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jeudi, 13 juin 2024

La guerre des narratifs

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La guerre des narratifs

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerra-di-narrazioni/

La guerre se joue à plusieurs niveaux. Il y a l'opposition des hommes, des armes... et celle des narratifs.

Et les narratifs qui s'opposent sont... influents. Ils ne sont pas seulement des mots. Mais des textes, des films, des récits qui motivent, qui expliquent. Qui affectent. Car les mots sont des pierres. Et des armes.

Et la guerre, surtout la guerre moderne, est avant tout une guerre psychologique. Le Viêt Nam l'a prouvé. Les États-Unis n'ont pas été vaincus par les armes de leur ennemi, mais par l'effondrement de l'opinion publique nationale. Un effondrement moral et psychologique.

Aujourd'hui, dans le conflit russo-ukrainien, deux narratifs partisans et différents s'opposent. Absolument antithétiques et inconciliables l'un avec l'autre.

Pour la partie ukrainienne, et pour l'OTAN, nous sommes confrontés à une agression russe, motivée uniquement par la volonté d'un dictateur impitoyable, avide de reconquérir l'empire qui était autrefois l'URSS.

Une agression qui constituerait la première étape d'une attaque contre l'ensemble de l'Occident. Car Poutine est, nous dit-on, le nouvel Hitler. Comme cela a été souligné et proclamé du haut de la chaire, récemment, en Normandie. Lors des célébrations pompeuses du jour J.

Du côté russe, l'opération spéciale - car le mot guerre n'est jamais utilisé - a été rendue nécessaire par les massacres de civils russes dans le Donbass par les milices nazies de Kiev. Parce que Zelenski est un nazi - bien qu'issu d'une famille juive - et que les nazis sont ses bailleurs de fonds et ses soutiens étrangers. Tout comme George Soros, juif d'origine hongroise.

Dans les deux récits, il y a quelques noyaux de vérité, cependant falsifiés par une pléthore de mensonges. Il est vrai que la Russie a envahi l'Ukraine. Mais il est également vrai qu'il y a eu un nettoyage ethnique dans le Donbass et que Kiev a totalement ignoré les accords de Minsk. Avec le soutien de Washington et du collectif occidental.

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En réalité, ce conflit ne représente que la dernière étape (pour l'instant) d'une longue guerre entre Washington et Moscou. Elle a commencé immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dont le premier acte a été le plan dit Marshall.

Cette guerre est d'ailleurs l'héritière directe du Grand Jeu qui oppose depuis trois siècles les empires russe et britannique. L'empire américain en est l'héritier direct.

Le nazisme et Hitler n'y sont pour rien, pas plus que les choux. Ils ont été liquidés par les deux rivaux historiques, Moscou et Washington, qui voyaient en eux une menace pour leurs intérêts et leurs objectifs.

Pour des raisons différentes, bien sûr.

La Russie parce qu'elle voyait sa primauté sur l'Eurasie menacée par la croissance et l'expansion allemandes.

Les États-Unis, parce qu'ils voyaient dans l'Allemagne hitlérienne un rival économique redoutable. Capable de les exclure du marché européen.

Mais Hitler était mauvais... oui, mais s'il avait été le dictateur du Gabon, personne n'aurait pris la peine de lui faire la guerre.

Et la Seconde Guerre mondiale aurait eu lieu même si la NSDAP n'avait pas été au pouvoir en Allemagne.

Aujourd'hui, l'accusation d'être nazi portée contre l'ennemi est réciproque. Et, dans les deux cas, instrumentale. Les causes et les objectifs du conflit sont tout à fait différents. Et bien plus anciens. Cependant, cette diabolisation de l'ennemi, par le biais de récits opposés, rend toute forme de règlement extrêmement difficile. On peut négocier la paix avec quelqu'un dont les raisons sont différentes des nôtres, mais néanmoins acceptables.

Pas avec l'incarnation du Mal absolu.

Et, en cela, il faut reconnaître que Poutine maintient, avec une certaine sagesse, deux niveaux différents de narration.

L'un, plus enflammé, pour maintenir le front intérieur contre l'"agression nazie". Il l'incite à la nouvelle grande guerre patriotique.

L'autre, tourné vers l'extérieur, plus... diplomatique. Ouverte à la négociation et visant à éviter l'affrontement frontal.

Mais sur le front opposé, le récit apparaît presque univoque et monolithique. Poutine est Hitler. Il est le Mal et doit être anéanti avec toute la Russie. C'est un point final.

Il n'y a aucun espoir de négociation.

Du moins pour l'instant.

21:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : narratifs, actualité, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Colonel Gerold Otten : « L'intérêt de l'Allemagne, c'est d'obtenir la fin de la guerre en Ukraine »

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Colonel Gerold Otten : « L'intérêt de l'Allemagne, c'est d'obtenir la fin de la guerre en Ukraine »

Source: https://www.pi-news.net/2024/06/otten-deutschlands-interesse-muss-es-sein-ein-ende-des-ukraine-krieges-zu-erreichen/

Gerold Otten est colonel de réserve et a travaillé à l'école des officiers de la Luftwaffe à Fürstenfeldbruck.

Gerold Otten, membre du Bundestag pour l'AfD, représentait son parti à la réunion de printemps de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN qui s'est tenue à Sofia du 24 au 27 mai et au cours de laquelle la Déclaration 489 « Standing with Ukraine until Victory » a été adoptée. PI-NEWS s'est entretenu avec l'ex-colonel de l'AfD au sujet de cette réunion et des tensions géopolitiques actuelles.

PI-NEWS : Vous avez été le seul délégué à Sofia à voter contre la Déclaration 489. Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?

GEROLD OTTEN : La déclaration est de facto un chèque en blanc pour l'Ukraine ! Le document ne précise pas non plus ce qu'il faut entendre par une "victoire de l'Ukraine" et surtout comment celle-ci doit être obtenue militairement. Les exigences maximales de l'Ukraine concernant le rétablissement total du statu quo ante bellum, c'est-à-dire de la situation d'avant 2014, ne sont pas non plus réalistes à mon avis.

Dans vos déclarations, vous insistez sur la nécessité d'une politique souveraine pour l'Allemagne. Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là et comment cela pourrait être mis en œuvre dans le contexte des décisions de l'OTAN sur la crise ukrainienne ?

La question fondamentale pour les décisions en matière de politique de défense et de sécurité devrait toujours être la suivante : Qu'est-ce qui va dans l'intérêt de l'Allemagne ? Je représente ici la Realpolitik, qui, en cas de conflit, mise sur des solutions négociées, un équilibre des intérêts et des compromis. Dans ce contexte, une politique « guidée par des valeurs », telle que la promeut le gouvernement fédéral, est totalement inutile et contre-productive, voire même dangereuse ! L'intérêt de l'Allemagne doit être de mettre fin à la guerre et d'instaurer un ordre d'après-guerre qui limite également la potentialité de tout conflit futur !

La tentative des pays de l'OTAN de vouloir décider de la guerre par une "paix victorieuse" en Ukraine, c'est, à mon avis, jouer avec le feu et ne vas certainement pas dans l'intérêt de l'Allemagne.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a demandé la levée des restrictions sur l'utilisation des systèmes d'armes occidentaux afin de pouvoir également attaquer des cibles en Russie. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Je pense que cette décision est mauvaise. D'un point de vue militaire, elle vise à réduire la pression sur les forces armées ukrainiennes en difficulté. Il est toutefois plus que douteux qu'elle y parvienne. En revanche, sur le plan politique, une telle décision suscite des réactions de la part de la partie adverse. Depuis le début de la guerre, nous assistons à une spirale d'escalade incessante. Ce qui était exclu hier est devenu réalité aujourd'hui. Où cela va-t-il s'arrêter ? Au sein du gouvernement fédéral, personne ne semble s'interroger sur le prix qu'il peut en coûter à l'Allemagne de vouloir obtenir une « paix victorieuse » en Ukraine.

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Stoltenberg a également souligné que l'OTAN ferait tout son possible pour empêcher une extension de la guerre aux pays de l'OTAN. Voyez-vous une contradiction à ce niveau dans son discours ? Si oui, comment pensez-vous que l'OTAN devrait adapter sa stratégie ?

Il y a une contradiction évidente : d'un côté, il faut empêcher l'escalade du conflit. Mais dans le même temps, les limites actuellement imposées à l'utilisation des armes, qui ont été livrées, sont supprimées, légitimant ainsi les attaques sur le territoire russe. Les pays de l'OTAN devraient changer complètement de stratégie pour éviter une extension de la guerre. Les livraisons d'armes non conditionnées à l'Ukraine ainsi que les autres soutiens logistiques et financiers doivent être progressivement supprimés et des pressions doivent être exercées sur l'Ukraine pour qu'elle s'engage enfin sans réserve dans des négociations en vue d'un cessez-le-feu.

La déclaration 489 demande la poursuite des livraisons d'armes à l'Ukraine, mais ne définit pas clairement ce que signifierait une 'victoire' de l'Ukraine. Comment interprétez-vous un telle 'victoire' et quels risques voyez-vous dans cette définition peu claire ?

Du point de vue de l'Ukraine, la 'victoire' signifie le rétablissement complet de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Du point de vue ukrainien, cela signifierait donc le retour aux frontières d'avant 2014, y compris la Crimée. C'est là aussi que réside le risque. En tentant d'envahir la Crimée, la Russie franchirait la ligne rouge. Il y aurait un risque d'escalade incalculable.

Le président Zelensky a qualifié la Russie d'État terroriste et a affirmé que la Russie n'utiliserait les cessez-le-feu que pour s'armer. Comment évaluez-vous cette déclaration et quel est son impact sur les efforts de paix internationaux ?

Avec une telle propagande, Zelensky tente de conserver à son profit le soutien militaire et financier de l'Occident. C'est une question de survie pour lui et son régime. En diffamant la Russie comme un "État terroriste", ce qui vaut donc aussi pour le président Poutine, ce dernier est perçu comme partenaire inacceptable dans les négociations et pourparlers de paix et tous les efforts en vue d'établir la paix sont ainsi torpillés.

Vous avez souligné que l'AfD poursuit une perspective à long terme pour les intérêts de l'Allemagne. Quelles mesures proposez-vous pour protéger ces intérêts tout en garantissant la sécurité internationale ?

L'Allemagne doit d'abord retrouver une capacité de défense. C'est l'élément clé de la protection des intérêts de l'Allemagne. L'Allemagne contribuerait ainsi de manière significative à la sécurité internationale, notamment en raison de son potentiel de dissuasion.

Comment jugez-vous la position actuelle de l'OTAN dans son ensemble, notamment en ce qui concerne l'équilibre entre le soutien à l'Ukraine et l'évitement d'un conflit direct avec la Russie ?

C'est un exercice d'équilibre. L'OTAN est tiraillée entre les intérêts des différents pays membres. D'un côté, il y a les États qui, en interne, cherchent de plus en plus d'autres solutions que celle de soutenir toujours davantage l'Ukraine en lui envoyant des armes, voire en lui envoyant des troupes au sol. De l'autre côté, on trouve par exemple les pays baltes et la Pologne, qui se sentent directement menacés par la Russie et demandent donc un soutien militaire aussi large que possible à l'Ukraine. L'OTAN ne doit cependant pas se laisser entraîner et répondre à de telles demandes, car elles comportent un risque d'escalade incalculable et le danger d'une confrontation directe avec la Russie.

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Quelles alternatives à la stratégie actuelle de l'OTAN proposeriez-vous pour résoudre le conflit en Ukraine ?

Une initiative internationale doit être lancée en vue de négociations de cessez-le-feu. L'OTAN, l'ONU et d'autres organisations internationales telles que l'OSCE pourraient y participer. Le conflit doit en tout cas être résolu à la table des négociations. Il n'y aura pas de victoire militaire pour l'Ukraine.

Quelle a été la réaction au sein de l'AfD et du parlement allemand à votre décision de voter contre la Déclaration 489 ? Avez-vous reçu un soutien pour votre position ?

Les réactions au sein de l'AfD ont toutes été positives. J'ai reçu beaucoup de soutien et de félicitations pour ma décision. Cependant, le Parlement allemand n'en a pas tenu compte.

Comment évaluez-vous le rôle de l'Allemagne au sein de l'OTAN, en particulier au regard des tensions géopolitiques actuelles ?

L'Allemagne a malheureusement peu d'influence au sein de l'OTAN. Bien que notre contribution financière soit très importante, l'Allemagne n'a qu'un faible poids politique en termes de décisions dans les tensions géopolitiques actuelles. Au sein de l'OTAN, ce sont toujours les États-Unis qui donnent le ton. J'estime que les chances, mais surtout la volonté, de l'Allemagne de jouer un rôle plus actif au sein de l'Alliance sont faibles.

Après une longue résistance, Berlin autorise l'Ukraine à attaquer des cibles en Russie avec des armes allemandes. Pourtant, Olaf Scholz se présente dans la campagne électorale comme un chancelier de la paix. Comment évaluez-vous cette contradiction ?

Dans cette situation, le chancelier Olaf Scholz est à mon avis un homme coincé, qui n'a qu'une faible marge de manœuvre politique. Après que le président américain Joe Biden a autorisé l'utilisation des armes livrées par les États-Unis contre la Russie, Scholz a dû lui aussi suivre le mouvement. Dans ce contexte, il sera également intéressant de voir s'il peut maintenir son refus de livrer des systèmes Taurus à l'Ukraine.

Monsieur Otten, merci beaucoup pour cette interview.

mercredi, 12 juin 2024

Conférence sur la paix : l'UDC estime que la neutralité de la Suisse est menacée

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Conférence sur la paix : l'UDC estime que la neutralité de la Suisse est menacée

Source: https://opposition24.com/politik/friedenskonferenz-svp-sieht-neutralitaet-der-schweiz-bedroht/

Le groupe UDC est préoccupé par ce qui se passe autour de la conférence du Bürgenstock des 15 et 16 juin 2024. Les efforts de paix doivent être salués dans leur principe. Il apparaît toutefois que la neutralité suisse n'est plus reconnue par toutes les parties au conflit : la Russie a déjà clairement fait savoir qu'elle ne souhaitait pas participer à la conférence du Bürgenstock.

Ce refus est une conséquence de la prise de position précipitée du Conseil fédéral après le début de la guerre en Ukraine et de l'acceptation sans réserve par la Suisse des sanctions de l'UE. En cédant à la pression internationale, le Conseil fédéral a malheureusement renoncé aux principes éprouvés de la neutralité suisse.

Le groupe UDC demande :

    - Si le processus de paix doit avoir une chance, la conférence du Bürgenstock ne doit pas se transformer en une conférence unilatérale de propagande en faveur de l'armement. Le Conseil fédéral a la responsabilité de veiller à ce que la conférence du Bürgenstock ne conduise pas à une nouvelle escalade et ne détruise pas définitivement la neutralité suisse.

    - Que toutes les parties au conflit soient impliquées et que l'on ne donne pas l'impression que la Suisse organise une conférence pour les parties adverses de la Russie. Cela serait désastreux et impliquerait encore plus la Suisse dans ce conflit. Le Conseil fédéral doit donc tout mettre en œuvre pour que la partie russe participe également à la conférence du Bürgenstock. Cela implique une invitation écrite officielle de la Russie par la Confédération.

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Par ailleurs, le groupe UDC a réaffirmé à l'unanimité que le Conseil fédéral devait revenir immédiatement aux principes éprouvés de la neutralité suisse:

    - La neutralité suisse doit être permanente et sans exception.

    - La neutralité suisse doit être armée: avec une armée capable de défendre et de protéger le pays et sa population de manière autonome en cas d'attaque.

    - La Suisse ne doit pas adhérer à des alliances militaires ou de défense.

    - La Suisse ne doit pas participer à des conflits militaires entre pays tiers.

    - La Suisse renonce à des mesures de coercition non militaires, c'est-à-dire à des « sanctions », à l'encontre d'Etats en guerre.

    - La Suisse continue à respecter ses obligations envers l'ONU.

    - La Suisse empêche les autres Etats de contourner les mesures de coercition non militaires via la Suisse.

    - La Suisse utilise sa neutralité perpétuelle pour les « bons offices » afin de prévenir et de résoudre les conflits.

    - La Suisse veut être respectée par tous les pays du monde comme un pays neutre ferme et fiable. 

Source : Déclaration du groupe UDC sur la conférence du Bürgenstock.

Poutine dénonce la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis

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Poutine dénonce la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2024/06/putin-prangert-deutschlands-abhaengigkeit-von-den-usa-an/

Lors d'une conférence de presse tenue mercredi à l'occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a profité de l'occasion pour exprimer ses critiques à l'égard de l'Allemagne et pour aborder les tensions actuelles qui sèment la discorde entre les deux pays. Poutine, qui considère l'Allemagne comme l'un des pays les plus hostiles, s'est penché de près sur les décisions politiques de Berlin et a mis en lumière les conséquences importantes qui s'ensuivront pour les relations germano-russes.

Poutine s'est montré particulièrement préoccupé par l'apparition de chars allemands en Ukraine, qu'il a qualifiée de choc moral et éthique pour la Russie. Il a souligné que la livraison de missiles à Kiev avait irrémédiablement endommagé les relations diplomatiques entre Berlin et Moscou. Pour M. Poutine, ces mesures de soutien militaire sont le signe d'une hostilité et d'une méfiance croissantes envers la Russie.

Un autre point central de sa critique était la dépendance croissante de l'Allemagne vis-à-vis des États-Unis. Poutine a fait valoir que l'Allemagne n'agissait plus de manière autonome en matière de défense et d'information et que cette dépendance limitait massivement la liberté de décision de Berlin. Selon M. Poutine, cette situation oblige la politique allemande à prendre des mesures qui ne sont pas dans l'intérêt supérieur du pays, mais qui servent plutôt les objectifs stratégiques de Washington.

En ce qui concerne les conséquences économiques des tensions politiques, M. Poutine a souligné que la rupture des relations énergétiques entre la Russie et l'Allemagne avait un effet dévastateur sur l'industrie allemande. Sans les livraisons d'énergie à bas prix de la Russie, les entreprises allemandes perdraient leur compétitivité, ce qui pourrait entraîner à long terme des dommages économiques et des pertes d'emplois considérables. 

Poutine a également établi des parallèles historiques pour étayer ses arguments. Il a mis sur le tapis le fait que l'Allemagne n'a jamais été pleinement souveraine après la Seconde Guerre mondiale et a vivement critiqué le gouvernement allemand pour avoir tacitement accepté le sabotage des gazoducs Nord Stream.

Le discours de Poutine ne met pas seulement en évidence les tensions actuelles, il laisse également entrevoir l'espoir que des changements politiques en Allemagne pourraient permettre de normaliser les relations. Le soutien à une politique plus souveraine et à des partis comme l'AfD pourrait jouer un rôle décisif à cet égard.

Poutine s'est exprimé avec une clarté et une urgence qui mettent en évidence le profond fossé entre les pays et la nécessité de revoir la politique étrangère allemande. À l'heure où l'Allemagne doit retrouver son indépendance et faire passer les intérêts de ses citoyens au premier plan, l'AfD pourrait faire office de voix de la raison et de la souveraineté nationale. Cette perspective offre une opportunité non seulement pour les relations germano-russes, mais aussi pour le renforcement de l'Allemagne sur la scène internationale.

fritz_elena.jpgQui est Elena Fritz?

La collaboratrice du site PI-NEWS Elena Fritz, est née le 3 octobre 1986, elle est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD depuis 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz:  https://t.me/global_affairs_byelena

vendredi, 07 juin 2024

La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être

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La technologie n'est pas tout ce qu'elle devrait être

Ayhan SÖNMEZ

Source: https://adimlardergisi.com/2024/06/03/teknoloji-olmasi-gereken-her-sey-degil/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR0eAptphcakZ6eKizGKb8VkQZWBTOMN85UimCgHsqByPkKvRoO8lV1cC2I_aem_AXXQRJb9D-wPOFhWb8U20vwL5wytzZ-IEAh-w6xJtkmNOHusffIkex5EpDEAkgjyVXwbpVZKsQTdu0USicbJv0Ad

La poudre à canon a alimenté l'ère coloniale et les bombes atomiques ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale. Il n'est donc pas surprenant que l'Occident ait un penchant pour les armes qui changent la donne. Des robots soldats aux armes spécialisées, il a dépensé des sommes colossales dans des technologies de pointe qui promettent de porter leurs fruits chaque jour.

Mais les guerres se gagnent avec des armes bon marché et faciles à produire. Lorsque vous envoyez des missiles à deux millions de dollars pour détruire des drones houthis à deux mille dollars, vous avez perdu la guerre. Comme vous disposez d'un nombre limité de missiles coûteux, vous pouvez facilement être saigné à blanc par des drones bon marché. Une fois que c'est fait, votre adversaire peut faire exploser son artillerie lourde. L'Iran a utilisé cette méthode lors de son attaque contre Israël le 13 avril 2024.

La technologie est source de complexité, et la complexité est source de défaillances. Plus votre système est complexe, plus les choses peuvent mal tourner. Les fronts de guerre sont des endroits boueux et désordonnés. Lorsque quelqu'un vous tire dessus, il est essentiel de disposer d'une arme capable de riposter de manière fiable.

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Il ne suffit pas d'avoir des soldats robots. Vous avez besoin de soldats robots que vous pouvez déployer en masse et armer sur le terrain. Il ne suffit pas d'avoir des armes d'artillerie dotées d'une intelligence artificielle. Vous avez besoin d'armes d'artillerie dotées d'intelligence artificielle qui ne se court-circuiteront pas lorsqu'il pleut ou qui ne se transformeront pas en ferraille si le logiciel tombe en panne.

Vous avez également besoin d'un approvisionnement régulier de toutes les terres rares, semi-conducteurs et autres composants nécessaires, ainsi que de travailleurs qualifiés capables de les assembler. L'Amérique est actuellement dépourvue de tous ces éléments et, à mesure que l'empire américain se détériore, ces déficiences s'accentueront.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Américains sont sortis vainqueurs grâce à leur énorme capacité de production. Les Allemands et les Japonais disposaient d'une technologie supérieure, mais les Américains ont gagné la guerre grâce à un approvisionnement presque illimité en avions adéquats et en chars utiles.

La Russie et la Chine disposent toutes deux de puissants centres de production et de la capacité de recruter un grand nombre de soldats. L'Amérique n'a ni l'un ni l'autre. Mais les diplomates américains continuent de s'agiter et de menacer.

Les soldats qui se trouvent à des milliers de kilomètres sont une force potentielle. Ils ne deviennent une puissance réelle que lorsqu'ils sont déployés sur le front. Le déplacement de ces troupes nécessite d'énormes quantités d'argent, de ressources et de planification.

Selon Global Affairs, il y a officiellement 171.736 soldats américains en service actif dans au moins 80 pays. Cependant, la majorité de ce nombre se trouve dans trois pays : le Japon (53 973), l'Allemagne (35 781) et la Corée du Sud (25 372). Il ne reste donc que 56.610 hommes pour surveiller les 77 pays restants et leurs quelque 450 bases militaires.

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Lorsque vous transférez des troupes sur la ligne de front, la zone où elles étaient stationnées auparavant devient plus vulnérable aux ennemis de la région. Et les États-Unis auront du mal à trouver une région où il n'y aura pas d'ennemis. Cela signifie que les alternatives de l'Amérique pour déplacer des troupes et des armes sont très limitées.

Les forces impériales américaines sont trop dispersées. L'armée américaine est également confrontée à des pénuries de recrutement et à une population de soldats potentiels de plus en plus défigurée et mal entraînée.

Tout conflit en cours en Ukraine, en Israël, en Iran, en Russie ou en Chine nécessite des troupes et des équipements dont les États-Unis ne disposent pas. Il n'est pas certain que les bureaucrates et les stratèges militaires américains en soient conscients. S'ils sont assez fous pour impliquer des troupes américaines dans l'un de ces conflits, ils en subiront les conséquences désastreuses.

Ceux qui voient venir l'apocalypse nucléaire pourraient commencer à retirer les dernières pierres qu'ils ont mises sur le terrain de la ligne de l'empire américain hypertrophié. Au lieu de recourir à l'intimidation, ils pourraient chercher à établir des relations mutuelles fondées sur la coopération. Ils pourraient chercher des moyens d'adoucir le choc afin qu'il n'entraîne pas leur mort.

Mais ignorant qu'ils vivent dans le monde de 2024, ils continuent d'adopter l'attitude arrogante consistant à dire, écoutez: « notre klaxon sonne ». Ils ne peuvent pas échapper aux conséquences de leur stupidité, mais ils peuvent les anticiper et planifier en conséquence. Et cela inclut la planification de leur comportement dès maintenant, lorsqu'ils paniqueront enfin.

La plupart des chiens mordent par peur et non par agressivité. L'Amérique est susceptible de perdre gravement dans tout conflit à venir. Au fur et à mesure que l'empire américain déclinera, ses classes dirigeantes deviendront de plus en plus agitées. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à une répression accrue de la « désinformation » et de l'« extrémisme ».

Je dis que les choses ne vont pas bien pour l'Occident et pour ceux qui choisissent d'être des wagons du train occidental, et qu'elles vont bientôt empirer. Celui qui accepte la vérité telle qu'elle est a un énorme avantage sur l'adversaire qui insiste pour que tout soit comme il veut que ce soit.

Notre Avant-guerre 2024

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Notre Avant-guerre 2024

Karl Richter

Les_somnambules.jpgLe jugement populaire selon lequel les peuples d'Europe se sont précipités dans la Première Guerre mondiale par pur aveuglement et stupidité politique est toujours d'actualité. Le best-seller « Les somnambules » (2012), écrit par l'historien australien Christopher Clark, reflète de manière exemplaire cette vision. Mais elle est inexacte. Les cercles maçonniques et financiers internationaux travaillaient depuis des décennies à la Grande Guerre, au renversement des monarchies et à la mise en place de la démocratie occidentale. La Première Guerre mondiale était le produit d'une politique d'intérêts et d'intrigues à long terme menée par des cercles occidentaux agissant à l'arrière-plan.

Il en va de même pour la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'Hitler ait été l'acteur le plus bruyant, il n'est plus un secret pour personne qu'il n'était que l'instigateur, car la Seconde Guerre mondiale était fixée dès la fin de la Première. Dans les années 20 et 30, la Pologne seule a tenté à plusieurs reprises de déclencher la guerre contre l'Allemagne avec l'aide des puissances occidentales. L'élément déclencheur a finalement été, en 1939, la terreur persistante perpétrée contre la communauté allemande de Pologne - et l'encouragement à le faire par les instigateurs anglo-américains. C'est d'ailleurs exactement la même constellation, jusqu'aux principaux acteurs, à laquelle Poutine est confronté aujourd'hui. Contrairement à Hitler, il a attendu huit ans, de 2014 à 2022, avant de venir en aide à la population russe harcelée dans le pays voisin. Dans la grande interview que Tucker Carlson lui a accordée en février, Poutine a laissé entendre qu'il était conscient des parallèles historiques.

Nous assistons actuellement, en temps réel, au déclenchement de la troisième guerre mondiale. Délibérément, en toute connaissance de cause. Ce ne serait d'ailleurs pas la première grande guerre qui débuterait en été. On ne peut pas interpréter les provocations occidentales à l'égard de la Russie autrement que comme une volonté délibérée de déclencher la guerre. Les états-majors de l'OTAN connaissent la doctrine nucléaire russe - et c'est apparemment pour cette raison qu'ils attaquent les stations radar russes, qui font partie du système d'alerte précoce pour la détection d'attaques de missiles intercontinentaux (ICBM) et constituent donc un pilier de la sécurité stratégique de la Russie. Dans le même temps, elle ouvre la voie à l'envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine. Parallèlement, la guerre est portée avec détermination sur le territoire russe, en supprimant les restrictions actuelles sur l'utilisation des systèmes d'armes fournis par l'Occident. M. Poutine a maintenant averti, à juste titre, que « l'escalade continue » pourrait « avoir de graves conséquences ». Même si Kiev mène des attaques contre des installations russes et le territoire russe, la responsabilité en incombe aux soutiens occidentaux. « Ils veulent un conflit mondial ».

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Même les derniers observateurs qui ont conservé un esprit sobre ne se font pas d'illusions à ce sujet. Le président hongrois Orbán l'a formulé sans détour le 24 mai : « Ce qui se passe aujourd'hui à Bruxelles et à Washington, peut-être plus à Bruxelles qu'à Washington, est une sorte de préparation à un éventuel conflit militaire direct, on peut sans crainte l'appeler ainsi : les préparatifs pour l'entrée de l'Europe dans la guerre ont commencé ».

En l'état actuel des choses, la guerre aura lieu parce que l'Occident la veut. Les raisons en sont multiples et ne nous intéressent ici que marginalement : le cancer du capitalisme occidental est par principe tributaire de l'assimilation de nouvelles valeurs réelles et s'apprêtait déjà dans les années 90, après la fin de l'URSS, à absorber la Russie et ses matières premières. Poutine a empêché cela. Aujourd'hui, la fin de la domination du dollar et donc de l'hégémonie américaine sur le monde approche. Pour éviter cela, les élites occidentales sont également prêtes à la guerre nucléaire et préparent sans scrupule la décimation de la population européenne. Les Ukrainiens n'ont été que les premiers. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, l'a dit ces jours-ci : l'UE va tenter d'introduire la conscription dans d'autres États membres afin d'envoyer des jeunes dans une guerre de plus en plus désespérée en Ukraine : « La conscription est introduite pour envoyer des jeunes se faire massacrer en Ukraine ! »

L'inconscience avec laquelle les sociétés européennes se laissent manœuvrer dans la guerre semble fantomatique. Apparemment, trois quarts de siècle après la dernière guerre, toute connaissance collective, toute expérience collective de l'horreur de la guerre a disparu. L'insouciance - ou faut-il parler d'amnésie collective ? - l'indifférence avec laquelle les sociétés occidentales acceptent l'approche de la guerre, qui sera très probablement nucléaire, est stupéfiante. L'inconscience avec laquelle les Allemands, en particulier, qui ont déjà connu deux guerres mondiales et de terribles victimes, se précipitent dans l'urgence, est digne d'un film de zombies. L'Allemagne n'est absolument pas préparée à une guerre, que ce soit sur le plan mental, économique ou logistique, et encore moins sur le plan militaire. Les réserves de munitions de l'armée allemande sont connues pour durer moins de deux jours. La bonne nouvelle, c'est que l'Allemagne n'apparaît même pas dans les plans des états-majors russes comme un adversaire sérieux.

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Il est inutile de se creuser la tête sur le scénario à venir. La guerre ne commencera pas par un échange de tirs nucléaires, ni par une attaque conventionnelle de grande envergure. Cette dernière dépasserait actuellement les capacités de la Russie. La Russie a encore de nombreuses flèches non militaires à décocher, des flèches « asymétriques », dans son carquois, qui peuvent faire trébucher l'Occident avant qu'il ne puisse causer davantage de dégâts en Ukraine. La Russie n'a pas encore pris de contre-sanctions sérieuses, comme l'arrêt complet des livraisons de gaz et de pétrole, qui parviennent toujours à l'Occident par des voies détournées. La Russie n'a pas encore commencé à porter atteinte aux infrastructures occidentales par des frappes clandestines mais efficaces, par exemple contre les infrastructures de communication, d'énergie et de transport. Tout récemment, le 16 mai, Moscou a apparemment envoyé une arme anti-satellite dans l'espace, ce qui inquiète les stratèges américains. Une simple panne du système de navigation GPS provoquerait le chaos en Occident. Mais la Russie est toujours un ours qui dort.

L'Allemagne a survécu à deux guerres mondiales grâce à une organisation sans précédent de ses ressources sociales et économiques, même si elle n'a pas gagné. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production d'armements n'a même atteint son maximum qu'au dernier trimestre 1944. Aujourd'hui, la société allemande est à des années-lumière de telles performances. Elle n'est pas prête pour la défense et la performance, elle ne dispose d'aucune ressource et elle est encore plus malmenée par les millions de migrants qu'elle doit nourrir. Elle est incapable de se défendre.

Tout porte à croire que les sociétés d'Europe occidentale, dont les fondements sont l'hédonisme, l'effondrement des valeurs et la consommation permanente, imploseront en cas de crise. Si la première ogive nucléaire tactique russe explose au-dessus de l'Ukraine occidentale ou de l'un des centres de transit de l'OTAN en Pologne, de nombreux plans occidentaux deviendront caducs. Les millions d'immigrés qui prendront ce dont ils ont besoin lorsque les supermarchés seront vides provoqueront à eux seuls le chaos et des victimes considérables parmi la population civile. Mais si l'Allemagne est en état de guerre, il y a de fortes chances que la plupart d'entre eux quittent le pays à la hâte ; de telles prédictions existent.

En fin de compte, il faut se réjouir de cette évolution. Parce qu'il y a alors une chance, du moins en théorie, que les cartes soient redistribuées et que les régimes criminels occidentaux tombent. Il est encore difficile de prédire quelles seront les possibilités offertes par la combinaison du chaos intérieur et de la menace extérieure, et quels nouveaux acteurs apparaîtront éventuellement sur la scène. Une seule chose est sûre : les régimes occidentaux vassaux qui suivent aveuglément Washington dans la guerre doivent disparaître si nous voulons survivre. Ce sont eux, et non la Russie, qui sont nos ennemis existentiels. Ce sont eux, et non la Russie, qui veulent notre perte. Nous devons nous débarrasser d'eux si nous voulons avoir un avenir. De toute façon, nous n'avons plus le choix.

 

jeudi, 06 juin 2024

Entretien avec le général Marco Bertolini

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Entretien avec le général Marco Bertolini

Propos recueillis par Stefano Vernole

Entretien accordé au "Centre d'études Eurasie et Méditerranée"

Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2024/05/intervista-al-generale-marco-bertolini/

    - Bonjour, mon Général. La semaine s'est ouverte sur les réactions du gouvernement italien aux déclarations de Jens Stoltenberg ; le secrétaire général de l'OTAN a invité les alliés qui fournissent des armes à l'Ukraine à « envisager » de lever l'interdiction d'utiliser ces armes pour frapper des cibles militaires en Russie, parce que Kiev « a le droit de se défendre et cela inclut de frapper des cibles sur le territoire russe ». Nonobstant le fait qu'en réalité, l'Ukraine frappe déjà depuis deux ans des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie (Belgorod en particulier) et pas seulement en Crimée, territoire contesté, pensez-vous que le gouvernement italien pourra résister à l'effet d'entraînement provoqué par les propos de Stoltenberg et d'autres dirigeants européens (Macron en particulier), même après les élections européennes ? Ne vous semble-t-il pas que la rhétorique atlantiste, jour après jour, cherche l'escalade et que le comportement antérieur de notre pays face aux pressions américaines ne rassure pas pleinement sur la possibilité de rester à l'écart d'une aggravation du conflit ?

« Tout d'abord, je pense que je dois admettre que Stoltenberg a exposé, certainement sans le vouloir, l'hypocrisie de l'Occident dans son ensemble. L'Occident, entendu comme ce conglomérat qui appartient à l'anglosphère en général et à l'OTAN et l'UE en particulier, est en guerre contre la Russie depuis deux ans. Il l'est par les termes insultants (boucher, criminel, dictateur, etc.) utilisés pour qualifier ce qui fut et reste le président élu et reconnu d'un pays avec lequel nous entretenons toujours des relations diplomatiques, par les démonstrations de haine « raciale » contre tout ce qui est russe (de la culture au sport, au point d'exclure les athlètes paralympiques des compétitions internationales), et bien sûr par le régime de sanctions qui non seulement affecte surtout nos économies, mais contredit aussi des décennies de relations commerciales entre l'Europe occidentale et l'Europe slave qui ont apporté prospérité et richesse aux uns et aux autres. Ainsi que la sécurité.

Mais tout au long de cette longue période, une hostilité sous-jacente a persisté, en particulier de la part de l'extrême Occident, qui ne pouvait digérer une soudure entre l'Europe et l'Asie via la Russie, qui menacerait de créer un énorme centre de pouvoir dans le « Heartland » de Mackinder, l'inventeur de la géopolitique. Et ce, au détriment des puissances insulaires, navales et anglo-saxonnes qui ont toujours considéré l'Europe comme une entité quelque peu étrangère, voire hostile. En tout cas, à contrôler.

Dans les mêmes années où Vladimir Poutine a été reçu dans nos chancelleries avec tous les honneurs, en effet, les actions n'ont pas manqué pour miner ce qui restait de la sphère d'influence russe emportée par l'effondrement soviétique. Quelques années après la chute du mur de Berlin, un autre, plus petit, était construit dans les Balkans pour isoler la petite Serbie et ghettoïser la Republika Srpska en Bosnie, encore plus petite, tandis que la quasi-totalité des pays autrefois alliés au sein du Pacte de Varsovie basculaient dans l'OTAN, voire une partie de l'ex-URSS elle-même (les pays baltes). Avec les printemps arabes, initiés, toujours par coïncidence, par le trio américain, britannique et français, avec l'attaque de la Libye et la destruction de la Syrie, l'allié historique de Moscou, le tableau était donc planté pour d'autres développements, qui se déroulent malheureusement aujourd'hui sous nos yeux.

Laissant de côté cette digression historique et revenant au sujet, l'hypocrisie de l'Occident a atteint son apogée avec la fourniture d'armes hautement sophistiquées à l'Ukraine, avec la clause à la Ponce Pilate d'interdire - au moins officiellement - leur utilisation contre le territoire russe. Une clause absurde et probablement impossible à respecter par ceux qui combattent un ennemi plus fort avec ces armes.  Et par ceux qui perçoivent désormais clairement que leur propre survie politique, voire physique, dépend de l'issue d'une guerre qui semble désormais perdue sur le terrain ; à moins de tout remettre en jeu en élargissant le périmètre et en impliquant l'OTAN et l'Union européenne.

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Dans ce « je voudrais bien, mais je ne peux pas », se cache en somme toute la duplicité occidentale mise à nu par Stoltenberg avec un « le roi est nu » qui embarrasse tout le monde. Et l'embarras est aussi motivé par le fait que, contrairement à Macron qui est le président élu de la France et qui, à ce titre, a tout à fait le droit de faire et de dire ce qu'il juge nécessaire dans l'intérêt de son propre pays, Stoltenberg n'est qu'un haut fonctionnaire nommé, dont les pouvoirs se limitent à rapporter et à coordonner les décisions prises à l'unanimité par les pays de l'OTAN, dont certains, comme on le sait, ne voient pas d'un bon œil la poursuite d'autres actes belliqueux.

Il n'en reste pas moins que je ne crois pas qu'il parle pour faire grincer des dents, et qu'il participe certainement, sans en avoir le droit, à une escalade de tons qui a commencé il y a au moins deux ans, pour préparer l'opinion publique et porter aux conséquences extrêmes une guerre qui, jusqu'à présent, voit la Russie avec un avantage considérable, au niveau tactico-opérationnel, au grand dam de ceux qui prévoyaient sa défaite définitive et son exclusion de l'Europe et de la mer Méditerranée.

En bref, nous en sommes arrivés aux conséquences prévisibles d'un plan d'action misérable par lequel l'Occident tout entier s'est plié aux décisions belliqueuses de Londres et de Washington dans l'illusion qu'il existait une différence suffisante de potentiel technologique, social, moral et motivationnel pour prendre le dessus sur Moscou.

Cela dit, c'est avec soulagement que de nombreux gouvernements, dont le nôtre, ont pris leurs distances avec les affirmations de Stoltenberg et de Macron ; mais je doute que cette attitude prudente tienne face à un accident nucléaire majeur à Energodar, par exemple, exposé aux tirs d'artillerie ukrainiens depuis deux ans alors que tout le monde semble l'avoir oublié, ou à un casus belli avec un fort impact médiatique et un appel aux armes conséquent pour la défense de la « démocratie » ukrainienne.

    - Depuis le 17 avril, l'Ukraine a utilisé au moins 50 ATCMS pour attaquer diverses cibles. Certaines de ces attaques ont été couronnées de succès et ont touché des installations importantes: au moins deux S-400, un dépôt de munitions et au moins trois avions lors d'une attaque contre l'aéroport de Belbek le 16 mai. L'un des deux radars d'Armavir, dans le sud de la Russie, a été touché et, d'après les photos, endommagé. Les deux systèmes radar d'Armavir, qui fonctionnent sur des fréquences UHF, couvrent l'Iran, le Moyen-Orient et la partie la plus méridionale de l'Ukraine. Ils constituent surtout l'une des composantes du réseau d'alerte précoce de la Russie pour sa propre défense contre les attaques de missiles ICBM et les attaques nucléaires ; ils peuvent également identifier des avions et des missiles d'autres types, mais c'est là leur rôle principal. Dans la pratique, un radar qui permet à la Russie d'identifier les missiles nucléaires se dirigeant vers son territoire a été touché. Si un radar de ce type est endommagé, non seulement les capacités de défense contre une attaque nucléaire sont limitées, mais le risque d'identifier comme une menace quelque chose qui n'en est pas une et de déclencher des contre-mesures appropriées même en l'absence de menace augmente de manière disproportionnée. En résumé, pensez-vous que le risque d'une riposte russe, même nucléaire, est toujours réel ?

« C'est l'un des risques auxquels je faisais référence. Les systèmes d'alerte précoce des Etats-Unis et de la Russie surtout, mais cela vaut aussi pour la Chine, font partie intégrante de la dissuasion nucléaire dans son ensemble, au même titre que les armes et les lanceurs qui permettent de les lancer sur des cibles. C'est grâce à eux que les puissances nucléaires sont en mesure de détecter les menaces qui pèsent sur leur territoire bien avant qu'elles n'apparaissent à l'horizon. Mais c'est aussi grâce à la connaissance de leur existence que l'ennemi potentiel sait que ses attaques seront détectées bien à l'avance, ce qui déclenchera des représailles.

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Pour en venir au cas particulier que vous évoquez, l'inefficacité éventuelle de l'alerte précoce d'Armavir, qui ouvrirait une faille dans l'angle sud-ouest de la Russie, pourrait déclencher de fausses alertes, voire pousser la Russie à une frappe préventive pour éviter la première frappe de l'adversaire. En bref, si Zelensky parvenait à détruire le radar par une telle « frappe », il aurait infligé de graves dommages non seulement aux défenses de la Russie, mais aussi à celles des États-Unis, désormais exposés à une réaction contre leur dissuasion stratégique et pas seulement contre leur « outil » tactique ukrainien. À moins que les États-Unis ne soient, autant que possible, à l'origine de l'attaque, ce qui supposerait une exploitation imminente de ses résultats, avec les conséquences que l'on peut imaginer.

Mais Zelensky n'y va pas de main morte car il lutte pour sa propre survie. Une survie compromise par les revers constants sur le terrain, par la résistance toujours plus grande à une mobilisation qui épuise ce qui reste de la société ukrainienne, par les accusations d'illégitimité politique nées de l'expiration de son mandat électoral, par la présence d'autres figures comme Arestovich et Zaluzny qui, bien qu'éloignées de l'Ukraine, ne manquent pas d'un plus grand charisme, par la lassitude de l'opinion publique occidentale, de plus en plus réticente à prouver ce que l'on ressent quand on « meurt pour Kiev ».

D'autre part, elle peut compter sur la terreur de l'Occident face à une éventuelle victoire russe qui mettrait en péril sa crédibilité globale, en raison de ce qu'elle a investi dans cette guerre par procuration d'un point de vue rhétorique, politique, financier, énergétique et militaire, exprimant le meilleur de ses outils tactiques jusqu'à présent insuffisants dans ce dernier domaine. À cet Occident qui a déjà dû faire de nombreux pas en arrière en Afrique, la France donne de la voix avec un interventionnisme dangereux qui, pour l'instant, ne semble attirer personne d'autre que les petits États baltes en colère, impatients de mettre la main à la pâte, tout en s'accrochant fermement aux jupes de Mother UK.

    - En Europe, nous semblons être confrontés à une « tempête parfaite ». L'Ukraine génère un effet domino extrêmement dangereux et plusieurs crises régionales sont réactivées : les Balkans (Republika Srpska et Kosovo), la Transnistrie et la Gagaouzie (Moldavie et Roumanie), Kaliningrad et le corridor de Suwalki (Allemagne, Pologne et Belarus), le Caucase (Arménie et Azerbaïdjan), les tensions frontalières dans les pays baltes (Estonie, Lituanie et Finlande) et la rivalité russo-anglaise pour le contrôle de la mer Noire. Le président hongrois Viktor Orban a dénoncé non seulement l'agressivité de l'opinion publique européenne mais aussi la tenue d'une réunion à Bruxelles dans le but d'impliquer directement l'OTAN dans le conflit ukrainien, mais aussi inévitablement sur d'autres théâtres de crise. Comment évaluez-vous la proposition d'une armée européenne intégrée à l'OTAN (récemment évoquée par von der Leyen et d'autres) ? Ou bien un repositionnement sur l'intérêt national, comme le suggère Orban lui-même, serait-il préférable ?

« Les inquiétudes suscitées par la guerre en Ukraine nous font souvent oublier le contexte général, qui est encore plus inquiétant. Que la Russie soit encerclée est un fait incontestable, non seulement en raison du passage de nombreux pays du Pacte de Varsovie à l'OTAN ou de l'influence américaine dans les anciennes républiques soviétiques du Sud, mais aussi en raison de l'émergence de situations de crise qui sont sur le point d'exploser à la périphérie même du pays. C'est le cas de la mer Baltique, devenue subitement un lac « OTAN » avec le passage de la Suède et de la Finlande à l'Alliance atlantique après une ère de neutralité prolongée, alors même qu'elle est la base d'une des cinq flottes russes, à Kaliningrad. Le fait que l'amiral Stavridis, ancien SACEUR et aujourd'hui cadre supérieur de la Fondation Rockefeller, ait parlé de la nécessité de neutraliser l'enclave russe en cas de crise laisse clairement entrevoir la possibilité non négligeable d'un cas ukrainien même à ces latitudes, à la satisfaction des républiques baltes et de la Pologne. Des raisons similaires de crise existent en Roumanie, avec la construction prévue à Mihail Kogqlniceanu, près de Constanza sur la côte de la mer Noire, de la plus grande base militaire de l'OTAN en Europe. Par ailleurs, les manœuvres moldaves visant à ramener la Transnistrie « russe » sous la souveraineté de Chisinau ne peuvent qu'être perçues comme une menace par Moscou, qui déploie depuis des décennies son propre contingent limité de maintien de la paix sur cette étroite bande de territoire.

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Dans les Balkans, des pressions considérables s'exercent depuis longtemps sur la réalité serbe. L'instauration par l'Assemblée générale des Nations unies d'une journée de commémoration du « génocide » de Srebrenica a fortement touché la population serbe de Bosnie qui, selon le président de la Republika Srbska, pourrait désormais décider de se séparer de la Bosnie-Herzégovine. Bref, une sorte de « 25 avril » balkanique, qui démontre la véritable fonction de certaines « journées du souvenir », non pas destinées à surmonter la laideur d'hier, mais simplement à les figer en fonction de leur utilité pour l'avenir ; ou à empêcher des pays potentiellement importants, comme dans le cas de l'Italie, de se présenter d'une seule voix sur la scène internationale.

Dans le Caucase, autre zone stratégique où les intérêts russes et américains (et turcs) se croisent et s'affrontent, la situation n'est pas meilleure, la Géorgie, pays candidat à l'OTAN et à l'UE, étant touchée par des manifestations qui pourraient déboucher sur un Euromaïdan local, sous le prétexte d'une loi qui garantirait simplement la transparence dans le financement des ONG. Heureusement, pour l'instant, la réaction du gouvernement résiste aux indignations faciles de l'Occident qui voudrait dicter les choix politiques locaux, mais la région est trop importante pour renoncer à l'ouverture d'un nouveau front qui engagerait Moscou. Sans oublier, bien sûr, le conflit azerbaïdjano-arménien où les Etats-Unis, la Russie et la Turquie se disputent le contrôle de la zone, cruciale pour la construction du corridor qui devrait mener de Saint-Pétersbourg à l'Iran et, de là, à l'Inde. Quant à l'Iran, son affrontement avec Israël jette au moins une ombre de doute sur le caractère aléatoire de l'incident qui a conduit à la mort du président Raisi et de son ministre des affaires étrangères, rendant une zone de conjonction entre la crise ukrainienne et la crise du Moyen-Orient encore plus instable et capable d'entraîner tout le monde dans son tourbillon.

Pour en venir à la question concrète, face à cette prolifération non aléatoire de crises, la tentation de mettre en place une « armée européenne » se fait toujours sentir. Je crois cependant qu'il s'agit d'un faux problème qui tend à faire oublier la nature première des forces armées, à savoir constituer une garnison pour protéger et défendre la souveraineté nationale. En bref, la création d'un instrument militaire « européen » dans le sillage des craintes suscitées par la crise ukrainienne se traduirait par une simple abdication de ce qui reste de la souveraineté nationale individuelle, pour confier ses forces à un commandement qui, dans ce cas, serait sous le contrôle d'autres ; en particulier de la France, de l'Allemagne, de la Pologne ou du Royaume-Uni (même si les Britanniques sont désormais en dehors de l'UE), tous des pays centrés sur « leurs » intérêts nationaux plutôt que sur les intérêts évanescents et virtuels de l'Union ou de l'Alliance.

    Si la situation est critique en Europe, elle ne semble guère meilleure dans le reste du monde. En Afrique, nous assistons à une confrontation totale entre les puissances occidentales et les nations du BRICS, avec les Turcs comme troisième roue de la charette, pour le contrôle de leurs sphères d'influence respectives ; au Moyen-Orient, nous sommes les spectateurs actifs du massacre des Palestiniens (en fournissant des armes à Israël) et de l'intensification du ressentiment du monde islamique à l'égard de l'Occident ; en Asie, la crise de Taïwan s'aggrave dangereusement. Il semble évident que sans un retour à la diplomatie internationale, l'avenir du monde sera de plus en plus nébuleux et dangereux. Que pouvons-nous attendre de ce point de vue dans les mois/années à venir ? Existe-t-il un potentiel diplomatique pour au moins limiter les conflits actuels et futurs ?

« Nous sommes dans une phase de transformation spectaculaire de l'ordre mondial autoproclamé en quelque chose d'autre qu'il est encore difficile de prédire. Certes, la réalité des BRICS semble menacer la domination traditionnelle anglo-occidentale mais, d'un autre côté, il ne fait aucun doute que, sur le plan stratégique, les jeux ne sont pas encore faits. Un lien fort entre la Russie et la Chine se consolide, y compris en termes militaires, mais il est également vrai que les zones de friction ou d'affrontement entre l'Ouest et l'Est le long de la frontière eurasienne posent à la Russie de grands problèmes à prendre en compte. À cette situation s'ajoute l'insoluble problème du Moyen-Orient, où Israël, sorte de greffe occidentale à l'Est, agit avec une extrême absence de scrupules, sans craindre de devoir répondre à qui que ce soit de ses actes, même les plus cruels à l'égard de la population palestinienne. Et le fantôme d'un affrontement régional impliquant l'énorme Iran, cible depuis des années d'attentats en Syrie, ne permet pas de cultiver trop d'illusions sur un avenir pacifique.

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Bref, ce n'est pas une ère de paix qui s'annonce, et cela met à jour une autre hypocrisie sous-jacente de l'Occident, désormais contraint par l'irruption de la réalité à renoncer à l'illusion que la guerre a été effacée de l'histoire avec l'affirmation des démocraties et la défaite de l'autoritarisme européen il y a quatre-vingts ans. Cette réalité contredit le rêve onirique de Francis Fukuyama selon lequel il n'y aurait plus besoin de l'histoire, qui, au contraire, fait toujours bonne figure dans notre présent vertueux. Vertueux, inclusif, accueillant, solidaire et respectueux de l'environnement.

Il faudrait en effet une diplomatie capable d'apaiser les tensions, mais avant cela, il faudrait une politique qui privilégie réellement - et pas seulement en paroles - le dialogue à la confrontation. C'est en effet la politique qui fait avancer la diplomatie, et si la politique veut la guerre, la diplomatie ne peut que reculer.

Cela peut paraître étrange, en effet, mais pour beaucoup, la guerre n'est pas encore un mal absolu, mais un moyen acceptable de défendre ce que l'on considère comme les intérêts vitaux de son pays, à tort ou à raison. C'est pourquoi elle est menée par des soldats et non par des policiers, même si, dans notre recherche hypocrite d'euphémismes conciliant les engouements constitutionnels et les réalités politiquement incorrectes, nous en sommes venus à inventer la catégorie des opérations internationales de police, sœurs jumelles de l'oxymore des opérations de paix, au son des canonnades bien sûr. Je crois personnellement que la référence aux « intérêts vitaux » peut être comprise par tous, de même que la référence à « son propre pays ». Mais encore faut-il préciser que les valeurs ou principes souvent évoqués (par exemple la « démocratie ») ne sont pas vitaux, surtout lorsqu'ils sont utilisés pour étouffer dans l'œuf les ambitions de défense d'autrui. C'est malheureusement ce qui se fait depuis des décennies et si nous avions été attentifs à ce qui se passait dans le monde en dehors de notre bulle euro-atlantique, nous aurions dû nous en rendre compte bien plus tôt qu'aujourd'hui. Bien avant l'effondrement ».

* * *

    Marco Bertolini, général de corps d'armée (r) de l'armée italienne, est né à Parme le 21 juin 1953. Officier parachutiste, il a terminé son service actif le 1er juillet 2016 à la tête du Commandement des opérations du sommet interforces de la défense (Coi), dont dépendent toutes les opérations des forces armées en Italie et à l'étranger.

    Stefano Vernole, journaliste indépendant et analyste géopolitique, est vice-président du Centro Studi Eurasia Mediterraneo.

Grandes manœuvres

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Grandes manœuvres

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/grandi-manovre/

C'est la saison des grandes manœuvres. Manœuvres politiques, manœuvres économiques. Et surtout, des manœuvres stratégiques et militaires. Parce que tous les pays du monde sont en train de se positionner dans la perspective du nouveau risque global.

De ce que, pour simplifier, nous pourrions appeler ces manoeuvres la troisième (ou la quatrième) guerre mondiale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui. De guerre et de guerre mondiale. À condition toutefois de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un conflit profondément différent de ceux auxquels le siècle dernier nous avait habitués. C'est une guerre asymétrique, une guerre hybride... qui nécessite beaucoup de définitions. Mais ce qui est important, c'est que dans ce conflit, la neutralité, le fait de se mettre à l'écart, est un luxe que le Costa Rica et Monaco peuvent peut-être s'offrir. Et j'insiste sur le « peut-être ». 

Cependant, le monde prend parti. Des pays, des puissances majeures et mineures, des puissances régionales, etc. se rassemblent. Dans un système à géométrie variable. Pas rigide. Car ceux qui sont alliés dans un quadrant géopolitique peuvent être rivaux, voire ennemis, dans un autre.

Il s'agit donc avant tout d'une guerre diplomatique. Le tissage diplomatique de liens politiques et, en premier lieu, économiques peut mettre une puissance en position de sécurité, la renforcer même en cas de conflit militaire direct. À l'inverse, il peut délimiter un isolement substantiel. Ce qui est, presque toujours, un signe annonciateur de défaite.

Et si l'on regarde les faits avec un œil, disons, sans préjugés, sans se laisser influencer par le fanatisme partisan, on se rend compte d'une chose bien précise. Sur le plan des grandes manœuvres diplomatiques, Washington et tout l'Occident collectif sont en train de perdre.

Alors que ses deux principaux rivaux mondiaux, la Russie et la Chine, gagnent chaque jour du terrain.

En Afrique, dans la région du Sahel, les Français ont désormais perdu toute emprise sur leur ancien empire colonial. Et la tentative de Washington de prendre le relais de Paris dans le contrôle d'une zone stratégique tant sur le plan économique que géopolitique s'est avérée vaine. Le Niger, le Burkina Faso, le Mali sont désormais clairement entrés dans l'orbite russe. Et ils abritent des garnisons de milices privées contrôlées par Moscou. Notamment la désormais célèbre Wagner. Le Tchad a suivi la même voie.

Au Sénégal, un nouveau président ouvertement hostile aux Français et aux Américains est sorti des urnes. Et le Congo s'est rapproché diplomatiquement du Kremlin.

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D'ailleurs, dans tout le centre-sud de ce qu'on appelait autrefois le continent noir, c'est Pékin qui dicte les règles du jeu. En utilisant l'instrument de la pénétration « douce », sans conflit. Par le biais de la coopération économique. Comme le théorise la doctrine Xi Jinping.

En Asie également, le jeu des équilibres évolue rapidement. Des géants émergents comme l'Indonésie observent avec inquiétude les tensions croissantes entre Washington et Pékin. Ils tentent de maintenir une position qui ne nuise pas à leurs relations commerciales vitales avec la Chine.

D'autre part, la Russie intensifie ses relations avec les pays de la région traditionnellement considérés comme étant dans l'orbite de Washington. Les déclarations de Poutine sur les bonnes relations avec Séoul, qui, selon lui, « n'est pas en proie à une russophobie obtuse », sont extrêmement significatives.

Mais la position de l'Inde est encore plus significative. Modi a mal accueilli la tentative de Washington de le forcer à rompre ses relations de coopération économique avec Téhéran. Et la réponse à la menace américaine de sanctions économiques est apparue extrêmement dure. Selon les critères habituellement prudents et cossus du dirigeant indien.

En réalité, Moscou et Pékin - que nous pouvons désormais considérer comme un front commun - disposent de deux instruments de diplomatie et de relations internationales extrêmement élastiques. Et donc très efficaces.

Les fameux BRICS, qui sont en pleine expansion. Et qui créent un tissu de relations économiques tel que les sanctions menacées par l'Occident collectif contre Moscou et Pékin sont dérisoires.

Et l'Organisation de coopération de Shanghai. Essentiellement dirigée par la Chine, elle a pris, lors de son récent sommet à Astana, une position décisive aux côtés de la Russie dans le scénario international actuel.

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L'OCS, dont l'Iran, le Pakistan et l'Inde sont également membres, est aussi une organisation de coopération militaire.

À ces instruments et à ce dynamisme diplomatique de ses rivaux, Washington répond par une arrogance aveugle. Une arrogance d'autant plus frappante que les déclarations des sommets politiques de Bruxelles et de l'OTAN sont « insensées » et improvisées.

Une bêtise qui tient à la prétention que seul le collectif occidental représente la fameuse « communauté internationale ». Et que, par conséquent, c'est lui et lui seul qui a le droit d'imposer des règles. Et de les enfreindre à volonté.

Mais cette primauté n'existe plus que dans le monde des rêves. La réalité est tout autre. Et cet Occident se retrouve chaque jour un peu plus isolé et assiégé.

 

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Mexique, continuité ou changement ?

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Mexique, continuité ou changement?

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/messico-continuita-o-cambiamento/

Claudia Sheinbaum est désormais la présidente du Mexique. Après Andrés Manuel López Obrador, abrégé en Amlo, le Mexique s'est choisi un nouveau président au nom difficile à retenir (ndlr: pour les hispanophones et les italophones). Rien à voir avec des origines précolombiennes, comme le rival de centre-droit Xóchitl Gálvez, puisque la nouvelle présidente est la descendante d'une famille juive de Lituanie. Et il lui appartiendra de poursuivre la politique d'Amlo, populiste et de gauche, mais d'un réalisme évident. Ou peut-être Sheinbaum décidera-t-elle sereinement de modifier les choix de son prédécesseur.

Car Amlo a toujours fait savoir qu'il était profondément opposé au turbo-capitalisme de son incommode voisin nord-américain. Mais il a largement profité de la guerre commerciale déclenchée par Washington contre Pékin. Et du capitalisme américain qui investit dans des usines au Mexique pour réduire le coût de la main-d'œuvre.

Ensuite, Amlo a fait un clin d'œil aux pays des Brics, tout en faisant des affaires avec les Yankees. Et il n'a pas fait beaucoup d'efforts pour endiguer le flux de migrants illégaux qui partent d'Amérique latine vers les États-Unis. Car plus la population hispanophone augmente en Amérique du Nord, mieux c'est, non seulement en termes d'économie, mais aussi et surtout en termes de vision géopolitique globale. Après tout, l'âme mexicaine n'a jamais oublié les guerres menées par Washington pour s'approprier d'immenses territoires, du Texas à la Californie.

Cela ne fait pas forcément partie du bagage culturel politique de Sheinbaum. Qui, à première vue, semble plus raffinée qu'Amlo et, par conséquent, moins dangereuse pour Washington. Et même si, dans un premier temps, Obrador exercera une certaine influence sur la nouvelle présidente, le désir d'autonomie de Sheinbaum émergera rapidement. Et l'on verra si elle ne voudra traiter qu'avec le Mexique, avec ses graves problèmes de narcotiques, ou si elle conduira son pays à être le leader d'une Amérique latine qui reste un nain politique en manque de leadership crédible.

mercredi, 05 juin 2024

Le retour des civilisations

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Le retour des civilisations

Carlos X. Blanco

Des relations plus étroites entre les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) peuvent devenir une condition indispensable au dépassement progressif et à l'abandon de l'ONU et d'autres institutions obsolètes, inefficaces ou clairement alignées sur l'hégémon nord-américain.

Récemment - le jour de l'an 2024 - le nombre de pays membres a augmenté, ce qui rend impossible la modification ou l'élargissement de l'acrostiche, et les BRICS élargis peuvent être désignés sous le nom de BRICS+. Les nouveaux pays ajoutés sont issus du monde musulman et africain. L'incorporation complète de l'Argentine, située en marge de ces coordonnées et dotée d'un énorme potentiel pour rejoindre son voisin le Brésil, était prévue, mais le phénomène Milei est venu tout faire dérailler.

Parmi les pays fondateurs et les nouveaux membres, on trouve plusieurs puissances régionales moyennes, occupant des positions stratégiques (Iran, Arabie Saoudite, Brésil, Afrique du Sud), ainsi que des puissances aux possibilités mondiales - et pas seulement régionales - telles que la Russie, la Chine et l'Inde. Bien qu'elles jouissent d'une possibilité d'influence mondiale, ces trois grandes puissances n'ont pas manifesté le désir de devenir « l'hégémon », tout comme les États-Unis sont aujourd'hui un hégémon unipolaire. La vocation de tous les BRICS, qu'ils soient grands, moyens ou petits, est de développer un monde différent, un monde multipolaire.

Toutes ces puissances rencontrent des difficultés dans leur développement, elles ont un « travail inachevé », elles connaissent même des tensions entre elles et manifestent des rivalités sur différents sujets, mais elles ont un telos ou une cause finale : se libérer du joug de l'« hégémon ». L'hégémon américain, déterminé à préserver - par le sang et le feu - son unipolarité, n'admet que des colonies ou des États soumis. Les Etats soumis ont un temps l'illusion d'être des « partenaires et alliés », mots qui semblent renvoyer à une relation d'égal à égal et à une participation proportionnelle ou équitable aux bénéfices du pillage du reste de l'humanité. Mais tout cela s'est avéré être un mensonge.

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Pendant trop longtemps, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'opinion publique et certains gouvernements occidentaux ou pro-occidentaux ont cru à toute cette histoire. Le « monde libre » garantirait à la population soumise la paix, les droits de l'homme, la stabilité démocratique et une société d'abondance pour une classe moyenne en pleine expansion.

L'histoire du « monde libre » a commencé à s'effondrer avec la crise économique mondiale de 2007. Il est devenu évident que les méthodes spéculatives des États-Unis et, en général, de l'anglosphère, n'étaient rien d'autre que des virus très dangereux qui pouvaient infecter toute économie capitaliste qui ne conservait pas certains éléments classiques dans ses règles de fonctionnement : a) un niveau élevé de contrôle étatique dans les sphères financières, monétaires et productives, b) un niveau élevé de protectionnisme dans les industries et l'activité agricole, c) une souveraineté économique totale qui permet une planification productive à long terme et la fermeture relative et strictement réglementée des frontières.

À partir de 1945, les pays occidentaux ont commencé à renoncer à tous les mécanismes et règles qui pouvaient garantir leur souveraineté économique. Celle-ci, ainsi que la souveraineté militaire, qui lui est nécessairement imbriquée, garantit toute souveraineté possible. L'« Occident collectif » est tombé dans une situation coloniale malheureuse : ses économies sont exposées à toutes les infections possibles provenant du système américain, un système progressivement et dangereusement déconnecté de la réalité, basé sur des bulles spéculatives qui tendent à étrangler la production.

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La preuve la plus notoire de la situation néocoloniale a été l'affaire « Nord Stream » (en 2022), le sabotage ayant très probablement été effectué sur ordre des États-Unis. L'hégémon, dans sa lutte désespérée pour conserver son pouvoir incontesté et maintenir le monde dans l'unipolarité, n'a pas seulement déclaré la guerre aux puissances en déclin et aux pays du Sud. Depuis des décennies, les Américains mènent également une guerre secrète contre leurs « partenaires, alliés et amis », c'est-à-dire les petites puissances d'Europe occidentale. Pour ce cupide Oncle Sam, il est essentiel qu'en dehors de l'anglosphère (sa première ceinture d'hommes de main et de copains), tout l'Occident non anglo-saxon soit soumis et fonctionne comme une colonie et un champ de bataille.

Les Américains ont ri au nez des Allemands naïfs et impuissants en leur coupant brutalement l'approvisionnement en gaz russe bon marché et proche. La coopération eurasienne tout à fait naturelle et nécessaire, qui comprend l'insertion de la Russie en Europe (les Russes slaves sont des Européens, bien qu'il existe également une Russie asiatique, alors que les Yankees ne le sont pas) ainsi que l'insertion de l'Europe en Asie, dont nous sommes, en fin de compte, un appendice, a été amputée. Lorsque les autorités allemandes ont accepté avec soumission le fait brutal du sabotage, ainsi que l'interdiction intimidante de la brute yankee d'acheter librement du gaz russe et d'accepter le gaz beaucoup plus cher de l'Amérique du Nord, le néocolonialisme de l'hégémon a montré au monde son terrible visage.

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Le reste du monde en a été témoin. Le Sud global a vu comment le maître traite ses hommes de main, les hommes de main du troisième niveau, comme les Allemands et les Français et les autres chiens aboyeurs de l'Union européenne qui sont sur le point de jeter aux orties les restes de leur « État-providence » pour soutenir le dictateur Zelensky et sa clique corrompue et néo-nazie.

Le Vietnam d'Europe centrale qu'est l'Ukraine, l'Afghanistan à deux pas de l'Allemagne et de la France, l'Ukraine ultranationaliste d'où les « marines » et les « collabos » sortent toujours la queue entre les jambes, prétend maintenant être un problème transféré à une Europe indigne. Les Américains laissent la « patate chaude » aux « partenaires » européens, à une UE otanisée qui accepte l'une après l'autre les impositions du Pentagone, et qui permet à des personnages sinistres ou serviles, comme Borrell, Ursula ou le Dr Sanchez (connu sous le nom de « Dr Death/Dr Mort » lors de ses confinements lors de la pandémie du CO VID-19) de se dire « Européens », alors qu'ils ne sont en réalité que les garçons de course du Parti démocrate des Yankees, c'est-à-dire la faction la plus belliciste et criminelle de l'establishment américain, déjà très belliciste et criminel.

En Espagne, notre Docteur Mort local a promis cette semaine même quelque 1100 millions d'euros au dictateur ukrainien, un autre artiste comique devenu boucher. Ce milliard sera consacré aux armes, et ce dans un contexte critique pour l'Espagne, à savoir a) démantèlement progressif de la petite industrie et du secteur agricole du pays, livrés aux lobbies marocains qui contrôlent Madrid et Bruxelles, b) extrême faiblesse de l'armée espagnole, incapable de repousser toute annexion unilatérale ou toute nouvelle « Marche verte » des Marocains vers Ceuta, Melilla, vers les Canaries ou dans le sud de l'Espagne en général, c) l'érosion et le démantèlement progressifs de l'« État-providence » espagnol, déjà précaire, où le nombre de bras inactifs et de bouches affamées ne cesse d'augmenter, en raison du manque d'investissements productifs et de l'accueil illimité de populations africaines et d'autres populations provenant d'autres latitudes.

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En Espagne, la pauvreté des enfants et le nombre de foyers brisés sont en augmentation (en partie à cause des politiques de prétendue « autonomisation » des femmes et de l'idéologie LGTBIQ+). Dans le même temps, le système scolaire s'est détérioré de manière inquiétante, l'ignorance et la fraude se propageant à des niveaux plus élevés. La « culture » de l'hédonisme, de l'aboulie, de l'idéologisation de la classe et du manque de rigueur dans l'attribution des diplômes a triomphé. Elle a créé une société moralement malade, décomposée et appauvrie jusqu'à la moelle des os. Des processus similaires sont en cours dans d'autres pays d'Europe occidentale. Le seul moyen de vivre est le secteur des services, le tourisme (le grand destructeur de la diversité productive), la spéculation. Les talents sont mutilés et les gens vivent dans une forte déconnexion par rapport au réel.

Le grand espoir des BRICS+ est que ce réseau ou système de pouvoirs en vienne à fonctionner comme une ONU alternative au sein de laquelle de véritables lois internationales, et pas seulement des « règles », seraient élaborées. Les tyrans établissent des règles, mais le droit et la souveraineté édictent des lois. L'instauration de transactions dédollarisées, l'immunité contre les sanctions arbitraires de l'hégémon, la possibilité de revenir à un financement équitable - et non usuraire - du développement des pays les plus démunis en technologie, en talent et en argent, ouvrent un horizon humaniste. Après la série d'invasions, de coups d'État, de guerres hybrides de conquête, d'assassinats sélectifs, de bombardements « humanitaires », etc., etc. commis par les Yankees, l'humanité avait presque perdu l'espoir qu'une quelconque institution internationale puisse s'élever avec autorité et prestige et être capable de canaliser les relations entre nations souveraines, voire entre civilisations, de manière solidaire, coopérative et anticolonialiste.

L'Organisation de coopération de Shanghai (上海合作组织, Шанхайская организация сотрудничества), l'une des plus importantes au monde en termes de population et de taille de la planète qu'elle représente, peut également constituer une barrière efficace contre l'agressivité prédatrice de l'hégémon américain. Ce type de cadre institutionnel ouvre la porte à une coopération loyale dans tous les domaines : a) transferts commerciaux, financiers et technologiques, b) échanges culturels et éducatifs, c) construction d'environnements sûrs, où le terrorisme financé par les États-Unis et l'OTAN, ainsi que les ONG d'ingérence et autres unités de guerre hybride, sont dûment neutralisés.

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Il est urgent pour nous, habitants d'un Occident colonisé, citoyens d'une Europe prostrée, de créer toutes sortes d'associations culturelles, humanitaires, commerciales, étudiantes et professionnelles, ainsi que des plateformes mixtes pour des rencontres virtuelles et face à face avec ces pays non membres de l'OTAN et non hégémoniques, des pays qui font des pas décisifs vers la désaméricanisation, la dédollarisation, en affrontant le néolibéralisme et le militarisme agressif qui lui est inhérent. C'est à nous, Espagnols, de lancer une mobilisation citoyenne massive contre l'OTAN et contre toute implication dans une guerre suicidaire contre la Russie. Nous devons préconiser la tenue immédiate de conférences de paix pour résoudre le conflit ukrainien et commencer à organiser une politique commune des Européens en faveur d'une plus grande intégration eurasienne. Il est urgent que les nations européennes se réindustrialisent et s'approvisionnent auprès de leurs propres agriculteurs, qu'elles orientent leurs forces armées vers la défense de leur territoire (comme c'est le cas urgent dans le sud de l'Espagne, exposé à l'invasion) et non vers la guerre contre la Russie. Il est nécessaire de collaborer avec la puissance techno-scientifique du 21ème siècle, la Chine, en intégrant nos pays dans sa « nouvelle route de la soie » pour un bénéfice réciproque.

En Espagne, nous savons que les Américains se sont développés à nos dépens. Après avoir dépouillé le Mexique d'une grande partie de son territoire et, peu avant, du territoire espagnol, ils ont exterminé les indigènes d'Amérique, puis ils ont dépouillé l'Espagne de ses provinces de Cuba, Porto Rico, Guam et des Philippines, provoquant ainsi de grands génocides. Depuis lors, l'empire yankee est l'empire de la mort, de la douleur et de l'esclavage. Comme le dit A. Douguine, et pas mal de philosophes chinois actuels, l'empire yankee n'est qu'une parenthèse. L'heure est aux civilisations, plurielles, aux mondes autocentrés mais collaboratifs, aux grands espaces impériaux qui font régner l'ordre à l'intérieur et coopèrent sans coloniser à l'extérieur. Les vieux empires traditionnels reviennent, habillés des vêtements du futur, tandis que la thalassocratie yankee, brutale, anti-traditionnelle et artificielle, se retire.

lundi, 03 juin 2024

OTAN-Moscou, l'escalade doit cesser

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OTAN-Moscou, l'escalade doit cesser

Alessandro Sansoni

Le secrétaire général (sortant) de l'OTAN, M. Stoltenberg, continue de soutenir la nécessité de permettre à Kiev d'utiliser les armes fournies par l'Alliance pour frapper des cibles situées sur le territoire de la Fédération de Russie. Et, entre-temps, le front des pays désireux de le faire s'élargit (il y a aussi le oui de l'Allemagne désormais). Un front de pays disposés à le faire - avec l'Italie qui freine toutefois, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui continue à faire la distinction entre la défense de l'Ukraine et l'entrée en guerre contre Moscou -, en actes et non en paroles, à tel point que la semaine dernière, le conflit à la frontière orientale de l'Europe a connu une escalade inquiétante.

Quelques heures seulement après le début des exercices militaires avec des armes nucléaires tactiques, voulus par le Kremlin, des drones kamikazes ukrainiens ont en effet réussi à toucher la station radar over-the-horizon Voronezh-DM, située près de la ville d'Armavir, dans la région russe de Krasnodar.

Il ne s'agit pas d'un radar ordinaire, mais d'un élément du système d'alerte précoce censé contrer une éventuelle attaque de missiles stratégiques. Toute attaque nucléaire également. L'installation touchée, dont les dommages réels ne peuvent être estimés, couvre une zone d'environ 6000 km et peut suivre jusqu'à 500 cibles.

On estime à dix le nombre de radars de type Voronezh déployés dans le pays. Ils constituent le parapluie stratégique sur lequel repose la doctrine de dissuasion nucléaire de la Russie en matière de défense. L'endommagement d'un seul d'entre eux la compromet et modifie l'équilibre nucléaire.

Preuve que l'attaque n'était ni accidentelle ni occasionnelle, quelques jours plus tard, le lundi 27 mai, la base d'Armavir a fait l'objet d'une nouvelle tentative d'attaque. Mais cette fois, les Ukrainiens ont utilisé un engin de l'OTAN, un drone britannico-portugais Tekever AR3, qui a été abattu et n'a pas atteint sa cible.

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L'offensive a déclenché une alerte rouge à Moscou. Le sénateur Dmitry Rogozin - ancien directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos, aujourd'hui responsable d'un centre militaro-technique appelé « Loups du Tsar » - a déclaré sur son compte Telegram que ce type d'attaque pourrait entraîner l'effondrement de l'ensemble de l'architecture mondiale de sécurité nucléaire et a accusé les États-Unis d'être derrière l'opération, au moins au niveau des services de renseignement.

Il est un fait que lorsque Poutine a inauguré le centre radar OTH en 2013, il a déclaré qu'il augmenterait considérablement les capacités de défense du pays dans les directions sud et sud-ouest, et qu'hier, dans le Washington Post, un fonctionnaire américain anonyme a révélé comment les États-Unis avaient exprimé leur inquiétude à Kiev au sujet de telles attaques, qui risquent d'irriter dangereusement Moscou.

Pour bien comprendre ces inquiétudes, il faut se rappeler l'importance de la dissuasion stratégique dans la doctrine militaire russe. Bien plus importante que quelques centaines de kilomètres carrés perdus ou gagnés dans le Donbass. Ce n'est pas un hasard si l'offensive contre l'Ukraine a été justifiée par le Kremlin par le danger que représente la possibilité, en cas d'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN, de disposer de bases de missiles et d'ogives atomiques de l'Alliance atlantique à moins de 300 km de Moscou (et donc non neutralisables par le système de défense russe).

À la lumière de ce scénario, les déclarations de Stoltenberg et de ses commensaux acquièrent une valeur différente: elles pourraient n'être qu'un écran de fumée destiné à dissimuler des épisodes d'escalade nettement plus substantiels. Dans le cas contraire, elles pourraient ouvrir la porte à des circonstances dangereuses : que se passerait-il, par exemple, si les Ukrainiens utilisaient des missiles ATACMS occidentaux à longue portée pour frapper des sites stratégiques sur le territoire russe ? Le général Evgeny Buzhinsky, ancien membre de l'état-major général de Moscou, nous donne la réponse : selon lui, la menace serait telle que la Russie devrait frapper « au moins » le centre logistique de Rzeszów, où sont stockés les missiles destinés à l'Ukraine. En Pologne, donc, membre à part entière de l'OTAN.

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vendredi, 31 mai 2024

Trois conflits, deux camps ?

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Trois conflits, deux camps ?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/05/28/kolme-konfliktia-kaksi-leiria/

À première vue, la guerre en Ukraine, le massacre à Gaza et les problèmes liés à Taïwan peuvent paraître des questions régionales distinctes et sans rapport les unes avec les autres.

Pourtant, à un niveau plus profond, ces trois points chauds « représentent les derniers soubresauts de l'ancien ordre mondial en décomposition et l'avènement du monde nouveau », affirme Ebrahim Hashem, un Arabe émirati.

« Ces trois portes s'ouvrent sous nos yeux alors que les fondations artificielles qui les ont soutenues jusqu'à présent s'effondrent en raison de profonds changements tectoniques. Ces changements sont fondamentaux et structurels ; aucune propagande ou action superficielle ne peut les empêcher", affirme M. Hashem.

L'escalade des problèmes dans ces trois domaines est le résultat d'un « conflit de points de vue entre les deux camps du nouvel ordre mondial » : il n'y a pas de « consensus mondial » sur la « (re)distribution du pouvoir », selon M. Hashem.

Le premier camp - qui comprend principalement l'« Occident collectif » et ses États vassaux - « représente une minorité mondiale qui perd visiblement et structurellement son pouvoir relatif, mais qui, de manière illogique et arrogante, veut encore imposer son pouvoir exclusif au reste du monde ».

L'autre camp représente « une majorité mondiale qui reprend l'initiative et le pouvoir relatif et qui exige à juste titre l'égalité et la justice dans la gouvernance mondiale ».

En examinant les trois conflits en cours et leurs différents acteurs, le penseur émirati estime qu'« il est facile de voir quel camp est barbare, irréaliste, malavisé, peu sûr de lui et en perte de vitesse, et quel camp est civilisé, réaliste, rationnel, sûr de lui et de plus en plus fort ».

« L'ordre mondial change inévitablement. Lorsque les contours du nouvel ordre seront définis et institutionnalisés, le monde n'aura plus rien à voir avec ce que nous avons vu depuis plus d'un siècle", affirme M. Hashem, faisant clairement écho aux conclusions émises par le dirigeant chinois Xi Jinping.

Les sionistes sont toujours autorisés à poursuivre leur génocide des Palestiniens parce que leurs soutiens politiques, économiques et militaires à Washington, Londres et Bruxelles le permettent. Que reste-t-il à faire pour que cette tragédie, qui dure depuis plus de sept décennies, prenne fin ?

La guerre d'usure en Ukraine se poursuit également, l'argent coule à flots et l'OTAN occidentale tente d'affaiblir la Russie aux dépens de vies ukrainiennes. Il n'est pas question de pourparlers de paix, mais l'Occident menace déjà d'envoyer ses propres troupes ; de même, les sous-marins nucléaires russes sont en mouvement et la guerre de l'information s'intensifie de part et d'autre.

La Chine a exhorté les États-Unis à suivre la politique convenue d'« une seule Chine », mais les Américains, en quête d'escalade, n'écouteront pas ces conseils. Taïwan est armée et une délégation américaine vient de se rendre à nouveau à Taipei pour faire un bras d'honneur à Pékin. Le déclenchement de combats dans le détroit de Taïwan n'est probablement qu'une question de temps.

Malheureusement, il semble que le « nouvel ordre » ne sera pas atteint sans effusion de sang et sans sacrifice humain, et nous ne pouvons donc que nous attendre à d'autres guerres et à d'autres circonstances exceptionnelles pour ajuster le monde et réduire la population humaine conformément aux principes du « développement durable ». Les années 2030 approchent, à quoi ressemblera le monde ?

Le codirigeant de l'AfD s'en prend à Mme Meloni, affirmant qu'elle a autorisé l'ouverture des frontières et qu'elle soutient les politiques de guerre avec l'Ukraine

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Le codirigeant de l'AfD s'en prend à Mme Meloni, affirmant qu'elle a autorisé l'ouverture des frontières et qu'elle soutient les politiques de guerre avec l'Ukraine

« Je veux qu'il soit clair que cette melonisation ne se produira pas chez nous ».

Source: https://rmx.news/article/afd-co-leader-slams-italys-meloni-says-she-has-allowed-open-borders-and-supports-pro-war-policies-with-ukraine/

Les tensions se multiplient entre les partis européens de droite, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) critiquant désormais ouvertement le Premier ministre italien Giorgia Meloni pour avoir toléré une forte augmentation de l'immigration en Italie et pour ses positions pro-guerre dans le conflit ukrainien.

« Nous ne modifierons pas notre programme à la baisse pour qui que ce soit. Cela doit également être clair pour nous tous, y compris nos positions politiques, qui sont correctes, qui nous ont amenés à la deuxième place dans les sondages en Allemagne, qui offrent des arguments uniques et que nous n'édulcorerons pas en faveur de positions européennes juste pour être plus attrayants pour certains. C'est ce que nous constatons en Italie. L'immigration y a en fait doublé sous le Premier ministre (Giorgia) Meloni. Des frontières ouvertes au lieu de barrages. Meloni est également favorable à l'utilisation de plus d'armes dans la guerre en Ukraine et à la confrontation avec la Russie au lieu de se positionner pour la paix et la diplomatie en Europe. Je tiens à préciser que cette melonisation ne se produira pas chez nous", a déclaré Tino Chrupalla, coprésident de l'AfD, lors du congrès de l'AfD en Saxe.

« Pour nous, les intérêts allemands passent toujours en premier », a-t-il ajouté.

La critique acerbe adressée à Mme Meloni, qui dirige le parti Fratelli d'Italia, fait suite à l'exclusion de l'AfD du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen au début du mois. Notamment, Marine Le Pen, du Rassemblement National français, a fait pression pour que l'AfD soit expulsée du groupe après que l'eurodéputé de l'AfD Maximilian Krah a fait des commentaires selon lesquels tous les soldats ayant servi dans la Waf fen-S S n'étaient pas des criminels de guerre, comme l'a rapporté Remix News.

La décision de Mme Le Pen, juste avant les élections parlementaires européennes, a été considérée comme une trahison majeure à l'égard d'un partenaire de coalition au parlement européen et comme une tentative désespérée d'améliorer l'image de son parti aux yeux du public français.

Aujourd'hui, des rumeurs circulent selon lesquelles Mme Le Pen se préparerait à former un nouveau groupe de droite avec l'Italienne Meloni, ou à rejoindre le groupe de Meloni, celui des Conservateurs et Réformistes Européens (CRE).

Les critiques, y compris de nombreux membres de l'AfD, affirment que Meloni et Le Pen ne représentent plus la droite. Notamment, la rhétorique de Mme Meloni sur l'immigration a radicalement changé depuis qu'elle a pris le pouvoir, et elle s'est prononcée en faveur de l'ouverture des frontières et de l'augmentation de l'immigration légale.

Meloni trahit l'Italie ? Le Premier ministre italien prône l'augmentation de l'immigration.

Bien que la droite européenne ait critiqué Mme Meloni et Mme Le Pen, leurs partis restent en tête en Italie et en France. Le soutien dont bénéficie Meloni n'a que légèrement baissé au cours de l'année écoulée et il reste actuellement le parti le plus populaire, avec 27% de soutien. Mme Le Pen a vu son soutien augmenter et se situe actuellement à 34%. 

mercredi, 29 mai 2024

« Mr. Deepstate » pourrait devenir le nouveau Premier ministre des Pays-Bas

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« Mr. Deepstate » pourrait devenir le nouveau Premier ministre des Pays-Bas

Eva Vlaardingerbroek
@EvaVlaar / X

BREAKING | Le nouveau cabinet néerlandais vient de désigner le haut fonctionnaire du ministère de la justice et ancien chef des services de renseignement Dick Schoof comme « candidat préféré » au poste de Premier ministre. Et la situation est mauvaise. Vraiment mauvaise.

Dick Schoof - ou « M. Deepstate » comme j'aime l'appeler - est l'ancien chef du Service néerlandais de renseignement et de sécurité (AIVD) ainsi que l'ancien coordinateur national de l'unité de lutte contre le terrorisme (NCTV) qui est plutôt connue pour se concentrer sur la lutte contre « l'extrémisme anti-gouvernemental ».

Comme si cela ne suffisait pas, il est également à l'origine de la politique néerlandaise lors de la pandémie du corognagnavirus :
- il fut derrière le régime corgnagnaviresque néerlandais;
- il fut impliqué dans le canular Trump-Russie;
- il fut derrière la dissimulation des rapports sur le vol MH17;
- il fut derrière l'espionnage des citoyens néerlandais, ici sur X, avec de faux comptes gérés par le gouvernement.

Il est actuellement secrétaire général du ministère de la Justice et de la Sécurité, ce qui fait de lui le fonctionnaire le plus haut placé. Il est littéralement la personnification d'un bureaucrate technocrate et, en tant qu'ancien membre du parti travailliste néerlandais, l'exact opposé de ce pour quoi la population néerlandaise a voté lors des élections de novembre dernier. Geert Wilders n'aurait jamais dû renoncer à ses prétentions légitimes au poste de Premier ministre. 

Avec un homme comme Schoof à la tête du pays, je suis sûr que l'État de surveillance numérique que nous avons annoncé et dénoncé au cours de ces années sera là plus tôt que prévu.

mardi, 28 mai 2024

La longue guerre

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La longue guerre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-lunga-guerra/

La guerre sera longue. Très longue.

Mais pas celle entre la Russie et l'Ukraine. Celle-ci atteint déjà son épilogue. Et Kiev a perdu. Son armée est en déroute. Démotivée, contestée.

Et les dirigeants ukrainiens ne trouvent rien de mieux que des actes de terrorisme, de plus en plus inefficaces. Non pas tant parce qu'ils croient pouvoir renverser le cours du conflit, mais pour démontrer une certaine vitalité opérationnelle. Afin de continuer à recevoir de l'aide, et surtout de l'argent, de la part de l'Occident collectif.

Et pendant ce temps, des générations d'Ukrainiens sont inutilement envoyées à l'abattoir.

On ne sait pas quand la Russie portera le coup final. Il se peut qu'elle le fasse déjà. Et quand ses troupes arriveront ou non à Kiev. Mais, en fait, ce n'est pas son objectif. Notamment parce qu'elle fait une évaluation politique de la situation. C'est-à-dire que sa conscience est lucide, qu'elle s'est désormais clairement imposée à ses décideurs: la Russie sait que la guerre contre l'Ukraine n'est que le premier épisode d'un conflit beaucoup plus vaste. Et, surtout, que cette guerre est destinée à durer longtemps. Très longtemps.

En effet, ce n'est que le début du choc frontal avec Washington et ses alliés. Et l'on peut déjà entrevoir les prochains fronts qui pourraient - et j'espère que le conditionnel restera de mise - s'ouvrir prochainement.

Deux de ces front sont le Caucase et les Balkans.

En Géorgie, depuis des semaines, une autre version de la révolution colorée tente de s'imposer. Des minorités de manifestants - amplifiées par les miroirs déformants de nos médias - ont protesté contre la « loi russe ». Il s'agit de la loi, adoptée par la majorité du Parlement, qui encadre la présence et les actions des ONG étrangères en Géorgie. Elles sont considérées comme des instruments permettant de conditionner les choix politiques nationaux depuis l'étranger.

Des manifestations qui ont bénéficié du soutien de la présidente de la République, Salomé Zourabichvili, jadis naturalisée française, qui a été élue précisément grâce au soutien des ONG étrangères. Plus ou moins liées à l'omniprésente Open Society de Soros.

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La tentative a cependant échoué. Et la « loi russe » est passée. C'est alors que Washington a annoncé son intention de revoir les accords, économiques et de défense, avec Tbilissi.

L'Union européenne est allée plus loin.

Allant jusqu'à menacer, par la bouche d'un de ses commissaires, le chef du gouvernement géorgien. Considéré comme pro-russe. Attention à ne pas finir comme Fico, a-t-il dit publiquement.

Or, il est clair que le Caucase représente, dans la stratégie de l'OTAN, le nouveau front à ouvrir, compte tenu de l'effondrement imminent du front ukrainien.

Une autre guerre par procuration. Tenter de rompre l'équilibre non seulement en Géorgie, mais aussi en Arménie. Et forcer Moscou à prendre un nouvel engagement. Peut-être plus intense encore, étant donné la complexité de la mosaïque caucasienne.

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Et puis, il y a les Balkans. La tension entre la Moldavie, de plus en plus proche de l'OTAN, et les provinces rebelles, qui regardent vers Moscou. La Transnistrie, surtout. Et puis la petite Gagaouzie.

Mais le véritable nouveau front des Balkans est représenté par la Serbie. La récente condamnation par l'ONU des événements de Sebrenica, voulue par Washington, conduit, comme on pouvait s'y attendre, à la déclaration d'indépendance de la Republika Srpska. La composante serbe de la soi-disant fédération bosniaque - qui n'a jamais existé que sur le papier - s'impatiente depuis longtemps des décisions d'un commissaire européen imposées par les armes de l'OTAN. Des décisions toujours déséquilibrées en faveur de la composante bosniaque musulmane.

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La décision de l'ONU avait pour but d'accélérer une décision sécessionniste déjà latente.

Une sécession qui ne manquerait pas de déboucher sur une intervention de l'OTAN. Et à une nouvelle guerre avec Belgrade, qui ne peut pas abandonner la minorité serbe de Bosnie.

Une guerre dans laquelle Moscou serait inévitablement entraînée. Car la Serbie est son allié le plus sûr dans la région des Balkans.

Et ceux-ci, le Caucase et les Balkans, ne sont que deux des nouveaux fronts à venir de cette guerre. Que l'on peut définir comme on veut, hybride, asymétrique, par procuration... mais qui reste, cependant, une longue, très longue guerre. Dont nous n'assistons qu'aux premières étapes.

 

 

lundi, 27 mai 2024

Le défi d'Orbán à l'OTAN: réorientation stratégique et influence mondiale

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Le défi d'Orbán à l'OTAN: réorientation stratégique et influence mondiale

Source: https://www.pi-news.net/2024/05/orbans-nato-herausforderung-strategische-neuausrichtung-und-globale-einflussnahme/

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a lancé un défi à Bruxelles en proposant de reconsidérer la participation de la Hongrie aux opérations de l'OTAN en dehors du territoire de l'Alliance.

Par Elena Fritz

Viktor Orbán renforce son influence des deux côtés de l'Atlantique. Le Premier ministre hongrois a lancé un défi à Bruxelles en proposant de reconsidérer la participation de la Hongrie aux opérations de l'OTAN en dehors du territoire de l'Alliance, que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique, à Taïwan ou en Ukraine (PI-NEWS rapporte: https://www.pi-news.net/2024/05/die-eu-auf-kollisionskurs/).

Les nationalistes français se fixent des objectifs similaires, annonçant leur intention de quitter le commandement militaire de l'OTAN en cas de victoire électorale en 2027 (ndlr: cela ne semble plus être le cas...). Mais il reste encore trois ans avant l'élection présidentielle française. Orbán pourrait cependant déjà donner l'exemple à tous ceux qui critiquent l'OTAN.

En juillet, la Hongrie prendra la présidence du Conseil de l'UE et fait déjà pression sur Bruxelles avec des investissements chinois pour lutter contre l'eurocratie. Orbán veut parler au nom de tous les Européens qui en ont assez de la guerre et des crises à répétition.

Orbán a été le seul homme politique à soutenir les agriculteurs qui manifestaient à Bruxelles au début de l'année 2024. Il ne fait aucun doute qu'il renforcera considérablement son influence après les élections européennes de juin, où les eurosceptiques et les isolationnistes nationalistes pourraient remporter jusqu'à un tiers des sièges.

Même aux États-Unis, les républicains s'inspirent de l'approche d'Orbán et recommandent de réorganiser le système éducatif américain sur le modèle hongrois afin de promouvoir les valeurs traditionnelles contre le chaos racial et sexuel qui prévaut actuellement dans les universités. Si Trump remportait les élections, Orbán trouverait en lui un allié supplémentaire dans sa lutte contre l'eurocratie et la déstabilisation de l'Union européenne de l'intérieur comme de l'extérieur.

elena.jpgAuteure régulière de PI-NEWS, Elena Fritz, née le 3.10.1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après avoir passé son baccalauréat au lycée, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AFD depuis 2018, a fait partie du comité directeur de l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz.

 

vendredi, 24 mai 2024

L'AfD, souffre-douleur des ambitions de pouvoir de Marine Le Pen

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L'AfD, souffre-douleur des ambitions de pouvoir de Marine Le Pen

Après plusieurs tentatives infructueuses, et pour cause, Marine Le Pen veut enfin remporter la prochaine élection présidentielle en France. C'est la seule raison pour laquelle elle se démarque de l'AfD.

Par Wolfgang Hübner

Source: https://www.pi-news.net/2024/05/die-afd-als-pruegelknabe-fuer-marine-le-pens-macht-ambitionen/

Non, la rupture entre le parti de Marine Le Pen et l'AfD n'a pas été provoquée par le thème de la remigration ni par les déclarations de Maximilian Krah. Ce sont des prétextes qui ne peuvent nullement convaincre l'observateur intelligent. Le point de rupture est à chercher ailleurs : le Rassemblement national (RN) de Mme Le Pen est d'abord un parti français avant d'être un parti de droite - exactement dans cet ordre. De même, l'AfD est d'abord un parti allemand avant d'être un parti de droite ou de droite conservatrice, toujours dans cet ordre.

Si l'on accepte et comprend cela, on comprend vite pourquoi il existe des différences importantes entre le RN et l'AfD. Car il s'agit de divergences entre les intérêts français et allemands, ainsi qu'entre les intérêts des partis en France et en Allemagne. La dirigeante du RN, Mme Le Pen, veut enfin gagner la prochaine élection présidentielle dans son pays. Aujourd'hui, ses chances d'y parvenir sont relativement bonnes. Pour préserver ses chances, la politicienne française n'a pas besoin de la sympathie ou du soutien de l'AfD, mais des électeurs de son pays.

L'un des objectifs du RN et de Mme Le Pen est de se démarquer davantage de l'Allemagne et des intérêts spécifiquement allemands. Berlin ne se fait d'ailleurs aucune illusion à ce sujet. Mais Le Pen est loin d'être une présidente capable d'irriter l'Allemagne, plus forte économiquement. Mais l'AfD allemande, bien moins puissante, pourrait déjà servir d'exemple à cette démarcation, comme elle le spécule apparemment en pensant à son électorat versatile. Si les dirigeants de l'AfD et de nombreux Allemands avaient des illusions sur la lutte commune avec le parti de droite français, elles se sont maintenant envolées.

C'est peut-être regrettable, mais ce n'est pas une raison pour se plaindre ou s'accuser. Un parti allemand n'est pas obligé d'orienter ses thèmes ou ses déclarations en fonction de ce qui plaît ou déplait à la Madame de Paris. Malheureusement, il faut s'attendre à ce que des voix s'élèvent maintenant au sein de l'AfD, qui témoignent une fois de plus d'un manque de conscience nationale. Dans notre État vassal de l'empire américain, l'affirmation de soi est tout sauf une vertu nationale répandue. Mais les patriotes, au moins, devraient s'en souvenir : ne nous laissons pas transformer en souffre-douleur pour les ambitions de pouvoir d'une femme politique française !

Wolfgang Hübner.

L'auteur de PI-NEWS Wolfgang Hübner écrit depuis de nombreuses années pour ce blog, principalement sur les thèmes de la géopolitique, du fascisme de gauche, de l'islamisation de l'Allemagne et de la liberté d'expression. Conseiller municipal de longue date et président du groupe parlementaire « Bürger für Frankfurt » (BFF), il a démissionné de son mandat à la Chambre des représentants de Francfort à la fin du mois d'octobre 2016. Passionné de vélo, il est joignable via sa page Facebook et son canal Telegram.

Spectacle politique: l'AfD a été sacrifiée par Meloni, Le Pen et Orban

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Spectacle politique: l'AfD a été sacrifiée par Meloni, Le Pen et Orban

David Berger

Source: https://philosophia-perennis.com/2024/05/23/polit-show-die-afd-von-meloni-le-pen-und-orban-geopfert/

La mise à l'écart de Maximilian Krah n'a pas aidé l'AfD. Le groupe conservateur ID (« Identité et démocratie ») du Parlement européen vient de décider à une nette majorité d'exclure tous les autres députés de l'AfD.

Ce qui semble être une catastrophe pour l'AfD l'est à première vue seulement. Car quelle aurait été la valeur politique d'une AfD qui aurait abandonné le thème de la remigration, qui aurait participé à l'extension de la guerre en Ukraine au risque d'une troisième guerre mondiale et qui serait restée silencieuse sur la distribution de l'argent des contribuables allemands dans toute l'UE ?

Krah et Bystron ont déjà été sacrifiés. Mais tout cela n'a pas suffi à apaiser la nouvelle alliance des femmes de l'UE sous l'égide de von der Leyen: pour les femmes fortes de la droite européenne, Giorgia Meloni (chef du gouvernement en Italie) et Marine Le Pen (candidate à la succession de Macron en France), la présidente de l'AfD Weidel « n'est plus une interlocutrice. Ils l'ont répudiée » - indique le quotidien Bild.

Dans ce contexte, ils citent ici l'incorruptible journaliste Stefan Magnet, qui fait des remarques sur le contexte :

« Grâce à mes contacts directs avec Berlin, Vienne, Paris et Budapest, je sais que ce à quoi nous assistons actuellement dans le microcosme des “partis de droite” européens est un show politique.

Il ne s'agit pas des déclarations contestées de Krah.

Il s'agit de politique : Le Pen et Meloni veulent fonder avec Orban leur propre groupe parlementaire européen « non radical ». L'AfD leur barre la route. C'est aussi simple que cela. Alors on démonte l'AfD. Et s'il n'y a pas d'« arguments » plausibles, il faut recourir aux vielles lunes et lubies, comme les SS. En fait selon le mot d'ordre: « Adolf Hitler ne doit jamais mourir » !

Il est constamment instrumentalisé, cet Adolf d'antan ! (Hitler a plus d'entrées sur Google que la plupart des candidats politiques actuels dans cette fin dystopique mondialiste. C'est une véritable psychose). On peut trouver la démarche de Le Pen raisonnable et sérieuse, ou traîtresse et obsédée par le pouvoir.

L'AfD est un obstacle à l'amour de la Hongrie et de la France ? Eh bien... Vous n'entendrez pas cette vérité objective autrement, car de nombreux « rapporteurs » sont désormais intégrés à certains lobbies. Ce n'est pas mon cas. Et je rapporte ce qui se passe : CE QUI EST. Et pas ce que je voudrais qu'on me dise. Ou : ce que les autres aimeraient entendre. Je ne suis pas à vendre.

La prise de pouvoir mondialiste est au centre de mon attention, de mes reportages et de mon travail d'information. Car TOUT est en jeu. Mais aujourd'hui, je fais une exception et je commente brièvement la politique du jour. Une exception !" (source: https://x.com/MagnetStefan/status/1793612147961860560).

Weidel et Chrupalla optimistes

Malgré tout, les deux porte-parole fédéraux de l'AfD, Dr. Alice Weidel et Tino Chrupalla, se montrent optimistes: « Nous avons pris note de la décision du groupe ID. Nous sommes néanmoins optimistes pour la prochaine soirée électorale et les jours qui suivront. L'AfD s'efforcera bien entendu de constituer un groupe puissant au Parlement européen avec une délégation renforcée. Pour pouvoir agir politiquement à Bruxelles, il est indispensable de collaborer avec des partis proches. Nous sommes donc confiants de pouvoir compter sur des partenaires fiables à nos côtés au cours de la nouvelle législature ».

jeudi, 23 mai 2024

Fureurs et caprices à Paris: le Rassemblement national rompt sa collaboration avec l'AfD

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Fureurs et caprices à Paris: le Rassemblement national rompt sa collaboration avec l'AfD

Source: https://zuerst.de/2024/05/22/zickige-franzosen-rassemblement-national-kuendigt-zusammenarbeit-mit-der-afd-auf/

Paris . Après des manifestations de mécontentement répétées et des tentatives infructueuses de l'AfD pour dissiper les malentendus, le Rassemblement national français (anciennement Front national) de Marine Le Pen a définitivement coupé les liens avec l'AfD. Désormais, il n'y aura plus de coopération entre les deux partis sous l'égide d'un groupe commun au Parlement européen. Actuellement, le RN et l'AfD sont membres du groupe Identité et démocratie (ID).

« Nous ne siégerons plus avec eux au cours de la prochaine législature », a déclaré Alexandre Loubet, directeur de campagne de la tête de liste européenne et chef du parti RN, Jordan Bardella.

La rupture avait déjà été annoncée en début d'année, lorsque le RN avait manifesté son mécontentement face à la participation de membres de l'AfD à la prétendue « réunion secrète » de Potsdam du penseur identitaire Martin Sellner. Ce dernier s'est récemment fait connaître par sa proposition de « remigration ». Au Rassemblement national, qui se réclame de la tradition républicaine de la « Lex soli », c'est-à-dire de la nationalité en fonction du lieu de naissance, on ne croit pas à cette idée. La présidente du RN, Marine Le Pen, avait fait part de son désaccord à la direction de l'AfD. Elle avait menacé de mettre fin à la coopération parlementaire.

La présidente de l'AfD, Alice Weidel, s'est alors rendue à Paris en février pour s'entretenir avec Le Pen et Bardella. Mais l'ambiance est restée glaciale. La partie française a même démenti explicitement par la suite qu'une entente ait été trouvée - ce qui ne l'intéressait visiblement plus à ce moment-là. Le directeur de campagne de Bardella, M. Loubet, a déclaré à l'AFP : « Nous avons eu des discussions ouvertes, mais aucune leçon n'a été tirée. Maintenant, nous en tirons les conséquences ».

Les Français invoquent toutefois comme raison officielle de leur décision les récentes déclarations de Maximilian Krah, tête de liste de l'AfD aux européennes, sur la Waffen-SS. Dans une interview accordée au journal italien La Repubblica, Krah a déclaré qu'il ne dirait jamais « que tous ceux qui ont porté l'uniforme SS étaient automatiquement des criminels ». Il a ajouté que la culpabilité devait être évaluée au cas par cas et qu'à la fin de la guerre, la SS comptait près d'un million de membres. « Même l'écrivain Günter Grass appartenait à la Waffen SS ». Le RN ne sait probablement pas non plus que des soldats français de la Waffen SS ont même fait partie des derniers défenseurs de Berlin.

On ne sait pas encore si le RN va faire en sorte que l'AfD soit exclue du groupe ID ou s'il va quitter le groupe lui-même. Le groupe ID est actuellement composé de neuf partis de droite. Mais les cartes seront de toute façon redistribuées après les élections européennes de juin (mü).

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mercredi, 22 mai 2024

L'Azerbaïdjan, pivot des nouvelles alliances mondiales

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L'Azerbaïdjan, pivot des nouvelles alliances mondiales

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/azerbaijan-perno-di-nuove-alleanze-mondiali/

Dans la mort du président iranien Raisi, un détail a été largement sous-estimé par les médias italiens. En revanche, en parfaite harmonie avec le ministre Antonio Tajani qui se révèle, chaque jour un peu plus, comme le parfait successeur de Giggino Di Maio. Certes plus cultivé, mais encore plus dangereux pour l'avenir de l'Italie et la santé mentale de ses auditeurs. Cependant, l'aspect intéressant du voyage fatal de Raisi est sa destination et sa motivation.

Un barrage à la frontière avec l'Azerbaïdjan, en parfait accord avec Bakou. Bien sûr, à l'exception des larbins européens qui ne servent que les intérêts de Washington et de Tel-Aviv, il arrive dans le reste du monde de passer des accords avec ses voisins, même quand on ne les aime pas. Mais c'est la soudaine correspondance amoureuse entre l'Iran et l'Azerbaïdjan qui devrait nous inciter à regarder plus loin. Bakou a toujours été protégé par Ankara dans sa confrontation avec l'Arménie. Alors qu'Erevan était soutenu par la Russie et l'Iran.

Puis l'Arménie a préféré les sirènes néo-atlantistes, a été vaincue par les Azéris, et a choisi le camp de l'UE. Et, à ce moment-là, Moscou et Téhéran ont préféré améliorer leurs relations avec Bakou également parce que, de cette manière, ils amélioraient leurs relations avec la Turquie, renforçant ainsi une alliance de plus en plus précieuse au Moyen-Orient.

Une alliance qui, toutefois, pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières des pays respectifs. En partant de la Méditerranée, en allant jusqu'à l'Inde et en impliquant de plus en plus l'Afrique. Mais en Italie, les discussions sur le plan Mattei se poursuivent.

L'héritage de Raisi

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L'héritage de Raisi

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/leredita-di-raisi/

Hadi Nasrallah, le chef du Hezbollah, a déclaré que si Téhéran « trouve des preuves » d'une main israélienne derrière la mort de M. Raisi, cela « entraînera un changement géopolitique dramatique qui mettra le feu à toute la région ». Et il a conclu son tweet par « Israël entraîne le monde vers la troisième guerre mondiale ».

Je ne pense pas qu'il faille sous-estimer cette déclaration et la considérer comme l'expression de l'extrémisme libanais. Le Hezbollah est triplement lié à des cercles très spécifiques à Téhéran et sert souvent de porte-voix à des opinions qui ne peuvent être exprimées officiellement. Mais qui circulent, notamment dans le monde des Pasdaran. Et parmi leurs dirigeants.

Bien sûr, la position officielle sur la mort du président Raisi est qu'il s'agit d'un accident. Une position, pourrait-on dire, corroborée par le Guide suprême lui-même, Ali Khamenei. Qui ne veut absolument pas d'un choc frontal avec Israël. Et, par conséquent, avec Washington.

La vérité ? Personne, probablement, ne la connaît. Et elle n'apparaîtra certainement jamais avec certitude. Pour l'heure, toutes les hypothèses restent légitimes. Et, en même temps, inutiles. Seule compte la version officielle de Téhéran.

Cependant, la déclaration de Nasrallah devrait faire réfléchir. Le fait que Téhéran veuille exclure une confrontation directe avec Tel-Aviv ne signifie pas que la disparition de Raisi ne conduira pas à une nouvelle saison de guerre asymétrique et/ou par procuration.

Tout dépendra de la manière dont se dérouleront les élections imminentes pour la succession à la présidence de la République islamique. Selon la Constitution, ces élections doivent se tenir dans les cinquante jours.

Si la ligne de Rohani devait s'affirmer, c'est-à-dire tenter d'assouplir les relations internationales pour favoriser le développement économique, la tension commencerait à baisser.

Mais il est fort probable que ce soit l'inverse qui se produise. Et qu'au contraire, ceux, Pasdaran et Basiji en tête, qui entendent pousser l'affrontement avec l'Occident collectif - dont Israël est considéré comme la longue main - bien au-delà des limites de ce qu'avait fait Raisi ces dernières années, gagneront en force.

Ce dernier était en effet un conservateur religieux et un khomeiniste de la première heure. Mais il ne représentait pas l'aile la plus radicale de la révolution islamique. Et c'est pour cela qu'il avait été choisi par Khamenei. Pour briser l'isolement international de Téhéran, sans pour autant renoncer à son contrôle sans faille du pays.

Une tâche, il faut le dire, dont le défunt président s'est admirablement acquitté. En réprimant durement toute opposition interne, soupçonnée d'être « influencée par l'étranger ». Mais en tissant simultanément un réseau dense de relations internationales. Comme en témoignent, ces heures-ci, les réactions à sa mort. Et les condoléances de la Russie, de la Chine, des Philippines, de l'Inde, de la Turquie. Et même des rivaux historiques comme les Saoudiens.

Raisi laisse un Croissant chiite - Iran, Liban, Yémen, Irak - plus fort et plus soudé que jamais. Dans un contexte de relations économiques de plus en plus vivantes et fructueuses avec les pays du BRICS. Et de nature à rompre l'isolement dans lequel l'Iran avait plongé après les sanctions.

D'ailleurs, même d'un point de vue strictement stratégique, Téhéran n'est plus isolé, pouvant compter sur une relation très étroite avec la Russie - « grâce » à la guerre en Ukraine - et avec la Chine. Et celle, en plein développement, avec l'Inde.

Un bilan qui, au-delà de ce que l'on peut penser de la figure discutable du défunt président, est résolument très positif.

 

mardi, 21 mai 2024

De Soleimani à Raisi, Iran, quatre ans de morts violentes

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De Soleimani à Raisi, Iran, quatre ans de morts violentes

Andrea Muratore

Source: https://it.insideover.com/politica/da-soleimani-a-raisi-in-iran-quattro-anni-di-morti-eccellenti.html#google_vignette

3 janvier 2020 : Qasem Soleimani, commandant de la Force Quds des Gardiens de la révolution iranienne, est tué par un drone américain en Irak. 19 mai 2024 : le président Ebrahim Raisi meurt dans la province de l'Azerbaïdjan oriental en même temps que Hossein Abdollahian, le ministre des affaires étrangères de Téhéran. Ce sont les deux dates symboliques de quatre années et demie qui ont vu la chaîne de commandement de la République islamique s'effilocher considérablement. Celle-ci est confrontée à des défis de toutes sortes. Du siège des sanctions américaines après la fin de l'accord sur le nucléaire iranien à la longue guerre de l'ombre israélienne, de la pandémie de Covid-19 à la longue vague de protestations et de répression interne après la mort de l'étudiante Masha Amini, en passant par la recherche d'une entente avec ses rivaux, notamment avec l'Arabie saoudite, pays rival, et au bouleversement du Moyen-Orient après le déclenchement de la récente guerre à Gaza, l'Iran s'est retrouvé dans une série de jeux complexes et enchevêtrés entre l'assassinat de Soleimani et le désastre de l'hélicoptère présidentiel d'avant-hier.

Entre les deux, 1598 longs jours au cours desquels la chaîne de commandement du pays a été ébranlée et la stabilité interne de l'État mise à mal. Les deux hommes sur lesquels le gouvernement de la République islamique doit s'appuyer sont les symboles des problèmes auxquels l'Iran doit faire face: pour Soleimani, après 2020, certains envisageaient déjà un avenir politique au plus haut niveau, voire présidentiel. Quant à Raisi, il était considéré comme le successeur idéal du Guide suprême Ali Khamenei, qui, tel un François-Joseph de notre époque, se retrouve à survivre à ses propres successeurs potentiels alors que les incertitudes sur la trajectoire future du pays s'accumulent.

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Au cours de ces quatre années et demie, le mot d'ordre de l'élite iranienne est devenu la « précarité ». Pour certains, il s'agit d'une précarité politique : dans le climat de militarisation de l'opinion publique à l'égard des rivaux de Téhéran, par exemple, l'ancien président Hassan Rouhani et l'ancien ministre des affaires étrangères Mohammad Zarif ont été mis à l'écart après le vote de 2021 qui a élu M. Raisi. Pour ceux qui ont nourri des ambitions de retour, comme l'ancien président populiste Mahmud Ahmadinejad, l'avertissement de ne pas faire de mouvements irréfléchis est venu de la pression des médias et, en 2023, même d'une arrestation pour avoir incité à des manifestations en juin. Mais pour de nombreux hauts responsables de l'État iranien, c'est leur vie même qui a été mise en danger. En particulier à cause du conflit obscur avec Israël, qui a fait surface sous la forme d'une confrontation directe au cours de ce printemps chaud, mais qui a traîné pendant des années comme un conflit entre les ambitions régionales contradictoires de Tel-Aviv et de Téhéran, en particulier dans la zone tampon de sécurité du « croissant chiite » construit par l'Iran entre le Liban, la Syrie et l'Irak.

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Des membres éminents de l'establishment de Téhéran sont morts sous les coups israéliens. Après l'assassinat de Soleimani, celui du chef du programme nucléaire de Téhéran, Mohsen Fakhrizadeh, organisé par le Mossad sur ordre de Benjamin Netanyahou, a fait grand bruit en 2020. En 2022, Davoud Jafari, colonel des Pasdarans à la tête du programme aérospatial des Gardiens de la révolution, est tué. En Syrie, Reza Mousavi (photo), un autre haut commandant du même corps, est tué par Israël en 2023, et le mois d'avril voit l'assassinat du général de brigade Reza Zahedi au consulat général de Damas sous les coups des FDI, ce qui déclenche la riposte de Téhéran.

Dans ce contexte, l'Iran a subi plusieurs coups. Et il se retrouve comme un pays perpétuellement sur la brèche, où le polycentrisme des pouvoirs politiques et militaires conduit à différentes échelles de priorités et de conflits, notamment entre les « faucons » et les « colombes » du front sécuritaire. Souvent, en Iran, on ne sait pas qui commande : on l'a vu après l'attaque de Soleimani, pendant les manifestations qui ont suivi la mort de Macha et après l'attaque d'Isis-K en janvier dernier. Alors que les attentats et les tragédies éclaircissent les rangs des dirigeants iraniens, un problème majeur se pose désormais, celui de la planification de l'avenir dans un pays vaste et contradictoire. Capable de produire de la technologie nucléaire mais incapable de localiser l'hélicoptère présidentiel disparu pendant une demi-journée. Capable de se projeter militairement dans la région et de résister à des sanctions étouffantes, mais incapable de résoudre les contradictions post-révolutionnaires entre les héritiers de la prise de pouvoir et les organes politiques de l'État tels que la présidence et le parlement. Un pays avec de nombreux guides et un seul Guide, l'Ayatollah, appelé comme un vieux garant à faire la synthèse alors qu'entre les « radicaux » et les institutionnels le sillon s'élargit et les figures de poids sont de moins en moins nombreuses. En raison également de leur départ. L'incertitude a été et restera la marque de fabrique de l'Iran dans l'une des phases historiques les plus critiques de l'ère actuelle.

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L'Union européenne veut le droit d'organiser des coups d'État en Géorgie

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L'Union européenne veut le droit d'organiser des coups d'État en Géorgie

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/lunione-europea-vuole-il-diritto-di-organizzare-colpi-di-stato-in-georgia/

Pour être digne de faire partie de l'Union européenne, il faut accepter que des mouvements de protestation puissent être organisés et payés par des multinationales étrangères. Il faut accepter que des gouvernements puissent être renversés par des manifestations de rue organisées et payées par des gouvernements étrangers dans le but de satisfaire leurs propres intérêts. C'est la curieuse forme de chantage mise en œuvre par Bruxelles à l'encontre de Tbilissi. À propos de la Géorgie, pour aider les ministres italiens à comprendre ce dont il est question. Et pas de la Géorgie américaine, mais de la Géorgie européenne que les États-Unis voudraient transformer en nouvelle colonie. À la manière italienne.

Un chantage sordide et indécent. Un chantage dont raffolent les présentateurs des journaux télévisés italiens, occupés à relater la courageuse bataille de ceux qui ne veulent pas renoncer aux financements étrangers pour renverser le gouvernement dûment élu de leur pays. En réalité, ils ne devraient même pas renoncer aux dollars, ils devraient simplement déclarer les sommes reçues et faire contrôler leur utilisation. Mais cela ne sert à rien non plus.

Car ils ne veulent pas que les Géorgiens sachent qui paie pour le chaos. Ils ne veulent pas qu'il apparaisse explicitement que tous - mais vraiment tous - les « soulèvements colorés » n'avaient rien de spontané.

Oh mon Dieu, même le Tg5, le Mossad et le ministre Piantedosi sont occupés, en Italie, à identifier ceux qui organisent des manifestations en faveur de la Palestine et contre les crimes israéliens. Oui, même ce Piantedosi qui n'arrive pas à contrer les vols à la tire dans les métros et les bus mais qui se sent maintenant comme un 007 en mission spéciale.

Les apories (il)logiques

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Les apories (il)logiques

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/aporie-illogiche/

J'essaie toujours de fonder mon analyse des scénarios géopolitiques sur la logique. Je suis cependant bien conscient que la logique n'épuise pas tout. Ce serait trop facile. La nature humaine est complexe et se reflète aussi, et peut-être surtout, dans la géopolitique. Facteurs émotionnels, psychologiques, culturels... tout ramener à la logique est impossible. Et surtout, ce serait grossièrement erroné.

Cependant, un minimum de logique reste nécessaire. Pour comprendre les situations. Et pour prendre conscience des... absurdités. De ce qui est tout simplement impossible.

Comme l'accord entre le Hamas et Israël. Dont on parle beaucoup en ces heures. Rencontres, médiatisées et non directes, propositions et contre-propositions. Avec l'Égypte comme hôte et grand architecte diplomatique.

De grands espoirs, bien sûr. Soulignés par les médias internationaux. Mais clairement... des espoirs illogiques.

Car un accord ne peut être trouvé qu'entre ceux qui... se parlent. Et se parler signifie, dans une certaine mesure, se reconnaître.

Ce qu'Israël et le Hamas refusent de faire.

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Ainsi, alors que l'on parlait beaucoup de libération d'otages, de cessez-le-feu et de leur éventuelle durée, Nethanyau a continué à dire, apertis verbis, que la guerre ne se terminerait pas tant que le Hamas n'aurait pas été totalement détruit.

Cela ressemble-t-il à une position conciliante dans le cadre d'une négociation ? Ne remarquez-vous pas une certaine... contradiction logique ?

Soit dit en passant, la position des dirigeants du Hamas n'était pas différente non plus. Elle ne semble d'ailleurs pas avoir changé.

Il existe quelques nuances entre la direction politique cachée à l'étranger et les commandements militaires opérationnels dans la bande de Gaza. Mais le fond est resté et reste le même. Objectif: un État palestinien du fleuve à la mer. Sujet à la destruction d'Israël.

Comment s'étonner alors que, dès le retour des délégations d'Égypte, l'armée israélienne ait lancé l'offensive sur Rafah ? Qui ne peut que se terminer par un massacre de civils aux proportions apocalyptiques. Notamment parce qu'Al Sisi s'est empressé de fermer le point de passage du Sinaï, vers lequel se précipitent plus d'un million de désespérés.

Nethanyau veut gagner la guerre. Sa propre existence politique est en jeu, ainsi que l'avenir d'Israël. Et il ne regarde personne en face.

Les dirigeants du Hamas sont parfaitement conscients de l'inéluctable tragédie. Et ils n'ont rien fait pour l'éviter. Au contraire, ils réfléchissent à la manière de capitaliser dans un avenir proche sur la haine médiatique qui monte contre Israël dans tout le monde arabe. Ils donnent Gaza en pâture. Mais leur cible, c'est la Cisjordanie. Et, en perspective, toute la Jordanie.

Le monde occidental regarde. Inerte et hypocrite. Rien n'a vraiment été fait et rien ne sera fait pour empêcher l'apocalypse.

Les simulacres de diplomatie, les proclamations humanitaires, les appels ne servent à rien.

Et surtout, ils se révèlent absurdes. Illogiques.

Suis-je cynique ? J'applique simplement la logique la plus élémentaire. La seule qui puisse conduire, peut-être, à une solution. Le reste... n'est que paroles en l'air. Que les faits démentent immédiatement.

12:46 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, hamas, israël | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 19 mai 2024

Les pays souverains sont d'accord entre eux. Les faux souverainistes sont les serviteurs de Washington

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Les pays souverains sont d'accord entre eux. Les faux souverainistes sont les serviteurs de Washington

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/i-paesi-sovranisti-si-accordano-i-finti-sovranisti-fanno-i-servi-di-washington/

Celui qui s'arrête à la désinformation de l'actualité risque de ne rien comprendre à la réalité qui l'entoure. Et pas seulement parce qu'il se retrouve plus pauvre alors que des parlementaires gargantuesques lui assurent qu'il s'est plutôt enrichi. Mais aussi et surtout parce que les informations sur les événements internationaux semblent tirées d'une mauvaise bande dessinée destinée aux classes de l'école primaire. La désinformation italienne repose sur une division simple : qui est avec qui ?

Ainsi, ceux qui sont avec nous - ou plutôt, ceux avec qui nous sommes - sont les bons. Les autres sont les méchants. C'est ainsi que cela fonctionnait pendant la guerre froide, alors pourquoi changer les mentalités en faisant trop d'efforts ? Dommage qu'à l'époque déjà, les non-alignés s'étaient glissés dans le décor pour gâcher le spectacle. Mais aujourd'hui, tout est plus difficile, car l'ignorance est omniprésente.

Bien sûr, on s'en tient toujours aux gentils. Les maîtres américains et, par rebond, les Israéliens. Mais les autres ? Selon les reconstructions fantaisistes des médias italiens, la Chine est alliée de l'Iran et a contraint Téhéran à faire la paix avec les Saoudiens. Donc avec d'autres alliés de Pékin. Contre la Chine, il y a l'Inde, qui fait toutefois partie des Brics avec la Chine elle-même et la Russie (ainsi qu'un certain nombre d'autres pays). New Delhi et Moscou se targuent d'une amitié historique. Et l'amitié entre Moscou et Pékin est « illimitée ». Mais celle entre la Russie et l'Iran est également solide.

Aujourd'hui, Téhéran a conclu un accord avec l'Inde en vue d'un méga-investissement par des opérateurs indiens dans un port stratégique en Iran. Cette opération s'inscrit dans le cadre d'un projet encore plus vaste qui concerne non seulement le transport entre l'Iran et l'Inde, mais aussi le transit par l'Afghanistan. Sans oublier que la Russie et l'Iran collaborent à la construction d'une vaste infrastructure ferroviaire dont le débouché final sera précisément le transport maritime vers l'Inde. Mais l'aspect le plus significatif est que l'Inde ne souhaitait pas auparavant conclure l'accord avec Téhéran en raison de la pression exercée par les États-Unis. De toute évidence, ces pressions peuvent désormais être ignorées.

Ainsi, les ennemis et les amis peuvent varier, les accords et les alliances peuvent être créés à géométrie variable. Car ce qui compte dans les Etats souverains, c'est l'intérêt du seul pays. L'Italie faussement souveraine, en revanche, continue d'évoluer comme une colonie américaine, attendant toujours la permission de Washington pour chaque démarche au niveau international. D'autre part, confier les affaires étrangères à Tajani, c'est vouloir communiquer son insignifiance au monde.