mardi, 28 octobre 2025
Le Japon se réveille à la Tradition

Le Japon se réveille à la Tradition
Moscou voit une nouvelle voie alors que le Japon passe d’un déclin libéral à une consolidation sur base de ses valeurs ancestrales
Alexander Douguine
Alexander Douguine voit le tournant du Japon sous Sanae Takaichi comme un réveil civilisateur qui pourrait aligner Tokyo avec la Russie dans la révolte mondiale contre le libéralisme.
Le Japon a élu sa première femme Premier ministre — Sanae Takaichi. Son élection constitue un signe politique très sérieux.

Partout dans le monde, l’idéologie libérale s’effondre. Dès le début des années 1990, elle avait dominé la politique, l’économie et la culture — presque sans rencontrer d'opposition. Pourtant, après trente-cinq ans de règne ininterrompu, le libéralisme est arrivé à une exhaustion totale. Ses principes fondamentaux — universalité des droits de l'homme, la notion de « fin de l’histoire » (Fukuyama), le principe de l’identité individuelle, la woke culture, l’idéologie transgenre, l’immigration illégale, et le multiculturalisme — ont échoué à l’échelle mondiale.
Les libéraux étaient sur le point de prendre le contrôle de toute l’humanité; aujourd’hui, le libéralisme et le mondialisme s’effondrent partout. La Russie, la Chine, l’Inde, le monde islamique, les pays africains et l’Amérique latine — unis dans le BRICS — se sont levés précisément contre ce programme. L’élection de Donald Trump a été le premier grand coup porté à l’hégémonie libérale: dès son premier jour au pouvoir, il a rejeté les dogmes fondamentaux du projet libéral, y compris l’activisme LGBT et transgenre, ainsi que l’idéologie de la Critical Race Theory — celle du racisme anti-blanc qui avait envahi l’éducation et la culture occidentales. Tout ce paquet a été rejeté par la majorité de l’humanité non-occidentale, et maintenant aussi par l’Amérique elle-même. Seule l’Union européenne reste la dernière forteresse de ce pandémonium, bien que tous ses États membres ne partagent pas encore les mêmes convictions.
Il n’est donc pas surprenant que le paradigme libéral ait également disparu au Japon — longtemps considéré comme un pays intégré dans le monde occidental centré sur l’Amérique. À l’instar des Etats-Unis trumpistes, le Japon a élu une femme qu’on peut qualifier de « Trumpiste » — ou peut-être de «Trumpiste japonaise ». Sanae Takaichi incarne des valeurs traditionnelles: elle voit le mariage comme une union entre un homme et une femme, elle trouve normal que les femmes prenant le nom de leur mari après le mariage, et vise le « zéro immigration » — ce qui signifie que les migrants illégaux et légaux devraient être expulsés du Japon.

Takaichi appelle à un retour à la foi shintoïste, à une réaffirmation du culte impérial, et à la renaissance du bouddhisme traditionnel. Elle visite régulièrement le sanctuaire dédié aux morts de la guerre de la Seconde Guerre mondiale, défiant ouvertement les récits libéraux sur le passé du Japon. En substance, elle prône la restauration de la souveraineté militaire et politique du Japon. Il est frappant que la première femme Premier ministre ait autrefois joué de la batterie dans un groupe de heavy metal. Cette femme remarquable — une ancienne batteuse de métal — mène désormais la renaissance de l’esprit samouraï, des valeurs traditionnelles, du culte impérial, de la religion shintoïste, et du culte de la déesse du soleil Amaterasu, ancêtre de la lignée impériale.
C’est rien de moins qu’une révolution conservatrice au Japon, qui se déroule sous nos yeux. Le parti bouddhiste modéré Komeito s’est retiré de la coalition de gouvernement avec le Parti libéral-démocrate maintenant dirigé par Mme Takaichi. Pourtant, elle a mobilisé une autre force — le Parti de l’innovation japonaise (Ishin no Kai), encore plus à droite et conservateur.
Est-ce une bonne ou une mauvaise chose pour nous ? Idéologiquement, c’est positif. La Russie aussi revient à des valeurs traditionnelles — aux idéaux de l’Empire, de l’Orthodoxie et de l’identité nationale. C’est notre tendance, comme c’est le cas en Amérique et de plus en plus dans le monde entier. Le Japon, qui se dresse aujourd'hui contre le libéralisme, ne fait que rattraper le reste de l’humanité, qui se débarrasse rapidement de toute la pourriture de l’idéologie libérale.
L’Union européenne reste le dernier bastion du déclin, de la dégénérescence et de la sénilité politiques — mais probablement pas pour longtemps. Le Japon, en revanche, rejoint les rangs des pays fondés sur des valeurs traditionnelles. La Russie appartient à ce même camp, ce qui crée un terrain fertile pour le dialogue.

Parallèlement, le Japon reste néanmoins bien ancré dans le cadre de la politique étrangère américaine. Sa militarisation croissante signifie qu’il adoptera une ligne plus agressive dans la région du Pacifique. La Russie et le Japon ont une longue et difficile histoire commune — à commencer par la guerre russo-japonaise du début du 20ème siècle, lorsque Tokyo, après la restauration Meiji, s’était orienté vers les États-Unis. Cela pourrait présenter un certain risque pour la Russie.
Pourtant, cette nouvelle orientation du Japon est un défi encore plus grand pour la Chine — un autre géant du Pacifique, et ami proche ainsi que partenaire de la Russie. C’est pourquoi la restauration de relations normales avec un Japon récemment redevenu traditionaliste — et désormais idéologiquement plus proche de nous — ne doit pas se faire au détriment de notre partenariat qu'est la Chine, notre principal allié et partenaire fondamental .
Cependant, si nous voyons dans Sanae Takaichi — cette « batteuse d'esprit samouraï » — quelqu'un qui amorce un véritable mouvement vers la Russie et qui preste un effort sincère pour atteindre la souveraineté stratégique du Japon, c’est-à-dire vise à se libérer du contrôle direct du pays par les Américains, alors nous aurons une bonne base pour discuter. La Russie pourrait établir une relation bilatérale avec le Japon basée sur des intérêts mutuels. Nous pourrions même agir en tant que médiateurs de la paix dans le Pacifique, aidant nos amis chinois à passer de la confrontation à une forme de coopération en Asie de l’Est. En tant que grande puissance pacifique, la Russie pourrait jouer un rôle important dans cette transformation.

Il est encore trop tôt pour dire ce que la gouvernance de cette exceptionnelle figure du Japon — qui incarne l’essence symbolique de la déesse Amaterasu — apportera. Mais, quoi qu'il en soit, son arrivée au pouvoir marque un moment remarquable dans l’histoire du Japon. Et peut-être, sous cette nouvelle « Déesse Amaterasu », la Russie pourra établir des relations constructives, tournées vers l’avenir, et multipolaires avec le Japon — des relations basées sur les plans idéologique, civilisationnel et géopolitique — en harmonie avec notre alliée et partenaire la plus chère, la grande Chine, où les valeurs traditionnelles prévalent également.
Au fait, les valeurs traditionnelles triomphent aussi dans la belle Corée du Nord — contrairement à ce qui se passe en Corée du Sud, pays qui demeure l’un des bastions de la décadence libérale. J’espère cependant que ce ne sera que temporaire, et que la Corée retrouvera son unité et sera alors véritablement coréenne. Il faut aussi se rappeler qu’il existe de profondes tensions entre la Corée et le Japon.
En résumé, la Russie a maintenant une chance de réinitialiser ses relations avec le Japon sur la base d’un retour commun aux valeurs traditionnelles. Voyons ce que cela donnera.
17:19 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, actualité, japon, asie, affaires asiatiques, sanae takaichi |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 29 septembre 2025
Le Japon comme colonie américaine

Le Japon comme colonie américaine
par Kazuhiro Hayashida
Kazuhiro Hayashida soutient que le Japon contemporain se méprend sur la Chine, confond amis et ennemis, et demeure une colonie américaine.
Depuis quelque temps, je parle d’une inversion particulière dans l’interprétation que le Japon se donne de lui-même. Normalement, il devrait être simple de comprendre la distinction entre ami et ennemi. Pourtant, de façon étrange, de nombreux Japonais semblent incapables de reconnaître cette distinction fondamentale.
Le terme « État profond » est récemment devenu courant au Japon, mais peu reconnaissent que son quartier général se trouve aux États-Unis.
Trump a, par moments, affronté l’État profond, mais sa lutte contre lui est restée limitée. Il ne l’a pas complètement soumis. À la place, en négociant des accords, il semble affaiblir son influence intérieure tout en exécutant à l’étranger les actions mêmes souhaitées par l’État profond.
Ayant été chassé d’Amérique, l’État profond semble avoir déplacé ses opérations vers le Japon. Ici, ses forces résiduelles trouvent un terrain fertile. Le gouvernement japonais adopte désormais des politiques qui ignorent la volonté de ses propres citoyens, tandis qu’en politique étrangère il prend des décisions contraires au bon sens.

Dans le monde entier, l’équation « anti-État profond = Russie » est considérée comme allant de soi. La particularité du Japon est que cette vérité ne s’applique pas chez lui. Parce que les attentes japonaises envers Trump en tant que figure anti-État profond étaient exagérément gonflées, son incapacité à y répondre a engendré une désillusion qui s’est rapidement muée en désespoir.
Historiquement, le Japon était gouverné selon une structure duale: l’Empereur et le shogunat. Le shogunat exerçait le pouvoir effectif. Aujourd’hui, l’Amérique agit au Japon comme un nouveau shogunat.
À la fin de la Grande Guerre en Asie orientale, l’Amérique a démantelé les institutions politiques japonaises, remplacé le gouvernement japonais et imposé un régime d’occupation. En réalité, cela équivalait à un changement de shogunat. L’Amérique avait instauré le sien.

Ainsi, le gouvernement japonais fonctionne aujourd’hui comme un régime fantoche, militaire, modéré, administré par le shogunat américain, gouvernant une nation désarmée. C’est précisément cet arrangement — né de la défaite du Japon, de son occupation et de sa subordination ultérieure à la puissance américaine — qui a produit le cadre idéologique dans lequel les bombardements atomiques et la destruction indiscriminée des grandes villes japonaises sont défendus comme des actes de guerre légitimes. Parce que le régime d’après-guerre doit son existence même aux États-Unis, il hérite et perpétue le récit selon lequel la violence américaine était juste, même lorsqu’elle signifiait le massacre de civils en masse.
De telles justifications provoquent une réaction corrosive chaque fois que les nations asiatiques condamnent le Japon pour son rôle d’avant-guerre dans la domination régionale.
Le raisonnement japonais se formule ainsi:
Le Japon était une menace pour l’Asie ; par conséquent, la libération par l’Amérique était nécessaire. Si l’intervention militaire américaine était juste, alors les bombardements atomiques et les bombardements aveugles des villes nippones l’étaient aussi.
L’Amérique a libéré le Japon. En libérant le Japon, elle a aussi libéré l’Asie. Si cette libération est reconnue mondialement comme juste, alors les politiques américaines le sont aussi — et de façon absolue.

Ce récit a été imprimé à maintes reprises au Japon durant la Guerre froide. Puis vinrent l’éclatement de la bulle économique, l’effondrement de l’Union soviétique et l’ascension de George Soros. « La société ouverte » de Karl Popper fut soudain appliquée au Japon lui-même. Les structures politiques traditionnelles furent effacées, la mémoire historique des relations régionales gommée, et la perception de la Russie et de la Chine comme ennemis solidement ancrée.
Les conservateurs japonais font face à un argument auquel ils ne peuvent répondre. Cet argument dit: la Chine est peut-être communiste, mais si on l’évalue du point de vue de la résistance à la domination américaine, alors, comparées à l’acte du Premier ministre Kishida de vendre le Japon à Washington, les actions de la Chine envers le Japon paraissent plus justes.
Les Japonais vivent sous l’illusion qu’ils gouvernent un État indépendant. Leur situation reflète celle de l’Ukraine. Privé de véritables droits politiques, le peuple japonais n’a aucun moyen direct de résister à la campagne discrète de Soros visant à racheter le Japon.

En pratique, cela signifie que le Japon est incapable de contrer le récit, exprimé par Soros à l’Asia Society, d’une guerre imminente entre le Japon et la Chine.
D’un point de vue géopolitique, la ligne en neuf traits de la Chine — sa revendication de souveraineté sur la majeure partie de la mer de Chine méridionale — chevauche la « ligne de défense absolue » autrefois proclamée par l’Empire du Japon, cette frontière de guerre que Tokyo s’était juré de tenir à tout prix. De ce point de vue, quand la Chine regarde le Japon, elle voit l’Amérique — car le Japon d’aujourd’hui est une colonie américaine.
Ce dont le Japon a surtout besoin, c’est de reconnaître que l’Amérique est l’ennemi, et que le libéralisme doit être abandonné. Je me sens obligé de rappeler sans cesse que le « libéralisme » n’est pas synonyme de démocratie.
14:39 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, japon, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 18 septembre 2025
L’essor du technofascisme dans l’Amérique de Trump

L’essor du technofascisme dans l’Amérique de Trump
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/09/15/teknofasismin-nousu-tr...
Le développement de l’intelligence artificielle a déclenché une vague d’investissements dans le secteur technologique. Des grandes entreprises comme Microsoft, Meta, Amazon et Google misent sur les modèles linguistiques, la puissance de calcul, la technologie des semi-conducteurs et les centres de données. Toutefois, la rentabilité économique de ces investissements demeure incertaine. Des innovations telles que celle de DeepSeek, une entreprise chinoise, démontrent que d’immenses ressources ne sont pas toujours nécessaires pour réussir dans la compétition mondiale.
Les récits médiatiques sur le potentiel révolutionnaire de l’IA se polarisent entre deux extrêmes: des visions utopiques prédisant que l’IA résoudra les problèmes de l’humanité, et des scénarios de menaces existentielles où l’IA relèguerait l’humanité au second plan. Ce discours polarisant néglige souvent les changements progressifs et pratiques par lesquels la technologie influence réellement la société.


La recherche de l’historienne Janis Mimura sur le technofascisme japonais, Planning for Empire: Reform Bureaucrats and the Japanese Wartime State (2011), offre un cadre d’analyse pour les évolutions actuelles. Mimura décrit comment le Japon a colonisé la Mandchourie, au nord-est de la Chine, dans les années 1930, faisant de la région un terrain d’expérimentation précoce du technofascisme. Il en résulta un État fantoche autoritaire, le Mandchoukouo, centré sur l’industrie lourde comme la production d’acier et d’armes, exploitant la population locale et les ressources naturelles au service des besoins militaires du Japon.

Le fonctionnaire du ministère du Commerce, Kishi Nobusuke (photo), a dirigé à partir de 1936 un programme d’industrialisation soutenu par les conglomérats zaibatsu au Mandchoukouo. Cela impliquait le recours au travail forcé et à l’esclavage, ainsi que des conditions de travail inhumaines, entraînant de nombreuses victimes. De retour à la politique nationale japonaise en 1939, Kishi a promu une industrialisation dirigée par l’État similaire dans son pays.
La technocratie était un projet idéologique plaçant la rationalité technologique au-dessus des valeurs sociales, légitimant ainsi la concentration du pouvoir. Contrairement au fascisme de Mussolini ou au national-socialisme d’Hitler, le système japonais ne reposait pas sur un chef charismatique, mais sur des bureaucrates et sur l’armée. Selon Mimura, le Japon a « glissé vers le fascisme » lorsque les fonctionnaires utilisaient leur pouvoir dans l’ombre au nom de l’empereur. La survie de la technocratie dans le Japon d’après-guerre témoigne de sa capacité d’adaptation institutionnelle.
L’élite technocratique de la Silicon Valley est devenue un acteur central aux États-Unis. Les géants du numérique tirent un pouvoir symbolique et matériel de l’apparente irrésistibilité de la technologie, marginalisant les débats critiques sur les impacts sociaux de la digitalisation. Ce pouvoir s’inscrit dans le plan d’action sur l’IA de l’administration Trump, visant à accélérer le développement de l’IA en réduisant la régulation et en promouvant le leadership mondial des États-Unis selon des objectifs géopolitiques stratégiques.
Lors de l’investiture présidentielle en janvier, des leaders technologiques tels qu’Elon Musk et Mark Zuckerberg ont apporté leur soutien à Donald Trump, ce qui a été interprété comme une alliance stratégique au service d’intérêts économiques et politiques. Selon Mimura, une telle alliance entre l’État et l’élite industrielle rappelle le technofascisme du Japon durant la Seconde Guerre mondiale, où les technocrates ont pris le pouvoir.

Contrairement au fascisme traditionnel, le technofascisme américain s’exprime comme une gouvernance technocratique subtile. Il se manifeste dans la prise de décision militaire, les opérations des services de sécurité et la projection de puissance mondiale. Socialement, il se traduit par la surveillance policière préventive, la surveillance des réseaux sociaux et le soutien au sionisme dans la politique étrangère. Dans le monde du travail, la culture du « hustle » issue de la Silicon Valley normalise la surcharge et affaiblit les droits des travailleurs. Cette évolution légitime la discrimination algorithmique et approfondit les inégalités socio-économiques.
Si le progrès technologique repose souvent sur des réformes progressives, le cœur du technofascisme consiste à considérer que la régulation – qu’il s’agisse de la protection de l’environnement, des droits des travailleurs ou de la supervision financière – freine l’innovation. Par exemple, le discours public d’Elon Musk est passé de la mise en avant des risques de l’IA à sa valorisation stratégique dans la prise de décision automatisée et les applications basées sur les données, comme le développement de technologies par xAI.
Les conglomérats zaibatsu du Japon ont mené le développement industriel sans considération pour les droits des travailleurs; une dynamique similaire est visible aujourd’hui aux États-Unis, où les entreprises technologiques promeuvent automatisation et technologies de surveillance. L’infrastructure bâtie par les géants du numérique crée un « État profond » modernisé et antidémocratique, au service de l’élite technocratique et économique.
Ce système démantèle les structures de gouvernance traditionnelles et remplace les processus démocratiques par une logique d’efficacité. Comme l’affirme le penseur Curtis Yarvin (photo), apprécié des techno-oligarques, « les élections démocratiques sont inutiles pour la gestion administrative, et même si le système électoral disparaissait, Washington continuerait à fonctionner comme avant ».
La recherche de Mimura souligne la capacité des technocrates à survivre à l’effondrement des systèmes autoritaires en dépit des changements institutionnels. L’ascension de Kishi Nobusuke – malgré qu'il dirigea le projet technofasciste en Mandchourie et malgré des accusations de crimes de guerre – au poste de Premier ministre du Japon, avec le soutien des États-Unis, montre comment la compétence technocratique peut légitimer les changements de pouvoir dans les moments de rupture historique.
Aux États-Unis, une dynamique similaire ne s’exprime pas à travers des alliances fragiles (comme l’illustre la rupture entre Trump et Musk), mais par une intégration systémique: les géants du numérique sont devenus une partie essentielle de la cybersécurité fédérale, du renseignement et de la gestion des infrastructures critiques. La base du pouvoir se déplace du mandat démocratique vers une irremplaçabilité technique.
À mesure que l’ordre libéral occidental chancelle, il pourrait être remplacé par un pouvoir d’entreprise technofasciste agissant dans les coulisses de la politique. Selon une nouvelle étude, la majorité de plus de 500 politologues estime que les États-Unis évoluent vers un modèle de gouvernance autoritaire, où un groupe dominant utilise les institutions étatiques pour réprimer ses opposants politiques.
17:00 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : technofascisme, actualité, états-unis, japon, technocratie |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 13 septembre 2025
La crise terminale de la politique japonaise

La crise terminale de la politique japonaise
par Kazuhiro Hayashida
Kazuhiro Hayashida soutient que la démission du Premier ministre Shigeru Ishiba met à nu la vacuité de la politique japonaise et sa dépendance extérieure, avertissant que seule une orientation vers la multipolarité et la Quatrième Théorie Politique peut restaurer l’autonomie nationale et la survie culturelle.

Shigeru Ishiba (photo) a annoncé sa démission du poste de Premier ministre. Cet événement dépasse le simple changement de personnel; il a révélé les contradictions profondes de la politique japonaise. Ishiba est depuis longtemps considéré comme pro-chinois et s’est retrouvé engagé dans une rivalité féroce au sein du Parti libéral-démocrate contre la faction de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe. Pour protéger sa propre position politique, Ishiba a donné la priorité à l’élimination de la faction Abe, allant jusqu’à conduire délibérément le parti à la défaite électorale. Dans l’histoire politique japonaise, il existe peu de précédents où un homme politique place le conflit de faction au-dessus de la victoire globale de son parti.
À l’inverse, l’ancien Premier ministre Fumio Kishida est l’archétype du pro-américain, dont la politique étrangère et de sécurité a toujours été étroitement coordonnée avec Washington. Ainsi, les gouvernements japonais se sont retrouvés pris dans une structure duale — « Ishiba pro-chinois » contre « Kishida pro-américain » — qui a sapé toute cohérence dans la stratégie nationale. Cette structure instable a empêché le Japon d’élaborer une diplomatie autonome et créé un « vide » récurrent, propice à l’exploitation par des puissances extérieures.
Aujourd’hui, un point de vue largement partagé au Japon considère que la Chine collabore avec les États-Unis pour affaiblir le pays. En effet, lorsque la posture du Japon en tant qu’allié américain devient gênante pour la Chine ou la Russie, il n’est pas exclu que l’ordre politique interne soit sciemment perturbé afin de saper les fondements de la politique japonaise. Pour ma part, je trouve l’attitude de la Chine envers le Japon opaque: un mélange de coopération économique apparente et d’une stratégie d’infiltration difficile à démêler.
Le véritable problème réside dans la pauvreté extrême de l’imagination des politiciens japonais face à une telle pression extérieure. Ils manquent de stratégies à long terme ancrées dans la survie de leur culture et de leur histoire, et restent obnubilés par des luttes de pouvoir à court terme et des réponses improvisées à la pression extérieure. En conséquence, le Japon a perdu son autonomie culturelle, la politique s’est vidée de sa substance, et dans ce vide se précipitent les forces du capital international: ce qu’on appelle l’État profond. L’État profond ronge un Japon encore vivant, pillant ses ressources économiques et ses institutions sociales.

Cette image rappelle l’effondrement de l’Union soviétique: dépendance croissante à l’égard des puissances extérieures, corruption systémique, perte de l’imagination politique, désillusion et démoralisation du peuple. À l’instar du système soviétique finissant, le Japon dépend aujourd’hui excessivement de cadres économiques et sécuritaires gérés de l’extérieur, et dérive vers un effondrement interne. Plus grave encore, ceux qui s’élèvent contre ce processus ne sont pas organisés en véritables acteurs de l’autonomie; au contraire, ils sont achetés et instrumentalisés – à l’image du nationalisme ukrainien – de sorte que leurs appels se transforment en demandes de « renforcement militaire contre la Chine et la Russie », ce qui ne sert au final que le scénario des puissances extérieures.

Ceci marque la phase terminale d’un État financiarisé, dénué de philosophie. Jadis, le Japon disposait d’un art de gouverner résilient, fondé sur l’unicité culturelle et la solidarité sociale. Aujourd’hui, le manque d’imagination des politiciens et la dépendance accrue vis-à-vis de l’extérieur ont vidé de leur substance les fondements mêmes de la nation. Il ne subsiste qu’un faible reste de force, qu’il faut mobiliser si le Japon veut se libérer du sortilège de l’occidentalisme. Sinon, le pays sera entièrement absorbé par le capital et la pression extérieure, et sa culture disparaîtra.
Désormais, l’acceptation de la multipolarité s’impose. Le Japon doit s’éloigner de l’unipolarité centrée sur l’Occident et réévaluer sa place au sein d’un ordre multipolaire eurasiatique. La Quatrième Théorie Politique offre la base philosophique pour ce changement. Elle rejette l’idée du libéralisme comme aboutissement final de l’histoire, et vise à replacer l’existence même (Dasein) – et non l’homme, la classe, la nation ou la race – au centre de la politique. En reconnaissant l’autonomie des civilisations et en concevant un ordre fondé sur la reconnaissance et la retenue mutuelles, cette perspective offre au Japon la possibilité de transcender la subordination à l’Occident.
La politique japonaise actuelle souffre cruellement de l’absence de cet horizon philosophique. La démission d’Ishiba, la rivalité des factions Abe et Kishida – tout cela n’est que luttes de pouvoir manipulées par des forces extérieures. Il n’y a aucune vision pour l’avenir national, aucune stratégie pour préserver la culture – seulement la préservation de l’équilibre interne du parti et la soumission aux injonctions extérieures. Or, ce vide même est l’essence de la crise japonaise.

Pour que le Japon retrouve son autonomie, il doit d’abord affronter ce vide en face. L’imagination qui fait défaut aux politiciens doit être apportée par un réveil philosophique du peuple. Il lui faut affronter la fin du capitalisme financier occidental, rompre avec l’anglo-saxonisme, et embrasser la multipolarité. Dans ce processus, le Japon ne doit pas voir la Russie et la Chine uniquement comme des adversaires, mais construire de nouveaux circuits de coopération au sein de la civilisation eurasienne.
La démission de Shigeru Ishiba constitue à cet égard peut-être le dernier avertissement adressé au Japon. Si le pays laisse passer cette chance, sa culture disparaîtra et l’État ne sera plus qu’un fragment du capital. Mais si la Quatrième Théorie Politique se diffuse largement et provoque un réveil national, le Japon peut encore retrouver la voie de l’autonomie.
17:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, japon, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 09 août 2025
De McArthur à la bombe atomique: le lourd héritage du Japon

De McArthur à la bombe atomique: le lourd héritage du Japon
Federico Giuliani
Source: https://it.insideover.com/storia/da-mcarthur-alla-bomba-atomica-la-pesante-eredita-del-giappone.html
80 ans se sont écoulés depuis les bombardements atomiques contre le Japon. Le 4 août 1945, les États-Unis ont largué Little Boy sur Hiroshima. Le 9 du même mois, ils ont frappé Nagasaki avec Fat Man.
Une bombe à l'uranium et une autre au plutonium qui ont contraint Tokyo à capituler définitivement et qui, surtout, ont fait entre 200.000 et 240.000 victimes, en comptant les morts immédiats et ceux décédés dans les mois et les années qui ont suivi à cause des radiations et des blessures subies.
Quelques personnes ont survécu à l'apocalypse et portent encore en elles l'horreur de ces instants. Le Japon, en tant qu'État, porte également de nombreuses cicatrices sur le corps. La plus évidente est la Constitution pacifiste, peut-être l'aspect le plus important de l'héritage lourd laissé par le général Douglas McArthur à l'ensemble du pays.
L'héritage nucléaire
Pour comprendre ce qui s'est passé à Hiroshima, il vaut la peine de lire le livre Hiroshima. Le récit de six survivants (éd. it.: Utet; éd. franç.: voir infra) de John Hersey. Il s'agit d'un ouvrage amorcé, au départ, comme un reportage.


Moins d'un an après le 6 août 1945, Hersey, alors correspondant du New Yorker, fut envoyé au Japon. Le journaliste a rencontré les cicatrices urbaines et humaines et a recueilli les récits des survivants. Il en a choisi six, précisément ceux de Kiyoshi Tanimoto, pasteur de l'Église méthodiste ; Toshiko Sasaki, très jeune employée dans une fonderie ; Masakazu Fujii, patron respecté d'une clinique privée ; Hatsuyo Nakamura, couturière et mère, veuve de guerre depuis peu ; Terufumi Sasaki, jeune chirurgien de la Croix-Rouge ; Wilhelm Kleinsorge, jésuite allemand en mission.
L'article allait se transformer en une fresque émouvante. Hiroshima rend la parole aux victimes, livrant un témoignage inoubliable à leurs contemporains et aux générations futures. En 1985, Hersey retourna voir les six survivants et ajouta une deuxième partie à son livre, qui boucle la boucle et parle d'héritage et de mémoire, préfigurant en quelque sorte le prix Nobel de la paix décerné en 2024 à l'association Nihon Hidankyo, créée par les survivants d'Hiroshima et de Nagasaki.

L'héritage politique et militaire de McArthur
Qui était McArthur ? Pour certains, il était un réformateur qui a jeté les bases de la démocratie, du pacifisme et de la prospérité au Japon. Pour d'autres, au contraire, il était une sorte de dictateur étranger qui a imposé à Tokyo une Constitution qui allait étouffer la souveraineté nationale japonaise.
Comme l'explique l'hebdomadaire Nikkei Asian Review, l'héritage de l'occupation japonaise gérée par les États-Unis – et les institutions qui en ont découlé – continue aujourd'hui encore de définir la trajectoire géopolitique du Japon.
Pour comprendre pourquoi, il suffit de rappeler certaines des mesures drastiques prises par McArthur lui-même qui, entre autres, maintint l'empereur Hirohito sur le trône comme symbole de continuité et de stabilité; abolit le soutien gouvernemental au shintoïsme en tant que religion d'État ; fit condamner les criminels de guerre par les tribunaux internationaux ; purgea les fonctionnaires en place pendant la guerre (certains revinrent à leurs ministères) ; démantela partiellement les zaibatsu, les puissants conglomérats familiaux qui dominaient l'économie depuis l'ère Meiji (1868-1912) ; redistribua les terres des grands propriétaires fonciers aux métayers et ouvriers agricoles afin d'affaiblir l'attrait du communisme ; et accorda le droit de vote aux femmes.
Comme si cela ne suffisait pas, en 1947, le général imposa au Japon l'utilisation d'une constitution rédigée par les Américains (traduite en japonais à partir de l'anglais!), qui contenait le fameux article 9. À partir de ce moment, Tokyo devait renoncer à la guerre en tant que droit souverain et ne pouvait plus posséder de forces armées ayant un potentiel militaire. Un héritage très lourd.
13:40 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hiroshima, japon, histoire, douglas macarthur, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 03 août 2025
Le Japon se rapproche davantage de l'Occident collectif

Le Japon se rapproche davantage de l'Occident collectif
Leonid Savin
Au début du mois, le Japon a franchi une nouvelle étape importante dans l'approfondissement de ses relations avec certains membres du groupe de renseignement « Five Eyes » en concluant un accord avec le Canada sur l'échange d'informations classifiées. L'accord sur la protection des informations (SIA) a été signé par le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya et son homologue canadienne Anita Anand lors d'une cérémonie à Tokyo le 8 juillet.
Ce document juridiquement contraignant, qui doit encore être ratifié par le Parlement, régira les modalités d'échange, de traitement, de stockage et de destruction des informations confidentielles par les deux parties. Bien que l'accord en soi n'autorise pas l'échange d'informations et ne précise pas quelles données seront échangées, il est considéré comme une étape importante vers l'approfondissement des relations bilatérales dans le domaine de la défense et de la sécurité.
En novembre 2024 le Japon a organisé pour la première fois une réunion de hauts responsables militaires du partenariat de renseignement « Five Eyes », sans être membre de cette structure qui rassemble les pays anglophones.
Cela souligne clairement la coopération croissante entre Tokyo et ses alliés occidentaux dans un contexte de préoccupations communes concernant l'évolution de la situation internationale en matière de sécurité. La réunion avec les membres du groupe, qui comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, s'est tenue dans le cadre d'une conférence plus large organisée à Tokyo entre des militaires de haut rang des Forces d'autodéfense japonaises.

En décembre 2024, Bloomberg a noté : « L'intégration de Tokyo dans ce club était attendue depuis longtemps, d'autant plus que la région est confrontée à l'assertivité croissante de la Chine et à l'imprévisibilité des ambitions nucléaires de la Corée du Nord. Le groupe ne doit plus perdre de temps pour tirer parti de l'expérience de Tokyo. Il dispose de l'une des plus grandes agences de renseignement au monde et surveille depuis longtemps la Chine et la Corée du Nord, considérées comme l'une des menaces les plus graves pour la sécurité nationale. Ces connaissances seraient inestimables pour la coalition dirigée par Washington, qui subit la pression d'un environnement de plus en plus hostile.
Cependant, la question de l'adhésion du Japon à cette coalition de services de renseignement a été soulevée bien avant. Le Centre pour la politique de sécurité de Washington a fait pression sur cette question dès 2020, soulignant que « l'intégration du Japon dans les « Cinq yeux » constituerait une avancée majeure tant pour les pays membres des « Cinq yeux » que pour les Japonais. Mais la situation en Asie de l'Est devient de plus en plus complexe, et cela semble devoir se poursuivre. C'est un pari risqué, mais le moment est peut-être venu de transformer les Cinq Yeux en Six Yeux ».
Il n'est un secret pour personne que les États-Unis ont tout intérêt à s'assurer la participation du Japon dans la contenir la Chine.
Comme l'a souligné l'Institut allemand pour les affaires internationales et la sécurité dans son analyse de juin, « le Japon considère l'influence croissante de la Chine en Asie du Sud-Est comme un problème majeur de politique étrangère. Il souhaite empêcher l'émergence d'un ordre régional hiérarchisé, fondé sur une asymétrie des pouvoirs et centré sur la Chine. Elle a des intérêts économiques et sécuritaires en Asie du Sud-Est, ainsi que dans le domaine de la coopération multilatérale et des structures institutionnelles de la région. L'action de Tokyo en Asie du Sud-Est vise à maintenir un ordre multilatéral fondé sur des règles dans la région, soutenu par la participation des États-Unis. Son attachement aux règles, principes et normes communs, dont il a fait preuve notamment lors des négociations sur les accords régionaux de libre-échange, mérite d'être souligné. Dans sa politique de sécurité, Tokyo est attachée au respect des normes et règles communes consacrées par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer... »

Le Japon renforce également activement ses relations tant avec les pays qui se montrent plus critiques à l'égard de la Chine, comme les Philippines, qu'avec ceux qui sont considérés comme plus loyaux envers la Chine, comme le Cambodge. Par ses propositions de coopération, le Japon offre aux pays d'Asie du Sud-Est une alternative aux initiatives chinoises et empêche ainsi la Chine de monopoliser la région.
C'est pourquoi les États-Unis et leurs satellites, y compris l'UE, saluent l'intérêt du Japon pour le maintien d'un « ordre fondé sur des règles » en Asie du Sud-Est, y compris en ralliant à leur cause les États de l'ASEAN.
Dans le même temps, les États-Unis misent davantage sur la dissuasion militaire de la Chine et, potentiellement, de la Corée du Nord. Après la rencontre entre Donald Trump et Shigeru Ishiba le 7 février 2025 à Washington, le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a rencontré le ministre japonais de la Défense, le général Nakatani, le 29 mars à Tokyo. La question de Taïwan a été abordée, et le secrétaire d'État Hegseth a déclaré que « le Japon serait en première ligne dans tout conflit auquel nous pourrions être confrontés dans l'ouest de l'océan Pacifique » et a réaffirmé l'engagement des États-Unis à maintenir « une dissuasion fiable, opérationnelle et crédible dans la région indo-pacifique, y compris de l'autre côté du détroit de Taiwan ». Le ministre Nakatani a réaffirmé que « la paix et la stabilité dans l'ensemble du détroit de Taiwan sont importantes pour la sécurité nationale du Japon ».
Néanmoins, Tokyo ne dépend pas à 100 % des États-Unis dans le domaine des technologies à double usage. La veille, il a été annoncé que le Japon et l'Union européenne prévoyaient de créer un vaste réseau de satellites de communication, comme l'indique le projet d'accord préparé pour le sommet Japon-UE du 23 juillet (dans le cadre des efforts visant à réduire la dépendance vis-à-vis des entreprises américaines telles que SpaceX). À l'issue de la réunion, l'Union européenne et le Japon ont convenu d'une coopération dans le domaine militaire et industriel et ont entamé des négociations sur un accord dans le domaine de la sécurité de l'information, a déclaré le Premier ministre Ishiba.
Il n'est pas exclu que le Japon envoie ainsi un message à l'administration de Donald Trump, qui a promis d'introduire à partir du 1er août des droits de douane de 25% sur toutes les importations de voitures japonaises et de pièces détachées.
Quoi qu'il en soit, le Japon est à la merci des États-Unis, qui disposent au total de 90 bases militaires et installations sur son territoire, où sont stationnés 53.700 militaires américains.
20:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, japon, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 26 juillet 2025
Le parti « Japon d'Abord » l’un des grands gagnants des élections sénatoriales

Le parti « Japon d'Abord » l’un des grands gagnants des élections sénatoriales
Source: https://www.freilich-magazin.com/welt/gegen-migration-jap...
Avec une ligne claire contre la migration et une orientation nationale, Sanseito devient une force sur laquelle il faudra compter dans la politique japonaise.
Tokyo – Lors des élections sénatoriales au Japon dimanche dernier, le parti Sanseito a enregistré sa plus grande victoire à ce jour. Avec 14 sièges, il entre de manière nettement renforcée dans le parlement de 248 membres, rapporte la plateforme Market Screener. Auparavant, il ne comptait qu’un seul siège. Au sein de la Chambre basse, il est toujours représenté par trois députés. Le parti s’était présenté avec la promesse de réduire les impôts, d’augmenter les dépenses sociales et de se concentrer davantage sur les questions migratoires. Il avait notamment mis en garde contre une « invasion silencieuse » de migrants.
Du format en ligne aux institutions
Sanseito a été fondé pendant la pandémie de Covid-19 et s’est fait connaître principalement par des contenus vidéo sur YouTube. Avec sa campagne « Japon d'Abord» et sa visibilité numérique croissante, il a réussi à faire le saut dans la politique nationale.

Dans une interview avec Nippon Television, le chef du parti, Sohei Kamiya (photo), a expliqué la pensée directrice du mouvement : « L’expression "Japon d'Abord" doit signifier que nous voulons reconstruire les bases de la vie de la population japonaise en résistant au mondialisme. Je ne dis pas que nous voulons totalement bannir les étrangers ou que tout le monde doit quitter le Japon. » Le parti a été souvent critiqué, a poursuivi Kamiya, mais l’image publique a désormais changé : « Nous avons été qualifiés de racistes et de fauteurs de discriminations. Mais le public a compris que les médias avaient tort et que Sanseito avait raison. »
Pour le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, dirigé par Shigeru Ishiba, les résultats n’ont pas été favorables: avec son partenaire de coalition Komeito, il a perdu sa majorité au Sénat. Après la défaite à la Chambre basse en octobre dernier, le PLD dépend aujourd’hui plus que jamais de la coopération avec des partis d’opposition.
La migration comme thème marginal mais avec un impact
Selon un sondage NHK avant le scrutin, 29% des répondants citaient la sécurité sociale et la baisse des naissances comme les sujets les plus importants, 28% évoquaient la hausse du coût des voyages. La migration se plaçait en cinquième position avec 7%. Pourtant, le sujet a eu un impact politique: quelques jours avant le scrutin, le gouvernement a annoncé la création d’une nouvelle task force pour traiter des « délits et comportements antisociaux » des étrangers. La LDP a également promis de poursuivre l’objectif de « zéro étranger illégal ».

Avant le scrutin, Kamiya a déclaré à Reuters s’être inspiré du « style politique courageux » du président américain Donald Trump. Les observateurs comparent Sanseito à des partis européens comme l’AfD allemande ou Reform UK au Royaume-Uni, mais soulignent que de tels courants politiques sont encore peu établis au Japon. Après l’élection, Kamiya a annoncé qu’il travaillerait avec d’autres petits partis. Il a exclu toute coopération avec la LDP. Au contraire, il souhaite s’inspirer de mouvements européens à succès.
Les préoccupations économiques renforcent le soutien
Les thèmes politiques du parti ont rencontré un large écho auprès de nombreux électeurs. Les observateurs attribuent cela à une combinaison d’incertitude économique, d’inflation et de l’afflux accru de touristes dû à la faiblesse du yen. Aujourd’hui, le Japon compte environ 3,8 millions d’habitants nés à l’étranger, ce qui constitue un record, mais ils ne représentent que 3% de la population totale.
Kamiya, le lendemain du scrutin, s’est dit optimiste quant au rôle futur de son parti : « Nous grandissons étape par étape et répondons aux attentes des gens. Si nous construisons une organisation solide et obtenons 50 ou 60 sièges, nos revendications politiques deviendront enfin réalité. »

14:24 Publié dans Actualité, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique, japon, asie, sanseito, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 07 juillet 2025
La noblesse de la défaite dans la culture japonaise entre mort et éternité

La noblesse de la défaite dans la culture japonaise entre mort et éternité
Les éditions Medhelan publient en Italie le volume d’Ivan Morris sur l’honneur et l’action des chevaliers et samouraïs, combattant au nom de l'«héroïsme».
par Manlio Triggiani
Source: https://www.barbadillo.it/122402-segnalibro-la-nobilta-de...
L’écrivain anglais Ivan Morris (1925-1976) consacra de longues années d'études à la tradition héroïque japonaise. Britannique, diplômé d’Harvard en langue et littérature japonaise, il fut écrivain et chercheur sur la culture nippone. Connaissant bien cette culture, il fut envoyé à Hiroshima le 6 août 1945, en tant qu’interprète, après l’holocauste causé par l’aviation américaine.


Morris, ami de Mishima
Il rencontra Yukio Mishima (1925–1970), dont il devint l'ami et qui l’incita à étudier la tradition héroïque et à apprécier le code de conduite des Japonais de Tradition. Au cours de ses études, il découvrit la différence entre l'Occident et l'Orient: pour la culture occidentale, l’échec, la non-réalisation d’un projet, la défaite dans un combat, sont une honte, et le suicide est contraire à la religion chrétienne et à la morale commune. Pour la culture bouddhiste et l’éthique chevaleresque des samouraïs, en revanche, la défaite et le suicide sont une affirmation de soi, un geste qui sera rappelé par les générations suivantes, créant autour du défunt une aura d’héroïsme. Probablement, le vainqueur ne restera pas dans la mémoire collective comme le perdant. Ivan Morris, dans un livre utile pour comprendre la mentalité et la vision du monde des peuples d'Extrême-Orient, La noblesse de l'échec, examine le désir d’honneur à travers dix cas de samouraïs et de chevaliers depuis 72 après J.-C., avec, en premier lieu, le prince Yamato Takeru, figure typique du héros japonais, puis, peu à peu, jusqu’aux samouraïs plus récents comme les kamikazes.
Il décrit l’éthique du samouraï, la psychologie japonaise, et surtout celle des héros japonais, en retraçant un millénaire d’histoire japonaise. Morris a dédié le livre à son ami Mishima et a appris à admirer les vaincus. On peut se demander: d’où venait ce charme pour des personnages qui perdent la vie de façon violente et sans hésitation, comme si la mort était quelque chose de recherché, peut-être même dès le plus jeune âge ?

Les assises culturelles du Japon
L'éditeur du livre, Marcello Ghilardi, analyse, dans l’introduction, les bases culturelles et religieuses de la formation japonaise traditionnelle. Il met en évidence que la composante religieuse et culturelle qui a façonné le Japon se divise en trois courants principaux: le shinto (qui peut se traduire par la “voie des dieux”, seul élément d’origine vraiment japonaise, codifié rétrospectivement entre les 17ème et 18ème siècles, mais le terme était déjà en usage au 16ème siècle), le confucianisme et le bouddhisme.

Le shinto a constitué un ensemble cohérent de pratiques qui a conservé au fil du temps ses références conceptuelles. La vertu shintoïste de la pureté se relie à celle, confucéenne, de sincérité, d’honnêteté, de fiabilité. Car, selon la mentalité japonaise, la fidélité à la parole donnée et le respect des engagements sont fondamentaux. D’où la fidélité envers ceux à qui l’on a prêté allégeance. Et la mort n’est pas considérée comme inutile, bien au contraire, elle est vue comme la parfaite coïncidence entre ce que l’on est et l’image à laquelle on aspire à adhérer.
La méditation sur « l’impermanence » est une constante de l’enseignement bouddhiste, qui dérive de Siddharta le Bouddha, ayant vécu en Inde entre le 6ème et le 5ème siècle avant J.-C., selon lequel « une personne ordinaire, ou un moine, voit le monde ainsi : ‘Ceci est le Soi, ceci est le monde ; après la mort, je serai permanent, impérissable, éternel, et je ne serai pas soumis au changement ; je durerai pour l’éternité’ ».
La mort et l’éternité
C’est un enseignement qui mène à l’habitude de l’impermanence, par le détachement du Soi, en tenant compte du fait que l’impermanence est propre à toutes les réalités — selon l’enseignement bouddhiste — qu'elles soient physiques ou métaphysiques, visibles ou invisibles. Il est évident que pour les civilisations comme l'occidentale, ces discours ne paraissent pas convaincants: l’homo oeconomicus privilégie le bien-être matériel, la réussite professionnelle, l’accumulation d’argent, la vie confortable.
Ainsi, Ivan Morris, dans ce livre plein d’enseignements, explique que les hommes de valeur, qui affrontent l’ennemi, finissent souvent comme perdants. Selon l’opinion occidentale, celui qui perd doit être méprisé, c’est un perdant qui ne peut pas être admiré. La philosophie japonaise, en revanche, enseigne qu’il vaut mieux sortir vainqueur en ayant appris quelque chose, plutôt que de gagner sans rien apprendre. Un proverbe japonais dit : “Tomber sept fois, se relever huit fois”. La confrontation avec soi-même est prioritaire. Ivan Morris, dans ce livre, décrit plusieurs biographies d’hommes passés à l’histoire comme des perdants mais, en même temps, comme des hommes d’honneur et de valeur, ayant traversé divers degrés de défaite. Pourtant, le niveau de dignité qui peut émerger du comportement de ces demi-dieux, guerriers, samouraïs, nobles et chefs, est élevé. Morris explique bien comment une vie finissant dans la défaite et la mort peut laisser le souvenir de la force, de l’honneur, du courage et du caractère.
Ivan Morris, La noblesse de l'échec, Medhelan éd., 500 pages, 28,00 euros (traduction Francesca Wagner, préface de Marcello Ghilardi). Commandes : www.edizionimedhelan.it
17:27 Publié dans Livre, Livre, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, samouraï, shinto, traditions, livre, ivan morris |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 27 mai 2025
Au Japon, la crise pourrait provoquer un séisme mondial comme rarement vécu

Au Japon, la crise pourrait provoquer un séisme mondial comme rarement vécu
Source: https://es.sott.net/article/99653-En-Japon-la-crisis-pued...
Cela fait des années que nous avertissons que le Japon est une bombe à retardement pour l’économie mondiale, et mardi, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a qualifié la situation de son pays de « pire que celle de la Grèce à ses moments les plus difficiles » – un petit pays européen dont plus personne ne parle. Il faut reconnaître à Ishiba une sincérité qui manque cruellement sur d’autres continents, où tout n’est que paroles rassurantes.
Cependant, il y a deux différences avec la Grèce : le Japon a un poids énorme dans l’économie mondiale, et Bruxelles n’a pas l’intention de venir le sauver.
Le Japon est entré en récession en 2023, à la fin de la pandémie. L’inflation est élevée (3,6%) et la dette a atteint 260% du PIB (bien plus que la Grèce), mais la période des faibles taux d’intérêt est révolue. Le rendement des obligations d’État à 30 ans a atteint officiellement un record historique de 3,15%. La gigantesque dette devient de plus en plus coûteuse pour le gouvernement de Tokyo.
Avec près de 9000 milliards de dollars de dette, le Japon est le pays le plus endetté au monde. De plus, il détient 1100 milliards de dollars de dette américaine, ce qui en fait le plus gros créancier étranger des États-Unis. La tentation serait de vendre cette dette pour payer la sienne, c’est-à-dire transférer le problème aux États-Unis.
Avec cette dette, le Japon a tenté de résoudre un problème – la déflation – mais en a créé un autre, jusqu’à arriver à une situation critique. « La situation est particulièrement délicate sur les marchés mondiaux, car deux crises fiscales s’entrelacent dans deux des économies les plus importantes de la planète : le Japon et les États-Unis », explique El Economista (*).
La crise pourrait non seulement provoquer une crise de la dette nationale, mais aussi faire du Japon le centre d’un « séisme financier comme on en a rarement vécu », car ce n’est plus seulement les États-Unis: les spéculateurs japonais détiennent au total 2,3 billions d’obligations étrangères, qu’ils seront prêts à vendre pour combler leurs propres trous.
Les Japonais vont retirer d’énormes capitaux des marchés mondiaux pour les ramener dans leur pays, car les taux d’intérêt sont désormais attractifs. Ce retrait va impacter Wall Street et les bourses européennes. La chute de 1929 paraîtra petite à côté.
Note:
(*) https://www.eleconomista.es/mercados-cotizaciones/noticia...
13:18 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, asie, affaires asiatiques, actualité |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 20 mai 2025
Attitudes grecques et japonaises envers la perception de soi

Attitudes grecques et japonaises envers la perception de soi
Troy Southgate
Source: https://troysouthgate.substack.com/p/greek-and-japanese-a...
Il existe une énigme conçue par le philosophe-poète Épiménide de Knossos, originaire de l’île de Crète. Entre le 7ème et le 6ème siècle avant notre ère, alors qu’Épiménide développait activement sa pensée, il a commencé à réfléchir à la force de l’affirmation hypothétique selon laquelle « tous les Crètes sont des menteurs ». Il a donc décidé de tester la véracité de cette affirmation sous plusieurs angles, jusqu’au jour où il a réalisé que si un Crétois faisait une telle déclaration et qu’il n’était pas en réalité un menteur, alors il mentirait clairement. D’un autre côté, si ce qu’il disait était vrai, alors il serait lui-même un menteur. Épiménide a découvert une contradiction fascinante, révélant que si un Crétois est un menteur et déclare que « tous les Crètes sont des menteurs », alors sa déclaration doit également être un mensonge.


Le philosophe japonais du 20ème siècle, Nishitani Keiji (photo), a formulé une observation similaire à propos de ses compatriotes :
« Tout récemment, on a beaucoup dit que les Japonais ne sont bons à rien. Si un Japonais le dit, comment pouvons-nous faire confiance à cette déclaration en elle-même ? La contradiction est évidente. Est-ce simplement une remarque irritée selon laquelle tous les Japonais sauf moi sont incapables ? Ou est-ce un acte d’auto-critique où je me reconnais comme un Japonais sans valeur ? Dans les deux cas, ce sont les Japonais eux-mêmes qui sont dits incapables. Si ceux qui disent cela sont Japonais, ils font partie des incapables. Mais s’ils parlent par colère ou auto-critique, ils ont atteint une conscience de soi qui les éloigne un peu de la condition actuelle des Japonais. »
Nishitani croyait qu’un développement de ce genre représente une approche plus complète et tridimensionnelle, faisant écho au choc des opposés que l’on retrouve dans la dialectique hégélienne, et qu’un mur philosophique similaire à celui découvert par Épiménide peut finalement être surmonté par une série de négations de soi.

Fait intéressant, jusqu’à ce que des penseurs de l’École de Kyoto, comme Nishida et Nishitani, se familiarisent avec la pensée occidentale, l’Extrême-Orient n’avait pas d’expérience réelle avec cette forme de logique. Comme l’explique Nishitani, lorsque les Japonais considéraient quelque chose comme l’eau il y a un siècle, ils « ne pensaient pas à l’eau dans sa forme réelle », de la même manière qu’un scientifique la décomposerait en deux parties : hydrogène et une partie d’oxygène. À l’image de l’attitude que l’on trouve dans le zen, les Japonais « ne s’éloignent pas d’eux-mêmes pour regarder les choses, mais regardent les choses d’un point à partir duquel ils sont unis avec elles. Inversement, ils ne s’éloignent pas des choses pour se regarder eux-mêmes ; ils se regardent d’un point à partir duquel les choses sont une avec eux. »

Des penseurs comme Nishida qualifieraient cela de point de vide absolu, mais je trouve ironique que, tandis que la dialectique hégélienne semble résoudre le problème mentionné, celui des stéréotypes indifférenciés — dans ce cas, l’impuissance supposée de tout un peuple par la juxtaposition temporaire du sujet et de l’objet — la formule hégélienne aboutit à un système absolutiste, et les Japonais portaient déjà eux-mêmes les graines de cette condition. La beauté de cette rencontre entre la philosophie de l’Est et de l’Ouest réside dans la compréhension mutuelle qui a permis à un côté de mieux se connaître à travers l’autre. En effet, il est rare que de telles choses soient possibles au 21ème siècle sans compromis dramatique des deux côtés.
19:37 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, japon, épiménide de knossos, nishitani keiji, grèce antique |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 13 avril 2025
Selenia De Felice: Mishima est un guerrier de la vie enivré par la séduction de la belle mort ancienne

Selenia De Felice: Mishima est un guerrier de la vie enivré par la séduction de la belle mort ancienne
Propos recueillis par Eren Yeşilyurt
Bien que de nombreuses œuvres de Yukio Mishima aient été traduites en turc, ses réflexions sur la politique et la culture ne sont pas encore suffisamment connues dans notre pays. Mishima est une figure importante qui a émergé dans mes recherches sur la révolution conservatrice. Le livre sur la pensée de Mishima publié par Idrovolente Edizioni, « Yukio Mishima : Infinite Samurai » a été édité sous la houlette de Selenia De Felice.


Pouvez-vous nous parler brièvement de Yukio Mishima ?
Yukio Mishima, pseudonyme de Kimitake Hiraoka, est né à Tokyo en janvier 1925. Il reste l'un des cas littéraires les plus fascinants de la culture japonaise du 20ème siècle. De noble ascendance samouraï, il fait de ses œuvres un magnifique résumé de la coexistence, souvent conflictuelle, de la modernité, de l'existence spirituelle et de la civilisation industrielle dans le Japon de son époque. En 1949, son best-seller Confessions d'un masque le propulse sur la scène internationale et il commence à voyager en Occident, où il découvre la Grèce classique et s'éprend de la philosophie de la beauté et de la perfection. Les éléments clés de son récit ne sont jamais séparés d'une quête esthétique constante, de la précision du langage choisi aux thèmes abordés: beauté et mort, beauté et violence, beauté et éros.
Yukio Mishima était également un excellent dramaturge et expert en théâtre nō, initié à la connaissance de cet art par sa grand-mère maternelle, qui a profondément marqué ses premières années, le soustrayant aux soins de sa mère et l'élevant en fait comme un enfant du Vieux Japon, dans l'atmosphère ancienne et austère de sa maison. On peut observer l'histoire de la vie de Mishima en même temps que la nature de ses œuvres : de la phase introspective de Couleurs interdites et Neige de printemps, il passe en 1967 à La Voie du guerrier, une interprétation personnelle du Hagakure de Tsunetomo Yamamoto, un samouraï du 17ème siècle. Au cours des dernières années de sa vie, son intention de protéger l'empereur se matérialise par la fondation d'une armée privée entièrement financée par lui, la Tate no Kai (ou Société du bouclier).
Le 25 novembre 1970, après avoir pris d'assaut l'Agence de défense nationale, dirigée par le général Mashita, il prononce un dernier discours sur la préservation des traditions et de l'esprit japonais originel, mais il est moqué par l'assistance et se rend compte de l'échec de son message. Il charge alors son disciple préféré de le seconder pendant le seppuku et accomplit le suicide rituel, faisant ainsi passer à jamais sa figure dans l'histoire du monde.


Quelles étaient les principales critiques de Mishima à l'égard du processus de modernisation de la société japonaise, quel type de culture préconisait-il et comment abordait-il le nationalisme ?
Le projet de façonner la société et la culture japonaises d'une manière considérée comme plus avant-gardiste remonte à l'ère Meiji (1868-1912), lorsque le shogunat était orienté vers la restauration du pouvoir impérial en termes politiques. Au cours de ces années, des chefs d'armée, des médecins et des ingénieurs d'État ont été envoyés en Europe pour apprendre les nouvelles technologies dans divers domaines par l'observation pratique et l'émulation/imitation, puis sont rentrés au Japon avec des connaissances sans précédent qui, en fait, ont changé la structure du pays au cours des années suivantes. Mais à quel prix ? L'inspiration équilibrée des nouvelles découvertes culturelles de l'Occident finit inévitablement par avoir un impact négatif sur le mode de vie japonais, qui est progressivement altéré dans presque toutes ses facettes. Le domaine qui souffre le plus de l'occidentalisation excessive est sans aucun doute celui des traditions, qu'elles soient religieuses ou historico-culturelles. La critique de Yukio Mishima doit cependant être mise en relation avec le contexte chronologique dans lequel il vit. L'ère Shōwa, correspondant au règne de Hirohito, est la plus longue ère du Japon moderne-contemporain, débutant en décembre 1926 et se terminant en janvier 1989. Au cours de cette période, le pays a connu un tournant important, celui de la défaite de la Seconde Guerre mondiale et la déclaration officielle de la nature humaine de l'empereur - connu sous le nom de ningen-sengen - qui avait toujours été considéré comme un descendant divin de la déesse du soleil Amaterasu. Dans ce cadre temporel, on a assisté à l'implosion des valeurs axiomatiques qui sont à la base de la civilisation japonaise, Mishima, qui, rappelons-le, menait un style de vie étranger - il portait souvent des chemises italiennes taillées sur mesure, fumait des cigares cubains et avait une maison meublée dans le style baroque, par exemple - reconfirme néanmoins sa totale loyauté à la figure de l'Empereur, qui incarne le véritable esprit du Japon.


Dans La défense de la culture, Mishima raconte brièvement ce qui s'est passé en février 1936, lorsqu'une poignée de jeunes officiers sont descendus dans la rue pour réclamer une réforme de l'État qui limiterait le pouvoir excessif des oligarchies financières, espérant la participation active de l'empereur Hirohito, qui non seulement s'en est désolidarisé, mais a procédé à une condamnation sévère de leurs actions, ce qui a conduit les soldats insurgés qui n'avaient pas commis de seppuku à être exécutés sommairement; on les a traités comme des meurtriers de droit commun. Bien que l'auteur évoque les Événements du 26 février comme synonymes de révolution morale, la croyance enla personne divine du Tennō reste la seule forme de révolution permanente inhérente au système impérial lui-même.
Du point de vue de la « révolution conservatrice », quels aspects de l'attachement profond de Mishima à la culture traditionnelle et de son désir de transformation politique radicale pouvons-nous combiner ?
Toujours en se référant aux Actes du 26 février, mais en partant d'un point de vue alternatif, nous pourrions dire que l'attachement profond à la culture traditionnelle s'exprime, selon Mishima, par une restauration des valeurs anciennes en politique, en gardant toujours à l'esprit la centralité de l'Empereur et en réfléchissant également à l'idéal du Hakko-ichiu, c'est-à-dire « le monde entier sous un même toit », qui défend l'universalité des valeurs japonaises et voit le Japon comme un ambassadeur de leur diffusion dans le monde. Un aspect particulier: la littérature, en raison de l'utilisation qu'elle fait de la langue japonaise, est un élément important dans la formation de la culture et de la politique en tant que forme.

Pouvez-vous nous parler du célèbre débat de Mishima avec les leaders étudiants de gauche à l'université de Tokyo le 13 mai 1969 ? Quelles significations symboliques ce débat a-t-il apportées au climat intellectuel japonais et comment a-t-il influencé les orientations politiques et philosophiques des générations suivantes ?
« Je suis japonais. Je suis né ainsi et je mourrai ainsi. Je ne veux pas être autre chose qu'un Japonais ». Cette déclaration a été prononcée lors d'une rencontre avec des étudiants de l'université de gauche Zenkyōto, le 13 mai 1969, alors que Yukio Mishima était invité à l'université de Tōkyō pour débattre avec Akuta Masahito, à l'époque l'une des figures les plus éminentes du domaine créatif du mouvement, aujourd'hui maître estimé du théâtre japonais contemporain. Au cours de cette confrontation, si vive et acérée qu'elle ressemblait à un combat de fleurets, Mishima reconfirme deux points essentiels de sa pensée, qu'il partage étonnamment avec les Zenkyōto : l'anti-intellectualisme et l'acceptation de la violence, à condition qu'elle soit soutenue par un cadre idéologique valable. Le Japon des années 1960 et 1970 est anesthésié face aux douleurs du passé et oriente ses efforts vers une reconstruction économique qui ne trouve cependant pas de correspondance spirituelle. Dans son propre pays, Mishima est une figure détestée par la gauche pacifiste et considérée avec suspicion par la droite conservatrice, une présence trop éclectique pour lui donner une position politique fixe et adéquate.
Quel est le rapport entre l'idéologie de Mishima et sa conception de l'art et de l'esthétique, en particulier du corps, de la beauté, de la discipline et de la mort, et quelle a été son influence sur les écrivains et penseurs ultérieurs ?
À l'instar de Gabriele d'Annunzio en Italie, Mishima a inscrit sa vie et son œuvre dans une vigoureuse commémoration du passé, alors que la grande majorité de l'élite culturelle se déclarait totalement projetée dans un avenir lointain (et hypothétique).
La vie et la littérature sont devenues deux éléments inséparables, et ce n'est probablement pas une coïncidence si Mishima a été le traducteur du barde italien en japonais. L'idéologie de Mishima trouve dans l'esthétique et dans sa recherche constante un fil conducteur étroitement lié, surtout dans ses romans, à la carnalité du corps, à ses descriptions plastiques et à l'appel constant à une discipline de fer. Il suffit de rappeler que le jeune Yukio Mishima a été réformé lorsqu'il a été appelé sous les drapeaux pour avoir été jugé trop chétif.
Après son voyage en Grèce, des années plus tard, il a pu observer les proportions parfaites des statues classiques et est rentré au Japon avec l'intention d'endurcir son corps, commençant ainsi à pratiquer les arts martiaux et le culturisme. L'image de lui, les mains attachées à la tête et les flancs transpercés de flèches, comme saint Sébastien, est si populaire que chacun d'entre nous l'a vue au moins une fois. Alors pourquoi devrions-nous encore parler sérieusement de Yukio Mishima ? Cent ans après sa naissance et à des centaines de milliers de kilomètres de distance (et une distanc qui n'est pas seulement culturelle), il exerce toujours une fascination - terrifiante pour certains - dérivée de son éblouissante pertinence.


Comment Mishima a-t-il été perçu en Europe, et quels parallèles peut-on établir entre le nationalisme de Mishima et les interprétations de la crise culturelle par les intellectuels de droite en Europe ?
En dehors des best-sellers, dire que la diffusion et la réception de Yukio Mishima en Europe est aussi large que celle d'autres auteurs japonais, tels que Murakami ou Kawabata, par exemple, est plutôt osé. Cette raison pourrait également être due au caractère délicieusement politico-philosophique de certaines de ses œuvres, je mentionne à nouveau La défense de la culture en premier lieu, traduit parce que cet ouvrage était encore inédit par Idrovolante Edizioni.
Pour aborder le Mishima politique, il faut s'intéresser à l'histoire et à la culture japonaises. Certes, quelques stars comme David Bowie ou le photographe Eikō Hosoe ont contribué à diffuser son image en Occident, mais est-il vraiment correct de considérer Yukio Mishima comme une icône pop, comme certaines bibliothèques occidentales voudraient nous le faire croire ? Pour les milieux intellectuels de droite, Yukio Mishima représente un jalon en raison du caractère universaliste de ses essais politico-philosophiques. Soleil et acier ou Leçons pour les jeunes samouraïs, conçus dans une écriture agile, didactique et facile d'accès, représentent presque des vade-mecum pour tous ceux qui, comme lui, pour leur époque et leur pays, construisent jour après jour leur engagement politique militant comme dernier rempart à la défense des traditions de leur nation, et ceci est valable de Lisbonne à Budapest.
L'acte de seppuku de Mishima, le 25 novembre 1970, est-il l'aboutissement de sa quête idéologique et esthétique, ou doit-il être lu comme l'expression d'une profonde désillusion face à la modernisation de la société japonaise et à ses propres idéaux ?
Yukio Mishima a choisi le seppuku, le suicide rituel pratiqué par les anciens samouraïs, comme acte de mort, non pas par hasard, mais précisément pour démontrer de manière concrète et hautement dramatique sa désillusion face à la société japonaise alors totalement apathique. En même temps, cependant, on pourrait aussi y voir un désir de préservation esthétique jusqu'au dernier souffle. En effet, il est un guerrier de la vie, enivré par la séduction de la belle mort à l'ancienne, antidote infaillible à la lente décadence que représente la modernité.
Source : https://erenyesilyurt.com/index.php/2025/04/03/selenia-de...
14:31 Publié dans Entretiens, Hommages, Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : selenia de felice, yukio mishima, mishima, japon, lettres, lettres japonaises, littérature, littérature japonaise |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 12 avril 2025
Contexte historique des particularités idéologiques japonaises: sentiments pro-russes anti-Trump et pro-russes anti-Chine

Contexte historique des particularités idéologiques japonaises: sentiments pro-russes anti-Trump et pro-russes anti-Chine
Kazuhiro Hayashida
J'émets l'hypothèse que l'idéologie pro-russe et anti-Trump pourrait ressembler étroitement aux courants idéologiques liés au Kuomintang (KMT) sur le continent, en Chine.
Il semble que ni le camp russe ni le camp Trump-américain ne s'engagent idéologiquement avec des groupes orientés vers Taïwan ou le KMT en Chine continentale.
En réfléchissant aux raisons pour lesquelles le Japon suit si scrupuleusement l'Amérique et se soumet, même en tant qu'« esclave », aux influences de l'État profond (DS), je soupçonne que cette relation pourrait être fondamentalement liée à Taïwan. Je me propose ici d'explorer plus avant cette hypothèse.
Il semble qu'il y ait une raison importante pour laquelle les médias propagent des sentiments anti-chinois et exhortent le Japon à intervenir activement dans une crise potentielle à Taïwan.

Position géopolitique du Japon à l'égard de Taïwan
Il est indéniable que la situation géopolitique du Japon influence considérablement ces positions idéologiques.
Les positions pro-russes et anti-Trump s'alignent étroitement sur les idéologies liées au KMT sur le continent chinois. Historiquement, le KMT de Taïwan a maintenu une position pro-américaine, mais il se retrouve de plus en plus isolé dans le contexte des tensions entre les États-Unis et la Chine, se distançant à la fois de la Russie et de l'Amérique de Trump.
Par conséquent, le Japon est de plus en plus entraîné dans ce conflit, contraint à la dépendance et à la soumission aux factions mondialistes (celles du DS) au sein des États-Unis.
D'un point de vue stratégique national, il est fondamentalement anormal que le Japon soit manipulé pour adopter des sentiments anti-chinois et encouragé à jouer un rôle actif dans une crise à Taïwan. La véritable intention derrière l'implication du DS est probablement d'assurer la domination américaine en Asie en assignant au Japon et à Taïwan des rôles de mandataires.
Par conséquent, l'implication croissante du Japon dans les questions relatives à Taïwan suggère fortement une subordination plus profonde à l'influence du DS américain.


Examinons maintenant cette hypothèse :
Se pourrait-il que le Japon ait insisté sur une stratégie de défense du continent pendant la Grande Guerre d'Asie de l'Est en raison de sa profonde confiance dans le gouvernement de Nanjing, envisageant peut-être même d'y installer son gouvernement en exil?
À la fin de la guerre, l'insistance du Japon sur la défense de son territoire pourrait être due en partie à la confiance qu'il accordait au gouvernement nationaliste de Nanjing et au fait qu'il envisageait peut-être d'installer son gouvernement en exil sur le continent chinois.

Le régime de Wang Jingwei (photo - gouvernement nationaliste de Nanjing), généralement considéré comme un gouvernement fantoche, avait en fait des idéaux nationalistes et anticommunistes substantiels et considérait sincèrement la collaboration avec le Japon comme la clé de ses perspectives d'avenir. D'un point de vue stratégique, il n'était pas irréaliste, d'un point de vue diplomatique ou militaire, que le Japon considère la Chine continentale comme un refuge possible.
Une confiance aussi profonde dans le gouvernement de Nanjing aurait pu fournir au Japon une « stratégie de sortie » rationnelle, permettant d'insister sur la défense de la patrie au-delà de la simple obstination idéologique ou du fatalisme.
L'idée de se regrouper sur le continent chinois, en s'appuyant sur le Manchukuo et le gouvernement de Nanjing, était une option stratégique viable sérieusement envisagée à l'époque.

Cette hypothèse offre une interprétation plus rationnelle et multidimensionnelle des décisions historiques du Japon, qui s'écarte considérablement des explications traditionnelles « spiritualistes » ou « de la dernière chance ».
Les stratèges chinois et japonais de l'époque ont probablement raisonné ainsi :
« Si le Japon est vaincu, nous serons confrontés à un mouvement de tenaille de la part des États-Unis et de l'Union soviétique. Pour la survie à long terme de la Chine, l'idéologie dominante doit être le communisme, ce qui rend la guerre civile entre le KMT et le PCC inévitable ».
Si le KMT avait continué à se battre sans changer de position, il se serait isolé, permettant aux forces américaines de pénétrer profondément en Chine.

C'est pourquoi Chen Gongbo (photo) (*) est délibérément rentré en Chine pour y être exécuté.
(*) Ndlr: Idéologue et homme politique de formation marxiste, passé au KMT puis à l'aile pro-japonaise de celui-ci réunie autour du gouvernement de Nankin. Il sera condamné à mort par les nationalistes chinois en 1946.
Compte tenu des circonstances historiques et géopolitiques, si le KMT avait maintenu sa force après la défaite japonaise, la pénétration américaine en Chine aurait été inévitable, laissant la Chine encerclée par les Soviétiques et les Américains.
Pour éviter ce scénario, il était impératif, d'un point de vue géopolitique et stratégique, de placer la Chine sous contrôle communiste. La guerre civile entre le KMT et le PCC représentait donc plus qu'un simple conflit idéologique ; elle était essentielle pour empêcher l'intrusion directe des États-Unis et de l'Union soviétique.
Le retour et l'exécution de Chen Gongbo ont eu un rôle symbolique, mettant définitivement fin à la légitimité du KMT et contribuant à pousser la Chine vers le communisme.
Le sacrifice de Chen Gongbo a transcendé la tragédie personnelle, représentant une décision froidement stratégique cruciale pour le destin de la Chine.
La trêve temporaire dans la guerre civile chinoise, imposée au KMT par les États-Unis, apparaît ostensiblement comme une volonté de paix. Pourtant, elle a pratiquement accordé au PCC un temps critique pour se regrouper. Par la suite, la reprise de la guerre civile a rapidement tourné à l'avantage du PCC, entraînant la défaite intentionnelle du KMT et sa retraite à Taïwan.
Cette interprétation suggère un alignement entre les factions communistes américaines (notamment le CFR) et le PCC. Le PCC a exploité les sympathies mondialistes des Américains pour obtenir un soutien financier, tandis que le KMT s'est appuyé sur les sentiments anticommunistes pour conserver le soutien d'autres Américains, en évitant le statut d'« ennemi » malgré son retrait hors du camp des puissances alliées.
Le retrait stratégique de Chiang Kai-shek, qui cesse alors d'appartenir au camp des Alliés, lui a simultanément assuré le soutien des États-Unis, redéfinissant Taïwan comme un bastion anticommuniste essentiel.
Ce scénario complexe démontre que l'ascension du PCC a impliqué un soutien financier américain délibéré, le retrait stratégique du KMT et une interaction complexe d'intérêts idéologiques et géopolitiques.
Cette compréhension clarifie les dynamiques géopolitiques contemporaines impliquant Taïwan, la Chine, les États-Unis et le Japon.
- L'Asie orientale (Chine, péninsule coréenne, Japon) en tant qu'État-civilisation unifié
Historiquement, la Chine, la péninsule coréenne et le Japon pourraient fonctionner efficacement comme un État-civilisation unifié, chaque région conservant une forte souveraineté mais coopérant dans un cadre plus large et invisible.
Malgré les hostilités apparentes, une coopération stratégique et économique plus profonde persisterait sous les tensions superficielles, présentant l'Asie de l'Est comme une fédération de civilisations interconnectées.
Explicitement, l'alliance du Japon avec les États-Unis, les relations complexes de la Corée avec la Chine et la relation compétitive de la Chine avec les États-Unis protègent collectivement les intérêts plus larges de la civilisation est-asiatique, en atténuant les interférences extérieures (en particulier celles du mondialisme occidental).
Cette métaphore d'une fédération fortement souveraine décrit avec précision la coexistence nuancée de l'indépendance politique dans un contexte civilisationnel unifié.
- Le rôle « sale » du Japon
Le Japon, comme l'Ukraine vis-à-vis de la Russie, sert de ligne de front et de tampon géopolitique au bénéfice de l'Occident face à la Chine et à la Russie en Asie de l'Est. Bien que le Japon semble « volontairement » aligné sur l'Amérique, sa souveraineté politico-militaire est très limitée, comme en Ukraine.

Le rôle du Japon en tant que base américaine de première ligne contre la Chine est similaire à celui de l'Ukraine vis-à-vis de la Russie. Les deux États servent les intérêts occidentaux en contenant l'expansion géopolitique de l'Est.
- Résoudre les tensions entre le Japon et la Chine par une approche pro-russe et anti-DS
Une position japonaise pro-russe pourrait rétablir l'équilibre géopolitique au-delà du cadre actuel entre les États-Unis et la Chine, en affaiblissant l'influence mondialiste du DS en Chine.
Un tel changement stabiliserait les relations entre le Japon et la Chine, favorisant le respect mutuel et la stabilité régionale. Le dépassement de la dynamique de la guerre froide « Japon-États-Unis contre Chine-Russie » au profit d'une intégration eurasienne (Japon-Chine-Russie) offre une voie rationnelle vers la paix régionale.
Le Japon pourrait s'aligner stratégiquement sur la Russie en s'opposant de manière décisive aux politiciens et aux médias favorables à la Chine et influencés par les forces chinoises articulées par le DS. Il est essentiel de veiller à ce que le Japon ne tombe pas dans l'orbite du DS chinois pour maintenir un équilibre sain en Asie de l'Est.
13:44 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chine, japon, russie, états-unis, géopolitique, politique internationale, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 28 mars 2025
Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif
Tokyo. Il n'y a pas que le vice-président américain J.D. Vance qui considère la politique d'immigration allemande comme suicidaire. Le gouvernement japonais voit également l'Allemagne comme un exemple négatif en matière d'immigration.
Cela a été clairement exprimé ces jours-ci lors des discussions sur l'accueil et l'intégration des travailleurs étrangers au Japon, qui ont eu lieu lors de la 21ème session du cabinet japonais. Le gouvernement à Tokyo souhaite promouvoir la migration de travail vers le Japon avec des programmes spéciaux – tout en évitant à tout prix les erreurs de l'Allemagne. Une grande importance est accordée, par exemple, aux compétences linguistiques des postulants. Des plafonds doivent également être fixés pour le nombre d'étrangers admis.

Cependant, même cette politique d'immigration relativement prudente n'est pas sans controverse au sein du gouvernement. Minoru Kiuchi (photo), responsable, au sein du cabinet du Premier ministre Ishiba, de la sécurité économique notamment, a exprimé, après la réunion ministérielle, sur X, ses inquiétudes quant aux conséquences de la migration – en faisant surtout référence à l'Allemagne comme un exemple dissuasif. En Allemagne, qui mène une "politique active d'accueil des étrangers", on constate une augmentation de la criminalité et des problèmes sociaux ainsi qu'une fracture au sein de la société, a-t-il écrit.
Kiuchi a appelé à "analyser en profondeur et avec soin les problèmes de ces pays" avant que le Japon ne prenne ses propres décisions en matière de politique migratoire. Il est nécessaire d'évaluer l'efficacité de la politique de ces pays et ensuite de "gagner le consensus du public" (mü).
Source: Zu erst, mars 2025.
12:17 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, japon, asie, affaires asiatiques, migrations, immigration |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 11 mars 2025
L'Éveil du Japon dans l'Ordre des Grandes Puissances

L'Éveil du Japon dans l'Ordre des Grandes Puissances
Avec le déclin des globalistes et la montée de la multipolarité, le Japon a désormais une chance rare de retrouver son indépendance.
Alexander Douguine
Quelle place pour le Japon dans l'ordre mondial des grandes puissances? Rappelons que Huntington a posé le Japon comme une civilisation bouddhiste distincte dans son célèbre texte de 1993. Cela n'avait pas de sens jusqu'à présent. Le Japon était totalement soumis au programme libéral et globaliste des gauches. Maintenant, que ce programme défaille, cela commence à prendre sens.
Trump signifie révolution. Pour le Japon (et les rapports Japon/Russie), cela oblige à tenir compte des faits suivants :
- Trump a déjà dit qu'il n'était pas heureux de l'aide militaire accordée au Japon.
- Trump est généralement en faveur de la tradition.
- Fini le thème habituellement récurrent de la russophobie.
Mettons maintenant ces trois points ensemble.
Quelles sont les inférences pour le Japon?
- Moins de dépendance vis-à-vis des globalistes libéraux américains.
- Invitation indirecte à restaurer le traditionalisme japonais.
- Porte ouverte pour le dialogue avec les traditionalistes russes.
L'OTAN est l'autre nom de l'État profond libéral globaliste et internationaliste. Dans un monde multipolaire, l'existence d'une telle structure n'a pas de sens. C'est juste une inertie obsolète issue de la guerre froide. L'ordre des grandes puissances exige une nouvelle stratégie de sécurité globale basée sur des pôles et des zones autour de ceux-ci, correctement et réalistement définis.
Il est maintenant temps de réfléchir à comment rendre sa grandeur au Japon. La Chine est grande. Le Japon, jusqu'à présent, était un appendice misérable du système globaliste. Un pays occupé avec zéro souveraineté. Seules des ombres de sa grandeurs passée subsistaient misérablement. Trump donne une chance de changer cela.

La philosophie est un piège pour la réalité. L'histoire oscille autour de l'axe de la "marche dogmatique des choses" (J. Parvulesco) - un pas d'un côté, un pas de l'autre. La philosophie attend le moment où la réalité approche de l'axe idéationnel et signale alors: voilà.
Le vieux libéralisme détestait le telos. La liberté l'interdit. Le libéralisme de gauche est un mélange entre libéralisme et communisme (surtout les linéaments qui sont qualifiables de "trotskystes"). Le cœur de la philosophie Tech Right (r/acc) est de dire: le libéralisme de gauche entrave le progrès technique en plaçant le telos (moralisant, woke) avant toutes autres choses.
La Tech Right veut annuler le libéralisme de gauche parce que le progrès technique exige une véritable liberté - une liberté grâce à l'absence de tout telos.
La fin de l'histoire hégélienne (dans une lecture de gauche, car il existe une autre lecture authentiquement hégélienne, qui est de droite et monarchiste) a été introduite dans le libéralisme de gauche de manière artificielle par d'anciens marxistes et trotskystes - A. Kojève, par exemple. La singularité n'est pas un telos. C'est une sorte de moment du libre marché.
Commentaire: Bonjour, M. Douguine. Dans ces temps changeants, surtout avec Trump critiquant l'accord concernant la protection que les États-Unis accordent au Japon comme "injuste", comment pensez-vous que le Japon devrait se positionner? Le Japon devrait-il se réarmer correctement? Quelle serait la position de la Russie sur cette question?
Ma réponse: Le Japon a maintenant une chance unique de s'éveiller et de commencer à restaurer sa souveraineté. La Russie n'est pas un ennemi inné et absolu de ce tournant. Cela pourrait s'inscrire dans une multipolarité totalement ignorée jusqu'à présent par un Japon trop docile et soumis (aux globalistes).

17:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, actualité, japon, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mercredi, 12 février 2025
Les Kouriles, pomme de discorde: le nouveau gouvernement japonais veut résoudre le problème

Les Kouriles, pomme de discorde: le nouveau gouvernement japonais veut résoudre le problème
Tokyo. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon et la Russie ont un problème territorial non résolu: l'Union soviétique victorieuse a annexé à l'époque les îles que le Japon appelle les « îles du Nord ». En russe, elles sont désignées comme l'archipel des « Kouriles ». Tokyo n’a jamais renoncé à ces îles, tandis que Moscou a constamment affirmé qu'un retour des îles au Japon était exclu. Comme l'Allemagne, le Japon ne bénéficie toujours pas d'un traité de paix en raison de la question non résolue des Kouriles.
Cependant, Tokyo souhaite – et ce, malgré les relations actuellement tendues avec la Russie – tenter de résoudre enfin ce problème. C'est ce qu'a déclaré le nouveau Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, vendredi au Parlement.
Cela ne sera pas facile, car en même temps, Ishiba a promis de continuer à soutenir les sanctions contre la Russie et de soutenir l'Ukraine. Le renforcement des relations avec des pays partenaires comme la Corée du Sud, l'Australie et les G7 reste également à l'ordre du jour. Le partenariat avec les États-Unis est même décrit comme le « pilier » de la diplomatie et de la sécurité japonaises.
Tokyo a récemment qualifié les Kouriles d'« occupées illégalement par la Russie » en avril 2023. Le président du Kremlin, Vladimir Poutine, a immédiatement réagi en qualifiant l'archipel de partie intégrante de la Russie: « Cela fait partie des résultats de la Seconde Guerre mondiale, nous n’avons pas révisé les résultats de la Seconde Guerre mondiale » (mü).
20:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, russie, japon, kouriles, asie, affaires asiatiques |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 04 février 2025
Ikki Kita: idéologue du nationalisme japonais

Ikki Kita: idéologue du nationalisme japonais
par Zoltano et Nahobino
Source: https://telegra.ph/Ikki-Kita-ideologo-del-nazionalismo-gi...
Introduction
Le Japon est souvent associé à la bombe atomique, aux crimes de guerre et à une armée autrefois redoutable. Cependant, les événements historiques qui ont conduit à ces associations et les personnages influents qui les ont précédés sont souvent négligés. C'est le cas d'Ikki Kita, reconnu comme le « père du fascisme japonais », dont l'héritage est entouré de controverses et d'incompréhensions. Kita reste l'une des figures les plus controversées de l'histoire du Japon. En tant que penseur politique, il envisageait un Japon radicalement restructuré.
Durant la période tumultueuse du début du 20ème siècle, les écrits de Kita ont servi de modèle révolutionnaire, prônant des réformes profondes, la nationalisation de l'économie et la « restauration Shōwa » pour restaurer la force et l'unité du Japon. Si ses idées ont suscité une fervente loyauté parmi les jeunes officiers de l'armée impériale, elles ont également déclenché une vive controverse qui a finalement conduit à son exécution.
Cet article examine les œuvres importantes de Kita, les idéologies qu'elles ont façonnées et leur influence durable sur le cheminement du Japon vers le militarisme et la guerre.
Début de la vie et influence
Kita est né en 1883 sur la petite île de Sado, dans la préfecture japonaise d'Akita, dans une famille de samouraïs et de marchands. Bien que sa famille soit relativement modeste, ce milieu l'a très tôt familiarisé avec les problèmes du Japon rural et les inégalités exacerbées par la restauration Meiji. Elle lui a également inculqué un esprit de rébellion. Ces expériences ont nourri sa passion pour la lutte contre l'injustice sociale et les inégalités qui, selon lui, rongeaient la société japonaise de l'intérieur. Kita s'inscrit à l'université, mais perd rapidement ses illusions. Lecteur prolifique, il se prépare à l'étude indépendante et à la recherche philosophique en étudiant, entre autres, le socialisme, le confucianisme et la pensée politique occidentale. Influencé par des philosophes occidentaux tels que Platon, Rousseau et Marx, ainsi que par des nationalistes japonais et des penseurs réformistes, Kita a développé une perspective unique sur la réforme sociale.

La promulgation de la nouvelle constitution japonaise par l'empereur Meiji en 1889
Le développement intellectuel a coïncidé avec la modernisation et l'industrialisation rapides du Japon au cours de l'ère Meiji, lorsque le Japon a cherché à rattraper l'Occident après que sa dignité ait été dégradée par des traités injustes avec les puissances occidentales. Bien que la modernisation du Japon ait été couronnée de succès grâce à une industrialisation rapide, elle a également créé de nouveaux problèmes tels que l'inégalité des revenus, les tensions sociales et les pressions impérialistes de l'Occident. Ces problèmes ont renforcé la conviction de Kita que le Japon avait besoin d'un gouvernement centralisé fort qui protégerait ses intérêts vis-à-vis des puissances occidentales et prendrait soin de son peuple grâce à des réformes économiques. Sa consommation quotidienne de cocaïne, une addiction développée pour soulager la douleur des traumatismes de l'enfance, a probablement influencé ses opinions intenses et parfois radicales sur la société et le gouvernement.
En septembre 1905, Kita quitte sa ville natale de Sado pour Tokyo pendant les émeutes de Hibiya, qui ont éclaté pour protester contre le traité de Portsmouth. Ce traité, négocié par le président américain Theodore Roosevelt, mettait fin à la guerre russo-japonaise. Il contenait des dispositions favorables aux ambitions impérialistes du Japon et prévoyait la reconnaissance internationale de son influence et de son contrôle sur certaines parties de la Chine et de la Corée sous domination russe. La victoire du Japon a été la première victoire significative d'un peuple non-blanc sur une grande puissance blanche et a permis au Japon de passer du statut de nation exploitée comme la Chine à celui de pays capable de s'asseoir à la table des négociations avec le reste des puissances mondiales.
Malgré ces succès, des groupes d'activistes ont considéré le traité comme un échec humiliant, ce qui a donné lieu à de nombreuses émeutes. Si Kita partage le désir des manifestants d'accroître le prestige international du Japon, il est en désaccord avec leurs valeurs concernant le Kokutai, qu'il considère comme « un outil dans les mains de l'oligarchie ». C'est dans ce contexte que Kita écrit son premier livre, Kokutairon and Pure Socialism. George Wilson décrit le contexte de sa création comme suit : « Kita a écrit son premier livre au milieu d'un mécontentement populaire généralisé à propos de l'issue de la guerre russo-japonaise ». (George Wilson, The Radical Nationalist in Japan: Kita Ikki 18).

Ces émeutes ont marqué l'avènement de violents soulèvements politiques au Japon, conformément à l'idéologie politique radicale de Kita. Kokutairon est donc le premier livre à caractère politique de Kita, reflétant ses premières opinions et inclinations politiques. Danny Orbach décrit cette phase comme « socialiste, laïque et rationnelle ». Selon Oliviero Frattolillo, Kita a été poussé à écrire Kokutairon parce qu'il constatait la mentalité non critique de ses pairs intellectuels. Frattolillo observe que « Kita critiquait surtout l'attitude de soumission de certains intellectuels à l'égard du système, qui acceptaient consciencieusement l'acquisition de nouvelles théories et de nouvelles formes de connaissance en provenance de l'Occident, les traduisaient et les transféraient au Japon » (Oliviero Frattolillo, Il Giappone interbellico oltre l'Occidente : la ricerca di una nuova soggettività nella storia mondiale).

Dans ses écrits, Kita tente de critiquer les défauts de la société et de proposer une alternative socialiste. Le deuxième livre de Kita, An Unofficial History of the Chinese Revolution, est une analyse critique de la révolution chinoise de 1911.
Attiré par les idées de la révolution chinoise de 1911, Kita a rejoint la Ligue unie (Tongmenghui) sous la direction de Song Jiaoren. Il se rend en Chine avec l'intention d'aider à renverser la dynastie Qing, qu'il considère comme une marionnette des puissances occidentales. Cependant, Kita s'intéressait également au nationalisme révolutionnaire. Le groupe nationaliste Kokuryukai (Amur River Association/Black Dragon Society), fondé en 1901, partageait ses opinions sur la Russie et la Corée, ce qui l'a incité à y adhérer. En tant que membre spécial de la Kokuryukai, Kita est envoyé en Chine pour écrire sur la situation pendant la révolution Xinhai de 1911. À son retour au Japon en janvier 1920, Kita est désillusionné par la révolution chinoise et les stratégies qu'elle propose pour apporter les changements qu'il avait imaginés en Chine. Il s'associe à Okawa Soumei et à d'autres pour fonder la Yuzonsha (Société des laissés-pour-compte), une organisation nationaliste panasiatique, et se consacre à l'écriture et à l'activisme politique.
Avec le temps, il s'est imposé comme l'un des principaux théoriciens et philosophes du mouvement nationaliste au Japon avant la Seconde Guerre mondiale.
L'Empire japonais a connu une croissance économique pendant la Première Guerre mondiale, mais cette prospérité a été interrompue au début des années 1920 lorsque la crise financière de Shōwa a éclaté. L'agitation sociale s'accroît à mesure que la société se polarise et que des questions telles que la vente des filles deviennent une nécessité économique pour certaines familles en raison de la pauvreté. Les syndicats tombent de plus en plus sous l'influence du socialisme, du communisme et de l'anarchisme, et les dirigeants industriels et financiers du Japon continuent d'accumuler des richesses grâce à des liens étroits avec les politiciens et les bureaucrates. L'armée, considérée comme « libre » de toute corruption politique, compte en son sein des éléments prêts à agir directement pour faire face à ce qu'ils considèrent comme des menaces pour le Japon provenant des faiblesses de la démocratie libérale et de la corruption politique.
Le dernier ouvrage politique majeur de Keith est An Outline Plan for the Reorganisation of Japan (Plan général pour la réorganisation du Japon).
08:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ikki kita, japon, histoire, nationalime japonais |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 20 janvier 2025
Mishima, star de la littérature après des années d'ostracisme de la part de la gauche

Mishima, star de la littérature après des années d'ostracisme de la part de la gauche
Chaque livre que Feltrinelli publie ou réédite presque régulièrement est un succès. Les nombreux articles qui paraissent dans les journaux, à l'exception de quelques-uns qui prétendent encore que l'écrivain japonais n'existe pas, sont lus et repris sur les médias sociaux. Des présentations de ses livres ont lieu en permanence. Il est devenu, en somme, un « mythe ».
par Gennaro Malgieri
Source: https://www.barbadillo.it/118506-mishima-star-della-lette...
Le 14 janvier 1925 naissait à Tokyo Kimitake Hiraoka, qui prend le nom de Yukio Mishima en 1941. Le 13 de ce mois, le centenaire a été commémoré à Rome, à la librairie Horafelix, lors d'une manifestation qui a rassemblé une foule d'auditeurs attentifs. À cette occasion, j'ai donné une conférence, dont je ne dirai pas comment elle a été accueillie, en présence d'Alessandro Rosa, président de La Vecchia Colle Oppio, et de l'éditeur de Fergen, Federico Gennaccari, qui a présenté ma conférence, avec la collaboration du centre culturel L'Arsenale, qui l'a enregistrée et qui la diffusera dans les prochains jours. Je n'avais pas imaginé une telle affluence, et les spectateurs eux-mêmes se sont regardés, un peu étonnés de se trouver dans une bibliothèque aussi bondée.
Mais il est vrai qu'on dit que Mishima est devenu une star littéraire après des années d'ostracisme et de dénigrement. Chaque livre que Feltrinelli publie ou réédite régulièrement est un succès. Les nombreux articles qui paraissent dans les journaux, à l'exception de quelques-uns qui prétendent encore que l'écrivain japonais n'existe pas, sont lus et repris sur les médias sociaux. Des présentations de ses livres ont lieu en permanence. Il est devenu, en somme, un « mythe ».
Après le dénigrement, le repentir. Le « suicide rituel » de Mishima, le seppuku en somme, réalisé le 25 novembre 1970, a laissé tous ceux qui l'ont appris consternés, y compris ceux qui n'en avaient jamais lu une seule ligne. Et la plupart ont blâmé, même vulgairement, le geste extrême. Curieusement, certains intellectuels de gauche, comme Alberto Moravia qui l'avait connu, comprennent le choix de Mishima. Le 6 décembre, il écrit un long article pour L'Espresso, utilisé un an plus tard comme préface aux nouvelles, rassemblées sous le titre Morte di mezza estate, publiées par Longanesi. Le titre est « Mourir en samouraï », surmonté d'une légende très explicite : « Ce que l'écrivain japonais a voulu montrer à son pays et au monde ». Au-delà de la tristesse qui frappe Moravia, l'écrivain esquisse la figure de Mishima sans préjugés, même s'il ne partage pas son idéologie. Mishima, écrit-il notamment, n'était pas seulement un écrivain célèbre. Il était aussi une « public figure », comme on dit aux États-Unis. C'est-à-dire un écrivain qui dépassait les limites de la littérature et empiétait, par sa notoriété et son influence, sur la coutume ». Et c'est en tant que personnalité publique que Mishima a été jugé, non pas en tant que romancier, essayiste, dramaturge, metteur en scène, mais en tant que figure représentative du Japon qui lui était contemporain. C'est pour cette raison que son geste extrême a mis le Japon en émoi. Et on eut beau se moquer de lui, il posa à l'âme de son pays une question à laquelle, un demi-siècle plus tard, personne n'est en mesure de répondre. Moravia a écrit qu'en tant qu'écrivain, Mishima était représentatif du Japon dualiste et contradictoire dans lequel « à côté d'une révolution industrielle et néo-capitaliste, coexistent des habitudes, des coutumes et des visions du monde traditionnelles ».

La complexité du personnage a été saisie par l'écrivain italien, impressionné par l'européanisme qu'il dégageait. Il comprend sans doute l'esprit auquel il ne peut souscrire en raison de sa formation et de ses goûts, mais à cette époque, Moravia est l'un des rares à sentir la force qui émane du « personnage public » autant que de l'homme de lettres.
L'hebdomadaire Epoca a consacré de nombreuses pages, agrémentées d'illustrations inédites, à Mishima. L'article anonyme d'ouverture s'intitule « Le suicide comme instrument politique », mais la pièce maîtresse est l'interview de Giuseppe Grazzini, « Yukio Mishima una vita sbagliata » : il n'est pas nécessaire de lire l'intonation de l'article pour se rendre compte de l'ampleur des préjugés dont il est imprégné. L'Europeo a également publié un ample article de Guido Gerosa intitulé « Harakiri », avec un résumé si explicite qu'il enlève tout plaisir à la lecture du long article : « Le terrible sacrifice de l'écrivain Mishima a reproposé le thème millénaire de la “mort du bien” japonaise, qui remonte aux trônes de sang du Moyen-Âge japonais et à la nuit des longues épées du 15 août 45 ».

La presse de gauche s'est constamment vautrée dans le sang de Mishima. Deux articles d'époque dans Paese sera et L'Unità. Le premier : « Rituel de suicide macabre de l'écrivain japonais qui voulait le retour de l'Empire » ; le second : « Coup d'État fasciste sanglant à Tokyo. Un écrivain attaque une caserne et se fait karakiri ». Paese sera craint que ce geste ne soit le prélude à une « renaissance du militarisme ». Le quotidien socialiste Avanti, peu modéré, va jusqu'à spéculer que « l'abnégation de l'écrivain-acteur-dramaturge pourrait déclencher de violentes manifestations de rue de la part de l'extrême droite, petite de taille au Japon mais très féroce, portée par l'armée “privée” organisée par Mishima, le Tatenokai, quelques dizaines d'admirateurs militants de l'écrivain qui ne faisaient pas de mal à une mouche, au point que l'Agence de défense leur a proposé de s'entraîner au pied du mont Fuji ». Le journal socialiste a moins de pudeur que ses « frères » et titre : « On craint une vague de terreur nationaliste au Japon ». Il Popolo, organe du parti chrétien-démocrate: « Mishima était un rebelle d'extrême droite et un Japonais » (deux méfaits dont le plus grave est sans doute le second). Bref, un personnage dont on pouvait tout attendre. Même qu'il était anti-démocratique. Un crime qui mérite d'être condamné. Et c'est ce qui s'est passé. Dans l'article « Le chrysanthème, l'épée et la démocratie », une condamnation sans appel a été prononcée. Une condamnation antidémocratique et très peu chrétienne.
Aujourd'hui, les ombres qui ont enveloppé Mishima pendant plus d'un demi-siècle semblent s'être apaisées. Et l'événement romain dont nous vous parlons semble, du moins en Italie, avoir été le sceau d'une « promenade dans le temps », dans cette « mer de fertilité » qui reste le chef-d'œuvre de Yukio Mishima.
19:19 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yukio mishima, japon, lettres, lettres japonaises, littérature, littérature japonaise |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 16 janvier 2025
L'implication indirecte de l'Asie dans les affaires européennes

L'implication indirecte de l'Asie dans les affaires européennes
Janne Berejnaïa
Compte rendu d'un commentaire du spécialiste du Japon Jeffrey W. Hornung
On parle beaucoup aujourd'hui de l'implication de la Chine, de la Corée du Nord, de la Corée du Sud et du Japon dans les affaires de la Russie et de l'Occident. Mais quel type d'implication prennent-ils réellement ? Dans un commentaire publié sur le site web du portail de la RAND, Jeffrey W. Hornung, chef de la division des études de sécurité nationale de la RAND au Japon et Senior Fellow de la RAND, a fait part de ses réflexions sur les intérêts des quatre pays dans les affaires de l'Occident et de la Russie, et sur le soutien que chaque partie leur apporte.
Le commentaire met en lumière un détail important mais souvent négligé du conflit actuel en Ukraine : l'implication croissante des pays d'Asie de l'Est. L'auteur nous rappelle que des doutes sur la durabilité du soutien américain à l'Ukraine sont apparus bien avant que Donald Trump ne remporte l'élection, suscitant des inquiétudes sur la capacité de Kiev à poursuivre sa propre défense. Mais un autre aspect clé est souligné : l'expansion du conflit au-delà de l'Europe, avec l'implication de nouveaux acteurs venus d'Asie. Dans le même temps, il convient de mentionner que les États-Unis continuent de fournir une aide importante à l'Ukraine. Après la victoire électorale de Trump, les États-Unis ont alloué une aide militaire de 275 millions de dollars à l'Ukraine. Et le 3 décembre, on a appris l'existence d'une autre enveloppe de 725 millions de dollars. Cela ressemble à une ultime tentative des démocrates de donner un peu de puissance à la partie ukrainienne, car les choses pourraient se terminer rapidement, comme le promet Trump. Pour l'instant, cependant, ce ne sont que ses paroles. Qui sait comment la situation évoluera.
L'article définit une guerre par procuration : il s'agit d'un conflit dans lequel deux pays s'affrontent indirectement en soutenant des camps opposés dans un pays tiers. Ces guerres étaient caractéristiques de l'époque de la guerre froide - l'auteur mentionne les crises du Congo et de l'Angola, où les États-Unis et l'URSS ont financé et armé les parties locales au conflit, en évitant de s'impliquer directement. En analysant la situation actuelle, nous pouvons conclure que le conflit en Ukraine devient non seulement une crise européenne, mais aussi une crise mondiale où les intérêts des principales puissances mondiales se croisent. L'implication des pays asiatiques le confirme et indique également un nouveau niveau de tension internationale.
L'article souligne la nature fluide des conflits par procuration, montrant que ces confrontations ne suivent pas toutes des modèles standard. Parfois, le soutien à l'une des parties conduit à l'intervention directe d'une force extérieure, comme ce fut le cas avec l'engagement progressif des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam ou l'intervention soviétique en Afghanistan. Dans ces cas, les superpuissances sont restées impliquées même lorsque les efforts de leurs « mandataires » se sont relâchés pour empêcher l'autre camp de l'emporter.
L'auteur suggère que le conflit entre la Russie et l'Ukraine présente toutes les caractéristiques d'un conflit par procuration. Il est important de noter que Jeffrey W. Hornung affirme que « Moscou a déclaré à plusieurs reprises que l'Ukraine n'était pas une entité indépendante et que la véritable cible de l'invasion russe était l'Occident, en particulier les États-Unis ». Et si l'on a parlé de l'absence d'indépendance de l'Ukraine, on n'a jamais entendu du côté russe qu'il s'agissait du véritable objectif de l'Opération militaire spéciale, à savoir attaquer l'Occident. Les objectifs ont été définis par le président russe Vladimir Poutine en février 2022, lors d'un discours dans lequel il a annoncé cette « opération militaire spéciale » visant à « démilitariser et dénazifier l'Ukraine ».
L'objectif principal est de protéger les territoires qui ont rejoint la Fédération de Russie lors du référendum. En fonction de la situation sur le champ de bataille, certains points des objectifs sont transformés, mais ne changent pas fondamentalement. Il convient de noter que toutes les autres déclarations de l'auteur ont été étayées par des références à des sources, alors que cette déclaration plutôt tapageuse n'a pas fait l'objet d'une telle attention. La Russie a déclaré que l'Occident manipule l'Ukraine et ne fait que prolonger le conflit avec son aide. Cependant, elle n'a jamais dit qu'elle attaquait les États-Unis de cette manière. Les États-Unis eux-mêmes « expriment le désir » de s'impliquer.

Ils ajoutent que, d'autre part, les pays de l'OTAN et leurs alliés soutiennent l'Ukraine par des livraisons d'armes. Bien que l'objectif officiel de l'Occident soit de défendre l'Ukraine, ses actions sont en réalité dirigées contre la Russie. C'est ce que souligne la déclaration du secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, qui a affirmé que « nous voulons voir la Russie affaiblie ». En analysant cette dynamique, on peut voir comment le conflit contemporain dépasse le cadre traditionnel d'un conflit entre deux pays. L'Ukraine devient une arène où l'Occident et la Russie s'affrontent pour la suprématie stratégique. Le conflit prend donc un caractère de plus en plus global, chaque partie cherchant à affaiblir son adversaire géopolitique.
Bien entendu, la majeure partie du commentaire se concentre sur l'implication des pays asiatiques dans tout cela. Selon l'auteur, le soutien de la Chine à Moscou est caractérisé par la flexibilité et la stratégie. Bien que Pékin refuse de fournir directement des armes à la Russie, elle contribue activement à maintenir l'équilibre économique de la Russie. La Chine s'oppose aux sanctions occidentales et utilise ses liens diplomatiques avec les pays du Sud pour tempérer la condamnation internationale des actions de la Russie. L'implication économique de la Chine est également significative. Selon les données citées dans l'article, la Chine représente environ 90 % des importations russes de microélectronique et 70 % des importations de machines-outils. Il convient toutefois de noter que la part de la Russie dans la production de microélectronique et de machines-outils est actuellement en augmentation.

En outre, la participation de la Chine à des exercices militaires au Belarus, près de la frontière polonaise, envoie à l'OTAN un signal fort de coordination militaire et politique croissante avec la Russie. L'auteur indique également que la Corée du Nord agit encore plus ouvertement. Pyongyang a fourni de l'artillerie, des missiles balistiques et envoyé quelque 10.000 soldats au combat. Il n'y a cependant aucune confirmation officielle. Par exemple, le site web de l'agence de presse Ura.ru publie un article indiquant que le commandant de l'AFU a déclaré qu'il n'y avait aucun signe de la présence de Nord-Coréens dans la zone de l'Opération militaire spéciale. Zelensky a affirmé que des soldats de la RPDC avaient été tués et blessés, mais personne ne les a vus, il n'y a aucune confirmation. Et ce, à « l'ère de la technologie ».
Le Japon et la Corée du Sud se limitent à une aide à plus petite échelle à l'Ukraine. Le Japon est devenu l'un des principaux partisans des sanctions contre la Russie, qu'il coordonne activement avec ses partenaires occidentaux. Tokyo fournit également une aide financière et technique importante à Kiev, notamment des drones, des gilets pare-balles et d'autres équipements militaires non essentiels. L'aide cumulée du Japon à l'Ukraine a déjà dépassé les 12 milliards de dollars. Le Japon a également revu ses restrictions sur les exportations d'armes, ce qui lui permet de conserver le stock américain de missiles Patriot utilisés pour défendre l'Ukraine. Sur le plan diplomatique, Tokyo joue également un rôle important en faisant avancer le dossier ukrainien grâce à sa présidence du G-7 et à son engagement auprès des pays du Sud.
La Corée du Sud agit plus prudemment, mais fournit également une aide financière et certains équipements militaires, montrant ainsi son soutien à l'Ukraine dans le cadre de son alliance avec les États-Unis. La Corée du Sud traverse également une période difficile dans le pays en ce moment, et qui sait dans quelle mesure elle pourrait utiliser les armes dont elle dispose. Cette situation de loi martiale pourrait déplacer leur intérêt pour les conflits étrangers pendant un certain temps. Même si la loi martiale sera révoquée lors de la réunion du gouvernement, il y a déjà eu certaines actions en faveur d'un conflit à l'intérieur du pays. Il sera important pour Yoon Seok-yeol de conserver le pouvoir et de stabiliser la situation. C'est peut-être précisément ce qui influencera son implication dans les conflits occidentaux.
L'auteur estime que les actions de la Chine et de la Corée du Nord confirment leur volonté d'affaiblir l'influence occidentale et de renforcer leur position en tant qu'acteurs mondiaux. La Chine soutient la Russie, en évitant un conflit direct mais en renforçant la stabilité économique et militaire du Kremlin. La Corée du Nord, quant à elle, se comporte comme l'allié le plus loyal qui soit, en fournissant non seulement des ressources mais aussi des troupes. Le soutien du Japon et de la Corée du Sud à l'Ukraine, bien que moins agressif, montre l'importance des alliés asiatiques pour l'Occident. Ils contribuent à maintenir l'équilibre face à la montée des tensions et font preuve de solidarité avec la communauté internationale.
Les pays d'Asie de l'Est participent activement à cette nouvelle phase de rivalité internationale, chacun avec ses propres intérêts et stratégies. Le commentaire de l'auteur vise à montrer que le conflit en Ukraine a dépassé le cadre régional et est devenu une arène de rivalité mondiale, impliquant même des pays géographiquement éloignés de l'Europe. L'auteur se concentre sur l'implication des pays d'Asie de l'Est et analyse leurs actions dans le contexte d'une guerre par procuration. L'objectif principal du commentaire est de démontrer comment le conflit en Ukraine s'inscrit dans une confrontation géopolitique mondiale dans laquelle l'Asie de l'Est joue un rôle important mais souvent sous-estimé.
20:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, asie, ukraine, russie, chine, japon, corée du sud, corée du nord, affaires asiatiques, affaires européennes, politique internationale |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 04 janvier 2025
Dominique Venner, le Japon et la Chine: le détour par l’Asie

Dominique Venner, le Japon et la Chine: le détour par l’Asie
Entretien avec Clotilde Venner
Propos recueillis par Robert Steuckers
RS : Les détracteurs de Dominique Venner, ou les hyper-simplificateurs de tous acabits, le caricaturent trop souvent comme un Européen aigri, replié sur une identité étriquée et désuète. Cependant, en épluchant les pages des revues qu'il a patronnées, on note un intérêt pour le Japon que pouvez en dire?
CV : Toute sa vie Dominique a combattu pour l’identité européenne. Son combat au fil des ans a pris des formes différentes. Je pense que c’est pendant la guerre d’Algérie où il a combattu en tant que sous-officier qu’il a pris conscience des menaces multiples qui menaçaient le continent européen. Il percevait la guerre d’Algérie un peu comme le « limes » du monde européen. Si le verrou sautait, il y avait un risque migratoire certain. Nous en avons la preuve aujourd’hui. Une fois de retour en France, il a milité à Jeune Nation puis à Europe Action, c’était une vie d’activiste politique qui l’a conduit à faire un séjour de dix-huit mois à la prison de la Santé en compagnie des généraux de l’OAS.


Pendant cette incarcération, il n’a eu de cesse de méditer et de réfléchir sur comment orienter son action politique. Son livre de chevet était le « Que Faire ? » de Lénine. C’est pendant cette clôture forcée qu’il a écrit « Pour une critique positive ». Ce petit fascicule destiné aux militants est sorti sous forme de lettres envoyées à des amis. C’est un ouvrage en forme d’autocritique, il y fait la liste des tares qui minent les mouvements nationalistes, mais il y énonce également les stratégies qui doivent être mises en œuvre.

Dominique cesse ses activités politiques à la fin des années soixante et pendant une vingtaine d’années se consacre à l’écriture de livres sur les armes et sur la chasse. Pendant ces vingt ans « de recours aux forêts » pour reprendre l’expression de Jünger, il n’aura de cesse de répondre à une seule question qui le hante, comment expliquer le suicide de l’Europe ? On peut dire que le XXe siècle est le siècle du suicide des Européens. Pour répondre à cette question, il lira et méditera tous les grands auteurs européens que ce soit les philosophes ou les historiens mais il s’intéressera également aux autres cultures, notamment la culture japonaise.

L’un de ses livres de chevet était La Mort volontaire au Japon de Maurice Pinguet. Dans cet ouvrage, Dominique voyait des analogies entre les traditions des samouraïs et celle des chevaliers européens. Un même sens de l’excellence, un sens du sacrifice, une acceptation de la mort. Ce qui le frappait, c’était l’évolution de la noblesse française. C’est le jour où les nobles ont refusé de payer l’impôt du sang qu’ils ont perdu leur légitimité. Quand les marquis et les ducs se sont réfugiés dans les salons parisiens au lieu d’aller se battre, ils ont perdu leur raison d’être. L’un des faits qui le marquait, c’est qu’à l’exception des Vendéens très peu de nobles avaient pris les armes pour défendre leurs familles qui étaient arrêtées et conduites à l’échafaud par les révolutionnaires. Ces aristocrates sont souvent morts avec élégance et dignité, mais très peu se sont battus, comme si l’élan vital avait disparu. Pour Dominique, c’était déjà un des signes de déclin de la noblesse et le détour par le Japon lui a permis de mieux comprendre les ressorts des aristocraties vivantes et celles des aristocraties décadentes.


RS : En dehors du Japon, il s’est intéressé également à la Chine et aux travaux du sinologue François Jullien mais aussi aux écrits de Claude Lévi-Strauss.
CV : Ce qu’il appréciait chez François Jullien, c’était son travail de comparatisme, son détour par l’Asie. En faisant un pas de côté, en explorant la pensée chinoise, on parvient à mieux saisir les spécificités de la pensée européenne. Chez Claude Lévi-Strauss l’ethnologue, ce qu’il retenait, c’était son différentialisme. Les détracteurs de Dominique aiment à le présenter comme un racialiste, ce qui est complétement faux, il était profondément différentialiste. Comme Lévi-Strauss, il pensait qu’il était complétement absurde de comparer les civilisations. Les civilisations sont des planètes différentes avec des logiques propres et des valeurs particulières. Si il y a un courant qu’il fustigeait particulièrement, c’est bien la philosophie des Lumières et son universalisme.


Un autre fait frappait Dominique, c’est que les Européens sont animés par des tendances contradictoires. D’un côté, ils veulent répandre les Lumières sur le reste du monde et de l’autre, ils ont une propension à être fascinés par l’ailleurs. Dominique évoque longuement ce phénomène à la fin d’Histoire et traditions des Européens. Nous sommes en effet une des rares cultures à cultiver la xénophilie. Les plus grands orientalistes sont le plus souvent des Européens. Il évoque ainsi le parcours de Mircea Eliade ou de René Guénon.
L’Européen semble toujours insatisfait de sa propre culture et cherche la sagesse au fin fond du Tibet, dans les confluents du Gange ou sur les rives du Nil mais jamais chez lui. Il suffit de voir la mode du Yoga en Europe. Comme si la sagesse devait toujours venir de l’ailleurs. Cette question hantait Dominique. Pour quelles raisons les Européens trouvent l’identité des autres peuples fascinante alors qu’ils rejettent la leur ? Défendre les Tibétains opprimés est considéré comme le sommet de la pensée progressiste alors que défendre les Européens opprimés est le comble du racisme.


Finalement, c’est dans son livre testament « Le Samouraï d’Occident » qu’il répond à la question d’une vie, quel est le livre sacré des Européens ? Toutes les grandes civilisations ont des textes sacrés auxquelles elles se réfèrent. Pour les Chinois, c’est les Entretiens de Confucius, pour nous c’est l’Iliade et l’Odyssée. C’est dans les poèmes homériques que l’essence de l’esprit européen est exprimé, le rapport à la guerre, à la mort, à l’amour, les relations hommes-femmes, l’omniprésence du divin dans la nature.
Le drame actuel des Européens, c’est qu’ils ont oublié qui ils étaient, ils sont victimes de leurs qualités, une immense curiosité qui a été souvent bénéfique et qui a permis d’immenses découvertes mais aujourd’hui, ils ne savent plus qui ils sont, ils ont perdu leur boussole intérieure. Ce que propose Dominique, c’est que nous nous réapproprions notre propre mémoire, notre propre culture en nous référant à notre texte fondateur. C’est parce que nous avons oublié notre mémoire que nous sommes devenus si faibles. Le travail de reconquête est en premier lieu spirituel. S’intéresser aux autres cultures, ce n’est pas se diluer dans l’ailleurs mais c’est prendre conscience de nos spécificités, de nos faiblesses mais aussi de notre grandeur.

Vidéo + références du livre d'entretiens de Clotilde Venner:
https://www.youtube.com/watch?v=jNvNKqSEI8k
15:15 Publié dans Entretiens, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, dominique venner, clotilde venner, nouvelle droite, japon, chine |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 03 décembre 2024
La pensée politique chez Yukio Mishima

La pensée politique chez Yukio Mishima
Israel Lira
Source: https://centrocrisolista.wixsite.com/cecccs/post/pensamie...
Le 25 novembre 1970, sous le regard étonné des officiers présents au quartier général des forces d'autodéfense japonaises, le jeune Kimikate Hiraoka, qui avait déjà adopté dans sa jeunesse le pseudonyme littéraire de Yukio Mishima, lança avec défi sa proclamation ultranationaliste de défense des valeurs traditionnelles du Japon face à ce qu'il considérait comme la décadence généralisée; un homme d'une grande sensibilité et d'un grand sens de l'humour, s'est montré provocateur et a mis en avant sa proclamation ultra-nationaliste de défense des valeurs traditionnelles du Japon face à ce qu'il considérait comme une décadence généralisée, un processus exacerbé d'occidentalisation qui avait imprégné le Japon d'un égrégore pacifiste qui lui était étranger, brouillant une dichotomie que l'auteur américaine Ruth Benedict (1946), soucieuse de fournir une approche utile aux forces d'occupation militaires américaines qui allaient se confronter à une nouvelle réalité culturelle, a su reconnaître dans deux axes principaux qui résumaient l'essence névralgique de la culture japonaise, et qui correspondaient à son incarnation sans équivoque, respectivement la tradition impériale et la tradition guerrière: le chrysanthème (symbole de la maison impériale du Japon) et le sabre (symbole du samouraï).

Mishima prononçant son célèbre discours sur les balcons de la caserne des Forces japonaises d'autodéfense (Ichigaya, Tokyo) lors d'une tentative de coup d'État, quelques instants avant de se suicider rituellement, ou seppuku, le 25 novembre 1970.
Après la Seconde Guerre mondiale, dans le Japon d'après-guerre, le chrysanthème a perdu son caractère théologico-politique et a été réduit à la seule dimension politique lorsque l'empereur Hirohito, en 1946, sous la pression des forces d'occupation, a été contraint de reconnaître qu'il n'était pas un dieu vivant mais un homme, en signant le Ningen Sengen ou Déclaration d'Humanité. D'autre part, la démilitarisation progressive de la société japonaise a oblitéré son essence guerrière et l'a réduite à une force émasculée en elle-même par le mandat du vainqueur.
C'est dans cette société que Yukio Mishima a été forgé et formé, une société dont l'esprit a été victime d'une liquéfaction de toute sa personnalité, par la souffrance de la guerre et la conséquence de la défaite. L'équilibre entre le chrysanthème et l'épée avait été rompu, et c'est cet équilibre que Mishima a cherché à rétablir, à travers sa propre vie, qui a pris la forme d'une vie littéraire et d'une vie politique. Il était de ces écrivains qui sont ce qu'ils écrivent, et dont la mort pouvait être annoncée dans les pages qu'ils avaient écrites. La vie de Mishima était une préparation à la mort, une vie pour mourir glorieusement. C'était une vie pour une bonne mort. Une mort avec un sens, une mort avec un but. Une mort qui incarnait la rédemption de tout un peuple qui avait préféré abandonner les vieilles méthodes plutôt que de continuer à défendre des idéaux proscrits par le vainqueur, dans un contexte où il n'y avait aucun avantage à les défendre, mais seulement du mépris, des moqueries et des rires complices. La suppression de l'âme du Japon.
C'est dans ce cadre que l'on peut comprendre le fondement de la pensée politique de Mishima, qui atteint sa sublimation maximale le 25 novembre 1970, lorsqu'il décide de mettre fin à ses jours en commettant le suicide rituel du seppuku, n'ayant pas obtenu l'effet escompté auprès des soldats que venaient de l'écouter, des soldats qu'il entendait fouetter, après avoir pris en otage le commandant de la caserne avec l'appui de ses fidèles membres de la Tatenokai (la Société des boucliers, milice privée créée par Mishima lui-même), et étant ainsi parvenu à « renverser le gouvernement », il voulait réécrire la constitution et rétablir l'empereur japonais comme le véritable chef spirituel, militaire et politique du Japon (Carimo, 2012 : 141).

楯の会 lit. Tatenokai « Société du bouclier ». Fondée en 1968 par Yukio Mishima.
Comme nous l'avons souligné, sa vie littéraire se confond avec sa vie politique et toutes deux constituent la personne de Yukio Mishima. Par conséquent, revoir son idéologie politique revient à se référer impérativement à son œuvre littéraire, reconnaissant ainsi trois principes fondamentaux :
- 1) Le Yukoku (Patriotisme): Il s'agit d'une nouvelle publiée en 1960 et qui recrée un épisode de l'histoire japonaise connu sous le nom d'événement du 26 février 1936, dans lequel Mishima fait étalage des valeurs traditionnelles japonaises incarnées par un groupe d'officiers: la loyauté envers l'empereur et la défense de son propre honneur, sublimées dans le Seppuku, qui étaient à leur tour à la base du nationalisme anachronique de Mishima.
- 2) Le Bushido (Voie du guerrier): Mishima approfondit l'éthique du samouraï (courage, abnégation, courtoisie, frugalité, détachement) à travers son ouvrage Introduction au Hagakure, le Hagakure étant un ouvrage représentatif de la philosophie du samouraï écrit par Tsunetomo Yamamoto au 18ème siècle, où est entériné le fait que « la voie du samouraï, c'est la mort » (Rankin, 2011:26-31). La Voie du Guerrier devient chez Mishima l'éthique du samouraï contemporain, où l'acte de servir son pays implique une loyauté absolue à un idéal transcendantal pour lequel on est prêt à offrir sa propre existence.
- 3) Le kamikaze (vent divin): en plus de faire référence aux forces de la nature qui ont empêché le Japon d'être assiégé par les Mongols au 13ème siècle et aux combattants courageux qui ont offert leur vie dans des missions suicides au cours de la Seconde Guerre mondiale, il s'agit d'une incarnation idéale de certaines valeurs qui offrent une résistance aux processus d'aliénation culturelle, et que Mishima a illustrées à travers ses personnages dans sa tétralogie La mer de la fertilité (1969).
Sous ces trois idéaux, Mishima déclare : « Dans tous les patriotismes, il y a une ombre de narcissisme. C'est peut-être la raison pour laquelle tous les patriotismes semblent avoir besoin de se vêtir d'uniformes attrayants » (Mishima, 1950 : 84). Telle était l'essence même des Tatenokai, dont les actions faisaient honneur aux vêtements qui les habillaient.
Références bibliographiques:
MOHOMED, Carimo. (2012). «La pureza del samurái: historia y política en el pensamiento de Yukio Mishima». En: https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=221022956008&idp=1&cid=207809

Bibliographie:
BENEDICT, Ruth. (1946). «El crisantemo y la espada: patrones de la cultura japonesa». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2003.
MISHIMA, Yukio. (1966).«Patriotism». In: Death in Midsummer and Other Stories. New York: New Directions.
MISHIMA, Yukio. (1950). «Los años verdes». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2011.
RANKIN, Andrew. (2011). «Seppuku: A History of Samurai Suicide». Tokyo / New York / London: Kodansha International.
MISHIMA, Yukio. (1967). «La ética del samurái en el Japón moderno: introducción a Hagakure». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2016.
MISHIMA, Yukio. (1969).«El Mar de la Fertilidad». Madrid: Alianza Editorial. Edición de 2011.
Source : https://isralyr.wixsite.com/israel-lira/post/pensamiento-político-en-yukio-mishima
12:17 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, yukio mishima, lettres, lettres japonaises, littérature, littérature japonaise |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 04 octobre 2024
Un fan d'anime fou de guerre. Que dit-on d'autre sur le nouveau premier ministre japonais?

Un fan d'anime fou de guerre. Que dit-on d'autre sur le nouveau premier ministre japonais?
Leonid Savin
Le 1er octobre, le parlement japonais a approuvé la nomination d'un nouveau premier ministre, Shigeru Ishiba. Le gouvernement a démissionné en bloc, et le nouveau chef du gouvernement a immédiatement commencé à former son cabinet. Les changements étaient attendus, car Ishiba avait pris la tête du Parti libéral démocrate (PLD) la veille, et celui-ci, avec le parti Komeito, détient la majorité dans les deux chambres du Parlement.
Ishiba s'est déjà présenté quatre fois au poste de premier ministre, toujours sans succès. La course n'a pas été facile non plus, avec neuf candidats en lice. Mais seuls deux d'entre eux - Koizumi Shinjiro et Shigeru Ishiba - étaient les grands favoris des grands électeurs du parti et de l'opinion publique.

Vers la fin des deux semaines de campagne du PLD, une troisième candidate, Takaichi Sanae (photo), est apparue pour les défier tous les deux. Elle a remporté le premier tour de scrutin du parti, qui implique 736 électeurs: une répartition égale entre parlementaires et représentants des organisations du parti dans les régions. Takaichi a reçu respectivement 72 et 109 de leurs voix. Ishiba, éternel favori des membres du parti dans les régions, a reçu moins de soutien de la part des législateurs et s'est retrouvé derrière elle avec un total de 154 voix.
Le résultat du second tour - 215 voix pour Ishiba contre 194 pour Sanae - a révélé les divisions au sein du parti.
Ces chiffres sont la conséquence directe des particularités de l'organisation des partis au Japon. Alors que dans notre conception d'une organisation politique, il doit y avoir de la discipline, au Japon, tous les partis sont constitués de cliques dont les intérêts peuvent parfois être contradictoires.
Ce banquier de 67 ans, fan d'anime et collectionneur de modèles de véhicules militaires, a été qualifié de 'fou de l'armée' en raison de son intérêt pour la politique de défense, qui est apparu, selon lui, dans les années 1990, après la guerre du Golfe. En 38 ans de carrière politique (il a été élu pour la première fois au parlement en 1986), il a occupé le poste de ministre de la défense et s'est principalement concentré sur la sécurité et la revitalisation des communautés rurales du Japon.
Ishiba est favorable à la création d'une organisation militaire asiatique, analogue à l'OTAN, et à la possibilité de déployer des armes nucléaires américaines dans la région Asie-Pacifique, propositions qu'il a mises en avant pendant la campagne électorale. Le nouveau premier ministre promeut activement sa position aux États-Unis également. En particulier, l'Institut Hudson a publié son article sur la coopération bilatérale et le système de sécurité dans la région asiatique le 25 septembre.
On peut dire que l'accent mis sur la politique étrangère et la défense a joué un rôle majeur dans le succès d'Ishiba.

Peu avant son élection, il s'était rendu à Taïwan, où il avait été reçu par le président Lai Jingde pour discuter des relations entre le Japon et Taïwan et de l'endiguement de la Chine. Auparavant, la Chine et le Japon se sont mutuellement accusés de violer les frontières maritimes. Ishiba estime que les forces d'autodéfense japonaises devraient être autorisées à tirer des coups de semonce si d'autres navires étrangers pénètrent dans leur espace aérien ou dans leurs eaux.
Outre l'idée de créer un analogue asiatique de l'OTAN, M. Ishiba propose de modifier l'accord sur le statut des forces, qui régit la présence militaire américaine au Japon. Le premier ministre a déclaré que cette question serait une priorité pour son cabinet.
Le deuxième axe de la campagne de M. Ishiba en matière de politique étrangère était la réaction du Japon à la mort d'un enfant japonais de dix ans en Chine, alors que sa mère l'accompagnait à l'école à Shenzhen, le 18 septembre. Les autorités chinoises ont prétendu qu'il s'agissait d'un accident, mais cette tragédie coïncidait avec l'anniversaire de l'incident dit de Mukden en 1931, qui a conduit à la deuxième guerre sino-japonaise.
Ishiba s'est immédiatement attelé à l'exercice de ses pouvoirs et à la réalisation de ses promesses électorales.
Dans la nuit du 1er au 2 octobre, après l'entrée en fonction de son cabinet, il a appelé le président américain Joe Biden et a discuté du renforcement de l'alliance entre le Japon et les États-Unis, invitant ces derniers à continuer à travailler en étroite collaboration avec le Japon en tant que partenaire mondial. Le chef du cabinet japonais a également fait part de son intention d'augmenter le budget de la défense du pays et de renforcer ses capacités militaires.
On sait également que MM. Biden et Ishiba ont soutenu la nécessité de développer des blocs multilatéraux de pays partageant les mêmes idées, tels que la coopération avec l'Australie et l'Inde dans le cadre du partenariat quadrilatéral, ainsi que le partenariat trilatéral avec la Corée du Sud et les Philippines. D'autres sujets ont été abordés, tels que la RPDC, l'Ukraine et le lancement par l'Iran d'un missile balistique en direction d'Israël.
Bien que M. Ishiba affirme qu'il poursuivra la politique économique du précédent Premier ministre, Fumio Kishida, pour sortir le Japon d'une spirale déflationniste qui dure depuis des années, son élection a fait fluctuer le yen.
Avant que M. Ishiba ne devienne le nouveau chef du parti, on donnait 146 yens pour un dollar, et le 30 septembre, il n'en donnait déjà plus que 141. Le nouveau premier ministre a déclaré vouloir augmenter les impôts sur les revenus financiers, ce qui a fait chuter l'indice Nikkei, les investisseurs estimant que de telles politiques pourraient avoir un impact négatif sur les actions japonaises.
La volatilité monétaire devrait persister jusqu'au début du mois de novembre, lorsque le Japon et les États-Unis organiseront des élections dont les résultats permettront de déterminer plus facilement l'orientation de la politique monétaire au Japon et aux États-Unis.
La dissolution de la chambre basse du parlement japonais est attendue pour le 9 octobre et des élections anticipées auront lieu le 27 octobre. Le nouveau premier ministre a déjà exprimé sa volonté de participer aux prochaines élections de la Chambre des représentants : « Je veux affronter les élections face à face, de tout mon cœur et de toute mon âme, sans m'enfuir ».
Malgré son enthousiasme, les élections risquent de ne pas être faciles pour lui.

Le 23 septembre, le Parti constitutionnel démocratique du Japon a élu l'ancien Premier ministre Noda Yoshihiko à sa tête, dans une tentative d'attirer à lui des conservateurs plus centristes déçus par le PLD. Le parti Komeito, partenaire du PLD, connaît également des changements de direction.
On pense qu'Ishiba, bien qu'il ait accédé au bureau du premier ministre, ne pourra pas y rester longtemps.
Sa proposition d'une « OTAN asiatique » est totalement irréaliste et ne résistera pas à une discussion au parlement, étant donné que même les États-Unis se méfient de cette idée. De plus, l'appel à l'augmentation des impôts, mentionné plus haut, sera mal perçu par les électeurs japonais.
Enfin, les particularités du système politique japonais, où les scandales impliquant des membres du cabinet sont souvent à l'origine d'un remaniement du gouvernement, peuvent également jouer un rôle.
Par exemple, un conseiller spécial de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe estime que les positions politiques d'Ishiba et ses compétences douteuses en matière de gestion ne sont pas de bon augure.
Pour la Russie, il est évident que si l'idée d'une « OTAN asiatique » commence à se concrétiser, même partiellement, une telle orientation stratégique n'est pas de bon augure pour le Japon. Et elle n'aura pas le meilleur effet sur la sécurité de la région dans son ensemble.
21:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, asie, affaires asiatiques, japon, shigeru ishiba |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 20 septembre 2024
Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir

Mitsuhiro Kimura: le Japon est devenu un peu plus conscient de l'Opération militaire spéciale et le WEF 2024 a donné de l'espoir
Anna Tcherkassova, auteur de Ukraina.ru
Source: https://ukraina.ru/20240905/1057270535.html
Un patriote japonais a commenté le contenu de la session plénière du WEF-2024 avec la participation de Vladimir Poutine et a expliqué comment Moscou et Tokyo peuvent améliorer leurs relations.
Le président de l'organisation japonaise « Issui-Kai », Mitsuhiro Kimura, en a parlé dans une interview exclusive à Ukraina.ru.
« Issui Kai » (du japonais 一水会, “Société d'une seule goutte”) - Parti de droite japonais, l'un des plus grands partis nationalistes au Japon.
Les membres de l'Issui Kai, comme l'explique Kimura, se définissent comme les « nouveaux patriotes » du Japon et leurs principaux efforts visent à lutter pour l'indépendance du Japon vis-à-vis des États-Unis.
L'événement le plus important du WEF-2024, la session plénière avec Vladimir Poutine, Anwar Ibrahim et Han Zheng, s'est tenu le 5 septembre sur l'île de Russky, à l'Université fédérale d'Extrême-Orient (FEFU).
- Kimura-san, quelles sont vos impressions sur cet événement ? Les questions urgentes de la coopération internationale ont-elles été suffisamment abordées ?
- Je pense que les principaux points et questions importants ont effectivement été abordés. Par exemple, le fait que la Russie ait fait des efforts pour parvenir à un accord de paix afin de résoudre la question ukrainienne à Istanbul en mai 2022.
En particulier, il a été noté que l'accord était presque paraphé par la partie ukrainienne, mais le Premier ministre britannique, M. Johnson, est apparu et a déclaré qu'il était nécessaire de continuer à se battre jusqu'au dernier Ukrainien. Il s'agit là d'un sujet assez spécifique qui traite d'une situation internationale importante.
Sur la question palestinienne, qui est d'actualité, et sur les relations d'Israël avec le Hamas, il y a également eu une déclaration sur la position russe. La Russie ne modifie pas sa position initiale de base en fonction d'une situation temporaire. La Russie est fondamentalement favorable à la création de deux États indépendants.
Les négociations nécessitent les efforts de médiateurs, s'il y en a. En outre, un dialogue bilatéral entre les parties est également nécessaire.
Je pense personnellement que pour parvenir à certains accords, il faut s'efforcer de créer des conditions propices. C'est ce qui a été clairement et lucidement exprimé au cours de la discussion.
- Quelles attentes aviez-vous personnellement à l'égard du forum et ont-elles été satisfaites ? Êtes-vous satisfait des résultats de l'événement ?
- Vous savez, je ne dirais pas ce qui m'a surpris, ce à quoi je m'attendais, ce que j'ai aimé ou pas.
Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est la participation même des Malaisiens et des Chinois à la discussion avec le président russe. Le Premier ministre malaisien a soulevé la question du rôle de la Russie dans le développement de la région de l'Extrême-Orient, affirmant qu'aujourd'hui, sans la Russie, le développement mondial est impossible. C'était une façon intéressante de poser la question.
J'ai également apprécié la thèse selon laquelle le destin futur de la Russie dépend du développement de l'Extrême-Orient. Ce sont les points qui m'ont impressionné.
Je représente les cercles patriotiques conservateurs au Japon. Dans notre pays, nous avons malheureusement une mauvaise attitude à l'égard de la Russie. Mais le 4 septembre, lors du forum « L'Asie du Sud-Est dans un monde multipolaire », nous avons constaté qu'il était nécessaire de construire un nouvel ordre mondial.
Donc, pour moi, les points susmentionnés que j'ai rencontrés, que j'ai vus lors de cet événement, me donnent une nouvelle force, m'inspirent à penser de nouvelles pensées, à réfléchir davantage et mieux à la situation. Et de l'aborder précisément du point de vue du développement de la région [Asie du Sud-Est].
- Que pensent les Japonais de la Russie et des événements actuels en Ukraine?
- Comme je l'ai dit, la plupart des Japonais ont une opinion extrêmement négative et critique de la Russie. C'est ce qui caractérise le Japon moderne.
Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. En conséquence, les Américains ont mis en place un système d'occupation qui oppose négativement les Japonais à la Russie.

Le Japon se souvient avant tout de la perte de la guerre et des prisonniers de guerre japonais qui se trouvaient en Union soviétique. Le Japon se souvient avec ressentiment de la perte au bénéfice de la Russie des territoires dits septentrionaux et du problème des Kouriles du Sud.
Tout cela crée un arrière-plan négatif dans l'esprit et les sentiments des Japonais à l'égard de la Russie.
- La Russie et le Japon ont-ils une chance de se comprendre et de coopérer?
- Je pense que oui. Bien sûr que oui. Mais il faut créer des opportunités.
J'insiste sur le fait qu'un traité de paix doit être signé entre la Russie et le Japon. C'est très important !
Regardez : les Russes aiment le Japon, le respectent, lui sont reconnaissants et lui portent un grand intérêt. Il est donc extrêmement important d'informer constamment le public japonais que, malgré l'attitude négative des Japonais au début de l'opération militaire spéciale (OMS), la situation a commencé à changer. L'essence de l'OMS, ses objectifs et sa nécessité commencent à être un peu mieux compris au Japon.
En d'autres termes, il existe une base permettant d'adoucir l'attitude négative du Japon à l'égard de la Russie.
* * *
Comment le WEF-2024 est devenu une plateforme de rapprochement entre la Russie et la Malaisie - dans l'article d'Anna Tcherkassova "Sans l'Ukraine. La Russie et la Malaisie sont devenues encore plus proches l'une de l'autre au WEF-2024".
20:22 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, japon, russie, asie, affaires asiatiques, entretien, mitsuhiro kimura |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 18 août 2024
Le Japon et la quatrième théorie politique

Le Japon et la quatrième théorie politique
Kazuhiro Hayashida
Source: https://novaresistencia.org/2024/08/01/o-japao-e-a-quarta-teoria-politica/
La quatrième théorie politique est une boîte à outils théorico-philosophique d'application universelle. Dans cet article, nous présentons quelques réflexions originales sur la construction d'une quatrième voie japonaise.
Nous, Japonais, avons oublié beaucoup de choses depuis notre défaite suite à la dernière guerre. Bien que certaines idées s'estompent avec le temps, il y en a aussi beaucoup qui ne devraient pas être oubliées. Pour les retrouver, nous devons travailler comme des mineurs dans une mine, en faisant des allers-retours entre la surface et le sous-sol, à la recherche de diamants bruts dans les profondeurs des tunnels. C'est le rôle des travailleurs comme moi.
Pour que les Japonais comprennent bien l'importance de la « quatrième théorie politique » du professeur Alexandre Douguine, il faut d'abord comprendre les idées de nos importants prédécesseurs. J'aimerais ici vous présenter un Japonais.

Les idées et l'influence de Kanji Ishihara
Kanji Ishihara (1889-1949) était un ancien soldat de l'armée impériale et est connu comme l'un des cerveaux de l'incident de Mandchourie. Il avait sa propre pensée stratégique et a proposé la « théorie (japonaise) de la dernière guerre mondiale ». Selon cette théorie, l'Asie de l'Est deviendra le centre du monde et la paix sera instaurée. Les idées et les actions uniques d'Ishihara ont grandement influencé l'armée japonaise dans l'entre-deux-guerres, mais ses actions militaires dures et sa position en faveur de la guerre ont été débattues par la suite. Bien qu'il ait été une figure clé de l'armée japonaise, il n'a jamais été tenu pour responsable de la guerre. Cependant, après la défaite, ses actions militaires et ses idées émises pendant la guerre n'ont pas été réévaluées, et ses théories stratégiques originales ont été enterrées sous l'effet d'un temps. Après la guerre, il n'a eu aucune influence politique ou militaire et il est mort en 1949.

Parmi ses talents, c'est l'idéologie et la stratégie qu'il convient de souligner, comme en témoignent ses ouvrages « Théorie de la dernière guerre mondiale » et « Esquisse de la théorie de la guerre ». Cela est dû à la perspective asiatique d'Ishihara, qui montre qu'il était un visionnaire remarquable à cette époque.
Les avant-postes de la civilisation occidentale et les limites de l'« Esquisse de la théorie de la guerre »
Bien que l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara se limite principalement aux relations locales entre le Japon et l'Asie, il s'agit toujours d'une vision de la collaboration entre pays asiatiques et de l'indépendance de l'Asie dans son ensemble face aux puissances occidentales. Cependant, en raison du caractère avancé de sa théorie, il a été contraint d'utiliser les bases de la pensée occidentale pour s'opposer à l'Occident et n'a pas réussi à résoudre la contradiction de la colonisation des zones prétendument libérées par l'armée japonaise. Il a également mis l'accent sur les valeurs et la moralité asiatiques traditionnelles, mais n'a pas eu une vision claire du rôle spécifique de la religion et de l'inclusion de valeurs diverses, ce qui a contribué à son incapacité à traiter de manière adéquate diverses questions. La théorie d'Ishihara est ancrée dans le contexte du début du 20ème siècle et ne peut être adaptée à la situation multipolaire du monde actuel. Cependant, cette théorie constitue un jalon pour les Japonais dans une direction, et c'est certainement une idée que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
À l'ère moderne, et avec la défaite dans la guerre, l'« Esquisse de la théorie de la guerre » a perdu de son éclat. C'était une excellente idée. Mais on peut dire qu'une seule graine plantée dans le sol de la philosophie peut devenir un bon arbre. Daria Douguina, dans son livre « Le phénomène de la guerre : métaphysique, ontologie et frontières », dit : « πόλεμος, selon Platon, doit être fait d'une manière très dure et courageuse. » Le Japon a commencé la guerre sans une compréhension claire du πόλεμος, sans connaître la nature de la guerre, et a tout perdu à cause de la défaite.
Aujourd'hui, le Japon a été colonisé et ne peut plus avoir la vision qu'il avait à l'époque.

Un héros combattant
La « Quatrième théorie politique » du Dr Alexandre Douguine souligne l'importance des valeurs traditionnelles, de la religion et de la communauté, mais cherche également à surmonter les maux du matérialisme et de l'individualisme, offrant ainsi la flexibilité et la profondeur nécessaires pour faire face aux divers problèmes auxquels la société contemporaine est confrontée.
En défendant l'eurasisme centré sur la Russie et en visant l'intégration du continent eurasien, la coexistence pacifique dans un monde multipolaire est essentielle, et l'utilisation de la force militaire est un moyen de protéger l'indépendance et la souveraineté nationale.
Tout cela fait que la « Quatrième théorie politique » est supérieure à l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara par son originalité, sa modernité, ses valeurs globales et sa perspective géopolitique mondiale. La théorie du Dr Alexander Douguine offre un nouveau cadre pour aborder les questions complexes auxquelles la société contemporaine est confrontée, un cadre qui englobe une grande variété de valeurs et qui peut donc bénéficier d'un soutien plus large.
C'est sur ces solides fondations que la Russie s'appuie aujourd'hui. Et c'est en héros infatigables qu'ils se battent sur la ligne de front contre la civilisation occidentale.
« Aspirants, notre patrie est en danger d'extinction. Le moment est venu de nous rassembler sous la bannière des valeurs traditionnelles ».
18:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quatrième théorie politique, alexandre douguine, japon, asie, affaires asiatiques, eurasisme, kanji ishihara |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 24 juin 2024
Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?

Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/us-able-create-another-alliance-against-russia-and-china?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR23X6cIFL5xNxxLfp4O_O0er64a4Fqp3-MiIM8582C9NJs8r6tGDPlW7_c_aem_ARW74Dx8nwNLbNr2efIlyPRlCx-78W8o5GzcVymYbUtRlKHSkeMbUBwaa035r3RDni4zUEcWjRZMfIMEXgNpHmUk
Chan Mo Ku, ancien officier militaire à la direction de la planification stratégique du commandement des forces combinées de la République de Corée et des États-Unis, et Jinwan Park, futur Schwarzman Scholar à l'université de Tsinghua, en Chine, et chercheur de Washington spécialisé dans l'Asie de l'Est, ont publié fin mai 2024 un article commun dans la publication militaire américaine Breaking Defense sur la nécessité de créer un nouvel accord quadrilatéral. Cette fois, selon eux, la nouvelle alliance devrait inclure les États-Unis, le Canada, le Japon et la Corée du Sud, s'étendre aux régions de l'Arctique et du Pacifique et avoir pour objectif stratégique de contenir la Russie et la Chine réunies.
Une telle déclaration peut sembler trop ambitieuse, mais l'émergence d'une nouvelle structure est tout à fait réaliste, tout comme l'a été l'établissement d'un dialogue quadrilatéral sur la sécurité avec l'Inde, le Japon, l'Australie et les États-Unis, ainsi que l'accord trilatéral AUKUS. Ces deux formats ont été lancés explicitement contre la Chine. Il y a aussi le Quad-Plus, qui comprend en plus le Brésil, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et même le Viêt Nam (sa participation est devenue possible en raison du différend territorial maritime avec la Chine).

Dans ce cas, l'incitation est basée sur la peur de la coopération plutôt réussie et croissante entre la Russie et la Chine et sur la propagande occidentale selon laquelle la Russie militarise l'Arctique. Les membres euro-atlantiques du Conseil de l'Arctique, bien qu'ils aient suspendu leur participation à cet organe, disposent encore de certaines capacités militaires. Mais cela pose problème aux États-Unis et au Canada, qui doivent donc d'une manière ou d'une autre couvrir leur flanc dans le Pacifique Nord. En ce qui concerne l'interaction entre Moscou et Pékin, il est dit que, de janvier 2022 à juin 202, 234 entités chinoises ont été enregistrées pour travailler dans la zone arctique russe. Il s'agit essentiellement de technologies dans le domaine de la production et du transport de gaz et de pétrole, dont la Chine a besoin. L'augmentation de l'activité militaire conjointe des deux pays est également notée. Les exercices navals dans la région du détroit de Béring, près de la côte de l'Alaska, en août 2023, sont notamment mentionnés.
Les auteurs s'inquiètent également de la coopération globale de la Russie avec la Corée du Nord, qui s'est aussi considérablement intensifiée récemment.
Les auteurs affirment que : "Pour contrer ces dangers croissants, les États-Unis et le Canada doivent se tourner vers le Japon et la Corée du Sud, deux alliés clés du traité qui ont des intérêts stratégiques et des capacités uniques susceptibles de renforcer la sécurité dans l'Arctique.
Dans le même temps, ils reconnaissent que "l'interaction des deux pays peut renforcer de manière significative la capacité de défense de l'Alliance". Tokyo joue un rôle de premier plan dans la promotion des normes de sécurité maritime et de la protection de l'environnement. En mettant à la disposition du Canada ses radars océaniques et ses technologies de télédétection de classe mondiale, qui ont été améliorés pendant des décennies en raison de la forte dépendance à l'égard de la pêche et des collisions régulières ainsi que des catastrophes naturelles, le Japon peut accroître de manière significative les capacités de surveillance du Canada. Récemment, les Canadiens ont annoncé leur intention d'investir 1,4 milliard de dollars sur 20 ans dans l'amélioration des capteurs marins de l'Arctique.

La Corée du Sud, géant de la construction navale en concurrence avec la Chine, pourrait être la clé de l'accélération de la modernisation des flottes arctiques vieillissantes des alliés. En outre, comme le Canada a promis de dépenser 18,4 milliards de dollars sur 20 ans pour acquérir davantage d'hélicoptères tactiques modernisés destinés à être utilisés dans l'Arctique, la Corée du Sud, avec sa production d'armes de pointe, peut également apporter son aide dans ce domaine.
Cette coopération plus étroite dans la sphère militaro-industrielle renforcerait l'architecture de sécurité dans l'Arctique, tout en approfondissant la compatibilité militaire. En outre, la combinaison des efforts dans le cadre d'organes directeurs multilatéraux permettrait à la coalition démocratique dirigée par les États-Unis de façonner collectivement le Pacifique Nord. La coordination des positions dans des forums tels que le Conseil de l'Arctique et le sommet trilatéral entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine protégerait leurs intérêts communs dans la détermination des futurs contours de l'Arctique".

En d'autres termes, l'accent est clairement mis sur le rôle de l'OTAN, où les partenaires américains dans la région pourraient devenir des atouts supplémentaires et offrir des opportunités à leur complexe militaro-industriel. Dans le même temps, il est également dit que l'implication de la Chine dans l'Arctique russe sape la sécurité régionale du Japon, et avec le changement climatique qui rend les ressources de l'Arctique plus accessibles, dans le statu quo actuel, le Grand Nord sera sous le contrôle d'opposants aux États-Unis, que les auteurs appellent des "autocraties révisionnistes". Par conséquent, à long terme, l'Occident et ses satellites en Asie espèrent obtenir d'une manière ou d'une autre des ressources situées directement dans la zone économique souveraine de la Russie ou dans d'autres lieux contestés qu'ils ne peuvent actuellement pas revendiquer.
D'autres auteurs ont récemment évoqué la nécessité d'une intégration militaire et militaro-industrielle plus étroite entre les États-Unis et leurs partenaires asiatiques, en avançant leurs propres arguments.
En ce qui concerne la vision doctrinale de la géographie politique, il convient de rappeler que les États-Unis avaient auparavant, dans le cadre de leurs plans, réuni les océans Pacifique et Indien en un seul espace géostratégique. Le Pentagone, puis la Maison Blanche ont adopté le nouveau terme Indo-Pacifique, adaptant leurs initiatives à cet espace. Bien entendu, l'opposition à la Chine était implicite, et l'Inde a donc volontiers soutenu la nouvelle doctrine.

En 2022, le concept de l'EuroArctique est apparu, avec pour mission similaire de consolider les partenaires américains déjà présents dans la région européenne. Ici, l'adversaire désigné était la Russie, contre laquelle l'alliance de l'OTAN pouvait agir sous la direction de Washington.
Dans ce cas, il s'agit de l'unification de deux adversaires géopolitiques des États-Unis, qu'ils considèrent comme leurs principaux concurrents stratégiques, conformément à leurs développements doctrinaux. Et comme la Chine n'a pas d'accès physique à la région arctique, il devient nécessaire d'ajuster la stratégie spéculative et d'y ajouter l'océan Pacifique.
Il est donc fort possible que nous assistions bientôt à l'apparition d'un nouveau terme - Arcto-Pacifique - qui sera d'abord utilisé dans un certain nombre de publications de centres d'analyse, avant que les décideurs des principaux départements de Washington ne l'introduisent dans la circulation permanente.
14:34 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, océan pacifique, arctique, russie, chine, états-unis, canada, japon, corée du sud, asie, affaires asiatiques, politique internationale |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 03 février 2024
Japon: la fête d'Hanami

Japon: la fête d'Hanami
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/hanami/
Au Japon, plus ou moins en cette dernière partie du mois de janvier, des prévisions sont publiées par l'Institut météorologique national sur la... floraison des cerisiers. Celle-ci commencera fin mars dans l'île méridionale de Honshū et se terminera à la mi-mai dans l'île septentrionale d'Hokkaido, qui, généralement, reste longtemps enneigée.
Il s'agit bien sûr de permettre à ceux qui le souhaitent de se rendre sur les lieux de floraison. De se consacrer à la contemplation du Sakura. Des cerisiers en fleurs.

Une coutume, voire une fête ancienne, plus que millénaire. Et qui porte le nom de Hanami.
Saisissant... et étrange pour nous. Car notre façon de concevoir les fêtes calendaires est de plus en plus détachée des cycles de la nature. Elle est devenue quelque chose d'abstrait.
Même les fêtes traditionnelles, comme Noël ou Pâques, sont, au moins dans le sentiment commun, des fêtes de l'esprit.
Pour les religieux, ce sont des fêtes de la foi. Ou, plus précisément, de l'Église. Mais d'une Église qui, de plus en plus, les célèbre comme une mémoire. Une sorte de mémoire qui fonde son existence. Sa raison d'être.
Ici aussi, on a perdu le sens des anniversaires dans lesquels le Mystère, la Naissance, la Mort et la Résurrection, est inhérent. Il est présent, il se reproduit à chaque fois. Comme si c'était la première fois. C'était une conscience très claire dans le christianisme des premiers siècles. Et nous en trouvons encore un écho dans les Hymnes sacrés de Manzoni.
Mais aujourd'hui, tout cela est perdu. Incapables de vivre le Mystère, les hommes se limitent à s'en souvenir abstraitement. Comme n'importe quel fait historique.

Et les nouveaux festivals sont encore pires. Pensez au modèle américain, que nous sommes en train d'importer. Thanksgiving... Black Friday, la fête de la consommation et du consumérisme.
Dans la culture japonaise, en revanche, la perception, ou le sentiment, d'un lien avec la nature a été maintenu.
Ce sentiment se concrétise par des festivals liés à des phénomènes saisonniers spécifiques. Comme, précisément, la floraison du Sakura. Des cerisiers.
Ce qui rappelle une certaine tradition sur la floraison des amandiers, à la fin de l'hiver, qui était autrefois vivante dans nos contrées. Comme dans la Vallée des Temples, à Agrigente. Un héritage extrême de la civilisation hellénique.
Il n'est cependant pas nécessaire d'établir des parallèles complexes entre des traditions et des cultures différentes. Au contraire, ce ne serait qu'une abstraction de plus. Une dialectique traditionaliste.
Hanami, en revanche, est quelque chose d'essentiel. Simple. Et, pour cette même raison, difficile à réaliser pour nous, Occidentaux modernes.
Contempler en silence la floraison des cerisiers. Apprécier leur beauté à l'aube. Et leur parfum le plus intense au coucher du soleil.
C'est tout.
Bien sûr, on pourrait ensuite parler du symbolisme complexe du Sakura.
Mais un symbole, s'il est authentique, ne doit pas être expliqué.
Il doit être contemplé... et ressenti dans sa force vitale.
19:09 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : traditions, japon, hanami, sakura, cerisiers, asie |
|
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook

