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dimanche, 31 janvier 2021

Retour à la réalité territoriale

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Retour à la réalité territoriale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.org

Le 1er janvier 2021 est née une nouvelle collectivité territoriale à statut particulier en France métropolitaine. Après la séparation de la Métropole de Lyon du département du Rhône redevenu rural en 2015 et la formation d’une Collectivité de Corse qui rassemble les compétences régionales et départementales de l’Île de Beauté en 2018, voici la Collectivité européenne d’Alsace (CEA).

La CEA résulte de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les cartes administratives continueront cependant à indiquer ces deux départements. Une nouvelle institution, le Conseil d’Alsace, les dirige. Il dispose des prérogatives départementales habituelles (actions sociale et sanitaire, logement et habitat, collèges, etc.) ainsi que de quelques capacités supplémentaires comme par exemple le bilinguisme, le tourisme, la voirie ou la coopération transfrontalière.

La réduction du nombre de régions en 2014 ordonnée par François Hollande suscite non pas de substantielles économies financières, mais plutôt un net regain de l’affirmation alsacienne. Bien des Alsaciens n’acceptent toujours pas la disparition de leur région amalgamée aux régions Lorraine et Champagne – Ardennes dans un grand ensemble au nom ridicule de « Grand Est ». Longtemps réticents à toute union du « 67 » et du « 68 », les élus locaux s’entendent finalement sur une unification. Avec la CEA renaît donc une structure administrative alsacienne garante de son appartenance géo-historique à la vallée du Rhin, de sa culture régionale, de son droit local et de son système concordataire de 1801. Certes, la nouvelle collectivité va devoir se faire respecter d’un État parisien toujours plus tatillon, d’une grande région jalouse de ses pouvoirs, et des intercommunalités, dont l’Eurométropole de Strasbourg, en quête de nouvelles dispositions réglementaires.

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Lyon la métropolitaine, l’Alsace et la Corse appartiennent dorénavant aux « collectivités territoriales uniques » qui intègrent les assemblées départementales et régionales. On retrouve ces collectivités territoriales originales en Outre-mer. Dès 2007, au large du Canada, Saint-Pierre-et-Miquelon devient une collectivité spécifique avec un conseil territorial unique. En 2011, le nouveau département de Mayotte reçoit du fait de son insularité toutes les compétences régionales. En 2016, la Guyane et la Martinique accèdent à leur tour à ce statut différencié. En revanche, la Guadeloupe dans les Antilles et La Réunion dans l’océan Indien gardent pour l’instant leur qualité de « région monodépartementale », soit un chevauchement souvent ubuesque sur le même espace du conseil départemental et du conseil régional. Signalons que les possessions françaises en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-et-Futuna) n’entrent pas cette catégorie.

Par-delà ces quelques exemples édifiants d’un mille-feuille administratif sans cesse renaissant, force est de constater l’apathie publique envers les enjeux de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Faut-il garder la structure commune – département – région ? Avant les nombreux regroupements pas toujours réussis, la commune perpétuait le pagus (le pays) gallo-romain. Les départements réagissent à ces évolutions territoriales en nouant des partenariats. Depuis une vingtaine d’années, Savoie et Haute-Savoie coopèrent sur de nombreux dossiers. La Drôme et l’Ardèche ont tissé des liens au-dessus du Rhône qui les sépare. La Loire et la Haute-Loire mutualisent leurs équipements routiers. La géographie de la France, plus vaste État de l’Union européenne, invite cependant au pragmatisme. En 1946, Michel Debré proposait au général de Gaulle une réduction du nombre de départements en les redessinant. Il importe aujourd’hui de réunir quand c’est possible les communes, de conserver le département et de maintenir la région. Au « diviser pour mieux régner » pratiqué par les différents régimes centralisateurs, les communes, les départements et les régions peuvent parfaitement se compléter dans un nouvel agencement territorial et administratif cohérent. La commune gère la vie courante; le département se charge de l’instruction et des affaires sociales; la région s’occupe des transports et de l’économie. Le Mouvement Normand réclame cette nouvelle répartition des pouvoirs entre les collectivités territoriales depuis près de… trente ans !

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Menacée d’étouffement économique et démographique par la « ville – monde » Paris et une Île-de-France elle-même bien déséquilibrée sur les plans social et démographique, les pays de France peuvent renouer avec les mille et une facettes de leur quotidien bigarré. Malgré l’urbanisation des campagnes, l’américanisation des mentalités et la fin de l’esprit paysan, la France demeure encore cette subtile et délicate marqueterie de langues, de terroirs, de gueules et d’accents.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 199, mise en ligne sur TVLibertés, le 26 janvier 2021.

mercredi, 06 janvier 2021

Macron et le Quatrième Pouvoir

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Macron et le Quatrième Pouvoir

Par Franck Buleux

Traditionnellement, l’expression « quatrième pouvoir » désigne la presse et les médias. Par extension, le quatrième pouvoir regroupe tous les moyens de communication qui peuvent servir de contre-pouvoir face aux trois pouvoirs incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire).

De mémoire d’homme, ce pouvoir a, plus ou moins, toujours critiqué, voire combattu le pouvoir en place. Certes, la gouvernance classée à droite est toujours plus critiquée que la gouvernance classée à gauche. Il apparaît évident que la défaite de Valéry Giscard d’Estaing le 10 mai 1981 doit beaucoup à ce « pouvoir » au cours des années 1979 et 1980. De la même façon, il n’est guère critiquable de dire que Le Canard enchaîné, grâce ou à cause de ses révélations, a limité l’électorat de François Fillon à un peu plus de 20 % des suffrages exprimés. Certains m’objecteront que la plume n’est pas la cause initiale mais le fait incriminé, ce qui n’est pas faux.

Les écoles de journalisme produisent des hommes et des femmes de gauche. La presse de droite est moins influente, parfois inaudible. L’hebdomadaire de droite nationale, Minute, révélait la maladie de Mitterrand dès 1981, il a fallu attendre 1992 pour que le public l’apprenne par l’intéressé.

Certes, François Mitterrand, surtout lors de son second septennat et François Hollande surtout n’ont pas été exempt de critiques médiatiques, même s’il s’agissait, le plus souvent, de critiques « de gauche ».

Depuis la disparition de Minute, d’abord des kiosques puis du paysage de la presse écrite, la droite nationale dispose de peu de relais en kiosques et il ne s’agit pas, mis à part le courageux Présent, jamais cité par ses confrères, de quotidiens ou d’hebdomadaires à fort tirage.

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Or, l’élection de Macron, en mai 2017, a fait coïncider le 4e pouvoir avec le pouvoir exécutif (ou législatif, de toute façon la réforme de la durée du mandat présidentiel a entraîné, ipso facto, la symbiose électorale quasi-automatique de ces deux pouvoirs). La représentation politique de Macron contre Marine Le Pen au second tour lui a donné une aura « de gauche » et sa politique économique, considérée comme libérale (je ne suis pas persuadé que la « nationalisation des salaires » soit très libérale mais il s’agissait probablement d’une nécessité sociale, via la prise en charge du financement du chômage partiel) lui a conféré une stature « de droite ». Aussi, les médias de droite comme de gauche, en particulier audiovisuels, rivalisent de félicités à l’endroit du président Macron.

Mais à quoi sert ce 4e pouvoir ? Il n’est plus un contre-pouvoir mais une espèce de caisse de résonnance des décisions prises en conseil des ministres (le Parlement n’était qu’une chambre d’enregistrement des règles édictées par l’exécutif).

La crise sanitaire est devenue l’exemple emblématique de cette situation. Chaque média rivalise de loyauté (sic) avec les dirigeants. Mieux même, cette presse « libre » en redemande, soulignant parfois que si l’exécutif ne va pas assez loin (la politique des vaccins par exemple), c’est à cause des « mauvais Français », les conspirationnistes et autres extrémistes qui « manipulent » (comment ? Ils n’ont aucun média…) l’opinion en les nourrissant de « fakes News », terme qui sert aujourd’hui à décrédibiliser toute opinion contraire à celle d’Emmanuel Macron.

Le « 4e pouvoir » ne joue plus son rôle de « contre-pouvoir », il n’est plus que l’aiguillon de l’exécutif, l’élément accélérateur du système : vaccination « pour tous », dissolution de groupes dissidents, « chasse » internationale sur le Net de tout individu qui remettrait en cause la doxa. Le sanitaire a pris la place du politique.

Même les réseaux sociaux sont contrôlés, surveillés et chacun d’entre nous risque, plus que son propre décès par la Covid-19, la mort sociale.

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On arrive à penser que, même si l’exécutif hésite à mettre en place des règles privatrices de liberté, le 4e pouvoir va l’y pousser. On en viendrait presque à nous retourner, comme certains le font déjà, vers le pouvoir judiciaire face aux trois autres (exécutif, législatif et médiatique).

En Union soviétique (beaucoup l’ont oublié ou n’étaient pas nés), les médias se limitaient à un journal, La Pravda, c’est-à-dire « la vérité » en russe car, c’est bien connu, il n’y a qu’une vérité.

L’avantage de l’Union soviétique est que le message était unique alors que, dans la France de 2021, il y a plusieurs voix… pour indiquer une seule et unique voie. C’est la raison pour laquelle il apparaît nécessaire, voire indispensable, de développer des médias libres, écrits ou numériques. Comme Métainfos !

Le 4e pouvoir n’a d’intérêt que s’il apporte des éléments informatifs distincts, qui permettent de comprendre, de débattre, pas d’avaliser, sans analyses, les choix du pouvoir.

Une opposition atone, des médias aux ordres, l’image du président jeune et démocrate Macron ne correspond pas à la réalité que nous subissons. En 2021, « Ouvrez les yeux ! » devrait être la campagne essentielle de tous et de chacun. Dois-je vous rappeler que, en ce début janvier, les élections régionales et départementales ont été reportées et devraient avoir lieu en juin, si tout  va bien ou à l’année prochaine ? Aux calendes grecques.

Quel est le nom de cette démocratie dans laquelle les campagnes électorales n’existent même plus ? Sur cette interrogation à laquelle je vous invite à réfléchir, je présente tous mes vœux de santé et de concrétisation de vos projets tout au long de cette année à l’ensemble de notre lectorat, de plus en plus nombreux, attentif à nos écrits et fidélisé!

samedi, 02 janvier 2021

2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

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2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

La facilité avec laquelle s’installe l’horreur techno-mondialiste nécessite un rappel historique. La dictature pseudo-médicale est liée à l’ascension prodigieuse de l’État moderne. De grands penseurs très différents ont dénoncé cet État moderne : Marx, les anarchistes français (génial Proudhon…), Tocqueville. Mais quand on sait sur quoi ont débouché marxisme et libéralisme, on comprendra pourquoi je ne propose jamais de solution. Ma solution c’est Fly you fools dans la caverne de la Moria de Tolkien. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai publié plusieurs livres sur Tolkien, et qui tournent autour de cette question : comment les gens libres du monde traditionnel ou les rebelles du monde moderne peuvent-ils échapper à l’horreur du totalitarisme postmoderne occidental ? Le grand traditionaliste Coomaraswamy a écrit :

« …le gouvernement traditionnel de l’Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier ».

Correspondant de Guénon, Coomaraswamy est alors proche des derniers grands écrivains catholiques Chesterton ou Bernanos. Son fils chirurgien a d’ailleurs écrit un livre contre Vatican II. Et on voit que le paganisme de l’Église romaine débouche sur son acquiescement au totalitarisme mondialiste sous le pontificat de l’autre. Je recommanderai aussi la lecture du jeune historien Yohann Chapoutot qui établit le lien entre occident et nazisme, cette machine coloniale à organiser pour dépeupler et contrôler.

9782081204959.jpgLa France est à la tête du totalitarisme néo dans le monde, et Macron a succédé au prince-président dont a génialement parlé Hugo dans Napoléon le petit. La France a toujours été à l’avant-garde de la tyrannie étatiste. Lisez Taine (le tome cinquième de sa France contemporaine) à ce sujet, l’Ancien Régime de Tocqueville, et même mon livre le Coq hérétique, publié en 1997, qui eut de nombreuses recensions en Angleterre… et en France.

Un qui en a bien parlé c’est Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte :

« On se rend compte immédiatement que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’État enserre contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience une plus rapide capacité de mouvement et un ressort, qui n’ont d’analogues que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’État, ne réduisait pas le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique, de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental ».

Aujourd’hui cette armée de fonctionnaires, encore un peu pseudo-grévistes dans les années 90, se mettent goulument au service de la dictature cléricale et médicale de Macron. Le régime reste bourgeois et Marx explique pourquoi il y a cent-cinquante ans :

index18BR.jpg« Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et complète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires. D’autre part, son intérêt politique l’obligeait à aggraver de jour en jour la répression, et, par conséquent, à augmenter les moyens et le personnel du pouvoir gouvernemental, tandis qu’en même temps il lui fallait mener une guerre ininterrompue contre l’opinion publique, mutiler et paralyser jalousement les organes moteurs indépendants de la société, là où elle ne réussissait pas à les amputer complètement. C’est ainsi que la bourgeoisie française était obligée, par sa situation de classe, d’une part, d’anéantir les conditions d’existence de tout pouvoir parlementaire et, par conséquent aussi, du sien même, et, d’autre part, de donner une force irrésistible au pouvoir exécutif qui lui était hostile ».

Entre le lumpenprolétariat (la bohème de Marx, racailles d’aujourd’hui, suppôt du pouvoir rose-brun), la population superflue et l’ordre bourgeois, on conçoit que la France est mal partie pour réagir.

Marx ajoute dans le même élan :

« Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’État. La monarchie légitime et la monarchie de Juillet ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail, à l’intérieur de la société bourgeoise, créait de nouveaux groupes d’intérêts, et, par conséquent, un nouveau matériel pour l’administration d’État. Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental ».

J’ai déjà cité cette phrase prodigieuse, alors je la répète :

« Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

9782080703538.jpgAujourd’hui la machine se met au service du techno-mondialisme, des GAFAM, de l’écologisme malthusien, de Davos.

La suite avec Tocqueville : lui a décrit la triomphe de l’État et de sa bourgeoisie un peu comme Guénon dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel.  Tocqueville décrit déjà distanciation et isolement, et fin de la patrie :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie ».

Au-dessus de cette meute, l’État qui n’a pas attendu nos commentateurs télé pour découvrir qu’il faut maintenir les Français dans l’enfance (il faudra un jour comprendre qu’on n’était pas beaucoup plus libres avant le coronavirus) :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

On répète car c’est magnifique : que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

Et bien c’est fait avec le vaccin et la télé et la grande confiscation de l’année prochaine.

9782081451667_1_75.jpgTocqueville ajoute :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ».

J’ai déjà parlé de l’hébétude, mot repris par Baudrillard dans sa Guerre de Troie et subtilement commenté par Mgr Gaume : c’est la fin de l’intelligence du baptême et l’abrutissement esclave, celui que vous et moi, rebelles impuissants, constatons autour de nous. Le rebelle découvre alors que lui aussi n’est pas libre sur le terrain…

Tocqueville explique la vraie raison de notre stupide soumission :

«  Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne. Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ».

le_coq_heretique_autopsie_de_l_exception_francaise-71933-264-432.jpgCe qui nous arrive était écrit, comme dirait un beau rebelle arabe dans Lawrence d’Arabie, tourné près de chez moi en Andalousie.

Faites attention, l’État mondialiste a toute la technologie pour s’installer, et les « bourreaux volontaires » abondent. Il a son armée de politiciens, de drones, de fonctionnaires et de journalistes hypnotiques, de victimes hébétées.

Bonne année à ceux qui veulent vivre et résister.

Nicolas Bonnal.

Sources :

Nicolas Bonnal – Le coq hérétique (Les Belles Lettres)

Tocqueville –  De la Démocratie en Amérique, volume II, part 4, chap VI.

Marx – Le dix-huit Brumaire

Chapoutot – Libres d’obéir, nazisme et management

dimanche, 20 décembre 2020

Stratégie Macron. Climat & Constitution Contre le Peuple

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Café Noir

Stratégie Macron. Climat & Constitution Contre le Peuple

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 18 décembre 2020 avec Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed.
 

jeudi, 17 décembre 2020

Lessons from the Collapse of Catholicism in France

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The Postwar Triumph of Social Liberalism
Lessons from the Collapse of Catholicism in France

Ex: https://www.unz.com

Jérôme Fourquet’s The French Archipelago provides a kind of dynamic radioscopy of the French nation as she has developed in recent decades. The picture, as detailed in my review of the book, is one of the fading away of the old sociological left and right, leaving behind a fragmented subcultural and political landscape, divided in multiple ways along educational/economic, ethnic, and religious lines.

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As part of this, Fourquet meticulously documents the decline of Catholicism and the triumph socially liberal values in postwar France. The pollster identifies a number of patterns which are instructive both for France and other Western nations, which are virtually all experiencing similar changes.

The decline of Catholicism in France is overwhelming and apparent in innumerable areas:

  • Baptism: once overwhelming, down to around 30% of newborns in 2015 (p. 25)
  • Regular mass-going: from 35% in 1961 to 6% today.
  • Divorce: taboo until the 1960s, then steadily rising.
  • Marriage: once a “hegemonic social norm,” declining since the 1973 Oil Shock (p. 37). Out-of-wedlock births have steadily risen from 5.9% in 1965 to 59.9% in 2017. A caveat: this figure is not synonymous with broken homes and single mothers, as many unwed couples live together, typically within a civil union (PACS, p. 42).
  • Abortion: 48% of French supported in 1974 (moreso among the young), with hegemonic 75% support across generations in 2014 (p. 44).
  • Gay marriage: steady support of over 60%, though only around half of French support adoption by gay couples, with some fluctuation (p. 48). Older people’s opinion on the matter is rapidly converging with the young, with little class divide.
  • Gay children: There is a marked male-female divide on the acceptance of homosexuality among one’s children. In 2000-03, two thirds of women said they would be perfectly happy with their child being gay, but only half of men said the same (p. 52).
  • Medically-assisted procreation: half of French support allowing lesbians and single mothers to conceive children through in vitro fertilization, with the mention that “fatherless children” would be born. Two thirds of young people support the measure (p. 55).

Catholicism’s decline to marginality and even oblivion in France is evident from the number of Catholic priests. In 1950, there were about as many priests and monks in France as during the French Revolution in 1789 (around 170,000, bearing in mind the general population had more than doubled). Today, they number only 51,500 and the authors predict that Catholic parish priests will be a virtually extinct breed within 30 years (p. 28).

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Number of Catholic diocesan priests in France

At the end of the nineteenth and in the early twentieth centuries, France provided three quarters of the Catholic missionaries proselytizing in Africa and Asia. Today, in a dramatic reversal, the bulk of new Catholic priests comes from the Third World. Some African prelates, such as Cardinal Robert Sarah, have themselves expressed grave alarm at Europe’s godlessness, infertility and invasion by Muslim immigration.

Catholicism has gone from forming the core of one of France’s two primary subcultures to merely one subculture for the 6-12% of French who remain practicing Catholics (6% being the ones who go to mass, 12% those who claim to be practicing). Even these have embraced many aspects of social liberalism (e.g. acceptance of sex before marriage). Practicing Catholics tend to be older than the general population.

Fourquet also documents other social changes. Only Muslims and practicing Catholics still prefer the traditional funerary practice of burial, with a majority of French now wishing to be incinerated after death (p. 57). Fourquet links this to the fact that most people no longer live in their old villages near to their ancestors’ graves and thus no longer feel the importance of lineage.

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Tattooing used to be a very marginal practice (sailors, soldiers . . .) but has steadily risen and now stabilized, with a quarter of young people having tattoos (p. 59). Tattoos and the adoption of rare names represent “a major phenomenon of today’s societies: mass narcissism” (60). There has also been a steady growth in the number of young people who have engaged in oral sex.

The attitude of the French towards animals is also changing. In the mold of the Old Testament, the French used to consider animals as essentially humans’ slaves, to be used however they saw fit. Today, two thirds of French oppose the use of circus animals or the stuffing of geese to make famous French delicacy of foie gras. “Anti-specism” is a new fashion among academics and talking heads.

The evolutionary meaning of traditional culture

Many see in the decline of Catholic practice and customs a triumph over the irrational superstitions inherited from the ignorant past. Even a secularist should ask however: How did these values come to predominate and what do they represent?

In The Descent of Man, Charles Darwin himself had stressed that traditional cultures tend in a crude and primitive way to be guided by what is good for the community: “The judgment of the community will generally be guided by some rude experience of what is best in the long run for all the members; but this judgment will not rarely err from ignorance and weak powers of reasonings.”

Many traditional cultures, including those of the West, emphasize patriarchy, the specialization of gender norms, child-rearing, and familial responsibilities. It’s easy to conceive how nations and families adhering to such norms would naturally outcompete those who did not.[1] This is especially so if we recall the conditions of premodern life: a fairly high fatality risk for pregnant mothers, high infant mortality, and constant struggle – undertaken especially by men – in the physical and social world to secure the one’s security and livelihood.

After the Second World War, the emergence of an affluent society meant that the egalitarian and individualist tendencies of liberalism, which had always been present since at least the eighteenth century, would dramatically radicalize and upturn the social order.

Human beings have always chafed against the apparently, and often actually, arbitrary rigors and constraints of their particular culture. As the sophist Hippias is supposed to have said some 2400 years ago: “I regard you all as relatives and family and fellow citizens – by nature, not by custom. For by nature like is akin to like, but convention is a tyrant over mankind and often constrains people to act contrary to nature” (Plato, Protagoras, 337c-d).

Put simply, young people increasingly could no longer accept the traditional familial and religious constraints of the past and no other coherent value system could rise to replace them – besides, precisely, an ethos of individual entitlement. What’s more rising prosperity and the welfare state actually meant that people could, more and more, get by materially with looser family ties. The father and husband’s economic responsibilities to the household were increasingly substituted by the corporation and the State.

Patterns of cultural change: deep generational shifts, not events

Fourquet identifies a recurring pattern to these trends: the new values first emerge among French youth and the secularizing geographical core (the greater Parisian basin in particular), then gradually spread to the whole population and territory. He does not discuss whether the media and educational systems shape these youthful attitudes, or whether these arise more spontaneously.

It is easy to underestimate the scale and speed of social changes because of a generational lag effect: even as the youth overwhelmingly adopt a new practice, one may have the impression the country has not changed much because the older generations representing the bulk of the population have not adopted them. The effect has gotten more marked as the French population has aged, the average now being over 41 years old.

When the population is evenly split on a new social practice, Fourquet describes this as like a chemical “unstable equilibrium” which can rapidly shift as the old generation dies out and the new norm becomes hegemonic. Indeed, eventually the old adopt the new norms, sometimes even before dying out. All these trends remind us of the importance of the young, as against the peculiar obsessions and taboos of older generations.

On all these issues, Fourquet shows that events tend to have a marginal impact on the overall trend. Neither the infamous May ’68 protests nor Pope Paul VI’s July 1968 encyclical Humanae vitae recalling of the ban on contraception seem to have had much impact. The decline of mass attendance did see a bump when it became no longer mandatory to attend systematically to receive communion, but this was only an accelerant.

France’s spectacular 2012 anti-gay-marriage protests, with hundreds of thousands of people marching across the country, may have a served as a moment of organization and consolidation for French conservatism, but appears to have had little impact on opinion. There appears to be a fait accompli effect whereby a portion of population switches to supporting a measure once it is passed into law.

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French public support for gay marriage (in blue) and adoption by gay couples (in red)

The appeal of liberal nihilism

The basic human drive beneath these changes seems quite straightforward: a rejection of traditional constraints in favor of new norms concerned primarily with maximizing personal choice and economic security.

It is unclear what are the limits, if any, to the disintegration of traditional norms, roles, and identities. The French have disconnected sex from procreation (contraceptives, abortion), mother-father complementarity in parenting (divorce, gay marriage), and the idea of the individual as part of a lasting family, lineage, or nation.

Fourquet highlights as an example of the reigning moral relativism the comments of Jean-François Delfraissy, President of the National Consultative Council on Ethics (CCNE), who said in 2018 that “The refusal to establish a framework or to give reference points is seen at all levels of society,” that “everyone has their own vision of ethics,” and that he did know what “good and evil” are (p. 56). Ultimately for Fourquet, what matters is demographics: “You [the losing side of culture wars] are philosophically wrong because you are sociologically and demographically in the minority” (p. 64).

The biotechnologies of enhancement . . . and disintegration

We can go much further on the road of identitarian disintegration. Will the youth accept transgenderism – that is to say the rejection of biological sex as such, letting people “choose” their sex, whatever their chromosomes or genitalia, through genital self-mutilation and hormonal manipulation? There is currently little pushback across the West, with the partial exception of the irreversible mutilation of children by transgender activists (see the recent court ruling in England requiring children under 16 to get court approval to access puberty blockers).

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With new biotechnologies, disintegration of traditional identities can go much further. Currently, enhanced reproductive techniques (procréation médicalement assistée or PMA, including notably in vitro fertilization or IVF) are only legal in France for heterosexual couples. However, there are efforts underway, which will likely be successful and widely accepted, to broaden access to PMA to single mothers and lesbian couples. After all, many ask, why shouldn’t such women be able to have children? The effect will be to have new generations of children willingly deprived of their biological father. The fatherless child may well become a normality. Such practices are already legal in France’s neighbor Belgium.

Single women and lesbians with access to IVF can of course choose from a wide variety of sperm without having to seduce the father. This is likely having eugenic and Nordicist effects as women disproportionately choose sperm from well-educated, healthy, and attractive White fathers. The demand seems to be strongest precisely where northern features are scarce. Serbian women, including Gypsies it seems, are fertilizing their eggs with Danish sperm. Indeed, Danish sperm is perhaps the most popular in the world. In multiracial Brazil, White Americans’ sperm is extraordinarily popular. Such practices further loosen the ties between fatherhood, family, and race.

Then there is the practice of surrogacy or gestation pour autrui (GPA), in which a woman carries to term another person’s embryo. Women who can’t or don’t want to face the hardships and risks of pregnancy could pay another woman to carry their child for them. Homosexual males, who obviously cannot become pregnant, could do the same. This could become a particularly profitable business in which Third-World women in particular could carry wealthy couples’ children. Pierre Bergé, the wealthy homosexual owner of the fashion label Yves Saint Laurent, once notoriously defended the marketization of surrogacy on television saying: “I am for all freedoms. Whether you rent your belly to make a child or rent your arms to work in a factory, what’s the difference? It’s the distinction which is shocking.”

Another technique is artificial gametogenesis. Scientists are learning how to create sperm or ovules from an organisms’ other cells. The most obvious application is in allowing infertile heterosexual couples to create working sperm or ovules and thus conceive. However, there are more radical possibilities: such techniques could enable you to create sperm from a woman or an ovule from a man. Lesbian couples could then have biological children as a couple as such. (Try to wrap your head around the implications for “motherhood” and “fatherhood.”)

The most promising techniques for eugenicists are embryo selection and CRISPR gene editing. The former already takes place in a certain sense: it is common practice in many countries for a woman to abort her fetus if it is found to have severe congenital defects such as Down’s syndrome. Wider embryo selection would allow parents to choose to a child with more genes predisposing to certain traits, such as intelligence or good health, without genetic modification. CRISPR could enable almost unlimited possibilities, including the creation of monstrosities.

Such biotechnologies, which are in principle neither good nor bad and anyway are probably inevitable in the long run, become dangerous in a nihilistic context like ours.

Catholic embers

Still, we should not write off traditional values yet. Fourquet also highlights another trend: the more economically backward, farmer-heavy, and religious regions of France in 1960 – especially concentrated in the western regions – are today among the most economically dynamic and socially cohesive. Demographers Hervé Le Bras and Emmanuel Todd have attributed this to what they call “Zombie Catholicism,” though it might be fairer to speak of residual Catholic traditional values. Fourquet “completely agrees with their analysis when they describe, for example, the higher educational performance and greater social cohesion reigning in the Grand Ouest as being the shadow of Catholicism, whose flame has since gone out” (p. 14).

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Percentage of farmers as a share of the active population in 1968

By contrast, the precociously dechristianized and industrialized regions of northern and eastern France are now economically depressed and culturally alienated. The Whites there often in a bad state. This may be because of the collapse of traditional values which imposed some structure on lower class Whites’ lives. This is an intriguing hypothesis. Then again, the reversal of economic fortunes between western and northeastern France may also be part of a cycle of difficult economic reconversion for regions heavily invested in now-obsolete industries.

In any case, religious minorities often have high fertility while liberal nihilists, understandably, do not. For those who see no particular importance for lineage, nation, or God, who consider that all human beings are basically equal atoms in an empty universe, raising children naturally seems a meaningless chore or, at best, a mere lifestyle choice. Enhanced or modified reproduction, at this is stage, make up a very small minority of births.

In France, Catholic religiosity is not synonymous with being a hick. Rather, provincial bourgeois Catholic families are famous for being high-functioning, educated, and high-fertility, providing the cadres for the country’s anti-gay-marriage movement in past years. A friend of mine from my university days is such a Catholic, an engineer, apologist of Marshal Philippe Pétain (finding “Work, Family, Fatherland” a much more constructive slogan than “Liberty, Equality, Fraternity”), and is currently expecting his fifth child.

But how significant are high-functioning Catholics actually? This is difficult to say, as there is a lack of data. It is noteworthy that today’s practicing French Catholics are much more likely to be religious out of sincere individual zeal rather than socially conformist pressure. If we look a century or two ahead, assuming humans are still ruling the roost, it seems probable the Earth will naturally fall to believers.

Notes

[1] Of course, traditional norms are not uniformly adaptive in an evolutionary sense. In Catholic Europe, the specific expression of these norms was partially determined in a top-down fashion by the particular doctrines of the Church. Several important Catholic doctrines may be considered maladaptive or dysgenic, notably the the sacralization of fetuses (retarding the development of medical technologies), the ban on abortion, and the drive to convert all human beings to the faith regardless of ethnicity.

mercredi, 16 décembre 2020

Macron et la France « orange psychiatrique »

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Macron et la France « orange psychiatrique »

 
 
par Nicolas Bonnal 

Macron tient cet hexagone et il ne va pas le lâcher. Pourquoi se fatiguer à organiser des élections présidentielles que de toute manière il gagnerait grâce à BFM, au juge, au bobo, à l’écolo, au bourgeois ? Macron est venu à point pour profiter de ce qui faisait rêver Sarkozy : la France « orange psychiatrique ». Si l’on veut se consoler, on précisera que l’élite chinoise est indélogeable, que l’élite anglaise l’est aussi : que Netanyahou ou Merkel sont au pouvoir depuis treize ou trente ans, et qu’en somme la gouvernance totalitaire est déjà en place dans presque tous les pays.

Si la France est devenue un pays relativement violent, elle est surtout devenue un pays sous contrôle psychiatrique permanent. De ce point de vue la référence à Kubrick reste essentielle car Orange Mécanique est d’abord une réflexion sur le conditionnement moderne – bien plus que sur la violence et le sexe qui servent de prétexte au dit conditionnement. Le conditionnement permet comme le masque et la distanciation de créer cet individu robotique  dont rêve le pouvoir moderne, et finalement tout pouvoir. Dans le film le conservateur Tory vire au fascisme, comme Boris Johnson, Merkel, Bayrou, tant d’autres…

Ce à quoi nous assistons planétairement c’est à un triomphe des États et des administrations, y compris et surtout dans les pays prétendument libéraux ; les penseurs libéraux m’ont toujours paru hypocrites ou ridicules dans leur défense des belles démocraties anglo-saxonnes… Le flicage mondial convient parfaitement au pouvoir, comme les technologies et c’est pourquoi ils affolent, ruinent et terrorisent leur population en attendant d’en liquider une partie. L’État hégélien se réalise partout, qui avait fait de Bonaparte (« cette âme du monde », disait Hegel) son modèle.

Citons Marx et son Dix-huit Brumaire qui évoque le Second Empire, régime qui inspira Maurice Joly et ses dialogues aux enfers :

« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

On répète car c’est grandiose : « Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser ».

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Dans le cas de Macron on sait que le parti n’avait pas d’antécédent. C’est un parti d’aventuriers, comme a dit Régis de Castelnau. Et c’est tant pis pour les Français et tant mieux pour l’horreur qui doit se passer en France l’an prochain.

Marx explique encore, et voyez comme cette situation de présent éternel, comme j’aime à dire s’applique pour nous :

« Ce n’est que sous le second Bonaparte que l’État semble être devenu complètement indépendant. La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau ».

D’où le désespoir qui aide à maintenir la dictature :

« C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée ».

Déshonneur après la manif pour tous, déshonneur après les gilets jaunes… Un petit livre de développement personnel pour surmonter tout cela alors ? Comme disait Boris Vian, fils des guerres et de la crise de 29, « ils cassent le monde, il en reste assez pour moi ! »

Le contrôle psychiatrique avant de devenir chimique et audiovisuel fut d’abord tatillon et bureaucratique. Pas besoin de citer Tocqueville pour rappeler que c’est ainsi que l’on crée le troupeau commode qui se masque ou se confine. C’est le développement de cette bureaucratie qui comme dans la Chine eunuque décrite par le sociologue hongrois Balasz crée ce citoyen bancal, handicapé, plus très bon à grand-chose. Certains comme nous peuvent avoir une nostalgie athénienne ou rousseauiste du citoyen autonome qui enflammait les romantiques allemands comme Schlegel, mais comme les autres dépendent de leur pitance étatique, de leur bureaucratie policière et médicale… Il est amusant de rappeler que les deux rares défenseurs de la liberté individuelle et du libre choix dans Orange Mécanique sont le gardien de prison et le bon aumônier. Mais ils incarnent un ordre ancien – et donc moqué et caricaturé chez Kubrick – qui va disparaître devant l’appareil des Gestapos médiatiques et médicales. Le reste acclame le ministre Tory qui prépare déjà le virage fasciste de l’Angleterre anticipée par Burgess, dont la femme avait été violée pendant la guerre par des soldats américains.

C’est l’éminent Castelnau, comme je le disais plus haut, qui a le mieux défini le régime de Macron. Les deux tyrans mondialistes comme Sarkozy ou Hollande furent vus comme étant de droite ou de gauche. Il fallait être au centre-droit, et Macron le fut avec tous les Bayrou, cathos et maçons de la place, partant résolument le bourgeois. Il fallait être aussi roué et aventurier, et il le fut dès le début. Marx encore :

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« À côté de « roués » ruinés, aux moyens d’existence douteux, et d’origine également douteuse, d’aventuriers et de déchets corrompus de la bourgeoisie, des forçats sortis du bagne, des galériens en rupture de ban, des filous, des charlatans, des lazzaroni, des pickpockets, des escamoteurs, des joueurs, des souteneurs, des tenanciers de maisons publiques, des porte-faix, des écrivassiers, des joueurs d’orgues, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les Français appellent la « bohème » ».

Castelnau a décrit cette faune LREM sur son blog :

« …chez LREM, recrutés sur CV par Jean-Paul Delevoye y voisinent commerçants faillis, aventuriers, opportunistes sans principe, incompétents notoires et parfaits ahuris dont la seule caractéristique est d’obéir au doigt et à l’œil aux gardes chiourmes nommés par Macron pour les surveiller. Et les punir si jamais ils renâclent. Ce parlement croupion humiliant pour la France, est fort utile à Emmanuel Macron qui l’a complètement enrégimenté. Il n’est que de voir comment sont fixés les ordres du jour, proposés des textes liberticides adoptés sans aucune discussion véritable pour mesurer l’ampleur du désastre… »

La même bohème fut à l’œuvre avec le nazisme qui fut aussi une dictature gay (lisez le Rose et le brun de Philippe Simonnot), écolo, pharmaceutique et petite-bourgeoise. N’oublions pas sa russophobie…

Comme on trouve tout dans les classiques, on trouve même la notion de mascarade chez Marx :

« Vieux roué retors, il considère la vie des peuples, leur activité et celles de l’État, comme une comédie au sens le plus vulgaire du mot, comme une mascarade, où les grands costumes, les grands mots et les grandes poses ne servent qu’à masquer les canailles les plus mesquines. Ce Bonaparte, qui s’institue le chef du sous-prolétariat, qui retrouve là seulement, sous une forme multipliée, les intérêts qu’il poursuit lui-même personnellement, qui, dans ce rebut, ce déchet, cette écume de toutes les classes de la société, reconnaît la seule classe sur laquelle il puisse s’appuyer sans réserve… »

C’est la racaille des banlieues (revoyez les images de Macron à Pantin) et des universités anglo-américaines qui s’impose : c’est la génération Mitterrand. Quel bourgeois ne rêve d’envoyer son rejeton en Angleterre ? On a assisté à un basculement anthropologique et pédagogique ici, et à l’émergence d’une élite techno-fasciste et cosmopolite qui va nous en faire voir de toutes les douleurs… Elle s’appuie sur la racaille de rues qui sert de supplétif à une police alléchée par le sang.

Terminons sur cette France « orange psychiatrique », qui a peur du virus, de musulman, du pollueur, du complotiste, du démasqué, mais pas de l’hydre qui la dévore. Il y a six ans Gérard Chaliand déclarait :

« L’autre jour, je suis passé à la pharmacie et la pharmacienne me disait que les clients défilent, depuis le 13 novembre, pour prendre des calmants. Les gens se demandent ce qui va se passer ; ils ont peur. Les médias nous pourrissent la vie avec leur audimat. Ils rendent service à Daech ; ils font leur propagande : si je relaie six fois un crime de guerre de l’ennemi, je lui rends cinq fois service. C’est la société du spectacle. C’est minable. Mais, non, contrairement à ce que raconte Hollande, nous ne sommes pas en guerre : une guerre, ce serait comme ça tous les jours ; on est dans une situation conflictuelle… En l’espace de trente ans, les gens se sont ramollis. Ils ont peur. Mes compatriotes, dans l’ensemble, ont peur de tout… Comme je l’ai dit, c’est le prix de la paix et de la prospérité. C’est aussi le vieillissement de la population qui engendre le conservatisme. L’espèce humaine cherche la sécurité, hélas, à tout prix. Je l’ai fui car c’est le début de la mort ».

C’est le César de Pagnol, ce chantre de la médiocrité républicaine, qui croyant faire un bon mot, déclare préférer une laide vie à une belle mort. On peut le rassurer : dans la France « orange psychiatrique », il aura une laide vie et une laide mort.

Sources :

Nicolas Bonnal – Kubrick (Dualpha, Amazon) ; Céline (Avatar) ; chroniques sur la fin de l’histoire (Amazon)

Marx – Le dix-huit brumaire


- Source : RI

samedi, 12 décembre 2020

Écrits d'exil, 1927-1928 de Léon Daudet

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Écrits d'exil, 1927-1928 de Léon Daudet

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

Autres textes à lire:

Mâles lectures.

 
Écrivains et artistes de Léon Daudet.

La Préface de Sébastien Lapaque aux Écrits d'exil de Léon Daudet (1), si elle ne pipe mot sur les qualités littéraires évidentes et l'originalité incontestable de l'écriture toute faite de parallèles aussi vifs qu'une décharge d'adrénaline et de notations intimes ou de confidences sur des auteurs (Hugo, Baudelaire) aussi touchantes que surprenantes, que se remémore, pour notre plus grand plaisir, ce tonitruant continuateur de Rabelais et de Bloy que fut Léon Daudet, nous renseigne suffisamment sur la période personnelle, atroce, qu'il traverse, puisque son deuxième fils, Philippe, est mort, s'étant suicidé ou bien ayant été éliminé par les sbires de l'ombre du pouvoir en place, comme le père ravagé n'aura cessé de le penser jusqu'à sa mort. Il trouve, alors, la force d'écrire un ouvrage intitulé Courrier des Pays-Bas dont sont extraits les différents textes composant ce recueil.

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Il ne faut chercher aucune cohérence directe entre les textes ainsi colligés, fort courts ou de belle ampleur, qu'il s'agisse de portraits ou de méditations littéraires, mais aussi d'épigrammes, sinon, bien sûr, la constante tension stylistique d'une écriture qui n'éclate jamais mieux que dans les séries de courtes notations, longues parfois de deux phrases, dans lesquelles Léon Daudet non seulement ramasse ses forces et bande ses muscles, mais jamais n'hésite à décocher telle flèche qui à coup sûr se plantera dans l'ennemi qu'il s'est choisi, Paul Valéry ou Ernest Renan par exemple, qu'il déteste visiblement par-dessus tout, le second davantage encore que le premier. Parfois, cette force contenue permet au fauve de sauter directement à la gorge de sa proie, et nous assistons, d'un claquement sec de mâchoire, à l'égorgement de la gazelle ou du pourceau : ainsi, l'auteur de Monsieur Teste est-il surnommé «Léonard de Vichy» (p. 206) ou, petite facilité que nous excuserons sans peine à notre atrabilaire qui ne peut pas toujours saigner proprement, si je puis dire, sa victime mais la larde de coups de canif inoffensifs, «Paul Valait-rien» (p. 217), facilité de potache disais-je, comme si Léon Daudet nous montrait par avance le maximum auquel atteindrait, quelques années après sa sanglante carrière d'imprécateur, un Jean Cau, pire encore, je veux dire, bien plus petit, un Denis Tillinac, si nous nous souvenons que, comme Georges Bernanos, Daudet fils «déchire comme l'aigle», mais «un aigle qui saurait l'anatomie» (p. 124). Parfois également, cette fois-ci à l'exemple de Léon Bloy, l'auteur des Morticoles, pourtant mieux nourri et sustenté que le Mendiant ingrat, a pu accrocher aux mesquineries (cf. p. 118), travers qui est celui de tous les prodigues et prodiges verbaux. Du second, Renan donc, tout est sale et abject et là, le trait est aussi juste qu'assassin, donc définitif : «Quand je lis Renan, j'entends, derrière la toile peinte en couleurs tendres, des blasphèmes furieux, des jurons de charretier ivre» puisque «son style lui servait à masquer son âme» qu'il avait vile (Aphorismes sur la polémique et l'invective, p. 127). Je retiens cette autre magnifique méchanceté, d'une brièveté lardant la masse des dix mille pages inutiles et fausses écrites par l'auteur de La vie de Jésus : «Renan, ou le bidet de Ponce Pilate. Il s'y lavait, non les mains, mais le cul» (Réflexions sur la connaissance, p. 301). Si la polémique, telle que la définit Léon Daudet, est ainsi «un combat mené par la plume en faveur de certaines idées» et «la réaction de défense contre les enlisements et endormements philosophiques, artistiques et littéraires» (Le plus grand de nos polémistes, François Rabelais, p. 66), nul doute qu'il soit, lui, tandis que d'autres dorment, constamment en éveil ! Nous verrons pourtant que l'un des effets bénéfiques de cette hargne à ne jamais fermer l’œil est une étonnante capacité d'accommodement, au sens optique du terme, de la vision, susceptible tout autant de replacer le plus fin détail dans un plan d'ensemble ordonnateur, qu'il sera cependant le seul capable de parvenir à discerner avec autant de justesse, nous en précisant le moindre dentelé. Léon Daudet nous le dit avec humour lorsqu'il prétend que le polémiste est réactionnaire, donc réaliste : «il est pour ce qui est, contre ce qu'on lui dit qui sera, mais dont il n'est pas du tout sûr que ce sera; en d'autres termes, le polémiste est avant tout un réaliste» (ibid., p. 68), à condition de préciser que ce réaliste-là sera doué d'une finesse de jugement et d'une sensibilité inouïes, ce qui n'est en fin de compte pas très étonnant puisqu'il est celui qui, «aux périodes critiques de notre histoire», venge «la justice et la morale bafouées en montrant les choses et les gens sous leur véritable aspect, en dehors des conventions d'écoles, d'assemblée et d'instituts» (ibid., p. 103). En somme, le polémiste, loin d'être un aigri et un raté, communes insultes dont les bonnes âmes l'accablent avec leurs petits crachats, est bien au contraire celui qui, derrière les apparences du luxe et de la volupté, flaire la pourriture de la charogne maquillée pour la fête démocratique et, non content d'incommoder l'odorat de nos vertueux, expose la pourriture en plein défilé républicain. Pas étonnant que la vieille démocratie française, que Léon Daudet qualifie de «Révolution couchée, et qui fait ses besoins dans ses draps» (Les atmosphères politiques et l'histoire de la Révolution, p. 193) ne lui ait jamais pardonné un tel outrage, et l'ait enfermé à quintuple tour dans le cabanon capitonné où elle a relégué ses plus fiers contempteurs, qu'il s'agisse de Barbey, de Bloy, de Darien, de Céline, de Marc-Édouard Nabe et, donc, de Léon Daudet.

9782221123157ORI.jpgD'autres ressemblances entre les divers textes appartenant qui plus est à des genres eux-mêmes différents, plus évanescentes et subtiles, composent la toile de fond sur laquelle Léon Daudet projette au premier plan des motifs grossiers, comme un peintre qui n'hésiterait pas à accorder un soin maniaque à l'arrière-plan de la scène qu'il représente, mais se contenterait, pour peindre le devant de la scène, de larges traits de gouache, tout pressé en somme de signifier une mystérieuse transparence aux yeux de ceux qui se tiendront devant sa toile. Il est d'ailleurs difficile de préciser la nature de cette musicalité diffuse, de cette colle qui unit apparemment tous les textes sans les confondre, qu'il s'agisse de notations ou d'aphorismes fulgurants de justesse et d'alacrité ou de passages plus amples, élégiaques, chantant la beauté des grands écrivains et des textes qui tous se répondent les uns les autres, si ce n'est par ce que nous pourrions appeler une espèce d'atmosphère de sympathie, équivalent moderne des correspondances baudelairiennes que Léon Daudet place au-dessus de la faculté épaisse, bornée, répétitive, kilométrique même d'un Victor Hugo à dérouler des images poétiques, remarquables ou, inversement, d'une sottise républicaine consommée (voir le beau texte intitulé Hugo grandi par l'exil et la douleur).

Si, écrit Daudet, «dans le pamphlétaire de bon aloi, il y a du chien, dressé à sauter à la gorge du faux (Aphorismes sur la polémique et l'invective, p. 127), raison pour laquelle il goûte la puissance d'un Léon Bloy (2) tout en n'oubliant pas d'indiquer certaine petitesse on l'a dit, il y a aussi chez ce diable d'écrivain qui est, avant tout, un critique littéraire puissant, ce que nous pourrions affirmer être une constante instabilité : je ne veux pas parler de l'incapacité, pour Daudet, de planter le dard d'un jugement dans une bajoue ou une fesse molle, cette arme dont jamais les cochons de la critique journalistique contemporaine n'ont imaginé le pouvoir de trancher de fines lamelles de lard, mais d'une espèce de perpétuelle, à vrai dire dévorante curiosité, un appétit formidablement rabelaisien de tout lire, de tout connaître, de tout vanter ou, dans certains cas, de tout exécrer, avec une même étonnante capacité d'ingestion et, reconnaissons-le dans le cas de cet exécrateur surdoué, de digestion et d'expulsion.

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Rien de moins figé en effet que la pensée sans cesse mouvante de Léon Daudet ou, pour le dire autrement, rien de moins compassé que certaines de ses vues ondoyantes, perpétuellement souples mais non point labiles ou fragiles, que l'on aura quelque mal à penser avoir été celles d'un prétendu réactionnaire engoncé dans son corset de certitudes ripolinées plutôt qu'émises par un zélé moderniste s'extasiant, comme un nouveau-né, du moindre bilboquet qu'on lui mettra sous le nez. Lisons-le prétendre, à juste titre puisque la hauteur de vue, l'empan intellectuel véritable toujours s'entent sur une très solide culture, sur la connaissance du tuf où l'art a germé au long des siècles et jamais sur une voracité instantanée, devant être perpétuellement comblée par de nouveaux aliments qui exténueront la volonté et tortureront l'estomac, que «toute œuvre d'art de forme nouvelle provoque un véritable choc, et celui-ci est douloureux à ceux qui ne font pas partie des élites, intellectuelles ou artistiques, de ce temps. Ces élites savent bien que l'art aussi doit changer, que ses formes sont éternellement mouvantes, qu'il en est d'elles comme des reflets du soleil, ou de la lune, sur les flots incessamment agités; mais les autres, les gens de peu d'esprit, d’œil, d'oreille, de sensibilité, les «verts» d'académie et d'institut, les professeurs de facultés, les mandarins à douze boutons, se figurent qu'il y a des formes de beauté immuables et que quiconque s'en écarte et apporte un étincellement inédit en littérature, une configuration inédite en sculpture, une couleur inédite en peinture, etc., ou bien est fou, ou bien veut se moquer du monde» (Baudelaire, le malaise et «l'aura», p. 271). Quelques pages plus loin, il affirmera qu'il semble, à propos d'un poème de Baudelaire, que «tous les mots soient employés là pour la première fois», comme s'ils étaient «décrassés de l'accoutumance, de la même façon syntaxique que dans les Pensées de Pascal» ou que «leurs coordonnées mentales sont changées (ibid., p. 285) : encore faut-il, n'est-ce pas, pouvoir non seulement supporter ce changement des repères, accepter un nouveau mètre étalon par quoi, le plus souvent, un génie établit sa souveraineté, mais en qualifier la pertinence, l'originalité et la beauté.

imagesldslitt.jpgNous savons plus d'un écrivain qui aura dû son lancement de carrière, si je puis dire, à ce superbe facilitateur que fut le fils d'Alphonse Daudet, car Léon a une remarquable capacité non seulement d'accueillir le talent, où qu'il se trouve (en cela, la critique littéraire d'un Pierre Boutang peut à bon droit être considérée comme sa plus riche héritière), mais à s'enthousiasmer sans feinte ni cynisme pour la grandeur, en vertu, peut-être, de l'universelle communication des livres entre eux, la beauté nourrissant et même : faisant naître la beauté, dans une atmosphère ténue que Léon Daudet définit en la qualifiant d'ambiance, et qui pourrait en peu de mots être décrite comme l'«étincellement général de l'intelligence» (Le plus grand de nos polémistes, François Rabelais, p. 64) : «L'ambiance est voisine du frisson et de l'aura, et c'est par là que s'expliquent les grandes frénésies et terreurs en commun, les pressentiments en nappe, et non plus seulement individuels, et les épidémies prétendues mentales, en réalité cutanées» (Les atmosphères politiques et l'histoire de la Révolution, p. 191). Notons, ici, la prévalence du vocabulaire clinique, médical, que Léon Daudet n'hésite jamais à utiliser, avec l'avidité d'un glouton, se servant d'images, de métaphores ou de comparaisons aussi précises que les gestes d'un découpeur de cadavres, non seulement parce qu'il a retenu la leçon du spiritualisme charnel que Huysmans invoquait dans l'entame de Là-bas mais surtout parce qu'il a, d'abord, été médecin, comme un autre pestiféré des lettres, cette fois-ci d'outre-Rhin, Gottfried Benn : la Révolution, qualifiée de bloc, «est plutôt un énorme caillot de sang et de sanie, et comparable à la soudaineté d'un cancer rongeur et dévastateur, qui envoya ensuite des métastases, de formes très diverses, à travers l'Europe» (Les atmosphères politiques et l'histoire de la Révolution, p. 195).

C'est sans doute, avec bien sûr les fulgurances de jugement dont nous avons parlé (3) et ce qu'il a appelé l'aura ou l'ambiance d'une époque, avec la délicieuse accumulation de souvenirs bien souvent directs (4) d'écrivains reçus par son fameux père ou encore une sensibilité étonnante à la musicalité de la langue (5), la dimension la plus intéressante du génie de Léon Daudet que cette délicate et exquise intrication entre le charnel, voire le corporel le plus humble et même misérable, et le spirituel, le corps et l'esprit ou même l'âme mais, surtout, plus profondément encore, cet entremêlement de la matière et de ce qui n'en est pas, ou bien est une matière ténue, toute pleine, toute grosse de ce qui la dépasse, l'essentialise, la subtilise. Ainsi du génie, que Léon Daudet explique très bellement dans son Hérédo, lequel naît d'une lutte, «d'un combat victorieux de la personnalité souveraine, et donc saine, contre la pression héréditaire et neurochimique, contre les troubles de ce [qu'il a] appelé la gravitation intérieure» (Baudelaire, le malaise et «l'aura», p. 260, je souligne). Nous pourrions croire Léon Daudet, comme Émile Zola, dans le matérialisme le plus fangeux, et trempant sa plume dans le bidet où Renan, donc, lavait son cul, que nous ferions entièrement fausse route puisque plus d'une fois l'auteur vitupère contre «les sombres crétins du matérialisme médical» définissant la pensée comme une «sécrétion du cerveau» alors qu'elle est bien davantage, et la formule est superbe, «un rythme de rythmes» : «En effet, un écrivain, comme un savant, n'est pas seulement parcouru par des ondes rythmiques, quantitatives ou qualitatives, normales et classées, et glissant dans le sens unilinéaire du temps, ou polylinéaire de l'espace. Il est le point de rencontre et la jonction de ces rythmes, accourus de l'avenir, que l'on ne pourrait pas plus nier que le mirage, ou le pressentiment. Tout orateur, ayant l'habitude de la parole en public, sait qu'il est commandé par trois séries d'ondes intellectuelles : celles venues du passé, c'est-à-dire du thème qu'il s'est donné; celles venues du public; celles venues, plus subrepticement et plus mystérieusement, d'un résultat moral ou actif, à obtenir, qu'il n'entrevoir pas mais qui, à son insu, le guide. J'en ai fait personnellement l'expérience vingt fois; et ce qui est vrai de l'orateur est vrai de l'écrivain, et aussi du savant» (Rythmes et cadences de la prose française, p. 51). Ces rythmes, ce réseau de fines cordes qui semblent ne jamais s'arrêter de résonner, toutes parcourues de frissons qu'il importera au lecteur immense de capter et d'ordonner, prouvent donc que «les sommets de l'esprit se relient à des attaches organiques», Baudelaire, d'autres aussi, étant de fait «de connivence avec les secrets permanents de la vie animale» (Baudelaire, le malaise et «l'aura», p. 283).

250px-Qui010809.jpgCette conception que nous ne pouvons absolument pas prétendre mécaniciste de l'univers, puisque les forces de l'esprit infusent la secrète architecture, puisque l'ambiance, ou l'aura, ou encore l'influence, l'atmosphère dira l'auteur (cf. p. 193), imprègnent l'histoire humaine, conception que nous pourrions sans doute, au prix d'une excessive simplification, nommer organique ou organiciste, apparaît très nettement lorsque Léon Daudet évoque les lettres françaises, qualifiées comme étant «une sorte de corps, qui a une continuité, des ramifications et une direction générale en dehors des corps des citoyens français qui se succèdent de famille en famille suivant les lois et des dérivations héréditaires» (Montaigne et l'ambiance du savoir, p. 163), le mouvement que réalise le critique littéraire pouvant en fin de compte être comparé à l'exploration méthodique d'un corps immense dont aucune des parties ne serait ignorée ni considérée comme ne faisant pas partie d'un tout dont il importe, avant tout, de bien comprendre la fondamentale complexité, si la visée du grand lecteur, comme la pensée de Montaigne selon Daudet, «se met à décrire des cercles successifs et subintrants, auxquels sont tangents d'autres livres et d'autres réflexions» (ibid., p. 164).

Ainsi pouvons-nous dire que, tout comme Léon Daudet resta émerveillé devant la pénétration de Charles Baudelaire, sa logique et ce «je ne sais quoi de divinatoire qui est au-delà de l'analyse et de l'exposé et qui fait les synthétistes et rassembleurs de premier plan» (Baudelaire, le malaise et «l'aura», p. 358), nous restons émerveillés devant la puissance synthétique de cet auteur, laquelle, il faut bien le noter, jamais ne se départit d'une formidable capacité de concentration de la vue, comme si ce pénétrant critique disposait non seulement d'une foreuse lui permettant de carotter tel terrain qu'il escompte aurifère, mais aussi d'un laser lui assurant d'extraire, avec une précision chirurgicale, sans rien toucher de ce qui l'entoure, sans même briser la gangue qui l'emprisonne, telle miraculeuse goutte de diamant qu'il fera ensuite scintiller sous notre regard.

Notes

(1) Les textes composant cet ouvrage sont tirés de Courrier des Pays-Bas, publié en 1928 chez Grasset. Il fait intelligemment suite au précédent recueil de textes publiés chez Séguier, Écrivains et artistes, préfacé par Jérôme Leroy (grand ami de Lapaque, au passage) dont j'avais rendu compte dans cette note. Quelques fautes sans gravité sont à signaler : un tiret semi-cadratin manque après «Paul Olagnier», p. 29; «Vénus» et non «Venus», p. 52; la virgule est fautive dans la phrase «la cure de Meudon et celle près du Mans», p. 102; pas de trait d'union dans «allez vous reposer», p. 154; «si petit qu'il fût» et non «tût», p. 180; «fût fait» et non «fut fait», p. 184; il manque un «s» à «de» dans la phrase commençant par «Au point de vue des pertes individuelles», p. 197; il manque un «t» au verbe dans la phrase «La guerre et la fatigue qui suivit», p. 204.

(2) Superbe description de la puissance de la langue bloyenne : «Sa phrase a souvent l'ampleur et le nombre de celle de Flaubert, bien que plus aisée et plus libre. Flaubert, c'est l'école du renfermé. Bloy, c'est l'embarquement, au petit jour, dans la barque du pêcheur breton, qui fleure la rogue, la sueur refroidie et le sel» (Rythme et cadence de la prose française, p. 50). Notons que Léon Daudet fait remonter au même père, François Rabelais, qualifié de plus grand de nos polémistes, et même non seulement de «prince des polémistes français», mais «encore comme le premier de tous les polémistes, avec Aristophane» (Le plus grand de nos polémistes, François Rabelais, p. 83), le génie de l'invective : «Il dépasse la mesure et, par là, il est bien de son époque, qui a poussé l'intensité, verbale et évocatoire, jusqu'à ses dernières limites» (p. 94). Notons, pour clore ces remarques sur le génie de l'imprécation, que Léon Daudet n'hésite pas à évoquer Ernest Hello, qui «avait de très grandes parties de polémiste, et plus d'envergure en dedans que Veuillot». Malheureusement conclut Daudet, «il était de ceux qui, selon le mot de Chateaubriand, «n'arrachent pas leur rive»» (Aphorismes sur la polémique et l'invective, p. 128).

(3) Fulgurances qui lui laissent même penser qu'il risque de n'être pas compris du lecteur, comme si l'intuition court-circuitait le raisonnement par concaténations, en réalisant des bonds qui, d'un coup, nous permettent de saisir le mystère, en tout cas de nous retrouver tout proches de lui. Ainsi, dans le merveilleux portrait de Charles Baudelaire que nous avons mentionné, écrit-il : «Mais Baudelaire n'est pas un auteur malsain, loin de là. C'est un auteur sain, un remordeur, un monsieur à repentirs et pénitences, qui lutte contre ses suffusions morbides, nées de son désir désolé de jouir, une bonne fois, pour de bon. Je ne sais si je me fais bien comprendre» (p. 261). De la même manière, quelle justesse de vue lorsque, toujours à propos du grand poète, d'un «personnage de cette taille», il affirme qu'il «arrive toujours un moment où la critique doit céder la place à la théologie» (p. 267), et c'est tout à la fois de la pénétration d'esprit et une sonde jetée loin dans les profondeurs théologiques que de dire que «la plus grande agonie connue, après celle du Calvaire, et la plus atroce, apparaît avoir été celle de Jeanne d'Arc. Comme solitude totale, on ne connaît pas mieux» (Le combat de l'homme contre lui-même, p. 112).

(4) Lisons-le évoquer Nadar : «Entre un excellent poulet aux cèpes, très abondants aux lendemains de pluie dans la forêt, une gigantesque omelette baveuse, et un vin blanc fameux, Nadar et ses copains racontaient des souvenirs merveilleux et gais de cette période si originale de la littérature et de l'art français, située entre le romantisme et le réalisme, entre les «Barbizon aux barbes de bison» et les impressionnistes. Le centre attractif était alors, comme il l'est redevenu, Baudelaire, avec ses airs mystérieux, son grand frac et ses manières de dandy purotin» (p. 267).

(5) Musicalité jamais mieux exposée que dans les textes de Rabelais, dont le langage est «farci d'argot; mais d'un argot spécial, peut-être le plus savoureux de la langue française, connu de nous depuis le XIVe siècle et qui est le langage des pérégrins, des gens qui se promènent sur les routes ou, comme on dit vulgairement, le parler du trimard. Ce parler du trimard, abondant en locutions de toutes sortes, tel un terrain géologique, porte, dans ses couches successives, de mots, ou coquillages, venus des diverses invasions, venus des périodes de famine, venus des périodes de guerres civiles, venus des périodes de révolution, d'insurrections générales» (Le plus grand de nos polémistes, François Rabelais, p. 86).

lundi, 07 décembre 2020

Répression globale

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Répression globale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Aux crises sanitaire, économique et sociale se superpose une crise dite « sécuritaire » relative aux récents attentats islamistes en Europe. Après les attaques contre les anciens bureaux de Charlie Hebdo, de Conflans – Sainte-Honorine, de Nice et de Vienne en Autriche, l’aile droitarde d’émanation sarközyste du Régime représentée par la chroniqueuse sur CNews Laurence Sailliet, l’édile niçois « motodidacte » Christian Estrosi, Valérie « Tout-Numérique » Pécresse et le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, exige l’instauration de l’état d’urgence. D’autres proposent l’adoption d’un délit fantasmatique de « radicalisation » ou d’« islamisme ». Le député gaullo-souverainiste de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, souhaite pour sa part la création d’un délit de « prédication subversive et séditieuse ».

À tous les droitards qui applaudissent ces nouvelles sottises bravaches, signalons-leur qu’elles s’appliqueront aussi contre eux. Contester à l’IVG, ne sera-ce pas une « prédication subversive et séditieuse » ? L’église traditionaliste Saint-Nicolas-du-Chardonnet ne pourrait-elle pas être évacuée pour cause de « radicalisation religieuse » ? Rappelons-leur que le maire de Nice, exemple typique d’« islamo-clientélisme », veut entrer un logiciel de reconnaissance faciale dans son réseau serré de caméras de « vidéo- protection ». Il cherche ainsi à transformer sa police municipale en police nationale bis. Par-delà une meilleure vigilance et/ou réactivité supposée aux tentatives terroristes, il placerait son opposition identitaire sous une surveillance permanente et ficherait aisément les sympathisants. La répression politique prendrait alors une nouvelle dimension.

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Celle-ci s’amplifie déjà contre la faction nationaliste-révolutionnaire de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne sur tout le continent. En France, les exemples abondent. Libération du 19 novembre 2020 met en Une le danger de l’« Ultradroite. Identitaire et terrorisme brun dessus brun dessous ». L’« enquête » fielleuse et biaisée avec une photographie qui ne correspond pas au commentaire associe le Bastion social, Nice nationaliste, Les Braves – Vivre européen de Daniel Conversano, des Gilets jaunes niçois « manipulés » par Égalité et Réconciliation et le Rassemblement national. Il ne manque dans cette fable grotesque que le colonel Olrik, Voldemort, Fantômas, Dark Vador et le comte Dracula… La veille, Médiapart mettait en ligne un reportage de dénonciation sur « Dissous, le Bastion social se reconstitue sous de nouvelles identités ». En revanche, aucun de ces chantres de l’« esprit Charlie » n’a osé évoquer l’effarant procès de l’écrivain Renaud Camus tenu le 25 novembre 2020 devant la XVIIe chambre correctionnelle de Paris pour un twitt invitant les Africains à pratiquer massivement la contraception afin d’éviter des noyades en Méditerranée et le « réchauffement climatique ». Plane sur lui une peine de quatre mois de prison avec sursis ainsi que de lourdes amendes. Les parties civiles appâtées par le gain perdraient-elle le souvenir de Lucien Neuwirth, le législateur de la pilule en 1967 ? Seraient-elles favorables au retour de la loi de 1920 interdisant toute réclame de la contraception et donc crypto-hétéropatriarcales ? Outre la détention scandaleuse du judéologue Hervé Ryssen et des condamnations pour délit de presse de Jérôme Bourbon et d’Yvan Benedetti, victimes d’une haine judiciaire inouïe, Alain Soral vit désormais en exil de l’autre côté du lac Léman. Un exil que connaissent depuis plus longtemps l’historien Vincent Reynouard et le polémiste Boris Le Lay recherché par Interpol. Au procès de Gilets Jaunes poursuivis pour avoir participé à la manifestation du 5 janvier 2019, le tribunal relaxe deux prévenus, le 27 novembre dernier. En revanche, il reconnaît la culpabilité des deux autres qui auraient pris un chariot-élévateur pour ensuite enfoncer la porte d’entrée principale du ministère du très manuel Benjamin Griveaux. Résultat : des peines de dix-huit mois de prison dont six avec sursis probatoire et le port de bracelets électroniques. Port qui se généralisera bientôt pour tous les récalcitrants à la vaccination « non obligatoire » contre le couillonavirus. Cette sévérité étonne quand on compare cette sentence aux jugements dans les affaires de trafic et d’usage de stupéfiants...

Incarnation de la fausse liberté d’opinion et larbin consentant du Système kleptocratique, Le Canard enchaîné du 21 octobre 2020 désigne à la vindicte médiatique un enseignant d’une Prépa privée aux concours en HEC plus ou moins liée administrativement à un lycée, privée lui aussi, animé par Tiphaine Auzière, la belle-fille d’Emmanuel Macron. L’hebdomadaire s’indigne de la présence de Pascal Gauchon, fondateur de la revue Conflits et dirigeant dans les années 1970 du Parti des forces nouvelles, le mouvement rival du Front national. Il est évident que ce profil ne correspond pas à celui de Cédric Herrou.

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Bien des Français voudraient importer le modèle référendaire suisse. Or, malgré de fréquentes votations d’initiative populaire, la Suisse pâtit d’un pesant politiquement correct. L’association culturelle identitaire Kavingrad Patriot a rendu publique en août dernier son auto-dissolution. Il y a quelques semaines, Résistance helvétique a fermé son local, « L’Aquila », où se tenaient de passionnantes conférences. Le harcèlement insidieux de la mairie libérale-radicale d’Aigle a par conséquent payé.

La justice slovaque vient de condamner en première instance à quatre ans et quatre mois de prison le chef-fondateur du Parti populaire – Notre Slovaquie, Marian Kotleba. Le héraut de la lutte anti-corruption a-t-il fauté ? En juillet 2017, il a remis à quelques familles démunies slovaques un chèque de 1488 euros, ce qui entraîna son inculpation pour « promotion de sentiments de sympathie à l’égard d’un mouvement dont l’objectif est d’abolir les droits fondamentaux et les libertés ». La somme de 1488 euros serait en fait un code caché en faveur des quatorze lettres chers aux suprématistes blancs d’Amérique du Nord et au salut allemand des années 1930 – 1940. Quelle imagination ! Quelques semaines plus tôt, le 3 septembre 2020, le tribunal spécial de Pezinok acquittait en revanche le millionnaire Marian Kocner soupçonné d’avoir commandité l’assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée en février 2018. Composé de trois magistrats, le tribunal avait par avance écarté toute la correspondance cryptée par message numérique entre Kocner et sa confidente parce que « leur langage métaphorique ne permet pas de conclure à la culpabilité ». En revanche, écrire sur un chèque 1 – 4 – 8 – 8 est d’une évidence incontestable. Citant le président de cet étrange tribunal, Jan Hrubala, Le Monde du 5 septembre 2020 reconnaissait volontiers que « la réputation du système judiciaire slovaque n’est pas très élevée ». On le croit volontiers.

En Grèce, le 7 octobre 2020, après cinq ans et demi de procès, malgré des réquisitions du Parquet en décembre dernier favorables à un non-lieu général, Nikolaos Michaloliakos et six responsables d’Aube Dorée sont reconnus coupables de « direction et d’appartenance à une organisation criminelle » et condamnés à treize ans de prison. Le tribunal a en outre condamné quarante-cinq autres militants de ce mouvement patriotique hellène exemplaire d’« appartenance à une organisation criminelle ». Les unités anti-terroristes ont arrêté le chef d’Aube Dorée. Christos Pappas a préféré entrer en clandestinité. Courage à lui et à ses proches ! Pendant ce temps, les groupes terroristes antifas et gauchistes commettent de nombreuses violences en toute impunité.

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En juillet dernier, la justice espagnole mettait pour deux ans et demi en prison plusieurs militants nationalistes qui osèrent interrompre une réunion d’indépendantistes cosmopolites catalans. Quelques drapeaux gauchistes catalans et des meubles y furent renversés… Les juges espagnols y virent une violence inqualifiable en dépit de l’absence de toute plainte venant de ces drapeaux et mobilier.

Au cours des mois d’octobre et de novembre bien sombres avec le détournement industriel de voix à l’élection présidentielle aux États-Unis, ce qui serait du « complotisme », sauf quand il s’agit d’insister sur une évanescente interférence russe en 2016, la situation outre-Rhin reste contrastée. D’un côté, les dissidents Ursula Haverbeck, 91 ans – pas 21 ans ! – et Horst Mahler, 84 ans, sont enfin libres. Après une décennie de détention inhumaine et l’amputation d’une jambe, l’avocat allemand, ancien de la « Bande à Baader » rallié au néo-nationalisme, voit néanmoins le Parquet de Cottbus le poursuivre encore pour six chefs d’accusation portant sur des écrits et des publications anti-conformistes. Par ailleurs, le Parquet de Munich l’a placé sous une étroite « surveillance de conduite », ce qui interdit Horst Mahler de publier le moindre écrit sans un accord judiciaire préalable. Cette acharnement montre la profonde hargne du Régime allemand envers l’un de ses opposants les plus courageux. Ce n’est pas une nouveauté en Allemagne oligarchique. L’excellent blogue de Lionel Baland rapporte plusieurs informations préoccupantes. La première en date du 25 novembre signale que les autorités vont débloquer un milliard d’euros entre 2021 et 2024 contre l’« extrême droite » et en faveur d’une « société civile démocratique plus forte ». La seconde, du 27 novembre, signale que 691 locaux de l’AfD ont été attaqués en 2019 sur un total de 1339, soit 51,60 % des agressions politiques. La manne financière qui se déversera à partir de l’année prochaine accélérera ces actes de destruction sans susciter le courroux des médiats dominants d’occupation mentale. Par ailleurs, la police secrète d’État allemande, à savoir l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), n’hésite pas à recruter informateurs et provocateurs infiltrés dans l’AfD, au NPD et dans d’autres mouvements oppositionnels extra-parlementaires. Le BfV place aussi sous une étroite surveillance de nombreuses sections régionales de l’AfD, y compris des élus. Bien des militants de la droite nationale allemande sont des Alexeï Navalny en puissance.

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Il y a quelques semaines en Espagne et en Italie, le retour au confinement a déclenché des émeutes à Milan, à Naples, à Barcelone et à Madrid. Ces derniers jours, l’opinion française s’élève contre la proposition de loi macronienne sur la « sécurité globale » qu’elle confond sciemment avec des violences policières superfétatoires. Pourquoi cette même opinion se taisait-elle au moment de la défiguration et de l’arrachement de membres de Gilets jaunes ? Elle condamne l’évacuation légitime d’un campement sauvage d’immigrés clandestins sur la place de la République à Paris, mais ne réagit aux lois liberticides qui musellent les opinions les plus incorrectes… Il est enfin comique que les gouvernements français, allemand, italien et espagnol accusent encore et toujours le Bélarus de réprimer les manifestations colorées contre le très remarquable président Loukachenko qui, lui, a tout compris des dernières manœuvres de l’hyper-classe mondialiste. Quand son gouvernement sanctionnera-t-il les avoirs financiers des dirigeants occidentaux ? N’en déplaise aux plumitifs des médiats subventionnés, on est bien plus libre aujourd’hui au Bélarus que dans une Europe occidentale décadente.

Georges Feltin-Tracol.

dimanche, 06 décembre 2020

La chanson française ou la déconstruction en douceur

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La chanson française ou la déconstruction en douceur

par Daniel COLOGNE

Ex: http://www.europemaxima.com

En 1860 est fondé le cabaret montmartrois « Le Lapin agile » (initialement « Lapin à Gilles », du nom de son fondateur André Gilles). Un siècle plus tard, Claude Nougaro y fait ses débuts, tandis que Jacques Brel et Georges Brassens chantent dans des cabarets concurrents comme « Les trois baudets » ou « Patachou ».

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Bien que traversée par des courants très divers, la chanson française séculaire puise son inspiration dans l’amour du pays, de sa capitale, de ses terroirs, de son histoire souvent tourmentée et de ses paysages métamorphosés par les cycles saisonniers.

Des gens qui sont de quelque part

Rappelons-nous la Douce France de Charles Trénet et La Paimpolaise de Théodore Botrel qui exalte sa Bretagne comme Tino Rossi célèbre son « Île de Beauté ». De Fréhel à Édith Piaf en passant par Damia et Berthe Sylva, la chanson misérabiliste rend hommage au petit peuple parisien, à ses ouvrières qui meurent trop jeunes (Les Roses blanches), à ses gamins affligés d’un handicap (Le petit bosco), à ses accordéonistes qui demandent l’aumône sur les quais de la Seine en jouant l’air de L’Hirondelle du faubourg, des Petits pavés ou de la Valse brune.

R-13879884-1563185645-4099.jpeg.jpgVainqueur du premier concours Eurovision en 1956, André Claveau est la figure emblématique de cette chansonnette bien enracinée, amoureuse du petit train montagnard qui part pour son dernier voyage, nostalgique de la diligence qui mettait une semaine pour aller de Paris à Tours. Avec leur souvenir de la marelle enfantine sous les cerisiers roses et les pommiers blancs, ces refrains peuvent paraître surannés, mais savent parfois se revêtir d’une parure sensuelle de bon goût (Domino). Claveau change de registre lorsqu’il ravive la mémoire des combats vendéens (Les Mouchoirs rouges de Cholet, Prends ton fusil, Grégoire). Dans Trop petit, mon ami s’exprime une ferveur chrétienne qui rappelle La petite église de Jean Lumière.

Après la Seconde Guerre mondiale s’affirme la brillante génération des chanteurs nés vers 1930, dont les répertoires glorifient encore souvent les lieux qui les ont vus naître. Pensons par exemple à Gilbert Bécaud, à ses Marchés de Provence ou à ce petit chef-d’œuvre intitulé C’est en septembre. Mais dans certaines discographies se glissent déjà des thèmes qui annoncent la « grande libéralisation » (David Goodhart) censée conduire vers l’Eldorado du village planétaire.

« Quand on n’a que l’amour. »

Mon admiration pour cet artiste hors normes comporte sans doute une part de chauvinisme patriotique. Jacques Brel a fait revivre le Bruxelles des gibus et des crinolines. Il a dépeint les « chemins de pluie » du « plat pays » flamand. Il a saisi l’étrange atmosphère d’une cité wallonne figée par les rigueurs des nuits hivernales (Il neige sur Liège). Mais il ne faut pas oublier les maladresses de ses premiers « 78 tours » (La Foire, Au printemps, Il peut pleuvoir). Que serait-il advenu de lui sans la soudaine notoriété que lui confère une chanson de 1956 rivalisant d’audience radiophonique avec le Bambino de Dalida et le Deo d’Harry Belafonte ?

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Quand on n’a que l’amour annonce déjà les appels d’aujourd’hui à accueillir toute la misère du monde.

« Quand on n’a que l’amour

À offrir à ceux-là

Dont l’unique combativité

Est de chercher le jour. »

Brel confond, comme la bien-pensance actuelle, le légitime désir d’éradiquer la misère et la glorification du délinquant, dans la ligne du Victor Hugo des Misérables (le bon Valjean, ex-bagnard, contre le méchant policier Javert).

« Quand on n’a que l’amour

Pour habiller matin

Pauvres et malandrins

De manteaux de velours. »

Mieux encore qu’aux Misérables hugoliens c’est aux Voyous de velours de Georges Eekhoud qu’il faut ici se référer. Et voici un autre couplet :

« Quand on n’a que l’amour

Pour parler aux canons

Et rien qu’une chanson

Pour convaincre un tambour. »

Arrivé à Paris en 1953, Brel est comme une éponge qui s’imbibe du pacifisme germano-pratin, des appels à la désertion de Boris Vian et de Mouloudji, du dégoût existentialiste inspiré par les guerres d’Indochine et d’Algérie. Mais cet irénisme va conduire l’Europe à oublier le vieil adage romain Si vis pacem, para bellum et notre continent deviendra un nain géopolitique dominé à l’Ouest par le pragmatisme anglo-saxon, menacé au Sud par un terrorisme religieux et condamné à l’Est à se heurter au Rideau de fer, puis à la muraille de Chine.

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Quelques thèmes déconstructeurs seront ainsi charriés par le répertoire brellien que nous continuerons toutefois d’aimer jusque dans l’ultime petit chef-d’œuvre intitulé Orly et la dernière exclamation du grand Jacques trop tôt disparu :

« Mais nom de Dieu que c’est triste

Orly le dimanche

Avec ou sans Bécaud. »

« Je suis blanc de peau »

Les interprètes les plus mièvres se surpassent quand ils évoquent leur lieu de naissance : par exemple, Marseille et son accent que Mireille Mathieu a gardé depuis qu’elle a vu le jour dans la cité phocéenne.

Que dire alors de Claude Nougaro, sublime quand il célèbre Toulouse : sommet d’un répertoire à forte personnalité, où se marient le jazz et la java, où les rythmes de La Nouvelle-Orléans s’intègrent au texte sans nuire à sa qualité poétique et où il est bien légitime que le fils d’un artiste lyrique du Capitole (« Papa, mon premier chanteur de blues ») rende hommage à Louis Armstrong. Mais pourquoi donc dénier à la race blanche l’aptitude à l’élan mystique ?

« Quel manque de pot

Je suis blanc de peau

Pour moi, rien ne luit là-haut

Les anges zéro

Je suis blanc de peau. »

« Il faut tourner la page

Déchirer le cahier

Le vieux cahier des charges. »

Vive l’humanité exonérée de ses devoirs ! C’est ce que semble s’écrier cette autre chanson, plus tardive, elle aussi bien construite, comme Quatre boules de cuir. Amoureux de la boxe, comme Maurice Maeterlinck, Nougaro se souvient que dans sa « ville rose » où « l’Espagne pousse un peu sa corne », « même les mémés aiment la castagne ». « Ici, si tu cognes, tu gagnes. » De la très bonne chanson, où se faufile insidieusement un embryon de la guerre des races où les villageois planétaires veulent nous entraîner.

« Entre copains de tous les sexes »

La chanson « idiote » d’autrefois ne se moque pas seulement – et gentiment – des homosexuels, comme Fernandel dans Il en est. Milton brocarde les cocus et les couples mal assortis. Georgius ridiculise l’enseignement (Le lycée Papillon). Les jongleries verbales d’Ouvrard (« J’ai la rate qui se dilate », « Les rotules qui ondulent », etc.) sont une trouvaille de jeune recrue voulant se faire réformer.

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Comme ils disent (1972) de Charles Aznavour est à mi-chemin entre Il en est et les gay prides échevelées qui dégénèrent en paradodies de fêtes nationales. Le personnage retrouve chaque matin « son lot de solitude » après ses amours « dérisoires et sans joie », après son numéro de déshabillage finissant en nu intégral, après sa virée nocturne avec « des copains de tous les sexes » qui « lapident » les gens qu’ils « ont dans le nez » avec « des calembours mouillés d’acide ».

Voici donc l’immense Aznavour précurseur de la théorie du genre et de la multi-parentalité. Ces fleurons de la cynique ultra-modernité s’insinuent discrètement dans une œuvre gigantesque bercée par la nostalgie de la musique tzigane (Les deux guitares), obsédée par la rupture sentimentale (Et pourtant, Sur ma vie, Il faut savoir, Deux pigeons, Que c’est triste, Venise), magnifiée par le rappel du génocide arménien trop longtemps occulté.

« C’est une romance d’aujourd’hui »

Restons en 1972. Le grand succès de l’été est la Belle Histoire de Michel Fugain. C’est la rencontre d’un nomade et d’une citoyenne du monde. Ils s’étreignent au bord d’une route avant de repartir, l’un vers les brumes du Nord, l’autre vers le Soleil du Midi. La Providence est convoquée pour adouber cet amour éphémère. Plus tard, Fugain nous invitera à « marcher sur la tête pour changer les traditions ».

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Il y a des années-charnières, des points d’inflexion de l’histoire de tous les secteurs, y compris ceux du sport, du cinéma et de la chanson. L’arrêt Bosman de 1995 transforme les équipes de football en tours de Babel, alors qu’en Belgique, par exemple, jusqu’en 1961, un joueur étranger devait évoluer une saison parmi les réserves avant d’accéder à une place de titulaire.

À partir de 1966 et de La Grande Vadrouille, les films détenant le record du nombre d’entrées dans les salles obscures sont presque exclusivement des comédies, alors qu’auparavant, le même record est détenu par Les Misérables, Quai des Orfèvres et Autant en emporte le vent. 1972 pourrait être le millésime-tournant de l’histoire de la chanson et 1974 celui de l’Eurovision. Vive le groupe Abba. Oubliés Jacqueline Boyer, Jean-Claude Pascal, Isabelle Aubret, France Gall et sa poupée offerte par Gainsbourg, le vainqueur espagnol de 1968 en qui l’on voyait un futur « Aznavour catalan ».

« Car le monde et les temps changent. »

Il nous grise avec son histoire de marin qui revient au pays. Il nous fait partager son émotion pour Céline et sa colère contre L’Épervier. Il nous conte une mésaventure sentimentale survenue quand refleurissent les jonquilles et les lilas. Il laisse gravé dans notre mémoire le « fameux trois-mâts » où Dieu est seul maître à bord (Santillano). Mais dans une de ses nombreuses adaptations de Bob Dylan, Hugues Aufray enjoint aux parents de « rester crachés ». « Vos enfants ne sont plus sous votre autorité », reprend l’icône noire Joséphine Baker peu avant son décès. « Le monde et les temps changent. »

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Sans aller jusqu’aux répertoires actuels, que je connais trop mal, on peut déceler la même ambiguïté chez des chanteurs nés vers 1950. Bernard Lavilliers peut à la fois se faire l’aède du nouveau nomadisme (On the road again) et exalter les travailleurs aux « mains d’or » de la sidérurgie de Thionville. Laurent Voulzy aime se produire dans les cathédrales où sa Jeanne trouve un décor de rêve, mais Le Pouvoir des Fleurs illustre l’utopique naïveté d’une certaine jeunesse d’après-guerre.

« Changer les choses

Avec des bouquets de roses. »

Mais revenons à Hugues Aufray avec une autre chanson de la mer, au texte élaboré, au rythme entraînant, au contenu quasi messianique.

« Le jour où le bateau viendra »

C’est l’histoire d’un navire qui débarque sur un littoral imaginaire. Elle s’adresse aux hommes de la Fin des Temps. Ils pourront reposer sur le sable « leurs pieds fatigués », tandis que, planant au-dessus des dunes, « les oiseaux auront le sourire » et qu’au grand large, les pharaons sont promis à la noyade.

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Ce navire a peut-être un lien avec « le bateau pensant et prophétique » de Léo Ferré, qui prend « le chemin d’Amérique », c’est-à-dire « le chemin de l’amour ». Il s’en va avec une Madone attachée « en poupe par le col », mais à son retour, il porte dans la même position une Madone « d’une autre couleur ».

Le bateau espagnol est un des plus beaux textes de poésie française mise en musique, mais il n’est pas interdit d’y voir jaillir une des premières étincelles du feu que certains se plaisent à attiser aujourd’hui : celui de la guerre des races sur fond de revanchisme post-colonial.

Daniel Cologne.

jeudi, 03 décembre 2020

Considérations sur la « Doctrine Macron »

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Considérations sur la « Doctrine Macron »

Par Andrea Muratore

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

La souveraineté n'est rien sans le pouvoir. Si Paris peut apporter son potentiel militaire et industriel pour soutenir des projets concrets de défense européenne capables d'impliquer toute l'Europe et de considérer la Méditerranée comme un espace stratégique européen et non atlantique, l'autonomie peut devenir une souveraineté. Sinon, nous parlerons de la "doctrine Macron", mais nous le ferons dans un cadre "occidental", fonctionnel, conforme aux souhaits des Atlantistes.

Comme on le sait, le sens français de l'Etat et la recherche constante d'une projection économique, diplomatique, militaire et géopolitique originale dans les scénarios de référence de la République ont conduit la France, pendant les décennies de la Vème République, à construire la plus autonome des stratégies politiques dans le contexte européen. Une stratégie très souvent peu scrupuleuse (comme en témoignent surtout les interventions sur le sol africain[1]), garantie par l'assurance-vie de la force de frappe, l'arsenal nucléaire national, et qui a eu dans le "père" de la Vème République, le général Charles de Gaulle, son principal inspirateur[2].

Après des années de tergiversations sous les gouvernements de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, le président français Emmanuel Macron a pensé renouer avec la tradition du "monarque républicain", à laquelle le chef de l'État s'identifie depuis De Gaulle, et entamer une mise à jour progressive de la doctrine géopolitique et géoéconomique traditionnelle du pays, négligée par ses prédécesseurs. Par Sarkozy en premier lieu, car il a fait un préalable de mettre fin à l'autonomie des commandements militaires français par rapport aux structures de l'OTAN. Paris est effectivement revenu en 2009[3] dans le giron de l’OTAN en montrant, systématiquement, emblématiquement, le manque de scrupules de la projection nationale transalpine dans la problématique de l'aventure guerrière en Libye. Par Hollande, ultérieurement, qui a désacralisé, de manière flagrante, le rôle présidentiel, pour la tournure économiste des politiques du président, lequel n'a pas su construire en Europe un plan politique complémentaire à celui d'Angela Merkel en Allemagne, enfin, pour la crise systémique des appareils qui, sous le quinquennat de Hollande, ont commencé à apparaître.

C'est pourquoi on peut dorénavant parler d'une "doctrine Macron", c'est-à-dire d'une contribution donnée par Macron à la redécouverte, en clé modernisée, des lignes directrices de la politique de pouvoir de la France républicaine ; d'une approche systémique de la France face à la concurrence internationale ; de l'identification par le décideur politique de macro-zones précises, définies comme cruciales pour l'élaboration de la stratégie nationale française.

Il y a une profonde contradiction entre l'homme et le président Macron. À des années-lumière de l'ignorance politique grossière d'un Sarkozy ou du manque de vision apathique d'un Hollande, le plus jeune président de la Cinquième République a longtemps été un personnage hybride. Ayant alterné, dans son pays, des réformes "libérales[4]" sur les thématiques du travail[5] et des retraites, des politiques vertes naïves qui ont déclenché la colère de la population qui craignait de voir le fardeau de la transition écologique se décharger sur elle[6] et, enfin, contrepoint politique maladroit à l'islamisme politique avec un vague sentiment occidental et néoconservateur[7], Macron a tenté, sur le front intérieur, d'être transversal, d'échapper à toute catégorisation, avec pour résultat d'antagoniser une large tranche de l'opinion publique. Cette transformation se heurte à une vision des relations internationales qui a toujours été, par comparaison, plus cohérente et plus stratégique.

Un véritable "manifeste" de cette vision a été la récente interview du président avec le magazine français de géopolitique Le Grand Continent, consacrée à la "doctrine Macron"[8]. Macron a abordé un large éventail de questions, de l'avenir de l'Union européenne à celui de l'OTAN, des relations entre la France et l'Afrique au changement climatique, de sorte que l'on peut saisir dans sa complexité, à partir des mots mêmes de la longue interview, la contribution politique du président actuel à la stratégie de l'Hexagone.

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Macron a une idée claire que dans les décennies à venir, l'Europe devra construire des espaces d'autonomie stratégique dans le contexte de la "nouvelle guerre froide" entre la Chine et les États-Unis et que le contrôle français de ces processus est dans l'intérêt national de Paris. "Si j'essaie de regarder au-delà du court terme", a-t-il déclaré, "je dirais que nous devons avoir deux axes forts : trouver les moyens d'une coopération internationale utile qui évite la guerre, mais nous permette de répondre aux défis contemporains ; construire une Europe beaucoup plus forte qui puisse affirmer sa voix, sa force, en maintenant ses principes, dans un tel scénario refondu" [9].

En ce qui concerne cette étoile polaire, cette étoile-guide, toutes les stratégies de fond élaborées par Paris sont déclinées. Alors que le jeu de la défense européenne commune semble extrêmement complexe, auquel s'opposent à la fois la montée des pays pro-atlantiques de l'Est et la position de Washington sur le Vieux Continent ; loin de la "mort cérébrale" définitive de l'OTAN dont parlait Macron en 2019, le président français mentionnait explicitement dans Le Grand Continent la souveraineté européenne dans le cadre des nouvelles technologies : "Nous avançons dans le domaine de l'autonomie technologique et stratégique, alors que tout le monde a été surpris quand j'ai commencé à parler de la souveraineté sur la 5G. Donc, tout d'abord, il y a un travail idéologique à faire, et il est urgent. Il s'agit de penser en termes de souveraineté européenne et d'autonomie stratégique, afin de pouvoir compter sur nous-mêmes et de ne pas devenir le vassal de telle ou telle puissance sans avoir davantage voix au chapitre"[10].

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Parlons d'une question cruciale. La pandémie a accéléré le cheminement commun d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel vers la définition de stratégies à long terme pour la construction des piliers d'un premier projet de souveraineté technologique et numérique européenne, conçu à la fois comme une alternative à la pénétration chinoise et comme un contrepoids au pouvoir d'influence dominant des géants du numérique. La France et l'Allemagne ont encouragé l'année dernière la montée en puissance et le lancement de Gaia-X, le projet d'une plateforme européenne de cloud computing, qui dans un avenir immédiat ne sera pas complètement indépendante de Google, Amazon, Microsoft[11] et des autres oligopoles américains du marché des données, avec un revenu accumulé sur des décennies. Mais ce projet a tout de même a lancé la volonté européenne de participer à la définition de la course vers les nouvelles frontières technologiques mondiales.

Gaia-X, décrit par les gouvernements français et allemand comme une "plate-forme habilitante" pleinement armée de technologies européennes, vise à assurer la mise en place d'une puissance de calcul croissante et d’un développement, par les opérateurs du Vieux Continent, d'infrastructures numériques et physiques pour assurer la gestion, la protection, le stockage et l'exploitation économique des données.

Nous constatons que, comme cela s'est produit dans le passé avec la question de la défense et de l'aérospatiale, la France vise à exploiter le jeu technologique européen comme un multiplicateur de pouvoir politique et comme un moteur de développement de son industrie et de son potentiel de production.

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Cette logique s'applique également aux plans de transition écologique, contenus dans le plan France Relance de 100 milliards d'euros, avec lequel le gouvernement de Paris entend approfondir ses stratégies de relance à long terme après la pandémie. Le président a fait son mea culpa pour avoir suivi pendant longtemps l'écologisme vulgaire et punitif des taxes sur le diesel et des mesures destinées à frapper en premier lieu la classe moyenne, mesures qui ont aliéné la sympathie d'une partie de la population pour le thème de la transition. "Nous devons montrer que chacun est un acteur, et nous devons le faire en donnant à chacun un rôle, c'est-à-dire en développant massivement de nouveaux secteurs d'activité économique, qui permettent de créer de nouveaux emplois plus rapidement que les anciens ne sont détruits", a souligné le Président.

Cette approche est systématiquement étudiée dans "France Relance", comme le rappelle la Rivista Energia. Sur 100 milliards, le plan "consacre 34 milliards à des mesures relatives à la compétitivité de l'économie - en plus des 30 milliards de mesures spécifiquement orientées vers la transition énergétique, et qui comportent des dimensions innovantes fortes, comme la décarbonisation de l'industrie ou le développement des technologies vertes"[12], mettant les technologies les plus durables au service des industries stratégiques : énergie (avec l'hydrogène comme nouvelle frontière), aéronautique, transport ferroviaire, nucléaire. Quatre secteurs dans lesquels Paris entend jouer un rôle européen majeur et créer des normes au niveau de l'UE.

La question de l'autonomie stratégique est associée à un rejet substantiel de l'adhésion au discours dominant imposé par les États-Unis sur les relations internationales et les relations transatlantiques. Dans cette interview, Macron essaie de se rapprocher le plus possible de son auguste prédécesseur, l'anti-américain Charles de Gaulle : "Notre politique de voisinage avec l'Afrique, avec le Proche et le Moyen-Orient, avec la Russie, n'est pas une politique de voisinage pour les États-Unis d'Amérique. Il est donc intenable que notre politique internationale dépende d'eux ou suive leurs traces".

Ceci est combiné avec une référence au privilège économique exorbitant du dollar et aux avantages stratégiques qui en découlent pour Washington. La pénalisation des industries françaises et européennes due aux sanctions américaines contre la Russie et l'Iran est remise en cause par Macron, qui semble rendre hommage au thème de l'enquête "pro-européenne" sur les équilibres mondiaux en annonçant un futur changement de paradigme.

Il s'agira, dans les prochaines années, de décider si celles d'Emmanuel Macron et de son alliée Angela Merkel ne sont que des éclats de rhétorique ou les premiers germes d'un projet politique d'autonomie européenne. Des nouvelles technologies à l'énergie, de la durabilité à la finance, on peut apercevoir que des projets européens visant à aller vers plus d'autonomie existent, et, dans la doctrine nationale française, ils trouvent une expression concrète. Mais comme l'a rappelé Pierluigi Fagan [13] en analysant la "géopolitique de Macron", dans le monde d'aujourd'hui "la souveraineté n'est rien sans le pouvoir". Si Paris peut apporter son potentiel militaire et industriel pour soutenir des projets concrets de défense européenne capables d'impliquer des acteurs comme l'Italie sur une base plus égale et de considérer la Méditerranée comme un espace stratégique européen et non atlantique, l'autonomie peut devenir une souveraineté. Sinon, nous parlerons de la doctrine Macron, mais nous le ferons dans un cadre plus conformes aux souhaits des Atlantistes.

NOTES

[1] Le guerre segrete di Parigi in Africa e le conseguenze problematiche per il continente sono citate in Emanuel Pietrobon, L’arte della guerra segreta, Pubblicazione indipendente, Torino 2020.

[2] Williams Charles, De Gaulle – L’ultimo grande di Francia, Il Giornale – Biblioteca storica, Milano 1995.

[3] Francia; Parigi rientra nella Nato, 43 anni dopo De Gaulle, L’Eco di Bergamo, 11 marzo 2009.

[4] La riforma del mercato del lavoro di Macron, Atlante Treccani, 18 settembre 2017.

[5] Nicholas Vinocur, Macron’s big labour reform, Politico Europe, 31 agosto 2017.

[6] La lezione dei gilet gialli: l’ambientalismo non è un pranzo di gala, Coniare Rivolta, 23 febbraio 2019.

[7] Andrea Muratore, Tutti i fronti aperti tra la Francia di Macron e la Turchia di Erdogan, Inside Over, 30 ottobre 2020.

[8] Giovanni Collot, Amélie Depriester, Alice Fill, La dottrina Macron, 16 novembre 2020.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Andrea Muratore, Big tech e sovranità digitale europea, Inside Over, 20 settembre 2020.

[12] Clemence Pelegrin, Renato Rallo, France Relance e transizione ecologica, Rivista Energia, 16 novembre 2020.

[13] Pierluigi Fagan, Geopolitica di Macron, Osservatorio Globalizzazione, 29 agosto 2019.

 

Andrea Muratore

Andrea Muratore, analyste économique, travaille aux côtés du professeur Aldo Giannuli sur le projet du centre d'études "Osservatorio Globalizzazione" depuis mai 2019. Il collabore avec la revue "Eurasia", Magazine d'études géopolitiques.

mercredi, 02 décembre 2020

La République des juges...

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La République des juges...

par Richard Dessens

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Richard Dessens, cueilli sur EuroLibertés et consacré à la question du pouvoir de la magistrature. Docteur en droit et professeur en classes préparatoires, Richard Dessens a notamment publié La démocratie travestie par les mots (L'Æncre, 2010), Henri Rochefort ou la véritable liberté de la presse (Dualpha, 2017) et La démocratie interdite (Dualpha, 2018).

La République des juges

Contrairement au vocabulaire courant, la Justice n’est pas un « pouvoir » au même titre que les pouvoirs législatif et exécutif. Et cela ne l’a jamais été sauf dans les théories de séparation stricte des pouvoirs chez les philosophes du XVIIIe siècle, Montesquieu en tête. La Révolution elle-même n’institue pas un « pouvoir » judiciaire autonome, en limitant, au contraire, les juges à un rôle de strict applicateur de la loi (« les juges sont la bouche de la loi ») leur en interdisant toute latitude interprétative. Le Tribunal de Cassation devait en référer au Corps législatif en cas d’obscurité de la loi et donc ne pouvait en aucun cas faire œuvre de jurisprudence et de source du droit.

La Constitution de 1958 attend son Titre VIII avant d’évoquer, après le pouvoir exécutif, puis le pouvoir législatif dans un ordre d’ailleurs significatif quant au véritable détenteur du pouvoir, une simple « autorité » judiciaire. On parle aussi d’ « institution » judiciaire, même si l’indépendance de la Justice (tout au moins des juges du siège) est rappelée régulièrement dans les textes.

« Autorité indépendante » oui, « pouvoir », non. Ce n’est pas du tout la même chose. Et c’est bien l’objet d’une lutte lente et obstinée de la Justice depuis deux siècles, d’acquérir une position de « pouvoir » comparable à celui du législatif ou de l’exécutif. Surtout depuis la création en 1958 de la future École Nationale de la Magistrature.

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Mais un premier problème limite cette velléité récurrente : la loi est élaborée par le pouvoir législatif (même si en réalité c’est l’exécutif et l’Union européenne qui sont à l’origine de 95 % des lois, remettant en cause sur le fond la réalité de l’existence d’un pouvoir législatif souverain !).

Or, la Justice est bien tenue d’en respecter les règles et d’en suivre les revirements au gré des nouvelles lois de nouvelles majorités théoriques. C’est bien pourquoi, les juges ont arraché peu à peu une compétence jurisprudentielle, née d’une autorité d’interprétation des lois et de leur faculté d’en combler les lacunes d’autre part. C’est une Justice envieuse de tels pouvoirs des juges anglais ou américains qui, contrairement aux principes du droit français, s’est investie de ces nouvelles attributions. Cette « américanisation » de notre justice lui a permis de faire un pas vers la création d’un pouvoir, au-delà de sa seule « autorité ». Les mots ont leur importance.

Nous naviguons dans un État aux valeurs qui se sont chamboulées peu à peu. Le législatif, premier pouvoir, est peu à peu largement supplanté par le pouvoir exécutif et des injonctions européennes. Le pouvoir exécutif s’est trouvé encore renforcé par l’adoption du quinquennat qui donne une majorité automatique et servile dans la foulée de l’élection du Président, véritable centre de tous les pouvoirs.

À l’inverse, dans ces conditions, la Justice s’est instituée, souvent par idéologie politique d’ailleurs, comme un « contre-pouvoir » faute d’être un « pouvoir ». Si le principe de séparation des pouvoirs a pour origine une possibilité d’empiétements d’un pouvoir sur un autre, il n’en reste pas grand-chose pour ce qui concerne législatif et exécutif, étroitement mêlés par le jeu des institutions et de la pratique, comme ils l’étaient d’ailleurs sous la Révolution.

Mais pour ce qui est de la Justice, ce sont justement les possibilités d’empiétements sur les pouvoirs législatif et surtout exécutif qui sont devenus l’arme des juges pour affirmer un contre-pouvoir qu’ils voudraient transformer en véritable pouvoir.

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Le poids que la Justice fait de plus en plus peser sur le pouvoir exécutif et, indirectement, sur la liberté de choix du peuple à travers l’élection censée être le pouvoir suprême, lui attribue une puissance exorbitante, à l’abri de la formule qui affirme solennellement que les juges rendent la justice « au nom du peuple français »… sans être pour autant élus par le peuple. Formule commode et justifiant leur contre-pouvoir paralysant.

C’est ainsi que la nouvelle offensive des juges, portés par une idéologie politique claire, pour acquérir un véritable « pouvoir », est en train d’être victorieuse, après qu’ils ont arraché d’autres prérogatives par ailleurs qui les amenaient vers le même but.

Il est intéressant de noter que la Presse mène le même combat dans un temps identique. Érigée en « quatrième pouvoir » par Burke (alors que le troisième n’existe déjà pas comme on l’a vu), qui rejoignait ainsi le combat des juges pour leur propre pouvoir, la Presse n’a cessé de grignoter des libertés de plus en plus étendues jusqu’à, en effet, devenir un véritable pouvoir autoproclamé et sans lien avec la « souveraineté » (qu’en reste-t-il d’ailleurs ?) populaire. Les récents spectacles qu’a fournis la presse télévisée américaine vis-à-vis de Donald Trump en apportent l’éclatante démonstration si c’était encore nécessaire.

Or, la Presse puise sa « légitimité » dans l’article 11 de la Déclaration de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Or, la Presse oublie toujours la fin de cet article : « sauf à répondre de l’abus de cette liberté ». Qui oserait aujourd’hui alléguer les abus d’une presse toute puissante et surtout monolithique pour la remettre à sa juste place ? Pas les juges car Justice et grande Presse, alliés objectifs, se soutiennent mutuellement au nom d’un combat commun vers la conquête de « pouvoirs » qu’ils convoitent pour les mêmes raisons – souvent politiques – depuis longtemps.

Et le peuple dans tout ça ? Quand se décidera-t-il à reprendre sa souveraineté et à l’imposer aux élites en mal de nouveaux pouvoirs ?

Richard Dessens (Eurolibertés, 23 novembre 2020)

dimanche, 29 novembre 2020

Ré-apprendre à montrer les dents...

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Ré-apprendre à montrer les dents...
 
par Caroline Galactéros
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessus un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré à l'absence de vision de notre politique étrangère.

Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

A la recherche du temps perdu

La logique du temps court, a-stratégique par essence, et plus encore l’incapacité manifeste ou le refus de nos gouvernants de la contrer en adoptant enfin une démarche stratégique donc anticipative, plongent l’Europe et bien sûr notre pays dans une cécité dramatique pour le futur de notre positionnement sur la carte du monde. 

Tandis qu’à Paris, on se passionne pour les péripéties comico-tragiques de l’élection américaine (alors même que la politique étrangère de notre « Grand allié » ne changera qu’à la marge avec la nouvelle Administration), tandis que devient flagrante notre marginalisation de nombre de négociations et médiations internationales (Caucase du sud, Syrie, Liban, Libye, Yémen), bref, tandis que la France disparaît diplomatiquement par excès de suivisme et inconséquence, incapable de penser par elle-même le monde tel qu’il est, d’autres exploitent magistralement ce flottement prolongé. Et il est à craindre qu’il ne suffise pas pour rétablir notre rang et préserver nos intérêts, d’exposer une prétendue « doctrine en matière internationale » sur le site d’un réseau social ami, dans une conversation courtoise sur l’air du temps, en brodant avec talent sur des lieux communs (il faut coopérer, s’entendre, être plus libres, etc…) et des inflexions souhaitables de la marche du monde. Une « doctrine » de chien d’aveugle, réduite à une promenade au hasard dans le grand désordre mondial, et qui fantasme le positionnement de la France – étoile polaire définitive en termes de « valeurs » universelles (sans même voir que plus personne ne supporte nos leçons) – autour d’enjeux n’ayant quasiment rien à voir avec le concret de l’affrontement stratégique actuel et futur. Discourir sur la biodiversité, le changement climatique, la transformation numérique et la lutte contre les inégalités (sic), est certes important. Mais ce n’est pas le climat qui va nous rendre notre puissance enfuie et notre influence en miettes ! Qui peut le croire ?! 

Koucher-111207_(cropped).jpgC’est surtout une diversion ahurissante par rapport à l’impératif de projeter son regard sur le planisphère, de définir ce que l’on veut y faire, région par région, pays par pays, d’en déduire des priorités, des lignes d’efforts thématiques et d’y affecter des moyens et des hommes. Cela rappelle de manière angoissante la réduction de notre politique étrangère à de l’action humanitaire depuis 2007 (avec B. Kouchner comme ministre) puis à de la « diplomatie économique » sous Laurent Fabius. Résultat : les désastres de nos interventions en Libye et en Syrie, un suivisme stratégique suicidaire, une décrédibilisation de la parole et de la signature françaises sans précédent. Il semble bien que la nouvelle martingale soit désormais « la diplomatie environnementale », mantra d’une action diplomatique dénaturée et d’une France en perdition stratégique. Au nom du réalisme bien sûr, alors que c’est au contraire notre irréalisme abyssal et notre dogmatisme moralisateur indécrottable qui nous privent de tout ressort en la matière. On est piégés comme des rats dans un universalisme béat et on refuse d’admettre le changement de paradigme international et la marginalisation patente de l’Occident, lui-même à la peine et divisé. 

Pendant ce temps, B. Netanyahu se rend en Arabie Saoudite (ce qui n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’Iran), la France fait la leçon au Liban et s’étonne d’être rabrouée puis marginalisée là encore, la Russie et la Turquie s’entendent dans le Caucase du sud et renvoient le Groupe de Minsk à ses stériles palabres, Moscou s’installe au Soudan, l’Allemagne s’affirme en chouchou européen de Washington et se tait face aux provocations de la Turquie…à moins qu’elle ne redécouvre son atavique et inquiétante inclinaison pour l’Ottoman, etc.

Bref, les rapports de force se structurent à grande vitesse sans nous et même à nos dépens. Mais on n’en parle pas. Non par honte ou rage d’avoir été naïfs, dupes ou incapables de créativité diplomatique. Non. Juste parce qu’on a déjà renoncé à compter et que cela ne doit juste pas se voir. Et, tels certains responsables administratifs furieux de recevoir des informations démontant leurs partis pris, on les passe à la déchiqueteuse ! On les fait disparaître purement et simplement du champ du réel politique et médiatique. On ne veut surtout pas savoir que nous ne comptons plus ! Encore moins que les Français s’en aperçoivent. 

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Ainsi, la signature le 15 novembre, à l’initiative de Pékin, du RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership) par quinze pays d’Asie constitue une bascule stratégique colossale et inquiétante dont ni les médias ni les politiques français ne pipent mot. Voilà le plus grand accord de libre-échange du monde (30 % de la population mondiale et 30 % du PIB mondial) conclu entre la Chine et les dix membres de l’ASEAN (Brunei, la Birmanie, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam), auxquels s’ajoutent quatre autres puissantes économies de la région : le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Cette nouvelle zone commerciale se superpose en partie au TPP (Trans-Pacific Partnership) conclu en 2018 entre le Mexique, le Chili, le Pérou et sept pays déjà membres du RCEP : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Brunei, le Japon, la Malaisie, Singapour et le Vietnam. Ainsi se révèle et s’impose soudainement une contre manœuvre offensive magistrale de Pékin face à Washington (les Etats-Unis s’étaient follement retirés du projet TPP en 2017). Mais chut ! Où est l’UE là-dedans ? Nulle part ! Même l’accord commercial conclu en juin 2019 entre l’Union européenne et le Mercosur doit encore être ratifié par ses 27 parlements… Le Moyen-Orient et l’Afrique eux sont clairement vus comme des territoires ouverts à toutes les prédations de ce mastodonte commercial en formation. Seule la Grande Bretagne, libérée de l’UE grâce au Brexit, en profitera car elle vient habilement de sa rapprocher du Japon signataire du RCEP et du TPP…

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Pendant ce temps, la France plonge dans une diplomatie décidément calamiteuse qui l’isole et la déconsidère partout. Elle vient d’abandonner le Franc CFA pour complaire au discours débilitant sur la repentance et les affres de la Françafrique. On expie. On ne sait pas quoi à vrai dire. Mais on s’y soumet et on laisse la place à Pékin, Washington, Moscou et même Ankara. Il ne sert à rien de geindre sur l’entrisme de ceux-là en Afrique quand on leur pave ainsi la voie. Il faudrait vraiment arrêter avec « le sanglot de l’homme blanc ». Il faut refondre notre diplomatie et aussi d’ailleurs nombre de nos diplomates au parcours brillant mais incapables de sortir d’un prêt-à-penser pavlovien (anti russe, anti iranien, anti syrien, anti turc même !) qui nous paralyse et nous expulse du jeu. Il faut enfin apprendre à répondre à l’offense ou à la provocation, et à ne pas juste se coucher dès que l’on aboie ou que l’on n’apprécie pas nos avancées souvent maladroites mais aussi parfois outrageuses. Tendre l’autre joue a ses limites. Mais évidemment pour être pris au sérieux, il ne faut pas toujours « calmer le jeu ». Il montrer les dents avec des « munitions », donc une vision et une volonté.

Caroline Galactéros (Geopragma, 23 novembre 2020)

dimanche, 15 novembre 2020

Les escroqueries commises en France par des criminels africains

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Les escroqueries commises en France par des criminels africains
 
par Jean-Paul Baquiast
 
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous republions ici les principaux extraits d'une note du Ministère de l'intérieur destinée à informer les services compétents (y compris les polices municipales) au sujet du développement rapide actuel des escroqueries et vols en bande organisée provenant d'individus résidents en Afrique francophone ou en provenant et connaissant parfaitement les possibilités offertes par l'internet.

Depuis plus d'une dizaine d'années, des individus originaires d'Afrique de l'Ouest, notamment du Bénin, du Cameroun, de Côte d'Ivoire, du Nigéria, de la RDC ainsi que de la République du Congo, agissant en bande organisée, sont régulièrement impliqués dans la réalisation d'escroqueries en France et à partir de leur pays d'origine. Leur recours au vecteur Internet repose sur plusieurs facteurs :

• la francophonie, qui permet de cibler des victimes, physiques ou morales, situées sur notre territoire 

• l'utilisation  de moyens d'anonymisation tels que des proxys ou des VPN (Virtual Private Network) qui assurent l'anonymat et rendent l'identification par les services de police particulièrement longue et difficile ;

• un réseau communautaire actif sur le territoire français, qui se révèle être une source de main d'œuvre non négligeable, disposée à réaliser les tâches indispensables au bon fonctionnement de leurs activités.

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La population ouest-africaine se passionne pour ces escrocs nationaux, appelés « Feymen » au Cameroun, « Brouteurs » en Côte d'Ivoire, « Yahoo Boys » / « Yahoo Yahoo » au Nigeria ou encore « Gaymen » au Bénin. Leurs prétendus exploits se propagent à travers la presse et une série télévisée à leur effigie a même été réalisée en Côte d'Ivoire (« Brouteurs.com»). Un terme est également consacré pour désigner les victimes, « Mougous ».

De manière générale, des réseaux locaux recrutent et gèrent de jeunes compatriotes à la recherche d'argent facile, avides de montrer leur richesse naissante. Les escrocs agissent depuis les nombreux cybercafés ou boutiques de téléphonie mobile et lieux privés. Les réseaux locaux sont dirigés par des chefs qui ont la charge de payer les heures d'abonnement et de recruter des profils spécifiques.

En effet, les escrocs ont chacun des fonctions différentes, certains pouvant extraire des adresses mails alors que d'autres développent des sites (ex : faux sites bancaires). Ils font également appel à un grand nombre d'intermédiaires en France et en Afrique, tels que les collecteurs, en charge du retrait des gains. Il est à noter que certains se spécialisent en suivant des formations techniques au Maroc.

Plusieurs techniques sont utilisées pour réaliser ces escroqueries

* L'utilisation frauduleuse des coordonnées bancaires sur internet.

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Des Camerounais, Béninois et Ivoiriens effectuent des commandes frauduleuses sur internet à l'aide de cartes bancaires appartenant à des tiers. L'acquisition des références de cartes s'effectue selon divers procédés : • subtilisation des coordonnées bancaires, à travers le monde, à l'insu du titulaire ; • achat sur des forums étrangers (de 20 à 50€) ou sur le darknet, parfois réalisé à l'aide de bitcoins, eux-mêmes acquis par des cartes prépayées PCS ; • recours à la technique de l'hameçonnage (ou « phishing ») consistant à envoyer un mail en se faisant passer pour un opérateur officiel et légitime, par exemple un fournisseur de services internet ; • échange par messageries de données bancaires, notamment via l'application WhatsApp.

Munis des références bancaires, certains effectuent les commandes (via des adresses IP étrangères) et d'autres récupèrent la marchandise (vêtements, alcool, meubles, etc.) puis la revendent. Les objets sont in fine destinés à un usage personnel, à la vente en ligne ou au marché noir en France, mais aussi à la vente en Afrique.

* Les escroqueries via les sites d'annonces en ligne. 

Des escrocs, majoritairement béninois, mettent en vente des articles sur des sites d'annonces et demandent au futur acquéreur, un acompte ou un paiement par mandat cash, sans jamais fournir le bien acheté. Ils mettent en confiance les acheteurs en envoyant des photocopies de cartes d'identité, généralement volées.

Le site Leboncoin est particulièrement prisé via des annonces de vente de voiture, de matériel multimédia et de billets de parcs d'attraction. Il leur arrive aussi d'escroquer un vendeur, en envoyant un chèque (avec ou sans provision) supérieur au montant du produit, en lui demandant ensuite un remboursement de la différence.

* Les escroqueries dites « à la romance »

Celle-ci consiste à mettre en confiance une victime afin qu'elle transmette des fonds à un escroc prétendument épris d'elle. A cette fin, les malfaiteurs créent un profil attrayant sur un site de rencontre et correspondent ensuite pendant plusieurs mois avec la future victime. Plusieurs personnes peuvent entretenir les échanges, aussi bien en France qu'en Afrique. Deux types d'escroqueries sont réalisées une fois la confiance établie : • la sollicitation d'une aide financière pour diverses raisons (billets d'avion, maladie, etc.), la victime pouvant être harcelée si besoin ; • la transmission d'un chèque volé et falsifié à la victime afin qu'elle l'encaisse puis qu'elle fournisse le montant équivalent en créditant des cartes PCS ou en réalisant des transferts PayPal/Western Union. L'escroquerie peut aussi se transformer en « sextorsion », les malfaiteurs menaçant de diffuser des enregistrements vidéo ou photos compromettantes aux contacts de la victime ou sur YouTube. Toutes ces escroqueries sont commises par des Ivoiriens, Nigérians ou Béninois.

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*Les escroqueries dites « à la nigériane » ou « fraude 419 »

Afin de récupérer directement des fonds, des escrocs tentent d'appâter des victimes par l'envoi de mails leur indiquant être les gagnants d'un billet de loterie ou les bénéficiaires d'un héritage. Ils se font alors passer pour de prétendus avocats ou huissiers, et invitent les victimes à compléter un formulaire et à le renvoyer pour obtenir leur numéro de compte bancaire et leur signature, pour effectuer des ordres de virement frauduleux. Ils tentent aussi d'obtenir le paiement de frais de dossiers. Ces attaques sont réalisées par des Béninois, Camerounais, Ivoiriens et Nigérians.

* L'arnaque à l'encontre de sociétés dite escroqueries « à la carambouille » Ce terme désigne le fait que des ressortissants ivoiriens, sous couvert d'une entreprise localisée en Côte d'Ivoire, d'une grande enseigne française ou d'une société-écran, les escrocs tentent de passer des commandes auprès d'entreprises localisées en Europe. Ils utilisent le nom de l'entreprise française en le transformant légèrement. Ou bien ils créent des noms de domaine internet proches des identités existantes (phénomène dit « typosquatting »). Le plus souvent, les escrocs demandent un paiement différé (30 à 60 jours suivant la réception de la commande) sans s'en acquitter in fine. Les préjudices peuvent être très importants pour les entreprises, allant parfois jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros.

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On notera que les groupes criminels africains s'adaptent aisément à leur environnement. Ainsi la crise sanitaire du COVID 19 peut offrir une zone de prédation nouvelle pour la réalisation de leurs cyber-escroqueries. 1

1 Note de JP Baquiast
Certains se vantent de procéder ainsi à une "colonisation à l'envers

 
 
 

samedi, 14 novembre 2020

Jérôme Fourquet’s The French Archipelago

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Jérôme Fourquet’s The French Archipelago
 
A Statistical Portrait of a Nation in Decay

Jérôme Fourquet, L’archipel français: Naissance d’une nation multiple et divisée (Paris: Seuil, 2019)

Jérôme Fourquet is a mainstream pollster with the venerable French Institute of Public Opinion (IFOP), the nation’s leading polling agency. He made a splash last year with his book, The French Archipelago: The Birth of a Multiple and Divided Nation, which presented a fine-grain statistical analysis of socio-cultural changes in French society and, in particular, fragmentation along ethno-religious and educational lines.

The book persuasively makes case that the centrist-globalist Emmanuel Macron’s election to the presidency and the collapse of the traditional parties of government in 2017 were not freak events, but the reflection of long-term trends which finally expressed themselves politically. The same can be said for the growing popularity of anti-establishment movements like Marine Le Pen’s National Rally (RN) and the yellow-vests.

Following the works of many sociologists and historians, Fourquet sees French politics as historically divided between a Catholic Right and secularist Left. This divide had been highly stable since the French Revolution, if not earlier, with a dechristianizing core stretching out from the greater Parisian basin into the Limousin, with most of the periphery remaining relatively conservative. These subcultures united people of different classes within particular regions and corresponded politically with the conservative and Socialist parties who have taken turns governing France since World War II.

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Percentage of Catholic priests swearing loyalty to the Constitution in 1791, a good marker of secularism.

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Political party of representatives elected in the 1936 parliamentary elections. Supporters of the Popular Front Socialist-Communist coalition in red, pink, orange and yellow.

Since 1945, the collapse of Catholicism and the steady cognitive/economic stratification of French society have destroyed the reach and unity of the Catholic-right and secularist-left blocs. Macron was able to tap into the latent political demand of the wealthiest, most educated, and mobile 20% of French society, while the increasingly alienated and déclassés lower classes of French Whites have been falling out of the mainstream political system altogether.

Fourquet meticulously documents the social trends of the past 70 years: the decline of Catholicism, the Communist Party, and traditional media, the triumph of social liberalism, the division of cities into gentrified areas, crime-ridden ghettos, and the (self-)segregation of individuals along educational and ethnic lines. In all this, Fourquet’s book serves as an excellent statistical companion piece to Éric Zemmour’s Le Suicide français, which looks at many of the same themes through the lens of political and cultural events.

What’s in a first name? Quite a lot, actually

Fourquet uses a wealth of socio-economic and polling data to make his case. Some of the most innovative and striking evidence however is the big-data analysis of first names in France’s birth registries since 1900. This looks into the trends for numerous different types of names: Christian, patriotic, regional (Breton and Corsican), Muslim, African, and . . . Anglo. Far from being random, Fourquet shows that the trends in first-name giving correlate with concurrent social and political phenomena. For example, the number of people giving their girls patriotic names like France and Jeanne spiked during moments of nationalist fervor, namely the first and second world wars (p. 35).

More significantly, Marie went from being the most common name for girls (20% of newborns in 1900) to 1-2% since the 1970s. Unsurprisingly given the Virgin Mary’s importance in the Catholic religion, Marie was more popular in more religious regions and declined later in the conservative periphery. Marie’s decline thus seems to be a solid temporal and geographical marker of dechristianization (mass attendance and traditional Christian values, such as marriage and opposition to abortion and gay marriage, also collapsed during this period).

First names also provide a marker for assimilation of immigrant groups. Fourquet shows how Polish first names exploded in the northern mining regions of France in the 1920s and then fully receded within two decades. He shows the same phenomenon for Portuguese immigrants and first names in the 1970s. This assimilation is in accord with sociological data showing that European immigrants tend to rapidly converge in terms of educational and economic performance with the native French population.

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Percentage of new-born males with a Muslim first name.

By contrast, Fourquet shows that people with Muslim last names almost never choose to give their children traditional French first names. He documents a massive increase in the proportion of newborns given Muslim first names from negligible in the 1960s to around a fifth of the total. There is also an increase in the number of people with Sub-Saharan African names.

Somewhat similarly to Europeans, Asian immigrants (disproportionately from the former Indochina) are much more likely to adopt French first names and perform comparably in economic and educational terms.

Beyond these stark ethno-religious demographic changes, Fourquet also highlights more subtle trends that often fall below the radar. First names also provide a marker for the degree to which the French have a common culture or, conversely, of heightened individual or sectoral identities.

Fourquet identifies an explosion in the number of different names used by the French. This figure was stable around 2000 from 1900 to 1945, rising to over 12,000 today. And this does not count the proliferation “rare names” – those for which there are less than 3 people with that name – among all populations. Fourquet takes this as evidence of increased individualism and “mass narcissism,” more and more people wishing to differentiate themselves.

In principle, until recently the French were forced by Napoleonic-era legislation to choose their first names from the Christian calendar, medieval European names, or Greco-Roman antiquity. All of France proper used a common corpus of names, with little local variation. The list of acceptable names was extended by ministerial instruction to regional and mythological names in 1966, while in 1993 the restriction was abolished. However, the trend of more-and-more names in fact long predates these legal changes. Evidently municipal authorities already were tolerating unusual names more and more.

What are the names in question? All sorts. The use of Breton (Celtic) names in Brittany has more tripled from 4% to around 12% (p. 127), with sharp rises corresponding to moments of heightened Breton regionalist politics in the 1970s.

Similarly, Italian-Corsican first names have risen from virtually nil in the 1970s to 20% of Corsican newborns today, coinciding with the rise of the Corsican nationalist vote on the island to 52.1% in 2017 (p. 130). Corsican nationalism has risen despite the fact that use of the French language has largely supplanted the Corsican dialect. Many Corsicans resent colonization both by wealthy metropolitan French buying up properties on the fair isle and by Afro-Islamic immigrants.

There has also been a steady increase of the use of markedly Jewish first names like Ariel, Gad, and Ephraïm – which were virtually unheard of in 1945 (p. 213)

One of the most intriguing trends is the proliferation of Anglo first names from a mere 0.5% of newborns in the 1960s to 12% in 1993, today stabilized around 8% (p. 120). Names like Kevin, Dylan, and Cindy became extremely popular, evidently influenced by American pop stars and soap operas (The Young and the Restless was a big hit in France under the title Les Feux de l’Amour). Significantly, Anglo names are more popular among the lower classes, going against the previous trend of French elites setting top-down fashion trends for names. Indeed, many yellow-vest and RN cadres in France have conspicuously (pseudo-)Anglo first names, such as Steeve [sic] Briois (mayor of the northern industrial city of Hénin-Beaumont), Jordan Bardella (RN youth leader and lead candidate in the 2019 EU parliamentary elections), and Davy Rodriguez (youth deputy leader).

A fragmented France: Globalists, populists, and Muslims

Fourquet sees France as an “archipelago” of subcultures diverging from one another. Among these: Macron-supporting educated metropolitan elites, the remaining rump of practicing Catholics (6-12% of the population), conservative-supporting retirees, expats outside of France (whose numbers have more than tripled to around 1.3 million since 2002), alienated lower-class suburban and rural Whites (often supporting the yellow-vests and/or Marine Le Pen), and innumerable ethnic communities, mostly African or Islamic, scattered across France’s cities.

The French are less and less united by common schools, media, and life experiences. The fifth or so of most educated, wealthy, and deracinated French finally manifested politically with Macron’s triumph in 2017. But will these other subcultures become politically effective? Fourquet concludes that

Thus, over the past 30 years, many islands of the French archipelago are becoming politically autonomous and obey less and less the commands of the capital-island and its elites. Though indeed the scenario in which the [subculturally] most distant islands or provinces would declare their independence does not seem to be on the order of the day. (pp. 378-79)

Still, we can see major subcultural blocs consolidating. In the immediate, the most important is the vast suburban and rural bloc of alienated Whites. Support for Marine Le Pen correlates with distance from city-centers, the presence of Afro-Islamic immigrants (until these overwhelm the natives), and/or chronic unemployment. Fourquet says that “the yellow-vest movement has been particularly revealing not only of the process of archipelization underway but also of the peripheries’ inability to threaten the heart of the French system” (379). It seems probable the bloc of alienated Whites will continue to grow and develop politically.

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Vote for Marine Le Pen in the first round of the 2017 presidential elections.

 

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Unemployment rate in 2016 by territory.

The White “popular bloc” is not coherent politically but is basically entropic. The yellow-vests, themselves not an organized group at all, did not so much have a political program but a set of concerns essentially revolving around purchasing power, public services declining areas, and direct democracy. The most clear and political demand of the yellow-vests was the famous Citizen Initiative Referendum (RIC), similar to practices in Switzerland or California. This measure, whatever its merits, is more about means than ends and is entropic as such.

Marine Le Pen’s National Rally, the other great manifestation of this bloc, is characterized by a mix of socialistic civic nationalism and political opportunism. Given the travails of the Brexit and Trump experiences, one wonders how an eventual National Rally administration would or could govern, especially if virtually the entire French educated class would similarly rise in opposition.

The other great emerging bloc(s) is that made up of France’s fast-growing African and Islamic communities. I would have liked more information on this group. There is data indicating that French Muslims are considerably endogamous (most marry within their own ethny, though there is some variation by community). While the French overwhelmingly support abortion and homosexuality, only small majorities of Muslims do, an important marker of limited convergence. He also observes that a significant minority of Muslims are entering the middle and upper classes, and indeed that the more educated a Muslim is the more likely he or she is to be married to a native French.

However, other indicators of “assimilation” have if anything gone into reverse since the early 2000s: more Muslim women are wearing headscarves, Muslim youth are more likely to say sex before marriage is immoral than their elders (75% to 55%), and two thirds of young Muslims support censorship blasphemy and one quarter condones the murder of cartoonists mocking Mohamed. The War on Terror and renewed Arab-Israeli conflict appear to have rekindled Muslim identity in France. What’s more the sheer number of Muslims and the unending flow from the home country appear to be making them more confident in rejecting assimilation.

In the coming decades, we can reasonably expect French society to become polarized between an Afro-Islamic bloc, united by economic interests and ethno-religious grievances, and a middle/lower class White bloc. And I use the word White, rather than native French, advisedly: many prominent French nationalists and their supporters are of Italian, Polish, or Portuguese origin.

To his credit, Fourquet repeatedly emphasizes the scale and unprecedented nature of the ethno-religious changes in the French population. He also discretely observes the potential for conflict, saying of Paris: “This great diversity is the source of tensions (the demographic balance within certain neighborhoods is changing according to the arrival or reinforcement of this or that group)” (p. 377). And then hidden away in a footnote: “In a multiethnic society, the relative weight of different groups becomes a crucial matter, as individuals seek a territory in which their group is the majority or at least sufficiently numerous.” Indeed.

Fourquet concludes:

At the heart of the capital-island [Paris], the elites reassure themselves in the face of their opponents’ impotence. In so doing, they think that they can rely on the traditional exercise of authority without having to draw the consequences of the birth of a France with a new form and new drives: a multiple and divided nation. (p. 379)

This book left me curious, but also unnerved, about the further social transformations in store for our societies, even beyond the ethnic factor. The disturbing trends in France very much have their analogues in other Western nations. White proles – vilified by their own ruling class or left to their own devices – are in sorry shape. Western elites have lost their collective minds. Looking further afield, how will individualism and social fragmentation manifest in other nations, such as Israel or Japan? Will authoritarian states like China be better able to manage these tendencies, or not? To what extent will these trends intensify? What new trends will emerge in coming decades with advent of yet more new technologies? Amidst this uncertainty, there will certainly also be political opportunities.

Victor Hugo et le retour des « Âges éclatants »

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Luc-Olivier d’Algange:

Victor Hugo et le retour des « Âges éclatants »

Notes pour desservir à une commémoration

         Nous vivons en des temps commémoratifs et quelque peu funéraires. Le présent nous échappe, faute de réelle présence au monde, l'avenir nous semble incertain et le passé incompréhensible. Ce qui fut autrefois tradition, c'est-à-dire transmission de vivant à vivant des formes, des sagesses et des visions, sous le signe de la reconnaissance et de la « métamorphose » (selon le mot d'André Malraux) n'est plus qu'une répétition morne, un ressassement cauchemardesque de disque rayé.

Nos commémorations ne sont plus des hommages, qui impliqueraient que nous relevions à notre tour quelque défi essentiel, mais des autopsies. Nos critiques littéraires, lorsqu'ils n'empruntent pas la rhétorique du procureur ou de l'avocat adoptent la méthodologie de la médecine légale. Tout se passe comme s'il s'agissait de s'assurer que nos défunts le demeurent, qu'ils ne risquent plus, par leurs œuvres, d'animer nos ardeurs, de susciter de nouvelles flambées de poésie et de songe dans nos âmes dévastées. Nous recyclons ces cadavres augustes et nous les nommons, avec une outrecuidance infinie, « nos précurseurs ».

Je doute fort que nous fassions honneur à nos hommes illustres en les retournant ainsi dans leurs tombes, à intervalles réguliers, selon la logique, chronologiquement rigoureuse mais philosophiquement hasardeuse, des anniversaires, dont on peut dire qu'ils sont, pour paraphraser Lautréamont, la rencontre sur une pièce montée, du scalpel du dissecteur et de la clef à molette du ferrailleur. Entre la nouvelle critique et le nouveau journalisme, chacun peut y aller de bon cœur dans le charcutage ou dans la récupération...

         unnamedvhlegs.jpgPrenez ces quelques lignes comme un refus de souffler les bougies d'un poète qui allume encore dans la nuit de nos cœurs des flambeaux. Non, Victor Hugo n'est pas ce poète « moderne », « démocrate », « progressiste », précurseur de la monnaie unique et du monde mondialisé ! Victor Hugo n'est pas davantage ce paillard sympathique, ce républicain jacobin où d'autres trouvent leur miel et leur fiel. Victor Hugo, s'il vous en souvient, est l'auteur de La Légende des Siècles.

Tout ce que le monde moderne abomine se trouve dans Victor Hugo: le chant patriotique, la célébration des héros, la vision légendaire et épique, les cosmogonies et les théogonies, le sens du tragique et de l'amour sublime, l'âpreté de la nature et des combats, la vision impériale... Est-il même nécessaire de préciser, en passant, que Les Misérables sont bien plus proche de Léon Bloy que de l'idéologie social-démocrate ? Certes, quelques esprits chagrins, de tendance intégriste, peuvent encore considérer Hugo comme un hérésiarque, mais il n'échappera à personne que, dans sa poésie, Hugo ne parle que de Dieu.

Ce Dieu est en toute chose et en même temps en dehors de toute chose. Les ombres et les nombres, qui riment infiniment dans la poésie hugolienne, les brins d'herbe, les pierres, les arbres, les cieux sereins ou en folie, la geste des paladins, l'Océan et les profondes forêts de nos songes font, dans les poèmes de Victor Hugo, honneur au Dieu qui les créa. Ce n'est point Saint-François ni Maître Eckhart qui contrediront Hugo, mais l'agnostique moderne, avec sa tiédeur pseudo-sceptique.

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Hugo trouve Dieu partout: dans les hauteurs du Ciel comme dans les profondeurs de la mer. Ennemi acharné de la platitude, qu'il voyait triompher dans la monarchie bourgeoise, Hugo ne cessa de nous mettre en demeure de partager sa vision verticale et vertigineuse de l'âme humaine et du monde. La « république » d’Hugo est héroïque et panthéiste, et sa « démocratie » est cosmique. Loin d'opposer aux despotes et aux tyrans l'idéologie procustéenne, qui en est à la fois la cause et la conséquence, Hugo invoque les puissances secrètement détenues dans la vision des Mages et des Prophètes. Hugo célèbre la magnanimité de l'Aède et la subtile, mais imparable, ambassade du Symbole:

« Qu'on pense ou qu'on aime

Sans cesse agité,

Vers un but suprême

Tout vole emporté;

L'esquif cherche le môle,

L'abeille un vieux saule,

La boussole un pôle

Moi la vérité. »

         En ces quelques vers rimbaldiens Hugo précise son dessein: ce ne sont point le relatif ou l'éphémère, ces idoles modernes, qu'il courtise, mais le pôle de l'être, « Vérité profonde/ Granit éprouvé. ». Logocrate, comme Steiner le disait de Pierre Boutang, Hugo se livre à une herméneutique générale du monde. Pour lui tout est signe et intersigne. Le monde, écriture divine, se laisse déchiffrer. Le visible est l'empreinte de l'Invisible. Le poème hugolien participe d'une théologie du Verbe incarné. Le monde sensible est un livre ouvert au poète qui sait le contempler:

« Saint livre où la voile

Qui flotte en tous lieux

Saint livre où l'étoile

Qui rayonne aux yeux

Ne trace, ô mystère !

Qu'un nom solitaire

Qu'un nom sur la terre

Qu'un nom dans les cieux... »

         On nous répète qu’Hugo est « novateur » en idéologie. Nous le voyons surtout novateur en poésie: certain de ses vers semblent frappés par Mallarmé, d'autres, nous l'avons vu, semblent forgés dans la forge philosophale de Rimbaud. Le Surréalisme est beaucoup moins surréaliste qu’Hugo. A les comparer à Dieu et à La fin de Satan, les cadavres exquis font figure d'une tempête dans un verre d'eau. La Bouche d'Ombre n'est point exquise, elle est grandiose. Toute l'œuvre d’Hugo se place sous le signe de la grandeur.

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Ce qui n'est point grand toujours l'offusque; ce qui est grand presque invariablement le ravit. Hugo est le poète qui veut introduire d'autres ordres de grandeur dans l'intelligence humaine, ou, plus exactement, œuvrer  à leur recouvrance. Pour Victor Hugo, radicalement antimoderne à cet égard, la grandeur et l'éclat sont à l'origine de notre cycle historique. Comme Hésiode, dont La Légende des siècles semble l'interprétation magnifique, Hugo croit au déclin des puissances, selon une logique que l'on pourrait presque dire « guénonienne ». Cette évidence, soigneusement occultée par les adeptes de la « modernité » n'a pas échappée à Gustave Thibon, qui savait, au sens littéral, la poésie de Victor Hugo, par cœur, et par le cœur:

« Toutes les vérités premières sont tuées.

Les heures qui ne sont que des prostituées,

Viennent chanter pour eux, montrant de vils appas

Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas. »

         la-legende-des-siecles-25031-264-432.jpgGustave Thibon voit à juste titre dans ces quatre vers, qui résument le projet de La Légende des siècles, une condamnation radicale du progressisme. Cet « avenir sacré qu'elles n'ont pas », comment ne pas y reconnaître la fallacieuse promesse des lendemains qui chantent, internationalistes ou « mondialistes », de tous les totalitarismes progressistes ? Ce qui importe par-dessus tout c'est: « la sombre fidélité pour les choses tombées ». La victoire appartient aux heures menteuses, mais seulement pour un temps, dans l'interrègne: « Pour les vaincus la lutte est un grand bonheur triste/ Qu'il faut faire durer le plus longtemps qu'on peut ». Rien n'est plus étranger à la mentalité progressiste que ce pessimisme actif qui se transfigure en espérance platonicienne: « Qu'est-ce que tout cela qui n'est pas éternel ? ». Suivons encore Gustave Thibon, lorsqu'il nous fait remarquer, dans ses entretiens avec Philippe Barthelet, que « tout Platon est là: des trois transcendantaux, la beauté seule a le privilège de l'apparence sensible »:

« Mon péristyle semble un précepte des cieux,

Toute loi vraie étant un rythme harmonieux...

Nul homme ne me voit sans qu'un dieu l'avertisse (...)

Je suis la vérité bâtie en marbre blanc;

Le beau c'est, ô mortels, le vrai plus ressemblant.

         Si Victor Hugo est novateur, c'est précisément par ce sens de la recouvrance, qui relève le défi de l'Age Noir, par la remémoration des « âges éclatants », et la promesse que leur présence en nous laisse transparaître. Victor Hugo fut, avec Novalis, Leconte de Lisle et Schopenhauer, l'un des premiers à opérer au retour  de l'hindouisme traditionnel dans la culture européenne, dans son poème Suprématie, adaptation-traduction d'une upanishad, initiant ainsi le retour au « mystérieux sanscrit de l'âme » de nos origines les plus lointaines dont parlait Novalis. « L'impossible à travers l'évidence transparaît » écrit Hugo. L'Age d'or bruit et scintille dans nos âmes avec le souvenir des « vérités premières » assassinées.

Luc-Olivier d'Algange.

vendredi, 13 novembre 2020

Les océans, un défi de la souveraineté - Entretien avec Richard Labévière

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Les océans, un défi de la souveraineté

Entretien avec Richard Labévière

Le Zoom - TVL

 
La France possède le deuxième espace maritime et le premier espace sous-marin du monde ! Sa Marine nationale est opérationnelle partout, ses savoir-faire techniques couvrent tous les enjeux de défense et de sécurité, et pourtant, même si l'action de l'Etat en mer reste un modèle, notre pays peine à exploiter ces atouts. Alors qu'une nouvelle géopolitique des océans s'ouvre devant nous, le journaliste et consultant Richard Labévière propose de retrouver la force de notre souveraineté et de notre liberté avec un principe :"Reconquérir par la mer". C'est le titre de son dernier ouvrage !
 
 
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Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/

mercredi, 11 novembre 2020

Entretien avec Monsieur K: "Nos ennemis nous ont déclaré une guerre à mort"

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« Nos ennemis nous ont déclaré une guerre à mort »

Entretien avec Monsieur K

Il est la voix de plusieurs émissions, anciennement sur Méridien Zéro (MZ) et aujourd’hui sur ERFM. Ils sont des milliers en effet à connaître Monsieur K, ses émissions, particulièrement fouillées, et ses invités, variés.

Vieux militant et briscard de la dissidence, avec donc un regard intéressant sur ses composantes, mais aussi sur l’évolution du système qu’elle combat, nous l’avons interrogé, dans un entretien particulièrement libre.

Breizh-info.com : Tout d’abord, qui est Monsieur K ? D’où vient ce pseudonyme ?

Monsieur K : Je suis le père de quatre enfants. Je suis un militant nationaliste d’Action française et de la Révolution Conservatrice depuis plus de vingt ans.

Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour formuler une critique du capitalisme, ainsi que de proposer des voies concrètes en puisant des éléments partout où j’entrevois une vérité politique. Cela va de la grande filiation aristotélico-thomiste qui va d’Aristote (IVe siècle avant Jésus-Christ) à Marcel De Corte en passant par Maurras et les non-conformistes des années Trente, à la critique radicale d’un Guy Debord ou encore l’expérience du marxisme-léninisme, le marxisme en moins. J’ai animé et produit des émissions pendant 15 ans sur Radio Courtoisie, avant d’en être éjecté sans un mot par sa directrice. J’ai également eu de brèves expériences dans la presse parisienne. J’ai animé d’innombrables heures de radio, donné des dizaines de conférences, j’en ai organisé plus encore, ainsi qu’une quinzaine d’universités d’été, j’ai fait des campagnes électorales, référendaires, d’information et de propagande, j’ai travaillé pour des élus et des exécutifs, participé à de nombreuses manifestations, eu mon lot de bagarres, de gardes à vues et de condamnations.

Malgré les « insultes et horions » (paroles du Chant des Lansquenets), malgré surtout la quasi-mort sociale à laquelle je suis condamné, je continue, sûr que si « nous ne changerons pas le monde, le monde ne nous changera pas » (Dominique Venner) et que nous irons de « défaite en défaite jusqu’à la victoire finale » (Mao).

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Mon pseudonyme date de l’époque où avec des camarades identitaires nous avons animé une émission en langue française hébergée par Radio Bandiera Nera, la radio en ligne et en continu lancé par CasaPound au début des années 2000, intitulée « Derrière ta porte », puis sur Méridien Zéro qui lui a fait suite.

Breizh-info.com : Parlez-nous des émissions que vous animez, sur Méridien Zéro.

Monsieur K : À l’invitation de mon vieux camarade le Lieutenant Sturm, j’ai embarqué sur le vaisseau pirate de la Révolution conservatrice Méridien Zéro dès 2007.

Méridien Zéro est une expression tirée de l’œuvre d’Ernst Jünger. J’en retiendrais surtout les « panorama actu », où avec une belle équipe de flibustiers nous commentions les dérives du monde contemporain. Beaucoup de ces émissions ont conservé un intérêt malgré le contexte qui a changé, car nos commentaires s’inspiraient de principes qui, eux, ne changent pas. Nos boussoles indiquent toujours le Nord avec la même exactitude. Et si nous avons vieilli, notre politique est plus que jamais d’actualité, car elle prend sa source dans les terres toujours vertes de la vérité politique et du service de la Cité. C’est-à-dire à la fois le service des plus humbles de nos compatriotes et de ce qu’il y a en nous de plus grand que nous.

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On me demande souvent pourquoi on ne m’entend plus sur MZ. La raison est très triviale. Lorsque le Lieutenant Sturm est retourné avec sa nombreuse famille sur la terre de ses aïeux en Normandie, ne connaissant pas aussi bien la nouvelle équipe, les liens se sont distendus sans qu’il y eut de fâcherie. Et puis un non-dit également.

Après les attentats du Bataclan, j’ai senti une inflexion vers une ligne hostile à l’Islam. Il m’a semblé alors qu’il ne fallait pas perdre de vue sous le coup de l’émotion – qui ne m’a pas effleuré – que nos ennemis principaux, quoique pas exclusifs, restent les courants du judaïsme politique et ses alliés : la Loge, le LGBTQ, le mondialisme… Bref ce que Martin Pelletier appelle si justement la « révolution arc-en-ciel », sous direction talmudique. Je me suis alors concentré sur « Fréquence Orages d’Acier » qui devait être une émission dans la grille de MZ, qui cessait d’être un émission pour devenir une radio.

Avec l’aide précieuse de mes camarades de Dextra et du Cercle Henri-Lagrange, j’ai donné une voix à la Révolution Conservatrice en langue française. Mon but était alors de contribuer à la résurrection d’une droite authentique, c’est-à-dire classique, selon le mot du professeur Guillaume Bernard. Une droite réaliste, nationaliste, fédéraliste, sociale, anti-chrématistique, hiérarchique, spiritualiste et championne des libertés concrètes. J’ai conçu ces émissions comme des dossiers, sans y laisser de place ou presque à l’actualité pour leur garantir une meilleure longévité. J’y ai bien réussi, ces émissions peuvent s’écouter aujourd’hui sans préjudice.

Breizh-info.com : Et sur ERFM ?

Monsieur K : Sur ERFM, j’ai la chance de pouvoir produire les émissions comme je le veux, avec l’aide d’un secrétariat, d’un technicien, d’un service informatique, d’une illustratrice, d’un producteur musical… et le soutien de la rédaction de combat menée par Pierre de Brague. J’y anime trois émissions, le magazine politique intitulé « Pourquoi tant de haine ? » où je reçois les auteurs et les acteurs français de la résistance au Nouvel Ordre Mondial sur des sujets qui vont de la crise financière à la fausse religion du réchauffement climatique anthropique, ou bien encore de l’axe de la Résistance à la marchandisation de la vie humaine. On en est déjà à plus d’une trentaine d’émissions. Elles sont très écoutées du fait de la place centrale qu’occupe aujourd’hui E&R dans les médias alternatifs.

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J’y anime également un magazine réaliste-fantastique intitulé « Les Dossiers de Monsieur K. » où je ne m’appuie que sur des documents attestés et incontestables. J’y explore les profondeurs de l’histoire cachée et de la guerre occulte dans les pas de Crétineau-Joly, Julius Evola ou encore Henri Coston.

Enfin, du mardi au vendredi, je produis une quotidienne intitulé « Le Quart d’heure de vérité », librement inspirée de l’univers de 1984 d’Orwell. J’y fais une revue de presse sur laquelle j’éditorialise selon les leçons d’Action française qui est une école du journalisme quotidien. J’essaye, au milieu d’une actualité dystopique déprimante, de faire ressortir de bonnes nouvelles ou au moins de faire sourire l’auditeur. Dans le même esprit, sur une suggestion du directeur de l’antenne, Ian Purdom, elle s’achève sur un morceau tiré de ma discothèque. Les morceaux que je propose sont ceux que j’écoute. Par ce biais, j’essaye d’établir une connexion personnelle avec l’auditeur, j’essaye d’entretenir un haut moral, car j’envisage mon travail radiophonique comme le ferait un commissaire politique d’une armée au front. Et si c’est le service de la Vérité – d’où le titre de l’émission – qui est mon mobile principal, je n’en oublie pas pour autant que nous travaillons avec des être de chair et de sang, souvent durement éprouvés par une guerre qu’ils n’ont pas déclarée et qu’on leur mène pourtant.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui se fait de mieux au sein de la Dissidence selon vous ? Quels sont les écueils à éviter ?

Monsieur K : Le modèle à suivre c’est le Hezbollah libanais. Ils montrent la voie à tous les résistants au Nouvel Ordre Mondial, en résistant au régime antéchristique de Tel Aviv. En France, le meilleur à ce jour, c’est le travail qu’est capable d’accomplir la base militante d’E&R. Le succès politique et le défi logistique du premier festival de la Réconciliation du 15 août en Bourgogne en atteste.

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La tenue de l’université d’été d’Academia Christiana, qui a réuni près de 400 jeunes de 16 à 25 ans en Anjou, cet été, durant une semaine, pour se former à la pensée et à l’action politique et qui est devenu le rendez-vous de formation à ne pas manquer. Dans le même esprit, il y a également le camp-école à destination des familles animé par Sursum Corda qui s’est tenu pour la troisième année consécutive en Savoie et qui se propose de former des « cœurs pour la France et des âmes pour le Ciel ». C’est pour moi le modèle de ce qu’il faut faire dans chacun des pays de France avant de les grouper dans un mouvement de portée nationale.

Le principal écueil est l’inaction des hommes de bien. Le mal ne progresse que du fait de leur inaction. Et les hommes de bien n’agissent pas du fait de leur inorganisation. Il faut donc résoudre le problème de l’organisation. Le second écueil est la pusillanimité. Nos ennemis nous ont déclaré une guerre à mort. Elle se déploie sur tous les fronts.

Il faut donc une réponse synthétique à toutes leurs offensives : LGBTQ, immigration de remplacement, infécondité des Européens, individualisme, déracinement et désaffiliation, confiscation fiscale, contrôle étatique et mercantile, règne de la machine et tyrannie de l’argent… Je propose une riposte via un mouvement bioconservateur intégral et assumé qui se donne pour programme la préservation de tous nos cadres de vie : sexes, famille, patrimoine, matries, nation française, civilisation européenne et religion chrétienne. Ce bioconservatisme serait à la fois populiste et de droite, faisant la jonction des classes populaires et des classes moyennes, il aurait pour base-arrière la ruralité et la France périphérique. C’est la seule formule en mesure de répondre aux aspirations des populations et de garantir la constitution d’un bloc de gouvernement de salut public.

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Breizh-info.com : Comment expliquez-vous le succès, significatif, de votre émission mais plus globalement, de toute la sphère autour d’ERFM notamment (et d’E&R tout court) malgré diabolisation, pénalisation, censure ?

Monsieur K : La vérité politique, comme toutes les vérités, a la même propriété que l’eau, elle s’infiltre partout. De plus, la vérité à un caractère d’autorité qui finit par s’imposer face à toutes les dénégations, censures et répressions. Humblement, nous essayons de nous mettre à son service. C’est, je crois, la première raison.

La seconde est le professionnalisme des équipes : rédaction, informatique, édition et librairie, illustration, Faits et Documents, radio. Alain Soral a réussi le pari de la professionnalisation. J’ajouterais le caractère libérateur et presque jubilatoire de pouvoir relâcher la pression face à la tyrannie pesante et ampoulée du politiquement correct sur beaucoup de sujets qui occupent légitimement le public : santé, éducation, condition féminine, médias, politique, humour, culture.

Les équipes de Soral maîtrisent bien les codes de la contre-culture, il a formulé une sorte de « gauchisme de droite », qui est probablement un des ingrédients de la formule.

Breizh-info.com : En parlant de censure, êtes-vous inquiet de ces lois qui nuisent tout de même clairement, il faut l’avouer, à toutes les initiatives dissidentes ? Quelles perspectives d’ailleurs pour la dissidence selon vous dans les années à venir ?

Monsieur K : Je ne suis ni surpris ni inquiet. La répression est au programme quand on déclare la guerre à la domination. Le pouvoir gouverne mal mais se défend bien.

Cela va contraindre les opposants à retourner sur le terrain, à créer des réseaux d’initiatives, des systèmes de distribution et de solidarités alternatives. Voire, à un retour de l’action clandestine. On en a vu les débuts avec la destruction de milliers de radars lors du mouvement des Gilets jaunes. La répression est le moment où le pouvoir profond est contraint de baisser le masque. « Si vos ennemis vous attaquent c’est une excellente chose » disait le glorieux président Mao Tsé Toung.

Breizh-info.com : N’y a-t-il pas finalement tout à réinventer, tout à construire, alors que le système semble avoir trouvé – après des années de liberté – des parades et des ripostes pour contrer toutes les initiatives qui avaient pris un rythme de croisière depuis quelques années ?

Monsieur K : L’opposition ne part pas de rien, elle ne repart pas de zéro. Un de mes camarades m’a dit un jour qu’en politique tous les gestes s’additionnent. Et si la parenthèse enchantée de l’Internet libre se referme, le mal est fait, le virus a été inoculé. L’heure n’est plus à la propagande électronique, au combat identitaire sur Twitter qui faisait rire aux larmes mon vieux compère Rodolphe Crevel qui en a même fait des papiers cruels dans son journal Le Lys Noir.

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Le temps des bâtisseurs est revenu, l’heure est aux fondations. Il est temps pour nous de nous consacrer à bâtir des institutions, des écoles, des fermes agro-écologiques, des églises, des tours de gué.

Mais aussi et surtout des communautés d’hommes libres unis par un culte commun, celui de la célébration de la vie bonne, où l’on fait des bébés bio et des fils aux corps et aux têtes bien faites. La victoire est incertaine, mais l’époque est exaltante. Après le cauchemar climatisé des Trente Glorieuses et des Trente Piteuses, voici que l’Histoire s’en vient.

Les années Trente sont devant nous. Et quand bien même nous serions emportés par la prison ou la mort, comme dit la chanson La Ligue noire : « Quand on meurt pour la Patrie, n’a-t-on pas assez vécu ? »

Alors s’ouvriront devant nous les champs Élyséens où nous attendent tous nos saints et nos héros, dans la lumière incréée du Soleil invaincu.

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• Propos recueillis par Yann Vallerie.

• D’abord mis en ligne sur Breizh-Info, le 24 octobre 2020.

mardi, 10 novembre 2020

Décadence et renaissance, des racines au remède: les "Notes pour comprendre le siècle" de Drieu la Rochelle

 

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Décadence et renaissance, des racines au remède : les « Notes pour comprendre le siècle » de Drieu la Rochelle

Par Clément d’Augis

Ex: https://lesobservateurs.ch

♦ En octobre 1941, quatre ans avant son suicide, Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) publie les Notes pour comprendre le siècle (1), un ouvrage précieux, d’une acuité critique et d’une érudition saisissante, au propos souvent confondant d’actualité. La récente réédition chez Pardès, accompagnée d’une excellente préface de Thierry Bouclier (avocat et docteur en droit), rend justice à ce texte, dont la lecture éclaire toujours davantage à mesure que la déliquescence de nos sociétés européennes s’accélère.

Une généalogie de la décadence

Au fil d’une centaine de pages seulement, et en huit chapitres distincts, le romancier « européiste », l’essayiste radical, le styliste dandy énonce dans un propos condensé, toujours efficace — bien que parfois désordonné dans l’apparence (il s’en justifie dans la postface) — les lacunes métaphysiques d’une civilisation en pleine décadence. Traçant la chronologie de celle-ci, notamment en parcourant l’histoire de l’esthétique européenne et en dressant des portraits littéraires d’une rare finesse, il développe la thèse qui va traverser l’ouvrage et justifier tout propos : cette décadence trouve sa cause fondamentale dans le déséquilibre du corps et de l’esprit.

Drieu va examiner la problématique dualiste dans sa plus longue histoire. Il remonte aux Grecs, passe par les Écritures, s’arrête au Moyen Âge. Objet du premier chapitre, il est, pour lui, le moment historique de la parfaite mesure entre corps et esprit, moment viril, moment chrétien par excellence (on retient les magnifiques pages sur un Christ conquérant).

Drieu montre la grandeur médiévale dans les Arts, l’organisation sociale, la mystique…

En revanche, il identifie, comme Guénon et nombre de penseurs de la décadence, la chute, à la trop succinctement nommée « Renaissance » (il en distingue deux moments). Par l’expansion de l’urbanisme et le pourrissement graduel du modèle féodal, le spirituel va prendre le pas sur le physique, le corps est progressivement relégué : « Dans les villes commence à se former la conception bourgeoise de la vie, la conception intellectuelle et rationaliste de l’homme sans corps, de l’homme assis » (p. 43).

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Après avoir décrit les dégâts conjoints de la Réforme et de la Contre-Réforme, la déviation du christianisme dans l’humanisme rationaliste, Drieu va entamer une profonde herméneutique littéraire. Immense lettré et grand critique, il examine un panthéon colossal, déploie des analyses foisonnantes, nuancées bien que tranchantes, toujours édifiantes. De Rousseau à Valéry, en passant par Vigny, Balzac, Rimbaud, Bloy, Barrès, Céline ou Claudel, il étudie pas moins de vingt auteurs. Et le Normand n’épargne personne, du vitriol sous la plume.
Drieu interprète la réaction romantique face au rationalisme comme une aporie (il comprend par ailleurs le naturalisme comme un romantisme — où on le suivra moins, bien qu’il explicite parfaitement son propos).
Le premier romantisme « qui n’est que le retournement du rationalisme contre soi-même » (p. 77), ne ramène aucunement l’équilibre ; au contraire, il détache l’homme, accouchant d’une inféconde mystique, et portant une vision mortifère du corps, sale, dégradé.

Du renouveau symboliste à l’homme nouveau

Loin de se contenter d’une analyse méthodique, et ne cédant à aucune forme de nihilisme, Drieu invoque avec passion (certes plus tempérée que dans certains de ses Écrits de Jeunesse) un formidable mouvement de renaissance européenne, en acte, et en décrit les prémisses et les points saillants.
Littéraire d’abord, Drieu voit, par l’achèvement du romantisme dans le symbolisme (« C’est dans le symbolisme — pris au sens large — que le romantisme réel (…) s’est enfin réalisé », p. 84), la reprise d’une mystique de la force, le vecteur profond d’un retour au corps, le rééquilibrage de la dualité. Le Rimbaud d’Une saison en enfer rend possible Bloy, puis Claudel, à qui Drieu adresse un intense panégyrique. Alors, « le cercle est bouclé, l’homme s’est reconstruit, l’âme et le corps après une si longue séparation se sont rejoints » (p. 87).
Sur le terreau d’une littérature de muscles, d’une mystique lui laissant place, le corps peut réapparaitre, très concrètement. On assiste à la codification des sports d’équipe, à la naissance de l’athlétisme, de l’alpinisme, de Coubertin… C’est dans ce retour de la vigueur que Drieu voit les conséquences de la réconciliation symboliste.
Retour aux couleurs, à la nature comme socle (le scoutisme par exemple), au sol natal ; retour nietzschéen de la force aussi. Nietzsche, qualifié de prophète, « jette un anathème écrasant et bientôt définitif sur tout le rationalisme » (p. 105). L’Europe renoue avec le courage, la discipline : « L’homme nouveau a réuni les vertus qui étaient depuis longtemps dissociées et souvent opposées les unes aux autres : les propriétés de l’athlète et du moine, du soldat et du militant » (p. 120).

Les systèmes nationaux-socialistes viennent, selon Drieu, consacrer pleinement cette vision réconciliée, la totalité harmonique médiévale retrouvée.
L’histoire a tranché, on sait comment.

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Y croyait-il vraiment encore ? Lui qui, dans son Journal, pouvait écrire au 1er octobre 1941 : « Peu de fascisme en France, parce que peu de vie (…) à quoi bon inventer le fascisme en France quand ailleurs il va être dépassé -— et en Allemagne même ? » (Journal, p. 275) ; lui qui seize jours plus tard écrira dans le même journal, comme le souligne Thierry Bouclier, l’impossibilité d’une victoire allemande définitive sur le front russe, en percevant les conséquences pour l’idéal européen tel qu’il l’avait pensé.

Pourquoi donc lire Drieu ? D’abord – et cela pourrait se suffire à soi-même – parce que bien que très condensée, les Notes pour comprendre le siècle est une passionnante et singulière histoire de la littérature.

On doit ensuite lire les Notes parce que leur pertinence et leur lucidité sur le mal européen du XXème siècle sont, pour bonne part, largement transposables à notre contemporanéité, plus encore, à notre immédiate actualité. Thierry Bouclier souligne, à la fin de la préface, citant Drieu, comment « la France des assis » s’est imposée durant le confinement lié à l’épidémie de COVID-19, très loin de l’homme idéal de Drieu, un homme sain, sportif, valeureux, courageux, enraciné, radical. Un modèle, soit dit en passant, qu’il faudrait s’appliquer à soi-même tant cela semble être une condition nécessaire à toute ambition de régénérescence identitaire.

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On peut également trouver un éclairage sur les motifs profonds de la récente décapitation d’un enseignant, au nom d’Allah, par un Tchétchène de dix-huit ans, quand Drieu affirme : « Il n’y a de barbarie qu’au contact d’une décadence et dans cette décadence. Le Germain de Tacite n’est pas un barbare, c’est un primitif. Mais au contact du Romain déchu, il devient un barbare c’est-à-dire un homme soudain sorti de son horizon, désorienté, affolé, excessif, convulsé par la répugnance et l’attirance du pire. Reste que le Romain déchu est barbare avant le Germain pris dans la marge de l’Empire » (p. 76).

Remplacer Romain et Barbare par qui l’on voudra.

Clément d’Augis
07/11/2020

(1) Pierre Drieu la Rochelle : Notes pour comprendre le siècle, éd. Pardès, 138 pages avec iconographie et index, 16 euros, 2020

source: https://www.polemia.com/decadence-et-renaissance-des-raci...

 

samedi, 07 novembre 2020

La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

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La dystopie macronienne: de la «sécurité globale» à la «surveillance globale»

 
 
Auteur : Karine Bechet-Golovko
Ex: http://www.zejournal.mobi

Alors que les regards sont tournés vers l’Outre-Atlantique et les cerveaux confinés ad vitam, d’étranges textes de loi se discutent à l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle a déposé une proposition de loi « relative à la sécurité globale », qui affirme à juste titre son affiliation – globaliste. En quelques articles, le sens de la police municipale est modifié pour en faire de facto un échelon de maillage répressif, le rôle et les compétences des organes de sécurité privés sont renforcés et les étrangers peuvent y participer s’ils maîtrisent la langue française, la surveillance technologique est généralisée, de la prévention à l’intervention, transmettant en temps réel les données et les forces de l’ordre doivent être protégées d’un regard « malveillant ». Ce magma futuriste se développe en l’absence d’une quelconque volonté politique de maintenir l’ordre sur l’ensemble du territoire français, sans soutenir les forces de l’ordre lors de leurs interventions dans les « territoires perdus de la République », après avoir déshumanisé la police tout en diminuant le seuil de légitimité du recours à la violence contre la population. Ce n’est certainement pas ce nouveau texte qui va résoudre les problèmes de sécurité en France, mais il va en revanche contribuer à réaliser ce « nouveau monde » inhumain et global.

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Alors que l’on ne cesse de remarquer un ensauvagement des territoires, avec des agressions de plus en plus violentes et primaires, le tout dans une ambiance bon ton tolérante pour ces pôvres petits qui ne savent pas ce qu’ils font. Alors qu’un nombre impressionnant de FDO est lancé dans le contrôle des attestations de déplacement d’une population lassée et écrasée par une rhétorique psdeudo sanitaire, réellement autoritaire. Alors que le pays vit dans un état d’exception qui est devenu permanent, passant du terrorisme au virus par alternance, sans prendre le risque de s’interroger sur le fond de ces problèmes.

Bref, alors que la situation est délétère, les députés de la majorité nous lancent En Marche vers un fantasme recuit de science-fiction des années 50, avec leur proposition de loi « relative à la sécurité globale », dont le texte est disponible ici sur le site de l’Assemblée nationale, qui ressemble à s’y méprendre à de la surveillance globale et en cours de privatisation.

Dans le Titre I, la proposition de loi envisage la transformation de l’esprit de la police municipale en renforçant ses compétences en matière de constatation d’infractions dans des domaines aussi variés que les infractions routières ou le trafic de drogue. La police municipale, dans la logique de la police de proximité, devait garantir le lien entre la population et les FDO, cet aspect est totalement oublié aujourd’hui, elle semble être transformée en un élément de la Police judiciaire, un maillon au rabais, en bouche-trou.

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Dans le Titre II, une privatisation rampante de la « sécurité globale » est mise en place, à quel point les sociétés privées de sécurité sont indispensables aujourd’hui. Il est vrai que face aux 21 500 policiers municipaux, les 165 000 agents privés de sécurité produisent un effet de masse. Et ces forces privées, qui peuvent comprendre des étrangers maîtrisant le français (merci !), vont voir leurs compétences augmenter, notamment pouvoir dresser des PV, noter les témoignages, relever l’identité et l’adresse du présumé coupable, le retenir en attendant l’arrivée d’un policier ou d’en gendarme (art. 18 du projet de loi). Autrement dit, des compétences de puissance publique sont transférées à des individus, qui ne représentent pas l’État et n’agissent pas en son nom. Dans la même logique, ils reçoivent des pouvoirs de contrainte en matière d’obligation de publicité des sanctions adoptées à l’égard de personnes physiques et morales (art. 19).

Le Titre III met en place un système de surveillance électronique, qui repose autant sur les caméras individuelles (art. 21), que sur les caméras aéroportées (art. 22). Les images peuvent être transmises en temps réel, ce qui a provoqué une réaction négative du Défenseur des droits, l’atteinte potentielle aux libertés fondamentales étant considérable. L’on appréciera également la précision de l’art. 22 concernant les caméras aéroportées sur les voies publiques, qui ne doivent pas permettre de visualiser l’intérieur des domiciles, ni de façon spécifique, leurs entrées. Donc, accessoirement, c’est possible, mais pas de manière spécifique.

Le Titre IV est celui qui a fait le plus réagir les médias, car il les concerne directement, en prévoyant une forte limitation de la diffusion des images des FDO. La loi sur la liberté de la presse est complétée d’un article ainsi rédigé :

« Art. 35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police ».

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Cette disposition, devant limiter l’application de la restriction de diffusion d’images, « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » peut être interprétée tellement largement selon les besoins de la situation, que l’interdiction risque d’être de facto générale.

Le syndicat de la magistrature a particulièrement négativement réagi à cette proposition de loi. Il est possible de lire l’intégralité de leur communiqué ici, pour l’essentiel :

« La majorité parlementaire se plaît – sans consulter la CNIL – à déposer cet énième texte, lequel a pour finalités essentielles d’accroître la surveillance de masse et les pouvoirs des polices locale et privée, au nom du « continuum de la sécurité », doctrine qui a démontré depuis plus de vingt ans qu’elle ne produisait ni cogestion entre les polices, ni proximité avec la population mais répondait au besoin d’extension d’un marché privé de la sécurité très lucratif. (…) Ce projet est en cohérence avec la priorité donnée par le gouvernement à la justice pénale de « proximité », qui est tout sauf de la proximité, puisqu’aucunement de nature à répondre aux besoins quotidiens essentiels des justiciables, mais correspond uniquement à la volonté de concentrer les maigres moyens de la justice sur la répression accrue des actes de délinquance les moins graves. Le but est de quadriller chaque recoin de l’espace public en déployant des moyens technologiques permettant une surveillance généralisée, en donnant compétence à des agents qui ne sont pas formés mais qui feront nombre pour relever des infractions en dehors de tout contrôle de la justice, et de faire encore reculer le contrôle démocratique sur ce qui se joue, les forces de l’ordre devenant finalement les seules à échapper aux honneurs des caméras. Tandis qu’un blanc-seing sans limite et sans contrôle est donné aux agents de la puissance publique pour réprimer tous azimuts, leur rôle pacificateur, les liens qu’ils devraient tisser avec les populations qu’ils protègent sont désormais totalement perdus de vue. Tant pis pour les libertés publiques, et tant pis si ces coups de menton n’ont aucun effet réel sur le niveau de la délinquance ».

Il est urgent de déconfiner nos cerveaux avant de se réveiller dans une nouvelle réalité inhumaine, électronique, faite de surveillance et d’insécurité. Ce monde global vers lequel nos élites nous dirigent au pas de course.


- Source : Russie politics

 

 

 

jeudi, 05 novembre 2020

Charlie Hebdo Rides Again

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Charlie Hebdo Rides Again
 

The French President stepped on a rake for the second time, and was duly slapped in the face by its long handle. French products went off the shelf in the Arab and Turkish shops; heads chopped off in the midst of pandemics; a lot of animosity, anger, smacking of a civil war. Vous l’avez voulu, you asked for it, Emmanuel Macron! We saw it in 2015, why did you push “Replay”? Anyone can step on a rake once, but to repeat this mistake? It is not a sign of a smart guy, unless this response is exactly what he wanted.

Macron is surely a smart guy. He had a few good practical reasons to provoke French Muslims. Not an ideological man, he wanted to steal the right-wing electorate of Mme Le Pen. They are known for hating foreigners, first of all the large Muslim population of the republic. The Muslims do not fit the self-image of a Frenchman, the slim man in beret and mackintosh with a baguette under his arm. It was not hard to make this Muslim population angry, and then to manifest Macron’s iron fist in dealing with them, and voila! the nationalist voters are in the pocket of the French president.

The replay was jumpstarted by Charlie Hebdo. This small satirical magazine of little artistic value usually publishes bad taste cartoons of public loo wall quality. It wouldn’t survive but for grants and government subsidies. It is so minor that it would not be noticed either but for the mainstream media that bring its message to the last immigrant banlieue. Now they have republished some nasty cartoons aimed at the Prophet Muhammad. The immigrants and their children didn’t enjoy this premeditated insult to their faith. Think about having a good laugh over the Holocaust in the presence of a Jewish person and you’ll understand. Even peaceful and calm people dislike being offended. However, the publication was of little importance, as opposed to Macron’s public and well-covered support for it. He positively celebrated this publication and added a few well-chosen and offensive phrases against Islam. This was the ringer.

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Tartuffe would be proud of Macron who declared that Charlie Hebdo is the true carrier of the French Republican spirit and its love for unbridled freedom of speech. It would be bad enough if true, but it is not. France, and the entire world, is now in the middle of a huge offensive against free speech. Facebook banishes accounts and removes posts, Google shadow bans sites, the venerable Unz.com has been both banned on Facebook and shadow-banned on Google. President Trump has his tweets removed or appended with a health warning on Twitter. The proposed new hate law of Scotland would make it a crime to express opinions likely to cause discomfort even within the four walls of your own home. For a long time it has been a crime to say “hateful things” in the public space, and in the UK there are a hundred thousand “hate crimes” a year committed, according to the thought police.

France is leading the assault against free speech. French Writer Hervé Ryssen Jailed for Criticizing Jews;French Court Sentenced Alain Soral to Pay Jewish Organization $158,500 for Re-Releasing 128-Year-Old Book – say the recent headlines. The new French law bans “hate speech” on social media. The law obliges platforms and search engines to remove offensive content – including religious bigotry – within 24 hours or risk a fine of up to €1.25m. This law, and other hate laws are applied in defence of Jews, but strangely do not defend Muslim or Christian sensibilities.

file6nv7u6dpi4o1a9vygosl.jpgThe chief editor of Charlie Hebdo is aware of this discriminatory order and approves of it. A Spiked journalist reports on meeting him: “Biard[the editor] is not in favour of unregulated speech. He supports French laws that outlaw Holocaust denial, and is sympathetic towards laws on hate speech. He approves of prosecution of French comedian Dieudonné, who has been arrested numerous times for saying the Shoah wasn’t important.” You may not speak against Jews, but attacking the faith of poor Muslim immigrants is perfectly all right, for they are people of no importance, and they should learn who is their boss and what is the true faith of their new homeland (a hint: it is not Christianity). If they make trouble it is even better for they can be hit hard.

Theoretically, it is illegal in France to insult Muslim (or Christian) beliefs. The European Court of Human Rights had ruled so explicitly in a judgment in the case of Otto-Preminger-Institut v. Austria: “The respect for the religious feelings of believers guaranteed by Article 9 can legitimately be considered violated by provocative images of objects of religious veneration, such images can be considered a malicious violation of the spirit of tolerance, which should also be a feature of a democratic society.”

In the case of Wingrove v. the United Kingdom:

“… Respect for the religious feelings of believers can become the basis for the state’s legal restriction of the publication of provocative images of objects of religious veneration.”

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In the case of Pussy Riot v. Russia:“Given that the applicants’ presentation took place in a cathedral, which is a place of religious worship, the Court considers that (the State’s) interference can be regarded as having the legitimate aim of protecting the rights of third parties.”

Such activities should be illegal, but apparently are not. This unfairness is a source of aggravation: Muslims were laughed out of court when they complained against particularly vile Charlie’s cartoons, but Jews almost always win when they go to court against their denigrators. (Full disclosure: I was also sued by LICRA, the French Jewish body, while my French publisher was financially devastated by their Lawfare).

Thus, France (like the rest of the West) has very little freedom of expression left, and Macron’s claim that Charlie cartoons should be celebrated as a sign of Liberté sounds particularly hypocritical and false, like George Bush’s They hate us for our Freedom. As if that weren’t enough, then came the push to make every Muslim in France aware of this Macron-approved Charlie nastiness. In schools, a lesson was dedicated to educating children in the crude pornography of the cartoons. It was claimed (and I have no way of verifying) that the murdered French teacher had shown cartoons mocking the Prophet for five years every year since 2015, as he did this year after Macron’s speech. He allegedly added another pornographic cartoon and suggested Muslims might leave the classroom if they did not want to be offended. I can imagine the cry (selection! deportation!) if a teacher had suggested that Jewish pupils should leave the room. The upset Muslim parents went to the police and complained. The teacher lodged a counter-complaint alleging defamation. It is difficult to judge now whether the slain teacher was acting as he was obliged to by the authorities, or whether he was especially zealous in delivering the smut.

An 18-year-old youngster of Chechen origin (he had lived in France since he was six) killed him and allegedly decapitated him, and right away the killer was shot dead by police. This created a wave of panic in France, with Macron and Le Pen competing with calls to punish the Muslims. Some Muslim extremists allegedly attacked worshippers in a Nice church and killed three or four of them. This was decried as a false flag action, aimed at terrorising people into accepting the new lockdown, by a prominent radical French site that called for the “refusal of re-containment (or new lockdown) as the only real act of resistance in these troubled times”.

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It could be a false flag, for no Muslim group accepted responsibility, and besides, the French secret service has a tradition of killing the perpetrators they sent to do the deed, and the killing of the young Chechen fits their playbook. The next terrorist act, the shooting of a Greek Orthodox priest in Lyon, was also ascribed to bloodthirsty Muslims, until it was discovered that the criminal was a fellow Orthodox ex-monk with some personal grudge against the priest; then the Lyon attack was dropped into the memory hole.

Macron still closed all the churches in France; apparently the government wanted to create the background for a religious war of Christians vs Muslims. Even murkier is the reason why the Chechen rebels/terrorists have been brought to France, as well as Syrian, Libyan and Afghan refugees/terrorists who participated in the bloody civil wars in their lands. They were certainly dangerous.

We know that British intelligence used Libyan refugees with a dubious background to keep meddling in Libyan affairs, and two terrorists, Salman and Hashem Abedi, fled Libya with British government assistance onboard the UK Royal Navy vessel, HMS Enterprise, only to kill and injure many Brits in 2017 in Manchester. We know that the Russians have asked to extradite suspected Chechen terrorists from England and France, but were refused.

It is not likely that these hardened terrorists have been brought to Western Europe in hope of turning them into exemplary citizens, or for humanitarian reasons. It is more probable that they were brought in exactly for the purpose of creating a terrorist underground network, to frighten citizens into obedience. Just like coronavirus, but in another way. Some people are getting killed, but the purpose is achieved: new anti-terrorist acts are enacted and acted upon; more surveillance is introduced. The governments and their security services want to keep us scared, and terrorism is a reliable means for that. It is all part of the war the elites carry out against the nations and against too-unreliable democracy.

51mD3vQrH9L._SX301_BO1,204,203,200_.jpgElites are unhappy with us, the people, says Frank Furedi: “Contempt for the people who fail to vote in accordance with their betters’ wishes is one of the main drivers of elite hostility towards democracy today.” They hope “coronavirus will kill populism”, read: democracy, he adds.

You can trust politically incorrect Russians to say it straight. The Russian top banker Herman Gref in his candid speech at SPIEF 2012 said what his Western partners think but never would utter:

“I want to tell you that you are actually saying terrible things. You are proposing to transfer power into the hands of the people. But if people would know all, it will be extremely difficult to manipulate them. People don’t want to be manipulated when they have knowledge. That’s why Kabbalah was a secret teaching for three thousand years. Any mass control implies a manipulation element. How to live, how to manage such a society, where everyone has equal access to information, everyone has the opportunity to receive directly information unless it had been processed through government analysts? How to live in such a society? Your reasoning makes me scary.”

Herman Gref had been injected with a truth serum, people said after hearing his candid talk. (Here in Russian). Perhaps.

Perhaps the very idea of mass immigration from the war-stricken regions was connected with the elites’ desire to start a low-intensity civil war in their own country while undoing social cohesion achieved by centuries of living together.

Now we shall proceed to a deeper reason why Macron decided to splash some oil onto the ever-glimmering bonfire of strife.

A fluent ideologue of French far-right nationalism is Eric Zemmour, an Algerian Jew. Here is a short article in English giving some background to the man. The Irish Times mistakenly calls him “the son of Jewish “Pied-Noirs”, who emigrated from Algeria when it gained independence from France”. This isn’t so: Pied-Noirs were French colonists in Algeria, while Zemmour is a native Algerian Jew. Instead of being an assimilated Jew as he claims, he is rather a dissimulating Jew: despite being an advocate for Catholic France, he goes to a synagogue, avoids pork and keeps kosher (Jewish dietary laws) at home, but not outside. He says he was a leftist until he discovered Muslims and started his own warfare against them.

He is, and has been, allowed to say such things on French mainstream TV channels for which anybody else would be arrested and imprisoned. He calls for putting an end to immigration (which is reasonable) but he does not stop at this, but speaks of mass deportations, and actually calls for a civil war against French Muslim citizens, while presenting himself as a defender of Catholic France.

His official opponent, the ideologue of liberal France, is Bernard Henri Levi, BHL, another North African Jew, who was instrumental in creating civil wars in Syria and Libya while encouraging Islamist fanatics in these lands to overturn the secular socialist regimes. He is a supporter of immigration, and he lives part of the year in Marrakech, Morocco.

These two Jews are leading France to religious strife, acting on both sides of the divide. Doesn’t it remind us of a Rothschild and a Trotsky, a ruthless banker and a fiery revolutionary, who incited class conflicts from both sides of the social divide, as G.K. Chesterton saw it?

AVT_Youssef-Hindi_9747.jpgThis is the view of a Moroccan-French author, Youssef Hindi, a friend and a co-worker with Alain Soral. He has asserted that Jews have systematically infiltrated Muslim and Christian elites in order to stimulate destructive wars between Muslims and Christians, for the benefit of Jews alone, who will thus be able to settle in the Holy Land, drive out the original inhabitants, and establish a world empire of nations obedient to Jerusalem, which is the ultimate content of Jewish Messianism. Hindi’s West and Islam has the caption “Messianic sources and the genesis of Zionism from medieval Europe to the Clash of Civilizations”.

According to Hindi, Zionism didn’t begin with Theodore Herzl but has deep roots in the Kabbalistic eschatology of the Middle Ages, conveyed and nourished by successive generations of sages, mystics and miracle workers.

Such a sage was Don Isaac Abravanel (born 1437), a subject of the book by Benzion Netanyahu, father of the Israeli Prime Minister and a cult figure for father and son alike. He launched the era of Jewish messianism, says a Haaretz writer. His idea, absorbed and accepted by Benjamin Netanyahu, was the calling for an apocalyptic catastrophe, a “war of the monsters” between Gog and Armilus – symbolising Ishmaelites (Muslims) and Christendom (as Abravanel described, for example, in his work “MayaneiYeshua”). This war will be concluded with a weakening of both sides and the Rise of Jews to world domination, symbolically called ‘The Feast of the Leviathan.’

Carl Schmitt, the great philosopher of his time, said in 1942, that Jews enjoy the colossal global struggle between the monsters, Leviathan (Britain and the US) and Behemoth (Germany): “They gleefully rub their hands waiting for the mutual attrition that would enable the Jews’ domination of the world, or ‘The Feast of the Leviathan.” Will the war between Islam and Christendom now brewing in France allow for the next Feast of the Leviathan?

Perhaps. Avner Ben-Zaken, an Israeli thinker, wrote in his excellent treatment of the subject (here in English) that Benjamin Netanyahu, himself a great adept of Catastrophic Messianism and a believer in the war of Edom and Ishmael as the key to salvation of Jews, visited France in the aftermath of the first Charlie episode and encouraged the French Jewish leadership to act by calling them a “new collective Isaac Abravanel”. Two years later, the French Jewish leadership appointed Emmanuel Macron the President of the Republic, says a French Jewish writer blogging under the name Tsarfat (the Hebrew name for France).

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In a long and detailed piece Tsarfat tells of a few prominent Jews (Alain Minc, Serge Weinberg, Jacques Attali, and Bernard Mourad) vouching for Macron with David de Rothschild. In 2011, Macron became a junior partner at Rothschild, earning a substantial salary. He was worth every penny – he tricked Le Monde, he cheated President Hollande, he cheated the French state, he did whatever Rothschild demanded and in return, he has got the presidency of the Republic. He was the new king appointed by the new Abravanel. Now he has to deliver the war between Christendom and Islam, for the supreme glory of Israel.

Eric Zemmour, the fiery far-right spokesman, a commenter with its own prime-time slot on a major TV channel, is the ideal man to lead the psychotic (thanks to Corona panic) France (and Europe) into a religious war between Christendom and Islam. In the war, both major opponents will be broken and weakened, while Israel with its Judaism-for-Goyim, the Holocaust creed will have the upper hand.

Eric Montana, a French Christian journalist wrote: “Zemmour is a double agent in the service of the Clash of Civilizations and of the Zionist movement which feeds a climate of permanent tension in France. Zemmour works to provoke division and pour fuel on the fire, by outrageously criminalizing some of our compatriots of Muslim faith, and thus endangering civil peace in our country. Zemmour is a public danger who despite his numerous convictions for inciting racial and religious hatred, remains scandalously present in the media, undoubtedly enjoying protection invisible to the naked eye … but yet very real.”

At least we can say that the opponents of Muslims aren’t Christians. For the Charlie Hebdo magazine is explicitly anti-Christian as well as anti-Muslim. One finds there some most obnoxious cartoons offending the Virgin and Christ, as well as the pope and the Church. (They never offended Jews, somehow).

A Christian government would act like the Russians did. A few years ago, Pussy Riot profaned the St Saviour of Moscow in the way that Femen had profaned some great European cathedrals, from Notre Dame de Paris to Strasbourg. The Russian government did not wait for vigilante justice to be meted upon the viragos, but had gave them up to two years of prison. At the same time, the Russian criminal law has been changed to include ‘sacrilege’ among ordinary crimes, by general consent. Since then, such crimes do not occur.

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In Charlie’s France, the Femen despoiling the churches were never punished; but a churchwarden who tried to prevent that was heavily fined. France has a long anti-Christian tradition, usually described as “laic” (secular), and its grand anti-Church coalition of Atheists, Huguenots and Jews coalesced in the days of the Dreyfus Affair. It also has a strong Catholic church, but not one calling for a war with Muslims.

The true Christian view of the developments was expressed by Archbishop Theodosius Atallah Hanna of Sebaste in Palestine (he baptised me in 2002). He condemned the targeting of Muslims in France and around the world through degrading paintings and cartoons. “Hate speech aims at serving the policy of divide and conquer. Christians and Muslims must cement a culture of brotherhood and togetherness and we must work together, more than ever before to defeat all the plans and conspiracies that aim at dividing us and at creating discord in our ranks”, said the Palestinian bishop.

P.S. Much attention is given to the exotic way of killing by the alleged terrorists. Actually, beheading is as French as onion soup. Guillotine was the preferred national method of execution (like electric chair in the US). The French beheaded their king and queen. During the Battle for Algeria, French paras famously played football with chopped rebel heads. Napoleon had brought beheading to the Middle East, not vice versa. During his campaign in Egypt, general Bonaparte having learned of an uprising in a village had ordered his adjutant Croisier to go there, surround the entire tribe, kill all men without exception, and bring women and children to Cairo. His orders were promptly carried out. Many children and women who were driven on foot died on the way, and, a few hours later, donkeys laden with sacks appeared on the main square of Cairo. The sacks were opened and the heads of the executed men of the guilty tribe rolled across the square, wrote the historian. Should we say chicken came home to roost?

Israel Shamir can be reached at adam@israelshamir.net

This article was first published at The Unz Review.

mercredi, 04 novembre 2020

Impasse républicaine aux antipodes

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Impasse républicaine aux antipodes

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le verdict des urnes sonne comme un avertissement solennel. Marqué par une participation en hausse de 4,68 points par rapport à la précédente consultation du 4 novembre 2018, le deuxième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le 4 octobre dernier, a vu la victoire étriquée du « non » (53,26 % contre 56,67 % en 2018) et la progression notable du « oui » de 3,41 points ! Prévu en 2022, la troisième et dernière échéance référendaire pourrait mettre fin à la présence française sur le « Caillou ».

Toujours emprisonnée dans sa nostalgie stérile de l’Algérie française, la droite conservatrice hexagonale rêve de rejouer une saynète pathétique au nom de la Nouvelle-Calédonie tricolore dans laquelle les Caldoches (les Néo-Calédoniens d’origine européenne) y seraient considérés en variante océanienne des Pieds-Noirs. Ce cas précis démontre que le courant national n’applique pas le sage principe d’« une terre, un peuple ». Les Kanak ne sont-ils pas chez eux en Nouvelle-Calédonie ? En dépit des ravages collectifs de l’alcoolisme, du chômage de masse et de la modernité occidentale, le peuple kanak dans toute sa diversité tribale conserve cahin-caha son caractère communautaire et ses traditions ancestrales. Ne sont-ils pas un exemple à suivre d’autant que les mariages mixtes, et donc le métissage, restent rares ? La nomination d’Emmanuel Kasarhérou, de père kanak et de mère française, à la présidence du musée Jacques-Chirac des arts premiers, quai Branly à Paris, est l’exception qui confirme la règle. En 2014, un recensement particulier indiquait que 39 % de la population de l’archipel néo-calédonien étaient kanak, 27 % d’origine européenne, 11 % océanienne, c’est-à-dire provenant de l’aire Pacifique, 11 % autres et 3 % asiatiques. La société calédonienne garde ainsi son aspect de mosaïque communautaire propice à l’épanouissement séparé des groupes ethno-culturels.

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Cet épanouissement parallèle est rendu possible par les accords de Matignon de 1988 et de Nouméa de 1998 qui fondent l’originalité institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie élevée au rang de « Pays d’outre-mer ». L’archipel dispose d’un gouvernement autonome, d’un Congrès local et d’un Sénat coutumier dispensé de toute exigence paritaire sexuée. Les deux accords conclus entre l’État, les indépendantistes et les loyalistes entérinent en outre une citoyenneté territoriale et une préférence locale en matière d’embauche et de droits sociaux. Ces deux textes reconnaissent enfin une réelle discrimination civique. Le métropolitain français fraîchement installé à Nouméa ne peut voter ni aux élections territoriales, ni pour les trois referenda d’autodétermination. Ainsi, ce qui est impossible à Paris, à Lille, à Strasbourg, à Brest, à Bordeaux, à Lyon, à Nice, à Carcassonne se réalise-t-il à vingt-cinq heures d’avion de Roissy – Charles-De-Gaulle… Plutôt que de pleurnicher, les nationaux devraient au contraire en profiter et s’appuyer sur ce précédent validé par le Conseil constitutionnel pour faire avancer leur projet indiscutable de traitement préférentiel pour les seuls citoyens français.

Mieux, le monopole du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste) sur le mouvement indépendantiste n’existe plus depuis longtemps. Les frictions entre indépendantistes de diverses tendances rivales sont courantes. En 2009, à l’occasion des élections provinciales dans les Îles Loyautés, le mouvement indépendantiste Libération kanak socialiste présentait une liste appelée « Dynamique autochtone ou la terre en partage ». Un tel intitulé serait-il concevable en Métropole ? Émanation politique de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE), le Parti travailliste rappelle régulièrement son attachement à la protection de l’emploi local, à la préférence kanak donc, et réclame une limitation draconienne de l’immigration massive de peuplement non-kanak. En France métropolitaine, de tels propos vaudraient à leurs auteurs l’accusation de répéter Éric Zemmour et Renaud Camus… Or le Parti travailliste et l’USTKE se prévalent du soutien officiel de José Bové et du NPA d’Olivier Besancenot. L’internationalisme et l’altermondialisme atteignent ici leurs limites conceptuelles. Par ailleurs, que font les ligues de petite vertu anti-racistes ? À croire que la distance épargnerait la société néo-calédonienne des injonctions du politiquement correct en vigueur en Europe…

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Les Caldoches vivent pour la plupart d’entre-eux en Nouvelle-Calédonie depuis au moins la seconde moitié du XIXe siècle. Connaissant les calamités politiques de l’indépendance au Vanuatu voisin (les anciennes Nouvelles-Hébrides) ainsi que sur l’île de Nauru ou en Papouasie – Nouvelle-Guinée, ils ne cachent pas leurs réticences envers tout gouvernement mélanésien. Cependant, vouloir assimiler les Kanak au modèle hexagonal serait un désastre supplémentaire. Si le « oui » progresse autant, c’est parce que la société française ne fait plus sens. Mondialisé, américanisé, sur-occidentalisé, cosmopolitisé, féminisé, « grand-remplacé », l’Hexagone agit en repoussoir et en contre-exemple pour tous ceux qui, outre-mer, veulent sauvegarder leur identité culturelle. Ils ne veulent pas sortir de l’histoire. Le modèle unitaire et indivisible français d’assimilation des individus hors de toute dimension communautaire tant célébré par la droite la plus nulle de l’Univers conduit à des ethnocides fréquents. Basques, Bretons, Alsaciens, Flamands, Gascons, Normands, Lorrains, Occitans, Picards, Auvergnats, Savoisiens, Francs-Comtois, Bourguignons, Nissarts, Corses, Catalans en sont les pertinentes illustrations de l’entreprise républicaine d’effacement des peuples. Les Kanak ne souhaitent pas le même sort.

La République française a empêché la France d’assumer son destin de « petite Europe » et nié son dessein d’organiser un ensemble fédéral de races, d’ethnies, de peuples et de patries autour d’un polythéisme assumé des valeurs. Centralisée et hyper-parisianisée, elle asphyxie toutes les forces vives de ses contrées provinciales, des terroirs périphériques et maintenant des territoires ultra-marins. Les Kanak, les Polynésiens, les Wallisiens n’assistent plus passifs à ce long processus génocidaire. Les autochtones de Wallis-et-Futuna expriment toute leur attachement à leurs rois coutumiers reconnus par le régime républicain français.

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Uniforme et homogène tant en Europe qu’à La Réunion, en Guyane et aux Antilles, la République française tolère un bien timide traitement ethno-différencialiste en Océanie. Il est toutefois trop tard pour qu’elle change ses intentions mortifères pour les ethnies. Son idéologie individualiste, sa soumission aux futiles droits de l’homme, sa centralisation administrative excessive, sa politique éducative concertée d’extermination des cultures vernaculaires à la suite de l’héritage criminel des « hussards noirs » annulent toute velléité rénovatrice. En tant que peuple conscient de son avenir, les Kanak de Nouvelle-Calédonie ne veulent pas subir le même sort. On les comprend pleinement. À demain donc la Kanaky – Nouvelle-Calédonie !

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 188, mise en ligne sur TVLibertés, le 27 octobre 2020.

L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts... Entretien avec Laurent Ozon

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L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts...

Entretien avec Laurent Ozon
 
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Breizh Info et consacré aux différents stress qui frappent les sociétés européennes et à leurs conséquences potentielles. Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

Confinement, attentats islamistes, accélération de l’Histoire. Pour Laurent Ozon « L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts »

Breizh-info.com : Tout d’abord, vous écrivez après l’attentat de ce matin à Nice que les médias n’ont plus le temps de dénaturer les faits. Qu’entendez vous par là ?

Laurent Ozon :  Pour bien répondre à votre question, il faut éclairer le rôle des médias dans nos sociétés. Les grands médias forment une sorte de système nerveux, conducteur d’impulsions, sous la forme d’informations ou de stress. Ce système nerveux se sent autant investi d’une fonction d’information que de régulation. En effet, la plupart des journalistes se sentent investis d’une mission de gestion des émotions collectives. Parfois sous l’influence de leurs propriétaires mais le plus souvent, de leur propre chef. Un journaliste ne déforme pas toujours la réalité pour induire en erreur mais parce qu’il cherche, consciemment le plus souvent, à apaiser les stress, les passions, limiter et détourner les colères parfois sous le louable prétexte d’éviter la violence, le racisme, la haine, l’anarchie sociale etc.

41cTSy54NrL._SX314_BO1,204,203,200_.jpgD’une certaine façon, le système médiatique fonctionne comme un inhibiteur d’immunité collective destiné à empêcher le rejet des greffes, c’est à dire les populations imposées sur notre territoire et autour de nous. Les grands médias produisent des stress horizontaux pour éparpiller l’attention et briser les réflexes de coopération active qui naissent lorsque les populations entrent en phase de Coopération sous Stress Maximal (Heiner Mühlmann) face à une menace. Ces phases génèrent un processus d’auto-renforcement qui alimentent l’altruisme (le dévouement ou le sacrifice pour le groupe si vous préférez), les alignements synchrones de réaction, le rejet des porteurs de stress ou de menace, etc.   Ces phases précèdent et accompagnent les périodes de conflits intenses où se jouent la vie ou la mort des organismes sociaux. Dans une société multi-ethnique, c’est malheureusement souvent la guerre civile assurée s’il n’y a pas de débouchés politiques dans les institutions. Pour empêcher ces phases d’unification violente, il y a les techniques de manipulation de l’information classiques mais aussi la fabrication perpétuelle de stress dérivatifs, diviseurs, inhibant les stress dominants. Car les stress ne convergent pas pour le moment, mais propulsent des solutions contradictoires. J’y reviendrai.

Dans le cas du stress sécuritaire qui prend le pas depuis quelques jours et à chaque nouvel attentat ou assassinat, les médias doivent produire un gros travail de reformulation pour faire passer la population de – pour faire très simple – « foutons-les dehors » à « c’est le vivre-ensemble qui est attaqué et qu’il faut protéger » parfaitement incarnée par le slogan gouvernemental « WE are ONE » Cette manipulation de l’opinion est de plus en plus difficile et dans la période où nous nous trouvons, les médias n’ont plus assez de temps pour fabriquer des récits unificateurs efficaces. Débordés ils ne peuvent plus contrarier le retour des stress de survie, annonciateurs de nouvelles étapes vers une situation de Coopération sous Stress Maximal (CSM).

Vous semblez penser que nous sommes en guerre. Néanmoins ne vous semble-t-il pas que les Européens ne le sont pas, hormis à considérer que les journées d’hommage, les bougies, les marches blanches, seraient des actes de guerre ?

Factuellement nous ne sommes pas en guerre. Nous y entrerons lorsqu’un stress submergera les autres ou convergera avec les autres stress de sorte que le processus de CSM sera activé. A ce moment, la créature de Frankenstein qu’est devenue notre société se fragmentera et chaque population inaugurera un cycle de réponse à la menace, à l’enjeu de vie ou de mort, dans laquelle elle éprouvera le besoin de son unité et de sa cohésion. Le conflit ouvert commencera à cet instant. Le pouvoir ne craint pas l’islamisme radical mais ce qui peut unifier la population majoritaire autochtone qui tient debout ce pays.

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Sur un autre plan, quelle est votre réaction à l’annonce d’un nouveau confinement par Emmanuel Macron ? Il semblerait que majoritairement, les Français soutiennent les annonces….

La politique sanitaire du gouvernement vise à accompagner l’évolution d’une situation dont sa politique est en grande partie responsable. Les élites ont fait la démonstration de leur incompétence. Personne ne se faisait trop d’illusion sur leurs vertus mais on leur prêtait encore un semblant de savoir-faire. L’ensemble du dispositif est discrédité mais que faire quand même les responsables de l’opposition ne semblent pas avoir de plan global de rechange et que les esprits sont pollués par des informations et avis contradictoires à longueur de journée ? Ce bordel alimenté par les grands médias et le pullulement des stress sur les réseaux sociaux contribue à la désorientation. Et croyez moi, cela ne touche jusqu’au plus haut niveau de la société.

Vous avez relayé l’annulation du confinement en Serbie suite à des émeutes en juillet 2020. Est-ce le seul horizon pour les peuples d’Europe, c’est à dire l’émeute et les incidents pour reconquérir sa liberté ?

Informer n’est pas souhaiter ou encourager. D’une façon générale, l’absence de réaction populaire est fréquemment interprétée comme un quitus par le pouvoir. Mais la violence qui débouche sur une confrontation police-citoyen ne le déstabilise pas beaucoup. Les actions qui sont dangereuses pour tous les pouvoirs sont celles qui emportent l’adhésion du grand nombre en répondant « spontanément » à un stress dominant à son pic.

92875729.gifComment jugez vous les réactions de l’opposition politique à Emmanuel Macron, sur la question du Covid comme sur celle de la prétendue «lutte contre le séparatisme islamiste»?

L’opposition oscille entre logique insurrectionnelle en épousant la colère de la population et logique institutionnelle en jouant le jeu des récits unificateurs. Quand on veut accéder au pouvoir, il faut surtout aligner les compétences pour passer du stade d’opposant à celui d’alternative. C’est dans la capacité de l’opposition à persuader la population qu’elle peut faire mieux ou « moins pire » que le pouvoir sur les trois stress dominants, que se jouera un basculement. Prenons l’exemple de MLP. On trouvera facilement une majorité pour penser qu’elle serait plus efficace pour répondre au stress sécuritaire. Mais il n’y a pas aujourd’hui, de majorité pour croire qu’elle pourrait faire mieux que le gouvernement pour répondre à la crise économique ou sanitaire. Sa seule chance, c’est de rattraper son handicap, peut-être en s’alliant avec des personnes ou des forces politiques qui rassureront sur ces deux derniers points. Sinon, il faudra que le stress sécuritaire soit archi-dominant pour compenser sa faiblesse perçue sur l’économie et le logistico-sanitaire. J’en doute. La présidentielle pourrait s’ouvrir sur une dominante de stress économique. Sauf si des forces cherchent à peser dans la balance…

Vous évoquez trois stress (économique, sécuritaire, épidémique) actuellement. Comment en sortir ?

On n’en sort pas, on cherche à comprendre et on anticipe. Mon job c’est de comprendre les processus pour éclairer l’action et proposer des stratégies. Que chacun joue son rôle. L’histoire est ouverte et nous ne sommes pas encore morts. Loin s’en faut.

Parlez nous de la chaine Télégram que vous animez ? Comment vous y rejoindre ?

Simple: www.ozoncanalaudio.org . Attention c’est souvent théorique, mais si j’en juge par le profil des abonnés, cela pourrait bien avoir une petite influence…

Laurent Ozon, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 30 octobre 2020)

samedi, 31 octobre 2020

Macron veut confiner «l’ancien monde» … grâce à notre soumission

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Macron veut confiner «l’ancien monde» … grâce à notre soumission

 
 
Auteur : Karine Bechet-Golovko 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Sans aucune surprise, Macron l’a annoncé : la France doit être confinée, pour cause d’énième vague d’un énième virus. Et partout de s’indigner de « l’incompétence » de ce Gouvernement, qui serait « dépassé » par la situation. Vous pensez vraiment qu’ils ne connaissent pas les saisons ? Qu’ils n’ont pas accès aux statistiques de l’INSEE ? Qu’ils n’ont pas noté la disparition de la grippe et autres maladies respiratoires virales ? Vous pensez qu’ils ont arrêté « l’optimisation » des hôpitaux ? Qu’ils soutiennent l’économie locale, ancré dans les territoires de notre pays, et l’industrie nationale ? Ce serait, en effet, plus confortable de penser ainsi, de se réfugier encore et toujours dans cette complaisance de la fausse indignation. Mais il est urgent de sortir de cette zone de confort qui nous conduit, avec notre pays, à l’abattoir. Après un premier choc de confinement inattendu au printemps, qui a mis la population en état de choc, avec une pression psychologique sans précédent depuis, les gens ont accepté le masque omniprésent – « c’est pas grave », puis le couvre-feu – « c’est toujours mieux que le confinement », enfin le confinement – c’est toujours mieux que la mort ? Macron impose ce nouveau monde d’une vie réduite au biologique et la société au service du transnational. Et pour l’instant, tout se passe à merveille.

À force de tout accepter, sur le mode du « ce n’est pas grave », « on n’a pas le choix », « on peut faire avec », les Français sont mis le dos au mur. Évidemment, un certain confinement est annoncé, mais un confinement différent du précédent, car il doit permettre la normalisation de l’anormal, la mise à mort de la société que nous connaissons, que nous aimons. Il doit permettre le « Nouveau monde » avec ses « nouveaux hommes ». Comme à chaque phase totalitaire de l’histoire de l’humanité. Nous avons eu avec l’homo oeconomicus, l’homo sovieticus, voici l’homo … covidicus ?

Cette fois-ci, les écoles sont ouvertes. Pas les universités, le nouveau monde n’a pas besoin de véritables cerveaux de ce côté du monde, et pour assurer la maintenance, l’enseignement à distance est suffisant. Mais l’école, elle, est un élément fondamental de la formation de l’être humain. Formation idéologique. Ainsi, dès le plus bas âge, il va pouvoir apprendre « les gestes barrières », il va pouvoir construire des barrières mentales, puisque le Covid a restauré le culte des murs. La barrière du masque va devenir naturelle, il ne fera plus de bisous (trop dangereux), il n’aura plus de contact physique (trop dangereux), il entrera naturellement dans le virtuel – l’isolement. Ainsi, le nouveau monde va former une génération faible, intellectuellement, psychiquement, émotionnellement. Donc, une masse qui sera facile à travailler, à manipuler, à gouverner.

Les commerces « non-essentiels » seront fermés. Ainsi, resteront ouverts :

« Concrètement, les commerces alimentaires, à savoir les supermarchés, les épiceries ou encore les boulangeries pourront rester ouverts, tout comme les banques et assurances, les bureaux de tabacs et distribution de la presse, les stations-services, les pharmacies, les hôtels, les établissements de santé, les pompes funèbres ou encore les garages et autres lieux de réparation et entretien automobile ».

Donc, adieu librairies (le livre est vraiment trop dangereux), vêtements, bijoux, etc. Mais, les grandes surfaces vendent des livres, des bijoux, des vêtements … Quelle chance, le Gouvernement va enfin pouvoir détruire le commerce local au profit des grandes surfaces, va enfin pouvoir achever l’économie nationale. Car tout le monde ne perd pas à ce jeu de suicide collectif. Par exemple, les bénéfices nets de Microsoft ont augmenté de 30% déjà cette année. Je ne vous parle même pas des fournisseurs de plateformes comme ZOOM, qui ont littéralement explosé. Celui qui perd, c’est le monde réel, celui qui nous permet de vivre. Les petits commerçants dénoncent cette concurrence déloyale. Et les entreprises qui fonctionnent doivent au maximum passer au télétravail … ou au chômage partiel. Et bien sûr pas de loisirs : vous n’êtes pas là pour ça. Restos, bars, cinémas, théâtres, fermés. Pour le reste, la soumission est la règle et le retour des autorisations de déplacement en est le signe visible.

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La question n’est pas simplement économique. Elle n’est pas économique. On ne résoudra pas le problème en devenant tous des IT manageurs, des livreurs à domicile, des « conseillers » sur plateformes électroniques. En s’enfermant chez soi, avant d’être enfermés dans un caveau. Sur le mode du « il faut s’adapter ». La question est de savoir dans quel monde nous voulons vivre ? La technologie fait partie de notre vie et c’est normal, mais elle ne peut ni remplacer, ni conditionner notre vie.

Le confinement a été possible, car nous avons finalement tout accepté jusque-là. Parce qu’aucune opposition politique n’existe réellement. Parce que les gens sont abandonnés à eux-mêmes, sans aucune structure pour les aider à garder la tête haute.

Parce que ce monde est vraiment global et qu’il a écrasé l’humain. Sa force est de n’avoir laissé aucun espace à la contestation politique, seule la contestation individuelle est possible, qui peut être écrasée (amendes et privation de liberté) et ne présente aucun danger quant à l’exercice du pouvoir. Sa force vient de ce qu’aucune force intellectuelle réelle n’ait pu émerger en tant que force, le conformisme est trop puissant. Et ce ne sont certainement pas des articles de blog ici ou là, quelques déclarations tonitruantes sur les réseaux sociaux, qui vont renverser la vapeur.

Et quelle sera la réaction cette fois ? Ce nouveau monde est dans le réel, seule une action dans le réel peut y mettre fin. Qui sera cet Homme qui osera vivre l’Ultima Verba :

… Quand même grandirait l’abjection publique
A ce point d’adorer l’exécrable trompeur ;
Quand même l’Angleterre et même l’Amérique
Diraient à l’exilé : – Va-t’en ! nous avons peur !

Quand même nous serions comme la feuille morte,
Quand, pour plaire à César, on nous renîrait tous ;
Quand le proscrit devrait s’enfuir de porte en porte,
Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ;

Quand le désert, où Dieu contre l’homme proteste,
Bannirait les bannis, chasserait les chassés ;
Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste,
Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;

Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche,
Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau,
Je vous embrasserai dans mon exil farouche,
Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau !


- Source : Russie politics

vendredi, 30 octobre 2020

Interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens

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« Une Europe qui ne serait pas européenne n’aurait aucun sens »

Interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens

Ex: https://barr-avel.blog

Nous proposons aujourd’hui à nos lecteurs une interview de Thomas Ferrier, leader du Parti des Européens et figure de l’européisme identitaire dans le monde francophone. Bien que nous ne partagions pas toutes ses options, il nous semblait intéressant de donner la parole à l’un de ceux qui luttent contre l’impasse souverainiste française.

  • Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et présenter votre parcours politique ?

Thomas FERRIER, 43 ans, dirigeant du Parti des Européens, seul mouvement européiste identitaire assumé. J’ai fait mes classes à proximité de la droite nationale sur un malentendu idéologique, avant de m’en détacher nettement. N’étant pas anti-européen mais au contraire intégralement pro-européen, n’étant pas spécialement catholique puisque païen revendiqué, ne pensant pas que Clovis a créé la France, condamnant l’utilisation de troupes coloniales par la France en 14/18 et 39/45 et la colonisation elle-même, qui a ruiné la France, ce qui m’a valu récemment de perdre ma place sur Radio Courtoisie, j’ai compris l’impasse politique représentée par la fameuse « mouvance » comme ses partisans ont tendance à l’appeler.

  • Vous animez le LPE (Le Parti des Européens), un parti politique (re)fondé en 2016 sur les cendres du PSUNE (Parti socialiste unitaire national-européen). Quels sont les propositions phares du parti et qu’en est-il aujourd’hui de l’implantation du parti à l’échelle européenne ?

La position du LPE est très originale et susceptible potentiellement d’unir l’électorat des deux droites et de mordre sur le centre. Nous défendons en effet une Europe politique bien plus ambitieuse que celle prônée par Emmanuel Macron, démentie chaque jour par ses actes. Nous prônons un Etat européen unitaire se substituant aux Etats existants afin de ne pas avoir à hériter juridiquement et politiquement de leurs trahisons vis-à-vis des peuples qu’ils auraient dû protéger et qu’ils ont livrés au péril migratoire et à la globalisation économique, et maintenant épidémique.

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Mais une Europe qui ne serait pas européenne n’aurait aucun sens. Si l’Europe ne pourrait être qu’une étape aux yeux des euro-mondialistes, pour nous elle est au contraire une finalité et un destin. Les « droites nationales » n’existent que par leur refus, de plus en plus tiède d’ailleurs, de l’immigration post-coloniale et extra-européenne, principalement musulmane mais surtout planétaire. Associer l’Europe politique et la mise en place de processus remigratoires destinés à restaurer l’européanité de l’Europe, c’est unir l’électorat de la droite pro-européenne (pro-€ et pro-intégration) et l’électorat de la droite nationale (anti-immigration).

Le LPE n’est pas connu en dehors de la France aujourd’hui ou à la marge, même si des sections en Albanie, en Suisse et en Russie notamment sont envisagées du fait de soutiens d’un certain nombre de gens de valeur sensibles à notre discours dans ces deux pays. Il est ironique d’ailleurs de souligner que ces pays sont hors de l’UE actuelle, car le LPE se veut un parti de tous les Européens, et pas seulement de ceux de l’UE. Mais nous avons besoin d’une réelle émergence médiatique en France pour pouvoir l’imaginer chez nos voisins. De fait, il faudra bien un Piémont pour démarrer.

  • Quel regard portez-vous sur le Rassemblement National ? Un parti d’opposition peut-il exister à l’heure où le RN s’impose comme leader dans le domaine en France ?

Je considère que le Rassemblement National (ex-Front National) a représenté une véritable duperie, un leurre pour les électeurs qui lui ont fait confiance. Sa mise en avant par Mitterrand était destinée à diviser la droite, et surtout Jean-Marie Le Pen a été son propre bourreau en cédant à la stratégie des bons mots et des provocations stériles sur des sujets mémoriels délicats n’intéressant personne, y compris ses propres électeurs.

Si Jean-Marie Le Pen représentait, malgré sa culture et son talent rhétorique, une impasse, que dire alors de Marine Le Pen qui est dans la même impasse stratégique, mais sans les deux talents susmentionnés. Elle navigue à vue, entouré de courtisans fielleux et de partisans aveugles, après un lamentable débat de second tour en 2017.

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Sa stratégie de dédiabolisation, qui est un échec total, l’amène à avoir aseptisé son discours au moins de le rendre indigeste. Mais elle est sauvée par Macron, qui voit en elle son meilleur adversaire pour sa réélection, et par des media qui continuent de la diaboliser, malgré toutes ses reptations idéologiques. Son soutien aux DOM, Mayotte en tête, comme caution anti-raciste, est pathétique. Elle a renoncé à envisager toute restauration du caractère européen de la France, reprenant les antiennes soraliennes, l’antisémitisme en moins certes. C’est la réconciliation de la carpe et du lapin autour de « l’amour de la France », slogan incantatoire vide de sens. Ainsi, en juillet 2020, explique-t-elle défendre les millions de français d’origine non-européenne contre une minorité nocive. C’est résumer la question au seul prisme sécuritaire et passer la question identitaire sous le boisseau.

Le RN ne s’impose pas. Il est imposé. La gauche est en lambeaux, la droite est en pièces. Par défaut, le RN est la seule opposition, opposition nominale car fondamentalement factice. Marine Le Pen n’a jamais cherché à gagner car elle se sait incapable de gouverner. Mais elle cherche en revanche à maintenir cette rente électorale, qui offre bien des avantages, sans avoir à en assumer les conséquences.

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Un homme nouveau peut-il émerger en vue des élections présidentielles ? Je reste sceptique. On aura toujours à peu près les mêmes. Seul Yannick Jadot (EELV), mais il en est loin, pourrait éventuellement représenter le troisième homme et griller de justesse Macron ou Marine Le Pen, mais j’en doute. Son parti est davantage un boulet à traîner qu’un renfort. Le jeu des élections nationales semble verrouillé mais est-il le véritable enjeu ?

  • Voyez-vous les signes d’un réveil identitaire en Europe aujourd’hui ?

Les populismes de droite progressent et régressent en sinusoïde et en décalé. La Lega en Italie a eu le vent en poupe mais régresse dans les sondages. Le DFP danois est moribond. L’AfD est en crise interne depuis des mois. La droite nationale a disparu en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie et dans bien d’autres pays. Certes les Démocrates Suédois sont forts en ce moment, les Vrais Finlandais aussi. Au Royaume-Uni, le « fake nationalism » de UKIP a tout détruit avant de disparaître lui-même. S’il y a un réveil identitaire, c’est en dehors des partis populistes. Or en effet je pense que les Européens sont de plus en plus conscients du péril migratoire et démographique, mais ils ne veulent pas pour autant cautionner des idéologies réactionnaires et europhobes sous prétexte que le Système leur a laissé le monopole de la dénonciation de l’immigration. C’est l’europhobie (en France) ou le cléricalisme (en Pologne) qui décrédibilisent ce courant politique.

  • Envisagez-vous de présenter des candidats aux prochaines élections européennes ?

Si les moyens financiers et humains sont suffisants, et si nous avons pu émerger médiatiquement même à la marge, oui.

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  • Que vous évoque la récente décapitation de Samuel Paty ?

Que la civilisation européenne a été trop permissive depuis 1968 et découvre que l’homme n’est pas bon par nature. Le rêve rousseauiste tourne au cauchemar. Être enseignant en 2020 est un métier compliqué, avec le sentiment d’une hiérarchie pleutre qui cherche à éviter les « vagues ». Et peut mener à l’horreur dont cet enseignant courageux de 47 ans a été la victime, son seul tort aux yeux des fanatiques ayant été d’illustrer concrètement la nécessaire liberté d’opinion et d’expression, fondement de toute démocratie, deux libertés essentielles que même les gouvernements d’Europe occidentale ont tendance à trop souvent vouloir limiter.

  • Peut-on encore changer quelque chose à la situation en France ?

Oui mais pas en restant dans le cadre politique français. Pour guérir la France, il faut bâtir l’Europe unie.

  • Quel regard portez-vous sur la Bretagne et le monde celtique en général ?

Comme la plupart des Français, j’ai une grande part de Gaulois en moi. Mais le gaulois comme langue a disparu au cours du VIème siècle, sous le double coup de la romanisation et de la christianisation. On ne pourra pas le ranimer. Mais on peut en revanche chérir les langues celtiques qui nous rattachent à sa mémoire, et en premier lieu le breton (brezhoneg), qui est assez proche du gallois (cymraeg). Je trouve que la renaissance de la langue cornique en Cornouaille britannique (Kernow) est admirable.

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Je possède pour ma part le dictionnaire breton/français du grand Roparz Hemon. C’est une mine remarquable d’information et de termes, comme drouiz (« le druide »), parmi des milliers d’exemples. On découvre un breton riche et beau, qui donne envie de l’apprendre malgré sa relative complexité. J’avoue que les grammaires de gallois et de gaélique m’effraient parfois à cause de cela. Mais les langues celtiques sont admirables, magnifiques à l’écoute, et je soutiens l’extension maximale de l’apprentissage du breton en Bretagne.

Dans l’Europe Nation, la Bretagne aussi est une nation. Breizh Bro. Tous ceux qui comme vous œuvrent à la défense et à l’illustration des langues celtiques, de la culture celtique, voire de la tradition druidique authentique (je pense à l’éminente revue « Message du Groupe druidique des Gaules » ou à la vieille revue de jadis « Nemeton »), lorsqu’elle n’est pas polluée de délires New Age bien entendu.

  • Comment suivre ou soutenir le Parti des Européens ?

Le LPE utilise les moyens modernes de communication, à défaut de pouvoir accéder aux grands media télévisés qui restent essentiels pour se faire connaître. Il est donc présent par la chaîne youtube « Thomas Ferrier », par le canal telegram (http://t.me/LePartiDesEuropeens), par mon compte twitter (@ThFerrier) ou celui du parti (@PDesEuropeens), par mon blog (http://thomasferrier.hautetfort.com) et par le site du parti (http://psune.fr) où vous pourrez retrouver le programme du parti. Ce dernier est également traduit en anglais, espagnol et italien, et bientôt en russe.

Alexandre Del Valle : "La Turquie s'attaque à la France parce qu'elle est faible"

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Alexandre Del Valle : "La Turquie s'attaque à la France parce qu'elle est faible"

 
 
Avec Alexandre Del Valle, Géopolitologue, enseignant, directeur de recherche au Multipolar World Institute de Bruxelles et au CF2R. Actualité, politique, invités...
 
Du lundi au vendredi, de 12h à 13h20, retrouvez André Bercoff dans tous ses états.