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jeudi, 05 décembre 2019

Jünger le subtil

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Jünger le subtil

par Dominique Autié

(Infréquentables, 1)

 

In memoriam, Dominique Autié (6 octobre 1949 - 27 mai 2008).
 
Ex: http://www.juanasensio.com

Voici, sous la plume de Dominique Autié, le premier texte, évoquant Ernst Jünger, d'une série d'inédits consacrés à différents maudits tels que Joseph de Maistre (Olivier Bruley), Bruno Dumont (Ludovic Maubreuil) ou encore Pierre Boutang (Francis Moury). Ces textes constituaient le prolongement naturel (ou plutôt, selon la belle expression dont Dominique Autié m'a fait part, la tête de pont) de ceux qui ont paru le 21 février dans le numéro spécial de La presse littéraire consacré à ces véritables proscrits, prudemment tenus à l'écart des raouts parisiens, grand bien leur a d'ailleurs fait, par une ligue de petits pions qui en France hélas, ont encore pouvoir de bannissement et peut-être même de vie et de mort. Ces quatre textes ont été simultanément mis en ligne ici même et sur le site de Joseph Vebret, qui me confia la réalisation de ce numéro parfaitement infréquentable, pourtant riche des beaux textes de Paul-Marie Coûteaux, Jean-Luc Moreau, Rémi Soulié, Jean-Luc Evard, Georges Sebbag, Jean Renaud et beaucoup d'autres auteurs que je tiens à remercier chaleureusement.

1


Que lisez-vous Jünger ? D’autant – l’atteste l’alignement des volumes – qu’il n’est guère plausible de s’acquitter d’une telle lecture comme on le fait de L’Homme sans qualité ou de la Bhagavad-Gîtâ pour lire Musil ou flirter avec l’âme de l’Inde.

2


Pour évoquer Ernst Jünger, s’impose soudain d’emprunter l’une de ses structures les plus familières, afin de mieux se couler dans le régime d’une pensée à l’œuvre.

3


Dans une note additionnelle à sa traduction du Traité du rebelle, Henri Plard s’explique du choix qu’il a fait pour traduire le mot allemand Waldgänger (5), «emprunté lui-même à une coutume de l’ancienne Islande. Le proscrit norvégien, dans le haut Moyen Âge scandinave, avait “recours aux forêts” : il s’y réfugiait et y vivait librement, mais pouvait être abattu par quiconque le rencontrait. Les émigrants norvégiens qui colonisèrent l’Islande y transportèrent cet usage et ce terme, bien que leur île fût dépourvue de forêts : c’est dans ses déserts intérieurs, pierreux, stériles et glacés que le proscrit menait une vie de péril constant, de dénuement et de liberté.» Henri Plard souligne que Jünger s’est approprié l’homme du recours aux forêts pour en forger une figure – comme il le fit pour le travailleur –, c’est-à-dire intemporelle, «qui peut être actualisée à tout moment de l’histoire». Si le terme de proscrit respectait la tradition, il maintenait le Waldgänger dans la situation du criminel «qui subit passivement son exclusion. Alors qu’on devient [tel que l’entend Jünger] Waldgänger par libre choix, par protestation.» Ainsi Henri Plard justifie-t-il rebelle.
À l’exception des romans et des journaux, la plupart des grands textes procèdent par succession de séquences ainsi numérotées (1). Il en va ainsi des essais politiques, dans le sens austère de ce mot – Le Travailleur (2) (Der Arbeiter, 1932), La Paix (Der Friede, 1946), Le Traité du rebelle ou le recours aux forêts (Der Waldgang, 1951), L’État universel (Der Weltstaat, 1960) – comme des nombreux textes d’approches (tentative, ici, pour désigner ce qui n’est pas soumis à la chronologie du journal et qui ne prend pas la forme d’un livre discursif, d’un seul tenant) : Le Nœud gordien (Der gordische Knoten, 1953), Traité du sablier (Das Sanduhrbuch, 1954), Le Mur du temps (An der Zeitmauer, 1959), Approches, drogues et ivresse (Annäherungen. Drogen und Rausch, 1970). L’Auteur et l’Écriture (Autor und Autorschaft, 1981) déroge : les séquences sont séparées par un astérisque.

Si tant est qu’elle fût, à quelque moment, fragmentaire, la pensée s’ordonne, fixe sa progression. Elle réserve toutefois son liant. Au lecteur d’établir les connexions – les cohérences aventureuses, selon Roger Caillois (3) –, de se glisser entre les séquences pour tisser lui-même sa méditation. Pascal Quignard recourt à cette forme dans ses Petits Traités (4) : chaque traité porte un numéro d’ordre, mais celui des séquences qui les composent est absent – mais leur présence ne fait pas de doute, ils figurent en texte caché, ils ont été retirés comme les fils de bâti de la couturière. Pour le lecteur assidu, on pourrait procéder à ce même retrait dans une nouvelle édition du Mur du temps.

On peut voir dans cette forme une structure enviable.

Plus tard, dans un roman, Eumeswil (6) (1977), Ernst Jünger développe, amplifie, rend pour ainsi dire urbaine la figure du Waldgänger. Avec le personnage de Venator, il compose l’anarque, le solitaire, que son choix résolu de l’isolement démarque de l’anarchiste – dont les États finissent toujours par manipuler la révolte.

4


ej-chasses.jpgIl est étrange que la fermeté du tracé psychologique de l’anarque ait pu laisser place au doute, voire à la haine qui jette l’anathème sur toute une œuvre. Il faut chercher ailleurs les raisons de l’incompatibilité de nature organique entre le texte jungerien et son temps – qui ne cesse d’être le nôtre, qui se propage, joue les prolongations. Pour s’y aider, on peut se représenter un décor plus ordinaire que le cadastre imaginaire d’Eumeswil (c’est le grand ordinaire, précisément, qu’il convient de planter) : une soirée de beuverie entre amis et, allant de l’un à l’autre, riant de bon cœur, l’un d’eux, alcoolique abstinent depuis de nombreuses années désormais. Son cas est connu de tous, on aurait pu se dispenser de l’inviter, mais nul ne dispose de la force morale pour en décider. Et c’est – ce fut – un bon ami à nous. Quelle raison de l’exclure ? Son regard bienveillant qui s’attarde sur notre négligé qui finira de sombrer dans l’obscène, l’alcool aidant au fil des heures, rend insupportable sa présence. Mais nul n’a le courage d’en tirer les conséquences. D’ailleurs, quelqu’un l’a-t-il vu depuis tout à l’heure ? L’anarque s’est retiré, personne ne l’a vu faire. Il nous laisse à notre écœurement, à notre haine de nous-mêmes. Salaud !

5


Aujourd’hui, dans la bibliothèque de survie (7), ouvrir l’un des livres d’Ernst Jünger qui alignent leurs tranches comme des fûts, c’est pratiquer le Waldgang, le recours aux forêts. S’esquiver de la fête, qui bat son plein.

6


«Très mal dormi. Friedrich Georg (8) exprime la crainte qu’après la mort nous ne soyons sujet, dans l’autre vie, à cet ennui bien spécifique qui règne sur les nuits d’insomnie.» Le journal du Voyage atlantique s’ouvre sur cette notation (9). Les journaux principalement sont parsemés de tels pas de côté. Ce n’est pas moi qui le dit, mais je l’inscris. Sans commentaire. Il se peut que le lecteur y reconnaisse l’une de ses préoccupations. Je laisserai dire que, sans doute, je partage son angoisse.

«Vivre dans l'angle – in angulo – du monde.» Pascal Quignard précise : «Dans l'angle mort – par lequel le visible cesse d'être visible à la vue.» (10) Dans l’angle, ou dans la forêt.

Jünger, lui aussi, explore le jeu du monde depuis l’angle mort. Le passage, l’un des plus beaux, se trouve dans la seconde version du Cœur aventureux (Das abenteuerliche Herz. Figuren und Capriccios, 1938), intitulé «Le rouge-queue» (11). Un petit, à peine né, est tombé du nid. Les parents passent à proximité du cadavre sans y prêter attention. «J’en conclurais volontiers qu’ils ne se perçoivent pas entre eux en tant qu’images, mais en tant que manifestations de la vie ; rapports qui feraient songer à ce qui se passe entre nous et la lampe électrique qui nous éclaire parce que le courant l’habite et tant qu’il y est. […] Lorsque nous réussissons à pénétrer une réalité de cette sorte, nous pouvons être sûrs qu’elle se cache également dans notre propre vie. Cet antique aveuglement règne peut-être où nous l’attendions le moins, je veux dire en ce qui concerne notre propre moi. Nous ne nous percevons pas nous-même comme individu, et l’image de notre cadavre échappe à notre représentation. Dans notre organisation extrêmement ramifiée, le moi est la suprême forteresse où s’est retiré l’aveuglement vital, et c’est de là qu’il effectue ses sorties. […] Nous vivons ainsi dans l’angle mort de nous-même.»

Aussitôt, Jünger relève que le privilège de l’homme est de n’être pas entièrement soumis au pouvoir d’un tel aveuglement. Ses capacités d’intelligence, de lucidité, son aptitude à répondre à l’injonction socratique du Connais-toi toi-même rendent compte du développement du Droit, de la naissance des États et de l’Histoire : «Aussi est-ce à bon droit que cet homme supérieur parle de soi à la troisième personne», note Jünger.
Jusqu’à ce point du propos, le raisonnement est unanimiste. Si convaincant que le lecteur pourrait ne pas prendre la mesure de ce qui suit, sur quoi s’achève le passage. «Car chacun de nous ne cesse de sentir le puissant attrait de la nuit vitale, profonde et sombre, qui cherche à nous reprendre en son sein. Il existe une grande tendance qui, voilée sous des formes toujours changeantes, vise à ramener totalement notre vie sous l’empire de la loi qui règne dans les nids ou dans l’obscurité du sein maternel. Il n’est plus ici de grandeur, de droit, hors de l’aveugle et profonde cohérence où tout est lié. Nos racines plongent dans ce sommeil ; mais la trame de notre vie exige l’un et l’autre monde.»

Le soldat est à son poste, mais il lit – Tristam Shandy, Roland Furieux –, et c’est la littérature qui le rend héroïque. Dans deux entretiens au moins, Ernst Jünger relate sa pratique de la lecture au front durant la Première Guerre mondiale à ses interlocuteurs : en 1985, à Julien Hervier, l’un de ses traducteurs : «Il se produisait à intervalles réguliers des pauses d’une ou deux heures où je lisais Sterne, puis le feu reprenait, puis de nouveau Sterne ; et, chose étonnante, cette lecture s’est plus profondément gravée dans ma mémoire que tout le déroulement des combats. C’est-à-dire que la littérature est en fait plus importante pour moi que l’expérience vécue, même concentrée à l’extrême.» (12) Dix ans plus tard, à Antonio Gnoli et Franco Volpi : «J’ai toujours conçu ma vie comme la vie d’un lecteur avant que d’être celle d’un soldat.» (13)
 

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Il est permis de supposer que ce qui n’est pas soluble dans la pensée dominante de l’après-guerre, c’est la posture de ce soldat-là – et non quelque introuvable objet de repentir, tel que chacun le désigne à chacun ces temps-ci, voire l’exhibe avant qu’on ne le lui enjoigne de le faire, justifiant les grandes ordalies cathodiques par quoi les passagers de l’ordre moral se donnent l’illusion que le rafiot tient l’eau.

7


Heidegger pense les Holzwege, qui ne sont pas plus des chemins qui ne mènent nulle part que le Waldgänger n’est, stricto sensu, un rebelle. Jünger, qui élabora pendant l’offensive de 1918 des tactiques de progression (14), expérimente la méthode pour emprunter les Holzwege. On imagine que c’est de cela qu’ils s’entretinrent quand ils se rencontrèrent.

[«Dès l'abord, il y eut là quelque chose – non seulement de plus fort que le mot et la pensée, mais plus fort que la personne même. Simple comme un paysan, mais un paysan de conte qui peut à son gré se métamorphoser en gardien du trésor, dans la profonde forêt de sapins, il avait aussi quelque chose d'un trappeur.» (15) Ainsi Jünger décrit-il, en 1969, l’impression que lui fit Heidegger lors de la première visite qu’il lui rendit à Todtnauberg vingt ans plus tôt, en 1949. Toutefois, l’aurait-il entrevu déjà dans la figure de ce «Grand Forestier» qu’il mit en scène en 1938, dans Le Cœur aventureux ? «J’eus alors l’effrayante certitude que j’étais tombé, en dépit de tout, dans les filets du Grand Forestier. Je commençai à maudire ma sagacité et la témérité solitaires qui m’avait fait le captif de cette compagnie, car je comprenais trop tard que la subtilité de mes manœuvres n’avait servi qu’à rendre invisibles les fils dans lesquels il m’avait enveloppé. L’adepte, qu’il voulait faire disparaître, le gibier qu’il avait attiré par l’appât de la vipère bleue, c’était moi.» (16) Que ce bref conte fantastique anticipât de dix ans la montée à Todtnauberg ne fait qu’aiguiser l’intérêt d’une telle hypothèse : les deux hommes étaient entrés en relations épistolaires au début des années mille neuf cent trente.]

Survivre dans la forêt exige la furtivité du tigre – de progresser à contre-vent. Le Holzweg est une trouée que pratique le forestier pour se rendre sur les lieux de coupe. Le Waldgänger n’a, à proprement parler, rien à faire dans les parages. Si leur chemin viennent à se rejoindre, le second trouve un prétexte à sa propre présence. Mais il tomberait parfois sur plus retors que lui. Il y aurait des subtilités qui ne mènent nulle part.

8


Mantrana. Einladung zu einem Spiel (17), 1958. Singulière invitation au jeu ! «Le Mantrana est un jeu de dominos à deux et à trois dimensions, joué avec des maximes qu’on appellera des “pierres”. […] Les pierres ont la forme de brèves maximes qui expriment une expérience ou une opinion. Elles comprennent en règle générale une phrase, et ne devraient pas aller au-delà de trois. Elles doivent être autonomes, compréhensibles et dépourvues de trait polémique. […] Elles doivent s’en tenir à des thèmes universels ; c’est dire que les références spécifiques sont exclues. Dès lors, les sciences spécialisées, les faits politiques, sociaux, historiques et psychologiques ne peuvent servir de thème. Mais il serait concevable que les ajouts ultérieurs s’étendent dans leur direction. Tout ce qui est mesurable doit par principe être écarté.»

Ernst Jünger tire de sa poche les règles d’un jeu qu’il pratique depuis quelques décennies déjà. Il y a un meneur de jeu, il y a des joueurs, mais aucune partie ne se dessine vraiment. «Quand les pierres sont en nombre suffisant, elles sont tirées de leur série élémentaire pour être assemblées. La manière de l’assemblage dépend de leur contenu et de leur densité. […] Si l’assemblage ne se fait pas, il reste une collection de sentences sur la vie et la mort, avec la valeur didactique qui s’attache à toute mise en forme concise d’un contenu vrai et important ou d’une expérience de la vie. Le joueur remarquera que cet effort l’éloigne de la contrainte des idées du moment, mais exerce surtout par lui-même une action bienfaisante.»

À la même époque, des escadrons d’universitaires s’efforcent de se concilier les bénéfices d’une thèse, soutenue en 1948, qui a pour titre Les Structures élémentaires de la parenté. Dans d’innombrables notations, qui émaillent les livres assemblés déjà dans ces années-là, Jünger avait produit de quoi dissuader plusieurs générations à venir : inutile qu’ils s’essoufflent aux basques du maître, qu’ils déclinent et qu’ils brodent, l’analyse structurale ne jetterait pas un surcroît de clarté sur les agencements secrets de la langue et de l’âme. Lui, Jünger, du fond de ses forêts, restera plus moderne qu’eux, jusqu’à son dernier souffle.

«L’obscurité devrait présager l’incommunicable, non l’incapacité à communiquer.» (18) Le dernier des «mantras» que pose Jünger sur le damier resserre à l’extrême toute une dialectique de la lumière, qui mériterait pour elle-même, au long de l’œuvre, un minutieux examen, tant elle est récurrente.


9


Le Traité du rebelle ouvre, en sa dernière séquence (19), sur un saisissant tableau des relations de l’homme et de sa langue : les conjonctions du Verbe [matière de l’esprit, précise Jünger] et du langage. Le pouvoir, qui s’exprime dans les réalisation humaines, « [suit] le poème » – ce qui signifie qu’il en épouse le cours. « La langue ne vit pas de ses lois propres ; sinon les grammairiens régiraient le monde. […] Le langage se tisse autour du silence, comme l’oasis s’ordonne autour d’une source. Et le poème confirme que l’homme a découvert l’entrée des jardins intemporels. Acte dont vit ensuite le temps. »
Comment imaginer vie plus écrite ?

10


«Wilfingen, 17 mars 1996 – Le matin au jardin – une belle journée d’avant printemps. L’ellébore d’hiver fleurit tout autour de la tonnelle et sous le hêtre pourpre; le jasmin d’hiver est fané. Les crocus commencent tout juste à percer. Sur l’étang, deux cygnes, des foulques et de nombreux canards, les verdiers picorent le thuya. Hier soir, c’était la fête au Löwen (20) pour l’abattage du cochon – dans la nuit, rêves agités, entre autres en compagnie de Florence Gould (21). En face de moi, un noble élégamment vêtu; il ne faisait pas partie du rêve mais se trouvait concrètement dans la pièce. Peut-être ma lecture intensive de Dostoïevski me prédispose-t-elle à ce genre d’apparitions.» [Douze jours plus tard, Jünger aura cent un an, ces lignes sont les dernières du journal (22)].

Comment ne pas relever que l’homme du recours aux forêts confond si peu sa silhouette avec celle de l’homme des bois que, jusqu’en ses pages ultimes, il fait figure de dernier classique ?


***


L'auteur
Dominique Autié est éditeur.


Notes :
(1) Encore qu’un roman au moins, Le Problème d’Aladin (Aladins Problem, 1983), emprunte cette forme. L’énumération qui suit n’est évidemment pas exhaustive.
(2) Lors de la première occurrence, le titre allemand et son année d’édition suivra le titre français de l’ouvrage. Les références de l’édition française ne seront mentionnées qu’en cas de citation.
(3) Titre sous lequel Roger Caillois, en 1976, rassembla en un volume de la collection de poche Idées de Gallimard, trois de ses textes majeurs : Esthétique généralisée (1962), Au cœur du fantastique (1965) et La Dissymétrie (1973). Pour qui chemine avec Jünger, convoquer Caillois n’est pas fortuit, qu’il s’agisse, chez l’un et l’autre, d’observer et d’écrire la nature – les coléoptères, les minéraux… – ou de tracer ses propres diagonales, ses chemins de traverse dans l’approche des jeux de l’ivresse, de mettre à la question les protocoles de l’imaginaire, l’esprit refuse d’obtempérer devant l’évidence que d’autres auraient érigée avant eux en théorème.
(4) Maeght, 1990. Nouvelle édition, Gallimard, collection Folio, 1997.
(5) Essai sur l’homme et le temps, Christian Bourgois, 1970, pp. 145 et sq.
(6) Traduit par Henri Plard, La Table ronde, 1978.
(7) L’appellation est de Maurice G. Dantec.
(8) Friedrich Georg Jünger, (1898-1977), frère cadet d’Ernst (1895-1998). Ils furent affectés dans le même régiment durant la Première Guerre mondiale – Ernst sauva la vie à Friedrich Georg durant la bataille de Langemark, en juillet 1917 ; ils participèrent ensemble au mouvement du national-bolchévisme qui, dans l’entre-deux-guerres, proposait une alternative à ceux qui refusaient à la fois le communisme et le national-socialisme. Les Jünger se lièrent avec Ernst Niekish (1889-1967), qui joua un rôle déterminant dans l’établissement des bases théoriques de cette mouvance. Ernst et Friedrich Georg Jünger écrivirent jusqu’en 1933 dans la revue du mouvement, Widerstand [opposition, résistance], que les nazis interdiront l’année suivante.
(9) Traduit de l’allemand par Yves de Chateaubriant, La Table ronde, 1952, p. 7.
(10) Les Ombres errantes, Grasset, 2002, p. 58.
(11) Traduit par Henri Thomas, Gallimard, 1942, pp. 166-169.
(12) Julien Hervier, Entretiens avec Ernst Jünger, Gallimard, coll. Arcades, 1986, pp. 24-25.
(13) Antonio Gnoli et Franco Volpi, Les prochains Titans [trois conversations avec Ernst Jünger], traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Grasset, 1998, p. 18.
(14) Julien Hervier, op. cit., p. 24.
(15) Ernst Jünger, Rivarol et autres essais, traduit de l’allemand par Jeanne Nuajac et Louis Èze, Grasset, 1974, p. 130.
(16) Op. cit., p. 64. Le Grand Forestier est la figure (au sens jüngerien) de Sur les falaises de marbre, roman qui paraît en Allemagne en 1939, un an après la seconde version (1938) du Cœur aventureux, dans laquelle figure le passage cité ici. Le bref récit fantastique de 1938 semble donc écrit en marge du projet des Falaises… Bout d’essai ? Esquisse abandonnée pour le roman mais recyclée dans Le Cœur aventureux ? Seul un spécialiste de l’œuvre pourrait nous éclairer. Il me semble toutefois que cette première apparition du Grand Forestier est bien moins brutale que la figure du roman – qui stigmatise Hitler, les critiques s’accordent sur ce point, même si Jünger a louvoyé ensuite à propos de l’allégorie, refusant avec panache les perches qu’on lui tendait pour mieux le dédouaner de tout soupçon (mais Jünger a quelques principes : ne pas se commettre, même pour montrer patte blanche !). Mon hypothèse, mezza voce : le Grand Forestier ne serait pas une métaphore à usage unique : dans la saynète du Cœur aventureux de 1938, construite comme l’un des innombrables rêves dont l’œuvre de Jünger est semée, on ne songe pas à Hitler; c’est plus subtil, d’ailleurs Jünger dit lui-même que, face au Grand Forestier, il a lui-même cherché à jouer au plus fin; le Grand Forestier, ici, n’est pas encore passé à l’acte; c’est la «très vieille femme», apparue à la fin du récit, qui prévient le narrateur : il ne paie rien pour attendre, lui qui est imprudemment tombé dans les pièges tendus par le Grand Forestier.
(17) Mantrana, traduit de l’allemand par Pierre Morel, La Délirante, 1984.
(18) Mantrana, op. cit., p. 43.
(19) Op. cit., pp. 143-145.
(20) L’auberge du Lion à Wilflingen [note du traducteur].
(21) Mécène de nationalité américaine, Florence Gould (1895-1983) s’installa en France dès 1906 et tint un salon fréquenté par le Tout-Paris littéraire, qu’elle maintint durant l’Occupation, y recevant notamment Ernst Jünger.
(22) Soixante-dix s’efface, V – Journal 1991-1996 (Siebzig verweht V, 1997), traduit par Julien Hervier, Gallimard, coll. Du monde entier, 2004, p. 240.

mercredi, 04 décembre 2019

Drieu la Rochelle et le grand remplacement en 1918

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Drieu la Rochelle et le grand remplacement en 1918

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

En 1921 Drieu la Rochelle publie un beau et grand livre, Mesure de la France, déjà étudié ici. Il est préfacé par Daniel Halévy. Drieu n’y va pas de main morte avec la France et sa république déjà crépusculaire.

Voici ce qu’il écrit, que je relierai à la riche notion de Grand Remplacement – on comprendra pourquoi :

« Pendant cinq ans la France a été le lieu capital de la planète. Ses chefs ont commandé à l'armée des hommes, mais son sol a été foulé par tous et par n'importe qui. Tout le monde est venu y porter la guerre : amis et ennemis. Les étrangers s'y sont installés pour vider une querelle où tous, eux et nous, avons oublié la nôtre.

Notre champ a été piétiné. Sur la terre, notre chair ne tient plus sa place. L'espace abandonné a été rempli par la chair produite par les mères d'autres contrées. »

C’est le début du grand remplacement ! Un autre à l’avoir compris est Céline sur lequel je compte publier quelque chose cette année. Il ne voit plus un Français à Paris en 1918-1919 et même l’inoffensif Marcel Proust comprend confusément quelque chose. Tiens, citons Proust pour une fois :

… les rares taxis, des Levantins ou des Nègres, ne prenaient même pas la peine de répondre à mes signes… »

On le met en prison Proust aussi ? Plus un blanc à Paris ! De quoi se plaint Camus ?

Drieu insiste sur cette profanation de la vieille France :

« Mais après la Marne, l'ennemi s'est planqué dans notre terre. Il s'y est vautré, la défonçant à grands coups de bottes. Et nous ne l'en avons pas arraché. Si nous étions restés seuls, que serait-il arrivé ? »

Et voici ce qu’il pense des résultats de cette guerre où il se comporta si noblement :

Drieu-La-Rochelle_2808-en-1914-babelio-222x300-1-222x300.jpg« Qu'importe cette victoire du monde en 1918, cette victoire qui a failli, cette victoire qu'on a abandonnée avec honte comme une défaite, cette victoire du nombre sur le nombre, de tant d'empires sur un empire, cette victoire anonyme. »

Et il revient au nombre et à la démographie – qui déterminent tout.

« Nous, aujourd'hui, 38 millions de vivants, notre groupe vient quatrième, après l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie. Et au-delà de l'Europe, comme nous nous rapetissons entre les 150 millions de Russes et les 120 millions d'Américains. »

La médiocrité française correspond à sa démographie.

« Et puis je veux vivre. Dans mon pays, je respire mal, je prétends qu'on veut m'entraver dans un malentendu qui peu à peu me déforme et m'estropie. »

Et Drieu accuse la France de s’être dépeuplée au dix-neuvième siècle ; elle a ainsi attiré l’Allemagne sujette comme la Russie à un boom démographique. Et l’Allemagne était sans espace, privée de ses colonies par le Traité :

« … leur absence (d’hommes) a creusé au milieu de l'Europe laborieuse un vide qui a été la cause du malaise d'où la guerre est sortie. L'Allemagne a été tentée. L'Allemagne surpeuplée ne pouvait apprendre sans indignation que certains de nos départements se vidaient et que pourtant nous réclamions de nouvelles colonies et exigions contre elle l'aide de toute l'Europe, sans compter les barbares noirs que nous armions. »

Un siècle avant que Preparata ne démonte les machinations anglaises (voyez mes textes sur le livre Conjuring Hitler), Drieu comprend que l’enjeu dépasse la France et la petite Alsace, pour laquelle on se fit illusoirement massacrer :

« Je vois que la Grande Guerre éclate non moins violente, non moins inexpiable, parce que demeure le principal antagonisme, celui de l'Allemagne et de l'Angleterre. L'Allemagne, à cause du développement de sa puissance, regardait pardessus la France. Elle tendait à la domination mondiale… »

Il évoque l’Empire colonial multiracial. Il est là aussi le Grand Remplacement :

« Il est vrai que nous nous augmentons de tous ceux-là, noirs et jaunes, qui se groupent autour de nous. Ce second empire colonial du monde, mes garçons, où on ne voit pas souvent le bout de notre nez. »

Il note cette juste chose qui pèsera de tout son poids en mai 1940 ou à Suez :

« En attendant, qu'elles le veuillent ou non, la France et l'Angleterre sont liées par leur affaiblissement simultané. »

Sur l’Europe le pronostic n’est guère optimiste :

« L'Europe se fédérera ou elle se dévorera, ou elle sera dévorée. »

Elle peut aussi se dévorer en se fédérant l’Europe.

Répétons les deux grandes phrases de ce livre époustouflant :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera…

« Il n'y a plus de partis dans les classes plus de classes dans les nations, et demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

Au moins on peut dire que les plus lucides des nôtres se trompent rarement.

La France deviendra un déplorable exemple pour le reste du monde concernant la suppression des « contenus haineux »

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La France deviendra un déplorable exemple pour le reste du monde concernant la suppression des « contenus haineux »

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Qu'ils appartiennent ou non à la République en Marche, parti politique sur lequel s'appuie aujourd'hui Emmanuel Macron, la plupart de ceux qui ont eu l'occasion de discuter de la proposition de loi défendue par Laetitia Avia et visant à "lutter contre les contenus haineux sur internet" ont souligné le caractère ambigu de ce texte.

Qu'est-ce en effet qu'un contenu haineux ? Qu'est ce que la haine sur Internet ? De plus, même si la haine n'est pas recommandable, elle ne peut un délit au sens pénal. Sinon tous ceux qui voudraient faire taire l'auteur d'un propos qui leur déplaît pourront toujours le prétendre haineux et le poursuivre en justice.

La proposition de loi dite Avia a été approuvée à une large majorité par l'assemblée nationale française le 9 juillet 2019. Elle devrait être débattue au Sénat le 17 décembre 2019. Rappelons que ce texte offre à chacun la possibilité de dénoncer un "contenu haineux" sur internet et d'exiger son retrait ou son déréférencement dans les 24 heures. Il a fait l'objet d'une procédure accélérée et le vote du Sénat devrait donc permettre son entrée en vigueur immédiate.

On accuse souvent la Commission Européenne de vouloir s'ingérer sans légitimité dans la vie politique des Etats-Membres. Les défenseurs du texte Avia ne manqueront pas de renouveler cette accusation. En effet la Commission vient de faire valoir que la directive européenne du 9 septembre 2015 impose une procédure de notification à la Commission de tout texte relatif à la société de l'information. Il appartient ensuite à la Commission d'informer l'Etat concerné si elle considère que certaines dispositions ne sont pas conformes au droit de l'Union européenne. En l'espèce, la proposition Avia a été notifiée par les autorités françaises après le vote de l'Assemblée, le 21 août 2019 et la réponse de la Commission est claire. Le texte est en effet présenté comme largement incompatible avec le droit européen.

La Commission a rappelé que la proposition de loi française modifie la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, loi qui elle-même transposait la directive du 8 juin 2000 relative à certains aspects juridiques de la société de l'information et notamment au commerce électronique. Dans la mesure où les dispositions de la proposition de loi relèvent du champ d'application de la directive sur le commerce électronique, elle est considérée comme impliquant le droit au sein de l'Union, et notamment la Charte européenne des droits fondamentaux.

Or la Commission estime que la proposition est incompatible avec trois articles de la directive sur le commerce électronique. Nous ne donnerons pas ici les détails de son argumentation. Elle estime que le texte représente une atteinte à la libre circulation de l'information entre les Etats-membres. Cet article autorise ceux-ci à restreindre la libre circulation pour empêcher les "atteinte à la dignité de la personne", mais il précise que cette restriction doit être proportionnée à l'objectif poursuivi. La proposition Avia devrait s'appliquer à toutes les entreprises diffusant de l'information, notamment celles que l'on nomme les plateformes en ligne. On ne distinguera pas les contenus présentant un risque particulier pour la dignité de la personne et ceux qui ne présentent aucun risque. De plus, pour exercer ce travail, toute entreprise de service sur Internet devra recruter des milliers de contrôleurs compétents en ce domaine délicat. 

Par ailleurs et surtout, la proposition de loi Avia réduit considérablement les exigences nécessaires à l'envoi d'une notification aux plateformes. Il ne serait plus nécessaire d'identifier l'emplacement du "contenu haineux", obligeant ainsi l'entreprise concernée à parcourir tous ses contenus pour retrouver celui qui est illicite, le tout dans un délai inférieur à 24 heures. Il ne serait plus nécessaire non plus de préciser les dispositions prétendument enfreintes, discrimination, négationnisme, apologie du terrorisme.

Ce sera donc à la plateforme de s'assurer du caractère illicite du contenu. La directive européenne relative au commerce électronique prévoit une exclusion de responsabilité des fournisseurs de service s'ils agissent promptement pour retirer ou rendre inaccessible les contenus illicites. Mais faudra-t-il demander aux fournisseurs de service sur internet d'évaluer en temps réel le moindre contenu susceptible d'être illicite. Il leur faudrait pour cela recruter des centaines d'évaluateurs compétents.

Par ailleurs, le projet de loi Avia impose un délai unique de 24 heures pour retirer les "contenus haineux". Pour la Commission, respecter ce délai risque de conduire à une suppression excessive de contenus, parce qu'il est plus simple de les supprimer que d'apprécier leur caractère réellement illicite, surtout lorsque la notification est imprécise. Le projet met véritablement en cause la liberté d'expression.

S'il est possible de surveiller des contenus faciles à identifier, par exemple les images pédopornographiques, il est moins aisé de surveiller en permanence des contenus dont la licéité s'apprécie au regard de leur contexte, par exemple en comparant les images et le texte. Peu désireuses de faire appel à des systèmes complexes d'intelligence artificielle, les plateformes pourraient peut-être utiliser des systèmes simples de reconnaissance, notamment par mots-clés, ce qui conduirait à effacer des contenus illicites, mais aussi de nombreux contenus licites. Aux yeux de la Commission, l'existence d'un tel risque emporte une atteinte trop élevée à la liberté d'expression sur internet.

Il est étonnant que le gouvernement français n'ait pas fait valoir dès le début à la sémillante Laetitia Avia ces arguments de bon sens. Mais peut-être a-t-il voulu la ménager, en tant que personne issue de l'immigration susceptible de servir de modèles à ses homologues qui se pressent aux frontières.

Foucault, el neoliberal

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Foucault, el neoliberal

Ex: https://www.geopolitica.ru

Uno de los temas que está entrando a debate en los ambientes izquierdistas franceses es la cada vez más manifiesta afinidad existente entre el pensamiento de la denominada Nueva Izquierda, nacida en Mayo del 68, y el neoliberalismo económico. Hoy, este debate está empezando a caldear los ánimos y se puede decir que gira alrededor de la figura de uno de los gurús más importantes de la Nueva Izquierda: Michel Foucault. Gracias al trabajo de investigación publicado por varios de sus discípulos y críticos, hoy surge una nueva imagen de un Foucault menos izquierdista, o de extrema izquierda, y más bien apuntando en un sentido contrario: el de un apologista de la sociedad neoliberal y del capitalismo tardío. Realizando un examen de la obra de Michel Foucault, los sociólogos franceses Daniel Zamora y Michael C. Behrent, han mostrado una nueva imagen del famoso filósofo postmoderno, después de compilar una serie de estudios acerca de la influencia del neoliberalismo en el pensamiento de Foucault: su estudio titulado Foucault y el neoliberalismo, publicado por la editorial Amorrortu, resulta muy revelador. En una entrevista hecha por la revista Ballast, Daniel Zamora señala como al final de su vida Foucault mostró un gran interés por el neoliberalismo. “Foucault”, dice Zamora, “se sentía muy atraído por el liberalismo económico: el cual veía como una posible forma de gobierno menos normativa y autoritaria que la izquierda socialista y comunista que encontraba totalmente obsoleta. Veía al neoliberalismo como una opción “mucho menos burocrática” y “mucho menos disciplinaria” que la propuesta por el Estado social de postguerra. Imaginaba un neoliberalismo que no proyectaría un modelo antropológico sobre los individuos y que les ofrecería mayor autonomía frente al Estado” (1).

Este tema no deja de tener una profunda repercusión en el ámbito académico, pues la Nueva Izquierda francesa – convertida en el núcleo duro de la postmodernidad occidental – había sido cubierta con un halo de invulnerabilidad y reconocimiento acrítico de todos sus postulados. Muchos de sus autores han sido consagrados en las universidades y las academias como clásicos del pensamiento que son ineludibles, y los estudios hechos sobre ellos se hacen ya innumerables. Recordemos que bajo el rotulo de la Nueva Izquierda se agrupaban una serie de pensadores modernos, sobre todo franceses, que habían optado por una revisión sistemática de la herencia del pensamiento de la Modernidad Occidental y en la cual convergían autores como Félix Guattari, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Jacques Lacan, Jacques Derrida, entre otros. Muchos de ellos optaron por una “deconstrucción” de la cultura occidental, la cual clamaban estaba llena de prejuicios, autoritarismo, exclusiones y disciplinas que habían producido un totalitarismo velado en las sociedades democráticas y liberales. A través de la revisión del aparato teórico de la modernidad, sus autores esperaban demoler ideológicamente semejante legado y preparar la llegada de una nueva libertad: la de un “cuerpo sin órganos”, una lengua sin contenidos, un mundo menos estructurado que podría finalmente ser considerado afín a una sociedad libre. Muchos de los autores de esta Nueva Izquierda habían sido disidentes de la Guerra Fría, identificándose como izquierdistas, pero detestando los regímenes del socialismo real, a los cuales consideraban demasiado autoritarios, y desligándose de cualquier herencia de la filosofía ilustrada, que resultaba para ellos demasiado dogmática. El ataque sistemático a las instituciones sociales, a las formas veladas de gobierno y poder, sin hablar de su provocadora actitud hacia el orden general de la Europa de la postguerra, convirtió a los representantes de la Nueva Izquierda en el objeto de un culto fetichista de las nuevas generaciones universitarias, sobre todo en las facultades de humanidades y filosofía, como los grandes exponentes de una izquierda anárquica e individualista. Hoy día es imposible no oír los nombres de alguno de ellos en los pasillos universitarios o siendo citados en revistas científicas de investigación como autoridades consagradas. Lo que no deja de ser un giro irónico para una serie de autores que se rebelaban contra la autoridad establecida. De hecho, las posiciones de muchos de los representantes de la Nueva Izquierda no pasaron desapercibidas, e incluso lograron llamar la atención de la CIA, que vio con buenos ojos la deserción de los autores de izquierda franceses, porque “ya no hay más Sartres, ya no hay más Gides”, sino que en su lugar se mostraban hostiles a la Unión Soviética y atacaban los presupuestos básicos del marxismo. Esto último despertó la simpatía de los organismos de inteligencia norteamericanos, quienes comentaban que «en el campo de la antropología», dice un documento de la CIA, «la influencia de la escuela estructuralista vinculada con Claude Lévi Strauss, Foucault y otros, ha cumplido esencialmente la misma función. […] creemos sea probable que su demolición de la influencia marxista en las ciencias sociales perdure como una contribución profunda tanto en Francia como en Europa Occidental» (2).

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Como recuerda el sociólogo Daniel Zamora, Foucault llamó a abandonar las luchas políticas y sociales, que habían perdido sentido en el Estado de Bienestar de la postguerra, y más bien proponía dedicarse a una “resistencia molecular”, donde fueran cuestionadas las grandes construcciones modernas y se disolvieran las masas homogéneas de la sociedad industrial. «En realidad», dice Daniel Zamora, «la idea de una revolución “molecular” descentralizada que pudiera conducir a grandes cambios se mostró poco realista, especialmente cuando se trataba de las relaciones económicas. Si se quiere entrar en una polémica, uno podría preguntarse por la relación entre esta visión con el neoliberalismo. “No olvides inventar tu vida”, concluía Foucault a comienzos de 1980. ¿Acaso no se asemeja mucho esto al mantra de Gary Becker de que nosotros debemos convertirnos en “empresarios de nuestro yo”?» (3). Y no deja de llamar la atención que precisamente esta convergencia entre el postmodernismo y el neoliberalismo alcanzara su mayor auge en las universidades norteamericanas, donde surgió precisamente el epíteto “postmoderno” y donde todos sus representas (Foucault, Deleuze, Derrida) alcanzaron un gran reconocimiento en vida. Zamora una vez más pone el dedo en la llaga y dice que resulta una empresa inútil «reconciliar a Marx con Foucault en alguna síntesis mayor, cuando de hecho al final de su vida Foucault “decidió deshacerse del marxismo”». Tampoco  puede alegarse que Foucault desconociera los primeros experimentos neoliberales en la política y la sociedad, pues él conoció muy bien la California gobernada por Ronald Reagan – quien por cierto destruyó el sistema de hospitales psiquiátricos del Estado federal, lo cual siempre fue uno de los grandes sueños de la anti-psiquiatría foucaultiana – y donde impartió varios cursos en sus universidades. En lugar de eso, Zamora recuerda la «profunda conexión entre el neoliberalismo como forma de gobernabilidad y la promoción, por parte de Foucault, de la invención de nuevas subjetividades. Lejos de oponerse, son dos ojos pares. Más abierto al pluralismo, el neoliberalismo parecía ofrecer un marco menos estrecho para la proliferación de experimentos de minorías» (4). Aquí cobra todo su sentido las palabras del filósofo francés Jean-Claude Michéa, para quien “Foucault es el complemento cultural del economicismo de Hayek, Friedman y Gary Becker”.

Todo lo anterior nos ayuda a explicar porqué algunos de los seguidores y discípulos de Foucault han terminado por convertirse en grandes defensores del capitalismo de mercado, mientras atacan de un modo inmisericorde los sistemas de pensiones, los servicios sociales y el Estado de Bienestar de la postguerra. Basta con citar a Beatriz Preciado, una de las representantes más radicales de la izquierda feminista, quien escribía en el periódico digital Libération que «no debemos llorar por el fin del estado de bienestar, porque el Estado de Bienestar es el hospital psiquiátrico, la oficina de discapacitados, la prisión, la escuela patriarcal-colonial-heteronormativa» (5). Por supuesto, este desmonte de las instituciones estatales está completamente de acuerdo con las políticas neoliberales promocionadas por grandes figuras del mundo de los negocios como Bill Gates o Georges Soros, quienes también se han convertido en grandes defensores de las políticas a favor de las minorías sexuales, el feminismo, amigos de la inmigración masiva y promotores del anti-racismo, mientras promueven la demolición del aparato estatal y su suplantación por un sector privado y una sociedad civil organizada que reemplazaría cualquier forma de poder público. Como ya había observado Marx, el capitalismo no es un sistema social conservador ni mucho menos: “La burguesía sólo puede existir si no es revolucionando incesantemente los instrumentos de producción, y con él todo el régimen social… La época de la burguesía se caracteriza y distingue de todas las demás, por la conmoción ininterrumpida de todas las relaciones sociales, por una inquietud y una dinámica incesantes. Las relaciones inconmovibles y mohosas del pasado, con todo su séquito de ideas y creencias viejas y venerables, se derrumban… Todo lo que se creía permanente y perenne se esfuma, todo lo santo es profanado” (6). Por lo que no resulta extraño que el gran capital financiero asumiera hoy el patrocinio de la nueva revolución de las relaciones sociales que se está gestando, siendo esta revolución íntimamente unida a las transformaciones del capitalismo y su concepción del individuo, que hoy pasa de estar basada en el naturalismo filosófico del siglo XIX al trans-humanismo que es promocionado por empresas como Google o filósofos postmarxistas como Toni Negri, para quienes la naturaleza eterna no existe sino que puede ser alterada por la biotecnología o la nanotecnología que hoy se está desarrollando.

No deja de ser interesante observar, como este nuevo capitalismo y neoliberalismo han impregnado la cultura de la izquierda. Una vez demolidos los últimos restos del socialismo real y conquistado el mundo por la globalización, la izquierda por fin se ha separado del comunismo y ha decidido conscientemente convertirse en el buldócer del capitalismo. Algunos intelectuales de izquierda como Nancy Fraser o Daniel Zamora han señalado esta contradicción. Nancy Fraser, por ejemplo, en su libro Las fortunas del feminismo ha mostrado como, poco a poco, el movimiento feminista ha abandonado todas sus reivindicaciones de izquierda, unidas al comunismo y al igualitarismo radical, para en su lugar adoptar el discurso del “empoderamiento femenino” planteado por el capitalismo neoliberal, cuyo modelo sería la mujer exitosa en la política y la economía, estilo Hillary Clinton o Margaret Thatcher (7). Otros, como Daniel Zamora han señalado que la postmodernidad foucaultina terminó por ser un antecesor directo de la Tercera Vía de Tony Blair y Anthony Giddens, convirtiéndose de este modo en un defensor de la globalización. Quizás esta impregnación cada vez mayor del socialismo por elementos liberales sea la causa del hundimiento de los partidos comunistas y la razón por la cual hoy día las clases trabajadoras votan cada vez más por los partidos identitarios de derecha, tanto en América Septentrional como en Europa. Una vez que la izquierda se unió al gran capital financiero y abrazó el liberalismo cultural, era inevitable que las clases trabajadoras, consideradas demasiado autoritarias y totalitarias, fueran atacadas y sustituidas por objetos de rebelión que chocaban con su sentido común. Resulta interesante anotar que ya en 1947, el comisario soviético y responsable del control ideológico de la cultura en Rusia Andrei Zhdánov denunciara en su momento este giró en la cultura occidental y de la izquierda francesa. Al comentar la obra de Jean-Paul Sarte en su curso Sobre la historia de la filosofía, Zhdánov señalaba como esta figura izquierdista de primera línea en Europa alababa el Diario de un ladrón del criminal homosexual Jean Genet: un libro que comenzaba declarando que su tema seria “la traición, el robo y la homosexualidad”, para finalmente acabar en la depravación y el nihilismo. Zhdánov vería en ello el desplome de la filosofía occidental, última consecuencia del cosmopolitismo burgués: la destrucción de toda moral y de relación social en defensa de las pasiones individuales y la estética. “Hoy”, escribía Zhdánov, “esas filosofías se presentan bajo una forma nueva, particularmente repugnante, reflejando toda la profundidad, toda la bajeza, toda la villanía de la decadencia burguesa. Los «souteneurs» y los criminales de derecho común en filosofía significan, evidentemente, el límite de la ruina y de la descomposición” (8).

Frente a este panorama, resulta bastante significativo que hoy esté apareciendo una nueva generación de autores izquierdistas que, distanciados de los medios de comunicación y exiliados de las academias, han comenzado a denunciar este devenir de la Nueva Izquierda, convertida para muchos de ellos en uno de los pilares centrales del sistema capitalista globalizado y defendida por un grupo de gurús intelectuales enemigos de las causas populares. Mientras Daniel Cohn-Bendit y Bernard-Henry Lévy – protagonistas de Mayo del 68 y grandes héroes de la izquierda libertaria – se dedican ahora a denunciar como fascistas todos los movimientos contestatarios – caso de los chalecos amarillos en Francia y el crecimiento de las olas populistas en el Primer Mundo –, otros han decidido regresar a las causas originales del comunismo y abrazar los movimientos populistas dirigidos contra el sistema. Este viejo estandarte ha sido alzado una vez más por autores como Jean-Claude Michéa, Constazo Preve, Diego Fusaro, Adriano Errigel y Kevin Boucaud-Victoire, quienes han decidido dejar de lado cualquier cooperación con la izquierda fucsia y multicolor para más bien plantearse la pregunta contraria y necesaria: ¿cuáles serán los presupuestos de la actual lucha contra el cosmopolitismo burgués como último elemento de la alienación sistemática de lo social y la cultura? Para esta izquierda populista, la lucha contra el capitalismo ya no puede pasar por el deseo deconstruccionista de la anarquía individual y el abandono de todo contenido social, antes bien se trata de una nueva contestación que pretende rescatar del olvido todo aquello desechado por la Nueva Izquierda en el transcurso del siglo XX.  Si la Nueva Izquierda abandonó el socialismo y afirmó, por el contrario, el libre mercado y la libertad individual a favor de proyectos individuales de “experimentación del yo”, la izquierda populista propone más bien “la síntesis entre las ideas de izquierda y los valores de la derecha en nombre del interés nacional”. Es decir, el rescate del “trabajo, la solidaridad, la defensa de los débiles, la comunidad” junto con “la familia, la patria, el Estado, el honor”, tal y como afirma actualmente el filósofo italiano Diego Fusaro (9).

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Esta nueva brecha, que pareciera estarse formando en la izquierda europea, nos pone frente a una disyuntiva: una defensa a ultranza de la globalización y el neoliberalismo, amparada en la postmodernidad como la ideología global de una multitud imperial sin rostro o contenido, o por el contrario la defensa de un nacional-populismo que se enfrenta al cosmopolitismo y reclama una defensa del trabajo frente al capitalismo financiero y de los valores nacionales frente al universalismo. Semejante división, sin embargo, recuerda a otra que ya había sucedido en el pasado, cuando la socialdemocracia y el socialismo moderado europeo había adoptado el programa del reformismo, dejando la bandera de la revolución y la lucha violenta al socialismo nacionalista, que se encarnó en el sindicalismo y los movimientos nacionales. Ante estos nuevos devenires políticos, la izquierda europea tendrá que enfrentar una disyuntiva que parece estarse transformando en una guerra civil en su interior.

Notas:

1. Entrevista a Daniel Zamora, “Peut-on critiquer Foucault?”, en la revista electrónica Bastiat, https://www.revue-ballast.fr/peut-on-critiquer-foucault/

2. France: Defection of the Leftist Intellectuals, en http://www.deigualaigual.net/cultura/2017/1222/braudel-le...

3. Entrevista a Daniel Zamora, “La résistence chez Foucault ne prend plus vraiment le visage de la lutte des clases”, en https://comptoir.org/2019/09/05/daniel-zamora-la-resistan...

4. Ibid.

5. Beatriz Preciado, “Nous disowns Revolution”, en https://next.liberation.fr/culture/2013/03/20/nous-disons...

6. Karl Marx y Friederich Engels, Biografía del Manifiesto Comunista, Editorial Mexico S.A., 1949, pág. 75-76.

7. Nancy Fraser, Las fortunas del feminismo, Traficante de Sueños, 2015.

8. A. Zhdánov, “Sobre la historia de la filosofía”, en http://www.filosofia.org/hem/dep/pce/nb024071.htm

9. Entrevista de Rafaele Alberto Ventura a Diego Fusaro, “Le cas Fusaro”, en https://legrandcontinent.eu/fr/2018/10/27/nous-avons-renc...

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The Three Seas Initiative - a real geopolitical project or just the American version of Mitteleuropa

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The Three Seas Initiative - a real geopolitical project or just the American version of Mitteleuropa

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

In the Polish scientific and geopolitical discourse there is about 100-years old tradition of the concept of distinguishing countries located in the (quite generally described) area located between the Adriatic, Baltic and Black seas, which is based on at leasttwo falsehoods and one understatement.

First of all - especially Polish politicians like to add to this project (born on the wave of the collapse of the Russian Empire and the emergence of new nationalisms in its areas) whole Centuries of supposedly natural integration processes taking place from Scandinavia to the Balkans, of course, with particular regard to the aspirations of some Polish monarchs (especially from the Jagielloniandynasty), leaders (Adam Jerzy, Prince Czartoryskiand Józef Piłsudski) and writers (Jerzy Giedroyc, Rowmund Piłsudski, Juliusz Mieroszewski). Meanwhile, only these last ones, 20thCentury activists and thinkers were true supporters, and in fact also the creators and continuators of the Polish version of the known German theory and practice of domination and exploitation of the German-Russian borderlands in the first half of the 20th Century. Any prior genesis and justification given to this idea is pure historical anachronism.

Secondly - the authorship, and thus the "natural leadership" of the project, is eagerly attributed to Poles by… falsehood. Meanwhile, there is no doubt that despite the different names - the vision of Intermarium, the Three Seas or any other Central European Initiatives are just a repetition of the Friedrich Naumann’s (primarily economic) conception, being at most a recapitulation of the tendencies dominating in the war and industrial spheres of the German Empire. Similarly, today it is easier for Poles to refer to Marshal Piłsudski and Jerzy Giedroyc than to confirm for example, the inspirational and efficient role of such American politicians as Zbigniew Brzezinski.

However, the understatement mentioned above remains the most important weakness of all these ideas. More precisely, the fact that no common interest could ever be pointed out in the past, unconditionally and unquestionably connecting and uniting the Central and Eastern Europe states, not only those distant from each other such as Finland and Greece, but even as seemingly close and neighbourly as Poland and ... Lithuania.

Moreover, that the only common goals for this area have so far been formulated only from the outside, from the point of view of some global power for various reasons wanting to pursue its interests in Central Europe. This was the case with imperial Germany, the Soviet Union, and now with the United States. And in this last, most current sense (in connection with the Three Seas Initiative) it is most clearly seen that this is not an integration, but ... an alienation program, intended to exclude acquired countries from other initiatives (primarily the mainstream European Union), and replace their own sovereign geopolitical visions and interests. And this is also the similarity of the American vision of the organization of Central Europe with its German, Kaiser's original (not to mention the identical purpose of both: economic exploitation. 

And of course - these are not the only barriers and limitations for Central European cooperation. It should be emphasized that often the same forces that formally support unity and integration - in fact, stimulate instincts and polarization initiatives, led by escalated ethno-nationalism to the level of chauvinism. It is enough to mention that quite recently, just 105 years ago, Central and Eastern Europe was already subject to far-reaching integration - within the framework of multi-ethnic empires - Russian, Austro-Hungarian and Turkish. And as it turned out, globalization interest (then, of course, not so called) – caused not only  awaking the state-building aspirations of historical nations (such as Poles or Czechs), but simply creating new nations, what finally led to fragmentation and permanent conflict in this part of the World (this process was also continued and intensified only 30 years ago, during the collapse of Yugoslavia and the Soviet Union).

This is how a significant part of the political borders that divide our World has been established up to this day - and even more importantly, how arose barriers in national consciousness (or according to others - sometimes how they were revealed) in extreme, even pathological forms. And this is also worth remembering that those who today urge for accelerated, political and mostly artificial integration - are often the same who once divided us.

From a purely geopolitical point of view – such a role was played in the Central European area historically by British politics and German practice - and today the by hegemonic interests of the United States in their declining, somewhat self-limiting shape.

We can see the playing of the ethnonationalist factor especially in the Baltic States and recently in Ukraine, and even in Russia, where a few years ago attempts at the "Colour Revolution" from liberal slogans smoothly switched to elements of xenophobia. So, we are dealing with an interesting paradox (in fact, however, rather apparent one).

At the same time we are witnesses of:

- disintegration activities leading to the diversification of the formally functioning European Community (from two points: from Brussels, Paris and Berlin to a Europe of Two Speeds - most of Eurozone vs. the rest and from Washington to create "an even more American Europe", i.e. the Three-Seas Initiative;

- supporting chauvinistic ethno-nationalisms in these areas, which in principle are against any real regional cooperation.

All these tactics are intertwined and complementary, which makes us understand that their real goal is neither real integration, including creation of any separate value (no matter - true or imaginary) in the form of the organization of the Intermarium area; nor the actual restoration of the national principle in World relations. So regardless of whether we want to increase the factor of cooperation and integration, or whether we recognize the priority of the national factor - the vision of the Three-Seas / Intermarium is radically contradictory with them and should be rejected.

Lecture at the conference "Академия диалога: культурные разломы и границы между Балтийским и Черным морями", Kaliningrad, November 28-29.

mardi, 03 décembre 2019

Guillaume Faye le nietzschéen & entretien audio inédit avec Faye sur "La colonisation de l'Europe"

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Guillaume Faye le nietzschéen

& entretien audio inédit avec Faye sur "La colonisation de l'Europe"

 
 
Lien de l'entretien de Guillaume Faye à la Nietzsche Académie : http://nietzscheacademie.over-blog.co...
 
Boutique de la Nietzsche Académie (livres sur Nietzsche d'Olivier Meyer, animateur de la Nietzsche Académie) : http://nietzscheacademie.over-blog.co...
 
Lien du site de l'écrivain Olivier Meyer, animateur de la Nietzsche Académie : https://oliviermeyer.home.blog/
 
Lien du livre hommage "Guillaume Faye cet esprit fusée" aux éditions du Lore : http://www.ladiffusiondulore.fr/home/...
 
Lien du dernier livre de Guillaume Faye, "Guerre civile raciale" aux éditions Conversano : https://danielconversano.com/product/...
 

00:35 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, guillaume faye, nouvelle droite | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Nackter Wirtschaftskrieg: USA nehmen Maßnahmen gegen Nord Stream 2 in Verteidigungshaushalt auf

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Nackter Wirtschaftskrieg: USA nehmen Maßnahmen gegen Nord Stream 2 in Verteidigungshaushalt auf

Ex: http://www.zuerst.de

Washington. Das amerikanische Vorgehen gegen die russisch-deutsche Ostsee-Pipeline Nord Stream 2 nimmt immer aggressivere Formen an. Jetzt wurden die amerikanischen Sanktionsmaßnahmen, die derzeit gegen Firmen in Stellung gebracht werden, die an Nord Stream 2 beteiligt sind, formell in den Verteidigungshaushalt aufgenommen. Die Strafmaßnahmen wurden vom Kongreß in den Entwurf des sogenannten National Defense Authorization Act (NDAA) aufgenommen, teilte Jim Risch, Vorsitzender des Auswärtigen Ausschusses im Senat, dem US-Magazin „Defense News” mit.

Die Zeit für den Vorstoß wird immer knapper: „Vieles von Nord Stream ist bereits getan“, sagte Risch am Rande eines Sicherheitsforums im kanadischen Halifax. Die Sanktionen würden die beteiligten Baufirmen aber davon „überzeugen“, ihre Arbeit einzustellen. Risch weiter: „Es wird sie sehr viel kosten. Ich denke, wenn diese Sanktionen verabschiedet werden, werden sie schließen, und ich denke, die Russen werden nach einem anderen Weg suchen müssen, um dies zu erreichen, wenn sie es können.

Nach russischer Einschätzung sollen die jüngsten US-Sanktionsmaßnahmen nicht nur Rußland, sondern auch die Europäer als wirtschaftliche Konkurrenz für die USA schwächen.

Der russische Senator Wladimir Dschabarow sieht die US-Pläne als Teil eines Wettbewerbsbetrugs: „Nord Stream 2 hat nichts mit den Sicherheitsfragen in den USA sowie ihrer Verteidigungskapazität zu tun. Man will US-amerikanisches Gas aufzwingen, das wesentlich teurer ist.” (mü)

Le numéro 51 de Solaria arrive très bientôt !

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Solaria

Le numéro 51 de Solaria arrive très bientôt !

Au sommaire du nouveau numéro de Solaria :

— Entretien : QUESTIONS À OLIVIER MEYER AU SUJET DE SON LIVRE " BALDR AU HELHEIM "

— Entretien : L'ART SACRÉ DU VITRAIL, QUESTIONS À SYLVIE FAGOT, MAITRE VERRIER, MEILLEUR OUVRIER DE FRANCE

— Poème : SOLEIL DE VÉRITÉ

— Tradition : LES ÉPICLÈSES D'APOLLON (V)

— Plus nos rubriques habituelles: Héliothèque (Livres, Revues, CD, DVD, Internet), Vents Solaires (Lauriers de Solaria, Expositions, Le monde en bref, Télévision), Plumes Solaires, Cadeaux…

Les tarifs sont les suivants :

Ce numéro : 9€ +1€ de frais d'envoi

Abonnements:

2 numéros (un an): 18€

4 numéros (2 ans): 34€

8 numéros (4 ans): 66€

France: chèque à l’ordre de Solaria.
Autres pays: euros en espèces (discrètes) ou virement à notre compte (nous le demander).
A envoyer à Solaria, 7 rue Christian Dewet, 75012 PARIS.

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« Enki Bilal entre dieux et chaos »

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« Enki Bilal entre dieux et chaos »

par Jérôme GOFFETTE

 
 
Planches hexagonales et francophones : l'au-delà de la science-fiction ?
 

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lundi, 02 décembre 2019

Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

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Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

par Léon Camus

Ex: http://www.geopolintel.fr

C’est toujours la même chose, l’on cherche sempiternellement des explications pour justifier – comprendre dit-on – l’évidence, l’explicable en soi, chaque fois qu’un allumé (ou illuminé) surine allégrement des passants. Le 4 octobre 2019 ce sont des collègues de travail, mais d’autres fois ce sont des passants innocents… dans des transports en commun, ou des jeunes femmes attendant devant la gare St Charles à Marseille, des soldats en faction, un prêtre âgé officiant dans son église, bref n’importe qui, n’importe quand. Et toujours la même histoire et le même éteignoir. Le même sordide déni de réalité de la part de l’autorité publique. Affaire classée sans suite, direction l’hôpital psychiatrique d’où l’assassin ressortira au bout de six mois blanc comme neige, déclaré rétabli et ayant coupé aux Assises (certes une économie pour le budget de la Justice, que le citoyen lambada paiera néanmoins par un impôt de sang).

Les Romains jugeaient des actes bruts et non des intentions. Il est aussi vrai que nos lois, imprégnées de christianisme, distinguent avec plus de mansuétude l’acte fortuit, accidentel ou passionnel (perpétré sur le coup de la colère), par rapport au forfait mûri et prémédité. La question des circonstances atténuantes fut dès lors introduite à bon escient. Cela fut bel et bon mais une brèche était ouverte par laquelle s’engouffra à l’époque contemporaine, de façon catastrophique, toutes les dérives imaginables. Plus encore après l’avènement de ces lèpres de l’esprit que furent le marxisme, le freudisme puis le freudo-marxisme qui introduisirent après la lutte des classes, la guerre des races et des sexes jusqu’au pandémonium actuel avec pour conséquence peu visible - en accompagnement - la destruction de toute logique du réel qui s’est traduite notamment par la dislocation du droit.

Déchéance intellectuelle des pseudos élites

La déchéance intellectuelle de nos classes dirigeantes est affligeante au-delà de toute expression. Elle serait au fond plutôt comique si elle n’était à ce point tragique. On en veut pour exemple les propos du garde des Sceaux, l’échevelée Mme Nicole Belloubet, statuant que « ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation… [celle-ci étant] fondée sur un acte de volonté et un projet parental…[et] déconnectée de la vraisemblance biologique, pour les couples de femmes ». Cet éminent ministre devrait au demeurant nous dire ce que qu’elle entend par « vraisemblance idéologique  ». Il faut se reporter au débat sur la “procréation médicalement assistée” (et le duo d’anthologie Buzin-Belloubet [1]) pour bien prendre la mesure des lourdes pathologies mentales (sous forme de délires objectifs ou d’extravagants dénis de réalité) des débattants quant aux droits à l’insémination artificielle des transgenres.

Dans Byzance assiégée par Mehmet II en 1453, l’on débattait encore, dit-on du sexe des anges. Aujourd’hui, alors que nos usines chimiques brûlent à l’instar et à la suite de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il n’est rien de plus urgent que de faire passer des lois bouleversant l’ordre social, créant des ruptures anthropologiques dont nous n’avons pas fini d’absorber (si tant faire se peut) les traumatisme et retombées de tous ordres. Au nom d’un soi-disant bonheur, ces gens s’acharnent à faire notre malheur car… si l’on touche un bout de la charpente, c’est à terme, tout l’édifice qui s’écroule1. C’est également la voie choisie par le piteux démagogue « Insoumis », Jean-Luc Mélenchon, crachant dans le sens du vent et voyant dans la PMA - “dans un discours vibrant relatif à la portée philosophique du texte” !? [2] - « une révolution du principe de la filiation qui proclame que le patriarcat est fini…Autrement dit : que propriété des hommes sur le corps des femmes ou sur celui de leurs enfants, qui a prévalu pendant des millénaires est terminé ». Bravo. Insistant lourdement sur le caractère « social et culturel de la filiation et non pas sur son caractère biologique »… « Oui c’est la fin du patriarcat. Des femmes mettront au monde des enfants sans l’autorisation des hommes. Pour ma part, je me suis toujours opposé à ce qu’on proclame d’une façon ou d’une autre une vérité biologique… Il n’y a pas de vérité biologique, il n’y a qu’une vérité sociale et culturelle ». Or si c’est M. Mélenchon qui le dit, c’est que cela doit être vrai, n’est-ce pas  [3] ?

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Avec et après la drogue (feu Jacques Chirac en fut un formidable exemple [4]), l’addiction sexuelle et la pornographie, le satanisme bcbg – très silencieusement présent hélas depuis des lustres - est aujourd’hui ouvertement revendiquée par Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations depuis mai 2017 (elle-même auteur de romans obscènes, prélude au début de sa rapide ascension politique avant d’être fondatrice du blog “Maman travaille” !). Ceci dans le magazine phare de la mode féminine « Elle », numéro sorti également ce 4 octobre. Or çà, si le satanisme s’invite subrepticement (mais de moins en moins discrètement ) à la remorque de l’écolâtrie en tant que religion dominante parmi les méchants apôtres du mondialisme, il sera/serait intéressant d’examiner le rôle que le dit satanisme peut y jouer comme rite d’admission, sa profession scellant, dans la transgression partagée, l’appartenance aux différents degrés d’initiation et aux grades correspondant de l’hyperclasse rectrice du destin de l’humanité.

Le terrorisme une fatalité  !

Au gouvernement, l’on s’est très hâtivement essayé à minimiser, à relativiser l’aimable tuerie préfectorale entre collègues. Une fois de plus les bards de service – Castaner entre autres - ont dû se déjuger en urgence parce qu’il a été rapidement impossible d’affirmer que le fonctionnaire de police, né à Fort de France, boucher d’occasion au couteau de céramique, était un déséquilibré… en dépit des dires de son épouse qui, recourant au plan de sortie convenu, s’était appliqué à le faire passer derechef pour schizophrène : « il m’a réveillée la nuit précédente parce qu’il entendait des voix » [5] !

La méchante combine et les gros mensonges gouvernementaux n’ont cependant pas tenu longtemps au vu des messages textuels échangés entre époux, complices dans la préméditation et l’action. D’ailleurs de qui se moque-t-on : habilité secret défense, l’homme était converti depuis une dizaine d’années (2008) et non depuis dix-huit mois comme l’ont seriné les médias et tout ce temps, collègues et services de sécurité internes n’y ont vu que du feu ! Ils seraient aujourd’hui très précisément 38 fonctionnaires ou assimilés présentant des risques sérieux de radicalisation, enkystés dans des services sensibles. N’est-ce pas 38 de trop ? Ne faudrait-il pas revoir alors, en priorité, la politique autoritairement volontariste de recrutement visant à créer une mixité obligée, raciale, ethnique, confessionnelle, notamment dans les administrations publiques avec passage facilité dans les filières d’accès aux grandes écoles et aux grands corps de l’État pour les individus issus de la diversité ? Cela au nom d’une prétendue discrimination positive, ce qu’annonçait le 17 décembre 2008 avec une certaine brutalité, le sieur Sarkozy dans son discours fondateur de Palaiseau « Égalité des chances et diversité » [6]. Au demeurant, la discrimination, qu’elle soit positive ou non, reste une discrimination en transgression absolu des principes constituants de la République, non ?

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On voit ce que cela donne dans nos services de police, dans l’armée (n’a-t-on pas parlé de mutinerie sur le porte-avions Charles de Gaulle ?). L’inculture étant à présent ce qu’elle est, et les cadres compétents de l’armée et de la haute administration ayant été envoyés prématurément au rencart (ou épurés comme en 2004 à l’occasion de l’Affaire dite “Pétrole contre nourriture” engagée à l’initiative du Trésor américain, laquelle permit d’éliminer la vieille garde du Quai d’Orsay et de laminer ce qui demeurait encore de la politique arabe de la France). D’abord certes en raison du renouvellement des générations, mais aussi par la modification des critères de sélection et de recrutement (diversité et correction politique obligent, à Sciences Po et à l’ENA), jusqu’à obtention de l’effet souhaité à savoir l’arasement de la mémoire institutionnelle et historique. État de fait qui a permis au président Macron de parler impunément de supposés crimes contre l’humanité perpétrés par la France en Algérie et ce sans que quiconque ait songé à rappeler que nombre d’officiers et de sous-officiers de l’Armée de libération nationale algérienne (ALN) avaient été formés par la France, avaient servi en Indochine où ils purent acquérir une science des armes qu’ils retournèrent ensuite contre la Métropole et les départements français d’Algérie. On ferait bien de s’en souvenir parce que nous sommes en train de reproduire la même criminelle erreur. Ce dont se fichent bien les adeptes dogmatiques ou laxistes (et leurs comparses, commensaux et acolytes), partisans du métissage à tout crin, de l’effacement des frontières et du grand remplacement à tous les échelons au sein des Services de l’État.

Demeure un point très noir : le dossier de la tuerie a été juridiquement ouvert sous la qualification « d’assassinats et tentatives d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Est-ce à dire que le tueur aurait pu ne pas agir de son seul chef ? Michaël Harpon était-il une taupe islamiste pouvant avoir transmis à des réseaux takfiristes certains fichiers ou bases de données de la DRPP ? Les Services étrangers et Interpol doivent être ravis… Voilà où conduit l’amour immodéré de la société plurielle et du brassage interculturel… mais aussi d’une haine à peine masquée pour la franchouillardise. Au total, les services de l’État sont désormais à l’image de la nation, c’est-à-dire en passe d’être dévorés par les conséquences mortifères d’idéologies férocement anti-nationales. Et conséquemment, infiltrés, noyautés par des activistes ennemis, lesquels, à l’arrivée, pas n’ont besoin d’être une multitude pour être d’une extrême nocivité.

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Bref, l’administration française (au même titre que ses homologues européennes), otage de la dogmatique officielle, est de cette façon peu à peu gangrenée par une politique devant se lire et s’analyser dans le contexte général d’une sournoise éviction des populations autochtones. Ce qu’il est convenu d’appeler le Grand remplacement, ceci au grand dam des Commissaires politiques et idéologiques qui sévissent sur tous les plateaux des grandes chaînes d’information (Cnews/BFM/LCI/FrandInfo/France24/EuroNews/etc.). Substitution de population que ceux-ci qualifient avec un mépris non dissimulé de « mythe » ou de « phantasme », nous expliquant benoîtement et doctement que le terrorisme n’est en fin de compte qu’une fatalité inhérente à la modernité et que nous devrions finalement faire avec.

Ces ténors de la doxa surinformés, si éclairés, n’ont de toute évidence pas dû prendre le métro depuis au moins une trentaine d’années, à qui il ne viendrait jamais à l’idée (tous n’étant pas absolument pervers que le monde a changé sous leurs pieds. Des gens qui devraient normalement être placés dans la catégorie des minus habens (voire des oligophrènes) parce qu’incapables de saisir que les frontières devraient être fermées de toute urgence à l’immigration légale (à commencer par le regroupement familial) et a fortiori illégales, frontières qui d’ailleurs n’eussent jamais dues être ouvertes… Quand s’achèvera le quinquennat en cours, ce sont quelque cinq millions de migrants qui seront entrés et se seront installés, en grand partie à la charge d’un pays pourtant en voie de désindustrialisation et de paupérisation rapide !

L’Éducation nationale, Lampedusa bis

La rentrée s’est bien passée ! Nos enseignants préparent la “France” de demain avant de se suicider [7] à l’instar de nos 51 policiers morts depuis janvier dernier et de nos paysans, un tous les deux ou trois jours. Cent femmes ont été tuées par leur conjoint ces neufs derniers mois. Toutefois, dans ce dernier cas, personne ne songe (ou ne réclame) que soit rendu public l’appartenance culturelle, confessionnelle, l’origine ethnique des meurtriers. Si par extraordinaire c’était le cas nous risquerions d’avoir de belles surprises. Mais cela n’arrivera pas, la divulgation de ce genre d’information tombe sous le coup de la loi (on voit bien ici que l’antiracisme est une forme aiguë d’antifrancisme). Ces jours-ci des vidéos circulaient donnant à voir de choquantes agressions dans des écoles de la République contre des maîtres. Ces actes se multiplient aujourd’hui à la vitesse grand V. On assassine (vendredi 4 octobre dans le Val d’Oise un adolescent est poignardé) et l’on rackette aux abords des établissements scolaires. … « Combien - d’enseignants - nous dit Claude Bourrinet [8] - ont-ils vu leur idéal brisé par la démagogie de pédagogues irresponsables, par une administration tatillonne et aveugle, par l’indifférence du système aux épreuves qu’ils subissent pour tenter de délivrer leur savoir à des populations de plus en plus déséquilibrées, déstabilisées par une sous-culture mortifère, hostiles à la culture, à l’effort intellectuel, au livre, au savoir scientifique, historique ? La peste de l’inculture agressive frappe tout le monde, y compris les enfants de souche. C’est une pandémie barbare, que les idéologues ne veulent pas voir, quand ils ne la cautionnent pas par des préceptes égalitaristes, laxistes et bienveillants, ineptes  ». 

Le 30 septembre, dans le Val d’Oise à Sarcelles, au lycée de la Tourelle, un jeune majeur âgé de 19 ans s’est attaqué avec une rare violence à son prof de gym après avoir refusé de retirer sa casquette, signe identitaire s’il en est. Il est complaisamment filmé par ses petits copains. La chose serait anecdotique si elle n’était parfaitement emblématique de l’état décomposition avancée de l’institution éducative… relais, s’il en est, de la pire politique anti-française. La comparution immédiate du voyou – quand même ! - nous a appris, que le dénommé Dio est arrivé clandestinement en France en 2013 ; qu’il a été condamné à huit mois de prison, dont quatre avec sursis et qu’il n’a, évidemment, jamais été expulsé. En un mot il s’agit d’une super chance pour la France… Autrement dit un parasite destiné à vivre ad vitam æternam au crochet de la vache à lait hexagonale. Pour mémoire, nos établissements publics, avec la complicité du ministère de l’Éducation nationale (et d’une nuée d’associations subventionnées), accueillent des milliers de sans papiers et qu’il est assez souvent recommandé aux enseignants de falsifier des résultats scolaires ou autres documents administratifs afin que « le jeune » ne rencontre pas de difficultés… avec pour contrepartie les graves problèmes de discipline et de sécurité que l’on déplore de nos jours. L’Éducation nationale, havre d’accueil pour les migrants est ainsi devenue une quasi zone de non-droit… avec la complicité de certains enseignants eux-mêmes… avant qu’éventuellement ils n’en deviennent eux-même les pitoyables victimes.

La Maison brûle

En temps de crise, la multiplication à l’infini des événements dramatiques ou tragiques, grave dans l’opinion l’idée que le pouvoir s’est engagé dans une mortelle impasse et qu’il s’avère incapable de gérer avec le minimum d’efficacité et de résultats, les effets négatifs (collatéraux) de ses errements. Un sentiment qui s’est manifesté très nettement avec l’affaire Lubrizol où la seule question qui mériterait une réponse aussi rapide que nette : pourquoi un tel sinistre s’est-il déclaré à proximité d’installations protégées par des dispositifs de sécurité optimaux ? Question qui continue à se poser en outre à propos de l’incendie de Notre-Dame et l’hallucinante vitesse de propagation du feu dans la charpente.

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Un arbre ne devant jamais cacher la totalité de la forêt, rappelons – nous y reviendrons – que le terrible sinistre rouannais, fait suite à une impressionnante série d’incendies, tout aussi gravissimes, ayant détruits des sites industriels de nature similaire… tels l’incendie du 3 juillet dernier sur le site classé « Seveso seuil haut » dans les Yvelines, au sein du périmètre de l’usine « Seine Aval » du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) implantée dans la plaine d’Achères. “Une installation stratégique, soit la plus grande station d’épuration des eaux usées d’Europe - s’étendant sur 600 ha, elle traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciens [9] - anéantie en totalité par le feu et ce, à seulement trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une pollution gravissime de la Seine. » Qui en parle ? Ce site n’a en fait cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics avec en arrière plan un théâtre de concussion et corruption ! Un désastre absolu, qui ne suscite qu’une fort inquiétante indifférence [10]. Cela reste bien entendu à inscrire au bilan de Mme Hidalgo, maire de Paris, intuitu personnæ, membre du conseil d’administration de la dite entreprise d’intérêt vital pour la capitale et sa région.

Léon Camus - 6 octobre 2019

Notes

[1Cf. facebook.com/ridiculeTV/ - Voir https://www.facebook.com/ridiculeTV...

[2lesinrocks.com26sep19

[3On en jugera à travers cette sotie déjà immédiatement envisageable, la réalité dépassant désormais l’imagination… « En terre d’Absurdie anoméenne (négation/abolition des lois issues de l’ordre naturel) après le vote sur la PMA, antichambre de la gestation pour autrui, quoique l’On clame à tout-va qu’il s’agirait en ce cas d’espèce d’un tabou, une limite intransgressible. La PMA serait une aubaine pour Charlotte (adoptée par un couple d’hommes mariés via cet autre formidable progrès égalitariste que fut le mariage pour tous) à l’heure de sa maturité sexuelle, cette heureuse enfant se trouvant titulaire d’un père adoptif Jean et d’une mère adoptive Pierre. Or grâce à l’œuvre immense du bon docteur Freud et de son émule Wilhelm Reich, elle se trouve, par la grâce de ces géants, dépourvue de toute inhibition, trouble ou culpabilité (soit la cohorte de névroses véhiculées par l’éducation chrétienne), quant à l’attirance ressentie pour l’un et pour l’autre des parents, légalement et respectivement père et mère quoique pourvus d’organes reproducteurs identiques. Il arriva ce qui devait arriver : Charlotte mit au jour un garçon de son père Jean (sans que l’on puisse évidemment parler d’inceste), puis une fille conçue avec sa mère adoptive, Pierre. Devinette, objet des débats policés Buzin/Belloubet : quel doit être le statut exact de la mère de Charlotte vis-à-vis de l’enfant conçu avec son mari, père d’icelle ? Au demeurant, la loi permettra aux enfants de Charlotte, s’il s’agit d’une fille et d’un garçon, de se marier ensemble ». Elle est pas belle la vie ?

[4Voir le témoignage accablant de Gérard Fauré « Dealer du tout Paris » octobre 2018.

[5Michaël Harpon, le bien nommé, 45 ans, employé depuis 20 ans au service informatique de la Direction du renseignement de la préfecture de police « a pété un plomb et a tué quatre collègues à l’arme blanche ». Converti à l’islam depuis 18 mois (en vérité depuis 2008), aux dires d’un psychiatre expert « en général, lorsqu’on a des gestes brusques d’une telle violence, ils ont extrêmement rares surviennent sous couvert de formes très particulières de schizophrénie ». Et comme il est devenu impossible de gommer la dimension confessionnelle de ce passage à l’acte, on la met à « en parts égales avec la psychopathologie de la personne ». Nul ne parle évidemment de fanatisme religieux, une notion trop concrète et pas assez scientifique.

[6Seule la version audio est fidèle, la transcription écrite officielle ayant éliminé les passages où le président parle de conduire cette politique par la contrainte. Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=1XI...

[7Christine Renon, directrice de l’école maternelle Méhul de la ville de Pantin, dans l’académie de Créteil, parvenu au bout de l’épuisement moral a été retrouvé morte le 24 septembre 2019. Le même jour, Frédéric Boulé, professeur au lycée international de Valbonne dans les Alpes-Maritimes, en finissait également avec la géhenne qu’est devenue l’Éducation nationale tombées aux mains de soi-disant pédagogues confits en idéologie mortifère.

[8bdvoltaire.fr5oct10

[9Les Franciens, habitants de la Francie, sont ce que l’on nomme aujourd’hui assez sottement les Franciliens.

[10cf.MarcLaimé/mondediplo.net27sep19

 

5 décembre «  Le  » choc  ?

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5 décembre «  Le  » choc  ?

Léon Camus

Ex: http://www.geopolintel.fr

L’Élysée se barricade à l’approche de la tornade sociale annoncée pour le 5 décembre, coup d’envoi d’une contestation XL (extra large). Les conseillers de M. Macron font grise mine sous les ors des lambris pâlissant dans le crépuscule présidentiel, cela sent «  La chute  »  ! Eh oui, nous sommes loin de la bacchanale trans de la fête de la Musique du 21 juin 2018. L’heure n’est plus à la joie mais à la pétoche. Maintenant le président branché serre les fesses, plaignons-le  ! À tel point qu’il prévoit d’annuler ou d’écourter ses déplacements à l’étranger, à telle enseigne qu’il ne se rendra pas en Espagne en décembre pour la conférence climatique mondiale dite COP 25… Mais il ne manquera pas  d’assister à Jérusalem en janvier prochain, nonobstant le chaos politique régnant en Eretz Israël, aux côtés d’une poignée de dirigeants – parmi lesquels Vladimir Poutine, mais aussi les présidents fantoches allemand, italien, autrichien Frank-Walter Steinmeier, Sergio Mattarella et Alexander Van der Bellen aux côtés d’esquisses de rois, celui d’Espagne et de Belgique – à la commémoration de l’holocauste, en principe prévue pour être « le plus grand rassemblement de l’histoire consacré à la lutte contre l’antisémitisme ». Bon sang ne saurait mentir  ! Et puis les dieux modernes ont soif et M. Macron sait où est son devoir…
La teuf semble (enfin) finie  !

My kingdom for a horse

Mon royaume pour un cheval… la République en Marche est à bout de souffle et à bout de faux fuyants. Le Grand débat du premier semestre 2019 et ses interminables monologues, n’a pas vraiment eu le retentissement ou l’effet désiré. N’ont été convaincus que ceux qui avaient a priori envie de l’être, en témoigne le 102e Congrès des Maires de France porte de Versailles devant lequel le président Macron est venu faire la danse du ventre mais dont le discours de clôture, le 23 novembre, imprégné de pathos, en a écœuré plus d’un. Promettant une fois de plus de réformer en profondeur la fiscalité locale et d’aboutir à la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des Français - ce qui sera un cruel manque à gagner pour nombre de collectivités territoriales - M. Macron n’a fait que se paraphraser sans vraiment se rendre compte qu’il conduit les territoires au bord de la rupture. Ne se sentant ni écoutés, et encore moins entendus, beaucoup de maires ont d’ailleurs boycotté cette très inutile et assez coûteuse grand messe (500 € par tête de pipe). De même que près de la moitié d’entre les 35 498 maires (dénombrement au 1er janvier 2017) hésitent encore ou renoncent à se représenter aux prochaines élections municipales. Faut-il préciser qu’à ce stade le divorce entre les territoires et le pouvoir central devient une réalité palpable ? Disons-le carrément la France profonde, celle de la province et des terroirs, est volontairement oubliée, autrement dit sacrifiée. Elle n’intéresse pas le gratin urbain, elle ne rapporte rien hors de certains secteurs comme l’agro-industrie… 

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Entre 2000 et 2016, un quart des exploitations agricoles hexagonales a disparu et aujourd’hui, un quart des chefs d’exploitation est âgé de plus de 60 ans, le désert français est ainsi condamné à progresser toujours davantage chaque année. Pas étonnant dans ces conditions que les meilleures terres et les vignobles prestigieux sont de plus en plus souvent acquis par des multinationales étrangères, chinoises, nippones ou coréennes. La France des grandes périphéries est véritablement hors courant pour être devenue au mieux une sorte de variable d’ajustement et/ou une vaste jachère postindustrielle. Mais aussi… un authentique gisement de mégas revenus fiscaux au regard des juteuses taxes qui en sont extraites  ; notamment vu l’importance de sa consommation en hydrocarbures divers (essence/gazoil/fuel domestique) proportionnelle à la dispersion spatiale et à l’éloignement des infrastructures et des services.

En attendant la déroute finale, le pouvoir, impuissant à gérer la casse sociale qu’il a délibérément laissée se développer (effet de la mondialisation de l’économie, associée au processus de fédéralisation engagé au sein de l’Union européenne et à l’intégration euro-atlantique en cours via, par exemple, le Traité de libre-échange transatlantique – ne sait plus sur quel pied danser face à cette France périphérique et rurale qui se sent totalement abandonnée. La Fronde des Gilets Jaunes n’aura pas été de ce point de vue – et de loin - un simple feu de paille mais, en toute logique, doit ou devrait se réembraser à la première occasion, pendant ou après le 5 décembre prochain, conjointement ou indépendamment des mouvements sociaux orchestrés par des organisations syndicales en perte de vitesse mais ayant au demeurant - peu pou prou - partie liée avec le pouvoir macronien.

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Les syndicats  : courroie de transmission d’un pouvoir apatride

Remarquons au passage, cette drôle d’alliance paradoxalement contre nature entre ce qui fut naguère l’essence de la Gauche, l’internationalisme prolétarien qui, jetant bas le masque, se révèle être ce qu’il a toujours été un cosmopolitisme débridé. La République en Marche n’est que la mise en pratique du grand métissage fusionnel dans le creuset de la termitière universelle, le but ultime de la Révolution léniniste… lequel se contrefichait du prolétariat russe (amplement massacré et déporté) ne visant que la révolution mondiale (conception attribuée à tort au seul Trotski) et rien d’autre. Bref le grand rêve messianique de la Jérusalem terrestre (en réalité le bagne pour tous parce qu’il ne saurait y avoir de construction du socialisme sans réduction générale au statut d’esclave) se trouve tout entier contenu dans le discours de Sarkozy à l’école polytechnique de Palaiseau le 17 décembre 2008 et ses menaçantes envolées lyriques relatives au métissage obligatoire sous la férule de l’État  : … Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs, La France ne serait pas la France sans la passion de la République, de ses valeurs et de ses principes. La France ne serait pas la France sans la passion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité qui est le propre de la République… Et du «  métissage qui n’est désormais plus un choix mais une obligation  » à laquelle il peut plus être question de se dérober. Lors de la campagne présidentielle de 2012 le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (faux-nez de la Ligue communiste révolutionnaire), Philippe Poutou (et pitre utile), confronté à des journalistes facétieux (une fois n’est pas coutume) qui lui faisaient remarquer à quel point son programme de disparition des frontières ressemblait furieusement à celui de Wall Street. Interloqué celui-ci ne sut que répondre « moi ce que je veux, c’est la liberté  ».

À propos de cette Gauche syndicale déliquescente, émanation du Parti communiste, rappelons qu’en mai 2017, le Secrétaire général de la Confédération générale du Travail (CGT), Philippe Martinez souhaitait que «  Macron fasse le score le plus haut possible  » [lemonde.fr5mai17]. Mais, forcée de constater la dynamique engendrée par le mouvement des Gilets Jaunes, la centrale syndicale tentait rapidement de réinvestir la vague déferlant depuis le 17 novembre après l’avoir dénoncée début octobre comme un mouvement d’extrême droite reprenant en cela la rhétorique gouvernementale. Sous la pression de sa base, la direction syndicale revenait sur sa position (alignée sur celle du ministère de l’Intérieur), prenait le train de la contestation en marche et diffusait le 27 novembre un tract visant explicitement à récupérer la colère populaire à son profit… et par voie de conséquence, en sous-main, subrepticement, au bénéfice d’un macronisme expression de la nouvelle gauche cosmopolitiste, déracinée, apatride, ultra libérale-libertaire. Dans ce cas récupération est assimilable à neutralisation  : retenons cette manœuvre utile à sauver un peu de l’audience perdu (un reliquat de part du marché syndical) par les organisations professionnelles de Gauche et à servir paravent de protection (désamorçage et canalisation de la colère) au pouvoir. Bref, comprenons que les syndicats sont des éléments intrinsèques, des rouages, du système, ils aident et participent à son maintien, sa stabilité et à sa consolidation.

Un morceau d’anthologie  : «  Le mouvement des GJ exprime depuis le 17 novembre dernier, le ras-le-bol d’un peuple qui n’en peut plus d’être taxé, humilié, exploité, méprisé par un pouvoir toujours plus distant de sa réalité… Comme vous, nous vivons dans un monde que nous n’avons pas choisi, où celles et ceux qui luttent subissent au quotidien la propagande gouvernementale, la répression policière, l’utilisation politique des “casseurs”, les mensonges des médias… Beaucoup d’entre nous ont partagé vos mobilisations, gilets au coude à coude, même si nos “gilets” sont “rouges”… Notre objectif commun est de redonner le plus rapidement possible le pouvoir de décision au peuple, par le peuple, pour le peuple. Un pouvoir qui lui revient pleinement de droit  » [syndicollectif.fr/cgt-appel-aux-gilets-jaunes27nov2018].

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Ici, la dénonciation des «  casseurs  » ne manque pas de sel, sachant, que la CGT, utilisent à l’occasion les Antifas pour faire interdire de parole telle ou telle personnalité invitée à s’exprimer dans des cercles militants… n’hésitant pas, par le biais de ses nervis, à menacer ceux qui oseraient mettre à disposition des lieux de réunion. La boucle est – provisoirement – bouclée  : il n’existe pas de solution de continuité entre le pouvoir, la gauche et l’extrême gauche violente si utile à déconsidérer les GJ et à tarir leurs rassemblements. À l’heure actuelle, les discussions ne vont-elles pas bon train pour réunir les lambeaux épars des verts, socialo-communistes et des modérés, afin de redistribuer le gâteau territorial entre les différentes factions résiduelles de la Gauche et du Centre. Les marchandages électoraux sont déjà et seront intenses pour le plus grand accomplissement de la démocratie participative, n’est-ce pas  ?

Black blocs et Antifas nervis et supplétifs

Il faut insister sur l’extrême habileté (et l’efficacité) avec lesquelles le pouvoir est parvenu à casser les GJ, à les conduire à l’épuisement ou apparemment, à la fin du printemps dernier, à la quasi extinction. Effectuons un récapitulatif sommaire des méthodes employées … Dans les rassemblements, plutôt que de repousser les manifestants vers des issues de sortie comme cela doit se faire pour éviter les incidents, la technique vicieuse de la nasse (bouclage) a été systématiquement utilisée avec en sus, gazage surabondant, tirs de grenades offensives dites de désencerclement, matraquages, le tout combiné avec l’usage non restrictif de balles de caoutchouc… en fait, avec des munitions non initialement prévues par les lanceurs, qui se sont révélées très vulnérantes. Une répression à fort coût collatéral, mais à cause de cela à fort impact psychologique et particulièrement dissuasive  : manifester son rejet de la politique gouvernementale vaut-il de perdre un œil ou une main, d’avoir la mâchoire fracassée, les côtes enfoncées  ?

Chacun a pu voir cette stratégie encore à l’œuvre à Paris, place d’Italie, à l’occasion du 53e Acte, le samedi 16 novembre, jour anniversaire de l’Insurrection civique 6 commencé à l’automne 2018. Une nouvelle victime d’un tir de balle de défense - un journaliste indépendant - fut atteinte au visage. Comment ne pas penser que ces tirs sont intentionnellement destinés à blesser et à mutiler  ? Qu’ils sont en l’occurrence un moyen singulièrement odieux de dissuader les citoyens de faire entendre leur ressenti face à une insupportable mal-gouvernance  ? Noyée sous les fumées des incendies de poubelles et les gaz lacrymogènes, au milieu des véhicules retournés et en flammes, des abribus saccagés, le monument dédié au maréchal Juin vandalisé et partiellement détruit, la place présente dès la fin de matinée le charmant spectacle du chaos le plus achevé… Devant ces « violences et exactions », en début d’après-midi, la préfecture de police décide d’annuler la manifestation pourtant licite au moment précis où elle devait quitter la place d’Italie. Pontifiant, le préfet Didier Lallement7 déclarait  : « cette manifestation rassemblait des individus ne défendant pas une cause, mais procédaient à des destructions… et à des attaques systématiques contre les forces de sécurité et contre les pompiers  ». Mais qui s’est montré incapable de filtrer l’accès à ce point de rassemblement  ? Qui a autorisé cette concentration en un lieu encombré de chantiers (quelques uns parmi les 7000 ouverts par la mairesse de Paris, Mme Hidalgo, travaux publics qui défigurent la capitale et y rendent la circulation impossible) et des matériels afférents  ? Du pain béni pour les casseurs qui purent trouver sur place, à domicile, tous les projectiles et les combustibles propices à leur chienlit et à leurs violences. Alors si les autorités ne sont pas seulement laxistes, elles sont a fortiori complices.

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À la panoplie réputée sublétale des moyens physiques de répression, est venu s’ajouter le recours à des instruments juridiques aussi spécieux que discutables  : participer c’est se rendre complice des vols et des exactions commis en marge de manifestations par les casseurs… un terme générique qui évite de désigner nommément les Antifas et les Black blocs, ces supplétifs avons-nous dit, des forces de l’ordre, jamais arrêtés ni déférés devant u tribunal de flagrant délit, mais au contraire toujours laissés la bride sur le cou sous l’œil de caméras complaisantes. Facile ensuite de brouiller l’image des GJ, apolitiques et pacifiques au départ, qui, associés (ou amalgamés) aux actes juridiquement répréhensibles et moralement condamnables de ces bandes de nervis - au service évident de la place Beauvau - se voient durement discrédités. Dans le même ordre d’idée, le recours aux brigades anticriminalité [Bac], non formées pour les opération de maintien de l’ordre (et dont les personnels ont parfois la même allure - à s’y méprendre  : dégaine identique type caillera – que les bandes de casseurs), s’est avéré contre les GJ d’une certaine efficacité en contribuant à discréditer et à déconsidérer le mouvement auprès de la partie de la population la moins concernée ou la moins politisée.

Aucun doute n’est à présent plus envisageable  : les Black blocks – répertoriés, fichés, suivis, noyautés et infiltrés à satiété - sont et ne sont que des auxiliaires de police utiles voire indispensables à la survie du pouvoir républicain dans ce qu’il a de plus exécrable, par conséquent, protégés et intouchables. Déplorons que certains policiers et gendarmes, mal rémunérés, mal récompensés et bien peu considérés, pourtant sans doute parfaitement conscients de cette situation, de ces manipulations et des coups tordus qui en résultent, continuent à obéir passivement, préférant à l’occasion le suicide (pour des causes jamais publiées) à la désobéissance… Quoique le droit de refuser de suivre un ordre immoral soit reconnu par la loi  ! Il s’agirait en outre de connaître les «  règles d’engagement  » édictées par le sommet de la pyramide administrative. Qui décide et de quelles façons sont-elles interprétées aux différents échelons de la hiérarchie policière et par qui  ? Depuis 1972, de nouvelles dispositions réglementaires priveraient en principe les auteurs (ou les complices) d’une action contraire aux lois et coutumes de guerre, de faits délictueux ou criminels la faculté de s’abriter derrière l’ordre reçu si celui-ci apparaissait comme illégal. Les forces de sécurité publique devraient à ce titre se rendre à l’évidence qu’elles ne protègent ni la population, ni l’ordre (soi-disant) républicain, mais essentiellement la canaille des palais nationaux (fidéicommis de la haute finance) et une classe dirigeante grassement prébendière, ceci avec l’aide d’une anarcho-racaille… u rôle naguère dévolu à la populace des bas-fonds, le prolétariat en haillons, le lumpenprolétariat de Karl Marx  !

La République gère fort mal mais se défend à merveille

Les liens entre les casseurs, l’État et la Gauche néo-communiste met donc en évidence ou souligne une collusion à peine occultée entre le pouvoir, des groupes activistes et violents et des organisations politiques et syndicales chargées de récupérer le mouvement, de le canaliser pour mieux le désamorcer… en un mot pour mieux le faire rentrer dans le jeu de dupe du syndicalisme compradore. La soi-disant opposition de Gauche n’étant, vue sous cet angle, qu’une composante du système, un rouage parmi d’autres du mécanisme politique systémique, c’est-à-dire dont toutes les composantes – même et surtout oppositionnelles – concourent à la pérennité de l’ensemble… nous invitons sur ce point le lecteur à méditer le chef d’œuvre de George Orwell «  1984  »  !

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Le rejet général des violences de la part de l’opinion publique, concernant en premier lieu les atteintes perpétrées contre des symboles de la Nation tels le musée de l’Arc-de-Triomphe ou dernièrement, le monument du maréchal Juin, tout comme les incendies de commerces, de banques, suscite sans équivoque une réprobation aussi intense que spontanée. Déjà parce que ces comportements sont dissonants par rapport à l’expression d’un mécontentement populaire - certes profond - mais toutefois, dans sa vocation vécue, non encore insurrectionnel. En raison également de l’imprégnation des foules par le préjugé idéologique démocratique, selon lequel la pression populaire de la rue serait susceptible de faire avancer les choses et même de les transformer… même si les récents «  Printemps arabes  », leurs échecs patents ou bien d’autres événements en cours à travers le monde, montrent la vacuité d’une telle illusion.

Instinct de conservation, Gouvernance mondiale et Europe réelle

Pour ne pas conclure, la bonne gestion policière du mouvement grâce à une répression ne laissant aucune place aux états d’âme, laquelle se complète par un épais faisceau de techniques manipulatoires des GJ eux-mêmes et de l’opinion en général, démontre à l’envi - s’il en était encore besoin - la nature machiavélienne pour ne pas dire perverse d’un pouvoir qui, à défaut d’être apte à gérer intelligemment le pays dans l’intérêt de tous, met toutes ses capacités et ses forces à le mettre au pas. Constat qui doit tempérer nos espoirs immédiats (ou notre optimisme) et nous convier à toujours plus de réalisme et de détermination…

Là, dans ce iatus interne au système, pourrait néanmoins se trouver la pierre de touche du mouvement populaire face à un pouvoir incapable de surmonter la contradiction «  essentielle  » d’un pouvoir réduit à quadriller le territoire national dans l’obligation qu’il est de soumettre le pays réel pour mieux le faire entrer dans le moule de la mondialisation (à ne pas confondre avec une modernisation servant de prétexte). Concrètement l’État – lequel fait preuve d’une consternante absence d’imagination quant aux voies et moyens utiles à la liquidation en douceur de la Nation8 - s’évertue à employer mécaniquement des politiques d’austérité draconiennes (sous couvert de cahier des charges, de livre de recettes, de procédures sèchement comptables), sans le dire ouvertement et sans y parvenir vraiment (tel le nécessaire dégraissage des effectifs pléthoriques de l’état  : 5.666.000 fonctionnaires et assimilés au 31 déc. 2017)… on rabote sur tout mais sans finesse, ni véritable discernement. On travaille à la hache et à la louche  !

Nos gouvernants s’occupent d’abord du service de la dette (cette dernière atteint 100% du Pib  ; soit environ 2231,7 mds d’euros  ; même si aujourd’hui – pour le moment - les taux d’intérêts sont asymptotiques à zéro), mais jamais de son remboursement. Le refinancement se faisant chaque année par de nouveaux emprunts sur les marchés internationaux ce qui revient à creuser sans fin et abyssalement le déficit public. Tout ceci afin de se plier au dogme ultra libéral de l’effacement des frontières et du laisser faire laisser passer, de la main invisible et une concurrence pure et parfaite… Fumées opiacées de l’Utopie toujours meurtrière  !

La Révolution française étant ontologiquement - dans son être intime - une révolution libérale, M. Macron, en digne héritier et continuateur, va au bout de cette logique démentielle. Retenons pour finir que l’idéologie ultra libérale (celle de l’École de Chicago et du Nobel Milton Friedman) a opéré depuis longtemps sa jonction avec l’école freudo-marxiste dite de Francfort… Or c’est bien la convergence de ces deux courants de pensée révolutionnaires qui nous conduit à l’écroulement sociétal, politique, moral et spirituel que nous connaissons à présent. Toutefois, l’arbre ne devant pas cacher la forêt, comprenons que ce qui est en cause n’est ni plus ni moins que le projet messianique de disparition des peuples et des nations en tant que communautés organiques relativement homogènes aux plans ethnique, confessionnel, historique et culturel au profit de la termitières ou du mouvement brownien des monades leibniziennes.

Et c’est bien ce contre quoi, consciemment/inconsciemment, intuitivement, se sont dressés les GJ dont la «  colère  » n’exprime - plus ou moins - que le refus de mourir, en un mot une authentique manifestation de l’instinct de conservation… Raison pour laquelle, quelque soit la forme que cette insurrection civique prendra, les GJ ne sont pas morts et ne sont certainement pas prêts de s’effacer du paysage. Même s’il paraît à première vue, aux yeux de nos pseudo élites déracinées et nomades (elles prennent l’avion comme la France profonde prend sa voiture pour aller acheter son pain… ce qui est d’ailleurs à déplorer) plus facile de diriger un magma humain (ou une mosaïque constituée d’éléments étrangers les uns aux autres, culturellement, confessionnellement, ethniquement) qu’une communauté pensant et réagissant majoritairement à l’unisson.

Au demeurant ne nous serine-t-on pas tous les jours que Dieu fait, que le nationalisme c’est la guerre, tout comme l’Union fédérale européenne serait «  La paix  »  ! Tout comme pour le sieur Attali «  le souverainisme, c’est la haine, le racisme   » et même – fallait-il l’oser  ? - «  de l’antisémitisme   »… Première et apparemment unique préoccupation de nos élites  ! Diviser pour régner est devenu aujourd’hui une devise et une règle universelle, la gouvernance par le chaos sociétal… La théorie du genre, la guerre des sexes, l’islamophilie et la haine de soi, l’ethnomasochisme et au bout la confusion universelle. Comprenons alors l’insurmontable contradiction à laquelle se trouvent confrontés les larbins du mondialisme anoméen, anarcho-libéral, qui doivent à la fois conduire cette Grande transformation et procéder dans l’urgence des agendas planétariens, à la dissolution des États-Nations et à la destruction des peuples nés dans la matrice des temps historiques.

Cruelle contradiction que M. Macron essaie vainement ces derniers jours de dépasser en nous bassinant et en tentant de nous endormir avec de quotas d’immigration sachant que ce sont de quatre à cinq cent mille étrangers qui s’installent durablement chaque année en France. Reste que le brassage des peuples (principalement avec l’Afrique dont un scientisme dévoyé nous ressasse chaque jour qu’elle serait le berceau de l’humanité), est une priorité et un impératif auquel les dirigeants européens ne saurait déroger… Avant que l’Europe réelle ne s’aperçoive (ou ne prenne conscience) que si elle décidait d’exister en tant que puissance organisée (sous forme d’une confédération par exemple), elle serait la première économie planétaire… et le reste avec  !

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À la fin de l’été, au début de l’automne nous avons vu se succéder une multitude de mouvements revendicatifs catégoriels  : hospitaliers urgentistes, policiers (le 2 octobre la veille de l’attentat à la préfecture de police de Paris, ce qui a, en raison de l’émotion suscitée, a soufflé comme un bougie l’extraordinaire manifestation policière de la veille  ; nous ne ferons pas plus ample commentaire sur la succession nécessairement fortuite de ces deux événements  !). Puis l’on a vu défiler les professions libérales – avocats, médecins – décidés à sauver leurs caisses de retraite autonomes (et autofinancées), ainsi que les pompiers matraqués et gazés comme jamais les Blacks blocs ne le furent. Enfin la manifestation transcourant (plusieurs centaines de milliers de personnes passées sous silence et méprisées par la presse) contre la Loi sur la bioéthique (PMA ouvrant évidemment la voie à la GPA en dépit des mensonges éhontés de ses promoteurs) agrémentée des arguties et démonstrations grotesques développées par le duo de choc Buzin-Belloubet, respectivement ministre de la Santé et garde des Sceaux. La liste des protestations est bien loin d’être close et nous verrons ce qu’il en est le 5 décembre car tout laisse à penser que de nouvelles éruptions de mécontentement et de ressentiment sont à prévoir et à très court terme… Au final, malgré toute son habileté à manier le verbiage et à rouler les gogos dans la farine, la question se pose désormais de savoir si, réellement, M. Macron parviendra bien au bout de son mandat. Pari tenu  ?

24 novembre 2019

 

Jérôme Sainte-Marie sur le thème “Macron, le bloc bourgeois et les Gilets jaunes”

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Jérôme Sainte-Marie sur le thème “Macron, le bloc bourgeois et les Gilets jaunes”

 
Mercredi 9 janvier, aux “Mercredis de la NAR” nous recevions Jérôme Sainte-Marie sur le thème “Macron, le bloc bourgeois et les Gilets jaunes”. Diplômé de l’Institut d’Études politiques de Paris, politologue, spécialiste des études d’opinion, Jérôme SAINTE-MARIE préside la société d’études et de conseil Polling Vox.
 
Il a notamment publié « Le nouvel ordre démocratique » aux éditions du Moment en 2015. Au lendemain de l’élection présidentielle de 2017, Jérôme Sainte-Marie avait expliqué que le clivage droite-gauche s’estompait au profit d’un affrontement entre « libéralisme élitaire » et « souverainisme populaire » dont les Français avait de plus en plus nettement conscience et qui pourrait conduire à de très fortes tensions si un programme ultralibéral était appliqué.
 
Comment analyser aujourd’hui “Macron et le bloc bourgeois face à la révolte des Gilets jaunes ?”
 

Thomas Ferrier: une interprétation audacieuse du fascisme

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Thomas Ferrier: une interprétation audacieuse du fascisme

par Georges FELTIN-TRACOL

Patron du « Libre-Journal des Européens » un mardi sur quatre en semaine C de 21 h 30 à 23 h 00 à Radio Courtoisie, président – fondateur du Parti des Européens et animateur engagé sur YouTube, Thomas Ferrier étudie l’histoire du fascisme en Europe dans un ouvrage dense sur le fond et succinct (un peu trop ?) sur la forme.

Ferrier-209x300.jpgIl intègre sous ce terme l’ensemble des mouvements politiques européennes entre 1918 et 1945, y compris le national-socialisme allemand. Il complète son (assez) courte étude par trois annexes sur les relations entre le paganisme et le national-socialisme, les symboles fascistes et le mésusage par l’hitlérisme du mot « Aryen ». Ainsi Thomas Ferrier observe-t-il que le fascisme « idéal » se manifeste en une profusion de fascismes historiques, car « ce qui modifie le fascisme idéal en un fascisme historique, c’est le contexte politique et le contexte national (p. 91) ».

Au-delà du socialisme

L’auteur apporte cependant un éclairage aujourd’hui largement occulté : « Le fascisme puise ses racines dans la tradition européenne, et a été l’aboutissement sous la forme d’une synthèse nouvelle de nombreux thèmes antérieurs (pp. 5 – 6). » Au risque de choquer une opinion publique moutonnière, il est patent que « la triade Machiavel – Voltaire – Nietzsche est un des fondements idéologiques du fascisme (p. 35) ». Il ajoute même que « le fascisme est un des héritiers de la Révolution française de 1789 (p. 29) ». Syncope générale au Grand Orient de France et chez Vincent Peillon !

De ce constat fort peu historiquement correct, il s’interroge sur la complexité originelle du national-socialisme allemand. Celui d’Adolf Hitler qui dirigea l’Allemagne une douzaine d’années associait un pangermanisme dément, un antisémitisme forcené et une slavophobie exacerbée. Héritier indirect des socialistes révolutionnaires français Auguste Chirac, Alphonse Toussenel et de Benoît Malon, « l’antisémitisme fasciste est essentiellement issue de la gauche, mais de celle du XIXe siècle (p. 19) ».

Thomas Ferrier avance par exemple que « le national-socialisme d’Hitler est un authentique mouvement socialiste et de gauche mais qui, pour des raisons politiques, a laissé partiellement son programme en suspens en attendant de pouvoir l’imposer intégralement (p. 73) ». Les premiers mois de l’après-Première Guerre mondiale demeurent d’ailleurs assez obscurs pour Adolf Hitler. Avant d’être retourné (ou de changer de camp au bon moment) et de devenir un officier de renseignement politique, le futur Führer « semble bien avoir brièvement fait partie de la SPD, la social-démocratie allemande, dans sa frange la plus révolutionnaire, proche de la USPD [NDLR – EM : les socialistes indépendants à l’origine du mouvement spartakiste]. En effet, il était selon toute vraisemblance garde rouge à Munich en 1918 et il aurait même assisté aux funérailles du dirigeant socialiste Kurt Eisner (p. 71) ».

Cette information renforce le parallélisme entre Adolf Hitler et Benito Mussolini dans leur formation initiale socialiste-révolutionnaire. Thomas Ferrier assume que sa « grille de lecture […] consiste à prendre au sérieux la dimension socialiste du fascisme (p. 5) ». « En tant que socialisme communautaire, le fascisme met l’accent sur l’intérêt général en même temps que sur l’identité propre à cette communauté (p. 25). » Joue ici la polysémie du vocable « communauté ». Le fascisme s’inscrit dans trois catégories de communautés éventuellement rivales : l’État, la race ou bien la priorité accordée à la question sociale, ce qui se traduit par le syndicalisme national. Toutefois, hors du fait national-syndicaliste, le fascisme demeure « également un nationalisme mais révolutionnaire (p. 14) ».

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Thomas Ferrier évoque par conséquent un socialisme national idéal articulé autour d’un socialisme non marxiste et non collectiviste, d’un nationalisme ethnique revendiqué, d’une conception « res-publicaine » des institutions publiques, d’une démocratie autoritaire, directe et organique, de l’écologie radicale et d’une spiritualité païenne – polythéiste. Présenté ainsi, le socialisme national ou « le fascisme se distingue profondément de l’extrême droite. Celle-ci est cléricale, chauvine, réactionnaire et monarchiste, et s’oppose au nationalisme ethnique (p. 23) ». Pour preuve, le renversement du Duce en juillet 1943 par le Grand Conseil du fascisme avec l’aval du roi Victor-Emmanuel III et l’attentat raté de juillet 1944 du colonel von Stauffenberg contre le Führer. « La réaction, poursuit Thomas Ferrier, n’entend pas tolérer un 1789 fasciste (p. 83). »

Une réponse païenne

Bien mieux que les collectivistes, les anti-fascistes les plus véhéments demeurent les conservateurs, souvent fort religieux surgis du catholicisme. Ils se méfient avant tout de sa portée spirituelle. « Le fascisme met naturellement en avant le paganisme, celui du peuple auquel chaque parti fasciste s’adresse (p. 14). » Il détient une autre conception du monde. Si « vouloir sortir l’Europe de 1500 ans de christianisme était osé (p. 99) », l’auteur insiste sur l’essence spirituelle du fascisme qui ne relève pas du christianisme. « Le paganisme est perçu comme une religion républicaine et authentiquement européenne développant les vertus héroïques et guerrières, et compatible avec les autres éléments doctrinaux, notamment l’écologie et le nationalisme (pp. 88 – 89). » Tout cet arrière-plan est ignoré quand on accuse aujourd’hui quelqu’un d’être fasciste. « À peine mort, souligne encore l’auteur, son nom a servi à désigner tout et n’importe quoi (p. 6). »

En Européen convaincu, Thomas Ferrier signale enfin que « le fascisme est également favorable à la formation d’une Nouvelle Europe dans une perspective aryaniste (p. 15) ». Or cette dernière ne se restreint pas au seul paganisme. L’aryanisme a pu être chrétien avec la thèse chère à certains Völkischen du Christ aryen puisque la racine Gal indique la présence de tribus celtiques – gauloises en Gaule, au Pays de Galles, en Galilée, en Galicie, en Galatie et en Galice.

« La renaissance de l’Europe aurait-elle besoin que le fascisme, même dissimulé sous un autre nom, aboutissement d’une idéologie européenne énergique qui plonge ses racines dans l’Antiquité européenne la plus ancienne, soit réhabilité quant à ses valeurs, sans que cela n’implique le retour à une conception totalitaire et criminogène, en somme compatible avec la démocratie ? (pp. 97 – 98). » Thomas Ferrier le pense. Il mentionne par exemple une multitude de formations fascistes en Europe dans les décennies 20, 30 et 40 du XXe siècle. La Pologne de l’Entre-deux-guerres fut riche en mouvements fascistes divers et variés. En Grande-Bretagne, avant l’arrivée des « Chemises noires » de Sir Oswald Mosley en 1932 existait dès 1916 (et non 1918 !) un National Socialist Party de l’antisémite Henry Mayers Hyndman (1842 – 1921). L’ouvrage aurait mérité de mieux entrer dans les détails afin d’examiner leurs différences programmatiques tangibles.

Signalons enfin un oubli majeur et deux erreurs relevés dans Fascismes d’Europe. Thomas Ferrier n’évoque jamais Qu’est-ce que le fascisme ? de Maurice Bardèche et sa conception anhistorique du fascisme. Il est en revanche inexact, d’une part, de parler d’une « Internationale » fasciste dès 1946. Le Congrès fondateur du Mouvement social européen se déroule à Malmö en mai 1951. L’erreur plus manifeste concerne « Vilfredo Pareto, philosophe socialiste (p. 41) ». L’économiste et sociologue italien a certes écrit Les systèmes socialistes pour les condamner, lui qui professait volontiers le libéralisme.

Fascismes d’Europe de Thomas Ferrier n’en demeure pas moins une belle introduction au « croque-mitaine » des idées politiques du siècle dernier. Il risque de ne pas satisfaire les connaisseurs pointus du sujet. Néanmoins, grâce à une vraie aptitude pédagogique, il est facile et finalement plaisant de plonger dans cette histoire condensée des fascismes européens.

Georges Feltin-Tracol

• Thomas Ferrier, Fascismes d’Europe. Origine, idéologie, histoire…, Les Bouquins de Synthèse nationale, coll. « Idées », 2019, 121 p., 18 €.

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dimanche, 01 décembre 2019

La Droite buissonnière de François Bousquet

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La Droite buissonnière de François Bousquet

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

 
Nous avouerons sans peine que l'essai que François Bousquet a consacré à Patrick Buisson, un auteur à réputation médiatiquement sulfureuse que j'avais évoqué dans cette note, se lit non seulement sans peine mais avec un assez vif plaisir : nous sommes là, tout de même, avec La Droite buissonnière, face à un commentateur qui possède ses lettres et sait, à l'occasion, en jouer, à l'inverse des arrivistes incultes que sont Eugénie Bastié et Alexandre Devecchio pour n'en citer que deux parmi tant d'autres, que Jean-François Colosimo n'hésite pourtant pas à publier au Cerf, sans doute parce qu'il estime que leur surface médiatique est inversement proportionnelle à la qualité de leur prose insipide, et que dire de ce qui leur tient lieu de culture et de pensée. N'oublions pas que cette même Eugénie Bastié a pu être présentée, dans le numéro du mois de juin 2017 de la revue Éléments dont François Bousquet est le rédacteur en chef, comme une authentique insoumise, et que ce dernier a assuré la promotion, à l'occasion d'une conférence au cercle bruxellois Pol Vandromme, du dernier ouvrage d'Alexandre Devecchio, que j'ai surnommé Monsieur Euh... (un Euh... bien appuyé, vous suçant la semelle comme une plaque de gadoue) tant il est incapable d'aligner plus d'un mot sans prononcer celui de son fier patronyme, et qui, habitué du Figaro, n'a pas exactement besoin, euh..., de publicité. Autant de petites raisons, que les nobles âmes jugeront évidemment mesquines et même lamentables ce dont je me contrefous comme il se doit, qui pourraient me faire prendre en grippe une revue qui incarne à peu près tout ce que je déteste : le copinage idéologique à voilure plus ou moins ample, et qui n'épargne à l'évidence aucun organe de la Presse, y compris (surtout sans doute) tel ou tel qui se présente comme absolument pur de toute contamination consanguine.
 
Ajoutons, histoire d'enfoncer le clou ou d'aggraver mon cas ce sera selon, qu'Éléments n'a jamais cru devoir évoquer mon travail si ce n'est il y a fort longtemps, par le biais d'un Ludovic Maubreuil ou d'un Christopher Gérard. Cela ne m'empêche certes pas de dormir, pas plus que mon sommeil n'en a été troublé depuis que j'explore la Zone, mais enfin, quand je vois la place accordée à tant de nullités dont la moindre dégoulinade est tournée en bouche comme un nectar d'intelligence, quand je vois la haute considération entourant le ridicule Renaud Camus, je me dis que cette revue, puisque, à tout le moins, elle ne cesse de se dire indépendante de toute chapelle et de toute alcôve, s'honorerait d'évoquer le colossal travail d'anarque que j'abats depuis des années, et cela sans bénéficier des petites aides et renvois d'ascenseur si communs à droite, à gauche, au centre et aux bords (pour ne pas dire extrêmes). Ces plaisantes saillies, nous le verrons plus loin, ne traduisent pas que mon bannissement de ce type de revue, mais un mal plus profond, en lien direct avec le sujet du livre de François Bousquet : non seulement l'éparpillement des clans, à droite, pouvant peser sur une réflexion politique mais l'absence de véritable socle intellectuel sur lequel en bâtir une, ce qui est infiniment plus grave on me l'accordera.
 
Ce n'est en tous les cas que tardivement que j'ai lu le livre de François Bousquet, alors que je l'avais reçu au mois de mars 2017 en ma qualité de membre du jury de feu le Prix du livre incorrect, qu'André Bonet a récemment sabordé, sans doute pour laisser place nette aux batraciens de L'Incorrect, tout contents de pouvoir ainsi récupérer à moindres frais un intitulé qui leur permettra eux aussi de récompenser les productions de leurs petits copains et seulement elles, voire de les inviter à partager la flache dans laquelle ils barbotent et croassent lorsqu'ils voient passer une blonde à regard vide prénommée Marion, espérant qu'elle daignera leur accorder un chaste baiser qui les transformera aussitôt en Princes de la Chrétienté écrasant de sa superbe germanopratine et de son marteau dialectique le rusé donc fourbe Sarrazin.

FB-drbuiss.jpgMe relisant, je me dis que j'ai finalement du mérite à m'être en fin de compte plongé dans la lecture de l'ouvrage de François Bousquet dont on ne pourra guère m'accuser, du coup, de vanter louchement les mérites qui, sans être absolument admirables ni même originaux, n'en sont pas moins bien réels : mes préventions, toujours, tombent devant ma curiosité, ma faim ogresque de lectures, et ce n'est que fort normal.

J'affirmais que ce gros ouvrage de quelque 400 pages pour une fois à peu près correctement revu (1) se lisait très agréablement, peut-être parce qu'il se place sous les auspice du titre d'un des textes les plus connus de l'excellent critique que fut le regretté Pol Vandromme, sans doute encore parce qu'il évoque bellement des auteurs tels que Georges Bernanos (cf. p. 62) ou encore Pier Paolo Pasolini (cf. p. 36) et Léon Daudet, le gros Léon dont le verbe si extraordinairement pugilesque fut tout sauf rond et bonhomme (cf. p. 64), surtout enfin parce qu'il ne dédaigne pas appeler un chat un chat et une nullité journalistique une nullité journalistique (2) tout en filant, ici ou là, la métaphore, sans trop d'exagération pour que la pratique ne nous paraisse pas une coquetterie censée masquer de véritables lacunes ou faiblesses : «pour le Buisson ardent, le bûcher est toujours allumé» (p. 143) ou bien à propos de l'influent Alain Bauer, dont «l'entregent est transversal et transpartisan» et qui «graisse les gonds des portes du pouvoir ou les grippe au nom des solidarités d'appartenance», les siennes allant «préférentiellement à la franc-maçonnerie et à la police» (p. 348). D'autres font les frais, et c'est heureux, de l'alacrité de François Bousquet, excellent porte-flingue de Patrick Buisson puisque, au rebours des plus basiques règles de la défense rapprochée, il tire avant de désarmer l'adversaire ou plutôt, avec ces guignols malfaisants, l'ennemi. Enfin, un peu d'acidité distillée dans une écriture point aussi insipide que la camomille sirupeuse des sous-pigistes du Figaro et des maréchalistes à jabot transparent, incorrection germanopratine, petits poings roses fermés sous des gants de soie et langue effiloché et filandreuse !

On jugera ces traits de l'esprit des facilités, ce qu'elles ne manquent pas d'être bien sûr, même si elles restent, à une époque où l'essayiste le plus accompli écrit comme un notaire constipé, plus que jamais nécessaires à notre plaisir de lecteur, surtout aussi lorsqu'il s'agit de défendre et d'illustrer l'action d'un conseiller de l'ombre encore vivant sur lequel est tombé à bras raccourci et langue pendue «un syndic d'ambitions médiocres qui ne donnent leur mesure que coagulées contre l'homme seul, qu'il s'appelle le colonel Chabert, le cousin Pons, Vautrin ou Patrick Buisson» (p. 352). C'est sans doute en faire un peu trop dans la paternité d'un homme débarrassé des «affiliations partisanes» et appartenant selon notre commentateur aux irréguliers, aux anarques (tiens !) et aux mauvais esprits (p. 371) pour le coup même si, dans cette défense truculente, François Bousquet est infiniment plus convainquant qu'une Muriel de Rengervé endossant son armure de sainte Pucelle pour porter secours à Renaud Camus emprisonné dans la plus haute tour de son petit château.

Si la forme est agréable, le fond ne démérite pas, puisqu'il se propose d'examiner à l'air libre quelques-unes des racines intellectuelles ayant façonné la pensée politique de Patrick Buisson, que nous pourrions, en collant plusieurs citations de François Bousquet, résumer en peu de mot : une droite, buissonnière donc, autrement dit qui n'a pas eu peur de frôler les pires interdits structurant l'idéologie française et, plus largement, une politique qui «reposera sur l'imitation des pères, par l'émancipation des fils, et proclamera une loi entre toutes supérieure» consistant pour l'homme à s'acquitter, «noblesse oblige» (p. 65), de la charge qu'il a contractée dès sa naissance. Il s'agit donc de sortir, pourquoi pas par l'action du Prince ou plutôt du conseiller du Prince qui est aussi, selon Bousquet, le Prince des conseillers, de l'âge de la «moyennisation» tel qu'elle fut diagnostiquée par le sociologue Henri Mendras, à savoir un «effondrement de la qualité humaine» (p. 91) qui sera ainsi commodément rangée dans les petits tiroirs des pions déconstructeurs maîtres du nouveau monde dans lequel nous sommes d'ores et déjà entrés, où «toutes les identités subsidiaires, voire parodiques», sont recevables, «sauf l'identité nationale» selon les mots mêmes de Patrick Buisson que cite François Bousquet (p. 254).

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Quoi qu'il en soit, le rôle de Patrick Buisson n'est absolument pas à minimiser, malgré l'évidente nullité intellectuelle et la versatilité opportuniste du Président Nabot qu'il a conseillé car, selon François Bousquet, nous avons assisté à un véritable changement «dans l'ordre du discours» et même, n'hésite pas à affirmer l'essayiste, à «une révolution conservatrice», du moins à ses «premières lueurs», Sarkozy en ayant été «l'instrument», «inconscient, somnambulique ou contrarié, comme on voudra» et Buisson le «ventriloque» (p. 364). En fait, tout l'intérêt du livre de François Bousquet, outre celui consistant à reprendre, pour les contrer point par point, les allégations et fantasmes d'une Presse devenue totalement consensuelle et la gardienne du Camp du Bien, aura été de démontrer que «la ligne Buisson», moins que le politique on l'a vu si piètrement incarné par l'époux de Carla Bruni que moque allègrement François Bousquet, se sera efforcée d'agir sur l'ordre symbolique (cf. p. 366), osant de nouveau prononcer, après tant d'années d'une honte si intimement assimilée par les habitants de notre pays démoli qu'elle semble surgir immédiatement prête toutes les fois que naît un Français ne sachant quasiment plus rien de l'histoire grandiose de ce qu'il hésitera à reconnaître comme étant son propre pays, quelques mots chargés de dynamite (autorité, nation, etc.), même si nous avons pour le moins beaucoup de mal à imaginer de quelle façon nous pourrions faire revenir l'assise française, et cela dans ses composantes socio-intellectuelles, dans une «matrice chrétienne» (p. 370) qui ma foi, si elle n'est pas surnaturelle, aura au moins en toute logique théologienne force raison de disparaître, engloutie dans sa médiocrité et sa faiblesse.

Nous touchons-là le centre de l'essai de François Bousquet, que nous pourrions rapprocher des petites remarques ironiques mais pas moins vraies émises en début d'article, et qui n'étaient que faussement superficielles puisque, après tout, le livre de François Bousquet peut se lire, aussi, comme l'analyse spectrale de la droite française ou de ce qu'il en reste : aujourd'hui, le camp de la Réaction que nous opposerons au camp perclus du soi-disant progressisme qui ne fait que du surplace et du rabâchage depuis des lustres, est difficilement tenu par une poignée de petits cercles plus ou moins de droite ou d'extrême droite, mais qui en aucun cas n'accepteront de se fondre en une puissante force capable de porter vers la présidence de la République une personne censée porter et même mettre en pratique ses idées. Nous nous trouvons bien au contraire face à une multitude d'intérêts, parfois profondément contradictoires (la droite royaliste méprise la droite lepéniste qui le lui rend bien, la droite catholique se pince le nez et murmure des oraisons devant la droite païenne qui la trouve fossilisée, la droite anarchiste les regarde toutes de haut), mais qui pourtant ne se privent pas de s'entraider, ou, plus sordidement, de s'entrelécher à l'occasion et suivant les intérêts, petits ou grands. Patrick Buisson a cru ou semblé croire, un temps du moins, que Nicolas Sarkozy, en dépit de sa médiocrité politique et intellectuelle patente, pouvait traduire ces idées de droite, jamais vraiment appliquées, en actes, comme si un homme mille fois plus constant, courageux et intelligent qu'il ne l'aura jamais été pouvait, à lui tout seul, replanter l'arbre français catholique déraciné, conférer une nouvelle harmonie à un organisme privé de vertèbres, de cœur et même de cerveau, pour ne rien dire de l'âme !

BdC-île.jpgReste une autre solution, plus fictionnelle, donc métapolitique, que réellement, modestement politique, sur le papier en tout cas ne souffrant point l'endogamie propre à l'élite française, de droite comme de gauche, solution purement romanesque qu'explore Bruno de Cessole dans son dernier livre, L'Île du dernier homme, et que nous pourrions du reste je crois sans trop de mal rapprocher de la vision de l'Islam développée depuis quelques années par Marc-Édouard Nabe, consistant à trouver, dans la vitalité incontestable des nouveaux Barbares, le sang nécessaire pour irriguer la vieille pompe à bout de force d'un Occident en déclin, d'une France complètement vidée de sa substance, d'un arbre, si cher au Barrès des Déracinés, qui a perdu toutes ses feuilles et ne fait plus de bourgeons. Je doute que cette vision que l'on pourrait à bon droit qualifier de facilement esthétisante ou de dangereusement nihiliste et que je me bornerais pour ma part à prétendre strictement réaliste, ainsi qu'une voie géopolitique méritant, comme une autre, d'être explorée du moins intellectuellement, comme le montre par exemple le propos d'un Michel Houellebecq dans Soumission, je doute donc qu'une telle ligne, fictionnelle au mauvais sens du terme, fictive, puisse être facilement acceptée par Patrick Buisson ou même par son excellent interprète, François Bousquet. Pour ma part, la plus grande des fictions, la plus ridicule des fables serait assurément de croire que la France va être rebâtie autour du sabre et du goupillon : les épées sont de mousse et les curés michetonnent le surnaturel.

Notes

(1) François Bousquet, La Droite buissonnière (Éditions du Rocher, 2017). Je n'ai relevé qu'une seule coquille, outre un détail d'ordre typographique (cf. p. 229) à la page 228, revenue et non pas «revenu» puisque l'auteur évoque la gauche, couvertures de magazines plutôt que «magazine» (p. 356). Notons aussi quelques répétitions malencontreuses de termes à quelques lignes d'écart (comme «jamais» p. 270 ou «également» p. 323).
(2) Mention spéciale à Ariane Chemin, objet, avec sa collègue Vanessa Schneider du Monde du mépris viscéral de l'auteur, en raison de la pseudo-enquête qu'elles ont publiée sur Patrick Buisson en 2015, intitulé Le mauvais génie.

Improvisations européennes

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Improvisations européennes

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Ancien rédacteur des discours du premier président du Conseil européen, le Belge Herman van Rompuy, et auparavant conseiller politique du libéral Frits Bolkestein, le Néerlandais Luuk van Middelaar examine en historien et en philosophe politique le fonctionnement de l’Union dite européenne dans un essai incontournable, Quand l’Europe improvise. Dix ans de crises politiques (Gallimard, coll. « Le débat », 2018, 412 p., 24 €).

Longtemps, l’organisation de Bruxelles a végété dans une rassurante routine. « Traditionnellement, les institutions de l’Union européenne, écrit-il, sont uniquement aménagées en fonction d’une politique de la règle afin de construire et d’équilibrer un marché (p. 25). » Or une série de crises majeures (sort de l’euro, désastre financier grec, guerre dans l’Est de l’Ukraine, arrivée massive des « migrants », Brexit, élection de Donald Trump) bouleverse cette douce torpeur. « Dans ces crises, observe l’auteur, l’Union a dû abandonner le cadre sacro-saint de sa vision éternaliste et agir pour survivre. Une tâche colossale : être prête à faire face aux imprévus et mener une politique de l’événement (p. 222). » Jusqu’à ces moments critiques cruciaux, les instances dites européennes se complaisaient dans la « politique de la règle », car « le projet de construction initial, resté longtemps dominant, poursuit-il, consiste dans la dépolitisation par le droit (p. 19) ». Dans une approche très schmittienne, Luuk van Middelaar pense que « les crises exigent une capacité d’action politique différente de celle que permettent les structures bruxelloises traditionnelles. Elles requièrent non des normes, mais des décisions (p. 18) ». Les dirigeants de l’Union pseudo-européenne ont dû improviser afin de donner un contenu politique pertinent à un ensemble polysynodal en proie à la multiplication des oppositions, des fractures et des contentieux.

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Il en résulte de fortes tensions entre le Conseil européen, la Commission, le Parlement européen, les agences supranationales, voire la Banque centrale de Francfort et la Zone euro en tant que telle. Ces différents, parfois virulents, sont légitimes puisque « l’Union regroupe une diversité d’États qui apportent chacun leurs intérêts, leurs valeurs et leur expérience à la table des négociations (p. 230) ». L’auteur a-t-il saisi l’essence des rouages eurocratiques ? Dans un entretien accordé à la revue Nationalisme et République (n° 2, automne 1990), le professeur Julien Freund déclarait déjà : « Ce qu’il importe que les Européens comprennent, c’est que leur civilisation n’a jamais reposé sur une équivalence, mais sur des possibilités de contestations, de conflits et par conséquent sur des compromis vivifiants dans le respect des différences de vivre des divers peuples qui composaient l’Europe. » Un embryon de souveraineté s’ébaucherait-il au moyen des réunions fréquentes du Conseil européen ? Cette assemblée regroupe les chefs d’État et de gouvernement des États membres ainsi que son propre président et celui de la Commission; elle devient ainsi l’exécutif collectif ultime hors de toute classification constitutionnelle habituelle. Le Conseil européen prend à partir d’un consensus unanime (ou presque !) des initiatives déterminantes qui peuvent outrepasser la lettre des traités européens.

LVM-livreNL.jpgL’auteur justifie cette primauté institutionnelle. « L’Union est une alliance d’États et non un État. Les moyens humains et matériels de la politique étrangère demeurent en grande partie entre les mains des membres. Cela vaut tant pour les diplomates que pour les forces armées, les services d’espionnage ou les fonds alloués (p. 319). » Mieux, depuis 2009, le Conseil européen n’accepte plus les ministres des Affaires étrangères. « Ce retrait […] revêt une signification bien plus large : la politique européenne n’est plus de la politique étrangère, elle est devenue avant tout politique intérieure (p. 282) ». Pour y participer, « on envoie le chef de l’exécutif politique (p. 279) ». Mais Luuk van Middelaar ne maîtrise pas le droit constitutionnel; il oublie qu’en période de cohabitation française ou polonaise peuvent siéger côte à côte les deux responsables nationaux, chef d’État et chef de gouvernement.

Luuk van Middelaar remarque qu’« en plus d’être un fait historique et juridique, l’Europe politique n’a cessé d’être une promesse, la promesse d’une nouvelle ère, de “ plus jamais la guerre ” (p. 237) ». Il lui manque une maturité acquise de manière tragique. Cependant, « dans des situations anormales, la politique sous-jacente sort de l’obscurité pour se manifester sur le devant de la scène (p. 15) ». Les quelques crises qu’il évoque ne sont qu’un tout petit aperçu des prochaines tempêtes.

Tenant d’une « souveraineté européenne », Emmanuel Macron l’a-t-il compris, lui qui annonce dans The Economist la « mort cérébrale de l’OTAN » ? L’auteur l’anticipe. À ses yeux, « pour la France et l’Europe, la question décisive se trouve à Berlin. Si les Américains replient leur parapluie nucléaire, où les Allemands iront-ils chercher refuge ? Dans la neutralité ? Dans un nationalisme de puissance moyenne ? Ou dans un système européen garanti au fond par la force de frappe française ? La dernière option, pour l’instant la plus probable, redistribuerait les cartes entre Paris et Berlin et pourrait même entraîner des quid pro quo, des échanges de bons procédés sur d’autres plans, y compris celui de l’euro (p. 407) ». Or, il relève aussi l’éclatant contraste d’ordre ethnopsychologique entre les Français et les Allemands. « Les différences de caractère entre ces peuples rejaillissent dans leur façon d’interpréter les concepts “ règle ” et “ événement ”. En Allemagne, la règle équivaut à l’équité, l’ordre, l’intégrité. En France, par contre, le centre de gravité sémantique du mot se déplace légèrement, passant de la protection à l’obstruction : et voilà que la règle renvoie à la coercition et à la soumission. […] Face aux règles, Paris a tendance à plaider en faveur d’un surcroît de flexibilité, tant pour les autres que pour elle-même. La France justifie de préférence la violation d’une règle en avançant des “ circonstances exceptionnelles ”. Berlin, qui observe cette attitude depuis quatre décennies, l’estime irresponsable, opportuniste et témoignant de mauvaise foi. Aux Allemands, qui donnent la priorité à une juste application de la même règle budgétaire par tous, on reproche d’être rigides et bornés quand on n’attaque pas leur obsession historique de l’inflation (p. 232). » Ces divergences fondent-elles pour autant une souveraineté contractuelle commune ?

Luuk van Middelaar oublie seulement de mentionner que même isolationnistes, les États-Unis n’accepteront jamais une quelconque indépendance stratégique de l’ensemble européen. Il n’est pas anodin que des pans entiers des industries d’aéronautique, d’armement, d’informatique, de bio-technologie du continent européen soient dès à présent dans les mains des entreprises étatsuniennes. Le rêve des nationalistes yankees à la Steve Bannon serait de remplacer l’OTAN par des accords bilatéraux de défense conclus entre Washington et chacune des quelque trente capitales soumises du Vieux Continent. L’émancipation de l’Europe n’est pas pour demain, ni même pour après-demain.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 149, mise en ligne sur TV Libertés, le 25 novembre 2019.