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mercredi, 18 octobre 2023

Hans-Hermann Hoppe: Comment l’État moderne a détruit notre civilisation

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Hans-Hermann Hoppe: Comment l’État moderne a détruit notre civilisation

Nicolas Bonnal

L’État en France, la bureaucratie à Bruxelles, l’administration Biden deviennent fous, liquidant/ruinant leur population, menaçant le reste du monde. 

Un rappel…

Hans-Hermann Hoppe, philosophe allemand, disciple de Murray Rothbard, est un libertarien guénonien. Autant dire qu’il ne plaira pas à tout le monde: pour lui le système produit un phénomène de décivilisation dont on voit les effets terminaux en Europe comme en Amérique (effondrement moral, démographique, culturel, spirituel, et même socio-économique). Le phénomène se mondialise: voyez l’Asie et son déclin culturel et démographique (-30% de chinois en 2100, disparition de la Corée et du Japon, etc.).

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Le monde moderne nous a fait dégénérer en vertu de la perversion étatique qui a fabriqué le troupeau timide dont parle Tocqueville. Cet Etat nous ôte la peine de penser (BFM) et de vivre (euthanasie), vit à notre place et nous zombifie, nous privant de notre force vitale. Mais voici comment Hoppe en parle:

« Parmi les mesures les plus importantes en matière de politique sociale, citons l'introduction de la législation de "sécurité sociale", telle qu'elle a été introduite dans les années 1880 dans l'Allemagne de Bismarck, puis est devenue universelle dans tout le monde occidental à la suite de la Première Guerre mondiale. La tâche de devoir prendre en charge son propre âge, la portée et l'horizon temporel de l'action provisoire privée sera réduite. »

L’État bismarckien puis la sécu anéantissent la famille :

« En particulier, la valeur du mariage, de la famille et des enfants diminuera car ils sont moins nécessaires si l’on peut recourir à une assistance “publique”. En effet, depuis le début de l’ère démocratique et républicaine, tous les indicateurs de “dysfonctionnement familial” ont affiché une tendance systématique à la hausse: le nombre d’enfants a diminué, la taille de la population endogène a stagné ou même diminué et les taux de divorce, l'illégitimité, la monoparentalité, la singularité et l'avortement ont augmenté. De plus, les taux d’épargne des particuliers ont commencé à stagner ou même à baisser au lieu d’augmenter proportionnellement, voire excessivement, avec la hausse des revenus. »

41+Q6ACbo9L._SX195_.jpgCet État remplace aussi allègrement sa population, rappellent les libertariens. Et il est en plus belliciste.

Je rappelle que pour Rothbard l’Etat sécuritaire (Welfare) est arrivé de pair avec l’Etat militaire (Warfare). Tocqueville parle aussi du goût démocratique pour la guerre interminable. Hoppe rappelle lui que le Far West était un endroit sûr et que la montée du Welfare a fait exploser partout la criminalité dans l’Amérique postmoderne (ce n’est pas la seule raison comme on sait) :

« Sur l'ampleur de la recrudescence des activités criminelles provoquée par le fonctionnement du républicanisme démocratique au cours des cent dernières années, à la suite de l'augmentation constante de la législation et d'un nombre toujours croissant de responsabilités "sociales" par opposition à des responsabilités privées ... voir McGrath, Gunfighters, Highwaymen et Vigilantes, en particulier... En comparant la criminalité dans certains des endroits les plus sauvages du "Far West" américain (deux villes frontalières et des camps miniers en Californie et au Nevada) avec celle de certains des endroits les plus sauvages du siècle actuel, McGrath ("Offrez-leur une bonne dose de Lead", pp. 17-18) résume ainsi en affirmant que les villes frontalières de Bodie et d'Aurora ont en fait rarement été victimes de vols… »

Et de rappeler à qui ne l’entendra pas :

« Les villes d'aujourd'hui, telles que Détroit, New York et Miami, subissent 20 fois plus de vols par habitant. Les États-Unis dans leur ensemble enregistrent en moyenne trois fois plus de vols qualifiés par habitant que Bodie et Aurora. Les cambriolages et les vols étaient également peu fréquents dans les villes minières. La plupart des villes américaines ont en moyenne 30 ou 40 fois plus de vols par habitant que Bodie et Aurora… Au début des années 1950, la ville de Los Angeles comptait environ 70 meurtres par an. Aujourd'hui, la ville subit en moyenne plus de 90 meurtres par mois… En 1952, 572 viols ont été rapportés à la police de Los Angeles, 2030 en 1992. Au cours des mêmes années, le nombre de vols qualifiés est passé de 2566 à 39.508 et le nombre de vols d'automobiles, de 6241 à 68.783. »

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Il est bon de souligner le mensonge des westerns dont l’idéologie gauchiste a toujours fait bon marché des réalités historiques.

Puis Hoppe cite l’historien Fuller qui dénonce les horreurs de la conscription made in France :

 « À partir du mois d'août [1793], lorsque le parlement de la République française décréta le service militaire obligatoire universel, la conscription a changé la base de la guerre. Jusque-là, les soldats avaient coûté cher, maintenant ils étaient bon marché; les batailles avaient été évitées, maintenant, elles étaient recherchées; si lourdes seraient les pertes, elles pourraient être comblées par le roulement de la conscription. Non seulement la guerre deviendrait de plus en plus illimitée, mais finalement elle serait totale. Au cours de la quatrième décennie du vingtième siècle, la vie était si peu coûteuse que le massacre de populations civiles sur des lignes massives était devenu un objectif stratégique reconnu, tout comme les batailles des guerres précédentes. En 150 ans, la conscription avait ramené le monde à la barbarie tribale. » (Fuller, The War of War, p. 33 et 35).

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Allan Carlson rappellera que l’armée US a été un vecteur de subversion morale, sexuelle et sociale, en Europe comme en Asie ou en Océanie (cent films le démontrent).

Nous sommes entrés dans la phase finale de cette perversion avec bien sûr la Grande Guerre qui précipita notre dégénérescence politique (fascisme, communisme, étatisme-providence, etc.) et culturelle (peinture abstraite, musique dodécaphonique, littérature « moderne », « engagée », etc.); notre déclin est tel que nous ne le percevrons plus, alors que tout le monde continue d’écouter Bach ou Rameau, et que personne ne peut supporter Berg ou Webern. Mais Tolstoï dénonçait cette situation déjà en 1900 dans son passionnant petit essai sur l’art. Depuis, ayant touché le fond, nous avons continué de creuser…

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Hoppe :

« Depuis 1918, pratiquement tous les indicateurs de préférences temporelles élevées ont affiché une tendance à la hausse systématique: en ce qui concerne le gouvernement, le républicanisme démocratique a produit le communisme (et avec cet esclavage public et ce meurtre de masse parrainé par le gouvernement même en temps de paix), le fascisme, le socialisme national, enfin et de manière durable la social-démocratie ("libéralisme"). Le service militaire obligatoire est devenu presque universel, la fréquence et la brutalité des guerres étrangères et civiles ont augmenté, et le processus de centralisation politique a progressé plus que jamais. »

Et, alors qu’on nous annonce une crise finale (« achetez de l’or ! ») Hoppe ajoute sur la dégénérescence socio-économique et financière :

« En interne, le républicanisme démocratique a conduit à une augmentation permanente des impôts, des dettes et de l'emploi public. Cela a conduit à la destruction de l'étalon-or, à une inflation sans précédent du papier-monnaie et à un renforcement du protectionnisme et des contrôles de la migration. Même les dispositions de droit privé les plus fondamentales ont été perverties par une inondation incessante de lois et de règlementations… »

La pensée et les analyses factuelles de Hoppe (découvrez son œuvre sur Mises.org) démontrent en tout cas l’ancienneté de la crise occidentale et confirment le rôle sinistre de l’Etat et de la… révolution. Les folies étatiques actuelles (guerres impériales, remplacement, dettes, etc.) confirment cette analyse implacable.  Je citerai pour conclure le vicomte Bonald qui est proche de Hans-Hermann Hoppe et qui écrivait après le cataclysme napoléonien :

« La disposition à inventer des machines s’est étendue aux choses morales. »

Sources:

  • Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique
  • Nicolas Bonnal, Chroniques sur la fin de l’histoire ; le coq hérétique (les belles lettres, 1997)
  • Hans-Hermann Hoppe, The process of de-civilisation, in the costs of war (Mises.org). Reassessing presidency, chapter XXII (Mises.org)
  • René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps

 

mardi, 13 juin 2023

L'évolution du conservatisme américain

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L'évolution du conservatisme américain

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/levoluzione-del-conservatorismo-americano/

Le conservatisme américain est l'une des deux principales idéologies de la philosophie politique américaine (avec le libéralisme), une idéologie qui a été formulée pour la première fois dans l'ouvrage de Russell Kirk, Conservative Mind (1953), qui est devenu la source de ce courant politique. Les origines du conservatisme moderne aux États-Unis renvoient à l'Amérique du début des 18ème et 19ème siècles, conçue comme un projet de société moderne aux fondements capitalistes et individualistes.

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Le développement initial du conservatisme américain modéré-libéral traditionnel s'est transformé au fil du temps en politique libertaire (avec son individualisme radical) et néo-conservatrice (avec son hyper-mondialisme). Les conservateurs américains, qui représentent une variété de courants, s'appuient sur les idées exposées dans les œuvres d'Alexis de Tocqueville, d'Edmund Burke, d'Adam Smith, de Milton Friedman et de Friedrich von Hayek. [cf. Toropov E.A. The winding path of American conservatism : from Russell Kirk to the neoconservatives].

Dans le contexte politique, le conservatisme américain s'oppose aux "idéologies" [cf. Kirk R., The Conservative Mind, New York, 1953], est un mouvement qui défend les valeurs dites "américaines", qui s'expriment par une minimisation de l'influence de l'État sur l'économie et par les libertés individuelles des citoyens américains, ainsi que dans le soutien aux valeurs traditionnelles et chrétiennes.

Le conservatisme américain en tant que courant politique s'est formé en présence d'un large éventail de problèmes sociaux, notamment les problèmes liés à l'immigration, à la révolution industrielle et à la domination du mode de vie bourgeois.

À un moment donné de l'histoire américaine, les protestants d'orientation nativiste et anticatholique se sont qualifiés de conservateurs.

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Le pays étant protestant à plus de 95 % en 1840, la plupart des protestants n'étaient pas particulièrement heureux à l'idée de partager leur pays avec les catholiques irlandais, qui s'installaient massivement aux États-Unis, fuyant les problèmes économiques qui frappaient l'Irlande. L'afflux de catholiques a donné naissance au parti nativiste "Know-Nothing Party" ou, selon l'appellation officielle, au "Native American Party". Les militants du parti exigeaient que les écoles publiques organisent des lectures quotidiennes de la Bible et interdisaient aux catholiques d'y enseigner. Les positions anti-catholiques sont si fortes qu'aux élections de 1856, le candidat du Native American Party, Millard Fillmore (photo, ci-dessus), obtient près de 25 % des voix, soit le deuxième meilleur résultat obtenu par un tiers parti dans l'histoire du pays.

En ce qui concerne les questions politiques, il convient de s'attarder sur la situation interne des États-Unis qui s'est développée après la victoire du "Nord" dirigé par Lincoln lors de la guerre civile (1861-1865). Le parti républicain, qui est devenu la force politique dominante, avait des positions progressistes et soutenait de vastes réformes sociales et une plus grande intervention de l'État dans l'économie. Il a soutenu la création du système de la Réserve fédérale (Fed), a investi dans une urbanisation massive, a soutenu la Prohibition, le droit de vote des femmes et a modernisé d'autres domaines de la vie publique américaine auxquels s'opposaient les conservateurs du Sud. Pour tenter de maintenir le statu quo et sa domination politique, l'idéologie républicaine s'est transformée au fil du temps en un conservatisme bourgeois. Un événement emblématique a été la manipulation des élections en faveur des républicains en échange de la fin de la réintégration des États du Sud enclins au séparatisme (le Texas en est un exemple). La "reconstruction" radicale, qui impliquait l'armée et les procureurs du Nord, a radicalement affecté la formation des identités régionales dans les États du Sud.

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Le rythme de la croissance industrielle et l'émergence de grands propriétaires de capitaux ont minimisé les différences entre les républicains et les démocrates. Cependant, plus tard, dans les années 1960, le conservatisme a reçu un nouvel élan en raison des problèmes internes qui s'étaient accumulés aux États-Unis. Le taux de criminalité élevé, la révolution sexuelle, le problème de l'avortement, la crise énergétique, l'échec de la guerre du Viêt Nam, le scandale du Watergate : tous ces problèmes ont éveillé l'intérêt d'une partie de la société américaine pour la défense de ses valeurs traditionnelles à travers la formation de mouvements et d'organisations conservateurs.

Les organisations conservatrices aux États-Unis

Le mouvement conservateur aux États-Unis est constitué d'un vaste groupe d'organisations politiques et idéologiques unies par une position commune sur la préservation des valeurs traditionnelles dans le pays. Leurs origines remontent au milieu du 20ème siècle, lorsque des organisations bénévoles sont apparues dans tout le pays pour lutter pour la préservation des valeurs traditionnelles et résister aux réformes imposées par les "progressistes".

Dans les années 1960, le mouvement conservateur aux États-Unis est devenu si fort et si influent qu'il a conduit à la création de nombreuses institutions dont les activités visaient à défendre les valeurs traditionnelles des Américains.

Les organisations conservatrices ont différents types d'activités, depuis les groupes de réflexion, où les conservateurs effectuent un travail d'analyse, jusqu'aux activités publiques des organisations chrétiennes, qui visent à renforcer les valeurs familiales.

Les organisations conservatrices les plus connues aux États-Unis sont les suivantes :

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- Tea Party - Créé en réponse à la crise économique de 2008, le mouvement politique conservateur-libertaire Tea Party prône la réduction de l'appareil gouvernemental, la baisse des impôts et des dépenses publiques, la réduction de la dette nationale et du déficit budgétaire, ainsi que le respect de la Constitution américaine.

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- L'institut Heartland soutient les politiques d'économie de marché. L'orientation politique du Heartland Institute est décrite comme conservatrice et libertaire. L'institut promeut le déni du changement climatique, soutient les droits des fumeurs et la privatisation des ressources publiques, y compris la privatisation des écoles. Il soutient les réductions d'impôts et s'oppose aux subventions et aux allègements fiscaux pour les entreprises individuelles, ainsi qu'à un rôle plus important du gouvernement fédéral dans les soins de santé.

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- La Heritage Foundation est un institut de recherche stratégique américain qui mène un large éventail de recherches en matière de politique internationale. Elle a une orientation néo-conservatrice. Elle s'est engagée à soutenir l'expansionnisme américain.

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- Le Council for National Policy est une organisation faîtière et un groupe de réseautage pour les activistes conservateurs et républicains aux États-Unis. Le Conseil a été fondé en 1981, sous l'administration Reagan, par Tim Lahay et la droite chrétienne pour "donner plus d'importance et de force à la promotion du conservatisme".

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- Focus on the Family est une organisation sociale chrétienne évangélique américaine. Elle œuvre pour "nourrir et protéger l'institution de la famille telle qu'elle a été établie par Dieu et pour promouvoir la vérité biblique dans le monde entier". L'organisation produit des programmes radio, des magazines, des vidéos et des enregistrements audio sur des questions conservatrices.

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- La John Birch Society (JBS) est un groupe politique américain de droite. La John Birch Society se considère comme un opposant au soi-disant "gouvernement mondial" et soutient l'idée de réduire l'immigration aux États-Unis et de limiter l'influence des institutions internationales telles que les Nations unies, l'ALENA et d'autres accords de libre-échange.

Les néoconservateurs, une mutation du conservatisme américain

Le néoconservatisme est un mouvement politique et intellectuel apparu aux États-Unis dans les années 1960. Il s'agit d'une combinaison d'idées conservatrices et libertaires associées à une politique étrangère active basée sur les idéaux de "démocratisation" et d'expansionnisme américains.

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Les néoconservateurs se distinguent par leur volonté d'établir l'hégémonie américaine sur la scène internationale en promouvant les valeurs occidentales, qu'ils considèrent comme universelles.

Les grandes figures du mouvement néoconservateur, comme Norman Podhoretz et Irving Kristol, prônent un monde unipolaire en s'opposant à l'URSS et en éliminant les concurrents des États-Unis de la scène politique internationale. En politique intérieure, les néoconservateurs s'opposent aux programmes sociaux et gouvernementaux qui, selon eux, dévalorisent le "mode de vie américain" et menacent la sécurité nationale.

Parmi les exemples d'activités des néocons, on peut citer leur rôle dans le soutien aux opérations du Golfe en 1991, les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak, et leur soutien à l'usage de la force dans d'autres régions.

Parmi les figures les plus influentes du mouvement néoconservateur moderne figurent Irving et William Kristol, Dick Cheney et Paul Wolfowitz.

Les paléoconservateurs en opposition aux néoconservateurs

Parallèlement, un courant de "paléoconservatisme" a vu le jour. Contrairement aux néoconservateurs, les paléoconservateurs adhèrent à une interprétation directe du droit constitutionnel et rejettent toutes les expériences sociales imposées à la société. Ils s'opposent également au militarisme international américain et à la volonté de "démocratiser le monde", en soulignant l'importance de la liberté et de la souveraineté nationale.

Les paléoconservateurs s'opposent aux politiques néoconservatrices menées sous la présidence de George W. Bush, qu'ils considèrent comme orientées vers l'expansionnisme américain et la promotion de la "démocratie" dans d'autres pays par tous les moyens. En outre, les paléoconservateurs rejettent le concept de "guerre préventive" et défendent l'idée de souveraineté nationale.

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Les paléoconservateurs (par exemple Patrick Buchanan - photo) ont également critiqué les politiques fiscales du gouvernement fédéral, défendant l'idée d'une intervention minimale de l'État. Les paléoconservateurs prônent de sévères restrictions à l'immigration, la décentralisation, l'isolationnisme et un retour à l'éthique et à la morale conservatrices en matière de genre, de culture et de société.

Le libertarianisme en tant que pseudo-conservatisme

De nombreux conservateurs américains se qualifient eux-mêmes de libertariens. Le libertarianisme de droite implique l'absence d'influence du gouvernement sur la liberté individuelle et la vie économique de la société. Les idéaux économiques du libertarianisme consistent en des relations de libre marché et de libre concurrence. En outre, selon les idées libertaires, les fonctions de l'État devraient être transférées au marché et remplacées par des initiatives individuelles, ce qui, d'une certaine manière, est cohérent avec les idées du mondialisme, où la plus haute autorité institutionnelle sera le "marché" impersonnel. Les auteurs qui ont influencé la formation du libertarianisme sont A. Smith, J. S. Mill, les représentants de l'école autrichienne d'économie, en particulier L. von Mises et F. von Hayek, ainsi que l'économiste américain M. Friedman.

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Les libertariens sont largement représentés sur la scène politique américaine. À l'initiative de l'activiste civil américain David Nolan, le Parti libertarien des États-Unis a été fondé en 1971. Selon la vision du monde du parti, "les libertariens s'opposent fermement à toute ingérence du gouvernement dans vos décisions personnelles, familiales et professionnelles". Ils estiment que "tous les Américains devraient être libres de vivre leur vie et de poursuivre leurs intérêts comme ils l'entendent, tant qu'ils ne nuisent pas à autrui". La position du parti s'est renforcée au fil des ans, indiquant une augmentation de l'individualisme et de l'égoïsme dans la société américaine.

Si l'on parle du libertarianisme comme d'un courant politique conservateur, il se concentre sur les questions économiques en ignorant l'identité collective américaine et ses aspects culturels inhérents. En revanche, pour d'autres mouvements conservateurs, le contexte culturel et historique des États-Unis revêt une grande importance. Pour les conservateurs traditionnels, le mouvement libertarien est associé à une vision commune des questions économiques et à un accent mis sur la liberté individuelle, qui ne doit toutefois pas être déformée par l'idéologie.

mercredi, 28 septembre 2022

Tolkien et la révolution libertarienne

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Tolkien et la révolution libertarienne

par Nicolas Bonnal

Relisons des extraits libertariens de notre dernier livre sur Tolkien, à l’heure où le Mordor américain devient fou – comme la Commission de Bruxelles, qui va imposer à son peuple d’orcs l’euro numérique, le contrôle social, le rationnement énergétique et le pass sanitaire avant d’en arriver à l’objectif ultime : le dépeuplement du continent (ou de ce qu’il en reste). Comme je l’ai montré dans mon livre Le salut par Tolkien (ou Le dernier Gardien sur Amazon), le bon chrétien Tolkien a été comme Chesterton un écrivain anti-Etat qui a vu la menace arriver non pas en Russie ou en Allemagne (ce serait trop facile) mais dans les mêmes pays anglo-saxons (cf. nos textes sur Hayek et Jouvenel). La dernière opération US aura montré que l’Ennemi triomphe parce qu’il est prêt à faire ce que les autres n’osent pas faire (Usual suspects repris par C. Johnston)

Chapitre sept in extenso (quatre mille mots) :

J'ai toujours eu un faible – Tolkien aussi d'ailleurs – pour le Nettoyage de la Comté, avant-dernier chapitre du Seigneur des Anneaux. Allusion au socialisme, à l'après-guerre, au monde moderne nihiliste et destructeur ? Volonté prosaïque de désigner un ennemi bien précis avec des problèmes bien concrets ? On récite le vieux Gamegie (Gaffer Gamgee, comme dit Tolkien) :

« Le Vieux Gamegie ne paraissait pas avoir pris beaucoup d'âge, mais il était un peu plus sourd.  «Bonsoir, Monsieur Sacquet ! dit-il. Je suis bien heureux vraiment de vous voir revenu sain et sauf. Mais j'ai un petit compte à régler avec vous en quelque sorte, sauf votre respect. Vous n’auriez jamais dû vendre Cul de Sac, je l'ai toujours dit. C'est de ça qu'est parti tout le mal. Et pendant que vous alliez vagabonder dans les pays étrangers, à chasser les Hommes Noirs dans les montagnes, à ce que dit mon Sam et pourquoi, il ne me l'a pas trop expliqué ils sont venus défoncer le Chemin des Trous du Talus et ruiner mes patates (1)! »

Guerre concrète donc avec des objectifs concrets. C'est que de retour de leurs aventures hauturières et spirituelles, les Hobbits redécouvrent leur pays occupé et pillé par une horde de prévaricateurs, de pillards et de « réquisiteurs ». Ils les mettent dehors, sous la haute conduite de Sam et surtout de Merry et de Pippin, les deux Hobbits les plus aguerris par leurs campagnes, les plus transformés aussi par le « breuvage d'immortalité » fourni par Sylvebarbe. Le terme employé par Tolkien pour ce nettoyage est bien celui de « nettoyage à grandes eaux », scouring en anglais. Il s'agit d'une épuration physique d'un territoire violé par la modernité bruyante et travailleuse décrite par Tocqueville en Amérique du Nord (les Hobbits faisant ici office d'indiens). On peut bien sûr voir ici une « allégorie », terme décourageant et déplaisant pour Tolkien (quoique...) : comment les hommes libres et encore courageux peuvent se débarrasser de l'Etat moderne et tentaculaire, du fascisme du nazisme, du communisme, du socialisme, et de tout ce qui s'ensuit. Sans oublier le capitalisme et les aberrations du technologisme dénoncés par d'autres que Tolkien à son époque : de Morris à Mumford en passant par Ellul - ou le très bon Léopold Kohr, inspirateur du film thématique Koyaanisqatsi. Mais on verra que le ras-le-bol vis-à-vis de la « civilisation » est ancien.

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Comme on sait ce n'est pas si facile, et tout le monde a tendance à se soumettre et à s'arbrifier, comme dit Sylvebarbe.

Le nettoyage de la comté est une grande fête de la subversion antigouvernementale ; c'est une révolte anarchiste, de type libertarien. Les grands historiens libertariens américains, sous la conduite de Murray Rothbard, de Ralph Raico, de John V. Denson, de Smedley Butler et de bien d'autres, ont montré que l'Etat américain a progressé en cruauté, en pression fiscale, en législation infernale, en aventurisme militaire depuis surtout Lincoln et la guerre de Cuba. Et que son interventionnisme devenu systématique a eu des conséquences catastrophiques, eschatologiques presque au niveau démographique (remplacement de la population américaine), juridique (abandon de la liberté), économique (assistanat généralisé et endettement), sociétal (fin de la famille, violence folle et prisons pleines) et même écologique (tout a été bousillé). La catastrophe s'est renforcée sous Woodrow Wilson, les deux Roosevelt, et ensuite, pour reprendre l'expression de Michael Levine, tout président s'est vu comme un social engineer, un ingénieur du social (sozial, disait Céline) charge de refaire le monde et son pays, c'est-à-dire de le démolir, de le polluer, de le souiller – sans oublier de le célébrer... Tout cela aboutit à la fronde menée par Donald Trump – avec toutes ses limites (2). Pour bien comprendre cette brillante et pessimiste école d'élite, on peut se référer à trois ouvrages collectifs fondamentaux, qui expliquent ce besoin démiurgique et satanique des élites occidentales modernes de refaire et de détruire le monde (3). C'est que Tolkien appelle l'esprit d'Isengard, en référence à Saroumane dans ses lettres.

9782081375017.jpgLes libertariens américains aiment bien citer La Boétie et son impeccable Discours de la servitude volontaire (consultable partout) écrit lorsque ce jeune et bel esprit insatisfait de son temps avait seize ans à peine. Mais c'est plutôt Montaigne que j'aimerais citer, ce Montaigne si scolaire dont le bons sens et le scepticisme sont parfois un peu lassants, mais qui ici est tout bonnement impeccable : il s'agit du passage sur les cannibales, ces drôles d'oiseaux qui comme les Hobbits n'ont besoin de rien ou presque, proches en cela de notre état originel.

Montaigne évoque Platon et son Atlantide (tiens, tiens...) dans le même texte :

« C’est un peuple, dirais-je à Platon, qui ne connaît aucune sorte de commerce ; qui n’a aucune connaissance des lettres ni aucune science des nombres ; qui ne connaît même pas le terme de magistrat, et qui ignore la hiérarchie ; qui ne fait pas usage de serviteurs, et ne connaît ni la richesse, ni la pauvreté ; qui ignore les contrats, les successions, les partages ; qui n’a d’autre occupation que l’oisiveté, nul respect pour la parenté autre qu’immédiate ; qui ne porte pas de vêtements, n’a pas d’agriculture, ne connaît pas le métal, pas plus que l’usage du vin ou du blé. Les mots eux-mêmes de mensonge, trahison, dissimulation, avarice, envie, médisance, pardon y sont inconnus. Platon trouverait-il la République qu’il a imaginée si éloignée de cette perfection (4) ? »

Et voici justement comment un Tolkien très inspiré présente sa comté, dans sa fameuse et si politique (ou apolitique !) introduction aux monde des Hobbits. Ce texte allait bien sûr inspirer certains hippies et tous les anti-système des années soixante, il allait le faire pour rien montrant finalement que le pessimisme de Tolkien n'était – n'est – pas si infondé que cela.

« La Comté n'avait guère à cette époque de «gouvernement. Les familles géraient pour la plus grande part leurs propres affaires. Faire pousser la nourriture et la consommer occupaient la majeure de leur temps. Pour le reste, ils étaient à l'ordinaire généreux et peu avides, et comme ils se contentaient de peu, les domaines, les fermes, les ateliers et les petits métiers avaient tendance à demeurer les mêmes durant des générations (5). »

On retrouve ici finalement une culture ancienne, assez païenne, fidèle au monde rustique et paysan célébré par les Anciens, notamment de Grèce ou de Rome ; et l'on est loin de Beowulf. Mais Tolkien est un tissu des rêves de l'histoire. Se contenter de peu (méden agan de Solon), la citoyenneté autonome (celui qui se donne à lui-même ses lois) qu'on retrouve aussi dans le romantisme allemand, la sociabilité et la libre transmission de l'héritage, sans que l'Etat vienne tout confisquer ou presque, la sécurité assurée par des milices, tout cela se retrouve dans la culture libertarienne.

Comme on sait un certain Lothon va vouloir développer le capitalisme dans la comté. Et cet enchaînement va amener la catastrophe : même idée pour les silmarils et le serment de Feanor qui amènent la chute du monde des elfes dans le Silmarillion.

Lorsque les Hobbits rentrent donc, on leur présente ainsi le tableau :

« On fait pousser beaucoup de nourriture, mais on ne sait pas au juste où ça passe. Ce sont tous ces "ramasseurs" et "répartiteurs", je pense, qui font des tournées pour compter, mesurer et emporter à l'emmagasinage. Ils font plus de ramassage que de répartition, et on ne revoit plus jamais la plus grande part des provisions (6)»

On pense bien sûr à l'Holodomor en Ukraine, où les équipes de tueurs venaient organiser une famine au nom du socialisme, du peuple et du reste. L'Angleterre de l'après-guerre, socialiste, travailliste et grise, ne sera pas en reste, qui imposera des rationnements dignes de temps de guerre – 80 gr. de beurre hebdomadaire, et dire que Hitler leur proposa dix fois la paix ! - et des taxations à plus de 90% sur les revenus. Ce n'est pas pour rien qu'Orwell publie à cette époque 1984.

La description de la nouvelle comté transformée en commune populaire par Sharcoux et son gang n'est pas triste non plus :

« C'était un endroit nu et laid, avec une toute petite grille qui ne permettait guère un bon feu. Dans les chambres du dessus, il y avait des petites rangées de lits durs, et sur tous les murs figuraient un écriteau et une liste de Règles. Pippin les arracha. Il n'y avait pas de bière, et seulement très peu de nourriture, mais avec ce que les voyageurs apportèrent et partagèrent, tous firent un repas convenable, et Pippin enfreignit la Règle N° 4 en mettant dans le feu la plus grande part de la ration de bois du lendemain. »

On se moque mais en sommes-nous si loin ? On veut interdire le feu de cheminée à Paris ; on est entouré d'interdictions, de panneaux indicateurs et de caméras de surveillance ; on ne cesse de mal ou moins (les régimes ou l'obésité) manger ; on est cernés aussi par des endroits nus et laids. Tout cela, nous nous y sommes habitués, parce que « nous nous habituons à tout » (Dostoïevski), en fait parce que nous devenons des esclaves. On travaille dans tous les pays du monde développé jusqu'au mois de juillet ou de septembre pour l'Etat redistributeur (sic). L'universitaire et penseur libertarien Smedley Butler (ci-dessous) a montré en fait comment ses étudiants écolos, végétariens, censeurs, anti-fumeurs sont plus proches d'Hitler que des pères fondateurs américains .

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Butler écrit dans son anglais limpide et universitaire :

« He is an advocate of government gun-control measures. An ardent opponent of tobacco... This man is a champion of environmental and conservationist programs, and believes in the importance of sending troops into foreign countries in order to maintain order therein (7) .»

Tolkien ajoute sur le thème de la laideur, une laideur liée à novembre, et qui ne doit rien à Halloween (on le précise pour ceux qui croient...) :

« Le pays avait un aspect assez triste et désolé, mais c'était après tout le 1er Novembre et la queue de l'automne. Il semblait toutefois y avoir une quantité inhabituelle de feux, et de la fumée s'élevait en maints points alentour. Un grand nuage de cette fumée montait au loin dans la direction du Bout des Bois (8). »

Tolkien n'oublie pas la fumée des célèbres Dark satanic mills jadis dénoncées par William Blake, et qui ont aussi une signification spirituelle.

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Et Frodon rappelle aux miliciens humiliés par ses compagnons hilares mais menaçants la nécessité de la liberté de mouvement – sans les contrôles scandaleux de nos aéroports :

« A la déconfiture des Shiriffes, Frodon et ses compagnons rirent à gorge déployée. «Ne soyez donc pas absurde ! dit Frodon. Je vais où il me plaît et quand je le veux. Il se trouve que je me rends à Cul de Sac pour affaires, mais si vous tenez à y aller aussi, c'est la vôtre (9).»

Puis le sabotage du paysage apparaît dans toute son erreur. La sensibilité à la laideur est venue avec William Morris ou les préraphaélites mais des esprits plus vifs comme Blake ou Chateaubriand l'avaient saisie avant.

« Ils éprouvèrent le premier choc vraiment pénible. C'était le propre pays de Frodon et de Sam, et ils découvrirent alors qu'ils y étaient plus attachés qu'à aucun autre lieu du monde. Un bon nombre de maisons qu'ils avaient connues manquaient. Certaines semblaient avoir été incendiées. L'agréable rangée d'anciens trous de Hobbits dans le talus du côté nord de l'Étang était abandonnée, et les petits jardins, qui descendaient autrefois, multicolores, jusqu'au bord de l'eau, étaient envahis de mauvaises herbes. Pis encore, il y avait une ligne entière des vilaines maisons neuves tout le long de la Promenade de l'Étang, où la Route de Hobbitebourg suivait la rive. Il y avait autrefois une avenue d'arbres. Ils avaient tous disparu. Et, regardant avec consternation le long de la route en direction de Cul de Sac, ils virent au loin une haute cheminée de brique. Elle déversait une fumée noire dans l'air du soir (10). »

Les voyous prétendent comme les prophètes, les nazis ou les communistes « réveiller » les endormis (il faut les réveiller en fait, mais pour les bonnes raisons – voir infra) :

«Ce pays a besoin d'être réveillé et remis en ordre, dit le bandit, et Sharcoux va le faire, et il sera dur, si vous l'y poussez. Vous avez besoin d'un plus grand Patron. Et vous allez l'avoir avant la fin de l'année, s'il y a encore des difficultés. Et vous apprendrez une ou deux choses, sale petit rat (11). »

Frodon lui se présente comme un restaurateur de la tradition, s'appuyant sur ce qui vient d'être accompli – et qui n'est pas connu dans la comté dominée:

« Votre temps est fini, comme celui de tous les autres bandits. La Tour Sombre est tombée, et il y a un Roi en Gondor. L'Isengard a été détruit, et votre beau maître n'est plus qu'un mendiant dans le désert. J'ai passé près de lui sur la route. Les messagers du Roi vont remonter le Chemin Vert à présent, et non plus les brutes de l'Isengard... Je suis un messager du Roi, dit-il. Vous parlez à l'ami du Roi et une des personnes les plus renommées des pays de l'Ouest. Vous êtes un coquin et un imbécile (12). »

Du même coup on rappelle l'origine du mal :

«Tout a commencé avec La Pustule, comme on l'appelle, dit le Père Chaumine, et ça a commencé aussitôt après votre départ, Monsieur Frodon. Il avait de drôles d'idées, ce La Pustule. II semble qu'il voulait tout posséder en personne, et puis faire marcher les autres. Il se révéla bientôt qu'il en avait déjà plus qu'il n'était bon pour lui, et il était tout le temps à en raccrocher davantage, et c'était un mystère d'où il tirait l'argent: des moulins et des malteries, des auberges, des fermes et des plantations d'herbe. Il avait déjà acheté le moulin de Rouquin avant de venir à Cul de Sac, apparemment. »

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Oui, c'est un mystère en effet d'où l'on tire l'argent. Une banque centrale invisible peut-être ?

Le réveil arrive, mais il va se faire contre les brigands et leur chef naturellement. Tolkien évoque le cor, si important pour Boromir, et qui symbolise, comme dans notre Chanson de Roland, le réveil de notre tradition supérieure.

« Puis il entendit Merry changer de note, et l'appel de cor du Pays de Bouc s'éleva, secouant l'air... Sam entendit derrière lui un tumulte de voix, un grand remue-ménage et des claquements de portes. Devant lui, des lumières jaillirent dans le crépuscule, des chiens aboyèrent, des pas accoururent. Avant qu'il n'eût atteint le bout du chemin, il vit se précipiter vers lui le Père Chaumine avec trois de ses gars, Tom le Jeune, Jolly et Nick. Ils portaient des haches et barraient la route (13). »

On se réveille, on s'arme, on allume des feux, comme pour une fête de la Saint-Jean. C'est la révolution.

« A son retour, Sam trouva tout le village en ébullition. Déjà, en dehors de nombreux garçons plus jeunes, une centaine ou davantage de robustes Hobbits étaient rassemblés, munis de haches, de lourds marteaux, de long couteaux et de solides gourdins, et quelques-uns portaient des arcs de chasse. D'autres encore venaient de fermes écartées.

Des gens du village avaient allumé un grand feu, juste pour animer le tableau, mais aussi parce que c'était une des choses interdites par le Chef. II flambait joyeusement dans la nuit tombante (14). »

Tels des chouans chanceux, tels les héros de Chesterton dans le Napoléon de Notting Hill, les Hobbits vont se pouvoir résister et se battre :

« Mais les Touque arrivèrent avant. Ils firent bientôt leur entrée, au nombre d'une centaine, venant de Bourg de Touque et des Collines Vertes avec Pippin à leur tête. Merry eut alors suffisamment de robuste Hobbiterie pour recevoir les bandits. Des éclaireurs rendirent compte que ceux-ci se tenaient en troupe compacte. Ils savaient que le pays s'était soulevé contre eux, et ils avaient clairement l’intention de réprimer impitoyablement la rébellion, en son centre de Lézeau. Mais, si menaçants qu'ils pussent être, ils semblaient n'avoir parmi eux aucun chef qui s'entendît à la guerre. Ils avançaient sans aucune précaution. Merry établit vite ses plans (15). » 

La révolution libertarienne à la sauce Guillaume Tell porte ses fruits. La restauration va se passer merveilleusement, et donc métamorphoser la contrée (Tolstoï aussi décrit la belle résurrection moscovite après la retraite des Français) :

« Cependant, les travaux de restauration allèrent bon train, et Sam fut très occupé. Les Hobbits peuvent travailler comme des abeilles quand l'humeur et la nécessité les prennent. Il y eut alors des milliers de mains volontaires de tous âges, de petites mais agiles des garçons et filles Hobbits à celles usées et calleuses des anciens et des vieilles. Avant la fin de Décembre, il ne restait plus brique sur brique des nouvelles Maisons des Shiriffes ou de quoi que ce fût de ce qu'avaient édifié les «Hommes de Sharcoux», mais les matériaux servirent à réparer maints vieux trous et à les rendre plus confortables et plus secs (16). »

Et là, miraculeusement, d'une manière digne de la quatrième églogue de Virgile, une résurrection de la terre et des naissnaces survient, un nouvel âge d'or :

« De tout point de vue, 1420 fut dans la Comté une année merveilleuse. Il n'y eut pas seulement un soleil magnifique et une pluie délicieuse aux moments opportuns et en proportion parfaite, mais quelque chose de plus, semblait-il: un air de richesse et de croissance, et un rayonnement de beauté surpassant celui des étés mortels qui vacillent et passent sur cette Terre du Milieu (17). »

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Cette beauté terrestre va se retrouver dans le monde humain.

« Tous les enfants nés ou conçus en cette année, et il y en eut beaucoup, étaient robustes et beaux, et la plupart avaient une riche chevelure dorée, rare auparavant parmi les Hobbits. Il y eut une telle abondance de fruits que les jeunes Hobbits baignaient presque dans les fraises à la crème, et après, ils s'installaient sur les pelouses sous les pruniers et mangeaient jusqu'à élever des monceaux de noyaux semblables à de petites pyramides ou aux crânes entassés par un conquérant, après quoi, ils allaient plus loin. Et personne n'était malade, et tout le monde était heureux, sauf ceux à qui il revenait de tondre l'herbe (18). »

Et puisque nous évoquions Virgile :

« Muses de Sicile, élevons un peu nos chants. Les buissons ne plaisent pas à tous, non plus que les humbles bruyères. Si nous chantons les forêts, que les forêts soient dignes d'un consul. Il s'avance enfin, le dernier âge prédit par la Sibylle : je vois éclore un grand ordre de siècles renaissants. Déjà la vierge Astrée revient sur la terre, et avec elle le règne de Saturne ; déjà descend des cieux une nouvelle race de mortels. Souris, chaste Lucine, à cet enfant naissant ; avec lui d'abord cessera l'âge de fer, et à la face du monde entier s'élèvera l'âge d'or : déjà règne ton Apollon (19). »

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Les conséquences ? La révolution libertarienne des Hobbits a une dimension lumineuse, propitiatoire. Dans son beau livre sur le moyen âge, Jacques Le Goff écrivait :

« Un autre courant tout aussi puissant a entraîné beaucoup d'entre eux vers un autre espoir, vers un autre désir : la réalisation sur terre du bonheur éternel, le retour à l'âge d'or, au paradis perdu. Ce courant, c'est celui du millénarisme, le rêve d'un millenium - d'une période de mille ans (20)... »

Concluons en nous référant aux rares idées politiques exprimées par Tolkien. Rares parce qu'inutiles : Tolkien est contre tout Big Government à la moderne. Carpenter le dit right-wing, d'extrême-droite parce qu'il est monarchiste et catholique. Et si c'était cela être de gauche par les temps qui courent ?

Tolkien ne se disait évidemment pas libertarien ; mais il n'a pas hésité à se déclarer... anarchiste !!! Ou monarchiste non constitutionnel... mais on se doute que la monarchie des Windsor n'est pas la tasse de thé de Tolkien... Il lui faudrait le grand Alfred ou quelque monarque saxon... Il écrit donc à notre cher Christopher qu'il hait l'Etat :

« My political opinions lean more and more to Anarchy (philosophically understood, meaning abolition of control not whiskered men with bombs) – or to 'unconstitutional' Monarchy. I would arrest anybody who uses the word State (21)...»

Toujours au même Christopher, il rappelle son peu de goût pour la démocratie à la grecque ou à la moderne, conçue comme une ochlocratie, un gouvernement de la masse. Il en profite pour tacler l'odieux et désastreux Anthony Eden et rappeler le dégoût inspiré par ce système aux grands penseurs de l'Antiquité :

« Mr Eden in the house the other day expressed pain at the occurrences in Greece 'the home of democracy'. Is he ignorant, or insincere? d?µ???at?a was not in Greek a word of approval but was nearly equivalent to 'mob-rule'; and he neglected to note that Greek Philosophers – and far more is Greece the home of philosophy – did not approve of it. And the great Greek states, esp. Athens at the time of its high an and power, were rather Dictatorships, if they were not military monarchies like Sparta (22)! »

Dans un très beau brouillon, Tolkien répond s'exprime même sur le nettoyage de la comté ! L'anglais est encore ici très simple :

« There is no special reference to England in the 'Shire' – except of course that as an Englishman brought up in an 'almost rural' village of Warwickshire on the edge of the prosperous bourgeoisie of Birmingham. But there is no post-war reference. I am not a 'socialist' in any sense — being averse to 'planning' (as must be plain) most of all because the 'planners', when they acquire power, become so bad (23)... »

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Et sur cet esprit d'Isengard qui détruira tout, Oxford y compris :

« Though the spirit of 'Isengard', if not of Mordor, is of course always cropping up. The present design of destroying Oxford in order to accommodate motor-cars is a case. But our chief adversary is a member of a 'Tory' Government. But you could apply it anywhere in these days (24). »

Et on comprend que peu importe le parti politique ici...

Notes du chapitre VII:

(1) Le retour du roi, Chapitre le nettoyage de la comté

(2) Nicolas Bonnal, Donald Trump candidat du chaos, Dualpha, 2016

(3) Perpetual war for perpetual peace, 1953 ;  The costs of war, 1999 ; reassessing the presidency, 2001. Tout est téléchargeable gratuitement sur le beau site Mises.org

(4) Montaigne, Essais, I, chapitre 30, § 16

(5) La communauté de l'anneau, Chapitre 1, Des Hobbits

(6) Le nettoyage de la comté. III, livre VI, chapitre 8

(7)  Smedley Butler, The wizards of Ozymandia, 2002, § 30

(8) Le nettoyage de la comté. (III, livre VI, chapitre 8)

(9) Le nettoyage de la comté. (III, livre VI, chapitre 8)

(10)  ibid.

(11)  ibid.

(12)  ibid.

(13)  ibid.

(14)  ibid.

(15) ibid.

(16) ibid.

(17) ibid.

(18) ibid.

(19)  Virgiles, Bucoliques, IV, premiers vers.

(20)  Le Goff, la civilisation de l'occident médiéval, Arthaud, p. 163

(21)  Letters of Tolkien, From a letter to Christopher Tolkien 29 November 1943

(22)  Letters of Tolkien, To Christopher Tolkien, 28 December 1944 (FS 71)

(23)  To Michael Straight [drafts], february 1956

(24)  ibid.

dimanche, 19 juin 2022

Ludwig von Mises au-delà de la droite et de la gauche : sur les leçons de l'école autrichienne d'économie

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Ludwig von Mises au-delà de la droite et de la gauche: sur les leçons de l'école autrichienne d'économie

Michael Kumpmann

Source: https://www.geopolitika.ru/de/article/mises-jenseits-von-rechts-und-links-ueber-die-lektionen-der-oesterreichischen-schule-der

Dans mes textes et dans mon entretien avec Stefan Blankertz, je me suis beaucoup référé au texte de Douguine, "Libéralisme 2.0", et j'ai poursuivi les idées qui y sont exposées. Il y a cependant un sujet que j'ai eu tendance à éluder jusqu'à présent. Douguine divisait le libéralisme en trois phases et disait que la première phase, qu'il associait à Hayek et à l'école autrichienne, était encore la plus supportable et un allié potentiel dans la lutte contre le libéralisme de gauche actuel, de type sorosien. Mais jusqu'à présent, j'ai plutôt abordé des auteurs centrés sur la société, comme Leo Strauss, et j'ai évité autant que possible l'économie.  J'aimerais maintenant corriger cette omission et proposer une sorte de "Mises de droite" (ou plutôt "Au-delà de la droite et de la gauche").

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Tout d'abord, le projet d'un "Marx de droite" est plutôt à l'ordre du jour dans les cénacles de la Nouvelle Droite européenne. Les libéraux-conservateurs et certains libertariens de premier plan comme André Lichtschlag (photo), une plume qui s'exprime dans Junge Freiheit (cf.: https://de.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_F._Lichtschlag), s'en émeuvent et demandent que l'on cesse de se rapprocher de Marx et que l'on se dirige plutôt vers Mises et Hayek. Une telle position n'a aucun sens. L'analyse de la position marxiste par des personnalités comme Alain de Benoist a apporté aux milieux non-conformistes de nombreuses informations importantes. Notamment celle selon laquelle l'économisme a été érigé en doctrine politique dans les sociétés libérales et que les métaphores du marché et de la concurrence ont envahi des domaines où elles n'avaient pas leur place. (Le meilleur exemple en est le marché du mariage. La concurrence n'est pas une fin en soi, mais doit remplir des fonctions concrètes dans l'économie. C'est pourquoi de tels "marchés sont aussi des absurdités économiques"). Ou la prise de conscience qu'un impératif invisible prévaut en Occident : les gens doivent vivre pour le marché.  De telles découvertes sont très justes et importantes. C'est pourquoi l'étude de Marx ne peut pas être rejetée au seul profit des Autrichiens (de l'école autrichienne). De plus, des libertaires comme Stefan Blankertz (photo, ci-dessous) ont lancé des analyses similaires de la théorie marxiste. Plutôt que de "détester" Marx, il serait donc probablement plus judicieux de comparer la manière dont de Benoist, Benedikt Kaiser et Stefan Blankertz interprètent Marx et de voir où se situent les différences et les similitudes.

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L'un des problèmes de l'analyse d'Alain de Benoist et de Benedikt Kaiser est cependant qu'ils ne séparent pas assez clairement les composantes économiques et idéologiques du capitalisme. La maxime actuelle "l'économie est la chose la plus importante dans la vie et la meilleure façon de résoudre les problèmes sociaux est de donner des emplois aux femmes, aux migrants, aux handicapés et aux autres minorités et d'ignorer complètement tout le reste (par exemple l'amour, la famille, la religion, etc.) ou même de le dénigrer comme un obstacle à l'activité capitaliste, car seule l'économie compte", n'est pas du tout inhérente à l'économie. Josef Schumpeter, par exemple, considérait l'esprit de famille comme un moteur central de l'économie et de l'entrepreneuriat.

Et bien sûr, il faut également dire que l'économie en général est une incarnation du principe de "vie nue" critiqué par Leo Strauss et Giorgio Agamben. Il est important de noter qu'avant la crise du coronavirus, les économistes étaient au moins aussi impliqués dans la "tyrannie de la vie nue" que les médecins aujourd'hui. C'est pourquoi il serait préférable d'exclure autant que possible les économistes du discours politique.

Mais que peut malgré tout apprendre la 4e position des Autrichiens ?

Douguine a mentionné Henry de Lesquen comme un "hayekien de la nouvelle droite". Lesquen a décrit le libéralisme comme un outil utile, mais sur lequel toute la société ne peut pas être construite seule.  Il utilise ensuite l'idée de Hayek de "présomption de savoir" pour se prononcer en faveur de la tradition. Il affirme qu'un seul homme n'a pas assez de connaissances pour transformer radicalement le monde, mais que la tradition humaine est une collection de nombreuses stratégies qui ont été essayées par de nombreuses générations pendant des milliers d'années et qui se sont révélées les plus utiles.  C'est pourquoi, dans l'esprit de Hayek, il vaut mieux préserver la tradition que d'adopter un utopisme hostile à la tradition [1]. Lesquen fait également remarquer que l'économie libérale (par exemple la "main invisible" de Smith) a été conçue comme une économie nationale et non comme un État mondial globalisé (ce qui implique également que l'avantage de l'entrepreneuriat pour la société réside dans la solidarité de l'entrepreneur avec sa communauté).  Mais en même temps, Lesquen a expressément souligné que les idées libérales ne devaient pas quitter la sphère de l'économie et ne devaient pas s'immiscer dans des institutions telles que la famille, etc.

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Du point de vue de l'existence, la théorie de la valeur subjective ("les choses dans le monde n'ont pas de valeur et de prix objectifs, mais elles ont de la valeur parce que quelqu'un décide qu'elles ont de la valeur à ce moment-là") serait la plus intéressante, car elle se complète parfaitement avec les idées de Husserl, Heidegger, etc. Dans certains cas, la théorie de la valeur subjective est également utilisée pour contester le fait qu'il existe quelque chose qui serait également rationnel pour tous les êtres humains. Un chaman dansant autour d'un feu de brousse ne serait pas plus irrationnel qu'un investisseur de Wall Street.  Ceci est également très important et constitue un bon argument pour remettre en question l'idée d'un progrès linéaire.

Dans la perspective du traditionalisme, l'idée de Carl Menger sur la préférence pour le présent, et en particulier son traitement par Hans Hermann Hoppe, est la plus intéressante. Celle-ci affirme en gros que les systèmes traditionnels tels que la monarchie peuvent très bien planifier sur de longues périodes et sont capables de sacrifier le désir pour des objectifs à long terme ou "éternels". Cependant, les systèmes modernes comme la démocratie libérale ont détruit cette idée et favorisent de plus en plus la satisfaction du désir à court terme, ce qui explique pourquoi ces systèmes perdent lentement leur avenir.  Le mouvement néo-réactionnaire de Mencius Moldbug (photo, ci-dessous; pseudonyme de Curtis Yarvin) utilise précisément cette théorie pour rapprocher les idées libertaires de la tradition intégrale représentée par Guénon et Evola. (Michael Anissimov -photo, ci-dessous- est particulièrement important ici).

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Mencius Moldbug et Michael Anissimov.

La description de Hopper selon laquelle le propriétaire d'un territoire pourrait décider librement des règles et des systèmes politiques sur son territoire, sans être lié par des choses comme les droits de l'homme, et pourrait et devrait "enlever physiquement" toute personne qui n'est pas d'accord avec ses actions, est nettement plus proche de Carl Schmitt que de John Locke. Et sa théorie dit clairement que personne ne peut être forcé d'établir un système libéral sur son territoire.

En ce qui concerne la tradition, il faut dire que l'État organique, dans l'interprétation d'un système "confucianiste" de relations d'obligations informelles réciproques (par exemple parents/enfants, paysans et société, etc.), s'harmonise bien avec la théorie de l'ordre spontané dans de nombreux domaines. (Bien que Rothbard associe plutôt cette idée au philosophe taoïste Zhuangzi) [2].

Guénon a décrit dans le texte La dégénérescence de la monnaie que la monnaie devrait en fait être basée sur l'or et que le "système de papier-monnaie non couvert" ("fiat money") du dollar actuel était une déchéance qui causerait des dommages extrêmes.  Ezra Pound a également critiqué ce système et Haku Zynkyoku a décrit ce système de "Réserve fédérale" comme un "système extrêmement malveillant" qui servirait "Yamata no Orochi", un démon serpent shintoïste qui symbolise la destruction et le déclin et qui vient à intervalles réguliers pour exterminer presque complètement l'humanité.

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Et c'est précisément dans ce domaine qu'il y a une convergence étonnamment élevée avec les objectifs des partisans de l'école autrichienne. En effet, l'un de leurs cris de guerre est exactement: "End the Fed(eral Reserve) ! Le meilleur exemple de cette convergence dans l'espace germanophone pourrait également être le livre "Goldgrund Eurasien".

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Un problème de l'école autrichienne est qu'elle n'est pas objective en raison de la praxéologie de Ludwig von Mises, mais se considère explicitement comme un "individualisme méthodologique". Elle fait donc explicitement partie de la première théorie politique du libéralisme. Pour rendre l'école autrichienne utilisable, il faut d'abord la séparer de la première théorie politique.

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L'ordolibéralisme en Allemagne, influencé par Alfred Müller-Armack (photo, ci-dessus) et surtout Ludwig Erhard, a été explicitement conçu comme une forme de "troisième voie" entre le capitalisme et le socialisme. Dans le même temps, l'école autrichienne a également joué un rôle important.

La Chine est également un exemple connu d'économie de marché illibérale depuis les réformes de Deng Xiaoping. En tant qu'Européen, on a même souvent l'impression que les Chinois respectent davantage la liberté économique que nous, alors que chez nous, les "libéraux" s'occupent plutôt de retentissantes conneries comme le genre (le "gendérisme").

On sait qu'il y avait un lien entre les réformes de Deng et le régime de Pinochet, qui était un étrange croisement entre le libéralisme et le fascisme et qui a été loué par Hayek. (mais son système juridique a été influencé par les théories de Carl Schmitt à la même époque). Le disciple de Hayek, Milton Friedman, était un invité de marque du gouvernement chinois et devait notamment l'aider à lutter contre l'inflation. Friedman a ensuite travaillé à la fin du contrôle des prix par l'État (Une mesure qui est également associée, sous une forme similaire, au miracle économique allemand des années 1950). [3]

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Cependant, Friedman n'appartenait plus à l'école autrichienne, mais à l'école dite de Chicago. L'influence de l'école autrichienne sur la Chine est controversée dans la littérature (Murray Rothbard a cependant déclaré que le gouvernement chinois voulait acheter le plus de livres possible sur le sujet à l'Institut Mises américain). L'essai scientifique "The (Im-)Possibility of Rational Socialism : Mises in China's Market" (L'(im-)possibilité d'un socialisme rationnel : Mises sur le marché chinois) d'Isabella Weber avance la thèse selon laquelle l'économiste chinois Jiang Chunze aurait été un disciple de Ludwig von Mises et aurait voulu profiter de l'échec du "grand bond en avant" de Mao pour combiner les idées autrichiennes avec celles du soi-disant "socialisme de marché". En plus de lui, des paysans comme Jing Rongben et leurs thématisations du soi-disant "problème du calcul socialiste" (soulevé principalement par Mises) auraient été décisifs pour la réforme. (Problème de calcul socialiste = s'il y a un planificateur central qui peut fixer les prix, il n'y a pas de sous-enchère pour produire les choses au meilleur prix, ce qui signifie que les coûts élevés évitables ne sont pas identifiés).

Selon ce document, Rongben aurait eu une idée intéressante pour la 4e théorie politique en examinant ce sujet : il n'existe pas de modèle économique idéal qui fonctionne dans chaque endroit et vers lequel le progrès se dirige inévitablement.  Au lieu de cela, les habitants d'une région doivent trouver eux-mêmes le modèle économique qui leur convient le mieux. Et ils ne pourraient le trouver que s'il existait une possibilité de créer différents modèles et de les tester "de manière compétitive" (Ergo plus généralement : une monoculture progressiste politique globale aboutit également à l'érosion de la concurrence et à l'émergence d'une "mauvaise gestion"). 

Dans le même temps, Rongben écrit que les socialistes doivent abandonner la doctrine de l'égalité. Cependant, il faut dire que les économistes chinois ont conclu que la propriété privée et l'individualisme n'étaient pas indispensables au bon fonctionnement de l'économie et qu'il n'était pas nécessaire de rejeter l'intervention de l'État. Il faut simplement veiller à ce que la concurrence ne soit pas ébranlée. (Il n'est cependant pas nécessairement expliqué QUI doit être en concurrence.) Ils recommandaient cependant d'autoriser au moins un certain degré de propriété privée et de ne pas tout nationaliser. Cela rappelle quelque peu "l'économie du pouvoir" de Thiriart.

L'engagement de Rongben en faveur de la concurrence, pourrait-on dire avec Nietzsche, est en quelque sorte un engagement envers la nature humaine. Et le refus complet de toute concurrence est contraire à la vie. Mais la concurrence ne doit pas être un "chacun pour soi" sans solidarité. On peut très bien dire que la famille, la paroisse, le peuple, etc. devraient former une "équipe" en compétition, qui se comporte de manière solidaire les uns envers les autres et qui devrait également aider les membres les plus faibles. Les meilleurs membres de l'équipe doivent se battre tranquillement pour leur place dans la "tempête", mais les autres membres doivent également être entraînés.

Un tel "von misesianisme à la chinoise" autorise généralement des systèmes de marché sans primauté de l'individu, tels que la doctrine sociale chrétienne, le distributisme de G.K. Chesterton, le strasserisme, les systèmes de gildes prémodernes (tels que ceux représentés par Crowley et Evola) et offre la possibilité de réconcilier les idées de personnes comme Pierre-Joseph Proudhon avec l'école autrichienne.

Le gouvernement chinois a également voulu éviter l'influence des entreprises sur la politique lors des réformes. Ce principe devrait également être adopté, car dans le "libéralisme 2.0" occidental, c'est le principe opposé qui prévaut et des entrepreneurs tels que Bill Gates et George Soros veulent se profiler comme des créateurs de politique et transformer la société par le biais d'ONG. Les entrepreneurs ne devraient toutefois pas pouvoir s'ériger en "plombiers de la société".  L'idée américaine libérale de gauche de l'entrepreneur comme bienfaiteur progressiste qui fait avancer la société peut sembler belle sur le papier. Mais un coup d'œil sur Soros et compagnie, ou sur le fait que les entrepreneurs américains ont soutenu le mouvement eugéniste dans les années 30, montre que le slogan de Friedman "Le seul but de l'entrepreneur est de gagner de l'argent" était peut-être meilleur et plus humain après tout [4].

Un autre problème des Autrichiens est bien sûr que, dans la tradition libérale, tous les individus sont de facto des entrepreneurs qui prennent des décisions libres pour des raisons purement rationnelles. Dans ce contexte, l'idée d'un pauvre prolétaire contraint de faire un "boulot de merde" par nécessité, qu'il ne fait que pour ne pas mourir de faim mais qu'il maudit intérieurement, est absurde, tandis que son patron exploite la nécessité de ce "pauvre type" pour son propre profit. Cela n'apparaît pas chez Mises et consorts. Cela montre que la théorie de l'école autrichienne ne peut représenter qu'une partie de la vérité et qu'elle doit être complétée par d'autres concepts de la deuxième théorie politique et parfois même de la troisième théorie (les travailleurs d'Ernst Jünger).

Notes:

[1] En Allemagne, une économie très attachée aux familles et à la tradition a été créée après 1945 sous la direction de Ludwig Erhard (photo), influencé par l'école autrichienne. Et dans des pays comme le Japon, l'économie s'est également souvent bien intégrée à la tradition sous l'influence des "Autrichiens", au lieu de l'attaquer.

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[2] Il est intéressant de noter que des personnes comme Lee Kuan Yew (Singapour) ont très souvent enseigné un mélange d'idées de Hayek et de Confucius.

[3] L'exemple de la Chine montre que le concept de "socialisme monétaire pour une inflation délibérément générée" inventé par Roland Baader est assez stupide.

[4] Le libéralisme 2.0 doit de toute façon être considéré comme une campagne de marketing visant à faire accepter le capitalisme libéral à la gauche. Ce système d'ONG d'un Soros ou d'un Gates blanchit la position de l'entrepreneur.  La politique des minorités y est toujours liée à l'affirmation implicite que c'est précisément le capitalisme qui aide les "minorités pauvres et discriminées". Il en résulte toutefois que l'"homo economicus" pénètre dans des domaines sociaux où il n'a pas sa place.

mardi, 07 juin 2022

La présidence Macron, l’Etat et la dé-civilisation française

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La présidence Macron, l’Etat et la dé-civilisation française

Avec un appendice sur les historiens libertariens américains

Nicolas Bonnal

On a vu sur Telegram (c’est censuré en France) des images de Paris, après le marché de Belleville, qui font penser à une mégapole africaine en pleine déconfiture (beau résultats pour une ville nécrosée par sa dette et sa fonction publique pléthorique, par sa population remplacée aussi) ; on a vu que l’OMS  va diriger un Etat mondialiste et vaccinateur furieux, qui privera huit milliards de citoyens de leur liberté sinon de leur santé/vie ; on a vu un grand effondrement culturel français, et ce pays qui était jadis le phare de la civilisation est devenu le réceptacle des daubes cannoises ou autres (lisez ou relisez l’Etat culturel de Fumaroli ou les livres de mon ami Paucard) ; on a aussi vu que l’Etat espagnol mitraille chimiquement sa population et qu’il se prépare à voler toute sa population : énième version des corralitos latinos – ce n’est pas dans les webzines complotistes mais dans les journaux Mainstream maintenant. On a vu aussi que le super-Etat totalitaire européen dirigé par la très folle administration Leyen se renforce par sa guerre avec la Russie et prépare un cocktail de pénurie, de déglingue et de contrôle informatique globalitaire des populations hébétées ; car si l’Etat est un destructeur de la civilisation il détruit aussi les populations.

008325419.jpgL’Etat romain dégénéré a créé le citoyen idiot (tonto) dont a parlé Ortega y Gasset dans sa rébellion des masses. Ces masses sont d’ailleurs des créations de l’Etat moderne: c’est le dernier homme de Nietzsche et le citoyen transformée en Turc dont parle Tocqueville, qui ajoute qu’on lui ôtera, au citoyen moderne, le trouble de penser et la peine de vivre, l’euthanasie mentale précédant l’autre. Et ce peuple nouveau pour parler comme l’autre semble content de son sort puisqu’on le voit revoter Macron (je sais, il y a des abstentions…) aux législatives sans oublier Mélenchon. Ces deux individus sont des émanations du PS, le parti fourre-tout et catho de gauche qui a aujourd’hui gangréné tous les partis: le PS c’était le parti fonctionnaire, le parti totalitaire à la française qui aura tout créé même ses milliardaires: c’est le parti de la gauche caviar et de la bourgeoisie sauvage (Taine dit que le bourgeois est une création de l’Etat – pas du commerce - et comme il a raison)  dénoncées en leur temps par des hommes de gauche courageux comme mon éditeur Thierry Pfister (chez Albin Michel) ou comme Guy Hocquenghem.

Il est hallucinant de voir qu’on nous fait la farce du néolibéralisme alors qu’on vit une phase crépusculaire et folle de super-étatisme planétaire ; que cet étatisme s’entende avec les oligarques vaccinateurs et les GAFAM, eux-mêmes émanations du Deep State et du Pentagone n’étonnera que les idiots du village médiatique. C’est l’Etat qui créé ces boîtes, qui a privatisé les monstres, comme c’est l’Etat français ou autre qui a liquidé l’activité économique nationale ou remplacé la population ; le grand remplacement est du reste surtout psychologique (le peuple nouveau) comme je le rappelle inutilement en citant toujours Don Siegel et ses profanateurs de sépultures.

L’Etat moderne (Maistre a évoqué ce pullulement des lois lors des premières années de la Révolution, pullulement dépassé depuis) est depuis deux siècles le grand facteur de la décivilisation en Occident et maintenant dans le monde. Le traditionaliste guénonien (et musulman) Titus Burckhardt en a parlé à propos du Maroc, devenu depuis son indépendance un bon petit élève de la mondialisation. Hans Hoppe a souligné le rôle destructeur de l’Etat en matière de famille: l’avortement, l’enseignement (limité à: « tes pas un garçon, t’es une fille ! »), le divorce, l’aide à la femme célibataire, la misandrie administrative, tout a été fait par les fonctionnaires pour détruire la famille, ce seul Etat, disait Chesterton qui crée et aime ses citoyens. L’Etat moderne lui les hait et les détruit ou les remplace, ses citoyens. C’est pour cela aussi qu’il aime les guerres, « cette santé de l’Etat », et c’est comme cela que les guerres mondialistes se sont multipliées à partir du moment où on a évoqué le nouvel ordre mondial qui enchante des millions de bureaucrates et de politiciens à travers la planète.

Le contrôle des oppositions politiques par le fric et le financement des campagnes politiques accélère cette entropie. Tout le monde se bat du coup pour imposer la pénurie, le couvre-feu, la guerre, la Terreur et le bataclan médiatique destiné à contrôler des populations toujours plus stupides et formées à l’être depuis l’école qui n’a jamais été aussi peu libre dans notre histoire (relisez Chaunu et découvrez quelle liberté aux siècles des Lumières).

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Revenons à notre hexagone si bien nommé. Entre Notre-Dame, le Stade de France (sic), les gilets jaunes, le délitement de l’école, de la police, de l’hôpital et tout le reste, nous assistons avec la résidence Macron (il sera réélu trois ou quatre autres fois, ne vous en faites pas, son peuple nouveau y pourvoira), à la fin de la civilisation française, plus exactement à la fin de ses restes ; à la formation aussi d’une population neuve et nécrosée, usée et anesthésiée ; l’historien Stanley  Payne en a parlé aussi à propos de l’Espagne ; l’Etat a progressivement engendré un mouton républicain qui lui est parfaitement soumis et ne se rend plus compte non plus des coups de pied au cul ou du grand effondrement de son niveau de vie. On a parlé de citoyen ludique enfant ou adolescent, mais vu Macron et son électorat je dirais plutôt qu’on voit un citoyen vieux (y compris quand il est jeune), gavé de BFM, propre à illustrer la tirade des sept âges de Shakespeare: en fait on est dans un monde de vieillards inactifs, craintifs et peu créatifs et on demande à cet hexagone administratif «(« plus froid des monstres froids »…) de ressembler aux territoires protocolaires dont il a recouvré une terre sacrée jadis couverte de champs, de villages et de chapelles.

Sources

https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-lHistoire-Nicolas-Bo...

https://www.amazon.fr/gp/product/B0B2HND9MM/ref=dbs_a_def...

https://www.amazon.fr/territoires-protocolaires-Nicolas-B...

Je joins à ces quelques lignes désabusées (c’est un peu tard pour espérer…) une ancienne bibliographie des meilleurs auteurs libertariens américaines. Eux ont parfaitement compris et expliqué comment Lincoln, Wilson, Roosevelt, Johnson, Biden ou autres ont créé leur Etat totalitaire et belliqueux.

Auteurs libertariens : une bonne petite bibliographie

Les intellectuels libertariens ont révisé toute leur histoire américaine. À l’heure de l’État profond devenu fou et rigolo, ce n’est pas une inutile affaire ; deuxièmement, ils se rapprochent du guénonisme (c’est très visible chez l’Allemand Hans Hoppe). La montée de l’État, de la bureaucratie, de la réglementation, de la fiscalisation suppose une dégénérescence métaphysique, celle que pressentaient d’ailleurs les taoïstes chinois il y a plus de deux mille ans, quand les empereurs (relisez René Grousset) organisaient déjà des Grands remplacements de population: un autre livre à écrire ! La réfutation taoïste de l’État providence fut il y a vingt ans mon premier texte posté sur le web, par Alain Dumait, aux 4 vérités. Tout est disponible gratuitement sur Mises.org. Vous donnez ce que vous voulez. Je ne sais pas si j’écrirai un livre de présentation de cette splendide école, qui se rattache à Tocqueville, Benjamin Contant, et Frédéric Bastiat. Raico n’aimait pas trop Hayek et il adorait ces penseurs français. Une grande partie des libéraux que j’ai connus dans les années quatre-vingt-dix ont fini néocons.

J’ai insisté surtout sur les travaux historiques, plus intéressants pour nous.

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On commence par Murray Rothbard, auteur du manifeste libertarien. Ses pages sur l’histoire diplomatique sont extraordinaires de culot, de bon sens et d’autorité. Il exonère Staline pour la Guerre Froide, comme Ralph Raico d’ailleurs. On peut lire aussi son livre sulfureux sur Wall Street et les banques. Enfin, bien sûr, Rothbard irrépressible, où il défend sa conception de la culture et du cinéma, qui est la mienne ; et le film de Corneau Tous les matins du monde. Dans le même livre, Murray faisait la chasse aux chasseurs d’antisémites ! On n’a pas fini de rire ! C’était à propos des menaces et des insultes qui frappaient le pauvre Buchanan. Murray définit nûment la théorie de la conspiration « Ce qui s’oppose au mensonge des historiens officiels. »

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Ralph Raico vient de mourir, raison de plus pour l’honorer, ce maître. Son chef-d’œuvre concerne les grands leaders et les grandes guerres. Ces grands leaders sont tous des catastrophes car pour devenir un grand président, il faut la guerre, civile ou mondiale. Wilson, Lincoln, Roosevelt, etc. sont restés dans les mémoires grâce à leurs horreurs.

Lisez aussi le Raico sur les libéraux romantiques français.

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Butler Shaffer: Les magiciens d’Ozymandia, d’après le beau poème oublié de Shelley. Le ton est plus philosophique et traditionnel. Butler fait le commentaire de l’écroulement vaseux de la civilisation US et occidentale. C’est lui l’auteur du « test Hitler », d’où il ressort que « l’écolo antitabac, contrôleur de vitesse, végétarien et guerrier humanitaire Hitler est, quand il est présenté anonymement, plus populaire auprès des jeunes que Jefferson (esclavagiste, rebelle armé, contrebandier, planteur de tabac,…) »

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John Denson, Les reconsidérations sur la présidence. Livre collectif et splendide sur la montée du totalitarisme américain. Une contribution de l’universitaire Michael Levin, sur le président comme ingénieur social. Comment aussi on a saboté les études (un autre grand humaniste juif, Harold Bloom, en avait parlé), l’armée, tout au nom du Politiquement correct.

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Les coûts de la guerre, essai sur les victoires pyrrhiques de l’Amérique. Merveilleux ouvrage collectif. Édité encore par John Denson. Extraordinaire contribution de Rothbard sur les deux seules guerres justes (1776 et Sécession, côté sudiste bien sûr) et de Joseph Stromberg sur la guerre hispano-américaine de 1898, qui démarra avec un faux attentat et se termina par un génocide aux Philippines, puis la fondation de l’interventionnisme destructeur et presque calamiteux (Cuba, Corée, Vietnam, l’Amérique centrale…).

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La Guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle par Harry Elmer Barnes. J’ai évoqué Frédéric Sanford sur la manière dont Roosevelt empêcha un règlement européen et antihitlérien à Munich. Sur ces sinistres affaires, lire et relire aussi Guido Preparata. Hitler, le monstre anglophile et utile pour la dominance anglo-saxonne dans ce monde…

Le mythe de Roosevelt de John Flynn qui a vu la montée de l’ère managériale en même temps que James Burnham. Livre effarant par sa justesse. Lisez tout John Flynn, journaliste et héros de la guerre antisystème.

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Thomas Di Lorenzo : Lincoln, qui montre ce que tous les lecteurs de mémorialistes savaient : Lincoln détraqué, homme du business et des tarifs douaniers, fanatique étatique de la loi, et qui prépara sur les cendres du vieux sud (600 000 morts pour abolir un esclavage aboli partout ?) le nouveau désordre américain.

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Démocratie, le dieu qui a échoué, de l’Allemand Hans-Hermann Hoppe. Un régal pour les réacs.

 

 

lundi, 28 mars 2022

Même aux États-Unis, on dit non aux provocations de l'OTAN

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Même aux États-Unis, on dit non aux provocations de l'OTAN

Luca Bagatin

Source: https://electomagazine.it/anche-negli-usa-ce-chi-dice-no-alle-provocazioni-nato/?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=ReviveOldPost

Comme l'a rapporté vendredi dernier, le 18 mars, le média américain "Kitco News" (https://www.kitco.com/news/2022-03-18/Ron-Paul-Bitcoin-still-in-danger-of-being-banned-Ukraine-war-could-get-out-of-control.html), par le biais d'une interview vidéo et d'un article, l'ancien membre du Congrès américain et actuel membre de la Chambre des représentants, Ron Paul, né en 1935 et politicien libertaire de longue date, s'est exprimé sur la question de l'Ukraine.

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Ron Paul, né en 1935 et homme politique libertaire de longue date, qui s'est présenté plusieurs fois aux primaires pour la présidence des États-Unis d'Amérique (en 1988 avec le Parti libertarien et en 2008 et 2012 dans les primaires du Parti républicain), a déclaré qu'au lieu d'envoyer des armes ou une assistance militaire à l'Ukraine, les États-Unis devraient "plier bagage et rentrer chez eux".

"Nous n'aurions jamais dû être là si nous avions une politique étrangère constitutionnelle non interventionniste", a déclaré Ron Paul à Michelle Makori, rédactrice en chef de Kitco News.

"Je pense que l'un des événements les plus importants qui ont conduit à la crise que nous connaissons actuellement, est le coup d'État qui a eu lieu en Ukraine en 2014, et les preuves sont accablantes que nous avons participé à ce coup d'État, pour nous débarrasser d'un dirigeant qui était quelque peu juste et équilibré dans ses relations avec la Russie", a déclaré Ron Paul.

Et d'ajouter : "Il n'y a rien dans la Constitution qui dit que nous pouvons arbitrairement nous impliquer dans des conflits étrangers sans une déclaration de guerre."

Ron Paul craignait que la situation ne s'aggrave encore si le feu continuait à brûler et a déclaré : "J'espère certainement que ceux qui prédisent une escalade nucléaire ont absolument tort. C'est juste quelque chose auquel je ne veux même pas penser parce que c'est tellement fou, mais là encore, vous êtes obligé d'y penser quand les gens commencent à en parler."

Et ses pensées remontent à la guerre du Vietnam, un long conflit qui n'a apporté que des désastres aux États-Unis eux-mêmes, alimentant l'inflation des années 1970.

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Ron Paul est connu pour ses positions libertaires sur les droits civils et contre le racisme, ainsi que pour sa politique économique libérale-libertaire, dont il a cependant toujours souligné qu'il ne voulait l'exporter dans aucun pays.

En politique étrangère, il s'est toujours opposé à toute intervention militaire à l'étranger, depuis qu'il a porté de dures accusations contre l'administration Clinton sur la conduite de la guerre du Kosovo, affirmant que le président n'avait pas informé le Congrès en temps réel de la progression des événements militaires, manquant ainsi de respecter la Constitution américaine. Et il a dénoncé cette déclaration de guerre, approuvée par Clinton sans le consentement du Congrès.

Il a également toujours prôné une politique non-interventionniste et anti-guerre pour les Etats-Unis.

Il a toujours été très boycotté par les médias et le système politique américain, mais il a toujours été très respecté et populaire parmi les citoyens, qui ont souvent soutenu ses aventures politiques avec enthousiasme.

Il a également toujours été pour l'abolition de la Réserve fédérale et donc pour un retour à l'étalon-or et pour le retrait des USA de l'OTAN, ainsi que pour la fin de l'embargo contre Cuba.

Il a toujours soutenu que la Constitution américaine devait être respectée et donc que les États-Unis ne devaient pas entrer en guerre contre d'autres pays, mais seulement commercer avec eux et entretenir des relations pacifiques, sans interférence.

Il a également été soutenu par le réalisateur Oliver Stone (connu pour ses opinions libertaires mais de gauche), qui a déclaré en 2012 qu'"il est le seul de ceux qui disent quelque chose d'intelligent sur l'avenir du monde".

Les essais politiques de Ron Paul ont également été publiés en Italie par Liberilibri, tels que La terza America et End the Fed.

Probablement, si le gouvernement des États-Unis, par rapport à un Clinton, un Bush, un Obama, un Trump et un Biden, avait été le Ron Paul malheureusement délibérément boycotté, l'histoire aurait été très différente et beaucoup de guerres et de morts civiles conséquentes auraient été évitées.

Et serait encore évité aujourd'hui. De nos jours.

Bien que ses idées sociopolitiques et économiques soient diamétralement opposées à celles du président chinois Xi Jinping, Ron Paul, comme le dirigeant chinois, suit la ligne de la non-ingérence, du dialogue et du respect mutuel.

Lors de ses entretiens avec Biden, Xi a notamment déclaré : "Les conflits ne sont dans l'intérêt de personne. Les relations entre les États ne peuvent pas atteindre le stade de la confrontation militaire".

Et le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a rappelé peu avant les pourparlers que "la Chine fournit à l'Ukraine de la nourriture, du lait en poudre, des sacs de couchage, des couettes et des nattes imperméables, mais les États-Unis offrent des armes mortelles. Il n'est pas difficile pour les gens de bon sens de juger si la nourriture, les sacs de couchage ou les armes sont plus essentiels pour la population ukrainienne".

Tels devraient être les points de départ de toute personne de bonne volonté, qui a à cœur les intérêts des habitants de la planète.

Quelles que soient les idées politiques de chacun, il faut toujours faire preuve d'honnêteté intellectuelle et morale et être capable de s'ouvrir et de dialoguer. Des qualités souvent rares, mais les seules capables de sortir le monde du conflit.

18:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, otan, ron paul, libertariens | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 06 novembre 2021

Eastwood et Schwarzenegger: exemples de faux «conservateurs»

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Eastwood et Schwarzenegger: exemples de faux «conservateurs»

par Georges FELTIN-TRACOL

La présente chronique n’entend pas empiéter sur les sujets de prédilection des excellentes « Chroniques de La Rive ». Elle cherche plutôt à appliquer dans le domaine cinématographique la notion pertinente de « faux héros contre-révolutionnaire, conservateur ou réactionnaire ».

Cette expression originale revient au philosophe étatsunien d’origine hongroise Thomas Molnar (1921 – 2010). Fuyant le communisme dès la fin des années 1940, ce catholique de tradition, bientôt figure de proue de la droite paléo-conservatrice outre-Atlantique, capable de s’exprimer aussi bien en anglais qu’en français et en allemand, grand lecteur d’Aristote, de saint Thomas d’Aquin et de Charles Maurras, lance en 1991 une nouvelle science humaine, l’américanologie, c’est-à-dire l’étude intégrale de la société et des centres de production intellectuelle aux États-Unis d’Amérique.

C’est dans son essai de 1968 sur la Contre-Révolution que Thomas Molnar emploie les termes de « faux héros » de droite. Il désigne alors le pape Paul VI, Charles De Gaulle et Richard Nixon. Bien plus tard, il y intégrera le Premier ministre hongrois József Antall (1932 – 1993) qui géra la transition du communisme vers l’occidentalisme.

On peut parfaitement coller cette locution à deux vedettes étatsuniennes célébrissimes. La première est devenue une légende vivante en tant qu’acteur - réalisateur : Clint Eastwood. Ces films les plus récents répètent souvent la même trame narrative : un individu affronte seul des voyous, des fauteurs de troubles, des réseaux criminels. Sa filmographie reflète ses convictions politiques. S’il a voté Donald Trump en 2016, il se déclarait prêt à choisir en 2020 l’ancien maire indépendant milliardaire de New York, Michael Bloomberg… Clint Eastwood, élevé dans une famille de mormons, est fondamentalement un libertarien. Il soutient un ordre social individualiste concurrentiel dans lequel il importe de se débrouiller tout seul hors du moindre cadre communautaire organique enraciné.

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La presse gauchiste a longtemps qualifié Clint Eastwood de « fasciste », en particulier pour les cinq aventures de l’inspecteur Harry Callahan. Il est exact que dans les années 1970, « Dirty Harry » flingue bien des criminels. Toutefois, cet adepte de la méthode forte agit en libéral-conservateur respectueux borné des lois. Dans L’inspecteur ne renonce jamais réalisé en 1976 par James Fargo avec un arrière-plan assez féministe, l’inspecteur Harry affronte un groupe paramilitaire, « Force de grève révolutionnaire du peuple », dirigé par un vétéran du Vietnam schizophrène, Bobby Maxwell. Ce film accuse les anciens combattants vaincus d’apporter chez eux leur violence refoulée. Auparavant, Callahan rencontrait bien pire que lui.

Dans Magnum Force (1973) de Ted Post, il s’oppose à de jeunes flics, exaspérés par le laxisme des tribunaux, qui pratiquent des exécutions extra-judiciaires contre des criminels et d’autres délinquants un peu trop vite libérés. Harry refuse de les suivre et les élimine. On voit par ailleurs deux scènes révélatrices qui se répètent, sauf à la fin. L’inspecteur Harry tient en joue avec son Magnum 44 un voyou. Dans la première scène, il vise dans une rue de San Francisco un Noir à terre qui tente de reprendre son arme. Harry lui demande s’il a encore une balle ou pas. Le Noir se rend et découvre avoir été floué. Dans la seconde scène qui se passe à la campagne au bord d’une rivière, Harry tient en joue un jeune Blanc. Il lui pose la même question. Le jeune veut répliquer. Il est immédiatement abattu. Le contraire aurait été bien sûr impossible et ce, bien avant les délires de Black Lives Matter !

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Clint Eastwood ne partage toutefois pas la vision des libertariens en politique étrangère. Réalisé sous la présidence de Ronald Reagan en 1986, Le maître de guerre déplaît à l’US Army. Eastwood y interprète le sergent-artilleur Thomas Highway, ancien de Corée et du Vietnam. Il instruit les jeunes recrues du corps des marines. Avec les gars de sa section de reconnaissance, il participe à l’invasion de l’île antillaise de la Grenade à l’automne 1983. Quelques années plus tard, les Étatsuniens penseront que la Somalie, l’Irak et l’Afghanistan ne seraient que de plus vastes répétitions...

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L’un de ses films a scandalisé en 2004 les milieux chrétiens. Million Dollar Baby raconte le parcours de la boxeuse Maggie Fitzgerald (Hilary Swank). Clint Eastwood joue un vieil entraîneur bougon, Frankie Dunn. Au cours d’un combat, Maggie tombe dans un coma irréversible. Dunn décide de l’euthanasier. Un an plus tôt, en 2003, dans Mystic River, Clint Eastwood s’interroge d’une manière insidieuse sur la portée réelle de la peine capitale. Considérer le réalisateur d’Invictus (2009) à la gloire d’une Afrique du Sud arc-en-ciel imaginaire comme un conservateur au sens européen et traditionnel du terme relève d’un grave contresens. Brièvement maire de Carmel en Californie de 1986 à 1988, Clint Eastwood préfère travailler l’émotion des spectateurs.

La seconde vedette qu’on croirait conservatrice mais qui ne l’est pas est Arnold Schwarzenegger. Marié à Maria Schriver liée au clan Kennedy avant de divorcer en 2011, le célèbre acteur de Terminator (1984) ou du soldat d’élite qui survit au Prédator (1987) a été le dernier gouverneur républicain de la Californie de 2003 à 2011. Pendant ce septennat, outre une insistance écologiste tenace, « Governator » a mené une stricte politique libérale. Dès les primaires républicaines de 2016, il annonce son refus de voter Donald Trump. Le 10 août dernier, interrogé en visioconférence sur CNN par la journaliste Bianna Golodryga et le consultant militaire lié à l’« État profond » Alexander Vindman, Arnold Schwarzenegger a dénoncé les anti-vax et autres covidosceptiques par un vibrant « Allez vous faire foutre avec votre liberté ! »

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On ne doit pas être surpris par ce progressisme sociétal assumé. Cet Autrichien d’origine a adhéré au parti républicain par anti-fiscalisme viscéral. Il a en outre toujours critiqué au nom du politiquement correct le FPÖ de Jörg Haider et de Heinz-Christian Strache. Les films dans lesquels il a tournés contredisent régulièrement son supposé conservatisme. Le plus emblématique, voire le plus visionnaire, concerne Junior. Réalisé en 1994 par Ivan Reitman, cette comédie est une parfaite prémonition sociétale. Un gynécologue, le Dr. Larry Arbogast joué par Danny DeVito, fait des recherches extraordinaires. Il persuade son associé, Alex Hess, soit Arnold Schwarzenegger, de porter un bébé et de devenir ainsi le premier homme enceint de l’histoire ! Un quart de siècle avant la GPA, les scénaristes Kevin Wade et Chris Conrad développaient un point-limite du gendérisme, à savoir que porter un fœtus humain ne serait pas propre aux seules femmes.

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Hormis le remarquable Terminator (1984) de James Cameron qui consacre à la notoriété internationale le méchant androïde « Schwarzy », bien d’autres films éclairent paradoxalement quelques pans de l’« État profond », du très nietzschéen Commando (1985) de Mark Lester où il interprète le colonel en retraite des forces spéciales John Matrix capable à lui tout seul de battre une armée, à True Lies (1994) de James Cameron où Schwarzenegger joue Harry Tasker, l’agent spécial d’une officine gouvernementale ultra-secrète nommée « Secteur Oméga - Le Dernier Rempart ».

Clint Eastwood et Arnold Schwarzenegger sont par conséquent deux « conservacteurs » au fond particulièrement modernistes. Par leur incontestable talent, ces produits de l’américanisme contribuent à l’« hollywoodisation » des esprits européens depuis soixante-sept ans. Il serait temps de s’en rendre compte !

GF-T.

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 8, mise en ligne le 2 novembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 20 octobre 2021

Le libéralisme 1.0 et la quatrième théorie politique : alliés dans la lutte contre la grande réinitialisation

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Le libéralisme 1.0 et la quatrième théorie politique: alliés dans la lutte contre la grande réinitialisation

Michael Krumpmann

Source: https://katehon.com/de/article/liberalismus-10-und-die-vierte-politische-theorie-verbuendete-im-kampf-gegen-den-great-reset?fbclid=IwAR113oSt4JaQUejFILXpmrv2blo5XzdGhalarDefDUzoUCUp-S_7Cs3azSg

Dans son texte "Libéralisme 2.0", Alexandre Douguine a proposé une invitation informelle aux libertariens à rejoindre la quatrième théorie politique et la lutte contre le libéralisme de gauche et le Great Reset. Avant de devenir moi-même un partisan de Douguine, je fréquentais les cercles libertariens et j'étais, tout particulièrement, un partisan enthousiaste de Ron Paul. Je pense donc que je devrais réfléchir à la manière dont les autres libéraux/libertariens peuvent trouver leur chemin vers la "quatrième position". Parce que je fus l'un des premiers à avoir accepté cette invitation de Douguine.

Il y a quelques questions et points essentiels que ces libéraux devraient prendre en considération - à commencer par l'individu: bien sûr, l'individu en tant que sujet de la première théorie politique doit être remis en question. C'est là que le dilemme du hérisson de Schopenhauer entre en jeu. En gros, cela signifie que lorsque les gens se rapprochent les uns des autres, ils peuvent se faire du mal. La position des droits de l'homme chez les "liberals" actuels est maintenant que l'on doit veiller à ce que les gens ne se rapprochent pas trop les uns des autres de manière non intentionnelle. Les droits de l'homme sont désormais perçus comme des barrières imaginaires entre les gens.

Ce à quoi mène cette pensée est visible en Occident depuis 2020: les éléments clés dans la situation nouvelle sont les masques obligatoires et la distanciation sociale obligatoire, mais aussi des problèmes tels que la pornographie ou certaines idées anti-familiales du féminisme.

Au cours des dernières décennies, la technologie numérique a également fait un travail terrible en isolant les individus de leurs semblables. Le philosophe américain Curtis Guy Yarvin (photo), alias Mencius Moldbug, a imaginé que la pire des punitions serait d'enfermer une personne seule dans une capsule et de la faire vivre dans un monde virtuel imaginaire. Pour un nombre effrayant de personnes, cependant, c'est déjà la réalité de la vie aujourd'hui. Le Great Reset de Klaus Schwab semble intensifier massivement ces problèmes.

Il est donc dangereux de définir l'individu uniquement comme un sujet qui a besoin d'être protégé de ses semblables.

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Pour résoudre ce problème, il faut accorder plus d'attention à l'autre facette du dilemme du hérisson: l'homme ne peut pas vivre sans les autres. De nombreux philosophes ont également affirmé que l'être humain individuel ne peut se définir et être perçu que s'il vit avec d'autres êtres humains. Heidegger a dit : "Être, c'est être avec" (Mitsein) et Martin Buber a dit: "Le Je ne devient le Je que par le Tu". Les églises chrétiennes ont longtemps prêché exactement cette position, à savoir que l'individu a une dignité à laquelle il a droit, mais qu'il ne peut la vivre pleinement qu'en communauté avec d'autres personnes. La pensée compétitive ne mène nulle part à long terme.

Et un point très important pour les libéraux et libertariens est également que tout affaiblissement de la communauté naturelle, et tout plan visant à libérer l'individu de ses semblables, ne mène en fin de compte qu'à un renforcement du gouvernement et à une privation progressive des droits de l'individu. C'est pourquoi la communauté est nécessaire, également pour préserver la liberté.

La famille et les voisins sont plus à même d'aider l'individu dans son besoin que l'État-père.

La première théorie politique est une manifestation de la modernité et fait donc partie de la décadence.

Cependant, Douguine a très bien montré dans ses travaux précédents que dans les deuxième et troisième théories politiques, outre les courants dominants anti-traditionnels, il y avait aussi des gens comme Ustryalov (Oustrialov), Evola, Herman Wirth, etc. qui aspiraient à préserver ou à revenir à la tradition.

Il en va de même pour le libéralisme. Douguine a déjà fait référence à la célèbre description de Hayek sur l'importance de préserver les traditions. Son disciple et futur chancelier Ludwig Erhard, avec son appréciation de la famille traditionnelle et de la classe moyenne, peut être vu sous un jour similaire. Mais il existe d'autres exemples : Hans Hermann Hoppe et Janusz Korwin-Mikke avec leur opinion qu'une société libre n'est possible qu'en restaurant les institutions traditionnelles, comme la monarchie. Également Robert Heinlein, dont les œuvres décrivent l'importance du code du guerrier, ainsi que des idées sexuelles rappelant fortement des religions telles que le tantrisme.  Il ne faut pas oublier que les dernières principautés d'Europe, notamment Monaco et le Liechtenstein, font également partie des "pays préférés" de nombreux libéraux/libertariens.

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Hans Hermann Hoppe, Janusz Korwin-Mikke et Robert Heinlein

En tant que libéral qui veut arriver à la quatrième position politique, on devrait trouver et promouvoir de tels éléments pro-traditionalistes de son propre camp, permettant ainsi une "révolte contre le monde moderne (libéral)".

Il faut ensuite que le libéral, ou le libertarien, se rende compte que le libéralisme n'est pas la "seule chose qui rende heureux" et qu'il peut y avoir d'autres voies vers la liberté, qui peuvent peut-être être combinées à la sienne. Par exemple, les idées de Limonov et de Charles Fourier sur les petites communautés villageoises indépendantes qui peuvent déterminer leurs propres affaires et commercer entre elles seraient beaucoup plus tolérables pour un vrai libéral (ou un vrai libertarien) que le (pseudo) capitalisme d'État occidental d'aujourd'hui. Les existentialistes comme Nietzsche, Heidegger et Kierkegaard montrent bien que la liberté exige une attitude intérieure et que l'"homme de masse stupide" ne peut pas vivre librement même dans un État libre, car la liberté doit aussi inclure la liberté de ne pas être capitaliste. La liberté doit aussi inclure, par exemple, le fait de rejoindre un ordre monastique et de ne plus vouloir rien savoir de l'argent.

Par conséquent, le projet occidental de bombarder la démocratie dans d'autres pays doit également être combattu et rejeté du point de vue de la liberté. Mais il y a aussi des voix dans la première théorie politique qui sont contre cet "Empire américain". Un très grand nombre d'entre elles ont été bien présentées par Murray N. Rothbard dans son livre The Betrayal of the American Right. Ron Paul, bien sûr, est également connu pour une position similaire. Korwin Mikke a même plaidé pour une alliance anti-américaine entre la Pologne et la Russie.

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Dans "Constitution européenne", Jean Thiriart décrit une économie largement libre, quoique sous la primauté de l'armée, ce qui serait également acceptable pour les libéraux.

Dans "L'horizon de l'empire idéal" et "Le nouveau monarque de Thaïlande", Douguine lui-même a écrit sur l'idéal traditionnel d'un roi qui "gouverne sans gouverner", et qu'un bon roi doit idéalement faire si peu que la plupart des citoyens ne remarquent même pas son existence. Un tel dirigeant serait en fait beaucoup plus agréable pour les libéraux qu'une démocratie comme l'actuelle RFA.

Outre la question de savoir si l'homme peut également devenir libre par des moyens non libéraux, les libéraux/libertariens devraient également se demander quels aspects de leur propre position empêchent la liberté au lieu de la promouvoir.

Enfin, il convient de mentionner que l'écrivain américain d'extrême droite et parfois secrétaire de Joseph McCarthy, Francis Parker Yockey, a rédigé une critique détaillée de la pensée libérale.  Il a écrit que la pensée libérale était fondée sur l'idée que l'homme est si rationnel qu'il peut décider lui-même de son existence et n'a pas besoin du paternalisme de l'État. Mais les libéraux ont fait l'erreur de ramener l'État par le biais du minarchisme. Selon lui, un libéral conséquent devrait être un anarchiste.
On peut certes avancer l'argument selon lequel les adeptes du libéralisme 2.0 n'ont pu acquérir autant d'influence que parce qu'ils ont mis sous leur contrôle des appareils d'État tels que la télévision publique, l'éducation, le système judiciaire, etc. et que, volontairement, personne n'aurait eu l'idée qu'il existe 36.000 genres. Il existe, bien sûr, des arguments de poids en faveur d'un État fort et d'un État en général. Il faut seulement se demander si un "Great Reset" aurait pu émerger du libéralisme si les libéraux n'avaient pas écouté John Locke et Adam Smith, mais des gens comme Bakounine, Kropotkine ou Proudhon.

Les points positifs que l'on peut obtenir et apprendre du libéralisme sont, outre l'idée de liberté, surtout l'idée de décentralisation. Julius Evola a bien décrit le fait que les sociétés traditionnelles n'étaient pas des États centraux où un seul gouvernement gérait tout pour l'empire, mais des principautés et des provinces dotées d'un haut degré d'autonomie. Les libéraux sont également de grands partisans de l'idée de décentralisation.

jeudi, 29 juillet 2021

Auteurs libertariens: une bonne petite bibliographie

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Auteurs libertariens: une bonne petite bibliographie

par Nicolas Bonnal

Les intellectuels libertariens ont révisé toute leur histoire américaine. À l’heure de l’État profond devenu fou et rigolo, ce n’est pas une inutile affaire ; deuxièmement, ils se rapprochent du guénonisme (c’est très visible chez l’Allemand Hans Hoppe). La montée de l’État, de la bureaucratie, de la réglementation, de la fiscalisation suppose une dégénérescence métaphysique, celle que pressentaient d’ailleurs les taoïstes chinois il y a plus de deux mille ans, quand les empereurs (relisez René Grousset) organisaient déjà des Grands remplacements de population: un autre livre à écrire ! La réfutation taoïste de l’État providence fut il y a vingt ans mon premier texte posté sur le web, par Alain Dumait, aux 4 vérités.Tout est disponible gratuitement sur Mises.org. Vous donnez ce que vous voulez. Je ne sais pas si j’écrirai un livre de présentation de cette splendide école, qui se rattache à Tocqueville, Benjamin Contant, et Frédéric Bastiat. Raico n’aimait pas trop Hayek et il adorait ces penseurs français. Une grande partie des libéraux que j’ai connus dans les années quatre-vingt-dix ont fini néocons.

J’ai insisté surtout sur les travaux historiques, plus intéressants pour nous.

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On commence par Murray Rothbard, auteur du manifeste libertarien. Ses pages sur l’histoire diplomatique sont extraordinaires de culot, de bon sens et d’autorité. Il exonère Staline pour la Guerre Froide, comme Ralph Raico d’ailleurs ! On peut lire aussi son livre sulfureux sur Wall Street et les banques. Enfin, bien sûr, Rothbard irrépressible, où il défend sa conception de la culture et du cinéma, qui est la mienne ; et le film de Corneau Tous les matins du monde. Dans le même livre, Murray faisait la chasse aux chasseurs d’antisémites ! On n’a pas fini de rire ! C’était à propos des menaces et des insultes qui frappaient le pauvre Buchanan. Murray définit nûment la théorie de la conspiration « Ce qui s’oppose au mensonge des historiens officiels. »

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Ralph Raico est mort en 2016, raison de plus pour l’honorer cinq ans plus tard, ce maître. Son chef-d’œuvre concerne les grands leaders et les grandes guerres. Ces grands leaders sont tous des catastrophes car pour devenir un grand président, il faut la guerre, civile ou mondiale. Wilson, Lincoln, Roosevelt, etc. sont restés dans les mémoires grâce à leurs horreurs.

Lisez aussi le Raico sur les libéraux romantiques français.

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Shaffer Butler : Les magiciens d’Ozymandia, d’après le beau poème oublié de Shelley. Le ton est plus philosophique et traditionnel. Butler fait le commentaire de l’écroulement vaseux de la civilisation US et occidentale. C’est lui l’auteur du « test Hitler », d’où il ressort que « l’écolo antitabac, contrôleur de vitesse, végétarien et guerrier humanitaire Hitler est, quand il est présenté anonymement, plus populaire auprès des jeunes que Jefferson (esclavagiste, rebelle armé, contrebandier, planteur de tabac,…) »

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John Denson, Les reconsidérations sur la présidence. Livre collectif et splendide sur la montée du totalitarisme américain. Une contribution de l’universitaire Michael Levin, sur le président comme ingénieur social. Comment aussi on a saboté les études (un autre grand humaniste juif, Harold Bloom, en avait parlé), l’armée, tout au nom du PC.

Les coûts de la guerre, essai sur les victoires pyrrhiques de l’Amérique. Merveilleux ouvrage collectif. Édité encore par John Denson. Extraordinaire contribution de Rothbard sur les deux seules guerres justes (1776 et Sécession, côté sudiste bien sûr) et de Joseph Stromberg sur la guerre hispano-américaine de 1898, qui démarra avec un faux attentat et se termina par un génocide aux Philippines, puis la fondation de l’interventionnisme destructeur et presque calamiteux (Cuba, Corée, Vietnam, l’Amérique centrale…).

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La Guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle par Harry Elmer Barnes. J’ai évoqué Frédéric Sanford sur la manière dont Roosevelt empêcha un règlement européen et antihitlérien à Munich. Sur ces sinistres affaires, lire et relire aussi Guido Preparata. Hitler, le monstre anglophile et utile pour la dominance anglo-saxonne dans ce monde…

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Le mythe de Roosevelt de John Flynn qui a vu la montée de l’ère managériale en même temps que James Burnham. Livre effarant par sa justesse. Lisez tout John Flynn, journaliste et héros de la guerre antisystème.

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Thomas Di Lorenzo : Lincoln, qui montre ce que tous les lecteurs de mémorialistes savaient : Lincoln détraqué, homme du business et des tarifs douaniers, fanatique étatique de la loi, et qui prépara sur les cendres du vieux sud (600 000 morts pour abolir un esclavage aboli partout ?) le nouveau désordre américain.

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Démocratie, le dieu qui a échoué, de l’Allemand Hans-Hermann Hoppe. Un régal pour les réacs.

 

lundi, 21 décembre 2015

Conservatives and Libertarians: Uneasy Cousins

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Conservatives and Libertarians: Uneasy Cousins

by Robert Nisbet

Ex: http://www.theimaginativeconservative.org

By common assent modern conservatism, as political philosophy, springs from Edmund Burke: chiefly from his Reflections on the Revolution in France, published in 1790. That book is of course more than a brilliantly prescient analysis of the Revolution and its new and fateful modes of power over individual lives; the Reflections is also, through its running asides and obiter dicta, one of the profoundest treatments of the nature of political legitimacy ever written. Modern political conservatism, as we find it in a European philosophical tradition from about 1800 on, takes its origin in Burke’s insistence upon the rights of society and its historically formed groups such as family, neighborhood, guild and church against the “arbitrary power” of a political government. Individual liberty, Burke argued–and it remains the conservative thesis to this day–is only possible within the context of a plurality of social authorities, of moral codes, and of historical traditions, all of which, in organic articulation, serve at one and the same time as “the inns and resting places” of the human spirit and intermediary barriers to the power of the state over the individual. The influence of Burke’s Reflections was immediate, and all the major works of European philosophical conservatism–those of Bonald, de Maistre, the young Lamennais, Hegel, Haller, Donoso y Cortes, Southey and Coleridge, among others–in the early nineteenth century are rooted, as their authors without exception acknowledged, in Burke’s seminal volume.

Burke, it might be stressed here, had a political-ideological record leading up to his famous Reflections that was not regarded in his time, and would not be ordinarily thought of today, as quintessentially conservative. He had been from boyhood an ardent admirer of the glorious revolution of 1688 which had taken place four decades before his birth. When troubles with the American colonies broke out in the 1760’s, Burke threw himself without reserve on the side of the colonists, and his parliamentary speeches on the Americans and on what he regarded as the hateful practices of the British government are of course classics. He may not have endorsed the colonies‘ decision to go to war, to seek a complete break with England, but his sympathies lay nonetheless with those Englishmen who had created the New World of America. It is worth recalling that, as with respect to the Americans, some of Burke’s most powerful speeches in Parliament were delivered in behalf of India and its traditional culture and in fierce opposition to Warren Hastings, whom Burke sought unsuccessfully to indict, and the British East India Company for its depredations in India. And finally, Burke, for all his love of England and English ways, was unrelenting in his criticisms of the government for its treatment of Ireland, where Burke had been born. In sum, with good reason Burke’s close friend, that essential Tory, Dr. Johnson, could worry over Burke’s Whiggism.

Turning now to the foundations of contemporary libertarianism, of classical liberalism, we can go back at least as far as John Locke’s Second Treatise if we choose, to the writings of Montesquieu in France in the eighteenth century, those of Jefferson in America, and Adam Smith in England. But the securest and most vivid source of libertarianism seems to me to lie in J. S. Mill’s On Liberty, published in 1859, the same year in which Darwin’s Origin of the Species appeared (which has its own relation to classical liberalism and thus contemporary libertarianism, through its central thesis of natural selection, the biological version of what the classical liberals called the free market, using the phrase in its widest sense).

It is in On Liberty that Mill expresses at the beginning of the essay the famous “one very simple principle.” Mill writes: “The sole end for which mankind are warranted, individually and collectively, in interfering with the liberty of action of any of their number is self-protection. . . , His own good, either physical or moral, is not a sufficient warrant.” I suggest that Mill’s “one very simple principle” is the core of contemporary libertarianism. It is necessary, though, to note Mill’s immediate qualifications to the principle, qualifications which may or may not be acceptable to the majority of libertarians in our own day. Thus we learn that the principle does not apply to those below their legal majority, an abridgement that large numbers of high school and college students today would ridicule and reject. Nor does the principle hold for those Mill rather cryptically identifies as being “in a state to require being taken care of by others,” a state that must include all those on any form of welfare in our society as well as those whom Mill probably had chiefly in mind, the chronically ill and the mentally deficient. Mill categorically excludes from this principle of liberty all peoples on earth who are in what he calls “backward states of society.” For them, he declares, despotism remains necessary, albeit as enlightened as possible, until through social evolution these peoples reach the level of the modern West in civilization.

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Robert Nisbet

Later in the essay Mill goes so far as to deny the principle of liberty to those around us who are, in his word, “nuisances” to others. And, he continues, “no one pretends that actions should be as free as opinions.” In its bald statement Mill’s one very simple principle would most certainly give legitimacy to contemporary pornography in all spheres as well as to noisy, order-disrupting, potentially violent street demonstrations. But with the qualifications just cited, it is far from evident that Mill’s view of legitimate freedom would give sanction to contemporary license-moral, political, religious whatever. It is impossible not to believe that even in bald, abstract statement, Mill’s single, simple principle was intended to apply only to people formed intellectually and morally as Mill himself was. But such observations do not affect the sheer power that has been exerted, especially during the past half-century, by Mill’s principle-in philosophy, the social sciences, theology, law, and most recently in popular morality. (Looking at the scene around us, who can seriously doubt that the counterculture won the important battles in its war against traditional American morality, commencing in the 1950’s and reaching its high-point in the late 1960’s? And in essence these battles were waged in the spirit of Mill’s one very simple principle. Mill may have taken seriously the checks and limits he prescribed, but others, looking at the principle in the discrete, abstract, and categorically imperative form in which Mill set it down, have felt no similar obligation.)

II

So much for the roots of conservatism and libertarianism. What I shall now do is turn to the more important growths from these roots which lie around us at the present time. What are they, what are their likenesses, and what are the differences, assessed by the criteria of the conservative and the libertarian mind respectively? For the sake of clarity I shall begin with what the two minds would appear to have in common.First is common dislike of the intervention of government, especially national, centralized government, in the economic, social, political, and intellectual lives of citizens. Edmund Burke was quite as adamant in this regard (see his strictures on French centralization and nationalization in the Reflections) as Mill or any other classical liberal was or would be, and that position has been maintained to the present day. Doubtless conservatives are more willing than libertarians to see the occasional necessity of suspension or abrogation of this position toward national government–as with respect to national defense, which I shall come back to later, but in general, over a substantial period of time, conservatism may be seen quite as clearly as libertarianism as a philosophy anchored in opposition to statism. Certainly by comparison with what today passes for liberalism, progressivism, populism, and social democracy or socialism, there is very little difference to be found between libertarians and conservatives in respect to attitudes toward the political state.

Second, and again by comparison with the other groups I have just cited, there is a great deal of consensus among conservatives and libertarians as to what legitimate equality in society should consist of. Such equality is, in a word, legal. Again we may hark back to Burke and Mill on this matter. For one as much as the other, equality before the law was vital to the flourishing of individual freedom. I see nothing in the contemporary writings of libertarians and conservatives to suggest that anything more than an occasional nuance or emphasis separates the two groups when it comes to equality. There is equal condemnation of what has come to be called equality of result, of social condition, or income or wealth.

Third, there is a common belief in the necessity of freedom, and most notably, economic freedom. Again, on the record, there appear to be more conservatives than libertarians who on occasion are prepared to endorse occasional infringements upon individual economic freedom through laws and regulatory agencies designed to protect or lift up one or other disadvantaged group. One thinks of British Toryism in the nineteenth century or of Senator Robert Taft on public housing in the late 1940’s. Inasmuch as few if any all-out libertarians have yet faced the kinds of pressure in high public office which come from groups demanding one or other entitlement or exemption, it is not possible to compare libertarians and conservatives in terms of demonstrated adherence to philosophical principles when political practicalities and long-range ends are involved.

Robert-Nisbets-Conservatism.jpgFourth, there is a common dislike of war and, more especially, of war-society, the kind of society this country knew in 1917 and 1918 under Woodrow Wilson and again under FDR in World War II. Libertarians may protest this, and with some ground. For, the complete libertarian is certainly more likely to resist in overt fashion than is the conservative–for whom respect for nation and for patriotism is likely to be decisive even when it is a war he opposes. Even so, I think there is enough common ground, at least with respect to principle, to put conservatives and libertarians together. And let us remember that beginning with the Spanish-American War, which the conservative McKinley opposed strongly, and coming down through each of the wars this century in which the United States became involved, the principal opposition to American entry came from those elements of the economy and social order which were generally identifiable as conservative-whether “middle western isolationist,” traditional Republican, central European ethnic, small business, or however we wish to designate such opposition. I am certainly not unmindful of the libertarian opposition to war that could come from a Max Eastman and a Eugene Debs and from generally libertarian conscientious objectors in considerable number in both world wars, but the solid and really formidable opposition against American entry came from those closely linked to business, church, local community, family, and traditional morality. (Tocqueville correctly identified this class in America as reluctant to engage in any foreign war because of its predictable impact upon business and commerce chiefly, but other, social and moral activities as well.) This was the element in American life, not the miniscule libertarian element, that both Woodrow Wilson and FDR had to woo, persuade, propagandize, convert and, in some instances, virtually terrorize, in order to pave the way for eventual entry by U.S. military forces in Europe and Asia.

As some of the foregoing has already suggested, there is shared dislike by libertarians and conservatives of what today passes for liberalism: the kind that is so widely evident in the schools, the established churches, the universities, and, above all, the media, most spectacularly the electronic media. In passing, I would like to suggest that conservatism, on the historical record, has done more to oppose, circumvent, or defeat specific manifestations of this so-called liberalism than has libertarianism. I can recall many a conservative in the 1930’s speaking out against Social Security, the AAA, the NRA, and the free-wheeling, increasingly arrogant National Education Association with its canonization of progressive libertarianism for tots in kindergarten. Perhaps there were some libertarians then also active, but I don’t recall. However, I’m not cavilling. History decides these things. There were far more conservatives than libertarians in the America of that day, or at least identified, politically active conservatives. In the next decade or two, things may well become reversed in this sphere.

III

Now to the differences, or some of them, at any rate. These are important, very important! For everything at the moment suggests that the differences between conservatism, all-out or neo-, and libertarianism, anarcho-or constitutional, are going to loom increasingly large and divisive. By and by, it will be impossible, I would guess, for the phrases “libertarian-conservative’’ and “conservative- libertarian” to be other than oxymoronic: like referring to a mournful optimist or a cruel kindness. Here too I shall avoid cases and cling to principles and perspectives.

First is the contrasting way in which the two groups perceive the population. Conservatives, from Burke on, have tended to see the population much in the manner medieval legists and philosophical realists (in contrast to nominalists) saw it: as composed of, not individuals directly, but the natural groups within which individuals invariably live: family, locality, church, region, social class, nation, and so on. Individuals exist, of course, but they cannot be seen or comprehended save in terms of social identities which are inseparable from groups and associations. If modern conservatism came into existence essentially through such a work as Burke’s attack on the French Revolution, it is because the Revolution, so often in the name of the individual and his natural rights, destroyed or diminished the traditional groups–guild, aristocracy, patriarchal family, church, school, province, etc.–which Burke declared to be the irreducible and constitutive molecules of society. Such early conservatives as Burke, Bonald, Haller, and Hegel (of The Philosophy of Right) and such conservative liberals as the mature Lamennais and of course Tocqueville, saw individualism–that is, the absolute doctrine of individualism, as being as much of a menace to social order and true freedom as the absolute doctrine of nationalism. Indeed, they argued, it is the pulverizing of society into a sandheap of individual particles, each claiming natural rights, that makes the arrival of collectivist nationalism inevitable.

Libertarians are not blind to the existence of groups and associations, nor to the traditions and customs which are their cement, and it would be absurd to characterize libertarians as undiscriminating enemies of all forms of association. They do not propose return to the Enlightenment’s vaunted state of nature. Only rarely does a libertarian sound like a clone of Max Stirner. They are as devoted to the principle of voluntary association as any conservative. And we should not forget that the libertarian anarchism of a Proudhon or Kropotkin was based upon a social order of groups, not abstract, Godwinian individuals. Even so, reading the libertarian journals and reviews of the last several years, I am convinced that there is a much larger egoist-hormone in libertarian physiology than there is in conservative. More and more, one has the impression that for libertarians today, as for natural law theorists in the seventeenth century, individuals are alone real; institutions are but their shadows. I believe a state of mind is developing among libertarians in which the coercions of family, church, local community, and school will seem almost as inimical to freedom as those of the political government. If so, this will most certainly widen the gulf between libertarians and conservatives.

Which leads me to a second major difference between the two groups. The conservative philosophy of liberty proceeds from the conservative philosophy of authority. It is the existence of authority in the social order that staves off encroachments of power from the political sphere. Conservatism, from Burke on, has perceived society as a plurality of authorities. There is the authority of parent over the small child, of the priest over the communicant, the teacher over the pupil, the master over the apprentice, and so on. Society as we actually observe it, is a network or tissue of such authorities; they are really numberless when we think of the kinds of authority which lie within even the smallest and human groups and relationships. Such authority may be loose, gentle, protective, and designed to produce individuality, but it is authority nevertheless. For the conservative, individual freedom lies in the interstices of social and moral authority. Only because of the restraining and guiding effects of such authority does it become possible for human beings to sustain so liberal a political government as that which the Founding Fathers designed in this country and which flourished in England from the late seventeenth century on. Remove the social bonds, as the more zealous and uncompromising of libertarian individualists have proposed ever since William Godwin, and you emerge with, not a free but a chaotic people, not with creative but impotent individuals. Human nature, Balzac correctly wrote, cannot endure a moral vacuum.

nisbetC+L._SX316_BO1,204,203,200_.jpgTo argue, as some libertarians have, that a solid, strong body of authority in society is incompatible with individual creativity is to ignore or misread cultural history. Think of the great cultural efflorescences of the 5th century B.C. in Athens, of 1st century, Augustan Rome, of the 13th century in Europe, of the Age of Louis XIV, and Elizabethan England. One and all these were ages of social and moral order, powerfully supported by moral codes and political statutes. But the Aeschyluses, Senecas, Roger Bacons, Molieres, and Shakespeares flourished nonetheless. Far from feeling oppressed by the hierarchical authority all around him, Shakespeare–about whose copious individuality there surely cannot be the slightest question–is the author of the memorable passage that begins with “Take but degree away, untune that string, and hark! what discord follows; each thing meets in mere oppugnancy.” As A. L. Rowse has emphasized and documented in detail, the social structure of Shakespeare’s England was not only solid, its authority ever evident, but nothing threw such fear into the people as the thought that authority–especially that designed to repulse foreign enemies and to ferret out traitors–might be made too loose and tenuous. Of course such authority could become too insistent at times, and ingenious ways were found by the dramatists and essayists to outwit the government and its censors. After all, it was strong social and moral authority the creative minds were living under–not the oppressive, political-bureaucratic, limitless invasive, totalitarian governments of the twentieth century.

It might be noted finally that the greatest literary presences thus far to appear in the twentieth century Western culture have nearly all been votaries of tradition and cultural authority. Eliot, Pound, Joyce, Yeats, and others all gave testimony to authority in poem, essay and novel, and all, without exception, saw the eventual death of Western culture proceeding from annihilation of this authority in the names of individualism and of freedom. To be sure there is–and this is recognized fully by the conservative–a degree of liberty below which nothing of creative significance can be accomplished. Without at least that degree of freedom, no Shakespeare, no Marlowe, no Newton. But what is less often realized, conservatives would say, is that there is a degree of freedom above which nothing of creative significance can be, or is likely to be, accomplished. Writers in the late twentieth century do their work in the freest air writers have ever breathed, while composing their literary works. But it is apparent from the wretched mess of narcissism, self-abuse, self-titillation, and juvenile, regressive craving for the scatological and obscene that the atmosphere has become so rareified as to have lost its oxygen.

On balance, I would hazard the guess that for libertarians individual freedom, in almost every conceivable domain, is the highest of all social values–irrespective of what forms and levels of moral, aesthetic, and spiritual debasement may prove to be the unintended consequences of such freedom. For the conservative, on the other hand, freedom, while important, is but one of several necessary values in which the good or just society, and not only may but should be restricted when such freedom shows signs of weakening or endangering national security, of doing violence to the moral order and the social fabric. The enemy common to libertarians and to conservatives is what Burke called arbitrary power, but from the conservative viewpoint this kind of power becomes almost inevitable when a population comes to resemble that of Rome during the decades leading up to the accession of Augustus in 31 B.C.; of London in the period prior to Puritan and then Cromwellian rule; of Paris prior to the accession of Napoleon as ruler of France; of Berlin during most of Weimar; and, some would say, New York City of the 1970’s. It is not liberty but chaos values in the good or just society, and not only but from the conservative viewpoint this kind and license which, conservatives would and do say, come to dominate when moral and social authorities–those of family, neighborhood, local community, job, and religion–have lost their appeal to human beings. Is it likely that the present age, that of, say, the last forty years and, so far as we can now see, the next couple of decades at very minimum, will ever be pronounced by later historians as a major age of culture? Hardly. And can it seriously be thought in this age of The Naked Lunch, Oh! Calcutta, The Hustler, and Broadway Sex Live and Explicit that our decadent mediocrity as a culture will ever be accounted for in terms of excessive social and moral authority?

Libertarians on the other hand appear to see social and moral authority and despotic political power as elements of a single spectrum, as an unbroken continuity. If, their argument goes, we are to be spared Leviathan we must challenge any and all forms of authority, including those which are inseparable from the social bond. Libertarians seem to me to give less and less recognition to the very substantial difference between the coercions of, say, family, school, and local community and those of the centralized bureaucratic state. For me it is a generalization proved countless times in history that the onset of ever more extreme political-military power has for its necessary prelude the erosion and collapse of the authorities within the social bond which serve to give the individual a sense of identity and security, whose very diversity and lack of unconditional power prevents any escape-proof monopoly, and which in the aggregate are the indispensable bulwarks against the invasion of centralized political power–which of course is unconditional. But I do not often find among libertarians these days any clear recognition of the point I have just made.

There is a final area in which the difference between conservatives and libertarians is likely to grow steadily: the nation. I stand by everything I have said in support of social authority, diversity and pluralism, and in opposition to concentration of national power. I do not have to be instructed on the number of times war, and mobilization for and prosecution of war have led to “temporary” centralizations and nationalizations which, alas, proved to be permanent. War is, above any other force in history, the basis of centralization and collectivization of the social and economic orders. No conservative can relish, much less seek, war and its attendant militarization of social and civil spheres of society.

Unfortunately we do not live in a clement world so far as conservative and libertarian ideals are concerned. It is a world in which despotisms as huge and powerful as the Soviet Union and China survive and prosper-at least in political and diplomatic respects. For the United States to ignore or to profess indifference to the aggressive acts of these and many other military, aggressive despotisms would be in time suicidal. As Montesquieu wrote in a different context: it takes a power to check a power. Nothing short of a strong, well armed, alert and active American nation can possibly check the Soviet or Chinese or Cuban nation.

No conservative to my knowledge has ever renounced or reviled the nation, conceived as a cultural and spiritual, as well as political entity. Burke adored the nation. He merely insisted upon in seeing it–in vivid contrast to the Jacobins in his day–as a community of communities, as one built upon a diversity of what he called “the smaller patriotisms” such as family and neighborhood. So have conservatives, or the great majority of them, ever since chosen to see the nation. But what conservatives also see in our time, and with a sharpness of perception lacking among libertarians, is the tenuous condition of the American nation-and the English and French as well. There is good nationalism and bad. But even good nationalism has become an object of either nostalgia or revulsion in our time. Patriotism, the cement of the nation, has come to be an almost shameful thing. The weakness of American government right now in the world of nations, a weakness that increasingly draws contempt and distrust from nations we desire close cooperation with, and the dearth of leadership in America in whatever sphere, are rooted in a nation that shows increasing signs of moribundity.

nisbetrobSKJrxL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgLibertarians, whom I herewith stipulate to be as patriotic and loyal American as any conservatives, do not, in my judgment, see the national and world picture as I have just drawn in. For them the essential picture is not that of a weakened, softened, and endangered nation in a world of Soviet Unions and Chinas and their satellites, but, rather, an American nation swollen from the juices of nationalism, interventionism and militarism that really has little to fear from abroad. Conservatives remain by and large devoted to the smaller patriotisms of family, church, locality, job and voluntary association, but they tend to see these as perishable, as destined to destruction, unless the nation in which they exist can recover a degree of eminence and international authority it has not had since the 1950’s. To libertarians on the other hand, judging from many of their writings and speeches, it is as though the steps necessary to recovery of this eminence and international authority are more dangerous to Americans and their liberties than any aggressive, imperialist totalitarianisms in the world.

Conservatives will, or certainly should, also be alert to these dangers and seek with every possible strength to reduce them, all the while the American nation is recovering its lost leadership, in domestic as well as international affairs. But for conservatives the overriding, the supreme danger will be, I imagine, and personally hope, the danger posed by current American weakness in a world of dangerously aggressive military despotisms. Nothing at the moment suggests that this consideration will be overriding for libertarians. And it is on this rock above all others I have mentioned that conservatives and libertarians will surely break off altogether what has been at least from the start an uneasy relationship.

Books mentioned in this essay may be found in The Imaginative Conservative BookstoreThis article is a revised version of an address delivered before the Philadelphia Society at its annual national meeting, held in Chicago in April of 1979. Reprinted with the gracious permission of Modern Age (Winter 1980).

jeudi, 22 janvier 2009

Wat is Lijst De Decker?

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Wat is Lijst Dedecker?

Geplaatst door yvespernet op 21 januari 2009

Zijn ze Vlaams-nationalisten of niet? Zijn ze liberalen, libertariërs of wat zijn ze in godsnaam? Wel, laten we eens kijken naar een paar citaten uit een oudere tekst van Boudewijn Bouckaert. De titel alleen al is enorm veelzeggend:

http://www.libertarian.nl/wp/2001/01/nationalisme-en-socialisme-vijanden-van-vrede-en-vrijheid/

Anders dan het libertarisme stelt het nationalisme het uniek karakter van groepen van mensen, nl. naties, centraal. Op basis van een aantal gemeenschappelijke kenmerken zoals taal, ras, een zelfde staatsgezag, cultuur, godsdienst, meent de nationalist relevante groepen in de mensheid te kunnen onderscheiden. [...] nationalisten achten raciale kenmerken relevant (nationaal-socialisten), anderen houden het bij de historische roeping van een volk(fascisten), nog anderen bij de taal, de godsdienst, enz. Uit hun visie dat slechts groepen uniek zijn, leiden de nationalisten nochtans allen één gelijkaardige politieke conclusie af, nl. de gemeenschappelijke doelstreving, eigen aan alle leden van de natie, moet automatisch tot een politieke consensus op collectief niveau kunnen leiden.

Ondanks het feit dat Bouckaert zegt dat socialisme een vijand is van “vrede en vrijheid”, meent hij toch een deel van hun “antifascistisch” discours over te nemen. Door nationalisme op één hoop te gooien met nationaal-socialisme en fascisme toont hij dat hij totaal geen idee heeft van de invulling van een zeer groot deel van de volksnationalisten in de wereld. Dat zijn immers socialisten (ETA, IRA, etc…), maar aangezien dat ook vijanden zijn van “vrede en vrijheid” neem ik aan dat Bouckaert ze voor het gemak even bij elkaar gesmeten heeft. Laten we verder lezen.

Gedurende de 19e eeuw, en dit onder invloed van Jeans-Jacques Rousseau, opteerde het nationalisme meestal voor directe of representatieve democratie (vb. het nationaal-liberalisme in Frankrijk en Duitsland). De spontane gemeenschappelijkheid van de natie werd geacht via democratische procedures het duidelijkst tot uiting te komen. Vrij vlug bleek echter dat de democratische staatsvorm aanleiding gaf tot partijvorming, belangengroepen. [...] Ook de liberale beginselen van vrije transactie en vrijheid van arbeid waren een gruwel in de ogen van het nationalisme. Deze beginselen zetten de leden er immers toe aan hun eigen belangen boven het ‘nationaal belang’ te plaatsen. In de plaats van deze beginselen stelde het nationalisme een corporatieve ordening.

Wat Bouckaert onder de vrije transactie en vrijheid van arbeid verstaat, wordt hier netjes onduidelijk gelaten. Nationalisten hebben trouwens altijd gesteld dat er een nationaal belang is, wat ik ook onderschrijf. Het is echter het huidige kapitalistische systeem, en vooral het kapitalistische concurrentiedenken, dat ervoor zorgt dat de tegengestelde belangen de bovenhand voeren. Daarbij, nationalisten hebben nooit ontkend dat er zoiets zou zijn als tegengestelde belangen, wat belachelijk zou zijn. Die zijn er immers op alle niveau’s, wat nationalisten aanklagen is dan ook het primeren van die tegengestelde belangen op de hoogste niveau’s. Over de kritiek van Bouckaert op het socialisme ga ik niet ingaan, daar zijn socialisten voor. Maar de hiaten in zijn stellingen daar zijn niet echt moeilijk op te sporen. Men zou toch denken dat een voormalige socialist toch wel beter zou weten hoe het socialisme denkt en werkt.

Is LDD een Vlaams-nationalistische partij? Uiteraard niet, het zijn een bende liberalen die een platte retoriek gebruiken om de maatschappij te breken. Individuen mogen zich niet langer bezighouden met enige binding in groepen, want dat is “kuddedenken”. Andere mensen overtuigen van een bepaalde ideologie wordt herleid tot je mening opdringen. De conclusie van Bouckaert toont ook waar ze nu echt voor staan:

De neiging van de nationalistische en socialistische demagogen om hun preferenties te veralgemenen en op te dringen aan gehele groepen, blijft onvermijdelijk het vuur van de dictatuur, onverdraagzaamheid en oorlog aanwakkeren. [...] Slechts het afzweren van het kuddedenken en de verbreiding van het libertarisch gedachtegoed kan bijgevolg een duurzame grondslag vormen voor een wereldordening in vrede en vrijheid.

Lijst Dedecker, een hoop libertarische zeikerds bij elkaar.

vendredi, 21 novembre 2008

Wat te leren van het geval Ron Paul?

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Wat te leren van het geval Ron Paul?