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dimanche, 18 mai 2014

21 mai : manifestation contre le gender à Lyon

21 mai : manifestation

contre le gender à Lyon

 
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samedi, 17 mai 2014

Diaboliser et être diabolisé, le cercle de la haine

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Front national: diaboliser et être diabolisé, le cercle de la haine

Ex: http://huffingtonpost.fr

Pierre-André Taguieff est l'auteur du livre Du diable en politique. Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire, Paris, qui parait le 15 mai chez CNRS Éditions.

Voici plusieurs extraits en exclusivité pour le Huffington Post.

On peut définir la diabolisation comme un acte de discours à visée polémique consistant à transformer en diable, ou en représentant du Mal, un adversaire, individuel ou collectif, traité en ennemi absolu. Elle représente une forme de catégorisation négative d'un individu ou d'un groupe humain, dans le cadre d'un conflit ou d'un affrontement. Elle implique une déshumanisation de l'autre, qui fait l'objet d'une réduction (à une figure non humaine) et d'une reconstruction, faisant surgir une altérité intrinsèquement négative et chimérique. Les propagandes politiques y recourent, comme les propagandes de guerre. Il s'agit à la fois de faire peur et de faire haïr, pour faire agir dans un certain sens. La diabolisation constitue donc une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un opposant, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont par là même transformés en ennemis, et en ennemis redoutables.

Diaboliser, c'est dénoncer et condamner un individu ou un groupe assimilé à une incarnation du Mal. Et, partant, créer un ennemi absolu, absolument redoutable et haïssable, contre lequel tout est permis. Celui qui diabolise l'autre (l'opposant ou le différent) se classe par là même dans la catégorie des représentants du Bien, voire des combattants du Bien. (...)

La diabolisation de l'ennemi est une opération qui fait partie de la logique du nationalisme, dont la stratégie est d'abord défensive. Les nationalistes désignent leurs ennemis, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour. Ils sont accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre. D'où le cercle vicieux de la diabolisation, vouée au mauvais infini de la rivalité mimétique : la diabolisation appelle la diabolisation. Diaboliser l'autre, c'est inciter l'autre à nous diaboliser en retour. Il en va de la diabolisation comme de la haine ou de l'intolérance, créatrices de cercles vicieux. « L'intolérance provoque l'intolérance », notait Anatole Leroy-Beaulieu à l'époque de l'affaire Dreyfus (...)

Lorsqu'on aborde le cas du Front national, on rencontre une interaction polémique complexe entre diabolisateurs et diabolisés. Car les leaders du FN, à commencer par Jean-Marie Le Pen, n'ont cessé de diaboliser leurs adversaires et leurs rivaux, sans compter les renégats de leur mouvement. Ils diabolisent aussi les causes supposées des malheurs ou du déclin de la France. Comme le rappelle Pascal Perrineau (La France au Front, Paris, Fayard, 2014), « le Front national excelle plus que toute autre force politique à stigmatiser des "diables" et des ennemis à livrer à la vindicte populaire : les multinationales, l'Europe, la mondialisation, le "libre-échangisme", l'"euromondialisme", l'islamisme, les communautarismes, l'"UMPS", mais aussi la "Caste", les élites, les eurocrates, l'"hyperclasse", les califats, l'"Établissement", les immigrés, les technocrates... » En outre, c'est par la diabolisation de son président que le FN est sorti de la marginalité. Le diabolisateur Le Pen semble avoir joué la carte de sa propre diabolisation par ses adversaires politiques. On se souvient des provocations verbales de Jean-Marie Le Pen, amateur de jeux de mots douteux (« Durafour crématoire ») et de formules minimisant ou mettant en doute le génocide nazi des Juifs d'Europe (l'affaire dite du « point de détail »). L'auto-diabolisation volontaire par la provocation systématique aurait ainsi représenté un outil tactique pour percer le mur du silence ou de l'indifférence, l'un des stratagèmes utilisés par un Le Pen en quête de visibilité médiatique. La diabolisation provoquée peut donc faire l'objet d'un choix stratégique. Prendre la posture du diabolisé et la mettre en scène, c'est se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un « résistant ». Bref, le fait d'être traité comme une figure du diable devient une preuve qu'on est le contraire du diable. La diabolisation se retourne en mode de transfiguration. La mauvaise réputation s'avère bonne pour la réputation, et se traduit par l'acquisition d'un prestige, donc d'un capital d'autorité charismatique. Ami de Jean-Marie Le Pen, Dieudonné a reconnu lui-même, dans une interview accordée à Alger, en février 2005, au journaliste Hakim Kateb, que la diabolisation médiatique pouvait avoir, dans le cas de Le Pen comme dans le sien, des effets de séduction, et constituer un puissant outil de popularité : « Les gens en France votent de plus en plus pour Le Pen. Cet ancien d'Algérie était présent au second tour. Ça prouve bien que les gens n'écoutent plus les médias. Et plus ils cassent Le Pen, plus les gens votent pour lui. Plus on me casse moi, plus on vient me voir. Ils sont en train de perdre leur pouvoir, les sionistes. Tant mieux. »

La diabolisation de Le Pen, commencée en 1983-1984, a eu pour effet pervers d'accélérer puis de renforcer la promotion médiatique du leader national-populiste. Autrement dit, Le Pen doit principalement sa notoriété médiatique aux attaques diabolisantes dont il a fait l'objet. C'est pourquoi, si l'on considère les stratèges du FN comme des acteurs rationnels et passablement cyniques, l'on peut se demander si leur volonté déclarée de « dédiaboliser » leur parti n'est pas empreinte de mauvaise foi. Elle ne serait dans ce cas qu'une tactique permettant de diaboliser en retour les diabolisateurs antilepénistes. (...)

La diabolisation, dans la concurrence politique, peut donc être un atout : la figure d'un personnage diabolisé attire, séduit, voire fascine. La diabolisation est un ingrédient de toute figure charismatique. Il en va de même pour un parti : la diabolisation constitue un puissant facteur de son attractivité. Le simple fait d'être perçu comme n'étant pas un parti comme les autres lui confère de la séduction. L'écart par rapport à la norme, serait-ce un écart perçu négativement, suffit à provoquer une attirance. Avec cependant un prix à payer : la relative mais permanente marginalisation du diabolisé, serait-il devenu une figure populaire. C'est le cas, jusqu'à nouvel ordre, du FN. On ne séduit pas sans prendre le risque de provoquer des rejets et de multiplier ses ennemis. Il se trouve par ailleurs qu'on ne peut se « dédiaboliser » soi-même, par une décision prenant l'allure d'un projet à réaliser. Dans ce qui a été diabolisé, il reste toujours une diabolisation résiduelle. Le « pli » persiste. Mais cette « dédiabolisation » incomplète du FN présente l'avantage de lui conserver sa saillance : l'acquisition d'une totale respectabilité le banaliserait. Totalement « dédiabolisé », le FN perdrait une grande partie de son attractivité. Il lui faut trouver un équilibre pour persister dans l'existence politique : ni trop, ni trop peu, que ce soit dans la diabolisation ou dans la « dédiabolisation ». Tel est le paradoxe dont l'existence du FN est l'illustration. (...)

Étudier la diabolisation, c'est, pour l'essentiel, chercher à déterminer « le mécanisme psycho-social par lequel une communauté devient objet de haine » (Raymond Aron). (...) Diaboliser, c'est inciter à la haine en transformant un individu ou un groupe en ennemi du genre humain. Dans un article paru en 1955, Aron notait : « Le phénomène décisif ce sont les haines abstraites, les haines de quelque chose que l'on ne connaît pas et sur quoi on projette toutes les réserves de haine que les hommes semblent porter au fond d'eux-mêmes. » La haine elle-même, aussi abstraite soit-elle, est empreinte de sacré, comme si elle était contaminée par la sacralité de la Cause et du combat mené. Avec les mobilisations inspirées par la doctrine de la guerre sacrée, qui permet de transformer toute lutte en croisade, c'est le plus précieux des héritages culturels et politiques de l'Europe qui est jeté aux poubelles de l'Histoire : la séparation des sphères (sécularisation ou laïcité), le pluralisme et la tolérance, le respect de l'adversaire, le sens du débat, le désir de trouver un accord avec l'adversaire, la recherche du compromis. Voilà qui exalte moins les exaltés que l'esprit manichéen, l'engagement total dans un combat sacré et le désir d'anéantir l'ennemi absolu.

La vision extrémiste du monde consiste à voir des ennemis partout, qu'ils soient ceux d'en haut (les « puissants »), ceux d'à côté (les concurrents dangereux) ou ceux d'en face (les « envahisseurs »). Ces figures de l'ennemi absolu ont un premier caractère commun : leur capacité de se dissimuler, de porter des « masques ». Elles représentent des forces et des puissances cachées, souterraines, occultes. Leur deuxième trait commun est qu'elles sont censées conspirer contre les peuples ou le genre humain. C'est pourquoi l'extrémisme politique est inséparable d'une perception conspirationniste de la marche de l'Histoire, machine à fabriquer des ennemis absolus, qu'il s'agit d'abord identifier, en leur arrachant leurs « masques », ennemis qu'il faut ensuite éliminer et non pas simplement vaincre, et encore moins convaincre. Défini dans le langage symbolique des adeptes du combat sacré, l'objectif final est de « nettoyer » ou de « purifier » la terre des créatures « nuisibles » qui la « souillent ».

On peut caractériser cette configuration idéologique comme impolitique, dans la mesure où elle récuse par principe toute recherche du compromis, rendant ainsi impossible la transformation des adversaires en interlocuteurs respectables, qui, dans une société libre, ouvre la voie à la paix civile. L'intransigeance et le fanatisme transforment les antagonismes en guerres d'extermination. Entre adversaires, la discussion loyale, la volonté de se mettre d'accord au moins sur les raisons du désaccord et la recherche du compromis constituent le seul fondement de la paix dans la nation comme de la paix entre les nations. Un conflit, quand aucun compromis n'est possible, prend nécessairement la figure d'une guerre sans fin. Refuser en principe le compromis, c'est refuser la paix, s'il est vrai, comme l'a établi Julien Freund, que « la paix est inévitablement un compromis ou elle n'est rien, sinon une utopie et une chimère ». La paix, comme la guerre, étant « une affaire politique », précise Freund, « on ne peut l'établir autrement que par les moyens de la politique ». Et le respect de ce principe vaut pour prévenir les guerres civiles, qu'elles soient « chaudes », « froides » ou verbales.

La politique ne se confond pas avec la morale, mais leurs valeurs et leurs normes respectives interfèrent entre elles. On peut modéliser leurs relations par une intersection entre deux cercles ou deux sphères, comme le propose Paul Ricœur. L'écart entre morale et politique ne saurait être effacé, en ce que, comme le note Ricœur, « la morale de conviction et la morale de responsabilité ne peuvent entièrement fusionner». La tâche qu'on peut se donner est de tout faire pour que ces interférences prennent l'allure d'un cercle vertueux. Si la vraie morale se moque de la morale, et, a fortiori, du moralisme, l'un des premiers principes de la (vraie) morale pourrait se formuler comme suit : « Ne retrancher personne de l'humanité. » Nul homme ne devrait pouvoir être dit « de trop » parce ce qu'il serait l'incarnation d'une figure satanique ou d'une « sous-humanité ». Ce serait congédier enfin la diabolisation comme mode d'exclusion de certaines catégories d'humains et comme méthode de non résolution des problèmes de société.

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vendredi, 16 mai 2014

Les Mistral pour la Russie : un enjeu stratégique majeur pour la France

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Les Mistral pour la Russie: un enjeu stratégique majeur pour la France

par Aymeric Chauprade

Ex: http://www.realpolitik.tv/2014/05/les-mistral-pour-la-russie-un-enjeu-strategique-majeur-pour-la-france/

En mars au journal de TF1, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius déclairait que « La France pourrait annuler les ventes des deux BPC si la Russie ne changeait pas de politique à l’égard de l’Ukraine et de la Crimée. »Les BPC, c’est-à-dire les Bâtiments de projection et de commandement, les deux navires militaires de type Mistral commandés en 2011 à la DCN (Direction des constructions navales).

Cette décision serait catastrophique à plusieurs égards. Pour le contrat lui-même bien sûr, qui pèse 1,2 milliards d’euros et qui conditionne un millier d’emplois à Saint-Nazaire. Il faudrait rendre l’argent déjà versé (la moitié), renvoyer la poupe des navires (construite en Russie) et s’acquitter d’importantes indemnités. En outre la France perdrait ses droits sur les plans du Mistral, déjà remis à la Russie, qui pourrait alors les construire elle-même. Une telle décision nous fermerait également la porte à tout futur contrat avec la Russie et notamment à son immense programme de réarmement naval (civil et militaire), estimé à plus de 50 milliards de dollars. Nos concurrents n’attendent que cela !

Mais au-delà, c’est la parole de la France qui est en jeu. Plusieurs contrats importants sont en cours de négociation, citons les 126 avions Rafale avec l’Inde pour un montant de 12 milliards d’euros, une série de contrats libanais financés par l’Arabie Saoudite pour 3 milliards de dollars, deux satellites espions avec les Emirats arabes unis… Mettons-nous à la place de ces pays, vont-ils s’engager plus loin sachant que ces méga-contrats peuvent être remis en cause du jour au lendemain pour des raisons diplomatiques ?

Car revenons à la source du problème : la Russie n’a pas militairement envahi la Crimée, auquel cas la question pourrait se poser, elle a simplement accepté le rattachement, après un référendum, de cette région très majoritairement peuplée de Russes et arbitrairement annexée à l’Ukraine en 1954. Si les différents diplomatiques, qui font partie de la vie des nations, même lorsqu’elles sont proches, doivent se traduire par des ruptures de contrats d’armement, autant faire une croix sur la capacité exportatrice de notre industrie de la défense ! Et au final sacrifier toute notre filière et perdre notre statut de puissance car, rappelons-le, ce secteur représente 165.000 emplois directs et autant d’emplois indirects, un chiffre d’affaire global de 17,5 milliards d’euros dont environ 30% est réalisé à l’exportation. La France est le quatrième exportateur d’armes mondial, derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie et ce résultat prouve l’excellence de nos industriels, que ce soit nos grands groupes ou notre réseau de PME. Se couper de cette compétition internationale à cause de revirements diplomatiques, perdre nos clients en rompant unilatéralement des contrats pourtant signés aurait des effets destructeurs sur l’ensemble de cet écosystème. Des milliers d’emplois seraient en jeu, mais aussi la place de la France dans le monde.

Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a fait savoir que « la question de la suspension se posera au mois d’octobre » (date de livraison du premier BPC), « à condition que ce soit dans un ensemble de mesures » prises notamment au niveau européen. Il soumet ainsi la France à une décision prise à Bruxelles, ce qui est tout à fait inacceptable. La réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN en 2009 ne suffit pas, il faut qu’en plus elle fasse dépendre ses décisions de nature militaire de l’Union européenne ! Une UE qui ne possède pas de politique claire au niveau stratégique et demeure surtout inféodée aux intérêts américains (cf le Traité transatlantique), qui est tiraillée entre les intérêts contradictoires de ses membres, et qui s’incarne dans une personnalité controversée, aussi transparente que maladroite, à savoir Catherine Ashton. Et il faudrait que Paris abandonne encore sa souveraineté et se détermine par rapport à cet attelage qui ne sait pas où il va.

Dans ce domaine comme dans les autres, la France doit retrouver son indépendance, défendre ses intérêts stratégiques, penser en termes géopolitiques, dans la longue durée et non pas en fonction des émois soulevés par les journaux télévisés. L’industrie de la défense joue un rôle capital dans notre économie, par la place importante qu’elle occupe, par sa capacité exportatrice, on l’a dit, également par ses recherches en haute technologie qui profitent au secteur civil. Remettre en cause la livraison des deux navires commandés par la Russie reviendrait à se tirer une balle dans le pied, et dans cette optique tous les patriotes doivent clairement signifier au gouvernement qu’il fait fausse route.

Aymeric Chauprade

jeudi, 15 mai 2014

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

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Entretien avec Jean-Yves Le Gallou

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

Ex: http://www.voxnr.com

   

Jean-Yves Le Gallou, vous allez assister, samedi 17 mai à 14 h 30, au colloque consacré à Dominique Venner, à la Maison de la chimie à Paris à l’invitation de l’Association pour l’histoire. Expliquez-nous pourquoi…


Il y a un an, j’ai eu l’honneur, avec Bernard Lugan, Philippe Conrad et Fabrice Lesade, de partager avec Dominique Venner son dernier déjeuner. Je n’oublie pas l’accolade – l’abrazo – qu’il nous a donnée lorsqu’il est parti vers son destin. Ce sont des moments qui marquent un homme pour le restant de sa vie.

Que retenez-vous de Dominique Venner ?

Un grand écrivain. Un historien méditatif. Un professeur d’énergie.

Un grand écrivain ?

Dominique Venner était un merveilleux conteur. Son Dictionnaire amoureux de la chasse, notamment, est admirable. Je le dis avec d’autant plus de force que je ne suis pas moi-même chasseur. Mais on y trouve une formidable leçon sur les relations de l’homme à la nature, à l’animal et aux traditions.

Un historien méditatif ?

Dominique Venner a apporté un regard lumineux sur 30.000 ans d’histoire européenne dans Histoire et tradition des Européens. Avec lui, nous savons d’où nous venons. Et pourquoi nous devons refuser le grand effacement et le Grand Remplacement. « Les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice. » Pour Dominique Venner, « l’historien méditatif […] [est] créateur de sens, éveilleur de rêves ».
Nous devons aussi à Dominique Venner Le Siècle de 1914, un livre, là aussi, d’une lumineuse clarté. En 1914, l’Europe est une société traditionnelle avec ses monarques et ses aristocrates, ses paysans et ses soldats, tous attachés à leur lignée et aux valeurs d’effort, de courage et d’honneur. Les combats de 1914 industrialisent la mort (80 % de tués par éclats d’obus) et la figure du héros cède la place à celle de la chair à canon. Les grands empires s’effondrent et le chaos s’installe au cœur de l’Europe.


Sur les ruines du monde ancien, quatre idéologies naissent et s’opposent. Le fascisme (que Dominique Venner distingue avec finesse du nazisme), le national–socialisme, le communisme et le wilsonisme, c’est-à-dire le mondialisme anglo-saxon, surgissent de ses décombres et s’affrontent. Les trois premières ont disparu. La quatrième est à bout de souffle. L’empire américain ne sera pas éternel et l’Europe sortira de sa « dormition ».

Reste le professeur d’énergie…

Ce sera le thème du colloque (1) qui se tiendra samedi 17 mai à 14 h 30 sur le thème « Dominique Venner, écrivain et historien au cœur rebelle ». Cela correspond à la réédition de son très beau livre Le Cœur rebelle.

Voici quelques maximes extraites de l’œuvre de Dominique Venner, d’Un samouraï d’Occident, en particulier : « Exister, c’est combattre ce qui me nie », « Une action politique n’est pas concevable sans le préalable d’une mystique », « Être un insoumis : préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre », « Être un insoumis : être à soi-même sa propre norme par rapport à une norme supérieure », « Être un insoumis : veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse », « L’opposant radical doit puiser en lui-même ses justifications, affronter la réprobation générale, l’aversion du grand nombre et une répression sans éclat ». De belles leçons d’énergie, assurément !


Comment interpréter son geste sacrificiel ?

Dominique Venner s’en est expliqué lorsqu’il a déclaré (dans une vidéo aujourd’hui disponible), quelques semaines avant le 21 mai 2013 : « Il est parfois nécessaire que des hommes se sacrifient […], sacrifier sa vie, mettre sa vie en jeu, la sienne, pas celle des autres, sacrifier sa vie pour authentifier ses paroles, créer aussi peut-être un choc. » Ce propos du samouraï d’Occident éclaire aussi son geste : « Si l’emblème des samouraïs est la fleur de cerisier qui tombe avant d’être fanée, ce n’est pas un hasard. »

Vous comprenez cela ?

Oui, lorsque j’étais étudiant, j’ai eu deux « professeurs d’énergie » : Nietzsche et Barrès. Mais avec toujours un peu de gêne pour Barrès. Voilà un homme qui a chanté les valeurs héroïques et qui, à l’aube de la guerre de 1914, s’est engagé à… publier un éditorial par jour. Ce qui lui valut le méchant surnom de « rossignol des cimetières ». Certes, Barrès avait dépassé 50 ans et rien ne l’obligeait à partir sur le front. Mais Émile Driant, député, avait 59 ans en 1914. Il s’est néanmoins engagé et est mort en héros à la tête de ses chasseurs, au bois des Caures, en retardant de manière décisive l’avance allemande sur Verdun.

Je crois que Dominique Venner avait le souci de l’exemplarité, le souci de montrer que ses écrits n’étaient pas des paroles en l’air. C’est aussi pour cela qu’il a choisi de mourir en combattant, à 78 ans.


Un geste qui a pu choquer les catholiques…

Bien sûr. Je le comprends parfaitement. Mais j’ai été frappé par l’empathie qu’ont montrée beaucoup de mes amis catholiques en la circonstance. La difficulté et la force du geste n’ont échappé à personne. Elles ont souligné l’adéquation entre l’homme et l’œuvre. Le cœur rebelle est mort en insoumis. On lit désormais Dominique Venner avec plus de conviction encore : on a la certitude absolue de la vérité de l’homme.

 

notes

 

(1) http://www.dominiquevenner.fr/2014/04/colloque-dominique-venner-ecrivain-et-historien-au-coeur-rebelle-le-17-mai-2014-a-paris/

 

source

Boulevard Voltaire :: lien

samedi, 10 mai 2014

Comment l'ONG United Against Nuclear Iran verrouille le marché iranien au profit des États-Unis

Comment l'ONG United Against Nuclear Iran verrouille le marché iranien au profit des États-Unis

 

Auteur : Infoguerre
 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Au lendemain du voyage de prospection en Iran organisé par le MEDEF et auquel ont participé plus d’une centaine d’entreprises françaises, l’organisation United Against Nuclear Iran a lancé une campagne de dénonciations et de menaces à l’encontre des principales entreprises ayant participé à ce voyage ( France Campaign ). Cette campagne est une attaque informationnelle, assumée par l’ONG, visant à empêcher toute implantation ou prospection d’entreprise étrangère en Iran dans le but affiché du respect des sanctions internationales imposées à l’Iran. Cependant, à l’heure où l’Iran multiplie les signes de bonne volonté et de coopération à l’égard de la communauté internationale, il convient de décrypter les objectifs réels de cette organisation et son rôle dans la conquête du marché iranien.

 

L’offensive informationnelle par le biais d’une ONG


United Against Nuclear Iran est une ONG américaine fondée en 2008 en amont de la visite du Président Mahmoud Ahmadinejad au siège de l’ONU. Elle se présente comme une organisation de conseil non partisane à but non-lucratif dont l’objectif premier est de lutter contre l’acquisition par l’Iran de la bombe atomique. Son action vise à sensibiliser sur les risques de la prolifération nucléaire en Iran et à dénoncer les atteintes aux Droits de l’Homme du régime iranien et son financement du terrorisme international. Quatre types d’actions sont principalement menées : soutien aux ONG américaines locales souhaitant mener des actions contre le régime iranien : (« Grassroots advocacy »), lobbying politique et juridique afin de renforcer les lois et sanctions à l’égard de l’Iran (« Legislation »), publication de rapports et de données sur le régime iranien (« Ressources ») et une large campagne contre les entreprises implantées ou cherchant à s’implanter en Iran (« Corporate Campaign »).


Cette campagne qui comprend la « France campaign » actuellement en cours, s’appuie sur le principe d’action «Name and Shame » visant à dénoncer et menacer publiquement toute entreprise implantée ou ayant des projets d’implantation en Iran. Depuis la création de UANI plus de 21 campagnes ont été menées obligeant, selon le site de l’UANI, plus de 50 entreprises à se retirer ou à suspendre leurs activités ou projets d’implantation en Iran dont Shell, Caterpillar, KPMG, ABB,  Peugeot, Renault etc. Le mode opératoire de cette campagne consiste à envoyer une lettre personnalisée aux principaux dirigeants des entreprises ciblées et à communiquer publiquement et a posteriori autour de cet envoi. L’argumentaire est toujours le même. Il rappelle les sanctions internationales à l’encontre de l’Iran et dénonce les manquements aux Droits de l’Homme du régime iranien ainsi que les liens et financements  de ce dernier au terrorisme international. A travers ce qui peut apparaître comme une diabolisation de l’Iran, l’UANI souligne les risques à la réputation pour les entreprises visées et menace les intérêts et activités de celles-ci sur le territoire américain. 
Dans le cadre de la « France Campaign » lancée en février 2014, l’UANI attaque, à l’heure actuelle et selon son site, onze entreprises: Veolia, GDF Suez, Alstom, Alcatel-Lucent, Peugeot, Renault, NFM, Safran, CGA-CGM, Bureau Veritas, Aquiva. Quatre de ces entreprises ont déjà répondu à la lettre dont trois annonçant qu’elles suspendent leurs prospections ou rompent leurs contrats avec l’Iran (CMA-CGM, Bureau Veritas, Safran).  Cette ONG est ainsi suffisamment puissante pour parvenir à détourner nombres d’entreprise de leurs ambitions iraniennes.

 

UANI : Bras armé de Washington ?


Alors que les sanctions contre l’Iran ont été partiellement levées pour une durée de 6 mois le 20 janvier 2014 et qu’un accord définitif sur le nucléaire iranien permettant la levée totale de ces sanctions est attendu d’ici le 20 juillet 2014, les menaces et actions menées par cette ONG sont de nature à ralentir fortement toute pénétration française, et plus largement non-américaine, sur le marché iranien. Cet obstacle affiché pose la question de la partialité de cette organisation et des finalités réelles de son action. A ce titre, certaines sources dénoncent les relations fortes de l’ONG avec l’administration américaine et l’accuse de n’être que le « bras armé » de Washington pour la préservation des intérêts économiques américains en Iran. En effet, la direction de l’UANI est principalement composée d’anciens membres de l’administration Bush et des services de renseignement américains, britanniques et israéliens. Le président, Mike Wallace, est l'ancien ambassadeur des États-Unis à l'ONU, sous le président Georges W. Bush. Parmi les membres de son conseil consultatif, se trouve notamment James Woolsey, directeur de la CIA du président Bill Clinton et sous-secrétaire de l'US Navy sous le président Jimmy Carter; ainsi que Meïr Dagan, chef du Mossad sous trois Premier ministres d'Israël. Par ailleurs, les actions menées dans le cadre de la « Corporate campaign » visent majoritairement des entreprises non-américaines. Enfin, alors que plusieurs entreprises européennes et japonaises ont annoncé leur retrait ou la rupture de leurs contrats et prospections en Iran, certaines entreprises américaines pénètrent et se développent discrètement sur le marché iranien. En effet, alors que Peugeot a dû suspendre, en 2012, sous la pression de l’UANI ses activités avec son partenaire « Iran Khodro », General Motors est entré en contact fin 2013 avec ce même partenaire, « Iran Khodro » et serait, selon des sources locales, en train de négocier des contrats de partenariat pour le marché iranien. De même, le 5 avril dernier Washington a autorisé Boeing à vendre des pièces détachées d’avion de ligne à l’Iran. Boeing serait également en train de se positionner pour le remplacement de la flotte d’Iran Air.

 

La montée en puissance de l’influence informationnelle


Ainsi, l’ouverture du marché iranien est lancée et apparaît inéluctable. La levée progressive des sanctions ouvre des perspectives pour un marché de 80 millions de consommateurs. Plusieurs délégations européennes (anglaises, allemandes, italiennes, belges….) ont effectué récemment des voyages de prospections en Iran afin de tisser des liens commerciaux en vue d’une levée complète des sanctions. De son côté, l’Iran multiplie les signes de bonne volonté dans la progression des négociations autour du nucléaire. Le 9 avril dernier, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khameni a renouvelé son soutien aux négociations nucléaires et rappelé que la politique irrévocable de la République Islamique est de ne pas posséder d’armes nucléaires. Le 14 avril, en pleine crise ukrainienne, le Premier ministre iranien s’est présenté comme un partenaire potentiel  pour les approvisionnements en gaz de l’Europe : « L’Iran peut être un partenaire fiable, sûr et de long terme de l’Europe […] nous avons les réserves énergétiques et nous avons les plans pour une telle coopération ». L’Iran est en passe de devenir non seulement incontournable en raison des débouchés qu’elle offre mais potentiellement stratégique pour l’Europe. La question n’est plus dès lors « doit-on y aller ? » mais déjà « quelle stratégie de développement en Iran ? »1. Or c’est en autre au travers de l’arme informationnelle utilisée de manière directe ou indirecte par les sphères économique, politique et sociale que se joue d’ores et déjà la partition du gâteau économique iranien.

 


- Source : Infoguerre

La démocratie fatiguée: quelles solutions?

 

Etienne Chouard /

David Van Reybrouck 

La démocratie fatiguée: quelles solutions?

 

 

Les associations constituante.be et grappe ont organisé ce vendredi 18 avril 2014 au sein de l’Université Libre de Bruxelles une rencontre-débat entre le français Etienne Chouard et le belge David Van Reybrouck.

La conférence, intitulée « La Démocratie fatiguée : Quelles solutions ? », a connu un très grand succès avec un peu plus de 300 personnes venus écouter, mais aussi participer à ce débat. Les deux invités – qui se connaissaient mais se voyaient pour la première fois -, nous ont fait partager un savoureux moment où chacun questionnait l’autre tout en faisant avancer le débat.

Cette conférence fera partie d’une des plus passionnantes qui nous aura été donné de voir sur la démocratie participative et le tirage au sort.

A diffuser très largement (tel un Gentil Virus !)

PS : La seconde partie, avec les questions du public, sera publiée dans les prochains jours.

E.I. Anass

mercredi, 07 mai 2014

Ingénierie sociale du conflit identitaire

Conférence:

"Ingénierie sociale du conflit identitaire"

par Lucien Cerise

(Toulouse, 16.05.2014)

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mardi, 06 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras"

Paris, vendredi 16 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras" au Cercle de Flore

 
Vendredi 16 mai, le Cercle de Flore recevra Olivier Dard, historien, professeur à l’université de Metz, directeur de plusieurs colloques consacrés à l’Action française, qui viendra présenter son ouvrage consacré à Charles Maurras
 
À 19 heures dans les bureaux de l’Action française,
10 rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er (métro Palais-Royal).
Participation : 3 euros  ; entrée libre pour les adhérents du CRAF.
(Armand Colin, 352 p., 25 euros)

lundi, 05 mai 2014

Alstom : la trahison des grandes entreprises nationales

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Alstom : la trahison des grandes entreprises nationales

Jean-Yves Le Gallou

Boulevard Voltaire cliquez ici

Les grandes entreprises technologiques – nucléaire, aéronautique et espace, transports, télécom et grandes infrastructures, voire automobiles – sont au cœur du modèle français.

Elles ont été choyées. Par l’État stratège, d’abord, qui a conçu leur développement, il y a maintenant une… cinquantaine d’années. Et qui a toujours veillé à leur donner un environnement favorable.

Les grandes entreprises technologiques ont aussi bénéficié de ce qui reste d’excellence du système scolaire français : les classes préparatoires et les écoles d’ingénieurs.

Et dans l’ensemble, l’État les a accompagnées par des financements, une fiscalité avantageuse et un bon environnement juridique.

Cela n’a pas été sans inconvénient pour le reste de la société et de l’économie.

Un impôt sur les bénéfices de l’ordre de 10 % en moyenne pour les grandes entreprises, de près de 30 % pour les PME. La polarisation des subventions et aides à la recherche sur quelques secteurs et surtout une politique commerciale très ouverte. Pour vendre des TGV, des Airbus, des centrales nucléaires, des ponts et des autoroutes, il a bien fallu sacrifier toute mesure protectionniste ou crypto-protectionniste. Des pans entiers de l’industrie ont ainsi disparu. Souvent dans le silence sur les causes du phénomène : le poids des grands groupes dans la publicité, voire dans le capital des médias (Bouygues), expliquant la complaisance de la presse vis-à-vis de leurs intérêts.

Dans les années 1960, les intérêts des grandes entreprises technologiques ont pu se confondre avec ceux de la France. Ce n’est plus le cas.

D’abord parce qu’elles se sont progressivement dénationalisées. Par leurs chiffres d’affaires, la localisation de leurs bénéfices et surtout la mentalité de leurs dirigeants. Les super-élites du corps des mines ou de l’inspection des finances étaient profondément patriotes dans les années 1960/1970, elles sont aujourd’hui devenues des relais de la super-classe mondiale à laquelle elles s’identifient. Et dont elles partagent le mode de vie et les privilèges.

Plusieurs leçons doivent être tirées des affaires Alstom et Peugeot :

- il y a dissociation des intérêts des grandes entreprises (et a fortiori de leurs dirigeants) et des intérêts français ;
- la France ne peut pas vivre éternellement sur ses fleurons des années 1960, il serait temps que l’État stratège se tourne vers l’avenir et discerne les futurs secteurs porteurs ;
- il faut davantage autocentrer l’économie française et corriger la mondialisation par un protectionnisme intelligent, des relocalisations et le localisme ;
- tenter de vendre à la Chine des produits qu’elle copiera ne peut suffire à définir la politique commerciale de la France et conduire à acheter sa camelote sans discernement ;
- la préférence nationale – dans les marchés publics, notamment – doit retrouver droit de cité comme c’est le cas (avec hypocrisie mais détermination) en Allemagne et aux États-Unis ;
- le patriotisme économique doit être promu et la formation des élèves ingénieurs aux humanités ne doit pas être négligée.

dimanche, 04 mai 2014

Entretien géopolitique et économique avec Pierre-Yves Rougeyron

Entretien

géopolitique et économique

avec Pierre-Yves Rougeyron

Dans cet entretien au "Bréviaire des patriotes" réalisé le 22 avril 2014, Pierre-Yves Rougeyron, président du Cercle Aristote et fondateur de la revue Perspectives Libres, aborde les thèmes suivants : déclin des États-Unis, place de la Chine, de la Russie, la France dans le monde, l’impérialiste et l’anti-impérialisme français, la sortie de l’euro, la dette, l’ultra-libéralisme et le socialisme.

mercredi, 30 avril 2014

Le localisme est la pierre angulaire de la décolonisation économique

Laurent Ozon: "Le localisme est la pierre angulaire de la décolonisation économique, condition indispensable de la souveraineté politique"

Ex: http://medias-presse.info

laurent%20ozon.jpgLaurent Ozon est président d’un mouvement français particulier: Maison Commune, un mouvement localiste basé sur des axes écologiques, économiques, sociaux et identitaires. L’objectif prioritaire est l’inversion des flux migratoires dans un cadre politique construit. Nous avons pu interroger Laurent Ozon pour en savoir plus.

1)    Laurent Ozon, vous êtes président d’un mouvement localiste particulier Maison Commune. Pourriez-vous d’abord nous le présenter ? En quoi consiste le localisme ?

Maison Commune est un mouvement qui s’est donné comme objectif de former la périphérie politique afin d’anticiper les évènements politiques des années à venir et d’y apporter des réponses efficaces. Nous avons reçu en formation plus de 400 cadres et futurs cadres de cette périphérie politique, issus de mouvements parfois opposés.

Le localisme est l’un des fondamentaux de notre démarche. Le localisme, c’est donner à chaque peuple la possibilité de subvenir à la part la plus importante possible de ses besoins par ses propres moyens. Le localisme, c’est une volonté de favoriser les circuits économiques courts, et ainsi d’assurer une autosubsistance relative capable de permettre aux populations de garder la maîtrise de leur destin. Prenons un exemple, si chaque jour 1000 comptables quittent les Hauts-de-Seine pour aller travailler en Val-d’Oise et que simultanément 1000 autres quittent le Val-d’Oise pour travailler dans les Haut-des Seine, c’est parce que rien n’incite les entreprise à embaucher selon des critères de proximité. Résultat, vous avez 2000 comptables sur les routes, qui brûlent de l’essence, stagnent dans les embouteillages, dégradent l’air et les infrastructures, pour se croiser. C’est un petit exemple mais il en existe des milliers comme celui-ci.  C’est valable aussi pour les achats et approvisionnement des ménages comme des collectivités. Des solutions comme la détaxation de la proximité en direct ou par crédit d’impôts peuvent permettre d’engager la priorisation locale. Il y a de nombreuses solutions pour sortir de la situation actuelle et elles ne nécessitent pas un grand-soir politique. Elles peuvent être appliquées progressivement, concentriquement, d’abord dans des secteurs dits de subsistance. Le localisme est la pierre angulaire de la décolonisation économique, condition indispensable de la souveraineté politique. Le localisme est une sorte de protectionnisme 2.0. Il est le moyen de favoriser l’embauche locale et les circuits économiques courts, d’accompagner heureusement des objectifs de qualité écologique, de protection sanitaire, de réhabilitation de la vie démocratique, de protection et de rééquilibrage social, d’inversion concertée des flux migratoires et de pacification rapide des relations internationale. Une politique localiste permettra aussi d’anticiper les déstabilisations sociales, économiques à venir.

2)    On considère souvent Europe-Écologie-les Verts comme le parti écologique de France. Vous présentez l’écologie comme un des axes de votre mouvement. En quoi consiste-t-elle pour vous ?

L’écologie est une science devenue un mouvement social puis une nébuleuse politique. L’écologie politique est un fourre-tout dans lequel vous pourrez trouver des personnes très différentes. Disons que le point commun de toutes ces personnes est théoriquement une sensibilité accrue aux questions environnementales, à la destruction de la nature. Je dis « théoriquement » car EELV est aujourd’hui une structure gauchiste qui se mobilise plus pour les combats sociétaux de la bourgeoisie interlope occidentale et contre les murs porteurs de la culture populaire que contre les transnationales. Il y reste quelques personnes sincères, je pense à Sandrine Bellier et à quelques autres. On trouve des écologistes sincères, comme elle ou Corinne Lepage, Antoine Waechter dans tout le champ politique. Mais EELV est aujourd’hui anti-écologiste de mon point de vue. Son bilan politique est catastrophique sur à peu près tous les sujets clés. Je pourrais énumérer les fiascos d’EELV en matière d’écologie durant une heure. EELV est un faux-nez du gauchisme utopique dont la faible crédibilité ne repose que sur le soutien que lui apportent les médias.

3)    Votre objectif prioritaire est d’inverser les flux migratoires dans un cadre politique construit. Serait-ce vraiment réalisable ou bien est-ce un doux rêve ? Dans l’idéal, comment procéderiez-vous pour y arriver ?

Nous savons une chose : cette société n’est pas viable. Elle va donc se trouver dans les 20 années à venir en face de ses contradictions. A ce moment-là, les temps seront mûrs pour préparer la suite. Les peuples seront attentifs à des solutions qui permettront de résoudre les tensions extrêmes devenues insupportables.  Il faudra des cadres politiques aux idées claires, aux capacités opérationnelles réelles et qui auront des perspectives sur la voie à suivre. Étape par étape, nous devrons accompagner le processus de dislocation et proposer, au milieu de la grande confusion qui régnera, des solutions progressives et réalistes pour résoudre les problèmes causés par la colonisation de peuplement de l’Europe de l’Ouest. Je n’ai pas la place en quelques lignes de vous exposer dans le détail les solutions à mettre en œuvre mais ces solutions existent. Il y a de nombreux précédents historiques. Dans l’attente de ce moment, la meilleure des choses à faire c’est de convaincre toujours plus de Français de l’inéluctabilité de ce moment et du fait que nous devrons bientôt y faire face. Territoires, ressources, reproduction… voici venir le temps du retour des grands stress historiques. Il faudra pour gérer ces temps difficiles moins des idéologues que des hommes d’autorité, intelligents et pragmatiques. Nous en formons.

4)    Votre mouvement n’a pas de structure particulière, ce qui peut paraître bizarre. Vos membres se rencontrent lors de séminaires ou sont mis en lien lorsqu’ils recherchent de l’aide. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi avoir fait ce choix ? Cela n’affaiblit-il pas votre message ? Comment peut-on rejoindre votre mouvement ?

Nous sommes très sélectifs dans le choix de nos séminaristes, c’est de notoriété publique. Nous assurons la confidentialité des travaux et nous ne cherchons pas à fabriquer des sociologies artificielles dans un mouvement de plus. Nous prenons les meilleurs, les faisons travailler et les laissons ensuite rayonner dans leurs zones d’influence naturelles (partis, organisations, etc.).  Nous les maillons lorsque c’est nécessaire, pour répondre à des besoins pratiques des uns ou des autres. Pas de contrôle, pas de réunions inutiles, pas d’impératifs catégoriques. Nous laissons libres nos séminaristes sans aucune envie de chercher à résoudre les divergences qui résultent des subjectivités d’engagement, des histoires personnelles etc. Ils savent tous à quelle civilisation ils appartiennent, de quels peuples ils procèdent et en gros, à quoi ils seront confrontés. Nous les outillons pour être capables de faire l’histoire un jour proche. Nous ne recrutons pas. Nous recevons des CV puis recevons les individus, les formons et les aidons à prendre conscience de leurs potentialités et à ne plus perdre leur temps. Après trois années de travail. Il nous reste beaucoup à faire et nos moyens sont limités. Les bonnes volontés sont les bienvenues.

5)    On constate de plus en plus un écart qui se creuse entre les politiques et les électeurs, comme le montre l’abstention toujours plus forte. Quel portrait brosseriez-vous de la classe politique française aujourd’hui ?

L’infrastructure sociale, politique et économique dans laquelle nous vivons est le produit d’une bulle reposant sur la dette. Cette généralisation de la dette a alimenté des choix économiques et sociaux irrationnels et non viables sur le long terme, choix qui ne se seraient donc pas généralisés si la dette n’était pas venue les supporter. Ces modèles sociaux irrationnels ont fabriqué et maintenu en vie des idéologies déréalisantes qui se seraient effondrées si elles avaient dû être validées par l’expérience et la raison. Sans le soutien de ce « réel utopique » dans lequel nous vivons encore, le bon sens aurait fait un tri et les décisions aberrantes dont nous subissons les conséquences n’auraient pas été prises. Nous ne serions pas contraints d’emprunter sur les marchés de l’économie-casino et n’aurions pas remboursé plus de 1200 milliards d’intérêts de dettes sur 30 ans. Nous n’aurions pas laissé s’implanter dix millions d’extra-européens en France et plus de 40 millions en Europe occidentale, dans des pays en crise économique, sociale et identitaire. Nous n’aurions pas accepté la transformation du beau projet d’une Europe unie dans sa diversité en un diplodocus technocratique nuisible. Nous n’aurions pas autorisé la mise en vente et en consommation de centaines de substances toxiques dans notre chaîne alimentaire qui ont de lourds impacts sur la santé publique, mais bien plus encore, sur la vitalité même de nos peuples. Nous n’aurions pas laissé les médias, sans contrôle, aux mains des puissances de l’argent, et j’en passe…

Nous sommes sans doute nombreux à nous être dit qu’il n’était pas croyable que des décisions si stupides soient prises par des hommes qui semblaient pourtant intelligents. Des hommes à ce point hors de tout sens commun pour ne pas voir l’évidente stupidité de leurs choix, de leurs actes, de leurs décisions depuis plus de 40 ans. C’est pourtant bien ce qui a eu lieu. Nous sommes sortis du réel et nos processus de sélection d’élites sont eux-aussi devenus irréalistes, contre-sélectifs. Notre classe politique est le résultat sidérant de plus de quarante années de contre-sélection. Les meilleurs, c’est-à-dire ceux qui pouvaient êtres capable de traiter nos problèmes ont étés éjectés année après année. Malgré quelques exceptions notables, notre classe politique est un ramassis d’opportunistes sans colonne vertébrale, de rusés nuisibles et incompétents. Ils appartiennent à une sociologie en formation, une oligarchie de gestion de notre effondrement. Les plus intelligents sont membres d’une super-classe mondialisée mentalement qui ne sent plus de communauté de destin avec le peuple et les moins intelligents sont les pantins d’intérêts qui les dépassent malgré quelques agitations positives, quelques personnalités courageuses ici et là. Pour conclure, notre classe politique présente des caractéristiques reconnaissables des élites à quelques années de leur renversement. Comme à d’autres époques charnières de notre histoire, la circulation des élites va reprendre.

Alstom: Début d'une grande braderie

Alstom: Début d'une grande braderie des entreprises françaises?

Auteur : Romandie (Suisse) 
Ex: http://www.zejournal.mobi

 

Paris - La presse voit lundi dans la vente annoncée d'Alstom les prémices d'une grande braderie des fleurons de l'économie française

L'intervention de l'exécutif dans ce dossier industriel, qui voit le groupe Alstom convoité à la fois par l'Américain General Electric et l'Allemand Siemens, est plutôt saluée par les quotidiens.

Pour Le Figaro, sous la plume de Gaëtan de Capèle, l'Etat exerce, à bon droit, son devoir de surveillance lorsque les intérêts supérieurs du pays - secteur protégé, technologie sensible, emploi... - sont en cause.

Maud Vergnol insiste dans L'Humanité sur la nécessité pour le Premier ministre Manuel Valls de prendre ses responsabilités et priver les patrons d'Alstom de leur droit divin.

Car l'OPA du géant américain sonne comme le début d'une grande braderie, ajoute l'éditorialiste du journal communiste.

Après Péchiney, Arcelor, et plus récemment Publicis ou Lafarge, la France peut-elle laisser partir à l'étranger un nouveau fleuron de son industrie nationale ? demande Bruno Dive dans Sud Ouest.

L'appel lancé par le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg à la vigilance patriotique dit bien l'urgence du dossier Alstom dont il s'empare, écrit Monique Raux dans L'Est républicain.

Pour Patrice Chabanet du Journal de la Haute-Marne, on observe une nouvelle fois que l'industrie française poursuit sa lente descente aux enfers, en jouant le rôle peu enviable de proie.

- Source : Romandie (Suisse)

mardi, 29 avril 2014

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

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Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de

Charles Péguy (1873-1914) war Sozialist, „Dreyfusard“, Humanist, Publizist, Polemiker, Dichter, Patriot, Katholik. Er fiel als Freiwilliger am 5. September 1914, zu Beginn des 1. Weltkrieges, am Vorabend der Marne-Schlacht.  Sein Werk hat heute in Frankreich den Status eines „kleineren“, inzwischen etwas verblassten Klassikers.

In Deutschland ist Péguy so gut wie völlig vergessen (allenfalls Robert Spaemann [2] erinnert gelegentlich an ihn), zumal sein Prosawerk im Gegensatz zu seinen recht voluminösen Versdichtungen nur bruchstückhaft übersetzt wurde. Das hat verschiedene Gründe.

Hans Urs von Balthasar schrieb, das „ungeheure“ Prosawerk Péguys sei „selbst für Franzosen ein Urwald“: „Vieles daraus, und einiges vom Schönsten, wird immer unübersetzbar bleiben. Manches ist Gestrüpp und würde eine Übertragung nicht rechtfertigen. Sehr vieles ist leidenschaftliche, zeitgebundene politische Diskussion und Polemik und setzt, um verstanden zu werden, bereits ein historisches Studium voraus.“ Hinzu kommt noch der eigentümliche, in endlose Arabesken und „Litaneien“ ausufernde Stil des Autors, der dem Leser oft viel abverlangt. Wenn sie aber ihre Wirkung entfaltet, hat Péguys Prosa eine bewegende suggestive Kraft.

Balthasar gab 1953 eine von ihm selbst übersetzte Auswahl unter dem Titel „Wir stehen alle an der Front“ heraus. Um über all dem tagespolitischen Theater die übergeordnete Perspektive nicht zu vergessen, möchte ich als Ostergabe ein herrliches Stück aus Péguys Schrift “ Un nouveau théologien“, aus dem Jahr 1911  bringen. Auch unsere un- und nichtchristlichen Leser werden es ohne Zweifel mit Gewinn lesen, sofern ihr Herz in einem ähnlichen Rhythmus schlägt.

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Man redet von einem Zeitalter des Glaubens. Will man damit sagen, daß jahrhundertlang, Jahrhunderte der Christenheit, des Liebesgesetzes, der Gnadenherrschaft, anno Domini, anno gratiae Domini, der Glaube, die angenommene Wahrheit etwas Gemeinsames war, sozusagen und buchstäblich etwas Öffentliches, das im Blut und in den gemeinsamen Adern floß, im Volke lebte, sich von selber verstand, einen Teil des anerkannten Rechtes bildete, etwas, das nicht nur Zustimmung fand, sondern eine öffentliche, feierliche, amtliche Begehung, und daß es sich heute nicht mehr gleicherweise verhält: so hat man recht. Man hat historisch recht. Man hat bloß ein geschichtliches Faktum festgestellt und zur Kenntnis genommen.

Aber diese Kenntnisnahme muß mit der äußersten Vorsicht geschehen. Denn es ist die große Frage, ob unsere heutige Treue, unser heutiger Christenglaube, wie er so badet in der modernen Welt und unangetastet hindurchgeht durch die moderne Welt, das moderne Zeitalter, die modernen Jahrhunderte, die zwei oder mehreren intellektuellen Jahrhunderte, dadurch nicht eine seltsame Schönheit erhalten hat, eine bisher unerreichte Schönheit, eine einzigartige Größe in den Augen Gottes. Es ist eine ewige Frage, ob unsere moderne Heiligkeit, das heißt unsere christliche Heiligkeit, eingetaucht in die moderne Welt, in diese vastatio [3], diesen Abgrund von Unglauben und Untreue in der heutigen Welt, vereinsamt wie ein Leuchtturm, der seit bald drei Jahrhunderten vergeblich von einem ganzen Meer berannt wird, nicht doch – vielleicht – angenehmer ist in den Augen Gottes.

Nolite judicare. Wir werden darüber nicht richten. Nicht wir (man vergißt es zu oft) sind mit dem Gericht beauftragt. Aber ohne bis zu den Heiligen zu gehen, zu unseren modernen Heiligen (der Zeit nach modern): auch wir Sünder sollten uns hüten, in Hochmut zu verfallen. Zu sehen, was ist, ist aber vielleicht kein Hochmut. Festzustellen, daß unsere moderne Beständigkeit, unser moderner Glaube, von allen Seiten angegriffen, bedrängt, aber in keiner Weise erschüttert, vereinsamt in dieser modernen Welt, im Wellenschlag einer ganzen Welt, unerschöpflich von Wogen und Sturm gepeitscht, immer aufrecht, allein in einer ganzen Welt, aufrecht in einem unerschöpflich entfesselten Meer, einsam im Ozean, unangetastet, vollständig, nie und in keiner Weise erschüttert, nie und in keiner Weise schartig und angenagt, zuletzt doch ein schönes Denkmal errichtet vor dem Angesicht Gottes. Zur Verherrlichung Gottes.

Vor allem ein bisher nie gesehenes Denkmal. Daß unsere Lage neu ist, daß unser Kampf neu ist, das zu betonen, ist vielleicht nicht unsere Sache, aber schließlich: wer sieht nicht, daß unsere Lage neu, daß unser Kampf neu ist? Daß diese moderne Kirche und Christenheit, christlich tauchend in der modernen Welt, christlich schreitend durch die moderne Zeit, die moderne Periode, eine Art von großer eigentümlicher tragischer Schönheit besitzt, beinahe die große Schönheit nicht zwar einer Witwe, aber einer Frau, die allein eine Festung bewacht. Eine dieser tragischen Schloßherrinnen, die Jahre und Jahre das Schloß unversehrt bewahrten für den Herrn und Meister, für den Gemahl.

Wer sieht nicht, daß unsere Glaubenstreue mehr denn je eine Lehenstreue ist. Daß unsere Standhaftigkeit, unser Glaube, unsere Treue, ein eigenes, bisher unbekanntes Gewicht besitzen, weil sie durch bisher unbekannte Prüfungen hindurchgegangen sind. Es ist eine ewige Frage, ob die Unwissenheit näher bei Gott ist oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit schöner ist in den Augen Gottes oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit Gott angenehmer ist oder die Erfahrung. Aber eines können wir sagen, weil wir es sehen: unsere Glaubenstreue hat eine gewisse besondere Schönheit, die wir gleichsam erfunden haben. Die wie geschaffen wurde für die heutige Welt. Unsere Treue ist  gleichsam treuer als die einstige Treue. Wie gesteigert. Wie ins Licht gehoben. Mehr als je ein Glaube, der durchhält.

Miles Christi. Jeder Christ ist heute Soldat. Kämpfer Christi. Es gibt keine ruhigen Christen mehr. Diese Kreuzzüge, die unsere Väter in den Ländern der Ungläubigen suchten, sie kommen heute von selbst auf uns zu, wir haben sie bei uns zu Hause. Unsere Glaubenstreue ist ein Kastell. Jene Kreuzzüge, die ganze Völker versetzten, die einen Erdteil auf den anderen warfen, sind zurückgeflutet auf uns, bis in unsere Häuser. Die Ungläubigen, einzeln oder gebündelt, umrißlos oder bestimmt, unförmig oder geformt, allenthalben verbreitet, verankert im öffentlichen Recht – und mehr noch die Ungläubigkeiten, die Treulosigkeiten haben den Kampf bis zu uns zurückgeschlagen.

Der Geringste von uns ist ein Soldat. Der Geringste von uns ist buchstäblich ein Kreuzfahrer. Alle unsere Häuser befinden sich heute in periculo maris, sind vom Meer bedroht. Der Heilige Krieg ist überall. Er währt ununterbrochen. Das ist längst kein hundertjähriger Krieg mehr. In diesem Moment (1911) befindet er sich in seinem zweihundertsten oder hundertfünfzigsten Jahr. Er ist überall, darum braucht er auch nirgends mehr gepredigt zu werden. An keinem bestimmten Ort.

Dieser Krieg, der sich einst wie ein großer Fluß bewegte, dessen Namen man kannte, dieser Krieg umspannt nun den Kontinent, geht über den Kontinent hinaus, bewegt sich wie ganze Völker, wie ganze kontinentale Armeen von einem Kontinent zum anderen, ist heute in tausend Flüsse aufgespalten, er steht heute vor unserer Schwelle, er schlägt an unsere Tore. Wir alle sind Inseln, gepeitscht von einem unaufhörlichen Sturm, und alle unsere Häuser sind Festungen im Meer.

Und das heißt, daß die Tugenden, die einst von einer bestimmten Fraktion der Christen verlangt waren, heute von der gesamten Christenheit eingefordert werden. Ein Kampf, eine Tugend, die einst freiwillig waren, da sie den Gegenstand eines Gelübdes bildeten, sind heute benötigt, gefordert, gebieterisch auferlegt, ohne daß und bevor wir noch dazu Stellung nehmen könnten. Ohne daß wir befragt würden. Ohne daß wir unsere Ansicht dazu äußern müßten. Hier gilt die Redensart: Jeder ist Soldat trotz seiner Einwilligung. Welcher Vertrauensbeweis an die Truppe! Es gilt buchstäblich der obligatorische Militärdienst; und es ist äußerst beachtlich, daß die weltlichen Staaten genau das gleiche Gesetz erlassen haben, das für die Christenheit gilt. Es ist Massenaushebung (levée en masse).

Was Sache des Gelübdes war und infolgedessen der Freiheit des Einzelnen überlassen blieb, ist Gesetz für alle geworden. Man hat so sehr auf uns gezählt, daß, wo die andern frei waren, wir gezwungen sind. Was den andern angeboten war, ist uns auferlegt. Was für die anderen außergewöhnlich war, ist für uns gewöhnlich, macht uns selbst aus. Aus diesem Stoff ist unser ganzes Leben gemacht, aus diesem Stoff ist unser Mut gemacht.

Unsere Väter mußten selber „das Kreuz nehmen“ und mit ihm fortziehen, in den Kreuzzug. Uns gibt Gott das Kreuz (welcher Vertrauensbeweis!) für einen unaufhörlichen Kreuzzug am Ort. Die schwächsten Frauen, die Kinder in der Wiege sind schon belagert. Der Krieg steht auf der Schwelle und klopft an unsere Pforten. Wir müssen ihn nicht suchen, wir müssen ihn nicht hinaustragen. Er ist es, der uns sucht. Er ist es, der uns findet. Die Tugenden, die einst den Soldaten, den bewaffneten Männern, den Edelleuten in ihren Rüstungen vorbehalten waren, sie werden heute von dieser Frau und von diesem Kind abverlangt.

Von dort erwachsen uns unsere Standhaftigkeit, unsere Treue, unsere Pflicht, von dort empfangen wir diese einzigartige Größe, diese tragische, auf der Welt einzigartige Schönheit der Belagerten, diese Schönheit der Treue in der Einkesselung, der die Größe entspringt, die tragische Schönheit der großen militärischen Belagerungen, der Belagerung von Orléans, der Belagerung von Paris. Wir werfen uns heute alle in die Bresche. Wir stehen heute alle an der Front. Ihre Grenze ist überall. Der Krieg ist überall, in tausend Stücke aufgespalten, zerteilt, zerbröselt. Wir stehen heute alle auf den Stufen des Königreiches.

Aus: Charles Péguy, Wir stehen alle an der Front. Eine Prosa-Auswahl von Hans Urs von Balthasar (1953). Bearbeitung und zusätzliche Übertragungen von Martin Lichtmesz.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

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[1] Image: http://www.sezession.de/44818/charles-peguy-alle-unsere-haeuser-sind-festungen-im-meer.html/peguy

[2] Robert Spaemann: http://www.kath-info.de/frustration.html

[3] vastatio: http://dela.dict.cc/?s=vastatio

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Charles Péguy, un hétérodoxe entre socialisme et christianisme

Charles Péguy, un hétérodoxe entre socialisme et christianisme

Méridien Zéro a reçu Rémi Soulié, critique littéraire au Figaro Magazine pour évoquer avec lui la figure de Charles Péguy, poète, écrivain et essayiste.

A la barre, Olivier François assisté de Jean-Louis Roumégace.

A la technique JLR.

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2014/02/13/emission-...

charles péguy, poète, 1914, patrie

lundi, 28 avril 2014

Pourquoi les pauvres votent à droite?

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Pourquoi les pauvres votent à droite?

par Serge Halimi
 
 
Après chaque nouveau scrutin, le même étonnement. Comment expliquer qu’une masse d’électeurs désargentés se déplace pour apporter leur soutien à ceux-là mêmes qui proposent d’abord de réduire les impôts des riches. Dans la préface au livre de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Serge Halimi donne des éléments pour analyser ce paradoxe qui est loin d’être seulement américain ou français.

En novembre 2004, l’État le plus pauvre des États-Unis, la Virginie-Occidentale, a réélu George W Bush avec plus de 56 % des suffrages. Depuis, il n’a cessé de soutenir les candidats républicains à la Maison Blanche. Pourtant, le New Deal avait sauvé la Virginie-Occidentale de la famine pendant les années 1930. L’États demeura un bas­tion démocrate jusqu’en 1980, au point de voter alors contre Ronald Reagan. Il reste encore aujourd’hui un fief du syndicat des mineurs et rappelle parfois que « Mother Jones », figure du mouvement ouvrier américain, s’y illus­tra. Alors, républicaine, la Virginie-Occidentale ? L’idée semblait aussi biscornue que d’imaginer des villes « rouges » comme Le Havre ou Sète « tombant » à droite. Justement, cette chute est déjà intervenue… Car cette his­toire américaine n’est pas sans résonance en France.

Plutôt qu’en Virginie-Occidentale, Thomas Frank a enquêté dans son Kansas natal. La tradition populiste de gauche y fut aussi vive, mais sa disparition est plus ancienne. Là-bas, il a vu s’exaucer le rêve des conserva­teurs : une fraction de la classe ouvrière procure à ceux-ci les moyens politiques de démanteler les protections autrefois arrachées par le monde ouvrier. L’explication que Frank avance n’est pas seulement — pas strictement — reli­gieuse ou « culturelle », liée au surgissement de questions susceptibles d’opposer deux fractions d’un même groupe social — qu’on pense, par exemple, à l’avortement, au mariage homosexuel, à la prière dans les écoles, à la peine de mort, à l’attachement aux armes à feu, à la pornogra­phie, à la place des « minorités », à l’immigration, à la dis­crimination positive… Quand le mouvement ouvrier se défait, la liste de ces motifs de discorde s’allonge. Puis la vie politique et médiatique se recompose autour d’eux. La droite américaine n’a pas attendu Richard Nixon, Ronald Reagan, George W. Bush et le Tea Party pour découvrir l’usage qu’elle pourrait faire des sentiments tra­ditionalistes, nationalistes ou simplement réactionnaires d’une fraction de l’électorat populaire. Y recourir lui semble d’autant plus avantageux qu’elle opère dans un pays où les élans socialistes sont demeurés contrariés et le sentiment de classe moins prononcé qu’ailleurs.

Frank éclaire un autre paradoxe, qui n’est pas spécifi­quement américain, et qui l’est même de moins en moins. L’insécurité économique déchaînée par le nouveau capitalisme a conduit une partie du prolétariat et des classes moyennes à rechercher la sécurité ailleurs, dans un univers « moral » qui, lui, ne bougerait pas trop, voire qui réhabiliterait des comportements anciens, plus familiers. Ces cols bleus ou ces cols blancs votent alors pour les Républicains car les architectes de la révolution libérale et de l’instabilité sociale qui en découle ont eu l’habileté de mettre en avant leur conservatisme sur le terrain des « valeurs ». Parfois, leur sincérité n’est pas en cause : on peut spéculer sur les fonds de pension les plus « inno­vants » tout en s’opposant à l’avortement. La droite gagne alors sur les deux tableaux, le « traditionnel » et le « libé­ral ». L’aspiration au retour à l’ordre (social, racial, sexuel, moral) s’accroît au rythme de la déstabilisation induite par ses « réformes » économiques. Les conquêtes ouvrières que le capitalisme doit refouler en prétextant la concur­rence internationale sont présentées comme autant de reliquats d’une ère révolue. Voire d’un droit à la paresse, à la fraude, à l’« assistanat », à l’immoralité d’une culture trop accommodante envers les corporatismes et les « avan­tages acquis ». La concurrence avec la Chine ou avec l’Inde (hier, avec le Japon ou l’Allemagne) impose que la jouissance cède le pas au sacrifice. Haro donc sur ceux qui ont dénaturé la « valeur travail » ! En France, un homme politique de premier plan imputa à l’« esprit de Mai 68 » un grief de ce genre. Il est devenu président de la République. Et il aspire à le redevenir.

Outre-Atlantique, la dimension religieuse a propulsé le ressentiment conservateur davantage qu’en Europe. Elle a procuré à la droite américaine nombre de recrues dans l’électorat populaire, lesquelles ont ensuite conforté l’as­sise de masse d’un parti républicain soumis à l’emprise croissante des ultralibéraux et des fondamentalistes chré­tiens. Dès la fin des années i960, on observe ce mouve­ment de politisation de la foi. En janvier 1973, quand l’arrêt « Roe vs Wade » de la Cour suprême légalise l’avor-tement, des millions de fidèles, jusqu’alors peu soucieux d’engagement politique et électoral, plongent dans la mêlée. Leurs convictions les plus sacrées ont été bafouées ? L’État et les tribunaux qui ont autorisé cela sont instan­tanément frappés d’illégitimité. Pour laver l’affront, les religieux s’emploieront à tout reconquérir, à tout conver­tir : Maison-Blanche, Congrès, gouvernement des États, tribunaux, médias. Il leur faudra chasser les mauvais juges de la Cour suprême, imposer de meilleures lois, plus ver­tueuses, élire des chefs d’État qui proclameront que la vie du fœtus est sacrée, imposer les « valeurs traditionnelles » aux studios de Hollywood, exiger davantage de com­mentateurs conservateurs dans les grands médias.

Mais comment ne pas voir alors que certaines des « plaies » incriminées par les traditionalistes — l’« hédonisme », la « pornographie » — sont alimentées par le divin marché ? C’est simple : depuis 1980, chacun des présidents répu­blicains attribue la « faillite de la famille » à la décadence d’un État trop présent. En substituant son « humanisme laïc » à l’instruction et à l’assistance autrefois dispensées par les voisinages de quartier, les charités, les Églises, il aurait sapé l’autorité familiale, la moralité religieuse, les vertus civiques. L’ultralibéralisme a pu ainsi fusionner avec le puritanisme.

Si un tel registre n’est pas tout à fait transposable en France, Nicolas Sarkozy a néanmoins abordé lui aussi la question des valeurs et de la foi. Auteur en 2004 d’un livre titré La République, les religions, l’espérance, il y proclame d’emblée : « Je considère que, toutes ces dernières années, on a surestimé l’importance des questions sociologiques, tandis que le fait religieux, la question spirituelle ont été très largement sous-estimés. [...] Les fidèles des grands courants religieux [...] ne comprennent pas la tolérance naturelle de la société à l’endroit de toutes sortes de groupes ou d’appartenances ou de comportements mino­ritaires, et le sentiment de méfiance à l’endroit des reli­gions. Ils vivent cette situation comme une injustice ! [...] Je crois au besoin de religieux pour la majorité des hommes et des femmes de notre siècle. [.] La religion catholique a joué un rôle en matière d’instruction civique et morale pendant des années, lié à la catéchèse qui exis­tait dans tous les villages de France. Le catéchisme a doté des générations entières de citoyens d’un sens moral assez aiguisé. À l’époque, on recevait une éducation religieuse même dans les familles où on ne croyait pas. Cela per­mettait d’acquérir des valeurs qui comptaient pour l’équi­libre de la société. [...] Maintenant que les lieux de culte officiels et publics sont si absents de nos banlieues, on mesure combien cet apport spirituel a pu être un facteur d’apaisement et quel vide il crée quand il disparaît.   »

Des « comportements minoritaires » (de quoi parle-t­il ?) imprudemment tolérés par « toutes sortes de groupes » (à qui pense-t-il ?) pendant que la réflexion reli­gieuse, porteuse de « valeurs », de « sens moral » et « d’apaisement » serait, elle, ignorée ou dédaignée : on ne sait trop s’il s’agissait, avec cet éloge de « la catéchèse », de rafraîchir les vieilles idées, bien françaises, de la Restauration (le sabre et le goupillon, le sacre et l’autel, les curés prêchant la soumission aux écoliers appelés à devenir de braves ouvriers tandis que des instituteurs « rouges » leur farcissaient le crâne avec le socialisme et la lutte de classe) ou si, plutôt, déjà « Sarko l’Américain » se dévoilait. Ami à la fois de Bolloré et des curés.

La droite américaine a toujours insisté sur le thème de la « responsabilité individuelle », du pionnier entreprenant et vertueux qui se fraie un chemin jusqu’aux rivages du Pacifique. Ce faisant, elle a pu stigmatiser, sans trop de mauvaise conscience, une population noire à la fois très dépendante des emplois publics et au sein de laquelle les familles monoparentales sont nombreuses, en général en raison de l’absence ou de l’incarcération du père. L’essor du conservatisme a ainsi lié réaffirmation religieuse, tem­pérance sexuelle, backlash racial, anti-étatisme et célébra­tion d’un individu simultanément calculateur et éclairé par les enseignements de Dieu. Cherchant à expliquer ce qui rendit aux États-Unis cet attelage libéral-autoritaire moins instable qu’on ne l’imagine, l’historien Christopher Lasch suggéra qu’aux yeux des Républicains une lutte opposait la « classe » des producteurs privés et celle des intellectuels publics, la seconde cherchant à accroître son emprise sur le mariage, la sexualité et l’éducation des enfants de la même manière qu’elle avait étendu ses contrôles sur l’entreprise. L’un des principaux mérites de Thomas Frank est de nous aider à comprendre la conver­gence de ces griefs qu’on pourrait juger contradictoires. Et, chemin faisant, de nous éclairer sur l’identité, les res­sorts, les tourments et le dévouement militant du petit peuple conservateur sans jamais recourir au registre du mépris que privilégient spontanément tant d’intellectuels ou de journalistes à l’encontre de quiconque ne relève ni de leur classe, ni de leur culture, ni de leur opinion. Conjugué à une écriture empreinte d’ironie et qui récuse le prêchi-prêcha, ce genre d’« intelligence avec l’ennemi » donne au livre son charme et sa portée.

Une réaction conservatrice découle en général d’une appréciation plus pessimiste des capacités de progrès col­lectif. Au cours des années i960, les États-Unis imagi­naient qu’ils sauraient combattre le communisme sur le terrain de l’exemplarité sociale — d’où les volontaires du Peace Corps (Corps de la Paix) chargés par John Kennedy d’éduquer et de soigner les peuples du tiers-monde ; d’où aussi la « guerre contre la pauvreté » que le Président Johnson déclenche quelques années plus tard. La super­puissance américaine entrevoyait également qu’elle pour­rait abolir la peine de mort et dépeupler ses prisons en proposant aux délinquants des programmes de soins, de formation, de travail salarié, d’éducation, de désintoxica­tion. L’État est alors réputé pouvoir tout faire. Il avait sur­monté la crise de 1929, vaincu le fascisme ; il saurait reconstruire les taudis, conquérir la Lune, améliorer la santé et le niveau de vie de chaque Américain, garantir le plein emploi. Peu à peu, le désenchantement apparaît, la croyance dans le progrès se délite, la crise s’installe. À la fin des années i960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, optimiste, conquérant, égalitaire, aspirant au désir partagé de vivre mieux) en un « popu­lisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés de ne plus pouvoir tenir leur rang, d’être rattrapés par plus déshérités qu’eux. Les « eaux glacées du calcul égoïste » submergent les utopies publiques héritées du New Deal. Pour le parti démocrate, associé au pouvoir gouvernemental et syndical, le retour de bâton est brutal. D’autant que la question de l’insé­curité resurgit dans ce contexte. Elle va progressivement embourgeoiser l’identité de la gauche, perçue comme trop angélique, efféminée, laxiste, intellectuelle, et prolétariser celle de la droite, jugée plus déterminée, plus masculine, moins « naïve ».

Cette métamorphose s’accomplit à mesure que les ghettos s’enflamment, que l’inflation resurgit, que le dol­lar baisse, que les usines ferment, que la criminalité s’am­plifie et que l’« élite », jadis associée aux possédants, aux grandes familles de l’industrie et de la banque, devient identifiée à une « nouvelle gauche » exagérément friande d’innovations sociales, sexuelles, sociétales et raciales. La perte d’influence du mouvement ouvrier au sein du parti démocrate et l’ascendant corrélatif d’une bourgeoisie néo­libérale cosmopolite et cultivée n’arrangent rien. Les médias conservateurs, en plein essor, n’ont plus qu’à déchaîner leur truculence contre une oligarchie radical-chic au parler exsangue et technocratique, lovée dans de belles résidences des États côtiers, touriste dans son propre pays, protégée d’une insécurité qu’elle conteste avec l’insouciance de ceux que cette violence épargne. Au reste, n’est-elle pas entretenue dans ses aveuglements par une ménagerie d’avocats procéduriers, de juges laxistes, d’intellectuels jargonnants, d’artistes blasphémateurs et autres boucs émissaires rêvés du ressentiment populaire ? « Progressistes en limousine » là-bas ; « gauche caviar » chez nous.

Nicolas Sarkozy aime les États-Unis et il apprécie qu’on le sache. Dans son discours du 7 novembre 2007 devant le Congrès, il a évoqué avec une émotion qui n’était pas entièrement factice la conquête de l’Ouest, Elvis Presley, John Wayne, Charlton Heston. Il aurait dû citer Richard Nixon, Ronald Reagan et George W Bush tant son élec­tion, inspirée des recettes de la droite américaine, n’aurait pas été concevable sans le basculement à droite d’une frac­tion des catégories populaires autrefois acquises à la gauche. Car ceux des châtelains de Sologne qui ont sablé le champagne le soir de sa victoire n’ont pu le faire que grâce au renfort électoral des ouvriers de Charleville-Mézières, lesquels furent sans doute moins sensibles à la promesse d’un « bouclier fiscal » qu’aux homélies de l’an­cien maire de Neuilly sur « la France qui souffre », celle « qui se lève tôt » et qui aime l’« industrie ».

Quiconque passe en revue les éléments les plus dis-tinctifs du discours de la droite française y retrouve l’ac­cent mis sur le déclin national, la décadence morale ; la lancinante musique destinée à préparer les esprits à une thérapie de choc libérale (la « rupture ») ; le combat contre une « pensée unique de gauche » qu’on accuse d’avoir enkysté l’économie et atrophié le débat public ; le réar­mement intellectuel « gramscien » d’une droite « décom­plexée » ; la redéfinition de la question sociale de manière à ce que la ligne de clivage n’oppose plus riches et pauvres, capital et travail, mais deux fractions du « prolétariat » entre elles, celle qui « n’en peut plus de faire des efforts » et la « république de l’assistanat » ; la mobilisation d’un petit peuple conservateur dont on se prétend l’expression persécutée ; le volontarisme politique, enfin, face à une élite gouvernante qui aurait baissé les bras. Presque tous ces ingrédients ont déjà été accommodés dans le Kansas de Thomas Frank.

Un homme à poigne s’impose plus naturellement quand le désordre s’empare de la vieille maison. En 1968, Nixon rode un discours glorifiant la « majorité silencieuse » qui n’accepte plus de voir son pays devenir la proie du chaos. Deux assassinats politiques (Martin Luther King, Robert Kennedy) viennent d’avoir lieu et, après le traumatisme des émeutes de Watts (Los Angeles) en août 1965 (trente-quatre morts et mille blessés), des répliques sont interve­nues à Detroit en juillet 1967, puis à Chicago et à Harlem. Nixon invite ses compatriotes à écouter « une autre voix, une voix tranquille dans le tumulte des cris. C’est la voix de la grande majorité des Américains, les Américains oubliés, ceux qui ne crient pas, ceux qui ne manifestent pas. Ils ne sont ni racistes ni malades. Ils ne sont pas coupables des fléaux qui infestent notre pays ». Deux ans plus tôt, en 1966, un certain Ronald Reagan s’était fait élire gouverneur de Californie en détachant les « petits Blancs » d’un parti démocrate dont il avait pour­fendu le manque de fermeté face à des étudiants contes­tataires opposés à la fois à la guerre du Vietnam, à la police et à la moralité « bourgeoise » — laquelle ne se dis­tinguait pas toujours de la moralité ouvrière.

Les soulèvements urbains, les « désordres » dans les campus procurèrent ainsi à la droite américaine l’occasion de se « prolétariser » sans bourse délier. Un peu à la manière de Nixon, Nicolas Sarkozy s’est employé à dres­ser la « majorité silencieuse » des petits contribuables qui « n’en peuvent plus » contre une jeunesse à ses yeux dépourvue du sens de la reconnaissance. Mais, dans son cas, il ne s’agissait plus de vilipender l’ingratitude des petits bourgeois chevelus d’autrefois ; sa cible ne relevait ni de la même classe ni des mêmes quartiers : « La vérité, c’est que, depuis quarante ans, on a mis en place une stra­tégie erronée pour les banlieues. D’une certaine manière, plus on a consacré de moyens à la politique de la ville, moins on a obtenu de résultats. » Le 18 décembre 2006, dans les Ardennes, le ministre de l’Intérieur d’alors pré­cisa son propos. Il salua « la France qui croit au mérite et à l’effort, la France dure à la peine, la France dont on ne parle jamais parce qu’elle ne se plaint pas, parce qu’elle ne brûle pas de voitures — cela ne se fait pas ici de casser ce que l’on a payé si cher —, parce qu’elle ne bloque pas les trains. La France qui en a assez que l’on parle en son nom ». « Les Américains qui ne crient pas », disait Nixon ; « la France qui ne se plaint pas », répond Sarkozy.

Entre 1969 et 2005, la droite américaine aura occupé la Maison-Blanche vingt-quatre années sur trente-six. De 1995 à 2005, elle a également contrôlé les deux chambres du Congrès et les gouvernements de la plupart des États. La Cour suprême est entre ses mains depuis très long­temps. Malgré cela, Frank insiste sur ce point, les conser­vateurs jouent aux persécutés. Plus la droite domine, plus elle se prétend dominée, anxieuse de « rupture » avec le statu quo. Car, à ses yeux, le « politiquement correct », c’est toujours les autres. Tant que demeurera un petit journal de gauche, un universitaire qui quelque part enseigne Keynes, Marx ou Picasso, les États-Unis reste­ront décriés comme une caserne soviétique. La rancœur fait carburer la locomotive conservatrice ; c’est, toujours en avant, jamais content. Symbole de la petite bourgeoi­sie provinciale, Nixon se jugeait méprisé par la dynastie des Kennedy et par les grands médias. George W Bush (études à Yale puis à Harvard, fils de Président et petit-fils de sénateur) s’est perçu lui aussi comme un rebelle, un petit Texan teigneux et mal embouché, égaré dans un monde de snobs façonnés par le New York Times.

Et Nicolas Sarkozy ? Avions-nous mesuré à quel point il fut vilipendé lui aussi ? Maire à vingt-neuf ans d’une ville richissime, tour à tour ministre du Budget, de la Communication, numéro deux du gouvernement, res­ponsable de la police, grand argentier, président du parti majoritaire, avocat d’affaires, ami constant des milliar­daires qui possèdent les médias (et qui produisent des pro­grammes célébrant la police, l’argent et les nouveaux riches), il a énormément souffert du mépris des « élites »! « Depuis 2002, a-t-il précisé, je me suis construit en marge d’un système qui ne voulait pas de moi comme président de l’UMP, qui récusait mes idées comme ministre de l’Intérieur et qui contestait mes propositions. » Cinq ans après le début de ce purgatoire, au cours d’un meeting auquel participaient des proscrits aussi notoires que Valéry Giscard d’Estaing et Jean-Pierre Raffarin, il lança à ses petits camarades : « Dans cette campagne, j’ai voulu m’adresser à la France exaspérée, à cette France qui souffre, à laquelle personne ne parlait plus, sauf les extrêmes. Et le miracle s’est produit. Le peuple a répondu. Le peuple s’est levé. Il a choisi et ce n’est pas conforme à la pensée unique. Maintenant, on veut le faire rasseoir. Eh bien moi, je veux être le candidat du peuple, le porte-parole du peuple, de tous ceux qui en ont assez qu’on les mette de côté. » Le lendemain, il précisait à des ouvriers de l’usine Vallourec : « C’est vous qui choisirez le président de la République. Ce n’est pas les élites, les sondages, les jour­nalistes. S’ils s’y mettent si nombreux pour m’empêcher, c’est qu’ils ont compris qu’une fois le train passé il sera trop tard. » Il est trop tard, et les « élites » se terrent.

C’est là une vieille recette de la droite : pour ne pas avoir à s’étendre sur la question des intérêts (économiques) — ce qui est sage quand on défend ceux d’une minorité de la population —, il faut se montrer intarissable sur le thème des valeurs, de la « culture » et des postures : ordre, autorité, travail, mérite, moralité, famille. La manœuvre est d’autant plus naturelle que la gauche, terrorisée à l’idée qu’on pourrait la taxer de « populisme », refuse de dési­gner ses adversaires, à supposer qu’elle en conserve un seul en dehors du racisme et de la méchanceté. Pour le parti démocrate, la peur de faire peur — c’est-à-dire en vérité celle d’être vraiment de gauche — devint paralysante à un moment où, de son côté, la droite ne montrait aucune retenue, aucun « complexe » de ce genre. Un jour, François Hollande, qui n’avait pas employé le mot « ouvrier » une seule fois dans sa motion adoptée par les militants lors du congrès de Dijon (2003), laissa échap­per que les socialistes français s’en prendraient peut-être aux « riches ». Il se garda de récidiver devant le hourvari qui s’ensuivit. Demeurent donc les valeurs pour feindre de se distinguer encore. En débattre sans relâche a permis à la gauche libérale de maquiller son accord avec la droite conservatrice sur les dossiers de la mondialisation ou des rapports avec le patronat — « les entrepreneurs ». Mais cela a offert aux conservateurs l’occasion d’installer la discorde au sein des catégories populaires, en général plus parta­gées sur les questions de morale et de discipline que sur la nécessité d’un bon salaire. Au total, qui y a gagné ? Dans le Kansas de Thomas Frank, on connaît la réponse.

Ailleurs aussi parfois. Le 29 avril 2007 à Paris, devant une foule qui bramait son plaisir, Nicolas Sarkozy pour­fendit avec gourmandise un grand moment d’épouvante survenu près de quarante ans plus tôt : « Ils avaient pro­clamé que tout était permis, que l’autorité c’était fini, que la politesse c’était fini, que le respect c’était fini, qu’il n’y avait plus rien de grand, plus rien de sacré, plus rien d’ad­mirable, plus de règle, plus de norme, plus d’interdit. [...] Voyez comment l’héritage de Mai 68 a liquidé l’école de Jules Ferry, [...] introduit le cynisme dans la société et dans la politique, [.] contribué à affaiblir la morale du capitalisme, [.] préparé le triomphe du prédateur sur l’entrepreneur, du spéculateur sur le travailleur. [...] Cette gauche héritière de Mai 68 qui est dans la politique, dans les médias, dans l’administration, dans l’économie, [.] qui trouve des excuses aux voyous, [...] condamne la France à un immobilisme dont les travailleurs, dont les plus modestes, les plus pauvres, ceux qui souffrent déjà seraient les principales victimes. [.] La crise du travail est d’abord une crise morale dans laquelle l’héritage de Mai 68 porte une lourde responsabilité. [...] Écoutez-les, les héritiers de Mai 68 qui cultivent la repentance, qui font l’apologie du communautarisme, qui dénigrent l’identité nationale, qui attisent la haine de la famille, de la société, de l’État, de la nation, de la République. [...] Je veux tourner la page de Mai 68. » En privilégiant dès les années i960 « les couleurs vives aux tons pastel », Reagan avait anticipé le discours de combat de Sarkozy, mais aussi ceux de Berlusconi et de Thatcher et contredit tous ces politologues qui ne conçoivent la conquête du pouvoir que comme une éternelle course au centre. Les Républicains proposèrent « un choix, pas un écho ». Ne plus redouter son ombre, voilà une idée dont la gauche gagnerait à s’inspirer.

Le succès de la droite en terrain populaire ne s’explique pas uniquement par la pugnacité ou par le talent de ses porte-parole. Aux États-Unis, comme en France, elle pro­fita de transformations sociologiques et anthropologiques, en particulier d’un affaiblissement des collectifs ouvriers et militants qui a conduit nombre d’électeurs aux reve­nus modestes à vivre leur rapport à la politique et à la société sur un mode plus individualiste, plus calculateur. Le discours du « choix », du « mérite », de la « valeur tra­vail » les a ciblés. Ils veulent choisir (leur école, leur quar­tier) pour ne pas devoir subir ce qu’il y a de pire ; ils estiment avoir du mérite et n’en être pas récompensés ; ils travaillent dur et gagnent peu, guère plus, estiment-ils, que les chômeurs et les immigrés. Les privilèges des riches leur semblent tellement inaccessibles qu’ils ne les concer­nent plus. À leurs yeux, la ligne de fracture économique passe moins entre privilégiés et pauvres, capitalistes et ouvriers, davantage entre salariés et « assistés », Blancs et « minorités », travailleurs et fraudeurs. Pendant les dix années qui précédèrent son accession à la Maison-Blanche, Reagan raconta ainsi l’histoire (fausse) d’une « reine de l’aide sociale [welfare queen] qui utilise quatre-vingts noms, trente adresses et douze cartes de sécurité sociale, grâce à quoi son revenu net d’impôt est supérieur à i50 000 dollars ». Il pourfendit également les fraudeurs paradant dans les supermarchés, se payant des « bouteilles de vodka » avec leurs allocations familiales et « achetant des T-bone steaks pendant que vous, vous attendez à la caisse avec votre paquet de viande hachée ». Un jour, Jacques Chirac se découvrit les mêmes talents de fabu­liste : « Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturel­lement travailler… Si vous ajoutez le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier devient fou. » Ce fameux « père de famille » touchant plus de 7 500 euros d’aides sociales par mois n’existait pas. Il ne coûtait donc rien à personne. Mais il rapporta très gros à quelques-uns.

Nicolas Sarkozy a refusé « que ceux qui ne veulent rien faire, que ceux qui ne veulent pas travailler vivent sur le dos de ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent dur ». Il a opposé la France « qui se lève tôt » à celle des « assistés », jamais à celle des rentiers. Parfois, à l’américaine, il a ajouté une dimension ethnique et raciale à l’opposition entre catégories populaires dont il escomptait des divi­dendes électoraux. Ainsi, à Agen, le 22 juin 2006, ce pas­sage d’un de ses discours lui valut sa plus longue ovation : « Et à ceux qui ont délibérément choisi de vivre du tra­vail des autres, ceux qui pensent que tout leur est dû sans qu’eux-mêmes doivent rien à personne, ceux qui veulent tout tout de suite sans rien faire, ceux qui, au lieu de se donner du mal pour gagner leur vie, préfèrent chercher dans les replis de l’histoire une dette imaginaire que la France aurait contractée à leur égard et qu’à leurs yeux elle n’aurait pas réglée, ceux qui préfèrent attiser la surenchère des mémoires pour exiger une compensation que per­sonne ne leur doit plutôt que de chercher à s’intégrer par l’effort et par le travail, ceux qui n’aiment pas la France, ceux qui exigent tout d’elle sans rien vouloir lui donner, je leur dis qu’ils ne sont pas obligés de demeurer sur le territoire national. » Indolence, assistance, récriminations et immigration se trouvaient ainsi mêlées. Un cocktail qui se révèle souvent très performant.

En juillet 2004, alors que Frank et moi roulions entre Washington et la Virginie-Occidentale, l’autoradio dif­fusait l’émission de Rush Limbaugh, écoutée par treize millions d’auditeurs. La campagne électorale battait son plein et l’animateur ultraconservateur y consacrait toute son attention, sa gouaille, sa férocité. Or, à l’entendre, quel était le sujet du jour ? Le fait que, quelques heures plus tôt dans un restaurant, l’épouse richissime du can­didat démocrate John Kerry avait semblé ignorer l’exis­tence d’un plat traditionnel américain. L’acte d’accusation de Limbaugh et des auditeurs à qui il avait choisi de don­ner la parole (ou de ne pas la retirer) fut tout trouvé : décidément, ces Démocrates n’étaient pas en phase avec le peuple, sa culture, sa cuisine. Et comment s’étonner ensuite que John Kerry — grande famille de la côte Est, études privées en Suisse, mariage avec une milliardaire, cinq résidences, un avion privé pour aller de l’une à l’autre, du snowboard en hiver, du windsurf en été, même son vélo valait 8 000 dollars — parle.   français !

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L’insistance que des idéologues conservateurs, aussi pré­sents dans les médias que dans les églises, réservent à des manières d’être (ou des affectations) humbles, pieuses, simples, patriotiques — les leurs, bien entendu — est d’au­tant plus redoutable que la gauche, elle, paraît de plus en plus associée à l’expertise, à la morgue, au cosmopoli­tisme, au mépris du peuple. Le piège s’est alors refermé : en mettant en veilleuse les questions de classe, les Démocrates ont enflé les voiles d’un poujadisme culturel qui les a balayés. Au bout de la route, on trouve ce « dérangement » mental que Frank examine en même temps qu’il en procure les clefs : depuis 1980 aux États-Unis, des hommes politiques de droite, de Ronald Reagan à George W. Bush, ont obtenu le soutien de certains des groupes sociaux qui constituaient les cibles de leurs pro­positions économiques (ouvriers, employés, personnes âgées) en se réclamant des goûts et des traditions popu­laires. Pendant que le Président californien et son succes­seur texan offraient de plantureux abattements fiscaux aux riches, ils promettaient aux petits, aux obscurs et aux sans-grade le retour à l’ordre, au patriotisme, aux drapeaux qui flottent, aux couples qui se marient et aux jours de chasse avec grand-père.

Tout au long de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a évoqué les « travailleurs qui rentrent crevés », ceux qui « se trimbalent avec une dent qui manque ». Il a même écrit : « Dans les usines, on parle peu. Il y a chez les ouvriers une noblesse de sentiments qui s’exprime plus par des silences enveloppés dans une forme extrême de pudeur que par des mots. J’ai appris à les comprendre et j’ai l’impression qu’ils me comprennent. 3 » Cette conni­vence revendiquée avec la majorité des Français — télé­spectateurs de Michel Drucker et fans de Johnny Hallyday mêlés — lui paraît d’autant plus naturelle que « Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel, je suis quelqu’un de concret, un homme vivant, avec une famille, comme les autres 4 ». En face, soucieuse de mieux se fondre dans l’économie « post-industrielle » qu’affectionnent les lecteurs des Inrockuptibles et de Libération, de rassurer les petits bour­geois écologistes des villes qui dorénavant constituent le socle de son électorat, la gauche a choisi de purger son vocabulaire des mots « prolétariat » et « classe ouvrière ». Résultat, la droite les récupère : « Il y en a, s’amusa un jour Nicolas Sarkozy, qui sont dans un grand hôtel pour bavasser ensemble, ils discutent boutique et partis. Moi, mon hôtel, c’est l’usine, je suis au milieu des Français. [...] Les usines, c’est beau, il y a du bruit, ça vit, personne ne se sent seul, il y a les copains, la fraternité, c’est pas comme les bureaux. »

Pour un homme de droite, il est bien sûr avantageux de savoir dresser le prolétariat et les petites classes moyennes tantôt contre les « nantis » résidant à l’étage du dessus (employés avec statuts, syndicats et « régimes spéciaux ») ; tantôt contre les « assistés » relégués un peu plus loin ; ou contre les deux à la fois. Mais si cela ne suffit pas, l’anti-intellectualisme constitue une puissante arme de secours, qui peut permettre de conduire la politique du Medef avec les anciens électeurs de Georges Marchais. Quand Frank démonte ce stratagème, il se garde de le déplorer avec les airs d’un mondain de Manhattan. Il en éclaire les ressorts. Celui-ci par exemple : la mondialisation écono­mique, qui a laminé les conditions d’existence des caté­gories sociales les plus mal dotées en capital culturel (diplômes, langues étrangères, etc.), semble au contraire avoir réservé ses bienfaits aux « manipulateurs de sym­boles » : essayistes, juristes, architectes, journalistes, finan­ciers. Alors, quand ces derniers prétendent, en plus, dispenser aux autres des leçons d’ouverture, de tolérance, d’écologie et de vertu, la colère déferle.

Les Républicains, qui ont excellé à se présenter comme assiégés par une élite culturelle et savante, pouvaient-ils par conséquent rêver avoir des adversaires plus détestés ? L’isolement social de la plupart des intellectuels, des « experts », des artistes, leur individualisme, leur narcissisme, leur dédain des tra­ditions populaires, leur mépris des « ploucs » éparpillés loin des côtes ont ainsi alimenté un ressentiment dont Fox News et le Tea Party firent leur pelote. En prenant pour cible principale l’élite de la culture, le populisme de droite a protégé l’élite de l’argent. Il n’y est parvenu que parce que la suffisance de ceux qui savent est devenue plus insupportable que l’impudence des possédants [1]. Et d’autres avocats des privilèges se sont engouffrés dans la brèche. Un jour qu’il ne s’entretenait ni avec Martin Bouygues, ni avec Bernard Arnault, ni avec Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy confia à Paris Match : « Je suis comme la plupart des gens : j’aime ce qu’ils aiment. J’aime le Tour de France, le football, je vais voir Les Bronzés 3. J’aime écouter de la chanson populaire. »

Nicolas Sarkozy appréciait aussi les soirées du Fouquet’s, les yachts de Vincent Bolloré et la perspective de gagner énormément d’argent en enchaînant les confé­rences devant des publics de banquiers et d’industriels. Toutefois, quand on referme le livre de Thomas Frank, une interrogation surgit, qui déborde largement l’exposi­tion des stratagèmes et des hypocrisies de la droite. Elle pourrait se résumer ainsi : le discours décharné et rabou­gri de la gauche, son empressement à se fondre dans l’ordre libéral planétaire (Pascal Lamy), son assimilation du marché à « l’air qu’on respire » (Ségolène Royal), sa proximité avec le monde du spectacle et de la frime (Jack Lang), sa réticence à évoquer la question de classes sous quelque forme que ce soit, sa peur du volontarisme poli­tique, sa haine du conflit, enfin, tout cela n’aurait-il pas préparé le terrain à la victoire de ses adversaires ? Les éter­nels « rénovateurs » de la gauche ne semblent jamais s’ins­pirer de ce genre de questionnement, au contraire. Il n’existe pas de meilleure preuve de son urgence.

Serge Halimi

Extrait de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Editions Agone, 2013 (2008).


[1]Résultat : le vote républicain est corrélé à l’absence de diplôme au moins autant qu’au niveau élevé de revenu…

Tariq Ramadan et l'UOIF contre Farida Belghoul?

Tariq Ramadan et l'UOIF contre Farida Belghoul?

Cherchez le nouvel ordre mondial...

Ex: http://media-press.info

Tariq Ramadan était très récemment l’invité de BFM TV et RMC. Interrogé sur la loi Taubira, Tariq Ramadan a tenu un discours minimaliste et surtout relativiste. « Du point de vue de la conscience religieuse, le mariage pour tous est quelque chose qui pose un vrai problème de conscience », a-t-il dit, ajoutant encore «  La question de l’homosexualité doit être posée dans des termes de philosophie de vie: je pense que c’est quelque chose qui va à l’encontre de ma foi ». Et l’islamologue de conclure qu’il faut dans tous les cas « respecter la loi ». Le petit-fils d’Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans, se veut donc légaliste même si la loi est contraire au bien commun.

Et la théorie du genre ? Là encore, Tariq Ramadan relativise. Tout cela serait exagéré. Et puis, surtout, Tariq Ramadan tient à dire qu’il est opposé aux Jours de Retrait des Ecoles lancés par Farida Belghoul. Il est «  absolument contre cette façon de faire », dit-il. « Ça ne résout rien ». D’ailleurs, la théorie du genre, ce n’est pas une mauvaise chose à écouter Tariq Ramadan : «  La question du genre, il faut la poser, elle doit être débattue. (…) Quand il se passe quelque chose à l’école, sur la question des programmes, on en discute. Ce n’est pas en retirant nos enfants de l’école qu’on trouve des solutions ». 

Si on analyse un peu les propos de Tariq Ramadan, on perçoit vite que la stratégie de la victimisation du lobby LGBT vient servir son discours. Pour Tariq Ramadan, oui, cela ne fait pas de doute, il faut parler des discriminations. Car cela doit lui permettre d’entretenir l’idée que les musulmans sont victimes de discriminations. Tariq Ramadan a le culot de prétendre s’identifier aux victimes de discrimination. « Quelqu’un comme moi », dit-il, en parlant de la discrimination à l’emploi que subiraient les musulmans… Sauf que Tariq Ramadan, ex-doyen du Collège de Saussure à Genève, titulaire d’une chaire d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford et directeur du Centre de Recherche sur la Législation islamique et l’Ethique au Qatar, n’a vraiment pas le profil d’une victime de la discrimination. 

Quant à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), elle tiendra à partir de demain vendredi son rassemblement annuel au Bourget sur le thème de… la famille. 160.000 visiteurs sont attendus à ce qui est considéré comme le plus grand rassemblement musulman en Europe.

«  Le mariage pour tous, les ABCD de l’égalité… Ça nous inquiète », déclare Amar Lasfar, président de l’UOIF.

Mais malgré ses inquiétudes quant à la théorie du genre, l’UOIF a condamné les Journées de Retrait des Ecoles (JRE) initiées par Farida Belghoul. «  Nous sommes pour le débat mais nous ne voulons pas de polémique. Au vu de la conjoncture actuelle, c’est mieux qu’elle n’apparaisse pas avec nous », précise Amar Lasfar. Une réplique qui ressemble à s’y méprendre aux propos de Tariq Ramadan ce matin. Les mauvaises langues rappeleront que l’UOIF est considérée proche des Frères Musulmans, comme Tariq Ramadan, et que ceci explique cela. D’ailleurs, Hani et Tariq Ramadan, petits-fils du fondateur des Frères musulmans, sont annoncés parmi les intervenants qui prendront la parole durant ce rassemblement. 

Or, il n’est pas inutile de rappeler que le Qatar est le pays protecteur des Frères Musulmans. Et que le Quatar est aussi très proche des Etats-Unis. Dans une perspective de nouvel ordre mondial, tout ce petit monde est amené à s’entendre et à collaborer, quelles que soient les apparences extérieures. 

Voilà qui met à mal l’obsession d’Henry de Lesquen, président du Club de l’Horloge et patron de Radio Courtoisie, à dénoncer la convergence entre Farida Belghoul (JRE), Béatrice Bourges (Printemps Français) et Alain Escada (Civitas). Selon Henry de Lesquen, Béatrice Bourges et Alain Escada livreraient les résistants catholiques à l’UOIF. En fait, Henry de Lesquen semble être prisonnier d’un schéma de pensée erroné : voir l’islam comme une entité monolithique, ce qui est une grossière erreur.

Henry de Lesquen occulte le fait que Farida Belghoul n’est soutenue par aucune des autorités qui prétendent représenter les musulmans de France, autorités qui, en réalité, sont essentiellement vendues au pouvoir français pour des questions bassement matérielles.

Henry de Lesquen semble également ne pas tenir compte du fait que la géopolitique est une science évolutive. Remettre fréquemment ses fiches à jour est indispensable pour situer les Frères Musulmans sur l’échiquier du nouvel ordre mondial.

Henry de Lesquen est bien libre de critiquer Farida Belghoul mais il est à côté de la plaque lorsqu’il la situe dans l’orbite des Frères Musulmans, confrérie désormais financée par le Qatar.

Il est au contraire de plus en plus manifeste que Farida Belghoul se place dans le camp des opposants farouches au nouvel ordre mondial. Rien d’étonnant ni de contradictoire, dès lors, à ce que Béatrice Bourges et Alain Escada convergent avec elle dans une action circonstanciée de résistance au nouvel ordre sexuel mondial que certains veulent nous imposer.

samedi, 26 avril 2014

La rémigration pour les nuls

 La rémigration pour les nuls

Méridien Zéro a donné la parole à Laurent Ozon - Conférencier, fondateur et dirigeant du club Maison Commune - afin qu'il nous éclaire sur la notion centrale de remigration.

A la barre Jean-Louis Roumégace.

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2014/04/17/emission-...

remigration, émigration, immigration, laurent ozon, vérité, maison commune, identité

vendredi, 25 avril 2014

Pourquoi les «idéopôles» votent-ils encore à gauche ?

Pourquoi les «idéopôles» votent-ils encore à gauche ?

 
par Fabien Escalona et Mathieu Vieira
Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com
 
Depuis le milieu des années 1990, ces villes post-industrielles fondées sur l'économie de la connaissance sont de nouveaux bastions du PS. Il y a mieux résisté aux municipales, mais est menacé par la gauche alternative, qui confirme son implantation.
 
Qu'ont en commun Paris, Lyon, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Nantes, Lille et Aix-en-Provence –et, à un degré moindre, Rennes et Bordeaux? Selon une note que nous avions écrite pour la Fondation Jean-Jaurès en 2012 (1), il s'agit d'idéopôles, c'est-à-dire des villes-centres des métropoles les plus intégrées à la globalisation, dont ils représentent des «points d'ancrage».
 
Ce sont les territoires gagnants d'un processus qui accroît la polarisation entre, d'un côté, l'archipel métropolitain qu'ils dessinent, et de l'autre, leurs périphéries urbaines et rurales. Des lieux qui concentrent plus qu'ailleurs les groupes sociaux pour lesquels la mondialisation est une source d’opportunités ou, tout du moins, ne représente ni une menace matérielle ni une menace identitaire.
 
Quatre critères permettent de les définir (et nous ont notamment conduit à en écarter Marseille): une métropole régionale (taille critique), une production axée sur la connaissance et l’innovation (profil économique), une population qualifiée (profil sociologique) et l’attractivité du territoire.
 
Il faut bien sûr prendre garde à ne pas fétichiser ces territoires, sociologiquement divers et stratifiés. Une explication sociologique reste en effet bien plus pertinente qu'une explication géographique pour comprendre les différences de comportements électoraux entre le XVIème et le XXème arrondissement de Paris (au passage, la même observation peut être faite à propos du fameux espace «périurbain», qui est loin d'avoir l'homogénéité qui lui est abusivement prêtée). Cela dit, les idéopôles nous semblent précisément être des laboratoires privilégiés pour observer les alliances et les rivalités entre groupes sociaux qui se déploient dans le grand jeu de la «révolution globale».
 
Mutation dans les années 1990
 
Dans de précédents travaux, nous avons mis en évidence la surreprésentation du PS dans ces grandes villes post-industrielles depuis le milieu des années 1990, qui témoigne de la capacité de ce parti à prospérer dans les zones les plus dynamiques du capitalisme contemporain.
 
Elle constitue aussi un indice, fondé sur des résultats réels, de l'importance de certains groupes dans le noyau électoral socialiste, à savoir un salariat diplômé et urbain mais pas forcément riche en patrimoine (les «classes moyennes et supérieures intellectuelles») et les milieux populaires à forte proportion de Français d'origine étrangère.
 
Un survote socialiste a pu être mesuré pour les élections présidentielles depuis 1995, et dans une moindre mesure lors des scrutins européens, pour lesquels la concurrence écologiste a joué à plein. En effet, les idéopôles constituent incontestablement les zones de force des écologistes, comme en a attesté le doublement de leur score national dans ces territoires lors de la dernière élection présidentielle. En y réalisant un score moyen de 23,8% à l’occasion des européennes de 2009 (soit +7,5 points par rapport à sa moyenne nationale), EELV avait même devancé les listes socialistes de 5,5 points.
 
Lors de l’élection présidentielle de 2012, l’avance relative de la gauche dans les idéopôles ne s'est pas démentie, en particulier dans les espaces dits «gentrifiés» (2) de ces derniers, comme les Ier et IVe arrondissements de Lyon ou les Xe et XIe arrondissements de Paris. Ce scrutin a aussi marqué l’apparition du phénomène pour le Front de gauche, qui a dépassé la barre des 15% à Toulouse, Montpellier, Grenoble et Lille, alors que les candidats communistes avaient jusque-là été clairement sous-représentés dans ces territoires.
 
A l'inverse, les idéopôles sont devenus des terres de faiblesse structurelle pour le Front national, dont la sous-représentation aux élections présidentielles s'est toujours plus accentuée de 1995 (-5% par rapport à sa moyenne nationale) à 2012 (-39%). Le graphique ci-dessous illustre la sur- ou la sous-représentation des forces politiques de gauche par rapport à leur moyenne nationale.
 
Fabien Escalona et Mathieu Vieira
 
 
 

mercredi, 23 avril 2014

Cataclysme aux municipales: la raison méconnue

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Cataclysme aux municipales: la raison méconnue

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Ignorée par la gauche, négligée par les libéraux, mal mesurée par la droite nationale, l’origine profonde du séisme est la “politique de la ville”

La société humaine est toujours plus complexe ; tout problème grave y forme désormais un inextricable écheveau de causes et conséquences, de tenants et aboutissants. Il est donc rafraîchissant de pouvoir analyser simplement le résultat des dernières élections municipales et l’origine de la débâcle socialiste ; d’accéder sans peine à une lumineuse explication.

Car au-delà du superficiel et du brouhaha médiatique, une cause décisive explique à la fois le dégoût d’une part de l’électorat et la fureur de l’autre ; la percée de la droite nationale et la déroute de l’ “antifascisme” onirique. En toile de fond, ignorée par la gauche, négligée par les libéraux, mal mesurée par la droite nationale, l’origine profonde du séisme est la “politique de la ville”.

Ni cette désastreuse, ruineuse et interminable (1977-2014) “politique”, ni l’aveuglement des politiques, ni les alertes de l’auteur ne sont nouveaux ; mais désormais les dégâts sont si vastes, le gouffre financier si profond – et si cruelle la détresse des victimes de cette “politique” -, qu’on doit à nouveau remonter à ses origines, exposer ses folies et son tragique échec, sur fond de ghettos et de prolifération des gangs.

[Par souci d’objectivité, l’auteur ne cite ici que des médias favorables en principe à la politique de la ville.]

-“Politique de la ville”, son objectif autoproclamé : Dès l’origine (1977), il est clair : “éviter le décrochage social… corriger les inégalités… fournir un cadre permettant de résorber la misère” ; loi Borloo, août 2003 : “Réduction progressive des écarts constatés avec les autres villes et quartiers, retour au droit commun.”

Or c’est tout l’inverse. Pour Libération (22/07/2013), on rejoue aujourd’hui “le même mauvais film que celui des Minguettes, il y a plus de trente ans”. Documentation française, rapport, décembre 2012 : “La plupart, sinon tous les quartiers qui furent l’objet des premières interventions de la politique de la ville, à la fin des années 70, sont encore prioritaires en 2012.” Dans ces quartiers dits “populaires” (comme l’Allemagne de l’Est était une démocratie “populaire”…) cette politique “n’a pas empêché la ghettoïsation progressive… la répétition des émeutes et la montée des violences des bandes en lien avec les trafics de drogues” (Nouvel Obs’, 10/01/13). Et sur les territoires subissant cette “politique”, les disparités s’accroissent toujours : 45 % de pauvres à Roubaix aujourd’hui – mais 7 % seulement à Versailles… (L’Express, 28/01/14).

- L’origine du drame : après 1968, un malfaisant urbanisme gauchiste – avoué du bout des lèvres par des journalistes eux-mêmes de gauche : “le temps des grandes espérances”… un “pari de mixité sociale et de nouveautés urbaines”… (Le Monde, 19/02/2013 et 7/2/2014). Trente ans plus tard, voilà sur quoi débouche la “douce utopie” : “Les populations gauloises ont déserté”… “Des quartiers où ne vit plus aucun Blanc” (Le Monde, 27/10/2010).

- Le stalinisme à visage urbain : pendant trente ans, tous nient un échec pourtant patent dès la décennie 1990 : sur le ton d’Aragon à Tcheliabinsk (1931) on parle de “plus grand chantier du siècle” et, à l’instar du Gosplan soviétique, on regrette du bout des lèvres le “caractère mitigé” du bilan de la politique de la ville, ses “résultats nuancés”.

- Que fait, que coûte, la “politique de la ville” ? Mystère. Un rapport après l’autre en dénonce la parfaite opacité : “Les députés ont tenté, en vain, de mesurer l’effort des différentes administrations dans les zones urbaines sensibles” (Le Monde, 16/10/2010)… “Il reste difficile aujourd’hui d’identifier les mécanismes sous-jacents producteurs d’inégalités, de discrimination et d’exclusion… Il faut encore construire ou parfaire les outils de l’observation… absence de données permettant d’objectiver la mobilité sociale…” (Documentation française, op. cit.). “Gestion chaotique… Il n’existe aucun outil permettant de chiffrer, donc de vérifier, les efforts des administrations envers les quartiers en difficulté” (Cour des comptes, juillet 2012).

Résultat, ce terrible aveu de la députée communiste Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis) : “Cela fait trente ans que le ministère de la Ville existe, ces hommes et femmes n’ont pas vu changer leur vie… Nous avons des cités qui deviennent des ghettos.” (Le Monde, 11/03/2012). Le Monde, encore du 7/02/2014, sur la cité du Mirail, à Toulouse : “Ghettoïsation d’une population issue de l’immigration maghrébine, désarroi social, chômage des jeunes, précarité, pauvreté, violence et trafics en tout genre”… “On meurt dans les cités sensibles plus que partout ailleurs en France.” (Le Monde, 7/06/2013).

Pire encore, si possible : depuis trente ans, par milliards d’euros, la “politique de la ville” a multiplié des programmes de rénovation urbaine… dont au détour d’une phrase, on découvre aujourd’hui qu’ils n’ont servi à rien ! Le Monde, 19/12/2013, citant l’Observatoire national des zones sensibles : “72 % des ménages interrogés estiment que [ces travaux de rénovation urbaine] n’ont pas changé leur quotidien.”

Face à ce terrifiant aveu, face à trente ans de massives souffrances, face à ces milliards dont nul ne peut expliquer l’usage, les ténors politiques sont dans le déni. Pour l’élection présidentielle de 2012, Les Echos (5/03/2012) signalent que “la thématique des banlieues en souffrance brille aujourd’hui par son absence dans les discours de campagne et les programmes des candidats”.

Ainsi, depuis trente ans, nulle décision politique sérieuse n’a été prise pour résoudre, une bonne fois pour toutes, un drame affectant des millions de personnes. Or ici, décider est tout : “Les décisions ne s’obtiennent pas du fait de discourir à leur sujet, mais du fait qu’est créée une situation et que sont appliquées des dispositions, au sein desquelles la décision est inéluctable et où toute tentative pour l’éluder revient en fait à la décision la plus grave.” (Martin Heidegger).

Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 11 avril 2014)

Le passé colonial français : nouveau levier de déstabilisation des entreprises françaises?

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Le passé colonial français : nouveau levier de déstabilisation des entreprises françaises?

L’assignation en justice de deux entreprises françaises SPIE Batignolles et SPIE pour « crime contre l’humanité » par le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) fait émerger un nouvel angle d’attaque informationnelle contre les entreprises françaises.

Le 28 février, le CRAN a déposé plainte pour « crime contre l’humanité » auprès du TGI de Pontoise contre l’Etat, SPIE, SPIE-Batignolles et Clayax Acquisition Holding de SPIE pour leur rôle dans la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan (CFCO).  Le chemin de fer Congo-Océan a été construit entre 1921 et 1934 par la Société des Batignolles, dont sont issues SPIE Batignolles et SPIE, afin de relier Brazzaville au port de Pointe-Noire. Le CRAN accuse ces sociétés d’avoir eu recours au travail forcé et causé la mort de plus de 17 000 indigènes. Cette plainte s’appuie sur la base de la loi Taubira de 2001 qui, en qualifiant l’esclavage de crime contre l’humanité, l’a rendu imprescriptible.

Cette assignation s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne  du CRAN pour obtenir réparations « des crimes d’esclavage ». Le 10 mai 2013, le CRAN a assigné la Caisse des Dépôts et Consignations pour « avoir profité de l’esclavage » et s’être enrichie grâce à la traite négrière en Haïti. Derrière les objectifs affichés d’obtention de réparations, il convient de s’attarder sur les réelles motivations et conséquences pour les entreprises françaises de cette campagne. En effet, le CRAN revendique ouvertement ses liens avec les Etats-Unis et l’influence américaine dans ses campagnes et revendications. L’assignation de SPIE et SPIE Batignolles s’inspire directement de la class action lancée au début des années 2000 aux Etats-Unis par un groupement de descendants d’esclaves contre la Banque JP Morgan accusée d’avoir utilisée des esclaves pour construire des lignes de chemin de fer.

Par ailleurs, le CRAN est majoritairement financé par des intérêts privés et américains, parmi eux la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et la Fondation Ford. Cette dernière créée en 1936 s’est rapidement positionnée comme un instrument du soft power américain par le soutien financier à des projets de défense de la Démocratie ou promotion de la bonne entente entre les peuples. Sa stratégie principale, dite du «cadeau  empoisonné » consiste à intervenir dans les rapports de forces internes de leur opposants afin d’alimenter des conflits et des rivalités internes. Les divisions suscitées par ces conflits et rivalités constituent un facteur d’affaiblissement de cet opposant.

La campagne du CRAN apparaît de nature à déstabiliser les entreprises françaises visées dans leur développement à l’international et particulièrement en Afrique. Les accusations de « crime contre l’humanité » constituent une attaque directe à la réputation de l’entreprise et ce quel que soit le verdict en devenir. Cette accusation peut être un obstacle ou un motif d’exclusion dans le cadre d’appels d’offres internationaux. Des mouvements de boycotts et campagnes contre les entreprises accusées sont également à anticiper de la part de la société civile. En effet, le CRAN a récemment indiqué vouloir associer la société civile et les Etats des pays concernés à sa campagne de réparation des « crimes de l’esclavage ».

mardi, 22 avril 2014

La dérive sociétale sanctionnée par le vote musulman

La dérive sociétale sanctionnée par le vote musulman

Les immigrés contre la gauche
Raoul Fougax
Ex: http://metamag.fr

Le grand « remplacement électoral » n’aura pas lieu. C’était l’une des grandes espérances de la gauche. Garder la majorité notamment dans les grandes villes grâce au vote immigré. L’analyse des dernières municipales le prouve, les immigrés, notamment musulmans, de loin les plus nombreux, ne votent plus en majorité à gauche. La stratégie consistant à palier le vote populaire et ouvrier de souche par un apport de suffrages communautaristes a fait long feu.

Comme annoncé ici, avant tout le monde, il y a bien eu dans les banlieues, vis-à-vis du pouvoir Ps, une «  quenelle municipale ». Cela est dû à l’échec des politiques de la ville mais surtout aux évolutions sociétales du Ps et de la gauche autour du sexe et des sexes. Les musulmans de France, comme les juifs d’ailleurs, rejoignent les catholiques et une partie de l’électorat attaché aux valeurs traditionnelles sur ces sujets. Les musulmans sont plus proches aujourd’hui de la droite et du Fn, que du Ps. Il faut bien sur être prudent. Ce renforcement des mobilisations pour les valeurs traditionelles est initié tout de même par un rassemblement islamiste proche des frères musulmans. Le Fn le sait bien qui tente de ne pas tout mélanger.
 
 
 
Le thème du 31ème rassemblement des musulmans de France est d’ailleurs  « L'Homme, la famille et le vivre-ensemble ». « Les thèmes collent toujours à l'actualité », explique Amar Lasfar, président de l'Union des organisations islamiques de France, à l'initiative de l'événement. « Le mariage pour tous, les ABCD de l'égalité.... Cela heurte notre religion et ça nous inquiète", poursuit-il , en référence à la légalisation du mariage homosexuel et à la  polémique autour de la « théorie du genre » à l'école qui avait nourri des appels au boycott des classes en janvier.
 
 
«Aux municipales, le Parti socialiste a été lâché par les musulmans justement à cause de ces questions relatives à la famille », complète le secrétaire général de l'UAM93 (Union des Associations musulmanes 93). « Si certains ont vu dans le mariage gay une sorte de permission, comme c'est le cas pour l'alcool ou le porc, d'autres ont été profondément choqués par ce débat. Ils se sont sentis menacés. Quant au plus grand traumatisme, il provient du débat autour de la théorie du genre qui a parfois été interprété comme une incitation à devenir homosexuel.» 
 
La nomination de Laurence Rossignol au poste de secrétaire d'Etat à la Famille n'a pas été vue d'un bon œil par ces musulmans, faute à sa phrase « les enfants n'appartiennent pas à leurs parents », petite phrase digne d’ailleurs des régimes totalitaires. La gauche s’est donc tiré une balle dans le pied et a réduit son électorat aux bobos citadins et aux «  gay friendly ». Elle avait perdu le vrai vote populaire, elle perd le vote  immigré avant celui des fonctionnaires.

Comment garder le pouvoir électoralement quand on n’a plus d’électeurs ?

samedi, 19 avril 2014

Pour une réforme cohérente des régions françaises

Pour une réforme cohérente des régions françaises
On se prend à rêver…
Gérard DUSSOUY *
Ex: http://metamag.fr

Les Socialistes de Monsieur Valls se décideraient-ils à faire ce que tous les gouvernements de la Vème République se sont refusé à accomplir : une régionalisation véritable de la France, à l’occasion d’un nouveau découpage régional du pays ? Une régionalisation qui le mettrait en harmonie territoriale avec ses voisins européens.

Certes, il ne faut pas  s’emballer, sachant que plusieurs projets ont été, en la matière, enterrés par le réflexe jacobin. Les délais prévus sont, par eux-mêmes, inquiétants par leur longueur: 1° Janvier 2017 pour la délimitation des nouvelles régions et surtout, 1er Janvier 2021 pour la fusion région-départements. Ce qui laisse largement le temps, à tels ou tels dirigeants,  de tout envoyer dans les poubelles de l’Histoire.

 
Le souci de faire des économies est le premier ressort de la réforme à l’étude. Il fait que l’on raisonne avant tout en termes de regroupements, de façon à réduire le nombre des élus et des fonctionnaires territoriaux. La préoccupation est légitime, tellement les recrutements ont été pléthoriques. Mais il faudra déjà beaucoup de courage à Monsieur Valls pour trancher dans des effectifs qui, en grande majorité, sont aussi des électeurs du parti socialiste. 

Cependant, pour que les régions constituées soient viables et durables, et surtout pour qu’elles forment le cadre idoine du développement local et des aménagements performants, pour qu’elles jouissent aussi d’un soutien et d’une ferveur populaires indispensables à leur vitalité, il est nécessaire qu’elles satisfassent à, au moins, quatre critères (dont deux sont liés). A savoir :

- la masse critique qui s’exprime en termes d’espace et de population. Elle doit dépasser un seuil minima pour que la région dispose d’un potentiel humain et économique suffisant. Ce qui n’est pas, par exemple, le cas du Limousin ou de celui, tellement particulier, de la Corse. Mais, la recherche de l’équilibre entre les régions, sachant que l’Ile de France, le Rhône-Alpes et le Nord-Pas de Calais sont nettement plus peuplées que les autres régions, ne doit pas entraîner pour autant une sur-extension de certaines autres du centre et du sud de la France, de faible densité, comme cela se vérifie dans le projet actuel. Cela nuit à la cohésion régionale. 

 
- la cohérence territoriale de la région est, elle-même, l’interaction de deux éléments : 

1) la présence d’une métropole ou d’un pôle urbain au rayonnement incontesté. Car il faut l’admettre, aujourd’hui c’est la grande ville qui structure la région. Il est donc essentiel que celle-ci, dans son entier, soit dans la zone d’attraction de sa capitale. Alors, pourquoi séparer la Vendée, Cholet et Angers de Nantes ? Pourquoi placer le Gard et Montpellier qui sont tournés vers Marseille dans la région commandée par Toulouse ?  Et que fait le département de l’Oise, qui est complètement dans l’orbite de Paris, dans celle dirigée depuis Lille !

2) une problématique rassembleuse ou un projet régional solidaire. On doit s’interroger, dans cette perspective, sur ce qu’il y a de commun entre la Champagne, la Lorraine et l’Alsace. Sinon qu’elles forment ensemble le « nord-est de la France », une désignation strictement géographique ? Chacune des trois a plutôt vocation à se tourner vers ses voisins européens : la Champagne vers les pays de la Meuse, la Lorraine vers les pays mosellans, et l’Alsace vers le Bade-Wurtemberg. Quant à associer le Limousin avec l’Aquitaine, toute tournée vers son littoral atlantique, et l’Auvergne avec le Rhône-Alpes, dont le nom indique clairement où se trouve son centre d’intérêt, c’est pour ces deux régions une gageure. Vaut-il mieux qu’elles prennent le risque d’être, chacune de son côté, périphérisée dans leur nouvel espace, ou n’est-il pas plus opportun qu’elles soient réunies, avec la Lozère aussi, afin de dominer ensemble leurs problèmes communs qui sont ceux d’une moyenne montagne, le Massif Central.
   
- l’ancrage historique et culturel. Sans tomber dans les errements séparatistes et sans qu’il soit question d’en revenir aux provinces de l’Ancien régime, il est préférable qu’un héritage historique puisse donner corps à une région et que des traditions culturelles puissent contribuer à la solidariser et à l’identifier. C’est ainsi que, sans parler d’économie, la Vendée a quand même plus d’affinités avec la Bretagne et le Choletais, avec lesquels elle participa à la « Bretagne militaire », qu’avec Bordeaux. 

Le respect de ces critères (les plus susceptibles de rendre possible une organisation régionale équilibrée et efficace) suppose que l’on ne cherche pas à réduire au maximum le nombre des régions, en se fixant un chiffre arbitraire (division par deux), de façon précipitée,  et que l’on n’hésite pas à démanteler certains départements. C’est ce que nous avions fait dans une proposition de découpage régional, présentée ci-dessous, vieille de quarante ans et pas tellement éloignée de celle que l’on prête à Matignon. Malgré le temps passé, nous la tenons quand même pour plus cohérente que cette dernière.
 
 
En effet, si elles n’ont pas toutes des masses-critiques équivalentes, elles ont le mérite d’être territorialement cohérentes et de s’inscrire dans un cadre historique et culturel assez homogène. Du nord au sud et d’ouest en est, au gré de quelques actualisations,  nous distinguerons:

- l’Artois-Flandre-Picardie (1) composée de trois régions situées dans la zone d’attraction lilloise et qui sont historiquement liées entre elles.
- la Normandie (2) qui voit son identité culturelle reconstituée mais dont la consolidation nécessite un renforcement de la structure est-ouest pour équilibrer l’influence parisienne sur la basse Seine.
- l’Ile de France (3) dont l’adéquation au réel (la très forte attraction parisienne) exige son extension vers le nord (Oise) et le sud-ouest (nord de l’Eure et Loir).
- la Champagne (4) (agrandie ici du sud de l’Aisne) pourrait dans une perspective strictement franco-française fusionner avec la Lorraine, comme cela semble prévu. Mais, elle  trouverait, sans doute, plus d’avantages à s’inscrire dans une interrégion européenne des Pays Meusans. 
- la Lorraine (5), selon une trajectoire parallèle à la précédente, a plus vocation à renforcer ses liens avec la Sarre et le Luxembourg, avec lesquels  elle forme déjà une euro-région. 
- l’Alsace (6), est une région  économiquement et  culturellement rhénane dont on comprendrait mal l’inclusion dans un espace qui relève du bassin parisien. 
- l’Armorique (7) a le mérite de résoudre un double défi : permettre à Nantes de réintégrer la Bretagne sans amputer la métropole de l’ouest de sa zone d’influence qui couvre la Vendée, l’Anjou et la Mayenne. Des pays culturellement distincts, mais qui pourraient se reconstituer à l’intérieur de la région.
- le Val de Loire (ou Pays Ligériens) (8) correspond à la région du Centre à laquelle nous ajouterions le Poitou (Vienne et Deux-Sèvres) et l’ouest de la Nièvre plutôt que la Mayenne et le Maine et Loire qui n’y ont pas leur place. Il  réunit  des petites provinces historiques assez proches dans le passé, mais il n’a pas de réel pôle structurant. Il reste à faire du fleuve l’axe d’identification de la région.
- la Bourgogne-Franche Comté (9) (on pourrait dire simplement la Bourgogne dans la mesure où, autrefois, la seconde fut le Franc Comté de Bourgogne) présente une unité naturelle et culturelle assez évidente, bien qu’il lui manque une métropole incontestée.
- l’Aquitaine (10), à laquelle il n’y a lieu, pour préserver sa cohérence territoriale, que de  rattacher les deux départements charentais, au nord, et les Hautes Pyrénées (afin de favoriser la création d’un pôle pyrénéen Pau-Tarbes) au sud. 
- l’Auvergne-Limousin (11), dont on a souligné le dilemme et la problématique plus avant.
- le Rhône-Alpes (12) qu’il n’y a pas de raison de modifier, sauf à lui intégrer les Hautes Alpes si c’était le choix des habitants de ce département.
-la Gascogne-Haut Languedoc-Roussillon (13) recouvrirait toute la zone d’influence de Toulouse. Ce que ne fait pas le Midi-Pyrénées actuel. La région n’a pas non plus à s’étirer excessivement à l’est, comme il est envisagé dans le projet actuel. 
- la Provence-Bas Languedoc (14) se structurerait autour de la zone d’attraction marseillaise et de l’unité économique du delta. Sans doute que le pays niçois n’y trouve pas encore son compte, mais il ne peut en être autrement dans une perspective strictement nationale. 
- la Corse (15), tellement spécifique…

Toutefois, on pourra spéculer tant qu’on veut sur le meilleur découpage régional de la France, tant que l’on n’aura  pas résolu la question des rapports entre les différentes collectivités territoriales. Il va de soi, en effet, pour que le pouvoir régional existe et vive vraiment, en toute plénitude, qu’il est indispensable  que le département perde tout lien direct avec le pouvoir central pour être lui-même assujetti à la région, dont il devient alors une sous-unité ; et de préférence sous un autre nom, de « pays » par exemple. A l’occasion, ses propres délimitations pourraient être révisées.
  
Si la question de la cohérence des régions est essentielle pour évaluer la portée politique de la réforme régionale, parce qu’un redécoupage bâclé signifierait qu’elle n’était rien d’autre qu’un ajustement comptable, l’enjeu décisif qui révèle les intentions réelles d’un gouvernement, quel qu’il soit, est celui de la répartition des pouvoirs territoriaux. 

*Professeur émérite à l’Université Montesquieu de Bordeaux 4, membre du Centre Montesquieu de Recherche Politique (CMRP), auteur de "Contre l'Europe de Bruxelles, Fonder un Etat européen " aux Editions Tatamis. Il interviendra lors du colloque de la revue Eléments, « Europe-marché ou Europe-puissance ? » le samedi 26 avril prochain, à Paris. ( Voir notre bandeau en page d'accueil).

lundi, 14 avril 2014

Balzac et les fondements de la société

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Balzac et les fondements de la société
 
par Gérard Baudin
 
Ex: http://anti-mythes.blogspot.com

 
Il n’y a de solide et de durable que ce qui est naturel, et la chose la plus naturelle en politique est la famille. La Famille doit être le point de départ de toutes les Institutions. Un effet universel démontre une cause universelle ; et ce que vous avez signalé de toutes parts vient du Principe social même, qui est sans force parce qu’il a pris le Libre-Arbitre pour base, et que le Libre-Arbitre est père de l’Individualisme. Faire dépendre le bonheur de la sécurité, de l’intelligence, de la capacité de tous, n’est pas aussi sage que de faire dépendre le bonheur de la sécurité, de l’intelligence des institutions et de la capacité d’un seul. On trouve plus facilement la sagesse chez un homme que chez toute une nation. Les peuples ont un coeur et n’ont pas d’yeux, ils sentent et ne voient pas. Les gouvernements doivent voir et ne jamais se déterminer par les sentiments. Il y a donc une évidente contradiction entre les premiers mouvements des masses et l’action du pouvoir qui doit en déterminer la force et l’unité. Rencontrer un grand prince est un effet du hasard, pour garder votre langage ; mais se fier à une assemblée quelconque, fût-elle composée d’honnêtes gens, est une folie.
Honoré de Balzac

Ce texte est emprunté à un dialogue du Curé de village, roman de Balzac daté de 1839, où l’intrigue n’est qu’un prétexte à la présentation d’idées chères à l’auteur. L’analyse des dégâts économiques et sociaux causés par le libéralisme, une hostilité au règne de l’Argent qui va jusqu’au dégoût ont attiré à Balzac la sympathie de penseurs marxistes comme Lukacs, Wurmser ou Barbéris. Déjà Friedrich Engels, admirateur de sa “dialectique révolutionnaire”, voyait en Balzac un théoricien de la lutte des classes, qui a parfaitement décrit et condamné le pouvoir avilissant de l’argent. Victor Hugo n’avait-il pas dit : « À son insu, qu’il le veuille ou non, qu’il y consente ou non, l’auteur de cette oeuvre immense et étrange est de la forte race des écrivains révolutionnaires. Balzac va droit au but. Il saisit corps à corps la Société moderne. »

On en est arrivé au point que la critique moderne passe souvent sous silence la partie positive de la pensée du romancier, pensée royaliste et catholique, pour ne voir qu’une critique de l’Argent qui, coupée de ses origines, passe pour révolutionnaire.

Balzac commence par affirmer que la famille est la cellule de base de la société et que c’est un fait naturel. Nous sommes déjà loin de l’individualisme du Contrat social. Il voit, à l’origine de la thèse libérale, le Libre-Arbitre, la pensée autonome, indépendante de toute structure sociale et de toute discipline intellectuelle extérieure à l’individu. Il découle de cette thèse libérale que chacun possède un droit égal de participer à la direction de la Cité.

L’Ordre naturel

Balzac va réfuter cette conséquence de l’individualisme antisocial. « On trouve plus facilement la sagesse chez un homme que chez toute une nation. » De cette proposition découle une critique de la démocratie : on ne peut se fier ni au peuple en général ni à ses représentants. L’opinion publique est une réaction épidermique des masses à laquelle Balzac oppose la décision prise en toute connaissance de cause (« les gouvernements doivent voir et ne jamais se déterminer par les sentiments ») par un gouvernement indépendant.

Le texte se termine par une critique du régime d’assemblée. On trouve parfois un grand prince mais jamais une bonne assemblée, « fût-elle composée d’honnêtes gens ». On pense à l’assemblée élue en 1871 sans combinaisons électorales, la plus honnête et la plus représentative que la France ait jamais eue, et qui ne sut que montrer l’impuissance inhérente à cette institution. Balzac aurait apprécié à sa juste valeur le mirage des “bonnes élections”.

L’Or ou le Sang

Il faut étudier dans Balzac les bouleversements sociaux liés à la Révolution, en particulier les conséquences de la vente des biens nationaux. Citons La Rabouilleuse, Une ténébreuse affaire. Plus connu encore, le Père Grandet « eut pour un morceau de pain, légalement, sinon légitimement, les plus beaux vignobles de l’arrondissement ».

Dans le Bal de Sceaux, un des romans les plus importants pour comprendre ses idées politiques, nous avons une approbation sans réserve de la sagesse politique de Louis XVIII, ni libéral, ni ultra, sachant, si nécessaire, mettre un frein aux ambitions exagérées de ses protégés.

Il déclare dans l’avant-propos de La Comédie humaine : « J’écris à la lueur de deux vérités éternelles, la religion et la monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament et vers lesquels tout écrivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays. » Ainsi, loin d’être révolutionnaire, la peinture balzacienne de la société annonce les fortes analyses de Charles Maurras dans L’Avenir de l’Intelligence : le pouvoir bienfaisant de la famille, de l’hérédité ou la grossière dictature des richesses, l’Or ou le Sang.

Gérard Baudin
L’Action Française 2000 n° 2740 – du 17 janvier au 6 février 2008

jeudi, 03 avril 2014

Réforme pénale : le bal des voyous

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Réforme pénale: le bal des voyous

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Comme dans Tintin en Amérique, où le Syndicat des gangsters de Chicago régnait en maître sur une police impuissante et une justice complice, la ”réforme pénale” concoctée par Mme Taubira et ses amis du Syndicat de la Magistrature et qui sera votée à la mi-avril, va ouvrir un boulevard à la criminalité. En dépit des avertissements de socialistes de bon sens (comme André Vallini, sénateur de l’Isère) ou des syndicats de police, la réforme prévoit la suppression des peines planchers et l’instauration d’une « contrainte pénale », gadget juridique qui permet d’exonérer de prison tout délinquant redevable d’une peine inférieure ou égale à cinq ans. Autrement dit, 90% des crimes et délits commis en France ne seront plus automatiquement susceptibles d’emprisonnement. On imagine les conséquences, surtout lorsqu’on sait qu’une grande partie des peines prononcées ne  sont plus aujourd’hui suivies d’effets,  faute de moyens et de volonté.    

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, opposé à cette législation délirante, a perdu son combat contre Mme Taubira, l’avocate des délinquants. Grande gueule mais petits bras, il ne fait pas le poids. Au moment où la délinquance explose dans notre pays, cette loi, unique au monde,  frappe de stupeur les criminologues de tous les pays. Les dispositions de ce texte qui prétendent compenser ce laxisme par les ”révocations de sursis”, les ”mises à l’épreuve” et les ”libérations sous contraintes”  (jargon de cabinet ministériel) ne sont que des pets de nonne. Sans compter un renforcement des pouvoirs du juge de l’application des peines, dont le tropisme est de libérer les délinquants, l’affaiblissement des contrôles de police, l’alourdissement juridique des procédures d’enquête, etc.  

Pour les délinquants et apprentis délinquants, le message est reçu cinq sur cinq : ”la France, qui ne construit plus de prisons, dont les juges sont ”humanistes”, qui s’ouvre à toutes les immigrations sans contrôle, dont la police est juridiquement paralysée, dont tous les budgets sont plombés, qui n’incarcère plus au dessous de 5 ans de Code pénal, cette France est, pour nous, un territoire de chasse. ” Lorsque cette loi de réforme pénale entrera dans les faits, la criminalité va connaître un bond arithmétique, surtout la criminalité violente de proximité , mais aussi  la criminalité d’escroquerie, notamment dans le domaine numérique. Pari facile à 10$ contre 1. Je suis sûr d’avoir raison, comme toujours. 

Impunité : tel est le mot d’ordre intégré par tous les délinquants, des clandestins aux braqueurs, des cambrioleurs aux agresseurs sexuels, des racketteurs aux escrocs, des incendiaires aux voleurs violents. Tout sera toléré et impuni, à condition de ne pas dépasser le seuil des cinq ans de prison ferme. Droits de l’homme ! L’impunité est donc en train de s’installer (sauf si vous égorgez votre belle mère devant témoins) et le droit des victimes de fondre. Quand vous serez cambriolés, même avec violences contre vous si vous êtes présents,  vos agresseurs seront peut-être serrés par la police ou la gendarmerie, mais ils seront libérés par la justice si le délit ne dépasse pas cinq ans d’incarcération, ce qui, compte tenu des remises de peines, n’est pas dissuasif. 

La conséquence sera automatiquement celle qui s’est produite au IVe siècle de notre ère lorsque l’État romain s’est progressivement effacé : la société civile reprend l’ordre et la sécurité à son compte. L’État français, bandeur mou, ne protège plus ses citoyens qui pourtant, suivant le pacte social, s’acquittent d’impôts de plus en plus lourds, dont une partie sert à financer ceux qui ne le protègent plus et le grugent, comme ceux qui le parasitent et le volent. Je n’en dis pas plus.

Ce bal – ce bail truqué – tournera mal. La sécurité civile n’étant plus assurée par une police paralysée, et la justice n’ayant plus la sévérité qui effraie les délinquants, il est inévitable que des milices populaires voient le jour, hors contrôle. Je prédis que cela se passera dans les dix ans à venir. Je ne m’en réjouis pas. Mais une mauvaise solution comble toujours, dans l’histoire, le vide d’une absence de solution.  La sûreté  publique et la justice républicaine ne protégeant plus les citoyens, ces derniers vont tendre à les reconstituer, par un réflexe naturel d’autodéfense . La République (icône des élites protégées) affrontera la Démocratie (le peuple réel).  Pour le meilleur ou pour le pire et sans avoir besoin d’élections.

mardi, 01 avril 2014

Radio Courtoisie

13:47 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, paris, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook