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mardi, 03 mars 2020

Radiographie intellectuelle de Macron

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Radiographie intellectuelle de Macron

par Georges FELTIN-TRACOL

Il est toujours profitable de découvrir des ouvrages politiques parus deux ans et demi auparavant. En octobre 2017, le journaliste Brice Couturier sort Macron, un président philosophe. Ravi par la campagne de l’ancien ministre de l’Économie, il considère le nouvel élu comme un parfait libéral de gauche. Sa satisfaction s’explique longuement parce qu’il « créa, au milieu des années 1980, un club de jeunes libéraux de gauche, le Rouleau de printemps (sic !) (p. 163) ».

81FboKBXzRL.jpgCependant, Brice Couturier reconnaît volontiers que le libéralisme de gauche présidentiel se mêle à d’autres influences politiques. Il s’attarde d’ailleurs volontiers sur la formation intellectuelles du huitième président de la Ve République, son « chemin de culture, une Bildung, comme disent les Allemands. Car la pensée de Macron s’est élaborée au cours d’études assez inhabituelles chez nos dirigeants (p. 43) ». Le futur chef de l’État « a raté à deux reprises le concours d’entrée de l’École normale supérieure alors que, reçu au bac avec la mention “ Très bien ”, il avait été admis à l’une des khâgnes les plus prestigieuses de France, celle du lycée Henri-IV (p. 50) ». « Avant de s’inscrire à Sciences Po, poursuit Brice Couturier, il avait suivi des cours de philosophie à l’université de Nanterre (p. 52). » Le futur Macron apprécie alors de souvent citer Hegel au point qu’il peut être qualifié d’« hégélien de gauche ». Il consacre « son mémoire de DEA (travail de 3e cycle universitaire qui donne l’autorisation de poursuivre son doctorat) à La Raison dans l’Histoire de Hegel (p. 60) » en 2001. Il avait l’année précédente « rédigé son mémoire de maîtrise, consacré à Machiavel (p. 233) » sous la direction d’Étienne Balibar. Brice Couturier en déduit que « Macron dispose d’une colonne vertébrale théorique impressionnante. Sa pensée est structurée. Elle vient de loin (p. 36) ».

Un petit-fils caché du personnalisme ?

Admis à l’ENA – promotion « Léopold-Sédar-Senghor » (2002 – 2004) –, il en sort dans la « Botte » et choisit la prestigieuse Inspection générale des Finances. Membre de cénacles de hauts-fonctionnaires sociaux-libéraux tels Les Gracques et le club « En temps réel », il noue très vite « de solides amitiés dans la technostructure (grâce à Jean-Pierre Jouyet, puis à la commission Attali) (p. 53) ». En 2007, le calamiteux président Sarközy nomme Jacques Attali à la tête d’une commission sur la croissance dont le rapporteur-adjoint s’appelle Emmanuel Macron âgé de 27 ans. Parmi toutes les idioties qui parsèment dans le rapport final de cet aréopage rendu public en 2008 se trouve la possibilité pour les collégiens et les lycéens de noter leurs professeurs démunis de toute contrepartie…

L’auteur se penche sur les relations entre l’étudiant Macron (21 ans) et le philosophe protestant Paul Ricœur (86 ans). Ce dernier cherche un assistant pour son essai La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli. Paul Ricœur s’intéresse à la problématique de l’identité qu’il distingue entre une identité idem et une identité ipse. Il parraine son jeune assistant à la rédaction d’Esprit. Fondée par le philosophe personnaliste Emmanuel Mounier, la revue Esprit fut de 1965 aux années 2000 le titre-phare de la deuxième gauche rocardienne. C’est la raison pour laquelle l’auteur voit en Macron « un centriste radical (p. 129) » dont l’arrière-plan idéologique intègre aussi bien l’économiste autrichien Joseph Schumpeter que le comte français de Saint-Simon (1760 – 1825), pionnier de la technocratie industrielle. Ainsi voit-il le remplacement de l’ISF (impôt sur la fortune) par l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), « un impôt saint-simonien (p. 255) ». Emmanuel Macron n’adhère nullement à l’ordo-libéralisme évanescent depuis la décennie 1990. Il préfère se référer au Prix Nobel d’économie 1998, l’Indien Amartya Sen, qui valorise une « société de choix » et non une société basée sur le mérite savant ou capacitaire. La bête de concours originaire d’Amiens privilégie une société stimulée par l’égalité non des chances, mais des accès et des opportunités. Le politologue Roland Cayrol affirmait dans L’Express (du 20 mars 2019) : « À la capacité du sujet de devenir soi, que Ricœur a pensée, correspond, chez son émule Macron, la capacité qui devrait être donnée à chaque citoyen d’accéder à la “ libre disposition de soi-même ” et de “ réaliser ses talents ”. L’accomplissement de soi s’avère indissociable de la participation active à la vie de la cité, de l’« empowerment », autrement dit. »

Emmanuel Macron n’hésite pas non plus à sortir du placard de l’histoire le solidarisme de Léon Bourgeois, homme politique et président du Conseil de la IIIe République. Rappelons que ce solidarisme-là fut une vaine tentative de donner une doctrine officielle aux radicaux en faisant converger l’individualisme anthropologique, le républicanisme « éclairé » et l’intérêt général. « L’idéologie dans laquelle Macron a inscrit son projet politique est d’essence libérale, dans la mesure où elle se fonde non seulement sur la confiance en l’individu, mais aussi progressiste dans la mesure où elle donne mission au politique de lui fournir les moyens de son autonomie dans le cadre d’une “ société du choix ” (p. 113). » On est néanmoins étonné que Brice Couturier n’évoque jamais l’essai de François Furet, de Jacques Julliard et de Pierre Rosanvallon, La république du centre (1989), véritable bible du syncrétisme centriste – social-libéral mitterrandien. Emmanuel Macron en est pourtant le digne rejeton.

Vers de nouveaux clivages

Pour Brice Couturier, « l’élection d’Emmanuel Macron ne constitue pas une péripétie électorale. C’est un événement de dimension historique (p. 7) ». En effet, « Macron est un homme de gauche, qui invente une politique “ centrale ” parce qu’elle lui paraît la seule susceptible de résoudre une crise d’une exceptionnelle gravité (p. 157) ». Or l’ancien sympathisant du candidat Jean-Pierre Chevènement en 2002 qui souscrivait déjà à la « volonté de dépasser le clivage droite/gauche (p. 59) », prend acte de la fin de la célèbre dichotomie, quelque peu surfaite, énoncée la même année par Régis Debray entre « républicains » et « démocrates ».

« Macron a eu l’intuition de remplacer le clivage structurant de notre vie politique (droite contre gauche) par l’opposition entre progressistes et conservateurs (p. 32). » Il « a saisi l’opportunité de faire exploser les vieux partis. L’effet Macron, qui les a atomisés un par un, en commençant par le PS, finira par le FN lui-même. Celui-ci ne pourra faire longtemps coexister en son sein un FN du Nord, étatiste, social et souverainiste, et un FN du Sud, archéo-conservateur et libéral (pp. 21 – 22) ». Brice Couturier va un peu trop vite en besogne. Le national-populisme souverainiste accepte très loin ce genre de contradictions internes. Toutefois, il ne se cantonne pas dans une réflexion binaire systématique. À la suite du politologue Pierre Martin, Brice Couturier identifie trois pôles rivaux : le démocrate – écosocialiste, le libéral – mondialisateur et le conservateur – identitaire. Il aurait pu ajouter que ces trois aimants politiques produisent chacun leur propre vision de l’écologie : l’écosocialisme pour le premier, le développement durable et l’écologie de marché pour le deuxième, et l’écologie radicale enracinée pour le troisième. En attendant l’événement d’un quatrième pôle, à savoir l’islamisme issu des générations d’immigrés installées en Europe, c’est autour de cette tripartition que s’organiseront les enjeux politiques en France pour les quarante prochaines années.

Ce nouveau contexte politique passe encore inaperçu auprès des médiats qui se complaisent dans un dualisme douillet, stérile et dépassé. Bien avant Frédéric Beigbeder, Brice Couturier charge avec un rare bonheur ses confrères du « Parti des médias (p. 12) ». Déplorant que cette caste « se cramponne à ses fauteuils (p. 135) », il s’irrite qu’« une partie de la classe médiatique se prend pour les successeurs des directeurs de conscience d’autrefois (p. 12) ». Écrit un an plus tard après la révélation de l’« affaire Benalla » qui arrêta nette la période faste du quinquennat, l’auteur aurait pu accuser cette même coterie d’avoir fomenté l’impopularité du président et de toute son équipe. « Le biais idéologique qui affecte le Parti des médias, ce mélange de gaucho-centrisme et de culture de la dérision, ne l’empêche pas seulement de rendre compte honnêtement de ce qui est en jeu : il lui dérobe les réalités qu’il a sous les yeux (p. 13). »

Avant les Gilets jaunes

Brice Couturier reconnaît cependant que « Macron aura bien du mal à “ réconcilier les France ” (p. 303) ». L’auteur devine les premières secousses de ce qui deviendra la crise des « Gilets jaunes ». Certes, « Emmanuel Macron a pris conscience de l’exaspération d’une grande partie de la population envers les élites dirigeantes (p. 40) », mais cela ne le prive pas de donner à l’occasion des visites officielles une attitude toute en arrogance.

L’auteur fait un constat amer. « Pire est le hiatus culturel qui sépare l’optimisme macronien, fondé sur l’idéal d’une société ouverte, innovante, entrepreneuriale et mobile, de l’état d’esprit dominant dans la France périphérique. […] Tout le monde ne saurait baigner dans l’euphorie des startuppers. À côté d’une population qui aspire prioritairement à élargir ses espaces de liberté et à exprimer sa créativité, il en existe une autre qui désire avant tout la sécurité d’un emploi pérenne, un environnement qui ne soit pas menaçant. À cette dernière, Macron a du mal à proposer des perspectives. Il la déroute au lieu de la convaincre parce qu’elle n’a pas les moyens d’assumer les risques auxquels il voudrait la convier (p. 295). » Emmanuel Macron restera dans l’histoire comme le président de la prégnante fracture sociale entérinée entre un Hexagone globalisé de métropoles connectées, des banlieues de l’immigration allogène en croissance et une France périphérique – réserve de petits Blancs en perdition frappés par les fléaux concomitants du chômage, de l’abrutissement et de la drogue.

Malgré la grande méconnaissance de Carl Schmitt qualifié de « penseur organique du droit national-socialiste (p. 233) », cet ouvrage se différencie des autres livres qui abordent peu ou prou le même sujet par sa qualité d’écriture et la richesse de son propos. Ce plaidoyer favorable à l’actuel président dissipe en partie le mystère qui entoure sa personnalité et prouve que le tenant du « en même temps » n’est autre qu’une nouvelle manœuvre d’effacer du tréfonds de l’âme française la révocation de l’Édit de Nantes en 1685.

Georges Feltin-Tracol

• Brice Couturier, Macron, un président philosophe, Éditions de l’Observatoire, 2017, 304 p.

vendredi, 28 février 2020

Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

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Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’« affaire Mila » démontre une nouvelle fois que la soi-disant « Droite nationale » aime se fourvoyer avec ses pires ennemis au risque d’en perdre sa singularité dès qu’elle entend le couplet éculé de l’« unité nationale ».

Mila est cette lycéenne de 16 ans vivant à Villefontaine en Isère. Le 18 janvier dernier, elle insulte l’islam sur le réseau social Instagram. Habituée à étaler sa vie privée sur cette place publique virtuelle, elle repousse ce jour-là les lourdes avances d’un pitoyable dragueur probablement de confession musulmane. Touché dans sa fierté, celui-ci la tance vertement. Mila réplique en vilipendant la religion musulmane. Elle suscite en réaction une vague de commentaires haineux, de menaces de mort et d’appels au viol. Déscolarisée quelques semaines, Mila et ses proches vivent maintenant sous protection policière. Si la police cherche à identifier les auteurs des menaces, le Parquet a finalement décidé un non-lieu concernant une supposée incitation à la haine raciale. On ignorait que les mahométans appartinssent à une race…

Des politiciens (et surtout des politiciennes !) se distinguent par leur condamnation explicite des propos de l’adolescente. Les viragos du féminisme, si promptes d’habitude à dénoncer le premier Gabriel Matzneff venu, se font pour l’occasion bien discrètes. D’autres, en particulier ceux du Rassemblement ex-national, lui apportent un soutien médiatique et s’alignent sur la « gauche Charlie ». Ainsi l’avocat de l’hebdomadaire satirique, Richard Malka, la défend-il. Marine – Malka, même combat ? Un cauchemar…

Outre le rôle délétère des réseaux sociaux dans la construction psychique des enfants mineurs qui ne devraient pas les utiliser avant leur majorité légale, cette affaire prouve la nocivité de cinq décennies d’immigration extra-européenne avec l’inévitable islamisation qui en découle. Ce phénomène inquiétant profite de l’anomie grandissante d’une société soumise aux lubies minoritaires inclusives, multiculturalistes et gendéristes à tel point que l’intersectionnalité tant vantée en fac atteint ici ses limites conceptuelles.

En effet, invitée le 3 février sur TMC dans l’émission de l’ineffable Yann Barthès « Quotidien », Mila relate ce qui déclencha la colère de son soupirant éconduit et le torrent de critiques virulentes à son encontre. Elle discute alors sur le réseau social, suivie en direct par des dizaines d’internautes, – ce qui ne correspond donc pas à une conversation privée -, avec une abonnée qui l’interroge sur ses préférences sexuelles. Eh oui ! À 16 ans, on s’exhibe volontiers au risque d’être impudique. Déjà bien dévergondée, Mila dévoile sa vie intime : « Je lui ai dit que j’étais lesbienne. Elle m’a demandé quel était mon style de fille, m’a dit qu’elle, personnellement, n’aimait pas particulièrement les Rebeus et les Noires. Je lui ai dit que c’était pareil pour moi (Libération des 8 et 9 février 2020). »

1524635a2e2f58f75ef62a45b03c6090.jpgToujours prêt à réagir, Barthès reste coi. Ne pas apprécier des Beurettes et des Africaines, n’est-ce pas une preuve flagrante de discrimination ? Mila n’avoue-t-elle pas un désir de ségrégation ? Refuserait-elle le paradis multiracial arc-en-ciel ? La lycéenne iséroise ne serait-elle pas une sympathisante cachée du nationalisme queer ? C’est une nouvelle manifestation du gendérisme.

Cette approche se retrouve dans la proposition de loi constitutionnelle déposée par 41 députés LR – UDI et non-inscrits. Le texte prévoit d’ajouter dans l’article 4 de la Constitution de 1958 la laïcité et d’inscrire dans l’article 1er que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune », c’est-à-dire du Diktat franç-maçon. Les partis dits « communautaristes » ne bénéficieraient plus du financement public et pourraient se voir dissoudre pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Le mouvement national-catholique Civitas ou des formations favorables à la préférence nationale et à « la France aux Français » seraient les premiers ciblés. En revanche, un dîner annuel hautement communautaire auquel sont conviées toutes les autorités du Régime se poursuivra sans aucun problème.

Le code pénal comporte vingt-trois critères de discrimination (l’âge, le sexe, l’origine, l’appartenance ou non à une race, à une nation ou à une ethnie, la grossesse, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les opinions politiques, syndicales et philosophiques, les croyances ou l’appartenance ou non à une religion, la situation de famille, l’apparence physique, le nom, les mœurs, le lieu de résidence, la perte d’autonomie, la vulnérabilité économique, la glottophobie et la domiciliation bancaire). Pourquoi cette restriction aux seules origine et religion ? Un intersexuel non binaire ou un chauve à forte surcharge pondérale pourraient-ils, eux, y déroger légalement ?

Pis, cette proposition de loi constitutionnelle stipule que tout agent public avant de prendre sa fonction devrait prêter serment d’« adhérer loyalement à la République, à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité et à la Constitution ». « En cas de parjure, explique ce texte affligeant, l’agent serait automatiquement démis de ses fonctions car nul ne peut servir la République sans adhérer aux valeurs de celle-ci et de ses textes fondateurs ». On notera l’occultation complète de la France par rapport à la sinistre « Ripoublique », validant notre thèse gallovacantiste.

Créature échappée de la ménagerie chiraquienne, le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, justifie l’initiative de ses collègues par un argument invraisemblable : « Comme en 1789, nous avons besoin de renouer notre accord sur le principe du vivre-ensemble (Le Figaro du 3 février 2020). » Philippe Bas (d’esprit) ne cache pas son ignorance presque révisionniste de l’histoire…

La République française devient sous couvert d’un vivre-ensemble infernal une nouvelle divinité laïque. Viendront bientôt l’interdiction de l’Action Française et de la Nouvelle Action Royaliste, l’expulsion de la Maison d’Orléans et la déchéance de nationalité des princes Louis de Bourbon, Napoléon et Sixte-Henri de Bourbon-Parme tandis qu’un islamisme fomenté depuis Riyad, Doha et Ankara s’implante durablement dans les banlieues de l’immigration sans cesse renouvelée. L’islamisme tue des vies tandis que le gendérisme massacre des âmes. Le Boréen du XXIe siècle doit combattre ces deux menaces équivalentes au nom d’une troisième voie décente.

Dans ces circonstances difficiles, n’espérons rien du Rassemblement ex-national. Celui-ci préférera toujours traduire devant son conseil de discipline sa tête de liste à Guînes dans le Pas-de-Calais, Laurent Marécaux, trente ans de militantisme au Front national. Sa faute ? Avoir proposé sur sa page Facebook, le 26 janvier dernier, « l’instruction des adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes présentes et futures ». Scandale au Carré de Nanterre !

Cette suggestion légitime ne va pourtant pas assez loin. À l’instar de la préparation militaire obligatoire en Russie, c’est toute la jeunesse albo-européenne de France qui devrait recevoir de véritables cours martiaux, y compris la post-binaire Mila, grande amie d’une partie seulement du genre humain, qui découvrira enfin le maniement des gros calibres.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 160, mise en ligne sur TV Libertés, le 17 février 2020.

mardi, 18 février 2020

Macron et la « westlessness » à Munich

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Macron et la « westlessness » à Munich

Ex: http://www.dedefensa.org

 
 

À Munich avait lieu l’annuelle conférence anciennement et poétiquement connue (du temps de la Guerre froide) sous le nom de la Wehrkunde. D’habitude, il s’agit d’un festival de certitudes cliquetantes et de roulages d’épaules des principaux partenaires des USA, le nid de l’atlantisme regroupé en rang et au pli du pantalon autour des envoyés des USA approbateurs, en faveur de la puissance de l’OTAN et du  bloc-BAO en général, du suprémacisme occidental. L’argument pèse son poids, il va du char de combat et des bombes intelligentes aux valeurs de la civilisation et à l’indépassable démocratie occidentale.

Cette fois-ci, ce fut un peu différent. Divers orateurs geignirent considérablement en constatant que les nationalismes des divers membres du bloc-BAO, pimentés d’un zeste de protectionnisme et d’une pincée d’égoïsme isolationniste, compromettaient gravement la cohésion de l’ensemble. La commentatrice de l’excellente gazette-sur-site RT.com, Helen Buyinski, a parfaitement raison de remarquer que les geignards qui ont développé ce thème confondent cause et conséquence, comme à l’habitude. Elle prend le cas des pays européens par rapport à l’UE, mais le cas vaut universellement pour les pays du bloc-BAO, dans tous les comportements de leurs activités, et particulièrement dans celui de l’affirmation d’une suprématie qui n’est plus qu’une vieille coquille vide du passé

« Les pays Européens présents à la Conférence de Munich sur la sécurité qui accusent le “nationalisme” du déclin de l’Occident confondent la cause et l’effet. Ce sont leur caricatures vide et contraignante du « ibéralisme » qui fait fuir les pays européens [du rassemblement institutionnel qu’est l’UE] vers le nationalisme ».

Et Buyinski enchaînent à propos du « Westlessness », néologisme anglo-saxon, ou anglicisme si l’on veut, quasiment intraduisible sinon par une expression vaguement significative mais avec une certaine ambition dialectique, selon l’idée du « moins d’occidentalité », – et qui ferait mieux, pour résumer le propos, d’aller voir du côté de Spengler et de son Déclin de l’Occident… C’est effectivement ce que font les organisateurs de la conférence, qui ont effectivement  suscité cet anglicisme en le présentant comme thème de la conférence en sollicitant la référence spenglerienne, sans doute inspirés par les déclarations audacieusement iconoclastes du président français Macron :

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« Un anglicisme, créé et mis en avant dans le rapport introductif de la Conférence de sécurité de Munich-2020, est présenté non seulement comme le thème de cette conférence, mais également comme la synthèse de la situation actuelle de l’Occident : il s’agit du concept de « westlessness ». Ce terme, analysé en profondeur et avec des références dès le début du rapport présentant la conférence, peut se définir par « un sentiment généralisé de malaise et d’agitation face à l’incertitude croissante quant à l’objectif d’un Occident durable », soit une version modernisée des thèses de l’essai « Le déclin de l’Occident »’ du philosophe conservateur allemand Oswald Spengler (1880-1936).

Le rapport précise ensuite : « Des changements de pouvoir de grande envergure dans le monde et des changements technologiques rapides contribuent à un sentiment d’anxiété et d’agitation. Le monde devient moins occidental. Mais plus important encore, l’Occident lui-même peut aussi devenir moins occidental. C’est ce que nous appelons « Westlessness ».

Là-dessus, les philosophes se sont affrontés, – à savoir le secrétaire d’État Mike Pompeo et le président Macron. Leurs  deux discours semblaient être comme une joute verbale du tac au tac, autour de cette idée antagoniste du « Je suis en déclin, moi non plus ».

« Je suis heureux d’annoncer que la mort de l’alliance transatlantique a été prématurément annoncée. L’Occident est en train de gagner, nous gagnons collectivement et nous le faisons ensemble », a déclaré Mike Pompeo, samedi à la Conférence sur la Sécurité de Munich… […], dans une allusion à peine voilée aux célèbres remarques du président français Emmanuel Macron sur la « mort cérébrale » de l’OTAN.

Les nations « libres » ont tout simplement plus de succès que tout autre modèle qui a été essayé dans l’histoire des civilisations », a-t-il déclaré, en faisant remarquer que les migrants fuient vers l’Europe, et non vers Cuba, et que les gens vont étudier « à Cambridge et non à Caracas » tandis que les entreprises sont ouvertes dans la Silicon Valley et non à Saint-Pétersbourg ».

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Macron est intervenu après Pompeo. Manifestement, il a voulu lui répondre, comme Pompeo avait prétendu répondre à Macron, bref on s’échange quelques petites piques selon les règles du marquis de Queensbury. Entêté, le Français n’a voulu céder en rien à son interlocuteur américaniste, lequel n’était en plus, ou en moins, point de son rang… Le Français l’a fait indirectement, en s’adressant à ses partenaires européens, parce que pour lui la situation des USA n’est pas la même que celle de l’Europe, – belle trouvaille, – parce que l’Europe est dans le même espace continental que la Russie, et pas les USA, – observation judicieuse.

« L’Europe « devient un continent qui ne croit plus en son avenir », a-t-il affirmé, avant de proposer une vision beaucoup moins optimiste du monde occidental.

Il y a en effet un affaiblissement de l’Occident. Il y a 15 ans, nous pensions que nos valeurs étaient des valeurs universelles, qu’elles domineraient toujours le monde, et nous étions dominants en termes de technologie militaire, etc ».

Mais dans le monde d’aujourd’hui, « les valeurs ont changé » et de nouvelles puissances sont apparues, a dit M. Macron, en particulier la Chine et la Russie.

J’entends la défiance de tous nos partenaires [vis-à-vis de la Russie], je ne suis pas fou. Mais il est vrai qu’être défiant et faible à la fois… ce n’est pas une politique, c’est un système complètement inefficace », a insisté Macron. Il a observé qu’il y a toujours « un deuxième choix », ici reprendre le dialogue avec Moscou, – « aujourd’hui nous parlons de moins en moins, les conflits se multiplient et nous ne sommes pas capables de les résoudre ».

C’est toujours le même rythme, la même stratégie du « en même temps » chez Macron, et aussi bien dans sa réflexion stratégique. Ainsi parle-t-il notamment des sanctions antirusses, pour déplorer qu’elles participent au gel d’une situation qui interdit le dialogue tout en coûtant aussi cher, sinon plus cher à l’Eutrope-sanctionneuse, qu’à la Russie-sanctionnée. Et pourtant dit-il subrepticement, mais on retiendra surtout ce coup d’arrêt, et pourtant « je ne propose pas de les lever, je fais juste le constat ».

« Nous avons accumulé les conflits gelés, les systèmes de défiance, des sanctions qui n’ont absolument rien changé en Russie, je ne propose pas du tout de les lever, je fais juste le constat…[…] Nos sanctions et les contre-sanctions nous coûtent aussi cher, à nous Européens, si ce n’est plus, qu’aux Russes ».

Président « en-même-temps », Macron clame haut et fort que les sanctions sont une sottise mais surtout, surtout, – « n’allez pas croire que je propose de cesser cette sottise, je la constate simplement ». Il y a là-dedans, quel que soit le rapport de force que les experts du Quai d’Orsay mesurent avec leur calculette, comme une faiblesse grave de la volonté, une infécondité du caractère.

Curieusement, alors que l’évidence ne manque pas de nous dire que la France a gagné, avec le départ de l’UE du Royaume-Uni, une position stratégique dominante en Europe notamment comme unique puissance nucléaire, il y a comme une étrange pusillanimité, – « je suis le plus fort en Europe, mais n’allez pas croire que je veux me servir de cette position, je la constate simplement ». Non seulement, il n’en fait que le constat sans vouloir en faire un instrument de pression pour ses conceptions, – s’il en a, et dans le bon sens, – mais en plus il se précipite pour expliquer aux Allemands qu’il va faire tout son possible pour leur faire croire qu’il leur donne une sorte de participation dans le constat de cette puissance nucléaire, comme si les Allemands pouvaient s’en croire également les récipiendaires, oubliant cette règle d’or que le nucléaire ne se partage pas, – un seul bouton, un seul doigt.

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Macron pousse le « enmêmetempisme », nouvelle doctrine postmoderne, jusqu’à faire déployer une poignée de soldats français sur les frontières russes des pays baltes, pour convaincre ces importants partenaires stratégiques, à la politique si complètement équilibrée, qu’il faut aussi soutenir la France dans son intérêt quasi-exclusif pour le seul vrai danger, sur sa frontière Sud. (Et sur son Ouest, dito les États-Unis.)… « En même temps », il faut expliquer aux Russes que ce déploiement des forces françaises sur leur frontière occidentale, dans le cadre de l’OTAN lourdement tenu par les américanistes et les amis-polonais, est tout ce qu’il y a de plus amical ; une sorte de main tendue à la Russie, en signe d’amitié si l’on veut.

« En même temps », effectivement et même évidemment, Macron est plus que jamais partisan d’une architecture européenne de sécurité avec la Russie, la recherche d’un développement de « règles du jeu dans un espace partagé ». Pour autant, c’est-à-dire « en même temps », Macron n’est pas un naïf, et on ne la lui fait pas ; il sait tout de la duplicité de la Russie, et il y a même des députés de LaREM à Paris, qui constitue une redoutable escadrilles à cet égard, pour évoquer la Russie à propos du revers stratégique terrible du dévoilement des ébats intimes de Griveaux, – car il y a  du Russe dans l’affaire, comme chacun sait, Piotr Pavlenski, qui est en plus un anti-Poutine, c’est tout dire

« Je pense [dit le président] que la Russie continuera à essayer de déstabiliser, soit [via] des acteurs privés, soit directement des services, soit des « proxies », estimant que Moscou continuerait d’être « un acteur extrêmement agressif » dans ce domaine. « Mais il faut se méfier, il n’y a pas que la Russie, il y a beaucoup d’autres pays », a-t-il déclaré ».

En même temps (suite), « il y a beaucoup d’autres pays »… Lesquels ? demanderont sans doute les Russes, intéressés au moins par politesse.

dimanche, 16 février 2020

Mondialisation : le combat perdu d’Emmanuel Macron

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Mondialisation : le combat perdu d’Emmanuel Macron

 
 
par Jean Goychman 
Ex: http://www.zejournal.mobi

L’Histoire de l’Humanité n’est jamais figée dans le temps. Le jeu des puissances à la surface de la planète ne s’arrête jamais. Le Monde tel qu’il est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale, consacrant l’hyper-puissance des États-Unis d’Amérique est en train de s’estomper et laisse apparaître une nouvelle organisation géopolitique.

Les mondialistes n’ont plus d’avenir

Cette phrase, prononcée par Donald Trump aux Nations Unies l’an passé, en écho du discours qu’Emmanuel Macron venait de tenir, dans le cadre d’une réunion sur le climat, mérite qu’on l’examine. Le cadre était loin d’être neutre, il s’agissait d’un « Sommet Climat » terme consacré à ces grand’messes mondialistes organisées sous l’égide de l’ONU afin de nous rappeler que, comme le disait Simon Linett en 2008 « le réchauffement anthropique est un problème mondial qui ne peut se résoudre qu’au niveau d’un gouvernement mondial.. »

Cette mondialisation a une apparence : celle d’une sécurité et d’une prospérité mondiales qui résulteraient de la généralisation d’un libre-échange planétaire dans lequel il n’existerait plus de raison de déclencher des guerres, le bonheur des peuples étant assuré. Dans la réalité, il s’agissait surtout de donner le pouvoir à une « élite », seule capable aux yeux des promoteurs de cette idée, de diriger le monde en contrôlant les leviers essentiels.

Pour arriver dans ce « paradis terrestre », il fallait progressivement faire disparaître les frontières, mais aussi les peuples et leurs identités culturelles.

La seconde tentative

Après l’échec patent de la Société des Nations, définitivement acté au début de la seconde guerre mondiale, ayant montré que, du point de vue de cette élite, les peuples et surtout la démocratie qui leur donnait le pouvoir politique étaient des obstacles dont il fallait s’affranchir. Après la seconde guerre mondiale et les massacres des populations (y compris civiles) qu’elle avait engendrée, l’heure devenait propice pour installer un pouvoir mondial qui garantirait la paix. L’Organisation des Nations Unies était une première étape. Mais il fallait trouver une sorte « d’appartement témoin » qui ferait la démonstration in situ de ce que pourrait être le monde futur. Particulièrement touchée par deux guerres successives, la population européenne était particulièrement sensible et il suffisait de dénoncer le nationalisme comme responsable des guerres. Le raisonnement était simple. Le nationalisme cause la guerre, faisons disparaître les nations. C’est sur cette base fausse que les théoriciens de l’Europe « intégrée » jetèrent leur dévolu. Pour « enjamber » les nations européennes,  le fédéralisme était l’objectif final, mais nécessitait une approche progressive. Ce fut la « politique des petits pas » chère à Jean Monnet, qui préconisait de multiplier les associations dans tous les domaines des pays européens, et en particulier la France et L’Allemagne. Créée avec l’aide vigilante du Département d’État, l’Allemagne fédérale, composée de « landers » était devenue « facile à manier » pour ces projets, qui étaient tous autant de perte de souveraineté nationale. On assista alors à plusieirs tentatives telles que la création de la CED (défense européenne) ou encore la CECA (charbon et acier) et d’autres moins connues qui échouérent toutes, en raison de l’attachement du peuple français à sa souveraineté. Ce ne fut qu’en 1957, après une gestation difficile, que fut créé le « marché commun » par la signature du Traité de Rome en mars 1957.

De Gaulle entre en scène

En mai 1958, la IVème République vit ses derniers instants le Président Coty se résoud à faire appel « au plus illustre des Français » en appelant le Général de Gaulle. Au début, de Gaulle veut régler en priorité le problème algérien pour se retourner ensuite vers l’Europe ayant « les mains libres ».

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Dollar AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories )

De Gaulle, qui avait suivi de près la construction européenne, avait parfaitement discerné que le but final était une fédéralisation de l’Europe sous le contrôle de « l’ami américain »auquel il s’était opposé dès la Libération. Il avait notamment fait échouer la tentative américaine d’imposer le dollar « AMGOT » à la population française. Cependant, même si l’affaire algérienne est pour lui une priorité, il arrive avec un plan bien arrêté dans sa tête. Il veut doter au plus vite la France de l’arme nucléaire. Bien que lancé sous la IVème République, à laquelle il faut rendre cette justice, le programme nucléaire militaire n’était pas considéré avant de Gaulle comme une priorité. Ce dernier était informé des idées en matière de dissuasion, des réflexions du général Gallois, qui venait de passer en 2ème section. De Gaulle s’en inspira assez largement, cela me fut confirmé par Pierre Clostermann, qui voulût bien m’honorer de son amitié, et qui me raconta la genèse de la force de dissuasion française et les réunions auxquelles il avait assisté.

En 1960, à Reggane, eut lieu la première explosion nucléaire, mettant ainsi notre pays dans le club alors très fermé des pays disposant de l’arme atomique. Pour autant, et malgré les pressions innombrables qui s’exerçaient sur lui, de Gaulle refusa, contrairement aux Anglais, de donner les clés de la force nucléaire française aux Américains. Il justifia cette position en disant que le concept de la dissuasion nucléaire était basé sur une défense « tous azimuts » sans aucune exception. C’est cette position formelle qui a permis à la France d’occuper une place à part sur l’échiquier international en lui donnant une indépendance totale. C’est justement ce dont de Gaulle allait avoir besoin pour proposer, dans le Traité de l’Élysée signé en janvier 1963 par le chancelier Conrad Adenauer, à l ‘Allemagne la protection du bouclier nucléaire français. Il se trouvait alors en opposition frontale avec l’OTAN. La suite est connue, les députés allemands ont préféré la puissance militaire américaine.

La désindustrialisation

De Gaulle disparu, l’Angleterre entra dans l’Europe et fit pencher la balance vers le libéralisme débridé.

Crée en 1973, la « Commission Triatérale » est devenue un des relais majeurs de ce projet. Un article du Monde Diplomatique publié en novembre 2003 sous le titre « Pouvoirs opaques de la Trilatérale » est très explicite. Dans cette nouvelle organisation mondiale, destinée à affirmer la toute-puissance de la finance et des échanges commerciaux. Dans un cadre totalement déréglementé,  les grands perdants ne pouvaient être que les classes moyennes que le capitalisme industriel avait réussi à faire émerger dans les pays occidentaux. Les plus touchées par ces transferts industriels qui faisaient des pays émergents les nouveaux ateliers du monde – en raison de leurs coûts de fabrication  beaucoup plus faibles -, furent naturellement ces classes sociales. Peu enclines à la révolte, elles allaient se servir de leurs bulletins de vote pour manifester leur aversion et la crainte que leur inspirait ce système qui leur avait été imposé, souvent malgré elles.

Autant le capitalisme industrie était distributeur de richesses (Henry Ford construisait des voitures pour les vendre à ses ouvriers), autant le capitalisme financier est concentrateur de ces mêmes richesses dans un petit nombre des mains.

Le divorce et la montée du populisme.

Ce qui faisait la fortune des « élites » ruinait les classes plus « populaires » Les élites devinrent de moins en moins démocratiques et les peuples de plus en plus avides de souveraineté. Les élites mondialistes voulaient la fin des nations, alors que les peuples réclamaient leur protection. De partout, les partis populistes gagnèrent du terrain, élection après élection. En France, cela commença avec le traité destiné a promulguer une constitution européenne. Le score du référendum du 29 mai 2005 fut sans appel. Pourtant, la présence au second tour de l’élection présidentielle de 2002 de Jean Marie Le Pen aurait dû inciter la classe politique française gouvernante à y réfléchir. Sa réponse à l’époque a été de modifier la Constitution pour ne plus avoir à proposer de référendum. Pourtant, le peuple français croyait en l’avenir de l’Europe. Simplement, lorsqu’il pensait Europe, il pensait plutôt à la vision d’une Europe des nations et on se gardait bien de le détromper. Comme disait le cardinal de Retz : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment » et il était plus confortable pour nos élites de conserver cette ambiguité. Mais la machine fédérale avançait. L’euro était en vigueur et, au delà des délocalisations d’usine, on vit arriver, autorisés par « l’espace Schengen » les premiers « travailleurs détachés » La crise financière de 2008 et son long cortège de mesures dites « d’austérité » ont suffi pour retirer à nos concitoyens les rares illusions qu’ils conservaient.

Ensuite, ce fut le Brexit, interminable affrontement entre une élite dirigeante acquise à la mondialisation et un peuple britannique qui, après l’avoir expérimenté, n’en voulait plus.

Le coup fatal à la mondialisation : Poutine, Trump et Xi-Jiping

Avec ces trois chefs d’État, est réapparu un système que les mondialistes croyaient avoir éradiqué, celui des intérêts nationaux.Poutine a, le premier, dit clairement qu’il défendrait les intérêts de la Russie et a agi dans ce sens. Trump ne se cache pas de son engouement pour la « doctrine de Monroe » et le retour à l’isolationisme américain. Quant à Xi Jimping, son discours de Davos de 2018 est on ne peut plus clair. En 2049, cent après la révolution communiste chinoise, la Chine sera la première puissance économique et militaire de la planète. On voit donc parfaitement ce qui a justifié le propos de Donald Trump cité au second paragraphe.

La riposte de Emmanuel Macron

Apparemment, notre président se refuse à enterrer la mondialisation. Son idée, qu’il est pratiquement le seul à défendre encore, est celle de l’intégration européenne. Dans son discours devant la dernière promotion de l’École de Guerre, il se félicite de la réduction de notre force de dissuasion nucléaire. Or, le principe élémentaire qui soutend la dissuasion est que, pour être efficace, elle se doive d’être dissuasive. Sa réduction semble donc plutôt contre-productive.

Ensuite, il envisage de s’associer avec d’autres pays européens pour élargir cette force de dissuasion.

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Le Charles de Gaulle et le sous-marin nucléaire Saphir en rade de Toulon en 2004

PATRICK GARDIN/ASSOCIATED PRESS

«Soyons clairs : si une négociation et un traité plus larges (sont) possibles, nous le souhaitons […]. Les Européens doivent être parties prenantes et signataires du prochain traité car il s’agit de notre sol»

Or, ce qu’oublie Emmanuel Macron, c’est qu’une telle décision, qui engage les intérêts vitaux de notre pays, (puisqu’il s’agit de notre défense nationale) ne peut-être décidée par lui seul. Elle concerne l’ensemble du peuple Français, dont le consentement ne peut-être obtenu sans recours à un référendum. Évidemment, il faudrait renégocier certains traités, mais on peut s’attendre, (contrairement au vote du Bundestag de juin 1963 sur le traité de Paris) que les Allemands soient tout à fait d’accord. Dans le climat social actuel, il est quasi-certain que le peuple français répondrait « non » à un tel référendum. Un passage « en force » risque également d’être périlleux et certaines voix se sont d’ores et déjà mobilisées contre ce projet. Notre président devrait pourtant savoir qu’une force dite « de dissuasion », ne peut se concevoir que dans le cadre de la défense d’une nation souveraine qui serait menacée par une puissance étrangère. L’Europe n’étant pas une nation, on ne voit pas qui pourrait menacer l’Europe en tant que telle. La souveraineté européenne n’existe pas, pas plus d’ailleurs que le peuple européen. Pourquoi vouloir à tout prix pousser les feux d’une mondialisation moribonde en allant à marche forcée vers une intégration européenne qui ne peut se faire aujourd’hui qu’à l’encontre de nos intérêts nationaux ?

Encore une fois, Emmanuel Macron devrait méditer  les deux phrases suivantes du général de Gaulle :

«  La seule réalité internationale, ce sont les nations » et « Il n’est pire déformation de l’esprit que de voir les choses non pas telles qu’elles sont mais telles que l’on voudrait qu’elles soient »


- Source : RI

samedi, 15 février 2020

Photonis, firme stratégique française, sera rachetée par un concurrent américain

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Photonis, firme stratégique française, sera rachetée par un concurrent américain

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Michel Cabirol est rédacteur en chef Industries et services à La Tribune du monde de la défense, du spatial et de l'aéronautique. Il vient de publier cet article inquiétant que nous reproduisons ici.
 

Photonis bientôt rachetée par un groupe américain

Par Michel Cabirol 

Vendue par le fonds français Ardian, la PME Photonis va très certainement être rachetée par un groupe américain. L'incapacité de la France à protéger ses pépites "offre aux autres puissances la possibilité de nous affaiblir", a rappelé vendredi à l'Ecole de Guerre Emmanuel Macron.

Vendue par le fonds français Ardian, la PME Photonis va-t-elle être passée par pertes et profits par la France et sa base industrielle et technologique de défense (BITD) ? Sauf intervention de l'Etat de dernière minute, le leader mondial dans la conception, le développement et la fabrication de composants destinés à détecter de faibles niveaux de lumière ou de rayonnement, dans les domaines de l'industrie, des sciences, du médical et de la vision nocturne, va finir, faute d'offre française, dans l'escarcelle d'un groupe américain, notamment Teledyne, qui apparaît comme le grand favori. La transaction est évaluée à plus de 400 millions d'euros (soit environ dix fois l'Ebitda).

Ce serait un grave échec pour la France si cette pépite, suivie par le service des affaires industrielles et de l'intelligence économique de la DGA (Direction générale de l'armement), passait sous drapeau américain. Un échec collectif, de Matignon aux ministères des Armées et de l'Economie en passant par la banque publique Bpifrance, étrangement absente sur un tel dossier, ainsi que par les armées incapables de monter au créneau pour défendre ses intérêts opérationnels. Un échec d'autant plus retentissant que le discours de vendredi à l'Ecole de Guerre d'Emmanuel Macron a été clair sur la souveraineté :

"Nous avons fini par penser, dans les années 90 et 2000, que l'Europe était devenue un gros marché, confortable, théâtre d'influence et de prédation à tout-va (...) Funeste erreur ! Nous devons pour ces infrastructures critiques, retrouver, au niveau européen, une vraie politique de souveraineté !", a expliqué vendredi le Chef de l'Etat.

Matignon fait de la gonflette

Edouard Philippe a tenté de rassurer à très bon compte les 17 députés qui s'inquiétaient fin novembre dans un courrier adressé au Premier ministre du sort de Latécoère et Photonis mis en vente. Dans une lettre datée du 8 janvier 2020, dont La Tribune a pris connaissance, il leur annonce "un projet de décret en Conseil d'Etat (qui) a été élaboré afin de renforcer le dispositif de contrôle" des acquisitions de sociétés stratégiques françaises par des groupes étrangers. Mais il n'entrera en vigueur que le 1er juillet. Une date qui a probablement fonctionné comme un chiffon rouge pour d'éventuels repreneurs étrangers et accéléré leur réflexion.

La mise en vigueur du décret arrive bien trop tard pour Latécoère, déjà racheté par le fonds américain Searchlight, et très certainement pour Photonis, en passe d'être avalé par un des trois groupes américains intéressés par cette pépite, qui a décroché en 2019 des contrats de fourniture d'équipements de vision nocturne pour l'armée allemande et suisse (tubes intensificateurs d'image 4G). En clair, la BITD française est complètement démunie face à une nouvelle "prédation". Latécoère et Photonis, sous la "protection" des 17 députés, seront passés sous contrôle étranger avant même l'entrée en vigueur du mécanisme censé les protéger.

Bercy et Brienne incapables de trouver une solution française

Mais que font Bercy et Brienne alertés depuis juin dernier de la vente de Photonis? Le ministère des Armées, qui s'est fortement mobilisé, est très embarrassé par le dossier. Il a poussé sans succès une solution avec Safran et Thales, sollicités pour reprendre Photonis. Puis, le ministère a remué tout le tissu industriel pour trouver une solution française mais... sans plus de succès. Selon nos informations, il existe encore un très léger espoir avec une ébauche de solution française : Safran est prêt à prendre une participation minoritaire aux côtés d'un ou plusieurs partenaires majoritaires.

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C'est là où la banque publique Bpifrance pourrait jouer un rôle de protection de la BITD française à condition qu'elle s'intéresse enfin à ce dossier. Elle a jusqu'ici fait la sourde oreille. Dommage que Bercy n'ait pas insisté pour mettre Bpifrance dans le projet. Pour sa part, le fonds d'investissement français PAI Partners pourrait être partant comme il l'avait été pour la reprise de Souriau en 2019. Enfin, l'Agence de l'innovation de défense (AID) planche sur la constitution d'un fond d'investissement, dont l'ambition est de lever 500 millions d'euros environ. Mais le temps d'y arriver, ce sera bien évidemment trop tard pour sauver le soldat Photonis. Ce fonds, même s'il est beaucoup plus ambitieux que Definvest, pourrait difficilement racheter tout seul Photonis au regard du montant de la transaction. On est donc loin, très loin des propos tenus vendredi par le président à l'Ecole de Guerre :

"La bonne utilisation de ces outils de souveraineté commune nécessite, d'abord et avant tout, bien évidemment des investissements, une politique industrielle, des standards de souveraineté, beaucoup plus forte et ambitieuse mais aussi la construction d'une culture stratégique partagée, car notre incapacité à penser ensemble nos intérêts souverains et à agir ensemble de façon convaincante met chaque jour en cause notre crédibilité en tant qu'Européens. Elle offre aux autres puissances la possibilité de nous diviser, de nous affaiblir".

Une nationalisation ?

Faut-il nationaliser la PME bordelaise, qui contribue à la performance des équipements de défense, et notamment ceux des forces spéciales ? Pourquoi pas en attendant de trouver une solution pérenne. Car depuis 20 ans, Photonis, qui participe au projet de laser mégajoule, fait l'objet d'une surveillance par l'Etat, a officiellement expliqué début janvier le ministère des Armées en réponse à une question du député Les Républicains Patrice Verchère. Ainsi, depuis plus de vingt ans, Photonis a fait l'objet de cessions régulières entre différents fonds d'investissement : Barclays PE, AXA PE, Astorg, et dernièrement Ardian (ex-AXA PE) en 2011.

"Chacune de ces cessions a constitué un risque de prise de contrôle par un acteur étranger et a donc fait l'objet d'une surveillance par l'État, a expliqué le ministère des Armées. Des conditions liées aux autorisations de cession ont ainsi pu être imposées au cas par cas (à titre d'exemple : pérennité des activités, préservation des capacités industrielles, obligation de notifier à l'Etat toute délocalisation en ou hors de France, etc.)".

Dans le cadre de la cession actuelle de Photonis, le ministère des armées "accordera une vigilance toute particulière à ces conditions d'autorisation de cession". Dans l'hypothèse où un acteur étranger souhaiterait prendre le contrôle de Photonis, "une telle opération ferait l'objet d'une demande d'autorisation préalable auprès du ministère de l'économie et des finances. Le dossier serait instruit avec l'ensemble des administrations en charge de la protection des activités de cette société afin de déterminer les conditions de cette autorisation, dont l'Etat contrôlerait ensuite le respect à l'issue de la cession". Mais Photonis, dont le siège social est à Mérignac, serait bradé au profit d'un groupe américain.

 

jeudi, 13 février 2020

Macron, de l'incapacité politique au bouclier constitutionnel

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Macron, de l'incapacité politique au bouclier constitutionnel

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.fr

Le constat est patent : les troupes de La République en marche (LRM), le mouvement du président Macron ne constituent en rien un vrai parti, de surcroît présidentiel. D’ailleurs, on ne cotise pas à ce « mouvement », on « clique » pour adhérer en exprimant son accord numérique. Il en est d’ailleurs de même pour La France insoumise (LFI), signe de modernité post-démocratique…

L’élection municipale parisienne à venir est emblématique : elle inventorie au moins trois candidats macronistes : l’officiel Benjamin Griveaux, ancien élu socialiste en Saône-et-Loire, Gaspard Gantzer, lui-aussi ancien socialiste proche de l’ancien président Hollande et celui qui se présente, lui-même, comme « surdoué dès son plus jeune âge », Cédric Villani. La capacité de ce dernier à se définir le consacre définitivement comme « macroniste », une équipe de « surdoués ». Paris est symptomatique des déchirures personnelles de LRM mais les divisions ne sont pas seulement concentrées dans la capitale, mais partout en France, les macronistes passent de l’extrême centre à gauche, voire à droite comme la députée de la 2e circonscription de l’Oise, Agnès Thill, qui défile avec la droite française contre la PMA et la GMA et siège maintenant avec les non-inscrits à l’Assemblée nationale. Tout près de Marine Le Pen.

La République en marche, issue d’En Marche !, mouvement créé par Emmanuel Macron, en 2016, pour l’accompagner dans son irrésistible ascension vers le sommet de l’État, n’a aucune colonne vertébrale. Certains macronistes candidatent, aux élections municipales, avec des LR, d’autres seuls, d’autres avec des socialistes…

Édouard Philippe n’est pas soutenu par LR au Havre, mais aucune liste LR ne postule dans la plus grande ville normande (du point de vue de sa population). Cette absence de liste ne vaut-il pas soutien ?

Ce « marais » politique est issu, notamment, des 19 % recueillis par François Bayrou en 2007 (Macron n’en a jamais rassemblés que 24 %, soit 5 points de plus 10 ans après). Ce conglomérat d’électeurs sans attache, de Patrick Sébastien, le seul humoriste à l’époque condamné pour incitation à la haine raciale (sic) aux centristes anti-gaullistes et aux socialistes orphelins de Laurent Fabius (pour lesquels Ségolène Royal paraissait trop réactionnaire). Le « mouvement central » français ou l’extrême centre. On ne le dira jamais assez, l’électorat bigarré de Bayrou a préparé celui de Macron mais, de la même façon, les errements des candidats du Modem (Mouvement démocrate), dès les municipales de 2008, préjugeaient et présageaient les errements des candidats LRM.

Après les actions des Gilets jaunes et ceux des syndicats contre la réforme des retraites, le pouvoir ne tiendrait donc qu’à un fil. Les divisions politiques internes viendraient « couronner » la débâcle ressentie dans la rue. « On vient te chercher chez toi ! » ne manquent pas de scander les opposants au Président depuis 15 mois, s’adressant à ce dernier.

Pas du tout, Emmanuel Macron, comme ses prédécesseurs, profite immanquablement des institutions de la Ve République. La protection du Président ne réside pas dans son autorité personnelle ou dans un improbable charisme mais tout simplement dans la Constitution gaulliste, remaniée par le néo-gaulliste Chirac, grâce à la substitution du septennat par le quinquennat depuis le référendum de l’automne 2000.

Ce n’est pas la vindicte populaire, ni les errements, voire les erreurs politiques qui peuvent mettre en cause le président Macron. Au pire, le fusible Philippe sera démis de son mandat, ce qui lui permettra de préparer sa campagne à la présidence de la région normande (le président actuel, Hervé Morin, malgré de bonnes initiatives, devrait se garder de cette offensive déguisée via la mairie du Havre qu’Édouard Philippe ne souhaite même pas…).

Non, le bouclier de Macron c’est la Constitution. Ce n’est pas en France qu’une procédure de destitution serait possible (sauf pour haute trahison…), en ce sens la France est devenue, au fil de la Ve République, un pays présidentiel. Pour vous en convaincre, vous observerez le taux d’abstention aux élections législatives, qui dépasse 50 %.

En France, le Président peut se couper de toutes et de tous, y compris de ses propres électeurs.

Peut-être est-ce le choix des Français ? Mais dans ce cas, il serait temps de cesser ces campagnes puériles contre le Président et d’attendre, patiemment ou non, le prochain scrutin. Les gesticulations des uns et des autres ne représentent au mieux que de la démagogie, au pire de l’incompétence politique.

Le renouveau de la démocratie française, pour peu que certains le souhaitent, passe, outre par une décentralisation nouvelle des lieux de pouvoir mais aussi par une révision constitutionnelle. C’est à cette double condition que la démocratie retrouvera ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un système de représentation populaire fondé sur la proximité entre édiles et représentés.

mardi, 11 février 2020

Frédéric Pierucci et Ali Laïdi sur Alstom, Airbus et la guerre économique

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Frédéric Pierucci et Ali Laïdi sur Alstom, Airbus et la guerre économique

 
 
Frédéric Taddeï reçoit :
- Frédéric Pierucci, ancien haut cadre dirigeant d’Alstom aux Philippines
- Ali Laïdi, politologue #IDI #Taddeï
 
Abonnez-vous à la chaîne YouTube de RT France : https://www.youtube.com/rtenfrancais
 
RT en français : http://rtfrance.tv
 

mardi, 04 février 2020

Pensées interdites

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Pensées interdites

par Rémi TREMBLAY

C’est une banalité que d’affirmer que les Milléniaux lisent peu. Bercés par les écrans et gavés par les médias sociaux et les vidéos en ligne, ils n’ont que peu d’intérêt pour la lecture et s’il existe des exceptions à cette règle, il reste que la plupart ne s’emballeront jamais en lisant la prose de Charles Maurras ou de Lionel Groulx. Mais l’objectif n’est pas ici de les convaincre de s’intéresser à ces lectures qu’ils trouveront probablement fastidieuses et rébarbatives, mais de leur présenter un livre choc composé d’une série d’aphorismes qui saura capter leur intérêt et les faire renouer avec la lecture, au moins le temps d’un livre.

ED40Y1nWwAA7BhA.jpgLe livre de Grégory Roose, Pensées interdites, est parfait pour celui qui n’a jamais ouvert un ouvrage de politique ou que rebute l’idée de se plonger dans de grandes dissertations philosophiques, bref, un ouvrage idéal pour le Millénial ou quiconque lit peu.

L’auteur en est à son premier titre. Mal pensant comme on les aime s’assumant totalement, Roose constate le Grand Remplacement et propose comme voie de sortie, le Grand Rapatriement, soit le divorce avec les éléments exogènes qui ont refusé de s’assimiler. Il est temps de dire adieu à ceux qui partagent la même maison, mais qui ne l’aiment pas et qui ne nous aiment pas. Nul racisme chez lui; il croit l’assimilation possible, mais celle-ci n’est réalisable que si les immigrants sont de bonne foi et s’ils ne sont pas trop nombreux. Deux conditions que l’immigration comme elle se pratique aujourd’hui ne remplit pas. Ainsi, « le Grand Rapatriement doit être la conséquence opérationnelle d’une rupture de contrat entre un peuple autochtone et des fragments de peuples exogènes et dissidents ».

Ses réflexions, parfois humoristiques, voire sarcastiques, touchent un grand nombre de sujets, de la déferlante migratoire au féminisme moderne en passant par l’automobile et le journalisme. Chaque sujet mériterait une analyse complète, mais c’est justement là le charme des aphorismes; présenter en quelques mots une pensée complexe. L’aphorisme est à l’essai politique, ce que le haiku est au sonnet.

Pour bien exemplifier le style de Roose, le mieux est de présenter certaines de ses réflexions :

  • Avoir toujours raison est un art. Savoir reconnaître ses torts est une vertu. La plupart des politiciens sont des artistes vicieux.

  • La loi contre les « fake news » est censée « protéger la vie démocratique et républicaine ». Tout comme le nom officiel de la Corée du Nord contient les mots république et démocratique. Vous me suivez ?

  • Notre défaite démographique, concomitante à l’invasion migratoire, sonnerait le glas de notre civilisation deux fois millénaire.

  • La gauche dite « antiraciste » racialise tous les débats, mais c’est la droite qui est régulièrement qualifiée de raciste et de réactionnaire. Cette gauche est un fléau sociétal qui doit être ringardisé au nom de l’intérêt général.

  • L’inversion des flux migratoires est notre seul salut possible. À défaut, la civilisation européenne, subjuguée, disparaîtra dans quelques générations.

  • Ne pas dire « égorgé », dire « blessé mortellement au cou »; ne pas dire « immigré clandestin », dire « primo-arrivant »; ne pas dire « Grand Remplacement ». Surtout, ne pas le dire.

  • La censure sur les réseaux sociaux s’organise. La presse clandestine a toutes les raisons de renaître de ses cendres.

L’auteur n’a pas le même sens de la formule que Robert Poulet ou Xavier Eman, plus contemporain, mais il n’en demeure pas moins que ses réflexions sont la plupart du temps justes et parviennent en quelques mots bien sentis à déconstruire l’argumentaire de nos opposants, empêtrés dans leurs contradictions, ce qui nous fait oublier le manque de fil conducteur. On reconnaît chez cet homme le courage que François Bousquet nous exhorte à adopter. D’ailleurs, certaines de ses réflexions auraient pu être tirées du Manuel de guérilla culturelle de ce dernier.

Il ne reste plus qu’à mettre ce livre dans les mains de ceux qui font de l’urticaire à la simple évocation du mot « lecture ». C’est le cadeau idéal pour le neveu millénial ou l’homme trop pressé pour prendre le temps de s’asseoir et de se plonger dans une lecture de fond.

Rémy Tremblay

Grégory Roose, Pensées interdites, Apoxa, 2019, 148 p., 8 €.

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 24 janvier 2020.

samedi, 01 février 2020

Un national-collectivisme français à découvrir

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Un national-collectivisme français à découvrir

par Georges FELTIN-TRACOL

qu-est-ce-que-le-national-collectivisme.jpgAux débuts des années 1990, inquiète de la résistance nationale-patriotique en Russie contre Boris Eltsine, une certaine presse de caniveau fantasmait sur une hypothétique convergence « rouge – brun » en France. Sa profonde inculture l’empêcha de mentionner le national-bolchevisme allemand de l’Entre-deux-guerres, le souverainisme communiste réalisé en RDA et en Roumanie ou le national-communisme du philosophe Régis Debray à la fin des années 1970. Le philosophe français aurait certainement été surpris de savoir que son pays connut naguère un embryon national-communiste ou national-collectiviste six décennies plus tôt.

Comme aux temps héroïques de ses premières années, les éditions Ars Magna publient parfois quelques brochures cartonnées. La dernière en date rassemble les écrits de Pierre Clémenti (1910 – 1982). Tour à tour ouvrier métallurgiste, modeste employé de banque et journaliste, le parrain de Pierre Vial, le président – fondateur de Terre et Peuple, lance au lendemain de la tuerie du 6 février 1934 un Parti français national-communiste (PFN-C), un quotidien Le Pays libre, et une branche jeune, le Jeune Front, animé par un certain Robert Hersant… Sous l’Occupation à la demande des autorités allemandes d’occupation, le PFN-C devient « national-collectiviste ». Son chef s’engage ensuite dans la LVF. Après 1945, Pierre Clémenti se réfugie en Allemagne et en Italie. Une fois amnistié, il poursuivra le combat politique au sein du Nouvel Ordre européen et d’Ordre nouveau.

Il serait erroné de penser que son national-communisme/national-collectivisme corresponde au national-bolchevisme de la Révolution conservatrice allemande qu’il ignorait par ailleurs. « Par national-collectivisme, nous indiquons que, seules, doivent être collectivisées les entreprises d’importance nationale (p. 18). » Favorable au parti unique, il veut une république enfin délivrée du « favoritisme parlementaire et maçonnique (p. 27) ». Se réclamant de « grands socialistes que furent Fourier, Toussenel, Clovis Hugue, de Morès et tant d’autres (p. 33) », tous hostiles au Grand Capital, Pierre Clémenti affirme qu’« inspiré de Proudhon et de Lucien Deslinières, instruit par Georges Sorel, le national-collectivisme est une doctrine sociale qui fait mieux que de tourner le dos au marxisme. Il le combat (p. 35) ».

Le PFN-C de Pierre Clémenti se trouve en concurrence dans un contexte difficile avec d’autres formations partisanes qui occupent à peu près le même créneau politique : le Rassemblement national-populaire de l’ancien socialiste Marcel Déat et le Parti populaire français de l’ancien communiste Jacques Doriot. Le national-collectivisme de Pierre Clémenti s’inscrit dans ce que l’historien des idées politiques Marc Crapez appela avec raison la « gauche réactionnaire ». Il serait bien que Ars Magna édite Manifeste pour l’unité révolutionnaire. Avec les chefs, sans eux, ou malgré eux du national-syndicaliste français Philippe Dreux.

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Luttant « pour toute la France, à tous les Français (p. 45) », Pierre Clémenti se fait visionnaire. « Le fameux front des démocraties, dont on parle toujours, mais qu’on ne réalise jamais, n’est pas autre chose qu’une ingénieuse combinaison pour nous faire les instruments, ou les victimes, de vengeances internationales où nous n’avons rien à voir (p. 42). » Un propos toujours d’actualité par ces temps d’ingérences bellicistes néo-coloniales venues d’outre-Atlantique. Le national-collectivisme français ou quand l’idéologie des Lumières produit elle-même sa propre part d’obscurité…

Georges Feltin-Tracol

• Pierre Clémenti, Qu’est-ce que le national-collectivisme ?, préface de Michael Guérin, Ars Magna, 2019, 68 p., 15 €.

vendredi, 31 janvier 2020

Coalescence et tensions interraciales

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Coalescence et tensions interraciales

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme.com

 

« Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français » (Charles de Gaulle, rapporté par Alain Peyrefitte). Ce 05 mars 1959, le général de Gaulle venait intuitivement d’appliquer aux populations les principes élémentaires de la mécanique des fluides !

Le processus est bien connu, vérifiez-le avec de l’eau, ce sera plus visible qu’avec du vinaigre. Ainsi, quand on agite vigoureusement un mélange d’huile et d’eau on voit nettement des gouttelettes sphériques d’huile se disperser dans l’eau. Mais dès que l’on cesse cette action, les molécules d’huiles et les molécules d’eau se séparent et se rassemblent selon leur nature. Le processus physique en action s’appelle la « coalescence ».

La coalescence est donc un phénomène par lequel les éléments dispersés d’une substance identique ont tendance à se réunir. Les physiciens nous expliquent que ce processus de rassemblement s’opère sous l’action de ce qu’ils appellent la « tension interfaciale ».

Voilà, approximativement, comment cela se passe :

Les molécules d’huile situées en périphérie des gouttelettes d’huile sont en contact avec les molécules  d’eau. Elles interagissent donc avec celles-ci alors que celles qui sont au centre des gouttelettes n’interagissent qu’avec leurs semblables. Même chose, bien sûr, pour les molécules d’eau. Il s’ensuit que les deux matières, l’huile et l’eau, ne sont pas rigoureusement dans le même état à leur interface et en leur milieu.  Le contact entre molécules d’eau et molécules d’huile rend donc le milieu instable. Chaque molécule est attirée par son propre milieu (force de cohésion) et une « tension », dite « interfaciale », s’exerce là où les deux milieux se touchent. Cependant, comme tous les systèmes, le système engendré par le mélange d’huile et d’eau tend naturellement vers un équilibre qui correspond à la configuration de plus basse tension. Le système modifie donc son organisation pour diminuer l’aire de contact entre les deux milieux. A volume égal, une sphère unique présentera moins de surface de contact que plusieurs sphères dispersées. Les sphères dispersées vont donc se réunir progressivement en une sphère unique. D’où la coalescence observée !

Mais, le principe physique de la coalescence peut-il s’appliquer à des populations ? On notera tout d’abord que la coalescence se produit généralement dans des fluides. On observera ensuite qu’une population se comporte, sous bien des aspects, comme une sorte de « fluide ».

Un fluide est un « milieu matériel parfaitement déformable » dit Wikipedia. Or, quoi de plus « déformable » qu’une population ? Celle-ci peut être dispersée et quasiment réduite à l’état gazeux (« le peuple juif au milieu des nations »). Tel un liquide, une population peut s’écouler hors de ses frontières (l’immigration africaine) et remplir un nouvel espace (Grand Remplacement). Tel un solide, une population peut au contraire former un bloc résilient et compact face à l’envahisseur (la France de la 1ere guerre mondiale). La transition entre les états gazeux, liquide et solide peut être lente, sous l’effet de forces démographiques, culturelles ou économiques, voire brutale, sous l’effet par exemple d’un effondrement militaire.

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Si l’on postule qu’une population peut (aussi) s’analyser comme un fluide, alors nous devrions pouvoir vérifier que le principe de coalescence s’applique également aux populations. L’exercice sera d’autant plus facile que le régime en place organise aujourd’hui le mélange artificiel de populations aussi différentes que le sont l’huile et l’eau. Et que constatons-nous ?

Tout d’abord, que les « molécules autochtones » situées en périphérie du peuple autochtone (la « France périphérique ») sont en contact avec des «  molécules allochtones ». Elles interagissent avec ces dernières alors que les molécules autochtones qui sont au centre du milieu autochtone (la France des métropoles) n’interagissent qu’avec d’autres molécules autochtones. Il s’ensuit, voyez Christophe Guilluy, que face à l’immigration et au vivre-tous-ensemble, les molécules autochtones réagissent différemment selon qu’elles résident au centre ou à la périphérie. Les molécules de la périphérie subissent directement l’immigration de peuplement et réagissent en conséquence, soit par la fuite, soit par la résistance (vote FN), soit par les deux. Les molécules du centre, cultivant un entre-soi rigoureux et protégées de toute promiscuité avec la matière étrangère, ignorent, méprisent et ne comprennent pas les tensions qui animent les molécules de la périphérie. Il s’ensuit que la matière autochtone, notre peuple, n’est pas « rigoureusement  dans le même état à sa surface que dans son milieu ». Cela, bien sûr, se traduit politiquement : LREM pour les molécules du milieu, RN pour les molécules de l’interface.

 Notons, d’ailleurs, que la même configuration doit pouvoir être observée dans la matière allochtone. Les molécules allochtones vivant au centre des banlieues ne connaissent et ne comprennent sans doute pas les problèmes des molécules allochtones au contact de la matière autochtone. La fracture entre allochtones vivant de l’économie parallèle, au centre des banlieues, et allochtones « intégrés », dans l’obligation de composer avec le milieu autochtone, est sûrement aussi profonde que la fracture entre Autochtones vivant au centre des métropoles et Autochtones subissant la présence étrangère.

On observera néanmoins que chaque molécule humaine est attirée par son propre milieu (force de cohésion). Les Autochtones, qu’ils soient au centre ou à la périphérie, entendent préserver leur mode de vie autochtone. Les allochtones, quant à eux, qu’ils soient « intégrés » ou pas, sont séduits par les valeurs culturelles ou religieuses qu’ils ont héritées de leurs parents. Une force de cohésion s’exerce sur les deux milieux humains, sans que ceux qui les composent en soit forcément conscients. Chacun des deux milieux se replie sur lui-même et s’arcboute sur son identité. Aussi les zones de contact entre la matière autochtone et la matière allochtone sont-elles des zones de plus en plus instables. La délinquance, les agressions, la chute des prix de l’immobilier et, globalement, le recul des populations autochtones, caractérisent cette instabilité. Au niveau individuel, lorsqu’on ne peut éviter le contact avec l’Autre, l’instabilité se caractérise par des relations superficielles et peu durables. On se fréquente rarement par plaisir.

En résumé, on observera que la population vivant en France peut être analysée comme un système instable animé de fortes tensions internes. D’où le phénomène de coalescence que l’on constate !

En effet, à l’instar des fluides classiques, la population multiethnique instable va tendre « naturellement vers un équilibre qui correspond à la configuration de plus basse tension ». Le système social va naturellement modifier son organisation pour diminuer l’aire de contact entre les milieux autochtones et allochtones. De même, qu’à volume égal, une sphère unique présente moins de surface de contact avec l’autre milieu que plusieurs sphères dispersées, une population rassemblée présentera moins d’occasions de contacts avec l’autre population qu’une population dispersée. Si mon environnement est autochtone et homogène, je verrais moins d’étrangers que s’il est métissé. Diminuer les points de contacts revient à diminuer les risques de conflit : contrairement à ce que pensent les bobos enfermés dans leur entre-soi, plus les Autochtones et les allochtones se connaissent, moins ils s’apprécient. A un certain niveau, la séparation devient un gage de paix sociale. La coalescence qui en résulte se fera selon le principe éprouvé : « Qui se ressemble s’assemble » !

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Nous dirons que la coalescence, c’est-à-dire le rassemblement des populations selon leur origine, ou si l’on préfère, pour reprendre notre définition, le phénomène par lequel des individus dispersés d’une population identique ont tendance à se réunir, est un processus naturel actionné par le besoin des systèmes, y compris sociaux, de parvenir à l’équilibre. Or, c’est une loi physique : pour parvenir à l’équilibre, ces systèmes n’ont pas d’autres moyens que de diminuer les « tensions interfaciales » qui s’exercent là où les deux milieux se touchent. Et les « tensions interfaciales » dont parlent les physiciens ne sont rien d’autres que les « tensions interraciales » rapportées par les sociologues et les historiens. Un régime politique aspirant à la concorde civile favoriserait donc le caractère naturellement coalescible des populations et ne chercherait jamais à le gommer, comme le fait pourtant la République.

Au début de cet article nous avons dit que l’huile et l’eau mélangées se séparaient automatiquement quand l’on cessait d’agiter vigoureusement le récipient qui les contenait. Imaginons que le récipient soit la France. Imaginons qu’il ne s’agisse pas d’huile et d’eau, mais, comme nous l’avons dit, de populations aussi différentes que le sont l’huile et l’eau. Question : qui agite le récipient ?

A l’évidence le régime en place ! C’est lui, en effet, qui a conçu le mélange, nous assurant qu’il serait stable et enrichissant pour tous. Et c’est bien lui qui secoue la France en voulant « intégrer » de force des immigrés au milieu de notre peuple, en les dispersant dans nos campagnes, en leur réservant des emplois protégés, en obligeant la « mixité sociale », en restreignant la visibilité de notre culture…  C’est bien lui enfin qui, méprisant toutes les lois de la physique des fluides, multiplie et augmente les « surfaces de tension interfaciale », précipitant ainsi notre pays vers la guerre civile.

Le régime est coupable ! Nous lui proposons une solution, s’il veut durer encore un peu : qu’il reconnaisse le droit à l’existence du peuple autochtone de France et qu’il reconnaisse son droit à la coalescence. Il diminuera ainsi des tensions interraciales qui ne profitent à personne… et nous pourrons utilement préparer le « monde d’après » !

Antonin Campana

mercredi, 29 janvier 2020

Pour une France des métiers

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Pour une France des métiers

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.fr

La contestation qui ne faiblit pas est, si l’on ne tient pas compte de la subversion appuyée par les syndicats révolutionnaires, liée à la préservation de situations particulières, spécifiques, les fameux régimes dits spéciaux. Certaines de ces situations peuvent se révéler certes manifestement abusives, d’autres justifiées ; dans l’ensemble des situations, le temps a produit le souhait de la conservation de ces droits.

On le sent, que nous soyons en phase ou non avec ces revendications spécifiques, la France rejette ce concept d’« universalité » ou d’« universel » qui ne correspond en rien aux identités professionnelles de la France. On peut considérer assez simplement, qu’il existe des travaux plus difficiles physiquement que d’autres, limitant parfois l’espérance de la vie humaine. On peut aussi s’interroger sur le fait qu’un chauffeur de bus de la RATP (les transports franciliens) puisse liquider sa retraite dès 52 ans alors qu’un chauffeur de bus dans les autres régions doive attendre l’âge légal, c’est-à-dire 62 ans.

Oublions un peu ces travers, et essayons de nous placer au niveau macroéconomique. Si les mots ont un sens, les conventions collectives, créées en 1919, permettent de définir, en matière de droit du travail, des règles spécifiques aux branches d’activité, aux métiers. Dans certaines activités, il est utile de travailler le dimanche, dans d’autres, c’est superflu, voire inutile. Pourquoi uniformiser ce qui peut être spécifique ? Pourquoi faire d’une utile exception un principe ? L’égalitarisme est le principe le plus nocif de toute situation car il transforme une volonté d’équilibre (l’égalité) en système sectaire.

Bien sûr, la convention est une norme infra-légale, c’est-à-dire qu’elle ne peut être que plus favorable aux dispositions légales, sauf si la loi l’y autorise, ce qui limite son application mais rappelle la primauté législative. Les conventions collectives permettent d’ajuster l’application des lois selon le contexte et de prendre en compte la spécificité de chaque métier.

Or, ces conventions collectives, signées par les représentants syndicaux représentatifs des salariés et des employeurs, doivent être le socle de toute réforme de notre système économique.

La faiblesse syndicale (le taux des salariés syndiqués ne dépasse pas 8 % et encore les salariés de droit public font monter ce chiffre…) nous fait comprendre qu’il est temps de prendre en compte les besoins des métiers et non des permanents syndicaux. La confédération syndicale est une aberration, regroupant de facto des fédérations dont les revendications sont, par essence, diverses, voire opposées. La confédération n’est qu’un regroupement d’intérêts, seule la fédération a un sens.

Lors d’un colloque voici quatre ans, j’avais déjà donné mon avis sur l’élargissement des membres des conventions collectives, notamment auprès des retraités issus des métiers.

On parlera de corporatisme comme une horresco referens mais il s’agit de jouer sur les mots : une convention collective est une forme de corps social, donc de corporatisme. Le problème n’est pas le nom de l’institution mais la portée de ses pouvoirs et la désignation de ses membres, c’est-à-dire le choix de la représentativité réelle.

La peur du syndicalisme bloque souvent l’employeur, alors qu’il est question d’intérêts communs permettant de développer une entreprise, forme de structure alliant capital et travail. Il n’est pas insensé, effectivement, de rappeler que les pratiques des syndicats révolutionnaires ont beaucoup fait pour développer la peur du syndicalisme.

La France des métiers doit devenir une réalité : il n’y a, nulle part, d’universalité sinon pourquoi certaines conventions prévoient 10 semaines de congés par an et 15 mois de salaire par an ?

La révolution sociale appelle à une forme de conseil des métiers (à quoi sert le Conseil économique, social et environnemental ?) qui permettrait de réguler les conventions collectives. Le travail est probablement une des valeurs essentielles de notre civilisation, il serait temps de la valoriser.

Le simple terme « travail » est aujourd’hui déconsidéré : les jeunes cherchent un « job » tout en espérant, comme ils disent, une « année de césure » (terme très à la mode signifiant une année où on ne fait… rien !), les seniors espèrent un « boulot » en attendant la fin de l’activité et la retraite. Bref, nous ne sommes pas loin du tripalium, objet de torture qui a donné le mot… travail.

Le travail n’est ni un châtiment divin, ni l’exploitation d’un groupe social sur un autre, l’expression conjuguée du chistianno-marxisme n’exprime en rien la réalisation de l’individu par le travail, salarié ou non.

Au-delà du statut des individus, le métier doit être reconnu au sein de chaque convention, employeurs, salariés et retraités doivent trouver leur place symbolisant l’activité.

Renouer, aussi, avec l’apprentissage, véritable passage vers le métier, qui permettrait à de nombreux jeunes de s’épanouir au sens d’un atelier ou un bureau plutôt que dans des endroits où la haine de la France est répétée en boucle et mise en application en moins de temps qu’il n’en faut que pour former un artisan…

On comprendra qu’il faudra (pas de verbe au conditionnel mais au futur) restaurer le Premier mai, fête du Travail et non des syndicats révolutionnaires (les syndicats réformistes ne défilent même plus ou alors en régions pour éviter de se compter dans la capitale). On comprendra aussi qu’il est temps de restaurer la valeur travail… Ah bien sûr, elle n’est pas au fronton de nos établissements publics.

Il serait probablement le temps de l’ajouter : pas de liberté sans travail, l’égalité de toutes et de tous par le travail et la fraternité au cœur du travail.

mercredi, 22 janvier 2020

La laïcité, un obscurantisme qui détruit les sociétés

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La laïcité, un obscurantisme qui détruit les sociétés

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme.com

 

Au commencement était l’idéal cosmopolite. La laïcité a été imaginée par des gens qui ont cru que des hommes de toutes les origines pourraient paisiblement cohabiter si l’on expulsait de la société civile le religieux, et par extension tout ce qui distingue les hommes entre eux. Cette croyance était absurde, les frères Kouachi en témoignent.

« Croyance » ? Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education ne le cache pas : « La  laïcité est une religion républicaine », dit-il. « Le Serpent », pour reprendre un surnom que lui donnait François Hollande, raconte (voyez cette courte vidéo) que la République avait besoin de « former sa propre religion » afin de saper l’Eglise catholique. Il s’est donc constitué une « alliance religieuse universelle » explique Peillon, alliance dans laquelle on trouvera des « catholiques libéraux, des protestants libéraux, des juifs libéraux, des athées et des matérialistes », qui portera, toujours selon Peillon, « un projet de religion universelle », une religion que les « croyants » ont appelé « la laïcité » (sic !). 

Pour résumer le propos de Peillon, on dira que la laïcité, comme religion universelle s’adressant à tous les hommes, a expulsé de la sphère publique la religion ancienne pour s’installer à sa place. Les normes et les principes de la religion ancienne, sur lesquels était en partie fondé l’ordre social traditionnel, ont ainsi été remplacés par les normes et les principes d’une nouvelle religion. L’objectif de cette nouvelle religion était d’installer un ordre social qui permette de faire vivre ensemble tous les hommes, quelle que soit leur origine : un ordre social aussi universel que l’était cette religion !  

On définit habituellement la laïcité comme le « principe de séparation dans l’Etat de la société civile et de la société religieuse » (CNTRL). Si l’on s’en tient à cette définition, il est impossible de définir l’Etat républicain comme un Etat « laïc ». La société civile est bien séparée de l’ancienne religion (le catholicisme) mais a été complètement investie par la nouvelle (la « religion laïque »). Cependant, si l’on veut absolument définir l’Etat républicain comme un Etat « laïc », alors la laïcité devra plutôt être définie de cette manière : « laïcité : principe de fusion dans l’Etat de la société civile et de la religion universelle ».

Mais en quoi la laïcité est-elle une « croyance », une « religion », bref, pour reprendre le vocabulaire républicain, un « obscurantisme » ?

Tout d’abord, il faut bien comprendre que la laïcité repose sur une vérité révélée. Cette vérité révélée a ses propres prophètes : les philosophes du XVIIIe siècle. Ceux-ci ont reçu la Lumière et cette Lumière leur a enseigné que la Nature accordait généreusement des « droits naturels » à l’Homme : la liberté, l’égalité, la sûreté, le droit à la propriété et même, parfois, le droit de résister à l’oppression. Ce droit naturel est un droit universel qui bénéficie à tous les hommes sans distinction. Un « contrat social », par lequel les hommes formeront une société parfaite (une « république » en langage philosophiste), peut donc s’établir sur la base de ce droit.

En d’autres termes, l’idée qu’un corps politique pourrait fonctionner harmonieusement sur la base de lois traduisant les droits naturels, ou au-moins ne les contredisant pas, germe dans l’esprit des philosophes et des républicains qui s’inspirent des écrits de ces derniers. Rien de plus logique en effet : une société qui s’organiserait et fonctionnerait selon des valeurs et des principes qui découleraient de la nature de l’Homme, de tous les hommes donc, ne pourrait heurter les sentiments d’aucun d’entre eux et pourrait alors s’épanouir pacifiquement (au contraire des sociétés fondées sur des traditions, des Eglises ou des cultures spécifiques, qui heurteront la sensibilité de ceux qui leur sont étrangers et empêcheront ainsi le vivre-tous-ensemble).

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A départ de la « religion universelle laïque », il y a donc une « révélation » : l’Homme a des « droits naturels ». De cette révélation émerge une croyance : une société humaine pourrait s’organiser sur la base de ces droits universels et s’ouvrir ainsi à tout le genre humain… à condition d’expulser de la société civile tout ce qui ne découle pas de ces droits et empêche le vivre-tous-ensemble, telles les religions par exemple (et pour commencer !). La laïcité exprime cette croyance et la met en œuvre. C’est une praxis, ou si l’on préfère une méthode pour transformer la société dans le sens voulu par la croyance (Manuel Valls, août 2014 : « La laïcité n’est pas un obstacle. Elle est une méthode »). Elle manifeste un Acte de foi totalement irrationnel en la Révélation et en la possibilité de bâtir un ordre social multiethnique sur la base du droit révélé. Prendre le risque de faire vivre ensemble ceux que l’Histoire a séparé demande en effet une foi totale et intransigeante. Car si par malheur la croyance ne tient pas ses promesses, alors les croyants en la laïcité seront accusés d’avoir transformé une société paisible en baril de poudre.  

Aujourd’hui, les illusions ne sont plus permises. Croire aux vertus de la laïcité est d’autant plus absurde et incompréhensible que les faits ont déjà, et depuis longtemps, ravalé cette croyance au rang d’un simple boniment de charlatan. Depuis au-moins les Minguettes (1983), l’échec de la « méthode » est indiscutable. La constitution de zones de non droit (ou de droit islamique), la formation de sociétés parallèles et la prolifération d’économies parallèles, les émeutes ethniques, le racisme anti-français (anijaphétisme), la délinquance immigrée, les multiples et récurrentes  « pannes de l’intégration », le communautarisme, les séparatismes ethniques, le terrorisme islamique… ont posé comme un fait que tous les hommes ne trouvent pas acceptables les valeurs et les principes découlant des droits naturels et de la religion laïque. En d’autres termes, la laïcité, en tant que méthode, a fait la preuve de sa faillite : elle n’est pas en capacité de faire vivre ensemble des hommes de toutes les origines ! La croyance en cette capacité s’est fracassée sur le mur des réalités, la foi en la laïcité est devenue totalement déplacée et irresponsable. Les républicains ne peuvent plus faire comme si rien ne s’était passé depuis 1983. Pour la plupart, d’ailleurs, croire en la laïcité relève maintenant du simulacre et d’une posture politique hypocrite. La vérité est que la République n’a aucun moyen de faire vivre ensemble des gens de diverses origines ! Vue ses conséquences passées et à venir, l’entreprise républicaine qui a consisté à ignorer les faits pour passer outre les nécessaires séparations entre les hommes doit être considérée comme un crime contre l’humanité.

 Nous disions en titre que la laïcité était un « obscurantisme ». Pour Wikipedia, « un obscurantiste prône et défend une attitude de négation du savoir. Il refuse de reconnaître pour vraies des choses démontrées ». La foi persistante en la laïcité, réelle ou simulée, relève donc de l’obscurantisme, puisque la faillite de la laïcité en tant que méthode est démontrée. Néanmoins, malgré les faits, l’obscurantisme républicain ne s’avoue pas vaincu. Déjà, nous pouvons observer une volonté de faire glisser le concept de laïcité du domaine religieux au domaine culturel. La laïcité culturelle consiste à rendre la sphère publique culturellement universelle. Concrètement, cela signifie que les principes culturels européens qui norment notre société doivent à leur tour et progressivement rejoindre la sphère privée pour ne pas heurter les immigrés. Ceux qui croient en la religion universelle dont parle Peillon, s’imaginent encore pouvoir gagner la bataille de l’intégration et du vivre-tous-ensemble en effaçant « laïquement » notre culture. L’objectif est de réduire l’Homme au Consommateur. Bien sûr, une nouvelle fois, les républicains se trompent (pour contrer ce processus, nous avons posé le droit autochtone à une « culture sociétale » - voyez ici ou ici).

De ce qui précède, il faut retenir, d’une part, que la référence à la laïcité comme moyen de construire, de faire tenir ou de restaurer l’Etat républicain exprime une croyance irraisonnée et en aucun cas une pensée rationnelle. Et, d’autre part, que la référence à la laïcité manifeste explicitement la fidélité à la République, c’est-à-dire le ralliement à une Eglise qui s’est servie de cette croyance pour justifier son projet de construction d’un ordre multiethnique viable.

On ne peut donc aujourd’hui invoquer la laïcité et récuser cet ordre multiethnique. C’est pourtant ce que font des personnalités comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour (au contraire d’un Peillon). Nous leur renvoyons à ce propos cette citation de Bossuet, qu’eux-mêmes évoquent souvent : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » !

Bien sûr, on nous opposera qu’on ne peut plus faire autrement, aujourd’hui, que de parier, en croisant les doigts, sur la réussite miraculeuse d’une laïcité que l’on sait pourtant irrémédiablement condamnée. Vue la situation, ce pari est absurde : plus rien n’empêchera l’effondrement de cette société. Il est déjà trop tard...

Et puis, modestement, ce blog ne propose-t-il pas une autre voie ?

Antonin Campana

mardi, 21 janvier 2020

France : vers l’éradication de toute opposition

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France : vers l’éradication de toute opposition

 
par Arnaud Dotézac
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les «Sleeping Giants» sont la nouvelle milice privée de contrôle de la pensée sur l’internet, qui assume pleinement son caractère répressif. Purs idéalistes? Les profils des meneurs indiquent plutôt qu’il s’agit d’un mercenariat techno qui barbote décidément dans un petit monde. Le marécage du Deep State est profond, mais pas si étendu que ça…

Vue de Suisse, l’évolution politique de la France macronienne a de quoi inquiéter. On y constate l’instauration de facto d’un régime à parti unique annihilant tout débat démocratique; une judiciarisation galopante des opinions discordantes; un usage d’une rare violence de la force publique contre les revendications du peuple; un niveau d’approbation caricatural du pouvoir macronien par la presse de grand chemin, allant jusqu’au projet abracadabrantesque d’instituer un «Conseil de l’Ordre des journalistes»!
Les journalistes auraient-ils à se présenter en robe de clercs, dans l’esprit de Cédric O, secrétaire d’État au numérique, qui émit cette brillante idée en juin dernier? Certes, elle provoqua un tel tollé qu’il dût se raviser mais tout de même, il fallait oser.

Vers l’éradication de toute opposition

Et voici que, devant les sénateurs, en séance publique du 17.12.2019, il en remit une couche. Il y soutenait la loi dite Avia, qui s’inscrit dans cette ligne otanienne de muselage des dissidences sur internet. Une loi qui prolonge aussi, de manière beaucoup moins commentée, le fameux pacte de Marrakech, élargissant le concept de racisme et autres discriminations, aux mêmes dissidences. Durant cette séance donc, Cédric O se félicita d’un amendement n° 47 relatif à l’article 6 bis AA de cette loi, visant à responsabiliser pénalement les annonceurs, en les obligeant à constater et publier la destination de leurs publicités, en particulier celles qui se retrouveraient, justement, sur de tels sites dissidents. L’objectif non écrit mais figurant aux débats (qui sont une source d’interprétation officielle des textes en droit français), est de tarir la source de financement publicitaire correspondante pour ces sites, «[d’assécher] une partie du financement des sites extrêmes ou que nous souhaitons ici voir disparaître» selon les propres termes de Cédric O, lors de cette séance.

La France vient donc d’institutionnaliser la censure par incitation au blocus publicitaire, c’est-à-dire par sanction économique privée. Restera à définir ce qu’est un «site extrême». Une notion absente du Code pénal français mais qui se présente à l’évidence comme une ouverture arbitraire à la répression politique. La mention qui suit dans la même phrase d’un «souhait de voir disparaître» de tels sites ne dit rien d’autre. On commence par l’appel à l’éradication politique et puis quoi, demain?

Mais ce n’est pas tout. Grâce à un nouveau lapsus d’O, on sait que le gouvernement Macron s’est également amarré, par cette loi, à ce très étrange mouvement américain du nom de «Sleeping Giants». O explique en effet, benoîtement, que ce fameux amendement obligera les annonceurs à s’intéresser au contenu politique des sites internet, faute de quoi, dit-il: «je suis certain que certaines (sic) organisations se pencheront sur le sujet et les alerteront». Or, c’est précisément l’objet social de cette nouvelle forme de prévôté en ligne, que sont les «Géants endormis». On entend ainsi un membre du gouvernement français officialiser un groupe anonyme d’apparence privée dans un rôle de commissaire politique au boycott. Qu’est-ce donc que ce mouvement des Géants endormis pour qu’un État, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, lui fasse tant d’honneur ?

La résurrection des titans

Les Sleeping Giants sont apparus dès le lendemain de l’élection de Donald Trump dans le but de ruiner les sites d’information ayant concouru à cette élection, tels que Breitbart et autres. Ils y ont réussi au-delà de leurs espérances, allant même jusqu’à tenter le boycott à la carte bancaire, avec l’aide de George Soros. Toujours lui.

Plus récemment, ils se sont attaqués à la France, notamment à Valeurs Actuelles, à Boulevard Voltaire, à CNEWS, etc. Même si leur succès est moins spectaculaire qu’outre-Atlantique, ils ont tout de même réussi à convaincre de nombreuses marques à en retirer leurs pubs. Il se confirme donc que cette loi Avia vient bien au soutien d’un regroupement d’individus anonymes et pour la plupart étrangers, pratiquant le chantage économique à des fins d’éradication des opposants à la pensée unique. Il s’agit bien d’un tournant institutionnel majeur.

Les meneurs des Géants endormis ont tout de même fini par se faire démasquer, dès juin 2018. Deux profils ont émergé, dont un nous amène à d’étranges connexions qu’Antipresse est le premier média à révéler ici.

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Matt Rimitz, promu par CNN pour ses campagnes contre Breitbart

Le premier meneur se nomme Matt Rivitz. Son profil d’activiste anti-Trump est banal, biberonné au sein d’une famille démocrate, avec notamment un père dirigeant un institut subventionné de réinsertion à Baltimore, etc. Pas de quoi s’étendre outre mesure dans le cadre de cet article. En revanche, le deuxième profil est beaucoup plus énigmatique.

La Mata Hari branchée

Il s’agit d’une jeune femme d’origine indienne, du nom de Nandini Jammi. Autant dire «Jacqueline Durand» dans la France des années soixante. Mais même après avoir recoupé de très enfouies et très rares informations sur son environnement familial (père haut fonctionnaire du FMI), on constate que Nandini Jammi n’existe quasiment pas sur Internet avant son dévoilement. Ce genre d’intraçabilité relève ordinairement soit d’un travail d’effacement très professionnel, soit d’un changement d’identité. Dans les deux cas, on a de fortes chances d’avoir affaire à une personne qui n’est pas entièrement ce qu’elle prétend être, c’est-à-dire dont l’histoire et l’environnement réels doivent rester dans l’ombre. On ne trouve d’elle qu’un très faible signal provenant d’Amérique latine, et qui mérite encore des vérifications de notre part, même si son visage de là-bas, dont nous avons retrouvé une image, avant relooking donc, est révélateur d’une métamorphose assistée, très professionnelle là encore.

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Nandini Jammi après son relooking… et avant (à Buenos Aires).

Il est très surprenant également de constater avec quelle rapidité elle a su transformer le dévoilement de son identité en un formidable tremplin médiatique. C’est à tel point qu’on se l’arrache aujourd’hui pour les plus grandes conférences geek, par exemple le Turing Fest 2019 d’Édimbourg. Elle y expliquait que les médias qu’elle attaque ont en commun d’être «financés par des suprémacistes blancs», produisant des écrits signés «par des suprémacistes blancs» de sorte «qu’ils ne sont tout simplement pas des médias» 1. Valeurs actuelles, CNEWS, Boulevard Voltaire, RT, etc. ne sont pas des médias, et appartiennent au Ku Klux Klan, c’est bien connu. En tout cas, c’est cette nouvelle inquisition qui plaît tant à Macron et ses ouailles.

Pour en savoir plus, il n’y avait pas d’autre choix que d’approfondir notre enquête dans les liens professionnels de Nandini. C’est là que nous avons découvert une relation avec un coach, dont le changement d’identité n’a pas effacé toute possibilité d’identification.

L’Ukraine connection

«Myk Pono», tel qu’il se présente, Mykola Ponomarenko de son vrai nom, est un expert en réclamations-clients en ligne, au moyen d’actions virales, du type de celles développées justement par les Sleeping Giants. Il a cosigné un article de 38 pages à ce sujet avec Nandini Jammi en août 2018 (après le démasquage donc). En d’autres termes, c’est sur la base de cette expertise marketing, commerciale en essence, que Nandini Jammi aura lancé l’opération des Géants endormis. Jusque-là, on pourrait croire à une simple extrapolation pratique.

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«Myk Pono», alias Mykola Ponomarenko

Mais en parallèle, et à l’instar de toute ONG qui se respecte, les Géants endormis se sont dotés d’une belle ligne graphique, propre et bien déclinée. Là encore, un travail de professionnels. Or, par une surprenante coïncidence, il se trouve que Myk Pono a recours à un graphiste, du nom de Nikita Sekatchev, qui se prévaut de la création du logo de la célèbre société ukraino-chypriote Burisma.

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Parmi les autres travaux de Nikita Sekatchev: le logo de Burisma, la société du fils Biden

Oui, Burisma, celle-là même qui nomma Hunter Biden & Co. à son conseil d’administration et dont nous avons retracé les liens avec l’État profond américain dans les numéros 205 et 206 d’Antipresse. Non seulement il n’est pas anodin que l’emblème de Burisma soit «made in USA», mais nous découvrons-là une trace du Deep state américain, dans la proximité immédiate de l’opération des Géants endormis. Comme il y a peu de hasard en ce domaine, le lapsus parlementaire de Cédric O se verrait alors éclairé d’une lumière beaucoup plus crue qu’on ne pourrait le penser.

En effet, alors qu’une loi de solidarité avec une «initiative citoyenne» privée et néanmoins subversive, serait des plus incongrues, rien de tel ne le serait, en revanche, d’une solidarité d’allégeance, envers le Deep state américain. D’autant que les liens de l’équipe originelle d’En Marche avec l’Ukraine sont connus. Rappelons qu’Ismaël Émelien (frère d’armes de Cédric O) a travaillé pour l’oligarque ukrainien Viktor Pinchuk, en particulier pour son Think Tank «YES» (pour Yalta European Strategy conference), comme le rappelle Marc Endeweld dans son décapant ouvrage Le grand manipulateur, les réseaux secrets de Macron (Stock, Paris, 2019). Or, nous avons nous-mêmes établi la filiation, au moins temporaire, entre Pinchuk et Burisma, sans oublier le sponsoring de YES par Burisma. Le monde est petit !

Certes, une trace de proximité relationnelle n’est jamais qu’un simple indice. Cela ne vaut pas preuve de collusion et encore moins de service commandé. Nous nous contentons donc de le livrer comme tel et rien de plus. En revanche, un faisceau d’indices commencerait à changer la donne. Or, il nous semble à cet égard que les orientations antidémocratiques de l’idéologie macronienne fourbissent déjà quelques-uns de ces faisceaux. Nous y reviendrons la semaine prochaine.

Loi Avia

L’alliance du pouvoir exécutif français avec une milice privée de censure et de chantage sur internet, scellée par le projet de loi Avia, est-elle un produit des circonstances ? Ou ne serait-elle pas la concrétisation d’un projet «suprapolitique» mûri de longue date qui ferait de la démocratie une relique du passé? Les écrits d’Emmanuel Macron lui-même nous éclairent là-dessus.

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Nous terminions la première partie de cet article en relevant la solidarité politique du gouvernement Macron avec le mouvement américain Sleeping Giants, d’obédience extrême-démocrate. Le jeune camarade-conseiller de campagne d’Emmanuel Macron, aujourd’hui secrétaire d’état au numérique, Cédric O, expliquait en effet en séance publique sénatoriale du 17 décembre dernier en quoi des «organisations» du type des Sleeping Giants s’articulaient à la proposition de loi Avia, qui y était en discussion ce jour-là.

Rappelons que le rôle attendu des Sleeping Giants par le gouvernement est de jeter la tache du soupçon infamant sur les annonceurs inattentifs aux sites dissidents. A défaut de boycotter ces sites, il leur sera imputé en effet de partager les opinions politiques «immondes» des médias qu’ils sponsorisent. Et peu importe d’ailleurs à ce joli monde d’utiliser la technique du name and shame («dénoncer et diffamer») qu’ils déclarent justement combattre, du fait que ces sites propageraient de l’exécration publique, cette fameuse «haine» que les Sleeping Giants ont entrepris d’éradiquer. Il y aurait fort à dire sur l’idée même de vouloir anéantir un sentiment humain, fut-il de détestation, voire une émotion, qui peut tout aussi bien se rapporter à une douleur légitime. Mais c’est un autre sujet.

Ce n’est en tout cas pas un hasard si l’objet officiel de la loi Avia est aussi de «lutter contre les contenus haineux sur Internet». La concordance parfaite de l’objet de la loi et de celui des Sleeping Giants confirme leur part dans l’économie du texte et dénote ce que le droit peut traduire par la notion d’«indices graves et concordants». Sont-ils dès lors «graves» également?

Des indices graves et concordants d’entente illicite

Force est de constater que le gouvernement déclare s’entendre avec les Sleeping Giants pour évincer les concurrents politiques. Une «entente» donc, comme on le dirait dans le jargon du droit de la concurrence. Mais une entente illicite, puisque visant à exclure des opposants du «marché» politique. Alors oui, ces premiers indices peuvent être qualifiés de «graves» et cela pour plusieurs motifs qui se cumulent.

En premier lieu, le dispositif macronien sape les principes mêmes de libre concurrence qui fondent tout l’édifice libéral, dont il se prétend l’apôtre. Il n’est pas à une contradiction près.

En second lieu, cette loi rend obligatoires des pratiques que d’autres lois interdisent. On retrouve là une énième expression du «en même temps», qui brouille un peu plus les repères normatifs et sociaux admis par tous.
A cela s’ajoute la promotion de la délation, un procédé que la morale française réprouve profondément et que le droit interdit et sanctionne en tant que «pratique déloyale», dès lors qu’on y trouve du dénigrement ou de la désorganisation des concurrents, ce qui est le cas en l’espèce.

Enfin, cette loi Avia et les Sleeping Giants organisent tous deux une pratique qui répond mot pour mot à la définition du délit de chantage et dont la teneur mérite d’être rappelée: tombe sous le coup de l’article 312–10 du code pénal français «le fait d’obtenir [une renonciation] en menaçant de révéler ou d’imputer des faits de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération…».

Nous y sommes noir sur blanc puisque le marché que les Sleeping Giants proposent aux annonceurs est en substance le suivant: «Je vous accuse de financer des sites immoraux et néfastes dont je vous impute une part d’infamie. Celle-ci vous déshonore et va détourner de vous vos propres clients, mais je ne cesserai de vous dénoncer publiquement qu’à la condition que vous renonciez à soutenir ces sites par vos annonces». Comment peut-on ainsi légaliser le chantage en France? Cela mérite réflexion.

Pour finir, la loi Avia ordonne le contournement du juge judiciaire (en principe gardien des libertés) dans le but de censurer la dissidence, puisque ce sont les plateformes privées qui devront effacer les propos qualifiés d’«haineux» par toute personne les signalant comme tels. Le principe était pourtant jadis que nul ne pouvait plaider par procureurs privés. Un démantèlement de plus de la bonne justice.

On assiste donc ici à une nouvelle série de transgressions des structures normatives françaises, qui va bien au-delà de la simple atteinte à la liberté d’expression sur internet.

Une monocratie illibérale en devenir

L’agencement de l’espace de liberté d’expression par Macron ne reflète pas les principes constitutionnels de liberté dont il est juridiquement le garant au titre de l’article 5 de la Constitution. Mais peut-être confond-il avec l’article 5 de la charte de l’OTAN organisant la légitime défense de ses membres ? Cela y ressemble, de sorte que ce ne serait pas l’OTAN qui serait «en état de mort cérébrale» mais bien la démocratie française.

Prenons le contrôle des journalistes par un Conseil déontologique journalistique aujourd’hui en place. Observons l’exercice du droit de manifester dans la rue, chèrement monétisé par la matraque, les gaz incapacitants, des tirs tendus de LBD à bout portant, les éborgnements et autres sections de mains et de pieds, presqu’évocatoires de rites ordaliques («si tu en réchappes, c’est que le Divin t’a gracié, sinon c’est Sa Loi qui te punit»).

Mais la liberté d’expression, c’est aussi celle des députés, dont l’immunité de parole est justement garantie par les textes afin de librement débattre et soutenir leurs propres initiatives législatives. Que signifie alors le procédé consistant pour un président en exercice à requérir d’une députée amie (Macron et Lætitia Avia se connaissent en privé depuis au moins 2009) de produire une loi à sa demande? La Constitution ne distingue-t-elle pas les textes selon leur initiative parlementaire ou gouvernementale? Le président n’est-il pas exclu du droit d’initiative législative? Un article signé de lui et paru dans le numéro de mars/avril 2012 de la revue Esprit devrait nous éclairer.

f13062883a4aef06191915ae99275f91.jpgOn y découvre notamment que, pour Macron, les chambres parlementaires ne sont rien de plus que des «chambres de décantation». Intéressante allégorie. Le président n’ignore pas que l’usage du terme «décantation» ne se limite pas aux rites œnologiques. Il désigne aussi les bassins d’assainissement des eaux usées. Anticipait-il une majorité parlementaire assimilable à l’eau purifiée, tandis que les résidus boueux, putrides et nauséabonds vaudraient pour toute opposition démocratique ?

Le réel n’est jamais loin de la métaphore. Si cette dernière n’est pas aisément transposable dans le discours politique au quotidien, elle n’en est pas moins visible dans ses attitudes de dédain bien connues à l’égard du peuple en général et de ses aspirations à recouvrer sa souveraineté en particulier.

Le bassin de décantation qu’est pour Macron la représentation nationale va en réalité de pair avec une idéologie profondément antidémocratique qu’il exprime, là encore noir sur blanc, dans ce même article: «Il est temps en effet pour (sic) redonner à l’idéologie sa forme contemporaine» prévient-il. Et comment se «forme» donc cette idéologie ? Par «l’instauration de mécanismes suprapolitiques qui garantissent à travers le temps une application constante, une protection contre les aléas politiques». Autrement dit, le Macronisme passe par l’édiction de normes non négociables (c’est le sens même de «suprapolitiques»), c’est-à-dire soustraites au débat démocratique, source de tous ces «aléas politiques» incompatibles avec la pérennité de son idéologie.

La dictature du «suprapolitique» est explicitement au cœur de l’idéologie macronienne et au cas où le lecteur n’aurait pas bien compris, le futur président français enfonce le clou quelques lignes plus loin, vantant «la descente de police, l’acte unilatéral, la sanction administrative, etc.» comme «geste politique suprême». Il en a déjà donné de nombreux exemples.

Pourquoi instituer une telle monocratie en France ? Pour «réformer le pays» dit-il, c’est-à-dire pour qu’il soit plus rentable. Et c’est là que les solidarités idéologiques se confondent avec les réseaux de personnes intéressées à cette rentabilité et que les faisceaux d’indices convergent.

Notes

Voir à cet égard les analyses pénétrantes de Matthieu Bock-Côté, notamment L’empire du politiquement correct. Essai sur la respectabilité politico-médiatique (Le Cerf, 2019), présenté par le Cannibale lecteur dans l’Antipresse 178. ?


- Source : Antipresse
 

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lundi, 20 janvier 2020

Le testament de Guillaume Faye

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Le testament de Guillaume Faye

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Frappé par un cancer fulgurant, Guillaume Faye est décédé dans la nuit du 6 au 7 mars 2019, quelques jours avant la parution de son « testament politique » au ton martial, Guerre civile raciale. Sa disparition lui évite au moins d’être accusé d’inspirer Brenton Tarrant, le responsable de la fusillade de Christchurch en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019, dont le manifeste s’inscrit dans le « nationalisme blanc », pur produit anglo-saxon.

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Se sachant condamné, Guillaume Faye développe, approfondit et durcit des arguments déjà présents dans ses derniers ouvrages, le très médiocre Comprendre l’islam, La nouvelle question juive et La colonisation de l’Europe qui lui avait valu les foudres d’une justice hexagonale liberticide. Estimant que « l’éducation et le combat culturel sont nécessaires mais insuffisants, car ils agissent à trop long terme, alors que nous sommes dos au mur, dans un contexte d’urgence (p. 271) », il sonne une ultime fois le tocsin. Il pense que les prochaines années verront la France et l’Europe en proie à une féroce guerre civile inter-ethnique parce que « des peuples de races différentes et opposées cohabitent dans un même pays, et se haïssent (p. 19) ». Loin de le déplorer, il affirme qu’« un affrontement est devenu indispensable pour régler le problème, assainir la situation et nous libérer (p. 35) ». Cette affirmation n’est-elle pas surtout péremptoire ? Désarmés, hyper-individualisés, incapables de se concentrer et de se concerter, les Européens de ce début de XXIe siècle risquent probablement de perdre cette éventuelle confrontation que souhaitent quelques cénacles globalistes, cosmopolites et mondialistes.

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Guillaume Faye et son vieux complice, Yann-Ber Tillenon

Bien que cruel, ce constat est juste. En outre, à l’instar du très surfait Guérilla (2016) de Laurent Obertone, Guillaume Faye croit au caractère implacable d’une guerre civile en France, oubliant que l’Hexagone ne sera jamais la Syrie, le Libéria ou le Mexique. Puissance nucléaire détentrice de plusieurs centrales atomiques, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, très vieil État structurellement fort malgré les faiblesses récurrentes du pouvoir, territoire où se trouvent plus de 70 résidences secondaires de chefs d’État et de gouvernement étrangers, la France ne sombrera pas dans la guerre civile genre Liban ou Libye. Tout au plus connaîtrait-elle des foyers locaux de vives tensions de basse intensité (néanmoins ultra-violents pour les habitants). Et quand bien même l’Hexagone verserait dans la guerre entre différentes communautés, l’OTAN et l’UE interviendraient aussitôt militairement pour, d’une part, rétablir l’ordre, et, d’autre part, imposer une nouvelle AMGOT (gouvernement militaire d’occupation occidentale) qui retirerait enfin à une France amoindrie sa force de frappe nucléaire et son droit de veto onusien.

Si Guillaume Faye a raison d’énoncer une nouvelle fois l’évidence, à savoir que « l’épouvantable société multiraciale avec son idéologie et sa répression antiraciste (bien que la loi constitutionnelle, empreinte de schizophrénie, nie officiellement l’existence des races humaines) est devenue une société multiraciste (p. 223) », il ne prend pas assez en compte les actions déstabilisatrices des États-Unis, des sectes telles la Scientologie et des spiritualités de marché néo-protestantes venues d’outre-Atlantique dans les banlieues françaises. L’islam n’est pas le seul agrégateur de la haine anti-européenne qu’expriment les masses allogènes. L’auteur se focalise trop sur la seule religion mahométane au risque de ne pas voir l’ensemble des acteurs hostiles à notre civilisation albo-boréenne.

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La version américaine de son dernier ouvrage, préfacée par Jared Taylor

Il dénonce certes le laxisme des gouvernants, le rôle délétère de certains néo-collabos et l’angélisme des catholiques. Il rappelle avec raison que les valeurs chrétiennes contribuent largement à notre désarmement moral. Il insiste sur notre âme faustienne favorable aux avancées bio-éthiques. Il réclame en conclusion la démigration (le départ, forcé ou volontaire, des non-Européens du Vieux Continent) et l’achèvement de la christianisation (inciter les Européens d’origine boréenne à retrouver leurs instincts prédateurs de l’ère paléolithique).

L’avenir dira si Guillaume Faye fut un imprécateur conscient de sa propre finitude, un refondateur de civilisation impériale ou bien un visionnaire génial…

Georges Feltin-Tracol

• Guillaume Faye, Guerre civile raciale, préface de Jared Taylor, postface de Daniel Conversano, Éditions Conversano, 2019, 300 p., 20 €.

Et n'oubliez pas de commander aux éditions du Lore l'ouvrage qui lui rend un juste hommage, tout en fustigeant ceux qui l'ont persécuté !

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http://www.ladiffusiondulore.fr/home/765-guillaume-faye-cet-esprit-fusee-hommages-verites.html

 

jeudi, 16 janvier 2020

La République, Temple de la Matière

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La République, Temple de la Matière

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme. com

 

Dans l’imaginaire républicain, un « Etat de droit » est un Etat soumis à un droit supérieur à lui-même, qu’il ne peut violer (naturellement, la République prétend être un « Etat de droit »).

Le droit dont il est question ici est le « droit naturel », tel qu’exposé par exemple dans la déclaration des droits de l’homme, déclaration placée au sommet de la hiérarchie des normes par le régime. Le concept de droit naturel s’appuie sur la conviction que les hommes ont par nature des droits et que ces droits accordés aux hommes par la Nature sont inviolables.

Dans un autre article, nous avions fait remarquer que la nature ne donnait pas plus de droits aux  hommes qu’aux blattes ou aux vers de terre. Penser le contraire relève sans doute d’une superstition animiste quand ce n’est pas de l’outrecuidance et d’un anthropocentrisme méprisant. Nous observions d’autre part que les hommes n’ont jamais connu cet « état de nature » propice à l’exercice de leurs hypothétiques droits naturels, puisqu’ils ont toujours vécu en société. De fait, c’est la société, et non la nature, qui de tous temps concède des droits aux individus, en fonction notamment de ses rapports de forces internes. C’est pourquoi le droit varie avec le temps et d’une société à l’autre. C’est également pourquoi il n’existe pas de droit universel (bien que l’objectif du mondialisme soit d’en imposer un).

Le « droit naturel » relève donc d’une croyance. Ce qui caractérise cette croyance est son absurdité délirante. On peut croire en l’existence de Dieu car personne n’a jamais prouvé qu’il n’existe pas. Soit. Mais croire que la Matière a engendré une nature humaine et que dans sa bonté cette Matière a doté cette nature en particulier de droits spécifiques relève de la confusion mentale !

La doctrine du droit naturel pourrait prêter à sourire si, en 1789, de fervents croyants ne s’étaient imaginés pouvoir construire un système politique sur la base de ce droit imaginaire. Si les droits naturels sont possédés en commun par tous les hommes, se sont-ils dits, alors un système politique traduisant ces droits (les « droits de l’Homme ») et ne les contredisant jamais, pourrait être acceptable par tous les hommes. Ce système politique, la République, serait d’application universelle, c’est-à-dire planétaire, et permettrait alors le « vivre tous ensemble ». C’est ainsi que la foi en la Matière a transformé l’abstraction philosophique sur les droits naturels en une réalité aussi concrète que dramatique : le Grand Remplacement !  

En fait, toute l’idéologie républicaine ainsi que tout l’agrégat humain faisant république, reposent sur une croyance qui sublime la Matière jusqu’à en faire l’avatar du Dieu de l’Ancien Testament ou du Coran. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière dicte ses commandements, impose sa Loi et détermine un Droit qui doit s’appliquer à tous les hommes, sans exceptions. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière décrit la juste organisation et le juste fonctionnement de la société. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière promet le châtiment aux sociétés qui bafoueraient son droit (celles qui ne seraient pas « ouvertes », « démocratiques », métissées, LGBTQ compatibles…). Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière est un Dieu unique et jaloux : il n’existe rien en dehors de la Matière.  

Tout cela fait que la République est à la fois une Eglise et un système politique théocratique. Les droits de l’homme sont moins une religion qu’un credo. La vraie religion, le culte qui est vraiment célébré ici, est celui de la Matière : c’est Elle, la Nature, qui dispense le Droit. Mais la Matière dont il est question, jusqu’à l’Homme lui-même, est vide de toute âme. Elle ne contient aucun principe spirituel. Et c’est justement en raison du divin qui ne s’y trouve pas que la Matière est divinisée en même temps que désacralisée. Pour les croyants, même un homme n’est qu’un agencement de cellule, ou un poids d’os et de chairs. C’est pourquoi on peut le façonner, le modifier, l’augmenter ou le diminuer, l’aspirer quand il est dans le ventre de sa mère, l’effacer quand il est trop vieux. Paradoxalement, et comme le Dieu du Nouveau Testament, les tenants du nouveau culte croient que la Matière se donne en sacrifice pour nous sauver. Par le « Progrès », sorte de théologie qui permet de comprendre les propriétés de la Matière, les hommes accèdent aux lois qui régissent le cœur de celle-ci. Et ils se servent de cette compréhension pour détruire le Monde ! Le culte de la Matière est un culte de la destruction du monde. C’est un culte qui immole ce qui est objet d’adoration. Le culte de la Matière est un culte sacrificiel dont la victime est la Matière elle-même. C’est-à-dire nous.

La République est l’Eglise d’une religion sans spiritualité. Une nouveauté historique ! Cette religion froide a envahi l’ensemble du monde occidental. Celui-ci semble ne plus pouvoir se justifier autrement que par la Matière. Le Dieu d’autrefois a déserté jusqu’à l’Eglise de Rome et se cache désormais dans les derniers bastions de la Tradition ancestrale. L’athéisme, mot frauduleux qui cache souvent le ralliement au Dieu-matière, est aujourd’hui prépondérant. Bref, la Matière semble l’avoir emporté sur le spirituel. Mais que de crimes pour y parvenir ! Les martyrs se comptent par centaines de milliers, notamment aux temps révolutionnaires. Et que dire de la violence intellectuelle, légale, répressive, discriminatoire qui s’est s’exercée durant de longues décennies, et jusqu’à aujourd’hui ?

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Par la violence, cette nouvelle religion a imposé un type de société qui contient en elle-même le principe de sa propre destruction comme le culte de la Matière suppose à terme la destruction de la Matière. Si le Droit de la Matière implique en effet la société ouverte, alors la société ouverte implique la cohabitation avec l’islam, c’est-à-dire la confrontation ! 

La confrontation sera d’autant plus radicale que par certains aspects ces deux religions se ressemblent plus qu’elles ne diffèrent. Les deux religions se réfèrent à un droit fondamental qui demande une soumission totale sous peine de sanctions : la charia ou les droits de l’homme. Les deux religions affirment que ce droit n’a pas été posé par des hommes mais révélé par une transcendance : Dieu ou la Nature/Matière. Les deux religions affirment une forte dimension politique : elles organisent et règlent le fonctionnement de la société selon les lois qui leur ont été révélées. Les deux religions relèvent de l’universalité : elles doivent s’imposer bientôt à la terre entière. Les deux religions règlent les rapports des hommes entre eux : par la praxis chariatique ou par le progressisme sociétal. Les deux religions utilisent la violence et théorisent la « guerre juste » : au Bataclan ou en Syrie. Etc.

 Qui des deux l’emportera ? Pour l’emporter, les fidèles de la Matière devront  employer face à l’islam un niveau de violence terrible, qui suppose l’extermination de plusieurs centaines de milliers d’individus. La Matière, les Autochtones européens de France en savent quelque chose, ne l’emporte sur le spirituel qu’au prix de massacres sans nom. Mais aujourd’hui, la République, ce Temple de la Matière, est-elle en capacité d’exercer sur les musulmans la violence qu’elle exerçât autrefois sur les chrétiens ? Face aux Mohammed Merah qui foisonnent dans les Cités, où sont désormais les Robespierre, les Saint Just ou les Marat ? Je n’en vois plus beaucoup : le culte de la Matière aurait-il détruit les hommes de matière en même temps que la Révolution dévorait ses enfants ?

Antonin Campana 

 

dimanche, 12 janvier 2020

FRANCE: Ce que l’histoire retiendra de 2019

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FRANCE: Ce que l’histoire retiendra de 2019

par Jean-Yves Jézéquel

 
par Jean-Yves Jézéquel 
Ex: http://www.zejournal.mobi

1 – La voix du Nord titrait le 13/11/2019 : « Des gens vont mourir: le cri de l’hôpital public! Un médecin disait: « Mon métier c’est l’humain et  l’humain ça ne peut pas être rentable »! Le système étatique veut à tout prix que les hôpitaux soient rentables, mais naturellement, la santé en soi ne peut pas être compatible avec les principes totalitaires du capitalisme parasitaire financier. Les médecins sont découragés et mis sous pression. Ils ne peuvent plus exercer leur métier dans les conditions acceptables. Ils quittent l’hôpital public pour aller dans le privé. C’est ainsi que peu à peu, l’hôpital public est poussé, mine de rien, vers la vente au domaine privé et le tour sera joué! La conséquence prévisible: seuls les riches pourront se soigner et la vie sociale du pays est entrain de sombrer dans une régression spectaculaire au nom d’un « progrès » meurtrier.

2 – Le régime macronien accorde toute latitude aux grandes entreprises et aux puissants du CAC40, pour le motif que les grandes entreprises « créent de l’emploi». Pour le réaliste, c’est un contresens économique en plus d’un droit illimité accordé aux grandes entreprises qui pourront ainsi faire ce qu’elles veulent et comme elles veulent. Comme on pouvait s’y attendre, l’anéantissement du droit du travail et des règles environnementales, réputés « empêcher la croissance », s’attaqueraient aux salariés qui allaient être, sans tarder, pressés comme des citrons (Cf., France Télécom, Free, Lidl, La Poste, Goodyear…etc.) ; l’environnement deviendrait quelque chose d’inexistant; la déontologie, n’en parlons pas; la société globalement méprisée et ignorée. C’est là avant tout l’essence du macronisme, tel qu’il est incriminé par la catastrophe Lubrizol. Tous les droits sont donnés ouvertement au capitalisme parasitaire financier, sans restriction. Rien d’étonnant que la répression générale des contestataires, soit la seule réponse donnée par cette organisation d’un État mafieux aux ordres d’une agence totalitaire appelée Union Européenne. (Cf., article d’Actu Environnement [https://www.actu- environnement.com/ae/news/lubrizol-rouen-stockage-produits-dangereux-autorisation-prefet-evaluation-environnementale-etude-dangers 34125.php4].)

3 – Nous avons la preuve indiscutable que le capitalisme, assisté par « les fondés de pouvoir gouvernementaux », détruira résolument les forêts, pillera les métaux rares, épuisera les dernières réserves de pétrole, polluera la moindre rivière, puis ce qui reste de bon dans les océans; il poussera les salariés au suicide, car la seule chose qui compte pour lui c’est le profit pour le profit. Le capitalisme se moque éperdument de l’humain et de l’environnement du vivant.

Les prédateurs qui ont créé cette machine à détruire la Terre et l’humanité, doivent être détruits avec leur invention criminelle puisque cela est nécessaire, puisque cette machine à détruire l’humanité c’est le capitalisme. Nous devons détruire le capitalisme avant que le capitalisme ne nous ait réduits à néant. La catastrophe de Lubrizol est une brillante illustration de la destruction qu’opère le capitalisme lâché comme un renard dans un poulailler. Rappelons que le milliardaire américain Warren Buffett, quatrième fortune mondiale, est propriétaire du chimiste Lubrizol depuis 2011. C’est tout dire: les chiens ne font pas des chats!

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4 – En ce qui concerne le monde des hauts fonctionnaires qui imposent bien souvent leur dictature de chefferie aux citoyens comme aux autres fonctionnaires harcelés par des personnalités pathologiques, nous avons les exemples parlants d’un Michel Lallement , le préfet de Paris, ou d’un  Claude d’Harcourt  qui a été nommé préfet des Pays de la Loire, le Mercredi 7 novembre 2019, par le conseil des ministres. On se demande toujours comment ces gens-là en sont venus à penser qu’ils détenaient le pouvoir de tyranniser leurs concitoyens! Les témoignages accablants sont innombrables! Il faudra faire le ménage également dans ce domaine, de manière radicale et impitoyable, afin d’apprendre à ces « hauts fonctionnaires » que, en démocratie, c’est le peuple qui commande et l’État qui obéit…

5 – Depuis 1976, l’ultralibéralisme s’emploie à préparer, par un travail de sape systématique, l’effondrement programmé de l’organisation sociale pour la solidarité nationale. Peu à peu, les prédateurs au travail rongent les structures qui portent toutes ensemble l’édifice social. A un moment donné, ce travail d’usure atteint son objectif et c’est toute la construction qui s’écroule avec fracas, comme on commence à le voir clairement aujourd’hui. La macronie triomphe et se réjouit de cela: enfin les portes sont  grandes ouvertes au déchainement du profit sur le dos de la santé des gens! Un bradage de grande envergure est également pratiqué, tambours battant, par un Macron hystérique, afin de solder le patrimoine le plus riche des Français, sans leur avis, et pour apaiser la soif de sang du système bancaire vampirique.

L’État est théoriquement fait pour veiller sur l’intérêt général. Il va de soi que cet État macronien, entré par « effraction » à l’Élysée, collabo du système totalitaire ultralibéral érigé en Union Européenne, n’en a que faire de l’intérêt général des Français. Macron n’est pas là pour servir la France et les Français: il s’est emparé de cette place pour servir la mafia de Bruxelles obéissant aveuglément à la politique de Washington, qui n’a pas d’amis, comme chacun le sait, mais que des intérêts à défendre et qui veille sur sa chasse gardée de l’UE grâce à son armée d’occupation nommée OTAN, une organisation militaire qui a pris le relais des armées du Troisième Reich.

6 – Le capitalisme et le suicide. Un procès de décembre dernier nous a rappelé l’exemple désastreux de France Telecom ayant suivi une logique financière fanatique qui a conduit de nombreux « employés » au suicide (39 cas ont été retenus: 19 personnes se sont immolées par le feu, pendues, noyées, jetées sous un train, d’un pont, de la fenêtre du bureau, ou ont avalé des médicaments.) On s’aperçoit que dans les services publics en voie de privatisation comme la SNCF prise dans le collimateur de l’ogre capitaliste, 57 cheminots se sont suicidés en 2017, selon Sud-Rail. Tout ce qui nie l’humain est désastreux. Le capitalisme tue les humains et réduit la vie à néant.

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Amélie de Montchalin, secrétaire d’État chargée des affaires européennes, osait ânonner sa déclaration pitoyable sur l’immolation par le feu de l’étudiant Anas Kournif, en disant que cet acte n’avait « aucun sens politique », alors que l’étudiant, avant de s’immoler accusait Sarkozy, Hollande, Macron et l’UE pour expliquer son geste de désespoir! La seule réponse de cette personne peu crédible, a été de condamner sévèrement la « récupération politique » de l’acte par des groupes d’opposition, en appelant à la répression violente policière de tous ceux qui protestaient et soutenaient Anas Kournif. Il est clair que cette « Amélie de Montchalin » et tous ses complices de la bande LREM s’ajoutent à la liste des criminels macroniens qui devront rendre des comptes prochainement.

7 – Cohérent avec la pratique du mépris et de l’arrogance de Macron, le gouvernement  n’hésitait pas à faire peser la responsabilité du déficit de la sécurité sociale sur le mouvement des Gilets jaunes! Le Figaro titrait, sans complexe: «Le trou de la sécu de retour après les gilets jaunes!» Macron décidait de faire peser sur la sécu, les fausses mesures qu’il prenait, dans le but espéré de calmer la révolte « les Gilets jaunes ». Il est évident que ce déficit de la sécurité sociale, couvrant plusieurs secteurs de la solidarité nationale, allait gravement impacter ceux-là même que le régime macron prétendait « aider »…

La réalité était plutôt, rappelons-le, dans le fait que le crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE), conçu pour favoriser l’emploi, n’avait avantagé que les grandes entreprises du CAC40 qui ont en même temps baissé leurs cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 2,5 fois le SMIC.

Cela signifiait donc 42 milliards d’euros de manque à gagner, chaque année, pour les finances publiques et un sabotage flagrant du système des cotisations de la sécurité sociale. Ceci est rigoureusement vérifiable et incontestable. Ceux qui osent encore le nier sont, ou des collabos assumant leur perversion, ou des naïfs débonnaires, depuis trop longtemps manipulés par la propagande mensongère de l’étatisme mafieux, et qui ont adopté l’habitude de prendre les vessies pour des lanternes!

Toutes les aides sociales allaient massivement baisser et les prélèvements brutalement augmenter pour les plus modestes des Français!

Les Gilets-jaunes exigeaient un vrai plan de lutte contre la fraude fiscale qui détourne chaque année entre 80 et 100 milliards d’euros de l’impôt et qui prive la Nation de nombreux investissements nécessaires. Le peuple Français réclame encore que les grandes entreprises ne puissent plus pratiquer l’évasion fiscale par les combines « légalistes » leur permettant de transférer leurs profits dans ces pays « d’accueil » et de faire en sorte que leurs activités soient artificiellement déficitaires en France. 

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8 – La réforme des retraites conduite par le régime macronien, a pour objectif théorique de créer « un système universel remplaçant les quarante-deux régimes actuels ». On peut résumer en disant qu’il est censé être plus juste, plus simple, plus lisible: « Un euro cotisé donnera les mêmes droits. (…) À carrière identique et revenu identique, la retraite doit être identique », annonçait Delevoye, relayé par un nouveau venu tout aussi illégitime que lui, dans cette mission consistant à faire avaler aux Français cette histoire fastidieuse de « réforme des retraites », qu’on devrait plutôt appeler enfumage du citoyen ordinaire. Ainsi, à carrière courte et faible salaire, faible retraite! La même chose pour tout le monde…! 

Dans ce projet du régime macronien sur les retraites, il y a une myriade de questions éludées, comme celles qui concernent la prise en considération de l’espérance de vie… Rien que ce dossier sur l’espérance de vie est à lui tout seul d’une complexité quasi impossible à traiter par la simplification annoncée. Pour résumer: la capitalisation relève d’une logique d’assurance individuelle, aux antipodes de la solidarité qui est un fondement de la protection sociale française depuis le pacte du Conseil National de la Résistance. 

Le projet de Macron dit : «La retraite est le reflet de la carrière… Si vous avez une belle carrière, vous avez une belle retraite ; si vous avez une moins belle carrière, vous avez une moins belle retraite! » 

Ce raisonnement est considéré comme juste! Alors que c’est précisément le contraire qui est vrai: car si vous n’avez pas pu avoir une belle carrière, et il y a de multiples raisons possibles à cela, les plus évidentes étant bien entendu celles qui sont la conséquence directe des injustices sociales et des inégalités de classes, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer. C’est précisément dans ce cas là qu’il faudrait aider les retraites qui, sans cela, seront misérables. On le voit bien: les pauvres, les défavorisés socialement seront mécaniquement livrés à la précarité durant leur temps de retraite. Pour des millions de personnes, il s’agit, si l’on prend au sérieux cette « réforme des retraites », d’envisager de finir leur vie dans la misère et on n’a pas fini de voir des vieux (comme des moins vieux) gisant sur des cartons à même les trottoirs des mégapoles, comme c’est déjà le cas.

9 – Nous savons tous par expérience que l’injustice sociale tue. Ce sont des millions de personnes qui vont mourir prématurément, peu à peu en France comme aussi ailleurs en Europe, non seulement dans l’indifférence totale des riches au service du Capital, mais de plus, réprimées brutalement par la milice des pouvoirs collabos de l’ultralibéralisme inspirant l’UE, parce qu’elles ont osé dire qu’elles souffraient et qu’elles mouraient!

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Dans la logique capitaliste tout est voué à la destruction.  La destruction de Notre Dame de Paris en a été un symbole retentissant, puisque nous savons que cet incendie criminel a été organisé en étroite relation avec le gigantesque projet immobilier de l’île de la Cité et afin de permettre celui-ci, en contournant ainsi les règles de la protection des sites classés, grâce à un « incendie providentiel ». Les experts de l’État mafieux déclarant leur « histoire de mégot » capable de mettre le feu à la vitesse de la lumière dans une charpente quasi fossilisée par les 800 ans de son existence, ont ajouté leur « pierre » au monument du mépris et de l’arrogance pratiqués sans vergogne par l’impunité étatique depuis trop longtemps! 

Le capitalisme ultralibéral produit de la précarité en masse, du chômage de masse, de la pauvreté galopante, et la précarité tue. 

Les suicidés désignent par leurs gestes de désespoir les criminels qui les tuent! Toute l’histoire du capitalisme sous sa forme ultralibérale n’est qu’une histoire de destruction systématique de tout ce qui n’est pas la vie en soi. Le plus sidérant de tout, c’est de constater l’inconscience absolue de ceux qui farouchement défendent cette logique de destruction, sans même voir qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont pourtant assis. Ce sont les imbéciles heureux qui ricanent bêtement en se moquant de ceux qui « ne sont rien », des « sans dents » ou des « Gaulois réfractaires », en un mot, des abrutis qui « n’ont pas pu s’offrir une Rolex avant 50 ans »!

Les macroniens se scandalisent au plus haut point pour des Champs Élysées transformés en champ de bataille, pour des portes de ministère défoncées, pour le « guillotinage » ou le « décrochage » d’une photo de Macron dans les mairies, pour du verre cassé, mais ils ne verseront pas une larme pour les éborgnés et les mutilés à vie, les maltraités par leur politique criminelle et par les violences policières comme judiciaires, les gazés au cyanure, les morts, les suicidés et les immolés! Au contraire, certains d’entre eux réclament même que leur milice puisse tirer sur les Français à balles réelles…!

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Pas encore assez satisfaits du délire de la démolition, les macroniens veulent en ajouter une couche sur ce qui est déjà ahurissant: ils veulent faire prochainement passer une loi, ardemment souhaitée par les financiers et l’UE, et qui consiste à modifier substantiellement le droit de propriété sur les terrains à construire. Tout propriétaire d’un édifice, d’un appartement ou d’une maison deviendra locataire à vie de l’État propriétaire du terrain. Il sera donc également facile pour l’État mafieux d’exproprier un propriétaire récalcitrant, afin de l’obliger à payer son loyer à vie. C’est l’organisation du racket pur et simple déguisée en mesure nécessaire pour « limiter la flambée de l’immobilier! » 

En même temps, l’arrogance et le mépris continuent de trôner sur le cerveau malade de ce régime totalitaire: on décore de la Légion d’Honneur, un grand financier du clan des profiteurs d’en haut, pendant que le peuple proteste dans la rue, dans le froid, durant les fêtes, sans salaire et sans la moindre écoute à la légitimité de leurs revendications… Ce pouvoir souhaite clairement que ce peuple crève comme un chien dans la rue: il n’en a rien à faire; ça le laisse indifférent.

Enfin, dans cette logique capitaliste de la destruction, les émissions de dioxyde de carbone ont dépassé la capacité naturelle de la Terre à les assimiler. La moyenne annuelle a été de 411 parties par million (ppm). En mai, la barre des 415 ppm de CO2 a été franchie pour la première fois depuis 1958. C’est 100 ppm de plus qu’en 1958. On est passé de 315 ppm en 1958 à 415 ppm au pic du mois de mai 2019. Ce pic sera logiquement dépassé au mois de mai 2020. Tout cela augure une catastrophe climatique retentissante qui va faire le ménage sur Terre… (Cf., Global Climat, Johan Lorck, 29-12-2019) 

CONCLUSION

Pourquoi les Français attendent-ils quelque chose des prédateurs qui sont entrés par « effraction » à l’Élysée (dixit Macron lui-même) ? Pourquoi ne comprennent-ils pas qu’ils n’ont pas à obéir à des directives venant de Bruxelles, puisqu’ils ont voté « non » massivement au referendum sur la Constitution européenne en mai 2005 (54,87% des voix auxquels il faut ajouter les 30,26% d’abstentions. Le rejet d’une telle Union Européenne était donc massif en France – 85,13% des Français). 

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Les Français doivent organiser leur autonomie et reconquérir leur souveraineté constitutionnelle et monétaire. Les communes peuvent s’auto-organiser; les Régions peuvent inventer un autogouvernement sans tenir compte des lois et réglementations déversées en continu sur les pays embrigadés de force dans l’UE. Nous devons décoloniser les Provinces, à la fois de Paris et de Bruxelles. Les Français craignent-ils donc que les policiers de l’EuroGendfor aidés des milices de l’étatisme collabo français, viennent les soumettre par la force? Dans ce cas, qu’ils prennent les armes et qu’ils attendent ces forces de répression pour leur faire comprendre où est la place du peuple (dans le commandement) et celle de l’État (dans l’obéissance)…

Nous devons arrêter et désarmer toutes ces violences du capitalisme ultralibéral contre l’humain (et cela ne peut se faire avec des fleurs) ainsi que tous les serviteurs au service de ces violences, ou bien nous serons anéantis purement et simplement.

Références :

– « Bilan de la RGPP [révision générale des politiques publiques] et conditions de réussite d’une nouvelle politique de réforme de l’État », rapport de l’inspection générale de l’administration, de l’inspection générale des finances et de l’inspection générale des affaires sociales, La Documentation française, Paris, septembre 2012.

– Pierre Legendre, Trésor historique de l’État en France. L’administration classique, Fayard, coll. « Les savoirs », Paris, 1992.

–  Michel Onfray, « décoloniser les Provinces », les éditions de l’Observatoire, 2017.

– Jérôme Baschet, La rébellion zapatiste, Champs histoire, Flammarion 2019.

– Eric Hazan & Kamo, Premières mesures révolutionnaires, La Fabrique éditions, 2013.

– Comité invisible, A nos amis, La Fabrique éditions, 2014…

vendredi, 10 janvier 2020

De l’infaillibilité des éditocrates et son corollaire l’accusation de «complotisme» dans le débat français

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De l’infaillibilité des éditocrates et son corollaire l’accusation de «complotisme» dans le débat français

par René Naba
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les éditocrates : Des journalistes «embedded» au service de la classe dominante.

La fausse prédiction de Christophe Barbier sur la longévité politique de Jean Paul Delevoye, l’homme en charge de la réforme des retraites en France, de même que la mauvaise foi dont le journaliste du groupe Patrick Drahi a fait preuve dans sa défense, illustrent de manière symptomatique la présumée infaillibilité des prescripteurs d’opinion et, par leur nuisance et leur force d’intimidation, leur rôle néfaste dans la formation de l’opinion publique.

Le mal est ancien. Il est contemporain de la mondialisation du flux économique à l’échelle planétaire et de l’implosion du bloc soviétique, dans la décennie 1990, avec l’abolition de contrepoids idéologiques, induisant une synergie capitalistique entre médias et grands groupes industriels, faisant du premier le fleuron du groupe ou son lance flamme en fonction des besoins de la stratégie du conglomérat.

Cette forte concentration journalistique a conduit la presse dans les pays à marché exigu, -la France comparativement au Japon ou à l’Inde-, à s’adosser à des grands groupes industriels généralement tributaires des commandes de l’état et la promotion corrélative d’éditocrates prescripteurs d’opinion au service de leurs employeurs. Au service des possédants.

Des journalistes de brocante plutôt que des journalistes de légende

editocrateslivre.jpgPropulsés souvent à des postes de responsabilité non en raison de leur expérience, mais par le fait du prince, du fait de leur réseau relationnel, ayant pour seul viatique leurs diplômes universitaires et non des compétences attestées sur le terrain, les éditocrates se sont constitués en une caste élitiste, fonctionnant dans l’entre soi, s’érigeant en arbitre des élégances….Au service de la caste dominante.

Les «déjeuners du Torcello», qui réunissaient en Août, chaque été, à Venise, le lobbyiste Alain Minc, le Directeur du Monde Jean Marie Colombani et l’influenceur Jérôme Jaffré, Directeur d’un institut de sondage, pour définir la thématique politique de l’année à venir du «cercle de la raison» face à la «chienlit» du peuple, témoignent de la connectivité entre médias et monde des affaires, en même temps que de leur insupportable prétention.

Ainsi en 1994, le trio de Torcello avait décidé de propulser la candidature du premier ministre Edouard Balladur à la Présidence de la République contre son ami de trente ans le Maire gaulliste de Paris Jacques Chirac avec le succès que l’on sait, de même que la validation de la conception technocratique de la construction européenne, qui a été désavouée en France par le triomphe du NON au référendum de 1995 sur le Traité Constitutionnel. Le «cercle de la raison» est ainsi apparue comme une instrumentalisation élitiste de la raison, une dérive anti-démocratique de la raison.

Contrairement à ce qu’ils prétendent, les éditocrates ne sont nullement des nouveaux acteurs de la vie internationale. Ils font plutôt office de journalistes «embedded» dans une guerre d’intoxication de la société civile.

Le terme Embedded, littéralement «dans le même lit», a fait son apparition à la faveur de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003. Le procédé consistait à embarquer les journalistes dans le même convoi que l’armée américaine, un des protagonistes d’un conflit, de manière à créer une solidarité de survie entre l’envahisseur américain et le journaliste chargé de la couverture de l’invasion. Ce positionnement rendait l’objectivité du récit sujette à caution.

La corporation est majoritairement constituée de journalistes académiques pratiquant un journalisme institutionnel; Rarement des journalistes de légende qui vivent leur mission comme un sacerdoce.

Des journalistes de brocante, qui tirent profit du journalisme, du prestige de la fonction et de ses privilèges, mus souvent par des considérations extra journalistiques, notamment une position de pouvoir, une reconnaissance sociale ou bien encore des passe-droits ou des avantages matériels; Ou encore, plus souvent des crypto-journalistes, dont la profession sert au camouflage à leur militantisme politique.

Une dérive accentuée par le fort taux d’endogamie entre Média et Politique, dont les exemples les plus célèbres sont constitués par le tandem Bernard Kouchner-Christine Ockrent, Dominique Strauss Khan-Anne Sinclair,Jean Louis Borloo-Béatrice Schoenberg, François Hollande-Valérie Trierweiller.

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A l’endogamie se superpose un fonctionnement réticulaire, un fonctionnement en réseau favorisé par la civilisation digitaliste, à la manière de la «Bridage du LOL», une bande de jeunes ambitieux en phase de montée en puissance, sans le moindre esprit civique, qui a instrumentalisé sa connaissance des réseaux sociaux pour se livrer à des harcèlements cybernétiques et pointer à la vindicte publique des concurrents ou des rivaux idéologiques.

De la délation en somme. Une tare dont la France en a séculairement pâti avec «les Corbeaux» de la province française ou la délation durant la II eme Guerre Mondiale.

Ainsi au début du XXI me siècle, est apparu le terme qui se voulait infamant de nébuleuse «Rouge-Brun-Vert», visant à stigmatiser toute forme d’alliance horizontale des divers contestataires de la pensée dominante, le fameux «cercle de la raison» comme ils se désignaient, quand bien même ces contestataires constituaient une des composantes de la nation, notamment les exclus de la société d’abondance, «les gens d’en bas», comme ils les désignaient en les toisant de haut.

Rouge-Brun-Vert, dans le jargon éditocrate, renvoie à une alliance hideuse des Communistes (Rouge), des Fascistes (Brun) et des Islamistes (Vert).

Ce faisant, ces prescripteurs ont occulté la responsabilité des pays Occidentaux dans l’instrumentalisation des VERTS (Islamistes) dans la lutte contre les ROUGES (communistes) lors de la guerre d’Afghanistan (1980-1989) et l’implosion de l’Union soviétique, favorisant ainsi leurs alliés islamistes obscurantistes qu’ils qualifiaient alors de «Combattants de la Liberté».

De même que l’instrumentalisation des BRUN (fascistes) dans des opérations de déstabilisation interne des pays de l’Europe occidentale gouvernés par la Démocratie Chrétienne (BLEUS), comme ce fut le cas avec l’Affaire P2 en Italie (Cf: A ce propos l’affaire de la Ligue P2)

complot.jpgL’outrecuidance est telle chez ces délateurs de l’ombre qu’ils n’ont pas hésité à s’attaquer des personnalités d’envergue internationale réputées pour la vigueur de leurs travaux scientifiques à l’instar du savant atomiste belge Jean Bricmont ou du linguiste américain, Noam Chomsky, professeur au Massachussets Institute of Technology (MIT, auteur pourtant du monumental ouvrage –«The Manufacturing consent (Pantheon House Edition)- La Fabrication du Consentement» Edition Agone-Contre feux–, dans lequel le linguiste américain et son co-auteur Edward Herman, dénoncent les dangers de la synergie médias et trust sur le fonctionnement de la démocratie.

Cible privilégiée de ces pourfendeurs professionnels: les défenseurs de la cause palestinienne, leur cauchemar absolu, le thème de leurs imprécations permanentes contre cette alliance chromatique, maléfique à leur yeux, ainsi que le signataire de ce texte a pu en être la cible.

Sur l’amalgame Rouge-Brun-Vert, cf ce lien à propos d’un spécialiste de la délation subliminale, Jean Yves Camus, Directeur de «l’Observatoire des radicalités politiques» de la Fondation Jean Jaurès, un think tank proche du Parti socialiste

Autre variante de la stigmatisation sous couvert d’expertise universitaire

L’alliance Rouge-Brun-Vert a pu se décliner dans des variantes chromatiques invraisemblables, fruit de l’imagination fébrilement phobique des tenants de la pensée dominante, générant des êtres hybrides, polymorphes, tels Les islamo-gauchistes (alliance du Vert et du Rouge) ou mieux les islamo-nationalistes (Islamo-nationalisme), alliance du Brun et du Vert.

Ces prescripteurs d’opinion se vivent comme omniscients, infaillibles, ainsi que l’illustre le cas du plus en vue des éditocrates multi-médias Christophe Barbier dans l’affaire Jean Paul Delevoye ou encore la faillite collective des éditorialistes français lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005.

L’entrée en scène du terme complotiste

Le terme «complotiste» tire son origine du qualificatif désignant les partisans de la théorie du complot. Il s’est propagé dans le débat public, dans la première décennie du XXIème siècle, à la suite du raid terroriste du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuissance américaine.

complot222.jpgIl visait non seulement quiconque mettait en doute cette version de l’attentat pour l’exclure du débat public, mais même quiconque s’interrogeait sur la mansuétude américaine à l’égard du Royaume saoudien, incubateur du terrorisme islamique, la connivence saoudo américaine dans l’expansion du terrorisme islamique (Guerre anti soviétique d’Afghanistan) ou encore sur les raisons qui ont conduit quinze ressortissants du Royaume saoudien, un pays pourtant grand allié des Etats Unis, à se livrer à un acte d’hostilité de grande envergure contre le protecteur de la dynastie wahhabite.

«Complotiste» a même englobé dans l’opprobre quiconque s’est insurgé contre l’affirmation prétentieuse de Jean Marie Colombani, à l’époque directeur du journal Le Monde, selon lequel «Nous sommes tous Américains».

Par son ton péremptoire, l’éditorial a résonné comme une sommation planétaire à laquelle tous les peuples de la terre devaient y souscrire, inconditionnellement, indépendamment des souffrances dont ils ont eu à pâtir de la part de la puissance américaine:

  • Les Vietnamiens carbonisés par l’agent Orange;
  • Les Latino-américains décimés par le plan Condor;
  • Les Palestiniens affligés par l’alignement inconditionnel des Etats Unis à la frange la plus extrême de l’Establishment militaire israélien; ,
  • Enfin, dernier et non des moindres, les «native»Indiens d’Amérique spoliés de leur terre ancestrale.

A posteriori la proclamation triomphaliste de Jean Marie Colombani s’est révélée être celle d’un «blanc-nanti, nombriliste européo centriste», fatale à sa réputation et à son destin.

Pour l’édification des générations futures, ci joint l’éditorial tristement célèbre de Jean Marie Colombani

Par extension, «complotiste» s’est appliqué à quiconque mettait en cause la doxa officielle atlantiste que cela soit en Libye, –où l’intervention de l’Otan s’est justifiée par une altération des termes de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la Libye. Ou encore en Syrie, qui fut sur le plan de la propagande, «la mère de toutes les batailles du mensonge».

La guerre de Syrie: un conditionnement par désinformation. «La Guerre G4»

La guerre d’Irak, qui a duré 7 ans (2003-2010) a été, chronologiquement, la première grande fumisterie du XXI me siècle. La guerre de Syrie (2011-2020) qui s’est engagée en 2020 dans sa 9eme année, constitue, par son ampleur, la plus importante fumisterie du siècle naissant.

complotlibé.jpgTournant majeur dans la guerre médiatique moderne, par sa durée et sa violence et le nombre des intervenants, de même que par la démultiplication des outils de communication individuels (blogs, Facebook, twitter), elle passera dans les annales comme la forme la plus achevée du conditionnement de l’opinion par la désinformation avec un dispositif assurant une circulation circulaire de l’information et l’ostracisation véhémente de toute pensée critique.

En superposition à l’effet mainstream multiplicateur de propagande des grands titres de la presse traditionnelle, cette déclinaison médiatique a entrainé une surexposition de l’information et mis en œuvre de nouveaux intervenants sur la scène médiatique, de nouveaux prescripteurs d’opinion, recyclés via la notoriété du micro blogging en autant d’amplificateurs organiques de la doxa officielle. Les drones tueurs de toute pensée dissidente.

Des islamophilistes faisant office de véritables prédicateurs des temps modernes, rompant avec la traditionnelle retenue des universitaires, à coups d’anathèmes et d’invectives, pour l’intimidation et la criminalisation de leurs contradicteurs.

Un guerre 4 me génération ou «Guerre 4 G», selon la typologie occidentale, par une intoxication tous azimuts, à la manière d’un tir de saturation, infiniment plus toxique que la guerre d’Irak, en ce que les bi nationaux syro occidentaux qui se sont enrôlés sous la bannière de l’OTAN dans une fonction mercenaire au service des groupements islamistes pour la destruction de leur pays d’origine, a été infiniment plus importante que ne l’ont été ces intervenants dans la guerre d’Irak.

Pour ces concepteurs, l’objectif est d’une grande limpidité: La désinformation par la surinformation pour provoquer la désorientation du citoyen et sa dépolitisation.

La guerre de substitution à l’Iran a ainsi été présentée par les médias occidentaux, particulièrement français, comme un combat pour la démocratie alors qu’elle a été menée en fait par de hordes de terroristes islamistes, mercenaires des pétromonarchies, pays réputés parmi les plus obscurantistes de la planète, alliés paradoxalement aux «grandes démocraties occidentales».

Une guerre de prédation économique des pays arabes sans endettement extérieur, menée par des pays occidentaux, particulièrement européens (France-Royaume Uni), en crise systémique d’endettement.

Même le journal jadis de référence Le Monde a succombé à cette tentation réservant, dans ses colonnes, deux meurtrières à des spécialistes de l’intoxication, notamment le qatarophiliste auto-proclamé Nabil En Nasri qui s’est reconverti dans la «déradicalisation» après avoir soufflé sur les braises et surtout «l’oeil borgne sur la Syrie de l’ancien chiffreur de l’ambassade de France à Damas, Ignace Leverrier, de son vrai nom Pierre Vladimir Glassman, que les démocrates arabes qualifiaient par dérision depuis Beyrouth d’«Al Kazzaz», par allusion à la transparence de son camouflage.

complotlivre.jpgLe Monde rectifiera le tir au terme d’une longue errance marquée par la l’éviction de sa directrice Nathalie Nougareyde, la fermeture des blogs toxiques tels celui du qatarologue autoproclamé Nabil En Nasri, la mise en veilleuse du blog «l’Oeil borgne sur la Syrie» de son animateur Nicolas Hénin, successeur de Vladimir Glassman Leverrier dans cette sale besogne, enfin l’exfiltration vers Moscou de la responsable de la rubrique Maghreb, Isabelle Mandraud, auteure d’un invraisemblable ouvrage sur le parcours d’Abdel Hakim Belhadj, N 3 d’Al Qaida et chef des groupements islamistes libyens en Afghanistan, intitulé «Du Djihad aux urnes. Le parcours singulier d’Abdel Hakim Belhadj» (Editions Stock).

Sur ce lien le plaidoyer d’Isabelle Mandraud sur la conversion d’Abdel Hakim Belhadj, qui contredira, par malchance, les prévisions de la prétendue spécialiste Maghreb du Monde, terminant son «parcours singulier» comme chef de Daech en Libye. Aux antipodes de la démocratie.

Ou encore l’interprétation surréaliste du chef du service international du journal de référence Christophe Ayad, présumé spécialiste sur l’Egypte sur la métaphore animalière du «Cobra et la Mangouste», célébrant le triomphe de Mohamad Morsi sur l’armée. Une sentence aussi éphémère que prétentieuse: le premier président néo islamiste d’Egypte sera renversé par l’armée, moins d’un an après son arrivée au pouvoir et la marge de manoeuvre de Christophe Ayad réduite, doté désormais d’un contrepoids en la personne de Marc Semo, correspondant diplomatique.

Sur ce lien, la prédiction inoubliable du chef du service international, qui fut un temps, candidat à la direction du Monde

Point n’était besoin pourtant d’être un grand exégète devant l’éternel pour comprendre la déconfiture de Mohmad Morsi, dont le sort avait été scellé lorsqu’il avait décrété le djihad contre la Syrie, un pays qui avait mené 4 guerres aux côtés de l’Egypte contre Israël.

Sur le lien les raisons de la déconfiture du premier président néo islamiste égyptien:

Pour aller plus loin sur le dispositif médiatique français dans la guerre de Syrie et la circulation circulaire de l’information, cf ce lien

Et le rôle du chef de meute des islamophilistes, idiot utile du terrorisme islamique, François Burgat

Ou enfin les errements du Journal Libération et les élucubrations intellectoïdales de son responsable pour le Moyen Orient Jean Pierre Perrin

Depuis son éviction annoncée par Libération, le Général Ali Mamlouk, patron des services secrets syriens, s’est mû en globe trotter, sillonant la planète pour le compte de son président Bachar Al Assad, à Riyad, Le Caire, Moscou et même l’ESt de l’Euphrate, où il s’est rendu à l’automne 2019 pour menacer les Turcs d’une guerre de guérilla contre les troupes turques en vue de les déloger du territoire syrien.

Quant au protégé de Libération l’ancien cacique baasiste Riad Hijad, désavoué par ses employeurs pétromonarchiques, il trouvera refuge aux Etats Unis, son forfait accompli, richement doté de ses turpitudes.

complotlivre2222.jpgAvec pour inévitable conséquence, la relégation de la France du rang de chef de file de la coalition islamo-atltantiste à celui d’affinitaire et la promotion de la Russie au rang de co-décideur des affaires du Moyen Orient.

Dans une société où la communication est Reine, avec la profusion des communicants et des influenceurs et leurs «éléments de langage»,-en fait les thèmes de la propagande-, le terme «complotiste» retentit comme un qualificatif de stigmatisation, dont l’objectif majeur est de réduire au silence toute pensée dissidente en jetant un voile de suspicion sur les propos du contestataire.

A OCCULTER EN FAIT, LA CONNIVENCE DES EDITOCRATES DANS UNE OPERATION D’INTOXICATION DE l’OPINION, ALORS QU’ILS SONT SINON CO AUTEURS, A TOUT LE MOINS COMPLICES D’UNE FALSIFICATION.

La subvention au titre du pluralisme de la presse: Rare cas d’aberration mentale.

A diffusion réduite mais à prétention magistrale, bénéficiant de surcroît d’une subvention de l’état au titre du pluralisme de la presse, ils exerçant, paradoxalement, une vigoureuse censure à l’encontre de citoyens- contribuables qui concourent pourtant à leur subvention. Le comportement des médias français, erratique, relève de la psychiatrie; rare cas d’aberration mentale de l’intelligentzia française.

Sans la moindre légitimité populaire, encore moins le moindre mandat judiciaire, en dehors de toute instance professionnelle, l’éditocrate s’est ainsi érigé en accusateur en ce qu’il s’octroie un droit abusif de censurer ses collègues, sans la moindre limitation. Ce faisant, il s’est substitué ainsi au pouvoir régalien de l’Etat, émanation de la volonté du peuple souverain.

Cette intolérance à l’égard de toute pensée dissidente, ce comportement de type totalitariste a provoqué une forte déperdition du lectorat de la presse traditionnelle et sa projection vers le monde de l’information électronique.

Un des phares de la pensée de gauche dans la décennie 1980, le journal fondé par le philosophe Jean Paul Sartre, Libération, désormais propriété du milliardaire Patrick Drahi, a vu son tirage fondre à 40.000 exemplaires. La sanction d’une dérive en même temps que de son magistère autocratique.

L’adage est bien connu: «Sans la liberté de blâmer, il n’y a pas d’éloges flatteurs» tant il est vrai que la fonction du journaliste n’est pas de brosser dans le sens du poil, mais de mettre le doigt là où cela blesse.

La stigmatisation et l’anathème ne sauraient être la panacée à tous les maux de la presse française, au delà à tous les maux de la société française, pas plus que les postures, qui masquent souvent des impostures.

Pour aller plus loin sur ce sujet: le fonctionnement réticulaire de la chorégie néo conservatrice française: Nicolas Tenzer, Nicolas Hénin, Bruno Tertrais et Stéphane Grimaldi, ce lien:


- Source : Madaniya (Liban)

jeudi, 09 janvier 2020

Antimanuel de Pédophilie par Michel Onfray

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Antimanuel de Pédophilie

Par Michel Onfray

Ex: https://leblogalupus.com

« Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes, Conduis-moi au pays où vivent les braves gens » — Michel Houellebecq, La Poursuite du bonheur (1991)


Il m’a été rapporté que, dans le flot des commentaires du net concernant ce qu’il est désormais convenu de nommer l’Affaire Matzneff, il a été dit que « même Onfray » avait défendu la pédophilie en son temps! Or, il n’en est rien.

Voici donc le texte incriminé: il propose un travail philosophique généalogique (comment devient-on pédophile?) et y répond avec les catégories de la psychologie classique (le déterminisme psychique de l’inconscient -qui peut n’être pas freudien, je précise puisque désormais il faut tout sous-titrer, Nietzsche en parle dès les années 80 du XIX° siècle en le nommant « la Grande Raison »…). Dire qu’on ne naît pas pédophile mais qu’on le devient sans pour autant le choisir n’est pas validation éthique et morale de cette pratique que j’ai toujours condamnée (un texte de 1997 en atteste) mais dont on peut vouloir se demander, en tant que philosophe, de quelles logiques elle procède!

C’est un texte publié dans un Antimanuel de philosophie destiné aux apprentis philosophes, soit de classe terminales, mes élèves de l’époque, soit à qui voudra. Cette analyse visait à faire penser aux élèves l’articulation liberté & déterminisme, choix & fatalité, volonté & prédétermination -et ce dans le cadre du programme de classe Terminale technologique qui, parmi neuf notions, proposait l’examen du concept de Liberté. Il a été écrit il y a vingt ans.

Fidèle à l’esprit de Spinoza qui invitait à ni rire ni pleurer, mais comprendre et à celui de Nietzsche qui appelle à se demander pourquoi et comment les choses sont ainsi et pas autrement, j’ai souhaité avec mes élèves penser la pédophilie sans autre souci que de la penser. Dire qu’elle était institutionnelle et codée chez les Grecs ne consiste pas à défendre la pédophilie, tout comme faire savoir qu’on envoyait à la mort les enfants mal-formés à Sparte ne revient pas à une défense de l’infanticide. De même, rappeler que le Moyen-Age pratiquait abondamment la peine de mort ne vaut pas défense de la peine de mort…

Je crains qu’un jour, au point d’imbécillité de masse auquel nous sommes parvenus, un historien républicain qui publierait une biographie d’Adolf Hitler ne soit considéré comme hitlérien et sommé par la vocifération du net de faire amende honorable…

« Un éducateur pédophile choisit-il sa sexualité?
Sûrement pas, sinon, il choisirait vraisemblablement une autre sexualité, moins dangereuse socialement, moins risquée pour tous ses équilibres acquis dans la société (famille, situation dans la cité), moins discréditée est détestée par tous et toutes, et, surtout, moins traumatisante pour ses victimes souvent nombreuses et définitivement marquées. La pédophilie d’un individu signifie une attirance sexuelle irrésistible et irrépressible vers une catégorie de personnes (les enfants en l’occurrence) qui, de façon exclusive, lui permet d’assouvir ses pulsions.

 Avoir le choix suppose de pouvoir nettement et clairement opter pour une pratique plutôt qu’une autre, en pleine connaissance des enjeux. C’est examiner, comparer, calculer, puis élire un comportement plutôt qu’un autre. Ainsi, si le pédophile choisissait librement de l’être, il pourrait tout aussi bien user de sa liberté pour choisir de ne pas l’être. De même, à l’inverse, vous qui n’êtes pas pédophile (du moins je le suppose…), avez-vous la possibilité de le devenir, de choisir de l’être? Pas plus que cette victime de soi ne veut cette sexualité, vous ne voulez la vôtre. Son incapacité à s’exprimer sexuellement dans une sexualité classique égale votre incapacité à vous épanouir dans la sexualité qui le requiert, l’oblige et s’impose à lui.

On ne naît pas pédophile, on le devient.
Quand on est dans la peau d’un individu qui n’a pas le choix et subit son impulsion sans pouvoir y résister (de même pour la vôtre qui est, par chance, socialement et culturellement correcte), on subit un déterminisme. Le déterminisme suppose une force contraignant un individu à se comporter d’une façon qui ne relève pas d’un choix conscient. Nous procédons tous d’une série de déterminismes qui, pour la plupart, visent à nous transformer en modèles sociaux: bons époux, bonnes épouses, bonnes femmes d’intérieur, bons enfants, bons employés, bons citoyens, etc. Et malgré le processus éducatif, certains dressages ne suffisent pas pour empêcher la tendance à un comportement déviant.

Ainsi de l’homosexualité, pratiquée, tolérée, encouragée ou interdite, pourchassée, criminalisée suivant les siècles. Aujourd’hui, en France, elle est devenue légalement une pratique sexuelle et relationnelle presque comme une autre, et dans les esprits un comportement de moins en moins rejeté illustrant une autre façon de vivre sa sexualité que l’hétérosexualité classique mise en avant par les modèles sociaux dominants. Un homosexuel ne se détermine pas à cette sexualité-là, elle s’impose à lui; de la même manière qu’on ne se choisit pas un jour hétérosexuel, on se découvre tel. Tant mieux si la sexualité qui nous échoit (nous tombe dessus) est acceptée ou tolérée par la société dans laquelle on vit.

Un pédophile dans la Grèce de Platon n’est pas condamné ou condamnable. Mieux, il agit dans une logique défendue par la société; à l’époque une relation pédagogique passe par une relation sexuée puis sexuelle. Socrate pratiquait ainsi avec les élèves qu’il trouvait spécialement beaux -ainsi Alcibiade, Charmide, Euthydème, Phèdre (qui donnent leur nom à des dialogues de Platon), Agathon et tant d’autres. En ces temps, le philosophe pédophile vivait une relation éducative normale, naturelle. Aujourd’hui, il devrait faire face à des plaintes de parents, à une mise en accusation au tribunal, à un déplacement hors académie ou une radiation de l’Éducation nationale. Un déterminisme peut être façonné par le contexte socioculturel de l’époque: l’interdit ou l’autorisé du moment contribuent à fabriquer une façon d’être et de faire. A l’aire atomique, Socrate croupirait en prison, détesté par tous, maltraité par surveillants et détenus.

Le coupable en un lieu et en un temps ne l’est plus dans un autre lieu et dans un autre temps. Une époque, une histoire, une géographie, une culture, une civilisation fabriquent des déterminismes auxquels on n’échappe pas. Le poids du social pèse lourd dans la constitution d’une identité. Vous êtes en partie un produit de votre milieu, la résultante de combinaisons multiples et difficiles à démêler d’influences éducatives, de contraintes mentales affectives, de constructions familiales. Au bout du compte, votre être résulte de nombreux déterminismes contre lesquels vous pouvez plus ou moins, voire pas du tout, vous rebeller ou résister.

zeus-ganymede.jpgLe déterminisme peut être également psychologique, en l’occurrence génétique: on ne choisit pas son corps et les caractères transmis par l’hérédité. Certains sont dits récessifs (vous les portez en vous, ils ne sont pas visibles directement, mais se manifesteront dans votre descendance), d’autres dominants (on les voit tout de suite en vous: couleur d’yeux, de cheveux, sexe, tendance au poids ou à la maigreur, à la grandeur ou à la petitesse, prédisposition à certaines maladies – cancers, hypertension, hypercholestérolémie, etc., ou héritage de maladies -diabète, hémophilie, etc.). Qui reprocherait à un adulte de développer un cancer de forte nature héréditaire? De la même manière nous échoient un tempérament sexuel ou une santé spécifique.

Libertins timides ou bénédictins cavaleurs?
Un corps singulier dans une époque donnée, et vous voilà déterminé par des influences nombreuses. Les plus puissantes et les moins nettement visibles, mais les plus repérables par leurs conséquences, ce sont les influences psychiques. La psychanalyse enseigne l’existence d’un inconscient, un genre de force qui choisit en chacun et l’oblige à être et à agir sans possibilité d’échapper à sa puissance. L’inconscient emmagasine des souvenirs, il est plein de pulsions, d’instincts de mort et de vie dirigés contre soi ou contre les autres, il regorge de traumatismes, de douleurs, de blessures, de plaisirs, il est invisible à la conscience, on ignore sa nature véritable, sauf dans certains cas, par bribes, par morceaux, mais toujours et pilote la barque.

Ce qu’est chacun d’entre nous, ses goûts et ses dégoûts, ses plaisirs et ses désirs, ses envies et ses projets, tout procède et découle de la puissance de l’inconscient. Ainsi on ne naît pas pédophile ou gérontophile (amateur de vieilles personnes), zoophile (d’animaux), masochiste (plaisir pris à subir la douleur) ou sadique (plaisir à l’infliger), on ne naît pas nécrophile (obsédé de cadavres) ou fétichiste (passionné par un objet particulier ou le détail d’un corps – des bas, un orteil, une oreille, etc.): on ne naît pas tout cela, on le devient, sans jamais l’avoir choisi, en ayant été déterminé par son inconscient qui, lui, donne ses ordres en fonction d’informations enregistrées dans l’enfance (parents violents ou laxistes, expériences douloureuses ou traumatisantes, amour excessif ou défaillant d’un père ou d’une mère, absence ou présence massive d’une figure maternelle ou paternelle à la maison, deuils ou maladies dans la famille, expériences frustrantes ou indicibles, existence ou manque d’affection, de tendresse, de contacts entre les parents et les enfants, incommunicabilité dans la famille, etc.).

Chacun de vous a été déterminé à être ce qu’il est aujourd’hui: cavaleur ou timide, libertin ou bénédictin, collectionneur infidèle ou monogame fidèle. Et si le choix existait, hors déterminismes, la plupart choisiraient d’être autre que ce que ce qu’ils sont et voudraient plutôt l’épanouissement, l’harmonie, la joie, la paix avec eux-mêmes et les autres -au lieu de l’inverse, si souvent la règle. Sinon, pourquoi autant de violences, de misères, de pauvretés sexuelles, sensuelles, affectives? Pour quelles raisons le plus grand nombre se contenterait-il d’une vie si difficile s’il suffisait de vouloir une autre existence pour qu’elle advienne?

Généralement, un individu dispose d’une liberté minimale et subit des contraintes maximales. Certains sont puissamment déterminés par leur milieu, leur époque, leurs gènes, et leur liberté est égale à zéro (ainsi un autiste, un trisomique, un enfant du tiers-monde ou du quart-monde); d’autres, plus chanceux, car ils n’ont pas davantage choisi leur état, voient leur part de liberté plus grande parce que les déterminismes auxquels ils ont eu à faire face, ou auxquels ils font face, pèsent moins lourd. Dans tous les cas, on constate que la liberté existe en doses différentes chez les individus -totalement inexistante chez certains, importante pour d’autres. Mais à chaque fois, pour l’essentiel (les grandes lignes et les grandes directions d’un caractère ou d’un tempérament), on est choisi par plus fort que soi, on obéit. La croyance à la liberté ressemble étrangement à une illusion. »

Michel Onfray
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/antimanuel-de-pedophilie

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Du bon usage de » la Pédophilie

A la faveur de la parution d’un livre de Vanessa Springora intitulé « Le Consentement » (Grasset), la presse nous annonce pour la rentrée de janvier une affaire Matzneff qui met en scène le pédophile et ses relations avec un nombre considérable de protagonistes issus du milieu parisien, de Philippe Sollers à Frédéric Mitterrand en passant par Christophe Girard, mais aussi Bertrand Delanoë, Jean-Marie Le Pen et Bernard Pivot (cf. L’Express: « Quand la république décorait Gabriel Matzneff » par Jérôme Dupuis, le 27 décembre 2019), la liste s’allonge et il se pourrait bien qu’on aille de découverte en découverte.

L’équipe de Sollers m’avait sollicité pour le numéro 59 de sa revue L’Infini dont le titre était « La question pédophile ». J’avais donné ce texte: Du bon usage de la pédophilie -je me souviens qu’il était l’un des rares à ne pas défendre la pédophilie… J’y critiquais l’étrange statut d’extraterritorialité qui permettait aux pédophiles puissants du monde germanopratin d’échapper à la loi qui frappait, à juste titre, les misérables de la pédophilie.

C’était en 1997 -c’est-à-dire il y a vingt-deux ans. Le voici:

Du bon usage de la pédophilie

Je lis et relis Pascal comme Montaigne ou les Lettres à Lucilius de Sénèque, le soir, la nuit tombée, ou vers deux ou trois heures du matin, quand tout bruit sourdement dans la lenteur du temps épuisé et fatigué. Dans le flux de ces pages, cardinales à mes yeux, brillent des pépites qui éclairent le silence des noctambules. J’y trouve des viatiques, des occasions de méditation, des maximes utiles pour tâcher de mener une existence philosophique, voire des sésames avec lesquels poursuivre une conversation entre soi et soi, ou soi et le monde. Dernière phrase en date, lue dans les Pensées: « Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance de choses dont on n’adore point les originaux! » Le fragment a beaucoup servi aux candidats bacheliers. J’ai bien dû moi-même l’infliger à des impétrants condamnés à me rendre des copies sur ce sujet… Mais en dehors de la classe de philosophie, que peut-on penser à partir de cette proposition?

Bien sûr: le divertissement, les beaux-arts comme détournement de l’essentiel, la vanité d’imaginer la possibilité de combler la misère de l’homme sans Dieu par l’artifice de la peinture et autres billevesées esthétiques (musique, littérature, philosophie, poésie, architecture, théâtre, etc.); certes: la critique philosophique de l’illusion et la célébration de l’austère réalité; ou encore: l’opposition, déjà, entre le virtuel esthétique et le réel naturel; ou bien: des méditations sur semblance et ressemblance, puis leurs relations avec la vérité; mais aussi: l’étrange alchimie générée par l’art qui éloigne du monde au nom d’un monde, qui célèbre un univers fictif au détriment d’un autre, immanent, concret et matériel; et puis, cette idée susceptible d’extrapolation: l’art contraint insidieusement à accepter, transfigurée, une réalité refusée sinon, il rend présentable, voire désirable, des faits et gestes, des choses et des situations qui, en dehors de cette transposition, nous froissent, nous choquent, nous hérissent, voire nous dégoûtent. L’art comme excipient du pire?

Y a-t-il, dans le monde esthétique, des occasions de montrer un réel refusé ou condamné autrement, en l’occurrence dans ses incarnations triviales? Bien sûr, notamment en matière de consensus politiquement correct: haine de la guerre (et présentation de celle-ci dans Guernica, la toile emblématique des leçons de morale pacifistes du siècle écoulé); mépris de la société de consommation (et mise en scène de celle-ci dans les boîtes de soupe Campbell sérigraphiées puis surfacturées par Andy Warhol); dénonciation de l’accumulation des richesses, du capital, des objets et de l’affolante production des valeurs d’usage (mais proposition de celles-ci esthétisées dans les compressions de César ou les accumulations d’Arman); condamnation de l’émergence de la publicité (et exposition d’affiches lacérées prélevées telles quelles sur les murs des villes par Hains ou Villéglé); fustigation de l’intellectualisme et de la cérébralisation de l’art contemporain (puis réinvestissement du discours culturel et de la rhétorique esthétique dans le monde de l’art brut et de la marchandisation de la peinture de Jean Dubuffet). Partout on critique un monde qu’on célèbre une fois esthétisé, transfiguré en objet d’art.

Étrange ruse de la raison: on finit par renverser l’expression populaire “ne pas supporter, même en peinture” et affirmer: “ supporter, parce qu’en peinture”. Comme si l’oeuvre mettait à distance et que dans cette distanciation on retrouvait la sérénité impossible dans le contact direct. Ce qui blesse réellement ravit une fois peint ou sublimé sur le terrain des beaux-arts. L’inceste effraie dans la réalité, mais séduit transformé en livre à succès; le criminel attire sur lui la déconsidération, mais redevient fréquentable une fois devenu sujet de roman; le viol inquiète dans la rue, mais appelle le génie dès lors que cette brutalité se propose sous forme de film; la violence tétanise dans les banlieues, les cités, les villes nouvelles, mais ravit une fois mise en scène dans des spectacles à grand budget. Catharsis diagnostiqueront les psychologues: on purifie en mettant à distance, on nettoie les affects en les projetant dans un objet tiers chargé d’assurer la présentation acceptable, puis la respectabilité.

Ainsi de la pédophilie qui réussit à fédérer l’ensemble de la société française, dans toutes ses composantes intellectuelles et philosophiques, politiques et spirituelles, dès qu’il s’agit de juger des faits. Aucune voix ne s’élève pour défendre, expliquer, raconter, justifier, atténuer la pratique pédophile d’un prêtre de province condamné à dix-huit années de prison. Pas de pétition d’intellectuel, de soutien des plumes habituées à brandir la pancarte humaniste, à proférer le slogan compassionnel et à se présenter en figure incarnée des droits de l’homme si l’on juge au tribunal un instituteur, un moniteur d’équitation ou un quidam qui ignore tout de Platon, des rapports d’éraste et d’éromène entre Socrate et Alcibiade, qui n’a pas lu la littérature grecque sur ce sujet et pratique l’amour des jeunes garçons et filles en inculte actif, innocent des coutumes hellénistiques à même de lui assurer une couverture théorique. Pas même d’anciens auteurs naguère défenseurs actifs de la cause qu’on découvre désormais silencieux…

Dans l’absolu, la question de la sexualité des enfants génère un silence gêné. Le plus modeste lecteur de Freud et le moins averti des récentes découvertes de l’éthologie sait désormais l’enfant pourvu d’une sexualité dès ses gesticulations initiales dans le ventre maternel. Les premières érections des petits garçons se vivent dans le placenta, les premiers mouvements de contraction des cuisses des petites filles également. Le fameux polymorphe pervers qui choque tant la bourgeoisie viennoise dès son baptême freudien se voit pourtant refuser purement et simplement l’existence charnelle effective par les intellectuels pourtant prompts à saisir l’occasion de défendre les exploités, les réprouvés, les oubliés, les négligés, les sans-grades, les privés d’humanité.

A contraindre les enfants à renoncer à leur sexualité on crée une situation qui les condamne à subir, ignorants, la névrose des adultes. Exclus de la possibilité d’une vie sexuelle entre eux, interdits d’épanouissement libidinal dans leur monde singulier, privés d’autonomie corporelle, ignorants leurs potentialités propres, confinés dans un auto-érotisme associé par la civilisation familialiste (prêtres et médecines acoquinés) à la culpabilité, faussement représentés et pensés dans la posture d’angelots asexués, ils deviennent facilement les victimes d’adultes qui profitent de leur supériorité physique, psychique, rhétorique, sociale, économique pour obtenir d’eux des faveurs qui les transforment en victimes idéales. Incapables d’entretenir des relations dignes de ce nom entre eux, ces adultes infligent leur misère sexuelle à des corps objectivés et terrorisés. La pédophilie se nourrit de l’insouciance des enfants exploitée par des adultes névrosés, impuissants à communiquer, et qui triomphent en abuseurs de chairs dépourvues des moyens d’une relation égalitaire.

Cette pédophilie construite par une civilisation négligente des enfants et castratrice des adultes les plus faibles a généré contre elle un consensus de la morale, du jugement et de la justice. Elle induit l’unanimité de la réprobation dès qu’il s’agit de faits et gestes repérables dans la trivialité de la vie quotidienne. Pas de quartier pour l’éducateur, pas de pitié pour l’enseignant, pas de circonstances atténuantes pour le prêtre, pas d’indulgence pour l’entraîneur et, en même temps, une extrême tolérance pour les artistes, au sens large du terme, qui exploitent le filon pédophile et mettent en scène l’amour des enfants dans leurs romans, essais, peintures, dessins ou photographies. Je songe à Nabokov (qui célèbre les Lolita entre neuf et quatorze ans), à Gide, sûr de l’impunité offerte par le Nobel lorsqu’il collectionne les petits Arabes au Maroc, à Gabriel Matzneff (qui vante les mérites des moins de seize ans, et reconnaît dix ans comme une limite plancher), à Balthus, metteur en scène de nymphes alanguies, aux cuisses perpétuellement écartées et aux petits seins de jeunes filles à peine pubères, aux dessins de jeunes garçons filiformes et nus d’Otto Meyer-Amden, ou aux photographies kitsch et faussement grecques de Wilhelm von Gloeden amplement célébré par un René Schérer s’abritant derrière la caution fouriériste pour justifier la pédophilie dans la presque totalité de ses ouvrages philosophiques depuis plus de quarante ans.

Précisons, avant toute chose, ce qu’il convient d’entendre par pédophile. Étymologiquement, le mot désigne un individu qui aime les enfants. Aimer, au sens large, ne comprend pas le passage à l’acte sexuel. Le pédagogue et la pédagogie, le pédiatre et la pédiatrie, puis l’orthopédie et l’orthopédiste procèdent de la même racine -paedia, l’enfant qui, en latin, se dit infans: qui ne parle pas. Le pédophile aime l’enfant dans la relation qu’il entretient à lui: l’instruction de l’instituteur, l’éducation de l’éducateur, l’examen du médecin spécialisé, l’entraînement du moniteur, mais aussi le parent qui donne de l’affection à sa progéniture, tous expérimentent à des degrés divers le sentiment pédophilique. Par la suite, le terme caractérise également l’adulte qui aime amoureusement et désire sexuellement les enfants d’âge impubère ou juste pubère. Celui, aussi, qui passe à l’acte. Récemment, le pédophile est devenu le criminel sexuel, violeur, organisateur de rapts ou de ventes, de mises en scènes filmées ou photographiées, voire de crimes perpétrés sur les corps d’enfants et leurs personnes. Entre l’attention professionnelle de l’enseignant en primaire et la brutalité délirante du délinquant se déploie une série de possibilités. J’en choisirai deux.

La première met en scène Gabriel Matzneff, dont j’ai beaucoup aimé, naguère, les livres consacrés à la Rome impériale, au suicide chez les philosophes antiques, à la vertu des stoïciens, à la grande santé des poètes élégiaques, au dandysme de Lord Byron. J’ai également lu, quand j’avais vingt ans, ses chroniques dans Le Monde où j’aimais voir convoqués Horace, Lucrèce, Tibulle ou Properce, mais aussi Schopenhauer ou Nietzsche, pour commenter et regarder l’actualité avec un œil critique et intempestif. J’étais alors lecteur fidèle de ces textes d’homme libre.

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Plus tard, j’ai découvert, chez un bouquiniste, Les Moins de seize ans -un livre publié dans une collection dirigée par Jacques Chancel chez Julliard en 1974 et récemment réédité. Puis, Mes amours décomposés – Journal 1983-1984, un ouvrage (1990) dont l’éditeur est Philippe Sollers chez Gallimard. Ces deux volumes proposent noir sur blanc une justification théorique de la pédophilie pour le premier et, pour le second, une illustration de la thèse par un exposé détaillé, trivial, vulgaire, cru, narcissiste, mégalomane et d’une précision médicale sans limite, des pratiques du susdit en la matière.

J’ai cessé d’aimer cet auteur dont je croyais la vie exigemment indexée sur la pensée et vice versa lorsque, chez Bernard Pivot, faisant face à Denise Bombardier, une écrivaine québécoise lui disant que s’il n’était protégé par son statut d’homme de lettres bien intégré dans le milieu parisien et par l’affection du président de la République d’alors qui aimait aussi tel ancien préfet de Vichy, il irait tout droit en prison, Gabriel Matzneff a nié, joué l’écrivain sali, s’est abîmé avec une arrogante mauvaise foi dans une dénégation indigne d’un prétendu amateur de courage stoïcien et de bravoure romaine. Le suicide, ce soir-là, fut loin d’être romain…

Car sa pédophilie existentielle et littéraire, immanente et théorique ne fait aucun doute. Lisons son manifeste, Les moins de seize ans: éloge de la sexualité avec des partenaires, garçons ou filles, dont l’âge oscille entre dix et seize ans; revendication d’une impuissance à imaginer et d’une capacité à écrire seulement ce qui est vécu, pratiqué, éprouvé et expérimenté au quotidien; refus de toute sexualité avec un garçon ayant franchi le cap des dix-sept ans; aveu de l’intégrale clandestinité de ses pratiques amoureuses avec les enfants masculins alors qu’il rend publiques ses relations avec les jeunes filles du même âge; justification d’un fait divers du moment mettant en scène un quinquagénaire organisateur de ballets roses ayant couché avec au moins soixante-dix-huit fillettes âgées de onze à quinze ans, payées de quelques francs, photographiées, et « peut-être un peu violées », bien que toutes soient présentées par lui comme consentantes et désireuses de voir le manège se répéter; ces phrases aussi: “la violence du billet de banque qu’on glisse dans la poche d’un jean ou d’une culotte (courte) est malgré tout une douce violence. Il ne faut pas charrier. On a vu pire.” Suivies de considérations sur le rôle économique bénéfique de la pédophilie dans les familles du sud de la Loire; confidences autobiographiques sur ses relations sexuelles avec des garçons de douze et treize ans; rhétorique spécieuse pour transformer la sexualité avec les jeunes garçons en « expérience hiérophanique », « épreuve baptismale », « aventure sacrée »; célébration appuyée des colonies de vacances, des camps de jeunesse, des associations sportives qui permettent ce sport et cette chasse d’enfant -selon ses termes; aveu cynique du choix de ses jeunes partenaires de préférence dans des familles désunies, chaotiques. Cessons-là l’inventaire…

Comment un homme qui a écrit ce livre et défendu ces thèses, qui s’est fait une gloire d’installer le pédophile du côté des réprouvés, des rebelles, des marginaux, des porteurs d’étoile jaune (dans le numéro de L’Infini consacré à « La question pédophile » en septembre 1997), des hérétiques, des ennemis de l’ordre et de la bourgeoisie, comment cet homme peut-il se réfugier sur les cimes, feignant la vertu outragée, se nimber d’une aura de victime lorsque la Québécoise bien inspirée lui demande à la télévision de justifier devant des millions de téléspectateurs ses positions à la faveur d’un livre, son journal, exclusivement consacré à l’autocélébration de ses performances avec des jeunes individus des deux sexes? A ce moment, Matzneff pouvait, devait, faire preuve du courage romain qu’il n’a cessé d’encenser verbalement. Et acquiescer, puis justifier -et non se justifier.

A dire vrai, la pédophilie revendiquée comme une possibilité d’existence me semblait ce soir-là un tout petit peu moins détestable si elle en appelait au débat que cette fuite, ce refus, cette dénégation, cet écroulement public de l’homme qui passe sa vie à faire l’éloge du suicide de Sénèque et tremble devant la perspective d’une piqûre de guêpe. Exit le héros de carton pâte, le grand homme devenu nain, le donneur de leçons romaines qui se comporte en bourgeois dénégateur une fois pris la main dans le sac. On se réclame du rigoureux Caton d’Utique, on adopte la posture de l’austère Cicéron, on se drape dans la toge virile de César, puis on se contente d’une vie vécue sous les auspices de Monsieur Prudhomme…

La schizophrénie de Matzneff pèse plus contre lui qu’une pratique à ses yeux justifiable verbalement puisqu’elle est depuis toujours sienne et revendiquée théoriquement puis pratiquée comme telle. Pourquoi ne pas mener le débat, conduire le combat, défendre ses idées lorsque l’heure vient de montrer du courage? Pour quelles raisons refuser devant la caméra ce que tous ses livres avouent depuis des années? Soudain, alors que les élégiaques romains auraient pu être convoqués, puis la Grèce et la figure de Socrate, enfin Tibulle, Pétrone et Straton de Sardes, plus proches Lewis Carroll, Thomas Mann ou Michel Tournier, Matzneff a ajouté à la réputation du pédophile celle du lâche n’ayant pas le courage de ses opinions et préférant le mensonge à la vérité pourtant brandie en étendard depuis des années. A quoi ressemble une idée à laquelle on renonce dès l’ombre de la première difficulté?

La raison de ce revirement fait sens: l’artiste sait qu’on tolère ses frasques si elles sont roulées dans la farine de la vertu, confites dans la dignité de la littérature, cuites dans l’écriture et le livre, puis livrées dans la publication. L’art voile l’immoralité et la transfigure en marchandise monnayable. L’impossible pédophilie de fait devient une figure de style possible après esthétisation. Edité par Julliard et Chancel, Gallimard et Sollers, ami de Cioran et de Mitterrand, puis de quelques autres plumitifs germanopratins grouillant dans son journal entre piscine remplie de jeunesses bronzées et restaurant diététique où l’on surveille sa taille et son ventre plat, l’écrivain peut porter son vice en bandoulière; ouvrier d’usine en province, ami de personne et ne disposant d’aucun carnet d’adresse, incapable d’écrire ou de vendre sa pédophilie en expérience transmutée par le livre ou un autre support relevant des beaux-arts, c’est la cour d’assise qui l’attendrait… Denise Bombardier avait-elle tort? Pouvait-on refuser pour le moins de répondre à sa question? La posture d’offusqué suffisait-elle pour glisser comme une couleuvre et éviter le débat, ouvrir la discussion. 

Mon deuxième exemple passe par Balthus et le requiert. Non que le peintre ait pratiqué la pédophilie dans sa vie quotidienne (question non abordée et non abordable), mais parce que toute son oeuvre transpire la passion pour les petites filles et le jeu pervers entre son exhibitionnisme de petits corps nus montrés dans des postures obscènes et le voyeurisme attendu des regardeurs de ses toiles, spectateurs consentants ou silencieux de ce théâtre d’enfants mis en scène dans une série de tableaux où les jeunes filles triomphent à quatre pattes, comme de petites femelles lascivement en rut qui offrent leur postérieur au premier mâle venu à même de les prendre en ignorant leur face, donc leur humanité. Là où se cambrent les reins de ces enfants, il ne saurait y avoir de place pour ce que Levinas appelle le visage.

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Peinture de Balthus

Fesses relevées, croupes tendues, jambes écartées, sexes exhibés, ces corps de jeunes filles aux très petits seins à peine formés, hauts placés sur un buste qui pourrait être celui d’un jeune garçon, ces silhouettes impubères (l’effrayante enfant du Nu au miroir de1981-1983), graciles, sans hanches, sans bassin, sans toison pubienne, sans histoire écrite sur le visage, ces chairs lisses pas encore finies, à peine terminées, au seuil du monde adulte, ces peaux fraîches et sans cicatrices, quel plaisir peut-on avoir à les montrer dans le détail et à satiété?

Ces visages aux yeux fermés, aux regards impossibles à croiser, dont les traits lissés citent vaguement ceux de l’extase du Bernin, ces corps abandonnés dans un fauteuil, ces bras ballants dans une posture alanguie, cet entrejambe toujours ouvert sur un angle obscène, ce pubis imberbe, glacial, exposé à la manière d’une planche anatomique de pédiatrie (l’affreuse Leçon de guitare de1934!), quelle jubilation induisent-ils chez le peintre des heures attardé devant sa toile, fourbissant l’obscène? Cette scène à frissonner d’épouvante dans La Rue (1933) qui, au milieu d’un genre de décor de théâtre, ou d’une sorte de scène reconstituée en studio pour un film réaliste, propose dans l’angle gauche une jeune fille effarouchée, prisonnière d’un adulte qui arrive derrière elle, l’enserre, d’une main saisit son avant-bras, de l’autre soulève sa jupe pendant qu’il glisse sa cuisse dans l’entrejambe de l’enfant, quelle satisfaction de mettre en scène ce viol dans ses premiers instants? Enfin, cette sinistre toile intitulée La Victime (1939-1946) qui montre une jeune fille nue, allongée sur un lit aux draps froissés, alanguie, le visage semblable à celui d’une morte, un couteau repose à terre, la lame luisante, épargnée par le sang, le corps aussi est sans trace sanguinolente, sans plaie: l’arme a-t-elle servi à un homme pour menacer d’un viol et l’accomplir? Quelle satisfaction pour le peintre de représenter cet après violence sexuelle, de mettre en scène l’absence du violeur son forfait accompli, la chair meurtrie de sa victime défaite sur un lit?

Le nombre de toiles de Balthus où les corps de jeunes filles sont offerts, donnés, abandonnés, disponibles pour un maître à même de les prendre selon son bon plaisir, est considérable. Le dominateur s’empare de la virginité due et donnée au seigneur, la jeunesse se destine au bon vouloir du mâle qui en dispose, la chair appartient à l’homme qui soumet l’enfant docile et soumis: voilà les impératifs pédophiles et misogynes, féodaux et aristocratiques, cyniques et immoraux -rien qui réjouisse une âme désireuse de sexualité solaire, épanouie, partagée, consentante, libertaire, en un mot, adulte. Balthus met en scène un univers d’avant la modernité aussi bien sur le terrain de la peinture (technique, artisanat, métier) que sur celui des sujets, des thématiques: il peint un monde en ignorant que la Révolution française a eu lieu et l’a mis à mal.

La protection (que je ne dirai pas pédophile, même si Balthus a alors autour de quinze ans) de Rilke qui préface un recueil de ses dessins de chats, puis l’avalanche et la cascade de noms fascinés par l’ancienne caution du poète ne cesse de valoir soutien: Antonin Artaud, Albert Camus, Georges Bataille, Pierre Klossowski, René Char, André Malraux, Pierre-Jean Jouve, Yves Bonnefoy, Félix Guattari, Jean-Pierre Faye, parmi les plus illustres, forment une palette devant laquelle les amateurs d’instinct grégaire plient le genou. Ecrire ou penser contre Balthus équivaut à écrire et penser contre ces sommités qui l’ont soutenu; refuser son monde, le mettre en doute conduit à interdire l’inscription de son nom dans la filiation qui garantit la réputation et la prétendue autorité de l’expert.

Or aucun de ces soutiens prestigieux n’a mis en doute la représentation féodale du corps des enfants dans la peinture de Balthus, aucun n’a proposé de lecture politique (au sens noble) de son travail, aucun n’a regimbé devant la pédophilie esthétiquement active dans la plupart de ses toiles, y compris celles qui proposent des portraits de pères avec leurs enfants (Portrait d’André Derain en 1936, Joan Mirò et sa fille en 1937-1938, Portrait de Monsieur L. de C. et de ses enfants en 1943, Roger et son fils en 1936, d’étranges monstruosités picturales où l’adulte semble toujours prêt de fondre en prédateur possible d’enfant.

Personne parmi ces autorités intellectuelles n’a mis cette peinture en perspective avec le monde d’avant 1789, celui où les enfants (mais aussi les femmes et les autres minorités: les juifs, les noirs, les esclaves, les citoyens passifs, les gens de peu) n’existaient que comme des proies offertes à la discrétion des seigneurs et maîtres qui possédaient le monde. Via les images qu’il produit et les icônes féodales qu’il signe, Balthus possède le corps des petites filles et réduit leur chair à l’objet exhibé et destiné aux initiés, à l’élite, à l’aristocratie, aux pairs qui se reconnaissent dans cet univers fabriqué pour réjouir leurs fantasmes. Dans ce théâtre où le corps des enfants se chosifie, le Marquis de Sade est incontestablement parent du Comte Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus. Le même sang bleu circule, gelé, dans leurs veines à particules.

Matzneff et Balthus démontrent, parmi d’autres exemples possibles, que pour défendre des positions pédophiliques (pratiques et théoriques), mieux vaut passer par le filtre de l’art et faire un détour par la médiation de l’esthétique. Ouvrier, modeste, sans culture, sans références intellectuelles, sans appui dans le monde des lettres, ignorant la rhétorique spécieuse qui convoque les Grecs, Spartes et Athènes, Gide et Montherlant, voire, plus contemporains Tony Duvert et François Augiéras, sinon René Schérer (auteur, parmi d’autres livres défendant cette question, d’un Emile perverti publié en 1974 chez Robert Laffont, dans une collection dirigée par Jean-François Revel, puis d’Une érotique puérile chez Galilée en 1978), en délicatesse avec la parole, la justification, le verbe et les mots, le présumé innocent se retrouvera vitement dans les geôles d’une prison où, reçu comme pointeur par un comité d’accueil déterminé, il subira les traitements réservés aux auteurs de crimes sexuels.

 En revanche, écrivain, intellectuel, auteur à l’agenda mondain bien rempli, gendelettres ou institutionnels, lecteur d’Alcibiade dans le texte, objet de ses pulsions sans autre recommandation qu’un Œdipe mal fichu, mais bien travesti par les jeux croisés de l’esprit et de la cérébralité, voire peintre rare dans ses épanchements et apparitions (vertu sublime et grandement payante dans un monde spectaculaire), réactionnaire dans sa peinture (thématique et traitement), conservateur en tout, affichant sa féodalité sans complexe, revendiquant une passion pour Hergé et les albums de Tintin (on le comprend en comparant la naïveté des deux mondes), voilà qui garantit d’une totale impunité, voire, pire, ou mieux, voilà qui assure d’une réputation sulfureuse rentable et d’un parfum de scandale payant.

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Peinture de Balthus

Car, étrangement, la pédophilie se justifie sublimée par l’art. Une fois passée par le chas de l’aiguille esthétique, elle peut prétendre à la respectabilité et à l’institution -Nobel de Gide, Académie française de Montherlant, Pléiade de Carroll, Académie Goncourt pour l’un et Conclave pour l’autre. En revanche, elle vaut l’infamie véritable au prêtre de province, au notaire de sous-préfecture, à l’instituteur de campagne, elle déclenche l’ire des simples et des naïfs, des gens modestes et des consciences bien faites. Elle garantit d’une aura magique l’artiste et le peintre, le photographe et le romancier, l’essayiste et le poète, le cinéaste et le philosophe s’ils ont le bon goût de sublimer, au sens freudien, leur passion pour la chair fraîche.

Qu’on laisse la sexualité des enfants s’épanouir dans son registre et ses fantaisies, qu’on leur offre toutes les latitudes possibles et imaginables entre eux, et simultanément qu’on abandonne les adultes à leur univers et à la gestion tribale de leur misère sexuelle, loin des plus jeunes préoccupés de leurs corps en devenir et de leurs pulsions à part. La reconnaissance d’une libido infantile oblige à réfléchir à la place qu’on peut leur laisser, entre eux, pour eux, elle ne permet pas qu’on s’appuie sur cette évidence désormais acquise de l’existence d’un désir infantile pour justifier l’intrusion des névroses adultes dans ces univers singuliers sous prétexte qu’ils pourraient, eux, du haut de leur savoir et de leur compétence, répondre à ce désir par leur plaisir.

Les juges épargnent les coupables ou manifestent une étrange mansuétude à leur endroit lorsqu’ils évoluent dans le même monde intellectuel qu’eux: les écrivains, les intellectuels, les gens de culture et les hommes du droit, les artistes du barreau se reconnaissent comme appartenant au même univers, ils partagent des valeurs semblables, communient dans un catéchisme identique. Le pédophile trivial, vulgaire, commun fait l’unanimité contre lui; son frère jumeau, mais doué de rhétorique, se veut différent, distinct, autre, d’un alliage différent, et on lui concède la plupart du temps cette faveur qui lui assure l’impunité. Matzneff est même allé jusqu’à tomber récemment le froc pédophile pour endosser l’habit de philopède -une création de son crû! Qui trompe-t-il encore avec ces artifices de langage? Philopèdes les célébrités culturelles, mais pédophile le quidam inculte? Que de contorsions intellectuelles pour cacher la misère sexuelle et l’étendue des dégâts… »

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/du-bon-usage-de-la-pedophilie?mode=video

mardi, 07 janvier 2020

Vincent Desportes : «L’OTAN est devenue un protectorat américain dirigé par un allié brutal»

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Vincent Desportes : «L’OTAN est devenue un protectorat américain dirigé par un allié brutal»

 
Le général de l'armée de terre française, Vincent Desportes, a développé, pour RT France, son avis et analyse de l'OTAN qui célèbre ses 70 ans cette année, avant de décrypter les ambitions de l'Europe de la défense. #OTAN #EtatsUnis #Europe
 
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Pour la troisième voie solidariste

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Pour la troisième voie solidariste

par la "Fédération des Québécois de souche"

Le dernier ouvrage de Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste, est un ouvrage de fond réunissant divers articles offrant des exemples concrets et réels d’alternatives au faux dilemme du libéralisme versus marxisme. Facile à lire et surtout à comprendre, l’auteur, que nous avions interrogé pour Le Harfang cet été, est un penseur libre qui refuse les étiquettes et cherche réellement une voie tierce nous permettant de se sortir du marasme actuel.

Car il faut le dire, le marxisme a échoué – personne ne le niera – et le libéralisme est également en faillite, comme nous le prouve constamment l’actualité économique. Endettement, délocalisations, crises à répétition, effritement des classes moyennes, voilà le bilan sombre du régime où nous sommes, qui ne risque pas de se réformer tout seul avec l’arrivée de la robotisation et de l’automatisation à grande échelle. En fait, loin de s’humaniser, le libéralisme s’est transformé en néo-libéralisme mondialiste, véritable rouleau compresseur des peuples.

Plus que jamais, non seulement une troisième voie est possible, mais elle est nécessaire à notre survie en tant que peuple, en tant que nation et même en tant qu’individus.

Alors, quelle voie emprunter?

Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique, conscient de l’échec des deux grandes idéologies se revendiqua lui-même d’une troisième voie, « au-delà de la droite et de la gauche ». Emmanuel Macron fit de même et osa même se revendiquer d’un certain solidarisme, un terme qui n’a certes pas le même sens dans sa bouche que dans la nôtre. Face à cette tentative de cooptation d’une troisième voie éventuelle, Feltin-Tracol dresse quelques impondérables, quelques éléments d’une véritable troisième voie.

Au niveau macro-économique, donc de la nation, les principes qui doivent être adoptés sont les suivants :

1 – libre marché dans certains domaines,

2 – contrôle étatique dans les domaines d’intérêt général,

3 – formations de coopératives, de mutuelles et autres entreprises de co-gestion ou de co-propriété.

Au niveau micro-économique, donc de l’entreprise, c’est la gestion organique, inspirée notamment des idées de Hyacinthe Dubreuil, qui doit primer. Les travailleurs doivent participer à l’avancement de l’entreprise et en recevoir les justes bénéfices. C’est donc une voie tierce, qui existe sous différents modèles qui refuse l’exploitation des travailleurs par le patronat, comme sous le modèle capitaliste, ou à l’inverse l’opposition entre les travailleurs et le patronat, comme préconisée par le marxisme. Une troisième voie se doit de favoriser la concorde, la bonne entente.

Les exemples concrets de ce genre de gestion foisonnent. Nombreux sont les modèles tercéristes qui furent mis en place au sein d’entreprises pour améliorer le rendement, mais pour également donner un sens au travail des employés qui deviennent de véritables partenaires ou associés, et pas dans le sens que Wal Mart donne à ce terme. Pensons à la vision des gaullistes de gauche qui mettaient de l’avant un partenariat capital-travail ou à celle du Front national historique prédatant son « renouveau libéral » ou encore à l’ergonisme de Jacob Sher ou bien à celle de la Doctrine sociale de l’Église ou du corporatisme catholique de René de la Tour du Pin… les alternatives sont légion !

La première troisième voie qui apparut, historiquement parlant, fut le socialisme. Ceux s’en revendiquant, après la Révolution, voulurent faire en sorte que les droits politiques se doublent de droits économiques. Ni de droite royaliste, bien que la droite royaliste avait à cœur les avancées sociales comme le démontra Maurras qui parlait de l’Ancien Régime comme un État « hiérarchique, socialiste et communautaire », ni de gauche bourgeoise, cette dernière étant souvent la classe exploitant les travailleurs, des socialistes comme Louis-Auguste Blanqui, Pierre-Joseph Proudhon, puis plus tard Georges Sorel, Raoul Roy et Jean Mabire, esquissèrent le schéma d’une société plus juste et équitable. Ces noms, la gauche n’ose pas s’y référer tant ils ont peu de lien avec le programme qu’ils mettent désormais de l’avant et d’ailleurs, comme l’ont bien démontré Jean-Claude Michéa et Thibault Isabel, ces socialistes n’étaient pas « de gauche ». Pourtant, si le socialisme représente une alternative réelle, Feltin-Tracol ne préconise pas l’emploi de ce terme, galvaudé par la gauche et vidé de son sens. Mieux vaut se chercher une autre étiquette que de se coller à celle revendiquée par un François Hollande et un Bernard-Henri Lévy.

GFT-TV-210x300.jpg« Pour une évidente clarté sémantique, écrit-il, il serait préférable de laisser au Flamby normal, à l’exquise Najat Vallaud-Belkacem et aux morts vivants du siège vendu, rue de Solférino, ce mot de socialiste et d’en trouver un autre plus pertinent. Sachant que travaillisme risquerait de susciter les mêmes confusions lexicales, les termes de solidarisme ou, pourquoi pas, celui de justicialisme, directement venu de l’Argentine péronisme, seraient bien plus appropriés. »

À la recherche d’une troisième voix effective, l’auteur nous replonge d’abord dans la vision tercériste promue par Christian Bouchet, puis dans le solidarisme de Jean-Gilles Malliarkis et Jean-Pierre Stirbois, repris depuis quelques années et remis au goût du jour par Serge Ayoub. En fait, le solidarisme est né au XIXe siècle avec le radical Léon Bourgeois et de là se répandit tant en Belgique, qu’en Allemagne et en Russie où on le représentera avec le trident, symbole toujours employé par les solidaristes. En Russie, il connut ses heures de gloire sous le sigle NTS, qui représentait ces solidaristes opposés activement au régime soviétique. Notons que le terme « solidarisme » n’a aucun, absolument aucun, lien avec Québec solidaire qui allie marxisme économique et culturel dans une ambiance post-soixante-huitarde. Le solidarisme tel qu’envisagé par ses défenseurs et théoriciens n’est pas qu’un système économique et représente une réelle alternative aux démocraties libérales.

Pour l’auteur, comme pour les activistes se réclamant aujourd’hui du solidarisme, cette vision du monde s’ancre dans le réel, dans les peuples avec leurs identités propres et de ce fait refuse toute homogénéisation ou folklorisation tels que promues par le libéralisme et même le marxisme. L’identité des régions, des cultures doit être préservée pour que puisse s’articuler une véritable solidarité des peuples. Ce n’est qu’en étant Breton que l’on peu se faire le compagnon de lutte du Québécois. De même qu’un Irlandais fier de ses origines sera à plus à même de comprendre la réalité d’un Corse.

Notons d’ailleurs un fait qu’on ne peut passer sous silence, soit l’intérêt de Feltin-Tracol pour notre Amérique à nous, celle du lys. Il écrit ainsi que le solidarisme doit « soutenir la lutte méconnue des peuples d’ethnie française en Amérique et en Europe (Québécois, Acadiens, Cajuns, Francos, Métis de l’Ouest canadien, Valdôtiens, Wallons, Jurassiens…).

La francité est plus que jamais ce cercle d’appartenance manquant entre la France et une francophonie un peu trop mondialiste. » De savoir que nous ne sommes pas oubliés de nos cousins français fait chaud au cœur.

L’étude de Feltin-Tracol ne se limite pas au solidarisme et l’auteur nous invite à nous plonger dans l’étude du péronisme, du justicialisme argentin, émulé d’une certaine façon par le général Guillermo Rodriguez Lara en Équateur et par une multitude de mouvements d’Amérique latine. L’exhortation d’un Paul Bouchard et des frères O’Leary à nous intéresser à l’expérience de nos frères latins d’Amérique prend ici tout son sens. L’expérience argentine ne démontre-t-elle pas qu’entre le libéralisme et la gauche marxiste peut exister un courant réellement patriote et social?

Le Libyen Mouhamar Kadhafi instaura lui aussi un régime préconisant une voie tierce, affirmant que « capitalisme et marxisme sont les deux faces d’une même réalité ». Il instaura ainsi une gestion participative du travail, les usines étant cogérées par les patrons et les employés. Plusieurs exemples dans le même genre, notamment celui du Libanais Pierre Gemayel, du parti arabe Baas, cofondé par le chrétien orthodoxe Michel Aflak, nous rappellent que si les systèmes de troisième voie sont moins communs que ceux se revendiquant du libéralisme ou du marxisme, ils ne sont pas, loin s’en faut, une utopie irréalisable.

Il souligne aussi le militantisme de fait réalisé par le Bastion social, qui fut interdit depuis, mais qui inspira de nombreuses autres initiatives, dont ici au Québec avec les œuvres pour les démunis réalisées tant par Storm Alliance que par Atalante. Cet activisme mettant en place des organismes solidaires est loin d’être une opération de communication, le social a toujours fait partie des priorités des identitaires. Les problèmes sociaux sont une urgence à laquelle il faut répondre non par des théories ou des slogans, mais par des actions concrètes. Ces actes forment la base de futurs contre-pouvoirs, d’une contre-société s’élevant en marge du système actuel. L’implication sociale n’est pas un correctif apporté pour lutter contre les abus de la société libérale, mais une partie prenante du projet de société.

Ce livre devrait être lu par tous les chefs de PME, mais aussi par les politiciens qui nous gouvernent et qui trop souvent manquent d’originalité, emboîtant automatiquement le pas à leurs prédécesseurs sans jamais ne remettre en question leurs principes. Les exemples mis de l’avant par Feltin-Tracol ne sont ni irréalisables, ni utopiques, il faut seulement accepter de regarder ailleurs et de penser en dehors du cadre rigide que l’habitude et l’inertie nous ont imposé. Au fond, « les positions tercéristes ne sont finalement que des positions de bon sens, une adhésion au bien commun de la civilisation européenne. La troisième voie est au fond l’autre nom de la concorde organique ».

FQS

• Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste. Un autre regard sur la question sociale, Les Bouquins de Synthèse nationale, coll. « Idées », 2018, 170 p., 20 €.

• D’abord mis en ligne sur Fédération des Québécois de souche, le 8 décembre 2019.

lundi, 06 janvier 2020

La France et l'Universel

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La France et l'Universel

Par Antonin Campana

Ex: https://metainfos.fr

Dans un entretien accordé à une radio francophone, Eric Zemmour expliquait (je cite de mémoire) que la France avait toujours, que ce soit à l’époque monarchique ou au temps de la République, entretenu un rapport singulier à l’universel. Il ajoutait que ce rapport à l’universel pouvait se comprendre quand la France était le pays le plus peuplé et le plus puissant d’Europe, mais qu’il était suicidaire aujourd’hui, puisque la France n’était plus qu’une puissance de second ordre.

Eric Zemmour a une perception intuitive et souvent juste des situations politiques. Cependant, pour encore préciser son propos, il nous faut à notre tour ajouter que l’universel monarchique n’est pas l’universel républicain. Il y a entre les deux une différence de nature et non seulement de degré. Je m’explique.

On sait aujourd’hui, à partir des travaux scientifiques sur l’archéologie de la période biblique, que la Bible hébraïque commença à être écrite dans le royaume de Juda à l’époque du roi Josias. Les scribes de ce roi, qui régna entre – 639 et – 609 avant Jésus-Christ, ont conçu, à la demande de celui-ci probablement, un roman national dont l’objectif était d’unifier, en la sublimant, une nation hébraïque culturellement et ethniquement hérogène. Ce roman constitue l’essentiel de l’Ancien Testament et présente une idéologie nationaliste, voire suprémaciste, tout à fait aboutie.

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Que nous raconte ce roman ? En résumé, il nous dit, premièrement, que les Hébreux, malgré des différences ethniques, religieuses et culturelles évidentes, forment un peuple homogène, au sens racial du terme : ce sont tous des « fils d’Israël ». Il nous dit ensuite que ce peuple est différent de tous les autres peuples et qu’en raison de sa sainteté et de sa pureté particulière, il a été « élu » par Dieu. Or la problématique de l’élection implique toujours qu’il y a une mission : on est élu pour faire quelque chose (remplir un mandat, appliquer un programme, représenter un pays…). Ce roman nous dit donc, troisièmement, que la mission d’Israël est de propager la parole de Dieu dans l’univers et d’être un royaume de prêtre pour le monde, un monde unifié, pacifié, soumis, dont la capitale sera bien sûr Jérusalem !

L’universalisme de l’Ancien Testament est un universalisme qui exacerbe la grandeur de la nation hébraïque et ferme totalement celle-ci aux étrangers. Les mariages avec les étrangers sont ainsi strictement interdits sous peine de mort. On refuse aussi tout ce qui provient d’eux : leurs cultures, leurs dieux, leurs vêtements, leurs langues, leurs manières de vivre… Certains peuples, géographiquement trop proches mais culturellement trop éloignés, doivent d’ailleurs être exterminés en raison du risque qu’ils font courir à la mission hébraïque. Ainsi des peuples Cananéens dont on se vante d’avoir fait l’holocauste, sans distinguer les hommes des femmes et les femmes des enfants. D’autres peuples, moins pervertis, pourront continuer à exister à condition de manifester leur soumission au Dieu d’Israël et au peuple-prêtre qui s’approche de Lui. Les conceptions religieuses vétérotestamentaires lient l’Etranger au profane, voire au pervers, et le fils d’Israël au sacré et au saint. C’est en raison de sa sainteté qu’Israël peut s’approcher de Dieu. C’est aussi en raison de sa sainteté qu’Israël doit se tenir à distance du profane : souillé par les nations, le peuple élu pourrait à son tour souiller Dieu. On aboutit ainsi à une idéologie universaliste paradoxale : le peuple élu doit apporter la parole de Dieu dans le monde, mais pour cela il doit rester lui-même, se séparer des nations, ne pas se laisser influencer par elles et surtout ne pas se mélanger. L’universalisme vétérotestamentaire est donc d’abord un vecteur d’affirmation nationale. Il ne suppose à aucun moment la dilution du peuple d’Israël dans l’humanité anonyme (la dilution dans l’universel est pour les autres peuples). Il affirme au contraire la suprématie du « peuple élu ». 

Jésus vient faire voler en éclat ce suprémacisme hébraïque. Que dit Jésus ? Il dit en substance que l’élection ne dépend pas de la filiation, c’est-à-dire du sang, mais de la foi. Il dit qu’on peut être un fils d’Israël sans être pour autant un « élu » et qu’on peut être un élu même si l’on est Grec, Scythe ou Samaritain. Il dit que le véritable peuple élu est composé de ceux qui croient en Lui et que tous les hommes, sans distinction d’origine, peuvent en faire partie. En bref, il détruit la haute idée que les Hébreux se faisaient d’eux-mêmes, et remet en question l’histoire mythologique qui assurait la cohésion du peuple particulier (dès lors la crucifixion devenait inévitable). Pire : l’Eglise ne tardera plus à se vouloir « Verus Israël », véritable Israël, manière de récupérer la « mission » divine et de signifier que la promesse de domination mondiale faite par Dieu aux Hébreux, revenait de plein droit à l’Eglise. Un nouvel universalisme apparaît ici: il s’agit toujours de glorifier le « peuple de Dieu », mais ce peuple ne se confond plus avec une nation ethnique fermée. Il a pris la forme d’une assemblée universelle ouverte à tous les hommes, quelle que soit leur race, leur nation, leur langue, leur culture ou leur condition sociale. Cet universalisme surplombe les nations et les frontières. Il les fait passer au second plan, jusqu’à relativiser leur existence.

L’histoire religieuse de la France nous montre que c’est la conception universaliste hébraïque qui va s’imposer politiquement en Gaule (mais aussi en Europe) à partir de Clovis. L’objectif des évêques mérovingiens est de mettre le peuple franc au service de l’Eglise, comme le peuple d’Israël était au service de Dieu. Le peuple franc, choisi par l’Eglise, devient alors un peuple élu. Aussi l’histoire du peuple franc et du peuple d’Israël (celui de l’Ancien Testament, il va sans dire) est constamment mise en parallèle par les clercs : le franchissement de la Vienne par les Francs est assimilé au franchissement du Jourdain ; le « trait de feu » vu à Poitiers est assimilé à la « Colonne de feu » de l’Exode ; l’écroulement miraculeux des murs d’Angoulême est assimilé à l’écroulement des murs de Jéricho… Tout au long des époques mérovingiennes et carolingiennes les rois des Francs sont comparés aux rois d’Israël et les figures de références sont quasiment toutes vétérotestamentaires (David, Salomon, Judith, Esther…). Les histoires édifiantes proposées à la noblesse, les Miroirs, les guides disciplinaires, les codes de lois, les modèles sociaux identifient tous à l’Israël de l’Ancien Testament. Charlemagne se veut nouveau David et « recteur du peuple chrétien », les aristocrates de la cour se prennent pour Josué, Samson, Gédéon ou Judas Maccabée, les évêques se comparent à Michée, Ezéchiel, Nathan et le peuple devient un « nouvel Israël » dont la mission est de protéger et de propager dans le monde la vraie foi.

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Cette assimilation du peuple français au peuple d’Israël va traverser les siècles. Jusqu’au couronnement de Louis XVI, la « religion royale » se justifiera par  la royauté biblique : tel David, le roi est élu par Dieu, il est oint et prend de ce fait un caractère sacré, il est « chef du peuple de Dieu » qu’il régit et commande. L’ordre pour oindre et couronner le Roi de France rappelle les qualités des grands bénéficiaires de la grâce divine : la fidélité d’Abraham, la mansuétude de Moïse, la force de Josué, l’humilité de David, la sagesse de Salomon. Si le Roi est David ou Salomon, alors son peuple est Israël. Cette identification idéologiquement structurante servira à expliquer aussi bien l’histoire tourmentée du pays (la guerre de cent ans, les guerres de religion, la guerre de 1870… font écho, dit-on, aux châtiments d’Israël dans la Bible), que sa grandeur (la France fille aînée de l’Eglise, protectrice du peuple chrétien et nation christophore devant l’univers).

L’universalisme d’ancien régime est donc un universalisme très vétérotestamentaire. Il n’est jamais question de transformer les Saxons, les Sarrazins ou les Anglais en Francs ou en Français. Les faire entrer dans l’Eglise, pour ceux qui n’y sont pas encore, ne revient pas à les installer dans le Royaume de France. Cet universalisme est au contraire un moyen d’exaltation nationale, un moyen de se distinguer, voire de se séparer : le peuple de France n’est pas un peuple comme les autres, il doit persévérer dans sa différence et son destin sera alors exceptionnel, conformément à ce qui lui est promis. L’universel dont il est question ici se confond avec une mission (protéger l’Eglise et étendre le culte de Dieu) mais cette mission suppose la persistance de la nation élue, pas sa dilution. Ajoutons que cet universalisme vétérotestamentaire suppose à la fois le peuple élu pour remplir la mission et l’existence de peuples déchus qui s’opposent à cette mission, peuples païens, très vite assimilés aux Cananéens. Puisque la  mission d’Israël dans la Bible passe par l’extermination préalable de ces peuples, on retrouvera ici ou là dans l’histoire de France la tentation de sanctifier la guerre en assimilant l’ennemi (Saxons, Sarrazins, Albigeois, Anglais, Protestants…) à de quasi-Cananéens. La « cananisation » de l’ennemi désamorce les consciences et peut rendre l’extermination légitime.

Les républicains qui exécutent le coup d’Etat de 1789 sont les héritiers à la fois de l’universalisme vétérotestamentaire qui structure l’idéologie d’ancien régime et de l’universalisme néotestamentaire qui fonde l’idéologie de l’Eglise. Le mariage de ces deux universalismes va se révéler désastreux pour la France.

La République « française » va récupérer l’élection et la mission vétérotestamentaire : c’est à elle que revient la charge de sauver le genre humain de la tyrannie. Mais la République va aussi hériter des conceptions néotestamentaires : elle doit intégrer de nouveaux Français dans le « corps politique »  (la nation), comme l’Eglise devait intégrer de nouveaux chrétiens dans le corps du Christ. Le « peuple » a choisi la République, comme Dieu a choisi Israël. Aussi la République organise-t-elle le culte du peuple. Mais le peuple dont il est question ici n’est plus une lignée, une culture ou une civilisation : c’est une assemblée, un agrégat d’individus qui ne cache pas sa vocation à s’étendre à l’humanité entière. Ce peuple n’est plus la France, car la France est destinée à se diluer dans l’humanité anonyme.

La République a donc une double attitude dictée par cet universalisme métissé, à la fois hébraïque et chrétien. D’une part, universalisme néotestamentaire, elle intègre des 1790 les Juifs au corps politique. Des millions d’immigrés suivront bientôt. D’autre part, universalisme vétérotestamentaire, elle porte la guerre dans toute l’Europe, elle fait un génocide de la Vendée et massacre les hérétiques. Au contraire de l’universel d’ancien régime qui suppose la préservation de la nation, l’universel républicain suppose à la fois l’utilisation de la nation pour porter le salut au monde et la dilution de la nation dans l’assemblée universelle ainsi créée. Il faut relire les ouvrages d’Arthur Girault, fondateur du droit colonial républicain. Celui-ci explique fort bien cet universel républicain : il faut, explique-t-il, transformer les indigènes de l’Empire en « Français » et exterminer ceux d’entre eux qui s’opposeraient à cette « mission civilisatrice ». Comme l’Eglise, qui veut faire venir en son sein de nouveaux chrétiens, Girault veut faire venir en république de nouveaux citoyens. Mais, comme Israël, Girault entend exterminer les trop lointains, les trop « Cananéens ». L’universalisme républicain, c’est à la fois l’Eglise par son ouverture à tous les hommes, et Israël par son exclusivisme intransigeant et dans certains cas criminel.

france, universalisme, europe, affaires européennesPour en revenir à Eric Zemmour, il n’y a pas un universel français. Historiquement, il y en a au moins deux et ils s’excluent mutuellement. L’universel d’ancien régime ne sacrifie pas la nation pour réaliser la mission. Au contraire, la mission glorifie la nation. L’universel républicain, quant à lui, utilise la nation pour réaliser la mission. Et cette mission suppose à terme la destruction de la nation. D’autre part, l’universel républicain est inscrit dans le génotype du régime. Autrement dit, il va se manifester naturellement quelle que soit la situation, que la République soit puissante ou qu’elle soit affaiblie. Il ne saurait y avoir un universalisme acceptable quand la République est forte, et un universalisme suicidaire quand la République est une puissance de second ordre. C’est le même universalisme qui s’exprime par nécessité, car l’universalisme est le principe vital du régime. Si la France est devenue une puissance de second ordre, c’est précisément en raison de l’universalisme véhiculé par la République aux époques où la République était puissante. Ce sont les guerres démocratiques, le colonialisme, les politiques d’immigrations massives, c’est-à-dire l’universalisme républicain en acte, qui ont miné la France.

La République issue de 1789 ne pourra jamais se libérer de son universalisme mortifère. Cet universalisme est son être profond, sa raison d’être, sa « mission » existentielle. Puisque cet universalisme nous tue et qu’il ne peut être extrait de la République, alors nous pouvons soit accepter le suicide dont parle Eric Zemmour, soit nous libérer au plus vite de ce régime politique répugnant.

Source : http://www.autochtonisme.com/2020/01/la-france-et-l-unive...

vendredi, 03 janvier 2020

Royalisme ontologique ou idéologie royaliste ?

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Royalisme ontologique ou idéologie royaliste ?

par Michel MICHEL

Au début des années 60 (il s’est bien amendé depuis), Alain de Benoist, était alors leader maximo d’une Fédération des étudiants nationalistes qui professait une idéologie panblanchiste (« du Cap à Atlanta »). Sous le pseudonyme de Fabrice Laroche, il avait publié un Dictionnaire du nationalisme dans lequel il définissait le nationalisme comme « l’éthique de l’homme occidental ». Dès lors que l’idée de nationalisme était coupée de la réalité de la communauté française, elle devenait le réceptacle de tous les fantasmes et la source des pires dérives.

Je crains qu’à trop se centrer sur une conception ontologique, sans rapport avec la France réelle, ignorant des obstacles concrets qui résistent à notre action, notre royalisme ne devienne au mieux que l’adhésion à un archétype (qui comme tout archétype se suffit à lui-même) et au pire à une idéologie.

Ce n’est pas la Vie, ni l’Enfance que sauve une mère, c’est son enfant.

Vladimir Volkoff écrivait : « Mieux que des Principes, nous avons des Princes. » C’est cette fidélité à une communauté – la France -, à une histoire particulière, à une famille et à un Prince en chair et en os (et non un support de projections), qui permet aux royalistes d’échapper à la folle raison des idéologies.

J’apprécie bien l’œuvre de Maurras pour fonder le royalisme en raison. Mais le raisonnement doit précisément mener à cette fidélité incarnée, sinon, la pure passion idéologique risque de finir dans les néants de la Légion Charlemagne.

En mettant l’accent sur l’être du royaliste, ne risque-t-on pas d’essentialiser le royalisme ? Je suis royaliste parce que je suis Français et que la monarchie capétienne est constitutive de notre nation. Mais la part helvétique que je tiens de mon grand-père se rebifferait si on voulait imposer une monarchie dans une Suisse qui s’est constituée contre la domination des Habsbourg et se porte relativement bien d’une démocratie tempérée par la décentralisation et des mœurs traditionnelles. Et si j’étais Italien, je ne crois pas que je serais partisan de cette Maison de Savoie qui fut porteuse de ce projet subversif que fut le Risorgimento.

Une ontologie de la Royauté passe encore, les idées platoniciennes et le Roi du Ciel pourraient le faire accepter… Mais essentialiser le royalisme ?

Maurras pouvait écrire : « Je suis de Martigues, je suis de Provence, je suis Français, je suis Romain, je suis humain. » « Être royaliste » n’est pas du même ordre; ce n’est pas une identité essentielle mais une conséquence de l’être Français, le moyen de défendre le bien commun de cette communauté de destins qu’est la France.

De la dérive éthique au prince à la carte

Comme ces fidèles des petites Églises parallèles qui se félicitent d’assister à des messes aux rites les plus raffinés où les volutes des encens capiteux baignent les dentelles et les ors, sans se poser la question de l’Église à laquelle se rattache le desservant ni même si le prêtre a été ordonné par un évêque ayant reçu la tradition apostolique, des royalistes se vouent parfois à un Prince lointain, qui, parce que lointain, ressemble tant à leur idéal de chevalier blanc de conte de fées. « Je ne prétends à rien, je suis » aurait dit Luis Alfonso de Borbon, la formule est belle, mais suffirait-elle à légitimer un prince non-dynaste ?

D’autant plus que cette formule pourrait servir de devise à tous les innombrables descendants secrets de Louis XVII, les Grands Monarques et autres élus sur le mode davidique qui, depuis la Révolution, surgissent dans tous les cantons de France et de Navarre.

Je n’ai aucun mépris pour ces prétendants cachés, j’en connais personnellement trois (dont l’un a été un grand esprit); ils relèvent au moins autant d’une pathologie historique et sociale que d’une maladie mentale individuelle. Quand une société subit un traumatisme majeur, – et l’interruption d’une dynastie vieille de mille ans qui a constitué la France est un traumatisme majeur -, la conscience collective cherche à cautériser cette béance par le déni. Cela se traduit par le sébastianisme au Portugal, les tsarévitchs retrouvés en Russie ou les retours prophétisés de Frédéric Barberousse. Cette conscience malheureuse se cristallise sur celui se croit investi pour « re-présenter » le Roi absent.

Je serais plus sévère pour la petite cour de ceux qui, par démagogie et par goût du rêve, flattent ces crypto-prétendants, comme les adultes feignent de croire au Père Noël devant les petits enfants.

Eh bien ! Chacun de ces élus secrets peut s’écrier : « Je ne prétends pas, je suis. » Cette formule reflète peut-être une conviction intérieure mais n’atteste en rien d’une légitimité dynastique.

Quoiqu’il en soit, je suis assez ancien militant pour me souvenir qu’avant les années 1960, la question dynastique ne se posait pas. La distinction entre orléanistes et légitimistes était obsolète depuis la mort du comte de Chambord (« Les princes d’Orléans sont mes fils »). La branche espagnole des Bourbons n’était pas dynaste; non pas tant à cause du traité d’Utrecht qu’en raison des lois fondamentales du Royaume (le principe de pérégrination est fixé depuis le XVIe siècle), de la jurisprudence (la Cour et les Parlements tenaient en permanence le tableau de l’ordre de succession où les Bourbons d’Espagne ne figuraient pas), et l’esprit des lois (c’est pour ne pas dépendre d’un Carolingien vassal de l’Empereur que les barons et évêques francs élisent Hugues Capet et pour ne pas subir un roi anglais que l’on déterre la vieille loi salique).

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Dans les années 60, le comte de Paris qui s’était éloigné de l’Action Française et fréquentait (horresco referens !) des élus radicaux-socialistes et des syndicalistes, avait soutenu De Gaulle lors d’un référendum et une tentative de Restauration appuyée sur le Général s’était amorcée. Or, la plus grande partie des royalistes s’était engagée dans le combat pour l’Algérie française et vouait une haine viscérale à De Gaulle qui se reporta sur le Prince.

C’est dans ce contexte que le malheureux duc de Ségovie se mit à prétendre à la Couronne de France, avec, dit-on, quelques fonds secrets espagnols, Franco ayant fait le choix de Juan Carlos pour lui succéder, il s’agissait d’écarter une des branches concurrente des Bourbons d’Espagne.

L’Action Française, gardienne de l’orthodoxie royaliste, affaiblie dans la défaite de l’Algérie française, certains royalistes par dépit ou par méconnaissance soutinrent la cause du duc de Ségovie comme les ultras de la Ligue avaient soutenu les Guise par défiance envers une Maison soupçonnée de pactiser avec les Huguenots ou comme la passion anti-communiste avaient amené certains à combattre aux côtés des Allemands sur le front de l’Est.

Les partisans du duc de Ségovie et de ses successeurs relevèrent l’appellation de « légitimistes » et qualifièrent ceux qui continuaient à reconnaître Henri comte de Paris pour leur prince légitime, d’« orléanistes »; ce qui était particulièrement injuste car d’une part ces derniers sont évidemment partisans du Roi légitime et d’autre part ils se réclameront certainement plus des « légitimistes » du XIXe siècle que des « orléanistes » de cette époque.

Curieux « légitimisme » qui se présente comme un purisme mais dont les motivations consistent à choisir son Roi en fonctions de critères idéologiques, et qui aboutit enfin à la multiplication des prétendants de fantaisie…

Car le flottement sur la légitimité dynastique va entraîner chez beaucoup une position d’abstention plus ou moins (mal) justifiée par un pseudo-providentialisme (« Dieu désignera son élu »), ou encore un assez vulgaire pragmatisme (« Je reconnaîtrai le premier qui parviendra à se faire sacrer à Reims »); toutes les spéculations deviennent permises : s’il faut ne tenir compte que de la loi de primogéniture, alors ce sont les Bourbons-Busset qui sont les rois légitimes. Pourquoi pas un roi anglais ? Un Carolingien pour faire l’Europe ? Un Mérovingien qui prétendrait être issu du Christ et de Marie-Madeleine pour profiter de la vogue de Da Vinci Code ? (Tiens je n’ai pas encore entendu parler d’un prétendant qui descendrait de Vercingétorix, la place est à prendre). Et puis finalement pourquoi pas cet illuminé qui se prétend descendant secret de petit Louis XVII ? Pourquoi pas moi ? Et si l’humour m’empêche de suivre cette pente paranoïaque, je me résignerai à proclamer : « Vive le Roi de Patagonie ! »

Je ne crois pas que cette dérive réalise « l’Universelle Monarchie » à laquelle faisait allusion Henry Montaigu; elle en est la caricature.

Mon intention ici n’est pas de traiter de la légitimité dynastique, mais il me semble que le détour sur ce thème illustre les aberrations auxquelles peut aboutir une mentalité qui met trop exclusivement l’accent sur l’éthique et l’esthétique en oubliant tout principe de réalité.

Michel Michel

• D’abord mis en ligne sur Action Française, le 27 novembre 2019.

mercredi, 25 décembre 2019

In Memoriam. Guillaume Faye y Stefano Delle Chiae

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In Memoriam. Guillaume Faye y Stefano Delle Chiae

Telmo Alvar de Navas
Ex: http://www.posmodernia.com

Los finales de año se prestan a la memoria.

San Agustín indicaba a la memoria, junto el entendimiento y la voluntad, como una de las potencias del alma que configuran al hombre como tal. La memoria entendida como una dimensión fundamental de quién es el ser humano, de cómo es el ser humano, de lo que construye su humanidad.

Hacer memoria en un mundo que se empeña en el presentismo, que le quiere arrancar raíces, que desea al hombre ausente de sí mismo y centrado exclusivamente en el fuera de si –en el consumo, en el mercado, en la unidimensionalidad de la comodidad-, hacer memoria en este tiempo de ruinas de humanidad, es un acto profundamente resistente y subversivo.

Hacer memoria construye, desarrolla, confronta, humaniza, diviniza. Hacer memoria como herramienta que nos acompaña a crecer, que nos ayuda a pensar quién somos, que nos recuerda dónde estamos, dónde queremos estar. Hacer memoria también como homenaje, como reconocimiento de quienes han caminado antes que nosotros.

Nos construye como hombres la doble dimensión de la acción. Las potencias que ponemos en marcha en la acción diaria y cotidiana, poniendo en ejercicio las dimensiones propias constitutivas del ser humano, y lo recibido de otros. La tradición –lo recibido- como fuego de la acción. La renovación y adaptación de lo recibido, sin romper con lo esencial, como claves que construyen lo humano.

He ahí la dificultad de la Revolución. La que rompe con todo lo heredado, la que se construye diabólicamente contra lo humano dado. La revolución como contraria a la humanidad incapaz de entender cómo es el ser humano, incapaz de entender la paradoja humana de ser creatura. Lo dado y lo recibido, junto a lo construido y renovado. Construir y renovar desde las potencias que nos son dadas.

No es el hombre jamás algo que pueda reinventarse desde cero. No es la sociedad algo que se pueda rediseñar al margen de lo recibido. Esa es la terrible revolución de la modernidad que en la posmodernidad toca revertir en lo posible o quizás recomprender qué significa la Revolución en la Posmodernidad desde lo mejor de la Tradición.

Reflexiones como esas nacen en estos días del año, cuando por puro azar he conocido que en este 2019, se han producido dos fallecimientos que me habían pasado inadvertidos.

El 7 de marzo fallecía Guilleaume Faye, y el 10 de septiembre, Stefano Delle Chiae, ambos tras larga y penosa enfermedad.

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Guilleaume Faye

Junto a Pierre Vial, Dominique Venner y a Alain de Benoist, Guilleaume Faye (Angulema 1949-Paris 2019) era el cuarto componente de estos jinetes franceses que mejor han encarnado la Nueva Derecha Francesa. Grupo del que solo quedan Vial y Benoist tras el suicidio de Venner en 2016 en Notre Dame de Paris con una carga profundamente profética que intentaba sacudir las conciencias europeas ante la debacle que nuestra cultura y sociedades de occidente sufren bajo las amenazas a Europa.

Si Venner era el historiador, Benoist el filósofo y Vial el político, Faye podemos decir que era el agitador.

                  Formado en el prestigioso Instituto de Estudios Políticos de París en Geografía, Historia y Ciencias Políticas, durante sus años de estudiante fue uno de los creadores del Círculo Pareto, agrupación estudiantil independiente que sería seducida por el GRECE para colaborar con ellos, al que se incorpora oficialmente en 1973.

                  Sus años de formación coinciden pues con el burgués y marxistizado Mayo del 68, pero es evidente que sus planteamientos van en otras claves que las masas izquierdistas. Contemplando la amenaza soviética a la par que la amenaza del liberalismo, tocando a su fin esas dos décadas de gobierno de De Gaulle, aquellos hombres que conocen a Gramsci apuestan por la batalla cultural como imprescindible para la batalla política, un gramscismo de derechas que prepare el terreno que habría de venir.

                  gf-stp.jpgDentro del GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne – Grupo de Investigación y Estudios para la civilización europea), se dedicó a estudiar con detenimiento la filosofía política -Machiavelo, Hobbes, Hegel, Pareto, Carl Schmitt, Oswald Spengler, Ernst Jünger, Moeller van den Bruck, Heidegger, Arnold Gehlen, Konrad Lorenz, etc.-. También desarrollaría un gran interés por las teorías geopolíticas europeistas de Jean Thiriart. Dueño de un estilo original y de una inteligencia muy lúcida, Faye ocupó un puesto importante en el GRECE y se convirtió en un referente de la Nouvelle Droite. Desde las páginas de Nouvelle École y Eléments puso su pluma al servicio del polo antimodernista del movimiento: por ello sus textos del período se destacan por su duro repudio a las ideas centrales de la Ilustración (y a sus herederos que buscan promoverlas), por su feroz crítica al materialismo y al consumismo burgués, y por sus despiadados ataques contra la tecnocracia. Alain de Benoist, entusiasmado con su ímpetu militante e impresionado con su rigor intelectual, le encomendó en 1974 la dirección de la revista Études et Recherches, la más académica de las publicaciones de la organización.

                  Hacia finales de la década de los 70 se agudiza su crítica al capitalismo liberal, denunciando el sionismo y el imperalismo norteamericano que identifica como motores de ese capitalismo deshumanizador y antieuropeo. También por aquella época se adhiere a un cierto racialismo con las tesis del etno-diferencialismo, teorizando sobre la necesidad de crear una alianza estratégica entre Europa y los países del Tercer Mundo –especialmente los del Mundo Árabe–, para así frenar la decadencia de Occidente.

                  Durante la década de 1980, Faye empezó a abandonar sus posiciones cercanas a Thiriart, para acercarse al pensamiento de Giorgio Locchi, quien también era un ferviente antinorteamericano, pero cuyo discurso se inscribía desde otra posición ideológica. Ello le permitió reformular sus ideas europeístas, revalorizando su concepción acerca de la importancia de la herencia indoeuropea en la formación de la identidad continental. A raíz de ello, tutorado por Jean Haudry y Jean Mabire, comenzó a estudiar el paganismo, y, junto a Pierre Vial y Maurice Rollet, se dedicó a organizar eventos orientados a difundir los rituales paganos en Francia. En compañía de Robert Steuckers y Pierre Freson redactó en 1985 el Petit Lexique du Partisan Européen, un breviario que resume de modo elegante su nuevo ideario político. Una interesantísima clave de su pensamiento en ese momento es la tesis señala en su obra que el igualitarismo de la centroizquierda se combina con el utilitarismo de la centroderecha para atomizar a los individuos, con el propósito ulterior de reconstruir los vínculos sociales siguiendo el ideal de una matriz identitaria cosmopolita y multiculturalista, que ubique al consumo como propósito único de la vida cotidiana.  Pareciera que el tiempo le ha dado la razón.

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A principios de 1987 finalmente dejaría de participar en el GRECE, debido a que el movimiento, por iniciativa de Alain de Benoist, había virado hacia las posiciones nacional-comunitaristas de Thiriart que él había sostenido en la década anterior y con las que ahora ya no se identificaba. Los tres siguientes años lo conectan con los movimientos próximos a la asociación EUROPA, asociación que terminaría -ya sin Faye entre sus filas- evolucionando hacia lo que más tarde sería Synergies Européennes. En 1990 se aleja del mundo de la política directa, pero sin abandonar nunca una determinada concepción del mundo.

                  Gracias a su amistad con Pierre Bellanger, Faye se convirtió en locutor de Skyrock, una radio parisina orientada al público joven. Usando el seudónimo de «Skyman», y acompañado primero por Jacques Essebag y después por Bruno Roblès, Faye animó el programa matinal Les Zigotos, ganándose a la audiencia con su fino humor y su vasta cultura puesta al servicio de bromas telefónicas y críticas a la farándula. Fue tan importante su figura para la estación, que las autoridades de la misma le permitieron hacer junto a Olivier Carré el programa Avant-Guerre, en el que filtraba ideas identitarias y difundía a artistas de la órbita del Rock Identitaire Français.

                  gf-colooriginal.jpgEn 1997 Faye reingresa al campo político, reincorporándose al GRECE y uniéndose a Terre et Peuple. Al año siguiente publicará L’Archéofuturisme a través de la editorial L’Ancre, propiedad de Gilles Soulas. El texto denuncia el penoso estado presente de la sociedad europea, y propone aliar el espíritu del futurismo con la tradición ancestral indoeuropea, empleando a la tecnociencia para ultrapasar a la Modernidad en lugar de para consumarla. La obra, además, ataca a la estrategia metapolítica de la Nouvelle Droite, reprochándole el no haberse involucrado más activamente en la lucha electoral, lo que sólo habría perjudicado al pueblo francés. Alain de Benoist recibió con poca simpatía al libro. El discurso racialista y evidentemente en contra de la islamización de Europa de Faye quedó más prístinamente plasmado en La colonisation de l’Europe, publicado en 2000 también por la editorial L’Ancre. El libro señala que el choque de civilizaciones no puede ser resuelto con la integración o la asimilación, sino que la única salida que garantice la persistencia de la raza blanca es la Reconquista, que no sería más que una nueva guerra étnica. La publicación del libro le costó a Faye y a Soulas una onerosa multa, acusados de actuar con la intención de producir literatura que incite a la discriminación y al odio racial. Además, debido a ello, Alain de Benoist expulsó a Faye del GRECE, y acusó al escritor de haber producido una obra delirante y peligrosa.

                  Fuera del GRECE, Faye continuó con sus actividades a través de Terre et Peuple (a la cual terminaría abandonando en 2008), y asesorando en cuestiones programáticas a los movimientos belgas Nation y Vlaams Blok, así como en un activismo que pretendía dotar al movimiento identitario europeo de unas sólidas bases doctrinales y de directivas generales para la acción, fruto de lo cual fueron sus obras Pourquoi nous combattons: manifeste de la résistance européenne (2001) y Avant-Guerre: chronique d’un cataclysme annoncé (2002). En ambos textos denuncia que Europa está atrapada en una espiral descendente hacia su desaparición, y que una guerra étnica es inminente. Si bien el enemigo que Faye señala es la alianza entre el neoconservadurismo norteamericano y la oligarquía petrolera de los países árabes (que entre ambos han producido al terrorismo islámico para beneficiarse de sus acciones), allí también subraya que la entidad sionista de Oriente Medio, que es socia de los enemigos de Europa, va camino a su extinción por no contribuir con la resistencia. En esos textos Faye destaca además la necesidad de acabar con el etnomasoquismo y suplantar al tibio etnopluralismo por un orgulloso etnocentrismo, creando así una entidad geopolítica que una a las Azores con Kamchatka, la cual debería denominarse «Eurosiberia» según su opinión. Europa es clave y central y casi que superior a las propias concepciones nacionales en ese planteamiento.

                gf-convergence.jpg  En 2004 se editan los libros La convergence des catastrophes y Le coup d’état mondial. El primero, que circuló firmado con el seudónimo «Guillaume Corvus», no es más que un resumen del pensamiento de Faye en el que –adaptando las teorías del matemático René Thom a la sociología– alerta que el sistema europeo está en peligro de colapsar debido a que las catástrofes sociales, económicas, demográficas, ecológicas e institucionales pueden confluir en un mismo momento y destruir lo que queda en pie del orden civilizatorio occidental. El otro libro, en cambio, es un análisis sobre el imperialismo estadounidense, al cual repudia, pero destacando que en Norteamérica existe el potencial para contribuir al freno del genocidio blanco (por ello amplía su idea de la Eurosiberia para incluir a los países americanos en una entidad que denominará «Septentrión»). Gracias a estas ideas su pensamiento fue bien acogido por el paleoconservadurismo norteamericano, lo que le permitiría después ser citado como uno de los inspiradores del movimiento Alt Right, gracias a Jared Taylor de American Renaissance.

                  De esa época es también una polémica en torno al sionismo y a la cuestión judía, que le valió el ser considerado por un sector del identitarismo europeo como un agente provocador de Israel en Francia, pues Faye aseguraba que la influencia de los judíos en Occidente ha entrado en declive, citando algunos ejemplos de hebreos que se oponen a la invasión inmigratoria en Europa, y proponiendo una alianza estratégica entre Israel y los identitarios para asegurar la supervivencia de ambos.

                  En el año 2015 publicó el libro Comprendre l’Islam. Allí sostiene que los islamistas avanzan sobre Europa debido a que ellos han adoptado una estrategia arqueofuturista, combinando su herencia ancestral con las nuevas tecnologías de la comunicación y la información para imponerse ante una Europa anestesiada por su defensa suicida de la doctrina de los derechos humanos.

Su última obra, publicada postmorten este mismo 2019, Guerra Civil Racial, puede considerarse casi que un testamento político, pues Faye conocía su estado de salud.

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Stefano Delle Chiaie

                  Si la lucha de Faye fue eminentemente intelectual en el ámbito de la metapolítica y la reflexión, el otro óbito que en este In Memoriam queremos recordar, el de Stefano Delle Chiaie (Caserta, 1936-Roma 2019) nos lleva ante un activista político del extra parlamentarismo, de los duros italianos años de Plomo, con la violencia y la lucha política de las calles en primera línea de la lucha contra el comunismo, clave que le llevó también a América Latina.

                  Un simple paseo por internet nos da algunas claves con las que orientarnos ante Delle Chiaie: Fantasma negro, terrorista neofascista, agente internacional, Borguese, Franco, Pinochet, Banzer, la CIA, la Red GLADIO…

                 stefanodellechiaieaquila.jpg Lo cierto es que Delle Chiaie es un personaje central en la acción política patriótica de la Italia de los años 60 y 70, y de las relaciones internacionales de los movimientos nacionalistas de occidente de los 80 y los 90 hasta su regreso a Italia a finales de la centuria para reincorporarse a la política italiana, exonerado de los supuestos crímenes en los que se le incriminaba, como las matanzas de Piazza Fontana de 1969 en Milán, donde murieron 17 personas, o la masacre de Bolonia de 1980, con 85 fallecidos.

                  Comenzó su andadura política en el Movimiento Social Italiano (MSI) de la posguerra mundial, del que se separó para incorporarse al Ordine Nuovo de Pino Rauti al comenzar el MSI su política de entendimiento con la Democracia Cristiana a impulsó del secretario general Arturo Michelini. Tiempo después Delle Chiaie dejaría también Ordine Nuovo para promover el movimiento político Avanguardia Nazionale, con un marcado componente revolucionario y de acción directa que superase posiciones conservadoras y reaccionarias. Avanguardia Nazionale se convirtió así en el capitalizador de todo el movimiento extraparlamentario patriótico italiano hasta su disolución oficial a mediados de la década de 1960, aunque de hecho continuó operando de modo semi-clandestino.

                  Son los años de plomo, de conflictos callejeros con los movimientos terroristas comunistas que buscan un proceso de transformación comunista en Italia. Años de violencia y guerrilla urbana donde AN es protagonista y partidaria de la acción directa y de la respuesta de la tensión: buscar que la fractura social sea de tal magnitud, que obligue a un pronunciamiento o una respuesta de corte nacional patriótico. Sin duda alguna el momento más conocido de aquellos años es el de marzo de 1968, en el marco de las protestas estudiantiles que se desarrollaban en Italia, cuando Delle Chiaie dirigió a las fuerzas populares que actuaron en la Batalla de Valle Giulia en contra de la policía. El episodio concluyó con la ocupación de la Facultad de Jurisprudencia de la Universidad de Roma La Sapienza por parte de los activistas nacionalistas y de la Facultad de Letras por parte de los activistas comunistas. Unas semanas después hombres leales a Giorgio Almirante invadieron el campus universitario con la intención de expulsar a los comunistas. Delle Chiaie -que confiaba que la protesta estudiantil creciese hasta desestabilizar al gobierno- optó por no acompañar el desalojo por considerarlo reaccionario y no revolucionario. De todos modos la presencia del MSI en la universidad provocó que la policía interviniese, arrestando a muchos de los participantes de las ocupaciones, incluido Delle Chiaie.

                  stefanodellechiaieaquilaespa.jpgSu salida de Italia es fruto de su participación en el golpe de estado de Junio Valerio Borguese, en el año 1970, un pseudo golpe de estado que fracasa y que obliga a Delle Chiaie a dejar Italia.

                  Años después y en el marco de los juicios sobre aquellos sucesos, se destapó todo un oscuro y complejo entramado de política internacional con la CIA, la masonería, la mafia y multitud de tentáculos en el campo de la política y la violencia callejera de plomo de la Italia de entonces, como un obstuso ajedrez que frenara la injerencia soviética en Europa con nombres como la Red Gladio, la logia P2 y demás.

                  La marcha de Italia de Delle Chiaie tras el fallido golpe Borghese le encamina a la creación de una “internacional neofascista” (medios dixit) de colaboración con estados y movimientos en el ámbito occidental y concretamente hispanoamericano desde su profundo activismo y convicción política. Se conoce su intervención en la España de la transición, con su presencia en los sucesos de Montejurra de 1976, en la lucha contra ETA y su nunca demostrada participación en la matanza de los abogados laboralistas de Atocha de 1977. Se le localiza en el Chile de Pinochet y en la Bolivia de Banzer, y se le relaciona con las actividades anticomunistas de los Estados Unidos en Hispanoamérica junto al agente norteamericano Michael Townley, el cubano Virgilio Paz Romero, o el francés ex oficial de la OAS Jean Pierre Cherid.

                 Stefano-Delle-Chiaie-standing.jpg En 1987 es detenido en Venezuela y trasladado a Italia para ser enjuiciado, siendo absuelto de toda responsabilidad penal por los distintos atentados en los que se le incriminaba en nueve distintos juicios. Años más tarde, ante la Comisión contra el terrorismo que en Italia trató de dilucidar aquellos años de violencia, durante una audiencia de 1997, encabezada por el senador Giovanni Pellegrino, Stefano Delle Chiaie siguió hablando de una «internacional fascista negra» y su esperanza de crear las condiciones de una «revolución internacional». Habló de la Liga Anticomunista Mundial, pero dijo que después de asistir a una reunión en el Paraguay, la había abandonado afirmando que era una fachada de la CIA. ​ Lo único que admitió haber tomado parte en la organización del Nuevo Orden Europeo (NOE).

                  En 1991 organizó en la ciudad de Pomezia un encuentro de dirigentes patriotas, al que asistieron muchos referentes de la derecha extraparlamentaria, pero también hombres desencantados con el MSI y militantes de izquierda que temían que ante el colapso de la URSS el país fuese absorbido por los elementos más rancios del capitalismo. De esa iniciativa nació la Lega Nazionale Popolare, un movimiento de tercera posición que se alió a la Lega Meridoniale y, al cabo de unos años, terminó desapareciendo.

                  Víctima del cáncer, Delle Chiaie falleció en el Hospital Vannini de Roma en septiembre de 2019.

D.E.P.    

vendredi, 20 décembre 2019

Georges Valois pour penser le "grand empêchement" contemporain?

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Georges Valois pour penser le "grand empêchement" contemporain?

Ecouter:
https://soundcloud.com/patrick-p-h-le/georges-valois-pour-penser-le-grand-empechement-contemporain

Avec:

Guillaume Travers, journaliste à la revue "éléments"
Pierre Le Vigan, essayiste (en photo)

Thème : « Georges Valois, pour penser le « grand empêchement » contemporain ? »

Pour écouter (URL):

https://soundcloud.com/patrick-p-h-le/georges-valois-pour-penser-le-grand-empechement-contemporain

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L’écriture inclusive exclut-elle quelque chose ?

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L’écriture inclusive exclut-elle quelque chose ?


Image: © Pierre Ballouhey

Sauf à revenir d’une mission de longue durée sur Mars, vous ne pouvez pas ignorer que la langue française a développé ces dernières années une série de symptômes inquiétants, sous forme de boutons se multipliant rapidement, associés à une prolifération inhabituelle de la lettre e, voire de groupes de lettres apparemment anarchiques.

La maladie touche principalement la communication institutionnelle, surtout celle se prétendant “de gauche”, “progressiste” ou “syndicale”, mais n’épargne pas pour autant les milieux cultivés, puisqu’elle se répand même dans les départements de lettres des universités. En voici quelques échantillons in vivo :

Cher·e·s collègues,
Nous vous proposons l’actualité syndicale récente, …

Cher·e·s collègues,
Le site du Forum 2020 est désormais ouvert pour la soumission des résumés…

Jusqu’à présent le modèle officiel de l’inspection individuel [sic] rabat l’évaluation des pratiques professionnelles des enseignant·e·s sur l’observation d’une heure de cours, la consultation des documents et affichages pédagogiques des professeur·e·s, de copies corrigées et des supports des élèves. Un entretien porte ensuite le plus souvent sur ces seuls éléments même si de nombreux·ses inspecteur·trice·s en élargissent le spectre.

Les gardiens de la langue – qui peuvent être des femmes – ont eu beau alerter sur la dangerosité de l’épidémie, il semble que la maladie n’ait pas encore pu être enrayée. Peut-être parce que le diagnostic n’est pas le bon ? Se pourrait-il que cette écriture se voulant inclusive – par opposition à l’écriture habituelle qui, elle, pratiquerait l’exclusion de certaines catégories de personnes, et notamment des femmes – soit en réalité terriblement exclusive de quelque chose ?

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La première chose qui vient à l’esprit, c’est le caractère imprononçable du texte ainsi “inclusifié”. Pour une langue vivante, c’est gênant. Pour des enfants apprenant à écrire, c’est dramatique. Pour ceux d’entre eux qui souffrent le plus – en temps normal – de cet apprentissage, c’est cruel, et n’arrangera certainement pas leur progression. L’écriture inclusive est donc déjà, de fait, terriblement exclusive envers les moins performants dans l’acquisition du langage, comme elle est exclusive de l’harmonie et de la cohérence de la langue, qui se voit scindée en deux langues différentes, une que l’on peut écrire mais pas prononcer, et l’autre prononcer mais pas écrire.

Mais il y a peut-être pire. La maladie se propage en se prétendant guérisseuse : elle voudrait éradiquer de la langue le fléau de l’oppression patriarcale millénaire, celle qui maintient les femmes en esclavage depuis des siècles et des siècles (amen). C’est en tout cas la justification qui est donnée au charcutage de la vieille langue, apprise de la même façon depuis des générations à quelques variations près, mais qui serait porteuse d’une insupportable violence envers le sexe féminin, impitoyablement écrasé par la règle du “c’est le masculin qui l’emporte”, et qu’il serait donc urgent de remplacer par une langue neuve et inclusive. Exemple d’injustice : “999 femmes et 1 homme se sont précipités au centre commercial pour l’ouverture des soldes”.

Mais est-on bien sûr que cette règle grammaticale relève de la domination patriarcale délibérée ? Quand on hésite sur la validité ou l’étendue du domaine d’application d’une loi, en sciences, il peut être utile de transposer cette loi à un domaine légèrement différent de celui où on la teste. Par exemple, pour savoir si la verticale est une seule et même direction, dotée d’un sens qui indique vers où tombent les objets, si l’on sait que la Terre est (à peu près) ronde, on peut se demander si les Néo-Zélandais vivent la tête en bas en marchant sur les pieds ou la tête en haut en marchant sur les mains1.

Dans le cas de l’écriture inclusive, il peut être tentant d’examiner les règles d’accord de genre dans les versions traditionnelles d’autres langues de pays à la culture proche, par exemple l’allemand. Cette langue a de plus l’avantage, par rapport au français, de disposer de trois genres : le féminin, le masculin et le neutre. Certains puristes rétorqueront que le français dispose en réalité d’un genre neutre (alors que certaines veulent en créer un de toutes pièces…), mais comme il s’écrit en pratique de façon identique au masculin, l’allemand permet de clarifier les raisonnements.

Prenons donc quelques exemples : l’automobile (féminin en français) se dit das Auto (neutre) en allemand. Ou encore der Wagen (masculin) d’où nous vient la marque Volkswagen, “voiture du peuple”, un projet industriel d’envergure qui a contribué à la popularité d’un petit brun à moustache ridicule dans les années 30 du siècle dernier. La femme se dit die Frau (féminin, on s’en doute) ; il y a donc trois articles définis au singulier en allemand : das (neutre), der (masculin) et die (féminin). En français nous n’avons que le et la, respectivement pour le masculin et le féminin.

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Et comment se dit “les”, l’article défini pluriel, en allemand ? Die, soit exactement la même forme que l’article défini féminin singulier. Les automobiles : die Autos. Les voitures : die Wagen2. Il semble donc que la règle (mnémotechnique) soit plutôt ici “c’est le féminin qui l’emporte”…

Qu’en est-il maintenant de l’accord de l’adjectif, ou du participe passé, suivant le genre en allemand ? Le pluriel est-il “dominé” par le féminin ou le masculin ?

La déclinaison de l’adjectif se subdivise en trois cas : déclinaison faible avec article défini, déclinaison mixte avec article indéfini, ou déclinaison forte en l’absence d’article. Seuls les premier et dernier ont une forme plurielle permettant de savoir si c’est “le masculin qui l’emporte” ou “le féminin qui l’emporte”, puisque l’article indéfini pluriel (“des” en français) n’existe pas en allemand. Or, aucune règle de “domination masculine” ne peut être tirée des déclinaisons faibles ou fortes, comme on pourra le constater à la lecture des tableaux : en déclinaison faible, la forme plurielle est certes similaire au masculin singulier pour l’accusatif, mais ce n’est pas vrai pour les trois autres cas, où le pluriel a soit sa propre terminaison, soit une terminaison commune avec les trois genres singuliers. Et en déclinaison forte, à l’exception du datif, ce serait plutôt encore “le féminin qui l’emporte” – simple observation à but mnémotechnique, sans considération sur les causes profondes – puisque la terminaison -e ou -er se retrouve à la fois au féminin singulier et au pluriel.

Quant au participe passé, c’est bien simple : il ne s’accorde pas, sauf à être traité comme un adjectif (die geliebte Mutter : la mère bien-aimée… comme der geliebte Vater pour le père bien-aimé !).

Peut-on déduire de ces constatations linguistiques que la société allemande est plutôt sous domination matriarcale, et qu’il serait donc urgent d’inclusifier la langue3 en y rajoutant du masculin4 afin que les hommes se sentent moins outrageusement rabaissés à leur condition de sous-femmes qu’ils ne le sont actuellement par la faute des règles de grammaire allemandes ? Pas vraiment, et ce pour au moins deux raisons : d’une part, il existe bien des cas où “le masculin l’emporte” au pluriel des noms, comme “l’étudiant / l’étudiante / les étudiants” qui se traduit par “der Student / die Studentin / die Studenten” (“les étudiants” se disant  “die Studenten” que l’assemblée soit mâle ou mixte, comme en français), mais aussi parce que la société allemande n’accorde pas une place particulièrement “plus égale” aux femmes que la société française, ce serait même plutôt l’inverse. Bien sûr, on y trouve aujourd’hui comme ailleurs des féministes à divers degrés, mais une “bonne Allemande” reste encore, majoritairement, une femme qui prend soin de son foyer et de l’éducation de ses enfants, plutôt qu’une femme “qui réussit” en faisant “une carrière prestigieuse”. Le modèle scolaire allemand, souvent cité en exemple – avec raison – parce qu’il sait ne pas trop mettre sous pression les enfants tout en leur donnant une bonne éducation et la possibilité de s’épanouir dans des activités annexes (musique, sport…), doit aussi son succès à la disponibilité des parents, qui sont souvent des mères, pour être à la disposition de leur progéniture quand l’école termine entre 12h et 15h… difficile à faire quand les deux membres du couple travaillent.

Bref, comme tant de revendications prétendument progressistes, celle de l’écriture inclusive commence par exclure… une connaissance minimale de la langue et de ses subtilités, ou par sanctuariser l’ignorance, comme on voudra. D’autres exemples de “rectifications” de pratiques “réactionnaires” ont par le passé laissé des arrière-goûts amers comme, par exemple, le fait de décréter égaux les douze degrés de la gamme chromatique, alors que la musique “réactionnaire” tonale s’y refusait… et qu’une étude minimale des bases physiques de la musique – voire une simple écoute donnant la priorité aux sens plutôt qu’à une prétention intellectuelle – permet d’en saisir le bien-fondé.

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Contrôler les masses en s’appuyant sur leur ignorance est évidemment plus facile que les élever dans la connaissance, c’est pourquoi de tous temps des volontés politiques hégémoniques ont tenté de détruire préalablement le substrat commun des peuples, “ce qui reste quand on a tout oublié”, afin de pouvoir construire un “homme nouveau” et malléable sur une base vierge. Le langage, dont l’évolution progressive au cours des siècles obéit à des règles extrêmement subtiles et non aux schémas paranoïaques – oserons-nous dire complotistes ? – de domination patriarcale évoqués par certain(e)s, fait évidemment partie de ce socle commun, au niveau le plus profond puisqu’il conditionne la communication entre les êtres. Mais l’écriture “inclusive” a toutefois un avantage : permettre d’éliminer rapidement les discours sans intérêt. Lorsqu’un texte commence de la sorte, on sait qu’il est inutile de lire la suite.

Bonus :

Je laisse mes lecteurs méditer sur ces autres trouvailles récentes de la langue française :

  • Hauts-de-France, nom de la région “nouvelle” qui est venue englober le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie : sachant que son altitude moyenne est de 98 mètres, et que tout élève de primaire se faisait traiter de cancre lorsqu’il disait que Lille était “en haut” de la France ou Perpignan “en bas” à l’époque où j’y étais, que peut-on en déduire du niveau intellectuel des “décideurs” politiques ?
  • féminicide, venu “enrichir” le vocabulaire afin de “rééquilibrer” l’usage d’homicide : sachant que le nom homme prend deux m, et que homosexuel(le) se décline aussi bien au masculin qu’au féminin, que peut-on en déduire de la connaissance de l’étymologie par certain(e)s “féministes” ?
 
  1. 1) Certains résolvent le problème en disant que la Terre est plate, mais c’est une réponse qui soulève bien d’autres questions.
  2. 2) L’allemand étant une langue à déclinaisons, je simplifie ici en donnant seulement le nominatif. Toutefois, pour l’article défini, la règle de l’identité entre le féminin singulier et le pluriel reste valable aussi pour l’accusatif et le génitif, seul le datif ayant une forme propre au pluriel. Voir ici le détail.
  3. 3) Langage inclusif (ou épicène) se dit geschlechtergerechte Sprache en allemand. À vos souhaits.
  4. 4) Certaines universités allemandes ont commencé à le faire… en rajoutant du féminin.