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samedi, 09 avril 2016

Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

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Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

Ex: http://lesobservateurs.ch
 

De Roger Köppel

L'Europe est sur le point de s'autodétruire. Aucune civilisation qui ne sécurise plus ses frontières et accueille, sans orientation, des centaines de milliers, voire des millions d'étrangers difficilement ou à peine intégrables, n'a de chance de survie. La mentalité délirante du «nous y arriverons» a régulièrement provoqué des catastrophes au cours de l'histoire européenne. Il est probable que les hommes d'État européens se soient aussi dit «nous y arriverons» en lançant leurs armées dans une guerre qu’ils pensaient de courte durée pendant l'été 1914. Quatre ans et des millions de morts plus tard, on a reconnu l'erreur. Ce sont les peuples qui en ont payé le prix, pas les gouvernants. La surestimation de ses propres capacités est la source de tous les maux.

Le problème fondamental aujourd'hui reste l'islam. Pour des raisons sur lesquelles nous n'avons pas besoin de nous attarder, cette religion est particulièrement exposée au risque de détournement par des fanatiques et des fous attirés par la mort. Ce n'est pas la foi en elle-même qui est à blâmer, toutefois, il est troublant que ce ne sont pas des bouddhistes, des protestants, des juifs ni des Témoins de Jéhovah barbares qui font sauter des aéroports et des terrains de jeu. Ce sont des membres de la communauté musulmane qui s'arrogent le droit au nom de leur Dieu de commettre de telles atrocités. Le détournement de Dieu à des fins terrestres existe ou a existé probablement dans de nombreuses religions. Mais la virulence de la terreur islamiste est un fait. Le passer sous silence et l'enjoliver ne servent à rien.

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Qu'ont à voir les attentats terroristes avec l'immigration actuelle en provenance d'Afrique du Nord et du Proche-Orient? Les personnes bienveillantes calment le jeu. Elles disent que les poseurs de bombes sont nés en Europe et ont un passeport européen. C'est vrai. Mais c'est bien ce qui est alarmant. Apparemment, les communautés musulmanes en France, en Belgique ou en Allemagne sont des foyers de non-intégration et d'incitation à la haine religieuse. La «politique d'intégration» portée aux nues des États a échoué. Les naturalisations ne constituent pas un prérequis, mais devraient éventuellement attester une intégration réussie. Paris et, maintenant, Bruxelles sont des symptômes aigus d'une politique d'immigration erronée, qui va mal.

Alors que l'intégration des musulmans nés dans ces pays ne marche guère, l'UE accueille des millions de croyants de l'islam d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Cela ne fait qu'augmenter considérablement la menace de terrorisme en Europe. Le risque existe que pénètrent sous le couvert de l'asile des islamistes, futurs auteurs d'attentats-suicides. Je trouve, cependant, encore plus catastrophique le fait que des politiciens uniquement soucieux de leur image fassent subir à nos sociétés, sans mandat pour le faire, des changements assimilables à une thérapie de choc, à un niveau transnational, et ce, à vitesse grand V.

La grande majorité des migrants ne remplissent pas les conditions pour réussir leur intégration dans notre économie concurrentielle. Au contraire, ils importent leurs visions de la politique, de l'État de droit, des femmes et de la religion qui datent d’avant la modernité. Ils viennent de régions où les luttes tribales et les vendettas ont encore cours, où l'on met en pratique avec un zèle sacro-saint, voire fatal, des idées moyenâgeuses sur l'honneur masculin. Il est prévisible que nombre d'entre eux finiront dans les filets de la protection sociale, sans la pression du travail pour s'adapter. Le risque est que nous produisions des légions de déracinés et de mécontents qui chercheront des soupapes d'échappement politiques à leur déception. La France et la Belgique ne sont qu'un avant-goût. Il est illusoire de croire que la politique puisse venir à bout de cette migration de masse.

Bien entendu, je ne crois pas que les structures ethniques ou culturelles soient immuables. L'homme est flexible et adaptable lorsque les circonstances l'exigent. Nous sommes la seule créature capable de se réinventer, concept que les philosophes ont appelé «transcendance pratique». Bien sûr, les musulmans peuvent se faire accepter dans notre société et réussir. Mais, force est de constater qu'il y a précisément des groupes et des cultures qui mettent plus de temps que d'autres à prendre pied. Ces différences culturelles et ces influences du milieu d'origine ne sont pas insurmontables, mais elles existent, et il faut les prendre en compte. Une bonne politique d'immigration est donc toujours une question d'individualités, de mesure et de nombre. Plus les difficultés d’intégration de certaines cultures sont grandes, plus l'immigration devrait être menée de manière prudente et mesurée. Les autorités doivent apprendre à dire non.

L'UE fait le contraire. L'accord sur les réfugiés avec la Turquie est un autre aveu de faillite. Bruxelles refile la responsabilité de protéger les frontières orientales de l'Europe à l'autocrate Erdogan. On paie des milliards, on fait miroiter aux Turcs la possibilité de voyager sans visa et, en plus, on leur prend des migrants du Proche-Orient, en nombre illimité. Ce n'est pas un accord, c'est une soumission. Elle montre que l'UE n'est plus en mesure ou plus désireuse d'exercer ses missions régaliennes essentielles. Les accords de Schengen sont désormais lettre morte, tout comme le Règlement de Dublin sur les réfugiés, qui n'a jamais fonctionné. La situation est instable et dangereuse. Des conflits sociaux menacent. L'extrémisme politique prendra de l'ampleur tant que les élites et leurs médias ne seront pas prêts à discuter des problèmes qu'ils ont créés, ni à les résoudre.

Et que se passe-t-il en Suisse? L'immigration ne ralentit pratiquement pas. L'initiative contre l'immigration de masse est encore loin de la mise en œuvre. Le Conseil fédéral fait primer les intérêts de l'UE sur la décision populaire. En matière d'asile, la ministre de la Justice Sommaruga mise excessivement sur la culture de l'accueil. La nouvelle révision de la loi sur l'asile rendra la Suisse encore plus attrayante pour les fraudeurs en matière d'asile et les faux réfugiés. Le Conseil fédéral devrait envoyer des signaux de protection accrue des frontières, n'accorder l'asile qu'aux personnes dont la vie et l'intégrité physique sont vraiment en danger. Au lieu de cela, on augmente les capacités d'accueil. Désormais, le gouvernement veut même avoir le droit d'exproprier des personnes privées et des communes. L'aide judiciaire pour tous les demandeurs d'asile devrait accélérer les processus. Ce serait une erreur de plus, car la Suisse ne renvoyant pratiquement pas les demandeurs d'asile déboutés, les conseils juridiques ne permettront au mieux qu'à ce qu'encore plus de faux réfugiés aient le droit de rester en Suisse encore plus vite – «en procédure accélérée».

Alors qu'il faudrait de la modération, c'est la démesure qui prévaut. Cela n'augure rien de bon.

Roger Köppel  / Die Weltwoche

vendredi, 08 avril 2016

Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

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Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

Ex: http://zejournal.mobi

Les Pays-Bas disent « non » à 61%

Les électeurs néerlandais ont dit massivement non mercredi 6 avril, à l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne lors d’un référendum convoqué par des groupes eurosceptiques devenu un vote symbolique sur l’UE, affirme l’agence de presse néerlandaise ANP.
Se fondant sur les résultats de 191 municipalités, l’ANP annonce que le non l’emporte avec 61,1%, et que le taux de participation s’élève finalement à 32,2%. Des estimations initiales le plaçaient sous les 30%, ce qui aurait invalidé le scrutin.

Le référendum - dont les organisateurs admettent qu’il ne concerne pas l’Ukraine mais répond à une animosité plus large envers l’UE - était suivi de près par les Européens, Kiev et Moscou. Les résultats seront également examinés à la loupe en Grande-Bretagne, quelques mois avant le vote de juin sur une sortie de l’Union européenne.

Le Premier ministre néerlandais, favorable à l’accord

Le Premier ministre libéral Mark Rutte avait appelé dans la journée ses concitoyens à approuver l’accord, qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l’UE et l’Ukraine. « Nous devons aider l’Ukraine à bâtir un Etat de droit, à construire sa démocratie, à soutenir ses minorités, notamment les juifs, et la communauté homosexuelle », a-t-il lancé.

En Ukraine, on se souvient de la volte-face de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, qui avait renoncé au dernier moment, sous la pression de Moscou, à signer cet accord, et avait provoqué le soulèvement proeuropéen du Maïdan en 2013. Pour Kiev, qui a envoyé des ministres faire campagne aux Pays-Bas, cet accord représente une « nouvelle ère » pour l’Ukraine, tandis que Moscou le considère comme un empiètement des Européens dans sa sphère d’influence.

NLref.PNGLe débat sur la ratification de l’accord relancé

Certaines associations eurosceptiques, ayant appelé à ce vote, estiment que l’accord n’est qu’un exemple de plus d’une Union européenne bureaucratique et technocratique ayant perdu le contact avec les citoyens.

Les Pays-Bas sont le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié l’accord, qui a cependant reçu le feu vert du Parlement. En dépit de son caractère consultatif, le scrutin contraint le Parlement à débattre à nouveau sur la ratification de cet accord d’association et risque de plonger le gouvernement néerlandais dans un abîme de difficulté ; d’autant plus que celui-ci assure actuellement la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’Union européenne, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson.

Stupeur en Ukraine

C’est avec stupeur, que le résultat du référendum hollandais a été accueilli en Ukraine, un pays dont une grande partie de la population se déclare toujours favorable à un rapprochement avec l’Union européenne. Cet échec est une épine de plus dans le pied du président Petro Porochenko, déjà mis en cause, depuis quelques jours, dans le scandale des Panama Papers, rapporte notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin.

C’est aussi un camouflet pour le Premier ministre Arseni Iatseniouk, résolument pro-européen, mais qui ne dispose plus au Parlement d’une majorité lui permettant de gouverner. En attendant un hypothétique changement à la tête de l’exécutif, les citoyens ukrainiens commencent à réaliser que l’Union européenne en crise n’est pas en mesure de résoudre les problèmes structurels qui touchent l’Ukraine, à commencer par une corruption endémique et la faillite de l’Etat de droit.

Désormais tous les regards sont tournés vers le Parlement néerlandais qui suite au référendum, pourrait dénoncer l’accord d’association et donc rendre le texte caduque.

 

Presseschau - April 2016

mardi, 29 mars 2016

Color Revolutions as an Element of Net-Centric Warfare

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Color Revolutions as an Element of Net-Centric Warfare

SouthFront: Analysis & Intelligence is offering a new exclusive analytical series “Clandestine Warfare of the 21th Century”.

Written by Prof.Dr. Vladimir Prav exclusively for SouthFront 

Ex: https://southfront.org

Contemporary geopolitical struggle concepts invariably include provisions concerning the creation and functioning of “networks.” The sense of a “net” or a “network principle” lies in the exchange of information, the maximum possible expansion of information production, access, distribution, and feedback. The “net” is the main element of information space, in which information operations are carried out with the aim of achieving political, economic, informational, technical, and military objectives. “Network” as a system in the global understanding of the term includes several elements which earlier used to be viewed as strictly separate phenomena.

The basic principle of conducting modern geopolitical struggle is “net-centrism.” This principle based on three postulates.

1. The modern world is defined not only by transport corridors with associated flows of goods and services, but also informational and communications networks, which form the skeleton of the global information space.

2. The global historical process is a unified, global process of conflict, mutual help, or neutral coexistence of human societies organized along hierarchical (vertical) and also network (horizontal) principles, with the net-centric (horizontal) possibly becoming dominant in the future. Vertical and horizontal network structures, with varying origin, purpose, numerical strength, geographic and temporal boundaries, and legal status, are both the objects and subjects of the global historical process whose interaction facilitates the emergence of new structures and connections.

3. The dynamically developing of artificial (electronic) networks which intertwine and interact with psycho-social networks and amount to a qualitatively new social phenomenon, are a unique feature of the informational network skeleton of the future global society. That phenomenon is identified within the net-centric information war concept as SPIN—Segmented, Polycentric, Ideologically integrated Network. We should note that Microsoft offered a more precise definition of this phenomenon, namely “electronic nervous system,” or ENS.

The main global actor systematically using the net-centric principle in geopolitical struggle is the USA. Its executive actors are the mutually intertwined state agencies, corporations, and international network structures.

The international networks structures, which are usually referred to as “behind the scenes actors”, and which are the basic initiators of the process of globalization, are essentially a network of highly influential NGOs which form the Euro-Atlantic’s globalists (or Western) ideological “super-community” and which are closed to outsiders. Such network structure can exert serious pressure on the whole of global political environment, financial system, economy, through its representatives and lower-rank international entities. They can also make and implement decisions to effect a change of regime and course of development of selected countries.

Relying on the mobilization of net-centric assets located under the control of these representatives, the Euro-Atlantic’s globalists “super-community”can effect a “soft” resolution of a wide range of clearly defined and coordinated domestic and international political problems.  Global direction and control can be effected thanks to the existence of such a distributed and hierarchically ordered meta-net-centric organization whose upper echelons are represented by networks which belong to the Western “super-community”. The individuals being directed may not even understand that he is being directed, and even if he does, he will not be able to figure out from where the directions are emanating and who bears responsibility for it.

The main content of all “net-centric wars” consists of “effects-based operations” (EBO). This is the most important concept in the entire net-centric warfare theory developed in the US. EBO are defined by US specialists as a “combination of actions aimed at forming a specific model of behavior among friends, neutral forces, and enemies during peace, crisis, and war.” (Edward A. Smith, Jr. Effects based Operations. Applying Network centric Warfare in Peace, Crisis and War, Washington, DC: DoD CCRP, 2002.) EBO’s main result is the establishment of full and absolute control over all parties to the conflict (including armed conflict), and their complete manipulation under all circumstances. Including when the conflict is ongoing, when it is threatening, and when there is peace.

The essence of “net-centric warfare” is that it does not have a beginning or an end, it is being conducted on a permanent basis, and its objective is to ensure that the parties conducting the war have the ability to effect comprehensive control over all international actors. Embedding the “network” deprives countries, nations, armies, and governments of all vestiges of independence, sovereignty, and even separate existence, transforming them into closely controlled, programmed objects. It allows the implementation of a new model of direct planetary control, of global dominion of a new type, where the content, motivation, actions, and intentions of international actors are all subject to outside direction.

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It’s a design for global manipulation and total control on a world scale. That is apparent from the EBO definition. EBO tasks include forming a behavior structure not only among friends, but also neutrals and enemies, in other words, both enemies and neutrals act in accordance with a scenario imposed on them and are driven not by their own will but by the will of the EBO executors. If enemies, friends, and neutrals do that which the Americans want them to do, they become puppets even before their ultimate defeat. The battle is won before it even begins. EBO are conducted concurrently with military operations, during crises and during peacetime, which reflects the total character of net-centric wars.

A net-centric war’s strategic objective is the absolute control over all the participants of the political process on a global scale. Its tactical objective is to establish the geopolitical aggressor’s control over the victim state’s assets, with the “transfer” largely taking place in a willing and voluntary manner since the attack is not perceived as aggression but rather as an impulse toward further development.

This makes net-centric war far more complex to implement than a traditional “hot” war, but it is also vastly more effective. Results of “hot wars” are usually challenged and dissipated over time (as shown by World Wars I and, especially, II). The effects of net-centric wars can last for centuries, until the aggressors and their basic needs change.

Net-centric war’s main front is located in the mental space, with the enemy’s goal being the destruction of traditional basic values of a given nation and implanting its own. The existence and structure of this type of war cannot be perceived on the level of mass consciousness. If the political elite of a society that is being targeted by net-centric war is not sufficiently qualified to identify this type of aggression and organize suitable response, the society itself is doomed to a crushing geopolitical defeat.

Specialists note another characteristic peculiar to net-centric wars, namely the absence of a rigid structure within the aggressor entity. We’d like to point out that it is due to the high degree of heterogeneity among the entity’s institutional elements. Individual and comparatively autonomous state and non-state elements of the aggressor are not part of some vertical hierarchy, instead they are connected by irregular horizontal interactions. The absence of hierarchy and regularity of interaction makes it difficult to clearly identify the existence and activities of the aggressor.

Due to the peculiar nature of NCW (Net-Centric Warfare), its technological structure (or the sum total of social technologies used to attack the target society) is very complex. NCW technologies include “multi-step combinations and intrigues whose instigators are not evident, a wide spectrum of means of influence, and using individuals who are ignorant of their role.”  Most importantly, according to US experts, NCW is a post-industrial informational post-modern era differ from ordinary wars of industrial modern era by their desire to achieve an outwardly bloodless reapportionment of territories and resources. The objective is to sustain the image “developed democracies’” which are conducting NCWs in a wide variety of geopolitical contexts under the slogan of protecting human rights. In an era of total “humanization”, conducting combat operations is viewed as a flawed option. The world society sleeps better if outwardly everything looks fine. Thanks to modern technologies and gathered experience, even genocide can be pursued without gas chambers and mass shootings. It’s enough to create conditions to reduce birth rates and raise death rates. Success can also be achieved by dumbing down the nation through changing its stereotypes and behavior norms so that even an escalation of events to the level of violence is perceived as natural.

Today one of the characteristic manifestations of NCW in a globalizing world are “color revolutions”. A Color Revolution (CR) is a net-centric operation whose objective is the removal of existing political regimes in another country. It is based on “non-violent struggle” methods developed by George Sharp in the 1980s (a US product, one of net-centric technologies). The CR concept implies establishing full control over a country and its territory without the use of armed force, if possible. It can be achieved by applying “soft power” which US political scientist Joseph Nye Jr. defines as a state’s (or alliance’s or coalition’s) ability achieve desired international results through persuasion and not suppression, imposition, or compellence, which is characteristic of “hard power.” Soft power achieves its effect by inducing others to adhere to certain international norms of behavior, which leads to the desired outcome without applying compellence.

Color Revolution consequences.

For states and political systems, CRs contain aspects of colonialism. The interests of the target society are not taken into consideration, it is expendable “spare change.” The “revolutionaries” are the first to vanish from stage and, often, from life itself. People who sincerely begin to believe in CR ideals without suspecting that those ideals have been induced are the fuel for such revolutions, and are also expendable. The society itself is destabilized, social foundations are undermined, the respect for government disappears, dissatisfaction increases, and economy is in anything but a normal state. These are the ideal conditions to impose Western social models. US enters the country.

CR brings no benefit to the country’s political forces or society. The only beneficiary is the USA, which establishes a painless, non-violent, “soft” control over its new territory.

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Modern Georgia is an example. It lost its sovereignty after the “Revolution of Roses” triggered serious transformations, destabilized the society, and led to the loss of about 20% of the country’s territory. Georgia is the most important US bridgehead in the Caucasus. It is so for a number of reasons:

– Georgia is an element of the Caucasus isthmus through which Russia obtains direct contact with Iran with which it wants to establish a strategic relationship.

– Georgia is a base for a force build-up and projection throughout the entire Caspian region, including Russia.
– Georgia is a transit country for energy resources from the Caspian to Europe.

Pursuing the main task of US geopolitics related to Russia and Caspian, the US took Georgia from under the last vestiges of Russia’s geopolitical influence and subjected it to its own direct geopolitical control. Georgia adopted an Atlanticist development vector and lost the last remnants of its sovereignty.

There are a number of other important factors.

1. The US seeks to establish direct military and strategic control over Azerbaijan and Armenia. Leaders of Azerbaijan are certain that the opposition demonstrations in March of 2011 and the planned attempts to oppose the existing constitutional order were organized from outside the country.

2. In order to ensure partnership with the EU, and particularly with Germany, the US created a cordon sannitaire extending from the cold northern seas through the Baltic States, Ukraine, Moldova, toward Georgia. Belarus is at the moment a breach in the cordon, with Poland filling that breach. The belt, consisting of Ukraine, Latvia, Lithuania, Estonia, Moldova, and Georgia, which cuts Russia off from Europe, was created by the US in order to achieve their top geopolitical objectives through the sequential initiation of CRs in these countries as part of the NCW against Russia.

In the last 20 years, US and NATO transformed Ukraine into a country hostile to Russia also through the application of net-centric technologies. The 2014 coup and 2014-2015 civil war were initiated by the US, which also provided informational, financial, and military support. Ukraine’s domestic and foreign policies are strictly anti-Russia in character.

3. Uzbekistan and Kirgiziya will remain key US geopolitical presence platforms in Central Asia. US will never abandon the intent to establish full control over the region. It will periodically destabilize the situation there in order to take Uzbekistan and Kirgiziya under control.

Usually such unsuccessful “velvet” coup attempts of the sort we observed in Uzbek Andijan or in the somewhat confusing “revolution cascade” in Kirgiziya are followed by harsher scenarios. The level of pressure is gradually increased. The “velvet” scenario is replaced by a harder line, including clashes with police, first casualties, pogroms, and then, as a rule, the situation is destabilized along ethnic lines since it is the hardest type of conflict to resolve. These actions are accompanied by a parallel creation of several social instability epicenters, the rise in economic problems, disruptions of the social situation, and a general domestic political polarization. The goal is to force these countries’ leaders to agree that they have lost control, that they no longer have power.

The outcome is the country’s territory passing under US control. The CR, should it be successful or semi-successful, is followed by more direct approaches which can ultimately lead to military operations as in Iraq and Libya.

Being a nuclear weapons state, Russia is considered by the US and NATO one of its main geopolitical adversaries. The current key geopolitical US objective is a regime change in Russia consisting of removing Vladimir Putin and his team from power. Analysis suggests that at the moment Ukraine, Caucasus, and Central Asia are the most advantageous places for the US to use in order to ratchet up pressure on Russian leadership. Maintaining the potential for violence in these locations will continue until they find a new, fresher source of conflict on Russian territory, with a potential for successful separatism, which could become a constant source of externally induced political pressure on Russian leadership.

lundi, 28 mars 2016

Les «rebelles» en plastoc

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Les «rebelles» en plastoc

Ex: http://www.oragesdacier.info

 
Après les événements de La Manif pour Tous et de la loi Taubira, Le Figaro n’hésitait pas à écrire un article sur « Cathos et rebelles », montrant une nouvelle génération issue de la contestation « de droite ». Parmi ces personnes figurait Madeleine de Jessey, espérant naïvement reprendre l’espace public afin de mêler le spirituel au temporel et faire avancer les idées des contestataires de La Manif pour Tous au sein de l’UMP. C’est ainsi que Sens commun prit naissance, pour finalement être à l’image du mouvement, suivre le sens commun imposé par la droite libérale républicaine dans laquelle elle a été intégrée et noyée. 
 
Ces propos liminaires n’ont pas pour vocation d’attaquer Sens commun gratuitement (« on ne tire pas sur une ambulance »), mais bien de mettre en avant le déficit idéologique de la droite libérale ou « droite d’affaires » qui n’est visible aujourd’hui seulement parce qu’elle a été sauvée par les socialistes lors des élections régionales. Il est quand même fascinant de voir un Premier ministre faire campagne (car ce n’est pas son rôle), et encore plus de le voir appeler expressément à voter pour le camp – supposé – rival afin de faire barrage à un parti qui cumule dès à présent 9 millions d’électeurs à lui tout seul. Ce qui ne fait d’ailleurs qu’entériner le fait que la droite libérale et la gauche dite socialiste ne sont que les deux faces d’une pièce libérale et cosmopolite. 
 
Depuis les événements liés à la loi Taubira jusqu’à la tragique soirée du 13 novembre 2015, il a pu être observé, comme à chaque débat de société, un jeu de communication politique entre les gentils bienveillants et manichéens pour un monde meilleur, puis l’opposition politique (qui reprendra le même rôle dans le cadre d’une alternance). Quoi qu’il en soit, quand la déconstruction est à l’œuvre, rien dans l’opposition politique ne permet une politique formelle de contestation constructive ni de proposition alternative. Tout simplement parce que le fossé idéologique qui devrait les séparer n’existe plus, et cela depuis bien des années.Cependant, le « droitard » ou homme de droite censé supposer incarner une « droite forte » y voit bien un jeu d’opposition, en fustigeant le Parti socialiste de l’antichristianisme, du clientélisme envers les musulmans, la lâcheté politique, l’immigration de masse. Certains ont même pu voir dans Laurent Wauquiez, Thierry Solère, Christian Estrosi ou encore Xavier Bertrand des révélations politiques de cette droite opposée aux socialistes, alors qu’ils sont simplement les moins détestés de tout le paysage politique de la droite libérale. Mais qu’ont-ils fait à propos des thèmes précédemment cités ? 
  • Sur l’antichristianisme ? Rien n’a été fait pour prévenir ou réprimer les actes de vandalisme des lieux chrétiens en France, quand un simple graffiti sur un autre lieu de culte fait se déplacer le ministre de l’Intérieur. Pire, c’est bien sous Sarkozy que des jeunes contestant les pièces de théâtre blasphématoire ont été envoyés par cars entiers aux commissariats. 
  • Sur le clientélisme des minorités ? Il ne faut pas oublier que c’est Chirac qui a créé la HALDE ; que c’est avec Sarkozy qu’a été créé le Conseil français du culte musulman (CFCM), tentative utopique de créer un « Islam de France », d’autant plus avec un Conseil piloté en sous-main par les Frères musulmans… 
  • Sur l’immigration de masse ? Chirac a permis le regroupement familial, quand Sarkozy, à travers un discours « droitiste » faisait entrer chaque année 200 000 clandestins (avec l’accord bienveillant des grands cartels et du MEDEF d’ailleurs…) 
  • Sur l’Europe ? Quand la France dit non à la Constitution européenne en 2005, Sarkozy ratifie le traité de Lisbonne (version similaire à 95% de la Constitution européenne) via le Parlement réuni en Congrès. Hollande en sera le continuateur avec le pacte budgétaire. 
  • Sur la lâcheté politique ? Qui désormais chez les Républicains a clairement pris position en faveur de l’abrogation du « mariage pour tous » ? Sens commun ? L’entrisme trotskyste et le désir de places s’est substitué à une position politique de circonstance. Pourquoi d’ailleurs abroger une loi qui était dans les cartons de l’UMP avec leur fameux contrat d’union civile. Lâcheté politique représentée aussi à travers tous les autres pans de la politique actuelle, et notamment sur la question des migrants clandestins, des mesures sécuritaires et liberticides, ou encore de l’Union européenne. 
Le désir « droitard » de se constituer en opposition politique doit être soit sincère (mais alors pathétique) soit totalement faux (et cynique), mais dans tous les cas, il est veule et lâche dans sa manière d’affronter les problèmes de la Cité. Il est surtout lâche en ce qu’il reprend les termes de son prétendu rival, à savoir à qui mieux mieux reprendra le terme de « républicain » (à la fois vide et sacré comme le constate le professeur Frédéric Rouvillois), et, en rejetant ce qu’il appelle comme « populisme » ce qui n’est que l’aspiration populaire au respect des valeurs communes et logiques dans le bon fonctionnement de la vie en communauté. 
 
Allez, tout n’est pas perdu pour le « droitard », il lui reste une solution, celle de devenir rebelle au sens « jüngerien » du terme. Dans « Le traité du Rebelle ou le recours aux forêts » (Der Waldgänger), Ernst JÜNGER dessine une nouvelle de ses figures. Le mot « Waldgänger » désigne le proscrit islandais du Haut Moyen Age scandinave qui se réfugiait dans les forêts. Exclu de la communauté, ce réprouvé pouvait être abattu par tout homme qui le croisait. Pour sa part, JÜNGER définit le Rebelle de la manière suivante : « Nous appelons ainsi celui qui, isolé et privé de sa patrie par la marche de l’univers, se voit enfin livré au néant. Tel pourrait être le destin d’un grand nombre d’hommes, et même de tous – il faut donc qu’un caractère s’y ajoute. C’est que le Rebelle est résolu à la résistance et forme le dessein d’engager la lutte, fût-elle sans espoir. Est Rebelle, par conséquent, quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l’entraîne dans le temps à une révolte contre l’automatisme et à un refus d’en admettre la conséquence éthique, le fatalisme. A le prendre ainsi, nous serons aussitôt frappés par la place que tient le recours aux forêts, et dans la pensée, et dans la réalité de nos ans ». 
 
Nous ne prétendons pas être des rebelles, ni être mieux que les « droitards », la question n’a pas lieu d’être. Nous prétendons seulement que la véritable politique se fait en accord avec la décence commune chère à Georges Orwell et le « populisme » tel que Christopher Lasch l’a développé, c’est-à-dire que la politique doit se faire dans le respect et dans la même vision que l’attente populaire, fondée sur le respect des valeurs de la communauté, et, n’en déplaisent aux détracteurs, ce populisme ne se transcrit pas politiquement à travers un parti en particulier mais bien par la référence primordiale à la propriété privée, les libertés publiques, la fin de tout processus de déconstruction idéologique, la souveraineté et la protection de notre patrie.
 

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dimanche, 27 mars 2016

Hillary’s Emails, Gaddafi’s Gold Dinars and Arab Springs

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Hillary’s Emails, Gaddafi’s Gold Dinars and Arab Springs

Ex: http://zejournal.mobi

Buried amid tens of thousands of pages of former US Secretary of State Hillary Clinton’s secret emails, now being made public by the US Government, is a devastating email exchange between Clinton and her confidential adviser, Sid Blumenthal. It’s about Qaddafi and the US-coordinated intervention in 2011 to topple the Libyan ruler. It’s about gold and a potentially existential threat to the future of the US dollar as world reserve currency. It’s about Qaddafi’s plans then for the gold-based Dinar for Africa and the Arab oil world.

Two paragraphs in a recently declassified email from the illegal private server used by then-Secretary of State Hillary Clinton during the US-orchestrated war to destroy Libya’s Qaddafi in 2011 reveal a tightly-held secret agenda behind the Obama Administration’s war against Qaddafi, cynically named “Responsibility to Protect.”

Barack Obama, an indecisive and weak President, delegated all presidential responsibility for the Libya war to his Secretary of State, Hillary Clinton. Clinton, who was an early backer of an Arab “regime change,” using the secret Muslim Brotherhood, invoked the new, bizarre principle of “responsibility to protect” (R2P) to justify the Libyan war, which she quickly turned into a NATO-led war. Under R2P, a silly notion promoted by the networks of George Soros’ Open Society Foundations, Clinton claimed, with no verifiable proof, that Qaddafi was bombing innocent Libyan civilians in the Benghazi region.

According to a New York Times report at the time, citing Obama Administration senior sources, it was Hillary Clinton, backed by Samantha Power, then a senior aide at the National Security Council and today Obama’s UN Ambassador; and Susan Rice, then Obama’s ambassador to the United Nations, and now National Security Adviser. That triad pushed Obama into military action against Libya’s Qaddafi. Clinton, flanked by Powers and Rice, was so powerful that Clinton managed to overrule Defense Secretary Robert Gates, Tom Donilon, Obama’s national security adviser, and John Brennan, Obama’s counterterrorism chief, today CIA head.

Secretary of State Clinton was also knee-deep in the conspiracy to unleash what came to be dubbed the “Arab Spring,” the wave of US-financed regime changes across the Arab Middle East, part of the Greater Middle East project unveiled in 2003 by the Bush Administration after occupation of Iraq. The first three target countries of that 2011 US “Arab Spring”–an action in which Washington used its “human rights” NGOs such as Freedom House and National Endowment for Democracy, in cahoots as usual, with the Open Society Foundations of billionaire speculator, George Soros, along with US State Department and CIA operatives–were Ben Ali’s Tunisia, Mubarak’s Egypt and Qaddafi’s Libya.

Now the timing and targeting of Washington’s 2011 “Arab Spring” destabilizations of select Middle East states assume a new light in relation to just-released declassified Clinton emails to her private Libya “adviser” and friend, Sid Blumenthal. Blumenthal is the slick lawyer who defended then-President Bill Clinton in the Monika Lewinsky and other sex scandal affairs when Bill was President and facing impeachment.

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Qaddafi’s gold dinar

For many it remains a mystery just why Washington decided that Qaddafi personally must be destroyed, murdered, not just sent into exile like Mubarak. Clinton, when informed of Qaddafi’s brutal murder by US-financed Al Qaeda “democratic opposition” terrorists, told CBS news, in a sick, joking paraphrase of Julius Caesar, “We came, we saw, he died,” words spoken by her with a hearty, macabre laugh.

Little is known in the West about what Muammar Qaddafi did in Libya or, for that matter, in Africa and in the Arab world. Now, release of a new portion of Hillary Clinton’s emails as Secretary of State, at the time she was running Obama Administration war on Qaddafi, sheds dramatic new light on the background.

It was not a personal decision of Hillary Clinton to eliminate Qaddafi and destroy his entire state infrastructure. The decision, it’s now clear, came from circles very high in the US money oligarchy. She was merely another Washington political tool implementing the mandate of those oligarchs. The intervention was about killing Qaddafi’s well-laid plans to create a gold-based African and Arabic currency to replace the dollar in oil trades. Since the US dollar abandoned gold exchange for dollars in 1971 the dollar in terms of gold has dramatically lost value. Arab and African OPEC oil states have long objected to the vanishing purchasing power of their oil sales, mandated since the 1970’s by Washington to be solely in US dollars, as dollar inflation soared more than 2000% to 2001.

In a newly declassified Clinton email from Sid Blumenthal to Secretary of State Hillary Clinton dated April 2, 2011, Blumenthal reveals the reason that Qaddafi must be eliminated. Using the pretext of citing an unidentified “high source” Blumenthal writes to Clinton, “According to sensitive information available to this source, Qaddafi’s government holds 143 tons of gold, and a similar amount in silver… This gold was accumulated prior to the current rebellion and was intended to be used to establish a pan-African currency based on the Libyan golden Dinar. This plan was designed to provide the Francophone African Countries with an alternative to the French franc (CFA).” That French aspect was only the tip of the Qaddafi gold dinar iceberg.

Golden Dinar and more

During the first decade of this century, Gulf Arab OPEC countries, including Saudi Arabia, Qatar and others, began seriously diverting a significant portion of the revenues from their vast oil and gas sales into state sovereign wealth funds, many based on the success of Norway’s Oil Fund.

Growing discontent with the US War on Terror, with the wars in Iraq and in Afghanistan, and with overall US Middle East policies after September 2001, led most OPEC Arab states to divert a growing share of oil revenues into state-controlled funds rather than trusting it to the sticky fingers of New York and London bankers as had been the custom since the 1970’s when oil prices went through the roof, creating what Henry Kissinger fondly called the “petro-dollar” to replace the gold-backed dollar Washington walked away from on August 15, 1971. The present Sunni-Shi’ite war or clash of civilizations is in fact a result of the US manipulations after 2003 in the region— “divide and rule.”

By 2008 the prospect of sovereign control by a growing number of African and Arab oil states of their state oil and gas revenues was causing serious concern in Wall Street as well as the City of London. It was huge liquidity, in the trillions, they potentially no longer controlled.

The timing of the Arab Spring, in retrospect, increasingly looks tied to Washington and Wall Street efforts to control not only the huge Arab Middle East oil flows. It is now clear it was equally aimed at controlling their money, their trillions of dollars accumulating in their new sovereign wealth funds.

However, as is now confirmed in the latest Clinton-Blumenthal April 2, 2011 email exchange, there was a qualitatively new threat emerging for Wall Street and the City of London “gods of money,” from the African and Arab oil world. Libya’s Qaddafi, Tunisia’s Ben Ali and Mubarak’s Egypt were about to launch a gold-backed Islamic currency independent of the US dollar. I was first told of this plan in early 2012, at a Swiss financial and geopolitical conference, by an Algerian with extensive knowledge of the project. Documentation was scarce at the time and the story remained in my mental back-burner. Now a far more interesting picture emerges that puts the ferocity of Washington’s Arab Spring and its urgency in the case of Libya into perspective.

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‘United States of Africa’

In 2009, Qaddafi, who was at the time the President of the African Union, had proposed that the economically depressed continent adopt the “Gold Dinar.”

In the months prior to the US decision, with British and French backing, to get a UN Security Council resolution that would give them the legal fig-leaf for a NATO destruction of the Qaddafi regime, Muammar Qaddafi had been organizing the creation of a gold-backed dinar that would be used by African oil states as well as Arab OPEC countries in their sales of oil on the world market.

Had that happened at the time Wall Street and the City of London were deep into the financial crisis of 2007-2008, the challenge to the reserve currency role of the dollar would have been more than serious. It would be a death knell to American financial hegemony, and to the Dollar System. Africa is one of the world’s richest continents, with vast unexplored gold and mineral wealth, had been intentionally kept for centuries underdeveloped or in wars to prevent their development. The International Monetary Fund and World Bank for the recent decades have been the Washington instruments to suppress African real development.

Gaddafi had called upon African oil producers in the African Union and in Muslim nations to join an alliance that would make the gold dinar their primary form of money and foreign exchange. They would sell oil and other resources to the US and the rest of the world only for gold dinars. As President of the African Union in 2009, Qaddafi introduced for discussion to African Union member states Qaddafi’s proposal to use the Libyan dinar and the silver dirham as the only possible money for the rest of the world to buy African oil.

Along with the Arab OPEC sovereign wealth funds for their oil, other African oil nations, specifically Angola and Nigeria, were moving to create their own national oil wealth funds at the time of the 2011 NATO bombing of Libya. Those sovereign national wealth funds, tied to Qaddafi’s concept of the gold dinar, would make Africa’s long-held dream of independence from colonial monetary control, whether of the British Pound, the French Franc, the euro or the US dollar, a reality.

Qaddafi was moving forward, as head of the African Union, at the time of his assassination, with a plan to unify the sovereign States of Africa with one gold currency, a United States of Africa. In 2004, a Pan-African Parliament of 53 nations had laid plans for an African Economic Community – with a single gold currency by 2023.

African oil-producing nations were planning to abandon the petro-dollar, and demand gold payment for their oil and gas. The list included Egypt, Sudan, South Sudan, Equatorial Guinea, Congo, Democratic Republic of Congo, Tunisia, Gabon, South Africa, Uganda, Chad, Suriname, Cameroon, Mauritania, Morocco, Zambia, Somalia, Ghana, Ethiopia, Kenya, Tanzania, Mozambique, Cote d’Ivoire, plus Yemen which had just made significant new oil discoveries. The four African member-states of OPEC–Algeria, Angola, Nigeria, a giant oil producer and the largest natural gas producer in Africa with huge natural gas reserves, and Libya with the largest reserves–would be in the new gold dinar system.

Little wonder that French President Nicolas Sarkozy, who was given the up-front role in the war on Qaddafi by Washington, went so far as to call Libya a “threat” to the financial security of the world.

Hillary’s ‘rebels’ create a central bank

One of the most bizarre features of Hillary Clinton’s war to destroy Qaddafi was the fact that the US-backed “rebels” in Benghazi, in the oil-rich eastern part of Libya, in the midst of battle, well before it was at all clear if they would topple the Qaddafi regime, declared they had created a Western-style central bank, “in exile.”

In the very first weeks of the rebellion, the rebel leaders declared that they had created a central bank to replace Gadhafi’s state-owned monetary authority. The rebel council, in addition to creating their own oil company to sell the oil they captured announced: “Designation of the Central Bank of Benghazi as a monetary authority competent in monetary policies in Libya and appointment of a Governor to the Central Bank of Libya, with a temporary headquarters in Benghazi.”

Commenting on the odd decision, before the outcome of battle was even decided, to create a western-style central bank to replace Qaddafi’s sovereign national bank that was issuing gold-backed dinars, Robert Wenzel in the Economic Policy Journal, remarked, “I have never before heard of a central bank being created in just a matter of weeks out of a popular uprising. This suggests we have a bit more than a rag tag bunch of rebels running around and that there are some pretty sophisticated influences.”

It becomes clear now in light of the Clinton-Blumenthal emails that those “pretty sophisticated influences” were tied to Wall Street and the City of London. The person brought in by Washington to lead the rebels in March 2011, Khalifa Hifter, had spent the previous twenty years of his life in suburban Virginia, not far from CIA headquarters, after a break with Libya as a leading military commander of Qaddafi.

The risk to the future of the US dollar as world reserve currency, if Qaddafi had been allowed to proceed–together with Egypt, Tunisia and other Arab OPEC and African Union members– to introduce oil sales for gold not dollars, would clearly have been the financial equivalent of a Tsunami.

New Gold Silk Road

The Qaddafi dream of an Arabic and African gold system independent of the dollar, unfortunately, died with him. Libya, after Hillary Clinton’s cynical “responsibility to protect” destruction of the country, today is a shambles, torn by tribal warfare, economic chaos, al-Qaeda and DAESH or ISIS terrorists. The monetary sovereignty held by Qaddafi’s 100% state-owned national monetary agency and its issuance of gold dinars is gone, replaced by an “independent” central bank tied to the dollar.

Despite that setback, it’s more than notable that now an entirely new grouping of nations is coming together to build a similar gold-backed monetary system. This is the group led by Russia and China, the world’s number three and number one gold producing countries, respectively.

This group is tied to the construction of China’s One Belt, One Road New Silk Road Eurasian infrastructure great project. It involves China’s $16 billion Gold Development Fund, and very firm steps by China to replace the City of London and New York as the center of world gold trade. The Eurasian gold system emerging now poses an entirely new quality of challenge to American financial hegemony. This Eurasian challenge, its success or failure, could well determine whether we allow our civilization to survive and prosper under entirely different conditions, or whether we decide to sink along with the bankrupt dollar system.


- Source : F. William Engdahl

L’Occident et la Turquie – un sale jeu qui dure

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L’Occident et la Turquie – un sale jeu qui dure

par Willy Wimmer

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hd. Depuis le sommet de l’UE avec la Turquie du 6 et 7 mars, d’importants fonctionnaires dirigeants de l’UE et quelques rares Etats de l’UE – en première ligne la chancelière allemande – ont donné le mot d’ordre qu’une solution durable avec la Turquie concernant la question migratoire va bientôt être finalisée et résoudra durablement les problèmes des mois passés. Willy Wimmer a été pendant plus de 30 ans député du Bundestag de la CDU, secrétaire d’Etat au ministère de la Défense et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. Son analyse illustre pourquoi l’espoir d’arriver à un accord durable dans la question des réfugiés avec la Turquie est une chimère. Non seulement à cause des revendications de la Turquie et les contenus des programmes prévus, mais aussi parce que l’Occident lui-même joue un sale jeu avec la Turquie: d’une part, on veut la garder comme alliée militaire dans la région du Moyen-Orient, d’autre part, on soutient déjà depuis des années – depuis l’agression illégale, en violation du droit international, de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999 – une politique de désintégration de ce pays et la formation d’un Etat kurde. Willy Wimmer craint que l’Allemagne puisse soudainement se retrouver dans une situation internationale difficile, suite à laquelle elle aurait à payer un prix très élevé, comme cela s’est produit à la suite de la Première Guerre mondiale.

Quiconque le désire peut prendre connaissance de ce que la Turquie veut et demeure en état de faire, en volant en hélicoptère entre la métropole de Diyarbakir et la frontière irako-syrienne par dessus un paysage presque infini. Jusqu’à l’horizon, on observe au début de l’été des champs de céréales. Mais ce n’est qu’une première vue, il est nécessaire de regarder plus attentivement. A tout moment, on reconnaît des murs de fondation de maisons, de villages et de villes détruites au milieu du vert soutenu. Ils témoignent de la lutte du gouvernement turc contre les Kurdes au cours des années 1970 quand plus de 3000 villages et villes ont été rasés. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi perdu leur base de vie et leur patrie. Cela s’est passé avec l’aide de grands propriétaires terriens kurdes soutenant le gouvernement turc à Ankara dans la lutte contre les Kurdes. Prétendument, il s’agissait jadis comme aujourd’hui de combattre le PKK, mais en réalité, Ankara créa de cette manière une immense région dépeuplée pour tenir à distance les Kurdes d’Irak et de Syrie. Aux millions de personnes, ayant dû quitter leur patrie, il ne resta rien d’autre que d’aller vivre sur la côte méditerranée turque ou d’émigrer à Stuttgart ou Cologne.


A l’époque, nous Occidentaux avions accepté cette situation sans broncher, car il y avait une justification officielle de la part du gouvernement turque suite à la guerre froide. Dans la lutte contre le communisme athée qu’on imaginait chez le Kurdes chaque moyen était bon. Donc: éliminons les Kurdes. Dans la République turque cette attitude n’a vraisemblablement pas changée entretemps. La dimension de la lutte semble le prouver.

Nouvelle stratégie de l’OTAN après la «victoire» dans la guerre froide

La guerre de l’OTAN contre Belgrade en 1999 fut ressentie à Ankara comme si l’on sonnait le glas pour la Turquie. Sans s’occuper du droit international en vigueur, l’Occident s’est mis à nettoyer les Balkans de toute influence russe et de les fileter à sa guise, bombes sur Belgrade incluses. Précisément pour un pays de transit comme la Turquie, il était évident que les démarches occidentales dans les Balkans visaient au contrôle des tracés des voies de transport du pétrole et du gaz.


Mme Ciller, chef du gouvernement turc d’alors, a entrepris diverses activités dans les Balkans pour éviter le pire. Le gouvernement turc n’avait qu’à observer son propre pays, pour étudier les conséquences des séparations ethniques que poursuivaient notamment les Etats-Unis pour mieux imposer leurs buts dans cette région. Si l’on compte correctement toutes les peuplades vivant sur le territoire de la Turquie entre les Arméniens, les Kurdes et le Turcs, on arrive à vingt-quatre au sein de la République turque. Donc assez d’aspects à prendre en compte dans les calculs des stratèges occidentaux. Selon le modèle des années 1970, les acteurs des Etats-Unis et de leurs alliés les plus proches savent parfaitement que les flux de déplacés atterriront quelque part entre Flensburg et Passau.

Merkel et le mirage turc

Comme un moulin à prières et avec une sorte de dernier espoir, la Chancelière fédérale encore en fonction parle d’une amélioration de la situation migratoire, pouvant être atteinte uniquement en coopération avec la Turquie. Il faudrait conseiller à Berlin de lire les journaux. Il est effarant de constater toutes ces déclarations d’intention fanfaronnes que nous avons dû subir au cours des derniers mois. En relation avec la Turquie, on a même proposé d’envoyer des bâtiments de l’OTAN dans la mer Egée pour verrouiller les flux migratoires. Les navires n’avaient pas encore quitté leurs ports d’attache quand Ankara ne se sentait déjà plus lié à son engagement: jamais au monde on reprendrait sur territoire turc les personnes sauvées par les bateaux de l’OTAN dans la mer Egée. Mais pourquoi la Turquie devrait-elle se comporter différemment de ceux qui promettent des milliards sans jamais les débourser pour financer l’aide humanitaire turque? Un «souk» n’est rien à côté de la manière dont on se comporte l’un envers l’autre tout en appelant cela «relations amicales». Cependant Ankara réalise une chose: à l’ouest de la Turquie, on supplie Ankara de coopérer pour stopper la migration vers l’Europe et à l’est du pays, on applique le scalpel contre la volonté de la Turquie – d’ailleurs, par les mêmes acteurs s’activant en Occident pour faciliter les flux migratoires, prochainement aussi de Libye, pour protéger les flancs des guerres américaines.


Ankara a tenté faire disparaître la Syrie de la carte et entend en même temps sonner vigoureusement le glas dans la partie orientale de son territoire.


Depuis la fin de la Première Guerre mondiale le monde a assigné aux Kurdes un destin spécial. On ne leur a pas même accordé ce que les Azéris entre l’Iran et l’Azerbaïdjan avaient obtenu, excepté au cours d’une très courte période.

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Apprendre de l’histoire?

Ce qui se passe actuellement dans cette Grande région, nous renvoie 100 ans en arrière. Tout porte à croire qu’on veut à nouveau nous relier, nous les Allemands, avec le destin de cette région, avec des conséquences que nous ne pourront guère influencer. Pour quiconque s’est approfondi ces dernières semaines dans l’ouvrage historique de David Fromkin1 pour trouver des réponses aux questions concernant les problèmes actuels de cette Grande région, la situation actuelle, c’est du déjà-vu. Cette bible de l’histoire récente du Moyen- et Proche-Orient est intitulée «The Peace to End All Peace», ce qui est un titre tout à fait adapté à la situation actuelle. Si l’on tire les leçons des évènements de l’époque, la grande importance de cette région pour nous en Europe apparaît clairement. Ceci avant tout parce qu’Israël a perdu toute ses craintes de se positionner ouvertement en faveur de l’aspiration des Kurdes à fonder leur propre Etat. Cela a de grandes conséquences, car le gouvernement fédéral n’a pas hésité, tout en connaissant le soutien d’Israël aux Kurdes, à envoyer des troupes dans la région kurde.

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C’est une fois de plus du déjà-vu. En Allemagne, on a oublié ce que David Fromkin et d’autres ont écrit. La société juive et notamment les citoyens américains de religion juive étaient très favorables à l’entrée en guerre des Empires centraux contre l’Entente dans la Première Guerre mondiale. Le surplus en droits que les citoyens juifs avaient obtenus dans l’empire allemand, en comparaison à d’autres Etats, y était pour beaucoup. Cela devait changer fondamentalement pour correspondre aux intérêts de l’Entente, comme on a pu le démonter grâce aux archives de Moscou rendues publique par la suite. Le célèbre «Accord Sykes-Picot» entre l’Angle­terre et la France fut un moyen adapté. L’empereur allemand continua à soutenir ses alliés ottomans et ne réagit pas aux exigences envers lui, visant à créer un «foyer national du peuple juif» en Palestine. En fait, en Allemagne, il n’est pas nécessaire d’en dire davantage pour expliquer pourquoi aujourd’hui des soldats allemands se trouvent dans une région, où Israël propage ouvertement et sans fard la formation d’un Etat indépendant. Il est difficile d’agir de manière plus anhistorique en s’étonnant par la suite des conséquences en Allemagne.    •
(Traduction Horizons et débats)

1     Le livre de David Fromkin «A Peace to End All Peace: The Fall of the Ottoman Empire and the Creation of the Modern Middle East» a paru en 1989. Il décrit les évènements, ayant abouti à la désintégration de l’Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale. Cela eut des conséquences drastiques pour le Proche-Orient qui, selon Fromkin, menèrent à une nouvelle guerre mondiale, très peu connue, durant jusqu’à nos jours.

samedi, 26 mars 2016

Extrait du discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’état de la nation

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«Je suggère que nous nous reposions sur la source antique de la démocratie européenne: la volonté du peuple»

Extrait du discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’état de la nation, le 28 février 2016

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Mesdames, Messieurs,

Les deuxième et troisième décennies du XXIe siècle seront les décennies de l’immigration massive. Nous entrons dans une ère à laquelle nous ne sommes pas préparés. Nous avons cru que ce genre de choses n’aurait pu se produire que dans un lointain passé, ou resterait confiné dans les pages des livres d’histoire. En fait, pourtant, les quelques années à venir verront de plus en plus de gens – des multitudes dépassant la population entière de certains pays européens – se fixer en Europe. Il est temps de faire face à la réalité. Il est temps de marquer la séparation entre ce qui existe et ce que nos voudrions voir exister. Il est temps de dissiper les illusions, les théories sophistiquées, les idéologies et les rêves utopiques.


La réalité, c’est que depuis longtemps déjà, un monde de sociétés parallèles s’est développé avec une régularité persistante, loin sous la surface, dans un certain nombre de pays européens. La réalité, c’est que selon un naturel ordre des choses, cela fait régresser notre monde – et avec lui, nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants. La réalité, c’est que ceux qui arrivent ici n’ont aucune intention d’adopter notre mode de vie parce qu’ils considèrent que le leur a plus de valeur, de force et de visibilité que le nôtre. Et pourquoi, d’ailleurs, en changeraient-ils? La réalité, c’est qu’ils ne fourniront pas le supplément de main-d’œuvre que nécessitent les usines d’Europe de l’Ouest.


Dans les faits, on voit que pour des générations entières le taux de chômage est beaucoup plus élevé – parfois même plusieurs fois supérieur – parmi les gens n’étant pas d’origine européenne. La réalité, c’est que les pays européens n’ont pas non plus été capables d’intégrer les personnes en provenance d’Asie et d’Afrique, même ceux arrivés graduellement, sur un laps de temps couvrant plusieurs décennies. Comment pourraient-ils dans ce cas y parvenir maintenant, si rapidement et pour un si grand nombre de personnes? La réalité, c’est que nous sommes incapables d’utiliser le monde musulman pour résoudre les problèmes démographiques d’une Europe indéniablement vieillissante et diminuée, sans y perdre notre mode de vie, notre sécurité et nous y perdre nous-mêmes. La réalité, c’est qu’à moins que nous n’y mettions rapidement le holà, nous allons voir émerger un niveau de tension ingérable, entre une Europe vieillissante et un jeune monde musulman, entre une Europe séculaire et athée et un monde musulman de plus en plus fervent, entre une Europe incapable de fournir des emplois à sa propre jeunesse qualifiée et un monde musulman sous-qualifié. Et ceci n’est pas en train de se produire dans une contrée lointaine, par conséquent sans danger pour nous, mais ici, au cœur de l’Europe.

Mesdames, Messieurs,

Il n’est cependant pas trop tard pour les élites européennes d’appréhender la leçon du Général de Gaulle: «La politique doit se baser sur les faits. La politique, quand elle est un art, un service, et non une exploitation, consiste à agir pour un idéal fondé sur la réalité des faits». La réalité est historique, culturelle, démographique et géographique. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour que nous comprenions que la réalité n’est pas une limite à la liberté. L’enseignement que nous sommes à présent en train d’en tirer, c’est que la liberté ne peut exister en opposition à la réalité; sans réalité il n’y a rien d’autre que délire politique et intoxication politique. Nous pouvons bien sûr bâtir notre monde sur notre désir des idéaux les plus nobles, mais si ce monde n’est pas basé sur des faits réels, il demeurera un vœu pieux. Lorsqu’on s’oppose au réel, il n’y a ni avancement individuel, ni progrès communs; il n’y a plus qu’échec, déception, amertume et finalement, cynisme et autodestruction. C’est sans doute pourquoi on voit tant de malheureux politiciens à l’esprit noble et libéral errant dans les couloirs de Bruxelles. Que nous le voulions ou non, les vagues d’immigration massive n’auront jamais rien de pacifique: lorsque des flots de populations se cherchent une nouvelle patrie, cela mène inévitablement à des conflits car ces personnes désirent occuper des endroits où d’autres vivent déjà: des gens qui ont fait de ces endroits leurs propres chez-eux et qui souhaitent protéger leurs foyers, leurs cultures et leurs modes de vie.

Mesdames, Messieurs,

L’histoire a enfoncé notre porte: elle a assiégé les frontières de l’Europe, la sécurité des cultures européennes et des citoyens européens. Bien que l’urgence ne favorise pas la pensée nuancée – et encore moins les sentiments raffinés – ce n’est pourtant pas contre les migrants que nos devons nous insurger. La majorité d’entre eux sont aussi des victimes: victimes de l’effondrement des gouvernements dans leurs pays, victimes de mauvaises décisions internationales, victimes des passeurs. Ils font ce qu’ils pensent être dans leur propre intérêt. Le problème est que nous autres Européens ne faisons pas ce qui devrait être dans notre propre intérêt. Il n’existe pas de meilleur mot pour désigner l’action de Bruxelles que celui d’«absurde». On dirait le capitaine d’un navire se dirigeant droit vers une collision et qui, au lieu d’entreprendre une manœuvre d’évitement, se préoccuperait de déterminer lesquels des canots de sauvetage doivent être non-fumeurs. C’est comme si, au lieu de réparer l’avarie de la coque, nous discutions de savoir quelles cabines seraient inondées et dans quelle mesure elles le seraient.

Mes amis,

En fait, on peut stopper l’immigration massive. L’Europe est une communauté d’un demi-milliard de personnes – cinq cent millions d’habitants. Nous sommes plus nombreux que les Russes et les Américains réunis. La situation de l’Europe – son développement technologique, stratégique et économique – lui donne les moyens de se défendre.
Le fait que Bruxelles soit incapable d’organiser la défense de l’Europe est déjà un problème en soi, mais il y a un autre problème, encore plus important, qui est qu’elle manque de la volonté de s’en charger. A Budapest, Varsovie, Prague et Bratislava, il nous est difficile de comprendre comment nous avons pu atteindre ce point où il est devenu possible à des gens venant d’autres continents et d’autres cultures de pouvoir être admis ici en Europe, sans aucun contrôle. Il est difficile de comprendre l’affaiblissement de l’instinct naturel et fondamental de notre civilisation, qui est de garantir notre propre défense, celle de nos familles, de nos foyers et de notre terre.


Mais, Mesdames et Messieurs, nous avons réellement des choses à défendre: la coexistence des nations européennes, libres, chrétiennes et indépendantes; les mêmes racines, les mêmes valeurs, la même histoire, la même interdépendance géographique et géopolitique; l’égalité entre les sexes; la liberté et la responsabilité; la libre concurrence et la solidarité; la fierté et l’humilité; la justice et la pitié. Nous sommes tout cela: c’est cela l’Europe. L’Europe est Hellas, la Grèce antique, pas la Perse; c’est Rome, pas Carthage; c’est le christianisme, pas un califat. Quand nous le disons, nous ne proclamons pas que nous sommes meilleurs, mais que nous sommes différents. Démontrer l’existence d’une civilisation européenne indépendante ne signifie pas qu’elle soit meilleure ou pire; cela veut seulement dire «nous, nous sommes comme ceci et vous, vous êtes comme cela».
Il y a quelques années encore, ces idées paraissaient évidentes. Il y a quelques années encore, il nous semblait que nous étions d’accord. Il y a quelques années encore, les choses avaient l’air en ordre: les cœurs et les esprits des dirigeants européens avaient l’air d’être en accord avec notre notion de ce qui était juste. L’un après l’autre, ils avaient décrété la mort du multiculturalisme. Il y a quelques années encore, nous pensions qu’ils avaient réalisé que les arrivées massives de migrants ne pouvaient favoriser leur intégration dans leurs pays. Mais en 2015, tout a changé. L’harmonie d’autrefois s’est désintégrée. Nous sommes tombés en chute libre, exactement dans le chaos intellectuel dont nous avions lutté pour sortir. Un beau matin, tout d’un coup, nous nous sommes réveillés au son de la «Willkommenskultur». Les dirigeants européens nous racontent maintenant que nous devons aider. En haut lieu, on nous presse de montrer notre solidarité et d’offrir notre assistance.

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Mes Amis,

Tout cela est naturel. Nous n’avons pas non plus des cœurs de pierre. Il est également vrai que nous n’avons pas des têtes de cailloux. Nous gardons présente à l’esprit la règle la plus importante lorsqu’on offre son aide: si nous les aidons ici, ils viendront ici; si nous les aidons là-bas, ils resteront là-bas. Au lieu de tenir compte de cette règle, Bruxelles a commencé à encourager ceux qui vivaient dans les endroits les plus pauvres et les moins chanceux du monde à venir en Europe et à échanger leurs existences pour quelque chose de différent. Chaque soir, dans la moitié du monde – ou au moins dans la moitié de l’Europe – les gens, chez eux, tentent de comprendre ce qui a bien pu arriver et ce qui se cache derrière tout ceci. Bientôt, chaque famille en Europe parviendra à sa propre explication – et je ne veux pas manquer de m’atteler à la mienne. De la façon dont je le vois, à Bruxelles et dans quelques autres capitales européennes, les élites politiques et intellectuelles se considèrent comme des citoyens du monde – par opposition à la majorité de la population, qui a, elle, un fort sentiment national. De la façon dont je le vois, les dirigeants politiques en sont également conscients. Et comme ils n’ont aucune chance de se faire comprendre par leur propre peuple, ils préfèrent lui tourner le dos. Comme on le dit dans cette partie du monde, «ils savent ce qu’il faut faire, ils osent le faire et ils le font». Mais ceci signifie que le vrai problème n’est pas à l’extérieur de l’Europe, mais en Europe. Ceux qui mettent le plus en danger l’avenir de l’Europe ne sont pas ceux qui veulent y venir, mais les dirigeants politiques, économiques et intellectuels qui essaient de redessiner l’Europe contre la volonté de ses populations. C’est ainsi que, pour planifier le transfert en Europe de plusieurs millions de migrants, est apparue la plus bizarre coalition de l’histoire du monde: les passeurs de clandestins, les activistes des droits de l’homme et les hauts dirigeants européens.

Mesdames et Messieurs,

A ce jour, nous admettons sans contrôle ni sélection des centaines de milliers de personnes venant de pays avec lesquels nous sommes en guerre, sur les territoires desquels les Etats membres de l’Union européenne sont engagés dans des opérations militaires. On ne nous a laissé aucune possibilité de dépister ceux qui pouvaient représenter un danger pour nous. A ce jour non plus, nous n’avons aucune idée de qui est terroriste, qui est criminel, qui est migrant économique et qui a réellement pris la fuite pour sauver sa vie. Il est difficile de ne pas appeler cela autrement que de la folie. […]

Mes Amis,

Nous devons arrêter l’avancée de Bruxelles. Ils se sont mis dans la tête qu’ils allaient répartir entre nous – de façon obligatoire et ayant force de loi – les migrants qui ont été transférés en Europe. Cela porte le nom de «quotas migratoires imposés». Ils ont pris cette décision de façon unilatérale, illégale, irrationnelle, injuste et minable concernant 120?000 migrants. En outrepassant avec mépris et en contournant le principe de souveraineté nationale représenté par les Premiers ministres des Etats membres, ils ont décrété l’adoption de cette loi directement au Parlement européen. Nous contestons cette décision et nous luttons pour son annulation devant la Cour européenne. A Bruxelles aussi, bien qu’en Hongrie, il semble que l’appétit vienne en mangeant. Ils veulent donc mettre en place un système appliqué à chaque migrant et chaque Etat membre qui assurera une redistribution obligatoire, continuelle et permanente des migrants.

Mes Amis,

L’UE est clairement divisée en deux camps: d’un côté il y a les fédéralistes, et de l’autre les tenants de la souveraineté nationale. Les fédéralistes veulent des Etats-Unis d’Europe et des quotas migratoires imposés, tandis que les supporters de la souveraineté nationale veulent une Europe composée de pays libres mais ne veulent pas entendre parler de quelque forme de quotas que ce soit. C’est ainsi que les quotas migratoires imposés sont devenus l’essence et le symbole même de l’époque où nous vivons. Ceci est important en soi, mais contient aussi tout ce que nous craignons, ce dont nous ne voulons pas, et recèle un potentiel explosif par rapport à l’alliance des peuples européens. Nous ne pouvons nous permettre de laisser Bruxelles se placer au-dessus des lois. Nous ne pouvons nous permettre de laisser les conséquences de politiques insensées se répandre dans les pays ayant respecté l’observance de chaque traité et de chaque loi – comme nous l’avons fait nous-mêmes. Nous ne pouvons nous permettre de les laisser nous forcer ou forcer qui que ce soit d’autre à importer les fruits amers de leurs politiques malavisées. Nous ne voulons pas – et nous ne le ferons pas – importer le crime, le terrorisme, l’homophobie et l’antisémitisme en Hongrie. Il n’y aura pas en Hongrie de zones urbaines hors-la-loi, il n’y aura pas de violence dans les rues ou de rixes entre migrants, il n’y aura pas d’incendies criminels dans les camps de réfugiés, et les gangs n’enlèveront ni nos femmes, ni nos filles. En Hongrie, nous étoufferons dans l’œuf toute tentative de ce genre et nous les punirons de manière conséquente.

Mesdames et Messieurs,

Nous ne renoncerons pas à notre droit à décider avec qui nous désirons vivre et avec qui nous ne voulons pas vivre. C’est pourquoi nous devons résister à ceux qui cherchent à populariser l’idée des quotas en Europe et nous leur résisterons. «Un risque est toujours risqué», comme le dit la vieille blague de Budapest, et nous devons en fait rassembler notre courage. Nous allons devoir en faire preuve car, pour la plus grande gloire de la démocratie européenne nous devons nous dresser face à la censure, au chantage et aux menaces. En Belgique, on a retiré des librairies des livres écrits par le ministre hongrois de la Justice et la presse de certains Etats répand sur nous des mensonges éhontés. Le ton qu’on emploie contre la Hongrie est insolent, grossier et agressif. De plus, on nous menace également de sanctions économiques, on nous accuse d’ingratitude par rapport aux soutiens que nous avons reçus. C’est une réaction semblable à celle du prêtre de l’histoire à qui l’on demandait d’éliminer les inégalités de richesses. «Parfait», dit-il, «partageons-nous le travail: vous convainquez les riches de donner et je convaincrai les pauvres d’accepter». C’est comme cela qu’on conçoit les choses. La réalité, cependant, est que nous ne devons rien – pas le moindre sou. Affaiblie, saignée à blanc, non compétitive et dénuée de tout capital après quarante-cinq ans de communisme, la Hongrie a ouvert ses portes aux compagnies occidentales. Chacun en a profité: les compagnies occidentales ont rapatrié autant d’argent à partir de la Hongrie que l’Europe en a envoyé ici. Nous sommes quittes et nous n’avons pas de compte à rendre.

Mesdames et Messieurs,

Finalement, comment pourrons-nous stopper l’offensive des quotas migratoires de Bruxelles? Je suggère que nous fassions confiance à l’antique source de la démocratie européenne: la volonté du peuple. S’il est vrai que le peuple ne veut pas de l’actuelle et démente politique d’immigration de Bruxelles – et même qu’il s’y oppose – nous devons faire place à sa voix et écouter ce qu’il a à dire. Après tout, l’Union européenne est basée sur les fondements de la démocratie. Cela signifie que nous ne devons pas prendre de décisions qui puissent changer dramatiquement la vie des gens sans les consulter, et contre leur volonté. C’est pourquoi nous allons organiser un référendum en Hongrie. Ceci ne concerne pas le quota, déjà décidé et actuellement contesté devant les tribunaux; ceci est déjà du passé. Le référendum concerne le futur: nous appelons les citoyens hongrois à combattre, en opposition au nouveau système européen des quotas migratoires imposés qui sera à l’ordre du jour en mars. Nous croyons que, même dans son état actuel, Bruxelles ne doit pas dépasser les limites de ses propres concepts. Cela ne doit pas se retourner contre les Européens.


L’Union européenne ne doit pas être une sorte d’«Union soviétique réactivée». Nous, les Hongrois, ne rejetterons pas l’Europe, en dépit de toutes ses faiblesses, de son émaciation et de son instabilité; et nous ne l’abandonnerons pas, malgré son actuel accès d’égarement. Nous sommes des citoyens de la même Europe spirituelle et historique, au même titre que Charlemagne, Léonard de Vinci, Beethoven, Saint Ladislas, Imre Madâch ou Béla Bartók. Notre Europe est bâtie sur des fondations chrétiennes et nous sommes fiers qu’elle ait accompli la réalisation de la liberté humaine et spirituelle. Nous sommes nombreux en Europe, et nous avons différents modes de pensée. Il y a ceux qui croient en des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité et il y a ceux qui croient en la trinité de Dieu, la patrie et la famille, et un royaume à venir de foi, d’espoir et d’amour. Mais quelles que soient nos croyances personnelles, aucun d’entre nous ne souhaite une Europe se soumettant, confrontée à un torrent humain délibérément dirigé vers nous, à des demandes agressives d’affirmation de morales et de coutumes différentes. Nous ne croyons pas que l’Europe soit condamnée à ce destin, nous ne croyons pas que l’Europe choisira de renoncer à des valeurs millénaires. Nous ne le croyons pas mais, Monsieur le Président Balog, ce que nous savons et affirmons, c’est que la Hongrie ne s’engagera pas d’un seul pas sur ce chemin.


Vive l’Europe, Vive la Hongrie!    •

Source: www.miniszterelnok.hu/in_english_article/prime_minister_v... 

(Traduction Horizons et débats)

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«Notre place est dans le camp de la paix»

km. Le 28 février 2016 à Budapest, le premier ministre hongrois Victor Orban a prononcé devant le Parlement un discours sur l’état de la nation, lequel a provoqué l’attention bien au-delà des frontières du pays. Alors que la première partie de son intervention portait avant tout sur l’histoire, le passé et l’avenir du pays, il a développé dans la seconde partie, que nous rapportons ci-dessous, le thème préoccupant actuellement l’Europe: les millions de personnes en provenance d’Asie et d’Afrique qui cherchent actuellement à migrer en Europe. On peut cependant ajouter que la première partie du discours est aussi digne d’intérêt, car elle montre un politicien ne répondant pas aux critères habituellement en vigueur chez nous. En témoigne la surprenante déclaration en faveur de la paix faite par Orban et livrée en ces termes: «C’est uniquement en l’absence de toute pression hostile de la part de grandes puissances que les Hongrois pourront être indépendants, uniquement dans ce cas qu’ils pourront vivre en liberté, qu’ils pourront emprunter la voie qui démontre leur talent et leur volonté […]. Bien sûr, il y a des époques, et cela a été vrai autrefois pour notre région, où ont soufflé des vents belliqueux, et où toute ligne politique s’est trouvée réduite à la question ‹qui est avec qui?›. Si de telles époques, si pénibles, devaient se reproduire, ce serait toujours à notre désavantage. Nous en étions vraiment malades, au point même de sembler en être arrivés au point de recevoir les derniers sacrements. C’étaient de tristes temps, pleins de tragiques cauchemars. A cette époque, ces rêves étaient remplis de hyènes, de vautours tournant en rond au-dessus des champs, de personnes déplacées, de réfugiés, de centaines de milliers de gens fuyant les camps de la mort. C’est donc un droit sacré de la politique extérieure hongroise que ce désir de paix chez nous, Hongrois. Notre place est dans le camp de la paix. Il n’est pas dans l’intérêt des Hongrois de se joindre à ces actions internationales irrespectueuses, insultantes, et qui agressent le sentiment national de l’un ou l’autre pays. […] Cette politique complaisante, prétentieuse et basée sur la supériorité morale, si séduisante et si souvent populaire dans la moitié occidentale du continent – et parfois aussi de l’autre côté du grand étang – n’est ni notre politique, ni notre voie, et elle n’est pas plus dans notre intérêt. La paix, la collaboration, le commerce, les investissements mutuels, l’équilibre régional de nos intérêts, la mise en place de ces mêmes intérêts – constituent les pierres angulaires de la politique étrangère (nationale) hongroise».

A la folie des terroristes, une autre folie

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A la folie des terroristes, une autre folie

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, j’éprouve une étrange sensation. Celle d’assister à des crises de délire dans la presse, les gouvernants et les élites intellectuelles à chaque fois que se produisent des attaques terroristes. Raymond Aron qualifiait de terroriste « une action violente dont les effets psychologiques sont sans commune mesure avec ses résultats purement physiques ».

Nul besoin de s’adonner à une profonde analyse pour voir, à partir de cette définition, que la première chose à faire, devant une action terroriste, est, pour les responsables, de limiter ses effets psychologiques : la peur, des mesures prises dans la panique, des discours grandioses ou grandiloquents sur un état de guerre. Or c’est le contraire qui se passe : tout est fait pour augmenter l’angoisse des populations, à tel point qu’un éditorialiste de la Tribune de Genève parle des citoyens désespérés de démocraties européennes. Les psychiatres vont avoir du pain sur la planche.

Les soldats dans les rues, les logorrhées médiatiques, les appels à une vigilance permanente pour repérer des terroristes, ne peuvent qu’augmenter les effets psychiques dont parle Raymond Aron. On voudrait plaire aux djihadistes qu’on ne ferait pas mieux. On leur donne en effet un statut de révolutionnaires qui luttent contre le monde entier et un tel statut, en plus d’être glorieux, séduit des jeunes un peu partout. Surtout quand la vie se réduit à la gestion de l’idiotie d’une vie privée et rien que privée, sans dimension politique ou patriotique ! Comme le faisait remarquer un journaliste du Guardian, Jason Burke, après les attentats du 13 novembre 2015, « l’État islamique, c’est plus excitant que de travailler au McDonald’s » ! Pourquoi alors ne pas se faire kamikaze ?

Mais que faire, demandera-t-on ? Eh bien, on pourrait au moins commencer par regarder ce qui se passe dans notre monde avant de prétendre le défendre avec de grandes formules creuses. En amplifiant le vide de ces formules, en allant répétant que l’islamisme est un totalitarisme (ce qu’il n’est pas) pour mieux s’aveugler sur ce qui se passe, nous en sommes arrivés à nourrir la folie terroriste avec une autre folie, celle qui consiste à donner un énorme écho médiatique à des assassins. Il me semble que l’énormité de cet écho est assourdissante, mais rares sont ceux qui entendent. Rares mais pas inexistants : Mathieu Guidère, par exemple, qui, hier soir, sur Arte, expliquait qu’on avait tout faux en s’égosillant sur les attentats de Bruxelles. Un peuple libre ne s’égosille pas. Les Anglais sous les bombardements de la Luftwaffe ne se sont pas égosillés. Quand cesserons-nous de nous égosiller ?

Les gouvernants européens ne gouvernent plus rien parce qu’ils sont pénétrés par une idéologie du vivre-ensemble ou des droits de l’homme qui est destructrice du seul vivre-ensemble qui tienne, une communauté politique. Une telle communauté se reconnaît un ennemi et le désigne. Cette désignation n’est pas une déclaration de guerre. Elle consiste à reconnaître des forces potentiellement dangereuses pour une communauté et à prendre les mesures qui s’imposent. Depuis trente ans, ces mesures n’ont pas été prises et aujourd’hui, dans l’affolement, on déclare une guerre tous azimuts. Normal ! Quand on n’a rien fait pendant des années, on bascule dans l’autre extrême, une agitation hystérique qui n’augure rien de bon.

Les attentats sont terribles pour les proches et les familles. Mais ils sont aussi terribles par ce qu’ils révèlent et annoncent. Ils révèlent une rhétorique hystérique, signe d’impuissance politique – ils annoncent une guerre civile si l’islamisme progresse. « Si Dieu décide de détruire, il commence par rendre fou, » écrivait Euripide au 5ème siècle avant Jésus Christ. Nous en sommes presque là. Des deux côtés !

Jan Marejko, 23 mars 2016

vendredi, 25 mars 2016

Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine

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Les États-Unis accélèrent leur encerclement militaire de la Chine

Auteur : Peter Symonds
Ex: http://zejournal.mobi

Les États-Unis et les Philippines ont annoncé vendredi dernier que cinq des bases militaires du pays seraient ouvertes aux forces américaines en vertu de l’Accord de la coopération renforcée de défense (EDCA). La mise en œuvre de l’accord sur les bases militaires aux Philippines n’est qu’un des composants de l’accélération du renforcement militaire des États-Unis dans la région Indo-Pacifique dans le cadre de l’encerclement et des préparatifs de guerre contre la Chine.

Les deux pays ont signé l’accord EDCA en 2014, mais la Cour suprême des Philippines vient seulement de rejeter les contestations judiciaires à l’accord en janvier. L’annonce de la semaine dernière faisait suite à deux jours de discussions de haut niveau à Washington autour d’une offre par l’administration philippine faite en février pour rendre huit bases militaires disponibles aux militaires américaines.

Les cinq « lieux convenus » comprennent la base militaire aérienne Antonio Bautista, sur l’île de Palawan, directement adjacente aux îles contestées de Spratley dans la mer de Chine méridionale. Au cours de la dernière année, Washington a considérablement accru les tensions avec Pékin, en dénonçant ses activités de remblaiement dans les îles et la « militarisation » de la mer de Chine méridionale. En octobre dernier et à nouveau en janvier, les destroyers de la marine des États-Unis ont directement contesté les revendications maritimes chinoises par intrusion dans la limite territoriale de 12 milles marins autour des îlots administrés par la Chine.

L’armée américaine aura également accès à la base aérienne de Basa au nord de Manille, le Fort Magsaysay (une base militaire énorme), la base aérienne de Lumbia au Cebu et la base aérienne de Mactan-Benito Ebuen à Mindanao. Le Secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, doit se rendre à Manille le mois prochain pour finaliser les arrangements. Cependant, l’ambassadeur américain aux Philippines, Philip Goldberg, a déclaré aux médias qu’il s’attendait à ce que le mouvement initial des fournitures et du personnel commence « très bientôt. » Le Congrès américain a mis de côté 66 millions de dollars pour la construction d’installations militaires aux Philippines.

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Pékin a condamné la nouvelle entente sur les bases militaires et a mis en garde contre le risque de conflit. Un commentaire publié samedi par l’agence de presse Xinhua appartenant à l’État a accusé Washington de « troubler les eaux de la mer de Chine méridionale et de faire de l’Asie-Pacifique un second Moyen-Orient. » Le lundi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a souligné l’hypocrisie des États-Unis, accusant la Chine de « militariser » la mer de Chine méridionale, en criant : « n’est-ce pas ce genre de renforcement continu des déploiements militaires en mer de Chine méridionale et dans les régions avoisinantes qu’ils considéraient comme de la militarisation ? »

Au moment où les États-Unis se préparaient à redéployer les forces militaires dans leur ancienne colonie, le général Dennis Via, chef du Materiel Command de l’armée américaine, a révélé aux médias la semaine dernière que Washington avait obtenu d’autres accords sur des bases militaires en Asie, dont le Vietnam, le Cambodge et d’autres pays qui n’ont pas été nommés. En vertu de ces accords, l’armée américaine sera en mesure de stocker des équipements pour permettre à ses troupes d’être déployées plus rapidement dans la région.

Via a souligné que les « ensembles d’activités » seraient axés sur les opérations de faible intensité telles que les exercices multinationaux de formation et les opérations de secours. « Nous regardons, par exemple, vers le Cambodge pour le placement d’un hôpital de soutien au combat », a-t-il dit.

Les assurances qu’une présence militaire américaine sera bénigne sont sans valeur. Comme aux Philippines, le Pentagone avance avec précaution afin de ne pas enflammer immédiatement une opposition à une présence militaire étrangère. Dans le cas du Cambodge et du Vietnam, la mort et la destruction causées dans les deux pays par la guerre néocoloniale de Washington dans les années 1960 et 1970 sont profondément gravées dans la conscience populaire.

Washington a déjà noué des relations plus étroites diplomatiques, économiques et militaires avec le régime vietnamien, y compris le soutien de sa position plus agressive dans ses différends avec la Chine en mer de Chine méridionale. Les États-Unis ont levé l’embargo sur la vente d’armes au Vietnam, ont mené des exercices militaires conjoints et cherchent un meilleur accès aux installations portuaires. Toutefois, le placement des fournitures de l’armée américaine à l’intérieur du Vietnam pour la première fois depuis que les troupes américaines ont été contraintes de se retirer en 1975 marque un tournant dans la collaboration du régime avec l’impérialisme américain.

Beijing sera encore plus préoccupé par la décision du Cambodge d’accueillir des équipements militaires américains. Le régime cambodgien a des liens étroits avec la Chine et a tenté de bloquer les efforts américains visant à faire pression sur l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour qu’elle prenne une position plus conflictuelle contre la Chine sur la mer de Chine méridionale. Néanmoins, les États-Unis ont développé des liens de défense avec le Cambodge depuis 2006. Ceux-ci comprennent un peu d’entraînement, des droits de faire escale, et des exercices conjoints. Washington a également exploité l’Initiative du sud du Mékong (LMI) afin d’enfoncer un coin entre d’une part le Cambodge, le Vietnam, le Laos et la Thaïlande, et de l’autre, la Chine qui construit des barrages sur le cours supérieur du fleuve Mékong.

Les accords de bases militaires les plus récents avec les Philippines, le Vietnam et le Cambodge viennent conforter le stationnement des navires de combat côtier de la marine des États-Unis à Singapour et la collaboration militaire plus étroite avec l’Indonésie et la Malaisie. L’expansion rapide de la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est va de pair avec la restructuration des bases militaires américaines permanentes en Corée du Sud, au Japon et à Guam, la mise à niveau du partenariat stratégique des États-Unis avec l’Inde, et les préparatifs du stationnement de bombardiers stratégiques de longue portée dans le nord de l’Australie.

Ce renforcement militaire de la part des États-Unis fait partie du « pivot vers l’Asie » que l’Administration Obama avait annoncé officiellement en 2011, une stratégie globale diplomatique, économique et militaire visant à subordonner la Chine aux intérêts de Washington. Le « pivot » a considérablement enflammé les poudrières potentielles de la guerre dans toute la région, et en particulier à travers ses activités provocatrices dans la mer de Chine méridionale.

À Canberra la semaine dernière, l’amiral Scott Swift, commandant de la Flotte du Pacifique des États-Unis, a lancé une autre bordée contre la Chine, déclarant que « la liberté des mers » était « de plus en plus vulnérable à une résurgence menée par un état du principe que la force fait le droit. » Il a déclaré qu’il était troublé par « les signes indéniables de militarisation dans certaines parties de la région, sans précédent par leur étendue et leur échelle. »

Le cynisme de ces déclarations ne connaît aucune limite. La marine américaine a non seulement réalisé deux opérations de « liberté de navigation » dans les eaux territoriales revendiquées par la Chine, mais aussi, plus tôt ce mois-ci, elle a envoyé le porte-avions nucléaire, le USS John C Stennis, avec son groupe d’attaque associé, en mer de Chine méridionale pendant quatre jours d’exercices et de patrouilles. Au cours du dernier quart de siècle, les États-Unis sont passés outre et ont foulé aux pieds le droit international sur la base de « la force fait le droit » en se livrant à une succession continue de guerres, interventions militaires et provocations.

Maintenant, Washington se prépare à la guerre à une échelle encore plus terrible avec la Chine en mettant les pays de la région sous pression afin de les faire rentrer dans les rangs. La visite de Swift à Canberra coïncide avec une campagne concertée pour faire pression sur le gouvernement australien pour monter sa propre opération « liberté de navigation » dans la mer de Chine méridionale – un exercice militaire téméraire qui implique toujours le risque d’une erreur de calcul ou une erreur déclenchant un conflit plus large.


- Source : WSWS

jeudi, 24 mars 2016

Même si Donald Trump était élu, l'Etat profond américain ne changera pas

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Même si Donald Trump était élu, l'Etat profond américain ne changera pas

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous sommes de ceux qui pensent possible (voir notre Editorial "Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2092&r_id=article ) que l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche provoque un changement important dans la politique extérieure et intérieure de l'Etat américain.
 
Ce changement viendrait du fait que Trump pourrait faire appliquer certaines des mesures surprenantes qu'il propose actuellement dans ses discours, la plus importante étant un rapprochement avec la Russie.

Mais il viendrait aussi du fait que derrière Trump, une majorité d'électeurs aurait clairement exigé un changement dans le système de pouvoir américain. Même si ce changement n'est pas aujourd'hui clairement défini, le terme même serait porteur d'espoir.

Ceci dit, nous souhaitons aussi être de ceux qui ne prendraient pas leurs espoirs pour la réalité. D'ores et déjà, l'Etat profond américain (deep state) se prépare à surmonter victorieusement toutes les difficultés que pourraient faire naître un Trump ou son électorat. On désigne couramment du terme d'Etat profond la conjonction des intérêts militaires, industriels, financiers et diplomatiques qui ont permis à l'Amérique depuis la 2e guerre mondiale de s'imposer comme hyper-puissance, même si cela lui imposait en même temps de mettre très souvent le monde à feu et à sang.

Ce complexe est trop bien organisé pour n'avoir pas prévu la façon d'échapper à d'éventuels contrôles de la Maison Blanche ou du Congrès. D'ores et déjà, on a appris que des officiers supérieurs américains avaient prévenu officieusementnt qu'ils n'obéiraient pas à des ordres de Trump qu'ils jugeraient dangereux pour ce qu'ils estiment être la sécurité nationale.

Plus subtilement le lobby militaro-industriel continue à exiger le renforcement des budgets militaires, en perspective de menaces supposées venir de la Russie et de la Chine. L'argument développé aujourd'hui est que ces menaces proviennent d'un domaine dans lequel l'opinion même informée ne comprend pas grand chose, celui de la guerre spatiale.

Les spécialistes savent que dans ce domaine l'Amérique s'est donnée depuis des années les moyens d'une « full spatial dominance ». Elle conservera son avance. Mais prétendre que la Russie et la Chine, malgré leurs efforts certains en ce domaine, pourraient menacer globalement cette domination, relève d'un argumentaire assez simpliste. Il s'agit d'abord d'obtenir de nouvelles ressources budgétaires, mais aussi de rappeler à un éventuel Président Trump que son laxisme à l'égard de ces deux puissances relèverait quasiment de la haute trahison.

Les électeurs de Trump s'en laisseront aisément persuader, si les militaires les menacent d'une destruction possible par la Russie et la Chine de leurs réseaux GPS ou de tous autres réseaux aujourd'hui vitaux.

Nous citons ici, sans le traduire car il parle de lui-même, un article mentionnant les interventions devant l'US House Armed Service strategic forces subcommittee du Général John Hyten, chef de l'Air Force Space Command.

Devant de tels arguments The Donald n'aura plus alors qu'à rentrer la queue basse à la maison.

"Adversaries are developing kinetic, directed-energy, and cyber tools to deny, degrade and destroy our space capabilities," Air Force Gen. John Hyten, head of the Air Force Space Command, told the US House Armed Service strategic forces subcommittee on Tuesday.

"They understand our reliance on space, and they understand the competitive advantage we derive from space. The need for vigilance has never been greater," he asserted.

Hyten has campaigned for a new Air Force project group, whose sole purpose would be to protect US space assets against foreign "aggression." On Tuesday, he warned that US Global Positioning System satellites are vulnerable to attack.

Lt. Gen. David Buck, commander of Joint Functional Component for Space, testified alongside Hyten.

"Simply stated, there isn't a single aspect of our space architecture, to include the ground architecture, that isn't at risk," Buck declared. "Russia views US dependency on space as an exploitable vulnerability and they are taking deliberate actions to strengthen their counter-space capabilities."

Buck also sounded alarms over China's creation of its Strategic Support Forces, a space warfare and cyber warfare unit.

"China is developing, and has demonstrated, a wide range of counter-space technologies to include direct-ascent, kinetic-kill vehicles, co-orbital technologies that can disable or destroy a satellite, terrestrially-based communications jammers, and lasers that can blind or disable satellites," he said.

"Moreover, they continue to modernize their space programs to support near-real-time tracking of objects, command and control of deployed forces, and long-range precision strikes capabilities."

Référence:

http://www.spacewar.com/reports/Panic_Reaches_New_HeightsRussia_China_Planning_Space_Attacks_on_US_999.html

mercredi, 23 mars 2016

Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

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Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

By

Voltairenet.org & http://www.lewrockwell.com

Democracy is a tramway – you climb on to get where you want to go, then you climb off. Recep Tayyip Erdoğan (1996)

The European Council of the 17th and 18th March 2016 adopted a plan which aimed to solve the problems posed by the massive influx of migrants from Turkey [1]. 28 heads of state and government submitted to the demands of Ankara.

We have already analysed the way in which the United States wanted to use the events in the Near East in order to weaken the European Union [2]. At the beginning of the current «refugee crisis», we were the first to observe that this event had been deliberately provoked and the insoluble problems that it was going to cause [3]. Unfortunately, all our analyses have been verified, and most of our positions have now been widely adopted by our erstwhile detractors.

Going further, we would like to study the way in which Turkey has seized control of the game, and the blindness of the European Union, which persistently remains one step behind.

Recep Tayyip Erdoğan’s game

President Erdoğan is unlike other politicians. and it seems that the Europeans, neither the people nor their leaders, have realised this.

• First of all, he came from the Millî Görüş, a pan-Turkish Islamic movement with connections to the Muslim Brotherhood of Egypt, and favourable to the restoration of the Caliphate [4]. According to him – and also to his allies of the Milliyetçi Hareket Partisi (MHP) – the Turkish people are the descendants of Attila’s Huns, who were themselves the children of the Steppenwolf of Central Asia, with whom they share endurance and cold-heartedness. They form a superior race who are destined to rule the world. Their soul is Islam.

President Erdoğan is the only head of state in the world who proclaims an ethnic supremacist ideology, perfectly comparable to Nazi Aryanism. He is also the only head of state in the world who denies the crimes of history, notably the massacres of non-Muslims by Sultan Abdülhamid II (the Hamidian massacres of 1894-95 – at least 80,000 Christians murdered and 100,000 Christians incorporated by force into the harems), then by the Young Turks (the genocide of the Armenians, the Assyrians, the Chaldeans, the Syriacs, the Pontic Greeks and the Yezidis, from 1915 to 1923 – at least 1,200,000 dead) – a genocide which was executed with the help of Germa n officers, including Rudolf Höß, the future director of the camp at Auschwitz [5].

While celebrating the 70th anniversary of freedom from the nightmare of Nazism, President Vladimir Putin emphasised that «ideas of racial supremacy and exclusivism provoked the bloodiest war in History» [6]. Then, during a march – and without naming Turkey – he called on the Russian people to be ready, if necessary, to renew the sacrifice made by their grand-parents in order to save the very principle of equality between all humanity.

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• Secondly, President Erdoğan, who is supported by only one-third of the population, governs his country alone and by force. It is impossible to know precisely what the Turkish people are thinking, because the publication of any information questioning President Erdoğan’s legitimacy is now considered as an attack on state security, and leads immediately to prison. However, if we refer to the latest studies published, in October 2015, less than one-third of the electorate supports him. This is much less than the Nazis in 1933, who could count on 43% of the votes. This is why President Erdoğan was only able to win the general elections by means of outrageous trickery. Amongst others –

- The opposition media were gagged – the major dailies,Hürriyet and Sabah, as well as ATV television, were attacked by thugs from the party in power, and investigations targeted journalists and Press organs accused of supporting «terrorism» or having published slanderous criticisms of President Erdoğan. Web sites were blocked, Internet service providers cancelled the offers of opposition TV channels, and three out of five national TV channels, including the public channel, broadcast programmes which were clearly in favour of the party in power. The other national TV stations, Bugün TV and Kanaltürk, were closed by the police.

- A foreign state, Saudi Arabia, poured 7 billion pounds of «gifts» into Turkey to help «convince» the electorate to support President Erdoğan (about 2 billion Euros).

- 128 political headquarters of the left-wing party (HDP) were attacked by thugs from President Erdoğan’s party. Many candidates and their teams were beaten up. More than 300 Kurdish businesses were destroyed. Several dozen HDP candidates were arrested and placed in provisional detention during the campaign.

- More than 2,000 opposition figures were killed during the election campaign, either by direct attacks or else by governmental repression against the PKK. Several villages in the South-East of the country were partially destroyed by army tanks.

Since Erdoğan’s «election», an iron veil has fallen over the country. It has become impossible to find information concerning the condition of Turkey in the national Press. The main opposition daily, Zaman, has been placed under supervision and now restricts itself to the praise of the greatness of «Sultan» Erdoğan. The civil war, which is already raging in the East of the country, is spreading, by means of terrorist attacks, to Ankara and as far as Istanbul, to the total indifference of the Europeans [7].

Mr Erdoğan governs almost alone, accompanied by a small group which includes Prime Minister Ahmet Davutoğlu. During the electoral campaign, he declared publicly that he was no longer applying the Constitution, and that all powers were now in his hands.

On the 14th March 2016, President Erdoğan declared that as far as the struggle with the Kurds was concerned, «… democracy, liberty and the rule of law no longer have the slightest value». He announced his intention to expand the legal definition of «terrorist» to include all those who are «enemies of the Turks» – in other words, those Turks and non-Turks who are opposed to his supremacy.

In a project costing half a billion Euros, Recep Tayyip Erdoğan ordered the construction of the largest Presidential palace ever occupied by a head of state in world history – the «White Palace», in reference to the colour of his party, the Justice and Development Party, or AKP. It extends over 200,000 square metres, and houses a plethora of services, including ultra-modern secure bunkers, linked to satellites.

• Thirdly, President Erdoğan uses powers which he has given himself – anti-constitutionally – to transform the Turkish state into the godfather of international jihadism. In December 2015, the Turkish police and legal system were able to establish the personal connection between Mr. Erdoğan and his son Bilal with Yasin al-Qadi, Al-Qaïda’s global banker. He fired the policemen and the magistrates who had dared to «damage the interests of Turkey» (sic), while Yasin al-Qadi and the state sued the left-wing newspaper BirGün for having reproduced my editorial, «Al-Qaeda, NATO’s Timeless Tool».

Last February, the Russian Federation presented a report to the Intelligence department of the UN Security Council which attested to the support by the Turkish state for international jihadism, in violation of numerous UN Resolutions [8]. I published a precise study of these accusations which was immediately censored in Turkey [9].

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The response of the European Union

The European Union had sent a delegation to supervise the general elections of November 2015. It held back the publication of its report for a long time, then decided to publish a short, diluted version.

Panicked by the reaction of their populations against the massive entry of migrants – and, for the Germans, the abolition of a minimum wage which resulted – the 28 heads of state and government of the Union worked out a procedure which would leave Turkey to solve their problems for them. The High Commissioner of the United Nations for Refugees, Filippo Grandi, immediately pointed out that the solution chosen was in violation of international law, but even supposing that this may improve, it is not the main problem.

The Union agreed to

- pay 3 billion Euros annually to Turkey to help it deal with its obligations, but with no structure for verifying the use of this funding,

- end the visa requirements for Turkish nationals who enter the Union [10] – it is only a question of months, even weeks,

- accelerate the negotiations for Turkey’s adhesion to the Union – this will take a lot longer and will be a more random process.

In other words, blinded by the recent electoral defeat of Angela Merkel [11], the European leaders have settled for applying a temporary solution to slow the flux of migrants, but without seeking to resolve the origin of the problem, and without taking into account the infiltration of jihadists among the refugees.

The Munich precedent

In the 1930’s, the elites of Europe and the United States considered that the USSR, by its model, threatened their class interests. They therefore collectively supported the Nazi project for the colonisation of Western Europe and the destruction of the Slavic people. Despite repeated appeals by Moscow for the creation of a vast alliance against Nazism, European leaders accepted all the demands of Chancellor Hitler, including the annexation of the regions peopled by the Sudetes. These were the agreements of Munich (1938), which forced the USSR, in order to save its own skin, to conclude, in turn, the Germano-Soviet Pact (1939). It was only too late that certain of the leaders of Europe, then the United States, realised their error, and decided to ally with Moscow against the Nazis.

Now, under our very eyes, the same errors are being repeated. The European elites consider the Syrian Republic to be an adversary – either they are defending the colonial point of view of Israël, or they hope to recolonise the Levant themselves and appropriate the gigantic and still unexploited reserves of gas. They, therefore, supported the secret operation by the United States for «régime change» and pretended to believe in the fable of the «Arab Spring». After nearly five years of proxy war, noting that President Bachar el-Assad is still there despite the fact that his resignation has been announced a thousand times, the Europeans have decided to finance – to the tune of 3 billion Euros per year – Turkish support for the jihadists, allow them victory and the end of the migrations. It will not be long before they realise [12], too late, that by repealing the visa regulations for Turkish citizens, they have authorised the free circulation to Brussels from the Al-Qaïda camps in Turkey [13].

The comparison with the end of the 1930’s is all the more pertinent since, during the Munich agreements, the Nazi Reich had already annexed Austria without provoking any particular reaction from the other European states. Today, Turkey already occupies the North-East of a member state of the European Union, Cyprus, and a strip a few kilometres wide in Syria, which it administrates via a specially nominated wali (prefect). Not only does the European Union let that pass, but by its attitude, encourages Ankara to pursue its annexations with no regard for international law. The common logic of Chancellor Hitler and President Erdoğan is based on the unification of «race» and the cleansing of the population. Hitler wanted to unite the populations of «German «race» and cleanse them of «foreign elements» (the Jews and the gipsies) while Erdoğan wants to unite the populations of «Turkish race» and cleanse them of «foreign elements» (the Kurds and the Christians).

In 1938, the European elites believed in the friendship of Chancellor Hitler, today they believe in the friendship of President Erdoğan.

Entre les mâchoires du loup…

Entre les mâchoires du loup…

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

loup2816279282_1.gifIl faut croire que nous arrivons à un carrefour dans notre Histoire suite à un emballement frénétique typique de notre société post-moderne. 2015 marque en effet le début de ce qui semble être une nouvelle ère avec le retour en puissance du terrorisme islamique sur le sol européen et ce pour le plus grand malheur de l’irénisme ambiant et de l’hédonisme-matérialiste de l’homo occidentalis. Hélas ! La réponse à la menace terroriste est tout aussi funeste que la menace elle-même : outre le déni de réalité, l’état d’urgence et la société sécuritaire. Nous sommes littéralement dans la gueule du loup.

Le contexte

« Nous devons cette vérité à nos peuples: il y a aura d'autres attaques, des attaques d'ampleur, c'est une certitude. Cet hyper-terrorisme est là pour durer. » C’est en ces termes que le premier ministre français, Manuel Valls, décrivit la situation lors la Conférence sur la sécurité de Munich en février dernier. Les uns y verront un langage de vérité, le fameux « parler vrai », tandis que le autres, dont nous faisons partie, y voyons surtout un aveu de faiblesse, soit l’arbre qui cache la forêt déboisée de ce qui fut jadis la souveraineté de l’Etat-nation. Pour Carl Schmitt, « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle », et autant dire qu’en raison des attaques terroristes de 2015 on ne la sent pas vraiment, la souveraineté de l’état.

La mâchoire supérieure : l'état d'urgence

En conséquence des attentats du vendredi 13 novembre 2015, François Hollande déclara l’état d’urgence. A première vue rien de vraiment surprenant. Cependant ce dernier en étant prolongé, pour l’instant ad vitam aeternam, et, conjugué avec les nouvelles lois sur le renseignement, esquisse un tout autre dessein : Des militants écologistes l’ont appris à leur dépend lors de la COP21… L’état d’urgence est supposé être effectif jusqu’à la fin de la résolution du problème. Hors un « hyper-terrorisme » qui « est là pour durer » suppose donc un état d’urgence qui est là pour durer également. L’exceptionnel devient donc prétexte à l’instauration de mesures émanant d’un gouvernement se sentant en danger car honnis et contesté par sa base. Cet état d’urgence est, la plupart du temps, à géométrie variable : certaines manifestations sont maintenues malgré des troubles à l’ordre public (manifestations d’antifas mais aussi de lycéens) tandis que d’autres sont arbitrairement interdites (notamment les manifestations de patriotes). La devise du gouvernement « français » ? Dur avec les faibles, faible avec les durs ! Quant à l’efficacité du dit état d’urgence, nous l’avons vu de nos propres yeux lors de l’affaire de la conférence de Bernard Lugan le 3 mars dernier à Clermont-Ferrand (http://bernardlugan.blogspot.fr/2016/03/echec-de-la-tentative-de-censure-et.html). On peut donc, en plein état d’urgence, constituer des groupes armés pour attaquer des étudiants et un hôtel sans que cela pose le moindre problème. Remplacez les militants d'extrême-gauche par des islamistes armés de kalachnikovs et nous vous laissons imaginer le carnage...

La mâchoire inférieure : le nouveau terrorisme islamique

C’est un ennemi de l’intérieur organisé en réseau et charpenté par un dogme : l’islam. Tous les musulmans ne sont pas terroristes certes, mais tous les terroristes dont nous parlons sont musulmans et se réclame de l’islam. C’est un fait indiscutable. Dans nos pays d’Europe de l’Ouest, et plus particulièrement en France et en Belgique, des foyers d’infection se sont petit à petit développés avec, à n’en pas douter, un « laisser-faire » de la part de l’Etat. Ce terreau, nous le savons, est constitué avant tout par des délinquants et de criminels ré-islamisés, des« islamoccidentaux », qui empruntent le pire du dogme et du fanatisme islamique et le pire de la société occidentale : d’un point de vue sociologique, nous avons à faire à un cocktail redoutable… Ces créatures hybrides sont donc passées de la vente de drogue aux attentats de masse devenant de facto l’avant-garde violente de l’islamisation de l’Europe. Impossible d’agir en conséquence si les dirigeants et les classes politiques françaises et européennes n’admettent pas l’incompatibilité ontologique entre l’Islam/islam et la société occidentale, mais aussi avec notre Weltanschaaung et notre conception de l’Imperium Européen.

Les mâchoires se referment

Le résultat, nous le voyons aujourd’hui avec les attentats sur le sol belge, est la création et l’instauration d’un climat anxiogène. Maintenir la population dans la peur est le but premier mais aussi le point commun entre l’Etat Français et les organisations islamo-terroristes. L’agneau se tourne vers son berger ou se soumet au prédateur, l’un étant souvent le persona (masque) de l’autre. Des années d’intense propagande ethno-masochiste, de repentance et surtout d’irénisme ont transformé ce qui fut il y a bien longtemps l’hoplite de la Grèce antique en festivus festivus pacifiste. Redresser la barre est un défi de taille.

Ainsi nous devons faire face à deux menaces à la fois : d’une part, un système oligarchique de plus en plus autoritaire qui détourne les pouvoirs étatiques pour arriver à ses fins et se maintenir en place (la mâchoire supérieure) ; d’autre part une menace politico-religieuse nourrie de la décrépitude de nos sociétés occidentales et de l’impossible assimilation de milliers d’étrangers de culture musulmane sur notre sol (la mâchoire inférieure) et de leur religion conquérante. Les deux veulent instaurer à terme une dictature reposant sur des idéaux universalistes, bien que l’essence de ceux-ci soient envisagés de manière complètement différente par les deux parties (anthropo-centré et individualiste pour le premier, theo-centré et holiste pour le second). Par conséquent nous devons comprendre que nous venons d’entrer dans les années décisives et que nous devons nous préparer individuellement et collectivement. Ensuite, il est évident qu’une troisième voie s’impose : rejeter le choc de civilisation en ne prenant parti ni pour le camp occidental ni pour l’Islam : Le dualisme n’est pas une fatalité de l’Histoire mais une fatalité de l’esprit humain.

Donatien/CNC

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

 

mardi, 22 mars 2016

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

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Door: Dirk Rochtus

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

Ex: http://www.doorbraak.be

In Duits-nationaal voelende kringen, zoals ook bij de AfD, leeft begrip voor Rusland. Die sympathie komt niet uit de lucht vallen.

Geen enkele partij aan de rechterflank van de Duitse christendemocraten (CDU en CSU) was tot nu toe een langdurig succes beschoren. De neonazistische NPD bijvoorbeeld vegeteert als muurbloempje. Maar nu is er de populistische Alternative für Deutschland (AfD) die zich als enige kracht rechts van de christendemocratie weet te verankeren. Dat tonen de verkiezingen van 13 maart in drie Duitse deelstaten aan. De AfD zetelt daarmee al in acht deelstaatparlementen en breidt haar invloed verder uit. Dat zou op lange termijn ook zijn weerslag kunnen hebben op de buitenlandpolitiek van de Bondsrepubliek Duitsland, meer bepaald tegenover Moskou. De AfD steekt haar begrip voor Rusland niet onder stoelen of banken. Haar vice-voorzitter Alexander Gauland noemt Rusland een 'legitieme partner in het concert van de mogendheden' en een bondgenoot in 'de strijd tegen het islamitisch terrorisme'. Zeker met dat laatste raakt de AfD een gevoelige snaar bij een groot gedeelte van de Duitse bevolking.

Bondgenootschap


Een korte historische terugblik leert ons dat Duitsland en Rusland er bijzondere relaties op nahielden. Met het Verdrag van Rapallo van 16 april 1922 bijvoorbeeld vonden Duitsland als verliezer van de Eerste Wereldoorlog en Rusland als jonge Sovjetstaat elkaar, juist omdat beide toen voor het Westen nog paria's waren. In diezelfde periode waren er ook Duitse intellectuelen die dweepten met Rusland als alternatief voor het 'decadente' Westen. Arthur Moeller van den Bruck, boegbeeld van de 'Konservative Revolution' en auteur van het boek 'Das dritte Reich' (1923), brak een lans voor de samenwerking van het Duitse en het Russische volk als 'jonge volkeren', die omwille van hun dynamiek de toekomst zou toebehoren. Linke Leute von rechts, zo werden die Duitse nationalisten genoemd die toen droomden van een bondgenootschap met de Sovjet-Unie in de strijd tegen het kapitalistische Westen. Na de Tweede Wereldoorlog integreerde de Bondsrepubliek Duitsland zich in het Westen vanuit het geloof in de waarden van de democratie. Bondskanselier Konrad Adenauer (CDU) loodste de jonge West-Duitse staat binnen in Europa (via de Europese Gemeenschap voor Kolen en Staal) en in de trans-Atlantische gemeenschap via de Noord-Atlantische Verdragsorganisatie (NAVO). Maar zelfs tijdens de Koude Oorlog bleef de Bondsrepubliek zich bewust van de noodzaak aan goede betrekkingen met Moskou.

'Europa van de naties'

Zo komt het dat er in het huidige Duitsland heel wat Russlandversteher te vinden zijn in de politiek, de media en de academische wereld, zowel aan de linker- als aan de rechterzijde. Iemand die van heel links naar heel rechts ging, is de publicist Jürgen Elsässer die zijn sympathie betuigde voor de pro-Russische vleugel van de AfD. Hij interviewde in 2013 voor het extreemrechtse magazine Compact de Russische filosoof Alexander Dugin, de theoreticus van de Euraziatische beweging. Volgens Dugin zou Rusland Europa moeten beschermen tegen het 'verderfelijke' liberalisme en tegen het 'imperialistische' Amerika, en daarvoor de Westerse landen via hun parlementen moeten infiltreren. Dat doet Moskou nu al, bijvoorbeeld door financiële steun te geven aan het Franse Front National. Zoiets weigert de AfD, maar ze gaat geestelijk wel mee met Rusland. De nationaal-conservatief denkende Gauland praat de annexatie van de Krim door Rusland goed, en strijkt zo de Europese Unie tegen de haren in. Het electorale succes van de AfD zal het koor van Russlandversteher binnen maar ook buiten Duitsland versterken en zo ook het geloof in een 'Europa van de naties'.

(Dit artikel verscheen eerder in De Morgen).

The Left’s Hollow Empire

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The Left’s Hollow Empire

Stranger in a Strange Land

For the last ten years I have been involved in the Right scene, mostly nationalist and traditionalist, both on the internet and in real life. I am perfectly aware of all the vices of this scene (the backstabbing, sectarianism, in-fighting, alcoholics, kooks, renegades) as I have experienced them first-hand. However, I am also perfectly aware of all the vices of the Left scene. And over the years I have come to the conclusion that Left is morally corrupt, weak, and inferior to the Right.

You see, for the last ten years I have been also working as a translator (although it has never been my only job). And as I specialize in social work, I have mostly worked in international projects, funded by the European Union and other trans-national organizations. So far I have worked with state institutions, NGOs, schools, universities, churches, professionals, and volunteers from all European countries (members and non-members of the EU), North America, and some African and Asian countries, including Turkey, Nigeria, Ghana, the United Arab Emirates, or Kazakhstan.

As you can guess, I have worked in a predominantly leftist environment. And since I have become a convinced nationalist some fifteen years ago, you can wonder how I managed to remain in this job. I got into this work by chance and coincidence, and there were no satisfying (financially or otherwise) alternatives at that time. And the three main factors that made it possible for me to keep working in this leftist environment are the main vices of the Left: narcissism, incompetence, and greed.

The Dark Triad of the Left: Narcissism, Incompetence, Greed

According to my experience the Left is extremely narcissistic. They are often the kind of people who don’t want to have children so they can have more time to post selfies on Instagram. When I first started working, I thought I was going to argue with everyone about everything due to the obvious worldview differences. However, most of the leftists I have met, coming from all over the world, are so narcissistic that it is difficult to say anything during a conversation with them. They drift away into endless monologues about themselves, and “I,” “me,” “my” are the most used words. If I wanted to speak my mind, in most cases I would have to just interrupt and change the topic — which would turn into another monologue once it would be the other party’s turn to speak. To provide an example: I have worked with a person, whom I would meet at least weekly outside of work (riding the same bus, etc.), so there were plenty of occasions for small talk. And it was after more than a year that this person asked me about my personal life (namely my marriage). Which means that for over 50 conversations I was never asked any relevant question, I just listened to monologues.

I do not like dishonesty, but on the other hand I am not very effusive, so when I started the job, I decided that I will answer honestly any straight-forward question regarding my beliefs or anything related. So far, for over a decade, not one such question was asked. And bear in mind, that being involved in such projects includes lots of socializing: obligatory dinners or cultural events during which work is not the number one topic. And as I listen more than I talk, during countless monologues I have learned a lot about these people, starting with details of their intimate or family lives, their ridiculous beliefs, and enough gossip, in-fighting, and back-stabbing to avoid any non-obligatory socializing with them. Honestly, going to sleep early is much more fun than partying with international leftists. I have never encountered such levels of narcissism, even in my high school times.

Nobody asks me about my views, but even if they did, they would probably still have to work with me. And the reason is incompetence. You see, most of these leftist professional project managers and participants are not very professional. They have a good knowledge of foreign languages, paperwork and office skills, etc. But many of them just cannot do it. They have to hire people from outside of their organizations or their environment who will do the more complicated stuff (such as converting .doc files to .pdf files). And if you specialize in certain fields, there is usually not much competition. To hide their incompetence, leftists will often choose the model of declaring certain skills and then paying someone from their pockets to do the work for them, so they can just sign it with their name.

The last component of the Dark Triad of the Left is greed. Sure, leftists really are leftist. They honestly believe in all this nonsense. And sure, the projects are aimed at realizing those aims. However, only the youngest volunteers are engaged and idealistic. They do all the dirty work — such as actually working with people — for free. The managers and others do it for the money. And many of them don’t give a damn about the beliefs of anyone they work with. If any of their co-workers was outed as “evil conspiracist” or something of that sort and was publicly denounced as a heretic, they would probably loudly denounce him, but still pay him unofficially to do the work that needs to be done and that they cannot do themselves because of their lack of skills. I know some people with politically incorrect views, which they discuss openly, who are ghost-working for politically correct organizations, and are paid outside of the pay list.

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The Left is Everywhere . . .

I have witnessed the hegemony of the Left in countless institutions. The belief in equality and the need to eradicate existing identities in order to create a humanist utopia pervades NGOs, schools, academia, and churches. These institutions which do not adhere to this ideology are excluded from most important international grant systems (which means that they have no access to actual money).

Interestingly, I have worked with a few churches (various Catholic, Orthodox, and Protestant denominations) and I can tell you that when it comes to social ideology, they are hardcore egalitarians. The only difference is that they believe that this humanist post-racial utopia will be much better if it is sprinkled with holy water or someone puts a cross at top of it. Even more interestingly, I have worked with quite a few Muslims, and many of them believe the same thing, except that they would prefer an imam to recite Quran verses over this utopia.

Unfortunately, in these parts of the world I got to know or I met people coming from them, there are institutions which promote the leftist worldview and which are doing quite well due to the existing international system of grant-funding supported by western governments. However, they have no real popular support. Their popular support is based on people who come to the events the institutions organize for free (the EU pays, the participants don’t). However, most of them do not support the organizations financially in any way, and if they had to pay, 99% of the popular support would disappear.

. . . But Not Everyone is Leftist

I have never expected to meet anyone but leftists during my work. But as it turns out, reality was much more complex. Of course, the majority of the people I have worked with were leftists. But if you listen to people you can learn quite a lot — probably because they presume that if you don’t voice your objections, it means that you agree with them.

First of all, there are those who don’t really have any views at all. Generally, they don’t support any ideology. They sort of believe in the leftist paradigm, but on the other hand they don’t really support it, and if the paradigm changed, they would not really mind. What they care mostly about are their paychecks and other profits arising from the projects.

Secondly, there are people who agree with the liberal values but they do not agree with the way they are realized or protected. These are the kind of people who support EU and gay marriage and despise conservatives, but they oppose Muslim immigration because it interrupts the realization of the humanist utopia in Europe. It seems that it is mostly people from Western Europe who fall into this category.

Thirdly, there is the most interesting group: people who reject at least partially the leftist ideology. The existence of such people in the leftist environment surprised me the most.

For instance, one man I have worked with, an older teacher in his 60s, coming from an “old EU” country, who has a few people of mixed ethnicity in his organization and who had previously told me about the merits of Che Guevara, all of sudden tells me that jazz is for blacks, and whites should listen to their own music, that it is the Jews who are pushing African culture on whites, and that Ezra Pound was a great poet and a visionary, with a great understanding of world politics. The same man votes for his local labor party and changes his profile pic on Facebook to the rainbow flag or “Je suis Charlie.” A middle-aged woman from Eastern Europe, who actively promotes “anti-anti-Semitism” etc. tells me that multiculturalism is the main cause of crime in Europe. A young student (after a few glasses of wine) tells me that he can’t wait for the EU to fall apart and we go back to nation-states free of non-European immigrants.

Unfortunately there are lots of outright and hardcore leftists involved in these projects, and while they may not constitute the majority of the workers, they are the loudest minority and it is often they who dictate what others do. They are also the most incompetent and arrogant of the people involved, who due to their dark personalities and lack of opposition to their exploitation of other people, have made it to the top of their organizations. 

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The Work of the Left is Useless

If you live in Europe, especially in Eastern Europe, you must have heard countless times about the EU-funded international projects. Let me tell you from first-hand experience: they are useless. The official aim of the projects is, of course, to heal the world and make it better for you and for me, and the entire human race. But in reality they boil down to flying several dozen of people from various countries to one place, having them sleep in hotels and eat out, discussing the documents they have already produced and deciding how to produce their next documents. There are some actual actions which benefit some small numbers of people, but these are extremely rare. There are many more instances of organizations not doing anything productive, but producing very impressive documents. For instance, the social projects are hell-bent on promoting ideas or actions in the local community. In reality this is not impressive at all: people who belong to a NGO also belong to another NGO, so they invite their five friends to listen to one of their PowerPoint presentations, and then they switch sides, and they listen to presentations by their friends on another project. So while the projects are aimed at immanentizing the eschaton, they are hardly the means to achieve it.

However, the projects are very effective at creating something different: a class of uprooted unprofessionals who are attached by the umbilical cord of project administration to the budget of the EU. These people are totally dependent on the EU administration and will do anything to support it. These “professional EU project teams” are an odd bunch: often, they are no-lifes who vegetate in rented rooms in their homelands, but who spend their lives on traveling from one project meeting to another. It is like an impoverished jet set: people who travel by planes, sleep in good hotels, and eat out twice a day while on project meetings, but cannot afford to rent a whole apartment at home. Administration of these projects often does not pay much in actual money, but when you consider the costs of traveling and accommodation, they are extremely costly, and they provide people who are hardly wealthy with a luxurious lifestyle.

This “project class” is highly cosmopolitan and alienated from its original society, for instance a Bulgarian living in Spain whose husband is an Estonian living in Portugal, or a Ukrainian Jew living in the Netherlands married to a Nigerian from the United Arab Emirates residing in the United Kingdom. These are ideal EU citizens: uprooted, with no actual identity, with skills useless in any other field, totally dependent on the preservation of the European status quo. Especially in Eastern European countries, with no career opportunities for people with college degrees in social sciences and humanities, this is basically how the EU bureaucracy corrupts the youth.

And it is this kind of people who are doing most of the work of the Left. They are useless unprofessionals — however, they are perfectly aware that there is no future for them outside of the EU-funded NGO network. Thus, they will defend the EU to their last breath. But let’s be honest: it will not be a very fierce defense.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2016/03/the-lefts-hollow-empire/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/03/europarliamentinterior.jpg

lundi, 21 mars 2016

Le coup d'Etat contre Lula et Rousseff

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Le coup d'Etat contre Lula et Rousseff

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Quelques 267.000 sympathisants de gauche ont manifesté dans 55 villes du pays, selon la police, pour dénoncer le "coup d'Etat" qui se trame selon eux contre Dilma Rousseff.
 
En dehors de Sao Paulo (sud-est), où ont défilé 80.000 partisans, les manifestations les plus importantes ont eu lieu dans le nord et le nord-est, régions parmi les plus pauvres du Brésil qui ont profité du boom socio-économique des années Lula (2003-2011). Cent mille personnes ont ainsi manifesté à Sobral, dans l'Etat du Ceara (nord-est) et 60.000 à Salvador de Bahia (nord-est), selon la police.

"Nous qui sommes sur cette place, nous avons lutté pour faire tomber la dictature militaire, pour conquérir la démocratie, et nous n'allons pas accepter qu'il y ait un coup d'Etat au Brésil ", a lancé Lula à Sao Paulo.

Nous avons dans plusieurs articles précédents relaté les efforts des classes dirigeantes brésiliennes, soutenues par la CIA et le département d'Etat, pour éliminer Dilma Roussef et Lula da Silva. Les vastes richesses naturelles du Brésil sont convoitées par les entreprises américaines. Le rôle actif de Roussef au sein du Brics avait déjà signé sa perte. Rien d'étonnant dans ces conditions qu'au Parlement à Brasilia, la Commission spéciale de 65 députés élue la veille pour étudier la demande de destitution de la présidente, a entamé ses travaux à marche forcée. Le président du Congrès des députés Eduardo Cunha, farouche adversaire de Dilma Rousseff, a dit vouloir boucler ses travaux en un mois environ. On notera avec intérêt que le même Eduardo Cunha est poursuivi dans le scandale de corruption Petrobras. Une façon de se blanchir?

Rien n'est cependant encore joué, même si l'honneur de la présidente sera durement mis en cause par ses opposants. L'opposition accuse la présidente d'avoir sciemment maquillé les comptes publics l'année de sa réélection, en 2014. Le rapport de la Commission sera soumis à l'Assemblée plénière des députés, où un vote des deux tiers (342 sur 513) sera requis pour prononcer la mise en accusation de la présidente devant le Sénat. Dans ce cas, elle serait d'abord écartée de ses fonctions pendant 180 jours au maximum. Il faudrait ensuite les deux tiers des sénateurs (54 sur 81) pour la destituer.

En Amérique latine, le président vénézuélien Nicolas Maduro a exprimé un soutien fort à Dilma Roussef. De son côté le président bolivien Evo Morales a estimé vendredi que la droite brésilienne voulait asséner un "coup parlementaire et un coup judiciaire" à la dirigeante. Nous le pensons volontiers.

dimanche, 20 mars 2016

Das ewige Türkei-​Problem

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Das ewige Türkei-​Problem

von Georg Immanuel Nagel

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Die Historie der europäischen Politik betreffs der Türkei ist eine Geschichte der ewigen Demütigung, Unterwerfung, Volksbelügung und Frotzelei der Bürger.

Die politische Klasse hat diese peinliche Agenda gegen die Völker Europas entschieden, ohne dass es dafür auch nur den geringsten Grund gibt. Stattdessen müsste Europa entschlossen und selbstbewusst gegen das vorderasiatische Dritte Welt-​Land auftreten.

Wir werden mit der Türkei gequält

Es ist schon absonderlich, dass sich unsere Politiker so gerne mit der Türkei befassen und dies nicht nur als Partner auf Augenhöhe, was bereits zu viel der Ehre ist, sondern sogar als mächtigen Staat, dem man sich anzudienen hat. Seit Jahren lässt man sich ständig eine neue Lüge einfallen, mit der uns vorgegaukelt werden soll, dass wir angeblich irgendetwas Wichtiges von der Türkei bräuchten.

Früher war dies vor allem die angebliche wirtschaftliche Macht des Bosporusstaates. Andauernd wurde beteuert, wie wichtig der türkische Markt vorgeblich sei. Aktuell hat die Türkei ein Bruttoinlandsprodukt von 822 Milliarden US-​Dollar, bei einer Bevölkerung von rund 75 Millionen Menschen. Zum Vergleich: Die Niederlande mit 16,8 Millionen Einwohnern kommen auf 853,5 Milliarden US-​Dollar. Die Türkei hat dabei eines der weltweit größten Leistungsbilanzdefizite. Sie hängt also weitaus mehr vom Ausland ab als umgekehrt. Fast alle technologisch hochwertigen und wichtigen Güter muss sie importieren, während sie nur Billigwaren exportieren kann, die genauso in zahlreichen anderen Billiglohnländern in der Dritten Welt produziert werden können. Ein Handelsembargo gegen die Türkei wäre für sie brutal, jedoch für uns gleichgültig.

Ein anderer Betrug ist die Mär von der angeblichen Stabilität, welche die Türkei ob ihrer Fortschrittlichkeit in die Region brächte. Momentan ist das Möchtegern-​Großsultanat jedoch vor allem ein Faktor für Destabilisierung und Kriegstreiberei. Darum hat man sich jetzt den absurden Plan ausgedacht, die Türken zu den Grenzwächtern Europas zu bestellen, um die künstlich angelockten „Flüchtlinge“ von uns fern zu halten und somit wieder einen schwachsinnigen Vorwand gefunden, uns mit türkischen Befindlichkeiten zu quälen. Die größte Triebfeder dieser Politik sind wie üblich die USA.

Eine brutale Diktatur

Wie bei vielen islamischen Staaten handelt es sich auch bei der Türkei um eine rückständige Diktatur. Jahrelang wurde uns vorgelogen, sie sei die einzige moderne Demokratie im Orient. Die Wahrheit schaut jedoch ganz anders aus. Diktator Erdogan lässt politische Gegner und Andersdenkende verfolgen. Hunderte Journalisten sitzen in Haft. Der Höhepunkt dieser Entwicklung war wohl, als Regierungstruppen die Redaktion von „Zaman“, der größten kritischen Tageszeitung des Landes, stürmten. Schon vorher wurden regierungskritische Demonstranten oft zusammengeprügelt.

Nicht zuletzt befindet sich die Türkei, deren Name für einen Vielvölkerstaat schon unpassend gewählt ist, in einem ethnischen Krieg gegen die Kurden im eigenen Land. Da diese die einzigen wirklichen Gegner der Genozid-​Truppe des Islamischen Staates sind, die ebenso von Erdogans Regime offen unterstützt wird, geraten jetzt auch die Kurden zunehmend unter Beschuss. Diese ganze verbrecherische radikalislamische Mord-​Politik ist den westlichen Eliten kaum eine kritische Bemerkung wert, so wie alle anderen laufenden Menschenrechtsverletzungen in der Türkei. Das beweist, dass das ganze Geseier der Polit-​Apparatschiks von wegen „Demokratie“ und „Menschenrechte“ nichts als leeres Gerede ist, das nur herausgeholt wird, wenn es für die gegenwärtige Agenda als opportun erscheint.

Ein feindlicher Staat

Das Verhalten der Türkei gegenüber Europa ist feindlich und unverschämt. Es ist unglaublich, welche Beschimpfungen und Forderungen sich Erdogan und seine Schergen gegenüber Europa immer wieder herausnehmen können – ohne dass es dabei zu einer angemessenen diplomatischen Reaktion unsererseits kommt. Durch diese Feigheit wird die Kamarilla in Ankara natürlich nur noch weiter bestärkt. Schon so oft hätte man eigentlich alle diplomatischen Beziehungen einstellen müssen.

Am deutlichsten tritt die feindliche Einstellung der Türkei in ihrer Kolonisierungspolitik zu Tage. Abermillionen ihres Bevölkerungsüberschusses wurden nach Europa exportiert, um hier als Fünfte Kolonne Erdogans die Innenpolitik zu stören. Diese Taktik ist nicht neu. Schon nach der Invasion in Zyperns 1983 wurden Massen an Türken zur Festigung der Landnahme herangekarrt. Oder erinnern wir uns an die „Wahl-​Tour“ des muselmanischen Diktators in deutschen Landen, bei denen er ganze Stadien füllen konnte. Er proklamierte dabei, dass „Integration“ ein „Verbrechen gegen die Menschlichkeit“ sei. Zudem werden türkisch-​nationalistische, rassistische und radikalislamische Massenorganisationen in Europa von Ankara aus ferngesteuert. In Wien haben etwa Tausende Türken abstoßenderweise gegen die „internationale Lüge über den Völkermord an den Armeniern“ demonstriert. Solche Organisationen, wie auch DITIP oder die „Grauen Wölfe“, gehören eigentlich sofort als staatsfeindlich verboten und ihre Angehörigen inhaftiert und abgeschoben.

Die EU und die Türkei

Die Migrationswaffe der Türkei soll jetzt, zumindest wenn es nach Merkel geht, noch weiter verstärkt werden, indem die Türkei ab nun gänzlich visafrei ihre Landsleute in die EU schicken können soll. Es muss jedem klar sein, dass es sich hierbei nicht um Touristen handelt, die wieder nach Hause gehen, sondern um eine weitere millionenfache Einwanderung. Da jedem Angehörigen eines Turkvolkes laut Gesetz die türkische Staatsbürgerschaft zusteht, heißt das, dass nicht nur die derzeitigen Staatsbürger der Republik Türkei kommen werden, sondern auch weitere Millionen aus Vorderasien. Zudem kann man so „praktischerweise“ auch gleich Millionen Kurden, die man ohnehin vertreiben möchte, nach Europa abschieben. Die grenzenlose Islamisierung und Umvolkung des Abendlandes wird mit diesem Teufelspakt also nicht gestoppt, sondern nur noch weiter legalisiert und vorangetrieben.

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Wer für Europa ist, muss also notwendig gegen die Türkei sein. Hierbei sollte man aber immer genau auf die Wortwahl bzw. die Intention dahinter achten. Wenn Politiker von „Europa“ reden, meinen sie meistens nur die EU, das heißt die Diktatur von transatlantischen Lobbys, die Europa beherrschen und elementar schaden wollen. Damit passt das auch alles wieder zusammen, denn zum Hauptprogramm der EU gehört es, die Völker Europas multikulturell zu vernichten. Dabei ist die Türkei natürlich ein willkommener Partner, der dabei nur zu gerne mitspielt. Vor allem deshalb soll die Türkei in die EU geholt werden. Alleine, dass man darüber überhaupt laut nachdenken kann, beweist bereits, dass die EU eine antieuropäische volksfeindliche Institution ist, deren alsbaldige Auflösung zum Fixpunkt jeder patriotischen Bewegung gehören muss.

Wir müssen Politik gegen die Türkei machen

Anstatt den Verrückten aus Ankara weiter zu hofieren, müssten wir vielmehr Erdogan und sein Regime scharf in die Schranken weisen. Er ist der Schmalspur-​Sultan eines Dritte Welt-​Landes, mehr nicht. Es ist eine Farce, dass wir uns mit den Massen seiner Glaubensbrüder erpressen lassen sollen. Wenn er diese „Flüchtlinge“ ins Land lässt, ist das seine Sache. Wenn er sie jedoch weiter nach Europa schickt – oder damit droht – muss man das als Kriegserklärung werten. Wir müssen unsere Grenzen also vielmehr selber militärisch verteidigen, so dass die „Flüchtlinge“ in der Türkei bleiben.

Derzeit ist nicht Betteln, sondern Konfrontieren, Scharfmachen und Säbelrasseln das Gebot der Stunde. Moskau hat Ankara alsgleich in die Schranken gewiesen und so müssen wir das auch machen. Als erste Reaktion wäre es gut, alle türkischen Staatsbürger, die sich hierzulande nicht benehmen können, zurück in die Heimat zu schicken. Das ist rechtlich leicht möglich. Danach sollte man Wirtschaftssanktionen, sowie die Unterstützung der Kurden und der türkischen Opposition in Aussicht stellen, anstatt demütig Milliarden an Tributzahlungen anzubieten, die man wahrscheinlich ohnehin nur verschwenden wird. So hat sich Erdogan in seinem Größenwahn etwa erst kürzlich einen Palazzo Prozzo mit Tausend Zimmern erbauen lassen. Er hat also offenbar mehr als genug Geld. Man sollte ihm klar machen, dass sein Schlösschen, als auch seine machtpolitischen Luftschlösser, jederzeit wieder mit Leichtigkeit zusammenfallen können.

Georg Immanuel Nagel hat soeben sein erstes Büchlein in unserer Schriftenreihe BN-​Anstoß veröffentlicht: Die Auflösung. Wie Ideologien der Zersetzung Europa vernichten. (BN-​Anstoß VII, 100S., 8,50 Euro). Hier bestellen!

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

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Bernhard Tomaschitz :

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

Si Hillary Clinton est élue présidente des Etats-Unis, il faut compter avec un retour en force du bellicisme de l’ère Bush !

Après le Super Tuesday, ou Super Mardi, où des élections préliminaires ont eu lieu dans onze Etats, les choses se sont clarifiées positivement pour Hillary Clinton : elle risque fort bien d’être choisie comme candidate à la présidence en juillet lors de la diète des Démocrates. L’ancienne ministre des affaires étrangères des Etats-Unis dispose désormais de 544 délégués et bat ainsi son principal concurrent dans le parti démocrate, Bernard « Bernie » Sanders, qui n’a obtenu jusqu’ici, dans les préliminaires, que 349 délégués. Pour être « nominé », il faut au moins 2383 délégués. Du côté des Républicains, tout porte à penser que le milliardaire de l’immobilier Donald Trump emportera le morceau.

Hillary Clinton n’est pourtant pas la favorite dans la course à la succession de Barack Obama : elle est surtout la candidate du grand capital et des cénacles néoconservateurs. Timothy Alexander Guzman, journaliste indépendant, signale que parmi les « sponsors » de la campagne électorale d’Hillary Clinton, on trouve les géants de la finance Citigroup, Goldman Sachs et JP Morgan Chase. Parmi ses soutiens, on dénombre aussi le spéculateur George Soros et toute une série de personnalités influentes appartenant à la mouvance sioniste, ce qui permet à Guzman de conclure : « A Washington D. C., l’argent, c’est le pouvoir et Hillary en dispose largement. 90% des cotisations qui lui sont versées proviennent d’entreprises ou de bureaux d’avocats qui travaillent pour les plus grandes d'entre elles». Ensuite, Hillary Clinton peut compter sur « l’appui de personnalités puissantes à Hollywood, dans les banques, dans le complexe militaro-industriel, dans les organisations féministes, à l’AIPAC (le lobby américain pro-Israël) et dans les consortiums multinationaux pour l’aider à accéder au trône ».

A cela s’ajoute que les principaux médias américains se mobilisent pour promouvoir la campagne de l’épouse de l’ancien Président Bill Clinton. En janvier, un article élogieux sur sa personne est paru dans le « New York Times » : « Hillary serait le première candidate nominée par un parti populaire. Elle a servi le pays comme sénatrice d’un Etat important et comme ministre des affaires étrangères. Il faut aussi souligner qu’elle a l’expérience d’une First Lady avec son époux formidable mais fautif, l’ex-Président Bill Clinton ». Vient ensuite un passage de l’article qui indique que les Etats-Unis, sous une Présidente comme Hillary Clinton, mèneraient une politique étrangère encore plus agressive et belliciste qu’auparavant : « Madame Clinton sera capable de mener une politique plus dure qu’Obama quand il s’agira d’engager la puissance militaire américaine, comme l’annoncent d’ores et déjà son exigence d’imposer une zone interdite aux survols aériens en Syrie et son soutien antérieur à toute politique visant à armer et à entraîner les rebelles syriens ».

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Déjà le 5 juillet 2014, Jacob Heilbrunn, éditeur de la revue spécialisée « The National Interest », posait la question dans un article du « New York Times » : les néoconservateurs sont-ils prêts à s’allier à Hillary Clinton ? Dans ce cas, la mouvance néoconservatrice, après environ dix années de traversée du désert, reviendrait à l’avant-plan et profiterait du chaos créé en Ukraine et en Irak pour accuser Obama du désastre global et non pas la politique étrangère interventionniste de l’ère Bush. Tout en vilipendant Obama, les « néocons » prépareraient un coup de Jarnac en s’alliant à Clinton, tout au début de sa campagne, afin « de récupérer le siège conducteur de la politique étrangère américaine ».

De fait, il faut bien constater qu’Hillary Clinton, en tant que sénatrice et que ministre des affaires étrangères, a bel et bien mené une politique néoconservatrice. Heilbrunn le démontre : « Madame Clinton a voté pour le déclenchement de la guerre en Irak, elle a soutenu les livraisons d’armes aux rebelles syriens, a comparé le Président russe Vladimir Poutine à Adolf Hitler, a soutenu Israël du fond du cœur et a sans cesse souligné la nécessité de promouvoir la « démocratie » ». Par voie de conséquence, on peut « aisément s’imaginer » que Clinton donnera des positions importantes dans son gouvernement à des néoconservateurs.

Diana Johnstone, la grande dame du journalisme américain, rappelle fort opportunément le rôle d’Hillary Clinton dans l’aval aux bombardements de l’OTAN contre la Serbie au printemps de 1999 : « Dans Hillary’s Choice, une biographie de la First Lady, Gail Sheehy explique l’aval donné par Hillary Clinton à ces bombardements contre la Yougoslavie en 1999. Le livre de Gail Sheehy démontre comment Hillary a pu convaincre son mari, qui hésitait, à lancer la campagne de bombardements de 78 jours contre les Serbes, en avançant l’argument suivant : « A la fin de ce siècle, qui a connu l’holocauste, tu ne peux pas tolérer que ces épurations ethniques se poursuivent ».

Pour Diana Johnstone, les justifications d’Hillary Clinton sont « théâtrales » et totalement dépourvues de pertinence en ce qui concerne le conflit des Balkans. Car, en effet, il n’y a pas eu d’ « épuration ethnique » avant l’intervention militaire du Pacte nord-atlantique ; ce sont plutôt les bombes qui ont obligé les populations à fuir dans tous les sens. A la suite de quoi, la propagande de l’OTAN a utilisé cette catastrophe comme une preuve des « épurations ethniques » que les Américains et leurs séides voulaient en théorie empêcher en déversant leurs bombes sur le pays. La guerre des bombes de l’OTAN contre la Serbie a marqué une césure dans la politique internationale : en effet, depuis lors, toute « intervention humanitaire » peut sauter au-dessus du droit des gens et instaurer le droit du plus fort.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°10/2016, http://www.zurzeit.at ).

vendredi, 18 mars 2016

Entretien avec Petr Mach sur la crise migratoire

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Entretien avec Petr Mach sur la crise migratoire

La crise migratoire en Europe inquiète particulièrement les pays d’Europe centrale qui ne possèdent pas la même tradition d’asile que les pays d’Europe occidentale. Nous avons joint le député européen tchèque Petr Mach, du Parti des citoyens libres, pour nous apporter son éclairage sur la question.

Interview : Alimuddin Usmani

Après le Brexit pourrait survenir le Czexit. Qu’en pensez-vous?

Le peuple tchèque fait partie des nations eurosceptiques. Notra ancien président Klaus critiquait l’Union européenne à cause du transfert de compétence en direction de Bruxelles, l’actuel président Zeman la critique actuellement en raison de l’immigration. Les Tchèques ne veulent absolument pas de l’euro. Mais, contrairement à la Grande-Bretagne, nous n’avons pas de Premier ministre qui souhaiterait soumettre notre appartenance à l’UE à un référendum. Si toutefois le gouvernement impose une loi en faveur d’un référendum généralisé, mon parti va sans aucun doute récolter des signatures afin qu’un référendum puisse se dérouler en République tchèque à propos de l’Union européenne.

Pour l’instant la République tchèque a réussi à éviter un afflux de migrants sur son territoire. Comment l’expliquez-vous?

Les migrants ne veulent pas se rendre en République tchèque. Le tchèque est une langue compliquée pour eux, nous n’offrons pas d’aides sociales généreuses pour les migrants et il n’y a pas de communautés musulmanes ici. En Allemagne, en France, en Suède, il y a un cocktail, composé de communautés musulmanes et de protection sociale généreuse, qui agit comme un aimant auprès des migrants.

Pensez-vous qu’un réfugié quittant son camp situé en Turquie ou en Grèce a le droit de poursuivre sa route dans d’autres pays européens?

Le réfugié peut demander l’asile où bon lui semble, mais nous n’avons pas l’obligation de le lui accorder. Lorsque les Grecs ne parviennent pas à stopper la migration de Turquie, alors il est parfaitement légitime que la Macédoine le fasse. En dernière instance, cela profitera à la Grèce et à la Turquie. Les migrants du monde entier-de Libye, d’Afghanistan- affluent en Turquie puis en Grèce pour qu’ils puissent poursuivre leur périple en Europe. S’ils ne parviennent pas à aller pus loin que la Grèce, alors ils cesseront également de se rendre en Turquie et en Grèce. La meilleure façon d’aider la Grèce et la Turquie, c’est de commencer à contrôler nos propres frontières.

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D’après un psychiatre allemand, Angela Merkel souffre d’un orgueil qui la rend insensible à la critique et la conduit à mener une politique irrationnelle. Qu’en pensez-vous?

Aujourd’hui les Allemands cherchent à atteindre le multiculturalisme de manière convulsive et artificielle, afin qu’ils effacent les ombres de leur histoire. La première chose à laquelle pensent les gens à propos de l’Allemagne c’est-Hitler. Et aujourd’hui, les Allemands ouvrent leurs bras aux réfugiés du monde entier pour qu’ils puissent dire d’eux-mêmes à quel point ils sont gentils. Les Allemands devraient se rendre compte qu’ils ne portent pas la culpabilité de leurs ancêtres et qu’ils ne devraient pas chercher à se laver de cette culpabilité. Ils ont parfaitement le droit de défendre leurs frontières et leur culture comme tout un chacun.

Une enquête de l’institut économique Ifo a démontré que seuls sept pour cent des entreprises allemandes employaient actuellement des réfugiés. Avez-vous des craintes pour l’avenir économique de l’Allemagne?

Je ne crains pas seulement pour l’avenir économique de l’Allemagne mais également et avant tout pour son avenir politico-social. Les migrants resteront, pour la plupart d’entre-eux, dépendants des aides sociales. Il est difficile d’employer un migrant non-qualifié qui ne maîtrise pas l’allemand, alors que le salaire horaire minimum est de 8,50 euros. Cela représente deux fois plus que le coût d’un ouvrier en République tchèque. Les migrants représenteront un poids pour le budget de l’Etat et les autres gens ne les aimeront pas. C’est malheureusement un terreau fertile pour l’extrémisme.

Pour finir, j’ai une question un peu provocante. Les pays d’Europe occidentale sont affectés par une immigration de masse. Le fait d’avoir vécu  pendant 41 ans sous un régime communiste ne représente-il pas une chance pour vous?

Le communisme nous a isolé, c’est vrai. Mais il y a encore une raison qui explique tout cela. Ni la République tchèque, ni la Pologne, ni la Hongrie n’ont jamais eu de colonies. Au cours du 20ème siècle, la France, la Belgique et la Grande-Bretagne ont accueilli de nombreux migrants issus de leurs anciennes colonies.

mardi, 15 mars 2016

Intervention de Xavier Moreau lors du colloque du RISI

Xavier Moreau : "Le terrorisme islamiste ne peut rien par lui-même"


Intervention de Xavier Moreau lors du colloque organisé par le RISI (Institut Russe des Etudes Stratégiques) présidé par le général Léonid Rechetnikov
12 février 2016

Thème du colloque : Perspectives du combat contre le terrorisme international

Que signifie le terme de parti ou mouvement populiste?

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Que signifie le terme de parti ou mouvement populiste?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans le langage de la vie politique courante, qualifier un parti ou un mouvement de populiste représente une critique extrêmement grave, voire une disqualification définitive. Ceci s'observe non seulement en Europe mais aux Etats-Unis. La plus grande critique formulée par ceux qu'exaspère la montée apparemment irrésistible de Donald Trump au sein des votes républicains est de dire qu'il s'agit d'un candidat populiste. En Europe, il en est de même.

Tous ceux qui à droite et même à gauche s'opposent aux décisions des majorités politiques, sur quelque sujet que ce soit, sont à un moment ou un autre accusés de populisme. Il ne s'agit pas d'un compliment. Au sens d'un langage politique encore très répandu, l'adjectif n'est pas en effet  flatteur. Il désigne celui qui pour se rendre populaire, flatte les tendances présentées comme les plus basses de l'opinion, les plus incompatibles avec une pratique démocratique consensuelle, respectueuse des différences. Le populisme est confondu alors avec la démagogie. Selon une définition courante, la démagogie désigne une pratique politique dans lequel les dirigeants ou les oppositions « mènent le peuple en le manipulant pour s'attirer ses faveurs, notamment en utilisant un discours flatteur ou appelant aux passions ».

Est alors condamnée comme populiste toute position venant en contradiction avec les choix politiques « officiels », qu'ils inspirent les programmes gouvernementaux ou ceux des multiples intérêts, financiers, économiques ou médiatiques s'exprimant par l'intermédiaire de ces programmes. Le terme permet de refuser toute prise en compte de ce qui pourrait être légitime dans les critiques de la société sous ses formes actuelles, en les présentant comme des dérives populistes.

Les exemples de ce mépris véritable de la discussion démocratique sont nombreux. Ainsi sont généralement qualifiés de populistes les partis dits d'extrême-droite ou d'extrême gauche. Ceci permet d'éviter toute analyse de ce que leurs programmes peut présenter de recevable. Ceci permet surtout d'éviter de rechercher quelles sont les forces généralement peu démocratiques qui s'opposent à certaines des positions ou revendications de ces partis.

Ainsi aujourd'hui sont dits populistes ceux qu'exaspèrent l'enfermement des Etats européens dans une Union qui a toujours été et se révèle de plus en plus manipulée par la superpuissance américaine. Sont dits populistes, d'un bout à l'autre de l'Union européenne, ceux qui demandent plus de protection face à une concurrence dite « libre et sans contraintes » imposée en fait par un grand capital dominé par les Etats-Unis. Sont dits populistes ceux qui veulent défendre les identités nationales ou régionales, à l'encontre d'une culture uniformisante imposée par les objectifs de la consommation de masse.

Migrations

Plus récemment, les Etats ou les groupes sociaux qui veulent résister à des migrations alimentées par les intérêts qui veulent détruire la civilisation européenne sont également qualifiés de populistes, nationalistes et xénophobes. Plutôt que reconnaître la légitimité de leur désir de survie, on les présente alors comme des résurgences de ce que l'Europe avait connu de pire, notamment le nazisme. Au soir du 13 mars où les élections régionales ont permis à l'Alliance pour l'Allemagne (AFD) d'effectuer une percée lors de trois scrutins régionaux dimanche, obtenant de 10% à 23% des voix, les médias conservateurs n'hésitent pas à y voir un retour au national-socialisme. C'est à se demander si la CDU d'Angela Merkel ne souhaiterait pas que l'AFD se radicalise et favorise l'émergence de nouveaux Adolphe Hitler, pour se redonner une légitimité qu'elle est en train de perdre.

Il en est de même en France. Beaucoup d'électeurs n'ont pas de sympathie particulière pour le Front National, mais ce ne sera pas en traitant de populistes des revendications aussi légitimes qu'une prise de distance à l'égard de Bruxelles et qu'un rapprochement avec Moscou que l'on déconsidérera les candidats FN lors de futures élections. Ainsi en ce qui concerne Jean-Luc Mélanchon. Pour le déconsidérer, les hommes politiques de la majorité actuelle qualifient de populistes des propositions qui sont au contraire empreintes d'intelligence et de pertinence. A cette aune, ce sera bientôt tout ce que la France compte encore d'esprits libres et constructifs qui voudront s'affirmer populistes. Nous serons pour notre part fiers d'en être.

 

lundi, 14 mars 2016

«Uberisation» de la politique migratoire?

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«Uberisation» de la politique migratoire?

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Les experts économiques du social- libéralisme moderne préconisent le développement de modèles comme l’application Uber et incitent à créer plus de start-ups à croissance rapide. Ce modèle réclame « plus d’éducation, plus d’immigration, plus de formation de capital, plus d’espace créatif, plus d’espace autorisé par la régulation à être dérégulé afin que les start-ups puissent effectivement s’épanouir en leur sein comme option de croissance économique » (M. Schmidt, Discours devant le DC Tech Incubator 1776, cité par le Monde diplomatique, mars 2016). Le succès du modèle Uber réside surtout dans sa capacité à échapper à la réglementation locale et nationale appliquée à l’industrie des taxis. Dans la même veine, Airbnb autorise prestataires et clients à ignorer les lois de l’hôtellerie conventionnelle, comme Amazon permet à la plupart de ses consommateurs de se soustraire aux taxes sur la valeur ajoutée. Tout ceci permet de favoriser la création d’un stock de travailleurs précaires ou à temps partiel qui sont là pour boucher « les trous » des tâches que ne peuvent pas accomplir les ordinateurs et les machines. Les employés mettent à disposition  leur véhicule privé, leur appartement et acceptent une certaine précarité, renonçant à une couverture assécurologique  (la retraite, les arrêts médicaux sont privatisés et donc laissés à la charge du travailleur) en exerçant un emploi à temps partiel et sur demande. Il est immédiatement évident que ce type d’application va aspirer un grand nombre de migrants qui accepteront sans rechigner ses conditions de travail, de toute manière bien meilleures que celles de l’enfer qu’ils ont quitté.

Les besoins de l’économie privée transnationale

On voit progressivement apparaître, derrière les motivations pseudo humanitaires et les reportages larmoyants, l’utilisation perverse de cette abondante main-d’œuvre qui s’impose et qu’on ne saurait humainement refuser. L’importation de cette main-d’œuvre est assurée par toute une chaîne d’entreprises privées, de l’économie mondialisée qui contourne le contrôle étatique et syndical. Les passeurs qui procurent des documents falsifiés, pratiquent des tarifs de transport très élevés, font payer des surplus et suppléments à la tête du client (gilets de sauvetage, transport en taxi) et mettent à disposition des canots pneumatiques gonflables chinois de qualité médiocre, à usage unique en quelque sorte. Le canot pneumatique qui rend l’âme à proximité de la plage grecque fait partie d’un scénario irrésistible qui impose l’accueil de même que la présence attendrissante d’enfants en bas âge. Les volontaires des O.N.G. et autres militants transgresseurs idéologiques de frontières assurent la maintenance en cours de route et  la transition auprès des autorités qui jouent le jeu (à mauvaise fortune bon cœur !) puisque la destination finale sera bien sûre l’Allemagne ou l’Angleterre. Il serait intéressant de savoir si les gilets de sauvetage et autres canots pneumatiques percés et récupérés par des volontaires ne sont pas recyclés en Chine pour participer à la chaîne permanente du transport de migrants économiques. Les états traversés, comme la Grèce et les pays des Balkans assument l’accueil et la sécurité sachant qu’il est transitoire et que le problème est déplacé plus loin. Les frais sont donc à la charge de l’État et de ses contribuables. Finalement c’est le pays choisi ou désigné comme lieu d’accueil (merci bonne Mère Merkel !) qui se voit contraint de trouver un hébergement, un hôtel, des familles d’accueil. Nous avons effectivement là un modèle de croissance imposée moralement et massive de migration qui contourne les préoccupations écologiques des gens, met en péril niveau de vie et filet social construit patiemment, impose de nouveaux consommateurs, charge les assurances sociales et crée une masse de futurs travailleurs précaires qui contribueront largement à une sous- enchère salariale.

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Privatisation de la croissance économique ?

La politique migratoire échappe à la gestion des Etats, contourne la loi et les règles pour des raisons humanitaires mais se profile aussi au service des nouveaux esclavagistes que peuvent être les start-ups innovantes et ses besoins de travailleurs précaires. Le processus de migration est donc privatisé jusqu’à la passation finale à l’Etat social : une nouvelle variation du thème privatisation des bénéfices et transfert des charges à l’Etat. Et pour détourner l’opinion publique de la prise de conscience de cette dérégulation imposée, on nous amuse avec des initiatives interdisant le voile à l’école ou le port de la burka dans l’espace public, préoccupations anecdotiques et marginales. Ne pas se tromper de cible

Le problème ici n’est pas l’Islam en tant que tel mais la dérégulation massive, imposée par des émotions dramatisées, de l’économie et des mesures protectrices des salariés, de l’agriculture, des petites et moyennes entreprises. La recherche de nouvelles forces de travail à bon marché s’est perfectionnée depuis le temps de l’esclavage et fait largement usage aujourd’hui d’Internet qui met les gens directement en connexion dans le monde entier, de la propagande en boucle à la Hollywood et des besoins des start-ups, sans oublier au passage le travail au noir, les ateliers clandestins contrôlés par la mafia, l’alimentation du réservoir pour la prostitution adulte et enfantine. La solution ne sera pas émotionnelle ou épidermique : elle sera politique, protectionniste avec le respect et le rétablissement de la Loi, le  rétablissement de la souveraineté nationale, de la démocratie directe et le contrôle national des frontières.

Dominique Baettig, 14 mars 2016

11:53 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, néolibéralisme, uberisation, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Will a Trump Victory Actually Dislodge the Neocons?

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Will a Trump Victory Actually Dislodge the Neocons?

Although I fully share the jubilation of others that Donald Trump may be taking a wrecking ball to the GOP establishment, I don’t hold the view that Trump’s candidacy will reduce neoconservative power. Matthew Richer, Justin Raimondo and other writers whose columns I usually welcome all believe that Trump’s rise as a Republican presidential candidate may help bring down his bogus conservative enemies. The more Trump’s popular support soars, the more the neocons have supposedly turned themselves into paper tigers. The establishment Republicans whom they “advise” have not marginalized Trump; nor have the neocons and their clients been able to elevate as GOP frontrunner someone who serves their purposes. The fact that prominent neocons like Robert Kagan have indicated their willingness to vote for Hillary Clinton instead of a GOP presidential candidate they don’t want, has underscored the emptiness of their opposition to Mrs. Clinton. The neoconservatives’ willingness to abandon the Republican side in the presidential race if they don’t get their way dramatizes their deviousness and arrogance. Presumably others will now abandon these power-hungry careerists and perpetual war mongers.

Unfortunately, I expect none of this to happen. Indeed it would not surprise me if the neocons exhibited the staying power of the Egyptian New Kingdom, which ruled Egypt for five hundred years (1570-1070 BC) despite such occasional setbacks as military defeats. What neoconservative publicists are now doing when they bait and switch, does not seem different from what they did in the past. Prominent neocons have not consistently taken the side of eventually victorious Republican presidential candidates. In 1972 Nathan Glazer, Daniel Bell and other neocon heavyweights backed McGovern against Nixon, yet neocon and Democrat Daniel Moynihan carried great weight in the Nixon administration. In the presidential primaries in 1976 Irving Kristol and most other Republican neocons backed Gerald Ford against Ronald Reagan; nonetheless, after Reagan’s victory in 1980 neoconservatives William Bennett and Eliot Abrams came to play highly visible roles in the Republican administration.

Conceivably even if Robert Kagan and his friends support Hillary Clinton against Trump, they would still remain prominent, well-connected “conservatives.” The neoconservatives’ power and influence do not depend on their willingness to march in lockstep with the GOP. Their power base extends into both parties; and if most neocons are currently identified with the “moderate” wing of the GOP, providing their political ambitions are met and their foreign policy is carried out, other recognizable neocons like William Galston, Kagan’s wife Victoria Nuland, and Ann Applebaum have identified strongly with Democratic administrations. Neoconservatives will not likely cease to be part of the political and journalistic establishment, even if some in their ranks chose to back Hillary against the Donald.

Even less likely, will they cease to be a shaping force in a “conservative movement” that remains mostly under their wing. Since the 1980s neoconservatives have been free to push that movement in their own direction, toward a neo-Wilsonian foreign policy, toward the defense of what they celebrate as a “democratic capitalist welfare state” and toward a gradual acceptance of leftist social positions, as being less vital to “conservatism” than “national defense.” Neoconservatives demand that the government be pro-active in relation to the rest of the world. They and those politicians they train speak of “leading from the front” and place special emphasis on the protection of Israel and continued American intervention in “trouble spots” across the globe.

Neoconservatives have their own characteristic American nationalism, which is based on both energetic involvement in the affairs of other states and calls for further immigration, which now comes mostly from the Third World. Both of these foundational positions are justified on the grounds that American identity rests on a creed, which stresses universal equality. Most anyone from anywhere can join the American nation by adopting the neocons’ preferred creed; and once here these “new Americans, “ it is argued, will become hardy defenders of our propositional nationhood while providing the cheap labor needed for economic growth. Perhaps most importantly, neocons have no trouble attracting corporate donors, who hold their views on immigration and their fervent Zionism. Australian newspaper baron Rupert Murdoch, who finances their media outlets, has been particularly generous to his neoconservative clients but is far from their only benefactor.

The hundreds of millions of dollars that are poured into neoconservative or neoconservative-friendly policy institutes annually are not likely to dry up in the foreseeable future. A meeting just held on Sea Island off the coast of Georgia for the purpose of devising and executing a plan to bring down Trump, included, according to Pat Buchanan, all the usual suspects. Neocon journalist Bill Kristol,, executives of neocon policy institute AEI, and Republican bigwigs and politicians were all conspicuously represented at this gathering of the “conservative “ in-crowd , and gargantuan sums of money were pledged to destroy the reputation of someone whom the attendees hoped to destroy.

If the neocons were falling, certainly they are hiding their descent well. Finally, there seems to be a continuing congruence between the liberal internationalism preached by neoconservatives and such architects of America’s foreign policy as the Council on Foreign Relations. Although the Old Right and libertarians may lament these troublemakers, the neoconservatives do not labor alone in imposing their will. They are the most out-front among those calling for an aggressive American internationalism; and this has been a dominant stance among American foreign policy elites for at least a century.

It is hard to imagine that the neocons will lose these assets because they’ve been branding Trump a fascist or because they’re unwilling to back the GOP presidential candidate, no matter who he or she is. Powerbrokers in their own right, they don’t have to worry about passing litmus tests. They enjoy unbroken control of the “conservative movement,” and benefit from the demonstrable inability of a more genuine Right to displace them. Matthew Richer asks whether Donald Trump’s election would spell “the end of NR’s influence over the conservative movement in America.” The answer is an emphatic no, unless those who distribute the funding for the neoconservative media empire decide to close down this particular fixture. Otherwise Rich Lowry and his buds will go on being funded as agents for disseminating neocon party lines.

Moreover, those featured in NR‘s printed issues and/or on its widely visited website are routinely invited on to Fox-news and contribute to other interlocking neoconservative enterprises. Rich Lowry and Jonah Goldberg will not be thrown out of work, because they dumped toxic waste on Trump. And Max Boot will not lose his position at the WSJ because of his over-the-top tirades against Trump, after having railed non-stop for several weeks against Confederate monuments and Confederate Battle Flags. There is nothing the neocons say when they’re reaching leftward or revealing their leftist colors that the leftist media aren’t also saying, even more stridently. Pointing out the silliness of neoconservative assertions about history or the current age may help us deal with our irritation. It does not mean that we can dissuade those who fund the neoconservatives from giving them more money. They are being kept around not for their wisdom or the elegance of their prose but because they are useful to the powerful and rich.

Finally I should observe that the neocons have done so well in marginalizing their opposition on the right that it seems unlikely, as George Hawley points out in Right-Wing Critics of the Conservative Movement (University of Kansas, 2016), that the balance of power between the two sides is about to change. How exactly will a genuine Right that has not been contaminated by the neocons gain enough influence to replace them? How can such a Right, given its modest circumstances, even compete with the neocons for access to the public and for friends in high places?

The neocons would never yield ground to competitors on the right. Indeed they have fought them so relentlessly, because they view them as nothing less carriers of anti-Semitism and other things that the neocons fear. Further, leftist allies would join the neocons in preventing our side from ever gaining ground. And this kind of alliance has worked well before, e.g., when the neocons made their opposition disappear with an assist from the Left in the 1980s and early 1990s. Although there are isolated journalists like Ann Coulter and Pat Buchanan who resist the neocons from the Right while enjoying prominence, these are the exceptions. Most of those who attack the neocons from the right languish in relative obscurity. Indeed most right-wing critics of the neoconservatives, as Hawley underscores, have been effectively removed from media visibility. This isolation suits the regular Left as it does the Left’s more moderate neoconservative wing.

To those who hope to see the neocons swept from power as Donald Trump and his backers prosper politically, I am offering the sobering message that your expectations are unrealistic. Although the neoconservatives can be challenged from the Right, such a challenge can only work on the media level if the would-be counterforce is as well-equipped as what it’s fighting. Simply saying that the neocons are losing ground or are now in freefall won’t make one’s wish come to pass. Needless to say, I’d be delighted if proven wrong in this matter.

La globalisation est-elle un néo-colonialisme?

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La globalisation est-elle un néo-colonialisme?

Ex: http://www.observatoiredeleurope.com

La mondialisation est un fait. La globalisation est une idéologie. La première se constate. La seconde doit pouvoir être combattue. La première appelle des réponses politiques. La seconde organise l'évacuation du Politique. Derrière le projet de globalisation, il y a l'extension illimitée de l'idéologie techno-marchande à toute la planète, et à tous les domaines de l'existence humaine. Ce n'est pas un seul pays en tant que tel qui le propage, c'est une superclasse mondialisée. Il n'y a pas de complot, seulement des intérêts convergents et parfaitement cupides. Une sorte de super-colonialisme au profit d'un tout petit nombre de bénéficiaires, sur fond de discours sans-frontiériste, faux humanisme et fausse ouverture qui ne dissimule plus les aliénations nouvelles que ce grand déracinement impose à l'humanité presque entière.

Mondiaux contre locaux, Superclasse contre déclassés, Touristes contre vagabonds : la globalisation est-elle un néocolonialisme? 

Dossier préparé par Raphaëlle Lévy

Délocalisations, chômage, immigration, islamisation : la France n’en finit plus de payer pour l’entreprise coloniale lancée par une gauche imprégnée à la fois de l’universalisme des Lumières et les intérêts bourgeois.

En 1885, Jules Ferry n’imaginait sans doute pas la chaîne de drames et de souffrances qu’engendrera, du nord au sud et du sud au nord et pour plusieurs siècles, son fameux : « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […] [Remous sur plusieurs bancs à l’extrême gauche] parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures (…) Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. Au temps où nous sommes et dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d’une colonie, c’est la création d’un débouché »[1]
La gauche française a heureusement abandonné depuis longtemps sa rhétorique sur les « races inférieures ». Mais ayant troqué la nation et l’idéal de justice sociale contre la foi dans le « Progrès »[2] et son universalisme (désir d’un ordre du monde)  contre la mondialisation (soumission au désordre du monde) elle a aisément recyclé son sans-frontiérisme dans l’économie globale et une certaine interprétation littéraliste des droits de l’homme. 
 
1) Colonisateurs et colonisés 

 « Les classes dirigeantes, qui modèlent l’opinion, sont encore davantage coupées de l’environnement social et écologique : elles ne se déplacent qu’en voiture, vivent dans des circuits de transports – aéroports, quartiers d’affaires, zones résidentielles – qui les mettent à l’abri du contact avec la société. Elles minorent évidemment les problèmes dont elles n’ont qu’une représentation abstraite. Quant à ceux qui sont d’ores et déjà confrontés aux désordres sociaux et écologiques de la crise en cours – pauvres des banlieues [et de nos régions rurales, ndla] occidentales, paysans d’Afrique ou de Chine, employés des maquiladoras[3] américaines, habitants des bidonvilles de partout -, ils n’ont pas voix au chapitre. » constate Hervé Kempf.[4]
 
a)Tutelle idéologique et économique
 
« L’Occident a gagné, il a imposé son modèle ; mais par sa victoire même, il a perdu. Sans doute faudrait-il introduire une distinction entre l’Occident universel, diffus, implicite, qui a investi l’âme de toutes les nations de la terre ; et l’Occident particulier, géographique, politique, ethnique, celui des nations blanches d’Europe et d’Amérique du Nord. C’est ce dernier qui se trouve aujourd’hui dans l’impasse. Non parce que sa civilisation aurait été dépassée par celle des autres, mais parce que les autres ont adopté la sienne, la privant de ce qui faisait jusqu’ici sa spécificité et sa supériorité » explique Amin Maalouf[5].

La mondialisation, largement réalisée par des hommes de la gauche française après 1983 (capitaux, marchandises et individus sans frontières) n’est plus l’expression de la colonisation d’un pays par un autre, d’un continent par un autre, ou d’une race par une autre. Elle ressemble à l’exploitation d’une grande partie de la population du monde du nord comme du sud (tous ceux que le géographe Christophe Guilly appelle « les perdants de la mondialisation ») par une super-classe mondialisée (les « gagnants ») qui impose sa tutelle idéologique et économique aux premiers où qu’ils soient.

En observant sur toute la planète qui sont ces gagnants et les perdants de la globalisation de l’économie et du droit, on voit ainsi apparaître une ligne de fracture elle-aussi transnationale : entre une classe mondialisée et cosmopolite qui contrôle l’essentiel des flux mondiaux de marchandises, de capitaux et d’information, impose ses codes, ses langages et profite de l’ouverture mondialiste, et une humanité (les trois quarts) qui en souffre économiquement, culturellement et socialement – notamment celle du sud contrainte par exemple de quitter ses terres, ses villages, ses traditions pour aller fabriquer à bas coût dans les « ateliers de la sueur » et sans droits, ce que celle du nord, les consommateurs prolétarisés et infantilisés devront absorber en continu, épuisant à leur tour ce qui reste de leur Etat-providence.
 
b) L’universel sans limites 

Cette élite mondialisée contrôle - avec l’aide de l’administration globale : notamment l’OMC, du FMI, de la Banque Mondiale, de la Commission européenne, des Banques centrales, des banques d’affaires, les think-tanks et ONG - la mondialisation de l’économie, de la finance et de l’information, s’y enrichit sans partage, professe et réalise à cette fin l’impératif moral et culturel du capitalisme de consommation : abattre toutes les frontières, limites, distinctions et hiérarchies. L’héritage des Lumières et les principes républicains sont ici convoqués mais atteints de la même maladie du déracinement :
  • la liberté (Rousseau, Kant, Montesquieu) dévoyée en licence (les noces d’Hayek et de Sade),
  • l’égalité (donc la justice) dévoyée en interchangeabilité générale (fin de l’altérité, « l’Homme sans dialectique » : homme/femme, père/fils, maître/élève, bien/mal, décent/indécent, juste/injuste, national/étranger etc.). Voilà le « tout-est-possible » (slogan nihiliste nazi qui, selon Hannah Arendt, a juste démontré que tout peut être détruit) dans sa dangereuse marche créant et entretenant (par le divertissement, la publicité, le marketing)[6] l’insatisfaction permanente et l’infantilisation nécessaires du consommateur.[7] 
  • la fraternité dévoyée en communautarisme « qui est la négation même de l’idée de citoyenneté »[8].
Cette classe dirigeante mondialisée impose partout aux déclassés de la mondialisation ses réformes structurelles, sa morale via sa sélection des droits de l’Homme et sa conception de la démocratie compatibles avec sa mondialisation libérale. Cette tutelle s’opère toutefois à géométrie variable :      
  • Dans les pays en développement : elle impose un messianisme occidental en faveur du tout-marché, de la « bonne gouvernance » démocratique et du respect des droits fondamentaux, avec des accents paternalistes néocoloniaux ;
  • Dans les pays occidentaux : elle s’incline devant des organes non-démocratiques et elle s’incline devant la culture et la religion des derniers arrivés via le communautarisme en renonçant à l’assimilation et invitant au « compromis réciproque » entre culture européenne et culture des immigrés.
Autrement dit : là-bas on pérore, ici on renonce ; là-bas la mission, ici la soumission. Ce sont là deux « fondamentalismes » (« Messianisme » et « Communautarisme », auxquels il ajoute le « Scientisme » de l’économie et de la biologie) qu’Alain Supiot renvoie dos à dos (voir extrait joint).

Dans une interview au Figaro[9], Hervé Juvin[10] critique la prétention universaliste de l’Occident moderne : « C'est le grand débat des Lumières et de la prétention au règne universel de la raison. L'idée que nous, Occidentaux, Européens, Français, Américains, aurions mis en place depuis les Lumières un modèle idéal de vie pour l'humanité, entre la croissance économique et la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l'homme. Je ne le crois absolument pas. Je crois que d'autres sociétés qui vivent avec d'autres lois, d'autres mœurs, selon d'autres règles, ont su offrir les conditions du bonheur à leurs habitants. Je ne souscris pas à l'idée selon laquelle notre régime politique, notre musique, notre art, notre culture seraient le point d'aboutissement de l'humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Il y a une voie chinoise, une voie hindoue, des voies africaines, qui feront des sociétés équilibrées et heureuses, sûres de leurs identités, différentes de la voie américaine ou de la voie européenne. » 
 
2)La colonisation par le messianisme des droits fondamentaux 

Un droit-de-l’hommisme messianique entend donc étendre à tous les pays occidentaux et aux pays « en développement » une lecture littérale et donc fondamentaliste des droits de l’Homme. Ceux-ci, qui sont pourtant historiquement et géographiquement situés, sont frappés par la maladie du déracinement, qui rend fou ou dépressif tout ce qu’elle déracine : l’économie, la finance, le pouvoir, la religion, le droit, l’individu... Les droits de l’Homme sont ainsi interprétés non plus au regard du cadre référentiel donné, d’une civilisation ou d’une culture particulière, mais au regard de l’individu abstrait, interchangeable, pouvant aller partout et ne venant de nulle part[11].

Cette foi est propagée jusque dans les pays en développement par tous les instruments modernes : médias, sciences sociales, institutions de la mondialisation. 
  • Les sciences sociales et les médias : les « Gender Studies » (études de genre[12]) ont ainsi pris une part prépondérante dans les programmes occidentaux d’aide aux chercheurs africains. Des milliers de Centres de recherche indépendants (les fameux « Think Tanks », près de 5500 recensés, la plupart situés en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest) emploient, assurent la notoriété et gagnent ainsi la fidélité d’universitaires qui dans les pays du tiers monde connaissent un chômage important. Leur action rejoint celle des grandes ONG comme Human Right Watch, Amnesty International ou Transparency International dont les rapports annuels sont toujours attendus. Comme les rapports classant les « performances » économiques des pays pour les mettre en concurrence, ces rapports sont exploités dans les médias champions de la mondialisation des marchés et des droits de l’Homme[13].
  • Les institutions mondiales : les crises d’endettement à répétition des pays en développement sont des moyens de pression puissants pour imposer à ces pays non seulement l’ouverture de leurs économies et de leurs matières premières aux firmes multinationales mais aussi une certaine lecture des droits de l’Homme, dans le cadre des plans de « développement » ou des « prêts d’ajustement structurels » mis en œuvre contre le « sous-développement » par la Banque Mondiale en parallèle à la ligne de crédit du FMI pour assurer l’application des réformes exigées. Les Nations Unies, à travers leurs agences spécialisées ou les organisations sœurs en charge du développement des pays du tiers monde vont introduire des approches des questions de pauvreté, de développement du « capital humain », d’égalité des genres, de lutte contre les discriminations, en phase avec la mondialisation néolibérale.
  • L’exemple de la loi ougandaise sur l’homosexualité sanctionnée par la suspension des aides. En décembre 2013, l’Ouganda a adopté une loi condamnant les relations sexuelles entre personnes du même sexe, le « mariage » homosexuel, parle « d’homosexualité aggravée » pour les viols, les actes sexuels avec des mineurs ou des personnes handicapées, le harcèlement sexuel d’une personne du même sexe, le fait pour une personne porteuse du virus VIH d’avoir un rapport homosexuel. Le projet initial prévoyait la peine de mort pour ce type d’actes mais la loi définitive prévoit « seulement » la prison à vie. Le principe ou la sévérité de la peine peut être critiquable, mais là n’est pas la question. Ce qui est extraordinairement révélateur de la tutelle idéologique et politique des occidentaux, c’est la nature et l’ampleur de leur réaction. Cette loi a été qualifiée d’ « odieuse » par le président américain Obama et d’ « atroce » par son Secrétaire d’État John Kerry, qui l’a comparée aux lois anti-juives de l’Allemagne des années 30. William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères a,  lui,  parlé de loi « profondément affligeante et décevante ». Ingérence caractérisée, ce ne sont encore que des paroles politiques répondant à la parole législative du parlement ougandais. L’ingérence la plus grave sur ce pays africain qui a beaucoup souffert[14], c’est la suspension immédiate par pays riches de leurs programmes d’aide à l’Ouganda : des centaines de millions d’euros gelés par la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne et les États-Unis, ainsi que par la Banque Mondiale qui a suspendu en février 2014 ses prêts en faveur du secteur de la santé ougandais.

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3) La colonisation par l’endettement et la corruption

En 1982, les pays du tiers monde sont pour beaucoup gravement touchés par l’endettement et ne peuvent rembourser les dettes contractées auprès d’autres Etats ou grandes banques internationales. Pour obtenir un rééchelonnement de leur dette extérieure, leurs créditeurs publics et privés leur imposent, via le FMI (siège à Washington et les Etats-Unis en sont le premier actionnaire) qui les représente, des réformes néolibérales sans précédent : suppression des subventions aux produits de base alimentaires ou énergétiques, réduction des dépenses publiques (y compris des services sociaux d’éducation et de santé), augmentation des taux d’intérêt domestiques pour mieux rémunérer l’épargne, privatisation des entreprises publiques les plus rentables.

Des firmes internationales vont alors s’approprier, souvent sous forme de concession et de monopoles, les secteurs les plus juteux : télécommunications, finance et tourisme, non sans avoir versé des pots-de-vin aux dirigeants de l’Etat concerné. L'Afrique aujourd'hui paierait en outre chaque année (en paiement des intérêts sur prêts) au FMI et à la BM cinq fois plus qu'elle ne reçoit d'aides au développement sous forme de prêts etc. Les conséquences sur les niveaux de vie de ces pays seront dramatiques, notamment en Afrique subsaharienne et en Amérique latine (Brésil, Mexique, Argentine, Pérou) ainsi que dans certains pays d’Asie (Philippines, Pakistan, Indonésie, Bangladesh).

Dans la plupart des cas, une grande partie de l'argent prêté à ces pays ne contribue pas au développement mais est retournée aux sociétés étrangères privilégiées et alimenté les réseaux de corruption au nord comme au sud, sous forme de commissions et rétro-commissions. Pour l’essentiel, ces prêts étrangers seraient donc, en fait, des subventions aux sociétés qui sont liées d’intérêt avec les dirigeants de l’État emprunteur. Cette connivence est désignée sous le nom de « corporatocratie ». Les organismes accusés de participer à ce « néo-colonialisme » sont donc la Banque mondiale, mais aussi l’Organisation mondiale du commerce, le G8 et le Forum économique mondial, sans oublier certains « pays riches » à commencer par les États-Unis et ses multinationales.

La position extraordinaire de pouvoir des super-créanciers permet aussi d'exiger de « l'Etat sujet » l'établissement de bases militaires, un vote favorable aux Nations unies, une loyauté politique en général, l'accès à bon marché à d'éventuelles richesses pétrolières et autres ressources naturelles…[15]

Le risque se profile d’une nouvelle grande crise de la dette semblable à celle de 1982 et des fonds d’investissements du nord lorgnent sur les pays (Côte d’Ivoire, Ethiopie, Rwanda, Sénégal par exemple) qui vendent sur les marchés financiers des pays industrialisés des titres de leurs dettes publiques (7 milliards vendus en 2014) promettant un rendement de 6 à 8% même si les risques sont élevés. Or, avec la chute du prix des matières premières (pétrole, argent, cuivre, coton, caoutchouc) les Etats concernés pourront difficilement rembourser leurs créanciers, donc ce sont les populations qui vont encaisser le coup[16] et l’ingérence qui va s’accentuer. 

4) La colonisation par le libre-échange intégral

Le libre-échangisme est un système par lequel « on fait subventionner les riches des pays pauvres par les pauvres des pays riches » expliquait un ancien conseiller économique de M. Thatcher, Allan Walters. On peut se demander vingt ans plus tard si ce n’est pas même un système qui a conduit à la mise à mort lente des classes moyennes des pays développés, accru la pauvreté partout (sauf une partie des paysans chinois) et enrichi une petite minorité mondialisée et barricadée. 

Voilà le grand mensonge de la prétendue « mondialisation » : elle est extrêmement profitable pour une petite caste de gens mobiles, déracinés et intégrés à son fonctionnement et à ses profits (« les mondiaux ») et elle marginalise, affaiblit voire fait souffrir (économiquement, culturellement, socialement, humainement) les trois quarts de la population de la planète (« les locaux »). La richesse est mondiale, les misères sont locales. Tentons un rapide recensement.

a) Les perdants des pays riches

  • Baisse des revenus. Depuis quinze ans, les pays occidentaux ont vu leurs classes moyennes basculer dans les perdants du libre-échange. Leurs revenus ont décroché par rapport aux plus hauts salaires et aux revenus du capital. Selon le Prix Nobel Paul Krugman, le salaire réel médian a chuté de 12% depuis 1973 (aux Etats-Unis). Dans le même temps, celui des 1% les plus riches doublait et que celui des 0,1% des super-riches quintuplait. Pouvoir acheter son alimentation 20% moins cher chez Lidl ou Colruyt ne compense pas la perte d’un salaire…  
  • Désindustrialisation et chômage. Le désastre industriel dans les pays développés est bien visible : -39% de salariés depuis 1999 au Royaume-Uni, -32% aux Etats-Unis, -20% en France et au Portugal, -12% en Espagne. En trente ans, la France a perdu plus de 2 millions d’emplois industriels, son déficit commercial est passé de 4 à 51 milliards (entre 2000 et 2010). Selon le Prix Nobel Maurice Allais, le libre-échange est à lui-seul responsable de 48% des destructions d’emplois[17] auquel il faut, pour la plupart des pays de la zone euro ajouter l’effet conjugué d’une monnaie unique longtemps surévaluée.
  • Délocalisation. De 2006 à 2009, les entreprises du CAC 40 se sont séparées chaque mois de 1900 salariés français et augmenté dans le même temps de 7600 employés à l’étranger, notamment dans les pays émergents où les promesses de développement et le coût du travail sont forcément incomparables.[18]
  • Gagnants et perdants en France. Après « Fractures françaises » (2012) c’est dans « La France périphérique » (2014) que le géographe Christophe Guilly expose son constat des perdants et des gagnants de la mondialisation. « Deux France se font face » et s’opposent sans se comprendre. D’une part, les gagnants de la mondialisation, bien intégrés à l’économie-monde car très qualifiés et investissant les grandes villes, mobiles, qui participent à la création des deux-tiers du PIB national, ou les banlieues intégrées qui ont un potentiel de reconversion assez important. D’autre part, les perdants de la mondialisation, la fameuse “France périphérique”, que l’auteur décrit comme “la France des plans sociaux” c’est-à-dire les populations sédentaires qui subissent directement la mondialisation de par leurs emplois peu qualifiés dans des industries ou des zones rurales en net recul, dont le malaise gagne les petites et moyennes villes. La métropolisation coupe ainsi la France en trois : l’ensemble des métropoles mondialisées et gentrifiées (boboïsées), par le modèle libéral de la société ouverte ; les banlieues ethnicisées, avec leurs valeurs traditionnelles au cœur de la mondialisation libérale ; la France périphérique des catégories populaires d’origine française et d’immigration ancienne. (Voir extrait joint)
Tout à leur démission politique généralisée depuis trente-cinq ans, les gouvernements européens préfèrent une politique de réparation sociale à la marge, malgré les échecs à répétition, plutôt que de changer les règles du jeu, ce qui conduit assurément à l’impasse car les finances de l’Etat et de la protection sociale ne peuvent déjà plus faire face.
 

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b) Les perdants des pays pauvres

La part du revenu mondial actuellement allouée aux pauvres ne cesse de diminuer : 80% de la population mondiale ne possède que 22% de la richesse totale.

L’économiste Jacques Sapir est l’un des rares à avoir tenté[19] un bilan chiffré du libre-échange pour les pays les moins avancés : sur les 22 milliards de dollars prétendument gagnés, il faut soustraire les pertes fiscales liées à la fin des droits de douane (60 milliards) et la réduction drastique des investissements (90 milliards), le bilan est donc plus que négatif en période de transition en tous cas : « La transition économique vers le libre-échange crée toujours des déséquilibres entre l’offre et la demande. L’ajustement prend du temps et les investissements industriels – au moins pendant la période de mutation – sont absents. » explique Sapir. Les paysans des pays pauvres privés soudainement de subventions ne peuvent se qualifier d’un jour à l’autre pour trouver une place à l’usine. De même que les ouvriers des pays riches dont l’usine est délocalisée se requalifient difficilement sur le champ pour être « employables » dans les services.

Les quelques gains de productivité générés par l’extension du libre-échange tombent essentiellement dans les mains du capital et non celles du travail.

Sous l’angle des gains par pays, une étude de la Banque mondiale révèle qu’il y a 517 millions de pauvres en moins depuis 1981 dans les pays pauvres, en fait Chinois pour l’essentiel :
  • 208 millions de Chinois vivent avec moins de 1,25 dollar par jour aujourd’hui contre 835 en 1981, sans que l’on sache toutefois si c’est un effet bénéfique du libre-échange ou de la réforme agraire.
  • Dans tout le reste de l’Asie du Sud, le nombre de pauvres n’a pas reculé : +36 millions de pauvres en Inde depuis 30 ans (rapporté à la population c’est cependant une baisse de 58 à 42%)
  • En Afrique subsaharienne, le nombre de pauvres a bondi de 83% en vingt-cinq ans, sous l’effet conjugué du libre-échange et de l’explosion démographique.
Les pays qui connaissent une vraie croissance depuis soixante ans sont en réalité ceux qui sont les plus protégés : Japon, Corée du Sud et Chine (étude réalisée par Dani Rodrik, Professeur à Harvard). Ainsi la Corée a quadruplé son pouvoir d’achat sans tomber dans l’autarcie mais en plaçant sous protection douanière, subventions et quotas d’importations, le temps que ses savoir-faire arrivent à maturité pour partir à l’assaut du monde (les chantiers navals de Saint-Nazaire sont désormais la propriété du sud-coréen STX)
Au total, le libre-échange mondial aurait permis de sortir de la pauvreté, bon an mal an, 200 à 300 millions de Chinois. On est loin de la « mondialisation heureuse » et triomphante annoncée par les élites économiques, intellectuelles et administratives mondialisées de l’Occident.

c) Les gagnants mondialisés 

La convergence mondiale des niveaux de vie par la globalisation des échanges ne se réalise pas, sauf pour les très riches dont la fortune croît.

Outre la minorité des « gagnants » parce que bien qualifiés, mobiles et intégrés à l’économie-monde (en France, un petit quart de la population, évoqué en a), il y a, au sommet de la hiérarchie des bénéficiaires de la mondialisation, ceux que l’on appelle les « super-riches », pour la plupart américains - 15 sur les 20 premières fortunes mondiales - avec une percée remarquable des super-riches des pays émergents – 17 des 50 premières fortunes mondiales selon Forbes). La fortune totale des 358 premiers milliardaires mondiaux équivaut aux revenus des 2,3 milliards les plus pauvres de la planète[20].
Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants selon Oxfam[21]

En guise de conclusion : les nécessaires « limites à l’universel »

Extrait de l’interview d’Hervé Juvin (Figaro)[22]

Q : Toutes les civilisations se valent, alors? Il n'y a pas de valeurs transcendantes, pas de droits de l'homme, pas d'universel… L'excision et le mariage forcée des petites filles est de même valeur que la quasi égalité hommes-femmes en Occident?

H.J : On a le droit de défendre un système de valeurs qu'on croit universel. Vous n'allez pas me faire dire que je suis pour la lapidation! Personne évidement ne peut souhaiter être mis en détention sans jugements, être torturé, etc… Mais on ne peut pas ne pas constater les désastres que produit l'imposition par le haut du modèle occidental dans les sociétés traditionnelles. L'universalisme européen et américain n'a abouti qu'à des champs de ruines: en Afrique, en Afghanistan, en Irak, en Libye… Et la folle course en avant du développement menace la survie de l'humanité ; au nom de quoi arracher ces millions d'hommes qui vivaient hors de l'économie du capitalisme, de l'accumulation, dans un équilibre avec la nature, pour les précipiter dans un système qui détruit les biens vitaux et les services gratuits de la nature?

Les motifs humanitaires masquent souvent des ingérences guerrières. Le «droit au développement» masque l'agression impitoyable de l'obligation de se développer, qui a fait des ravages en Asie et en Afrique. Les limites à l'universel ne sont pas seulement morales, mais physiques. La pénétration sans limites d'internet répand dans des populations entières des rêves qu'elles n'auront aucun moyen de satisfaire, à moins de faire exploser la planète. Il est impossible que 9 milliards d'humains vivent comme un Américain moyen. Ne pas se rendre compte de cela, c'est créer les conditions d'une humanité frustrée. Non seulement cet universalisme sème les graines du malheur, mais il est contre-productif: plus il essaie de s'imposer, plus il réveille des particularismes de plus en plus agressifs.
C'est là un point essentiel en géopolitique aujourd'hui: l'agression des modèles universels réveille les logiques de la différence politique. Je cite dans mon livre celui que je considère comme le plus grand ethnologue du XXème siècle Elwin Verrier, pasteur britannique marié avec une fille de la tribu des Muria: au bout de quarante ans passés à côtoyer les tribus indiennes, il a abouti à la conclusion suivante: laissons les vivre comme ils sont, hors du développement économique. Mêlons-nous de ce qui nous regarde: sagesse qui nous éviterait bien des bêtises! »
 
NOTES

[1] Il faut aussi citer Léon Blum : « Nous admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation » (Débat sur le budget des Colonies à la Chambre des députés, 9 juillet 1925)

[2] L’expression « On n’arrête pas le Progrès » semble justifier le renoncement collectif à accompagner le progrès scientifique et technique de tout progrès moral et social. Le progressiste n’est pas libéré mais soumis, non pas volontariste mais fataliste, donc « on n’arrête pas » la mondialisation, ni la roue de l’unification européenne « sans cesse plus étroite », ni le mouvement perpétuel des capitaux, des individus, des objets et des mœurs. Bref le croyant du « sens de l’Histoire » ne croit plus dans aucune forme de « gouvernement des Hommes » et prépare, après la « sortie du religieux » (Gauchet), celle du Politique, donc du peuple, et « l’administration des choses » qu’on n’arrêtera pas. Jusqu’au retour du refoulé et donc des identités, sous des formes peu agréables via l’Islam, le vote FN, le localisme etc. 

[3] Usines d’assemblage situées le long de la frontière mexicaine

[4] Hervé Kempf, « Comment les riches détruisent la planète », Seuil, 2007

[5] Amin Maalouf, « Le dérèglement du monde », Grasset, 2009, où l’essayiste décrit  le « Dérèglement intellectuel, caractérisé par un déchaînement des affirmations identitaires qui rend difficiles toute coexistence harmonieuse et tout véritable débat. Dérèglement économique et financier, qui entraîne la planète entière dans une zone de turbulences aux conséquences imprévisibles, et qui est lui-même le symptôme d’une perturbation de notre système de valeurs. Dérèglement écologique, qui résulte d’une longue pratique de l’irresponsabilité… L’humanité aurait-elle atteint son seuil d’incompétence morale ? » Pour l’auteur, « le dérèglement tient moins à une « guerre de civilisations » qu’à l’épuisement simultané de toutes nos civilisations, et notamment des deux ensembles culturels dont il se réclame lui-même, à savoir l’Occident et le monde arabe. Le premier, peu fidèle à ses propres valeurs ; le second, enfermé dans une impasse historique. »

[6] Père de la propagande et du marketing modernes, Edward Bernays, neveu de Freud réfugié aux Etats-Unis pendant la guerre, lu tant par les concepteurs de la propagande nazie et de la publicité contemporaine, révolutionne la communication de masse en montrant comment s’adresser à l’inconscient des foules, par exemple lorsque pour l’industrie du tabac il persuade les femmes de se mettre à fumer par la formule « Devenez les torches de la liberté ».

[7] Le petit enfant se rêve tout-puissant jusqu’à ce que le parent – ou à défaut plus tard et de manière violente la société et le droit pénal – ne lui pose des limites, comme les berges donnent au fleuve la force d’aller vite et loin, l’empêchant de se perdre en un étendue stagnante et marécageuse. Une société parricide ignore les limites, les berges et par suite la liberté et la justice ; elle produit des individus moins forts, moins libres, moins égaux, moins justes, de pauvres êtres désinstitués, déracinés, désaffiliés, noyés d’objets, d’images et de frustrations. Parce que la fuite éperdue dans l’illimité ne comble jamais la soif d’infini, elle l’en éloigne.

[8] Amin Maalouf, Op.cit

[9] « La fin de la mondialisation et le retour des identités », Le Figaro, 4/7/2014

[10] « La grande séparation, pour une écologie des civilisations », Gallimard, 2014

[11] « Les Droits de l’Homme sont traités comme un nouveau Décalogue, un Texte révélé par les sociétés « développées » aux sociétés « en voie de développement »  et à ne laisser à ces dernières un autre choix que de « combler leur retard » et se convertir à la modernité des droits de l’homme et de l’Economie de marché réunis. C’est un fondamentalisme parce qu’il entend faire prévaloir une interprétation littérale des droits de l’Homme sur toutes les interprétations téléologiques mises en œuvre par les droits nationaux. Ainsi pris à la lettre, les principes d’égalité et de liberté individuelle qui sont à la base des droits de l’Homme peuvent faire l’objet d’interprétations folles. » Alain Supiot, Homo Juridicus, Seuil, 2005

[12] « Pas besoin d’être freudien pour identifier dans le mouvement d’effacement des différences la réalisation collective de la pulsion de mort » disait Philippe Murray

[13] Aux Etats-Unis, nombre d’associations, ONG, instituts, fondations, centres de recherche etc. employant des millions de personnes, ont une vocation internationale sur des régions, pays ou thèmes déterminés : sur 151539 ONG « thématiques », 23968 s’intéressent aux questions de développement et 5691 aux droits de l’Homme, la limite entre les deux thèmes étant poreuse.

[14] Des centaines de milliers de personnes tuées à l’époque du dictateur Amin Dada, soutenu par les Occidentaux, qui se remet aujourd’hui de ses années de lutte contre les terribles exactions de l’Armée de la Résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kohny,

[15]La spirale infernale est décrite par John Perkins dans ses « Confessions of an Economic hitman » (« Confessions d'un assassin financier - Révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis ») publié en 2004, livre autobiographique où l’ancien consultant explique que sa tâche de « tueur à gage économique » était est de « justifier et de permettre la conclusion par des États d'énormes prêts internationaux dont l'argent finira, déduction faite des sommes destinées à la corruption des élites locales, sur les comptes en banques de grandes sociétés d'ingénierie et de construction américaines. Les besoins en liquidités ayant été au préalable surévalués par ces consultants, l'État se révèle incapable de payer sa dette et en sujétion vis-à-vis du créancier.Repenti après avoir épousé une Colombienne en 1980, Perkins raconte ces méthodes « mafieuses » auxquelles il aurait participé.

[16] Pour desserrer l’étau économique et stratégique sur l’Afrique, le conseiller spécial de l’ONU Dr. Jeffrey Sachs exige que la dette africaine tout entière (environs 200 milliards de dollars US) soit effacée et recommande même que les nations africaines cessent de payer : « Le temps est venu de mettre fin à cette situation burlesque. Les dettes sont exorbitantes. S’ils refusent d’effacer les dettes je suggérerais l'obstruction ; vous le faites vous-mêmes. L’Afrique devrait dire : 'merci beaucoup mais nous avons besoin de cet argent pour répondre aux besoins des enfants qui meurent en ce moment, alors nous allons utiliser le service du paiement de la dette à des investissements sociaux urgents dans la santé, l’éducation, l'eau potable, le contrôle du SIDA et autres besoins. » Professeur Jeffrey Sachs, directeur du Earth Institute à l'université Columbia et conseiller économique spécial auprès du Secrétaire Général de l'Organisation des Nations unies (ONU).

[17] Maurice Allais, « La Mondialisation. La destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique » Ed Juglar, 1999

[18] L’Expansion, n°757, « Les entreprises les plus patriotes », 2010

[19] Jacques Sapir, « Le vrai sens du terme. Le libre-échange ou la mise en concurrence entre les Nations », in David Colle (dir), « D’un protectionnisme l’autre. La fin de la mondialisation ? » Rapport Anteios 2009, PUF 2009.

[20]  « Si ces 358 milliardaires les plus riches décidaient de conserver 5 millions de dollars chacun, pour se tirer convenablement d’affaire, et de donner le reste, ils pourraient doubler les revenus annuels de presque la moitié de la population du globe. Et les poules auraient des dents. » (Victor Keegan)

[21] La part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches était passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépasserait les 50 % en 2016 (…) En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte. Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que 80% de la population mondiale ne se partagent que les 5,5% restant .
 
[22] Op.cit
 

dimanche, 13 mars 2016

Du paradoxe en politique

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Du paradoxe en politique

Ex: http://iddeurope.org

Au-delà de la diversité culturelle du continent européen, les nations qui le composent sont peu ou prou prisonnières d’un même paradigme. À savoir, une vie politique dominée par deux partis majoritaires, lesquels adhèrent à des conceptions communes dont les principales sont la mondialisation, le libéralisme économique, et la construction européenne sur la base des transferts de souveraineté.

Dans tous ces pays existent des partis en opposition avec l’idéologie dominante. Il s’agit techniquement de partis souverainistes, bien que cette déclinaison soit suffisamment vague pour qu’on puisse y classer aussi bien la gauche radicale que l’extrême-droite. Les mouvements souverainistes sont fréquemment catégorisés comme « populistes ». Le populisme revêt une signification spécifique selon que l’on parle de sciences politiques ou de sociologie électorale.

Pour faire simple, en sciences politiques le populisme peut être considéré comme l’ensemble des revendications politiques citoyennes non-représentées, car elles ne trouvent aucun réceptacle au sein des partis de gouvernement.

En termes de sociologie électorale, le populisme correspond à la remise en cause par les classes populaires des valeurs et des outils de gouvernance défendus par les classes dirigeantes. Dans les circonstances actuelles, le qualificatif de populiste, adressé par les classes dirigeantes au diagnostic critique du paradigme libéral-mondialiste, revêt une connotation péjorative et révélatrice d’un mépris de classe.

Le populisme : émanation des promesses non-tenues

Il n’y a pas de vrai débat entre les partis de gouvernement et les partis d’opposition. C’est justement là où l’anathème populiste trouve son intérêt pour ceux qui l’emploient. Il sert à disqualifier autrui, à balayer la protestation populaire, à considérer l’alternative comme étant démagogique, irresponsable, extrémiste. Avec cela, on escamote le débat de fond sur le modèle de société auquel on pourrait aspirer.

En fait, les partis populistes représentent tout ce que les partis de gouvernement ont abandonné. La gauche populiste incarne un socialisme orthodoxe basé sur la protection des catégories populaires et donc en opposition avec le social-libéralisme qui accepte le principe de déflation salariale au nom de la compétitivité dans une économie mondialisée.

Quant à la droite populiste, elle incarne la vision assimilatrice de la société, par opposition au multiculturalisme auquel la droite de gouvernement a fini par céder. On notera toutefois que dans le cas de la droite, la diversité politique européenne aboutit à des reproches divergents. Ainsi, la droite populiste française reproche à la droite de gouvernement d’avoir abandonné le patriotisme économique et la logique protectionniste, là où la droite populiste anglaise critiquera l’abandon du libéralisme classique au profit de l’hyper-réglementation générée par les normes européennes.

Paradoxe de gauche

La gauche européenne, sous l’égide de la social-démocratie, a renoncé à un électorat ouvrier dont l’intérêt de classe n’était plus convergent avec l’ouverture à la mondialisation. En France, le PS a un socle électoral largement composé de retraités et de fonctionnaires. La perte des ouvriers a poussé le parti à réorienter son offre électorale vers la petite bourgeoisie des métropoles (les fameux bobos), ainsi que vers les immigrés.

De ce choix découle la favorisation de mouvements émancipatoires, tel que le féminisme et l’extension des droits LGBT. De même, son ouverture vers l’électorat d’origine immigrée se manifeste par une islamophilie assumée et un multiculturalisme revendiqué. Cependant, l’islam, comme toutes les grandes religions, induit dans sa déclinaison politique un modèle de société patriarcal. Ainsi, plus cette religion s’épanouie, plus elle se manifeste dans l’espace public, et vient ainsi renforcer la critique des politiques libertaires dont sont issus les mouvements LGBT et féministes.

Notons que la gauche de la gauche possède aussi son propre paradoxe, dans la mesure où elle en appelle au peuple et tente de ressusciter la mythologie ouvrière, alors que les principaux concernés se sont tournés vers le Front National. Tout comme le PS, la gauche radicale célèbre l’immigration comme une chance pour la France. Mais la concurrence mondiale a ruiné l’industrie française, tandis que la gentrification des métropoles a évincé le prolétariat des grandes villes. Le logement social est devenu le seul parc foncier qui lui soit accessible. Ne souhaitant plus cohabiter avec des populations issues de flux migratoires constants et devenir minoritaires sur leur territoire, les ouvriers ont migré à l’écart des villes-monde, modifiant ainsi les implantations démographiques traditionnelles, et bouleversant la géographie politique du même coup. Cette réalité n’échappe pas aux leaders de la gauche radicale, mais cette dernière ne peut pas non plus renoncer à ses inclinations xénophiles, ce qui la condamne à prêcher dans le désert.

Paradoxe de droite

À droite, le bourgeois classique et l’électeur populaire issu du périurbain et de la ruralité ont en commun un rejet de l’immigration et une hostilité de fait envers l’expression du multiculturalisme, bien que ce concept soit soumis à tous les amalgames.

Cependant, économiquement, un monde sépare ces deux catégories. Les classes aisées profitent de la mondialisation et de l’ouverture des frontières. La libéralisation décuple leurs opportunités et les conforte dans leur domination. Pour les classes populaires c’est l’inverse, libéralisation et mondialisation riment avec concurrence déloyale et précarisation.

Ces électorats sont séparés jusque dans leur répartition sur le territoire, puisque la bourgeoisie traditionnelle peuple les métropoles dynamiques et adaptées à la concurrence mondiale, là où les catégories populaires de droite vivent dans des zones de déclin économique, éloignées de la création de richesses, et où le taux de revenu annuel est particulièrement faible.

Les bourgeois et retraités aisés veulent plus d’Europe, ou au moins le maintien de ce qui est acquis. Les classes populaires ne veulent plus d’intégration européenne et souhaitent même revenir sur les fondamentaux de l’UE.

Se pose ainsi pour les partis de droite classiques, tout comme pour les partis de la droite antisystème, la problématique suivante : comment capter sur la base de l’immigration deux électorats diamétralement opposés sur les grandes orientations politiques et institutionnelles de leur pays ?

Quand la communication remplace la politique

L’outil miracle permettant de surmonter ces difficultés existe bel et bien : il s’agit de la synthèse.

La synthèse est ce qui permet de faire cohabiter au sein d’une même famille politique, et à travers une seule personnalité, des courants totalement antagonistes. Elle s’obtient en substituant l’action politique par la communication politique.

L’action politique vise à dire ce que l’on va faire, et à faire ce que l’on a dit. La communication politique consiste à adopter une posture temporaire définie par le contexte politique immédiat et par le public électoral auquel on est confronté. Dans une synthèse, on distribue donc des promesses contradictoires à des corps électoraux dont les intérêts divergent, en sachant très bien que certains seront floués.

Dans le contexte européen actuel, il apparait que la synthèse semble plus aisée à gauche. L’électorat favorable aux mouvements d’émancipation LGBT et/ou féministes incline favorablement vers le modèle de société multiculturaliste, et admet donc l’affirmation de l’islam comme identité du citoyen musulman. Pourtant, l’expansion d’un certain islam, de coloration salafiste, génère des dérives communautaires et des manifestations d’intolérance. Face à ces dérives, nombreux sont les responsables de gauche à fermer les yeux, voire à tolérer l’intolérance, tant qu’elle provient d’un client électoral. Mieux, le fait d’attendre en embuscade que la droite s’empare de ces sujets à des fins de polémiques, ce qui ne manque jamais d’arriver, permet à la gauche de ressouder l’ensemble de son électorat, en invoquant la lutte contre l’islamophobie et la droitisation des esprits.

En France, l’appel à la défense des valeurs républicaines est devenu un élément de langage phare du discours socialiste. Mais l’emploi qui en est fait est un contre-sens, puisque la République, qui symbolise la réunion d’individus divers dans leurs origines et leur culture au sein d’une communauté nationale, est ici invoquée dans un discours global qui exalte les particularismes communautaires.

La synthèse à droite paraît plus malaisée. Si Nicolas Sarkozy est le dernier à l’avoir réussie en 2007, il semble aujourd’hui impossible de rééditer une telle manœuvre, ce en raison de l’hostilité croissante et globale envers l’Europe. Comment bailler à la droite des métropoles l’accentuation de l’intégration européenne, ainsi que la libre-circulation des travailleurs et des marchandises, tout en promettant protection et justice sociale à une droite de la périphérie qui exige le retour de l’État dans l’économie et le rétablissement des frontières ?

La mondialisation a bouleversé le champ politique national en scindant les bases électorales de la gauche et de la droite, ce dans tous les pays, y compris aux États-Unis. Si le clivage gauche-droite est devenu secondaire, il constitue toujours un repère sur l’idée que l’on se fait de la société dans laquelle on souhaite vivre. Chaque camp se trouve ainsi contraint de surmonter les paradoxes nés de la mondialisation et de recoller les différentes pièces de son électorat par le biais de la synthèse. Ce à moins que la nouvelle géographie politique commune à tout l’Occident, opposant la métropole à la périphérie, ne donne naissance à une nouvelle forme d’entité politique, balayant définitivement les fossiles démocratiques que sont le bipartisme, la coalition au centre, et l’alternance unique.

La politique, une affaire de générations

Un trait d’union supplémentaire unit les nations occidentales dans leur diversité, il ne doit pas être sous-estimé car il est un facteur majeur dans le conservatisme politique et institutionnel de ces pays : Il s’agit de la démographie.

Les pays occidentaux ont une démographie faible et de ce fait une population vieillissante. Comparée au dynamisme démographique des autres continents, cette faiblesse dans le renouvellement de la population autochtone occidentale alimente l’idée du déclassement, tandis que les flux migratoires nourrissent la peur instinctive de la disparition de son pays, de sa culture, et au final de soi-même.

Demi-statère_romain_C_des_M.jpgCes considérations sont prégnantes dans les mouvements de droite, aussi bien classiques que populistes, même si ces derniers les assument beaucoup plus aisément, notamment en Grande-Bretagne avec UKIP, en Belgique avec le Parti Populaire, ou en Suède avec les Démocrates Suédois. Le fait de rompre un tel tabou et de rouvrir le débat sur la coexistence des civilisations facilite leur classement à l’extrême-droite. Pourtant, les problématiques issues de la coexistence ne sont pas liées aux pays de l’Europe blanche et chrétienne. Une enquête réalisée par Ipsos en 2011 révèle que ce phénomène touche aussi aux autres continents, il s’agit d’un phénomène inhérent à l’être humain, il est donc universel.

La faible démographie occidentale a également un effet pervers sur le renouvellement des classes politiques et institutionnelles. Par essence, les partis qui occupent le pouvoir représentent les classes dominantes, ils sont donc nécessairement conservateurs, puisque leur objectif est de demeurer en place. Ces mouvements sont largement soutenus par des populations qui, sociologiquement, ont toutes les raisons de vouloir préserver leurs acquis.

En Europe, cette population correspond à celle des baby-boomers, lesquels ont désormais atteint l’âge où leur place dans la société est faite et dont le but est de s’y maintenir. S’ajoute à cela les populations retraitées qui, même lorsqu’elles sont modestes, n’aspirent pas tant au changement qu’au statu quo, sachant par ailleurs que les retraités sont sensibles aux effets de l’inflation, et prisent donc la stabilité politique.

Pour les générations suivantes, l’héritage des baby-boomers consiste essentiellement en l’évocation quasi mythologique d’un âge d’or, les Trente Glorieuses, contrastant avec la crise économique qui a suivi et qui semble s’amplifier, le tout ponctué d’un legs écologique désastreux et d’une dette monstrueuse à supporter. S’ajoute à cela la rancœur devant le peu de perméabilité d’un marché du travail encore dominé par ceux qui ont connu dans leur jeunesse le plein emploi. La classe politique française symbolise cet égoïsme à la perfection. L’amertume est justifiée, mais il n’y a pas d’affrontement entre générations, car pour le jeune d’aujourd’hui le baby-boomer est aussi un parent, ou un grands-parents.

Il est de notoriété publique que les personnes âgées votent en masse et que l’absentéisme est fort chez les jeunes. La colère envers les classes dominantes qui régissent le monde occidental est certaine, les partis populistes montent, le changement semble de plus en plus à portée de main, il se fait entendre, mais il ne vient pas. Tout simplement parce que les forces du conservatisme sont plus fortes encore, même si elles sont silencieuses.

Tant qu’il n’aura pas résolu ses problèmes démographiques, l’Occident semble destiné à s’enfoncer dans un marasme économique et dans une crise existentielle, sans espoir d’une reprise en main par le haut, par le politique. Le paradoxe occidental, c’est de constater son déclin mais de juger néfaste ce qui pourrait y remédier. Une affaire de générations.