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samedi, 11 juin 2016

Oskar Freysinger: «le personnel politique n’a pas envie de voir le peuple s’émanciper»

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Oskar Freysinger: «le personnel politique n’a pas envie de voir le peuple s’émanciper»

Oskar Freysinger
Conseiller national UDC, enseignant
Propos recueillis par Jordi Vives
 

Présent à Béziers à l'occasion du Rendez-Vous « Oz ta droite » organisé par Robert Ménard, Oskar Freysinger (UDC) a répondu aux questions de notre correspondant en France et compare la situation politique en France et en Suisse.

Les Observateurs : Que pensez-vous de l'initiative de Robert Ménard d'avoir organisé ce Rendez-Vous de Béziers ?

Oskar Freysinger : Je trouve ça excellent. Robert Ménard a du courage, le paysage politique actuellement n'est pas favorable au débat serein et constructif, il le fait. Il a montré en tant que maire de Béziers qu'il était capable de résister à quelques pressions et je trouve ça admirable de voir qu'il y a des gens qui ont des poils où je pense.

Les Observateurs : Quelle comparaison peut-on faire aujourd'hui entre la situation en France et la situation en Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficilement comparable, nous n'avons pas en Suisse ce phénomène de blocage institutionnel, de contournement institutionnel et ensuite de réaction violente de la population parce que tout le système est construit autrement. Le système français est quasiment construit du haut vers le bas avec un très fort centralisme, très jacobin. En Suisse nous avons le fédéralisme avec un peuple souverain. Le peuple n'a pas besoin de faire grève parce qu'il a les instruments institutionnels pour s'opposer au pouvoir.

Les Observateurs : Quand on regarde le résultat des élections, on constate que l'UDC est le premier parti de Suisse mais pourtant il ne dirige pas le pays comme en France avec le Front National.

Oskar Freysinger : Ça c'est voulu, le système suisse n'est pas fait pour une alternance, pour donner le pouvoir à une seule coterie. C'est le partage du pouvoir. En France, le Front National n'a jamais pu avoir un ministre ni être représenté selon sa force réelle à l'Assemblée Nationale, ce qui est un scandale absolu. Un parti qui draine autant d'électeurs devrait avoir une représentation digne de ce nom au parlement. Si on avait le même système en Suisse, nous, l'UDC, on serait dans la même situation que le Front National or nous avons deux membres au gouvernement fédéral. On est largement représentés au parlement fédéral parce que nous sommes le parti le plus fort. La France et la Suisse ne sont pas comparables, nous avons un système fédéraliste, un système avec la démocratie directe avec la notion d'équilibre des énergies et du partage du pouvoir.

Les Observateurs : Est-ce que la France devrait s'inspirer de la Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficile d'aller appliquer cela du jour au lendemain. Il faudrait peut-être arriver avec un premier élément de démocratie directe qui serait un référendum mais un référendum réel où le peuple s'exprime clairement et que le parlement ensuite applique. Ça ce serait un premier élément sans chambouler tout le système mais où le peuple aurait alors beaucoup moins la nécessité de tout bloquer, ce qui est dommageable pour le pays, pour les entreprises, pour tout le monde. Le peuple aurait alors au moins un instrument pour commencer à résister. Le problème c'est que le personnel politique n'a absolument pas envie de voir le peuple s'émanciper, prendre part à la gestion publique. Les énarques ne sont pas formés pour ça, ils sont formés pour représenter une élite qui dicte ce qui est bon pour le peuple. Comment voulez-vous arriver alors à quelque chose ? Pour que les choses changent il va falloir une crise et elle sera probablement plutôt européenne que française.

Les Observateurs : Qu'est-ce qui pourrait déclencher cette crise ?

Oskar Freysinger : Une crise financière. Le système financier actuel est construit sur du sable mouvant. Faire tourner la planche à billets et croire que ça créé de la richesse c'est une illusion. C'est juste une question de temps, ça peut encore tenir un certain moment.

Les Observateurs : Vous parlez d'une crise économique mais est-ce que ça ne pourrait pas être également une crise migratoire ?

Oskar Freysinger : La crise migratoire ça peut créer des conflits mais ça sera plutôt une sorte de guerre civile, une violence urbaine de plus en plus forte avec des groupes ethniques qui se battent mais je ne crois pas que la situation sera exacerbée s'il n'y a pas l'aspect financier qui aggrave la chose. Il faut cette paupérisation, ce désespoir de la population pour que vraiment quelque chose se passe. Là actuellement on n'y est pas vraiment, on gueule, on manifeste mais on n'y est pas encore. S'il y a vraiment une crise grave et avec 60 % à 70 % de la population des banlieues qui vit de l'assistance sociale, si l’État n'est plus capable de payer, ils vont prendre par la violence ce qu'ils estiment être leur dû.

Propos recueillis par Jordi Vives

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mercredi, 08 juin 2016

Droites à Béziers

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Droites à Béziers

par Georges FELTIN-TRACOL

Les 27, 28 et 29 mai 2016 se tenait « Le Rendez-Vous de Béziers » organisé par son célèbre maire, Robert Ménard. Pour l’occasion, l’ancien président de Reporters sans frontières avait quelques jours auparavant fondé une association à l’orthographe très vallaud-belkacemesque : « Oz ta droite ».

 

Au terme de ces trois journées de débats ponctuées par le psychodrame du départ précipité dès samedi midi, des élus frontistes, Marion Maréchal – Le Pen en tête (une vraie tempête dans un verre d’eau peu rempli), les quelque deux mille participants entérinèrent une cinquantaine de mesures qui devraient inspirer, voire être reprises, par les prochains candidats dits de droite à la présidentielle. Ces propositions dont la majorité est salutaire (abolition des lois attentatoires à la libre d’expression, moratoire sur l’ouverture de grandes surfaces, dénonciation de l’adhésion de la France aux articles de la Convention européenne des droits de l’homme, net refus du Traité transatlantique…) ne doivent cependant pas cacher les défauts de cette manifestation : un libéralisme assumé, un conservatisme chrétien ankylosé et moralisateur ainsi qu’un souverainisme quelque peu étriqué

 

« Oz ta droite » aurait l’intention folle de regrouper ce que Patrick Buisson, ancien responsable de Minute et ex-conseiller informel de Sarközy, appelle la « droite hors les murs », c’est-à-dire cette mouvance droitière sortie un temps de sa torpeur habituelle et de sa paresse conceptuelle par La Manif pour Tous et qui se trouverait à mi-chemin entre l’aile droite du parti Les Républicains, Debout la France et le néo-FN. Mirage politique, cette « droite » en quête supposée d’un dirigeant providentiel n’en demeure pas moins la proie de rivalités personnelles. Ainsi, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan déclara-t-il à Marianne (des 27 mai au 2 juin 2016) : « J’aimerais y aller, mais ce sera non, pour ne pas prendre le risque d’une surinterprétation médiatique à me voir aux côtés de personnes peu fréquentables. » Le maire d’Yerres, naguère rocardien et Young Leader, rencontre bien tous les jours des incompétents nuisibles dans cette vaste décharge sise au Palais-Bourbon.

 

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Sensible au discours identitaire néo-frontiste, cet électorat droitier rechigne néanmoins à voter pour le parti de Marine Le Pen dont il ne partage ni sa phobie de l’euro, ni un programme économique — jugé par ses adversaires et les médiats partisans — étatiste et dirigiste. « Le Rendez-Vous de Béziers » s’adressait par conséquent en priorité à des publics national-conservateur, libéral-conservateur et national-libéral, soit les orphelins politiques de Christine Boutin, de Philippe de Villiers, de Charles Pasqua et de Charles Millon, d’où une assistance relativement âgée et parfois chenue.

 

Libéralisme, les voilà !

 

Ce rendez-vous parapolitique prouve une nouvelle fois la schizophrénie des participants. Volontiers adulateurs du libéralisme en économie, ils accusent ce même libéralisme de tous les maux pour ses ravages culturels et moraux, montrant leur ignorance abyssal des écrits de Jean-Claude Michéa qui rappelle, livre après livre, l’unité intrinsèque de tous les libéralismes. Pourquoi s’opposer à l’homoconjugalité et à la GPA et accepter par ailleurs la suppression des 35 heures, la retraite à 65 ans ou la priorité aux économies dans le domaine de l’État-Providence ? Une réelle confusion a plané au cours de ces journées avec les interventions du chef d’entreprise Charles Beigbeder ou du chrétien libéral Charles Gave (le Christ ne détenait pourtant aucune propriété). Si Fabien Niezgoda, vice-président du MEI (Mouvement écologiste indépendant) d’Antoine Waechter ou Patrick Pérignon du syndicat agricole Coordination rurale ont pu exposer leurs points de vue originaux, d’autres intervenants manièrent avec un zèle certain la langue de coton et la valorisation ridicule de l’« Occident ». Pensons au chantre de l’« Amérique-Monde », l’ultra-néo-conservateur pro-sioniste Guy Millière, complice moral de l’assassinat du président Saddam Hussein, ou du journaliste Ivan Rioufol. Ce dernier qualifie dans son bloc-notes du Figaro (6 mai 2016) l’ignominieux TAFTA d’« imparfait mais utile ». Utile pour l’agriculture française et européenne ? Pour la santé et la souveraineté des Européens enchaînés au cauchemar yankee ? Hostile à l’islam, cet apologiste du mythe judéo-chrétien (cette variante droitarde du pâté d’alouette reprise par l’ineffable libéral-sécuritariste Éric Ciotti) défend la société multiraciale et prône l’assimilation, ce facteur facilitateur du « Grand Remplacement ». Fort heureusement, le public chauffée à blanc par le thème le hua copieusement. Cela signifierait-il que les participants accepteraient le modèle communautarien ethno-différencialiste et la réémigration ? Ce serait s’avancer un peu trop vite.

 

D’autres ateliers de discussions auraient mérité des sifflets. L’ambiguïté de ces trois jours persiste et ce dès les débuts, car le site d’Emmanuelle Duverger, l’épouse de Robert Ménard, Boulevard Voltaire, accepta le parrainage de Valeurs actuelles. Ce soutien n’est pas fortuit : le magazine vient d’être racheté par l’homme d’affaire libanais Iskandar Safa. Animé jusqu’à ces jours-ci par le national-mondialiste Yves de Kerdrel, ancien Young Leader de la French-American Foundation et atlantiste assumé (Geoffroy Lejeune vient de le remplacer), ce titre roule pour Les Républicains les plus droitards.

 

L’incongruité arriva à son comble au moment de l’allocation de Denis Tillinac. Dans Immédiatement (1972), Dominique de Roux qualifiait (fort injustement) Maurice Genevoix d’« écrivain pour mulots ». Il est indéniable que le chiraquien transi Tillinac incarne, lui, à merveille l’écrivaillon pour les blaireaux. Et comment une salle pleine de braves gens a-t-elle pu applaudir un bonhomme qui a toujours approuvé le calamiteux Jacques Chirac, ce pitoyable politicien qui accepta l’immigration extra-européenne de peuplement et donc le « Grand Remplacement », et qui accorda aux anciens des Brigades internationales la carte des anciens combattants ? Dans un essai justement oublié, Le Retour de d’Artagnan (1992), Tillinac définit une soi-disant « droite mousquetaire » qui ne rassemblait ni aux mouvements Occident ou Ordre nouveau, ni au GUD, ni même au FN et encore moins à la célèbre « Nouvelle Droite ». Souvent éthylique, la droite selon Tillinac devient étique et se résume à un slogan facile à inscrire sur un timbre postal : « Contre la gauche ! » Remarquable analyste marxien, Éric Zemmour, par ailleurs fin connaisseur du lamentable Chirac, n’a pas pris la peine de s’y rendre. Bien lui en a pris !

 

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Avec de pareils scribouillards, abonnés à pisser d’affligeantes tribunes d’un Figaro, très faux cul à l’égard de ses lecteurs, on a berné l’ensemble des inscrits au « Rendez-Vous de Béziers », ce qui est le propre du bourgeois. Le public national-libéral-conservateur s’illusionne sur une « union des droites » plus qu’hypothétique alors qu’elles n’ont entre elles aucune affinité, sinon de vieux contentieux. Qu’y a-t-il finalement de commun entre un lecteur de Valeurs actuelles et un abonné d’Éléments ? À part la maîtrise de la langue française, rien…

 

Inutilité des discussions

 

« Le Rendez-Vous de Béziers », « Oz ta droite » et Robert Ménard s’imaginaient réussir une convergence inédite tant sur le plan des idées que dans l’action politique. Le résultat est une déception; c’est même une déconvenue. En matière économique et sociale, on se demande presque si le MEDEF mondialiste ne serait pas le rédacteur principal de certaines suggestions. Plutôt que de puiser chez tous les thuriféraires décatis du Marché qui empoisonnent la pensée européenne depuis le XVIIIe siècle, les Biterrois de cette fin de semaine auraient pu discuter de la doctrine sociale de l’Église catholique, des thèses économiques non-conformistes des années 30, des écrits du prix Nobel grand-européen français Maurice Allais, de la cogestion, de la fin du salariat, du revenu de citoyenneté, de la réussite méconnue des communautés de travail montées par Marcel Barbu et Hyacinthe Dubreuil et des coopératives de production. Redécouvrir leurs textes, les adapter à l’ère mondialisée, penser à la démondialisation auraient été de bons préalables pour une éventuelle conquête des esprits. Mais l’assistance les connaît-il vraiment ? Une réponse positive surprendrait de la part de personnes qui ont refusé l’épreuve de force lors des manifestations contre la loi Taubira en 2012 – 2013 et préféré leur confort douillet de l’embourgeoisement permanent.

 

Toute coopération avec ces milieux qui n’ont jamais hésité à pratiquer la délation contre les militants les plus investis et les moins consensuels est inutile et même nuisible. Sans vision mobilisatrice, la droite bourgeoise n’est pas hors des murs, mais va plutôt dans le mur d’un quotidien très éprouvant. Quelles sont donc ces initiatives métapolitiques et culturelles différentes ? Mentionnons les périodiques Réfléchir & Agir (23 ans d’existence), Synthèse nationale (10 ans), Salut public (4 ans), Terre & Peuple (20 ans); Europe Maxima (bientôt 11 ans) et les sites amis tels Cercle Non-Conforme, Euro-Synergies, Métapo Infos, Vox N-R, etc.; des cercles militants (Dextra, Le Lys Noir, La Camisole…). Nonobstant d’inévitables et saines divergences, tous publient de véritables opinions hérétiques irréductibles au primat de l’argent.

 

Par son titre très dans le vent, « Oz ta droite » se réfère-t-il implicitement au fameux magicien d’Oz ? N’oublions pas qu’à la fin de l’histoire, le magicien se révèle être un imposteur. S’agirait-il d’une fantastique supercherie pour un public volontiers captif qui regrette toujours le bon vieux temps du fusilleur Thiers à Versailles ? Ses arrière-petits-enfants idéologiques ignorent tout des enjeux écologiques, géopolitiques, économiques, sociaux et ethniques de ce début de XXIe siècle. Tenter de les former ne servirait à rien et ferait perdre à tous un temps précieux. Laissons-les couler avec leur monde moderne et préparons dès à présent le nôtre, révolutionnaire, identitaire et violent !

 

Georges Feltin-Tracol


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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jeudi, 02 juin 2016

German Left Party's Geopolitical Split

vendredi, 27 mai 2016

Métaphysique et politique, en France au XXIème siècle

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Métaphysique et politique, en France au XXIème siècle

Ce texte a d’abord été conçu comme une réponse à une attaque un peu basse d’un éditeur parisien. Il est maintenant publié pour lui-même.

Le monde contemporain, un ensemble d’A-Patries

Une courte ontologie du devenir de l’Europe

La patrie

Sommes nous tous devenus des apatrides ? La question, formulée ainsi, semble à première vue provocatrice, en effet, une large majorité d’individus se revendique toujours d’une patrie, qu’elle soit charnelle, spirituelle ou incarnée par une nation. Pourtant la question de l’appartenance à une patrie n’a jamais été autant d’actualité, notamment en France et en Europe. Homère, déjà, se préoccupait de la question, « il n’est point de terre plus douce que sa propre patrie ». Etymologiquement la patrie est « le pays des pères », non du père, mais des pères. Donc d’une lignée. Ce que confirment les traductions de « patrie », en anglais avec « Father-Land », ou bien en allemand avec « Vater-Land ». La patrie est un territoire auquel on attache une notion de tradition et d’héritage, une filiation multi-générationnelle. On peut donner plusieurs significations au mot « père ». Selon la définition courante c’est un substantif qui fait référence à la notion de « paternité », il s’agit soit du parent biologique, soit du parent social, de sexe masculin. Ce peut être aussi une image à caractère symbolique : « dieu le père », « petit père des peuples », qui caractérise néanmoins toujours le lien d’ascendance filiale. Homère, en indiquant que notre propre patrie est toujours la plus douce, transmettait l’idée que c’est en se plaçant dans le sillage de ses pères, qu’on se tient dans la conformité de son « être », qu’on est à sa « place ». Un proverbe arabe dit sensiblement la même chose, en attachant à la « patrie » une notion d’exclusivité : « Mieux vaut une maison en ruines qu’un Palais en commun ».

Ce que dit Homère peut s’envisager très directement ; cultiver la terre qui a appartenu à ses pères est la continuation du travail de l’enracinement, de la poursuite d’une œuvre qui se conjugue au singulier de l’être et au pluriel de la patrie. On peut aussi l’étendre ; cette patrie prend la forme d’un legs spirituel, une terre imagée, racine de l’arbre de la pensée, féconde pour l’esprit, c’est l’endroit duquel peut s’opérer la création, comme la graine de blé en germant produira un épi. Etre, c’est à dire se comprendre en tant qu’homme parmi les hommes, c’est retourner à la patrie, accéder à son essence propre, ainsi que le chantait le poète allemand Hölderlin. Cette patrie matérielle et spirituelle, n’est pas une négation de l’ensemble des hommes, mais bien au contraire la compréhension que c’est en admettant son altérité propre que l’on est un homme au milieu des autres ; donc à même de nouer des liens avec ce qui nous est étranger et de participer au destin historique du monde. En sortant de sa patrie, un homme est exclu de sa condition propre et de l’histoire. L’apatride est exilé de son être, orphelin de sa réalité. Martin Heidegger parlait de l’absence de patrie comme d’ « un signe de l’oubli de l’être ».

Pendant des millénaires, la patrie a été l’élément constitutif de toutes les identités et des institutions qui les ont incarnées : Etats-nations, empires et autres territoires libres. Nous naissons, et nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes pas lancés nus dans le monde, nous nous inscrivons dans une tradition. C’est ce lien qui fait les hommes, il n’y a pas un homme mais des hommes, dont les êtres vivent dans des maisons différentes, constitutives des besoins que leur imposent leurs conditions d’existence ; voilà ce que sont les patries, les foyers des êtres. Sur tous les continents se sont créés, par un long processus historique, des modalités d’existences conformes aux hommes qui les ont habités ; en retour des civilisations consubstantiellement connectées à ces habitats sont apparues avec les cultures, les religions et les mythes liés. Des pensées spécifiques ont émergé et chaque fils a hérité de son père, les habitudes de sa patrie. La patrie étant en un sens la famille élargie.

gramscisssss.jpgLa patrie unique marxiste

Antonio Gramsci l’avait tout à fait entendu : « ce n’est pas dans la lutte des classes que la gauche révolutionnaire arrivera au pouvoir mais par le biais d’une activité culturelle et en éradiquant par tous les moyens appropriés les notions de patrie, de famille et de religion, piliers de la civilisation occidentale. L’immigration sans limites est aujourd’hui le moyen le plus sûr, le plus puissant et le plus efficace de parvenir à nos fins ». Il démontre que la réponse conceptuelle, posée par le problème marxiste d’atteindre la « fin de l’histoire », consiste en l’éradication de tous les fondements essentiels et instinctifs de ce qui fonde nos êtres, soit les données de base de tous les groupes et civilisations humains depuis l’aube de l’humanité. Un tel degré de sophistication intellectuelle (qui est, ironiquement, la conséquence de l’évolution de la pensée occidentale, patrie spirituelle d’Antonio Gramsci) implique la destruction des assises de la civilisation, afin de créer un humanisme qui ne soit pensé que par l’homme et non pour les hommes. Ce qu’on appelle humanisme de nos jours, n’est en réalité qu’un anthropocentrisme dévoyé qui exclut l’homme de la nature et en retour l’exile de lui-même. N’oublions pas le rapport immanent des hommes à la nature, ce qui implique de protéger notre environnement culturel. L’ordre de la raison ne doit pas exclure la pensée imagée et méditative de notre civilisation, le mythe participant pleinement à notre aventure historique, culturelle et sociale.

Nous sommes en vérité produits de notre devenir collectif mémoriel, et non de pures constructions intellectuelles pouvant à loisir devenir homme quand on nait femme, ou bien Egyptien quand on nait Mexicain. Antonio Gramsci dans la logique propre à son idéologie, ne peut finalement pas imaginer qu’il existe une pluralité d’hommes, chacun inscrits dans des « patries ». Ou s’il le conçoit, cela lui apparaît comme un élément à déconstruire, le dernier et le premier ferment de l’historicité du monde.

Il envisage pour cela une double manœuvre stratégique : d’abord provoquer le déracinement d’individus vers d’autres terres (ceux qui émigrent ne sont plus apparentés à la terre de leurs pères, ils sont orphelins de leurs patries), puis par un effet mécanique déstabiliser la patrie d’accueil, qui ne se reconnaît plus d’une origine commune, d’un seul tenant.

Aujourd’hui une partie des stratégies de guerre asymétrique théorisées par le penseur italien ont matérialisé leurs effets, elles l’ont cependant été partiellement en dépit de ses idéaux. En effet, le marxisme a échoué dans sa tentative de sortir les hommes de l’histoire pour créer un homme nouveau, l’objectivisme rationnel libéral a eu le plus de résultats en la matière. Ce système est l’homme debout portant le monde sur les larges épaules de la raison, représenté par la statue d’Atlas qui fait face au « Rockfeller Center » dans la ville de New-York aux Etats-Unis. Un positivisme chasse l’autre. L’un est beaucoup plus hypocrite et pernicieux que l’autre. Alors qu’Antonio Gramsci souhaitait la destruction des patries pour instaurer un être collectif qui soit en partage à tous – dans une optique égalitariste forcenée -, l’autre n’envisage l’être que dans ses manifestations individuelles, déconnecté de toute ascendance ou descendance.

ayn-rand-stamp-picture2.jpgL’objectivisation de l’homme

La philosophe russo-américaine Ayn Rand a fui le communisme soviétique pendant sa jeunesse, elle fut une apatride. Son sort l’a logiquement amenée à développer une vision du monde rejetant toutes les idées d’identification collectives, c’est à dire le communisme qui est une identification collective universelle réfutant le fait qu’il y ait pluralité d’hommes – au profit d’un homme unique- ; mais aussi les notions de filiation et de tradition qui ouvrent les hommes à leur altérité et donc à l’allégeance familiale puis patriotique. Bien que sa pensée n’ait eu qu’une maigre portée intellectuelle – car frappée du sceau de son ressentiment subjectif, et soit en outre peu étudiée dans les sphères universitaires-, elle est devenue une source majeure d’influence pour les penseurs « libéraux » de toutes obédiences (Ronald Reagan ou Hilary Clinton figurent au rang de ses admirateurs).

Son constat est le suivant : « ma philosophie conçoit essentiellement l’Homme comme un être héroïque dont l’éthique de vie est la poursuite de son propre bonheur, la réalisation de soi son activité la plus noble, et la Raison son seul absolu. ». En soi cette citation ne paraît pas malfaisante, tout homme aspire au bonheur et à sa réalisation personnelle. C’est ce qui n’est pas explicitement dit, qui a, comme toujours, de l’intérêt. Ayn Rand ne reconnaît à l’homme que des droits, il n’a aucun devoir. Souverain, son être ne se dévoile pas à l’aune de particularités héréditaires mais uniquement selon la raison, il est par nature orphelin de père et de mère. C’est un homme indifférencié, sans aucune attache, jouissant, consommant. Il n’y a plus d’hommes qui agissent dans un devenir commun à partir d’éléments qu’ils ont en partage, chaque homme est absolument sa propre patrie. Au projet marxiste de la suppression des patries pour une patrie unique, universelle, et collective, l’objectivisme rationnel répond par la suppression de toutes les patries collectives en atomisant celles-ci en chaque individu. Les hommes dans leurs singularités propres – c’est à dire en ce que leurs individualités procèdent d’un fonds historique concordant à leurs parentèles -, sont niés au profit d’hommes nouveaux jetés sans généalogies historiques tels les Adam et Eve d’un humanisme dévoyé. Pas mieux que des golems qui n’auraient pas la conscience de leurs êtres. Donc si l’homme n’a pas d’origine, pourquoi conserver les patries, les institutions, la culture ? L’homme hors-sol – qu’il soit une fiction marxiste, libérale ou même ultra-nationaliste – est un pur nihilisme. Ce n’est pas une vie héroïque, le héros se glorifie d’accomplissements personnels en lien avec la transmission, et s’il n’agit que pour lui, il transgresse. La transgression n’existe que par les normes, supprimez-les et la civilisation est privée de sa capacité régénératrice. Cette logique développée à l’extrême conduit donc à un totalitarisme ; les hommes sont privés d’origines, de transmission et même de la capacité à transgresser l’ordre moral, car celui-ci n’existe plus.

jean-baudrillard-first-session.jpgJean Baudrillard trouva dans « La Société de Consommation », une exacte définition pour l’horizon de l’homme contemporain : « homo oeconomicus ». Il précise cette notion comme « fossile humain de l’âge d’or, né à l’ère moderne de l’heureuse conjonction de la Nature Humaine et des Droits de l’Homme, est doué d’un intense principe de rationalité formelle qui le porte : 1- A rechercher sans l’ombre d’une hésitation son propre bonheur ; 2- A donner sa préférence aux objets qui lui donneront le maximum de satisfactions. Tout le discours, profane ou savant, sur la consommation, est articulé sur cette séquence qui est celle, mythologique, d’un conte : un Homme, « doué » de besoins qui le « portent » vers des objets qui lui « donnent » satisfaction. Comme l’homme n’est jamais satisfait (on le lui reproche d’ailleurs), la même histoire recommence indéfiniment, avec l’évidence défunte des vieilles fables ».

Le sociologue français conceptualise un homme de besoins, un homme qui a le « droit » de « satisfaire » à ses besoins. Les « besoins » dont il s’agit, ne sont pas d’ordre naturel comme manger ou dormir à l’abri, mais bien des « besoins » d’ordre symbolique et répondant à des critères de confort annexe ou à l’hédonisme ludique. Le besoin de confort ne s’arrête jamais, pourquoi faire la vaisselle à la main quand on peut avoir un lave-vaisselle, pourquoi utiliser un paquebot quand on peut se déplacer en avion, c’est parfaitement normal et un cycle qu’il ne convient pas d’arrêter. Le besoin de confort découle du besoin naturel, le confort matériel ne doit cependant pas occulter que les hommes ont besoin du confort mental. Le bien être émotionnel est d’une importance équivalente au bien-être matériel.

La volonté ludique est elle aussi infinie, l’homme est un animal joueur tout autant que rationnel, il voudra sans cesse s’amuser et découvrir. C’est dans sa nature, ce qui est plus problématique c’est qu’on en arrive à fabriquer des pseudos-besoins fictionnels, qui s’accompagnent de l’obsolescence programmée des objets de consommation. Il est normal que nous satisfassions nos besoins ludiques, que nous nous dotions d’objets modernes pour communiquer, les téléphones mobiles multi-tâches sont de formidables inventions du génie humain, est-il néanmoins nécessaire pour Apple d’en sortir un nouveau tous les 6 mois qui n’apporte quasiment rien au précèdent ? Non. Ainsi nous devenons pulsionnels, nous entretenons une addiction au fait de posséder de nouveaux objets. Et tout participe à oublier nos semblables, car nous sommes plongés dans la recherche du bonheur individuel, sans frontières, instantané. Donc allergiques à la frustration, au long cours. Pourquoi déconseiller à un migrant de se déraciner, de s’éloigner de sa patrie, quand il est à la recherche de son bonheur personnel ? Après tout il ne cherche qu’à satisfaire son bien-être                                    .

Les dangers que cet homme objectivement rationalisé pose sont clairement identifiables. La « gauche révolutionnaire » fabrique une fourmi rouge sans capacité à l’examen critique, frère ou sœur de tous, et fils ou fille de personne (très éloigné néanmoins du romantique anarchiste évoqué dans la chanson du Creedence Clearwater Revival appelée Fortunate Son puis reprise sous le titre Fils de Personne par Johnny Halliday). Les néo-libéraux ont, quant à eux, pour idée de l’homme, un être sans attache, mu par son seul plaisir, il n’est l’obligé de quiconque si ce n’est son bon vouloir, s’il doit tout détruire sur son passage, pourquoi s’en priverait-il ? Après tout, seule la satisfaction immédiate de ses désirs est objectivement valable. Il en est ainsi du personnage Gordon Gecko dans le film Wall Street d’Oliver Stone ou de n’importe quel rappeur « girls, guns and money ». Tant qu’il a matériellement « réussi », il a accompli sa destinée. Un mafieux qui ne se fait pas attraper par la patrouille pourrait être un modèle d’accomplissement personnel, surtout s’il a migré et renié son père. Et puis tant qu’à raisonner par l’absurde, tout devrait être permis, surtout le suicide – uniquement motivé par des considérations individuelles, opposé au suicide altruiste et protestataire –, quel plus bel exemple d’égoïsme rationnel que celui-ci.

Michel-Houellebecq.-Extension-du-domaine-de-la-lutte.gifLe monde de la technique, une critique qui ne saurait être totale

Les nouvelles doctrines « techno-culturelles » peuvent être qualifiées de mythes modernes : promesse du bonheur matériel et terrestre par l’avènement d’un homme universel dont la seule allégeance soit le marché. Ces doctrines sont occidentales et européennes, elles ont enfanté par dérivation la plupart des systèmes politiques dits modernes. Les deux guerres mondiales ont frappé l’Europe de plein fouet, elles sont le résultat d’une accélération paroxystique de la volonté d’efficience scientifique ; l’homme purement prométhéen a voulu tout contrôler ce qui l’a mené aux catastrophes du stalinisme ou de l’hitlérisme. De nos jours, ces volontés de contrôle n’ont pas été abandonnées, elles ont muté sous une forme en apparence plus aimable. La notion de « dignité humaine » et des droits universels et arbitraires, n’engage aucun devoir en retour. Notre utopie contemporaine s’articule autour d’une foi totale dans le progrès qui permettrait l’accomplissement social de l’homme libre de tout et sans entraves, pour tous et par tous. Cela est bien entendu une foi athée et non démontrable in fine, Michel Houellebecq le décrit de façon tragi-comique dans son roman « L’extension du Domaine de la Lutte », en effet la compétition amoureuse est plus terrible qu’elle ne l’a jamais été, certains n’ont pas leur lot et les tensions augmentent dans une société libérale, en outre il est impossible de collectiviser l’amour, la lutte des classes amoureuses est donc perdue d’avance pour les timides et les sous-doués du contact humain.

Entendons bien que cette critique de la modernité ne peut ni ne doit être totale. Les profits objectifs de l’horizon prométhéen de la pensée européenne sont bien réels, que ce soit dans les domaines de la santé, de la haute-technologie ou de la conquête spatiale. Personne ne veut retourner à la marine à voile et aux lampes à huile pour reprendre le mot du général de Gaulle durant les événements de mai 1968. Cependant tous ces profits techniques ne doivent pas nous faire oublier notre âme, et le progrès pour les hommes doit s’accompagner d’une réflexion sur la place qu’ils occupent. Notre imaginaire historique et pragmatique ne doit pas nous occulter le rapport à la nature, aux vivants et aux morts, c’est à dire à notre filiation, aux raisons qui font que nous sommes ici sur cette terre. Nous serions de biens mauvais enfants, si nous dilapidions le patrimoine familial.

Ce n’est pas un retour de l’archaïque par réaction aux excès technocratiques que nous devons souhaiter, pas plus une réémergence de l’irrationalité pure qui ne serait qu’une faillite intellectuelle et spirituelle. S’opposer à l’arraisonnement de la nature et des hommes par l’homme, ne signifie pas vouloir liquider la rationalité mais plutôt rééquilibrer notre savoir-être collectif vers plus d’éléments d’identification commune, vers plus de poésie aussi, l’état dionysiaque précédant toujours l’état apollinien. De la même façon, l’Europe ne doit pas se confondre avec son cousin étatsunien, mais retrouver sa nature propre qui n’est pas la même, en refusant son eschatologie messianique qui signerait son arrêt de mort. L’objectif est de perpétuer le progrès, de ne pas le mettre en danger par la démesure philosophique qui l’accompagne. Il faut penser au pourquoi de l’énergie nucléaire tout autant qu’au comment.

Il ne s’agit pas d’un pur conservatisme, rétif à tout changement, ou à toute évolution vers la « modernité », mais d’une réflexion qui tend à tempérer le progrès par un peu plus de conservation. A se transformer sans forcer, sans exagérer, sans tomber dans une fuite en avant vers le post-humain, à ne pas oublier les hommes qui sommeillent en nous. L’homme contemporain est pour utiliser une expression triviale « la tête dans le guidon », il travaille, il n’a pas le temps de réfléchir à ce qu’il « est », on ne le lui demande pas. Il ne convient donc pas de regarder dans le rétroviseur, ou de fantasmer une époque révolue, mais plutôt de se soucier de l’avenir en s’appuyant sur la mémoire de la civilisation qui est née sur les sols européens, et notamment en France.

comanb86c8fc5ff808c138acc5c69.jpgLa définition américaine de la patrie, création ex nihilo

Les Etats-Unis se sont bâtis avec l’apport de migrants déracinés, par choix pour la plupart, religieux ou matériel, par désespoir économique ou politique pour d’autres, et enfin par force pour ce qui concerne les esclaves et leurs descendants. Ces exilés ont quitté leur terre pour s’accomplir matériellement et atteindre au bonheur individuel (exception faite des esclaves africains), quand souvent ils ne le pouvaient pas dans leurs patries originelles, à l’instar d’Ayn Rand. Voici ce qu’en dit Alexis de Tocqueville dans « De la Démocratie en Amérique » « Des hommes sacrifient à une opinion religieuse leurs amis, leur famille et leur patrie : on peut les croire absorbés dans la poursuite de ce bien intellectuel qu’ils sont venus acheter à si haut prix. On les voit cependant rechercher d’une ardeur presque égale les richesses matérielles et les jouissances morales, le ciel dans l’autre monde, et le bien être et la liberté dans celui-ci. ». Le fait est qu’on ne construit pas une nation sans avoir au préalable établi un mythe commun, une identité partagée. Afin de fédérer ces migrants devenus apatrides par choix ou par force, il a fallu construire des valeurs nouvelles qui seraient le ciment de l’identité étasunienne. Est venue au monde la première patrie constituée uniquement de déracinés, une fédération d’apatrides, fait inédit dans l’histoire des hommes. A lire ce qui précède, on s’imaginerait volontiers que l’Amérique était un continent inoccupé par l’homme. Tel n’était pourtant pas le cas. Des autochtones habitaient ces terres depuis fort longtemps, une multitude de patries nourries d’un imaginaire collectif principalement animiste. Ils ont été détruits, leurs cultures sont aujourd’hui quasiment disparues. Il s’agissait des indiens, Comanches, Iroquois et autres Sioux, auxquels on a nié une nature humaine puis on leur a interdit (ou presque) de se nommer, d’exister en leur être. Ca ne vous rappelle rien ?

La civilisation américaine est aujourd’hui la principale puissance mondiale (certes, le monde assiste à un retour de l’histoire et à une nouvelle multi-polarisation des puissances, mais qui exporte ainsi partout sa culture par le soft power en dehors des Etats-Unis ? Personne.), leur modèle est la référence, y compris et surtout chez nous, en Europe. Les deux mamelles mythiques de sa conception sont : les sectes protestantes et la liberté d’entreprendre. Le Nouveau Monde, un monde d’aventuriers à l’ambition démesurée animés par une foi absolue dans le progrès. Imaginer la création d’une patrie ex nihilo est tout de même un rêve extraordinaire, Prométhée lui-même n’y eut songé. Les pilgrims du Mayflower n’aimaient pas leur patrie européenne, ils voulaient une nouvelle patrie tirant sa source de la nôtre mais foncièrement différente et qui corresponde à leur idéologie. C’est à dire la foi en un homme nouveau, biblique mais rationnel, cherchant le salut sur terre et dans les cieux avant tout par la réussite financière. Non l’Europe n’est pas l’Amérique, ce n’est pas un continent dont la culture est la résultante d’une volonté, mais tout au contraire d’un enracinement de populations de très longue mémoire, qui remonte au fond des âges préhistoriques, aux luttes entre les nomades issus de l’âge paléolithique et les premiers sédentaires de l’âge néolithique. Nos mythes se confondent et s’entremêlent, sont des permanences entre les différentes périodes de notre histoire. Importer le modèle de l’homme nouveau en Europe, c’est faire des Européens, les indiens de demain.

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La France et l’Europe contemporaines : des « a-patries »

Ce qui nous intéresse au premier chef est la situation contemporaine de la France et de sa civilisation commune aux autres européens, soit notre patrie. Menacée, sous respiration artificielle, elle ne survit que dans les restes épars de mémoire de ses habitants qui ont fait l’effort d’étudier cet héritage historique et spirituel, qui leur est refusé. Alain Finkielkraut parle d’ « identité malheureuse », dans son récent et lucide ouvrage ; il faudrait plutôt parler de multiples identités perdues. La génération Y – les petits enfants de la moitié hédoniste de mai 1968, virtuellement interconnectés H 24 et premiers jalons concrets de la reconfiguration du monde – est la première génération entièrement constituée d’apatrides ; ses membres n’ont rien ou presque en commun à partager, ni culturellement, ni ethniquement, ni idéologiquement, ils ne sont pas en mesure de fournir les mythes communs propres à faire jaillir une identité nouvelle sur laquelle bâtir une patrie ex nihilo. Rien ne se créé sur une terre infertile, une civilisation ne se bâtit pas avec Walt Disney et Mac Donald pour seuls absolus collectifs.

Une historicité ne se décrète pas, elle est le fruit d’une lente progression de la pensée. On peut parfois et sous certaines conditions « adopter » l’ami, le faire rentrer dans la patrie, pour cela il doit inconditionnellement s’inscrire dans la filiation collective. C’est un déchirement, une souffrance qui exige beaucoup, quitter sa famille pour en intégrer une nouvelle n’est jamais un acte banal. Voilà ce que provoque l’immigration massive à l’échelle historique du devenir des hommes, ce n’est pas un phénomène banal. Le déracinement est pénible à supporter pour le migrant, qui doit s’exiler de lui même et de sa terre, mais peut-on exiger de lui qu’il se dépouille totalement de ce qui constitue son être ? En retour, la patrie accueillante ne sait comment assimiler à son devenir collectif, celui à qui a été léguée une autre histoire. Rendre possible cet homme nouveau implique de désintégrer nos esprits, de déstructurer tous les héritages, toutes les patries.

S’interroger sur son histoire, par l’introspection, peut paraître aux yeux des esprits chagrins, comme un signe de décadence d’une société moribonde. C’est peu ou prou l’idée qu’a développé Emil Cioran dans son œuvre. Il n’a pas tort, mais tout espoir n’est pas perdu. Une société moribonde n’est pas morte, elle est malade, toujours en état de se rétablir. L’Europe a subi un extraordinaire changement de population en un peu plus de 50 ans, et particulièrement la France consécutivement au démantèlement de son empire colonial. Elle compte aujourd’hui des millions d’hommes issus de cultures extra-européennes. Cette immigration massive ne va pas sans conséquences douloureuses, notamment sur le plan identitaire, tant pour les arrivants et leurs descendants, que pour les autochtones. Il ne faut pas hésiter à formuler les problèmes brutalement et sans précautions oratoires, sous peine de déformer le réel par la pression des diktats sémantiques de l’Empire du Bien et de la « moraline » ambiante. Antonio Gramsci, communiste internationaliste, aurait argumenté simplement ; il aurait pu dire que ce projet le satisfaisait car il avait en horreur les patries, la civilisation occidentale n’ayant toujours été qu’un système de domination d’une classe sur les autres. Lui, aurait avoué très directement ne pas se satisfaire du legs laissé par nos pères. Son projet n’eut pas laissé d’ambiguïté, il eut été limpide, facile à décrypter. Nous aurions pu y répondre favorablement, ou non. Notre état de fait est plus hypocrite, car il assimile notre pays la France, à une nation universelle, de même que l’Europe dans son incarnation de l’Union Européenne n’admet pas d’identité collective historique, pour mieux – mal – inclure le migrant. Le migrant ne s’intègre donc pas dans une patrie, il s’inclut par addition à un ensemble d’individualités, car il n’y a plus vraiment de patrie en Europe. Il reforme alors sa patrie ici sans avoir le souci de s’assimiler à notre culture, dont personne ne fait la promotion.

Nul n’a été consulté, appelé à voter dans l’optique de cette reconstruction radicale des cultures et des histoires, jamais il n’y eu de référendum sur la question. Personne n’a même pris la peine d’essayer de rendre intelligibles ces visées, voire même de nous en informer. Pourtant nous savons d’instinct et très distinctement ce que nous sommes, seul le droit de nous nommer nous est ôté. Les mots manquent à nos maux. La transformation des hommes en l’homme universel, animal rationnel, n’a jamais été spontanée, produit d’un consensus populaire ; mais bien au contraire une action mécanique de longue haleine, notamment par l’éducation des enfants. L’ancien ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, en convenait récemment dans son ouvrage, « La révolution Française n’est pas terminée », en affirmant qu’il fallait que l’école arrache les enfants à tous les déterminismes sociaux, culturels, ethniques et religieux pour en faire des individus hors sol.

ngd63.big.jpgLe moraliste colombien Nicolas Gomez-Davila indiquait fort justement que « L’ennemi d’une civilisation n’est pas tant son adversaire externe, que son étiolement interne ». On entend parler ici ou là, d’ennemis de l’intérieur, de « nouvel ordre mondial », quand assurément la situation présente n’est que l’écoulement final de la pensée propre à la métaphysique christiano-européenne laïcisée, poussée dans ses retranchements. Selon le sophiste Gorgias, on peut dire que « rien n’existe », aujourd’hui nous nous auto-persuadons que nous n’avons jamais existé, que nous venons au monde ex nihilo, sans parents, sans patries. Les raisonnements et les compromissions nous font justifier ce qui est pourtant une évidence : l’instinct collectif. Nous sommes invités à oublier nos êtres pour devenir un tout, mais comment faire un tout d’individus qui ne partagent rien ?

Cet oubli de nous-mêmes permettrait d’inclure ces flux de peuples venus du sud et de l’est. La solution d’inviter l’ « autre » à rentrer dans le devenir historique que la France et l’Europe ont en partage, est effectivement l’une des possibilités offertes par les traditions historiques sur lesquelles se base notre civilisation. Le philosophe Isocrate le disait explicitement : « Qu’on appelle Grecs plutôt les gens qui participent de notre éducation que ceux qui ont la même origine que nous ». Les grecs se voyaient, comme toutes les autres civilisations, intrinsèquement supérieurs, mais estimaient que certains pouvaient assimiler leur culture, par la maîtrise de leur langue, de leur philosophie, de leurs sciences. La France a aujourd’hui une ambition similaire. Mais ne nous y trompons pas, l’exigence des grecs était grande, l’on ne pouvait pas facilement être adopté par cette patrie, un tel cas restait une exception (en outre cette conception de la citoyenneté prônée par Isocrate n’était nullement majoritaire parmi tous les grecs, comme la plupart des peuples du monde ils pratiquaient très largement le droit du sang). Et surtout, les grecs n’ont jamais remis en question la notion de patrie telle que la décrivait Homère. La France, et l’Union Européenne, ont désormais une estime de leur civilisation supérieure encore à celle que les grecs ne s’en faisaient de la leur. Une telle arrogance est proche de l’inconscience : hybris du moderne ! En effet, nous pensons aujourd’hui, que sans examen spécifique préalable, nous pouvons faire de l’étranger un membre permanent de la Cité sans requérir de devoirs de sa part, cela étant aussi valable pour tous ses enfants à naître, et la descendance de sa descendance… Alors qu’au départ ce néo « enfant de la patrie » qui aura légué cet héritage à tous les autres, ne satisfaisait pas forcément aux conditions d’intégration propres à en faire un membre à part entièrement de nos patries européennes. Sûrs que nous sommes de la force de nos lois, sûrs que nous sommes que tout homme est semblable à un autre et qu’il ne sera nullement différent des natifs ; qui finalement n’existent pas, car tout homme est une patrie en propre et n’a à se reconnaître d’aucune filiation ou tradition spécifique. « Rien n’existe », tout est identique, par-delà le bien et le mal ils ne resteront que l’homo oeconomicus universel et son éthique de l’égoïsme (ou de l’autisme, c’est selon). Un homme qui se consumera à force de consommer et de se consommer.

L’Occident se sent prêt à dominer intégralement le monde, il ne lui reste qu’à gommer ces étrangetés, ces altérités qui pourraient venir contredire la pax economica. Alors il s’attache à faire de l’homme une variable d’ajustement ; à lui de se transformer, d’oublier ses pères pour pleinement entrer dans l’âge cybernétique, ce Prométhée, ce voleur de feu oubliera la poésie, le langage premier, il oubliera ce qu’il est. Le progrès a permis pour la première fois dans l’histoire, la domination quasi complète des hommes sur la nature, voici le règne de l’utile, de l’exploitable, y compris et surtout de l’homme par lui même. L’être s’efface et devient machine ; l’objectivisme, le moment où l’homme n’est plus rien d’autre qu’une pensée efficiente, oublieuse de son essence. Alors pourquoi se rappeler qu’il existe une patrie spirituelle et physique, elle n’est plus utile, elle est même un fardeau pour la croissance qui ne doit jamais s’interrompre. Un homme doit pouvoir être mobile, à lui il n’y a pas de terre plus douce qu’une autre, le monde est son terrain de jeu. C’est l’hyper-nomade que décrit Jacques Attali. Le petit migrant africain, le riche financier de la City, ne sont rien de plus que des lignes statistiques, des voyageurs qui s’installent dans des hôtels pour les plus riches et des campings bidonvilles pour les plus miséreux.

En opposition logique à ces phénomènes de déracinement et de suppression des imaginaires collectifs ethno-culturels, on assiste à ce que le sociologue Michel Maffesoli appelle « le réenchantement du monde », notion qu’il explicite dans l’ouvrage éponyme. Partant de la pensée de Martin Heidegger du « souci de l’être », l’universitaire précise la notion comme « non pas la recherche d’une substance précise : Dieu, l’Etat, l’institution, mais quelque chose de bien plus indéfini, à savoir une adhésion, quelque peu animale, à la vie dans toute son ambivalence, bon-heurs et mal-heurs mêlés », et conclut que le phénomène des bandes de jeunes et de l’atomisation du corps social en diverses tribus réunies par centre d’intérêts ethniques, culturels ou religieux est une réponse à la morale universellement applicable à tous, au calcul raisonné de la société technique et utilitaire. S’installent une pluralité d’esthétiques allant de concert avec une multitude d’éthiques tribales, conformément à l’adage qui veut que le beau détermine le bien, et non l’inverse. Ces micros tribus post modernes s’inscrivent pour partie en faux de l’éthique de l’égoïsme libéral-libertaire car elles s’appliquent à des collectifs, les hommes étant grégaires par nature. Elles contredisent pareillement les idéaux collectivistes en raison de leur caractère multiple.

mima-0be5d507-b93.jpgMichel Maffesoli voit dans la réapparition de groupes fermés et indifférents à la morale dominante l’émergence d’une société de frères androgynes, un monde indifférencié où l’homme souffre d’une crise d’identité. Disons-le tout net, il a raison. Mais doit-on s’en réjouir ? Est-ce ainsi que les hommes pourront retrouver leur être et l’équilibre nécessaire entre leur part prométhéenne d’accomplissement matériel et leur impératif spirituel ? Non et non. Ce ne saurait être que temporaire, oui, les réseaux sociaux permettent par exemple la réapparition des « affinités électives », et l’éveil de consciences assoupies par le retour du groupe, et donc de « génies collectifs » dispersés ; mais, cela n’est qu’une réaction factice qui maintient en état de léthargie la possibilité d’une réappropriation des histoires permanentes par l’intermédiaire d’histoires évanescentes fonction des modes. Ces états de nos êtres, ces espaces d’autonomie, répondent à la logique marchande, ils sont une soupape de sécurité. Rien de plus.

La conjonction de l’universalisme du bien basé sur une morale immanente et rationnelle et de la souveraineté en propre de chaque homme sur lui-même, sans devoirs collectifs vis à vis de notre civilisation historique, a créé une Europe faite de tribus animées par des intérêts hédonistes et égoïstes. L’immigration massive complexifie grandement ce problème, voici la tribu de l’islam, la tribu des sub-Sahariens, la tribu des Chinois. Chacun soucieux de leurs êtres en propres et de leurs patries charnelles. S’ajoutent les tribus particulières fondées sur des affinités, certaines prêtent à sourire, tribu des pratiquants du sado-masochisme, tribu des sportifs extrêmes, d’autres réclament des droits spécifiques à leur minorité, tribu des homosexuels ou tribu des intersexuels. Ce que le père de la psychanalyse, Sigmund Freud, appelait « le narcissisme des petites différences ». La seule « tribu » qui n’a pas droit de Cité est celle des autochtones, de ceux qui ont reçu le legs spirituel de leur terre, pour ce qui concerne la France ils s’appellent « français de souche », « français d’ascendance européenne »… Ils n’ont pas le droit de se nommer ou d’obtenir des droits spécifiques, ils ne sont rien, ils ne se représentent pas, et tout est fait pour qu’ils oublient leur histoire. Tout est fait pour les désarmer de tous leurs instincts, jusqu’au plus élémentaires d’entre eux : l’instinct de survie. Les français d’Europe n’appartenant pas à une micro tribu sont toujours majoritaires, mais pour combien de temps encore ?

En effet, leurs gouvernants suppriment méthodiquement la notion de patrie, on tente d’intégrer, d’assimiler, d’inclure des hommes venus d’autres patries, lesquels s’organisent en lobbies communautaires. Triple schizophrénie de notre état contemporain. Pour ce faire la pensée au pouvoir a décidé de dénier à notre être son existence, et explique dans un même mouvement aux nouvellement admis dans la citoyenneté qu’ils sont identiques dans leur différence. Prenons un exemple concret, un algérien qui se marie à une française deviendra légalement français par acquisition de la nationalité, il sera considéré comme un « enfant de la patrie ». Cette même patrie, cet attachement filial que partout on s’entête à vider de sa substance. Mais lui, saura très bien d’où il vient, qu’elles sont sa culture, sa patrie, ses origines. Il arrive avec la maison de son être, son bagage d’appartenance identitaire, et il y a fort à parier qu’il la transmettra à ses enfants. Tant sa religion que ses mythes fondateurs deviendront par la suite la propriété de sa parentèle, écartelée entre plusieurs identités, deux patries difficilement conciliables et l’absence de patrie qui filtre à travers la narration de la pensée unique. Ils n’auront pas pour eux une douce terre, un sillon à creuser lentement.

Le discours dominant contradictoire sur la fin des patries

Afin de remédier à cette situation délicate – pour ne pas dire explosive – les gouvernants de tous les pays d’Europe (et en particulier ceux de la France) ont décidé unilatéralement de séparer notre civilisation de sa substance, d’en faire une coquille vide à même d’assimiler en son sein tous les contraires. Le tout en préservant des patries fictives, qui ne transmettent plus rien hormis un ensemble de « valeurs humanistes » vide de sens – qui ne suscitent aucune adhésion sincère -, le tout chapeauté par l’Organisation des Nations Unies, oups pardon, l’Union Européenne. Fini le sacral pour l’Europe. Kaput, sacrifié sur l’autel de la raison.

norman-1506-a.jpgLa vie ne se résume pas à l’économie, un homme venu d’une culture fort différente de la nôtre ne peut pas s’agréger ainsi par le simple fait qu’il est un travailleur. Les maîtres du calcul objectif, qu’ils soient hauts fonctionnaires ou doctes professeurs d’économie, viennent avec leurs savants schémas nous expliquer qu’il faut une force de travail nouvelle, que ces arrivants consomment, « font marcher les affaires ». A leur suite, tel démographe nous explique que les flux migratoires sont irréversibles, que le continent européen ne fait plus d’enfants, que pour compenser cette baisse nous devons faire appel au surplus de naissances du tiers monde. Et puis nous aurions tout à nous faire pardonner, nous serions le mal ontologique en l’homme, nous devrions nous oublier. Tirer notre révérence, en silence et fléchissant la nuque faire place aux damnés de la terre éternels, les descendants de colonisés, pour reprendre le philosophe maoïste Alain Badiou. Problème, ceux-ci n’ont que faire de nos calculs, ils viennent ici mais n’ont pas oublié leurs patries, et après tout quel droit moral avons-nous de leur imposer d’oublier leurs ethnies, leurs cultures ?

Chacun a droit à sa patrie mentale, à croire en sa chair. Ils se doivent bien entendu de respecter nos us et coutumes, mais je comprends leurs sentiments contrastés. Il est difficile pour un Algérien, un Congolais ou un Chinois de s’identifier à l’Iliade et l’Odyssée, à la Chanson de Roland, ou à Jeanne d’Arc. Le roman de notre civilisation échappe à la plus grande part d’entre eux. Leurs relations à l’espace, au temps, aux femmes sont différentes des nôtres. Un principe souffrant toujours exception, l’on pourra toujours trouver un africain pleinement assimilé, amateur de philosophie grecque et à l’âme purement européenne. Une nationalité s’hérite par le sang, elle peut aussi se mériter par le sang versé au combat ou des faits exceptionnels, le simple fait de maîtriser une langue et d’avoir un emploi dans un pays ne pourra jamais faire d’une personne un citoyen à part entière, un national. La loi vient acter une fiction mentale. Si j’émigre au Japon, que j’y travaille et que je parle la langue, ça ne fera pas de moi un Japonais, aucunement, il me faudrait faire beaucoup plus, et au bout du compte peut être que mes enfants deviendraient pleinement Japonais au terme d’un long et difficile chemin. Il faut une communauté d’esprit pour unifier les éléments d’une patrie, ce n’est aucunement une doctrine « ethniciste ». C’est supposer que quand des différences existent, culturelles, ethniques ou religieuses, il faut pouvoir les surpasser et ceci est très complexe, n’est pas donné à tout le monde et nécessite un véritable effort à consentir par l’arrivant, de celui qui voudrait être intégré et pleinement assimilé à la patrie. D’autant plus que la structure de valeurs symboliques n’existe plus et qu’il y a une arrivée constante et importante de nouveaux migrants.

L’immigration intra-européenne, d’Italiens ou de Polonais, est incomparable à l’immigration extra-continentale. D’autres européens partagent l’essentiel avec les français, le fait religieux, l’ethnie, les mythes partagés, une conception de la vie cyclique basée sur le rythme des saisons, le grand corpus de la philosophie. Cet ensemble d’éléments d’identification a grandement facilité leur intégration, à tel point qu’aujourd’hui on ne peut les distinguer des autres français, et c’est bien normal car tout concourait – en dépit de particularités mineures – à leur pleine incorporation. Une foule d’italiens devant la Basilique Saint-Denis ne donnerait pas la même impression que le voisinage immédiat composé en grande majorité d’immigrés ou de leurs descendants non européens que l’on trouve à proximité de ce monument majeur de l’histoire de France, comme on peut le constater quotidiennement. Nos dirigeants devraient d’ailleurs s’astreindre à s’y rendre, le réel pourrait les frapper de plein fouet. La réalité de l’immigration n’est pas le fait d’avoir un japonais bien élevé et un riche marchand d’art allemand dans son quartier, ce que certains parmi nous, vivant dans une tour d’ivoire ne saisissent pas, ils nous dirigent bien souvent. Il faut comprendre, que certains pans entiers du territoire national, – lequel territoire est normalement l’héritage des enfants de la patrie, donc d’une filiation au long cours -, sont entièrement « dés-européanisés » ou pour parler plus simplement « défrancisés », c’est à dire sans plus un seul « français de souche », hors quelques pauvres hères qui n’ont pas les moyens de partir et sont livrés à l’abandon, devant s’assimiler sur leur propre sol à des cultures foncièrement différentes de la leur. Chaque année le seul territoire français connaît la pénétration de 200 à 250 000 extra européens, quand déjà des enfants d’immigrés de 4ème génération ne se sont absolument pas assimilés. Personne ne veut voir l’ampleur du phénomène qui est tout autant destructeur pour la France et les européens de France que pour ces arrivants déracinés. Le peuple ne peut pas lutter, il est tenu par toutes les raisons objectives évoquées plus haut, lesquelles raisons le tiennent prisonnier en dehors de son être.

wurst8d58219.jpgConclusion et prospective

La France et l’Europe sont au bord du précipice, prêtes à être enterrés dans le caveau des civilisations disparues. Afin d’imaginer un devenir qui ne soit pas synonyme de la fin de la transmission de notre histoire multimillénaire, nous devons faire le bilan critique des universalismes qui ont fait la preuve de leur échec à intégrer des populations antagonistes dans un même ensemble, et imaginer les conditions d’un ré-enracinement de tous dans la patrie qui convient. Ce ré-enracinement ne doit pas résulter de micros tribus concurrentielles, mais être le fait du peuple qui a reçu en héritage de ses pères la terre où est née notre civilisation.

Une personne humaine ne doit pas être prise isolément comme un tout séparé de toutes racines, mais au contraire doit s’envisager dans ses particularismes pour être intégrée à l’aventure collective des hommes. Notre civilisation n’a que peu de choix avant de sombrer dans les conflits ethniques et religieux ou le total oubli d’elle-même qui entrainerait sa mort.

En effet, le réel chaque jour nous rappelle les profondes divisions au sein des populations qui habitent les territoires français et européens. Des jeunes originaires de pays extra-européens ne se sentant pas français et encore moins européens, soucieux de retrouver leurs patries charnelles, s’engagent au djihad armé en Syrie, accompagnés d’européens autochtones perdus et convertis à l’Islam. Ils nous frappent sur notre propre sol, qui est aussi en partie le leur. Cette jeunesse en perte de repères nourrit le besoin impérieux de retrouver une partie de son être, elle le fait mal, de façon désordonnée et nihiliste. Les nations européennes ne sont plus que des fictions juridiques, elles n’incarnent plus des patries, elles n’ont plus à cœur la conservation et la transmission de leurs histoires. Pourquoi un descendant d’immigré d’une autre origine ethnique qu’européenne s’assimilerait à une nation qui n’a plus de patrie, qui est oublieuse de sa civilisation, qui ne représente rien si ce n’est le « bonheur matériel » et la « dignité humaine » ?

Avant tout, il faut arrêter l’hypocrisie et comprendre que nous sommes face à l’urgence, le plus grand trouble qu’ait connu notre continent dans son histoire et au moins désigner le problème identitaire comme il se doit : franchement. Les possibilités de sortie de l’impasse identitaire contemporaine ne sont pas nombreuses. Dans un monde en constante transformation, nous devons aussi proposer d’autres possibilités de transformation ou de re-transformation, en assumant le progrès mais en méditant le devenir de nos êtres à l’aune de la mémoire historique.

Gabriel Robin – Secrétaire général

Merci à un lecteur intelligent, habitant en Belgique, que je ne suis pas en droit de citer nommément. Je n’ai pas pu reprendre ses réflexions, mais elles contribueront à nourrir de futures publications.

jeudi, 26 mai 2016

Défaite sur le fil du candidat FPÖ Norbert Hofer

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Défaite sur le fil du candidat FPÖ Norbert Hofer

Les raisons d’un échec

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les résultats.

Avec 49.7% des voix contre 50.3% pour l’écologiste Alexander Van der Bellen, Norbert Hofer (FPÖ) a échoué de peu aux élections présidentielles autrichiennes, alors que tout indiquait qu’il serait élu avec une certaine avance. Il est victime notamment du vote des électeurs par correspondance, ceux-ci ayant donné 61.7% des voix à Van der Bellen contre 38.3% à Hofer. Par ailleurs, 40% seulement des femmes autrichiennes ont donné leur voix au candidat FPÖ.

La victoire de Van der Bellen s’explique par un excellent report de voix venus de tous les partis, et notamment de près de 50% des électeurs de droite (ÖVP) et une plus grande mobilisation des abstentionnistes. Dans ces conditions, malgré une progression de 14.6 points entre les deux tours, Hofer échoue, certes de peu.

Le nouvel élu, particulièrement fade et pourtant sans relais sur le terrain, a bénéficié d’abord d’un vote de rejet (47% de ses électeurs ont voté pour lui par crainte du FPÖ) et ensuite d’un vote systémique, par l’effet anxiogène des pressions internationales et de la propagande médiatique. En effet, aucune célébrité ou presque n’a apporté un soutien public au FPÖ, même s’il n’y a pas eu de campagne diabolisatrice analogue à 2002 en France.

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Les raisons profondes.

Il y a des raisons plus profondes à cet échec et celles-ci dépassent le cadre national de cette élection et existe dans les autres pays d’Europe. Ce phénomène touche aussi bien le FN que l’AFD. Les femmes, électorat plutôt conservateur par nature, ce pourquoi la France républicaine avait tant rechigné à leur accorder le droit de vote, et les retraités, sont en effet rétifs au discours de « repli » que peut incarner à sa manière le FPÖ. Enfin, il ne faudrait pas oublier le poids croissant des minorités d'importation, le candidat Van der Bellen ayant même proposé des affiches en allemand et turc.

bundes.jpgMême si ce dernier sur les questions européennes est beaucoup plus mesuré que son partenaire français de Strasbourg (FN), il suscite une crainte d’ordre irrationnel encouragée par les media. Le discours anti-€ et anti-UE fait peur à ceux qui réussissent socialement ou se sentent protégés par des « acquis sociaux ». Si 86% des ouvriers ont voté FPÖ, très peu de cadres ont en revanche fait ce choix.

Le FPÖ est nazifié dans la presse internationale, alors que rien ne le justifie objectivement. Il n’a pas été plus composé d’anciens nazis que l’ÖVP ou le SPÖ et Kurt Waldheim n’était pas non plus un FPÖ. Si le FDP allemand, qui avait connu au départ une évolution semblable, est sur une ligne très différente, ce n’était pas le cas dans les années 60. Schönhuber lui-même était un ancien membre des sociaux-démocrates (SPD).

Enfin, le programme de Hofer était ambitieux et a froissé les conservateurs de tous poils. Il voulait donner à la fonction de président autrichien la plénitude de ses droits. Il était prêt à s’opposer aux quota de migrants à Bruxelles ou à l’adhésion de la Turquie. Cela a pu aussi alimenter les craintes de nombreux électeurs. Ils ont préféré un président potiche, comme ses prédecesseurs, et ce sera en effet le cas.

L’idée d’un président FPÖ avec un chancelier FPÖ (Strache) sponsorisé par lui, représentant un cumul potentiel de pouvoirs, a effrayé certains au moment du vote. Pourtant cette crainte relève du fantasme. Les véritables dangers sont de nature identitaire et à défaut d’y parer efficacement, le FPÖ aurait au moins pu limiter la casse et décourager des réfugiés potentiels de faire halte en Autriche.

Les enseignements de cette élection, comme ceux du second tour des élections régionales en France, c’est qu’un programme anti-européen est anxiogène, que l’idée d’un « repli » crée une peur économique, mais que malgré tout la crise identitaire amène presque un électeur sur deux à soutenir le FPÖ en Autriche.

Une force politique qui associerait résistance identitaire et cadre européen d’action serait invulnérable, sous réserve de réussir à créer les conditions d’émergence requises.

Le FPÖ ne doit donc pas écouter les sirènes du « marinisme » et doit au contraire jouer une partition mesurée associant identité autrichienne et identité européenne. Ce sont là les clés de son éventuel succès futur. Et c’est ainsi qu’il sera aussi utile à tous les autres Européens, afin de lancer le signal de la reconquête, et au lieu d’un repli national sur des conceptions frileuses, bâtir les assises de la Grande Europe.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

mardi, 24 mai 2016

Behind the New German Right

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Behind the New German Right

Ex: http://nybooks.com

Throughout its postwar history, Germany somehow managed to resist the temptations of right-wing populism. Not any longer. On March 13, the “Alternative for Germany” (AfD)—a party that has said it may be necessary to shoot at migrants trying to enter the country illegally and that has mooted the idea of banning mosques—scored double-digit results in elections in three German states; in one, Saxony-Anhalt, the party took almost a quarter of the vote. For some observers, the success of the AfD is just evidence of Germany’s further “normalization”: other major countries, such as France, have long had parties that oppose European integration and condemn the existing political establishment for failing properly to represent the people—why should Germany be an exception?  

Such complacency is unjustified, for at least two reasons: the AfD has fed off and in turn encouraged a radical street movement, the “Patriotic Europeans Against the Islamization of the West,” or Pegida, that has no equivalent elsewhere in Europe. And perhaps most important, the AfD’s warnings about the “slow cultural extinction” of Germany that supposedly will result from Chancellor Angela Merkel’s welcoming of more than a million refugees have been echoed by a number of prominent intellectuals. In fact, the conceptual underpinnings for what one AfD ideologue has called “avant-garde conservatism” can be found in the recent work of several mainstream German writers and philosophers. Never since the end of the Nazi era has a right-wing party enjoyed such broad cultural support. How did this happen?

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The AfD was founded in 2013 by a group of perfectly respectable, deeply uncharismatic economics professors. Its very name, Alternative for Germany, was chosen to contest Angela Merkel’s claim that there was no alternative to her policies to address the eurocrisis.The professors opposed the euro, since, in their eyes, it placed excessive financial burdens on the German taxpayer and sowed discord among European states. But they did not demand the dissolution of the European Union itself in the way right-wing populists elsewhere in Europe have done. Still, Germany’s mainstream parties sought to tar them as “anti-European,” which reinforced among many voters the sense that the country’s political establishment made discussion of certain policy choices effectively taboo. Like other new parties, the AfD attracted all kinds of political adventurers. But it also provided a home for conservatives who thought that many of Merkel’s policies—ending nuclear energy and the military draft, endorsing same-sex unions, and raising the minimum wage—had moved her Christian Democratic Union (CDU) too far to the left. Since there was a mainstream conservative view opposing many of these decisions, the AfD could now occupy space to the right of the CDU without suspicion of being undemocratic or of harking back to the Nazi past.

The AfD narrowly failed to enter the German parliament in 2013, but managed to send seven deputies to Brussels after the 2014 elections to the European Parliament, where they joined an alliance of Euroskeptic parties led by Britain’s conservatives. With outward success came internal strife. Young right-wingers challenged the AfD’s professors with initiatives such as the “Patriotic Platform,” which appeared closer to the nationalist far right than an authentically conservative CDU. In summer 2015, most of the founders of the AfD walked away; one expressed his regret about having created a “monster.” The AfD seemed destined to follow the path of so many protest parties, brought down by infighting, a lack of professionalism, and the failure to nurture enough qualified personnel to do the day-to-day parliamentary politics it would have to engage in to become more than a flash in the pan.

And then the party was saved by Angela Merkel. Or so the AfD’s new, far more radical leaders have been saying ever since the chancellor announced her hugely controversial refugee policy last summer. At the time, her decision was widely endorsed, but in the months since, her support has declined precipitously—while the AfD’s has surged. Many fear that the German state is losing control of the situation, and blame Merkel for failing to negotiate a genuinely pan-European approach to the crisis. Alexander Gauland, a senior former CDU politician and now one of the most recognizable AfD leaders—he cultivates the appearance of a traditional British Tory, including tweed jackets and frequent references to Edmund Burke—has called the refugee crisis a “gift” for the AfD.

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Others have gone further. Consider the statements of Beatrix von Storch, a countess from Lower Saxony who is one of the AfD’s deputies to the European Parliament, where she just joined the group that includes UKIP and the far right Sweden Democrats. A promoter of both free-market ideas and Christian fundamentalism she has gone on record as saying that border guards might have to use firearms against refugees trying illegally to cross the border—including women and children. After much criticism, she conceded that children might be exempted, but not women.   

Such statements are meant to exploit what the AfD sees as a broadening fear among voters that the new arrivals pose a deep threat to German culture. The AfD will present a full-fledged political program after a conference at the very end of April, but early indications are that there will be a heavy emphasis on preventing what the party views as the Islamization of Germany. A draft version of the program contains phrases such as “We are and want to remain Germans”—and the real meaning of such platitudes is then made concrete with the call to prohibit the construction of minarets. It is here that the orientation of AfD and the far more strident, anti-Islam Pegida movement most clearly overlap. 

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Pegida was started by right-wing activists in the fall of 2014 who invited citizens to join them for what they called “evening strolls” through Dresden and other cities to oppose “Islamization.” The movement’s leaders have also advocated better relations with Russia (posters have said “Putin help us!”), a call strongly echoed by AfD politicians such as Gauland. The demonstrators appropriated the slogan “We are the people,” which East German citizens had famously chanted in 1989 to protest against the state socialist regime. Pegida not only lives off diffuse fears (there are hardly any Muslims in Dresden), but also questions the democratic system as such. Elected representatives in parliament—Volksvertreter—are denounced as traitors—Volksverräter. Pegida members have decried Merkel’s policies of maintaining open borders as violating her oath of office to keep the German people safe.

Supporters of the movement have demanded “resistance,” or at least “civil disobedience,” for instance by blocking access to refugee centers. Demonstrators sometimes hold up the “Wirmer flag,” which the anti-Hitler resistance around Claus von Stauffenberg had intended as the symbol of a post-Nazi Germany. In fact, many far-right groups in Germany have appropriated this symbol to signal that they consider the current state illegitimate (even though Josef Wirmer, the designer of the flag, was a Catholic democrat who was executed by the Nazis; his son has said the Wirmer family might sue Pegida demonstrators for using the banner). Pegida events have been attended by right-wing leaders from outside Germany, most prominently the Dutch right-wing anti-Islam politician Geert Wilders (who calls the Tweede Kammer, the Dutch House of Representatives in The Hague, a “fake parliament”).

Peter Sloterdijk - Germany two.jpgHere is where German intellectuals come into the story. Journalists and academics have had a hard time understanding why the Pegida movement emerged when it did and why it has attracted so many people in Germany; there are branches of the Pegida movement in other parts of Europe, but they have gathered only marginal support thus far. Those who suggest it is driven by “anger” and “resentment” are being descriptive at best. What is remarkable, though, is that “rage” as a political stance has received the philosophical blessing of the leading AfD intellectual, Marc Jongen, who is a former assistant of the well-known philosopher Peter Sloterdijk. Jongen has not only warned about the danger of Germany’s “cultural self-annihilation”; he has also argued that, because of the cold war and the security umbrella provided by the US, Germans have been forgetful about the importance of the military, the police, warrior virtues—and, more generally, what the ancient Greeks called thymos (variously translated as spiritedness, pride, righteous indignation, a sense of what is one’s own, or rage), in contrast to eros and logos, love and reason. Germany, Jongen says, is currently “undersupplied” with thymos. Only the Japanese have even less of it—presumably because they also lived through postwar pacifism. According to Jongen, Japan can afford such a shortage, because its inhabitants are not confronted with the “strong natures” of immigrants. It follows that the angry demonstrators are doing a damn good thing by helping to fire up thymos in German society.

Jongen, who is now deputy leader of the AfD in Baden-Württemberg, was virtually unknown until this spring. Not so Sloterdijk, one of Germany’s most prominent philosophers (and undoubtedly the most prolific) whose work has also become well-known in the US. Sloterdijk regularly takes on controversial subjects such as genetic engineering and delights in provoking what he sees as an intellectual left lacking in humor and esprit. His books, which sell extremely well, are not so much driven by clear-cut arguments as suggestively offering philosophical, and often poetic, re-descriptions of recent history, or even the history of the West as a whole.

fn-gmJY9qL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgLike in Nietzsche’s On the Genealogy of Morality—a continuous inspiration for Sloterdijk—these re-descriptions are supposed to jolt readers out of conventional understandings of the present. However, not much of his work lives up to Nietzsche’s image of the philosopher as a “doctor of culture” who might end up giving the patient an unpleasant or outright shocking diagnosis: Sloterdijk often simply reads back to the German mainstream what it is already thinking, just sounding much deeper because of the ingenuous metaphors and analogies, cute anachronisms, and cascading neologisms that are typical of his highly mannered style. 

Sloterdijk has distanced himself from Jongen’s self-declared “avant-garde conservatism.” But the “psycho-political” perspective Jongen adopts is one of Sloterdijk’s philosophical trademarks. In his 2006 volume Rage and Time, in which he also takes his cues from Nietzsche, Sloterdijk argued that in the West thymos had been largely forgotten because of the dominance of eros in consumer capitalism, with the result that envy and resentment dominate the inner lives of citizens. He echoed Francis Fukuyama’s argument in his The End of History and the Last Man that pacified liberal democracies generally fail to find a proper place for “thymotic energies,” and Sloterdijk has said explicitly that, in confrontations with Islam, the West needs to rediscover the role of thymos. Just like Jongen, who criticizes the EU for being “post-thymotic,” Sloterdijk longs for Europe to assert itself more forcefully on the global stage and fears that the refugee crisis will weaken the continent—to the delight, he says, of the US (“that’s why Obama praises Merkel,” as Sloterdijk put it in an interview published at the beginning of 2016). 

Sloterdijk has also invoked the concept of “the state of exception” developed by the right-wing jurist Carl Schmitt in the Twenties. As Schmitt saw it, the sovereign could, in order to save the polity in a situation of crisis, suspend the constitution by declaring a state of exception. He added that whoever decides whether there really is an existential threat to a state is revealed as the supreme power. Today, Sloterdijk holds, it is not the state, the nominal sovereign, but the refugee who decides on the state of exception. As a result of Merkel’s policy to allow the unrestricted entry of Syrians, Sloterdijk charges, Germany has waived its own sovereignty, and this “abdication” supposedly “continues day and night.”

No doubt refugees themselves have faced a state of emergency and no doubt their arrival has created an exceptional challenge for Germany—but Sloterdijk’s observation makes at best for a momentarily arresting aphorism, as opposed to providing any real analysis of the situation: Merkel and her parliamentary majority in fact retain decision-making power, and there is no reason to believe that Europe’s most powerful state has become a plaything of dangerous foreigners. But Sloterdijk has charged that his critics are superficial intellectuals who surround his ideas as if the latter were “women at New Year’s Eve”—a tasteless allusion to the attacks on females in Cologne this winter. 

Botho-Strauss.jpg.1339092.jpgSloterdijk is not the only prominent cultural figure who willfully reinforces a sense of Germans as helpless victims who are being “overrun” and who might eventually face “extinction.” The writer Botho Strauβ recently published an essay titled “The Last German,” in which he declared that he would rather be part of a dying people than one that for “predominantly economic-demographic reasons is mixed with alien peoples, and thereby rejuvenated.” He feels that the national heritage “from Herder to Musil” has already been lost, and yet hopes that Muslims might teach Germans a lesson about what it means to follow a tradition—because Muslims know how to submit properly to their heritage. In fact, Strauβ, who cultivates the image of a recluse in rural East Germany, goes so far as to speculate that only if the German Volk become a minority in their own country will they be able to rediscover and assert their identity.    

Such rhetoric indicates a potentially profound shift in German political culture: it is now possible to be an outspoken nationalist without being associated with—or, for that matter, without having to say anything about—the Nazi past. And it is possible to argue that Germany needs to experience a kind of 1968 in reverse: whereas back then, a grand coalition of Social and Christian Democrats meant that there was no real representation of the left in parliament, or so student activists thought, there are now a growing number of established intellectuals who are prepared to argue that there is no effective way to counter Merkel’s refugee policies in the Bundestag—with the consequence that the right needs to engage in “extra-parliamentary opposition.” It is one thing to oppose a government’s particular policies; it is another to claim, as the AfD explicitly does in its draft program, that a self-serving political class consisting of all parties has hijacked the democratic system as a whole: an “illegitimate situation,” the party says, which the Volk needs to correct.

kubitschek_bcr.jpgLike at least some radicals in the late Sixties, the new right-wing “avant-garde” finds the present moment not just one of apocalyptic danger, but also of exhilaration. There is for instance Götz Kubitschek, a publisher specializing in conservative nationalist or even outright reactionary authors, such as Jean Raspail and Renaud Camus, who keep warning of an “invasion” or a “great population replacement” in Europe. Kubitschek tells Pegida demonstrators that it is a pleasure (lust) to be angry. He is also known for organizing conferences at his manor in Saxony-Anhalt, including for the “Patriotic Platform.” His application to join the AfD was rejected during the party’s earlier, more moderate phase, but he has hosted the chairman of the AfD, Björn Höcke, in Thuringia. Höcke, a secondary school teacher by training, offered a lecture last fall about the differences in “reproduction strategies” of “the life-affirming, expansionary African type” and the place-holding European type. Invoking half-understood bits and pieces from the ecological theories of E. O. Wilson, Höcke used such seemingly scientific evidence to chastise Germans for their “decadence.”  

These ideas have been met with significant resistance. Some intellectuals have criticized Sloterdijk for being an armchair philosopher who offers Volk-psychology with little awareness of the reality of refugees’ lives or, for that matter, of the complex political imperatives Merkel is trying to juggle. (Sloterdijk in turn has said that he is simply on the side of populism, which he understands as the “realpolitik of the less and less silent majority.”) The social theorist Armin Nassehi has shrewdly pointed out that the seemingly avant-garde conservatives offer not much more than the sociologically naive view that more national homogeneity will solve all problems; and the novelist and essayist Navid Kermani, who with his much-praised reporting from the “Balkans route,” has reminded Germans of the actual plight of refugees. Nassehi and Kermani are among the most thoughtful intellectual voices in Germany today. Both also happen to be second-generation immigrants whose parents came to Germany from Iran in the 1950s. 

The AfD might yet fail to establish itself in the political system. Infighting continues, not least because there are deep disagreements about whether the party should enter coalition governments or remain in “fundamental opposition.” It’s not clear that the AfD can successfully evoke the heroism of resistance and be a home for moderate Bürger all at the same time. As the number of refugees reaching Germany has dwindled with the effective closing of the “Balkans route,” the pressure on Merkel is easing. But neither conservatives nor nationalists are likely to forgive her for her stance during the refugee crisis. Three-quarters of Germans now expect the AfD to enter parliament in the national elections in 2017. And even if the party doesn’t reach the required threshold, it, and its intellectual supporters, will have brought about the most dramatic change in mainstream German political discourse since the country’s unification in 1990.

 

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People in the crowd waving the Stauffenberg's cross flag, that the celebrated Colonel, who tried to kill Hitler in July 1944, intended to use to replace the Nazi swastika banner.

lundi, 23 mai 2016

Basteln an der neuen rechten Weltanschauung

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Basteln an der neuen rechten Weltanschauung

Jürg Müller-Muralt

Ex: http://infosperber.ch

Die Partei «Alternative für Deutschland» ist auf dem Vormarsch. Fortschritte macht auch der weltanschauliche Überbau.

«Klassiker der Ästhetik»: So lautet die Lehrveranstaltung des Philosophiedozenten Marc Jongen (Foto) an der Staatlichen Hochschule für Gestaltung (HfG) Karlsruhe im Wintersemester 2015/16. «Im Seminar werden klassische philosophische Texte, die für das Verständnis der Ästhetik wesentlich sind, gelesen und diskutiert», steht in der Ankündigung. Ein akademischer Feingeist? Nicht nur; er kann auch anders. Flüchtlinge sieht er als eine Art Naturkatastrophe, als «schrankenlose Überschwemmung mit Menschen, die auf die lange Dauer nicht integrierbar sind, weil sie einfach zu viele sind und zu fremd». Wer das anders sieht, den bezichtigt er wahlweise einer «überzogen humanitaristischen Moral» oder einer «Hypermoral».

Nachzulesen ist dies in einem Interview mit Marc Jongen in der «NZZ am Sonntag». Dort ruft er auch zu Wehrhaftigkeit auf: «Wir müssen, um als europäische Staaten und Völker zu überleben, deutlich nüchterner, realistischer und auch wehrhafter werden». Denn: «Wenn unsere Vorväter dieses Territorium nicht leidenschaftlich und wenn nötig auch mit Gewalt verteidigt hätten, würden wir jetzt nicht hier sitzen und uns in unserer Sprache unterhalten». So kann man deutsche Geschichte auch interpretieren, wenn man der Wahrheit nur genügend Gewalt antut.

«Thymotische Unterversorgung»

plato2_1559507e.jpgGewalt, Wut und Zorn sind ohnehin Schlüsselbegriffe in der Welt des Marc Jongen. «Wir pflegen kaum noch die thymotischen Tugenden, die einst als die männlichen bezeichnet wurden», doziert der Philosoph, weil «unsere konsumistische Gesellschaft erotozentrisch ausgerichtet» sei. Für die in klassischer griechischer Philosophie weniger bewanderten Leserinnen und Leser: Platon unterscheidet zwischen den drei «Seelenfakultäten» Eros (Begehren), Logos (Verstand) und Thymos (Lebenskraft, Mut, mit den Affekten Wut und Zorn). Jongen spricht gelegentlich auch von einer «thymotischen Unterversorgung» in Deutschland. Es fehle dem Land an Zorn und Wut, und deshalb mangle es unserer Kultur auch an Wehrhaftigkeit gegenüber anderen Kulturen und Ideologien.

Der in der Schweiz noch wenig bekannte Marc Jongen gehört zur intellektuellen Abteilung der Rechtspartei «Alternative für Deutschland». Die AfD galt ja in ihrer Gründungszeit bis zur Parteispaltung Mitte 2015 als «Professorenpartei» und geizte auch im jüngsten Wahlkampf nicht mit akademischen Titeln auf Plakaten. Als akademischer Mitarbeiter an der Hochschule für Gestaltung Karlsruhe diente Jongen lange Jahre als Assistent des bekannten Philosophen und früheren Rektors Peter Sloterdijk, der sich allerdings mittlerweile deutlich von den politischen Ansichten seines Mitarbeiters distanziert (mehr zum Verhältnis Jongens zu Sloterdijk findet sich in einem Beitrag der Online-Plattform «Telepolis»). In der AfD ist Jongen Vize-Landesvorsitzender in Baden-Württemberg und Mitglied der AfD-Bundesprogrammkommission. Er schreibt an einem Papier, das die weltanschauliche Marschrichtung der Partei skizzieren soll.

«Gefilde abseits der Vernunft»

Der Mann hat also das Potenzial, innerhalb der seit den März-Wahlen in drei deutschen Bundesländern sehr erfolgreichen Partei eine zentrale Rolle zu spielen. Da muss es interessieren, wes Geistes Kind er ist. Jongen gehört nicht zu den Lauten in der Partei, er argumentiert lieber mit Platon und anderen philosophischen Grössen; da kennt er sich aus. Aber er war eben im vergangenen Jahr auch am Sturz von Bernd Lucke beteiligt, des verhältnismässig liberalen Parteivorsitzenden. Damit hat er den populistischen, nationalromantischen bis rechtsradikal-völkischen Kräften innerhalb der AfD zum Durchbruch verholfen.

Auffallend ist, wie stark sich Jongen mit reaktionären philosophischen Konzepten beschäftigt. Die «Frankfurter Allgemeine Zeitung» findet in einer lesenswerten Analyse, bei ihm schimmere eine Fundamentalkritik der Moderne durch: «Der Philosoph bezieht sich jedenfalls vorwiegend auf Denker, die in diesem Ruf stehen: Friedrich Nietzsche, Oswald Spengler, Martin Heidegger und einen Vordenker der ‘konservativen Revolution’ wie Carl Schmitt, der zunächst von seinem Schreibtisch aus die Weimarer Republik zu sabotieren suchte und dann nach der Machtergreifung ebenso wie Heidegger dienstfertig dem Nationalsozialismus zuarbeitete. Gemeinsam ist diesen Denkern, dass sie von der Vernunft und republikanischer Mässigung wenig hielten, sondern mehr von scharfen historischen Brüchen. Sie operierten vorwiegend in geistigen Gefilden abseits der Vernunft, in Ausnahmezuständen und Seinsordnungen, Freund-Feind-Schemata und dionysischen Rauschzuständen.»

Gegen Gleichstellung der Geschlechter

«Die Zeit» macht darauf aufmerksam, dass der AfD-Landesparteitag Baden-Württemberg unter der Federführung Jongens die Gleichstellung der Geschlechter mit der Begründung abgelehnt habe, man wisse sich dabei «mit den ethischen Grundsätzen der grossen Weltreligionen einig». Die dürften nicht «auf dem Altar der pseudowissenschaftlichen Gender-Ideologie» geopfert werden. Dies ist eine für einen philosophisch Gebildeten recht abenteuerliche Argumentation. Denn damit wird den Weltreligionen im Umkehrschluss eine wissenschaftliche Grundlage zugebilligt.

Die Mitgliedschaft Marc Jongens in der AfD hat, wenig erstaunlich, auch zu einigen Turbulenzen an der Hochschule für Gestaltung geführt. Der neue Rektor, Siegfried Zielinski, hat Jongen alle Leitungsfunktionen entzogen und ihn auch als Herausgeber der Schriftenreihe «HfG-Forschung» abgesetzt. Das ist demokratiepolitisch heikel und kann als Beschneidung der Meinungsäusserungsfreiheit interpretiert werden. Rektor Zielinski hat jedoch in einer bemerkenswerten Medieninformation vom 24. Februar 2016 seinen Schritt sauber begründet. Solange «die Partei, in der Jongen politisch engagiert ist, zu den legalen politischen Formationen gehört, geniesst er denselben Schutz wie alle anderen Hochschulangehörigen». Das Rektorat sei «indessen nicht für die personellen Konstellationen der Vergangenheit verantwortlich» und müsse sie deshalb nicht so belassen wie bisher.

«Wer denkt, ist nicht wütend»

Die Medieninformation wurde unter dem Titel «Wer denkt, ist nicht wütend» veröffentlicht, ein Zitat von Theodor W. Adorno. Es spielt an auf den von Jongen so oft bemühten und oben erwähnten Thymos (Wut, Zorn). Das Dokument ist auch deshalb eindrücklich, weil es präzis die Aufgabe einer Kunsthochschule beschreibt:

«Kunsthochschulen haben die Aufgabe, werdenden Intellektuellen, Künstlerinnen und Künstlern sowie Gestalterinnen und Gestaltern einen optimalen, anregenden, ihr Wissen und ihre Begabungen fördernden Freiraum zu organisieren. Das ist eine von Grund auf positive Herausforderung und Bestimmung. Eine Ideologie, die prinzipiell in der Verneinung eine Alternative sieht und aus der Perspektive der Verachtung handelt, bildet einen maximalen Gegensatz zu dieser Aufgabe.

(…)

Hass, Verbitterung, radikale Enttäuschung oder Unlust am Heterogenen vertragen sich nicht mit dem positiven Überraschungsgenerator, den eine gute Kunsthochschule der Möglichkeit nach darstellt.

(…)

Der neue Rektor folge «in seiner Arbeit einer Logik der Mannigfaltigkeit, der unbegrenzten Vielheit. (…) Als wichtigsten Impuls enthält eine Logik der Mannigfaltigkeit die uneingeschränkte Achtung vor dem Anderen, vor dem, was nicht mit uns identisch ist.»

(…)

«Die veröffentlichte Debatte um die Mitgliedschaft eines akademischen Mitarbeiters einer universitären Einrichtung des Landes Baden-Württemberg in der durch den Staat zugelassenen politischen Partei AfD schadet der HfG Karlsruhe als einer Einrichtung, die von kritischem Engagement, Gastfreundschaft, Erfindungsreichtum, Neugier und Toleranz getragen ist.»

mercredi, 11 mai 2016

Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

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Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

Pierre Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Votre discours est toujours le même. Il glorifie, partout et en toute occasion, la lutte des gentils travailleurs contre les méchants patrons ou contre l'état employeur, justifie toutes les grèves, toutes les manifestations organisées par les syndicats les plus durs. Il existe pourtant des éléments qui devraient vous amener à réfléchir.

Vous soutenez, par exemple, aussi bien les ouvriers en grève en Allemagne et en France. N'avez-vous pas remarqué que les règles du travail ne sont pas les mêmes dans les deux pays et que les intérêts des ouvriers peuvent se trouver antagonistes ? Ce qui peut être bon pour les uns peut être mauvais pour les autres.

Les gouvernements des pays dans lesquels vous vous opposez à l'action sont issus d'élections. Dans ces dernières les riches exploiteurs sont beaucoup moins nombreux que les pauvres opprimés. Comment expliquez-vous que ce soient les intérêts des moins nombreux qui l'emportent ?

Prenons un exemple qui est, dans son principe à défaut des détails, hélas très répandu. Dans un bassin d'emploi déjà sinistré, une entreprise connaît de graves difficultés. Elle propose d'abaisser les salaires de ses ouvriers pour équilibrer ses comptes. Que va-t-il se passer ?

Les ouvriers et leurs syndicats acceptent les propositions de la direction et l'entreprise est momentanément sauvée. Mais rien ne dit que le problème ne va pas finir de se représenter.

Les ouvriers et leurs syndicats refusent ces propositions. Les difficultés de l'entreprise s'aggravent rapidement jusqu'à la faillite. Tout le monde perd son emploi.

On voit que, devant une telle situation, il ne peut y avoir que de mauvaises réponses. Rien ne sert de prôner la lutte, d'organiser la grève, de monter des actions violentes. Tout ce qui peut être tenté ne fait qu'accélérer le désastre.

Vous allez me dire que s'il n'y a rien à faire c'est parce que le problème ne se situe pas au niveau de l'entreprise. Vous avez parfaitement raison. Mais vous ne voudrez pas dire que si le bassin d'emploi n'avait été sinistré, l'entreprise aurait pu se séparer d'une partie de ses effectifs, lesquels auraient trouvé du travail dans des entreprises voisines en développement. Peu importe.

Si le niveau adéquat n'est pas celui de l'entreprise, alors quel est-il ? Il faut savoir que le plein emploi dépend de deux facteurs : les biens dont la production est utile et les personnes employables à cette fin.

La réponse qui vient aussitôt à l'esprit est celui de l'état, à savoir par exemple la France. C'est à ce niveau qu'est organisé le vote du peuple et qu'on pourrait raisonnablement attendre des décisions. Malheureusement nous vivons une période où la production des biens nécessite souvent une échelle plus grande que la France et où le mouvement des personnes vers la France connait de multiples circonstances l'alimentant. On ne peut absolument rien faire contre le premier fait. Accessoirement vous vous opposez à toute restriction pour le second. Ce niveau est donc inadéquat. Et cela ne dépend pas de la bonne volonté des électeurs et des dirigeants. C'est une chose que vous auriez pu noter, plutôt que de vous accrocher, comme les souverainistes, à l'élection présidentielle.

D'ailleurs on a déjà créé une zone de libre-échange en Europe. A ce niveau on dispose de la bonne échelle pour produire des biens nécessitant de gigantesques investissements. Cependant vous n'êtes pas seul à vous opposer à une solution à ce niveau. Du côté des personnes, l'organisation de l'Europe est si incohérente que le contrôle des frontières y est inopérant. Et surtout, du côté de biens, cette zone de libre échange n'est qu'un prétexte pour entrer dans un libre-échange mondial, dans lequel on n'attend même pas de réciprocité. Peut-être allons-nous échapper au TAFTA, mais ce ne sera que partie remise. Les pauvres Européens n'y peuvent rien. Il n'y a pas, à ce niveau, suffisamment de démocratie pour espérer un changement. Et de cela vous parlez peu.

vuistrton21556-f5fb0.pngIl ne reste donc que le niveau mondial. Le problème est que s'il y a peu de démocratie au niveau de l'Europe, il n'y en a pas du tout au niveau mondial. Surtout il n'est pas possible qu'il y en ait. De grands blocs existent qui entendent bien garder leur autonomie. Il s'agit bien de la Chine ou de l'Inde que des Etats-unis d'Amérique. De plus les disparités de développement entre les continents rendent impossible toute harmonisation. Qu'il y a-t-il de commun entre des revendications salariales en France et au Bengladesh ? Pire encore, les disparités culturelles sont insurmontables.

Tout semble donc bloqué. Heureusement ce n'est pas vrai. Il y a un niveau où les choses peuvent changer. C'est celui de l'Europe, puisque ce n'est pas son concept mais son organisation qui est en cause. La réponse est donc extrêmement simple. Il suffit de transférer un système démocratique rendu inutile au niveau des états vers un équivalent au niveau de l'Europe. Cela s'appelle l'intégration européenne. Qu'attendez-vous pour y penser ? Ne trouvez-vous pas que, pour se voiler la face, les souverainistes n'y suffisent pas ?

Pierre Eisner (Le Parti des Européens)

dimanche, 08 mai 2016

Republicans Feel Trump Terror

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Republicans Feel Trump Terror

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

NEW YORK –  It’s been a treat watching the arrogant, Masters of the Universe Republicans wring their hands and ululate over the terror that is Donald Trump.

Most of my serious Republican friends don’t know what to do:  they yearn to be close to power, but fear backing Trump will make them pariahs at their local golf club. So they are still hiding in the closet.

‘I am Shiva, destroyer of worlds!’ That’s Trump’s message to America’s oligarchs. And scared they should be because of even a modest Trump revolution would threaten their corrupt, stultified political system and their wallets.

As a former conservative Republican who has watched his lifelong party become a vehicle for special interests and religious fundamentalists, I say ‘blow it to smithereens.’ Build a new party that represents America’s 99%, not the gilded 1%. 

I’m sick of reading the New York Times sneer at ‘uneducated white male workers who support Trump.’ What about all the welfare recipients who are the core of Hilary Clinton’s supporters?

Trump vows to make the trains run on time. But at a deeper level, he threatens three of the nation’s most sacred cows: 1. imperial war-making, the American Empire,  and the military industrial complex; 2. the vast power of Wall Street and its shameful  tax breaks; 3. the Israel lobby and its undue influence over US foreign policy.

No wonder his candidacy has produced so much fierce opposition and cries of anguish. Trump is remarkably brave, or incredibly foolish, to gore all these sacred cows at the same time.

Still, Trump is answering a deep current in American politics, dating from the Founding Fathers, that wants to avoid foreign entanglements and wars. Foes call this isolationism. In the Trump view, the US has drained its resources and mental energy waging wars abroad that have brought it no benefit at all except a rickety empire.

In 2015, US warplanes dropped 23,144 heavy bombs on six Muslim nations. US forces are now fighting in Iraq, Syria, Pakistan, Afghanistan, Yemen, Somalia and West Africa. Do we really wonder why so many furious Muslims want revenge against the west? Trump has yet to understand this.

But Trump is right when he says no more foreign wars. Equally important, it’s time to begin dismantling the US Empire which is precisely what invites attacks we call ‘terrorism.’

Today, NATO does not defend the US or Europe. It is a control mechanism that keeps Europe under American strategic domination. It should have been ditched when the Soviet Union collapsed. Instead, we see the Washington neocons who control the Obama administration’s policy planning to send a full US armored brigade to Russia’s western border and intensifying air and naval patrols there. Madness, and likely stepping stones to a new war.

Candidate Trump advocates grown-up dialogue and cooperation with Russia and an end to Hillary Clintons’ crass war-mongering and hates Putin campaign.  

Trump’s call for ‘even-handed’ US policy in the Mideast was greeted with fury and horror by Israel’s partisans who are now asking Washington for $4.2 billion in annual military aid.

But Trump’s daring effort to forge peace in the Mideast has run head-on into the mighty US Israel lobby which helped orchestrate a ferocious anti-Trump media campaign.

Now, it appears Trump has met his match. Pro-Israel billionaire Sheldon Adelson has just made peace with Trump and announced he will support the Republican candidate. This sends an important message out to Israel’s supporters to lay off the Donald. In return, Trump just announced he actually favors more Israeli settlements on the Occupied West Bank.

Meanwhile, the slighted Republican establishment is still sulking and won’t endorse Trump – yet. Its leaders are right when the say Trump must change his speech regarding Mexicans and Muslims. But they don’t really care about either.

What they really do care about is the danger of cutting the Pentagon’s $700 billion annual budget, protecting the military industrial complex, and defending Wall Street from government investigation. After all, it’s Wall Street that funds Congress.

The Republicans opposing Trump are not, as they claim, conservatives. They are advocates of big, big government, foreign wars, welfare for favored industries, tax breaks for farmers and key supporters. And, of course, almost half of GOP voters call themselves fundamentalist Christians, making today’s party a semi-theocratic, far right political movement.

Real conservatives are for low taxes, small government, no foreign wars and states rights. Rather what Trump is preaching.

samedi, 07 mai 2016

The Rise of the Celts and Britain’s Doom

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The Rise of the Celts and Britain’s Doom

Ex: http://www.katehon.com

The main outcome of yesterday’s local elections in the UK does not concern the gains or losses of Labor or the Tories. The point is not even the first Muslim mayor of London, Sadyq Khan, although this is, of course, important. Nor is the point the modest gains of UKIP in England. The most crucial result was none other than the Welsh nationalist party, Plaid Cymru, coming in second place in Wales, a country which has long been a stronghold of the Labor Party. In tandem with the Scottish National Party’s majority in Scotland for the third time in a row, Plaid Cymru’s success is a sign of the ongoing identity crisis in the UK. Whiles these two Celtic parties support the independence of their lands from England, their rise presumes that a large part of the Welsh and Scottish peoples no longer wish to be associated with Great Britain. This has also been fueled by growing disenchantment with the rivaling Labor and Tory parties, and the search for new leaders outside of the existing political elite. UKIP’s rising popularity, on the other hand, is also an alternative, but one quite different from the Celtic “revanche.”

Plaid Cymru’s Left Continentalism

With each new election, Plaid Cymru confidently gains more votes. It is not difficult to predict that they soon might be the ruling party just as the Scottish National Party rallies a firm majority in Scotland. Then, the question of Wales’ self-determination will once again be relevant. In terms of domestic policy, Plaid Cymru advocates socialist economic and social policies, a progressivist cultural agenda, and promotes Welsh identity. The party pays significant attention to local Welsh problems, which is what has brought it close to ordinary people. In terms of foreign policy priorities, Plaid Cymru intends for Wales to leave the UK and seek independent membership in the EU. Plaid Cymru is also the only significant British party which firmly stands against independent Wales’ membership in NATO. Even the SNP abandoned this ideal in 2012. Thus, from a geopolitical point of view, the Welsh nationalist party can be describes as European-Continentalist.

The Battle of Dragons

The Welsh people are descendants of the native Britons, a Celtic people displaced on the outskirts of the island of Britain by the Anglo-Saxon invasion. The interactions, fights, and mergers between the Celtic and Germanic, Anglo-Saxon identities is what formed the historical uniqueness of Britain. The battle of the Red Dragon which is symbolic for the Celts against the White Dragon which symbolizes the Saxons as part of broader Arthuriana (an episode first described in the 8th century Historia Brittonum) has been enshrined in the historical identity of the Welsh people. Interestingly enough, according to a prophesy attributed to Merlin, the Red Dragon of Wales will ultimately defeat the English.

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The fight between the red and white dragons: an illustration from a 15th-century manuscript of Geoffrey of Monmouth's History of the Kings of Britain.

A failed identity

Since the end of the Second World War and following the collapse of Britain’s colonial empire, the isles have witnessed an ongoing crisis of identity. Previously, the British identity was an imperial one closely linked with the famous imperative of “ruling the waves.” To be British meant building an empire, bearing the burden of the white man, and triumphantly conquering the world. From a geopolitical point of view, this was the adoption of the maritime mission as fate. Yet this identity disappeared almost overnight. The UK is no longer a global power like it used to be, and it has not been the center of empire for many decades already. But what is it supposed to be now? A simple European nation-state? Unlike France, Britain never embraced a homogenous, nationalist agenda as its state ideology. The pre-1789 ethnically diverse population of France was made “French”, while in Britain, even though the Irish and Welsh were repressed, these nations managed to maintain their identity and languages.

From Empire to monarchical federation

Insofar as it centered around the imperial mission, British identity was broad, heterogeneous, and embraced the English, Welsh, Scottish, and Irish origins of Britishness. It was thus constructed for imperial expansion. When this expansion ceased to be necessary, Britain was still too big and diverse to become a normal European nation-state. This structural change unleashed previously suppressed Scottish and Irish national identities, whose nationalist movements began to grow. The UK predictably began to evolve in the direction of a European style de-facto federation like Germany or Spain and granted more autonomy to all the major ethni, except the English one. Surprisingly, the English were forgotten. As the independent nations of Britain started to develop autonomy, the logical consequence of federalism on an ethnic basis, England was left out of this process.

The English devolution

As a result, the Irish, Scots, and Welsh have their own assembles and even parliaments, while the English people do not. The Westminster parliament is allegedly their representative organ, but it is also simultaneously supposed to represent the whole country. Unlike the other native ethnic groups, the English people have no independent voice since English identity is absorbed by the larger British one. Thus, the core people of the UK have become the most vulnerable to multicultural propaganda to the point that contemporary British identity mostly concerns one’s passport, rather than history or ethnic origin. The old British identity is being destroyed by hordes of migrants from the Third World, yet a new one is not emerging. As usual, any emphasis on “English identity” is portrayed as extremism. Unlike the Scottish and Welsh nationalists who are respected by the government and media, their English counterparts are labeled as mere fascists. Artificially suppressed English nationalism is thus prevented from manifesting itself in a healthy form, thus channeling the vital energy of those who are not absorbed by mere consumerism into the abyss.

The problem of England

On the other hand, the Celtic peoples of Britain perceive the rule of London as English rule. This assumption is historically true, but is now unfair. This perception will continue until England will develop its own governing institutions paralleling the general British ones. In addition, the presence of Scottish and Welsh deputies in the general English parliament as well as their own legislatures allows for these national minorities to effectively defend their rights, even often at the expense of England in their pushing of nationalist and even separatist agendas.

There have been and still are calls for a devolved English parliament. In 2014, this initiative was supported by 59% of Englishmen according to opinion polls. Theoretically, this would turn Britain into a federation of equilibrium, where the special status of the border regions would be balanced by the English voice. But this nationalism is built on the resistance by inertia of the weak, liberal Britishness, and thus bolsters the trend towards secessionism in other parts of the kingdom.

The two dragons fly in different directions

Besides this, the rise of any independent English voice (whose people are now the secret people of Chesterton who have “not spoken yet”) now will only aggravate the messy situation in the country because of the different views held by the peoples of the UK on the most crucial of matters today - Brexit. 

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For example, while the Welsh and Scotts (and people of Northern Ireland as well) are pro-EU, most English are against the Union. If England were to have its own Parliament, it would be highly Eurosceptic with new radical parties gaining power as it was in Scotland and Wales in similar situations, and would thus enter into conflict with those of Wales and Scotland. This issue demonstrates that the peoples of the UK see their futures differently, thus aggravating the situation in the country. The economic benefits associated with membership in EU are themselves highly disputable, even in the cases of Wales and Scotland.

Thus, support for the EU is a deliberately political choice on their parts. And this is the main cause for concern. If it were otherwise, separatist parties would not have received such support. Overall, we are dealing with:

1. The rule of liberal, multicultural ideology which blurs the common British identity
2. The rise of new Celtic nationalisms
3. A vague new English nationalism as a response to the above-mentioned trends
4. Diametrically different approaches among the English and British Celts to the country's future.

These internal problems can ruin Britain any moment, even quicker than the growth of the Muslim population.

Merkel alimente le populisme qu'elle combat

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Merkel alimente le populisme qu'elle combat

Ex: http://blog.lefigaro.fr
 
castafiore_0.jpgAngela Merkel est atteinte, à son tour du syndrome de la Castafiore : "Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir !". Chaleureusement félicitée, l’autre jour, par Barack Obama pour sa politique migratoire, voilà la chancelière allemande qui s’enhardit dans ses prêches moraux contre les populistes. Mardi, au lycée français de Berlin, elle a répondu ceci, à une question d’un élève qui l’interrogeait sur la montée du FN : "Je vais essayer de contribuer à ce qu’évidemment d’autres forces soient plus fortes que le Front national, pour autant qu’on puisse le faire de l’étranger". Sur la montée de l’afD dans son propre pays, elle a dit : "Nous avons assez de bons arguments pour nous confronter" à eux "sans avoir l’écume à la bouche". La Belle contre la Bête. Le problème est que Merkel, persuadée de représenter le Bien au point de s’ingérer dans la politique intérieure française, ne voit pas qu’elle est elle-même à la source, avec d’autres "humanistes" fascinés par l’Autre, de ce qu’elle dénonce. Le populisme n’est, en effet, que la réponse des peuples abandonnés par leurs élites aveuglées. Comme le démontre efficacement l’universitaire Jean-Louis Harouel (1) : "Le programme de la haine de soi et de son pays est aujourd’hui devenu la pensée officielle, imposée par le politiquement correct de la religion des droits de l’homme.". Or Harrouel l’assure, avec raison : "Les droits de l’homme, inventés par l’Occident pour protéger ses citoyens contre les risques d’arbitraire du pouvoir, sont devenus depuis un demi-siècle une religion séculière suicidaire pour les Occidentaux".
 
Merkel est un des gourous de cette secte devenue dangereuse. En disant non au FN mais oui aux Turcs, la chancelière a ainsi contribué à affermir le pouvoir, autoritaire et dominateur, du sultan Erdogan, qui en est à dicter ses conditions à l’Union européenne, déracinée et soumise. Ce mercredi, la commission européenne a proposé d’entériner une exemption de visas pour les citoyens turcs, sous certaines conditions, en échange d’une rétention des réfugiés sur le sol turc. La Turquie étant devenue la plateforme migratoire du monde musulman depuis qu’elle a elle-même supprimé les visas avec l’Egypte, les pays du Maghreb, la Syrie ou l’Irak, la suite de cet accord est imprévisible. Reste que l’inversion des forces est telle, depuis l’ouverture irréfléchie de Merkel aux migrants, que ce n’est plus la Turquie qui demande son intégration dans l’Europe, mais l’Europe qui quémande la protection d’Ankara. Merci Merkel ? 
 
(1)  Les droits de l’homme contre le peuple ; Desclée de Brouwer, à paraître le 19 mai

samedi, 30 avril 2016

What Would A Trump Presidency Mean For Europe?

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What Would A Trump Presidency Mean For Europe?

After winning primary contests in five more states, Donald Trump looks like he will most likely become the Republican Nominee. Indeed, Trump didn’t just win narrow victories, he won every single county and every single Congressional District in all five states. He annihilated his opponents — Cruz and Kasich — and may well have vaulted over the clutching tentacles of the #NeverTrump movement and squarely into the GOP captain’s seat, squaring-off against Hilary Clinton. 

In that general election matchup I feel strongly that Trump will win. He has proven himself to be light years ahead of every other candidate in terms of strategy. He has played the media like a fiddle, and understands the modern news cycle and how to position oneself tactically in ways previous candidates have never come close to. I predict that in a general election matchup against Hilary Clinton Trump will come away with a strong victory, an event that would have seemed completely impossible a year ago.

While I will leave it to others to analyze the impact this will have here in America where it is taking place, I am more concerned with the impact it might have in Europe, where the majority of my focus and concern rests, and where our people’s survival is most immediately threatened.

In this regard I feel there are both pros and cons to a potential Trump presidency. We face in Europe today a steadily-building wave of terrorism, mass rape, demographic replacement, and what can only be described as the purposeful genocide of White citizens by left-wing, negationist, suicidalist governments. This portends a crisis greater than WWI, WWII, or even the Black Death. This is not hyperbole. In most West European nations today, the 18-30 year old male demographic — those of fighting age — will be majority Muslim in the next 1-5 years.

This is the most sudden and violent societal transformation in the history of the continent, if not the earth, and bodes tremendously ill for native Europeans. There is no nation in the world’s history in which Muslims have become a majority that was not eventually conquered completely by Islam, with its non-Muslim inhabitants either forcibly converted or enslaved. And indeed in Europe today we already see the beginnings of this from the Muslim population. We are witnessing mass ethnically-driven rape against White women and children that would be considered war crimes in any other place on earth, as well as massive levels of criminality, complete opposition to their host societies’ governments, and continued, consistent anti-state terrorism (4th-Generation Warfare). All of this should have been expected, but as it was not, or was allowed to occur anyway.

Europe now looks likely to descend into horrors beyond our worst nightmares. What impact a Trump presidency might have on Europe at this critical juncture is thus a question of significant importance.

There are a number of potential positives which I will discuss first.

  1. A Trump Presidency would increase the visibility and legitimacy of White Identitarian thought. The President of the most important nation on earth could, to at least some extent, be referred to as “proudly White.” Through the temporary banning of Muslims, he would be publicly declaring that culture matters, that some cultures are superior to others, and that Muslims represent a threat to Western society. His administration would be supporting closed borders, and opposing unfettered multinational corporatism. Surely this must have a positive impact across the Atlantic, at least in its ability to project these thought-patterns into mainstream society.
  2. Trump could potentially exert leverage on European leaders to stop the wholesale genocide of their people. Trump has attacked European-suicidalism on numerous occasions, and just the other day endorsed Matteo Salvini [2], the anti-immigration Northern League candidate seeking to become Italian Prime Minister. The survival of White Europeans would be a concern of a Trump administration, which is more than we can say for most Western leaders. It should not be considered overly-optimistic to hope that Trump’s aforementioned strategic genius, and his obvious concern for Europe’s future, could combine to potentially improve the situation there for our people.
  3. Finally, and perhaps most importantly, is the template a Trump victory and Trump administration would represent for European nations. This is because Trump’s success is, among other things, a response to the increasingly 4GW nature of the world. William S. Lind, one of the fathers of 4th-Generation Warfare theory, says that this will be the century of the nation-state’s disintegration, as non-state forces and non-state identities increasingly rip apart the fabrics of the nation-state system. He predicts that only strong countries with robust, autocratic governments, working to cultivate and ensure strong “shared identity-groups,” will be able to survive. We are in fact already witnessing this phenomenon. In Russia it took place almost twenty years ago, and interestingly that could very well be attributed to the fact that Russia was at that time facing 4GW disintegration — where multiple non-state actors and identity groups were facilitating the destabilization of the Russian nation from within — that is very much like what is facing Europe today. The Russian people turned to Putin and his strength-based, nationalist, traditionalist policies, and have for the most part righted their ship and ensured their people’s continued survival. We are seeing the same thing today in Poland and Hungary, where nationalist, autocratic governments have been elected, and are taking pains to build their nations’ societal cohesion, eliminate or prevent the build-up of non-state threats (immigrants primarily), and set their countries on a course for survival. In my opinion the rise of Trump in America represents the exact same thing, as normal White Americans note with dread the rise of Hispanic Nationalism within their borders, “refugee” resettlement, Islam, left-wing hatred of Whites and White men specifically, and the insidious effects of multinational-corporatism. They are turning to Trump as an autocratic force from within their same shared identity-group, to (again) “right the ship” and expel those forces that threaten the American (or White American) “tribe.” This can continue the template that Russia, Poland, and Hungary represent, and hopefully demonstrate to Western European nations a potential path to survival.

Of course in Western Europe it will not be as simple as that, as most of these nations will need to fight violent insurrections if not civil wars with the vast populations of Muslims they have brought into their lands. This brings up the one “neutral” or “unknown” influence of a Trump administration I would like to point out, which is his position vis-à-vis ISIS, the Islamic State. So far at least, Trump has proclaimed his desire to invade Syria and Iraq, and forcefully take out ISIS. If he did this, it would be emotionally satisfying in the short term but disastrous from a 4GW vs. nation-state perspective. The main concern is that it would undoubtedly make ISIS far stronger, in that it would earn them the sympathy and loyalty of an even broader segment of the Muslim world. By attacking them, Trump would in fact give them legitimacy within the minds of Muslims. That could be a negative, and end up harming the Occident in several ways.

But it could also potentially be a positive. For the more powerful Islamism gets and the more outwardly aggressive Muslims in Europe become, the quicker all-out 4GW will begin within its borders. It is in our strategic interest for 4GW hostilities to break out in Europe now, rather than later, for every year Europe becomes home to far more Muslims, particularly in that crucially important male 18-30 year old demographic. The traitorous European elites can cite “official” statistics as often as they want that show Muslims only making up small percentages of various European populations, and while the vast number of White Baby-Boomers are still alive those statistics might even be half true. But the bottom line is that when over half of your nation’s fighting-age men are Muslims, you are already a Muslim nation or soon to be one. Demographics are destiny, one just has to know which statistics to look at.

That leaves us to discuss one negative impact I believe a Trump presidency would have on Europe. At first glance it appears almost incidental, but this is unfortunately not the case. This is the fact that the election of Donald Trump would cause the entire mainstream, Left-wing, self-hating White population of Europe to double-down on negationist, Cultural-Marxist insanity. It would be like the presidency of George W. Bush times 100, as millions upon millions of brainwashed Europeans dive into a suicidal orgy of virtue-signaling, heaping wood upon their already blazing funeral pyre. We might see the importation of Muslim “refugees” rise to levels far-surpassing what we see now. We very likely would see a negative electoral impact on Right-wing, anti-immigration parties. This would have disastrous effects upon Europe. And despite their idiocy there will be nothing funny about it, because all of these actions will lead to mass-rapes of White children, attacks on our vulnerable and elderly, overwhelming levels of crime, terrorism, and other manifold horrors. Not to mention an even-bleaker demographic picture.

This concern is similar to why Jack Donovan argued for a Hilary Clinton Presidency [3], since it will at least “wake men up” to just how reviled and unwanted they are by America’s ruling class. While this is humorous it also conceals a hugely critical truth, which is that our movement is almost never to be served by the election of parties or individuals just because they are moderately or ostensibly closer to our beliefs. In Europe especially, our greatest hope is for the system as a whole to fall apart, so that it can be replaced with something else. It is hard to see any path to survival in Europe if the current political systems continue — both those of individual nations and the EU as a whole. They are not functional and robust enough in their current form to face the battle that is coming, even were they to have the “right” political parties governing them. In this regard, if a Donald Trump victory in America strengthens governments and Left-wing parties in Europe, it could represent no less than a death knell for our ancestral homelands.

politique,élections américaines,états-unis,donald trump,politique internationale,europe,affaires européennesThe question of whether Trump is elected president, and what that would portend for Europe, is one more momentous issue for these turbulent times. Let us not be blind to the magnitude of events, for surely our descendants will read about them in the history books for long centuries to come. The next decade will mark either Europe’s submission and death, or its decision to fight and survive. A two thousand year old civilization stands on the edge of a knife.  And no matter what happens in the American Presidential Election, in the French one, in the Austrian one; I do not believe that politicians will decide Europe’s fate. It will be the individual members of our race that decide it. Our destiny resides in our willingness to fight; to give our time, our treasure, and perhaps our lives, for the future of our people. With this being the case, it lends clarity to the question of Trump’s — or any other candidate’s — potential victory. For we should hope for their election not for what they might do for Europe, but for how that result might aid the fight for its survival that we shall undertake.

About the Author

Julian Langness is the author of Fistfights With Muslims In Europe: One Man’s Journey Through Modernity [4]and is the editor of europeancivilwar.com [5].

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2016/04/what-would-a-trump-presidency-mean-for-europe/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/04/TrumpEconomist.jpg

[2] endorsed Matteo Salvini: http://www.theguardian.com/world/2016/apr/26/donald-trump-gets-my-backing-says-italys-matteo-salvini

[3] Jack Donovan argued for a Hilary Clinton Presidency: http://www.radixjournal.com/journal/2014/2/21/why-we-need-hillary

[4] Fistfights With Muslims In Europe: One Man’s Journey Through Modernity: http://www.amazon.com/gp/product/B01B2FNUI0/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=B01B2FNUI0&linkCode=as2&tag=thesavdevarc-20&linkId=BSZYG34WYUDOWUJL

[5] europeancivilwar.com: http://europeancivilwar.com

 

vendredi, 29 avril 2016

Nuit debout ou le Royaume de l'illusion

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Nuit debout ou le Royaume de l'illusion

Nietzsche nous explique que « « l’amour du prochain » est toujours un à-côté, en partie conventionnel, arbitraire et illusoire par rapport à la peur du prochain. »1 Au moment même où cette peur hante l’Europe en proie à une profonde crise civilisationnelle apparaît Nuit Debout qui exalte l’égalité, l’amour de l’Autre, la paix dans le monde et autres déclinaisons universalistes de la « moraline ».

Cette peur est la mère de ce mouvement et en révèle l’essence : le déni de la réalité. Nuit Debout ne s’inscrit aucunement dans le pays réel qui affronte la peur de sa disparition : il s’agit d’une communauté hors sol, d’un Royaume de l’Illusion. Ses membres étant incapables d’affronter cette peur (car elle engage des pulsions à rebours de leurs valeurs), ils préfèrent se réfugier en dehors de la réalité, place de la République, dans une micro-société renfermée sur elle-même où antiracistes, néo-hippies et autres joueurs de tam-tam pullulent.

Même si son but premier, que je soutiens, est le combat contre le capitalisme Nuit Debout lutte surtout contre les dits fascistes, ceux qui rappellent la réalité. Entre la « commission immigration » qui milite pour l’ouverture totale des frontières, la « commission féministe » qui présente l’homme blanc comme le mal à exterminer, la « commission LGBTIQIAP+ » qui véhicule les études du genre ou encore les commissions « droit de l’humain » et « antispéciste », ils n’ont qu’à bien se tenir.

Bien qu’ayant une prétention nationale, leurs travaux ne sont en fait destinés qu’à eux-mêmes. Comme l’explique Michel Maffesoli, ce mouvement est postmoderne et donc présentéiste. « Ils prétendent construire le monde, ici et maintenant, par le seul fait d’être ensemble (…). C’est une nuit idéologique où ce qui importe c’est de rêver le monde tel qu’il devrait être, et non le penser tel qu’il est. »2. Ils s’organisent en assemblée constituante non pour le peuple français – car ils n’ont ni mandat de ce dernier ni légitimité – mais pour leur propre troupeau.

La constitution qui aboutira sera la loi fondamentale de l’ordre juridique de ce Royaume de l’Illusion. Les normes et le langage – sur lequel veille la « commission vocabulaire » – agiront sur les nuitdeboutistes comme un placebo leur permettant de ne pas faire face au désastre que subit l’Europe.

Pour m’y être rendu il y règne la dictature du « on », de « l’être-dans-la-moyenne » qui « se maintient fictivement dans la moyenne de ce qui est comme il faut, de ce qu’on vante et de ce qu’on déprécie, de ce à quoi on promet le succès et de ce à quoi on le dénie. Cet être-dans-la-moyenne, à l’intérieur duquel est tout tracé d’avance jusqu’où il est possible et permis de se risquer, surveille toute exception à se faire jour »3 comme nous l’explique Heidegger. Nuit Debout n’est pas un mouvement populaire spontané grouillant d’idées en phase avec le pays réel mais une structure pré-établie où tout débat d’idées doit être conforme à l’idéologie égalitariste. Celui qui sort de ce cadre est un ennemi qu’il faut chasser à coups de latte.

S’y forme alors une « égalisation de toutes les possibilités d’être »4 à l’image de l’horizontalité dont se réclame le mouvement, une « généralisation du bonheur du troupeau dans sa verte prairie »5 comme le dirait Nietzsche. Tous ceux qui tentent de s’élever au-dessus de cet « être-dans-la-moyenne » sont diabolisés, jetés dans la case définitive du Mal. Pourtant c’est bien de ces hommes supérieurs capables de discernement, d’audace, plein de vigueur et de volonté dont l’Europe et la France actuelles ont besoin et non d’idées fictives, illusoires, niveleuses à l’origine de notre mal-être contemporain.


1Nietzsche, Par-delà Bien et Mal, in « Oeuvres », Ed. Flammarion, collection « Mille et une pages », p.733

3Heidegger, Etre et temps, Ed. Gallimard, Paris, 1986, p.170

4Ibid

5Nietzsche, Par-delà Bien et Mal, in « Oeuvres », Ed. Flammarion, collection « Mille et une pages », p.667

Elections américaines. L'establishment commence à s'inquiéter

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Elections américaines. L'establishment commence à s'inquiéter

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les élections américaines du super-mardi 26 avril 2016 ont confirmé la force de ce qu'il faut bien appeler la vague de fond qui conduit Donald Trump vers la direction du parti républicain et peut-être vers la présidence des Etats-Unis. Il a emporté haut la main les cinq états où il se présentait. Tout permet de penser qu'il fera de même lors des élections qui lui restent à gagner. De tels succès ne peuvent pas s'expliquer seulement par la verve et le dynamisme du personnage. Elles révèlent un rejet populaire profond de l'actuel système de gouvernement américain, résumé pour faire simple par le terme d'establishment. Même si Donald Trump se trouvait empêché en phase finale, par une manipulation des procédures électorales, ou simplement par un assassinat, d'accéder au pouvoir, il paraît peu probable que les millions d'électeurs ayant voté pour lui rentrent chez eux en attendant de futures élections présidentielles.

L'establishment reporte aujourd'hui ses espoirs d'éviter une crise majeure sur l'élection d'Hillary Clinton. Celle-ci semble effectivement en passe de l'emporter définitivement sur son challenger « socialiste » Bernie Sanders. Mais ce sera par une courte marge. Là encore, des millions d'électeurs déçus par le succès d'une candidate dont la « pourriture » pour employer le mot, n'échappe plus à grand monde, sauf à ceux et celles qu'elle continue à abuser, n'accepteront pas de voir une présidente Clinton n'appliquer en rien ses promesses électorales fallacieuses et redonner toute sa voix au pouvoir militaro-industriel dont les agissements continuent à mettre en danger la paix du monde. Que feront-ils?

C'est une question que se pose de plus en plus, non seulement les milieux politiques libéraux, mais les représentants de l'establishment. Réussiront-ils, par des manoeuvres véritablement criminelles, à refaire l'unité de la population dans la perspective par exemple d'un affrontement majeur américano-russe déclenché par Hillary Clinton? Rien n 'est moins certain. Pourront-ils, en provoquant des troubles populaires par l'intermédiaire des services secrets, faire appel à la garde nationale ou l'armée pour réaffirmer leur légitimité? Dans un pays où les citoyens sont largement armés et de plus en plus tentés par la rébellion contre les pouvoirs fédéraux, on peut douter du succès de l'opération.

Certains commentateurs pensent que si Trump et Sanders étaient finalement éliminés de la course à l'investiture par des tractations entre les représentants officiels des deux partis républicain et démocrate, ils pourraient s'accorder pour constituer un troisième parti, inimaginable aujourd'hui dans le cadre des moeurs politiques. Même s'il rassemblait des électeurs aux origines et intérêts différents, ce troisième parti pourrait incarner le refus de l'establishment à la base de la vague de fond qui porte les deux candidats. S'il était constitué en temps utile, il pourrait faire élire un président des Etats-Unis les représentant. Dans le cas contraire, il pourrait mener la vie dure à Hillary Clinton, au niveau des institutions fédérales et locales. Mais de toute façon le système de pouvoirs actuels serait fortement ébranlé.

Ce pourrait-être une occasion pour les Européens de rappeler leur existence et pour les plus audacieux d'entre eux de commencer à rejeter la domination américaine. Mais n'y comptons pas trop.

 

mercredi, 27 avril 2016

Elections législatives serbes : le SNS en force au parlement

Elections législatives serbes: le SNS en force au parlement

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

drapserb93759_1.gifEn l’absence de résultats définitifs à cette heure, le Parti Progressiste Serbe (SNS) d’Aleksandar Vucic aurait obtenu 49% des voix et 161 sièges, lui donnant ainsi une large majorité, même s’il n’a pas réussi à dépasser la barre des 50% des suffrages. Il bénéficierait en effet de l’exclusion de nombreuses formations arrivées très légèrement en dessous des 5% permettant d’avoir des élus, sauf cas spécifique des listes représentant les minorités.

Derrière lui, l’allié indispensable de la coalition sortante, le Parti Socialiste de Serbie (SPS), est loin derrière avec 12.1% des voix et 39 sièges. Désormais, le SNS n’aura plus besoin de lui pour gouverner. C’est aussi une véritable renaissance pour le Parti Radical Serbe de Vojislav Seselj, revenu en politique après avoir été acquitté au TPI de La Haye. Il obtient 7.9% des voix et 25 sièges. Ce succès se fait au détriment de l’autre formation nationaliste, le Dveri, qui n’aurait obtenu que 4.91% des voix, ratant de peu l’élection de députés, sous réserve de confirmation de ces résultats. Le SRS, qui avait été exclu en 2014 du parlement, y retrouve sa place pour y représenter le courant eurosceptique et nationaliste.

Le Parti Démocrate (DS), parti de centre-droit dirigé par Bojan Pajtic, avec seulement 6.1% des voix et 20 députés, est largement marginalisé. La liste « Tadic » qui se présentait également au nom du Parti Social-Démocrate, quant à elle, n’obtient que 4.97% des voix, et est elle aussi exclue du parlement, tout comme la liste de centre-gauche Dosta je Bilo (« C’est assez ! »), avec 4.94% des voix. C’est donc trois formations politiques qui échoueraient de très peu à passer cette barre fatidique. Enfin, le parti représentant les Hongrois de Voïvodine (VMS) aurait obtenu 1.47% des voix et en conséquence 4 sièges.

Le SNS de Vucic disposerait donc de 65% des députés au parlement national sur les 250 députés élus en tout. C’est une majorité très confortable. Les résultats définitifs permettront d’affiner cette analyse lorsqu’ils seront connus.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

jeudi, 21 avril 2016

De verwarring van Vander Taelen

Door: Sander Carollo

Ex: http://www.doorbraak.be

De verwarring van Vander Taelen

taelen-luckas-vander.jpgDe gewezen Groen-politicus ergert zich aan de politieke correctheid van links, maar klinkt zelf geregeld tegenstrijdig.

Sinds Luckas Vander Taelen in 2004 in Vorst een huis kocht, heeft hij het gevoel dat hij de stad heeft zien veranderen en hij er dagelijks aan participerende observatie doet. Intussen schreef de naar Brussel uitgeweken Aalstenaar al meerdere boeken over onze hoofdstad en laat hij ook in columns geregeld zijn stem horen. Zo vroeg hij zich al in september 2009 in een column af waarom we toch zo weinig durfden ‘opkomen voor de wetten en waarden van het land waarin we leven’. Hoewel hij zich nog gesteund voelde door de basis, is het sindsdien nooit meer goed gekomen met zijn partij. Kristof Calvo zei hem eens dat hij meer aan politiek moest doen en niet zo veel moest schrijven. De top van Ecolo kon nog minder dan die van Groen zijn schrijfsels smaken en beschouwde Vander Taelen vanaf toen naar eigen zeggen als een racist. Toch heeft het vrij lang geduurd eer hij de politiek verliet. Hij nam nog deel aan de verkiezingen van 2014, weliswaar op een onverkiesbare plaats.

Volgens Vander Taelen heeft Groen een enorme kans gemist door zijn koudwatervrees voor een aangepast standpunt over de uitdagingen van de multiculturele maatschappij. Pas na de aanslagen van november 2015 in Parijs durfde voorzitster Meyrem Almaci het te hebben over de waarden die ons dierbaar zijn en die we moeten verdedigen tegen fundamentalistische aanslagen. Die aanslagen inspireerden Vander Taelen om dit boekje (120 pagina’s) te schrijven. De ietwat wollige titel De grote verwarring op de old skool boekcover slaat eigenlijk vooral op de bedenkelijke houding van politiek links en in het bijzonder bij Groen. ‘Vooral aan de linkerkant van het politieke spectrum zorgde het religieuze geweld voor veel verwarring’, schrijft de auteur. ‘Traditioneel had links met veel vuur de multiculturele samenleving verdedigd en dat engagement maakte het links soms heel moeilijk om op een ondubbelzinnige manier te reageren op fundamentalistische religieuze eisen die afkomstig waren van nieuwkomers.’

lvdt-brussel-de-tijdbom-tikt-verder.jpgOver zijn gewezen partij lezen we iets anders. ‘De alomtegenwoordigheid van de religie in de jeugdjaren en de opleiding van heel veel partijleden verklaart heel veel van de verkramping waarvan Groen tot op heden blijk geeft in elke discussie over multiculturalisme en islam.’ Het lijkt niet echt te kloppen met wat hij over zijn exit bij Groen zei in Brussel Deze Week: ‘Tachtig procent van de Groen-kaders was het met mijn analyses eens, maar ze zwegen nadat ik voor de partij-inquisitie verschenen was.’ Valt dit nog te verklaren door opleiding en religie in de jeugdjaren? Even verder in het interview lezen we dan weer: ‘Groen is uiteindelijk een katholieke partij die nooit het antiklerikalisme van de socialisten gedeeld heeft. Zij kunnen zich niet inbeelden dat atheïsten geen godsbeeld hebben, en geen godsdienstige regels in hun leven willen. Dat is bij Groen het probleem.’ Echt? Zijn de multiculturele standpunten tussen ‘de antiklerikale’ sp.a en ‘het katholieke’ Groen dan zo verschillend? Heeft CD&V dan door zijn katholieke wortels een verkrampte houding over multiculturalisme en islam?

Een andere passage leidt Vander Taelen in door te zeggen dat Groen zich telkens vanuit een ideologische rechtlijnigheid afgezet heeft tegen elke vorm van populisme. Op het partijbestuur maakte hij namelijk een discussie mee over hoe er gereageerd moest worden op de toegenomen straatcriminaliteit in Oostende, die veroorzaakt was door een toestroom van vluchtelingen die naar Engeland probeerden te raken. Uiteindelijk werd er na meer dan een uur besloten dat de plaatselijke mandatarissen aan de bevolking moesten gaan uitleggen dat de situatie van de vluchtelingen bijzonder precair was en dat er in de eerste plaats iets gedaan moest worden aan de situatie in hun thuisland, zodat de ontheemden zouden terugkeren. Vander Taelen noemt het zelf een bizar standpunt. Dat is het minste wat je kan zeggen. Maar wat is er dan populistisch aan het afkeuren van de daden?

Vander Taelen heeft een merkwaardige verhouding met zijn partij en dat merken we opnieuw bij deze publicatie. Zijn afzonderlijke cases, columns en ook de essays in dit boek zijn zeker interessant. Hij ergert zich aan wantoestanden in Brussel, bij bepaalde moslims en de technieken die linkse protagonisten gebruiken om het debat uit de weg te gaan. Toch wringt hij zichzelf al eens in bochten. Opnieuw een passage uit het interview in Brussel Deze Week: Vander Taelen bracht zijn lidmaatschapskaart binnen (om weer aan journalistiek te doen, S.C.), en zwoer nooit meer aan politiek te doen. ‘Tenzij er een kans voorbij wandelt,’ voegt hij er aan toe. ‘Maar op mijn leeftijd begin ik vrede te nemen met afstand.’ Dat klinkt vastberaden, opportunistisch en relativerend tegelijk. Bovendien past hij naar eigen zeggen niet echt in de politiek omdat hij oprecht wil zijn. Ondanks zijn oprechtheid heeft hij het dan nog lang volgehouden bij Groen, als we zijn verhalen zowat lezen.

Ten slotte luiden zijn oplossingen, zeker voor een gewezen politicus, vrij pover. Het onderwijs moet de scheiding tussen Kerk en Staat benadrukken en op het lokale niveau moet massaal worden ingezet om jongeren te bereiken. That’s it. Vander Taelen zei in Brussel Deze Week dan weer wel dat de analyse van Vlaams Belang over de islam ‘grotendeels klopte’, ‘maar hun enige antwoord een ranzig discours was over deportaties’ …

Luckas_Vander_Talelen_BDW1515.jpgBeoordeling : * *
Titel boek : De grote verwarring
Subtitel boek : Hoe moeten we reageren op islamitisch fundamentalisme?
Auteur : Luckas Vander Taelen
Uitgever : Houtekiet
Aantal pagina's : 120
Prijs : 14.99 €
ISBN nummer : 9789089240675
Uitgavejaar : 2016

mardi, 19 janvier 2016

Erosion der Macht

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Erosion der Macht

von Robin Classen

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Die Spatzen pfeifen es von den Dächern: Die Stimmung im Asylparadies Deutschland ist gekippt.

Nachdem schon die ebenfalls multikultibewegten Schweden unter Tränen ihre Asylgesetze verschärften, sinkt das Vertrauen in Deutschland in Angela Merkel und ihre Politik der offenen Tore nach den Kölner Vorfällen an Silvester rapide.

Mehr als die Hälfte der Deutschen wollen mittlerweile wieder nationale Grenzkontrollen, die AfD ist bereits in vielen Ländern und bei manchen Umfrageinstituten sogar im Bund zweistellig und Horst Seehofer verdoppelt mal eben seine Beliebtheitswerte: Sobald die Überfremdung nicht mehr schleichend geschieht, wie in den vergangenen Jahren, geht es anscheinend ganz schnell mit dem Aufwachen.

Merkel ist Sprecherin einer Minderheit geworden

Wusste Merkel das ganze Jahr über trotz aller inner– und außerparteilicher Proteste immer noch gut die Hälfte der Deutschen als Unterstützer ihrer linken Asylpolitik hinter sich, ist sie heute Sprecherin einer Minderheit. Gerade hat ein Landshuter Landrat einen ganzen Bus an Asylanten nach Berlin geschickt, um ein klares Zeichen zu setzen: Wir machen diesen Kurs nicht mehr mit, soll Merkel sich doch selbst um die realen Probleme des Refugee-​Welcome-​Wahnes kümmern, statt nur linksliberale Sonntagsreden zu halten.

In der CDU kursieren derweil immerhin wieder Briefe, Unterschriftenlisten und andere Papierstücke für die „Ablage P“ im Kanzleramt – es sind die zaghaften Widerstandsversuche kastrierter Polit-​Funktionäre in einer gleichgeschalteten Luschen-​Partei. Leute, die plötzlich in ihren Heimatwahlkreisen auf der Straße nicht mehr so freundlich behandelt werden und nicht mehr einzelne Briefe von angeblich verquasten Rechten erhalten, sondern hunderte davon.

Aufstand der Ex-​Richter

Auch eine Klage gegen die Asylpolitik Merkels hat die CSU derweil durchgespielt. Udo di Fabio sieht eine solche als aussichtsreich an. Die Länder könnten den Bund in die Pflicht nehmen, die Grenzen zu sichern und geltendes Recht durchzusetzen, meint der ehemalige Richter des Bundesverfassungsgerichts. Hans-​Jürgen Papier, ebenfalls ehemaliger Richter des Bundesverfassungsgerichts, sieht Angela Merkel gar den Verfassungsstaat aus den Angeln heben. Und auch der frühere Präsident des Verfassungsgerichtshofs in Nordrhein-​Westfalen, Michael Bertrams, kritisiert scharf: Merkel habe sich selbst ermächtigt. Nun sind es also nicht mehr die als „besorgte Bürger“ verspotteten Einheimischen und die Rechten, sondern sogar im BRD-​System beheimatete Würdenträger, die ihren Mund auf machen. Warum erst jetzt, möchte man fragen, doch lieber spät als nie.

Objektiv betrachtet ist der Rücktrittsdruck auf Angela Merkel demnach derart hoch, dass in jeder anderen Situation vermutlich schon längst die Vertrauensfrage gestellt worden wäre. Doch die Überfremdung und Auflösung des deutschen Volkes ist letztlich für alle Parteien im Bundestag eine heilige Kuh, einzig die Geschwindigkeit ist ein Streitpunkt. Demnach ist ein echter Kurswechsel durch sie ohnehin nicht zu erwarten. Weder die SPD noch die CSU könnten in die Bresche springen und wirklich etwas verändern. Ob Merkel es tatsächlich noch bis 2017 schafft, steht in den Sternen.

Ihr Ausweg könnte vielleicht der schwedische werden: Eine tränenreiche Konfrontation mit der Wirklichkeit auf einer Pressekonferenz, auf der dann schärfere Asylgesetze verkündet werden. Doch ob das für Merkel als Gesicht dieser Fehlentwicklung noch vertretbar ist, darf angezweifelt werden. Letztlich befinden wir uns bereits in einer veritablen Staatskrise, in der die Altparteien nur warten und aussitzen können, während die AfD vor den Toren der Parlamente bis 2017 über sich hinaus wächst.

lundi, 18 janvier 2016

De Sartre à Taubira: cette gauche qui combat la nation...

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De Sartre à Taubira: cette gauche qui combat la nation...

par Paul-François Paoli

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul-François Paoli, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la détestation qu'une grande partie de la gauche éprouve pour la nation... Journaliste, Paul-François Paoli est l'auteur de plusieurs essais comme La tyrannie de la faiblesse (Bourin, 2010),  Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (Bourin, 2012) ou Malaise de l'occident (Pierre-Guillaume de Roux, 2014).

De Sartre à Taubira : cette gauche qui combat la nation

Le débat sur la déchéance de la nationalité est révélateur de la vision, ou plutôt de l'absence de vision, que la gauche et une partie des élites de ce pays se font de la nationalité réduite à une collection de droits et de prétendus devoirs. On peut évidemment arguer que cette mesure de déchéance n'aura aucune portée puisque, par définition, les radicaux de l'islam se fichent comme d'une guigne de la nationalité. L'islamisme, comme le communisme hier, est un messianisme révolutionnaire qui nie les distinctions entre les peuples et il n'est pas anodin de constater qu'une certaine gauche fait preuve d'indulgence, voire de complaisance, à l'endroit de l'islam politique. N'a-t-on pas vu, en juillet 2014, lors des fameuses émeutes de Barbès à Paris, les militants du NPA de Besancenot mêler leurs drapeaux à ceux du Hamas? A gauche le refus de se désolidariser avec les ennemis de leur propre pays est une vieille histoire. Nul ne met plus en question, aujourd'hui, l'allégeance du PCF à l'égard de l'Urss stalinienne. Stéphane Courtois a récemment rappelé que Maurice Thorez fut déchu de sa nationalité par la République en février 1940. «Le Parti communiste n'est pas à gauche mais à l'Est» dira un jour Léon Blum. Jacques Duclos, dirigeant historique du PCF, a été sa vie durant, ainsi que l'a montré Frédéric Charpier dans L'agent Jacques Duclos (Seuil), un serviteur zélé de l'Urss sans pour autant passer pour un traître au regard des Mélenchon de l'époque. C'est que, pour une certaine gauche, trahir la France comme réalité c'est encore la servir comme idée. Le sophisme fonctionne ainsi et il est imparable: la France est le pays de la Révolution et de la fameuse «fraternité» entre les peuples, si elle n'est plus digne de ses valeurs, il faut la combattre au nom des idéaux qu'elle a elle-même prônés. Comme l'expliquera Sartre, les valeurs républicaines d'égalité et de fraternité exigent le socialisme pour ne pas rester lettre morte, incantation fumeuse.

C'est ainsi que les trotskistes ont, en 1940, prôné le pacifisme et refusé de combattre les «prolétaires allemands» de la Wehrmacht. C'est ainsi que les mêmes trotskistes ont porté des valises pour le FLN, de même qu'ils s'étaient solidarisés avec le Vietminh. C'est ainsi que le lugubre Georges Boudarel, communiste rallié au Vietminh, finit par persécuter ses camarades français dans les camps du Vietminh après la chute de Dien Bien Phu. Ces gens ne se sont jamais perçus comme les collaborationnistes mais comme des internationalistes conséquents. Marx n'a t'il pas écrit que les prolétaires n'avaient pas de patrie? N'a-t-il pas mis en valeur le processus historique qui allait rendre obsolète les Etats et les frontières? Aujourd'hui encore, pour beaucoup d'hommes et de femmes de gauche, depuis Taubira à Duflot, en passant par Lang ou Mélenchon, la France est moins un pays qu'une idée. Langue, sensibilité aux régions et aux terroirs, sentiment d'appartenance, tout cela n'existe pas. Le jeune Pol Pot, qui admirait la terreur de 1793 était plus français aux yeux d'un Badiou, qui tressera des lauriers au Kampuchéa démocratique en 1979, que le paysan du Berry, car le paysan du Berry n'est pas une figure de l'Universel, il incarne l'horrible puanteur du particulier.

Plus généralement, et cela ne concerne pas que la gauche, les élites françaises sont frappées d'une étrange névrose: la prétention de s'identifier à l'universel alors que cette notion d'universel doit aujourd'hui se conjuguer au pluriel. Qui ne voit que l'islam est un universalisme rival du laïcisme républicain? Nous ne vaincrons pas l'islamisme avec des discours sur les valeurs de la République auxquels les jeunes radicaux sont imperméables puisqu'ils ont justement fait le choix d'autres valeurs, plus consistantes à leurs yeux: celles de la fraternité islamique. Nous devons affirmer que la France est un pays avant d'être une idée et que ce pays a une histoire qui ne doit rien à l'islam. Qu'il est porteur d'une langue et d'une culture, dont le rayonnement a été universel et l'est encore, dans une certaine mesure, grâce à la francophonie. Nous devons avoir le courage d'expliquer que la France n'est pas une formalité administrative et demander aux détenteurs extra-européens de la double nationalité de choisir entre leur nationalité affective et une nationalité fictive. Pourquoi Marocains et Algériens qui hissent leurs drapeaux à tout propos ne se contenteraient ils pas de la nationalité qui leur tient à cœur? Pourquoi la droite n'accepte-t-elle pas, comme le suggère Hervé Mariton, de mettre en cause un droit du sol qui est l'immaculée conception de ceux qui réfutent toute tradition? Qui ne sent que ce que l'on vous donne automatiquement, sans que vous l'ayez demandé, n'a guère de valeur, comme la rappelé un jour le psychanalyste Daniel Sibony? Redonner une valeur symbolique à la nationalité suppose de ne pas la partager avec qui la dénigre ou la tient pour rien. En réalité un formidable changement de perception de l'histoire nationale est intervenu dans les années 70, après la découverte des crimes de Vichy.

1356603311_895050_1356806763_noticia_normal.jpgLes Français étaient si fiers autrefois de «descendre des Gaulois»- même si c'était une filiation mythique - qu'ils ont eu la prétention extravagante d'expliquer aux Africains colonisés qu'ils en descendaient aussi! Aujourd'hui c'est l'inverse, le mot de Gaulois est devenu suspect pour ceux qui se pâment d'admiration pour tous les peuples premiers du monde, depuis les Toubous aux Inuit en passant par les Aborigènes d'Australie! Cette dévaluation est emblématique de la haine que certains portent aux origines et à l'histoire de leur pays. Une dénégation dont témoigne le discours fallacieux sur la France «pays d'immigration», laquelle a débuté, au milieu du XIXème siècle, dans un pays qui n'a cessé d'être occupé depuis le néolithique. L'historien Jean-Louis Brunaux rappelle que la France gauloise, à l'époque de Jules César, était peuplée par près de 9 millions d'habitants, voire plus! Mais les élites de ce pays ont dénié aux Français le droit d'avoir des origines, comme tous les peuples du monde, car qui dit origine dit identité, notion oiseuse ou dangereuse aux yeux des apologues de l'Universel. La France, pays de Vercingétorix et de Gambetta, mais aussi de Robespierre et de Pétain, n'était plus assez bien pour elles.

De Gaulle lui-même, dont le nom est douteux, a eu les élites intellectuelles de ce pays sur le dos. Un homme qui, en plein mai 68, alors que les niais du quartier latin braillent «CRS SS», s'adresse aux Roumains à Bucarest en ces termes: «Roumains et Français, nous voulons être nous-mêmes... c'est à dire l'Etat national et non pas l'Etat cosmopolite» se devait d'être mis à pied. Dites-moi par qui vous voulez être reconnu, je vous dirais qui vous êtes. Cette vérité est celle de tous les snobismes. L'élite intellectuelle française a préféré les Etats-Unis de Kennedy et la Chine de Mao à la France gaullienne, trop petite pour le rayonnement de sa vanité. Enfin l'Europe est arrivée à point nommé comme heureux moyen d'en finir avec l'histoire de France. La caste issue de Mai 68 fait aujourd'hui grise mine car le peuple qu'elle prétendait alphabétiser mais aussi les intellectuels, ont tendance à la ringardiser. Elle sait que son temps est compté, d'où la haine qu'exprime à l'égard de Michel Onfray, traître qui revendique ses origines plébéiennes, Gaulois perdu parmi une intelligentsia hostile. Certains Français, c'est un fait, n'ont jamais aimé leur pays mais les valeurs des droits de l'homme. Quand la France leur paraît faible ou défaillante, ils se découvrent citoyens du monde. Les bobolandais font parfois la moue quand on leur rappelle qu'ils sont Français, eux qui «se croient quelque chose dans le monde» (Saint Simon) parce qu'ils racontent leur vie sur Facebook. La noblesse propre à un certain patriotisme est l'inverse de cet état d'esprit: on n'oublie pas son pays quand il est blessé, on ne l'accable pas quand il est affaibli. Péguy, Camus, Simone Weil sont là pour nous le rappeler: les vrais esprits forts sont toujours du côté des plus faibles.

Paul-François Paoli (Figaro Vox, 14 janvier 2016)

samedi, 09 janvier 2016

2015 : année du drame identitaire et de l’autisme gouvernemental

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2015 : année du drame identitaire et de l’autisme gouvernemental

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les mots-clé de 2015 en France, c’est « Charlie », « Bataclan », « Front National » et « Corse ». Le mot-clé de 2015 en Europe, c’est la crise migratoire. Tous ces mots illustrent à eux seuls l’effondrement du système politique en place depuis 1945, et depuis 1990 pour ce qui concerne l’Europe centrale et orientale. A l’affrontement entre un bloc atlantiste et un bloc soviétique a suivi la domination sans partage du mondialisme né de la victoire finale du premier camp sur le second. Ce mondialisme d’essence totalitaire, reposant sur un certain nombre de mythes et de (non-)valeurs, et notamment sur le caractère positif des phénomènes migratoires contemporains, a engendré en conséquence des réactions identitaires, certaines légitimes et d’autres qui le sont moins.

Les dirigeants d’Europe occidentale l’ont tous à un moment ou à un autre reconnu. Le modèle multiculturaliste (« multikulti ») a échoué sur toute la ligne. Il ne pouvait en être autrement. Promu uniquement par une classe politique sans cervelle, ou corrompue moralement, il n’a jamais reçu l’assentiment des peuples, bien au contraire. Cette idéologie de l’hyper-classe est même totalement déconnectée du réel.

Jusqu’à présent, le système en place taisait ses méfaits ou les présentait même contre tout bon sens comme des vertus. Malgré les émeutes de 2005 en France et celles de 2010 au Royaume-Uni, et malgré les évènements tragiques de l’année 2015, il maintient ses postulats de principe. Il ne veut pas reconnaître son impact en matière de criminalité, préférant cacher le nom des coupables alors qu’il n’a pas d’état d’âme à afficher le visage des victimes. Tout l’appareil étatique et tous les media, dont la veulerie quotidienne montre qu’ils sont à sa botte, ce qui est indigne dans une prétendue démocratie, assènent les « vérités » d’une caste protégée dans ses tours d’ivoire ou du moins qui se croit protégée. Quant aux victimes de cette barbarie d’importation, qu’on ose nous présenter comme endogène, elles ne comptent pas, une fois qu’a eu lieu l’instrumentalisation de leur mort par un pouvoir en berne dans les sondages mais sans scrupule.

Il suffit de songer à la façon dont les migrations clandestines massives que l’Europe subit, et de manière démultipliée en 2015, sont traitées par le pouvoir politico-médiatique. Au lieu de se prémunir contre des flux migratoires non désirées, de mettre en place des dispositifs dissuasifs, nos gouvernants ne font rien. Ils déplorent parfois le phénomène, tout en prônant un fatalisme démoralisateur, mais préfèrent culpabiliser les Européens, leur faisant porter le poids d’une responsabilité qui n’est pas la leur. Angela Merkel (CDU) a même tenu un discours suicidaire en évoquant un devoir moral justifiant d’accueillir concrètement n’importe qui sur le sol allemand pour peu qu’il se présente comme un « réfugié ». Alors qu’une extrême minorité parmi les personnes concernées, et notamment les chrétiens de Syrie et d’Irak, pourrait concrètement être considérée comme menacée au point de devoir tout abandonner, et ce sont ceux d’ailleurs qui n’ont reçu aucune aide, les autres profitent du laxisme de nos dirigeants pour s’engouffrer dans la brêche. Leur motif est purement économique et d’ailleurs l’appel du patronat allemand en leur faveur ne doit pas tromper.

En outre, au nom de quoi il serait le devoir de l’Europe de payer le prix des égarements coupables du Moyen-Orient. Pourquoi les richissimes pétro-monarchies du Golfe Persique ont-elles le droit de les refuser, et d’ailleurs ceux-ci ne cherchent même pas à se présenter à leur porte, mais que les Européens n’auraient pas le droit en revanche de leur indiquer la leur ? Mais ce droit, on leur refuse, on nous le refuse. Nous devons subir et avec le sourire ce que nous sommes en droit et que nous devrions même être en devoir de refuser. Et pour nous contraindre à accepter cette injustice, des images extraites de la propagande turque sont exploitées pour nous culpabiliser davantage. Voilà Hollande et Merkel contraints par leur lâcheté de « négocier » en position de soumission avec le tyranneau d’Ankara pour que celui-ci veuille bien garder sur son territoire plusieurs millions de migrants. Pourtant ce n’est pas Poutine, qu’on sanctionne économiquement, qui encourage bien au contraire les fous d’Allah de l’Etat Islamique, mais bien Erdogan. Mais c’est avec ce dernier qu’on pactise à coups de milliards d’euros pourtant durement gagnés par les travailleurs européens. Et on ose même relancer le processus d’adhésion de ce pays asiatique et musulman à une construction européenne en panne.

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Les conséquences de cette folie collective qui atteint nos dirigeants ne se sont pas faits attendre. Elles se sont manifestées en premier lieu dans les urnes. Le Front National a été le premier bénéficiaire de cette crise identitaire. A tort ou à raison, il est présenté par les partis du système en place comme son adversaire principal, voire même unique, et donc comme sa seule alternative sérieuse. Avec près de 28% des voix aux élections régionales de décembre 2015, le FN a fait retentir un véritable coup de tonnerre dans un ciel calme. Au premier tour il était même en mesure sur le papier d’emporter plusieurs régions.

A coups d’amalgames fallacieux, de manipulations médiatiques attisant des peurs irrationnelles et d’un matraquage quotidien pendant une semaine, le pouvoir en place a empêché le FN de gagner la moindre région. Alors que la menace qu’il représente est fictive, et qu’il est bien loin lui-même de remettre en cause tous les paradigmes qui ont amené la France et l’Europe à la situation actuelle que nous connaissons, et notamment ces principes universalistes qu’on ose mensongèrement présenter comme « républicains », nous avons eu droit à « Hitler ad portas ». Si le programme du FN sur l’Europe est mauvais et repose sur une mythologie souverainiste, ce n’est pas sur ça que la critique a porté. Le FN a été présenté comme le « parti de la remigration », ce qu’il n’est plus depuis les années 1990, à supposer qu’il l’ait jamais été, et c’est aussi l’une des raisons de son succès. On lui prête donc un crypto-programme qui n’est pas le sien mais qui correspond  en revanche à celui de ses partisans.

Les évènements récents de Corse illustrent également ce décalage entre la théorie multiculturaliste et la réalité identitaire. Alors que les régionalistes corses ont connu un beau succès électoral, des citoyens de Corse ont décidé de mettre fin à la zone de non-droit d’Ajaccio, suite à l’agression dont des pompiers furent victimes par des bandes organisées « issues de la diversité ». Ce sont bien sûr eux qui sont mis en accusation par les pouvoirs publics, alors que les coupables de la lâche attaque initiale courent toujours. Et les figures régionalistes corses font profil bas, admettant les poncifs universalistes d’un régime qu’ils prétendent combattre. Difficile en effet d’émanciper la Corse de la tutelle « jacobine » en reprenant tous les dogmes de cette dernière. Encore une fois, les « élites » politiques donnent tort au peuple dont ils président aux destinées alors que c’est lui qui, en démocratie, est normalement le seul souverain.

Elites mondialisées contre peuples identitaires. Voilà la vraie opposition en Europe. Et à un moment donné, le peuple finit toujours par se faire entendre et à se doter des chefs que le système en place lui refuse. Si les réactions identitaires actuelles sont légitimes mais débouchent sur des impasses politiques, électorales ou non d’ailleurs, cela ne durera qu’un temps.

Les leçons tragiques de 2015 n’ont pas été retenues ni même apprises par les dirigeants de la France et de l’Union Européenne. En conséquence elles sont amenées à se répéter en s’aggravant et ce seront là encore les Européens qui en seront les premières victimes. Mais nous ne pouvons pas attendre de salut de la part de ceux-là même qui nous ont mis dans cette situation. Les maux du système en place disparaîtront avec ceux qui l’ont installé.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

mardi, 05 janvier 2016

Laurent Ozon fait le point sur radio Courtoisie

Laurent Ozon fait le point sur radio Courtoisie dans le libre journal de Martin Peltier

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samedi, 26 décembre 2015

Elections parlementaires espagnoles – du bipartisme au quadripartisme

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Elections parlementaires espagnoles – du bipartisme au quadripartisme

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

A 97% du dépouillement, les résultats des élections parlementaires espagnoles de 2015 sont désormais connus.  Le Parti Populaire sortant perd près de 16 points par rapport à 2011 avec 28.7% des voix seulement et connait donc une sévère déconvenue, plus forte encore qu’elle n’était annoncée par les sondages. Le Parti Socialiste (PSOE) avec 22.1% des points (-7.5 points) n’en bénéficie aucunement.

Les listes Podemos, à savoir Podemos stricto sensu et les listes affiliées (En Comu Podem, En Marea, Es El Moment), totalisent 20.7% et talonnent donc la gauche sociale-démocrate. Les républicains catalans (ERC) obtiennent 2.4% des voix, tant que l’extrême-gauche d’Unité Populaire obtient 3.7%. Les deux partis basques (PNV et EHB) obtiennent 2.2% des voix. Enfin le Parti Nationaliste des Canaries obtient 0.25% des voix et un siège à l’assemblée.

Les deux formations de droite qui pourraient s’associer au Parti Populaire dans le cadre d’une coalition sont Ciudedanos (« Citoyens) avec 13.7% des voix et le mouvement Démocratie et Liberté (droite catalane) avec 2.3% des voix.

En nombre de sièges, la barre fatidique étant de 175 sièges pour disposer d’une majorité, la droite au sens large obtiendrait 169 sièges (121 sièges pour le PP, 40 pour Ciudedanos, 8 pour le DIL), tandis qu’une coalition PSOE/Podemos serait à 159 sièges (92 pour le PSOE, 67). Le mouvement catalan ERC avec 9 sièges pourrait permettre à la gauche de s’imposer, avec le soutien éventuel des formations basques (8 sièges) et de l’extrême-gauche, Unité Populaire ayant obtenu deux sièges. Cette coalition serait tout de même très fragile et impliquerait de fortes concessions à l’égard de l’ERC catalane. De même le Parti Populaire aura du mal à bâtir une majorité sur une ligne réservée quant aux autonomies régionales.

L’extrême-droite quant à elle reste à un niveau résiduel, 0.04% pour FE-JONS (0.03) et Democracia Nacional (0.01%) réunis. Autant dire qu’elle est anecdotique. Pourtant, un mouvement de droite populiste, éloigné des nostalgies incapacitantes de ces deux formations (sans oublier les absents – Europa 2000, MSR… etc), aurait certainement les moyens d’émerger politiquement. La « Plataforma y Espana » qui devait exister a été abandonnée suite aux scissions et échecs du mouvement PXC (Plataforma y Catalunya) qui devait en être la base.

Le bipartisme traditionnel espagnol a littéralement explosé. Podemos et dans une moindre mesure Ciudadenos ont émergé comme cela avait été annoncé, et ce au détriment du PP sortant mais aussi de l’alternative systémique PSOE. L’Espagne risque bien d’être ingouvernable ou dirigée par un parti minoritaire, otage de différentes formations plus ou moins radicales (à gauche) ou des régionalistes. L’extrême-gauche classique est également marginalisée, à l’instar des communistes (0.13% des voix).

Podemos, qui est l’équivalent espagnol de Syriza mais surtout d’un mouvement portugais en expansion, le Bloc de Gauche (10.2% des voix aux élections législatives portugaises), et se situe donc bien à gauche, est en train petit à petit de remplacer le PSOE. Cette radicalisation sur la gauche n’est pas un bon signe pour l’Union Européenne actuelle, et manifeste la montée d’une colère populaire contre les politiques d’austérité menées depuis ces dix dernières années, sans réussite significative qui plus est.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

lundi, 21 décembre 2015

La guerre des trois aura lieu

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La guerre des trois aura lieu

par Georges FELTIN-TRACOL

À seize mois de l’échéance présidentielle, le résultat final des élections régionales de décembre 2015 rend compte de l’état du rapport de forces politiques à moins que François Hollande décide de réviser par référendum la Constitution sur certains points précis (réforme du Conseil supérieur de la magistrature, inscription de l’état d’urgence, peut-être droit de vote des étrangers aux élections locales) ou démissionne et se représente aussitôt, créant une surprise certaine qui déstabiliserait l’opposition de droite – centre-droit. Les Républicains (LR) affûtent déjà leurs couteaux pour la fameuse primaire à l’automne 2016.

 

La récente élection hivernale confirme la vive conflictualité entre trois pôles de poids à peu près équivalents que la collusion, réclamée par les sociaux-libéraux du PS et les progressistes du centre, ne peut être que factuelle et provisoire. Les régionales entérinent la tendance enregistrée lors des législatives partielles de 2013 – 2014, des européennes de mai 2014 et des départementales de mars 2015, une tripolarisation de la vie politique hexagonale.

 

Le premier ensemble coïncide avec la majorité présidentielle édifiée en 2012 grâce à une entente de fer entre le PS et les radicaux de gauche qui sut bon an mal an intégrer les Verts, l’inaudible Front de Gauche et les ultimes adhérents du MRC. Or ce pôle se trouve maintenant désuni avec les tenants d’une politique progressiste sociale-libérale autoritaire (Valls, Macron, Cazeneuve, Placé) et les partisans d’une autre politique anti-austérité qu’on retrouve chez les Verts, le Front de Gauche et les frondeurs du PS. Aucune réconciliation n’est possible surtout si les opposants de gauche parviennent à se donner un candidat commun (Cécile Duflot ? Clémentine Autain ? Jean-Luc Mélenchon ? Pierre Laurent ?) capable d’empêcher François Hollande d’accéder au second tour de la présidentielle.

 

Le deuxième pôle correspond à l’attelage LR – UDI ainsi qu’aux divers-droite et même au MoDem. Or, outre des rivalités personnelles entre François Bayrou et Jean-Christophe Lagarde qui n’arrive d’ailleurs pas sur le plan intellectuel à la cheville du premier, le parti LR entre dans une longue période de turbulence du fait de la primaire. Nicolas Sarközy entend se venger de sa défaite méritée en 2012, mais face à lui se dressent déjà le cheval de retour Alain Juppé, Bruno Le Maire, l’égérie d’une gauche morale bo-bo Nathalie Kosciusko-Morizet ou Christian Estrosi dit la « Girouette niçoise », Jean-François Copé, François Fillon, le libéral-conservateur Hervé Mariton. Cacophonie et zizanie restent les mamelles nourricières d’une formation qui ne vise qu’à sauver ses prébendes.

 

Le troisième pôle concerne les forces « protestataires » qualifiées de « populistes ». À côté du FN, vainqueur paradoxal des trois derniers scrutins puisqu’il n’a remporté aucune collectivité territoriale tout en dépassant en nombre de voix le résultat de Marine Le Pen en 2012, et les autres listes souverainistes telles Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, ou droitistes de Jacques Bompard et Jean-Claude Martinez. On doit aussi y inclure les listes régionalistes du divers-gauche pro-« Bonnets rouges » Christian Troadec, « Oui la Bretagne » (6,71 %), et présentées en Corse. Même si le mouvement frontiste ne se déchire pas comme le font le PS, le Front de Gauche, les Verts et LR, il n’en demeure pas moins tiraillé entre une ligne étatiste nationale-républicaine anti-euro défendue par Florian Philippot, et une ligne nationale-conservatrice libérale décomplexée représentée par Marion Maréchal – Le Pen. Les électeurs frontistes se fichent bien de ces dissonances parce qu’ils expriment surtout leur refus de l’immigration et de la mondialisation et que les discours frontistes correspondent aux attentes locales.

 

Les deux premiers pôles (PS et LR) se composent de la même homogénéité géo-sociologique (les fonctionnaires, les cadres moyens et supérieurs, les retraités vivant dans des aires métropolitaines connectées aux flux mondialisés marchands). Le troisième pôle — revendicatif – populiste — se caractérise en revanche par une très forte hétérogénéité sociologique qui en fait le seul « bloc » vraiment « inter-classiste », d’où la nature complexe du néo-FN qui est passé du nationalisme des origines (1972 – 1986) et du national-populisme tribunicien (1986 – 2011) à un populisme assumé depuis 2011, année de l’accession de Marine Le Pen à la tête du parti.

 

Une terrible guerre des trois se jouera donc en 2017, quand bien même les principaux auteurs ne sont pas encore totalement connus (Hollande ou Valls ? Sarközy, Juppé, Le Maire, Copé ? Marine Le Pen ou Marion Maréchal – Le Pen ?). Cependant, ce conflit politique en préparation ne doit pas occulter une autre rivalité, d’ordre moins politicien, opposant trois sensibilités de l’« anti-gauche ». Entre le conglomérat LR – UDI et le FN tente en effet d’émerger une tierce droite qui rassemblerait des tendances de l’ex-UMP (Droite sociale de Laurent Wauquiez, Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, Droite populaire de Thierry Mariani, Lionnel Luca et Jacques Myard), quelques éléments nationaux-chrétiens épars, rescapés du villiérisme et de La Manif pour Tous ainsi que, peut-être, certains proches (des éclaireurs ?) de Marion Maréchal – Le Pen. Cette ligne serait défendue par l’ancienne éminence grise de Sarközy, Patrick Buisson, et des journalistes à Valeurs actuelles parmi lesquels Geoffroy Lejeune, auteur d’un roman de politique-fiction, Une élection ordinaire (Ring, 2015), qui installe à l’Élysée Éric Zemmour ! Or, Éric Zemmour a gardé de ces lectures de Marx un point de vue marxien anti-libéral guère compatible à long terme avec le national-conservatisme libéral promu par cette mouvance droitière… En parallèle s’agitent dans le champ para-politique des experts de la récupération droitarde d’un catholicisme politique éculé, étriqué et épuisé via des « boîtes à idées », L’Avant-Garde et Phénix, dont les références sont l’ordo-libéralisme et une admiration pour le néo-thomisme de Jacques Maritain. Les parrains de cette initiative seraient ainsi Charles Millon qui dirigea un temps une Droite libérale-chrétienne (tout un programme !), son épouse, la philosophe catholique libérale néo-conservatrice et signataire en 2003 d’une pétition approuvant l’agression yankee contre l’Irak baasiste du Président Saddam Hussein, ou l’avocat Jacques Trémolet de Villers. La parution de la revue d’écologie intégrale (Maritain publiait en 1936 Humanisme intégral), Limite, s’inscrit volontiers dans ce projet qui écarte les questions identitaires fondamentales (l’ethnie et les races au sens de Julius Evola) et la légitime transformation des rapports sociaux dans l’entreprise en rompant avec le système capitaliste libéral au profit d’une coopérative cogérée.

 

Mais ces sordides considérations politiciennes ne doivent pas oublier une troisième guerre tripolaire, plus sociologiques celle-là que les actuelles tendances politiques auraient tort de négliger, de sous-estimer ou de mépriser parce que la tripolarisation n’atteint en réalité que la moitié environ des électeurs. Cet autre « bloc » anti-politique hautement composite, est l’abstention. Si le bloc contestataire populiste, potentiellement révolutionnaire, exprime une dissidence politique assumée, l’abstentionnisme signifie toujours une sécession civique radicale. Toutes les études politologiques évoquent néanmoins d’évidentes proximités géographiquement et sociologiquement marginalisées entre la masse abstentionniste et les électeurs mécontents et prêts à renverser la table. L’abstentionniste est un électeur FN en puissance ou, plus exactement, l’électeur frontiste est un abstentionniste repenti par intermittence. Par delà cette abstention structurelle massive s’ajoutent les quelques centaines de milliers de personnes non inscrites sur les listes électorales qui marquent leur complète indifférence envers une vie politique sclérosée. Cette remarque ouvre au pôle populiste – contestataire des perspectives réjouissantes si les nombreux abstentionnistes décident de se mobiliser en faveur d’une véritable rupture politique.

 

Entre ces deux manières d’exprimer une défiance légitime s’intercale un tiers pôle, plus mineur, qui regroupe les votes blancs (2,41 %, puis 2,80 %) et nuls (1,58 %, puis 2,07 %). Ces deux votes traduisent aussi l’exaspération d’électeurs insatisfaits qui refusent d’apporter leurs voix aux listes sarközystes ou qui devinent la vacuité du pouvoir politique.

 

Loin de la simple actualité politicienne, la triple « guerre des trois » démontre le désenchantement des citoyens. L’action politique seule ne suffit pas. Celle-ci s’agence par symbiose avec le travail social, caritatif, écologique, syndical, culturel et militaire. Pour preuve, la victoire de la coalition régionaliste – autonomiste – indépendantiste à l’Assemblée territoriale de Corse. Seule bonne nouvelle de cette élection régionale.

 

Georges Feltin-Tracol


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mardi, 15 décembre 2015

Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

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Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Ce dimanche, je suis donc allé faire mon devoir citoyen. L’affiche du candidat de droite était à moitié déchirée, la tête du candidat du Front National recouverte de peinture noire et celle du candidat socialiste, qui s’est maintenu contre l’avis de l’appareil PS, affublée d’une moustache hitlérienne et du mot « collabo ». C’est dire si l’hystérie « antifasciste » qui a occupé tout l’appareil politico-médiatique depuis une semaine est forte. Cette manipulation collective téléguidée depuis Solférino fait insulte à notre démocratie.

Au final, elle a été payante. Le Front National échoue à s’emparer d’une seule région et en pourcentage, même s’il progresse en nombre de voix, il ne progresse guère, même en duel. Marine Le Pen est battue dans un rapport 42/58 par Xavier Bertrand (LR) tout comme Marion Maréchal Le Pen (44/56 face à Christian Estrosi). Et même en triangulaire, Florian Philippot échoue face à la droite (47/36 en faveur de Philippe Richert). Enfin, en Languedoc-Roussillon-Midi, Louis Aliot n’obtient que 34% des voix environ, la droite ayant même renforcé sa troisième place (21.5% environ contre 18% au premier tour). Aucun vote utile en sa faveur n’a finalement eu lieu.

La droite est également punie pour avoir joué la stratégie du PS. Si elle gagne bien les trois régions au détriment du FN grâce au désistement du PS, ce qui en fait aussi son otage, elle en aurait laissé filer au moins deux autres. Le PS aurait ainsi gagné cinq régions, alors que les sondages à l’origine ne lui en promettaient que trois, et ce grâce au maintien d’un FN fort, notamment dans le Centre et en Franche-Comté/Bourgogne. Toutefois, les résultats à cette heure sont encore très serrés. La Normandie serait finalement gagnée par la droite par une avance de seulement 0.3% des voix (Hervé Morin).

Les Franciliens auront en revanche su se préserver d’un retour du PS, Valérie Pécresse ayant de justesse (44 contre 42%) battu Claude Bartolone, dont les propos europhobes (« anti-blancs ») ont été ainsi sanctionnés. En effet, le candidat FN perd quatre points (de 18.2 à 14.2%) en faveur de la droite. Le vote utile n’a visiblement fonctionné qu’en Ile de France.

La droite « la plus bête du monde » en la personne de Nathalie Koscziusko-Morizet a même réussi à considérer les résultats de ce soir comme une « grande victoire » alors que c’est une défaite puisque la gauche s’en sort finalement très bien, alors que son bilan gouvernemental est catastrophique et que tous les signaux sont au rouge. Quant aux malheureuses victimes des crimes islamistes, elles sont oubliées. Aucune leçon n’aura été apprise et la sanction du premier tour aura été vite oubliée.

Au final, le Front National, même s’il augmente nettement le nombre de ses voix et surtout le nombre de ses conseillers régionaux, a échoué. La progression de la participation a globalement joué contre lui. Cette mobilisation plus ou moins artificielle au nom d’une « république » fantasmée et gravement dénaturée lui aura été fatale. Même si Marine Le Pen a réussi à relever le niveau du plafond de verre de plus de dix points, sa dédiabolisation a montré ses limites. Elle porte malgré elle une tunique de Nessus dont elle est incapable de se débarrasser malgré les nombreuses concessions de forme mais aussi de fond qu’elle a acceptées. Cela donne en partie raison à son père, même si les provocations rhétoriques ne sauraient constituer une alternative crédible non plus.

elections-regionales-france2015-3ec91ce55a1bd3e76e6b091e38e111b4600b35e8-506x660.jpgOn voit mal comment, alors que son parti est incapable de gagner un second tour dans deux des régions qui lui sont le plus favorables, elle serait capable de gagner les présidentielles en 2017, même en ayant 30% des voix au premier tour. La leçon est donc amère, même si officiellement les dirigeants du parti estiment que ces résultats sont une victoire. Le fait de n’avoir emporté aucune région pose question quant à la définition qu’ils donnent du mot « victoire ». En politique, les symboles comptent davantage que des données statistiques. C’est l’échec d’une stratégie (le « tout national ») et d’une ligne (la dénonciation de l’UMPS). Marion Maréchal-Le Pen réussit toutefois mieux que sa tante (45% chez elle contre 42% chez la seconde).

Plusieurs leçons à son sujet peuvent être tirées :

-    d’abord que la diabolisation médiatique de ce parti, malgré ses nouvelles personnalités et son nouveau discours, est encore efficace. Son programme anxiogène en matière économique et inutilement europhobe n’a certes pas contribué à améliorer son image.

-    ensuite que le cadre national est verrouillé et qu’il est absurde de s’entêter à ne voir de salut politique que dans ce seul cadre. Le cadre européen serait davantage prometteur pour un mouvement adoptant alors une ligne plus identitaire et « remigrationniste », puisque c’est ainsi qu’il est de toute façon perçu par ses électeurs naturels, malgré ses dénégations et ses appels inaudibles à bénéficier aussi du soutien électoral de « banlieues patriotes » composées de « compatriotes musulmans ».

-    enfin qu’il n’y a pas et il n’y aura pas de solution nationale et que 2017 n’est pas un véritable enjeu électoral. La solution ne peut être qu’européenne. Le problème est que pour le moment, en l’absence d’un parti identitaire européen, renforcé et médiatisé, il n’y a simplement aucune solution sur le terrain. Mais au moins l’espoir de l’émergence d’un tel parti et de son succès éventuel existe-t-il encore.

Dans une France où la droite au sens large est très majoritaire, la gauche continue de dominer électoralement et fait mieux que de limiter la casse. Ces élections régionales ont par ailleurs montré que dans le cadre actuel, et malgré des évènements dramatiques, le système se défend bien. Au prix des règles élémentaires de la démocratie. Que le FN après tout ait été à la tête de plusieurs régions, par la volonté des électeurs, où il aurait pu montrer sa compétence ou son incompétence, n’était pas scandaleux. Et le fait que les listes du PS aient eu le droit de se retirer, ce qui est contraire aux principes mêmes de ces élections régionales, est proprement scandaleux. Nous noterons que le candidat du PS dans l’Est, Jean-Pierre Masseret, a eu raison de se maintenir contre la décision de Cambadélis (PS) puisque la région n’a pas été gagnée par le FN et que la gauche y sera donc représentée, ce qui ne sera le cas ni dans le Nord, ni en Provence.

Thomas Ferrier (PSUNE/LBTF)

Addendum: Les nationalistes corses (menés par Gilles Simeoni), clairement identitaires dans l'âme, remportent le second tour avec 35.4% des voix contre 28.5% pour le PS, 27.1% pour la droite et 9.1% pour le FN. Néanmoins ils ne disposeront que de 24 sièges et devront donc trouver des alliés.

Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

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Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce soir au 2e tour des élections régionales, les discours de tous les dirigeants politiques proclament à l'envie que le gouvernement comme leurs propres formations doivent se donner des objectifs marquant un changement radical. Mais aucun d'entre eux ne précise en quoi devrait consister ce changement. Ils ont pourtant eu au moins une semaine pour préparer des propositions de fond.
 
Puisqu'aucun d'eux ne l'a fait, et que François Hollande on peut le craindre ne le fera pas davantage, que l'on nous permette de reprendre les propositions que nous avons plusieurs fois formulées sur ce site. Celles-ci  recueillent un accord presque unanime de notre comité de rédaction comme des lecteurs qui nous font part de leur opinion.

Les priorités devraient être les suivantes, par ordre d'importance:

1. Emploi et développement

- Consacrer dans les prochaines années au moins 100 milliards d'investissement par an dans les technologies et industries du futur. Cela résoudra ce faisant très largement les problèmes d'emploi.

- Pour financer ces investissements, obtenir de la Banque centrale européenne qu'elle dégage au profit de la France les euros nécessaires. Rien ne l'empêchera d'ailleurs d'en faire autant pour d'autres Etats. L'euro ne s'en porterait pas plus mal. Cela ne pourrait en aucun cas générer un cycle inflationniste, mais au contraire un cercle vertueux investissement- retombées productives.

- Si l'Union européenne s'y refuse, décider que la France le fera seule, en s'affranchissant autant que de besoin des règles de l'union monétaire et de l'Union européenne. Elle mettra en oeuvre, comme elle l'a fait pour le Pacte dit de Sécurité un nouveau Pacte dit de Développement Productif.

2. Sécurité

- Refuser toute augmentation des migrations venant des pays du Proche et Moyen Orient, au delà d'un contingent maximum assimilable ne dépassant pas quelques milliers d'individus par an.

- Continuer à renforcer les moyens de l'armée, de la police et de la justice, renforcement aujourd'hui à peine esquissé.

3. Politique internationale

- Se rapprocher immédiatement de la Russie et en deuxième lieu de la Chine, représentants du Brics, pour convenir de politiques conjointes de développement industriel et de recherche scientifique (une partie des 100 milliards visés ci-dessus pouvant leur être affectée). Parallèlement des politiques de défense coordonnées devraient être mises en place, dans les domaines où ces pays, comme la France, sont également menacés.

- Ne plus tenir compte ce faisant des menaces, chantages et campagnes d'intimidation en vue de provoquer un changement de régime que les Etats-Unis réservent à tout pays souhaitant s'affranchir un tant soit peu de leur domination.

***


Inutile d'en dire plus dans cet article, sauf à souligner que, selon nous, de tels changements de politique répondraient certainement aux attentes de la plupart des électeurs, y compris de ceux du Front National (qui représentent ne l'oublions pas ce soir près de 40% de l'électorat). Ils devraient aussi mobiliser les abstentionnistes. Manifestement ceux-ci ne trouveront pas dans la quasi-reconduction des politiques actuelles des raisons pour aller voter lors des prochaines élections nationales et présidentielle.

 

lundi, 14 décembre 2015

Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

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Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

Ex: http://www.polemia.com

Entretien réalisé par le Figaro avec Christophe Guilluy dans l’édition du 9 décembre 2015 et présenté par Michel Leblay pour Polémia.

Christophe Guilluy, consultant auprès de collectivités locales et d’organismes publics, se présente comme « géographe »

♦ Christophe Guilluy, dont les travaux sont connus sur la sociologie du vote en faveur du Front national, analyse les différentes fractures qui expliquent ce vote. Outre celle qui sépare les métropoles de ce qu’il appelle la France périphérique, il y a la fracture culturelle liée à l’immigration qui l’emporte sur la fracture sociale mais il y a aussi, point très important, la fracture entre les générations. Les jeunes votent très majoritairement pour les listes de droite et du FN. Enfin, dernier élément et non des moindres, au sein des jeunes générations, il remarque la fracture identitaire, en cours, entre la jeunesse issue de l’immigration (avec un vote spécifique qui apparaît : Union des démocrates musulmans) et cette jeunesse habitant « les territoires ruraux et périurbains ».

guilluyFractures-francaises_4753.jpegLe vote pour le Front national se révèle une expression identitaire qui prévaut sur la question sociale, laquelle néanmoins s’y ajoute. Cette expression est plus forte parmi la jeunesse que chez les plus anciens. Enfin, elle se heurte à celle de jeunes issus de l’immigration, qui opposent leur propre culture musulmane à celle du pays d’accueil.

La France est confrontée à deux défis majeurs : sa situation économique et l’immigration.

La situation économique résulte de la rupture du modèle de croissance de l’après-guerre intervenue au milieu des années soixante-dix. Elle est à l’origine d’un chômage de masse. Dans un entretien télévisé du 20 janvier 1967, Georges Pompidou déclarait : « Nous devons considérer l’emploi comme un problème permanent ; en permanence en France il y aura un problème de l’emploi ; en permanence on devra veiller à ce que l’emploi soit assuré aux Français. Si un jour on atteint les 500.000 chômeurs, ce sera la révolution. »

Le chiffre de 500.000 chômeurs a été multiplié, statistiquement par sept, certainement plus dans la réalité. Pour autant, il n’y a pas eu de révolution ; seulement, depuis 1981, une alternance politique entre les partis traditionnels, aux élections générales. Le basculement politique, avec la montée du Front national, est venu de l’immigration et de ses conséquences ; en témoigne, notamment, le sondage d’Opinion Way publié le 7 décembre dernier au lendemain des élections régionales.

Parmi les motivations de leur vote, les électeurs du FN se prononcent à 74% pour la sécurité et à 76% pour l’immigration. L’idéologie marxiste réduisant l’histoire à la lutte des classes est bien morte.


L’entretien

LE FIGARO – Quelle est votre lecture du scrutin ?

Christophe GUILLUY – D’élection en élection, on s’aperçoit que la France périphérique (celle des petites villes, des villes moyennes et des zones rurales) est un phénomène réel, qui se cristallise. Cette grille de lecture sociale et spatiale explique la recomposition politique à laquelle on assiste depuis deux décennies. La carte politique traditionnelle s’efface au profit d’une dichotomie entre la France périphérique où vit 60% de la population et la France des métropoles, qui se renforce dans toutes les régions, y compris celles où le FN a fait un score plus faible – par exemple, en Bretagne, où le parti de Marine Le Pen a fait 18% : un score modeste par rapport à la moyenne nationale, mais très important pour le FN dans cette région.

guilluyLivre.jpgExiste-t-il désormais deux France ?

La dynamique provient des zones rurales, des petites villes et des agglomérations de taille moyenne, où se concentre la grande majorité des classes populaires et situées à l’écart des métropoles mondialisées. Le FN, à lui seul, capte près des trois quarts des votes des classes populaires. Il est logiquement surreprésenté sur ces territoires. Les logiques économiques accentuent cette rupture entre ces deux France puisque désormais l’essentiel des créations d’emploi se concentrent dans les grandes villes, et qu’au contraire l’emploi se désertifie dans la France périphérique. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire, les catégories populaires ne vivent pas là où se crée l’emploi. Cette situation se renforce au rythme de l’évolution du prix du foncier, ce qui contribue à ce que les grandes métropoles, et les gagnants de la mondialisation, s’enferment, telles des citadelles médiévales, derrière le mur invisible de l’argent.

Peut-on parler d’une fracture générationnelle?

56% des moins de 35 ans ont voté pour les listes de droite ou du FN. Chez les 18-24 ans, la droite et le FN atteignent même 61% des suffrages ! En fait, nous le disions avec le sociologue Serge Guérin depuis des années : le vieillissement de la population est le rempart au vote « populiste ». Un sondage Ipsos réalisé après les attentats montre que les plus de 60 ans sont deux fois moins tentés par le vote FN en raison des attentats que les plus jeunes : 5,7% contre 10,6% chez les 35-59 ans. Une partie d’entre eux sont effrayés par les propositions économiques du FN, notamment la sortie de l’euro. Il y a une vraie cohérence de classe dans le vote de la jeunesse. Les jeunes de la France périphérique touchés par le chômage, la précarité et la fin de l’ascension sociale ne votent pas comme les jeunes de la bourgeoisie urbaine mondialisée. Cependant, il existe deux jeunesses populaires : celle des banlieues et celle des territoires ruraux et périurbains. La réislamisation de la jeunesse de banlieue est parallèle au réveil identitaire des jeunes de milieux populaires de la France périphérique. Le vecteur n’est pas la religion mais le vote FN, car cette France est largement déchristianisée.

C’est le fameux clivage culturel…

Les classes populaires se déplacent d’abord pour protester contre l’immigration. Si leur premier ressort était la question sociale, ils voteraient pour le Front de gauche. Les catégories modestes s’inquiètent de la montée du chômage et de la dégradation du modèle social, mais également de l’insécurité culturelle, conséquence d’une instabilité démographique liée à l’intensification des flux migratoires. Nous assistons en fait au retour du conflit social et du conflit culturel. Le rêve de la mondialisation heureuse et d’un « peuple Benetton » a échoué ; cet échec est en train de revenir à la face des partis traditionnels avec une force sans précédent. Des attentats au vote FN, c’est la fin du rêve d’une société mondialisée et apaisée.

Croyez-vous à « un réveil citoyen » ?

Le fameux « réveil citoyen des abstentionnistes » qui iraient à mains nues faire barrage au FN fait partie de la pensée magique des partis de gouvernement et plus généralement des classes dominantes. La réalité, c’est que le profil sociologique de l’abstentionniste est le même que celui de l’électeur du FN. Le gros bataillon des votants de LR (retraités et bourgeoisie traditionnelle) ou du PS (fonctionnaires et bourgeois urbains) sont des couches qui ont toujours voté. S’il y a une réserve de voix chez les abstentionnistes, elle se trouve du côté du FN.

Le FN est un baromètre qui mesure l’inaction des partis au pouvoir. Il est la conséquence de l’amplification de la fracture sociale, spatiale et identitaire. En estimant que le vote FN est impulsif, l’expression d’une colère irréfléchie, on dénie aux classes populaires le droit de faire leur propre diagnostic. En faisant intervenir Pierre Gattaz, Laurence Parisot, BHL ou Dany Boon pour dire que le FN n’est pas républicain, économiquement nul ou crypto-fasciste, on fait progresser une défiance qui s’étend aussi aux médias et aux élites.

Va-t-on vers une recomposition politique ?

Le vote FN devrait continuer à progresser. A terme, cela provoquera soit l’implosion des partis traditionnels, soit leur recomposition interne. Sur le terrain, on observe que les élus locaux sont conscients des réalités ; ils ne sont pas déconnectés des problèmes des gens comme peuvent l’être les caciques des partis. Pourquoi, dès lors, les habitants n’ont-ils pas voté pour eux ces dernières élections ? Parce qu’ils ont compris que ces élus n’avaient aucun pouvoir au sein de leur propre parti et que les décisions étaient prises par les ténors qui sont élus dans les grandes métropoles. S’ils ne veulent pas être balayés par le FN, les élus de la France périphérique devront porter le fer à l’intérieur de leur appareil et faire naître des consensus au-delà des frontières partisanes… Si le PS et les Républicains assument leur statut de partis des grandes métropoles, il y a des places pour d’autres partis à côté du FN pour représenter la France périphérique. La consolidation d’un parti musulman en banlieue n’est pas à exclure non plus. On note que l’Union des démocrates musulmans français a réalisé une percée dans certaines villes de Seine-Saint-Denis ou des Yvelines.

Christophe Guilluy
Propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières

9/12/2015

Source : Figarovox/Grand entretien,

Correspondance Polémia – 11/12/2015

Image : Christophe Guilluy, Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro