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dimanche, 13 juin 2021

Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

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Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

par Alberto Negri

Source : The Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-menu-e-solo-americano-l-europa-non-c-e

Sommet de l'OTAN. La réunion de l'alliance atlantique s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser qu'une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" va s'enclencher pour exporter peut-être davantage de déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. L'Europe n'aime pas ça, mais elle acquiesce. 

Le sommet de l'OTAN de demain à Bruxelles, précédé du G-7 en Cornouailles, commence par deux ou trois plaisanteries et une chose sérieuse. Ce qui est grave, c'est que le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a signé une directive alertant les forces militaires pour qu'elles considèrent la Chine comme le défi numéro un des États-Unis et de l'Occident.

Dans le "paquet" proposé par les Etats-Unis de Biden au sommet de l'OTAN, il y a évidemment aussi la "cible Russie", avec l'idée d'une alliance entre les "démocraties libérales" européennes à déployer contre Pékin et Moscou. L'idée d'un élargissement de l'OTAN vers l'est est toujours présente à l'esprit, ce qui ne fera que raidir le Kremlin en vue du prochain sommet entre Biden et Poutine.

Ce que l'Europe gagne de cette "perspective" de futures relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique se retire de l'Afghanistan, manoeuvre qui n'a pas été sanctionnée par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau.

Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non.

Et voici le menu américain. M. Biden a appelé les autres dirigeants à envoyer un message réprobateur contre le "travail forcé" et le traitement réservé par Pékin à la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang. Comme étape supplémentaire, il a présenté une "route de la soie" occidentale. Derrière cet humanitarisme apparent se cache un nouveau piège: les Talibans, qui n'ont jamais été dissociés dans les faits d'Al-Qaïda, et d'Isis, répandu dans la province du Khorasan, peuvent devenir un instrument de déstabilisation avec les djihadistes du Xinjiang musulman.

En laissant peut-être en place la Turquie d'Erdogan, un membre de l'OTAN qui est devenu le grand manœuvrier des djihadistes entre la Syrie et la Libye. En bref, même depuis la défaite en Afghanistan, rien n'est jeté et tout peut être recyclé.

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Le sommet de l'OTAN s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser à une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" pour exporter peut-être une autre déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. Une chaîne d'échecs dévastateurs. Et en plus, les États-Unis gagnent économiquement, peut-être nous, Européens, un peu moins.

Parce que l'Europe a "ses" intérêts économico-commerciaux avec la Chine et ne veut pas couper les ponts avec Pékin, à tel point qu'en 2020, la Chine a dépassé les États-Unis et est devenue le premier partenaire commercial de l'Union. La réalité est que les États-Unis, en particulier dans le secteur technologique, font pression sur les Européens: du jour au lendemain, il faut acheter "américain".

Le sommet atlantique de Bruxelles sera l'occasion de réitérer ce message. Nous l'entendrons probablement lors de la rencontre entre Biden et Erdogan, qui a acheté des batteries antimissiles S-400 à Poutine. On en a eu un avant-goût lors de la rencontre dans le port sicilien d'Augusta où, sur le plus grand porte-avions d'Europe, le Queen Elisabeth britannique, le ministre de la Défense Guerini et deux de ses collègues, le Britannique Ben Wallace et le Turc Hulusi Akar, se sont rencontrés. Biden déteste Erdogan mais ils finiront par trouver un accord car la Turquie est opposée à la Russie sur trois fronts, la Syrie, la Libye et l'Azerbaïdjan, et même l'Italie s'arrangera avec Erdogan en échangeant peut-être les parts de gaz d'ENI dans la mer contestée de Chypre avec quelques concessions en Libye où la Turquie a une sorte de protectorat sur la Tripolitaine.

Et nous en arrivons aux blagues. L'existence d'une politique étrangère européenne fait rire tout le monde. Merkel est en liquidation, Macron se porte mal et Johnson est plus transatlantique que jamais grâce au Brexit. S'il est vrai que les États-Unis ont suspendu pour l'instant les sanctions contre le gazoduc North Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, Washington n'a certainement pas renoncé à faire exploser le projet en nommant Amos Hochstein, un ancien conseiller d'Obama et de Biden, comme envoyé spécial pour les affaires énergétiques.

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Hochstein (photo) a siégé au conseil de surveillance du géant ukrainien de l'énergie Naftogaz. Et comme tout le monde le sait, le fils de Biden, Hunter, a été impliqué dans des transactions gazières louches en Ukraine. Hochstein a été l'homme de l'ombre de Biden dans le secteur de l'énergie. Cet ancien officier de l'armée israélienne est celui qui a déjà fait sauter le South Stream avec Moscou (2 milliards de commandes de Saipem) : attention, il n'est pas écologiste, il sponsorise le pipeline Tap.

La dernière histoire nous concerne directement, nous Italiens. Biden a promis à Draghi un soutien total sur la Libye ; le président américain n'est incertain que sur un point: raconter ou non au premier ministre la blague sur la "salle de contrôle italienne" déjà promise par Obama et Trump. Et ce après avoir bombardé Kadhafi en 2011 avec la France et la Grande-Bretagne. Entre-temps, le fils de Kadhafi, Seif Islam, aimerait se présenter à la présidence, soutenu par l'actuel premier ministre Dbeibah qui a dirigé l'une des sociétés d'investissement de Seif. Vous pouvez voir dans quelles mains nous nous trouvons.

vendredi, 11 juin 2021

Les États-Unis prêchent des valeurs qu’ils violent ouvertement

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Les États-Unis prêchent des valeurs qu’ils violent ouvertement

par Glenn Greenwald

Comment pouvez-vous feindre la colère face aux attaques d’autrui contre la liberté de la presse alors que vous emprisonnez Assange pour le punir de ses révélations essentielles sur les responsables américains ?

Source : Glenn Greenwald
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken parle de l’importance du journalisme indépendant, le 6 mai 2021 (Radio Free Europe). Julian Assange arrive au tribunal de Westminster à Londres dans sa tentative de résister à l’extradition par l’administration Biden (Photo par Victoria Jones/PA Images via Getty Images)

Poursuivant sa tournée mondiale de conférences vertueuses, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a proclamé jeudi – dans un sermon qu’il faut entendre pour le croire – que peu de choses sont plus sacrées dans une démocratie que le « journalisme indépendant. » S’adressant à Radio Free Europe, Blinken a rendu hommage à la « Journée mondiale de la liberté de la presse. » Il a affirmé que « les États-Unis soutiennent fermement le journalisme indépendant. » Il a expliqué que « le fondement de tout système démocratique » implique de « demander des comptes aux dirigeants » et « d’informer les citoyens » ; et il a prévenu que « les pays qui refusent la liberté de la presse sont des pays qui n’ont pas une grande confiance en eux-mêmes ou en leurs systèmes. »

La cerise rhétorique sur le gâteau est venue lorsqu’il a posé cette question : « Pourquoi avoir peur d’informer le peuple et de demander des comptes aux dirigeants ? » Le secrétaire d’État a ensuite émis ce vœu : « Partout où le journalisme et la liberté de la presse sont remis en question, nous nous tiendrons aux côtés des journalistes et de cette liberté. » Comme je sais que je serais extrêmement sceptique si quelqu’un me disait que ces mots venaient de sortir de la bouche de Blinken, je vous présente ici le clip vidéo non édité d’une minute et cinquante-deux secondes où il dit exactement cela:

Le fait que le gouvernement Biden croit si fermement au caractère sacré du journalisme indépendant et se consacre à sa défense partout où il est menacé surprendrait beaucoup de monde. Parmi eux, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks et la personne responsable de la divulgation de plus de faits importants sur les actions de hauts fonctionnaires américains que pratiquement tous les journalistes américains employés par la presse mainstream réunis.

Actuellement, Assange se trouve dans une cellule de la prison britannique de haute sécurité de Belmarsh parce que l’administration Biden tente non seulement de l’extrader pour qu’il soit jugé pour espionnage pour avoir publié des documents embarrassants pour le gouvernement américain et le parti démocrate, mais aussi parce qu’elle a fait appel de la décision rendue en janvier par un juge britannique rejetant cette demande d’extradition. L’administration Biden fait tout cela, note le New York Times, en dépit du fait que « les groupes de défense des droits de l’Homme et des libertés civiles avaient demandé [à l’administration] d’abandonner l’effort de poursuivre Assange, en faisant valoir que l’affaire… pourrait créer un précédent constituant une grave menace pour les libertés de la presse » – les libertés de la presse, exactement la valeur que Blinken vient juste de passer la semaine à célébrer et à promettre de défendre.

C’est le ministère de la justice [DOJ, Department of Justice, NdT] de Trump qui a porté ces accusations contre Assange après que le directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo, a affirmé dans un discours de 2017 que WikiLeaks a longtemps « prétendu que les libertés du premier amendement de l’Amérique les protègent de la justice » puis a prévenu : « Ils ont pu le croire, mais ils ont tort. » Pompeo a ajouté – en invoquant la mentalité de tous les États qui persécutent et emprisonnent ceux qui les dénoncent efficacement – que « donner à [WikiLeaks] l’espace nécessaire pour nous écraser avec des secrets mal acquis est une perversion de ce que représente notre grande Constitution. Cela prend fin maintenant. »

Mais comme tant d’autres politiques de Trump concernant les libertés de la presse – qu’il s’agisse de défendre l’utilisation par le DOJ de Trump de mandats pour obtenir les relevés téléphoniques des journalistes, d’exiger qu’Edward Snowden soit maintenu en exil, ou de maintenir Reality Winner et Daniel Hale en prison – les hauts responsables de Biden sont depuis longtemps entièrement d’accord avec la persécution d’Assange. En effet, ils ont été à l’avant-garde des efforts visant à détruire les libertés fondamentales de la presse, non seulement pour WikiLeaks mais aussi pour les journalistes en général.

C’est Joe Biden qui a qualifié Assange de « terroriste de la haute technologie » en 2010. C’est l’administration Obama qui a réuni un grand jury pendant des années pour tenter de poursuivre Assange. C’est la sénatrice Dianne Feinstein (Démocrate de Californie) qui a insisté pour qu’Assange soit poursuivi en vertu de la loi sur l’espionnage, des années avant l’entrée en fonction de Trump. Et c’est la collègue de Blinken au sein de l’équipe de sécurité nationale d’Obama, Hillary Clinton, qui a félicité le DOJ pour les poursuites engagées contre Assange. Tout cela était destiné à punir les révélations d’Assange sur les méfaits endémiques du gouvernement américain et de ses alliés et gouvernements adverses dans le monde entier.

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The New York Times, 21 février 2021

Comment pouvez-vous parcourir le monde en feignant la colère face à la persécution de journalistes indépendants par d’autres pays alors que vous êtes un élément clé de l’administration qui fait plus que quiconque pour détruire l’un des journalistes indépendants les plus importants de ces dernières décennies ? En effet, comme de nombreux journalistes l’ont signalé à l’époque, peu d’administrations dans l’histoire des États-Unis, si tant est qu’il y en ait, sont plus hostiles aux libertés fondamentales de la presse que l’administration Obama dans laquelle Blinken a servi précédemment, notamment en poursuivant deux fois plus de sources journalistiques en vertu des lois sur l’espionnage que toutes les administrations précédentes réunies.

En 2013, alors que Blinken occupait un poste de haut niveau au Département d’État, le Comité pour la protection des journalistes a fait quelque chose de très rare – il a publié un rapport mettant en garde contre une épidémie d’atteintes à la liberté de la presse par le gouvernement américain – et a déclaré : « Dans le Washington de l’administration Obama, les responsables gouvernementaux ont de plus en plus peur de parler à la presse. » Jane Mayer, du New Yorker, a déclaré à propos des attaques de l’administration Obama contre la liberté de la presse : « C’est une énorme entrave à l’information, et donc le refroidissement n’est pas assez fort, c’est plutôt le gel de l’ensemble du processus. » James Goodale, avocat général du New York Times pendant la bataille menée par le journal dans les années 1970 pour publier les Pentagon Papers, a averti que « le président Obama dépassera certainement le président Richard Nixon en tant que pire président de tous les temps sur les questions de sécurité nationale et de liberté de la presse. »

Même « l’attaque contre la liberté de la presse » à laquelle Blinken fait référence dans cette interview vidéo – à savoir la récente demande de la Russie aux médias liés à des gouvernements étrangers, comme Radio Free Europe, de s’enregistrer en tant « qu’agents étrangers » auprès du gouvernement russe et de payer des amendes pour ne pas l’avoir fait – est une arme que Blinken et ses camarades utilisent contre d’autres depuis des années. En effet, la Russie répondait à la demande antérieure du gouvernement américain d’enregistrer RT et d’autres agences de presse russes en tant « qu’agents étrangers » aux États-Unis, ainsi qu’à l’escalade des attaques de l’administration Biden le mois dernier contre les agences de presse qui, selon elle, servent d’agents de propagande pour le Kremlin.

Ce n’est pas très nouveau pour les États-Unis de multiplier les conférences que le reste du monde reconnaît comme des farces complètes. En 2015, le président Obama se pavanait en Inde pour donner des conférences sur l’importance des droits de l’Homme, avant d’écourter son voyage pour s’envoler vers l’Arabie saoudite, où il a rejoint de nombreux hauts responsables du gouvernement américain pour rendre hommage au roi saoudien Abdallah, leur allié proche et hautement répressif de longue date, dont Obama a tant fait pour fortifier le régime totalitaire.

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Mais galoper à travers le monde en se faisant passer pour le champion de la liberté de la presse et des droits des journalistes indépendants, tout en travaillant à prolonger l’enfermement et la détention de l’une des personnes responsables de la plupart des révélations journalistiques les plus importantes de cette génération au-delà de la décennie qu’il a déjà endurée, est d’un tout autre niveau de tromperie. Le terme « hypocrisie » est insuffisant pour rendre compte du manque de sincérité qui se cache derrière la posture de Blinken.

Il est toujours facile – et peu coûteux – de condamner les violations des droits de l’Homme de ses ennemis. Il est beaucoup plus difficile – et plus significatif – de faire respecter ces principes pour ses propres dissidents. Blinken, comme tant d’autres qui l’ont précédé dans ce bureau de Foggy Bottom [quartier de Washington comportant de nombreux services du département d’Etat, NdT], excelle théâtralement dans le premier cas et échoue lamentablement dans le second.

Source : Glenn Greenwald, 09-05-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Source: https://www.les-crises.fr/blinken-preche-des-valeurs-que-son-administration-viole-ouvertement-par-glenn-greenwald/

 

18:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, julian assange | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 05 juin 2021

Biden déploie sa machine de guerre

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Biden déploie sa machine de guerre

Par Alexander Markovics

« Nous devons nous attendre à une guerre nucléaire ». Ce qui ressemble à un gros titre datant de l'apogée de la guerre froide est aujourd’hui une déclaration tirée du rapport annuel du commandement stratégique américain. En charge des forces nucléaires américaines, les généraux des Etats-Unis considèrent la guerre nucléaire avec la Russie et la Chine comme une possibilité "dans le spectre actuel des conflits". Dans le même temps, 28.000 soldats de 26 nations se déploient sous la direction des États-Unis en Europe de l'Est, à la frontière sud avec la Russie, dans le cadre des manœuvres "Defender Europe 2021", qui se dérouleront du 1er mai au 14 juin. L'Allemagne ne se contente pas de participer à cet exercice de grande envergure, qui peut littéralement être considéré comme un pistolet braqué sur la poitrine de la Russie, mais sert avant tout de zone de déploiement pour les autres pays de l'OTAN et notamment pour les États-Unis. Mais quel est le contexte politique du déploiement ordonné par Biden en Europe ?

Volodymyr Zelensky - un belliciste dos au mur

A Kiev, le président Zelenskyj bat à nouveau le tambour pour une reconquête du Donbass. En 2014, lorsque l'Occident a organisé un coup d'État contre le président sortant Ianoukovitch et a commencé à organiser des pogroms contre la population russe dans l'est et le sud-est du pays pour forcer une guerre avec la Russie, non seulement la Crimée mais aussi certaines parties du Donbass se sont séparées suite à un soulèvement populaire. L'accord de Minsk qui a suivi a établi un cessez-le-feu entre l'Ukraine et les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk à l'est. Outre le retrait des armes lourdes de la région frontalière et un échange de prisonniers, Kiev s'est engagé à réviser sa propre constitution et à accorder aux deux États de l'Est une autonomie qui conduirait à terme à leur réadmission dans l'Ukraine. Mais la réalité est loin de ce qui est écrit dans l'accord de Minsk: chaque jour, de pauvres gens meurent dans le Donbass sous les tirs d'artillerie et, plus récemment, de drones des soldats de Kiev. Plus récemment, un enfant de cinq ans y a été tué par des drones. Même un amendement constitutionnel contenant l'autonomie promise ne s'est pas concrétisé jusqu'à présent. La marionnette de Washington à Kiev, Volodymyr Zelenskyj, a quelque chose de tout à fait différent en tête: ce comédien télégénique qu’est Zelenskyj était devenu célèbre en tant qu'artiste de cabaret, il veut maintenant "résoudre" le conflit dans le Donbass avec l'aide de l'OTAN, comme il l'a déclaré début avril. L'Ukraine ne peut plus attendre d'être acceptée dans l'alliance militaire occidentale, a-t-il déclaré, elle veut aussi rejoindre l'UE. Car sur le plan politique, il a désespérément besoin de succès: depuis son écrasante victoire électorale, il a déçu ses électeurs. Ainsi, pour 42% des Ukrainiens, il a été la grosse déception de 2020, ne pouvant ni lutter contre la corruption dans le pays, ni mettre en œuvre la paix promise.

La crise du coronavirus a encore aggravé la situation économique de l'Ukraine. Les scandales tels que les allégations de corruption à l'encontre du fils du président américain Hunter Biden, qui font passer l'Ukraine pour un bordel et une colonie américaine, font le reste. L'Ukraine est plus dépendante que jamais de l'aide financière de l'Occident, et pas seulement dans le secteur de l'armement. Il perd également de plus en plus de partisans dans le pays même, dont récemment l'oligarque Ihor Kolomojskyj. Par suite, une nouvelle flambée de la guerre lui conviendrait parfaitement. Les officiers de l'armée ukrainienne s'efforcent également depuis des mois d'obtenir un soutien pour une guerre contre l'Est. L'armée ukrainienne, disent-ils, est prête, surtout après sa mise à niveau avec des drones et d'autres matériels de guerre provenant de l'Ouest. En clair, au lieu de la paix et du retrait des armes, cela signifierait l'expulsion et le génocide. Mais lorsque, en réponse, Moscou a massé des troupes à la frontière avec l'Ukraine et en Crimée, Zelenskyi s'est attiré les foudres du public. Soudain, l'Ukraine a été menacée par la Russie. Le président ukrainien a alors imploré l'Occident de lui venir en aide. Ce faisant, il a fait le jeu du nouveau chef de guerre à Washington.

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Car depuis l'investiture du nouveau président américain, le ton des Etats-Unis contre la Russie s'est durci. Si Hillary Clinton ne pouvait expliquer sa défaite face à Donald Trump que par le fantasme de "l'ingérence russe dans l'élection présidentielle", Biden a également eu recours à cet argument non prouvé pour alimenter la peur de la Russie aux États-Unis. De plus, le 15 avril de cette année, Joe Biden a même fait déclarer l'état d'urgence aux États-Unis parce que le service de renseignement extérieur russe, le SWR, aurait été coupable d'une attaque informatique contre les États-Unis. Cette décision a été suivie de l'expulsion de dix diplomates russes et de l'interdiction de négocier des obligations d'État russes. Lorsque, dans le même souffle, Biden souligne qu'il ne cherche pas une escalade avec la Russie, mais veut seulement "réagir de manière appropriée", cela ne peut être compris que comme une farce.

Une crise diplomatique mise en scène

Cette action a entraîné le début d'une crise diplomatique entre l'Occident et la Russie. En Europe également, les États-Unis instrumentalisent leurs alliés pour exercer une pression accrue sur la Russie. L'explosion d'un dépôt de munitions en 2014 a soudainement été utilisée par Prague comme une occasion d'expulser le personnel de l'ambassade russe de la République tchèque. Dans une réaction en chaîne de "solidarité", des diplomates russes ont également été expulsés dans les trois États baltes et en Roumanie. Moscou ne s'est pas laissé faire et a répondu à son tour en expulsant sept diplomates de l'UE. Le point culminant de l'escalade occidentale contre la Russie et ses alliés a finalement été la planification d'une tentative d'assassinat contre le président biélorusse Loukachenko, qui a pu être empêchée par les services russes et biélorusses - plus d'informations à ce sujet dans la rubrique "Objection" de ce numéro de Deutsche Stimme. Le point commun de toutes ces provocations est le fait qu'elles proviennent de l'Occident et sont dirigées contre la Russie. Tout cela ne présage rien de bon pour les futures relations entre la Russie et l'Europe, qui, elle, est devenue un champ de bataille potentiel entre les États-Unis et la Russie et qui demeure dominée par les États-Unis en matière de politique étrangère.

Un déploiement sous le signe de la grande réinitialisation

Globalement, on peut affirmer que les actions et la rhétorique de l'alliance occidentale sous la direction de Joe Biden sont devenues de plus en plus vociférantes et menacent actuellement de dépasser toutes limites. D'un côté, nous voyons un secrétaire américain à la défense transsexuel, un président américain dégringolant des escaliers et lançant des accusations non prouvées d'ingérence dans les élections et dans les affaires américaines. Ce qui semble complètement ridicule à première vue est cependant étayé par des mesures percutantes du côté occidental: les récentes déclarations sur la possibilité d'une guerre nucléaire avec la Russie et la Chine, les expulsions de diplomates russes, le déploiement de l'OTAN dans le sud-est de l'Europe et en mer Noire, ainsi que la tentative d'assassinat d'Alexandre Loukachenko sont autant de quasi-déclarations de guerre contre la Russie qui n'ont pas encore été suivies d'une escalade totale, ce que nous devons avant tout aux nerfs d'acier de Vladimir Poutine et à la retenue de la Russie. Tout cela se déroule sur fond de Great Reset. Deutsche Stimme a consacré un numéro séparé à ce sujet - qui, dans les affaires intérieures des États occidentaux, impose des mesures toujours plus totalitaires de restructuration de la société sous le couvert de la politique ‘’covidiste’’; dans le domaine de la politique étrangère, cela signifie une confrontation toujours plus vive avec des puissances altermondialistes comme la Chine, l'Iran, mais surtout la Russie.

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L'Allemagne a beaucoup d'enjeux dans ce conflit. L'enjeu n'est pas seulement le gazoduc Nord Stream 2, qui revêt une importance considérable pour la sécurité énergétique du pays, mais l'existence même du peuple allemand. En octobre 2020, l'armée de l'air allemande s'est entraînée à larguer des bombes nucléaires américaines sur le territoire allemand dans le cadre de l'exercice "Steadfast Noon". Sachant que les bellicistes du Pentagone et leurs marionnettes à Kiev travaillent à une escalade ouverte avec la Russie et que l'Occident est apparemment prêt pour la guerre nucléaire, une seule mauvaise décision peut conduire à l'anéantissement nucléaire de l'Allemagne et de l'Europe, comme aux beaux jours de la guerre froide. Dans le contexte des développements actuels, il est d'autant plus important que nous ne nous laissions pas atteler à la charrette de Washington, mais que nous nous prononcions inébranlablement pour un retrait de l'OTAN et pour la paix en Europe. Maintenant que les Verts, la gauche et même une grande partie de l'AfD sont attachés au traité de l'Atlantique Nord et au transatlantisme, c'est la seule tâche de l'opposition nationale de mener une authentique politique de paix pour un futur monde multipolaire.

 

lundi, 24 mai 2021

La géopolitique des sectes

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La géopolitique des sectes

Par Claudio Mutti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

51kqD6w2NfL.jpgIl y a une trentaine d'années, en publiant dans la collection de l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris une étude sur les aspects géopolitiques du christianisme orthodoxe [1], François Thual utilisait le cas exemplaire de l'orthodoxie pour montrer l'importance du facteur religieux comme paramètre fondamental de la géopolitique. C'est ainsi qu'est née la "géopolitique des religions", que Thual a ensuite traitée dans d'autres essais, tant sur des sujets spécifiques que généraux [2]. Acceptant la leçon de Thual, Eurasia a donné naissance en 2014 à un numéro intitulé Géopolitique des religions [3], dans lequel les implications géopolitiques de diverses religions dans différentes régions du monde ont été examinées. Eurasia a également accordé une attention particulière à ce thème, comme en témoignent par exemple des dossiers tels que L'islamismo contro l'Islam ? [4], Luoghi santi e "Stato Islamico" [5], La guerra civile islamica [6], Geopolitica dell'Ortodossia [7], Cattolici, ortodossi, evangelici, Islam [8].

Si le facteur religieux fait partie de ceux que la géopolitique s'efforce d'identifier et de comprendre pour ses investigations, pourquoi ne pas considérer également le facteur constitué par les sectes? Eurasia a tenté de le faire en consacrant un récent ‘’doxaire’’ aux Sectes de l'Occident [9], dans lequel sont examinés certains phénomènes sectaires qui, ces derniers temps, ont joui d'une certaine célébrité. Aussi limitée soit-elle, la vue d'ensemble offerte au lecteur révèle un fait d'une importance considérable, à savoir l'extraordinaire familiarité des Etats-Unis avec la réalité multiforme de l'univers sectaire. En fait, il a été souligné « que la plupart des groupes qui portent le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" sont nés aux États-Unis, [comme dans le cas des] Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie[10] » ; que l'expansion de nombreuses sectes qui ont vu le jour en dehors des États-Unis commence souvent par le transfert de leur leader ou "maître" aux États-Unis; que les États-Unis d'Amérique eux-mêmes ont à leur origine l'action d'une secte, la puritaine ; que l'actuel président Joe R. Biden est lié par un lien ancien avec les puritains. Biden est lié par une vieille relation à la secte juive Chabad Lubavitch.

unnamedloub.jpgMais les Loubavitchs, qui en 2008 soutenaient déjà Biden pour ses positions pro-sionistes [11], ne sont que l'aspect le plus pittoresque de cette "coalition informelle d'organisations et d'individus travaillant à orienter la politique étrangère américaine dans une direction pro-Israël" [12], c'est-à-dire de ce groupe de pression qui, défini par le terme anglais de lobby [13], se configure comme "le Lobby" par excellence, c'est-à-dire comme une véritable "supersecte".

En effet, si près de soixante-dix pour cent de la judaité mondiale est concentrée aux Etats-Unis [14] et en Palestine [15], c'est aux Etats-Unis qu'elle "dispose d'un certain nombre de grandes associations qui défendent ses thèses et ses intérêts, tant auprès des gouvernements nationaux que des organisations intergouvernementales" [16]. Il s'agit d'un "déploiement impressionnant d'organisations, dont la plus puissante et la plus connue est l'AIPAC" [17] (American Israel Public Affairs Committee), dont le positionnement super partes par rapport aux partis politiques est démontré par ses conférences annuelles, auxquelles participent aussi bien des démocrates que des républicains, comme par exemple, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump (qui a prononcé un discours écrit par son gendre Jared Kushner, qui est lui-même un juif orthodoxe).

"La conférence annuelle de l'AIPAC", explique un journaliste américain, "a lieu à Washington chaque printemps et constitue un événement important de la saison politique (...). Le discours d'ouverture est généralement prononcé par le président des États-Unis, le vice-président ou le secrétaire d'État. (...) Comme un hommage au pouvoir du lobbying, environ la moitié des membres du Congrès participent à la conférence, y compris les whips démocrates et républicains des deux chambres. Il est évident que leurs discours reflètent leur allégeance personnelle et le soutien inconditionnel de l'Amérique à Israël. Les noms des membres du Congrès qui empruntent la passerelle sont publiés sur le site web de l'AIPAC, ce qui augmente leurs chances d'obtenir des contributions de grands donateurs juifs. Tout aussi importants, mais rarement médiatisés, sont les dîners et déjeuners régionaux de l'AIPAC dans tout le pays, événements auxquels sont invités les dirigeants politiques locaux (...). A l'issue de ces événements, les personnes invitées reçoivent comme prix des voyages tous frais payés en Israël, offerts par les Conseils communautaires juifs locaux, les Fédérations ou d'autres organisations juives. En Israël, ils sont reçus par le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major de l'armée, on leur fait visiter Israël et les colonies de Cisjordanie, et enfin on les emmène au musée de l'Holocauste de Yad Vashem"[18]. Les membres du Lobby sont tous juifs.

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Le Lobby comprend non seulement des Juifs, mais aussi des personnalités éminentes de l'Église évangélique et d'autres "dénominations"; en particulier, il comprend les "sionistes chrétiens", "une secte au sein du groupe plus large et politiquement orienté de la droite chrétienne (...) une sorte de "partenaire junior" des divers groupes pro-Israël de la communauté juive américaine". La secte des sionistes chrétiens est issue du ‘’dispensationalisme’’ [20], un courant théologique d'origine anglo-saxonne particulièrement répandu dans les églises évangéliques.

Avant de venir aux Etats-Unis, ce courant avait eu une certaine diffusion en Angleterre, où il a probablement contribué "à rendre le ministre anglais des Affaires étrangères Arthur Balfour particulièrement sensible à l'idée de créer un foyer pour les Juifs en Palestine"[21]. Selon la théologie "prémillénariste" de la secte, les juifs régneront sur la "terre d'Israël" pendant mille ans après que Jésus-Christ aura "enlevé" les chrétiens pour les emmener au paradis; après le millénaire, le nouveau ciel et la nouvelle terre annoncés par l'Apocalypse de Jean apparaîtront. Les ‘’dispensationalistes’’, et avec eux la secte des sionistes chrétiens, sont donc certains que le prétendu "retour"[22] des Juifs en Palestine est un événement fondamental de ce processus eschatologique qui culminera avec le second avènement de Jésus; ils croient donc que les États-Unis doivent soutenir de toutes leurs forces le régime sioniste de Tel Aviv et se préparer à combattre à ses côtés dans la bataille finale d'Armageddon. La diffusion des thèses ‘’dispensationalistes’’ est également due à une très heureuse activité littéraire à thème "apocalyptique", dont il suffit de mentionner quelques cas. Le premier est représenté par le théologien et animateur de télévision Harold (Hal) Lindsey (né en 1929), connu pour sa campagne en faveur d'une attaque nucléaire contre la République islamique d'Iran, "le seul choix logique possible pour Israël". Lindsey est l'auteur de The Late, Great Planet Earth (28 millions d'exemplaires depuis 1990), dont a été tiré un film avec Orson Welles. Le second cas est celui de Timothy (Tim) LaHaye (1926-2016), conférencier spécialisé dans les prophéties bibliques et auteur d'une série de seize romans (Left Behind, Tribulation Force, Soul Harvest, Nicolae, etc.) qui se sont vendus à ce jour à plus de 60 millions d'exemplaires et ont inspiré plusieurs films.

* * *

Quel est le poids du Lobby dans les deux dernières administrations américaines?

Donald Trump, en plus de confier le poste de "conseiller principal" à son gendre Jared Kushner et à sa fille Ivanka (tous deux juifs orthodoxes), a puisé dans les rangs du Lobby au moins une vingtaine de collaborateurs, dont: Stephen Miller (conseiller politique), Steven Mnuchin (secrétaire au Trésor), David Friedman (ambassadeur en Israël), Jason Greenblatt (assistant du président et représentant spécial pour les négociations internationales), Elliot Abrams (représentant spécial pour le Venezuela, puis l'Iran), Anne Neuberger (conseillère adjointe à la sécurité nationale et responsable de la cybersécurité), Gary Cohn (conseiller économique, puis président d'IBM), Lawrence (Larry) Kudlow (directeur du Conseil économique national), etc.

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Quant à l'administration actuelle, le 8 décembre 2020, Nathan Posner a annoncé triomphalement dans Atlanta Jewish Times que le gouvernement de Joe Biden serait "historiquement juif" [23]. Un mois plus tard, en fait, le Lobby a placé ses hommes (et ses femmes) dans la nouvelle administration.

Antony (Tony) John Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité intérieure sous l'ère Barack Obama, a succédé à Mike Pompeo au poste de secrétaire d'État le 26 janvier. "L'histoire de sa vie se lit comme une fiction sur la haute société juive", a écrit le Washington Post, rappelant que Blinken "a eu voix au chapitre dans tous les débats sur la sécurité nationale et la politique étrangère de l'administration du président Obama" [24]. Un article du Wall Street Journal a notamment rappelé que "la grande attention portée par l'administration Obama à la Syrie était due à Blinken, dont les recommandations avaient tendance à suivre la ligne dure" [25].

Le jour même du début du mandat de Blinken, le poste de secrétaire au Trésor a été confié à Janet Louise Yellen, issue d'une famille juive de Brooklyn. Ancienne vice-présidente puis présidente de la Réserve fédérale, Yellen s'est classée en 2014 à la deuxième place de la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde, selon "Forbes"[26].

La direction de la Central Intelligence Agency (CIA) a également été reprise par une israélite [27], Avril Danica Haines, anciennement directrice adjointe de la CIA de 2013 à 2015 et conseillère adjointe à la sécurité nationale (en remplacement de Blinken) de 2015 à 2017.

Le poste de secrétaire à la sécurité intérieure est revenu à Alejandro Nicholas Mayorkas, anciennement secrétaire adjoint du même département de 2013 à 2016; Mayorkas est né à La Havane de parents juifs qui ont quitté Cuba après la révolution et se sont installés à Miami.

L'économiste Jared Bernstein, collaborateur du New York Times et du Washington Post, devient le conseiller économique de M. Biden. Le fait que Bernstein, pour célébrer sa nomination au Council of Economic Advisers, ait eu recours au lexique yiddish lui a donné une importance particulière [28].

Le chef de cabinet de la Maison Blanche depuis le 20 janvier est Ronald (Ron) Alan Klain, ancien chef de cabinet de deux vice-présidents: Al Gore (1995-1999) et Joe Biden (2009-2011). M. Klain, cinquième membre du Lobby à devenir le chef de cabinet du président, a célébré sa bar-mitsva dans une synagogue d'Indianapolis affiliée au ‘’judaïsme reconstructionniste’’. En avril 2020, lors d'une conversation télévisée avec le rabbin Dennis Sasso, M. Klain a démontré son expertise en matière d'exégèse biblique en comparant l'épidémie de Covid-19 à la dixième plaie d'Égypte, lorsque "il y eut de grandes lamentations en Égypte, car il n'y avait pas une maison où il n'y avait pas un mort" [29]. Et "les Israélites (...) firent donner par les Égyptiens des objets d'argent et d'or et des vêtements. (...) Ils dépouillèrent donc les Égyptiens" [30].

* * *

Celui qui veut retracer les origines historiques de la "supersecte" américaine, doit remonter à la naissance de la loge maçonnique initialement appelée Bundesbrüder, qui a été fondée le 13 octobre 1843 au café d'Aaron Sinsheimer à Wall Street, New York, par douze Juifs d'Allemagne. Le groupe, qui prend bientôt le nom d'Independent Order of B'nai B'rith, se propose, selon l'article 2 de sa charte, d'"unir les Juifs pour la promotion de leurs intérêts les plus élevés et le bien de l'humanité", le "peuple d'Israël" étant le médiateur nécessaire entre Dieu et l'humanité. En 1851, le B'nai B'rith comptait douze loges et un peu plus d'un millier d'affiliés ; mais, étant donné l'augmentation continue de la population juive américaine (un million en 1900, 5.200.000 en 1945), en septembre 1945, les membres de l'Ordre s'élevaient déjà à 160.000 hommes et plus de 70.000 femmes. Ayant entre-temps acquis le caractère d'une véritable organisation internationale, le B'nai B'rith peut compter sur un réseau mondial de 250.000 affiliés et se servir des activités de l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith, qu'il a fondée en octobre 1913.

661UHkpR_400x400.jpgL'ADL, dont le siège est à New York et qui compte actuellement une trentaine de branches aux États-Unis, ainsi que quelques bureaux à l'étranger, ne fait pas mystère de ses activités d'espionnage. Abraham (Abe) H. Foxman [31], directeur national de l'ADL, a explicitement déclaré: "Notre mission est de surveiller et de détecter ceux qui sont antijuifs, racistes, antidémocratiques (...). Comme les organisations extrémistes sont enclines au secret, l'ADL ne peut parfois apprendre leurs activités qu'en utilisant des moyens secrets" [32]. Bien entendu, le procès intenté en 1993 contre l'ADL par douze groupes de défense des droits civils, dirigés par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee et la National Lawyers Guild, n'a pas servi à grand-chose. (En ce qui concerne l'influence de l'ADL en Italie en particulier, il convient de rappeler qu'en août 1994, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a été contraint de présenter ses excuses à Abe Foxman pour une déclaration du ministre du travail, Clemente Mastella, qui avait insinué que la chute de la lire sur le marché international avait été provoquée par le lobby juif américain. Devenu ministre de la justice dans le gouvernement Prodi (2006-2008), Mastella a expié sa culpabilité en présentant un projet de loi visant à punir les "idées antisémites" et en finançant un programme international d'éducation sur l'Holocauste).

De retour au B'nai B'rith, il s'installe en septembre 1957 dans son nouveau siège à Washington, DC, qui est inauguré par le président Richard Nixon. "Depuis lors, les différents présidents américains, les plus hautes personnalités de l'Etat et de nombreux chefs d'Etat étrangers n'ont cessé de suivre et de soutenir l'Ordre du B'nai B'rith (...) Les campagnes présidentielles passent désormais inévitablement par les assemblées du B'nai B'rith, où les candidats, tant démocrates que républicains, viennent apporter leurs messages de soutien à Israël (accusant toujours leurs adversaires de tiédeur envers la cause sioniste) (...). En 1963 (...) l'invité d'honneur était le président John Kennedy. (...) Quelques mois plus tard, c'était le tour du nouveau président Lyndon Johnson" [33]. L'Ordre entretenait de très bonnes relations avec les sionistes.

L'Ordre a entretenu d'excellentes relations avec tous les présidents américains, exhortant chacun d'entre eux à engager les énergies du pays dans la défense du régime sioniste et de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient. Immédiatement après l'élection de Donald Trump, le président Gary P. Saltzman et le vice-président exécutif Daniel S. Mariaschin ont envoyé le message suivant au président nouvellement élu: "Le B'nai B'rith applaudit votre engagement déclaré en faveur de la sécurité d'Israël et votre engagement à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire. Nous reconnaissons que le leadership américain - et le partenariat crucial de l'Amérique avec son allié démocratique Israël - sont essentiels à notre objectif commun d'un Moyen-Orient pacifique et stable. Nous sommes donc grandement rassurés de savoir qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance, aura un allié fidèle en la personne du président des États-Unis" [34]. Nous sommes également rassurés de savoir qu'Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance.

Le message envoyé par le président et le vice-président de l'Ordre au président nouvellement élu, Joe Biden, n'est pas très différent sur le fond: "Le moment est venu pour la nation de resserrer ses rangs, unie dans la guérison et unie face aux défis les plus graves. En tant qu'organisation humanitaire juive mondiale, nous nous concentrons sur les droits de l'homme, sur la sécurité et la défense d'Israël et du peuple juif, sur les questions touchant les anciens, la tolérance et la diversité. Nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration et le Congrès sur des questions cruciales pour les États-Unis et Israël. "[35].

NOTES

[1] François Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Dunod, Paris 1993. Trad. it. La geopolitica dell’Ortodossia, SEB, Milano 1995. Di Thual si veda inoltre: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.

[2] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris 1995; Géopolitique du Bouddhisme, Éditions des Syrtes, Genève 2002; Géopolitique des religions. Le Dieu fragmenté, Ellipses, Paris 2004.

[3] “Eurasia”, a. XI, n. 3.

[4] “Eurasia”, a. IX, n. 4.

[5] “Eurasia”, a. XI, n. 4.

[6] “Eurasia”, a. XII, n. 3.

[7] “Eurasia”, a. XIII, n. 3.

[8] “Eurasia”, a. XVI, n. 1.

[9] “Eurasia”, a. XVIII, n. 2.

[10] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Oscar Mondadori, Milano 1990, p. 19.

[11] David Margules, président du Chabad Lubavitch au Delaware, a déclaré à proposdeBiden : “He has developed the reputation for being a strong supporter of Israel”.

[12] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, Mondadori, Milano 2007, p. 14.

[13] Dulatin tardif laubia, qui est à l’origine du terme italien loggia.

[14] D’après une étude publiée par la démographe Ira Sheskin et parle sociologue Arnold Dashefsky en 2015 la population juive aux Etats-Unis serait de 6.829.930 individus.

[15] D’après les données fournies par la ‘’Berman Jewish Data Bank’’, en 2018 la population juive de l’Etat totalisait 6.960.000 individus.

[16] Jean Meynaud, Les groupes de pression internationaux, Études de Science politique, Lausanne 1961, pp. 95.

[17] John Mearsheimer – Stephen Walt, La lobby israeliana e la politica estera degli Stati Uniti, in: AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, Effepi, Genova 2007, p. 18.

[18] Jeffrey Blankfort, L’influenza di Israele e della sua lobby in America sulla politica americana in Medio Oriente, in AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, cit., pp. 68-69.

[19] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., pp. 164-165. Cfr. Marco Zenesini, Ritorni: il sionismo cristiano, “Eurasia”, 2/2021, pp. 123-127.

[20] Ce nom dérive du terme anglais dispensation, qui, dans la version autorisée de la Bible du Roi Jacques traduit le terme οἰϰονομία, “administration’’. L’apôtre, en fait, ‘’administre’’ l’annonce faite dans l’Evangile et ‘’dispense’’ la Grâce.

[21] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., p. 165.

[22] Il est difficile, sinon impossible, de soutenir que lers Juifsactuels, auxquels les thèses sionistes attribuebt un ‘’droit au retour’’en Palestine, descendent desHébreuxdes douze tribus, parce qu’à l’ethnogénèse juive d’autres éléments ethniques de provenances très diverses ont contribués, car acquises via le prosélytisme. Sur ce thème, je renvoie à mon essai Chi sono gli antenati degli Ebrei?, “Eurasia” 2/2009, republié sous le titre de  Gli Ebrei sono semiti? en appendice à: Goffredo Coppola, Trenta danari, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020.

[23] Nathan Posner, Biden’s Jewish Leadership, atlantajewishtimes.timesofisrael.com

[24] Alison Weir, L’ex vice consigliere per la sicurezza nazionale Tony Blinken rivela come Obama e Biden hanno contribuito al massacro israeliano di Gaza nel 2014, bocchescucite.org, 4 luglio 2020.

[25] Ibidem.

[26] Ecco le donne più potenti del mondo secondo Forbes, www.liberoquotidiano.it, 29 maggio 2014.

samedi, 22 mai 2021

Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

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Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

Ex : https://katehon.com/ru/news/

Les États-Unis ne veulent plus acheter le Groenland, a déclaré le secrétaire d'État américain Blinken, écartant tout projet d'achat par Washington de ce vaste territoire autonome danois.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a confirmé que l'Amérique ne voulait plus acheter le Groenland, écrit The Guardian.

Le chef du département d'État américain a visité le territoire autonome insulaire danois, concluant un voyage de quatre jours qui comprenait une réunion des ministres des affaires étrangères de la région arctique.

"Je suis au Groenland parce que les États-Unis apprécient profondément notre partenariat et veulent le rendre encore plus fort", a déclaré Anthony Blinken aux journalistes lors de sa dernière étape de la tournée arctique.

Il a souligné qu'il n'était pas venu ici pour acheter la plus grande île du monde, signalant un changement de politique annoncé à l'époque par l'administration Trump. À la question de savoir si les États-Unis ont complètement exclu tout projet d'achat du Groenland, M. Blinken a répondu en souriant: "Je peux confirmer que c'est le cas."

L'ancien président américain Donald Trump avait annoncé en août 2019 qu'il envisageait d'acheter le Groenland, dont la taille équivaut à un quart de celle des États-Unis.

"Il appartient essentiellement au Danemark", avait déclaré Trump à l'époque. - Nous sommes de très bons alliés du Danemark, nous protégeons le Danemark de la même manière que nous protégeons la plupart du monde. C'est comme ça que le concept est né, et j'ai dit: "Bien sûr". Stratégiquement, c'est intéressant, et nous serions intéressés, mais nous leur en parlerons un peu. Je peux vous dire que ce n'est pas le numéro 1 de ce qui est en jeu."

Selon M. Trump, l'achat du Groenland par les États-Unis serait "essentiellement une grande opération immobilière".

La proposition de Trump, que le gouvernement danois a qualifiée d'"absurde", a provoqué un tiraillement diplomatique.

L'année dernière, les États-Unis ont rouvert un consulat dans la capitale du Groenland, Nuuk, et se sont engagés à verser 12 millions de dollars pour des projets civils.

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En parlant d'un éventuel financement supplémentaire, M. Blinken est resté vague quant aux nouveaux projets américains, le nouveau gouvernement local du Groenland ayant lancé l'idée d'un accord de libre-échange en début de semaine.

"Le nouveau premier ministre du Groenland, Mute Egede, qui a pris ses fonctions en avril, s'est dit "convaincu que cette décennie sera le début d'une nouvelle ère dans les relations entre nos pays’’.

Le gouvernement de gauche, qui a remporté les élections législatives anticipées du Groenland le mois dernier, est allié à un petit parti indépendantiste qui s'est dit favorable à l'établissement de relations avec les États-Unis.

Rappelons que début septembre 2019, le président américain Donald Trump, qui devait se rendre à Copenhague à l'invitation de la reine danoise Margrethe II, a annulé sa visite après que le Premier ministre danois a déclaré que la vente du Groenland ne serait pas discutée dans le cadre de la visite du président américain.

Bien que la première ministre danoise, Mette Frederiksen, ait souligné à plusieurs reprises l'importance particulière de la prochaine visite de M. Trump, qualifiant les États-Unis d'"allié le plus important et le plus fort du Danemark au sein de l'OTAN", elle a jugé absurde l'idée de vendre une partie du territoire danois aux États-Unis: "Le Groenland n'est pas à vendre [...]. Le Groenland appartient aux habitants du Groenland. J'espère vraiment que l'offre n'était pas sérieuse."

Une telle réaction des Danois à la proposition commerciale n'a pas fait plaisir à M. Trump, qui s'est offusqué des propos sur l'idée "absurde" d'acheter et de vendre le Groenland.

"Le Danemark est un pays très spécial avec des gens incroyables, mais sur la base des commentaires du Premier ministre qui a déclaré qu'elle ne serait pas intéressée à discuter de l'achat du Groenland, je vais reporter notre rencontre à une autre fois..." - Trump avait écrit sur Twitter.

Selon la version officielle, Donald Trump a manifesté son intérêt pour l'achat de terres groenlandaises en raison des ressources naturelles de l'île, comme le charbon et l'uranium. En outre, situé entre l'Atlantique et l'océan Arctique, le Groenland revêt une grande importance stratégique pour l'Amérique. En 1951, un traité avait été signé entre le Danemark et les États-Unis, en vertu duquel l'armée américaine utiliserait dorénavant la base aérienne de Thulé dans la partie nord de l'île.

D'ailleurs, Trump n'est pas le premier homme politique américain à vouloir annexer le Groenland aux États-Unis. En 1867, le secrétaire d'État William Seward a tenté sans succès d'acheter l'île aux Danois, et en 1946, Harry Truman a essayé d'acheter le Groenland pour 100 millions de dollars-or, mais également sans succès.

Source : mk.ru

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.

La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

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La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

par Nicolas Bonnal

Le système recule niaisement – sauf à prendre ses agents médiatiques pour des super-machiavels - sur plusieurs fronts (pass sanitaire, tests, propagande affolante, vaccins obligatoires…) ; oui, je sais, on va me dire que c’est une tactique et qu’il va revenir à la charge plus tard. Il n’empêche : toute retraite est bonne à prendre, et tout ce que veulent les plus fous des gâteux et les « nonagénaires génocidaires » aux commandes (Schwab-Rothschild-Soros-Bergoglio-Prince Charles-Gates-Rockefeller-etc.) ne se met pas en place comme, ça - et l’échec du concert des sexagénaires de la lamentable bande rock Indochine le montre. La masse inerte ou incertaine veut bien aller dans une certaine direction, mais jusqu’à un certain point seulement. La bande de bras cassés du gouvernement peut difficilement persévérer comme ça. L’économie s’écroule - et le fait que dans le Reset tout le monde, Chine et Russie en tête, ne veuille pas jouer au jeu du petit suicide façon Merkel-Macron-Leyen, va limiter la durée de la partie de football unijambiste. On ne va pas pouvoir continuer, pour contredire la phrase de Sartre dans Huis clos. C’est comme de déclarer la guerre à la Chine et la Russie en discutant des benêts idéaux Woke et du sexe des anges et des transgenres. La réalité a fini pas rattraper les fous, qui ne croyaient qu’en leur raison (Chesterton).

Car attention. On veut bien travailler moins et rester à la maison ; on veut bien prendre un peu d’argent et regarder internet ou la télé (le gouverneur du Texas oblige les gens déconfinés à retourner au travail, et comme on sait huit millions d’Américains attendent plutôt les allocs plantureuses de Biden qui font plier le dollar et relancent l’inflation) ; mais se faire marquer et étiqueter comme un veau pour aller au restau ou au concert de rock ?  Il y a vingt ans dans mon livre sur Internet je détaillais déjà les plans actuels des techno-lords comme nous les appelions : dépopulation (cinquante millions d’habitants sur terre et pas 500 ! – voyez Mark Pesce) ; transhumanisme pas très transcendant ; anti-nomadisme forcené et sédentarisme techno (Attali) et je parlais de la résistance des techno-paranoïaques, qui comme nous voyaient se mettre en place une « étrange dictature » (Viviane Forrester).

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Il ne faut pas oublier qu’entretemps Trump a été élu, fantastique claque au système, et que la résistance au quarteron de comploteurs en retraite (Davos, Bilderbergs, Trilatérale, Bruxelles) s’est renforcée. Ils ne font donc pas ce qu’ils veulent ; et même si je trouve l’opinion publique très assoupie, elle offre aussi parfois par son inertie une résistance passive assez efficace : toute comédie aura assez duré.

Pour ce qui concerne le déclin du culte de la Covid en Amérique, on prendra ces observations qui valent leur poids en or. Je les ai trouvées sur le site de Ron Paul, écrite par un contributeur nommé Jordan Schachtel :

 « Comment l’administration Biden a-t-elle pu activer COVID Mania et désactiver le régime de sécurité pratiquement du jour au lendemain, après 15 mois d’une propagande impitoyable et d’une campagne de peur affirmant que l’Amérique était au milieu d’une pandémie perpétuelle de mort et de destruction sans fin? Heureusement pour Team Biden, la Maison Blanche actuelle bénéficie du privilège démocrate ou du privilège d’initié de DC. Et comme ils font partie du club des initiés, ils ont la capacité de contrôler et de manipuler les centres de pouvoir de DC à tout moment. Pour donner un sens à ce changement rapide et déroutant des événements, vous devez comprendre comment nos institutions à Washington, DC fonctionnent réellement. »

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C’est donc un retournement dû au Deep State ou plutôt (restons humbles) à l’administration américaine, qui est à fond démocrate (depuis Obama ou depuis Roosevelt – ou même Wilson ?). Jordan :

« Il est compréhensible pour le citoyen américain moyen d’avoir du mal à comprendre comment le CDC et d’autres institutions gouvernementales de santé sont passés de la projection d’un «sentiment de malheur imminent» à «votre santé est entre vos mains» en quelques jours. »

Il ajoute donc que ce culte de la Covid avait plusieurs objectifs :

« Maintenant, les individus quelque peu pondérés de l’administration Biden cherchent un moyen de sortir de COVID Mania depuis un certain temps. Si les prises de pouvoir liées à «la pandémie» ont aidé les responsables à accumuler le pouvoir (notamment les gouverneurs maniaques des États) et à mettre en place un régime de sécurité autoritaire, les politiques de pandémie ont également manifesté plusieurs crises. »

J’aurais ajouté : se débarrasser de Trump, première cible de cette crise lamentable. La haine qu’il a inspirée a accéléré la fin de leur monde.

Toutes les administrations, y compris en France, ont crû en pouvoir dans cette crise qui ne sert que l’étatisme, comme la lutte contre le terrorisme. Sur cette croissance du pouvoir lié à des crises fantasmées et à une logique intérieure et administrative, on relira Marx et son dix-huit brumaire.

Mais. Il y a un mais, car tout s’écroule avec ce raffut, l’Amérique et ses alliés en tête :

«  L’administration Biden fait face à d’innombrables bouleversements nationaux et internationaux, en plus d’une économie en déclin, parmi de nombreuses autres bulles et catastrophes imminentes. Ils avaient besoin d’un moyen de sortir le plus tôt possible humainement. COVID Mania a eu tellement d’effets résiduels qu’il a commencé à menacer l’intégrité de l’ensemble du système. Ils avaient besoin d’une stratégie de sortie, alors ils ont simplement affirmé leur privilège d’initié, mis de l’ordre les personnes nommées politiques et la bureaucratie fédérale. »

Trump était coincé pour sortir de cette crise où on l’avait entraîné (son instinct était bon, mais ses conseillers..., et quel malheur d’avoir un gendre !) :

« Donald Trump aurait-il pu réussir cela de la même manière? Je ne suis pas si sûr. Il est important de comprendre comment Washington fonctionne quand quelqu’un qui menace l’État administratif arrive en ville, par opposition à quelqu’un qui est soutenu par la bureaucratie fédérale. »

Jordan rappelle que les dés étaient pipés :

« La bureaucratie fédérale est extrêmement libérale et conformiste lorsqu’il s’agit de soutenir les centres de pouvoir à Washington. Lors des élections de 2016,  95%  des dons politiques sont allés à Hillary Clinton, qui, comme Joe Biden, est vraiment l’initié ultime de DC. Lorsqu’un initié de la Maison Blanche comme l’administration Biden est en charge de l’exécutif, la fonction publique agit en solidarité avec l’administration. Ils ne perçoivent pas à juste titre l’administration Biden comme une menace pour le système. Lorsqu’un étranger comme Donald Trump arrive en ville, la fonction publique se donne pour mission de rendre le travail de l’étranger aussi difficile que possible. « 

Et de conclure :

« L’équipe Biden a été en mesure de débrancher si rapidement COVID Mania parce qu’elle a la capacité de contrôler la bureaucratie fédérale, en plus d’avoir le soutien des courtiers en puissance de DC et d’une presse d’entreprise pom-pom girl. Team Biden est un bénéficiaire du privilège d’initié, et ils l’ont utilisé pour mettre fin à COVID Mania dans un instant. »

Tout cela montre que la crise sanitaire était un moyen en vue d’une fin, pas une réalité (sauf peut-être en Chine au début, et pour cause, les services secrets occidentaux ayant décidé de se débarrasser de ce concurrent par des moyens peu orthodoxes) ; moyen diabolique au service des Etats et des administrations pour renforcer un agenda intérieur (voyez le texte de Delepine sur la médecine comme trou noir) et extérieur.

Or là aussi, on a patiné dans la choucroute : la résistance des « complotistes », en marge de la soumission de la masse (« si quelques résistants… ») a été mondiale et formidable. On a vu que le Reset pointait, avec ce transhumanisme et la Prison pour tous. On s’en rapproche bien sûr mais on n’y est pas encore. Et comme le disait Matthew Ehret, il y a cent-quarante pays qui ne marchent pas dans cette combine.

La Covid a menacé nos libertés mais elle a aussi ébranlé le système néolibéral occidental. Ils ne sont pas plus sortis de l’auberge que nous, comme on va tous s’en rendre compte bientôt.

Pour paraphraser Shakespeare : il y a plus de merveilles dans ce monde, monsieur le transhumain, que sur votre écran d’ordinateur et dans toute votre informatique – arme d’ailleurs qui peut être retournée contre le système lui-même.

Sources :

Bonnal - Internet, nouvelle voie initiatique, Les Belles Lettres, Avatar.

http://ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2021/may/19/how-team-biden-ended-covid-mania-overnight/

 

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mercredi, 19 mai 2021

Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

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Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

Petru Romosan

Ex : https://flux.md/

Alors qu'aux États-Unis, le policier Derek Chauvin a été condamné pour la mort accidentelle de George Floyd (c'est ainsi que les violentes manifestations de BLM et d'Antifa ont débuté), en Russie, Vladimir Poutine a prononcé un long discours (une heure et demie) sur l'état de la nation lors de sa première apparition publique après le déclenchement de la pandémie. Poutine s'est montré longuement préoccupé, avec des chiffres et des plans, par le sort des familles, des enfants, des élèves et des étudiants (ce que Klaus Iohannis et Florin Câțu ne font pas), par la promotion de l'enseignement scientifique et technique, et a attiré l'attention sur les lignes rouges que la Russie n'acceptera pas de voir franchies. Les lignes rouges sont fixées par la Russie elle-même et elle ne se sent pas obligée de les annoncer à l'avance. Le président russe a menacé de riposter plus durement que jamais et s'est plaint que les attaques et les sanctions contre la Russie soient devenues un sport pour l'Occident, une banale habitude. Un commentateur de Moscou a souligné que les citoyens russes sont fatigués de la géopolitique et veulent avant tout augmenter leurs revenus.

Mais le conflit toujours gelé dans le Donbas (le bassin de Donetsk), dans l'est de l'Ukraine, prend de l'ampleur chaque jour. Joe Biden a proposé au président russe une rencontre dans un pays tiers, ce que Vladimir Poutine semble avoir accepté. Par ailleurs, une conférence sur le climat et l'écologie aura lieu à l'initiative des États-Unis, où le président américain veut faire oublier l'initiative de son prédécesseur Donald Trump de dénoncer le traité de Paris. Le président chinois Xi Jinping et, apparemment, le président russe Vladimir Poutine seront également présents (virtuellement, via Internet). Le président Joe Biden pourrait annoncer dans les prochains jours la reconnaissance du massacre des Arméniens en 1915-1916 en Turquie, un geste qui risque de faire exploser les relations des Etats-Unis avec son principal partenaire de l'OTAN, la Turquie.

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Bien que le président ukrainien Volodimir Zelenski, son premier ministre Denis Shmihal et les groupes néonazis ukrainiens fassent tout leur possible pour déclencher un conflit ouvert avec la Russie, les Russes ne semblent pas vouloir se laisser entraîner aussi facilement dans une guerre avec l'Ukraine (soutenue par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'OTAN). Pour les Russes, il y a d'autres solutions que la guerre. Par exemple, la Russie, en plus d'accorder des passeports russes aux russophones orthodoxes de l'est de l'Ukraine (plus de 600.000 passeports pour une population de 4,6 millions d'habitants), peut organiser un important transfert de population à l'intérieur de ses frontières actuelles. Bien que la Russie ait signalé à plusieurs reprises qu'elle ne considérait pas l'Ukraine comme viable entre les frontières tracées par Lénine, Staline et Khrouchtchev (notamment à Bucarest lors du sommet de l'OTAN de 2008), elle peut attendre pour ajouter l'est de l'Ukraine (Donbass) et la côte de la mer Noire au sud de l'Ukraine, comme elle l'a fait avec la Crimée en 2014.

En tout cas, si l'Ukraine et son président "militariste" parviennent finalement à déclencher la guerre, il est certain que l'Ukraine actuelle ne restera pas entière. La Roumanie n'a aucune raison de signer de nouveaux traités avec l'Ukraine ou d'expulser (à une éventuelle demande britannique, américaine ou de l'OTAN) des diplomates russes, comme l'ont déjà fait les Polonais, les Tchèques et les Bulgares. Tant que les territoires roumains (Transcarpathie, Bucovine du Nord, région de Tchernivtsi, Bugev, région d'Odessa) seront habités par quelque 600.000 Roumains, dont l'identité et la langue ne sont plus respectées, la Roumanie ne devrait rien avoir à négocier avec l'Ukraine. Les politiciens qui signent de tels actes signent également leur propension à des compromis éternels, qui peuvent également être associés à des sanctions politiques assez concrètes dans un avenir pas trop lointain. Nous verrons à cette occasion si nos représentants servent les intérêts roumains ou appartiennent à des puissances étrangères, bien qu'elles soient "partenaires". Nous verrons si le "facteur interne" est submergé par le "facteur externe" ou, pire encore, si le "facteur interne" ne s'est pas entièrement métamorphosé en "facteur externe", comme il l'a fait dans les années 50, du côté des Soviétiques et des Russes. En tout état de cause, en tant que voisin direct, la Roumanie ne peut s'impliquer dans une guerre entre l'Ukraine et la Russie. Et n'oublions pas que l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN et, comme les Russes l'ont clairement indiqué, ne le sera jamais.

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Des commentateurs avertis, comme l'analyste militaire italien Manlio Dinucci (directeur exécutif pour l'Italie de l'Organisation pour la prévention de la guerre nucléaire - prix Nobel de la paix en 1985 - et auteur de premier plan en matière de géopolitique), suivent également de près les mouvements militaires des États-Unis et de l'OTAN, et pas seulement ceux de la Russie, comme le fait la presse roumaine: "Ces manœuvres militaires et d'autres qui transforment l'Europe en une grande garnison provoquent une tension croissante avec la Russie, centrée sur l'Ukraine. L'OTAN, après avoir désintégré la Fédération yougoslave en enfonçant le couteau de la guerre dans ses fractures internes, se pose maintenant en chevalier de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le président du Comité militaire de l'OTAN, le Britannique Stuart Perch, chef de la Royal Air Force, a déclaré, lors de sa rencontre à Kiev avec le président Zelenski et le chef d'état-major Homciak, que "les alliés de l'OTAN sont unis pour condamner l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et ses actions agressives dans l'est de l'Ukraine". Il a ainsi répété la version selon laquelle la Russie avait annexé la Crimée par la force, ignorant le fait que les Russes de Crimée avaient décidé par référendum de se séparer de l'Ukraine et d'appartenir à la Russie afin d'éviter d'être attaqués, comme les Russes du Donbass, par les bataillons néonazis de Kiev. Les mêmes bataillons utilisés en 2014 comme troupes d'assaut lors de l'émeute de la place Maidan, amorcée par des snipers géorgiens tirant sur les manifestants et les policiers, puis dans les actions qui ont suivi : villages brûlés et ensanglantés, militants brûlés vifs dans la Maison des syndicats à Odessa, civils désarmés massacrés à Marioupol ou bombardés au phosphore blanc à Donetsk et Lougansk. Un coup d'État sanglant géré par les États-Unis et l'OTAN dans le but stratégique de provoquer une nouvelle guerre froide en Europe afin d'isoler la Russie et de renforcer en même temps l’influence et la présence militaire des États-Unis en Europe [...].

Ce n'est pas une coïncidence si le conflit au Donbass a été ravivé lorsque Antony Blinken est devenu secrétaire d'État au sein de l'administration Biden. D'origine ukrainienne, M. Blinken a été le principal organisateur de l'émeute de la place Maidan en vertu de son rôle de conseiller adjoint à la sécurité nationale dans l'administration Obama-Biden. Biden a nommé Victoria Nuland, coorganisatrice de l'opération américaine de 2014 qui a coûté plus de 5 milliards de dollars pour installer le "bon gouvernement" (de son propre aveu) en Ukraine, au poste de secrétaire d'État adjointe. Il n'est pas exclu qu'il y ait maintenant un plan: promouvoir une offensive des forces de Kiev dans le Donbass, soutenue de facto par l'OTAN. Cela placerait Moscou dans un choix qui donnerait de toute façon un avantage à Washington: laisser les populations russes du Donbas se faire massacrer ou intervenir militairement pour les soutenir. Quelqu'un joue avec le feu, et pas au sens figuré, en allumant la mèche d'une bombe au cœur même de l'Europe [...]" (cf. "Ukraine, bombe USA en Europe", mondialisation.ca, 13.04.2021).

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"L'escalade n'est pas seulement verbale. La veille du Conseil de l'Atlantique Nord, l'armée américaine en Europe a déclaré que, étant donné qu'elle devait recevoir deux nouvelles unités opérationnelles dans les mois à venir, elle conserverait trois bases en Allemagne qu'elle était censée rendre au gouvernement allemand. Le lendemain, au Conseil de l'Atlantique Nord, les États-Unis ont annoncé un accord avec la Norvège lui permettant de disposer de quatre bases aériennes et navales à sa frontière avec la Russie. Entre-temps, le destroyer américain Arleigh Burke est arrivé en Europe, après avoir été modernisé pour "augmenter sa portée et sa capacité d'armement". "L'Arleigh Burke est l'un des quatre lanceurs de missiles déployés à l'avant et appartenant à la 6e flotte, qui opère principalement en mer Baltique et en mer Noire sous le commandement des forces navales américaines en Europe (dont le quartier général se trouve à Naples-Capodichino). Ces navires sont équipés de lanceurs verticaux Mk 41 produits par Lockheed Martin. Ils peuvent envoyer (selon les spécifications techniques officielles) "des missiles avec toutes les missions possibles: anti-aériennes, anti-navires ou attaques sur des cibles terrestres". Ces derniers, qui comprennent les missiles Tomahawk, peuvent transporter des ogives conventionnelles ou nucléaires. Incapable de savoir lesquels, la Russie estime que des missiles d'attaque nucléaire se trouvent à bord de ces navires à proximité de son territoire. Alors que Londres indique également qu'elle enverra une unité de lancement de missiles en mer Noire, Moscou annonce qu'aucun navire de guerre étranger ne sera autorisé à traverser les eaux territoriales russes dans trois zones de la mer Noire entre le 24 avril et le 31 octobre. La situation sera encore plus tendue lorsque les manœuvres américano-ukrainiennes Sea Breeze auront lieu dans la mer Noire en été, avec la participation d'autres pays membres de l'OTAN avec plus de 30 navires et un soutien aérien (avions, hélicoptères et drones)" ("Les ordres des États-Unis contre la Russie: L'Italie au garde à vous", mondialisation.ca, 20.04 2021).

La guerre en Ukraine, bien que les Ukrainiens aient abandonné les accords de Minsk et attaquent par intermittence les régions séparatistes de Donetsk et de Lugansk, n'a pas encore commencé. L'Allemagne, par la voix d'Angela Merkel, a fermement annoncé qu'elle n'avait pas l'intention d'arrêter le projet Nord Stream 2 (l'une des principales raisons de la discorde). Et malgré tous les grands mouvements de troupes et d'armes, malgré les innombrables déclarations belliqueuses, la paix peut encore être sauvée. La diplomatie (ouverte ou secrète) n'a pas encore été totalement abandonnée. Vladimir Poutine et la Russie ont montré leur volonté de parler à tout le monde, en particulier à leurs adversaires. Mais peut-être moins avec le pouvoir de Kiev, qui est considéré comme manquant d'autonomie. Le ministre russe de la défense, le général Sergei Shigu, a révélé le 22 avril 2021 que la Russie avait ordonné au commandement de ses forces armées de ramener les troupes dans leurs bases permanentes à partir du vendredi 23 avril 2021, après des exercices militaires en Crimée et en mer Noire.

Petru Romosan.

lundi, 17 mai 2021

Sur la série « The Americans »

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Sur la série « The Americans »

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Avec un total de 75 épisodes répartis sur six saisons entre 2013 et 2018, la série télévisée The Americans (ou en bon français « Les Américains ») plonge le téléspectateur dans les dernières années de la Guerre froide au moment de la reprise des tensions entre les États-Unis et l’Union Soviétique, la « Guerre fraîche », consécutive à l’arrivée à la Maison Blanche de Ronald Reagan en 1981.

Elizabeth et Philip Jennings vivent avec leurs deux adolescents, Paige, la fille aînée, et Henry, le cadet, dans la banlieue cossue de Washington. Ils gèrent une agence de tourisme. Mais leurs journées sont très chargées, car en dehors de la routine professionnelle et familiale, ils réalisent à l’insu de leurs proches diverses missions pour le KGB dont ils sont de brillants officiers. Dans le cadre d’une longue et minutieuse opération d’infiltration de la société étatsunienne, à l’exemple d’autres couples qui les aident parfois si les circonstances l’exigent, le couple Jennings mène ainsi une double vie.

MV5BMjIzNTEzMDY3OF5BMl5BanBnXkFtZTcwMzI5NDI5OA@@._V1_UY1200_CR85,0,630,1200_AL_.jpgLa série joue avec habilité sur les codes de la paranoïa et de la schizophrénie que l’auteur de la présente chronique ne peut qu’apprécier, lui qui travaille pour les services spéciaux du royaume septentrional de Patagonie (mais il n’a rien dit !). Obéissant aux ordres du Centre, Nadejna alias Elizabeth (Keri Russell) et Mikhaïl alias Philip (Matthew Rhys) éliminent les réseaux afghans, récupèrent la peinture de camouflage des futurs avions furtifs, piratent les plans d’une nouvelle génération de sous-marins, découvrent l’existence d’Arpanet, l’ancêtre d’Internet, enlèvent des scientifiques dissidents, recrutent de nouveaux agents ou soutirent le maximum d’informations par le chantage, la contrainte ou le charme… Le couple manie avec brio l’art du déguisement. Ainsi Philip se fait-il passer pour Clark, appartenant à une unité de surveillance ultra-secrète, auprès de Martha Hanson, la secrétaire personnelle du responsable du contre-espionnage du FBI. Il la séduit et l’épouse. Pour corser une vie déjà bien pimentée, les Jennings apprennent que leur nouveau voisin, Stan Beeman (Noah Emmerich), travaille lui-même au département du contre-espionnage du FBI. Pendant trois années, il a vécu infiltré auprès des suprématistes blancs. Son instinct le pousse d’abord à se méfier de cette famille banale, mais les évidences jouent contre lui. Les Jennings et les Beeman deviennent amis.

Les agents illégaux de la Direction S du KGB sont tiraillés en leur for intérieur entre leurs convictions et l’attrait indéniable de l’American way of life. Si Elizabeth exprime tout au long des épisodes une farouche détermination à ne jamais oublier la finalité de la mission, Philip se montre plus enclin à accepter les bons côtés de leur vie outre-Atlantique. Il s’achète une belle voiture. Il aime danser sur de la musique country. Il apprécie les parcs à thèmes. Quand commence la Perestroïka, Philip soutient la volonté réformatrice de Gorbatchev alors qu’Elizabeth se montre guère enthousiaste.

De plus en plus soupçonneuse à propos de la double vie de ses parents, Paige apprend bientôt de leur propre bouche la vérité. Après le choc, elle commence néanmoins sa formation d’agent, car le Centre a prévu une seconde vague d’illégaux, à la couverture irréprochable, capables de postuler à la NASA, à la CIA ou au FBI.

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L’intrigue générale de la série revient à Joe Weisberg, un ancien de la CIA, proche du Complexe militaro-médiatique selon l’expression judicieuse de Jean-Michel Valantin. Il s’inspire des espions soviétiques, grands séducteurs en Europe occidentale de secrétaires administratives et de ministres (l’affaire Profumo en Grande-Bretagne en 1963) ainsi que de l’« Affaire des dix ». En 2010, le FBI arrête des agents russes du SVR infiltrés aux États-Unis parmi lesquels Anna Chapman. Si les activités clandestines du couple Jennings sont nombreuses pour les contraintes de la fiction au mépris de la réalité (les journées n’ont que vingt-quatre heures), le scénario de chaque épisode a été lu et approuvé par la CIA. On y décèle la sourde et vive rivalité entre l’agence de Langley et le FBI. Le personnel du Bureau fédéral d’enquêtes y est implicitement raillé.

La série The Americans repose enfin sur le concept d’« ennemi intérieur (ou domestique) » très en vogue aujourd’hui dans l’Establishment médiatique et chez les démocrates. Or, ni l’Allemagne pendant les deux dernières guerres mondiales, ni l’URSS ne sont parvenus à implanter durablement des « taupes » aux États-Unis. Il faut peut-être comprendre cette série comme une métaphore sur l’infiltration du renseignement israélien aux États-Unis. Joe Weisberg avait-il en tête l’affaire Jonathan Pollard du nom de cet agent double qui a fourni à Tel-Aviv de nombreux secrets industriels et technologiques made in USA ? Condamné en 1987 à la perpétuité pour espionnage en faveur de l’État hébreu, Jonathan Pollard est libéré en 2015 et rentre en Israël en décembre 2020.

La série The Americans modifie la perception habituelle de l’espionnage propagée au cinéma et à la télévision. Au revoir les aventures bien trop clinquantes de l’agent double zéro sept de Sa Gracieuse Majesté ! Bonjour aux plans insidieux à quatre, six ou huit bandes… Cette série n’est en fait que le pâle et lointain reflet d’une terrible vérité : l’impitoyable guerre secrète est permanente entre les puissances de la planète.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 214, mise en ligne sur TVLibertés, le 12 mai 2021.

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samedi, 15 mai 2021

2040? Bye Bye USA...

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Café Noir N.23

2040? Bye Bye USA...

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 14 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & André Archimbaud.
 
 
LE LIVRE D'ANDRÉ ARCHIMBAUD CHEZ AVATAR ÉDITIONS
 
Combat pour L’Hémisphère Nord – L’Amour d’Ariane https://avatardiffusion.com/livre/com...
 
RÉFÉRENCES (EN FRANCAIS)
 
Youri Bezmenov (Tomas David Schuman) https://fr.wikipedia.org/wiki/Youri_B...
Michel Geoffroy – La Superclasse mondiale contre les peuples https://shop.via-romana-pro.com/reinf...
Saul Alinsky – Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes https://www.leslibraires.ca/livres/et...
 
RÉFÉRENCES (EN ANGLAIS)
 
Yuri Bezmenov Ideological Subversion (Video) https://www.youtube.com/watch?v=QuyYG...
Scénario Aztèque – Aztlan https://www.globalsecurity.org/milita...
Scénario Aztèque – Chicano Movement https://www.history.com/news/chicano-...
Scénario Aztèque – National Council of La Raza https://constitutionwarrior.wordpress...
 
AUTRE Café Noir N.20 — Turquie entre Pantouranisme, Ottomanisme, et Islam Émission du Vendredi 23 avril 2021 avec André Archimbaud. https://youtu.be/u6vb1Vai4yM #cafenoir

11:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, prospective, futurologie, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 13 mai 2021

Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

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Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

Par Salman Rafi Sheikh

Ex : https://geopol.pt/2021/05/07/biden-quer-uma-turquia-malea...

En lâchant la "bombe du génocide", le président américain en exercice semble avoir enclenché un processus qui, selon lui, obligerait la Turquie à s'aligner sur les politiques américaines, alors que les chances politiques d'Erdogan sont apparemment en baisse. N'oublions pas que Joe Biden s'était engagé pendant sa campagne électorale à reconnaître le génocide arménien. Ainsi, alors que l'administration Trump continuait à esquiver cette question, il a fallu moins de trois mois à Joe Biden, nouveau résident de la Maison Blanche, pour reconnaître officiellement le génocide arménien; d'où la question: quels objectifs particuliers l'administration Biden cherche-t-elle à atteindre par cette initiative extraordinaire?

Ces dernières années, la Turquie se positionne de plus en plus comme un "acteur indépendant" entre l'Ouest et l'Est, et utilise cette interaction pour réaliser ses propres ambitions "néo-ottomanes", c'est-à-dire des objectifs qui visent à redonner à la Turquie la position perdue d'acteur mondial majeur qu'était l'empire ottoman au XIXe et au début du XXe siècle.

Au cours des dernières années, la Turquie et les États-Unis ont développé des visions du monde divergentes qui ne sont plus façonnées par un quelconque scénario dominant de l’ancienne guerre froide mondiale. Ainsi, à l'heure où les États-Unis renforcent leur position vis-à-vis de la Russie et de la Chine, de nombreux membres de la coalition gouvernementale turque, y compris le parti d'extrême droite, le Mouvement nationaliste, estiment que la Turquie devrait développer des liens plus forts avec la Russie et la Chine, et mettre fin aux liens avec les États-Unis, l'UE et l'OTAN. Cela a conduit le gouvernement de coalition en Turquie à croire de plus en plus que le monde n'est plus centré sur l'Occident et qu'il existe une marge considérable pour les manœuvres stratégiques.

Cependant, c'est l'auto-positionnement de la Turquie en tant qu'"acteur indépendant" qui l'a mise sur une trajectoire de collision avec les États-Unis. Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, considèrent Erdogan non pas comme un allié de l'OTAN, mais avant tout comme un autocrate qui peut créer des turbulences au détriment des États-Unis dans le Moyen-Orient élargi. Plus important encore, les diverses actions de la Turquie, notamment sa coopération croissante avec la Russie en matière de défense, semblent avoir créé une crise au sein de l'OTAN, l'entravant à l'occasion.

En tant que tel, avec Biden qui tente de faire revivre l'Otan et de réintégrer les États-Unis dans le concert européen pour inverser la dynamique lente des écarts transatlantiques croissants qui ont émergé pendant l'ère Trump, il est impératif que toute division dans l’ensemble transatlantique soit subvertie, ce qui nécessite que tous les membres de l'Otan s'alignent sous le commandement des États-Unis, un objectif que l'administration Biden considère de la plus haute importance pour restaurer la domination perdue de l'Amérique, et raviver sa capacité à influencer et façonner unilatéralement les affaires politiques mondiales.

Mais la question cruciale est la suivante: la Turquie renoncera-t-elle à ses propres ambitions géopolitiques pour plaire à l'administration Biden et l'aider à atteindre la suprématie américaine ?

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Si Erdogan s'est empressé d'adopter une attitude conciliante à la suite de la reconnaissance du génocide arménien par Biden, la Turquie y voit généralement une tentative américaine d'affaiblir le régime d'Erdogan en attisant les divisions politiques au sein de la Turquie en vue d'un "changement de régime". La livre turque est déjà tombée à des niveaux quasi record par rapport au dollar américain après la reconnaissance du génocide par M. Biden, ce qui complique la position politique déjà faible d'Erdogan.

En effet, la référence de Biden au génocide en tant que "génocide arménien de l'ère ottomane" semble viser la rhétorique politique intérieure d'Erdogan qui s'appuie largement sur les héritages de l'ère ottomane, y compris son statut de puissance mondiale. En reconnaissant le génocide, l'administration Biden a obligé les gens du monde entier à prendre conscience de ce que le "néo-ottomanisme" a à offrir au XXIe siècle.

Par conséquent, les objections de la Turquie à cette reconnaissance découlent de la crainte de demandes de réparations, ainsi que de la crainte d'être considérée comme un pays paria, détesté autant par ses territoires cibles "néo-ottomans" en Asie et en Afrique que par l'Occident (les États-Unis et l'Europe).

Toutefois, si l'administration de Joe Biden a peut-être calculé qu'adopter un ton dur à l'égard de la Turquie pourrait rendre Erdogan malléable, il n'en reste pas moins que la reconnaissance du génocide arménien par Biden pourrait également finir par s'ajouter à la longue liste des désaccords entre les alliés de l'OTAN. Ainsi, au lieu de forcer un Erdogan politiquement faible à s'aligner sur les États-Unis au sujet de la Russie, la reconnaissance pourrait également pousser la Turquie à se rapprocher encore plus de la Russie et de la Chine, laissant la crise des liens entre la Turquie et les États-Unis perdurer pendant longtemps.

S'il est possible qu'il n'y ait pas de réaction immédiate, car Erdogan a des options limitées à un moment où il lutte contre l'une des crises de COVID les plus élevées au monde, couplée à une chute continue de la livre turque, Ibrahim Kalin, conseiller d'Erdogan, a déclaré que la Turquie va peser sa réaction avec soin, et ses contre-mesures pourraient même impliquer de mettre fin à la coopération militaire avec l'Otan, ajoutant ‘’qu’il y aura une réaction de différentes formes et types et degrés dans les jours et mois à venir."

Toutefois, une telle réaction, si elle implique d'attaquer l'OTAN de l'intérieur, nécessitera le soutien de la Russie et même de la Chine, un soutien qu'Ankara ne peut obtenir sans procéder à des changements politiques cruciaux dans certains domaines sensibles de sa politique. Un approfondissement des liens avec la Russie ne sera peut-être pas possible si la Turquie n'accepte pas de modifier sa politique consistant à compliquer inutilement les zones de conflit, de la Syrie à l'Ukraine. En ce qui concerne la Chine, la Turquie devra recalibrer sa compréhension des allégations américaines de "génocide" des musulmans ouïgours dans la région du Xinjiang. Pour la Turquie, la reconnaissance américaine du génocide arménien devrait servir de leçon sur la façon dont une telle rhétorique est souvent politiquement motivée, cherchant à déstabiliser une politique particulière.

Par conséquent, la capacité de la Turquie à compenser les problèmes déclenchés par Biden dépendra de la manière dont elle fera contrepoids en établissant soigneusement des liens avec la Russie et la Chine, deux des plus puissants concurrents stratégiques des États-Unis.

Pressions occidentales sur la Turquie

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Pressions occidentales sur la Turquie

Par Aldo Braccio

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/richiamo-occidentale-alla...

Avril 2021 : on assiste à une accentuation de la pression occidentale sur la Turquie, placée entre un réalignement atlantique (pour lequel, toutefois, un " changement de régime " significatif et une rééducation appropriée de l'opinion publique seraient nécessaires) et le dialogue eurasien. Des États-Unis et de l'Union européenne viennent des leçons de morale - consciencieusement marquées par l'idéologie décadente du politiquement correct - et d'histoire (concernant le conflit entre Turcs et Arméniens) visant à réaffirmer la pensée unique autorisée en matière de droits civils et de recherche historique. Des positions polémiques, des menaces et, de temps en temps, des flatteries qui ajoutent aux tensions en Méditerranée - où une alliance fonctionne déjà pour exclure la Turquie de tout jeu - et en Mer Noire, où l'ingérence militaire de Washington prévoit la collaboration obligatoire d'Ankara dans une perspective anti-russe.

I.

Le mur de l'OTAN présente quelques fissures qu'il n'est pas toujours facile de cacher ou de minimiser: c'est par exemple le cas de la Turquie, à propos de laquelle les attaques médiatiques continues et intenses (et pas seulement) contribuent à creuser la distance entre le monde occidental et le monde turc.

Derrière la regrettée - et grotesque - " discourtoisie du canapé "[1] mise en scène en avril 2021 à l'occasion du sommet entre la Turquie et l'Union européenne se cache d'abord l'idéologie du politiquement correct, qui se conjugue avec une hostilité préjudiciable à l'égard de ce qui est turc : mais il y a aussi un jeu géopolitique plus profond qui concerne en particulier les scénarios à l’œuvre dans la Méditerranée et la mer Noire (c'est-à-dire de la "Méditerranée au sens large") dans le contexte de la confrontation russo-américaine.

Il s'agit de scénarios qui impliquent directement la République turque, la plaçant probablement devant un choix géopolitique décisif pour son avenir.

Mais prenons en considération l'autre controverse anti-turque, plus lourde, qui a explosé en avril 2021, celle du ‘’génocide des Arméniens’’, relancée avec force par le nouvel occupant de la Maison Blanche.

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Joe Biden a toujours eu, à titre personnel, peu de sympathie pour la Turquie d'Erdoĝan, mais aussi pour les Turcs en général, considérés comme génocidaires des Arméniens. Avec des membres du Congrès et des sénateurs des partis républicain et démocrate - tels que Joe Knollenberg, George Radanovich et Nancy Pelosi - le sénateur Biden s'est distingué depuis la première décennie de notre siècle dans la campagne pour la reconnaissance de cette prétendue extermination, allant au-delà de la volonté d’Erevan elle-même - plus prudente que la diaspora arménienne disloquée en Occident - et surtout de l'Eglise arménienne basée en Turquie[2].

Lors de la campagne électorale pour la présidence des États-Unis, le candidat Biden a réitéré sa position, annonçant en août 2020 son intention de faire reconnaître par les États-Unis le génocide des Arméniens attribué aux Turcs.

Comme on le sait, la Turquie ne reconnaît pas et conteste radicalement cette thèse, allant jusqu'à poursuivre ceux qui la soutiennent - et ce, selon une leçon qui vient de l'Occident, où l'on fait souvent semblant de faire taire et d'emprisonner ceux qui proposent courageusement des recherches historiques non conformes à la "vérité" officielle.

Quelle que soit la réalité historique de l'affaire - certes douloureuse mais controversée - la Turquie a toujours perçu cette grave accusation portée contre elle comme une ingérence inacceptable et injustifiée, portant atteinte à sa dignité nationale. Un nouveau pas a été franchi dans cette direction, marqué par une couverture médiatique mondiale: le New York Times du 21 avril a été le premier à rapporter que le président Biden avait décidé de "reconnaître le meurtre d'un million et demi d'Arméniens comme un génocide", et que l'annonce officielle serait faite trois jours plus tard.

C'est ainsi que, le 24 avril, M. Biden a écrit solennellement que "le peuple américain honore tous les Arméniens qui sont morts dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans’’.

Le président américain a montré qu'il voulait adoucir le ton de la déclaration - qui reprend par ailleurs les motions similaires approuvées entre octobre et novembre 2020 par le Congrès et le Sénat américains, bien que non contraignantes - en espérant une "réconciliation entre l'Arménie et la Turquie" et une "normalisation de leurs relations". Mais la réaction d'Ankara, de son président et de son ministre des affaires étrangères, a été, à juste titre, dure et furieuse.

Mais en fait, la déclaration solennelle de Biden va dans une direction tout à fait différente de la réconciliation et de la normalisation: elle interrompt la laborieuse tentative de confrontation - même dans le domaine de la recherche historique - en cours entre Turcs et Arméniens pour la fouler aux pieds et condamner son objectif, exacerbant les pulsions nationalistes des extrémistes des deux côtés.

Une déclaration publique récente et raisonnable d'Erdoğan ("Je me souviens respectueusement des Arméniens ottomans qui ont perdu la vie dans les conditions difficiles de la Première Guerre mondiale, et je présente mes condoléances à leurs petits-enfants") est annulée par la "vérité officielle" sanctionnée par Washington, qui intervient pour exciter les esprits: comme cela arrive toujours, surtout au Proche-Orient.

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Une autre attaque contre Erdoğan, que le président américain s'était réservée à l'occasion de la sortie de la Turquie de la Convention dite d'Istanbul, c'est-à-dire la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, en vigueur depuis août 2014 : une convention que la Turquie considère viciée par une orientation idéologique hostile à la famille traditionnelle sous couvert de lutte contre la violence.

"Un choix soudain et injustifié, alors que dans le monde nous assistons à une augmentation des cas de violence domestique, y compris les nouvelles sur l'augmentation des féminicides en Turquie", a commenté Biden, qui avait déjà accusé Erdoğan d'"autocratie", un concept qui s'avère être complètement similaire à celui de dictature, bien que peut-être moins explicite.

L'Union européenne, comme à son habitude, s'est adaptée à l'accélération du ton américain: la commission des affaires étrangères du Parlement européen - par exemple - a condamné Ankara pour "les déclarations provocatrices à l'encontre de l'UE et de ses États membres, la politique hostile, l'éloignement de plus en plus marqué des valeurs et des normes européennes, l'incarcération massive et continue de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme et d'opposants politiques"; le ridicule scandale des canapés, mentionné ci-dessus, a ensuite relancé toutes les raisons et tous les prétextes d'accusation contre le pays du Croissant de Lune.

L'Italie, elle aussi, joue un rôle dans le barrage antiturc - ainsi que dans les barrages antirusse et antichinois - comme en témoigne l'attaque soudaine du Premier ministre Draghi contre le président Erdoğan, qualifié rien de moins que de "dictateur", sur fond de campagne médiatique antiturque continue et martelée de la presse italienne.

Le rôle de l'Italie semble être celui indiqué par le secrétaire d'État Blinken lors de la réunion/convocation du ministre des affaires étrangères Di Maio à Washington: une "forte collaboration sur la Libye, l'Ukraine et l'Afghanistan". "L'Italie et les États-Unis partagent la même préoccupation concernant la présence de forces étrangères en Libye", a confirmé Di Maio avec diligence, faisant évidemment allusion à la Turquie et à la Russie, considérées comme des intrus gênants dans un pays que l'Italie a également contribué à plonger dans le chaos le plus total.

II.

Tout cela est certainement le prélude à une nouvelle tentative occidentale de changement de régime en Turquie - cette fois peut-être par des moyens électoraux, plutôt que par un coup d'État militaire - mais cela provoque déjà une forte pression sur Ankara [3], pour l'inciter à coopérer avec la politique extrémiste des États-Unis contre la Russie, la Chine et l'Iran [4].

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Nous avons déjà mentionné l'importance des scénarios de la Méditerranée et de la mer Noire: si dans le premier cas, le fer de lance de la campagne visant à évincer la Turquie est l'alliance sans précédent entre la France, Israël et la Grèce (avec l'approbation explicite de l'Union européenne), dans le second, l'option d'une "réhabilitation" de la Turquie est réclamée par Washington, qui est toujours à l'aise avec la politique des menaces et des flatteries. En particulier, dans cette phase, les Américains exigent le passage de leurs navires de guerre - et évidemment ceux de l'OTAN - à travers les détroits (Bosphore, Dardanelles, mer de Marmara) - vers la mer Noire, une zone cruciale dans le déploiement antirusse ; c'est là que le grand exercice US-Ukraine-OTAN, nommé Sea Breeze, a été annoncé pour l'été. Le rôle attribué à la Turquie par la Convention de Montreux, qui réglemente le passage par le "Détroit", est, dans cette perspective, important et décisif.

Il faut reconnaître que les relations entre Ankara et Kiev sont bonnes, mais cela ne suffit pas à Washington: dans le cadre d'un récent sommet du Conseil de coopération turco-ukrainien, Erdoğan a en effet déclaré qu'"Ankara est favorable à une résolution rapide et pacifique des différends entre la Russie et l'Ukraine par le biais de négociations", afin de "préserver la paix en mer Noire".

On est loin de la position de Washington, qui ne veut tout simplement pas entendre parler d'équidistance entre la Russie et l'Ukraine et cherche plutôt, comme le souligne le politologue et professeur d'université turc Volkan Özmedir, à "favoriser intentionnellement une augmentation de ces tensions en poursuivant une stratégie visant à ramener de son côté des membres de l'OTAN comme l'Allemagne et la Turquie"[5].

NOTES

1] Une description objective de l'événement, loin des représentations hypocrites des grands médias, dans : Giuseppe Mancini, Il sofà della Von der Leyen: dietro lo scandalo inesistente c’è solo il protocollo, www.laluce.news 7 avril 2021.

2] En ce qui concerne plus particulièrement les Arméniens de Turquie, il convient de tenir compte de: Beraaa Gőktürk, Patriarche arménien de Turquie - "L'exploitation de la douleur d'autrui nous attriste’’ www.aa.com.tr 23 avril 2021. Le patriarche Sahak Mashalian note que le fait de mettre la question historique du ‘’génocide’’ à l'ordre du jour des parlements d'autres pays "ne sert pas le rapprochement des Arméniens et des Turcs, et retarde même leur réconciliation."

3] Le 29 avril, le secrétaire d'État américain, M. Blinken, est allé encore plus loin en annonçant des sanctions en cas de deuxième achat de systèmes de défense S-400 de fabrication russe.

4] Mais cette attitude arrogante et simpliste conduit de plus en plus à une impatience généralisée de la Turquie face aux prétentions occidentales, ainsi qu'à une plus grande prise de conscience historique et géopolitique. Nous citons par exemple Ibrahim Karagül dans Yeni Şafak (le journal le plus représentatif de la zone gouvernementale) du 26 avril 2021, qui souligne qu'il existe des forces en Turquie "en faveur de la protection des États-Unis et de l'Occident sur la Turquie". "Une protection - explique-t-il - demandée depuis l'époque ottomane par les libéraux, les conservateurs et les islamistes pro-américains; les États-Unis sont au centre de l'attaque contre la Turquie (...) ils constituent un État qui s'est établi sur le sang de millions de personnes, qui a massacré des centaines de milliers de personnes même au XXIe siècle (...) mais ils ne sont plus au centre du monde": ils perdent du terrain face aux puissances émergentes du XXIe siècle, et ils sont à couteaux tirés avec la moitié du monde, ils n'ont plus aucune crédibilité (...). Les États-Unis, l'Europe, Israël, toutes les puissances troublées et préoccupées par la montée en puissance de la Turquie, soutiennent la bataille (contre elle) encore plus qu'avec la tentative de coup d'État de 2016". Toujours dans Yeni Şafak et les mêmes jours, Abdullah Muradoğlu déclare que "les fausses accusations de Biden contre la Turquie sont le dernier exemple de la vacuité de la compréhension américaine du terme "allié" (...) Inutile de dire qu'il n'y avait pas de place pour une mentalité génocidaire dans l'ordre établi par l'Empire ottoman". Muradoğlu détaille ensuite les précédents de la politique étrangère américaine, notamment les cas des massacres de la Seconde Guerre mondiale, de Dresde et des bombes atomiques sur le Japon, pour conclure que "les États-Unis doivent se regarder dans le miroir longtemps avant de prêcher le génocide."

5] Sur ce sujet et les retombées de la Convention de Montreux (non signée par les États-Unis), l'intéressant article: Esperto turco: la Convenzione di Montreux ostacola gli USA nel Mar Nero, dans www.it.sputniknews.com du 17 avril 2021.

Aldo Braccio

Aldo Braccio a collaboré assidûment à Eurasia. Rivista di studi geopolitici depuis le premier numéro et a publié de nombreux articles sur son site web. Ses analyses concernent principalement la Turquie et le monde turcophone. Sur des sujets liés à la zone turque, il a donné des conférences au Master Mattei de l'Université de Teramo et ailleurs. Il est l'auteur du livre La norma magica. Il sacro e il diritto in Roma (sur les relations entre la conception du sacré, le droit et la politique dans la Rome antique) et Turkey ponte d'Eurasia (sur le retour du Pays du Croissant sur la scène internationale). Il a écrit plusieurs préfaces et a publié de nombreux articles dans des journaux italiens et étrangers. Il a participé au VIIIe Forum italo-turc qui s'est tenu à Istanbul et a été invité à plusieurs reprises, pour des interviews et des commentaires, par la radio et la télévision d'État iraniennes.

dimanche, 09 mai 2021

Les raisons pour lesquelles les gauchistes ne réussiront jamais à désarmer les Américains

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Les raisons pour lesquelles les gauchistes ne réussiront jamais à désarmer les Américains

Par Brandon Smith

Source Alt-Market

La confiscation des armes a toujours été le Saint Graal des régimes totalitaires. Sans désarmement, le contrôle entièrement centralisé d’une population n’est pas possible. Et s’il est vrai que tous les régimes maléfiques ne cherchent pas à désarmer chaque citoyen (du moins pas tout de suite), ils désarment toujours les personnes qu’ils ont spécifiquement l’intention de blesser le plus.

Par exemple, les défenseurs du contrôle des armes à feu aiment aujourd’hui souligner que le Troisième Reich en Allemagne n’a pas désarmé toute la population allemande. Il s’agit d’une position plutôt bizarre pour les gauchistes, car ils ne cessent de se plaindre et de crier que des nazis se trouvent à chaque coin de rue et derrière chaque arbre, mais ils défendent TOUJOURS leurs politiques de confiscation des armes en arguant que les nazis n’étaient pas aussi mauvais que les conservateurs le supposent. Bien sûr, ce qu’ils mentionnent rarement, c’est que les nazis ont effectivement désarmé des millions de personnes, pour la plupart des Juifs et des opposants politiques, en vertu des lois allemandes de 1938 sur les armes à feu.

Les nationaux-socialistes ont désarmé les personnes qu’ils prévoyaient de liquider. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi : ils ne voulaient pas que leurs cibles soient en mesure de se défendre. Ils ont permis à leurs partisans politiques de conserver leurs armes légalement ; il ne s’agit pas d’un assouplissement des lois sur les armes à feu, en fait, c’est l’inverse – Il s’agit d’une application sélective de la confiscation des armes basée sur la loyauté idéologique.

De façon hilarante, les gauchistes américains, lorsqu’ils sont confrontés à ce fait, doublent leurs arguments de contrôle des armes. Au lieu d’admettre leur erreur stupide, ils diront : « Oui, les nazis ont désarmé les Juifs et d’autres personnes, mais le fait d’avoir des armes à feu n’aurait fait aucune différence pour leur sauver la vie… » Et voilà – La logique circulaire la plus arriérée de tous les temps. Si la possession d’armes par les Juifs et d’autres personnes n’a pas empêché leur massacre, pourquoi les nazis se sont-ils donné la peine de les désarmer ? Les gauchistes n’ont pas de réponse à cette question.

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Ils essaient d’argumenter contre les faits en utilisant une hypothèse ; en réalité, comment le sauraient-ils ? Peut-être que le fait de posséder des armes à feu aurait pu sauver la vie de millions de personnes que les nazis avaient considérées comme des ennemis de l’État? Peut-être cela aurait-il eu un effet dissuasif sur l’Holocauste ? Peut-être les nazis auraient-ils eu peur d’étendre leur tyrannie en Europe s’ils avaient eu à craindre que leur propre population ne se défende et ne perturbe leur élan ? Peut-être la Seconde Guerre mondiale n’aurait-elle jamais eu lieu ? Nous pourrions discuter d’hypothèses toute la journée…

Ce dont nous sommes certains, c’est que le désarmement est TOUJOURS l’une des premières mesures prises par les totalitaires pour asseoir leur contrôle sur une population, et c’est le cas le plus fréquent chez les plus grands tueurs politiques de l’histoire moderne – Et non, ce ne sont pas les nazis, ce sont les communistes.

Alors que le débat fait rage sur le nombre exact de décès attribués aux gouvernements communistes, on estime qu’ils sont responsables d’environ 65 à 100 millions de meurtres au cours du siècle dernier, un génocide sans précédent dans l’histoire. Ces décès ont été causés par des moyens directs, tels que les fusillades de dissidents, ou indirects, tels que l’emprisonnement de dissidents jusqu’à ce qu’ils meurent de complications, ou le vol de vivres aux communautés rurales, qu’ils laissaient mourir de faim en masse.

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Staline a notamment déclaré que tout vol de biens de l’État était un crime punissable de mort. Dans le même temps, il a déclaré que toute production, y compris la production alimentaire, était la propriété de l’État. Donc, si vous mangez de la nourriture qui ne vous a pas été accordée par l’État, vous volez, et vous pouvez donc être fusillé. Vous voyez comment cela fonctionne ?

Rien de tout cela n’aurait été possible sans les lois sur le contrôle et la confiscation des armes à feu mises en place avant le grand génocide. En 1918, les bolcheviks et le Conseil des commissaires du peuple ont imposé aux citoyens russes de rendre leurs armes à feu sous peine de poursuites judiciaires. Les restrictions et les sanctions concernant les armes à feu ont été renforcées au fil des ans jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Soviétiques ont répugné à armer leur propre population en réponse à l’invasion nazie. En fait, la facilité avec laquelle l’armée nazie a traversé le front oriental était en partie due au désarmement de la population russe.

Les gouvernements communistes n’autorisent les gens à avoir des armes à feu dans leurs mains que lorsqu’ils se battent contre les ennemis idéologiques et étrangers du régime. Vous avez le droit d’être de la chair à canon pour les élites, mais vous n’avez pas le droit de vous défendre contre ces mêmes élites.

Les Américains (principalement les Américains conservateurs) ont une compréhension approfondie de cette dynamique. Alors que les gauchistes sont plus soucieux de réécrire l’histoire à leur avantage, nous sommes plus soucieux d’en tirer des leçons. Nous savons où mène le contrôle des armes à feu, tout comme les Pères fondateurs de notre nation, et c’est pourquoi ils ont codifié la possession d’armes à feu dans la constitution américaine comme un droit inaliénable en vertu du 2ème amendement. Voici les raisons pour lesquelles les gauchistes, les globalistes et les communistes ne seront JAMAIS en mesure de désarmer la population américaine comme ils l’ont fait dans les nations précédentes…

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Nous connaissons l’histoire du contrôle des armes

Comme indiqué ci-dessus, nous avons étudié l’histoire des tyrans. Il n’y a aucune tyrannie qui ait jamais existé qui n’ait pas essayé de désarmer la population, ou de désarmer la partie de la population que le gouvernement avait l’intention de réduire en esclavage ou de détruire. Les gauchistes ont la bave aux lèvres en essayant de réimaginer l’histoire d’une manière qui contourne ou ignore la question de la tyrannie lorsqu’il s’agit du contrôle des armes à feu. Ils perdent leur temps.

Ils ne parviendront jamais à convaincre les conservateurs et les modérés que la confiscation des armes n’a pas été une étape clé dans l’établissement de diverses tyrannies dans l’histoire moderne. Toute la gymnastique mentale et la manipulation, toute l’énergie qu’ils dépensent à essayer de rationaliser un génocide comme étant en quelque sorte « inévitable » indépendamment des droits des armes à feu – tout cela pour rien. Nous sommes bien plus intelligents qu’eux. Nous connaissons bien l’héritage du contrôle des armes à feu, et cela rend leurs tactiques inutiles.

Nous comprenons l’incrémentalisme – nous connaissons toutes les astuces

Le niveau de malhonnêteté impliqué dans la défense du contrôle des armes à feu est étonnant. Les gauchistes utilisent souvent le mensonge comme moyen de gagner du capital politique ; s’ils étaient complètement honnêtes quant à leurs intentions, ils ne recevraient pas un grand soutien de la population pour leurs efforts. Les accapareurs d’armes prennent soin, dans la plupart des cas, d’utiliser des expressions telles que « bon sens » lorsqu’ils parlent de nouvelles restrictions. Ils essaient de ne pas admettre que ce qu’ils veulent vraiment, c’est un désarmement complet, du moins, ils ont essayé jusqu’à récemment.

L’incrémentalisme a été le mot d’ordre pendant des décennies, mais depuis un an, ils foncent. Certains politiciens de gauche admettent ouvertement leurs véritables objectifs, parce que franchement, la chanson et la danse ne fonctionnaient pas et qu’ils savent que les conservateurs ne vont pas permettre un nouvel empiétement sur leurs droits.

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Je trouve intéressant que les gauchistes soient si étonnés de notre refus de tout compromis sur de nouvelles restrictions des armes à feu. Ils semblent penser que chaque nouvelle fusillade de masse leur apporte un nouveau capital de contrôle des armes. Peut-être que c’est ainsi que les choses fonctionnaient autrefois, mais plus maintenant. Franchement, ces fusillades n’ont rien à voir avec nos droits en matière d’armes à feu. Punir tout le monde pour les crimes d’une poignée de personnes n’est plus acceptable pour les conservateurs, car nous savons que si nous donnons un ongle aux partisans du contrôle des armes, ils nous prendront le bras.

Kamala Harris, aujourd’hui vice-présidente des États-Unis, est l’une des nombreuses Démocrates qui cherchent ouvertement à obtenir le rachat obligatoire des armes à feu par le gouvernement et le démantèlement des droits des armes à feu. Cependant, c’est Beto O’Rourke qui a vraiment fait tomber le masque en ce qui concerne les véritables intentions des accapareurs d’armes. Il a déclaré que « oui, les Démocrates vont nous enlever nos AR-15 ».

Joe Biden est célèbre pour ses déclarations mettant en garde contre les armes de qualité militaire entre les mains de civils et pour avoir dit aux gens qu’un « fusil de chasse à double canon » est « supérieur » à l’AR-15 pour la défense domestique. De toute évidence, une arme à deux coups avec une portée effective limitée à environ 50 mètres ou moins rend très difficile la lutte contre la tyrannie gouvernementale. Et nous savons tous qu’à terme, même les fusils de chasse seront retirés.

L’objectif spécifique de Biden, cependant, semble être les lois sur les armes à feu dites « Red Flag« , qui permettent aux autorités de confisquer les armes à feu de personnes non impliquées dans des activités criminelles, et ce sur la base de témoignages par ouï-dire et sans procédure régulière. Les critères incluent toute « suspicion de maladie mentale », ce qui est totalement subjectif. Les conservateurs ont été accusés de maladie mentale parce qu’ils s’opposent aux confinements lié à la Covid-19, qu’ils remettent en question la sécurité des vaccins, qu’ils remettent en question la légitimité de la propagande alarmiste sur le réchauffement climatique dans les médias, etc. N’IMPORTE QUOI pourrait être étiqueté comme maladie mentale par l’État et donc rendre une personne susceptible d’être ciblée par les lois « Red Flag« .

Il s’agit d’un incrémentalisme ciblé et d’une application sélective du contrôle des armes à feu, tout comme celle utilisée par les nazis. Les lois « Red Flag«  permettent au gouvernement d’attaquer les opposants politiques et idéologiques un par un et de les désarmer, tout comme les nazis ciblaient sélectivement leurs opposants politiques pour les désarmer. Nous savons où tout cela va nous mener. Nous l’avons déjà vu auparavant.

Les émeutes raciales de BLM

Malgré les fausses affirmations des médias grand public, nous avons vu de première main la destruction et la folie perpétrées par des groupes marxistes comme Black Lives Matter. Ils sont tout sauf « pacifiques », ils sont dangereux par leur manque d’intelligence et de logique, et leur idéologie de justice sociale est un cancer qui infecte et débilite chaque organe vital de la civilisation occidentale.

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Dans son film « Platoon », le personnage d’Oliver Stone, Chris Taylor, dit : « L’enfer est l’impossibilité de raisonner ». Si cela ne décrit pas le mouvement pour la justice sociale d’aujourd’hui, alors je ne sais pas ce qui le fait.

Si un groupe de personnes est déterminé à faire de chaque tragédie une affaire de racisme et de « suprématie blanche », malgré tous les faits qui prouvent le contraire, et qu’il utilise ensuite ces tragédies comme excuse à la violence de masse, alors ce sont des fanatiques, et les fanatiques ne peuvent être raisonnés. Ce sont des sectaires avec une mission, et ils feront tout pour accomplir cette mission.

Dans ce cas, la mission des marxistes de BLM et des fondations globalistes qui les financent (comme la Fondation Ford et la Fondation Open Society ) est de détruire le tissu même de l’Amérique, de la « brûler« , puis de la reconstruire en une enveloppe méconnaissable dépourvue de principes ou de liberté.

Ouais, je ne pense pas que les propriétaires d’armes conservateurs vont accepter ça. Brûler leur propre quartier est une chose, mais les activistes de BLM ont essayé de s’étendre au-delà des frontières de leurs propres villes poubelles dans le passé, et nous n’allons pas leur permettre d’agir violemment. Pour cette seule raison, les conservateurs ne désarmeront jamais.

Le programme de contrôle est exposé au grand jour

Il y a une raison pour laquelle les gauchistes et les globalistes sont si obsédés par le fait de priver les Américains d’armes à feu prêtes au combat, et il ne s’agit pas de « sauver des vies ». Ces armes ont un effet dissuasif sur la tyrannie. Tant qu’elles existent, notre capacité à reprendre nos autres droits et libertés existe.

Si quelque chose a convaincu les propriétaires d’armes à feu de la nécessité de posséder des armes à feu, c’est bien l’année dernière, marquée par une pandémie de peur. Qu’avons-nous appris jusqu’à présent ? Eh bien, nous sommes maintenant pleinement conscients de l’agenda du « Grand Reset« , qui a été promu sans relâche par le Forum économique mondial et divers dirigeants politiques. Ce programme prévoit des années de blocages économiques et de mandats médicaux, de vaccinations forcées, de passeports sanitaires par lesquels une personne pourrait être complètement exclue de l’économie, une nouvelle société sans cash, une économie partagée dans laquelle vous ne posséderez rien et que vous devez aimer.

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Les « passeports » sanitaires ou vaccinaux sont particulièrement déconcertants. D’une part, les gouvernements n’ont pas nécessairement à les appliquer tout de suite. Ils peuvent simplement autoriser leurs partenaires commerciaux à exiger ces passeports de toute personne souhaitant obtenir un emploi ou faire des achats dans leurs magasins. Une fois que ce système est ancré dans le monde des consommateurs, les gouvernements peuvent intervenir et faire des passeports une obligation légale. Finalement, les passeports donnent à l’establishment la capacité de contrôler et de micro-gérer chaque aspect de la vie de chaque individu. Si vous ne vous conformez pas à tous vos caprices, les technocrates peuvent facilement annuler votre passeport et vous faire mourir de pauvreté et de faim.

Cela serait impossible à faire dans un pays où la majorité de la population est armée. Je pense que l’on peut dire sans se tromper que la plupart des Américains ne veulent pas vivre dans le monde dystopique envisagé par les globalistes du WEF, et nous nous battrons pour que cela ne se produise pas.

La tyrannie est mise en œuvre par des hommes armés sur le terrain

Mon mantra préféré des accapareurs d’armes est l’affirmation selon laquelle « votre AR-15 ne vous aidera pas contre un char Abrams ou un drone Predator ». Ces personnes ne comprennent pas le fonctionnement des systèmes totalitaires. Afin de contrôler une population, vous devez avoir des troupes loyales sur le terrain… partout. Non seulement cela, mais vous avez également besoin de civils loyaux, un grand pourcentage de la population, pour agir comme vos yeux et vos oreilles et parfois la force brute. Et enfin, vous avez besoin que toute personne qui pourrait s’opposer à vous ait peur de prendre des mesures pour se défendre. Vous avez besoin qu’ils soient dociles et passifs.

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La tyrannie comporte de nombreuses pièces mobiles, et les tanks et les avions sont secondaires par rapport à la main-d’œuvre de base. Et là où il y a des troupes et d’autres personnes qui font respecter la tyrannie, il y a de nombreuses cibles. Là où il y a des armes à feu, il y a un moyen d’éliminer un tyran au sommet de la pyramide avec une seule balle bien placée. En outre, vous n’avez pas besoin de véhicules blindés et de jets furtifs pour combattre la tyrannie ; ce dont vous avez besoin, c’est d’une bonne arme à feu pour éliminer les personnes qui conduisent et pilotent ces machines. Un rebelle intelligent pourrait même prendre ces armes pour son propre arsenal dans le processus.

De nombreux propriétaires d’armes à feu sont également des vétérans de l’armée, et ils ont vu comment les choses se sont passées dans des endroits comme l’Afghanistan, où toute la puissance militaire du monde a été inefficace contre des membres de tribus munis de vieux AK-47 et d’engins explosifs improvisés en bord de route. Il s’agit de la force de la volonté et d’un minimum d’armes à feu. Les guerres de guérilla ne sont pas menées en termes de batailles, elles sont menées en termes d’attrition. Les Américains le comprennent mieux que quiconque.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’ethos des voleurs d’armes est essentiellement inutile. Ils peuvent avoir une domination totale sur le gouvernement fédéral, ils peuvent avoir tous les gouvernements des états de leur côté et passer des centaines de lois et de décrets faisant de chaque propriétaire d’arme un criminel, et cela n’aurait toujours aucune importance. Nous ne céderons pas, nous préférons nous battre.

Les élitistes et les gauchistes ne semblent pas comprendre. Peut-être que c’est la façon dont leur cerveau fonctionne. Peut-être ne peuvent-ils pas comprendre l’idée que certaines personnes ne transigeront pas sur certaines libertés, quel qu’en soit le prix. Ils pensent que tout le monde a une limite, que tout le monde a un prix. Ils pensent que tout le monde peut être acheté, ou que tout le monde peut être amené à se soumettre. La vérité est que beaucoup d’entre nous ne le peuvent pas. Certains d’entre nous n’ont pas de prix, et nous ne pouvons pas être contraints de nous soumettre.

Nous sommes les personnes qui maintiennent la liberté en vie, et les totalitaires sont terrifiés par nous ; l’accaparement des armes n’est qu’une extension naturelle de leur peur et de leurs doutes. Lorsqu’une oligarchie cherche à désarmer la population, c’est un signe certain qu’elle est sur le point de s’emparer d’encore plus de contrôle, et elle a peur que la population ne la détrône. Et honnêtement, ils devraient avoir peur.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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L’Odyssée fasciste de Yockey

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L’Odyssée fasciste de Yockey

Une recension du livre de Kerry Bolton

par JWH

Ex: https://westdest.blogspot.com/2018/04/yockeys-fascist-odyssey.html

Book here 

Où est l’intérêt du « Mouvement » pour ce livre ? Pourquoi ne l’a-t-on pas présenté et pourquoi ne lui a-t-on pas fait de la publicité dès qu’il a été publié ? Eh bien, peut-être que nous allons commencer à voir sortir des recensions dans le Mouvement dans les semaines et les mois à venir, et c’est très bien, mais pourquoi ne voit-on pas de messages postés disant au lecteur que le livre est sorti ? Pourquoi ce « blackout » sur ce livre ? Dans le cas de Counter-Currents je suppose que c’est dû à leur petite querelle avec Friberg/Arktos, et le reste de l’Alt Right se fiche complètement de Yockey ; après tout, leurs héros et leurs modèles sont Beavis et Butthead. Oui, il y a de ça, mais c’est bien le problème. Et qu’est-ce qui est arrivé à toutes les photos retrouvées de Yockey (à part celle de Notre Dame) ? Counter-Currents ne se vantait-il pas d’un important butin de nouveau matériel sur Yockey ? La non-réaction du « mouvement » à ce livre justifie et souligne encore plus mon dégoût concernant le Mouvement Inc., et ma détermination à être un groupuscule indépendant du « Mouvement ».

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La biographie de Bolton aurait pu utiliser plus d’images, en dehors de l’image de couverture et la seule image interne (bien que nouvelle) de Yockey à [l’université de] Notre Dame ; c’est cependant un point mineur. Un autre point mineur est la présence de fautes d’orthographe, le plus souvent « form » au lieu de « from ».

La pire partie du livre est de loin celle sur la race biologique et la maladroit tentative de Bolton pour justifier les vues erronées de Yockey (et par extension de Spengler) sur la race en réduisant les distinctions raciales à l’« indice céphalique » (provoquant un profond soupir de soulagement du « mouvement ») et à toutes les vues dépassées (et parfois stupides) de l’« anthropologie physique traditionnelle » et du « phénotypisme ». On nous dit avec enthousiasme que, par exemple, le travail de Boas sur les changements d’indice céphalique dans des environnements différents peuvent avoir une certaine validité – et alors ? Phénotype = génotype + environnement ; l’expression phénotypique des instructions génétiques sous-jacentes est influencée par l’environnement (parfois par des modifications épigénétiques). Un exemple classique est la taille : c’est un trait clairement et manifestement hérité génétiquement, qui passe par les familles et diffère en moyenne parmi les ethnies, mais il est fortement influencé par des conditions environnementales comme la nutrition. Vous pouvez avoir des jumeaux identiques, l’un souffrant de malnutrition durant l’enfance et finissant avec, disons, 1m80, et un autre jumeau recevant l’excès occidental normal de calories et de nutriments et atteignant, disons, 1m90. Une autre personne avec un arrière-plan génétique différent peut bénéficier du même surplus de nutriments que le second jumeau mais atteindre seulement 1m70, si c’est sa limite génétique. De même, l’indice céphalique est génétiquement code, mais peut être influencé par la nutrition et d’autres facteurs. En tous cas, l’indice céphalique n’est pas un indicateur majeur de la race dans son sens moderne en tant que groupe avec une ascendance partagée, donc quel est l’intérêt ? Les similarités supposées entre Ethiopiens et Européens concernant l’indice céphalique ou d’autres traits phénotypiques individuels sont complètement hors de propos.

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C’est le problème quand vous avez des gens sans formation scientifique parlant de questions qui débordent sur la science : ils n’ont aucune idée – pas la moindre – de ce dont ils parlent. Si l’argument est que Yockey et les spécialistes de l’anthropologie n’avaient pas accès aux données génétiques d’aujourd’hui, très bien, mais encore une fois, on n’est pas obligé de justifier leurs vues simplement parce qu’elles étaient faites par ignorance (et même à ce moment je ne les excuse pas – même sans données génétiques, est-ce si difficile de comprendre qu’une sorte d’ascendance partagée et réelle doit être un déterminant crucial de la race, et que le phénotype doit inclure de nombreux traits pris dans leur ensemble, et pas seulement un seul ou quelques-uns ?). Sélectionner un certain travail scientifique, associé à une incompréhension complète, pour justifier la stupidité raciologique de Spengler et de Yockey n’est pas convaincant non plus. Les impressions subjectives de Jung sur les Américains blancs sont complètement non-pertinentes vis-à-vis de la réalité de la race biologique, et moins on parle des théories raciales (intrinsèquement incohérentes) nationales-socialistes, mieux c’est.

Mon affirmation a été que l’adoption par Yockey de la race « spirituelle » (« horizontale ») eut la même genèse que celle d’Evola : une réponse maladroite au nordicisme. L’ironie est que Yockey discuta de la manière dont une Culture peut réagir à la Pathologie Culturelle de manières finalement dommageables pour la Culture (semblables à une fièvre destructrice résultant d’une infection chez une personne), mais il manquait de la conscience de soi pour comprendre que ses propres idées destructrices sur la race biologique étaient aussi une sur-réaction à la théorie nordiciste. Yockey voulait l’unité européenne, et le nordicisme était (et est toujours) un obstacle pour cela. Yockey identifiait le nordicisme à la théorie de la race biologique et donc la race biologique devait être discréditée (bien qu’à ses yeux elle était encore valable pour les différences entre Blancs et Blancs, cela démontrant clairement que Yockey se préoccupait en fait spécifiquement d’argumenter contre les différences raciales inter-européennes). Evola fut probablement choqué par les théories qui attribuaient toutes les qualités positives aux Nordiques seulement ; Evola pensa donc : « Hé, je suis honorable et noble, mais je ne suis pas nordique, donc je dois être un Nordique spirituel ». Ni Yockey ni Evola n’avaient la compréhension scientifique ou le courage moral pour déclarer simplement que le nordicisme de Günther était erroné ; ils devaient plutôt inventer des fantaisies pour tourner autour du pot. En ce qui concerne Spengler, je ne tenterai pas de faire des hypothèses sur les origines de ses théories raciales sauf pour remarquer qu’il avait une ascendance juive par sa lignée maternelle et donc une motivation possible pour détourner l’attention des aspects biologiques de l’identification raciale.

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Bolton soutient en fait mon affirmation que l’opposition de Yockey à la « race verticale » était due à ses préoccupations concernant les divisions intra-européennes ; ici je cite la section de Bolton racontant la dispute entre Yockey et le nordiciste britannique Leese (qui haïssait « les métèques et les ritals ») ; Bolton déclare que c’était exactement à ce type de division raciale intra-européenne promue par des gens comme Leese que Yockey s’opposait. Ainsi, l’idée de  « race verticale » à laquelle Yockey s’opposait était celle du nordicisme extrême qui avait été le fondement du « Mouvement » depuis le début. Les commentaires de Gannon soulignent cela lorsqu’il dit qu’il est absurde de supposer que toute personne blonde aux yeux bleus est un ami et que tout Blanc plus sombre est supposé être un ennemi. Voir aussi les commentaires sur « Wilmot Robertson » plus bas. Mais c’est la stupidité du Mouvement, pas la véritable race biologique scientifique. On ne peut pas « jeter le bébé avec l’eau du bain » et rejeter la réalité raciale à cause de sa mauvaise utilisation par des obsédés et des fétichistes. Gannon affirme que des théoriciens de la race verticale sont intervenus pour soutenir les idées du livre Imperium précisément parce qu’ils ne l’ont jamais lu ou qu’ils ne le comprennent pas et qu’ils ne comprennent pas Yockey. Si nous supposons pour l’instant que les « théoriciens de la race verticale » incluent des gens qui comprennent l’importance de la race biologique, et pas seulement ceux qui fétichisent des ethnies européennes particulières comme « supérieures », alors Gannon est déraisonnable. Non, Mr. Gannon, certains d’entre nous avons lu Imperium, et nous le comprenons et nous comprenons Yockey parfaitement bien. Nous acceptons l’idée générale de Yockey, tout en reconnaissant des désaccords sur certaines questions ; ainsi, mes idées sur la race et le « pessimisme » ne veulent pas dire que je ne peux pas apprécier la thèse principale d’Imperium : l’Unité Occidentale. Après tout, Imperium fut conçu comme une thèse polémique, pas comme une thèse érudite. C’est certainement un appel à l’action, pas une étude des différences raciales ni même de la succession des Hautes Cultures. Cohérent avec cela, Gannon est cité comme disant que Yockey lui-même pensait que Imperium devait être « senti » plutôt que « compris ». Si la clé à Imperium, et donc à la vision-du-monde de Yockey, est de « sentir » plutôt que de « comprendre », alors il est clair qu’on peut être un supporter général de cette vision-du-monde même si l’on est en désaccord avec des détails particuliers des idées que Yockey adopta. Et ici Gannon est un peu incohérent, critiquant d’abord ceux qui ne « comprennent » pas les idées de Yockey et nous disant ensuite que Yockey lui-même pensait que son œuvre, et les idées qu’elle promouvait, devait être « sentie » plutôt que « comprise ». Apparemment alors, Carto et d’autres « verticalistes » « sentaient » l’œuvre assez bien, même s’il ne la « comprenaient » pas.

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Les théories raciales biologique (« verticale ») et spirituelle (« horizontale ») ont toutes deux leur validité et les deux devraient être complémentaires. On restreint d’abord le groupe à la race biologique, définie au sens large, et ensuite à l’intérieur de celle-ci on cherche les gens dont le comportement et les accomplissements illustrent l’idéal racial. Cela dit, si l’opposition de Yockey à la « race verticale » était due à son opposition aux idées nordicistes, alors son cœur parlait juste, bien qu’il aurait dû mieux formuler cela avec sa tête. Plus généralement, si le « verticalisme » implique un classement hiérarchique de haut en bas (vertical) des groupes dans une perspective de supériorité ou d’infériorité, alors c’est un non-sens et il est juste de s’y opposer (et de le critiquer, par exemple, sur une base « matérialiste » dans On Genetic Interests).

Je remarque que beaucoup de ces merveilleux « horizontalistes » soutenaient l’idée de laisser entrer les non-Blancs « coloniaux » [= des colonies] dans l’« Imperium ». C’est grandiose. Et en quoi la situation raciale à Londres, par ex., ou dans les banlieues de Paris différerait dans ce cas de ce qu’elle est aujourd’hui ? La race biologique est importante. La préservation raciale est importante. La culture sans race est un récipient vide. « Nous n’avons pas besoin de ces sales coloniaux », merci beaucoup.

L’acceptation du pessimisme spenglérien est un autre point de dispute ; Bolton reconnaît avec Spengler et Yockey que les nouvelles possibilités esthétiques et culturelles pour l’Occident (faustien) sont épuisées. Peut-être ; ma riposte est cela. – Voir aussi cela.

Je suis aussi fatigué de l’analogie avec la durée d’une vie humaine ; l’idée que « chacun est destiné à mourir, mais les gens vivent tout de même leur vie ; la même chose peut s’appliquer à une Haute Culture ». Pourquoi ne pas faire une analogie avec une lignée familiale où les membres individuels meurent (de même que les époques, les empires, ou même les nations avec une Culture peuvent cesser d’exister), mais vous pouvez espérer que la famille continue et faire des plans pour cela tant que l’humanité existera (de même, vous pouvez espérer et planifier pour que la Haute Culture continue). Si beaucoup de lignées familiales s’éteignent, il est clair que d’autres ne s’éteignent pas, et c’est pourquoi les humains sont encore là aujourd’hui (en grand nombre en fait). Certaines lignées familiales ont survécu.

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Ensuite il y a l’allègre et typique supposition que la prochaine Haute Culture viendra de la Russie ; c’est une pure conjecture et cela ne veut rien dire. L’histoire nous dit que deux Hautes Cultures sont nées en Europe (si vous considérez la Culture antique et la Culture occidentale comme séparées) ; pourquoi pas une troisième (cela pose la question de savoir si la Russie est européenne ; si elle l’est racialement, l’école Spengler-Yockey aurait un avis différent concernant la culture et l’histoire). Le danger est que supposer l’inévitabilité est présomptueux et aussi auto-réalisateur si l’on y croit. Et se moquer hautainement des « optimistes » – « ils y croient encore » – n’est pas un argument. Cependant il y a une remarque dans le livre de Bolton avec laquelle je suis d’accord ; la manière dont une Haute Culture – par exemple, l’occidentale (ou faustienne) – va à son « terme » déterminera dans une certaine mesure le caractère de la Haute Culture qui lui succédera (la russe ou la surhumaniste). Par exemple, la manière dont la Haute Culture antique se termina affecta clairement la manière dont la culture occidentale qui lui succéda se développa.

Je remarque aussi que si l’ethnie russe devient une minorité dans son propre Etat, et que si la Russie devient musulmane, elles pourront difficilement devenir le germe d’une nouvelle Haute Culture. Parler d’« inévitabilité » dans l’histoire humaine est une sottise, malgré le dogmatisme de Spengler. Le futur est encore ouvert à notre avis ; il sera ce que nous en ferons (ou pas). Plus de détails plus bas.

J’aimerais que Bolton définisse clairement ce que Spengler veut dire par « socialisme prussien » et Yockey par « socialisme éthique ». C’est le devoir envers l’Etat, envers un Etat qui fait son propre devoir envers la Haute Culture qu’il représente. Ce n’est pas du socialisme économique, et il est en fait opposé à une simple interprétation économique de l’idéal socialiste. J’apprécie aussi l’explication de Bolton ainsi que sa défense du paneuropéisme militant de Yockey et de son opposition à l’« étatisme étroit ». Bolton dit clairement que les idées de Yockey sont complètement compatibles avec la souveraineté locale et que la souveraineté locale sub-nationale peut en fait être renforcée dans une situation où des Etats nationaux (parfois artificiels) perdront de l’importance dans un Imperium (par ex. la souveraineté flamande peut s’accroître dans un Imperium où le statut de « Belgique » en tant qu’Etat-nation aura moins de sens qu’il n’en a aujourd’hui). Bolton oppose aussi de manière significative les idées de Yockey sur ces questions aux idées quelque peu similaires mais pas identiques de Mosley et spécialement d’Evola (qui soutint l’identité nationale dans le « bloc européen » plus que ne le fit Yockey). La remarque de Mosley disant que l’« étatisme étroit » fit perdre la Seconde Guerre mondiale à l’Occident est bien prise, puisque les mouvements fascistes de cette époque étaient trop étroitement nationalistes et provoquèrent des réponses nationalistes contre eux, tout en gênant la coopération fasciste/nationaliste européenne internationale. Bolton suggère aussi que les ethno-nationalistes américains n’apprécient pas correctement, ou même ne comprennent pas complètement, les idées de Yockey sur cette question (une autre raison pour eux d’ignorer le livre de Bolton ?).

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Les sections sur Weiss, Madole, et H. Keith Thompson, et les interactions de Yockey avec ces individus sont bonnes, et supérieures (et plus concises) que certains discours décousus du livre de Coogan. Je note qu’il y eut une infiltration massive (ça vous rappelle quelque chose ?) du « mouvement » au moins jusque dans les années 50, le NRP de Madole étant particulièrement infecté (il semble qu’une majorité de son financement et de son entourage ait pu venir de l’infiltration) et l’ADL, d’après Bolton, a pu fournir une quantité significative du financement de l’extrême-droite, peut-être pour la surveiller et la contrôler, pour créer un « croque-mitaine » afin de pousser les Juifs effrayés à faire des donations et à apporter leur appui à l’ADL, pour conduire des opérations « sous faux drapeau », et d’une manière générale pour détourner et saboter toute résistance nationaliste authentique. On nous rappelle aussi que Rockwell était à la limite du retard mental et de l’autisme concernant sa confiance naïve et son culte flagorneur du FBI, son « ouverture des registres » de l’ANP pour vérification par le FBI, dans un déconcertant étalage d’imbécillité. D’un autre coté, considérant que l’ANP était probablement aussi fortement infiltré que tout autre groupe droitiste, la « politique des registres ouverts » de Rockwell ne donna probablement au FBI aucune information qu’il ne connaissait déjà. Comme vous pouvez le voir, la politique d’« action positive » du Mouvement était déjà bien installée à l’époque d’Eisenhower ; une grande surprise que nous ayons eu des décennies d’échecs incessants. Ce que le Mouvement ne comprend jamais, un concept souvent mentionné sur mes blogs, est que la supériorité n’est pas un droit de naissance possédé par quelques personnes en résultat de leur ascendance ; la supériorité est au contraire quelque chose qui doit être méritée. La direction du « mouvement » est loin de montrer la moindre trace de supériorité ; d’un autre coté, les manifestations d’infériorité sont évidentes dans leur cas.

Au passage, on peut remarquer que la gauche infiltre facilement et fréquemment la droite, mais le contraire arrive rarement – sinon jamais. Est-ce parce que la gauche est plus rusée, plus sournoise, plus intelligente, dénuée de scrupules, moins naïve, plus disciplinée, et plus professionnelle que la droite ? Est-ce parce que les idées de droite sont plus naturelles, et les idées de gauche plus artificielles, de sorte qu’il est plus facile de faire semblant de croire à des valeurs de droite saines et normales que de faire semblant de croire à la puanteur d’égouts artificielle et malade émanant de la gauche ?

Bolton discute de la formulation par Yockey de la nature duale des Juifs. D’une part, puisqu’ils haïssent l’Occident, ils ont pris parti pour le bolchevisme et ont soutenu l’URSS, y compris en faisant de l’espionnage pour les Soviets même quand l’URSS agissait contre les intérêts juifs. D’autre part, le siège du pouvoir juif était et est toujours aux USA, donc ils doivent préserver et utiliser la technique et le savoir-faire de l’Occident pour maintenir leur pouvoir et sauvegarder leur infestation de l’Occident. Ainsi, ils agissent en même temps pour et contre le pouvoir occidental, laissant un chaos de ruines derrière eux.

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Il y a eu aussi une longue discussion et analyse des attitudes « prosoviétiques » de Yockey, et de sa formulation que les USA étaient une plus grande menace pour l’Europe que l’URSS. J’ai des opinions mitigées sur la validité de l’opinion de Yockey ; je crois qu’il sous-estimait les dégâts d’une invasion soviétique de l’Europe, et qu’il surestimait les possibilités positives inhérentes à ce scénario. Mais concernant l’analyse de Bolton sur les idées de Yockey, c’était raisonnable. J’aimerais remarquer cependant qu’il y a une différence entre dire que les USA étaient une plus grande menace que l’URSS (défendable, bien que je ne sois pas forcément d’accord) et dire que l’URSS était en fait bonne en soi, une sorte d’Etat russo-fasciste. Même après avoir échappé au trotskisme, l’URSS avait encore une quantité d’idéologues marxistes, soutenait les mouvements marxistes du Tiers Monde anti-Blancs, faisait de l’agitation contre les intérêts blancs aux USA, et dénigraient la science authentique au nom du lyssenkisme (bien que je suppose que cette dernière partie est vue positivement par quelques yockiens). Le non-alignement était un meilleur choix que prendre parti pour l’URSS.

En général, le Mouvement a du mal à comprendre la réalité que les gens et les institutions (incluant les nations, les idéologies et les mouvements) peuvent simultanément soutenir des idées opposées. L’URSS était à la fois marxiste et nationaliste (dans un sens impérial). Staline était à la fois un autocrate obsédé par le pouvoir pour le pouvoir et un marxiste qui n’oublia jamais vraiment les fixations idéologiques de sa jeunesse. Les nazis croyaient réellement à la menace juive et instrumentalisaient aussi l’antisémitisme pour arriver au pouvoir. Les gens peuvent être des « vrais croyants » et des « cyniques sceptiques » en même temps. L’esprit humain est extrêmement flexible, et les rationalisations abondent pour chaque type de comportement. Les gens peuvent très bien réprimer une dissonance cognitive et soutenir des idées opposées simultanément. Après tout, n’est-ce pas précisément ce que Yockey disait des Juifs, qu’ils étaient antioccidentaux et qu’en même temps ils avaient besoin d’utiliser et de renforcer la puissance occidentale ? Pourquoi ne pouvons-nous pas dire que l’URSS était un Etat marxiste anti-Blancs et antioccidental, et qu’en même temps elle utilisait le marxisme comme un instrument pour promouvoir un agenda national, impérial, plus orienté vers la puissance ? Les deux ne sont pas complètement orthogonaux.

J’ai apprécié la mention par Bolton du journal de la jeunesse yockienne TRUD, qu’un commentateur sur Counter-Currents (chargé de la relecture) mentionna comme étant proche de mon propre style ; cette comparaison est soutenue par la propre auto-description de TRUD comme étant animée par l’esprit « de cynisme, de sarcasme et de ridicule ». Ils étaient tous fous et féroces ! En tous cas, TRUD est quelque chose qui devrait être ranimé aujourd’hui – si cela est fait correctement. Le problème est que TRUD était essentiellement un journal de Type II, et le Type I existant aujourd’hui le rendrait ridicule. Donc il vaut mieux qu’il reste mort plutôt que d’être ressuscité sous une forme « zombifiée » de Type I.

9780956183590.jpgJe note aussi la haute opinion du Dr. Revilo Oliver concernant Yockey et Imperium (un livre dont Oliver pensait qu’il pouvait servir de fondement à un mouvement gagnant ; Oliver était aussi enthousiasmé par TRUD, soit dit au passage) ; je note aussi l’idée d’Oliver selon laquelle nous devons promouvoir des mèmes pour tous les niveaux de compréhension, pour les masses aussi bien que pour l’élite (ce que j’ai recommandé pour le concept d’EGI). L’enthousiasme d’Oliver pour le yockisme est en opposition avec l’ignorance de Yockey de la part de la faction Pierce/Strom/NA, mais nous en connaissons la raison (voir les commentaires sur « Robertson » ci-dessous) ; apparemment, Pierce ne lut jamais Imperium (je suis choqué, choqué). Le Dr. Oliver est un parfait exemple de la manière dont quelqu’un qui est un « matérialiste racial » obsédé par les gènes peut malgré tout être un partisan convaincu de Yockey et d’Imperium. En fait je dirais que la génétique moderne des populations, en analysant le génome autosomal, soutient en fait certaines des idées de Yockey ; par exemple, cet extrait d’Imperium :

« Le fait d’aborder ce cas de frontière raciale avec le Nègre montre cependant un fait très important pour l’Europe : que la différence de race entre hommes blancs, ce qui signifie hommes occidentaux, est infiniment petite comparée à leur mission commune de réaliser une Haute Culture. En Europe, où jusqu’ici la différence de race entre, disons le Français et l’Italien, a été magnifiée jusqu’à de grandes dimensions, il n’y a pas eu de rappel suffisant des différences de race en-dehors de la Civilisation Occidentale. »

Ainsi, les données génétiques nous disent que s’il y a bien des différences entre Français et Italiens, ce degré de différenciation génétique est « extrêmement petit » lorsqu’on examine les différences de  parenté génétique avec des populations  « en-dehors de la Civilisation Occidentale » – particulièrement lorsqu’on considère les larges gouffres génétiques entre les principaux groupes de populations continentales (races). Il y a dans la race biologique davantage que de simples mesures fétichistes des indices céphaliques avec des pieds à coulisse.

Les autres parties sur les diverses interprétations et « résurrections » de Yockey et de ses idées… eh bien, certains des « problèmes » pourraient être dus à la stupidité des gens dont parle Bolton, plutôt qu’aux propres idées (je l’espère) de Bolton. Bolton cite certaines des divagations anti-Méditerranéens du Roi du Fétichisme Ethnique, « Wilmot Robertson », et cite aussi le verdict correct de Stimely sur les obsessions autodestructrices de Robertson. « Robertson » et son héritage demeurent une force hautement destructrice à l’intérieur du nationalisme racial (principalement américain), un point d’infection majeur pour les fixations obsessionnelles qui existent toujours aujourd’hui. Mais reconnaissons un certain mérite à « Robertson » et à ses adeptes : du moins ils sont honnêtes concernant leur dégoût et leur mépris pour les Européens venant du sud de Vienne (ou de Munich) et de l’est de Berlin. Pires peut-être sont les types qui croient en fait la même chose que « Robertson » mais qui prétendent être « paneuropéens » ou « panaryens ». Une remarque pour ces derniers individus : les Européens – les Occidentaux – ne sont pas des Indiens hindous, nous n’avons pas, ou ne voulons pas, d’un système de castes (les Européens de l’Est étant de caste inférieure et les Européens du Sud étant des « intouchables »). Choisissez votre groupe et c’est votre groupe – si vous méprisez un groupe, alors ne les incluez pas ; si vous les incluez, alors ne les méprisez pas. La définition de base d’un groupe quel qu’il soit est « interne/externe » et si le Mouvement ne peut même pas définir cela clairement, après des décennies de discussions et de débats, alors à quoi sert-il ? Si c’est la « race verticale », alors Yockey avait raison de s’y opposer, mais pas au prix du désaveu de la réalité biologique.

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Si « Robertson » parlait d’une manière relativement positive de Yockey en tant qu’homme, il rejetait le paneuropéisme de Yockey, et il faut dire que le principal centre d’hostilité (ou du moins d’indifférence, puisque par exemple Pierce ignora complètement Yockey et son héritage) envers Yockey dans le Mouvement venait des nordicistes, qui ne purent jamais pardonner à Yockey de considérer les Italiens et les Espagnols comme faisant partie de l’Occident. Nous ne pouvons sûrement pas nous permettre cela !

Ensuite nous passons au fétichisme de Lauck, et les stupidités sur Rome s’effondrant à cause du mélange entre la « souche romaine » et les « esclaves non-blancs » sont de la bêtise kempienne [allusion à Arthur Kemp] typique et c’est risible du point de vue d’un discours historique sérieux. Et il y a les fantaisies sur les « gouvernants nordiques de l’Inde ancienne ». Vous pouvez prendre des discours typiques du « mouvement » et des extraits au hasard du livre Rêve de Fer, vous trouverez peu de différences. C’est une honte que des vérités authentiques sur la race biologique soient toujours corrompues par les dogmes du « mouvement ».

Le problème est que Bolton va trop loin dans l’autre sens. Je suis d’accord avec lui pour dire que le métissage n’est pas la vraie raison pour laquelle les civilisations s’effondrent, et se sont effondrées, dans toute l’histoire. Bolton implique ensuite que ce mème « le métissage cause l’effondrement » est dû à un sentiment parmi les droitistes que leur race est génétiquement en danger. C’est peut-être vrai ; il se peut que les activistes raciaux d’aujourd’hui « tordent »  l’histoire passée pour la faire cadrer avec les préoccupations raciales d’aujourd’hui. C’est assez vrai. Mais Bolton semble ensuite suggérer que l’actuelle crainte de danger génétique est seulement la « rationalisation » d’une « aversion ou d’un soupçon instinctif de ‘l’autre’ ». Ici Bolton va trop loin s’il suggère que la crainte du danger génétique est d’une manière ou d’une autre irrationnelle. Les changements démographiques de l’Occident sont un fait. Le remplacement racial est un fait (un fait que même la gauche accepte et salue avec enthousiasme comme « étant du bon coté de l’histoire »). Le dysgénisme est un fait. Le mélange racial croissant est un fait. Ce sont tous des phénomènes quantifiables. La Culture est importante, mais la Culture ne suffit pas, nous devons parler d’une Race-Culture, et la soutenir. Si le « Verticalisme » est le nordicisme et les divers types apparentés de fétichisme ethnique et de manipulation de l’histoire, alors les critiques de Bolton sont valables, mais le préservationnisme racial est en soi vital et légitime. La préoccupation pour la Race n’a pas besoin d’être divisée en Horizontale contre Verticale, mais doit plutôt être intégrale, une unité  de préoccupation holistique qui n’a pas besoin de diviser les Européens. Les craintes concernant le danger génétique ne sont pas des rationalisations de quelque chose, ce sont simplement des réactions normales et saines à un fait établi. Nous devons traiter avec la réalité objective. La Race Blanche EST génétiquement en danger.

will-carto-splc.jpgConcernant la relation de Carto (photo) avec le yockisme, celle-ci est bien couverte par Bolton, et discutée par d’autres ailleurs, donc je ne vais pas m’attarder là-dessus, bien que je croie que Gannon était bien trop critique de Carto (bien sûr la critique de Carto par Gannon s’appliquerait aussi à mes propres vues, donc je ne suis pas objectif ici). Bolton décrit d’autres interprétations de Yockey, incluant celle des odinistes ; je ne peux pas discuter de tout cela par manque de temps.

J’ai été intrigué par les vues de l’auteur et activiste pro-Yockey Alexander Raven Thomson, et ses idées sur la « pathologie sociale », une extension de la « pathologie de la Culture » de Yockey, et opposée à la « morphologie » spenglerienne. Thomson voyait l’importance de l’organisme social comme suprême, et la pathologie qui interrompait la solidarité organique de la société comme apparentée à une cellule folle, c’est-à-dire un cancer. Le fascisme est une « volonté de puissance collective ou sociale » pour surmonter la décadence conséquente à la pathologie. Plus important, Thomson, d’une manière similaire à mes propres idées, rejetait l’inévitabilité spenglerienne, et affirmait qu’une Haute Culture qui peut se débarrasser de la pathologie pourrait ainsi se régénérer et potentiellement continuer indéfiniment. Je vais étendre et altérer les idées de Thomson pour introduire les concepts d’Evolution de la Culture et d’Adaptation de la Culture. Il se peut qu’une Haute Culture ne puisse pas continuer   indéfiniment sous sa forme originale, elle peut en fait passer par les diverses étapes spengleriennes. Mais si un peuple – comme les Européens – a un haut potentiel culturel, alors la Haute Culture mourante peut évoluer et renaître comme quelque chose de différent. Les Européens ont créé deux Hautes Cultures – l’Antique et l’Occidentale, et l’interrègne entre ces deux aurait pu être plus court, et le lien entre elles aurait pu être plutôt une Evolution, si l’Empire Romain occidental avait évolué en une confédération européenne au lieu de s’effondrer et de conduire aux Ages Obscurs. En tous cas, l’Hiver de l’Occident n’a pas besoin de conduire à une période de « Fellahs » indéfinie, avec l’espoir qu’une nouvelle civilisation naîtra quelque part ; les vestiges de l’Occident pourraient évoluer et renaître comme une nouvelle Haute Culture, celle-ci étant alors la troisième Haute Culture sur le sol européen. C’est l’Evolution Culturelle. En ce qui concerne l’Adaptation Culturelle, une facette de cette évolution pourrait être l’adaptation de la Culture aux agents pathogènes auxquels elle fait face, l’adaptation conduisant à l’évolution, à mesure qu’émerge une nouvelle Culture, adaptée pour être résistante aux agents pathogènes. Après tout, si les spenglériens insistent pour classer une Culture comme un organisme, nous pouvons aller plus loin et la classifier comme une espèce d’un organisme, et donc au lieu de mourir comme le fait un organisme unique, elle peut s’adapter et évoluer comme le fait une espèce, subissant dans certains cas une spéciation et la formation d’une nouvelle espèce. Bien sûr, l’espèce peut s’éteindre, et la culture européenne s’éteindra si la race européenne subit ce sort.

Curieusement, dans la dernière section de son livre, Bolton suggère certaines possibilités qui sont en accord avec certaines des vues que j’ai exprimées précédemment. Ici je veux parler du fait que l’Occident ne se dirige pas vers l’« empire » – nous sommes en fait déjà dans l’Hiver, déjà dans une civilisation « morte » de « fellahs ». Qu’est-ce qui s’est passé ? Où était l’empire ? Bolton fait la remarque pertinente que si nous disons qu’une Haute Culture est un organisme, alors nous devons réaliser que tous les organismes ne vivent pas pleinement le temps de vie qui leur est alloué. Certains meurent tôt, à cause d’une maladie ou d’un accident ou parce qu’ils deviennent les victimes d’autres organismes (en termes humains, ils sont tués). Le Destin de l’Occident fut avorté par sa défaite pendant la Seconde Guerre mondiale et l’infection hors-de-contrôle subséquente par des agents pathogènes culturels rampants. Si l’Occident est mort, ou mourant, Bolton suggère qu’une semence peut être plantée pour son successeur. Bolton suggère la possibilité d’une symbiose russo-occidentale ; l’idée est à nouveau promue que la prochaine culture devant être réalisée sera russe. Je suis franchement sceptique ; en tous cas, je propose la naissance d’une nouvelle (la troisième) Haute Culture européenne, qui peut bien sûr inclure la Russie.

On peut critiquer Bolton pour n’avoir pas parlé d’autres analyses et critiques plus récentes de Yockey et de ses idées. Peut-être que Bolton ne les connaît pas (bien qu’elles aient été postées sur des blogs et des journaux majeurs du « mouvement »), ou peut-être qu’il considère qu’elles ne sont pas importantes. J’ai tendance à penser que certains de ces commentaires sur Yockey sont plus instructifs que les plaintes de « Robertson » (comme dans son essai sur Yockey dans Instauration) sur l’horrible menace des superstitieux Siciliens au teint olivâtre et d’un mètre cinquante, mais peut-être que je me trompe.

Imperium_Audiobook.jpgConcernant la terminologie, une analyse plus complète du yockisme requerra des définitions plus précises de termes comme « race horizontale », « race verticale », « verticalisme » et tout le reste, incluant le « pessimisme spenglerien » aussi bien que les diverses « maladies de la culture » de Yockey.  En parlant de terminologie, Yockey s’illusionnait peut-être un peu en pensant que « Impérialisme » est plus convenable que « Fascisme », mais encore une fois, dans la période de l’après-guerre immédiat peut-être que c’était vrai. Mais certainement plus maintenant.

Dans l’ensemble, l’effort de Bolton est supérieur à celui de Coogan dans les catégories cruciales de contenu et d’organisation ; de plus, de mon point de vue de « nutzi », le préjugé droitiste de Bolton est infiniment plus acceptable que le préjugé gauchiste de Coogan. L’avantage majeur de l’ouvrage de Coogan est l’esthétique physique, puisqu’il avait probablement plus de ressources à sa disposition que Bolton, mais le « look » d’un livre est un point mineur comparé au contenu, à l’organisation et au ton, donc l’ouvrage de Bolton est jugé ici dans l’ensemble comme un effort supérieur (bien que les fans de Yockey feraient bien de lire les deux). De plus, alors que le livre de Coogan semblait être plus sur les collaborateurs (et les ennemis) de Yockey plutôt que sur Yockey lui-même, le chapitre « Ecce Homo » de Bolton jette un peu de lumière sur l’homme Yockey, en tant qu’être humain intéressant, bien qu’avec des défauts, et cette analyse est une autre raison de la supériorité du livre de Bolton sur celui de Coogan. Bolton se préoccupe de Yockey en tant qu’homme, alors que Coogan – bien qu’il ait compilé de nombreux faits sur le « milieu fasciste » de Yockey – semble utiliser Yockey comme un symbole pour faire des remarques sur l’extrême-droite internationale.

Cela en dit long (et rien de bon) sur la « scène américaine » que Yockey soit fondamentalement ignoré, alors que les gens comme Pierce, Rockwell et « Robertson » soient glorifiés. Certains justifieront cela en soulignant les défauts dans la vision-du-monde de Yockey, et les controverses concernant l’importance de la race biologique strictement « zoologique » ou le « pessimisme spenglerien ». Cependant, comme esquissé plus haut, il est possible d’être en désaccord avec Yockey sur certains de ces points et d’être quand même un yockien à cause d’une acceptation de sa thèse la plus fondamentale (l’idée d’Imperium, d’Unité et de Résurgence) ainsi qu’en ayant une « compréhension intuitive » de la signification de son livre Imperium. Je soupçonne que la vraie raison du manque de respect envers Yockey dans le Mouvement est la répugnance des activistes de Type I pour l’idée yockienne d’Unité Occidentale et pour sa croyance que les différences raciales entre Occidentaux sont, dans le contexte des différences raciales mondiales et dans le contexte de la « réalisation d’une Haute Culture », négligeables. C’est le paneuropéisme de Yockey (du moins pour les Européens occidentaux dans Imperium) qui perturbe tant la brigade « nutzi » [*] de Type I, car l’acceptation des fondamentaux du yockisme signifierait la fin du fétichisme ethnique et de l’action affirmative dans le Mouvement. Et le Mouvement sans fétichisme ethnique et sans action affirmative cesserait d’exister, ouvrant la voie à un Nouveau Mouvement qui remplirait l’espace libéré de cette manière.

Le Vieux Mouvement, le Mouvement Inc., ne cèdera pas sans combat, il sacrifiera la survie raciale blanche pour s’accrocher temporairement à ses prérogatives et pour continuer à entretenir son dogme chéri.

Peut-être que Yockey était trop bon pour nous, après tout.

Note:

[*] Jeu de mot signifiant à peu près « nazi cinglé ». (NDT) 

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vendredi, 23 avril 2021

Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

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Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

Par Gabriele Melchiorre

SOURCE : https://www.rivistaspiral.org/usa-russia-un-conflitto-per-leuropa/

Ces derniers jours, les États-Unis, sous la nouvelle administration démocrate, ont lancé une série de sanctions et de mesures contre leur ennemi/ami historique: la Russie. Tout a commencé par une déclaration provocante du président Biden qui, lors d'une interview le 17 mars (1), a déclaré qu'il pensait que Vladimir Poutine était un ‘’meurtrier’’, réitérant en même temps ses soupçons que l'ancien pays soviétique avait d'une manière ou d'une autre interféré dans les élections américaines de novembre dernier. La réponse russe à cette provocation ne s'est pas fait attendre et le Kremlin a convoqué l'ambassadeur américain à Moscou pour comprendre la direction que prendraient désormais les relations entre les deux pays. C'est à partir de là qu'a commencé une escalade de nouvelles provocations diplomatiques, qui ont conduit ces derniers jours à l'expulsion de dix diplomates russes des États-Unis, de trois de la Pologne (l’un des principaux alliés des États-Unis en Europe), à l'émission de nouvelles sanctions (2) et à la déclaration de l'état d'urgence par le gouvernement américain.

Le président américain a probablement jeté un coup d'œil aux cartes de son adversaire, voyant dans les récentes activités du gouvernement de la Fédération de Russie une future atteinte à la sécurité nationale, allant jusqu'à émettre un décret de saisie des avoirs de toute personne ayant eu le moindre lien avec l'État rival (3), suivi d'un déploiement plus conséquent de troupes le long de la frontière ukrainienne, tant par la Russie que par l'OTAN (4).

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Mais quels sont exactement les intérêts des États-Unis dans la poursuite de cette sorte de guerre froide du troisième millénaire? La réponse n'est à chercher ni à Washington ni à Moscou, mais à Berlin. Plus précisément encore dans les profondeurs de la mer Baltique, car c'est là que le Nord Stream 2 est en train de se construire. Il s'agit du doublement du gazoduc Nord Stream déjà achevé en 2012 qui, en traversant la mer qui baigne les côtes du nord de l'Europe, alimente l'Allemagne en précieux combustible.

Depuis l'administration Trump, les États-Unis ont exprimé leur désapprobation à l'égard de ce projet, considéré comme un projet géopolitique russe et une occasion d'approfondir les relations entre le pays eurasien et l'Allemagne (et à travers elle l'Union européenne). Mais alors que la politique "America First" du magnat voulait se tenir à l'écart des questions européennes, l'axe franco-allemand mis en place par Macron et Merkel a profité de l'occasion pour entamer un processus d'"autonomie" par rapport aux États-Unis ; or le président Biden a de nouveau tourné son regard vers le vieux continent, le considérant de toute évidence trop important pour qu'on lui lâche la bride. Dans cette optique, le premier point à l'ordre du jour était précisément d'entraver la construction du gazoduc, ou plutôt de limiter au maximum les conséquences de ce projet, qui aurait fait pencher la balance du côté de la Russie. La Maison Blanche a ensuite publié, le 18 mars, un communiqué de presse indiquant que toutes les entités, étatiques et privées, russes et allemandes, impliquées dans le projet de pipeline pourraient faire l'objet de sanctions (5). La faction atlantiste allemande ne s'est pas fait attendre et s'est immédiatement montrée fidèle à son maître: le parti des Verts, deuxième parti national aux élections européennes, a pris la tête de la bataille contre le Nord Stream 2, obtenant le soutien des États-Unis et de l'influent électorat écologiste. Et le 13 avril, un appel visant à bloquer indéfiniment les travaux à l'intérieur des sites de construction de l'oléoduc a été envoyé au tribunal administratif de Hambourg. La requête demande aux autorités d'arrêter la construction pour des raisons de protection de l'écosystème régional (6).

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En plus de la question du NS2, la nouvelle est tombée: 500 soldats supplémentaires viendront s'ajouter aux 36.000 déjà présents en Allemagne (7). Trump, en raison des tensions qui se sont créées avec la chancelière allemande concernant les dépenses liées au maintien des bases de l'OTAN, a procédé au retrait d'un tiers des troupes du territoire de la république fédérale et au démantèlement de deux bases militaires. Avec l'arrivée de nouveaux soldats, il est facile de comprendre que le plan a été annulé.

Pourtant, malgré les enjeux évidents, la diplomatie européenne n'a pas encore pris les devants et aucune déclaration particulière n'a été faite, pas même lors de la rencontre entre Macron, Merkel et le président ukrainien Zelensky à Paris, où une proposition prudente a été faite pour commencer la désescalade (8). L'invitation européenne semble avoir été ignorée à la fois par Biden et Poutine. Lundi, a annoncé M. Borrel, il y aura une réunion entre les ministres des affaires étrangères de tous les pays de l'Union où la question de l'Ukraine sera abordée. C'est à partir de là que l'on comprendra la position et le poids de l'Europe sur la question.

En bref, la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie, plus qu'une expression de la rivalité entre les deux pays, semble être un avertissement pour l'Europe et le reste du monde : l'Amérique est de retour et n'a pas l'intention d’abandonner ses atouts en Europe. Il faudra voir si les pro-européens allemands et français se permettront de reprendre ce fil d'autonomie qu'ils avaient réussi à gagner sous l'administration Trump. Il est encore trop tôt pour faire des prédictions sûres mais une chose est certaine: tôt ou tard, il faudra compter avec la question atlantiste.

Gabriele Melchiorre.

jeudi, 22 avril 2021

Les stratégies de mobilisation politique à l’ère de la post-persuasion et ce que cela signifie pour la géopolitique

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Les stratégies de mobilisation politique à l’ère de la post-persuasion et ce que cela signifie pour la géopolitique

Par Alastair Crooke

Source: Strategic Culture

En début d’année 2020, Steve Bannon affirmait que l’ère de l’information nous rendait moins curieux et moins disposés à considérer des visions du monde différentes des nôtres. Le contenu numérique nous est intentionnellement servi, de manière algorithmique, de sorte qu’avec la cascade de contenus similaires qui s’ensuit, nous « creusons » un sujet plutôt que de « nous ouvrir » à d’autres. Quiconque le souhaite peut, bien sûr, trouver des points de vue alternatifs en ligne, mais très peu le font.

En raison de cette caractéristique, la notion de politique par l’argumentation ou le consensus a presque entièrement disparue. Car quel que soit notre point de vue politique ou culturel, il y a toujours quelqu’un qui crée un contenu adapté à nos besoins, faisant de nous des consommateurs auto-stratifiés.

L’attrait magnétique d’un contenu similaire à notre pensée représente le « truc » psychique qui a rendu milliardaires les oligarques de la technologie. Pour Bannon, cependant, la signification était différente : oui, il devenait évident que la persuasion et l’argumentation n’étaient plus significatives pour faire pencher le choix de l’électeur marginal. Mais ce qui pouvait changer les choses (telle était la principale idée de Bannon), ce n’était pas de lire les métadonnées pour en dégager les tendances (comme le font les publicitaires), mais plutôt d’inverser l’ensemble du processus : c’est-à-dire de lire les données stratifiées pour élaborer des messages spécialement conçus, adaptés à la pensée du lecteur, qui déclencheraient une réponse psychique inconsciente (c’est-à-dire une « influence »), réponse qui pourrait potentiellement le conduire vers une orientation politique particulière.

Cela signifie, selon Bannon, que la campagne de Trump, et la politique en général, doit désormais être centrée sur une politique de mobilisation [émotionnelle, NdT], plutôt que sur la persuasion [intellectuelle, NdT].

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Bannon n’a jamais prétendu qu’il s’agissait là d’une idée nouvelle (il en attribue l’idée initiale aux Démocrates, en 2008), mais sa contribution réside dans la notion d’ingénierie inverse du modèle Big Tech à des fins politiques. L’importance particulière de cette idée réside toutefois dans un développement concomitant qui se matérialisait alors.

L’ouvrage prémonitoire de Christopher Lasch, La Révolte des Élites (1994), était en train de devenir réalité. Lasch avait prédit une révolution sociale qui serait poussée par la radicalité des enfants de la bourgeoisie. Leurs revendications seraient centrées sur des idéaux utopiques – diversité et justice raciale. L’une des principales idées de Lasch était que les futurs jeunes marxisants américains substitueraient une guerre des cultures à la guerre des classes. Cette guerre culturelle deviendra le « Big Divide » [Le Grand fossé, NdT].

Et pour Bannon (comme pour Trump), « Une guerre culturelle est une guerre », comme il l’a dit au Times. « Et la guerre fait des victimes ».

La politique de mobilisation était là pour rester ; et maintenant elle est « partout ». Le problème maintenant est que cette mécanique de politique de mobilisation est projetée à l’étranger, avec la (soi-disant) « politique étrangère » américaine.

Tout comme dans l’arène domestique, où la notion de politique par persuasion se perd, la notion de politique étrangère gérée par l’argumentation, ou la diplomatie, se perd également.

La politique étrangère devient alors moins une question de géostratégie, mais plutôt que ses « importants sujets » tels que la Chine, la Russie ou l’Iran, soient dépeints avec une « charge émotionnelle » faite pour mobiliser les « troupes » de la guerre culturelle intérieure afin d’influencer les psychismes américains (et ceux de leurs alliés) et les pousser à être mobilisés derrière un sujet (tel que plus de protectionnisme pour les entreprises), ou alternativement, donner une image sombre pour délégitimer une opposition ; ou pour justifier des échecs. Il s’agit d’un jeu très risqué, car cela oblige les États visés à adopter une position de résistance, qu’ils le souhaitent ou non.

Le fait de pousser la population à percevoir ces États étrangers de cette manière déformée oblige ces États à réagir. Et cela ne s’applique pas seulement aux rivaux de l’Amérique, mais aussi à l’Europe.

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Peter Pomerantsev, dans son livre intitulé « This is not Propaganda », donne un exemple de la manière dont une « charge émotionnelle » (dans ce cas, l’anxiété) peut être créée. En tant que chercheur à la London Shool of Economy, il a créé une série de groupes Facebook pour les Philippins afin de discuter des événements dans leurs communautés. Lorsque les groupes ont atteint une taille suffisante (environ 100 000 membres), il a commencé à publier des histoires de crimes locaux et a demandé à ses stagiaires de laisser des commentaires liant faussement ces crimes macabres aux cartels de la drogue.

Les pages Facebook se sont soudainement remplis de commentaires effrayés. Les rumeurs ont tourbillonné, les théories du complot se sont métastasées. Pour beaucoup, tous les crimes sont devenus des crimes liés à la drogue. (À l’insu de leurs membres, les groupes Facebook ont été conçus pour donner un coup de pouce à Rodrigo Duterte, alors candidat à la présidence, qui s’était engagé à réprimer brutalement les trafiquants de drogue).

La psychologie comportementale et la « psychologie de l’influence » prolifèrent dans la politique d’aujourd’hui. Des experts britanniques en psychologie comportementale auraient indiqué au Premier ministre, Boris Johnson, que ses politiques en matière de coronavirus risquaient d’échouer parce que les Britanniques n’avaient « pas assez peur » du Covid. La solution était évidente. En effet, une grande partie des stratégies occidentales d’anxiété face aux pandémies et aux confinements peuvent être considérées comme des « stratégies d’influence » comportementales en vue d’une réorganisation planifiée et à grande échelle, en utilisant le virus.

L’élément central de cette technique est l’utilisation du micro-ciblage : Le processus consistant à découper l’électorat en niches stratifiées et à utiliser des « stratégies psychologiques secrètes » pour manipuler le comportement du public a été lancé en grande partie par Cambridge Analytica. L’entreprise a débuté comme un sous-traitant militaire non partisan qui montait des opérations psychologiques sur internet pour contrecarrer les efforts de recrutement des djihadistes. Mais comme l’écrit MacKay Coppins, elle s’est ensuite métamorphosée :

Cela a commencé quand le milliardaire conservateur Robert Mercer est devenu 
un investisseur majeur et a installé Steve Bannon comme son représentant.
Grâce à l'énorme quantité de données qu'elle a recueillies auprès de
Facebook [...], Cambridge Analytica s'est efforcée d'établir des profils
psychographiques détaillés pour chaque électeur aux États-Unis et
a commencé à expérimenter des moyens d’influencer psychologiquement
les électeurs dans une direction ou une autre. Dans le cadre d'un exercice,
la société a demandé à des hommes blancs s'ils approuveraient le fait que
leur fille épouse un immigrant mexicain : Ceux qui ont répondu "oui" se
sont vus poser une question complémentaire destinée à provoquer leur
irritation face aux contraintes du politiquement correct : "Avez-vous eu
le sentiment que vous étiez obligés de répondre ça ?"
. Christopher Wylie, qui était le directeur de recherche de Cambridge Analytica,
a déclaré qu'"avec le bon type d’influence", les personnes qui présentaient
certaines caractéristiques psychologiques pouvaient être poussées vers
des croyances toujours plus extrêmes et des pensées conspiratrices.
"Plutôt que d'utiliser les données pour interférer avec le processus de
radicalisation, Steve Bannon a été capable d'inverser cela"
, a déclaré
Wylie. "Nous étions essentiellement en train de semer une insurrection
aux États-Unis"
.

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Bannon et Andrew Breitbart avaient auparavant été impressionnés par la véritable puissance populiste dont ils avaient été témoins au sein du Tea Party. Ce dernier avait émergé en réponse à la crise financière de 2008, les membres du Tea Party voyant les Américains ordinaires devoir payer pour nettoyer le gâchis financier, tandis que ceux qui en étaient la cause s’en sortaient, encore plus enrichis : « [Le Tea Party] était quelque chose de totalement différent. Ce n’était pas… ce n’était pas le parti républicain standard. C’était tout nouveau. Vous avez eu la – vous avez eu la – vous avez eu l’énorme révolte du Tea Party en 2010, dans laquelle nous avons gagné 62 sièges. Le parti républicain ne l’a pas vu venir », expliquait Bannon.

« L’incapacité du parti républicain à se connecter aux électeurs de la classe ouvrière était la principale raison pour laquelle ils ne gagnaient pas. » Et c’est ce que Bannon a dit à Trump : « On sort le « commerce » de sa position numéro 100, d’accord ? Ce n’est pas [encore] un problème. Tout le parti républicain a ce fétichisme du libre-échange – ils réagissent comme des automates, « Oh, libre-échange, libre-échange, libre-échange » – ce qui est une idée radicale, surtout quand vous êtes contre un adversaire mercantile comme la Chine. »

« Nous allons donc faire passer le commerce de la position numéro 100 à la position numéro 2, et nous allons faire passer l’immigration, qui est numéro 3, à la position numéro 1 [dans les priorités des Américains]. Et cela sera axé sur les travailleurs, n’est-ce pas ? Et nous allons recréer le parti républicain ».

J’en viens au deuxième point concernant l’utilisation de stratégies psychologiques qui opèrent en dessous du niveau de conscience : Dès le départ, ils avaient l’intention de faire exploser l’establishment républicain. Elles étaient destinées à être explosives et transgressives. Bannon l’illustre à partir d’un discours clé de la campagne de Trump : « Il commence [par] l’immigration et le commerce, dont personne ne parle jamais – mais ensuite, il commence à faire des choses exagérées, et je dis : « Regardez. Ils vont mordre fort. Et ils mordent fort ; il va faire exploser tout ça. »

« Je suis assis là, à regarder ce truc à la télé. Quand il commence à parler des violeurs mexicains et tout ça, je me dis : « Oh, mon Dieu. » J’ai dit, « C’est… » J’ai dit : « Il vient de les enterrer… Ils vont devenir fous. CNN va littéralement diffuser 24 heures sur 24. » A ce moment-là, il part en Iowa, je crois, cette nuit-là. Ils ne parlent que de ça. Il passe de numéro 7 à la première place, et ne regarde jamais en arrière ».

Dans les sondages du lendemain, Trump devenait le numéro un. Très transgressif, très agressif et polarisant. C’était son intention. Comme l’a dit Bannon : « A la guerre, il y a des victimes ».

Bien sûr, Bannon était bien conscient (il venait de Goldman Sachs) que ce sont les entreprises américaines qui avaient délocalisé vers l’Asie les emplois manufacturiers, dans les années 1980, à la recherche de marges bénéficiaires plus élevées (ce n’est donc pas la Chine qui en est responsable). Et ce sont les chambres de commerce américaines qui ont préconisé une augmentation de l’immigration afin de réduire les coûts de la main-d’œuvre aux États-Unis. Mais tout ce contexte était du matériel insuffisamment combustible pour gagner une guerre culturelle totale. C’était trop nuancé : Non, la Chine « veut submerger culturellement l’Amérique et dominer le monde. Elle a volé vos emplois » : Elle nous a filé le Covid. Soudainement, l’Amérique rouge a été « enflammée » par des bavardages anxieux. Elle l’est toujours.

Les Démocrates, inquiets de cette tendance, se sont tournés vers d’autres pays pour tirer des leçons sur la façon de contrer cette tendance à la mobilisation. L’Indonésie, par exemple, a sévi après qu’une vague de récits viraux a conduit à la défaite d’un candidat populaire au poste de gouverneur en 2016. Pour éviter qu’une perturbation similaire ne se reproduise, une coalition de journalistes de plus de deux douzaines de grands médias indonésiens a travaillé ensemble pour identifier et démystifier les « canulars » avant qu’ils ne gagnent du terrain en ligne.

Il s’agissait d’un modèle prometteur. Un modèle qui a été mis en évidence après l’article du Time Magazine du 3 novembre intitulé « The Secret History of the Shadow Campaign That Saved the 2020 Election » (L’histoire secrète de la campagne cachée qui a sauvé l’élection de 2020), qui souligne comment cette campagne secrète « a réussi à faire pression sur les entreprises de médias sociaux pour qu’elles adoptent une ligne plus dure contre la désinformation, et a utilisé des stratégies basées sur les données numériques pour lutter contre les diffamations virales ».

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Aujourd’hui, Biden déclare qu’il a l’intention de changer l’Amérique « pour toujours » grâce à son projet de triples lois sur les dépenses budgétaires. En fin de compte, l’intention de son administration est de « décoloniser » l’Amérique de la primauté des Blancs – et, inversant ainsi le paradigme du pouvoir, de le placer plutôt entre les mains de leurs victimes. Il s’agit de profonds changements structurels, politiques et économiques qui sont bien plus radicaux que ce que la plupart des gens ne le perçoivent. On peut le comparer au consensus national pour un changement transformationnel du type de celui que le peuple américain a encouragé par ses votes en 1932 et 1980.

Aujourd’hui, il n’y a pas les conditions sociales pour la transformation qui existait en 1932 ou en 1980. Réaliser l’agenda national est « capital » : Cela représenterait une « victoire » décisive dans la guerre culturelle américaine. L’agenda de politique étrangère du cercle Biden est secondaire ; son objectif premier est de faire croire à la « fermeté » ; de ne laisser aucune « faille » par laquelle le Parti républicain pourrait obtenir suffisamment de soutien, en 2022, pour modifier l’équilibre fragile du Congrès, en dépeignant Biden comme un faible qui évite la confrontation.

Les Démocrates ont toujours une peur névralgique de la surenchère du Parti républicain sur la « sécurité de l’Amérique ». Historiquement, une stratégie d’ennemis étrangers et d’anxiété publique accrue a toujours consolidé le soutien de l’opinion publique envers un leader.

La Russie, la Chine, l’Iran – ce ne sont que des « images » utilisées principalement pour leur potentiel à être chargées « d’une influence » émotionnelle dans cette guerre culturelle occidentale ; à laquelle ces États ne prennent pas part. Ils n’ont d’autres choix que de rester fermes et mettre en garde contre tout franchissement de certaines « lignes rouges ». C’est ce qu’ils font. Mais la politique de mobilisation transgressive sera-t-elle capable de comprendre que cette position n’est pas une contre-mobilisation de même nature, et que ces « lignes rouges » sont réelles et non pas des éléments d’un « jeu d’influence » ?

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

mardi, 20 avril 2021

Non, le soldat Ryan n'a pas sauvé les Afghans

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Non, le soldat Ryan n'a pas sauvé les Afghans

par Fulvio Scaglione

Source : Fulvio Scaglione & https://www.ariannaeditrice.it/
 
L'Afghanistan, le retrait et la honte
 
Joe Biden a annoncé le retrait des troupes américaines (3000 hommes) et, par conséquent, des troupes de l'OTAN (7000 hommes) d'Afghanistan. Et il a choisi une date suggestive, le 11 septembre, le jour des tours jumelles, pour parachever le retrait. Inutile de s'appesantir sur le fait que, là aussi, le nouveau président suit les traces de son prédécesseur, ne prenant que quelques mois de marge de manœuvre en plus:il programme ce retrait pour septembre non pas pour mai, comme l'avait suggéré Donald Trump. Deux autres faits importent davantage, que M. Biden a lui-même soulignés, du moins partiellement. La première, c'est que cette guerre de vingt ans a été un échec colossal. Les États-Unis ont dépensé à eux seuls deux trillions de dollars (deux mille milliards) pour la mener à bien, une somme qui aurait pu être utilisée pour prendre l'Afghanistan et le rendre à nouveau neuf. Pour la combattre, 3541 soldats internationaux sont morts, près de  000 soldats afghans, des dizaines de milliers de guérilleros et, surtout, environ 200.000 civils qui, selon les statistiques les plus crédibles, ont été tués à 40% par ceux qui étaient venus de l'autre bout du monde (y compris d'Italie, ndlr) pour les libérer.
 
Et quel est le résultat ? Selon toute vraisemblance, nous assisterons d'ici quelques mois à une répétition de la guerre civile des années 90, car les talibans sont réapparus bien renforcés, au point de pouvoir s'asseoir à la table des négociations de paix en tant qu'interlocuteurs faisant autorité. Il est clair qu'ils ont des plans très très différents pour l'avenir de l'Afghanistan de ceux qui, avec plus ou moins de succès, gouvernent dans l'ombre des canons de l'OTAN. Et selon toute probabilité, ce seront les talibans qui l'emporteront, forts du consensus grâce auquel, surtout dans les campagnes, ils n'ont jamais perdu. Comme dans un jeu de l'oie pervers, nous allons donc revenir presque exactement au point de départ. Vingt ans et 300.000 morts plus tard.
 
L'autre fait, incroyable si l'on s'éloigne de la vision américano-centrée qui a dominé pendant des décennies, est que ce retrait est la réplique d'autres retraits. Celui du Vietnam, par exemple. Ou celle, beaucoup plus proche de nous, de l'Irak, décrétée en 2011 par Barack Obama, qui avait Biden comme adjoint à la Maison Blanche. En Irak, nous savons comment cela s'est passé. George Bush Jr. et Tony Blair ont inventé un tas de mensonges sur les armes de destruction massive pour mener leur guerre coloniale. Ils ont ainsi produit une vague de violence et de destruction responsable de nombreux massacres (environ 15.000 soldats de différentes nationalités, des soldats et des contractants irakiens sont morts, au moins 30.000 soldats de l'armée de Saddam Hussein, au moins 50.000 insurgés et un nombre de civils que personne n'a pu ou voulu préciser, mais qui se chiffre en centaines de milliers de personnes), de la déstabilisation de toute une région et de ces ressentiments qui, plus tard, ont ouvert la voie à Al-Qaïda et à Isis.
 
Et pourtant, à chaque fois, on aboutit à un retrait plus ou moins retentissant, dont on parle comme d'un mérite, d'un geste astucieux, et non comme de la conséquence inévitable d'un formidable entêtement et d'une impitoyable politique. Je me  trouvais en Afghanistan en 2001, lorsque cette folie qui a duré vingt ans a commencé. Je suivais l'avancée de l'Alliance du Nord et il était clair à un kilomètre à la ronde qu'il s'agissait d'une fausse guerre, gagnée d'avance en achetant le consentement des tribus contre les talibans. Comme toujours, l'achat de la victoire n'a pas été difficile. Acheter la paix, en revanche, s'est avéré impossible. Vous verrez, dans vingt ans, ils feront la même chose avec la Syrie. Et ils diront les mêmes choses qu'aujourd'hui.

lundi, 19 avril 2021

La guerre des sanctions américano-russes: symbolique, substantielle ou stratégique?

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La guerre des sanctions américano-russes: symbolique, substantielle ou stratégique?

Par Andrew Korybko

Ex : http://oneworld.press/

L'intensification récente de la "guerre des sanctions" entre les États-Unis et la Russie a amené de nombreux observateurs à se demander si cette escalade est symbolique, substantielle ou stratégique.

L'imposition par les États-Unis, la semaine dernière, des sanctions les plus sévères contre la Russie depuis plusieurs années a incité la grande puissance eurasienne à réagir de la même manière. Reuters a publié une fiche d'information pratique sur les premières mesures prises par les États-Unis, tandis que Sputnik en a publié une sur les mesures prises par la Russie, toutes deux devant être consultées par les lecteurs qui ne sont pas parfaitement au courant de ce qui vient de se passer. Les États-Unis ont réagi très négativement à la réponse de la Russie en la considérant comme une "escalade", alors qu'il s'agissait essentiellement d'une mesure de réciprocité. Moscou a également laissé entendre qu'elle avait quelques autres tours dans son sac en matière de sanctions si Washington décidait d'aller plus loin. Il reste donc à voir ce qui va suivre, mais c'est le moment idéal pour réfléchir aux événements de la semaine dernière afin de déterminer s'ils sont symboliques, substantiels ou stratégiques.

Pour résumer, les États-Unis ont sanctionné la monnaie et la dette russes, les entreprises technologiques, les organes d'information et les fonctionnaires, tout en expulsant dix diplomates russes. La Russie a répondu en expulsant un nombre équivalent de diplomates américains, en publiant une liste de plusieurs responsables américains interdits de séjour dans le pays, en imposant des restrictions sur les pratiques d'embauche des missions diplomatiques américaines et sur les déplacements de ses diplomates, et en promettant de contrecarrer tous les efforts d'ingérence soutenus par les États-Unis en Russie. Les mesures américaines ont été prises sous le prétexte infondé d'accusations de piratage et d'ingérence de la part de la Russie, tandis que les mesures russes ont été promulguées par pure autodéfense. Les États-Unis visent à stigmatiser les entreprises russes, leur économie et les médias amis, tandis que la Russie entend dénoncer l'ingérence américaine dans le pays.

On peut affirmer que les deux séries de mesures sont symboliques, substantielles et stratégiques. Les Américains ont réagi à une guerre de l'information armée (symbolique), ont ciblé des éléments de l'économie russe (substantiel) et ont intensifié la campagne de "pression maximale" contre Moscou (stratégique). La Russie, quant à elle, a répondu en expulsant des diplomates américains et en publiant la liste des fonctionnaires qui ont été bannis (symbolique), en restreignant les activités diplomatiques américaines (substantiel) et en rendant ainsi plus difficile l'ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de la Russie (stratégique). Fondamentalement, les actions des États-Unis sont offensives tandis que celles de la Russie sont défensives, et les deux tentent d'obtenir des avantages stratégiques sur l'autre en termes de dynamique respective de leur compétition (les États-Unis agissant contre la Russie pour la déstabiliser tandis que la Russie riposte pour se protéger).

Contrairement à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, aucune des deux parties ne peut vraiment infliger de dommages importants à l'autre puisque leurs pays n'ont jamais été "couplés" au départ pour se "découpler" au présent d'une manière qui pourrait être mutuellement préjudiciable. Cette observation présente des avantages et des inconvénients pour chaque partie. Le côté "positif" des choses est que les mouvements de chaque partie ont très peu de chances de provoquer l'autre à nuire de manière significative à ses intérêts, tandis que le côté "négatif" est que cela signifie que chaque partie peut au moins en théorie poursuivre ses mouvements sans relâche, en fonction de sa volonté politique de le faire, car il est peu probable que la réponse de son homologue l'affecte de manière négative. Évidemment, les déterminations "positives" et "négatives" sont relatives et, aux yeux des plus audacieux, dépendent également de leurs intentions, de leurs idéologies et d'autres facteurs de ce type qui diffèrent entre eux.

En gardant cela à l'esprit, il convient d'évaluer les chances de réussite de chaque stratégie respective. Celle des États-Unis n'aura de conséquences que si Washington a la volonté politique d'imposer des "sanctions secondaires" contre ceux qui achètent la monnaie et la dette russes, ce qui reste à voir. Toutefois, même dans ce scénario, la réponse russe pourrait consister, comme on peut s'y attendre, à se rapprocher de la Chine sur ces fronts, ce qui accélérerait leur grande convergence stratégique et renforcerait la "Ligue de justice" nouvellement formée entre ces deux grandes puissances au sein de la multipolarité réelle de notre monde. Quant aux chances de réussite de la stratégie défensive de la Russie, elles sont bien meilleures puisque les mesures prises par Moscou limiteront considérablement la capacité de Washington à s'ingérer dans ses affaires intérieures. C'est pourquoi il est prévu que les États-Unis perdent leur "guerre des sanctions" contre la Russie, même s'ils présentent leur échec comme un succès.

Par Andrew Korybko,

Analyste politique américain

vendredi, 16 avril 2021

Kazakhstan : les États-Unis sont-ils derrière les provocations anti-chinoises ?

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Kazakhstan: les États-Unis sont-ils derrière les provocations anti-chinoises?

Sebastian Gross

Ex : https://xportal.pl/

Les manifestations organisées au Kazakhstan fin mars 2021 contre l'expansion économique chinoise (vous pouvez en savoir plus ici : https://xportal.pl/?p=38905 ) ont donné lieu à de nombreuses spéculations quant à l'identité du bénéficiaire final de ces protestations motivées par la sinophobie. En analysant le volume des investissements étrangers dans la plus grande république d'Asie centrale, on peut arriver à une conclusion inattendue: ce sont les États-Unis qui s'intéressent à la divergence sociopolitique entre le Kazakhstan et la Chine. Comme le disait le gangster américain Al-Capone: « Rien de personnel, c'est juste du business ».

Commençons par les chiffres. Selon le ministère de l'économie du Kazakhstan, les principaux investisseurs dans l'économie de cette ancienne république soviétique au cours des seize dernières années sont trois pays occidentaux: les Pays-Bas, les États-Unis et la Suisse. La Chine occupe la quatrième place en termes d'investissements (la Russie n'est qu'en cinquième position). Quant aux Pays-Bas et à la Suisse, il est clair qu'il s'agit de projets communs de sociétés multinationales qui ne sont "enregistrées" que dans les pays européens mentionnés. À titre de comparaison: les Pays-Bas ont investi 218,6 milliards de dollars au Kazakhstan, tandis que la Chine n'a investi que 19,5 milliards de dollars. Toutefois, examinons les investissements des États-Unis.

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Astana, capitale du Kazkhstan.

La plus grande entreprise à capitaux étrangers au Kazakhstan est la compagnie pétrolière Tengizchevroil, fondée par Chevron (USA), qui détient 50 % des parts, et ExxonMobil (USA), qui détient à son tour 25 % des parts. Il y a un mois, le magazine américain Forbes (1) expliquait que Chevron avait l'intention d'investir 22 milliards de dollars dans le projet Tengiz au Kazakhstan. L'empreinte américaine est également visible dans Karachaganak Petroleum Operating B.V. sous la forme d'une participation de 18 % de Chevron.

La production de cigarettes est la deuxième industrie la plus rentable au Kazakhstan après l'industrie pétrolière. Cette industrie est également dominée par les compagnies de tabac américaines, qui ont organisé des co-entreprises au Kazakhstan: Japan Tobacco International Kazakhstan, Philip Morris Kazakhstan et British American Tobacco Kazakhstan Trading.

Il est clair que la Chine est loin d'être à la hauteur de ce filon pétrolier du Kazakhstan. Pékin s'est contenté de petits investissements dans le développement et l'infrastructure de l'industrie minière et de transformation, dans l'ingénierie mécanique et les entreprises chimiques. En fait, toutes ces industries sont actuellement un terrain trop difficile pour les États-Unis. Le calcul des Américains est simple: semer les ferments de la sinophobie dans la société kazakhe, puis s'inquiéter de "l'occupation chinoise", exprimer des sentiments chaleureux à l'égard du "peuple kazakh épris de liberté" et enfin proposer de mettre le Kazakhstan sous protection. Et ce que signifie l'étreinte chaude et sulfureuse des "partenaires américains" est une chose connue de première main chez nous en Pologne, par exemple.

Cependant, l'initiateur des rassemblements anti-chinois, Zhanbolat Mamay, du Parti démocratique du Kazakhstan (opposition), ne compte pas baisser les bras. Après l'action de protestation, il a écrit un appel révolutionnaire sur Facebook (2): "La lutte continue! Nous ne permettrons pas la substitution de notre patrie!". L'opposant a noté que "les autorités ont tellement peur" qu'elles ont même coupé l'Internet à Almaty.

"Cela signifie que l'esprit du pays ne s'est pas éteint, nous sommes prêts à nous battre!" - il a continué à faire un appel émotionnel aux personnes qui pensent comme lui. "Nous ne restons pas assis à la maison quand le pays est en danger! Nous devons continuer à lutter contre l'expansion chinoise. Bien sûr, le problème ne peut être résolu par une seule protestation. Ce n'est qu'un des premiers pas vers une grande bataille. Il faut sauver notre pays, notre gouvernement doit revenir à la raison car il est endetté auprès de la Chine et met en péril notre indépendance !"

Tout cela signifie seulement que la lutte américano-chinoise pour les ressources dans ce pays le plus riche en minéraux d'Asie centrale sera permanente. La question intéressante, bien sûr, est de savoir s'il y a une place pour la souveraineté du Kazakhstan dans cette bataille.

***

« Solidarité kazakh » : la résistance à l'expansion chinoise s'accroît en Asie centrale

Au Kazakhstan, la plus grande république d'Asie centrale, un rassemblement contre l'expansion chinoise a eu lieu. L'action de protestation s’est déroulée le 27 mars 2021 à Almaty. Elle a été initiée par un politicien de l'opposition, Zhanbolat Mamay, du Parti démocratique du Kazakhstan. Sur sa page sur Facebook [1], l'opposant prévient :

"Les autorités ne diffusent pas trop d'informations sur les 56 usines chinoises au Kazakhstan. À l'avenir, cela deviendra une menace majeure pour l'indépendance de notre pays. La Chine ne donnera pas des milliards de dollars gratuitement. Ce n'est que le début de l'expansion économique et démographique. Les usines chinoises ne sont pas construites pour les travailleurs du Kazakhstan".

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Zhanbolat Mamay.

À titre d'exemple, Zhanbolat Mamay a cité les pays africains, où une expansion chinoise similaire s'est déjà révélée être un poison pour la souveraineté des républiques du continent noir. "La Chine a investi des centaines de milliards de dollars dans ces pays. En conséquence, les gouvernements africains sont totalement dépendants de Pékin. Ils y ont même ouvert leurs bases militaires ".

Expliquer que depuis 2017 seulement, dans la République est-africaine de Djibouti, a été rendue opérationnelle la première base étrangère de la marine chinoise. Toutefois, selon des sources ouvertes, l'intérêt de la Chine est également lié aux infrastructures d'autres ports militaires dans des pays africains tels que l'Angola (port de Lobitu), le Kenya (Lamu et Mombasa), le Mozambique (Beira et Maputo), la Tanzanie (Bagamoyo) et l'Érythrée (Massawa). La plupart de ces ports sont déjà utilisés par les navires d'approvisionnement chinois.

Il est difficile de contester la logique qui sous-tend les déclarations de l'homme politique d'opposition kazakh. Tout en appelant à un rassemblement anti-chinois, il pose également de bonnes questions: "Croyez-vous que le Kazakhstan, qui enverrait ses cadres dans la lointaine Afrique, en dépensant des dizaines de milliards de dollars, ne s'ingérerait pas dans l'économie, la politique et les affaires intérieures de son peuple ?".

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Toutefois, les sinophobes kazakhs ont aussi leurs adversaires, qui font valoir que, premièrement, l'Afrique est très éloignée et que, deuxièmement, les relations économiques entre le Kazakhstan et la Chine sont mutuellement bénéfiques, ce qui est lié au chiffre d'affaires commercial en constante augmentation. Cependant, les partisans du Parti démocrate ont un contre-argument fort, arguant d'une sorte d'"agression cachée" de la part de Pékin. Ils font référence aux "camps de concentration du Xinjiang", dont le nom officiel en Chine est "camps de rééducation", par lesquels sont passés des dizaines de milliers de Kazakhs vivant dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en RPC.

"La population du Xinjiang n'est pas inférieure à celle du Kazakhstan. Cela signifie que Pékin transforme l'ensemble de l'État en un camp de concentration. Comment peut-on rester assis et regarder ça ? Lorsqu'il s'agit d'intérêts nationaux, nous devons tous être unis et solidaires. Nous avons besoin d'un parti de résistance pour arrêter l'expansion chinoise. Si nous ne prononçons même pas un mot pour l'instant, quand allons-nous enfin élever la voix? Combien de temps allons-nous rester sous la couette sans nous inquiéter pour chacun d'entre nous?" Force est de constater que les propos tenus par l'opposant kazakh sont similaires à ceux de l'époque de ‘’Solidarité’’ en Pologne, si l'on remplace "Chinois" par "Soviétiques".

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Outre les appels lancés sur les réseaux sociaux, les opposants à l'influence chinoise organisent des manifestations dans les rues des grandes villes kazakhes. Certes, la police n'a pas encore supprimé la propagande d'agitation, mais il faut se souvenir que Zhanbolat Mamay a été arrêté pendant trois jours en février 2021. Pour des appels similaires à un rassemblement illégal. On peut s'attendre à ce que, cette fois, les autorités kazakhes neutralisent l'opposant, ce qui, bien entendu, ne résoudra pas le problème global de la domination économique de la Chine sur le Kazakhstan voisin.

Sebastian Gross pour Xportal.pl

[1] https://www.facebook.com/zhanbolat.mamay/posts/3963018753740950

jeudi, 15 avril 2021

Les États-Unis renforcent leur présence en Mongolie

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Les États-Unis renforcent leur présence en Mongolie

Par Vladimir Odintsov

Ex : https://geopol.pt/2021/04/15/

Ces dernières années, la Mongolie a fait l'objet d'une attention croissante dans le cadre d'une stratégie américaine globale et multiforme visant à dominer le continent eurasien. Dans une certaine mesure, cela est dû à la quantité colossale de ressources naturelles et d'opportunités économiques dont dispose ce pays du centre de l’Asie, qui présentent un intérêt indéniable pour les milieux industriels et commerciaux américains. Toutefois, cela est encore davantage lié aux intentions de Washington d'utiliser la "patrie ancestrale de Gengis Khan" pour s'opposer à la Russie et à la République populaire de Chine (RPC), en mettant l'accent sur la "séparation" du peuple mongol, étant donné la présence en Chine de la Mongolie intérieure, une région autonome très étendue. De plus, la Mongolie a une longue frontière avec la Russie.

Selon les experts, les Américains sont clairement déterminés à établir des liens bilatéraux avec Ulan Bator et à inclure la Mongolie parmi leurs alliés les plus proches (avec Singapour, Taïwan et la Nouvelle-Zélande) dans la région indo-pacifique. Les analystes pensent que l'idée de coopérer avec Oulan-Bator est devenue particulièrement pertinente pour les États-Unis à la lumière de leurs relations tendues avec la Russie et la Chine ces dernières années.

En termes de volume total d'investissements directs étrangers (IDE) en Mongolie, les États-Unis occupent la sixième place (3,3 %), derrière la Chine et le Japon mais devant la Russie. Dans une large mesure, les investisseurs américains s'intéressent à l'industrie minière mongole, notamment à l'exploitation du plus grand gisement de charbon, Tavan Tolgoi. Bien que les investisseurs américains considèrent la Mongolie comme l'un des marchés les plus prometteurs d'Asie de l'Est, leurs activités d'investissement dans ce pays sont entravées par une bureaucratie lourde et inefficace, des niveaux élevés de corruption et des conflits financiers récurrents causés par le "nationalisme des ressources" mongol.

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Récemment, dans les discours des hommes politiques américains, on entend de plus en plus des paroles comme suit : "la fierté des États-Unis d'être le troisième voisin de la Mongolie". À ce sujet, les États-Unis font référence à un concept qui est apparu dans le vocabulaire des politiciens mongols après la révolution du début des années 1990. Géographiquement, la Mongolie ne partage ses frontières qu'avec deux pays, la Russie et la Chine, mais Oulan-Bator a déclaré à plusieurs reprises qu'aujourd'hui, elle n'avait pas l'intention de réserver tous ses contacts politico-militaires et économiques uniquement à ces deux États. C'est pourquoi la Mongolie est considérée comme un troisième voisin des pays avec lesquels la république entretient les relations les plus étroites, en citant notamment les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et les pays de l'UE, avec lesquels la Mongolie espère équilibrer l'influence russe et chinoise dans la région.

Le vecteur de l'expansion par Washington de ses sphères d'influence en Asie est visible depuis longtemps. En 2011, la représentante du parti démocrate Hillary Clinton, alors secrétaire d'État, a annoncé que la présence des États-Unis en Asie était une condition préalable au maintien du leadership mondial américain, car c'est en Asie que "la majeure partie de l'histoire du XXIe siècle sera écrite." Le principal adversaire de Washington dans la région reste aujourd'hui la Chine, qui apparaît dans les documents doctrinaux américains comme l'une des principales menaces.

Dans le document de sécurité nationale américain Strategic Framework for Engineering and Technology récemment déclassifié par la Maison Blanche et adopté en 2018, la Mongolie est considérée, avec le Japon, la République de Corée et Taïwan, comme l'un des principaux partenaires pour contenir "l'agression économique" de la Chine en participant à divers projets américains. L'une des expressions de cette politique a été l'allocation de 350 millions de dollars à Oulan-Bator pour moderniser le système d'approvisionnement en eau de la capitale, qui est devenu le plus gros investissement américain unique dans la région. Toutefois, Washington cherche systématiquement à souligner que la nature gratuite de l'aide américaine est censée se comparer favorablement aux programmes d'infrastructure de la Chine, qui impliquent en règle générale la mise en place de prêts liés.

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Afin d'accroître la présence américaine en Mongolie en 2019, l'USAID a repris son travail, qui a annoncé début 2021 le financement de deux programmes de promotion du développement agricole pour un montant de 4,3 millions de dollars.

Avec la participation active de l'USAID, on a assisté récemment à une expansion dynamique des activités de nombreuses ONG en Mongolie, dont beaucoup ont été créées dans diverses domaines pour "étendre la démocratie". Ainsi, selon le ministère mongol de la Justice et de l'Intérieur, en 2019, plus de 20.000 ONG étaient officiellement enregistrées dans ce pays (et ce pour une population de trois millions d’âmes!), dont la plupart sont financées par l'étranger. Par exemple, les militants de l'ONG Mongolian Youth Union mettent en œuvre un projet selon lequel les hommes politiques mongols sont placés sur une liste noire ou blanche en fonction de leur degré de corruption. Mais en même temps, il s'avère que les médias coordonnent ces listes avec les dirigeants des structures américaines telles que le Peace Corps et l'USAID! On comprend maintenant pourquoi les hommes politiques mongols considérés comme "pro-russes" sont principalement inclus dans la liste dite "noire". En étant placés sur une telle liste "noire", ils ont déjà peu de chances d'être inclus dans le nombre de membres du parlement mongol...

Un autre exemple est le travail actif en Mongolie d’une autre ONG, qui œuvre avec les politiciens locaux (principalement avec les parlementaires) et leur circonscription ; cette ONG dépend de l'Institut républicain international (IRI), qui, en 2016, a été interdit en Russie en raison d'une ingérence flagrante dans les affaires intérieures des pays. Cette ONG organise régulièrement des voyages aux États-Unis pour des législateurs mongols et d'autres dirigeants politiques mongols de premier plan, ce qui pourrait raisonnablement être considéré comme un acte de corruption.

En outre, avec le soutien actif de l'ambassade des États-Unis en Mongolie, de la Fondation Soros, d'une secte religieuse telle que l'Église adventiste du septième jour, un certain nombre d'autres organisations opèrent aujourd'hui. À en juger par les états financiers, la Mongolie n'est pas épargnée, notamment par les structures américaines qui se font passer pour des ONG et agissent pour promouvoir la "démocratie à l'américaine". Compte tenu de ses chiffres importants pour une population modeste de trois millions d'habitants, la Mongolie aurait dû devenir depuis longtemps "un bastion mondial de la démocratie et de la prospérité", ce qui n'est toutefois pas clairement visible... Elle aurait dû atteindre les buts et objectifs qui lui ont été fixés, notamment dans le cadre de la confrontation avec la Russie et la Chine.

Afin d'éviter de devenir complètement contrôlée par l'influence étrangère, la Mongolie aurait dû adopter depuis longtemps une loi "sur les agents étrangers", comme l'ont d'ailleurs fait les États-Unis eux-mêmes, qui ont adopté la FARA (Foreign Agents Registration Act) dès 1938. D'ailleurs, non seulement aux États-Unis mais aussi dans de nombreux autres pays, les activités avec participation étrangère sont strictement contrôlées, notamment en Grande-Bretagne, en Israël, en Inde, en Allemagne et dans d'autres pays qui s'occupent de manière responsable de leur sécurité et de leur souveraineté politique.

En 2018, l'aspect militaire s'est ajouté à l'aspect politique et économique de la stratégie américaine envers la Mongolie. Oulan-Bator est désormais considéré comme un partenaire régional majeur de l'Initiative mondiale pour les opérations de paix, qui vise, comme son nom l’indique, à soutenir les opérations de maintien de la paix. La coopération entre les États-Unis et la Mongolie se met ainsi en place dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations unies en Afrique et de l'OTAN en Afghanistan.

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Dans le cadre du programme de partenariat d'État américain, le personnel technique et d'ingénierie a renforcé la coopération entre la Garde de l'Alaska et l'armée mongole, notamment lors des exercices internationaux "In Search for Khan" et "Gobi Wolf" qui ont lieu chaque année en Mongolie.

L'attention croissante que Washington porte à la Mongolie et à ses relations avec ses deux voisins naturels, la Russie et la Chine, est démontrée par ce qui s'est passé en janvier de cette année: l'élargissement du personnel de l'ambassade des États-Unis à Oulan-Bator à 12 diplomates à la fois, dont 4 sont des spécialistes de la Russie et de la Chine. Deux autres employés de l'USAID sont arrivés en Mongolie l'été dernier.

Par conséquent, les habitants de la Mongolie ne devront pas se détendre dans les mois à venir, surtout à la veille des prochaines élections présidentielles mongoles qui se tiendront dans le pays au cours de l'été et pour lesquelles les États-Unis ont déjà commencé à préparer activement leur intervention, et pas seulement par le biais de l'option déjà testée consistant à utiliser les ONG et les médias contrôlés.

Source : New Eastern Outlook

James LaFond et le mensonge américain

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James LaFond et le mensonge américain

par Joakim Andersen

Ex : https://motpol.nu/

James LaFond est l'un des écrivains américains les plus prolifiques d'aujourd'hui. Il a plusieurs cordes à son arc, de celles d'esclave salarié, d’artiste martial et de psychogéographe à celles de connaisseur initié de Robert E Howard et d’auteur d'études historiques et de fiction. Ce combattant, âgé désormais, n'est pas un écrivain typique; son lien avec les classes ouvrières et populaires américaines est plus fort, et son dégoût pour le totalitarisme et le collectivisme contemporains est presque pré-moderne. LaFond a écrit des livres entiers sur les emplois postmodernes minables et la survie dans le ghetto. Il a également beaucoup écrit sur des personnages historiques comme Liver-Eater Johnson (Johnson le Mangeur de foie). L'écriture très prolifique et parfois tentaculaire de LaFond contient plusieurs thèmes importants, notamment une description de "la fin du temps masculin" et la montée de la non-liberté dans la modernité. Il s'agit d'une critique de la culture et de la civilisation qui devrait plaire aux guerriers comme aux poètes.

L'une de ses études historiques les plus enrichissantes concerne les débuts de l'histoire américaine. En ces jours de BLM et d'affirmations constantes que l'Amérique est fondée sur le "racisme blanc", il s'agit d'un rappel important que ces affirmations sont à la fois simplistes et inexactes. La préhistoire de l'Amérique est une histoire d'économies de plantation brutales, où les Blancs non libres étaient parfois tenus en échec par des Noirs temporairement armés et, tout aussi temporairement, par des tribus amérindiennes alliées. Il est difficile de prendre au sérieux les partisans de l'historiographie "anti-blanc" après avoir lu les livres de LaFond, notamment America in Chains, Into Wicked Company, Stillbirth of a Nation et The Lies That Bind Us. Après une telle lecture, la relation symbiotique entre la "critique de la blancheur" et Hollywood apparaît avec une clarté embarrassante. LaFond note, entre autres, que "l'Amérique a été fondée sous la forme de camps d'internement pour les orphelins qui étaient systématiquement violés, battus, contraints au travail jusqu’à la mort et assassinés."

America in Chains.jpgQuoi qu'il en soit, The Lies That Bind Us est l'une des ‘’excursions’’ les plus idéologiques, historiques et critiques de LaFond. Il y analyse les mensonges sur lesquels les États-Unis sont construits, "la superstructure idéologique", en termes marxistes. Comme Orwell, il soutient que le contrôle de notre connaissance et de notre image de l'histoire est ici central, "le plus grand mensonge est la confiance dans un passé omis, la confiance dans le fait qu'on nous a tout dit". Il voit les "conservateurs" et les "libéraux" américains d'aujourd'hui presque comme des jumeaux dont les mensonges se complètent. Il s'oppose à l'image conservatrice des futurs États-Unis en tant que refuge pour les minorités religieuses en affirmant que "la religion telle qu'elle était pratiquée dans les colonies était en grande partie prédatrice, les maîtres d'esclaves congrégationalistes, quakers et anglicans possédant des Rhénans et des Irlandais catholiques, et en second lieu, elle était ethnique car les Écossais, les Cornouaillais, les Irlandais et les Gallois étaient asservis par les Anglais ; et en troisième lieu, elle était purement matérialiste". Il considère comme tout aussi naïve l'image libérale des futurs États-Unis comme un endroit où les Blancs pouvaient déplacer les Indiens et réduire les Noirs en esclavage. Les Noirs ont possédé des Blancs en Virginie pendant au moins une génération, les Indiens ont possédé des Blancs pendant deux générations. Les colonies qui ne bénéficiaient pas du soutien des tribus indiennes n'ont pas survécu en cette période précoce.

Au cœur de The Lies That Bind Us se trouve la lecture attentive que LaFond fait de la Magna Carta. Il constate qu'il ne s'agissait pas d'une tentative précoce de garantir les libertés populaires contre le roi, mais plutôt d'une tentative réussie de diverses élites de restreindre le roi, l'église et le peuple. Il évoque notamment les formulations qui figuraient dans les premières versions mais qui ont ensuite disparu. LaFond étudie, entre autres, l'importance accordée par la Magna Carta à la dette. Il existe des affinités entre ses études sur la Magna Charta, l'esclavage des enfants et les plantations, d'une part, et le discours plus authentique de la droite sur la "perfide Albion", d'autre part. Quelque chose se démarque comme une anomalie dans l'expérience anglo-saxonne, quelque chose qui met également en mouvement des aspects clés du monde moderne.

Le point de vue de LaFond dans ce livre est inhabituellement clair, parfois traditionnel en son esprit. Comme Jouvenel, il identifie une communauté d'intérêts, au moins en aspiration, entre les gens du peuple et le roi, contre les élites riches qui ont déchiré la vieille Europe. Une observation intéressante que LaFond fait également est que les reines étaient pires pour la liberté des gens du peuple que les rois, s'alliant plus souvent aux intérêts des élites. Il y aborde, par exemple, le lien entre la reine Elizabeth et les chasseurs d'esclaves en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande, ainsi que les plantations en Amérique du Nord. Souvent, les rois adoptaient des lois pour protéger des ‘’grands’’ les compatriotes non libres et les sujets colonisés. Des lois très impopulaires en de nombreux cas.

510QqWqmM+L._AC_UL600_SR399,600_.jpgLaFond se retourne contre le matérialisme, "adorateur du corps économique, du corps politique et du contenant charnel de l'âme humaine". Il décrit Lothrop Stoddard comme un moderniste "moralement aveugle" parce que Stoddard n'a pas vu "le mal qui suppure" qui a conduit à la rébellion des esclaves en Haïti. LaFond décrit le matérialisme comme le corps du mal, le capitalisme n'étant que son réceptacle. Seul un matérialisme avancé pouvait avoir des effets tels que les guerres de l'opium, selon LaFond.

Un thème intéressant du livre est la parenté entre les propriétaires d'esclaves et les élites d'aujourd'hui. Le mépris des Blancs pauvres les unit à travers le temps, mais lorsqu'il s'agit de l'opinion des non-Blancs, les attitudes schizophrènes des esclavagistes ont été divisées et perpétuées par les libéraux et les conservateurs. Les libéraux, porteurs du côté paternaliste des propriétaires d'esclaves, considèrent leurs protégés non-blancs comme des enfants qui doivent être élevés et protégés des Blancs inaptes. Le conservateur reprend plutôt le côté punitif du propriétaire d'esclaves. LaFond est ici un psychologue brutal, résumant que la "droite" et la "gauche" avancent deux faces d'un même ensemble, "fracturant la mentalité diabolique et schizophrénique du maître d'esclaves - qui avait des relations sexuelles avec son esclave, puis battait et vendait ses enfants comme s'ils n'étaient pas de sa propre lignée." Il aborde également la question de la "règle du goutte à goutte", la classification nord-américaine de toute personne ayant la moindre trace d'ascendance noire comme étant noire. Au niveau international, c'est rare; le plus souvent, ils ont été classés comme des groupes distincts (parexemple les "coloreds" et les "basters" sud-africains). La théorie de LaFond est que les Noirs et les Blancs, en tant que groupes, avaient intérêt à ce que les États-Unis soient gouvernés de façon définitive, les Noirs parce que cela augmentait leur nombre, les Blancs parce que cela garantissait leur statut de caste d'élite. Quelque chose de similaire concerne l'amnésie à l'égard des nombreux Blancs non libres dans l'histoire américaine.

Dans l'ensemble, The Lies That Bind est un recueil lisible d'articles de LaFond. L'ensemble est partiellement mutilé par la dispersion du contenu ; ici, des lectures approfondies de la Magna Charta coexistent avec des articles de blog plus courts qui ressemblent davantage à des conseils. Mais les articles intéressants sont suffisants pour compenser l’inconvénient que posent les textes de remplissage. Le point de vue de LaFond est original et enrichissant, son langage est approprié. De nombreux articles contiennent des phrases lapidaires telles que "le lecteur s'est-il déjà demandé pourquoi les Occidentaux modernes ne parviennent pas à se remplacer par des enfants et s'efforcent de remplacer leur progéniture inexistante par des animaux de compagnie humains recueillis dans le monde entier - des animaux de compagnie qui se retournent contre eux". Le LaFond que nous rencontrons ici est également inhabituellement traditionnel dans sa critique du matérialisme, de la féminisation, des systèmes et de l'esclavage. Le fait qu'il mette en lumière le sort des Blancs non libres sans dégénérer en haine des Noirs peut également sembler difficile à gérer pour les lecteurs politiquement corrects ; l'esprit guerrier de LaFond signifie qu'il respecte les guerriers indiens et les esclaves fugitifs entièrement ou partiellement noirs. Tout comme les guerriers blancs avec un code d'honneur comme ‘’Johnson Mange-foie’’ et les rebelles blancs comme Nathaniel Bacon. Il est toujours un auteur enrichissant, même si l'élément de remplissage dans The Lies That Bind est plus quantitatif que dans certains de ses autres livres.

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mardi, 13 avril 2021

Sur la présence militaire mondiale des États-Unis

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Sur la présence militaire mondiale des États-Unis

Leonid Savin

Ex : https://www.geopolitica.ru/

De la présence physique aux opérations sophistiquées sur Internet, telles sont les tâches du Pentagone dans un avenir proche.

Le mois de mars dernier a été assez fructueux pour la communauté militaro-politique américaine en termes de doctrines et de stratégies de toutes sortes. Nous avons déjà noté qu'au début du mois de mars, la Maison Blanche a lancé la publication du manuel temporaire de sécurité nationale aux Etats-Unis.

Et le 16 mars, l'armée américaine a publié la nouvelle stratégie Army Multi-Domain Transformation. Prêt à gagner dans la compétition et le conflit.

Elle aussi présente un intérêt considérable. Ce document parle d'étendre la présence des forces terrestres américaines dans le monde. Il note que "dans la région indo-pacifique, 24 des 29 chefs d'armée sont des officiers de l'armée de terre, et sur les 30 États membres de l'OTAN, 22 ont des chefs d'armée issus de leurs armées respectives. En raison de cette affinité professionnelle, l'armée américaine peut jouer un rôle considérable dans le soutien des objectifs inter-agences des États-Unis dans une approche pangouvernementale." Ce principe du "soft power" au sein du "hard power" est utilisé depuis longtemps par l'armée américaine pour attirer des partenaires d'autres pays dans sa sphère d'influence.

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Le Général McConville.

Le commandant de l'armée américaine, le général McConville, commentant la nouvelle stratégie, a noté que les méthodes de guerre non militaires étaient désormais très demandées. Selon lui, "la compétition narrative est une bataille mondiale constante pour les cœurs et les esprits de nombreux publics différents dans de nombreux pays différents. C'est une lutte pour raconter l'histoire de l'Amérique et pour embellir sa réputation lorsque des adversaires tentent de la salir et de la désinformer. Tout ce que l'armée fait, et qui n'est pas un secret, contribue à la réputation nationale, bonne ou mauvaise, souligne le journal. Les actions insensibles ou contraires à l'éthique qui complètent la mission aujourd'hui peuvent causer des dommages durables à la réputation que toutes les autres unités devront gérer à l'avenir ‘’.

Il explique que la concurrence directe et indirecte est directement déterminée par la volonté des États-Unis de passer ou non à l'utilisation de la force armée. En substance, la concurrence "directe" est tout cas où les politiciens sont prêts à voir des troupes américaines tuer des ressortissants étrangers. La concurrence indirecte, en revanche, signifie que l'utilisation de la force létale par les États-Unis n'est pas à l'ordre du jour, bien que des hostilités ouvertes par des alliés, des partenaires et des mandataires soient tout à fait possibles. Ainsi, la fourniture de missiles Stinger aux insurgés afghans contre l'URSS était un conflit indirect, même malgré les pertes en vies humaines, alors que le déploiement d'une brigade de combat sur le territoire d'un allié menacé est un conflit direct car le potentiel d'un affrontement entre les forces américaines et étrangères existe.

Il y a clairement une allusion à la manière dont les États-Unis devraient se comporter vis-à-vis de la Chine (y compris le soutien à Taïwan) ainsi que de la Russie et de l'Iran.

Le document évoque également la manière d'attirer dans son camp les pays qui entretiennent de bonnes relations avec des adversaires potentiels.

Elle précise que "les plus courantes de ces [situations] sont les nombreux cas où les États-Unis et un adversaire ont une relation ou une présence durable. C'est l'une des différences significatives entre la compétition actuelle entre grandes puissances et la guerre froide. Aujourd'hui, même certains des alliés les plus proches et les plus anciens des États-Unis entretiennent des relations importantes avec des adversaires.

Les débats au sein des gouvernements de certains de nos alliés les plus proches sur la question de savoir s'il faut donner la priorité à la sécurité et aux liens avec les États-Unis ou à l'économie et à la Chine ou à l'infrastructure des technologies de l'information sont des exemples de la façon dont la concurrence indirecte se produit presque partout.

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Dans un pays donné, les deux grandes puissances procéderont à des échanges entre les guerres, fourniront une assistance technique, accueilleront des étudiants pour l'éducation et la formation militaires, renforceront les capacités des forces de sécurité, vendront des équipements ou achèteront des biens et des services à la population locale... Le partenaire est heureux d'envoyer des étudiants dans les collèges militaires des deux grandes puissances ou d'acheter des équipements aux deux."

Et pour finalement attirer des partenaires de leur côté, l'armée américaine suggère de saper la réputation des pays désignés comme concurrents. "Une bonne réputation est un atout stratégique. La concurrence narrative se traduit par la montée et la chute de la réputation d'un pays, fondée sur les perceptions communes de sa force, de sa fiabilité et de sa détermination. La compétition narrative est continue, ouverte et plus large que tout événement ou action unique. Il s'agit d'un lien qui relie de multiples instances subordonnées de concurrence sur des questions spécifiques en un tout cohérent.

La concurrence narrative est soutenue et cumulative ; la réputation des États-Unis s'accumule avec le temps. Malgré cette force, la concurrence narrative va assez loin. Les États-Unis peuvent jouir d'une réputation mondiale exceptionnelle, mais ne pas être en mesure de rivaliser efficacement sur une question particulière parce qu'ils n'ont pas établi de relation, n'ont pas de présence ou ne disposent tout simplement pas des capacités appropriées à la situation."

Des actions asymétriques sont également censées être menées, en se concentrant sur l'image existante des États-Unis en tant que protecteur de la démocratie.

"Dans la mesure où les systèmes et valeurs démocratiques ouverts désavantagent les États-Unis dans ce qu'on appelle parfois la guerre politique, ces mêmes caractéristiques font des États-Unis un partenaire plus attrayant. Si un adversaire utilise la concurrence dans le cadre d'un conflit armé par des moyens tels que le harcèlement des pêcheurs dans les zones contestées ou la conduite de campagnes de désinformation, la meilleure réponse pour les forces armées peut être d'essayer de répondre de manière non symétrique par une forme d'agression de ce type. Les actions agressives d'un adversaire créent la possibilité d'une réponse asymétrique dans laquelle l'allié ou le partenaire menacé cherche à approfondir sa coopération avec les États-Unis."

Et l'idée maîtresse de ce genre de nouveaux documents est confirmée verbalement par d'autres hauts responsables militaires au niveau officiel...

Lors d'une audience du Sénat américain le 25 mars 2021, le sous-secrétaire à la défense pour les opérations spéciales et les conflits de faible intensité, Christopher Meyer, a déclaré que "les forces d'opérations spéciales ont fait des progrès dans l'adaptation de leurs capacités aux défis de la concurrence avec les grandes puissances que sont la Chine et la Russie."

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Le Général Richard Clarke.

Le général Richard Clarke, qui commande directement les forces d'opérations spéciales (FOS) du Pentagone, a indiqué que cinq mille combattants des forces spéciales se trouvent dans 62 pays. Ils mènent des actions conjointes avec des partenaires d'autres pays, des travaux inter-agences sur la détection des réseaux transrégionaux, la prévention des actes terroristes, la surveillance des transactions financières, etc. À l'avenir, pour contrer la Chine et la Russie, les FDS joueront un rôle central. Il s'agira de "mener des opérations psychologiques, de faire participer activement les ressortissants étrangers à la recherche, de contrer et de combattre la propagande hostile et la désinformation."

Il a été dit qu'"en 2021, nous présenterons nos premiers partenaires à l'étranger et créerons des relations inter-agences... Enfin, nous sommes reconnaissants pour la gamme d'autorités accordées par le Congrès qui permettent au FSD d'avoir un impact énorme sur divers groupes de mission. Les opérations menées au titre de l'article 127e du 10 USC (CT) offrent la souplesse nécessaire pour appliquer les opérations de lutte contre le terrorisme à d'autres zones inaccessibles ou contestées, et les opérations menées au titre de l'article 1202 du FY18 NDAA (guerre irrégulière) sont nécessaires pour appliquer les capacités CCO afin d'identifier les acteurs malveillants et de leur imposer des coûts. En outre, les autorités en vertu de l'article 127f du 10 USC (renseignement/contre-espionnage) et de l'article 1057 de la NDAA de l'année fiscale 20 (formation opérationnelle secrète) ont modifié les règles de dépenses, ce qui permet d'appliquer les capacités de CCO avec plus d'efficacité et de transparence."

Cela signifie que les législateurs américains ont donné leur feu vert pour étendre la portée de toutes sortes d'opérations secrètes visant à violer la souveraineté d'autres nations. Et la lutte contre la propagande signifie un large arsenal d'opérations d'information allant du dénigrement de l'image de la Russie sur la scène internationale à l'introduction de bots et de trolls dans l'activité en ligne.

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Le Général Paul Nakasone.

La transformation numérique et l'introduction de l'intelligence artificielle sont également à l'ordre du jour pour les forces spéciales américaines. Le chef du Cyber Command, le général Paul Nakasone, s'est également exprimé devant le Sénat ce jour-là. Il a déclaré : "La Russie est un cyber-adversaire sophistiqué. Elle a démontré sa capacité à mener de puissantes campagnes d'influence en utilisant les médias sociaux. Moscou mène des opérations efficaces de cyber-espionnage et d'autres opérations et a intégré les cyber-activités dans sa stratégie militaire et nationale. Malgré l'exposition publique et les accusations des cyber-acteurs russes, la Russie reste concentrée sur le façonnement du récit mondial et l'exploitation des réseaux et des cyber-systèmes américains."

Nakasone a présenté le vaste programme de son agence pour 2021.

Compte tenu de cette préparation à une action militaire active des États-Unis et de leur partialité à l'égard d'autres pays, il y a peu d'espoir de normalisation des relations entre la Russie et les États-Unis.

jeudi, 08 avril 2021

Lavrov et le racisme anti-blanc aux Etats-Unis

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Lavrov et le racisme anti-blanc aux Etats-Unis

Ex: https://www.dedefensa.org/article/lavrov-denonce-le-racisme-antiblanc-aux-usa

Lavrov et la Russie aggravent leur cas : ils soulignent le racisme anti-blanc aux USA et en occident. C’est d’autant plus amusant que les ricains et leurs parons comptent sur les russes pour détruire les rares survivants blancs en Europe après la guerre qu’on va leur livrer !  Paul Joseph Watson : « Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, observe qu’il y a une recrudescence de “l’agression contre les blancs” aux USA et que cela nuit aux efforts de lutte contre le racisme. »

« Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, observe qu’il y a une recrudescence de “l’agression contre les blancs” aux USA et que cela nuit aux efforts de lutte contre le racisme. Lavrov a fait ces commentaires lors d'une interview avec des politologues diffusée à la télévision nationale.
» “Nous avons été les pionniers du mouvement de promotion de l’égalité des droits des personnes de toute couleur de peau”, a déclaré M. Lavrov, ajoutant que “tout le monde veut se débarrasser du racisme”.
» Cependant, il a souligné combien il était important « de ne pas passer à l'autre extrême que nous avons vu lors des événements type-‘BLM’ (Black Lives Matter) et des agressions contre les personnes blanches, les citoyens américains blancs.”
» Lavrov a également insisté sur le fait que des forces au sein des États-Unis tentaient de répandre une “révolution culturelle” dans le monde entier en tentant d’imposer de force la “diversité” dans tous les domaines et de toutes les façons.
» “Hollywood est maintenant aussi en train de changer ses règles pour que tout reflète la diversité de la société moderne”, a-t-il dit, qualifiant cela de “forme de censure”.
» “J’ai vu des Noirs jouer dans les comédies de Shakespeare. Simplement, j’ignore quand on se décidera à faire jouer un Othello blanc”, a déclaré Lavrov.
» “Vous voyez que c’est absurde. Le politiquement correct poussé jusqu’à l’absurde conduira à des effets extrêmement malfaisants”, a-t-il conclu. »
» Comme nous l’avons souligné précédemment, après chaque fusillade de masse, journalistes et gauchistes accusent les Blancs avant même que l’auteur n’ait été identifié.
» Dans le cas de la fusillade du supermarché de Boulder, cela s’est retourné contre eux massivement après qu’il a été révélé que le tireur était un immigrant islamiste du Moyen-Orient.
» Après la fusillade d’Atlanta, qui visait des salons de massage, les médias ont une fois de plus déclenché l’hystérie du “suprémacisme blanc”, bien que les autorités n’aient trouvé absolument aucune preuve que l’attaque était motivée par la race.
» Cela a conduit Damon Young, collaborateur du New York Times, à affirmer que “la blanchité est une pandémie” et que “la seule façon de l’arrêter est de la localiser, de l’isoler, de l’extraire et de la tuer”.
» “Il n’a pas été renvoyé de son poste à ‘The Root’ et le ‘New York Times’ a refusé de le condamner, – de telles proclamations sont ce pour quoi ils le paient !” écrit Chris Menahan.
» Ce récit, en plus de la Critical Race Theory, qui enseigne que tous les problèmes des États-Unis sont la faute des Blancs, a clairement créé une atmosphère où la haine raciale dirigée vers les Blancs n'est pas seulement tolérée, elle est ouvertement encouragée. 

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Cette intervention du ministre Lavrov nous paraît importante, considérée de plusieurs points de vue et concernant plusieurs domaines. Cette importance, pour la séquence “historique et morale” en, cpours depuis la fin de la Guerre Froide. (Et surtout depuis l’attaque 9/11.)

• On a l’habitude, – c’est presque un rite, – d’insulter la Russie (et la Chine, même traitement) pour des événements intérieurs, dont une proportion plus que respectable et certainement majoritaire sont outrageusement amplifiées sinon purement et simplement fabriquées par les services adéquats des accusateurs, pour des faits attentant aux droits des gens, aux droits des minorités surtout “genrées”, aux devoirs et vertus démocratiques, aux faits de corruption, etc. L’ingérence du bloc-BAO est considérée de ce point de vue comme une sorte de devoir de bienpensance, comme on allait à la messe aux beaux temps passés des colonies. Mais une “ingérence”, – car c’en est bien une dans le cas qui nous occupe, – , dans les affaires intérieures des USA, et sur des faits aussi précis, et concernant des actes consacrés par la bienpensance, – que ce soit les ‘Black Lives Matter’ et leurs performances démonstratrices-de-rue et financières-globales, ou la “diversité” qu’Hollywood impose à ses productions et à ses acteurs.es [oups] comme autant d’actes de “censure” [selon Lavrov], – une telle ingérence constitue une démarche exceptionnelle de la part d’une puissance comme la Russie.

• C’est d’autant plus exceptionnel que la politique de la Russie post-Guerre Froide, et surtout dans l’ère Poutine, a jusqu’à il y a peu considéré comme sacré le devoir de non-ingérence. S’il y a eu des exceptions durant ces 3-4 dernières années, elles venaient de Poutine, et souvent sous une forme diplomatique ou indirecte, et passant en général par l’ironie, lors des conférences de presse-marathon que donne annuellement le président russe. Cette fois, cela vient d’un ministre certes très important et très connu ; paradoxalement, le fait d’une critique venue d’un rang inférieur à celui de Poutine mais faisant partie du gouvernement donne une ampleur plus grande à l’acte. Cela signifie que l’ingérence n’est plus exceptionnelle (du fait de Poutine) mais devient un fait courant de la politique russe et de son gouvernement, et cela est d’autant plus important que Lavrov est un poids lourd du gouvernement, très connu à l’extérieur.

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• Tout cela prend bien entendu d’autant plus d’importance encore, et apparaissant encore plus comme une politique de gouvernement et non plus un acte exceptionnel du président, que le domaine abordé par Lavrov n’est pas celui qu’il considère habituellement de sa compétence. C’est donc bien délibérément affirmé comme un acte de gouvernement en général ; il y a donc la déclaration de Lavrov elle-même, et ce qu’elle signifie de la politique du gouvernement russe. Normalement, si notre analyse est bonne, on devrait désormais en attendre pas mal et à faire sonner nos oreilles, de la part des Russes, dans ce domaine de nos ébats sociétaux-progressistes et wokenistes ; et le wokenisme devenant ainsi un enjeu majeur de la Grande Crise d’Effondrement du Système (de la Modernité), position qu’il mérite d’ailleurs amplement.

• L’objet de la critique est lui aussi peu ordinaire, sinon extraordinaire par rapport au catéchisme du bloc-BAO : ingérence dans les affaires intérieures de la “nation exceptionnelle”, critique d’un mouvement qui s’affiche comme le parangon de la bienpensance dans le bloc-BAO, dans le fait de l’antiracisme wokeniste, enfin la dénonciation sans précédent de l’existence d’un “racisme antiblanc”. (Il y a nombre de pays dans le bloc-BAO où la notion même de “racisme antiblanc” est considérée comme un constat inacceptable, voire très-punissable.) Lavrov démasque le simulacre de l’antiracisme-wokeniste et affirme pour la condamner bien entendu l’existence de cette nouvelle sorte de racisme ; critique d’autant plus acerbe qu’il n’hésite pas à ridiculiser les abus de ces comportements, jusqu’à évoquer l’occurrence d’un “Othello blanc” selon la logique contradictoire de la démarche. (Cela dû être déjà fait in illo tempore et certainement la tête des coupables, même trépassés, est-elle mise à prix. Et voilà que Lavrov en remet !)

• Un aspect singulier de la critique pourrait prétendre à réduire son aspect d’ingérence mais en fait lui donne une dimension d’importance considérable qui aggrave l’importance de la crise ainsi dénoncée : c’est l’aspect international que Lavrov donne potentiellement à ce mouvement. Il qualifie donc le wokenisme de “révolution culturelle” à résonnance maoïste pas si lointaine, et dénonce son but explicite de s’étendre “au monde entier” (d’ores et déjà évident au travers de différentes situations, européennes notamment).

• D’autre part, cette intervention exceptionnelle de Lavrov ne devrait rapidement plus être considérée comme telle pour entrer dans l’arsenal dialectique courant de la communication russe. Elle ne fait que confirmer ce que les Russes ont identifié comme une nouvelle forme de guerre que les USA/le bloc-BAO lancent contre la Russie et les autres puissances rétives à cette ligne postmoderne/wokeniste, et certainement le type d’agression contre laquelle la Russie devra se défendre. On pense évidemment à la “guerre mentale”, ou “guerre des âmes”, dont on a déjà parlé. Lavrov lui-même, il faut le rappeler, en avait débusqué les premiers signes cliniques, ce qui montre qu’il était prédestiné dans cet intérêt pour des affaires qui semblent en apparence très éloignées de son domaine, – “affaires étranges” plutôt qu’“affaires étrangères”.

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• S’ils font ainsi la publicité de leurs analyses et de leur position devant un crise sociétale qui déchire le bloc-BAO, – et ils le feront car ils savent l’importance de la communication, – les Russes vont renforcer leur position d’influence en s’imposant plus que jamais de facto comme les défenseurs de la Tradition autant que des traditions. Cela devrait poser des problèmes délicats à nombre d’acteurs qui ont pris des positions politiques et stratégiques antirusse mais qui se trouvent également très nuancés sinon hostiles dans leurs conceptions par la poussée de la “révolution culturelle”, rayonnante de jeunesse et d’inventivité sous la direction de Joe Biden. (On est obligé de penser d’abord à la Pologne ; on pense également aux populistes et aux “petits Blancs” plus ou moins trumpistes aux USA, cultivés en général dans l’antirussisme et qui trouvent en la Russie un allié de poids contre le wokenisme qui les menace.) Les “intelligentsias” américanistes-occidentalistes elles-mêmes devront résoudre quelques équations complexes, y compris un Mélenchon qui n’a jamais dissimulé une certaine estime pour la Russie (on l’applaudit bien fort) en même temps qu’il a laissé prendre à son mouvement une position pro-indigéniste/wokeniste qui le met très près de tout ce que dénonce Lavrov.

Source: https://www.dedefensa.org/article/lavrov-denonce-le-racisme-antiblanc-aux-usa

mercredi, 07 avril 2021

Anno Domini 1900 : quand les États-Unis sont devenus un empire

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Anno Domini 1900: quand les États-Unis sont devenus un empire

Par Emanuel Pietrobon

Ex : https://it.insideover.com/

Les États-Unis peuvent-ils être considérés comme un empire? Cette question déchire le monde des sciences politiques depuis l'époque de la guerre froide et la réalité politique depuis l'époque de l'expansionnisme vers l'ouest et le sud au nom de la ‘’Destinée manifeste’’ et de la Doctrine Monroe.

Les politologues et les politiciens continuent d'être divisés sur la meilleure définition à donner aux États-Unis, mais ils s'accordent sur un point: la nation ne peut pas admettre qu'elle est un empire, en raison de la valeur intrinsèquement négative du terme, car cela reviendrait à avouer que les idéaux de la génération de George Washington ont été trahis et que la nouvelle terre promise a intériorisé cette forma mentis impérialiste contre laquelle elle s'est battue.

En réalité, le fait que le débat soit toujours en cours et loin d'être terminé n'est pas pertinent, car les chiffres de la politique étrangère des États-Unis sont plus éloquents et explicatifs que les livres, les opinions et les théories: 800 bases militaires présentes dans 80 pays, 200.000 soldats déployés dans le monde - dont un tiers au Moyen-Orient -, 64.000 milliards de dollars dépensés en interventions militaires et en guerres au Moyen-Orient et en Asie depuis le 11 septembre 2001, au moins 81 opérations d'ingérence électorale certifiées de 1946 à 2000, 72 changements de régime ratés pendant la guerre froide (et autant de réussites) et 208 années sur 223 consacrées à l'envoi ou à la présence de troupes à l'étranger dans le cadre de guerres, de missions multinationales, du renversement de gouvernements hostiles et/ou de la répression de révolutions.

Chiffres et faits à l'appui, on peut légitimement faire entrer les États-Unis dans la catégorie des empires dits informels, c'est-à-dire des entités impériales qui préfèrent les protectorats aux colonies et qui maintiennent le contrôle de leurs domaines au moyen d'un interventionnisme ouvert et secret, d'une interdépendance économique (et politique) entre le centre et les périphéries et d'instrumenta regni tels que le divertissement (Hollywood) et la religion (le protestantisme évangélique).

L'éternel dilemme de l'empire a cependant besoin d'un élément supplémentaire pour être définitivement résolu: une date. En bref, quand la transformation des États-Unis en empire a-t-elle eu lieu? La réponse peut surprendre: lors de l'élection présidentielle de 1900.

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La naissance de l'empire

Les États-Unis ne deviendront pas un empire en tentant de mettre en pratique les préceptes de la doctrine Monroe, ni même dans le cadre de la traduction de la ‘’Destinée Manifeste’’ dans le Pacifique occidental ou suite à la Seconde Guerre mondiale, mais suite à leur intervention dans la guerre d'indépendance cubaine et la révolution philippine.

Nous sommes en 1900, deux ans se sont écoulés depuis la guerre entre Washington et Madrid pour le contrôle de La Havane, et l'électorat doit choisir entre le démocrate William Jennings Bryan et le républicain sortant William McKinley. Non la situation économique intérieure mais la politique étrangère sera au cœur des programmes électoraux des deux hommes politiques et polarisera l'opinion publique américaine.

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McKinley était un partisan de l'interventionnisme à l'étranger, n'importe quand et n'importe où, et un partisan du colonialisme - l'appel aux urnes avait pour toile de fond les tentatives américaines d'annexer les Philippines après les avoir arrachées à l'empire espagnol décadent - tandis que Bryan était un belliciste repenti, converti à la cause de l'anti-impérialisme. Cette année-là, en bref, le peuple américain ne choisirait pas simplement entre les démocrates et les républicains, mais entre l'Amérique comme expérience ou comme destin ou, pour paraphraser Bryan, entre l'Amérique comme démocratie ou comme ploutocratie.

Le discours de Bryan

Bryan tentera l'impossible: ouvrir les yeux d'une opinion publique enivrée par l'effet Cuba et euphorique à l'idée que les États-Unis sont sur le point de devenir une puissance bicontinentale, en expliquant que le citoyen ordinaire ne gagnera pas un dollar de ces réalisations mais que d'autres souffriront grandement de ce militarisme.

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La pensée de Bryan sera admirablement emblématisée dans un discours prononcé à Indianapolis le 8 août 1900, qui est entré dans l'histoire sous le titre Imperialism: Flag of an Empire. Transcrit de manière à permettre sa transmission à la postérité, Imperialism représente un jalon dans l'histoire politico-culturelle des États-Unis du début du XXe siècle et le pilier du mouvement anti-impérialiste nord-américain.

Le discours s'ouvre sur un long j'accuse contre le parti républicain, accusé par Bryan d'être la longa manus des cercles ploutocratiques sous le contrôle des "adorateurs de Mammon" purement intéressés par l'argent et indifférents aux besoins de l'homme du peuple. Selon Bryan, les républicains ont fait de la politique un moyen et de la richesse une fin, ce qui a donné lieu à une législation qui a transformé "l'argent en maître et les hommes en serfs".

Les guerres soutenues par McKinley ne contribuent pas à la cause du bien-être du peuple américain, car elles servent à l'enrichissement de quelques-uns, pas plus que la colonisation des Philippines ne sert l'intérêt national. Selon Bryan, les Philippins ont besoin d'être libérés, et non assujettis, et les Républicains n'ont pas le droit de remplir frauduleusement la guerre de connotations religieuses pour gagner la faveur des croyants les plus naïfs.

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Car "les guerres de conquête laissent en héritage une haine perpétuelle", un sentiment contraire au plan divin pour les Hommes, dont le cœur a été rempli "d'un amour de la liberté par Dieu lui-même" et qui n'ont pas été créés pour être asservis "à un maître étranger". L'électorat chrétien, à la lumière du faux messianisme brandi par McKinley, aurait dû se voir rappeler que "l'amour, et non la force, était l'arme du Nazaréen; qu'il avait atteint le cœur humain en se sacrifiant pour son prochain, et non en l'exploitant".

Mais les guerres d'agression (et de conquête), selon Bryan, seraient délétères pour une autre raison également: la corruption des personnes qui les soutiennent et de la nation dans son ensemble. En bref, les États-Unis, autrefois habitués à s'ingérer dans les affaires étrangères des autres, sous prétexte de combattre l'impérialisme pour perpétuer l'impérialisme à leur tour, risquaient de développer une dépendance pernicieuse à la belligérance et de créer un "établissement militaire".

Se référant abondamment à la pensée d'Abraham Lincoln, cité à plusieurs reprises, le candidat démocrate a tenté d'expliquer à la foule que "la sécurité de cette nation ne réside pas dans sa marine, son armée ou ses forteresses, mais dans cet esprit qui valorise la liberté comme l'héritage des hommes partout, dans tous les pays" et que cet esprit serait tué "en plantant les graines du despotisme aux portes [des États-Unis]".

Bryan ne rejette toutefois pas la pensée jeffersonienne sur le devoir des États-Unis de répandre la liberté dans le monde, car il est profondément convaincu de l'unicité de la ‘’nation indispensable’’, mais il ne commet pas l'erreur des républicains de confondre "expansion et impérialisme", c'est-à-dire la propagation des valeurs avec l'annexion de territoires entiers.

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Enfin, les Américains n'auraient pas dû se laisser séduire par la fascination de la grandeur, car "l'impérialisme sera rentable pour les fabricants d'armes, il sera rentable pour les propriétaires de navires qui transporteont des soldats vivants aux Philippines et les ramèneront morts au pays, il sera rentable pour les grands hommes d'affaires, et il sera rentable pour les officiers dont les salaires seront fixés ici et payés là-bas, mais pour le fermier, l'ouvrier et la grande majorité des personnes employées dans d'autres domaines, il impliquera des dépenses sans retour économique et des risques sans récompense".

Les suites du débat

Les appels de Bryan au bon sens des Américains tomberont dans l'oreille d'un sourd. Sa (deuxième) course à la présidence se solde par un échec retentissant: 6.370.932 voix (45,52%), l'équivalent de 155 grands électeurs et de 17 États fédérés, un résultat bien inférieur à celui de 1896, où Bryan avait recueilli 6.510.807 voix (47,7%) et un total de 176 grands électeurs et de 22 États fédérés.

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Résultat des élections présidentielles américaines de 1900: en rouge, les résultats favorables à McKinley; en bleu, les résultats favorables à Bryan.

McKinley, grâce à l'accent qu'il met sur les avantages de l'impérialisme, parvient à augmenter le nombre de votes en sa faveur (de 7.112.138 à 7.228.864), le nombre de grands électeurs (de 271 à 292) et le contrôle des différents États (de 23 à 28) par rapport à l'élection qui avait eu lieu quatre ans plus tôt. Vivre pleinement son second mandat s'avère toutefois impossible: le 6 septembre 1901, il tombe sous le feu d'un terroriste anarchiste, un certain Léon Czolgosz, et meurt après huit jours d'hospitalisation.

Le sceptre de McKinley est repris par le vice-président de l'époque, Theodore Roosevelt, un représentant de l'aile la plus interventionniste du parti républicain, dont la politique étrangère musclée sera rebaptisée la "diplomatie du gros bâton". Comme McKinley, il sera lui aussi acclamé par l'opinion publique et est toujours considéré comme l'un des présidents les plus populaires de l'histoire des États-Unis.

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Le destin de Bryan fut très différent: oublié par les électeurs, privé de visibilité par la grande presse et s'éloignant de la politique après avoir rompu avec le parti démocrate suite à la décision de Woodrow Wilson d'entrer dans la Première Guerre mondiale, il passera les dernières années de sa vie à parler de la foi dans les églises et les universités, développant une sorte d'obsession pour le débat entre darwinisme et créationnisme.

Aujourd'hui, cent vingt et un ans après ces élections âprement disputées, nous pouvons admettre franchement que l'histoire a donné tort à ceux qui voulaient donner raison à McKinley: dans l'Anno Domini 1900, le vote n'a pas opposé démocrates et républicains, mais démocratie et ploutocratie, paix et guerre, liberté et impérialisme. Cette année-là, en décrétant la défaite de Bryan, les urnes allaient donner naissance à l'Empire avec enthousiasme.

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dimanche, 04 avril 2021

États-Unis et Grande-Bretagne : guerre, commerce et piraterie

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États-Unis et Grande-Bretagne : guerre, commerce et piraterie

par Cristian Taborda

Ex : http://novaresistencia.org/2021/03/28/

Suite à plusieurs défaites subies dans le monde au cours de ces dernières années, un rapprochement stratégique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne s’est opéré récemment, surtout ces dernières semaines, avec l'arrivée au pouvoir de Joe Biden et avec une Grande-Bretagne qui est sortie de l'Union européenne. L'objectif est de préserver autant que possible les possessions et l'influence des grandes puissances atlantistes dans le monde.

Avec la sortie de l'UE, le Royaume-Uni avait l'intention et la prétention de reprendre ses liens privilégiés avec les États-Unis et de forger une alliance stratégique pour en quelque sorte reconstruire l'impérialisme anglo-américain, ou du moins préserver son hégémonie et son contrôle en Amérique et en Europe, face à l'avancée de la Chine et parallèlement au harcèlement contre la Russie. Il ne s’agit plus de préserver cette hégémonie par le consensus et le multilatéralisme, mais dorénavant par la force et la violence économique. Cette position a été rendue publique et ouvertement dévoilée par le gouvernement et le Foreign Office britanniques, ainsi que par les États-Unis et la nouvelle administration de Joe Biden.

Il y a quelques mois, le Premier ministre britannique a annoncé le plus grand investissement dans la défense depuis trente ans, le plus important depuis la "guerre froide", 21,9 milliards de dollars, et il a déclaré que "le Royaume-Uni doit être fidèle à son histoire et soutenir ses alliés", un message direct adressé aux États-Unis. Boris Johnson a d'ailleurs été l'un des premiers dirigeants à féliciter Joe Biden après les élections frauduleuses que furent les dernières présidentielles: "Les États-Unis sont notre allié le plus important et j'espère que nous travaillerons en étroite collaboration sur nos priorités communes, du changement climatique au commerce et à la sécurité", a tweeté Boris Johnson. Pour sa part, M. Biden, dans son discours d'investiture, a rendu la politesse et a appelé à la reconquête des alliances historiques. Cela s'est concrétisé par un appel téléphonique au début de l'année, au cours duquel les Britanniques ont félicité Biden pour son retour dans l'accord de Paris sur le changement climatique et dans l'Organisation mondiale de la santé, dont Trump s'était retiré ; les deux puissances ont également commencé à tracer des lignes directrices pour un accord de libre-échange.

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Mais l'irruption du coronavirus a compliqué la stratégie. Jusqu'à présent, le principal bénéficiaire de la "pandémie" a été la Chine, qui parvient à imposer son système de contrôle et de surveillance dans le monde entier, et la crise des vaccins provoquée par le consortium pharmaceutique britannique Astrazeneca confère à la Russie de Poutine une influence géopolitique encore plus grande que celle qu'elle avait déjà. La Russie vise en effet à déstabiliser la bipolarité entre les États-Unis et la Chine, avec des avancées dans le développement scientifique et technologique, le contrôle des ressources, par exemple la fourniture de gaz à l'Europe, et la puissance militaire, grâce à ses capacités en matière de missiles balistiques. Un autre point clé est la diplomatie et la gestion par le Kremlin de l'opinion publique mondiale, malgré l'opposition des médias occidentaux hégémoniques. La géopolitique du coronavirus a déstabilisé le pouvoir absolu des Etats-Unis et largement ruiné les prétentions britanniques.

Cette situation a modifié l'humeur de la Grande-Bretagne et des États-Unis, qui commencent à voir leurs "leaderships" vulnérabilisés et délégitimés par la crise du coronavirus. Le déclin des puissances maritimes est en cours.

Celui qui a le mieux décrit, sans le savoir, le fondement de l'atlantisme, soit la puissance par la maîtrise de la mer, ou, comme le dit très justement Peter Sloterdijk, qui a élaboré une "théorie de la mondialisation", c'est Goethe dans Faust :

"Guerre, commerce et piraterie. Ils sont trois en un, inséparables."

Cette phrase résume la politique étrangère britannique et c'est dans un tel contexte que l'on peut comprendre les dernières déclarations de Boris Johnson contre l'Argentine et celles de Biden contre la Russie.

Ils n'ont plus suffisamment d’approbation ou de consensus dans le monde pour "stabiliser" celui-ci à leur guise et à leur avantage, alors ils font recours à la menace et à la coercition, qu'ils n'ont cependant jamais abandonnées. C'est le désespoir de voir qu’il n’est plus possible de revenir à un monde libéral unipolaire, parce qu’un tel monde n'existe plus. "S'il n'y a plus de piraterie possible et plus de commerce libéral, qu'il y ait alors la guerre" semble être la devise du mondialisme aujourd’hui. Et les disciples de ce mondialisme obéissent à l'ordre : Boris Johnson n'a pas hésité à menacer l'Argentine et indirectement l'Espagne quand elle revendique Gibraltar, selon le rapport publié par The Telegraph, disant aussi qu'il utilisera la force pour défendre les îles Malouines, c'est-à-dire utiliser les forces armées pour "assurer la sécurité des 14 territoires d'outre-mer". Territoires par ailleurs usurpés. Elle ajoute qu'elle "dissuadera et contestera les incursions dans les eaux territoriales britanniques à partir de Gibraltar" et "maintiendra une présence permanente dans les îles Falkland, l'île de l'Ascension et les territoires britanniques de l'océan Indien".

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Presque au même moment, Joe Biden a fait des déclarations dans les médias, qualifiant Vladimir Poutine de "killer" et menaçant de lui faire "payer le prix" pour sa prétendue ingérence dans les élections, ces mêmes élections où plus de morts que de vivants ont voté pour Biden, dans des États où il y a eu plus de votes que d'électeurs, et où le magazine Time a mis en lumière et révélé l'alliance entre le secteur financier de Silicon Valley Big Tech et le parti démocrate pour modifier l'ingénierie électorale en faveur des démocrates par le biais du vote par correspondance avec des contributions importantes. Tout un éventail de fondations ont contribué pour des dizaines de millions de dollars de leurs propres fonds à l'administration des élections. C'est le cas de l'initiative Chan Zuckerberg, qui a apporté 300 millions de dollars dans l’affaire.

D'abord Boris Johnson, puis Joe Biden. Tous deux opèrent en liaison avec des déclarations retentissantes et avec une intentionnalité manifeste. L'un fulmine contre ceux qui ont su résister et affronter l'impérialisme anglo-américain de l'époque, comme l'Argentine de Perón. L'autre fustige ceux qui expriment aujourd'hui une résistance au mondialisme progressiste et à la destruction des valeurs. La distinction entre amis et ennemis est toujours essentielle en politique, ils l'ont bien définie. Tous ceux qui ont osé défendre leur souveraineté et initier une résistance à l'hégémonie anglo-américaine sont des ennemis. L'impérialisme économique a beau se présenter comme égalitaire, avec une rhétorique gauchiste ou un langage inclusif et des drapeaux arc-en-ciel dans une main, il porte toujours le bâton dans l'autre.

Source : Geopolitica.ru