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vendredi, 06 août 2021

La politique de pression maximale contre l’Iran a échoué - Que va donc faire Biden ?

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La politique de pression maximale contre l’Iran a échoué

Que va donc faire Biden ?

Par Moon of Alabama

Il y a une semaine, j’ai écrit sur l’échec de la politique étrangère de Biden. En ce qui concerne l’accord nucléaire (JCPOA) avec l’Iran, j’ai fait cette remarque :

Pendant sa campagne, Biden avait promis de rejoindre l'accord nucléaire avec l'Iran. 
Mais aucune action n'a suivi. Les pourparlers avec Téhéran ont commencé trop tard et
ont été remplis de nouvelles exigences que l'Iran ne peut accepter sans diminuer
ses défenses militaires. L'arrogance de l'administration Biden est à son comble lorsqu'elle croit pouvoir
dicter ses conditions à Téhéran : ... Ce n'est pas l'Iran qui a quitté l'accord JCPOA approuvé par l'ONU. Ce sont les
États-Unis qui ont quitté cet accord et ont réintroduit une campagne de sanctions
"pression maximale" contre l'Iran. L'Iran a déclaré qu'il était prêt à réduire
à nouveau son programme nucléaire dans les limites de l'accord JCPOA si les
États-Unis supprimaient toutes les sanctions. C'est l'administration Biden
qui refuse de le faire tout en formulant de nouvelles exigences. Il est évident
que cela ne fonctionnera pas.
... Si les États-Unis ne reviennent pas dans l'accord JCPOA, sans autres conditions,
l'Iran finira par quitter l'accord et poursuivra son programme nucléaire comme
il l'entend. Ce serait l’échec total de la tactique dure choisie par Biden.
On peut se demander ce que l'administration Biden a prévu de faire lorsque
cela se produira.

L’administration Biden pense pouvoir renforcer les sanctions contre le commerce pétrolier entre l’Iran et la Chine :

La secrétaire d'État adjointe Wendy Sherman devait évoquer la perspective d'un 
durcissement des sanctions américaines contre les entités chinoises qui importent
du pétrole iranien lors de sa rencontre avec le ministre chinois des Affaires
étrangères Wang Yi et d'autres responsables à Tianjin, en Chine, lundi 26 juillet,
si un accord sur le retour au pacte nucléaire ne pouvait être trouvé.

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"Nous avons espéré pouvoir lever les sanctions" sur les secteurs énergétique et 
bancaire iraniens, y compris sur les entités chinoises achetant du pétrole iranien,
si les États-Unis et l'Iran pouvaient se mettre d'accord sur un retour mutuel au
pacte nucléaire, a déclaré le diplomate américain. Mais "s'il n'y a pas de retour
au JCPOA... et si nous nous installons dans une longue période de non-retour au JCPOA"
,

nous examinerons d'abord notre politique d'application des sanctions, a-t-il ajouté.

Mais nous ne sommes plus en 2012. À l’époque, la Chine et la Russie avaient convenu avec les États-Unis de faire pression sur l’Iran. Cette pression a conduit à l’accord nucléaire. Mais aujourd’hui, la situation est bien différente. Ce sont les États-Unis qui ont quitté l’accord. L’Iran, la Chine et la Russie sont tous dans une position plus forte qu’il y a dix ans. Pourquoi ces deux derniers accepteraient-ils de soutenir la politique étrangère malveillante de Biden et les sanctions unilatérales des États-Unis contre l’Iran ?

L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar dresse un tableau similaire :

Les négociateurs américains ont négocié avec intransigeance à Vienne. Ils ont 
sous-estimé la volonté de l'Iran de protéger ses intérêts fondamentaux. Ils ont
supposé qu'étant donné les difficultés économiques de l'Iran, ce dernier se
plierait en quatre pour obtenir la levée des sanctions. Et ils ont commencé
à dicter leurs termes et leurs conditions. ... Khamenei, qui a le dernier mot sur les questions d'État en Iran, a déclaré
mercredi dernier que Téhéran n'accepterait pas les demandes "obstinées" de
Washington dans les négociations nucléaires et a de nouveau rejeté catégoriquement
l'insertion de toute autre question dans l'accord. ...  

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Après avoir résisté à la "pression maximale" de Trump, Téhéran est aujourd'hui 
dans une meilleure situation. La situation internationale joue également en sa
faveur. L'Iran a gagné en profondeur stratégique grâce à l'approfondissement de
son partenariat avec la Russie et la Chine. Il n'est désormais ni possible
d'"isoler" l'Iran ni prudent d'exercer l'option militaire à son encontre.

L’ancien diplomate britannique Alastair Crooke partage cet avis :

La récente liste d'obstacles sur la voie des négociations dressée par l'envoyé 
de l'Iran auprès de l'AIEA ressemble en effet à un catalogue décourageant
d'objectifs versatiles des États-Unis et de l'UE : De la doctrine initiale
de "non-enrichissement de l'uranium" à une "sortie" moins d'un an plus tard,
et maintenant à cette même demande de seuil, plus la demande d’assurances que
l'Iran entrera immédiatement dans des discussions régionales et avec les
États-Unis sur ses missiles, avant tout retour au JCPOA. Une analyse post-mortem complète des erreurs qui ont conduit jusque-là se
fera plus tard. Pour l'instant, les responsables américains insistent sur
le fait que c'est l'Iran qui interprète mal la situation ; mais on peut
également affirmer que les États-Unis ont mal interprété l'évolution de
la situation stratégique dans la région - et même dans le monde - et la

mesure dans laquelle l'humeur du peuple iranien a évolué vers le point de
vue des principalistes, au cours des quatre dernières années. ... Dès lors, la menace américaine d'un consensus international contre l'Iran
- semblable à celui de 2012 - est-elle plausible ? Consensus ... ? ... Washington n'a-t-il pas remarqué qu'il n'y en a pas : pas même pour
l'aspiration de Washington à empêcher la Russie d'amener son gaz en
Europe, via Nordstream 2 ? N'ont-ils pas remarqué la fracture dans la
politique mondiale ? Oui, l'Europe est veule et suivra les États-Unis,
quoi qu'il arrive, mais cela ne constitue pas un consensus mondial.

La tentative des États-Unis de faire pression sur l’Iran pour qu’il signe un accord plus strict que l’accord nucléaire que l’Iran avait accepté et que les États-Unis ont abandonné a échoué.

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Si l’administration Biden ne revient pas sur ses exigences, l’accord nucléaire avec l’Iran sera mort. La pression intérieure pour « faire quelque chose » au sujet de la technologie nucléaire croissante de l’Iran augmentera alors.

Mais il n’existe pas de consensus mondial pour sanctionner l’Iran. La Russie et la Chine résisteront à toute pression visant à soutenir ces sanctions et l’Iran n’aura aucune raison de changer ses habitudes. Il n’existe pas non plus d’option militaire. L’Iran dispose d’armes sérieuses qui peuvent atteindre n’importe quel coin du Moyen-Orient.

L’administration Biden a conduit sa politique iranienne dans une impasse. Le mur devant lequel elle se trouve est solide. Comment fera-t-elle pour reculer ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

jeudi, 05 août 2021

Chine : l'ordre dirigé par les États-Unis est régi par la loi de la jungle

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Chine: l'ordre dirigé par les États-Unis est régi par la loi de la jungle

par Markku Siira

Ex: https://markkusiira.blogspot.com/

La secrétaire d'État adjointe américaine Wendy Sherman s'est rendue à Tianjin, en Chine, où elle a été reçue par le ministre des affaires étrangères Wang Yi et le vice-ministre des affaires étrangères Xei Feng. 

Un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a qualifié les entretiens de "profonds, francs et bénéfiques pour les relations entre les deux pays".

Toutefois, lors du briefing, le vice-ministre des affaires étrangères Xie Feng a vivement critiqué la "rhétorique américaine de la concurrence, de la coopération et de la confrontation", qui "met réellement l'accent sur la confrontation, car la coopération est un objectif et la concurrence un piège narratif". Xie a également qualifié les États-Unis d'"inventeur et détenteur du brevet de la diplomatie coercitive".

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Wendy Sherman et Xie Feng.

La Chine considère à juste titre que l'ensemble de l'"ordre international fondé sur des règles" n'est qu'un déguisement qui enveloppe les règles établies par quelques pays occidentaux pour les autres. Il s'agit d'une "version américaine de la loi de la jungle", où Washington "rejette le droit international largement accepté et piétine le système pour en tirer profit et intimider les autres", a déclaré Xie.

Commentant les questions relatives aux droits de l'homme, M. Xie a déclaré que les États-Unis "devraient d'abord s'occuper de leurs propres problèmes avant de pointer du doigt les autres". Les États-Unis prétendent être les champions de la démocratie et des droits de l'homme, alors qu'ils ont commis des génocides contre des peuples indigènes et mené des guerres dans le monde entier sous le couvert de mensonges inventés.

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Par le passé, la Chine a souligné l'importance de créer une bonne atmosphère pour les négociations avec les États-Unis. Même si les deux parties étaient engagées dans des discussions animées, la Chine ne les rendrait pas nécessairement publiques. Cette fois, la Chine s'est empressée de rendre publique la déclaration sévère de Xie concernant la réunion de Tianjin. Il s'agit d'une répétition du changement d'attitude de la Chine à l'égard des États-Unis qui a commencé avec les récents pourparlers d'Anchorage.

Ces changements reposent sur le fait que Pékin en a assez d'un Washington autoritaire et que les politiciens chinois ne s'imaginent plus que les relations entre les deux pays vont s'améliorer sensiblement dans un avenir proche.

Le message de la Chine est clair : la politique vicieuse et conflictuelle des dernières administrations américaines a conduit le peuple chinois à être prêt à former un front uni contre l'intimidation occidentale. Comme l'indique le journal chinois Global Times, l'arrogance américaine doit faire l'objet d'une réponse plus franche.

Les faucons de guerre américains croient toujours qu'il est possible de contenir le développement de la Chine et d'amener la République populaire au même type de chaos interne et d'effondrement que celui qu'a connu le précédent partenaire de combat des États-Unis, l'Union soviétique. 

De cette manière, les États-Unis ne feront que bouleverser l'ordre mondial et exacerber les relations entre les grandes puissances. Le régime chinois veillera à avoir une plus grande tolérance à l'instabilité que les États-Unis eux-mêmes.

La Chine doit accélérer le renforcement de sa puissance globale et se préparer au pire scénario d'une confrontation avec les États-Unis et leurs principaux alliés qui dégénérerait en affrontement militaire.

Entre-temps, les États-Unis tentent d'utiliser l'endiguement stratégique pour vaincre la Chine, tandis que cette dernière, par son développement continu, tente de montrer que les fantasmes américains de suprématie ne comptent plus dans le monde réel. 

L'objectif de Pékin est de faire comprendre aux Américains que leur administration ne doit pas faire de la Chine un "ennemi fabriqué". Les États-Unis devraient abandonner leur politique de sanctions et de conflits et apprendre à vivre pacifiquement avec une Chine forte et souveraine.

mercredi, 04 août 2021

Afghanistan et Iran, la stratégie du chaos des États-Unis

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Afghanistan et Iran, la stratégie du chaos des États-Unis

par Alberto Negri

Ex : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/afghanistan-e-iran-la-strategia-del-caos-degli-stati-uniti

Après-guerre au Proche- et au Moyen-Orient? Pas vraiment. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et de laisser se consumer les foyers de guerre ou de résistance: ce sont alors des guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs sur le terrain. Voilà à quoi ressemblait déjà l'Irak, ainsi que la Syrie, sans oublier la Libye et maintenant le nouveau chapitre de l'histoire des "guerres par procuration" s'ouvre en Afghanistan.

À qui profite le chaos en Afghanistan, causé par le retrait des États-Unis, retrait qui était aussi tout à fait prévisible, étant donné que les talibans sont à l'offensive depuis au moins trois mois ? Certainement pas aux Afghans et pas même à l'Iran, où l'ultraconservateur Ebrahim Raisi vient de prendre ses fonctions de président, négociant avec les États-Unis sur les sanctions, à la tête d'un pays écrasé par l'embargo et la pandémie, qui a toujours été un adversaire des talibans.

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Avant le retrait américain, les Iraniens pouvaient accepter, voire encourager, les talibans à déstabiliser Kaboul, mais ils ne peuvent tolérer leur retour au pouvoir comme cela s'annonce aujourd'hui. Même si une délégation de Talibans a été reçue à Téhéran - ainsi qu'à Moscou et à Pékin - tout le monde se souvient qu'en 1998, ils ont massacré onze diplomates iraniens à Mazar el Sharif et qu'ils font maintenant subir le même sort à la population chiite afghane et aux Hazaras.

En Afghanistan, il y a le risque d'une guerre civile sanglante qui pourrait se transformer en un autre conflit entre chiites et sunnites, comme ce fut le cas en Irak, d'abord avec Al-Qaïda, puis avec la montée du califat. C'est dans un moment pareil que les bureaux stratégiques de la République islamique ont dû pleurer la mort au combat du général Qassem Soleimani, éliminé par les États-Unis en 2020 à Bagdad.

La guerre américano-israélo-iranienne se poursuit par tous les moyens disponibles, des provocations aux attentats contre les scientifiques iraniens, en passant par les raids aériens américains et israéliens en Syrie et en Irak contre les milices pro-chiites et les Pasdarans: on en parle peu, sauf lorsque les tensions explosent dans le Golfe d'où vient le pétrole, comme ce fut le cas avec le navire israélien touché par un drone à Oman (deux morts). L'Iran va bientôt se retrouver sous pression sur trois fronts, dans le Golfe, à l'Est et à l'Ouest, et cette fois, il n'y aura plus de Soleimani pour diriger le tourbillon sanglant qui ravagera le Moyen-Orient.

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Tout cela se produit en raison d'un choix américain bien précis: créer le chaos et l'exploiter à son avantage et à celui des alliés de Washington, d'Israël aux monarchies du Golfe qui font partie ou gravitent autour du pacte d'Abraham, voulu naguère par Trump.
C'est la "stratégie du chaos" qui est mise en œuvre, de l'Afghanistan à la Libye, par diverses administrations républicaines et démocrates, y compris, jadis, par le vice-président d'Obama, Joe Biden. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire américaine directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et d'entretenir sciemment les foyers de guerre ou de résistance: ce sont les guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs que les Marines ou l'infanterie US. L'Irak a été le théâtre d'une telle guerre, tout comme la Syrie, la Libye et maintenant le nouveau chapitre de ce type précis de conflit va s'amorcer en Afghanistan.

Biden est un type contradictoire. D'une part, il reprend les négociations avec Téhéran sur l'accord nucléaire de 2015 voulu par Obama et annulé par Trump en 2018, mais en même temps il bombarde les alliés de l'Iran en Irak et en Syrie. Même en Irak, l'administration américaine se retire en apparence du jeu en laissant la présence militaire principale à une mission de l'OTAN qui sera placée sous le commandement de l'Italie. En bref, les États-Unis créent des problèmes, comme ils l'ont fait avec la guerre de 2003 contre Saddam, et nous paierons les pots cassés pendant des décennies, tout comme cela s'est produit en Libye en 2011, lorsque, avec les Français et les Britanniques, les Etats-Unis ont attaqué Kadhafi.

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Certains se souviendront de la réaction de la secrétaire d'État Hillary Clinton au lynchage et à l'assassinat de Kadhafi, une phrase rappelée par l'analyste américaine Diana Johnstone dans sa biographie judicieusement intitulée "Hillary Clinton, reine du chaos" : "Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort", une devise qu'elle a prononcée suivie d'un grand rire. Tony Blinken, l'actuel secrétaire d'État, était alors le partisan le plus acharné de l'attaque contre la Libye. Oui, la Libye même dont le ministre des Affaires étrangères Di Maio vient de revenir, dans les rangs de ceux qui n'abandonnent pas même face à l'évidence et continuent de remercier les États-Unis pour je ne sais quelle faveur.

Il faut noter qu'en 2019, alors que Khalifa Haftar assiégeait Tripoli et le gouvernement Sarraj - légitimement reconnu par l'ONU - les États-Unis se sont abstenus de bombarder le général en Cyrénaïque, laissant Erdogan occuper la Tripolitaine, avec tous les déboires que cela a entraîné pour l'Italie. Pourquoi les États-Unis, toujours prêts à bombarder n'importe qui, n'ont-ils rien fait ? C'est simple: parce que le général Haftar est soutenu par l'Egypte et les Emirats, deux pays clients des armes américaines, et les Emirats ont également conclu le fameux pacte d'Abraham avec Israël.

La guerre en Afghanistan était condamnée dès le départ, affirme à juste titre l'essayiste indien Pankaj Mishra. Pourtant, les fausses nouvelles ont alimenté une initiative qui a coûté un nombre considérable de vies et des centaines de milliards de dollars, laissant l'Afghanistan dans un état pire qu'avant. Il n'est pas non plus nécessaire d'invoquer le cliché de l'Afghanistan comme "cimetière d'empires" pour se rendre compte que les Talibans étaient une force résiliente et potentiellement changeante. Mais ce qui nous apparaît comme un échec - comme l'Irak, la Libye ou la Syrie - ne l'est pas si l'on applique la stratégie américaine du chaos. Il y a toujours une Dame Clinton ou un de ses héritiers prêt à rire.

samedi, 31 juillet 2021

Etats-Unis-Chine: choc géo-économique

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Etats-Unis-Chine: choc géo-économique

Abu Hurrairah

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/usa-cina-scontro-geoeconomico

La géoéconomie se définit de deux façons : l'une est l'utilisation de l'économie pour obtenir des avantages géographiques ou territoriaux. Le second est l'utilisation de la situation géographique pour atteindre ses objectifs économiques. Pour comprendre ce concept central dans le monde contemporain, les meilleurs exemples à aborder sont la Chine et les États-Unis d'Amérique. Les deux pays gardent à l'esprit que leur objectif principal est de gagner du pouvoir, mais les moyens qu'ils utilisent à cette fin sont différents. 

Si l'on parle d'abord de la Chine, on peut dire qu'elle est à l'origine de la première définition de la géoéconomie. Elle utilise sa situation et sa géographie pour améliorer son économie au niveau mondial, ce qui définit en fin de compte ses objectifs géoéconomiques. L'objectif principal de la Chine est de devenir un géant économique dans la région asiatique, puis dans le monde entier, en aspirant peut-être à devenir une superpuissance par la suite. Cependant, la manière dont elle poursuit son objectif est assez intéressante. La BRI (Belt & Road Initiative) de la Chine est une étape plus importante qui reflète l'utilisation de l'économie pour promouvoir et défendre les intérêts nationaux afin d'obtenir les résultats géopolitiques souhaités. La Chine a pris des mesures sévères en matière de sécurité économique et nationale pour faire progresser l'innovation et la production technologique tout en privilégiant l'autosuffisance. Cette mesure a été prise pour maintenir l'économie chinoise sur les rails et pour réduire l'écart militaire entre les États-Unis et la Chine.

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Nous sommes à l'ère de la technologie et ces avancées jouent ici un rôle crucial dans la sauvegarde de ses intérêts économiques et dans la transition du pouvoir au niveau mondial. Les États-Unis sont l'acteur le plus important en matière d'avancées technologiques. Toutefois, la Chine, en tant que puissance montante, a choisi son propre type d'"impératif d'innovation". La Chine a fait des petits pays son public cible tout en augmentant ses consommateurs de jour en jour. On peut donner l'exemple d'un iPhone américain et d'un appareil chinois Xiaomi ayant les mêmes caractéristiques. Un habitant d'un pays du tiers monde optera pour Xiaomi. C'est pourquoi Xiaomi est devenue la deuxième marque la plus vendue au monde en très peu de temps. Les États-Unis ont sérieusement critiqué la Chine en la qualifiant de "nation copieuse", mais qui s'en soucie lorsque vous obtenez cette même qualité américaine mais avec un label chinois à bas prix ? C'est la meilleure technique, utilisée par n'importe quelle nation à travers l'histoire. Selon le plan Made in China 2025, la Chine cherche à atteindre une autosuffisance de 70 % sur les marchés de haute technologie et aspire à dominer le marché mondial d'ici 2049. Selon son président, l'autosuffisance en matière de technologies est obligatoire pour des raisons économiques et de sécurité.

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L'approche géoéconomique de la Chine ne se limite pas à des fins économiques et sécuritaires, mais couvre également un aspect de coordination entre l'État chinois et les acteurs du marché dans le monde. La Chine apporte également un soutien total à la construction d'infrastructures pour les avancées technologiques et cherche ensuite, par le biais de la BRI, à fournir ces produits à près de la moitié du monde.

La Chine utilise des connaissances multidimensionnelles et des produits basés sur la technologie pour atteindre ses objectifs économiques, puis, par le biais des routes commerciales, pour atteindre ses objectifs géopolitiques. La Chine représente une menace de plus en plus importante pour les États-Unis en raison de son approche géoéconomique, jusqu'à présent couronnée de succès.

Les États-Unis d'Amérique, en revanche, ont une approche différente de la poursuite de leurs objectifs. En tant que superpuissance, les États-Unis ont pour objectif principal de maintenir leur hégémonie mondiale, coûte que coûte. Pour cela, ils utilisent généralement leur puissance militaire ou économique, car ils disposent d'un surplus dans les deux domaines. En dehors de cela, les États-Unis aiment aussi travailler diplomatiquement de manière sournoise par le biais de proxies. D'abord, ils utilisent la carotte pour amener leurs alliés dans différentes régions à protéger leurs intérêts; sinon, ils optent pour une intervention militaire directe en toute illégitimité.

Un exemple récent est la guerre contre la terreur menée contre Al-Qaïda. Le Pakistan était leur allié de première ligne dans cette guerre et tout cela parce qu'Al-Qaïda a porté atteinte à leur sécurité géographique. Les États-Unis sont entrés en Afghanistan et se sont présentés comme le faisant pour le bien général de l'humanité. En outre, des milliers d'Irakiens sont morts pendant l'invasion de 2003 et toute la région a été mise à feu et à sang. Les États-Unis ont suivi pendant de nombreuses années l'utilisation d'organisations financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale, etc.

Le travail de la Banque mondiale et du FMI fait l'objet de critiques sévères car ils travaillent généralement dans l'intérêt des États-Unis. Le FMI accorde des prêts à divers pays sous le prétexte fallacieux de les "aider", mais leur impose des conditions strictes, qu'ils ne peuvent pas respecter.

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La principale raison d'une politique aussi rigide est de faire en sorte que l'économie de ces pays soit réduite à claudiquer péniblement jour après jour et qu'ils continuent à dépendre des Américains jusqu'à la consommation des textes. Les programmes du FMI suppriment également la souveraineté que les États devraient avoir sur leurs propres affaires économiques. Les séides du FMI introduisent leur propre vision de la politique, qui doit être mise en œuvre dans le pays concerné. Ils suggèrent une autonomie totale pour les banques centrales, la privatisation des biens publics et des amendements aux lois du travail qui donnent un pouvoir incontrôlé aux employeurs pro-capitalistes.

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Le récent projet de loi visant à donner une autonomie à la State Bank of Pakistan est le meilleur exemple pour comprendre la tactique des syndicats américains. Dans ces situations difficiles, il devient automatiquement impossible pour un pays de redresser son économie et il finit par tomber dans un esclavage perpétuel. Tout cela est fait pour maintenir l'hégémonie mondiale du bloc capitaliste dirigé par les États-Unis. Ces dernières années, le Pakistan a figuré sur la liste des pays les plus visés par les États-Unis, précisément en raison de son inclinaison vers la Chine. Les États-Unis ont alors établi un partenariat avec l'Inde pour affronter la Chine dans la région et suspendre leurs vieille alliance avec le Pakistan afin d'obtenir des avantages géo-économiques.

En conclusion, l'approche américaine de la poursuite de ses objectifs a été impitoyable et draconienne tout au long de l'histoire, mais la Chine s'est jusqu'à présent révélée nettement moins brutale pour toutes les parties concernées.

Article original d'Abu Hurrairah :

https://www.geopolitica.ru/en/article/us-china-geoeconomics-tussle

Traduction par Costantino Ceoldo

Biden ne mettra pas fin aux « guerres sans fin ». Il en prépare même de nouvelles

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Biden ne mettra pas fin aux « guerres sans fin ». Il en prépare même de nouvelles

Par Moon of Alabama

Daniel Larison écrit que la politique étrangère de Joe Biden est probablement pire que celle de Trump :

Le bilan de la politique étrangère de Joe Biden en tant que président au cours 
de ses six premiers mois a été aussi mauvais que ses critiques non-interventionnistes
et anti-guerre le craignaient. Biden a pris une décision importante et correcte
qu'il semble suivre jusqu'au bout, à savoir le retrait des dernières troupes
américaines d'Afghanistan, mais même dans ce cas, il y a des raisons de s'inquiéter
que les forces américaines soient relocalisées dans d'autres pays voisins et que
la guerre contre les talibans se poursuive de loin. Sur presque tous les autres
fronts, Biden n'a pas seulement échoué à défaire certaines des politiques les
plus mauvaises et les plus destructrices de son prédécesseur, mais dans de
nombreux cas, il les a ancrées et renforcées.

Biden n’a pas réussi à arrêter la guerre américano-saoudienne au Yémen. Il maintient des troupes en Irak et en Syrie. Son retrait d’Afghanistan s’avère être un leurre. Il sabote le retour aux accords sur le nucléaire iranien.

Les États-Unis, en contradiction avec leur accord avec les Talibans passé à Doha, ont relancé une campagne de bombardement aérien les visant et vont probablement la poursuivre pendant des années :

Le plus haut général américain chargé de superviser les opérations en Afghanistan 
n'a pas voulu dire dimanche soir si les frappes aériennes américaines contre les
talibans prendraient fin le 31 août, date que les responsables avaient précédemment
fixée comme limite pour ces attaques. Le général Kenneth F. McKenzie Jr, chef du Commandement central des États-Unis,
a refusé de s'engager à mettre fin au dernier levier militaire qu’ont les États-Unis
contre les talibans : les frappes aériennes. ...  

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Les talibans ont réagi furieusement aux frappes, affirmant que c’étaient une 
violation de l'accord négocié entre le groupe militant et les États-Unis en 2020. L’intensité des frappes contre les talibans reflète un nouveau sentiment d'urgence
à Washington qui considère que le gouvernement afghan est en danger. "Je ne suis pas en mesure de faire des commentaires sur l'avenir des frappes
aériennes américaines après le 31 août"
, a déclaré le général McKenzie aux

journalistes après avoir rencontré le président afghan, Ashraf Ghani, et ses
collaborateurs plus tôt dans la journée.

Les talibans ont récemment fait un gros travail de diplomatie en se rendant à Moscou, Pékin et Téhéran. Avec le Pakistan, qui continue à fournir aux talibans des armes et de la main-d’œuvre, ces pays préparent un avenir où les talibans auront le contrôle total du gouvernement afghan, ou du moins un rôle important dans celui-ci. Ils ont promis d’investir en Afghanistan, même si le pays est dirigé par les talibans.

Mais les États-Unis s’opposeront à la reconstruction de la Route de la soie entre la Chine et l’Iran. Ils n’autoriseront pas que ces investissements en Afghanistan soit en sûreté. Au lieu de contrôler l’Afghanistan pour leurs propres besoins, comme ils l’ont fait pendant leur occupation, les États-Unis feront désormais tout leur possible pour empêcher les autres de profiter du pays.

Après avoir fait pression sur le président afghan pour qu’il laisse la place à un gouvernement provisoire, Biden le soutient à nouveau. Lors d’un appel téléphonique vendredi dernier, Biden s’est engagé à soutenir pleinement la ligne intransigeante maintenue par Ghani :

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Le président Joseph R. Biden, Jr. s'est entretenu aujourd'hui avec le président 
Ashraf Ghani d'Afghanistan. Le président Biden et le président Ghani ont discuté
de la situation en Afghanistan et ont réaffirmé leur engagement envers un partenariat
bilatéral durable. Le président Biden a insisté sur le soutien continu des États-Unis,
notamment en matière de développement et d'aide humanitaire, au peuple afghan, y
compris aux femmes, aux filles et aux minorités. Le président Biden et le président
Ghani ont convenu que l'offensive actuelle des talibans est en contradiction directe
avec la prétention du mouvement à soutenir un règlement négocié du conflit.
Le président Biden a également réaffirmé l'engagement des États-Unis à continuer
d'aider les forces de sécurité afghanes à se défendre.

Mais le gouvernement de Ghani n’a aucune chance de survie. Les talibans contrôlent les frontières de l’Afghanistan et peuvent se financer grâce aux droits de douane et aux taxes. Ghani n’aura donc pas les revenus nécessaires pour faire fonctionner l’État. Maintenant, Biden lui promet de donner 4 milliards de dollars par an à l’armée afghane tout en ayant peu de contrôle sur la façon dont cet argent sera dépensé. Ghani et son entourage feront de leur mieux pour piller cet afflux d’argent.

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Au lieu de laisser l’Afghanistan tranquille pour se trouver un nouvel équilibre, Biden est en train de réorganiser le Grand Jeu, dont l’Afghanistan sera à nouveau la première victime.

Pendant sa campagne, Biden avait promis de rejoindre l’accord nucléaire avec l’Iran. Mais aucune action n’a suivi. Les pourparlers avec Téhéran ont commencé trop tard et ont été remplis de nouvelles exigences que l’Iran ne peut accepter sans diminuer ses défenses militaires.

L’arrogance de l’administration Biden se manifeste pleinement lorsqu’elle croit pouvoir dicter ses conditions à Téhéran :

Si les États-Unis déterminent que l'Iran n'est pas prêt à revenir à la mise en œuvre 
complète de l'accord, ou que le programme nucléaire iranien a progressé à un point
tel que les limites de non-prolifération de l'accord ne peuvent pas être récupérées,
ils exploreront d’autres options, y compris pour renforcer l'application des sanctions
économiques, mais ils espèrent ne pas en arriver là, a-t-il dit. "Nous verrons s'ils sont prêts à revenir", a déclaré le haut diplomate américain.

Ce n’est pas l’Iran qui a quitté l’accord JCPOA approuvé par l’ONU. Ce sont les États-Unis qui sont revenus sur cet accord et ont réintroduit une campagne de sanctions « pression maximale » contre l’Iran. L’Iran a déclaré qu’il était prêt à réduire à nouveau son programme nucléaire dans les limites de l’accord JCPOA si les États-Unis supprimaient toutes les sanctions. C’est l’administration Biden qui refuse de le faire tout en formulant de nouvelles exigences. Il est évident que cela ne fonctionnera pas.

Aujourd’hui, le guide suprême iranien Ali Khamenei a rencontré le gouvernement sortant du président Rohani et a mis en garde le gouvernement entrant contre tout espoir que les États-Unis changent leur position déraisonnable :

Khamenei.ir @khamenei_ir - 9:20 UTC - 28 juil. 2021

Les autres devraient utiliser l'expérience du gouvernement de M. Rouhani. L'une 
de ces expériences est la méfiance envers l'Occident. Pour cette administration,
il est devenu clair que faire confiance à l'Occident n'est pas utile. Ils n'aident
pas et ils frappent partout où ils peuvent. Quand ils ne le font pas, c'est parce
qu'ils ne peuvent pas. Les administrations devraient absolument éviter de lier leurs plans à des négociations
avec l'Occident, car celles-ci échoueront certainement. Cette administration aussi, lorsqu'elle s'est appuyée sur des négociations avec
l'Occident et les États-Unis, elle a échoué, et lorsqu'elle s'est appuyée sur le
potentiel national, elle a réussi. Lors des récentes négociations nucléaires, les Américains sont restés obstinément
sur leur position. Lorsqu'ils font des promesses ou sur le papier, ils disent qu'ils
vont lever les sanctions, mais dans la pratique, ils ne l'ont pas fait et ne le
feront pas. Puis ils disent que de nouveaux articles doivent être ajoutés à un
accord qui a déjà été signé. L'Occident et les États-Unis sont totalement injustes et malveillants dans leurs
négociations. Ils n'hésitent absolument pas à violer leurs engagements. Dans l'accord
précédent, ils ont violé leurs engagements et ils ne donnent aucune garantie qu'ils
respecteront leurs engagements à l'avenir non plus.

Si les États-Unis ne reviennent pas dans l’accord JCPOA, sans imposer d’autres conditions, l’Iran finira par quitter l’accord et poursuivra son programme nucléaire comme il l’entend. Cette tactique intransigeante de Biden sera un échec total. On peut se demander ce que l’administration Biden a prévu de faire lorsque cela se produira.

Comme le résume Larison :

La politique étrangère de Biden est jusqu'à présent largement constituée d'échecs 
à atteindre ses objectifs déclarés et d'échecs à renverser les pires politiques
qu'il a héritées de Trump. Dans certains cas, Biden n'a même pas fait l'effort de
d’inverser les choses. L'administration Biden aime utiliser l'expression "America
is back" comme devise de sa politique étrangère. À en juger par les six premiers
mois de Biden, cela signifie simplement que l'Amérique est de retour aux mêmes
politiques destructrices et inhumaines que celles que nous avons menées pendant
des décennies.

Au lieu de mettre fin aux « guerres sans fin », comme Biden l’avait promis pendant sa campagne, il prolonge les anciennes tout en préparant le terrain pour de nouvelles.

C’est un choix qui ne sera pas bon pour les États-Unis d’Amérique.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

jeudi, 29 juillet 2021

Auteurs libertariens: une bonne petite bibliographie

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Auteurs libertariens: une bonne petite bibliographie

par Nicolas Bonnal

Les intellectuels libertariens ont révisé toute leur histoire américaine. À l’heure de l’État profond devenu fou et rigolo, ce n’est pas une inutile affaire ; deuxièmement, ils se rapprochent du guénonisme (c’est très visible chez l’Allemand Hans Hoppe). La montée de l’État, de la bureaucratie, de la réglementation, de la fiscalisation suppose une dégénérescence métaphysique, celle que pressentaient d’ailleurs les taoïstes chinois il y a plus de deux mille ans, quand les empereurs (relisez René Grousset) organisaient déjà des Grands remplacements de population: un autre livre à écrire ! La réfutation taoïste de l’État providence fut il y a vingt ans mon premier texte posté sur le web, par Alain Dumait, aux 4 vérités.Tout est disponible gratuitement sur Mises.org. Vous donnez ce que vous voulez. Je ne sais pas si j’écrirai un livre de présentation de cette splendide école, qui se rattache à Tocqueville, Benjamin Contant, et Frédéric Bastiat. Raico n’aimait pas trop Hayek et il adorait ces penseurs français. Une grande partie des libéraux que j’ai connus dans les années quatre-vingt-dix ont fini néocons.

J’ai insisté surtout sur les travaux historiques, plus intéressants pour nous.

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On commence par Murray Rothbard, auteur du manifeste libertarien. Ses pages sur l’histoire diplomatique sont extraordinaires de culot, de bon sens et d’autorité. Il exonère Staline pour la Guerre Froide, comme Ralph Raico d’ailleurs ! On peut lire aussi son livre sulfureux sur Wall Street et les banques. Enfin, bien sûr, Rothbard irrépressible, où il défend sa conception de la culture et du cinéma, qui est la mienne ; et le film de Corneau Tous les matins du monde. Dans le même livre, Murray faisait la chasse aux chasseurs d’antisémites ! On n’a pas fini de rire ! C’était à propos des menaces et des insultes qui frappaient le pauvre Buchanan. Murray définit nûment la théorie de la conspiration « Ce qui s’oppose au mensonge des historiens officiels. »

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Ralph Raico est mort en 2016, raison de plus pour l’honorer cinq ans plus tard, ce maître. Son chef-d’œuvre concerne les grands leaders et les grandes guerres. Ces grands leaders sont tous des catastrophes car pour devenir un grand président, il faut la guerre, civile ou mondiale. Wilson, Lincoln, Roosevelt, etc. sont restés dans les mémoires grâce à leurs horreurs.

Lisez aussi le Raico sur les libéraux romantiques français.

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Shaffer Butler : Les magiciens d’Ozymandia, d’après le beau poème oublié de Shelley. Le ton est plus philosophique et traditionnel. Butler fait le commentaire de l’écroulement vaseux de la civilisation US et occidentale. C’est lui l’auteur du « test Hitler », d’où il ressort que « l’écolo antitabac, contrôleur de vitesse, végétarien et guerrier humanitaire Hitler est, quand il est présenté anonymement, plus populaire auprès des jeunes que Jefferson (esclavagiste, rebelle armé, contrebandier, planteur de tabac,…) »

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John Denson, Les reconsidérations sur la présidence. Livre collectif et splendide sur la montée du totalitarisme américain. Une contribution de l’universitaire Michael Levin, sur le président comme ingénieur social. Comment aussi on a saboté les études (un autre grand humaniste juif, Harold Bloom, en avait parlé), l’armée, tout au nom du PC.

Les coûts de la guerre, essai sur les victoires pyrrhiques de l’Amérique. Merveilleux ouvrage collectif. Édité encore par John Denson. Extraordinaire contribution de Rothbard sur les deux seules guerres justes (1776 et Sécession, côté sudiste bien sûr) et de Joseph Stromberg sur la guerre hispano-américaine de 1898, qui démarra avec un faux attentat et se termina par un génocide aux Philippines, puis la fondation de l’interventionnisme destructeur et presque calamiteux (Cuba, Corée, Vietnam, l’Amérique centrale…).

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La Guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle par Harry Elmer Barnes. J’ai évoqué Frédéric Sanford sur la manière dont Roosevelt empêcha un règlement européen et antihitlérien à Munich. Sur ces sinistres affaires, lire et relire aussi Guido Preparata. Hitler, le monstre anglophile et utile pour la dominance anglo-saxonne dans ce monde…

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Le mythe de Roosevelt de John Flynn qui a vu la montée de l’ère managériale en même temps que James Burnham. Livre effarant par sa justesse. Lisez tout John Flynn, journaliste et héros de la guerre antisystème.

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Thomas Di Lorenzo : Lincoln, qui montre ce que tous les lecteurs de mémorialistes savaient : Lincoln détraqué, homme du business et des tarifs douaniers, fanatique étatique de la loi, et qui prépara sur les cendres du vieux sud (600 000 morts pour abolir un esclavage aboli partout ?) le nouveau désordre américain.

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Démocratie, le dieu qui a échoué, de l’Allemand Hans-Hermann Hoppe. Un régal pour les réacs.

 

vendredi, 09 juillet 2021

Afghanistan, Pakistan : l’échec américain...

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Afghanistan, Pakistan : l’échec américain...

Général Jean-Bernard Pinatel

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Jean-Bernard Pinatel, cueilli sur Geopragma et consacré à l'échec américain en Asie centrale... Officier général en retraite et docteur en sciences politiques, Jean-Bernard Pinatel a déjà publié plusieurs essais dont Russie, alliance vitale (Choiseul, 2011) et Carnet de guerres et de crises 2011-2013 (Lavauzelle, 2014).

Afghanistan, Pakistan : l’échec américain

Le 4 juillet 2021, jour de  l'« independance day », les Etats-Unis achèveront leur retrait d’Afghanistan mettant un terme à 20 ans de guerre, la plus longue de leur histoire au cours de laquelle au 13 avril 2021  ils avaient perdu 2 349 soldats et avaient déploré 20 149 blessés.

Pour effectuer un retrait de leurs troupes d’une façon honorable, le 12 septembre 2020, les Américains ont lancé la nième négociation intra afghane avec les Talibans. Mais pas un seul observateur de bonne foi peut croire que les Talibans voudront les poursuivre après le 4 juillet. Pourquoi ? Parce qu’en Afghanistan les Etats-Unis ont fait face à une guerre révolutionnaire dans laquelle les objectifs religieux des talibans « instaurer un ordre islamique et vertueux pour remplacer l’ordre païen et corrompu » se sont entremêlés avec les objectifs mafieux des trafiquants de pavot. En effet, devant la nécessité de financer leur guerre et de s’attacher la complicité des campagnes, les Talibans ont décidé de faire des producteurs et des trafiquants de pavot, leurs compagnons de route alors qu’avant l’invasion américaine ils les exécutaient. Cette interdépendance nous la retrouvons dans nos banlieues. Elle est la cause des échecs de la politique de réconciliation que le Président Kasaï a tenté plusieurs fois de négocier. Pour les Talibans il n’est pas question de composer avec un pouvoir corrompu, pour les trafiquants, la paix est synonyme de développement économique et donc de fin de leur business alors qu’en temps de guerre, la culture du pavot et leur trafic sont une condition de survie pour la population rurale.

Même la représentante spéciale de l’ONU Mme Lyons n’y croit pas. Tout en saluant diplomatiquement les avancées dans les pourparlers de paix entre l’Afghanistan et les Talibans, puisque les deux parties ont annoncé le 2 décembre 2020 « qu’elles avaient formé un comité de travail chargé de discuter de l’ordre du jour », elle s’est inquiétée d’une violence incessante qui reste « un obstacle sérieux à la paix ». 

En effet, entre le 13 juillet et le 12 novembre 2020, 9600 atteintes à la sécurité attribuées aux Talibans à Al Qaida ou à Daech ont été recensées dans tout le pays. En octobre et novembre 2020, les engins explosifs improvisés ont ainsi causé 60% de victimes civiles de plus qu’à la même période en 2019. Et au dernier trimestre 2020, le nombre d’enfants victimes de violences a augmenté de 25% par rapport au trimestre précédent.  Les attaques contre les écoles ont été multipliées par quatre.

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Même à Kaboul, les Américains et les forces gouvernementales n’arrivent pas à assurer la sécurité.  Le 8 mai 2021, deux mois avant le retrait total des forces américaines, une explosion devant une école pour filles à Kaboul fait au moins 85 morts et des centaines de blessés ; 8 jours plus tard le 15 mai 2021, un attentat revendiqué par Daech dans une mosquée soufi, a occasionné plus de 60 morts et plusieurs centaines de blessés.  

Comment expliquer cet échec de la première puissance militaire et économique du monde.

La première cause de cet échec est l’inadaptation totale de la politique de défense, de la stratégie opérationnelle et de l’armée américaine à la menace.

La première erreur stratégique des conseillers de Bush junior a été de croire que l’on pouvait gagner cette guerre sans modifier la doctrine d’emploi de leurs forces classiques prévue pour des combats de haute intensité. Conformément à la doctrine militaire américaine, ils ont mené comme en Irak jusqu’en 2009 une guerre à distance sans mobiliser et entrainer des troupes locales et en causant des pertes considérables à la population.

L’inadaptation de cette stratégie opérationnelle est résumée par le colonel Michel Goya dans ses « impressions de Kaboul », je cite : « une mission moyenne de deux heures de vol, sans tir, d’un chasseur bombardier américain équivaut presque à la solde mensuelle d’un bataillon Afghan ».

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Bien plus, Michel Goya dans « les armées du chaos » donne un exemple édifiant de l’inefficacité de cette guerre à distance, je cite : « des statistiques montrent qu’il faut aux américains une moyenne de 300 000 cartouches pour tuer un rebelle en Irak ou en Afghanistan ». Le chef de bataillon d’Hassonville du 2ème REP écrivait en écho dans le Figaro du 20 avril 2010 : « L’une des clés du succès du contingent français dans sa zone de responsabilité est d’être parvenu à contrôler nos ripostes et de ne tirer que pour tuer des cibles parfaitement identifiées ».

Ce choix initial a entrainé des pertes considérables dans la population tant en Afghanistan qu’au Pakistan. L’étude « Body count » menée par des médecins légistes anglo-saxons, que l’on peut télécharger sur le web, chiffre entre 2003 et 2011 à au moins de 150 000 civils tués par les frappes américaines en Afghanistan et de l’ordre de 50 000 au Pakistan.

Cette analyse est confirmée par le Général Stanley Cristal qui, prenant le commandement du théâtre d’opérations en juin 2009, déclare dans son premier discours aux troupes américaines « je crois que la perception causée par les pertes civiles est un des plus dangereux ennemis auquel nous devons faire face ».

La seconde raison de cet échec est que Washington a cru qu’il pourrait gagner ce conflit local sans adapter sa stratégie diplomatique et militaire mondiale qui considérait la Chine et la Russie comme les deux menaces principales. C’est une erreur récurrente des Américains, ils croient toujours qu’ils peuvent ménager la chèvre et le chou.

Ainsi depuis le début du XXIème, les Etats-Unis confrontés à la montée en puissance de la Chine, ont initié un partenariat stratégique avec l’Inde. En 2005, les deux pays ont signé un accord-cadre de défense de dix ans, dans le but d’étendre la coopération bilatérale en matière de sécurité. Ils se sont engagés dans de nombreux exercices militaires combinés et l’Inde a acheté d’importantes quantités d’armes américaines ce qui fait des États-Unis l’un des trois principaux fournisseurs d’armement de l’Inde après la Russie et Israël.

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Ce partenariat stratégique avec leur ennemi héréditaire, a inquiété les stratèges pakistanais qui ont revu à la baisse leur engagement aux côtés des Etats-Unis au moment même où les Américains avaient besoin d’une collaboration sans faille du Pakistan pour gagner la guerre en Afghanistan.  En effet, les Talibans sont majoritairement des Pachtounes qui représentent 40% de la population afghane et leur ethnie est présente de part et d’autre de la frontière avec le Pakistan. Ainsi les Américains n’ont jamais pu obtenir une coopération efficace pour éviter que le Pakistan ne constitue une base arrière pour les Talibans. En effet les dirigeants pakistanais, obnubilés par leur conflit avec l’Inde, doivent prendre en compte la possibilité que les Talibans puissent revenir un jour au pouvoir à Kaboul. Or l’Afghanistan est pour eux un allié vital car il leur offre la profondeur stratégique qui leur manque face à l’Inde.

De même, en se rapprochant de l’Inde, les Américains ouvraient la porte à la Chine qui s’est empressée de nouer un partenariat stratégique avec le Pakistan.  Il s’est rapidement concrétisé par une très importante coopération militaire et économique. Le New-York Times du 19 décembre 2018 écrit je cite : « depuis 2013, année de lancement des routes de la Soie le Pakistan est le site phare de ce programme : le corridor industriel actuellement en travaux à travers le Pakistan – environ 3 000 kilomètres de routes, de voies ferrées, d’oléoducs et de gazoducs – représente à lui seul un investissement de quelque 62 milliards de dollars ». 

Pour la partie chinoise, un double impératif stratégique a guidé sa signature : la sécurisation de ses voies d’approvisionnement en pétrole et en gaz en bâtissant une voie terrestre d’acheminement évitant le détroit de Malacca et pouvant à terme aller jusqu’à l’Iran et la lutte « contre les trois fléaux » qui menacent le Xinjiang chinois : terrorisme, extrémisme, séparatisme. Trois mois après cette signature Ben Laden était exécuté par des navy seals américains ; coïncidence troublante quand on sait qu’il était l’instigateur de nombreux attentats islamistes en Chine.

Depuis cette coopération stratégique n’a fait que se renforcer. En mai 2019, le vice-président chinois Monsieur Wang a effectué une visite au Pakistan au cours de laquelle il s’est entretenu avec le président et le Premier ministre pakistanais du renforcement des relations bilatérales. M. Wang a déclaré que la Chine et le Pakistan étaient des “amis de fer”.

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Par ailleurs les Américains ont rejeté avec dédain l’aide des Russes que Poutine a proposée juste après le 9/11. Le 2 octobre Poutine avait rencontré le secrétaire général de l’OTAN à Bruxelles et lui a proposé l’aide de la Russie contre Al-Qaida notamment au Tadjikistan où stationnait la 201 division de fusiliers motorisés russe ; en Ouzbékistan où ils possèdent une base aérienne à Ghissar. Mais pour le complexe militaro-industriel américain l’opposition avec la Russie était à l’époque vitale car elle leur permettait de justifier un budget militaire qui était pourtant dix fois supérieur à celui de la Russie alors que la menace militaire chinoise était alors insignifiante.

20 ans plus tard pour Biden et ses conseillers, il est temps de tourner la page et d’éviter une alliance stratégique de la Russie avec la Chine et je partage l’analyse de Renaud Girard qui dans Figaro vox met la rencontre Biden-Poutine du 16 juin 2021 à Genève sous la raison de leur intérêt commun : freiner l’ascension de la Chine. Certes cela ne se fera pas en un jour mais cela permet d’identifier que l’absence de vision stratégique à long terme des hommes politiques occidentaux et par conséquence l’absence de prise en compte des conséquences des stratégies mondiales des grands acteurs internationaux sur les théâtres d’opération régionaux ne permet pas de gagner les guerres régionales.

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Macron devrait s’en inspirer et, plus que l’appui significatif des européens que nous recherchons désespérément sans succès depuis 10 ans, c’est de celui de la Russie dont nous avons besoin au Sahel. J’ai publié en 2011 un livre intitulé « Russie alliance vitale » où je montrai que ce pays était notre meilleur allié face à l’islamisme et à la montée en puissance de la Chine. Malheureusement Sarkozy, Hollande et Macron, vassaux zélés de Washington, se sont lancés en Libye, Syrie et Sahel dans des opérations extérieures sans mettre en place le contexte diplomatique qui aurait permis de transformer nos victoires militaires en succès politiques.

En conclusion :

Le retrait américain marque la fin de la domination anglo-saxonne sur l’Asie centrale que les britanniques avaient établis depuis le milieu du XIXème siècle et une preuve de plus de la montée en puissance de l’Asie face à l’Occident. La France qui se prépare à modifier sa stratégie dans le Sahel devrait tirer les leçons de cet échec américain en Afghanistan et au Pakistan.

Jean-Bernard Pinatel (Geopragma, 28 juin 2021)

Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

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Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/multilateralismo-americano-e-resa-europea-senza-condizioni

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera une reddition inconditionnelle de l'Europe aux États-Unis.

Nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme

L'Amérique est-elle de retour ? En réalité, sa présence en Europe, avec ses bases militaires et son leadership politique et culturel, n'a jamais faibli. Biden, avec le G7 et le sommet de l'OTAN à Bruxelles, a voulu redéfinir les relations avec les alliés en fonction des nouveaux équilibres politiques qui se dessinent après la crise de la pandémie. Le retour de l'engagement américain direct, qui constitue un tournant par rapport à la politique d'unilatéralisme de Trump, vise à recomposer le front européen dans le contexte d'un leadership américain renouvelé. La relance des relations atlantiques s'est donc faite dans un climat d'enthousiasme de la part des pays européens, déjà orphelins du protectorat américain en raison de la politique de désengagement de Trump vis-à-vis de l'OTAN.

L'UE a en effet été conçue comme un organe économique et monétaire supranational au sein d'une alliance atlantique, qui s'est étendue à l'Europe de l'Est après la fin de l'URSS. L'UE est une puissance économique qui a délégué sa sécurité à l'OTAN et est donc devenue une entité géopolitique subordonnée et homologuée à la puissance américaine.

Toutefois, l'enthousiasme des alliés européens a vite été déçu, car le tournant géopolitique de Biden, outre un multilatéralisme renouvelé de l'alliance atlantique, prévoit également une redéfinition du rôle de l'OTAN en fonction de l'endiguement de la Chine et de la Russie, ce qui impliquerait également les alliés européens. Biden, en effet, a préfiguré une coopération avec les puissances militaires européennes, qui impliquerait le transfert des flottes européennes vers le Pacifique, dans le but de contenir l'expansion économique, politique et militaire de la Chine.

La politique d'hostilité antagoniste de Biden envers la Chine et la Russie par rapport à Trump reste inchangée. Toutefois, la stratégie a changé, puisque Biden a inauguré une nouvelle politique multilatérale à l'égard des alliés européens, avec une implication directe relative de l'Europe dans la géopolitique américaine. Nous pourrions définir la politique de Biden par un slogan : nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme.

Il ne s'agit pas d'une nouvelle guerre froide

En réalité, le multilatéralisme de Biden prend la forme d'une "ligue des démocraties" où le leadership américain s'oppose à la Russie et à la Chine en tant que puissances autoritaires. On peut donc se demander si cette opposition entre les puissances mondiales ne représente pas un renouveau de la "guerre froide", celle née de la bipolarité USA-URSS après la Seconde Guerre mondiale. Cette hypothèse ne semble pas crédible. En effet, après le déclin de l'unilatéralisme américain suite à l'effondrement de l'URSS, avec l'émergence de nouvelles puissances continentales comme la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran et l'Afrique du Sud, un nouveau multilatéralisme géopolitique a vu le jour, caractérisé par une interdépendance économique et financière mondiale et par des conflits et des alliances très précaires et diversifiés.

De plus, avec la guerre froide, un contraste a été établi entre l'Occident libéral et démocratique et les pays du socialisme réel, comme un affrontement entre deux systèmes politiques et idéologiques alternatifs. Aujourd'hui, dans la confrontation des Etats-Unis contre la Russie et la Chine, les motivations idéologiques apparaissent beaucoup plus floues, dans la mesure où le modèle néo-libéral s'est imposé, même si c'est avec des différences marquées, au niveau mondial. L'affrontement est donc essentiellement de nature géopolitique, marqué, s'il en est, par un cadre idéologique entièrement américain : démocraties contre autocraties.

La même rencontre entre Biden et Poutine, prélude à une politique américaine d'endiguement de la Russie beaucoup plus douce que celle envers la Chine. Lors du sommet Biden-Poutine, la volonté de réduire les dépenses d'armement, de conclure une trêve dans la cyberguerre et de s'entendre sur un engagement commun dans la lutte contre le terrorisme a émergé. Il en ressort clairement la volonté américaine d'adopter une politique moins hostile envers la Russie, afin d'éviter la formation d'un bloc unitaire Moscou-Pékin opposé à l'Occident.

L'Amérique est de retour

Il semble évident que la stratégie de Biden ne peut être conciliée avec les intérêts européens. La Russie, à l'exception des pays d'Europe orientale, ne représente pas une menace pour la France, l'Allemagne et l'Italie. Une opposition européenne claire et nette, alignée sur les États-Unis, n'est pas non plus envisageable en ce qui concerne la Chine. La menace chinoise se fait sentir en Europe en termes de sauvegarde des industries stratégiques, de pénétration commerciale et de protection des données sensibles, mais il est impensable que l'Europe se prive de la technologie chinoise, ou qu'elle fasse disparaître les relations d'import-export vers et depuis la Chine. La Grande-Bretagne post-Brexit elle-même, bien qu'alignée sur les stratégies américaines dans le Pacifique, n'a certainement pas l'intention de se priver de l'afflux de capitaux chinois à la Bourse de Londres.

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Mais surtout, cette extension de la présence de l'OTAN à la zone Pacifique, dans une fonction anti-chinoise, conduirait à une nouvelle implication européenne dans de nouveaux conflits potentiels suscités par les Américains. L'histoire récente aurait dû faire prendre conscience aux Européens que les guerres expansionnistes américaines en Irak, en Afghanistan (conclues par le récent retrait unilatéral des États-Unis), en Libye, en Syrie, en Ukraine, en plus de provoquer des dévastations et des massacres aveugles parmi la population et de nouveaux conflits irrémédiables dans diverses régions du monde, se sont toujours terminées par des défaites périodiques de l'Occident sur le plan géopolitique et ont augmenté de façon spectaculaire la propagation du terrorisme islamique, dont l'Europe a été la principale cible.

En outre, les investissements européens ont subi des pertes importantes en raison des sanctions imposées unilatéralement par les États-Unis à la Russie, à l'Iran et au Venezuela. A ce sujet, Massimo Fini s'exprime dans son article "Assez de suivre le maître américain" : "La leçon de l'Afghanistan ne nous a-t-elle pas suffi ? De toute évidence, non. Au G7, on n'a parlé que de multilatéralisme, d'une alliance étroite entre "les deux rives de l'Atlantique". Le "multilatéralisme" n'est rien d'autre que la confirmation de la soumission de l'Europe aux Etats-Unis. Une soumission dont l'OTAN a été un instrument essentiel pour maintenir l'Europe dans un état de minorité, militaire, politique, économique et finalement aussi culturelle".

En ce qui concerne le multilatéralisme américain, que Biden a annoncé au sommet de l'OTAN à Bruxelles avec le slogan "America is back", Lucio Caracciolo a voulu préciser dans "La Stampa" du 16/06/2021, qu'il serait erroné de le traduire pour les Italiens par "Mother America is back", car le sens de ce slogan serait : "Sur les choses qui comptent, nous décidons, vous les appliquez". Pour le reste, vous apprendrez à vous débrouiller seuls. Nous ne faisons pas de la chirurgie ordinaire, seulement de la chirurgie pour sauver des vies". Il existe une continuité sous-jacente entre les politiques de Biden et de Trump: celle de Biden est un "America first" par d'autres moyens.

En effet, les espoirs des vassaux européens quant à un engagement militaire américain renouvelé pour la sécurité de l'Europe ont été déçus.

Pour les États-Unis, la priorité stratégique est l'endiguement de la Chine, mais l'endiguement de la Russie est beaucoup moins important et, par conséquent, il n'est pas prévu de renforcer l'OTAN en Europe. Il faut également noter que l'engagement des pays européens pris sous Trump et jamais démenti par Biden, d'allouer 2% du PIB national aux dépenses militaires a été complètement ignoré. L'Europe n'a jamais été consciente du changement des stratégies américaines et n'a pas non plus considéré que dans la géopolitique mondiale actuelle, cette Europe, militairement et politiquement soumise aux USA, ne représente qu'une plateforme géostratégique américaine pour l'expansion de l'OTAN en Eurasie (un projet actuellement reporté). Ce rôle géopolitique subordonné de l'Europe a été confirmé par les propos de Draghi lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles : "Une UE plus forte signifie une OTAN plus forte". L'Union européenne ne serait donc concevable que dans le cadre d'un dispositif atlantique avec un leadership américain.

Alberto Negri déclare à ce propos dans un article du "Manifesto" du 13/06/2021 intitulé "Le menu est seulement américain, l'Europe n'y est pas" : "Ce que l'Europe gagne dans cette "perspective" des relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique provient du retrait en Afghanistan qui n'a pas été sanctionné par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau. Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non".

Quelle contrepartie pour l'Europe ?

Dans le contexte de ce multilatéralisme américain renouvelé, qui impliquerait l'implication de l'Europe dans les stratégies globales américaines, il est légitime de s'interroger sur les contreparties que les Etats-Unis entendent payer à l'Europe en échange du partage des objectifs géopolitiques américains.

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En ce qui concerne la suppression souhaitable de la politique protectionniste promue par Trump, Biden a conclu un accord de trêve avec l'Europe concernant le différend Airbus - Boeing, tandis qu'en ce qui concerne la guerre des droits sur les importations d'acier et d'aluminium, la situation reste inchangée. De même, des divergences subsistent entre les États-Unis et l'UE au sujet des brevets sur les vaccins, que les Américains voudraient abolir et que les Européens (principalement l'Allemagne) voudraient maintenir.

En ce qui concerne l'opposition américaine à la construction du gazoduc Nord Stream 2 (qui, selon les Américains, rendrait l'Europe dépendante de la Russie en matière d'énergie), grâce auquel le gaz russe arriverait directement en Europe, les sanctions n'ont été suspendues que pour le moment, mais l'hostilité américaine reste inchangée. L'UE veut imposer des droits sur les produits à forte intensité de carbone, mais l'opposition américaine à cette volonté est bien connue.

Mais les désaccords les plus importants concernent les relations économiques entre l'Europe et la Chine. L'économie européenne est liée à la Chine dans les domaines de l'innovation technologique, des télécommunications, des technologies pour la révolution verte et des puces nécessaires aux produits à haute valeur ajoutée tels que la téléphonie et les voitures. Par conséquent, si les États-Unis poursuivent une stratégie visant à découpler l'Europe de la Chine et de la Russie, ils doivent proposer des alternatives crédibles.

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Toutefois, les États-Unis restent opposés à une intervention au nom de l'Europe dans la crise libyenne afin de contrer les visées expansionnistes d'Erdogan sur la Libye.

Ils devraient également promouvoir les plans d'investissement en Europe.

Cependant, lors du G7, seul un accord a été conclu pour le versement de 40.000 milliards de dollars aux pays les plus en retard. La manière dont cet argent sera collecté n'est toutefois pas claire, car les États américains et européens se sont engagés à utiliser leurs ressources pour la relance économique post-pandémie. M. Biden a également annoncé la possibilité de nouveaux accords commerciaux entre l'Europe et les États-Unis pour remplacer la route de la soie, mais pour l'instant, cela reste entièrement théorique. Ces accords pourraient être une nouvelle proposition du traité transatlantique déjà promu à l'époque d'Obama, qui prévoyait la suppression des barrières commerciales entre les États-Unis et l'Europe, avec l'abrogation relative des lois des États considérées comme incompatibles avec le libre marché, y compris les réglementations en matière de santé et de sécurité alimentaire. Au grand soulagement des Européens, ce traité n'a jamais vu le jour et il est toujours impensable de passer des accords avec les États-Unis qui permettraient l'importation en Europe de produits pharmaceutiques et agro-industriels ne répondant pas aux normes de santé et de sécurité alimentaire fixées par la réglementation européenne.

Les réactions européennes et le pro-américanisme de Draghi

Les réactions européennes à la stratégie de multilatéralisme de Biden ne se sont pas fait attendre.

Mme Merkel a exprimé son désaccord, déclarant que les États-Unis et l'Allemagne ont une perception différente du danger de la pénétration chinoise et de l'agressivité de la Russie.

Macron, tout en réitérant la loyauté de la France envers l'OTAN, a déclaré que la Chine n'est pas dans l'Atlantique et s'est donc déclaré opposé à une extension de la zone d'influence de l'OTAN dans le Pacifique.

En ce qui concerne l'Italie, Draghi a plutôt déclaré son assentiment à la politique d'opposition à la Chine suggérée par Biden. Cette prise de position pourrait donc entraîner des changements substantiels dans la politique étrangère italienne, ce qui conduirait à l'abrogation du mémorandum signé par l'Italie avec la Chine, concernant la route de la soie.

La position pro-américaine adoptée par Draghi, pourrait avoir pour but d'obtenir le soutien américain dans la crise libyenne, qui implique de manière décisive les intérêts italiens. La Russie et la Turquie, bien que dans des camps opposés, se sont installées en Libye, suite au désengagement américain en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Mais les États-Unis n'ont pas l'intention de s'engager pour contrer les visées expansionnistes turques en Méditerranée et l'UE ne veut pas et n'est pas en mesure de s'opposer aux visées néo-ottomanes d'Erdogan. Bien qu'il soit prévisible dans un avenir proche une escalade de la pénétration politique, militaire et religieuse de la Turquie en Europe, une Turquie qui pourrait s'élever au rôle de pays leader de l'Islam sunnite, comme l'était l'Empire ottoman.

La Turquie est cependant membre de l'OTAN, dont la position stratégique est essentielle dans la politique d'opposition américaine à la Russie. La construction du "canal d'Istanbul", une infrastructure de liaison entre la mer Noire et la mer de Marmara, a récemment été approuvée par le parlement turc.

Un canal parallèle au Bosphore pour l'accès à la mer Noire

Le transit par le Bosphore est régi par la Convention de Montreux de 1936. Ce traité garantit le libre transit des navires marchands par le Bosphore, mais celui des navires militaires des pays non riverains de la mer Noire est soumis à des restrictions. Il est stipulé que les navires de guerre des pays tiers ne doivent pas dépasser 15.000 tonnes individuellement et 45.000 tonnes en tant que flotte. En outre, ces navires de guerre ne peuvent pas être stationnés en mer Noire pendant plus de 21 jours.

Toutefois, le "canal d'Istanbul" ne serait pas soumis à ce traité.

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Erdogan pourrait donc autoriser le stationnement de la flotte de l'OTAN en mer Noire dans un but anti-russe. Erdogan pourrait alors accorder aux États-Unis l'accès à la mer Noire pour le bénéfice de l'OTAN en échange de l'assentiment américain à une politique turque hégémonique en Méditerranée.

Face à une telle perspective, il est tout à fait absurde d'espérer un soutien américain anti-turc en Libye en faveur de l'Italie.

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera être une reddition inconditionnelle de l'Europe aux diktats des États-Unis.

L'Occident n'est pas un modèle de valeurs universelles

La confrontation entre les États-Unis et le bloc Russie-Chine revêt également une signification idéologique, en tant que défense des valeurs de l'Occident démocratique face à l'agressivité des autocraties russe et chinoise.

Tout d'abord, il convient de noter que l'Occident n'est pas un bloc unitaire et que le nouveau multilatéralisme de Biden ne fera qu'accroître les fractures au sein des États européens et entre eux. De plus, il existe un déséquilibre macroscopique entre la puissance américaine et ses alliés européens qui a pour conséquence que ce multilatéralisme n'existe que dans la mesure où les alliés se conforment aux diktats du leadership américain, sinon c'est l'unilatéralisme américain qui prévaudrait. Les dirigeants américains sont, par nature, hostiles à l'implication des intérêts des alliés dans la géopolitique américaine.

De plus, les Etats de l'Occident démocratique sont déchirés par des querelles internes irrémédiables (en premier lieu les Etats-Unis) qui pourraient à l'avenir affecter l'unité et la subsistance même de ces Etats.

Par conséquent, l'unité et la continuité de la politique étrangère des États de l'Occident sont devenues incertaines et problématiques. L'imposition du modèle néolibéral a progressivement privé les institutions politiques de leurs prérogatives premières, avec la dévolution dans l'UE de la souveraineté des États à des organes supranationaux technocratiques et oligarchiques non électifs. Les élites financières l'emportent sur les institutions, générant des inégalités sociales et des conflits incurables au sein des États et entre eux. La représentativité démocratique ainsi que la souveraineté populaire ont été perdues, la gouvernabilité des Etats est exercée par des majorités faibles et hétérogènes ou par des gouvernements d'union nationale: le modèle économique et politique de la démocratie libérale occidentale est en crise structurelle irréversible.

La décadence des institutions démocratiques a également provoqué la dissolution progressive des valeurs éthiques et culturelles de l'Occident.

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La démocratie ne peut exister dans une société dominée par des pouvoirs oligarchiques étrangers à la volonté du peuple. Au sujet de la dissolution des valeurs démocratiques de l'Occident, Andrea Zhok s'exprime ainsi dans un article intitulé "La défense de nos valeurs" :

"De quelles "valeurs occidentales" devrions-nous en fait parler ? La démocratie ? L'égalité ? La liberté de pensée ? Revendiquer les valeurs de la démocratie dans des pays où la moitié de la population ne va plus voter, où l'homogénéité indifférente du choix politique ne permet pas d'imaginer d'alternative, et où l'influence directe du capital privé sur la politique est effrontée, semble embarrassant. Revendiquer les valeurs d'égalité dans des pays où des dynasties héréditaires de super-riches passent à la télévision pour expliquer à la plèbe qu'elle doit affronter avec courage les défis du marché ressemble plus à un gag comique qu'à un véritable défi. Revendiquer les valeurs de la liberté de pensée dans des pays où les médias sont militairement occupés par les détenteurs du capital, agissant comme leur porte-parole, et où pour s'exprimer sans censure les gens se déplacent vers les médias sociaux russes (sic !), cela ressemble aussi plus à une blague qu'à un argument sérieux.

La vérité simple est que "nos valeurs", celles que nous serions tous courageusement appelés à défendre, sont en fait les valeurs déposées en banque par les principaux acteurs des pays occidentaux, une élite transnationale, domiciliée dans les paradis fiscaux, prête à mettre en pièces et à vendre au plus offrant n'importe quoi : histoire, culture, affections, dignité, territoires, personnes, santé. Et nous, les plébéiens dépossédés et les petits-bourgeois harassés, sommes préparés à un futur appel aux armes pour les défendre".

L'Occident ne constitue pas un modèle démocratique universel, ni un système crédible de valeurs éthiques. Chacun connaît les conséquences désastreuses de 20 ans d'exportation armée des droits de l'homme et des valeurs de la démocratie libérale occidentale contre les dits "Etats voyous", coupables de ne pas se soumettre à la domination américaine.

Au contraire, une dérive autoritaire de l'Occident est prévisible, comme le laisse présager la planification néolibérale mondiale du "Great Reset". En fait, l'objectif est d'établir en Occident une structure économique et politique autoritaire capable de s'opposer à l'efficacité et à la fonctionnalité du capitalisme autoritaire chinois, qui s'est révélé tellement plus efficace que l'Occident qu'il est en train de saper la primauté de la puissance américaine.

Le néolibéralisme de la quatrième révolution industrielle ne rendra pas démocratique l'Est de la Chine, mais il rendra totalitaire l'Ouest lui-même.

jeudi, 08 juillet 2021

La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

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La politique iranienne de Biden est déjà dans une impasse

Par Moon of Alabama

Très récemment, les États-Unis ont bombardé trois positions de la Force de mobilisation populaire (FMP) irakienne à la frontière syro-irakienne.

Les États-Unis n’avaient aucun droit de le faire. Le raisonnement juridique fourni par l’administration Biden pour justifier cette attaque est absurde. Tout comme le prétendu raisonnement consistant à établir une « dissuasion » contre d’autres attaques contre les troupes américaines par tel ou tel groupe de miliciens irakiens. La dernière frappe dans cette zone en février était censée remplir le même objectif, mais il est évident qu’elle n’a pas eu d’effet dissuasif. La frappe de dimanche a été immédiatement suivie de tirs de missiles contre une position américaine en Syrie. D’autres incidents de ce type suivront.

L’attaque a mis dans l’embarras le Premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi. L’aspect le plus déroutant de cette frappe aérienne est toutefois son timing, puisqu’elle a eu lieu un jour seulement après que le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhimi a assisté à la célébration du septième anniversaire de la création de la FMP, au camp Ashraf, l’ancien quartier général du groupe terroriste anti-iranien Mujahedeen-e-Khalq, situé à environ 100 kilomètres (62 miles) au nord-est de Bagdad. La FMP a fait défiler des milliers de ses combattants, ainsi que des chars, des lance-roquettes et des drones, devant une tribune où se trouvaient, outre Kadhimi, le ministre de la Défense Juma Inad, le ministre de l’Intérieur Othman Ghanmi, le chef d’état-major de l’armée irakienne, le lieutenant-général Abdul Amir Yarallah, et le chef d’état-major du FMP, Abdul Aziz al-Mohammadawi.

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Plus important que la liste des participants, cependant, est ce que Kadhimi a dit à propos de la FMP. Dans un tweet publié pendant le défilé, le Premier ministre a noté que « nous avons assisté au défilé de notre armée héroïque le 6 décembre (2020), ainsi qu’au défilé de la courageuse police, et aujourd’hui nous assistons au défilé de nos fils dans la Force de mobilisation populaire. Nous affirmons que notre travail est sous la bannière de l’Irak, et que protéger sa terre et son peuple est notre devoir. Oui à l’Irak ! Oui à l’Irak, le pays fort et capable ». M. Kadhimi a ensuite souligné le fait que la FMP étaient un service d’État et a fait l’éloge de son rôle dans la lutte actuelle contre État islamique.

Pour rappel, un jour après que le Premier ministre irakien, en compagnie de son équipe militaire et de sécurité nationale, a déclaré que la FMP étaient un élément essentiel de la sécurité de l’État de son pays, les États-Unis bombardaient ces mêmes forces sur des sites en Syrie et en Irak, sites à partir desquelles la FMP mènent les opérations de lutte contre État islamique tant vantées par le Premier ministre irakien, et ce sans en informer le gouvernement irakien au préalable ni lui demander son autorisation. En réponse, M. Kadhimi a convoqué une réunion d’urgence de son état-major de sécurité nationale et a condamné avec force les frappes américaines, les qualifiant de violation manifeste de la souveraineté irakienne, ce qui incitera son gouvernement à étudier toutes les options légales en réponse.

L’attaque a affaibli la position des États-Unis en Irak et a renforcé celle de l’Iran.

Certains analystes affirment que l’attaque était un message adressé à l’Iran dans le contexte des discussions en cours sur l’accord nucléaire. Mais que dit ce message ? Que les États-Unis peuvent bombarder des cibles mineures ? Qu’est-ce que cela apporte de nouveau ?

Revenons à la situation dans son ensemble.

Un objectif primordial de l’administration Biden est de concentrer toutes ses forces dans la compétition avec la Chine. À cette fin, elle a prévu d’abandonner en grande partie le Moyen-Orient – l’endroit où les États-Unis ont gaspillé leurs ressources pendant plus de deux décennies.

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Pour quitter le Moyen-Orient, les États-Unis doivent trouver une forme de paix avec l’Iran. L’administration Biden a donc entrepris de réintégrer l’accord nucléaire. Pour y parvenir, elle doit lever les sanctions que Trump a imposées à l’Iran. Mais la dérive de la mission s’est installée. Au lieu de simplement lever les sanctions en échange de l’adhésion de l’Iran aux limites de l’accord nucléaire, l’administration Biden a cherché à obtenir davantage de concessions de la part de l’Iran tout en offrant moins d’allègement des sanctions.

L’Iran a clairement exprimé sa position. Si les États-Unis lèvent TOUTES les sanctions imposées par Trump, ils soumettront à nouveau leur programme nucléaire aux limites de l’accord. Si les États-Unis ne lèvent pas TOUTES les sanctions, l’Iran continuera à dépasser ces limites avec des marges petit à petit plus importantes.

Le secrétaire d’État Anthony « Pompeo le deuxième » Blinken a l’illusion qu’il peut ramener l’Iran dans le cadre de l’accord nucléaire et maintenir des sanctions importantes. Il veut les utiliser pour faire pression sur l’Iran afin que ce pays limite sa puissance en missiles et qu’il cesse de soutenir ses alliés au Moyen-Orient :

Les hauts responsables de l'administration Biden, de M. Blinken jusqu'au plus bas, 
ont admis qu’il y avait des défauts dans l'ancien accord nucléaire, il fallait
qu'il soit "plus long et plus fort" et qu'il traite du programme de développement
de missiles et du soutien au terrorisme de l'Iran. Aujourd'hui, l'exigence semble s'élargir encore davantage : Il est de plus en
plus évident que tout accord global qui répond aux nombreuses plaintes de l'Amérique
concernant le comportement de l'Iran doit également couvrir un large éventail de
nouvelles armes que les forces iraniennes ne faisaient que bricoler il y a six ans.

L’Iran ne se désarmera pas. Ces objectifs sont impossibles à atteindre :

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Blinken a déjà déclaré que certaines sanctions américaines seraient maintenues 
et qu'elles seraient levées lorsque - et seulement lorsque - Téhéran "changera
de comportement"
. Notez le discret changement. Blinken ne parle pas ici de cadre

nucléaire réglementaire, il devient "manichéen". Ainsi, selon cette mesure
(corriger un comportement malveillant), la question n'est pas de savoir combien
de sanctions individuelles restent en place, mais la nature de celles qui restent.
De toute évidence, la nature de celles qui restent doit impliquer une grande
douleur, si elles doivent vraiment contraindre un Iran irrémédiablement "malfaisant"
à changer de cap stratégique. (C'est un autre exemple de la façon dont le paradigme
bien/mal fige la politique). L'équipe Biden sait, et admet librement, que les pressions maximales de Trump n'ont
pas modifié le comportement iranien. Pourtant, Blinken préconise que les États-Unis
répètent ce qui vient d'échouer. En fait, ce que Trump a fait, c'est persuader

l'Iran de développer sa dissuasion par missiles de précisions et drones, ce qui
a rendu les "armes MAGA" non pertinentes et donné à l'Iran un avantage stratégique.

Pourtant, Blinken flirte désormais avec l’idée de ne pas revenir à l’accord nucléaire :

"Si cela continue, s'ils continuent à faire tourner des centrifugeuses plus 
sophistiquées à des niveaux de plus en plus élevés, nous arriverons à un point
où il sera très difficile, d'un point de vue pratique"
de revenir aux paramètres

de l'accord nucléaire initial, a-t-il déclaré. "Je ne peux pas donner de date", a déclaré M. Blinken à propos du jour où
l'administration Biden pourrait se retirer des négociations nucléaires, mais
"cela se rapproche".

Et puis quoi ?

Si les États-Unis ne reviennent pas bientôt sur l’accord nucléaire, l’Iran le quittera complètement. A mon avis, d’ici la fin de l’année. Il sera alors libre de faire tout ce qu’il veut en matière de nucléaire. L’Iran augmentera également son soutien aux forces mandataires capables de nuire aux forces américaines et aux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. Un certain nombre de piqûres d’aiguilles qui ne cessent de s’intensifier – incendies de pétroliers saoudiens, explosions de raffineries, attaques de drones contre des bases américaines – obligeront les États-Unis à rester engagés.

Les États-Unis ne peuvent pas entrer en guerre contre l’Iran. Le pays ne peut pas être occupé et tout bombardement serait suivi d’attaques de missiles et de drones contre toutes les bases américaines et tous les alliés dans la région, y compris Israël.

Un statu quo ou un conflit de faible intensité pourrait donc se poursuivre pendant longtemps. Il consommerait davantage de ressources américaines et de temps de gestion. Du temps que la Chine peut utiliser, sans être dérangée, pour continuer à développer ses capacités. En ajoutant de plus en plus de demandes de levée des sanctions contre l’Iran, l’administration Biden sabote son objectif stratégique global de concurrence contre la Chine.

C’est une politique à très courte vue. L’Iran ne fléchira pas. Les tentatives de faire pression sur lui en tuant quelques miliciens irakiens sont tout simplement ridicules. Le fait que l’administration Biden tente de le faire montre qu’elle s’est engagée dans une impasse et qu’elle ne veut pas faire marche arrière.

Quelle sera donc son prochain acte ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

vendredi, 02 juillet 2021

Compte rendu de lecture de TERRE & PEUPLE MAGAZINE n°87

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Compte rendu de lecture de TERRE & PEUPLE MAGAZINE n°87

Le T&P Magazine 87 est centré autour du thème « Le psychodrame américain ».

Dans son éditorial intitulé « Liberté » Pierre Vial dénonce le Système qui abuse du Covid pour nous soumettre à des règles castratrices.  Citant Maurras, pour qui le désespoir est la sottise majeure, il appelle les identitaires à la résistance.

Le Comité directeur de Terre & Peuple réagit à la mise en scène Les Rivières Pourpres diffusée sur France 2, bobard d’or 2021 selon quoi Terre & Peuple mettrait le feu à des églises !  Des milliers de téléspectateurs découvrent ainsi son existence, voire sa démarche.

Claude Perrin, sous l’intitulé « Raison et Instinct », médite sur ces deux modes de lecture interne (inter-lect) de la réalité.  Il souligne d’emblée que la laideur ne se compense pas par la fonctionnalité et que la beauté est aussi un mode d’expression de la vérité.  Certaines qualités de l’homme qui ne relèvent pas de la rationalité finissent par disparaître du vocabulaire.  Il en est ainsi de l’honneur, de la honte, du respect.  Le sens du sacré tend à disparaître.  Il n’y a plus d’amis ni d’ennemis, mais des individus qui composent selon leurs intérêts, là où le lien qui attachait Montaigne à La Boétie relevait de l’instinct.  A présent, l’indigence du vocabulaire pèse de plus en plus dans l’agressivité.  Tout est négociable.  Souvent supérieures, les femmes revendiquent l’égalité que leur refusaient Rome comme le christianisme.  Dieu crée Adam et ensuite une Eve pécheresse repentante.  La Loi Salique exclut les femmes de la succession à la couronne de France.  La lutte contre l’ignorance sert de prétexte à l’endoctrinement.  Avec la disparition du latin, les cadres perdent le sens des mots.  Le métier procure une prise sur le réel.  Socrate oppose le savoir prétentieux des rhéteurs à la compétence des techniciens, médecins ou cordonniers.  Montaigne goûte la vision des femmes, qui flairent d’instinct plus que de raison.

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Pierre Vial ouvre le dossier « Le Psychodrame américain » en soulignant, pour ceux qui estiment n’avoir pas le temps de s’occuper des Américains, que ceux-ci s’occupent d’eux.  Lors de la Première Guerre Mondiale, ils ont d’abord endetté les Européens, en leur vendant des armes, avant de venir finalement au secours de la victoire.  Ils ont remis cela, en plus fort, lors de la Seconde.  Ils ont ensuite vassalisé le monde « libre », pour le protéger de « l’Hydre rouge ».  Il faut toutefois se garder de confondre les Sudistes fidèles avec les Yankees qui avancent leurs pions, au besoin par la terreur, sur la surface du globe.  La prochaine cible est l’Iran.  Moscou et Pékin, partisans d’un monde multipolaire, vont-ils laisser faire un impérialisme US au sein duquel des lignes de fracture se marquent.

Pierre Vial démontre ensuite que Joe Biden poursuit la politique sioniste de Donald Trump et même qu’il la développe.

Alain Cagnat retrace la « Genèse des fractures américaines », qui fragilisent, si pas la cohésion des Etats-Unis eux-mêmes, en tout cas celle de leurs populations, hétéroclites souvent jusqu’à l’antagonisme et les massacres.  Au XVIIe siècle, la culture du tabac avait permis le développement et la prospérité d’une colonie en Virginie, grâce d’abord à une main d’œuvre antillaise noire, bientôt remplacée par des esclaves noirs africains.  En Angleterre, la persécution des puritains motive ceux-ci à s’expatrier en Amérique du Nord, que la caste des WASP considère alors avoir reçu la mission divine d’exploiter.  Les petits fermiers y survivent à peine de leur labeur et seules les grandes exploitations peuvent se permettre de nombreux esclaves.  La Grande Famine de 1845 fait affluer des Irlandais en masse, suivis d’Allemands et d’Italiens dans le dernier quart du siècle.  Papistes comme les Irlandais, ces derniers sont comme eux persécutés, mais s’en vengent par leurs mafias et leur prolificité.  En 1881, suite aux pogroms en Russie, deux millions de Juifs Ashkénazes s’organisent (B’nai B’rith) et débarquent.  Dynamiques et solidaires, ils sont ouvriers pour 60% en 1900, mais seront devenus employés pour 75% en 1930.  Désintéressés du sort des Juifs européens durant la Seconde Guerre Mondiale, ils vont ensuite culpabiliser les opinions publiques occidentales (« qui savaient et n’ont rien fait »).  Ne représentant que 2% de la population US, ils sont 16% du corps médical et 11% des avocats.  Les Indiens, estimés 10 millions au XVe siècle, ne sont plus que 250.000 en 1890.  Dès 1703, les autorités achètent les scalps 40£ la pièce.  Leur ségrégation officielle n’est abolie qu’en 1948 pour l’armée et 1954 pour l’enseignement public.  A présent, les Black Muslims et les Black Panthers prônent la violence.  Le pasteur Martin Luther King, non-violent, qui avait obtenu la suppression de toute ségrégation, est assassiné.  Les émeutes font de nombreux morts.  La guerre du Vietnam (58.000 morts) passe, chez les Noirs, pour avoir été le sacrifice de la chair à canon noire.  Entre temps, les USA subissent une invasion latino (en 2016 : 58 millions soit 18%), ce qui en fait la Nouvelle Babel, plutôt que la Nouvelle Jérusalem.

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Alain Cagnat procède ensuite à l’écographie du cancer mental qui a affecté les campus américains dans l’euphorie de l’après-guerre.  Une jeunesse dorée s’y ennuie et se pique alors de renverser la table.  En 1964, à l’université de Berkeley, le Free Speech Movement met en cause la surconsommation et revendique plus liberté au sein du campus, tant sexuelle que politique.  La French Theory (Sartre-Beauvoir) amplifie le mouvement, qui se gauchise jusqu’aux sympathies trotskistes et maoïstes.  En 1968, un million d’étudiants font grève.  Les noirs rallient les Black Panthers et les homos le Front de Libération Gay.  Mais le soufflé a vite fait de retomber.  Dans le rejet de l’American Way of Life,  un mouvement de contre-culture rassemble alors une jeunesse beatnik, pauvre et désabusée, ou hippie (make love not war), ou Yippie, qui va fournir sa substance à l’islamo-gauchisme.  Le prolétariat blanc s’est embourgeoisé et c’est parmi les immigrés musulmans que, dans les universités, la révolution peut trouver, faute de lutte des classes, un ferment d’égale effervescence.  Dans les universités, où les mâles blancs sont dominants, va se développer un ethnomasochisme : seul le blanc est raciste et doit s’en repentir.  La colonisation est un crime contre l’humanité.  La réparation en est due jusqu’à la fin des temps.  Les Blancs sont tenus à discrimination positive, notamment par relèvement des cotations scolaires et par des quotas dans les promotions.  Le féminisme a été dynamisé dès 1965 dans les campus, où les Women Studies sont décomposées en Feminist Studies et en Gender Studies, et ensuite en Dishability Studies (handicapés) et en Fat Studies (obèses).  Le Mouvement de Libération des Femmes réduit celles-ci à une minorité à protéger !  La criminalisation de l’homophobie des deux sexes introduit une dictature dans nos sociétés occidentales.  Le mariage homosexuel nous a été imposé.  Les couples de lesbiennes revendiquent la PMA.  La Théorie du genre affirme que celui-ci est le produit de l’éducation.  Des LGBTQ++ à la Théorie du Genre et de la Cancel Culture au Woke, les mouvements de déconstruction se bousculent pour détricoter cinq mille ans d’histoire.

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Robert Dragan décortique le « Drame shakespearien » de la réélection sabotée de Trump, qui au soir du scrutin jouissait d’une avance confortable.  Dans la nuit, des camions déchargent des votes par correspondance démocrates à 90%.  Une seule plainte pour irrégularité est remontée à la Cour Suprême qui l’a rejetée.  Soutenu massivement par les médias, Biden se proclame vainqueur.  L’Etat profond a triché.  Le 6 janvier, les Grands Electeurs doivent être validés au Capitole.  Trump y convoque 100.000 partisans, qui noient les minces cordons de police.  On compte 5 morts, dont trois accidents de santé et la jolie Ashli Babbitt (filmée par ses amis, abattue par un civil !).  La presse reprend la qualification démocrate des événements : une révolte concertée.  Le 7 janvier, Trump prend dans un discours des distances à l’égard des manifestants et appelle à l’apaisement.  Le Vice-Président Mike Pence refuse de procéder à son arrestation dans le cadre d’un impeachment.  Le peuple américain a manqué sa révolution : on relève un écart anormal entre les sondages et autres estimations qui tous prédisaient la réélection, Trump remportant tous les états baromètres.  Il importe de rectifier la caricature médiatisée de Trump : il est beaucoup plus profondément intelligent et social que la silhouette grossière servie au public.  Son principe de base est de motiver les meilleurs à se surpasser au service des autres.  Il n’est pas intéressé par la politique, sauf à la diriger effectivement.

Jean-Patrick Arteault situe le Grand Reset du monde occidental entre la dictature sanitaire du Covid 19 et populisme patriote trumpiste, frustré par les trucages massifs, mais optimiste jusqu’au déni des réalités.  La mouvance populaire US QAnon a hissé Trump au rang d’une figure christique : « Ayez la foi : c’est déjà gagné ! », par refus du désespoir.  Ces naïfs ne savent pas nommer les maîtres du monde.  Mais quel camp servent-ils.  Ne s’agit-il pas d’une opération conçue pour échouer, pour démotiver le commun d’agir ?  La prise du Capitole est-elle à rapprocher de l’aventure des Gilets Jaunes ?  Les incidents montés en épingle pour discréditer Trump et ses patriotes, la désactivation des comptes du président en exercice, les GAFAM s’érigeant en censeurs ?  Soulagés de leur peur d’être délogés du pouvoir, les progressistes sont déterminés à écraser la réaction populiste, en s’appuyant sur les mouvances antifa et les Black Lives Matter.  La crise sanitaire permet à l’oligarchie de sanctionner le peuple méfiant et indiscipliné.  L’épisode Trump a fait peur, ce qui doit se payer.  Au sein du Bloc Occidental, le bloc populaire des enracinés (les somewhere) est confronté à la caste élitaire des mondialistes (les anywhere).  Leur affrontement donne lieu à une nouvelle Guerre Civile, devenue virulente dès l’élection de Trump.  On lui a fait subir toutes les avanies, Covid compris.  A peine intronisé, Biden rétablit le flux migratoire.  La dictature sanitaire dévitalise le travail indépendant.  La brutalité de l’agression stimule les éveillés.  Ecartés du pouvoir durant quatre ans, les GAFAM sanctionnent les trumpistes.  Les vaincus jacksoniens disposent de deux atouts : le grand nombre et le caractère fédéral des USA qui fractionne les fronts.  La crise de 2008 révèle la fragilité du système.  La démocratisation de la culture pourrait être fatale à la démocratie, la participation étant remplacée par l’ingénierie sociale.  Le processus est vendu sous la dénomination Grande Réinitialisation.  Par sa reprise en main par la Pastorale de la Terreur, la crise Covid a réalisé par la menace sanitaire l’appauvrissement planifié des classes moyennes et la précarisation des classes populaires.

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Alban de Brissach esquisse le futur des Américains pressenti par la science-fiction.  Il prend acte du pouvoir sans limite des GAFAM, qui peuvent priver de parole et d’argent un président US.  Des entreprises de la Côte Ouest abusent de leur oligopole sur les technologies de l’information.  En 1970 déjà, Ira Levin avait imaginé l’ordinateur Uniord qui contrôlait l’ensemble de l’information, gérant la santé physique et mentale et la baisse de l’entrain.  On relèvera qu’aujourd’hui, sous l’accusation commode de désinformation, les GAFAM ont suspendu de nombreux comptes d’opposants à la vaccination !

Robert Dragan retrace l’histoire de l’économie allemande après la défaite de 1918.  Les recettes fiscales sont alors en lourd déficit et les épargnants sont ruinés.  La Reichsbank est à ce moment gouvernée par un conseil qui compte moitié d’étrangers.  Elle est contrainte de gager 40% des Reichsmark sur l’or et 60% sur des devises.  En 1933, le pays est aux abois, avec quinze millions de chômeurs.  Une Troisième Voie économique redresse alors la situation en s’appliquant à faire coïncider l’offre avec la demande.  Une commission des prix veille à stabiliser ceux-ci.  A partir de 1933, le régime lutte contre les effets de la mondialisation et de la charge des réparations et dettes de la guerre.  Il veille à procurer du travail à tous et double ainsi ses recettes fiscales, ce qui lui permet de pratiquer une politique sociale.  Le chômage a très vite été résorbé.  En 1939, la production a entre-temps progressé de 25%.  Le redressement s’est accompagné d’un gonflement de l’épargne des particuliers.  De 1933 à 1939, les prix à la consommation n’ont augmenté en moyenne que de 1,2% par an.

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Robert Dragan relève ensuite l’existence relative de la Résistance, ses hauts faits et ses méfaits, notamment dans sa participation à la reconquête et à la guerre après la guerre (notamment dans les rangs de la Légion Etrangère).  Il retrace par ailleurs l’épouvantable martyre des millions d’Allemands « déplacés », expulsés de leur patrie dans les provinces orientales et celui des millions de prisonniers de guerre (dont trois en URSS), dont 15% moururent.  Si 5,4 millions d’Allemands ont péri pendant les hostilités, ce ne sont pas moins de 8,8 millions qui ont dépéri et sont morts après la fin de celles-ci.

Pierre-Paul Joubert rouvre le débat sur l’hydroxychloroquine (HCQ), ouvert par le Professeur Didier Raoult, de l’IHU de Marseille, selon qui l’HCQ réduirait de 70% le taux de létalité du Covid 19.  Est effectivement troublante la différence du nombre des morts de l’épidémie entre Paris et Marseille.  Le Pr. Raoult n’en est pas moins accusé de « charlatanisme » par l’ordre des médecins !  En Chine, la létalité du virus est très basse en comparaison de celle de l’Occident, Russie et USA compris.  Les mutations du virus se succèdent.  Les prédictions désastreuses ne se sont pas vérifiées et de loin : 6.500 décès au lieu des 70.000 promis.  Il faut rétablir la liberté de prescription et de soins telle que la pratique le Pr. Raoult.  Pour Macron, LA solution est le vaccin (qui pour Raoult est de la science-fiction).  Les politiques ont sciemment utilisé la peur pour imposer des mesures inutiles, que d’aucuns assimilent à un crime contre l’humanité.

Georges Hupin.

   

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mercredi, 30 juin 2021

Biden et Poutine après Genève

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Biden et Poutine après Genève

Par Giuseppe Cappelluti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

C'était le 6 mars 2009. A Genève, avec une rencontre entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov et son homologue américaine de l'époque, Hillary Clinton, scellée par la pression d'un bouton marqué "reset" en anglais et en russe [i], la toute nouvelle administration Obama a lancé le reset, visant à rétablir les relations avec la Russie après la guerre de 2008 en Géorgie. Le but ultime de cette politique, selon les vœux d'Obama, était de construire un partenariat stratégique avec Moscou visant, entre autres, à avoir un Kremlin allié dans la lutte contre le terrorisme et au moins neutre sur les théâtres d'intérêts américains (Chine et Iran surtout). La tentative, pendant les premières années, a semblé fonctionner: en 2009, M. Medvedev a accordé un espace aérien aux vols militaires américains à destination de l'Afghanistan ; en avril 2010, les États-Unis et la Russie ont signé les accords START 2 pour la réduction des dispositifs nucléaires, et un mois plus tard, les deux pays se sont mis d'accord sur des sanctions contre l'Iran. Le président russe de l'époque, M. Medvedev, a joué un rôle non négligeable dans le succès initial de cette politique. Fortement occidentalisé dans son style et en partie dans ses valeurs, malgré ses liens avec Poutine, Medvedev représentait aux yeux d'Obama une Russie en pleine évolution qui laissait derrière elle les années du tsarisme pour se transformer en un pays démocratique à part entière.

L'histoire, cependant, s'est déroulée différemment, et ce qui a commencé comme l'administration de la réinitialisation restera dans les mémoires comme l'administration qui a entraîné l'Occident dans la "nouvelle guerre froide". Un effondrement qui est arrivé à maturité au premier semestre 2014, lorsque la crise ukrainienne a marqué la fin du reset et le début d'une phase de tensions, de sanctions mutuelles et de guerres par procuration qui dure en fait jusqu'à aujourd'hui, mais dont les origines sont à chercher dans une série d'événements survenus entre février 2011 et novembre 2013 (les printemps arabes, les guerres en Libye, le lancement de l'Union eurasienne, les manifestations en Russie, l'affaire Snowden, la position rétive de la Russie sur les armes chimiques syriennes) et la persistance d'une forte divergence des objectifs stratégiques. La sortie de scène de Medvedev, qui a été remplacé par Poutine en mars 2012, a eu un rôle globalement secondaire, mais les répercussions sur les relations personnelles ne sont pas à sous-estimer. Alors que Medvedev entretenait d'excellentes relations avec Obama, au point de devenir l'un des deux hommes politiques qu'il suivait sur Twitter (l'autre étant le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg) [ii], Poutine était cordialement détesté par Obama, qui lui rendait la pareille.

L'ascension de Biden, en partie pour cette raison, n'était pas une bonne nouvelle pour la Russie. Si l'administration Obama a été le protagoniste de la "nouvelle guerre froide", Joe Biden en a été, d'une certaine manière, l'éminence grise, avec son activisme diplomatique et son rôle souvent en coulisses mais non négligeable. Déjà à l'époque de la réinitialisation, après une visite à Kiev, Joe Biden avait déclaré que "nous avons sous-estimé notre main à Moscou", prédisant que, en raison du déclin de sa population et de ses problèmes économiques, le Kremlin serait contraint de faire des concessions à l'Occident sur un large éventail de questions de sécurité [iii]. Des mots qui, entre autres, ont été interprétés comme une non-reconnaissance de toute sphère d'influence russe dans l'ancien espace soviétique. Pendant la crise ukrainienne, Biden a été l'un des principaux soutiens des manifestations pro-occidentales puis du nouveau gouvernement ukrainien, et en avril 2014, c'est lui qui a donné le feu vert à l'action militaire de Kiev contre les séparatistes du Donbass: sa visite en Ukraine a en effet précédé d'un jour le lancement de ce que Bankova a appelé l’"opération anti-terroriste ". La victoire électorale de Trump, trop souvent imputée à Moscou, n'a certainement pas aidé, et le retour sur le devant de la scène de personnalités fortement anti-russes comme Victoria Nuland et Jen Psaki a immédiatement laissé entrevoir une épreuve de force entre le Kremlin et un parti qui, à tort ou à raison, se sent toujours privé aux mains de Moscou d'une victoire électorale à laquelle il estime avoir droit.

Pourtant, malgré une période de tension, notamment les accusations de Biden selon lesquelles Poutine est un "meurtrier" et les tensions accrues à la frontière ukraino-russe, le conflit entre la Russie et les États-Unis semble être entré dans une phase de stabilisation relative. Dès le mois dernier, alors que Biden proposait une rencontre avec Poutine, l'administration américaine a levé les sanctions sur Nord Stream 2, le deuxième gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne à travers la mer Baltique [iv]. Et, lors de leur récente rencontre à Genève, les deux présidents ont accepté de réintégrer leurs ambassadeurs respectifs, retirés après l'escarmouche rhétorique de mars dernier, scellant par un communiqué conjoint hors calendrier leur engagement à maintenir en vie START 2 et à entretenir un dialogue stratégique bilatéral [v]. Les questions géopolitiques brûlantes, de l'Ukraine à la Méditerranée, ont été abordées, mais elles ont eu un poids relatif; il en va de même pour les droits de l'homme, notamment l'affaire Naval'nyj. En fait, lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre, aucun des deux n'a utilisé de mots incendiaires à l'encontre de l'autre: Biden a parlé de "deux grandes puissances", élevant ainsi la Russie du rang de "puissance régionale" auquel Obama l'avait confinée, et Poutine a qualifié son homologue américain d'"homme d'État expert".

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Qu'est-ce qui a changé ces dernières années? En 2014, malgré de nombreux signes contraires, nombreux étaient ceux qui croyaient encore aux illusions d'un monde unipolaire et de la "fin de l'histoire", tandis que peu - du moins à Washington - envisageaient sérieusement la possibilité qu'une Russie éloignée de l'Occident cherche une épaule amicale en Chine. Les déclarations d'Obama selon lesquelles "(en Crimée) la Russie est du mauvais côté de l'histoire", que Biden a certainement partagées, sont révélatrices de cette attitude. Cependant, malgré les sanctions, la Russie ne s'est pas effondrée et a même remporté ces dernières années une série de succès militaires, géopolitiques et même scientifiques qui ont obligé les analystes occidentaux à revoir leurs positions. À tout cela s'ajoute la relation croissante avec la Chine, avec laquelle la Russie a signé un accord d'approvisionnement en gaz en 2014 et un accord de libre-échange en 2019. La Chine, qui, dans les années précédant la pandémie, avait déjà dépassé les États-Unis en tant que première puissance économique mondiale [vi] et lancé un gigantesque programme de construction d'infrastructures baptisé "Belt and Road Initiative", a connu, après le déclenchement de la pandémie, une nouvelle accélération de son ascension géopolitique, comme en témoignent les rachats d'entreprises et d'infrastructures stratégiques effectués ces derniers mois par l'ancien Empire céleste.

Une situation qui inquiète au plus haut point les Etats-Unis, qui ne peuvent se permettre de contenir la Russie et la Chine en même temps, sinon au prix de les unir dans une fonction anti-occidentale. Si Obama a maintenu un intérêt marqué pour l'Europe de l'Est - où sa politique étrangère a largement suivi le jeu préconisé par Brzezinski - et le Moyen-Orient, Trump a perçu beaucoup plus clairement la menace posée par la Chine, cherchant à se réconcilier avec Poutine également dans une fonction anti-chinoise. Biden, qui avait par le passé critiqué à plusieurs reprises la politique de Trump à l'égard de la Chine, est en train d'en devenir le poursuivant, quoique dans une optique de multilatéralisme et non de bilatéralisme et avec un retour à la rhétorique sur les droits de l'homme qui était largement absente lors des années Trump. Et malgré le fait que les premiers mois de son mandat aient été marqués par de fortes tensions, pas seulement rhétoriques, entre Poutine et Biden, ces dernières semaines, les véritables intentions du président américain apparaissent; toutefois, heureusement, elles ne semblent pas inclure une épreuve de force avec l'ennemi russe détesté.

Toutefois, il serait erroné de définir cette réunion comme la base d'une nouvelle remise à zéro. Une véritable réinitialisation nécessiterait une stabilisation définitive de la Syrie et surtout de l'Ukraine, véritable motif des sanctions et contre-sanctions qui limitent aujourd'hui fortement les possibilités d'échanges entre la Russie et l'Occident, peut-être en échange d'une prise de distance de la Russie vis-à-vis de la Chine. Et il est assez peu probable que cela se produise non seulement dans les mois à venir, mais aussi dans les années à venir. Ce qui intéresse Biden, c'est plutôt de geler le front russe afin de se concentrer sur le front de la paix et d'éviter d'être distrait par les problèmes en Ukraine ou sur d'autres théâtres d'intérêt russe. Poutine, quant à lui, cherche à maintenir le Belarus dans sa sphère d'influence, en l'empêchant de se transformer en une seconde Ukraine, et à empêcher cette dernière ou la Géorgie de rejoindre l'OTAN. À cet égard, le démenti apporté par Biden, à la veille du sommet de Genève, aux déclarations du président ukrainien Zelensky qui, dans un tweet, avait parlé d'un consensus entre les pays de l'OTAN sur l'adhésion de Kiev à l'alliance [vii], revêt une importance cruciale. Un démenti qui ne doit pas être confondu avec un arrêt d'un nouvel élargissement de l'Alliance atlantique à l'Est, mais qui constitue en tout cas le signe d'une volonté de geler le front oriental, et qui permet en fait de prédire que, dans les mois à venir, la situation sur ce dernier restera relativement stable.

NOTES

(i)La réunion est également entrée dans l'histoire pour une erreur de traduction: le mot utilisé pour traduire "reset" en russe n'était pas "perezagruzka" mais "peregruzka", qui signifie "surcharge". Une erreur vénielle, mais révélatrice de l'attitude peu coopérative de l'État profond américain (le bouton a été remis à Lavrov par Clinton).

[ii] https://www.themoscowtimes.com/2012/07/26/medvedev-makes-it-big-on-twitter-a16571

[iii] https://www.wsj.com/articles/SB124848246032580581

[iv] https://www.youtube.com/watch?v=-wSQjPJS2H4

[v] https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2021/06/16/u-s-russia-presidential-joint-statement-on-strategic-stability/

[vi] A parité de pouvoir d'achat.

[vii] https://nypost.com/2021/06/14/biden-denies-ukraine-prezs-claim-that-nato-confirmed-ukraine-can-join/

Giuseppe Cappelluti

Giuseppe Cappelluti, né à Monopoli (Bari) en 1989, vit et travaille en Turquie. Il est diplômé en langues modernes pour la communication et la coopération internationale à l'université de Bergame, et a obtenu une licence en sciences de la médiation interculturelle à l'université de Bari.

Après avoir passé des périodes d'études à l'université de Tartu (Estonie) et à Petrozavodsk (Russie), il a obtenu en 2016 un master en relations commerciales internationales Italie-Russie à l'université de Bologne. Depuis 2013, il a publié de nombreux articles dans Eurasia. (Magazine d'études géopolitiques) et dans le site web correspondant. Ses contributions sont également parues dans "Fond Gorčakova" (Russie), "Planet360.info" (Italie), "Geopolityka" (Pologne) et "IRIB" (maintenant "Parstoday", Iran).

vendredi, 25 juin 2021

La rencontre Biden-Poutine et le "moment-charnière" de l'OTAN - Orient-Occident, la fatalité d'un affrontement

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IERI - Institut Européen des Relations Internationales: info@ieri.be
 

La rencontre Biden-Poutine et le

"moment-charnière" de l'OTAN

 

Orient-Occident, la fatalité d'un

affrontement

 

Irnerio Seminatore

 

Le contexte général

Dans un contexte d'incertitudes, de tensions internationales et de désaccord de fond sur l'utilité de rencontrer le chef du Kremlin, aggravées par une pandémie politiquement douteuse, se sont tenus les Sommets du G7, de l'Otan, la Conférence USA-UE et la rencontre bilatérale Biden-Poutine.

Ces réunions, promues pour essayer de faire front commun face à la Chine ont été conçues comme un tout et seront analysées comme telles.

Au prélude des quatre journées de rencontres, le Sommet du G7 aux Cornouailles, s'est attelé à casser l'idée d'un déclin de l'Occident et du caractère obsolète du néo-libéralisme. Le souci de stabiliser le système économique mondial a pris la forme d'une tentative de régler les différends commerciaux (aéronautique, sidérurgie, fiscalité des multinationales etc.) et de définir une stratégie pour la création de grandes infrastructures, à l'image des "routes chinoises de la soie", à destination des pays émergents. Les thèmes de discussions et les limites des débats se sont soldés par une caractérisation sans nuances des régimes politiques des pays adverses, taxés d'être illibéraux (Russie) ou anti-démocratiques (Chine).

Le problème de l'unité ou de la crédibilité

Le problème politique de la crédibilité de l'Alliance (Sommet de l'Otan du 14), a été politiquement précédé par celui d'un autre type de crédibilité, celui de l'unité intérieure de l'Amérique, ébranlée socialement et racialement, par le passage de la tornade trumpienne, par celles de l'"America first", de la culture "woke" et d'un exercice déstabilisant du droit de vote aux minorités, préjugeant de la défense des droits de l'homme sur la scène internationale.

Ainsi le Sommet sur le "moment charnière" de l'Alliance en vue du "Duel du Siècle" est à corréler avec la réunion des 7 pays plus industrialisés, le G7 et, in fine, par la journée du 15 à Bruxelles, consacrée aux relations bilatérales USA-UE ! Leurs buts communs était évidents! Donner la priorité à l'isolement de la Chine et, à la désescalade avec la Russie. L'idée de créer une alliance mondiale des démocraties à deux pôles, l'Otan pour le théâtre européen et le Quad (Usa, Japon Australie et Inde) pour l'Asie-Pacifique, a justifié, en arrière fond, deux projets, une indépendance politique et une autonomie stratégique de l'Europe, à sortir de son état d'hibernation et la recherche d'un apaisement vis à vis de la Russie. Face à la résilience de l'Alliance atlantique et à l'influence grandissante de la Chine, la menace immédiate est apparue celle de la Russie (Ukraine et Bélarus, Pays Baltes) et la restauration de la confiance de la part des opinions, décisive à tous les égards.

La solidité d'un recours à l'Art 5 du traité, a été in fine reconfirmée (automatisme de la solidarité transatlantique et assurance dissuasive de la garantie de protection).

Quant au prolongement de la part des USA, pour la durée de cinq ans du traité "New Start (février 2021), facteur de stabilité stratégique et pilier de l'architecture internationale de maîtrise des armements nucléaires, la nouvelle dimension des bouleversements stratégiques a été reportée à la définition du futur concept stratégique "Otan 2030", à adopter au Sommet de Madrid de 2022.

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Ainsi, en conclusion, l'objectif annuel du Sommet de l'Otan du 14 juin 2021 a été atteint sur deux points:

- le renforcement de l'Otan, quant à sa crédibilité et sa cohésion politiques, identifiées par son Secrétaire Général, à "un moment charnière", autrement dit à la difficile transition du multilatéralisme à la multipolarité, et, au plan budgétaire, à un accroissement du budget de 260 milliards depuis 2014

- la préparation aux défis sécuritaires de demain, identifiés aux menaces représentées par la Russie et surtout par la Chine, "puissance militaire sûre d'elle même" et "intrinsèquement menaçante pour les États-Unis" (Jan Bond du Center for European Reform). Rétif à toute unité affichée E. Macron a voulu préciser que "la Chine ne fait pas partie de la géographie atlantique". Il semblerait refuser ainsi, le principe d'une rivalité systémique, ne concernant que les États-Unis.

Cependant, en passant des objectifs conjoncturels aux objectifs historiques et en considérant ce moment comme un tournant, ce sommet a eu pour finalité essentielle, d'évaluer la cohésion de l'alliance et la subordination de tous à l'autorité d'un seul, le Leader de groupe, Hégémon. Autrement dit, son destin et son rôle d'ordonnateur du monde, face aux deux perturbateurs supposés, la Russie et la Chine.

Orient et Occident

Le destin de l'Occident, parvenu à son "moment charnière", est né il y a vingt cinq siècles d'un autre tournant, la bataille des Thermopyles et de la poussée de Xerxès, roi des Perses, vers la Grèce antique. Ce vieux destin, porté par le "Fatum" tragique de la culture hellène, revient aujourd'hui aux grandes puissances de l'Orient, Gog, Magog et la Nation de l'Islam, et pourrait durer tout autant.

Une erreur stratégique, masquée de fatalité consisterait à accepter, voire favoriser une coopération froide et inégale entre la Russie et la Chine, oubliant le fameux piège de Thucydide.

Plus proche de nous et à propos de l'Asie Mineure,l'application des clauses du Traité de Sèvres (1920), sur le démembrement de l'Empire Ottoman et sa constitution en État national, a vu jadis l'humiliation d'Ankara, des génocides et de grands transferts de populations, sur lesquels revient la nostalgie d'Erdogan, soucieux de renverser ce traité et de reparcourir ce chemin à l'envers.

Au titre des spéculations invérifiables mais non invraisemblables, peut on dire que le principal défi à l'ordre civilisationnel du monde d'aujourd'hui n'est guère la puissance ni l'hégémonie, mais la civilisation occidentale elle même et que celle-ci demeure le fondement d'un système de conceptions et de forces qui, avec une philosophie et une métaphysique propres, ont façonné l'histoire de l'humanité?

Le "moment charnière" de l'Otan, la prise de conscience historique et la subordination de la démocratie à l'Hégémonie

Ainsi, qu'une alliance politique et militaire (l'Otan), à son "moment charnière" fonde sa prise de conscience historique sur un tournant, dans l'évolution de l'humanité toute entière et du monde comme géopolitique accomplie, est un paradoxe sans précédents.

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Du point de vue conjoncturel l'antagonisme sino-américain a pris le dessus sur le rapprochement russo-chinois, de telle sorte que la logique de la contingence transforme la nature traditionnelle des concepts et que la démocratie devient un instrument de l'hégémonie (et pas le contraire); une modalité pour garder ou pour atteindre le pouvoir global, puisque la protection et la sécurité sont conditionnées par l'obéissance (Hobbes).

Dès lors le débat sur le "destin national" (Liu Mingfu) quitte le terrain du politique pour devenir le mode de penser d'une civilisation en marche et d'un puissant univers qui ré-émerge et s'affirme (Chine).

La menace n'est plus seulement d'ordre militaire mais repose dans l'unité organique d'un "sens", qui mobilise les esprits et les forces de toute une époque et trouve sa forme accomplie non pas dans un régime politique précaire et abstrait (la démocratie et l'universalisme politique régnant et contingent), mais dans l'empire, la forme "perfectissima" du gouvernement des hommes, transcendant la politique et les changements séculaires des équilibres des pouvoirs.

Pouvons nous dire avec certitude qu'une hégémonie politico-culturelle sur l'Eurasie, plus encore qu'une supériorité politico-stratégique menace l'indépendance des autres États du monde et l'existence même de leur souveraineté?

Rien n'est moins sûr, car le critère de l'ami et de l'ennemi reste latent dans la politique intérieure et sert à briser toute opposition (Navalny, Hong-Kong), remettant en cause la distinction traditionnelle de légalité et de légitimité, poussée à son extrême dans la politique internationale. L'ennemi devient une puissance objective et c'est là, dans les "moments charnière" de Stoltenberg, que la tension latente devient active et maintient l'histoire du monde en mouvement

La confiance stratégique et la coopération authentique d'un Sommet pourront elles interdire, freiner ou retarder la confrontation ou le "duel du siècle"? De la part de qui et sous quelle forme viendra-t-elle la décision? Sera-t-elle individuelle ou collective, proche ou à long terme, vue l'énormité des enjeux et la rupture de la digue, fissurée par l'antagonisme des mondes, qui retient l’Himalaya et le Tibet de leur glissement tectonique vers les deux Océans, indien et Pacifique?

Rappelons que:

- "l'Alliance Atlantique est une alliance politique et militaire à caractère défensif entre les peuples des deux bordures de l'Atlantique et elle a pour but de promouvoir les valeurs démocratiques, de résoudre pacifiquement les différends et de décider par consensus.

Ces principes ont ils la même valeurs à l'intérieur d'une même civilisation, ou à l'extérieur de celle-ci, et deviennent-ils caduques entre civilisations hétérogènes?

USA- UE

Avant de rejoindre Poutine à Genève, l’aplanissement des relations commerciales avec l'UE apparaissait indispensable. Ici aussi, l'idée de faire un front commun face à la suprématie chinoise en matière d'aviation et de contrer les pratiques déloyales de Beijing a permis d'enterrer le conflit entre Airbus et Boeing, qui a duré 16 ans sur le soutien de la part des deux administrations à leurs industries respectives. Ce différend a déjà coûté 10 milliards de dollars aux deux entreprises. La volonté de coopération a prévalu enfin dans le but d'aborder d'autres importants défis mondiaux et a coïncide avec la présentation du rapport du Haut Représentant Européen pour les Affaires Étrangères et de Sécurité, Mr J.Borrel au titre "Riposter, contraindre, dialoguer".

La rencontre Biden-Poutine

Or, des quatre journées des colloques précédents, Biden et Poutine ont tiré profit d'une clarification concernant la multiplications des contentieux. Le but en a été de maintenir les contacts et les canaux de communication, maîtrisés par deux hommes aux styles si différents; expérimenté en politique étrangère le premier (Biden) et calculateur le deuxième, à faible légitimité interne l'américain et au consensus indiscuté le russe. Un style qui, du côté atlantique, se fonde sur l'exigence de prédictibilité et de stabilité stratégiques, dictées à un Occident plein de doutes, qui a interdit aux capacités américaines, engagées sur deux fronts, de prendre l'avantage stratégique sur la Chine.

Représentants d'un pays divisé (l'américain) et d'une opposition verrouillée dans l'autre et donc, respectivement, en position de faiblesse et de force, le Russe n'exigeant rien en contre-partie et l'Américain se satisfaisant d'une rhétorique démocratique creuse.

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Le désaccord entre les deux pays ont porté cependant sur trois points dirimants:

A.

- les lignes rouges respectives, sur lesquelles il est impossibles de transiger, sous peine d'écroulement des deux pouvoirs et de leur glissement dans le chaos

- pour la Russie (l'adhésion de l’Ukraine à l'Otan,perçue comme une menace existentielle),

- pour les États-Unis (les attaques directes par le cyberespace, décuplicatrices d'actions subversives et de paralysie infrastructures vitales, qui appartiennent désormais au domaine de la sécurité nationale).

En effet le monde interconnecté du XXIème siècle multiplie les possibilités d'actions offensives et les anciennes techniques de désinformation, d'intoxication et de propagande, qui ont changé d'échelle, grâce aux réseaux sociaux, interfèrent dans les processus électoraux au plus haut niveau et restreignent ou altèrent le concept de souveraineté, comme capacité de décision et de réponse, dont l'importance militaire, stratégique et sociétale brouille les postures d'attaque et de défense.

B.

- le deuxième regroupement de questions, a concerné la stabilité stratégique, à l'échelle globale et européenne, ainsi que toutes les questions connexes, exigeant confiance et transparence sur un problème existentiel

C.

- les questions virtuellement coopératives (non prolifération, conflits régionaux), ont constitué le troisième regroupement de questions à résoudre et ont fait partie de la troisième corbeille

Cependant, au delà de leurs divergences Biden et Poutine avaient un intérêt commun et partagé, la montée en puissance de l'Empire du milieu. La recherche de la stabilité, totalement antinomique par rapport à l’habilitée de Poutine de surfer sur l'imprévisible, n'interdiraient pas, en théorie, une convergence stratégique à long terme entre l'Amérique et la Russie et la possibilité d'aborder ensemble d'importants défis mondiaux. Cette hypothèse autoriserait une certaine coopération dans la résolution de conflits régionaux (Afghanistan et Iran). De surcroît la rencontre Biden-Poutine a apporté la preuve du caractère creux de toute rhétorique de fermeté et, en conclusion, du caractère incontournable de la Russie à l'échelle globale.

Orient-Occident. La fatalité d'un affrontement

Or, les réflexions inspirées par la rencontre Biden-Poutine ne peuvent nous tromper ni nous bercer d'illusions.

Leur face à face est inscrit dans un désaccord fondamental, que résume bien l’expression latine Pugna cessat, bellum manet! (la bataille cesse, mais la guerre demeure).

La paix de notre temps découle, par sa nature précaire, de la latence belliqueuse du conflit, "l'intention hostile". Conformément à des préoccupations étendues, opinions et analystes s'interrogent sur le type de paix que nous vivons, d'équilibre au niveau du système et d'hégémonie ou d'empire, selon les acteurs et les sous-systèmes régionaux.

Une autre caractéristique frappe les esprits, épris par l'angoisse des rendez vous qui nous attendent, l'hétérogénéité des civilisations et leur choc annoncé, face à la fatalité de la guerre, dont la dialectique oppose les États, les sociétés et la constellation d'acteurs, exotiques et sub-étatiques, qui peuplent le monde de la multipolarité et qui sont porteurs à leur tour de subversions, de révolutions et d'utopies.

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En ce qui concerne l'Europe, la suggestion de faire de celle-ci une puissance d'équilibre entre l'Amérique et la Russie, aurait la signification historique de prévenir et d'arbitrer un conflit éventuel entre l'Est et l'Ouest et d'unifier en un seul sous-système l'hémisphère nord de la planète, en sauvegardant la civilisation de l'Occident du tsunami superposé de l'islamisme et de l'Orient confucéen.

Cependant nous pouvons en déduire politiquement, par une sorte d'analogie hasardeuse, que la perte de l'unité stratégique de l'Occident, la crise des démocraties, l'émergence de régimes autoritaires et l'ère de la démondialisation actuelle, coïncident avec une période d'amplification des dangers, représentés par des ruptures de la rationalité dissuasive et, au niveau conventionnel, par des combats déréglés, hybrides et hors limites.

Enfin, compte tenu de l'hétérogénéité du système, cette situation engendre une stratégie défensive de la part de l'Hegemon, consistant à anticiper la dissidence de membres importants de la communauté d'appartenance (sortie de la Grande Bretagne de l'UE et éloignement de l'UE des États-Unis), en maintenant au même temps la cohésion des alliances (OTAN).

La rivalité existante passera-t-elle d'une confrontation froide à une forme d'antagonisme chaud ? Les désillusions d'Obama, d'avoir voulu instaurer un dialogue de confiance avec Xi Jinping, constituent aujourd'hui le socle de l'accord bipartisan sur un "containement" de la Chine, qui dépasse largement les fractures irréparables de la société américaine.

Or, si l'histoire du monde se fera au XXIème siècle en Asie, la dynamique multipolaire la plus dangereuse et qui pourra prendre la forme d'une "rupture tectonique", sera l'inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis et la Chine.

Ce tournant justifie la prise de conscience historique du "containement" des Thermopyles de l'antiquité, défini de "moment charnière" par le Secrétaire Général de l'Otan, Jens Stoltenberg, un moment symbolique, concernant la poussée millénaire de l'Orient sur l'Occident.


Bruxelles le 21 juin 2021.

dimanche, 13 juin 2021

Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

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Le menu est uniquement américain, l'Europe n'existe pas!

par Alberto Negri

Source : The Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-menu-e-solo-americano-l-europa-non-c-e

Sommet de l'OTAN. La réunion de l'alliance atlantique s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser qu'une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" va s'enclencher pour exporter peut-être davantage de déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. L'Europe n'aime pas ça, mais elle acquiesce. 

Le sommet de l'OTAN de demain à Bruxelles, précédé du G-7 en Cornouailles, commence par deux ou trois plaisanteries et une chose sérieuse. Ce qui est grave, c'est que le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a signé une directive alertant les forces militaires pour qu'elles considèrent la Chine comme le défi numéro un des États-Unis et de l'Occident.

Dans le "paquet" proposé par les Etats-Unis de Biden au sommet de l'OTAN, il y a évidemment aussi la "cible Russie", avec l'idée d'une alliance entre les "démocraties libérales" européennes à déployer contre Pékin et Moscou. L'idée d'un élargissement de l'OTAN vers l'est est toujours présente à l'esprit, ce qui ne fera que raidir le Kremlin en vue du prochain sommet entre Biden et Poutine.

Ce que l'Europe gagne de cette "perspective" de futures relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique se retire de l'Afghanistan, manoeuvre qui n'a pas été sanctionnée par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau.

Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non.

Et voici le menu américain. M. Biden a appelé les autres dirigeants à envoyer un message réprobateur contre le "travail forcé" et le traitement réservé par Pékin à la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang. Comme étape supplémentaire, il a présenté une "route de la soie" occidentale. Derrière cet humanitarisme apparent se cache un nouveau piège: les Talibans, qui n'ont jamais été dissociés dans les faits d'Al-Qaïda, et d'Isis, répandu dans la province du Khorasan, peuvent devenir un instrument de déstabilisation avec les djihadistes du Xinjiang musulman.

En laissant peut-être en place la Turquie d'Erdogan, un membre de l'OTAN qui est devenu le grand manœuvrier des djihadistes entre la Syrie et la Libye. En bref, même depuis la défaite en Afghanistan, rien n'est jeté et tout peut être recyclé.

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Le sommet de l'OTAN s'ouvre sous les "meilleurs auspices". Outre l'ennemi numéro un, la Chine, et l'ennemi traditionnel, la Russie, on peut aussi penser à une nouvelle campagne humanitaire du front des "démocraties libérales" pour exporter peut-être une autre déstabilisation, après l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye. Une chaîne d'échecs dévastateurs. Et en plus, les États-Unis gagnent économiquement, peut-être nous, Européens, un peu moins.

Parce que l'Europe a "ses" intérêts économico-commerciaux avec la Chine et ne veut pas couper les ponts avec Pékin, à tel point qu'en 2020, la Chine a dépassé les États-Unis et est devenue le premier partenaire commercial de l'Union. La réalité est que les États-Unis, en particulier dans le secteur technologique, font pression sur les Européens: du jour au lendemain, il faut acheter "américain".

Le sommet atlantique de Bruxelles sera l'occasion de réitérer ce message. Nous l'entendrons probablement lors de la rencontre entre Biden et Erdogan, qui a acheté des batteries antimissiles S-400 à Poutine. On en a eu un avant-goût lors de la rencontre dans le port sicilien d'Augusta où, sur le plus grand porte-avions d'Europe, le Queen Elisabeth britannique, le ministre de la Défense Guerini et deux de ses collègues, le Britannique Ben Wallace et le Turc Hulusi Akar, se sont rencontrés. Biden déteste Erdogan mais ils finiront par trouver un accord car la Turquie est opposée à la Russie sur trois fronts, la Syrie, la Libye et l'Azerbaïdjan, et même l'Italie s'arrangera avec Erdogan en échangeant peut-être les parts de gaz d'ENI dans la mer contestée de Chypre avec quelques concessions en Libye où la Turquie a une sorte de protectorat sur la Tripolitaine.

Et nous en arrivons aux blagues. L'existence d'une politique étrangère européenne fait rire tout le monde. Merkel est en liquidation, Macron se porte mal et Johnson est plus transatlantique que jamais grâce au Brexit. S'il est vrai que les États-Unis ont suspendu pour l'instant les sanctions contre le gazoduc North Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, Washington n'a certainement pas renoncé à faire exploser le projet en nommant Amos Hochstein, un ancien conseiller d'Obama et de Biden, comme envoyé spécial pour les affaires énergétiques.

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Hochstein (photo) a siégé au conseil de surveillance du géant ukrainien de l'énergie Naftogaz. Et comme tout le monde le sait, le fils de Biden, Hunter, a été impliqué dans des transactions gazières louches en Ukraine. Hochstein a été l'homme de l'ombre de Biden dans le secteur de l'énergie. Cet ancien officier de l'armée israélienne est celui qui a déjà fait sauter le South Stream avec Moscou (2 milliards de commandes de Saipem) : attention, il n'est pas écologiste, il sponsorise le pipeline Tap.

La dernière histoire nous concerne directement, nous Italiens. Biden a promis à Draghi un soutien total sur la Libye ; le président américain n'est incertain que sur un point: raconter ou non au premier ministre la blague sur la "salle de contrôle italienne" déjà promise par Obama et Trump. Et ce après avoir bombardé Kadhafi en 2011 avec la France et la Grande-Bretagne. Entre-temps, le fils de Kadhafi, Seif Islam, aimerait se présenter à la présidence, soutenu par l'actuel premier ministre Dbeibah qui a dirigé l'une des sociétés d'investissement de Seif. Vous pouvez voir dans quelles mains nous nous trouvons.

vendredi, 11 juin 2021

Les États-Unis prêchent des valeurs qu’ils violent ouvertement

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Les États-Unis prêchent des valeurs qu’ils violent ouvertement

par Glenn Greenwald

Comment pouvez-vous feindre la colère face aux attaques d’autrui contre la liberté de la presse alors que vous emprisonnez Assange pour le punir de ses révélations essentielles sur les responsables américains ?

Source : Glenn Greenwald
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken parle de l’importance du journalisme indépendant, le 6 mai 2021 (Radio Free Europe). Julian Assange arrive au tribunal de Westminster à Londres dans sa tentative de résister à l’extradition par l’administration Biden (Photo par Victoria Jones/PA Images via Getty Images)

Poursuivant sa tournée mondiale de conférences vertueuses, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a proclamé jeudi – dans un sermon qu’il faut entendre pour le croire – que peu de choses sont plus sacrées dans une démocratie que le « journalisme indépendant. » S’adressant à Radio Free Europe, Blinken a rendu hommage à la « Journée mondiale de la liberté de la presse. » Il a affirmé que « les États-Unis soutiennent fermement le journalisme indépendant. » Il a expliqué que « le fondement de tout système démocratique » implique de « demander des comptes aux dirigeants » et « d’informer les citoyens » ; et il a prévenu que « les pays qui refusent la liberté de la presse sont des pays qui n’ont pas une grande confiance en eux-mêmes ou en leurs systèmes. »

La cerise rhétorique sur le gâteau est venue lorsqu’il a posé cette question : « Pourquoi avoir peur d’informer le peuple et de demander des comptes aux dirigeants ? » Le secrétaire d’État a ensuite émis ce vœu : « Partout où le journalisme et la liberté de la presse sont remis en question, nous nous tiendrons aux côtés des journalistes et de cette liberté. » Comme je sais que je serais extrêmement sceptique si quelqu’un me disait que ces mots venaient de sortir de la bouche de Blinken, je vous présente ici le clip vidéo non édité d’une minute et cinquante-deux secondes où il dit exactement cela:

Le fait que le gouvernement Biden croit si fermement au caractère sacré du journalisme indépendant et se consacre à sa défense partout où il est menacé surprendrait beaucoup de monde. Parmi eux, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks et la personne responsable de la divulgation de plus de faits importants sur les actions de hauts fonctionnaires américains que pratiquement tous les journalistes américains employés par la presse mainstream réunis.

Actuellement, Assange se trouve dans une cellule de la prison britannique de haute sécurité de Belmarsh parce que l’administration Biden tente non seulement de l’extrader pour qu’il soit jugé pour espionnage pour avoir publié des documents embarrassants pour le gouvernement américain et le parti démocrate, mais aussi parce qu’elle a fait appel de la décision rendue en janvier par un juge britannique rejetant cette demande d’extradition. L’administration Biden fait tout cela, note le New York Times, en dépit du fait que « les groupes de défense des droits de l’Homme et des libertés civiles avaient demandé [à l’administration] d’abandonner l’effort de poursuivre Assange, en faisant valoir que l’affaire… pourrait créer un précédent constituant une grave menace pour les libertés de la presse » – les libertés de la presse, exactement la valeur que Blinken vient juste de passer la semaine à célébrer et à promettre de défendre.

C’est le ministère de la justice [DOJ, Department of Justice, NdT] de Trump qui a porté ces accusations contre Assange après que le directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo, a affirmé dans un discours de 2017 que WikiLeaks a longtemps « prétendu que les libertés du premier amendement de l’Amérique les protègent de la justice » puis a prévenu : « Ils ont pu le croire, mais ils ont tort. » Pompeo a ajouté – en invoquant la mentalité de tous les États qui persécutent et emprisonnent ceux qui les dénoncent efficacement – que « donner à [WikiLeaks] l’espace nécessaire pour nous écraser avec des secrets mal acquis est une perversion de ce que représente notre grande Constitution. Cela prend fin maintenant. »

Mais comme tant d’autres politiques de Trump concernant les libertés de la presse – qu’il s’agisse de défendre l’utilisation par le DOJ de Trump de mandats pour obtenir les relevés téléphoniques des journalistes, d’exiger qu’Edward Snowden soit maintenu en exil, ou de maintenir Reality Winner et Daniel Hale en prison – les hauts responsables de Biden sont depuis longtemps entièrement d’accord avec la persécution d’Assange. En effet, ils ont été à l’avant-garde des efforts visant à détruire les libertés fondamentales de la presse, non seulement pour WikiLeaks mais aussi pour les journalistes en général.

C’est Joe Biden qui a qualifié Assange de « terroriste de la haute technologie » en 2010. C’est l’administration Obama qui a réuni un grand jury pendant des années pour tenter de poursuivre Assange. C’est la sénatrice Dianne Feinstein (Démocrate de Californie) qui a insisté pour qu’Assange soit poursuivi en vertu de la loi sur l’espionnage, des années avant l’entrée en fonction de Trump. Et c’est la collègue de Blinken au sein de l’équipe de sécurité nationale d’Obama, Hillary Clinton, qui a félicité le DOJ pour les poursuites engagées contre Assange. Tout cela était destiné à punir les révélations d’Assange sur les méfaits endémiques du gouvernement américain et de ses alliés et gouvernements adverses dans le monde entier.

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The New York Times, 21 février 2021

Comment pouvez-vous parcourir le monde en feignant la colère face à la persécution de journalistes indépendants par d’autres pays alors que vous êtes un élément clé de l’administration qui fait plus que quiconque pour détruire l’un des journalistes indépendants les plus importants de ces dernières décennies ? En effet, comme de nombreux journalistes l’ont signalé à l’époque, peu d’administrations dans l’histoire des États-Unis, si tant est qu’il y en ait, sont plus hostiles aux libertés fondamentales de la presse que l’administration Obama dans laquelle Blinken a servi précédemment, notamment en poursuivant deux fois plus de sources journalistiques en vertu des lois sur l’espionnage que toutes les administrations précédentes réunies.

En 2013, alors que Blinken occupait un poste de haut niveau au Département d’État, le Comité pour la protection des journalistes a fait quelque chose de très rare – il a publié un rapport mettant en garde contre une épidémie d’atteintes à la liberté de la presse par le gouvernement américain – et a déclaré : « Dans le Washington de l’administration Obama, les responsables gouvernementaux ont de plus en plus peur de parler à la presse. » Jane Mayer, du New Yorker, a déclaré à propos des attaques de l’administration Obama contre la liberté de la presse : « C’est une énorme entrave à l’information, et donc le refroidissement n’est pas assez fort, c’est plutôt le gel de l’ensemble du processus. » James Goodale, avocat général du New York Times pendant la bataille menée par le journal dans les années 1970 pour publier les Pentagon Papers, a averti que « le président Obama dépassera certainement le président Richard Nixon en tant que pire président de tous les temps sur les questions de sécurité nationale et de liberté de la presse. »

Même « l’attaque contre la liberté de la presse » à laquelle Blinken fait référence dans cette interview vidéo – à savoir la récente demande de la Russie aux médias liés à des gouvernements étrangers, comme Radio Free Europe, de s’enregistrer en tant « qu’agents étrangers » auprès du gouvernement russe et de payer des amendes pour ne pas l’avoir fait – est une arme que Blinken et ses camarades utilisent contre d’autres depuis des années. En effet, la Russie répondait à la demande antérieure du gouvernement américain d’enregistrer RT et d’autres agences de presse russes en tant « qu’agents étrangers » aux États-Unis, ainsi qu’à l’escalade des attaques de l’administration Biden le mois dernier contre les agences de presse qui, selon elle, servent d’agents de propagande pour le Kremlin.

Ce n’est pas très nouveau pour les États-Unis de multiplier les conférences que le reste du monde reconnaît comme des farces complètes. En 2015, le président Obama se pavanait en Inde pour donner des conférences sur l’importance des droits de l’Homme, avant d’écourter son voyage pour s’envoler vers l’Arabie saoudite, où il a rejoint de nombreux hauts responsables du gouvernement américain pour rendre hommage au roi saoudien Abdallah, leur allié proche et hautement répressif de longue date, dont Obama a tant fait pour fortifier le régime totalitaire.

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Mais galoper à travers le monde en se faisant passer pour le champion de la liberté de la presse et des droits des journalistes indépendants, tout en travaillant à prolonger l’enfermement et la détention de l’une des personnes responsables de la plupart des révélations journalistiques les plus importantes de cette génération au-delà de la décennie qu’il a déjà endurée, est d’un tout autre niveau de tromperie. Le terme « hypocrisie » est insuffisant pour rendre compte du manque de sincérité qui se cache derrière la posture de Blinken.

Il est toujours facile – et peu coûteux – de condamner les violations des droits de l’Homme de ses ennemis. Il est beaucoup plus difficile – et plus significatif – de faire respecter ces principes pour ses propres dissidents. Blinken, comme tant d’autres qui l’ont précédé dans ce bureau de Foggy Bottom [quartier de Washington comportant de nombreux services du département d’Etat, NdT], excelle théâtralement dans le premier cas et échoue lamentablement dans le second.

Source : Glenn Greenwald, 09-05-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Source: https://www.les-crises.fr/blinken-preche-des-valeurs-que-son-administration-viole-ouvertement-par-glenn-greenwald/

 

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samedi, 05 juin 2021

Biden déploie sa machine de guerre

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Biden déploie sa machine de guerre

Par Alexander Markovics

« Nous devons nous attendre à une guerre nucléaire ». Ce qui ressemble à un gros titre datant de l'apogée de la guerre froide est aujourd’hui une déclaration tirée du rapport annuel du commandement stratégique américain. En charge des forces nucléaires américaines, les généraux des Etats-Unis considèrent la guerre nucléaire avec la Russie et la Chine comme une possibilité "dans le spectre actuel des conflits". Dans le même temps, 28.000 soldats de 26 nations se déploient sous la direction des États-Unis en Europe de l'Est, à la frontière sud avec la Russie, dans le cadre des manœuvres "Defender Europe 2021", qui se dérouleront du 1er mai au 14 juin. L'Allemagne ne se contente pas de participer à cet exercice de grande envergure, qui peut littéralement être considéré comme un pistolet braqué sur la poitrine de la Russie, mais sert avant tout de zone de déploiement pour les autres pays de l'OTAN et notamment pour les États-Unis. Mais quel est le contexte politique du déploiement ordonné par Biden en Europe ?

Volodymyr Zelensky - un belliciste dos au mur

A Kiev, le président Zelenskyj bat à nouveau le tambour pour une reconquête du Donbass. En 2014, lorsque l'Occident a organisé un coup d'État contre le président sortant Ianoukovitch et a commencé à organiser des pogroms contre la population russe dans l'est et le sud-est du pays pour forcer une guerre avec la Russie, non seulement la Crimée mais aussi certaines parties du Donbass se sont séparées suite à un soulèvement populaire. L'accord de Minsk qui a suivi a établi un cessez-le-feu entre l'Ukraine et les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk à l'est. Outre le retrait des armes lourdes de la région frontalière et un échange de prisonniers, Kiev s'est engagé à réviser sa propre constitution et à accorder aux deux États de l'Est une autonomie qui conduirait à terme à leur réadmission dans l'Ukraine. Mais la réalité est loin de ce qui est écrit dans l'accord de Minsk: chaque jour, de pauvres gens meurent dans le Donbass sous les tirs d'artillerie et, plus récemment, de drones des soldats de Kiev. Plus récemment, un enfant de cinq ans y a été tué par des drones. Même un amendement constitutionnel contenant l'autonomie promise ne s'est pas concrétisé jusqu'à présent. La marionnette de Washington à Kiev, Volodymyr Zelenskyj, a quelque chose de tout à fait différent en tête: ce comédien télégénique qu’est Zelenskyj était devenu célèbre en tant qu'artiste de cabaret, il veut maintenant "résoudre" le conflit dans le Donbass avec l'aide de l'OTAN, comme il l'a déclaré début avril. L'Ukraine ne peut plus attendre d'être acceptée dans l'alliance militaire occidentale, a-t-il déclaré, elle veut aussi rejoindre l'UE. Car sur le plan politique, il a désespérément besoin de succès: depuis son écrasante victoire électorale, il a déçu ses électeurs. Ainsi, pour 42% des Ukrainiens, il a été la grosse déception de 2020, ne pouvant ni lutter contre la corruption dans le pays, ni mettre en œuvre la paix promise.

La crise du coronavirus a encore aggravé la situation économique de l'Ukraine. Les scandales tels que les allégations de corruption à l'encontre du fils du président américain Hunter Biden, qui font passer l'Ukraine pour un bordel et une colonie américaine, font le reste. L'Ukraine est plus dépendante que jamais de l'aide financière de l'Occident, et pas seulement dans le secteur de l'armement. Il perd également de plus en plus de partisans dans le pays même, dont récemment l'oligarque Ihor Kolomojskyj. Par suite, une nouvelle flambée de la guerre lui conviendrait parfaitement. Les officiers de l'armée ukrainienne s'efforcent également depuis des mois d'obtenir un soutien pour une guerre contre l'Est. L'armée ukrainienne, disent-ils, est prête, surtout après sa mise à niveau avec des drones et d'autres matériels de guerre provenant de l'Ouest. En clair, au lieu de la paix et du retrait des armes, cela signifierait l'expulsion et le génocide. Mais lorsque, en réponse, Moscou a massé des troupes à la frontière avec l'Ukraine et en Crimée, Zelenskyi s'est attiré les foudres du public. Soudain, l'Ukraine a été menacée par la Russie. Le président ukrainien a alors imploré l'Occident de lui venir en aide. Ce faisant, il a fait le jeu du nouveau chef de guerre à Washington.

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Car depuis l'investiture du nouveau président américain, le ton des Etats-Unis contre la Russie s'est durci. Si Hillary Clinton ne pouvait expliquer sa défaite face à Donald Trump que par le fantasme de "l'ingérence russe dans l'élection présidentielle", Biden a également eu recours à cet argument non prouvé pour alimenter la peur de la Russie aux États-Unis. De plus, le 15 avril de cette année, Joe Biden a même fait déclarer l'état d'urgence aux États-Unis parce que le service de renseignement extérieur russe, le SWR, aurait été coupable d'une attaque informatique contre les États-Unis. Cette décision a été suivie de l'expulsion de dix diplomates russes et de l'interdiction de négocier des obligations d'État russes. Lorsque, dans le même souffle, Biden souligne qu'il ne cherche pas une escalade avec la Russie, mais veut seulement "réagir de manière appropriée", cela ne peut être compris que comme une farce.

Une crise diplomatique mise en scène

Cette action a entraîné le début d'une crise diplomatique entre l'Occident et la Russie. En Europe également, les États-Unis instrumentalisent leurs alliés pour exercer une pression accrue sur la Russie. L'explosion d'un dépôt de munitions en 2014 a soudainement été utilisée par Prague comme une occasion d'expulser le personnel de l'ambassade russe de la République tchèque. Dans une réaction en chaîne de "solidarité", des diplomates russes ont également été expulsés dans les trois États baltes et en Roumanie. Moscou ne s'est pas laissé faire et a répondu à son tour en expulsant sept diplomates de l'UE. Le point culminant de l'escalade occidentale contre la Russie et ses alliés a finalement été la planification d'une tentative d'assassinat contre le président biélorusse Loukachenko, qui a pu être empêchée par les services russes et biélorusses - plus d'informations à ce sujet dans la rubrique "Objection" de ce numéro de Deutsche Stimme. Le point commun de toutes ces provocations est le fait qu'elles proviennent de l'Occident et sont dirigées contre la Russie. Tout cela ne présage rien de bon pour les futures relations entre la Russie et l'Europe, qui, elle, est devenue un champ de bataille potentiel entre les États-Unis et la Russie et qui demeure dominée par les États-Unis en matière de politique étrangère.

Un déploiement sous le signe de la grande réinitialisation

Globalement, on peut affirmer que les actions et la rhétorique de l'alliance occidentale sous la direction de Joe Biden sont devenues de plus en plus vociférantes et menacent actuellement de dépasser toutes limites. D'un côté, nous voyons un secrétaire américain à la défense transsexuel, un président américain dégringolant des escaliers et lançant des accusations non prouvées d'ingérence dans les élections et dans les affaires américaines. Ce qui semble complètement ridicule à première vue est cependant étayé par des mesures percutantes du côté occidental: les récentes déclarations sur la possibilité d'une guerre nucléaire avec la Russie et la Chine, les expulsions de diplomates russes, le déploiement de l'OTAN dans le sud-est de l'Europe et en mer Noire, ainsi que la tentative d'assassinat d'Alexandre Loukachenko sont autant de quasi-déclarations de guerre contre la Russie qui n'ont pas encore été suivies d'une escalade totale, ce que nous devons avant tout aux nerfs d'acier de Vladimir Poutine et à la retenue de la Russie. Tout cela se déroule sur fond de Great Reset. Deutsche Stimme a consacré un numéro séparé à ce sujet - qui, dans les affaires intérieures des États occidentaux, impose des mesures toujours plus totalitaires de restructuration de la société sous le couvert de la politique ‘’covidiste’’; dans le domaine de la politique étrangère, cela signifie une confrontation toujours plus vive avec des puissances altermondialistes comme la Chine, l'Iran, mais surtout la Russie.

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L'Allemagne a beaucoup d'enjeux dans ce conflit. L'enjeu n'est pas seulement le gazoduc Nord Stream 2, qui revêt une importance considérable pour la sécurité énergétique du pays, mais l'existence même du peuple allemand. En octobre 2020, l'armée de l'air allemande s'est entraînée à larguer des bombes nucléaires américaines sur le territoire allemand dans le cadre de l'exercice "Steadfast Noon". Sachant que les bellicistes du Pentagone et leurs marionnettes à Kiev travaillent à une escalade ouverte avec la Russie et que l'Occident est apparemment prêt pour la guerre nucléaire, une seule mauvaise décision peut conduire à l'anéantissement nucléaire de l'Allemagne et de l'Europe, comme aux beaux jours de la guerre froide. Dans le contexte des développements actuels, il est d'autant plus important que nous ne nous laissions pas atteler à la charrette de Washington, mais que nous nous prononcions inébranlablement pour un retrait de l'OTAN et pour la paix en Europe. Maintenant que les Verts, la gauche et même une grande partie de l'AfD sont attachés au traité de l'Atlantique Nord et au transatlantisme, c'est la seule tâche de l'opposition nationale de mener une authentique politique de paix pour un futur monde multipolaire.

 

lundi, 24 mai 2021

La géopolitique des sectes

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La géopolitique des sectes

Par Claudio Mutti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

51kqD6w2NfL.jpgIl y a une trentaine d'années, en publiant dans la collection de l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris une étude sur les aspects géopolitiques du christianisme orthodoxe [1], François Thual utilisait le cas exemplaire de l'orthodoxie pour montrer l'importance du facteur religieux comme paramètre fondamental de la géopolitique. C'est ainsi qu'est née la "géopolitique des religions", que Thual a ensuite traitée dans d'autres essais, tant sur des sujets spécifiques que généraux [2]. Acceptant la leçon de Thual, Eurasia a donné naissance en 2014 à un numéro intitulé Géopolitique des religions [3], dans lequel les implications géopolitiques de diverses religions dans différentes régions du monde ont été examinées. Eurasia a également accordé une attention particulière à ce thème, comme en témoignent par exemple des dossiers tels que L'islamismo contro l'Islam ? [4], Luoghi santi e "Stato Islamico" [5], La guerra civile islamica [6], Geopolitica dell'Ortodossia [7], Cattolici, ortodossi, evangelici, Islam [8].

Si le facteur religieux fait partie de ceux que la géopolitique s'efforce d'identifier et de comprendre pour ses investigations, pourquoi ne pas considérer également le facteur constitué par les sectes? Eurasia a tenté de le faire en consacrant un récent ‘’doxaire’’ aux Sectes de l'Occident [9], dans lequel sont examinés certains phénomènes sectaires qui, ces derniers temps, ont joui d'une certaine célébrité. Aussi limitée soit-elle, la vue d'ensemble offerte au lecteur révèle un fait d'une importance considérable, à savoir l'extraordinaire familiarité des Etats-Unis avec la réalité multiforme de l'univers sectaire. En fait, il a été souligné « que la plupart des groupes qui portent le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" sont nés aux États-Unis, [comme dans le cas des] Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie[10] » ; que l'expansion de nombreuses sectes qui ont vu le jour en dehors des États-Unis commence souvent par le transfert de leur leader ou "maître" aux États-Unis; que les États-Unis d'Amérique eux-mêmes ont à leur origine l'action d'une secte, la puritaine ; que l'actuel président Joe R. Biden est lié par un lien ancien avec les puritains. Biden est lié par une vieille relation à la secte juive Chabad Lubavitch.

unnamedloub.jpgMais les Loubavitchs, qui en 2008 soutenaient déjà Biden pour ses positions pro-sionistes [11], ne sont que l'aspect le plus pittoresque de cette "coalition informelle d'organisations et d'individus travaillant à orienter la politique étrangère américaine dans une direction pro-Israël" [12], c'est-à-dire de ce groupe de pression qui, défini par le terme anglais de lobby [13], se configure comme "le Lobby" par excellence, c'est-à-dire comme une véritable "supersecte".

En effet, si près de soixante-dix pour cent de la judaité mondiale est concentrée aux Etats-Unis [14] et en Palestine [15], c'est aux Etats-Unis qu'elle "dispose d'un certain nombre de grandes associations qui défendent ses thèses et ses intérêts, tant auprès des gouvernements nationaux que des organisations intergouvernementales" [16]. Il s'agit d'un "déploiement impressionnant d'organisations, dont la plus puissante et la plus connue est l'AIPAC" [17] (American Israel Public Affairs Committee), dont le positionnement super partes par rapport aux partis politiques est démontré par ses conférences annuelles, auxquelles participent aussi bien des démocrates que des républicains, comme par exemple, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump (qui a prononcé un discours écrit par son gendre Jared Kushner, qui est lui-même un juif orthodoxe).

"La conférence annuelle de l'AIPAC", explique un journaliste américain, "a lieu à Washington chaque printemps et constitue un événement important de la saison politique (...). Le discours d'ouverture est généralement prononcé par le président des États-Unis, le vice-président ou le secrétaire d'État. (...) Comme un hommage au pouvoir du lobbying, environ la moitié des membres du Congrès participent à la conférence, y compris les whips démocrates et républicains des deux chambres. Il est évident que leurs discours reflètent leur allégeance personnelle et le soutien inconditionnel de l'Amérique à Israël. Les noms des membres du Congrès qui empruntent la passerelle sont publiés sur le site web de l'AIPAC, ce qui augmente leurs chances d'obtenir des contributions de grands donateurs juifs. Tout aussi importants, mais rarement médiatisés, sont les dîners et déjeuners régionaux de l'AIPAC dans tout le pays, événements auxquels sont invités les dirigeants politiques locaux (...). A l'issue de ces événements, les personnes invitées reçoivent comme prix des voyages tous frais payés en Israël, offerts par les Conseils communautaires juifs locaux, les Fédérations ou d'autres organisations juives. En Israël, ils sont reçus par le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major de l'armée, on leur fait visiter Israël et les colonies de Cisjordanie, et enfin on les emmène au musée de l'Holocauste de Yad Vashem"[18]. Les membres du Lobby sont tous juifs.

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Le Lobby comprend non seulement des Juifs, mais aussi des personnalités éminentes de l'Église évangélique et d'autres "dénominations"; en particulier, il comprend les "sionistes chrétiens", "une secte au sein du groupe plus large et politiquement orienté de la droite chrétienne (...) une sorte de "partenaire junior" des divers groupes pro-Israël de la communauté juive américaine". La secte des sionistes chrétiens est issue du ‘’dispensationalisme’’ [20], un courant théologique d'origine anglo-saxonne particulièrement répandu dans les églises évangéliques.

Avant de venir aux Etats-Unis, ce courant avait eu une certaine diffusion en Angleterre, où il a probablement contribué "à rendre le ministre anglais des Affaires étrangères Arthur Balfour particulièrement sensible à l'idée de créer un foyer pour les Juifs en Palestine"[21]. Selon la théologie "prémillénariste" de la secte, les juifs régneront sur la "terre d'Israël" pendant mille ans après que Jésus-Christ aura "enlevé" les chrétiens pour les emmener au paradis; après le millénaire, le nouveau ciel et la nouvelle terre annoncés par l'Apocalypse de Jean apparaîtront. Les ‘’dispensationalistes’’, et avec eux la secte des sionistes chrétiens, sont donc certains que le prétendu "retour"[22] des Juifs en Palestine est un événement fondamental de ce processus eschatologique qui culminera avec le second avènement de Jésus; ils croient donc que les États-Unis doivent soutenir de toutes leurs forces le régime sioniste de Tel Aviv et se préparer à combattre à ses côtés dans la bataille finale d'Armageddon. La diffusion des thèses ‘’dispensationalistes’’ est également due à une très heureuse activité littéraire à thème "apocalyptique", dont il suffit de mentionner quelques cas. Le premier est représenté par le théologien et animateur de télévision Harold (Hal) Lindsey (né en 1929), connu pour sa campagne en faveur d'une attaque nucléaire contre la République islamique d'Iran, "le seul choix logique possible pour Israël". Lindsey est l'auteur de The Late, Great Planet Earth (28 millions d'exemplaires depuis 1990), dont a été tiré un film avec Orson Welles. Le second cas est celui de Timothy (Tim) LaHaye (1926-2016), conférencier spécialisé dans les prophéties bibliques et auteur d'une série de seize romans (Left Behind, Tribulation Force, Soul Harvest, Nicolae, etc.) qui se sont vendus à ce jour à plus de 60 millions d'exemplaires et ont inspiré plusieurs films.

* * *

Quel est le poids du Lobby dans les deux dernières administrations américaines?

Donald Trump, en plus de confier le poste de "conseiller principal" à son gendre Jared Kushner et à sa fille Ivanka (tous deux juifs orthodoxes), a puisé dans les rangs du Lobby au moins une vingtaine de collaborateurs, dont: Stephen Miller (conseiller politique), Steven Mnuchin (secrétaire au Trésor), David Friedman (ambassadeur en Israël), Jason Greenblatt (assistant du président et représentant spécial pour les négociations internationales), Elliot Abrams (représentant spécial pour le Venezuela, puis l'Iran), Anne Neuberger (conseillère adjointe à la sécurité nationale et responsable de la cybersécurité), Gary Cohn (conseiller économique, puis président d'IBM), Lawrence (Larry) Kudlow (directeur du Conseil économique national), etc.

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Quant à l'administration actuelle, le 8 décembre 2020, Nathan Posner a annoncé triomphalement dans Atlanta Jewish Times que le gouvernement de Joe Biden serait "historiquement juif" [23]. Un mois plus tard, en fait, le Lobby a placé ses hommes (et ses femmes) dans la nouvelle administration.

Antony (Tony) John Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité intérieure sous l'ère Barack Obama, a succédé à Mike Pompeo au poste de secrétaire d'État le 26 janvier. "L'histoire de sa vie se lit comme une fiction sur la haute société juive", a écrit le Washington Post, rappelant que Blinken "a eu voix au chapitre dans tous les débats sur la sécurité nationale et la politique étrangère de l'administration du président Obama" [24]. Un article du Wall Street Journal a notamment rappelé que "la grande attention portée par l'administration Obama à la Syrie était due à Blinken, dont les recommandations avaient tendance à suivre la ligne dure" [25].

Le jour même du début du mandat de Blinken, le poste de secrétaire au Trésor a été confié à Janet Louise Yellen, issue d'une famille juive de Brooklyn. Ancienne vice-présidente puis présidente de la Réserve fédérale, Yellen s'est classée en 2014 à la deuxième place de la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde, selon "Forbes"[26].

La direction de la Central Intelligence Agency (CIA) a également été reprise par une israélite [27], Avril Danica Haines, anciennement directrice adjointe de la CIA de 2013 à 2015 et conseillère adjointe à la sécurité nationale (en remplacement de Blinken) de 2015 à 2017.

Le poste de secrétaire à la sécurité intérieure est revenu à Alejandro Nicholas Mayorkas, anciennement secrétaire adjoint du même département de 2013 à 2016; Mayorkas est né à La Havane de parents juifs qui ont quitté Cuba après la révolution et se sont installés à Miami.

L'économiste Jared Bernstein, collaborateur du New York Times et du Washington Post, devient le conseiller économique de M. Biden. Le fait que Bernstein, pour célébrer sa nomination au Council of Economic Advisers, ait eu recours au lexique yiddish lui a donné une importance particulière [28].

Le chef de cabinet de la Maison Blanche depuis le 20 janvier est Ronald (Ron) Alan Klain, ancien chef de cabinet de deux vice-présidents: Al Gore (1995-1999) et Joe Biden (2009-2011). M. Klain, cinquième membre du Lobby à devenir le chef de cabinet du président, a célébré sa bar-mitsva dans une synagogue d'Indianapolis affiliée au ‘’judaïsme reconstructionniste’’. En avril 2020, lors d'une conversation télévisée avec le rabbin Dennis Sasso, M. Klain a démontré son expertise en matière d'exégèse biblique en comparant l'épidémie de Covid-19 à la dixième plaie d'Égypte, lorsque "il y eut de grandes lamentations en Égypte, car il n'y avait pas une maison où il n'y avait pas un mort" [29]. Et "les Israélites (...) firent donner par les Égyptiens des objets d'argent et d'or et des vêtements. (...) Ils dépouillèrent donc les Égyptiens" [30].

* * *

Celui qui veut retracer les origines historiques de la "supersecte" américaine, doit remonter à la naissance de la loge maçonnique initialement appelée Bundesbrüder, qui a été fondée le 13 octobre 1843 au café d'Aaron Sinsheimer à Wall Street, New York, par douze Juifs d'Allemagne. Le groupe, qui prend bientôt le nom d'Independent Order of B'nai B'rith, se propose, selon l'article 2 de sa charte, d'"unir les Juifs pour la promotion de leurs intérêts les plus élevés et le bien de l'humanité", le "peuple d'Israël" étant le médiateur nécessaire entre Dieu et l'humanité. En 1851, le B'nai B'rith comptait douze loges et un peu plus d'un millier d'affiliés ; mais, étant donné l'augmentation continue de la population juive américaine (un million en 1900, 5.200.000 en 1945), en septembre 1945, les membres de l'Ordre s'élevaient déjà à 160.000 hommes et plus de 70.000 femmes. Ayant entre-temps acquis le caractère d'une véritable organisation internationale, le B'nai B'rith peut compter sur un réseau mondial de 250.000 affiliés et se servir des activités de l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith, qu'il a fondée en octobre 1913.

661UHkpR_400x400.jpgL'ADL, dont le siège est à New York et qui compte actuellement une trentaine de branches aux États-Unis, ainsi que quelques bureaux à l'étranger, ne fait pas mystère de ses activités d'espionnage. Abraham (Abe) H. Foxman [31], directeur national de l'ADL, a explicitement déclaré: "Notre mission est de surveiller et de détecter ceux qui sont antijuifs, racistes, antidémocratiques (...). Comme les organisations extrémistes sont enclines au secret, l'ADL ne peut parfois apprendre leurs activités qu'en utilisant des moyens secrets" [32]. Bien entendu, le procès intenté en 1993 contre l'ADL par douze groupes de défense des droits civils, dirigés par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee et la National Lawyers Guild, n'a pas servi à grand-chose. (En ce qui concerne l'influence de l'ADL en Italie en particulier, il convient de rappeler qu'en août 1994, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a été contraint de présenter ses excuses à Abe Foxman pour une déclaration du ministre du travail, Clemente Mastella, qui avait insinué que la chute de la lire sur le marché international avait été provoquée par le lobby juif américain. Devenu ministre de la justice dans le gouvernement Prodi (2006-2008), Mastella a expié sa culpabilité en présentant un projet de loi visant à punir les "idées antisémites" et en finançant un programme international d'éducation sur l'Holocauste).

De retour au B'nai B'rith, il s'installe en septembre 1957 dans son nouveau siège à Washington, DC, qui est inauguré par le président Richard Nixon. "Depuis lors, les différents présidents américains, les plus hautes personnalités de l'Etat et de nombreux chefs d'Etat étrangers n'ont cessé de suivre et de soutenir l'Ordre du B'nai B'rith (...) Les campagnes présidentielles passent désormais inévitablement par les assemblées du B'nai B'rith, où les candidats, tant démocrates que républicains, viennent apporter leurs messages de soutien à Israël (accusant toujours leurs adversaires de tiédeur envers la cause sioniste) (...). En 1963 (...) l'invité d'honneur était le président John Kennedy. (...) Quelques mois plus tard, c'était le tour du nouveau président Lyndon Johnson" [33]. L'Ordre entretenait de très bonnes relations avec les sionistes.

L'Ordre a entretenu d'excellentes relations avec tous les présidents américains, exhortant chacun d'entre eux à engager les énergies du pays dans la défense du régime sioniste et de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient. Immédiatement après l'élection de Donald Trump, le président Gary P. Saltzman et le vice-président exécutif Daniel S. Mariaschin ont envoyé le message suivant au président nouvellement élu: "Le B'nai B'rith applaudit votre engagement déclaré en faveur de la sécurité d'Israël et votre engagement à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire. Nous reconnaissons que le leadership américain - et le partenariat crucial de l'Amérique avec son allié démocratique Israël - sont essentiels à notre objectif commun d'un Moyen-Orient pacifique et stable. Nous sommes donc grandement rassurés de savoir qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance, aura un allié fidèle en la personne du président des États-Unis" [34]. Nous sommes également rassurés de savoir qu'Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance.

Le message envoyé par le président et le vice-président de l'Ordre au président nouvellement élu, Joe Biden, n'est pas très différent sur le fond: "Le moment est venu pour la nation de resserrer ses rangs, unie dans la guérison et unie face aux défis les plus graves. En tant qu'organisation humanitaire juive mondiale, nous nous concentrons sur les droits de l'homme, sur la sécurité et la défense d'Israël et du peuple juif, sur les questions touchant les anciens, la tolérance et la diversité. Nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration et le Congrès sur des questions cruciales pour les États-Unis et Israël. "[35].

NOTES

[1] François Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Dunod, Paris 1993. Trad. it. La geopolitica dell’Ortodossia, SEB, Milano 1995. Di Thual si veda inoltre: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.

[2] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris 1995; Géopolitique du Bouddhisme, Éditions des Syrtes, Genève 2002; Géopolitique des religions. Le Dieu fragmenté, Ellipses, Paris 2004.

[3] “Eurasia”, a. XI, n. 3.

[4] “Eurasia”, a. IX, n. 4.

[5] “Eurasia”, a. XI, n. 4.

[6] “Eurasia”, a. XII, n. 3.

[7] “Eurasia”, a. XIII, n. 3.

[8] “Eurasia”, a. XVI, n. 1.

[9] “Eurasia”, a. XVIII, n. 2.

[10] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Oscar Mondadori, Milano 1990, p. 19.

[11] David Margules, président du Chabad Lubavitch au Delaware, a déclaré à proposdeBiden : “He has developed the reputation for being a strong supporter of Israel”.

[12] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, Mondadori, Milano 2007, p. 14.

[13] Dulatin tardif laubia, qui est à l’origine du terme italien loggia.

[14] D’après une étude publiée par la démographe Ira Sheskin et parle sociologue Arnold Dashefsky en 2015 la population juive aux Etats-Unis serait de 6.829.930 individus.

[15] D’après les données fournies par la ‘’Berman Jewish Data Bank’’, en 2018 la population juive de l’Etat totalisait 6.960.000 individus.

[16] Jean Meynaud, Les groupes de pression internationaux, Études de Science politique, Lausanne 1961, pp. 95.

[17] John Mearsheimer – Stephen Walt, La lobby israeliana e la politica estera degli Stati Uniti, in: AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, Effepi, Genova 2007, p. 18.

[18] Jeffrey Blankfort, L’influenza di Israele e della sua lobby in America sulla politica americana in Medio Oriente, in AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, cit., pp. 68-69.

[19] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., pp. 164-165. Cfr. Marco Zenesini, Ritorni: il sionismo cristiano, “Eurasia”, 2/2021, pp. 123-127.

[20] Ce nom dérive du terme anglais dispensation, qui, dans la version autorisée de la Bible du Roi Jacques traduit le terme οἰϰονομία, “administration’’. L’apôtre, en fait, ‘’administre’’ l’annonce faite dans l’Evangile et ‘’dispense’’ la Grâce.

[21] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., p. 165.

[22] Il est difficile, sinon impossible, de soutenir que lers Juifsactuels, auxquels les thèses sionistes attribuebt un ‘’droit au retour’’en Palestine, descendent desHébreuxdes douze tribus, parce qu’à l’ethnogénèse juive d’autres éléments ethniques de provenances très diverses ont contribués, car acquises via le prosélytisme. Sur ce thème, je renvoie à mon essai Chi sono gli antenati degli Ebrei?, “Eurasia” 2/2009, republié sous le titre de  Gli Ebrei sono semiti? en appendice à: Goffredo Coppola, Trenta danari, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020.

[23] Nathan Posner, Biden’s Jewish Leadership, atlantajewishtimes.timesofisrael.com

[24] Alison Weir, L’ex vice consigliere per la sicurezza nazionale Tony Blinken rivela come Obama e Biden hanno contribuito al massacro israeliano di Gaza nel 2014, bocchescucite.org, 4 luglio 2020.

[25] Ibidem.

[26] Ecco le donne più potenti del mondo secondo Forbes, www.liberoquotidiano.it, 29 maggio 2014.

samedi, 22 mai 2021

Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

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Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

Ex : https://katehon.com/ru/news/

Les États-Unis ne veulent plus acheter le Groenland, a déclaré le secrétaire d'État américain Blinken, écartant tout projet d'achat par Washington de ce vaste territoire autonome danois.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a confirmé que l'Amérique ne voulait plus acheter le Groenland, écrit The Guardian.

Le chef du département d'État américain a visité le territoire autonome insulaire danois, concluant un voyage de quatre jours qui comprenait une réunion des ministres des affaires étrangères de la région arctique.

"Je suis au Groenland parce que les États-Unis apprécient profondément notre partenariat et veulent le rendre encore plus fort", a déclaré Anthony Blinken aux journalistes lors de sa dernière étape de la tournée arctique.

Il a souligné qu'il n'était pas venu ici pour acheter la plus grande île du monde, signalant un changement de politique annoncé à l'époque par l'administration Trump. À la question de savoir si les États-Unis ont complètement exclu tout projet d'achat du Groenland, M. Blinken a répondu en souriant: "Je peux confirmer que c'est le cas."

L'ancien président américain Donald Trump avait annoncé en août 2019 qu'il envisageait d'acheter le Groenland, dont la taille équivaut à un quart de celle des États-Unis.

"Il appartient essentiellement au Danemark", avait déclaré Trump à l'époque. - Nous sommes de très bons alliés du Danemark, nous protégeons le Danemark de la même manière que nous protégeons la plupart du monde. C'est comme ça que le concept est né, et j'ai dit: "Bien sûr". Stratégiquement, c'est intéressant, et nous serions intéressés, mais nous leur en parlerons un peu. Je peux vous dire que ce n'est pas le numéro 1 de ce qui est en jeu."

Selon M. Trump, l'achat du Groenland par les États-Unis serait "essentiellement une grande opération immobilière".

La proposition de Trump, que le gouvernement danois a qualifiée d'"absurde", a provoqué un tiraillement diplomatique.

L'année dernière, les États-Unis ont rouvert un consulat dans la capitale du Groenland, Nuuk, et se sont engagés à verser 12 millions de dollars pour des projets civils.

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En parlant d'un éventuel financement supplémentaire, M. Blinken est resté vague quant aux nouveaux projets américains, le nouveau gouvernement local du Groenland ayant lancé l'idée d'un accord de libre-échange en début de semaine.

"Le nouveau premier ministre du Groenland, Mute Egede, qui a pris ses fonctions en avril, s'est dit "convaincu que cette décennie sera le début d'une nouvelle ère dans les relations entre nos pays’’.

Le gouvernement de gauche, qui a remporté les élections législatives anticipées du Groenland le mois dernier, est allié à un petit parti indépendantiste qui s'est dit favorable à l'établissement de relations avec les États-Unis.

Rappelons que début septembre 2019, le président américain Donald Trump, qui devait se rendre à Copenhague à l'invitation de la reine danoise Margrethe II, a annulé sa visite après que le Premier ministre danois a déclaré que la vente du Groenland ne serait pas discutée dans le cadre de la visite du président américain.

Bien que la première ministre danoise, Mette Frederiksen, ait souligné à plusieurs reprises l'importance particulière de la prochaine visite de M. Trump, qualifiant les États-Unis d'"allié le plus important et le plus fort du Danemark au sein de l'OTAN", elle a jugé absurde l'idée de vendre une partie du territoire danois aux États-Unis: "Le Groenland n'est pas à vendre [...]. Le Groenland appartient aux habitants du Groenland. J'espère vraiment que l'offre n'était pas sérieuse."

Une telle réaction des Danois à la proposition commerciale n'a pas fait plaisir à M. Trump, qui s'est offusqué des propos sur l'idée "absurde" d'acheter et de vendre le Groenland.

"Le Danemark est un pays très spécial avec des gens incroyables, mais sur la base des commentaires du Premier ministre qui a déclaré qu'elle ne serait pas intéressée à discuter de l'achat du Groenland, je vais reporter notre rencontre à une autre fois..." - Trump avait écrit sur Twitter.

Selon la version officielle, Donald Trump a manifesté son intérêt pour l'achat de terres groenlandaises en raison des ressources naturelles de l'île, comme le charbon et l'uranium. En outre, situé entre l'Atlantique et l'océan Arctique, le Groenland revêt une grande importance stratégique pour l'Amérique. En 1951, un traité avait été signé entre le Danemark et les États-Unis, en vertu duquel l'armée américaine utiliserait dorénavant la base aérienne de Thulé dans la partie nord de l'île.

D'ailleurs, Trump n'est pas le premier homme politique américain à vouloir annexer le Groenland aux États-Unis. En 1867, le secrétaire d'État William Seward a tenté sans succès d'acheter l'île aux Danois, et en 1946, Harry Truman a essayé d'acheter le Groenland pour 100 millions de dollars-or, mais également sans succès.

Source : mk.ru

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.

La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

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La fin de la Covid-mania en Amérique et ailleurs

par Nicolas Bonnal

Le système recule niaisement – sauf à prendre ses agents médiatiques pour des super-machiavels - sur plusieurs fronts (pass sanitaire, tests, propagande affolante, vaccins obligatoires…) ; oui, je sais, on va me dire que c’est une tactique et qu’il va revenir à la charge plus tard. Il n’empêche : toute retraite est bonne à prendre, et tout ce que veulent les plus fous des gâteux et les « nonagénaires génocidaires » aux commandes (Schwab-Rothschild-Soros-Bergoglio-Prince Charles-Gates-Rockefeller-etc.) ne se met pas en place comme, ça - et l’échec du concert des sexagénaires de la lamentable bande rock Indochine le montre. La masse inerte ou incertaine veut bien aller dans une certaine direction, mais jusqu’à un certain point seulement. La bande de bras cassés du gouvernement peut difficilement persévérer comme ça. L’économie s’écroule - et le fait que dans le Reset tout le monde, Chine et Russie en tête, ne veuille pas jouer au jeu du petit suicide façon Merkel-Macron-Leyen, va limiter la durée de la partie de football unijambiste. On ne va pas pouvoir continuer, pour contredire la phrase de Sartre dans Huis clos. C’est comme de déclarer la guerre à la Chine et la Russie en discutant des benêts idéaux Woke et du sexe des anges et des transgenres. La réalité a fini pas rattraper les fous, qui ne croyaient qu’en leur raison (Chesterton).

Car attention. On veut bien travailler moins et rester à la maison ; on veut bien prendre un peu d’argent et regarder internet ou la télé (le gouverneur du Texas oblige les gens déconfinés à retourner au travail, et comme on sait huit millions d’Américains attendent plutôt les allocs plantureuses de Biden qui font plier le dollar et relancent l’inflation) ; mais se faire marquer et étiqueter comme un veau pour aller au restau ou au concert de rock ?  Il y a vingt ans dans mon livre sur Internet je détaillais déjà les plans actuels des techno-lords comme nous les appelions : dépopulation (cinquante millions d’habitants sur terre et pas 500 ! – voyez Mark Pesce) ; transhumanisme pas très transcendant ; anti-nomadisme forcené et sédentarisme techno (Attali) et je parlais de la résistance des techno-paranoïaques, qui comme nous voyaient se mettre en place une « étrange dictature » (Viviane Forrester).

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Il ne faut pas oublier qu’entretemps Trump a été élu, fantastique claque au système, et que la résistance au quarteron de comploteurs en retraite (Davos, Bilderbergs, Trilatérale, Bruxelles) s’est renforcée. Ils ne font donc pas ce qu’ils veulent ; et même si je trouve l’opinion publique très assoupie, elle offre aussi parfois par son inertie une résistance passive assez efficace : toute comédie aura assez duré.

Pour ce qui concerne le déclin du culte de la Covid en Amérique, on prendra ces observations qui valent leur poids en or. Je les ai trouvées sur le site de Ron Paul, écrite par un contributeur nommé Jordan Schachtel :

 « Comment l’administration Biden a-t-elle pu activer COVID Mania et désactiver le régime de sécurité pratiquement du jour au lendemain, après 15 mois d’une propagande impitoyable et d’une campagne de peur affirmant que l’Amérique était au milieu d’une pandémie perpétuelle de mort et de destruction sans fin? Heureusement pour Team Biden, la Maison Blanche actuelle bénéficie du privilège démocrate ou du privilège d’initié de DC. Et comme ils font partie du club des initiés, ils ont la capacité de contrôler et de manipuler les centres de pouvoir de DC à tout moment. Pour donner un sens à ce changement rapide et déroutant des événements, vous devez comprendre comment nos institutions à Washington, DC fonctionnent réellement. »

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C’est donc un retournement dû au Deep State ou plutôt (restons humbles) à l’administration américaine, qui est à fond démocrate (depuis Obama ou depuis Roosevelt – ou même Wilson ?). Jordan :

« Il est compréhensible pour le citoyen américain moyen d’avoir du mal à comprendre comment le CDC et d’autres institutions gouvernementales de santé sont passés de la projection d’un «sentiment de malheur imminent» à «votre santé est entre vos mains» en quelques jours. »

Il ajoute donc que ce culte de la Covid avait plusieurs objectifs :

« Maintenant, les individus quelque peu pondérés de l’administration Biden cherchent un moyen de sortir de COVID Mania depuis un certain temps. Si les prises de pouvoir liées à «la pandémie» ont aidé les responsables à accumuler le pouvoir (notamment les gouverneurs maniaques des États) et à mettre en place un régime de sécurité autoritaire, les politiques de pandémie ont également manifesté plusieurs crises. »

J’aurais ajouté : se débarrasser de Trump, première cible de cette crise lamentable. La haine qu’il a inspirée a accéléré la fin de leur monde.

Toutes les administrations, y compris en France, ont crû en pouvoir dans cette crise qui ne sert que l’étatisme, comme la lutte contre le terrorisme. Sur cette croissance du pouvoir lié à des crises fantasmées et à une logique intérieure et administrative, on relira Marx et son dix-huit brumaire.

Mais. Il y a un mais, car tout s’écroule avec ce raffut, l’Amérique et ses alliés en tête :

«  L’administration Biden fait face à d’innombrables bouleversements nationaux et internationaux, en plus d’une économie en déclin, parmi de nombreuses autres bulles et catastrophes imminentes. Ils avaient besoin d’un moyen de sortir le plus tôt possible humainement. COVID Mania a eu tellement d’effets résiduels qu’il a commencé à menacer l’intégrité de l’ensemble du système. Ils avaient besoin d’une stratégie de sortie, alors ils ont simplement affirmé leur privilège d’initié, mis de l’ordre les personnes nommées politiques et la bureaucratie fédérale. »

Trump était coincé pour sortir de cette crise où on l’avait entraîné (son instinct était bon, mais ses conseillers..., et quel malheur d’avoir un gendre !) :

« Donald Trump aurait-il pu réussir cela de la même manière? Je ne suis pas si sûr. Il est important de comprendre comment Washington fonctionne quand quelqu’un qui menace l’État administratif arrive en ville, par opposition à quelqu’un qui est soutenu par la bureaucratie fédérale. »

Jordan rappelle que les dés étaient pipés :

« La bureaucratie fédérale est extrêmement libérale et conformiste lorsqu’il s’agit de soutenir les centres de pouvoir à Washington. Lors des élections de 2016,  95%  des dons politiques sont allés à Hillary Clinton, qui, comme Joe Biden, est vraiment l’initié ultime de DC. Lorsqu’un initié de la Maison Blanche comme l’administration Biden est en charge de l’exécutif, la fonction publique agit en solidarité avec l’administration. Ils ne perçoivent pas à juste titre l’administration Biden comme une menace pour le système. Lorsqu’un étranger comme Donald Trump arrive en ville, la fonction publique se donne pour mission de rendre le travail de l’étranger aussi difficile que possible. « 

Et de conclure :

« L’équipe Biden a été en mesure de débrancher si rapidement COVID Mania parce qu’elle a la capacité de contrôler la bureaucratie fédérale, en plus d’avoir le soutien des courtiers en puissance de DC et d’une presse d’entreprise pom-pom girl. Team Biden est un bénéficiaire du privilège d’initié, et ils l’ont utilisé pour mettre fin à COVID Mania dans un instant. »

Tout cela montre que la crise sanitaire était un moyen en vue d’une fin, pas une réalité (sauf peut-être en Chine au début, et pour cause, les services secrets occidentaux ayant décidé de se débarrasser de ce concurrent par des moyens peu orthodoxes) ; moyen diabolique au service des Etats et des administrations pour renforcer un agenda intérieur (voyez le texte de Delepine sur la médecine comme trou noir) et extérieur.

Or là aussi, on a patiné dans la choucroute : la résistance des « complotistes », en marge de la soumission de la masse (« si quelques résistants… ») a été mondiale et formidable. On a vu que le Reset pointait, avec ce transhumanisme et la Prison pour tous. On s’en rapproche bien sûr mais on n’y est pas encore. Et comme le disait Matthew Ehret, il y a cent-quarante pays qui ne marchent pas dans cette combine.

La Covid a menacé nos libertés mais elle a aussi ébranlé le système néolibéral occidental. Ils ne sont pas plus sortis de l’auberge que nous, comme on va tous s’en rendre compte bientôt.

Pour paraphraser Shakespeare : il y a plus de merveilles dans ce monde, monsieur le transhumain, que sur votre écran d’ordinateur et dans toute votre informatique – arme d’ailleurs qui peut être retournée contre le système lui-même.

Sources :

Bonnal - Internet, nouvelle voie initiatique, Les Belles Lettres, Avatar.

http://ronpaulinstitute.org/archives/featured-articles/2021/may/19/how-team-biden-ended-covid-mania-overnight/

 

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mercredi, 19 mai 2021

Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

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Le conflit en Ukraine se calme-t-il à nouveau?

Petru Romosan

Ex : https://flux.md/

Alors qu'aux États-Unis, le policier Derek Chauvin a été condamné pour la mort accidentelle de George Floyd (c'est ainsi que les violentes manifestations de BLM et d'Antifa ont débuté), en Russie, Vladimir Poutine a prononcé un long discours (une heure et demie) sur l'état de la nation lors de sa première apparition publique après le déclenchement de la pandémie. Poutine s'est montré longuement préoccupé, avec des chiffres et des plans, par le sort des familles, des enfants, des élèves et des étudiants (ce que Klaus Iohannis et Florin Câțu ne font pas), par la promotion de l'enseignement scientifique et technique, et a attiré l'attention sur les lignes rouges que la Russie n'acceptera pas de voir franchies. Les lignes rouges sont fixées par la Russie elle-même et elle ne se sent pas obligée de les annoncer à l'avance. Le président russe a menacé de riposter plus durement que jamais et s'est plaint que les attaques et les sanctions contre la Russie soient devenues un sport pour l'Occident, une banale habitude. Un commentateur de Moscou a souligné que les citoyens russes sont fatigués de la géopolitique et veulent avant tout augmenter leurs revenus.

Mais le conflit toujours gelé dans le Donbas (le bassin de Donetsk), dans l'est de l'Ukraine, prend de l'ampleur chaque jour. Joe Biden a proposé au président russe une rencontre dans un pays tiers, ce que Vladimir Poutine semble avoir accepté. Par ailleurs, une conférence sur le climat et l'écologie aura lieu à l'initiative des États-Unis, où le président américain veut faire oublier l'initiative de son prédécesseur Donald Trump de dénoncer le traité de Paris. Le président chinois Xi Jinping et, apparemment, le président russe Vladimir Poutine seront également présents (virtuellement, via Internet). Le président Joe Biden pourrait annoncer dans les prochains jours la reconnaissance du massacre des Arméniens en 1915-1916 en Turquie, un geste qui risque de faire exploser les relations des Etats-Unis avec son principal partenaire de l'OTAN, la Turquie.

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Bien que le président ukrainien Volodimir Zelenski, son premier ministre Denis Shmihal et les groupes néonazis ukrainiens fassent tout leur possible pour déclencher un conflit ouvert avec la Russie, les Russes ne semblent pas vouloir se laisser entraîner aussi facilement dans une guerre avec l'Ukraine (soutenue par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'OTAN). Pour les Russes, il y a d'autres solutions que la guerre. Par exemple, la Russie, en plus d'accorder des passeports russes aux russophones orthodoxes de l'est de l'Ukraine (plus de 600.000 passeports pour une population de 4,6 millions d'habitants), peut organiser un important transfert de population à l'intérieur de ses frontières actuelles. Bien que la Russie ait signalé à plusieurs reprises qu'elle ne considérait pas l'Ukraine comme viable entre les frontières tracées par Lénine, Staline et Khrouchtchev (notamment à Bucarest lors du sommet de l'OTAN de 2008), elle peut attendre pour ajouter l'est de l'Ukraine (Donbass) et la côte de la mer Noire au sud de l'Ukraine, comme elle l'a fait avec la Crimée en 2014.

En tout cas, si l'Ukraine et son président "militariste" parviennent finalement à déclencher la guerre, il est certain que l'Ukraine actuelle ne restera pas entière. La Roumanie n'a aucune raison de signer de nouveaux traités avec l'Ukraine ou d'expulser (à une éventuelle demande britannique, américaine ou de l'OTAN) des diplomates russes, comme l'ont déjà fait les Polonais, les Tchèques et les Bulgares. Tant que les territoires roumains (Transcarpathie, Bucovine du Nord, région de Tchernivtsi, Bugev, région d'Odessa) seront habités par quelque 600.000 Roumains, dont l'identité et la langue ne sont plus respectées, la Roumanie ne devrait rien avoir à négocier avec l'Ukraine. Les politiciens qui signent de tels actes signent également leur propension à des compromis éternels, qui peuvent également être associés à des sanctions politiques assez concrètes dans un avenir pas trop lointain. Nous verrons à cette occasion si nos représentants servent les intérêts roumains ou appartiennent à des puissances étrangères, bien qu'elles soient "partenaires". Nous verrons si le "facteur interne" est submergé par le "facteur externe" ou, pire encore, si le "facteur interne" ne s'est pas entièrement métamorphosé en "facteur externe", comme il l'a fait dans les années 50, du côté des Soviétiques et des Russes. En tout état de cause, en tant que voisin direct, la Roumanie ne peut s'impliquer dans une guerre entre l'Ukraine et la Russie. Et n'oublions pas que l'Ukraine n'est pas membre de l'OTAN et, comme les Russes l'ont clairement indiqué, ne le sera jamais.

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Des commentateurs avertis, comme l'analyste militaire italien Manlio Dinucci (directeur exécutif pour l'Italie de l'Organisation pour la prévention de la guerre nucléaire - prix Nobel de la paix en 1985 - et auteur de premier plan en matière de géopolitique), suivent également de près les mouvements militaires des États-Unis et de l'OTAN, et pas seulement ceux de la Russie, comme le fait la presse roumaine: "Ces manœuvres militaires et d'autres qui transforment l'Europe en une grande garnison provoquent une tension croissante avec la Russie, centrée sur l'Ukraine. L'OTAN, après avoir désintégré la Fédération yougoslave en enfonçant le couteau de la guerre dans ses fractures internes, se pose maintenant en chevalier de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le président du Comité militaire de l'OTAN, le Britannique Stuart Perch, chef de la Royal Air Force, a déclaré, lors de sa rencontre à Kiev avec le président Zelenski et le chef d'état-major Homciak, que "les alliés de l'OTAN sont unis pour condamner l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et ses actions agressives dans l'est de l'Ukraine". Il a ainsi répété la version selon laquelle la Russie avait annexé la Crimée par la force, ignorant le fait que les Russes de Crimée avaient décidé par référendum de se séparer de l'Ukraine et d'appartenir à la Russie afin d'éviter d'être attaqués, comme les Russes du Donbass, par les bataillons néonazis de Kiev. Les mêmes bataillons utilisés en 2014 comme troupes d'assaut lors de l'émeute de la place Maidan, amorcée par des snipers géorgiens tirant sur les manifestants et les policiers, puis dans les actions qui ont suivi : villages brûlés et ensanglantés, militants brûlés vifs dans la Maison des syndicats à Odessa, civils désarmés massacrés à Marioupol ou bombardés au phosphore blanc à Donetsk et Lougansk. Un coup d'État sanglant géré par les États-Unis et l'OTAN dans le but stratégique de provoquer une nouvelle guerre froide en Europe afin d'isoler la Russie et de renforcer en même temps l’influence et la présence militaire des États-Unis en Europe [...].

Ce n'est pas une coïncidence si le conflit au Donbass a été ravivé lorsque Antony Blinken est devenu secrétaire d'État au sein de l'administration Biden. D'origine ukrainienne, M. Blinken a été le principal organisateur de l'émeute de la place Maidan en vertu de son rôle de conseiller adjoint à la sécurité nationale dans l'administration Obama-Biden. Biden a nommé Victoria Nuland, coorganisatrice de l'opération américaine de 2014 qui a coûté plus de 5 milliards de dollars pour installer le "bon gouvernement" (de son propre aveu) en Ukraine, au poste de secrétaire d'État adjointe. Il n'est pas exclu qu'il y ait maintenant un plan: promouvoir une offensive des forces de Kiev dans le Donbass, soutenue de facto par l'OTAN. Cela placerait Moscou dans un choix qui donnerait de toute façon un avantage à Washington: laisser les populations russes du Donbas se faire massacrer ou intervenir militairement pour les soutenir. Quelqu'un joue avec le feu, et pas au sens figuré, en allumant la mèche d'une bombe au cœur même de l'Europe [...]" (cf. "Ukraine, bombe USA en Europe", mondialisation.ca, 13.04.2021).

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"L'escalade n'est pas seulement verbale. La veille du Conseil de l'Atlantique Nord, l'armée américaine en Europe a déclaré que, étant donné qu'elle devait recevoir deux nouvelles unités opérationnelles dans les mois à venir, elle conserverait trois bases en Allemagne qu'elle était censée rendre au gouvernement allemand. Le lendemain, au Conseil de l'Atlantique Nord, les États-Unis ont annoncé un accord avec la Norvège lui permettant de disposer de quatre bases aériennes et navales à sa frontière avec la Russie. Entre-temps, le destroyer américain Arleigh Burke est arrivé en Europe, après avoir été modernisé pour "augmenter sa portée et sa capacité d'armement". "L'Arleigh Burke est l'un des quatre lanceurs de missiles déployés à l'avant et appartenant à la 6e flotte, qui opère principalement en mer Baltique et en mer Noire sous le commandement des forces navales américaines en Europe (dont le quartier général se trouve à Naples-Capodichino). Ces navires sont équipés de lanceurs verticaux Mk 41 produits par Lockheed Martin. Ils peuvent envoyer (selon les spécifications techniques officielles) "des missiles avec toutes les missions possibles: anti-aériennes, anti-navires ou attaques sur des cibles terrestres". Ces derniers, qui comprennent les missiles Tomahawk, peuvent transporter des ogives conventionnelles ou nucléaires. Incapable de savoir lesquels, la Russie estime que des missiles d'attaque nucléaire se trouvent à bord de ces navires à proximité de son territoire. Alors que Londres indique également qu'elle enverra une unité de lancement de missiles en mer Noire, Moscou annonce qu'aucun navire de guerre étranger ne sera autorisé à traverser les eaux territoriales russes dans trois zones de la mer Noire entre le 24 avril et le 31 octobre. La situation sera encore plus tendue lorsque les manœuvres américano-ukrainiennes Sea Breeze auront lieu dans la mer Noire en été, avec la participation d'autres pays membres de l'OTAN avec plus de 30 navires et un soutien aérien (avions, hélicoptères et drones)" ("Les ordres des États-Unis contre la Russie: L'Italie au garde à vous", mondialisation.ca, 20.04 2021).

La guerre en Ukraine, bien que les Ukrainiens aient abandonné les accords de Minsk et attaquent par intermittence les régions séparatistes de Donetsk et de Lugansk, n'a pas encore commencé. L'Allemagne, par la voix d'Angela Merkel, a fermement annoncé qu'elle n'avait pas l'intention d'arrêter le projet Nord Stream 2 (l'une des principales raisons de la discorde). Et malgré tous les grands mouvements de troupes et d'armes, malgré les innombrables déclarations belliqueuses, la paix peut encore être sauvée. La diplomatie (ouverte ou secrète) n'a pas encore été totalement abandonnée. Vladimir Poutine et la Russie ont montré leur volonté de parler à tout le monde, en particulier à leurs adversaires. Mais peut-être moins avec le pouvoir de Kiev, qui est considéré comme manquant d'autonomie. Le ministre russe de la défense, le général Sergei Shigu, a révélé le 22 avril 2021 que la Russie avait ordonné au commandement de ses forces armées de ramener les troupes dans leurs bases permanentes à partir du vendredi 23 avril 2021, après des exercices militaires en Crimée et en mer Noire.

Petru Romosan.

lundi, 17 mai 2021

Sur la série « The Americans »

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Sur la série « The Americans »

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Avec un total de 75 épisodes répartis sur six saisons entre 2013 et 2018, la série télévisée The Americans (ou en bon français « Les Américains ») plonge le téléspectateur dans les dernières années de la Guerre froide au moment de la reprise des tensions entre les États-Unis et l’Union Soviétique, la « Guerre fraîche », consécutive à l’arrivée à la Maison Blanche de Ronald Reagan en 1981.

Elizabeth et Philip Jennings vivent avec leurs deux adolescents, Paige, la fille aînée, et Henry, le cadet, dans la banlieue cossue de Washington. Ils gèrent une agence de tourisme. Mais leurs journées sont très chargées, car en dehors de la routine professionnelle et familiale, ils réalisent à l’insu de leurs proches diverses missions pour le KGB dont ils sont de brillants officiers. Dans le cadre d’une longue et minutieuse opération d’infiltration de la société étatsunienne, à l’exemple d’autres couples qui les aident parfois si les circonstances l’exigent, le couple Jennings mène ainsi une double vie.

MV5BMjIzNTEzMDY3OF5BMl5BanBnXkFtZTcwMzI5NDI5OA@@._V1_UY1200_CR85,0,630,1200_AL_.jpgLa série joue avec habilité sur les codes de la paranoïa et de la schizophrénie que l’auteur de la présente chronique ne peut qu’apprécier, lui qui travaille pour les services spéciaux du royaume septentrional de Patagonie (mais il n’a rien dit !). Obéissant aux ordres du Centre, Nadejna alias Elizabeth (Keri Russell) et Mikhaïl alias Philip (Matthew Rhys) éliminent les réseaux afghans, récupèrent la peinture de camouflage des futurs avions furtifs, piratent les plans d’une nouvelle génération de sous-marins, découvrent l’existence d’Arpanet, l’ancêtre d’Internet, enlèvent des scientifiques dissidents, recrutent de nouveaux agents ou soutirent le maximum d’informations par le chantage, la contrainte ou le charme… Le couple manie avec brio l’art du déguisement. Ainsi Philip se fait-il passer pour Clark, appartenant à une unité de surveillance ultra-secrète, auprès de Martha Hanson, la secrétaire personnelle du responsable du contre-espionnage du FBI. Il la séduit et l’épouse. Pour corser une vie déjà bien pimentée, les Jennings apprennent que leur nouveau voisin, Stan Beeman (Noah Emmerich), travaille lui-même au département du contre-espionnage du FBI. Pendant trois années, il a vécu infiltré auprès des suprématistes blancs. Son instinct le pousse d’abord à se méfier de cette famille banale, mais les évidences jouent contre lui. Les Jennings et les Beeman deviennent amis.

Les agents illégaux de la Direction S du KGB sont tiraillés en leur for intérieur entre leurs convictions et l’attrait indéniable de l’American way of life. Si Elizabeth exprime tout au long des épisodes une farouche détermination à ne jamais oublier la finalité de la mission, Philip se montre plus enclin à accepter les bons côtés de leur vie outre-Atlantique. Il s’achète une belle voiture. Il aime danser sur de la musique country. Il apprécie les parcs à thèmes. Quand commence la Perestroïka, Philip soutient la volonté réformatrice de Gorbatchev alors qu’Elizabeth se montre guère enthousiaste.

De plus en plus soupçonneuse à propos de la double vie de ses parents, Paige apprend bientôt de leur propre bouche la vérité. Après le choc, elle commence néanmoins sa formation d’agent, car le Centre a prévu une seconde vague d’illégaux, à la couverture irréprochable, capables de postuler à la NASA, à la CIA ou au FBI.

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L’intrigue générale de la série revient à Joe Weisberg, un ancien de la CIA, proche du Complexe militaro-médiatique selon l’expression judicieuse de Jean-Michel Valantin. Il s’inspire des espions soviétiques, grands séducteurs en Europe occidentale de secrétaires administratives et de ministres (l’affaire Profumo en Grande-Bretagne en 1963) ainsi que de l’« Affaire des dix ». En 2010, le FBI arrête des agents russes du SVR infiltrés aux États-Unis parmi lesquels Anna Chapman. Si les activités clandestines du couple Jennings sont nombreuses pour les contraintes de la fiction au mépris de la réalité (les journées n’ont que vingt-quatre heures), le scénario de chaque épisode a été lu et approuvé par la CIA. On y décèle la sourde et vive rivalité entre l’agence de Langley et le FBI. Le personnel du Bureau fédéral d’enquêtes y est implicitement raillé.

La série The Americans repose enfin sur le concept d’« ennemi intérieur (ou domestique) » très en vogue aujourd’hui dans l’Establishment médiatique et chez les démocrates. Or, ni l’Allemagne pendant les deux dernières guerres mondiales, ni l’URSS ne sont parvenus à implanter durablement des « taupes » aux États-Unis. Il faut peut-être comprendre cette série comme une métaphore sur l’infiltration du renseignement israélien aux États-Unis. Joe Weisberg avait-il en tête l’affaire Jonathan Pollard du nom de cet agent double qui a fourni à Tel-Aviv de nombreux secrets industriels et technologiques made in USA ? Condamné en 1987 à la perpétuité pour espionnage en faveur de l’État hébreu, Jonathan Pollard est libéré en 2015 et rentre en Israël en décembre 2020.

La série The Americans modifie la perception habituelle de l’espionnage propagée au cinéma et à la télévision. Au revoir les aventures bien trop clinquantes de l’agent double zéro sept de Sa Gracieuse Majesté ! Bonjour aux plans insidieux à quatre, six ou huit bandes… Cette série n’est en fait que le pâle et lointain reflet d’une terrible vérité : l’impitoyable guerre secrète est permanente entre les puissances de la planète.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 214, mise en ligne sur TVLibertés, le 12 mai 2021.

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samedi, 15 mai 2021

2040? Bye Bye USA...

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Café Noir N.23

2040? Bye Bye USA...

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 14 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & André Archimbaud.
 
 
LE LIVRE D'ANDRÉ ARCHIMBAUD CHEZ AVATAR ÉDITIONS
 
Combat pour L’Hémisphère Nord – L’Amour d’Ariane https://avatardiffusion.com/livre/com...
 
RÉFÉRENCES (EN FRANCAIS)
 
Youri Bezmenov (Tomas David Schuman) https://fr.wikipedia.org/wiki/Youri_B...
Michel Geoffroy – La Superclasse mondiale contre les peuples https://shop.via-romana-pro.com/reinf...
Saul Alinsky – Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes https://www.leslibraires.ca/livres/et...
 
RÉFÉRENCES (EN ANGLAIS)
 
Yuri Bezmenov Ideological Subversion (Video) https://www.youtube.com/watch?v=QuyYG...
Scénario Aztèque – Aztlan https://www.globalsecurity.org/milita...
Scénario Aztèque – Chicano Movement https://www.history.com/news/chicano-...
Scénario Aztèque – National Council of La Raza https://constitutionwarrior.wordpress...
 
AUTRE Café Noir N.20 — Turquie entre Pantouranisme, Ottomanisme, et Islam Émission du Vendredi 23 avril 2021 avec André Archimbaud. https://youtu.be/u6vb1Vai4yM #cafenoir

11:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, prospective, futurologie, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 13 mai 2021

Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

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Biden veut une Turquie malléable: sa stratégie fonctionnera-t-elle?

Par Salman Rafi Sheikh

Ex : https://geopol.pt/2021/05/07/biden-quer-uma-turquia-malea...

En lâchant la "bombe du génocide", le président américain en exercice semble avoir enclenché un processus qui, selon lui, obligerait la Turquie à s'aligner sur les politiques américaines, alors que les chances politiques d'Erdogan sont apparemment en baisse. N'oublions pas que Joe Biden s'était engagé pendant sa campagne électorale à reconnaître le génocide arménien. Ainsi, alors que l'administration Trump continuait à esquiver cette question, il a fallu moins de trois mois à Joe Biden, nouveau résident de la Maison Blanche, pour reconnaître officiellement le génocide arménien; d'où la question: quels objectifs particuliers l'administration Biden cherche-t-elle à atteindre par cette initiative extraordinaire?

Ces dernières années, la Turquie se positionne de plus en plus comme un "acteur indépendant" entre l'Ouest et l'Est, et utilise cette interaction pour réaliser ses propres ambitions "néo-ottomanes", c'est-à-dire des objectifs qui visent à redonner à la Turquie la position perdue d'acteur mondial majeur qu'était l'empire ottoman au XIXe et au début du XXe siècle.

Au cours des dernières années, la Turquie et les États-Unis ont développé des visions du monde divergentes qui ne sont plus façonnées par un quelconque scénario dominant de l’ancienne guerre froide mondiale. Ainsi, à l'heure où les États-Unis renforcent leur position vis-à-vis de la Russie et de la Chine, de nombreux membres de la coalition gouvernementale turque, y compris le parti d'extrême droite, le Mouvement nationaliste, estiment que la Turquie devrait développer des liens plus forts avec la Russie et la Chine, et mettre fin aux liens avec les États-Unis, l'UE et l'OTAN. Cela a conduit le gouvernement de coalition en Turquie à croire de plus en plus que le monde n'est plus centré sur l'Occident et qu'il existe une marge considérable pour les manœuvres stratégiques.

Cependant, c'est l'auto-positionnement de la Turquie en tant qu'"acteur indépendant" qui l'a mise sur une trajectoire de collision avec les États-Unis. Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, considèrent Erdogan non pas comme un allié de l'OTAN, mais avant tout comme un autocrate qui peut créer des turbulences au détriment des États-Unis dans le Moyen-Orient élargi. Plus important encore, les diverses actions de la Turquie, notamment sa coopération croissante avec la Russie en matière de défense, semblent avoir créé une crise au sein de l'OTAN, l'entravant à l'occasion.

En tant que tel, avec Biden qui tente de faire revivre l'Otan et de réintégrer les États-Unis dans le concert européen pour inverser la dynamique lente des écarts transatlantiques croissants qui ont émergé pendant l'ère Trump, il est impératif que toute division dans l’ensemble transatlantique soit subvertie, ce qui nécessite que tous les membres de l'Otan s'alignent sous le commandement des États-Unis, un objectif que l'administration Biden considère de la plus haute importance pour restaurer la domination perdue de l'Amérique, et raviver sa capacité à influencer et façonner unilatéralement les affaires politiques mondiales.

Mais la question cruciale est la suivante: la Turquie renoncera-t-elle à ses propres ambitions géopolitiques pour plaire à l'administration Biden et l'aider à atteindre la suprématie américaine ?

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Si Erdogan s'est empressé d'adopter une attitude conciliante à la suite de la reconnaissance du génocide arménien par Biden, la Turquie y voit généralement une tentative américaine d'affaiblir le régime d'Erdogan en attisant les divisions politiques au sein de la Turquie en vue d'un "changement de régime". La livre turque est déjà tombée à des niveaux quasi record par rapport au dollar américain après la reconnaissance du génocide par M. Biden, ce qui complique la position politique déjà faible d'Erdogan.

En effet, la référence de Biden au génocide en tant que "génocide arménien de l'ère ottomane" semble viser la rhétorique politique intérieure d'Erdogan qui s'appuie largement sur les héritages de l'ère ottomane, y compris son statut de puissance mondiale. En reconnaissant le génocide, l'administration Biden a obligé les gens du monde entier à prendre conscience de ce que le "néo-ottomanisme" a à offrir au XXIe siècle.

Par conséquent, les objections de la Turquie à cette reconnaissance découlent de la crainte de demandes de réparations, ainsi que de la crainte d'être considérée comme un pays paria, détesté autant par ses territoires cibles "néo-ottomans" en Asie et en Afrique que par l'Occident (les États-Unis et l'Europe).

Toutefois, si l'administration de Joe Biden a peut-être calculé qu'adopter un ton dur à l'égard de la Turquie pourrait rendre Erdogan malléable, il n'en reste pas moins que la reconnaissance du génocide arménien par Biden pourrait également finir par s'ajouter à la longue liste des désaccords entre les alliés de l'OTAN. Ainsi, au lieu de forcer un Erdogan politiquement faible à s'aligner sur les États-Unis au sujet de la Russie, la reconnaissance pourrait également pousser la Turquie à se rapprocher encore plus de la Russie et de la Chine, laissant la crise des liens entre la Turquie et les États-Unis perdurer pendant longtemps.

S'il est possible qu'il n'y ait pas de réaction immédiate, car Erdogan a des options limitées à un moment où il lutte contre l'une des crises de COVID les plus élevées au monde, couplée à une chute continue de la livre turque, Ibrahim Kalin, conseiller d'Erdogan, a déclaré que la Turquie va peser sa réaction avec soin, et ses contre-mesures pourraient même impliquer de mettre fin à la coopération militaire avec l'Otan, ajoutant ‘’qu’il y aura une réaction de différentes formes et types et degrés dans les jours et mois à venir."

Toutefois, une telle réaction, si elle implique d'attaquer l'OTAN de l'intérieur, nécessitera le soutien de la Russie et même de la Chine, un soutien qu'Ankara ne peut obtenir sans procéder à des changements politiques cruciaux dans certains domaines sensibles de sa politique. Un approfondissement des liens avec la Russie ne sera peut-être pas possible si la Turquie n'accepte pas de modifier sa politique consistant à compliquer inutilement les zones de conflit, de la Syrie à l'Ukraine. En ce qui concerne la Chine, la Turquie devra recalibrer sa compréhension des allégations américaines de "génocide" des musulmans ouïgours dans la région du Xinjiang. Pour la Turquie, la reconnaissance américaine du génocide arménien devrait servir de leçon sur la façon dont une telle rhétorique est souvent politiquement motivée, cherchant à déstabiliser une politique particulière.

Par conséquent, la capacité de la Turquie à compenser les problèmes déclenchés par Biden dépendra de la manière dont elle fera contrepoids en établissant soigneusement des liens avec la Russie et la Chine, deux des plus puissants concurrents stratégiques des États-Unis.

Pressions occidentales sur la Turquie

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Pressions occidentales sur la Turquie

Par Aldo Braccio

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/richiamo-occidentale-alla...

Avril 2021 : on assiste à une accentuation de la pression occidentale sur la Turquie, placée entre un réalignement atlantique (pour lequel, toutefois, un " changement de régime " significatif et une rééducation appropriée de l'opinion publique seraient nécessaires) et le dialogue eurasien. Des États-Unis et de l'Union européenne viennent des leçons de morale - consciencieusement marquées par l'idéologie décadente du politiquement correct - et d'histoire (concernant le conflit entre Turcs et Arméniens) visant à réaffirmer la pensée unique autorisée en matière de droits civils et de recherche historique. Des positions polémiques, des menaces et, de temps en temps, des flatteries qui ajoutent aux tensions en Méditerranée - où une alliance fonctionne déjà pour exclure la Turquie de tout jeu - et en Mer Noire, où l'ingérence militaire de Washington prévoit la collaboration obligatoire d'Ankara dans une perspective anti-russe.

I.

Le mur de l'OTAN présente quelques fissures qu'il n'est pas toujours facile de cacher ou de minimiser: c'est par exemple le cas de la Turquie, à propos de laquelle les attaques médiatiques continues et intenses (et pas seulement) contribuent à creuser la distance entre le monde occidental et le monde turc.

Derrière la regrettée - et grotesque - " discourtoisie du canapé "[1] mise en scène en avril 2021 à l'occasion du sommet entre la Turquie et l'Union européenne se cache d'abord l'idéologie du politiquement correct, qui se conjugue avec une hostilité préjudiciable à l'égard de ce qui est turc : mais il y a aussi un jeu géopolitique plus profond qui concerne en particulier les scénarios à l’œuvre dans la Méditerranée et la mer Noire (c'est-à-dire de la "Méditerranée au sens large") dans le contexte de la confrontation russo-américaine.

Il s'agit de scénarios qui impliquent directement la République turque, la plaçant probablement devant un choix géopolitique décisif pour son avenir.

Mais prenons en considération l'autre controverse anti-turque, plus lourde, qui a explosé en avril 2021, celle du ‘’génocide des Arméniens’’, relancée avec force par le nouvel occupant de la Maison Blanche.

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Joe Biden a toujours eu, à titre personnel, peu de sympathie pour la Turquie d'Erdoĝan, mais aussi pour les Turcs en général, considérés comme génocidaires des Arméniens. Avec des membres du Congrès et des sénateurs des partis républicain et démocrate - tels que Joe Knollenberg, George Radanovich et Nancy Pelosi - le sénateur Biden s'est distingué depuis la première décennie de notre siècle dans la campagne pour la reconnaissance de cette prétendue extermination, allant au-delà de la volonté d’Erevan elle-même - plus prudente que la diaspora arménienne disloquée en Occident - et surtout de l'Eglise arménienne basée en Turquie[2].

Lors de la campagne électorale pour la présidence des États-Unis, le candidat Biden a réitéré sa position, annonçant en août 2020 son intention de faire reconnaître par les États-Unis le génocide des Arméniens attribué aux Turcs.

Comme on le sait, la Turquie ne reconnaît pas et conteste radicalement cette thèse, allant jusqu'à poursuivre ceux qui la soutiennent - et ce, selon une leçon qui vient de l'Occident, où l'on fait souvent semblant de faire taire et d'emprisonner ceux qui proposent courageusement des recherches historiques non conformes à la "vérité" officielle.

Quelle que soit la réalité historique de l'affaire - certes douloureuse mais controversée - la Turquie a toujours perçu cette grave accusation portée contre elle comme une ingérence inacceptable et injustifiée, portant atteinte à sa dignité nationale. Un nouveau pas a été franchi dans cette direction, marqué par une couverture médiatique mondiale: le New York Times du 21 avril a été le premier à rapporter que le président Biden avait décidé de "reconnaître le meurtre d'un million et demi d'Arméniens comme un génocide", et que l'annonce officielle serait faite trois jours plus tard.

C'est ainsi que, le 24 avril, M. Biden a écrit solennellement que "le peuple américain honore tous les Arméniens qui sont morts dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans’’.

Le président américain a montré qu'il voulait adoucir le ton de la déclaration - qui reprend par ailleurs les motions similaires approuvées entre octobre et novembre 2020 par le Congrès et le Sénat américains, bien que non contraignantes - en espérant une "réconciliation entre l'Arménie et la Turquie" et une "normalisation de leurs relations". Mais la réaction d'Ankara, de son président et de son ministre des affaires étrangères, a été, à juste titre, dure et furieuse.

Mais en fait, la déclaration solennelle de Biden va dans une direction tout à fait différente de la réconciliation et de la normalisation: elle interrompt la laborieuse tentative de confrontation - même dans le domaine de la recherche historique - en cours entre Turcs et Arméniens pour la fouler aux pieds et condamner son objectif, exacerbant les pulsions nationalistes des extrémistes des deux côtés.

Une déclaration publique récente et raisonnable d'Erdoğan ("Je me souviens respectueusement des Arméniens ottomans qui ont perdu la vie dans les conditions difficiles de la Première Guerre mondiale, et je présente mes condoléances à leurs petits-enfants") est annulée par la "vérité officielle" sanctionnée par Washington, qui intervient pour exciter les esprits: comme cela arrive toujours, surtout au Proche-Orient.

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Une autre attaque contre Erdoğan, que le président américain s'était réservée à l'occasion de la sortie de la Turquie de la Convention dite d'Istanbul, c'est-à-dire la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, en vigueur depuis août 2014 : une convention que la Turquie considère viciée par une orientation idéologique hostile à la famille traditionnelle sous couvert de lutte contre la violence.

"Un choix soudain et injustifié, alors que dans le monde nous assistons à une augmentation des cas de violence domestique, y compris les nouvelles sur l'augmentation des féminicides en Turquie", a commenté Biden, qui avait déjà accusé Erdoğan d'"autocratie", un concept qui s'avère être complètement similaire à celui de dictature, bien que peut-être moins explicite.

L'Union européenne, comme à son habitude, s'est adaptée à l'accélération du ton américain: la commission des affaires étrangères du Parlement européen - par exemple - a condamné Ankara pour "les déclarations provocatrices à l'encontre de l'UE et de ses États membres, la politique hostile, l'éloignement de plus en plus marqué des valeurs et des normes européennes, l'incarcération massive et continue de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme et d'opposants politiques"; le ridicule scandale des canapés, mentionné ci-dessus, a ensuite relancé toutes les raisons et tous les prétextes d'accusation contre le pays du Croissant de Lune.

L'Italie, elle aussi, joue un rôle dans le barrage antiturc - ainsi que dans les barrages antirusse et antichinois - comme en témoigne l'attaque soudaine du Premier ministre Draghi contre le président Erdoğan, qualifié rien de moins que de "dictateur", sur fond de campagne médiatique antiturque continue et martelée de la presse italienne.

Le rôle de l'Italie semble être celui indiqué par le secrétaire d'État Blinken lors de la réunion/convocation du ministre des affaires étrangères Di Maio à Washington: une "forte collaboration sur la Libye, l'Ukraine et l'Afghanistan". "L'Italie et les États-Unis partagent la même préoccupation concernant la présence de forces étrangères en Libye", a confirmé Di Maio avec diligence, faisant évidemment allusion à la Turquie et à la Russie, considérées comme des intrus gênants dans un pays que l'Italie a également contribué à plonger dans le chaos le plus total.

II.

Tout cela est certainement le prélude à une nouvelle tentative occidentale de changement de régime en Turquie - cette fois peut-être par des moyens électoraux, plutôt que par un coup d'État militaire - mais cela provoque déjà une forte pression sur Ankara [3], pour l'inciter à coopérer avec la politique extrémiste des États-Unis contre la Russie, la Chine et l'Iran [4].

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Nous avons déjà mentionné l'importance des scénarios de la Méditerranée et de la mer Noire: si dans le premier cas, le fer de lance de la campagne visant à évincer la Turquie est l'alliance sans précédent entre la France, Israël et la Grèce (avec l'approbation explicite de l'Union européenne), dans le second, l'option d'une "réhabilitation" de la Turquie est réclamée par Washington, qui est toujours à l'aise avec la politique des menaces et des flatteries. En particulier, dans cette phase, les Américains exigent le passage de leurs navires de guerre - et évidemment ceux de l'OTAN - à travers les détroits (Bosphore, Dardanelles, mer de Marmara) - vers la mer Noire, une zone cruciale dans le déploiement antirusse ; c'est là que le grand exercice US-Ukraine-OTAN, nommé Sea Breeze, a été annoncé pour l'été. Le rôle attribué à la Turquie par la Convention de Montreux, qui réglemente le passage par le "Détroit", est, dans cette perspective, important et décisif.

Il faut reconnaître que les relations entre Ankara et Kiev sont bonnes, mais cela ne suffit pas à Washington: dans le cadre d'un récent sommet du Conseil de coopération turco-ukrainien, Erdoğan a en effet déclaré qu'"Ankara est favorable à une résolution rapide et pacifique des différends entre la Russie et l'Ukraine par le biais de négociations", afin de "préserver la paix en mer Noire".

On est loin de la position de Washington, qui ne veut tout simplement pas entendre parler d'équidistance entre la Russie et l'Ukraine et cherche plutôt, comme le souligne le politologue et professeur d'université turc Volkan Özmedir, à "favoriser intentionnellement une augmentation de ces tensions en poursuivant une stratégie visant à ramener de son côté des membres de l'OTAN comme l'Allemagne et la Turquie"[5].

NOTES

1] Une description objective de l'événement, loin des représentations hypocrites des grands médias, dans : Giuseppe Mancini, Il sofà della Von der Leyen: dietro lo scandalo inesistente c’è solo il protocollo, www.laluce.news 7 avril 2021.

2] En ce qui concerne plus particulièrement les Arméniens de Turquie, il convient de tenir compte de: Beraaa Gőktürk, Patriarche arménien de Turquie - "L'exploitation de la douleur d'autrui nous attriste’’ www.aa.com.tr 23 avril 2021. Le patriarche Sahak Mashalian note que le fait de mettre la question historique du ‘’génocide’’ à l'ordre du jour des parlements d'autres pays "ne sert pas le rapprochement des Arméniens et des Turcs, et retarde même leur réconciliation."

3] Le 29 avril, le secrétaire d'État américain, M. Blinken, est allé encore plus loin en annonçant des sanctions en cas de deuxième achat de systèmes de défense S-400 de fabrication russe.

4] Mais cette attitude arrogante et simpliste conduit de plus en plus à une impatience généralisée de la Turquie face aux prétentions occidentales, ainsi qu'à une plus grande prise de conscience historique et géopolitique. Nous citons par exemple Ibrahim Karagül dans Yeni Şafak (le journal le plus représentatif de la zone gouvernementale) du 26 avril 2021, qui souligne qu'il existe des forces en Turquie "en faveur de la protection des États-Unis et de l'Occident sur la Turquie". "Une protection - explique-t-il - demandée depuis l'époque ottomane par les libéraux, les conservateurs et les islamistes pro-américains; les États-Unis sont au centre de l'attaque contre la Turquie (...) ils constituent un État qui s'est établi sur le sang de millions de personnes, qui a massacré des centaines de milliers de personnes même au XXIe siècle (...) mais ils ne sont plus au centre du monde": ils perdent du terrain face aux puissances émergentes du XXIe siècle, et ils sont à couteaux tirés avec la moitié du monde, ils n'ont plus aucune crédibilité (...). Les États-Unis, l'Europe, Israël, toutes les puissances troublées et préoccupées par la montée en puissance de la Turquie, soutiennent la bataille (contre elle) encore plus qu'avec la tentative de coup d'État de 2016". Toujours dans Yeni Şafak et les mêmes jours, Abdullah Muradoğlu déclare que "les fausses accusations de Biden contre la Turquie sont le dernier exemple de la vacuité de la compréhension américaine du terme "allié" (...) Inutile de dire qu'il n'y avait pas de place pour une mentalité génocidaire dans l'ordre établi par l'Empire ottoman". Muradoğlu détaille ensuite les précédents de la politique étrangère américaine, notamment les cas des massacres de la Seconde Guerre mondiale, de Dresde et des bombes atomiques sur le Japon, pour conclure que "les États-Unis doivent se regarder dans le miroir longtemps avant de prêcher le génocide."

5] Sur ce sujet et les retombées de la Convention de Montreux (non signée par les États-Unis), l'intéressant article: Esperto turco: la Convenzione di Montreux ostacola gli USA nel Mar Nero, dans www.it.sputniknews.com du 17 avril 2021.

Aldo Braccio

Aldo Braccio a collaboré assidûment à Eurasia. Rivista di studi geopolitici depuis le premier numéro et a publié de nombreux articles sur son site web. Ses analyses concernent principalement la Turquie et le monde turcophone. Sur des sujets liés à la zone turque, il a donné des conférences au Master Mattei de l'Université de Teramo et ailleurs. Il est l'auteur du livre La norma magica. Il sacro e il diritto in Roma (sur les relations entre la conception du sacré, le droit et la politique dans la Rome antique) et Turkey ponte d'Eurasia (sur le retour du Pays du Croissant sur la scène internationale). Il a écrit plusieurs préfaces et a publié de nombreux articles dans des journaux italiens et étrangers. Il a participé au VIIIe Forum italo-turc qui s'est tenu à Istanbul et a été invité à plusieurs reprises, pour des interviews et des commentaires, par la radio et la télévision d'État iraniennes.

dimanche, 09 mai 2021

Les raisons pour lesquelles les gauchistes ne réussiront jamais à désarmer les Américains

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Les raisons pour lesquelles les gauchistes ne réussiront jamais à désarmer les Américains

Par Brandon Smith

Source Alt-Market

La confiscation des armes a toujours été le Saint Graal des régimes totalitaires. Sans désarmement, le contrôle entièrement centralisé d’une population n’est pas possible. Et s’il est vrai que tous les régimes maléfiques ne cherchent pas à désarmer chaque citoyen (du moins pas tout de suite), ils désarment toujours les personnes qu’ils ont spécifiquement l’intention de blesser le plus.

Par exemple, les défenseurs du contrôle des armes à feu aiment aujourd’hui souligner que le Troisième Reich en Allemagne n’a pas désarmé toute la population allemande. Il s’agit d’une position plutôt bizarre pour les gauchistes, car ils ne cessent de se plaindre et de crier que des nazis se trouvent à chaque coin de rue et derrière chaque arbre, mais ils défendent TOUJOURS leurs politiques de confiscation des armes en arguant que les nazis n’étaient pas aussi mauvais que les conservateurs le supposent. Bien sûr, ce qu’ils mentionnent rarement, c’est que les nazis ont effectivement désarmé des millions de personnes, pour la plupart des Juifs et des opposants politiques, en vertu des lois allemandes de 1938 sur les armes à feu.

Les nationaux-socialistes ont désarmé les personnes qu’ils prévoyaient de liquider. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi : ils ne voulaient pas que leurs cibles soient en mesure de se défendre. Ils ont permis à leurs partisans politiques de conserver leurs armes légalement ; il ne s’agit pas d’un assouplissement des lois sur les armes à feu, en fait, c’est l’inverse – Il s’agit d’une application sélective de la confiscation des armes basée sur la loyauté idéologique.

De façon hilarante, les gauchistes américains, lorsqu’ils sont confrontés à ce fait, doublent leurs arguments de contrôle des armes. Au lieu d’admettre leur erreur stupide, ils diront : « Oui, les nazis ont désarmé les Juifs et d’autres personnes, mais le fait d’avoir des armes à feu n’aurait fait aucune différence pour leur sauver la vie… » Et voilà – La logique circulaire la plus arriérée de tous les temps. Si la possession d’armes par les Juifs et d’autres personnes n’a pas empêché leur massacre, pourquoi les nazis se sont-ils donné la peine de les désarmer ? Les gauchistes n’ont pas de réponse à cette question.

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Ils essaient d’argumenter contre les faits en utilisant une hypothèse ; en réalité, comment le sauraient-ils ? Peut-être que le fait de posséder des armes à feu aurait pu sauver la vie de millions de personnes que les nazis avaient considérées comme des ennemis de l’État? Peut-être cela aurait-il eu un effet dissuasif sur l’Holocauste ? Peut-être les nazis auraient-ils eu peur d’étendre leur tyrannie en Europe s’ils avaient eu à craindre que leur propre population ne se défende et ne perturbe leur élan ? Peut-être la Seconde Guerre mondiale n’aurait-elle jamais eu lieu ? Nous pourrions discuter d’hypothèses toute la journée…

Ce dont nous sommes certains, c’est que le désarmement est TOUJOURS l’une des premières mesures prises par les totalitaires pour asseoir leur contrôle sur une population, et c’est le cas le plus fréquent chez les plus grands tueurs politiques de l’histoire moderne – Et non, ce ne sont pas les nazis, ce sont les communistes.

Alors que le débat fait rage sur le nombre exact de décès attribués aux gouvernements communistes, on estime qu’ils sont responsables d’environ 65 à 100 millions de meurtres au cours du siècle dernier, un génocide sans précédent dans l’histoire. Ces décès ont été causés par des moyens directs, tels que les fusillades de dissidents, ou indirects, tels que l’emprisonnement de dissidents jusqu’à ce qu’ils meurent de complications, ou le vol de vivres aux communautés rurales, qu’ils laissaient mourir de faim en masse.

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Staline a notamment déclaré que tout vol de biens de l’État était un crime punissable de mort. Dans le même temps, il a déclaré que toute production, y compris la production alimentaire, était la propriété de l’État. Donc, si vous mangez de la nourriture qui ne vous a pas été accordée par l’État, vous volez, et vous pouvez donc être fusillé. Vous voyez comment cela fonctionne ?

Rien de tout cela n’aurait été possible sans les lois sur le contrôle et la confiscation des armes à feu mises en place avant le grand génocide. En 1918, les bolcheviks et le Conseil des commissaires du peuple ont imposé aux citoyens russes de rendre leurs armes à feu sous peine de poursuites judiciaires. Les restrictions et les sanctions concernant les armes à feu ont été renforcées au fil des ans jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Soviétiques ont répugné à armer leur propre population en réponse à l’invasion nazie. En fait, la facilité avec laquelle l’armée nazie a traversé le front oriental était en partie due au désarmement de la population russe.

Les gouvernements communistes n’autorisent les gens à avoir des armes à feu dans leurs mains que lorsqu’ils se battent contre les ennemis idéologiques et étrangers du régime. Vous avez le droit d’être de la chair à canon pour les élites, mais vous n’avez pas le droit de vous défendre contre ces mêmes élites.

Les Américains (principalement les Américains conservateurs) ont une compréhension approfondie de cette dynamique. Alors que les gauchistes sont plus soucieux de réécrire l’histoire à leur avantage, nous sommes plus soucieux d’en tirer des leçons. Nous savons où mène le contrôle des armes à feu, tout comme les Pères fondateurs de notre nation, et c’est pourquoi ils ont codifié la possession d’armes à feu dans la constitution américaine comme un droit inaliénable en vertu du 2ème amendement. Voici les raisons pour lesquelles les gauchistes, les globalistes et les communistes ne seront JAMAIS en mesure de désarmer la population américaine comme ils l’ont fait dans les nations précédentes…

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Nous connaissons l’histoire du contrôle des armes

Comme indiqué ci-dessus, nous avons étudié l’histoire des tyrans. Il n’y a aucune tyrannie qui ait jamais existé qui n’ait pas essayé de désarmer la population, ou de désarmer la partie de la population que le gouvernement avait l’intention de réduire en esclavage ou de détruire. Les gauchistes ont la bave aux lèvres en essayant de réimaginer l’histoire d’une manière qui contourne ou ignore la question de la tyrannie lorsqu’il s’agit du contrôle des armes à feu. Ils perdent leur temps.

Ils ne parviendront jamais à convaincre les conservateurs et les modérés que la confiscation des armes n’a pas été une étape clé dans l’établissement de diverses tyrannies dans l’histoire moderne. Toute la gymnastique mentale et la manipulation, toute l’énergie qu’ils dépensent à essayer de rationaliser un génocide comme étant en quelque sorte « inévitable » indépendamment des droits des armes à feu – tout cela pour rien. Nous sommes bien plus intelligents qu’eux. Nous connaissons bien l’héritage du contrôle des armes à feu, et cela rend leurs tactiques inutiles.

Nous comprenons l’incrémentalisme – nous connaissons toutes les astuces

Le niveau de malhonnêteté impliqué dans la défense du contrôle des armes à feu est étonnant. Les gauchistes utilisent souvent le mensonge comme moyen de gagner du capital politique ; s’ils étaient complètement honnêtes quant à leurs intentions, ils ne recevraient pas un grand soutien de la population pour leurs efforts. Les accapareurs d’armes prennent soin, dans la plupart des cas, d’utiliser des expressions telles que « bon sens » lorsqu’ils parlent de nouvelles restrictions. Ils essaient de ne pas admettre que ce qu’ils veulent vraiment, c’est un désarmement complet, du moins, ils ont essayé jusqu’à récemment.

L’incrémentalisme a été le mot d’ordre pendant des décennies, mais depuis un an, ils foncent. Certains politiciens de gauche admettent ouvertement leurs véritables objectifs, parce que franchement, la chanson et la danse ne fonctionnaient pas et qu’ils savent que les conservateurs ne vont pas permettre un nouvel empiétement sur leurs droits.

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Je trouve intéressant que les gauchistes soient si étonnés de notre refus de tout compromis sur de nouvelles restrictions des armes à feu. Ils semblent penser que chaque nouvelle fusillade de masse leur apporte un nouveau capital de contrôle des armes. Peut-être que c’est ainsi que les choses fonctionnaient autrefois, mais plus maintenant. Franchement, ces fusillades n’ont rien à voir avec nos droits en matière d’armes à feu. Punir tout le monde pour les crimes d’une poignée de personnes n’est plus acceptable pour les conservateurs, car nous savons que si nous donnons un ongle aux partisans du contrôle des armes, ils nous prendront le bras.

Kamala Harris, aujourd’hui vice-présidente des États-Unis, est l’une des nombreuses Démocrates qui cherchent ouvertement à obtenir le rachat obligatoire des armes à feu par le gouvernement et le démantèlement des droits des armes à feu. Cependant, c’est Beto O’Rourke qui a vraiment fait tomber le masque en ce qui concerne les véritables intentions des accapareurs d’armes. Il a déclaré que « oui, les Démocrates vont nous enlever nos AR-15 ».

Joe Biden est célèbre pour ses déclarations mettant en garde contre les armes de qualité militaire entre les mains de civils et pour avoir dit aux gens qu’un « fusil de chasse à double canon » est « supérieur » à l’AR-15 pour la défense domestique. De toute évidence, une arme à deux coups avec une portée effective limitée à environ 50 mètres ou moins rend très difficile la lutte contre la tyrannie gouvernementale. Et nous savons tous qu’à terme, même les fusils de chasse seront retirés.

L’objectif spécifique de Biden, cependant, semble être les lois sur les armes à feu dites « Red Flag« , qui permettent aux autorités de confisquer les armes à feu de personnes non impliquées dans des activités criminelles, et ce sur la base de témoignages par ouï-dire et sans procédure régulière. Les critères incluent toute « suspicion de maladie mentale », ce qui est totalement subjectif. Les conservateurs ont été accusés de maladie mentale parce qu’ils s’opposent aux confinements lié à la Covid-19, qu’ils remettent en question la sécurité des vaccins, qu’ils remettent en question la légitimité de la propagande alarmiste sur le réchauffement climatique dans les médias, etc. N’IMPORTE QUOI pourrait être étiqueté comme maladie mentale par l’État et donc rendre une personne susceptible d’être ciblée par les lois « Red Flag« .

Il s’agit d’un incrémentalisme ciblé et d’une application sélective du contrôle des armes à feu, tout comme celle utilisée par les nazis. Les lois « Red Flag«  permettent au gouvernement d’attaquer les opposants politiques et idéologiques un par un et de les désarmer, tout comme les nazis ciblaient sélectivement leurs opposants politiques pour les désarmer. Nous savons où tout cela va nous mener. Nous l’avons déjà vu auparavant.

Les émeutes raciales de BLM

Malgré les fausses affirmations des médias grand public, nous avons vu de première main la destruction et la folie perpétrées par des groupes marxistes comme Black Lives Matter. Ils sont tout sauf « pacifiques », ils sont dangereux par leur manque d’intelligence et de logique, et leur idéologie de justice sociale est un cancer qui infecte et débilite chaque organe vital de la civilisation occidentale.

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Dans son film « Platoon », le personnage d’Oliver Stone, Chris Taylor, dit : « L’enfer est l’impossibilité de raisonner ». Si cela ne décrit pas le mouvement pour la justice sociale d’aujourd’hui, alors je ne sais pas ce qui le fait.

Si un groupe de personnes est déterminé à faire de chaque tragédie une affaire de racisme et de « suprématie blanche », malgré tous les faits qui prouvent le contraire, et qu’il utilise ensuite ces tragédies comme excuse à la violence de masse, alors ce sont des fanatiques, et les fanatiques ne peuvent être raisonnés. Ce sont des sectaires avec une mission, et ils feront tout pour accomplir cette mission.

Dans ce cas, la mission des marxistes de BLM et des fondations globalistes qui les financent (comme la Fondation Ford et la Fondation Open Society ) est de détruire le tissu même de l’Amérique, de la « brûler« , puis de la reconstruire en une enveloppe méconnaissable dépourvue de principes ou de liberté.

Ouais, je ne pense pas que les propriétaires d’armes conservateurs vont accepter ça. Brûler leur propre quartier est une chose, mais les activistes de BLM ont essayé de s’étendre au-delà des frontières de leurs propres villes poubelles dans le passé, et nous n’allons pas leur permettre d’agir violemment. Pour cette seule raison, les conservateurs ne désarmeront jamais.

Le programme de contrôle est exposé au grand jour

Il y a une raison pour laquelle les gauchistes et les globalistes sont si obsédés par le fait de priver les Américains d’armes à feu prêtes au combat, et il ne s’agit pas de « sauver des vies ». Ces armes ont un effet dissuasif sur la tyrannie. Tant qu’elles existent, notre capacité à reprendre nos autres droits et libertés existe.

Si quelque chose a convaincu les propriétaires d’armes à feu de la nécessité de posséder des armes à feu, c’est bien l’année dernière, marquée par une pandémie de peur. Qu’avons-nous appris jusqu’à présent ? Eh bien, nous sommes maintenant pleinement conscients de l’agenda du « Grand Reset« , qui a été promu sans relâche par le Forum économique mondial et divers dirigeants politiques. Ce programme prévoit des années de blocages économiques et de mandats médicaux, de vaccinations forcées, de passeports sanitaires par lesquels une personne pourrait être complètement exclue de l’économie, une nouvelle société sans cash, une économie partagée dans laquelle vous ne posséderez rien et que vous devez aimer.

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Les « passeports » sanitaires ou vaccinaux sont particulièrement déconcertants. D’une part, les gouvernements n’ont pas nécessairement à les appliquer tout de suite. Ils peuvent simplement autoriser leurs partenaires commerciaux à exiger ces passeports de toute personne souhaitant obtenir un emploi ou faire des achats dans leurs magasins. Une fois que ce système est ancré dans le monde des consommateurs, les gouvernements peuvent intervenir et faire des passeports une obligation légale. Finalement, les passeports donnent à l’establishment la capacité de contrôler et de micro-gérer chaque aspect de la vie de chaque individu. Si vous ne vous conformez pas à tous vos caprices, les technocrates peuvent facilement annuler votre passeport et vous faire mourir de pauvreté et de faim.

Cela serait impossible à faire dans un pays où la majorité de la population est armée. Je pense que l’on peut dire sans se tromper que la plupart des Américains ne veulent pas vivre dans le monde dystopique envisagé par les globalistes du WEF, et nous nous battrons pour que cela ne se produise pas.

La tyrannie est mise en œuvre par des hommes armés sur le terrain

Mon mantra préféré des accapareurs d’armes est l’affirmation selon laquelle « votre AR-15 ne vous aidera pas contre un char Abrams ou un drone Predator ». Ces personnes ne comprennent pas le fonctionnement des systèmes totalitaires. Afin de contrôler une population, vous devez avoir des troupes loyales sur le terrain… partout. Non seulement cela, mais vous avez également besoin de civils loyaux, un grand pourcentage de la population, pour agir comme vos yeux et vos oreilles et parfois la force brute. Et enfin, vous avez besoin que toute personne qui pourrait s’opposer à vous ait peur de prendre des mesures pour se défendre. Vous avez besoin qu’ils soient dociles et passifs.

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La tyrannie comporte de nombreuses pièces mobiles, et les tanks et les avions sont secondaires par rapport à la main-d’œuvre de base. Et là où il y a des troupes et d’autres personnes qui font respecter la tyrannie, il y a de nombreuses cibles. Là où il y a des armes à feu, il y a un moyen d’éliminer un tyran au sommet de la pyramide avec une seule balle bien placée. En outre, vous n’avez pas besoin de véhicules blindés et de jets furtifs pour combattre la tyrannie ; ce dont vous avez besoin, c’est d’une bonne arme à feu pour éliminer les personnes qui conduisent et pilotent ces machines. Un rebelle intelligent pourrait même prendre ces armes pour son propre arsenal dans le processus.

De nombreux propriétaires d’armes à feu sont également des vétérans de l’armée, et ils ont vu comment les choses se sont passées dans des endroits comme l’Afghanistan, où toute la puissance militaire du monde a été inefficace contre des membres de tribus munis de vieux AK-47 et d’engins explosifs improvisés en bord de route. Il s’agit de la force de la volonté et d’un minimum d’armes à feu. Les guerres de guérilla ne sont pas menées en termes de batailles, elles sont menées en termes d’attrition. Les Américains le comprennent mieux que quiconque.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’ethos des voleurs d’armes est essentiellement inutile. Ils peuvent avoir une domination totale sur le gouvernement fédéral, ils peuvent avoir tous les gouvernements des états de leur côté et passer des centaines de lois et de décrets faisant de chaque propriétaire d’arme un criminel, et cela n’aurait toujours aucune importance. Nous ne céderons pas, nous préférons nous battre.

Les élitistes et les gauchistes ne semblent pas comprendre. Peut-être que c’est la façon dont leur cerveau fonctionne. Peut-être ne peuvent-ils pas comprendre l’idée que certaines personnes ne transigeront pas sur certaines libertés, quel qu’en soit le prix. Ils pensent que tout le monde a une limite, que tout le monde a un prix. Ils pensent que tout le monde peut être acheté, ou que tout le monde peut être amené à se soumettre. La vérité est que beaucoup d’entre nous ne le peuvent pas. Certains d’entre nous n’ont pas de prix, et nous ne pouvons pas être contraints de nous soumettre.

Nous sommes les personnes qui maintiennent la liberté en vie, et les totalitaires sont terrifiés par nous ; l’accaparement des armes n’est qu’une extension naturelle de leur peur et de leurs doutes. Lorsqu’une oligarchie cherche à désarmer la population, c’est un signe certain qu’elle est sur le point de s’emparer d’encore plus de contrôle, et elle a peur que la population ne la détrône. Et honnêtement, ils devraient avoir peur.

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

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