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mercredi, 21 janvier 2015

Charlie et le “retour” de Greenwald

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Charlie et le “retour” de Greenwald

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous parlons d’un “retour” de Glenn Greenwald, le héros avec Poitras et Snowden de la crise NSA/Snowden parce que, depuis à peu près un an, ce polémiste et homme de communication qui a été la cheville ouvrière de cette énorme crise n’est plus dans nos préoccupations, ni dans le domaine des informations qui nous importent, – que nous jugeons, pour notre compte, d’une importance suffisante pour suivre l’évolution de la crise générale d’effondrement du Système. Il y a eu deux raisons à l’effacement de Greenwald pendant ce laps de temps. (Nous écartons l’hypothèse toujours présente dans le soupçon permanent d’un montage général, d’un “complot” qui auraient constitué le matériel de “fabrication” d’une crise-bidon NSA/Snowden. Nous jugeons l’hypothèse décidément d’aucun intérêt pour notre propos, – inconnaissance regnante, – à partir du moment où les effets réels, gigantesques de la crise NSA/Snowden, ont effectivement eu lieu.)

• La première raison de “l'effacement de Greenwald” est que la crise majeure et fondamentale de l’Ukraine, avec ses multiples ramifications qui en font la crise haute centrale de notre évolution, a éclaté justement il y a près d’un an. Elle a pris le pas sur tout le reste, notamment sur la crise NSA/Snowden, et cela d’autant plus que le financier des nouvelles publications confiées au groupe Snowden/Poitras, Pierre Omidyar, se trouve dans une position très singulière dans la crise ukrainienne où il a financé certains groupes antirusses qui ont participé au Maidan.

• Justement, la deuxième raison se trouve dans certaines difficultés rencontrées par le groupe Greenwald/Poitras dans la constitution des sites divers du groupe FirstLook.org, dans la mesure de la position politique très ambiguë de Omidyar (un milliardaire à l’image excentrique et exotique d’antiSystème, et qui l’est en partie, mais toujours avec un pied solidement campé dans le Système, jusqu’au copinage avec Soros). Quoi qu’il soit de ces péripéties, Greenwald-Poitras, qui constituent pour Omidyar un énorme investissement en termes d’influence et de communication, ont obtenu gain de cause pour le site The Intercept, pour ce qui est d’une complète liberté éditoriale et d’un financement sérieux.

gg71QopTNqZmL.jpg... Et puis, voici que Greenwald réapparaît sur notre écran-radar (c’est-à-dire dans le champ de la communication que nous jugeons essentiel, pour suivre l’évolution de notre grande Crise Générale). Il s’agit bien entendu de la crise 1/7, ou l’“ouragan-Charlie” à partir de France. On comprend ce retour. Au centre du débat conceptuel de 1/7 se trouve la notion sacrée de “liberté d’expression”, brandie comme étendard de la grande manifestation de dimanche dernier à Paris, et cette notion est la raison d’être du chroniqueur, commentateur et guerrier de la communication qu’est Greenwald. Dans ce champ, Greenwald est quasiment de façon constante un agent antiSystème. C’est dans ce sens, et en prenant une position en flèche anti-Charlie, qu’il publie sur son site The Intercept deux artistes extrêmement incisifs, documentés, puissants, qui nous font penser qu’il est entré dans la bagarre et qu’il entend y tenir sa place.

• Le 9 janvier 2015, il publie «In solidarity with a free press: some more blasphemous cartoons». Greenwald attaque principalement Charlie-Hebdo, et au-delà la thèse-Système selon laquelle Charlie représente un parangon de vertu de “liberté d’expression” en arguant que cet hebdomadaire a suivi en réalité une ligne politique spécifique. La critique est classique et largement substantivée, qui va, pour les plus extrêmes, jusqu’à faire de Charlie-Hebdo tel qu’il est devenu depuis 9/11, avec une équipe où certains étaient conscients de la chose et d’autres moins sinon pas du tout, un représentant dissimulé de la tendance neocon-à-la-française. Greenwald met le doigt sur le principal argument de cette position : puisque Charlie s’est voulu un représentant radical de l’anti-religion (anti-cléricalisme), – ce qui implique toutes les religions, – pourquoi cette absence de caricatures antijuives à côté de la pléthore de matériels antimusulmans (et éventuellement anticatholiques) ?

«Defending free speech and free press rights, which typically means defending the right to disseminate the very ideas society finds most repellent, has been one of my principal passions for the last 20 years: previously as a lawyer and now as a journalist. So I consider it positive when large numbers of people loudly invoke this principle, as has been happening over the last 48 hours in response to the horrific attack on Charlie Hebdo in Paris.

»Central to free speech activism has always been the distinction between defending the right to disseminate Idea X and agreeing with Idea X, one which only the most simple-minded among us are incapable of comprehending. One defends the right to express repellent ideas while being able to condemn the idea itself. There is no remote contradiction in that: the ACLU vigorously defends the right of neo-Nazis to march through a community filled with Holocaust survivors in Skokie, Illinois, but does not join the march; they instead vocally condemn the targeted ideas as grotesque while defending the right to express them.

»But this week’s defense of free speech rights was so spirited that it gave rise to a brand new principle: to defend free speech, one not only defends the right to disseminate the speech, but embraces the content of the speech itself. Numerous writers thus demanded: to show “solidarity” with the murdered cartoonists, one should not merely condemn the attacks and defend the right of the cartoonists to publish, but should publish and even celebrate those cartoons. “The best response to Charlie Hebdo attack,” announced Slate’s editor Jacob Weisberg, “is to escalate blasphemous satire.” [...]

ggreat.jpg»When we originally discussed publishing this article to make these points, our intention was to commission two or three cartoonists to create cartoons that mock Judaism and malign sacred figures to Jews the way Charlie Hebdo did to Muslims. But that idea was thwarted by the fact that no mainstream western cartoonist would dare put their name on an anti-Jewish cartoon, even if done for satire purposes, because doing so would instantly and permanently destroy their career, at least. Anti-Islam and anti-Muslim commentary (and cartoons) are a dime a dozen in western media outlets; the taboo that is at least as strong, if not more so, are anti-Jewish images and words. Why aren’t Douthat, Chait, Yglesias and their like-minded free speech crusaders calling for publication of anti-Semitic material in solidarity, or as a means of standing up to this repression? Yes, it’s true that outlets like The New York Times will in rare instances publish such depictions, but only to document hateful bigotry and condemn it – not to publish it in “solidarity” or because it deserves a serious and respectful airing. [...]

»... To see how true that is, consider the fact that Charlie Hebdo – the “equal opportunity” offenders and defenders of all types of offensive speech - fired one of their writers in 2009 for writing a sentence some said was anti-Semitic (the writer was then charged with a hate crime offense, and won a judgment against the magazine for unfair termination). Does that sound like “equal opportunity” offending?»

• Deuxième intervention, le 14 janvier 2015, cette fois pour attaquer la décision des mesures légales prises contre l’humoriste Dieudonné, assimilé de facto dans ce cas à un “terroriste”, ou “collabo” des assassins de Charlie selon le terme élégant employé par Pascal Bruckner pour d’autres que Dieudonné. «France arrests a comedian for his facebook comments, showing the sham of the west’s “free speech” celebration», titre de l’article de Greenwald dont nous donnons quelques citations, y compris un paragraphe dont on ne peut se priver, qui représente le jugement de Greenwald sur BHL. (Un peu moins habile cette fois à tenir la première place qu’il a l’habitude de réclamer dans cette sorte d’occasion, – BHL commencerait peut-être, dans le dispositif-Système, à gêner ou à agacer par sa pétulance exceptionnelle à se considérer comme hors du commun terrestre, et puis l’âge est là n’est-ce pas. BHL s’avérerait-il finalement n’être pas l’être métaphysique que l’on croyait ?)

«Forty-eight hours after hosting a massive march under the banner of free expression, France opened a criminal investigation of a controversial French comedian for a Facebook post he wrote about the Charlie Hebdo attack, and then this morning, arrested him for that post on charges of “defending terrorism.” The comedian, Dieudonné, previously sought elective office in France on what he called an “anti-Zionist” platform, has had his show banned by numerous government officials in cities throughout France, and has been criminally prosecuted several times before for expressing ideas banned in that country.

gg51haWRCQnCL._SY344_BO1,204,203,200_.jpg»The apparently criminal viewpoint he posted on Facebook declared: “Tonight, as far as I’m concerned, I feel like Charlie Coulibaly.” Investigators concluded that this was intended to mock the “Je Suis Charlie” slogan and express support for the perpetrator of the Paris supermarket killings (whose last name was “Coulibaly”). Expressing that opinion is evidently a crime in the Republic of Liberté, which prides itself on a line of 20th Century intellectuals – from Sartre and Genet to Foucault and Derrida – whose hallmark was leaving no orthodoxy or convention unmolested, no matter how sacred.

»Since that glorious “free speech” march, France has reportedly opened 54 criminal cases for “condoning terrorism.” AP reported this morning that “France ordered prosecutors around the country to crack down on hate speech, anti-Semitism and glorifying terrorism”... [...]

»... Perhaps the most intellectually corrupted figure in this regard is, unsurprisingly, France’s most celebrated (and easily the world’s most overrated) public intellectual, the philosopher Bernard-Henri Lévy. He demands criminal suppression of anything smacking of anti-Jewish views (he called for Dieudonné’s shows to be banned, (“I don’t understand why anyone even sees the need for debate”) and supported the 2009 firing of the Charlie Hebdo writer for a speech offense against Jews), while shamelessly parading around all last week as the Churchillian champion of free expression when it comes to anti-Muslim cartoons.»

Une fois de plus, nous dirons que nous ne sommes pas là, selon les propres règles que nous nous donnons, pour prendre une position politique sur les problèmes concrets et brûlants qui sont exposés à leur stade actuel, qui restent nécessairement polémiques et donc sujets à des fluctuations. Notre engagement concerne ce qui est, – fondamentalement, accessoirement, accidentellement, paradoxalement, etc., – antiSystème et, par opposition naturelle, pour identifier la ligne-Système qui est interprétée par ses opérateurs, tout cela évoluant d’une façon le plus souvent fluctuante. Or, cette fluctuation justement, n’a jamais été aussi forte que dans cette crise-Charlie, notamment à cause de l’énorme potentiel d’ambiguïté et de contradiction interne entre la nécessaire “liberté d’expression” quasiment sacralisée, et la non moins nécessaire “lutte contre l’obscurantisme” qui a une forme extrême dans le terrorisme que tout le monde condamne mais qui a aussi et surtout des formes beaucoup plus imprécises, elles aussi ambiguës et paradoxales (lorsque la “lutte contre l’obscurantisme” peut être perçue par certains comme de l’islamophobie, par exemple absolument évident). Les interventions de Greenwald confirment que cet ensemble de constats qui forme la crise-Charlie à la fois de communication et de symbolisme a une dimension internationale considérable, et donc que la France occupe désormais une place privilégiée et significative dans la bataille Système versus antiSystème.

gg41CDnEXgXcL._UY250_.jpgPlus encore, l’intervention de Greenwald donne également une caution internationale au constat encore plus important que la crise-Charlie déchire directement une classe occupant une place fondamentale dans la bataille, – la classe réunissant le monde intellectuel, le complexe médiatique avec presse-Système et réseaux antiSystème, le showbiz et ses diverses ramifications. Tout ce monde d’influence, très puissant dans l’entité anglosaxonne globalisée mais également dans l’ensemble parisien-français où il dispose d’une réputation immémoriale, s’est déjà trouvé face aux contradictions classiques (“liberté d’expression”, “lutte contre l’obscurantisme”, attitudes vis—à-vis de l’immigration notamment musulmane et de l’islamisme extrémiste, etc.). Cette fois il y est confronté directement, au cœur même de ses débats quotidiens, de ses intérêts, de ses privilèges, de l’exercice de son influence, comme s’il devenait lui-même la ligne de front alors qu’il était jusque-là cantonné “à l’arrière” pour discutailler sans trop de risques. Lorsqu’un Pascal Bruckner traite de “collabos” des tueurs de Charlie un Guy Bedos ou un Luc Ferry, lorsque nombre de juifs français se montrent de plus en plus favorables aux thèses d’un Zemmour ou à l’orientation du Front National, on comprend que cette puissance caste d’influence sur laquelle s’appuie le Système est effectivement et désormais déchirée selon des lignes de fluctuation insaisissables et très mobiles, qui font passer en un clin d’œil, l’un ou l’autre d’une position-Système à une position antiSystème, sans qu’il l’ait voulu délibérément, sans même qu’il s’en rende compte nécessairement... Nous nous trouvons alors dans une situation, – les choses vont tellement vite, – où le désordre créé par la crise-Charlie menace de se transformer à tout moment, pour un moment rapide ou plus durablement c’est selon et c’est fluctuant, en hyper-désordre, basculant ainsi d’une position-Système à une position-antiSystème (désordre devenant hyper-désordre : voir par exemple notre texte du 17 décembre 2014, où les deux notions sont explicitées).

... Et l’intervention de Greenwald, grande figure internationale de l’antiSystème pour ses thèmes jusqu’alors cantonnés aux domaines anglosaxons comme source de réflexion et de commentaire de ses intervention, montre que le cas français est devenu avec la crise-Charlie une référence incontournable. En même temps, il renforce l’impression que la puissante caste d’influence dentifiée plus haut (intellectuels, médias, showbiz) est entrée dans une situation de crise interne, d’“affrontement fratricide”, qui lui fait courir le risque gravissime pour elle, mais pour le Système également, de perdre sa capacité d’influence directe. Jusqu’ici, ses contradictions internes restaient contrôlables puisqu’elle portait sur des thèmes extérieurs ou des situations intérieures très précisément identifiées ; jusqu’ici, elle restait fractionnée entre ses divers “provincialismes” (anglosaxons, “parti des salonards” parisien, etc.) qui sont la marque paradoxale de l’adhésion à la globalisation. Tout cela est en train de voler en éclat et si le rythme de 1/7 se maintient comme cela paraît inéluctable, la crise de cette caste d’influence sera ouverte comme une plaie sanguinolente, et deviendra incontrôlable. Ce sera un réel problème pour le Système parce qu'alors s'imposera le risque qu'à tout moment, par un parti ou l'autre, une voix célèbre ou l'autre, pour tel outil intérêt particulier, l'une ou l'autre de ses narrative (celles du Système) soit dénoncée comme telle d'une façon tonitruante.

Amnesty International dénonce le gouvernement français

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Amnesty International dénonce le gouvernement français pour atteintes à la liberté d'expression!

Auteur : Xavier Celtillos
Ex: http://zejournal.mobi

L’association Amnesty International dénonce les atteintes à la liberté d’expression du gouvernement français et cite le cas de Dieudonné. Adressé au gouvernement socialiste – et plus particulièrement Christiane Taubira – par cette association mondialiste, le communiqué ne manque pas de piment.

France. «Test décisif» en matière de liberté d’expression, avec de très nombreuses arrestations dans le sillage des attentats
Au moins 69 arrestations se sont succédé en France cette semaine, les prévenus comparaissant pour « apologie du terrorisme », infraction dont la définition reste vague. Le risque est grand que ces arrestations violent la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

Toutes ces arrestations ont été effectuées, visiblement, sur la base de propos tenus à la suite des attentats meurtriers commis à Paris contre le magazine Charlie Hebdo, un supermarché casher et des agents de la force publique, le mercredi 7 et le vendredi 9 janvier.

« Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les dirigeants mondiaux ainsi que des millions de femmes et d’hommes du monde entier ont défendu la liberté d’expression d’une voix haute et forte, et les autorités françaises doivent veiller à ne pas violer elles-mêmes ce droit, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« La façon dont les autorités françaises réagissent à la suite de ces assassinats constitue un test décisif de leur volonté de faire respecter les mêmes droits pour tous. »

Les arrestations et les procédures judiciaires sont les premières à se dérouler en vertu de la loi de novembre 2014 contre le terrorisme. Elles s’appuient sur un article du Code pénal en vertu duquel la « provocation » ou « l’apologie » d’actes terroristes sont désormais passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans et d’une amende de 45 000 euros, la peine étant de sept ans maximum et l’amende s’élevant à 100 000 euros si l’infraction est commise sur « un service de communication au public en ligne ».

La « provocation » ou « l’apologie » d’un acte terroriste étaient déjà des infractions en France mais, depuis la loi de novembre 2014, ces faits ne sont plus réprimés par la loi sur la liberté de la presse, mais par le Code pénal. Cela permet aux autorités d’accélérer la procédure, ce qui s’est produit pour plusieurs des affaires récentes.

Outre le cas très médiatique du comédien Dieudonné M’bala M’bala, on peut citer le cas d’un homme qui hurle en pleine rue « Je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça », ou bien celui d’un homme arrêté pour conduite en état d’ivresse qui aurait crié aux policiers « Il devrait y en avoir plus, des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains ».

Un homme de 21 ans, interpellé dans un tramway pour défaut de titre de transport, aurait lancé aux contrôleurs « Les frères Kouachi, c’est que le début, j’aurais dû être avec eux pour tuer plus de monde ». Il a été condamné à 10 mois d’emprisonnement.

Nombre de poursuites ont déjà entraîné des condamnations, en vertu d’une procédure accélérée.

Les arrestations, les comparutions et les peines font suite à une circulaire émise le lundi 12 janvier par Christiane Taubira, la ministre de la Justice, et faisant savoir aux procureurs que « les propos ou agissements répréhensibles, haineux ou méprisants, proférés ou commis en raison de l’appartenance à une religion doivent être combattus et poursuivis avec la plus grande vigueur. »

Les États sont tenus, en vertu du droit international relatif aux droits humains, d’interdire tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Mais les infractions définies de manière vague, comme « l’apologie du terrorisme », risquent de criminaliser des propos ou diverses formes d’expression qui, tout en étant indéniablement choquants pour de nombreuses personnes, ne vont pas jusqu’à constituer une incitation à la violence ou à la discrimination.

Les traités internationaux sur la prévention du terrorisme prévoient la criminalisation de l’incitation à commettre un acte terroriste. Cependant, une notion comme « l’apologie du terrorisme » risque d’être utilisée pour criminaliser des propos tenus sans l’élément intentionnel nécessaire à la définition d’une infraction et sans qu’ils soient directement susceptibles de provoquer des violences de ce type.

Certains des cas récemment signalés en France ont peut-être dépassé le seuil au-delà duquel il devient légitime d’engager des poursuites, en dépit de la liberté d’expression. Mais d’autres cas ne remplissent pas ces conditions, même si les paroles prononcées sont révoltantes.

« La liberté d’expression ne doit pas être réservée à certains. L’heure n’est pas à l’ouverture de procédures inspirées par des réactions à chaud, mais bien plutôt à la mise en place de mesures réfléchies qui protègent des vies et respectent les droits de tous », a déclaré John Dalhuisen.


- Source : Xavier Celtillos

Houellebecq: interview pour "La Nacion"

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MICHEL HOUELLEBECQ : «L’ISLAMOPHOBIE N’EST PAS UNE FORME DE RACISME»
 
Interview pour La Nación, Buenos Aires

Sylvain Bourmeau
Ex: http://metamag.fr

L’auteur des “particules élémentaires” a, de nouveau, mis le doigt dans la plaie, avec un livre de fiction qui aborde le futur de la France et le rôle de l’Islam. Soumission, son sixième roman, se déroule en 2022. La France vit dans la peur. Le pays est agité à cause de mystérieux problèmes. Les médias, volontairement, occultent la violence urbaine quotidienne. Tout est étouffé, le public est laissé dans l’obscurité et, en quelques mois, le chef d’un parti musulman récemment crée est élu président. La nuit du 5 juin, lors d’une segonde élection, la première ayant été annulée pour fraude caractérisée, Mohammed Ben Abbes sort vainqueur face à Marine Le Pen grâce à l’appui tant de la gauche que de la droiteLe lendemain, les femmes abandonnent les vêtements occidentaux. La majorité commence par utiliser de grandes tuniques de coton au-dessus de leurs pantalons ; réagissant positivement aux indications du gouvernement, elles quittent massivement leurs emplois. Le chômage masculin baisse rapidement du jour au lendemain. Dans les quartiers autrefois dangereux les crimes deviennent rares. Les universités adoptent la référence islamique. Les professeurs qui ne se convertissent pas en signe de soumission au nouveau régime n’ont d’autre possibilité que la retraite anticipée. 

La Naciòn : Pourquoi l’avez vous écrit ?

Michel Houellebecq :Pour diverses raisons. En premier lieu, c’est tout simplement mon travail, quoique le mot ne me plaise pas. J’ai observé de grands changements lorsque je suis revenu m’installer en France, quoique ces changements ne soient pas spécifiquement français mais occidentaux en général. La seconde raison est que mon athéisme n’a pas survécu à la quantité de morts auxquels j’ai été confronté. De fait, cela a commencé à me paraître insoutenable. 

La mort de votre chien, de vos parents ?

Oui, ce furent beaucoup de choses en peu de temps. Un élément est peut-être que, contrairement à ce que je pensais, jamais je ne fus totalement athée. J’étais agnostique. Normalement, ce qualificatif sert de paravent à l’athéisme, mais cela ne me paraît pas être exact dans mon cas. Au vu de tout ce que je sais aujourd’hui, lorsque je réexamine la question de l’existence ou non d’un créateur, d’un ordre cosmique, ce genre de choses, je me rends compte que ma seule certitude est de ne pas avoir de réponse.

Comment définiriez-vous ce roman ? 

L’expression de politique fiction n’est pas mal. Je ne pense pas avoir lu beaucoup de romans du même type, parfois j’en ai lu, mais plus dans la littérature anglaise que française.

A quelles œuvres pensez-vous ?

A certains livres de Conrad ou de John Buchan. A des ouvrages plus récents aussi, des thrillers, mais pas aussi bons. Un thriller peut se dérouler dans un cadre politique, pas seulement dans le monde des affaires. Mais il existe une troisième raison à la rédaction de ce roman : j’aimais la manière dont il débutait. J’écrivis la première partie, jusqu’à la page 26, d’un trait. Je la trouvais très convaincante, car il m’est très facile d’imaginer un étudiant rencontrant un ami dans le personnage de Huysmans auquel il dédie alors sa vie. Cela ne m’est pas arrivé. J’ai lu Huysmans beaucoup plus tard, lorsque j’avais quasiment 35 ans je crois, mais vraiment il m’aurait beaucoup plu de le lire. Je crois qu’il aurait été pour moi un véritable ami. De sorte qu’après avoir rédigé ces 26 pages, je n’ai plus rien fait de quelques temps. C’était en janvier 2013 et j’ai repris le texte cet été. Mais à l’origine le projet était différent. Il n’allait pas s’appeler Soumission ; le premier titre était La Conversion. Dans le projet originel, le narrateur se convertissait aussi mais au Catholicisme. Ce qui signifie qu’un siècle après Huysmans, il suivait la même voie, puisque Huysmans abandonne le naturalisme pour devenir catholique. Mais j’ai été incapable de réaliser le projet. 

Pourquoi ?

Ça ne collait pas. Selon moi, la scène essentielle du livre se trouve au moment où le narrateur jette un œil à la Vierge Noire de Rocamadour, ressent un pouvoir spirituel, un peu comme des vagues, et soudain elle disparaît dans le passé et lui retourne au parking, seul et désespéré.


Le livre est-il un roman satirique ?

Non. Sincèrement, il est possible qu’une petite partie du livre se moque des journalistes politiques et des hommes politiques aussi. Mais les personnages principaux ne sont pas ridiculisés. 

D’où tenez-vous l’idée d’une élection présidentielle en 2022 dont les protagonistes seraient Marine Le Pen et le chef d’un parti musulman ?

Marine Le Pen me paraît une candidate plausible pour 2022 et peut-être même pour 2017. Le parti musulman c’est différent. Là se trouve le noyau dur du problème, là se trouve la vérité. J’ai essayé de me placer du point de vue d’un musulman et me suis rendu compte qu’ils étaient dans une situation totalement schizophrénique. En général, les musulmans ne s’intéressent pas aux thèmes économiques. Leurs préoccupations sont plutôt sociétales. Sur ces questions ils se situent très loin de la gauche et des verts. Il suffit de penser au mariage homosexuel pour comprendre ce que je veux dire. Mais cela s’applique à une grande quantité d’autres thèmes. On ne voit pas non plus de raisons pour qu’ils votent en faveur de la droite, ou de l’extrême droite qui n’en veut pas. Aussi, lorsqu’un musulman veut voter, qu’est-il censé devoir faire ? La vérité est qu’il se trouve dans une situation impossible. Il n’a aucune représentation. Ce serait une erreur de dire que sa religion n’a aucune conséquence politique. En réalité il y en a. Il y en a aussi pour les catholiques même si ces derniers ont été plus ou moins marginalisés. Pour toutes ces raisons il me paraît que l’idée d’un parti musulman est très réaliste. 


Mais de là à imaginer qu’un parti de ce type puisse être en mesure de gagner des élections présidentielles dans 7 ans…

Je suis d’accord, ce n’est pas très réaliste. Pour deux raisons, en réalité. D’abord, et cela est le plus difficile à imaginer, les musulmans devraient apprendre à s’entendre entre eux. Pour cela, il faudrait quelqu’un d’extrêmement intelligent et doté d’un immense talent politique, qualités que je prête à mon personnage Ben Abbes. Mais un talent extraordinaire, par définition, est rare. Et même en supposant que ce personnage existât et que le parti montât en puissance, cela demanderait plus de 7 ans. Si on observe l’action des frères musulmans, on constate des réseaux régionaux, des œuvres sociales, des centres culturels, des lieux de prière, des centres de vacances, des services de soins, quelque chose qui ressemble à ce qu’avait fait le parti communiste. Je dirais que dans un pays où la pauvreté se répand, ce parti pourrait attirer des gens au-delà du musulman “moyen” si je peux l’appeler ainsi, puisqu’en réalité il n’existe pas aujourd’hui de musulman moyen depuis qu’on observe la conversion à l’Islam de personnes qui ne sont pas d’origine nord-africaine. Mais un processus de ce type demanderait plusieurs décennies. Le sensationalisme des médias joue en réalité un rôle négatif. Par exemple, ils ont aimé l’histoire du "type" qui vivait dans un village de Normandie, qui était “de souche”, qui ne venait pas d’une famille décomposée et qui s’est converti puis est parti en Syrie pour participer à la guerre sainte. Il est raisonnable de penser que pour chaque "type" qui se comporte ainsi il s’en trouve des douzaines d’autres qui ne font rien de semblable. Après tout, on ne fait pas la guerre sainte pour s’amuser, cela ne concerne que les individus qui sont suffisamment motivés pour exercer la violence, ce qui signifie qu’il s’agit simplement d’une minorité.

 
On pourrait aussi prétendre que ce qui les intéresse n’est pas la conversion mais le fait d’aller en Syrie. 

Je ne suis pas d’accord. Je crois qu’un Dieu est nécessaire et que le retour de la religion n’est pas un slogan mais une réalité qui progresse clairement.

 
Cette hypothèse est fondamentale pour le livre, mais on sait que de nombreux “chercheurs” la dédaignent depuis des années, affirmant avoir démontré que nous assistons en réalité a une sécularisation progressive de l’Islam et que la violence et la radicalisation doivent s’analyser comme les derniers instants de l’islamisme. C’est le type d’affirmation que l’on trouve chez Olivier Roy et chez d’autres individus qui s’intéressent à cette question depuis plus de 20 ans. 

Ce n’est pas ce que j’ai observé, quoi qu’en Amérique du Nord et du Sud l’islam ait moins prospéré que les sectes évangélistes. Ce n’est pas un phénomène français, c’est global. Je ne connais pas le cas de l’Asie, mais celui de l’Afrique est intéressant car il y a là deux puissantes religions en progrés : le christianisme évangélique et l’islam. Sur beaucoup de points je reste un disciple d’Auguste Comte et ne crois pas qu’une société puisse survivre sans religion. 

Mais pourquoi avoir pris la décision de raconter ces choses d’une manière dramatique tant exagérée tout en reconnaissant que la thèse d’un président musulman en 2022 est peu réaliste  ? 

Cela doit être mon côté production pour un marché de masses, ma dimension Thriller.


Vous ne l’appelleriez-pas votre côté Eric Zemmour ?

Je ne sais pas, je n’ai pas lu son livre


Lui et quelques autres écrivains se recoupent, malgré leurs différences, et décrivent une France contemporaine qui me paraît fantaisiste, dans laquelle la menace de l’Islam se resserre sur la société française. Cela constitue aussi un de vos principaux éléments. La trame de votre roman, me semble-t-il, l’accepte comme hypothèse et promeut une description de la France contemporaine semblable à celle qui ressort du travail de ces intellectuels.

 Je ne sais pas, je connais seulement le titre du livre de Zemmour [ Le Suicide français ] et cela ne correspond pas du tout à ma manière de voir. Je ne crois pas que l’on assiste au suicide de la France. Je crois que ce à quoi l’on assiste est pratiquement le contraire. L’Europe se suicide mais, au milieu de l’Europe, la France tente désespérément de survivre. C’est quasi l’unique pays qui lutte pour survivre, le seul dont la démographie lui permette de survivre. Le suicide a une cause démographique. C’est la meilleure manière de se suicider et la plus efficace. Justement, la France ne se suicide absolument pas. Je dirai même que la conversion est un signal d’espérance, et non une menace. Cela dit, il ne me semble pas que les personnes se convertissent pour des raisons sociales ; les raisons de se convertir sont plus profondes, y compris le fait que mon livre me contredise légèrement, puisque Huysmans reste le paradigme de l’homme qui se convertit pour des raisons purement esthétiques. En réalité, les questions qui préoccupent Pascal laissent Huysmans de marbre. Il ne les mentionne jamais. Cela me coûte même d’imaginer un esthète de ce type. Pour lui, la beauté était la preuve. La beauté d’une rime, d’un tableau, de la musique prouvait l’existence de Dieu. 

Cela nous ramène à la question du suicide, étant donné que Baudelaire a déclaré à propos de Hysmans que le seul choix à sa portée était le suicide ou la conversion.

Non, celui qui a émis ce commentaire est Barbey d’Aurevilly, et cela avait du sens, surtout après avoir lu À rebours. Je l’ai relu avec attention et, finalement, si, il est chrétien. C’est troublant. 

Pour reprendre le problème de vos exagérations peu réalistes, vous décrivez dans le roman, sous une forme vague et floue, divers phénomènes mondiaux, cependant le lecteur ne sait jamais exactement ce qu’ils sont. Cela nous entraîne dans le monde de la fantaisie, n’est-ce-pas ? vers la politique de la terreur. 

Oui, peut-être. Oui, le livre possède un côté terrible. J’utilise les tactiques de l’angoisse. 

Comme celle qui consiste à imaginer une situation où l’Islam s’empare du pays ?

En réalité, on ne sait pas avec clarté de quoi on devrait avoir peur, si ce sont des autochtones ou des musulmans. J’ai laissé la question ouverte.


Est-ce que vous vous êtes demandé quel pourrait être l’effet d’un roman construit sur cette hypothèse ? 

Néant. Absolument aucun effet.


Vous ne croyez pas qu’il va conforter l’image d’une France que je viens de décrire, celle où l’islam est suspendu sur notre tête comme une épée de Damoclés, comme la possibilité la plus horrible?

De toutes manières les médias ne parlent pas d’autres choses, ils ne pourraient pas en parler plus. Il est impossible de parler de cela plus qu’ils ne le font, de telle sorte que mon livre n’aura aucun effet. 

Vous n’avez pas envie d’écrire sur un autre thème afin de ne pas vous joindre à la meute ?

Non, une partie de mon travail consiste à parler de ce dont tout le monde parle, objectivement. J’appartiens à mon époque. 

Vous prétendez dans votre roman que les intellectuels français cherchent à éviter de se sentir responsables, mais vous êtes-vous demandé quelle était votre responsabilité comme écrivain ? 

Mais je ne suis pas un intellectuel. Je ne prends pas parti et ne défends aucun régime. Je renonce à quelque responsabilité que ce soit, je réclame l’irresponsabilité totale, sauf lorsque je donne mon opinion sur la littérature, alors oui je m’engage comme critique littéraire. Mais ce sont les essais qui changent le monde.


Les romans non ?

Bien sûr que non. Quoique je soupçonne le livre de Zemmour d’être réellement trop long. Je crois que le Capital de Marx est bien trop long. En réalité, ce qui s’est lu et a changé le monde, c’est le Manifeste Communiste. Rousseau a changé le monde, parfois il sait comment toucher directement les points clefs. C’est simple. Si vous voulez changer le monde, il faut dire comment il est réellement et ce qu’il convient de faire pour le changer. On ne peut se perdre en considérations romanesques. C’est inefficace.


Mais il ne manquerait plus que je dise comment utiliser un roman en tant qu’instrument épistémologique. Ce fut le thème de “La carte et le territoire”. Dans ce livre vous avez adopté des catégories pour décrire, des oppositions, qui sont plus que douteuses. C’est le type de catégories employées par les éditeurs de Causeur, par Alain Finkielkraut, Eric Zemmour ou Renaud Camus. Par exemple, l’opposition entre l’antiracisme et le sécularisme.

On ne peut nier qu’il y ait là une contradiction.


Je ne la vois pas. Au contraire, les mêmes personnes sont souvent à la fois antiracistes militantes et ferventes défenseurs du sécularisme, les deux plongeant leurs racines dans les lumières.

Voyez, les lumières sont mortes, qu’elles reposent en paix. Un exemple parlant ? La candidate de gauche du parti de Besancenot portait le voile. Voilà une contradiction. Mais seuls les musulmans sont en réalité dans une situation schizophrénique. Au niveau des valeurs, les musulmans ont plus de point commun avec la droite qu’avec la gauche. L’opposition est bien plus fondamentale entre un musulman et un athée qu’entre un musulman et un catholique. Cela me paraît évident. 

Mais je ne comprends pas le lien avec le racisme.

Tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Si on parle objectivement, il n’y en a pas. Quand je suis passé en jugement pour racisme et que finalement j’ai été acquitté, il y a maintenant une dizaine d’années, le juge a correctement conclus que la religion musulmane n’est pas un attribut racial. Cela, aujourd’hui, est devenu plus évident. De telle sorte que la portée du mot racisme a été étendue pour inventer le délit d’islamophobie. 

Peut-être le mot était-il mal choisi, mais il existe des manières de stigmatiser des groupes ou des catégories de personnes, qui sont des formes de racisme.

Non, l’islamophobie n’est pas une forme de racisme. Si quelque chose est devenu évident aujourd’hui, c’est bien cela.


L’islamophobie sert d’écran à un type de racisme qui ne peut plus s’exprimer aujourd’hui à cause de la loi.

 Je crois que c’est faux. Tout simplement. Je ne suis pas d’accord. 

Vous utilisez une autre dichotomie douteuse, l’opposition entre l’antisémitisme et le racisme, quand en réalité nous pouvons déceler diverses époques durant lesquelles les deux choses étaient liées. 

Je crois que l’antisémitisme n’a rien à voir avec le racisme. Il se trouve que je cherche à comprendre l’antisémitisme depuis longtemps. A première vue, on est tenté de le relier au racisme. Mais de quel racisme parlons-nous lorsqu’une personne ne peut pas deviner si quelqu’un est juif ou ne l’est pas parce que la différence est invisible ? Le racisme est plus élémentaire que tout cela, il s’agit d’une différence de couleur de peau. 

Non, parce que le racisme culturel existe depuis longtemps chez nous.

Mais alors vous demandez aux mots de signifier des choses qu’ils ne veulent pas dire. Le racisme est simplement le fait qu’une personne ne nous plaise pas parce qu’elle appartient à une autre race, parce qu’elle n’a pas la même couleur de peau, ou les mêmes traits, etc. On ne peut élargir le mot pour lui donner une autre signification. 

Mais puisque du point de vue biologique les races n’existent pas, le racisme est nécessairement culturel. 

Mais le racisme existe, apparemment, de partout. Il est évident qu’il a existé depuis le moment où les races ont commencé à se mélanger. Soyez honnête! Vous savez très bien qu’un raciste est quelqu’un qui n’apprécie pas une autre personne parce qu’elle a la peau noire ou une tête d’arabe. Le racisme c’est cela.


Ou à cause de ses valeurs ou de sa culture.

Non, c’est un problème différent. Désolé.


Parce qu’il est polygame par exemple.

Ah mais quelqu’un peut-être scandalisé par la polygamie sans être raciste du tout. Cela doit être le cas de beaucoup de gens qui ne sont pas du tout racistes. Mais revenons à l’antisémitisme car nous avons dévié. Puisque personne n’a jamais pu deviner si quelqu’un est juif à partir de son aspect ou de son mode de vie, étant donné que lorsque l’antisémitisme s’est développé, peu de juifs menaient une vie réellement juive, que pourrait signifier l’antisémitisme? Ce n’est pas une forme de racisme. Tout ce qu’il faut faire, c’est lire les textes pour se rendre compte que l’antisémitisme n’est rien de plus qu’une théorie de la conspiration : des gens dans la coulisse sont responsables de toutes les difficultés du monde, ils conspirent contre nous, il y a un intrus parmi nous. Si le monde va mal c’est à cause des juifs, à cause des banques juives. C’est une théorie de la conspiration. 

Mais dans le roman Soumission, n’y-a-t-il pas une théorie de la conspiration, l’idée qu’une “grande substitution” est à l’œuvre, que les musulmans sont en voie de s’emparer du pouvoir ? 

Je ne connais pas bien cette théorie de “la grande substitution”, mais j’accepte qu’elle ait une relation avec la race. Alors que mon livre ne parle pas d’immigration. Ce n’est pas le thème.

Ce n’est pas nécessairement racial, cela peut être religieux. Dans ce cas, votre livre décrit le remplacement du catholicisme par l’Islam.

Non. Mon livre décrit la destruction de la philosophie héritée des lumières, qui n’a plus de sens pour personne, ou seulement pour une poignée. Le catholicisme cependant, ne va pas mal du tout. Je maintiens qu’une alliance entre les catholiques et les musulmans est possible. On l’a déjà vu dans le passé. Cela pourrait se répéter. 

Vous êtes devenu agnostique. Pouvez-vous observer ce qui se passe avec plaisir et voir comment est détruite la philosophie des Lumières?

Oui. Cela doit arriver un jour ou l’autre et il se pourrait bien que ce soit maintenant. En ce sens aussi je suis Comtien. Nous nous trouvons dans ce qu’il appelait l’étape métaphysique, laquelle a commencé au Moyen Âge, et son émergence a détruit la phase précédente. En elle même, la philosophie des Lumières ne peut rien produire, uniquement du vide et du malheur. De telle sorte que oui, je suis hostile à la philosophie des lumières, cela doit être bien clair. 

Pourquoi avez-vous choisi le monde universitaire comme cadre de votre roman? Parce qu’il incarne les Lumières ?

Je ne sais pas vraiment. La vérité est que je voulais qu’il existât une seconde histoire dans l’histoire, assez importante, et qui se pencherait sur Huysmans. Ainsi m’est venue l’idée de mettre en scène un universitaire.


Vous saviez, depuis le début, que vous écririez ce roman à la première personne ?

Oui, parce que c’était un jeu avec Huysmans. Il en fut ainsi depuis le début.


Une nouvelle fois, vous avez mis en scène un personnage qui est en partie un autoportrait. Pas totalement, bien sûr, mais on trouve par exemple la mort de vos parents. 

Oui, j’ai utilisé certains éléments, quoique les détails soient très différents. Mes personnages principaux ne sont jamais des autoportraits, mais toujours des projections. Par exemple : Si j’avais lu Huysmans jeune, et que j’eusse étudié la littérature et choisi la carrière de professeur? J’imagine des vies que je n’ai pas vécu. 

Tout en permettant que des faits réels s’insèrent dans les vies fictives.

.J’utilise des faits qui m’ont affecté dans la vie réelle, oui. Mais chaque fois je les transpose. Dans ce livre, ce qui reste de la réalité est l’élément théorique (la mort du père) mais tous les détails sont différents. Mon père était très différent du personnage du roman, sa mort n’est pas du tout survenue ainsi. La vie me donne seulement les idées de base.


En écrivant ce roman avez-vous eu la sensation d’être une Cassandre, un prophète de la catastrophe?

Réellement, ce livre ne peut être décrit comme étant une prédiction pessimiste. A la fin, les choses ne se terminent réellement pas si mal. 


Elles ne se terminent pas si mal pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Oui, c’est un problème très différent. Cependant, je considère que le projet de reconstruire l’Empire romain n’est pas si stupide ; si cela réoriente l’Europe vers le Sud alors tout commence à acquérir un certain sens, même si en ce moment il n’y en a aucun. Politiquement, on peut même se réjouir de ce changement ; en réalité il n’y a aucune catastrophe. 

Cependant le roman apparaît particulièrement triste.

Oui, il y a une profonde tristesse sous-jacente. Mon opinion est que l’ambiguïté culmine dans la dernière phrase “il n’y aurait aucune raison pour garder le deuil”. En réalité, on pourrait terminer le livre en ressentant exactement le contraire. Le personnage a deux bonnes raisons pour garder le deuil : Myriam et la Vierge Noire. Mais finalement il ne les regrette pas. Le roman baigne dans la tristesse sous la forme d’une ambiance de résignation.


Comment situez-vous ce roman par rapport à vos autres livres ? 

On pourrait dire que j’ai réalisé des choses que je voulais faire depuis longtemps, des choses que je n’avais jamais réalisées avant. Par exemple, mettre en scène un personnage très important que jamais personne ne voit, comme Ben Abbes. Aussi, il me paraît que la fin de l’histoire d’amour est la plus triste que j’aie jamais écrite, quoique ce soit la plus banale : les yeux ne voient plus, le cœur ne sent plus rien. Ils avaient des sentiments. De manière générale, la sensation d’entropie est beaucoup plus forte que dans mes autres livres. On y trouve un côté sombre, crépusculaire qui explique la tristesse du ton. Par exemple, si le catholicisme ne fonctionne plus c’est parce qu’il a porté tous ses fruits, et paraît désormais lié au passé ; il s’est vaincu lui même. L’islam est une image du futur. Pourquoi l’idée de Nation s’est-elle épuisée? Parce qu’on a abusé d’elle durant trop de temps. 

On ne trouve là aucun trait de romantisme, et encore moins de lyrisme. Nous sommes entrés en décadence.

C’est exact. Le fait d’avoir commencé avec Huysmans doit avoir une relation avec cela. Huysmans ne pouvait pas revenir au romantisme, mais il lui restait la possibilité de se convertir au catholicisme. Le point de contact le plus clair avec mes autres livres est que la religion, quelle qu’elle soit, est nécessaire. Cette idée apparaît dans beaucoup de mes livres. Dans celui-ci aussi sauf que cette fois il s’agit d’une religion existante.


Quelle est la place de l’humour dans ce livre ? 

On trouve des personnages comiques par-ci par-là. Je dirais qu’en réalité c’est comme d’habitude, on y trouve le même nombre de personnages ridicules. 

Nous n’avons pas beaucoup parlé des femmes. Une de fois de plus, vous serez critiqué sur ce point. 

Evidemment, le livre ne plaira pas à une féministe. Mais je ne peux rien y faire.


Cependant, vous fûtes surpris que les lecteurs eussent qualifié de misogyne “Extension du domaine de la lutte”. Votre nouveau roman ne va pas améliorer les choses. 

Je continue de penser que je ne suis pas misogyne. De toutes manières, je dirais que cela n’a aucune importance. Il se peut cependant que les gens ne soient pas content de ma démonstration, puisque je montre que le féminisme est condamné par la démographie. De sorte que l’idée sous-jacente, qui pourrait vraiment déplaire, est que l’idéologie importe peu face à la démographie. 

Ce livre ne prétend donc pas être une provocation ?

 Il accélère l’histoire; mais non, on ne peut pas dire qu’il soit une provocation, si ce terme signifie que l’on dit des choses considérées comme incertaines seulement pour énerver les gens. Je condense une évolution qui me paraît réaliste.


Pendant que vous écriviez ou relisiez le livre, avez-vous anticipé quelques réactions possibles lors de sa publication ?

 Je suis totalement incapable de prévoir ces choses là.


Certains pourraient être surpris de votre nouvelle orientation puisque le livre précédent fut accueilli triomphalement ce qui réduisit au silence vos critiques. 

La réponse correcte est que, franchement, je ne l’ai pas choisie. Le livre commença avec une conversion au catholicisme qui eut dû se faire mais ne se fit pas. 


N’y-a-t-il pas quelque chose de désespéré dans ce processus, que vous n’avez pas réellement choisi?

 Le désespoir provient du fait que l’on abandonne une civilisation très ancienne. Mais finalement le Coran me semble meilleur que ce que je pensais, maintenant que je l’ai relu - ou plutôt lu - La conclusion évidente est que les djihadistes sont de mauvais musulmans. Obligatoirement, comme dans tout livre religieux, une certaine latitude est laissée à l’interprétation. Mais une lecture honnête devrait conclure qu’en général l’agression par la guerre sainte n’est pas approuvée, seule la prière est valide. On peut donc dire que j’ai changé d’opinion. Pour cela je ne sens pas que j’écris à partir d’une peur. Je sens plutôt que l’on peut se préparer peu à peu. Les féministes ne pourront pas le faire, s’il faut absolument être honnête. Mais moi et beaucoup d’autres si, nous pourrons. 

On pourrait remplacer le mot féministes pour celui de femmes, non ? 

Non, on ne peut pas remplacer le mot féministes par celui de femmes. Vraiment pas. Je montre clairement que les femmes aussi peuvent se convertir.


Texte traduit par notre collaborateur Auran Derien

Un fluide vraiment glacial...

 

Un fluide vraiment glacial...
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 
Le magazine de bandes dessinées humoristiques Fluide Glacial pensait s’être mis à l’abri de toute accusation de surenchère nauséabonde en abandonnant son numéro spécial « Couscous jambon ».
 
Auteur pour la télévision.

Le magazine de bandes dessinées humoristiques Fluide Glacial pensait s’être mis à l’abri de toute accusation de surenchère nauséabonde en abandonnant son numéro spécial « Couscous jambon ». Compte tenu des événements, la rédaction a estimé, sans doute avec raison, qu’il était préférable de reporter son plat du jour à une date ultérieure. Les risques de troubles gastriques au sein de la communauté musulmane étaient trop grands, l’attentat culinaire trop violent… Et puis, a-t-on le droit de caricaturer un jambon trônant au beau milieu d’un plat de semoule ? N’y a-t-il pas là une atteinte grave à l’image du cochon que bien des Auvergnats vénèrent ? L’auvergnatophobie ajoutée à l’islamophobie plaçait le magazine en situation de cumulard de la haine… Situation intenable.

C’est donc en toute innocence que la rédaction dudit Fluide glacial changea son fusil d’épaule pour une couverture genre « parlons-d’autre-chose » titrée : « Péril jaune, et si c’était trop tard ? » En illustration de cette question digne d’un Valeurs actuelles, le dessin représente un Français à béret et moustache tractant un pousse-pousse sur lequel sont assis un Asiatique en tenue coloniale et une blonde pulpeuse visiblement conquise. Dans la rue, assis par terre, un Français SDF demande quelques pièces à l’aide d’une pancarte rédigée en chinois. Le décor est planté. Net et provocateur mais très loin de l’inénarrable prophète et de ses gardes du corps.

« Ouf, on s’en est bien tiré », ont dû penser les rédacteurs du magazine. Répit de courte durée, car ne voilà-t-il pas qu’un journal de la presse officielle chinoise prend ombrage. Dans un éditorial intitulé « La vogue de la liberté d’expression pourrait aggraver les conflits », le quotidien s’insurge. À noter tout d’abord que, pour le journaliste chinois proche du pouvoir, la liberté d’expression est une mode. Comme les mini-jupes, la musique disco ou les scoubidous… Un truc qui passe, une manie amusante mais qui finit par énerver. Le gouvernement chinois, qui est au-dessus des modes, s’immisce dans le débat et profite de cette satire à son encontre pour dénoncer les gribouillis qui osent représenter l’idole des musulmans et, d’une manière générale, la conception européenne de la liberté d’expression. Du dignitaire chinois qui donne des leçons de liberté d’expression… Il ne manque plus que Salvador Dalí pour peindre l’ensemble et nous donner un tableau digne de figurer dans le hall d’entrée du Musée d’art moderne.

Fluide Glacial pensait s’en tirer à bon compte, le voilà à deux doigts d’être classé sinophobe… Le suffixe « phobe » accolé à n’importe quoi ou n’importe qui pourrait suffire à interdire à peu près toute forme d’expression. Un suffixe pratique, le couteau suisse de la censure.

À propos de cette polémique, sur lefigaro.fr, Robert Hue, la barbichette taillée à quatre épingles, réaffirme haut et fort que « Non, décidément non, ce pays n’est pas une dictature ». Venant d’un personnage qui dit approuver les divers discours tapageurs de Manuel Valls, l’affirmation fait froid dans le dos. Un vrai fluide glacial qui s’étend et dégouline de toutes parts…

 

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mardi, 20 janvier 2015

« Soumission » de Michel Houellebecq

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«Soumission» de Michel Houellebecq

 
par Francis Richard
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Le mot d'islam veut dire soumission. Le titre du dernier roman de Michel Houellebecq n'est donc pas choisi par hasard. Car il est effectivement question d'islam dans Soumission et de... soumission.

Nous sommes en 2022. En 2017, François Hollande a été réélu et son deuxième quinquennat a été aussi médiocre que le premier. L'histoire débute au moment du premier tour des élections présidentielles qui lui donneront un successeur.

Le narrateur, François, aura bientôt 44 ans. Pendant sept ans il a fait une thèse sur Karl-Joris Huysmans, qu'il a soutenue en juin 2007 et qui lui a valu les félicitations du jury à l'unanimité. C'est une thèse de poids - sept cent quatre-vingt huit pages -, devenue depuis lors un ouvrage de référence.

Sa voie était toute tracée: "Les études universitaires dans le domaine des lettres ne conduisent comme on le sait à peu près à rien, sinon pour les étudiants les plus doués à une carrière d'enseignement universitaire dans le domaine des lettres - on a en somme la situation plutôt cocasse d'un système n'ayant d'autre objectif que sa propre reproduction, assorti d'un déchet supérieur à 95%."

Il est parmi les plus doués. Il deviendra donc professeur de lettres à l'Université Paris III, qui est juste un cran en-dessous de Paris IV...

Jeune, François n'a pas eu d'ambition matrimoniale, et considère qu'à son âge il est maintenant trop tard pour y songer. A ses relations amoureuses annuelles et épisodiques d'étudiant avec une de ses petites camarades d'études ont succédé des relations amoureuses annuelles tout aussi épisodiques de professeur avec une de ses étudiantes. Il fait la jonction estivale avec des escort girls...

Pendant la soirée électorale du premier tour des élections présidentielles, la candidate du Front national, Marine Le Pen, étant arrivée largement en tête avec 34,1 % des voix et celui de la droite traditionnelle étant éliminé avec 12,1% des voix, il faut attendre minuit pour départager le candidat qui lui sera opposé au second tour: celui du PS ou celui de la Fraternité musulmane, parti créé cinq ans plus tôt. C'est ce dernier candidat, Mohammed Ben Abbes, qui finit par l'emporter, dans un mouchoir, avec 22,3% des voix contre 21,9%.

La relation de François avec Myriam, 22 ans, qui ne semble pas l'avoir remplacé, serait-elle plus sérieuse que les autres? Voire. En tout cas il lui est reconnaissant pour tout le plaisir qu'elle lui a donné... Myriam vit chez papa maman. Or, ces derniers sont inquiets de la tournure que prennent les événements en France et décident de partir en famille pour Israël, Myriam comprise, laquelle est bien triste de quitter François, mais lui donne, en guise de cadeaux d'adieu, des plaisirs que de bons musulmans pourraient considérer comme des dépravations... François, pas rassuré non plus - les Universités ont été fermées sine die -, quitte Paris par la route et rejoint Martel dans le Lot...

Dans l'entre-deux tours des troubles éclatent. Il est bien difficile de savoir s'il faut les attribuer à des groupes djihadistes ou à des groupes identitaires. Le jour même du second tour, des bureaux de vote sont saccagés, ce qui va conduire à son invalidation et en reporter la tenue à une date ultérieure. Entretemps l'UMP, l'UDI, le PS se rallient à Mohammed Ben Abbes, musulman modéré, pour faire échec au Front national et obtenir des ministères dans le futur gouvernement, qui sera présidé par François Bayrou... Avec ces ralliements les jeux sont faits et l'élection ne se sera finalement pas faite sur l'économie mais sur les valeurs...

Avec l'élection de Mohammed Ben Abbes, qui s'avère être un président fort habile et qui ambitionne de reconstruire l'Empire romain en négociant l'entrée dans l'Union européenne du Maroc et de la Turquie, les choses évoluent, mais en douceur, grâce à la participation au pouvoir de tous les partis à l'exception du Front national, c'est-à-dire grâce à leur soumission: la délinquance baisse, le chômage itou ("C'était dû à la sortie massive des femmes du marché du travail - elle-même liée à la revalorisation considérable des allocations familiales"), de même que les dépenses sociales, dont la réduction de 85% est prévue sur trois ans.

D'autres changements majeurs interviennent, dans les domaines de l'éducation et de l'économie. La scolarité obligatoire s'arrête à la fin de l'école primaire. Le financement de l'enseignement secondaire et supérieur devient entièrement privé. La Sorbonne, par exemple, Paris III et Paris IV, est désormais financée par les Saoudiens et ne pourront y enseigner que des musulmans. Mohammed Ben Abbes a choisi en matière économique le distributivisme, troisième voie entre le capitalisme et le communisme. Il se traduit, dans la pratique, par la suppression des aides de l'Etat aux grands groupes industriels, par l'adoption de mesures fiscales en faveur des artisans et des auto-entrepreneurs.

Absent de Paris pendant plus d'un mois, François a été démis d'office de ses fonctions de professeur d'université. Il touchera en compensation la retraite qu'il aurait touchée à soixante-cinq ans. Cette démission est regrettée par le nouveau président de Paris III, Robert Rediger, qui va employer les grands moyens pour qu'il revienne enseigner dans son université.

A cette fin, dans un premier temps, il lui fait proposer par Gallimard de s'occuper de l'édition des oeuvres de Huysmans dans la Pléiade, en qualité de spécialiste reconnu; dans un deuxième temps, il le reçoit chez lui dans son hôtel particulier de la rue des Arènes à Paris où ils ont tous deux une longue discussion sur la religion et la philosophie - Robert s'est converti à l'islam et François fait chez lui la connaissance de ses deux épouses -, et il lui offre un ouvrage de vulgarisation de son cru, Dix questions sur l'islam.

Lors d'une réception, Robert explique à François pourquoi il convient de rejeter aussi bien l'athéisme que l'humanisme (là il n'a pas de mal à le convaincre parce que ce mot seul fait vomir François) et lui vante la nécessaire soumission de la femme - les marieuses existent pour trouver aux hommes les épouses qui leur conviennent -, et le retour au patriarcat. Il ne reste plus à François qu'à se convertir, c'est-à-dire à faire soumission aux lois du Créateur, s'il veut meilleur traitement, ne pas avoir à se préoccuper de trouver celles qui partageront sa couche et trouver le bonheur.

Ce livre est une fiction qui pourrait pourtant bien se produire un jour en France, pour des raisons purement démographiques (2022 est peut-être une échéance un peu trop proche toutefois pour être plausible). Dans cette hypothèse, Michel Houellebecq construit un scénario on ne peut plus probable, compte tenu de ce qu'on peut savoir des pays dirigés par des musulmans, qui ne sont de loin pas des islamistes radicaux.

A lire ce livre superbement écrit, qui a la vertu de le faire rire par moments ("le confit de canard ne paraissait pas compatible avec la guerre civile"), le lecteur ressent cependant un malaise, parce qu'il ne sait pas très bien où l'auteur veut en venir avec ce récit. Mais le sait-il lui-même? Il semble que cette histoire, à partir du moment où il en avait posé les prémices, lui ait échappé et acquis son autonomie de créature littéraire. Quoi qu'il en soit, elle donne matière à réflexion.

Son  narrateur de personnage, incapable de vivre pour lui-même, se sent, dit-il au début, "aussi politisé qu'une serviette de toilette". Il semble surtout, ce qui n'est pas incompatible, au contraire, vouloir saisir sa chance quand elle se présente et il n'est pas mécontent, après tout, avec ce changement paisible de régime, d'appartenir à la gent masculine, ce qui est bien confortable et lui permettra d'oublier Myriam...

Francis Richard, 8 janvier 2015

Soumission, Michel Houellebecq, 304 pages, Flammarion

Publication commune lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

Un destin français...

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Un destin français...

Ex: http://www.dedefensa.org

18 janvier 2015 – Le monde étonné et interloqué observe la France devenu le centre du monde ... Resserrons l’objectif tout en gardant une ouverture qui pourrait convenir pour retrouver des perspectives hors de ce cadre proposé, et réduisons le propos à ce constat, – “le bloc BAO étonné et interloqué observe la France devenu le centre du bloc BAO”. Il est vrai que les Anglo-Saxons, si prompts à railler les Français, n’ont pas hésité une seconde à sacraliser l’attaque de Charlie-Hebdo (1/7) en un second 9/11. Par la même occasion, et comme l’on choisit ce qui convient dans le registre des réflexes pavloviens du moment crisique, ils sont passés du déchaînement antipoutinien et antirusse au déchaînement antiterroriste, désignant pour la nième fois les islamo-fascistes comme la néo-“nouvelle peste” anti-occidentaliste. (C’est dire mais c’est tout dire sans trop se surprendre soi-même : le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg appelait les Russes à la coopération avec l’OTAN dans la bataille contre le terrorisme, le 8 janvier 2015 [Business Week] dans un discours fait dans la ville de Kreuth, en Bavière.)

L’aspect symbolique de l’attaque contre Charlie-Hebdo et la réaction française, l’espèce de sacralisation absolument sans frein ni nuance de l’événement, sont par exemple mis en évidence dans un commentaire de Wesley Pruden, du Washington Times (très proche des neocon), le 13 janvier 2015... Mais on remarquera déjà que ce commentaire approbatif est aussi et surtout l’occasion de mettre en cause celui qui, par contraste, n’a pas manifesté cette attitude, c’est-à-dire le président Obama qui-n’est-pas-venu-à-Paris... (Car tous les commentaires disons d’“adoubement” de la France vont dans ce sens d’un soutien affirmé qui naît de la vague de “Je suis Charlie” qui a déferlé sur le monde, mais aussitôt nuancé par de graves réserves concernant la situation en général, aussi bien ailleurs qu’en France même.) Pruden : «A headline in London exclaims that what happened in Paris “has galvanized France.” Well, that's good, so far as it goes. [...] [But] America is led by a president who neither understands nor celebrates the America that elected him. He knows only that his election, and re-election, gave him an opportunity to get on with transforming America into a nation that your grandfather would not recognize. The president's remarkable snub of the solidarity march in Paris cannot surprise anyone who has been paying attention to the news. This president cannot bring himself to confront the threat to America and call it by its rightful name... [....] The thrill of marching in Paris will wear off, and then what? Will the West go back to the comfort of indolence and the luxury of indifference?»

En effet, cela étant et la France ainsi intronisée sur l'instant et pour cet instant par le Système, et selon le réflexe pavlovien de service, se pose aussitôt la question inquiète des Anglo-Saxons : mais que va faire la France ? (C’est un de ces réflexes ataviques, qu’on peut évidemment mettre sur le compte des habitudes pavloviennes citées plus haut, mais qu’on peut aussi rattacher à quelque mystérieux courant historique, si mystérieux qu’on le jugerait métahistoriques. Ce réflexe, essentiellement anglo-saxon et de nature historique reconnue et souvent expérimentée tant de fois, est de n’accorder à la France qu’une confiance limitée dans la mesure où ce pays semble développer naturellement et parfois sinon souvent sans que ses dirigeants en aient même conscience des principes tels que souveraineté, légitimité, indépendance nationale, etc., – bref, tout ce qui a marqué la période gaulliste qui reste à cet égard la référence fondamentale des Anglo-Saxons pour leur jugement à cet égard, – mais qui existait en partie même sous la piteuse IVème République [voir, pour ceux qui ont le courage des longues lectures, l’extrait des Mémoires du dehors du 6 novembre 2006]. ) C’est-à-dire qu’en même temps que la France est adoubée par le flux d’une politique de communication et de symbolisme dans ce rôle central dans le dispositif-Système, se pose la question du “choix” qu’elle va faire, de l’orientation que va prendre sa situation, etc. On comprend que, dans un esprit américaniste par exemple, une telle question ne se poserait pas à propos de l’exemplaire vassalité, par atavisme également, du Royaume-Uni vis-à-vis des USA...

L’idée se dessine déjà dans l’analyse que donne le German Marshall Fund (GMF) du 13 janvier 2015, avec cette question fondamentale : l’immense démonstration de dimanche dernier est-elle l’annonce d’une union nationale solide ou au contraire un événement dans un processus de fragmentation interne très dangereux ? (Le GMF est une des institutions les plus représentatives du courant transatlantique et de la mainmise d’influence des USA sur l’Europe occidentale.) Après quelques observations sur la situation actuelle en France, avec l’attaque contre Charlie-Hebdo et les rapports politiques existants, Alexandra de Hoop Scheffer et Martin Quencez écrivent ceci où ces sujets sont abordés, mais où apparaît aussi entre les lignes le rôle que le GMF (les forces transatlantiques anglo-saxonnes) voudraient voir jouer à la France, – apaisement à l’intérieur, engagement renforcé dans le sens voulu par le bloc BAO à l’extérieur :

«... After the popular demonstrations all around France, what is at stake for the French government? At the domestic level, the reactions should be two-fold. On one hand, a strong legislative response is expected to show the ability of the state to effectively fight these threats. The fact that the terrorists were known by the police has triggered a popular demand to investigate the way authorities track such radicals in order to prevent future failures. The government will have to display transparency and rigor in the reinforcement of police and intelligence capabilities. On the other hand, maintaining national unity to avoid any further fragmentation in French society will be important, but remains challenging. Bringing together the entire nation against Islamist terrorism has to be balanced by taking into account specific community concerns. Limiting the risk of Islamophobic incidents should be a priority, as should including Muslim figures in the fight against terrorism. Reassuring the Jewish community will also be necessary. The appointment of a prefect in charge of coordinating the security of the Jewish institutions is part of the urgent measures being taken for that purpose.

»On the foreign policy front, these attacks can only reinforce Paris’s determination to take a leading role in the resolution of conflicts in the Middle East and North Africa, and push for a transatlantic response against havens for Islamist terrorists in Syria, Iraq, and the Sahel. The French government will also demand better European coordination on border control, the tracking of European citizens’ activities in the conflict zones in the Middle East, and closer cooperation with Internet companies to monitor and eventually remove material that could encourage terrorism.

»The shock of the Paris terrorist attacks will quickly change into political and strategic outcomes. These events will affect French society itself,BI> but it is unclear whether they will foster further tensions or provide an opportunity for renewed national political cohesion and cooperation with France’s transatlantic allies in the fight against terrorism.»

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De fait, les nouvelles depuis dimanche dernier, qui permettent d’esquisser la situation française dans l’après-Charlie-Hebdo (ou l’après-1/7) ne sont pas vraiment exaltantes. Nous mettons de côté, bien entendu, les événements relevant purement du symbolisme et du système de la communication, notamment la sortie du numéro de Charlie-Hebdo et toutes les péripéties qui l’ont accompagnée, du phénoménal tirage réalisé en millions à l’annonce d’un abonnement par un George Clooney ou par un Arnold Schwarzenegger (non pas un mais 10 pour lui, dit-on, ce qui se conçoit par rapport à sa corpulence). Nous parlons des réactions dans diverses communautés, et notamment les deux qui, en France, ont été directement concernées par les événements du 7 au 9 janvier. Ainsi pouvait-on voir, comme dans raccourci saisissant de l’évolution de cette situation française, dans la même soirée du 12 janvier, Le Grand Journal présenter plusieurs intervenants musulmans exposant ce qu’on pourrait apprécier, du moins en partie pour les interventions, d’“angoisse des musulmans”, et dans l’émission 28’ de Arte la présentation des “l’angoisse des juifs de France”. Comme nous l’écrivions le 11 janvier 2015 à propos du thème de la défense de la “liberté d’expression” qui était le thème de la manifestation de dimanche, «[l’]union sacrée est totale, – sauf pour ceux qui n’ont pas fait leur dévotion, – pour partir par millions, comme l’on fait une levée en masse, à la défense de l’essentiel de la cause et à la promotion de l’essentiel du contraire de la cause. Cette observation suffit à nous faire comprendre combien les comportements massifs de communication et symboliques de ces tout derniers jours, dans le chef de cette réaction collective paroxystique, globalisée, surréaliste, aux événements de la semaine dernière, ont fait progresser le problème fondamental qui affecte les pays du bloc BAO, et la France en particulier, dans le sens de l’exacerbation, de la contradiction, de l’incompréhension, de l’anathème réciproque...»

Par conséquent, on a eu, depuis dimanche, de très nombreux témoignages, déclarations, actes, etc., montrant une soudaine et très active détérioration de la situation des deux communautés concernées, qui forment l’axe de tension qui sous-tend le débat de communication et de symbolisme accompagnant la crise pour en composer l’essentiel. Cette détérioration, marquée certes par des actes précis, est d’abord de l’ordre du psychologique, ce qui est le facteur dominant et écrasant de toute situation crisique aujourd'hui, et de celle-ci évidemment.

• Outre les diverses déclarations, à la fois pour séparer les musulmans en général des terroristes qui sont intervenus, à la fois pour lutter contre l’amalgame qui est si souvent développé, on a donc eu une recrudescence de manifestations opérationnelles contre des lieux musulmans divers de France, dont des mosquées ... Inscription, invectives, jets de projectiles, voire des coups de feu, etc. (Plus de 50 “attaques” de cette sorte en moins d’une semaine.) Sur BFM-TV, le 14 janvier à 19H00, le député socialiste de l’Essonne Malik Boutih a tracé un portrait d’une gravité extraordinaire de la situation dans les quartiers de banlieues où sont concentrés les musulmans, où bandes de délinquants et groupes extrémistes font régner la terreur, souvent en s’alliant les uns aux autres. Il a réclamé des mesures extrêmes, comme celle de “la mise sous tutelle de l’État” de certains quartiers, pour assurer une sécurité maximale et imposer un ordre qui serait évidemment qualifié de “draconien” par rapport au désordre qui règne.

• Les juifs ont également manifesté leurs craintes devant cette situation, notamment avec la manifestation d’un mouvement de départ de certains d’entre eux vers Israël. (L’intervention de Netanyahou, présent à Paris dimanche malgré les réticences de la présidence de la république française, a largement contribué à dramatiser la situation avec son appel invitant les juifs de France à s’installer en Israël pour y trouver la sécurité.) D’ores et déjà, le chiffre de 7.000 départs de juifs français en 2014, – le double de 2013, – est dans tous les esprits, et 2015 devrait fortement accélérer le mouvement. D’une façon très inattendue et paradoxale, ou bien très décourageante c’est selon, ce mouvement vers la “sécurité d’Israël” se fait et est encouragé alors qu’un document important vient d’annoncer la conviction du ministère israélien des affaires étrangères que la situation politique israélienne en 2015 connaîtra un “tsunami politique” :

«According to a classified document released by Israel’s Foreign Ministry on Tuesday, the current year will be the worst for the Zionist regime in terms of political pressure. The document, bearing the signature of the ministry's deputy director general for coordination, Gilad Cohen, warns that a “political tsunami” is awaiting Israel in 2015 especially with regards to the European countries’ increasing willingness to recognize the state of Palestine. The document has also cited the ongoing campaign for the boycott of business with Israel... [...] It has also expressed serious concern about the United States’ potential endorsement of the Palestinian bid for statehood at the United Nations Security Council. » (TV Press, le 13 janvier 2014.)

Même au niveau intellectuel parisien, dans la classe d’influence dominante connectée au “parti des salonards”, on trouve la marque d’oppositions dites déjà sur un ton très dur, qui risquent d’ajouter des affrontements extrêmement graves au niveau de la communication. Nous avons évoqué ce phénomène (voir le 16 janvier 2015), qui interfère gravement dans les clivages habituels des intellectuels et du “parti des salonards“ assurant la pseudo-stabilité de l’influence du Système au niveau de la communication et du symbolisme d’influence, et introduit un élément de désordre et de désunion extrêmement important alimentant la déstabilisation générale.

En l’espace de quelques jours, comme si ces esprits formatés n’attendait qu’une occasion de s’ébrouer complètement dans la servilité-Système, la propagande dans les organes officiels de communication a atteint un niveau grotesque, ouvertement stalinien... Les exemples de cette transmutation sont légions bien entendu, jusqu’à la nausée, et ne méritent même pas le piètre honneur intellectuel d’une démonstration de base. On ne résiste tout de même pas à la citation de celui (l’exemple) qui est rapporté par le site Lescrises.fr du 15 janvier 2015, reproduisant ces propos de Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France-2 ... Un “appel à délation” très style-NKVD du temps de la Iejovtchina de 1936-1939 (la “période de Iéjov”, du nom du chef du NKVD de l’époque, de 1936 à 1938, Nicolas Iéjov)  : «Ah non Elise faut pas faire preuve d’angélisme. C’est justement ceux qui ne sont pas “Charlie” qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui “balancent” sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale...» (Le terme de “traiter” est élégamment révélateur.)

Contrairement à ce qui vient à l’esprit, et cela parfaitement stalinien d’ailleurs, cette sorte d’attitude n’est pas porteuse d’ordre par la terrorisation policière, mais productrice de désordre par la terrorisation psychologique, – encore plus dans ce cas, où l’analogie ne porte évidemment pas sur la liquidation physique. (Le principal caractère de la dictature policière stalinienne, à cause de ses excès en constante surenchère et l’incertitude totale que cette dynamique installait quant aux victimes de la répression, ce fut le désordre inefficace derrière la terreur et nullement la Terreur imposant l’ordre efficace. La seule fois où cette dictature fut efficace, c’est lorsqu’elle abandonna cette sorte de terreur insaisissable pour la mobilisation patriotique au nom de la Russie redevenue la référence spirituelle contre l’envahisseur nazi.)

L’antiSystème contre la “frilosité” française du Système

Cette situation générale semble indiquer que la ”vérité de la situation” est le désordre, c’est-à-dire l’absence de cohésion, de contrôle, c’est-à-dire, pourrait-on penser, une dynamique tendant vers une situation extrêmement préjudiciable à la France, qui pourrait éventuellement convenir au Système si elle dupliquait celle de la Grèce par exemple. Mais la France n’est manifestement pas la Grèce, dans un nombre si grand de situations par rapport aux domaines politiques, de puissance, de communication, d’influence, etc., que cette analogie n’a aucune signification utile pour une prospective. Du coup, le Système est bien moins assurée de connaître une prospective avantageuse.

En réalité, la France présente un tout autre tableau dans le domaine que nous privilégions qui est de savoir quelle évolution est possible entre la dynamique surpuissante du Système et la résistance antiSystème à la lumière de ce que nous jugeons être les influences nécessairement puissantes des grandes forces métahistoriques. Nous avons déjà largement exposé les grandes lignes de cette hypothèse dans notre texte du 11 janvier 2015.

«... La France est, aujourd’hui, par le vertige de son angoisse sur ses propres conditions, le pays le plus apte dans le bloc BAO, – et, en général, hors du bloc, avec la Russie, – à réaliser l’ampleur et la profondeur des abysses où nous emmène le Système. Elle qui avait depuis l’inspiration gaulliste tout pour devenir l’inspirateur de l’antiSystème, elle qui a versé dans l’alignement-Système le plus bas depuis près de dix ans et qui, soudain, pourrait se révéler, par le biais d’un mouvement qu’il s’agit d’interpréter selon une logique d’inversion vertueuse, comme éventuellement à finalité antiSystème.

«“Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu’elle doit remplir. La France exerce sur l’Europe une véritable magistrature, qu’il serait inutile de contester... ”, écrivait Joseph de Maistre (‘Considérations sur la France’, 1796) à l’époque où l’Europe c’était le monde ; et terminant cette même phrase par ces mots qui résonnent étrangement, c'est-à-dire presque conformément et par une élégante prémonition au périple français actuel, résumé dans le précédent paragraphe : “...dont elle a abusé de la manière la plus coupable”. Maistre parlait de la Révolution, et l’on peut en être assuré à la lumière tremblotante de leur pensée spontanée de type réflexe un peu pavlovien, il n’est pas la tasse de thé de centaines de milliers de vertueux “Je suis Charlie” (disons, pour ceux qui le connaissent), lui-même réduit par eux à la condition de “réac’” selon le langage en vogue à la Cour présentement. Il a pourtant raison contre tous, Maistre, d’abord parce qu’il les domine tant par la hauteur de son esprit et la puissante beauté de sa plume qu’ils ne sont même plus capable de l’apercevoir et ainsi laissés à leurs stéréotypes ; ensuite parce que, en vouant la France aux gémonies dans cette période si particulière, il ne disconvient pas une seconde dans le même élan de pensée que, sans elle, rien de grand ne peut être fait dans les envolées de la métahistoire.

»L’idée survit jusqu’à nous et, malgré les extraordinaires bassesses auxquelles nous a conviés le couple Sarko-Hollande depuis 2007, la France semblerait soudain comme si elle gardait une potentialité d’exercer cette “véritable magistrature” sur l’Europe (sur le monde), qui serait de l’ordre de la communication, et qui serait nécessairement dans la voie de l’antiSystème. Ainsi, malgré les Français et leur président-poire, la France pourrait-elle se retrouver, dans l’imbroglio qu’on a décrit, et sans qu’elle s’en avise, et probablement par des voies qu'on qualifierait d'“impénétrables” selon la référence fameuse, parmi les forces inspiratrices centrales d’une dynamique antiSystème.»

charliehebdounehuitcentel3.jpgLa situation intérieure française est actuellement désespérée alors que le statut, l’influence symbolique et de communication de la France en tant qu’entité historique est à un niveau jamais atteint dans l’époque post-9/11 après l’attaque contre Charlie-Hebdo et le “Moment 1/7”. C’est à la fois un paradoxe et une situation extrême dont la France est coutumière dans son histoire ; de même et ceci confirmant et complétant cela, l’époque exceptionnelle où nous vivons est également pleine de situations à la fois paradoxales et extrêmes. Ce contraste n’a aucune signification ni de puissance, ni de prépondérance, ni d’autorité ; il est tout simplement, comme produit de l’étrange conjonction d’une France conduit par des pouvoirs extraordinairement pauvres et dissolvants depuis de nombreuses années et certainement depuis 2007, et d’un événement qui s’est produit dans des conditions à la fois précises et mises en doute par divers observateurs mais dont l’effet a été planétaire, dans une dimension et avec une puissance que nul ne pouvait imaginer ... 1/7, ou l’“ouragan-Charlie”, comme nous pourrions nommer la chose, est une sorte d’explosion thermonucléaire de la communication et du symbolisme de la part d’une entité (la France) qui sombrait (qui sombre) dans le désordre et dans l’inversion d'elle-même. Bien entendu, cette réaction puissante n’a rien à voir avec les mobilisations nationales qu’a déjà connues ce pays en diverses situations d’extrêmes urgence et danger, simplement à cause de la radicalité de l’époque et de l’exceptionnalité de sa différence qui en font une époque “à nulle autre pareille”.

Ou bien l’on choisit de voir dans ce contraste entre “la situation” désespérée” et l’effacement de la France, et son soudain surgissement de notoriété avec Charlie, l’effet d’un hasard, ou bien l’on explore l’hypothèse selon laquelle on y trouve quelque enseignement fondamental. On sait évidemment que nous choisissons le deuxième terme de l’alternative parce que l’évidence y invite sans discussion. L’événement général est assez exceptionnel pour n’avoir rien du hasard dans un environnement (communication, symbolisme) où rien justement n’est laissé au hasard dans le sens et l’orientation du discours, où tout indique au contraire une tension extraordinaire qui implique une concentration formidable sur la recherche de l’orientation sinon de la manipulation des événements ; d’autre part, il s’agit de la France, comme on ne cesse de le noter, qui possède une histoire puissante et des caractères exceptionnels dans les sens du meilleur comme du pire, qui impliquent également une forte implication dans l’importance prise par les événements. Mais surtout, et nous ne le dissimulons pas une seconde, nous répondons par ce choix à la force d’incitation de l’intuition, et conformément à une vision générale de la situation crisique qui nous conduit à considérer que tous les événements sont connectés entre eux et s’influencent les uns les autres.

Un autre élément qui influence largement l’orientation que nous suggère notre démarche intuitive nous pousse à cette sorte d’hypothèse et à cette exploration, qui est une évolution possible/probable de la politique russe de la France, soulignée dans notre texte du 15 janvier 2015. Encore ne voulons-nous parler en aucun cas de rapprochement de politique (même si c’est l’objet de la spéculation, et si la tendance y aide) mais de proximité des comportements, des âmes, des méthodes, etc. D’une façon qui pourrait paraître anecdotique mais qui n’en est pas moins caractéristique, un expert du contreterrorisme US, Thomas Sanderson, co-directeur du Transnational Threats Project au CSIS de Washington, observait, évoluant dans son jugement jusqu’à l’essentiel : «[French] have very robust capabilities for domestic security issues. [...] People in America have this ridiculous notion that's always mentioned by comedians or politicians, that the French are weak, they like to surrender because of World War II, and the reality is that their level of training and attitude and disposition to these [militants] is much closer to the U.S., Israelis and the Russians than it is to what we would consider weaker countries.” “I've often said [French are] closer to the Russian model than the U.S. model...»

Cette proximité entre la France et la Russie, – disons-le encore fortement, considérée hors de toute hypothèse politique mais comme une donnée métahistorique et transcendante, – se retrouve symboliquement dans l’auteur que nous citons, dans cet extrait du texte du 11 janvier 2015 cité plus haut. Là aussi, nous nous saisissons de Joseph de Maistre pour sa personnalité, sa puissance transcendantale, sa plume visionnaire, etc., et nullement pour analyses critiques des engagements et idéologies politiques qu’il eut et qui lui sont prêtées (Maistre serait-il “Je suis Charlie” ? Grave question). Là encore, il nous importe d’apprécier, dans le champ du symbolisme, que ce Savoyard qui plaçait la France au centre du monde tel qu’il le percevait, passa l’essentiel de sa vie la plus active comme diplomate en poste à Saint-Petersbourg (de 1803 à 1817, ambassadeur de Sardaigne en Russie), en profitant pleinement de la vie intellectuelle et initiatique de la capitale impériale, et en l’appréciant hautement. Manifestement, ses pensées sur la France comme ses Soirées de Saint-Petersbourg sont marquées par la fécondité des proximités mystérieuses entre ces deux nations, quelles que soient leurs différences contingentes parfois immenses sinon irréconciliables pour l’instant où elles se manifestent.

Ce qui rapproche aujourd’hui la France et la Russie, irrésistiblement, hors de tout contexte politique et géopolitique, hors de toute intrigue politique, de volonté d’alliance, de tractations de ferraille militaire, etc., c’est une perception collective dont elles disposent chacune dans leur chef, dont le cœur ne peut qu’être d’essence métahistorique, de l’immensité de la crise (la crise d’effondrement du Système) qui nous frappe et de l’inéluctabilité du destin de cette crise (ce que nous nommerions “la Chute”). Cette proximité est bien d’essence métahistorique et métaphysique et nullement d’essence religieuse (avec le sous-produit de la morale) : il ne s’agit pas de répondre à un dogme ou de se référer à un “c’était écrit” (même si cela est écrit), il s’agit d’une perception collective similaire ; il ne s’agit pas de la prosternation devant la Vérité (même si la Vérité dit cela), il s’agit de l’identification terrestre instinctive autant qu’intuitive d’une “vérité de situation”, c’est-à-dire la vérité d’un moment où se manifeste cette situation, – colossale chose, néanmoins cette “vérité de situation”-là, car colossal est le moment que nous vivons. Enfin, nous prétendons que cette perception similaire de la catastrophe en cours est également vécue, ou plutôt subie inconsciemment, sans conscience claire de la chose, évidemment sans rationalisation, dans le chef de ses principaux acteurs, notamment d’influence et de direction, dans les deux pays.

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Cette similitude de perception s’exerce de façon très différente, selon des situations très différentes, selon des consciences inégales sinon inexistantes de la chose, – mais tout cela sans réelle importance, puisque c’est bien entendu sur un autre plan que nous exerçons notre démarche intuitive. De ce point de vue, ce qui n’est pas anodin dans un possible rapprochement politique France-Russie, c’est qu’il puisse être envisagé au moment où la France entre dans un paroxysme, un an après que la Russie soit entrée dans son propre paroxysme (la crise ukrainienne) ... Cela ne saurait être anodin mais, encore une fois, cela n’est ni indispensable ni vraiment significatif d’un point de vue politique pour d’éventuels arrangements ou cafouillages politiques à venir. C’est un signe, rien d’autre, mais rien de moins également parce que c’est le signe d’une proximité de perception d’une formidable puissance.

Dans cette perspective métahistorique ainsi tracée, quel destin, quel rôle envisager pour la France, – alors qu’on en connaît déjà beaucoup pour ce qui concerne la Russie déjà fort avancée sur la voie de son propre paroxysme avec son année de crise ukrainienne qui a mis cette grande nation dans une condition psychologique semblable aux grandes alarmes qu’elle connut lorsque son existence fut menacée ? C’est ici qu’intervient notre interprétation des événements dits-1/7 et, essentiellement, de l’extraordinaire effet de communication et de symbolisme qui a mis à nouveau la France en position très visible, et nécessairement inspiratrice dans un sens ou l’autre. On s’arrache Charlie-Hebdo à New York, à Moscou, à Tokyo, et cela ne cela ne veut évidemment pas dire que le “charlisme” (*) a conquis le monde. Là aussi, on leur fera l’honneur d’un raisonnement évident qu’ils ne méritent pourtant pas, les employés-Système innombrables : dans l’ère psychopolitique, avec la communication triomphante, nos experts en stratégie devaient savoir que la puissance de l’effet, – comme on dit “un essai” au rugby, – ne se transforme jamais en soi-même, disons en un “score” augmenté et décisif ; au contraire du rugby, on n’obtient pas un “effet transformé” (on dirait aussi bien “confirmé”) mais une situation complètement nouvelle et totalement imprévisible. Le “charlisme” a bouleversé le monde de la communication, – c’est-à-dire le monde, dit en bref, – il a joué son rôle, – passez muscade et passons à la suite ... Une seule chose d’assuré, c’est la France installée à nouveau en position d’influence, et diable qu’importe le moyen pour y être parvenue...

Notre hypothèse intuitive se poursuit donc en abandonnant décisivement la voie du “charlisme” qui n’est qu’un avatar comme en affectionnent les salons parisiens. Au contraire, – si l’on veut un avis sans surprise et à peine désabusé, – le triomphe anecdotique et de circonstance du “charlisme” va installer une sorte de pseudo-dictature démocratique de communication à prétention-robespierriste (ne disons pas pétainiste, pour ne pas inquiéter les âmes sensibles, et puis Valls fait plus Robespierre que Pétain), qui va évoluer complètement à contre-emploi car la puissance de son empire va se nourrir de ce qui détruit cette puissance. La sacro-sainte “liberté d’expression”, qui n’est pas qu’un slogan mais un exercice passionnel et hystérique permanent imposé à un univers entièrement communicationnel et symbolique tenu par des bornes très strictes qui emprisonnent la “liberté d’expression” dans le Goulag-Système qui importe, la sacro-sainte “liberté d’expression” donc est sacralisée dans cette posture contradictoire. Il s’agit d’autant d’interprétations du concept de la “liberté d’expression” que d’intervenants plus ou moins institutionnalisés, – c’est-à-dire que le concept va s’opérationnaliser, ou accélérer son opérationnalisation puisqu’il existe déjà, en un exercice permanent de désordre de la communication, constamment en mode paroxystique. (On comprend ce jugement quand l’on sait que la “liberté d’expression” va s’exercer sur des situations totalement contradictoires où les uns et les autres se trouvent régulièrement à contre-emploi, avec pour ou contre l’immigration, pour ou contre la responsabilité de l’immigration dans le terrorisme, pour ou contre l’“intégration à la française”, pour ou contre le “respect des différences” dans une société dont la vertu devrait être d’être multiculturaliste, pour ou contre la laïcité alors qu’un composant perçu comme vertueux [l’immigration musulmane] affirme une identité si forte en se basant sur une religion, etc.)

Sur le désordre déjà installé, ce supplément de désordre cela fait désordre... Cette dictature-robespierriste en carton-pâte, qui s’institue sur la sacralisation du concept qui s’oppose complètement à elle, est donc morte-née, elle est déjà thermidorienne, ou disons “thermidoriennisée”, avant que d’exister. Le résultat, d’ores et déjà perceptible avec la désintégration en cours de l’unité de la caste intellectuelle-médiatique-showbiz (voir à nouveau le 16 janvier 2015), ne se définit effectivement que par ce seul mot, – “désordre”, et encore dans le champ de la communication et du symbolisme, – et nullement par l’expression agitée comme un épouvantail de “guerre civile”, Kalachnikov au poing. C’est là que nous réintroduisons l’expression déjà employée d’“hyper-désordre” née du désordre et devenant inversion du désordre.

Nous avions déjà tenté de définir une première fois cette idée à propos l’Arabie Saoudite le 7 octobre 2014. On peut reprendre un extrait du texte en remplaçant “Arabie” par “désordre français”, « ou dans tous les cas ce qui en fait office dans les esprits (importance de la perception à cet égard pour les psychologies)». Cela donnerait ceci : «Nous raisonnons définitivement à front renversé, dans ce monde orwellien qui a complètement dépassé Orwell, parce que nous raisonnons absolument selon des normes et des conceptions antiSystème. Aujourd’hui, songeant précisément au destin [du désordre français] tel qu'on l'envisage, on ne peut écarter cette possibilité absolument paradoxale qu’un désordre supplémentaire marquerait peut-être un certain retour à l’ordre. Il pourrait s’agir d’un de ces points ultimes où le Système au bout de sa production de surpuissance atteint à son domaine décisif d’autodestruction. C’est avec le sort [de ce désordre français] que la crise [du Système] atteint un point décisif où elle pourrait enfin acquérir une importance effective, une importance utile, c’est-à-dire s’opérationnalisant en l’accélérant dans le processus de la crise d’effondrement du Système. Par des ramifications évidentes, notamment au niveau [de la situation politique européenne dans son sens le plus large,] elle rejoindrait en importance la crise ukrainienne et s’ajouterait à elle pour former effectivement un nœud crisique capable d’ébranler le Système.»

La définition de l’“hyper-désordre” que nous déduisions des remarques concernant l’Arabie convient alors parfaitement au cas français de désordre en accélération potentielle dans l’hypothèse intuitive que nous développons, et cela nécessairement dans le cadre européen puisque la France y est si importante, nécessairement en liaison avec l’autre crise majeure (l’Ukraine) et ce que l’on a dit des fluctuations en cours de la politique russe de la France ... «L’hyper-désordre qui est en train de détruire cette tentative d’“ordre” postmoderne qui est en vérité un pur désordre, est donc paradoxalement une poussée dont le sens antiSystème pourrait être jugé effectivement à finalité de “remise en ordre”. Même si les moyens sont totalement anarchiques et d’hyper-désordre, le sens, involontairement ou volontairement antiSystème c’est selon, est bien décrit selon cette orientation de la remise en ordre par le simple fait de la destruction du désordre que sème le Système, dans ce cas au travers de sa philosophie postmoderniste dont la pseudo-essence a été précédée par sa pseudo-existence. Au simulacre d’une fausse philosophie s’est ajoutée l’inversion de son opérationnalisation [qui la contredit totalement et devient l’outil de sa destruction].»

Ce rappel signifie que nous offrons l’hypothèse, dans le contexte nouveau où la constante accélération d’affrontement symbolique et de communication en France depuis 1/7 a pris un caractère de “crise nationale” à ciel ouvert, que le “désordre” français peut parfaitement, et doit même logiquement évoluer vers cette sorte que nous offrons, d’un “hyper-désordre” de communication et de symbolisme dont l’effet ébranlera nécessairement l’Europe. Cela n’est pas une proposition politique, géopolitique, etc., – répétition toujours nécessaire, – mais une hypothèse concernant un facteur explosif de déstabilisation qui s’installe au cœur du système européen, – la France n’est pas la Grèce, – qui va menacer toute l’extrêmement branlante stabilité extrémiste et furieuse de l’ensemble-Système que constitue aujourd’hui l’Europe institutionnelle. Il s’agit d’une dynamique évidemment, puissamment antiSystème. Le sympathique paradoxe est que ceux qui dénoncent habituellement les antiSystème contestataires de l’Europe en place le font grâce aux arguments connus, d’une banalité et d’une pauvreté épuisantes, sur le “repli sur soi”, sur la “France frileuse”, la “France rance”, ennemie des contacts extérieurs, etc. Dans ce cas qui est essentiel de cette “crise nationale” (sic), c’est le contraire  : le “repli sur soi”, la “frilosité”, c’est la réaction-Système de ramener cette crise à la rassurante (re-sic) forme hexagonale et à un des poncifs de la gloire nationale de la seule France prétendant éclairer le monde à la bougie tremblotante du Siècle des Lumières. Au contraire, c’est la dynamique antiSystème potentielle qui, rejetant le “repli sur soi” et la “frilosité”, devrait porter au moins au niveau européen, par la communication et le symbolisme adversaire du Système, par l’intermédiaire de l’“ouragan-Charlie” interprété en mode d’inversion vertueuse, le réflexe français, psychologique, inconscient, de l’expression paroxystique d’une affreuse angoisse devant la Grande Crise dont l’exaltation enivrée de la “liberté d’d’expression” n’est qu’une manifestation, un sas d’accès.

Pour compléter cette hypothèse intuitive par l’énigme, sinon le Mystère qu’elle porte, il resterait à voir, et en vérité à constater qu’on n’en peut rien savoir, comment et avec quels effets s’exercera cet hyper-désordre antiSystème sur l’ensemble européen, et à quel moment, et de quelle façon, ce flux tumultueux rencontrera la dynamique russe qui porte la même tendance avec la perception de la Grande Crise sous une forme et dans des conditions complètement différentes. On en reste donc à la question posée... Mais nous pouvons avancer en conclusion de l'hypothèse, pour introduire un élément de précision, que cela ira très vite car l’histoire-devenue-métahistoire n’attend pas pour se manifester par les temps qui courent, et qui se contractent pour lui laisser le champ libre.

Note

(*) “Charlisme”, néologisme bienvenu que nous empruntons à Badia Benjelloun.

lundi, 19 janvier 2015

Le chant du cygne de la gauche française ?

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11 JANVIER 2015:
Le chant du cygne de la gauche française?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Environ 200... Tel est le nombre, largement sous-estimé aux dires même du ministère de l’Éducation, des « incidents » relevés dans les établissements scolaires depuis les attentats perpétrés la semaine dernière. Les incidents sont gravissimes et relèvent clairement de l'apologie du terrorisme. Ils ne sont pas sanctionnés. Pas de conseil de discipline, pas d'exclusion immédiate. C'est la pédagogie de la bienveillance, l'instruction civique du « pas d'amalgame ». Dans les classes, les enseignants sont tout excités. Ils retrouvent les grandes causes sans comprendre un seul instant qu'elle les conduit peu à peu vers le chemin de la guerre et d'une guerre qu'ils perdront. Pour tout stratège, qu'il soit chinois, arabe, russe, américain ou français, ne pas être capable de désigner son ennemi, c'est déjà, en effet, avoir perdu la guerre.  Peu sont capables de retenir leur émotion, de prendre du recul ou de la distance avec l'événement. Pensez-vous, cela fait si longtemps qu'ils ne lisent plus mais se contentent de C'est dans l'air.

Et pourtant, comment ne pas sentir l'atmosphère, l'odeur putride de la grande intox : les médias en boucle, les ministres en déclarations, les intellos tentant de réfléchir et même certains curés - un comble ! - recommandant l’achat de Charlie Hebdo. Mais que fait-on ? On fait ça : Une policière âgée de 37 ans, en faction devant le palais de l’Elysée, a été volontairement percutée par une voiture dans la nuit de mercredi à jeudi. L’« incident », comme ils disent, est l'œuvre d'un déséquilibré. Ne pas faire d'amalgame.


Devant les armées, Hollande n’ose parler ni de guerre ni d’Islam. Pourtant, mardi, à l'Assemblée nationale, Manuel Valls avouait : « Nous sommes en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical ». Or et très curieusement en face de militaires, lors de ses vœux aux armées, François Hollande n’enfourche pas le cheval de bataille de son Premier ministre et n’ose toujours pas parler de guerre, ni d’islam. C'était mercredi après-midi. A-t-il peur que par un canal ou un autre apparaisse le vrai commanditaire ? En sait-il quelque chose ?


Depuis une semaine, la France en tout cas est hystérique. François Hollande qui était le président le plus décrié, le plus impopulaire de la Ve République apparaît tout à coup aux yeux de la grande masse comme le père de la nation, le nouveau Clemenceau, le nouveau De Gaulle. C'est clair les attentats mais surtout l'union nationale - et c'est le propre d'ailleurs de toutes les unions nationales - profitent au pouvoir exécutif. Or par leur politique d’immigration-invasion et leur politique internationale, les politiciens qui se sont succédé depuis de nombreux gouvernements  portent en France une responsabilité écrasante dans les tragiques événements de la semaine dernière. Pourquoi ? Ils ont tous adhéré à une politique criminelle qui a consisté à encourager la venue et l’installation de millions d’immigrés extra-européens, pour la plupart de culture et de religion musulmane, et par ailleurs ils se sont engagés et ont mené une politique proche-orientale, ouvertement anti-musulmane, une politique qui consistait justement à exciter les Musulmans contre la France en menant des guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Mali, en République centrafricaine tout en continuant à l'intérieur d'ostraciser les musulmans en interdisant le voile au nom de l'archaïsme de la laïcité.

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Or, quand on choisit délibérément de faire entrer sur son sol des milliers de musulmans, peut-on se permettre d'avoir une politique laïciste mais surtout pro-israélienne au Moyen-Orient alors que rien en plus ne nous y obligeait ? Le gouvernement français sait parfaitement que la France est le pays d’Europe qui compte à la fois la communauté juive et la communauté arabo-musulmane la plus nombreuse d'Europe. Par ailleurs, il sait aussi que les sociétés multiculturelles, multiethniques et multiconfessionnelles sont toujours potentiellement des sociétés conflictuelles (Liban, Kosovo, pays africains, Inde). On ne peut donc pas quand on a une forte population musulmane sur son sol avoir n'importe quelle politique internationale. C'est une question de responsabilité et de sens de l'intérêt général. Contrairement à ce que l’on nous serine, il ne s’agit pas non plus d’un combat pour la liberté de la presse (les mêmes demandaient, il y a un mois, la censure de Zemmour, il y a un an l'arrestation de Dieudonné et applaudissait à l'arrestation de Kemi Seba  mais d’une guerre dans le cadre d'une politique internationale clairement définie, réfléchie et choisie. De même qu'en économie, il y a d'autres choix que celui de l'épargne négatif, de l'austérité ou de l'euro, il y avait aussi pour la France d'autres choix possibles en politique internationale. Une autre politique arabe de la France était et demeure envisageable. Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius sont les véritables responsables des attentats du 7 janvier. 

A qui profite le crime ?


Après tout, après un événement de ce type, c'est la question que doit se poser l'expert. À qui ou à quoi peut servir le crime ? Dans le cas présent, certainement pas aux musulmans. Alors, qui  ? Tentons de répondre en prenant comme précaution de souligner que souvent dans ce genre d'événements, celui qui tire les marrons du feu n’est pas forcément l'instigateur ou le commanditaire de l'événement.  Premièrement, dans la conjoncture économique française mais aussi européenne avec un éventuel prochain éclatement de l’Euroland si la Grèce en sort, le premier gagnant est bien entendu le chef de l’État français François Hollande dont la cote de popularité, au moins dans le « peuple de gauche », devrait remonter en flèche.  C'est d'ailleurs exactement ce qui vient de se passer. Le chef de l’État apparaît donc pour un temps comme le sauveur du pays, celui qui a su unir les Français — de la République à la Nation — au moins le temps d’une grande “messe” vespérale qui a permis de ressouder, avant des échéances électorales, un peuple de gauche sidéré par la politique économique des socialistes ? Hollande aurait pris soudainement une stature devant « cinquante chefs d’État et de gouvernement ». Notons tout de même que le secrétaire d’État John Kerry était absent. Cette absence doit être remarquée. S'il est bien un service qui doit savoir quelque chose sur les commanditaires des attentats de Paris, ce sont en effet les services américains. Il semblerait qu'il y ait ici quelques divergences d'approche dangereuses pour le pouvoir socialiste en place car inévitablement il y aura des fuites lâchées par Washington, le Pentagone ou la NSA. Sans la présence américaine, Paris n'était pas vraiment  « la capitale du monde » ce dimanche. 

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Jetons un œil maintenant sur le calendrier et simplement sur la date du 7 janvier 2015. Les Palestiniens sont devenus officiellement membres de la Cour pénale internationale (CPI) le mercredi 7 janvier, malgré les objections des États-Unis. Le fait est d'importance car il permettra à la Palestine de mettre Israël en accusation devant cette juridiction compétente pour juger les crimes de guerre. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a accepté le mercredi 7 janvier la demande palestinienne d’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI) déposée le vendredi 2 janvier. L’adhésion de la Palestine en tant qu'Etat devrait intervenir le 1er avril. Avant cette demande d’adhésion, le président palestinien Mahmoud Abbas avait fait une déclaration préalable reconnaissant la compétence de la Cour pour les crimes de guerre commis par Israël, lors de l’offensive militaire de juillet 2014.

En autorisant l’Autorité palestinienne à adhérer à la CPI, on reconnaît son statut d’État, car seul un État peut y adhérer. La Palestine a maintenant l’obligation de mettre en conformité son droit national avec celui du statut de Rome et doit ratifier l’accord sur les « privilèges et immunités » qui permettront aux membres de la CPI de travailler sur le territoire palestinien en toute liberté. Benjamin Netanyahu risque d'être recherché pour crime de guerre. Or, jamais Israël ne saurait l'accepter. Jamais Israël n'acceptera qu’un de ses soldats ne tombe sous la coupe de la CPI. La bataille se situe maintenant sur le terrain politique. Ainsi, la Palestine souhaitait que les pays européens, au nom de l’Union européenne, fassent une déclaration se félicitant de l’adhésion de cet État au statut de Rome, comme c’est le cas à chaque fois qu'un Etat adhère au CPI. On attendait cette déclaration sous peu. Les attentats de Paris la rendent impossible. On bombardera à nouveau Gaza. 

Le 7 janvier 2015, soit quelques heures seulement avant l'attentat contre Charlie Hebdo, au petit matin, appareillait discrètement vers les côtes du Levant l’un de nos submersibles nucléaires d’attaque. En effet, le 6 janvier, « Mer et Marine » a annoncé le départ imminent en mission opérationnelle du porte-avions Charles de Gaulle et de sa flottille d’accompagnement vers les eaux du Golfe, à portée de tir de la Syrie. L’État islamique est la cible clairement désignée. On notera ici la remarquable concordance des événements. Or, l’envoi de nos meilleurs éléments de combats vers une zone d’opération potentielle ne s’improvise pas. Posons alors la question suivante : y aurait-il un rapport quelconque entre la tuerie parisienne, l’électrochoc national et occidental qu’elle a déclenché et des préparatifs d’offensive en Irak et au Levant avec en réalité pour objectif réel la mise à bas du pouvoir légal de Damas ?

Nous avons expliqué ici et largement argumenté sur la question que l'instrumentalisation de Daesh ne visait qu'un retournement tactique contre Damas. La décision d'en finir en début d'année avec Damas aurait-elle été prise ? Or, si l’hypothèse de l’imminence d’un conflit ouvert avec la Syrie, officiellement contre Daech, mais avec de solides perspectives de débordement vers les côtes méditerranéennes tenues par le régime syrien est la bonne, les Français qui, par millions, viennent de plébisciter avec leur charlotterie une présidence hier encore en complète faillite risquent bien de se retrouver avec une guerre bien réelle mais celle justement contre laquelle ils ont manifesté : une guerre de civilisation. En réalité, nous sommes déjà en guerre mais les Français ne le savent pas car ils ignorent la politique étrangère de la France ou pire croient que ceux qui décortiquent d'un point de vue critique cette politique étrangère de la France sont des complotistes, nouveau mythe incapacitant forgé pour paralyser l'intelligence et la volonté des intellectuels et chercheurs occidentaux à creuser et à trouver la vérité. 

hollande04.pngEnfin posons une dernière question mais elle est évidente : n'y aurait-il pas en dehors de François Hollande un autre lauréat ou lauréate du loto de la terreur ? Un correspondant lointain totalement  obsédé par le danger du Front National en vient à supposer dans son délire la main de Le Pen derrière les attentats. Stupide mais très curieusement et pour la première fois, le New York Times, véritable baromètre des mondialistes, des occidentistes accorde dans l'événement ses faveurs à Marine Le Pen en lui donnant la préséance sur François Hollande ou tout autre homme politique français. Sous un titre très habile « In Cold Political Terms, Far Right and French President Both Gain » traduisible « en termes froidement politiques, l’extrême droite et le président français sont tous deux gagnants ».  

Le New York Times prend en réalité position non dans le texte mais dans la manière d'assortir ses deux photos d'illustration. Le choix du montage est sans ambiguïté, les faveurs vont à la dame. La photo de Hollande, choisi comme plus benêt que jamais, arrive en second. De plus, l’image de François Hollande a été volontairement réduite ce qui est toujours la règle dans la presse pour une « mineure ». Ce choix éditorial en dit long quand et on sait ce qu’est le New York Times, organe de référence et même « la voix » quasi officielle du pouvoir mondial. Les élites mondialisées auraient-elles déjà choisi Marine Le Pen comme futur chef d’Etat français ? Mais alors, si c'était le cas, la France de Gauche sera comme nous le pressentions bien en début d'année morte et enterrée en 2015.

Ce qui se passe n'est donc tout simplement que son chant du cygne.

UNE STATION ESPION AMÉRICAINE, EN PLEIN PARIS

INCROYABLE : UNE STATION ESPION AMÉRICAINE, EN PLEIN PARIS

par Robert Spieler

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

 

uSspying2014052709283151319.jpgOn savait déjà que la Chine espionnait la France grâce à une station d’écoute installée sur le toit d’une annexe de l’ambassade de Chine à Chevilly Larue, en banlieue parisienne. La NSA américaine a, quant à elle, installé une station d’écoute sur le toit de l’ambassade des Etats-Unis, place de la Concorde, à quelques mètres de l’Elysée. Les fenêtres avec volets fermés que l’on peut voir sont en fait fausses, à la façon des villages Potemkine, créés afin de masquer leur pauvreté lors de la visite de l’impératrice Catherine II en Crimée en 1787… Cette station d’écoute qui ne cible pas que les Français, a sans doute été installée entre 2004 et 2005. Elle est opportunément située à seulement 350m du palais de l’Elysée, 450m du Ministère de l’Intérieur, 600m du Ministère de la Justice, 700m du Ministère des Affaires Etrangères et de l’Assemblée Nationale, et 950m du Ministère de la Défense (et on trouve également dans un rayon d’un kilomètre plusieurs ambassades et des entreprises stratégiques)… Cette pratique est évidemment courante dans le monde du renseignement. Les Israéliens et les Russes, notamment, s’en donnent à cœur joie, eux aussi. Mais les Américains n’ont, cette fois-ci, sans doute pas commis l’incroyable faute de confier à des entreprises locales les travaux de rénovation de leur ambassade. Comme à Moscou, il y a 50 ans. Ils avaient alors décidé de construire une nouvelle ambassade, dont les travaux furent confiés à des entreprises soviétiques. Résultat : l’ambassade se trouva truffée de micros et fut inutilisable. Il est vrai que les Soviétiques savaient y faire. Une anecdote : à l’époque gaulliste, l’ambassadeur de France à Moscou était tombé sous le charme d’une ravissante Soviétique qui travaillait bien entendu pour le KGB. Il fut filmé dans ses ébats en long et en large, si l’on ose dire. Le KGB tenta de le faire chanter. Il eut l’honnêteté de se dénoncer et fut derechef rapatrié en France. De Gaulle, qui ne manquait pas toujours d’humour, le convoqua et lui posa la question suivante : « Alors, on couche ? »

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Le roman de Houellebecq: le roman de l’homme indifférent

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Javier Portella

 

Le roman de Houellebecq:

 

le roman de l’homme indifférent

 

Quelle est la faute ? La soumission à l’islam, parbleu !

Ex: http://www.bvoltaire.fr

« Je n’aurais rien à regretter. » C’est par de tels mots – mis comme en exergue, seuls, perdus au début d’une page toute blanche – que prend fin le roman dont la sortie a éveillé la plus grande expectation, sans doute, de tous les temps.

Pas de remords, rien à regretter. Une faute, sans doute, a été commise. Mais elle doit être bien légère – tout est léger, sans poids, dans le monde de Houellebecq – si les regrets ne sont pas de mise. Quelle est la faute ? La soumission à l’islam, parbleu !

La soumission de tous et du protagoniste en particulier, lorsque la Fraternité musulmane prend le pouvoir en 2022. Chassé de la nouvelle université islamique Paris-Sorbonne, le « héros » du roman finit par regagner son poste et se convertir à la soumission (telle est, on le sait, la traduction du mot arabe « islam »). Tous s’y soumettent… à l’exception, faut-il supposer, des identitaires et du Front national : acteurs secondaires d’un roman qui traite avec indifférence le dernier, déverse son hostilité sur les premiers… et ignore jusqu’à la signification même de mots tels que révolte ou rébellion. Elles n’ont pas de place dans un monde où tout se passe en douceur, dans l’indifférence, avec un léger haussement d’épaules, comme si de rien n’était.

On en reste époustouflé. Malgré la dénonciation évidente de l’emprise de l’islam, Houellebecq se serait-il donc finalement rangé ? Oui et non à la fois. La plus grande ambiguïté plane sur tout le roman. Tout y est tellement subtil qu’on ne sait jamais ce qu’il faut prendre au premier, au second… ou au énième degré. C’est là toute la grandeur littéraire d’une œuvre (moi aussi, je deviens ambigu !) qui n’est pas un essai, encore moins un pamphlet. C’est un roman. Et il ne peut l’être, il ne peut être du grand art, qu’à la condition d’embrasser toute la multiplicité contradictoire du réel.

Une multiplicité dans laquelle l’islam n’est pas, cependant, la cible première. C’est nous qui sommes visés en tout premier lieu. C’est notre décadence qui est, à juste titre, pourfendue : celle d’un monde peuplé d’atomes isolés, où la famille s’estompe, les liens s’effritent, l’identité se perd, le sens disparaît, le sacré s’évanouit. L’idéologie des Lumières – l’homme pris pour seul centre du monde – a fait faillite. Son échec est manifeste, et on ne peut jusque-là qu’applaudir Houellebecq des deux mains. On ne peut que le suivre… pour nous en écarter, ébahis, lorsqu’il prétend que c’est justement l’islam qui pourrait venir charpenter de nouveau le monde, lui redonner le souffle sacré qu’il a perdu.

C’est écrit noir sur blanc. Mais le prétend-il plus ou moins sérieusement ? Ou est-ce là une provocation, une sorte de dérision extrême, pour mieux nous mettre face à notre déchéance ? Ce n’est pas clair. Une seule chose est manifeste : l’islam n’est envisagé, au pire, que comme une sorte de moindre mal face auquel il nous faudrait baisser la tête. Mais il n’y a là, évidemment, nulle adhésion à la religion qui était jadis considérée comme « la plus conne de toutes ». Rien n’est plus étranger que l’adhésion chez quelqu’un qui n’adhère à rien, qui ne prend parti pour rien, son protagoniste évoquant, par exemple, « l’uniforme laideur de l’art religieux contemporain » pour ajouter aussitôt que cette laideur… « me laissait à peu près indifférent ».

L’homme révolté, disait Camus (Albert, mais l’autre – Renaud – le dit aussi dans son combat contre le Grand Remplacement). L’homme indifférent, dit par contre Houellebecq. Voilà son « héros » : l’homme qui hausse les épaules, qui reste de marbre face à des malheurs dont il est pourtant d’une lucidité sans faille. Pire : il semble faire mine, pour en sortir, d’accepter un malheur bien plus effroyable encore. Mais il s’en contrefiche, au fond. Il n’est concerné par rien, il ne combat rien, l’homme indifférent : l’homme du cynisme accompli.

samedi, 17 janvier 2015

L’affaire des attentats de Charlie Hebdo vue différemment



L’affaire des attentats de Charlie Hebdo vue différemment avec Jean-Yves Le Gallou dans le dernier I-Média !

Réinformation totale sur l'affaire des attentats islamistes et zoom sur le mouvement de contestation contre l'islamisation de l'Allemagne PEDIGA avec Jean-Yves Le Gallou dans le dernier I-Média ! Face à la pensée unique des grands médias, partagez massivement l'information libre et alternative !

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vendredi, 16 janvier 2015

Le libéralisme contre les libertés

19:54 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, paris, france, libéralisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

What Freedom of Speech?

What Freedom of Speech?

I might be a terrorist for executing my freedom of speech.jpgThe photos of 40 of the world’s government leaders marching arm-in-arm along a Paris boulevard on Sunday with the president of the United States not among them was a provocative image that has fomented much debate. The march was, of course, in direct response to the murderous attacks on workers at the French satirical magazine Charlie Hebdo by a pair of brothers named Kouachi, and on shoppers at a Paris kosher supermarket by one of the brothers’ comrades.

The debate has been about whether President Obama should have been at the march. The march was billed as a defense of freedom of speech in the West; yet it hardly could have been held in a less free speech-friendly Western environment, and the debate over Obama’s absence misses the point.

In the post-World War II era, French governments have adopted a policy advanced upon them nearly 100 years ago by Woodrow Wilson. He pioneered the modern idea that countries’ constitutions don’t limit governments; they unleash them. Thus, even though the French Constitution guarantees freedom of speech, French governments treat speech as a gift from the government, not as a natural right of all persons, as our Constitution does.

The French government has prohibited speech it considers to be hateful and even made it criminal. When the predecessor magazine to Charlie Hebdo once mocked the death of Charles de Gaulle, the French government shut it down — permanently.

The theory of anti-hate speech laws is that hate speech often leads to violence, and violence demands police and thus the expenditure of public resources, and so the government can make it illegal to spout hatred in order to conserve its resources. This attitude presumes, as Wilson did when he prosecuted folks for publicly singing German songs during World War I, that the government is the origin of free speech and can lawfully limit the speech it hates and fears. It also presumes that all ideas are equal, and none is worthy of hatred.

When the massacres occurred last week in Paris, all three of the murderers knew that the police would be unarmed and so would be their victims. It was as if they were shooting fish in a barrel. Why is that? The answer lies in the same mentality that believes it can eradicate hate by regulating speech. That mentality demands that government have a monopoly on violence, even violence against evil.

So, to those who embrace this dreadful theory, the great loss in Paris last week was not human life, which is a gift from God; it was free speech, which is a gift from the state. Hence the French government, which seems not to care about innocent life, instead of addressing these massacres as crimes against innocent people, proclaimed the massacres crimes against the freedom of speech. Would the French government have reacted similarly if the murderers had killed workers at an ammunition factory, instead of at a satirical magazine?

And how hypocritical was it of the French government to claim it defends free speech! In France, you can go to jail if you publicly express hatred for a group whose members may be defined generally by characteristics of birth, such as gender, age, race, place of origin or religion.

You can also go to jail for using speech to defy the government. This past weekend, millions of folks in France wore buttons and headbands that proclaimed in French: “I am Charlie Hebdo.” Those whose buttons proclaimed “I am not Charlie Hebdo” were asked by the police to remove them. Those who wore buttons that proclaimed, either satirically or hatefully, “I am Kouachi” were arrested. Arrested for speech at a march in support of free speech? Yes.

What’s going on here? What’s going on in France, and what might be the future in America, is the government defending the speech with which it agrees and punishing the speech with which it disagrees. What’s going on is the assault by some in radical Islam not on speech, but on vulnerable innocents in their everyday lives in order to intimidate their governments. What’s going on is the deployment of 90,000 French troops to catch and kill three murderers because the government does not trust the local police to use guns to keep the streets safe or private persons to use guns to defend their own lives.

Why do some in radical Islam kill innocents in the West in order to affect the policies of Western governments? Might it be because the fruitless Western invasion of Iraq killed 650,000 persons, most of whom were innocent civilians? Might it be because that invasion brought al-Qaida to the region and spawned ISIS? Might it be because Obama has killed more innocent civilians in the Middle East with his drones than were killed by the planes in the U.S. on 9/11? Might it be because our spies are listening to us, rather than to those who pose real dangers?

What does all this have to do with freedom of speech? Nothing — unless you believe the French government.

Reprinted with the author’s permission.

mercredi, 14 janvier 2015

¿Estamos en medio de una guerra de religión en Europa o es sólo otra operación de bandera falsa?

por Gilad Atzmon

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La matanza de París fue un crimen devastador contra la libertad y el derecho a la risa. ¿Pero fue realmente ejecutado por un grupo de lunáticos irracionales musulmanes, decididos a matar sin piedad por unas burlas a su profeta?

Los franceses deberían preguntarse qué llevó a unos miembros de su propia sociedad a cometer esos asesinatos a sangre fría contra sus conciudadanos. Deberían preguntarse por qué Francia ha estado echando bombas sobre los musulmanes. ¿Quién abogó con entusiasmo a favor de estas guerras “intervencionistas”? ¿Cuál fue el papel de Bernard-Henri Lévy, el abogado principal de la guerra contra Libia, por ejemplo?

¿Que fue todo aquel alboroto francés sobre el burka? ¿Quién dirigió esta guerra contra los musulmanes en el corazón de Europa? ¿Era realmente en nombre de la tolerancia?

La libertad y la risa son algo precioso, sin duda, pero ¿no fue el gobierno “socialista” francés quien acosó y consiguió la prohibición del mejor y más exitoso comédien de Francia, Dieudonné M’bala M’bala, porque éste satirizó la religión del Holocausto? ¿Quién empujó al gobierno francés a adoptar medidas tan duras contra un artista? ¿No fue el CRIF, el grupo de presión judío?

Si Europa quiere vivir en paz, podría considerar la posibilidad de dejar que otras naciones vivan en paz. Al seguir los caprichos de El Lobby habríamos reservado a París el destino de Alepo. ¡Ni quiera Dios!

Pero hay una narrativa alternativa que pone cabeza abajo nuestra percepción de esta desastrosa matanza de París.

Esta mañana, el joven de 18 años de edad Hamyd Mourad, sospechoso de ser uno de los tres terroristas involucrados en el ataque de ayer, se entregó a la policía en Charleville-Mezières. Según los informes, se presentó pacíficamente después de escuchar su nombre en las noticias. Y afirma que no tiene nada que ver con el evento de ayer. Extraño ¿no? En realidad, no.

A pesar de que todos los expertos en lucha contra el terrorismo están de acuerdo en que el ataque a Charlie Hebdo de ayer fue un trabajo profesional, parece bastante poco profesional para unos “terroristas altamente cualificados” dejar tras ellos su carnet de identidad. ¿Y desde cuándo un terrorista se lleva su documento de identificación a una operación? Una posible explicación sería que los supuestos terroristas necesitaban unas horas extras para salir de Francia o desaparecer. Tenían que engañar a la policía y los servicios de inteligencia franceses para que éstos dirigiesen la búsqueda hacia lugares equivocados y personas equivocadas. ¿Es posible que simplemente “plantaran” una tarjeta de identificación robada o falsificada en el coche que dejaron atrás?

Si este fuera el caso, es posible que el ataque de ayer no tuviera nada que ver con el “terrorismo jihadista. Es muy probable que ésta haya sido otra operación de bandera falsa. ¿Quién podría estar detrás de todo ello? Usa tu imaginación.

(Traducción por S. Seguí)

Fuente original: http://www.gilad.co.uk/writings/2015/1/8/amidst-a-religious-war-in-europe-is-it-possibly-a-false-flag-operation

Extraído de: Rebelión

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mardi, 13 janvier 2015

Ils sont “Charlie” ? Ils sont déjà morts

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Ils sont “Charlie”? Ils sont déjà morts

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ulysse, cueilli sur Novopress et consacré à la mort symbolique du nihilisme libéral libertaire...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Charlie Hebdo représentait la pire forme de l’idéologie libertaire qui, sous couvert de contestation et de transgression, était sanctuarisée par le pouvoir actuellement en place dont elle était l’insigne agent symbolique et moral. En une image, Charlie Hebdo, c’était le « beauf » de Cabu : ce sale franchouillard raciste moustachu dont on cherchait à faire croire qu’il était la lie de l’humanité et sur lequel on tapait sans fin comme s’il était le tortionnaire malfaisant des gentilles populations immigrées venues enrichir la France. Oui mais voilà, le moustachu cachait un barbu, et le beauf consumériste, un fanatique impitoyable. Le xénophobe d’apparat cachait un fondamentaliste et s’il arrivait à Charlie Hebdo de brocarder le second, c’était en le mettant sur le même plan que le premier ; ainsi d’une couverture à l’autre, une Marine le Pen nazifiée pouvait-elle croiser un Pape pédophile sodomite suivi d’un Mahomet explosif…

Sale beauf, sale babtou

Les prétendus défenseurs de la « liberté d’expression » n’étaient en vérité rien d’autre que les défenseurs sectaires de l’expression libertaire, et ils étaient prêts à toutes les vilénies dès lors qu’il s’agissait de conspuer ce qui contrevenait à leur propre idéologie. Ce faisant, ils ne se rendaient même pas compte, ou si peu et si mal, qu’ils entretenaient précisément les clichés racistes mêmes qu’ils prétendaient par ailleurs combattre. Car enfin, quelle différence y a-t-il entre le « sale beauf » de Cabu et le « sale babtou » des réseaux sociaux et des banlieues? Les deux, dans les yeux de leurs adversaires, n’étaient somme toute rien d’autre que des « gros porcs »…

Le premier était seulement l’archétype matriciel du second dont il a (entre autres facteurs) favorisé l’apparition. Ainsi, les clichés anti-racistes de Charlie Hebdo ont accompagné et avalisé les clichés racistes des « cités », qui, on expliquera pourquoi plus loin, le lui ont bien rendu.

Crachoir de la gauche cléricale

Charlie Hebdo, c’était donc cela : une grande soupe relativiste où tout ce qui ne ressemblait pas à une exigence compassionnelle humanitariste très vaguement étayée par des postulats marxistes devenait immédiatement fasciste ; où tout ce qui ne s’apparentait pas aux mouvements du cœur de belles âmes nihilistes boboïsées apparaissait alors comme les prémisses d’une dictature… En vérité, cette contestation anarcho-nihiliste de tous les ordres en cachait bien un d’ordre : celui d’un pouvoir qui subventionnait le journal et sans lequel il aurait déjà eu disparu depuis beau temps. C’est qu’au fond, Charlie Hebdo incarnait les aspirations morales (moralement anti-morales devrait-on dire) de la génération 68 qui, embourgeoisée jusqu’à l’overdose, gardait comme un animal de compagnie attendrissant cette sorte de souvenir de sa fougue transgressive de jeunesse ; une « potiche » du pouvoir, ponctuellement utile pour victimiser le patriotisme, utile parfois aussi pour servir de caution de « tolérance » universaliste lorsqu’il s’agissait de prétendre défendre un humanisme dont on se demandait bien ce qu’il avait encore à voir avec celui de Pic de la Mirandole.

Ce qui a été tué, c’est donc l’animal de compagnie du système. Son caniche. Son fétiche aussi, son objet magique, une de ses innombrables cautions libertaires progressistes. Pas étonnant donc que le glas (l’ironie symbolique cache une évidence littérale) ait pu résonner pour lui. C’est qu’en effet Charlie Hebdo était bien le seuil d’une Eglise, ou du moins sa crypte : le lieu où la gauche cléricale entreposait ses trésors obscènes et vulgairement conformistes, l’auge où elle lançait ses crachats fatigués de vieux soixante-huitards lassés de vivre. Ils crachaient sur tout ce qui ressemble à de l’ordre, mais ce faisant promouvaient réellement un ordre : celui de l’individu détaché de tout et donc ré-ingurgité immédiatement par le dispositif technico-financier qui flatte ses intentions et ses projets.

Ce qui a été pulvérisé, c’est le temple-crachoir d’une gauche dont la revendication de liberté n’était que le cache-misère du mondialisme le plus aliénant.

Libéralisme du sens contre littéralisme du sens : le retour du négatif 

En attaquant Charlie Hebdo, les djihadistes n’ont donc pas attaqué la liberté d’expression. Ils ont attaqué par ordre sémantique d’importance : des personnes (les victimes objectives),  l’Etat – ou plutôt les derniers restes d’un Etat presqu’entièrement dominé par les forces internationales de la finance et du numérique (mais il s’agit tout de même d’une attaque contre les institutions de Justice et de Police) -, et enfin la théologie implicite qui sous-tend cet Etat moribond et le projet universaliste du progressisme libertaire : l’idée que l’individu n’est libre que lorsqu’il a la licence de vomir tout ce qui n’est pas lui, au point d’ailleurs de se faire, quand il le juge utile, le censeur de ses contradicteurs (Charlie Hebdo avait demandé l’interdiction du Front national).

Que signifie donc la mort de Charlie Hebdo ?

Que l’idéologie progressiste libertaire, alibi de l’ordre prométhéen mondialisé, est morte. Qu’à vouloir évacuer du réel tout ce qui nous dérange en lui, c’est le réel qui finit par nous évacuer. Que celui qui croit qu’il peut chasser de l’expérience, par simple décret arbitraire, tout ce qui contrarie ses desseins, se retrouve bientôt ravalé par ce que l’expérience contient de plus irréductible : la violence brute, aveugle, injuste. Charlie Hebdo voulait une vie de jouissance, sans attaches à quoi que ce soit d’autre que soi-même, Charlie Hebdo a été détruit de manière immanente par ce négatif qu’il s’efforçait à tout prix de nier : le littéralisme mahométan, soit la forme la plus brutale et la plus bête de la détermination historique. Ils ont moqué le beauf moustachu, ils ont eu le fanatique barbu. Ils ont promu la liberté en criminalisant tout ce qui n’était pas conforme à leur propre licence, ils ont eu l’aliénation effrayante et cruelle d’un jugement théocratique. Ils ont méprisé le patriotisme, leur mort révèle un mouvement du peuple français. Ils ont conchié l’Eglise, et c’est le glas de Notre-Dame de Paris qui a résonné pour eux. Bref, Charlie Hebdo qui meurt dans une explosion de contradictions, c’est la revanche de l’Histoire contre tous ceux qui pensaient en être sortis pour flotter sans but dans le non-lieu de leur quant-à-soi hédonisto-technoïde. Il est tragique que cette revanche passe ici par la vengeance d’une secte mahométane malfaisante et cruelle. Il était cependant inéluctable qu’un jour ou l’autre, ce nihilisme de l’individu rendu fou sans Dieu, rencontrât ce nihilisme de la secte des fous de Dieu…

Le littéralisme religieux le plus fou est la réponse la plus simple qu’a donné l’Histoire au libéralisme moral le plus bête.

Crise identitaire : ils sont Charlie et ils sont morts

Ce que révèle enfin cette défaite idéologique transparaît aussi dans la prolifération écœurante des « Je suis » (Charlie, Kouachi, Charles Martel, juif etc.). Cette inflation revendicatrice a au moins un mérite objectif : révéler que dans ce conflit interne au nihilisme, c’est bien l’identité qui est en jeu et rien d’autre. C’est bien d’être dont il s’agit dans l’élément de l’Histoire, toujours, tout le temps, partout. D’être, personnel, familial, collectif, national, civilisationnel. Ceux qui manifesteront dimanche, eux, ont choisi leur camp. Ils sont Charlie ? Ils excluent les patriotes et préviennent des dangers de l’islamophobie et du racisme au moment même où l’islam les détruit et déploie sa haine anti-occidentale ? Alors oui, cela est bien clair, ils sont Charlie, c’est-à-dire qu’ils sont déjà morts.

Ils n’ont rien compris, ils n’ont tiré aucune leçon, pas saisi que le libéralisme-libertaire et le fanatisme littéraliste sont les deux faces d’une même pièce : une culture de mort, morale, par l’atomisation individualiste, une culture de mort, physique, par le massacre aveugle. En proclamant qu’ils sont Charlie, ils prolongent la nuit de cette obscurité progressiste qui n’est que le contrepoint de l’obscurantisme mahométan. Ils contribuent, encore et toujours, à favoriser les conditions de développement du négatif qui pourtant les a presque déjà complètement détruits.

Notre être à nous, lui, est bien vivant, parce qu’il est français. Qu’il ne croit pas à la fable du progrès, au multiculturalisme, à la République abstraite, au mondialisme souriant. Ce qui sauve de l’affrontement de Charlie et de la charia, ce n’est pas Charlie. Lui a déjà perdu la bataille. L’imposture soixante-huitarde a pris fin il y a trois jours. Non, le nom qui sauve de ce conflit des nuits, c’est François. Parce que dans ce nom se loge l’héritage d’une nation, l’exigence d’une foi, la promesse d’une vie qui a déjà démontré par le passé qu’elle avait la noblesse rigoureuse d’un destin.

Réveil

Nos adversaires ont été extrêmement intelligents en commençant par tuer ceux qui collaboraient depuis des décennies à notre extinction. Car ce faisant, ils veulent que nous nous identifions encore plus à ceux qui, ici-même, nient que nous existions. La stratégie est limpide : provoquer par la stupeur du massacre un réflexe d’identification aux valeurs d’un organe qui, justement, s’évertue déjà à nous combattre de l’intérieur. A nous d’être plus déterminés et intelligents qu’eux. A nous de contredire cette secte mahométane en reconnaissant que Charlie, avec ses coups de crayons contre les « sales beaufs » préparait de fait les coups de couteaux contre les « sales babtous ». A nous d’assumer enfin que si la France survit à Charlie c’est justement parce qu’elle ne s’y est jamais réduite et qu’elle ne s’est jamais identifiée à lui.

Charlie est mort et ceux qui continuent de s’en revendiquer sont morts aussi. Les autres sont éveillés et vivants. Ils sont la France. Et ce sont eux qui gagneront la guerre qui advient.

Ulysse (Novopress, 11 janvier 2015)

lundi, 12 janvier 2015

Hommage à Bernard Maris, victime de la tuerie de « Charlie Hebdo »

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Hommage à Bernard Maris, victime de la tuerie de « Charlie Hebdo »

Par Robert Steuckers

Il existe des situations bizarres dans la vie. Ma belle-mère décède en pleine rue à Madrid le 29 décembre, plus exactement sur la Puerta del Sol, à quelques dizaines de mètres du célèbre et tendre petit ours de bronze appuyé sur son arbrisseau, dont il lèche les feuilles. Dare-dare nous devons, en cette fin d’année, trouver un billet d’avion pour la capitale espagnole : nous en trouvons in extremis mais au prix de devoir errer dans les rues de Charleroi pendant une journée entière, par un froid assez vif et trop humide. Avant Noël, mes pas m’avaient amené dans les Galeries de la Reine, à la Librairie Tropismes, où je voulais me procurer le livre d’un certain Bernard Maris, alias « Onc’ Bernard » dans les pages de Charlie Hebdo, consacré à Maurice Genevoix et Ernst Jünger (*). Dans la foulée, j’achète un autre volume dont le titre m’avait intrigué, suite à une brève recension sur le blog http://metapoinfos.hautetfort.com: Houellebecq économiste (**). Ce volume se retrouve dans ma poche pour le voyage à Madrid et je le lis d’une traite, tant il est merveilleusement écrit, d’une limpidité et d’une liquidité des plus agréables, sur les fauteuils d’un Irish Pub de Charleroi où j’ai siroté un Celtic Cider et devisé avec le garçon, a genuine Irishman, puis dans un tea room très sympathique de la gare, où une charmante jeune femme nous a servi un excellent thé vert et enfin sur un banc de l’aéroport. Houellebecq économiste est un bréviaire pour nous tous qui professons, depuis un célèbre discours de Guillaume Faye à Paris en 1979, que « l’économie n’est pas le destin ».

Maris voit en Houellebecq l’homme qui dénonce l’hégémonie contemporaine de l’économie, celles qui nous transforme en « asservis », en chiens pareils à celui qui converse avec le loup dans la fable de Lafontaine. L’économie, ajoute-t-il, condamne à « l’insatisfaction à perpétuité », car l’asservi ­ -dont l’asservissement est désormais le seul horizon-  reçoit en portions plus que congrues des salaires qui lui permettent à peine de survivre, de tenir la tête hors de l’eau. Les personnages de Houellebecq, qui finalement nous ressemblent tous, vivent la peur, qui découle de cette insatisfaction perpétuelle, vivent cette peur de ne pas survivre, et l’ont intériorisée, inhibant ainsi tous ces réflexes audacieux qui rendraient le monde plus fascinant. Comme les insatisfaits de la Belle Epoque, dont Arthur Moeller van den Bruck, Houellebecq espère l’avènement des poètes et des artistes, figures salvatrices dans un monde qui chavire dans le nihilisme, parce que l’homme a « droit à la beauté ». Et comme Orwell et Michéa, Houellebecq appelle à la common decency, celle qu’incarnait son propre père, apprenti dès l’âge de quatorze ans.

Maris était le gendre de Maurice Genevoix, le mari de sa fille Sylvie. C’est la raison qui l’a poussé à écrire un essai sublime sur les deux combattants de 1914-1918, en l’année du centenaire de ce carnage qui a ravagé l’Europe. Après la mort tragique de Maris à Paris, le 7 janvier 2015, j’ai pris en main cet ouvrage, en tant que « jüngerien » de longue date, de germaniste qui prépare encore et toujours quelques textes sur l’auteur des Falaises de marbre, plongé qu’il est dans les biographies captivantes de Schwilk, d’Ipema et d’autres. Les premières pages m’ont envahi d’une émotion indicible : Maris était un frère en esprit, un adolescent qui fréquentait à Toulouse Georges le bouquiniste qui ne conseillait que des bons livres aux gamins aventureux et inquiets qui venaient solliciter son savoir. Georges lui avait fait lire Jünger que Genevoix n’avait jamais abordé. Ce premier chapitre s’intitule « Nous qui lisions Ernst Jünger »…

Maris reçoit dans la grande presse banalisée, alignée, conformiste, l’étiquette facile de « gauche » parce qu’il oeuvrait à la rédaction de Charlie Hebdo. J’ai récolté l’étiquette de « droite » pour les mauvaises raisons que mes amis connaissent et qui font que je dois, dans les prochains jours, me « justifier » devant quelques affreux sbires d’une « Sotte Inquisition », expédié par une inculte. Les deux ouvrages que je viens de tenir entre les mains montrent, plus que jamais, que ce vocabulaire manichéen ne correspond à aucune réalité tangible.

Maris dit écrire depuis le bureau de feu Maurice Genevoix et relate aussi une conservation entre Sylvie Genevoix-Maris et Julien Gracq, ami de Jünger. De son bureau, hérité de l’auteur de La Dernière harde (un de mes cadeaux de communion solennelle), Maris voit couler lentement la Loire. Gracq vit aussi le long du fleuve tranquille, que j’ai admiré cet été, sur la route d’Espagne, encore malade et chancelant, appuyé sur une canne au pommeau argenté, captant d’un coup d’œil un magnifique échassier blanc. Encore une sensation commune, avec le dégoût de l’économisme, le jüngerisme indécrottable, les soirées littéraires des adolescents et des jeunes étudiants si semblables aux nôtres… Un frère en esprit, inconnu pour moi jusqu’au 30 décembre 2014, s’en est allé, un non-conformiste qui priait comme moi pour qu’advienne le règne des poètes et des artistes, le « Troisième Règne » de l’Esprit Saint de Joachim de Flore, de Dimitri Merejkovski et d’Arthur Moeller van den Bruck. Et assurément d’Ernst Jünger…

Robert Steuckers,

11 janvier 2015.

(*) Bernard Maris, Houellebecq économiste, Flammarion, Paris, 2014.

(**) Bernard Maris, L’homme dans la guerre – Maurice Genevoix face à Ernst Jünger, Grasset, 2013.

 

Charlie Hebdo and Tsarnaev’s Trial: Cui bono?

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Charlie Hebdo and Tsarnaev’s Trial: Cui bono?

Paul Craig Roberts

Ex: http://www.paulcraigroberts.org

UPDATE: Well known writers Thierry Meyssan and Kevin Barrett see the “terrorist” attach on Charlie Hebdo as a false flag attack. See http://www.voltairenet.org/article186441.html and http://presstv.com/Detail/2015/01/10/392426/Planted-ID-card-exposes-Paris-false-flag

Update: According to news reports, one of the accused in the attack on Charlie Hebdo when hearing
that he was being sought for the crime turned himself in to police with an ironclad alibi.

https://www.intellihub.com/18-year-old-charlie-hebdo-suspect-surrenders-police-claims-alibi/

UPDATE: According to news reports, police found the ID of Said Kouachi at the scene of the Charlie Hebdo shooting. Does this sound familiar? Remember, authorities claimed to have found the undamaged passport of one of the alleged 9/11 hijackers among the massive pulverized ruins of the twin towers. Once the authorities discover that the stupid Western peoples will believe any transparent lie, the authorities use the lie again and again. The police claim to have discovered a dropped ID is a sure indication that the attack on Charlie Hebdo was an inside job and that people identified by NSA as hostile to the Western wars against Muslims are going to be framed for an inside job designed to pull France firmly back under Washington’s thumb. http://www.wfmz.com/shooting-at-french-satirical-magazine-office/30571524

There are two ways to look at the alleged terrorist attack on the French satirical magazine Charlie Hebdo.

One is that in the English speaking world, or much of it, the satire would have been regarded as “hate speech,” and the satirists arrested. But in France Muslims are excluded from the privileged category, took offense at the satire, and retaliated.

Why would Muslims bother? By now Muslims must be accustomed to Western hypocrisy and double standards. Little doubt that Muslims are angry that they do not enjoy the protections other minorities receive, but why retaliate for satire but not for France’s participation in Washington’s wars against Muslims in which hundreds of thousands have died? Isn’t being killed more serious than being satirized?

Another way of seeing the attack is as an attack designed to shore up France’s vassal status to Washington. The suspects can be both guilty and patsies. Just remember all the terrorist plots created by the FBI that served to make the terrorism threat real to Americans. http://reason.com/blog/2014/07/22/human-rights-watch-all-of-the-high-profi

France is suffering from the Washington-imposed sanctions against Russia. Shipyards are impacted from being unable to deliver Russian orders due to France’s vassalage status to Washington, and other aspects of the French economy are being adversely impacted by sanctions that Washington forced its NATO puppet states to apply to Russia.

This week the French president said that the sanctions against Russia should end (so did the German vice-chancellor).

This is too much foreign policy independence on France’s part for Washington. Has Washington resurrected “Operation Gladio,” which consisted of CIA bombing attacks against Europeans during the post-WW II era that Washington blamed on communists and used to destroy communist influence in European elections? Just as the world was led to believe that communists were behind Operation Gladio’s terrorist attacks, Muslims are blamed for the attacks on the French satirical magazine.

The Roman question is always: Who benefits? The answer is: Not France, not Muslims, but US world hegemony. US hegemony over the world is what the CIA supports. US world hegemony is the neoconservative-imposed foreign policy of the US.

According to National Public Radio, Charlie Hebdo is about free speech. The US has free speech, claim NPR’s pundits, but terrorists have taken it away from the French.

Just how does the US have free speech when NY Times reporter James Risen was psychologically put on the rack to force him to reveal his source, despite the fact that Risen and his source are protected by the US Constitution and whistleblower protections. Clearly, in the US “national security” has trumped everything else.

“National security” has nothing to do with national security. It has only to do with protecting the criminals in the US government from accountability for their crimes. Every time you hear Washington invoke “national security,” you know for a 100% fact that the government has committed yet another crime. National security is the cloak for Washington’s criminal operations. “National security” prevents the government’s crimes from coming to light and, thereby, protects government from accountability.

One wonders what role “national security” will play in the trial of alleged Boston Marathon Bomber Dzhokhar Tsarnaev. Tsarnaev has been in custody since April 2013 and under indictment since April 22, 2013. Yet jury selection is only now beginning in January 2015. Why this long delay? The guarantee of a speedy trial no longer means anything, but with all sorts of charges in addition to the bombing for which the government claims eye witnesses and confessions and with the Tsarnaev brothers already convicted in the media, the long delay is a puzzle. Yet, we have not heard from Dzhokhar Tsarnaey himself. It is difficult to push away the thought that Dzhokhar’s trial has been delayed in order to compete his conditioning and acceptance of his guilt and in order for the many questions raised by alternative media to be forgotten.

The print and TV media have dished up the government’s explanation without investigation. However, the alternative media have taken great exception to every aspect of the case. As the US government has taught us since the Clinton regime, the safest assumption is that everything the government says is a lie.

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The most suspicious aspect of the event was the speed with which an army of 10,000 heavily armed troops consisting of police from various jurisdictions and National Guard soldiers outfitted in military gear and provided with tanks or armored personnel carriers were on the streets of Boston. Never before has such a massive force equipped with military heavy equipment been employed in a manhunt, much less for one wounded, unarmed, 19-year old kid.

For such a force to be assembled and deployed so quickly suggests pre-planning. What was presented as a manhunt for one badly wounded suspect looks more like a test case and precedent for locking down one of America’s largest cities, while squads of troops evicted US citizens from their homes at gunpoint and conducted indiscriminate searches of houses that contributed nothing to apprehending the alleged suspect. The chances are zero that any household would have harbored a badly wounded unarmed fugitive dying from the lack of medical care.

Not only was Boston and its suburbs locked down, the Federal Aviation Administration restricted airspace over Boston and issued a “ground stop” for Logan airport. Why?

Several other cities in Massachusetts and even some other states put their police forces on alert. Why?

On the scene were the FBI, the Bureau of Alcohol, Tobacco Firearms and Explosives, the CIA, the Drug Enforcement Administration, the National Counterterrorism Center. The US Attorney General committed the full resources of the US Department of Justice.
Why?

The only plausible answer is to raise the fear level in order to gain the public’s acceptance of the lockdown of Boston and police invasions of citizens’ homes. It makes no sense that danger from a badly wounded unarmed 19 year-old could possibly justify such expense and trampling of constitutional rights of citizens.

A non-gullible person must wonder if the bombing was an orchestrated event for the purpose of coordinating state, local, and federal governments in the lockdown of a major city. A poll of Bostonians last July found that 42 percent harbored doubts about the official version of events. http://www.globalresearch.ca/four-in-ten-bostonians-skeptical-of-official-marathon-bombing-account/5390848

The gullible always say that if a conspiracy existed someone would have talked. But people do talk. It just doesn’t do any good. For example, during George W. Bush’s first term a NSA whistleblower leaked to the New York Times that the NSA was bypassing the FISA Court and spying on American citizens without warrants. Under US law, NSA was in a conspiracy with the Bush regime to commit serious felonies (possibly for the purpose of blackmail), but the New York Times spiked the story for one year until George W. Bush was re-elected and the regime had time to ex post facto legalize the felonies.

Operation Gladio was a conspiracy kept secret for decades until a President of Italy revealed it.

The Northwoods Project was kept secret until years afterward when the second Kennedy Commission revealed it.

More than one hundred first responder police and firemen report hearing and personally experiencing multiple explosions floor by floor and even in the sub-basements of the World Trade Center twin towers, and these testimonies had no effect whatsoever.

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It only took one high school physics professor to shoot down NIST’s account of the collapse of WTC 7. The fact that it has been conclusively proven that this building was brought down by controlled demolition has had no effect on the official story.

The co-chairmen and legal counsel of the 9/11 Commission published books in which they say that information was withheld from the Commission, that the US Military lied to the Commission, and that the Commission “was set up to fail.” Neither Congress, the media, nor the US public had any interest in investigating why information was withheld, why the military lied, and why the Commission was set up to fail. These extraordinary statements by the leaders of the official investigation had no impact whatsoever.

Even today a majority of the US population believes Washington’s propaganda that Russia invaded Ukraine and annexed some provinces. Neither judgement nor intelligence are strongpoints of the American public and juries.

Government tells Americans whatever story the government puts together and sits and laughs at the gullibility of the public.

Today the US public is divided between those who rely on the “mainstream media” and those who rely on the alternative Internet media. Only the latter have any clue as to what is really happening.

The stories of Charlie Hebdo and the Tsarnaev brothers will be based not on facts but on the interests of government. As in the past, the government’s interest will prevail over the facts.

 

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Dr. Paul Craig Roberts was Assistant Secretary of the Treasury for Economic Policy and associate editor of the Wall Street Journal. He was columnist for Business Week, Scripps Howard News Service, and Creators Syndicate. He has had many university appointments. His internet columns have attracted a worldwide following. Roberts' latest books are The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West and How America Was Lost.

Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

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LES ATTENTATS : STRATÉGIE DU CHAOS, STRATÉGIE DE LA TENSION
 
Stratégie islamiste ou stratégie mondialiste?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Au cœur de l'indignation et de l'émotion devant la tuerie de Charlie Hebdo, les Français oublient que François Hollande a fourni des armes aux terroristes en Syrie, que Nicolas Sarkozy a abattu froidement le colonel Kadhafi et qu'en Centrafrique par des décisions opérationnelles irrationnelles, elle laisse le champ libre aux extrémistes antichrétien du Séléka

La France a choisi aussi son camp en Ukraine et on aura noté au passage le silence des médias autour des réactions de la Fédération de Russie et de son Président Vladimir Poutine qui a pourtant exprimé ses vives condoléances au peuple français suite à l'attaque terroriste contre le journal satirique. Pas un mot alors que la Russie a toujours été présente, en particulier en Tchétchénie dans la lutte contre le terrorisme islamique. La République islamique d'Iran a elle-aussi condamné fermement l'attentat par la voix de son porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Marzie Afjam. Il a aussi décrit comme  « inacceptable » toute forme d'abus de la liberté d'expression et dénoncé le radicalisme intellectuel d'où qu'il vienne puis l'Iran a ajouté qu'on peut parler dans la lutte contre le terrorisme des « double standards », de « double langage », de « deux poids deux mesures » de la politique américaine sans nommer directement son plus fidèle allié : la France.

Il y a quelques mois dans un entretien au journal français Vingt Minutes, François Hollande se vantait d'avoir livré une cargaison d'armes aux rebelles intégristes de Syrie qu'il considérait alors comme des combattants révolutionnaires. Or, par un tel soutien logistique, la France violait la Résolution 2170 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme. Tout le monde le sait maintenant : des groupes islamistes rivaux sont armés et généreusement financés par les Etats-Unis, la France et ses partisans contradictoires (Royaume-Uni, Arabie saoudite, Qatar, Turquie, Israël).

L'opération de Charlie Hebdo est une opération militaire de professionnels. Elle vise indéniablement à déstabiliser la France, maillon le plus faible du cadre européen actuel. La France réunit les conditions de la guerre civile par la désorganisation de ses services publics, en particulier sécuritaires, planifiée et orchestrée depuis des mois par une habile politique d'austérité et de réduction des effectifs engagée par Nicolas Sarkozy, par le clivage de sa vie politique, l'intolérance de ses débats intellectuels joint au dépassement des seuils démographiques tolérables dans la composition de ses quartiers. Cette opération commando vise donc clairement à encourager le début d'une telle guerre civile. Bernard-Henri Lévy a insisté hier : « l’Union Nationale c’est le contraire de la France aux Français ». Serait-ce donc cela ?

Il s'agit de toutes évidences de transposer un conflit international en interne et de creuser un fossé entre les musulmans français et les Français non-musulmans. Il nous faut dès lors considérer l'événement non comme une menace contre la liberté de la presse mais comme le premier épisode d'un processus en cours de création d'une situation de guerre civile et en ce sens comme Michel Onfray, on peut en effet parler au sens fort du terme d'un « onze septembre français », mais au sens bien sûr que la version officielle du 11 septembre 2011 est fausse et manipulée.
 
Il  faut donc nous rappeler quelques stratégies actuelles ou passées comme :
- la stratégie du chaos et de la tension de l'opération otannienne Gladio .
- la stratégie définie par les Frères Musulmans.
- la stratégie du « choc des civilisations ».

Nous ne reviendrons pas dans le détail sur les deux premières stratégies. Précisons seulement que pour les Frères Musulmans, il ne s'agit en aucune façon de prêcher ou de provoquer une guerre civile dans l'Occident, mais, au contraire, de déclencher une guerre civile en Orient.

Au contraire, pour Bernard Lewis, le penseur de la stratégie du « choc des civilisations », la fracture doit être portée à l'intérieur des frontières occidentales ou sur ces territoires limes. Cette stratégie a ensuite été vulgarisée par Samuel Huntington, en se présentant non pas comme une stratégie de conquête mais comme une politique de défense, de victimisation occidentale qui pourrait se produire pour consolider l'Etat d'exception. Le but est bien sûr de convaincre les populations des pays membres de l'OTAN qu'une confrontation civilisationelle est inévitable pour asseoir définitivement le modèle libéral et le système anglo-saxon de la « paix démocratique ». Avant la grande confrontation, il importe de justifier par le chaos et la déstabilisation intérieure le caractère préventif de mesures d'exception liberticides et de gouvernance mondiale économique absolument nécessaires pour réaliser le pouvoir mondial comme les Patriot Act. 
 

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C'est la rhétorique de la  « guerre juste » de la « guerre  contre le terrorisme », la guerre contre le terrorisme n'étant en réalité qu'une guerre contre la Tradition qu'elle soit musulmane ou orthodoxe, la guerre contre les cultures enracinées. Il y a aujourd'hui une abondante littérature sur cette stratégie qui correspond en gros à la position des néo-conservateurs américains à Washington, des militants sionistes en Israël, des nouveaux faucons socialo-libéraux en Europe (Hollande, Sarkozy, Juppé).
 
Qu'est-ce donc que l'islamisme ou le terrorisme islamisme ? 

C'est d'abord et avant tout une arme de guerre psychologique que l'hyper-empire américain utilise depuis le 11 septembre pour enclencher le plus souvent de nouveaux scénarios de conflit : soit l'invasion de pays, soit le renversement de gouvernements dans les pays arabo-musulmans (cas par exemple de la Libye et de la Syrie, de certains pays africains comme la Somalie ou le Nigéria). A ce propos, voir par exemple ce qui s'est passé jeudi au Nigeria avec Boko Haram . Soit aussi et ce peut être le cas pour notre pays pour établir en interne des mesures autoritaires et liberticides de contrôle de la population. 
 
La synthèse de toutes ces stratégies constitue ce qu'on peut appeler d'un terme vague car trop général la « guerre antiterroriste » à l'échelle mondiale, la mondialisation de la guerre mais sa vraie dénomination serai plutôt : la guerre du mondialisme, la guerre de l'occidentisme. Elle a commencé en 1914, il y a cent ans et elle comporte trente-neuf marches ! Cette guerre souterraine mais idéologique alimente aussi largement l'économie mondiale par une industrie de l'armement multimilliardaire qui n'a jamais, ces temps-ci, été aussi florissante et dont on parle effectivement peu. C'est le fameux complexe militaro-industriel américain, le pilier central des opérations secrètes extérieures décidées en haut lieu. Mais dans ce marché militaire, la Russie comme la France tire aussi certaines ficelles lucratives.
 
Ce qui est certain, c'est que la « lutte antiterroriste» a pour les Etats-Unis, depuis Sarkozy un allié fidèle devançant même dans les instances internationales les propositions israéliennes. Cet allié, ce fantassin d'exception, c'est la France.

L'opération commando qui vient de frapper la France entre tout à fait dans la logique d'un tel cadre d'analyse. La France, par la dégradation de sa sécurité intérieure et ses échecs économiques se retrouve un peu aujourd'hui comme l'Italie des années 70, le pays européen le mieux préparé à développer une psychose intérieure qui permettra à sa classe politique de délibérer rapidement et de voter d'un côté la protection américaine absolue, de l'autre un traité transatlantique qui la liera à tout jamais à la finance internationale. Dans un tel contexte de chaos, même Marine le Pen pourrait en théorie gouverner mais il s'agit tout au contraire en ce moment de la destituer moralement. Marine le Pen malgré tous ses efforts n'est pas et ne sera jamais une Charlie.

On sait que la France dans la politique anti-russe imposée à l'Europe ces derniers mois en Ukraine a manifesté un zèle tout particulier contraire aux intérêts de ses entrepreneurs mais encore plus dans les négociations concernant l'avenir du nucléaire iranien, où la position française de Laurent Fabius s'est particulièrement faite remarquer par une intransigeance exceptionnelle, alors même que le groupe des négociateurs, parmi lesquels les Etats-Unis eux-mêmes visaient des positions plus conciliantes. La France était ici directement le porte-voix de Tel-Aviv souhaitant faire des Iraniens, des ennemis irréconciliables. Pour quelles raisons ?
 
Posons ici la question qui dérange : qui sauve sur les marchés depuis quelque mois la banqueroute de l'économie française ?  Qui renfloue discrètement les caisses dans la salle des marchés souterraine de Bercy ? L'Arabie Saoudite et le Qatar, nouveaux alliés aussi de Jérusalem.

Il ne s'agit donc pas dans l'affaire Charlie Hebdo de se soulever pour une factice liberté de la presse, liberté d'une presse elle-même liberticide pour ce qui concerne Charlie Hebdo, Libération ou Le Monde mais de se soulever contre la nouvelle servitude française, l'esclavage réel auquel nous conduisent ses dirigeants, tout comme les Musulmans doivent se soulever politiquement contre les impies de La Mecque.

Les méfaits de l'islamisme radical sont en réalité utilisés pour jeter toujours plus les Européens dans les bras de l'axe occidentiste de Washington-Tel Aviv où les fous d'Allah ne sont que des alliés objectifs, des idiots utiles au sens où ils ont été instrumentalisés et même enrôlés comme mercenaires en Syrie et en Irak. Il nous faut donc garder la tête froide et ne pas se prêter au jeu, un jeu malsain et dès le départ truqué. En mettant en avant un argument d'une grande simplicité (la thèse houellebecquienne en somme), l'argument machiavélique et machiavélien qu'il n'y aurait d'autre choix qu'entre l'Islamisme et l'Occident, on met en avant la vraie terreur, la terreur occidentale elle-même qui affirmait avec Thatcher « there is no alternative" ou qui dans un raccourci gigantesque ose dire que refuser la terreur islamiste, c'est aussi refuser Poutine !

dimanche, 11 janvier 2015

Je suis Ahmed

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Paris Shooters Just Returned from NATO’s Proxy War in Syria

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Author: Tony Cartalucci

Paris Shooters Just Returned from NATO’s Proxy War in Syria

In an all too familiar pattern and as predicted, the shooters involved in the attack in Paris Wednesday, January 7, 2015, were French citizens, radicalized in Europe and exported to Syria to fight in NATO’s proxy war against the government in Damascus, then brought back where they have now carried out a domestic attack. Additionally, as have been many other domestic attacks, the suspects were long under the watch of Western intelligence services, with at least one suspect having already been arrested on terrorism charges.

USA Today would report in an article titled, “Manhunt continues for two French terror suspects,” that:

The suspects are two brothers — Said, 34, and Cherif Kouachi, 32, both French nationals — and Hamyd Mourad, 18, whose nationality wasn’t known, a Paris police official told the Associated Press. He spoke on condition of anonymity because he was not authorized to speak publicly.

USA Today would also report (emphasis added):

The brothers were born in Paris of Algerian descent. Cherif was sentenced to three years in prison on terrorism charges in May 2008. Both brothers returned from Syria this summer.

The implications of yet another case of Western-radicalized terrorists, first exported to fight NATO’s proxy war in Syria, then imported and well-known to Western intelligence agencies, being able to carry out a highly organized, well-executed attack, is that the attack itself was sanctioned and engineered by Western intelligence agencies themselves,. This mirrors almost verbatim the type of operations NATO intelligence carried out during the Cold War with similar networks of radicalized militants used both as foreign mercenaries and domestic provocateurs. Toward the end of the Cold War, one of these militant groups was literally Al Qaeda – a proxy mercenary front armed, funded, and employed by the West to this very day.

Additionally, in all likelihood, the brothers who took part in the attack in Paris may have been fighting in Syria with weapons provided to them by the French government itself.  France 24 would report last year in an article titled, “France delivered arms to Syrian rebels, Hollande confirms,” that:

President Francois Hollande said on Thursday that France had delivered weapons to rebels battling the Syrian regime of Bashar al-Assad “a few months ago.”

Deflecting blame for the current attack on “radical Islam” is but a canard obscuring the truth that these terrorists were created intentionally by the West, to fight the West’s enemies abroad, and to intimidate and terrorize their populations at home.

We Must Sidestep the Canards 

As with any false flag attack engineered by a government for the purpose of manipulating public perception and pushing through otherwise unjustifiable policy both foreign and domestic, a series of canards are erected to distract the public from the true nature of the attack.

In the recent attack in Paris, France, the canards of “free speech,” “condemning radical Islam,” “tolerance,” and “extremism” have all taken center stage, displacing the fact that the terrorists who carried out the attack were long on the leash not of “Islamic extremists” but Western intelligence agencies, fighting in a Western proxy war, as a member of a well-funded, armed, and trained mercenary force that has, on record since as early as 2007, been an essential component of Western foreign policy.

Indeed, Al Qaeda and its various rebrandings are not the creation of “Islamic extremism,” but rather Western foreign policy using “extremism” as part of indoctrinating the rank and file, but directed by and solely for the purpose of serving an entirely Western agenda. 

As exposed by Pulitzer Prize-winning journalist Seymour Hersh in his 2007 article,  “The Redirection: Is the Administration’s new policy benefiting our enemies in the war on terrorism?” it was stated explicitly that (emphasis added): 

To undermine Iran, which is predominantly Shiite, the Bush Administration has decided, in effect, to reconfigure its priorities in the Middle East. In Lebanon, the Administration has coöperated with Saudi Arabia’s government, which is Sunni, in clandestine operations that are intended to weaken Hezbollah, the Shiite organization that is backed by Iran. The U.S. has also taken part in clandestine operations aimed at Iran and its ally Syria. A by-product of these activities has been the bolstering of Sunni extremist groups that espouse a militant vision of Islam and are hostile to America and sympathetic to Al Qaeda. 

To this day, the US, its NATO partners including Turkey, and regional partners including Israel, Saudi Arabia, and Qatar are arming, funding, harboring, training, and otherwise perpetuating these “Islamic extremists” within and along both Syria and now Iraq’s borders.

In reality, without Western backing, “laundered” through the Persian Gulf autocracies and manifesting themselves in a global network of mosques jointly run by Persian Gulf and Western intelligence agencies, there would be no “Islamic extremism” to speak of. To focus on “extremism” as a cause, rather than as a means used by the true perpetrators of this global-spanning campaign of Western-sanctioned terrorism, is not only to perpetuate such canards, but to invite the perpetuation of this very terrorism we are shocked and horrified by. 

West Apparently Maintaining Domestic Radicalization/Recruitment Centers 

The recent Sydney cafe hostage crisis featuring an Iranian dissident granted Australian asylum and featured in anti-Iranian propaganda, exposed a vast network of radicalization and recruitment run in the Australian city of Sydney, used to organize support and fighters to be sent to the West’s proxy war in Syria. The network included many notorious individuals, well known to Australian law enforcement and intelligence agencies, and many of whom had traveled to Syria, taken part in fighting alongside known terrorist organizations, and were allowed to return and continue their political activities in Australia.

The Daily Mail’s article, “Why did police ask former terror suspect for an ISIS flag?” would state:

Counter terrorism police have contacted Sydney man and one time terror accused Zaky Mallah and asked him for an ISIS flag. 

Just over four hours into the Martin Place siege, officers the NSW Police Joint Counter Terrorism Team and asked him if he could give them an ISIS flag. 

Zaky Mallah, 30, from Westmead in western Sydney offered the Counter Terrorist police the flag that hangs on the wall of his apartment, the moderate Islamic Front flag, but ‘they weren’t interested’. 

The article would also state:

Two years ago Mr Mallah travelled to Syria and lived with the FSA rebels engaged in the bloody civil war against Muslim hardliner President Bashar el Assad ‘before it got crazy over there’. After returning home, he encouraged young people to go to Syria and engage in jihad to experience the freedom fight taken up against El Assad… 

As in Australia, France apparently also has a stable of former terrorists who had traveled to Syria and returned, all while on their watch lists – and in Australia at least – some of these terrorists are literally on security agency speed dials and are clearly a part of a network the intelligence community both monitors and in fact, maintains.

Such networks have turned out thousands of recruits to fight in NATO’s war in Syria. The BBC would report in an article titled, “Islamic State crisis: ‘3,000 European jihadists join fight’,” that:

The number of Europeans joining Islamist fighters in Syria and Iraq has risen to more than 3,000, the EU’s anti-terrorism chief has told the BBC. 

Gilles de Kerchove also warned that Western air strikes would increase the risk of retaliatory attacks in Europe.

How exactly is the public expected to believe that such a vast number of terrorists can migrate overseas to fight alongside terrorist forces the West is currently, allegedly, fighting, without the West being able to stem such a tide? Clearly, just as arming Al Qaeda in Syria was done intentionally, so to have the floodgates been open, allowing European terrorists to both join NATO’s proxy war in Syria, and to return home and join NATO’s growing war against its own people.

Operation Gladio on Steroids 

Such networks don’t just mirror NATO’s “stay behind networks” formed during the Cold War, supposedly created to activate in the wake of a full-scale Soviet invasion of Western Europe, but instead used as a covert front of political and terroristic provocation – such networks today are a continuation of NATO’s secret armies.

NATO’s provocateurs used during the Cold War were a mixture of nationalists, anti-communists, former Nazi SS officers, and extremists of every stripe. Their particular beliefs were, however, ultimately irrelevant since they were used for a singular agenda defined not by these beliefs, but by NATO’s own agenda.

Many of the militants and extremists NATO used were liquidated upon the completion of the many false flag attacks NATO organized at the cost of hundreds of innocent European lives. Likewise, today, many of the gunmen or bombers involved in the long string of suspicious domestic attacks carried out by NATO’s modern “stay behind network” are either killed on sight, or imprisoned and forgotten.

While NATO’s Cold War operations appeared confined to conducting terrorism upon its own people, today’s networks are used to carry out both proxy wars overseas as well as to carry out terrorist attacks at home. The expansive nature of this network and the threat it poses to global peace and stability should be at the center of the Paris attack debate – not the alleged beliefs, religion, or supposed agenda of the attackers who, just like their Cold War counterparts, were nothing more than patsies and pawns amid a much larger and insidious game.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazineNew Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/01/08/paris-shooters-just-returned-from-nato-s-proxy-war-in-syria/

Al-Qaïda : terroriste en France, alliée en Syrie

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Al-Qaïda : terroriste en France, alliée en Syrie

par Maxime Chaix

Ex: http://www.dedefensa.org

Chères Charlie, chers Charlie,

Je partage votre indignation, votre colère et votre tristesse au lendemain de ces actes de guerre inhumains contre la Liberté, l’Égalité et la Fraternité – valeurs universelles qui nous unissent malgré nos différences. À l’heure où je finalise cet article, trois jihadistes ont été tués par les forces de l’ordre, la France subissant une atmosphère malsaine de déstabilisation systémique et de guerre civile. Soyons unis, tolérants et solidaires. Mais ne laissons pas l’émotion neutraliser notre esprit critique ! (1)

En effet, au lendemain de ces crimes effroyables – sachant que nos gouvernants risquent d’alimenter ou de déclencher de nouvelles guerres « contre » le terrorisme –, (2) il est plus que jamais indispensable de rappeler plusieurs faits dérangeants sur la politique étrangère de la France en Syrie. Tout d’abord, prenez conscience que notre actuel ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a ouvertement soutenu en décembre 2012 le Front al-Nosra – c’est-à-dire la branche « syrienne » d’al-Qaïda. En effet, selon les informations du journal Le Monde, « la décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition [en Syrie]. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que “tous les Arabes étaient vent debout” contre la position américaine, “parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot”. “C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne”, a ajouté le ministre. » (3)

À l’heure où nous sommes frappés par l’abomination terroriste, il faut saisir la gravité de cette position diplomatique du gouvernement français exprimée par M. Fabius. Malgré la brutalité avérée de l’armée, des milices et des services secrets loyaux à Bachar el-Assad, peut-on accepter que le plus haut représentant de la diplomatie française cautionne ouvertement le terrorisme ? Selon le grand reporter Georges Malbrunot, en mai 2013, « [c]eux qui suiv[aient] de près le dossier syrien [ont] quand même [été] un peu surpris d’entendre M. Fabius assurer que Paris [avait] toujours privilégié l’option diplomatique. Depuis deux ans, la principale faiblesse de la position française a été au contraire de ne pas choisir clairement entre la diplomatie et les armes en Syrie, convaincue que les “jours du régime étaient comptés”, selon une formule, qui n’est pas l’apanage il faut le reconnaître du Quai d’Orsay. (…) Pour raccrocher le train de Genève et occuper un strapontin à la conférence internationale qui s’annonce, la France cherche à se redonner une virginité sur le dossier syrien. Et pour donner des gages à ses partenaires américains et russes, Paris en profite pour annoncer qu’il va, cinq mois après Washington, proposer de mettre le groupe rebelle Jabhat al-Nosra lié à Al Qaida, sur la liste des organisations terroristes. » (4)

Plus grave encore : en août 2014, le journal Le Monde a révélé que le Président Hollande avait ordonné aux services spéciaux français de livrer clandestinement (5) des armes de guerre à des rebelles « modérés » en Syrie – ce qui est contraire à la Charte des Nations Unies. (6) Malheureusement, il s’est avéré que certains armements livrés par les services français sont – d’une manière ou d’une autre – tombés entre les mains de groupes jihadistes, qui se réjouissent aujourd’hui de la vague d’attentats qui déstabilise la France en profondeur.

Malgré ces faits alarmants, dans l’interview qu’il a accordée au journal Le Monde le 21 août 2014, le Président Hollande a implicitement (mais officiellement) confirmé que ces livraisons d’armes étaient maintenues. En effet, d’après ce journal, « [t]ous ses calculs [visant à obtenir la chute de Bachar el-Assad en armant les rebelles “modérés”] ont fait long feu. “Genève 2” a eu lieu en janvier-février 2014, sans le moindre résultat. Les efforts de structuration de l’ASL, engagée par le général Idriss, n’ont pas vraiment porté leurs fruits. En décembre 2013, des dépôts d’armes de l’ASL à la frontière syro-turque ont même été pillés par des combattants du Front islamique [, un groupe jihadiste soutenu par l’Arabie saoudite, à l’instar du Front al-Nosra]. (7) Tandis que le régime se lançait dans une contre-offensive à Homs et autour de Damas, les rebelles islamistes prenaient l’ascendant sur leurs rivaux nationalistes dans le Nord. Autant d’événements qui ont dissuadé les autorités française[s] d’amplifier leurs efforts. “C’est sûr que ces difficultés ne nous ont pas vraiment encouragés à aller plus loin”, confie un diplomate. [Pourtant, si] l’on en croit les déclarations de François Hollande jeudi 21 août [2014], les livraisons d’armes n’ont cependant pas cessé. » (8)

 

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Cette politique clandestine de soutien à la rébellion en Syrie est irresponsable, illégale et dangereuse. En effet, comme l’a rappelé l’ancien représentant au Congrès Dennis Kucinich, « [é]crivant sur la connexion entre l’Arabie saoudite et l’État Islamique (EI), l’historien Alastair Crooke a récemment décrit les insurgés “modérés” en Syrie comme étant “plus rares que la licorne des légendes”. Les “modérés” ont conclu un pacte de non-agression avec l’EI. Les “modérés” ont capturé un journaliste états-unien et l’ont vendu à l’EI, qui l’a décapité. L’Arabie saoudite qui, avec le Qatar, a financé les jihadistes en Syrie, propose désormais de “former” les rebelles. Le Congrès [des États-Unis] est prié d’avaler cette recette douteuse : les sponsors des jihadistes radicaux vont former des jihadistes “modérés”. (…) Les soi-disant “rebelles” sont des mercenaires qui viennent de plus de 20 pays. Ils s’organisent et se réorganisent constamment en nouveaux groupes, qui offrent leur allégeance à quiconque les paye ou leur fournit des armes – et ce à tout moment.» (9) Ce diagnostic de Dennis Kucinich est confirmé sur le terrain. En effet, lorsqu’il s’est rendu au Kurdistan syrien, le député allemand Jan van Aken a découvert que l’État islamique possédait des missiles antichar Milan, de fabrication franco-allemande. (10) Selon Samuel Laurent, « l’État islamique doit (…) le fleuron de son arsenal à la France », dont les missiles Milan en question. (11)

Enfin, comme l’a déclaré sur Arte le député et ancien juge antiterroriste Alain Marsaud, il est certain que les services spéciaux français ont été (sont ?) impliqués dans le soutien de réseaux jihadistes combattant le gouvernement el-Assad : « Ça veut dire qu’aujourd’hui, nous avons choisi notre camp : le camp anti-Assad. (…) Et (…) il est vraisemblable que nous ne sommes pas très très loin de rencontrer des gens d’al-Nosra – j’espère au moins qu’on les a infiltrés ! J’en suis même sûr d’ailleurs, au demeurant. Donc ça veut dire que finalement nous sommes des alliés [des jihadistes d’al-Qaïda] sur le terrain, nous poursuivons le même but. » (12) Le député Alain Marsaud a même affirmé sur RFI sa « conviction » que les services spéciaux français avaient soutenu des réseaux jihadistes en Syrie, et que cette conviction était « partagée par beaucoup de gens [,] raison pour laquelle [il avait] demandé (…) la constitution d’une mission d’information, d’une commission d’enquête parlementaire afin de vérifier les conditions dans lesquelles tout ça se passe (…) ». Lors de cette interview, il affirmé sans ambages que « la France [avait] dû encourager certains jihadistes français à se rendre en Syrie. » (13)

Chères Charlie, chers Charlie, pensez-vous qu’il est normal de condamner les jihadistes lorsqu’ils attaquent la France, mais d’occulter, de refouler, ou de minimiser le fait que de tels criminels aient été clandestinement – et parfois ouvertement – soutenus en Syrie par l’Élysée, le Quai d’Orsay et les services spéciaux français, et ce pour des intérêts essentiellement géostratégiques et énergétiques (14) ? Au vu des informations que je viens de citer et d’analyser, cette hypocrisie officielle – qui est dissimulée derrière la « “raison” d’État » – est plus que jamais inacceptable ! À toutes fins utiles, rappelons que – dans un contexte de « crise » économique structurelle et brutale qui appauvrit la majorité d’entre nous en enrichissant une « intouchable » minorité –, (15) « notre » gouvernement a débloqué un nombre inconnu de millions d’euros pour armer des jihadistes qui détruisent activement ce berceau de la civilisation humaine qu’est la Syrie. (16)

Si vous estimez que cette indignation est légitime, je vous encourage à partager cet article le plus largement possible en le transmettant à votre entourage, aux médias ainsi qu’à nos autorités, dont le Président de notre République – une et indivisible. Pour ce faire, je vous remercie de copier-coller le lien menant à cet article sur ce site, afin de faire savoir au Président de notre République qu’il n’est pas acceptable que l’État combatte la nébuleuse al-Qaïda en France tout en la soutenant en Syrie !

Essentiellement, restons unis malgré nos différences, et tentons d’esquiver intelligemment le piège mortifère du « choc des civilisations », que les extrémistes néoconservateurs ont ouvertement souhaité, (17) et qui nous menace plus que jamais.

Fraternellement, humainement, librement,

 

Maxime Chaix

Notes

1. « On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente. Il existe une forme de crispation identitaire, une angoisse à la désoccidentalisation du monde, une rupture entre le clan des dominants et le monde multipolaire. Cette doctrine occidentaliste, qui veut que l’Occident soit riche et dominateur éternellement, m’inquiète. » – Emmanuel Todd, El Watan, 3 novembre 2008. Cité par Guillaume de Rouville dans « L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale », 12 septembre 2012, Lidiotduvillage.org, : « Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations. Bel exemple également de transmutation des valeurs. » ; Pascal Boniface, « Philippe Val et Olivier Poivre-d’Arvor ont-ils émis une fatwa contre moi ? », Leplus.nouvelobs.com, 9 juillet 2013 ; « Quand en 2012, Guy Bedos souhaitait que les journalistes de Charlie Hebdo “crèvent” », Atlantico.fr, 9 janvier 2015 : « “Depuis que Reiser est mort, depuis que Siné n’est plus là, ils ne me font pas rire”, ajoute-t-il. “C'était nul l’histoire de Mahomet. Je m’en fous de Charlie Hebdo ! Je n’ai pas de leçon d’insolence à recevoir de gens qui se sont couchés”, renchérit encore l’humoriste. “Notamment Philippe Val qui s’est couché devant Nicolas Sarkozy pour devenir directeur de France Inter. Dans la résistance, on n’aurait pas été dans le même réseau.” »

2. Peter Dale Scott, L’État profond américain : la finance, le pétrole et la guerre perpétuelle (Éditions Demi-Lune, à paraître au printemps 2015) : « L’establishment affirme que les guerres lancées par les États-Unis sur le continent asiatique depuis les attaques de septembre 2001 entrent dans le cadre d’une “guerre globale contre la terreur”. Néanmoins cette guerre “contre” le terrorisme a été menée avec la coopération de l’Arabie saoudite, du Qatar et du Pakistan. Or, ces trois pays sont les principaux soutiens financiers et politiques des réseaux jihadistes que les États-Unis sont censés avoir combattu jusqu’à présent. Dans le même temps, les plus farouches opposants à ces terroristes sunnites – les gouvernements d’Irak, de Libye, de Syrie et d’Iran – ont été renversés (Irak et Libye), déstabilisés avec l’appui des États-Unis (Syrie) ou sanctionnés et menacés en tant qu’éléments de l’“Axe du Mal” (Iran). N’oublions pas que, dès le lendemain du 11-Septembre, le secrétaire à la Défense Donald “Rumsfeld parlait d’élargir les objectifs de notre riposte et de ‘frapper l’Irak’”. »

3. Le Monde, « Pression militaire et succès diplomatique pour les rebelles syriens », 13 décembre 2012 (accentuation ajoutée).

4. Georges Malbrunot, « Le spectaculaire revirement français sur la Syrie », Le Figaro, 10 mai 2013 (accentuation ajoutée).

5. Selon Wikipedia.fr, une opération clandestine « est une opération illégale, dirigée par un État mais non revendiquée par celui-ci pour des raisons politiques ou diplomatiques. L’illégalité de ces opérations implique qu’elles soient secrètes ; elles ne sont donc théoriquement pas rapportées auprès des médias, ni reconnues par les gouvernements. »

6. Caroline Fleuriot, « Droit d’ingérence, où en est-on ? », LeMonde-Diplomatique.fr, septembre 2008 : « Venir en aide aux populations en détresse sans le consentement de l’État est une idée ancienne. Déjà Hugo Grotius, en 1625 dans De jure belli ac pacis, évoquait une telle possibilité. Mais l’article 2, paragraphe 7, de la Charte de l’Organisation des Nations unies (ONU) pose le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État comme principe pacificateur des relations internationales. »

7. Armin Arefi, « État islamique : la volte-face de l’Arabie saoudite », LePoint.fr, 18 septembre 2014 : « Les nombreuses divisions au sein de la famille régnante facilitent la donne. “Le pouvoir saoudien n’est pas centralisé, mais distribué verticalement entre plusieurs factions concurrentes de la famille royale, dont chacune possède sa propre politique étrangère, parfois contradictoire avec la ligne officielle, qu’elle compte réinvestir dans sa lutte interne”, explique le chercheur Nabil Mouline. Voilà pourquoi, si, officiellement, Riyad ne finance que les rebelles “modérés” de l’Armée syrienne libre, des fonds saoudiens alimentent aussi le Front islamique (rebelles islamistes), ainsi que les djihadistes d’Al-Nosra et de l’État islamique. »

8. Benjamin Barthe, Cyril Bensimon et Yves-Michel Riols, « Comment et pourquoi la France a livré des armes aux rebelles en Syrie », Le Monde, 21 août 2014, (accentuation ajoutée).

9. Dennis Kucinich, « Le Congrès US autorise le soutien des “rebelles” », DeDefensa.org, 19 septembre 2014 (accentuation ajoutée).

10. « Syrien: Islamisten setzen deutsche Raketen ein », émission Panorama, Das Erste, 23 janvier 2014 (en allemand).

11. Samuel Laurent, État islamique : organigramme, financements, filières… (Éditions du Seuil, Paris, 2014), p.51. Page en libre accès sur Google Books.

12. « Le 11-Septembre au musée : un tel attentat est-il encore possible ? », émission 28 Minutes, Arte, mai 2014 (accentuation ajoutée).

13. Frédéric Rivière, « Alain Marsaud, député, président du groupe de travail sur la Syrie », Rfi.fr, 24 avril 2014 (accentuation ajoutée).

14. Peter Dale Scott, « La politique syrienne de Washington : faucons contre colombes », DeDefensa.org, 19 juin 2013.

15. « Inégalités : 1% de la population mondiale détient près de la moitié des richesses », Laparisien.fr, 20 janvier 2014 : « “Il est sidérant qu’au XXIème siècle, la moitié de la population mondiale, soit 3,5 milliards de personnes, ne possède pas plus qu’une minuscule élite”, se lamente Winnie Byanyima, la directrice générale d’Oxfam international. À quelques jours du forum de Davos, qui rassemble du 22 au 25 janvier prochains dans la station suisse, les principaux décideurs économiques, l’ONG qui lutte contre les inégalités et la pauvreté, sort un rapport édifiant. Selon ses chiffres, la richesse combinée des 85 personnes les plus riches du monde, qui s’élève à environ 85 trillons d’euros, est égale à celle de la moitié la moins riche de l’humanité. Depuis le début de la crise en 2008, ces inégalités se sont même sensiblement accrues. “Même si la crise a momentanément entamé la part des richesses mondiales détenues par les plus riches, ces derniers se sont depuis largement rattrapés”, explique ce rapport. Les 1% des personnes les plus riches en Chine, au Portugal et aux États-Unis ont plus que doublé leur part de revenus national depuis 1980. L’Europe ne fait pas exception. La fortune combinée des 10 personnes les plus riches d’Europe (217 milliards d’euros) dépasse le coût total des mesures de relance mises en œuvre dans l’Union européenne entre 2008 et 2010 (200 milliards d’euros). (…) Les causes de ce creusement sont nombreuses : la déréglementation financière, les règles et les systèmes facilitant l’évasion fiscale, mais aussi les mesures d’austérité. »

16. « L’histoire de la Syrie est marquée par sa situation exceptionnelle. C’est un territoire de transition au carrefour de plusieurs mondes : la Méditerranée, la Mésopotamie, la Perse, l’Inde, l’Asie mineure, les terres du Caucase, et l’Égypte. La Syrie était traversée par les plus importantes voies commerciales, entre l’Europe, la Chine (route de la soie) et l’Inde. L’homme de la terre syrienne a peut-être découvert, pour la première fois de l’Histoire de l’humanité, à Abu Huraira, l’art de cultiver, d’associer l’eau et le grain de blé, pour multiplier les épis. Grâce à cette découverte première l’homme commença à se fixer, à sortir des cavernes, à construire des maisons, à prendre conscience de son être, à invoquer le ciel avec les premières incantations mythologiques et religieuses, à s’essayer au dessin, à la sculpture et à la décoration. C’est également en Syrie que l’homme découvrit comment utiliser le cuivre, comment le façonner et en réaliser un alliage : le bronze. Dès le IIIe millénaire av. J.-C., les Syriens construisaient des palais, créaient des fresques, et connaissaient un essor culturel et commercial remarquable. La Syrie a eu une part importante dans l’Histoire du christianisme et dans ses débats. À travers ses routes sont passés les pèlerins vers les grands centres religieux, les croisés et les caravanes de la soie et des épices. Les habitants des nombreux petits royaumes qui se sont développés en Syrie, descendaient de peuplades sémites venues, depuis les premiers temps, du sud de la Péninsule Arabique, et qui sont connus sous le nom d’Amorrites, de Cananéens, de Phéniciens (zone côtière), d’Araméens (hautes terres) de Ghassanides et de Nabatéens (au sud). » (Wikipédia.)

17. Pour approfondir ce sujet essentiel, je vous recommande le livre de mon ami et mentor intellectuel Peter Dale Scott, publié par les Éditions Demi-Lune et intitulé La Route vers le nouveau désordre mondial – un ouvrage majeur que j’ai co-traduit ; dans le contexte actuel, n’oublions pas que le 11-Septembre reste un événement irrésolu, dont les véritables commanditaires restent inconnus. Voir l’article de l’ancien sénateur de Floride Bob Graham, « Il faut rouvrir l’enquête du 11-Septembre ! », Huffingtonpost.fr, 11 septembre 2012 : « Le temps qui s’est écoulé depuis le 11 septembre 2001 n’a pas diminué la méfiance que beaucoup d’entre nous ressentent à l’égard de la version officielle (…) des attentats, et surtout, la question de qui les a financés et soutenus. (…) [Il existe] des preuves de la complicité saoudienne [dans ces attentats] que notre gouvernement continue de cacher au public, sous forme d’un programme de classification tronquée, qui semble surtout faire partie d’un effort systématique pour protéger l’Arabie saoudite de la responsabilité de ses actions. » Rappelons-nous également des néoconservateurs de l’administration Bush et de leur programme de domination militarisée du monde. Publié en septembre 2000, sa mise en œuvre à court terme nécessitait selon eux « un nouveau Pearl Harbor ». Sur la page suivante, vous pourrez lire une traduction intégrale de ce programme, qui constitua la principale feuille de route de la politique étrangère de George W. Bush.

samedi, 10 janvier 2015

Pour Aldo Giannuli, expert des services secrets italiens, l'attentat contre Charlie Hebdo est un complot

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Pour Aldo Giannuli, expert des services secrets italiens, l'attentat contre Charlie Hebdo est un complot

Auteur : Aldo Giannuli
Ex: http://zejournal.mobi

La durée de leur fuite, des terroristes trop calmes, le manque de protection de la rédaction de l’hebdomadaire satirique, les armes des terroristes… Aldo Giannuli, expert des services secrets italiens, n’est pas convaincu par la version officielle.

Lors de cette funeste journée du 7 janvier 2014, date marquée à jamais comme synonyme de la mort de 12 personnes lors de l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo, l’hypothèse d’un complot faisait déjà son chemin.

Et aujourd’hui, ce n’est ni plus ni moins qu’Aldo Giannuli, experts des services secrets italiens, qui publie un article sur le blog de Beppe Grillo.

Il est fort possible que cet attentat soit l’œuvre d’individus d’une toute autre importance… C’est très louche.

Selon lui, cette tragédie porte bel et bien la trace de l’extrémisme religieux, mais « cette affaire sent le cramé »...

Les éléments qui le portent à penser cela ? Des papiers d’identité « oubliés » dans la voiture, à la durée importante de la fuite des terroristes, en passant par la protection très réduite de la rédaction de l’hebdomadaire satirique et les armes que possèdent les auteurs de l’attentat.

Comme dans la plupart des grandes affaires (Kennedy, l’attentat de piazza Fontana, Olof Palme, le 11-Septembre, la mort d’Oussama Ben Laden, etc.), quelque chose cloche, et de nombreuses interrogations s’imposent. Comment est-il possible qu’un objectif aussi sensible que la rédaction de Charlie Hebdo ait été si peu protégé ? Où les auteurs de l’attentat se sont-ils procurés ces armes ? Ils les ont ramenées de Syrie ? Mais le plus important, c’est ceci : avez-vous déjà vu des terroristes qui vont commettre un attentat en prenant soin d’emmener leur pièce d’identité, et qui l’oublient ensuite dans la voiture ?

Des doutes auxquels s’ajoutent les suivants :

On n’a jamais vu ça : des terroristes qui passent à l’action et perdent autant de temps durant leur fuite, après avoir participé à deux affrontements à l’arme à feu, contre une voiture de police notamment. Ils ramassent une chaussure puis oublient un gant. Et comment se fait-il qu’aucun blocage routier n’ait été mis en place dans la zone ? En plein centre de Paris, il doit y avoir de très nombreuses voitures de police. Et Paris est loin d’être une ville où la circulation est fluide…

Et l’expert des services secrets italiens de conclure :

Je crois qu’il s’agit en effet d’une piste djihadiste, c’est hautement probable étant donné le contexte, cette affaire date de près de 10 ans. Mais cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas y avoir d’autres personnes impliquées dans cette affaire. Ni qu’on n’ait pas purement et simplement laissé faire les terroristes. Les services secrets s’attendaient sans doute à quelque chose, mais peut-être pas de cette ampleur. Il est également possible que les enquêteurs cachent quelque chose qui n’a rien à voir avec cette tragédie, et que ce qu’ils cachent pourrait sortir au grand jour. Et ils veulent peut-être éviter que ces informations soient révélées. Je pense qu’il est tout à fait possible que les personnes impliquées soient bien plus nombreuses, entre commanditaires, cerveaux, mercenaires, infiltrés, dirigeants ou cellules isolés.


- Source : Aldo Giannuli

jeudi, 08 janvier 2015

Pour une grande politique russe de la France

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Pour une grande politique russe de la France

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Selon une perspective ”gaullienne”, que devrait être une véritable politique étrangère intelligente française vis-à-vis de la Fédération de Russie ? La très grave crise actuelle, qui est une reprise de la guerre froide, c’est-à-dire d’un affrontement avec la Russie voulu par Washington, sous le prétexte de la crise (ou ”provocation”) ukrainienne, doit être l’occasion pour les Français de bon sens et de bonne volonté d’ouvrir les yeux. Délaissant tout extrémisme, essayons de réfléchir. 

La stratégie de provocation anti-russe

Refusons d’abord la propagande qui vend l’idée d’un régime russe dictatorial dirigé par le monarque Poutine qui serait, en outre, un fauteur de guerre. Les fauteurs de guerre sont du côté du gouvernement de Kiev, de ses milices financées par des oligarques (bataillons Dnipro et Aïdar), du Department of State et des dirigeants européens qui les soutiennent. Les crimes de guerre contre les populations civiles (voir autres articles de ce blog), notamment par bombardements contre des zones résidentielles s’ajoutent aux tortures infligées par les troupes et milices du gouvernement de Kiev (je ne dis pas ”ukrainiennes”) envers leurs prisonniers. Ils sont superbement ignorés par les médias et les gouvernements occidentaux pour lesquels tous les torts sont du côté russe. Vladimir Poutine a raison de dire que l’Europe (et la France) ne sont pas indépendantes et suivent la politique étrangère des USA, contraires à leurs propres intérêts.

Le but logique et compréhensible de Washington est d’affaiblir à la fois la Russie et l’Europe péninsulaire. Encercler la première (d’où l’élargissement de l’Otan aux anciens pays du bloc communiste), neutraliser la seconde, interdire toute ”Maison commune” euro-russe.  C’est une stratégie naturelle de la thalassocratie américaine – et de son supplétif britannique– ainsi que d’empêcher la naissance d’un concurrent géostratégique et géoéconomique  euro-russe. Réchauffer l’ancienne guerre froide (1949-1991), c’est le but. La contradiction des gouvernements américains, depuis la fin de la terrible guerre de Sécession, c’est, sous le prétexte d’un ordre pacifique international, d’avoir sans cesse besoin du bellicisme – à ne pas confondre avec le militarisme. Pour des raisons à la fois morales et économiques. Ce bellicisme est légitimé par le concept de ”leadership”, nécessairement moral et positif (le sheriff mondial), qu’on pourrait traduire par le néologisme dirigeance (aptitude légitime à diriger) dont le ”soft power”  est le centre.

Robert Steuckers, dans plusieurs textes géopolitiques et historiques, a été le meilleur analyste de ce ”soft power” US, qui se transforme d’ailleurs aisément et maladroitement en ”hard power”, avec l’US Air Force et les interventions armées. Steuckers a démontré la puissance de ce ”soft power” qui, par des moyens culturels et économiques, financiers, diplomatiques, n’a de cesse – surtout depuis la fin de l’URSS – que de poursuivre trois  buts : 1) empêcher la remontée en puissance de la ”nouvelle Russie” post-soviétique  et la forcer à redevenir une puissance régionale limitée, ”non-patriote” ; 2) interdire à l’Europe toute velléité d’indépendance économique et géostratégique et notamment de se doter d’un système de défense commun hors OTAN ou d’un espace économique continental protégé ; 3) contrer à tout prix une union euro-russe, en particulier dans les domaines commerciaux, techno-militaires, énergétiques, diplomatiques. 

Les provocations anti-russes continuent donc : non seulement il est question d’alourdir les sanctions économiques, alors que Poutine ne se livre à aucun acte hostile contre Kiev et qu’il propose au contraire toutes les fournitures de gaz pour l’hiver et qu’en décembre il a reconnu l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais le gouvernement ukrainien et les cercles atlantistes  accélèrent les négociations pour le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Ce qui est évidemment inacceptable pour Moscou ; et ce qui revient à une déclaration de guerre soft. Complètement irresponsable, le gouvernement de Kiev – en particulier le Premier ministre extrémiste Iatseniouk – provoque Moscou. Il espère, il veut un affrontement avec la Russie et aimerait y entrainer les Occidentaux.

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La grande erreur de l’Allemagne de Mme Merkel

L’Allemagne est beaucoup trop soumise aux Etats-Unis parce que Mme Merkel est russophobe du fait de ses souvenirs de la RDA ; elle confond l’URSS et la Russie.  De Gaulle avait compris, à l’inverse, que l’URSS n’était ni plus ni moins que la Russie impériale. Willy Brandt et Schröder avaient  saisi que l’Ostpolik est indispensable à l’Allemagne et à l’Europe. Angela Merkel qui, au début de la provocation ukrainienne, était réticente aux sanctions contre la Russie, a cédé aux injonctions de Washington. Elle a confirmé le fait que, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne s’aligne sur la diplomatie décidée sur les rives du Potomac. Cette position de Mme Merkel nous indique que, si elle a une bonne vision des solutions économiques pour l’Europe sur le désendettement et l’orthodoxie, elle se méprend sur la politique étrangère. 

La Chancelière a rompu avec la politique de Schröder d’ouverture vers la Russie. Elle a sacrifié les intérêts économiques allemands, au nom de bonnes relations avec une Pologne dominée par un gouvernement russophobe et atlantiste et par crainte d’affronter le suzerain américain. Mme Merkel défend une vision de l’Allemagne beaucoup trop atlantiste et, de plus, complètement inconsciente vis-à-vis du péril démographique et migratoire. Elle n’a pas compris que son cher pays est en train de mourir, tous doucement.  

 La crise ukrainienne a déjà une conséquence catastrophique : affaiblir les relations et les projets, notamment économiques, diplomatiques et stratégiques entre l’UE (surtout l’Allemagne et la France) et la Russie. Le projet de l ‘”axe Paris-Berlin-Moscou” s’estompe. La Russie, échaudée par les sanctions économiques  de l’Occident, se lance dans une ”Ostpolitik” en direction de la Chine, de l’Asie centrale, de l’Iran, de l’Inde. Or l’intérêt de la France et de l’Allemagne est non seulement de développer un flux  d’investissements en Russie mais de privilégier les fournitures d’hydrocarbures russes par rapport à celles des Arabes du Moyen Orient.  L’idée de ”Maison commune”, d’espace euro-russe, qui est pourtant notre géopolitique naturelle, s’efface. Fedor Loukianov, politologue, écrit : « la Russie ne rompt pas avec l’Europe. Toutefois, le tournant qu’elle opère vers l’Est et l’Asie est inévitable, d’autant plus que l’Occident la pousse dans cette direction » (1) Les sanctions économiques contre la Russie, ordonnées par Washington,  sont globalement pénalisantes pour la France, l’Allemagne et la zone euro mais favorisent l’économie US. C’est une erreur économique majeure.

La France aux abonnés absents

Vis-à-vis de la Russie, depuis le début de la crise (”provocation”) ukrainienne, la politique étrangère française a été inexistante. Elle s’est alignée sur les injonctions US et a cédé aux pressions de Bruxelles et à celles de l’Allemagne et de la Pologne.  François Hollande a essayé de calmer le jeu, notamment en rencontrant Poutine le 6 décembre pour négocier et redonner vie au cessez-le-feu (protocole de Minsk de septembre dernier)  mais, en même temps, il ne parvient pas à décider de la livraison des BPC de la classe Mistral. Cette lamentable affaire des Mistral démontre de manière claire la dramatique perte d’indépendance de la France. Qui, en décidant de surseoir à la livraison des navires, rompant un contrat signé et payé, a cédé aux pressions américaines, dont l’objectif depuis les années 60 est de casser l’outil militaro-industriel français concurrent. Notamment en faisant obstacle, avec acharnement, aux exportations militaires françaises, y compris au sein de l’UE.

L’historien russe Alexandre Verchinine résume la situation : « Que voyons-nous en 2014 ? Un effondrement de grande ampleur de tout l’édifice des relations entre la Russie et l’Occident. Avec ou sans les Mistral, Paris n’est déjà plus un médiateur ». (2) En obéissant à Washington sur l’affaire des Mistral et des sanctions anti-russes, Paris a perdu son crédit de puissance indépendante que De Gaulle avait forgé.

L’affaire de la vente des Mistral était un scandale pour Washington et tous les gouvernements atlantistes de l’UE (dont les Polonais et les Baltes) car « à travers cet accord, Moscou a pénétré au cœur du saint des saints du bloc occidental : la coopération militaro-technique, considérée comme la forme la plus élevée de collaboration entre les États », poursuit Alexandre Verchinine.  Une coopération militaro-industrielle entre la France et la Russie est inacceptable pour les Anglo-Saxons comme pour la Pologne et les pays baltes. Avoir cédé sur ce plan enlève à la France une partie de son statut international.

 La réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, initié par Chirac –prototype du pseudo-gaulliste–  a été une erreur majeure, une bourde dévastatrice de politique étrangère. Et ce, au moment même où l’URSS disparaissait ainsi que le Pacte de Varsovie ! Les conséquences de cette gaffe monumentale furent triples : 1) compromettre un rapprochement historique avec la Russie et la construction d’un axe continental  Paris-Berlin-Moscou qui aurait pu naître progressivement, ainsi que la possibilité d’un système de défense européen indépendant  ; 2) sonner le glas d’une politique étrangère française autonome ; 3) détruire l’image de la France comme puissance non-alignée sur l’américanosphère et donc  nuire à sa position économique et stratégique.

Les trois dangers pour la France, qui peuvent signer sa disparition au XXIe siècle sont 1) Une islamisation et une invasion migratoire de colonisation ; 2) une soumission à la politique étrangère de Washington ; 3) un système socio-économique de type collectiviste (État Providence exsangue, surendetté, surfiscaliste ) dans un écosystème européen et mondial concurrentiel, ce qui paralyse l’économie et paupérise la société.

La Russie réelle

Présenter la Russie comme un danger est donc un absurde mensonge. Un faux problème. Tout d’abord, l’idée que la Russie post-communiste n’est pas démocratique, dirigée par un néo-Tzar nommé Poutine qui serait un clone soft de Staline, est une position étrange, défendue par d’anciens gauchistes (trotskistes ou maoïstes) reconvertis dans les ”Droits de l’Homme”.

La Russie est en réalité un pays démocratique (contrairement à la Chine et aux pétro-monarchies du Golfe) qui a réussi à se libérer du communisme soviétique sans crise majeure, un exploit historique, mais dont l’État de Droit fonctionne de manière autoritaire – bien moins que sous la monarchie et le communisme d’ailleurs – ce qui correspond à la tradition russe et ce qui est inévitable dans un pays de dimension continentale. La Russie a surmonté la période communiste et son système économique obsolète mais son problème majeur est la construction d’une économie diversifiée qui ne repose plus uniquement sur le pétrole et le gaz, aux ressources fluctuantes.

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Dans l’histoire récente, à aucun moment la Russie n’a attaqué les autres. Au contraire elle a été agressée à deux reprises, d’abord par la France napoléonienne puis, en 1854 en Crimée par les forces franco-britanniques,  et enfin par l’Allemagne hitlérienne ; elle a vaincu à chaque fois. Ni Napoléon, ni Hitler n’avaient pris conscience que la Russie est invincible. Du fait de l’immensité de son territoire et de la ténacité de son peuple ; mais aussi de la particularité de sa langue et de sa culture. Washington a décidé de mener une guerre ”soft” contre la Russie., en réanimant la guerre froide. Il ne s’agit plus de lutter contre le ”communisme”, disparu, mais d’empêcher la reconstitution d’une grande puissance. 

Ni l’Ukraine, ni la Pologne, ni les pays baltes n’ont quoi que soit à craindre de la Russie. Ils sont victimes d’une propagande qui leur fait très habilement croire le contraire. La Russie ne possède aucun intérêt à agresser ses voisins, ni à annexer les oblasts de Donetsk et de Louhansk, régions pauvres qui grèverait le budget. Bien sûr, la Russie connaît d’immenses faiblesses ; mais qui n’en a pas ? Mais sa force – que la France devrait posséder – c’est qu’elle est patriote. 

Les 7 axes d’une politique russe de la France

Dans ces conditions, quelle devrait être la politique étrangère de la France vis-à-vis de la Russie ? Cela supposerait d’abord une vision claire et constante d’une politique étrangère, ce qui, depuis De Gaulle et Pompidou, n’est plus le cas. Et ensuite de manifester un peu de courage et moins de pleutrerie.  Voici les sept axes que je propose

1) Refuser de valider et de s’associer à toute sanction économique (financière et commerciale) imposée par l’UE et les USA contre la Fédération de Russie même au prix d’un désaccord majeur avec la Chancellerie de Berlin. Après tout, une ”crise” avec Berlin, les fonctionnaires de Bruxelles, Washington et Varsovie serait moins graves qu’une brouille durable avec la Russie. L’intérêt de la France et celui de l’Europe passe avant le fait de plaire ou de déplaire à tels ou tels gouvernements ou oligarchies. 

2) S’opposer définitivement et clairement à toute extension de l’OTAN à de nouveaux membres, en particulier l’Ukraine ou la Géorgie. La France n’a pas été claire sur ce point.

3) Opérer un retrait français du commandement intégré de l’OTAN (retour à la doctrine gaullienne) et  œuvrer pour un système de défense européen commun qui aura vocation à moyen terme à associer la Russie. Il s’agit de construire progressivement un système continental euro-russe de sécurité et de défense communes.    

4) Initier une vaste coopération techno-militaire entre la France et la Russie. Et essayer d’y associer l’Allemagne et d’autres partenaires européens. Il faut non seulement livrer les Mistral mais poursuivre la coopération et les projets communs dans les autres domaines, militaires et civils de pointe, aéronautiques, spatiaux, numériques, etc.

5) Plutôt que le pacte de libre-échange avec les USA, en préparation, et qui ressemblera aux ”traités inégaux” jadis passés au XIXe siècle avec la Chine, il faut négocier un traité de libre échange avec la Russie et les pays membres de la CEI. L’objectif final, à long terme, est la constitution d’un espace semi autarcique euro-russe de co-développement diversifié.

6) La France doit reconnaître le rattachement de la péninsule de Crimée à la Fédération de Russie comme on a reconnu en 1918 le retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Et elle doit aussi organiser une conférence internationale pour régler une fois pour toutes le problème de l’Ukraine qui, comme jadis celui de l’Irlande du Nord – mais en plus grave–  est un  furoncle infecté.

7) Réinstaurer une Commission permanente franco-russe, sur le modèle créé par De Gaulle de la ” grande Commission franco-soviétique”.

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Conclusion : Pax europeana et ”hérisson géant ”.

Serait-ce une provocation contre les États-Unis ? Non, car cela ne menacerait nullement leur sécurité mais seulement leur hégémonie, cette dernière n’ayant aucune légitimité. Les Etats-Unis ne doivent pas être considérés comme un ennemi mais seulement comme un adversaire et un compétiteur. Ils ne sont forts et dominants que de la faiblesse soumise des Européens, entièrement responsables de leur sort. D’autre part, face à une alliance déterminée euro-russe, Washington ne commettrait pas la folie de s’y opposer frontalement. Il négocierait et, au final, coopérerait. Car l’ ”impérialisme américain” n’est efficace qu’envers les faibles. Seule la force génère la paix.

 Une telle politique de coopération stratégique et économique euro-russe, initiée par la France (et ses partenaires de l’UE) ne pourrait être que très progressive. Elle devrait rassurer la Pologne, les trois pays baltes et d’autres d’Europe centrale qui se méfient de la Russie, ainsi que l’Ukraine : une alliance euro-russe globale, à la fois stratégique, diplomatique, économique, militaire, technologique serait la meilleure garantie d’une pax europeana au sein de la Maison commune. Il faut rappeler l’expression parlante inventée par Robert Steuckers de « hérisson géant » pour désigner l’alliance euro-russe à venir : une puissance globale, inattaquable, dissuasive, pacifique, protégée et respectée pour sa force tranquille. Qui s’y frotte s’y pique.

Il s’agirait, pour une véritable grande politique étrangère française, de persuader nos partenaires européens de trois choses absolument essentielles : 1) notre sécurité ne dépend que de nous-mêmes, peuples apparentés,  de l’Ibérie à la Sibérie, et de notre entente ; et elle sera mieux assurée si nous pactisons entre nous. 2) Les gouvernants US ne pourront et ne voudront jamais être notre protecteur naturel. 3) La véritable menace ne provient pas de la Russie mais de cette réalité archéofuturiste que vous avez sous les yeux, cette marée qui monte à vos portes – surtout en Europe de l’Ouest–  et qui va constituer le principal problème : les flux migratoires incontrôlés ; qui vont dissoudre notre identité en moins d’un siècle.

Menace russe ou chance russe ? La Russie est l’exemple d’un peuple et d’un État à la force profonde qui, en dépit du communisme a su conserver l’identité et le patriotisme. Les Américains ? À terme, l’intérêt  des USA est de s’aligner sur une position euro-russe.  Et de coopérer avec nous.  L’Amérique, en tant que telle, a vocation, contre son propre gouvernement, à s’entendre avec l’alliance euro-russe. Nos racines ethno-cuturelles profondes ne sont-elles pas exactement les mêmes, en dépit de différences mineures ?   

Notes:

(1) Fedor Loukianov, Président  du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense.« Un demi-siècle après, une nouvelle ”Ostpolitik”, mais conçue à Moscou » In Rossiykaya Gazeta, 17/12/2014, distribué par Le Figaro

(2)Alexandre Verchinine : « Mistral : précédent à méditer » Ibidem.

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mercredi, 31 décembre 2014

Marche Sainte-Geneviève

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mardi, 30 décembre 2014

Center Parcs: économie sans conscience n’est que ruine de l’âme

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Center Parcs: économie sans conscience n’est que ruine de l’âme

par Claude Bourrinet

Boulevard Voltaire cliquez ici

Hitler, paraît-il, rêvait de transformer la France en jardin. Le libéralisme mondialisé, en apparence moins ambitieux, préfère la métamorphoser en Center Parcs. Le chômage massif n’est pas pour rien dans l’avilissement du peuple français. Non seulement parce que l’être humain, socialisé, a besoin de travailler pour éprouver ses capacités, manifester sa dignité, mais aussi parce que la raréfaction de l’emploi est devenue un argument d’autorité pour imposer ce qui s’apparente de plus en plus à une dégradation de la civilisation, au sens où l’entendait Edgar Morin en 1997. Dans un entretien paru en 2008, il revient sur cette notion : « Il s’agit de solidariser les rapports humains, régénérer les campagnes, ressourcer, convivialiser, moraliser… »

La multiplication des paradis artificiels, pour ainsi dire en bulle, piètres succédanés à la misère économique, sociale et humaine, généralisée par une société sinistre, est-elle en mesure de raviver les campagnes, de créer de la convivialité, de « solidariser » la société ?

Éric Zemmour note, dans Le Suicide français, combien régnait, durant les Trente Glorieuses, tant chez les gaullistes que chez les communistes, une vision héroïque et ascétique du travailleur, pour qui certaines valeurs (le courage, la fidélité, la fierté, l’intelligence du métier) n’étaient pas encore dissoutes par l’hédonisme contemporain, ou tout simplement par l’éradication de l’industrie française.

De fait, le Grand Remplacement a commencé à cette époque, qui connaît l’exode des paysans vers la ville, phénomène civilisationnel dont l’on n’a pas mesuré toute l’importance. C’est tout un art de vivre, d’exister ensemble, de respecter la terre, la nature, les traditions, qui a été anéanti. Depuis, la campagne n’est plus qu’un espace d’exploitation et une nostalgie. De même, la désindustrialisation de notre pays, la destruction de ses grandes réalisations d’après-guerre, sous les coup de la mondialisation, ou du fait de cette pompe aspirante qu’est la délocalisation, ont provoqué sous-emploi ou bien substitution du métier par le « service ». Le prolétariat s’est transformé en masse flexible d’agents commerciaux, de nettoyeurs, de domestiques, de recrutés précaires, de petites mains corvéables, de mendiants à mi-temps. On ne reprochera pas aux habitants de petits villages d’accueillir avec espoir ces Center Parcs (l’emploi sans scrupule du Néerlandais est, en soi, tout un programme). La déréliction a des raisons que la raison doit accepter. « L’homme est un animal qui s’habitue à tout », écrit Dostoïevski dans Souvenirs de la maison des morts.

Mais nous devons bien réfléchir à ce qui est en train de se produire dans notre vieux pays. Il ne s’agit pas seulement du saccage de notre trésor naturel, mais du ravage causé dans l’esprit du peuple français, réduit à n’être plus que le serviteur du tourisme de masse.

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dimanche, 28 décembre 2014

Le cadeau de Noël du gouvernement aux internautes

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Le cadeau de Noël du gouvernement aux internautes: la surveillance

Auteur : Guerric Poncet
Ex: http://zejournal.mobi

Second cadeau de Noël du gouvernement, cadeau qui lui aussi fleure bon le foutage de gueule!!! Le premier, glissé en douce comme une quenelle dieudonnesque était l’abandon de la taxe à 75% pour les supers-riches, le second, c’est la surveillance généralisée pour notre sécurité bien-entendu!

Le 24 décembre, Matignon a publié un décret sur une mesure très contestée permettant aux agents de l’État de surveiller le Net français. Habile.

C’est un cadeau de Noël dont les internautes et les opérateurs français se seraient bien passés. Le gouvernement a publié mercredi 24 décembre, à la faveur des fêtes de Noël, le décret d’application du très contesté article 20 de la loi de programmation militaire (LPM). Ce texte prévoit un accès très vaste des services de l’État aux télécommunications (téléphone, SMS, Internet, etc.) des Français, et à toutes les informations qui transitent par les réseaux nationaux.

La mesure de surveillance, pudiquement nommée « accès administratif aux données de connexion », avait été votée fin 2013 et entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Dénichées par notre excellent confrère Next INpact, qui évoque « un décret qui sent le sapin », ce sont les modalités de sa mise en oeuvre, tout aussi importantes, qui ont été dévoilées pour Noël.

Comme dans de nombreuses démocraties, le spectre terroriste permet au gouvernement de faire passer des mesures très floues et de tirer pleinement parti des systèmes d’information de plus en plus performants afin de surveiller la population.

Qui chapeaute le système ?

Le décret du 24 décembre présente « le groupement interministériel de contrôle […], un service du Premier ministre chargé des interceptions de sécurité et de l’accès administratif aux données de connexion ». Ce groupement est chargé de centraliser les demandes des agents et de les transmettre aux opérateurs concernés, en les épurant de toute information sensible.

En effet, si les services de l’État doivent justifier leurs requêtes auprès du Premier ministre (qui nomme une « personnalité qualifiée »), il est hors de question de transmettre ces explications aux opérateurs. Les fournisseurs d’accès ne sauront même pas de quel service ou ministère émane une demande, ni à quelle date elle a été formulée.

Quelles données sont concernées ?

Sans surprise, le décret se réfère à l’article 20 de la LPM, sans vraiment le préciser. Peuvent donc être interceptés les « informations ou documents traités ou conservés par les réseaux ou services de communications électroniques, y compris les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux communications d’un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications ».

On notera l’utilisation de la formule « y compris », qui n’est aucunement exhaustive : difficile de faire plus vaste.

Un contrôle démocratique insignifiant

Face aux critiques sur l’intrusion dans la vie privée, le gouvernement invoque la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), un organe très joli sur le papier mais qui n’a jusqu’à présent pas été doté d’un réel pouvoir. Cette commission « dispose d’un accès permanent aux traitements automatisés », et « l’autorité ayant approuvé une demande de recueil d’informations ou de documents fournit à la commission tous les éclaircissements que celle-ci sollicite », promet le décret, plein de bons sentiments.

Néanmoins, la CNCIS n’a toujours pas le pouvoir de sanction et ne peut même pas alerter la justice en cas de manquement sur un dossier couvert par le secret de la défense nationale. Habile…

Par ailleurs, le gouvernement se protège en supprimant ses archives en un temps record. Si l'on peut saluer la suppression des informations et des fichiers recueillis au bout de trois ans, on ne peut être que surpris par le fait que les registres mentionnant qui a autorisé telle ou telle surveillance soient eux aussi "automatiquement effacés" après trois ans. Le seul contrôle démocratique possible lorsqu'on jongle avec le secret défense, celui qui s'effectue a posteriori, est donc rendu impossible, pour la CNCIS comme pour la justice.

À quel prix ?

"Les coûts supportés par les opérateurs pour la transmission des informations ou des documents font l'objet d'un remboursement par l'État", précise le décret. Pas un mot sur la grille tarifaire qui sera appliquée, car ils seront définis par les ministères concernés.

Qui peut demander les informations ?

Trois ministères sont habilités à émettre des demandes. Le décret détaille le nombre impressionnant de services pour lesquels les vannes du Web français sont ouvertes :

- Au ministère de l'Intérieur : la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Direction générale de la police nationale (unité de coordination de la lutte antiterroriste, Direction centrale de la police judiciaire, Direction centrale de la sécurité publique, Direction centrale de la police aux frontières), la Direction générale de la gendarmerie nationale (sous-direction de la police judiciaire ; sous-direction de l'anticipation opérationnelle ; service technique de recherches judiciaires et de documentation ; sections de recherches), la préfecture de police (Direction du renseignement ; direction régionale de la police judiciaire ; service transversal d'agglomération des événements ; cellule de suivi du plan de lutte contre les bandes ; sûreté régionale des transports ; sûretés territoriales).

- Au ministère de la Défense : la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, la Direction du renseignement militaire.

- Au ministère des Finances et des Comptes publics : la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, le service de traitement du renseignement et d'action contre les circuits financiers clandestins.

Dans tous ces services, seuls les agents et officiers "dûment habilités" par leur directeur pourront réclamer des informations, assure le décret.

Des perspectives inquiétantes

La loi de programmation militaire a mis en place un outil de surveillance de la population française qui aurait fait pâlir d'envie les pires dictateurs de l'histoire. Si nous sommes très loin d'un régime totalitaire en France, il n'est pas exclu que des leaders extrémistes disent demain merci au gouvernement Valls pour leur avoir fourni un tel outil clé en main.

- Source : Guerric Poncet