flux migratoire, mais aussi les politiques au Nord, qui n’ont pas eu le courage de dire ou de provoquer une réunion internationale tripartite : Union européenne-Union africaine-Ligue arabe et de faire en sorte que les millions de dollars versés par l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe, aux medersas du Niger jusqu’au Sénégal, servent au développement local de ces régions afin de fixer les population locales et de lutter contre l’émigration clandestine. L’Algérie se trouve dans cette intersection-clé du dispositif.
El-Watan : Ces préoccupations ont-elles été soulignées lors de cette conférence d’Alger ?
RL : Oui, il y a eu des interventions très pertinentes, y compris de la part de l’UE, et cela a suscité des réactions du Niger, du Sénégal et de la Russie qui ont exprimé des inquiétudes locales, mais aussi la nécessité d’échange des expériences et une réponse globale à une lutte réelle contre Dae’ch et les nouvelles formes de violence terroriste. La finalité du terrorisme, on ne le dit pas souvent, est de faire de l’argent. S’il s’étend et reconduit ses canaux, c’est parce que nous n’étudions pas suffisamment les connexions du crime organisé, des grands cartels de cocaïne et des trafiquants d’ivoire d’éléphant qui évoluent en Afrique subsaharienne. Leur principal objectif est de faire de l’argent sous couvert de défense de l’Islam… Il s’agit de déconstruire cette imposture !
La nouvelle est surprenante. Des milliers de musulmans algériens se convertiraient au christianisme, désenchantés par le «Printemps arabe» et la montée d'un Islam violent, selon Ali Khidri, le seul distributeur de Bibles du pays qui croulerait actuellement sous les demandes. Des centaines de personnes viendraient chaque mois aux bureaux de la Société de Bibles d'Algérie, pour chercher leur ''livre''. Ali Khidri souligne aussi que des milliers de musulmans se rendent dans les églises pour en savoir plus sur la foi chrétienne. D'après le distributeur, les musulmans interrogeraient actuellement leur foi, à cause des actes perpétrés au nom de l'Islam. « Ils sont de plus en plus à penser qu'il s'agit là du vrai visage de l'Islam », affirme Ali Khidri. Toujours selon la Société de Bible d'Algérie, il y aurait entre 100 000 et 200 000 chrétiens dans le pays, une immense augmentation, en comparaison des 2 000 qui y résidaient il y a tout juste trente ans.
Il est cependant impossible d'avoir des chiffres exacts, parce que les chrétiens ne peuvent pas pratiquer leur foi ouvertement, en Algérie. Ali Khidri rappelle que, d'après le gouvernement, les chrétiens seraient 600 000 mais, il s'agit selon lui d'une tentative gouvernementale de semer la peur. Plus de 2 000 baptêmes ont en tout cas été enregistrés en 2013. Selon le bibliste, le pouvoir d'Alger tolérerait les nombreuses conversions parmi les Berbères, parce qu'ils étaient chrétiens avant l'arrivée de l'Islam, au 7ᵉ siècle. Ali Khidri affirme également que les musulmanes sont attirées par le christianisme à cause du respect manifesté envers les femmes. Depuis un décret présidentiel de 2006, le prosélytisme évangélique est interdit, et les cultes non-musulmans sont restreints. Le fait de brandir une Bible en Algérie peut ainsi être puni de cinq ans de prison ou de l'expulsion du pays, pour les prêtres étrangers ou les Témoins de Jéhovah par exemple. Mais, comme le note l'historienne française Karima Dirèche, la plupart de ces conversions se font vers les mouvements protestants évangéliques et concernent surtout les Kabyles, un peuple issu de tribus berbères. Les conversions au néo-évangélisme s’inscrivent dans un contexte algérien de violence politique et idéologique: la décennie 1990, «décennie noire», a laissé place à la terreur et la guerre civile qui a fait plus de 200 000 victimes, opposant le gouvernement algérien à divers groupes islamistes. Cette violence a suscité le désarroi dans une Kabylie déjà encombrée de nombreuses crises et en grande crise identitaire.
Au niveau religieux, le christianisme s’impose donc de plus en plus comme la religion d’origine du peuple kabyle, illustré par la figure de proue du Berbère qu’était saint Augustin (354-430). Le christianisme deviendrait-il alors la religion de résistance des Berbères ? Sans doute même si les causes individuelles des conversions religieuses sont toujours multiples. La conversion pourrait ainsi traduire en Kabylie, la tentative de s’opposer au pouvoir et de se distinguer face à l’arabo-islamisme idéologique du nationalisme algérien délétère.
Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve
Qui peut abattre une innocente jeune femme pour lui voler sa voiture en préparant le massacre des fidèles d’une église, n’est qu’un chien enragé.
Qui peut tirer à bout portant dans la tête d’enfants devant une école, après avoir tué en jubilant des militaires désarmés, n’est qu’un chien enragé.
Qui peut tuer les clients d’une épicerie venus faire leurs courses, en préparant le massacre des autres, n’est qu’un chien enragé.
Des fanatiques prétendant “venger le prophète” et massacrant des journalistes n’ayant fait que des dessins (drôles ou pas, est une autre question) ne sont que des chiens enragés.
Toujours, des innocents désarmés, des enfants : oui, des chiens enragés et fort lâches. Face à eux, alors, que faire ?
Quand le désarroi officiel devient palpable ; quand sa foi en un renseignement intérieur défaillant sonne chaque jour plus faux ; quand les appels à l’union nationale sentent désormais leur juin 1940, il faut d’abord affirmer ceci :
- L’État-nation n’a pas été créé pour fixer la date des soldes, ni le salaire des infirmières, mais pour assurer la sécurité du pays. C’est sa raison d’être et l’aune à laquelle il faut le juger.
- Assurer la sécurité intérieure n’est pas se lamenter dans des cortèges, ni arpenter le pays, ou la planète, pour gémir sur des cercueils. À tout prix, cela consiste à briser l’emprise terroriste sur la France et à éliminer ces chiens enragés.
Cela ne se fait pas par l’apaisement, ni la communication. Voilà un siècle, Charles Péguy avertissait : “Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir, et les lâches sont des gens qui regorgent d’explications”.
Mais la terreur n’est ni nouvelle, ni bornée à l’Europe. Observons ainsi deux pays victimes du terrorisme, leurs décisions et ce qui en a résulté.
Le Pakistan. Aujourd’hui, 20 % de ce pays de 800 000 kilomètres carrés est sous la coupe d’une centaine de hordes islamistes armées, talibans, etc. Opérant ouvertement, elles ont tué, depuis septembre 2001, 30 000 civils et 15 000 militaires pakistanais. Parmi elles, le Lashkar e-Tayyaba, coupable prouvé du carnage de Bombay en novembre 2008 (170 morts), fonctionne à ce jour comme un parti politique légal. Voué à massacrer des chrétiens et des chiites pakistanais, le Lashkar e-Jhangvi y sévit sans encombre.
Or la puissante armée pakistanaise (650 000 hommes) pourrait sans tarder liquider ces islamistes. Violents ou pas, soulignons-le, ceux-ci sont fort minoritaires dans ce pays à 95 % musulman, et n’ont jamais dépassé 5 % des sièges au parlement d’Islamabad. Seul motif du sanglant chaos : l’indécision de dirigeants incapables d’éliminer ces islamistes pour de bon.
Ceylan - d’abord, ceci : l’auteur a souvent parcouru le pays tamoul. En Inde comme à Ceylan, difficile de trouver un peuple plus pacifique et accueillant que les Tamouls. Or, de persécutions en discriminations, les Ceylanais bouddhistes ont enragé certains Tamouls de l’île, au point qu’ils créent en 1976 les “Tigres de l’Elam tamoul”, sanguinaire groupe terroriste comme le monde en a peu connu.
D’où, de 1983 à 2009, une guerre civile provoquant 100 000 morts ; trains et autocars attaqués à l’explosif, passagers massacrés ; camions et voitures piégés, victimes par centaines ; des présidents et ministres assassinés lors d’attentats suicides, dont Rajiv Gandhi, en 1991.
En 2005, le nouveau président ceylanais décide d’anéantir les Tigres. Début 2009, ceux-ci sont encerclés au nord de l’île, parmi 100 000 Tamouls. En mai 1989, c’est l’assaut final :
Bombardements… fusillades… Tous les dirigeants des Tigres sont éliminés, avec sans doute 40 000 civils. Parmi les atrocités, des exécutions sommaires de prisonniers ; le fils de Velupillai Prabhakaran (chef des Tigres) est abattu à 12 ans. 300 000 Tamouls croupissent alors dans des “camps de prisonniers”. Aujourd’hui encore, Ceylan compte, après l’Irak, le plus grand nombre de “disparus” au monde.
Oui mais, en janvier 2015, un président bouddhiste modéré est élu à Ceylan ; une timide réconciliation nationale s’y amorce. Et depuis désormais six ans, le terrorisme a disparu de l’île. Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve. Des cas très divers certes, mais un point commun : une volonté sans failles, une poigne de fer.
Xavier Raufer (Le Nouvel économiste, 1er mai 2015)
IRIB- “Dans un contexte de ralentissement de la demande d’exportations, en provenance des marchés européens,... l’Algérie multiplie ses relations commerciales avec un certain nombre d’économies émergentes, notamment le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (Bric).” C’est du moins ce que relève Oxford Business Group (OBG) dans un papier intitulé “Algérie : diversification des relations économiques”. OBG note que l’Algérie, qui s’engage de plus en plus sur la voie d’une diversification de son économie, aussi bien en termes de production que de commerce, affiche des perspectives d’augmentation de ses recettes commerciales encourageantes, grâce à une demande — en particulier en matières premières — toujours forte de la part des marchés émergents malgré des prévisions de croissance revues à la baisse. Selon le cabinet londonien, citant le ministère des Finances, les exportations vers l’Asie ont atteint 2,03 milliards de dollars au premier trimestre 2012, un chiffre quasiment multiplié par deux par rapport à la même période l’année précédente. Début 2012, un dixième des exportations algériennes était à destination de l’Asie, faisant de la région le troisième marché d’exportation de l’Algérie. “Par exemple, le volume des échanges commerciaux de l’Algérie avec l’Inde, s’il ne représente toujours qu’un faible pourcentage de l’ensemble des échanges commerciaux du pays, a connu ces dernières années une rapide expansion”, indique OBG.
L’Inde est le 11e partenaire commercial de l’Algérie ; les deux pays se sont exprimés en faveur d’une augmentation du volume de ces échanges à l’avenir. “Dans un récent rapport de l’ambassade d’Inde en Algérie, on pouvait lire que le commerce bilatéral entre l’Algérie et l’Inde avait atteint un chiffre total de 2,7 milliards d’euros en 2011, contre 1,9 milliards d’euros en 2010, hausse qui s’explique en grande partie par la hausse du prix des produits pétroliers”, rapporte le cabinet londonien. Selon ce dernier, les exportations algériennes, qui se composent surtout de pétrole et de gaz, ont enregistré une hausse de près de 50% entre 2010 et 2011 et représentent les deux tiers de l’ensemble des échanges bilatéraux. Les exportations indiennes vers l’Algérie comportent des produits industriels variés, comme des véhicules à moteur et des tuyaux pour le transport de pétrole et de gaz, ainsi que de la viande et d’autres produits agricoles.
La Chine a connu la plus fulgurante ascension
Les relations commerciales entre l’Algérie et le Brésil ont également connu une croissance exponentielle au cours de ces dernières années. Mais comme partout ailleurs en Afrique, c’est la Chine qui a connu la plus fulgurante ascension.
Le géant asiatique a joué un rôle clé dans le soutien des exportations algériennes ces dernières années. Les statistiques du ministère des Finances concernant le commerce extérieur du pays en 2011 placent la Chine en deuxième position dans la liste des sources d’importation pour l’année 2011. L’Algérie a également pris des mesures pour optimiser le potentiel de sa relation avec la Russie, elle aussi exportatrice d’hydrocarbures estime OBG. “Si les relations commerciales entre l’Algérie et la Russie sont limitées, les deux pays producteurs d’énergie se sont par le passé alliés dans le cadre de projets stratégiques communs afin de mettre en commun les bonnes pratiques établies dans les domaines de l’extraction et du transport des produits pétroliers”, rappelle le cabinet. Le dernier accord de partenariat entre Sonatrach et Gazprom, l’entreprise gazière monopolistique russe, a expiré en 2007 et n’a pas été renouvelé par la suite, faute de projets communs à l’horizon. “Il se pourrait bien que cette situation change, comme l’a montré l’annonce en juin 2012 d’un accord de principe entre Sonatrach et Gazprom pour procéder à des échanges de swap, un système d’échange de flux financiers qui permet à chaque pays d’optimiser ses ventes dans les marchés clés du pays partenaire”, prévoit OBG.
Depuis près d’un mois de nombreux journaux algériens et tunisiens parlent de risques terroristes grandissants et de complots extérieurs tournés contre l’Algérie sans toutefois fournir d’analyse claire et fiable de la situation (1). Cela a pour effet d’attiser les tentions et les inquiétudes d’une population déjà en proie a de graves troubles sociaux et considérée par l’EIU (Economist Intelligence Unit) comme étant à « très haut risque », le risque étant ici une révolte populaire massive et le chaos qui l’accompagne (2). La situation s’est aggravée lorsque après l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, les défiances envers l’État et les mouvements protestataires se sont répandus au sein de la population (3). Quelles sont les menaces qui pèsent sur l’Algérie aujourd’hui ? Est-il possible que ce pays sombre dans la guerre civile qui a enflammé le Maghreb et le Moyen-orient il y a quatre ans? C’est la question qu’on peut légitimement se poser lorsqu’on observe des troubles grandissants autours des élections présidentielles ces derniers jours.
Souvenez-vous, décembre 2010 : le printemps arabe. Une succession sans fin de soulèvements et de guerres civiles qui frappent vingt pays, deux continents, faisant chuter pas moins de six gouvernements, et dont le nombre de victimes totales s’élève à plus de 230.000 personnes (4) (5). Ces révolutions qualifiées a l’époque de populaires ont en réalité été pilotées à distance par les États-Unis, comme le prouve « Arabesque Américaines », l’excellent livre du physicien et journaliste Québécois de renommée internationale Ahmed Bensaada (6): « Il est clair que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont fait cette révolution, mais il n’en demeure pas moins que ce sont eux qui ont accompagné et encadré les principaux activistes que ce soit en Tunisie, en Egypte et dans les autres pays arabes à travers leur formation et ce bien avant le début de la contestation».
Dans cet autre document, Canal+ décortique les méthodes qu’utilisent les Américains pour renverser des pays lors des révolutions colorées. Gardons en tête que si les théâtres d’opérations changent, les méthodes elles, restent les mêmes.
En Algérie actuellement des éléments essentiels a l’émergence d’une guerre civile se mettent en place a la façon d’un gigantesque puzzle :
Premièrement, on assiste à une déferlante de propagande anti-Bouteflika de plus en plus puissante dans les médias audiovisuels (7): tous les maux du pays lui sont attribués ! Et son maintien au pouvoir est décrit comme intolérable pour l’ensemble (oui, l’ensemble) de la population. En réalité, une partie non négligeable du peuple le soutient. Selon le Point, malgré une politique sociale mitigée, son bilan en tant que président est globalement positif (8). Sa popularité est élevée particulièrement auprès de l’ancienne génération car il est l’homme qui, en 2000, a su arrêter la guerre civile Algérienne qui avait fait 150.000 morts et durée dix ans (9). Précisons qu’il n’est pas question ici de vanter un président sûrement trop vieux et trop usé pour diriger un pays, et dont la durée du mandat, de plus en plus indécente, suscite d’énormes critiques (Bouteflika a du modifier la constitution pour briguer ce nouveau mandat) ; mais de discerner ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ceci afin d’éviter à l’Algérie le destin Ukrainien ou Libyen.
Les attaques médiatiques que nous voyons aujourd’hui ressemblent fortement a une attaque occidentale en règle contre l’Algérie par médias interposés. Cette hypothétique agression a été prédite et expliquée par Michel Collon en Janvier 2013 dans un article intitulé: « L’Algérie est clairement la suivante sur la liste ». Il est possible que cette déferlante de propagande soit une tentative de manipulation de l’opinion publique afin de préparer un changement de régime ou d’augmenter la tolérance du peuple à la mise en œuvre d’actions agressives (diplomatiques, économiques ou militaires) de la part de pays occidentaux. Dans ce cas, l’extrême polarisation de la presse pourrait être considérée comme le fameux média-mensonge que Michel Collon décrit avant le début de chaque guerre menée par l’occident (10).
Deuxièmement, le contexte dans lequel se produit ces tensions est particulièrement délicat. Le président Bouteflika entame en effet son quatrième mandat après une victoire marquée par 48% d’abstention et 81% des voix en sa faveur. La contestation est forte et Bouteflika doit faire face à une opposition insistante et à de violents mouvements populaires. Rappelons que sur les cinq révolutions colorées qui ont eu lieu au milieu des années 2000 en Europe, toutes se sont déclenchées dans les deux mois suivants les élections (11). Le contexte actuel est donc l’un des plus sensibles qu’il puisse y avoir avec les acteurs en présence.
En Algérie, une grande part du gouvernement et de l’appareil d’État de Bouteflika sont corrompus (12). L’état de santé du président fait de lui un homme diminué, aux capacités et à l’intégrité incertaines. Des spécialistes décrivent même Said Bouteflika, le frère de Abdelaziz Bouteflika comme le réel détenteur du pouvoir (13). Pour ceux qui défendent le changement de gouvernement tout azimuts, il faut savoir que, dans ce cas de figure, le pouvoir émergent pourrait provenir de démocrates convaincus aussi bien que de tenants d’un Islam radical : On se souvient du très wahhabite FIS (Front Islamique du Salut), que personne ne veux voir réapparaître ou d’AQMI, bien implanté dans la région. Des politiciens à la solde des occidentaux pourraient aussi en profiter à la manière d’un Yatseniouk.
Il est important de noter l’apparition d’une organisation d’opposition : le Barakat! (Ça suffit! en Arabe) qui n’appartient à aucun parti politique particulier. Elle se veut spontanée mais son financement reste a ce jour obscur. Des rumeurs hostiles la disent aussi proche (à tort ou à raison?) de Bernard Henri-Lévy et des sionistes (14). Ce qui est sûr, c’est que cette organisation est la réplique exacte d’OTPOR (« Résistance » en Serbe) créée en 1998, financée par le gouvernement fédéral Américain. Celle-ci fut très impliquée dans le printemps arabe et fut à l’origine de toutes les révolutions colorées (15). Ces nombreux points communs peuvent laisser penser que le gouvernement américain mène une politique secrète de déstabilisation à Alger. En effet, le Barakat! et OTPOR utilisent toutes deux les mêmes techniques de déstabilisation non violentes (sittings, grèves, blocages de bureaux de vote, contrôle des scrutins etc…etc…) issues du livre Américain « De la dictature à la démocratie » disponible ici. Amazon décrit ce livre comme : « un cadre conceptuel pour la libération ». Plus concrètement, il s’agit d’un manuel tactique et stratégique expliquant comment renverser un gouvernement quel qu’il soit sans avoir recours aux armes.
En conclusion, Bouteflika est dans une position délicate : il doit faire face à la critique médiatique internationale, à son peuple qui menace de se soulever et à une Amérique belliqueuse et prédatrice qui a augmenté son effectif militaire dans le région le mois dernier (16) et pourrait bien se décider a agir. En effet, l’Algérie est a la fois une grande détentrice de pétrole, une puissance influente et indépendante dans sa région (17). Elle n’est pas endettée et entretient d’importantes relations commerciales avec la Russie (18)(19). Elle a donc tous les attributs pour intéresser les technocrates de Washington. Dans les faits, l’occident ne peut pas intervenir en Algérie sans bonne raison. À part si, bien sûr, des civils sont violemment réprimés par l’armée. Tout peut donc dépendre de l’activité du Barakat!
Nous voyons donc que toutes les pièces du puzzle sont réunies pour engendrer une crise explosive et la situation peut s’embraser. Mais en l’absence d’actes déstabilisateurs provenant du peuple, la probabilité d’une accalmie augmentera avec le temps. Par contre si la situation dégénère, comme cela s’est produit en Syrie, en Ukraine, en Égypte et ailleurs, l’Algérie serait-elle assez stable et réactive pour résister à de telles menaces ? Le pays pourrait-il éviter la guerre civile ou un conflit a plus grande échelle ? Ou deviendrait-t-il une nouvelle Libye trois ans plus tard ? Et quelle serait alors la réaction de la Russie? Une chose est sure : nous le saurons dans les mois à venir.
Lavrov alerte les Algériens et met en garde les Tunisiens
Ex: http://www.tunisie-secret.com
La Russie hausse le ton. On ne touchera pas à l'Algérie, avertit Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, qui, soit-dit en passant, a été accueilli à Tunis avec le drapeau Serbe, une bourde de la diplomatie tunisienne qui ne sait plus faire la différence entre un drapeau russe et un drapeau serbe. La conspiration contre l’Algérie n’est plus un secret pour personne. Tout est prêt pour déstabiliser ce pays coincé entre une Tunisie sous mandat islamo-atlantiste, un Maroc sous influence israélienne, et une Libye en voie d’afghanisation. A Tunis, les cinq conditions sont réunies pour mener à bien ce plan anti-algérien : la base militaire américaine qui se trouve à un vol d’oiseau des frontières algériennes, le siège de Freedom House qui est la pépinière des cybers-collabos, les rats palestiniens du Hamas qui ont creusé des dizaines de tunnels aux frontières tuniso-algériennes, la mini armée de djihadistes tunisiens, algériens, libyens et tchétchènes disséminés en Tunisie, et les cellules dormantes d’Al-Qaïda. TS.
En visite éclair en Tunisie, il y a quelques jours, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a soutenu lors de sa visite, il y a quelques jours à Tunis, que des «parties étrangères» veulent mettre l'Algérie à feu et à sang à travers la commercialisation d'un printemps algérien. Sans les nommer, le diplomate russe a ajouté que ces mêmes parties «ont ouvert plusieurs fronts près des frontières algériennes depuis la Libye, la Tunisie et le Mali». Etant des alliés traditionnels, M.Lavrov a notamment réitéré le soutien de son pays à l'Algérie. Le chef de la diplomatie russe a dévoilé, lors de son passage en Tunisie, que l'Algérie est devenue la cible des instigateurs et autres fomenteurs qui insistent pour y écrire le dernier épisode d'un supposé printemps arabe. Aussi, a-t-il mis en garde les autorités algériennes contre les instigateurs de ce qu'on appelle «printemps arabe».
Le ministre russe des AE incrimine directement ceux qui ont été à l'origine des bouleversements provoqués délibérément en Tunisie, en Libye et au Mali, d'où parvient la plus grande menace contre l'Algérie. Il estime que les conspirateurs du nouvel ordre mondial établissent leurs plans à base d'une politique d'influence en misant sur les minorités populaires et les réseaux terroristes.
Cependant, cette menace soulignée par Moscou n'est pas nouvelle pour les services de renseignements algériens, pas une menace qu'ignorent les services de renseignements algériens. Soumis à une très forte pression depuis le début de la guerre civile en Libye, les forces de sécurité algériennes ont misé sur leur expérience acquise sur le terrain de la lutte antiterroriste. En un temps relativement court, des milliers d'informations et de témoignages de première main ont été analysés et recoupés par les services du DRS engagés dans une course contre la montre contre tous genres de menaces, notamment des groupuscules criminels nés à l'ombre d'une crise libyenne qui aura servi de catalyseur au mouvement jihadiste. Un mouvement relativisé et parfois banalisé par l'ensemble des parties entrées en guerre contre le régime d'El Gueddafi, dont la France, la Grande-Bretagne et les USA. Dans leur banque de renseignements les services de sécurité ont réussi à identifier des réseaux nouvellement constitués composés de Marocains et de Libyens.
L'arrestation de plusieurs agents du Mossad en Algérie en est la preuve tangible. Ne jugeant pas nécessaire de dévoiler le véritable scénario programmé contre l'Algérie, des sources très au fait du contexte confient que l'Algérie constitue «un terreau fertile» pour les grands appétits occidentaux. Le rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'homme qui épingle paradoxalement l'Algérie et l'analyse du Combating Terrorism Center (CTC) de l'Académie militaire de West Point qui a mis sous la loupe tout ce qui se passe dans le sud de l'Algérie, prétextant que cette région névralgique de l'économie du pays, serait l'épicentre d'un éclatement populaire à cause de la marginalisation des minorités, ne peuvent être considérés que comme une introduction aux véritables visées des Occidentaux.
Une perception initiatrice de ce qui se prépare. «L'Algérie est-elle dans le collimateur des USA?» s'interrogeait L'Expression dans l'une de ses précédentes éditions! La réponse a été révélée dans les colonnes du Los Angeles Times. Le journal rapporte que «des troupes de forces spéciales américaines se sont installées en Tunisie». Cette présence dont nous avons fait foi, mais démentie par les autorités tunisiennes est justifiée, souligne le même organe de presse par le fait «d'entretenir les forces militaires tunisiennes en matière de lutte contre le terrorisme».
Les marines dont le nombre serait d'une cinquantaine ont pris position au sud de la Tunisie à un vol d'oiseau des frontières algériennes depuis le mois de janvier 2014. «Un avion de type hélicoptère s'y est installé aussi», précise encore le Los Angeles Times. Ce n'est que l'aspect visible de l'iceberg et de l'énorme stratégie de guerre annoncée contre l'Algérie.
En effet, depuis la fin de l'année précédente, des informations vérifiées font état d'une forte présence d'agents des services de renseignement américains et d'agents de l'Africom dans le Sud tunisien. Jalouse de sa souveraineté, l'Algérie avait agi en un temps record pour libérer plus de 600 otages tout en sécurisant le périmètre. L'Unité spéciale appelée à mener l'opération avait impressionné le monde entier par son professionnalisme! Même si les USA prétextent leur mobilisation en Afrique pour une coordination de lutte contre le terrorisme et pour préserver leurs intérêts, il est tout de même difficile de ne pas croire que les USA n'ont pas un intérêt pour une partie de l'Algérie dont les réserves de gaz de schiste, de gaz conventionnel et d'autres minéraux comme l'uranium. Des clans complaisants sont déjà sur le terrain pour la mise en marche de la locomotive de déstabilisation.
«Printemps algérien» en vue, une catastrophe pour la France?
par Gabriel Robin
Ex: http://www.bvoltaire.fr
Si un conflit civil grave émergeait outre-Méditerranée, on peut sans peine imaginer que de nombreux Algériens fuiraient leur pays pour tenter de s’installer en France.
Abdelaziz Bouteflika brigue un quatrième mandat consécutif de président algérien. Âgé de 77 ans, l’homme est usé, une véritable momie qui ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant suite à un accident vasculaire cérébral en 2013. Il bénéficie de l’appui des deux principaux partis politiques algériens, le FLN historique (Front de libération national) et le RND (Rassemblement national démocratique, représentant la majorité au Sénat). Cette oligarchie gérontocratique, dans laquelle les richesses et le pouvoir sont détenus par une caste dirigeante et consanguine, semble secouée à son tour par les convulsions qui ont agité son voisin tunisien et, bien sûr, l’Égypte. L’Algérie n’est pas une dictature au sens propre, la presse bénéficie d’une liberté relative, mais il s’agit bien d’un régime autoritaire.
L’Algérie a, pour l’instant, été « épargnée » par les mouvements des « printemps arabes ». Le directeur de la campagne d’Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre Abelmalek Sellal, déclarait même que « le printemps arabe est un moustique. Nous avons pu fermer la porte pour qu’il n’entre pas » ; alors que, dans le même temps, des affrontements communautaires opposaient ethnies berbères et arabes dans la ville de Ghardaïa, provoquant le décès de trois personnes. La situation est donc particulièrement tendue, et on peut avancer, sans trop se mouiller, que la configuration présente peut conduire à des troubles majeurs, voire à des conflits violents. Trois partis politiques ont d’ailleurs appelé à boycotter l’élection présidentielle et à manifester, estimant que celle-ci est une parodie d’élection libre.
Ces événements concernent au plus haut point la France : en effet, notre pays est historiquement lié à l’Algérie et nombre de personnes légalement françaises possèdent la double nationalité algérienne ou de la famille toujours « au pays ». Si un conflit civil grave émergeait outre-Méditerranée, on peut sans peine imaginer que de nombreux Algériens fuiraient leur pays pour tenter de s’installer en France. Chaque année, des milliers de ressortissants algériens souhaitent entrer en France et obtenir des « papiers » français. Mais avec une déstabilisation politique, le phénomène n’irait qu’en s’intensifiant lourdement. Nous nous retrouverions alors confrontés à un véritable exode, avec une arrivée massive de réfugiés politiques et de clandestins opportunistes, ainsi qu’une multiplication des mariages gris ou blancs.
Disons le tout net, la France n’est pas en mesure d’accueillir un nouveau flux d’immigration maghrébine, quand nous ne parvenons déjà pas à correctement intégrer ou assimiler ceux qui se trouvent ici. Nous avons pourtant toutes les raisons de craindre que le gouvernement ne sera pas capable de l’empêcher. Tant pour des raisons idéologiques que pratiques.
Pour les Français, un « printemps algérien » serait catastrophique…
Tout le monde ne parle que de la crise Ukraine-Russie, mais il faut se pencher sur ce qui se passe en Algérie. On critique beaucoup M. Poutine, figure emblématique du tyran pour un Occident auto satisfait, mais on semble négliger le régime algérien, ubuesque, incompétent, oligarchique. Avec lequel pourtant la France entretient les meilleures relations, à la limite de la servilité, n’osant pas émettre contre lui la moindre critique (1).
Le 17 avril, le président Bouteflika, 77 ans, rendu impotent par un AVC, se présente pour un 4e mandat, après 15 ans de pouvoir. Évidemment, il ne pourra pas gouverner, mais il est la marionnette d’un clan, ou plutôt de plusieurs. L’Algérie danse sur une poudrière. Le 15 avril, une manifestation a eu lieu à Alger, avec le mouvement ”Barakat” (”Ça suffit !”), dénonçant une mascarade électorale. Dans le même temps, éclataient à Ghardaïa, à 600 km au sud de la capitale, des affrontements interethniques très violents. Ils opposaient les Mozabites (Berbères) et les Châambas (Arabes). Il y eut plus de 100 blessés graves et des pillages ou incendies de commerces et de maisons berbères. Ce n’est qu’un début. L’Algérie se dirige vers une très grave crise.
Une nouvelle guerre civile couve, avec trois types d’antagonisme : 1) Islamistes contre laïcs ; 2) Berbères contre Arabes ; 3) luttes de pouvoir au sein de l’appareil d’État, impliquant le FLN, le RND et l’Armée. Depuis son indépendance, l’Algérie, qui aurait pu être la Californie de l’Afrique du Nord, est un pays de malheur. En dépit de ses ressources primaires pétro-gazières qui sont techniquement gérées par des Occidentaux et qui amènent à l’Algérie la majorité de ses devises, ce pays n’a su développer aucun secteur économique national performant. Le chômage y est endémique, la pauvreté persistante, la bureaucratie pachydermique. À l’inverse des pays d’Asie. Il y a donc bien un problème intrinsèque à ces populations.
Tout le monde le sait et le murmure mais personne n’ose le dire : du temps de la présence française, les populations d’Algérie vivaient bien mieux qu’aujourd’hui. D’ailleurs, l’importance de l’immigration des Algériens en France témoigne de leur fuite hors de leur propre pays pour venir vivre chez l’ancienne puissance coloniale. C’est à la fois une schizophrénie (ils restent nationalistes algériens tout en détestant le régime de leur pays) et un terrible aveu d’impuissance.
En Algérie, ça va éclater. Une guerre civile, extrêmement compliquée (comme dans tous les pays arabo-musulmans et de l’arc proche-oriental), se prépare. La raison profonde en est une instabilité psycho-ethnique de ces populations, incapables de vivre dans l’harmonie. L’islam ne fait qu’aggraver les choses. La même chose se remarque en Amérique du Sud, zone d’intenses mélanges ethniques : mais elle est géopolitiquement décentrée, donc de bien moindre importance que le Maghreb et le Proche Orient.
Pour ne rien arranger, la Libye voisine sombre dans le chaos : effondrement de la production pétrolière, délitement de l’État, éclatement du pays en zones néo-tribales, montée des affrontements, installation de bases armées islamistes. Bravo à ceux qui ont aidé à renverser le régime de Kadhafi. Quant à la Tunisie, les suites du ”printemps arabe”, véritable duperie, s’annoncent sous de très mauvaises augures. (2)
La prédiction que l’on peut faire, c’est que l’Algérie présente de grands risques de s’embraser, encore plus violemment que dans les années 90. Avec, à ses portes la Tunisie et la Libye, elles aussi menacées d’incendie. Et, partout en embuscade, l’islamisme. Pour la France, qui comporte de très nombreuses communautés originaires de l’Algérie et du Maghreb, la nouvelle est inquiétante et les conséquences peuvent être gravissimes.
Notes:
(1) Deux causes : la mauvaise conscience coloniale de la repentance, fabriquée par les idéologies de gauche, et la présence en France de populations d’origine algérienne qu’il faut ménager.
(2) Pour l’instant, à part le Maroc et les monarchies du Golfe (qui sont toutes des autocraties héréditaires), tous les pays arabo-musulmans, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Syrie, Liban, Irak sont dans une situation explosive. À l’échelle du monde, 80 % des pays où l’islam est majoritaire ou très présent connaissent un état endémique d’instabilité pouvant dégénérer à tout moment.
Il y a déjà plusieurs mois que les Etats-Unis, après avoir classé l’Algérie comme « pays à risque pour la sécurité des diplomates », ont implanté des installations militaires avec contingents de marines, à la pointe sud de l’Espagne, sans cacher le moins du monde leurs intentions interventionnistes vers le nord de l’Afrique.
Sachant par ailleurs, que les Etats-Unis visent désormais la région frontalière située entre le sud tunisien et l’Algérie: « Signe que les Etats-Unis sont décidés à agir, le Pentagone vient de récupérer, dans le sud de la Tunisie, une ancienne base désaffectée qui doit être rénovée pour intervenir sur le théâtre libyen, affirme une source diplomatique à Tunis. (le Figaro, 1er février 2014), le moins qu’on puisse dire, même s’il n’est question pour l’instant que d’intervenir en Libye, est que l’ogre se rapproche…
Menaces de punition pour n’avoir pas suffisamment soutenu l’intervention militaire française au Mali ? Projet de déstabilisation d’un dernier bastion encore par trop indépendant de l’influence US ?
Toujours est-il que, après les maliens et au vu de l’état de tension régnant dans toute la sous-région, les algériens sont fondés à nourrir de grandes inquiétudes.
Une intervention militaire annoncée
500 marines, huit avions militaires de combat…Les Etats-Unis ont ainsi déployé, depuis l’été 2013, une force militaire d’intervention conséquente, dans la petite ville de Moron en Espagne. Si le stationnement de militaires américains sur le sol espagnol n’est pas un scoop, ce qui est nouveau en revanche est la spécificité dédiée à cette nouvelle implantation. L’aveu du gouvernement espagnol à ce sujet est d’ailleurs de taille : » permettre à l’armée américaine d’intervenir dans le nord de l’Afrique en cas de troubles majeurs ». On ne saurait, en effet, être plus clair !
Aujourd’hui, alors que les USA viennent de faire une demande officielle au gouvernement Rajoy d’augmenter de moitié le contingent des marines déjà en place, appelé « Force de riposte pour la crise en Afrique », on apprend, par le quotidien espagnol El Pais, que sont prévus d’importants mouvements de la marine militaire US sur les côtes espagnoles : » Le 11 février prochain le destroyer américain USS Donald Cook arrivera avec ses 338 membres d’équipage à la base navale de Cadix. Un second navire, USS Ross arrivera en juin et deux autres, USS Porter et USS Carney, en 2015. Au total, ce seront 1100 marines, avec leurs familles, qui s’installeront sur la base de Cadix ».
Interrogé à propos de toutes ces manoeuvres et implantations militaires, Gonzalo de Benito, secrétaire d’Etat espagnol aux affaires étrangères, se contentera de commenter : » Quelles opérations réaliseront ces marines suréquipés ? Je ne peux pas le dire car ces forces sont pas venues pour des opérations précises mais pour des contingences qui peuvent se produire… »
Entre menaces et langue de bois, on mesure combien ces bruits de bottes sont à prendre au très sérieux.
Que ce soit en Italie ou en Espagne, au Nord Mali ou au Niger, qu’elles soient françaises ou US, force est de constater que les implantations militaires se multiplient dans la région proche Maghreb.
L’humanitaire d’abord et puis… la guerre
Toutes les interventions extérieures qui ont procédé, et y tendent encore, à ce processus de désintégration territoriale et politiques des nations, notamment africaines… ont toujours été précédées de campagnes ultra-médiatiques menées sur le terrain de « l’humanitaire ». On connaît parfaitement le déroulé des opérations : « humanitaires » et ONG signalent, généralement là où on le leur dit, une situation dramatique pour les civils, y dénoncent des famines en cours ou à venir, identifient des multitudes de génocides (ou risque de), abreuvent les opinions publiques d’images-choc et finalement… les grandes puissances se voient »contraintes », à leur corps défendant s’entend… d’intervenir au nom du « droit à la vie des populations concernées ». CQFD en Libye, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Mali…tous désintégrés, découpés et finalement partitionnés.
C’est ainsi que, après avoir rôdé il y a fort longtemps son procédé au Biafra et en Somalie, tous deux désintégrés (1), le »bon » docteur Kouchner, devenu ministre français de gauche et de droite, allait inventer en ex-Yougoslavie, elle aussi désintégrée, la version définitive du « droit d’ingérence » ! Invention qui, après avoir montré toute son efficacité dans l’implosion des Balkans, allait faire florès aux quatre coins d’une planète soumise à la globalisation impériale.
De l’Irak des « armes de destruction massive » à la Libye du « sanguinaire » Kadhafi » meilleur ami de la France, de la Syrie au Mali, de la Côte d’Ivoire à la Centrafrique… on s’aperçoit que c’est surtout au nombre de guerres menées, en son nom, sur le continent qu’on peut mesurer les résultats de cette politique « humanitaire ».
Afrique du Nord, Algérie et Tunisie clairement visées
Qu’on n’oublie pas que le département américain des affaires étrangères a récemment classé l’Algérie dans sa trop fameuse liste des pays « à risque sécuritaire pour les diplomates ». Par ailleurs, au même moment, sous forme d’amendements, était rediscutée au Congrès américain la loi anti-terroriste avec comme objectif affiché de permettre l’intervention des Forces Armées, sans consultation préalable en…Afrique du Nord ! Tiens donc…
Les ONG humanitaires dont on a déjà dit l’empressement à « appeler les grandes puissances » et leurs armées au secours, sont depuis longtemps à pied d’oeuvre en Algérie. Selon la centrale syndicale UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) ces ONG mènent campagne dans le but de diviser et opposer les populations entre elles : Nord contre Sud, Berbères contre Arabophones, salariés contre chômeurs… En tête de liste de ces « humanitaires » on trouve les ONG telles que Freedom House, Canvas, NED…dont les liens avec la CIA sont un secret de polichinelle. (2)
L’UGTT les accuse nommément d’infiltrer les mouvements sociaux aux fins de « les dévoyer et de les conduire vers des actions violentes, cherchant ainsi à créer une situation de troubles pouvant justifier une intervention extérieure » et encore » Alors que les jeunes manifestent légitimement pour la création d’emplois, contre la précarité et l’exploitation, les jeunes animateurs de Canvas leur proposent de régler la question de l’emploi dans un cadre séparatiste, du Sud de l’Algérie, c’est à dire là où se trouvent les grandes richesses minières, pétrolières et gazières. » Comme par hasard, serait-on tenté d’ajouter ou plutôt…comme d’habitude. (3)
Insécurité et troubles sociaux provoqués en de ça des frontières, insécurité généralisée provoquée au delà. La méthode est connue. Les USA qui s’appuient déjà sur la déstabilisation régionale pour justifier le déploiement de leurs dispositifs militaires en Méditerranée ne manqueront pas de prendre demain le prétexte des troubles sociaux ou « du danger pour les diplomates » pour intervenir directement.
Ne serait-il pas légitime, pourtant, de poser la question de la responsabilité des grandes puissances, et très précisément de celle des USA, dans la prolifération des activités terroristes armées dans toute cette région d’Afrique ? N’est-ce pas, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes, au nom de cette insécurité que les USA, par OTAN et France interposées, ont décidé de faire exploser la Libye en 2011 ? N’est-ce pas pour les mêmes raison que l’armée française est entrée en guerre au Mali en 2012. Deux interventions qui, rappelons le, loin de ramener la paix, ajoutant la déstabilisation à la déstabilisation, ont fait du Sahel, et de toute la sous-région, une véritable poudrière.
Ces nouvelles menaces US inscrites dans le cadre de la stratégie dite des « dominos », si chère à l’ancienne administration Bush, doivent être prises très au sérieux. On le voit, les prétextes même les plus fallacieux, ne manquent pas et ne manqueront pas, dans un avenir proche, pour une intervention militaire extérieure. Les grandes puissances ne s’arrêteront pas, bien au contraire, devant les risques de désintégration régionale et leurs conséquences meurtrières pour les peuples.
Déjà, c’est toute la région qui subit l’incroyable prolifération des armes due à l’explosion de l’état Libyen et au flux continu d’armements en tout genre, totalement irresponsable, à destination d’islamistes extrêmes en Syrie. Les ondes de choc de cette situation on les connait au Mali où une France militairement dépassée se montre très (trop) bienveillante à l’égard de séparatistes très bien équipés, en Algérie où ressurgit une certaine forme de terrorisme islamiste qu’on pensait éradiquée et jusqu’en Tunisie où sévissent désormais des groupes paramilitaires se réclamant de l’Islam et où, dans le même temps, le pouvoir laisse impunis les assassinats d’opposants politiques.
Il apparaît de plus en plus clairement aux populations concernées que ces menées dislocatrices dirigées contre des états souverains n’ont pour objectif que de laisser des nations affaiblies aux mains de supplétifs, divisées et impuissantées, incapables de résister aux appétits des multinationales.
C’est bien pourquoi les états d’où sont originaires ces multinationales s’entendent si bien, au gré de leurs intérêts et quoi qu’ils en disent, avec les islamistes les plus furieux, qu’il s’agisse aujourd’hui du Sahel et de la Syrie ou de la Libye hier. Autrement dit, à chacun son pré-carré, à chacun ses profits et ses caisses bien remplies.
Décidément, jamais les « vieilles chimères », portées par les pères fondateurs des Indépendances, comme le « panafricanisme » ou « l’Afrique aux africains »… jetées depuis aux oubliettes de l’histoire, ne semblent pourtant avoir été autant d’actualité.
De toutes les manières et quoi qu’il en soit des débats urgents qu’impose la situation dramatique infligée au continent, l’actualité dicte que l’Algérie ne se voit pas dicter sa conduite sous intervention militaire.
Notes:
1/ Après le Biafra, Bernard Kouchner expliquera qu’il convient de « convaincre » d’abord les opinions publiques. S’en suivirent alors les opérations à grand spectacles comme « un sac de riz pour la Somalie », « un bateau pour le Vietnam »…les dissensions avec MSF, son départ et la fondation de Médecins du monde.
2/ UGTA Alger le 28 juin 2013 in Fraternité journal du PT algérien
3/ Sur le rôle néfaste des « humanitaires », des ONG et la dislocation des nations, voir www.lautreafrique.info(« Banque Mondiale et ONG déstabilisent les états »)
Algeriepatriotique : Comment évaluez-vous le développement de la situation en Syrie en ce moment ?
Michel Collon : Je crois que l’on assiste à un tournant historique. On voit que les Etats-Unis, qui ont été, jusqu’à présent, très arrogants et se permettaient de déclencher des guerres assez facilement, sont maintenant face à une résistance très forte en Syrie, face aussi à un refus de la Russie et face à la résistance croissante des pays du Sud. Le sentiment qui se développe en Amérique latine, en Afrique, dans le monde arabe aussi et en Asie bien entendu, est que les Etats-Unis sont une puissance déclinante, qu’ils mènent une politique égoïste visant seulement à voler les richesses pendant que les peuples restent dans la pauvreté, et qu’il est donc temps de résister à ces guerres qui sont purement économiques, des guerres du fric, et qu’il faut construire un front par rapport aux Etats-Unis et à leurs alliés européens, puisque l’Europe suit les Etats-Unis de manière très docile et hypocrite et est impliquée dans ce système.
Nous avons réalisé une série d’entretiens avec des personnalités aussi divergentes les unes que les autres, notamment Paul Craig Roberts qui fut conseiller de Reagan. Un point revient souvent : dans le monde occidental, aujourd’hui, les anti-guerre par rapport à ceux qui dénonçaient la guerre du Vietnam, par exemple, sont à droite. Pourriez-vous nous faire un commentaire à ce sujet ?
Nous avions, en Europe, un mouvement anti-guerre extrêmement puissant qui s’était développé justement pendant la guerre du Vietnam. Ce mouvement a été très affaibli. On en a vu encore une pointe en 2003 au moment où Bush a attaqué l’Irak et où nous étions des millions dans la rue, mais il faut bien constater que quand les Etats-Unis ont attaqué la Libye, quand ils sont intervenus en Yougoslavie et en Afghanistan, il n’y a pas eu de forte résistance. Je pense qu’il faut analyser le problème en se demandant comment la Gauche européenne qui avait toujours été en principe anti-guerre, anti-coloniale, anti-injustices sociales, se retrouve maintenant, à de très rares exceptions, aux côtés des Etats-Unis et de l’Otan, dans une grande alliance qui englobe Israël, l’Arabie Saoudite, le Qatar et toutes ces dictatures épouvantables qui prétendent qu’elles vont apporter la démocratie en Syrie. Et la gauche européenne marche avec ça ? C’est une comédie et il est très important d’expliquer d’où cela provient. Je pense qu’on a perdu le réflexe de se méfier du colonialisme, de refuser la guerre et de rechercher des solutions politiques aux problèmes. On a perdu cette idée que les nations ont le droit de décider de leur système social, de leur avenir, de leurs dirigeants et que ce n’est pas à l’Occident colonial de dire qui doit diriger tel ou tel pays. Nous avons un grand examen de conscience et une analyse à faire : comment se fait-il que ceux qui devraient être à gauche se retrouvent avec ceux que je considère, moi, comme l’extrême droite, à savoir Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar ?
D’après les informations que nous avons récoltées à travers nos entretiens et qui se confirment, Barack Obama serait otage du lobby israélien, notamment via l’Aipac et ses partisans, comme Susan Rice, Lindsay Graham, etc., et les néo-conservateurs pro-israéliens. Qu’en pensez-vous ?
C’est une thèse très répandue que les Etats-Unis sont dirigés par Israël et je ne suis pas d’accord avec cette position. Je pense, en fait, que c’est le contraire. Ce n’est pas le chien qui commande à son maître, c’est le maître. Quand vous regardez l’économie israélienne et son budget, vous voyez bien que la force est aux Etats-Unis et qu’Israël est ce que j’appelle le « porte-avions » des Etats-Unis au Moyen-Orient. Bien sûr, le lobby est un phénomène qui joue, mais le jour où l’élite des Etats-Unis décidera qu’Israël ne nous est plus utile ou qu’il nous fait du tort parce que tout le monde arabe est en train de résister et nous allons perdre notre crédit et notre marge de manœuvre au Moyen-Orient, ce jour-là, les Etats-Unis lâcheront Israël. Il y a des fantasmes sur le lobby juif qui dirigerait le monde, mais je ne crois pas à cette théorie.
L’Aipac n’est pas une vue de l’esprit…
Nous sommes dans un monde dirigé par les multinationales. Quand vous voyez qui a le pouvoir de contrôler les richesses, de décider l’économie, de contrôler Wall Street, la City, Frankfurt, etc., ce sont des multinationales. Et le fait qu’il y ait quelques patrons juifs n’est pas le problème. Je pense vraiment que l’on doit s’en prendre au système des multinationales et ne pas prendre la conséquence pour la cause.
Vous avez dit dans l’émission de Taddéï : « Vous m’inviterez un jour car ce sera au tour de l’Algérie d’être ciblée par une frappe ou une guerre. » Le pensez-vous toujours ?
Oui, je pense que ce qu’il se passe en Tunisie et au Mali et l’attaque contre la Syrie annoncent qu’effectivement les Etats-Unis sont en train d’exécuter un plan de recolonisation de l’ensemble du monde arabe et des pays musulmans – puisqu’il y a l’Iran aussi – qui ont échappé au colonialisme classique. Clairement, l’Algérie fait partie des cibles, comme l’Iran, et donc il est très important de voir qu’en défendant l’autodétermination du peuple syrien, on empêche les Etats-Unis d’attaquer les cibles suivantes. Ce que je dis dans ce cas, c’est que, en fait, il s’agit toujours de la même guerre. Nous sommes dans les différents chapitres d’une même guerre de recolonisation.
On ne sait pas ce que va devenir l’Egypte sans Moubarak ni la Tunisie sans Ben Ali. La Libye n' existe plus en tant qu’état organisé depuis la fin de Kadhafi. Les conséquences de la chute de Saddam Hussein terrorisent même ceux qui veulent la peau d’Assad.
Et voila qu’il va falloir affronter les conséquences imprévisibles de la fin annoncée du règne de Bouteflika. L’Algérie tenue d’une main de fer par son inusable président n’a pas connu les printemps arabes. Le régime a tenu et reste un pays de type socialiste s’appuyant sur un parti ultra dominant et une caste militaire omniprésente, avec cependant une presse étrangement libre, du moins jusqu’à présent. Tout cela est sous la menace continue d’islamistes et de la déstabilisation des frontières sahéliennes de l’Algérie.
Tout le monde s’accommodait donc de Bouteflika, mais maintenant, c’est quasiment sûr, il va falloir s’en passer. L'état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis plus de trois semaines à Paris à la suite d'un mini-AVC, selon les sources officielles, suscite des rumeurs alarmistes en Algérie, alimentées par les propos officiels rassurants mais très évasifs, à un an de la présidentielle. Il est normal que la population s’interroge. Le pouvoir pratique une omerta dangereuse.
En l'absence de publication d'un bulletin de santé du président âgé de 76 ans, transporté le 27 avril à l'hôpital militaire parisien du Val de Grâce, la presse algérienne s'interroge avec prudence tous les matins sur ce sujet tabou. « Mon journal » et son pendant arabophone « Djaridati » ont fait l'expérience de la censure, une première en Algérie depuis une dizaine d'années. Ce qui est révélateur. Ils n'ont pu être imprimés pour avoir consacré leur Une à un dossier sur une "détérioration" de l'état de santé du chef d'État, citant "des sources médicales françaises et des proches de la présidence algérienne".
Des voix s'élèvent déjà, dont celle d'Abderrezak Mokri, nouveau chef du parti islamiste, proche des Frères musulmans, Mouvement de la société pour la paix (MSP) pour réclamer l'application de l'article 88 de la Constitution. Les islamistes sont bien en embuscades comme partout. Le 88 stipule qu'en cas de "maladie grave et durable" du président qui "se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions", le Conseil Constitutionnel propose à l'unanimité "au Parlement de déclarer l'état d'empêchement", ce qui nécessite une majorité des deux-tiers des voix. Le président du Conseil de la Nation (Sénat), en l'occurrence aujourd'hui Abdelkader Bensalah (70 ans) est alors chargé de l'intérim durant un maximum de 45 jours. Après ce délai, "il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit" du chef de l'Etat et le président du Sénat doit alors en moins de 60 jours organiser l'élection présidentielle. Cela bien sûr si tout se passe bien, ce dont on peut douter. Car tout est possible, explosion populaire, subversion islamiste, prise en main par l’armée appuyée par le Fln, tentatives de sécession berbère etc.
Rien de tout cela n’enchante personne
Le Maroc est le premier intéressé dans ses relations conflictuelles permanentes avec l’Algérie autour du Sahara. La Tunisie et la Libye aussi. Mais l’inquiétude est également à Washington et à Paris. A Washington où l’on avait fait de l’Algérie de Bouteflika, non sans imprudence, une pièce maitresse de la lutte contre la contagion islamiste en Afrique du nord et dans la région sub-saharienne.
Paris qui avait eu besoin de la complaisance de l’Algérie pour sa campagne militaire au Mali à des sueurs froides. Il est bien évident qu’un changement de donne à Alger pourrait rendre plus fragile les plans français de retrait du mali et d’organisations d élections.
Sans oublier qu’au regard de la très importante communauté algérienne en France, de nationalité française ou non, car ça ne change pas grand chose sauf pour les harkis et les plus intégrés, un conflit pour le pouvoir à Alger ne pourrait qu’avoir des répercutions dans les banlieues déjà sensibles d’une France toujours liée sinon à l’Algérie, au moins aux algériens et à la politique algérienne.
Pour certains la guerre d Algérie n’est pas terminée ou a été terminée de telle façon qu’elle continue dans un contexte différent et pour longtemps à peser sur la France et les français.
Algerije: Geschiedenis, Geopolitiek en Actuele Destabilisering
Samenvatting infoavond Algerije met Robert Steuckers – 24 april 2013
In 2009 werd Bouteflika bij presidentsverkiezingen met ruim 90% wederom herkozen als president van Algerije. Na zijn overwinning beloofde hij de komende vijf jaar 150 miljard dollar (112,8 miljard euro) te investeren in de economie en drie miljoen nieuwe banen te creëren. Algerije kampt met een hoge werkloosheid, woningnood en corruptie.
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Algerije: oeroude geschiedenis.
Deel van het Romeinse Rijk.
Reservoir aan tarwe, olijven.
Berbers wonen in bergen langs de kust = stammen. Bondgenoten van Rome tegen Carthago.
Jugurtha: Numidische koning verloor een oorlog tegen Rome na een bloedige opstand.
Marokkaanse legioenen – Karavlakken
Christelijke gewelddadige sekte = Donatisten/Circoncelliones. Sterke invloed in de Noord-Afrikaanse kerk en ten slotte zelfdestructief toen de islam in de 7e eeuw Noord-Afrika veroverde.
Rijk land voor een bepaald aantal mensen.
Recrutering Eerste en Tweede Wereldoorlog door de Fransen = geld voor familie.
Oppervlakkige islamisering: verovering van Spanje vanaf 711.
Enkele stammen werden verjoodst: La Kahina
Verschillende dynastieën (Berbers) en opstanden (onstabiel).
Leger van Arabië: Beni Hilal (1048).
Oppervlakkige Germanisering door Vandalen: zeemacht.
Nesten van piraten (Rabat, Algiers) gedurende eeuwen in Noord-Afrika = nieuwe rijkdom door plunderingen. Mensen uit Europa worden slaven.
Toledo: drie eeuwen islamitisch (Moorse tijd: 712-1085).
Bezetting door Spanje van delen van Marokko tegen piraterij.
16e eeuw: Algerije wordt een Turkse provincie.
Verovering van Algerije: 1830-1871 door Fransen die zorgden voor een moderne administratie.
Sahara: verovering in 1903.
1947: opstand van Abdel Khader: vanuit het westen en de bergen tegen Frankrijk.
Bevolking vergast door Frankrijk: rook in de grotten in het noorden van Algerije.
Een miljoen Fransen en vele Europeanen bevolken Algerije en Noord-Afrika.
Oran bevolkt door Spanjaarden.
Geen kolonie voor Leopold I.
Ophitsen van Arabieren tegen Berbers door de Fransen.
Steden langs de kust ontwikkelen zich: arme bevolking.
Frans nationaliteit aan Algerijnse joden, vroegere ‘dhimmi’.
Krimoorlog.
Anti-semitische rellen in Algerije zoals in Rusland. Linkse krachten lokten deze uit.
Turken hitsen Salafisten/Senoessisten op tegen Italianen in Libië (Ataturk – 1914). Senoessisten bewapend door de Turken en de Duitsers; bondgenoten van Toeareg-stammen.
Modern Algerijns nationalisme: Messali Hadj (familie van Ottomaanse origine) zat een tijdje in de gevangenis. Bouwde een ondergrondse beweging voor onafhankelijkheid.
Programma = lekenstaat naar het voorbeeld van Atatürk.
Mobilisatie van stammen voor het Franse leger.
Algerijnse oorlog was tegen Fransen en tussen Algerijnen. De orde werd gehandhaafd door Algerijnse troepen: ‘messalisten’ <> ‘frontisten’: 10.000 doden.
Abassi Madani: bommen in Radio Algiers (FLN).
1989: steunt FIS (fundamentalisten): oproep jihad tegen Algerijnse regering.
AIS = leger FIS <> andere salafisten, gesteund door de regering.
2003: Einde strijd. Madani gaat in ballingschap naar Saudi-Arabië en later Qatar.
1962: Frankrijk wint de oorlog tegen Algerije: veel gesneuvelden.
Kasbah: oncontroleerbare gesloten wijken. Hier werden opstandelingen uitgeschakeld.
Ahmed Ben Bella: eerste president (Marokkaan). Richtte het FLN op.
Boumedienne: tweede president en Eerste minister tot 1978 (rebellenleider).
Arabisering is een ideaal naar voorbeeld van Syrië / Egypte.
Onderwijzers worden gezocht bij moslimbroeders in Egyte. Geheime salafisering / islamisering / linkse trotskistische elementen.
Ben Bella: banneling in Frankrijk / Zwitserland.
Boumedienne: bondgenoten zijn Chaouia Berbers. Voert geen religieuze politiek, eigen sociaal systeem en nationalisatie van de olie.
Algerijnse diplomatie: verzoening tussen Irak en Iran (1995).
Olieprijs zakt met 2/3e van de waarde: opstand, ontstaan FIS, die alle verkiezingen winnen.
Bendjedid wordt verdreven.
Burgeroorlog: jaren ’90.
Heden: Leger staat klaar met Russische tanks: geen Tunesië of Libië.
Marokko is belangrijk in de strategie van de VS.
Olie: Nigeria, Kameroen. Algerije: ook prooi van Arabische Lente.
Militaire actie in Mali.
Qatar: Aqmi islamisten betalen tegen Algerijnse overheid.
2012: Vier Amerikaanse NGO’s opgericht in Algerije.
Maart 2012: Abd al-Kader: “Arabische Liga is niet Arabisch en geen Liga”.
B. H. Levy: “Algerije is geen Arabisch land en geen moslimland. Het is een joods, Frans land”.
Doel: wahabitisch liberaal systeem installeren naar het voorbeeld van Qatar. Controle over de Sahel en politiek tegen Europese en Chinese invloed.
Joodse stammen zouden een staat van Likud (Israël) krijgen.