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mercredi, 20 février 2008

Communiqué Kossovo

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Synergies Européennes – Communiqué – 20 février 2008

 

Réflexions sur la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo

 

La question se pose : faut-il ou ne faut-il pas reconnaître l’indépendance du Kosovo ? En d’autres termes, peut-on reconnaître le droit d’une population, disposant d’un parlement infra-étatique, à proclamer son indépendance, si la majorité de ses représentants sont en faveur d’une telle démarche ?

 

Dans ce questionnement, deux principes se télescopent :

 

1)       Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le droit de toute identité, reposant sur des critères objectifs et des bases concrètes (ethniques, linguistiques, historiques, etc.), à se doter d’un système de représentation politique propre dans un cadre spatio-temporel déterminé, que ce soit dans le cadre d’un Etat multiethnique (selon le modèle helvétique) ou dans un Etat qui prévoit un fédéralisme, plus ou moins étendu, selon d’autres modèles, comme le fédéralisme allemand ou l’Etat de communautés autonomes qu’est actuellement l’Espagne. Ce droit à l’autonomie donne-t-il le droit à l’indépendance ? La question peut demeurer ouverte dans le cadre européen.

 

2)       Le droit des peuples européens à refuser toute balkanisation qui affaiblit le continent dans son ensemble, génère en son sein des conflits exploitables par des puissances tierces, généralement étrangères au territoire européen (selon la terminologie de Carl Schmitt : des « raumfremde Mächte »).

 

Le premier de ces principes est un principe de droit. Le second de ces principes est un principe géopolitique. La déclaration unilatérale de l’indépendance du Kosovo suscite une contradiction : elle oppose, du fait même d’avoir été proclamée unilatéralement, le droit à la géopolitique, alors qu’en Europe droit et géopolitique ne devraient pas s’opposer mais former, de concert, une unité indissoluble. Le droit doit aider à consolider l’ensemble territorial, à barrer la route à toute tentative de dislocation et non à sanctionner des pratiques débouchant sur l’affaiblissement ou le démantèlement.

 

Le droit à l’autonomie, même la plus étendue qui soit, voire à l’indépendance étatique, est inaliénable dans la perspective jadis dessinée par Herder, défenseur philosophe des identités populaires, dans le monde germanique, comme dans les Balkans, justement, où il a compté beaucoup de disciples. Cependant, ce jeu dialectique complexe entre l’identité locale et particulière, d’une part, et, d’autre part, la nécessité d’assurer un cadre solide où toutes ces identités locales et particulières pourraient se déployer en paix et en harmonie implique de bâtir, tous ensemble en Europe, un cadre commun tiré des expériences vécues, souvent tragiquement, par les peuples d’Europe au fil des siècles. Ce cadre commun devrait être l’avatar contemporain d’une unité initiale commune, qui a pris son envol et son essor à partir d’un territoire centre-européen dès la fin de la préhistoire, dans les prémisses de la proto-histoire. Le fait ethno-historique européen s’est diffusé au départ d’un centre, principalement haut-danubien (territoire des cultures du Michelsberg, puis des civilisations de La Tène et de Hallstatt), qui s’est, en suivant les rives du grand fleuve, propagée ensuite dans les Balkans (cultures de Lipinski-Vir, de Starcevo, etc.). Les Balkans sont nôtres, s’ils sont notre Ergänzungsraum immédiat, notre tremplin vers la Méditerranée orientale, l’Egypte, l’Anatolie, le Croisant Fertile.

 

Ce droit à l’autonomie est certes un droit, mais uniquement pour ceux qui reconnaissent pleinement l’unité primordiale de nos peuples avant leur diffusion dans leurs vastes périphéries. L’albanité, comme l’hellenité, la celticité ou l’italité, n’échappent pas à cette règle. Nous reconnaissons donc totalement le principe d’une albanité européenne, en marche vers le Sud, vers la Méditerranée orientale et vers l’Egypte (Mehmet Ali était d’origine albanaise). Mais le Kosovo, en devenant musulman après la conquête ottomane, cesse d’être cette albanité capable de se projeter vers ce Midi et cet Orient pour agrandir l’ager europeus. C’est la trahison par rapport à l’esprit du grand héros Skanderbeg, capitaine en Adriatique au XV° siècle, aux portes de la Méditerranée orientale, contre les Ottomans. En devenant ottomane et musulmane, l’albanité tourne ses forces contre le centre de l’Europe, se fait fer de lance de deux directions géopolitiques étrangères et donc ennemies de l’Europe : la direction des peuples turco-mongols (qui part de Mongolie vers la puszta hongroise et vers l’Adriatique) et la direction des peuples hamito-sémitiques (qui part de la péninsule arabique vers tous les azimuts).

 

Indépendant, le Kosovo deviendrait le troisième Etat musulman dans les Balkans après l’Albanie et la Bosnie. Il formerait avec elles une avant-garde pantouranienne (turco-mongole) et arabo-musulmane (hamito-sémitique) au beau milieu d’une région qui fut toujours le tremplin de l’Europe vers sa périphérie est-méditerranéenne et égyptienne. Une Europe verrouillée en cette région même des Balkans n’aurait plus de réelle ouverture sur le monde, serait condamnée au sur-place et à l’implosion. Que l’on se souvienne des peuples pré-helléniques qui feront la gloire de la Grèce antique : ils ont d’abord transité par les Balkans, y compris les Macédoniens de Philippe et d’Alexandre. Que l’on se souvienne de Rome, qui a d’abord dû pleinement maîtriser les Balkans avant de passer à l’offensive en Asie Mineure et de jeter son dévolu sur l’Egypte. L’Europe ne peut tolérer de corps étranger dans cette région hautement stratégique. Tout corps étranger, c’est-à-dire tout corps qui entend appartenir à des ensembles qui ne respectent pas les directions géopolitiques traditionnelles de l’Europe, empêche le développement actuel et futur de notre continent. Dans les luttes planétaires qui se dessinent en cette aube du XXI° siècle, accepter un tel affaiblissement est impardonnable de la part de nos dirigeants.

 

Dans les querelles qui ont animé, au cours de ces dernières années, la petite scène intellectuelle parisienne, certains polémistes ont argué qu’il y a, ou avait, alliance implicite entre le germanisme centre-européen et l’ottomanisme, puis entre le germanisme et les indépendantistes bosniaques et albanais, pendant les deux grandes conflagrations mondiales de 1914-1918 et de 1939-1945. Cet argument ignore bien évidemment le changement de donne. Le pôle majeur de puissance, qui se projetait en ces époques, se situait justement au centre de notre continent, dans les bassins fluviaux parallèles du nord de l’Europe et dans le bassin danubien, et entraînait le pôle ottoman dans une dynamique dirigée vers le Sud, vers l’Océan Indien. Dans le conflit balkanique qui a émergé dans les années 90 du XX° siècle, le centre de l’Europe n’était plus du tout un pôle de puissance ; il était divisé (balkanisé !) et vassalisé. La réactivation des particularismes bosniaques et albanais n’était plus le fait d’un pôle de puissance européen, cherchant à se projeter vers le bassin oriental de la Méditerranée ou vers la Mésopotamie et l’Océan Indien, en neutralisant positivement, par une politique de la main tendue, quelques minorités musulmanes. Cette nouvelle réactivation, dans la dernière décennie du XX° siècle, était le fait de l’alliance entre Wahhabites saoudiens et Puritains d’Outre-Atlantique cherchant, de concert, à créer une « dorsale islamique » (selon la terminologie des géopolitologues serbes, dont notre ami tant regretté Dragos Kalajic) dont la fonction géostratégique devait être double : 1) bloquer le Danube à hauteur de la capitale de la Serbie et 2) installer sur la ligne Belgrade-Salonique un bloc territorial soustrait à la souveraineté serbe, parce que cette ligne est la voie terrestre la plus courte entre le centre danubien de l’Europe et le bassin oriental de la Méditerranée.

 

Un bloc territorial de cette nature, recevant l’appui wahhabite et américain, est inacceptable d’un point de vue européen, même si la galerie des traîtres, des crétins et des écervelés qui se piquent de représenter l’Europe à Bruxelles ou à Strasbourg prétend le contraire. Cette galerie d’idiots raisonne en dissociant le droit de la géopolitique, alors qu’il faudrait les penser en fusion et en harmonie.

 

Le Kosovo, qui plus est, outre cette position centrale qu’il occupe sur la ligne Belgrade-Salonique, est l’ancien « Champ des Merles », site de la bataille sanglante qui a opposé l’armée médiévale serbe aux envahisseurs ottomans. Sur ce sol sacré, l’aristocratie serbe a versé tout son sang pour la sauvegarde de l’Europe. Le « Champ des Merles » est donc devenu, par le sacrifice de cette chevalerie, un territoire sacré, hautement symbolique, non seulement pour la Serbie et pour les autres peuples balkaniques en lutte contre la barbarie ottomane, mais aussi pour les Hongrois, Bourguignons et Impériaux qui ont tenté des croisades infructueuses pour rendre nulle et non avenue la victoire turque du Champ des Merles. L’oublier constitue une autre faute cardinale et impardonnable : c’est désacraliser l’histoire, désacraliser le politique, privilégier le procédurier et le présentisme dans les raisonnements et les démarches politiques et géopolitiques ; c’est oublier, en amont comme en aval, le long terme au profit de l’immédiat et du superficiel. Non possumus : nous ne basculerons jamais dans de tels travers.

 

Plusieurs pays européens refusent de reconnaître l’indépendance du troisième maillon de la « dorsale islamique », dont l’Espagne, et les pays majoritairement orthodoxes comme la Roumanie et la Bulgarie. En France, dans la sacro-sainte « République » posée comme la parangonne indépassable de toutes les vertus philosophiques, les deux nouveaux plastronneurs burlesques de la politique, l’universaliste médiomane Kouchner et son président, Sarközy, surnommé le « nain hongrois », s’apprêtent bien entendu à reconnaître, trompettes pétaradantes et tambours battants, l’entité wahhabito-américaniste qu’est le Kosovo. On se demande comment Voltaire ou Robespierre, dévots de la Déesse Raison, concilieraient leur laïcisme et la bigoterie des Wahhabites et de leurs alliés américains. Mais la reconnaissance par Sarko et Kouchner du Kosovo est au moins une bonne nouvelle, car on se demande ce que les deux larrons pourraient bien rétorquer si demain une brochette de puissances européennes ou autres acquerrait brusquement l’envie de reconnaître une république corse, un nouveau duché de Bretagne ou un nouvel Etat insulaire dans les DOM-TOM ou, plus facilement encore, le retour à l’indépendance savoisienne qui existe de jure. L’indépendance de la Savoie pourrait devenir très légalement le premier levier pour réanimer l’existence politique et étatique de la Bresse (province savoisienne), de la Lorraine (grand-duché impérial), de la Franche-Comté, etc. De fil en aiguille, la vieille Lotharingie reprendrait forme, reprendrait pied le long du Rhône en Provence et dans le Dauphiné, rendant tout à coup actuel le Testament de Charles-Quint (que nous n’aurions jamais dû oublier, ni à Munich ni à Vienne ni à Rome ni à Madrid ni à Bruxelles).

 

La Russie, pour sa part, pourrait, par le biais d’une interprétation jurisprudentielle de l’indépendance du Kosovo, faire accepter l’indépendance de deux provinces géorgiennes : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, disloquant du même coup le principal pion américain et otanesque dans le Caucase.

 

Quelle que soit l’issue de l’indépendance kosovar en Europe, elle nous offre des possibilités d’action :

 

1)       si personne ne la reconnaît ou si de fortes résistances s’opposent à sa pleine reconnaissance, il n’y aura pas de « dorsale islamique » ni de bloc territorial obstruant sur la ligne Belgrade-Salonique.

 

2)       Si tous reconnaissent le Kosovo indépendant, nous avons un prétexte pour disloquer la France et reconstruire le flanc occidental et roman du Saint Empire défunt mais dont seule la restauration permettrait à l’Europe de se redonner une épine dorsale politico-spirituelle. Cette restauration signifierait simultanément la mort définitive de l’idéologie républicaine, cette nuisance pernicieuse qui atteint le sommet du ridicule avec le binôme Sarközy-Kouchner. Le seul danger d’une reconnaissance générale de l’Etat kosovar serait de donner prétexte aux Musulmans des presidios de Ceuta et Melilla de réclamer une indépendance analogue, avec la bénédiction des mêmes parrains wahhabites et yankees. Raison pour laquelle l’Espagne refuse de reconnaître le nouvel Etat auto-proclamé (outre le fait basque).

 

Dans tous les cas de figure, nous aurons l’occasion de militer en faveur de notre vision de l’Europe. De demeurer des combattants. De véritables « zoon politikon ». Les Vestales d’un inéluctable Grand Retour de la tradition impériale.

dimanche, 17 février 2008

Stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou

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Jean PARVULESCO:

La stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou

C'est lors du retentissant discours qu'il avait fait le 12 mai 2000 à l'Université Humboldt de Berlin que Joschka Fischer, l'actuel ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne avait lancé son appel en faveur d'une Europe fédérale s'appuyant sur le noyau fondationnel franco-allemand, sur le "Pôle Carolingien" d'une union fédérale de la France et de l'Allemagne devant constituer ainsi, ensemble, l'arma­tu­re intérieure, l'îlot central de soutien et de mobilisation per­manente d'une Europe politiquement élargie, de ce que sera sans doute la future "Grande Europe". Ce retour de Josch­ka Fischer sur le fédéralisme du noyau de base franco-allemand représente sans doute une tentative majeure en faveur de la relance politique du concept de "Grande Eu­ro­pe", qui se lève à l'horizon ouvert des prochaines années du nouveau millénaire.

Sans tarder, Wolfgang Schäuble, l'ex-président de la CDU, de la démocratie chrétienne allemande, ainsi que Hans Diet­rich Genscher, prédécesseur de Joschka Fischer à la tê­te du ministère allemand des Affaires étrangères, se sont déclarés, chacun de son côté, entièrement d'accord avec les propositions fédérales européennes que venait de faire, à Berlin, l'actuel ministre des Affaires étrangères d'Alle­ma­gne. Ainsi un consensus en profondeur semblerait se déga­ger, en Allemagne, englobant l'ensemble de l'arc de cercle de l'actuelle réalité politique allemande, en faveur des thè­ses fédéralistes grand-européennes avancées par Joschka Fi­scher. Et de ce que celles-ci impliqueraient à plus longue échéance.

Renforcer l'Union Européenne dans un monde multipolaire

Ainsi, dans un entretien avec Le Figaro, en date du 20 mai 2000, Hans Dietrich Genscher encadrait-il parfaitement la somme de problèmes soulevés par les déclarations de Josch­ka Fischer:

(1) "L'intention de Fischer est maintenant de renforcer l'U­nion européenne dans la perspective de son élargisse­ment. Il s'agit d'en faire un acteur efficace du nouvel ordre mon­dial".

(2) "Au monde bipolaire de la guerre froide s'est substitué un monde multipolaire. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et, à quelque distance, le Japon, y ont déjà pris place. L'Inde va entrer dans le club. Il ne faut pas que l'Europe soit en reste. A ses débuts, le nouveau gouvernement allemand avait laissé un peu en friche le terrain de la politique étrangère. Ce plan Fischer lui restitue un visage européen sur l'arrière-plan de la mondialisation. Fisher voit loin. Il aura des contradicteurs, mais il tient le bon bout".

Bien entendu, que l'actuel ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne ait vivement ressenti, et pour une fois pu dire clairement et très fort la nécessité d'un renforcement significatif des liens politiques unissant déjà la France et l'Allemagne au sein de l'Europe, renforcement que l'on en­tend porter jusqu'à l'institution immédiate d'une relation fé­dérale des deux pays, d'une relation fédérale spéciale, destinée à servir de banc d'incitation, de pôle d'attraction et de chantier ouvert à l'intention d'autres pays européens disponibles, dans la course, déjà, de l'intégration politique, quoi de plus normal?

L'inconcevable omission de la Russie

Mais, ce qui, par contre, apparait en même temps là com­me tout à fait anormal, c'est l'inconcevable omission de la Russie dans la proposition de Joschka Fischer quant au pro­jet d'un "ilot central" fédéraliste destiné à devenir le cœur de la future Grande Europe. Car, désormais, qu'est-ce que l'Europe mutilée de la Russie ? Rien, une fiction velléitaire, un leurre social-démocrate de plus, conçu pour qu'il barre préventivement les chemins devant le projet révolutionnai­re de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui seul peut assurer une réa­lité politico-historique décisive à la plus Grande Europe, au "Grand Continent" eurasiatique suprahistoriquement non pas unifié, mais réunifié. Car c'est bien d'une réunification suprahistorique finale qu'il s'agit là et si on ne l'a pas com­pris, on n'a rien compris.

Est-ce donc possible que l'aveuglement politique  —sans dou­te, d'ailleurs, bien volontaire— de la social-démocratie allemande à l'égard de la véritable situation politico-histo­rique de l'Europe actuelle, violemment en butte à l'agres­sion politico-stratégique permanente de la conspiration mon­­dialiste dirigée par la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis" ainsi qu'à l'égard de la nouvelle mission im­périale de la Russie par rapport à l'Europe d'aujourd'hui et, surtout, de demain, puisse atteindre de telles dimensions d'inconséquence dangereuse, riches déjà de quels futurs dé­sastres.

Un front clandestin de libération de l'Europe

Dans la conjoncture politique européenne actuelle, dont la caractéristique décisive est celle de l'installation préven­ti­ve sur place d'une vaste conspiration social-démocrate par­tout au pouvoir dans l'actuel espace politique européen, conspiration social-démocrate mise subversivement en pla­ce et dirigée, dans l'ombre, par la "Superpuissance Plané­taire des Etats-Unis", les combats pour la libération de l'Eu­rope ne peuvent plus être, aujourd'hui, que des combats sou­terrains, les combats désespérés d'une résistance clan­destine. Car il y a un front clandestin de libération de l'Eu­rope, qui reste, à présent, la dernière chance d'une nou­velle liberté politico-historique européenne face à la con­spiration mondialiste qui veut sa fin, qui se bat pour la fin de l'Europe, et de ses libertés géopolitiques impériales et suprahistoriques.

Le fait même que les responsables politiques de l'actuelle Eu­rope social-démocrate ignorent ou font semblant d'igno­rer l'existence, la grande prédestination de la Russie, alors que c'est désormais grâce exclusivement à la Russie que l'Europe, la plus Grande Europe, l'Europe grand-continen­ta­le eurasiatique puisse déjà prétendre à son existence à ve­nir, donne la juste mesure de l'égarement idéologique et, finalement, de l'immense trahison politique et historique de la social-démocratie européenne au service non pas de la liberté de conscience de l'Europe  —et bien moins encore de ses combats de libération, combats souterrains, clande­stins, désespérés— mais de son assujettissement subversif aux intérêts, aux buts d'emprise impérialiste de la conspi­ra­tion mondialiste en action. Tous les régimes social-démo­cra­tes actuellement au pouvoir en Europe  —et, d'ailleurs, par­tout dans le monde—  ne sont que des régimes supplé­tifs, des régimes-harkis à la disposition de la force d'occu­pa­tion mondialiste américaine agissant dans l'ombre.

L'ouvrage fondamental d'Alexandre Del Valle

L'Europe occidentale, "tête de pont" géostratégique de l'A­mé­rique en Eurasie, intitule Alexandre Del Valle un cha­pitre de son livre Guerres contre l'Europe. Bosnie - Kosovo - Tchétchénie, publié par Pierre Guillaume de Roux aux Edi­tions des Syrtes, Paris, 2000.

Ouvrage fondamental, ouvrage visionnaire, ouvrage d'utili­sa­tion contre-stratégique immédiate s'il en fut. Et qui livre les clefs confidentielles des plans de bataille de l'encer­cle­ment ontologique de l'Europe, de la conspiration mondia­liste qui ne peut atteindre ses ultimes objectifs planétaires qu'en empêchant que la Grande Europe impériale eura­sia­tique ne puisse se faire. A travers son agression politico-mi­li­taire contre la Serbie, la conspiration mondialiste des E­tats-Unis s'est directement attaquée à l'Europe, la guerre in­tercontinentale de la fin est commencée.

Je cite l'ouvrage d'Alexandre Del Valle, Guerres contre l'Eu­rope. Bosnie - Kosovo - Tchétchénie, qui confirme inté­gra­le­ment nos propres thèses.

(1) "Conscients qu'une Europe forte et indépendante serait en mesure de dépasser l'Amérique dans tous les domaines de la puissance, notamment économique, les stratèges a­mé­ricains veulent à tout prix prévenir le moindre réveil, tuer dans l'œuf la moindre velléité d'autonomie euro­péenne, au cas où des dirigeants lucides décideraient de mettre sur pied une Grande Europe continentale, récon­ciliant ses "deux poumons", orthodoxe et occidental. D'où la volonté américaine d'affaiblir et de diluer le continent eu­ropéen en incluant  —au nom de l'OTAN— la Turquie dans l'Union Européenne et en éloignant consécutivement encore un peu plus celle-ci de la Russie, afin que la constitution d'une Grande Europe continentale indépendante et forte, susceptible de concurrencer les Etats-Unis —mais ainsi ren­due impossible— ne voie jamais le jour".

(2) "Vis-à-vis de l'Est européen, les Etats-Unis mènent donc une double politique consistant: primo, à étendre l'OTAN aux portes de la Russie, en intégrant au "monde occidental" les nations anti-russes de l'ex-Bloc soviétique en voie d'in­du­strialisation, de culture catholico-protestante (Hongrie, Pologne, ex-Tchécoslovaquie, etc.) et islamique (Turquie, républiques musulmanes d'Asie centrale, Bosnie, Albanie-Kosovo, etc.); secundo, à affaiblir la Russie, la "refouler" vers l'Asie et la couper de l'Europe occidentale. Il s'agit ain­si de scinder le continent européen en deux, en réactivant une "nouvelle guerre froide" entre un Est post-byzantin ex-soviéto-communiste et un Ouest américanisé, un nouveau "choc géocivilisationnel" entre les "deux Europes" opposées l'une à l'autre autour des pierres d'achoppement straté­gi­ques islamo-occidentale et socio-économique".

La superpuissance unique veut se perpétuer

(3) "La doctrine stratégique "globale" des Etats-Unis appa­raît clairement dans le nouveau concept américain de "stra­tégie nationale de sécurité", dont le contenu fut révélé au grand public à l'occasion de la parution, le 8 mars 1992, dans le New York Times, d'une version du Defence Planning Guidance du Pentagone élaboré en liaison avec le Conseil national de sécurité (NSA), plus haute instance américaine de sécurité et de politique internationale. On y apprend que les Etats-Unis d'Amérique doivent tout faire pour dis­suader d'éventuels rivaux, parmi les pays avancés et in­dus­trialisés, de défier notre domination, ne serait-ce que d'as­pirer à un rôle plus grand à l'échelle mondiale ou régionale (...). La mission des Etats-Unis sera de s'assurer qu'il ne soit permis à aucune puissance rivale d'émerger en Europe oc­cidentale, en Asie ou sur le territoire de la CEI". En bref, il s'agit ni plus ni moins d'empêcher l'Europe et le Japon, "al­liés" relativement dociles, ainsi que la Russie affaiblie, mais encore redoutable, de relever la tête et de porter un jour ombrage à l'"hégémonie bienveillante" de Washington; en fait à la formidable machine économico-commerciale amé­ricaine. "La politique étrangère américaine doit se donner pour but de convaincre d'éventuels rivaux qu'ils n'ont pas be­soin de jouer un grand rôle. Notre statut de super­puis­sance unique doit être perpétuer par une force militaire suf­fisante pour dissuader n'importe quelle nation ou quel groupe de nations de défier la suprématie des Etats-Unis, et de chercher à mettre en cause l'ordre économique et po­litique établi (...). Nous devons empêcher l'émergence d'un système de sécurité exclusivement européen qui pourrait déstabiliser l'OTAN. En Extrême-Orient, il faut rester at­ten­tif aux risques de déstabilisation qui viendraient d'un rôle accru de nos alliés, en particulier du Japon", explique le De­fence Planning Guidance". (Pages 10,11, 161,162).

Ces documents, en fait, rendent inutile tout commentaire, qui de par eux-mêmes éclairent d'un jour singulièrement inquiétant les temps des prochaines confrontations améri­ca­no-européennes, désormais fatales.

Trouver la faille salvatrice dans la stratégie de l'anaconda

Autrement dit, il faut savoir reconnaître que, à l'heure ac­tuelle, la guerre politico-subversive totale est secrètement déclarée entre la conspiration mondialiste régie par la "su­perpuissance Planétaire des Etats-Unis" et l'Europe  —l'Eu­rope de l'Ouest, et l'Europe de l'Est, déjà ensemble sur la li­gne du front—  qui cherche les voies propres de son auto-li­bération révolutionnaire. La faille salvatrice.

Du côté de l'encerclement, de l'enserrement  —la stratégie de l'anaconda, que Karl Haushofer avait identifié comme la stratégie naturelle, inconsciente, instinctive de l'Améri­que— exercé actuellement par la conspiration mondialiste à l'égard de l'Europe plus ou moins déjà sur la défensive, il est définitivement certain que tout le travail politico-stra­tégique subversivement poursuivi par les services secrets de Washington, ces dix dernières années, en Europe et con­tre l'Europe, n'avait, comme on vient de le voir, qu'un seul but final, celui de l'implantation totalitaire des régimes social-démocrates à leur service, pour empêcher, ainsi, tout retour de l'Europe à son identité antérieure, à l'être de sa propre liberté historique totale. Cependant, de leur côté, les forces vives, cachées, de la résistance européenne ayant choisi la clandestinité, n'ont plus devant elles, pour survivre à la tâche, que l'engagement en avant, incondi­tion­­nel, dans une contre-stratégie révolutionnaire de di­men­sions déjà continentales. A l'actuelle agression in­té­rieure et extérieure dont elle fait l'objet de la conspiration mondialiste à l'œuvre, l'Europe ne peut plus opposer, le dos au mur, que seule sa volonté inspirée d'une intégration im­périale de visée suprahistorique, transcendantale, eschato­lo­gique, l'intégration grand-cont inentale eurasiatique de la fin. Jouer le tout pour le tout, et d'un seul coup.

Or, dans l'état actuel des choses, l'intégration grand-conti­nentale eurasiatique de l'Europe doit très impérativement prendre le passage obligé de la mise en piste préalable de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui représente, en effet, la faille salvatrice pour les nôtres.

En finir avec la mainmise de la social-démocratie

Ce qui revient à exiger la double mobilisation des nôtres, d'une part, pour en finir, par tous les moyens, avec la main­mise subversive de la social-démocratie et de ses conspirations partout à l'œuvre, partout au pouvoir en Eu­ro­pe et, d'autre part pour parvenir à une implantation ré­volutionnaire décisive dans la conscience collective euro­péenne d'une représentation suractivée de la nécessité ab­so­lue et immédiate, de l'intégration grand-continentale, dont la première phase opérationnelle devra être celle de la mise en piste politique de l'axe Paris-Berlin-Moscou. La ba­taille finale pour la libération de l'Europe, sera donc une ba­taille qui va devoir se porter en termes de conscience, la ba­taille pour sa prise de conscience finale d'elle-même et de sa grande prédestination polaire des origines.

Ainsi le double épreuve qui est celle du démantèlement en force de la mainmise social-démocrate sur l'ensemble de l'actuel pouvoir politique européen, en même temps que celle de l'accession de l'Europe dans son entier à la cons­cience révolutionnaire de sa propre unité préontologique, de sa prédisposition impériale eurasiatique, constitue-t-elle la ligne de passage même de l'Europe actuellement en état de non-être à l'Europe à nouveau capable de maîtriser ré­vo­lutionnairement ses destinées politico-historiques propres, consciente à nouveau de sa mission suprahistorique finale.

L'histoire, cependant, ne fait jamais des cadeaux, tous les ob­jectifs appartenant à la définition active des grandes pré­destinations politico-historiques à accomplir doivent ê­tre emportés, toujours, de haute lutte, tragiquement, hé­roïquement. Telle apparaît donc comme étant la tâche de no­tre génération, la génération vouée à la mission révo­lu­tion­naire décisive du salut et de libération de la plus Gran­de Europe de son actuel assujettissement à la conspiration mondialiste régie par la "Superpuissance Planétaire des E­tats-Unis".

Un commandement d'action immédiate et totale

Or c'est le devenir circonstanciel même de la présente his­toire mondiale, à l'heure fatale de l'accomplissement d'un destin secret déjà inéluctablement en marche, qui fait que nous nous trouvons appelés aujourd'hui devant un comman­dement d'action immédiate et totale: c'est maintenant ou ja­mais qu'il nous faut agir, et qu'en agissant l'on emporte la partie.

Ainsi qu'on n'a cessé de le répéter, le passage à l'action ré­volutionnaire directe de l'Europe souterraine, de l'Europe dé­jà clandestinement engagée dans le combat pour sa li­bé­ration, ne peut ni ne doit se faire qu'à partir de la mise pi­ste politico-historique de l'axe Paris-Berlin-Moscou.

Malheureusement, ni la France ni l'Allemagne ne se trou­vent à l'heure présente disposées, ni surtout pas en état de prendre l'initiative politique de l'axe Paris-Berlin-Moscou.

La Russie: pivot originel, bunker ontologique de départ

Seule la Russie pourrait le faire, mais encore faudrait-il qu'au préalable y apparaisse l'"homme providentiel", l'"hom­me du plus grand destin", qui seul saurait prendre sur lui d'en­gager la Russie dans la grande aventure impériale eu­rasiatique présupposée comme nécessairement consécutive à la mise en place de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui n'en est que le pivot originel, le bunker ontologique du départ.

Car, de toutes les façons, l'Europe sera grand-conti­nen­tale eurasiatique, ou ne sera pas. En fait, le noyau fédéral franco-allemand proposé aujourd'hui par Joschka Fischer ne représente déjà plus rien: l'Europe à laquelle il en appelle n'est pas l'Europe, mais une sorte d'apparition spectrale, ec­to­plasmique de celle-ci. La véritable Grande Europe, c'est l'Imperium qui émergera autour de l'axe Paris-Berlin-Moscou, quand celui-ci sera devenu l'axe Madrid-Paris-Ro­me-Berlin-Moscou-New Delhi-Tokyo.

Ainsi le seul intérêt du projet fédéral de Joschka Fischer réside-t-il dans le fait qu'en proposant un noyau fédéral dur franco-allemand, auquel viendraient se joindre par la suite, et également fédéralisés, les autres pays européens en­vi­sa­gés, il outrepassait les interdits les plus formels de la con­spiration mondialiste américaine, qui ne supportera abso­lu­ment pas que l'émergeance d'une Europe Fédérale, fût-elle réduite à son expression réduite, mutilée, fût-elle même d'o­rientation social-démocrate, puisse avoir lieu dans l'es­pace européen sous son contrôle. A quoi correspond-elle au juste, on se le demande, cette tentative de Joschka Fi­scher? L'Allemagne envisagerait-elle finalement de s'em­bar­quer dans une manœuvre politique parallèle, en prenant des risques considérables? Berlin entamerait-il, ainsi, qui sait quel chantage politique, qui sait quelle obscure épreu­ve de force avec Washington, ou bien Berlin et Washington font-ils, ensemble, un jeu encore indéchiffrable, poussent-ils en avant une nouvelle phase du jeu américain secret de la social-démocratie en place?

Moscou devra donner le signal de départ

Quant à nous autres, on peut déjà s'aventurer à affirmer que la bataille politique décisive pour la mise en activité du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou est à présent com­men­cée, et que c'est bien à Moscou même que, pour le mo­ment, nous avons choisi d'installer le centre opérationnel de sa mise en situation de départ immédiat.

Si c'est à Moscou qu'il appartient de prendre l'initiative, c'est à Moscou que nous allons devoir commencer par met­tre la pression, essayer de susciter la grande lame de fond porteuse de l'enthousiasme révolutionnaire à l'égard de la représentation supra-mentale collective du projet de l'axe Pa­ris-Berlin-Moscou. C'est Moscou qui, comme on l'a dit, de­vra donner le signal du départ, un mystérieux rituel l'exige.

Aussi devons-nous concentrer toutes nos disponibilités d'a­gi­tation, d'influence et d'intervention pour porter à l'in­can­descence l'intérêt abyssal de nos structures idéologico-ré­volutionnaires de présence et d'encadrement agissant sur place, à Moscou, de manière à ce que l'heure venue, celles-ci puissent déterminer, depuis les profondeurs, l'entrée en action des médias et des grands groupements d'influence politique, culturelle, voire même religieuse, ainsi que, fi­na­lement, des instances gouvernamentales actives, pour promouvoir, pour exiger une initiative politique décisive de Moscou en faveur du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Initiative de Moscou à laquelle nous nous engageons d'ob­te­nir les réponses attendues de Paris et de Berlin. Il faudra donc qu'en même temps nous entreprenions d'urgence un dou­ble mouvement analogue de réveil, d'exacerbation, à Pa­ris et à Berlin, en mettant à l'épreuve d'une manière ex­trê­mement intensive les "groupes géopolitiques" dont nous disposons, sur place, à l'heure actuelle, afin que la figure mo­bilisatrice du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou y soit présente, et agisse suivant nos plans.

Ce qui implique  —on se trouvera obligés de le faire— que les "groupes géopolitiques" sortent de leur demi-clan­des­ti­nité pour agir à découvert, situation nouvelle qui ne sera pas sans comporter sûrement d'assez graves dangers. Mais il n'est moins certain que, de par cela même, la mainmise politique de la soi-disant social-démocratie sur l'ensemble du pouvoir politique en place s'en trouvera violemment con­testée, et que, de toutes les façons, nous allons devoir al­ler à l'épreuve de force.

Une "opposition nationale" inexistante, de pure frime

Et il n'est même pas impossible que l'épreuve de force en­tre la social-démocratie au pouvoir et les forces de contes­ta­tion qui vont s'élever alors contre l'état de fait puisse pren­dre aussitôt les allures d'une guerre civile, les choses apparaissant ainsi d'autant plus étranges que les forces de contestation se levant contre la dictature à la fois sour­noi­se et totalitaire de la social-démocratie seront tout fait inconnues, n'ayant encore fait état, ouvertement, de leur existence, et ne manifestant donc aucune relation avec ce que l'on appelle, sans doute par dérision, l'"opposition na­tio­nale" —soi-disant "gaulliste"— et autres formations de la même frime, salement complices, à la traîne, et dans l'i­mitation honteuse du pouvoir en place—  "opposition na­tio­nale" dont les positions affichées font ouvertement assaut d'allégeance aux mots d'ordre de la conspiration mondia­liste se tenant présente dans l'ombre.

D'autre part, il faudra aussi que le déclenchement de la campagne, à Moscou, en faveur du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, coïncide en quelque sorte avec l'apparition soudaine, et avec la prise du pouvoir présidentiel par l'"hom­me providentiel", par "celui que l'on attend", de ma­niè­re à ce que l'on puisse être certains de l'attitude du gou­vernement russe à ce sujet. Le gouvernement de Moscou de­vant alors, en effet, s'emparer de la pétition en cours pour le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, pour en faire son propre cheval de bataille, au niveau propre de la "gran­de politique". L'affaire devant être en dernière instance trai­tée d'Etat à Etat entre la Russie, la France et l'Alle­magne.

"Celui que l'on attend”

D'ailleurs, si l'"homme providentiel" qui devra prendre le pou­voir présidentiel à Moscou se trouve identique à la fi­gu­re visionnaire, prophétique, de "celui que l'on attend", il de­vra y avoir déjà pensé, de par lui-même, au problème révolutionnaire fondamental de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui est le problème absolument prioritaire du "nouveau pou­voir" à Moscou, quel qu'il sera.

Le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou sera prêt à être im­mé­diatement activé au moment où les puissances natio­na­les révolutionnaires des élites et des masses françaises, al­le­mandes et russes suractivées par nos soins rencontreront, et épouseront, sur leur montée même, la triple volonté d'E­tat de la France, de l'Allemagne et de la Russie, car c'est bien cette rencontre qui est appelée à fonder, à renouveler abys­salement l'histoire grand-européenne asiatique.

Et ce n'est pas du tout que l'on essayerait d'escamoter, à pré­sent, ce qu'à ce moment-là ne va pas pouvoir ne pas être la farouche opposition de la conspiration mondialiste américaine face à l'émergence, en Europe, de l'axe Paris-Berlin-Moscou, la libération de l'Europe aura alors déjà été acceptée, l'encerclement politique et tous les interdits po­li­tico-stratégiques opposés par la conspiration mondialiste américaine à la plus Grande Europe naissante défoncés, ba­layés, anéantis par le soulèvement des forces national-eu­ro­péennes de libération révolutionnaire. Car, dans état ac­tuel des choses, il est de fait impossible que l'axe Paris-Ber­lin-Moscou en vienne à se trouver installé avant que la libé­ration politique totale de l'Europe ne soit déclarée, et c'est précisément la déclaration de l'installation, de la mise en pla­ce de l'axe Paris-Berlin-Moscou qui marquera l'avène­ment en marche de la plus Grande Europe, l'arrachement ré­volutionnaire de celle-ci à l'emprise assujettissante de la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis".

Conduire l'offensive du désencerclement

La guerre idéologique de l'axe Paris-Berlin-Moscou va être faite par les grandes batailles de conscience à venir, et c'est nous autres qui détiendrons alors le commandement suprême de ces batailles. Le renversement fondamental du front intérieur de la bataille décisive pour la libération de la conscience européenne fera que la conspiration mondia­lis­te américaine sera alors réduite à la défensive, et que c'est nous autres qui conduirons l'offensive du désencercle­ment et de l'affirmation finale de nos propres positions grand-européennes, qui l'auront emporté.

Lors d'une récente réunion de groupe, quelqu'un avait fait l'observation fort juste que le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou engage avec lui comme une puissante présence chamanique ancestrale, sacrée. Or il n'y a là rien d'impré­vu, rien de très étonnant: le profond changement de l'his­toire d'un vaste groupement de populations essentiellement identiques quant à leur être caché mais différentes en sur­face doit toujours secrètement mettre en branle des colos­sales puissance spirituelles souterraines, dont la mise en œu­vre relève sans doute de certaines identités occultes, inavouables, d'un ordre transcendantal. Des identités sur­na­turelles, sans visage.

Balzac: grande famille continentale et mystère de civilisation

Qu'on le veuille ou non, ce point de vue risque de s'impo­ser, à la fin. Magiquement. Et cela d'autant plus que ce mê­me point de vue représente une profonde constante de l'es­prit européen dans son intemporalité souterrainement acti­ve.

Concluons donc ce bref écrit de combat sur le projet con­tre-stratégique, actuellement en cours, de l'axe Paris-Ber­lin-Moscou, en citant ce que Ernst Robert Curtius appelait, dans son monumental Balzac de 1933, l'"allusion" de l'auteur de la Conspiration des Treize à une certaine "Europe com­me mystère", à cette grande famille continentale, dont tous les efforts tendent à ne je sais quel mystère de civi­lisation.

Or cette grande famille continentale de laquelle Balzac avait eu en son temps la prescience visionnaire n'est autre, en fait, que celle précisément de cette conspiration per­ma­nente qui, de siècle en siècle, perpétue souterrainement la volonté d'intégration impériale finale du "Grand Continent" eurasiatique et de la réalisation des buts eschatologiques oc­cultes de celle-ci, conspiration qui constitue ce que Bal­zac appelait, lui, d'une si géniale manière, un mystère de ci­vilisation. "Marche imposante que rien ne peut arrêter", car "c'est la volonté de Dieu qui s'exécute, c'est sa pensée qui se réalise", dira-t-il encore (cité par Ernst Robert Cur­tius dans son Balzac).

On voit ainsi que l'obsession grand-continentale eurasia­ti­que d'une certaine conscience révolutionnaire européenne secrètement impériale ne date pas d'aujourd'hui, qu'elle exis­te en continuité depuis des temps que l'on peut assu­ré­ment tenir pour immémoriaux ; que cette obsession consti­tue un véritable "mystère de civilisation".

Loin de représenter une simple émergence politico-histo­ri­que circonstancielle, le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, pour lequel nous nous battons déjà, apparaît donc comme la face immédiatement visible d'une profonde actualité su­pra-temporelle de la conscience européenne, de cette "gran­de famille continentale" entrevue par Balzac, con­si­dé­rée dans ses ultimes dimensions eurasiatiques, impériales et révolutionnaires.

C'est l'histoire qui décide…

La conspiration mondialiste peut très certainement pré­ten­dre, à l'heure actuelle, d'être en état de tout verrouiller, de neutraliser toute velléité de résistance européenne, cette prétention se trouvant posée dans les termes mêmes de la dialectique offensive de ses propres intérêts d'ensem­ble, de ses propres desseins, désormais à découvert, de do­mination planétaire. La conspiration mondialiste s'y croit dé­jà.

Mais l'histoire n'est absolument pas la somme de ses circon­stances: au contraire, c'est l'histoire qui décide, invente et im­pose irrationnellement les circonstances de sa propre mar­che en avant. Les circonstances historiques ne sont ja­mais que les effets d'une cause abyssale, la cause même de ce "mystère de civilisation" dont parlait Balzac et qui est la clef occulte de toute "grande politique" européenne con­ti­nentale, eurasiatique.

Les tenants actuels de la conspiration mondialiste com­man­dent aux effets circonstanciels de l'histoire visible. Nous autres, qui sommes du côté de l'"Europe comme mystère", nous commandons aux causes, parce que ce sont les causes qui nous commandent, directement. Les causes invisibles, abyssales, eschatologiques et providentielles, les "causes premières". A la terreur de la raison démocratique totali­tai­re, nous opposons la ligne de front de l'irrationalité dog­matique de l'histoire elle-même.

La Plus Grande Europe progresse. Inéluctablement

Ainsi se fait-il que malgré l'état de l'actuelle mainmise in­con­ditionnelle de la conspiration mondialiste sur l'ensemble des structures politiques de la social-démocratie, l'histoire, de par elle-même, avance en imposant de force sa propre spi­rale décisionnelle, ses propres changements de fond et ses propres formes de renouvellement par dessus les cir­con­stances de fait et les desseins hégémoniques de l'im­pé­ria­lisme démocratique des Etats-Unis subversivement à l'œu­vre à l'intérieur de l'espace de sa visée européenne per­manente: mystérieusement, des choses se font, qui ne devraient pas se faire, des choses à la fois irrévocables et se­crètement fondamentales. Comme si, sans cesse, l'histoi­re échappait de par elle-même à l'emprise de la subversion mondialiste sur l'Europe naissante, à toutes les manigances dans l'ombre. On l'a vu, l'objectif ultime de la grande stra­té­gie politique actuelle et à venir de la conspiration mon­dia­liste est et sera celui d'empêcher par tous les moyens l'é­mergence impériale de la Grande Europe: malgré cela, de par le mouvement intérieur même de l'histoire en mar­che, la plus Grande Europe ne cesse de progresser, iné­luctablement. Et c'est du sein même du pouvoir social-dé­mocrate européen que les initiatives concernant cette mar­che en avant de l'Europe, comme celle de Joschka Fi­scher, surgissent, alors que le pouvoir social-démocrate n'est là que pour en empêcher l'affirmation, la mise en œu­vre effective. L'étonnante performance européenne de Jac­ques Chirac, le 27 juin 2000, à Berlin, devant le Reichstag au grand complet, appartient au même genre d'opération inconsciemment imposée par la marche propre de l'histoire, de l'histoire qui suit les commandements de sa propre ir­ra­tionalité dogmatique. Quoi qu'ils fassent, ce n'est que ce qui doit se faire qui se fera.

Car l'histoire qui se révèle dans ses choix propres sera tou­jours plus forte que l'histoire qui révèle les choix que l'on tente de lui imposer.

Des forces historiques irrationnelles combattent souterrai­nement, soutiennent notre propre combat pour la mise en pi­ste de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Les apparences objec­ti­ves de la situation sont contre nous. Mais, à la fin, seules comp­tent les certitudes contre-objectives émanant de la mar­che même de l'histoire, la part abyssale.

Jean PARVULESCO.

 

samedi, 09 février 2008

La Russie face à l'hégémonie américaine

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Pierre MAUGUE:

 

La Russie face à l'hégémonie américaine

 

Cet article de notre regretté Pierre Maugué, extrait du n°45 de "Nouvelles de Synergies Européennes", garde une certaine actualité et mérite encore une lecture attentive

Si le démantèlement de l’Union soviétique a soustrait au pouvoir de Moscou d’immenses territoires[1], la Fédération de Russie n’en demeure pas moins le plus grand pays du monde par sa superficie ( 17 075 400  km2 )  [2]. Le nouvel Etat n’a plus toutefois le statut de superpuissance qui permettait à son prédécesseur de parler d’égal à égal avec les Etats-Unis.

En dépit de son immense potentiel de développement, l’é­conomie russe, dans la phase de transition qu’elle traverse, re­présente  à peine 1% de la production mondiale[3]. Si la Rus­sie continue à peser d’un certain poids sur l’échiquier international, c’est en raison de son importance sur le plan géopolitique et de son armement nucléaire qui, en dépit des réductions intervenues, continue à constituer pour les Améri­cains une menace militaire non négligeable.

La Fédération de Russie, comme l’ancienne Union soviéti­que, ne jouit pas d’une homogénéité ethnique. Des 89 en­tités qui la composent, 21 sont des républiques ayant une ba­se ethnique, les 68 autres étant de simples  régions ad­ministratives. L’ethnie russe demeure toutefois largement majoritaire et représente 80% de la population.

Des républiques ethniques virtuellement indépendantes de Moscou

Après la disparition du système planifié et centralisé de l’Union soviétique, une large décentralisation s’est mise en place ; les républiques et  régions de Russie ont ainsi obtenu le droit de passer des accords avec des entités étrangères, pour autant que ces accords ne soient pas en contradiction avec la constitution russe. Plusieurs autorités locales ont mê­me obtenu le droit d’établir leur propre consulat à l’étran­ger. Sur le plan économique, les républiques peuvent aussi participer de manière indépendante au commerce extérieur, et il leur est permis d’exporter et d’importer des matières premières et des produits manufacturés sans autorisation du gouvernement central. Les républiques du Tatarstan et du Bashkortostan se sont ainsi dotées d’une représentation officielle indépendante de Moscou dans des organisations éco­nomiques internationales, et l’on peut voir une concur­ren­ce se développer entre les différentes  républiques et ré­gions de Russie pour attirer les investissements étrangers. Les résultats de cette concurrence sont toutefois très iné­gaux puisque 90% de tous les investissements étrangers se concentrent dans dix régions ou républiques, la ville de Mos­cou en attirant à elle seule 70%.

Le panturquisme a le vent en poupe

Mais cette décentralisation très poussée peut aussi avoir des conséquences politiques indésirables. On a pu voir ainsi des représentants des régions du Bashkortostan, Daguestan, Sak­ha, Tatarstan, Tuva, Khakassia et Chuvashia prendre part en 1998 à une réunion de la communauté pan-turque ; lors de cette réunion a été reconnu officiellement la Répu­blique turque de Chypre – décision en contradiction avec la position officielle de la Russie sur le conflit cypriote, et de nature à compliquer les relations déjà délicates de  Moscou avec la Grèce et la Turquie. De la même manière, avant que la guerre de Tchétchènie n’enflamme le pays, les autorités tchétchènes étaient en train de promouvoir activement la for­mation d’un marché commun  du Caucase afin de stimuler l’in­té­gration économique des pays du nord de la région (fai­sant partie de la Fédération de Russie) avec ceux du sud (indépendants de la Russie). Enfin, sur la Baltique, les diri­geants de la région de Kaliningrad (anciennement Königs­berg) —enclavée entre la Pologne et la Lituanie, et dont une partie de la population est d’origine allemande— souhaite­raient transformer  celle-ci en une zone économique à statut particulier, l’objectif étant d’attirer les investissements étran­gers et de développer les relations économiques avec la Finlande, l’Allemagne, la Scandinavie et les Etats baltes.

Fractionner pour régner… sur les gisements de gaz naturel

La faiblesse du pouvoir central russe pourrait être pour les Américains une tentation d’attiser les forces centrifuges qui agitent la Russie, de pousser à son démantèlement (comme ils le firent pour l’URSS) et de favoriser la naissance de pe­tits Etats aptes à devenir de nouveaux satellites. Cette tenta­tion pourrait être d’autant plus grande du fait que le territoire russe recèle d’importantes réserves de pétrole et de gaz na­turel. Mais la politique du diviser pour régner, qui a si bien réussi aux Britanniques au Moyen-Orient, n’est pas aussi fa­cile à manier à l’égard d’une puissance nucléaire comme la Russie, dont les réactions peuvent être imprévisibles. Elle accentuerait en outre le risque de prolifération des arme­ments nucléaires que favorise déjà l’état de semi-anarchie qui règne actuellement en Russie, et qui constitue un des soucis majeurs des Etats-Unis.

Des mises en garde ont été formulées aux Etats-Unis mê­mes, dans des milieux proches du pouvoir, à l’égard d’une politique dont les conséquences pourraient se révéler incon­trôlables, et qui risquerait notamment de conduire à un nou­veau rapprochement entre la Russie et la Chine. Mais le gou­vernement américain n’en a pas moins intérêt, pour des motifs géopolitiques auxquels la question pétrolière n’est pas étrangère, à maintenir un état de tension dans la région du Caucase, ne serait-ce aussi que pour tester la volonté du gouvernement russe  de défendre son intégrité territoriale.

Créer des républiques islamistes pour affaiblir le monde slave et orthodoxe

En Tchétchènie, comme en Bosnie et au Kosovo, l’objectif des Américains  pourrait être de créer un nouvel Etat isla­miste sur les flancs du monde slave et de la chrétienté  or­tho­­doxe. Préfiguration de ce qui se passera peut-être de­main aux dépens de la chrétienté occidentale (ou de ce qui en reste encore) ! 

Restaurer le pouvoir de l’Etat central, sans remettre en ques­tion le principe d’une décentralisation raisonnable, indispen­sable au développement de l’économie, faire comprendre aux Etats-Unis et à leurs satellites occidentaux que l’intégrité territoriale de la Russie ne peut d’aucune manière être re­mi­se en cause, telle va être la tâche la plus urgente à laquelle Pou­tine va devoir s’attaquer.

Quant à l’Europe, en s’alignant à chaque fois sur la politique étrangère américaine à l’égard de la Russie et du monde sla­ve orthodoxe, elle se trompe d’adversaire. Pour les Euro­péens, la Russie actuelle n’est un danger ni sur le plan mili­tai­re, ni sur le plan économique, ni sur le plan culturel ; elle constitue au contraire un élément indispensable d’une véri­table construction européenne,     En revanche les Etats-U­nis occupent militairement l’Europe sous couvert de l’OTAN, dominent la vie économique par le dollar, et imposent sans vergogne leur langue et leur « culture ».

Privilégier le nouvel impérialisme turc

Comme cela a déjà été démontré, l’Islam sert objectivement les intérêts des Etats-Unis, qui favorisent son expansion aux dépens de l’Europe, notamment dans les Balkans, où ils vi­sent à restaurer le pouvoir de leur allié privilégié, la Turquie. En outre, en s’installant massivement en Europe occiden­tale, les musulmans y constituent un facteur de déstabilisa­tion  qui, comme dans les Balkans, pourra être utilisé par Wa­shington le moment venu.

A la fin du XVII siècle,  l’armée turque pénétrait au cœur de no­tre continent et assiégeait Vienne, mais l’Empire des Habsbourg  avait alors la volonté et la capacité de battre l’envahisseur.. Aujourd’hui l’Islam réalise son rêve séculaire et s’installe partout en  Europe ; mais à Bruxelles, comme ja­dis dans Constantinople assiégée, on discute du sexe des an­ges ! Poids lourd du point de vue économique, l’Europe est devenue un nain politique ; l’hégémonie américaine, s’ap­puyant sur l’Islam, a encore de beaux jours devant elle.

Pierre MAUGUÉ.

Notes:

(1) Dont l’Ukraine, où se situe la ville de Kiev, qui fut le berceau de la nation russe

(2) La superficie de l’URSS était de 22 400 000 km2

(3) En 1998, le produit intérieur brut (P.I.B.) de la Russie a été de 276.611 millions de dollars, soit 0,96% du total mondial. (28.736.978).A titre de comparaison, les Etats-Unis, avec 8.230.397 millions de dollars, représentent 28,64% de la production mondiale, l’Allemagne, 7,42%, la France, 4,96%, et la zone Euro de la Communauté européenne (donc sans le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la Grèce), 23,51%. A lui seul, le Japon représente 13,16 %de la production mondiale et a près de quatorze fois le poids économique de la Russie.

mercredi, 06 février 2008

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

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Robert Steuckers:

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

Se se evoca a restauração putiniana na Rússia, depois da terrível deterioração sofrida pela antiga superpotência comunista sob o reino, bem vistas as coisas bastante breve de Ieltsin (1), convém fazê-lo correctamente: não simplesmente para enunciar factos diferentes que concernem a um mundo diferente do nosso, mas na perspectiva de construir uma alternativa geopolítica sólida face aos projectos de subjugação da Europa e do resto do mundo, cultivados pela única superpotência ainda em vigor, a saber: os Estados Unidos.

Esta perspectiva geopolítica não poderia ser uma construção do espírito, totalmente nova, sem raízes. As relações euro-russas têm, pelo contrário, raízes antigas e o eixo Paris-Berlim-Moscovo que preconizava, por exemplo, Henri de Grossouvre é, para além de uma imperiosa necessidade, o prolongamento e a reactualização de um projecto velho de cerca de um quarto de milénio. A perspectiva euro-asiática, na nossa família política infelizmente reduzida em número e estatuto, refere-se muito frequentemente ao sonho do nacional-bolchevista alemão Ernst Niekisch que havia imaginado, nos anos 20 e 30 do século passado, uma aliança germano-eslava, fundada sobre o campesinato e o proletariado, pronta a transformar um Ocidente pútrido, ideologicamente agarrado aos esquematismos do iluminismo do século XVIII. Mais fundamentalmente, percebemos, hoje, depois do inevitável desvio por Niekisch, os prelúdios coerentes do eixo de Henri de Grossouvre na aliança dos três imperadores sob Bismarck, sob os Czares germanófilos do século XIX e na aliança de facto que, no último quarto do século XVIII, unia a França de Louis XVI, a Áustria e a Rússia de Catarina II, permitindo vencer a talassocracia Inglesa em Yorktown em 1783 e correr com os Otomanos do Mar Negro contendo-os nos Balcãs (2). A Revolução Francesa arruinará esta unidade e estas conquistas, que poderiam ter salvo a Europa, permitindo-a manter a sua coerência e finalizar o assalto contra os Otomanos.

1759: Ano Chave

Mas já antes desta aliança geral, nas vésperas de 1789, a França, a Áustria e a Rússia haviam unido as suas forças durante a Guerra dos Sete Anos. Um historiador inglês actual acaba de demonstrar que este conflito interior europeu havia permitido à Inglaterra, potência insular situada à margem do Continente, lançar as bases reais do seu futuro império extra-europeu, a partir do ano chave que foi 1759 (3). A arte dos historiadores anglo-saxónicos de remeter a história inteligentemente em perspectiva traz também à nossa memória viva dois factos geoestratégicos tornados permanentes: 1) Utilizar uma potência europeia para desequilibrar o continente e romper a sua união, o instrumento desta estratégia foi à época a Prússia; 2) Aproveitar as guerras internas europeias para levar a guerra para fora da Europa, aproveitando frentes mais desguarnecidas e daí retirar fortes dividendos territoriais e estratégicos sem grandes perdas e sem grandes gastos, como foi o caso no Canadá e na Índia, de onde foi expulsa a França.

Quando analisamos hoje o despertar russo com Putin, é, então, na perspectiva de reencontrar as alianças estratégicas estabilizadoras de antes de 1789, onde as ideologias modernas, beligerantes ao extremo apesar do seu pacifismo auto-declarado, não desempenhavam ainda nenhum papel destabilizador. Entremos agora no cerne do problema.

De Gorbachev a Ieltsin, a Rússia parecia galopar directamente em direcção ao Caos, em direcção a uma nova «Smuta», um novo «Tempo de Dificuldades»: Perda do glacial leste europeu, perda da periferia báltica e caucasiana, perda das conquistas territoriais na Ásia central, etc., queda da moeda e deterioração social e demográfica a toda a linha. Ieltsin foi uma figura desde o início positivamente mediatizada por haver anunciado o fim do comunismo, empoleirado num carro de assalto; mas apesar desta imagem inaugurará um regime sem qualquer coluna vertebral: os oligarcas aproveitaram para adquirir pessoalmente, por todo o tipo de estratagemas duvidosos, as riquezas do país. Na indústria petrolífera, fizeram aumentar a produção graças a empréstimos do FMI, do Banco Mundial e do Banco de Nova Iorque e cederam a consórcios petrolíferos americanos e britânicos partes importantes na exploração dos hidrocarbonetos russos. Putin, desde a sua ascensão ao poder em Janeiro de 2000, mete rapidamente um travão a estas perversões. Imediatamente, potências anglo-saxónicas, petrolíferas, oligarcas e idiotas de serviço no mundo mediático mobilizam-se contra ele e declaram-lhe guerra, uma guerra que prevalece ainda hoje. Terrorismo checheno de Ahmed Zakaiev (com os seus apoios turcos), revolução das Rosas na Geórgia e revolução laranja na Ucrânia são os frutos amargos de um vasto e sinistro complot destinado a enfraquecer a Rússia e a defenestrar Putin. Só o ex-oligarca Roman Abramovic se retratará (4), devolverá os bens adquiridos no tempo de Ieltsin, tornar-se-á governador de Kamtchatka para dar vida a essa região deserdada mas altamente estratégica. Servirá igualmente como intermediário entre Putin e Olmert nos litígios russo-israelitas.

Rússia: potência ortodoxa

Depois da queda do comunismo e do regresso dos valores religiosos, sobretudo na área muçulmana, no Afeganistão antes de mais, depois na Ásia central ex-soviética, mas em menor dimensão, a Rússia encontra-se enfraquecida por décadas de propaganda anti-religiosa do sistema soviético, que quebrou o vigor da ortodoxia entre as populações eslavas e generalizou uma astenia espiritual delinquescente, mas não afectou tanto o Islão centro-asiático, revigorado pelo dinheiro saudita e pelo apoio americano aos moudjahidin afegãos. Mais, nos primeiros anos do pós-comunismo, a vaga de materialismo ocidentalista sacode por completo uma Rússia desnorteada mas, como o remédio cresce sempre ao mesmo tempo que o perigo, o regresso à ortodoxia de uma parte da população (60% segundo as sondagens) volta a dar parcialmente ao país uma identidade religiosa e política tradicional, da qual a Europa ocidental está desde há muito desprovida. Alexandre Soljénitsyne exortava o povo russo a reencontrar o espírito da Ortodoxia e o Patriarca Alexis II dá o seu apoio a Vladimir Putin, que acaba por definir o seu país como uma «potência ortodoxa» aquando da sua visita ao Monte Athos na Grécia em Setembro de 2005. Este regresso à ortodoxia reaviva um determinado anti-ocidentalismo, bem legível nas declarações de um concílio de Abril de 2006, onde a Igreja ortodoxa russa promulgou a sua própria «declaração de direitos e dignidade do homem», onde são fustigados o individualismo ocidental e a vontade de ingerência estrangeira procurando impor «direitos do homem» de tipo individualista na Rússia e em todas as outras terras ortodoxas. O texto acrescenta: «Há valores que não são inferiores aos direitos dos homens, como a fé, a moral, o sagrado, a pátria», onde o filósofo da história discernirá uma recusa da ruptura calamitosa que representa a ideologia dos direitos do homem de 1789 da vulgata mediática actual, quando a manipulamos com a hipocrisia que tão bem conhecemos. A 17 de Maio de 2007 as igrejas russas em estado de diáspora desde os anos 20 reconciliam-se com o Patriarcado de Moscovo (5), o que torna mais difícil a tarefa de voltar as opções da ortodoxia russa umas contra as outras.

Ucrânia: A revolução laranja resvala

A ingerência ocidental efectua-se sobretudo por via das «revoluções das cores» (6) novo modo de praticar a «guerra indirecta» e mutilar as franjas exteriores do antigo império dos Czares e da URSS, como as repúblicas caucasianas e a Ucrânia. Sabemos que a revolução laranja acabou por ser um fiasco para os seus comendatários ocidentais, Victor Iuschenko, o presidente eleito pelo seu programa pró-ocidental, não mudou nada, nem num sentido nem noutro, apesar da sua vontade de fazer entrar a Ucrânia na U.E. e na NATO. O ícone feminino da efervescência laranja de 2005, Iulia Timochenko, afundou-se na corrupção e na demagogia mais baixa, sem qualquer base ideológica clara. Ianukovich, o antigo líder pró-russo da Ucrânia oriental permanece pragmático: A Ucrânia não é matura para a Nato e a U.E. não quer Kiev, diz ele. Em finais de Setembro de 2007, para as eleições, não há manifestações nas ruas. A calma. As agências ocidentais já não pagam. Para o escritor Andrei Kurkov, as personagens da revolução laranja eram marionetas; o poder permanece nas mãos dos gestores da economia ucraniana, ligada à economia russa (7).

Na Geórgia, onde o actual presidente Mikhail Saakashvili tomara o poder em 2003 depois da revolução das rosas, uma contra-revolução acaba de estalar, sem líder bem perfilado (8), que destabiliza a criatura da americanosfera, ícone masculino dos media teleguiados a partir dos EUA. Apesar da sua vitória e da resolução do problema da Adjária secessionista em Maio de 2004, Saakashvili não conseguiu submeter uma outra província separatista, a Ossétia do Sul, encostada à faixa do Cáucaso. Este território de apenas 75 000 habitantes não conta com mais de 20% georgianos étnicos. A sua população é fiel à Rússia. Agindo sobre o descontentamento popular face à política pró-ocidental (e portanto neo-liberal/globalista) de Saakashvili e sobre as especificidades étnicas da Adjária e da Ossétia, Putin encontrou o meio de contrariar os efeitos de uma revolução colorida e de forjar as armas para anular aquelas que, eventualmente, emergiriam amanhã.

Outubro de 2007 – Cimeira de Teerão

Outro sucesso maior de Putin: a vasta estratégia petrolífera implementada, na Europa e na Ásia. Conseguiu quebrar a coesão dos oligarcas (9), apaziguar os perigos de conflito que existiam no Cáspio. A cimeira de Teerão em Outubro de 2007, que reunia os dirigentes da Rússia, do Irão, do Kazaquistão, do Azerbeijão e do Turquemenistão, tinha por objectivo estabilizar a situação nas margens do mar Cáspio e aí organizar um modus vivendi para a exploração dos recursos locais de hidrocarbonetos e de gás. Os acordos que daí saíram estipulam, nomadamente, que os países limítrofes, participantes na conferência, não permitirão que os seus territórios respectivos sirvam de base a potências de fora da zona para agredir um qualquer Estado signatário. Incluindo o Irão, entende-se (10).

No contexto actual, onde o atlantismo apela uma vez mais à matança e em que um dos seus cães de Pavlov, na personagem do sarkozista e ex-socialista Kouchner, junta os seus latidos sinistros ao lúgubre concerto dos belicistas, esta disposição da cimeira de Teerão bloqueia toda a veleidade americana de ingerência na Ásia central e preserva o território iraniano sobre o seu flanco norte, já que o Irão está hoje perigosamente cercado pelas bases americanas do Golfo, Iraque e Afeganistão. O Irão é a peça central, e ainda não controlada, de um território que pertence ao USCENTCOM ( que se estende do Egipto a Oeste ao Paquistão a Este). Este território, na perspectiva dos estrategas americanos, inspirados por Zbigniew Brzezinski, deve servir a prazo, com a sua «Youth Bulge» (a sua vitalidade demográfico e a sua natalidade em alta constante, excepto no Irão) de mercado de substituição em benefício dos EUA, porque a Ásia mantém reflexos autárcicos e a Europa possui um mercado interior menos acessível, e, ainda por cima, uma demografia em retrocesso. O controlo deste espaço implica evidentemente a eliminação do Irão – peça central e área nodal de uma imperialidade regional plurimilenar –, o isolamento estratégico da Rússia e o seu distanciamento de todos os territórios conquistados desde Ivan o Terrível, o controlo da Mesopotâmia e das montanhas afegãs e a desagregação das culturas «masculinistas» e portanto, anti-consumistas, dessa vasta área, certamente islamizada, mas escondendo ainda muitas virtudes e energias pré-islâmicas, permanecendo renitente ao fanatismo wahabita.

Corrente Sul e Corrente Norte

Os acordos do Mar Cáspio terão uma implicação directa sobre o aprovisionamente energético da Europa. O sistema de oleodutos e de gasodutos «Nabucco», favorecido pelos EUA, que pretendiam diminuir a influência russa e iraniana na distribuição de energia, será complementado pelo sistema denominado «Corrente Sul», que partirá de Novorossisk nas margens do Mar Negro para chegar às costas búlgaras ( portanto sobre o território da U.E.), de onde partirá em direcção à Europa central, de uma parte, e em direcção à Albânia, e de lá para o sul de Itália, de outra parte. A ENI italiana é parte envolvida no projecto (11). A realização deste, através da parte pacificada dos Balcãs, arruína automaticamente as manobras dilatórias das forças atlantistas no Báltico, onde os EUA também incitam as pequenas potências da «Nova Europa», cara a Bush, a aniquilar o projecto de encaminhamento do gás russo em direcção à Alemanha a partir de Königsberg/Kaliningrado ou do golfo da Finlândia, impulsionado pelo Chanceler Schröder à época simpatizante – mas tão brevemente – do eixo Paris-Berlim-Moscovo. O sistema de gasodutos do Báltico tem no nome de «Corrente Norte» (12) : a sua conclusão está hoje bloqueada pela oposição de Talim a todos os trabalhos ao longo da costa estoniana. Este bloqueio é ditado em última instância por Washington, que instiga nos gabinetes os países bálticos e a Polónia contra todos os projectos de cooperação euro-russa ou germano-russa, restaurando assim, de facto, o «cordão sanitário» de Lord Curzon e os efeitos mutiladores da Cortina de Ferro sobre as dinâmicas interiores da Europa no seu conjunto. O que foi desde sempre o objectivo das potências talassocráticas.

A vitória eleitoral de Putin em Dezembro de 2007 demonstra, para além da sua real popularidade apesar das campanhas dos oligarcas e dos media, que as estratégias das «revoluções das cores» não surtiram efeito: a essas Putin respondeu com uma mobilização citadina e patriótica criando o movimento «Nachi» ( «Os Nossos) que tomou as ruas em lugar e vez de patifes como Kasparov ou outros descerebrados sem inteligência geopolítica ou geoestratégica.

A Europa não pode querer uma Rússia destabilizada e mergulhada no caos, porque, nesse caso, ela seria automaticamente lançada, senão num caos similar, ao menos numa recessão de que poderia bem prescindir, visto o seu declínio demográfico, a sua relativa estagnação económica e os sinais precursores de um real empobrecimento das suas classes trabalhadoras, fruto de quase trinta anos de neo-liberalismo.

Conclusões:

Em conclusão, o fenómeno Putin deve levar-nos a pensar o nosso destino político nas categorias mentais seguintes:

- Não tolerar a influência de oligarcas de todas as espécies nas nossas esferas políticas, que alienam riquezas, fundos e capitais através de práticas de deslocalização; segundo o bom velho princípio do primado do político sobre o económico, que Putin conseguiu fazer triunfar;

- Compreender por fim a necessidade de uma coesão religiosa visível e com visibilidade (como pretendia Carl Schmitt), mais difícil de restaurar no Ocidente, vistos os danos profundos causados no longo prazo pelo protestantismo, o sectarismo diversificado e caótico que dele saiu e a deliquescência do catolicismo desde o século XIX e do concílio Vaticano II;

- Suscitar uma vigilância permanente contra as manipulações mediáticas que conduziram a França aos acontecimentos de Maio de 68 (para expulsar De Gaulle), às greves de 1995 ( para vergar Chirac na sua política nuclear em Moruroa), às revoluções das cores; é preciso ser capaz de gerar uma contra-cultura ofensiva contra o que as agências do lado de lá do Atlântico tentam vender-nos, afim de provocar, pelos efeitos desse «soft power» terrivelmente bem ensaiado, mutações políticas favoráveis aos EUA;

- É preciso procurar uma independência energética continental, não permitindo aos lóbis petrolíferos americanos controlar os fluxos de hidrocarbonetos na área continental euro-asiática, para benefício dos seus interesses e em detrimento da coesão do Velho Continente;

- É preciso seguir Putin nas suas ofensivas diplomáticas na Ásia, sobretudo em relação à Índia e à China; à Europa interessa estar presente no subcontinente indiano e no Extremo-Oriente, numa perspectiva de harmonização de interesses, como de resto havia já preconizado a China na sua resposta às tentativas ocidentais de ingerência intelectual (o «soft power», que age contra a cultura imperial chinesa).

As cooperações euro-russa, euro-indiana e euro-chinesa, abrem perspectivas mais sedutoras do que o aprisionamento atlantista, do que a nossa triste maceração nos despojos da dependência mediática e política, onde estamos mergulhados, para nossa vergonha. Todos os povos da terra esperam o despertar da Europa. Esse só é viável apoiado sobre a Eurásia, a começar pela Rússia, como no tempo das grandes alianças, começadas à época da Guerra dos Sete Anos.

Robert Steuckers

Forest-Flotzenberg, Dezembro 2007.

Notas :
(1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 de Novembro 2007 (artigo tirado da revista sul-africana Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa).

(2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse. Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; igualmente, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.

(3) Frank McLYNN, 1759. The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.

(4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen. Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit, Nr. 42/2007; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch: Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit, Nr. 46/2007.

(5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (surgido nas bancas em Novembro de 2007). Ver igualmente : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, especialmente o capítulo : « L’Eglise orthodoxe par ce Temps des Troubles », p. 301 et ss.

(6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, de 10 de Dezembro de 2004, intitulado „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“; este dossier é acompanhado por uma entrevista com o estratega e teórico das guerras indirectas, Gene Sharp, intitulada « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. sobretudo Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).

(7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.

(8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Oktober 2007.

(9) www.barnesreview.org / Um texto saído deste site foi raduzido em italiano. Trata-se de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 de Novembro de 2007.

(10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 octobre 2007.

(11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 novembre 2007.

(12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 octobre 2007. Recordamos, entretanto, que o projecto de um oleoduto ( ou gasoduto) em direcção à Alemanha e á Polónia não é uma ideia nova. Em Dezembro de 1959, Soviéticos, polacos e alemães de leste assinaram um acordo em Moscovo para a construção do «ramo norte do oleoduto da amizade». A «Corrente Norte», de que falamos aqui, não é senão a reactualização, num contexto que já não está marcado pela guerra-fria.

mardi, 05 février 2008

Troy Southgate in "Kinovar" (Russia)

By Miron FYODORAV

http://www.new-right.org/?p=21

Troy, you are now one of England’s most influential and radical ideologists. How did your political views develop, and, more generally, how did a young South London lad get in touch with rather abstract philosophical and political concepts?

As a child I always had a strong social conscience, something I inherited from my father. As a result, therefore, I was constantly aware of the great disparity between the immense wealth and riches enjoyed by the West and the comparative poverty in so-called ‘Third World’ countries like Ethiopia and India. In my final two years at school I became very interested in the six main bands from the Two Tone scene that were releasing protest songs in opposition to Margaret Thacher’s Conservative Government. These included The Beat, The Specials and The Selecter. The deeper message behind Two Tone, apart from promoting racial harmony, was centred on urban decay and the effects that Capitalism was having on ordinary people’s lives. In my teenage years we moved from a council estate in Crystal Palace, South London, to a small bungalow in the country town of Crowborough, in East Sussex. When I was eighteen I decided to vote Labour in the General Election, following my father’s example. By this time, the rest of my family were becoming Conservatives and involving themselves in the expanding housing market. Despite the fact that I was very mistaken to believe that the Labour Party was anti-Capitalist, the fact that my father was virtually the last person to stick to his working class roots inspired me a great deal. Meanwhile, the fact that I now found myself in such a rural environment meant that I had to travel up to London on a regular basis to see the rest of my family or to buy clothes and records. The fact that I always kept in touch with my South London roots, therefore, eventually led to me discovering the National Front (NF). I had heard of the NF on various occasons, not least because they were regularly denounced at many of the Two Tone and ‘Rock against Racism’ events that I was attending several years earlier. But there was a great deal of crossover between the skinheads of the Ska movement and those who attached themselves to racialist causes, so during a visit to East Croydon to watch Bad Manners in 1984 a chance meeting with an old friend led to me accompanying him to the ‘NF pub’ across the road. Consequently, I ended up buying a copy of ‘NF News’ and reading it on the train home. The first thing that struck me was how incredibly anti-Capitalist and pro-socialist the Movement was, particularly the articles about the Mondragon Co-operative in Northern Spain, the distributist views of Hilaire Belloc and G.K. Chesterton, and Otto Strasser’s defiant struggle against Hitler and Big Business. Before long, I found myself travelling up to South London twice a week in order to socialise with members of Croydon NF like Chris Marchant, Gavin Hall and John Merritt. They were a few years older than I was and, in between pints of ale, I spent the evening picking their brains about the history of the NF and various ideological issues. I was astonished to discover that the stereotypical media image relating to a group of alleged race-hating, neo-nazi thugs was complete and utter hogwash. Eventually I was made East Sussex Regional Organiser, given the role of taking ‘NF News’ to the printers and joining the likes of Derek Holland, Nick Griffin, Graham Williamson and Patrick Harrington in the Movement hierarchy. It was a very exciting and formulative period and I look back on that period with a good degree of fondness and nostalgia.

What, exactly, was the NATIONAL REVOLUTIONARY FACTION and why was it disbanded in 2003?

In 1990, the NF changed its name to Third Way after a bitter personality clash had driven a wedge between those in the leadership. Many of us left to form the International Third Position (ITP), but by 1992 a large group of us became disenchanted with the fact that certain individuals like Roberto Fiore (now Forza Nuova) and Derek Holland had betrayed the genuinely anti-fascist principles of the late-80’s NF by forming alliances with conter-revolutionary elements in the Catholic Church and neo-fascist groups overseas. As someone who has always been extremely suspicious of Right-wing reaction, this was not what I wanted at all. Consequently, when it emerged that Fiore and Company had also stolen thousands of pounds from a very close friend of mine who had invested money in their abortive ‘farm’ project in Northern France, we formed the English Nationalist Movement (ENM) and took most of the ITP’s regional units and publications with us. One of our more senior members, on the other hand, had spent over twenty-five years in Gerry Healey’s Workers Revolutionary Party (WRP) and taught me a great deal about strategy and organisation. The ENM restored the old socialist values that had come to the fore in the 1980’s NF and produced a barrage of printed material about Robert Blatchford, William Morris, the Strasser brothers, Robert Owen and others. The ENM was fairly successful and earned itself quite a reputation, but in 1998 we decided to take things one step further by establishing the National Revolutionary Faction (NRF). The NRF was a hardline revolutionary organisation based on an underground cell-structure similar to that used by both the Islamic Resistance Movement (Hamas) and the IRA. Our main centre of operations was in West Yorkshire, where we established a system of ‘leaderless resistance’ and worked alongside local resident groups concerned at the large number of Asian attacks in the area. This was not designed to affect innocent people, but to counter the increasing violence against the indigenous White community. Eventually, however, a combination of State repression and half-heartedness on behalf of some of our cadres led to us having to scale down the whole operation. The fact that we had been greatly inspired by the work of Richard Hunt and Alternative Green and were also in the process of changing the NRF into an Anarchist organisation also took its toll. In 2003 we finally decided that it was futile to portray ourselves as a ‘movement’ when, in fact, there were never more than 20-25 people involved at any one time. These days, we simply refer to ourselves as ‘the National-Anarchists’ and believe that we represent a current rather than an actual organisation of any kind. What is also quite fascinating, however, is that National-Anarchism developed in several different countries at the same time. Hans Cany (France), Peter Topfer (Germany) and myself are each part of a simultaneous phenomenon that developed as a logical antithesis to the ideological bankruptcy that characterised the end of the Twentieth Century. It is with this new platform in mind that we now enter the next century and attempt to overcome the difficulties and tribulations that dominated the last.

The idea of National-Anarchism is certainly very attractive, but its critics seem to be justified in claiming that it can make a territory - we are consciously avoiding words like “state” and “country” - extremely vulnerable to foreign intervention. How can a society based on National-Anarchist principles defend itself against a centralised, totalitarian agressor? Surely the principle of “blood and soil” would make it impossible to be loyal to a greater entity than one’s local community, and thus to successfully oppose globalisation, foreign economic domination and cultural imperialism?

We all know what happened to the innocent children of Waco, the family of Randy Weaver and the anti-tax rebels of the Michigan Militia, so in order to be as successful as possible it is crucial that National-Anarchist communities do not seek to maintain a high profile or invite confrontation with the State. There are peaceful Anarchist and secessionist communities all over the world, let alone tribal societies that have existed for many thousands of years. It’s just a question of keeping one’s head beneath the parapet. Large-scale immigration and socio-economic decay has meant that countries like England have become totally irretrievable, and therefore it may even be necessary to create these communities abroad. Given that Indo-Europeans have migrated on countless occasions before and, indeed, in the case of people emigrating to New Zealand and Spain are continuing to do so in great numbers today, this is not as drastic as it sounds. As the West continues its inevitable decline and fall, National-Anarchists will continue to investigate those socio-economic alternatives which can provide a real alternative to the system that is crumbling around our ears. In many ways, the real struggle against Capitalism will take place on the periphery, rather than at the centre. We must remember that the West can only retain it’s privileged lifestyle by exploiting the so-called ‘Third World’, and this is precisely why revolution on the periphery is a far more feasible option than attempting to fight the Capitalists on their own turf in Europe or North America. In fact the very same process brought about the collapse of the imperialistic Roman Empire. It is also vital to view National-Anarchism as part of a long-term strategy and understand that it could take many decades before these ideas really begin to swing into action. One thing we do have on our side, however, is that every time the system weakens we actually get that little bit stronger. As more and more people turn their backs on mass consumerism, the concept of living in small, decentralised communities with others of like-mind will become more realistic and attractive.

What are your views on natural rights? Is there such a thing as a right to life?

I don’t believe that anyone, man or beast, has a specific ‘right’ to life. That is not to suggest, on the other hand, that we shouldn’t continue to resist those who seek to exploit our labour in the factories and the fields, attempt to bleed us dry through the machinations of the international banking system, or cruelly torture innocent animals in the name of fashion or medical science. We hear a lot about ‘rights’, but never enough about duties. What about our responsibility to the environment, for example, or our duty to ensure the well-being of our children and not leave them vulnerable to the corrosive effects of the liberal ‘education’ system? But in short, nobody has a ‘right’ to anything. ‘Rights’ are purely contractual and can only be drawn up superficially. We know from experience, however, that just as weeds will overrun a beautiful garden, basic human nature ensures that even the best intentions inevitably come to nothing. This may sound very pessimistic, but these utopian liberal bubbles are there to be pricked.

What are the links between your vision of National Anarchism and JULIUS EVOLA’S writings? How can his concept of the Empire co-exist with that of anarchism? In this context, what is your view of FRANCIS PARKER YOCKEY’S ideology?

National-Anarchism and Julius Evola do not necessarily go hand in hand. As a former student of Theology & Religious Issues, I have a personal interest in Evola because his seminal work, ‘Revolt Against The Modern World’, taught me a great deal about the irreconcilable differences between tradition and modernity. That obviously has great implications for the development of traditional communities that have rejected the contemporary world. And, like the German novelist Ernst Junger, Evola also adhered to the concept of the Anarch or Sovereign Individual. The man or woman that has learnt to ‘ride the tiger’ and retain both their sanity and dignity in the face of cosmological decline. But as far as Evola’s belief in a European Imperium is concerned, whilst I agree with a transcendental and unitary vision to which people can give their allegiance, I still support political, social and economic decentralisation right down to the lowest possible unit. This may sound like a contradiction in terms, but it is possible to give one’s allegiance to a higher ideal and still retain a sense of localised autonomy and self-determination. I don’t find Yockey’s work that inspiring, to be perfectly honest, and a centralised European superstate has no appeal for me whatsoever. On the other hand, he did understand the threat that America and its Zionist allies present to the world and proved himself to be a brave and competant liaison officer.

It seems that, while the best men devote their lives to the development of conservative-revolutionary ideas, the worst men succeed in putting them into practice. One can easily sympathise with MOELLER VAN DEN BRUCK’s heroic vision of the Third Reich, but not with Hitler’s regime. The same is true of other great thinkers when compared to the brutal and bureaucratic regimes their works indirectly helped to establish. This, in fact, has led to great pessimism among those who felt their ideas were betrayed. GOTTFRIED BENN or JUNGER for example. Does this mean the conservative revolution is a largely utopian concept, more romantic than it is practical?

I certainly don’t believe that it is possible for Revolutionary Conservatives to take control of a national government, if that’s what you mean. At least not in Europe. Here in England, for example, the New Right is confined to small fringe groups like the Conservative Democratic Alliance, Monday Club, Freedom Party and Right Now magazine. Meanwhile, of course, working on the fringes does not present a problem for National-Anarchists, in fact that’s the whole point of our opposition to the centre. The Gramscian method can work on the Left, it seems, but not on the Right.

What is your opinion of SIR OSWALD MOSLEY, and of other “homegrown” fascist ideologists?

I am opposed to all totalitarian doctrines, be they Fascist or Communist. But whilst Mosley himself was a thoroughly dislikable character, I do believe that he was a geniune and principled individual and to a certain extent I have respect for what he tried to achieve. He went the wrong way about it, of course, but if the British Union of Fascists (BUF) had not made the mistakes that it did we would have to go through the whole process again.

As a patriot, how do you view of the Right-wing of England’s politics? What are the main problems you have with nationalist groups like the British Nationalist Party (BNP), or the even more moderate United Kingdom Independence Party (UKIP)?

I’m not sure I would describe myself as a ‘patriot’. As I’ve already explained, the whole notion of England as representing both a geographical area and a people is becoming increasingly hard to substantiate. The only way England can ’survive’ is by being constantly redefined. Using ridiculous and contrived phrases like Tony Blair’s ‘Cool Brittania’, for example. But let’s face it, the main towns and cities of modern-day England have become multi-racial hellholes and despite the flag-waving that accompanies any major football tournament, it’s quite ridiculoius to cling to the belief that we can somehow restore our nationhood by repatriating all immigrants and their descendants. It won’t happen. Ever. Parties like the BNP are merely postponing the inevitable decline. Furthermore, of course, the fact that they continune to tread the discredited boards of parliamentary politics simply perpetuates the whole charade. We need people to become disillusioned with the ballot box, not to cling to the mistaken belief that voting for the BNP can solve all of our problems. One way in which it is possible to have some kind of influence, on the other hand, is by using UKIP as a vehicle to disrupt the European Union. Besides, whilst UKIP itself is comprised of bankers and industrialists worried about the threat of the single currency, the fact that it remains a single-issue pressure group means that it is still possible to upset the federalist applecart without compromising one’s own principles. Voting for parties, therefore, is futile, but UKIP MEPS only seek election in order to interfere with the very process itself. This, perhaps, would be a worthy target for the attentions of the New Right.

What about the Left? Are there any forces associated with Left politics that you are prepared to ally with? Have you been influenced by Left-wing authors and ideas?

Certainly been far more influenced by the Left than the Right, if that’s what you mean. The so-called ‘anti-fascists’ on the Left appear to have trouble with the fact that I cut my political teeth, so to speak, in the NF. But this is quite irrelevant. I’ve never considered myself to be Right-wing and when I joined the Movement it had progressed beyond the stage of being a Right-wing organisation. Furthermore, the terms ‘Left’ and ‘Right’ each have their origins in the build up to the 1789 French Revolution, anyway, and my lifelong opposition to the established order must surely put me on the Left. Not that I even consider this to be a valid description of my beliefs, of course. National-Anarchists are prepared to form alliances with anyone and have attended many protests and demonstrations in order to express our solidarity with the wider opposition to International Capitalism. To paraphrase Lenin, ‘we must march separately but strike together’. Indeed, when a young Palestinian miltant throws a petrol bomb at an Israeli tank, he speaks for us just as we speak for him. My own ‘Left-wing’ influences include George Orwell, Mikhail Bakunin, Emma Goldman, Peter Kropotkin, Gerard Winstanley, Max Stirner, Nestor Makhno, Che Guevara, Sergei Nechayev, Hakim Bey, Pierre-Joseph Proudhon, the Angry Brigade, and the Red Army Faction.

Generally, how flexible is your movement when it comes to strategic alliances? What would you say is the political common denominator, the decisive streak a group or a party must have in order to become your ally? Is it anti-Americanism, anti-globalism, anti-liberalism, Third Positionism?

I don’t think there are any common denominators. Useful opportunities come in all shapes and sizes and world history is full of surprising alliances that have taken place between seemingly opposed groups. Realpolitik is necessary whenever and wherever the need arises. Much of what we do has to be covert, because the groups that direct the anti-Capitalist movement are usually controlled by Left-wing dogmatists who believe that we National-Anarchists are trying to subvert Anarchism for our own sinister ends. But this is false. As we’ve said elsewhere time and time again, we are not ‘racists’ or ’supremacists’ with some kind of secret agenda, we are seeking our own space in which to live according to our own principles. Sadly, however, most people on the Left want more than that and will not rest until they can organise every minute aspect of people’s lives. It’s a self-perpetuating disease. This is why they talk of the ‘right to work’, when - as Bob Black rightly points out - the real problem is work itself. The Left, just like the totalitarian Right, refuses to tolerate anyone who tries to opt out of its vision of an all-inclusive society. Some of us, however, want no part of this and will only be ’socialists’ among ourselves and with our own kind.

A somewhat provocative question: do you sometimes feel that radicalism and marginal politics have grotesque and ridiculous sides, as famously described in STUART HOME’S novel “Blowjob”? Ideologists switching from left to right and back again within an hour, supposedly dangerous parties consisting of just a few members - doesn’t all this this sometimes remind you of a poltical carnival rather than realpolitik?

Despite being regarded by Stuart Home and his friends as some kind of ‘anarcho-fascist’, I can’t say I’ve actually read his book. But I do understand the point you’re trying to make. The ITP accused me of being fickle once I had left the Catholic Church and began exploring paganism and the Occult, but I think it’s a question of personal development. Some people will always be political opportunists, of course, but in my case it was a question of gravitating slowly over the course of several years. Without being arrogant, I believe that intelligent people tend to think their way out of the party. And it you look at my track record, it does actually make sense. I’ve always tried to be as genuine and open-minded as possible, doing the research and exploring the options available to me instead of following blindly like those who decided to remain in the ITP rather than try to put things back on track. National-Anarchism isn’t some kind of middle-class adventurism designed to shock, it’s what I like to describe as a form of ‘realistic escapism’.

What about using the enemy’s weapons instead of fighting with guerilla tactics from the underground? I’m talking about unorthodox means such as using the style of glamour mass-media together with aggressive propaganda of a “trendy revolution” aimed at the youth. We know that the System has so far managed to digest the most marginal and revolutionary elements of counter-culture and make them harmless, so surely the adequate response to this is to position oneself as “mainstream” right from the start, thus preventing the ruthless market from exploiting one’s “non-conformity”? Can you accept this position, or do you see the process of “reclaiming the streets” as the only effective tactic?

I don’t believe in reclaiming the streets at all. We tried that in the ENM and failed. But I do make a distinction between politics and culture, so therefore I support these forms of counter-culture because the political struggle can only make progress if there is a cultural struggle to accompany it. This was how the NSDAP managed to achieve so much progress in 1930’s Germany, it simply tapped into an existing cultural vein and rode it all the way to the Reichstag (with more than a little help from wealthy German industrialists, of course). I’m not suggesting that it’s still possible to gain control of the national state in this way, but it’s all a question of identity. An individual can empower his or herself by joining together with like-minded people. If this relates to an ideal that is connected with music or fashion, for example, then all the better. I think the strategy currently being deployed by KINOVAR is the right path to take.

How strong is your link with the Russian “International Eurasia Movement”? You are, after all, the man behind the “Eurasian Movement” which stresses the importance of “the geopolitical vision” of “contemporaries like ALEXANDER DUGIN”, and you could therefore easily be seen as Dugin’s man in England. And yet his approach to politics seems to differ greatly from yours. Can you share all of his views and accept his strategies?

I won’t pretend that the Eurasian Movement (EM) in England is making any real progress at the present time, because Eurasianism in general is still a fairly new concept in Western Europe. More than anything, I think, the EM is simply a convenient rallying point for those familiar with Dugin’s ideas and who are gravitating towards such concepts. But we are part of the Eurasianist international, if you like, and recently sent a message of support to the annual Eurasianist gathering in Moscow. Dugin is not a National-Anarchist by any stretch of the imagination, but as an advisor to Vladimir Putin he is in a position to influence Russian affairs and policy-making at the very highest level. In many respects this is similar to the role of UKIP, referred to above. Eurasianism is important to National-Anarchists because it puts our struggle into a wider perspective. Indeed, whilst we are primarily concerned with what goes on at the level of the village or on our own doorstep, so to speak, we still believe that we can export our ideas by offering support to a new ‘dissident’ alliance against Western interests. But we are not interested in the formation of a new Eastern imperialism, by which Russia can then dominate her immediate neighbours for her own narrow interests. We want to help create a network of decentralised allies all striving towards a similar ideal, but each retaining their own unique character. The best - despite being a fairly simplistic - example that I can think of in this regard, is the collaboration that takes place between Hobbits, Elves, Dwarves and Men against a common totalitarian enemy in Tolkien’s ‘The Lord of the Rings’. Instead of creating a counter-imperialism, of course, when the battle is finally won the Fellowship gradually subsides and the various races get on with their own lives in their own peculiar way. This kind of loose defence structure is completely in tune with National-Anarchism and its opposition to large standing armies and militaristic autocracy in general.

What is your vision of the European and English future in 50-100 years’ time?

To some extent I dealt with this issue in Question 8. But let me give you an example. Imagine if you had a glass of clean water and then began to add several drops of another liquid, such as ink, for example. At first, the water would become rather cloudy, but as more and more ink is added the water then begins to lose its original appearence altogether. Eventually, of course, it would be ridiculous to refer to it as ‘water’ at all. This is how I see the future of both England and Europe. The fact that our continent is changing at such an alarming rate means that it can no longer be seen as representing a homeland for people of Indo-European stock. Coupled with the fact that thousands of Europeans are emigrating abroad to places like Australia and New Zealand, the future of Europe is beginning to look very precarious indeed. Many will stay and fight, of course, but the most sensible option in this increasingly tenuous situation - I believe - is to create new homelands on the periphery. But just how far we will have to go in order to avoid the wrathful clutches of the West remains to be seen.

One has the impression that a number of our contemporaries identified with the conservative revolution were inspired by Russian culture. For example, DAVID TIBET has mentioned SOLOVYEV among his spiritual influences, while your friend and ally, the radical Christian and conspiracy theorist WAYNE JOHN STURGEON, seems to be inspired by BERDYAEV. We know you are interested in TARKOVSKY, who is, in fact, extremely popular with the European intellectuals (his name has practically become a cliche), but apart from him, who were the other Russian thinkers to influence you?

David Tibet has many influences and Solovyev merely relates to his interest in revelation and apolocalyptic matters in general. Wayne John Sturgeon, on the other hand, who is a good friend of mine, is probably more interested in the remarkable English mystic, William Blake, who was convinced that a new Jerusalem could be constructed in the British Isles. The main Russian thinkers that have inspired me, however, include Mikhail Bakunin and Fyodor Dostoyevsky. The former, for his defiant opposition to Marxist dogmatism and state socialism, and the latter, for his deep and profound insights into Russian poverty and the latent power of the human spirit. Sergei Nechayev is also very interesting, because he describes the uncompromising attitude that must be adopted by the serious revolutionary.

What about ALEXANDER BLOK? I recall you quoting from “The Scythians” at some point.

Reliable information about Alexander Blok is often hard to come by in English, but I do admire his melancholic attitude, his poetic romanticism and the undisguised hostility that he expressed towards civilisation and materialism. He also believed in the idea of messianic revolution, something clearly at odds with his initial support for the events of 1917 and the Soviet regime’s bitter campaign against both orthodox and unorthodox religion.

Let’s return to England. If asked to name five Englishmen whose works you have learnt from, who would you include in the list?

This is a very difficult question, not least because it is so confined. But if I had to name just five individuals, I would choose William Cobbett for introducing a city boy to the joys of self-sufficiency and the countryside, Richard Burton for epitomising the indomitable hero and for awakening my interest in Africa and the Middle-East, Charles Dickens for bringing the misery of working-class life to the educated public mind for the first time, George Orwell for having the courage to share with us his shattered dreams and illusions about International Socialism, and Hilaire Belloc for teaching me what it means to be English in the first place. Apologies to Morris, Reed, Chesterton, Blatchford, Lawrence and several others!

You seem to be a music lover and an expert, especially when it comes to Neofolk and Industrial music. Which bands do you value most, and why?

I’m certainly no expert, but I’ve always had a deep love of music from a very young age. I also enjoy Traditional Folk (Shirley Collins, Planxty, Dubliners, Steeleye Span, Yetties), Bluegrass (Bill Monroe, Stanley Brothers, Country Gentlemen, Merle Travis, Doc Watson), Classical (Strauss, Bach, Chopin, Vivaldi), Metal (Iron Maiden, Rammstein, Cradle of Filth, Marilyn Manson, Black Sabbath), Psychedelic (Bevis Frond, Hawkwind) and Electronic (Kraftwerk), but the reason so many Neofolk and Industrial groups have fired my interest in recent years is due to the way in which, unlike the contemporary mush of the musical mainstream, they have an ability to convey thoughts and ideas in a less well known but extremely powerful manner. Rather like the way symbols and archetypes can work on the human subconcious. It would be unfair of me to single out a mere handful of groups or individuals when there are clearly so many talented examples out there, but the more professional and significant of them emanate from labels such as Cold Spring, Dark Holler, Mute, Tesco, World Serpent, Eis & Licht, Athanor, Somnambulant Corpse, Tursa, Fluttering Dragon, Svartvintras, and Cynfeirdd. But the reason these artists stand out, at least for me, is due to their unwillingness to compromise or to popularise themselves in the name of profit. It’s also a fact that several of our main influences - Junger and Codreanu, for example - feature in many of the songs.

Have you ever been in a band yourself? Ever written lyrics or poetry?

Yes. I used to write fiction and poetry as child, winning minor prizes at school and colege, and then as a teenager I was a vocalist in several Ska and Oi! bands and played gigs in and around London and the southern counties. I also play Folk and Bluegrass songs on acoustic guitar and a close friend of mine often joins me on the mandolin for long jamming sessions. These days, however, I’m a writer and vocalist with the mainly Dutch group, HERR, and have written and recorded for the harsh Swedish electronic outfit, Survival Unit.

What are your views on the importance of music for the revolutionary struggle?

I believe that music can act as a true voice in the quest for revolutionary change. We’ve all seen the immense power and influence that can be produced by certain genre, the musical categories mentioned above being testimony to that fact. Music can be far more than a pleasurable experience, however, it can also function as a means of anger, self-expression and experimentation. This has been going on ever since the Teddy Boys of the 1950’s, or the Mods and Rockers a decade later. Music and its accompanying lifestyles can inspire real belief. Once that power is shackled to a political current it can become a dynamic cocktail.

The majority of the industrial/neofolk scene is highly sceptical of “sellout” musicians, rejecting an artist’s work as soon as he becomes accepted by MTV. You don’t seem to judge according to the same criteria, your praise of MARILYN MANSON’S performance in London being just one example. In today’s totalitarian “society of the spectacle”, can anyone be accepted by the masses but still remain an inspirational and great artist?

I think that a lot of this talk about ’selling out’ completely misses the point. Moreover, it’s often something alluded to by the more pretentious or superficial music fan. As long as the central or unifying idea of a particular form of music is not compromised or watered-down, it can actually help to spread these ideas to a far larger number of people. Surely the whole point is to reach as many people as possible? Besides, I would rather see young teenagers wearing corpse paint and painting their nails black than going out to night clubs and listening to the manufactured pap of the music industry. The very nature of most Industrial and Neofolk artists, however, usually precludes them from ever being accepted by the masses. They are necessarily elitist and often deal with misanthropic or deeply philosophical themes.

What is your opinion of the vague concept of “postmodernism”? Is postmodernism merely another step down the slope of kali-yugian degradation, or is it a bizarre but fascinating cultural period in which ancient values and traditional rites suddenly re-appear? Does it possess a positive side, in the way that it is anti-modernist?

In some respects, yes. I think this is particularly true of the way it presents a more fractured and fluid interpretation of the world in stark contrast to the modernist tendency to centralise or internationalise everything. I haven’t quite decided whether postmodernism offers a real alternative to modernism, but we can learn a lot from the way it has sought to dissect and analyse both the period in question and that which now follows in its wake. Postmodernism also appears to harbour a distaste of science and technology, something I find easy to identify with. However, the problem with postmodernism in general is that it seems to encompass a vast array of thought and has no real direction of its own.

When and how did you come into contact with the internet? What are views on the web from a political and cultural perspective?

I first came into contact with the Internet in the mid-1990’s, whilst at university, and finally got online myself around 1995. But I have very mixed feelings about it. Whilst I can see the wonderful advantages it offers in terms of being able to spread ideas or make oneself heard, I also feel that it leads to a greater dependence upon technology. In some respects this is a good thing, because it makes the System even more fragile than it is, but the Internet can also act as a huge distraction from the true realities of our existence. The best thing about it, of course, is being able to have all this incredible knowledge at your fingertips, but that’s no good if you can’t even drag yourself out of the chair to act upon it all.

Your SYNTHESIS magazine only exists online, and yet we know that you have been actively involved in a variety of printed magazines. Do you see the printing press as inferior to the internet when it comes to cultural and political warfare in today’s world?

Yes, very much so. In fact the very people that we have always sought to target through the medium of print, those already involved to some extent or another, are all on the Internet already. On the other hand, you can’t beat a proper magazine or newspaper in terms of giving people a tangible and living example of your work, but the results are often very minimal when compared to the expenditure that is necessary to produce them. The stationary industry in this country has become a vast racket, not to mention the amount of trees that have to be felled for human consumption.

Have you ever thought about writing for big magazines and thus making your ideas reach a greater and more diverse audience? If, hypothetically, you would be offered a weekly column in a broadsheet on the condition of making your views slightly more moderate, would you compromise or reject the proposal?

I would certainly relish the opportunity of promoting National-Anarchism in this way, but I wouldn’t be prepared to actually change my views to that extent. It may be possible, on the other hand, to stick within certain limits rather than raise the more inflammatory subjects like Race or Zionism.

Do you fear governmental action against you or your movement? Have you ever had serious troubles with the police due to your political activity?

I don’t fear it, but the possibility is always there in the back of my mind. National-Anarchists like Peter Topfer, on the other hand, have experienced almost constant repression by the State and he has been persecuted many times. I have been arrested many times for stickering and flyposting, as well as on Anarchist demonstrations, but the worst case scenario occurred in 1987 when I was charged with Actual Bodily Harm (ABH) & Affray and eventually consigned to Lewes Prison for eighteen months the following year. Apparently, the very fact that I and a handful of others were trying to defend ourselves against 200 violent Communists was neither here nor there. But the British State got what it wanted and, by throwing me in jail, managed to disrupt the steady growth of the NF in one of its newest areas.

Please excuse our curiosity, but do you have a job besides being engaged in various National-Anarchist related activities? May we know something about your family?

It’s impossible for me to work full-time because I teach my four children at home. This takes up a great deal of my time and can be extremely hard work, not least because of the differing age levels, the lack of State-funding for home-schooled families in this country and the fact that we often have to rely on self-help organisations like Education Otherwise. I’ve been married for over fourteen years now and we have two girls and two boys. We don’t have a car for environmental reasons and therefore a lot of our time is spent exploring local parks or hiking through the countryside. The children are very artistic and enjoy making their own collages and fantasy comic strips, whilst my wife - originally from Tunbridge Wells, in Kent - has a strong interest in Punk Noir, psychology and basset hounds. I spend my spare time reading and discussing Theology, forcing people to eat my attempts at Italian and Indian cookery, enjoying the fantasy novels of Michael Moorcock, and organising football matches with the other kids in the area.

Your Iron Youth internet site, giving advice on how to bring your kids up as National-Anarchists, features a reading list of childrens’ literature: SWIFT, POE, WILDE, STEVENSON… Most of these classical authors are now being read at university level by literature students only. Why do you think is the current state of English education so poor, and do see a way out of this crisis?

The reason the educational standards are so awful in this country, is because the mass media is continuously dominating every aspect of people’s lives. The last few years has seen the growth of a huge social underclass, which seems to be comprised of promiscuous girls and violent males. But it’s futile to completely blame this on poverty. Many of these people have managed to acquire a certain degree of wealth and affluence, but they can’t seem to escape the debilitating peer pressure which encourages people to live in a world of fast cars, fast sex and fast food. There is also a severe identity crisis in England, which has been caused by Americanisation on the one hand, and multi-racialism on the other. It is hardly surprising, therefore, that a culture which prides itself on drunken thuggery and so-called ‘reality TV’ has no interest whatsoever in academic matters or the intellectual development of the individual. The only solution to this crisis is home-schooling. Once you take your children out of this detrimental environment, they are free to develop naturally without the constraints imposed by their peers. In South London, for example, most white schoolchildren have incorporated black slang into their vocabulary, blurring the distinctions between the races and creating a uniform monoculture. To be an individual in modern England, therefore, is to become a virtual outcast.

What is your opinion of elitist educational institutions like Eton, Oxford or Cambridge? On the one hand, you support elitist meritocracy, but on the other, you reject centralised education. In a National-Anarchist society, would the likes of Oxford and Cambridge have a chance to survive?

Firstly, National-Anarchists do not recognise nation-states and, secondly, given that we expect the internationalist system to decline to the extent that it leads to a full-blown technological crisis, it would be impossible for universities to continue as they are at the present time. At the village level, on the other hand, I would expect children to be educated naturally and in accordance with their abilities. Egalitarianism is a myth and some children will always be slower than others, that’s life. But this should take place in a community setting, rather than at a privileged institution, because it is possible to learn from those around you without ever having to establish schools or education systems in the first place.

Do you sympathise with the anti-copyright movement, and if so, have any steps been made to unite your forces with those of prominent anti-copyright fighters? After all, their ideology, though far less complicated and metaphysical than yours, has striking similaritites with National-Anarchism.

We haven’t formerly approached the anti-copyright movement at this stage, but it’s certainly an interesting idea and worth considering in the future. Personally, I oppose all forms of copyright and believe that, rather than seek to protect the artist concerned, copyright laws are simply there to take advantage of that which has been produced. This is achieved by taking it away from the artist altogether and limiting creative output in order to control the amount of alternative material that gets into the mainstream. As an Anarchist, I also believe that it’s impossible to ‘own’ intellectual ideas because they are part of our common development. I’m sure Pierre-Joseph Proudhon would have understood the logical connotations of this process, despite the fact that people often confuse his famous ‘property is theft’ statement with the denial of individual - rather than private - property.

Let us turn to the spiritual and esoteric side of your teaching. You have taken the long path from agnosticism and extreme Catholicism to heathen cults like Mithraism. How did your beliefs evolve, and what is your current spiritual system? Does your movement have an official religious position? Can a Christian or Hindu possibly join?

I have never been an agnostic and always believed in some kind of god or higher intelligence. These days I would describe myself as a student of Primordial Tradition and don’t embrace any kind of religious system. At the present time I am examining the work of Alan Watts, who was chiefly responsible for introducing Eastern philosophy to the West for the very first time. I have a lot of time for Hinduism, too, but at the moment I feel a growing affinity with Zen Buddhism. I don’t care what spiritual outlook people have, I believe that it’s a relatively private matter and National-Anarchism is about banding together with people of like mind and therefore I would find it far more conducive to spend my time with someone interested in Spirituality or the Occult than in material things.

Did you ever have a teacher, a guru who taught you any of the spiritual doctrines you were interested in, or did you pick them up in literary sources?

I have never been under the guidance of a guru or holy man, although I do try to meet as many interesting and intelligent people as possible. I studied Theology & Religious Issues at university, so that helped put things into an historical and cultural perspective to some extent, but I do feel that I’ve reached the stage of my life where a more strenuous and disciplined approach is necessary for my own personal development. I have spent several years examining the various Occult groups and weighing up the possibilities, but I’m not really the kind of person who would respect an authority unless I was convinced that it was tied in to an initiatory source.

Much of the spiritual energy of the Twentieth Century has been hijacked by rather distasteful New Age movements. How can one objectively distinguish a GUENON from a BLAVATSKY, and is there a actually a line separating true mysticism from Occult parodies? If so, which cathegory would you place STEINER, GURDJIEFF and SERRANO in?

I have studied the personalities you mention above, as well as many others to whom people have given their spiritual allegiance, but I happen to believe that it’s a case of gathering all the fragments together until we get a broad picture of the truth. I suppose it’s the National-Anarchist in me. I have always been very suspicious of those who attempt to form personality cults around either themselves or others, in fact I prefer to observe from a distance and explore the information that is available. I do have a lot of respect for some of the main Occult societies but, like most things in the twilight age of the Kali Yaga, many have become corrupt or detached from their origins. One development that interests me is the ongoing fusion of the New Right with various esoteric and Right-wing Anarchist groups on the Continent. There seems to be a genuine attempt to regather the lost wisdom of the past and then use this knowledge to cross the threshold between this world and the beginning of the next Cycle. As the Visnu Purana explains: ‘[They] will then establish righteousness upon earth; and the minds of those who live at the end of the Kali age shall be awakened, and shall be as pellucid as crystal. The men who are thus changed by virtue of that particular time shall be as the seeds of [new] human beings, and shall give birth to a race who shall follow the laws of the Krita, or primordial age.’

Finally, please tell us how you view the possibilities of future co-operation between Russia and England in terms of revolutionary politics and culture. Do you think that our individualistic interests could be overcome in order to combine forces against a common enemy?

Following obediently behind the coat-tails of her American ally, the British State will no doubt continue on her journey towards oblivion. But it remans to be seen whether this country will alienate itself from the rest of Europe or seek to unite Europe in the next logical step towards world goverment. This is why England plays such a vital role for American interests, a fifth column within Europe for the intended subjugation of the whole globe. Eurasianists rarely include Western Europe in their vision of a new future, unless, of course, it’s in a very minor or peripheral role. But the Russia of the past, like France, was always known for her warm attitude towards political outcasts and revolutionaries, so perhaps Eurasianism will bring about a new alliance of minds and become the springboard for salvation. I have always deeply admired the long-suffering peoples of Russia, but I do find it rather unusual that National-Anarchism has yet to appear in the country which spawned the likes of Georgy Chulkov and Viacheslav Ivanov. Hopefully, this interview will go some way to changing that fact.

Thanks for listening.

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samedi, 02 février 2008

J.P. Roux: un choc de religions

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Un choc de religions - La longue guerre entre la chrétienté et l'Islam 622-2007

par Jean-Paul ROUX

Ed. Fayard (2007)

Il y a ces grands noms qui surgissent du passé : bataille de Poitiers, croisades, prise de Constantinople, guerre d'Algérie, et tant d'autres épisodes. Il y a ce conflit armé qui a commencé en l'année 632 et qui, de décennie en décennie et jusqu'à nos jours, a été marqué par des événements dont la presse mondiale, si elle avait existé, aurait fait pendant des jours sa première page. Il n'y a pas d'année, pas de mois, pas de semaine peut-être sans que du sang soit versé par des chrétiens ou par des musulmans. Ne vaut-il pas la peine de le rappeler, de montrer à nos contemporains que les événements qui occupent l'actualité, qui les bouleversent, s'inscrivent dans une longue série de 1375 ans d'événements tout aussi spectaculaires ; que de plus petits faits dont on ne parle guère qu'un jour ou deux ont eu, tous les jours, leurs équivalents pendant 1375 ans ? Déclarée et ouverte, génératrice de grandes batailles, de villes enlevées à l'ennemi, de provinces conquises, de pays occupés, de populations exterminées, ou larvée et sournoise, la guerre entre l'islam et la chrétienté, malgré cette amitié que l'on évoque encore et qui fut souvent réelle, malgré ces relations entre Byzance et le califat de Cordoue ou entre Charlemagne et Harun al-Rachid, malgré ces traités d'alliance comme celui de François Ier et de Soliman le Magnifique, malgré de longues périodes de trêves sur tel ou tel front alors qu'on se battait ailleurs, malgré tout ce que chrétiens et musulmans se sont mutuellement apporté, ont échangé, malgré l'admiration qu'ils ont pu avoir les uns pour les autres, cette guerre est une réalité. Elle n'a jamais vraiment pris fin.

A propos de l'auteur :

Ancien directeur de recherches au CNRS, ancien professeur à l'École du Louvre - où il enseigna l'art islamique , maîtrisant de nombreuses langues orientales, Jean-Paul Roux a consacré de nombreux livres à l'Orient et à l'Asie. Citons son Histoire des Turcs (Fayard, 1984 et 2000), son Histoire de l'Iran et des Iraniens (Fayard, 2006). Il s'est toujours intéressé, en érudit mais aussi en chrétien loyal et respectueux de l'autre, à l'histoire des religions (Jésus, Fayard, 1989 ; Montagnes sacrées, montagnes mythiques, Fayard, 1999).

00:30 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 27 décembre 2007

J. Parvulesco: Guerre intercontinentale de la Fin

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Un texte de 1999 qu'il est toujours bon de relire !

 

Jean PARVULESCO :

 

La guerre intercontinentale de la fin est commencée !

 

Avec l'effondrement du Mur de Berlin en 1989, le cycle politico-his­to­rique de l'"après-guerre", commencé en 1945, venant de prendre fin, un bref interrègne a-historique s'en était ensuivi, pendant lequel l'histoire mondiale s'en était trouvée comme provisoirement sus­pendue dans sa marche en avant. Interrègne qui prend fin, aujour­d'hui, avec les débuts de l'ère des conflagrations intercontinentales planétaires entamée par l'actuelle agression anti-européenne directe des Etats-Unis dans le Sud-Est de notre continent. En effet, la guerre anti-européenne —en fait, anti-grand-continentale—  menée, actuel­le­ment, par les Etats-Unis, au Sud-Est de l'Europe, contre la Serbie, re­présente le commencement  —l'enclenchement politico-militaire di­rect, et tout à fait à découvert—  du grand cycle des conflagrations in­ter­continentales planétaires qui, dans les prochaines années à venir, vont devoir opposer l'unité impériale européenne grand-continentale à l'entreprise impérialiste d'hégémonie planétaire totale poursuivie, de­puis 1945, par les Etats-Unis, ou plutôt par ce que Bill Clinton vient d'appeler, déjà, la « Superpuissance Planétaire », agissant au servi­ce de l'idéologie démocratique mondialiste des "droits de l'homme" (en réalité, l'idéologie subversive fondamentale de l'Anti-Empire, de l’« Em­pire du non-être »).

 

Dans l'état présent des choses, deux enseignements essentiels se dé­gagent analytiquement de l'agression anti-européenne des Etats-U­nis, actuellement en cours :

 

(1) La situation d'inconcevable mainmise des Etats-Unis sur l'en­sem­ble des moyens de communication européens, presse, radio, télé­vi­sion, ensemble entièrement contrôlé par l'appareil souterrain d'em­prise et d'encadrement à la disposition de la ligne politique offensive an­ti-européenne de Washington.

 

(2) L'assujettissement intégral, à la ligne offensive anti-européenne de Washington de l'ensemble des infrastructures politiques de gou­ver­nement de la social-démocratie partout au pouvoir en Europe, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Italie, etc.

 

A ce titre, l'actuel renversement des positions politiques de base de la France et de l'Allemagne —pourtant pré-engagées sur des posi­tions essentiellement anti-américaines de par leur participation même au Pacte Carolingien franco-allemand, base fondationnelle originelle de l'unité impériale européenne grand-continentale—  apparaît com­me extraordinairement flagrant : la France et l'Allemagne qui, nor­ma­le­ment, auraient dû se trouver à l'avant-garde de la ligne de résis­tance européenne grand-continentale face aux tentatives en cours de l'emprise américaine sur l'Europe, se retrouvent, en ce moment, au con­traire, et très paradoxalement, à la pointe de l'assujettissement aux actuelles positions anti-européennes offensives de Washington. La ligne géopolitique grand-continentale eurasiatique du "grand gaul­lisme" se voit ainsi non seulement abandonnée, mais totalement re­tournée, changée en son propre contraire.

 

A telle enseigne que l'on se trouve puissamment tentés de se de­man­der  —et cela est vrai, d'évidence, plus particulièrement encore pour la France—  si à l'arrière-plan de la situation présente  —à l'ar­riè­re-plan des changements, des renversements, apparemment in­com­préhensibles, de la ligne politique conductrice de leur attitude— il n’y avait pas de raisons, des “anti-raisons", des "raisons autres”, pro­fondément dissimulées, inavouables et inavouées dans le contexte présent, des raisons ayant très occultement eu à présider aux choix inconcevables de la France —et de l'Allemagne aussi— face à l'ac­tuelle tentative américaine de mainmise offensive sur l'Europe.

 

L’action contre la Serbie pourra se répéter contre n’importe quelle puissance européenne

 

Car un troisième enseignement, moins discernable, peut-être, que les deux précédents, se dégage également de l'actuelle initiative politico-militaire américaine en Europe, à savoir celui de la dialectique de défi et de menace sous-entendue, présents dans l'action stratégique, à tous égards exemplaire, ainsi entamée par les Etats-Unis au Sud-Est de notre continent. Ce troisième enseignement serait alors le sui­vant : que ce que les Etats-Unis sont actuellement en train de faire contre l’insoumission de la Serbie à la volonté mondialiste subversive de la « Superpuissance Planétaire »,  la « Superpuissance Plané­tai­re » pourrait entreprendre de le faire également, quand l’occasion se pré­sentera, contre n'importe laquelle des nations européennes, et mê­me contre l'ensemble de celles-ci (et plus particulièrement contre la France, l'Allemagne et la Russie, qui sont, chacune de leur côté et, surtout, ensemble, des « puissances décisives »).

 

Il ne semble donc pas du tout qu'il fût impossible que le choix d'as­sujettissement politique forcené  —mais après tout, des faux choix peut-être, des leurres politico-stratégiques de circonstance—  qui sont aujourd'hui ceux de la France et de l'Allemagne à l'égard de la vo­lonté offensive des Etats-Unis dans le Sud-Est européen ne re­pré­sentent, en réalité, que des options opératives de décalage, de di­ver­sion préventive, de tergiversation et de mise en retard stratégique des­tinées à gagner du temps, à contrer d'avance toute éventuelle ex­ten­sion à venir du champ de l'action offensive américaine en Europe. En effet, les Etats-Unis viennent de prouver qu’ils disposent d'un nom­bre absolument dramatique de longueurs d'avance par rapport à l'Eu­rope, et surtout par rapport à nos propres projets d'une Grande Eu­rope, d' Europe grand-continentale eurasiatique. Or, à l'heure pré­sen­te, c'est avant tout autre chose à ce dramatique retard qu'il nous faut faire face. Par n'importe quels moyens, et en prenant n’importe quels risques. C'est une affaire de destin, une affaire de destin final.

 

Alain Peyrefitte: « Jamais l'évidence de la prise de possession de l'Europe par Washington n'a été aussi mortifiante » (Le Figaro, 15. IV. 1999).

 

Une pénétration militaire offensive en Europe

 

Car le choix des Balkans comme zone d'intervention politico-militaire directe de Etats-Unis en Europe ne laisse d'être extrêmement révé­la­trice. Le Kosovo et, derrière celui-ci, la « Grande Albanie » et la Bos­nie, enclaves islamistes en Europe, vont devoir servir aux plans de la grande stratégie politique américaine de pénétration militaire offen­sive en Europe au titre de bases d'implantation et de rayonnement, établissant un lien subversif permanent, à travers la Turquie, avec la chaîne de présence contre-stratégique américaine longeant l'en­sem­ble du flanc Sud de la Russie, où les républiques islamistes de l'an­cien­ne URSS se trouvent actuellement travaillées à fond par les ser­vices spéciaux de Washington, et où des grande bases stratégiques mi­litaires américaines sont en train d'être implantées d'urgence.

 

C’est en effet par une prise de position dans le Sud-Est du terri­toire visé que la géopolitique confidentielle américaine entame tou­jours le processus de sa pénétration, et de l'investissement con­tinental de grande envergure ultérieure. Tout comme dans le Sud-Est asiatique, au Vietnam, l'établissement d'une tête de pont po­litico-militaire au Sud-Est de l'Europe, dans les Balkans, révèle l'in­tention d'un projet américain d'investissement continental total. Si ce qui a été ainsi mis en branle par Washington n'est pas contré, n'est pas arrêté à temps, le sort de l’Europe  —de la Grande Europe de di­men­sions continentales eurasiatiques—  est scellé, ses destinées anéan­ties. Car tel est l'ultime but de guerre des Etats-Unis, de leur guerre politique totale actuellement déjà en cours.

 

A part l'intensification de plus en plus poussée du travail de la résis­tan­ce européenne au double niveau, idéologique et immédiatement pol­itique, travail révolutionnaire que l'on doit considérer, dans les cir­con­stances présentes, comme un travail confidentiel, voire même tout à fait souterrain, et qui marque l'heure de l’émergence activiste de l'ensemble de nos "groupes géopolitiques", de Lisbonne à Mos­cou, l'effort européen d'ensemble concerne la bataille actuelle pour la surqualification de l'Union Européenne, à laquelle il faut obtenir que l'on confie l'administration provisoire du Kosovo, ce qui bloquerait, sur pla­ce, les manœuvres directes des forces américaines d'ingérence. Or c'est bien ce que Jacques Chirac a demandé, et obtenu, lors de la réu­nion des chefs d'Etat et de gouvernement qui s'est tenue, le 14 avril dernier, à Bruxelles, pour le sommet d'urgence de l'Union Eu­ro­péenne.

 

Un effort européen d’ensemble

 

L’effort européen d'ensemble, ai-je dit. Il s'agit là d'un nouveau con­cept de combat révolutionnaire pour la libération politico-histo­ri­que finale de l'Europe grand-continentale, de dimensions eurasia­ti­ques, combat qui doit inclure, fondamentalement, la participation ef­fec­tive, immédiate et à part entière, totale, de la Russie. Dans ce sens, les efforts actuels de la France en faveur de l'intégration de la Rus­sie au nouveau dispositif politico-stratégique européen en voie de con­stitution est un signe majeur, un signe prémonitoire de notre pro­chain réveil révolutionnaire supra-historique.

 

Contrairement aux allégations de Samuel Huntington, l'orthodoxie ne re­présentera pas, à l'heure des retrouvailles grand-continentales eu­ra­siatiques des nôtres, une ligne de rupture infranchissable : au con­traire, la mobilisation transcendantale de l'éthos européen abyssal pro­voquée par la tentative américaine d'assujettissement du Grand Con­tinent fera que l'Europe catholique de l'Ouest et que l'Europe or­tho­doxe de l'Est y retrouveront, providentiellement, l'unité antérieure d'une même foi et d'un même destin. Unité impériale, foi impériale et destin impérial, encore une fois et, cette fois-ci, définiti­ve­ment. Ce qui doit se faire se fera, ce qui doit se faire est déjà en train de se faire, on le sait.

 

Jean PARVULESCO (1999).

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mercredi, 26 décembre 2007

Orthodoxes et catholiques: rapprochement historique?

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Henri de GROSSOUVRE :

«Orthodoxes et catholiques à Strasbourg : un rapprochement historique ?»

Les personnalités au coeur des relations entre Strasbourg et la Russie confirment: les Russes misent sur Strasbourg. Nous avons rencontré différents acteurs de ce travail méconnu du grand public, pouvant devenir un enjeu majeur pour l’avenir de l’Europe. Ce choix se décline sous deux formes : un choix politique russe et un choix orthodoxe.

Avec l’adhésion en 1996 de la Russie au Conseil de l’Europe, les Russes et les russophones des pays d’ex-URSS arrivent à Strasbourg. « Les diplomates sont progressivement suivis par des étudiants et des hommes affaires. Strasbourg est aujourd’hui connue en Russie », souligne le consul général M Klimovskiy. La Représentation Permanente russe comprend une dizaine de diplomates. Aux grands bâtiments de la RP de l’Allée de la Robertsau s’est ajouté celui du Consulat Général, doté de salles de réception. Les diplomates hautement qualifiés se succèdent, l’actuel ambassadeur, M. Alexeïev, est ancien vice-ministre. Le consul V. Korotkov a réalisé un travail de fond dans les domaines économiques et culturels. Son successeur, M. Klimovskiy a été de 2002 à 2007 directeur de cabinet du vice-ministre Saltanov. Au Conseil de l’Europe plusieurs russes occupent des postes clés. Seda Pumpyanskya y dirige depuis 2005 l’important service de communication (80 personnes) et M. Vladychemko est directeur de la DGIII (cohésion sociale). M. Mikhail Margelov pourrait même succéder au président actuel de l’Assemblée parlementaire lors des élections de janvier 2008.

Les seize églises orthodoxes sont autocéphales et entretiennent de ce fait des liens plus étroits avec leurs pouvoirs politiques nationaux respectifs. Si le patriarche de Constantinople est le « primus inter pares », le poids politique et les moyens du patriarcat de Moscou sont de loin les plus importants. Il y a à Strasbourg sept paroisses orthodoxes (roumaine, serbe, grecque…) dont deux russes : une francophone, celle du père Escleine, et une russophone, celle du père Philarète. Depuis 2005 l’higoumène Philarète est le représentant officiel du patriarcat de Moscou et de toutes les Russies auprès du Conseil de l’Europe. Les territoires orthodoxes russes en dehors de la Russie sont les pays où il y a de grandes communautés de fidèles russes (Biélorussie, Ukraine…). « Avec le père Philarète, le patriarcat de Moscou envoie un émissaire de haut vol de manière permanente et intervient ainsi diplomatiquement dans les discussions du Conseil » insiste le chanoine Geissler, délégué de l’évêché de Strasbourg aux affaires temporelles. La récente visite à Strasbourg du patriarche Alexis II constitue à cet égard un événement majeur malheureusement modérément couvert par la presse locale. Alexis II s’est d’abord rendu du 1er au 3 octobre à Strasbourg, à l’invitation du président de l’assemblée parlementaire du Conseil. Il s’est rendu ultérieurement à Paris pour rendre visites aux fidèles parisiens et au président Sarkozy. « Les thèmes du Conseil de l’Europe, les droits de l’homme, la morale de notre société ou l’éducation sont également des thèmes importants pour l’église orthodoxe et pour la grande Europe. » (Père Philarète). Le patriarche a également rencontré madame Keller qui a donné son accord de principe pour la construction d’une « vraie » église russe à Strasbourg. « Cette église sera aussi une belle église strasbourgeoise construite par un architecte russe dans la tradition orthodoxe mais adaptée à la culture alsacienne ». Moins d’un mois après la visite du patriarche, le 28 octobre, lors de l’ordination épiscopale à Mazza del Valo (Sicile) de monseigneur Ralo, le père Philarète a été le seul des émissaires étrangers à lire un message de Kyrill de Smolensk, façon de ministre des affaires étrangères du patriarcat. Cette cérémonie était présidée par le secrétaire d’Etat du Vatican, hiérarchiquement numéro deux après le Pape. Le message de l’émissaire russe strasbourgeois insistait sur le rôle de Strasbourg et la contribution de Vito Rallo au rapprochement entre le Saint-siège et le patriarcat. Un diplomate de la représentation permanente russe de Strasbourg avait aussi spécialement fait le déplacement. « Strasbourg est pour le patriarcat russe une plateforme privilégiée de dialogue avec le Vatican. » (Chanoine Geissler). L’évêque de Strasbourg vient d’ailleurs de nommer le père Boeglin adjoint au délégué épiscopal aux relations oecuméniques particulièrement chargé des relations avec les orthodoxes, alors que traditionnellement en Alsace, les relations œcuméniques sont avec les protestants.

Pour Jean-Luc Schaffhauser, président de l’Association strasbourgeoise « Rhin-Volga » et homme d’affaires partageant son temps entre Paris, Strasbourg, Rome et Moscou, le choix russe de privilégier Strasbourg coïncide avec l’évolution internationale : «  la puissance des Etats-Unis arrive à sa fin car elle n’a plus de légitimité morale. Ils vont entraîner le monde dans une faillite, conséquence de leur politique économique. On se dirige ainsi vers la reconstitution de grands pôles géographiques dont l’un est obligatoirement l’Europe continentale face à la Chine et l’Inde. L’identité culturelle et spirituelle commune unit la grande Europe et l’union avec le monde orthodoxe est une question de survie du christianisme. L’unité chrétienne  se fera donc par une nécessité géopolitique, par besoin de survie de l’identité européenne. » Si la situation internationale est favorable, la situation locale ne l’est pas moins. Strasbourg n’est elle pas, face à Bruxelles, et au cœur du franco-allemand le symbole de l’Europe politique ? A moins de trois-quarts d’heures de Strasbourg Baden-Baden, la ville allemande la plus connue de Russie après Berlin accueille une importante communauté russe. Enfin, le 16 novembre dernier, le 1er ministre russe, M. Zubkov, annonçait, lors d’une rencontre franco-russe à Matignon, la création de classes de russe au lycée international de Strasbourg. Cette mesure est importante. Elle intègre les Russes dans une forme de communauté européenne aux côtés des classes britanniques et allemandes.

Les Russes sont des champions d’échecs, ne l’oublions pas et sachons anticiper et saisir les opportunités de rayonnement international qui s’offrent à Strasbourg et aux Alsaciens ! Nous sommes peut être à la veille d’un rapprochement historique entre les deux poumons de l’Europe. La rupture « catholiques-orthodoxes » de 1054 a eu lieu sous le pontificat d’un pape alsacien et impérial : Léon IX. Le jour de sa fête, le 19 avril a été élu Benoit XVI, 1er pape allemand depuis le moyen age. Avec le chanoine Geissler, nous voulons y voir un signe…

Henri de Grossouvre, directeur du Forum Carolus (www.forum-carolus.org ), laboratoires d’idées européen à Strasbourg initié par François Loos.

Article à paraître dans « Vivre l’Alsace – Rot un wiss » de décembre (8000 exemplaires), si possible le mentionner.

lundi, 24 décembre 2007

1979: les troupes soviétiques en Afghanistan

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24 décembre 1979 : Les troupes soviétiques entrent en Afghanistan

Le 27 avril 1978, le « Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan » avait pris le pouvoir sous la direction de Muhammad Taraki. Le pays se rapproche de l’URSS afin de parfaire un programme de réformes sociale, surtout dans les domaines de l’éducation et de la réforme agraire. Notons, au passage, que l’Afghanistan avait bien dû se tourner vers l’URSS, les puissances anglo-saxonnes, qui soutenaient alors Khomeiny, voyaient d’un mauvais œil les tentatives iraniennes de venir en aide aux Afghans.

Ce nouveau régime, en observant la situation chaotique dans laquelle se débattait l’Iran, met immédiatement les agitateurs religieux au pas. La CIA décide tout de suite de soutenir une trentaine de groupes de moudjahhidins. La situation devient alors bien vite critique. Dans les troubles qui agitent l’Afghanistan, Taraki est assassiné. En septembre 1979, Hafizullah Amin prend le pouvoir, ce qui déclenche une guerre civile, amenant, le 24 décembre, les troupes soviétiques à intervenir, pour rétablir l’ordre. Amin est exécuté. Babrak Karmal accède alors au pouvoir et demande à Brejnev l’appui permanent de troupes soviétiques. Ce qui lui est accordé. L’Occident capitaliste (l’américanosphère) et l’Islam radical condamnent l’intervention et forgent une alliance qui durera jusqu’aux attentats du 11 septembre (qui n’y mettront fin qu’en apparence).

Le 21 mars 1980, les Afghans hostiles aux Soviétiques forment une « Alliance islamique pour la liberté de l’Afghanistan », qui comprends des fondamentalistes et des monarchistes. Cette alliance, dont le nom contient les vocables « islamistes », pour plaire aux bailleurs de fonds saoudiens, et « liberté », pour plaire aux Américains, comptait sept partis islamistes, dont quatre étaient jugés fondamentalistes et trois, plus ou moins modérés. Ces partis installent leur QG sur le territoire pakistanais voisin. Dans la longue guerre qui s’ensuivra, les services pakistanais, dont surtout l’ISI, recevront et distribueront l’argent et les armes venus des Etats-Unis, d’Arabie Saoudite et d’organisations « privées » arabo-musulmanes.

Zbigniew Brzezinski, artisan de cette stratégie, avouera, dans un entretien accordé au « Monde », que la version officielle d’une aide aux moudjahhidins à partir de 1980 est fausse. D’après le stratège, c’est le 3 juillet 1979 que la décision a été prise d’armer les moudjahhidins, pour attirer l’URSS dans un piège, afin de la déstabiliser par une opération coûteuse et de lui donner une mauvaise image médiatique, tant dans le monde arabo-musulman que dans l’américanosphère.

dimanche, 23 décembre 2007

Curzio Malaparte: quotation

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“Behind the Doric columns of the ‘Pyatlyetki,’ the Five Year Plans, behind the rows of figures of the ‘Gosplan,’ there stretches not Asia, but another Europe: ‘the’ other Europe (in the sense in which America too is another Europe). The steel cupola of Marxism + Leninism + Stalinism (the gigantic dynamo of the U.S.S.R. according to Lenin’s formula: Soviet + electrification = Bolshevism) is not the mausoleum of Genghis Khan but - in the very sense that bourgeois folk find so distasteful - the ‘other’ Parthenon of Europe. ‘The Volga,’ says Pilnyak, ‘flows into the Caspian Sea.’ Yes, but it does not rise in Asia: it rises in Europe. It is a European river. The Thames, the Seine, the Potomac are its tributaries.”

Curzio Malaparte, THE VOLGA RISES IN EUROPE

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vendredi, 21 décembre 2007

1879: Naissance de Staline

21 décembre 1879 : Naissance de Staline

Naissance en Géorgie de Joseph Vissarionovitch Dougachvili, qui sera connu sous le nom de Staline, l’Homme de fer. Né dans le foyer d’un cordonnier géorgien et d’une Ossète (Ekaterine Geladse), dont les ancêtres étaient serfs, il fut quasiment le seul leader bolchevique à être issu d’un milieu aussi modeste. Après une scolarité brillante, il est admis au séminaire orthodoxe de Tiflis, une école connue pour son opposition au tsarisme. Dans le cadre de cette école, il entre en contact avec des propagandistes marxistes dès l’âge de quinze ans, qui lui communiquent des ouvrages, souvent français, interdits de lecture en Russie (Letourneau, Victor Hugo). A dix-huit ans, le jeune Joseph est actif dans les cercles socialistes géorgiens, ce qui conduit à son exclusion du séminaire en 1899.

Certes, son activisme avait motivé cette exclusion, mais aussi quelques solides échecs dans des examens importants, ratés parce qu’il avait été trop zélé dans son militantisme. Il finira par être arrêté une première fois en 1902, à la suite d’une manifestation à Batoum. Plusieurs relégations en Sibérie s’ensuivront, assorties d’autant d’évasions successives, qui le conduiront à un premier exil en Autriche-Hongrie en 1912 (Cracovie et Vienne). Entre-temps, il avait rencontré Lénine en 1905 et suivi son option « bolchevique », lors du schisme entre minimalistes et maximalistes au sein du mouvement social-démocrate russe.

L’option maximaliste bolchevique, contrairement à l’option minimaliste « menchevique », visait l’organisation d’une révolution violente, portée par des « révolutionnaires professionnels ». Pour financer cette révolution, Joseph Dougachvili organise des braquages de banques ; le plus célèbre de ces braquages eut lieu à Tiflis en 1907, où les bolcheviques parviennent à dérober la somme de 250.000 roubles. Arrêté à son retour en Russie fin 1912, il vivra en exil forcé, de 1913 à 1917, à Touroukhansk, où il restera cois, sans chercher à s’évader, pour ne pas être incorporé de force dans l’armée russe combattant les Allemands, les Autrichiens et les Turcs. Il revient de cet exil sibérien en 1917, accompagné de Lev Kamenev, son compagnon de détention. Il est nommé membre du « Comité exécutif central » des bolcheviques à la suite du Congrès panrusse des Soviets de juin 1917.

Le 7 novembre 1917, après le triomphe des bolcheviques, il devient Commissaire du Peuple aux Nationalités, alors que les nationalités non russes de l’Empire faisaient sécession et proclamaient leur indépendance. Les Bolcheviques ne contrôlaient plus qu’un espace correspondant peu ou prou à la Moscovie du temps d’Ivan le Terrible. Les seules nationalités qui se joignirent à la révolution furent les Tatars et les Bachkirs. Au départ de la Moscovie et des régions voisines du Tatarstan et du Bachkortostan, les Bolcheviques devront reconquérir les terres de l’ancien Empire russe, aux mains des troupes blanches, des armées ethniques sécessionnistes et de troupes alliées envoyées à la rescousse. En juin 1918, Staline parvient à reconquérir le cours inférieur de la Volga, dont la ville de Tsaritsyn qui deviendra Stalingrad en 1925. Au départ de cette position clef sur la Volga, Staline entreprendra la reconquête du Caucase ; cette reconquête s’effectuera en plusieurs étapes : en février 1920, tous les peuples du Caucase septentrional sont incorporés dans l’Union Soviétique, à la suite d’une révolte générale contre le général blanc Denikine. Les Tchétchènes se révolteront ensuite contre les Soviétiques, ce qui induisit Staline à prononcer ce discours, qu’on relira avec étonnement, sur fond de la crise tchétchène actuelle : « Chaque peuple –les Tchétchènes, les Ingouches, les Ossètes, les Kabardines, les Balkars- doivent avoir leurs propres soviets. S’ils peuvent apporter la preuve que la Charia est nécessaire pour parvenir à cette fin, alors j’autorise la Charia. Si l’on peut m’apporter la preuve que les organes de la Tcheka ne comprennent pas le mode de vie propre et les autres particularités de la population et ne s’y adaptent pas, alors, il est clair que des changements devront intervenir dans cette région » (Discours tenu aux peuples de la région du Terek, 17 novembre 1920). Un mois plus tard, l’ensemble du Caucase, sauf la Géorgie, tombe aux mains des troupes soviétiques de Staline.

En février 1921, avec l’appui de son ami de jeunesse Sergo Ordchonikidse, la Géorgie, à son tour, entre dans le nouvel ordre soviétique. Cette victoire de Staline dans le Terek et le Caucase font de lui un héros respecté de la nouvelle Union Soviétique. Lénine est malade. Le pouvoir est détenu par une sorte de triumvirat, comprenant Staline, Kamenev et Zinoviev, tous trois hostiles à l’autre homme fort du régime, Léon Trotski. Staline se concentrera sur la consolidation de l’appareil bolchevique : ce qui amènera en bout de course à l’élimination de facto de Trotski, qui partira en exil au Turkestan puis à l’étranger en 1927, et au limogeage de Kamenev et Zinoviev dès 1926 (ils seront éliminés lors des purges de 1937). Staline devient alors maître absolu de l’URSS. Il inaugure sa politique de « socialisme dans un seul pays », soit la réorganisation de l’URSS, et rejette l’idée d’une « révolution mondiale » préalable, le credo de Trotski, tout simplement parce qu’une telle révolution exigerait des moyens que ne possède pas la Russie soviétique exsangue et épuisée. Mondialiser la révolution la condamnerait à l’échec rapide devant les forces anti-bolchevistes du monde entier, et notamment de l’Empire britannique.

De 1927 à 1938, le pays connaîtra la collectivisation forcée, avec l’élimination de la classe paysanne des « koulaks », et la persécution inlassable des dissidents, trotskistes et opposants à Staline, avec un instrument policier, le NKVD. Staline semble avoir poursuivi l’objectif de restaurer l’ancien Empire des Tsars sur toute l’étendue territoriale qui fut la sienne avant 1917 : guerre contre la Pologne et Pacte germano-soviétique, conquête de la Bessarabie, guerre contre la Finlande, succès diplomatiques à Yalta, annexion de la Ruthénie subcarpathique. Seule la Finlande a échappé à l’annexion directe. De même que la « Pologne du Congrès ».

Vainqueur avec l’appui américain en 1945, il reçoit une bonne moitié de l’Europe, afin de la maintenir dans le frigo et de l’arracher aux industries ouest-européennes, et surtout à la machine économique allemande, pour empêcher toute ré-émergence d’un concurrent pour les Etats-Unis sur la rive eurasienne de l’Atlantique Nord. Autre objectif de cette générosité de Roosevelt : fermer l’artère danubienne et empêcher toute projection européenne vers la Mer Noire.

Le seul intérêt de l’ère stalinienne après 1945, réside dans la volonté de contrer l’internationalisme américain (appuyé par les dissidences trotskistes, qui deviendront « néo-conservatrices » avec l’avènement de Reagan et de Bush-le-père, tout en contaminant les démocrates américains sous Clinton). Autre coup de théâtre diplomatique intéressant : les notes de 1952, où Staline propose la réunification de l’Allemagne et sa neutralisation. La proposition était intéressante et aurait permis plus tôt un envol de l’Europe occidentale hors de toute immixtion américaine. On imagine aisément l’aubaine qu’aurait été une Allemagne neutre, au moment où De Gaulle se désengageait de l’OTAN, après les troubles d’Algérie. Staline meurt, probablement empoisonné, le 5 mars 1953 à Kuntzevo près de Moscou (Robert STEUCKERS).

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mardi, 18 décembre 2007

Panturquisme et pantouranisme

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Sur le panturquisme et le pantouranisme

Entretien avec le Prof. Dr. Dr. Heinrich Paul Koch (Université de Vienne, Autriche)

Le Prof. Heinrich Paul Koch, détenteur de deux doctorats, s’est surtout rendu célèbre en Autriche et dans l’espace linguistique germanique grâce à sa thèse sur « les légendes du déluge dans le monde ouralo-altaïque » (1997). Il est un spécialiste des études historiques, préhistoriques et proto-historiques, de philologie finno-ougrienne et d’ethnologie. Jusqu’en 1996, le Prof. Koch, né en 1931 à Pressburg (Bratislava), avait enseigné la chimie pharmaceutique à l’Université de Vienne et la biopharmacie à l’Université de Cincinnati en Ohio aux Etats-Unis. Outre des centaines d’articles et d’essais, le Prof. Koch est l’auteur de huit livres.

Le panturquisme, que l’on appelle parfois aussi le pantouranisme, vise l’unité de tous les peuples turcs, leur rassemblement au sein d’un seul Etat. Dès 1839, se constitue en Turquie une « Société Touranienne » qui se fixe comme objectif de fonder un « Empire du Touran ». En 1915, les Jeunes Turcs, qui dirigent le gouvernement de l’Empire ottoman, déclarent que leur objectif de guerre est l’unité de tous les peuples turcs. Aujourd’hui encore, la Turquie revendique pour elle-même le rôle de diriger l’ensemble des peuples turcs, qui comptent quelque 250 millions d’âmes, sur des territoires qui s’étendent jusqu’aux confins de la Chine et jusqu’aux coins les plus reculés de la Sibérie. Le Prof. Dr. Dr. Heinrich P. Koch s’est intéressé très vivement à l’histoire de l’idéologie touranienne et, plus particulièrement, aux adeptes hongrois de cette idéologie. Car on oublie qu’en Hongrie aussi, en 1918, s’est constituée une « Société Touranienne », qui se fixait pour objectif de réunir tous les « Touraniens ». L’entretien que nous donne le Prof. Koch vise à nous éclairer sur les tenants et aboutissants de cette idéologie.

L’idée touranienne

Q. : Prof. Koch, quels sont les fondements du touranisme ?

HPK : Par touranisme l’on entend, la plupart du temps, le mouvement panturquiste dont le but est de réunir tous les peuples turcs. Le touranisme, au sens le plus large, va beaucoup plus loin : à la base de cette idéologie, nous trouvons la théorie de l’ascendance commune des peuples finno-ougriens et turcs, qui serait un peuple matriciel unique d’Asie centrale, issu d’une région située entre l’Oural et l’Altaï. La désignation collective « touranide » servirait de référence à tous les peuples non-indo-européens et non-sémitiques de l’Ancien Monde. Sous la désignation de « touranides », on rassemble, par un élargissement audacieux, outre les Turcs de l’ancien empire ottoman et outre les peuples turcs d’Asie centrale (soit les Azerbaïdjanais, les Oghuzes, les Tchouvaches, les Turco-Tatars, les Toungouzes, les Ouïghours, les Ouzbeks, etc.), les Japonais, les Chinois, les Coréens et les Tibétains. Les langues de tous ces peuples sont désignées, encore aujourd’hui, sous le nom de « langues touraniennes », alors qu’en fait elles n’ont que très peu de traits communs ; ainsi, le hongrois et le turc, n’ont que peu de racines communes et n’on comme point commun que le fait d’être des langues agglutinantes. La linguistique moderne a réfuté depuis longtemps l’appartenance à une famille commune des langues ouralo-altaïques.

Le « pays des Turcs »

Q. : Malgré cela, le touranisme a fait un nombre croissant d’adeptes en Hongrie pendant la première guerre mondiale…

HPK : Effectivement. Ce mouvement visait à détacher la Hongrie de l’Europe et de la ramener dans l’orbite asiatique. Après l’ère prospère des Germains et des Slaves, viendrait, disaient les touranistes, l’heure des Touraniens – dont le territoire s’étendrait de la Hongrie au Japon, ou, selon leurs propres mots, « de Theben jusqu’à Tokyo ». Par Theben, ils entendaient la localité à l’embouchure de la rivière March.

Le touranisme doit son nom à une plaine, une dépression, nommée « Touran », comme contrepartie du haut plateau iranien, qu’elle jouxte au Nord-Est. En réalité, « Touran » est le terme persan pour désigner le Turkestan, ce qui signifie le « Pays des Turcs ». L’énorme région du « Touran » est aux quatre cinquièmes constitué de déserts, mais est très riche en pétrole et en gaz naturel. Aujourd’hui, ce pays de « Touran » est divisé entre trois Etats : le Turkménistan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.

Q. : Quelle a été l’importance du touranisme en Hongrie ?

HPK : Le premier président de la « Société Touranienne » en Hongrie a été le Comte Pàl Teleki, qui disait de lui-même : « Je suis un Asiate et fier de l’être ». Le Comte Teleki a été deux fois ministre des affaires étrangères et, en 1920-21 puis entre 1939 jusqu’à son suicide en 1941, premier ministre de Hongrie. La production la plus connue de ce courant d’idées ont été les « Chants touraniens » d’Arpàd Zempléni. Il appelait les Allemands de Hongrie des « diables aryens » et avait travaillé dès 1910 à leur expulsion, qui aura lieu en 1945.

Dans les années 40, l’idée du touranisme était très répandue dans l’intelligentsia hongroise. Eugen Cholnoky, Président de la « Société touranienne » à partir de 1941, avait déjà été, pendant l’entre-deux-guerres, « Grand Vizir » de l’ « Alliance touranienne ». Cette dernière était un mouvement de rénovation particulièrement agressif à l’égard des Allemands, des Tziganes et des Juifs.

Honneur à Attila, roi des Huns

Q. : Comment l’idée touranienne a-t-elle pu se diffuser à une telle ampleur ?

HPK : Déjà au 13ième siècle, le chroniqueur médiéval hongrois Simon Kézai faisait des Huns asiatiques du 5ième siècle les ancêtres directs des Magyars. Aujourd’hui encore, Attila, le roi des Huns (mort en 453) est honoré en Hongrie.

A l’époque baroque, le Cardinal Péter Pàzmàny (mort en 1637) voyait dans la fraternité païenne entre Hongrois et Turcs la raison réelle de l’absence de résistance de ses contemporains face à l’ennemi extérieur ottoman.

L’historien chauvin Istvàn Horvàt a accentué à l’extrême cette notion de fraternité asiatique en tenant les Magyars pour apparentés aux Scythes, aux Assyriens, aux Pélasges, aux Parthes et aux Arabes de l’antiquité. Il répète et confirme l’ascendance hunnique des Hongrois, mais ne voulait rien entendre de la parenté réelle qui liait ces derniers aux Finnois. Le Comte Istvàn Széchenyi voulait, pour sa part, établir une parenté entre les anciens Magyars et les Sumériens, c’est-à-dire le premier peuple de culture qui a émergé en Mésopotamie.

Q. : La couronne royale hongroise recèle des composantes d’origine proche-orientale…

HPK : La couronne dite de « Saint Etienne » se compose de deux parties, celle que le Pape Sylvestre II a envoyé au roi Etienne, le futur Saint Etienne, et que l’on appelle aussi la « corona latina », et, ensuite, celle que le roi Géza I a reçue de l’Empereur byzantin Michel Ducas, soit la « corona graeca ». La réunion de ces deux parties est perçue par les Touraniens comme le symbole de la division Est-Ouest, qui divise aussi l’âme magyare. C’est cette division dont les Touraniens veulent se débarrasser. Ils voulaient se détacher de l’Occident et retourner à la grandeur touranienne afin de servir de fondement et de réveil à la conscience nationale hongroise. La nation magyare serait, dans cette optique, l’incarnation glorieuse de la « race des seigneurs » touranienne.

Q. : Qu’en disaient, mis à part les peuples réellement turcs, les autres « candidats » invités à communier dans l’idéal pantouranien ?

HPK : Les Finnois et les Estoniens refusaient clairement de se considérer comme des Asiatiques. Les Japonais, les Chinois ou les Coréens riaient d’être ainsi étiquetés « touraniens ».

Les pertes hongroises sous la domination turque

Q. : Avait-on dès lors oublié, en Hongrie, que les fonctionnaires et la soldatesque turcs avaient systématiquement pillé le pays au cours des deux cents années qu’y avaient duré les guerres contre les Ottomans ?

HPK : Oui. Et l’on avait oublié aussi que les Allemands, alliés à la Maison des Habsbourgs, avaient libéré la Hongrie du joug turc. On essaya même, dans la foulée, de leur mettre sur le dos l’annihilation de larges strates de la population hongroise pendant la période de domination turque. En 1941, on parlait par exemple des 200 années d’ « oppression autrichienne », période égale à celle de la domination ottomane. Pourtant les faits sont têtus : la population hongroise s’est réduite de 3,2 millions d’habitants à 1,1 million pendant l’occupation turque, tandis que sous l’ère des Habsbourgs, elle a crû de 1,1 million à 9,2 millions.

Les Allemands, les Slaves et les Juifs ne devaient avoir plus aucune place dans une Hongrie redevenue pleinement « touranienne ». C’est ainsi que Teleki, tandis qu’il exerçait les fonctions de premier ministre, fit passer en 1920 les premières lois antisémites de l’Europe contemporaine.

Après la défaite allemande à Stalingrad, la propagande touraniste reprit vigueur. Après l’effondrement du Reich, les « chasseurs touraniens » (« Turàni Vadàszok ») exigèrent l’  « évacuation définitive de tous les Souabes ». L’exigence d’une expulsion ou d’une élimination physique de tous les non Magyars dans l’ancien espace géographique hongrois avait déjà été exigée dès 1939. Les communistes magyars sous la direction de Matyàs Ràkosi refusèrent toutefois le racisme des surexcités touranistes. Le touranisme en Hongrie a donc été résolument germanophobe, mais aussi antisémite. On doit constater avec tristesse que ces idées aberrantes on joué un rôle essentiel dans l’expulsion des Allemands de souche, installés en Hongrie, après la seconde guerre mondiale.

(entretien paru dans DNZ, n°43, octobre 2005; trad. franç. : Robert Steuckers).

mardi, 11 décembre 2007

1994: Première guerre de Tchétchénie

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11 décembre 1994: Déclenchement de la première guerre de Tchétchénie. Le 1 novembre 1991, la Tchétchénie, ancienne région autonome de l’URSS, se déclare indépendante unilatéralement, rompt tout lien fédératif avec la Russie. Le Président de la nouvelle entité est Djokhar Doudaïev.

Immédiatement après cette proclamation d’indépendance, un régime de terreur s’installe, contraignant de 200.000 à 300.000 personnes, surtout de nationalité russe ou ossète, à opter pour la voie de l’exil. Pour une région autonome qui comptait à peine un million à un million et demi d’habitants, c’est une saignée démographique impressionnante, donnant la pleine mesure de la terreur qui y fut pratiquée. Tous les principes de droit y furent abrogés, la criminalité organisée prit le contrôle du pays. Sous l’impulsion du Premier Secrétaire du Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie, Oleg Lobov, Eltsine donne l’ordre d’intervenir militairement dans la région pour y rétablir l’ordre. 40.000 soldats russes, mal équipés et mal instruits, marchent sur Grosny, la capitale.

En avril 1995, après la destruction de Grosny par l’artillerie russe, les troupes d’Eltsine ne contrôlent que 80% du territoire de la Tchétchénie. C’est alors que la guerre prend le visage hideux qu’elle ne cessera plus d’exhiber. Le terrorisme tchétchène, plus que tout autre, entend ne rien respecter des conventions humanitaires traditionnelles : ainsi, en juin 1995, une bande emmenée par Chamil Bassaïev s’attaque, dans le sud de la Russie, à un hôpital, prenant un millier d’otages parmi les patients et le personnel médical et para-médical. L’horreur absolue ! La Russie d’Eltsine capitule, cède et met un terme à toutes les opérations militaires. Les hostilités cessent le 30 juillet 1995, après signature d’un accord. Seuls 6000 soldats russes demeurent en Tchétchénie.

Mais des francs-tireurs tchétchènes, plus extrémistes encore, poursuivent leur œuvre de mort : le 9 janvier 1996, un autre hôpital est attaqué et un village du Daghestan est occupé. Les troupes russes interviennent et détruisent le village, transformé en bastion par les terroristes. Finalement, après de nombreux soubresauts, le Général Lebed finit par obtenir un véritable cessez-le-feu, en août 1996. Les derniers soldats russes se retirent en janvier 1997. La paix ne durera pas deux ans. En 1999, quand la crise des Balkans atteint son paroxysme et que les aviations de l’OTAN s’apprêtent à bombarder les ponts du Danube à Belgrade, le terrorisme tchétchène fait diversion au Daghestan, fait sauter des immeubles de rapport à Moscou et place des bombes dans le métro. Les victimes civiles sont innombrables. Le scénario est campé pour que commence la deuxième guerre de Tchétchénie, où l’horreur sera plus indicible encore : les terroristes de Bassaïev, animé par l’idéologie haineuse du wahhabisme (prêché par nos imams de garage), s’attaqueront à un théâtre de Moscou et à l’école de Beslan en Ossétie, massacrant plus de 300 enfants innocents.

Ce sont de telles horreurs que le quotidien « Le Soir » de Bruxelles nous demande d’applaudir à longueur de colonne, au nom d’un humanisme, style ULB. On a envie de vomir. Et on vomit.

lundi, 10 décembre 2007

1991: Indépendance du Nagorny-Karabagh

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10 décembre 1991: L’enclave arménienne d’Azerbaïdjan, le Nagorny-Karabagh se déclare indépendante. Le Nagorny-Karabagh est le nom russe, plus courant, de ce qu’il convient désormais d’appeler en français le « Haut-Karabagh », terme linguistiquement mixte, « bagh » signifiant « jardin » en langue persane, et « kara », « noir » en turc. « Karabagh » signifie dès lors « Jardin noir ». C’est un territoire de 5000 km2, dont la capitale est Stepanakert. Les Arméniens, qui peuplent cette région montagneuse du Caucase méridionale, préfèrent lui donner désormais le nom d’ « Artsakh ».

L’histoire contemporaine de cette région commence au Traité de Versailles, de sinistre mémoire, où, contrairement aux peuples d’Europe centrale et orientale, les Arméniens, pour s’être révoltés contre les Turcs, obtiennent des avantages. Ils reçoivent un pays désenclavé, avec une large fenêtre sur la Mer Noire. Mais dès 1921, les troupes bien aguerries et bien commandées de Mustafa Kemal Atatürk battent les Arméniens, conquièrent l’Arménie occidentale et le pays de Van, coupent l’Arménie résiduaire de la mer en conquérant la côte pontique, ramenant tout cet ensemble territorial dans le giron turc. Les Arméniens sont contraints de demander la protection de la Russie, devenue bolchevique. C’est ainsi que s’est créée une « République socialiste soviétique d’Arménie », qui sera bien vite dissoute, pour être incluse dans une vaste entité, la « République socialiste soviétique de Transcaucasie », laquelle sera à son tour dissoute en 1936, année où une nouvelle fois, les Soviétiques créent une « République socialiste soviétique d’Arménie », distincte des autres entités sud-caucasiennes.

Cette république existera jusqu’au 21 septembre 1991, où, dans le sillage de la dissolution de l’URSS, elle se proclame indépendante. Dans toute cette effervescence, le Haut-Karabagh, bien que peuplé d’Arméniens, avait été inclus dans la « République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan ». Dans l’optique des Soviétiques, à l’époque, il fallait amadouer les peuples turcs d’Asie centrale pour qu’ils rejoignent le grand projet révolutionnaire communiste. Staline, alors chef du « Bureau Caucasien » du Comité central du parti bolchevique, avait imposé cette cession du Haut Karabagh aux Azéris, qui en firent toutefois une région autonome dans leur république.

Dès la fin de la période de la perestroïka de Gorbatchev, les Arméniens du Haut Karabagh avaient proclamé la sécession d’avec l’Azerbaïdjan le 12 juin 1988. Les Azéris avaient réagi avec une violence extrême, déclenchant des pogroms sanglants, notamment à Soumgait et à Bakou, où des centaines d’Arméniens avaient été massacrés. Les Azéris suppriment également le statut d’autonomie que Staline avait octroyé aux Arméniens du Haut Karabagh. Dès 1991, l’Arménie et les montagnards du « Jardin noir » passent à l’offensive, vengent les victimes des atroces pogroms azéris et obtiennent la victoire, au prix de 17.000 soldats arméniens tués au combat. La Russie avait appuyé l’Arménie et, le 8 mai 1992, l’armée arménienne était entrée dans la ville de Choucha, scellant la défaite des Azéris, soutenus par la Turquie et les Etats-Unis.

Le 12 mai 1994, la Russie obtient qu’une trêve soit signée. Alors que les peuples européens perdent sur toute la ligne, reculent face à l’alliance islamo-yankee, la victoire arménienne est le seul succès enregistré au cours de ces deux dernières décennies. En effet, les troupes arméniennes ont conquis le territoire azéri situé entre l’enclave du Haut Karabagh et la frontière arménienne, poussant la frontière plus à l’Est, au détriment d’un peuple turc. La haine que vouent Turcs et Azéris à l’endroit des Arméniens, vient du fait que ce peuple européen, depuis les invasions seldjoukides, a toujours tenu tête au flux ininterrompu des nomades turcs venus du fin fond de l’Asie et occupent un territoire qui peut éventuellement servir de verrou à cette expansion.

La présence de l’Arménie dans le Caucase méridional empêche la continuité territoriale, dont rêvent les Turcs, et qui devrait s’étendre de l’Adriatique à la Muraille de Chine. La question arménienne, et, partant, celle du Haut Karabagh, amène des pays comme la Grèce et l’Iran à soutenir l’Arménie et à se rapprocher de la Russie, car ni Grecs ni Arméniens ni Russes ni Iraniens, unis par une solidarité indo-européenne, n’ont intérêt à ce que la continuité territoriale des pantouraniens soit un jour une réalité politique.

Notons que sur la pression des Etats-Unis et des lobbies pro-américains, l’UE condamne l’occupation de territoires azéris par les Arméniens et refuse de reconnaître la courageuse république d’Artsakh, sous prétexte qu’elle a fait sécession. Mais quand des souteneurs et des trafiquants de drogues albanais, financés par l’Arabie Saoudite, font sécession au Kosovo, l’UE applaudit, verse des subsides et des torrents de larmes. Au Kosovo, c’est une bonne sécession parce que les sécessionnistes sont financés par l’Arabie Saoudite. En Artsakh, c’est une mauvaise sécession parce que cela contrarie les pogromistes turcs. Deux poids, deux mesures.

samedi, 08 décembre 2007

R. Steuckers: Interview to "Free Eurasia"

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Interview of Robert Steuckers for the Georgian magazine "Free Eurasia"

Questions of Mr. Gia BUMGIASHVILI

1. What is your opinion about the creation of the Eurasian movement under
the leadership of A. Dugin?

I first met Dugin in a Parisian bookshop in 1990. We started a conversation
and, immediately, we stated that we had the same geopolitical vision, in
spite of the fact that the Cold War had separated Russians and West
Europeans for more than forty years. A very few group of people, on both
side of the Iron Curtain, remained silently true to the same
conservative-revolutionist and geopolitical ideas. We both were tremendously
satisfied to state that. So I am very happy to hear now that he is launching
a worldwide Eurasian movement. In Paris, Guillaume Faye is pleading since a
couple of years for a "Euro-Siberian" perspective and many other people here
in Belgium write me now to develop similar initiatives. In Germany too, the
hope of re-establishing the traditional German-Russian alliance (from
Tauroggen in 1813 till the tragic abdication of Bismarck) is present. In
Italy and Spain, many people struggle also for similar Eurasian
perspectives. To put the idea in practical terms and to embed it in an
actual historical perspective, I would say that the Eurasian idea should be
the answer to the current American strategy, which was elaborated by
Zbigniew Brzezinski in his book The Grand Chessboard; at the same time, this
mobilising idea should be the revival of the Holy Alliance led by Prince
Eugene of Savoy at the end of the 17th century. Brzezinski wants to reduce
the space of the Orthodox-Russian civilisation sphere to the lands it
occupies before Catherine II, by supporting the Turkish and Muslim claims.
Against such a strategy, we should remember the actions and victories of
Prince Eugene, who compelled the Ottomans to retrocede 400.000 km2 of lands
to Austria and Russia. Prince Eugene gave so the first kick that allowed
some decades later Potemkine and Catherine II to push their armies to Crimea
and to deliver the all Black Sea Coast from Ottoman yoke.

2. What do you think about Georgia and Caucasus?

As all Western people, I must confess that our knowledge about your country
is very reduced. This is a result of forty years of Cold War. The only
testimonies of people having really been in the Caucasus area are the ones
of German soldiers or of people having served in the German army. I remember
an old man, who is still alive, and who told me that he had been impressed
by a refined way of life in the difficult conditions of war. In the
neo-conservative circles in Western Europe, the main sources of reference
about the Caucasus are the books and articles of the French philologist
Georges Dum_zil, who specialised in the ancient Ossetes, and the poems of
the Armenian poet Daniel Varoujan, who wrote verses about the gods of the
Ancient Caucasus. Daniel Varoujan was killed by the Turks in 1916, when the
Ottoman authorities decided to get rid of all the Orthodox populations
accused of supporting the Russians. About the Black Sea area, our main
sources are Romanian. As the Romanians generally speaks French very well,
they were the only intellectuals in the West that could give us here
intelligent information about the Black Sea area. We really look forward to
receiving from you more information about Georgian and Caucasian history, in
the frame of our activities in Eurasian work groups. More generally, I would
say that Europe needs a link to the so-called Pontic area. A Europe that is
cut from your area is not complete, it lacks the contact with decisive
elements of its culture, as the Romanian historian of religions, Mircea
Eliade, taught us. The German historian of religions Markus Osterrieder
speaks of the "Pontic mysteries", heritated by the Scythians, the
Sarmatians, the Alans and the Ancient Iranians, that were cultivated in all
Caucasian countries before the islamisation and that were also preserved in

monasteries and cave dwellings in Crimea. The French Paul Du Breuil
remembers us that the ideals of the medieval Chivalry derives form the ethic
codes of the Sarmatians, who served in the Roman army, and who were also
deeply influenced by the cult of Mithra. Europa has always been nostalgic of
these "Pontic Mysteries" and created in the 15th century the Chivalry "Order
of the Golden Fleece", in order to come back spiritually to the Pontic area,
womb of the highest ideals. The Western materialistic spirit wouldn't have
wounded the European soul so deeply, would the ideal of the "Golden Fleece"
have been realised.

3. What political orientation of Europe are you for?

We want a free Europe, independent on all level, inclusive the food, energy
and finance levels. To reach this ideal in Europe, we have to reduce our
dependencies from American food consortiums, from Saudi Arabian oil and oil
routes and from Wall Street. Only the Eurasian perspective, and subsequently
the "Golden Fleece" ideal in its material contemporary aspects, can help us
all to get rid of those dependencies. The Euro-Siberian ideal should be
centred around the Black Sea, as well as the Caspian and Aral Sea, with
links to the West by the river system, as the geopolitician Artur Dix saw it
at the time of the Rathenau-Chicherin alliance of Rapallo in 1922. As you
know, America is controlling Europe militarily by holding the Mediterranean
through the presence of the 6th Fleet and its alliance with Turkey and
Israel. But Chancellor Kohl of Germany realised actually a dream of
Charlemagne, first Frankish Emperor of the West. Charlemagne, stating that
the Mediterranean was in the hands of the Saracens, thought that it would be
opportune to dig a Canal between the Main, a river which is tributary of the
Rhine, and the Danube, in order to reach the Black Sea. So Europe would have
had a fluvial highway from the North Sea to the Black Sea, without being
disturbed by the Saracens. Kohl realised this project after more than
thousand years. Immediately after the digging of the Canal, war started on
another spot of Danube river, i. e. in Yugoslavia. First, the terrible
battle of Vukovar between Croats and Serbs blocked the river for a while;
secondly, the disastrous war of the NATO against Serbia destroyed the
bridges in Belgrade, cutting the circulation on the main European river.
More, from Belgrade, Europe could easily reach by road and railway the
Aegean Sea, i. e. the Eastern basin of the Mediterranean, an area that the
British and the American always wanted to keep far from European or Russian
hands.

So our freedom as political entities or as a civilisation area depends
largely from a freedom to use our own highways. The same is valid of course
for the pipelines of Northern and Southern Caucasus. If they are linked to
the Rhine-Danube system instead of to the Turkish-American project of
letting the oil transiting through Turkey in the direction of Ceyhan on the
Eastern Mediterranean coast, we all would be masters of our energy.

We wish also a Europe that would be lead by politicians having a clear
historical and geopolitical consciousness. And who would have
"responsibility ethics", as Max Weber said.

4. How do you imagine the best anti-American movement in the world?

A good movement should be borne by people in every country, who would first
cope with the problems in practical and geopolitical terms. A movement is
always a potential government elite and in our eyes there is no better
governance than a governance guided by a good historical memory. The
divisions within the Eurasian peoples' family are due to a horrible lack of
historical perspective. The task of an elite is to give back to all of us an
historical perspective, able to seize the real dynamics of history. Guy
Debord, the French clever leftist of the Sixties, said that manipulation was
possible because the historical memory had been wiped out. This is very
true. CNN can tell its lies throughout the world because the brains of the
petty politicians of the usual parties are totally empty. Our task is to
revive the historical memory of our people, in a unifying Eurasian sense.

5. May we translate your articles and publish them in our journal?

This question makes me really happy, simply because I tell the people since
decades that our freedom will come when we know each other better. The best
way to know each other is to translate texts. So you understand clearly
what's to be done. Of course, Georgian fellows, you not only may translate
our texts, but you ought to! For the sake of our common struggle! We will
try, with your help, to give as much information about your activities as we
can. Many young people helping me to edit my magazines will be happy to see
their texts translated. Thank you! And good luck!

mercredi, 05 décembre 2007

Indien zwischen Russland und dem Westen

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Indien sucht Platz zwischen Russland und dem Westen

Dmitri KOSSYREW

Wer die harte Verhandlungshaltung der Inder bei Verträgen kennt, war sicherlich überrascht, was sich kurz vor der Ankunft von Indiens Premier Manmohan Singh in Moskau zutrug. Das angeblich fertige Abkommen über Russlands Beteiligung am Bau neuer Kernkraftwerke in Indien wurde zeitweilig von der Tagesordnung gestrichen.

Dabei galt gerade dieses milliardenschwere Abkommen als das Hauptereignis des Besuches des indischen Premiers. Damit sind die Aussagen jener verständlich, die von einer Krise in den russisch-indischen Beziehungen sprechen. Dazu müsste allerdings diese Krise nicht als “Verrat” oder “Abkühlung” seitens Indiens angesehen werden, sondern vielmehr als Ergebnis der sich wandelnden Lage sowohl Indiens als auch Russlands in der Welt.

In Wirklichkeit spiegeln die panischen Einschätzungen nicht so sehr Probleme zwischen Moskau und Delhi (die gibt es tatsächlich) wider, als vielmehr eine rechtzeitige und lang ersehnte Denkkrise bei jenen, die die Welt bis jetzt in der russisch-amerikanischen (oder russisch-westlichen) Konfrontation verstehen. Auch empfinden sie automatisch Indien wie auch China oder zahlreiche andere wichtige Staaten als potentielle Verbündete beim Tauziehen um den “feindlichen Westen”. Entweder sind sie “mit uns” oder “mit denen da”. Oder schließlich jenen, die Abkommen über unsere Pipelines und Atomkraftwerke unterzeichnen - oder aber dem feindlichen Druck nachgeben und die Unterzeichnung ablehnen.

Zwischen Moskau und Neu Delhi wie auch in der Welt als Ganzes geschieht jedoch nichts dergleichen.

Sehen wir uns genauer an, was Wladimir Putin und Manmohan Singh doch vereinbart haben. Wie sich zeigt entwickelt sich ihr ursprünglicher Plan erfolgreich: mehrere wichtige High-Tech-Projekte zu finden anstatt der faktischen Tauschgeschäfte (”Tee im Austausch gegen Rüstungen beziehungsweise gegen irakisches Erdöl”), die Anfang der 90er Jahre den Kollaps erlebten. In Moskau kam ein Abkommen über die Entwicklung eines Mehrzweck-Transportflugzeugs sowie die gemeinsame Monderforschung zustande. Möglich ist insbesondere der Start einer indischen Rakete vom indischen Weltraumbahnhof, die ein russisches Mondmobil ins All befördern soll. Des Weiteren werden beide Länder Forschungsgeräte entwickeln, die den Mond nach Bodenschätzen absuchen könnten. Im kommenden Jahr soll das Projekt “Testgelände Mond” präzisiert und bestätigt werden. Es ist wahrscheinlich, dass dann wieder wie bisher geringt und gefeilscht wird.

All das fügt sich in die bereits offenkundige Tendenz ein: Zwischen Russland und Indien läuft all jenes glatt, was gemeinsame Ausarbeitungen von künftigen Technologien und Projekte über die Umstrukturierung aller möglichen Produktionen in Indien betrifft. Was schief geht, ist der gewöhnliche Handel, da die Unternehmenswelt beider Länder noch immer für den europäischen oder amerikanischen Markt schwärmen. Sehr schlecht steht es um den empfindlichsten Bereich: die Energiewirtschaft. Die Inder wollen schon seit langem mehr als das Sachalin-1-Projekt und wollen Mitinhaber von russischen Öl- und Gasgesellschaften werden. Außerdem beabsichtigen sie für Indien, das einen Wirtschaftszuwachs von acht bis neun Prozent im Jahr aufweist, dabei jedoch überhaupt keine Öl- und Gasvorräte hat, stabile Lieferungen von Energieträgern zu sichern. Daran wird gearbeitet, allerdings langsam.

Langsam unter anderem deshalb, weil in Russland die Meinung weit verbreitet ist: Hier ist sowieso nichts zu erwarten, statt dessen verkaufen wir Indien lieber Atomkraftwerke.

Da rückt jedoch ein anderes Thema in den Vordergrund, das für Indien beispiellos akut ist. Es läuft keineswegs auf nur das eine berühmte indisch-amerikanische “Atomabkommen” (”Abkommen 123″) hinaus, das im Juli dieses Jahres geschlossen wurde und zur Zeit in der Washingtoner politischen Küche hochgekocht wird. Gewiss ist es für Indien von nicht geringer Bedeutung, in Bezug auf den Atomwaffensperrvertrag Sonderbedingungen für sich durchzusetzen. Um dieser Aufgabe willen kann schon die Unterzeichnung eines fertigen und von niemandem im Ernst bestrittenen Dokumentes mit Russland aufgeschoben werden. Doch am wichtigsten ist hier die gesamte erhitzte Atmosphäre, die in Indien um alles herrscht, was mit dem “Abkommen 123″ zusammenhängt. Seinetwegen scheitern dort politische Karrieren, werden gegen den Premier und seinen engen Beraterkreis radikale Vorwürfe erhoben, sie würden das große und rasant an Gewicht gewinnende Land zu einem zweitrangigen US-Verbündeten degradieren. Zumal die amerikanischen Opponenten von Bush wollen in der Tat besagtem Abkommen, das nur den nuklearen Bereich betrifft, alles Denkbare anhängen, darunter Neu Delhis “richtige” Iran- oder China-Politik.

Diese panischen Stimmungen sind auch in den politischen Kreisen in Russland zu bemerken, den Kreisen jener, die die Welt noch immer als Gegenüberstellung von “Ost” und “West” sehen. Daher das alte und beharrliche Gerede, Russland verliere Indien.

Aber Indiens strategisches Ziel besteht keineswegs darin, ein jüngerer Verbündeter der USA zu werden. Selbst trotz des Umstands, dass die heutige indische gebildete Elite mit den USA oder mit Europa durch dieselben Fäden verbunden ist, die es in den 70er Jahren mit der UdSSR verband, streben die Inder doch etwas anderes an: Sie wollen Indien zu einem Machtstaat werden lassen, das in Augenhöhe mit den USA oder China steht. Gerade dazu wurde der günstige Moment einer Abschwächung der amerikanischen und europäischen Macht und ihres Einflusses angesichts der nunmehr offensichtlichen Tatsache genutzt, dass Indien und China die Rolle als Wirtschaftsmacht real beanspruchen können. Es handelt sich nicht um die Atomkraftwerke, es geht darum, dass es jetzt für die Anwärter auf die Weltführung keinen Sinn hat, Amerika die eigenen Muskeln zu demonstrieren. Wichtiger ist, mit den Amerikanern eine neue, den heutigen Gegebenheiten angepasste gemeinsame Sprache zu finden. Was Neu Delhi denn auch tut - auf indische Art genial und auf indische Art auch laut und nervös.

Bleibt nur hinzuzufügen, dass Chinas, ja auch Russlands globale Politik im Grund nicht anders beschaffen ist. Deshalb bringt Moskau den Verzögerungen bei der Realisierung von Großprojekten Verständnis entgegen, wenn solche Verzögerungen für seine nächsten Partner in der Welt notwendig sind.

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samedi, 01 décembre 2007

la Mongolie Extérieure faisait sécession de la Chine

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01 décembre 1911: La Mongolie Extérieure fait sécession de la Chine, avec l’appui de la Russie, qui cherche, bien évidemment, à étendre sa sphère d’influence dans le cœur même du continent asiatique et à établir une barrière contre un éventuel débordement démographique chinois en direction de la Sibérie.

Dans quel contexte plus spécifiquement chinois s’effectue cette sécession ? La dynastie Qing, accusée d’avoir précipité la Chine dans le déclin par passéisme incurable, vient d’être déposée et le Dr. Sun Yat-sen vient de créer les conditions qui conduiront bien vite à la proclamation d’une République qui voudra infléchir la politique chinoise vers un modernisme de bon aloi, pour la sortir de la misère politique. Le soulèvement républicain avait été général dans toute la Chine. En octobre, les Impériaux avaient enregistré quelques succès militaires, mais avaient fini par perdre totalement le contrôle de la situation.

En novembre, Sun Yat-sen peut se préparer à accéder à la magistrature suprême de la nouvelle république. Le 29 décembre, il en deviendra officiellement le premier président. Le processus de dislocation de l’empire se poursuit, en dehors du noyau de peuplement han. Le Tibet devient aussi de facto indépendant. Les derniers soldats chinois sont chassés de Lhassa. Les troupes de Mao reconquerront le pays en 1958-59, gommant sa spécificité.

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samedi, 24 novembre 2007

Sur Georges Tchitchérine

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Sur Georges Tchitchérine

24 novembre 1872: Naissance à Kalouga, dans une région située au sud de Moscou, du diplomate russe, puis soviétique, Georges Tchitcherine. Il entre dans la carrière diplomatique en 1897, au service du Tsar. Il adhère en 1904 à la social-démocratie russe, ce qui lui vaut une révocation et le contraint à l’exil. Il revient en Russie en 1917 et, après la victoire des bolcheviques, il devient « commissaire du peuple » aux affaires étrangères.

Germanophile comme bon nombre de sociaux-démocrates russes, il prend langue avec un diplomate allemand russophile, le Comte von Brockdorff-Rantzau, pour parfaire l’architecture du Traité de Rapallo en 1922, où, sous la double impulsion de Tchitcherine et de Rathenau, Soviétiques et Allemands mettent leurs forces en commun pour résister aux pressions occidentales.

C’est dans ce contexte que naît la fameuse orientation idéologique que l’on nommera le « national bolchevisme ». Au départ de Rapallo, la Reichswehr, diminuée en effectifs par les clauses du Traité de Versailles, s’entraînera en Union Soviétique, dans les bases de l’armée rouge, avec son matériel. A la fin des années 20, Tchitcherine, miné par la maladie, se retire de toute activité et meurt en 1936. Remarquons, à la lumière de cette très brève biographie, que Tchitcherine est un diplomate de l’ancienne école, d’avant l’Entente, pour qui l’ennemi premier reste l’Angleterre en Asie (Robert Steuckers).

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lundi, 12 novembre 2007

H. Schmidt contre l'adhésion turque

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L’ancien Chancelier Helmut Schmidt contre l’adhésion turque !

Agé de 89 ans, l’ancien Chancelier de la République Fédérale, Helmut Schmidt, est toujours actif dans les cercles de réflexion qui élaborent la politique allemande, à haut niveau. Dans un entretien accordé au « Spiegel » (n°44/2007), il s’oppose clairement à l’adhésion turque, avec des arguments que l’on trouverait plutôt dans le camp « identitaire » en Belgique. Cet homme d’Etat socialiste est aujourd’hui, en dépit de son grand âge, un modèle de sérénité et de bon sens politique.

Voici les propos qu’Helmut Schmidt a tenu au « Spiegel » :

Question du « Spiegel » : Revenons à un autre thème récurrent dans le dossier « l’Allemagne et l’Europe » : auriez-vous édulcorer votre scepticisme quant à l’adhésion turque à l’UE ?

HS : Je n’ai jamais été en faveur de cette adhésion et je ne le suis toujours pas.

Der Spiegel : Et vous ne voyez se dessiner aucune évolution dans ce dossier ?

HS : Je ne peux que mal juger ce qui se déroule dans les coulisses. Lorsque j’occupais des postes officiels, je me suis efforcé, sur le plan international, d’aider la Turquie financièrement, politique que je poursuivrais encore aujourd’hui. J’impliquerais aussi la Turquie dans le marché commun. Mais j’estime que cela n’a aucun sens de vouloir intégrer dans l’Union Européenne un pays musulman qui compte 70 millions d’habitants, et qui en comptera 100 dans le courant de ce siècle ; et j’estime aussi que cela n’a aucun sens d’importer en Europe le conflit qui oppose les Turcs aux Kurdes ni d’ailleurs aucun autre conflit du Moyen Orient. Et cela n’a aucun sens de créer ainsi un précédent qui autoriserait l’adhésion d’Etats comme l’Algérie, le Maroc ou Israël. Tout cela relève d’une folie des grandeurs chez certains qui imaginent qu’il s’agirait là d’un simple élargissement de l’UE.

samedi, 10 novembre 2007

White Guards against Red Internationale

 
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General L. Kornilov

THE WHITE GUARDS AGAINST THE RED INTERNATIONALE

By Pavel Toulayev

One of the peculiarities of the White counter-revolution in Russia was the fact that it emerged and developed when the World War was not yet over. As Germany was the enemy of the Russian Empire during the World War, it was the German High Command that planned to send Lenin and his associates to St. Petersburg in a sealed wagon. They were intended to become a factor of destabilization; their sole task was to remove Russia from the European theatre of war operations on the Allied side.

Having established his own dictatorship within the Congress of Soviets (councils) Lenin called upon workers and peasants for a revolutionary uprising. On a cold night of October 25, 1917 after the storming of the Zimny Dvoretz (the Winter Palace – the Tsar’s residence in Saint Petersburg) was completed, Lenin declared the official assertion of Soviet Power (i.e. the power of Soviets).

Land to the peasants”, “Factories for the workers”, “Peace with no annexations and no tribute," “Convocation of a Constituent Assembly” – these were the official slogans he declared. But none of them were actually fulfilled. In fact it was the bloody regime of "War Communism" (Vojenny Kommunizm), headed predominantly by Jews and ethnic non-Russians, that was established.

1. War and Revolution.

During the second stage of the World War--after General Alexei Brusilov's 1916 breakthrough in Rumania, at a time when army headquarters was led by the very talented general Mikhail Alexeyev--the whole situation at the western fronts became favourable to Russia.

But the army was much undermined by the activity of revolutionary provocateurs who encouraged soldiers and junior officers to desert. Later, the first units of the RKKA (Raboche-Krestyanskaya Krasnaya Armiya, “The Red Army of Workers and Peasants”) were formed of those deserters.

A Ukrainian-born Jew, Lev "Trotsky"-Bronstein (1879-1940) occupied the position of Narkom (people's commissar) for Military Affairs and Defence in the newly-born Soviet Government. It was due to his personal initiative that the shameful Treaty of Brest-Litovsk was signed on March 3, 1918. After this Treaty, the western territories of the Empire, the most developed ones in economic terms (approximately one-third of the population and half of industry) were torn away. Taking advantage of Russia’s temporary weakness, the Germans managed to occupy the Baltic States, a part of Byelorussia and the Caucasus. Moreover, they technically reigned in Ukraine, where the hetman Skoropadsky became their protégé. The results of three years of intense battles by the Russian people on their western front were annulled!

A "Military-Revolutionary Committee" (Vojenno-Revolutsionny Komitet or VRK) was established instead of the former state bodies and the Kerensky Provisional Government. Numerous minor committees of the Bolsheviks, as well as punitive mass terror agencies, such as the Cheka, later the GPU and NKVD, were also formed.

Reckoning on the belief of the common people in the "State of Social Justice," the Red commissars called upon the people to accomplish a Global Revolution and to establish the "Global Dictatorship of the Proletariat." For the sake of “class struggle” major estates, factories and houses were expropriated by the Bolsheviks all over the country. Simultaneously, representatives of the aristocracy, clergy, the higher command of the army and the upper class (the wealthy citizens) were virtually exterminated. The economy began tumbling due to mass disturbances and devastations.

Most of the population, which at first believed the power of Bolsheviks to be temporary, cared more about saving their lives and property. But experienced politicians and leaders gradually began leading the nation to the understanding that it was necessary to resist the Revolution and its chaos. The counter-revolution began; white was chosen as its colour, as it traditionally symbolized monarchy and glory on the Russian banner.

2. First attempts at armed resistance.

Centres of armed resistance appeared all over the territories of the former Empire – from the North-West to the Far East. But they were different in terms of scale, duration of armed actions, and their results. Spontaneous (non-organized) uprisings occurred among the peasants quite often, but they were severely suppressed by the Red Army. The remains of organized military forces, faithful to the late Tsar and the Motherland, made attempts to join together into a unified solid front. Together they formed a White Movement (or Belaya Gvardiya, the White Guards) with active centres and military headquarters all over Russia.

The first attempts at armed resistance to the revolutionary powers were taken during the reign of the bourgeois-democratic Provisional Government, headed by Alexander Kerensky, in March of 1917, long before the Bolsheviks carried out their coup d'etat. The rebellion of General Lavr Kornilov that took place in September 1917 showed that the very idea of "parliamentary democracy" was unacceptable in military and patriotic circles.

General Kornilov (1870-1918) was a hereditary Cossack and an outstanding military leader. Having graduated from the Artillery school and later the Joint Staff Academy (with a gold medal for outstanding achievements), he served as a military attaché at the Russian embassy in China. He began his military career as an officer during the Russo-Japanese war (of 1904-1905), and was promoted to the post of commander-in-chief of the Russian Imperial Army during the First World War. He was an experienced commander, was decorated with the St. George's Cross and enjoyed great prestige among the common soldiers of the army. He was the first to raise the banner of the White Struggle and many hoped he would become a dictator, one capable of quashing the coming communist revolution.

On August 27, 1917 General Kornilov addressed the Russian people with a telegram in which he accused the Bolsheviks of pandering to the Germans and called upon his compatriots to join his ranks for the salvation of the Motherland. He swore “to lead the people to the Constituent Assembly, through which they can take their destiny into their own hands, to choose the form of the new State”. But Kornilov did not enjoy much support at this stage of his struggle and had to lay down his arms.

The communist revolution then broke out. The famous women’s death battalion (Batalion Smerti), led by Commander Maria Bochkareva demonstrated the true example of heroism and devotedness to the Motherland. Together with several hundred military cadets they defended the Winter Palace against the Bolsheviks. This unique female unit was created in the middle of the First World War to keep up the morale of the soldiers, who were losing faith in victory. The battalion numbered about 3,000 of these Russian Amazons and had its own banner; it was solemnly sanctified on Red Square. But the armed women were not able to withstand the armed Bolshevik revolutionists and their allies.

Submerging into the depths of revolutionary chaos, Russia had to discontinue its military operations on the fronts of the World War. Due to the Bolshevik coup, the country became an easy prey for its former allies as well as enemies. In this situation only a regular counter-revolutionist army, led by the professionals of the Tsarist military schools, was capable of withstanding the dangerous enemy that had seized the key posts of the state. There was a need of strong-willed true White leaders to unite the whole nation.

The counter-revolution soon began to acquire the form of an organized armed resistance. The first attempt at liberating St. Petersburg from the Bolsheviks took place at the Pulkovsky Heights on November 12, 1917. It was taken by a joint effort of Alexander Kerensky (who had managed to flee from the capital) and General Peter Krasnov (1869-1947). This was in effect the beginning of armed White struggle. But a regiment of 700 mounted Cossacks was not enough to accomplish this difficult mission. The riots and uprisings by workers all over the capital only accelerated the situation. Under these circumstances, on November 15 General Alexeyev and his entourage took the decision to form the Voluntary Army.

3. The Volunteer Army and the “Ice March” of 1918.

General Mikhail Alexeyev (1857-1918) was an outstanding military leader, a true scientist of war and a well-educated man. He was born into a family of a military officer and followed his father's path. Alexeyev finished the Moscow Infantry Military School, and the Russo-Turkish war of 1877 was his “baptism of fire”. After that, he was appointed a professor, Alekseev obtained a chair in Military History at the Joint Staff Academy. There his outstanding talents became evident.

Alexeyev did not occupy himself with staff service only – during the War with Japan he was appointed to the field army after his own appeal. Shortly before World War I Alexeyev was appointed head of Kiev Command for his outstanding military achievements. During the war he was in charge of the south-eastern front and it was due to his talent as its commander that the critical situation on the German front improved.

Tsar Nicolas II having abdicated, the Provisional Government appointed Alexeyev Supreme Commander-in-Chief. But shortly after that the general was dismissed due to his critical attitude towards the policy of the bourgeois government. After power was taken by the Bolsheviks, Alexeyev and his comrades-in-arms had to retreat south to begin a new stage of the war.

In the Don River valley there lived free Cossacks who had proved their fidelity to the Motherland by means of military service for centuries. It was there that the forming of the first White Guards began. The core of the army was grouped around “the White Cross”, a secret society, formed by army officers. Soon, generals Kornilov and Denikin as well as atamans (Cossack commanders) Kaledin (1861-1918) and Dutov (1879-1921) joined the headquarters of the Volunteer Army. The Cossacks of the Don, Orenburg and Baikal regions, outraged by the Jewish-Communist dictatorship and revolutionary terror rose to join the volunteers. “There rose in their noble rage true Christians, sons of the Don, and heeded the call of freedom!” – thus the lines of an old Cossack song.

The so-called “Ice March” of the Volunteer Corps led by Kornilov became the first notable event of the first stage of the war. It began in late February 1918 and proceeded under trying winter conditions, four thousand volunteers with high morale ready to break through the Red front lines after crossing the Don. It was the “baptism of fire” for the White Army and Alexeyev called it “a candle of faith and hope in the darkness that was devouring Russia”. But the campaign failed; the White volunteers were outnumbered by the Reds and had to retreat. General Kornilov fell as a true warrior in battle of Ekatrinodar.

4. Bolshevik Dictatorship and the Red Terror.

The military leaders believed that an organized armed force was needed for the recovery of peace and civil order--while peaceful citizens, confused by constant propaganda, never abandoned hope of restoring peace by legal democratic means.

On January 18, 1918 the All-Russian Constituent Assembly, supported by working class demonstrators, began to function in Saint Petersburg. But despite being peaceful, the Assembly was immediately broken up by armed Bolsheviks with more than ten demonstrators killed. One more liberal illusion perished.

Instead of developing democracy and protecting civil rights and liberties, the Bolsheviks concentrated on strengthening their own power. Nikolai Krylenko (1885-1938), a prominent member of the Bolshevik Party, Supreme Commander-in-Chief and the head of VRK (Vojenno-Revolutzionny Komitet or the Military-Revolutionary Committee) took the decision to form the Red Army of Workers and Peasants (RKKA). The compulsory mobilization of all male citizens aged from 18 to 40 began. In the severe conditions and ideological chaos of the Revolution a part of the tsarist military corps joined the Bolsheviks: of 130 000 officers of the Imperial Army, about 30 000 joined the RKKA, including such prominent higher command officers as Brusilov, Snesarev, Svechin and Tukhachevsky.

Military operations on the fronts of the First World War were suspended due to the revolutionary “Decree on Peace”. Now the Bolsheviks were much more preoccupied with defending “the Socialist Motherland” and “the achievements of the Revolution”. In reality it meant further class struggle and fratricidal civil war. Due to this reason many recruits refused to fight under the Red banners. Cases of desertion and changing sides by recruits often occurred at the fronts of the Civil War.

The Higher Command of the RKKA officially considered such actions to be desertion and, on issuing new laws, the deserters were to be shot on sight. This “method” was first applied by the above-mentioned Leon Trotsky, who wrote:

It is impossible to build a strong army without repression. One cannot lead masses of people to death, without having the death penalty as a means of punishment. We must confront a soldier with his possible death in front of him and his inevitable death behind."

It was not accidental that the five-pointed red star (or pentagram), together with the hammer and sickle emblems, were chosen to be the emblem of RKKA (on medals and banners of the Red Army it was often depicted in an upturned position, which also required explanation). When speaking on the Fifth Annnual Congress of the Soviets in summer 1918, Trotsky explained this choice: when the rebellion of the Jews against Roman rule, led by Bar Kochba, took place in Palestine (132-135 A.D.), the Red star was depicted on the Jewish banner. In other words, for the Bolsheviks the star was a symbol of revolutionary fight against Empire.

In the early spring of 1918 the Bolsheviks, deliberately trying to “turn a world war into a civil war” had to confront the opening of a second external front. In March and April, the troops of the Entente were deployed in Russia: English and French troops landed in Murmansk and Archangel in the north, French troops in Odessa and Sevastopol in the south, English troops, supported by Japanese and Americans in Vladivostok in the Far East.

During the chaos of the Allied intervention, a Czech corps of many thousands of soldiers (whose leaders were connected to the headquarters of the Entente) excited a rebellion in the Volga region. English troops entered Turkistan and Transcaucasia; Rumania occupied Bessarabia. The Russian Empire was dissolving, turning into badly-controlled regions without any unified government. Meanwhile, the German command continued to support Lenin. With the help of Mirbach (the ambassador of Germany to the Soviet Republic) they transferred to the Bolsheviks more then 3 million golden marks every month; in May 1918 – 40 million more marks were transferred. The World War virtually continued on the territory of the dissolving Empire, and rivalling states continued to take part in it, either directly or indirectly.

Lenin understood very well that the united action of the external Entente forces with the internal opposition forces posed a great threat to the Bolshevik government. It was the reason, he openly declared, for the mass terror which he instituted against all those opposed to the “proletarian dictatorship”, including his own revolutionary comrades of yesterday: Mensheviks, the Socialist Revolutionists and Anarchists. With several hundreds of the left Socialist Revolutionists arrested as hostages, the “leader of the World Revolution” called for ruthless mass executions on June 26, 1918:

We must encourage and promote mass terror against the counter-revolutionists, especially in Saint Petersburg, to make a decisive example”.

On July 1918, on Lenin’s personal order (and partially due to the initiative of his party comrade Jacob Sverdlov), the Tsar and his family were executed (with no investigation or trial) in Yekaterinburg. Several days later, six other representatives of the Romanov dynasty were killed.

Having suppressed the independent press (which was more or less influential and continued to comment on current events, influencing in this or that way the opinion of the people), the Bolsheviks began their systematic persecution of the Church. As a key religious institution it still exercised a widespread influence on many common Orthodox people and was an evident ideological opponent to the policy of aggressive atheism promoted by the Bolsheviks.

Concerning the peasants, they were supposed to be an ally of the workers in "class struggle." Nevertheless, a severe politics of “prodrazverstka” (or “bread war”) began toward them, with more then 75 000 Red Army Soldiers taking part. Concretely, the food grown was expropriated on the spot. All over the country not less then 300 peasant rebellions took place.

The workers were also dissatisfied with Soviet power, since instead of social justice, promised by the Bolsheviks, they got nothing but starvations and hardships. Old trade unions were dissolved, freedom of speech was suppressed and strikes were virtually banned. Rebellions of Cossacks, peasants, qualified workers and political adversaries of Bolshevism flared up all over the country.

The Bolsheviks were aware of, and concerned about the danger of armed resistance all over the country, as well as the peril of foreign intervention. The seat of government was soon moved to Moscow, farther from the front lines. In the “new” old capital of Russia, ruby red stars soon rose over the towers of Kremlin as a symbol of Bolshevik power. In Moscow, the Bolsheviks took the decision to fulfill the strategy of world revolution by organising the COMINTERN. It was financed from expropriated valuables of the Tsar’s family and Russian monasteries (predominantly their gold); and partially – due to the export of “excess bread," seized from the peasants.

Peaceful civilians, terrified by revolutions, wars, mass terror and starvation flee from both capitals; Moscow and Saint Petersburg soon became deserted. Within just three years (1918-1920) at least 5,750,000 civilians died. The world of science has acknowledged that it was one of the greatest demographic catastrophes ever.

5. The South as the Bastion of the White Guards

Towns and cities of the north were devoured by the revolution. Civilians and former soldiers of the army tried to flee south, since the southern regions were not controlled by either Bolsheviks or anarchists.

Southern Russia soon turned into a powerful bastion of counter-revolutionary forces. The remains of the tsarist army gathered there from all over the Empire. Soon, new military units of the emerging White Army began to form. It was on the Don River that the Volunteer Army, led by General Denikin, underwent its “rebirth”: in January 1919. Denikin joined forces with the Don River army of General Krasnov. This army has become the basis of the armed counter-revolutionary forces of southern Russia.

General Anton Denikin (1872-1947) was born to a poor family in Warsaw province. Having chosen a military career, he graduated from the Joint Staff Academy. His “baptism of fire” took place during the Russo-Japanese war. He was promoted to the rank of major general in 1914. Apart from military service, Denikin was also known as a writer and a prolific memoirist: those who read his first short stories and sketches on military life, never thought, that he would become one of the most famous memorialists of the Civil War.

As Denikin was a comrade-in-arms of Kornilov going back to the Ice March, after Kornilov's death it was Denikin who raised anew the banner of White Struggle. Under Denikin’s command, the White Army enjoyed many military achievements. It launched an offensive campaign toward Moscow, and soon occupied large territories containing approximately 42 million people: they liberated Kharkov, Kiev, Kursk, Orel, Voronezh and Tsaritsin, as well as the territories of the northern Caucasus. Denikin’s army posed a great threat to the Bolsheviks: the revolutionists were actually surrounded by a ring of counter-revolutionary forces. Strong combatant forces were sent against it. After enduring bloody battles, Denikin’s troops had to retreat from the cities it had occupied before.

Novorossiysk was the last town to be lost by the White Guards. Denikin himself evacuated to a ship and continued his struggle in emigration. Due to his authority and influence, Denikin soon became an influential and prominent social leader of the Russian émigrés abroad. In his famous five-volume book “The Russian Turmoil”, written after the events of 1921-1926, he reflected on the causes, reasons and possible results of the Revolution. It was published in Paris, Berlin and in the USA, to which Denikin later emigrated. He died in America in 1947, a patriot loyal until death to his Russian Motherland.

The Whites did not manage to connect the armies of the South and Far East, and a temporary tactical alliance with the Ukrainian troops of Petlyra (a radical anarchist) as well as with the Ukrainian National Army could not be long-lasting, since the White Guards and the Anarchists pursued different purposes.

The troops of General Nikolai Yudenich (1862-1933) in the northwest were actually separated from the main forces of the counter-revolution. Yudenich failed to occupy St. Petersburg, despite massive help from Western countries, including the help of the so-called “Freikorps”, volunteer corps in which anti-communists of all nations, including Germans, fought shoulder to shoulder. The Red Army, supported by Estonian separatists, stopped the offensive of General Yudenich near the village of Gatchina.

Then a large-scale advance of General Denikin’s troops along a front 1000 kilometers (or 600 miles) wide was stopped. This was a fatal flaw of the White Joint Staff, since the Whites were many times outnumbered by the Reds. In addition, the Bolsheviks were indirectly supported by various armed gangs of anarchists, most of whom were ordinary felons. One example to consider was the famous Anarchist Army of Nestor Makhno – it fought against all other powers, both Red and White.

6. Crimea - the Southern Bastion of the Whites.

Having established and strengthened the “Dictatorship of the Proletariat” in central Russia, the Bolsheviks launched a counter-offensive to the east and south. It took the RKKA huge efforts to force the Whites onto the Crimean peninsula on the Black Sea, isolated from the continent. In the first years of the revolution, a massive political struggle between various ethnic and political forces arose on the Crimea (or the “province of Tavria” or “Taurida”). Apart from Russians, there were Tatar, Ukrainian and Jewish communities there.

Tatar nationalists managed to convoke a Tatar National Assembly (“Kurultai”), aimed at creating a Muslim state after the traditions of Girei Khans, with Bahchisarai as capital city. The Central Rada (council) of the Ukrainian People’s Republic was in favour of separatist tendencies (toward Russia) and supported the independent Tatar government in its initial stages.

The Russian White leaders had various attitudes towards Tatars. All in all, the Council of People’s Representatives that created a headquarters of Crimea Troops in Simferopol regarded the Tatars as possible allies against the Reds. For example, Kerensky was in favour of creating special Muslim units.

The Bolsheviks approached from the Black Sea; they were supported by revolutionary soldiers and sailors in the harbours of Sevastopol and Yevpatoria. Having assembled a 40,000-man army under the command of a Provisional Revolutionary Committee, the Reds defeated the Army of Crimea. In early 1918 "Soviet Power" was declared over the peninsula.

The Tatar government and the Council of People’s Representatives were dissolved and the Socialist republic of Taurida declared in March 1918. Much later, it gained the status of the "Crimean SSR" (Socialist Soviet Republic). Hardly had a month passed before the Bolsheviks had to face another threat: the German troops deployed in Crimea. When the German attack was repulsed, Taurida was liberated from the Bolsheviks by the troops of the White General Wrangel.

Peter Wrangel (1878-1928) was a strong-willed and charismatic leader. He was a descendent of ancient Scandinavian stock, the representatives of which served the Russian tsars for centuries. (All in all, this family gave the world seven field-marshals, seven admirals, and more then 30 generals; to Russia it gave 18 generals and two admirals).

As a worthy comrade-in-arms of the former leaders of the Whites, Wrangel headed the government and the troops of Crimea at the very crucial moment when the White army on the Continent was suffering great defeats. In the summer of 1918, having reorganized the Volunteer Army into a regular one, Wrangel began preparing his counter-offensive against the Red Army. Simultaneously, he improved civilian life on the peninsula, having adopted many progressive laws (such as land reform) and changed military policy for the better.

Not long before his eastern campaign, General Wrangel took the symbolic action of instituting the Order of Saint Nicolas. He addressed the public in an open letter:

“Hear, Russian people, what we are fighting for. We want revenge for our disgraced faith and our desecrated temples! We are fighting for the liberation of the Russian people from the yoke of communists, of vagrants and felons that have brought Holy Russia to ruin. For the end of the internecine war! For the peasants to have a chance of owning the land as property and working in peace. We are fighting for true freedom and justice to rule in Russia. For the Russian people to choose their leaders by themselves. Help me, true sons of the Nation, to save our Motherland!”

This call was heard. Soon, those who were looking for a firm bastion for revenge on the communist dictatorship (anchored in the capital cities) moved south. The Russian army of Peter Wrangel grew to be 80,000 strong, which made it possible to support the Cossack resistance in the Don and Kuban river valleys.

When the Soviet-Polish war of 1920-1921 broke out, Wrangel took the decision to strike at the back of the Red Army and its rearward areas. The Reds, weakened by a war on two fronts, had to retreat. But when the Bolsheviks saw the Whites head east to join forces with the Cossacks on the Continent, they changed their strategy immediately. In October 1920, despite the humiliating conditions of the armistice for the Soviet Union, the war with Poland was officially over. The Red Commissars made the army of the southern front 250,000 strong, concentrating the maximum amount of their forces on storming the White stronghold on the Crimea. On October 28 they launched their offensive.

First, Wrangel’s army was stopped by the Reds, commanded on the Southern front by a prominent member of the Bolshevik party, Michael Frunze. After that, the specially formed Budyony Cavalry was sent. Finally, on a cold November night the Reds took a wade through the icy waters of Sivash Gulf to bypass the Perekop Isthmus, which was very well protected by the Whites. Despite losing hundreds of soldiers killed and wounded under machine gun fire, the Revolutionary Red forces managed to get onto the peninsula and to fortify their positions for further offence.

The White units defending Perekop, the city guarding the isthmus, were shocked and demoralized. The Wrangel army had to fight just to protect its rear. After November 15, 1920 a mass evacuation from the peninsula began–first, peaceful citizens were evacuated, then soldiers and officers of the Wrangel army. Sometimes the evacuation turned into panic flight. All in all, over 120 ships brought more then 150,000 refugees to Istanbul (Constantinople).

The reprisals and massacres against the “enemies of the Revolution” began in Crimea. The Revolutionary Committee of Crimea, led by a Hungarian Jew, Bela Kun, was formed. In three years of Wrangel’s rule in Crimea, about 1,500 were arrested by the Whites, with as many as 300 shot. As for the Red terror, not less then 50,000 people died on the peninsula (according to other statistical data, up to 100,000). Rozalia Zalkind, a Jewish communist from Ukraine, excelled during the repression. She headed a political department of the Red Army and personally took part in executions by shooting. The tragic epic of the White movement in the south was over.

7. Civil War on the Far East

Having achieved a temporary victory, the Bolsheviks managed to establish a severe dictatorship in central Russia in the first three years of the Revolution despite an unprecedented toll in civilian victims and territorial losses. But it never led to peace, prosperity or justice as originally promised by the Bolsheviks. Due to the political and economic crisis, industry declined by 82% compared with 1913.

The number of wealthy Russian refugees (émigrés) grew constantly and amounted to over 1.5 million by the end of the Civil War. The villagers, having nowhere to run, protested and in their own ways fought for the rights the Bolsheviks were suppressing. There were numerous peasant uprisings that later became a popular war.

The Tambov Revolt, led by Alexander Antonov (1888-1922), took place in 1920-1921. A whole army of peasant partisans soon formed, 30 000 strong.

Antonov was a "Right Socialist-Revolutionist," a non-Bolshevik leftist, and a Russian patriot. He fought against the “suppression of the people by capitalist exploitation” during the tsarist period. But when the Bolsheviks actually usurped the power by taking advantage of the revolutionary situation, Antonov declared war on the impostors who dared speak in the name of the workers and peasants. He addressed the people with a leaflet, in which he called upon “the Russian warrior to arise and save the Motherland by liberating Moscow from the hands of the Red butchers.”

To suppress the Tambov Revolt, the Red marshal Tukhachevsky sent in more then 100,000 soldiers of the regular army, including mercenaries from Lithuanian and Chinese units of the Red Army (over 40,000 Chinese served in the RKKA during the Civil War and afterward). The repressive force used armoured troops, aircraft and chemical weapons. They were severe to the local population, sometimes burning down houses with the families inside. Although the guerrillas were not numerous, it took the repressors almost a year to suppress the rebellion. But the armed partisans could be seen in the forest of Tambov long after that.

In March 1921 another rebellion was suppressed by the Bolsheviks – the rebellion of Kronstadt, in the bay before St. Petersburg). It was started by sailors of the Baltic fleet; one of the slogans of the rebellion was: “Government without Jews and communists!” Peasant rebellions took place all over the country: in the Ural, Siberian and Volga regions. Hundreds and thousands were killed as a result of armed clashes with the peasants.

Mass-killings of wealthy peasants (known as the "Kulak annihilation" or raskulachivanie) and landowners during the establishment of Soviet power in the villages led to devastation of the large farms, resulting in mass starvations. The 1921 starvation (golodomor) took place in the Volga region and began spreading all over Russia. In the cities, which were left without supplies of foodstuffs, the poorest citizens were destined to die, as well as some representatives of the intellectual elite, who deliberately refused to accept the food allowances of the Bolsheviks.

In order to quash critics, the Bolsheviks began a systematic persecution of dissenters. On Lenin's personal order, more then 200 representatives of the intelligentsia and cultural workers were expelled from the country on a specially prepared ship: those were the writers, philosophers, and scientists Berdyaev, Iliin, Lossky, Karsavin and many others. Famous and prolific poets such as Gumilev, Esenin or Klyev were either killed or driven to suicide. As for the writers and poets who survived the persecution, a strong censorship by the Glavlit (Central Committee for Literature) was imposed on them.

***

The White counter-revolutionist movement in the eastern Russia had many talented politicians and leaders within its ranks. The name of Admiral Alexander Kolchak deserves special mention.

Alexander Kolchak was an outstanding leader with a remarkable biography. His professional education was at the Naval Military school and he took part in several expeditions in the Pacific Ocean; he also commanding an ice-breaker during an expedition to the North Pole. All in all, he crossed four oceans during his career.

For his outstanding achievements, in the First World War Kolchak was appointed commander of the Black Sea Fleet. At first, he was in favour of the Revolution, but once he understood it was leading to the devastation of the Motherland, he started his own resistance movement.

He began armed resistance to Bolsheviks and their allies in the Far East, in central Siberia and in the Ural regions. In September 1918 Kolchak was appointed minister of defence in the Provisional Government. In January 1919 his new-born army took Perm in the Ural mountain area. The army soon grew to 112,000 and began an offensive on a wide front – from Uralsk and Orenburg to Vyatka. Inspired by the admiral's success, his brothers-in-arms and many other representatives of the White movement considered him the supreme leader of the true Russia.

A strange, ambiguous and even mysterious role on the eastern front of the Civil War was played by the so-called Czechoslovak Legion. It consisted predominantly of Czech and Slovak soldiers within the Austro-Hungarian army, more then 30,000 soldiers, who surrendered or were captured by Russia during the First World War. Originally, they were kept in the Ukraine area.

After the revolution, agents of the Entente managed to place the Legion under French command, which then ordered the Legion to be sent to France. It would have been rational to send the soldiers out by ships from the harbours of the Black Sea.

But due to a logic that now seems strange, on March 26, 1918 the Revolutionary government decided to evacuate the so-called “internationalist warriors” eastward through Siberia to Vladivostok, obliging them to hand over their weapons to the local soviets. Few of the Czech soldiers returned home travelling via Europe. The Bolsheviks were afraid (and their fears were quite understandable) that the Czechs would join forces with the Volunteer Army in the South. The troops of the Czech Legion ended up stretched out over the whole Siberian trunk-railway, over 7000 km long!

On their way east, the prisoner soldiers rebelled and joined forces with the counter-revolutionists: Socialist-Revolutionists, Cadets (Constitutional Democrats) and Social-Democrats. Together with the Whites, they conquered Novosibirsk (Novonikolaevsk), Penza, Syzran, Tomsk, Omsk, Samara and Krasnoyarsk. After that, having launcher a counter-offensive, they liberated Ufa, Simbirsk, Ekaterinburg and Kazan. In the Volga and Ural regions, as well as in Siberia, the Legion assisted local authorities in creating provisional governments for the convocation of a Constituent Assembly. It became one of the turning points of the Civil War.

Having prevented the junction of the White Armies in the East and South, the Reds launched a counter-offensive in Ural and Siberia in early 1920. Apart from frontal attacks they also used revolutionary propaganda and active secret services (counter-reconnaissance) aimed at eroding the enemy from inside. The Whites were outnumbered by the Reds; the forces of the army of Kolchak (together with the Czech Legion) were much weakened by then.

Neither the manly presence nor the bravery of the admiral could deter the aggression of the Reds. After the retreat from Irkutsk, with power there taken by the Left S-R's, Kolchak was forced to hand command of the army over to the ataman George Semenov (1890-1946).

On January 4, 1920, betrayed by his comrades-in-arms, Admiral Kolchak resigned. In this situation General Denikin became the supreme ruler of the true Russia. Under circumstances that remain unclear even today, Kolchak was taken into custody by the Czechs, who on Jan. 14 handed him over to the Socialist Revolutionists. The latter transferred Kolchak to the Bolseviks and he was shot on the personal order of Lenin.

The further history of the White Guards in the East was quite tragic. The troops of General Vladimir Kapell (1883-1920), who died soon after Kolchak, attempted a severe winter crossing over Lake Baikal to Chita. Lieutenant General Mikhail Diterichs (1874-1937), who succeeeded Kolchak as the supreme leader of the true Russia, had to retreat and later to emigrate after two more years resisting the Reds. All in all, hundreds of thousands people emigrated out through Vladivostok (as well as through the Crimea), including more then 56 thousand civilians, attached to the Czech Legion.

In the Pacific maritime region (Primorie) the battles against the Reds went on till the autumn of 1922. Later, the remains of the White units of atamans Dutov and Semyonov left Russia via China and Korea. Minor armed conflicts and clashes occurred in the Far East until 1923, but in those conflicts primarily guerrillas, not organized troops took part.

8. Baron Ungern and his Mongolian Troops

The story of the Asian Division Cavalry, led by Baron Roman von Ungern-Sternberg (1886-1921), a distant relative of the Tsar and a fanatical monarchist, deserves special mention.

The most famous facts of Ungern’s biography are connected with Mongolia, where he wanted to create a new Empire of his own and a launching pad for the White Revenge. During the years of the Revolution, this vast mountainous land had lost its independence (that it had attained in 1911 from China, supported by Russia). The Chinese were planning to take advantage of Mongolia’s temporary weakness and to resubjugate their neighbour to the North by sending troops to the city of Urga (now Ulan-Bator).

Having collected the remains of ataman Semyonov’s divisions (800 mounted Cossacks and 6 cannons), Ungern created an audacious plan to liberate Urga from foreign invaders. First, looking for support from the common people, he addressed the Mongols with a religious proclamation. After that he carried out a sophisticated clandestine operation and managed to liberate Bogdo-Geghen, the Khan of Mongolia from the Chinese-occupied capital city. Finally, he attacked Urga and took the city by storm, despite its defense by a Chinese garrison of more then 10 000 soldiers.

Having obtained a rest and resupply area and supported by the natives, the baron enthusiastically started to flesh out his grand plan. He believed that after the Bolshevik revolution one could no longer hope to restore traditional monarchies in Europe, for the peoples of the west were perverted by the ideas of materialism and socialism:

Russia is devastated in terms of its economy, morals and spirituality; its future is appalling and can hardly be predicted. The revolution will triumph and the higher culture will perish under the onslaughts of a coarse, grasping and ignorant mob, gripped by the madness of revolutionary destruction and led by international Jewry” – Ungern wrote in one of his letters.

The baron stated that to establish peace, spirituality and order in the world, one should not hope for any help from the degraded West. Instead, he proposed to create a “Kingdom of Middle” in the East. It was to unite Mongolia, Sindzyan and Tibet (all now in western China) a "White Empire of the East" aimed at eradicating the world evil that came to the earth to “destroy the Divine within the souls of men.”

For fulfilling this divine mission, the baron adopted Buddhism. He later married a Chinese lady of noble origin and was awarded the title of "Prince of Mongolia" by Khan Bogdo-Gegen. Later, he proudly wore a princely caftan of the finest Chinese silk together with the uniform of a tsarist officer. The baron began sending official letters in which he proposed to the volunteers of the White armies that they join his troops.

The remainder of White units from the Baikal region, Tuva and the Mongolian steppes gathered under the banners of the Baron (named “the God of War”). Together with brigades, led by the atamans Kazagrandi, Kaigorodov, Bakich and others, the army of Ungern soon grew to be 4,000 sabres and dozens of artillery units strong. The army was able to execute minor raids along the coasts of the Selenga River. It also attacked Kyahcta, a small town on the Mongolian border, where the Bolsheviks had Chan Suhe-Bator as their protégé. It was in this period that the White unit were particularly cruel to communists, commissars and Jews, for whom (according to the Baron) “only one punishment was adequate – death!” But the militia of the Baron were outnumbered by the Reds and their efforts were not enough to prevail.

An expeditionary corps was sent from Chita to destroy the troops of Ungern. It had 7,500 of infantry, 2,500 sabres, 20 field guns, 4 aircraft and 4 river steamers. As the Reds were supported by Mongolian revolutionists, they managed to suppress the resistance of the counter-revolutionists. The White leaders of the east, including Ungern himself were imprisoned, interrogated and later executed.

The Red terror in the Far East had its own peculiarities, since not only monasteries and Khans’ estates, but also Russian bureaus and official institutions were looted. Much later, Lenin annulled the state debt of Mongolia of 5 million golden rubles and awarded the pro-Soviet general Sukhe-Bator the decoration of the Red Star during the official visit of the Mongolian leader to Kremlin in 1921.

9. Conclusions.

Confronting the Bolsheviks in the Civil War were not only White monarchists but also Social-Revolutionists, Democrats and Anarchists, as well as a major portion of the free Cossacks and wealthy peasants. The chaos of the whole revolutionary situation brought confusion and hindered the people from realizing the danger of Proletarian Dictatorship, which in reality turned out to be the tyranny of Bolsheviks, headed by Lenin and then Stalin.

It is however a false statement that during the Civil War "Russians fought Russians." In reality it was the Red Internationale that fought the White Guards. It is true however, that certain Russians as well as Cossacks from different regions of the Empire, and Ukrainians, Germans and Czechs, were present at the command posts of the Revolution. But within the Revolutionary leadership, Russians were an absolute minority.

Russian-speaking Jews, Ukrainians, Poles, Lithuanians, Magyars, Tatars, Chinese and minor Caucasian peoples predominated. The non-Russian, international units of the Reds counted more then 200,000 men.

All in all the Red army won rather due to revolutionary fanaticism and numerical superiority, but not due to strategic successes or the talents of the leaders. The Red Army occupied key strategic positions, plus it was approximately ten times as big as the White army. But it suffered many deserters and was close to total collapse in 1919.

Both fighting sides exhibited brutality, but the Whites never made terror a core instrument of their politics as the Red commissars did. They never exterminated whole classes or groups of the population and never created blocking detachments ("zagradotryady") or concentration camps.

All in all, the civil war turned out to be a real racial genocide.

Declaring and promoting opposite ideological slogans and ideas, the Reds and the Whites slaughtered each other in bloody war. Their readiness to spill blood and to march for internecine battle was reflected in the songs of those ruthless times. When marching and before the attacks, the Reds often sang a song with the following lines:

We will march to fight for the Power of Soviets

And die like one fighting for that.

The Whites used the same tune, but the lyrics were different:

We will march to fight for Holy Russia

And spill as one man our blood for Her.

But whatever was the text of the song, the blood of Russian soldiers and officers was always spilt, which almost ruined the gene pool of the Nation.

Most of the peasants believed in the revolutionary "Decree of Land" and never expected the Bolsheviks to turn against one of their main class allies within several years. They never saw the Whites as their potential protectors and mostly waged their own local war, fighting on their own during the rebellions.

The people traditionally believed all of the tsarist generals to be monarchists, but in reality, their ideological views were much broader. In fact, in the beginning of the revolutions, most of the generals and high army officials were in favour of the dethronement of the Tsar. For instance, General Kornilov and Admiral Kolchak arrested the most prominent members of the Tsar’s family in St. Petersburg and on the Crimea.

The tsarist officers overestimated their own forces, as they got bogged down in the fronts of the World War. They hoped for a miracle from God through their Christian faith, and they counted on the bravery of the Cossacks, on military support from the West and on the help of the peasants. But none of their hopes came true.

This firm belief in the power of Truth and in the triumph of Divine Justice and Law was maintained by the White Guards in exile. One of the most prominent leaders of the Russian émigrés wrote in his diary:

Years will pass, the communists will be gone, and the Revolution will be but a thing of the past. But the White cause, renewed in this struggle will not be gone: Its spirit will stay with our future generations and will become a part of our National being and will help to build a New Russia”.

Pavel Tulayev.

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mardi, 06 novembre 2007

Implications géopolitiques des accords de Munich (1938)

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Allocution de Robert Steuckers à la «Commission Géopolitique» de la Douma d’Etat, Moscou, le 30 septembre 1998

Les implications géopolitiques des Accords de Munich en 1938

Par les accords de Munich de 1938, l’Allemagne de Hitler a négocié avec les puissances occidentales mais a exclu l’URSS de ces négociations. Pour les Allemands de l’époque, en pleine guerre d’Espagne, la question tchécoslovaque est une affaire ouest-européenne. Elle semble ne pas percevoir les intérêts traditionnels russes dans la région. Certes, Munich est une victoire diplomatique allemande, car elle élimine un Etat hostile à sa frontière orientale, bien armé et bien protégé par les chaînes des Monts Métallifères et dont le territoire s’enfonce comme un coin dans la masse territoriale compacte du Reich, permettant à une éventuelle action conjointe des troupes françaises, massées en Alsace et en Lorraine sur un ancien glacis du Reich, et des troupes tchèques, de neutraliser rapidement l’Allemagne, en tirant profit d’une profondeur territoriale assez réduite. De Wissembourg en Alsace à Karlsbad (Karlovy Vary), le Reich était le plus faible. A Munich, Hitler et Ribbentrop éliminent cette faiblesse.

 

Résumons clairement, en six points, les atouts gagnés par les Allemands à Munich:

 

1. Une maîtrise de la Bohème et de la Moravie:

Les accords de Munich assurent au Reich la maîtrise de la Bohème et de la Moravie. En effet, la bande territoriale occupées par les Sudètes germanophones est justement constituée des collines et des petites montagnes des Monts Métallifères et de l’Egerland, où se concentre le système défensif de l’armée tchèque. Sans les Métallifères et l’Egerland, le reste de la Bohème est quasiment indéfendable, face à tout coup de force allemand. De plus, en Moravie, la rétrocession de territoires sudètes au nord, en bordure de la Silésie, et au sud, au-dessus de Vienne, réduit considérablement la profondeur stratégique de l’Etat tchécoslovaque, déséquilibrant totalement son système de défense.

 

Rappelons ici deux réalités géographiques et historiques:

- La Bohème appartient au bassin de l’Elbe, son port naturel est Hambourg. Paradoxalement, l’indépendance de la Tchécoslovaquie, imposée par Versailles en 1919, enclavait la Bohème, alors qu’elle ne l’avait jamais été dans l’histoire. En supprimant l’indépendance tchécoslovaque, Hitler et Ribbentrop désenclavent le pays. C’est là un paradoxe curieux de l’histoire centre-européenne de ce siècle.

 

Ce paradoxe géographico-politique nous oblige à formuler quelques réflexions d’ordre historique:

- L’orientation géographique et géoculturelle de la Bohème est occidentale voire atlantique, dans la mesure où son système fluvial, principale voie de communication jusqu’à l’invention et la généralisation des camions automobiles, débouche sur la Mer du Nord.

- Le panslavisme tchèque est une curiosité, dans la mesure où les traditions catholiques, protestantes, hussites et libre-penseuses du pays sont assez incompatibles avec l’orthodoxie, option religieuse de la plupart des Slaves. Elles sont également très différentes du catholicisme polonais ou croate, plus charnel et plus merveilleux dans ses expressions, finalement plus proche de l’orthodoxie que les linéaments religieux traversant la Bohème tchèque.

- Ces tiraillements géoculturels de la Bohème proviennent:

a) De la guerre de Trente Ans, où l’Egerland, notamment, a été repeuplé de Catholiques bavarois pour contre-balancer le protestantisme pragois et les résidus de la révolte nationale hussite du XVIième siècle. L’optique de ce repeuplement est celle de la Contre-Réforme catholique.

b) De la Guerre au XVIIIième siècle entre la Prusse de Frédéric II et de l’Autriche de Marie-Thérèse. Dans cette guerre entre les deux puissances germaniques, la géopolitique hydrographique a joué un rôle considérable: Frédéric II voulait pour lui tout le bassin de l’Elbe et ne laisser à la Maison d’Autriche que le bassin danubien.

 

- La Moravie, située entre la Tchéquie et la Slovaquie, a un système hydrographique danubien. Les rivières importantes qui traversent le territoire morave se jettent dans le Danube. Frédéric II ne briguait pas la Moravie danubienne car seul le système fluvial de l’Elbe l’intéressait. Sa perspective était prussienne et nord-allemande. Hitler, qui vient de réaliser l’Anschluß de l’Autriche et de créer ainsi la Großdeutschland, a des visées danubiennes. Son Etat national-socialiste englobe les bassins du Rhin (partiellement partagé avec la France qui détient la rive occidentale en Alsace et contrôle la Moselle jusqu’à la frontière luxembourgeoise), du Danube jusqu’à la frontière hongroise (mais la Hongrie est un allié tacite du Reich), de la Weser, de l’Elbe et de l’Oder, les fleuves parallèles du nord de l’Allemagne.

 

- L’apport de la Bohème et de la Moravie au Reich national-socialiste sont donc: une maîtrise complète du bassin de l’Elbe et un renforcement de la présence allemande dans le bassin du Danube, du moins jusqu’à la frontière entre la Hongrie et le nouvel Etat yougoslave. Munich laisse toutefois la question du Danube ouverte.

 

- La Russie, traditionnellement, surtout depuis la conquête des territoires ukrainiens en bordure de la Mer Noire et de la Crimée entre 1768 et 1792, s’intéresse au trafic danubien et souhaite participer à toute gestion internationale de ce trafic fluvial. En effet, la maîtrise complète des systèmes fluviaux russes-ukrainiens et des fortes concentrations industrielles du Don et du Donetz, par exemple, de même que la rentabilisation des produits agricoles des très fertiles “terres noires” d’Ukraine, postule de les acheminer vers les grandes concentrations démographiques d’Europe, pour qu’elles y soient vendues ou transformées en produits industriels. De même, les pétroles du Caucase et leurs produits dérivés, ne peuvent accéder à l’Europe rapidement que par le Danube en évitant le verrou anglo-turc d’Istanbul. Pour toutes ces raisons, la Russie a toujours demandé de participer à la gestion du trafic fluvial danubien. Cette demande est légitime.

 

- L’Occident anglais et américain s’est toujours opposé à cette organisation germano-russe des bassins fluviaux centre-européens, ceux du Rhin et du Danube. Car elle aurait permis un trafic pétrolier soustrait à leur contrôle maritime en Méditerranée. La perspective de cette formidable synergie euro-russe était le cauchemar des puissances occidentales. Elle explique bon nombre de traditions militaro-diplomatiques anglaises et américaines:

- La protection systématique de l’Empire ottoman contre la Russie.

- Le refus de voir les troupes russes pénétrer en Thrace turque.

- La tentative de détacher le Caucase de l’Union Soviétique naissante (affaire des commissaires arméniens, fusillés par des contre-révolutionnaires, en présence d’officiers des services spéciaux britanniques), etc.

- Le soutien apporté, via des cercles maçonniques, à un particularisme tchèque qui enclavait son propre pays. De même, le soutien aux particularismes hollandais et belge verrouille potentiellement l’embouchure du Rhin en Mer du Nord. Et permet de débarquer rapidement des troupes spéciales de marine dans le delta des trois fleuves (Escaut, Meuse, Rhin), en cas d’invasion allemande ou française (en l’occurrence, ce seront des invasions allemandes).

- L’instrumentalisation de la France républicaine pour fournir la “chaire à canon”, en Crimée en 1854, en 1914-15 dans les Dardannelles (pour éviter que les Russes n’y débarquent: cette campagne sanglante de la première guerre mondiale est surtout une guerre préventive contre la Russie, alors alliée de la Grande-Bretagne!!), en 1917-18 à Salonique et en 1940. La France traditionnelle avait fait la paix avec l’Autriche par le mariage de Louis XVI avec Marie-Antoinette de Habsbourg puis avait développé considérablement sa marine et entamé des explorations planétaires (La Pérouse); pire, la marine française bat les Anglais dans la guerre d’Indépendance des Etats-Unis et débarque des troupes dans le Nouveau Monde, car elles ne font plus face au Saint-Empire en Lorraine. Russes, Polonais et Autrichiens peuvent en découdre avec les Turcs, anciens alliés de la France de François I à Louis XV; avec le jeune Louis XVI, la France se tourne vers l’Atlantique, reprend pied dans le Nouveau Monde, abandonne sa fatidique alliance avec l’Empire ottoman, ce qui permet aux Autrichiens de consolider leurs positions dans les Balkans et aux Russes de prendre la Crimée. A la fin du XVIIIième siècle, chaque puissance européenne a sa tâche géopolitique à accomplir, sans empiéter sur les intérêts de ses voisins; le développement de la puissance française s’effectue dans l’Atlantique et la Méditerranée occidentale (Corse); la puissance autrichienne se déploie vers l’Egée, la puissance russe vers la Mer Noire et Constantinople (ce qui provoque explicitement l’opposition de l’Angleterre, surtout après la victoire de la flotte russe en Méditerrannée à Chesmé en 1770). En manipulant des “clubs” et des cénacles répandant une idéologie fumeuse, les services de Pitt révolutionnent la France, la plongent dans le chaos et la guerre civile, et vengent ainsi l’humiliante défaite de Yorktown. Mais simultanément, ils torpillent l’entente franco-autrichienne et austro-russe, ne permettant plus à aucune des puissances européennes de mener une tâche géopolitique constructive, sans empièter sur les intérêts des autres (cf. le travail de l’historien français Olivier BLANC, Les hommes de Londres. Histoire secrète de la Terreur, Albin Michel, Paris, 1989).

 

- Il faut juger les Accords de Munich sur l’arrière-plan de cette histoire européenne tumultueuse. Scellés entre les seules puissances centre- et ouest-européennes, il a donné l’impression aux Russes que l’accord n’envisageait pas de prolonger la ligne Rhin-Danube vers la Mer Noire, le Caucase et la Caspienne. Et de restaurer ainsi la “Symphonie” politique du XVIIIième siècle, où toutes les puissances non thalassocratiques avaient résolu leurs différends et commençaient, surtout la France et la Russie, à se doter de flottes combattives, capables d’emporter des victoires décisives.

 

2. Deux rêves médiévaux: Frédéric II et Ottokar II

Dans l’optique allemande qui prévalait sans nul doute à Munich, c’est une optique post-médiévale qui domine. La géopolitique globale de l’Europe n’est pas perçue comme opérant une rotation autour d’une axe partant de Rotterdam pour se prolonger jusqu’à Samarcande, mais comme une Europe retrouvant deux projets géopolitiques médiévaux, nés à une époque où la Russie est totalement absente de l’histoire européenne et se bat contre les peuples de la steppe, Mongols et Tatars. Ces deux idéaux médiévaux sont ceux de l’Empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) et du Roi de Bohème Ottokar II Premysl (1230-1278).

 

- L’Empereur Frédéric II conçoit l’Italie comme le prolongement méditerranéen du territoire compact et centre-européen qu’est la Germanie. A une époque où les Croisades ont finalement pour objet géopolitique la maîtrise de la Méditerranée, Frédéric II perçoit parfaitement l’importance stratégique de la Sicile, île en plein centre de la Méditerranée, permettant de contrôler les bassins occidental et oriental de la Mare Nostrum des Romains. A l’époque de l’alliance entre Rome et Berlin, depuis mai 1938, qui rend Munich possible et déforce la France, la figure de Frédéric II est remise à l’honneur, pour montrer qu’une combinaison des forces allemandes et italiennes permettrait à la fois de vertébrer le continent et de contrôler la Méditerranée à la place des Anglais. En pleine guerre d’Espagne, où l’Italie et l’Allemagne soutiennent Franco (dont les troupes avancent), se rendent maîtres des Baléares, et où l’Italie possède Rhodes en Egée, le plan “hohenstaufien” paraît subitement réalisable. Pour les Allemands et les Italiens, ce contrôle n’implique pas la Russie. Grave erreur car l’Angleterre est présente au Moyen-Orient, à proximité du Caucase et en Egypte. Ce n’était pas le cas du temps de Frédéric II. La vision médiévale et idéaliste des Allemands et des Italiens les a aveuglés. Ils n’ont pas bien perçu la nouvelle donne.

 

- Le Roi de Bohème a parfaitement conscience de l’importance géographique de son pays en Europe et sait qu’il occupe le centre du sous-continent, à l’ouest du Niémen et du Boug. Pour vertébrer le sous-continent, il faut organiser à partir de Prague, deuxième ville européenne en importance après Rome à cette époque, une dynamique centripète permettant de souder en un bloc plus ou moins homogène tous les territoires de la Baltique à l’Adriatique, de Stettin à Trieste. D’où les guerres qu’il a menées en Prusse et dans les Pays Baltes puis contre les Hongrois pour s’emparer de la Styrie (1260). L’axe de la géopolitique implicite d’Ottokar est vertical dans la perspective de la cartographie de Mercator. Ottokar sait que les forces centre- et ouest-européennes ne sont pas assez nombreuses et aguerries pour culbuter les Byzantins et organiser le cours inférieur du Danube, comme les Romains l’avaient fait lors de leur campagne en Dacie. L’Italie connaissait ces antécédents historiques: lors des négociations de Versailles, elle avait espéré faire de l’Adriatique une mer italienne en prenant le relais de Venise en Dalmatie et avait animé, avant l’Anschluß, une politique centre-européenne en protégeant le petit Etat autrichien résiduaire et en s’alliant à la Hongrie. Avec Munich, elle espère réaliser ce projet “vénitien” avec l’hinterland allemand, en tablant sur l’alliance tacite entre Berlin et Belgrade  —grâce à la diplomatie de Göring et au régime de Stojadinovic—   et sur les accords du Latran qui mettaient un terme à l’hostilité entre l’Etat national italien et le Vatican. Pour les Italiens de cette époque, en particulier pour un philosophe comme Julius Evola, l’Axe Rome-Berlin, signé après Munich, est une restitution géopolitique du gibelinisme de Frédéric II de Hohenstaufen, mais sans l’hostilité du Vatican et sans présence ottomane dans les Balkans.

 

- Mussolini a donc opté pour une révision de la politique italienne depuis 1915, année de l’entrée en guerre du pays aux côtés de l’Entente. Mais tout au long de l’année 1938, l’Italie a oscillé entre deux politiques possibles: en mars, au moment où les troupes allemandes entrent en Autriche pour sceller l’Anschluß, Hitler craint une intervention italienne pour sauver le Chancelier Schusschnig, d’autant plus que Lord Halifax tente d’apporter le soutien de l’Angleterre à une intervention italienne dans les cols alpins; mais Mussolini choisit de ne pas intervenir. Hitler lui en sera reconnaissant, jusqu’au bout. Mais immédiatement après les événements d’Autriche, on observe un rapprochement entre l’Angleterre et l’Italie, porté par Chamberlain. Le 16 avril 1938, l’Angleterre reconnait l’annexion de l’Abyssinie par Mussolini, contre laquelle elle avait pourtant vivement protesté et où elle s’était engagée aux côtés du Négus. Cette politique anglaise reçoit l’appui de Ciano, beau-fils de Mussolini. Hitler, voulant une alliance avec l’Italie, démet l’ambassadeur allemand à Rome, von Hassell, de ses fonctions et le remplace par Hans-Georg von Mackensen, plus favorable au tandem Rome-Berlin. En mai, pourtant, Hitler est invité officiellement en Italie, où le point culminant de la visite a lieu à Naples où 100 sous-marins italiens exécutent une formidable parade (immersion rapide puis sortie rapide hors des flots en tirant une salve), montrant aux Allemands et aux Anglais que l’Italie entend jouer un rôle prépondérant en Méditerranée. Avec les Allemands, elle pouvait défier l’Empire britannique et couper sa ligne d’approvisionnement en Méditerranée. Avec les Anglais, elle pouvait contenir tout projet allemand (et russe) dans la même zone, tout en conservant ses colonies libyennes, somaliennes et éthiopiennes. Mais les entrevues de mai 1938 ne débouchent pas sur une politique claire de la part de l’Italie: tant Mussolini que Ciano restent confus et prudents. C’est la victoire diplomatique de Munich qui poussera définitivement Mussolini dans le camp de Hitler. L’Italie jouera dès lors une carte anti-anglaise en Méditerranée. Et signera les accords instituant l’Axe Rome-Berlin.

 

3. Hitler, Göring et la Yougoslavie:

Pour comprendre les relations réelles entre l’Allemagne et la Yougoslavie, que l’on croit conflictuelles mais qui ne l’ont nullement été, il faut se référer au Traité commercial germano-yougoslave d’avril 1934. A partir de ce traité, les rapports entre les deux pays seront excellents, malgré le fait que la Yougoslavie ait été construite pour empêcher tout débouché allemand ou autrichien sur l’Adriatique. Le Protocole de Dubrovnik de 1937 renforce encore davantage les liens économiques entre le Reich et la Yougoslavie. Krupp construit des usines dans le pays, amorce son industrialisation. Stojadinovic, le chef serbe de la Yougoslavie d’avant-guerre, entend clairement se détacher de la tutelle française, qui ne permet pas un tel envol industriel. Parallèlement à sa politique allemande, il développe d’excellentes relations avec l’Italie et la Bulgarie et envisage de renouer avec la Hongrie, créant de la sorte une synergie dans les Balkans. Mais après Munich, on constate un retour à des positions anti-allemandes (francophiles et slavistes pro-tchéques) et à l’achat d’avions de combat (Blenheim et Hurricanes) en Angleterre. L’Allemagne s’inquiète et Stojadinovic tombe en février 1939.  Mais le Prince Paul de Yougoslavie rend visite à Hitler en juin 1939, et reçoit la garantie allemande pour les frontières de la Yougoslavie: Hitler promet de ne pas soutenir les “séparatistes” slovènes et croates ni d’appuyer les projets “grands-hongrois”; il ne dit pas un mot sur les Volksdeutschen de Yougoslavie. En revanche, Hitler demande aux Yougoslaves d’assouplir leurs positions vis-à-vis de l’Italie, d’adhérer à l’Axe pour lancer une politique méditerranéenne commune, de quitter la Société des Nations et de se désolidariser de l’Entente balkanique parce que les Turcs négocient avec les Anglais, selon la tradition diplomatique qui veut que la thalassocratie britannique soit la protectrice de la Turquie contre la Russie, mais aussi contre toute avancée allemande vers l’Egée. Le ministre yougoslave des affaires étrangères, Cincar-Markovic promet de maintenir les liens étroits avec l’Allemagne, d’améliorer les rapports italo-yougoslaves, mais estime que l’adhésion au Pacte antikomintern serait impopulaire dans le pays. Les relations germano-yougoslaves ont été renforcées par l’effet-Munich. Les liens économiques, diplomatiques et culturels entre les deux pays ont été plus solides qu’auparavant, bien que les cercles hostiles à l’Allemagne n’aient pas désarmés et aient notamment organisé des manifestations violentes contre la venue de diplomates allemands (dont von Neurath) et la visite de Ciano. 

 

4. Georges Bonnet et la diplomatie française:

 La France est la grande absente sur l’échiquier diplomatique européen au moment de l’Anschluß. Elle vit alors une crise politique. Le 10 avril, presque un mois après l’entrée de Hitler à Vienne, Edouard Daladier devient Premier Ministre et choisit une politique de paix, contrairement au gouvernement de Léon Blum que Churchill et Morgenthau avaient vainement tenté de maintenir en place. Churchill et Halifax espéraient qu’un gouvernement Blum aurait incité les Anglais à abandonner la politique de Chamberlain et aurait fait front commun contre l’Allemagne, avec les bellicistes anglais. Daladier, au contraire, est sur la même longueur d’onde que Chamberlain. Daladier remplace Joseph Paul-Boncour, belliciste et partisan d’un soutien inconditionnel aux Tchèques, par Georges Bonnet, européiste favorable à la paix et s’inscrivant dans la ligne d’Aristide Briand, avocat du rapprochement franco-allemand dans les années 20. Pour Bonnet, toute guerre en Europe conduira à la catastrophe, à la fin de la civilisation. Il le croit sincèrement et déplore que Chamberlain, avec sa politique d’apaisement, ne cherche qu’à gagner du temps et à lancer une industrie de guerre et une industrie aéronautique pour armer l’Angleterre, qui se sent faible sur le plan de l’arme aérienne, après les résultats obtenus par les Allemands pendant la guerre d’Espagne (acheminement des troupes de Franco par des avions transporteurs, mise au point des techniques de chasse et de bombardement, perfectionnement de la logistique au sol, etc.). Daladier et Bonnet croiront soutenir une politique de paix à Munich.

 

Mais les diplomates français et leurs homologues anglais déchanteront le 30 novembre 1938, quand le Comte Ciano annonce à la tribune de la Chambre des Corporations de l’Italie fasciste que Rome entend “faire valoir ses droits” en Méditerranée occidentale, c’est-à-dire en Tunisie, en Corse, et même à Nice. Mussolini annonce quant à lui les mêmes revendications devant le Grand Conseil fasciste, en y ajoutant l’Albanie, clef pour le contrôle de l’Adriatique et du Détroit d’Otrante. Pour la France, il y a dès lors au moins un front supplémentaire, sur les Alpes et en Afrique du Nord. Pire, si Franco accepte de payer sa dette à l’Italie et à l’Allemagne et de venger le soutien par le Front Populaire et les gauches françaises à ses ennemis républicains, en ouvrant un troisième front sur les Pyrénées, Paris devra combattre sur trois fronts à la fois. Le cauchemar de l’encerclement par la coalition germano-hispano-milanaise du XVIième siècle revient brutalement à l’avant-plan. Paris réagit en intensifiant ses liens avec les Etats-Unis, qui, par la bouche de leur ambassadeur William Bullitt, avaient déjà manifesté leur intention d’intervenir dans une éventuelle guerre en Europe, contre les “dictateurs”. Bonnet parvient à obtenir une centaine de chasseurs Curtiss H75, donnant ainsi à l’aviation française, déjà excellente, un atout supplémentaire pour faire face aux Allemands et aux Italiens qui avaient éprouvé leurs avions pendant la guerre d’Espagne. Bonnet introduit ainsi directement la carte américaine dans le jeu des alliances en Europe.

 

Deuxième tentative de Bonnet pour déserrer l’étau qui menace la France: négocier directement avec les Allemands, pour qu’ils calment les ardeurs de leurs alliés italiens. Bonnet renoue ainsi avec la politique pacificatrice de Briand, mais dans un contexte où l’Allemagne est considérablement renforcée, tant sur le plan militaire (plus de menace tchèque, entente relative avec la Pologne et la Yougoslavie, alliance italienne et présence indirecte en Méditerranée) qu’industriel (apport des aciéries et des usines d’armement tchèques, très performantes). Le 6 décembre 1938, Ribbentrop et Bonnet signent dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay une déclaration franco-allemande, ouvrant des relations de bon voisinage et acceptant les frontières telles qu’elles sont actuellement tracées. Chamberlain et Halifax encouragent cette initiative. Churchill la déplore. En janvier 1939, cet accord franco-allemand est déjà réduit à néant par les circonstances.  

 

5. Beck, Hitler et la Pologne:

On oublie trop souvent que les accords de Munich ont été possibles grâce à la Pologne. Dès janvier 1938, Hitler s’était assuré la neutralité polonaise face à ses rapports avec l’Autriche (catholique) et la Tchécoslovaquie. Le 14 janvier, en effet, Hitler rencontre Beck à Berlin pour régler un litige (une loi polonaise visait à exproprier tous les étrangers possédant des terres dans les zones frontalières: les Allemands et les Ukrainiens sont particulièrement visés). Au cours des pourparlers, en présence du ministre des affaires étrangères von Neurath, assez hostile à tout rapprochement avec la Pologne au contraire de Hitler, Beck confie que la Pologne n’a aucun intérêt en Autriche et que ses rapports avec la Tchécoslovaquie ne peuvent pas être plus mauvais. Pour Beck, les relations polono-tchèques sont mauvaises parce que la Tchécoslovaquie abrite une minorité polonaise, parce qu’elle s’est alliée à l’URSS ennemie de la Pologne et menace dès lors toute la frontière méridionale du pays.  Beck refuse toutefois d’adhérer au Pacte antikomintern, signé entre Berlin et Tokyo. Mais il promet de poursuivre la politique germanophile du Maréchal Pilsudski. En septembre, quelques jours avant Munich, les Polonais demandent à Londres que les droits de la minorité polonaise en Bohème soient garantis. Avec l’appui tacite du gouvernement de Varsovie, le mouvement OZON (Camp de l’Unité Nationale) s’agite dans toute la Pologne pour réclamer une intervention militaire aux côtés de l’Allemagne en Tchécoslovaquie. Kennard, l’ambassadeur britannique, doit se rendre à l’évidence: les Polonais ne se laisseront pas manipuler dans un sens anti-allemand. Après Munich, les Polonais occupent Teschen, un district peuplé de ressortissants de nationalité polonaise. Ce n’est donc qu’après Munich que les relations polono-allemandes vont se détériorer, sous l’influence britannique d’une part, pour la question du corridor de Dantzig d’autre part. Le changement d’alliance de la Pologne fera basculer Hitler, pourtant favorable à une entente germano-polonaise. Ce changement de donne conduira à la signature du Pacte germano-soviétique.

 

D’autres événements sont à mentionner dans les rapports triangulaires entre la Tchécoslovaquie, la Pologne et l’Allemagne. Avant Munich, le 31 juillet 1938, Kopecky, chef du parti communiste tchécoslovaque, déclare lors d’un meeting qu’il est nécessaire d’établir un “front slave soviéto-tchécoslovaco-polonais contre les fascistes allemands”.  Après Munich et après le rattachement des territoires des Sudètes au Reich élargi à l’Autriche, puis, après le coup de Prague et l’entrée de Hitler dans la capitale de la Bohème, bon nombre d’émigrés tchèques se retrouvent en Pologne, pays peu tchécophile, comme nous l’avons vu. Parmi ces émigrés, le plus notoire a été le Général Lev Prchala qui en appelle, à Varsovie, à la constitution d’une nouvelle armée tchécoslovaque. Prchala et ses amis sont pro-polonais, rêvent d’un bloc polono-tchèque dirigé contre l’Allemagne et l’URSS, développent une idéologie slaviste grande-polonaise mais anti-russe, visant à constituer un Etat s’étendant de la Baltique à la Mer Noire, vœu traditionnel du nationalisme polonais et souvenir du grand Etat polono-lithuanien du XVIIième siècle. Staline refusera d’accorder du crédit à ce slavisme-là et le considérera comme une menace contre l’URSS. Le développement de cette idéologie grande-polonaise et conservatrice, sous couvert de restaurer la défunte Tchécoslovaquie et de la placer sous la protection de l’armée polonaise, intéresse les Britanniques mais inquiète d’autant plus Staline, si bien qu’on peut le considérer comme un facteur du rapprochement germano-soviétique. L’idéologie du bloc slave mitteleuropéen, cordon sanitaire entre le Reich et l’URSS, sera reprise telle quelle par les militaires conservateurs polonais et tchèque au service de l’Angleterre pendant la guerre. Les plans du Général polonais Sikorski et du Président tchèque Benes, énoncés dans la revue américaine Foreign Affairs au début de l’année 1942 et prévoyant une confédération polono-tchèque, seront rejetés catégoriquement par Staline et le gouvernement soviétique en janvier 1943. Cette attitude intransigeante de Staline, alors même que la bataille de Stalingrad n’est pas encore gagnée, tend à prouver que l’ébauche de cette confédération polono-tchéque à dominante catholique par le Général Prchala a inquiété Staline et a sans doute contribué à le pousser à signer le pacte germano-soviétique. Staline préférait sans nul doute voir les Allemands à Varsovie plutôt que les Polonais à Odessa.

 

6. Les puissances occidentales et l’URSS de Staline:

N’oublions pas que la conférence de Munich a lieu en pleine guerre civile espagnole, où les Allemands et les Italiens soutiennent le camp nationaliste de Franco et les Soviétiques, le camp des Républicains. Par personnes interposées, une guerre est donc en train de se dérouler entre les protagonistes du futur Axe germano-italien et l’URSS. Mais les troupes républicaines flanchent, se montrent indisciplinées, les milices anarchistes sont incapables de faire face aux régiments plus professionnels et mieux entraînés du Général catholique et nationaliste, les communistes bien structurés et disciplinés sont dégoûtés de ce romantisme révolutionnaire inopérant et commencent à se retirer du jeu, constatant, devant Barcelone, que la partie est perdue. L’alliance franco-tchéco-soviétique, qui visait le statu quo en Europe et le containment de l’Allemagne, a échoué dans ses objectifs. Litvinov, commissaire soviétique aux affaires étrangères, tente toutefois d’en sauver l’esprit et suggère quelques jours après l’Anschluß, le 17 mars 1938, une alliance des trois grandes puissances (Grande-Bretagne, France, URSS), afin de maintenir le statu quo, mis à mal par l’Allemagne. Litvinov veut que Londres, Paris et Moscou garantissent de concert l’intégrité du territoire tchécoslovaque. Mais Paris et Londres hésiteront, préféreront négocier à Munich. Les Soviétiques savent que le contrôle de la Bohème implique ipso facto le contrôle de toute l’Europe centrale. Si Paris et Londres abandonnent Prague, l’URSS n’a plus que deux solutions:

a) Dévier les forces de l’Allemagne contre l’Ouest et/ou

b) Se rapprocher de l’Allemagne, désormais puissance incontournable sur l’échiquier européen.

Ces deux objectifs, après le remplacement de Litvinov par Molotov, constituent les fondements du pacte germano-soviétique d’août 1939.

 

Par ailleurs, l’URSS est opposée à l’Occident ailleurs dans le monde. Par le Caucase et en Iran, l’Angleterre menace le flanc sud de l’URSS. Son aviation, à partir des Indes, à partir des bases iraniennes ou irakiennes, peut atteindre les champs prétrolifères du Caucase et frapper le nouveau quadrilatère industriel créé par Staline au sud de l’Oural. Par l’Iran et la Caspienne, l’Angleterre peut aussi frapper Stalingrad, remonter le cours de la Volga par Astrakhan, bombarder Batoum et Bakou, menacer le chemin de fer Krasnovodsk-Achkhabad. A l’époque, la menace britannique sur le flanc sud de l’URSS est réelle: les historiens de l’avenir devront sans doute se demander si les Anglais n’ont pas exercé un chantage sur Staline après la signature du pacte Ribbentrop-Molotov et la victoire allemande contre la France. Et se demander aussi si la mobilisation de l’armada américaine dans la guerre du Golfe, n’est pas la réédition de cette présence menaçante, mais, cette fois, avec l’alliance turque et avec des armes ballistiques à plus longue portée.

 

Conclusion:

 

Avec Munich, l’Allemagne retrouve certes l’espace politique du Reich médiéval, perdu depuis les Traités de Westphalie de 1648. L’idéologie du Troisième Reich, centralisatrice dans sa pratique, structure cet espace qui a souffert longtemps de ses divisions institutionnelles et confessionnelles. La diplomatie allemande de 1938 a réussi cet exploit, mais en réfléchissant à partir de critères trop européens, trop européo-centrés. Elle a raisonné comme avant Leibniz, premier diplomate et philosophe allemand à avoir saisi intuitivement l’importance cardinale de l’immense espace russo-sibérien. Ce type de raisonnement explique deux déficits de Munich, en dépit de la victoire diplomatique allemande:

 

a) Le Reich n’a pas compris que des facteurs extra-européens, bien maîtrisés par les Britanniques, déterminaient la marche des événements en Europe. On ne pouvait plus penser l’Europe centrale sans penser conjointement la maîtrise de la Mer Noire, du Caucase, de l’Asie centrale jusqu’au Pamir. Pourtant, le mythe indo-européen resassé dans l’Allemagne nationale-socialiste, mais de façon figée, simpliste et caricaturale, aurait dû rappeler clairement l’unité spatiale soudant le cœur de l’Europe centrale à l’espace traversé par les peuples-cavaliers scythes, sarmates, perses-iraniens, etc. L’eurasisme est avant tout le souvenir de ces peuples indo-européens qui se sont élancés jusqu’au Pacifique et dont les cosaques sont les premiers légataires aujourd’hui.

 

b) Comme Mussolini le lui a reproché à la fin de la guerre, peu avant sa mort, dans une conversation avec le fasciste français Victor Barthélémy, adjoint de Doriot, ancien membre du PCF, réfugié en Italie après le débarquement des Américains et des Français de De Gaulle en Provence en août 1944, Hitler n’a jamais compris la Méditerranée. Il n’a pas trop compris que l’Italie lui permettait de contrôler les deux bassins et d’y détruire le système des communications maritimes de la Grande-Bretagne. Les Anglais ont directement perçu le danger, forts des analyses que leur avaient léguées le géopolitologue Halford John Mackinder, dans Democratic Ideals and Reality  (1919, 1ière éd.).

 

Enfin, la diplomatie allemande et celle de Litivinov n’ont pas raisonné en termes de “Symphonie”. Exclure la Russie des débats ou vouloir maintenir le statu quo de Versailles (avec la France et la Tchécoslovaquie), c’est oublier les leçons de la seule grande alliance digne de ce nom dans l’histoire européenne: la Sainte-Alliance fondée à la fin du XVIIième siècle par le Prince Eugène de Savoie, pour libérer les Balkans d’un pouvoir extra-européen, une Sainte-Alliance qui a permis de regagner 400.000 km2 sur les Ottomans et qui s’est poursuivie jusqu’en 1791, où elle s’apprêtait à libérer la Serbie, à donner le coup de grâce aux Turcs, mais où elle a dû distraire la majeure partie des ses troupes pour affronter les révolutionnaires français, excités en sous-main par les services spéciaux de Pitt.

 

Enfin, les arbitrages successifs de Vienne, pour calmer les velléités de guerre entre Hongrois et Roumains, montrent que l’enjeu danubien n’était guère perçu. Or, l’Angleterre le connaissait bien, elle sait que la maîtrise militaire et économique de ce fleuve soustrairait l’Europe à toute tutelle maritime. L’Angleterre semble avoir la plus longue mémoire historique: elle se rappelle, indubitablement, que le Tsar Paul Ier, en s’alliant à Napoléon, voulait, avec l’Empereur des Français, prendre pied aux Indes et en chasser les Britanniques. Paul Ier suggérait d’acheminer des troupes par le Danube, la Mer Noire (dominée par la flotte russe de Crimée, dont la construction avait effrayé Londres) et la Caspienne. Cette route est fondamentale. Les Européens l’ont oubliée. Munich en est la preuve. Il faut s’en rappeler. Et ne pas diffuser une géopolitique trop idéaliste et mutilée.

 

Robert STEUCKERS, Forest  27-29 septembre 1998.  

dimanche, 04 novembre 2007

K. Leontiev: précurseur russe de Spengler

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Konstantin Leontiev: précurseur russe de Spengler

Réflexions sur la vie et l'œuvre de K. Leontiev

 

Aldo FERRARI

 

Bien que peu connu en Occident, Konstantin Nicolaïevitch Leontiev est, selon l'opinion de tous ceux qui se sont penchés sur sa vie et son œuvre, l'un des principaux phénomènes humains et spirituels de la Russie du siècle passé. Né en 1831 dans une famille noble de la Russie centrale, Leontiev, au cours de son existence pittoresque et tourmentée, fut tour à tour médecin, nar­rateur et critique littéraire, penseur historico-politique et, dans ses dernières années, moine. Il est l'auteur de nouvelles et de narrations originales  —publiées dans un recueil intitulé “De la vie des Chrétiens en Turquie”—  que “seul un siècle trop riche en littérature comme le XIXième russe peut se permettre d'oublier”, écrit lke célèbre Mirsky. Leontiev est aussi l'interprète lucide et très pertinent d'une critique littéraire attentive principalement aux valeurs esthétiques et formelles de l'art. Son essai “Analyses, styles et atmosphère” est dédié aux romans de Tolstoï et constitue véritablement le chef-d'œuvre de la critique lit­téraire russe du siècle passé. Il se montre hostile au journalisme utilitaire et “progressiste” qui, depuis Belinsky jusqu'à la re­naissance esthétique de la période symboliste, s'est toujours efforcé d'instrumentaliser et d'avilir la grande littérature russe. En ce sens, Leontiev est isolé dans ce XIXième siècle russe, mais sa position demeure néanmoins d'une incontestable perti­nence.

 

D'un point de vue religieux, Leontiev est devenu un défenseur passionné et intransigeant de la tradition orthodoxe et, plus parti­culièrement, de la vie monastique, après une extraordinaire conversion  —admirablement décrite dans sa correspondance avec Rozanov, récemment rééditée à Londres—  qui a mis fin à une longue période de perception exclusivement esthétique de la réalité. Intimement lié aux grands centres de la spiritualité chrétienne-orientale du Mont Athos et d'Optina Poustynia, il a polémiqué intensément contre tous ceux qui tentaient, plus ou moins de bonne foi, de rénover et de moderniser l'Eglise ortho­doxe. Leontiev estimait qu'ils minaient ainsi la vérité et reniaient la complexité de la religion chrétienne. L'élément dominant dans la religiosité léontievienne consiste en une aspiration sincère et très intense au salut individuel, que l'on atteint en obser­vant de façon très stricte les traditions ecclésiastiques et en dominant sévèrement ses passions: c'est là un idéal ascétique, certes bien éloigné des expériences religieuses de Khomiakov, Dostoïevsky et Tolstoï qui furent tous, comme Leontiev, au centre de la culture religieuse russe de cette période, mais qui, somme toute, est beaucoup plus conforme à l'esprit de la tra­dition orthodoxe.

 

Toutefois, malgré la valeur des écrits littéraires et critiques et malgré le caractère extraordinaire de son expérience religieuse, le noyau central de l'œuvre de Leontiev doit être séparé de sa conception de l'histoire. Il fut, à l'instar de Herzen dans le camp progressiste, le penseur religieux et conservateur le plus original et le plus profond. Il nous paraît opportun de dire d'emblée que sa pensée ne peut d'aucune façon être définie comme slavophile ou panslaviste. Dans l'orbite de l'idéologie comme dans celui de la littérature, la position de Leontiev est totalement atypique. Quoi qu'il en soit, cette pensée s'inscrit pleinement dans cette querelle complexe qui a pour objet la signification et le destin de la Russie, surtout par rapport à la civilisation euro­péenne avec laquelle elle a des affinités mais qui lui est néanmoins fondamentalement antagoniste. C'est là une question cen­trale qui a tourmenté la pensée, la littérature et l'historiographie russes de Tchaadaïev à Soljénitsyne.

 

Au cours d'une première période “optimiste”, Leontiev affirme que la Russie devrait se mettre à la tête d'une nouvelle civilisa­tion slave-orientale, centrée sur les valeurs religieuses et politiques héritées de Byzance qu'il oppose en toute conscience à l'évolution de la modernité européenne dans un sens d'irreligion et de matérialisme. Mais, à la suite de cette phase “optimiste”, il devine, avec grandes lucidité et clairvoyance, supérieures à celles de Dostoïevsky dans Les démons,  l'avènement en Russie d'une révolution socialiste et athée, suivie de l'instauration d'un système despotique, inconcevable pré­cédemment.

 

Ces “prophéties” historico-politiques de Leontiev proviennent en réalité d'une saisie inédite des particularités culturelles, so­ciales et psychologiques du peuple russe, ainsi que d'une intuition pointue de l'essence totalitaire et arbitrairement destructrice des diverses utopies socialistes, intuition partagée non seulement par Dostoïevsky, mais par de nombreux et célèbres repré­sentants de la pensée européenne du XIXième siècle, comme Rosmini, Donoso Cortés et Kierkegaard.

 

Byzantinisme et monde slave  (dont une traduction italienne est parue en 1987 aux éditions All'Insegna del Veltro à Parme) est un ouvrage qui s'inscrit, lui, dans la phase finale de la pensée historique leontievienne et qui en constitue l'expression le plus complexe et la plus suggestive. La première partie de cet ouvrage, écrit en 1873, nous décrit les fondements historiques et culturels de la Russie que l'auteur place non pas dans l'appartenance ethnique au monde slave (là, il polémique directement avec la pensée des slavophiles et des panslavistes) mais dans l'héritage religieux et politique de Byzance. L'importance de l'héritage byzantin a été décisive pour la Russie, ce que confirment des historiens de grande valeur tels Toynbee ou Obolensky, mais c'est à leontiev qu'il revient d'avoir mis, le premier, cette importance en exergue. De plus, Leontiev est aussi le premier, en Russie, à avoir jugé Byzance de façon autonome, en abandonnant ce travail conventionnel et stérile de compa­raison avec le monde classique et avec l'Europe occidentale. Dans l'œuvre de Leontiev, Byzance est donc revalorisée, consi­dérée comme une civilisation originale, féconde sur le plan culturel et politique.

 

Ensuite, dans Byzantinisme et monde slave, nous avons une analyse historico-sociale et psychologique attentive des diverses nationalités slaves et balkaniques. Mais, surtout, Leontiev esquisse dans ce travail une conception originale de l'histoire, tout en prenant le contre-pied des thèses de Danilevsky, exprimées dans La Russie et l'Europe. Leontiev en effet dépasse le pré­jugé conventionnel d'eurocentrisme et plaide en faveur d'une vision nouvelle de l'histoire humaine: celle-ci serait l'addition d'une pluralité de “types historico-culturels”, vivant sur base de principes spécifiques et autonomes en matières religieuses, politiques et éthiques.

 

Ces mondes historico-culturels  —qui sont dix dans le typologie systématisée par Danilevsky—  constituent, selon Leontiev, des entités organiques soumises, comme tout ce qui existe dans l'espace et dans le temps, à un processus de développement en trois phases, partant d'une simplicité initiale indifférenciée pour aboutir à une complexité riche, multiforme et finalement unifiée-uniforme, puis, dans une troisième phase, pour retourner à un état primitif de mélanges et de simplifications.

 

Comme tous les organismes vivants, les civilisations, elles aussi, connaîtraient une enfance (sociétés archaïques, tribales et féodales), une maturité (sociétés de types “renaissancistes”) et une sénilité (sociétés décadentes).

 

Dans Byzantinisme et monde slave, Leontiev expose une conception de l'histoire qui annonce le morphologisme du XXième siècle de Spengler et de Toynbee. La conception leontievienne de l'histoire (et de l'histoire russe) trouve ses accents les plus forts dans le refus radical des évolutions récentes des sociétés européennes, entrées, malgré ses triomphes d'ordres techno­logique et économique, dans une phase ultime, pré-mortelle, de leur développement historique. Dans sa critique de l'Europe occidentale, Leontiev mêle curieusement un traditionalisme religieux orthodoxe à un dédain esthétique qui rappelle Baudelaire et Herzen.

 

Il me parait en outre utile de rappeler que la littérature critique et universitaire sur Leontiev relève principalement des écrits de la renaissance religieuse russe du début de notre siècle, notamment Rozanov, Soloviev, Berdiaev et Boulgakov ainsi qu'à certains exposants de l'émigration post-révolutionnaire. Enfin, je souhaite relever l'intérêt profond que portent quelques cher­cheurs italiens à la personnalité et à l'œuvre de Leontiev, parmi lequels Evel Gasparini et Divo Barsotti. Récemment, Leontiev a fait l'objet d'études, surtout en France et dans les pays anglo-saxons, où l'on a republié ses livres et où l'on a consacré de nombreux essais à son œuvre.

 

Prof. Aldo FERRARI.

(article paru dans “Intervento”, n°82-83, 1987).

 

jeudi, 01 novembre 2007

Bouddhistes et chrétiens en Corée

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Bouddhistes et chrétiens en Corée

 

Lorsque, récemment, une vingtaine de Coréens ont été enlevés par les Talibans en Afghanistan, la plupart des téléspectateurs occidentaux se sont étonnés que ces orientaux s’y activaient au titre de missionnaires chrétiens.

 

Les propagandistes de la « Bonne Nouvelle », ne sont-ce pas des pères blancs affublés de longues barbes, qui arrivent toujours avec les caravanes et les canonnières colonialistes ? Dans les pays asiatiques aussi, les polémiques anti-chrétiennes avaient véhiculé l’image de zélotes chrétiens aux phénotypes occidentaux ou, du moins, de protégés ou d’agents des puissances occidentales et de leurs intérêts. Cette image est aujourd’hui un anachronisme.

 

Les groupes les plus nombreux de zélotes de la foi chrétienne en Asie sont désormais issus des régions fraîchement christianisées ou de vieux centres chrétiens qui ont dû résister pendant des siècles au milieu de masses non chrétiennes. Exemples : les Philippines ou l’Etat du Kerala au sud-ouest de la fédération indienne, pour les vieux centres chrétiens, et la Corée du Sud pour les terres récemment christianisées. Dans ce dernier pays, plus de la moitié de la population se déclare membre de l’une ou l’autre église chrétienne, dans la plupart des cas des communautés évangéliques dont le quartier général se situe évidemment aux Etats-Unis.

 

Ce poids du christianisme date de l’armistice de 1953, qui mit fin à la guerre de Corée. Pour immuniser la Corée du Sud contre le communisme, les Américains ont prodigué de l’aide à tous niveaux (matériel, médical, enseignement) et les fonds de cette aide ont été canalisés via des réseaux missionnaires connaissant la langue du pays et les ressorts de sa société.

 

La population s’est mise à associer christianisme et charité, bien-être et technologie occidentale. Des millions de Coréens se firent baptiser.

 

Le Bouddhisme coréen

 

La montée en force du christianisme se fit principalement au détriment du bouddhisme. Le bouddhisme coréen est vieux d’environ dix-sept siècles. Dans les couches populaires, il se mêle au chamanisme indigène, qui continue, lui aussi, à exister sous des formes pures, non mixées. Mais le bouddhisme en Corée a surtout été une religion de l’élite et, pendant les mille premières années de son existence, fut même religion d’Etat. En 1392, la dynastie Yi, qui monte et prend le pouvoir, emmène dans son sillage des lettrés néo-confucéens, qui se moquent du bouddhisme, en le traitant de superstition bizarre. Les moines sont alors expulsés des villes et se retirent dans des ermitages en montagne (nous avons affaire là à un cas non voulu de « retour aux racines »).

 

Le bouddhisme fut formellement remis à l’honneur, dans la plénitude de sa gloire d’antan, lorsque les Japonais annexèrent la Corée en 1910. Mais, malgré cela, cette époque fut dure pour les bouddhistes coréens car les autorités japonaises les obligèrent à s’affilier à des sectes nippones et à en reprendre les pratiques. Ainsi, par exemple, les moines furent contraints de prendre femme, en suivant l’exemple des ordres japonais de moines mariés, qui sont en fait des prêtres gardiens de temple, dont la fonction est héréditaire.

 

Lorsque les missionnaires protestants lancèrent leur grande offensive prosélyte à partir de 1953, le bouddhisme n’était guère en mesure de se défendre : il n’était plus représenté que par une communauté mal organisée de moines qui, dans la plupart des cas, avaient subi une formation très pauvre et sommaire, et par des laïcs profanes dont les doctrines n’avaient aucun fondement solide.

 

La situation en Corée était donc bien différente de celle qui régnait en Thaïlande, au Myanmar et au Sri Lanka, où le bouddhisme s’est défendu systématiquement contre les missions, si bien que celles-ci n’ont pas pu avancer et prospérer, même sous le colonialisme. Ceux qui, aujourd’hui en Occident, associent le christianisme à de pâles et molles figures comme le Cardinal Daneels (Primat de Belgique) ou avec le dolorisme fataliste des chrétiens du Moyen Orient qui ont tenté de survivre pendant des siècles sous le knout des musulmans, seront certainement effrayés de constater le fanatisme des « Evangelicals », formés à l’américaine, qui sévissent dans les « Etats du front de la foi », comme en Corée.

 

Il ne pourrait guère en être autrement, car il faut en effet être animé d’une solide dose de fanatisme de néophyte pour s’en aller en Afghanistan et y dire, au nez et à la barbe des Talibans, que l’islam est une erreur. Le même zèle et la même vigueur se retrouvent chez les nouveaux chrétiens de Corée quand il s’agit d’affronter les bouddhistes, plus inoffensifs jusqu’ici.

 

Matérialisme

 

Dans un rapport qu’adressent les bouddhistes aux organisations qui défendent les droits de l’homme au niveau international, on apprend que des enseignants persécutent des élèves non baptisés, que des officiers forcent les recrues à se faire baptiser, que des festivités bouddhistes sont perturbées et que le feu est parfois bouté à des temples bouddhistes.

 

Bien que seulement une petite minorité de ces nouveaux chrétiens se livrent à de telles extrémités, la vaste communauté chrétienne coréenne soutiendrait passivement ces comportements. On cite dans ce contexte un converti, ancien bouddhiste devenu protestant : « Lorsque je pense à ces gens qui détruisent les idoles, je pense que je suis, moi, un lâche, parce que je ne fais pas la même chose. Ils sont de meilleurs chrétiens que moi ».

 

Cependant la christianisation totale de la Corée du Sud n’est pas chose faite, loin s’en faut. A une échelle encore modeste, on constate que des nouveaux chrétiens se reconvertissent au bouddhisme. Mais le principal danger qui guette l’âme coréenne demeure le matérialisme. Un récent sondage de Gallup oblige à constater que plus de la moitié des chrétiens en titre de Corée du Sud ne sont en fait plus croyants. Oui, dans ce pays du « Front de la foi » aussi, la sécularisation progresse. On voit les mêmes conséquences de la sécularisation qu’en Europe : haut taux de suicides, taux bas de fécondité. A cela s’ajoute une spécificité régionale, contre laquelle le christianisme (et surtout le catholicisme) protège : l’avortement sélectif qui supprime les fillettes avant la naissance. Cette coutume provoque un déséquilibre patent entre les sexes, sur le plan quantitatif. La future génération de garçons coréens reprochera bien amèrement à la génération actuelle d’avoir tourné le dos à la foi.

 

MOESTASJRIK/ ‘t PALLIETERKE.

(article tiré de « ‘t Pallieterke », Anvers, 10 octobre 2007).  

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mardi, 30 octobre 2007

India e Myanmar

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India e Myanmar vicini a siglare l'Accordo Strategico di Port Sittwe

Secondo fonti ufficiali di Delhi, l'India è vicina a siglare un accordo con la giunta militare del Myanmar per sviluppare il porto di Sittwe. Il porto dovrebbe permettere un facile ed economico trasporto di beni nei distanti e isolati stati nord-orientali dell'India. L'India investirà 103 milioni di dollari nel progetto, nonostante gli inviti internazionali per delle sanzioni contro il governo militare.
Analisti affermano che Delhi è stata riluttante a criticare i generali, per i suoi interessi strategici nell'area. I due paesi condividono un confine di circa 1600km e Sittwe, nella provincia del Myanmar di Arakan, è a 160km dallo stato dell'India di Mizoram.

'Enormi benefici'

"Siamo alla fase finale dei negoziati e l'accordo dovrebbe esserci in un mese", afferma un ufficiale del ministero degli esteri Indiano, che vuole restare anonimo. Con l'accordo, l'India investirà 103 milioni di dollari per sviluppare il porto e installare le infrastrutture per usare il fiume Kaladan.
I beni saranno facilmente trasportati dai porti dell'India orientale e portati negli isolati stati del nord-est Indiano su piccoli natanti. Gli esperti di logistica dicono che saranno necessari tre anni per completare il progetto dopo la firma dell'accordo. "Una volta fatto ciò vi saranno enormi benefici per l'India del nord-est e il risparmio dei costi del trasporto nella regione sarà del 40%-50%", dice Atin Sen dell'Asian Council of Logistics Management di Calcutta.
Delhi disperava, per molti decenni, dell'uso di un porto in uno dei suoi vicini per trasportare beni nel nord-est dalla madrepatria. Hanno iniziato i negoziati per usare Sittwe una volta divenuto chiaro che il Bangladesh no avrebbe permesso l'impiego di Chittagong.

Ricco di Gas

L'India sosteneva il movimento birmano per la democrazia fino a metà degli anni '90, quando iniziò a migliorare le relazioni con la giunta in uno sforzo per competere con la crescente influenza della Cina in Myanmar. Adesso costruisce strade e ferrovie nel Myanmar occidentale, e le sue compagnie cercano di avere l'accesso ai ricchi depositi di petrolio e gas naturale.
Quasi tutti i sette stati del nord-est dell'India sono colpiti dai persistenti movimenti separatisti, e Delhi finanzia la giunta per eliminare le basi birmane dei ribelli. Così l'India è lontana dal condannare la repressione da parte dei militari del movimento per la democrazia, ed ha piuttosto invitato a negoziare per un ritorno graduale alla democrazia in Myanmar.
I critici della politica indiana dicono che sostenga ampiamente la giunta. Essi argomentano che Delhi debba supportare gli sforzi globali per promuovere un cambio in Myanmar - sia come questione di principio che in ordine alla promozione di una stabilità e prosperità, a più lungo termine, nella regione.

Traduzione di Alessandro Lattanzio
http://www.aurora03.da.ru/
http://sitoaurora.altervista.org/
http://xoomer.virgilio.it/aurorafile/


Fonte: http://www.india-defence.com/

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mercredi, 24 octobre 2007

Russie: arrière-cour de l'Europe ou avant-garde le l'Eurasie?

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Russie: arrière-cour de l'Europe ou avant-garde de l'Eurasie?

 

Wladimir WIEDEMANN

Intervention lors de la “Freideutsche Sommeruniversität”, août 1995

Lorsque nous évoquons la notion d'Empire, nous devons nous rappeler que ce concept, au sens classique, se manifeste sous deux formes historiques légitimées: une forme occidentale (ou “romaine occidentale”) et une forme orientale (ou “romaine orientale”, byzantine). Ainsi, l'idée authentique d'Empire est liée indubitablement à une perspective téléologique: la réunifica­tion finale de deux parties provisoirement séparées d'un Empire originel. Du moins sur le plan des principes. Car il est bien évident que cette “réunification de l'Empire” ne peut se réduire au niveau d'accords politiques purement formels dans l'esprit d'une diplomatie utilitaire et profane. Néanmoins, ce problème peut et doit être discuté par les deux parties concernées au ni­veau d'une idéologie impériale actualisée voire d'une théologie impériale. Mais qu'en est-il de ces deux parties?

La dernière héritière des traditions impériales romaines-occidentales a été la Germanie, tandis que la dernière héritière des traditions romaines-orientales ou byzantines a été la Russie. Comme le philosophe allemand Reinhold Oberlercher le re­marque très justement, les Allemands et les Russes sont les deux seuls peuples d'Europe capables de porter à bout de bras de véritables grandes puissances politiques. Dans son ouvrage Lehre vom Gemeinwesen, il écrit: «En tant qu'Empire (Reich) porté par les tribus de souche germanique, la forme politique propre du peuple allemand a pour mission de constituer un Reich englobant tous les peuples germaniques, lequel devra, de concert avec l'Empire des peuples russes (Grands-Russes, Petits-Russiens et Biélorusses), constituer un Axe de sécurité nord-asiatique et établir l'ordre sur la plus grande masse continentale du monde» (1).

Permettez-moi d'étudier plus en détail les thèmes de l'idée impériale en son stade actuel et de la politique impériale de la Russie. L'effondrement de l'Etat communiste a conduit en Russie à un vide idéologique, à la perte de toute orientation géné­rale. Mais on sait pourtant que la nature ne tolère aucun vide. Ainsi, l'antique idée impériale, l'idée d'un Empire religieux-or­thodoxe, dans le contexte d'un nouveau sens historique, doté d'un nouveau contenu social et géopolitique, est en passe de re­naître. De quoi s'agit-il?

Bien évidemment, la Russie nouvelle, post-communiste, n'est plus la vieille Russie féodale, tsariste, avec son servage. Aujourd'hui, il n'y a en Russie ni aristocratie ni classe moyenne. Il y a toutefois des intérêts historiques, objectifs et nationaux bien tangibles: ce sont les intérêts d'une nation qui compte dans le monde, les intérêts d'un peuple porteur d'Etat, et ces inté­rêts sont clairement délimités: il faut du pain pour le peuple, du travail pour tous les citoyens, de l'espace vital, un avenir as­suré. Mais pour concrétiser ces intérêts, il y a un hiatus de taille: la nomenklatura paléo-communiste demeurée au pouvoir jusqu'ici n'avait aucun projet social “créatif” et ne voulait que se remplir les poches avec l'argent volé au peuple et, pire, placer cet argent sur des comptes à l'étranger, dans des banques fiables. En d'autres mots: ce nouveau capitalisme spéculateur montre les crocs en Russie: il est incarné par cette nomenklatura, liée à la caste corrompue et bigarrée des “hommes d'affaire”, et parasite sans vergogne le corps d'une Russie devenue “libérale-démocrate” et dépouillée de toutes ses protec­tions. Ainsi, depuis le début de la perestroïka, un capital de 500 milliards de dollars américains a quitté le pays. Le gouverne­ment Eltsine ne dit pas un mot sur ce “transfert”, mais dès que quelques misérables milliards sont offerts à titre de crédit par la Banque Mondiale, il fait battre tambour et sonner buccins!

Mais le temps est proche où ces crocs mafieux recevront l'uppercut définitif qui les mettra hors d'état de nuire. Ce coup, ce sont les forces intérieures de la Russie qui le porteront et ces forces sont actuellement incarnées par les nouveaux proprié­taires du capital industriel et producteur. Bien entendu, il s'agit ici, en première instance, du complexe militaro-industriel qui se trouvait jusqu'ici, à titre formel sous contrôle étatique. Quelle sera l'intensité du processus de privatisation dans ce domaine? C'est une question de temps et cela dépend aussi des circonstances globales, politiques et économiques, qui détermineront l'histoire prochaine de la Russie. Mais une chose est claire d'ores et déjà: tôt ou tard, le pays générera une classe de véri­tables industriels et c'est à ce moment-là que naîtra la future grande puissance russe.

Je voudrais maintenant parler des fondements géopolitiques, économiques et idéologiques de la grande puissance russe. C'est connu: le bien-être du peuple et la puissance réelle d'un Etat dépend des placements en capital domestique, parce que ces placements garantissent la création de nouveaux emplois et augmente le pouvoir d'achat de la population. Ensuite, il est clair qu'au stade actuel de développement de la production, ce ne sont pas les entreprises moyennes et petites qui s'avèreront capables de générer et de placer de tels capitaux. Seules les très grandes entreprises d'envergure internationale sont en me­sure de le faire, car elles peuvent financer une recherche très coûteuse et une formation de personnel adéquate. Ce sont sur­tout les Américains et les Japonais qui possèdent aujourd'hui des sociétés disposant de telles masses de capitaux et sont ca­pables de faire face dans le jeu de la concurrence planétaire. Ces entreprises sont celles qui créent dans le monde la majeure partie des nouveaux emplois, bien rémunérés.

Les centres principaux de production de haute technologie moderne se concentrent de plus en plus dans les zones autour des grandes métropoles des côtes pacifiques, parce que la base du développement d'une production de ce type, c'est l'accès au commerce planétaire. Aujourd'hui, dans ce domaine, c'est le commerce maritime qui joue le rôle-clef, dont les voies de communication sont contrôlées par la politique militaire américaine dans toutes les zones stratégiquement importantes. C'est en constatant ce centrage sur le Pacifique qu'est née la thèse du “Pacifique comme Méditerranée du XXIième siècle”, c'est-à-dire du Pacifique comme nouvel espace où se développe actuellement la civilisation du progrès technique. Si les choses con­tinuent à se développer dans ce sens, les conséquences en seront fatales pour tous les pays européens; ceux-ci seront con­traints, sur le plan économique, à se soumettre à l'hégémonie américaine dans toutes les questions-clefs de la dynamique de la production moderne et aussi pour tous les mécanismes socio-politiques. Ce sera également le problème de la Russie. Mais ce sera justement le “facteur russe” qui permettra aux autres Européens de prendre une voie alternative, qui permettra de libérer toutes les initiatives russes et européennes des diktats américains. Cette alternative, c'est le “commerce continen­tal”.

Imaginez un instant que les grandes voies de communications du commerce mondial  —ou du moins celles qui relient l'Europe à l'Asie méridionale et à l'Extrême-Orient (surtout l'Inde et la Chine)—  deviennent continentales. Ce serait là un ac­cès direct et alternatif aux grands marchés qui sont déjà prospères aujourd'hui et qui sont potentiellement de longue durée. Cet accès par voie continentale serait d'abord plus rapide et offrirait des avantages non négligeables à certains technologies qui sont en train de se développer. Sur le plan théorique, tout cela semble séduisant, mais, en pratique, l'essentiel demeure ab­sent, c'est-à-dire un système réellement existant de communications transcontinentales.

Pourquoi un tel système de communication n'est-il pas déjà disponible? Parce que la politique extérieure de la Russie bol­chévique-stalinienne a commis une erreur fondamentale. En effet, les communistes ont été perpétuellement induits en erreur par un pronostic illusoire d'origine idéologique, prévoyant une évolution sociale conduisant à une révolution mondiale, qui, elle, allait réaliser l'“Idée” sur la Terre. En d'autres mots, au lieu de détruire la société bourgeoise, l'élite révolutionnaire russe au­rait dû la consolider, afin de concentrer les énergies des masses sur la construction réelle du pays et sur l'exploitation “civilisée” de ses espaces et de ses richesses. La chimère de la révolution mondiale a englouti en Russie de colossales ri­chesses, mais, simultanément, son importance géopolitique en tant que puissance continentale ne pouvait être détruite sur l'échiquier international.

L'ancien Empire russe avait justement émergé autour d'un axe constitué par une voie commerciale traversant l'Europe orien­tale, soit la voie ouverte par les Scandinaves et “conduisant des Varègues aux Grecs”. Par une sorte de constance du destin, le devenir actuel de la Russie dépend une nouvelle fois  —et directement—  de l'exploitation efficace d'un commerce transconti­nental, de la croissance de marchés intérieurs au Grand Continent eurasien. Ce destin géopolitique, grand-continental et eu­rasien, les forces réellement productrices de la Russie commencent à la comprendre. Ces forces sont potentiellement géné­ratrices d'Empire et peuvent être définie comme telles. Elles commencent aussi à formuler des exigences politiques propres. Et, à ce propos, Sergueï Gorodnikov, qui a consacré beaucoup d'attention à cette problématique, écrit:

«Notre besoin est le suivant: nous devons rapidement construire des structures de transport commerciales paneurasiatiques qui relieront toutes les civilisations créatrices; ensuite, notre besoin est de garantir militairement la sécurité de ces civilisa­tions, ce qui correspond aussi complètement aux intérêts de l'Europe, je dirais même à ses intérêts les plus anciens et les plus spécifiques, tant dans le présent que dans l'avenir. C'est la raison pour laquelle le nationalisme russe ne doit pas seule­ment compter sur une neutralité (bienveillante) de l'Europe dans sa politique d'Etat. Mieux, il trouvera en Europe des forces très influentes qui pourront et devront devenir ses alliés. C'est toute particulièrement vrai pour l'Allemagne qui s'est renforcé par sa réunification et désire en secret retrouver toute son indépendance en tant qu'Etat et toute sa liberté de manœuvre» (2).

La nouvelle alliance stratégique paneurasiatique entre l'Est et l'Ouest aura pour élément constitutif l'alliance géopolitique inter-impériale entre l'Allemagne et la Russie, les deux détenteurs de la légitimité impériale romaine en Europe. Ce recours à l'antique légitimité romaine est une chose, la tâche actuelle de cette alliance en est une autre: il s'agit pour elle de fédérer les intérêts économiques et politiques dans une perspective de progrès tecnologique global. Il s'agit de rassembler toutes les forces intéressées à développer l'espace économique eurasiatique. Pour réaliser ce programme, il faudra créer des unités économiques suffisamment vastes pour obtenir les moyens nécessaires à développer des projets de telles dimensions et pour se défendre efficacement contre les résistances qu'opposeront les Américains et les Japonais. Construire des entités écono­miques de cette dimension implique une coopération étroite entre les potentiels techniques russes et européens.

Le combat qui attend Russes et Européens pour établir un nouvel ordre paneurasiatique sera aussi un combat contre les rési­dus de féodalisme et contre les formes politiques dépassées à l'intérieur même de ce grand continent en gestation, c'est-à-dire un combat contre les forces qui se dissimulent derrière une pensée tribale obsolète ou derrière un fondamentalisme is­lamique pour freiner par une résistance douteuse la progression d'une culture et d'une économie grande-continentale. Comme le développement de notre civilisation postule des exigences globales, ce combat devra être mené avec tous les moyens di­plomatiques et militaires, jusqu'à la destruction totale des forces résiduaires. Seule une lutte sans merci contre les résidus d'un féodalisme millénaire, contre le “mode de production asiatique”, nous permettra de détruire les derniers bastions du vieux despotisme tyrannique et de la barbarie, surtout sur le territoire de la Russie où, aujourd'hui, ces forces se manifestent sous les aspects de la criminalité caucasienne et asiatique, des sombres bandes mafieuses, résultats de cette peste léguée par le bolchevisme: l'absence de toute loi et de tout droit.

Sur ce thème, je me permets de citer une fois de plus Sergueï Gorodnikov: «Il est clair qu'une tâche de ce type ne pourra être menée à bien que par un Etat fortement centralisé selon les conceptions civiles. Un tel Etat ne pourra exister que si l'armée marque la politique de son sceau, car l'armée, de par son organisation interne, est la seule institution étatique capable de juger, étape par étape, de la valeur politique des choses publiques et dont les intérêts sont identiques à ceux de la bourgeoisie indus­trielle en phase d'émergence. Seule une alliance étroite entre l'armée et la politique est en mesure de sauver l'industrie natio­nale de l'effondrement, les millions de travailleurs du chômage et de la faim et la société toute entière de la dégradation mo­rale, d'extirper le banditisme et le terrorisme, de faire pièce à la corruption et de sauver l'Etat d'une catastrophe historique sans précédent. L'histoire du monde dans son ensemble a prouvé qu'il en est toujours ainsi, que les efforts d'une bourgeoisie entreprenante et industrielle ne peuvent reposer que sur l'institution militaire; ensuite, dans la société démocratique, il faudra accroître son prestige social au degré le plus élevé possible et l'impliquer dans l'élite effective de la machinerie étatique» (3).

Certes, cet accroissement du rôle socio-politique de l'armée, garante de la stabilité globale de l'Etat dans la situation présente, mais aussi de la stabilité de cette société civile en gestation, implique une légitimisation du statut particulier qu'acquerront ainsi les forces armées. En d'autres termes, il s'agit de créer une forme d'ordre politique où les autorités militaires et les au­torités civiles soient des partenaires naturels sur base d'une séparation de leurs pouvoirs respectifs. Ensuite, un tel régime, qui pourrait être défini comme “régime de salut national”, postule l'existence d'une troisième force, une force intermédiaire, investie de la plus haute autorité dans cette tâche aussi important que spécifique consistant à fixer des normes juridiques. Une telle force pourrait s'incarner dans l'institution que serait la puissance même de l'Empereur, exprimant en soi et pour soi, et en accord avec les traditions historiques dont elle provient, l'idée d'un “compromis mobile” entre les intérêts de toutes les couches sociales. Ainsi, la dignité impériale à Byzance, qui s'est également incarnée dans les réalités de l'histoire russe, pré­sentait quatre aspects fondamentaux. Ce qui revient à dire que l'Empereur russe-orthodoxe devrait être:

1) Protecteur de l'Eglise d'Etat en tant qu'institution sociale (C'est le pouvoir de l'Empereur en tant que Pontifex Maximus).

2) Représentant dans intérêts du peuple (Pleins pouvoirs de l'Empereur en tant que tribun populaire).

3) Chef des forces armées (Pleins pouvoirs d'un Proconsul ou du Dictateur au sens romain du terme).

4) Autorité juridique supérieure (Pleins pouvoirs du Censeur).

L'autorité et la stabilité d'un véritable pouvoir d'Imperator dépend directement de la fidélité de l'Empereur aux principes fon­damentaux de la Tradition, au sens théologique comme au sens juridique du terme. C'est pourquoi ce pouvoir dans le contexte russe signifie que, d'une part, le rôle social de l'Eglise orthodoxe devra être fixé et déterminé, de même que, d'autre part, les traditions de la société civile. Une particularité de l'idée impériale russe réside en ceci qu'elle a repris à son compte l'idéal byzantin de “symphonie” entre l'Eglise et l'Etat, c'est-à-dire de la correspondance pratique entre les concepts d'orthodoxie et de citoyenneté, sur laquelle se base également la doctrine russe-byzantine d'un Etat éthique qui serait celui de la “Troisième Rome”, d'un nouvel Empire écouménique.

Dans quelle mesure ces idéaux sont-ils réalisables à notre époque? Question compliquée, pleine de contradictions, mais que les Russes d'aujourd'hui sont obligés de se poser, afin de s'orienter avant de relancer le traditionalisme russe et d'en faire l'idéologie de la grande puissance politique qu'ils entendent reconstruire. Le retour de ces thématiques indique quelles sont les tendances souterraines à l'œuvre dans le processus de formation de la société civile russe. Si, en Europe, c'est la culture qui a été porteuse des traditions antiques et donc des traditions civiles, en Russie c'est la religion qui a joué ce rôle, c'est-à-dire l'Eglise orthodoxe; c'est elle qui a fait le lien. En constatant ce fait d'histoire, nous pouvons avancer que la renaissance réelle de la société civile en Russie est liée inévitablement au déploiement de l'héritage antique véhiculé par l'Eglise orthodoxe. Il me semble que l'essentiel des traditions politiques antiques réside justement dans les traditions qui sous-tendent la puissance im­périale au sens idéal et qui sont proches du contenu philosophique de l'Etat idéaliste-platonicien.

Quelles sont les possibilités d'une restauration concrète de l'idée impériale civile et d'un ordre impérial en Russie? Ce pro­cessus de restauration passera sans doute par une phase de “dictature césarienne”, parce que, comme l'a un jour pertinem­ment écrit Hans-Dieter Sander, on ne peut pas créer un Empire sans un César. En effet, seul un César, élevé légitimement au rang de dictateur militaire, est capable de consolider les intérêts des forces les plus productives de la Nation à un moment historique précis du développement social et d'incarner dans sa personne les positions morales, politiques et socio-écono­miques de ces forces et, ainsi, sous sa responsabilité personnelle en tant que personalité charismatique, de jeter les fonde­ments d'une nouvelle société, représentant un progrès historique.

Le but principal en politique intérieure que devrait s'assigner tout césarisme russe serait de préparer et de convoquer une re­présentation de tous les “états” de la nation, en somme une Diète nationale, qui, en vertu des traditions du droit russe, est le seul organe plénipotentiaire qui peut exprimer la volonté nationale génératrice d'histoire. Cette Diète nationale détient aussi le droit préalable de déterminer la structure générale de l'Etat russe et de réclamer l'intronisation de l'Empereur. La Diète natio­nale est ainsi en mesure de légitimer la restauration de l'Empire et, s'il le faut, de constituer un régime préliminaire constitué d'une dictature de type césarien (Jules César avait reçu les pleins pouvoirs du Sénat romain qui avait accepté et reconnu offi­ciellement sa légitimité).

Toute restauration cohérente de l'Empire, au sens traditionnel, métaphysique et politique du terme, n'est possible en Russie, à mes yeux, que si l'on accroît le rôle socio-politique de l'armée et de l'Eglise, mais aussi si l'on consolide l'autorité des juges. Car ce sont précisément les juges (et en premier lieu les juges à l'échelon le plus élevé de la hiérarchie et de la magistrature impériales) qui pourront jouer un rôle médiateur important dans la future restructuration totale de la société russe, en travail­lant à créer des institutions juridiques stables. D'abord parce que cette valorisation du rôle des juges correspond à la tradition historique russe, à l'essence même de l'Etat russe (par exemple: dans la Russie impériale, le Sénat était surtout l'instance juridique suprême, disposant de pleins-pouvoirs étendus et normatifs, dans le même esprit que le droit prétorien romain). Ensuite, cette revalorisation du rôle des juges constitue également la réponse appropriée à l'état déliquescent de la société russe actuelle, où règne un nihilisme juridique absolu. Ce phénomène social catastrophique ne peut se combattre que s'il existe au sein de l'Etat une caste influente de juristes professionnels, disposant de pouvoirs étendus.

Lorsqu'on évoque une société reposant sur le droit  —ce qui est d'autant plus pertinent lorsque l'on se situe dans le contexte général d'un Empire—  on ne doit pas oublier que tant l'Europe continentale que la Russie sont héritières des traditions du droit romain, tant sur le plan du droit civil que du droit public. Lorsque nous parlons dans la perspective d'une coopération globale entre Européens et Russes, nous ne pouvons évidemment pas laisser les dimensions juridiques en dehors de notre champ d'attention. Le droit romain, dans sa version justinienne, a jeté les fondements de l'impérialité allemande et de l'impérialité russe. C'est donc cet héritage commun aux peuples impériaux germanique et slave qui devra garantir une coopération har­monieuse et durable, par la création d'un espace juridique et impérial unitaire et grand-continental. En plus de cet héri­tage juridique romain, Allemands et Russes partage un autre leg, celui de la théologie impériale. A ce propos, j'aimerai termi­ner en citant un extrait du débat qu'avaient animé le Dr. Reinhold Oberlercher et quelques-uns de ses amis:

OBERLERCHER: «Dans le concept de Reich, le processus de sécularisation n'est jamais véritablement arrivé à ses fins: le Reich demeure une catégorie politico-théologique. Dans la notion de Reich, l'au-delà et l'en-deçà sont encore étroitement liés». Lothar PENZ: «Cela veut donc dire que nous devons retourner au Concile de Nicée!» (approbation générale) (4).

Je pense aussi que le Concile de Nicée a effectivement jeté les bases véritables d'une théologie impériale, même si, à l'Ouest et à l'Est celle-ci a été interprétée différemment sur les plans théorique et liturgique. Il n'en demeure pas moins vrai que le lien subtil entre au-delà et en-deçà demeure présent dans l'existence de l'Empire (du Reich) comme un mystère déterminé par Dieu.

Vladimir WIEDEMANN.

(texte remis lors de la “Freideutsche Sommeruniversität” en août 1995; également paru dans la revue berlinoise Sleipnir, n°5/95).