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mercredi, 05 novembre 2014

La campagne électorale roumaine ou la valse des pantins

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La campagne électorale roumaine ou la valse des pantins

par Claude Karnoouh

Ex: http://rebellion.hautetfort.com

La campagne électorale pour les élections présidentielles de Roumanie est porteuse de quelques enseignements intéressant pour jauger du niveau politique des candidats et de ceux parmi les intellectuels qui les soutiennent directement. Particulièrement insipide ou simplement vide quand on écoutait ou lisait les professions de foi des candidats avec des mots d’ordre indigne d’une campagne politique qui doit désigner un homme possédant plus que le pouvoir exécutif comme l’a démontré le sortant Monsieur Basescu. Entre injures, diffamations et affirmations infantiles sur le fait que l’un est plus roumain que l’autre ou que l’un ne parle point en l’air, mais agit (il n’a pas fait grand chose dans les faits), que l’un a trois maisons et l’autres six maisons, entre les critiques d’un moralisme douteux énoncés par des candidats qui eussent mieux fait de s’auto-analyser avant que de chercher des poux dans le tête de ses concurrents, on ne peut pas affirmer que le débat a volé très haut, même quand certains candidats ont été épaulés par de « brillants »  intellectuels ou de véritables et très bons acteurs, chacun par ailleurs étant en effet libre de ses affiliations y compris avec le diable !

Toutefois le thème de la géopolitique aurait mérite d’être abordé avec un peu plus de sérieux que des discours farcis de creuses promesses ou des distributions de sacs en plastic remplis de nourritures, voir, le bruit court, de sommes d’argent. Il s’agit d’un débat réel sur les alliances géopolitiques. Que ce soit Madame Macovei, ou Messieurs Iohannis, Ponta, Tàriceanu lorsque lorsqu’ils lancent des phrases comme fuyons les Russes, jetons-nous dans les bras des USA qui défendent la Roumanie, un rire sinistre me prend, non pas que la Russie n’a pas ses propres ambitions d’influences politiques, car ce serait naïfs que d’affirmer le contraire, et ne le suis point. Mais faire accroire le peuple que les USA, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie vont défendre la Roumanie, c’est soit être un ignorant politique soit un agent compradore et prendre les citoyens pour des idiots, ce qu’ils sont souvent il est vrai. Mais idiots ou non les citoyens sont électeurs, et c’est une grave faute éthique que de leur mentir sciemment. En effet, depuis quand les grands pouvoirs défendent-ils les intérêts des petits États. Comme le disait Churchill dans ses mémoires, « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. » Et donc comme auparavant, pendant l’occupation de la Roumanie par l’URSS, celle-ci défendait avant tout, et malgré ses discours sur la solidarité prolétarienne internationale, ses intérêts d’État bien avant les intérêts de la classe ouvrière roumaine, et grâce à un historien comme feu Constantiniu nous avons eu connaissance de la rage des Soviétiques lorsque les autorités communistes roumaines prirent leur autonomie géopolitique face aux stratégies de l’empire rouge comme l’illustra parfaitement le refus d’août 1968 d’intervenir avec les autres membres du pacte de Varsovie contre le Printemps de Prague ou de rompre les relations diplomatiques avec Israël tandis que les autres satellites les avaient clôt sous l’injonction de Moscou.

Aujourd’hui nous sommes confrontés à une situation inverse, sauf que le discours politique des élites politiques et de nombreux intellectuels est beaucoup plus trompeur qu’auparavant, en ce qu’elles affirment que les USA défendent les intérêts de la Roumanie. Depuis quand en effet de grandes puissance défendent-elles les intérêts d’autres puissances ? Est-ce que pendant la Seconde Guerre mondiale le IIIe Reich allié de la Roumanie a-t-il défendu les intérêts de la Roumanie ou simplement les intérêts bien pensé ou mal de sa stratégie ? Les Grandes puissances auxquelles après le 23-24 août 1944 la Roumanie s’était alliée contre ce même Reich ont-elles défendus les intérêts de la Roumanie contre les velléités soviétiques d’inclure la Roumanie dans son espace vital ? Si mes souvenirs de lecture sont bons, il y avait même en 1945 des articles dans la presse étasunienne qui rapportait la condamnation par d’éminents politiciens étasuniens des critiques émises par les partis roumains de droites ou de centre-droit à l’encontre des comportements déjà impériaux des Soviétiques à Bucarest ! Comment dès lors croire que les États-Unis en 2014 auraient changé de stratégie ? N’ont-ils pas abandonné le Sud-Vietnam à son triste sort quand la guerre n’avait plus d’intérêt pour eux et qu’une majorité de la population des États-Unis s’y opposait de plus en plus ? Cette grande puissance, et c’est son droit de grande puissance, défend ici et là dans le monde ses intérêts face à ses concurrents, la Russie postcommuniste, la Chine, l’Inde, l’Iran, les BRICS d’Amérique latine. Et dans ce grand jeu géopolitique elle a, pour le moment, besoin de la Roumanie à la fois pour y installer quelques bases militaires, mais, et ce n’est pas le moindre des enjeux pour en exploiter les matières premières au moindre coût et le marché au plus grand bénéfice. C’est cela qu’il aurait fallu dire aux citoyens afin qu’ils déterminent leurs choix politiques en connaissance de cause, car une autre politique serait possible, non pas sauter dans les bras de Russes, mais développer une habile politique de balance entre les deux pouvoirs, ce que les politiciens roumains de l’Entre-deux-guerres avaient entrepris entre l’Allemagne nazi d’une part et la France et la Grande-Bretagne de l’autre, mais l’effondrement militaire en juin 1940 de ces deux dernières rompit ce délicat équilibre, jetant le pays dans les bras de l’Allemagne par manque de courage des élites de refuser ses diktats, entre autre celui de Vienne. En effet exploiter les dissensions entre les grandes puissances au mieux des intérêts vitaux (politiques et économiques) de la Roumanie voilà qui pourrait protéger partiellement la Roumanie de n’être pas une simple colonie de Washington et de Bruxelles comme cela s’est mis fermement en place pendant l’époque Basescu, 2004-2014.

Dans le contexte des propagandes électorales nourries de telles illusions du whisful thinking et de tels mensonges, quel que soit l’heureux élu il ne sera jamais autre chose qu’une sorte de marionnette déléguée au maintien de l’ordre pour satisfaire à des intérêts dont nous savons par expérience qu’ils sont toujours contraires à ceux du pays en sa totalité.

Claude Karnoouh

Citoyen européen, Bucarest 1 novembre 2014

samedi, 01 novembre 2014

Destruction de l’Armée française et sacrifice de la Défense

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Destruction de l’Armée française et sacrifice de la Défense

Depuis maintenant près de trente ans, sous les gouvernements de droite de gauche, l’Armée française est sacrifiée. Dans ses effectifs, ses équipements, son budget. Analysons ce drame, le sacrifice de la Défense, son ampleur, ses causes, ses conséquences et ce qu’il faudrait faire pour y remédier. Bien entendu, les autres pays européens suivent la même voie funeste de diminution drastique des budgets de Défense. Ce qui donne l’impression que l’Europe, aux frontières ouvertes, baisse la garde.  Au moment même où les menaces intérieures et extérieures s’accroissent.

Sacrifier la Défense : une constante politique droite/gauche.

Chirac a été le premier à restreindre le budget militaire et a entamer la réduction du format des armées et même, à réduire les vecteurs de la dissuasion nucléaire aux composantes sous marines et aériennes en supprimant  les composantes  fixes et mobiles terrestres. Chirac, le pseudo-gaulliste, a entamé la démolition de l’armée française. Non pas tant en supprimant le service militaire qu’en inaugurant une diminution des effectifs et des budgets des armées professionnelles.

Aucune des LPM (lois de programmation militaire) n’a vraiment été respectée depuis trente ans. Non seulement on baisse régulièrement les crédits de l’armée française, mais les promesses de ”sanctuarisation” du budget de la défense n’ont jamais été tenues. Tous les gouvernements, adeptes du mensonge élastique,  se sont assis sur les besoins des armées. Avec à peine 1,9% du PIB, leur budget est ridiculement insuffisant.  

 Moins naïfs que les Européens et pas si bêtes, les Américains maintiennent leurs capacités militaires. Le budget du Pentagone représente 50% de tous les autres budgets militaires internationaux. Partout dans le monde, on réarme, sauf en l’Europe où l’on désarme. Depuis 30 ans,  l’armée ne cesse de fondre comme peau de chagrin ; un tiers des départements n’a plus de garnison ; cette désertification militaire provoque à la fois un délitement du tissu social et un recul de l’activité économique locale. Entre 2009 et 2019, au terme de la loi de programmation militaire en cours, l’armée professionnelle aura perdu 80.000 hommes, soit un quart des effectifs.  Beau suicide, accompli au nom de la ”rationalisation”. La loi de programmation militaire 2008-2014, votée par l’UMP et le PS, a sabré 54.000 postes. Les socialistes prévoient encore 23.500 suppressions d’ici 2019. Dissoudre des régiments, couper dans les budgets d’équipement ou les reporter, voici les principales missions des ministres de la Défense successifs. Aucun(e) n’a osé protesté, droite et gauche confondues, puisque leur carrière politicienne passe avant tout.

À la paupérisation des unités s’ajoute l’obsolescence des matériels. L’armée accomplit ses opérations dans des conditions acrobatiques. Les réformes successives de réduction du format des armées les ont affaiblies dans leurs capacités et minées dans leur solidité psychologique. On se dirige vers une situation de rupture, de la troupe comme de l’encadrement. L’armée est employée à 120% de ses capacités. Chaque année, la liste des régiments dissous s’accroit.. On s’attaque même maintenant à l’hôpital militaire du Val de Grâce ! Cette réduction globale des moyens et du format des trois armées avait commencé avec Chirac, preuve qu’il s’agit bien d’une politique (suicidaire) consensuelle partagée par la classe politicienne de droite comme de gauche.

Nos voisins et amis européens belges, néerlandais, italiens, espagnols, allemands,  scandinaves, portugais, etc. suivent la même politique de baisse des budgets de la Défense, négligeant leurs capacités militaires. La situation des armées allemandes, Bundeswehr, Luftwaffe et Bundesmarine, (seulement 1,4% du PIB ) est dramatique : plus de 50% des matériels des trois armes, déjà très réduits, sont hors d’usage, faute de crédits de renouvellement et de maintenance. Bien sûr, en tout, les Européens entretiennent 1,5 millions de militaires. Mais ces chiffres sont fallacieux et cachent une autre réalité : de moins en moins de soldats capables de se battre, des matériels hors d’usage, des moyens de transports déficients.  

Sacrifier la Défense : une ineptie économique.

 Sacrifier les dépenses et investissements de la Défense, en les considérant comme variables d’ajustement budgétaire est d’une stupidité économique totale à notre époque. Car le secteur de la Défense, porteur de hautes technologies aux retombées importantes multisectorielles, est capital pour les exportations et l’emploi. Restreindre les crédits d’achats et d’équipements pour l’Armée française induit une baisse des exportations de notre industrie de Défense, aéronautique, maritime,  terrestre, électronique, équipementière, etc. L’industrie de la Défense assure, de manière directe ou indirecte, par sous-traitance et retombées technologiques civiles, environ un million d’emplois. Et pas n’importe lesquels : des emplois hautement qualifiés, pas des balayeur ou des livreurs de pizzas. Sacrifier le budget de la Défense, c’est torpiller un peu plus l’industrie et la recherche françaises. Comme politique ”anti-croissance”, il n’y a pas plus efficace que de sabrer dans le budget de la Défense. Le programme spatial européen Ariane est la retombée directe de budgets militaires français sur les missiles.

Internet (dont la domination mondiale est américaine) est né grâce aux budgets de la défense du Pentagone. Les commandes du complexe militaro-industriel américain alimentent toujours le dynamisme des grands groupes américains, notamment informatiques et numériques. Idem en Chine. Le budget d’équipement de nos armées est le seul budget d’État qui soit  créateur, en termes de retombées technologiques dans tous les secteurs innovants. Et c’est le seul que l’on sacrifie. Cherchez l’erreur. Elle est le fruit de la bêtise idéologique.

Sacrifier la Défense : un ineptie idéologique et stratégique

Derrière cette diminution constante du budget de la Défense et de la réduction de la taille de l’outil militaire se cachent des relents d’idéologie antimilitariste et antipatriotique. Ainsi qu’une vision  pacifiste et irénique du monde, naïve et irréaliste. Mais il faut mentionner aussi une inconscience géopolitique : on s’imagine que le XXIe siècle sera pacifique, dominé par les négociations, les petites crises gérables, les interventions humanitaires des armées. Après l’effondrement de l’URSS, on s’est dit que toutes les guerres étaient finies et que seules ne compteraient plus sur une planète globalisée que les opérations de police ponctuelles. Or les conflits majeurs, les guerres de haute intensité ont autant de chance  de disparaître que le soleil de cesser de se lever chaque matin. 

Au moment où le monde s’arme, la France et l’Europe désarment. Très intelligent ! La Russie est le seul pays européen à accomplir un effort de défense et à essayer d’augmenter ses capacités. Mais on présente la Russie de Poutine comme agressive, comme un danger, un contre-exemple. C’est au contraire un exemple

Pour s’amuser, les chefs d’État (Sarkozy, puis Hollande) lancent des OPEX (Opérations extérieures), mini-guerres inefficaces, improvisées, en Afrique ou au Proche-Orient, avec de moins en moins de moyens, puisqu’ils coupent eux mêmes dans les budgets.  Pour ces OPEX, l’armée est à bout de souffle, en capacités ou en moral.  Moins on lui donne de moyens, plus on la sollicite sur des terrains extérieurs, et souvent pour des missions stupides et contre productives, lancées par des présidents de la République avides de se poser, de manière immature, en ”chefs de guerre”. Ces opérations inutiles et précipitées réduisent d’autant plus les budgets.

Prendre le budget militaire comme variable d’ajustement sacrificielle constitue une quadruple faute : sur le plan de la cohésion nationale, du rang international de la France (et de l’Europe), de la croissance économique et de la sécurité face aux menaces prévisibles et imprévisibles. Quand le ministre de la Défense, Le Drian, raconte qu’ « il faut faire porter aux armées leur part dans l’effort budgétaires du pays », il se moque du monde. Car, en réalité, seules les armées sont appelées à faire des efforts.

Où sont les efforts sérieux d’économie dans l’Éducation nationale pachydermique et impotente, les dépenses sociales délirantes de l’État Providence, les aides et allocations aux migrants clandestins, etc. ? En réalité, deux catégories ont été sacrifiées : les familles des classes moyennes (par hausses fiscales et coupes dans les allocations familiales) et les armées. Tout un symbole : la famille et l’armée. Tout ce que déteste sans l’avouer vraiment une oligarchie formatée selon certains dogmes idéologiques officialisés depuis Mai 68.

Les deux seuls secteurs qui ne devraient pas ”faire d’effort” dans la rigueur budgétaire mais au contraire bénéficier de crédits accrus sont précisément la politique familiale et la Défense ! Et c’est sur eux qu’on s’acharne ! Toujours ce suicide français. Les bla-blas politiciens flatteurs sur l’ ”armée, symbole de la République et de la Nation” ne doivent tromper personne.  Ils sont destinés à prévenir une possible révolte (sous forme de démissions d’officiers et de rébellion gréviste ?) des forces armées.

Questions polémologiques prédictives et inquiétantes

Il est facile de sacrifier le budget de la Défense, puisqu’on s’est habitué à ce les militaires (de tout rang) se taisent, obéissent, se sacrifient. Mais à un moment, trop c’est trop. La corde casse à partir d’un certain seuil de tension. Un risque d’implosion des armées existe, ce qui, depuis que nous connaissons ce qui s’est produit dans les légions romaines au IVe siècle, se nomme d’un terme dévastateur : la désobéissance. Les chefs militaires sont souvent tentés de créer un clash et de dire les choses clairement. Mais les dirigeants de la ”grande muette” renoncent et, en bons fonctionnaires obéissants, pratiquent la langue de bois ou se taisent. Pour combien de temps ?

L’armée est la colonne vertébrale de la Nation – de toute Nation pourvue d’une ambition de rang et de rayonnement, d’indépendance et de souveraineté –  parce qu’elle représente, d’un point de vue pratique et moral, l’organe de sa sécurité et de sa crédibilité. De plus, répétons-le, au XXIe siècle, les budgets de défense sont devenus des facteurs  centraux de cristallisation et de retombées technologiques et économiques de pointe dans la recherche et innovation (R&D) et les exportations. Les grandes et moyennes puissances mondiales l’ont parfaitement intégré.  Apparemment pas les gouvernements européens, ni les opinions publiques. Ce genre d’indifférence peut devenir dramatique. 

Au XXIe siècle, nous sommes entrés dans un monde ”plurimenaçant”. Les menaces sont polymorphes et viennent de partout.  La chute de l’URSS en 1991 a joué comme une gigantesque illusion pour les Européens. Qui peut savoir  – au delà de la ”menace terroriste” et de la ”cyberguerre” souvent exagérées – si l’Europe au XXIe siècle ne risque pas une guerre civile ethnique, une ”attaque intérieure” armée sur son propre territoire ? Voire même une agression extérieure sous une forme classique, voire nucléaire ? Les armées européennes seront-elles capables d’assurer la défense du territoire ? Au rythme actuel d’embâcle et de fonte des moyens, certainement pas. Et inutile de faire un dessin : la menace physique ne vient plus du tout de l’Est européen slavo-russe, mais du Sud et du Moyen-Orient. 

Et ce ne sont pas les Etats-Unis qui nous défendront. Notre seul véritable allié serait la Russie.

Faute d’une armée robuste et disciplinée, suffisamment nombreuse et équipée, la France ajoute encore un handicap aux autres. Pour l’instant, elle n’a pas encore, comme la Grande Bretagne, sacrifié sa dissuasion nucléaire, mais qui sait si nos politiciens pusillanimes ne vont pas être tentés de le faire ? La logique suicidaire est une pente savonneuse. D’autre part, un autre problème lourd se pose : le recrutement très important dans l’armée de personnels issus de l’immigration, notamment musulmane. Cette question, c’est le tabou absolu. Je n’aborderai pas ce point ici mais un parallèle éclairant doit être fait avec les légions romaines du Bas-Empire qui engageaient pour défendre Rome les frères de ceux qui l’assaillaient. On sait  comment la tragédie s’est terminée.  

La constitution d’une armée européenne, serpent de mer récurrent depuis la CED des années 50,  faussement revigorée depuis vingt ans par toutes les tentatives d’”euroforces”, franco-allemandes ou autres, est une impossibilité, qui s’appuie sur des gadgets. L’Europe n’a aucune politique étrangère commune, mis à part la blague des Droits de l’homme et la soumission volontaire à Washington et à l’OTAN.

Le Front National  a raison de protester contre le sacrifice du budget des armées. Il demande un minimum de 2% du PIB consacré à la Défense – ce qui est d’ailleurs encore insuffisant, il faudrait 3%. C’est un point positif dans son programme, par rapport à ses positions erronées socialo-étatistes dans l’économie. Mais il se méprend quand il affirme que c’est ”Bruxelles” qui oblige les pays européens à tailler dans leurs dépenses militaires ; même l’Otan incite au contraire à les augmenter !  Ce qui  pousse la classe politicienne française à tailler dans les budgets de Défense, c’est un mélange d’indifférence, de solutions de facilités à court terme et d’ignorance des enjeux stratégiques et économiques.  Il est tellement plus facile de sacrifier des régiments ou des commandes d’équipement que de s’attaquer à la gabegie de l’ État Providence.   

Les sept pistes à suivre

Examinons maintenant ce qu’il faudrait faire, dans l’absolu:

1) Rétablir le budget de la Défense à 3% du PIB minimum.

2) Honorer et augmenter les commandes de l’armée à l’industrie nationale de défense, dans les domaines terrestres, aéronautiques/spatiaux et  maritimes, mais aussi dans les budgets R&D.

3) Mettre en chantier un second porte-avion à propulsion nucléaire.

4) Rétablir les régiments dissous et durcir les conditions de recrutement.

5) Effectuer les commandes promises à la Russie de navires BPC.

6) Construire un ensemble techno-industriel européen de défense indépendant, avec obligation pour chaque pays de l’UE de pratiquer la préférence de commandes à l’industrie européenne et non plus américaine.   

7) Travailler  intelligemment à moyen terme, avec pragmatisme et  avec diplomatie à une dissolution de l’OTAN au profit d’une organisation militaire intra-européenne puis euro-russe. Sans que, bien entendu, les USA n’aient rien à craindre et ne soient désignés comme ennemis. Au contraire, ils pourraient être des alliés s’ils ont l’intelligence de comprendre qui sont les véritables ennemis communs.

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mardi, 28 octobre 2014

Schotse SNP heeft fascistische wortels

Karl Drabbe

'De vijand van mijn vijand is mijn vriend'

Schotse SNP heeft fascistische wortels

SC-Fasc.jpgEen recente historische roman over Londen en nazi-Duitsland loodst willens nillens naar een recente historische studie over fascisme in Schotland. Ook de SNP heeft fascistische wortels en hoopte via een overwinning van nazi-Duitsland Schotse onafhankelijkheid te bekomen.

Met Mist over Londen schreef C.J. Sansom recent een historische thriller die een wereldwijd succes werd. Eerder schreef hij over een vroegmoderne advocaat in het door Cromwell verscheurde Engeland en een historische roman die zich afspeelde tegen de achtergrond van de Spaanse Burgeroorlog. Mist over Londen is een what-if-roman; geromaniseerde counterfactional history: wat als de Britten in 1940 een pact zouden hebben gesloten met Hitler-Duitsland? Een moeizaam lezend boek, dat door zijn historische setting toch enkele wetenswaardigheden opwierp. Zoals het feit als zou de Schotse Nationalistische Partij SNP – de drijvende kracht achter het referendum straks op 18 steptember – niet onwillig geweest zijn voor de verleidingen en verlokkingen van het nationaal-socialisme. Pardon, dat in zijn geschiedenis erg linkse, zelfs trotskistisch geïnspireerde SNP dat flirtte met nazi-Duitsland? Les extrêmes se touchent? Of is het à la Mark Grammens: ‘de vijand van mijn vijand is mijn vriend’?

Het enige niet-vaderlandstrouwe element dat je op Wikipedia leest over de SNP is dat de toen jonge partij (opgericht in 1934) tijdens Wereldoorlog II campagne voerde tegen de conscriptie, de verplichte legerdienst om het Empire te verdedigen en Herr Hitler te bestrijden. 

Maar wie wat verder zoekt, leert dat de SNP wel wat vaker ‘fout’ was, zoals dat heet. Nu goed, ook de pacifistische verkozenen van Labour en de appeasement-politici van de Tories – die Hitler zijn gang lieten met Sudetenland en de Oostenrijkse Anschluss – zou je kunnen verdenken van enige sympathieën met het nationaalsocialisme. Anderzijds hebben (kopstukken van) die partijen later uitdrukkelijk afstand genomen van en hun verontschuldigingen aangeboden voor hun politiek voor het feitelijke uitbreken van de Tweede Wereldoorlog. Het ging meer om het toegeven van inschattingsfouten.

Van vreemde smetten vrij

Echter, van de SNP nooit enig woord, nooit enige verontschuldiging. Was dat dan niet nodig? De tweede voorzitter van de partij, Andrew Dewar Gibb (1934-’36), kan nochtans op z’n minst fascistoïde genoemd worden. Niet echt een antisemiet, bij gebrek aan joden in Schotland. Hij viseerde vooral de katholieke Ieren die tijdens het interbellum voor een nieuwe influx van proleten zorgde, gevlucht voor het terrorisme in Ierland, op zoek naar werk in de machtige industriestaat Groot-Brittannië. Andrew Dewar Gibb vond zelfs dat die Ierse inwijkelingen hun stemrecht moest worden afgenomen, en niet enkel omdat ze massaal voor het socialistische Labour stemden, maar omwille van hun vreemde afkomst. Zijn antisemitisme botvierde hij op de Communistische Partij, die volgens hem van oorsprong véél te joods was.

Tot op vandaag heeft de SNP nooit afstand genomen van Gibb. Zoals de partij in haar tachtigjarig bestaan er ook nooit veel aandacht aan heeft besteed. – Overigens, ook in het (prachtige) nationale museum van Schotland herinner ik me niets gezien te hebben over fascisme of nationaalsocialisme. Nochtans heeft de Schotse emancipatiestrijd er een hele zaal gekregen.

De vijand van mijn vijand …

Professor Gavin Bowd doceert Frans aan de befaamde Schotse St Andrews Universiteit. Zijn recente boek Fascist Scotland (Birlinn, 2013) geeft niet alleen een mooie inkijk in de niche van het politieke fascisme in Schotland. Het geeft ook een plaats aan het fascisme binnen de SNP ‘which make uncomfortable reading for its members,’ volgens een recensent.

In de jaren 1930 was de SNP nog niet de socialistische partij die ze later – vooral in de jaren 1960-’70 – geworden is. Bowd beschrijft hoe vele van de eerste generatie partijkopstukken landeigenaars waren met een meer dan bijzondere belangstelling voor Mussolini en Hitler. In diezelfde jaren sloot de ‘Scottish Union of Fascists’ zelfs en bloc aan bij de SNP.

In Fascist Scotland wijst Gavin Bowd erop dat er wel meerdere ‘Scot Nats’ waren die uitkeken naar een overwinning van nazi-Duitsland als een soort ‘opportuniteit’ om Schotse onafhankelijkheid te realiseren. De vergelijking met het activisme in de Eerste en de collaboratie in de Tweede Wereldoorlog in Vlaanderen ligt voor de hand. 

In januari 1939 al schreef SNP-voorzitter Douglas Young (1942-1945): ‘If Hitler could neatly remove our imperial breeks somehow and thus dissipate the mirage of Imperial partnership with England etc he would do a great service to Scottish Nationalism.’ In augustus 1940 schreef Young: ‘The Germans will look around for aborigines to run Scotland and it is to be wished that the eventual administration consist of people who have in the past shown themselves to care for the interests of Scotland.’

Professor Bowd: ‘Young thus showed the ambivalent, to say the least, attitude of Scottish Nationalists towards Fascism. Hatred of the English led to the downplaying of the Fascist threat to freedom and peace, while more radical Nationalists could be attracted to the authoritarian and xenophobic solutions offered by the Führer and the Duce.’

In mei 1941 werd ene Arthur Donaldson opgepakt door de Britse autoriteiten. Donaldson werd beticht van pro-nazi-sympathieën. De man was lid van de SNP. Guilty by association? Ongetwijfeld. Elke partij heeft gekken rondlopen. Maar doorgaans, als zoiets bekend wordt, distantieert een partij zich, verontschuldigt ze zich. En ze excommuniceert het lid. Zo niet de SNP.

In het verslag van de MI5-agent die Donaldson ondervroeg is te lezen: ‘We must, he declared, be able to show the German Government that we are organised and that we have a clear cut policy for the betterment of Scotland; that we have tried our best to persuade the English Government that we want Scottish Independence and that we are not in with them in this war. If we can do that you can be sure that Germany will give us every possible assistance in our early struggle. The time is not yet ripe for us to start a virile campaign against England, but when fire and confusion is at its height in England, we can start in earnest. He then went on to tell them that he had an idea in his mind for fixing up a wireless transmitting set in a thickly populated district in Glasgow or Edinburgh, in order to give broadcasts to the public.’

In mei 1941 was er nog een mogelijke Duitse overwinning – Endsieg – in zicht. Niet helemaal onbegrijpelijk dat er dus ook in het VK pro-nazi’s rondliepen, zeker niet als de partijleider het ‘goede voorbeeld’ gaf.

Ware het niet dat diezelfde man negentien jaar later, in 1960 werd verkozen tot … voorzitter van de SNP. Die taak vervulde hij tot 1969, toen hij werd opgevolgd door William Wolfe.

Tot op vandaag is er tijdens het jaarlijkse SNP-congres een 'Arthur Donaldson lecture'. De partij heeft dus nog steeds geen afstand genomen van haar ‘Duitsvriendelijke’  voorzitter.

‘Van vreemde smetten vrij’ (2)

Enkele jaren later, in 1982, toen paus Johannes Paulus II Schotland aandeed tijdens een van zijn vele wereldreizen, vond oud-partijvoorzitter Billy Wolfe het nodig de Schotten in te lichten dat het katholicisme – in Schotland beleden door afstammelingen van Ierse immigranten uit het interbellum – een ‘vreemde’ religie was en katholieken nooit ‘true Scots’ kunnen worden. Een vreemde exclusieve visie op identiteit, geef toe. Toch voor een partij die zich vandaag heel internationalistisch, sociaaldemocratisch en inclusief opstelt. Amper dertig jaar geleden was dat nog anders.

Vergezocht?

De SNP werd in 1934 opgericht als een samensmelting van twee oudere Schots-nationalistische partijen: de Scottish Party en de National Party of Scotland.

De gevierde Schotse dichter Hugh MacDiarmid (née Christopher Murray Grieve) was een van de stichters van de NPS. In 1923, amper een jaar nadat Mussolini na zijn Mars op Rome de macht greep in Italië, schreef de dichter  twee artikels waarin hij opriep tot een Schots fascisme dat onderdeel moest vormen van ‘een Schotse national revival en radicale sociale gerechtigheid doorheen heel Schotland’.

Naar fascistisch voorbeeld van andere nationalistische bewegingen in Europa, richtte MacDiarmid een ‘ondergrondse’ militantenorde op, de Clann Albainn. MacDiarmid evolueerde van een radicaal fascisme naar een nationaal-bolsjevisme. Hij omarmde het Sovjet-communisme en werd daardoor uit de SNP gezet. Jaren later gooiden de Schotse Communisten hem uit hun partij … omwille van zijn nationalistische standpunten.

Ook MacDiarmid zag ‘opportuniteiten’ in de mogelijke nazi-invasie op de Britse eilanden. 

Oordeel

Hoe vaak valt niet te lezen dat het Vlaams-nationalisme een ‘rechtse’ uitzondering is op het ‘linkse’ nationalisme elders in Europa? Een cliché van jewelste, want de grootste nationalistische partijen in Catalonië en Baskenland zijn centrumrechts, conservatief of liberaal. Van de succesvolle nationalistische partijen is de Schotse SNP de grote uitzondering. Maar dat was niet altijd zo.

Ook de SNP heeft, zoals de Bretonnen, de Welsch, de Vlamingen, Kroaten, Slowaken en zovele andere volkeren in Europa gerekend op een momentum. In een Duits Rijk zouden ze over ‘hun autonomie’ kunnen beschikken. Dat een en ander anders uitdraaide is niet alleen het lot van de geschiedenis. Het is ook moreel wijfelbaar. Bij monde van Frans-Jos Verdoodt heeft de Vlaamse Beweging haar historisch pardon hierover al uitgesproken in 2000. De SNP heeft nog niet de spons over haar verleden geveegd … 

Entretien avec Georges Feltin-Tracol sur son dernier livre "En liberté surveillée"...

Entretien avec Georges Feltin-Tracol sur son dernier livre "En liberté surveillée"...

Propos recueillis par Catherine Robinson

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

AAA946028896.jpgPrésent : En liberté surveillée est votre cinquième ouvrage. En regardant votre bibliographie, on relève la grande diversité des sujets abordés. Comment êtes-vous venu à écrire ce livre ?

Georges Feltin-Tracol : C’est l’affaire Dieudonné en janvier dernier qui en est l’étincelle. Mon éditeur et ami, Roland Hélie, me demanda une réaction. En y réfléchissant et en utilisant les nombreuses notes extraites de la Grosse Presse, j’en suis arrivé à la conclusion que la censure préventive contre l’artiste s’inscrivait dans un cadre liberticide plus large et plus global. Dès lors, plutôt que de me focaliser sur un seul exemple édifiant, j’élargissais la thématique et en explorait tous les rouages.

Présent : Dans plusieurs chapitres convaincants, vous revenez sur la répression orchestrée par le pouvoir socialiste à l’occasion des « Manifs pour tous ». Mais vous ne cachez pas non plus votre détestation des gouvernements de droite qui l’ont précédé. Pourquoi ?

GF-T : L’histoire des idées politiques françaises montre que ce qu’on appelle la « droite » est souvent d’anciennes gauches poussées à tribord par de nouvelles… Une certaine « droite » intègre déjà en acquis intangibles l’avortement, l’abolition de la peine de mort, etc. Elle se prépare à accepter l’homoconjugalité si bien que dans deux décennies, elle le défendra avec force. En outre, les organisateurs des manifestations anti-loi Taubira ont manqué de courage en ne faisant pas des places de la Concorde ou de la Nation des Maïdan parisiens. Mais il est vrai qu’on ne déclenche pas des révolutions avec des poussettes et des carrées Hermès ! Voir la récupération de ce vaste mouvement populaire par l’UMP, les sarközystes et l’Église de France montre surtout l’ignorance des enjeux par les manifestants. Et puis, sont-ils prêts à manifester contre les ravages du libéralisme, le travail dominical, le contrôle du vivant par les multinationales ou les méfaits de l’immigration ? Je ne le crois pas. Ils veulent conserver cette société. Je souhaite pour ma part la renverser. L’ennemi principal s’appelle par conséquent la droite, le libéralisme, l’Occident.

Présent : À plusieurs reprises, vous employez des néologismes tels que « financialisme », « gendérisme » ou « sociétalisme ». Qu’apportent-ils de pertinent à votre démonstration ?

AAAliberté-surveillée.jpgGF-T : « Financialisme » est un invention sémantique du théoricien russe Alexandre Douguine pour évoquer la toute-puissance du fait marchand et son caractère planétaire. Le « gendérisme » incarne l’idéologie du genre. Quant à « sociétalisme », il repose sur un simple constat : le social, produit du monde du travail, s’efface au profit de préoccupations futiles excessives qui présentent l’avantage de détourner l’attention des peuples du coup d’État bankster. Tous proviennent toutefois de la même matrice délétère.

Présent : Vous n’hésitez pas à vous affranchir des limites territoriales françaises et à regarder l’étranger. La situation est-elle pareille ailleurs ?

GF-T : À peu de choses près, c’est le cas ! La situation hexagonale n’est pas unique. En Allemagne, la liberté d’expression est de plus en plus restreinte. En Grande-Bretagne, la vidéo-surveillance espionne toute la population et poursuit en justice ceux qui ne jettent pas leurs ordures aux heures prévues. Aux États-Unis, l’endettement des ménages constitue un véritable esclavage ultra-moderne. Bref, l’Occident correspond à un effroyable bagne.

Présent : En liberté surveillée est-il un essai foncièrement pessimiste ?

GF-T : D’un pessimiste actif et héroïque ! En dépit des nombreux exemples de déliquescence des libertés publiques et privées, l’espoir demeure avec les concepts révolutionnaires-identitaires de B.A.D. (bases autonomes durables) et d’autochtonopie. Il faut inciter à la sécession froide, douce, discrète, voire secrète et indolore, de nos territoires afin de bâtir une « contre-société » identitaire, solidariste, illibérale et anti-capitaliste. Un travail de très longue haleine !

Georges Feltin-Tracol, En liberté surveillée. Réquisitoire contre un système liberticide, Les Bouquins de Synthèse nationale, 284 p., 23 € (+ 3 € de port), à commander à Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, chèque à l’ordre de Synthèse nationale.

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jeudi, 23 octobre 2014

Machiavelli in België: de particratie en haar trukendoos

Door: Paul Muys

Machiavelli in België: de particratie en haar trukendoos

Op het moment dat Charles Michel voor de camera's bevestigt dat er een regeerakkoord is, stelde professor-emeritus politologie Wilfried Dewachter een paar honderd meter verderop in het Vlaams Parlement zijn boek over de Belgische particratie voor. Met onderbouwde argumenten en grondige kennis van 30 jaar politiek reilen en zeilen noemt hij die particratie een regelrechte schande.

Verontwaardiging en ergernis, maar ook geloof in wat democratie kan en moet zijn. Dat zijn de motieven die Wilfried Dewachter, hebben aangezet tot het schrijven van zijn boek over De trukendoos van de Belgische particratie. Een Europese schande (Pelckmans, 285 blz.). De emeritus-hoogleraar, dertig, veertig jaar al bevoorrechte getuige van de politieke gang van zaken in ons land, had liever een heel ander soort bestel gezien, dat ons behoed had voor de situatie waarin we nu bijna zonder het te weten verzeild zijn geraakt. Alhoewel, indicatoren van de politieke decadentie zijn er te over. De doorsnee-burger wéét dat onze parlementaire democratie niet werkt, dat de staatshervorming, hoewel nog in de steigers, een misbaksel is. Hij keert zich af van de vriendjespolitiek en de partijpolitieke benoemingen (tenzij hij tot de groeiende groep begunstigden behoort). Hij kijkt weg wanneer hij iets verneemt van de vleespotten waaraan de Parteiangehörigen zich gretig te goed doen. De gemiddelde Vlaming brengt braaf zijn stem uit, ziet mensen aan de macht komen voor wie hij niet gekozen heeft, of zelfs niet kón kiezen, hoort beloften die niet worden gehouden. De onverschilligheid waarin dit resulteert is groot en een droevige zaak. De antipolitieke sentimenten zijn ook niet ongevaarlijk.

Partijen en particratie

Maar zie, daar is dit boek waarin Wilfried Dewachter een diagnose brengt en remedies aanreikt, vooral door te verwijzen naar buitenlandse voorbeelden.

De politieke partijen hebben zich de macht toegeëigend. Al beroepen ze zich graag op de Belgische grondwet, voor hen is die inderdaad niet meer dan het ‘vodje papier’ waarover Leo Tindemans het destijds had toen hij het ontslag van zijn regering indiende. Artikel 42 van de grondwet luidt dat de leden van beide Kamers de Natie vertegenwoordigen en niet enkel degenen die hen hebben verkozen. Dat klopt niet echt. Voortaan lezen we beter: ‘De leden van beide Kamers vertegenwoordigen enkel de partijleiders die hen hebben laten verkiezen tot zogenaamde parlementsleden, door ze in nuttige volgorde op hun kandidatenlijsten te plaatsen. Zij volgen de steminstructies van hun leiders getrouw op , binnen hun taalgroep. Hun mandaat reikt niet tot in de andere taalgroep.’

Al zegt de grondwet over de partijen helemaal niets, ze bestáán, ze zijn nuttig en nodig in een goed functionerende democratie. Maar dat een democratie zichzelf kan vernietigen wist Jean-Luc Dehaene al. Partijen willen steeds meer macht, tot ze het eindpunt bereikt hebben en de democratie uitschakelen, of haar reduceren tot een leeg, hooguit symbolisch ritueel. In plaats van een middel, zijn de partijen volop bezig een doel op zich te worden, gebrand op macht, inkomen en status, op MIS : een herhaaldelijk in dit boek terugkerend letterwoord. Ze hebben de macht vrijwel helemaal naar zich toegetrokken. De democratie is een particratie geworden.

De laatste beslissende aanslag op onze toch al amechtige democratie gebeurde tersluiks, ‘en stoemelings’ in de marge van de onderhandelingen over de Zesde Staatshervorming. ‘Met acht mensen hebben we de staatshervorming onderhandeld. In het parlement voerde iedereen nadien een show op’, dixit de toenmalige sp.a-voorzitster. Een onthutsende en cynische mededeling, schijnbaar argeloos gedebiteerd door Caroline Gennez.

Free, fair & frequent elections: dat kennen we hier niet

Zo werd en petit comité niet de Senaat, maar werden wél de Senaatsverkiezingen afgeschaft. De Hoge Vergadering is een machteloze praatbarak. Men had daarom, zo pleit Dewachter, beter de 40 (tot 2010 bovendien rechtstreeks verkozen!) senatoren naar de Kamer overgeheveld, te meer omdat een eenkamerstelsel performanter zou zijn dan een tweekamerstelsel. Maar daar hadden Di Rupo en zijn zeven kompanen geen oren naar. De rechtstreekse verkiezing van de senatoren werd afgeschaft omdat die te duidelijk de echte wil van de kiezer aan het licht bracht, die zo in zekere mate richting gaf aan de regeringsvorming. Als men de score van 25 mei van Bart De Wever in de kieskring Antwerpen extrapoleert naar heel Vlaanderen zou hij uitgekomen zijn op zo’n 950.000 stemmen, ‘wat zelfs door een kloeke particratie niet kan worden opzij geschoven’. Afschaffen dus die handel!

Voorts werden alle verkiezingen (op die voor gemeente- en provincieraden na) op één hoop gegooid, iets waarvoor de federale legislatuur diende verlengd tot vijf jaar. Volgens Dewachter komt dit neer op ‘de versterking van de houdgreep van de traditionele macht op de gewesten en de gemeenschappen.’

Er volgde ook een reeks ‘niet-beslissingen’ : er komt geen federale kieskring, de stemplicht blijft behouden (inclusief de boetes voor wie niet opdaagt) en ook zullen in een parlement verkozen ministers zich als vanouds kunnen laten vervangen door ‘tijdelijke’ opvolgers, in plaats van door de kandidaat die na hem/haar het hoogste stemmenaantal binnenhaalde.

Dit alles gebeurde zonder voorafgaand referendum, zonder een andere verkiezing. Terwijl toch deze aspecten van de staatshervorming de democratische mogelijkheden van de kiezers afbouwen. Ongelooflijk dat men dit zo maar liet gebeuren.

Door het afzien van een federale kieskring ‘verschrompelt’ het Belgisch federalisme of wat daarvoor moet doorgaan tot een provinciaal systeem met 10 + 1 kieskringen.

Deze wetswijzigingen en niet-beslissingen, stelt Dewachter, waren helemaal niet nodig voor de zesde staatshervorming, Integendeel, ze werken de overdracht van middelen en bevoegdheden zelfs tegen. ‘Sterker nog: deze maatregelen houden het federalisme onder controle van de particratie.’

Daarom was de stembusgang van 25 mei 2014, de ‘moeder van alle verkiezingen’ àlles, behalve een feest van de democratie, al hebben we toen in totaal zes parlementen ‘verkozen’. Maar neem nou nog maar alleen de federale Kamer. Hoeveel van de 150 vertegenwoordigers heeft u er kunnen kiezen? Afhankelijk van de provincie waren dat er hooguit een goede 20. De 63 Franstalige Kamerleden heeft u alleszins niet verkozen, net zomin als onze Waalse landgenoten ook maar iets te zeggen hadden over de Vlaamse kandidaten. Meer nog, als een verkozene geroepen wordt tot andere verantwoordelijkheden, versta: een ministerpost of zo, dan laat hij zijn zetel nog steeds aan de opvolger. De verkiezingen zijn ook al voor de helft beslist (wie mag kandideren en op welke plaats krijgt hij/zij op de lijst, op welke financiële steun kan hij rekenen, in ruil waarvoor ?) nog voordat de kiezers één stembiljet in handen krijgen.

Die kiezer brengt dus zijn stem uit (op straf van boete !, dat terwijl haast alle landen de stemplicht allang hebben afgeschaft), maar dat is niet meer dan een rituele handeling. ‘Les électeurs s’expriment, et puis on ferme la porte’, dan is de particratie aan zet, dat is al jaren zo, al mislukt dat soms wel eens. Tenminste één Franstalige partij heeft het ‘Nooit met de N-VA’ achteraf moeten inslikken. Als negatie van de wil van de kiezer kon die oekaze in elk geval tellen.

We zijn al van in 1978 een confederatie !

De ene kieskring werd al in 1978 gesaboteerd door de Franstalige partijen die het initiatief namen tot afsplitsing van de unitaire partijen. Van dan af zijn de Franstalige partijen de bescherming van de minderheid uit de eerste staatshervorming van 1970 gaan misbruiken als veto’s (de ‘wetten met bijzondere meerderheid in elke taalgroep’) met politieke verlamming als gevolg. Dewachter spreekt van de vierendeling van het parlement, waardoor het door toedoen van de particratie monddood wordt gemaakt. Want in een extreem geval zou 17 % van de stemmen (ongeveer PS + cdH) in het federaal parlement volstaan om de meerderheid van 83% te blokkeren. Met deze ‘bijzondere wetten’ is een nieuwe Belgische grondwet geschreven (er is ook al herhaaldelijk gebruik van gemaakt): ‘deze van de onveranderlijkheid, van de eeuwige veto-capaciteit’ (…). ‘Niet de NVA splitst het land,’ zo stelt Dewachter, ‘maar lang geleden scheurden de Franstalige partijen het al in tweeën, bij hun (1) afscheuring van de nationale partij , en (2) hun misbruik van de minderheidsbepalingen van 1970 als veto’s’. Natuurlijk, wanneer dat de PS zo uitkomt wordt gedreigd met een ‘institutionele atoombom’. Een voorbeeld hiervan is de overheveling in 1991 van de controle over de wapenuitvoer, een federale bevoegdheid, naar beide gewesten, zonder boe of ba opgelegd door de Franstalige socialisten. Zo confederaal hebben de Vlamingen het tot nu toe nooit gespeeld.

‘België’, aldus Dewachter, ‘is verworden tot een non state, tot een anarchie, in de betekenis van afwezigheid van doorslaggevend beleid.’

De ene kieskring is belangrijk en wenselijk. Maar is hij ook mogelijk ?

We hádden tot 1970 al een federale kieskring. Bedoeld wordt: een nationale kiesinzet met dezelfde keuzemogelijkheden voor alle 7 miljoen Belgische kiezers. Dat veronderstelt dat alle kandidaten zich presenteren voor de hele kieskring, dat alle kiezers dezelfde keuze hebben tussen de programma’s die de partijen via deze kandidaten voorstellen en tussen de mogelijke oplossingen. De stem van elke kiezer dient even zwaar te wegen. Op die manier kunnen de burgers rechtstreeks hun regering verkiezen, bijvoorbeeld naar analogie met de Franse presidentsverkiezingen. In een eerste ronde stellen de partijen hun kandidaat-premier voor. In de tweede ronde komen de twee kandidaten die de meeste stemmen kregen tegen elkaar uit. Vóór de tweede ronde werken die een voorstel tot federale regering uit met haar programma. Eén van beiden behaalt de absolute meerderheid en is vrijwel onmiddellijk klaar om te besturen. De kiezer voelt zich op die manier direct bij de keuze betrokken en kan de regering als ze hem tegenvalt bij een volgende verkiezing doen vallen. Dat gebeurt in heel wat landen min of meer zo. Na een stembusgang duurt het in het Verenigd Koninkrijk hooguit een dag of twee voor de nieuwe regering aantreedt.

Deze gang van zaken is natuurlijk te onvoorspelbaar voor de particraten. Die hebben dan ook de mogelijkheid tot vorming van de ene kieskring zonder meer afgeschaft. Maar op het Vlaamse en het Waalse niveau ligt dat anders. ‘De deelstaten krijgen de morele opdracht om de democratie in België nog enigszins te redden, indien België binnen het Europese beschavingspatroon nog wil kunnen functioneren.’ Dit is voor de Vlaams regering en het Vlaams Parlement een uitdaging van jewelste. Toch zou het niet voor het eerst zijn dat beslissingen worden genomen tegen de grondwet in. Dat deed Albert I toen hij het algemeen enkelvoudig stemrecht invoerde. Dat deed België toen het volwaardig en stichtend lid werd van NAVO en EGKS. Dat deed ook Achiel Van Acker, die zijn kolenslag won door stakingen te breken en krijgsgevangenen in de steenkoolputten te laten afdalen, en die via besluitwetten de sociale zekerheid liet uitbouwen. En waar hadden Wilfried Martens en Jean-Luc Dehaene in de jaren ‘80 gestaan zonder ‘bijzondere machtsbesluiten’ ?

Laten we hopen dat de hoofdarchitect van onze nieuwe regeringen, onmiddellijk na zijn terugkeer uit Shanghai dit – overigens uiterst leesbare – boek ter hand neemt, of tenminste één van zijn naaste medewerkers opdraagt het grondig door te nemen. 

 
Titel boek : De trukendoos van de Belgische particratie
Subtitel boek : Een Europese schande
Auteur : Wilfried Dewachter
Uitgever : Pelckmans
Prijs : 21.5 €
ISBN nummer : 978 90 289 7972 7
Uitgavejaar : 2014

mardi, 14 octobre 2014

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Lu avec grand intérêt le livre d’entretien1 que vient de publier Laurent Ozon. Le titre : « France, les années décisives ». Court (100 pages), et incisif.


J’ai relevé en particulier les points forts suivants :

- A la différence de trop d’analystes contemporains, Ozon a parfaitement conscience du fait que le paradigme dans lequel nous sommes amenés à situer les faits aujourd’hui peut évoluer très soudainement dans un avenir relativement proche. Cette question du paradigme est au point de départ de son approche, ce qui rend son propos intéressant non seulement par son contenu, mais aussi par la méthode qu’il illustre.
- Exposé précis permettant au lecteur de bonne foi de bien comprendre que les acteurs ne sont pas nécessairement régis par leur essence, mais aussi, en partie au moins, par leur place dans un système. D’où, par exemple, une vision pondérée de la question particulière posée par l’emprise des réseaux pro-Israël et les modalités de fonctionnement des oligarchies au sens large.
- Surtout, l’ouvrage est tourné vers la recherche des solutions. C’est appréciable, à un moment où l’essentiel de la littérature dissidente française est hélas encore centré sur la simple critique du système en place.

Dans ce domaine, je relève que la proposition tactique d’Ozon, le localisme, est assez proche de celle que j’avais formulée il y a quelques années dans « De la souveraineté ». Il y a toutefois une nuance : là où j’identifiais la création d’une contre-société distincte comme un préalable à la constitution des structures souhaitables, Ozon préfère évoquer un « nous » qui s’organiserait autour de ces structures, sans jamais dire clairement si ce « nous » renvoie au peuple d’une manière générale, ou à une fraction de celui-ci. Sa proposition tactique est donc plus ouverte que la mienne, en ce sens qu’elle peut être insérée dans plusieurs stratégies politiques. A posteriori, ce pragmatisme me paraît constructif.

Proximité également dans l’évaluation des scénarios d’effondrement du système global existant. Ozon ne croit pas à l’écroulement à court terme pour des raisons énergétiques, et s’attend à une dégradation lente sur le modèle de la crise terminale du Bas-Empire romain. Toutefois, je serais peut-être, à titre personnel, moins catégorique que lui quand il s’agit d’évacuer l’hypothèse de Piero San Giorgio. Certes, le scénario d’une crise des combustibles liquides entraînant l’écroulement de la structure globale à l’horizon 2020 n’est pas le plus probable. Mais il faut sans doute garder en tête sa possibilité, eu égard à la grande vulnérabilité du schéma d’ensemble.

Proximité enfin sur les questions géopolitiques. Nécessité pour la France de trouver des alliances, logiquement dans une Europe reliée à la Russie, si elle entend sortir de l’emprise exercée par les USA et leurs relais. La France seule n’est pas un remède aux maux de la seule France, là-dessus nous sommes bien d’accord. Seul bémol : je pense que l’évolution récente de l’Allemagne donne, sur ce point précis, raison à Pierre Hillard, qui juge les milieux atlantistes pour l’instant prépondérants Outre-Rhin. En ce sens, la confrontation entre les deux pensées, celle de Pierre Hillard et celle de Laurent Ozon, est intéressante : elle définit une dialectique.

Quant à la critique sans concessions que Laurent Ozon fait des positions récentes d’Aymeric Chauprade, elle me paraît tout à fait justifiée. J’ai relevé en particulier l’argument relatif aux dynamiques démographiques en cours d’une part en Afrique du Nord, d’autre part en Afrique subsaharienne. Il est évident que la « préférence chrétienne » en matière d’immigration est une idée dangereuse au moment où le réservoir de flux migratoires de loin le plus important est situé au sud du Sahara, dans une Afrique occidentale et centrale où l’islam n’est pas majoritaire.

Je n’ai relevé que deux points dans l’exposé qui mériteraient sans doute de plus grands développements : la question de l’euro et la remigration.

Sur l’euro, la position de Laurent Ozon tend vers la formule « monnaie commune mais pas unique », l’idée étant qu’en supprimant l’euro comme monnaie unique, on redonne de la souplesse à la politique monétaire à l’échelle nationale, voire locale, tandis qu’en conservant l’euro comme monnaie commune, on préserve un instrument de définition d’un grand espace géopolitique européen. Cette position est intéressante, mais elle occulte pour l’instant une question connexe décisive : quid de la dette ? L’inconvénient de conserver l’euro comme monnaie commune est qu’en le faisant perdurer, on risque de s’interdire de libeller les dettes en monnaies nationales.

Sur la remigration, je retrouve un peu chez Laurent Ozon le reflet inversé du discours monolithique des partisans de l’assimilation des populations allogènes. Dans les deux cas, ces populations sont appréhendées comme des blocs supposés homogènes dans leur substance, ce qui se discute, et même dans leur dynamique, ce qui est manifestement faux. Je crois, quant à moi, qu’il faut admettre qu’une partie de ces populations a vocation à être assimilée dans l’ensemble français, tandis qu’une autre partie devra retourner dans l’aire civilisationnelle d’où elle est venue. Ici, l’acceptation préalable d’une assimilation partielle constituerait sans doute un atout pour l’argumentaire en faveur de la remigration. En particulier, elle ouvrirait une piste de travail qui, si elle a été balisée aussi tôt que possible, en amont des évènements qui risquent de se produire, sera beaucoup plus facile à suivre le moment venu.

Au final, « France, les années décisives » est un livre très utile. Sa lecture fera avancer le lecteur dans sa réflexion, qu’il soit d’accord avec l’auteur, ou pas.

Michel Drac
05 octobre 2014


Quatrième de couverture :

« De toutes parts, les convergences catastrophiques se rapprochent de notre pays. La colonisation de peuplement explose, la violence physique et sociale s’aggrave, la pauvreté augmente, nos valeurs de civilisation les plus fondamentales sont attaquées, les ressources diminuent, la nature est surexploitée, bref, nous le sentons tous, notre société s’effondre lentement.

La planche à billets tourne pour maintenir encore quelques temps un système économique et social à bout de souffle financé par la dette. Cette société engendrera bientôt des souffrances à grande échelle et de forte intensité, en particulier à cause de l’échec inévitable du multiculturalisme et de l’invraisemblable politique migratoire, qui bouleverse les populations de la France et de toute l’Europe occidentale.

Nos compatriotes commencent à se tourner les uns vers les autres pour se protéger, se lier, se regrouper, se préparer. La vision d’un monde uni dans la paix, l’intelligence et le progrès matériel, par le jeu de la libre-concurrence, se dissipe. À sa place, reviennent s’imposer, lentement, inexorablement, les vieilles lois du vivant depuis que le monde est monde : Territoires, Ressources, Reproduction. Nous y voilà, à nouveau, finalement.

Cet ouvrage est l’occasion de revenir sur cette période curieuse, la nôtre, faite d’accélérations vertigineuses et de régressions foudroyantes. Dans cette simultanéité, il y a la démonstration évidente que nous vivons déjà, sans vraiment le mesurer, au milieu des ruines et dans le chantier des mondes à naître. C’est le moment d’y voir clair, car la France entre dans ses années décisives. »

1« France, les années décisives », Editions BIOS, ISBN 979-10-94233-00-9, 15 euros.
Vous pouvez le commander ici ou.


Voici des extraits du discours prononcé par Laurent Ozon lors du rassemblement fondateur du Mouvement pour la Remigration le 21 septembre 2014 à Paris.

"Derrière les islamobsessionnels, islamophiles ou islamophobes, il y a des intérêts puissants, qui ne sont pas les nôtres et qui veulent nous réduire au silence. Finissons-en avec l'islamocentrisme qui divise, car l'immigration est le vrai problème." -Laurent Ozon

Retrouvez également l'émission que Méridien Zéro a consacré à la réunion de fondation du Mouvement pour la Remigration. Elle se compose d'extraits de l'intervention de Laurent Ozon ainsi que d'interviews rapides de participants au meeting, connus et moins connus : François Sainz, gérant des éditions Le Retour aux sources, Messieurs K. et PGL, Vincent Vauclin de la Dissidence française, Jean Bon du Cercle Non Conforme ou encore Christophe et Fred, militants du MAS. Cliquez sur l'image ci-dessous pour écouter.

 

lundi, 13 octobre 2014

La Belgique a un nouveau premier ministre...

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La Belgique a un nouveau premier ministre...

jeudi, 25 septembre 2014

Regard sur les élections du 15 septembre 2014 en Russie

Regard sur les élections du 15 septembre 2014 en Russie

ednaiarossiya.jpgCe dimanche 15 septembre 2014 ont eu lieu des élections locales en Russie concernant l’élection des gouverneurs de 30 régions, les députés des parlements régionaux de 14 entités administratives de la Fédération de Russie (Républiques, Oblast, …) ainsi que les maires de trois villes de la Fédération de Russie. Ces élections relativement passées sous silence par les grands médias occidentaux présentaient deux intérêts essentiels.

Quel bilan tirer de ses élections ?

  • Le premier enseignement était d’estimer le soutien à Russie-unie, le parti du pouvoir, dont la popularité n’a cessé de croitre de 2000 à 2010. Après la crise financière mondiale et, surtout, les élections contestées en 2011, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, altérant considérablement l’image de Russie-Unie de la population russe.
  • Le second intérêt était de voir la réaction des électeurs de Crimée. En effet, les Criméens ont pu, pour la première fois, participer à une élection en Russie et voter en tant que citoyens russes, la Crimée ayant rejoint la Fédération de Russie en mars dernier.

Sans trop de surprises, le grand gagnant de ces élections aura été l’abstention, qui a atteint 55 à 75 % selon les localités et les types d’élections.

Les élections des gouverneurs ont vu une écrasante victoire des candidats du parti au pouvoir : sur les 30 gouverneurs élus, 28 l’ont été sous l’étiquette de Russie-Unie. Les deux autres gouverneurs sont un communiste, Vadim Potovsky, à Orel, et un indépendant, l’ex-leader de forces de droite Nikita Belikh. La participation a été de 46 %, soit 12 % de plus qu’aux mêmes élections de l’an passé.

Les élections aux diverses assemblées régionales ont également donné une solide victoire à des candidats pro-Kremlin. A Moscou, le parti au pouvoir Russie-Unie a emporté 28 postes sur 45, contre 10 indépendants, 5 communistes et 2 nationalistes (respectivement du Parti libéral démocrate de Vladimir Jirinovski et de Rodina). Contrairement aux élections des gouverneurs, le taux de participation a été très faible, dépassant à peine le cinquième des inscrits, avec 21 %. Cette nouvelle assemblée municipale sera constituée de 27 hommes et de 18 femmes, d’un âge moyen de 52 ans.

Trois élections municipales avaient lieu, dans les villes de Blagovechtchensk, Ioujno-Sakhalinsk et Anadyr. Et ce sont trois candidats de Russie-Unie qui l’ont emporté, avec des scores de respectivement 39 %, 79 % et 83 %. La participation a été respectivement de 23 %, 21 % et 69 %.

En Crimée, les électeurs ont plébiscité le parti Russie-Unie : 71 % des voix et 70 députés, devant le parti nationaliste LDPR, qui a obtenu 8 % des suffrages et 5 députés.

Russie-unie a enrayé la baisse de sa popularité

Ces résultats permettent d’émettre quelques réflexions. Le principal enseignement est que Russie-unie a enrayé la baisse de sa popularité. Ce phénomène peut s’expliquer de quatre façons :

1/ La scène politique russe ne comprend à ce jour aucune opposition crédible pour la majorité des électeurs russes. Aux yeux des électeurs russes, les deux partis principaux d’opposition, à savoir le Parti libéral-démocrate (populiste, nationaliste et panslave) et le Parti communiste, apparaissent de moins en moins en mesure de proposer une forme d’alternance politique fiable. Ces partis vieillissent avec leurs leaders historiques et ne devraient probablement pas leur survivre, tout au moins sous leur forme actuelle.

2/ Les autres partis d’opposition, notamment libéraux, ne bénéficient d’aucun ancrage réel dans la vie politique russe. Ils ne sont pas parvenus à se créer des espaces politiques propres. Cet échec est dû aux habiles manœuvres administratives du pouvoir, à la médiocrité de cette « élite » libérale et surtout au fait que les idées défendues par ces partis ne sont pas en adéquation avec l’évolution de la mentalité russe au cours de la dernière décennie.

3/ Contrairement aux partis d’opposition, Russie-Unie a su monopoliser l’échiquier politique de façon très habile, en formant trois clubs et courants principaux : « Social-conservateur », « Libéral-conservateur » et « Étatique-patriotique ». Cette diversification des courants permet à Russie-Unie de fédérer aussi bien les courants centristes et d’affaires (à tendance plutôt libérale) que les réseaux étatistes, patriotiques et conservateurs. Or ces réseaux sont en totale adéquation avec ce que ressent la majorité du corps électoral, lequel a sans doute également manifesté, via ces élections, son soutien au pouvoir, après les événements en Ukraine, notamment le retour de la Crimée au sein de la Fédération de Russie.

4/ Les électeurs qui estiment nécessaire une alternance politique sont toujours, et de loin, minoritaires en Russie. L’analyste Jean-Robert Raviot a parfaitement défini ce phénomène en définissant trois Russies. D’abord, la plus médiatisée car la plus occidentalisée, celle des « Moscobourgeois », ces bourgeois métropolitains baptisés « classe moyenne » par les commentateurs. En second, la Russie provinciale et périurbaine, très majoritaire, patriote et fragilisée par la crise, socle de la majorité favorable à Vladimir Poutine. Enfin, en troisième, la Russie des périphéries non-russes, contrôlées par des ethnocraties alliées au Kremlin et dans lesquelles les votes sont assez homogènes, en faveur du pouvoir central.

Les « Moscobourgeois », cœur de la contestation ?

L’électorat le plus critique vis-à-vis du pouvoir et la classe sociale la plus occidentalisée du pays se trouve à Moscou : on les appelle les « Moscobourgeois ». Encore que leurs tendances se sont affaiblies après les événements en Ukraine, même eux considérant dans leur grande majorité que le pouvoir a géré la crise avec énormément de succès.

Au cœur de l’hiver 2011, ce sont les « Moscobourgeois  qui sont descendus dans la rue après les dernières élections législatives en tentant de créer une « révolution des neiges » [1]. Lors de l’élection présidentielle de 2012, ils ont soutenu en masse le candidat Mikhaïl Prokhorov, qu’ils estimaient le candidat le plus occidental et démocrate. Sans trop de surprises, Prokhorov obtint ses meilleurs scores [2] dans les quartiers les plus chics de la ville : du centre, du nord-ouest et du sud-ouest. Lors de la même élection, les votes des quartiers les plus populaires (du sud et de l’est de la ville) se reportèrent, quant à eux, davantage sur Vladimir Poutine ou sur le candidat nationaliste Vladimir Jirinovski [3]. Ce sont toujours ces mêmes électeurs des quartiers chics de la capitale qui votèrent également le plus pour le candidat Alexey Navalny [4], lors des dernières élections municipales à Moscou [5].

Les « libéraux » n’augmentent pas leur score

La presse occidentale nous a présenté les mouvements civiques de 2011, ou les 25 % obtenus par le candidat Navalny lors de la dernière élection municipale à Moscou, comme la manifestation d’une vague de contestation bien ancrée et réelle au sein de la société russe. Mais lors de cette élection à Moscou,  Navalny n’a récolté que 630.000 électeurs, bien loin du réservoir de 868.000 voix que Prokhorov avait obtenu à Moscou lors de l’élection présidentielle de 2012. Ce plafond électoral de l’opposition dite libérale, à Moscou, apparaît stable depuis 1999, si on se réfère par exemple aux 510.0000 voix de Serguey Kirienko (ex-Premier ministre) ou aux quelques 500.000 voix d’Alexandre Lebedev en 2003. Cette baisse ne concerne pas que Moscou, mais toute la Russie, puisque le poids des partis politiques libéraux et occidentalistes ne cesse de diminuer depuis 1999 [6]. A l’échelle fédérale l’effondrement des partis libéraux et pro-occidentaux s’accentue [7] puisque ceux-ci sont passés de 12,5% lors des élections législatives de 1993 à 3,43% lors des élections de 2011, leur candidat à la présidentielle plafonnant lui a 7% de 1995 à 2012.

Les communistes par défaut ?

Lors des élections de dimanche dernier (le 15 septembre) les électeurs de ces mêmes rayons prestigieux du centre, du sud-ouest et du nord-ouest de la capitale ont cette fois élu des candidats communistes [7] plaçant à la seconde place des candidats de parti sociaux-démocrates libéraux, qu’il s’agisse de Russie Juste ou du parti libéral Iabloko. La Russie du 21ieme siècle est sans doute le seul pays du monde occidental au sein duquel les quartiers riches de la capitale seront représentés par des élus communistes !

Ces bizarreries électorales traduisent visiblement surtout une volonté de contestation politique pure, plus qu’une quelconque adhésion de remplacement au tandem conservatisme / patriotisme que prône le pouvoir en place, tandem idéologique soutenu par la croissance économique que le pays continue de connaitre.

Alexandre Latsa
pour vineyardsaker.fr

Notes

[1] La révolution des neiges ? (alexandrelatsa.ru, français, 11-12-2011)

[2] Sociologie des votes Poutine et Prokhorov (alexandrelatsa.ru, français, 17-03-2012)

[3] Sociologie des votes Poutine et Jirinovski a Moscou  (alexandrelatsa.ru, français, 05-06-2012)

[4] Histogramme des votes pour le candidat Alexey Navalny lors de la présidentielle de 2012 (ic.pics.livejournal.com, image PNG, 09-09-2013)

[5] Blog d’Alexandre Latsa: Quelques réflexions sur les résultats de l’élection municipale anticipée de Moscou (fr.ria.ru, français, 11-09-2013)

[6] De la politique en Russie (alexandrelatsa.ru, français, 21-03-2008)

[7] Idem.

[8] Предварительные результаты выборов депутатов Московской городской Думы (vybory2014.yandex.ru, russe, 2014)

[9] Russie: l’idéologie nationale-démocrate devient manifeste (fr.ria.ru, français, 18-01-2012)

Alexandre Latsa est analyste et vit en Russie. Il tient un blog très suivi, Un autre regard sur la Russie.

samedi, 26 juillet 2014

Les partis politiques obéissent aux marchés et non aux électeurs

Les partis politiques obéissent aux marchés et non aux électeurs

Les chercheurs, Lawrence Ezrow (University of Essex, Royaume-Uni) et Timothy Hellwig (Indiana University, États-Unis) se demandent si «l’intégration économique compromet la capacité des partis à remplir leur rôle de représentation et d’expression des opinions de l’électorat», et citent dès leur introduction l’exemple français:

«Le PS s’est hissé au pouvoir dans les années 80 sur un programme de nationalisations et de redistribution. Pourtant, moins de deux ans plus tard, le président Mitterrand est revenu sur les politiques en faveur desquelles l’électorat avait voté et a opté pour une politique de rigueur pour mettre l’économie française en phase avec l’économie globale.»

Afin de tester l’hypothèse selon laquelle les partis répondent moins aux préférences des électeurs quand l’économie du pays est très ouverte, les chercheurs ont compilé toute une série de données: les positions, sur une échelle gauche-droite, de «l’électeur médian» (l’électeur qui se situe au centre de l’électorat, et dont le profil est donc très important pour obtenir une majorité) et des partis dans dix-huit pays au moment des élections, de 1977 à 2009; les indicateurs évaluant l’ouverture de chaque pays à la concurrence internationale.

Ils concluent que les partis «de gouvernement» (ceux qui ont déjà occupé la position majoritaire au sein d’une coalition) répondent en effet beaucoup moins aux mouvements de l’électorat si le pays est très ouvert:

«Alors que les élections incitent les partis à répondre aux mouvements de l’électorat, l’interdépendance économique distrait les élites politiques de celui-ci vers les acteurs des marchés, ajoutant de l’incertitude au paysage politique.»

Là encore, l’étude cite l’exemple de la France, et plus précisément d’une période de vingt ans (1988-2007) où son économie s’est considérablement ouverte: quand les opinions de l’électorat évoluent sur l’échelle gauche-droite, celles des partis évoluent aussi, mais de manière beaucoup plus atténuée en 2007 que deux décennies avant.

La courbe montre le déplacement des promesses des partis quand les préférences de l’électorat changent. Plus le chiffre vertical est élevé, plus les partis y sont sensibles; plus le chiffre horizontal est élevé, plus le pays est ouvert à la mondialisation. (Lawrence Ezrow/Timothy Hellwig)

Dans tous les pays, cet affaiblissement se réalise au profit des opinions portées par les décideurs économiques, qui sont plus à droite que la moyenne de l’électorat: sur une échelle gauche-droite allant de 0 à 10, ils sont plus à droite d’environ 0,8 point en France, par exemple.

«Si les partis sont tiraillés entre les électeurs et les marchés, alors considérons les préférences des acteurs des marchés. Les données suggèrent qu’elles se situent plus à droite que la moyenne de leur pays, que les décideurs économiques préfèrent un rôle de l’État réduit par rapport aux citoyens ordinaires», écrivent les deux auteurs dans un post publié sur Monkey Cage, le blog de sciences politiques du Washington Post.

Plus le chiffre est élevé, plus les préférences des acteurs économiques sont à droite comparées à celles de la moyenne de l’électorat. (Lawrence Ezrow/Timothy Hellwig)

À noter que cette étude ne porte pas sur les réalisations concrètes des partis en question, mais sur leur programme: elle ne dit pas que les partis trahissent, une fois au pouvoir, les promesses faites durant la campagne (reproche souvent fait au gouvernement socialiste actuel en France), mais que ces promesses sont déjà en elles-même un reflet beaucoup plus atténué aujourd’hui des prises de position des électeurs «moyens».

En cela, elle rejoint les conclusions d’une autre étude publiée au printemps, qui montrait que les opinions des électeurs riches comptent quinze fois plus que celle des électeurs lambda aux États-Unis.

Slate

mardi, 08 juillet 2014

QUEL BILAN APRES "L'EURO-SECOUSSE" ?

QUEL BILAN APRES "L'EURO-SECOUSSE" ?

Georges Feltin-Tracol

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Les élections européennes du 25 mai 2014 ont vu le succès des formations eurosceptiques, « populistes », « nationalistes », voire « europhobes » dans quelques États membres de l’Union (pseudo-)européenne. Le Front national (F.N.) en France, l’U.K.I.P. (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni) et le Parti du Peuple au Danemark sont arrivés en tête du scrutin. En Autriche, le F.P.Ö. (Parti national-libéral) gagne des suffrages tandis qu’en Italie, si la Ligue du Nord arrête un déclin annoncé (6,15 %), le Mouvement 5 Étoiles (M.5S.) de l’humoriste Beppe Grillo reste à un étiage élevé (21,16 %) même si le Parti démocrate de centre-gauche du président du Conseil Matteo Renzi réalise 40,81 %.

Ailleurs, la situation est plus contrastée. Le Parti de la Liberté (P.V.V.) du Néerlandais Geert Wilders semble pâtir de son rapprochement avec le F.N. En Hongrie, le F.I.D.E.S.Z. (Alliance des jeunes démocrates) du Ministre-président Viktor Orban remporte la majorité absolue (51,48 %) tandis que le Jobbik demeure la deuxième force politique magyare avec 14,67 %, ce qui inquiète la presse cosmopolite. Grâce à la suppression du seuil de 5 % aux élections européennes, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe permet au N.P.D. (Parti national-démocrate d’Allemagne) en la personne d’Udo Voigt de siéger à Bruxelles à côté des représentants des Électeurs libres (un élu), du Parti Pirate (un siège), défenseurs de la cause animale (idem), des protecteurs de la famille (idem) ou des écologistes-démocrates (idem).

Loquaces sur la poussée « europopuliste », les commentateurs politiques ont été plus discrets à propos du succès de mouvements radicaux de gauche. Alors qu’en France, le Front de Gauche animé par Jean-Luc Mélenchon fait un résultat décevant par rapport au relatif succès de ce dernier à la présidentielle de 2012 (6,47 % contre 11,10 %), deux pays se distinguent et vont à l’encontre de la tendance générale observée dans l’Union : la Grèce et l’Espagne.

En Grèce, la première place revient à Syriza d’Alexis Tsipras (26,57 %). Cette Coalition de la Gauche radicale dépasse les conservateurs (22,72 %) et enfonce les socialistes (8,02 %). Cependant, en dépit d’une incroyable persécution politico-judiciaire, les ultra-nationalistes d’Aube dorée – qui, contrairement à ce qu’affirment les médiats officiels stipendiés, ne sont pas des néo-nazis, mais bien plutôt les héritiers de Ioannis Métaxas qui affronta en 1940 – 1941 Mussolini et Hitler – arrivent troisième avec trois élus et 9,39 %. Scission des conservateurs par refus d’entériner les plans d’austérité de la Troïka (F.M.I. – B.C.E. – U.E.), le parti des Grecs indépendants décoche quant à lui un siège (3,46 %).

En Espagne, la surprise s’appelle Podemos (« Nous pouvons »). Fondée en mars 2014 par un trentenaire, professeur intérimaire de sciences politiques, Pablo Iglesias et portée par les plus motivés du mouvement des « Indignés », cette jeune formation a récolté 1 200 000 voix, 7,97 % et cinq parlementaires européens. Siégeant à la G.U.E. – G.V.N. (Gauche unitaire européenne – Gauche Verte nordique) avec les communistes, Mélenchon et les trois eurodéputés du Sinn Fein irlandais, Podemos capitalise sur un programme qui parle aux Espagnols : restructuration de la dette, réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 h., fin des expulsions immobilières, instauration d’un salaire maximum… Ses thèmes de campagne le rapprochent de ceux défendus par l’Italien Grillo. Comme Grillo pour les députés et les sénateurs du M.5S., Pablo Iglesias « a imposé une limite au salaire des députés de Podemos (trois fois le salaire minimum espagnol, soit 1930 euros par mois; le surplus sera versé au parti ou à des O.N.G.) et l’interdiction de voler en classes affaires (1) ». La cléricature médiatique harcèle l’ancien militant aux Jeunesses communistes et l’accuse – crime suprême ! – de s’inspirer de feu le président Hugo Chavez et de vouloir importer dans la péninsule le bolivarisme. Ses détracteurs rappellent sans cesse qu’« il fut membre du conseil exécutif du Centre d’études politiques et sociales (C.E.P.S.), une fondation qui a reçu, selon le journal El Pais, plus de trois millions d’euros en dix ans du gouvernement vénézuélien d’Hugo Chavez pour du conseil en stratégie politique (2) ».

Toutefois, en dépit d’une abstention très élevée et d’une vague non négligeable de formations protestataires, le Parlement européen continue à être dominé par un cartel institutionnel regroupant les conservateurs démocrates-chrétiens, les socialistes, les libéraux-centristes et les Verts.

Candidat battu à la présidence de la Commission européenne, le social-démocrate allemand Martin Schulz vient d’être réélu le 1er juillet dernier pour trente mois président du Parlement de Strasbourg – Bruxelles, son successeur pour la fin de la mandature étant un conservateur démo-chrétien. Ce pacte confirme que la droite et la gauche appliquent la même politique d’austérité économique et d’alignement mondialiste. La présence d’une forte minorité d’eurosceptiques les oblige à ériger un « cordon sanitaire ». Ainsi apprend-on que « es conservateurs du P.P.E., les socialistes du S.&D. (socialistes et démocrates) et les libéraux de l’A.D.L.E., trois groupes pro-européens, ont scellé une sainte alliance valable pour la durée de la législature (2014 – 2019) (3) ».

L’immédiate après-élection fut surtout marquée par les nombreuses tractations des nouveaux élus anti-U.E. afin de constituer un ou plusieurs groupes parlementaires. Dès les résultats connus, trois pôles souverainistes rivaux émergèrent autour des Tories britanniques, de l’U.K.I.P. de Nigel Farage et de l’Alliance européenne de la liberté animée par Marine Le Pen.

En 2009, à la demande de leur chef David Cameron alors dans l’opposition, les conservateurs britanniques quittèrent le P.P.E. (Parti populaire européen) et s’associèrent aux Polonais de Droit et Justice (P.i.S.) des jumeaux Kaczynski et au Parti démocratique civique (O.D.S.) du président tchèque Vaclav Klaus, pour former le groupe des Conservateurs et réformistes européens (C.R.E.). Considéré comme « anti-fédéraliste », ce groupe affiche clairement son atlantisme et son libéralisme, même si le P.i.S. se veut étatiste. Soucieux d’être réélu l’année prochaine, Cameron a tenté d’empêcher Nigel Farage de reconduire son groupe parlementaire en attirant vers le noyau fondateur Tories – P.i.S. – O.D.S. d’autres députés européens si bien que E.C.R., avec 70 membres, est désormais le troisième groupe du Parlement européen. Sont venus s’agréger les les nationaux-centristes flamands de la N.V.A. de Bert de Wever, des élus anti-monnaie unique de l’Alternative pour l’Allemagne, des Vrais Finlandais et du Parti du peuple danois. Tous se couchent aux oukases des médiats.

Co-président du groupe Europe de la liberté et de la démocratie de 2009 à 2014, Nigel Farage a craint un instant de siéger parmi les non-inscrits. Finalement, il est arrivé à maintenir son groupe, devenu Europe de la liberté et de la démocratie directe, en s’alliant avec les 17 élus italiens du M.5S. et en ralliant la dissidente frontiste Joëlle Bergeron favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales. Les ont aussi rejoints deux Démocrates suédois et Rolandas Paksas d’Ordre et Justice, un ancien président de la République lituanienne destitué pour corruption, il y a dix ans.

L’échec d’un groupe Alliance européenne de la liberté démontre la difficulté de trouver une position commune entre des partenaires aux préoccupations nationales dissemblables. Outre les atermoiements d’un nationaliste macédonien de Bulgarie, le principal point d’achoppement portait sur l’admission ou non des quatre élus polonais du Congrès de la Nouvelle Droite de Janusz Korwin-Mikke. Ce nouveau parti n’a strictement rien à voir avec Éléments, Vouloir, Trangressioni ou Sezession d’autant qu’il mélange propositions conservatrices et esprit libertarien. Le refus, préventif et répété, de Marine Le Pen et de Geert Wilders de s’entendre avec le N.P.D., le Jobbik et Aube dorée n’a fait qu’accentuer les difficultés de constituer un groupe viable dans les délais impartis. Mais même si ce refus n’avait pas été posé, il est probable que les députés hongrois n’auraient jamais siégé avec leurs collègues grecs. En effet, Aube dorée défend la « Grande Idée » panhellénique, ouvre pour l’unité de Chypre dans la perspective d’un rattachement à la Grèce et s’oppose à la Turquie tandis le Jobbik dont les visées sont pantouraniennes et pro-turques, soutient la République turque de Chypre du Nord et le Haut-Karabakh azéri et revendique une islamophilie déstabilisante pour certains inquisiteurs de presse. En voyage en Turquie en novembre 2013, son président, Gábor Vona, prévenait que son parti « ne coopérera jamais avec aucune organisation nationaliste radicale occidentale qui considère que les Turcs et l’Islam sont les ennemis (4) ». Il ajouta que « l’islam est le dernier espoir de l’humanité dans les ténèbres du globalisme et du libéralisme (5) ». Dans ces conditions, une coopération entre les Hongrois et le F.N. et ses partenaires s’avérait impossible.

Toutes ces discussions, abouties ou non, ne doivent surtout pas cacher que le succès des mouvements eurosceptiques exprime avant tout un gigantesque dépit envers une Europe guère identitaire. La plus grande preuve du déni identitaire actuel concerne le groupe C.R.E., présidé par Syed Kamall, un musulman originaire de la Guyana ! Au fait, c’est le Tory Cameron qui a légalisé adopter outre-Manche le mariage homosexuel ! Ces eurosceptiques sont des passéistes dépassés parce qu’ils continuent à protéger des nations submergées par des flux migratoires allogènes sans se soucier de l’ethnicité européenne des Britanniques. Par une heureuse coïncidence, le journaliste de Libération en poste à Bruxelles signale que dans la répartition des présidences de commissions, C.R.E. vient de recevoir la Défense et le Marché intérieur, soit le renard atlantiste-libéral dans un méga-poulallier européen… Les partis peuvent bien apparaître « populistes » en gardant un conservatisme libéral étriqué pour le plus grand malheur des peuples autochtones d’Europe.

Face à ces formations parodiques et nuisibles et au moment où le Moyen-Orient assiste à la renaissance à Racca d’un califat islamiste, il importe de donner une vigoureuse impulsion alter-européenne ainsi qu’une praxis s’inspirant à la fois des thèses de Podemos, des positions d’Aube dorée, des idées du Jobbik et de la manière de gouverner du F.I.D.E.S.Z., le tout sublimé par une Weltanschauung anti-atlantiste et pro-continentale. Au-delà d’une anti-Europe nationale-souverainiste et d’une pseudo-Europe existe en puissance une Europe solidaire de toutes les identités natives boréennes.

Notes

1 : Sandrine Morel, « L’« indigné » espagnol qui veut bousculer l’Europe », Le Monde, 1er juillet 2014.

2 : Idem.

3 : Jean Quatremer, « À Strasbourg, les europhobes mis au ban du Parlement », Libération, 1er juillet 2014.

4 : « Gábor Vona : “ L’islam est le dernier espoir de l’humanité dans les ténèbres du globalisme et du libéralisme ” », mis en ligne sur le Blogue de Lionel Baland, le 4 novembre 2013.

5 : Idem. Lionel Baland rapporte aussi que Gábor Vona révéla au cours de ce séjour que « sa vie personnelle a été influencée par l’islam, qu’il a de nombreux amis et collègues musulmans et qu’un de ses témoins de mariage était un Palestinien ». Le Jobbik assume bien sûr un anti-sionisme radical.

NDLR :

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vendredi, 27 juin 2014

N-VA versterkt trans-atlantisme

N-VA versterkt trans-atlantisme door zich aan te sluiten bij Europese E.C.R fractie

Ex: http://www.solidarisme.be

Wat doet de N-VA in de E.C.R ( Conservatieven en Hervormers) fractie van het Europese parlement, niet dat ze een idelogische  band zouden hebben. De Britten willen geen onafhankelijk Schotland -de N-VA onderstunt de Schotse eis, de Polen willen niet weten van homohuwelijken, de N-VA is voor. Anderen binnen de fractie zijn dan weer tegen immigratie, de N-VA is daar voorstander van enzoverder.Het gaat hem om een koehandel die draait om geld en invloed.

Wat onze stelling, dat de politieke elite, het doel –geld scheppen voor zichzelf – vele malen belangrijker vind dan een ideologisch of politiek project. Ook de andere partijen houden zich met dergelijke koehandel bezig.Toch is de keuze van de N-VA voor de ECR fractie niet zonder betekenis voor de toekomst van de Europese machtsverhoudingen in het parlement.De centrale macht binnen de Unie ligt nu bij Duitsland en Frankrijk ( de belangenverdeling  tussen beiden binnen Europa is dan ook de oorzaak van de vorming van de Europese Unie).

Groot-Brittannië kan nooit een gelijke (in de zin van het opgeven van de eigen natiestaat) zijn in deze opdeling tussen de regionale Europese grootmachten  omdat het dan zou moeten kiezen om haar trans-Atlantische ( Amerikaanse) bondgenoten en de voordelen die ze daaruit put op te geven .( Het feit dat ze niet willen meedoen met de euro is daar een mooi voorbeeld van). Engeland weet dat haar belangen in Azië  en India  alleen maar door een hechte alliantie met Amerika kunnen worden gehandhaafd,  en Amerika heeft dan weer de Engelse bondgenoot nodig om China mee onder controle te helpen houden in de Aziatische zeeën en om in Europa de Russen klem te helpen zetten mochten die verder uit zijn op expansie. En uiteraard ook om de Europese Unie zo veel als mogelijk aan de leiband te houden, zodat die trouw blijven aan de trans-Atlantische belangen van Amerika .

In deze constellatie  is het ook niet verwonderlijk dat Poolse nationalisten in de ECR fractie samen zitten met de Britten, Polen en Engeland zijn jarenlange bondgenoten ,omdat  Polen rekent op de Britten, omdat zij samen met de Amerikanen- en de NAVO -de Russen van zich af houden .En ook wel de dominantie van Duitsland in de Unie onder controle helpen houden.

Verder is er nog het belang van de beurs in Londen die door de Europese regelgeving gevaar loopt, en die ze zo autonoom mogelijk willen houden van de ECB en haar door Duitsland gedomineerde administratie en bemoeizucht. Er verder zijn  er nog  tal van redenen waarom de Engelsen nooit hun munt en een opgaan van hun staat in de Europese Unie zullen accepteren.Temeer omdat de Engelse bevolking die Unie in grote getalen afwijst, en zoals reeds gezegd ,een groot deel van de  Engelse elite  zich daarbij met het volk solidariseert , wat men in ons eigen land niet kan zeggen van onze politieke elite, hier collaboreert die elite volledig met de Unie en wend ze zich af van het volk.

Maar wat is nu de betekenis van het lidmaatschap van de N-VA bij de fractie die is opgezet door de Britse conservatieven.Het kan een schift betekenen van ons land wat betreft de loyaliteit  tegenover Frankrijk en Duitsland binnen de Unie. Zo is het goed denkbaar dat België ( als de N-VA  federale regeringsmacht zou verwerven )  zich zal opwerpen als belangenvertegenwoordiger van Engeland en dus onrechtstreeks de Amerikaanse belangen meer zal verwoorden, waar dat in het verleden vooral op Duitsland-Frankrijk  was gericht.

Engeland wil de volle en vrije toegang hebben tot de E.U markt, maar wil zich niet bij de muntunie aansluiten ( waardoor het de Europese markt- door bijvoorbeeld een devaluatie van de Pond –op een oneerlijke wijze zou kunnen beconcurreren). Deze verworvenheden zal Engeland zeker  willen behouden , zelf indien ze een verder integratie van Engeland in de Europese Unie blijft afwijzen.Het is dan niet ondenkbaar dat andere leden van de Unie, meer bepaald  Duitsland en Frankrijk daar op een bepaald ogenblik  schoon genoeg van krijgen, omdat de kosten vooral worden gedragen door hen en andere lidstaten die de Euro gebruiken en de baten naar anderen gaan zonder zich verder te verplichten aan de Unie.

Dan is het voor de Britten van het allergrootste belang dat zij bondgenoten hebben in het Europese parlement, die van de UKIP hebben ze al, zeker wanneer het er op aankomt toegang te blijven hebben tot de vrije Europese interne markt, zonder daarvoor verder enige concessie aan de Europese staat te doen. Maar ook andere Engelse partijen  zullen steeds de belangen van Engeland voorop  stellen.

Vooral op geostrategisch vlak liggen de belangen ver uiteen, zoals gezegd verschuiven de Amerikaanse belangen ( maar ook de Engelse en zelf de Europese) naar het Aziatische continent en de zeeën daar rond. Ook een deel van de Europese politieke klasse beseft dit ten volle en zoekt terug een sterkere aansluiting bij het trans-Atlantisch bondgenootschap, met de U.S.A dus.

De N-VA is een fervent aanhanger van de NAVO ( hoewel ze in haar programma  de Benelux als tussentijdse samenwerkingspool ziet voor defensie) maar wel met als doel zo de NAVO te versterken.Daar komen dus de belangen van de Engelse conservatieven en de N-VA bijeen.Een hechtere band met Amerika en de NATO smeden.

Dat sommige media en partijen dit als euro kritisch gedrag van de N-VA zien is dan ook fel overdreven en niet correct.

Het is eerder een pro-transnationale, pro Amerikaanse opstelling van Europa  die door deze fractie wordt nagestreefd, en de kritiek ligt bij hen dan ook op de–onafhankelijkheid van Europa - niet op Europa als bovenbouw voor een mercantiele  (minimale ) staat, zoals het liberalen past.

Of dat de vrede in Europa op termijn garandeert ?

lundi, 23 juin 2014

Entretien avec Vincent Vauclin

Entretien avec Vincent Vauclin

par le "Cercle Non Conforme"

( http://cerclenonconforme.hautetfort.com )

Vincent Vauclin est le fondateur et le coordinateur national de la Dissidence Française, mouvement   fort intéressant avec qui nous partageons nombres d'analyses. Cette entrevue permettra au lecteur de mieux connaître la Dissidence Française ainsi que Vincent Vauclin, qui a déjà publié deux livres ("Cendres" et "Putsch") que nous avions recensés il y a quelques mois.  

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1. Le C.N.C.: Qu’est-ce qui, dans votre parcours personnel, vous a amené vers vos positions actuelles et vous a poussé à vous engager sur un plan politique ?

V.V.: A l'instar de nombre de camarades issus de l'extrême-gauche, mon cheminement suit plusieurs étapes : la base, c'est la prise de conscience de classe. C'est-à-dire la prise en compte des facteurs socio-économiques et des convergences d'intérêts qui impliquent un rapport de force constant entre exploiteurs et exploités. 

La suite logique, c'est l'analyse du système de domination, de la superstructure du capitalisme contemporain, et des rouages du processus d'aliénation qui permettent son hégémonie : à ce stade, l'influence de certains anarchistes fut pour moi assez déterminante, et la lecture du pamphlet L’insurrection qui vient marqua véritablement un tournant. 

Dès lors, je me situais dans une démarche militante qui impliquait déjà la formation d'une avant-garde révolutionnaire destinée à créer les conditions du « grand soir » insurrectionnel durant lequel les masses inverseraient le rapport de force.

C'est à cette époque que la contestation contre la réforme des retraites de Sarkozy prenait de l'ampleur : les premiers blocages de dépôts de carburant s'amorçaient et je voyais là une occasion à saisir. Avec enthousiasme, j'ai participé à cette mobilisation qui, au bout de deux semaines, donnait déjà des résultats encourageants : pénurie générale de carburant, manifestations, files d'attente aux stations d'essence, ambiance tendue, gouvernement discrédité etc... La gauche radicale était en effervescence, on sentait qu'une brèche s'était ouverte. Et puis rien. Les syndicats majoritaires (la CGT en tête) lâchèrent les travailleurs aux moments précis où la situation pouvaient enfin basculer. Les raffineries reprirent progressivement leurs activités, les derniers foyers de contestation furent balayés par les CRS, et le gouvernement Sarkozy sortit renforcé de cet épisode en bénéficiant in extremis du soutien officieux des centrales syndicales majoritaires. 

Ces événements catalysèrent ma compréhension de la réalité des rapports de forces et, surtout, de leur complexité. Dès lors, j'abandonnais la lecture simpliste et inefficiente de l'orthodoxie marxiste. Je comprenais le leurre que constituais « le mythe du grand soir », et celui de la bienpensance cosmopolite véhiculée par l'internationalisme gauchiste, caution morale de la politique immigrationiste du Capital. Les partis et syndicats d'extrême-gauche, des mouvements révolutionnaires ? Non, des rouages, parmi d’autres, de la machinerie capitaliste, intégralement sous contrôle, endoctrinant, noyautant et neutralisant tout élan contestataire. L'oligarchie, un simple ensemble d'intérêts économiques interdépendants ? Non, une caste communautaire qui travaille activement à la dissolution de la France, non seulement sur le plan économique, mais également et surtout sur le plan social, moral, culturel, et ethnique. La gauche libérale et la droite financière sont les deux mâchoires d'une même tenaille qui se referme sur notre civilisation. La subversion morale précède la domination du Capital. L'anéantissement des structures traditionnelles de notre pays fait le lit de sa dissolution ethnique. C'est la lutte finale, camarades ? Certes, mais certainement pas celle que vous croyez...

2. Le C.N.C.: Vous êtes le fondateur de la Dissidence Française. Pouvez-vous présenter votre mouvement à nos lecteurs et en dégager les objectifs fondamentaux ?

V.V.: La Dissidence Française est le mouvement de riposte radicale à l’idéologie libérale et cosmopolite. C’est une force qui se construit depuis plus de trois ans maintenant, et qui poursuit une action à la fois militante et métapolitique en ouvrant des fronts nouveaux. Notre organisation formule une synthèse des différents courants de ce que l’on pourrait appeler la mouvance « dissidente » ou « non-conforme », rassemblant ainsi des centaines de militants issus d’horizons divers, qui partagent une même vision du monde, une même intransigeance, et une même énergie qui s’exprime dans un activisme soutenu, tout particulièrement contre ce que nous appelons « le Régime », c’est-à-dire la république des partis, des loges et des lobbies. 

Concrètement, nous avons déjà mené des centaines d’actions dans près de 40 départements : tractages, collages d’affiches, déploiements de banderoles, actions « coup de poing », manifestations, maraudes solidaires pour les SDF et précaires etc… Et tout ça, de façon autonome : la Dissidence Française n’a pas de compte bancaire, et n’a donc jamais réclamé un seul euro de don ou de cotisation à ses militants et sympathisants.

Parallèlement, nous développons une communication hyperactive sur internet et notamment sur les réseaux sociaux, nous adaptons notre communication aux exigences d’aujourd’hui, nous formulons continuellement une critique positive de la mouvance dissidente et des tendances régressives qui s’y manifestent, nous tissons des liens avec la plupart des organisations non-conformes et participons aux dynamiques de convergence contre le mariage gay, l’idéologie du genre, la pression fiscale et migratoire, le traité transatlantique et la mainmise des lobbies communautaires sur les institutions françaises et européennes. 

3.  Le C.N.C.: Quelles sont les formes de militantisme les plus adaptées à notre époque selon vous ? L’importance accordée aux visuels, et à l’image en général, que l’on retrouve dans votre mouvement est-elle une composante de votre manière de militer ?

V.V.: Le monde Spectaculaire-Marchand dépense chaque année des dizaines de milliards d’euros en publicités et autres campagnes marketing. Ce n’est pas pour rien. Au-delà de l’impact immédiat de ces campagnes sur les consommateurs, qui sont ainsi quotidiennement incités à se tourner vers telle ou telle marque, tel ou tel produit, il est évident qu’un tel conditionnement remplit une fonction politique et « culturelle », inoculant insidieusement l’idéologie dominante au corps social, façonnant jour après jour cet homme-masse, éternel esclave de toutes les tyrannies, sur le consentement tacite duquel repose l’ensemble du totalitarisme moderne. On notera d’ailleurs la teinte systématiquement « politiquement correcte » des campagnes publicitaires, surtout lorsque celles-ci se drapent d’un caractère subversif pour cibler, par exemple, la jeunesse : il s’agit toujours de faire l’apologie de la transgression morale, du métissage, du mondialisme, de l’antifascisme, de la « tolérance » et de je ne sais quelle autre connerie gauchisante. 

Nous ne pouvons donc tout simplement pas faire l’impasse sur la communication. La forme importe autant que le fond, et c’est la raison pour laquelle nous consacrons effectivement beaucoup d’énergie pour forger une communication à notre image : virale, jeune, efficace, avant-gardiste, dotée de ses propres codes, etc. L’idée étant de renverser, en notre faveur, « l’asymétrie communicationnelle » qui prévaut aujourd’hui. Plus clairement, le message que nous devons faire passer est le suivant : contrairement à ce qu’ils prétendent, les ringards, les moralistes, les conformistes, ce sont eux. L’avenir, la jeunesse, le changement véritable, c’est nous. Et c’est par le militantisme que nous entendons incarner et donc « vitaliser » ces principes.

4.  Le C.N.C.: La Dissidence Française prône l’abstention, pourquoi ? Le vote FN n’est-il cependant pas un bon indicateur – certes imparfait – pour appréhender le ras-le-bol du Français de base face au Système ? 

V.V.: Nous refusons tout simplement d’apporter notre onction démocratique à des institutions qui ne disposent d’aucune légitimité. Prenons un exemple récent : le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen qui fut organisé en 2005. Les Français ont voté à 55% « Non ». Moins de 3 ans plus tard, le traité identique est pourtant ratifié par les parlementaires UMPS. Est-ce normal ? Est-ce acceptable ? Peut-on faire comme si cette forfaiture n’avait pas eu lieu ? Non. Quand on connait les implications considérables de la ratification de ce Traité pour notre pays, c’est tout simplement scandaleux et inadmissible. Par principe donc, nous refusons de participer à cette mascarade. Puisque le match est truqué d’avance, nous n’irons pas sur le terrain. Et considérons donc que les institutions « représentatives » ne représentent pas le peuple Français, et qu’en conséquence les scrutins qu’elles convoquent sont illégaux. L’abstention, c’est donc une façon de priver de priver le Système de son carburant électoral, de tarir la seule source de légitimité sur laquelle il peut compter. Si, comme nous, l’on considère que la « république française » n’est ni une république (puisqu’elle ne sert pas le bien commun, la res publica), ni Française (puisqu’elle est inféodée à des intérêts étrangers à ceux du peuple Français), il n’y a qu’un seul choix possible : celui de l’entrée en dissidence, de la rupture. En clair : l’abstention est un choix politique, sans doute le plus radical qui soit.

Pour répondre à la seconde partie de votre question, je dirais que le Front National est effectivement le thermomètre d’un ras-le-bol général, et que ses scores reflètent d’abord le rejet du « politiquement correct » véhiculé par les médias de masses et l’ensemble des partis parlementaires. Pour autant, je ne crois pas une seconde à un changement par les urnes, ni à une victoire décisive du Front National dans les années qui viennent. 

 

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5. Le C.N.C.: Dans le monde moderne, l’ennemi est partout autour de nous, sur un plan institutionnel, culturel, politique, social, national et international. Cela amène de nombreux résistants à ne pas savoir où réellement frapper, perdus face à une entité aux innombrables facettes. Que leur conseilleriez-vous d’attaquer en priorité ? 

V.V.: Notre narration collective nous échappe. La barbarie moderne s’appuie d’abord sur une vision du monde innervée des illusions qui sont quotidiennement inoculées au corps social et plongent la société dans un état de stase psychotique propice à son délitement. C’est un phénomène « kaléidoscopique » qui altère la perception de la réalité par nos contemporains et conditionne l’ensemble de leurs attitudes et comportements, introduisant des représentations éphémères qui se succèdent l’une après l’autre sans cohérence apparente. Le regard affûté y distinguera cependant des constantes qui ne relèvent pas du hasard mais bien d’un projet totalitaire. Cet état d’hébétude relève en effet d’une stratégie élaborée, socio-psychologique, de manipulation et de neutralisation (on parle « d’ingénierie sociale », de « Tittytainment »). L’avancée souterraine et métastatique de la subversion résulte de cette stratégie systémique d’immunosuppresion, et c’est la raison pour laquelle rien ne pourra être accompli en l’absence d’une décontamination identitaire préalable et d’une désintoxication idéologique radicale. C’est donc sur le front de la catharsis que nous devons d’abord nous mobiliser, c’est sur le champ de bataille de l’expiation collective que nous devons combattre, contre les propagandes de tous bords, contre l’ensemble des déviations modernes, contre ce que Philippe Muray appelait « l’Empire du Bien ». Qu’ils nous qualifient de racistes, de misogynes, de fascistes, d’antisémites, de réactionnaires, d’homophobes, d’intolérants, de tout ce qu’ils veulent : cela ne présente absolument aucun intérêt, car ils ne nous jugent qu’à l’aune de leurs néo-principes frelatés qui, tôt ou tard, seront purement et simplement démentis par le réel. 

6. Le C.N.C.: Quelle est votre position sur l’immigration et les populations d’origine extra-européenne présentes sur notre sol ? 

V.V.: Avant la fin de ce siècle, si rien ne change, les Européens seront pour la première fois minoritaires sur leur propre territoire. Céder sur le terrain de la sémantique ou du politiquement correct, c’est déjà capituler, alors soyons clairs : nos sociétés se sont vues imposer un modèle multiculturel qui, in fine, conduira vraisemblablement à la marginalisation puis à l’extinction de la race blanche. Il ne s’agit pas d’un « délire d’extrême-droite », mais des projections officielles de l’ONU. C’est d’une logique implacable : d’un côté, les oligarques encouragent des politiques de dénatalité ciblant les Européens de souche (apologie de l’avortement, des déviances homosexuelles et « transsexuelles », idéologie du genre, propagande antifamiliale etc.), de l’autre, ils font entrer chaque année des dizaines de millions d’allogènes en Europe et encouragent le métissage au nom du « vivre-ensemble ». Concrètement, on appelle ça un génocide. Nous ne l’accepterons pas. Nous sommes clairement opposés à l’immigration de masse, et défendons l’idée d’une politique concertée, mais urgente, de remigration des populations extra-européennes, condition sine qua non de la préservation de notre identité ethno-culturelle. D’une manière ou d’une autre, nous redeviendrons maîtres chez nous, car il n’est pas envisageable que nous laissions la France et l’Europe, matrices des formes les plus supérieures de civilisation, sombrer dans le chaos du cosmopolitisme niveleur, du métissage global et du mondialisme uniformisant. 

7. Le C.N.C.: Votre dernier livre « Putsch » a beaucoup fait parler de lui et nous ne reviendrons pas sur sa thèse (voir pour cela notre chronique et cette entrevue vidéo). Il a suscité un certain nombre d’objections, en particulier dans le texte « Il n’y aura pas de putsch ». Qu’avez-vous à répondre aux objections qui vous ont été faites ?

V.V.: Paru en septembre 2013, mon livre a anticipé la révolte de l’Armée Française avec 8 mois d’avance. Et je remarque que la plupart de mes détracteurs se font désormais beaucoup plus discrets, car plus le temps le passe et plus l’actualité semble me donner raison. Mon postulat de départ est le suivant : tôt ou tard, l’Armée Française sera amenée à jouer un rôle déterminant dans le dénouement de la crise profonde dans laquelle s’enfonce notre pays. En publiant Putsch, j’ai lancé un défi aux forces armées en prenant ouvertement position pour un coup d’état militaire, c’est-à-dire pour l’option la plus radicale qui soit. Car il faut distinguer le putsch au sens strict, c’est-à-dire le renversement complet et brutal du Régime, par la destitution de François Hollande, la suspension de la constitution, l’instauration de la loi martiale et la mise en place d’un gouvernement provisoire de salut public, et le putsch au sens large, qui englobe différentes formes de révoltes martiales, aux portées et aux implications plus limitées, et qui peuvent constituer plusieurs paliers vers un putsch intégral. 

En mars 2013, l’Armée fit sauter Jérôme Cahuzac (qui, alors ministre du budget, entendait réduire drastiquement le budget de la Défense Nationale) : c’est un exemple de ce que j’appellerai un « putsch partiel », par lequel les militaires ont mené une opération de neutralisation d’une cible menaçante. Avec le succès que l’on sait. Pourtant, le gouvernement Hollande poursuit son entreprise de démantèlement de l’Etat, et pour cause : Hollande est totalement bloqué, à sa gauche par les lobbies communautaires, libertaires et maçonniques qui entendent faire passer en force leur projet d’une société individualiste, multiculturelle et déracinée, et à sa droite par les lobbies de la finance mondialiste qui comptent sur ce gouvernement antinational pour maintenir coûte que coûte le système de racket fiscal organisé au profit des banques. Mais la situation n’est plus tenable.

L’Armée ne lâche pas, les militaires n’acceptent plus d’être la variable budgétaire d’un gouvernement inféodé aux intérêts de la finance, et non à ceux de la France. Le mois dernier, le chef d’état-major des armées, les chefs d’état-major des trois armes, et une vingtaine de généraux ont fait savoir qu’ils démissionneraient en bloc si Hollande persistait dans son projet. Un message réaffirmé par le Général Vincent Desportes sur Europe 1 qui, et c’est une première, lança clairement et publiquement un ultimatum à François Hollande. C’est du jamais vu. Cette grogne est générale, et ne se limite pas à l’Armée : j’ai également reçu nombre de soutiens de la part de gendarmes et de policiers (des soutiens émanant par exemple de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, des groupements parisiens de gendarmes mobiles, ou de CRS avec qui j’ai pu discuter directement). Les objections formulées par mes détracteurs me semblent donc tout simplement dépassées. Tous ces faits témoignent de la crise profonde d’un Régime en phase terminale, crise qui va bien au-delà de simples considérations budgétaires.

8. Le C.N.C.: Dominique Venner pensait qu’il fallait, préalablement à toute action politique de grande ampleur, faire changer la mentalité du peuple. Qu’en pensez-vous ?

V.V.: Le « peuple »… Existe-t-il, déjà ? Ou existe-t-il encore, plutôt ? C’est là toute la question: que reste-t-il de notre peuple aujourd’hui, après des décennies, voire des siècles, de subversion libérale et cosmopolite ? Je pense que « le peuple », en tant que communauté de destin et réalité identitaire, n’existe plus. L’atomisation de la société française par des forces dissolvantes, de droite comme de gauche, a scellé la tombe du « peuple », en tant qu’entité politique et culturelle homogène. 

Mais je rejoins Dominique Venner lorsqu’il nous dit que « les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice », ce qui signifie que si le « peuple » n’existe plus, le Volk, lui, existe encore. Le pays réel, celui de la terre et du sang, conserve encore jalousement les secrets de sa grandeur passée et de sa renaissance future. 

A l’heure de la convergence des catastrophes et face au péril que constitue le Grand Remplacement, il ne s’agit pas simplement de « changer les mentalités », mais de puiser dans les archétypes et les mythes les plus anciens, de réactiver les atavismes les plus profonds, et de réveiller ainsi les forces immémoriales qui affranchiront nos patries du destin cataleptique que leur avait promis les tenants de la « fin de l’histoire ».  Jusqu’ici, il manquait quelque chose de fort, au-delà des formules convenues et des mots d’ordres rabâchés. Il manquait un acte héroïque, un symbole de fondation, une figure polarisante. Il manquait un signal. Ce signal nous fut donné, le 21 Mai 2013, peu après 16 heures… Il nous appartient, ici et maintenant, d’en tirer les conséquences.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

vendredi, 20 juin 2014

La línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas

martongy.jpgEn esta entrevista, el diputado y experto en relaciones internacionales del partido nacionalista húngaro, Márton Gyöngyösi, no sólo nos habla de la campaña electoral que organizan, lanza fuertes declaraciones contra partidos como el Frente Nacional, el FPO de Austria o el PVV de Wilders por las ‘peculiaridades’ de sus plataformas políticas y define cual es la diferencia de movimientos como Jobbik y los partidos antes mencionados.

¿Cuál es su estrategia de campaña para las elecciones al Parlamento Europeo?

Como usted probablemente sabe, tenemos tres elecciones este año: elecciones nacionales parlamentarias, elecciones al Parlamento Europeo y después elecciones locales. Por supuesto, nuestra relación con la Unión Europea es un tema muy importante, incluso a nivel nacional, pero actualmente no es nuestro principal objetivo. Después de las elecciones nacionales, realizaremos en mes y medio la campaña para las elecciones al Parlamento Europeo. En el 2009, cuando participamos primera vez, llegamos a un resultado muy bueno de 15 % y sacamos tres diputados. Esperamos llegar al menos a dicho porcentaje. Nuestro programa para Parlamento Europeo ya está en camino. Por desgracia, de alguna manera estamos condenados al ostracismo en los medios de comunicación y nuestros mensajes no se difunden. Así que realizamos una campaña muy directa, con mucho más énfasis en el Internet y en los foros públicos.

¿Qué tipo de asuntos son los que esperas plantear en relación con la Unión Europea, tanto en las elecciones nacionales como las elecciones al Parlamento Europeo?

Al igual que en muchos otros países hay una gran cantidad de euroescepticismo barriendo a través de Hungría. En estos tiempos de crisis económica y financiera, mucho de la culpa se ha puesto a la Unión Europea y creo que con razón dada la forma en que esta crisis se ha gestionado y la forma en que la UE se está transformando. Creo que hay mucha resistencia a la continua centralización que la UE ha estado experimentado desde el Tratado de Lisboa, incluso desde el Tratado de Maastricht si quieres.

Creo que la mayoría del pueblo húngaro rechaza esto y creo que estas elecciones van a tratar mayormente sobre el futuro de la UE. Estoy esperando un resultado muy euroescéptico en este país – y en general también. Esto no es sólo Jobbik. Creo que el euroescepticismo está más allá de Jobbik y los partidarios de Jobbik. Ya el señor Orbán está haciendo alusión a un enfoque muy euroescéptico. Él por supuesto está a favor de la UE y ha hecho mucho por la adhesión de Hungría, pero por el momento retóricamente es crítico de la UE. Obviamente son tácticas políticas. Creo que los partidarios incondicionales de Fidesz están hartos de la UE y creo que Jobbik puede esperar votos de ellos. Creo que esa fue una de las razones por las que Fidesz no quería poner las elecciones nacionales y las elecciones al Parlamento Europeo en la misma fecha, a pesar de que hubiera sido lógico. Habría habido una gran participación en las elecciones al Parlamento Europeo, y mucha gente habría realizado un voto de protesta del lado de Jobbik. Pero ellos no quieren un alto rechazo de la UE. Eso habría sido un mensaje terrible hacia Bruselas. Un mensaje positivo desde mi punto de vista.

¿Cuáles cree que son los principales peligros de la creciente integración a la UE?

Sólo veo peligros. En 1991 obtuvimos la candidatura. Si queremos emitir un juicio sobre la UE tenemos que mirar no sólo a nuestros miembros, sino que todo el proceso de adhesión. Se le da a la nación que negocia su adhesión a la UE con Bruselas directrices y es forzada a moverse dentro de ciertos límites. Esto ha tenido un impacto muy negativo en el proceso de transición de Hungría. Se nos dijo liberalizar y privatizar la economía, lo que significó que en unos diez años Hungría vendió la totalidad de su riqueza nacional. Se nos dijo que el capital privado, la inversión privada y la iniciativa empresarial extranjera nos llevarían muy pronto al paraíso. Pero lo que se puede ver es que los países de Europa Occidental necesitan a Hungría más que Hungría necesita de la UE. Ganaron un mercado de diez millones en este país, y cientos de millones si nos fijamos en toda la región. Económicamente, es un paso muy importante para la UE. Geoestratégicamente también. Ellos abrieron las fronteras del euroatlantismo hacia el este por cientos de kilómetros. Esto también se ve en Ucrania. Pero no sólo hay que culpar a la UE y los asquerosos capitalistas de Occidente. Tenemos una élite política en este país – el Sr. Orbán, políticos socialistas como Gyula Horn – que fueron seleccionados para este tipo de política de transición. Ninguno de ellos cuestionó la integración europea o este tipo de transición económica. Sobre de ellos se les puede hacer mucha crítica por la gestión de la transición de un modo por el cual este país ha sufrido más en 25 años que en las dos guerras mundiales. Básicamente hemos perdido toda nuestra riqueza y patrimonio nacional. Básicamente no tenemos nada en manos húngaras en estos momentos. Todo está en las manos de los empresarios e inversionistas extranjeros que compraron fábricas y en algunos casos las destruían.

¿Cuáles son algunos ejemplos de esto?

Nuestra industria alimenticia fue completamente destruida. Solíamos ser capaces de autosuficiencia en la producción agrícola. Sólo para dar un ejemplo, solíamos tener 12 fábricas de azúcar. Eramos completamente autosuficientes y exportabamos el 75% de nuestra producción azucarera. Hoy importamos casi todo el azúcar, porque la producción ha dejado de existir. Sólo hay una fábrica de azúcar en Hungría y es de propiedad de Austria. La UE dice que no se puede producir porque hay cuotas y la cuota es aproximadamente la mitad del nivel de autosuficiencia… ¿Qué pasó con las fábricas? Fueron compradas por empresas extranjeras – empresas francesas y alemanas – y destruidas. Ahora compramos azúcar a partir de las empresas que los han comprado. Así compraron un mercado.

¿Crees que Hungría debe tratar de renegociar los tratados de la UE?

Exactamente. Esa es nuestra propuesta. Queremos un referéndum sobre el ingreso en la UE y queremos renegociar, a partir de nuestro tratado de adhesión.

¿Si se renegocia con éxito será todavía necesario el referéndum?

Depende del resultado. Pero es casi seguro que sí. Yo no creo que sea posible renegociar los tratados de tal manera que nos pareciera bueno y beneficioso para la nación húngara. Se necesitaría una remodelación completa del acuerdo. Teniendo en cuenta la forma de la UE y Hungría en este momento, yo no creo que sea factible o posible.

¿Así que usted piensa en términos prácticos necesario un retiro?

Sí, a través de un referéndum. Nosotros apoyaremos un retiro. Esa es la misma posición que tuvimos en el 2004. Hemos estado haciendo campaña por un modelo de Europa de las Naciones, donde la soberanía nacional es mucho más fuerte y donde la centralización es menos. En 2004 también tuvimos un enfoque muy crítico e trabajamos por la no integración. Lo que hemos visto desde entonces nos ha hecho fortalecido aún más en nuestra creencia.

¿Pero no ha visto efectos positivos de la pertenencia a la UE? ¿No ha habido inversiones extranjeras o relaciones comerciales que hayan beneficiado a la economía húngara?

Es el balance donde necesitamos mirar. Tenemos más de 1000 años de relaciones con Europa. Eso no es una cuestión de adhesión a la UE. Usted no necesita ser parte de la UE para tener buenas relaciones bilaterales. La UE podría haber mejorado las relaciones. Hubo un tiempo en que la UE pueda haber sido una organización basada en la confianza mutua y el beneficio mutuo, allá en los años 1960 o 1970. Pero hoy no es así. Hoy en día funciona más como un imperio que tiene un interés centralista, el interés de los más grandes y más viejos estados-nación en la UE. Ellos están buscando sus propios intereses industriales y subordinan los intereses de todas las demás naciones a eso. Creo que eso es lo que construye gran parte de la frustración dentro de la UE. Y, por supuesto, se han cometido errores. Creo que el euro fue un completo desastre y un completo error. Eso es un análisis económico, no un juicio político. Creo que fue completamente prematuro tener una moneda única en un entorno económico tan divergente. Cometieron un error y la solución que buscaron era aún más desastrosa. Deberían haber ido en una dirección completamente diferente. Ahora están tratando de imponer aún más de esta toma centralista de decisiones.

¿Te refieres a las medidas de la unión bancaria?

Exactamente. La disciplina fiscal y la supervisión de Bruselas. Si un Estado nacional soberano quiere elaborar su presupuesto ese es una cuestión de soberanía. Después de haber aprendido de los errores de Grecia, Bruselas quiere el derecho de anular la política presupuestaria nacional. Eso es una completa tontería. ¿Dónde nos va llevará eso? ¿Aquellos burócratas de Bruselas que no tienen idea de la situación real de la economía en Hungría y lo que el pueblo húngaro necesita o desea van a anular el presupuesto de un gobierno? La política monetaria está centralizada. Ahora la política fiscal va a ser centralizada en Bruselas también. La soberanía nacional ha sufrido mucho en el último par de años. No es de extrañar que en cada país exista algún tipo de oposición con esta dirección.

El político holandés Geert Wilders y Marine Le Pen en Francia han llamado a una alianza pan-europea de partidos euroescépticos. Según informes de prensa, han declarado que Jobbik será excluido por ser demasiado extremista. ¿Cuál es su reacción a esto?

En Europa occidental, los partidos de este tipo tienen un programa que no podemos identificarnos completamente. Su opinión sobre la UE coincide con la nuestra. Creo que tienen la misma idea sobre Bruselas que nosotros. Pero hay una gran diferencia entre ellos y nosotros. Un terreno común entre Wilders, Vlaams Belang de Bélgica, el FPÖ en Austria y Le Pen en Francia – los movimientos radicales de Europa occidental, si quiero generalizar- es la inmigración. Ellos son antiinmigración, y ya que la mayoría de los inmigrantes provienen de países musulmanes tienen una muy fuerte islamofobia y una muy fuerte retórica anti-islámica. En Jobbik, por el contrario, Gábor Vona siempre ha propuesto un diálogo pacífico entre religiones. Él ha estado llamando al Islam una civilización tradicionalista y señalando que todos los tradicionalistas en el mundo – ya sean cristianos, musulmanes, budistas o hindúes – deben unir sus fuerzas y levantarse en contra del liberalismo, que es básicamente un enemigo del tradicionalismo. A través de la propagación del multiculturalismo y el nihilismo absoluto y la ausencia de valores, básicamente está debilitando el tradicionalismo.

En este sentido Jobbik es un partido tradicionalista. Nuestro enemigo principal no es la gente que tiene una cultura o una religión diferentes. El enemigo común de los tradicionalistas, independientemente de su procedencia, es el liberalismo, que quiere barrer con todos los tipos de tradición y cultura. Está propagando un ambiente muy colorido, multiétnico y multicultural. Creo que la línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas. Esta es uno de nuestros mayores argumentos con Le Pen y Wilders.

¿Usted no los ve como en el mismo campo tradicionalista que el de ustedes?

No. Yo creo que son totalmente liberales. Absolutamente liberales. Ellos no ven el punto. Lo que temen es que los valores liberales de Europa y de la civilización occidental desde la Ilustración estén en peligro por la inmigración masiva. Así que ellos están protegiendo fundamentalmente los valores liberales de Europa. En este sentido no podemos encontrar la misma plataforma con estos partidos porque vemos el problema completamente diferente. Creo que son parte del problema. Son rebeldes políticos. Como una idea política, es estupendo encontrar un enemigo, dispararle y conseguir seguidores que les apoyen, pero creo que están en el punto equivocado. Es una muy mala señal que los instintos de Europa ya no estén trabajando.

¿Así que piensa que ellos se han negado a trabajar con ustedes y les llamaron extremistas debido a su crítica de los valores liberales?

Esa es la raíz del problema. Pero podemos ir más lejos. Para esta campaña anti-islámica han obtenido el apoyo sionista de Israel. Todos y cada uno de ellos. Puesto que el Islam e Israel, o el sionismo, son enemigos, básicamente han formado un solo frente. Usted puede ver que Strache del FPÖ ha hecho una serie de declaraciones pro-israelíes y recibió el apoyo sionista. Vlaams Belang incluso es financiada por determinadas comunidades sionistas. Wilders también. Ellos ven a la inmigración y el Islam como el mayor peligro, así que fueron con uno de los mayores enemigos del Islam, el sionismo. Es un enfoque completamente lógico. En Hungría tenemos un problema completamente diferente. Si se fija en nuestras declaraciones y lo que representan, hemos estado criticando la política israelí. Hemos criticado el sionismo como un fenómeno global y la forma en que funciona actualmente en el mundo.

¿Ve un riesgo de que esta posición se transforme en discriminación si usted señala a los judíos como agentes potenciales de Israel? Usted hizo una declaración hace unos años de que debe haber una investigación de los miembros del gobierno que cuentan con ciudadanía israelí- húngara.

La doble nacionalidad es un riesgo. Es un riesgo para la seguridad nacional. Quiero estar seguro de que el parlamentario húngaro, algún miembro del gobierno o un funcionario público sea 100% leal y 100% comprometido con mi nación cuando estén haciendo leyes o los lleven a cabo. Todo el mundo piensa lo mismo. En Israel los ciudadanos dobles están excluidos de la Knesset. Si Israel hace eso, entonces ¿por qué se ofenden si exijo lo mismo para Hungría? En Estados Unidos, se tiene que ser totalmente transparente. Cada miembro del Congreso tiene que mostrar a que raza, origen étnico y religión pertenece y qué ciudadanía que tienen. Todo lo que quiero es el mismo tipo de transparencia en Hungría.

¿Haría la misma demanda con otras nacionalidades?

Por supuesto. Si alguien tiene la doble ciudadanía de Zimbabwe-húngara también sería una curiosidad.

¿Lo vería como un riesgo potencial para la seguridad nacional?

Podría ser. Si alguien tiene la ciudadanía significa que juraron a un país en particular. Si juramentas a dos países ¿entonces cuál es la garantía de que pueda excluir su lealtad o su identidad cuando esté haciendo legislación o ejecutando las leyes de otra nación? Hay un conflicto de intereses. Creemos que la doble nacionalidad israelí-húngara es un riesgo aún mayor que con la doble ciudadanía Zimbabwe-húngara, porque hemos oído hablar de las intenciones maliciosas de Sr. Shimon Perez, cuando habló sobre la colonización de Hungría por medios financieros y económicos.

Me gustaría volver a la cuestión de la alianza. ¿Hay otros partidos que tienen una mentalidad similar a la suya y con quien usted puede ser capaz de formar una alianza en el Parlamento Europeo?

La cuestión de la búsqueda de la alianza viene después de la elección. Por supuesto que puedes hacer alianzas si se tiene un programa con puntos en común. Parece que Wilders, Le Pen y Strache tienen este programa común. No lo tenemos con ellos. Pero conseguimos algo hace unos dos años. Nuestro diputado Béla Kovács formó un partido europeo llamado Alianza de Movimientos Nacionales Europeos. Desde el Tratado de Lisboa, es posible que diputados individuales formen un partido internacional –basado en la afiliación individual, en lugar de entre partidos. Esto es todo un logro. Esto demuestra que tenemos algún tipo de poder de negociación. Somos el partido más fuerte en el movimiento radical, por lo que obtenemos una gran cantidad de atención en este campo.

Pero, ¿hay oportunidades concretas de cooperación en la próxima legislatura?

Incluso obtener una fracción es muy difícil porque se necesita muchos países y muchos miembros. Pero yo creo que no es tema de importancia. Es una organización tan inútil, para ser totalmente honesto con usted. Yo no creo que tenga un gran significado si se está en una fracción o sólo ser un miembro no inscrito. No vamos a renunciar a parte de nuestro programa o comprometer nuestros principios sólo para ganar más dinero o para hablar dos veces sobre uno de estos absurdos temas que el Parlamento Europeo está discutiendo, como la curva del pepino.

Pero, para responder a su pregunta, creo que va a ser una elección muy interesante, sobre todo por el creciente euroescepticismo en la UE. La mayoría de los analistas esperan un gran incremento en la influencia de los partidos euroescépticos en el Parlamento. Creo que esto va a ampliar las oportunidades para algún tipo de alianza. En Polonia hay un nuevo partido llamado Ruch Narodowy (Movimiento Nacional). Tenemos una cooperación muy estrecha con ellos. Firmamos comunicados de prensa comunes y ellos vienen a nuestros días y manifestaciones nacionales. También estamos buscando la cooperación en Croacia, donde los distintos partidos están formando un bloque para las elecciones al Parlamento Europeo. Tenemos contactos y relaciones con ellos. Estamos construyendo continuamente estas alianzas. Es esta parte de Europa – Europa Central y Oriental – donde tal construcción de alianzas es razonable y apropiada. En cuanto a los radicales franceses o británicos, tenemos una perspectiva muy diferente y con diferentes problemas.

Dos nombres que rondan entre los medios de comunicación como socios potenciales, que son el Partido Nacional Británico (BNP) y Amanecer Dorado en Grecia.

De acuerdo con los medios de comunicación, somos financiados por Al-Qaeda o por Rusia e Irán. Hay un montón de tonterías en los medios. Con Amanecer Dorado nunca hemos algún contacto. Cuando Gábor Vona fue a Londres dijeron que iba allí para reunirse con Amanecer Dorado. Esto es una locura. En época de elecciones Gábor Vona quiere conocer al electorado. Hay decenas de miles de húngaros que viven en Londres. Fue a reunirse con ellos y hablar de nuestro programa. ¿Por qué él viajará a Londres para reunirse con Amanecer Dorado? Él viajaría a Atenas entonces. Eso son los medios de comunicación para usted. No tenemos esa cooperación. Por otra parte, el líder del BNP, Nick Griffin, se unió a la Alianza de Movimientos Nacionales Europeos con nuestros eurodiputados. Él ya no es un miembro, pero formó parte de este partido.

¿Ve usted una buena posibilidad de una mayor cooperación con el BNP?

Nuestro juicio sobre la UE está convergiendo. Pero una vez más, creo que su posición anti- islámico es algo muy difícil de igualar con nuestra visión del mundo. Estamos buscando una alianza de tradicionalismo en todo el mundo contra el liberalismo. Creo que Europa está sufriendo por el liberalismo. Eso es lo que deberíamos deshacernos en primer lugar ante todo y luego encontrar nuestras propias raíces, nuestros propios valores y nuestras propias tradiciones y construir sobre eso. En lugar de odio y la búsqueda de un enemigo común. Eso no va a llevar a ninguna parte. No nos deshacernos de una de las principales causas de nuestra crisis: el liberalismo, que básicamente ha provocado falta de valores y un destacamento completo de nuestras tradiciones culturales y religiosas.

(Traducido del inglés por Manuel Ortiz)

Fuente: Disidencia

mercredi, 18 juin 2014

S.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón: La voluntad rusa de independencia nos ayudará a reencontrar la nuestra

 

Sixto+Enrique+de+Borbon.jpgS.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón, heredero legítimo del trono español, es hombre de convicciones profundas. Firme defensor de la tradición católica, es por completo ajeno a la imagen que esta época desarraigada quiere dar de la nobleza en general y de los príncipes en particular. Ligado a las principales dinastías de Europa, viajero infatigable, enrolado primero en la legión española y luego en el ejército portugués en Angola, S.A.R. Don Sixto Enrique conoce de cerca la política, es un conferenciante de reconocido prestigio y un consejero escuchado que se ha encargado muchas misiones de mediación en numerosos países.

Señor ¿qué os une a Rusia? ¿Por qué os interesa?

¡Miguel Strogoff! Desde que de pequeño leí Miguel Strogoff, amo a Rusia – y eso que Julio Verne nunca estuvo en Rusia. A partir de esa lectura, he intentado hacer más profunda mi simpatía. Hoy tengo muchas razones para amar a ese gran país: por su extensión, su espacio inmenso (con Siberia, por supuesto); por la cualidad intrínseca de una población, que tras 70 años de comunismo ha vuelto a su espiritualidad de otro tiempo; por las reservas minerales, que son riquezas importantes todavía no verdaderamente utilizadas, pero que le garantizan una independencia verdadera; por sus tradiciones nacionales: la iglesia, el recuerdo de la familia imperial. En su población subsiste un instinto natural de resistencia que nosotros hemos perdido.

Es interesante observar cómo las reflexiones, los comentarios, los análisis de la prensa y de los medios occidentales, que eran muy amistosos con el régimen soviético, han dejado de serlo por completo, ahora que la libertad ha vuelto a Rusia; y se han vuelto, por el contrario, humorísticos, sarcásticos, calumniosos… Incluso se nos vuelve a hacer la broma de mal gusto de la supuesta guerra fría, que fue de una invención no menos artificial que la primavera árabe de hoy en día: en realidad, el capitalismo occidental se beneficiaba de la presencia del régimen soviético, que le evitaba tener que competir con una Rusia reencontrada y reconstituida.

Es una vieja historia que se remonta a antes de la Primera Guerra mundial: hacía 1900, Inglaterra observó que había dos países que desarrollaban una dinámica industrial muy importante: la Alemania de Guillermo II y la Rusia de Nicolás II con su notable primer ministro, Stolypine. Si dejaba que esta dinámica industrial siguiera adelante en estos países, sus nuevas industrias exportarían sus productos por todas partes del mundo, haciendo la competencia al comercio inglés, y se verían empujados a desarrollar una marina comercial competente, que también competiría con la marina comercial británica. Inglaterra no quería en modo alguno esta competencia, y por ello deseó la guerra y hasta la provocó en cierto sentido – incluso si el elemento desencadenante de este conflicto, urdido mucho antes, fue, como es sabido, el asesinato del archiduque austriaco Francisco-Fernando. La estrategia inglesa consistió en crear una tensión cada vez más fuerte entre Alemania y Rusia para empujarles a la guerra. Conocida es la monstruosa matanza que resultó de ello, un genocidio dictado por intereses menos estratégicos que económicos. En Rusia, la revolución, resultado de la guerra, tomó el poder en 1917, con el apoyo de las finanzas y de los grandes bancos occidentales, y se impuso el régimen soviético que produjo los horrores de todos conocidos. Rusia también ha sido martirizada en beneficio de una estrategia internacional, financiera y totalmente inhumana.

Casi un cuarto de siglo después del fin de la unión soviética ¿qué cambios se han producido?

Yo no esperaba que el régimen soviético hiciera implosión tan pronto como lo hizo, fue una buena sorpresa. Pero después de 70 años de aplastamiento psicológico sufrido por tres generaciones, Rusia ha encontrado milagrosamente un renacimiento espiritual impresionante. En el ejército, ningún regimiento emprende la marcha hacia el Caúcaso sin que le acompañe un capellán. En todas partes las iglesias se reconstruyen y en su interior se juntan todas las generaciones sin distinción. Amo esa iglesia ortodoxa, magnífica, con los coros más bellos que quepa encontrar y ¡ese fervor! El país reencuentra sus virtudes iniciales y su poder internacional, no solamente político y estratégico, sino también económico y comercial.

Esta Rusia, que conocí en la época soviética, hoy la he vuelto a encontrar, pero liberada, y la miro con una simpatía tanto más grande cuanto su voluntad de mantener su independencia nos ayudará a nosotros mismos a reencontrar nuestra propia independencia amenazada por la penetración anglosajona. Por eso, cuando voy a Rusia intento hacer ver a los rusos que no respondemos a la idea que la estrategia de nuestros gobiernos podría dar de nosotros.

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A Vladimir Putin se le señala hoy con el dedo como al lobo feroz de Europa. Procedente en su origen del KGB, y más tarde consejero de Boris Eltsine, ha dirigido la Seguridad Pública antes de presidir el gobierno de Rusia y luego la Federación Rusa. Ha devuelto a su país el rango de gran potencia ¿Ha restaurado Rusia?

Al menos la está restaurando. En cuanto a su recorrido vital, el KGB era el equivalente de la ENA en Francia; la élite del país tenía que pasar por él. Putin pasó, pues, por el KGB, y después recibió el apoyo del alcalde de San Petersburgo, Sotchak, que lo descubrió, con mucha penetración y psicología, y le ayudó mucho en su promoción primero en San Petersburgo y después en Rusia. Es el único que, en razón de su carácter, y de la importancia de su país puede poner en jaque, gracias a la firmeza de su postura, la comunicación y la complicidad americana y europea, mezcla de liberalismo y de socialismo.

Mi único temor se centra en el perfil de su primer ministro, cuando veo el papel menos positivo que juega. En la época de la guerra de Libia, Medrvedev, que por entonces era Presidente, se mostró abierto a las sugerencias de los diferentes grupos internacionales, como la comisión trilateral, Paneuropa, el Bilderberger, etc.

¿No se debe esto a un reparto de papeles con Putin?

Oficialmente, sí.

¿Qué incita a los europeos desear la picota para Putin?

La Unión Europea es un engendro completamente artificial; ha hecho creer a cada una de las naciones adheridas a ella, que, por su virtud, los europeos serían más competitivos en comparación a los Estados Unidos. Lo que se ha producido ha sido exactamente lo contrario. Al introducir a Inglaterra hemos instalado el caballo de Troya americano en Europa. Es evidente que el mundo anglosajón, Inglaterra o Estados Unidos, no puede aceptar de ninguna manera que el mundo tal como lo concibe no obedezca a sus normas, a sus reglas. Y Rusia es el único país que actualmente puede permitirse esta excepción, esta reacción -quizá con Hungría, cuyo primer ministro me resulta muy simpático.

Tras la vuelta de Crimea al seno de Rusia, el discurso occidental da a entender que Vladímir Putin no va a pararse ahí. ¿Creéis que tenemos que vérnoslas con una Rusia “imperialista”?¿Qué otra política podría hacerse por relación a ese país, fuera de la que actualmente se lleva a cabo?

¡Simplemente, reconocer a Rusia sus fronteras históricas! Hay que redefinir geográficamente Ucrania, que carece de unidad: su parte oeste, desde el Dniéper, ha estado bajo el control austriaco durante mucho tiempo y se llamaba la Galicia. Su población era uniata, convertida al catolicismo, y siempre han existido tensiones entre los uniatas y los ortodoxos tradicionales. Por el contrario, la Ucrania oriental siempre ha sido rusa. Es incluso la matriz de Rusia: el gran príncipe Vladimir partió de Kiev para fundar Moscovia. Entre Rusia y esta Ucrania oriental hay una unión completa bajo todo punto de vista. Crimea, incorporada por Catalina II y Potemkin en el siglo XVIII, sigue siendo el principal pulmón de Rusia en el mar negro.

Cuando a Kruschtchev, que era ucraniano, se le ocurrió dar una autonomía a Ucrania, pretendía obtener dos representantes de la Unión Soviética en la ONU: Rusia y Ucrania. Era un pretexto evidentemente artificial, pero que interesaba a los soviéticos en aquella época. Ahora eso se ha vuelto contra Rusia. Las protestas de los países, que aparentan revestirse de virtud ultrajada porque Rusia recupera sus posiciones históricas y naturales, son inaceptables y en particular la de los Estados Unidos que, en otro tiempo, ¡invadieron Nuevo Méjico, Arizona y California, y atacaron a España en 1890 para hacerse con Cuba y Filipinas!

También se puede evocar el problema en Moldavia y Transnistria, territorio cuya población actual está casi únicamente compuesta de rusos que fueron deportados allí por Stalin, según creo, y que quieren ser reconocidos como rusos. No hay que olvidar, en todo caso, que en la capital ucraniana de Kiev se encuentra el “vaticano ortodoxo”: un soberbio conjunto de catedrales e iglesias donde se recoge verdaderamente toda la historia de la ortodoxia rusa.

Entrevista realizada por Eric Letty

Monde & vie. 9 de abril de 2014

Fuente: Carlismo

dimanche, 15 juin 2014

Pourquoi le peuple fait secession?...

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Pourquoi le peuple fait secession?...

Entretien avec Michel Maffesoli

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

 

bienpensants.gifVous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec le sociologue Michel Maffesoli, cueilli sur le site du Figaro et consacré aux résultats des élections européennes...

 

Michel Maffesoli vient de publier, avec Hélène Strohl, un essai intitulé Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014).

Abstention, vote FN : pourquoi le peuple fait sécession

Vous parlez dans votre livre Les nouveaux bien-pensants de «la secessio plebis, cette séparation politique d'un peuple ne se reconnaissant plus dans l'erratique discours d'une élite on ne peut plus déphasée.». A-t-on assisté dimanche 25 mai à l'éclatante manifestation de cette secessio plebis, tant par le score du Fn que par celui de l'abstention? Est-ce inquiétant?

Le résultat des élections de dimanche dernier traduit, d'une manière paroxystique, le décalage grandissant existant entre les élites et le peuple que celles-ci sont censées représenter. Élites? Intelligentsia? tous ceux qui ont le pouvoir de dire et celui de faire: politiques, journalistes, divers experts et autres hauts fonctionnaires.

Ce n'est pas la première fois, pour reprendre une expression classique de la pensée politique qu'une telle secessio plebis se manifeste.

C'est à partir d' une telle mise en perspective que l'on peut comprendre, à la fois, le vote du Front national, mais plus encore celui de l'abstention. (26,8 millions d'abstentions, 4,7 millions de votes FN). On a pu, à cet égard, remarquer que celle-ci était particulièrement forte chez les jeunes générations (73% d'abstentions pour les 18-35 ans). Tout cela, bien entendu ne manque pas d'être inquiétant. En tout cas nous force à penser, en profondeur, la nouvelle époque qui s'amorce. Puis-je, à cet égard, rappeler que ce mot tout à fait anodin: «époque», signifie en grec parenthèse . Et n'oublions pas qu'une parenthèse s'ouvre et une parenthèse se ferme. La parenthèse moderne est en train de se fermer et l'incapacité des élites à voir celle qui s'ouvre conduit aux conséquences que l'on vient d'énoncer. D'où la méfiance qu'elle suscitent, en particulier chez les jeunes générations qui, blogs, forums de discussion et autres sites communautaires aidant, ne s'en laissent plus conter!

Quels sont les ressorts profonds de cette rupture entre les élites et le peuple que vous décrivez? Est-ce un phénomène typiquement français?

Les racines d'une telle rupture, dans le sens fort du terme d'un tel désaccord, se trouvent, certainement, dans le fait que cette intelligentsia reste figée sur les certitudes théoriques qui lui paraissent comme autant d'assurances, mais qui en fait l'empêchent, tout simplement, d'accompagner les mutations dont il est vain de nier l'importance. On peut pourtant, quand on regarde sur la longue durée les histoires humaines, observer que le déclin d'un vivre-ensemble s'accompagne toujours de l'émergence d'une autre forme de socialité. Ce processus, je l'appelle saturation .C'est-à-dire qu'une nouvelle construction va s'élaborer à partir des éléments tombés en décadence.

Par exemple, à l'individualisme qui avait prévalu, succède un idéal communautaire qu'il est abusif et surtout dangereux de nommer communautarisme. En effet, dans tous les domaines, le «Nous» prévaut sur le «Je». C'est en comprenant un tel glissement que l'on peut saisir les nouvelles formes de solidarité, de générosité qui sont en train de s'élaborer sous nos yeux. De même, le rationalisme (c'est-à-dire une systématisation de la raison dans la vie sociale) est en train de laisser la place à une conception plus ouverte de la rationalité: pour user d'un oxymore, je dirais que ce qui est en jeu est le désir d'une raison sensible où l'imaginaire occupe une place de choix. Cela s'observe dans l'émergence des passions, des émotions collectives. C'est ainsi que les affects ne sont plus cantonnés derrière le mur de la vie privée, mais tendent à se capillariser dans l'ensemble du corps social. Et il est très réducteur de réduire, comme le font la plupart des politiques, les valeurs populaires au pouvoir d'achat et à la recherche de la sécurité économique. Enfin, le simple progressisme, la recherche de la société parfaite dans le futur, la tension vers les «lendemains qui chantent», tout cela est en train de laisser la place à une accentuation sur le présent, un vivre ici et maintenant et ce à partir des racines, à partir des traditions. Tout cela peut se résumer au travers du terme de progressivité qui insiste sur ce qu'on peut appeler l'enracinement dynamique. Le lieu fait lien!

La dilution des valeurs qui firent la modernité (individualisme, rationalisme, progressisme) serait la cause du rejet de l'Europe de Bruxelles?

Oui, l'accentuation d'une Europe purement institutionnelle au détriment d'un sentiment européen et d'une expression de la culture et de la tradition européennes vivantes ont certainement détourné nombre d'électeurs du vote.

Les élites ne comprennent pas un tel glissement. Elles méconnaissent l'importance de la communauté (le «Temps des tribus» est bien arrivé!), de l'émotionnel, d'un présent partagé . Elles sont, ainsi, éloignées de la vie de tous les jours, ce qui ne manque pas d'entraîner la rupture avec les conséquences que l'on voit. C'est en se contentant de répéter, mécaniquement, des mots incantatoires que, d'une manière inexorable, l'on se coupe de ce que Auguste Comte nommait le «pays réel». Quand ceux qui sont censés le faire ne savent plus dire ce qu'est la conscience collective il n'est plus étonnant que celle-ci n'ait plus confiance!

Vous avez dénoncé dans votre livre «les nouveaux bien-pensants», un entre-soi politico-médiatique en rupture totale avec la réalité. Qu'est-ce que cette bien-pensance que vous dénoncez? N'est-ce pas un mot galvaudé?

Certes la «Bienpensance» est un mot qui, utilisé sans distinction, peut devenir une formule vide de sens. Pour ma part, c'est en me souvenant des vigoureuses analyses de Georges Bernanos qui, dans ses écrits de combat, s'élevait contre les facilités de pensée et les divers conformismes du moment, que je reprends, à mon tour, ce terme. Et ce en rappelant que le conformisme logique, les «éléments de langage» et autre «langue de bois» favorisent un «entre-soi» . Une véritable endogamie engendrant une rupture totale entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter.

Vilfredo Pareto, avec justesse et acuité, soulignait d'ailleurs que quand une époque s'achève, on voit s'amorcer une «circulation des élites». C'est quelque chose de cet ordre qu'il faut avoir à l'esprit, alors que les générations vieillissantes, et surtout figées sur leurs certitudes, s'accrochent à leur pouvoir, politique, économique, intellectuel, social. La pensée «établie» fonctionne à partir d'une conception moraliste du monde, c'est-à-dire, pour reprendre une expression de Max Weber, envisageant le monde comme «il devrait être» et non pas «comme il est». Ce faisant, ce dernier reprenait l'ironique remarque de Nietzsche parlant de la «moraline» suintant d'un corps moribond . C'est cette sécrétion nauséabonde qui fait fuir ceux qui ont envie de respirer un air pur. Peut-être est-ce en ayant cela à l'esprit que l'on peut comprendre le dégoût qui se manifeste vis-à-vis des diverses élites contemporaines.

Une conception morale de la politique qui propose de «changer l'homme..

On peut penser que les derniers débats dits sociétaux, c'est-à-dire ceux proposant une dénaturation de la structure anthropologique qu'est l'altérité sexuelle, la manie du niveau dans le rapport entre les sexes, obsession de l'asepsie sociale dans le domaine de santé et de prévention , tout cela tient moins du détournement: ne pas parler du chômage, que de cette volonté paranoïaque de plier la société à un modèle unique, considéré comme le meilleur.

En ce sens l'Europe, considérée par de nombreux Français comme responsables des multiples règlements régissant notre vie quotidienne, ( règlements souvent impulsés par nos bureaucrates nationaux) a payé ce refus d'une intrusion étatique dans l'intimité.

La montée du Front National traduit-elle un sentiment d'exaspération, de saturation par rapport à la politique politicienne des partis établis, ou bien une véritable adhésion aux thèses de Marine Le Pen? En d'autres termes: assiste-t-on à une «droitisation de la société» ou à un simple désir de changement?

Je ne suis pas certain que les exacerbations s'exprimant dans les diverses élections que l'on vient de vivre traduisent une adhésion aux thèses du Front national. Il est également trop facile, et cela s'inscrit bien dans la bienpensance, c'est-à-dire dans la routine philosophique, de croire que l'on assiste en France ou dans d'autres pays européens à «une droitisation de la société». De la même manière il est peut-être trop rapide de voir là un simple désir de changement. En fait, tout simplement, comme la représentation philosophique ( c'est-à-dire les systèmes de pensée hérités du 18ème et du 19ème siècles) ne parait plus pertinente, les peuples n'ont plus envie de se reconnaître dans une représentation politique restant figée sur un mode de pensée quelque peu obsolète. Il est fréquent de dénoncer, ou à tout le moins de moquer le bon sens populaire. Or celui-ci d'une manière plus ou moins souterraine est au cœur même du vivre-ensemble. On retrouve chez des auteurs aussi différents que Descartes ou Joseph de Maistre des analyses insistant sur la nécessité de s'accorder «à la droite raison et au bon sens réunis».

Pour ma part je considère que c'est cette conjonction qui s'exprime dans les diverses «humeurs» sociales dont on n'a pas fini de mesurer les effets. En bref, on ne supporte plus l'aspect péremptoire, intolérant de ce que Tacite nommait , «tristis arrogantia», l'arrogance triste de ces moralistes ayant, pour tous les problèmes, une réponse universelle . Solution, de surcroît, inefficace! Tout est bon pour leur rappeler leur impuissance.

Pour le dire en d'autres termes, la verticalité du pouvoir (politique, médiatique, universitaire, administratif) ne fait plus recette et il va falloir s'ajuster à une horizontalité de plus en plus importante dans nos sociétés. C'est cela la mutation de fond, et la rabattre sur une soit-disant adhésion aux thèses de Marine Le Pen est une pensée à courte vue. Élargissons le débat, sachons ,véritablement, penser de ce qui est en jeu . En son temps, Jean Baudrillard avait attiré l'attention sur le «ventre mou du social» ou sur les «majorités silencieuses». Voilà que ce silence devient assourdissant! Le lepénisme n'est qu'un pré-texte parmi d'autres ; il faut savoir repérer et lire le vrai «texte».

N'y a-t-il pas un danger à dire que le peuple a toujours raison, parce qu'il est peuple? Quand le FN se réclame systématiquement du «peuple», ne risque-t-il pas de basculer dans la démagogie pure?

Le FN sait être sensible au fait que c'est le peuple et ses valeurs qui sont au fondement même de tout vivre ensemble.

Les classiques de la pensée politique rappellent qu'il n'existe de Nation qu'à partir d'une «affectio societatis». Ce désir d'être et de vivre ensemble. C'est cela le peuple. Il est frappant d'observer que ces mots, en soi si riche de peuple ou de populaire, sont, la plupart du temps, interprétés par les élites en termes de populisme . Avec , bien sûr, la connotation péjorative que ne manque pas d'avoir un tel mot . C'est quand justement, l'élite ne sait plus dire ce qui est vécu que l'on peut voir le succès des diverses formes de démagogie. Je ne sais pas si le Front national dit que le peuple a toujours raison, mais ce qui est certain, c'est qu'il ne sert à rien de le diaboliser lorsque il rappelle que l'on ne peut penser et agir qu'en référence aux racines populaires.

Pour ma part, je considère que c'est si , et uniquement si, on sait s'accorder à de telles assises, que l'on pourra penser, avec justesse, le nouveau vivre-ensemble postmoderne en gestation. En rappelant que , lorsqu'on observe sur la longue durée les histoires humaines le pouvoir n'est légitime que lorsqu'il reste enraciné dans la puissance populaire . C'est cette constatation de bon sens que l'intelligentsia française tend à oublier ou qu'elle ne sait pas dire . Souvenons, ici, d'Albert Camus: «mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde». Aussi convient-il de trouver les mots pertinents qui, dés lors, deviendront paroles fondatrices.

Michel Maffesoli (FigaroVox, 30 mai 2014)

mardi, 10 juin 2014

Euroskepticism and Its Discontents

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Euroskepticism and Its Discontents

The European elections saw gains by the far right, far left, libertarians, and radical populists. The common thread was opposition to the budding continental empire of the EU and its dominance by the neoliberal plutocracy. The Europeans need the message of anarcho-pluralism and pan-secessionism as much as Americans do. This looks like a job for the national-anarchists.

By Justin Raimondo

Antiwar.Com

The conventional wisdom is nearly always wrong, and rarely so wrong as when it comes to the EU elections, the results of which are being trumpeted as the triumph of the “far right.” The more alarmist among these uniformly pro-EU commentators are even claiming neo-fascism in Europe is on the march. Well, they’re at least half right: something is on the march. They just don’t know what it is.

The “far right” meme is based on the results in France, where the National Front of Marine le Pen has for the first time won a plurality of seats in the European Parliament, and this news is usually coupled with panic-stricken reports of UKIP’s sweep across the Channel. Yet the two parties have nearly nothing in common except for opposition to the euro and the European project. The French Front is statist, protectionist, and carries red banners in the streets on May Day. UKIP is a quasi-free market split from the Tories, pro-free market and vaguely Little Englander. They aren’t opposed to immigration per se: they just want immigrants with assets, as opposed to the poorer variety.

The only thing these two movements have in common is opposition to the rule of Brussels, but that is quite enough for the Eurocrats and their journalistic camarilla to cast them in the role of volatile “extremists,” dangerous “populists” out to tear apart the “social fabric” of Europe. One prominent Eurocrat, the former Prime Minister of Luxembourg, foresees a replay of 1914: “I am chilled by the realization of how similar the crisis of 2013 is to that of 100 years ago,” intones Jean-Claude Juncker.

While there aren’t many Archdukes left to assassinate, whatever the similarities to 1914, the so-called right-wing populists have little to do with it. Indeed, it is the EU, in seeking to assert itself as an international power, that has ratcheted up the war danger by challenging Russia in Ukraine, allying with Washington to push NATO to the very gates of Moscow. In opposing the EU’s very existence, these parties – whatever their other characteristics – are taking on the forces that make war more likely.

And while a good number of these emerging parties may be fairly characterized as “right-wing populist,” this generalization doesn’t hold at all when one looks at the details. Yes, the National Democratic Party of Germany, a group with clear neo-Nazi sympathies, has entered the European Parliament for the first time: yet that has little to do with the minor uptick in their vote total and much more to do with German election law, recently revised to lower the threshold for being granted seats (from five percent to one percent). On the other hand, the Alternative for Germany (AfD), a party opposed to the euro albeit not necessarily to the political concept of the EU, garnered six percent: AfD is a split from the now politically irrelevant Free Democrats, whose leading lights are economists and academics rather than skinheads. It is a party that came out of nowhere and has now displaced the Free Democrats as Germany’s rising third force – yet the NPD gets all the publicity.

The reason is because the NPD’s negligible gains fit the preordained theme of the news coverage, the meme adopted by the media elite and handed down from on high.

The idea that “right-wing populism” or even neo-fascism is on the march due to the results of the European elections is never so nonsensical as when it is applied to Italy, where Beppe Grillo’s “Five Star” movement came in with 21 percent of the vote, an astounding total given the party’s brief history and scant resources. The Five Starists are a unique combination of Euro-skepticism, populism (they favor direct democracy via the Internet), and outright cynicism, Italian-style. And while the 40 percent garnered by the pro-EU Democratic party is being hailed by the media and the Eurocrats (or do I repeat myself?) as a great victory, that the Five Stars managed to even approximate their last vote total without much institutional backing was in itself a major accomplishment. My point, however, is that Italy has real fascist parties, none of which registered above a few percent in the recent election.

Another example of this nonsensical “immigrant-bashing-neo-fasicsts-are-on-the-rise” line being handed out by Brussels is Greece, where, it’s true, the openly fascist semi-criminal “Golden Dawn” party polled nearly 10 percent. Yet these same alarmists downplay the victory – by four percentage points – of Syriza, a far-left outfit, over the ruling center-right coalition: the usual excuse given is that the margin isn’t considered big enough for an “upset.” Syriza is described in news accounts as an “anti-austerity” party, a bit of a euphemism that downplays its origins as a coalition of Communists, Trotskyists, and other far-left grouplets.

In Poland, the controversial Janusz Korwin-Mikke and his “New Right” party combine a quasi-libertarian domestic program with outright opposition to the EU and a mean streak of misogynistic notions about women and sexuality that have won the party notoriety: they won 7 percent of the vote, thus ensuring them seats. They are the Polish version of UKIP: the same goes for the Danish Peoples Party, which won 27 percent and doubled its seats. The neo-fascist British National Party lost all its seats this time around.

However, a kernel of truth abides in the conventional wisdom: there is indeed a rising fascist presence in European politics, and it is not confined to France’s National Front, which is not openly fascist in any case. There is a geographical factor involved in this trend: the most successful fascist parties are those in southeastern Europe, including not only Golden Dawn but Hungary’s Jobbik party – which is openly anti-Semitic and looks to the pro-Nazi collaborationists of World War II for inspiration. The Austrian Freedom Party, founded by Jorge Haidar, gained 27 percent, doubling its representation in the European Parliament. Under Haidar’s leadership, the party was more like UKIP than BNP, but in recent years has veered more toward the Geert Wilders model – whose own Dutch anti-Muslim movement, by the way, fared pretty badly.

That none of these mostly West European parties, including Le Pen’s National Front, has the slightest chance of actually coming to power doesn’t stop the “progressive” left from sounding the alarm – just hearing it galvanizes their followers and confirms them in the knowledge that anyone to their right is a racist homophobic misogynist with a secret yen for World War II memorabilia. Their big blind spot, however, is apparent when their gaze turns eastward, and particularly where it concerns the EU’s latest conquest – Ukraine.

I had to laugh when I saw the tweets from the usual suspects hailing the presidential election results in Ukraine as proof fascism has no presence in that country. The presidential contest hardly measured the Ukrainian fascists’ actual strength: the real test will come later, with parliamentary elections and the progress of the EU’s “austerity” program. In the meantime, the Svoboda (Freedom) party has seven supporters in the “interim” government, which will probably be unchanged until and unless parliamentary elections are held.

Originally the “Social National” party (i.e. national socialist, wink wink!), Svoboda holds 35 seats in the Rada (parliament), the result of their 10 percent vote total last time around. After playing such a key role in the Maidan protests, their vote total is bound to go up, and indeed the victory of the so-called Chocolate King, the oligarch Petro Poroshenko, in the presidential election will pave the way for their future success. A pretty sleazy character in his own right, the filthy-rich Poroshenko will preside over EU-dictated terms of austerity that promise to be fertile ground for precisely the sort of Weimar-like “populism” the Eurocrats are warning against.

Thus the Euro-elites dig their own graves – which one wouldn’t mind at all if they didn’t insist on taking so many innocents with them.

The reaction against the EU project on both the right and the left is easily explained: people don’t trust big institutions, particularly of the governmental variety. The bigger they are, the more people resent and resist them.

The EU is often portrayed by its boosters as the prerequisite for Europe fully entering modernity, leaving behind the old detritus of national borders and cultural particularities and moving to embrace a Brave New World. Yet the Eurocrats uphold an old-fashioned conception of modernity, one born before the computer age empowered individuals and fostered the merits of decentralized decision-making. Just look at the decision by some idiotic Spanish judge to censor the Google search engine: these people just don’t get it, do they?

All this baloney about how failure to recognize the supremacy of Brussels risks a replay of the Great War represents a severe case of projection. The foreign policy of the EU has been consistently aggressive and expansionist. This is underscored not only by Brussels’ recent Ukrainian foray but also by its ambitions of absorbing Georgia. And don’t forget the on-again off-again ascension of Turkey to full EU status, long a project on the Eurocrats’ agenda: the idea is to pair NATO membership with EU membership in a discount package deal. It is of course entirely laughable that Turkey is European in any respect: but power politics trumps culture and even language, at least among the Euro-elites. As the EU charges eastward, it won’t be long before they’ll be claiming the “president” of Kazakhstan a long lost European brother.

NOTES IN THE MARGIN

You can check out my Twitter feed by going here. But please note that my tweets are sometimes deliberately provocative, often made in jest, and largely consist of me thinking out loud.

I’ve written a couple of books, which you might want to peruse. Here is the link for buying the second edition of my 1993 book, Reclaiming the American Right: The Lost Legacy of the Conservative Movement, with an Introduction by Prof. George W. Carey, a Foreword by Patrick J. Buchanan, and critical essays by Scott Richert and David Gordon (ISI Books, 2008).

You can buy An Enemy of the State: The Life of Murray N. Rothbard(Prometheus Books, 2000), my biography of the great libertarian thinker, here.

samedi, 07 juin 2014

Taguieff et l'antifascisme...

Taguieff et l'antifascisme...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Pierre-André Taguieff, cueilli sur le site du Figaro et consacré au Front national et à l'antifascisme... Pierre-André Taguieff vien de publier Du diable en politique - Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire.

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FigaroVox: Votre livre décrit la mécanique diabolisatrice à l'œuvre dans le paysage politique français depuis trente ans, qui renvoie systématiquement le Front national aux «heures les plus sombres» et à la «bête immonde». Pouvez-vous nous décrire ce processus de diabolisation?

Pierre-André TAGUIEFF: La diabolisation implique de réduire un individu ou un groupe à une manifestation du Mal ou à une incarnation du diable, et d'en tirer les conséquences pratiques, à savoir l'élimination de l'entité diabolisée. Dans les systèmes totalitaires, la diabolisation des opposants se traduit par leur extermination physique. Dans les démocraties pluralistes, les adversaires diabolisés sont en principe exclus du jeu démocratique, mis à l'écart du système politique. La diabolisation constitue ainsi une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont ainsi transformés en ennemis redoutables et haïssables. En outre, diaboliser l'autre (l'opposant ou le différent), c'est se classer soi-même dans la catégorie des représentants ou des combattants du Bien. C'est donc se donner une légitimité, voire une respectabilité à bon compte.

Lorsqu'elle prend pour cible le Front national, la diabolisation consiste à retourner contre ce parti ses propres méthodes de combat idéologique. Comme la plupart des mouvements nationalistes, le FN diabolise ses ennemis en les désignant, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Disons, pour préciser, que le désordre intérieur est attribué à une immigration jugée non intégrable, et que la mondialisation et la construction européenne sont dénoncées comme des menaces pesant sur l'indépendance et l'identité nationales. Mais si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour, étant accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre, en alimentant les peurs et les haines entre groupes, ou en diffusant la vision d'un conflit «naturel» entre les nations définies comme rivales. En France, l'antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d'un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. Le problème, c'est que le sentiment de l'appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n'a nullement disparu de l'opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. À partir de 1983-1984, le mouvement lepéniste a incarné tout ce rejetaient et méprisaient les élites antinationalistes ainsi que les héritiers de gauche du vieil antifascisme. D'où la dénonciation du FN comme «fasciste», stigmatisation qui l'a isolé dans le système des alliances politiques. Mais, en même temps, le FN a pu s'efforcer, non sans succès, de monopoliser le sentiment national dans tous ses aspects. Ainsi, à la diabolisation par le FN a répondu celle du FN, faisant surgir un cercle polémique vicieux qui ne cesse de compliquer l'interaction entre le FN et ses ennemis, et d'engendrer des effets pervers.

La «reductio ad Hitlerum» avait déjà été dénoncé par Leo Strauss en son temps. Qu'apporte votre livre de nouveau?

En 1953, au début de son grand livre intitulé Droit naturel et histoire, Leo Strauss, agacé par les clichés d'une rhétorique antifasciste fonctionnant à vide et devenue l'instrument privilégié du terrorisme intellectuel, avait pointé le problème en donnant une dénomination suggestive à ce qui lui paraissait être un raisonnement fallacieux: «reductio ad Hitlerum». Dans un contexte où l'antifascisme consensuel était devenu une forme de conformisme idéologique justifiant tous les amalgames polémiques, le philosophe juif émigré aux Etats-Unis faisait cette mise en garde d'ordre méthodologique: «Il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la reductio ad absurdum la reductio ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter.» L'accent est mis sur la valeur de vérité d'un énoncé quelconque. Disons, pour simplifier la question à des fins pédagogiques, que la reductio ad Hitlerum consiste pour Strauss à juger fausse toute assertion, comme «La Grande-Bretagne est une île», que le Führer croyait vraie. Inférence illustrant à quel point l'endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu'il aveugle. Il s'agissait d'ailleurs pour Strauss d'une remarque marginale dans un livre de philosophie politique consacré notamment à la discussion des thèses de Max Weber, ce qui explique qu'il n'ait pas développé l'analyse du type d'amalgame polémique qu'il avait brièvement caractérisé, à savoir la diabolisation de type antifasciste. Car aujourd'hui, lorsqu'on dénonce à juste titre la reductio ad Hitlerum, on vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu'on peut illustrer par ce syllogisme défectueux: «Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d'Hitler». Je soulignerai au passage le fait que diaboliser un individu ou un mouvement politique quelconque en l'assimilant à Hitler ou au nazisme, c'est banaliser le nazisme.

C'est à Léon Poliakov qu'on doit l'analyse pionnière de la diabolisation, mode de fabrication d'ennemis absolus. Mais, dans ses travaux des années 1970 et 1980 sur la «causalité diabolique», l'historien de l'antisémitisme avait surtout étudié la diabolisation des Juifs, des jésuites et des francs-maçons, à travers les «théories du complot» qui les prenaient pour cibles. Dans l'après-1945, ce sont principalement les nationalistes, eux-mêmes grands diabolisateurs de leurs adversaires, qui ont été diabolisés par leurs ennemis, qui les percevaient comme des héritiers des fascistes ou des nazis.

L'assimilation abusive d'un quelconque adversaire à Hitler, pris comme incarnation du diable, en vue de le disqualifier, reste une opération rhétorique banale, qu'on peut observer aujourd'hui dans les affrontements politiques, voire dans les débats intellectuels en Europe et ailleurs. Le discours antifasciste continue de fonctionner en l'absence de fascismes réels, ce qui pousse les diabolisateurs à inventer sans cesse de nouveaux fascismes imaginaires. Cette bataille contre des néo-fascismes fictifs relève de ce que j'ai appelé le néo-antifascisme, dont l'antilepénisme ordinaire est, en France, la principale figure. Dans mes analyses des amalgames polémiques en politique, je distingue quatre principes de réduction de l'adversaire qu'il s'agit de transformer en ennemi répulsif, méprisable ou haïssable, à exclure ou à neutraliser: le diabolique (ou le démoniaque), le bestial, le criminel et le pathologique. D'où autant de manières de dénoncer les figures du Mal politique: diabolisation, bestialisation, criminalisation et pathologisation. Dans le discours antilepéniste «classique», on retrouve, diversement combinées, ces quatre stratégies de délégitimation. Mais ce discours, adapté à la personnalité de Jean-Marie Le Pen dont il caricature certains traits de caractère ou de comportement, s'est avéré moins crédible face à celle de Marine Le Pen. C'est ce qui explique en partie la relative et récente normalisation du FN. Celle-ci illustre la perte d'efficacité symbolique de la rhétorique néo-antifasciste en France, en même temps qu'elle nous rappelle l'importance de la personnalité des leaders politiques imaginée à travers leur visibilité médiatique.

L' «antilepénisme ordinaire» a-t-il fonctionné contre le Front national comme l'espéraient ses initiateurs?

Fondé sur la diabolisation et l'appel au front républicain, conformément à la tradition antifasciste, l'antilepénisme standard, s'il a pu contenir provisoirement le FN en l'empêchant de conclure des alliances avec les partis de droite, a engendré nombre d'effets pervers dont témoigne son actuel dynamisme. C'est par la diabolisation de Jean-Marie Le Pen que ce dernier est devenu célèbre et que le FN est sorti de la marginalité. Ce maître de la provocation qu'est Le Pen a su prendre la posture du diabolisé, la mettre en scène comme une injustice ou une forme de persécution, attirer ainsi la compassion ou la sympathie, et finir par retourner l'attaque en composante de son charisme. Les antilepénistes n'avaient pas prévu que leur cible principale pourrait se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un «résistant», voire comme un héritier de la «Résistance», face aux nouveaux ennemis supposés de la France. En outre, l'antilepénisme diabolisateur a eu pour effet d'installer le FN au centre de la vie politique française, de fixer l'attention inquiète de tous les acteurs politiques sur son évolution à travers les élections et les sondages. Depuis la fin des années 1980, la France politique a semblé vivre à l'heure du FN.

Répéter un slogan aussi dérisoire que «F comme fasciste, N comme nazi», totalement décalé par rapport à la réalité du mouvement lepéniste, c'était courir à l'échec: un tel excès dans l'accusation a rendu celle-ci insignifiante. Et ce, d'autant plus que l'image de Marine Le Pen s'est montrée imperméable à ces attaques hyperboliques. Le FN a fini par retourner à son profit la stigmatisation: la victime présumée du «Système» s'est posée en alternative globale à ce dernier, et ce, d'une façon crédible pour une importante partie de l'opinion. Bref, la propagande antilepéniste, qui se proposait de faire disparaître le FN de l'espace politique français ou de le marginaliser fortement, aura globalement joué le rôle d'un puissant facteur de la montée du FN. Paradoxe comique pour les uns, tragique pour les autres.

 

Votre livre n'arrive-t-il pas trop tard, après que la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen après 2002 a porté ses fruits? (34% des Français déclarent adhérer aux valeurs du Front national). L'antifascisme que vous décrivez n'est-il pas une attitude médiatique résiduelle?

Je ne le crois pas. D'une part, la normalisation du FN est loin d'être achevée: la figure de Marine Le Pen reste fortement rejetée, dès lors qu'elle ne symbolise plus seulement une opposition radicale au pouvoir socialiste. D'autre part, faute d'imagination, la gauche et l'extrême gauche sont vouées à répéter pieusement, d'une façon commémorative, les rites de conjuration du Mal politique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un discours de propagande ne disparaît pas pour la seule raison qu'il est devenu inefficace. Car il peut faire tradition, comme c'est le cas pour le discours antifasciste, dont les versions successives constituent autant de recyclages. La tradition, c'est ce qui se répète, en rassemblant et rassurant une communauté de croyants ou de militants. En outre, la relative normalisation du FN n'est pas le simple effet de la décision prise par Marine Le Pen, reprenant sur ce point le projet défini par Bruno Mégret dans les années 1990, de «dédiaboliser» le FN. On ne se «dédiabolise» pas à volonté: de multiples facteurs sont en jeu dans l'affaire, qui ne dépendent pas seulement des désirs de tel ou tel leader, aussi bon stratège idéologique soit-il. Le retrait progressif de Jean-Marie Le Pen est simplement dû à l'âge avancé du personnage provocateur. Il a provoqué un appel d'air pour le parti qu'il plombait. Le renouvellement et le rajeunissement des cadres, des adhérents et des sympathisants du FN, à l'image de Marine, ont joué un rôle majeur. Quant au contexte des années 2000, de la prise de conscience de la menace islamiste à la perte de confiance dans les élites nationales européistes, en passant par l'expérience inquiétante de la crise financière de 2008, qui a favorisé le retour de l'anticapitalisme et la diffusion des idées protectionnistes, il a globalement profité au nouveau FN. Dos au mur, les ennemis du FN continuent de lancer leurs anathèmes et de proférer leurs injures ou leurs imprécations rituelles (le FN «fasciste», «d'extrême droite», «raciste», etc.), rêvant toujours de faire interdire le parti qu'ils prétendent, depuis trente ans, éliminer de l'espace politique. Ils ne veulent pas discuter, critiquer, argumenter, ils rêvent de brûler les nouveaux hérétiques. À la force du préjugé s'ajoute celle de l'habitude, qui, chez les âmes mortes, est l'unique principe d'action. Une âme morte, disait Péguy, est une «âme extrêmement habituée».

N'y a t-il pas derrière ce discours angélique de l'antilepénisme primaire une stratégie plus cynique consistant faire monter le FN pour diviser la droite et affaiblir la droite traditionnelle?

C'est en effet l'une des hypothèses que je retiens. Contrairement aux apparences, le néo-antifascisme ne se réduit pas à une posture morale inefficace censée être honorable, il constitue une stratégie politique. L'un des objectifs du néo-antifascisme instrumentalisé par la gauche, c'est de restructurer l'espace politique autour d'un affrontement entre le PS et le FN, ce qui suppose un FN fort et une UMP affaiblie. Il s'agit donc de favoriser par divers moyens le dynamisme du FN tout en provoquant l'explosion de l'UMP, minée par ses divisions idéologiques et la rivalité de ses dirigeants. L'objectif est de faire disparaître la droite libérale comme force politique concurrente du PS. Il avait été formulé à la fin des années 1980 par les antiracistes mitterrandiens: faire qu'il n'y ait «rien entre le FN et nous». Ce qui supposait un double processus: le ralliement d'une grande partie de la droite (une fois en miettes) à l'extrême droite, et la redéfinition de l'extrême droite forte comme représentant la (nouvelle) droite. C'est la raison pour laquelle les stratèges machiavéliens du PS, formés à l'école mitterrandienne, ne s'émeuvent guère de la «montée du FN», ni de l'échec de la diabolisation qu'ils ont privilégiée en tant que stratégie anti-FN, et qui a contribué à ladite «montée». Ils savent que le seul moyen de gagner l'élection présidentielle de 2017, malgré l'impopularité de la gauche au pouvoir, c'est de faire précisément «monter» le FN pour provoquer l'élimination au premier tour du principal candidat de droite libérale, avant de l'emporter face à une Marine Le Pen jugée incapable de rassembler suffisamment, et rejouant ainsi malgré elle, mutatis mutandis, le rôle de son père en avril 2002. Le «front républicain», en tant que front du refus coalisant toutes les forces rejetant absolument le FN, ne peut vraiment fonctionner qu'au deuxième tour d'une élection présidentielle.

Les machiavéliens de gauche, lucides et cyniques, qui misent sur le renforcement du FN, savent qu'il suffit pour cela de le combattre d'une façon magique en suivant la stratégie diabolisatrice qui l'a rendu attractif. À cet égard, on notera que le PS et le FN ont des objectifs convergents, à commencer par l'éclatement de l'UMP, suivi par le ralliement d'une partie des cadres et des adhérents à gauche ou au centre, et d'une autre partie au FN. Le nouveau bipartisme opposerait une droite nationale à une gauche européiste.

«Totalement dédiabolisé, le FN perdrait une grande partie de son attractivité», écrivez-vous. Pourquoi le «diable» attire-t-il tant en politique?

Dans le charisme politique, il y a nécessairement une dimension démoniaque, perçue autant par les admirateurs du chef charismatique que par ses ennemis. Les grands démagogues et les pires dictateurs sont dotés d'un fort charisme. Ils sont porteurs d'une promesse de rupture salvatrice et de changement bénéfique. Ils sont perçus dans l'ambivalence: on attend d'eux de grandes choses, car ils promettent que l'impossible est désormais possible, et la déception qu'ils finissent par provoquer est d'autant plus profonde. L'admiration amoureuse se retourne souvent en haine et en ressentiment. Or, le propre du FN comme entreprise politique familiale, c'est qu'il existe en raison du charisme de ses dirigeants, Le Pen père ou Le Pen fille. Ils ne sont pas jugés sur leur action politique ou leur gestion des affaires publiques, mais sur leur discours de combat, leurs intentions affichées, leurs promesses alléchantes et tranchantes. Qui ne reconnaît les multiples menaces pesant sur la société française? Qui n'est pas d'accord avec le projet de «sauver la France»? Mais, pour séduire, il faut présenter un visage qui se distingue fortement de la masse grégaire des acteurs politiques formatés. La mal-pensance affichée des leaders du FN fait partie de leur prestige ou de leur capital symbolique, elle les distingue des autres leaders politiques. Sans écart socialement visible et régulièrement affirmé par rapport à la norme idéologique et politique, sans sa dimension «luciférienne», le FN ne pourrait exercer la moindre séduction. Il lui faut faire peur à certains pour attirer les autres. Donc alimenter en permanence une réputation de non-conformisme. Il y a là une stratégie d'auto-stigmatisation ou d'auto-diabolisation plus ou moins contrôlée (d'où ce qu'il est convenu d'appeler les «dérapages», inévitables). Les démagogues à l'eau de rose, ou couleur rose bonbon, sont dénués d'attrait. Ils ne produisent ni amour, ni haine. Après leur petite heure de célébrité médiatique, ils disparaissent rapidement dans le trou noir de leur affligeante normalité.

Vous dénoncez dans votre livre la dissymétrie entre une «extrême droite» diabolisée et une extrême gauche pardonnée de ses excès. D'où vient ce «deux poids deux mesures»?

C'est là un héritage de l'antifascisme soviétique, dont les idéologues et propagandistes, depuis les années 1950, n'ont cessé de marginaliser ou de calomnier en France la position antitotalitaire ou anti-extrémiste pour camoufler la criminalité du communisme, et permettre à la gauche de se «ressourcer» régulièrement en revenant à Marx ou à tel ou tel théoricien révolutionnaire et anticapitaliste (Lénine, Trotski, Gramsci, etc.). Il importe à une partie de la gauche de laisser ouverte la voie d'un retour éventuel à l'idée communiste, donc de ne pas diaboliser le communisme, en dépit de ses crimes, comme elle diabolise le fascisme, et plus particulièrement le nazisme. Cette gauche nostalgique suppose que l'idée ou l'utopie communiste est bonne en elle-même, et que seules ses réalisations historiques ont échoué. Alors qu'elle postule que le nazisme est en lui-même un mal, qu'il incarne même le Mal absolu. Ce traitement asymétrique est caractéristique de l'antifascisme dans toutes ses variantes, et nous rappelle que, comme l'avait bien vu George Orwell, la gauche est antifasciste mais non antitotalitaire. J'ajouterai qu'elle voit le «fascisme» là où il n'est pas (Raymond Aron et le général de Gaulle ont été traités de «fascistes»), et que, simultanément, elle ne voit pas le fascisme où il est, par exemple dans le chavisme tant admiré par Jean-Luc Mélenchon. Une admiration partagée par le polémiste Alain Soral qui se définit lui-même, pas seulement par provocation, comme «national-socialiste».

«Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d'aujourd'hui», écrivez-vous. Pourquoi l'antifascisme idéologique a-t-il survécu à la mort du fascisme politique alors que l'anticommunisme a, lui, disparu suite à l'effondrement du bloc soviétique?

L'antifascisme imaginaire, ou si l'on préfère l'imaginaire antifasciste, dont la diabolisation du fait national est aujourd'hui la principale illustration, c'est ce qui reste du communisme dans les esprits. L'antinationalisme est progressivement devenu la principale reformulation du vieil antifascisme. Mais les antinationalistes en sont venus à diaboliser la nation comme telle. C'est ce que j'ai appelé naguère, au début des années 1990, l'«antinationisme», qui s'est transformé en idéologie dominante dans les milieux européistes. La projection sur la nation de tous les traits répulsifs du «fascisme» en est le principe moteur. Dans la rhétorique de combat centrée sur la dénonciation des «eurosceptiques» ou des «europhobes», c'est bien le sentiment national qui est incriminé, au point d'être criminalisé. De la même manière, la reformulation antiraciste de l'antifascisme, qui se traduit principalement par la célébration de l'immigration comme méthode de salut, est centrée sur la diabolisation de la nation comme identité collective et souveraineté. Comme l'existence même des frontières nationales, la distinction simple entre nationaux et étrangers est considérée par les «antinationistes» comme un scandale. Pour ces nouveaux utopistes, il faut que disparaissent les États-nations pour que l'humanité s'unifie à travers la multiplication des processus migratoires sans contrôles ni limites. Leur rêve est d'instaurer une démocratie cosmopolite, dans un espace post-national qu'ils s'efforcent de construire en délégitimant le sentiment national tout en érigeant l'immigration de masse en fatalité et en phénomène intrinsèquement bon ou bénéfique.

Il faut relever ce grand paradoxe: alors que jamais, depuis 1945, le nationalisme ne s'est mieux porté en Europe, la diabolisation du nationalisme et du sentiment national est devenue la posture idéologique dominante dans le monde des élites. Si un fait observable prouve la coupure entre les peuples et les élites, entre les «localisés» d'en bas et les «mondialisés» d'en haut, entre les «enracinés» et les «nomades», c'est bien celui-là. La diabolisation néo-antifasciste de la nation est contre-productive à l'heure où l'Union européenne ne fait plus rêver la majorité des Français, qui doutent majoritairement des vertus de l'euro.

Un autre paradoxe saute aux yeux, et fait sourire. Chassé par la porte au nom de la morale, le nationalisme revient par la fenêtre au nom du réalisme politique. Dans leurs attaques contre le FN, les antinationalistes déclarés prétendent monopoliser l'attachement patriotique et incarner les «valeurs de la France». Ils retournent ainsi la chimère de «l'anti-France» contre les nationalistes français qui l'avaient beaucoup utilisée. Le sentiment national supposé honteux quand il est attribué au FN se transforme soudainement en une légitime fierté d'être français, claironnée par les dénonciateurs occasionnels de «l'anti-France» nouvelle à visage lepéniste. On ne compte plus les leaders politiques et les intellectuels s'indignant publiquement de l'existence d'une «extrême droite» qui, selon eux, véhicule des idées qui «ne sont pas les valeurs de la France». Et qui ne craignent pas de dénoncer avec vigueur le «Front anti-national». Bref, on rejoue l'opposition mythique entre les deux France, la bonne (ici l'anti-lepéniste) et la mauvaise (ici la «lepénisée»). À travers ce retour du réprimé national après transvaluation intéressée, le nationalisme se venge. Non sans ironie objective.

Vous dites que le FN n'est plus d'extrême droite. Doit-on se débarrasser définitivement de la catégorie «extrême droite» dans l'analyse politique?

Je suis plus nuancé. Et aussi trop peu naïf pour croire qu'on puisse se passer, selon notre bon plaisir d'intellectuels critiques, des idées reçues, des habitudes de pensée et des stéréotypes sans lesquels la communication politique serait impossible. Je montre d'abord que l'expression «extrême droite» fonctionne comme une étiquette polémique, destinée à disqualifier un adversaire, et qu'elle enveloppe une notion confuse. Elle n'est pas le produit de la conceptualisation rigoureuse d'un phénomène politique bien identifié, mais une expression douteuse reçue en héritage et reprise sans examen critique. À l'analyse, on se rend vite compte qu'elle fonctionne comme un quasi-synonyme de «fascisme», avec la suggestion trompeuse que le fascisme serait intrinsèquement de droite ou essentiellement situé à droite, ou, selon le cliché actuellement en vogue, «à droite de la droite». La pensée paresseuse consiste à qualifier de «fascistes» ceux qu'on perçoit comme des ennemis: les nationalistes pour les antinationalistes, les islamistes pour les anti-islamistes, etc. Le mot est mis à toutes les sauces, et il n'éclaire en rien les phénomènes qu'on veut avant tout stigmatiser. C'est là faire l'économie d'un travail intellectuel difficile sur les catégorisations historiques et politiques, impliquant de se passer des outils ordinaires du discours polémique. Car il n'est pas question de jeter aux orties le mot «fascisme», en raison de ses mauvais usages. Il s'agit de le définir de la façon la plus rigoureuse, en sachant qu'on ne peut satisfaire tous les spécialistes, ni bien sûr les «antifascistes» (qui, eux, croient tout savoir sur la question). Disons, pour aller vite, et en privilégiant les critères doctrinaux, qu'il s'agit d'un nationalisme d'orientation révolutionnaire, anti-libéral, autoritaire et étatiste (ou dirigiste), prônant un socialisme dans les limites de la nation, à tendance totalitaire, et susceptible de prendre des formes historiques diverses. Le situer «à droite» ne permet pas de mieux identifier ou expliquer le phénomène fasciste, bien au contraire. Ce dernier apparaît plutôt comme un produit pathologique dérivé de la gauche révolutionnaire, lorsqu'elle épouse les passions nationalistes. C'est en tout cas ce que suggère la trajectoire intellectuelle et politique de Mussolini. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'expression «extrême droite», le qualificatif «extrême» est dénué d'une signification claire et invariable. Il s'agit d'une image interprétable de diverses manières. Cela suffit à rendre son emploi douteux, source d'équivoques. L'appartenance supposée de «l'extrême droite» à la droite est à la fois une idée reçue et une idée fausse.

Comment qualifier désormais le parti de Marine Le Pen?

Il s'agit toujours d'un parti nationaliste, à la fois souverainiste et identitaire, donc anti-européiste, «antimondialiste» et anti-immigration, dont le leader se caractérise par son style populiste, jumelant l'appel au peuple, le culte du peuple et le rejet des élites en place. En 1984, j'ai proposé de le catégoriser comme «national-populiste», et je pense que cette catégorisation est toujours la moins mauvaise. Mais il faut tenir compte de la grande transformation du programme de ce parti, dont le contenu idéologique a été modifié par intégration de thèmes ou d'orientations empruntés à la gauche républicaine (la laïcité par exemple) ou à l'extrême gauche anticapitaliste (la dénonciation du «néo-libéralisme»). Dans ces conditions, il faut reposer les questions simples, certes avec une feinte naïveté: pourquoi continuer à situer le FN «à droite»? En quoi peut-il être dit extrémiste? Qu'est-ce que l'extrémisme? Et qu'est-ce que «l'extrême droite»? Dans Du diable en politique, je m'efforce de répondre à ces questions que les leaders politiques et les commentateurs de la vie politique se gardent de poser. Ils savent obscurément qu'ils ne peuvent y répondre clairement et d'une seule voix.

Vous parlez d'un «parti de la peur». Mais à vous lire, jouer sur les peurs n'est pas le monopole du Front National...

La politique de la peur est la norme implicite régissant les affrontements politiques. Les peurs les plus contradictoires dominent le paysage politique, tandis qu'un sentiment polymorphe d'insécurité colore le champ de l'imaginaire social. C'est ainsi qu'à la peur d'une immigration de masse répond celle d'une xénophobie de masse. Mais c'est la peur de perdre quelque chose qui donne le ton. De l'identité nationale aux acquis sociaux. Par peur de sortir du jeu, les acteurs politiques font un usage démagogique des peurs plutôt que des rêves. Les uns jouent sur la peur de l'effondrement de l'euro, les autres sur la peur d'une sortie de l'euro, d'autres encore sur la peur des effets négatifs de l'euro. Comme la peur du «terrorisme» ou de la «finance», la peur de «l'extrême droite» ou de «l'extrémisme» est une passion alimentée, entretenue ou réveillée par ceux qui ont intérêt à l'exploiter. C'est ainsi que les Français apeurés sont traités par les nouveaux démagogues comme une masse de petits vieux jouisseurs, sans convictions ni projets, vulnérables, sans courage, tiraillés par des peurs contradictoires, oscillant entre une crédulité infantile et un scepticisme incapacitant. Le mépris du citoyen est l'effet immédiat de la corruption de la démocratie par des élites dirigeantes élues grâce à leurs talents démagogiques avant de gouverner en orchestrant un mélange de craintes et d'espoirs.

La diabolisation ne semble pas toucher uniquement le FN, mais quiconque «dérape» sur le chemin du politiquement correct. L'information continue semble accélérer la mécanique diabolisatrice et nous offrir chaque semaine un nouveau diable médiatique: un jour Zemmour, l'autre Finkielkraut, ou encore récemment le député Thierry Mariani… Selon vous, ce phénomène va-t-il s'amplifier?

Des années 1990 aux années 2010, le discours néo-antifasciste est passé de la dénonciation de la «lepénisation des esprits» à celle de la «droitisation» des élites intellectuelles et politiques, accusation vague permettant de discréditer n'importe quel adversaire ou rival. Le terrorisme intellectuel reste cependant l'apanage de la gauche et de l'extrême gauche, qui peuvent compter sur l'appui des «modérés» du centre et de la droite opportuniste. Plus l'espace des débats est dominé par le culte du consensus minimal sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques et les bienfaits de l'Union européenne, et plus s'exacerbe le besoin de créer des distinctions, des oppositions, des alternatives. L'uniformisation idéologique est le bruit de fond sur lequel se détache la petite musique des mouvements souverainistes et identitaires, qui restent minoritaires. Mais les réactions des défenseurs de la Voie unique sont vives. La moindre réserve sur les positions politiquement correctes concernant l'Europe, l'immigration ou les minorités est perçue comme une opinion abjecte, voire un délit, qui suscite une indignation hyperbolique et, de plus ou plus souvent, des poursuites devant les tribunaux. Dans une France sous l'emprise des minorités sectaires et tyranniques qui imposent leurs valeurs et leurs normes, l'espace public s'empoisonne lentement. Les débats s'enlisent dans les échanges de clichés et de platitudes. L'auto-censure est de rigueur dans une société de surveillance réciproque. Les esprits libres se gardent de participer aux débats publics, abandonnant le terrain médiatique à de grotesques personnages incultes ou à demi cultivés, histrions littéraires, amuseurs engagés ou commissaires politiques qui n'existent que par l'insulte, l'indignation feinte, l'imprécation ou la provocation. J'oubliais les donneurs de leçons de tous âges. Quand des esprits libres prennent le risque de descendre dans l'arène, ils sont immanquablement voués à être dénoncés, calomniés, diffamés. La menace de diabolisation produit une intimidation telle qu'elle garantit la promotion de la médiocrité. Seuls des «experts» sans couleur ni odeur prolifèrent dans le paysage. C'est ainsi que s'accélère le déclin de la France intellectuelle.

À vous lire, on a parfois l'impression que vous voyez la vie politique comme un spectacle où des comédiens plus ou moins doués font carrière à coup de mensonges et de promesses intenables. Les leaders politiques ne sont-ils que des démagogues sans scrupules?

Si les démagogues sont nombreux, les médiocres sont encore plus nombreux, qu'ils soient démagogues ou non. Dans les démocraties modernes, les démagogues prennent souvent le visage de faux prophètes, annonçant de grands «changements» porteurs de promesses alléchantes. Comment peut-on ne pas se soucier de plaire lorsqu'on s'engage dans une compétition électorale? Il y a là une contrainte fonctionnelle: l'obligation de séduire pousse à trop promettre, à beaucoup mentir et à calomnier ses adversaires. Aujourd'hui, se nourrissant du désarroi et de l'anxiété suscités par la crise multidimensionnelle, de dérisoires prophètes de bonheur ou de malheur prolifèrent, dans tous les domaines, mais surtout en politique. La sagesse pratique consiste à se garder de les prendre au sérieux. Les plus dangereux sont les prophètes de bonheur, ces camelots qui, au nom du dieu «Progrès», vantent et vendent un quelconque avenir meilleur, alors que le piteux état du présent porte l'empreinte de leur impuissance ou de leur incompétence. Face aux marchands de mondes meilleurs («Demain, tout ira bien»), c'est avec l'ironie requise qu'il faut suivre l'injonction de l'évangéliste Matthieu (7.15-16), d'une éternelle actualité: «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?» Il faut donc juger les dirigeants sur les résultats de leur action politique, et non pas sur leur charme personnel, leurs intentions bonnes ou leurs projets séduisants.

Pierre-André Taguieff (FigaroVox, 23 mai 2014)

vendredi, 06 juin 2014

L'histoire d'une Europe sans peuple

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L'histoire d'une Europe sans peuple

par Christophe Beaudouin
 
 
Comment les Européens ont-ils pu basculer, sans bruit, sans violence et presque sans s’en apercevoir, dans un régime antidémocratique ? Comment ont-ils pu laisser leurs gouvernements renoncer progressivement à ce qui leur était le plus cher : leurs libertés, à commencer par celle de choisir souverainement leur destin, ainsi que leurs communautés nationales ? Cette préservation des souverainetés était une condition impérieuse de la paix : l’Histoire nous enseigne que les démocraties modernes ne se font jamais la guerre entre elles. À l’heure où la dette publique, la pauvreté, la crise d’identité et la défiance populaire atteignent une ampleur historique sur le continent, la question de l’avenir démocratique de l’Europe paraît d’autant plus cruciale. Tels sont les enjeux en train de se nouer derrière les accélérations fédérales en cours, depuis le déploiement des effets du traité de Lisbonne jusqu’aux nouvelles bases juridiques d’une gouvernance disciplinée de la zone euro. Christophe Beaudouin, docteur en droit aborde ces questions sans tabou dans son ouvrage "La démocratie à l'épreuve de l'intégration européenne" (LGDJ, 2014) et dans le numéro de mai 2014 du mensuel "La Nef" consacré intitulé "Quelle l'Europe ?"

Sur la page « gouvernance européenne » de son site, la Commission avoue sans ambages qu’il s’agit d’une « forme dite postmoderne des organisations économiques et politiques » où il serait désormais possible de « gouverner sans gouvernement ». Est-ce à dire que nous aurions basculé dans le « despotisme doux » annoncé par Tocqueville et repris par Jacques Delors ? Cette Europe intégrée laisse voir bien davantage qu’une simple crise d’adolescence : défaut structurel de légitimité des institutions de l’Union, technicisation extrême du pouvoir, confusion des fonctions exécutives, législatives et judiciaires, contrôles parlementaires national ou européen impraticables, responsabilité politique inconsistante, absence de culture politique européenne et donc d’espace de débat public transnational, perméabilité manifeste aux influences privées mondialisées. Comment en sommes-nous arrivés là ?

1) La « méthode Monnet » (1950)

Nous sommes à Paris, dans le salon de l'Horloge du ministère des Affaires étrangères, le 18 avril 1951. Autour du ministre français Robert Schuman, sont réunis ses homologues des cinq autres États qui s’apprêtent à fonder ensemble la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Mais beaucoup trop de questions restent en souffrance et le texte officiel du traité n’est pas prêt. De sorte qu’à l’heure prévue de la signature, on trouve une solution inédite : les six ministres vont apposer leur signature au bas d’une feuille blanche. Six gouvernements vont engager solennellement leur nation dans une aventure qui dépasse de loin la simple mise en commun de productions vieillissantes. Ces signatures gouvernementales au pied d’une page immaculée signifient que quelque chose de supérieur prévaudrait toujours : « l’Esprit » unificateur. Un esprit qui l’emporterait même – on le comprit par la suite - sur la lettre des traités, sur l’intention des États fondateurs et sur la volonté des peuples exprimée par référendum.

C’est le succès de la « méthode Monnet », alimentée à l’époque par la logique des blocs qui obligeait à résister à l’expansion soviétique, quitte à fermer les yeux sur les entorses à la démocratie. Cette méthode fut définie par la fameuse déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, préparée par Jean Monnet, alors commissaire au plan, pour forcer l’Allemagne et les autres pays d’Europe de l’ouest à la « réalisation de solidarités de fait », la « fusion d’intérêts » et « l’unification économique ». Cette proposition « réalisera les premières assises concrètes d’une fédération européenne (sic !) indispensable à la préservation de la paix. » Cette logique du fait accompli imposerait alors de nouveaux transferts de compétences des démocraties vers l’Union, sans besoin d’ailleurs d’obtenir le consentement des nations membres : c’est ce que le jargon bruxellois appelle le « spill-over » ou effet de débordement. Une « Haute Autorité », ancêtre de la Commission européenne, « composée de personnalités indépendantes » rendrait « ses décisions exécutoires » dans tous les pays adhérents.

Ainsi se formait la maladie congénitale à toute la construction européenne et pour son propre malheur : la rupture avec les démocraties nationales et le passage à la technocratie. Il faut dire que ces « pères de l’Europe », avaient l’un et l’autre, avec la démocratie et avec la France, une histoire particulière… Souvenons-nous : Robert Schuman est né Allemand à Luxembourg en 1886, réserviste dans la Wehrmacht en 1914, il devient Français à 32 ans lors du retour de la Lorraine à la France, député démocrate-chrétien de la Moselle de 1919 à 1940, il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, sous-secrétaire d’État du gouvernement de Paul Reynaud, il le demeure sous l’État français et ne change de camp qu’après l’intégration de la Moselle au Reich. Jean Monnet quant à lui, né en 1888 à Cognac, fils d’un exportateur d’alcool, vécut la moitié du temps outre-manche et aux États-Unis pour affaires, banquier chez Lazard à New-York en 1908, il traite avec les grands noms de la finance anglo-saxonne et conseille plusieurs dirigeants mondiaux dont Roosevelt. Après l’armistice de 1940, il obtient du Foreign Office que de Gaulle soit empêché de lancer son appel à la BBC - avant que Churchill n’intervienne, puis dans une note secrète du 6 mai 1943 au secrétaire d’Etat américain Hopkins, il écrit à propos du futur libérateur de la France : « Il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec lui ; qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés (…) de la reconstruction européenne (et) qu’en conséquence, il doit être détruit dans l’intérêt des Français, des Alliés et de la paix. » Heureusement pour l’Europe et pour la paix, Monnet ne réussit ni à faire taire de Gaulle, ni à le « détruire »… Mais il repart vite à la charge. A Roosevelt, Monnet écrit le 5 août suivant : « Il n’y aura pas de paix en Europe si les États se reconstituent sur la base de souverainetés nationales. Ils devront former une fédération qui en fasse une unité économique commune ». C’est ce à quoi il se consacre après 1946, pour faire des gouvernements des « instances d’exécution » dans une Europe supranationale au service du marché, expérimentation hasardeuse considérée comme une étape vers un futur gouvernement mondial. Au cours d’une cérémonie officielle où il reçoit en 1953 le premier laissez-passer européen, il brandit son passeport diplomatique français et proclame « nous pouvons le brûler !». C’est le modèle de la CECA qui est calqué dans le projet de Communauté européenne de défense (CED), dont l’échec devant l’Assemblée nationale française le 30 août 1954 oblige à un changement de stratégie des supranationalistes. Il leur faut maintenant avancer masqués.

2) Le fédéralisme dissimulé (1957)

Les traités de Rome du 25 mars 1957 marquent le passage d’un fédéralisme affiché à un fédéralisme dissimulé. Le créneau choisi est la mise en place d’un marché commun entre les six, sans droits de douane à l’intérieur mais avec un tarif extérieur protecteur. Cette Communauté européenne (CEE) est organisée selon un schéma apparemment plus respectueux des souverainetés nationales, dès lors que le pouvoir de décision appartient à une sorte de conférence diplomatique permanente : le Conseil. Les rédacteurs inoculent cependant un redoutable virus : l’objectif des quatre libertés économiques (libre-circulation des marchandises, des services, des capitaux et des individus) et, sur le plan politique, celui, lyrique, d’une « union sans cesse plus étroite ». L’« esprit » unificateur du Salon de l’Horloge est bien là et les outils d’une domination technocratique sont en place : rôle moteur de la Commission dotée du monopole de la proposition, interprétation souveraine et sans appel des traités par la Cour de justice, perspective d’extension du vote à la majorité avant dix ans.

Avec le retour du général de Gaulle en 1958, la construction européenne connaît une heureuse correction démocratique. Après le refus par les pays du Bénélux du plan Fouchet présenté par de Gaulle pour coiffer l’organisation d’une coopération politique intergouvernementale, une grande crise éclate. La Commission propose une réforme de la politique agricole commune assortie de nouvelles règles financières accroissant son pouvoir. De Gaulle refuse et réplique par la politique de la « chaise vide » qui, après sept mois, débouche sur le Conseil de Luxembourg du 28 janvier 1966 : rejet des projets financiers de la Commission et maintien de la prépondérance du Conseil (donc des États), abandon de la pratique (illégale) de la Commission de recevoir des lettres d’accréditation d’ambassadeurs de pays tiers et adoption du fameux « compromis ». Il permet à tout État estimant qu’une proposition de la Commission normalement votée à la majorité, qui menacerait des « intérêts très importants » pour lui, d’obtenir du Conseil une discussion jusqu’à parvenir à un accord unanime. C’était là une règle de respect, de confiance et d’optimisme qui aurait dû rester le fondement de la coopération européenne. De Gaulle rappelait ici que la Communauté était une association d’États et non leur fusion dans une « purée de marrons » sous tutelle technocratique. Hélas, aucun de ses successeurs n’aura la sagesse de poursuivre sur cette voie.

Si le système de vote à la majorité s’en trouve neutralisé, la Commission et la Cour de Justice conservent leurs prérogatives exorbitantes. Cela n’inquiète guère, vu le champ alors réduit des matières communautaires. La Cour sera le point de départ d’une discrète offensive qui s’avère victorieuse. Au début des années 1960, un petit groupe de juges activistes à Luxembourg élève la vision du préambule du Traité au rang d’élément d’un ordre juridique supérieur, voire supra-légal : c’est toujours le fameux « esprit » unificateur. Celui-ci s’impose même aux États fondateurs, pour justifier l’avènement d’un nouvel ordre juridique autonome et supérieur que ces mêmes États, apparemment sans le savoir, auraient créé sept ans plus tôt en signant le traité de Rome. On n’avait pas imaginé que cette formule creuse – « l’union sans cesse plus étroite » - serait interprétée littéralement en vue de la marche irréversible vers la fusion pure et simple des nations européennes en une entité unique et unitaire.

Une telle déclaration d’intention suffit pourtant à ce que la Commission ou la Cour vienne forcer la main des États, lisant dans les décisions des Conseils des ministres ce qui n'y figure pas, donnant aux actes juridiques européens à la fois une applicabilité directe (arrêt « Van Gend en Loos » adopté à une voix de majorité, 1963) et une supériorité sur toute loi nationale - même constitutionnelle ! - (arrêt « Costa », 1964) pourtant toutes deux refusées par le traité de Rome.

Elle justifiera aussi plus tard qu’on force la main des peuples en refusant de respecter les « non » référendaires, notamment de la France et des Pays-Bas au traité constitutionnel (2005) et de l’Irlande au traité gigogne de Lisbonne (2008). Comme si une « Vérité » religieuse orientait le processus européen vers l'impératif unique de l'intégration supranationale pour l'unification illimitée, plutôt que vers toute autre forme d'organisation européenne, et bien que rien de tout cela n’ait jamais été débattu, accepté, ni même compris et perçu jusqu’à présent par les peuples. L’expression « sans cesse plus étroite » signifie bien que l’union n’est pas une institution mais un processus, non pas un point d’arrivée aux contours restant plus ou moins à définir par les Européens du futur, mais une trajectoire, un engrenage à sens unique agrégeant les nations les unes aux autres, sans arrêt ni correction possibles.

Après le départ du général de Gaulle, la machine redémarre de plus belle. En 1972, ce sont les chefs d'État et de gouvernement eux-mêmes qui préconisent l’utilisation « aussi largement que possible » de la clause de flexibilité par la Commission (Déclaration de Paris). Elle pourra ainsi élargir, sans ratification d’un nouveau traité, ses compétences dans les domaines de l’environnement, des politiques régionales, sociale et industrielle. Jusqu’à l’Acte unique de 1987, cette clause sera utilisée, aux dépens des parlements nationaux, avec une imagination sans limites.

3) La technocratie de marché (depuis 1987)

C’est à partir de l’élection de François Mitterrand (« La France notre patrie, l’Europe notre avenir ») en 1981 et la dernière phase de la mondialisation, que le virus fédéral dissimulé dans le traité de Rome va être activé et que l’intégration supranationale connaît son véritable essor. La mondialisation des échanges, de la finance et de l’information a besoin d’États, mais d’États faibles. Cela tombe bien : les européistes aussi. Avec le tournant de la rigueur et de la monnaie forte en 1983 s’engage le début de la marche à la monnaie unique - et de la désindustrialisation massive - que parachève le traité de Maastricht. Entre-temps, Jacques Delors, Président de la Commission européenne à partir de 1985, lance la réalisation du marché intérieur, selon un programme de 300 directives pré-rédigées par des lobbies (European Roundtable).

Le grand basculement s’opère formellement avec l’Acte unique de 1987. Négocié par Roland Dumas et voté par la gauche et la droite, il prévoit la concurrence dite « libre et non faussée » - en réalité brutale et déloyale - administrée par la Commission, l’exercice de ces compétences à la majorité qualifiée et sous le contrôle de la Cour de Justice, la libéralisation des capitaux à l’égard de tous les pays extérieurs y compris les paradis fiscaux. Les droits de douane passent de 14,5% en 1992 à 1,5% en 2012, faisant de l’UE l’union commerciale la moins protégée du monde. Les États européens rompent avec leur responsabilité vis-à-vis de la politique macro-économique - réguler le niveau de certaines importations et exportations, stimuler la demande intérieure de consommation et d’investissement -, en abandonnent les instruments (la monnaie confiée à la BCE indépendante, le budget au Pacte de Stabilité) et toute volonté politique. En renonçant peu à peu aux frontières (traité de Schengen, 1985), à la maîtrise de la politique d’immigration, aux droits de douane et aux législations protectrices, on abolissait la différence entre « l’intérieur » et « l’extérieur » des États. De sorte qu’il n’existe plus aujourd’hui de vraie distinction possible entre marché interne ou européen et marché mondial.

On compte pas moins de six traités principaux ayant modifié le traité de Rome, depuis l’Acte unique de 1987 jusqu’au traité de stabilité, de coopération et de gouvernance (TSCG) de 2012, en passant par les traités de Maastricht (1992), Amsterdam (1997), Nice (2001), et Lisbonne (2009), tous inconstitutionnels, obligeant à des révisions en cascade de notre Constitution. Depuis son adoption en 1958, les deux tiers en ont été changés, de sorte qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec le texte fondateur de la Vème République. Il faut y ajouter les vagues d’élargissement qui ont naturellement bouleversé les dimensions et parfois les pratiques européennes, pour parvenir à vingt-huit États membres aujourd’hui, et demain trente ou trente-cinq.

Nous avons ainsi abandonné l’essentiel de notre souveraineté – 80% des lois et décisions sont européennes et mettent en œuvre le droit de la mondialisation - mais nous n’avons pas réussi, puisqu’il n’y a pas de peuple unique, à bâtir une démocratie de remplacement au niveau européen. Dès lors, comment continuer à obéir à un droit qui n’est pas perçu comme légitime ? La mondialisation exigerait, comme pour toute puissance qui se respecte aujourd'hui dans le monde, des souverainetés nationales plus vivantes que jamais, dans une confédération élargie, qui défendrait et porterait les valeurs de la civilisation européenne. Après le monarque, voici le peuple souverain à son tour chassé du trône par la nouvelle classe managériale : technocrates, juges et lobbies mondialisés déguisés en « experts ». Là où il n’y a plus de racines, il faut des tuteurs. Ceux-ci occupent le vide laissé par le renoncement des Politiques. Oeuvrant à l’extension sans fin du règne du marché et des droits subjectifs, ils ont fait de l’Europe le laboratoire expérimental de la gouvernance mondiale, pour passer « du gouvernement des Hommes à l’administration des choses » (Saint-Simon). Ils accompagnent l’irrésistible crue globalitaire en train d’abattre limites, distinctions et hiérarchies. Nous voici désormais tous « rois » : en réalité politiquement réduits à l’impuissance comme citoyens, mais juridiquement surarmés comme individus narcissiques, satisfaits de notre servitude à un empire « cool ». L’Européen du XXIème siècle reste pourtant l’«animal politique » décrit par Aristote. Refusant le grand déracinement, il tentera bientôt de retrouver sa famille, sa cité, sa nation, sa civilisation.

Le hollandisme, maladie infantile du socialisme...

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Le hollandisme, maladie infantile du socialisme...

par Jean-Paul Brighelli

Ex: http://metapoinfo.hautetfort.com

Vous pouvez découvrir ci-dessous un texte décapant, et assez étonnant, de Jean-Paul Brighelli, qui sur le site de Causeur règle violemment son compte au parti socialiste et à son gauchisme culturel.

Professeur en classes préparatoires, défenseur de l'élitisme républicain, Jean-Paul Brighelli est l'auteur, notamment, de nombreux essais sur le système éducatif, comme La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école (Jean-Claude Gawsewitch, 2005). Il est également l'auteur de La société pornographique (Bourin, 2012).

La droite est le nouveau véhicule des ambitions révolutionnaires

Jean-Pierre le Goff, dont le petit doigt est à lui seul plus cultivé, politiquement parlant, que l’ensemble du gouvernement, s’est récemment fendu d’une analyse de la politique « sociétale » du gouvernement dont je ne saurais trop recommander la lecture aux gens intelligents qui viennent faire un tour sur Bonnet d’âne. L’auteur de La Barbarie douce (1999 — remarquable analyse de ce qu’une certaine gauche pédago a fait de l’école, sous prétexte de faire réussir tout le monde à l’occasion de la semaine des quatre jeudis) y dissipe avec une grande rigueur le rideau de fumée qu’un parti social-démocrate — le PS et ses alliés —, qui a renoncé à tout vrai principe de gauche, a développé pour camoufler le fait qu’il a renoncé à toute intervention crédible dans le domaine économique — le seul susceptible de faire bouillir la marmite des damnés de la terre — et classes moyennes comprises, cela finit par faire du monde.

Résumons : les lois sur le mariage gay, par exemple, sont des manifestations typiques de ce gauchisme culturel que dénonçait Lénine en 1920 — une déviation qui sous prétexte de « pureté » révolutionnaire, feint d’oublier que le facteur économique est déterminant en dernière instance — et pas l’autorisation de passer ou non devant un maire (et, in fine, devant un juge aux Affaires familiales), ou l’affirmation un peu péremptoire qu’un double cunni peut engendrer des bébés (ou en donne l’autorisation, ce qui revient au même). Ce qui aurait été vraiment révolutionnaire (un terme incompatible avec les libéraux au pouvoir, nous sommes bien d’accord), c’eût été de proclamer la non-nécessité du mariage bourgeois, et l’égalité des droits pour tous : le prolétariat, qui n’avait pas les moyens de s’offrir une dot, a inventé l’union libre de fait bien avant que les pseudo-libertaires ne s’en emparent.

Le Goff ou moi — question de génération — avons expérimenté jusqu’au dégoût les impasses du gauchisme culturel, qui à se vouloir pur et sans compromission avec les « partis bourgeois » (c’est tout le sens de la diatribe de Lénine) a fini par sombrer dans la collaboration de classe la plus honteuse : on évite de s’allier au P«C»F, comme on écrivait à l’époque, on critique le Programme commun, on se croit révolutionnaire parce qu’on lit le Monde et on finit suceur de barreau de chaise à Libé ou publiciste chez… Publicis. Ou prof sur le Net, jusqu’auboutiste des causes les plus variées et les plus avariées qui n’ont jamais qu’un seul objet (et la plupart de leurs thuriféraires ont si peu de conscience politique qu’ils ne s’en aperçoivent pas) : défendre l’état des choses, la répartition actuelle du capital, la « rigueur budgétaire » et l’Europe de Juncker-Schulz.

Quitte à paraître plus léniniste que Vladimir Ilitch, je voudrais le répéter encore et encore : le seul problème, c’est de donner à manger à ceux qui ont faim. Et cela fait du monde, en France même : on s’occupera du reste du monde ultérieurement, l’alter-mondialisme est une déviation majeure qui permet de se préoccuper des « étrangers », des primo-arrivants, des manouches et de ceux qui croient que Yannick Noah est un artiste, au lieu d’imposer une politique qui redonne au moins l’espoir de grignoter un peu de l’immense fortune française — la redistribution oui, les réformes Taubira (la femme qui ne sait pas chanter la Marseillaise, et encore moins l’Internationale) non. Évidemment, il est plus simple d’amuser le peuple, via des journalistes incompétents et / ou complices, avec des écrans de fumée, en espérant que cela vous donnera une chance en 2017, qu’avec une réduction visible des inégalités.

Au passage je préfère être dans ma peau que dans celle de Thomas Piketty, qui s’est décarcassé à prouver à ses anciens amis qu’une autre politique économique est nécessaire (et possible), et qui est le plus grand cocu de l’arrivée de la « Gauche » au pouvoir et qui a bien compris, en allant vendre sa salade aux USA, qu’il est possible de travailler avec des capitalistes intelligents, en attendant de prendre le pouvoir pour de bon, mais pas avec des « socialistes » français obsédés par les sondages, aveuglés d’ambitions minuscules et de mauvaise foi — définitivement disqualifiés.

Mélenchon a raté le coche : à faire du Parti de Gauche le véhicule d’une ambition personnelle, il n’est pas parvenu à présenter ses propositions économiques comme une solution aux difficultés croissantes des Français. La seule qui a capitalisé sur le sentiment intense de frustration, c’est Marine Le Pen. Calcul ou retournement, le FN tient ces temps-ci un discours anticapitaliste très drôle à entendre, pour qui se rappelle ses prises de position ultra-libérales d’il y a quelques années. De même, il (ou le Comité Racine qui théorise pour lui) a sur l’Ecole des positions que 90% des profs approuvent, en le disant ou sans le dire — et les 10% qui restent sont juste les hommes-liges du PS et des Verts, ceux qui ont ou qui espèrent des positions compatibles avec leur petitesse conceptuelle, pas avec le bien public, et certainement pas avec celui des élèves.

Alors soyons tout à fait clair : si demain je pense qu’une alliance tactique avec des partis de droite (un ticket Juppé-Bayrou, mais aussi bien un infléchissement du Bleu-Marine) peut faire avancer la cause de ceux qui souffrent réellement, victimes des dégraissages des grandes entreprises, de la politique de déflation systématique, ou des prétextes démagogico-pédagogiques qui théorisent le succès de tous afin de réaliser la réussite des mêmes, eh bien je m’allierai, et sans un battement de cils. Parce que toute alliance avec le PS est devenue impossible (et depuis plusieurs années, depuis l’ère Jospin en fait), et que persister à se vouloir « de gauche » avec les guignols sanglants qui nous gouvernent est une entreprise illusoire : la Droite est aujourd’hui — parce que les uns sont en crise, et que les autres ont faim de pouvoir — le véhicule le plus commode des ambitions réellement révolutionnaires.

Jean-Paul Brighelli (Causeur, 3 juin 2014)

jeudi, 05 juin 2014

SPLEEN DE MAI : ENTRE POPULISME ET PARALYSIE

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SPLEEN DE MAI : ENTRE POPULISME ET PARALYSIE

Comment sauver la France ?

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

François Hollande est redevenu « Monsieur 3% » ! Les Français ne sont plus que 3% à le préférer comme candidat du PS à la prochaine présidentielle de 2017, selon l'étude OpinionWay, réalisée pour Le Figaro Magazine. C'est le même chiffre que les sondages lui donnaient quelques mois avant la primaire de 2011, quand il était opposé  à Dominique Strauss-Kahn.
 
Quel enseignement tirer des Européennes ?

Tout d'abord, le vote a révélé au grand jour la supercherie de la gauche. Au soir des résultats, Jean-Luc Mélenchon n'avait pas tout à fait tort en désignant comme premiers coupables ceux qui ont volé les mots de la gauche. La gauche providentielle n'est plus. La gauche intellectuelle des professeurs n'a plus aucune prise sur la réalité. Elle tourne à vide, prisonnière de la gauche de gouvernement technocratique au service exclusif des banques et de la finance. 

Le PS est à peine parvenu à obtenir 14 % des suffrages et il laisse derrière lui une France sans idées, exsangue, appauvrie, rongée par le chômage, la désindustrialisation et la précarisation de couches entières de la société. En fait, Hollande a fait ce qu'on lui a demandé de faire : il a serré la vis des Français, en imposant de nouvelles taxes. Il s'apprête pour demain à puiser dans leurs épargnes. Les millions d'euros qu'il prétend dégager ne serviront pas à relancer l'économie mais à renflouer les caisses des banques d'affaires internationales qui spéculent sur la dette de la France. De fait, avec les scores électoraux obtenus, le gouvernement est tétanisé et paralysé. Il ne peut plus gouverner. A un tel niveau de mécontentement, cela signifie qu'on n'est plus entendu mais surtout qu'il y a aussi dans les rangs des citoyens de la désobéissance civile. En fait, plus aucune administration ne fonctionne réellement en dehors de la gestion quotidienne des salaires et des flux.

Le deuxième élément marquant est bien sûr la spectaculaire percée du Front National mais qu'il faut relativiser. Bien sûr, pour le Front national, c'est une immense victoire. Avec 24,85 % des suffrages, il obtient de loin son meilleur score depuis sa création en 1972 et depuis son émergence électorale, il y a trente ans aux Européennes du 17 juin 1984. Mais l'abstention a été très forte (plus de 57 %) si bien que le parti avec 4,6 millions de voix, obtient moins de suffrages qu'à la Présidentielle de 2012 ! 

Les Français n'ont donc pas si changés que cela et il paraît difficile pour ce parti de remporter une élection présidentielle. Les électeurs en ont assez de la dégradation continue de leurs conditions de vie, de l'augmentation des impôts et des taxes, du politiquement correct, de la multiplication des radars automatiques sur les routes et des limitations de vitesse, de l'explosion de la violence gratuite et raciale, de la destruction méthodique de la famille et de leur environnement, de la dégradation de l'école et de la discrimination positive larvée, de la repentance permanente. C'est ainsi que le parti de Marine Le Pen a réussi comme Beppe Grillo en Italie en 2013 a cristalliser le mécontentement populaire. L'allusion à Beppe Grillo est volontaire. Beppe Grillo fit le même score que Marine le Pen aux élections italiennes des 24 et 25 février 2013. Et finalement, tout ceci n'était que du foin, un chanvre indien apte à stériliser la protestation populaire ? En somme, un rapt de la colère populaire. Peut-on d'ailleurs considérer comme totalement raisonnables les choix d'une nation dépressive ? Les électeurs n'ont-ils pas voté pour des inconnus, des candidats qu'ils ne connaissent même pas ? N'aurait-on finalement en mai que jouer aux élections ? N'est-ce pas sur un autre terrain, celui de la dissidence théorique, comme le suggère dans son dernier article Jacques-Yves Rossignol, mais aussi pratique, qu'il faut que la colère devienne positive et source de création ?

Als je wint, heb je vrienden...

 

bdm-lfl.jpgAls je wint, heb je vrienden...

door 

Ex: http://www.solidarisme.be

Als men jaren aan een stuk 'echte' vrienden en basismilitanten een mes in de rug plant, blijven meestal alleen de valse vrienden en de vijanden over. Die wachten op het geschikte ogenblik om hun ware gelaat te tonen, zoals nu bij het Vlaams Belang gebeurt. Dan bijten de wolven.

De carrièremakers, fluwelen fluisteraars zonder mening, de gatlikkers die jaren aan een stuk elke kritiek van kameraden op de gevoerde politiek als een aanval op ‘De Partij’ wegzetten, krijsen nu om het hardst dat het zo niet verder kan, dat er al lang kritiek leefde. Dat die niet bij hen leefde (of ze konden het goed verbergen), vergeten ze erbij te vertellen. De wolven zwegen.

Trouw stonden ze jarenlang pal naast hun boegbeeld Filip Dewinter. Kritiek of inbreng van ideeën beschouwden ze als belachelijk. Er was niets mis; alles ging goed aan het parlementaire front. De salons van de (schijn)macht waren zacht en temperden elke revolutionaire gedachte of kritische mening. De postjes, het geld: ze veegden elke poging tot ideologische vernieuwing weg. De wolven sliepen.

En wat te denken van die 'jonge' wolven zelf? Zij hebben weinig tot geen ideologisch noch enig geëvolueerd maatschappelijk inzicht. En het is niet eens hun eigen schuld, want de partij hield (en houdt) niet van mensen die zelfstandig denken en de ‘wolven’ vonden (en vinden) dat heel comfortabel. Als men de lappen vlees in de mond gesmeten krijgt, waarom zou men er dan voor vechten? Terwijl er juist nu wolven nodig zijn. Wolven die kunnen bijten, nu ze naast communisten zullen zitten (bijna even sterk in de federale Kamer als zijzelf). En die communisten zullen als hyena’s aan het eigen volkse electoraat van hun partij blijven sleuren…

Het andere deel van het VB-electoraat is reeds verloren aan de liberale euro-regionalisten van de N-VA. Het VB en de jonge wolven hebben bij hun eigen achterban dan ook jarenlang zélf reclame voor de liberalen van de N-VA gemaakt. Het eigen volk werd immers verteld dat die donkerblauwe leeuwen bondgenoten waren. De N-VA was een V-partij, nietwaar? Nooit weerklonk enige noemenswaardige kritiek daarop, buiten die van mezelf dan. Zo werd het VB-electoraat, ja zelfs de eigen leden, rijp gemaakt om voor de N-VA te stemmen. 'Tactisch stemmen' noemen sommige jonge wolven het vandaag. Onnozele praat vertellen zul je bedoelen.

O ja, men nam hier en daar ook standpunten en ideeën van ons, het N-SA, over. Die waren dan meestal wel ontdaan van de volledige context en analyse, zodat ze inconsequent overkwamen en aan kracht inboetten. Ja, de ideeën van het N-SA waren soms interessant zei men, maar men was te arrogant om ermee samen te werken. Solidaristische ideeën pikken kon men wel, samenwerken deed men met de ultra-liberalen van Vlott. En wat was, wat is de inbreng van die liberalen geweest? Dat ze meegeholpen hebben om het pad voor de N-VA te effenen misschien.

Ik ben al jaren lid van de partij en van bij het begin actief, samen met een deel van mijn familie. Toch vond men het nodig om mij uit de partijraad te weren. Men wil daar geen mensen zien die met ideeën of ideologie op de proppen komen. Men pikt liever ideeën bij anderen. En zij die nu schreeuwen om inspraak hebben die inspraak van militanten zoals ikzelf jarenlang monddood gemaakt.

De tijd dat men alleen door slogans te roepen een beweging of partij in stand kon houden is al een tijdje voorbij. Binnen het N-SA hebben we ons dan ook al een hele tijd geleden toegelegd op het ontwikkelen van een ‘nieuwe’ nationalistische lijn en ideologische standpunten. Dat men niet denkt dat het voldoende zal zijn de ‘bruine’ uitspraken te laten om opnieuw relevant te worden en te vernieuwen.

Waar ik ook niets over gehoord heb, is de patserige manier waarop het VB campagne heeft gevoerd met Hummers en helikopters. Dat was pas spuwen in het gezicht van een groot deel van de eigen achterban. Dat heeft niks met ‘bruine’ praat te maken, maar met empathie tegenover je kiezers en leden, en die verlies je als je jaren in de salons hebt gehangen met de rest van de politieke elite. Als men dat niet kan laten, zeker als de N-VA in de oppositie belandt, dan zal het VB compleet irrelevant worden. En dat de N-VA in de oppositie zal belanden, lijkt mij bijna een uitgemaakte zaak.

Het VB dreigt dus irrelevant te worden, tenzij er een hergroepering van nationalistische krachten komt en opnieuw een stevige basis wordt opgebouwd. Een dergelijke hergroepering zal niet simpel zijn in een maatschappij die steeds egocentrischer wordt en kan enkel lukken als het VB ook de moed heeft om ‘radicale’ veranderingen in de strategie en de ideologie door te voeren. De wereld is veranderd sinds de oprichting van de VNP en het Vlaams Blok. Het electoraat ook.

Islamfobie is bijvoorbeeld contraproductief voor een partij die rechtse of conservatieve waarden naar voren wil schuiven. En juist die waarden moeten het verschil met de rest maken. Je moet die dan wel (her)definiëren, want het is in onbruik geraakt om erover te spreken. Religieuze polarisatie brengt bovendien de samenleving in gevaar en levert niet genoeg op om ermee door te gaan. Dat heeft niets met deze of gene godsdienst op zich te maken, maar alles met de strategie op lange termijn alsook met de realiteit van die samenleving (hoe spijtig men dat ook kan vinden).

Men neemt in het VB (zogezegd) graag het Franse Front National als voorbeeld. Men vergeet daarbij (of men wil het niet geweten hebben) dat een beweging als die van Alain Soral een groot deel van de huidige koers van dat FN bij een bredere groep van Franse nationalisten gelegitimeerd heeft. En het kan een detail lijken, maar Jean-Marie Le Pen is zelfs peter van een dochter van Dieudonné M’bala M’bala (Sorals compagnon de route). Dat zijn feiten die niet los mogen worden gezien van de politieke context waarbinnen het FN opereert. En zo zijn er veel zaken die een diepere analyse vergen; een analyse die samen kan worden gemaakt.

Het ‘euro-kritische’ verhaal van het VB is een ander voorbeeld van een gebrekkige analyse. Het hangt met haken en ogen aan elkaar. Idem voor de linksere economische koers die de partij sinds kort volgt, maar die niet consistent is (want men laat zich vangen aan de begrippen links/rechts als men antwoorden formuleert). Zo kan de liberale tegenstander scoren en staat men zelf met de mond vol tanden. Externe bewegingen of groepen kunnen daarentegen als laboratorium dienen om ideeën uit te proberen zonder direct gevolg voor de partij.

Tot slot – en niet in het minst – leidt de neergang van het Vlaams Belang helaas ook tot een verzwakking van de ‘immigratie-kritische’ krachten die nog steeds bij de bevolking leven (zie het succes van Maggie De Block).

Daarom moet er een front worden gevormd van alle krachten die bereid zijn te vernieuwen. Zo niet, kan de partij zichzelf best opdoeken en kan ik mij beter bezighouden met nuttigere zaken. En ik ben niet de enige die zo denkt.

Jan De Beule
Voorzitter N-SA

mercredi, 04 juin 2014

L'historien israélien voit en Marine Le Pen et le FN les enfants du fascisme

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L'historien israélien voit en Marine Le Pen et le FN les enfants du fascisme.

Pierre-André Taguieff lui répond vertement et réfute toute reductio ad Hitlerum.

Ex: http://www.lepoint.fr 

Dans ces brèves réactions critiques aux propos de Zeev Sternhell portant notamment sur sa conception du fascisme et plus largement du mouvement des idées politiques depuis la fin du XVIIIe siècle, tels qu'on les rencontre dans son livre d'entretiens récemment paru, Histoire et Lumières. Changer le monde par la raison (Paris, Albin Michel), ainsi que dans plusieurs interviews (parues dans L'Humanité, Le Nouvel Observateur, Le Monde, Le Point, etc.), je m'en tiendrai à certains points de désaccord fondamentaux, osant à l'occasion quelques pointes ironiques. Je dois préciser d'entrée de jeu que je partage certaines analyses de l'historien des idées politiques, et que j'ai reconnu, dans certains de mes livres (Les Contre-Réactionnaires, en 2007, ou Du diable en politique, en 2014), le grand ébranlement des idées reçues sur "le fascisme" que les travaux de l'historien israélien ont provoqué en mettant en évidence, après George L. Mosse et A. James Gregor, la dimension culturelle et l'orientation révolutionnaire du fascisme. Mais je considère globalement comme une impasse sa manière de faire de l'histoire, sur la base de tris sélectifs dans des textes trop vite lus, ou interprétés d'une façon douteuse (prendre l'emploi du mot "race" comme indicateur de "racisme", sans tenir compte du contexte), et de quelques dogmes empruntés aux idéologies politiques "progressistes" appréciées par le citoyen engagé Sternhell, intellectuel de gauche israélien de culture française.

Je considère également comme une somme d'erreurs d'analyse le modèle sternhellien du "fascisme", fondé sur la thèse selon laquelle le "fascisme" serait né en France avant 1914, le "fascisme français" dérivant dès lors d'un proto-fascisme ou pré-fascisme qui se serait constitué entre le milieu des années 1880 et la veille de la Première Guerre mondiale. Comme l'a bien vu Jacques Julliard, il s'agissait là d'une construction douteuse, de l'invention d'un "fascisme imaginaire". Cette somme d'erreurs non reconnues par Sternhell, en dépit des arguments avancés par de très nombreux historiens, s'est transformée chez lui en une sorte d'illusion intellectuelle motrice, dotée d'une valeur existentielle. Critiquer les thèses dogmatiques de Sternhell devient dès lors un crime de lèse-majesté, dénoncé avec indignation, véhémence et virulence par l'historien convaincu qu'un complot franco-français, dont le siège serait l'Institut d'études politiques de Paris, a été organisé contre lui depuis le début des années 1980. Voilà qui ne favorise pas la discussion sereine sur le mode d'un échange d'arguments rationnels.

L'incarnation du Mal en politique

Je ne cacherai pas le double sentiment de surprise et de déception qui m'a saisi d'une façon croissante à la lecture des ouvrages publiés par Sternhell à partir de 1983, date de parution de Ni droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France. Car j'étais alors le lecteur admiratif, bien que déjà sceptique sur la vision attrape-tout du "fascisme" qui s'en dégageait, des deux premiers ouvrages de l'historien, Maurice Barrès et le nationalisme français (1972) et La Droite révolutionnaire 1885-1914. Les origines françaises du fascisme (1978). Il est surprenant en effet de voir un universitaire comme Sternhell substituer au regard critique et exigeant qu'on attend d'un historien le regard d'un militant de gauche qui, nourri de stéréotypes et de clichés hérités de la vulgate progressiste, dénonce avec indignation ce qu'il pense être l'incarnation du Mal en politique. Celui qui se donne pour un historien des idées politiques exprime sur un ton dogmatique une vision simpliste et manichéenne de l'histoire depuis le XVIIIe siècle, fondée sur l'opposition entre les bonnes Lumières et le mauvais nationalisme dérivé des "Anti-Lumières" (où un Herder en morceaux polémiquement choisis joue le rôle de l'inspirateur diabolique), opposition qu'il érige en clé de l'histoire moderne et contemporaine, oubliant au passage les origines jacobines (donc "illuministes") dudit nationalisme. En diabolisant la nation, en fantasmant le sentiment national comme intrinsèquement xénophobe, il en arrive à paraître confondre nationalisme et racisme, qu'il réduit sommairement à un "déterminisme biologique". Mais cela ne l'empêche pas de reconnaître que "le fascisme n'inclut pas nécessairement le déterminisme biologique", contrairement au nazisme, et de poser que "le fascisme est avant tout un nationalisme". Et de rappeler que, pour lui, "le fascisme se cristallise comme une synthèse de nationalisme intégral, de nationalisme organique qui, en lui-même, constitue un rejet des Lumières franco-kantiennes et une [sic : de la] révision antirationaliste, "antimatérialiste" du marxisme". On en infère que le bon marxisme est pour l'historien engagé un marxisme non "révisé", résolument "matérialiste" et "rationaliste", disons plus exactement scientiste. Autant dire le bon vieux marxisme soviétique. Mais il est vrai que Sternhell est un spécialiste du fascisme français, non du marxisme, encore moins du marxisme soviétique. S'il parle volontiers d'un peu de tout, on ne saurait lui faire grief de n'être pas un spécialiste de tout.

Une quatrième droite ?

Sternhell croit voir dans ce qu'il appelle la "droite révolutionnaire", née selon lui en France entre les années 1880 et la veille de la Première Guerre mondiale, à la fois une nouvelle synthèse idéologico-politique illustrant la tradition des "Anti-Lumières" et les origines intellectuelles du "fascisme". Le choix de la dénomination "droite révolutionnaire" est dicté par la volonté de l'historien d'ajouter une quatrième droite à la typologie trinitaire de René Rémond (légitimistes, orléanistes, bonapartistes). Il aurait pu aussi bien opter pour la dénomination "nationalisme révolutionnaire", ou pour celle de "nationalisme populiste" (ou encore celle de "national-populisme"). Mais il voulait à tout prix inscrire le pré-fascisme français qu'il croyait avoir identifié dans l'espace des droites, souligner l'appartenance à l'espace droitier de la supposée configuration pré-fasciste. Pour l'homme de gauche qu'il est avant tout, l'expression du Mal politique devait être située à droite. Sa définition du "fascisme", héritier supposé de la "droite révolutionnaire", est d'une surprenante plasticité : elle oscille entre le mariage du nationalisme xénophobe et du socialisme et le "ni droite ni gauche", ou plus précisément le double rejet du libéralisme (de la démocratie libérale/pluraliste) et du marxisme (non révisé). Le nationalisme de la terre et des morts, amalgamé avec celui du sol et du sang, serait donc, surgissant à la fin du XIXe siècle, le principal héritage politique des Anti-Lumières. Il s'opposerait autant à l'individualisme libéral qu'au rationalisme, aux droits de l'homme qu'à la Révolution française et à son héritage, et bien sûr à la croyance au progrès dans l'Histoire. Sans oublier "la démocratie", invoquée sans la moindre analyse de ses multiples interprétations contradictoires.

Sternhell est donc mû par la foi naïve des adeptes du "progressisme" standard, pour lesquels la "droite" incarne le Mal et la gauche le Bien. Au nom de ce qu'il appelle "les valeurs des Lumières" ou "les valeurs humanistes", il appelle la gauche à rester fidèle au "véritable héritage des Lumières", qu'il définit comme suit, le 12 août 2013, dans le journal communiste L'Humanité : "Les hommes, êtres rationnels et autonomes, sont capables de se construire un monde meilleur." Il redécouvre ainsi, avec la touchante naïveté de l'intellectuel engagé, le message ressassé par les néo-communistes des années 1990 (le slogan "Un autre monde est possible") : après avoir fait entrer de force la justice parmi les "valeurs des Lumières", oubliant donc les prophètes juifs, précurseurs brouillons des modernes et lumineux Diderot, Rousseau et Voltaire, il affirme doctement que "la justice signifie que l'on refuse l'idée que le monde tel qu'il est soit le seul possible". Il réécrit sans le savoir, croyant faire oeuvre scientifique, une histoire de France en noir et blanc, selon le Bien et le Mal, illustrant le point de vue moral et l'indignation rétrospective jusqu'à la caricature.

Sternhell, plus militant qu'historien

L'historien est assurément un moraliste, mais un piètre moraliste, comme l'est tout militant à oeillères se réclamant avec arrogance du "Progrès" ou de la "Raison", installé confortablement dans le Bien et jetant l'anathème sur les figures de son ennemi plus ou moins imaginaire, qu'il criminalise, bestialise ou diabolise. L'historien partisan et combattant défend un universalisme abstrait dont il ne voit pas l'envers, à savoir le projet de créer l'homme nouveau, le citoyen "régénéré", ainsi que les prétentions messianiques et l'impérialisme guerrier qui en dérive. On connaît pourtant les ravages causés par les projets modernes de rééduquer les humains réels, différents et inégaux, pour les conformer à un modèle normatif de l'humanité faisant prévaloir l'unité et l'égalité. D'où l'idéal de la table rase, dont le citoyen "pur", sans qualités, est le produit rêvé : il s'agit d'en finir avec un passé dépassé, avec les attributs archaïques de l'humain d'avant les Lumières que sont (je cite) "l'histoire, la culture, la langue ou la religion". Mais, dès lors, s'il faut faire abstraction de toutes ces caractéristiques des humains concrets, on ne comprend pas l'engagement de l'individu Sternhell en faveur du sionisme, c'est-à-dire du nationalisme juif. Si l'on ne doit voir que de l'humain en général en tout homme, s'il faut "faire table rase" de tous les héritages et de toutes les appartenances, la figure du Juif doit être chassée comme une survivance, un archaïsme dangereux. Ce qui distingue les humains et fonde les différences intergroupales est ainsi dénoncé comme ce qui "sépare", qui serait l'expression du Mal. Retour du diable : le mot diábolos (en grec) ou diabolus (en latin) ne signifie-t-il pas "celui qui divise" ? Libérer le Juif, c'est le libérer de sa particularité, c'est-à-dire de sa judéité. Donc, refuser à tout prix le sionisme, qui présuppose la judéité de ceux qui s'y engagent.

Comment Sternhell peut-il se dire (encore) "sioniste" ? Ce "sioniste de toujours", car telle est l'image qu'il veut donner de lui-même, ne cache pas cependant qu'il est un déçu du sionisme. Et ce, jusqu'à laisser entendre qu'il désespère d'Israël, où les droites triomphent. Dans un article paru le 1er avril 2011 dans le quotidien gauchiste Haaretz, "L'Anachronisme d'Israël", Sternhell prend le visage d'un prophète progressiste condamnant son pays sur le même ton que les pires ennemis d'Israël, et va jusqu'à justifier les campagnes en faveur de la délégitimation de l'État juif, qu'il dénonce comme une détestable résurgence d'un passé dépassé : "Lentement, mais sûrement, Israël est en passe d'acquérir un statut d'anachronisme. [...] Alors que les pays occidentaux se sont libérés de leur domination sur d'autres peuples, Israël, lui, prend forme quasi coloniale [...] Existe-t-il ailleurs en Occident un tel anachronisme ? Le colonialisme implantatoire est aujourd'hui la raison principale, et souvent même la seule, de l'opposition frisant parfois l'hostilité [sic] que suscite Israël dans de larges cercles de l'intelligentsia occidentale. Ce ne sont pas les ennemis du sionisme ou les antisémites qui provoquent la délégitimation d'Israël. C'est de ses propres mains, Israël lui-même."

"Israël est aujourd'hui à l'extrême droite du spectre politique"

Dans Histoire et Lumières, le militant Sternhell va plus loin, en énonçant froidement : "Ce qui se profile à l'horizon est désormais un État d'apartheid contre lequel il faudra lutter." L'image de l'apartheid empruntée à la propagande palestinienne semble l'empêcher de voir la réalité de la menace islamiste croissante, au Proche-Orient comme ailleurs. Dans Haaretz, le 1er novembre 2013, il ne rejette pas la thèse d'extrême gauche, largement diffusée par les milieux islamistes et pro-palestiniens, selon laquelle l'islamophobie serait en train de prendre aujourd'hui "la place de l'antisémitisme en tant que maladie du corps social". Dans le même article, il n'hésite pas à affirmer, à propos de Marine Le Pen, que, "comparée à la plupart des membres du gouvernement et de la Knesset, cette dernière ressemble à une dangereuse gauchiste". Bref, "Israël est aujourd'hui à l'extrême droite du spectre politique", et, pour lui, cela signifie que la politique d'Israël est raciste et xénophobe. Sternhell donne ainsi sa caution au thème majeur de l'actuelle propagande "antisioniste" : l'accusation de "racisme" et d'"apartheid" visant l'État d'Israël. Un tel aveuglement idéologique est inquiétant, en même temps qu'il témoigne du ralliement de certains intellectuels israéliens à la vulgate "antisioniste". C'est, pour ces intellectuels citoyens d'un État hautement diabolisé, la condition à remplir pour bénéficier d'une large audience à l'étranger. Qu'il s'agisse de Shlomo Sand, d'Ilan Pappé, de Michel Warschawski ou de Zeev Sternhell, la dénonciation publique d'Israël représente pour eux une garantie de bonne réception médiatique dans les démocraties occidentales, où la diabolisation d'Israël s'est banalisée dans les milieux politique et culturel. La figure d'un sioniste profondément déçu comme Sternhell a vraisemblablement plus d'attraits pour le public israélophobe occidental que celle d'un antisioniste déclaré. Et son statut d'historien israélien du fascisme devenu célèbre par la contestation même de ses thèses lui confère une crédibilité incomparablement plus grande que celle qu'on accorde à un universitaire français ou belge engagé dans la propagande anti-israélienne.

Étrangement, tout à sa célébration des "principes des Lumières", Sternhell fait l'impasse sur la judéophobie des Lumières, comme s'il n'avait pas sérieusement lu Voltaire et d'Holbach, ni leurs continuateurs au XIXe siècle. D'où la sentence qui peut être retournée comme un gant : "Quand on s'attaque aux principes des Lumières, l'antisémitisme n'est jamais loin." On pourrait tout autant affirmer que lorsqu'on se prosterne trop devant les Lumières et l'universalisme abstrait qu'elles imposent, l'antisémitisme n'est pas loin. On connaît la thèse centrale de l'antisémitisme "de Voltaire à Wagner" (comme disait Léon Poliakov), en passant par le jeune Marx : "le Juif" doit dépouiller sa particularité pour devenir un homme universel, pour rejoindre enfin le genre humain. S'il veut être pleinement homme, il doit cesser d'être juif. Mais Sternhell, en polémiste, recourt à la méthode de diabolisation : il tend à réduire tous les ennemis désignés à un ennemi unique, qui serait à la fois nationaliste, xénophobe, raciste et antisémite, et indistinctement anti-Lumières, anti-rationaliste, anti-progressiste (ou réactionnaire), antidémocrate, antimarxiste et antilibéral. C'est pourquoi il dédouane Voltaire, en réduisant sa haine des Juifs, comme peuple et comme communauté de croyants, à un simple aspect de l'"horreur" qu'il éprouvait pour "la religion tout court". En matière de judéophobie, il accable Herder et excuse Voltaire, pour sauver sa vision manichéenne des deux traditions qu'il distingue sans esprit de finesse, sans nuances, les Lumières et les Anti-Lumières, sans apercevoir les chevauchements entre les pensées des auteurs qu'il épingle, se contentant d'opposer les bons aux mauvais. Comme si l'important était de préserver le dogme fondamental de son catéchisme "progressiste". Insensible aux nuances, l'historien se montre aussi imperméable aux ambiguïtés.

À la fin de son livre d'entretiens, Histoire et Lumières, où, avec une naïveté confondante, il fait l'éloge du progrès et du "marxisme humaniste", Sternhell nous offre un morceau d'anthologie, quelque chose comme une réminiscence de la pensée-Garaudy des années 1970, avant la conversion du célèbre stalinien de dialogue à l'islam et à l'antisionisme radical. Il s'agit cependant d'un garaudysme simplifié, comme on peut en juger : "La critique du progrès est une impasse, car les gens ont besoin d'une vie meilleure. Une société meilleure, plus juste, voilà ce qu'est le progrès. Dans ce sens, je dois préciser que le marxisme tel que je l'entends, un marxisme qui fournirait une méthode à un socialisme capable de se mesurer aux dures réalités de notre temps, demeure un espoir, alors qu'il n'y a pas d'espoir dans le nationalisme. Le marxisme humaniste, dont le socialisme français portait les traits caractéristiques pendant longtemps, n'est pas mort. [...] La seule armature conceptuelle qui permette d'envisager un monde plus juste et plus humain reste le socialisme enraciné dans un marxisme modernisé, parce que seul le marxisme remet en cause le capitalisme."

Il déplore le "recul" des "idées" de gauche et d'extrême gauche

Bref, à ses yeux, le marxisme reste une "boussole", permettant aux hommes de "construire leur avenir", qui doit bien sûr être "meilleur". C'est ce que l'intellectuel engagé appelle le "progrès". La vulgate progressiste teintée de marxisme définit le "socialisme" ou la "gauche" dont Sternhell se montre un fervent défenseur. Comme les nostalgiques contemporains du communisme (Alain Badiou, Slavoj Zizek et quelques autres), Sternhell veut à tout prix préserver l'"idée", l'"idéal ou l'"hypothèse" communiste, lui conserver le statut symbolique privilégié d'un possible recours après l'échec, qu'il espère, du "libéralisme" ou du "capitalisme". Il s'efforce ainsi de ressusciter la thèse sartrienne, devenue slogan, du marxisme comme "horizon indépassable de notre temps". Ce faisant, il aménage et "humanise" le bon vieux marxisme orthodoxe, celui de l'époque stalinienne, dont il ne connaît guère que les versions françaises, qu'il semble considérer comme les indépassables "Lumières marxo-françaises", pour paraphraser une expression qu'il affectionne.

Le militant marxo-progressiste n'en aime pas moins flirter avec la philosophie, qui se réduit pour lui à une énumération de mots magiques en "isme" et de gros concepts qui sonnent creux, comme lorsqu'il déplore le "recul" des "idées" de gauche et d'extrême gauche : "Il y a un recul des idées fondamentales des Lumières franco-kantiennes, de l'universalisme, de l'individualisme, de l'idée de progrès, de la croyance que les hommes sont les mêmes d'un bout à l'autre du monde." Pour dénoncer ce déclin intellectuel, Sternhell n'évite pas d'employer la métaphore usée de "crispation", visant particulièrement la France : "Nous vivons un moment de crispation qui atteint le rationalisme. [...] La gauche n'ose pas se lever contre cette idée fausse entre toutes selon laquelle le capitalisme et l'économie de marché portent la liberté." Il faudrait donc inciter nos contemporains à sortir de ce triste état de "crispation", délivrer le rationalisme (lequel ?) de son emprise, et voir dans le marché la route vers la servitude. Autre signe du déclin impliqué par le recul des "idées" situées du bon côté : "L'idée que la France est et doit rester chrétienne est plus répandue que ce que l'on pense." On en frémit.

Sternhell ne peut se passer d'ennemis

Lorsqu'il traite du FN, Sternhell projette ses schémas interprétatifs rigides sur des phénomènes qu'il connaît insuffisamment, n'ayant jamais étudié spécifiquement les mouvements nationalistes français de l'après-1945. Il se contente d'émettre son diagnostic attendu : "fascisme". C'est l'un des principaux noms de son ennemi principal, dont la France serait, selon lui, le berceau, notamment avec le culte barrésien de la Terre et des Morts, et ce qu'il pense être une vision organique de la nation, qu'il conçoit d'une façon confuse comme une "unité homogène" (un "corps" n'est pourtant pas "homogène"), dotée d'une "âme" (l'expression "l'âme de la France" devient donc suspecte, "pré-fasciste"). Cette insistance sur le déterminisme biologique lui fait négliger la principale source intellectuelle du fascisme historique (mussolinien) et du nazisme : la conception social-darwiniste de la lutte pour la vie, impliquant une redéfinition du "progrès" comme effet de la concurrence inter-individuelle et inter-groupale. En outre, sa thèse sur le "pré-fascisme" français le conduit à une vision anhistorique du fascisme, à une méconnaissance du rôle moteur joué par la Première Guerre mondiale, école de violence technicisée, dont les vertus "héroïques" constituent la transfiguration fascistoïde. Le fascisme comme le national-socialisme sont inexplicables sans la prise en compte de l'expérience, durant les années de guerre, de l'égalité et de la solidarité des combattants, de ce "socialisme" de guerre qui fait naître le désintéressement et l'esprit de sacrifice, en même temps qu'il inculque le respect de l'autorité et le sens de la discipline. Tel fut le véritable "berceau" de l'esprit fasciste. On est en droit de s'étonner du fait qu'un militant sioniste (donc nationaliste) comme Sternhell, qui s'est engagé dans l'armée israélienne et a participé à plusieurs affrontements armés en reconnaissant que la vie militaire lui plaisait "beaucoup" ("Mes supérieurs directs m'ont dit que j'étais fait pour elle, que j'aimais ça, et que cela se voyait"), n'ait tiré aucune leçon de cette expérience militaire personnelle dans ses travaux d'historien. On peut faire l'hypothèse qu'entre cette expérience du combat qu'il présente positivement et l'engagement pacifiste affiché du cofondateur du mouvement La Paix maintenant, la contradiction était telle qu'il ne pouvait échapper à une situation de dissonance cognitive.

Comme les nationalistes, selon lui, Sternhell ne peut se passer d'ennemis, et il en voit beaucoup et partout. Posant avec autorité que le FN est la nouvelle figure française du "fascisme", il est assuré d'être applaudi par l'ensemble des médias de gauche et par la plupart des acteurs de la gauche plurielle. Au cours de sa tournée en France, l'historien engagé dénonce à son tour comme "fasciste" le parti nationaliste qu'une propagande néo-antifasciste aveugle a contribué à placer au centre de l'espace politique français. Il donne sa caution au présupposé de la stratégie anti-FN qui a constitué l'opium du peuple de gauche depuis une trentaine d'années. Intervenant ici en militant plutôt qu'en historien scrupuleux, il ne se soucie pas de faire les distinctions fines et les analyses nuancées qui s'imposent à propos d'un parti qui n'a cessé de se métamorphoser depuis sa création en octobre 1972. Mais surtout, rien ne permet d'affirmer que le FN se situe dans la filiation de la "droite révolutionnaire", comme configuration "pré-fasciste". Sternhell réitère ainsi sa lourde erreur d'interprétation des Croix-de-Feu et du Parti social français (PSF) qui leur ont succédé, mouvement conservateur, anti-parlementaire et autoritaire, donc bonapartiste, qu'il a hâtivement catégorisé comme "fasciste". En quoi le mouvement du colonel de La Rocque était-il "révolutionnaire" ? La même question se pose pour le FN.

L'hostilité au FN ne devrait pas conduire à le méconnaître

Sternhell reconnaît des changements dans l'évolution du FN, mais nie cependant que celui-ci ait changé. Et de reprendre à son compte le dogme néo-antifasciste fondamental, celui du non-changement du parti lepéniste : "Le FN n'a pas changé (de nature)", lequel peut s'énoncer sous la forme d'un dicton adapté au contexte : "Tel père, telle fille" (on n'échappe pas à la filiation ou à l'hérédité familiale). Pour mobiliser les militants, sans se soucier de la vérité, le discours de propagande est voué à répéter paresseusement que "rien ne change" du côté de la "bête immonde". Bref, le diable reste le diable, et il doit le rester, surtout quand il veut faire croire qu'il n'existe pas. Manuel Valls déclarait le 21 mai 2014 : "Le FN, avec Marine Le Pen, n'a pas changé." Mais la réitération d'un dogme n'est pas une démonstration. Et le champ d'exercice de l'efficacité symbolique du cliché ne dépasse pas le cercle des convaincus, qui ne cesse lui-même de se réduire.

L'hostilité au FN ne devrait pas conduire à le méconnaître ni à le réduire à du supposé "bien connu". Le dire une fois de plus "fasciste" ne fait pas avancer la connaissance. Ni reculer le phénomène ainsi baptisé. Seuls les derniers héritiers de la propagande communiste continuent de diaboliser le FN en le dénonçant comme "fasciste". La reductio ad Hitlerum a fait son temps. L'antifascisme incantatoire ne fonctionne plus. Le dynamisme du FN en témoigne. Il faut repartir de la réalité sociopolitique, analyser sans oeillères le FN dans ses évolutions récentes, le comparer avec d'autres partis-mouvements en Europe, dire clairement et précisément en quoi son projet politique est inacceptable, et inventer des stratégies de lutte, intellectuelles et politiques, contre cette formation nationale-populiste qui a su adapter son offre politique aux attentes ou aux demandes de son électorat potentiel. Face au FN, il s'agit d'imaginer, et non plus de commémorer et de ressasser platement, indéfiniment.

samedi, 31 mai 2014

Le rejet d'une Europe qui n'est ni puissante, ni souveraine, ni solidaire

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Elections européennes

Le rejet d'une Europe qui n'est ni puissante, ni souveraine, ni solidaire

par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Les interprétations du vote français aux élections européennes seront dès ce soir nombreuses. Nous présentons ici la nôtre, sans prétendre bien entendu qu'elle soit préférable à d'autres.

1. Les bons scores du FN et de l'abstention pourraient laisser croire qu'une majorité de Français rejettent désormais le projet européen. Nous pensons en fait qu'ils rejettent une Europe incarnée par les actuelles institutions et politiques européennes. Les Français sentent très bien que cette Europe n'est ni puissante, ni souveraine, ni solidaire.

Elle n'est pas puissante dans la mesure où elle refuse tout ce qui fait la puissance dans le monde actuelle:
- de grands programmes technologiques et industriels.
- d'importantes ressources budgétaires au service de la recherche scientifique fondamentale et appliquée, des formations universitaires compétitives, des investissements visant spécifiquement la croissance et l'emploi pour le développement durable.
- une armée européenne modernisée et sous le seul contrôle des gouvernements européens.

Elle n'est pas autonome parce qu'elle est à la remorque :
- sur le plan économique des intérêts financiers internationaux, qui sont principalement sous le contrôle du capital américain.
- sur le plan géopolitique, des stratégies militaires et diplomatique des Etats-Unis. Ceux-ci ont depuis 60 ans enrôlé l'Europe pour leur servir d'avant-garde dans la lutte contre la Russie et bientôt contre la Chine. Il faudrait au contraire mobiliser l'Europe dans ce grand projet qui a été nommé l'euroBRICS.

Elle n'est pas solidaire parce qu'elle admet:
- que les Etats européens les moins riches supportent presque seuls le coût de la crise, ce qui pousse leurs citoyens dans la misère ou la délinquance.
- qu'une étroite minorité européenne d'ultra-riches et d'ultra-puissants mettent 90% des populations à leur service exclusif.
- que les services publics européens seuls susceptibles d'imposer des équipements collectifs au service de tous, soient privatisés, souvent au profit d'intérêts non européens.

2. Or, que peuvent faire les électeurs européens, notamment en France et dans les pays du Sud, pour que les institutions européennes soient modifiées, à la fois sur le plan juridique et dans la pratique quotidienne ? Ceci afin qu'une Europe puissante, autonome et solidaire, dans le sens indiqué ci-dessus, soit substituée à l'Europe actuelle.

- Ils ne peuvent pas compter sur une modification des majorités au Parlement européen, lequel est contrôlé par les Etats nationaux via les Conseils de Chefs d'Etat et les conseils des ministres, quand ce n'est pas par des lobbies représentant tous les intérêts nationaux et internationaux voulant affaiblir et coloniser l'Europe.

- Ils ne peuvent pas compter sur les majorités et les gouvernements nationaux actuellement en place pour conférer à l'Europe la puissance, la souveraineté et la solidarité que l'on attendrait d'un grand ensemble tel que l'Europe. Ces gouvernements ont montré qu'ils étaient sous la tutelle plus ou moins étroite, soit des intérêts financiers internationaux, soit de l'Empire américain. Cette tutelle, entre autres formes, se manifeste tous les jours davantage par l'espionnage auquel cet Empire se livre sur Internet.

3. Une seule solution demeure, pour ceux qui ne satisfont pas de la décadence européenne programmée. Il faut rejeter ce que l'on nomme dorénavant le Système.

- Ce rejet se fera inévitablement, si rien ne change, sous la forme de manifestations violentes. Elles seront durement réprimées mais sans doute en sortiront-elles renforcées.

- Dans l'immédiat, le rejet se manifeste sous une forme démocratique, lors des élections européennes et nationales. L'abstention peut tenter certains électeurs, mais sa signification est trop floue pour qu'elle ait beaucoup de succès. Reste alors le vote pour des partis de rejet. L'extrême gauche n'attire pas, pour diverses raisons. Nous le regrettons. Beaucoup voudront donc se rabattre sur les extrêmes droites, dont en France le Front national. Les électeurs ayant fait ce choix ne partagent pas nécessairement les valeurs de ces partis. Ils veulent seulement, par un geste fort, signifier, tant à l'attention des gouvernements qu'à celle des institutions européennes, leur refus de plus en plus radical du Système. Ceci ne veut pas dire ici que nous les soutenons, et moins encore l'état-major du FN, mais il serait contre-productif de ne pas analyser leurs raisons.

Si les gouvernements au pouvoir en Europe, notamment en France, ne comprennent pas que, pour récupérer du crédit, ils doivent dorénavant se battre pour une Europe puissante, indépendante et solidaire, ils seront vite balayés.

Le comprendront-ils? On peut en douter. Alors, les crises s'aggravant, un chaos durable s'installera dans la grande majorité des Etats européens ainsi qu'à Bruxelles. Il serait illusoire de penser que ce chaos puisse être créateur.

 

Jean Paul Baquiast

vendredi, 30 mai 2014

Elections européennes 2014. Succès du souverainisme, échec du nationalisme ?

Elections européennes 2014. Succès du souverainisme, échec du nationalisme ?

par Thomas Ferrier

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1195901.jpgLe Front National a obtenu 24.85% des voix aux élections européennes, avec un taux de participation d’environ 43%, légèrement meilleur qu’en 2009 mais tout de même très faible. Alors que 88% de ses électeurs ont fait le choix de ce vote à cause de l’immigration, sous-entendue non-européenne, la direction du FN a considéré au contraire que le peuple avait validé ses options UE-phobes et €urophobes, ce qui n’était pas du tout le cas.

A chaque victoire de ce parti, à cause du ras le bol croissant de plus en plus d’électeurs français face à la problématique migratoire, Marine Le Pen y voit un succès de son nouveau positionnement souverainiste. C’est une erreur, une erreur qui aurait été sanctionnée dans les urnes si les media avaient fait un véritable travail d’information en révélant la vérité sur ce parti, au lieu de continuer de le diaboliser et de dramatiser sa récente réussite. Car enfin, si les électeurs du FN découvraient que le positionnement « nouveau » de ce parti sur cette question qui les taraude reposait sur la même utopie universaliste suicidaire que partage toute la classe politique, sans doute chercheraient-ils ailleurs une solution politique.

Même si le FN progresse, il ne faut pas oublier que le camp souverainiste et nationaliste a souvent été aux alentours de 23% aux européennes. Malgré la présence de Dupont-Aignan, qui obtient 3,82%, ce qui n’est pas si mal, le FN a bénéficié du report de voix des électeurs du RPF et du MPF, orphelins cette année. Cette progression n’est donc pas au final si spectaculaire, même si le camp eurosceptique (FN+DLR) obtient sept points de plus que son niveau le plus élevé.

Néanmoins, il faut reconnaître que les partis souverainistes ou post-nationalistes ont réussi à s’imposer au détriment d’un nationalisme ethnique plus classique, et en l’absence de candidats européistes identitaires, seule véritable réponse politique à la crise de civilisation que connaît l’Europe.

1. Victoire des souverainistes europhobes.

Avec près de 25% des voix pour le FN et 27,5% des voix pour UkiP, les souverainistes triomphent en France et au Royaume-Uni, envoyant à eux deux 48 députés eurosceptiques à Strasbourg. En revanche, le PVV de Wilders avec 13.2% (-3.8) connaît une sérieuse déconvenue, même si le score reste relativement élevé. Surtout, il devient le quatrième parti du pays, ce qui est un déclassement douloureux. Wilders paye sans doute la crise interne de son parti suite à des déclarations perturbatrices sur les Marocains vivant aux Pays-Bas.

Autre succès, cette fois au Danemark, où le DFP multiplie par deux son score, en atteignant 26,6% des voix, obtenant quatre députés, devenant le premier parti du pays, ce qui ne saurait préjuger d’une possible victoire électorale aux prochaines législatives. Le DFP, parti d’un pays n’ayant pas l’euro, a toutefois un positionnement eurosceptique modéré. C’est aussi le cas des Sverigedemokraterna qui, avec 9,7%, multiplient leur score par trois. Leur euroscepticisme n’est pas radical, ce parti ne souhaitant pas nécessairement que son pays quitte l’UE. Les SD, connus pour des positions beaucoup plus dures par le passé, ont recentré leur discours.

Le FPÖ autrichien, avec 20,5% des voix, retrouve un niveau électoral tout à fait correct, même si loin des 27% d’Haider, alors que le BZÖ de feu Haider tombe à 0,5% des voix, disparaissant ainsi totalement du champ politique. Strache peut se féliciter d’avoir été récompensé par son action militante, même s’il a bénéficié aussi de l’absence de Stronach et de celle de la liste Martin.

Le parti des Vrais Finnois, « Perussuomalaiset », avec 12,9% des voix, progresse de plus de trois points, mais est bien en-dessous des 19% qu’il avait obtenus aux législatives. Timo Soini n’a pas réussi à faire de son parti le premier du pays, dans un contexte certes d’abstention forte. Cela semble annoncer un léger reflux.

Plus étonnants sont l’émergence d’un parti populiste tchèque dirigé par un tchéco-japonais et cette « coalition de la nouvelle droite » (KNP) d’un riche excentrique, formation eurosceptique qui obtient 7,06% des voix. La disparition de la Ligue des Familles et de Samoobrona explique sans doute le succès de nouveaux partis. On sait que Marine Le Pen pense au KNP comme septième membre de la coalition parlementaire qu’elle souhaite créer à Strasbourg.

Il faut néanmoins relativiser ce succès des formations eurosceptiques, même si l’AfD allemande a obtenu 7,04% des voix, ce qui est un score très satisfaisant pour un parti récent qui avait échoué à obtenir les 5% aux élections législatives. L’AfD devrait sans doute rejoindre le groupe conservateur autour des Tories de Cameron.

En Italie, la Ligue du Nord, avec 6,16% des voix, a su remonter la pente en raison d’une nouvelle direction et d’un choix eurosceptique plus affirmé. Frères d’Italie (Fratelli d’Italia) de Giorgia Meloni échouent en revanche aux portes du parlement avec 3,66% des voix.

Enfin, la Lituanie de la liste menée par Rolandas Paksas (TT) obtient 14,27% tandis que la liste patriote LNKK de la Lettonie voisine obtient 14,25% des voix. Paksas est convoité lui aussi par le groupe « Alliance européenne de la liberté » de Wilders et Le Pen.

2. Echec relatif des nationalistes.

Cet échec relatif des nationalistes est à nuancer car 7 députés nationalistes radicaux font leur entrée au parlement européen de Strasbourg. Avec 9,3% des voix et 3 élus, l’Aube Dorée continue son ascension électorale malgré la répression judiciaire contre ses dirigeants, une campagne internationale contre ce mouvement, et finit à la troisième place des partis, devant le PASOK social-démocrate. D’autres listes nationalistes, dont le retour du Front National grec, obtiennent 1,6% des voix, dont le Laos (1,44%) qui connaît là un effondrement complet. Les Grecs Indépendants, souverainistes, échouent également avec 3,46% des voix mais obtiennent néanmoins un député. L’homologue chypriote de l’Aube Dorée, l’ELAM, se contente de 2,69% des voix.

De même, avec 14,77% des voix, loin des 20% obtenus aux législatives, le Jobbik fait rentrer trois députés et se permet de devancer le MSZP socialiste.

On notera enfin, à titre anecdotique, que la NPD n’a obtenu qu’1% des voix, score dérisoire lui permettant néanmoins de disposer d’un élu en raison d’une modification de la loi électorale faisant sauter aux élections européennes, et à elles seules, le seuil. Avec 0,6% des voix, il était possible d’avoir un député. Avec 0,4% des voix, les REP échouent néanmoins, la droite nationale n’obtenant que 1,4% en tout en Allemagne.

En revanche, partout ailleurs, les nationalistes connaissent une sérieuse déconvenue. Le BNP s’effondre à 1,14% (contre 6,5% en 2009), littéralement dévoré par UkiP. Les autres nationalistes atteignent en tout 0,93% des voix. Ataka n’obtient que 2,97% des voix en Bulgarie, concurrencé par le Front National pour le Salut de la Bulgarie (3,07%). Le PRM roumain est réduit à 2,71% des voix. Le SNS slovaque, dont le FN espérait des élus, est à 3,61% des voix, brisé par l’existence d’un SNS « chrétien » (0,64%) des voix et surtout par un parti ultra-nationaliste, le LSNS de l’élu local Marian Kotleba, présenté dans la presse française comme « néo-nazi », avec 1,73% des voix. Quant au voisin tchèque, aucun parti nationaliste n’était candidat, les « républicains » ayant sombré corps et âme.

La coalition nationaliste croate, « Alliance pour la Croatie », autour des différents HSP, et en l’absence du HCSP, obtient 6,88% et un élu. Ce parti reste mineur. Quant au SNS slovène, avec 4,04% des voix, il échoue de peu. Le SNS reste néanmoins un parti nationaliste très modéré.

Dans la péninsule ibérique, la droite nationale continue d’être abonnée à des scores ridiculement bas, 0,26% en faisant la somme des voix de « Démocratie nationale », du MSR et de la Phalange. Au Portugal, le PNR se contente d’un 0,37% des voix, avec une légère progression si on peut dire. En Pologne, le « mouvement national » (Ruch Narodowy) obtient 1.4% des voix, ce qui est un échec pour cette coalition de partis ultra-nationalistes dont le congrès avait pourtant été une réussite.

3. Le cas belge.

En Flandre, la NVA de Bart de Wever est le grand vainqueur des élections avec 26,7% des voix et quatre sièges. Ce parti patriote, « nationaliste flamand » modéré, mais aucunement europhobe, réussit à s’implanter à Strasbourg. Il écrase le Vlaams Belang, qui n’obtient que 6,8% des voix et un élu, ce qui est très faible. Le VB paye son ralliement à la ligne eurosceptique de son nouvel allié, Marine Le Pen. Il a également pris sur les questions d’immigration des positions très modérées. Le néo-souverainisme du VB est puni en faveur de la NVA.

En Wallonie, le Parti Populaire, de droite conservatrice, obtient 6% des voix, ce qui n’est pas négligeable mais en l’absence des « Fronts Nationaux » belges, dissous sur demande expresse de Le Pen. La liste « La Droite » obtient 1,6% des voix et la liste grotesque de « Debout les belges », le parti de Laurent Louis avec comme tête de liste Abdesselam Laghmich, a obtenu 3% des voix, sans doute dans certaines banlieues « dieudonnesques ».

Conclusion.

Même si les formations eurosceptiques renforcent leurs positions, avec le triple succès Royaume-Uni/France/Danemark, on ne peut pas affirmer qu’une « vague brune » (au-delà de la question de cette coloration diabolisante totalement inadéquate) a déferlé sur le vieux continent. Les eurosceptiques en Belgique, en Finlande ou aux Pays-Bas reculent même d’une manière significative. Le score du FPÖ autrichien est bon mais c’est son niveau habituel dans les grandes périodes. En Italie, on est encore loin des scores d’Alliance Nationale et de la Ligue du Nord des années 1990. Enfin, en Suède, la progression des SD est nette mais pas forcément significative.

Le succès du FN, néanmoins, recréant la surprise à des élections européennes après l’émergence de 1984, mérite une analyse plus poussée qui fera l’objet d’un second article volontairement plus polémique et que je publierai cette semaine.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

LE SOUVERAINISME, UN SUICIDE POUR L'EUROPE

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LE SOUVERAINISME, UN SUICIDE POUR L'EUROPE
 
Une tribune libre de circonstance

Yann Louarn
Ex: http://metamag.fr

Alors qu'une vague dite « souverainiste » s'apprêterait à déferler lors des élections Européennes de dimanche prochain, les défenseurs d'une Europe unie semblent avoir du mal à se faire entendre tant l'idée Européenne est actuellement incarnée par la Commission de Bruxelles  ,constituée de membres nommés par les gouvernements souverains des Etats d'Europe , et par une alliance économique et politique inféodée aux intérêts américains et aux marchés économiques mondiaux.


Pourtant, cette construction européenne possède une légitimité notamment au regard de l'histoire de sa civilisation pluri-millénaire. Celle-ci a vu en permanence les peuples d'Europe s'unir, partager, inventer, construire ensemble, découvrir le monde, sans empêcher toutefois les guerres fratricides et les conflits de pouvoir. Ainsi, le siècle de 1914 aura connu deux guerres civiles qui ont anéanti des millions d'Européens, dont une bonne partie de l'élite du début du siècle dernier. Il aura pourtant été à la fois le siècle du grand suicide des peuples Européens par la guerre et celui porteur d'une volonté d'apaisement et de construction d'un ensemble politique et économique cohérent, enraciné, fort. C'est contre cela que se sont opposés les gouvernements français, anglais et allemands, pourtant censés être les moteurs de l'Europe et cela depuis des décennies. C'est le fruit de leur asservissement économique sans conditions aux USA depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.


Ils s'y sont opposés en fabriquant des institutions technocratiques, sans légitimité populaire , mais surtout en effaçant toute trace de leur passé commun, leurs traditions, leur civilisation, leurs religions ce qui devrait pourtant constituer la base de l'Union des Européens.


Ils s'y sont opposés en élargissant sans cesse un espace considéré comme uniquement économique et en affichant, depuis plusieurs décennies, la volonté de faire entrer la Turquie, c'est à dire en réalité l'empire Ottoman, ennemi historique de la civilisation européenne, dans cet ensemble « sans âme ».
Ils s'y sont opposés en laissant l'Amérique mener plusieurs guerres et même en y collaborant sur le sol Européen, comme en Serbie, au Kosovo, mais aussi des guerres d'influence, comme en Ukraine, au détriment de la Russie.


Ils s'y sont opposés en ouvrant grand les frontières de l'Europe, en favorisant l'immigration massive venue prioritairement de l'Afrique ou du Maghreb pour la France, de Turquie pour l'Allemagne et d'Asie pour l'Angleterre. Une immigration qui, petit à petit, est apparue aux peuples d'Europe comme la volonté d'une minorité de les remplacer purement et simplement par d'autres populations. Il est ainsi devenu courant de Birmingham à Bruxelles en passant par certains quartiers parisiens ou berlinois, que les Européens de souche soient minoritaires.


Ils s'y sont opposés car, au final, ces dirigeants des pays européens n'étaient que des souverainistes défendant leurs intérêts économiques propres et ceux d'une petite oligarchie dominante aujourd'hui. Mme Le Pen, M. Mélenchon ou M. De Villiers, comme M. Farage au Royaume-Uni, ne sont en fait que leurs enfants.


Des enfants contestataires certes : mais que défendent-ils au juste ?


La souveraineté de leur petite Nation en tant qu'espace géographique et entité historique face à l'union nécessaire des peuples Européens en vue de constituer une Europe souveraine et puissante. Celle-la même qu'ils refusent aux petites patries qui constituent la France ou l'Angleterre, comme en témoigne la volonté de Madame Le Pen de supprimer les régions, de ne pas reconnaître les langues régionales ou celle de M. Farage d'appeler à voter contre l'indépendance de l'Ecosse.


Ces « souverainistes » pour lesquels de nombreux européens s'apprêtent à voter et qui disent être le dernier rempart de leur peuple ( contre qui ? contre quoi ? ) sont en réalité le couteau qui pourrait provoquer le suicide de tout un continent. Un suicide pour lequel, néanmoins, les principaux responsables se trouvent au sein de la Commission de Bruxelles et dans les milieux qui ont construit cette Europe technocratique.


Ce que veut M. Farage aujourd'hui ? Empêcher les immigrés d'Europe de l'Est de se rendre en Angleterre, leur enlever tous droits sociaux, les « mettre à la mer ». Mais où était ce Monsieur à l'époque où toute l'Angleterre s'indignait contre les propos d'Enoch Powell, qui avait prédit «  l'invasion du pays » par les peuples du Tiers-Monde ? Où était M. Farage lorsque des pans entiers de la Grande-Bretagne sont tombés sous la coupe islamique et asiatique ? Il ne parlait pas. Il se taisait. Et aujourd'hui, c'est une pakistanaise responsable des jeunes de son parti, l'UKIP, qui demanderait aux citoyens anglais d'aller voter pour renvoyer « chez eux » des Européens de l'Est.


Tout comme aujourd'hui, des dirigeants du Front National, vont prôner une « tolérance zéro » envers les Roms et une restriction de l'immigration venant de l'Europe de l'Est. C'est également le parti de Marine Le Pen qui s'accroche aux DOM-TOM français, derniers vestiges d'un colonialisme dont toute l'Europe paye aujourd'hui les conséquences, et qui dans le même temps refuse qu'un Grec ou qu'un Allemand participe aux décisions collectives de l'Union des Européens.


Lorsque Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de gauche et souverainiste jacobin lui aussi, déclare que les Français sont plus proches culturellement de la Méditerranée, du Maghreb et de l'Afrique que de l'Estonie ou de l'Ukraine et qu'ils ont un avenir commun, il ne dit pas autre chose que ces souverainistes « de droite », nostalgiques d'une époque révolue, accrochés à leurs dogmes ( et notamment celui de la France universelle ou celui de l'Angleterre conquérante ) et aveugles aux grands bouleversements, notamment démographique, de l'histoire à venir.


Quelles conséquences, quel impact sur la vie des Européens auraient une victoire ou une percée des souverainistes aux élections ? Le taux de chômage massif diminuera t-il parce que Madame Le Pen et M. Farage vont s'asseoir un peu plus souvent et avec un plus grand nombre de députés au Parlement européen ? Les banques cesseront-elles de prêter à intérêt à des Etats qui assurent pourtant leur survie ? Les millions d'étrangers extra-européens, qui souhaitent pénétrer en Europe dans ce qu'ils croient être un Eldorado, y renonceront t-ils spontanément ? Les mosquées qui fleurissent dans toute l'Europe fermeront t-elles leurs portes ? Les campagnes se repeupleront-elles par miracle ?


Non bien entendu. Car le Parlement européen ne possède aucun pouvoir mais surtout parce que ces souverainistes n'entendent aucunement renverser les élites qu'elles jugent pourtant à raison illégitimes.
Ces mêmes souverainistes n'entendent pas non plus inverser le processus migratoire qui conduit au grand remplacement en cours en Europe, puisque et Mme Le Pen et M. Farage sont des partisans acharnés de l'assimilation et d'une société dans laquelle le drapeau National est plus important que l'identité régionale, ethnique, religieuse ou culturelle.


Penser le contraire, croire dans une sortie de l'Europe qui briserait irrémédiablement l'avenir commun des peuples qui la constituent, c'est se mentir à soi-même, c'est accepter simplement et fatalement qu'après la chute de l'Empire Romain, après les guerres fratricides du 20ème siècle, l'Europe et les Européens en finissent définitivement avec leur histoire et leur civilisation dans un magma à côté duquel la guerre des Balkans ressemblerait au paradis sur terre.


Changer l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui, cela va de soi. Mais pour cela, encore faut t-il aimer les peuples qui la constituent et épouser l'idée d'une Europe-puissance.


« Quand les barbares étaient aux portes de l'Empire, les Romains discutaient du sexe des anges  ».