jeudi, 26 juin 2025
Le socialisme de marché de Chen Yun
Le socialisme de marché de Chen Yun
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/il-socialismo-di-mercato-di-che...
Chen Yun (1905 – 1995) fut un homme d'État et révolutionnaire important qui contribua à construire l'économie socialiste dans la République populaire de Chine, à la moderniser et à la guider vers le progrès.
Cette année marque le 120ème anniversaire de sa naissance, et le président chinois Xi Jinping a voulu lui rendre hommage et le remettre en mémoire, lors d’un discours prononcé le 13 juin dernier dans la Grande Salle du Peuple à Pékin.
Inscrit au Parti communiste chinois (PCC) depuis 1924, Chen Yun fut élu en 1930 comme membre suppléant du Comité central du PCC. Quatre ans plus tard, il entra dans le Bureau politique du parti, puis dans le Comité permanent.
Dans les années 40, il fut nommé responsable économique des zones occupées par les communistes, et après la fondation de la République populaire en 1949, il fut nommé Vice-Premier ministre jusqu’en 1966, s’occupant des secteurs liés à l’économie, aux finances et aux infrastructures. Entre 1956 et 1958, il occupa le poste de ministre du Commerce.
Chen Yun, que l’on pourrait, à mon avis, qualifier de « Roberto Tremelloni chinois » en raison de son pragmatisme et de ses compétences économiques, a occupé, durant à peu près les mêmes années, les mêmes fonctions que notre excellent ministre de l’Économie social-démocrate. Contrairement à Mao, Chen Yun pensait que le socialisme ne pouvait se développer qu’à travers l’économie de marché et une décentralisation accrue. Avec le temps, les faits leur donneront raison.
En réalité, Chen Yun, critiqué pour ses idées lors de la Révolution culturelle, fut un soutien de Deng Xiaoping dans les années suivant la mort de Mao, et, avec lui, l’un des promoteurs de la nouvelle voie réformatrice du socialisme chinois.
En 1979, il fut à nouveau nommé Vice-Premier ministre et, sous la direction de Deng Xiaoping, il lança les réformes économiques qui ouvrirent la Chine au marché, tout en maintenant les secteurs clés sous contrôle public et en préservant la planification économique.
Ce sera la recette du succès de la République populaire chinoise: non pas la transition vers le capitalisme, mais le renouvellement et le renforcement du socialisme par la libération des forces productives du pays.
L’action de Chen Yun fut et demeure une source d’inspiration pour les générations suivantes de dirigeants communistes chinois, de Jiang Zemin à Hu Jintao, jusqu’au président actuel, Xi Jinping.
Dans son discours commémoratif du 120ème anniversaire de la naissance de Chen Yun, le président Xi a rappelé son ardeur de révolutionnaire ouvrier et marxiste, qui contribua à libérer la pays de l’oppression et du chaos.
Il a notamment souligné que « le camarade Chen Yun a consolidé et maintenu des idéaux et des convictions solides, un esprit fort et des principes de parti, un style pragmatique et une recherche de la vérité, un sens simple du service public et l’esprit d’étudier avec diligence, qu’il a cultivés et conservés tout au long de sa longue carrière révolutionnaire, incarnant les nobles qualités des communistes. Il a affirmé : « La chose la plus agréable pour une personne est de participer à la révolution et de lutter pour les intérêts du peuple. Quiconque abandonne le peuple et le parti ne peut rien réaliser ». Lors de moments critiques, il a toujours maintenu la position politique correcte, exprimé clairement ses attitudes, et quand le développement de la cause du parti rencontrait des difficultés, il a toujours su garder sa lucidité, présenté des opinions originales sur la base d’une réflexion attentive, et trouvé des moyens efficaces de résoudre les problèmes».
Le Chine d’aujourd’hui, d’ailleurs, regarde avec fierté et confiance son socialisme aux caractéristiques chinoises, qui a des racines anciennes et solides, et qui est le fruit des efforts de ceux qui ont contribué à le bâtir. Elle est, par ailleurs, en première ligne pour la paix, la coopération et le bénéfice mutuel entre les pays, dans un monde de plus en plus à la dérive et irresponsable.
Comme l’a écrit notre ami le professeur Giancarlo Elia Valori, grand ami de la Chine et de la coopération internationale, dans un récent article: « En 2023, le président Xi Jinping a solennellement proposé l’Initiative pour la Civilisation mondiale, soutenant la promotion des valeurs communes de toute l’humanité, soulignant l’héritage et l’innovation des civilisations, et renforçant les échanges et la coopération internationale dans les sciences humaines. (…) Premièrement, il faut défendre l’égalité des civilisations, afin qu’il n’y ait pas d’ethnies hiérarchisées avec des cheveux blonds et des yeux bleus qui dominent sur les autres, car il n’y a pas de supériorité ou d’infériorité des civilisations. Les chemins de développement et les systèmes sociaux de tous les peuples doivent être respectés; il faut rejeter les conflits entre civilisations; s’opposer à l’ingérence dans les affaires intérieures; résister à l’arbitraire unilatéral; préserver l’équité et la justice; et partager la dignité égale ».
« Il est un devoir de soutenir un multilatéralisme authentique ; d’appuyer l’ONU dans son rôle important dans la promotion du dialogue entre civilisations; de remplacer la confrontation par la coopération; de faire en sorte que le système gagnant-gagnant prévaut sur celui à somme nulle; et d’adopter la voie de la coexistence pacifique entre différentes civilisations ».
« Deuxièmement, il faut promouvoir les échanges entre civilisations. La communauté internationale doit renforcer ces échanges et l’apprentissage mutuel; tirer la sagesse du dialogue entre les civilisations pour résoudre les problèmes mondiaux et élargir le chemin de la modernisation mondiale. (…) Troisièmement, il faut promouvoir le progrès de la civilisation (…) Seul le dialogue compose la mélodie de l’intégration et peut bâtir une civilisation humaine meilleure, qui soit la synthèse de toutes les réalités ethniques et culturelles de notre seule planète habitée».
Des paroles sages en une époque où la sagesse — de « notre côté » — semble avoir disparu. Remplacée par un vide assourdissant rempli d’idéologie, de fanatisme, d’ignorance, d’irresponsabilité, de préjugés, de haine et de violence.
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jeudi, 19 juin 2025
La révolution du thorium en Chine : une technologie américaine oubliée qui devient une arme géopolitique
La révolution du thorium en Chine: une technologie américaine oubliée qui devient une arme géopolitique
Source: https://report24.news/chinas-thorium-revolution-vergessen...
La Chine pourrait-elle devenir une puissance mondiale en matière de politique énergétique grâce aux centrales à thorium qui sont actuellement en construction ? Le vent et le soleil sont dépassés ; à la place, la République populaire travaille à une fourniture d’énergie stable, abordable et durable pour l’avenir. Et l’Occident ? Il reste simplement spectateur.
Alors que l’Europe lutte dans le cadre de la transition énergétique, s’embourbe dans des réglementations, et que les États-Unis semblent coincés dans une impasse de stagnation politique et de lobbying, la véritable révolution se produit ailleurs: profondément dans le désert de Gobi, loin de l’attention occidentale. Là, s’opère un saut quantique technologique et géopolitique qui pourrait ébranler les fondements de l’ordre énergétique mondial.
La Chine a — presque à l’insu de l’opinion internationale — mis au point une technologie qui a été développée autrefois au cœur du programme nucléaire américain, puis abandonnée: le réacteur à sels de thorium. En octobre 2024, des scientifiques chinois ont réussi pour la première fois à faire fonctionner en continu un tel réacteur avec un nouveau combustible. Une étape décisive — non seulement pour la science, mais aussi pour l’agenda géopolitique de Pékin.
Une technologie oubliée, réactivée en Chine
L’ironie de l’histoire: le principe des réacteurs à sels fondus a déjà été testé avec succès dans les années 1960 au Oak Ridge National Laboratory dans le Tennessee. Mais le Pentagone a décidé de ne pas poursuivre ses expérimentations avec le thorium. La raison n’était pas technique, mais stratégique: les réacteurs à uranium sous pression produisaient du plutonium — la base des armes nucléaires. Le thorium, lui, est peu utile pour la destruction massive. Le projet a donc été abandonné — archivé, délaissé, oublié.
La Chine, en revanche, a fait preuve d’une patience stratégique. Dès 2011, la République populaire a commencé à développer ses propres technologies, en se basant sur la recherche américaine accessible au public. Pas de campagnes de relations publiques, pas de vitrines pour investisseurs. Au contraire, la construction, le développement et les tests se sont faits dans le silence du désert — avec une vision à long terme, presque étrangère à la mentalité occidentale qui ne privilégie que le court terme. En 2024, le premier réacteur a commencé sa pleine exploitation. Et une percée dans le rechargement en fonctionnement a rapidement suivi — une innovation technologique.
Le thorium : la clé de la souveraineté énergétique de la Chine
Autrefois phénomène marginal dans la recherche nucléaire, le thorium devient aujourd’hui une ressource géopolitique de premier plan. Ce combustible est trois à quatre fois plus abondant que l’uranium, disponible mondialement, et moins susceptible d’être utilisé pour la prolifération. Dans les réacteurs à sels fondus, il permet d’atteindre des températures élevées à pression atmosphérique — ce qui élimine pratiquement les risques d’explosions ou de catastrophes comme Fukushima. En cas de coupure de courant, il n’y a pas de perte de contrôle, mais une extinction automatique et passive en toute sécurité. Enfin, la méthode réduit significativement les déchets radioactifs, et peut même recycler les déchets issus des réacteurs à uranium.
En janvier 2025, Pékin a annoncé la découverte d’un gigantesque gisement de thorium dans la région de Bayan-Obo, en Mongolie intérieure. Selon des géologues chinois, ces réserves suffiraient à couvrir la consommation énergétique du pays pendant environ 60.000 ans, à consommation constante. La Chine détient donc non seulement la technologie des réacteurs, mais aussi la ressource en combustible — devenant ainsi un potentiel exportateur d’énergie de première importance.
Géopolitique de l’énergie: la nouvelle arme atomique, l’électricité
Alors que les États occidentaux misent sur l’éolien et le solaire dans leur hystérie climatique, la Chine construit une nouvelle réalité: un modèle énergétique nucléaire, déconnecté des éoliennes et panneaux solaires dépendants des conditions météorologiques. Déjà en Wuwei, un prototype de 10 MWe pour la production combinée d’électricité et d’hydrogène est en construction. La température du réacteur lui confère un avantage pour les procédés thermochimiques, rendant même l’hydrogène « vert » économiquement compétitif — un autre coup porté au récit énergétique occidental.
Simultanément, la Chine développe des navires à thorium. Sa vision est la suivante : des porte-conteneurs capables de fonctionner sans ravitaillement pendant des années — indépendants du prix du pétrole, des accès portuaires ou d’autres restrictions. Selon des rapports récents, la République aurait lancé des projets concrets pour construire de tels navires. Le contrôle du commerce maritime international pourrait ainsi intégrer une composante nucléaire.
L’Occident regarde et se tait
Les États-Unis détenaient autrefois la clé de cet avenir — et l’ont laissée tomber. Le réacteur à thorium opérationnel à Oak Ridge a été abandonné au profit de technologies militaires plus exploitables. Depuis lors, les stratégies énergétiques occidentales s’embrouillent dans des contradictions d'ordre réglementaire, dans du lobbying et des querelles idéologiques.
Aujourd’hui, il est presque tragico-comique de constater que la source d’énergie qui pourrait alimenter les centres de données pour l’intelligence artificielle avancée — avec ses besoins électriques gigantesques — provient d’une technologie américaine elle-même abandonnée par Washington. La Chine, elle, avance: IA, automatisation industrielle, ordinateurs quantiques — tout cela nécessite une énergie constante, dense, fiable. Et c’est là que Pékin agit.
Thorium : l’indépendance énergétique comme levier géopolitique
La question reste en suspens quant à savoir si le thorium deviendra réellement la principale source d’énergie dans les décennies à venir. Mais, dès maintenant, il offre à la Chine des options stratégiques qui dépassent la seule dimension technique. L’énergie n’est pas qu’un facteur économique — c’est une projection de puissance géopolitique. Qui fournit de l’électricité fiable et abordable, contrôle la production, le traitement des données, la numérisation — en bref : l’avenir.
L’Occident a longtemps cru que sa suprématie technologique était assurée pour toujours. Or, Pékin prouve que la vision à long terme, la stratégie et le savoir-faire technologique ne peuvent pas être éternellement compensés par des sanctions, barrières commerciales ou campagnes de relations publiques. La grande question demeure : l'Occident continuera-t-il à regarder la Chine faire prospérer une technologie née dans ses propres laboratoires — et à la transformer en fondement d’un nouvel ordre mondial, communiste ?
18:58 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, thorium, chine, énergie | |
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jeudi, 12 juin 2025
Le nouveau contrat social
Le nouveau contrat social
(Article publié dans La Emboscadura del Siglo XXI, nº16, novembre 2023, pp. 10-14)
Jordi Garriga
Récemment, la nouvelle a été annoncée que, dans Silicon Valley, l'entreprise Meta allait licencier 10.000 travailleurs qui, avec ceux qui avaient été licenciés au cours des mois précédents par Amazon, Google, Microsoft, IBM et d'autres entreprises technologiques, faisaient partie d'un chiffre sidérant de 200.000 salariés licenciés. La plupart d'entre eux devaient sûrement se consacrer à des tâches répétitives et presque automatiques, mais il y en avait aussi beaucoup, parmi eux, qui disposaient de bonnes connaissances et qui ont également été sacqués, malgré leurs capacités.
Même s’il est heureux que nos goûts et nos loisirs coïncident avec la demande du marché du travail, même ce genre de loterie vitale ne nous libère pas de l’anxiété professionnelle. Ce qui est remarquable dans cette nouvelle, c’est qu’on étudie sérieusement comment l’intelligence artificielle (IA) pourra combler ces lacunes si elles s’avèrent à nouveau nécessaires.
Nous ne sommes pas tous ingénieurs en informatique, peut-être que beaucoup d’entre nous n’aimeraient pas cela voire détesteraient sûrement ce métier. La plus normale des choses, c'est d’avoir des vocations qui ne sont pas économiquement viables. La plupart des gens ne désirent pas courir après l’argent et vivre des journées de travail interminables. Je me souviens du conseil que mon père m'a donné, lorsqu'il a perçu quelle était ma vocation et mes préoccupations, toutes clairement intellectuelles : "trouver un travail pour vivre et pendant ton temps libre cultiver ta vocation". Je suis très reconnaissant pour ces conseils, car ils m'ont permis de vivre dans ce système économique, de survivre à la réalité qui m'entoure. Mais bien sûr, le temps qu’il me reste en dehors du travail, je ne peux pas le consacrer tout entier ou presque à mes intérêts. Il faut remplir le réfrigérateur, fonder une famille, cultiver une vie sociale, résoudre toutes sortes de situations qui, dans le meilleur des cas, me permettent de consacrer une heure ou une demi-heure à mes loisirs, en tant qu'adulte fonctionnel. Et dans cette situation, moi et des millions d’autres personnes, nous nous trouvons piégés. On nous dit que dans ce monde il faut trouver le bonheur, mais il nous fuit, après nos efforts pour faire de l'argent et pour assurer son travail au quotidien, argent et travail toujours de plus en plus rares et incertains.
Même si la peur de perdre son emploi à cause des machines relève d'une crainte déjà très ancienne, il ne fait aucun doute que la mise en œuvre accélérée et exponentielle d'entités robotiques laisse déjà des millions de personnes au chômage dans le monde. Un simple répondeur de n'importe quelle entreprise, qui répond à des milliers d'appels 24 heures sur 24 supplée déjà des dizaines d'employés, pour seulement quelques centimes de frais... Face à la révolution technologique, face aux robots, l'être humain est un concurrent de plus en plus fragilisé et remplaçable.
Quoi Faire ? Dans le passé, ce qu’on appelle le contrat social, celui qui donnait à chaque individu une place dans nos sociétés, était la capacité productive. Qui avait remplacé celui des domaines du Moyen Âge. Aujourd’hui, de nombreux individus ne sont plus issus de la classe prolétarienne, mais sont directement issus de la classe précaire, celle qui est descendue sur l’échelle sociale et doit se contenter des logements partagés, d'emplois à la journée ou à l’heure, sans possibilité de fonder une famille ou d’avoir un simple avenir sans problèmes. Il est nécessaire de renouveler ce contrat, cette manière de pouvoir avoir un statut viable sans les théories apocalyptiques qui parlent allègrement de réduction du surplus de population sur la planète.
L'un des outils révolutionnaires pour garantir une vie digne à la population est ce que l'on appelle le Revenu de Base Universel (désormais RBU).
Des tests pilotes ont été réalisés dans plusieurs pays, mais aucun ne constitue un véritable RBU. Soit les projets sont réalisés dans des villages africains ou asiatiques, soit dans des conditions familiales ou autres. En Finlande, l'initiative la plus ambitieuse a été annulée en 2018. Ce n'est qu'en Iran qu'un système presque tel est en vigueur depuis 2011, consistant en un paiement inconditionnel, différent pour les célibataires et les familles, qui sert à atténuer la suppression des subventions pour les produits de base.
Bien entendu, la première objection qui vient à l’esprit est qu’il s’agit d’un salaire en échange d'un "non-travail". Que ce sera une manière de maintenir les gens dans la paresse et que personne n'ira chercher du travail s'il a déjà les moyens de vivre. Eh bien, il ne s’agit pas de cela ni d’un instrument de lutte contre la pauvreté (d’autant plus que les subventions n’ont JAMAIS mis fin à la pauvreté).
Philosophie du BRU
Qu’est-ce que le revenu de base universel ? Le RBU, pour ne pas être une autre forme de subvention ou de paiement, est un revenu périodique UNIVERSEL et INCONDITIONNEL obligatoire. Universel car il s'adresse à tous les citoyens adultes de l'État sans autre condition que d'être cela, des citoyens, et inconditionnel car il n'exige pas de contrepartie, ni matérielle (pour une dépense déterminée) ni intellectuelle (loyauté à un régime ou à un parti). En dehors de ça, tout autre mode n’est plus un RBU, c’est autre chose.
A quoi ça sert ? C'est un outil pour la configuration nécessaire d'un nouveau contrat social. Ne se fonde pas sur la productivité ou la capacité des individus, laissés à la merci des lois de la jungle capitaliste, au nom d’un darwinisme social qui nous considère comme de simples animaux en survie. Un nouveau contrat social est nécessaire dans l'Occident moderne qui considère chaque individu comme porteur d'une dignité intrinsèque (qu'il s'agisse d'une perspective religieuse ou éthique) et comme membre d'une communauté nationale qui protège la vie de ce citoyen contre les requins du capitalisme apatride.
Il ne s'agit pas d'une mesure utopique : il y aura toujours des riches et des pauvres, des inégalités et des injustices, des désirs de profit et de pouvoir... Cette mesure doit contribuer à détourner le chemin que le productivisme a tracé jusqu'à présent, en forgeant des sociétés où la réussite matérielle est apparue comme le meilleur indicateur de la valeur de l'individu, où l'échelle des valeurs et la structure sociale aident les plus avides, psychopathes et corrompus à faire leur loi. Cela détourne le progrès humain vers une vie plus créative et plus profonde, où là encore une activité purement lucrative est considérée comme quelque chose de certainement nécessaire, mais non comme un facteur de prestige, tout comme de nombreuses activités quotidiennes nécessaires ont tendance à être naturellement cachées.
C’est un instrument qui pourrait contribuer à mettre fin au règne de l’argent. Parce que maintenant l’argent est le roi ou le dieu, mais avec ce système il deviendrait subordonné, un simple instrument pour créer le bonheur individuel tant chanté dans tant de déclarations pompeuses et creuses de réalités concrètes.
Car s’ils nous assurent que le bonheur est le but des êtres humains sur Terre, alors le RBU est un bon instrument. La productivité n’est pas le bonheur, elle ne l’a jamais été. Le travail comme alternative au fait de ne pas mourir de faim ne peut être définie comme libératrice ou dignifiante.
Le RBU, comme je le soulignerai plus tard, est un outil de liberté individuelle, de progrès social et d’indépendance nationale :
- La liberté individuelle car elle libère les capacités innées de chaque individu.
- Le progrès social car le groupe social n'est plus une jungle d'entités avides de consommation et en lutte constante dans une perspective matérialiste.
- L'indépendance nationale parce que le pouvoir politique est placé au-dessus du pouvoir économique, n'étant plus l'otage des puissances financières apatrides.
La plus grande critique du capitalisme est l’exploitation des êtres humains sur le marché du travail, moins il y a de réglementation et de contrôle, mieux c’est. Le plus grand mal est le capital, en tant que propriétaire des moyens de production. Il faut alors retirer le pouvoir au capital. L’ancien socialisme prônait l’union prolétarienne pour lutter pour cela, mais il n’a pas abandonné la logique productiviste et ouvrièriste, partageant la philosophie rationaliste de la classe bourgeoise qui a créé le capitalisme. Le travail ne peut plus être une valeur en soi. C'est une sphère de vie inférieure. Si le problème est l’exploitation humaine, alors son instrument, l’argent, doit être éliminé, le réduisant à un instrument non de pouvoir, mais de confort. Le fétichisme de la productivité comme mesure de la valeur individuelle doit être démoli ; le fait de pouvoir accéder au marché du travail ne doit conférer aucune qualité humaine supérieure.
Le RBU est l’instrument permettant de passer de l’égalité formelle à l’égalité réelle, de l’égalité comme souhait inscrit dans les Constitutions politiques bourgeoises à une réalité politique précise. Si un individu n’a pas les moyens matériels de réaliser les droits politiques dont il dispose, c’est comme s’il ne les avait pas. Le RBU est l'outil permettant à la fois de pouvoir dire NON à l'employeur qui souhaite exploiter et de dire NON au partenaire violent. Et de dire OUI à la vraie vie, au dasein de chaque sujet : l'aliénation sociale provoquée par le travail salarié disparaît, car ce travail, cette activité n'est plus indispensable pour pouvoir vivre.
Pour être artiste ou chercheur, par exemple, vous n’auriez pas besoin de subventions politiques, de mécénat ou d’être né dans une famille aisée. L’art et la science seraient réellement des activités populaires, élevant le niveau national.
Les individus en quête de profit pourraient continuer à agir (la nature humaine n’est pas si changeante), et ceux qui ont d’autres préoccupations ne seraient pas forcés de s’y soumettre, de sorte que la sélection humaine basée sur la capacité financière ou la personnalité matérialiste serait éliminée pour de types humains plus désirables, orientés vers l’art ou la recherche scientifique.
Pour y parvenir, un combat à mort, matériel et idéologique, sera nécessaire. Soutenir et réaliser la multipolarité sur la planète est essentiel pour le RBU, car une finance unique l’empêchera par tous les moyens, alors que dans un monde avec une pluralité de systèmes économiques, il y aura toujours un écart pour cela. Et d’autant plus que certains gourous de l’économie occidentale annoncent déjà que c’est une mesure qui finira par être inévitable…
Ce qui se passe maintenant, c'est que les élites ne veulent pas mettre en œuvre ce système, elles proposent seulement de relever l'âge de la retraite et le salaire minimum, d'offrir l'aumône aux enfants ou de donner de l'argent pour le loyer. Des pièces pour rapiécer une vieille outre à vin sur le point d'éclater. Ils ne veulent pas partager ni redistribuer la richesse avec le peuple, qui en est le véritable bénéficiaire.
Puisque la richesse nationale appartient au peuple et que la redistribution de cette richesse doit être une loi. C’est pourquoi le RBU n’a pas pour objectif d’éradiquer la pauvreté, mais de redistribuer la richesse.
Fonctionnement
On ne soulignera jamais assez que ce n’est pas une rémunération accordée pour ne pas travailler. Les paresseux ont toujours existé et existeront toujours, et cette rémunération sera sûrement utile à beaucoup d’entre eux, mais aussi à la société: tout le monde connaît ces éléments dans la sphère de l'emploi et à quel point ils sont inefficaces et boycotteurs, c’est pourquoi déjà, par une telle mesure, on élimine un frein dans le monde du travail. De plus, s’ils ont de l’argent, ils le dépenseront quand même, ce qui sera également bénéfique pour les entreprises. Même ceux qui ne font rien devront manger tous les jours...
Ensuite, il y a des gens qui, après avoir quitté leur travail, finiront par en avoir assez de ne rien faire et entreprendront peut-être des activités qui rempliront des facettes de leur vie qu'ils ignoraient, ou leur permettront de se consacrer à des loisirs qui, dans la foulée, pourraient finir par être un emploi ou une nouvelle source de revenus…
Des personnes irresponsables existeront toujours sous n’importe quel régime économique. Le RBU servira simplement à garantir que personne n'enlève la dignité à un citoyen, ce qui, le cas échéant, pourrait le conduire au suicide. Quoi qu’il en soit, les citoyens eux-mêmes ne peuvent leur retirer cette dignité que s’ils sont mal administrés. Grâce au RBU, les gens SERONT responsables de leur propre responsabilité et OUI, ils seront, dans une large mesure, responsables de leur propre situation économique.
Le principal acteur pour rendre cette mesure possible est la communauté politique organisée, c'est-à-dire l'État : pour calculer le RBU, le distribuer et garantir les services publics et la collecte nécessaire.
La mise en œuvre du RBU nécessite que l'État retrouve sa souveraineté sur la Banque centrale (la création monétaire) et qu'il contrôle totalement ou largement les entreprises de transport et d'énergie, ainsi que les domaines de l'éducation, de la santé et du logement : contrôle des flux monétaires, prix et qualité.
Le RBU serait calculé sur la base du salaire moyen de 70% des travailleurs sur l'ensemble du territoire national, en laissant de côté les salaires les plus élevés. Il en serait de même sur tout le territoire pour ne pas vider certaines localités de leurs habitants, pour que cela n'arrive plus comme aujourd'hui à cause de notre grave déséquilibre territorial. La RBU calculée annuellement représenterait 60% de cette moyenne. Par exemple, si la moyenne s'avère être de 2.000 euros par mois, le RBU qui serait délivré à chaque citoyen adulte serait de 1200 euros, révisable annuellement.
Le RBU ne tiendrait pas compte du fait que tel ou tel citoyen soit riche ou pauvre, son sexe, sa race, son état civil, etc. C'est un instrument rationnel qui rendrait tous égaux dans la communauté politique aux yeux de l'État. Il ne serait pas non plus contrôlé à quoi il servirait dans chaque cas.
Bien entendu, on ne pourrait pas renoncer au RBU, ni le retirer à aucun citoyen, car il serait inhérent à la nationalité. Ce revenu serait disponible du simple fait d’être membre de la famille nationale.
Cette théorie est incompatible avec la logique libérale, car elle repose sur l’exploitation des nations par le biais de dettes monétaires fictives et de chantage au travail par l’importation de main d’œuvre bon marché et servile en provenance du tiers monde.
L’immigration de masse serait étouffée dans l’œuf, puisque ces revenus ne seraient pas destinés aux étrangers et que le fait d’avoir des travailleurs étrangers serait fortement imposé et contrôlé. Le salaire minimum serait également instauré pour éviter tout abus.
Les travailleurs nationaux n’émigreraient pas ailleurs s’ils avaient une vie décente assurée. Et obtenir la nationalité serait très difficile, car des régularisations massives impliqueraient des dépenses énormes (et n’entraîneraient aucun avantage d’exploitation), sans compter le fait qu’une fois la citoyenneté obtenue, personne ne pourrait la lui retirer.
Il y aurait très probablement un effet de contagion : les populations des pays voisins le souhaiteraient également. Une véritable révolution mondiale se produirait, même si elle s’accompagnerait très probablement de guerres, les élites extractives résistant à la nouvelle réalité jusqu’au dernier travailleur mort.
Bien que cela dépasse le cadre de ce travail, je vais donner quelques visions et mesures qui pourraient accompagner le RBU :
- Naturellement, les allocations de chômage, de vieillesse, voire de dépendance pourraient disparaître (ou être radicalement revues) car elles ne seront plus indispensables et seront couvertes par ce versement à durée indéterminée, puisque le RBU est censé couvrir les dépenses de base (logement, nourriture, équipement… ).
- Cette mesure pourrait permettre la formation de jeunes familles émancipées. Les jeunes ne seraient plus obligés de choisir entre leur vocation et leur ventre, entre émigrer ou vivre chez leurs parents jusqu'à 40 ans. La santé mentale de la population s'améliorerait considérablement.
- Les salaires augmenteraient parce que personne n'accepterait des abus accompagnés d'heures interminables ou de mauvaises conditions de travail.
- Cela encouragerait la création d'entreprises par les fils de familles ouvrières, car ce soutien serait toujours là. La création d’entreprises ne serait plus le monopole des familles aisées.
- Le RBU doit être intouchable et insaisissable. En cas de dettes et de non-paiements, la personne qui avait des dettes et qui a été saisie par l'intermédiaire de la banque ne verra jamais le montant du RBU affecté, à l'exception du surplus. Exemple : si un RBU est de 1200 euros, et qu'au moment de son encaissement il y a 2000 euros au total sur le compte, 800 euros seront saisis, de sorte que vous ne pourrez jamais avoir plus de revenus supplémentaires sur votre compte chaque mois. Une seule exception serait dans le cas d'une pension alimentaire destinée aux enfants de ce citoyen.
- Dans les écoles publiques et privées, une matière appelée « Économie et Finance » devrait être enseignée obligatoirement, où les citoyens apprendraient dès le plus jeune âge le fonctionnement de l'économie, ses mécanismes et ses astuces. Même si les escrocs et les requins financiers continueront toujours d’exister. La nature humaine ne change pas.
- Les condamnés auraient également droit à leur RBU, qui servirait à financer leur séjour derrière les barreaux.
- S'il y a des retraités qui veulent continuer à travailler, puisqu'à partir d'un certain âge ils seraient obligés d'arrêter de travailler (car l'objectif de la vie est différent), on pourrait leur accorder des mesures extraordinaires en taxant lourdement leur activité et en décourageant le désir présumé de profit, qui deviendrait une valeur secondaire dans le nouveau contrat social. Comment n'y aurait-il pas de retraite payée (il pourrait y avoir des régimes privés), en échange ils auraient des médicaments, des transports, des musées, etc. gratuit et des réductions sur les produits de base.
CONCLUSION
Un nouveau contrat social est nécessaire. Bien entendu, le RBU ne peut être considéré ni comme une panacée miraculeuse ni comme la seule mesure à adopter : d’énormes changements sociaux, économiques et politiques devront se produire pour y parvenir correctement. Une première étape pour les nationalistes de n’importe quel pays sera de s’approprier cette proposition, car elle est totalement antilibérale, réduisant l’argent à un serviteur plutôt qu’à un maître. Il faut faire campagne pour que cette mesure ne soit pas diabolisée, comme cela s'est produit il y a un siècle avec le repos dominical ou les congés payés, dénoncés comme catastrophiques pour l'économie, alors que la cupidité des grands hommes d'affaires, des multinationales et des finances constituait le grand obstacle afin que plus de 90 % de la population puisse simplement se reposer.
Il faut surtout montrer à travers des systèmes comme le RBU que personne n’est superflu et que la condition humaine n’est pas une simple condition animale, d’usage et de force. Les classes extractives n’hésiteront pas à recourir à l’eugénisme et au malthusianisme plutôt que d’accepter de partager une petite partie de leur butin.
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samedi, 31 mai 2025
Le GNL américain coûte trois fois plus cher à l'UE que le gaz russe acheminé par gazoduc
Le GNL américain coûte trois fois plus cher à l'UE que le gaz russe acheminé par gazoduc
Source: https://report24.news/us-lng-kostet-eu-dreimal-so-viel-wi...
Le gaz naturel liquéfié provenant des États-Unis est cher. Très cher. Mais pour des raisons idéologiques, on renonce au gaz bon marché acheminé par gazoduc depuis la Russie. Cela nuit aux consommateurs et à l'industrie en Europe. Combien de temps cela peut-il encore durer ?
La facture de la transition énergétique ratée de l'Europe commence à se faire sentir, et elle est plus élevée que certains ne l'avaient prévu. Alors que l'Union européenne mise de plus en plus sur les « énergies renouvelables » totalement peu fiables, telles que l'énergie éolienne et solaire, et souhaite abandonner complètement les importations de gaz russe d'ici 2027, les données actuelles d'Eurostat révèlent une réalité complexe: le gaz naturel liquéfié américain coûte déjà deux fois plus cher aux consommateurs européens que le GNL russe.
Les données publiées par la Berliner Zeitung parlent d'elles-mêmes. Au premier trimestre 2025, les pays de l'UE ont payé en moyenne 1,08 euro par mètre cube pour le GNL américain, tandis que le gaz naturel liquéfié russe coûtait 0,51 euro. Une différence de prix de plus de 100 %. Il est intéressant de noter que malgré tous les signaux politiques, l'UE continue d'importer des quantités considérables de gaz russe, ce qui montre clairement à quel point il est difficile dans la pratique de renoncer à cette source d'énergie rien que pour des raisons idéologiques.
Le volume des importations révèle une dépendance persistante
Les statistiques d'importation du premier trimestre 2025 brossent un tableau complexe de l'approvisionnement énergétique européen. Avec 13,4 milliards de mètres cubes, le GNL américain a dominé les importations de gaz liquéfié et représenté 48% de tous les achats de GNL de l'UE. Pour cette quantité, l'Union européenne a investi 14,7 milliards d'euros, une somme considérable qui illustre le prix de la diversification. Dans le même temps, l'UE a acheté 5,3 milliards de mètres cubes de GNL russe pour 2,7 milliards d'euros, soit une part de 19%.
La comparaison avec le gaz naturel russe acheminé par gazoduc est particulièrement révélatrice: à 0,32 euro le mètre cube, il ne coûte qu'environ un tiers du prix du GNL américain. Le gazoduc de la mer Noire a acheminé 5,3 milliards de mètres cubes supplémentaires, d'une valeur totale de 1,75 milliard d'euros, principalement vers la Hongrie et la Slovaquie. Ces chiffres montrent que, malgré sa réorientation politique, l'Europe reste fortement dépendante des approvisionnements énergétiques russes.
Il est intéressant d'examiner cette évolution dans son contexte historique: le système de connexions avantageuses par gazoducs, mis en place au fil des décennies, a longtemps procuré des avantages concurrentiels à l'Allemagne et à d'autres pays de l'UE. L'industrie allemande pouvait compter sur un approvisionnement énergétique fiable et peu coûteux, une base qui doit désormais être reconstruite, mais à un coût nettement plus élevé.
La Norvège, l'alternative la moins coûteuse
Les livraisons de gaz norvégien présentent une dynamique de prix intéressante. Le gaz acheminé par gazoduc depuis la Norvège ne coûtait que 0,24 euro par mètre cube à l'UE, soit un prix encore plus avantageux que celui du gaz russe acheminé par gazoduc. Cette différence de prix s'explique principalement par les voies de transport directes via les gazoducs établis en mer du Nord, tandis que le gaz russe doit être détourné via la Turquie et d'autres pays de transit en raison de la nouvelle situation géopolitique. Ces détournements augmentent considérablement le coût du transport. Cependant, la Norvège ne dispose pas d'une capacité de production suffisante pour approvisionner la moitié du continent en gaz naturel.
Au premier trimestre 2025, l'UE a acheté du gaz acheminé par gazoduc à des pays tiers pour un montant total de 10,2 milliards d'euros, la majeure partie provenant de la Norvège. Ces chiffres montrent clairement que les sources de gaz alternatives peuvent offrir des prix tout à fait compétitifs, mais uniquement si les voies de transport sont directes et exemptes de complications géopolitiques. À titre de comparaison, en 2021, le prix moyen à l'importation était encore d'environ 0,20 euro par mètre cube pour le gaz naturel acheminé par gazoduc, un niveau de prix qui semble appartenir à une autre époque compte tenu des développements actuels.
Bruxelles prévoit un arrêt complet des importations d'ici 2027
En mai 2025, la Commission européenne a présenté des plans ambitieux visant à mettre fin à toutes les importations de gaz russe d'ici fin 2027. Bruxelles souhaite mettre fin aux nouveaux contrats et aux contrats spot existants d'ici fin 2025. Afin de faciliter la sortie des entreprises des contrats à long terme, la Commission envisage des instruments juridiques tels que des droits de douane plus élevés ou des quotas zéro. Ces mesures doivent permettre aux entreprises énergétiques européennes d'invoquer la « force majeure » et de résilier les contrats à long terme sans pénalités.
Le calendrier est toutefois entaché de grandes incertitudes et les défis pratiques sont considérables. Les entreprises énergétiques européennes doivent non seulement trouver des sources d'approvisionnement alternatives, mais aussi faire face à des coûts nettement plus élevés, qui seront finalement répercutés sur les consommateurs et l'industrie.
La différence de prix entre le gaz américain et le gaz russe montre clairement quelles seront les charges financières qui pèseront sur les ménages et les entreprises. Pour les secteurs à forte consommation d'énergie, cela pourrait entraîner des désavantages géographiques qui ne pourront être pleinement évalués qu'à long terme.
La Hongrie et la Slovaquie font résistance
Tous les États membres de l'UE ne soutiennent pas le rejet radical du gaz russe. La Hongrie et la Slovaquie ont déjà annoncé leur intention de bloquer les mesures prévues, car ces deux pays dépendent fortement, d'un point de vue structurel, des livraisons de gaz russe à bas prix. Leur situation géographique en fait des destinataires naturels du gaz russe acheminé par gazoduc via la route de la mer Noire. Un arrêt complet des importations exposerait ces pays à des problèmes d'approvisionnement considérables et à des augmentations de coûts drastiques.
La Commission européenne prévoit néanmoins d'imposer ses mesures à la majorité qualifiée, contournant ainsi le veto de certains États membres, notamment la Hongrie et la Slovaquie. Cette approche est toutefois politiquement explosive et pourrait peser davantage sur l'unité de l'Union européenne en matière d'énergie. La question reste légitime de savoir si une stratégie énergétique aussi coûteuse peut être maintenue à long terme sur le plan politique et économique, alors que les charges pour les consommateurs et l'industrie ne cessent d'augmenter. Après tout, ce ne sont pas seulement les budgets des ménages qui sont en jeu, mais aussi la compétitivité internationale des entreprises européennes – un aspect qui est parfois négligé dans le débat politique.
14:06 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gnl, gaz naturel, gazoducs, europe, affaires européennes, union européenne, énergie, hydrobarbures, économie | |
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lundi, 19 mai 2025
La nouvelle ère de l'économie mondiale
La nouvelle ère de l'économie mondiale
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30452-gius...
Selon le Fonds monétaire, l'innovation technologique fait entrer l'économie mondiale dans une nouvelle ère. Et les mesures protectionnistes...
Un billet de blog du Fonds monétaire international, rédigé par Pierre-Olivier Gourinchas, directeur du bureau de recherche du FMI, a suscité l'émoi des économistes, dans lequel il parle ouvertement du début d'une nouvelle ère pour l'économie mondiale. Gourinchas s'appuie sur l'imposition de droits de douane décidée par l'administration Trump et annoncée le 2 avril pour étayer sa thèse de l'énorme bouleversement de l'économie mondiale qui s'annonce.
Il est certain que le point de vue de l'économiste de premier plan est correct et accompagné d'une quantité considérable de données qui lui confèrent une validité incontestable. L'économie mondiale risque d'entrer dans une phase d'incertitude qui provoquera presque certainement une forte baisse de la croissance, ce qui pourrait nuire aux parties les plus fragiles de la société, à la fois en termes de hausse du chômage et de hausse des prix des biens et des services.
Le point le plus intéressant de cette analyse est cependant lié à une thèse intéressante exprimée par Gourinchas que je cite textuellement : « la part de l'emploi manufacturier dans les économies avancées a connu un déclin séculaire dans les pays enregistrant des excédents commerciaux, comme l'Allemagne, ou des déficits, comme les États-Unis. La force la plus profonde derrière ce déclin est le progrès technologique et l'automatisation, et non la mondialisation ».
En d'autres termes, selon l'économiste du FMI, il serait erroné de croire qu'il suffit d'imposer des droits de douane pour résoudre le grave problème de la pénurie d'emplois : ce problème existe aussi bien dans les pays à fort déficit commercial (et donc importateurs nets de l'étranger) que dans les pays à fort excédent commercial (et donc exportateurs nets vers l'étranger).
US Bureau of Economic Analysis : valeur ajoutée réelle et emploi en Allemagne et aux États-Unis depuis les années 1970.
Personnellement, je ne peux pas dire s'il suffit de regarder les courbes du taux d'emploi et de la valeur ajoutée réelle dans les pays à déficit commercial et de les comparer à celles des pays à excédent commercial (comme Gourinchas l'a fait avec celles des États-Unis et de l'Allemagne) pour soutenir la thèse selon laquelle ce ne sont pas les déséquilibres commerciaux qui déterminent le taux d'emploi d'une nation ; mais je soutiens certainement la thèse selon laquelle l'explosion de l'innovation technique dans les domaines de l'informatique, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle ne ramènera probablement pas la prospérité et l'emploi dans les pays à déficit commercial, même si les droits de douane parviennent miraculeusement à « guérir » les déséquilibres entre les pays.
Je pense que cette thèse peut être considérée comme partageable même si elle n'est qu'une hypothèse « empirique » : en effet, les niveaux d'automatisation atteints, notamment en Chine populaire, sont impressionnants et risquent - en perspective - de détruire des millions d'emplois. Il suffit de penser, par exemple, à l'usine de Xiaomi pour la production de smartphones (elle en produira un par seconde) sans employer un seul travailleur, à tel point que dans les immenses espaces de travail de l'usine, les lumières seront éteintes alors qu'aucun être humain n'y opère ! Il en va de même lorsqu'on observe les images des rues de Wuhan où circulent des taxis autonomes, ou les autoroutes russes où circulent des camions de marchandises autonomes. Des innovations, certes stupéfiantes, qui témoignent de l'énorme progrès de la technologie créée par l'homme, mais qui ont un inconvénient évident: elles rendent le travail humain superflu par rapport à la production de biens et de services.
La vérité choquante (que l'économiste en chef du Fonds monétaire international, M. Gourinchas, a laissé entendre) est que le capital est en train de supplanter de plus en plus le travail. En d'autres termes, le capital dévore le travail en le rendant de plus en plus marginal. Or, tout cela entraîne des effets secondaires non négligeables.
Par exemple, si les gens ne trouvent pas de travail satisfaisant pour satisfaire leur consommation, il faut comprendre pour qui ces usines entièrement automatisées produiront. Il est clair qu'il faudra - si cette voie de développement est poursuivie - trouver une nouvelle façon de distribuer les « revenus » produits. Un défi d'une ampleur considérable qui remettra en cause les principes fondamentaux de la civilisation humaine.
Une question plus concrète et plus immédiate sera celle du rééquilibrage macroéconomique entre les nations à déficit commercial et les nations à excédent commercial.
Si la raison du déséquilibre n'est pas le déficit commercial en soi, comme voudrait le suggérer l'économiste en chef du Fonds monétaire international, mais la course à l'innovation technologique entre pays concurrents, où le perdant sera inévitablement condamné au sous-développement et à la pauvreté, les droits de douane ne résoudront que très peu la crise financière « latente » qui frappe les États-Unis. Le vrai problème est la supériorité technologique de la Chine sur le reste du monde, qui, selon de nombreux observateurs, est déjà un fait et qui rend la fabrication dans l'Empire du Milieu moins chère que dans n'importe quel autre pays, quelles que soient les politiques commerciales adoptées par ses concurrents.
Il s'agit d'un problème de concurrence technologique qui, s'il n'est pas résolu immédiatement, pourrait pousser les pays perdants à chercher des solutions bien plus traumatisantes qu'une guerre commerciale. Une issue que seuls les auteurs de romans dystopiques avaient esquissée. Aujourd'hui, c'est aussi le Fonds monétaire international qui y fait allusion.
13:06 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie mondiale | |
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mardi, 13 mai 2025
Economie verte et écologisme néolibéral
Economie verte et écologisme néolibéral
Diego Fusaro
Source: https://posmodernia.com/business-ecologico-el-ambientalis...
Il existe un paradoxe apparent lié à la question de l'apocalypse environnementale qu'il convient d'aborder : le logo dominant dans le cadre du technocapitalisme du nouveau millénaire non seulement ne reste pas silencieux face au dilemme de la catastrophe imminente, mais l'élève au rang d'objet d'une prolifération discursive hypertrophique. L'urgence environnementale et climatique est, à juste titre, l'un des sujets les plus soulignés et les plus discutés dans l'ordre actuel du discours.
Cela semble, à première vue, une contradiction dans les termes, si l'on considère que poser ce dilemme revient à énoncer la contradiction même du capital, qui est son fondement. Ne serait-il pas plus cohérent avec l'ordre technocapitaliste d'occulter - ou du moins de marginaliser - cette question problématique, d'une manière similaire à ce qui se passe avec la question socio-économique du classisme et de l'exploitation du travail, rigoureusement exclue du discours public et de l'action politique ?
Affirmer que, contrairement au problème de l'exploitation du travail (qui reste largement invisible et qui, de toute façon, peut être facilement éludé par le discours dominant), la question environnementale est claire et évidente aux yeux de tous, oculos omnium, et que, par conséquent, il serait impossible de l'éviter comme si elle n'existait pas, revient à faire une affirmation vraie mais, en même temps, insuffisante: une affirmation qui, en outre, n'expliquerait pas les raisons pour lesquelles le discours dominant non seulement aborde ouvertement la question, en la reconnaissant dans sa pleine réalité, mais tend même à l'amplifier et à la transformer en une urgence et en une véritable urgence planétaire.
La thèse que nous entendons soutenir à cet égard est qu'il existe une différence notable entre la question environnementale et la question socio-économique (que Marx appellerait, sans périphrase et à juste titre, « lutte des classes »). Cette dernière ne peut en aucun cas être « normalisée » et métabolisée par l'ordre technocapitaliste qui, en fait, opère de telle sorte qu'elle n'est même, tendanciellement, jamais mentionnée (ni, ça va sans dire par les forces du camp gauche de la politique, depuis longtemps redéfini comme gauche néolibérale ou, mieux encore, « sinistrash » - gauche poubelle). Margaret Thacher, quant à elle, avait déjà ostracisé le concept même de classe sociale, le qualifiant de vestige inutile et pernicieux du communisme (selon ses propres termes : « la classe est un concept communiste. Il sépare les gens en groupes comme s'il s'agissait de parcelles et les monte ensuite les uns contre les autres").
Comme nous l'avons montré plus en détail dans notre étude Démophobie (2023), les droits sociaux sont remplacés dans l'ordre discursif et dans l'action politique par des « droits arc-en-ciel », c'est-à-dire par ces caprices de consommateurs qui, en plus de permettre de détourner le regard du conflit de classe, sont intrinsèquement fonctionnels à la logique néolibérale d'expansion de la marchandisation du monde de la vie. Et les forces politiques sont toutes réorganisées à l'extrême centre de la grosse Koalition néolibérale, apparaissant de plus en plus comme des articulations du parti unique du turbo-capital qui élève le fanatisme économique et le classisme, l'impérialisme et l'aliénation à un destin inéluctable et à un horizon exclusif (il n'y a pas d'alternative).
Contrairement à la question socio-économique, la question environnementale peut être métabolisée et - littéralement - rentabilisée par l'ordre technocapitaliste pour de multiples raisons. Précisons toutefois que l'ordre discursif néolibéral affronte et, en fait, amplifie la question environnementale et climatique dans l'acte même par lequel il la déclare abordable et résoluble mais toujours et seulement dans le cadre du technocapitalisme, neutralisant a priori la pensabilité de toute arrière-pensée ennoblissante éloignée de la prose de la réification du marché et de la Technique. Et c'est en fonction de cette clé herméneutique que s'explique l'intensification discursive néolibérale de l'urgence climatique et environnementale, toujours caractérisée par l'occultation de la matrice capitaliste des désastres.
Bien canalisée dans les rails de la mondialisation néolibérale, la question environnementale peut jouer, pour l'ordre dominant, le rôle d'une fonction efficace de défocalisation du regard sur la question socio-économique, le classisme, l'exploitation et l'impérialisme. Pour comprendre cet usage apotropaïque dans toutes ses implications, on peut par exemple se référer au rapport de 1991 intitulé La première révolution mondiale, publié par le « Club de Rome », une association fondée en 1968 par l'homme d'affaires Aurelio Peccei, le scientifique écossais Alexander King et le turbo-capitaliste milliardaire David Rockefeller : une entité que l'on peut à juste titre classer parmi les nombreux think tanks (du Cato Institute à la Heritage Foundation, de l'Adam Smith Institute à l'Institute of Economic Affairs) au service de l'ordre dominant, auquel ils apportent une caution idéologique.
Ainsi, on peut lire dans le rapport de 1991 : « Dans la recherche d'un nouvel ennemi qui pourrait nous unir, nous avons trouvé l'idée que la pollution, la menace du réchauffement climatique, la pénurie d'eau potable, la faim et d'autres choses du même genre serviraient notre objectif ». En somme, la question verte doit être habilement identifiée comme une contradiction fondamentale et un « ennemi commun » capable de nous unir ("un nouvel ennemi pour nous unir") dans une bataille qui, d'une part, détourne le regard du conflit entre le Serviteur et le Seigneur et, d'autre part, conduit le premier à adhérer à nouveau à l'agenda du second, notamment aux nouvelles voies du capitalisme écologique telles qu'elles seront sculptées dans les années à venir.
Le rapport du Club de Rome peut être accompagné d'un autre document datant de deux ans plus tôt qui, malgré les différences de nuances et d'intensité des approches, propose un schéma de pensée convergent. Il s'agit d'un discours prononcé par Margaret Thatcher le 8 novembre 1989 devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Il est animé, entre les lignes, par la volonté d'identifier un nouvel « ennemi commun » pour remplacer le « socialisme réel », déjà en déclin (il est significatif que le discours de la Dame de fer ait eu lieu à la veille de la chute du mur de Berlin). Et que, par conséquent, il peut être assumé comme le nouveau défi global au capitalisme, en impliquant tout le monde dans son projet. Selon Thatcher, « de tous les défis auxquels la communauté mondiale a été confrontée au cours de ces quatre années, l'un d'entre eux est devenu plus évident que tous les autres, à la fois en termes d'urgence et d'importance : je veux parler de la menace qui pèse sur notre environnement mondial ».
Le sermon de la Dame de fer est parfois encore plus symptomatique du nouvel esprit du temps que le rapport du « Club de Rome », en particulier dans son insistance sur la nécessité de traiter la question environnementale sans renoncer à l'impératif de croissance, préservant ainsi le capitalisme sous une forme éco-durable tout en se consacrant à la croissance économique. Pour reprendre les termes de Thatcher, « nous devons faire ce qu'il faut sur le plan économique. Cela signifie que nous devons d'abord avoir une croissance économique continue afin de générer la richesse nécessaire pour payer la protection de l'environnement ». L'astuce - une constante dans l'ordre du discours néolibéral - consiste à dénoncer le problème environnemental, en accompagnant immédiatement la dénonciation de la reconnaissance que la croissance, le développement et les auri sacra fames - la faim d'or maudite - du capital ne sont pas la cause, mais la solution possible : « nous devons résister à la tendance simpliste de blâmer l'industrie multinationale moderne pour les dommages causés à l'environnement. Loin d'être les méchants, ce sont eux sur qui nous comptons pour enquêter et trouver des solutions ».
Ainsi, suivant le discours de Thatcher, qui résume le nouvel esprit du capitalisme vert in statu nascendi - en phase d'émergence - la critique du capitalisme comme cause de la destruction de l'environnement (en un mot, l'environnementalisme socialiste) serait une « tendance simpliste », du fait que les industries multinationales, « loin d'être les méchants », sont les agents qui peuvent mener les recherches et trouver les solutions au dilemme. Cependant, le non sequitur dans lequel la réflexion de Thatcher, et avec elle, la raison d'être néolibérale elle-même, s'enlisent est que, même à supposer que les entreprises multinationales puissent trouver la solution, cela ne peut servir d'alibi à leur responsabilité dans la genèse de la tragédie, comme semble l'indiquer le passage cité plus haut. Et, de toute façon, comme nous essaierons de le montrer, les « solutions » recherchées et trouvées par l'industrie multinationale moderne évoluent toujours sur la base de l'acceptation (et de la reproduction perpétuelle) de la contradiction qui génère le problème.
Par conséquent, l'ordre hégémonique admet et même encourage le discours sur la catastrophe, tant qu'il est invariablement articulé dans les périmètres du cosmos technocapitaliste, supposé comme un a priori historique non modifiable ou, en tout cas, comme le meilleur système possible à la fois parmi ceux qui ont déjà existé et parmi ceux qui pourraient éventuellement exister en tant qu'alternative.
L'évocation constante de la catastrophe climatique et l'exigence d'y remédier sont donc permises et d'ailleurs constamment induites, à condition que les recettes et les solutions soient administrées par la logique du profit et le maintien de la forme valeur comme fondement du système de production.
Enfin, si l'environnementalisme néolibéral est ouvertement promu et pratiqué par les modèles politiques de l'Occident - ou, plus précisément, de l'Ouest -, l'environnementalisme socialiste est découragé et diabolisé, soit sur la base de ce que Fisher a défini comme le « réalisme capitaliste » (selon lequel il n'y aurait pas d'alternatives à ce qui existe), soit sur la base de la stigmatisation de la passion utopique et anti-adaptative, idéologiquement assumée comme prémisse à la violence et au retour des atrocités du 20ème siècle.
En d'autres termes, le turbo-capitalisme pose et débat la question de l'apocalypse verte en se présentant comme la solution et non comme l'origine du problème: ainsi, tout en cultivant les causes de la catastrophe, il se propose de travailler sur les effets, dans une perspective qui, de surcroît, est fonctionnelle à la préservation de la logique du capitalisme lui-même. Il va sans dire qu'affronter le dilemme environnemental en restant sur le terrain du technocapitalisme signifie, dans la meilleure des hypothèses, ne pas le résoudre et, dans la pire (comme nous pensons que c'est effectivement le cas), renforcer encore les bases de la catastrophe.
En particulier, nous tenterons de montrer comment, sous la forme de l'environnementalisme néolibéral, le discours turbo-capitaliste sur l'apocalypse verte tente, d'une part, de moduler les stratégies de résolution de la catastrophe qui, présupposant l'ordre technocapitaliste et son maintien, sont toutes vouées à l'échec et, d'autre part, de neutraliser préventivement la viabilité de l'option de l'environnementalisme socialiste. Sans exagérer, si le logo hégémonique s'approprie le discours environnemental, c'est en raison de sa volonté de le sortir du camp socialiste pour le ramener - et donc le « normaliser » - sur le terrain néolibéral, plutôt qu'en raison de sa volonté réelle de remédier au cataclysme qui s'annonce. D'autre part, pour les porte-drapeaux du fanatisme techno-économique - pour paraphraser Jameson - il est plus facile et moins douloureux d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme.
L'hypertrophie discursive de la question environnementale à l'ère néolibérale s'explique par trois raisons principales, qui seront examinées ci-dessous : (a) la transformation de l'urgence environnementale elle-même en une source d'extraction de la plus-value, qui se produit surtout en vertu du système manipulateur de l'économie verte et de ses « sources renouvelables » d'affaires ; (b) le brouillage du regard par rapport au conflit socio-économique (qui, comme on l'a rappelé, ne peut être incorporé et normalisé dans l'ordre technocapitaliste, contrairement à la question environnementale) ; (c) la fabrique de la crise et le gouvernement de l'économie de marché, qui sont les principaux responsables de l'hypertrophie discursive de la question environnementale à l'ère néolibérale ; c) la fabrique de la crise et l'utilisation gouvernementale de l'urgence, sous la forme d'un « Léviathan vert » qui utilise la crise elle-même comme ars regendi - l'art de gouverner - pour consolider, optimiser et étendre la domination technocapitaliste sur la vie.
Sur la base de ces hypothèses, l'économie verte peut être comprise à juste titre comme la solution que la raison néolibérale propose pour la question environnementale, dans une tentative non pas tant de sauver la planète (et avec elle, la vie) du capitalisme, mais de sauver le capitalisme lui-même des impacts environnementaux et climatiques. En d'autres termes, l'économie verte aspire à garantir que le capital puisse, de quelque manière que ce soit, surmonter sa contradiction intrinsèque qui se traduit par l'épuisement des ressources et la neutralisation du « remplacement organique » de la mémoire marxienne : pour rendre cela possible, le punctum quaestionis - l'état de la question - conduit à la redéfinition du capitalisme lui-même, selon une nouvelle configuration verte, qui lui permet de poursuivre la valorisation de la valeur, en évitant la récession et en reportant dans le temps l'éclatement de la contradiction.
Les élites turbo-financières apatrides s'approprient les revendications écologistes croissantes, nées dans les années 1970 et devenues de plus en plus solides, et les détournent vers les circuits de l'économie verte, en cohérence avec laquelle la limite environnementale doit être perçue non pas comme un obstacle au développement, mais comme une opportunité de profit sans précédent, comme un moteur de croissance renouvelé et comme le fondement d'un nouveau cycle d'accumulation.
L'erreur qui est à la base de l'« économie verte » et, plus généralement, de l'environnementalisme néolibéral dans toutes ses extra-inspections, peut être facilement identifiée dans la conviction générale que la contradiction ne réside pas dans le capitalisme en tant que tel, mais dans son fonctionnement, encore insuffisamment calibré pour trouver un équilibre avec la nature.
En somme, le capitalisme est perçu comme la thérapie d'un mal qui, tout au plus, peut être compris comme la conséquence d'une application encore perfectible du capitalisme lui-même. Il va sans dire que ce qui échappe à la raison d'être néolibérale, c'est que, comme Marx et Heidegger l'ont montré - bien que sur des bases différentes - c'est le fondement même du technocapitalisme qui consomme les entités dans leur totalité et conduit à l'épuisement de la nature.
En bref, le capitalisme n'est pas malade, comme les hérauts de l'économie verte et de l'environnementalisme néolibéral semblent vouloir le suggérer : il est la maladie. Il ne s'agit donc pas de guérir le capitalisme, mais de guérir l'humanité et la planète du capitalisme. Cela signifie que ni la justice sociale ni même un véritable environnementalisme ne peuvent exister sans l'anticapitalisme. Prétendre guérir le capitalisme signifie seulement perpétuer, sous de nouvelles formes, le système d'oppression de l'homme et de la nature par l'homme.
La dévastation de l'environnement et le changement climatique générés à son image par le technocapital (heideggérien dans son « oubli de l'Être » et sa volonté de puissance de croissance démesurée) deviennent, grâce à l'économie verte, un phénomène par lequel la ruse de la raison capitaliste (comme nous pourrions aussi l'appeler, en empruntant la formule hégélienne), se trompe elle-même en croyant pouvoir résoudre la contradiction, désormais indéniable parce qu'attestée par les données scientifiques et l'expérience quotidienne.
En d'autres termes, puisque la contradiction est réelle et évidente, et que ses effets désastreux tendent à se manifester dès le temps présent, l'ordre libéral s'emploie à la résoudre par des méthodes qui ne remettent pas en cause l'ordre capitaliste lui-même et qui, de surcroît, permettent de le maintenir et même de le renforcer.
Selon la ligne théorico-pratique ouverte par le « Rapport Stern » (2006), l'économie verte conçoit de nouvelles sources de profit qui, sans affecter réellement le processus de production, ont simplement - ou semblent avoir - moins d'impact sur l'environnement et le climat. En substance, ils recommandent que nous fassions simplement ce que nous faisons déjà, mais d'une manière verte. Ainsi, non seulement le capitalisme se trompe lui-même (et nous trompe) en prétendant avoir trouvé la solution à la catastrophe environnementale dont il a été l'un des principaux responsables, mais il se revitalise et revitalise sa propre logique en modifiant les hypothèses du mode de production et en conquérant de nouveaux marchés, en inventant de nouvelles stratégies et en encourageant la consommation de nouvelles marchandises « éco-durables ».
17:34 Publié dans Actualité, Ecologie, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, écologie, économie verte, club de rome, diego fusaro, philosophie, philosophie politique, capitalisme, actualité, théorie politique, politologie, sciences politiques | |
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lundi, 12 mai 2025
Les exportations chinoises augmentent malgré les droits de douane américains
Les exportations chinoises augmentent malgré les droits de douane américains
Source: https://dissident.one/chinese-export-stijgt-ondanks-ameri...
La Chine enregistre des exportations record en avril, à la veille de négociations commerciales de première importance avec les États-Unis.
Les exportations chinoises ont fortement augmenté en avril malgré les droits de douane imposés par Donald Trump sur les expéditions vers les États-Unis à l'occasion du « Jour de la libération ». Cela a renforcé la position de Pékin à l'approche de négociations commerciales de toute première importance qui débutent ce week-end, rapporte le FT.
Ces bons résultats ont été obtenus alors que les entreprises chinoises ont réorienté leurs flux commerciaux vers l'Asie du Sud-Est, l'Europe et d'autres destinations après que des droits de douane excessifs ont été imposés par les deux plus grandes économies du monde.
Les douanes chinoises ont indiqué vendredi que les exportations en dollars avaient augmenté de 8,1% par rapport à l'année précédente. La croissance a ainsi dépassé les prévisions des analystes interrogés par Reuters, qui tablaient sur une croissance de 1,9%. Il s'agit toutefois d'un ralentissement par rapport à la croissance de 12,4% enregistrée en mars, lorsque les chiffres étaient soutenus par les exportateurs qui voulaient devancer les droits de douane prévus en expédiant leurs marchandises aux États-Unis.
Les importations ont diminué de 0,2% en avril. C'est le troisième mois consécutif de baisse des importations. Cette situation suscite des inquiétudes quant aux excédents commerciaux croissants de la Chine. Ces excédents sont à l'origine d'une grande partie des tensions avec les États-Unis.
« Cela semble encore pire pour les États-Unis à l'approche des négociations commerciales », a déclaré Lynn Song, économiste en chef pour la Grande Chine auprès de la banque ING. Elle a ajouté que la contraction des importations chinoises semble s'être faite au détriment des exportations américaines vers le pays.
Selon Heron Lim, économiste chez Moody's Analytics, les échanges commerciaux de la Chine avec les États-Unis ont chuté de 21% en glissement annuel en avril, mais les échanges avec les pays d'Asie du Sud-Est ont augmenté dans les mêmes proportions et ceux avec l'UE ont progressé de 8%.
« Les expéditions vers l'Indonésie, la Thaïlande et le Viêt Nam ont connu les plus fortes augmentations », a déclaré M. Lim.
Ces bons résultats devraient accroître la pression sur les représentants commerciaux américains, qui s'apprêtent à rencontrer leurs homologues chinois pour des négociations à Genève, à partir de samedi.
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le représentant commercial Jamieson Greer représenteront les États-Unis, tandis que la Chine a déclaré que sa délégation serait dirigée par le vice-premier ministre He Lifeng, le plus haut responsable économique chinois.
Le mois dernier, M. Trump a augmenté les droits d'importation sur la plupart des produits chinois jusqu'à 145% et a annoncé qu'il imposerait de nouveaux droits même sur les petits paquets en provenance du pays. Pékin a réagi en imposant des droits d'importation de 125%.
Dans un premier temps, il a également imposé des droits de douane punitifs au Viêt Nam, à la Thaïlande et à d'autres pays d'Asie du Sud-Est qui ont accumulé d'énormes excédents commerciaux avec les États-Unis. De nombreuses entreprises ont construit des sites de production dans ces pays pour remplacer la Chine.
Trump a ensuite annoncé une pause de 90 jours sur les droits de douane du « Jour de la Libération », dans l'attente de négociations avec la plupart des pays, à l'exception de la Chine.
Les exportateurs ont donc eu la possibilité d'acheminer leurs marchandises vers les États-Unis via l'Asie du Sud-Est.
Jens Eskelund, président de la Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine, a déclaré jeudi que le nombre de réservations pour des expéditions chinoises vers les États-Unis avait chuté de 30 à 50%. Il a toutefois précisé que le nombre de réservations pour le reste du monde avait en fait augmenté.
« Les exportations chinoises vers le reste de l'Asie semblent particulièrement performantes, mais aussi vers le Moyen-Orient et, dans une certaine mesure, vers l'Europe », a-t-il déclaré. « Bien sûr, la Chine est touchée... mais nous constatons que, dans une certaine mesure, d'autres marchés peuvent absorber une partie des marchandises qui ne sont pas destinées aux États-Unis ».
L'excédent commercial de la Chine avec les États-Unis s'est élevé à 20,46 milliards de dollars en avril, pour un total de 96,2 milliards de dollars. Toutefois, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 17,6% par rapport au mois précédent, ce qui indique que la Chine a développé ses échanges avec d'autres marchés.
Dans un communiqué analysant le commerce en renminbi chinois au cours des quatre derniers mois, les fonctionnaires des douanes ont noté que le commerce avec les pays d'Asie du Sud-Est, l'UE et le long de l'initiative Belt and Road, le principal projet d'infrastructure internationale de Pékin, avait augmenté. Les échanges avec les États-Unis ont diminué, a-t-on ajouté.
Jorge Toledo, ambassadeur de l'UE en Chine, a critiqué vendredi le déficit commercial croissant entre la Chine et le reste du monde. Il a ajouté que les contrôles des exportations de Pékin et « l'absence de règles du jeu équitables pour les entreprises européennes » suscitaient « d'énormes inquiétudes ».
« La situation ne s'améliore pas... il faut faire quelque chose », a-t-il déclaré à la China Europe International Business School de Shanghai.
Selon l'agence de presse nationale chinoise Xinhua, Lu Daliang, porte-parole des douanes, a déclaré que « la coopération globale de la Chine avec les pays voisins continue de s'approfondir et que les relations économiques et commerciales sont de plus en plus étroites ».
10:48 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, droits de douane, économie | |
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jeudi, 08 mai 2025
Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive
Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive
Ramesh Thakur
Source: https://uncutnews.ch/trumps-zoelle-wirtschaftspolitik-mit-geopolitischer-sprengkraft/
La carrière politique de Donald Trump montre de manière impressionnante que son rejet par les élites et les médias ne correspond pas à l'état d'esprit d'une grande partie de la population. Derrière sa politique souvent critiquée comme chaotique, il y a bien une logique stratégique : en politique intérieure comme extérieure, Trump poursuit l'objectif de « rendre sa grandeur à l'Amérique ».
Le souci n'est pas tant que sa politique n'ait pas de plan, mais que sa mise en œuvre soit menacée par l'incompétence ou l'amateurisme - comme par exemple l'utilisation de groupes de discussion non sécurisés pour des informations sensibles.
Son projet politique comprend trois piliers centraux :
- En politique intérieure, il veut abolir les objectifs nets zéro, les réglementations DEI (diversité, égalité, inclusion) et l'auto-identification de genre - tous des ensembles de règles qui, selon lui, paralysent l'économie et la société tout en favorisant les divisions identitaires.
- En politique étrangère, il aspire à se retirer des guerres sans fin, à répartir plus équitablement le fardeau de la défense entre les alliés et à se retirer d'un mondialisme qui a érodé la base industrielle de l'Amérique.
- Au-delà des frontières, il voit dans l'immigration de masse une menace qui relie la politique intérieure et la politique extérieure.
Trump en est convaincu : cet agenda doit restaurer la fierté nationale, protéger l'Amérique contre l'exploitation et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent la première puissance industrielle et militaire.
Les droits de douane : Trump rompt avec le mondialisme
C'est là que la politique douanière de Trump intervient comme outil central. Historiquement, le libre-échange était considéré comme une situation gagnant-gagnant dans la théorie économique - mais dans la pratique, il a fait des gagnants et des perdants. Selon Trump, la mondialisation a récompensé les « élites de partout », tandis que les travailleurs et les régions intérieures (« les gens de nulle part ») ont perdu.
Les droits de douane doivent précisément corriger cela. Ils pénalisent la délocalisation de la production à l'étranger, encouragent le rapatriement de l'industrie aux Etats-Unis et doivent renforcer à nouveau la cohésion sociale. Le nationalisme de Trump suit le principe suivant : les hommes sont des citoyens de nations, et non de simples unités d'une économie mondiale.
Une politique commerciale qui renforce l'économie chinoise mais affaiblit la production américaine est en contradiction avec ce principe. Le contrat social entre le gouvernement et les citoyens ne peut être maintenu que si les intérêts du peuple ont la priorité sur les règles des marchés mondiaux.
Renégocier l'ordre commercial - ou le rompre ?
La thèse de Trump : l'ordre commercial mondial - par exemple par le biais de l'OMC - serait incapable d'imposer des règles équitables contre des acteurs comme la Chine ou le mercantilisme de l'UE. Ses droits de douane punitifs sont donc des moyens de négociation, voire des instruments de pression, pour contraindre d'autres pays à offrir de meilleures conditions.
Dans le même temps, il prend le risque que les pays concernés tentent de se détourner stratégiquement des Etats-Unis - mais Trump fait le pari qu'aucune nation ne préférera à long terme choisir la Chine comme partenaire. Des exemples comme le Zimbabwe, qui a suspendu les droits de douane américains, ou la Grande-Bretagne, qui dépense davantage pour la défense malgré des coupes dans la santé et l'aide au développement, montrent pour lui les premiers succès.
Objectif : un nouvel équilibre mondial
Selon l'économiste Michael Pettis (photo), le commerce mondial est devenu de plus en plus dysfonctionnel: les déséquilibres économiques intérieurs ont été traduits en déséquilibres mondiaux par des droits de douane, des subventions et des obstacles au commerce. L'approche de Trump veut recalibrer ce système: s'éloigner d'un ordre mondial qui subordonne les intérêts nationaux à la logique du système.
Ce qui, à long terme, devrait aboutir à:
- une plus grande croissance des salaires,
- une parité commerciale équitable
- et à une production industrielle plus robuste.
Focalisation stratégique: endiguer la Chine
Pour Trump, la Chine est la plus grande menace stratégique, tant sur le plan économique que militaire. Son idée d'une paix en Ukraine s'inscrit donc également dans une stratégie plus large: détacher la Russie de la Chine, de la même manière que Nixon avait autrefois détaché la Chine de l'Union soviétique.
La reconnaissance officielle par la Maison Blanche d'une éventuelle fuite du laboratoire de Wuhan pourrait également faire partie de cette stratégie d'isolement vis-à-vis de la Chine. L'historien Victor Davis Hanson le résume ainsi: le fil conducteur de la politique de Trump - du Panama à l'Ukraine, de DEI à la politique énergétique - est la crainte de voir la Chine établir une nouvelle sphère d'hégémonie en Asie de l'Est, comme le Japon l'a fait dans les années 1940.
Les droits de douane comme moyen de protéger la souveraineté
Pour Trump, la parité commerciale est cruciale : la Chine monte en gamme, les Etats-Unis stagnent. Mais les Etats-Unis sont encore en tête pour de nombreux facteurs clés. Pour défendre cela, il faut, selon Trump :
- Des budgets disciplinés;
- Des frontières sûres;
- Une éducation axée sur la performance;
- Une indépendance énergétique
- et une réorientation stratégique des relations commerciales mondiales.
Conclusion : risque de guerre froide, mais protection par l'autarcie
Le risque est de voir se développer une nouvelle guerre froide par le biais de spirales tarifaires réciproques. Mais les leçons de la crise COV ID sont claires: les chaînes d'approvisionnement en provenance de Chine sont vulnérables - politiquement et logistiquement.
La réponse de Trump: renforcer l'industrie nationale, y compris dans le domaine de l'armement. L'autarcie est un prix à payer pour la souveraineté et la liberté.
*
Ramesh Thakur, chercheur senior au Brownstone Institute, est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy de l'Australian National University.
Source : https://brownstone.org/articles/making-sense-of-trumps-ta...
11:58 Publié dans Actualité, Actualité, Economie, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, états-unis, droits de douane, tarifs douaniers, économie, actualité, donald trump, états-unis, droits de douane, tarifs douaniers, économie, actualité | |
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Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive
Les droits de douane de Trump: une politique économique à la puissance géopolitique explosive
Ramesh Thakur
Source: https://uncutnews.ch/trumps-zoelle-wirtschaftspolitik-mit-geopolitischer-sprengkraft/
La carrière politique de Donald Trump montre de manière impressionnante que son rejet par les élites et les médias ne correspond pas à l'état d'esprit d'une grande partie de la population. Derrière sa politique souvent critiquée comme chaotique, il y a bien une logique stratégique : en politique intérieure comme extérieure, Trump poursuit l'objectif de « rendre sa grandeur à l'Amérique ».
Le souci n'est pas tant que sa politique n'ait pas de plan, mais que sa mise en œuvre soit menacée par l'incompétence ou l'amateurisme - comme par exemple l'utilisation de groupes de discussion non sécurisés pour des informations sensibles.
Son projet politique comprend trois piliers centraux :
- En politique intérieure, il veut abolir les objectifs nets zéro, les réglementations DEI (diversité, égalité, inclusion) et l'auto-identification de genre - tous des ensembles de règles qui, selon lui, paralysent l'économie et la société tout en favorisant les divisions identitaires.
- En politique étrangère, il aspire à se retirer des guerres sans fin, à répartir plus équitablement le fardeau de la défense entre les alliés et à se retirer d'un mondialisme qui a érodé la base industrielle de l'Amérique.
- Au-delà des frontières, il voit dans l'immigration de masse une menace qui relie la politique intérieure et la politique extérieure.
Trump en est convaincu : cet agenda doit restaurer la fierté nationale, protéger l'Amérique contre l'exploitation et faire en sorte que les Etats-Unis redeviennent la première puissance industrielle et militaire.
Les droits de douane : Trump rompt avec le mondialisme
C'est là que la politique douanière de Trump intervient comme outil central. Historiquement, le libre-échange était considéré comme une situation gagnant-gagnant dans la théorie économique - mais dans la pratique, il a fait des gagnants et des perdants. Selon Trump, la mondialisation a récompensé les « élites de partout », tandis que les travailleurs et les régions intérieures (« les gens de nulle part ») ont perdu.
Les droits de douane doivent précisément corriger cela. Ils pénalisent la délocalisation de la production à l'étranger, encouragent le rapatriement de l'industrie aux Etats-Unis et doivent renforcer à nouveau la cohésion sociale. Le nationalisme de Trump suit le principe suivant : les hommes sont des citoyens de nations, et non de simples unités d'une économie mondiale.
Une politique commerciale qui renforce l'économie chinoise mais affaiblit la production américaine est en contradiction avec ce principe. Le contrat social entre le gouvernement et les citoyens ne peut être maintenu que si les intérêts du peuple ont la priorité sur les règles des marchés mondiaux.
Renégocier l'ordre commercial - ou le rompre ?
La thèse de Trump : l'ordre commercial mondial - par exemple par le biais de l'OMC - serait incapable d'imposer des règles équitables contre des acteurs comme la Chine ou le mercantilisme de l'UE. Ses droits de douane punitifs sont donc des moyens de négociation, voire des instruments de pression, pour contraindre d'autres pays à offrir de meilleures conditions.
Dans le même temps, il prend le risque que les pays concernés tentent de se détourner stratégiquement des Etats-Unis - mais Trump fait le pari qu'aucune nation ne préférera à long terme choisir la Chine comme partenaire. Des exemples comme le Zimbabwe, qui a suspendu les droits de douane américains, ou la Grande-Bretagne, qui dépense davantage pour la défense malgré des coupes dans la santé et l'aide au développement, montrent pour lui les premiers succès.
Objectif : un nouvel équilibre mondial
Selon l'économiste Michael Pettis (photo), le commerce mondial est devenu de plus en plus dysfonctionnel: les déséquilibres économiques intérieurs ont été traduits en déséquilibres mondiaux par des droits de douane, des subventions et des obstacles au commerce. L'approche de Trump veut recalibrer ce système: s'éloigner d'un ordre mondial qui subordonne les intérêts nationaux à la logique du système.
Ce qui, à long terme, devrait aboutir à:
- une plus grande croissance des salaires,
- une parité commerciale équitable
- et à une production industrielle plus robuste.
Focalisation stratégique: endiguer la Chine
Pour Trump, la Chine est la plus grande menace stratégique, tant sur le plan économique que militaire. Son idée d'une paix en Ukraine s'inscrit donc également dans une stratégie plus large: détacher la Russie de la Chine, de la même manière que Nixon avait autrefois détaché la Chine de l'Union soviétique.
La reconnaissance officielle par la Maison Blanche d'une éventuelle fuite du laboratoire de Wuhan pourrait également faire partie de cette stratégie d'isolement vis-à-vis de la Chine. L'historien Victor Davis Hanson le résume ainsi: le fil conducteur de la politique de Trump - du Panama à l'Ukraine, de DEI à la politique énergétique - est la crainte de voir la Chine établir une nouvelle sphère d'hégémonie en Asie de l'Est, comme le Japon l'a fait dans les années 1940.
Les droits de douane comme moyen de protéger la souveraineté
Pour Trump, la parité commerciale est cruciale : la Chine monte en gamme, les Etats-Unis stagnent. Mais les Etats-Unis sont encore en tête pour de nombreux facteurs clés. Pour défendre cela, il faut, selon Trump :
- Des budgets disciplinés;
- Des frontières sûres;
- Une éducation axée sur la performance;
- Une indépendance énergétique
- et une réorientation stratégique des relations commerciales mondiales.
Conclusion : risque de guerre froide, mais protection par l'autarcie
Le risque est de voir se développer une nouvelle guerre froide par le biais de spirales tarifaires réciproques. Mais les leçons de la crise COV ID sont claires: les chaînes d'approvisionnement en provenance de Chine sont vulnérables - politiquement et logistiquement.
La réponse de Trump: renforcer l'industrie nationale, y compris dans le domaine de l'armement. L'autarcie est un prix à payer pour la souveraineté et la liberté.
*
Ramesh Thakur, chercheur senior au Brownstone Institute, est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy de l'Australian National University.
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mercredi, 23 avril 2025
Les tarifs de Trump
Les tarifs de Trump
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/04/11/trumps-tariffer/
Les tarifs de Donald Trump ont été présentés dans les médias suédois comme des expédients plus ou moins irrationnels, comme une manœuvre risquée, basée sur un manque de connaissances en économie politique fondamentale. Les tarifs conduiraient à des guerres commerciales, des krachs boursiers et des pertes pour tout le monde, tel est le raisonnement que nous rencontrons souvent. Ce n’est pourtant pas si simple, il y a une rationalité derrière cela, même si le bien-être de l'Europe ne joue pas un grand rôle dans le plan. Il se peut même que la politique américaine se dirige désormais, comme le suggèrent les déclarations concernant le Groenland, vers "une phase d'exploitation et de pillage plus ouverte". On peut voir des similitudes entre les tarifs de Trump et la politique d'Athènes à l'aube de la guerre du Péloponnèse, mais la principale cible des tarifs n'est pas l'Europe.
Les tarifs révèlent les tensions dans la politique américaine, d'une part entre un hegemon et le gardien du système du dollar, d'autre part une nation avec un peuple ("un pays, c'est son peuple, pas sa géographie", pour citer Elon Musk). Le système du dollar présente plusieurs avantages pour les États-Unis, la demande pour la monnaie de réserve mondiale dépasse la demande de biens américains, mais cela entraîne également des risques tels que des déficits commerciaux et une désindustrialisation. Cela a durement frappé la classe ouvrière américaine ; c'est aussi un réel problème pour la sécurité et pour la politique de défense de voir la base industrielle se déplacer à l'étranger (une nation qui ne peut pas fabriquer ses propres drones est un État vassal, pour revenir à Musk). Trump a décrit les déficits commerciaux avec des pays comme la Chine comme le reflet d'un commerce injuste depuis un certain temps, ce qui n'est pas complètement déraisonnable compte tenu des différences dans les politiques salariales, monétaires et environnementales ; les tarifs ne devraient donc pas être trop surprenants.
Il existe un certain nombre d'interprétations intéressantes de la politique commerciale américaine sous Trump II. Curtis Yarvin (photo), le blogueur auparavant connu sous le nom de Mencius Moldbug, fait désormais référence aux mercantilistes et à Friedrich List dans ses analyses. Il note notamment que "si nous équivalons la 'valeur de la terre et de son peuple' au bien commun, nous voyons rapidement qu'une politique commerciale qui génère des profits (comme celle de la Chine) va probablement mieux corréler avec le bien commun qu'une politique commerciale qui entraîne des pertes".
Les pays avec des excédents commerciaux se portent généralement mieux que ceux qui présentent des déficits. Cela fait que le réflexe de Trump, selon Yarvin, est sain. Mais un réflexe n'est pas suffisant ; "Trump a toujours les bons réflexes. Mais un réflexe n'est pas un plan… il semble intuitivement beaucoup plus difficile de réindustrialiser l'Amérique, un pays vieux et riche, que l'Asie du milieu du siècle, un pays jeune et pauvre". Yarvin identifie ici les difficultés à réindustrialiser un pays et le besoin de planification centrale. Ses textes sur les tarifs sont intéressants et représentent son développement continu en tant que penseur qui raisonne dans un sens européen, en s'éloignant des tendances anglo-saxonnes aux résultats douteux. Il s'oppose également à une économie fondée sur le "travail hélote" mal rémunéré, qu'il s'agisse d'activités à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières américaines. En même temps, il est conscient des lacunes de l'administration Trump, "le paradoxe fondamental de la deuxième administration Trump, dans toute sa grandeur et sa régression".
D'un grand intérêt dans ce contexte est aussi A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System de Stephen Miran (photo). Miran a identifié la tension entre le rôle d'hegemon et celui de nation, il a prévu en novembre dernier que Trump essaierait de remodeler les systèmes commerciaux et financiers internationaux. Il était également conscient de l'aspect de lutte des classes au sein du système dollar, "d'un point de vue commercial, le dollar est perpétuellement surévalué, en grande partie parce que les actifs en dollars fonctionnent comme la monnaie de réserve mondiale. Cette surévaluation a lourdement pesé sur le secteur manufacturier américain tout en bénéficiant à des secteurs financiarisés de l'économie d'une manière qui avantage les Américains riches" (comparez la distinction que formule le professeur Hudson entre capitalisme industriel et capitalisme financier). Le statut du dollar en tant que monnaie de réserve coûte plus à la classe ouvrière américaine que cela ne lui rapporte, mais ce n'est pas nécessairement le cas pour d'autres classes.
Miran a réfléchi sur des tarifs optimaux et leur lien avec la géopolitique. Historiquement, les États-Unis ont eu des droits de douane faibles envers plusieurs pays pour favoriser leurs économies: "par exemple, les États-Unis n'imposent que 2,5 % de tarifs sur les importations automobile de l'UE, tandis que l'Europe impose un droit de 10% sur les importations automobiles américaines. De nombreux pays en développement appliquent des taux beaucoup plus élevés, et le Bangladesh a le taux effectif le plus élevé au monde à 155%. Ces tarifs sont, en grande partie, des héritages d'une époque où les États-Unis voulaient ouvrir généreusement leurs marchés au reste du monde à des conditions avantageuses pour aider à la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, ou à la création d'alliances pendant la guerre froide". Une telle politique n'est plus abordable pour les États-Unis; l'objectif est donc de redistribuer les coûts et de créer des zones de sécurité qui ont également une dimension économique. Miran a cité le ministre des Finances de Trump, Scott Bessent : "segmenter plus clairement l'économie internationale en zones basées sur des systèmes de sécurité et économiques communs aiderait à… mettre en évidence la persistance des déséquilibres et introduire davantage de points de friction pour y faire face."
Il y a plusieurs aspects à cela. L'un d'eux est le mouvement MAGA, qui consiste à favoriser les électeurs américains aux dépens des non-Américains. Miran a écrit à ce sujet que "l'équipe Trump considérera les tarifs comme un moyen efficace d'augmenter les impôts sur les étrangers pour financer le maintien de faibles taux d'imposition pour les Américains". Les tarifs peuvent bénéficier au bien-être américain; "l'augmentation des tarifs globaux effectifs à partir de niveaux actuellement bas, proches de 2%, augmentera en fait le bien-être agrégé aux États-Unis. Une fois que les tarifs commencent à dépasser 20% (sur une base large et effective), ils deviennent réduits en termes de bien-être". L'économie politique est en même temps une économie géopolitique, l'objectif est de faire payer les autres pays pour la zone de sécurité américaine. Notamment en réduisant la valeur du dollar et en réindustrialisant les États-Unis. Les méthodes sont la carotte et le bâton, des menaces de tarifs et des promesses de protection. Intéressant dans ce contexte est que même si l'UE réagit négativement à cette déclaration, les États-Unis pourraient en bénéficier. Miran a mentionné que l'UE, dans un tel scénario, serait contrainte d'élargir sa propre défense, "allégeant le fardeau de sécurité mondial des États-Unis et menaçant moins l'extension de nos capacités, cela atteindrait plusieurs objectifs. L'Europe prenant un plus grand rôle dans sa propre défense permet aux États-Unis de se concentrer davantage sur la Chine, qui représente une menace économique et de sécurité nationale beaucoup plus grande pour l'Amérique que la Russie, tout en générant des revenus". Beaucoup d'indices montrent que la Chine est la principale cible des tarifs, tant sur le plan économique que géopolitique.
En passant, il convient de noter que les tarifs pourraient réduire le déficit américain, à la fois en augmentant les revenus de l'État et en rendant les prêts moins chers en raison de l'inquiétude des marchés. Mais il semble s'agir principalement de géopolitique et d'une tentative de remodeler le système international à l'avantage américain. Michael Hudson (photo) l'a résumé en disant "le reste du monde devrait être transformé en une économie tributaire des États-Unis, en bloquant toute alternative au dollar tout en leur faisant perdre de l'argent sur chaque action, obligation ou titre du Trésor qu'ils achètent". Ce n'est pas nécessairement une révolution qui sert les intérêts de l'Europe, et Miran était conscient des risques significatifs, mais il y a une rationalité derrière tout cela et selon Miran de réelles possibilités de succès. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un président américain réforme les systèmes économiques internationaux sans que le monde ne se soulève de manière significative, comparez Nixon et Bretton Woods en 1971.
En même temps, il est encore difficile de savoir où tout cela mènera. La politique de Trump se caractérise par des déclarations spectaculaires, des renégociations et des "deals", et les tarifs n'ont pas fait exception. Si l'on devait chercher des signes de "5D chess", il est probable que la cible soit la Chine, probablement aussi l'Iran. En revanche, il reste à voir dans quelle mesure l'économie américaine peut être revitalisée ; Hudson l'a décrite comme une "décadence désindustrialisée" et a déclaré que "là où vous devez revenir en arrière, c'est toute la transition des États-Unis vers une économie post-industrielle, financiarisée, à la recherche de rentes. Mais les rentiers ont cannibalisé l'industrie, et il n'y a pas de parti politique qui soutient une alternative". Il est possible qu'Hudson surestime la dépendance de Trump aux intérêts financiers et sous-estime son aspect populiste, mais il est également possible que les dernières déclarations soient une tentative de compromis impossible entre les intérêts du peuple ordinaire et de l'élite financière. Cela reste à voir.
Lectures complémentaires:
Curtis Yarvin – Implementing market-balanced trade
Curtis Yarvin – The problem with Trumpian mercantilism
Stephen Miran – A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System
Michael Hudson – Trump’s Trade Policies: A Fast Track to Economic Ruin
17:00 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarifs douaniers, donald trump, états-unis, actualité, politique internationale, économie politique | |
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mercredi, 16 avril 2025
7 avril 2025: un "Lundi noir"
7 avril 2025: un "Lundi noir"
Leonid Savin
Le 7 avril 2025, des fluctuations brusques des cours des actions et des prix de diverses ressources (y compris le pétrole et le gaz) ont été ressenties dans tous les pays. Leurs indicateurs ont chuté et ont varié de six à trente pour cent. Plusieurs bourses dans différents pays ont fermé plus tôt en raison des craintes d'une baisse continue des indices. Les cryptomonnaies ont suivi le marché boursier traditionnel et se sont effondrées en moyenne de dix pour cent. Des trillions de dollars ont ainsi « brûlé » lors des échanges. Seule une légère hausse a été observée sur les bourses internationales pour l'euro, le dollar américain, l'or et l'argent. Ces interrelations ont encore une fois montré où se dirigent les investisseurs internationaux en cas de situations floues sur les marchés boursiers.
Apparemment, la clarté ne semble pas se profiler à l'horizon. Les analystes financiers ont prédit un maintien de la volatilité à un niveau d'environ 10 % dans un avenir proche.
Cependant, contrairement à de nombreux « jours noirs » précédents dans l'histoire, la tempête financière actuelle était attendue à l'avance.
La directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a déclaré la semaine dernière que les mesures tarifaires « présentent clairement un risque significatif pour les perspectives mondiales dans une période de faible croissance économique. Il est important d'éviter des mesures qui pourraient causer encore plus de dommages à l'économie mondiale. Nous encourageons les États-Unis et leurs partenaires commerciaux à travailler de manière constructive pour résoudre les tensions commerciales et réduire l'incertitude ».
Il était également prévu que les exportations américaines, en particulier en provenance des secteurs de l'agriculture et de l'élevage, diminueraient à court terme, alors que les partenaires commerciaux réduiraient leurs importations. Les producteurs américains souffriraient d'une baisse des revenus — comme cela s'est produit avec les agriculteurs américains de soja pendant la guerre commerciale de 2018-2019 — tandis que d'autres pays s'efforceraient de combler le vide laissé par les États-Unis.
Les mesures de rétorsion de la part d'autres pays pourraient également entraîner une augmentation des tarifs existants aux États-Unis, ce qui nuirait aux consommateurs, car les entreprises devraient soutenir des coûts sous la forme de prix plus élevés. On s'attend à ce que le ménage américain moyen soit déjà confronté à une augmentation des dépenses de plus de 1200 dollars par an. L'imposition de tarifs de réciprocité a également suscité d'autres inquiétudes, notamment l'impact potentiel sur le marché boursier américain et la diminution de la confiance des alliés dans le leadership économique des États-Unis.
Et cela se passe maintenant.
Il y avait cependant un aspect intéressant qui maintenait le suspense : les investisseurs et les dirigeants politiques s'efforçaient de déterminer si les tarifs de Trump faisaient partie d'un nouveau régime permanent ou d'une tactique de négociation visant à obtenir des concessions de la part d'autres pays.
Il semble que les deux options soient possibles : Trump utilisera cette situation pour des négociations bilatérales ciblées, défendant les intérêts américains tout en représentant une tendance qui caractérisera son deuxième mandat présidentiel (avec la possibilité que cette politique se poursuive sous son successeur, J. D. Vance).
Il n'est pas surprenant qu'il ait déclaré que l'UE devrait également payer les États-Unis en remboursant les dettes, et que la Chine devrait équilibrer son commerce extérieur en éliminant le déficit existant vis-à-vis des États-Unis. Cela rappelle déjà les vieux mécanismes de la Realpolitik, et non la magie noire du turbocapitalisme ou même du zeta-capitalisme (terme utilisé pour décrire une économie liée au secteur technologique de l'information de haute technologie, qui inclut les principales entreprises informatiques mondiales).
Cependant, puisque tous ces impulsions précédentes venaient des États-Unis, on peut se demander si Donald Trump ne nuira pas à son propre pays avec ses mesures tarifaires.
Les partisans de l'économie libérale mondiale affirmaient déjà avant l'entrée en vigueur des tarifs qu'ils conduiraient à un déclin de l'économie américaine et même à un impact sur le dollar. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a averti d'une possible augmentation de l'inflation. Une réunion fermée du conseil de la Réserve fédérale était prévue pour lundi soir.
Cependant, avec l'effondrement des marchés boursiers, cela ne s'est pas encore produit. Bien qu'il ne faille pas exclure que l'économie américaine souffre également pendant cette période de transition, Donald Trump lui-même a reconnu qu'avec l'interdépendance actuelle, cela pourrait se produire à la première étape. Il a comparé l'introduction de tarifs à des mesures médicales qui permettraient de redresser l'économie nationale.
Il est soutenu par des économistes conservateurs aux États-Unis, qui soulignent que « institutionnellement, le système de commerce international a été créé pour nous tromper. Ils augmentent systématiquement les tarifs à notre encontre, mais, plus important encore, il s'agit d'une fraude non tarifaire. Ce sont des taxes sur la valeur ajoutée. Ce sont les manipulations monétaires, le dumping, les subventions à l'exportation, les normes frauduleuses qui empêchent l'importation de nos produits agricoles et de nos voitures au Japon. Toutes ces actions de pays étrangers visent clairement à nous tromper et relèvent des sanctions de l'Organisation mondiale du commerce. Donc, le président Trump dit que sous sa présidence, plus rien ne se produira. Et c'est exactement dans cette direction que nous nous dirigeons. Nous avançons vers une Amérique forte qui fera à nouveau tout par elle-même ».
C'est exactement ce à quoi visaient les mesures de Donald Trump — la réorganisation de l'industrie nationale et les priorités pour les entreprises américaines. D'ailleurs, même les libéraux ont noté qu'au début d'avril, 228.000 nouveaux emplois avaient été créés aux États-Unis. C'est un chiffre assez élevé, ce qui est évident même pour ceux qui comprennent peu les indicateurs économico-financiers. Bien qu'une croissance moins significative sur le marché du travail ait été anticipée auparavant.
Dans cette histoire, il est frappant que toutes ces mesures, qui ont conduit aux conséquences actuelles, aient été prises délibérément, contrairement aux précédents effondrements liés à des intérêts clairement spéculatifs et des bulles excessivement gonflées. De plus, le gouvernement américain a officialisé son opposition non seulement aux élites financières libérales transnationales, mais même aux institutions qu'il a lui-même créées. Les structures de la Banque mondiale et de l'ONU, préoccupées par la crise actuelle, sont soumises à des critiques sévères de la part de la nouvelle équipe de Donald Trump et de ses partisans conservateurs. Et leurs dirigeants déclarent en panique l'effondrement du système global des relations multilatérales.
Ainsi, il existe ici à la fois une idéologie politique (et cela s'appelle maintenant le trumpisme) et une composante géopolitique, car l'unité transatlantique est en train de se désagréger.
Et indépendamment des conséquences de l'effondrement des marchés boursiers, il est clair que, pour maintenir la stabilité des économies nationales (y compris en Russie), une autonomie suffisante par rapport au système mondial est nécessaire. La destruction du projet globaliste par Donald Trump mène, d'une manière ou d'une autre, à la création d'une multipolarité, y compris des pôles financiers. Le régime de sanctions nous a appris à agir de manière indépendante et à restaurer l'économie souveraine. Cette approche doit être préservée à l'avenir, même au niveau international, en menant à son terme l'ensemble du cycle des réformes patriotiques.
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samedi, 05 avril 2025
Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation
Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation
Raphael Machado
Source: https://jornalpurosangue.net/2025/04/04/trump-sepulta-os-...
Lorsque nous avons affirmé l'année dernière que l'élection de Trump serait très disruptive pour l'hégémonie mondiale libérale, nombreux sont ceux qui nous ont accusés d'être des « trumpistes », des « néoconservateurs » et de nous ont asséné une multitude d'injures.
Mais les décisions de Trump en matière de politique intérieure confirment notre analyse. En fait, aujourd'hui, je dirais que Trump est plus disruptif que je ne l'aurais même imaginé en 2024.
Je me rappelle d'ailleurs qu'au moment de l'annonce de la fermeture de l'USAID, les membres de la « gauche émotive » (qui ne peut tout simplement pas accepter que Trump était une option plus disruptive que Biden) sont immédiatement venus dire, dans des tons oraculaires, que les ressources de l'USAID seraient simplement réaffectées.
Non. Cette semaine, la fermeture de l'USAID a réellement été confirmée et l'argent serait réintégré au budget, sans aucune prévision spécifique de continuer à utiliser le même argent de la même manière à travers d'autres programmes et agences. Il est clair que les États-Unis continueront à projeter leur influence à travers le monde, ils l'ont toujours fait. Mais un des principaux agents de cette projection a été fermé et le budget pour ce type d'activité a diminué de manière significative. Désormais, l'initiative privée sera encore plus pertinente dans ce domaine.
Eh bien, en matière économique, le fait même que Trump envisage un retour au « système américain » d'Hamilton, avec une politique commerciale basée sur des tarifs douaniers destinés à protéger et promouvoir l'industrie nationale, est déjà un grand succès.
Et cela pour une raison simple : depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus les paladins du libre-échange. Ils ont créé l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT) par lequel ils faisaient pression sur d'autres nations pour qu'elles réduisent leurs barrières douanières pour les produits du Bloc Atlantique.
Plus significativement, les États-Unis ont mis leur poids derrière un establishment académique économique qui a pratiquement relégué toutes les théories et écoles économiques antilibérales dans la catégorie de l'« hétérodoxie ». Cela s'est branché sur le financement de think-tanks libéraux à travers le monde, y compris au Brésil, où ces think-tanks sont déjà complètement impliqués dans la politique et la production culturelle.
Le GATT est devenu l'Organisation Mondiale du Commerce au sommet du moment unipolaire, lorsque, après la déclaration du « Nouvel Ordre Mondial » par George Bush et le Consensus de Washington, on croyait que le monde était arrivé à la « Fin de l'Histoire », lorsque toutes les nations du monde s'intégreraient indistinctement dans un chaudron cosmopolite fragmenté, dans lequel les flux de capitaux, de biens et de personnes seraient parfaitement libres.
Pendant toute cette période, c'était Washington qui impulsait des accords de libre-échange dans le monde entier, comme le malheureux projet ALENA et plusieurs autres qui nuisaient clairement aux économies des pays qui les acceptaient.
Les déclarations publiques du vice-président Vance vont toutefois dans un sens exactement opposé, en affirmant spécifiquement que, dans la pratique, le libre-échange a également été nuisible pour les États-Unis, en particulier à cause de la désindustrialisation causée par les Reaganomics et de l'essor des États qui, au lieu du libre-échange, ont eu recours à tous les outils de soutien gouvernemental possibles et imaginables.
Au moment où le cœur du système commercial libre-échange recule et décide d'imposer des tarifs douaniers à une grande partie du monde, transformant cela en sa principale stratégie économique, il faut nécessairement prêter attention au fait que la foi dans les mythes du libre-échange a été perdue, en particulier son illusion majeure, celle des « avantages comparatifs ».
Mais la « révolution trumpiste » est encore plus profonde et touche directement la mondialisation.
Au lieu d'un monde de plus en plus intégré, Trump (indépendamment de ses intentions) fracture encore plus la communauté internationale. Son anti-européanisme a créé la plus profonde rupture historique entre les États-Unis et l'Europe depuis la période de De Gaulle et de la Crise de Suez, tandis que le Japon, effrayé par Trump, se rapproche de la Chine.
Trump redessine le monde selon ses propres intérêts (qui aujourd'hui impliquent de « réduire les coûts » et de « contrôler les pertes »), mais la conséquence est que les pays devront de plus en plus s'appuyer sur leurs propres voisins et sur les puissances de leurs régions, ainsi que chercher d'autres références et d'autres partenaires bien loin des États-Unis.
Le monde post-Trump sera beaucoup plus proche du nomos planétaire des Grands Espaces prévu par Carl Schmitt, où, au lieu d'une cosmopolis mondiale, nous aurons des blocs civilisationnels et continentaux étroitement associés et tournés vers l'intérieur.
17:28 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, économie, donald trump, libre-échange, gatt | |
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mardi, 25 février 2025
À l’intersection de la géopolitique et de l’économie: l’Égypte relance sa production automobile
À l’intersection de la géopolitique et de l’économie: l’Égypte relance sa production automobile
Peter W. Logghe
Source: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°197, février 2025
Dans la ville d'October, à proximité immédiate de la capitale égyptienne Le Caire, de nouvelles entreprises émergent, susceptibles de jouer un rôle clé dans la relance de l'économie égyptienne – non sans importance pour l'économie mondiale et pour notre propre économie. Il s'agit d'implantations d'entreprises chinoises de construction automobile. La ville d'October incarne la stratégie industrielle de la Chine en Afrique.
En janvier, une usine du constructeur chinois Geely a été inaugurée. Parmi les invités figuraient Mustafa Madbouli, Premier ministre égyptien, et Song Yun, vice-président de Geely. Chaque année, 30.000 voitures devraient sortir de cette chaîne de production (pour le moment), principalement destinées au marché intérieur égyptien. Il s'agira d'une usine CKD ou « Completely Knocked Down » – ce qui signifie que des pièces détachées en provenance de Chine seront assemblées pour former des véhicules. Cela permet d'éviter en grande partie les droits d'importation, tout en créant des emplois locaux. L'inconvénient est que ce modèle de production n'entraîne pas la création de modèles de production locaux en Égypte et maintient une dépendance persistante envers le pays producteur (la Chine, donc).
Le CKD est une solution intermédiaire pour les constructeurs automobiles, entre une production 100% locale (avec une chaîne d'approvisionnement complète) et l'importation de véhicules entièrement finis. Le CKD joue un rôle central pour les multinationales cherchant à conquérir certains marchés émergents en stimulant l'économie locale tout en gardant le contrôle sur le produit.
Ce n'est pas le premier constructeur automobile chinois sur cette nouvelle "plateforme" égyptienne
Il n'est pas surprenant que cette nouvelle "plateforme" pour les entreprises de construction automobile en Égypte ait attiré l'attention d'autres grandes entreprises chinoises. SAIC, producteur chinois et propriétaire de MG, a annoncé fin décembre 2024 un investissement lourd de 135 millions de dollars pour ouvrir une usine en Égypte, également à October City.
En novembre 2024, une autre entreprise, EXCEED, marque filiale de Chery, a ouvert ses portes. De plus, l'entreprise chinoise BAIC a signé un accord avec l'Égypte pour créer une usine de production de véhicules électriques à October City. D'ici la fin de 2025, l'usine devrait produire 20.000 véhicules électriques par an, avec une part importante de véhicules destinés à l'exportation.
Les ouvertures d'entreprises consécutives témoignent du succès du programme gouvernemental appelé AIDP ou Automotive Industry Development Program, lancé en 2022. Son objectif principal est de faire de l'Égypte une puissance régionale en matière de production automobile. Pour ce faire, l'Égypte utilise des avantages fiscaux, des subventions énergétiques pour les entreprises et d'autres impulsions financières pour les constructeurs automobiles souhaitant s'installer en Égypte.
Une longue tradition automobile
L'Égypte possède d'ores et déjà une longue tradition dans le secteur de la construction automobile. En effet, l'Égypte a signé en 1961 un accord de licence avec le constructeur automobile italien Fiat, une étape cruciale dans la modernisation de l'industrie en Égypte. Désormais, l'Égypte pouvait construire localement des véhicules Fiat et poser les bases de sa propre industrie automobile. Fiat a non seulement fourni à l'Égypte la technologie, mais aussi diverses compétences industrielles. Il n'est donc pas surprenant que les modèles de voitures les plus populaires en Égypte aient presque tous été des Fiat: les modèles 128, 125, 124 et la Fiat 1100. On voyait encore longtemps la Fiat 128, la Fiat 124 et, dans une moindre mesure, la Fiat 1100 comme taxis dans le paysage urbain égyptien.
Dans les années 1970, après la guerre de Yom Kippour, le président égyptien Anwar Sadat souhaitait élargir le secteur automobile. Il a introduit une politique nommée ODEP ou Open Door Economic Policy, qui a attiré des investisseurs étrangers. Mercedes Benz, Jeep et General Motors ont ouvert des usines dans le pays nord-africain, incarnant un élan économique qui a pris fin avec la chute du régime Moubarak en 201 : de nombreux constructeurs automobiles européens et américains ont cessé leurs activités, et l'économie automobile égyptienne est tombée dans l'impasse. Il est clair que le rôle des précurseurs européens s'est estompé et que les Chinois ont profité de ce vide.
C'est un exemple de plus montrant comment l'économie joue un rôle important dans les bouleversements géopolitiques. Et comment le continent européen est confronté à sa propre inertie face à ces défis géopolitiques, tandis que d'autres s'installent sans difficulté.
15:41 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : économie, industrie, industrie automobile, égypte, automobiles chinoises, afrique, affaires africaines | |
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Géo-économie: l'Europe s'enfonce pendant que le monde avance rapidement
Géo-économie: l'Europe s'enfonce pendant que le monde avance rapidement
par Enrico Cipriani
Source: https://www.destra.it/home/geoeconomia-leuropa-affonda-me...
Il y a les faits et il y a les interprétations des faits. Les faits, les données du problème, existent bel et bien, et sont tous négatifs. L'Europe se trouve dans une crise profonde, économique et politique, qui risque de l'emporter vers un déclin irréversible. Les choix faits par l'Union européenne ces dernières années non seulement ont aggravé cette situation, mais contribuent activement à l'effondrement du continent.
L'industrie européenne – autrefois moteur de l'économie mondiale – est en déclin constant. Selon les données de la Commission européenne, la production industrielle dans la zone euro a enregistré une baisse de 2,3 % en 2023, avec des pointes négatives en Allemagne (-3,5 %) et en France (-2,8 %). Le secteur manufacturier souffre de l'augmentation des coûts énergétiques et d'une politique économique myope, qui semble plus préoccupée par la satisfaction de dogmes idéologiques que par la garantie de la compétitivité du continent.
À cela s'ajoute l'augmentation du prix du gaz. Après la renonciation au gaz russe, le coût de l'énergie en Europe a flambé. Selon les données d'Eurostat, le prix moyen du gaz pour les entreprises est passé de 40 euros par MWh en 2021 à plus de 120 euros par MWh en 2023, triplant en quelques années. Cela a eu des effets dévastateurs sur la compétitivité des entreprises européennes, contraintes de délocaliser ou de fermer leurs portes.
Parallèlement, le pouvoir d'achat des ménages est en baisse. L'inflation, malgré la décision de la BCE d'augmenter les taux d'intérêt (les portant à 4,5% en 2023), n'a pas été contenue de manière efficace, provoquant une stagnation économique qui risque de se transformer en récession chronique.
Alors que l'Europe s'enfonce, le reste du monde prend une direction opposée. La Russie, malgré les sanctions imposées par l'UE, a enregistré une croissance économique de 3,2% en 2023, portée par les exportations d'énergie vers la Chine et l'Inde. Les États-Unis, guidés par une politique de plus en plus protectionniste, limitent le commerce avec l'Europe et incitent à la production interne avec le CHIPS Act et l'Inflation Reduction Act, qui attirent des investissements industriels loin du Vieux Continent. La Chine, pour sa part, continue à consolider son rôle de superpuissance économique, renforçant les liens avec les pays émergents et réduisant sa dépendance aux économies occidentales.
Face à ce scénario, l'UE continue de suivre une ligne politique suicidaire. Plutôt que d'adopter une approche pragmatique pour sauver l'économie, elle insiste sur un comportement moralisateur et idéologique qui nuit aux intérêts européens. Le soutien inconditionnel à Volodymyr Zelensky se traduit par une guerre sans fin qui saigne l'Ukraine et déstabilise l'ensemble du continent. Zelensky, entre-temps, a exploité le conflit pour établir une dictature de fait, réprimant l'opposition et accentuant le contrôle autoritaire sur le pays, comme le montrent les interdits imposés aux partis d'opposition et la fermeture de médias indépendants.
L'Europe risque de se retrouver isolée sur le plan géopolitique: elle a perdu le soutien des États-Unis, s'est aliéné la Russie et ne jouit pas de la confiance de la Chine. Malgré les évidences économiques montrant que l'ostracisme envers Moscou a été désastreux pour l'UE, la direction européenne refuse de revenir à l'achat de gaz russe, préférant des approvisionnements coûteux en provenance des États-Unis ou de pays instables comme l'Algérie.
Les choix idéologiques imposés par l'UE ont davantage aggravé la situation. Le Green Deal, au lieu de promouvoir une transition durable, a détruit des secteurs industriels entiers sans offrir d'alternatives viables. L'interdiction des nouvelles voitures à combustion d'ici 2035 et l'imposition de réglementations environnementales de plus en plus strictes entraînent l'effondrement de l'industrie automobile européenne, tandis que des géants comme Tesla et les entreprises chinoises gagnent du terrain.
Parallèlement, la BCE continue de suivre une politique monétaire désastreuse, maintenant des taux d'intérêt élevés qui étouffent la croissance. Le choix de ne pas investir dans le nucléaire, notamment dans des pays comme l'Italie, condamne l'Europe à une dépendance énergétique de plus en plus coûteuse et insoutenable.
Enfin, la politique migratoire incontrôlée crée des tensions sociales et économiques, alimentant un modèle assistanciel qui pèse de plus en plus sur les budgets d'État et mine la cohésion sociale.
Tout cela soulève une question fondamentale: qui décide vraiment du destin de l'Europe ? Beaucoup des dirigeants actuels sont au pouvoir non par volonté populaire, mais par jeux de pouvoir et accords en coulisses. La démocratie européenne est de plus en plus vidée de son sens, alors que des décisions cruciales sont prises par une technocratie répondant à des intérêts peu clairs, pour ne pas dire obscurs. L'UE, plutôt que d'être un phare de démocratie et de prospérité, devient une colonie des grandes puissances mondiales, dépourvue de stratégie autonome et ballotée par les événements.
Si l'Europe veut éviter le suicide, elle doit changer d'urgence de cap. Une politique pragmatique, non idéologique, doit mettre en première ligne les intérêts économiques et sociaux du continent. Sans un changement de cap, le destin de l'UE est scellé : irrésolution économique, déclin social et soumission géopolitique.
14:20 Publié dans Economie, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, actualité, économie, effondrement économique, géopolitique | |
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dimanche, 23 février 2025
L'économie de l'hydrogène: le rêve coûteux du prétendu miracle vert
L'économie de l'hydrogène: le rêve coûteux du prétendu miracle vert
Source: https://report24.news/wasserstoff-wirtschaft-der-teure-tr...
Nous vivons actuellement une véritable euphorie autour de l'hydrogène. Mais ce qui est célébré comme le prétendu sauveur de la transition énergétique se révèle, à y regarder de plus près, être un château de cartes coûteux, avec des embûches techniques considérables.
Le calcul simple que nous présentent les politiciens et les sauveurs autoproclamés du climat semble d'abord séduisant: l'hydrogène brûle proprement, est théoriquement disponible en quantité illimitée et doit nous rendre indépendants des combustibles fossiles. Ce qui est volontairement passé sous silence: la production d'hydrogène consomme d'énormes quantités d'énergie - plus que ce qui est utilisable au final.
« Pour obtenir deux mégawatts d'énergie à partir de l'hydrogène, il faut déjà trois mégawatts d'électricité dans le processus de production », explique l'expert en énergie Robert Bryce. Ce bilan énergétique décevant ne tient même pas compte des pertes lors de la production d'électricité elle-même. D'un point de vue scientifique, on pourrait dire que du point de vue thermodynamique, l'économie de l'hydrogène est tout simplement inefficace dans sa forme actuelle.
Fait particulièrement important: la majeure partie de l'hydrogène produit aujourd'hui provient du reformage à la vapeur du gaz naturel - un processus qui libère des quantités considérables de CO2 (ce que les fanatiques du climat veulent en fait éviter). Il n'est pas question ici d'énergie « verte ». La production alternative par électrolyse à l'aide d'électricité renouvelable n'en est qu'à ses débuts et est encore plus chère.
Mais ce n'est pas tout: le stockage et le transport de l'hydrogène posent d'énormes défis techniques à l'industrie. La petite molécule rend même les alliages métalliques de haute qualité fragiles et cassants - un phénomène connu sous le nom de fragilisation par l'hydrogène. Les systèmes de pipeline existants ne sont tout simplement pas adaptés au transport d'hydrogène pur.
La liquéfaction comme alternative ? Uniquement possible à moins 253 degrés Celsius et à une pression 700 fois supérieure à la pression atmosphérique - une autre dépense énergétique énorme. La stratégie du gouvernement fédéral allemand en matière d'hydrogène prévoit pour cela des investissements de plusieurs milliards. Nous dépensons ici l'argent des contribuables pour une technologie qui ne sera pas rentable sans subventions durables. Au fond, c'est donc similaire à ce qui se passe depuis des années en matière d'éoliennes et de centrales solaires.
L'évolution actuelle semble particulièrement absurde au vu des expériences historiques. Dans les années 1970 déjà, on vantait l'hydrogène comme la source d'énergie du futur. En 2003, George W. Bush s'était également enthousiasmé pour un monde automobile fonctionnant à l'hydrogène. Peu de choses se sont passées - et pour cause.
L'amère vérité est qu'une économie énergétique basée sur l'hydrogène fera grimper les coûts de l'énergie de manière drastique. En période de hausse du coût de la vie, c'est une bombe sociopolitique. Le rêve de l'hydrogène « vert » risque de se transformer en un cauchemar coûteux - financé par les contribuables et les consommateurs. Au lieu d'un optimisme technologique aveugle, il serait urgent de procéder à une analyse sobre des coûts et des avantages. Mais il semble qu'il n'y ait pas de place pour cela dans le débat sur le climat qui ne cesse de s'enflammer.
Comment éviter la « politique énergétique la plus stupide du monde » (Wall Street Journal) ?
La question n'est pas de savoir si la politique énergétique - appelée en Allemagne par euphémisme « Energiewende » - sera enterrée, mais seulement quand. Et ensuite ? Partout dans le monde, les jalons sont posés depuis longtemps pour l'énergie nucléaire, sans CO2 comme jusqu'à présent, mais plus intelligente, plus résiliente, plus mobile et moins chère que jamais.
17:35 Publié dans Actualité, Ecologie, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hydrogène, économie, énergie, écologie, actualité | |
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mercredi, 19 février 2025
L'interaction de la souveraineté et de la politique économique
L'interaction de la souveraineté et de la politique économique
Équilibrer la sécurité et le commerce
Alexandre Douguine
Le mercantilisme est une théorie économique. Les mercantilistes pensaient que la meilleure façon d'accroître la richesse nationale était d'avoir une balance commerciale positive, c'est-à-dire que les exportations dépassent les importations. L'idée était qu'il fallait accumuler des métaux précieux comme l'or et l'argent, qui étaient les principaux moyens de paiement internationaux à l'époque.
Pour parvenir à des excédents commerciaux, les gouvernements mettaient en œuvre des politiques telles que l'application de droits de douane élevés sur les importations afin de protéger les industries nationales, des subventions aux exportations et des sociétés commerciales monopolistiques.
Réglementation industrielle : Les gouvernements ont souvent réglementé les industries pour s'assurer qu'elles produisaient des biens de haute qualité pour l'exportation et qu'elles limitaient la fuite de la main-d'œuvre qualifiée ou de la technologie vers les concurrents.
L'accent était mis sur l'accumulation d'or et d'argent, considérés comme la mesure de la richesse. Cela a conduit à des politiques telles que l'interdiction d'exporter de l'or ou de l'argent.
Dans « La richesse des nations » (1776), le libéral Adam Smith a critiqué le mercantilisme, prônant le libre-échange et l'idée que la richesse provient de la productivité et de la division du travail, et pas seulement de l'accumulation de métaux précieux.
Si le mercantilisme en tant que politique officielle a été largement abandonné, certains de ses principes (comme le protectionnisme) réapparaissent sous diverses formes dans le cadre du nationalisme économique ou en réponse à des crises économiques mondiales.
L'économie moderne, en particulier sous la forme de politiques keynésiennes, reprend parfois les idées mercantilistes en se concentrant sur la gestion des balances commerciales, bien que de manière plus nuancée et moins à somme nulle.
Le débat sur l'efficacité du mercantilisme se poursuit, certains historiens et économistes affirmant qu'il n'a pas été aussi néfaste qu'on le pensait traditionnellement, du moins pour les principales nations mercantilistes de l'époque.
Le nationalisme économique est une idéologie qui donne la priorité aux intérêts économiques nationaux sur l'intégration économique mondiale.
Il préconise des droits de douane, des barrières commerciales et d'autres mesures visant à protéger les industries locales de la concurrence étrangère. L'idée est de promouvoir les entreprises locales, de préserver les emplois et de maintenir la souveraineté économique nationale.
Il met l'accent sur la réduction de la dépendance à l'égard des produits étrangers en encourageant la production nationale. Il peut s'agir de politiques visant à stimuler les secteurs locaux de la fabrication, de l'agriculture ou de la technologie.
Ses politiques sont souvent conçues pour favoriser l'économie nationale, parfois au détriment de la coopération internationale. Cela peut se manifester par des scénarios tels que la manipulation de la monnaie ou des subventions aux entreprises nationales.
L'objectif sous-jacent est souvent de maintenir ou de relancer les industries traditionnelles qui sont considérées comme faisant partie de l'identité nationale.
Ses partisans estiment qu'elle renforce la sécurité nationale, préserve l'emploi et peut conduire à une situation commerciale plus équilibrée. Ils affirment que le nationalisme économique permet de mettre en place des politiques économiques adaptées aux besoins spécifiques du pays plutôt que de suivre un modèle économique mondial unique.
Parmi les exemples de nationalisme économique, on peut citer les États-Unis au 19ème siècle, avec leurs droits de douane élevés pour protéger les industries naissantes, ou, plus récemment, le Brexit au Royaume-Uni, où une partie de l'argument en sa faveur consistait à reprendre le contrôle de la politique économique.
Plusieurs pays recourent à certains aspects du nationalisme économique. L'initiative « Made in China 2025 » de la Chine ou les politiques « America First » des États-Unis sous certaines administrations en sont des exemples contemporains.
Le nationalisme économique suscite souvent des débats sur son efficacité et sa moralité dans un monde de plus en plus interconnecté. C'est un concept qui s'oppose à la mondialisation, où la suppression des barrières commerciales est considérée comme bénéfique pour tous les pays participants.
20:21 Publié dans Actualité, Définitions, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, actualité, protectionnisme, nationalisme économique, alexandre douguine, définition | |
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dimanche, 26 janvier 2025
Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique
Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2025/01/09/uuden-vuoden-rajahdyks...
« Si vous vous sentez inutile, rappelez-vous qu'il a fallu vingt ans, des milliers de milliards de dollars et quatre présidents américains pour remplacer les talibans par des talibans », commente le politologue et historien Norman Finkelstein à propos des erreurs de la politique étrangère et de sécurité américaine en Afghanistan.
Pour Fabio Vighi, ces actions n'ont pas été vaines pour les États-Unis et leurs sbires. « Les décennies consacrées à la destruction de pays comme l'Afghanistan et l'Irak et au massacre de leurs populations ont été très rentables pour les grandes institutions financières et le complexe militaro-industriel », corrige-t-il.
Plus important encore, elles ont fourni « un levier géopolitique-idéologique crucial pour retarder l'effondrement imminent d'un système qui a subi sa première convulsion majeure avec la crise financière de 2007-2008 ».
« En fin de compte, l'impulsion décisive derrière ces offensives militaires passées et, maintenant, les guerres par procuration en Ukraine, à Gaza et en Syrie est enracinée dans la peur et le déni - un refus de faire face à l'obsolescence d'un capitalisme simulé, hyperfinanciarisé et fondé sur l'endettement », explique M. Vighi pour éclairer l'interaction entre les opérations militaires et les transferts économiques.
Que nous réserve l'horizon 2025 ? Pour Fabio Vighi, il est « difficile d'imaginer une issue à la situation de manipulation intense dans tous les domaines, des données économiques aux opérations sous fausse bannière ». Chaque « événement » est désormais encadré par la logique d'exploitation du « capitalisme de crise », qui reste obstinément dépendant de la « création de crédit pour gonfler les bulles financières ».
« En conséquence, l'horizon de notre monde se replie sur lui-même. La boucle de rétroaction de la dette, de la finance, de la frénésie impérialiste résiduelle, de la récession économique et du contrôle idéologique des perceptions se poursuivra pendant des années encore, obscurcissant notre jugement critique et affaiblissant notre imagination », conclut l'universitaire italien.
Incapable de faire face à sa maladie, l'Occident en phase terminale ne cessera de déverser sa fureur sur tous ses "bons ennemis" pour s'en servir comme levier géopolitique. Cette stratégie ne tente même plus de se déguiser en agence d'exportation de la démocratie ou en défense des droits de l'homme. La violence se révèle désormais comme « la sauvagerie débridée d'une civilisation agressive qui refuse de reconnaître sa dégénérescence et ses limites ».
La question, selon Vighi, n'est pas de savoir « s'il y aura une nouvelle urgence mondiale, mais à quel moment elle se produira ». D'un point de vue géopolitique, l'Iran - un pays déjà aux prises avec une forte inflation, des pénuries d'énergie et un chômage croissant - est un candidat évident pour la prochaine cible.
« Le démantèlement de la République islamique d'Iran, tout comme le démembrement en cours de la Syrie, semble être un objectif aussi urgent que l'était le démantèlement de l'Irak dans le passé », ajoute Vighi avec emphase, en rappelant la liste des États à démanteler, dressée par les États-Unis après le 11 septembre.
Une fois de plus, la pression de la guerre est « un mécanisme de défense intrinsèquement psychotique contre l'introspection systémique ». Elle protège l'Occident contre « l'effondrement de son mode de renouvellement socio-économique surfinanciarisé et surendetté, qui est devenu stérile, dysfonctionnel et socialement destructeur ».
Attiser les flammes du chaos aux confins de l'empire nécessite, entre autres, « le maintien de l'entité sioniste ». À cet égard, Donald Trump, de concert avec Israël, a un rôle crucial à jouer pour accroître la pression sur Téhéran. Une attaque contre l'Iran pourrait retarder le processus de dédollarisation et créer en même temps une crise économique mondiale, qui donnerait un prolongement à la politique actuelle des banques centrales.
Il existe une relation très étroite entre l'élite économique et la guerre. La structure du pouvoir occidental est également caractérisée par un obscur système de portes tournantes: les mêmes technocrates inefficaces et souvent discrédités tournent dans différentes institutions.
Maintenant que l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a pris la présidence du groupe Bilderberg, l'oligarchie qui se cache derrière la société secrète économico-politique s'apprête-t-elle à privilégier les interventions militaires pour renforcer sa fiction financière ? Les hommes d'argent qui détiennent l'industrie de l'armement peuvent espérer un retour important sur les investissements militaires et de défense.
Vighi souligne qu'au-delà du lobbying véreux qui ressort des réunions des Bilderberg, les conflits géopolitiques doivent également être considérés comme « le revers de la médaille des marchés financiers surgonflés par des escroqueries boursières comme celle de Tesla, provoquée par l'une des plus grandes bulles spéculatives de l'histoire du monde ». Les entreprises technologiques surévaluées engrangent des profits insensés tout en favorisant l'automatisation et la hausse du chômage.
« Lorsque les nations encourent des coûts qui dépassent leurs moyens financiers, déclencher de nouvelles guerres devient le moyen le plus rapide de produire de nouvelles monnaies qui n'ont aucune valeur intrinsèque, mais qui ne font que prolonger la douleur et obscurcir l'issue inévitable », explique Vighi.
Si les visions de nombreux techno-moguls ressemblent à une dystopie scientifique, la réalité est que nous vivons déjà dans « le Far West numérique, où le capitalisme de casino surfe actuellement sur la vague de la crypto-tempête ». Pour preuve, la crypto-monnaie humoristique Fartcoin a atteint une valeur de marché explosive de 1,5 milliard de dollars quelques mois seulement après son lancement.
Les jeunes investisseurs en crypto-monnaies jouent avec des obligations de pacotille pour devenir millionnaires. Cependant, les nouvelles financières ne révèlent pas que « la volonté actuelle de rendre les crypto-monnaies courantes, associée à la déréglementation des marchés financiers, contribue à un changement à l'échelle du système vers un panopticon mondial pour toute la tokenisation » (1 - ndt).
Alors que nous approchons d'un tournant critique dans un piège de la dette potentiellement cataclysmique, il semble approprié de nourrir le public de réalités alternatives, de l'incitation à « devenir un roi de la crypto » à la nouvelle montée prévisible du « terrorisme islamique » (comme l'ont montré les événements du jour de l'an à la Nouvelle-Orléans et à Las Vegas).
Vighi estime que le système a besoin d'un « nouveau sauvetage d'urgence ». La prochaine crise « imprévue » obligera la Fed et ses alliés à augmenter la masse monétaire en raison d'un obstacle insurmontable. Et bien qu'il y ait toujours de la place pour l'entropie et l'imprévisibilité systémiques, il est raisonnable de supposer que ceux qui sont assis au sommet, le plus près de la presse à billets, éviteront la plupart des conséquences désagréables, les citoyens ordinaires payant une fois de plus la facture finale.
La société du travail, qui fournissait une valeur socio-économique par le biais de l'emploi, s'évapore à présent dans une « société de la jungle » atomisée où les distinctions de classe traditionnelles n'ont plus cours et où « les critiques de gauche de l'économie politique se sont dissoutes dans un culturalisme insidieux », rappelle avec insistance le professeur Vighi dans son livre Critical Theory.
Les conflits sociaux ont été reconditionnés par les médias appartenant aux entreprises pour façonner les perceptions des masses, et le pouvoir ne peut plus être associé uniquement à « la classe capitaliste qui possède les moyens de production », mais plutôt à « l'élite qui contrôle les flux d'argent, les urgences de la guerre, les opérations psychologiques de type coro na et la vie, plus ou moins directement, de populations de plus en plus jetables ».
Nous avons atteint « un nouveau niveau de misanthropie capitaliste où le travail a été invalidé en tant que médiateur social, tout en étant soumis à une exploitation et à une manipulation sans précédent ». « Soit nous trouvons les moyens de résister à cette tendance destructrice, soit elle nous écrasera », affirme Vighi, qui, comme de nombreux théoriciens, ne propose pas de moyens concrets pour remédier à la situation.
Note:
(1) Voici ce que répond l'IA à la question qui lui demande de définir la "tokenisation"? Nous ne partageons pas son optimisme quant à cette nouvelle "technique de financiarisation":
En économie, le terme tokenisation désigne le processus consistant à convertir un actif ou un droit en un token numérique. Ces tokens sont souvent émis sur une blockchain, ce qui permet de les échanger ou de les transférer de manière sécurisée, transparente et décentralisée. Voici une explication détaillée :
1. Principe de base de la tokenisation
La tokenisation implique de diviser un actif en unités numériques (tokens), qui représentent chacun une fraction ou un droit associé à cet actif. Ces tokens peuvent ensuite être achetés, vendus ou échangés.
Par exemple :
- Un immeuble peut être tokenisé : chaque token représente une part de propriété de cet immeuble.
- Une œuvre d'art peut être divisée en tokens, permettant à plusieurs personnes de posséder une fraction de l'œuvre.
- Les droits sur un flux de revenus (comme des redevances) peuvent également être tokenisés.
2. Pourquoi la tokenisation est-elle pertinente en économie ?
Accessibilité accrue :
La tokenisation permet à des actifs, souvent réservés à des investisseurs fortunés (immobilier, œuvres d'art, etc.), de devenir accessibles à un plus grand nombre de personnes grâce à une fractionnalisation. Par exemple, au lieu d'acheter un immeuble entier, un individu peut acheter un ou plusieurs tokens représentant une part de cet actif.
Liquidité accrue :
Les tokens peuvent être échangés rapidement sur des marchés numériques, augmentant ainsi la liquidité des actifs traditionnellement illiquides (comme l'immobilier ou les objets de collection).
Réduction des intermédiaires :
Grâce à la blockchain, il est possible de réduire les coûts et la complexité associés aux transactions traditionnelles (comme les frais notariés ou les coûts de gestion).
Transparence et sécurité :
Les transactions sont enregistrées sur une blockchain, offrant une traçabilité complète et une protection contre la fraude.
3. Exemples d'applications concrètes
- Immobilier : Une entreprise peut tokeniser un immeuble de bureaux. Chaque token donne à son détenteur une part de propriété et, potentiellement, un droit aux revenus locatifs.
- Financement participatif : Les start-ups peuvent lever des fonds via des tokens, où chaque token représente un droit de propriété ou de vote.
- Marchés financiers : Des actions, obligations ou autres produits financiers peuvent être émis sous forme de tokens.
- Objets de collection : Les œuvres d’art ou les objets rares peuvent être divisés en tokens pour permettre une copropriété.
4. Différence avec les cryptomonnaies
La tokenisation ne doit pas être confondue avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin. Les cryptomonnaies sont des actifs numériques natifs de la blockchain, tandis que les tokens sont généralement adossés à un actif sous-jacent (immobilier, art, flux de revenus, etc.).
5. Enjeux et défis
- Réglementation : Les juridictions n’ont pas toutes encore défini un cadre clair pour la tokenisation, ce qui peut limiter son adoption.
- Complexité technique : Le fonctionnement des blockchains et des smart contracts doit être sécurisé pour éviter les failles.
- Fiabilité des actifs sous-jacents : La valeur des tokens dépend directement de celle des actifs qu’ils représentent.
En résumé, la tokenisation est une révolution économique en cours, permettant de rendre les actifs plus accessibles, liquides et transparents grâce à la technologie blockchain.
19:19 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, fabio vighi, financiarisation, économie | |
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vendredi, 03 janvier 2025
Blackrock va-t-il sauver l'économie européenne ?
Blackrock va-t-il sauver l'économie européenne ?
L’Ukraine, un boulet autour du cou de l’Europe
Karel Beckman
Source: https://deanderekrant.nl/nieuws/gaat-blackrock-de-europes...
L'économie européenne traverse une période de plus en plus difficile, en grande partie à cause de la guerre en Ukraine. L'économie allemande connaît sa « plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale ». La France, quant à elle, a annoncé des mesures d’austérité sévères et des hausses d’impôts. Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer mise tous ses espoirs sur le gestionnaire d'actifs américain Blackrock.
Le président du Comité militaire de l'OTAN, le vice-amiral néerlandais Rob Bauer, a averti que les Européens devront se serrer la ceinture s’ils veulent sauver l'Ukraine. « Si vous voulez renforcer la résilience et le soutien à l'Ukraine, alors il y aura moins d'argent à dépenser pour d'autres choses », a-t-il déclaré lors d'une conférence dans un think tank à Bruxelles. « Cela nous privera d'une partie de notre luxe, cela exige un sacrifice. Et cela signifie que nous devons prendre des risques. Mais ne pas prendre de risques est le plus grand risque de tous. »
Ce qui est certain, c'est que la guerre en Ukraine affecte de plus en plus l'économie européenne. L'Allemagne, moteur de l'économie européenne, est particulièrement touchée et traverse une crise économique profonde. Le Financial Times (FT) a récemment parlé de « l'économie allemande brisée », confrontée à sa « plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale ». Les secteurs automobile, chimique et de la construction mécanique, qui étaient jusqu'à récemment les piliers du succès économique allemand, sont particulièrement en difficulté.
L'industrie allemande souffre de « coûts énergétiques élevés », rapporte le FT, sans mentionner les sanctions contre la Russie ou le sabotage du gazoduc Nord Stream. Une série de grandes entreprises allemandes ont annoncé des licenciements ces derniers mois : Volkswagen (des dizaines de milliers), Thyssenkrupp (11.000), BASF (2500), Bosch (3500), Ford (2900), Miele (1300), Bayer (1500) et ZF, un important fournisseur de l'industrie automobile (14.000). La personnalité politique allemande Sevim Dağdelen, du parti d'opposition de gauche Bündnis Sarah Wagenknecht, parle de « déindustrialisation massive ». Particulièrement douloureuse est la fermeture annoncée de trois usines Volkswagen. C'est la première fois dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre que Volkswagen, symbole de la puissance économique allemande, doit réduire ses activités.
En France, une crise se profile également. Le gouvernement français doit actuellement payer autant d'intérêts sur sa dette que la Grèce, qui était récemment encore le problème majeur de l'Europe. La France affiche un déficit budgétaire de plus de 6% et a annoncé des coupes budgétaires drastiques ainsi que des hausses d’impôts. L’opposition, tant de gauche que de droite, est furieuse et a promis des actions musclées.
D'autres nuages sombres s’amoncellent à l’horizon. L'Ukraine est un boulet autour du cou de l'Europe. Les pays de l'UE et la Commission européenne ont accordé ces dernières années une aide de 118 milliards d'euros à Kiev, selon les chiffres de l'Institut Kiel pour l'économie mondiale. À cela s'ajouteront 74 milliards d'euros d'engagements au cours des prochaines années. Une part importante de cette aide prend la forme de prêts, mais on peut se demander si l'Ukraine sera un jour capable de les rembourser. Cela ne serait probablement possible qu'en procédant à une grande braderie, comme cela s'est produit en Russie dans les années 1990.
Une autre menace plane : une possible augmentation des droits de douane américains, que Trump a évoquée. Parallèlement, Trump a annoncé son intention de durcir considérablement la guerre commerciale contre la Chine. Le futur président américain a déclaré dans une interview qu'il imposerait une taxe à l'importation de 100 % sur les biens provenant de pays qui « collaborent à une nouvelle monnaie des BRICS ou à toute autre monnaie menaçant la position du puissant dollar ». Les pays qui osent défier le dollar « ne doivent plus compter sur la possibilité de vendre à l'Amérique », a affirmé Trump. « Ils devront trouver un autre imbécile». Cela équivaut à une déclaration de guerre économique contre une grande partie du monde.
Les dirigeants européens semblent suivre cette position sans discuter, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur les exportations européennes. Selon le commandant de l'OTAN, Bauer, l'Europe n'a pas d'autre choix que de revoir ses relations avec la Chine, étant donné la grande dépendance européenne vis-à-vis des biens et matériaux chinois. « C'est naïf de penser que le Parti communiste chinois n'utilisera pas ce pouvoir », a déclaré Bauer. Les entreprises, selon lui, doivent « se préparer à un scénario de guerre et adapter leurs lignes de production et de distribution en conséquence. Car si ce sont les armées qui gagnent les batailles, ce sont les économies qui gagnent les guerres».
Certains pays – la Tchéquie, la Pologne, la Hongrie et la Serbie – anticipent et achètent massivement de l'or. Ils ont également rapatrié une partie de leurs réserves d'or stockées à Londres. Les économistes Frank Knopers et Sander Boon notent que ces pays d'Europe de l'Est semblent « ne pas craindre une invasion russe. Si c'était le cas, il serait bien plus logique que les pays susmentionnés transfèrent leur or à Londres », écrivent-ils sur leur Substack Boon & Knopers.
Le gouvernement britannique a trouvé sa propre solution pour faire face à la crise économique. Le Premier ministre Keir Starmer s'est tourné vers Blackrock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde. La plateforme médiatique indépendante Open Democracy a publié la semaine dernière un rapport détaillé sur les liens étroits entre Starmer et Blackrock, remontant bien avant les élections de juillet dernier. Le mois dernier, plusieurs dirigeants de Blackrock ont rencontré le Premier ministre britannique à Downing Street pour discuter d'investissements dans l'économie britannique. « La mission de ce gouvernement ne peut réussir qu'à travers une étroite collaboration avec les entreprises et les investisseurs », a tweeté Starmer après la réunion. Le plan du Parti travailliste, écrivait un économiste britannique, semble être « de laisser Blackrock reconstruire le Royaume-Uni ». Blackrock détient des participations dans presque toutes les grandes entreprises britanniques, y compris British Airways, Rolls Royce et AstraZeneca.
Peut-être Blackrock pourra-t-il sauver l'Allemagne après l'Angleterre. L'actuel leader de la CDU, Friedrich Merz, qui a de grandes chances de devenir le nouveau chancelier fédéral au début de l'année prochaine, est un ancien employé de cette entreprise américaine.
16:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : économie, allemagne, grande-bretagne, europe, blackrock, affaires européennes, actualité | |
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jeudi, 19 décembre 2024
Argentine: chute libre
Argentine: chute libre
La consommation s'effondre en Argentine: elle a chuté de 9,6% en novembre
Pablo J. Davoli (*)
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2024/12/reporte-argen...
Récemment, un rapport de la société de conseil Scentia, basé sur les ventes des principales chaînes de supermarchés et de magasins en libre-service du pays, a été rendu public. Ce rapport confirme l'évolution d'un grave problème que plusieurs économistes et hommes d'affaires ont mis en garde depuis plusieurs mois: la consommation en Argentine est en chute libre.
En effet, selon l'enquête contenue dans le rapport, en octobre 2024, la baisse de la consommation, en général, a atteint 20,4% en glissement annuel, accumulant une baisse de 12,8% depuis le début de l'année ([1]) Plus précisément, dans le cas des supermarchés, la rétraction a atteint 20,7% (zone métropolitaine de Buenos Aires: 18,2%; reste du pays: 22,8%), avec une accumulation de 12,8% depuis le début de l'année. Pendant ce temps, dans les magasins de libre-service de gros, la dynamique a atteint 20,2% et 11,8%, respectivement.
De plus, l'évolution mensuelle des volumes de vente ne montre aucune reprise. Au contraire, depuis le mois d'avril de cette année, on observe une stagnation des volumes vendus ([2]). La chute de la consommation est si prononcée que, dans les hypermarchés, des rabais de 25% ont été fixés sans plafond de remboursement, tandis que, dans le secteur du commerce de gros, des ventes aux enchères spéciales de marchandises à bas prix ont été lancées pour voir la possibilité de réduire les pertes ([3]).
En outre, le rapport indique que les chutes brutales ont été vérifiées dans la totalité des catégories de produits contrôlées. Néanmoins, les baisses les plus importantes ont été observées dans la catégorie des produits que Scentia classe comme impulsifs. Cette catégorie a enregistré une baisse de 29,1% et, compte tenu de l'ampleur de la diminution, elle est suivie des catégories suivantes:
- Hygiène et cosmétique:25,8%
- Boissons alcoolisées: 22,3%.
- Boissons non alcoolisées: 17,1%.
- Petit-déjeuner et snacks: 19,3%.
- Ménage et nettoyage du linge: 18,2%.
- Denrées périssables: 17,2%.
- Alimentation: 17,1%.
Face à ce panorama, les grandes entreprises de consommation de masse ne prévoient d'atteindre les niveaux de vente de 2022 et 2023 que dans deux ou trois ans, selon un homme d'affaires qui s'est confié à un portail d'information numérique argentin bien connu ([4]).
En privé, les entrepreneurs reconnaissent que, pour retrouver le niveau des ventes, il est nécessaire de récupérer le pouvoir d'achat des salaires ([5]). En même temps, les analystes de la consommation affirment qu'avec les fortes augmentations des prix des services qui se sont produites à la fin de l'année dernière, les dépenses des ménages ont été reconfigurées, réduisant la disponibilité de l'argent à dépenser pour les aliments consommables ([6]). En outre, dans la période du 23 octobre au 24 octobre, la variation des prix a été de 197,9% ([7]).
Certes, depuis l'arrivée de Javier Milei au gouvernement, jusqu'en octobre 2024, le salaire minimum, vital et mobile a été réduit de 28,4%, en termes réels. Cela représente une diminution de près d'un tiers par rapport à la fin de l'année dernière et d'environ la moitié par rapport à la fin de l'année 2015, selon le dernier rapport du Centre de recherche et de formation de la République argentine (C.I.F.R.A.).
Concrètement, ce rapport arrive aux conclusions suivantes, qui sont reproduites presque mot pour mot, en reprenant exactement toutes les données statistiques :
* Le salaire minimum, vital et mobile a subi une perte brutale de pouvoir d'achat, dès l'entrée en fonction du gouvernement actuel. C'est la conséquence de la dévaluation de la monnaie et de son impact sur les prix. Dans les mois qui ont suivi, au sein du Conseil national pour l'emploi, la productivité et le salaire minimum, vital et mobile, c'est le ministère du Travail qui a déterminé les augmentations nominales, ce qui fait qu'il est resté pratiquement figé à cette valeur déprimée. Il n'y a eu aucun redressement du salaire minimum. Ce salaire qui, en octobre, à 0,271,571 $, affichait une valeur réelle inférieure de 28,4% à celle de novembre 2023.
* Cette perte se cumule avec les reculs des années précédentes: le salaire minimum a vu son pouvoir d'achat diminuer de plus de 10% pour chacune des années 2018, 2019 et 2020. En octobre 2024, le pouvoir d'achat du salaire minimum était inférieur de 39,9% à celui de novembre 2019, à la fin du gouvernement Cambiemos, et de 54% à celui de novembre 2015.
* Le recul historique est tel que la valeur réelle du salaire minimum est déjà inférieure à ce qu'elle était pendant la majeure partie des années 1990 et même pendant la crise finale du régime de convertibilité des monnaies, qui s'est produite en 2001-2002.
* Une comparaison du salaire minimum avec les seuils de pauvreté et d'indigence révèle une situation pire que celle de l'année critique 2001.
En octobre, le salaire minimum ne permet d'acheter que 54,3% du panier alimentaire de base qui définit le seuil d'indigence pour une famille typique et un peu plus d'un quart du panier correspondant au seuil de pauvreté.
* Si la perte de pouvoir d'achat du salaire minimum qui s'est produite depuis la fin de l'année 2015 jusqu'à aujourd'hui n'avait pas eu lieu, en octobre dernier, le salaire minimum aurait été supérieur à 590.000 dollars (mesuré en pesos de ce mois) et aurait représenté plus de 143% du panier alimentaire de base mentionné ci-dessus.
À la lumière de ces observations, il est clair que nous sommes confrontés à une double chute, étroitement liée: celle de la consommation de masse et celle du pouvoir d'achat. Ceci est en consonance inquiétante avec une autre chute brutale: celle de l'activité industrielle. A cet égard, M. Carlos Aga rappelait il y a quelques jours que :
- En novembre 2024, la moyenne de l'ensemble de l'industrie, selon l'indice d'activité industrielle de l'Institut national de la statistique et des recensements (INDEC), est de -12% (soit une baisse de 12%).
- Plus de 50% de la capacité industrielle installée du pays est inactive.
- En moyenne, 12,5 PME (petites et moyennes entreprises) ferment leurs portes... par heure ! Cela signifie qu'environ 80 employés perdent leur emploi... Toujours par heure !
Bref, il s'agit d'un phénomène dramatique, aussi implacablement logique que hautement problématique, qui constitue une facette supplémentaire de ce nouveau maillon de la chaîne déjà longue (et lourde !) d'échecs politico-économiques ostensibles que subit le peuple argentin depuis au moins une décennie ([8]).
Malgré tout, l'Argentine est toujours debout... Et, dans les entrailles de ses terres et de ses mers, comme dans les profondeurs de l'âme de son peuple, elle conserve -en état de semi-dormition- une énorme capacité de récupération... Du moins, pour l'instant...
Principales sources consultées:
* Article non signé. Chute de la consommation : les ventes dans les supermarchés ont baissé de 20,4 % par rapport à l'année précédente. Ámbito Financiero. 16/11/24.
https://www.ambito.com/economia/caida-del-consumo-las-ven...
* Glezer, Luciana. Le côté obscur du modèle : la consommation s'effondre et le salaire minimum est pire qu'en 2001. La Política Online. 03/12/24.
https://www.lapoliticaonline.com/economia/el-consumo-no-m...
* González, Mariana. Informe sobre la evolución del Salario Mínimo, Vital y Móvil. Centre d'information et de formation de la République argentine. 26/11/24.
https://centrocifra.org.ar/informe-sobre-la-evolucion-del...
* Maza, Agustín. La consommation de masse a chuté de 20,4 % d'une année sur l'autre en octobre et les ventes stagnent depuis avril. Infobae. 15/11/24.
https://www.infobae.com/economia/2024/11/15/el-consumo-ma...
* Interview télévisée du Lic. Juan Manuel Soaje Pinto au Lic. Carlos Aga, dans le programme Contracara de la chaîne TLV1, le 04/12/24.
https://www.youtube.com/watch?v=hG-euNlJx1s
Tous ces documents ont été vérifiés pour la dernière fois par l'auteur le 07/12/24.
(*) Pablo J. Davoli est avocat, analyste politique, professeur d'université et écrivain. Il est également conseiller législatif au Sénat de la République argentine et représentant de l'Association d'amitié euro-sud-américaine (A.A.E.S.A.) en Argentine.
Notes:
[1] En septembre, une baisse de 22,3% avait été enregistrée, la plus forte des vingt dernières années (dans le domaine des grandes chaînes de supermarchés, elle était de 21,2%).
[2] « Une donnée très consultée par différents secteurs est ce qui s'est passé par rapport au mois précédent et, bien qu'il ne s'agisse pas d'un indicateur suivi par les questions saisonnières, exceptionnellement nous le suivons et nous pouvons dire que depuis avril il y a une situation de stabilité des ventes et pour avoir un regard plus précis, il en va de même pour les ventes quotidiennes moyennes », a expliqué le directeur de « Scentia », Osvaldo del Río (Infobae, 15/11/24).
La fin de l'année approche, c'est la haute saison pour les supermarchés, et seules quelques chaînes affirment qu'au cours du dixième mois de l'année, elles ont vendu plus qu'en septembre, en analysant la moyenne journalière. D'autres, en revanche, insistent sur le fait que les unités vendues sont restées stables au cours des derniers mois. En fait, selon des sources du cabinet Scentia, qui mesure l'évolution des ventes de produits alimentaires, de boissons, d'hygiène et de nettoyage sur une base mensuelle, les unités vendues en octobre sont restées « flat » - inchangées - depuis avril (Infobae, 12/11/24).
[3] La Política Online, 03/12/24.
[4] Idem ci-dessus.
[5] Idem ci-dessus.
[6] Infobae, 15/11/24.
[7] Ámbito Financiero, 16/11/24.
(8] Nous avons analysé d'autres aspects problématiques de la phase actuelle de la crise argentine dans nos précédents rapports sur l'Argentine, n°1 et 2, datés respectivement du 24/08/24 et du 13/10/24.
17:48 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, argentine, économie, inflation, amérique latine, amérique ibérique, amérique du sud | |
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mercredi, 18 décembre 2024
Exigence effrontée envers les pays BRICS: Trump va-t-il trop loin?
Exigence effrontée envers les pays BRICS: Trump va-t-il trop loin?
Washington. Sous la future présidence de Donald Trump, le conflit entre l'économie occidentale dominée par le dollar et le bloc émergent des BRICS pourrait s'intensifier. Trump a récemment ciblé les efforts de certains pays BRICS visant à réduire leur dépendance au dollar et les a explicitement menacés de représailles si ces efforts se poursuivaient. Parmi les destinataires de ces menaces figurent notamment la Russie, la Chine, l’Inde, ainsi que les Émirats arabes unis et d’autres pays membres des BRICS depuis début 2024.
Sur son réseau social "Truth Social", Trump a menacé les pays BRICS d'imposer des droits de douane (punitifs) de 100% s'ils abandonnaient le dollar comme moyen de paiement international et créaient une monnaie concurrente. Trump a même exigé qu’ils s’engagent à ne jamais poursuivre un tel objectif. Textuellement, il a déclaré: «Nous exigeons de ces pays un engagement à ne pas créer de nouvelle monnaie BRICS ni à soutenir une autre devise pour remplacer le puissant dollar américain».
À défaut, ces pays seraient frappés par des droits de douane de 100 % « et devraient s'attendre à devoir renoncer à vendre [leurs produits] à la formidable économie américaine ».
Cette menace est à la fois risquée et présomptueuse. La dédollarisation est en effet déjà en cours depuis un certain temps, accélérée par les sanctions occidentales imposées au début de la guerre en Ukraine et par l’exclusion de la Russie du système de paiements SWIFT. D’autres pays, comme la Chine, qui se considèrent comme des cibles potentielles des sanctions américaines, ont intensifié leurs efforts pour réduire leur dépendance au dollar et privilégier l’utilisation des monnaies locales. La monnaie chinoise, le yuan (renminbi), est particulièrement utilisée comme alternative. De plus, des pays comme l’Arabie saoudite souhaitent également abandonner le dollar. En juin dernier, ce géant pétrolier a décidé de ne pas renouveler l’accord pétrodollar vieux de 50 ans – un tournant stratégique significatif. Les observateurs estiment que cette décision aura un impact majeur sur le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
Lors du dernier sommet des BRICS à Kazan, le projet de création d'une monnaie commune a été temporairement suspendu, mais seulement reporté à une date ultérieure, non encore précisée. Actuellement, le groupe BRICS représente environ 45% de la population du globe et 35% de l'économie mondiale – plus que le G7, le groupe des pays industriels occidentaux. Environ 30 autres pays souhaitent également rejoindre les BRICS.
La question n'est donc pas de savoir si, mais quand le dollar perdra sa position de monnaie de réserve mondiale dominante. À Moscou, la réponse aux exigences de Trump a été diplomatiquement réservée mais sans équivoque. Selon l'agence de presse russe Interfax, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré lundi que l’attractivité du dollar « s’érode déjà » et que la monnaie américaine perdait de son influence à l’échelle mondiale.
« Si les États-Unis continuent de forcer les pays à utiliser le dollar, cela renforcera encore davantage la tendance à passer aux paiements en devises nationales », a prédit Peskov. Il a ajouté qu’il s’agit d’une tendance déjà en cours, qui ne concerne pas seulement les pays BRICS.
Le futur président américain semble toutefois déterminé à imposer le dollar au reste du monde à tout prix, malgré les risques d’escalade des conflits commerciaux qui, en fin de compte, pourraient nuire à l’économie américaine elle-même. Trump a récemment annoncé qu’il mettrait en œuvre dès son premier jour au pouvoir une politique commerciale agressive avec des droits de douane élevés contre la Chine, ainsi que contre ses voisins directs, le Canada et le Mexique. Il a justifié ces mesures par le trafic de drogue et d’êtres humains à la frontière. Cette annonce alimente les craintes d’une guerre commerciale entre les États-Unis et deux de leurs plus grands partenaires commerciaux. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a averti que le plan tarifaire de Trump aurait des conséquences désastreuses pour les deux pays – et a laissé entendre que des mesures de rétorsion pourraient être envisagées (mü).
Source: Zu erst, 12/2024.
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lundi, 09 décembre 2024
L'industrie européenne face à la crise énergétique - Combien de temps cela va-t-il encore durer?
L'industrie européenne face à la crise énergétique
Combien de temps cela va-t-il encore durer?
Source: https://report24.news/europas-industrie-in-der-energiekri...
L'industrie européenne est confrontée à une épreuve qui menace non seulement sa compétitivité, mais aussi son existence même. Alors que les températures baissent, les prix augmentent - et atteignent des sommets vertigineux. La crise énergétique qui frappe l'Europe depuis le début de la guerre en Ukraine s'est dramatiquement aggravée au cours des dernières semaines. Les prix du gaz naturel, épine dorsale de nombreux secteurs industriels, ont atteint un niveau qui non seulement fait exploser les coûts de production, mais soulève également la question de savoir combien de temps l'économie européenne pourra encore soutenir une telle pression.
L'espoir d'un troisième hiver doux consécutif s'est déjà envolé en novembre. Les basses températures ont fait grimper la demande de gaz et les réservoirs européens se vident à un rythme observé pour la dernière fois en 2016. La situation est aggravée par les incertitudes géopolitiques: la menace d'une rupture des livraisons de gaz russe via l'Ukraine après le 31 décembre et la concurrence croissante de l'Asie pour le gaz naturel liquéfié (GNL) aggravent encore la situation.
La conséquence ? Les prix des contrats à terme néerlandais sur le gaz naturel TTF, qui font office de référence pour le marché européen du gaz, ont atteint un sommet annuel en novembre et continuent d'augmenter. Les analystes préviennent que les prix de l'énergie en Europe pourraient encore augmenter dans les mois à venir, avec des conséquences désastreuses pour l'industrie.
L'industrie européenne, qui souffre déjà des prix de l'énergie les plus élevés au monde, est désormais confrontée à un désavantage concurrentiel encore plus important. Alors que le prix du gaz en Europe est presque cinq fois plus élevé que le prix Henry Hub américain, les entreprises d'industries clés comme la chimie, l'acier et le verre luttent pour leur survie. Les prix de l'électricité, étroitement liés à ceux du gaz, ont atteint leur plus haut niveau depuis février 2023 et menacent de paralyser la production dans les plus grandes économies d'Europe.
L'Allemagne, le cœur industriel de l'Europe, est particulièrement touchée. La plus grande économie du continent a évité de justesse la récession au troisième trimestre, et les perspectives pour le quatrième trimestre sont sombres. Les prix élevés de l'énergie sont un boulet pour l'industrie allemande. Non seulement la République fédérale perd en compétitivité, mais elle risque de voir des pans entiers de sa production partir à l'étranger.
La crise énergétique a révélé un déséquilibre mondial qui place l'Europe dans une situation précaire. Alors que les États-Unis profitent de leurs abondantes réserves de gaz de schiste et que l'Asie mise de plus en plus sur le GNL, l'Europe reste dépendante d'importations coûteuses. Cette dépendance au gaz naturel liquéfié, négocié sur le marché spot, la rend vulnérable aux fluctuations de prix et aux tensions géopolitiques.
L'industrie met en garde contre les conséquences à long terme de cette évolution. Si les prix de l'énergie restent à ce niveau, on assistera non seulement à des réductions de production, mais aussi à une désindustrialisation durable de l'Europe, affirme-t-elle. Les Etats-Unis et l'Asie rient aux éclats tandis que les Européens luttent pour leur survie économique.
La politique européenne est confrontée à une tâche herculéenne. D'une part, elle doit garantir l'approvisionnement énergétique et stabiliser les prix, d'autre part, des mesures à court terme risquent de provoquer des dégâts à long terme. Les subventions et les plafonds de prix pourraient atténuer les symptômes, mais ils ne résolvent pas le problème fondamental: la dépendance de l'Europe vis-à-vis des importations d'énergie coûteuses. Dans ce contexte, on pourrait à nouveau miser sur du gaz de pipeline moins cher en provenance de Russie. Mais ce n'est pas une volonté politique.
Les mois à venir seront décisifs. Si l'hiver s'avère plus rude que prévu, les réserves de gaz pourraient s'épuiser plus rapidement que la politique ne peut réagir. L'industrie sera contrainte de réduire encore sa production, ce qui non seulement mettra en péril les emplois, mais freinera également la reprise économique de l'Europe.
La crise énergétique n'est pas un phénomène passager, mais un problème structurel qui marquera l'avenir de l'Europe. La question n'est plus de savoir si l'industrie va souffrir, mais dans quelle mesure - et si elle pourra un jour s'en remettre. L'Europe est à la croisée des chemins, et les décisions qui sont prises aujourd'hui pourraient changer le paysage économique du continent pour des décennies.
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La trajectoire insoutenable de la dette américaine
La trajectoire insoutenable de la dette américaine
Par Giacomo Gabellini
Source : Strategic Culture & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-traiettoria-in...
À la fin du deuxième trimestre 2024, la dette fédérale des États-Unis atteignait 34.831 milliards de dollars, contre 32.332 milliards enregistrés au même moment en 2023, soit une augmentation annuelle d’environ 2500 milliards. À titre de comparaison, la dette publique totale de l’Italie s’élève à environ 2900 milliards d’euros. Parmi cette masse colossale, un peu plus de 27.000 milliards de dollars sont considérés comme marketable, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à la catégorie des titres négociables sur le marché. De ceux-ci, plus de 14.000 milliards correspondent à des obligations d’une durée de deux à dix ans (Notes), plus de 5800 milliards à des bons d’un an ou moins (Bills), environ 4500 milliards à des obligations à trente ans (Bonds), un peu plus de 2000 milliards à des titres indexés sur l’inflation de cinq, dix ou trente ans (Treasury Inflation-Protected Securities), et un peu moins de 600 milliards à des obligations à taux variable de deux ans (Floating Rate Notes).
La proportion relativement faible des titres à long terme dans cet ensemble constitue un défi constant pour les dirigeants américains, car ils doivent refinancer les dettes arrivant à échéance dans un contexte de croissance astronomique et apparemment inarrêtable de la dette totale. Cela est d’autant plus problématique qu’environ 8000 milliards de dollars de titres négociables sont détenus par des investisseurs étrangers, notamment des investisseurs institutionnels qui prennent progressivement la place des banques centrales. Contrairement à ces dernières, qui achètent généralement des titres américains pour des raisons géostratégiques ou de gestion des actifs commerciaux, les fonds de pension, fonds d’investissement et hedge funds agissent uniquement pour des motifs spéculatifs. Ils acquièrent des titres américains en raison de leur rentabilité, soutenue par les taux d’intérêt élevés appliqués par la Réserve fédérale depuis plus de deux ans. Cependant, une baisse des taux, devenue pressante en raison de l’ampleur spectaculaire des dépenses liées au paiement des intérêts sur la dette (estimées à 1200 milliards de dollars pour l’exercice fiscal en cours), pourrait inverser cette tendance. Cette somme gigantesque a été multipliée par 2,6 depuis 2021 et représente actuellement 13,5% du budget fédéral, se plaçant derrière les dépenses combinées de Medicare et Medicaid (1700 milliards) et des programmes de sécurité sociale (1500 milliards), mais dépassant nettement le budget total du Pentagone (817 milliards de dollars).
Au premier trimestre 2024, l’économie américaine a enregistré une croissance de 1,6% du PIB, soit un point de moins que les prévisions, alors que l’inflation annualisée a atteint 3,7%, contre 2% au quatrième trimestre 2023. Ces chiffres préoccupants ont conduit la Réserve fédérale à reporter la baisse des taux d’intérêt prévue au trimestre suivant, où la croissance s’est révélée supérieure aux attentes (2,8% contre 2%) et l’inflation conforme aux prévisions (2,9% contre 2,7%). La réduction de 0,25% du taux directeur par la Fed n’a donc été mise en œuvre qu’après des données relativement encourageantes et, surtout, après un éditorial cinglant publié par le Financial Times. Ce dernier qualifiait le niveau colossal de la dette fédérale américaine de véritable « éléphant dans la pièce », connu de tous mais ignoré ouvertement.
Dans cet article, le journal londonien, une référence pour la City, a repris les avertissements de Phillip Swagel, directeur du Congressional Budget Office (CBO), qui a déclaré que le poids croissant de la fiscalité aux États-Unis suivait une trajectoire « sans précédent », risquant de déclencher une crise comparable à celle provoquée au Royaume-Uni par les réactions des marchés financiers aux propositions fiscales du gouvernement de Liz Truss en 2022. Selon les estimations du CBO, le ratio dette/PIB des États-Unis dépassera d’ici la fin de la décennie le pic historique de 106% atteint pendant la Seconde Guerre mondiale et continuera de croître. Il est également prévu que le déficit budgétaire moyen atteindra 5,5% du PIB jusqu’en 2030, soit environ deux points de pourcentage de plus que la moyenne depuis 1940, tandis que les paiements nets d’intérêts, actuellement proches de 3% du PIB, continueront d’augmenter.
Pour Swagel, les États-Unis « n’ont pas encore atteint » le point critique où se trouvait le Royaume-Uni, mais le maintien de taux d’intérêt élevés provoquerait inévitablement une réaction des marchés comparable à celle qui a précipité la chute du gouvernement de Liz Truss. Le Financial Times insiste sur l’urgence pour le Congrès d’agir avant que « les traders, pris de panique, ne forcent les législateurs américains à le faire ».
15:55 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, dette, dette américaine, états-unis, finances, économie | |
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lundi, 02 décembre 2024
La désindustrialisation brise les illusions "vertes" de l'Allemagne
La désindustrialisation brise les illusions "vertes" de l'Allemagne
Source: https://comedonchisciotte.org/la-deindustrializzazione-ma...
Ces derniers jours, des titres catastrophiques se sont succédé dans le presse, concernant les projets pilotes de la "transition verte" de l'économie allemande. Récemment, la société HH2E, basée à Hambourg, qui était soutenue par le ministre de l'Économie Robert Habeck (du parti des Verts), a annoncé son insolvabilité. Cette entreprise avait pour ambition de lancer la production d’"hydrogène vert" en Allemagne. Le projet a été abandonné lorsque l’actionnaire majoritaire depuis mai, le groupe londonien Foresight, a retiré ses fonds destinés aux programmes d’hydrogène. Jusqu’à cette décision, HH2E prévoyait de produire jusqu’à 240.000 tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, grâce à l’électrolyse alimentée par l’énergie solaire et éolienne, sur quatre sites de production. Ce projet devait constituer une étape majeure dans le développement de capacités nationales capables de remplacer le charbon et le gaz pour produire de "l’acier vert", soutenir les infrastructures de transport et d’autres secteurs économiques.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent également dans l’industrie automobile: chez Volkswagen et Audi (toutes deux appartenant au groupe VAG), la chute dramatique des ventes de voitures électriques pousse la direction à réduire leur production, à introduire des contrats de travail à temps partiel et à envisager la fermeture de sites de production – probablement trois pour VW et au moins un pour Audi. Ford à Cologne, qui a cessé de produire des véhicules à moteur thermique pour investir 1,8 milliard d'euros dans la production exclusive de SUV électriques, espérait de hauts profits. Pourtant, les ventes du SUV Explorer ont démarré très lentement. Pour chaque véhicule vendu au prix de 49.000 euros, l'entreprise a enregistré une perte de 44.000 euros. Face à des pertes atteignant 1,3 milliard d'euros au troisième trimestre de cette année, la direction a activé le frein d’urgence en réduisant la production quotidienne de 630 à 480 véhicules, en limitant le nombre de jours de production par semaine et en instaurant des contrats à temps partiel. Le rêve des idéologues verts, qui envisageaient déjà avec euphorie 15 millions de voitures électriques en circulation en Allemagne dans la prochaine décennie, s'est effondré.
En réalité, il n’y a pas assez d’acheteurs potentiels disposés à payer le prix élevé d’un véhicule électrique ou ayant accès à une maison individuelle équipée d’une borne de recharge. De plus, le nombre insuffisant de stations de recharge ne rassure pas les éventuels acheteurs.
En outre, les constructeurs automobiles ont drastiquement réduit les embauches dans leurs départements de recherche et développement: une baisse de 57% a été enregistrée entre janvier et octobre 2024 par rapport à la même période en 2023. Ce constat inquiétant suggère que de nouveaux modèles ne sont pas sérieusement développés. Le secteur automobile, qui prévoyait déjà de perdre environ un tiers de ses 780.000 emplois en raison du passage à une mobilité électrique, devra, en raison de l’effondrement de cette transition, procéder à d’autres licenciements. Il va sans dire que les innombrables entreprises de fournisseurs, représentant, elles aussi, des centaines de milliers d’emplois, seront entraînées dans la spirale négative des constructeurs automobiles.
Movisol.org
Source : Movisol.org
18:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : verts, allemagne, actualité, europe, affaires européennes, industrie automobile, énergie verte, économie, déclin économique | |
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dimanche, 10 novembre 2024
Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger
Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger
par Carlo Maria Persano
Source: https://www.destra.it/home/non-solo-volkswagen-la-crisi-t...
Comme prévu, la crise n'est pas seulement celle de Volkswagen, qui a, dans ses stocks, 500 .000 voitures invendues et doit fermer des usines proportionnellement à ses pertes de ventes. Bosch, ZF, Brose, Schaeffler et Continental ont également annoncé d'importantes réductions et des licenciements dans la chaîne d'approvisionnement automobile. Tous ces géants emploient entre 30.000 et 100.000 personnes. Le secteur automobile représente 16% du PIB allemand et constitue donc déjà une part importante de la crise, mais d'autres secteurs, à commencer par la chimie (BASF, par exemple), suivent le déclin en cours.
Pourquoi cela se produit-il?
Parce que les Allemands sont, avec les libéraux américains, les principaux architectes de la mondialisation, utiles pour établir l'ordre mondial libéral, et que, pour réaliser leur projet, ils ont transféré gratuitement des technologies à des entrepreneurs chinois afin de créer une concurrence avec les entreprises européennes non protégées par des droits de douane. Les entreprises italiennes ont été les premières touchées. En bref, ils voulaient que nous soyons en concurrence avec les Chinois (et les Indiens). La Chine, après s'être emparée de cette technologie, avait en retour commencé à acheter des produits européens, principalement allemands et français.
Mais aujourd'hui, grâce aux cadeaux, les Chinois sont devenus autonomes et indépendants en matière de recherche scientifique, et ont commencé à réduire drastiquement leurs achats de produits européens. Par exemple, l'achat de voitures est passé en quatre ans de 50% à 30%. Et cela va encore diminuer. Alors que, bientôt, les voitures chinoises en Europe pourraient atteindre 10% des ventes totales, soit 1.500.000 voitures par an. Merci l'Allemagne et merci Draghi, comment pensiez-vous que cela se passerait ?
Comment Ursula von der Leyen et Draghi voudraient y remédier...
Sous prétexte de transition verte, ils voudraient imprimer encore 800 milliards pour donner aux industries allemandes, après avoir déjà imprimé 1800 milliards, sous prétexte de pandémie, sans qu'on sache ce qu'ils sont devenus. En Italie, les miettes sont arrivées. Et Meloni, Crosetto et Giorgetti, restent muets.
Que se passera-t-il en Italie si l'Allemagne s'effondre?
L'Italie est le principal sous-traitant manufacturier de l'Allemagne et, si l'Allemagne s'effondre, il est évident que la vague des séismes économiques nous atteindra. Dans le Piémont, nous ressentons déjà une baisse de 0,7 % du PIB. Cela dit, il est temps de corriger quelques incohérences:
- Arrêtons de dire que l'Italie est le boulet de l'Europe. Il est vrai que nous avons souffert de gouvernants voleurs pendant de nombreuses générations, ce que l'esprit italique, en termes de courage et de technologie, compense. Avec ces gouvernants, tôt ou tard, nous devrons régler nos comptes en interne.
- Assez de Berlin (et de ses satrapes, y compris les Italiens) qui doivent prendre des décisions pour tout le monde. Ils ont créé assez d'embrouilles avec la mondialisation.
- Avec les 1800 milliards disparus sous l'ère Co vid et les 800 milliards qu'ils veulent imprimer maintenant, soit toutes les dettes deviennent communes, soit l'Italie doit pouvoir monétiser les siennes avec une formule de son choix.
17:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, europe, affaires européennes, italie, allemagne, volkswagen | |
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jeudi, 10 octobre 2024
Le gouvernement fédéral allemand parle de récession…
Le gouvernement fédéral allemand parle de récession…
Selon des nouvelles colportées par les médias, le gouvernement fédéral allemand corrige ses prévisions conjoncturelles pour 2024 à la baisse et nettement. Le ministre des affaires économiques Robert Habeck prévoit un recul de 0,2%.
Par Patrick Poppel, Expert au « Zentrum für geostrategische Studien »
Au cours du dernier weekend, on a appris que le gouvernement fédéral allemand s’attend, pour 2024, et pour une deuxième année consécutive, à un ressac de l’économie nationale.
Le gouvernement fédéral, d’après le rapport établi par un journal, a corrigé ses pronostics conjoncturels et s’attend, pour 2024, à une deuxième année de récession. Le ministère des affaires économiques estime entretemps que l’économie allemande reculera cette année de 0,2%. L’année passée, l’économie de l’Allemagne avait déjà reculé de 0,3%. Les principaux instituts de recherches, eux aussi, avaient déjà révisé à la baisse leurs prévisions pour l’économie allemande. Dans leur dernier rapport d’expertise sur le gouvernement, daté de cet automne, les économistes partaient du principe que le PIB chuterait de 0,1%, donc un ressac pour la deuxième année consécutive. Ce « diagnostic communautaire », comme on le nomme généralement, sert de base au gouvernement fédéral pour formuler ses nouvelles projections d’octobre, lesquelles, à leur tour, servent de fondement pour l’estimation des recettes fiscales.
D’après le Süddeutscher Zeitung, le ministre des affaires économiques Robert Habeck est plus optimiste pour les deux années à venir. Il estime que l’économie surmontera lentement ses faiblesses conjoncturelles et retrouvera du dynamisme. Pour 2025, il compte sur une augmentation du PIB de 1,1%. En 2026, l’augmentation, dit-il, sera de 1,6%. Il fait dès lors appel à tous les responsables dans les Länder de la Fédération et aussi aux membres de la CDU et de la CSU qui détiennent des postes de gouvernance, de participer à l’effort : « Tous, vous devez contribuer à une revitalisation de la situation économique ». En même temps, Habeck a dit que la mise en œuvre de l’initiative de croissance postulait des mesures complémentaires. « La vérité m’oblige à dire que nous aurons besoin de plus ». Les principaux instituts de recherches sont plus pessimistes quant à l’avenir que le gouvernement fédéral. Ils ont révisé à la baisse leurs prévisions pour 2025, de 1,4% à 0,8%. Pour 2026, ils comptent sur une croissance de 1,3%. La branche automobile, surtout, recevra moins de commandes, dit Marcus Bollig, directeur de l’union de l’industrie automobile. « Actuellement, la situation dans l’industrie automobile est certes très tendue. Cela tient du fait que nous avons des conditions-cadres en Europe qui ne sont pas concurrentielles en tous les aspects ». Des prix élevés pour l’énergie, des impôts élevés, un retard en matières digitales. Les problèmes ont été décrits à de nombreuses reprises en Allemagne. La branche industrielle la plus en vue en Allemagne, c’est-à-dire l’industrie automobile, sert d’exemple pour tout ce qui doit nous donner des soucis dans l’avenir, des soucis pour les défis que nous lance la nécessité de transformer. Les chiffres de la production sont mauvais : nous en sommes à moins 10% par rapport à 2019, l’année avant la crise. Dans dix ans, plus aucune voiture nouvelle à moteur à explosion ne sera autorisée à circuler en Europe. Mais, à l’heure actuelle, les ventes de voitures électriques allemandes sont mauvaises. Les entreprises chinoises, elles, vont de l’avant.
Et, dans le domaine de la conduite autonome, les producteurs allemands doivent faire des progrès, insiste Markus Schäfer, membre du conseil d’administration de Mercedes-Benz : « Les concurrences chinoise et américaine avancent leurs pions de manière très agressive ». Mercedes-Benz investit beaucoup dans les véhicules autonomes du futur. Mais la concurrence aussi. La branche automobile allemande veut, dans ce domaine et au niveau de la recherche et du développement, coopérer davantage. A la mi-juillet, le gouvernement fédéral s’est mis d’accord pour lancer une initiative de croissance de grande ampleur, comprenant 49 mesures à prendre ; le gouvernement espère qu’elles donneront une impulsion tangible au potentiel productif allemand. Mais l’espoir en une forte croissance s’est toutefois évanoui. D’après l’Institut Ifo, le moral dans le commerce de détail s’est détérioré ces derniers temps et, pour cette année-ci, il ne faut s’attendre à aucune évolution positive dans les dépenses privées des consommateurs.
Le journal suisse Neue Zürcher Zeitung (NZZ) prévoit une augmentation constante du prix du pétrole, en cas d’escalade dans le conflit entre Israël et l’Iran, augmentation que ressentira « le monde dans son ensemble ». Les prix du pétrole ont toutefois déjà augmenté de manière significative. Les prix croissants de l’énergie font que le prix de la plupart des produits augmente très vite, ce qui fait que l’inflation croît. L’augmentation des prix de l’énergie en Allemagne conduira très probablement à une nouvelle crise inflationniste. Le problème en soi ne relève pas tellement des 4% de la production de pétrole mondiale que fournit l’Iran car cela pourrait être compensé. Mais si l’Iran, lors d’éventuelles opérations militaires, en viendrait à bloquer le Détroit d’Hormuz, alors l’économie mondiale devra faire face à des terribles conséquences. Cela pourrait faire monter le prix du pétrole à plus de 100 dollars le baril. Le détroit où le Golfe Persique rejoint le Golfe d’Oman est comme le chas d’une aiguille par où doit immanquablement passer le commerce mondial du pétrole. Les répercussions d’une telle éventualité sur l’industrie allemande, déjà considérablement malmenée, seraient dès lors catastrophiques. Beaucoup d’Allemands ont cessé de faire confiance aux responsables politiques de leur pays et ne croient plus que le gouvernement réagira à ces vicissitudes de manière compétente, pour sauver l’économie. Les bonnes années de l’industrie allemande appartiennent dorénavant au passé : beaucoup d’Allemands l’ont bien compris. Et bien que l’Allemagne sombre dans la récession, le gouvernement continue d’envoyer de l’argent en Ukraine. D’après les données révélées par le Kieler Institut für Weltwirtschaft, la France n’a envoyé que 540 millions d’euros d’aide militaire, tandis que l’Allemagne, elle, a donné 17,1 milliards. Ces sommes manquent désormais en d’autres secteurs. L’Allemagne vit en plein scénario de déclin, c’est le moins que l’on puisse dire face à de telles vicissitudes. Mais si l’Allemagne, en tant que moteur économique de l’Europe,entre en déclin, elle entraînera bien d’autres Etats dans sa chute.
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