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dimanche, 02 mai 2021

La revue de presse de CD (2 mai 2021)

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La revue de presse de CD (2 mai 2021)

COVID

Une étude d’un ancien praticien de Stanford confirme l’inutilité médicale du port du masque…mais les gouvernements ne sont pas prêt de l’abandonner

Le masque est nuisible pour la santé et ne sert à rien contre le COVID 19. C'est un ancien praticien d'un des hôpitaux de Stanford qui le confirme en passant en revue toutes les études scientifiques sur le sujet. Mais alors pourquoi les gouvernements en maintiennent-ils l'usage obligatoire sous peine d'amende ? Effet placebo ? Influence chinoise ? Outil de contrôle social ?

Le courrier des stratèges

https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/04/20/une-etude-se...

ECONOMIE

Nouvelles guerres économiques

Les entreprises françaises exercent dans un contexte de guerre économique multiforme. Leurs dirigeants doivent être plus avertis et mieux armés. Des services et des experts s’y emploient. La réaction doit cependant gagner en vigueur. Le combat exige de la lucidité, de la clarté et de la vaillance.

Comes-Communication.com

http://www.comes-communication.com/files/FFB-Constructif_...

ETATS-UNIS

Activité diplomatique intense en Russie et en Turquie en avril au sujet de l'Afghanistan

Le président américain Joe Biden a annoncé que l'intervention militaire américaine en Afghanistan prendra fin le 11 septembre 2021 et que le dernier soldat américain quittera le pays plusieurs semaines avant le 20e anniversaire de l'invasion et de la conquête de ce pays d'Asie centrale par les États-Unis, le 7 octobre 2001.

Euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/24/a...

FRANCE

Le sexe des mots, par Jean François Revel

Le combat pour la défense du français et contre l’imbécile féminisation des mots ne date pas d’hier. Jean François Revel a disparu en avril 2006 ; philosophe, homme de presse, écrivain, académicien, il avait compris, l’un des premiers, l’agression de notre culture et la volonté de détruire notre langue par tous les moyens. Précurseur et visionnaire, il pressentait le désastre qui approchait et qui n’a cessé de se propager depuis.

Breizh-Info.com  

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163044/le-sexe-des...

Pétition des militaires : Pinochet bientôt à l’Élysée ?

Qu’est-ce que j’apprends ? L’armée française viendrait donc de menacer la France d’un coup d’État visant à renverser la République pour instaurer une féroce et sanglante dictature ? Alors grand émoi dans le poulailler, chacun y va de son couplet, et dans un jeu de rôle finalement assez classique on entend d’une part des « ben quoi ? » pour ceux qui sont contents, et d’autre part les « no pasaran » de ceux qui dans la gôgoche s’imaginent pouvoir un peu se sentir moins seuls en psalmodiant les vieux slogans.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/petition-des-militaires...

GEOPOLITIQUE

L’ONU pointe du doigt l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le Tigré

Depuis le début du conflit, au moins 829 cas de violences sexuelles ont été signalés dans cinq hôpitaux. Les victimes les plus jeunes n’ont que huit ans. Dans le même temps, la famine règne et a causé la mort d’au moins 150 personnes.

South China Morning Post

https://www.revueconflits.com/tigre-lonu-pointe-du-doigt-...

Journée d’études combattants étrangers UCO. Compte rendu

Le vendredi 26 mars 2021 s’est tenue une journée d’études sur le thème des combattants étrangers à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), à Angers. Co-organisé par le CREDO (Centre de Recherche en Ethique et Droit de l’Ouest) et le Centre de Recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, avec le parrainage de l’Association Française de Droit de la Sécurité et de la Défense, ce colloque a visé à comprendre les problématiques liées aux combattants étrangers, au cœur de l’actualité.

Conflits

https://www.revueconflits.com/journee-d-etudes-combattant...

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MEDIAS

Samuel Laurent et le monstre Twitter

Après une école de journalisme à Grenoble, un emploi de pigiste puis de titulaire au Figaro.fr, Samuel Laurent s’inscrit sur Twitter en 2008 juste avant de rejoindre Le Monde début 2010. Onze ans plus tard, après avoir frôlé le burn-out, il n’utilise Twitter que comme source d’information mais plus comme vecteur d’échanges et de commentaires, sinon ponctuellement. Que s’est-il passé ? Il le raconte dans son livre,  « J’ai vu naître le monstre, Twitter va-t-il tuer la #démocratie ? » publié par Les Arènes

OJIM

https://www.ojim.fr/samuel-laurent-et-le-monstre-twitter/...

RUSSIE

Les services de renseignement soviétiques et russes : considérations historiques par le colonel Igor PRELIN

A l’heure où les services de renseignement russes défraient, à tort ou à raison, la chronique, il est intéressant de recueillir la vision d’un ancien officier supérieur du KGB, grand professionnel — il fut l’instructeur de Vladimir Poutine —, sur les points forts des services soviétiques et russes. 

Theatrum-belli.com

https://theatrum-belli.com/les-services-de-renseignement-...

Russie-Europe : le grand écart

Un Européen perspicace, Winston Churchill, avait dit en 1939 de la Russie qu’elle est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ». On oublie souvent la deuxième partie de sa phrase car il ajoutait : « Mais il y a peut-être une clé. Cette clé c’est l’intérêt national russe. » Les malentendus et l’incompréhension entre l’Occident et la Russie ne datent hélas pas d’hier mais ont atteint ces dernières semaines un point dangereux, se muant en franche hostilité : les bruits de bottes en Ukraine, la valse des renvois de diplomates, les soubresauts de l’affaire Navalny, les accusations de cyberattaques et les nouveaux trains de sanctions contre la Russie…

Géopragma

https://geopragma.fr/russie-europe-le-grand-ecart/

Poutine dénonce le projet US d’assassiner Loukachenko et menace l’Occident de ne pas franchir la « ligne rouge »

Dans le discours présidentiel du 21 avril 2021 à l’Assemblée fédérale, après avoir évoqué la situation intérieure, en particulier à la pandémie et à ses conséquences économiques et sociales pour la population - ainsi que toutes les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la situation et aider les plus démunis - Vladimir Poutine a abordé en fin de discours les problèmes internationaux. C’est ce développement, sous forme d’adresse au reste du monde, qui a été traduit ci-dessous.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/26/poutine-denonce-le-...

RWANDA

Rwanda : qui espionne qui ?

Le Rwanda est un pays renommé pour son espionnage contre ses voisins, à la recherche d’informations sur ses ennemis. Ceci est tout à fait normal car aucun pays ne peut se passer de le faire. En plus de cela, cependant, alors qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Rwanda, toute personne a peur de parler, de dire ce qu’elle veut, ce qu’elle voit et comme elle le ressent, même à propos de choses censées être ordinaires. Parce que le système de renseignement qui constitue la base du régime de Kigali, a l’œil partout. Hormis les services de renseignements bien connus, ou les départements d’intelligence des organes de sécurité, l’on dit qu’au Rwanda quand il y a 3 personnes ensemble, l’une d’entre elles espionne les autres ! Comment est-elle construite, cette panoplie de structures de renseignement du Rwanda ?

The Rwandan

https://www.therwandan.com/fr/rwanda-qui-espionne-qui/

vendredi, 30 avril 2021

Les généraux, le pouvoir et la nation

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Les généraux, le pouvoir et la nation
 
par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/les-g-n-...

Pas assez radicaux, pas à la hauteur de la crise, pas au niveau de l'Histoire. Entre Napoléon et Hamlet ils ont choisi Hamlet. Quand la crise est révolutionnaire elle s'inscrit dans le sang et dans le drame. Elle ne peut compter sur la légalité, car il n'existe pas de coup d’État légal. Une insurrection ne peut se solder par un retour en arrière, une restauration du "status quo", une subordination capitularde à un pouvoir qui a failli. Le problème de la force est posé, et est posée par là même, la question de la souveraineté, autrement dit le point de savoir "Qui décide en situation d'exception". Les généraux, le pouvoir ou la nation? Quelle est la nature de la crise et quelles en sont ses solutions? Cette crise n'est pas passagère, mais existentielle, car elle concerne la substance de la nation, sa force vive et la forme politique qui devrait la préserver, la forme précaire du pouvoir, sa fiction démocratique. Traduire les généraux en justice c'est réduire la crise au "status quo", à la subordination hiérarchique et, de ce fait, au pouvoir en place. Cela veut dire pour la France, de combattre sur deux fronts, celui de la loi déchue et celui du danger dormant. En effet, crier aux loups, c'est ignorer que le loup est déjà dans la bergerie, où il y égorge et où il faut le traquer et l'éliminer. Choisir entre de Gaulle et Weygand, ou entre Napoléon et le Conseil des Cinq Cent, c'est choisir entre le changement et la capitulation sans combat. Or, combattre c'est l'art de la guerre et il est difficile "de ne pas ensanglanter la lame", car le cours de la guerre est "dictée par la loi de l'autre". Faire de la subordination des militaires au politique la clé du dénouement de la crise c'est saborder sa propre défense et se rendre à l'ennemi. "Aléa jacta est!" (Les dés sont tirés!). Dans de telles conditions, le Sénat de Rome nommait les deux consuls, dictateurs temporaires afin que la République n'en tirasse pas nuisance. En cas contraire l'ennemi gagnerait Rome et instaurerait sa loi. Restaurer la seule constitution ce n'est point sauver la nation, mais le pouvoir failli et soumettre la France éternelle à une légalité morte, en ouvrant ainsi ses portes à l’invasion barbare et au chaos.

imagesmilf.jpgLa prise de position des généraux français sur le délitement de la France et sur les effets destructeurs de l'islamisme et du gauche, affectant l'esprit et le corps de la nation, ont suscité surprise et débat, ont fait et défait les loyautés et dévoilé un refoulé dangereux, d'ordre sociétal et historique, l'avenir d'un pays et d'une civilisation, qui, transcendant les polémiques d'actualité, pèse sur les considérations d'ordre prospectif. Ce sont les problèmes d'identité, de sécurité et de stabilité qu'une immigration indiscriminée dénature en profondeur, inquiétant les patriotes. Ce sont les drames d'une guerre civile probable, qui rappellent quotidiennement l'incompatibilité historique de l'Islam et de l'Occident, en France et en Europe. Ce rappel vaudra, pour les généraux, un Conseil de discipline militaire, mais pour le pouvoir, le tribunal de l'Histoire, toujours plus sévère des accidents des corps constitués de l’État.

Le reprint soumis à votre attention reprend analyse de la stratégie de conquête politique, démographique et culturelle de l'Europe par l'Islam et l'Organisation des États Islamiques (OCI).

En voici un court rappel.

L'islamisation de l'Europe

et le "retour aux armes"

Irnerio SEMINATORE

Date de publication: 15/11/2018

Une folle orthodoxie diversitaire prépare la capitulation de l'Europe.

Elle prétend immuniser les esprits contre l'islamisation du continent, en masquant les vrais enjeux, de culture et de civilisation, de notre conjoncture, sous les images trompeuses d'une lutte entre la gauche et la droite, l'humanisme et les ennemis publiques de l'humanité.

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Il s'agirait d'une radicalisation de la lutte entre les deux principes, du Bien et du Mal, qui hantent perpétuellement le cœur de l'homme et réapparaissent sous la forme intimidante du fascisme, du nazisme et de l'extrémisme ultra-droite.

Une stratégie de "reductio ad hitlerum", bref une hydre, qui n'a d'égal, que dans les images bibliques.

Repoussé en dehors du périmètre de la légitimité politique, le questionnement sur l'islamisation de nos sociétés occidentales, revient sans cesse, pathologique et accablant.

C'est la singularité de notre débat et l'aveuglement de notre époque, qui cache l'hypothèse (A. de Gobineau), selon laquelle les civilisations meurent en raison du métissage ethnique, corrupteur du principe de hiérarchie et de supériorité raciales.

Peut-on formuler les fondements actuel de l'islamisation en cours, sans faux refoulements?

La conversion d'une société civile à l'Islam, peut découler, selon une approche analytique sans concessions:

- d'un processus d'adhésion volontaire ou larvée à la foi religieuse montante, nécessairement long et moléculaire

- d'une stratégie politique, prônant une véritable colonisation de l'Europe

- ou encore, d'une conquête combinée d'insécurité, d'intimidation, de terrorisme et de Djihad, conduisant à la constitution d'une autre société, ethniquement hétérogène.

Celle-ci, soumise à l'Oumma et régie par un Califat montrerait le rejet violent du "vivre ensemble" entre immigrés et autochtones.

La portée d'une pareille conversion à l'Islam serait, en tous cas, d'ordre historique et aboutirait à une lutte inévitable.

On peut s'interroger sur le fait que les mutations qu'elle comporte réunissent un confluent d'éléments, qui caractérisent le déclin d'une civilisation, un esprit de démission ou de renoncement, un épuisement de la force vitale, imputable au vieillissement des populations, un accaparement de la violence physique de la part des "envahisseurs" et une célébration intellectuelle du nihilisme, engendrant une pente irréversible, qui conduit aux portes de la mort.

D'illustres historiens et philosophes ont développé ces différentes hypothèses, car des signes prémonitoires se sont manifestés toujours, dans les moments décisifs, aux observateurs les plus aiguisées.

Pour ma part, je développerais les aspects intentionnels et déclarés de la stratégie contemporaine, à l’œuvre depuis les années soixante dix, lorsque, définitivement achevé le processus de décolonisation de l'Occident, se profilent des défis multiples à son hégémonie, inversant les rapports de dépendance entre l'Europe et l'Asie et l'Europe et l'Afrique et se redessine, en particulier, la carte géopolitique du Proche et Moyen Orient.

Cette inversion sera marquée par les turbulences et les conflits entre Israël et les pays arabes et par le changement général des rapport des forces entre l'Europe communautaire de l'époque et le reste du monde.

La stratégie de conquête de l'Islam (dar al Harb), dont il est question dans ces lignes, se précise en effet dans les résolutions de Strasbourg de 1975 entre les Neuf et les pays belligérants, suite à l'attaque-surprise syro-égyptienne du Yom-Kippour contre Israël et donnera vie au Processus de Barcelone.

Ces résolutions sont censées mettre un terme au chantage de la hausse des prix du pétrole, (augmentés de 70% et décrétés par l'OPEP au Koweït) et ouvrir un dialogue permanent (le Dialogue Euro-Arabe de 1995) entre la Communauté européenne des Neuf et les pays en conflit avec Israël, pour faire accepter ce nouveau rapport de forces.

C'est un statut de Dhimmitude qui s'instaure désormais entre l'Europe et le monde islamique.

Par ces accords, l'Europe bascule du côté des pays arabes et les résolutions mentionnées seront adoptées à Doha en 2000, par l'Organisation des États Islamiques (OCI), comme critères de référence de leurs relations avec les pays consommateurs (classés en pays amis, ennemis ou neutres, vis à vis de la "cause palestinienne").

Les conditionnalités contenues dans ces résolutions constituent encore aujourd'hui les principes directeurs des relations entre les deux parties.

Certes plus favorables des conditions du sac de Constantinople en 1453, par Mehmed II, provoquant la chute de l'Empire romain d'Orient, elles représentent tout de même une défaite et un tournant historique.

Elles ont pour objet:

- au plan international, la reconnaissance de l'autorité palestinienne comme représentante légitime du "peuple palestinien", assorti du soutien des Neuf à leurs revendications et, en particulier, à la solution finale à deux États, comme issue des négociations de paix

- au plan intérieur, une aliénation de la souveraineté culturelle des pays européens, à propos de l'égalité de traitement, à consentir aux minorités musulmanes qui s'établissent sur le continent européen.

Or l'accès des populations immigrées aux droits sociaux et politiques, dont jouissent les populations autochtones, font de ces communautés des corps organiques soudés et liés à leurs pays, étrangers à la civilisation européenne et inassimilables par celle-ci, mais vivant cependant sur le sol du continent.

Par ailleurs les conditionnalités de ces mesures établissent, dans leur mise en œuvre, une véritable dépossession des pouvoirs de regard et de contrôle des autorités des"pays hôtes", puisque ces minorités restent toujours des entités ethniques, continuant à pratiquer la culture, les lois et les mœurs de leurs origines ancestrales.

La mention de la mise en place d'une politique de recrutement de main d’œuvre et d'immigration, réclamée à l'époque, par les pays européens, comporta la prise en charge d'une importante infrastructure de mosquées, de centres culturels et d'écoles d'enseignement parallèles à l'enseignement publique et laïque, pour l'apprentissage de la langue arabe.

Ces dispositions ne sont rien d'autre que l'application de la "stratégie culturelle islamique", adoptée à Doha et intégrée par l'organisation des États Islamiques (OCI), comme mode d'action de l'ensemble du monde musulman vis à vis de l'Occident.

L'aspect le plus important du narratif concernant l'Islam et retenu par les Neuf, est que l'Islam devient désormais une partie constitutive de la culture européenne.

Ainsi le dialogue euro-arabe n'est que le masque officiel d'un chantage politique et d'une nouvelle perspective d'armistice, par lequel les intérêts pétroliers l'emportent sur l'héritage historique de la civilisation européenne.

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Ses conséquences, de pleine actualité, apparaissent très clairement dans la déclaration de la Haute Représentante pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité de l'UE du 28 février 2018, lorsque, Mme Mogherini annonce publiquement, au nom des Vingt-huit, que: "L'Europe partage globalement la position de la Ligue Arabe sur la relance du processus de paix", dans le but de se démarquer de la position des États-Unis à propos de l'Iran et de la rhétorique pro-palestinienne et anti-sioniste qui s'y accompagne rituellement.

Avec le recul du temps, les répercussions de l'embargo pétrolier de 1973, apparaissent aussi graves que la chute de Byzance, car elles dépassent de loin le rééquilibrage des forces et des cultures, consécutives à la défaite syro-égyptienne, pour atteindre la moelle de la civilisation européenne, son existence et sa pérennité.

L’islamisation actuelle de nos sociétés voit se multiplier des espaces d'extraterritorialité islamique et d'organisation parallèle des pouvoirs, soumis à la Sharia, où la pression intérieure (poids démographique, insécurité, radicalisation et djihad), épouse la déliquescence interne des autorités légitimes, désemparées et impuissantes et ne peut représenter une alternative, en termes de régimes politiques, ni à la démocratie, ni à l'autocratie.

A la décomposition des pouvoirs nationaux en Europe se rajoute la différente progression démographique des deux communautés,autochtone et étrangère, à la défaveur de la population de souche, destinée à devenir minoritaire à moyen terme, engendrant un "hiver démographique".

La désaffection des identités nationales par rapport à leur mémoire, à leur passé et à leur langue en serait une conséquence inéluctable.

Le multiculturalisme qui en résulte équivaut ainsi à une multiconflictualité permanente, à la partition des territoires et, en cas, d'affrontement général, à une possible réédition de la théorie guévariste des "focos", par l'embrasement du continent.

Jouent simultanément, au détriment de la civilisation européenne, deux facteurs convergents, dus au principe de "non-discrimination".

Le premier concerne les frontières territoriales; le deuxième les frontières anthropologiques (homme/femme, vie et mort, procréation naturelle ou assistée).

Les répercussions du premier conduisent à un monde déraciné et à un syncrétisme universaliste; celles du deuxième à la disparition de la famille et à la confusion des sexes et des genres, qui ont perdu toute relation avec les aspects normatifs de la sexualité naturelle, hors de  la soumission du bios au choix arbitraire de la "raison".

Quant à l'alternative aux régimes démocratiques en crise, l'Islam compte que sur un personnel politique idéologiquement épuisé, qui à rompu la relation
passionnelle et spirituelle entre le peuple et la liberté, elle même liée à l’idéologie du progrès et à la cohésion sociale.

Ils s'ajoutent à la décomposition sociétale en cours, les déterminismes idéologiques de la conjoncture planétaire:

- le globalisme des modèles culturels ("l'american way of life", les modes télévisuelles aliénantes, etc)

- la "gouvernance" acéphale des institutions supra-nationales et internationales, hostiles aux "résistances" identitaires des nations millénaires. (Union européenne, Nations Unies, etc)

- les anathèmes discursifs contre les trois notions de "peuple", "populisme" et "dissidence", porteuses de doutes et de scepticisme, quant aux régimes politiques et à l'organisation de la société.

Dans ces expressions, les "élites" cosmopolites, au lieu d'y voir la force de la souveraineté de l'esprit et du pouvoir de décision, y décèlent la poudre incendiaire de la subversion anti-système et du danger de révolte du "peuple libre", qui est, pour le principe démocratique, le dépositaire ultime du pouvoir.

- les interventions du pouvoir judiciaire (Cours Européenne des Droits de l'Homme, en faveur de la protection de l'Islam, en légitimant, par une décision politique contraignante le code islamique du blasphème, dans le souci de préserver la" paix religieuse" en Europe, une "pax islamica",ce qui engendre la politisation de l'appareil judiciaire et le déséquilibrage démocratique des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)

- plus paradoxal encore, le cachet spirituel du Vatican au programme improbable du gauchisme international, en faisant de l'église catholique romaine, le support principal de l'écologie et de l'évangélisation de l'Islam en terre d'Europe, par le "Coup d’État", qualifié de "printemps catholique", promu, selon Wikileaks, par Soros, Obama et H. Clinton, dans le but de remplacer le traditionaliste Benoît XVI par le Pape de gauche François.

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Si on ajoute aux aspects institutionnels et idéologiques, les aspects démographiques, raciaux et anti-autoritaires, qui marquent la violence endémique des banlieues des grandes villes européennes, la boucle de l'islamisation est bouclée et le choc de civilisation en plein développement.

Fallait-il attendre les répercussions suicidaires de la politique de la"porte ouverte" aux migrants, de la part de M.me Merkel en 2015, ou les déclarations de Collomb, ministre français de l'intérieur, démissionnaire, en 2018, pour lier d'un même fil l'immigration, l'islamisation et la guerre civile?

Après les essais retentissants sur la fin de l'idéologie, de l'utopie et de l'histoire, le déni des réalités, concernant l'islamisation de l'Europe, pousse les élites de pouvoir à mentir à leurs propres peuples et à faire taire leurs critiques, en condamnant les contestataires pour délit de "discours de haine", dont elles sont les seules à posséder la maîtrise.

Face à la déroute morale des démocraties en crise, un vent de réveil souffle sur la planète euro-atlantique et l'histoire qui s'écrit, porte dans son discours, l'affranchissement du "politiquement correct" et la dissidence des esprits libres.

Cette insurrection démocratique met en face à face "deux mondes", celui du nouveau totalitarisme globaliste, poussant d'une part à un aveuglement glaçant sur l'islamisme et de l'autre à une révolte morale et à une insurrection montante, face à la guerre civile qui vient.

Or la ligne de front qui oppose les partisans du système aux forces anti-système et donc les globalistes aux populations autochtones, enracinées dans une tradition, s'amplifie de jour en jour.

La révolte qui gronde, contre une "colonisation à l'envers" et contre la fin de la race blanche, est aussi, en Europe, une lutte pour la survie de l'existence nationale, pour la défense du menu peuple, des classes populaires et des classes moyennes.

Présentée sous la forme trompeuse d'un combat politique entre globalistes et souverainistes, ou entre gauche universaliste et droite néoconservatrice, cette lutte pour la survie de la civilisation européenne a des précédents historiques, puisqu'elle exprime une crise des régimes au pouvoir.

En effet, aujourd'hui en Europe, comme hier dans la République de Weimar, une série de chocs à répétition frappe des populations traumatisées par l'absence de protection des démocraties, confrontées aux émergences économiques, aux endettements excessifs et aux incertitudes internes et internationales.

Dans ces conditions, la bataille des cœurs qui oppose deux attitudes de l'esprit, l'esprit de ceux qui, au nom de la "raison", ont oublié Dieu, détruit les traditions anciennes et perdu la confiance et l'espoir et ceux qui, au nom d'Allah, vouent au néant l'ordre institué du monde.

Le vieux "Vae Victis", tonnera à nouveau du haut du ciel, puisque "ni les hommes, ni les États n'ont dit définitivement adieu aux armes!" (R. Aron) et il n'y aura ni pitié ni pardon pour les perdants, dédaignant le souvenir de l'héritage au nom de la paix.

L'Europe a été la patrie des nations et des révolutions nationales.

Elle a été terre de conquêtes et de découvertes universelles.

Elle restera la source inépuisable de la foi, de la raison et de l'idéal.

Renoncera-t-elle pour longtemps au retour vengeur de ses traditions et au rachat violent de ses identités humiliées?


Bruxelles, le 11 Novembre 2018

lundi, 26 avril 2021

La revue de presse de CD (25 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(25 avril 2021)

ECOLOGIE

Transition énergétique ou chinoise ?

A en croire la majorité des politiciens européens et des médias, nous serions en train de basculer du vieux monde de l’énergie vers celui de la transition énergétique. Penser qu’une politique aussi cruciale que la politique énergétique puisse se résumer au slogan simpliste « Sauver la planète » témoigne d’un manque de vision de la marche du monde. Espérer que l’urgence climatique pourra tout faire changer rapidement est naïf, car l’unité de temps du système énergétique est au mieux la décennie.

Conflits

https://www.revueconflits.com/transition-energetique-ou-c...  

ECONOMIE

Dette et souveraineté financière

On parle beaucoup de la dette publique ces temps-ci, non sans motif vu les dépenses démentielles occasionnées par l’épidémie. Un angle peu abordé est toutefois celui de la souveraineté financière. On voit bien intuitivement que s’endetter, quel que soit le motif, ne peut pas être neutre sur votre capacité d’autonomie et par là votre influence. C’est vrai, mais la question est un peu plus complexe. Notamment quand on s’intéresse aux financements privés des États, des appels au « marché ».

Géopragma

https://geopragma.fr/dette-et-souverainete-financiere/

FRANCE

Viry-Châtillon : ne pas se tromper d’adversaire

L’émotion provoquée par l’arrêt d’appel prononcé par la cour d’assises dans l’affaire de Viry-Châtillon est parfaitement compréhensible. Comme pour les affaires Sarah Halimi ou Barbarin, l’agenda judiciaire se télescope avec l’actualité d’un pays à cran. L’opinion publique est complètement exaspérée par le spectacle de la montée d’une violence intolérable, dont l’évidence ne résiste plus au déni des belles âmes, et par les liens entre cette violence et les questions de l’immigration. Il s’agit bien d’une question totalement politique que cette situation créée par 40 ans d’abandon par ceux qui avaient la mission de gouverner ce pays. Malheureusement, une fois de plus, on va se tourner vers la justice et lui faire porter une responsabilité qui n’est pas la sienne.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/viry-chatillon-ne-pas-s...

Quand Karl Marx pleurait la mort d’un chantre de la « race aryenne »…

Le hasard fait bien les choses. La toute récente biographie de Jenny Marx (par Jérôme Fehrenbach, une étude remarquable, aussi érudite qu’agréable à lire) m’a conduit jusqu’à un personnage dont j’ignorais tout, Gustave Flourens. Un ami très proche de Jenny et Karl Marx qui eurent la douleur de le perdre en 1871. Officier communard, Flourens avait conduit une sortie contre les Versaillais qui avait tourné court. Un officier de gendarmerie l’avait abattu sans forme de procès, le 3 avril 1871.

Breizh-Info.com

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163131/quand-karl-...  

GEOPOLITIQUE

Gouvernance globale et guerre civile mondiale

Au vu de la tension croissante entre USA et Chine/Russie, la toile bruisse de rumeurs de guerre et beaucoup se posent légitimement la question de savoir si une guerre mondiale ouverte pourrait suivre la séquence du Covid commencée fin 2019. Tenter de répondre à cette question nécessite d’aborder cette problématique complexe sous trois aspects principaux : politique, géopolitique et stratégique. Trois niveaux d’analyse qui peuvent permettre de sonder quelles sont les ruptures en cours susceptibles ou non d’entraîner une fracturation de l’ordre mondial et ainsi conduire à une guerre ouverte entre les faces occidentale et orientale de la gouvernance mondiale.

Stratagika.fr

https://strategika.fr/2021/04/14/gouvernance-globale-et-g...

ISLAM

Vidéo. A qui profite le djihad ? Xavier Raufer

Le criminologue Xavier Raufer vient de publier une nouvelle étude sur les ramifications du djihad entre la France et les pays étrangers. Face à des ennemis indéfinissables et souvent hybrides, se borner à prolonger des courbes ne sert qu’à s’aveugler ou à faire perdurer le chaos. Une vidéo qui propose quelques clefs pour comprendre le djihad et surtout à qui il profite.

Conflits

https://www.revueconflits.com/xavier-raufer-djihad-crimin...

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MEDIAS

Agences de renseignement et grandes entreprises : l’idéologie Woke en commun

Cet article dénonce l’idéologie du « Woke capitalism », les grandes entreprises rentrent dans le débat politique en se polarisant à l’extrême et avec des moyens disproportionnés qui biaisent complètement le débat démocratique et sont vecteurs de division difficilement réconciliables ensuite tant les sujets sont clivants.

OJIM

https://www.ojim.fr/agences-de-renseignement-et-grandes-e...

« Vaccin contre la désinformation », le journalisme entravé dans quelque 130 pays

« Principal vaccin contre la désinformation », l’exercice du journalisme est « totalement ou partiellement bloqué » dans plus de 130 pays, alerte Reporters sans frontières (RSF), à l’heure où la crise sanitaire rajoute des entraves à la couverture de l’actualité.

Le Devoir

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Qui est Alain Ternational ?

Chronique sur la langue française, son charme, ses difficultés, et… ses nouveaux locuteurs

Causeur.fr

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jeudi, 22 avril 2021

"Récit d'un monde adolescent" de Jean-Pierre Le Goff

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Récit d'un monde adolescent de Jean-Pierre Le Goff

Ex: Compte vk de Jean-Claude Cariou

Recension: La France d'hier - Récit d'un monde adolescent - Des Années 1950 à Mai 1968, Par Jean-Pierre LE GOFF, Editions Stock, 2018, 467 pages.

"Le développement de la société de consommation commençait à faire rêver mais les traditions populaires et "le bon sens", l'affrontement à la réalité par le travail manuel, la confrontation à la souffrance et à la mort constituaient encore des contrepoints salutaires qui faisaient que globalement, les gens demeuraient les pieds sur terre en évitant de trop dépenser et de croire que tout était possible pour peu qu'on l'ait désiré". J-P. LE GOFF

Jean Pierre Le Goff est aujourd'hui, dans notre société réductrice de la pensée, réputé inclassable. En ce sens qu'il est passé de l'engagement très contestataire de mai 68 et du maoïsme qui va le guider un temps à l’analyse critique sur ce passé immédiat, favorisée par les révélations des crimes du totalitarisme rouge, puis finalement à une étude objective de ces évolutions en traitant de thèmes très concrets, ainsi notamment ceux du travail et de la formation.

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Philosophe de formation, Membre du CNRS, Professeur des Universités, il est aujourd'hui connu pour ses ouvrages qui traitent de cette évolution de la société française, de la Libération à aujourd'hui. Pour dénoncer finalement les illusions de la gauche, son évolution de la gauche politique et sociale vers le gauchisme sociétal, vecteur de la pensée révélée et nécessairement unique qui "s'est appropriée le magistère de la morale". Il compte aujourd'hui parmi les plus pertinents procureurs du gauchisme culturel dont il a désigné quelques héros, ainsi de Najat Vallaud-Belkacem qu'il désigne comme "l’héritière impossible". Une gauche nouvelle et déjà morte dont il dénonce l'atteinte aux libertés démocratiques, le lynchage médiatique institutionnalisé et finalement l'imposture.

Il est l'auteur notamment de Mai 68, l'héritage impossible (1998), La barbarie douce (1999), La gauche à l'épreuve (2011), La Fin du village, une histoire française (2012) pour lequel il a reçu de nombreux prix et notamment le Prix Montaigne.

Jean-Pierre Le Goff propose ici une balade dans sa propre histoire, en l'abordant de manière pudique et sans autre prétexte que de mettre en perspective les tourments de l'adolescence et ceux de la société toute entière confrontée à la richesse inédite des "Trente Glorieuses" en contrepoint des privations de la guerre, au progrès technologique symbolisé du coté de Cherbourg par la construction de la Centrale de La Hague, à la société de consommation naissante illustrée par la "bagnole", la "télé" et les vacances à la mer.

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Balade dans son enfance et son adolescence, qui nous mène jusqu'aux "événements" de Mai 68, ainsi qualifiés par ceux qui les considèrent comme un épiphénomène quand d'autres parlent avec emphase de "révolution", terme sans doute inapproprié si l'on considère 1789, 1848 ou 1917. Evénements ou révolution auxquels le personnage central du livre va participer dans sa bonne ville de Caen, pour les considérer aujourd'hui avec le recul comme l'expression désordonnée d'une rupture qui sourdait dans cette société saturée de morale, de devoirs et de privations, aux prises avec le consumérisme et le progrès, une rupture que l'Eglise elle-même très menacée par cette évolution avait paradoxalement anticipée par les avancées rituelles de Vatican II, bien insuffisantes à conjurer son déclin ou sa perte d'influence.

Ce livre pourrait sans doute prendre pour titre "D'une église à l'autre" alors que l'auteur élevé chez les curés dénonce sans excès ni caricature le carcan moral de cette éducation catholique impliquant un mode comportemental et un discours convenus sinon asservis, autant de critiques qu'il porte aujourd'hui dans des termes plus acérés à la gauche intellectuelle, enfermée dans ses schémas de pensée qu'elle croit incontestables, comme ceux d'une religion révélée.

Une évocation pertinente de ces années là; très fidèle à la réalité pour qui les a vécues et finalement, en dépit des convictions marquées de l'auteur, jamais polémique, cette pertinence procédant sans doute d'une objectivité réelle qui fonctionne souvent en binôme avec l'intelligence.

Une objectivité inspirée par le recul qu'a pris l'auteur sur cette évolution sociale dont il mesure bien la nécessité mais dénonce aussi les écueils et les vanités.

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Une objectivité qui convainc alors qu'elle s'affranchit de l'analyse clinique et prend en compte la vie réelle, ainsi l'amour du fils pour ses parents, la fascination de l'élève de philo pour son professeur iconoclaste et inclassable, les amours adolescentes et la quête hasardeuse de la sexualité, les chahuts au bahut, les nuits blanches et leurs odeurs d'alcool... cette somme de sentiments, d'attachements et d’expériences qui jalonnent le chemin de l'enfant vers l'adulte que l’auteur évoque opportunément pour ancrer sa démonstration dans un récit vivant et lui conférer ainsi sa crédibilité.

Le traitement très juste de la découverte chez l'adolescent de la littérature, de la musique et du cinéma, comme vecteurs de son affranchissement vis à vis de la génération qui le précède, servi par l’évocation de Camus, Prévert, Boris Vian et Dylan, révélés à cette époque qui renvoient Mauriac au placard ou au grenier.

On relèvera ici et là quelques développements abscons et d'une intelligibilité relative, mais à la marge.

Une langue quelquefois plus anthropologique que romanesque mais sans doute conforme à la démarche de l'auteur.

Mais il reste un ouvrage très précieux pour ceux de la génération de l'auteur qui, sans toujours partager ses emballements politiques ou esthétiques, ont vécu ces années là et sans doute pour les générations qui suivent, si le monde dans lequel leurs parents sont nés les intéresse.

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L'évocation d'un monde un peu figé qui va s'émanciper à la faveur d'une économie en marche, de la consommation exponentielle qu'elle favorise, de la transversalité sociale qu'elle implique, un monde qui va sacrifier la morale à la jouissance plus qu'au bonheur et se nourrir de l'illusion de son intelligence par la distance nécessaire qu'il dit ou croit prendre avec le passé.

Le récit d'une (r)évolution qui amène l'un de ses ardents ( et modeste) protagonistes à réfléchir a posteriori sur sa pertinence en dénonçant avec fracas l'immaturité des élites auxquelles elle va donner naissance, élites de gauche que rallieront celles de droite, perdues dans une confusion des genres pathologique, pseudo-élites aujourd'hui encore présentes au pouvoir et dans les médias mais en voie de total discrédit, la bascule de l'électorat ouvrier vers le Front National en constituant sans doute la plus pertinente expression.

***

"Jean-Pierre Le Goff ne voulait pas écrire ce livre. L'homme est modeste, pudique, et le sociologue sait trop où peuvent mener les vertiges de l'ego. Il a pourtant choisi de raconter une enfance et adolescence françaises entre 1950 et 1968, non pas pour contempler sa jeunesse et sa trajectoire, moins encore pour gratter de vieilles plaies, mais pour laisser en héritage un récit qui pourrait renseigner les jeunes générations sur le monde d'avant 1968. Il a bien fait. Son livre est précieux comme une correspondance cachée, évocateur comme une photo jaunie, plein de détours, d'atmosphères et de nuances comme le sont les souvenirs.

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En ce temps-là dans le village d'Equeurdreville à deux pas de Cherbourg, l'existence était une liturgie. L'école, les travaux des champs, la soupe, la prière du soir, la protection de l'ange gardien. Malbrough s'en allait en guerre, Tintin sur le Karaboudjan et personne n'aurait songé à arracher la casquette du père Bugeaud. Dans le Cotentin, on mettait ses habits du dimanche ; tenant la main de son père, on regardait les adultes rougeauds s'esclaffer au café ; on veillait les morts ; on apportait des fleurs au cimetière. La lande normande près de la Hague ressemblait aux peintures du XIXe siècle. Les jours poussaient les jours. Les joies, les peines étaient contenues dans ce cadre un peu triste, et gare à celui qui en sortait. Le catéchisme s'apprenait comme une psalmodie («- Qu'est-ce que Dieu? - Dieu est un esprit éternel, infiniment parfait, créateur et souverain maître de toutes choses.») et les élèves grandissaient dans l'enclos d'un ordre ancestral. Ils lisaient l'histoire de la chèvre de M. Seguin, mais ne rêvaient pas encore de rejoindre la colline. Ils n'auront pas à le faire.

Déjà, tout un monde corrode silencieusement la corde qui le relie au passé. Les plaisirs de la liberté ne scintillent pas au loin: ils sont là, innombrables, à portée de main. La télévision entre dans les foyers, le formica remplace les tables de bois, le tambour de la machine à laver le linge couvre de son bruit celui des marches militaires, les curés se prennent pour Brassens, Brel chante qu'on lui a volé son Far West. La sève monte comme au printemps, les rythmes de Vince Taylor épousent les pulsions de la jeunesse, la mélancolie de Dylan nourrit l'exil intérieur, dans la fumée des cigarettes ; l'avenir doit faire tomber cette société vermoulue, on montre son arrière-train aux bourgeois qui radotent.

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«Il faut le progrès, disait De Gaulle à la télévision, mais il ne faut pas la pagaille.» Les parents goûtent au progrès avec ivresse. Ils célèbrent le «dieu atome» devant la centrale de la Hague et s'extasient devant les tours qui jaillissent de terre. Les enfants veulent la pagaille comme Boris Vian dans ses romans et Mick Jagger dans ses concerts. Tout se mélange dans cette fièvre: les grands textes et les juke-box, la politique et l'hédonisme, l'idéalisme chrétien et le nihilisme nietzschéen, Jésus, Bouddha, Gandhi, Martin Luther King… On voit naître un «peuple adolescent». Une masse rimbaldienne. Celle qui, au mois de mai 1968, cristallisera par les pavés, les barricades, l'œil insolent de Cohn-Bendit et les slogans sur les murs le désarroi d'une société qui n'est plus traditionnelle mais qui n'est pas encore moderne. Encore suffisamment classique pour moquer avec talent le monde de Papa, trop immature pour accepter un ordre qui ne perpétuerait pas cette griserie de l'esprit et du corps.

Sensible comme un peintre normand, Le Goff peint ces évolutions par petites touches. Il alterne détails microscopiques mais toujours signifiants et réflexions plus générales. Son constat est clair: le moment 68 est l'instant visible, collectif d'un bouleversement profond qui avait depuis dix ans transformé la jeunesse. «Le “tout, tout de suite” de l'Antigone d'Anouilh, écrit Le Goff, débouchait sur la mort. Passant outre le tragique, la jeunesse révoltée des années 1960 allait faire son programme de vie et d'action dans les conditions nouvelles de la société de consommation et de loisirs.»
Le peuple adolescent a, depuis, pris du ventre, des rides, perdu cheveux et illusions, mais il n'accepte toujours pas d'être adulte. La France d'avant est révolue, celle d'aujourd'hui se cherche encore. À cette crise de la modernité a succédé la crise économique avant la crise d‘identité. Mai 68 ? Une erreur de jeunesse qui n'en finit pas de finir."

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https://youtu.be/t684FOmKYg0

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La France d'hier - France Culture
https://www.franceculture.fr › Émissions › Répliques, 3 mars 2018 - Qu'est ce que la France d'hier et est-elle différente du monde d'après 68 ? Jean-Pierre Le Goff répond à Alain Finkielkraut.

16:38 Publié dans Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-pierre le goff, histoire, livre, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 20 avril 2021

Le pire parti de France

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Le pire parti de France

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

On pensait avoir touché le fond des abysses avec l’UMP – Les Républicains de Jacques Chirac et de Nicolas Sarközy, le PS de François Hollande, La République en marche d’Emmanuel Macron sans oublier le MoDem, l’UDI, La France hyper-soumise ou le Rétrécissement népotique. C’était sans compter sur Europe Écologie – Les Verts qui trouve le moyen de creuser la lithosphère terrestre.

Arrivés par effraction grâce au covid-19 et à une abstention massive à la tête de nombreuses municipalités, Les Verts n’ont guère tardé à montrer leur suffisance idéologique. L’édile de Bordeaux qualifie les sapins de Noël d’« arbres morts » et ne veut pas en installer en décembre. Le maire de Lyon juge le Tour de France cycliste machiste et pollueur, propose à son conseil municipal un budget « genré », et bannit la viande des cantines scolaires. La mairesse de Strasbourg accorde une forte somme d’argent public à la plus grande mosquée d’Europe occidentale. Les nationaux-islamistes turcs la remercient chaudement. Aux mains d’une coalition verte – rouge très vif depuis sept années, Grenoble redevient un Chicago alpin.

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La semaine dernière, la mairesse de Poitiers, Léonore Moncond’huy (photo), a supprimé les subventions municipales aux aéroclubs locaux parce qu’elle réprouvait le sport motorisé. Pour se justifier, elle estima que « l’aérien, c’est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d’enfant d’aujourd’hui ». Souhaiterait-elle que les jeunes générations rêvassent d’accueil inconditionnel des « migrants », d’une société inclusive, dévirilisée et végane, et d’une existence seulement propice à la consommation du shit ?

Certes, les penseurs de l’écologie, à l’instar du décroissant Serge Latouche, souhaitent décoloniser l’imaginaire collectif, mais il s’agit de se libérer du productivisme, du Progrès et de la Modernité, et seulement pas de l’aviation de plaisance. Les Verts seraient-ils donc opposés aux programmes spatiaux ? Ce ne serait que de simples banalités de la part de pacifistes invétérés qui ignorent la loi d’airain du politique et donc des enjeux de puissance.

Léonore Moncond’huy commet en tout cas un formidable contresens peu surprenant. Dans le n° 17 d’octobre 2014 de Causeur, Daoud Boughezala rapportait une anecdote survenue au moment de l’université d’été des Verts deux mois plus tôt à Bordeaux. Lors d’un atelier consacré à Bernard Charbonneau et à Jacques Ellul, « sur la cinquantaine de spectateurs de l’assistance, nous sommes trois ou quatre à lever le bras » pour avoir lu leurs œuvres… Cette méconnaissance étonne de la part d’un milieu constitué de cadres supérieurs diplômés pléthoriques.

Dans son récent essai co-écrit Les Luttes de classes en France au XXIe siècle (2020), Emmanuel Todd a raison de considérer le vote en faveur des Verts comme une manifestation patente de « contre-populisme ». C’est une attitude réactive à la nette radicalisation de la société française. Le démographe et économiste dissident précise que voter pour EE-LV, c’est effectuer un « vote […] : “ Ni Macron ni le peuple ” » qui se traduit dans les faits par « un vote contre le Jaune. Non à Macron, non aux Gilets jaunes aussi. Un vote “ ni ni ”, en somme » sans pour autant choisir les « extrêmes ». Les Verts sont par conséquent la dernière engeance en date de la Plaine, ce marécage historique central de la bourgeoisie modérée.

Donneurs de leçon permanents et chantres de la morale politique, ce qui est un oxymore, Les Verts détestent toute contradicteur averti. Très susceptibles, ils ont déposé une plainte en diffamation contre divers membres du gouvernement dont Marlène Schiappa qui déclarait dans un franglais typique propre à nos dirigeants qu’« on pourrait faire un best-of des décisions les plus sectaires d’EE-LV ». Incapables de débattre avec quiconque qui ne partage pas leur point de vue, ils refusent ainsi les invitations de la chaîne d’information CNews accusée par ailleurs de « dérive droitière ». Ils attendent des journalistes de recevoir un traitement conformiste et convenu.

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L’électorat Vert reste néanmoins fluctuant, instable et mouvant. Trimbalé de Bayrou en 2007 à Macron en 2017 en passant par Hollande en 2012, il ne présente pas une forte motivation et risque de vite déchanter si EE-LV commence à se déchirer au sujet de l’échéance présidentielle à venir. Sait-il pour le moins que l’antagonisme entre Éric Piolle et Yannick Jadot (photo) est si violent en interne qu’il ramène à l’état de broutilles la féroce rivalité entre François Mitterrand et Michel Rocard ou entre Lionel Jospin et Laurent Fabius aux grandes heures du PS ?

Les Verts ont longtemps été assimilés à des « pastèques » (vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur) ou à une volonté de revenir à la lampe à huile. Commencée en 1993 avec l’exclusion d’Antoine Waechter, leur dérive tourne à l’artificialisation et à la stérilisation des idées écologiques les plus prometteuses. Ils se détournent de la pluralité des expressions et se moquent de la diversité des opinions. Cette écologie politique-là ne peut que conduire à un Tchernobyl des convictions, à un Fukushima de l’engagement militant, à un dépôt de bilan politique total.

Georges Feltin-Tracol.

PS : Chaque semaine depuis un an, Les Verts démontrent leur sens des affaires publiques. Le 14 avril dernier, le conseiller municipal EE – LV de Vincennes (Val-de-Marne), Quentin Bernier – Gravat, ne vote pas une subvention au club local de yacht, car « les bateaux polluent, donc l’activité du Yacht Club est polluante ». Il oublie qu’il s’agit de la navigation à voile (avec du vent)… Peut-être faudrait-il commencer à préparer un bêtiser politique des Verts tant ce parti symbolise la bouffonnerie dans toute sa splendeur.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 210, mise en ligne sur TVLibertés, le 13 avril 2021.

lundi, 19 avril 2021

La revue de presse de CD (18 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(18 avril 2021)

CULTURE

Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

C'est l'époque où Peter Pan est interdit aux enfants par la bibliothèque publique de Toronto, où l'éditeur néerlandais Blossom Books retire Mahomet de l'Enfer de Dante et où l'on enregistre chaque jour une censure pour satisfaire les indignés professionnels. C'est le moment où Dan Franklin, qui a publié Ian McEwan et Salman Rushdie aux éditions Jonathan Cape, déclare : « Je ne publierais pas Lolita aujourd'hui. Avec MeToo et les médias sociaux, vous pouvez susciter l'indignation en un clin d'œil. Si on me proposait Lolita aujourd'hui, je ne le ferais jamais passer et un comité de trentenaires dirait : "Si vous publiez ce livre, nous allons tous démissionner" ». Presque normal alors de lire Michel Schneider, biographe de Charles Baudelaire, qui dans Le Point déclare que son favori, l'auteur des Fleurs du mal, serait aujourd'hui fustigé et censuré.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/10/a...

EUROPE

Irlande du Nord. Quand les enfants perdus d’Ulster sombrent dans la violence

Nous vous proposons ci-dessous la traduction d’un article en langue anglaise signé Jenny McCartney au sujet des tensions et des violences en Irlande du Nord à l’heure actuelle. Une analyse pertinente (sans doute la meilleure à l’heure actuelle qui ait été publiée par une journaliste au fait de la situation) qui résume parfaitement la situation de ces derniers jours, à découvrir ci-dessous.

The Post – Traduction par Breizh-Info

https://www.breizh-info.com/2021/04/11/162274/irlande-du-...

Arrêtez de dire « the bloc » pour parler de l'Union européenne

Arrêtez de nous appeler « the bloc »! Dans la presse anglophone, nous autres Européens sommes « the bloc ». Pas l'Union européenne, mais « the bloc ». Politico, le New York Times, le Guardian… Rares sont les médias à ne pas recourir à ce raccourci facile qui évite de répéter «  vingt-sept États membres » ou « l'Union européenne » dans un même article. Un petit mot efficace, qui claque dans un titre ou un chapô, mais qui donne l'impression que de notre côté de la Manche ou de l'Atlantique se dresse un monstre froid, vestige de l'époque soviétique, où personne ne mange à sa faim et où chacun se terre, privé de ses libertés les plus fondamentales. Dans le monde post-Brexit et en pleine guerre des vaccins, « the bloc » sonne désuet et polarise une réalité déjà suffisamment clivée pour en rajouter.

Slate

http://www.slate.fr/story/207470/the-bloc-expression-racc...

FRANCE

Alerte ! Les sociétés françaises sont devenues des proies faciles pour les étrangers

Le cas Carrefour pourrait ne pas être isolé : déjà fragiles, nos entreprises sont devenues encore plus vulnérables à des rachats par des investisseurs étrangers. Mais, depuis peu, l’Etat s’est donné les moyens de les protéger.

Capital.fr

https://www.capital.fr/entreprises-marches/alerte-les-soc...

Rwanda : partiel et partial, le rapport Duclert

Le rapport « Duclert », commandé par le président de la République pour tenter de faire la lumière sur la responsabilité supposée de la France dans le génocide rwandais de 1994, fait couler beaucoup d’encre depuis sa remise le 26 mars dernier à Emmanuel Macron par le Pr Vincent Duclert, patron de la commission de 14 historiens réunis depuis deux ans à cette occasion. Ce rapport très fouillé et très volumineux est paradoxalement partiel, et partial.

Conflits

https://www.revueconflits.com/jacques-hogard-rwanda-rappo...

ISLAM

Fenêtre sur le monde. Le djihadisme d’atmosphère. Gilles Kepel

Gilles Kepel, professeur à l’ENS, est l’un des orientalistes les plus renommés de France. On lui doit d’être l’un des premiers à avoir étudié les « banlieues de l’islam » ainsi que les fractures qui parcourent le monde musulman. Il étudie aujourd’hui la notion de « djihadisme d’atmosphère » qui explique en partie les attentats commis récemment. Dans Le Prophète et la pandémie (Gallimard), il étudie les conséquences de l’année 2020 sur les mondes arabes et musulmans. Une interview-vidéo de plus d’une heure.

Conflits

https://www.revueconflits.com/gilles-kepel-prophete-pandemie/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=revue_conflits_les_dernieres_mises_en_ligne&utm_term=2021-04-09  

MEDIAS

Le sort de Julian Assange démontre l’imposture des valeurs dont se réclame l’Occident

Le monde occidental a une très haute opinion de lui-même et de ses prétendues valeurs, mais la manière dont il traite le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, révèle qu’il ne s’agit que de mensonges.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/10/le-sort-de-julian-assange-demontre-limposture-des-valeurs-dont-se-reclame-loccident/

État profond ? Ben Nimmo, cadre de l’OTAN, rejoint Facebook

Comme le proclament les complotistes de l’anti-complotisme, style Rudy Reichsdadt, l’État profond américain n’a jamais existé, n’existe pas, n’existera jamais. Le fait que Facebook recrute un ancien de l’OTAN doit être une preuve de plus de cette non existence…

OJIM

https://www.ojim.fr/etat-profond-ben-nimmo-cadre-de-lotan...

 

 

samedi, 17 avril 2021

L'énigme Pompidou-De Gaulle

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L'énigme Pompidou-De Gaulle

Par Arnaud TEYSSIER
Editions PERRIN, 2021, 362 pages

Par Maxime Tandonnet

Source: Compte vk de Jean-Claude Cariou

A l’heure où la France sombre dans un authentique chaos politique dont nul ne voit l’issue, le livre de M. Arnaud Teyssier, L’énigme Pompidou-de Gaulle est l’occasion d’un retour sur les fondamentaux de l’histoire politique récente de notre pays. Cet ouvrage passionnant tient à la fois du récit et de la réflexion fondée sur d’abondantes références historiques et littéraires. Aujourd’hui, les noms de ces deux hommes d’Etat renvoient, l’un comme l’autre, à l’image d’une période révolue de stabilité, de fierté et de grandeur nationale. Comment en sommes nous arrivés-là? ne manque t-on de s’interroger à l’issue de la lecture captivante de ces 400 pages.

Tous deux proviennent d’horizons bien différents. L’un natif de Lille en 1890, a grandi « dans un milieu familial de vieille bourgeoisie dominée par la passion de la France et la foi dans la providence. » L’autre « petit-fils de paysans d’Auvergne », ayant vu le jour en 1911 dans une famille d’instituteurs qui « mêlaient dans un commun attachement la patrie et la République ». Leur alliance s’est enrichie de leurs différences, le premier animé par un sens aigu de la tragédie de l’histoire et l’obsession du destin national, le second fidèle à une forme de bons sens terrien et de nonchalance naturelle. Mais ces différences, source de leur entente, portaient en germes les fractures à venir… Tous deux partageaient en revanche les mêmes convictions sur l’autorité de l’Etat et un patriotisme intransigeant.

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Le tandem qu’ils ont formé pendant près de vingt ans est né dans des conditions improbables. Georges Pompidou agrégé de lettres modernes, marié à Claude et épicurien, n’a pas pris part à la résistance et ne fit pas partie des compagnons historiques de l’auteur de l’Appel du 18 juin. Par l’intermédiaire d’un camarade de la rue d’Ulm et proche du Général, René Brouillet, il entre au cabinet du chef du gouvernement provisoire à la Libération. Il n’a à l’époque quasiment aucun contact direct avec de Gaulle: « Le premier vrai contact en tête-à-tête se fait, assez classiquement, à l’occasion d’une permanence, un samedi après-midi. Pompidou est surpris par la bienveillance du personnage, alors qu’il s’attendait à plus de rugosité... » Le chargé de mission se fait remarquer par la clarté des notes qu’il rédige. Sans être directement mêlé à l’aventure du RPF (le parti gaulliste de 1947 à 1953), il devient peu à peu l’homme de confiance du Général dans sa traversée du désert, le trésorier de la fondation Anne de Gaulle (sa jeune fille handicapée), puis en 1948, son chef de cabinet, en charge par exemple des relations avec les éditions Plon pour la publication des Mémoires de Guerre.

Après un passage au Conseil d’Etat puis à la banque Rothschild, Pompidou est rappelé par le Général revenu au pouvoir en juin 1958 comme président du Conseil de René Coty. Comme directeur de cabinet à Matignon, il prend une part active aux travaux constitutionnels en vue de la rédaction de la future Ve République. Après la promulgation de la Ve République, retour à la banque tout en se maintenant au service du nouveau président de la République, qui le charge de missions sensibles telles que certains contacts avec les rebelles algériens. En 1962, à l’issue de la signature des accords d’Evian qui accordent l’indépendance algérienne, le Général le nomme Premier ministre avec l’objectif de mettre en œuvre sa volonté de modernisation de la France.

L’ouvrage de M. Teyssier souligne l’étrange paradoxe de la personnalité et du parcours de Georges Pompidou. Ce dernier n’avait rien d’un carriériste forcené. Porté par l’estime que lui vouait le Général – pour ses capacités intellectuelles, sa loyauté et son sens de l’Etat – cet amoureux passionné de la vie n’a pas cherché le destin qui le conduisait ainsi au sommet du pouvoir même s’il a pris goût à la politique. Ce qui sidère dans son comportement, c’est la fermeté de son caractère, y compris face à son mentor. Son intelligence, sa culture son épicurisme aussi, étaient à la source d’un certain fatalisme, source lui-même d’indépendance d’esprit. Or, le Général voulait près de lui un homme de caractère capable de lui tenir tête . « Il ne semble à aucun moment craindre de livrer sa pensée. C’est sans doute ce qui le fait tant apprécier de De Gaulle. » Ainsi, le livre s’attarde sur un épisode clé de leur relation. Quand le Général de Gaulle envisage de laisser exécuter Jouhaud, l’un des généraux putschiste de 1961 condamné à mort par une juridiction d’exception, Pompidou s’y oppose et le menace de démissionner si la peine est appliquée. Le Général finit par céder…

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Pourtant, l’alliance de deux personnalités exceptionnelles ne survivra pas à la fin de règne compliquée du Général. Une divergence fondamentale les oppose sur la « participation » [des salariés à la direction de leur entreprise] dont le Général veut faire l’axe de son second mandat (à partir de 1966). Pompidou qui y voit un risque pour le développement des entreprises, freine des quatre fers. « Le projet qui m’a été montré hier, de ce que vous aviez l’intention de déclarer au parlement ne va pas assez loin, à beaucoup près », écrit le chef de l’Etat à son premier ministre. La révolte étudiante de mai 1968 aggrave les malentendus. Le Général reproche à Pompidou un manque de fermeté qui conduira à l’éviction de Matignon de ce dernier dans des conditions confuses. Leur différence de caractère et de sensibilité ressort à cette occasion, envenimant leurs désaccords. Pompidou « introduit une dimension affective dans un univers – celui du gouvernement et du pouvoir – où il devrait savoir que de Gaulle ne prend jamais en compte les sentiments personnels. »

L’auteur consacre enfin de longues et passionnantes pages à l’affaire Markovic, cet effroyable scandale (à connotation sexuelle) mettant en cause Claude, l’épouse de l’ancien Premier ministre qui poussa ce dernier aux portes du « désespoir« . Pompidou reproche amèrement au général son manque de réactivité tout en suspectant certains compagnons de ce dernier d’y avoir trempé. De Gaulle n’y voyait que des racontars et reprochait à son ancien bras droit d’y attacher trop d’importance – signe à ses yeux d’une forme de faiblesse. Enfin, l’une des dernières et plus graves sources de griefs entre eux: les déclarations de Georges Pompidou le 17 janvier à Rome, puis le 12 février 1969 à Genève, laissant entrevoir la perspective de sa candidature aux présidentielles (dans l’hypothèse, sous entendue, d’une démission du Général). De Gaulle y vit l’une des raisons de son échec au référendum du 27 avril 1969 qui l’a contraint, comme il l’avait annoncé, à quitter l’Elysée.

A l’issue de ce périple au cœur de l’histoire orageuse d’une décennie de « grandeur« , il convient de citer la lumineuse conclusion de l’auteur: « Retour à la case départ. En pis? Cette comédie s’est rejouée sous la Ve République, à partir du milieu des années 1980, lorsque les partis politiques, à la faveur des cohabitations et d’une décentralisation perversement conçue, ont laissé la vraie politique en jachère. François Mitterrand avait tendu un piège aux héritiers du gaullisme, un piège métaphysique qui allait permettre de réinstaller la IVe République au cœur de la Ve mais dans des conditions pires encore dès lors que le pouvoir serait désormais protégé de l’instabilité par des institutions qui avaient été détournées de leur raison d’être: faites pour décider, trancher, gouverner, elles sont devenues l’ultime protection d’un pouvoir irrésolu qui n’ose plus se mettre en jeu par le référendum. Désormais, la stabilité est partout mais l’autorité n’est à nouveau nulle part. »

Maxime Tandonnet

jeudi, 15 avril 2021

Dernières publications sur "Strategika"

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Dernières publications sur "Strategika"

Chers amis,

Voici mes derniers travaux publiés sur Strategika :

- "Société ouverte vs Chine : le choc des globalismes" (première partie)

https://strategika.fr/2021/04/10/societe-ouverte-vs-chine...

- "Vaccination, dépopulation et urgence climatique : Bill Gates, la gouvernance globale et le “great reset” démographique" 
 
J'attire aussi votre attention sur deux longs articles qui se complètent assez bien de par leurs thématiques respectives :
Gouvernance globale et guerre civile mondiale – Pierre-Antoine Plaquevent
et
L’abolition de l’État de droit et la renaissance de la violence politique – Youssef Hindi
 
- En ce moment aussi sur Strategika :
Qui est Alexander Soros, actuel vice-président de l’Open Society ?
https://strategika.fr/2021/04/10/qui-est-alexander-soros/
 
L’ancien vice-président de Pfizer : “Les gouvernements vous mentent et préparent le dépeuplement massif”
 
« Il n’y a absolument aucun demandeur d’emploi »: comment des milliards de dollars de stimulus ont déclenché une crise historique du marché du travail
https://strategika.fr/2021/04/10/comment-des-milliards-de...

Attali nous promet des vaccinations annuelles et des reconfinements réguliers durant des décennies
https://strategika.fr/2021/04/12/attali-nous-promet-des-v...
 
Droite mondialiste : le ministre polonais de la Santé parle comme Attali ou Schwab et promet des décennies de tyrannie sanitaire
 
Les raisons de la seconde guerre mondiale - Paul Craig Roberts
 
Suivez Strategika et nos auteurs sur Telegram :
 
Bien amicalement, 
 
Pierre-Antoine Plaquevent

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lundi, 12 avril 2021

Un slogan révélateur

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Un slogan révélateur

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex; http://www.europemaxima.com

Il y a cent ans et quelques mois surgissait d’une scission au congrès socialiste de Tours en décembre 1920 la SFIC (section française de l’Internationale communiste) qui deviendra ensuite le Parti communiste français (PCF). Incontestable puissance électorale au début de la IVe République, ce parti lié à l’Union Soviétique va lentement décliner suite à une conjonction de plusieurs facteurs défavorables pour son supposé prestige : les crises de Budapest en 1956 et de Prague en 1968, le retour au pouvoir du général De Gaulle en 1958 et la signature du Programme commun de la gauche préparée par le machiavélique François Mitterrand.

Aux élections européennes de 2019, la liste communiste conduite par Ian Brossat n’a obtenu que 564 949 suffrages, soit 2,49 %, ce qui est encore beaucoup trop pour un parti connu pour sa plasticité politicienne d’Anne Hidalgo à Jean-Luc Mélenchon. Malgré une réalité groupusculaire, ce parti politique dispose toujours d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale et au Sénat, dirige encore le conseil départemental du Val-de-Marne et administre quelques centaines de municipalités. Ancien organe officiel du parti, L’Humanité demeure le papier-toilette imprimé le plus subventionné de France. Au moment des élections municipales de l’année dernière, le PCF qui a troqué la faucille et le marteau pour une étoile à cinq branches cherchant à se confondre avec l’Hexagone, une larme (de sang ?) au-dessus d’elle, a présenté un étonnant slogan qu’on va revoir aux prochaines élections départementales et régionales : « L’humain et la planète d’abord ».

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Ce slogan exprime toute la trahison de la formation de la place du Colonel-Fabien par rapport au prolétariat. Soumis au politiquement correct, il tend à privilégier l’humain à l’homme, car il ne faudrait surtout pas indisposer les femmes, les non-binaires trans-fluides et autres catégories auto-psychiatriques avérées. Il ne s’adresse finalement qu’à un agrégat biologique supra-moléculaire. Le postulat y est clairement individualiste, féministe et gendériste, d’où l’emploi systématique de la stupide écriture inclusive.

Cette valorisation hyper-individualiste se complète d’une référence appuyée à la « planète ». L’invocation est maintenant courante de la part des « escrologistes » verts et des jeunes crétins qui, chaque vendredi ouvré – journées, bien sûr, sans coronavirus -, manifestent pour le climat. La formule mentionne la planète et non pas le monde, la Terre ou le globe, comme si les ultimes momies communistes venaient de la découvrir depuis leur lointain espace intersidéral…

« L’humain et la planète d’abord » imite évidemment l’injonction habituelle en cas de naufrage « Les femmes et les enfants d’abord ». Cri dont on doit condamner le sous-entendu patriarcal, sexiste, âgiste, anti-jeuniste, transphobe, voire validiste… En se focalisant sur l’humain et sur la planète, ce slogan efface toutes les communautés intermédiaires, naturelles, volontaires et contractuelles. il nie les ensembles d’appartenance intermédiaires (la famille, la civilisation continentale, le métier, le travail, la région, la nation, etc.). Il ne favorise qu’un hyper-individualisme égotiste ainsi qu’un cosmopolitisme planétarien béat. La priorité accordée à un tas de viande vivant et à un organisme planétaire conscient écarte ainsi toute velléité anti-spéciste. Que faire des insectes, des lombrics et des vers à soie dans cette intolérable perspective individuo-mondialiste ?

« L’humain et la planète d’abord » ne peut toutefois que ravir George Soros et les ploutocrates de l’hyper-classe mondiale. Ils nous préparent en effet un avenir sinistre d’êtres réduits en simples atomes sans sexe ni identité essentielle qui surconsomment et s’endettent. On regretterait presque les tentatives infructueuses en 1938 de Maurice Thorez de passer du Front populaire à un « Front des Français » belliqueux anti-allemand, les charges de bulldozers au début des années 1980 contre les foyers Sonacotra et les trafiquants de drogue dans les fiefs communistes de la « ceinture rouge » parisienne ou les timides rapprochements rouge-brun entre 1992 et 1994.

Il est par conséquent temps que le PCF, ses responsables, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs soient promptement euthanasiés. La politique française et la « planète » ne s’en porteraient pas plus mal.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 209, mise en ligne sur TVLibertés, le 6 avril 2021.

dimanche, 11 avril 2021

La revue de presse de CD (11 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(11 avril 2021)

COVID

Lettre d’une professeur qui n’en peut plus

La vie des professeurs de collège et lycées est devenue un calvaire, entre délations, soumission de leur hiérarchie, port du masque qui rend les cours totalement impersonnels et épuisants. Une tranche de vie bien saignante…

Réinfo Covid

https://reinfocovid.fr/temoignage/etre-ou-ne-plus-etre-pr...

ETATS-UNIS

Le fiasco vaccinal sape la crédibilité de l’Union européenne

L’incapacité de l’Union européenne à s’assurer des approvisionnements en vaccins adéquats, suivie d’une interdiction d’exporter, a érodé la réputation des dirigeants de l’Union. Cela peut également nuire à leur capacité d’agir dans d’autres domaines. Le cri des peuples a traduit un article de Steven Erlanger paru dans The New York Times du 2 avril 2021.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/04/le-fiasco-vaccinal-...

FRANCE

Balance ton porc : la justice se soumet à l’air du temps

La décision rendue par la Cour d’appel de Paris dans l’affaire qui opposait Éric Brion et la journaliste Sandra Muller illustre une fois de plus ce qui constitue une dérive. Les juridictions s’éloignent du terrain juridique pour investir celui de la morale. Ou plutôt, celui de la moraline, c’est-à-dire ce corpus d’idées qui caractérise aujourd’hui le conformisme et la bien-pensance bourgeoise. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/5103/

GEOPOLITIQUE

Le Donbass et la mer Noire se réchauffent, voilà ce qui se passe

La température dans l'est de l'Ukraine et dans la mer Noire est en forte hausse, et ce n'est pas une référence à la météo, mais au rassemblement de troupes et de moyens militaires des deux côtés et à l'augmentation des violations du cessez-le-feu le long des points de contact au Donbass. Une situation similaire se produit en mer Noire, où des exercices militaires et des mouvements de flotte sont enregistrés. Une question se pose : que se passe-t-il dans la périphérie orientale du Vieux Continent ?

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/01/l...

L’intelligence artificielle, une épée à double tranchant

Prometteuse ou dangereuse ? Casse-tête fondamental ou solution à tous les problèmes ? Des États-Unis à la Chine en passant par l’Europe, l’intelligence artificielle ne cesse de faire parler d’elle, quel que soit le domaine — social, politique, militaire — dans lequel elle se déploie. Pour chaque espoir que l’on rattache au potentiel de l’IA, sa rapide évolution suscite autant de risques dont on mesure encore mal les répercussions, particulièrement stratégiques. Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? Quels enjeux soulève-t-elle aujourd’hui sur le terrain géopolitique ?

Areion 24 News

https://www.areion24.news/2021/04/01/lintelligence-artifi...

RUSSIE

Une guerre entre la Russie et l’Ukraine est possible, mais seulement si Kiev attaque en premier

Alors que les tensions s'intensifient dans l'est de l'Ukraine, le vrai danger n'est pas une invasion russe, mais que le gouvernement ukrainien interprète les signaux de soutien américains comme un feu vert pour lancer une attaque contre les Républiques rebelles du Donbass. Par Paul Robinson, professeur à l'Université d'Ottawa

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/08/une-guerre-entre-la...  

 

mardi, 06 avril 2021

La dérive des Verts

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La dérive des Verts

par Franck BULEUX

On peut considérer Les Verts – ou plus exactement depuis 2010, Europe-Ecologie – Les Verts (EELV) – sous plusieurs aspects.

En France, la réelle poussée de ce mouvement politique date des municipales de 1977 avec des scores dépassant les 10 % dans de nombreuses grandes villes, leur permettant assez souvent, grâce à un massif report de voix à gauche, socialiste ou communiste, de battre des maires sortants proches alors de la majorité giscardienne. Brice Lalonde, à Paris, et Antoine Waechter, à Mulhouse, se présentaient comme des candidats neufs, issus de la candidature de René Dumont, aux présidentielles de 1974, qui capitalisa 1,3 % des suffrages exprimés.

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Ce ballon d’essai de 1977 mettra du temps à se pérenniser dans les urnes, malgré une certaine sympathie du public. Il faudra attendre 1989 pour qu’une liste « verte » dépasse les 5 % aux européennes avec les 11 % d’Antoine Waechter, qui, avec près de 2 millions des suffrages, talonne la liste de Jean-Marie Le Pen, déjà ancré dans la vie politique, avec 12 %.

Antoine Waechter n’hésitait pas, d’ailleurs, à cette époque, à participer à des conventions organisées par le GRECE (Groupement de recherches et d’études pour la civilisation européenne), principal mouvement de ce que l’on appelle la « Nouvelle Droite ». D’ailleurs, Waechter quitta le mouvement vert, devenu rose et rouge, pour fonder, plus tard, le Mouvement écologiste indépendant (MEI) qu’il dirige toujours, sans visibilité électorale.

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Les années 1990 virent une concurrence politique entre « réalistes » et « fondamentalistes », selon l’expression allemande consacrée au sein des « Grünen », mettant en scène le toujours sémillant Lalonde, roue de secours de la gauche et Noël Mamère, avec Génération écologie (GE) face à Dominique Voynet, pour Les Verts, qui deviendra ministre. Les enquêtes d’opinion nous montrèrent assez rapidement et clairement qu’il y avait une porosité certaine entre les électorats socialiste et écologiste. La chute du PS à partir de 1992 (avec les affaires financières et celle du « sang contaminé » et l’usure du président Mitterrand) faisait gonfler le vote écologiste, même fractionné, plafonnant à 15 % aux régionales de 1992.

Et puis, la suite se passe à gauche toute : une ministre écologiste en 1997 dans le gouvernement Jospin (le temps de la « gauche plurielle » cinq ans avant la « gauche plus rien »), le retour du « révolutionnaire des crèches » (voir son livre Le Grand bazar) Daniel Cohn-Bendit tête de liste aux européennes de 1999… Depuis cette fin de siècle, Les Verts, qui deviendront, en symbole de leur totale soumission à l’Union européenne, EELV, ce mouvement n’est qu’un pseudopode du PS. La preuve la plus récente : pour éviter que les socialistes ne tombent en dessous des 5 % aux présidentielles, Les Verts ne présentèrent pas de candidat (une première depuis 1974) pour soutenir le candidat résiduel, l’élu islamo-compatible de Trappes, Benoît Hamon qui, en culminant avec 6 % des suffrages, évita la déroute totale, puisque Defferre avait fait moins bien que lui, en candidat socialiste, en 1969, avec 5 %. Hamon mieux que Defferre ! On a les victoires que l’on mérite, merci les écologistes !

Et pourtant, il y eut des « tendances » plus marquées à droite, le combat environnementaliste n’est-il pas celui d’une droite conservatrice ancrée dans le respect de l’ordre naturel ? La biodiversité, si chère aux écologistes, ne devrait-elle pas, aussi, s’appliquer aux populations humaines en tous points du globe ? Plus haut, j’ai indiqué la présence de Waechter auprès d’Alain de Benoist, le « pape » de la « Nouvelle Droite ». Il fut même un temps, que tout le monde a oublié, que je rappelle dans un de mes essais consacré à l’Europe des régions, où, à Strasbourg, le groupe des Verts incluait la Ligue du Nord italienne, mouvement dont est issu l’ancien ministre Matteo Salvini, en compagnie, d’ailleurs, des nationalistes flamands [NDLR Europe Maxima : de la Volksunie et non du Vlaams Blok].

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À une certaine époque, le mouvement Vert permettait des débats sur certains sujets de société, comme celui des vaccins. La députée européenne (depuis 2009), Michèle Rivasi, qui se proclame « vaccin critique » n’hésitait pas à dire : « Aujourd’hui, les vaccins créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent, il est temps de changer de paradigme sur la prévention. ». Et aujourd’hui, cette ancienne députée de la Drôme (1997 – 2002) n’a plus accès à la parole publique.

Le très convenable Yannick Jadot, avec ses 13 % aux européennes (à comparer avec les 11 % de Waechter dès 1989 ou les 10 % de Cohn-Bendit en 1999, voire les 15 % aux régionales de 1992…) se voit en « faiseur de roi », ou roi lui-même, sur un malentendu électoral, en 2022.

Les prises de position de Jadot sont celles du PS, parfois plus audibles pour cause d’une absence de charisme du secrétaire national socialiste actuel, un certain Olivier Faure. Certes, on peut penser que la très parisienne Hidalgo fera oublier aux électeurs Bobos (qui sont nombreux à voter EELV : plus de chanvre et moins d’automobiles, plus de tofu et moins de viande…) l’existence même de Jadot.

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Le vote écologiste, sous son double aspect environnementaliste et animaliste (même si les 2 % du Parti animaliste en 2019 permettent de distinguer un électorat proche de la conception « anti-spéciste » des espèces), est un électorat qui est compatible avec une droite fondée sur les respects des valeurs traditionnelles. La porosité, pour légère qu’elle soit, existe entre la droite nationale et les écologistes, les mouvements politiques concernés commencent à s’en rendre compte avec le développement du thème du « localisme ». En revanche, le « vote Bobo » qui s’exprime parfois au PS, parfois chez EELV, est probablement l’électorat le plus servile du système, celui qui, faisant fi du localisme, préférera toujours le lointain à son prochain.

Le « râteau » Jadot, sorti pour mobiliser l’électorat jeune en 2019, risque de servir, encore une fois, en 2022. Il est donc temps, sans démagogie électorale, de séparer le bon grain de l’ivraie, la préservation d’un ordre naturel versus le Village global, si cher à nos « pastèques » (verts à l’extérieur mais rouges à l’intérieur).

Franck Buleux

• D’abord mis en ligne sur Meta Infos, le 29 mars 2021.

Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (05 avril 2021)

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Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (05 avril 2021)

Pierre Bérard

Au sommaire :

Aussi radicales peuvent-elles être, les propositions de Bruno Mégret sont sans doute les seules qui puissent répondre aux défis que nous affrontons, mais qui osera renverser les tables de la loi ? :

https://www.polemia.com/la-proposition-choc-de-bruno-megr...

Analyse des populismes par Ahmet Insel, sociologue franco-turc qui participa dès l’origine aux travaux du Mauss (mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales) :

http://www.journaldumauss.net/?Les-populismes-dans-la-dem...

Un débat intéressant entre deux complices. Éric Zemmour et Michel Onfray échangent leurs arguments à propos de la controverse sur jacobinisme et girondisme, quelle leçon tirer des écrits de Tocqueville, le pape a-t-il laisser choir l’Europe de ses préoccupations ? La réponse à cette dernière question est oui pour chacun d’entre eux qui ne se privent pas d’étriller le pontife François. Pour les deux débatteurs on ne tient plus notre  territoire et nous sommes devenus des proies. Une conviction commune : nous allons droit vers la guerre civile etc… Mais ce qui peut éventuellement déranger dans les propos d’Éric Zemmour c’est sa propension à croire que la France ne fut grande que lorsqu’elle manifestait son impérialisme en s’annexant Hambourg et Milan. Ces aventures finirent en désastre pour la « grande nation », infligeant à son hubris une mémorable leçon qui de toutes évidences n’a pas été retenue par tous :

https://www.youtube.com/watch?v=9vuM5tIAtO4&t=2866sµ

Jean-Marc Jancovici reçu par Pascal Boniface, président de l’IFRI, sur les multiples enjeux de la question climatique. 25 minutes passionnantes:

https://www.youtube.com/watch?v=3Pr577eUfTc

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Christophe Guilluy vient de faire paraitre un nouveau livre, Le temps des gens ordinaires (éditions Flammarion). Interrogé à ce propos par la rédaction de Marianne il développe une excellente analyse éclairée par Georges Orwell et Jean-Claude Michéa. Il ne croit plus à l’Union Européenne, ensemble technocratique aux procédures lentes qui ne sait pas répondre aux urgences, comme le démontre sa politique désastreuse en matière de vaccins anti-covid et qui, de plus, poursuit sans coup férir son agenda néo-libéral. Elle se néantise, emportée par la logorrhée de ses abstractions sociétales. Plus fondamentalement il pense que les « gens ordinaires » (une majorité de la population, plus proche du réel par ses activités) ont gagné la bataille idéologique en entrant dans le champ culturel dont ils étaient absents jusqu’à ces dernières années. Mais la lutte, plus coriace, des représentations est loin d’être achevée, nous dit-il:

https://www.youtube.com/watch?v=OiB-7m5l_qw

Portrait d’Andréa Kotarac. Kotarac s’exprime durant 80 minutes sur son parcours politique de la France Insoumise au Rassemblement National. De ses ancêtres serbo-croates jusqu’à sa collaboration avec Hervé Juvin il s’explique longuement dans une série qu’il inaugure pour la revue Éléments. Dans ses commentaires il y a de nombreux points communs avec les réflexions de Christophe Guilluy (ci-dessus). Une convergence des luttes est-elle possible ? :

https://www.youtube.com/watch?v=9z7vfbKpJ1U

Alain Juillet, ancien directeur du renseignement de la DGSE et spécialiste en intelligence économique s’exprime sur la géopolitique des vaccins qui a montré le fiasco de l’Union Européenne et de la France en particulier. L’obsession pour les grands laboratoires pharmaceutiques de faire gagner le plus d’argent possible à leurs actionnaires explique les délocalisations de leur appareil productif et le quasi-abandon de leur recherche. La patrie de Pasteur en est ainsi réduite à quémander fébrilement  des doses de vaccins qu’elle n’a ni conçus ni même négociés, léguant le pouvoir commercial aux instances bruxelloises cornaquées par l’Allemagne. Alain Juillet dresse un panorama plutôt sombre d’un avenir dessinant une nette séparation entre pays résilients car souverains et nations qui acceptent leur impuissance au nom d’un libéralisme mondialisé:

https://www.youtube.com/watch?v=NCGTnYQc63E

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Dans un livre qui vient de paraitre intitulé Pour répondre aux « Décoloniaux » aux Islamo-gauchistes et aux Terroristes de la RepentanceBernard Lugan utilise la manière forte et assène au gourdin quelques vérités bénéfiques que les esprits arthritiques happés par l’épidémie de nouillerie politiquement correct n’entendront pas sans pousser de hauts cris d’effroi. Ici son entretien avec Breizh-info :

https://www.breizh-info.com/2021/03/21/160928/islamo-gauc...

Bernard Lugan récidive; cette fois sur un tout autre sujet : le rôle de l’armée française au Mali. Il explique que conseillés par l’université française qui ne veut pas entendre parler d’ethnies en Afrique nos dirigeants se trompent sur les trois guerres que nous menons la bas. Il propose dans un souci de réalisme de changer notre fusil d’épaule et de contraindre le gouvernement malien à reconnaitre au moins une large autonomie aux Touaregs du nord pour s’occuper de nos véritables ennemis, l’Etat islamique qui prospère dans la région des trois frontières. Excellent exposé :

https://www.tvlibertes.com/zoom-bernard-lugan-la-verite-s...

Fusillade dans le Colorado (10 morts). L’événement a été repris par toute la presse nationale à la suite du fake news de l’Agence France Presse qui signalait que le responsable de cette tuerie était un « blanc ». Sauf que dans la réalité le blanc s’appelle Ahmad Al-Issa et qu’il est syrien. Depuis les médias se taisent. Le démenti, comme d’habitude viendra trop tard et n’occupera qu’une faible partie de l’info. Sans doute ne faisait-il plus la une par crainte que des esprits mal intentionnés ne pratiquent l'amalgame ! L’année dernière en revanche le meurtre a Charlottesville d’une seule personne par un « suprémaciste blanc » avait déclenché des tonnes de commentaires et d’éditoriaux dans les médias occidentaux. Peut-on parler du deux poids deux mesures d’un antiracisme devenu fou ? :

https://www.breizh-info.com/2021/03/24/161351/fusillade-d...

Ci-dessous un texte approprié à cette même tuerie. Il est signé de Jonathan Sturel et insiste sur la névrose qui s’est emparée de nombreux blancs américains :

" La tuerie de Boulder est pleine d'enseignements.

Quelques recherches sur ce fameux comté de Boulder dans le Colorado, où dix Blancs viennent d'être massacrés par un syrien anti-Trump et pro-Daesh. Le comté en question est un repère de bourgeois démocrates : le prix de l'immobilier y est très supérieur à la moyenne américaine et c'est politiquement un bastion démocrate. D'ailleurs, ils ont récemment voté pour Biden à... 77%.

Sur le site officiel du comté, on fait la promotion de l'inclusivité, de l'antiracisme, de l'esprit woke : il y a même une politique de promotion et d'augmentation de la visibilité des LGBT. Boulder, c'est Paris : des bourgeois blancs qui votent comme des gauchistes pour des équipes qui promeuvent ensuite les trans et les migrants.

Et puis paf, la tuile : un syrien anti-Trump vient rappeler à Boulder que la vie n'est pas un épisode de South Park. L'ironie, c'est que le tueur partageait avec ses victimes le même rejet de Trump. Peut-être qu'ils se sont croisés au dépouillement et ont fêté ensemble la défaite du grand méchant Blond. D'une certaine manière, cette tuerie c'est un règlement de compte familial.

Et bien entendu, ces fous dirigeront le débat sur la question des armes, jamais sur celle de l'affaissement des défenses occidentales, du migrantisme, du multiculturalisme et de la guerre discrète que livrent au monde occidental les armées révoltées d'un tiers-monde chauffé à blanc par le discours pousse-au-crime des gauchistes fous."

Jonathan Sturel

L’OJIM traite également de cette affaire exemplaire et de son narratif sous un titre d’une grande limpidité : « Les médias de grand chemin mentent ». Vraiment surprenant ! De nombreux médias ont usé par le passé de fables diverses selon leur engagement politique ou économique. Ce qui caractérise le monde médiatique d’aujourd'hui c’est son uniformité dans la désinformation qui s’opère toujours au nom du camp du Bien. Ce qui autorise à parler d’un « parti des médias » qui s’emploie à manipuler l’opinion publique et entraine par la même une défiance grandissante vis à vis de ce qui s’y raconte. La perte en chiffre d’affaire générée par cette duperie doit alors être compensée par des aides gouvernementales qui s’accroissent chaque année :

https://www.ojim.fr/tuerie-de-boulder-colorado-les-medias...

D’où le succès des chaînes d’information alternatives dont l’audience est en progrès constant comme le montre cet autre article de l’OJIM :

https://www.ojim.fr/de-nouveaux-formats-de-television-alt...

Le journaliste Pierre Plottu est une icône de l’antifascisme militant et un spécialiste de l’architecture des fausses fenêtres. Non content de poursuivre des fantômes, il en invente presque chaque jour de nouveaux mais omet d’en mentionner d’autres bien réels ceux là. Portrait de cet authentique semeur de haine par l’OJIM :

https://www.ojim.fr/portraits/pierre-plottu/

Marion Maréchal invitée de Frédéric Taddeï sur RT France sur le thème « de la politique à la métapolitique » a développé intelligemment durant une heure les raisons de son engagement. Il en ressort le portrait d’une jeune femme plus complexe que ne le laisse penser sa réduction à l’étiquette « identitaire-libérale » à laquelle on a trop tendance à la réduire :

https://francais.rt.com/magazines/interdit-d-interdire/84...

Dans l’émission Répliques du 20 mars 2021 Alain Finkielkaut recevait Eugénie Bastié et Jean Birnbaum. Ce dernier y déclare « …cette ambiance de pré-guerre civile où tout esprit critique est rabattu sur de la malveillance, de l’attaque, de l’agressivité, et je pense qu’en partie il y a de la peur, de la peur presque physique, on sent bien que quelque chose de très dur se déploie à l’échelle du monde, on sent bien que ça va barder. J’aime cette formule de Bernanos, écrivain chrétien : « Notre monde est prêt pour toutes sortes de cruautés ». Singulière affirmation de la part du responsable idées du Monde. Le thème de l’émission pose la question « Y a-t-il place pour le nuance dans la France aujourd’hui ? » Et serait-on tentés de s’interroger : y a-t-il place pour la moindre tentative de débat, c’est à dire de controverse civilisée ? :

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/y-a-t-il...

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Dans une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer Jean-Paul Brighelli lui notifie qu’il serait temps d’interdire l’UNEF au prétexte qu’elle organise des réunions dont elle interdit la présence aux non-racisés, c’est à dire aux blancs. Cela fait effectivement désordre dans une République qui non contente de ne pas reconnaitre l’existence de races poursuit de ses flèches toute parole ou action supposée « raciste ». Dans la même missive Brighelli reconnait, un peu présomptueusement, que le syndicat étudiant ne représente rien, sinon sa propre personne. Dans ces conditions à quoi bon l’interdire ? Sans doute suffirait-il de lui couper les vivres qu’il continue de recevoir en abondance de diverses institutions qui se prétendent républicaines. Brighelli plus sérieusement constate que l’UNEF est devenue une annexe du Parti des Indigènes de la République dont il propose également l’interdiction. Tout à sa logique républicaine il ne semble pas s’apercevoir que toutes ces sensibilités sont justement nées des lois de cette République manipulées par le Conseil d’État et autres juridictions, à commencer par la loi Pleven de 1972, qui ont donné à des associations, elles aussi dépendantes de l’aide publique et qu’il faudrait assécher, la possibilité d’arnaquer légalement les opposants raisonnables à une immigration devenue sacro-sainte en même temps qu’elle devenait pléthorique. L’interdiction faite aux autochtones de la contester n’est elle pas scandaleuse ? N’est-il pas révoltant de convertir en délit de simples opinions et d’encourager leur poursuite par de véritables chasse aux sorcières ? N’est-ce pas une privatisation de l’esprit public au bénéfice de quelques-uns ? Non à l’interdiction de l’UNEF mais non également à celle de Génération Identitaire, telle serait une véritable législation « libérale ». Nous en sommes loin :

https://www.causeur.fr/oui-monsieur-blanguer-il-faut-diss...

Yves Thréard éditorialiste au Figaro sur l’évolution du discours de l’UNEF, la couveuse du parti socialiste où se sont formés la plupart de ses dirigeants :

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2021/03/2...

Information. L’excellent site de l’OJIM migre son site outre-atlantique de manière à se protéger des attaques liberticides :

https://www.ojim.fr/lojim-migre-son-site-outre-atlantique/

Réponse goguenarde de Poutine, grand seigneur, à Biden après que celui-ci l’a traité de « tueur », une pratique sidérante et digne d’un psychopathe dans le cadre des relations internationales. Quitte à décevoir l’ensemble du monde politico-médiatique français posons nous la question de savoir quelle est le résultat de cette véritable provocation de la nouvelle administration US sinon d'avoir poussé un peu plus la Russie et la Chine dans les bras l’une de l'autre :

https://lecridespeuples.fr/2021/03/19/un-tueur-la-reponse...

Le Cercle de Réflexion Interarmées répond à l’OTAN et s’étonne de la désignation de la Russie comme ennemi principal :

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/03/18/s...

Il se trouve que justement le dernier numéro d’I-Media s’attache longuement au dirigeant en titre de l’Empire, Joe Biden le trébucheur. Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure le décrivent à juste titre comme pratiquement sénile. Mais l’on sait bien que ce n’est pas lui qui dirige les États Unis d’Amérique (et la diplomatie géo-stratégique des États européens, hélas) :

https://www.polemia.com/i-media-n341-joe-biden-double-dis...

Roland Pietrini réalise une bonne synthèse sur la chimère que poursuit Macron au risque de brader notre industrie de défense. Ici la chimère a nom « Europe de la défense » projet sans cesse déjouée par une Allemagne qui a irrémédiablement choisi d’être serve de l’OTAN et donc des États Unis :

https://www.athena-vostok.com/france-allemagne-et-europe-...

Y a-t-il un nomos du beau ? Réponse par Jure Georges Vujic :

https://institut-iliade.com/y-a-t-il-un-nomos-du-beau/?fb...

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Remarquable mise au point généalogique de la folie « woke » et décoloniale par le sociologue Philippe d’Iribarne. Selon lui elle doit tout à l’occident et à l’évolution de sa pensée dominante grosse de dérives inattendues :

" Que nous réserve l’avenir ? On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste.

Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie « woke » est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ? "

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/philippe-d-iribarne-l...

lundi, 05 avril 2021

Un journalisme de subversion

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Un journalisme de subversion

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Lancé en 2008 par l’ancien rédacteur en chef du Monde de 1996 à 2004, Edwy Plenel, le site d’informations Mediapart s’affiche en fer de lance du journalisme d’« investigation ». En réalité, ses enquêtes sont souvent à charge. On se demande même si tous ceux qui y officient n’ont pas raté leur vocation : jouer aux chevaliers blancs de la Vertu bien que les termes « chevalier » et « blanc » ne conviennent pas vraiment à l’esprit de la boutique multiculturaliste.

La grasse presse officielle reprend sans discussion et dans un magnifique mouvement digne des chiens de Pavlov ses exclusivités. Le 10 mars dernier, les rédactions de la région Auvergne – Rhône-Alpes virent à l’incandescence : Mediapart accuse le président Les Républicains du Conseil régional Laurent Wauquiez de distribuer largement des subventions à son fief de Haute-Loire et aux communes dites « de droite ». Sans vouloir soutenir l’ancien ministre sarkozyste, remarquons toutefois que cette « enquête » biaisée est partiale et fielleuse. Les journalistes se focalisent sur les seules subventions régionales. Ils oublient que les banlieues de l’immigration et les communes de gauche bénéficient des largesses financières de certains conseils départementaux et de l’État par le biais de la néfaste politique de la ville. Les élections régionales approchent. Tout est bon pour entraver la campagne à venir du président sortant…

Toujours dans ce mois de mars paraissent deux enquêtes concernant une soi-disant « filière » néo-nazie au sein de l’armée française. On en frémit d’avance. Les journaleux rapportent des faits survenus en 2009 et en 2011. On reste cependant surpris qu’ils n’évoquent pas des faits gravissimes connus entre 1940 et 1944… Seraient-ils limités d’un point de vue intellectuel, financier ou temporel ?

Les Rouletabille de Mediapart s’indignent qu’une centaine de militaires montreraient de la curiosité pour les doctrines nationale-socialiste allemande et fasciste italienne, ce qui n’est, concédons-le volontiers, pas bien du tout. Bou-ouh-ouh, les vilains garçons ! Les antimilitaristes de Mediapart ne rechercheraient-ils pas en fait la perle rare : des militaires pacifistes et non-violents ? Leur quête est tout aussi prometteuse que de découvrir des lions végétariens et des loups herbivores.

Les petits soldats d’Edwy Plenel ignorent sûrement que les militaires professionnels apprécient l’histoire militaire, la rei militaris, en particulier la Seconde Guerre mondiale. Seraient-ils finalement les seuls à ne pas devoir s’intéresser à ce conflit promu en alpha et oméga d’une mémoire officielle manichéenne ? Ce serait un bien curieux paradoxe. Regrettons par ailleurs que les fins limiers de Mediapart méconnaissent l’influence croissante de l’islamisme dans les unités de l’armée française. Ils s’apercevraient que bien des régiments ont disparu pour ce motif inavouable.

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Plus qu’un journalisme militant d’enquête et d’opinion, Mediapart incarne un journalisme de subversion. Cette officine médiatique se plaît à dénoncer des chroniqueurs populaires sur YouTube qui s’opposent, à l’instar de Julien Rochedy, à l’actuelle chape de plomb. Ainsi ces donneurs de leçons stipendiés appellent-ils à la censure, au ralentissement, voire à la suppression de ces chaînes personnelles politiquement incorrectes.

En s’inspirant des précédents inquiétants des Parquets anti-terroriste et national financier, le gouvernement envisage la constitution d’un « Parquet de lutte contre la haine en ligne ». Inutile d’y pourvoir magistrats, procureurs, juges d’instruction et greffiers ! Avec le zèle que déploie Mediapart depuis tant d’années, l’entreprise de journalisme hémiplégique remplit parfaitement tous les critères d’admission.

Georges Feltin-Tracol.

« Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 208, mise en ligne sur TVLibertés, le 30 mars 2021.

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dimanche, 21 mars 2021

Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

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Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

Par Augusto Grandi

https://www.kulturaeuropa.eu/

SOURCE : https://electomagazine.it/le-difficolta-di-merkel-e-macro...

Biden ? Un démocrate, comme chacun le sait. Cette définition est suffisante pour exclure toute surprise face à l'attaque sordide lancée par le nouveau Président américain contre Poutine. Parce que, contrairement à ce que les médias et les historiens de service disent aux Italiens crédules, les démocrates américains ont toujours été des bellicistes. Beaucoup plus belliciste que les Républicains. Mais en Italie, ils évitent soigneusement de relier les "saints" Kennedy ou Lyndon Johnson à l'escalade de la guerre au Vietnam.

Il était donc évident que Biden allait accroître la tension internationale. Les insultes contre Poutine vont de pair avec les attaques contre la Chine. Un appel aux armes qui conduira à de nouvelles sanctions contre Moscou, poussant inévitablement la Russie dans les bras de Xi Jinping.

Biden, cyniquement mais aussi logiquement (car il a été chargé d'être président pour protéger les intérêts des grands groupes américains), profite de la situation de crise lourde qui affecte l’Europe. Ce n'est pas une coïncidence s'il a lancé son attaque contre la Russie immédiatement après la confirmation de la défaite de la CDU d'Angela Merkel dans deux élections régionales importantes en Allemagne. La chancelière quittera la scène après l'été, son leadership s'affaiblit et l'Allemagne est en proie à l'indécision, exacerbée par le mécontentement des Allemands face aux confinements répétés qui handicapent les activités économiques et la vie sociale.

Macron, qui jusqu'à présent a été très actif en politique étrangère, en partie parce qu'il se sentait soutenu par Merkel, ne fait pas mieux. Maintenant, cependant, Macron doit faire face au mécontentement interne pour sa mauvaise gestion de la pandémie. Et les Français, contrairement aux moutons italiens, ne se contentent pas de bêler quand ils sont en colère. Le président de l'Hexagone se retrouve donc en difficulté sur la scène internationale. Mais sans Berlin et Paris, la politique étrangère européenne n'existe pas. Avec ‘’l'Italie de Sa Divinité’’ qui reçoit des ordres directement de Washington et refuse le vaccin Spoutnik V aux Italiens pour ne pas contrarier les multinationales américaines du médicament.

Donc Biden a le champ libre. Et l'interview éminemment subversif de Meghan Markle a également fait comprendre aux Britanniques que leur rôle était celui d'alliés, mais d’alliés d'importance secondaire. Une interview qui minel’idée du Commonwealth lui-même, car pour les démocrates américains, il ne peut y avoir qu'un seul empire, l'empire américain.

Difficile d'imaginer la réaction de Moscou et de Pékin au-delà des déclarations officielles. Il ne peut évidemment pas s'agir d'une réaction militaire, mais les deux pays sont désastreux en termes de soft power et cela les pénalise considérablement car cela limite leurs possibilités de réaction.

Augusto Grandi

jeudi, 18 mars 2021

Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

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Extraits les plus significatifs de la dernière revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

Rétablir l’autorité pour restaurer l’unité de la nation; c’est le pari que veut faire l’avocat Thibault de Montbrial, président de Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et auteur de Osons l’autorité récemment paru aux éditions de L’Observatoire. Délinquance, radicalisation islamisme, ensauvagement, tous ces signes de délitement sont en expansion rapide et ne trouvent face à eux qu’une réponse pénale insuffisante dont nos gouvernants sont les premiers responsables (anarcho-tyrannie). Il est ici interviewé par Sputnik :

https://www.youtube.com/watch?v=FFeBY4EucHc&t=1074s

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Julien Langella, l’un des fondateurs de Génération Identitaire et présentement porte parole d’Academia Christiana publie un livre-manifeste intitulé Refaire un peuple, pour un populisme radical aux éditions de La nouvelle Librairie. Un excellent ouvrage présenté ici sur le site de Breizh-info :

https://www.breizh-info.com/2021/03/04/160063/refaire-un-...

Rudy Reichstadt et Tristan Mendès-France épinglé par l’OJIM pour leur « Complorama » mis en scène par Franceinfo sur la Russie, la Chine et l’Iran qui ourdiraient un vaste complot géopolitique et antisémite mondial:

https://www.ojim.fr/pour-complorama-un-complot-geopolitiq...

La tyrannie des minorités. Michel Onfray était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier samedi 6 mars pour la dénoncer. Mieux que de la dénoncer, il faut évidemment la combattre et pour ce faire voici les recettes suggérées par la fondation Polémia :

https://www.polemia.com/michel-onfray-attaque-la-tyrannie...

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Jean-Paul Brighelli retrace dans un entretien sans concession le délitement accéléré de l’école de la maternelle à l’université et le place dans l’évolution de notre civilisation, qu’il dit à bout de souffle et dans la voie d’une décadence comparable à celle de la Rome antique. Excellente vidéo de Vincent Lapierre :

https://www.youtube.com/watch?v=H8p-7N_DNVk

L’écrivain Pierre Jourde qui anime son blog sur le site de L’Obs se déchaîne à propos  des collaborateurs de l’islamo-gauchisme qui bien sûr n’existe pas, et leur envoie une bonne volée de bois verts, sans mâcher ses mots. Ici commenté par Pascal Tenno :

https://fl24.net/2021/03/08/un-ecrivain-francais-massacre...

Cordicopolis, cité où le coeur a tous les droits à condition qu’il évolue exclusivement dans le camp du « bien ». Olivier Amiel sur le site de Causeur met en cause les Woke (les éveillés) en s’inspirant des réflexions du génial Philippe Muray. Il les désigne comme les principaux coupables de la mise sous tutelle de la jeunesse par les schémas de la cancel culture et les désignent  comme des maître subversif à l’instar de ceux qui embrigadait les jeunes générations dans les Hitlerjugend ou les Komsomol.

https://www.causeur.fr/cancel-culture-empire-du-bien-phil...

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Jean-Marc Jancovici face à Natacha Polony. Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Une réflexion pleine de subtilité :

https://www.youtube.com/watch?v=WOd9hVICzBg

Jean-Marc Jancovici. Climat, quelle équation pour la chaine alimentaire? Brève intervention lors d’une conférence organisée par la Coopération agricole :

https://www.youtube.com/watch?v=cyvQWDG8mUo

Les hommes sont trop nombreux sur terre. Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie responsable, tire la sonnette d’alarme. N’est-il pas trop tard pour agir ? Le mode de vie des populations les plus riches est-il un problème ? L’Afrique, souvent pointée du doigt, est elle une bombe à retardement ? En incitant à limiter la natalité, l’invité de « Politique & Eco » milite pour la stabilisation de la population, qui a déjà eu lieu en Europe. Une démarche qui pourra provoquer nombre de croyants et pourtant nécessaire si nous voulons avoir quelques chance de maintenir un planète durable :

https://www.youtube.com/watch?v=bj8cBp4smXQ

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Dans une excellente critique des films de Jean-Pierre Melville (notamment Le Cercle Rouge), Jean-Loup Bonnamy découvre avec talent la nostalgie de la France d’avant qui n’était ni moisie ni rance comme se plaisent à nous la conter des idéologues mal intentionnés mais respirait au contraire la joie de vivre :

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/50-ans-apres-pourquoi...

Régis de Castelnau, avocat pénaliste, invité par Élise Blaise fait une bonne radiographie de la justice à l’époque du système Hollande-Macron:

https://www.youtube.com/watch?v=_gumsDKH8PA

Une évolution qui séduit Rokaya Diallo. On attend avec impatience un acteur noir dans la peau d’Adolf Hitler :

«Castings colorblind» : pourquoi de plus en plus d’acteurs et actrices non-blancs sont choisis pour interpréter des personnages historiques dans des séries - Fdesouche

 

mercredi, 17 mars 2021

L’université française contre elle-même

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L’université française contre elle-même

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le monde universitaire ne supporte pas la contradiction. À peine sa ministresse de tutelle dénonce-t-elle l’emprise de l’islamo-gauchisme dans les facultés qu’une pétition parrainée par la sociologue Dominique Méda et l’économiste Thomas Piketty recueille six cents signatures de chochottes bardées de diplômes et de titres grandiloquents. Ce texte publié dans Le Monde du 20 février dernier dénonce les propos de Frédérique Vidal. Celle-ci provoque par ailleurs une vive controverse au sein même de la Macronie entre son courant progressiste – libertaire et sa faction libérale – autoritaire.

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La ministresse de l’Enseignement supérieur a demandé au CNRS d’enquêter sur l’influence de ce qui s’appelait dans les années 1970 – 1980 l’« islamo-progressisme » et dans les décennies 1990 – 2000 l’« islaméricanisme ». On observe maintenant l’arrivée à maturité d’un croisement surprenant de l’islam politique, de l’idéologie égalitaire et des tares conceptuelles venues d’outre-Atlantique (multiculturalisme, politiquement correct, féminisme, gendérisme, intersectionnalisme, écriture inclusive, études post-coloniales ou décoloniales, etc.). Les pétitionnaires s’élèvent contre ce qu’ils estiment être un inacceptable empiètement de leurs « libertés universitaires ». Véritable Titanic de la recherche française, le CNRS a rendu son travail vingt–quatre heures après sa saisie. Cette rapidité confirme l’inquiétude des soutiens d’une autre pétition elle aussi publiée dans Le Monde du 24 février. Les signataires tels que Pierre-André Taguieff, Jacques Julliard, Pierre Manent ou Gilles Kepel réclamaient que l’enquête diligentée revînt au Haut-Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Le CNRS répond en effet que l’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique pertinente. La théorie du genre, l’appropriation culturelle et le privilège blanc sont-ils scientifiquement prouvés ? Le croire serait une preuve manifeste de grande naïveté.

Tout ce cirque médiatique risible prouve le délabrement avancé des universités. Cela fait longtemps déjà que l’enseignement supérieur n’est plus un espace de liberté intellectuelle. Il y a plus de vingt ans, en novembre 2000, une commission Théodule de luxe révoquait de sa fonction de chargé de recherche du CNRS Serge Thion (1942 – 2017). Ce sociologue dissident spécialiste de l’Asie du Sud-Est, proche de Dieudonné et de Kémi Séba, soutenait dans les années 1970 les Khmers rouges. Il contestait ouvertement depuis les années 1980 certains événements marquants du XXe siècle dont les exactions pol-potistes commises au Cambodge.

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Le 15 novembre 2001, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Jack Lang, créait une « Commission sur le racisme et le négationnisme à l’Université Jean-Moulin Lyon – III ». Présidée par Henry Rousso, elle se composait d’Annette Becker, de Philippe Burin, de Florent Brayard et de Pierre-André Taguieff. Les successeurs chiraquiens de Lang, Luc Ferry et François Fillon, encouragèrent son enquête. Elle rendit son rapport final, le 5 octobre 2004, soit trois ans plus tard.

Dans ce document, ses membres reconnaissaient volontiers que « son champ d’investigation touche à la question de la liberté d’expression des universitaires – la “ liberté académique ” qui s’exerce dans le cadre de leur métier, à celle de l’autonomie réelle des universités, au mode d’évaluation des travaux scientifiques ou d’attribution des diplômes, ou encore aux procédures du recrutement (p. 9) ». Il s’agissait en réalité d’évaluer la présence d’une fantasmatique « extrême droite » au sein de Lyon – III. Président de cette université de 1979 à 1987, Jacques Goudet, converti à l’Orthodoxie, était connu pour être un ardent gaulliste, militant à l’UNI et au SAC.

À Lyon – III officiaient des esprits libres : Bruno Gollnisch, Bernard Lugan, Pierre Vial, Jean Haudry, Jean-Paul Allard, Jacques Marlaud, Bernard Notin. L’Institut d’études indo-européennes était particulièrement visée tant ses apports novateurs démontaient la doxa officielle. En page 231 du rapport, ses auteurs se permettent de mettre entre guillemets le mot « civilisation » quand ils l’associent aux Indo-Européens ! Un bien bel exemple de négationniste valorisé. À l’époque, aucune voix autorisée ne s’éleva contre cette honteuse ingérence.

Rongée par les vagues successives de gauchisme et les modes incessantes déferlant des côtes Est et Ouest des États-Unis, l’université hexagonale pâtit de sa massification. Trop d’étudiants s’inscrivent dans des impasses professionnelles. Il serait temps que le baccalauréat devienne un véritable concours d’entrée en première année d’études supérieures. Il serait aussi approprié que les jeunes majeurs que sont les étudiants puissent noter chaque semestre leurs enseignants. L’université devrait enfin s’ouvrir à une plus grande diversité des opinions et des expressions. Ces trois mesures de bon sens redonneraient en une génération un lustre nouveau à des universités aujourd’hui sinistrées.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 205, mise en ligne sur TVLibertés, le 9 mars 2021.

mardi, 16 mars 2021

Les trois erreurs de Charles Maurras

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Les trois erreurs de Charles Maurras

par Georges FELTIN-TRACOL

Pour ce Titanic qu’est l’Université française, Charles Maurras ne peut être qu’un sinistre personnage aux idées nauséabondes qui se délecta des « Années-les-plus-sombres-de-notre-histoire » (comprendre l’Occupation allemande entre 1940 et 1944). Cette interprétation fallacieuse témoigne de l’immense sottise de ses auteurs.

Pendant plus de cinquante ans, Charles Maurras exerça une réelle emprise sur la République des Lettres. Ce poète – romancier – journaliste - doctrinaire et pamphlétaire œuvra toute sa vie pour le triomphe de ses idées. Or trois erreurs magistrales empêchèrent leur réalisation.

N’évoquons pas son royalisme orléaniste, une banalité à la fin d’un XIXe siècle dominé par le fait national et la rationalité. Depuis la révolution parisienne des                     « Trois Glorieuses » (27, 28 et 29 juillet 1830) qui chassa le roi de France Charles X au profit de son cousin, le duc Louis-Philippe d’Orléans, devenu entre 1830 et 1848 le roi des Français Louis-Philippe, le mouvement royaliste se divise entre les légitimistes (les partisans de la branche aînée des Bourbons, en particulier  Charles X et son petit-fils, le comte de Chambord ou Henri V, favorables à une monarchie traditionnelle et corporative de droit divin) et les orléanistes (les partisans de la Maison d’Orléans, favorables à une monarchie constitutionnelle plus ou moins parlementaire). Quand décède en 1883 le comte de Chambord qui n’a aucun enfant, la réconciliation entre les royalistes français s’opère globalement. Hormis une faction de légitimistes qui se tourne vers les Bourbons d’Espagne, à savoir les prétendants carlistes, au nom des lois fondamentales du royaume de France et de l’indisposition juridique du traité d’Utrecht de 1713 envers la Couronne des Lys, les anciens légitimistes se rallient au prétendant orléaniste, le propre petit-fils de Louis-Philippe, Philippe (1838 - 1894) comte de Paris. Dans son ouvrage fondateur, Aux origines de l'Action française. Intelligence et politique à l'aube du XXe siècle (1991), Victor Nguyen rappelle que le jeune Maurras écrivait dans ses cahiers de vibrants « Vive Henri V ! ». Le jeune Provençal avait-il été marqué par les histoires autour de la « Montagne blanche » en Bas-Languedoc ? Hostile à l’orléanisme et à la bourgeoisie républicaine, des légitimistes radicaux n’hésitèrent pas à s’allier avec les républicains socialistes sous la Monarchie de Juillet (1830 – 1848) afin de battre aux élections les candidats du Régime. Favorable au suffrage universel, voire au vote des femmes mariées ou veuves, la « Montagne Blanche » constituait un incroyable mouvement populaire de petits agriculteurs, d’artisans et de petits commerçants du Midi de la France.

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Ne reprochons pas qu’au soir de sa vie, Charles Maurras préfère soutenir l’État français du Maréchal Philippe Pétain plutôt que de suivre à Londres un fringant général de brigade à titre temporaire appelé Charles De Gaulle, même si L’Action française avait naguère défendu les thèses militaires avancées dans ses premiers écrits comme le très nietzschéen Le Fil de l’épée (1932) ou Vers l’armée de métier (1934).De Gaulle fréquentait alors un stratège non-conformiste, le colonel Émile Mayer (1851 – 1938), dont les analyses étaient souvent reprises par la « Jeune Droite » de Jean de Fabrègues et de Thierry Maulnier.

En 1945, après un verdict sévère et partial qui le condamne lourdement, Charles Maurras s’exclame : « C’est la revanche de Dreyfus ! ». Il n’hésite pas à défendre l’honneur de l’armée française parce que l’époque croyait dans la fable du « complot judéo-boche ». Officier juive d’origine alsacienne, Dreyfus ne pouvait espionner que pour l’Allemagne... Anti-dreyfusard véhément, Maurras ne voit pas l’immense manipulation encouragée par les milieux dirigeants francs-maçonniques de la IIIe République.

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Les malheurs du capitaine Dreyfus permettent en effet au camp laïcard, républicain et conservateur (les futurs radicaux et radicaux-socialistes, vrais « chancres mous de la République ») d’éloigner les masses ouvrières de leurs justes revendications sociales au profit d’une République égoïste soi-disant menacée par la « droite », les catholiques, l’Église… Les ouvriers ne comprennent pas tout de suite que l’idéal laïque et les incantations contre un « péril réac » imminent empêcheront la moindre avancée sociale. Dans les années 1880, le chancelier Otto von Bismarck institue dans l’Empire allemand des lois sociales favorables aux salariés afin de contrer la poussée de la sociale-démocratie. Il désire « forger une mentalité conservatrice dans la masse des plus démunis, laquelle légitimera les retraites ». Les républicains français n’imiteront l’Allemagne bismarckienne qu’au début des années 1930 ! Avec une fibre plus populaire, Maurras aurait pu prévenir le monde du travail de ce funeste détournement au profit de l’oligarchie en place. Dreyfusard acharné, Charles Péguy comprit, lui, la manœuvre, mais bien trop tard…

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Le manque d’intérêt pour la question sociale, des fréquentations surtout conservatrices et guindées et une méfiance instinctive envers les « classes laborieuses » urbaines expliquent la défiance de Maurras à l’égard des tentatives de Georges Valois pour concilier l’activisme des Camelots du Roi (le mouvement de jeunesse de l’Action Française) et l’agitation syndicaliste en 1908. Les grévistes pendent au balcon d’une bourse du travail le buste de Marianne ! Le Cercle Proudhon qui rassembla de 1911 à 1914 des royalistes, des corporatistes, des socialistes et des anarcho-syndicalistes, fut une belle occasion manquée de convergence des questions sociale et nationale. L’historien Zeev Sternhell vit dans cet intense bouillonnement de culture politique et sociale la genèse d’une « Droite révolutionnaire », préfiguration matricielle du fascisme compris comme phénomène européen de la première moitié du XXe siècle.

Maurras aurait pu franchement encourager l’initiative révolutionnaire-conservatrice de Georges Valois (1878 - 1945) et concevoir, sur le précédent royal de la victoire de Bouvines, le 27 juillet 1214 une entente entre les couches populaires et l’aristocratie contre la bourgeoisie républicaine. Ce jour-là, un dimanche, l’armée du roi de France Philippe II Auguste, allié du prince des Romains et futur empereur romain germanique Frédéric II de Hohenstaufen et du pape Innocent III,  bénéficie de l’aide des milices communales. Les Français remportent une éclatante victoire sur la coalition du roi d’Angleterre Jean sans Terre, de l’usurpateur impérial Otton IV et du comte Ferrand de Flandre. Bouvines scella la nature profonde de la royauté capétienne : une monarchie guerrière, aristocratique et populaire. Ne comprenant pas que le XXe siècle serait le siècle des masses en action et craignant au contraire que ce « populisme » irrite ses soutiens financiers rétrogrades, le natif de Martigues rata une magnifique occasion de cristalliser sous sa direction intellectuelle un faisceau d’oppositions radicales au régime. Ce désintérêt pour la question sociale reste vive chez les héritiers des révolutionnaires de droite, si l’on excepte quelques formations « royalistes de gauche » tels en 1944 - 1945 le Mouvement socialiste monarchiste ou la Nouvelle Action royaliste (NAR) dont les militants furent un temps surnommés les « maorrassiens »…

Charles Maurras se trompe gravement en août 1914 quand, lui, l’anti-républicain, rejoint l’Union sacrée. Cette adhésion patriotique et germanophobe témoigne d’un manque évident de détermination machiavélique de la part du rédacteur de L’Avenir de l’Intelligence (1905). Au nom du nationalisme intégral, il délaisse provisoirement son hostilité foncière à la République pour la soutenir. Le résultat en est en 1919 une Europe totalement éclatée, affaiblie, déséquilibrée avec une Allemagne meurtrie, humiliée et néanmoins encore puissante. L’économiste libéral et chroniqueur diplomatique de L’Action Française, Jacques Bainville (1879 - 1936), tirera des calamiteux traités de paix de 1919 – 1920 le prophétique réquisitoire sur Les conséquences politiques de la paix (1920).

imachm.jpgMaurras n’est pas un factieux ! Sincère et dénué d’arrières-pensées, c’est avant tout un littéraire en politique, pas un disciple de Lénine ! Doté d’un autre tempérament, peut-être eût-il agi comme les républicains au 4 septembre 1870 ? Ce jour-là, à l’annonce de la prise de Sedan par les Prussiens qui font prisonnier l’empereur des Français Napoléon III, les républicains n’hésitent pas à renverser le Second Empire qui, quatre mois plus tôt, obtenait 70 % des suffrages lors d’un plébiscite. Une fois la République installée, les nouveaux maîtres du pays peuvent enfin proclamer que « la patrie en danger ». L’essentiel est posé ! Jamais ensuite, les gouvernements d’Ordre moral du président monarchiste de la République, le Maréchal de Mac-Mahon, n’envisageront d’abolir le nouveau régime…

Si l’Empire allemand l’avait emporté sur le front de l’Ouest à l’automne 1914, il est probable que la IIIe République se fût effondrée comme elle s’effondra en juin - juillet 1940. Y aurait-il eu une restauration monarchique ? Non, les Allemands n’auraient pas favorisé des institutions fortes à Paris. Certes, la France aurait cédé Belfort, le Maroc et d’autres colonies, et alors ? En 1713 et en 1763, Paris abandonna bien aux Anglais l’Acadie et le Québec sans que la postérité ne s’en offusque. Une Europe sous la férule du Kaiser aurait peut-être permis la conciliation des principes traditionnels avec la modernité technique du temps. Qui sait ? Dans cette Europe-là, la France de 1915 aurait pu sécréter un fascisme à partir des idées maurrassiennes, puis se répandre par l’entremise d’un jeune capitaine natif de Lille, longtemps prisonnier à Ingolstadt… Ces considérations particulières font d’ailleurs l’objet de fortes spéculations uchroniques dans l’ouvrage coordonné par Niall Ferguson en 1999, Virtual History. Alternatives and Counterfactuals, ainsi que dans un ouvrage collectif d’historiens français sous la direction de Xavier Delacroix, L’autre siècle. Et si les Allemands avaient gagné la bataille de la Marne ? (2018).

51TDgRLL-+L._SX331_BO1,204,203,200_.jpgLe manque de discernement tactique à propos de l’« Union sacrée » a coûté très cher à Maurras. Dès 1926, sa condamnation par l’Église catholique brise une vitalité déjà bien freinée par l’assassinat de Marius Plateau (1886 - 1923) et une absence d’approches sociales réalistes que défendait pour sa part l’activiste Henri Lagrange (1893 – 1915).

À son corps défendant, Charles Maurras a finalement travaillé pour les valeurs modernes démocratiques, nationales et libérales. Son nationalisme intégral n’est qu’un aménagement conservateur des Lumières. Vers 1915, clairvoyant sur le destin de la civilisation européenne à cet instant décisif, l’auteur des Réflexions sur la violence (1908), Georges Sorel (1847 - 1922) penchait vers les Empires centraux. Voilà pourquoi il garde une fraîcheur que n’a plus Charles Maurras.

 

Georges Feltin-Tracol

lundi, 15 mars 2021

Macron est-il un agent des USA ?

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Macron est-il un agent des USA ?

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le titre est volontiers putassier, mea culpa. Néanmoins, je vous enjoint de lire l'article qui suit. C'est une théorie qui, d'après ce que j'ai pu voir en l'ascension fulgurante de Macron, tient la route. Seule une révélation de wikileaks pourrait étayer cette thèse. A voir d'ici les semaines à venir, donc...
 
CETTE QUESTION SERA-T-ELLE AU CENTRE DE LA PROCHAINE REVELATION DE  JULIAN ASSANGE ?

Avertissement : Cette publication est longue. Ne ratez pas sa lecture car elle  vous explique comment Macron a pu arriver, en une dizaine d’années, dans les plus hautes sphères de la République, comment sa stratégie politique d’alliance gauche-droite et son programme économique néolibéral ont été décidés ailleurs qu’en France. Cet article est le fruit de recherches et d’analyses. Il fait référence à des travaux universitaires dont vous trouverez les indications en bas de page . Il est quasiment impossible d’écrire aujourd’hui sur la CIA sans se faire traiter de complotiste. Cela arrange beaucoup de gens et particulièrement ceux qui sont visés. Cet article n’est en aucun cas complotiste ou confusioniste. Tout est vérifiable, point par point, y compris la mise en synergie des éléments.   Bonne lecture.

Propos liminaires

Quand on parle d’ingérence russe dans la campagne électorale française et qu’elle vise particulièrement Emmanuel Macron, on peut faire le postulat (pour les grincheux, ce n’est qu’un postulat!) que les cyber attaques russes sont une réalité. Dès lors, il faut se poser la question de savoir pourquoi la Russie s’intéresse à un personnage qui vient d’arriver sous les projecteurs dans le paysage politique français. Les russes sauraient ils qui est Macron depuis longtemps ? Ont-ils suivi son ascension ?

Le questionnement est renforcé quand au début du mois de février 2017, Julian Assange, le patron de WikiLeaks confie au quotidien russe Izvestia: “ Nous possédons des informations intéressantes concernant l’un des candidats à la présidence française, Emmanuel Macron. Les données proviennent de la correspondance privée de l’ex secrétaire d’État américain, Hillary Clinton”. Et comme si Assange tenait à nous donner des indices, quelques jours plus tard, il nous informe qu’en 2012 la CIA avait demandé à la NSA (centrale d’écoute et de tri du renseignement) de suivre de près la campagne présidentielle française et ses différents protagonistes.

Assange veut il nous faire comprendre que Macron a été ciblé en 2012 par la CIA comme un candidat à promouvoir et à soutenir pour les élections présidentielles de 2017 ?

Peut – être. Dans ce cas on comprend mieux l’inquiétude des russes qui le considèrent alors comme un agent de l’influence américaine en Europe. Mais cette hypothèse est elle plausible ? En cherchant un peu, on trouve, quand même, des éléments troublants dans le parcours de Macron.

Il n’échappe à personne que la campagne de Macron est habitée par deux objectifs: tout faire pour créer un pôle social libéral par une l’alliance droite–gauche et rester dans un schéma de la mondialisation de l’Économie. Comme beaucoup, vous croyez que ces idées sortent de la tête de ce brillant énarque? Eh bien vous vous trompez ! La stratégie de Macron est dans la droite ligne de celle définit par les États Unis et la CIA dans les années 80 s’agissant de ce que doit être la démocratie et l’économie dans le monde.

Des hauts fonctionnaires, des chefs d’entreprise, des banquiers, relais d’influence de la stratégie américaine en France, ont choisi Macron et l’ont façonné pour qu’il entre exactement dans ce schéma. Vous ne le croyez pas ? Ce sont des élucubrations, des supputations, des délires ? Lisez bien ce qui est écrit, c’est surprenant !

L’histoire incroyable de MACRON, le nouveau messie français.

Le contexte

Le National Endowment for Democracy (NED) (en français, Fondation nationale pour la démocratie) est une fondations privée à but non lucratif des Etats Unis, fondée en 1983 conjointement par les républicains et les démocrates (ça ne vous dit rien cette alliance gauche-droite?), bien que son orientation générale soit celle du mouvement néoconservateur. Son objectif déclaré est le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde. En fait, et vous l’aurez deviné, il s’agit d’un instrument de l’hégémonie américaine. La NED finance de nombreux think tanks dans la monde. Ce sont les chambres de commerce américaines et les multinationales (Chevron, Coca Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft etc.) qui abondent son budget. Et comme une évidence cet organisme a été créé spécialement pour servir de substitut à la CIA, car c’est la centrale qui s’occupait de cette stratégie auparavant.Rassurez vous, elle n’est pas loin. Parmi ses membres on y croise, des élus du Congrès, des patrons de multinationales, des lobbyistes, mais aussi des membres de la CIA.

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L’action de la NED dans le monde va avoir pour effet la promotion de l’alliance droite-gauche dans le domaine de la production des élites « démocratiques ». Après 1989, cette politique s’impose dans les institutions de promotion de la démocratie en Europe. Elle s’inspire de l’idée de créer une classe d’experts de la démocratie et de leaders politiques professionnels (vous avez bien lu ?) qui puissent réaliser la transformation des régimes totalitaires (par un autre… plus soft celui-là ?) et consolider le fonctionnement des nouvelles démocraties (l’Ukraine ?). Évidemment, l’action de la NED ne se limite pas à la transformation des régimes totalitaires, elle incite aussi à lutter contre« les populismes » (tiens, tiens,) et les extrêmes.

La mobilisation de cette organisation contre le « populisme » et les « extrêmes » a eu son illustration à l’occasion du référendum sur la Constitution Européenne.

En effet, en décembre 2005, l’Aspen Institute de Lyon, un think tank néoconservateur américain, a réuni plusieurs think tanks français et européens, de gauche comme de droite, inquiets des « non » français et néerlandais à la Constitution européenne. Ils ont, ensemble, reconnu la nécessité de mettre au point une stratégie commune de communication et d’éducation des cadres pour contrer la vague populiste en Europe.

Vous avez bien lu ? Le « NON » à la constitution européenne serait donc le fait d’une vague populiste !

Vous avez donc compris que les américains sélectionnent, forment et financent des individus afin de promouvoir une alliance « droite-gauche » contre les « populismes » et les extrêmes pour éviter que leurs desseins ne soient remis en cause par des « manants » qui s’attaqueraient au libéralisme et à la mondialisation de l’économie.

Bon. Maintenant que vous avez le contexte, il faut raconter l’histoire immédiate du jeune énarque, que des parrains bien intentionnés ont calibré, jour après jour, en« leader politique professionnel » au service de la cause néoconservatrice américaine.

Macron entre dans la cour des grands

Brillant élève comme chacun le sait désormais (on nous bourre le crâne depuis quelques mois), Macron réussit au concours d’entrée à l’ENA en 2002. Durant sa scolarité, il doit effectuer un stage dans l’appareil de l’État. Il le fait au côté du Préfet de l’Oise. Ce dernier le convie à une réunion ayant pour objet l’établissement d’une zone commerciale.

Le patron concerné par cette réunion n’est autre que le richissime rocardien Henry Hermand qui a fait fortune dans la création de supermarché. Homme de réseaux et d’influence, compagnon de route du PS, il fait rapidement de Macron son fils spirituel. Cette rencontre va être déterminante pour l’avenir de Macron.

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Macron et Henry Hermand.

Un détail qui n’est pas anodin. C’est Hermand qui fait adopter par Macron l’expression « progressiste » (que vous avez entendu répéter ad vomitem durant le début de sa campagne) au détriment des notions de « social libéralisme » ou « social réformisme », dont Macron se réclamait dans les premiers temps. Ce changement sémantique est en fait un alignement de planètes destiné à mettre Macron sur la même orbite que les progressistes américains dont John Podesta, relation de Hermand, est le représentant au travers du Center for American Progress (CAP) le think tank « progressiste » qu’il préside. Rappelons que John Podesta a été conseiller spécial de Barak Obama et qu’en 2016, il a été chargé de la campagne d’Hillary Clinton.

Macron calibré au programme de la NED

  1. Le formation politique : l’alliance gauche-droite de Jean-Pierre Jouyet

En 2004, à la sortie de l’ENA, Macron rejoint l’Inspection des Finances. L’un de ses chefs est Jean-Pierre Jouyet (proche de Sarkozy, de Fillon et de Hollande, rien que ça). Jouyet le prend sous sa protection. Pourquoi? A-t-il déterminé à cet instant que ce sera lui le messie libéral de demain? Il n’y a aucun doute. A l’inspection des finances Jouyet est une sorte de chasseur de tête. Les hommes l’inspirent plus que les idées, dit-on (ça promet). Il mise sur le jeune énarque.

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Jean-Pierre Jouyet.

Jouyet est aussi engagé dans l’Aspen Institut, l’un des plus influents cercles de réflexion “néo-cons” aux Etats Unis. Il présidera, jusqu’en 2013, la section française créée par Raymond Barre. Il en est aujourd’hui le président d’honneur. (Voir en infra, L’Aspen à propos du “non” à la constitution européenne).

Suivant à la lettre les préconisations de la NED s’agissant de la formation de « leaders politiques professionnels », Aspen France propose un cycle de programmes dit « Leaders Politiques d’Avenir ». Inutile de vous dire qui sont les intervenants et les sujets abordés (voir le site Aspen France) c’est édifiant! Laurent WAUQUIEZ , Jérôme GUEDJ, Olivier FERRAND, Cécile DUFLOT, Najat VALLAUD-BELKACEM, Jean Vincent PLACE sont les membres le plus connus des promotions depuis 2006. On n’y trouve pas Macron. Mais lui il était en prise direct avec le président.

Pour être plus concret, Michael Bloomberg,  ancien maire de New York et 8 ème fortune mondiale a rencontré Macron le jeudi 9 mars 2017 à son QG de campagne pour parler économie. Bloomberg au travers de « Bloomberg Philanthropies » travaille depuis de nombreuse années en partenariat avec l’Institut Aspen.

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Michael Bloomberg.

Dans la droite ligne de la stratégie de la NED, lors de l élection présidentielles 2007 Jouyet et d’autres fondent le groupe « les Graques », composé d’anciens patrons et de hauts fonctionnaires qui appellent à une alliance gauche – droite entre Royal et Bayrou . Il y entraine Macron. L’objectif est d’appeler la gauche au réveil libéral européen puis prôner deux pôles, l’un conservateur, l’autre social libéral avec les verts et l’UDF. Partisan de l’économie de marché, ils ont saisi la percée de Bayrou pour construire avec lui le pôle social libéral. Bien évidemment leur stratégie est la prise de pouvoir de la gauche libérale au PS et, dans un second temps, le faire imploser. On y est

2. Le formation économique : la mondialisation de l’économie de  Jacques Attali.

Cette même année, Jouyet va suggérer le nom de Macron à Jacques Attali pour être rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance française dite « commission Attali ». Mise en place par Sarkozy, cette commission est le saint des saints de libéralisme européiste. Socialistes et libéraux s’y retrouvent (la plupart sont aujourd’hui des soutiens de Macron).

Quel est l’objectif de Jacques Attali? Défenseur des la constitution et de l’établissement d’un état de droit mondial, condition pour lui de la démocratie et des droits de l’Homme (tu parles!), il pense en postulat que l’économie régulée par une institution de surveillance financière mondiale peut être une solution à la crise. Cette institution financière serait une première étape vers l’instauration d’une gouvernance démocratique mondiale dont l’Union Européenne peut devenir un laboratoire. Tout est dit. Emmanuel Macron a bien compris la leçon puisqu’il propose  dans son programme en 2017 la création d’un ministre de l’Économie européen, d’un parlement économique européen et d’un budget européen.

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Macron et Jacques Attali.

C’est grâce à cette commission que Macron va développer ses réseaux. Il va notamment y rencontrer Serge Weinberg, homme d’affaire proche de Fabius. Weinberg est non seulement banquier, mais il est aussi membre de la “Trilatérale” dont les objectifs ont inspiré Attali.

Cette organisation privée a été créée en 1973 à l’initiative des principaux dirigeants du groupe Bliderberg et du Council Foreign Relations, parmi lesquels David Rockefeller, Henri Kissinger, Zbigniew Brzezinski. Son but est de promouvoir et construire une coopération politique et économique entre l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord et l’Asie du Pacifique (trois zones clés du monde, pôles de la Triade. À l’instar du groupe Bilderberg, il s’agit d’un groupe partisan de la doctrine mondialiste, auquel certains attribuent, au moins en partie, l’orchestration de la mondialisation économique.

En 2008, Jacques Attali et Serge Weinberg présente Macron à François Henrot ami intime de Wienberg. Henrot est le bras droit de David de Rothschild à la banque d’affaires Rothschild.

Macron est recruté, il est maintenant à bonne école. François Henrot, son patron, est membre du conseil d’administration de la French-American Foundation.

5v2GfS2o_400x400.jpgDestinée à favoriser les liens entre la France et les Etats Unis, la French American Fondation est née en 1976, durant ds heures d’antagonisme entre les deux nations. Elle a été baptisée lors d’un dîner aux Etats Unis entre le président Gerald Ford et Valéry Giscard d’Estaing. L’activité de cette fondation est centrée sur le programme Young Leaders dont la mission est de trouver les personnes qui feront l’opinion et qui seront les dirigeants de leurs sociétés respectives. Ils sont né en 1981, avec pour parrain l’influent économiste libéral franco-américain de Princeton, Ezra Suleiman. Le programme financé par des mécènes privés, s’étale sur deux ans, avec un séjour de quatre jours en France, un autre temps équivalent aux Etats Unis, toujours dans des villes différentes, toujours avec des intervenants de très haut niveau. Les Young Leaders français sont (liste non exhaustive): Juppé, Pécresse, Kosciusko Morizet, Wauquiez, Bougrab, Hollande, Moscovici, Montebourg, Marisol Touraine, Najat Vallaut – Belkacem, Aquilino Morelle, Bruno Leroux, Olivier Ferrand, Laurent Joffrin (Nouvel Observateur), Denis Olivennes (Europe 1, Paris Match et du JDD), Matthieu Pigasse, Louis Dreyfus et Erik Izraelewicz (Le Monde).

Coté américain : Bill et Hillary Clinton….Macron sera promu, lui, en 2012.

L’ascension et l’apothéose

Macron est mûr pour être propulsé dans les hautes sphères de la République. En 2012, sous l’impulsion de Jouyet, il devient secrétaire général adjoint de la présidence de la République auprès de François Hollande, puis ministre de l’Économie.

Hermand, Jouyet, Attali, Weinberg, Henrot, ces cinq personnages, chantres des objectifs de la NED et de la Trilatérale, membres de think tanks inféodés à la stratégie américaine ont fait Macron. Il aura fallu un peu plus de dix ans pour le porter à la candidature de la Présidence de la République.

Beau parcours, non?

Le 16 avril 2014 Jean-Pierre Jouyet deviendra Secrétaire Générale de l’Élysée ce qui achèvera la prise de pouvoir de la NED au cœur de la République.

C’est un véritable coup d’État! Soft, certes, mais un coup d’État!

MACRON a-t-il été ciblé par la CIA?

Assange nous a appris qu’en 2012, la CIA a demandé à la NSA de suivre de près la campagne présidentielle française et ses différents protagonistes. WikiLeaks souligne que Macron est cité dans une e-mail d’Hillary Clinton, alors Secrétaire d’État, datant de 2012 où le personnage est décrit avec beaucoup de précision, mentionnant, notamment, qu’il était “un banquier en fusions et acquisitions” chez Rothschild à Paris, diplômé de l’ENA, ayant travaillé à l’Inspection Générale des finances et (pouvant) aussi devenir haut fonctionnaire au ministère de l’Économie”.

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« Pouvant aussi devenir haut fonctionnaire au ministère de l’Economie» est ce que la chose a été bien traduite ? Ne serait ce pas plutôt « pouvant aussi devenir ministre de l’Économie » ?

Pourquoi cette précision ?

Chose troublante, en 2012, Macron avait été pressenti par Hollande pour en faire son Ministre du Budget dans le premier gouvernement, mais il n’avait pas retenu ce choix parce que Macron n’avait pas de mandat électif (étonnant quand on sait qu’il en fera son Ministre de l’Économie deux ans plus tard)…

Comment Hillary Clinton pouvait être au courant de ce choix éventuel?

Au moment de la rédaction du mail, il est écrit que Macron est “banquier en fusions acquisitions chez Rothschild à Paris” C’était donc avant les élections présidentielles et législatives. Macron faisait partie du groupe dit de “La Rotonde” chargé d’alimenter le programme de Hollande, rassemblant des techniciens et les économistes Elie Cohen, Gilbert Cette et Jean Pisani Ferry ceux là même qui ont pondu le programme économique de Macron en 2017. Hollande ne peut pas avoir parlé de ses choix de postes ministériels en public. Car, il est classique d’attendre les résultats des législatives pour  composer le  futur gouvernement.Et au moment de l’envoie de l’e-mail, elles ne pouvaient pas avoir eu lieu.

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Il fallait donc être sacrément au fait de ce qui se passait à haut niveau pour oser ce détail. Qui informe avec autant de précision Hillary Clinton? La CIA via les interceptions  de la NSA ou quelqu’un d’autre?

Mais la question cardinale est de savoir pourquoi ce message porte sur Macron, alors que c’est un quasi inconnu à cette époque? La CIA a-t-elle ciblé Macron ? Car enfin, cet e-mail n’est pas adressé à n’importe qui mais à Hillary Clinton alors Secrétaire d’Etat d’Obama. Pourquoi une personnalité de ce niveau, s’intéresse-t-elle à un soutier du staff de Hollande? 

En 2015, les documents obtenus par WikiLeaks et publiés par Libération et Médiapart révèlent que la NSA a, au moins de 2006 à mai 2012 (pourquoi mai 2012?) espionné Chirac, Sarkozy et Hollande. Ces documents étaient destinés à la CIA. Mais la NSA a affirmé que ces écoutes n’avaient jamais touché les chefs d’État mais leur entourage.

Macron a-t-il était placé sur écoute quand il était secrétaire général adjoint de l’Élysée? Et si oui, les Etats Unis cherchaient ils à conforter leur choix du futur candidat à la Présidence?

Y-a-t-il eu collusion entre les Etats Unis et certains milieux libéraux politico-économiques français quant à la candidature possible de Macron?

A la vue de son parcours, la réponse est oui!

Une  preuve?

L’implosion en cours du PS pour favoriser une alliance droite gauche afin de contrer les « populismes », l’alliance avec Bayrou (après un salto arrière spectaculaire et suspect) et un programme néo libéral, progressiste et européiste soutenu par les milieux politico- financiers. Toute cette stratégie  reposent sur les piliers idéologiques de la NED et de la Trilatérale.

On comprend mieux l’inquiétude des russes qui se retrouvent avec un scénario à l’Ukrainienne dans l’un des deux plus importants pays d’Europe.

Un président français choisi directement par les américains? De Gaulle va se retourner dans sa tombe.

C’est peut-être ce scénario que nous révélera Assange dans les prochaines semaines.

Nota Bene : Ceux qui sont intéressés par cette publication trouveront une nombreuse documentation sur la toile. Mais attention aux sites complotistes ou confusionnistes ! Privilégiez les recherches universitaires!Voici les références des travaux qui ont permis d’écrire cet article :

  • Bulgarie Contre la dérive populiste, des « think tanks de gauche » La Vie des Idées  numéro de mai/juin 2007 La Vie des Idées est rattachée à l’Institut du Monde Contemporain (Collège de France) et dirigée par Pierre Rosanvallon.

  • A propos de la NED, voir Ghilhot Nicolas, « Les professionnels de la démocratie : logiques savantes et logiques militantes dans le nouvel internationalisme américain », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 139, Septembre 2001, pp. 53-65.

  • A propos de  Jacques Attali son livre Demain, qui gouvernera le monde ?, Fayard, 2011.

  • A propos de Jean-Pierre Jouyet article dans Le nouvel Economiste – n°1385 – Du 26 avril au 2 mai 2007 –

  • A propos de tous les protagonistes y compris Macron divers articles de presse recoupés

  • A propos de WikiLeaks , Libération et Médiapart/ 2017

  • A propos de la Trilatérale http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/BOIRAL/10677

 Source: https://networkpointzero.wordpress.com/2017/03/08/macron-cible-par-la-cia/

La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

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La France rétrogradée au rang d’anarcho-tyrannie

par Georges FELTIN-TRACOL

La France, avec ses 66 millions d’habitants, n’appartient plus au système démocratique selon les critères de la cité antique d’Athènes. L’Institut de pataphysique politique PolDem, qui a publié, jeudi 11 mars, son rapport annuel sur la démocratie, classe désormais l’Hexagone dans la catégorie des « tyrannies électorales », ayant l’apparence des régimes démocratiques mais qui, en réalité, sapent l’indépendance et la neutralité des contre-pouvoirs (la justice, les médias), et transforme les opposants en ennemis d’État. Le pays de Jeanne d’Arc arrive en 7e position après les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada, la Suède et la Grèce. Le centre de recherche indépendant de l’université Guillaume–Faye à Méta-Sparte (capitale fédérale de l’Empire euro-sibérien) constate une détérioration des libertés depuis l’accession au poste de président de la République du libéral-progressiste Emmanuel Macron, en 2017, et estime qu’il s’agit d’« un des changements les plus spectaculaires parmi tous les pays du monde au cours des dix dernières années ». PolDem rappelle l’éventail des mesures déployées par le gouvernement français pour museler les oppositions réelles et la liberté d’expression. Cela va des dispositions financières pour couper les vivres des dissidents (essayistes, humoristes, éditorialistes), jusqu’aux ordonnances sur la situation sanitaire, ou la prévention des activités dites illégales en passant par la censure sur Internet et le contrôle des médias. Un arsenal utilisé pour « harceler, intimider et emprisonner les opposants politiques, ainsi que les personnes qui protestent contre les politiques du gouvernement ».

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Deux autres études confirment la dérive anarcho-tyrannique en France. Dans son rapport annuel sur l’état des libertés dans le monde, l’ONG Arnaud-Dandieu, basée en Araucanie – Patagonie, rétrograde elle aussi la France au rang des pays « partiellement libres ». Les auteurs soulignent que la politique répressive de Macron au moment des Gilets Jaunes s’est amplifiée avec le covid-19, le harcèlement de journalistes de réinformation couvrant la pandémie, l’abandon de millions de travailleurs indépendants et libéraux durant les confinements successifs, et la désignation de « boucs émissaires » parmi les jeunes identitaires français – européens.

Intimidation croissante

L’ONG Arnaud-Dandieu a fait le calcul : plus de 7 000 personnes ont été accusées de protestations après l’arrivée au pouvoir de La République en marche (LREM) et la plupart des accusés sont des opposants du parti d’Emmanuel Macron. Comme PolDem, l’ONG constate que les droits politiques et les libertés civiles dans le pays se sont détériorés depuis 2017, avec une pression accrue sur les organisations de défense des droits des peuples et des devoirs des citoyens, une intimidation croissante des universitaires et des réinformateurs, et une vague d’attaques contre les esprits réfractaires à la novlangue.

Dans un troisième classement, celui du département « Intelligence Unit » du magazine sealandais The Conservative Man sur l’état de la démocratie dans le monde, la France se retrouve dans la catégorie des démocraties « imparfaites », notamment parce que le gouvernement dirigé par Emmanuel Macron « a introduit des éléments de censure dans la libre expression des Français » en contradiction frontale avec l’étymologie fondatrice de la France.

Georges Feltin-Tracol

• Pastiche politique d’un article fallacieux consacré à l’Inde publié dans Le Monde des 14 et 15 mars 2021.

vendredi, 05 mars 2021

Les Carnets secrets du Général Huntziger - 1938-1941

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Les Carnets secrets du Général Huntziger - 1938-1941
 
Recension:
Les Carnets secrets du Général Huntziger (1938-1941)
Présentation et notes de Max SCHIAVON
Editions Pierre de Taillac, 2019, 350 pages.
 
Ex: https://vk.com/id596716950
(Compte vk de Jean-Claude Cariou)

-1QSPOQIp1Y.jpgAncienne cheville ouvrière de la victoire majeure de l’armée d’Orient en 1918 et favori bien placé pour la succession de Gamelin au poste de généralissime, le général Charles Huntziger était en 1939 l’un des grands talents du haut commandement de l’armée française. Chef de la IIe armée lors de la percée allemande décisive des Ardennes en mai 1940, il est chargé d’assumer le rôle peu enviable de principal signataire français de l’armistice de Rethondes. Il devient ensuite un des hiérarques du régime de Vichy, d’abord à la Commission d’armistice de Wiesbaden puis en tant que Ministre de la Guerre. Il meurt dans un accident d’avion en novembre 1941, laissant pour l’Histoire le renom controversé d’un protagoniste clé des débuts de la Collaboration d’État.
Ces traits biographiques soulignent l’intérêt historique des carnets personnels rédigés par le général Huntziger durant ces années critiques. L’accord donné par sa famille à la publication de ces textes inédits, demeurés dans l’état où les avait laissés la disparition brutale de leur auteur, permet d’enrichir d’un éclairage nouveau les événements auxquels il a participé de 1938 à 1941, vus depuis les sphères haut placées au sein desquelles il évoluait.

Le texte est divisé en cinq parties de format inégal. Les deux premières portent sur les mois de l’immédiat avant-guerre et ceux de la Drôle de guerre. Elles permettent de brosser les traits de personnalité de Huntziger, homme de droite frayant avec des notables de l’Action française, antisémite avéré et chef militaire animé par la hantise d’une trahison de l’intérieur de la part des communistes. Il n’en formule pas moins un saisissant tableau du climat d’intrigues et des dysfonctionnements structurels qui dérèglent les organes supérieurs de décision. L’incurie de Gamelin est à la fois l’expression déplorable de sa personnalité et le reflet du caractère incroyablement brouillon du pouvoir politico-militaire, où les décisions des dirigeants politiques et les conceptions des chefs militaires sont aussi flottantes les unes que les autres. Dans cet incertain bouillon de culture, Huntziger nourrit le sentiment peu rassurant que leurs actes respectifs ont plus pour boussole les calculs individuels que les urgences du pays. En guise de grain de sel, quelques anecdotes absurdes donnent un ton décalé au climat de crise morale dans lequel la guerre s’amorce : ainsi des mésaventures bovines de la belle-sœur du président Lebrun !

Le carnet consignant les notes de Huntziger sur la bataille de France révèle un chef déstabilisé par la débâcle de mai 1940, où il se montre défaillant et peu lucide face à la percée blindée allemande qui enfonce son propre front à Sedan. Assez passif devant ce revers majeur, il semble sur le moment plus soucieux de la cohésion tactique de son dispositif que de l’urgence stratégique de contrer à tout prix l’assaut ennemi. Il parvient néanmoins à minimiser adroitement sa propre responsabilité dans cette catastrophe. Au sein du drame collectif qui s’ensuit, il ne mesure pas bien l’effondrement de ses propres troupes, mais son képi étoilé prend acte assez lucidement que sa science de la guerre est dépassée et que son univers de chef a perdu tous ses cadres de référence. Entre ingénierie de la déroute et capharnaüm de fin d’un monde, ses appréciations combinent lucidité, impuissance et pessimisme. Mais même dans cet infernal tourbillon, l’ego ne s’efface jamais tout à fait : au fond du pire, Huntziger continue à ruminer des spéculations sur ses possibilités d’accession au poste de généralissime…
La séquence se clôt par l’amère mission sacrificielle de diriger les délégations françaises chargées de signer les deux conventions d’armistice avec l’Allemagne et l’Italie. On prend connaissance avec intérêt des impressions personnelles de l’intéressé sur les discussions de Rethondes. Puis Huntziger occupe pendant les deux mois et demi suivants les fonctions de chef de la délégation française à la commission de Wiesbaden.
 
Ses écrits de cette période sont édifiants sur l’admiration qu’il voue étonnamment vite à l’adversaire, sans doute accélérée par le lourd traumatisme que constitue à l’époque la tragédie de Mers-el-Kébir. Mais ils démontrent également son sentiment d’impuissance accablée face à l’impitoyable régime d’ultimatums que lui imposent les Allemands, et sa désillusion à l’égard de l’ambiance qui règne au sein des instances vichystes.

Il accepte pourtant ensuite d’intégrer le gouvernement du maréchal Pétain au poste clé de Ministre secrétaire d’État à la Guerre. Cette période couvre l’ultime tranche de ses carnets secrets. Le voilà parvenu au sommet, mais au sommet de quoi sinon une dérisoire armée-croupion, dans un régime de la défaite dont la marge de manœuvre est insignifiante ? Ses réactions le situent comme à la fois Maréchaliste et Lavalophobe. Conscient des pressions et du rapport de force arbitraire imposés par les Allemands, Huntziger adhère néanmoins à la Collaboration. Tout en travaillant souterrainement au renforcement des troupes des colonies et en se positionnant comme un ferme soutien de Weygand, il se montre un adversaire sans équivoque des dissidents gaullistes. On suit avec curiosité la chronique tourbillonnante qu’il donne des révolutions de palais à la cour thermale de Vichy. Après la disgrâce de Laval, il témoigne de très peu d’affinités, entre guerre des boutons entre marins et terriens et divergence politique de fond, envers le nouvel homme fort du régime, l’amiral Darlan. Dans les derniers mois qui précèdent sa disparition accidentelle en novembre 1941, Huntziger perd toute illusion sur les intentions allemandes et marque une volonté croissante de céder le moins possible à leurs exigences. Cette attitude semble prendre le caractère d’une forme de Collaboration réticente motivée par la résignation. Même s’il n’en fait aucune mention dans ses écrits intimes, il est par ailleurs attesté que le général commence alors à couvrir certaines opérations secrètes de renseignement et de camouflage des matériels.

Le mérite de l’édition scientifique scrupuleuse de ces carnets revient à Max Schiavon, auteur de biographies de référence sur d’autres chefs marquants de 1940 (Weygand, Corap, Georges, etc.). La transcription du texte courant noté de façon parfois télégraphique par Huntziger est attentive et accompagnée par un appareil critique minutieux et documenté, qui éclaire sans complaisance les prises de position de son sujet. Des pièces annexes et un index (pas tout à fait exhaustif, si l’on en juge par le cas du général Bührer, rival putatif de Huntziger, dont trois mentions ne sont pas répertoriées) font de cette publication un outil de travail solide. Les carnets secrets du général Huntziger s’avèrent donc une source documentaire de premier ordre, dont la contribution enrichit indéniablement le dossier du grand effondrement français de 1940 et ses conséquences. Avec l’impression vertigineuse, pour le lecteur en apnée dans ces pages, d’y assister à une pathétique course de canards sans tête au fond d’un panier de crabes bien glauque…
 

mercredi, 03 mars 2021

L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

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L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.com

L’expression « islamo-gauchisme » a fait son apparition dans les médias mainstream. Je l’évoque dans mon essai La guerre sociale qui vient (Éditions Dualpha, 2020) mais il était, jusqu’à l’intervention de la ministre, politiquement incorrect de suggérer l’existence de cette alliance, au moins sémantique, au-delà des cercles classés à droite de la droite. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a le mérite d’avoir soulevé la réalité des faits et fait révéler les soutiens de cette mouvance politico-religieuse au moins au cœur des universités françaises.

Car l’intérêt premier de cette affaire est le suivant : de l’absence de reconnaissance du concept, nous sommes passés à la liste des « pratiquants », tous ces pétitionnaires qui se sont dévoilés pour exiger (sic) la démission de la ministre. Donc, l’islamo-gauchisme existe puisqu’il a touché des « chercheurs » ou, plus exactement, des enseignants, c’est-à-dire des personnes qui délivrent une parole écoutée des futurs cadres de la France.

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Frédérique Vidal dénonce « le militantisme » de certains qui privilégient « l’opinion » sur « la recherche ». Il sera difficile de donner une stricte définition à cette « alliance » qui recouvre, dans la réalité, le fait pour des intellectuels d’extrême gauche, à la Plenel, d’utiliser l’Islam comme « la religion des prolétaires » du monde. En contrepartie, la défense systématique du port du voile dans les universités semble s’opposer dans les établissements scolaires avant le baccalauréat…

L’islamo-gauchisme revient, si nous devions utiliser les termes de cette mouvance, aux dérives du colonialisme tant décrié : ce sont des Blancs (pour la plupart) qui manipulent des populations d’origine immigrée dans le but de résister à toute intégration ou, pire, assimilation. Le nobliau du Vivarais Geoffroy Daniel de Lagasnerie, figure de la nouvelle gauche radicale, théorise ses concepts décoloniaux en faveur des populations « racisées « et la famille Traoré, emmenée par Assa, égérie du pavé parisien, rameute les troupes, y compris d’ailleurs pendant les périodes de restriction des libertés dues à la crise sanitaire. Il doit y avoir une impunité dans certaines situations. Ce partage des tâches est saisissant, il y a les penseurs et les marcheurs. Dès le milieu des années 1990, l’Organisation communiste international (OCI) avaient théorisé cette alliance et dès le début des années 2000, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Besancenot et Krivine présentait des femmes voilées aux élections. Pas parce qu’elles étaient femmes mais parce qu’elles étaient voilées.

Couv-Revue-des-Deux-Mondes-octobre-2018-645x1024.jpgL’extrême gauche culturelle ne sait plus, ne peut plus mobiliser un Mai-68. En revanche, elle peut renvoyer une identité magnifiée à des populations dont l’existence varie entre la mosquée, les produits stupéfiants (qui viennent du « bled ») et le Mac-Do.

Sur le fond, que révèle cet alliage « islamo-gauchiste » ? Outre la stratégie d’une certaine gauche de mobiliser des populations, y compris lors des élections pour « faire barrage » aux candidats considérés comme « trop à droite », cet amalgame politique nous montre la faiblesse d’une idéologie que les Français ont tendance à surestimer, du fait de l’impunité que procure, à certains, le dispositif législatif.

Car s’il est plausible de comprendre les nouvelles « lumières » de cette gauche, dont le but n’a été de cesse de mettre à bas les valeurs traditionnelles (celles de l’Occident), il est plus complexe de s’interroger sur l’Islam. Ce mouvement conquérant (sic) ne serait plus que le porteur d’eau d’intellectuels en manque de résonnance. L’islam n’aurait de valeur que dans le nombre, la force (certes essentielle) de la démographie qui, peu à peu, livre nos quartiers à des bandes mettant en place des systèmes de valeurs en contradiction avec la parité femmes-hommes ou l’égalité des enfants au sein des foyers ou bien encore la liberté du choix du conjoint…

L’Islam comme symbole du prolétariat ? Qu’en pensent le protégé des États-Unis, Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite ou le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, émir du Qatar qui pratique l’islamo-sportif de manière ostentatoire ?

Le prolétariat est bien porté sur les maillots des joueurs du Paris-Saint-Germain. Cette simple démonstration pose les limites de cette engeance « islamo-gauchiste ». L’islamo-gauchisme ne se veut que le fer de lance de l’ethno-masochisme européen (blanc si vous préférez, les États-Unis n’étant qu’une excroissance européenne en matière de population). Notre faiblesse nourrit leur force.

VALEURS-ACTUELLES-ISLAMO-GAUCHISME.jpgAu-delà de cet état des lieux, que révèle cette controverse de l’Islam à part la faiblesse intrinsèque de cette idéologie politico-religieuse ? Sans l’appui des forces progressistes et surtout la protection des lois (l’islamophobie, c’est-à-dire la peur d’une religion est en train de devenir un délit…), l’Islam serait une identité limitée à des croyances archaïques.

Un dernier point sur une affaire sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir : les universitaires d’extrême gauche ont retrouvé un prolétariat et on peut penser qu’ils militeront pour la « discrimination positive », pour développer leur présence au sein des universités (ce sont les Blancs qui préparent des CAP ou des brevets professionnels, vous savez l’électorat de Le Pen…) mais ce que nos universitaires oublient, c’est le principe du « renvoi de l’ascenseur ». Dans l’islamo-gauchisme, il y a ceux qui essaient de rester sur le devant de la scène et ceux qui veulent conquérir les corps (et les esprits). Entre islam et gauchisme, il est probable qu’à terme, l’un des deux termes sera de trop et le voile se porte mieux, dans les quartiers sensibles, que l’épinglette de Trotski. C’est ainsi et à terme, les gauchistes devront eux-aussi céder leur place, les homos rentrer dans leur placard mais le romancier Michel Houellebecq n’avait-il pas déjà tout prédit avec d’avance ?… 

En complément :

lundi, 22 février 2021

Sur le pamphlet de Dominique de Roux

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Sur le pamphlet de Dominique de Roux

par Georges FELTIN-TRACOL

En hommage au fils de Dominique de Roux, l’éditeur non-conformiste et homme libre Pierre-Guillaume de Roux qui vient de disparaître.

***

« Les dimensions de l’entreprise néo-radicaliste, avec ses ambitions, ses rouages, ses tentacules européennes [sic !], son arsenal financier, cette volonté de vampiriser les masses, s’apparente beaucoup plus à une tentative de pouvoir totalitaire, utilisant les voies démocratiques de la légalité, plutôt que de la confrontation authentiquement démocratique des intérêts, des positions diverses à l’intérieur de la vie française d’aujourd’hui (pp. 74 – 75). » C’est ainsi que l’écrivain et éditeur français Dominique de Roux s’attaque aux pontes de la plus vieille formation politique de l’Hexagone, le Parti radical, et en particulier à son sémillant secrétaire général d’alors, Jean-Jacques Servan-Schreiber, dans un pamphlet justement intitulé Contre Servan.

unnamed.jpgJean-Jacques Servan-Schreiber (1924 – 2006) (ou JJSS) ne dit plus rien aux nouvelles générations. Fondateur en 1953 de l’hebdomadaire L’Express et auteur en 1967 du Défi américain, celui qu’on prenait (et qui se prenait) pour le « Kennedy français » représente la Meurthe-et-Moselle à l’Assemblée nationale de 1970 à 1978. Président du conseil régional de Lorraine (avant les lois de décentralisation) de 1976 à 1978, il est ministre des Réformes pendant treize jours sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing et dans le gouvernement de Jacques Chirac, cette « étrange éclosion de traîtres, d’UDR défraîchis et de polissons, Schreiber, Lecanuet, le mépris, le dégoût nous monte à la tête (1) ». Adversaire farouche du « Programme commun » conclu entre le PS de François Mitterrand, le PCF de Georges Marchais et une moitié du Parti radical qui se scinde pour l’occasion en Radicaux de gauche et en Parti radical valoisien (son siège social se trouvant dans le 1er arrondissement de Paris, place de Valois), il préside à deux reprises ce parti d’audience négligeable de 1971 à 1975 d’abord, puis de 1977 de 1979. Soutien critique à Giscard d’Estaing, il accepte néanmoins que son mouvement intègre l’entente de centre-droit nommée UDF (Union pour la démocratie française).

Contre le néo-centrisme

En 1970, avec l’aide de Michel Albert, Jean-Jacques Servan-Schreiber publie Le Manifeste radical. D’abord ronéotypé, ce texte de 197 pages, qui sera bientôt édité (2), est largement diffusé la veille d’un énième congrès tenu les 14 et 15 février 1970. Les auteurs souhaitent arrêter le déclin d’un parti politique qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Naguère pivot des majorités dans les dernières décennies de la IIIe République, le Parti radical (3) poursuit une inexorable déchéance électorale. Pour Dominique de Roux, « le Manifeste radical exige que la France abdique la première le privilège de sa souveraineté nationale, en acceptant qu’il lui soit interdit de l’exercer au-delà de ses frontières (p. 89) ».

« Néo-Jeune Turc » du Parti radical, Jean-Jacques Servan-Schreiber défend, à l’encontre du jacobinisme centralisateur historique de son propre parti, la décentralisation politique, la fin de la dissuasion nucléaire française au profit de l’OTAN, la réintégration dans le giron atlantiste ainsi que l’avènement des États-Unis d’Europe occidentale. « C’est ainsi que le Manifeste prouvera fidélité à la ligne traditionnelle du radical-socialisme français, dont le vœu suprême a toujours été de ramener les destinées de la France à la politique de décervelage, vision de vieillards forclos, séniles et lâches, écume misérable et obscène d’une classe dirigeante ayant assis ses prérogatives d’origine sur la spoliation et le lucre, et que l’excès même de ses crimes a épuisée, réduite à ne plus aspirer qu’aux délices tranquilles de la déchéance et de l’assujettissement (pp. 98 – 99). »

Dédié à Mao Tsé-Toung, Contre Servan ne ménage pas « le vautour – capon de L’Express (p. 104) ». Dominique de Roux y lit l’« hystérie d’un compradore en cavale qui se rue sur le pouvoir et agit en conséquence (p. 17) ». « Compradore » désigne, en Amérique hispanique, les indigènes par l’intermédiaire desquels se faisaient obligatoirement le commerce entre les compagnies coloniales et les populations que leurs dirigeants, souvent corrompus, interdisaient tout rapport avec les étrangers. Ce texte de Servan-Schreiber confirme « la démagogie d’un Parti radical tombé entre les mains d’un état-major assujetti à des principes d’internationalisme boiteux, [qui] vise non seulement à l’aliénation de la politique gaulliste de souveraineté nationale française, mais au déboulonnage final de sa destinée (p. 87) ».

HZugx.jpgLucide, l’auteur de L’Harmonika-Zug reconnaît cependant que « depuis Saint-Simon, en France, les idées générales ne servent qu’à soutenir la carrière de quelques-uns, de même que les grandes réussites finissent toujours par se perdre dans les divers ruisseaux, voire dans les égouts du courant de l’histoire qui les porte (p. 21) ». Il dénonce donc la profonde insincérité de ce manifeste. « Le compradore Servan-Schreiber ment comme tout grand cabotin nihiliste qui veut se couronner, tenir ne serait-ce qu’une seule seconde le téléphone présidentiel d’une Europe allemande, d’un nouveau Reich germano-américain (p. 17). » « À la pointe de la démagogie ignoble qui permet au Parti radical d’encadrer psychologiquement et politiquement les masses françaises, un but inavouable, continue-t-il : l’abdication de la France et, sur les entrailles du sacrifice rituel de la France, l’Europe des grands arrangements monétaires (p. 85). » Pour l’auteur de La mort de Louis-Ferdinand Céline, « les États-Unis d’Europe, but stratégique ultime des commanditaires cachés de Servan-Schreiber ne sauraient être réalisés que par l’Allemagne, la France n’étant que défaillance morale, économique, politique (p. 80) ».

Non aux nouveaux compradores !

Contre Servan suscite un intérêt familier en 2020. Jean-Jacques Servan-Schreiber anticipe un comportement servile qui se généralisera dans les quatre décennies suivantes et que contestera, parmi d’autres, Emmanuel Todd à partir de 1997. « Si le compradore Servan-Schreiber propose à la France le modèle allemand c’est parce que l’Allemagne, pense-t-il, s’est admirablement libérée de son histoire (pp. 58 – 59). » Dominique de Roux développe un argumentaire virulent. Il explique que « le pouvoir politique aujourd’hui n’est rien, semble-t-il, sans les arrières d’une économie de croissance. S’emparer du pouvoir revient en fin de compte à s’emparer des postes clés de l’économie (p. 36) ». À travers Jean-Jacques Servan-Schreiber et son Manifeste radical, une conjuration qui « dévoile son projet en le cachant (p. 53) », en gaullien transfiguré depuis L’Écriture de Charles de Gaulle (1967), il s’indigne des menées cosmopolites en ce début de décennie 1970. S’il n’évoque jamais le Club Bilderberg ou les dîners mensuels du Siècle, il mentionne en revanche son fondateur, Georges « Bérard-Quélin, le vice-président et trésorier du groupe (p. 71) » radical qui s’oppose d’ailleurs au très opportuniste Servan-Schreiber…

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Pour Dominique de Roux, « l’heure des grands compradores est là et comme d’habitude ils vont droit au but, liés à leur itinéraire de rapines de bijoux, de gonzesses et de tam-tam (p. 23) ». Il révèle que « les structures capitalistes d’oppressions sociales et de colonialisme économique sur le territoire se trouvent complètement séparées de la nation, des couches populaires, fonctionnant soit par l’intermédiaire du régime en place, soit à travers la contre-option d’une éventuelle prise de pouvoir centriste (p. 25) ». Dans quatre ans, la France se donnera de peu à Valéry Giscard d’Estaing, chantre d’un « libéralisme avancé » qui va accélérer la décadence française en autorisant à la fois l’avortement incontrôlé (et non eugénique), le regroupement familial allogène et l’immigration de travail. Si Contre Servan assimile les propositions de JJSS à la « Nouvelle Société » du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas (1969 – 1972) sous la présidence de Georges Pompidou (1969 – 1974), son auteur qui incline vers un PCF revigoré par le « tribun » Georges Marchais et qui prend au cours de cette période une relative apparence nationale-populiste, ne se doute pas que, d’une part, Giscard éliminera dès le premier tour de la présidentielle anticipée de 1974 le candidat « vieux-gaulliste » Chaban-Delmas grâce à la trahison des « 43 » gaullistes-pompidoliens parmi lesquels Jacques Chirac et que, d’autre part, Marchais renoncera à se présenter à ce scrutin afin de soutenir la candidature d’union de la gauche de François Mitterrand. Il annonce en outre qu’« en réalité, depuis le départ du général de Gaulle, les mêmes puissances capitalistes anti-nationales dirigent et manœuvrent et le gaullisme en place et le centrisme des congrès (p. 24) ». En se référant à Mao, Dominique de Roux inaugure sans le savoir un tournant politique que les maoïstes de L’Humanité rouge, anciens de PCMLF (Parti communiste marxiste-léniniste de France), adopteront quelques mois plus tard en approuvant la force de frappe nucléaire française et en soutenant la réunification allemande.

En citant de longs passages du Manifeste radical, Dominique de Roux y voit encore une ferme volonté d’« effacement de la “ souveraineté nationale ” (p. 58) ». Dans un empressement tout polémique, il ne remarque pas l’influence du fameux essai de James Burnham L’ère des organisateurs (4). Il estime pourtant que pour Jean-Jacques Servan-Schreiber, « la géopolitique relève du managering, tout comme la philosophie politique de la pédicure (p. 19) ».

Refuser l’américanisation de l’Europe

imagesWGDDR.jpgLa défiance de Dominique de Roux à l’égard du projet européen se renforce avec l’américanisation croissante des esprits et des modes de vie en Europe occidentale. « Donner la Californie aux Français, comme s’en vantent les faquins de la place de Valois, c’est encore prendre la France en viager pour le compte des négriers en gants jaunes du supercapitalisme mondial, oser donner au peuple le moins valet du monde des bijoux en verre de siphon comme jadis les Frères de la Côte, dans les pays d’extorsion, les mers du Sud, et la Bretagne (p. 96). » Constatant qu’« on invente les sociétés “ multinationales ” pour donner au pouvoir des Empires, ceux des ice-cream en boîte ou des poulets en berlingo, un air azuréen d’œcuménique innocence (p. 63) », il juge que « l’anti-civilisation de l’objet total domine. L’Europe, aujourd’hui ne constitue plus qu’une marche contestée (p. 61) ». Pis, « le problème n’est pas de savoir si l’Europe d’aujourd’hui deviendra l’Amérique d’hier (p. 63) ». Il se fait même prophétique : « Les écumeurs maoïstes ou les névropathes trotskystes […] céderont […] à la main qui les flattera (p. 69). » Le parfait exemple n’est-il pas l’ancien maoïste Serge July, ex de Libération, signataire d’un récent Dictionnaire amoureux de New York (5) ?

Dominique de Roux accuse Jean-Jacques Servan-Schreiber et son Parti radical d’œuvrer en faveur de la Subversion en Espagne, en Grèce et au Portugal. Depuis que JJSS a obtenu la libération et l’exil du compositeur et musicien Mikis Théodarakis, les étudiants qui affrontent la junte des colonels d’Athènes considèrent l’élu lorrain « comme le leader d’une certaine Europe de la subversion bourgeoise qui n’aspire qu’à la puissance de nouvelles classes privilégiées (p. 68) ». Dominique de Roux en profite pour s’attarder un instant sur les rapports de forces internes qui parcourent la junte. Celle-ci dépendrait d’un Conseil national de la Révolution lui-même divisé entre « modérés » libéraux – conservateurs pro-Washington et « ultras » nationaux-révolutionnaires plus « neutralistes ». « Nationalistes, violemment anti-capitalistes au moins autant qu’anti-monarchistes et anti-marxistes, la fraction dure du Conseil de la Révolution est en marche vers des prises de position analogues à celles de la Yougoslavie titiste, de la Révolution nassérienne ou du régime du colonel Boumédienne. Au-delà de l’Union Soviétique et des relations politico-économiques étroites avec l’Albanie, la Bulgarie et la Roumanie, les extrémistes de la Junte regardent, depuis juin 1969, vers Pékin. Par l’intermédiaire de l’Ambassade de Chine à Bucarest, plaque tournante de l’ensemble stratégique de la politique chinoise en Europe de l’Est, la Grèce se trouve déjà en relation avec le commandement de l’armée populaire chinoise. Aussi la fraction extrèmiste de l’État-Major révolutionnaire secret d’Athènes envisagerait-elle un changement de ligne qui risque d’être fatal à l’ensemble du dispositif stratégique occidental en Méditerranée et dans le Sud-Est européen. Comme la question d’un retour aux délices équivoques de la démocratie royale n’est possible que dans les salons de l’intelligentsia parisienne, “ tendance Nouvel Obs ou Préfecture de Police ”, et que le passage, avec armes et bagages, dans le camp socialiste est à exclure, vu l’attitude monolithique du peuple grec lui-même, la seule carte à jouer en Grèce, pour le “ capitalisme à la papa ”, capitalisme d’Onassis et des commanditaires d’un Servan-Schreiber, reste, malgré tout, celle de la fraction modérée de la Junte (pp. 106 – 107). » Dominique de Roux est le seul à mentionner ce Conseil national de la Révolution. On peut se demander s’il ne serait pas ici victime d’une fausse interprétation des événements. En revanche, « en 1973, souligne Georges Prévélakis, Papadopoulos aurait été renversé par Ioannidis manipulé par la CIA à cause de son refus d’accorder aux Américains l’utilisation de l’espace aérien grec pour soutenir Israël (pendant la guerre du Kippour). Beaucoup d’officiers qui soutenaient Georges Papadopoulos étaient très influencés par le colonel Kadhafi (6) ». Était-il nécessaire d’évoquer la Grèce des colonels ? Pendant les sept années de la junte hellène, « les organisations para-étatiques ont pris la forme d’un État anti-communiste au service des intérêts américains (7) ».

dominique_de_roux02_450.jpgCette forme (idéalisée ?) d’organisation clandestine influence-t-elle le fondateur des Cahiers de l’Herne ? « L’emportera le groupe qui sera capable de former à ses ordres une armée de protection dialectique de sa propre vision du monde, une élite détachée de l’économique, voire même, détachée, aussi, de la politique, ce que Lénine avait appelé “ les révolutionnaires professionnels ”. Sur le plan de l’histoire, sur le plan des activismes qui font et défont la marche de l’histoire, l’emporteront donc, à l’heure actuelle, ceux qui sauront donner aux masses engagées dans leurs manœuvres l’encadrement de révolutionnaires professionnels, de cadres activistes (pp. 114 – 115). » On peut voir dans cette description d’une avant-garde militante en acier forgé une allusion aux « convives de pierre » évoliens ou à l’Ordre de la Couronne de fer ? Dominique de Roux se révèle ici en vrai penseur de la stratégie (méta)politique. Il avoue que « la noblesse de la politique, en vérité sa noblesse d’être, est de contraindre les fatalités (p. 20) ». Il s’agit par ailleurs de se méfier des opérations sous faux drapeau. « Devant la marée montante de la révolution sociale en Europe et dans le monde, la subversion du capitalisme–apatride mobilise aujourd’hui ses doctrinaires et ses meneurs de l’ombre avec la consigne d’inventer des stratégies d’urgence, combines et propagandes à double étage qui leur permettent de ralentir et de paralyser le cours actuel des choses (p. 22). » Il prend ainsi acte très tôt de la formidable capacité du « Système » à récupérer ses oppositions et à s’en servir. « Il est pourtant notoire que chaque fois qu’on fait appel au peuple en flattant démagogiquement sa soi-disant légitimité charismatique, ses droits et son mystère, prévient-il encore, c’est que l’on complote en réalité pour lui inventer un nouvel asservissement, la sémantique nouvelle de sa mis en condition (p. 40). » Attention donc aux « populismes » conduits par de « faux héros contre-révolutionnaires » prévenus par Thomas Molnar (8) à l’instar de l’illibéral hongrois Viktor Orban, ancien pensionné de George Soros… Cette mise en garde est plus que jamais d’actualité.

Vouloir l’Europe libre franco-allemande

Dominique de Roux considère dans le phénomène Servan-Schreiber une manière d’« empêcher […] que la révolution en profondeur voulue par le général de Gaulle ne parvienne à se faire; que le travail national et le pouvoir politique total de la France n’aient à se rencontrer sur les décombres des puissances capitalistes des régimes bourgeois (p. 33) ». Il ironise que l’homme de presse reprenne à son compte les suggestions géopolitiques révolutionnaires et grandes-européennes du président du NPD (Parti national-démocrate d’Allemagne), Adolf von Thaden, mais « dans un sens final absolument contraire à celui qui à un moment donné avait failli rassembler l’Europe autour de l’axe gaullisme franco-allemand (p. 76) ». Quelques mois auparavant, en 1969, von Thaden regrettait déjà dans un entretien paru dans… L’Express (!) la vive hostilité du gouvernement de Bonn à « la politique européenne du général de Gaulle, politique dont le postulat fondamental était celui d’une véritable force de dissuasion nucléaire française destinée à transformer, ensuite, en force nucléaire européenne (p. 75) ». « Sur le plan militaire, Adolf von Thaden voyait une armée nucléaire française secrètement soutenue par une infra-structure économique allemande (p. 80). » À l’époque, outre-Rhin, le journaliste et politologue Armin Mohler défendait des positions géopolitiques fort semblables.

FIC139873HAB40.jpg« L’Europe allemande de facture française, l’Europe des compradores Servan-Schreiber et Willy Brandt, est appelée à se cogner subversivement à l’Europe française de facture allemande dont le général de Gaulle avait su rêver, à Ingolstadt en 1917, en 1939 sur les marches de l’Est, à Montcornet en 1940, en 1945 quand il fut reçu en Rhénanie par les survivants d’une Allemagne que, malgré tout et plus que n’importe qui d’autre, il avait contribué à relever; en 1958 enfin, et de par son silence même, aujourd’hui, à l’heure où se lèvent à nouveau les sombres boucliers du néant auxquels lui, l’homme des tempêtes, n’a plus rien à opposer si ce n’est le concept apocalyptique et l’espérance qui ne l’est pas moins du terme. Or, ce terme nous sommes déjà quelques-uns à le savoir, ne saurait être dialectiquement que le terme du terme (p. 114). » Se matérialise ici l’esquisse de la future « Internationale gaulliste » et son orientation en faveur d’une troisième voie géopolitique pour qui « la suppression des blocs militaires, préalable à la mise en marche d’une Conférence pan-européenne, passe par la thèse gaulliste de l’indépendance nationale, de la coopération politique inter-européenne et annule à la base le point de vue social-démocrate (p. 95) ». Il en appelle à la réunion d’une Conférence continentale sur la sécurité européenne, ce qui débouchera sur les accords d’Helsinki de 1975 et, à la fin de la Guerre froide, à la création d’une Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dominique de Roux rappelle qu’« en 1944 le général de Gaulle s’était élevé avec fermeté – et en en prenant tous les risques – contre le plan Morgenthau, ayant compris selon la dialectique visionnaire du corps doctrinaire gaulliste, que, sans l’Allemagne, la France se trouverait dans l’impossibilité de faire l’Europe, et que sans l’Europe une certaine idée de la France périclitait (p. 83) ».

Grand dessein alter-gaulliste

Quel est donc le « grand dessein » de Charles de Gaulle ? « Pour que le grand dessein européen et mondial gaulliste s’accomplisse et qu’il trouve son terme, il aurait fallu que le gaullisme puisse continuer son action pour un idéal à travers les réalités, continuer la France révolutionnairement et dans les profondeurs, outil d’une véritable rupture, d’un grand accomplissement politico-historique français et européen à l’avant-garde du Troisième État de la révolution mondiale. L’idée gaulliste prévoyait, avant tout, le changement ontologique de la France sur le double plan des institutions de gouvernement et de sa politique extérieure. À l’intérieur, il s’agissait, il s’agit toujours de forger l’outil politico-militaire de l’indépendance nationale française en terme de dissuasion nucléaire et de renouvellement de l’économie nationale. La transformation profonde de l’agriculture, la réorganisation régionale, définie par Jeanneney, la participation des ouvriers aux bénéfices de l’entreprise, le dégonflage du mythe université et le plan de mise à jour technologique de l’industrie et de la recherche, tout ce qui exigeait que le pays se ressaisisse et change, s’est trouvé saboté, démantelé, par la concentration d’intérêts représentés à l’heure actuelle par le Parti radical du compradore Servan-Schreiber. Ce monde clos avait compris que la révolution gaulliste était sur le point de constituer une barrière infranchissable contre les manipulations d’un milieu qui pense politique en termes d’arrangements monétaires, de sur-exploitation colonialiste du travail, d’agences clandestines sans visage ni identité avouable à la solde du capitalisme apatride et qui, finalement, rejoint le néant (pp. 90 à 92). » Face à l’apathie française, Dominique de Roux reportera ensuite cette quête spirituelle et géopolitique vers un cinquième empire lusophone et pluri-continental (9). Il signale toutefois d’une manière sibylline à une lecture originale des Mémoires d’Espoir de Charles de Gaulle par l’économiste non-conformiste François Perroux. L’interprétation de ce dernier paraît préparer le terrain, cinquante ans plus tard, à la publication d’une série de lettres du fondateur de la Ve République, à la tonalité explosive, adressées à un historien français d’origine alsacienne, recruté « malgré lui » pour le front de l’Est, déserteur de la Wehrmacht et ancien officier de l’Armée rouge soviétique. À côté de ces enjeux géopolitiques, Dominique de Roux s’attache à la révision complète des relations sociales. Il affirme que « depuis les jacobins vénérés, la seule idée authentiquement révolutionnaire en France a été celle de la participation gaulliste du capital et du travail (p. 25) ». Cette idée révolutionnaire d’avenir est bien sûr sabotée par un Pompidou bien trop proche du grand patronat français immigrationniste.

9782268034195-200x303-1.jpgCe pamphlet constitue un tournant décisif dans la vie de l’auteur de L’Ouverture de la chasse. Il clôt sa période d’éditeur et prépare ses voyages en Afrique portugaise. Une légende veut que Jean-Jacques Servan-Schreiber aurait acquis tous les exemplaires du pamphlet disponibles en France. En s’appuyant sur une lettre adressée à Jacques Fauvet du 15 juillet 1970, Jean-Luc Barré raconte que le notable lorrain dépêcha « un intermédiaire auprès de Dominique de Roux pour racheter l’intégralité du tirage initial. Faute d’y parvenir, il réussit cependant à empêcher sa diffusion à Nancy, tandis qu’à l’initiative d’un de ses jeunes supporters un exemplaire de l’ouvrage est brûlé sur la place de la ville (10) ».

Contre Servan combat le dévoiement de l’idée européenne. Les corrupteurs de cette auguste idée sont maintenant très nombreux puisqu’on les trouve autant chez les mondialistes que chez les souverainistes ou chez les altermondialistes. Est-ce une coïncidence si Dominique de Roux décède d’une crise cardiaque neuf mois avant la naissance de la réincarnation politique de Servan-Schreiber, Emmanuel Macron ?

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Lettre de Dominique de Roux à Philippe de Saint-Robert du 1er juillet 1974, cité dans Jean-Luc Barré, Dominique de Roux. Le provocateur (1935 – 1977), Fayard, 2005, p. 451. L’UDR est le parti gaulliste précédant le RPR.

2 : cf. Jean-Jacques Servan-Schreiber et Michel Albert, Ciel et Terre. Le Manifeste radical, Denoël, coll du « Défi », 1971, avec en annexes les contributions de Hugh Scott, « Force et faiblesse de l’industrie française », et de Pierre Uri, « Rapport sur l’inégalité en France ».

3 : Fondé en 1901, le Parti radical valoisien s’appelle en réalité Parti républicain, radical et radical-socialiste. Un temps à l’UDI (Union des démocrates et indépendants), il fusionne ensuite avec son frère ennemi radical de gauche pour un Mouvement radical et social tout aussi groupusculaire avant de se séparer…

4 : cf. James Burnham, L’ère des organisateurs, préface de Léon Blum, Calmann-Lévy, coll. « La Liberté de l’Esprit », 1947.

5 : Serge July, Dictionnaire amoureux de New York, Plon, 2019.

6 : Georges Prévélakis, Géopolitique de la Grèce, Éditions Complexe, coll. « Géopolitique des États du monde », 1997, p. 127.

7 : Idem, p. 125.

8 : Thomas Molnar, La Contre-Révolution au XXe siècle, La Table Ronde, 1980.

9 : Dominique de Roux, Le Cinquième Empire, préface de Raymond Abellio, Belfond, 1977.

10 : Jean-Luc Barré, op. cit., pp. 386 – 387.

• Dominique de Roux, Contre Servan-Schreiber, André Balland, 1970, 118 p.

L'éditeur Pierre-Guillaume de Roux est décédé

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L'éditeur Pierre-Guillaume de Roux est décédé

 

par Duarte Branquinho


Pierre-Guillaume de Roux (1963-2021), éditeur français au talent et au courage reconnus, qui a travaillé pour plusieurs maisons d'édition de renom avant de fonder la sienne il y a une dizaine d'années, est décédé le 12 février dernier à l'âge de 57 ans.

Il est impossible de parler de Pierre-Guillaume de Roux sans se souvenir de son père, Dominique de Roux (1935-1977). Écrivain, journaliste et éditeur français, il a été responsable des célèbres "Cahiers de l'Herne" et auteur de plusieurs essais, dont "La Mort de L.-F. Céline", publié en 1966, a également été correspondant en Angola, au Mozambique et en Guinée pendant la guerre d'outre-mer, créant ainsi un lien fort avec le Portugal et le monde lusophone. Le 25 avril 1974, il est le seul journaliste français à Lisbonne, un événement qu'il couvre pour plusieurs médias. Parmi les nombreux romans qu'il a écrits, il faut citer "Le Cinquième Empire", publié en 1977, 15 jours avant sa mort soudaine d'une crise cardiaque, à l'âge de 41 ans.

Pierre-Guillaume de Roux a gardé le lien avec notre pays, qu'il visitait parfois pour être avec des amis. Mais il a surtout conservé la veine éditoriale anticonformiste de son père.

001204012.jpgIl a commencé sa carrière comme éditeur chez Christian Bourgois en 1982, tout en collaborant à plusieurs publications. Il est, avec Yves Loiseau, l'auteur du livre "Portrait d'un révolutionnaire en général : Jonas Savimbi", sur le leader de l'UNITA, publié en 1987.

Au cours de sa longue carrière, il a également été directeur littéraire des Éditions de la Table Ronde, des Éditions Julliard et des Éditions du Rocher, qu'il a quitté en 2008, en désaccord avec la politique éditoriale.

En 2010, il a fondé sa propre maison d'édition, qui porte son nom, en se concentrant sur la littérature et les essais, poussé par le besoin d'indépendance vis-à-vis des détenteurs du pouvoir médiatique, qu'il définit, sans complexe, comme la "gauche idéologique".

L'un des premiers livres publiés par les Éditions Pierre-Guillaume de Roux est "Un samouraï d'Occident : Le Bréviaire des insoumis", de Dominique Venner, en 2013, une édition posthume qui est sortie peu après le suicide rituel de l'historien français cette année-là, qui a suscité une certaine controverse. Parmi beaucoup d'autres, des auteurs tels qu'Alain de Benoist, Richard Millet, François Bousquet, Christopher Gérard, Hervé Juvin, Robert Redeker, Michel Marmin, Rémi Soulié ou Renaud Camus suivront. Mais aussi des classiques comme Ezra Pound, Drieu la Rochelle, Wyndham Lewis, Thorstein Veblen, Paul Sérant, ou la correspondance monumentale entre Ernst Jünger et Carl Schmitt, sans compter plusieurs livres en collaboration avec l'Institut Iliade.

Ferme dans ses convictions, il n'a jamais eu peur de faire face aux critiques et aux détracteurs. La presse de gauche l'appelait "l'éditeur du diable" ou "des proscrits ", mais l'impressionnant catalogue d'ouvrages soigneusement publiés par sa maison d'édition montre que son critère était avant tout la qualité. Dans une interview qu'il a accordée il y a deux ans au magazine L'incorrect, il a déclaré : "Ma droite, elle s’incarne surtout dans des écrivains qui ont défendu le noyau spirituel de la personne humaine contre toutes les abstractions idéologiques, contre toutes les idoles modernes.”

 

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lundi, 08 février 2021

Joseph de Maistre en Russie

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Joseph de Maistre en Russie

Arkady Minakov

Ex : https://www.geopolitica.ru

Traduction de Juan Gabriel Caro Rivera

La naissance du conservatisme, tant en Europe occidentale qu'en Russie, est inimaginable sans l'influence de Joseph de Maistre (1753-1821), l'un des pères fondateurs du conservatisme européen, qui était aussi un brillant intellectuel, un "ardent réactionnaire" (comme N. A. Berdiaev l'a appelé dans son livre Le nouveau Moyen Age), la "réaction contre Voltaire". Il ne fait aucun doute qu'il était l'un des critiques les plus radicaux de la Révolution et des sociétés démocratiques de son temps.

Joseph de Maistre est né dans la ville de Chambéry, en Savoie, dans une famille aristocratique. Il a fait ses études primaires dans un collège jésuite. Après avoir obtenu son diplôme de l'université de Turin en 1774, où il a étudié le droit, de Maistre est devenu l'un des conseillers du Sénat de Savoie et, en 1788, sénateur. Ce futur catholique ultramontain, dominé par une croyance inébranlable en la priorité du pouvoir papal sur le pouvoir séculier, était à l'époque membre d'une loge maçonnique et catholique libéral. Joseph de Maistre accède au rang de "Chevalier de la Bienfaisance de la Ville Sainte" au sein des loges maçonniques. En 1796, il publie son livre Réflexions sur la Révolution française, qui le rendra célèbre dans toute l'Europe et en fera un classique de la pensée conservatrice.

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Lorsque les troupes révolutionnaires françaises ont occupé sa Savoie natale, de Maistre s'est installé en Sardaigne, où il a été promu chancelier en 1800. Et en mai 1803, il arrive à Saint-Pétersbourg comme ambassadeur du roi de Piémont-Sardaigne. Joseph de Maistre jouit d'une grande influence au sein de la cour impériale et prend une part active à certaines initiatives politiques d'Alexandre Ier. C'est précisément en Russie qu'il a écrit ses deux œuvres les plus importantes : Les Soirées de Pétersbourg et les Lettres de Saint-Pétersbourg.

Les sermons laïques de Joseph de Maistre ont trouvé un large écho dans une partie de la haute société russe. Par exemple, le célèbre auteur et mémorialiste S. P. Zhikharev a écrit dans son journal : « Le comte de Maistre doit certainement être un grand penseur ; quoi qu'il dise, il le fait de manière divertissante, et chacune de ses remarques reste dans la mémoire de l'auditeur, car chacune d'entre elles contient une idée, une idée qui a été parfaitement exprimée par lui ».

De Maistre fréquente les salons de S. S. Uvarov, V. P. Kochubei, le comte A.K . Razumovsky, et est l'ami de l'amiral P. V. Chichagov, connu pour ses remarques, en tant que conservateur orthodoxe, qu'il écrit dans son livre Conversations d'un amoureux du verbe russe, défendues par A. S. Chishkov et G. R. Derzhavin. Dans la vie intellectuelle de la société russe au début du XIXe siècle, Joseph de Maistre a joué un rôle exceptionnel ; dans une certaine mesure, c'est grâce à ses idées que la Russie est devenue une sorte de centre d'où rayonnaient les idées anti-révolutionnaires.

De Maistre a également joué un rôle dans le développement du conservatisme russe. Les premiers conservateurs russes partageaient fondamentalement les mêmes valeurs qui caractérisaient de nombreux conservateurs d'Europe occidentale et avaient des idées très similaires, qui visaient à protéger et à actualiser les traditions et les valeurs positives d'une société traditionnelle idéalisée par eux, principalement basée sur un pouvoir monarchique centralisé et fort et sur la religion.

005709135.jpgLe conservatisme russe était typologiquement très proche du conservatisme d'Europe occidentale, car il possédait les mêmes caractéristiques de base, qui étaient fondées sur l'affirmation de la tradition, la compréhension de l'inégalité et de la hiérarchie comme état naturel de la société, le refus de l'utilisation de méthodes révolutionnaires comme moyen de reconstruction de la société, la lutte contre les idées des "Lumières", la conviction que la société a besoin d'un monopole bien établi sur la discussion et l'interprétation des problèmes sociaux et moraux les plus importants qui doivent être menés par la classe noble et l'Eglise, les classes supérieures étant précisément celles qui sont obligées de soutenir ces principes pour la protection et l'idéalisation de l'Etat.

L'une des principales raisons qui ont donné naissance au conservatisme russe est le fait qu'il est né d'une réaction patriotique contre la gallomanie, qui n'était autre que la passion d'imiter et d'adopter comme siennes tout ce qui avaient une origine française, non seulement en ce qui concerne la langue, mais aussi pour en arriver à imiter les idées, les habitudes, les modes et autres choses qui, comme la poudre à canon, ont fini par s'imposer dans la société seigneuriale russe depuis la fin du 18e et le début du 19e siècle. Pour des conservateurs comme A. S. Chishkov et F. V. Rostopchine, la francité semblait être un mal idéologique qui était responsable de toutes les menaces qui pesaient sur la Russie, pour ainsi dire, face à la Révolution française et plus tard à l'agression napoléonienne qui a suivi les événements de la Révolution.

Il faut noter que les étrangers aux idées conservatrices ont condamné la francisation dans des termes encore plus sévères que leurs homologues russes. De Maistre a écrit ce qui suit : "Je n'ai pas de mots pour vous décrire l'influence française dans ce pays. Le génie de la France a littéralement fini par seller le génie de la Russie de la même manière qu'un homme met une bride sur un cheval".

Ce fait a été considéré par de Maistre sous un jour extrêmement négatif, car "la civilisation russe absorbait à cette époque toutes les idées qui corrompaient complètement l'esprit humain (c'est-à-dire que tout cela était vu comme le résultat de la diffusion des "Lumières" et de la Révolution française - A.M.). Ces circonstances ont fini par toutes converger et, pour ainsi dire, par faire en sorte que l’on confonde totalement le peuple russe avec un peuple qui était à la fois le plus terrible instrument et la plus pitoyable victime de cette corruption... La terrible littérature que le XVIIIe siècle avait produite a pénétré immédiatement et sans retenue en Russie, faisant que les premiers enseignements qui ont été dispensés en langue française devant les oreilles du public russe n'étaient que des paroles chargées de nombreux blasphèmes".

De Maistre reproche aux occidentalistes russes la large diffusion de ces idées, en particulier dès le règne de Pierre Ier. "Je vous reproche, Pierre Ier, d'avoir commis le plus grand péché : le manque de respect que vous avez éprouvé pour votre propre nation".

Cependant, du point de vue de la Sardaigne, Pierre avait commis des péchés encore plus terribles : "En général, ce pays donne trop de libertés aux étrangers et la seule façon de se libérer de leur influence est de déclencher une révolution. La responsabilité de tout cela incombe à Pierre, qu'on appelle le Grand, mais qui était en fait le meurtrier de sa propre nation. Non seulement il la méprise et l'insulte, mais il lui apprend à se haïr en lui enlevant toutes ses coutumes, sa morale, son caractère même et sa religion, après quoi il la met au service des étrangers charlatans et fait de la Russie le jouet de toute cette canaille".

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A coup sûr, de Maistre a très probablement exagéré ses critiques en transposant la haine qu'il ressentait pour l'Europe protestante aux réformes de Pierre, dont beaucoup ont été inspirées par cette même Europe protestante.

De Maistre a passé quatorze ans en Russie, où il a vécu de 1803 à 1817, ce qui a eu un impact important sur la politique du ministère de l'Éducation publique, car il a sévèrement critiqué le système d'éducation et les formes d'enseignement qui existaient en Russie et qui, selon lui, étaient imprégnées du même esprit de gallomanie qu'à la cour et qui n'étaient rien d'autre qu'une imitation très grossière des modèles éducatifs de l'Europe occidentale. Il voyait dans ces réformes un grand danger pour l'avenir de l'État russe, car, d'elles, sortirait une strate de la population qui serait influencée par les idées en vogue en Europe occidentale.

Les nobles semi-alphabétisés et francisés étaient par essence un groupe subversif, ou du moins constituaient une faction guidée par l'esprit d'opposition et soutenant un amoralisme militant : « Leur esprit est complètement perverti et plein d’orgueil, ils détestent tout ce qui existe dans leur pays, ils condamnent toujours tout ce que fait leur gouvernement, ils adorent complètement les choses qui viennent de l'extérieur, ils adoptent les modes et le langage qui est utilisé à l'étranger, et ils sont toujours prêts à subvertir tout ce qu'ils méprisent, c'est-à-dire tout ce qui existe dans ce monde ».

"Une autre des terribles conséquences de tout cela, et qui est le fruit de la manie du gouvernement pour la science occidentale, pour laquelle il est nécessaire de faire venir des professeurs de l'étranger afin de la mettre en œuvre, est que la Russie est constamment obligée de demander l'aide de pays étrangers ; et comme les personnes vraiment éduquées et morales quittent rarement leur pays natal, où elles sont honorées et correctement récompensées, le gouvernement russe recourt à des personnes médiocres, des personnes qui sont non seulement dépravées mais aussi puériles et qui viennent au Nord uniquement parce qu'elles croient qu'on leur offre une fausse bourse qui leur procurera beaucoup d'argent.

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"Jusqu'à ce jour, la Russie est pleine d'une telle racaille venant de l'extérieur, la plupart d'entre eux ayant été expulsés de leur propre pays en raison des luttes politiques qui s'y déroulent. Ces transfuges n'apportent à la Russie que leur impudence et leurs vices. Ils ne ressentent aucun amour ni respect pour ce pays, ils ne nouent aucun lien avec cette terre dans le domaine civil ou religieux, ils se moquent complètement de ces Russes obscènes qui leur confient tout ce qui leur est le plus cher au monde, ils sont pressés de récolter assez d'or pour vivre à leur guise en écrivant des livres où ils déversent des insultes contre la Russie, des livres que le gouvernement achète à ces mêmes sycophantes et qu'il traduit même en utilisant les fonds publics.

"La situation actuelle est de plus en plus alarmante, en raison des préjugés extrêmement regrettables dont souffre ce pays. En Russie, il est tacitement admis que la morale doit être quelque chose de complètement séparée et indépendante de l'enseignement, de sorte que, par exemple, si un professeur de physique ou de langue grecque, dont on sait qu'il est dépravé ou athée, fait des choses immorales, cela amène souvent tout le monde à se demander : qu'est-ce que cela a à voir avec la physique ou la langue grecque ? Ainsi, toutes les intellectuels-voyous de l'Europe finissent en Russie et ce pays paie cher le fait d'avoir à faire face à cette multitude d'étrangers de mauvaise augure qui se consacrent exclusivement à tout gâcher".

De Maistre, en soutenant ces critiques, finit par devenir un allié idéologique des conservateurs russes qui s’étaient engagés dans une lutte contre tout type d'influence étrangère dans leur pays et qui détestent la gallomanie.

De Maistre, tout comme A. S. Shishkov et F. V. Rostopchin, a appelé à "un examen plus minutieux des étrangers (en particulier les Allemands et les protestants) qui viennent dans ce pays pour éduquer les jeunes, indépendamment de ce qu'ils vont enseigner, car nous devons considérer qu'il est presque certain que sur cent personnes qui viennent enseigner, au moins 99% d’entre eux appartiennent à cette catégorie, de sorte que l'État finit par s'impliquer avec les personnages qui le mènent au désastre, puisque personne qui a une famille, des biens, une moralité avérée et une certaine réputation n'ira jamais dans un pays étranger par nécessité, mais restera vivre dans sa terre natale".

md22704552794.jpgLes conservateurs russes ont réussi à mettre partiellement en œuvre un grand nombre des exigences qu'il demandait. C'est ainsi que le 25 mai 1811, un décret est publié "sur les pensions privées", qui stipule que "la noblesse, soutenue par l'État, estime nécessaire de placer sous surveillance les personnes qui viennent de l'étranger en cherchant leurs propres intérêts et en négligeant toutes les affaires intérieures, puisqu'elles n'ont aucune règle pure en matière de moralité ou de connaissance de celle-ci" et "après avoir ruiné la noblesse et les autres classes, ces étrangers préparent lentement la ruine de la société en général car on leur permet d'éduquer les enfants du pays".

Le décret ordonnait aux directeurs d'école de tester les qualités morales des propriétaires de pensionnats et d'exiger d'eux et des enseignants travaillant en Russie une connaissance de la langue russe. L'enseignement devait être dispensé exclusivement en russe. Au début de 1812, l'"Avis du ministre de l'éducation publique sur les enseignants étrangers dans le pays" a été publié, c'est-à-dire un ordre par lequel les enseignants étrangers devaient désormais certifier par écrit les compétences et les connaissances qu'ils enseignaient dans les écoles primaires russes.

L'existence de nombreux points de vue partagés par les conservateurs orthodoxes et de Maistre a conduit à des tentatives délibérées de ce dernier d'entrer en contact avec des représentants du "parti russe" conservateur. On sait que de Maistre a assisté aux rencontres Chichkov-Derzhavin, ce que l'on retrouve dans les Conversations d'un amoureux de la parole russe, et qu'il a également visité le célèbre salon de Tver de la Grande-Duchesse Ekaterina Pavlovna, chef officiel des représentants conservateurs du "parti russe" à la cour du Tsar. Tous ces contacts ont très probablement eu lieu parce qu'ils ont tous lutté ensemble contre l'influent "parti français", dont le chef de file était le célèbre réformateur libéral M. M. Speransky.

De Maistre porte son propre jugement sur Speransky dans une lettre qu'il envoie au roi de Sardaigne, Victor Emmanuel Ier, le 28 août (9 septembre) 1811. Les principales accusations portées contre Speransky étaient une attaque contre son milieu social "inférieur", le fait qu'il se livrait à l'espionnage au nom de la France, son adhésion aux idées constitutionnalistes et son appartenance à la franc-maçonnerie :

"C'est un homme intelligent, très diligent et qui a une excellente plume ; toutes ces qualités sont absolument indiscutables. Mais il est le fils d'un prêtre, ce qui signifie qu'ici en Russie, il appartient aux couches les plus basses du peuple libre, et de là, comme il est naturel, viennent ceux qui sont les grands promoteurs de réformes radicales. Il accompagne l'empereur à Erfurt et y rencontre Talleyrand ; certains pensent qu'il entretient une correspondance importante avec lui. Toutes les questions qui concernent son administration sont imprégnées de toutes sortes d'idées nouvelles et, surtout, il est enclin à l'établissement de lois constitutionnelles... Je dois avouer mon extrême méfiance à l'égard du secrétaire d'État... Sa Majesté ne doit pas douter un seul instant de l'existence d'une secte très influente qui a depuis longtemps juré de renverser tous les trônes d'Europe et qui utilise les souverains eux-mêmes pour accomplir cette tâche par l'utilisation d'un savoir-faire infernal".

002187016.jpgFinalement, à la suite d'une lutte en coulisses impliquant toutes ces "factions", Speransky finit par tomber en disgrâce en mars 1812, ce qui renforce considérablement les positions du "parti russe" et de Joseph de Maistre. En février 1812, ce dernier se voit proposer d'éditer tous les documents officiels publiés au nom du tsar ; 20 000 roubles lui sont transférés au nom de l'empereur afin d'assurer toutes les dépenses nécessaires "à la préparation et à l'exécution de l'un de ses plans".

Le 5 mars, le chancelier N.P. Rumiantsev annonce à Joseph de Maistre que l'Empereur a des projets pour lui en ce qui concerne la guerre à venir et qu'il souhaite l'inviter au service de la Russie. Il accepte avec lui d'envoyer un messager pour faire venir la famille de Joseph de Maistre en Russie. Dans la soirée du même jour, de Maistre se trouvait dans l'appartement de N. A. Tolstoï, maréchal en chef et président du bureau de la cour. En outre, Tolstoï était celui qui dirigeait la vie et les cérémonies qui se déroulaient à la cour à l'époque d'Alexandre Ier, et avait une conversation avec Tolstoï sur la guerre à venir et les questions liées au commandement militaire.

Au cours de cette conversation, le tsar est entré secrètement dans l'appartement de Tolstoï. À la fin de la conversation, il échangea avec Tolstoï et parla directement à Joseph de Maistre de son nouveau travail d'éditeur. Malgré toutes les offres qui lui sont faites, de Maistre décide cependant qu'il ne renoncera pas à servir le roi de Sardaigne. Il l'a annoncé à Roumiantsev, sans pour autant refuser d'exécuter les ordres que lui avait donnés le tsar Alexandre. Le même jour, après l'exil de Speransky, qui s'est avéré être le moment où la politique russe a radicalement changé, l'État russe a rejeté tout type de réformes libérales et a repris certaines des idées des représentants conservateurs du "parti russe".

Depuis que Joseph de Maistre a refusé de faire partie de la cour de Russie, en disant à Alexandre Ier que son devoir était d'abord d'être au service du roi de Sardaigne, qui ne lui permettrait pas de rompre un "accord de non-divulgation" des informations secrètes qu'un éventuel nouveau poste pourrait lui apporter. Un tel incident a finalement conduit à la rupture des relations entre Alexandre et l'ambassadeur de Sardaigne. La faveur qui lui a été accordée en tant que secrétaire personnel du souverain n'a même pas duré quatre mois.

Le rôle politique de Joseph de Maistre en Russie était alors très important. Le 9 avril 1812, A. S. Chishkov est nommé secrétaire d'État et le 29 mai 1812, un autre dirigeant du "parti russe", F. V. Rostopchine, est promu général d'infanterie puis nommé gouverneur général de Moscou. Il a également reçu le titre de commandant en chef de la place de Moscou. En fait, il est devenu dictateur à Moscou à la veille de la plus grande guerre qui allait avoir lieu dans l'histoire de la Russie.

Les innovations politiques et idéologiques introduites dans l'Empire russe après la guerre patriotique de 1812 et les campagnes militaires de l'armée russe en Occident, et en particulier l'expérience religieuse d'Alexandre Ier et d'A. N. Golitsyn visant à créer un "État chrétien commun" avec l'Occident, sur la base des idées européennes tirées des traités écrits par les mystiques et les francs-maçons protestants, ont conduit à la conclusion que la version catholique du conservatisme développée et défendue par Joseph de Maistre était tout simplement inacceptable pour le gouvernement autocratique russe.

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Les ultramontains, en principe, ne pouvaient pas accepter l'œcuménisme et le mysticisme. Comme l'a écrit l'historien A. N. Shebunin : "les idéologues de la réaction (Joseph de Maistre, Bonald, Lamennais) avaient une attitude nettement négative envers les mystiques et l'idéologie de la Sainte-Alliance, et dans la société biblique, ils ne voyaient que les commanditaires de sectes dangereuses et de divergences religieuses en ce qui concerne nombre de leurs pensées, etc.

Sous prétexte que le prosélytisme de Joseph de Maistre était allé trop loin et qu'une grande partie de l'aristocratie de Saint-Pétersbourg s'était convertie au catholicisme (y compris le jeune prince A. F. Golitsyn, neveu du procureur général du Saint-Synode), les jésuites reçurent l'ordre de quitter les deux capitales et de Maistre fut exilé de Saint-Pétersbourg en mai 1817, pour ensuite partir à l'étranger. En 1820, les jésuites sont finalement expulsés de Russie et en 1821, Joseph de Maistre meurt à Turin.

Ainsi, l'influence directe de l'un des fondateurs de la pensée conservatrice européenne sur la formation du conservatisme russe prit fin en 1817. Le rejet de l'expérience religieuse œcuménique qui a suivi dans les années 1822 à 1824 a été une conséquence de la victoire du "parti russe", orthodoxe et conservateur, qui a longtemps bloqué le processus de réception des doctrines occidentales conservatrices non confessionnelles. Depuis 1824, la monarchie ne remet plus en question le statut de l'orthodoxie en tant que religion dominante, et le conservatisme russe est désormais exclusivement basé sur l'orthodoxie.

Joseph de Maistre a sans aucun doute influencé la formation du conservatisme russe. Le conservatisme russe à l'époque de son émergence et de sa formation était typologiquement très proche du conservatisme d'Europe occidentale, puisque ce dernier possédait les mêmes caractéristiques fondamentales, telles que le traditionalisme, l'inégalité en tant qu'état naturel de la société, l'identité, le patriotisme, etc. En même temps, cette idéologie a influencé les penseurs conservateurs d'Europe occidentale dans leurs propres pays. Il y avait relativement peu de Russes partageant les mêmes idées ; il faut plutôt dire que le conservatisme russe est apparu parallèlement au conservatisme d'Europe occidentale et sous l'influence de facteurs très similaires.

Bibliographie :

Местр Ж. де. Петербургские письма. 1803–1817 / Ж. де Местр. - СПб. : Инапрапрессс, 1995. - – 336 с.

Местр Ж. де. Санкт-Петербургские вечера / Ж. де Местр. - СПб. : Алетейя, 1998. - – 731 с.

Дегтярева М. И. Жозеф де Местр и его руссские собеседники. Опыт философской биографии и нтеллектуальные связи в Росссиии / М. И. Дегярева. - Пермь : Астер, 2007. - – 403 с.

Минаков А. Ю. Руссский консерватизм в первой четверти XIX в. / А. Ю. Минаков. - Воронеж : Изд-во Воронежского гос. ун-та, 2011. - – 560 с.

dimanche, 31 janvier 2021

Retour à la réalité territoriale

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Retour à la réalité territoriale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.org

Le 1er janvier 2021 est née une nouvelle collectivité territoriale à statut particulier en France métropolitaine. Après la séparation de la Métropole de Lyon du département du Rhône redevenu rural en 2015 et la formation d’une Collectivité de Corse qui rassemble les compétences régionales et départementales de l’Île de Beauté en 2018, voici la Collectivité européenne d’Alsace (CEA).

La CEA résulte de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les cartes administratives continueront cependant à indiquer ces deux départements. Une nouvelle institution, le Conseil d’Alsace, les dirige. Il dispose des prérogatives départementales habituelles (actions sociale et sanitaire, logement et habitat, collèges, etc.) ainsi que de quelques capacités supplémentaires comme par exemple le bilinguisme, le tourisme, la voirie ou la coopération transfrontalière.

La réduction du nombre de régions en 2014 ordonnée par François Hollande suscite non pas de substantielles économies financières, mais plutôt un net regain de l’affirmation alsacienne. Bien des Alsaciens n’acceptent toujours pas la disparition de leur région amalgamée aux régions Lorraine et Champagne – Ardennes dans un grand ensemble au nom ridicule de « Grand Est ». Longtemps réticents à toute union du « 67 » et du « 68 », les élus locaux s’entendent finalement sur une unification. Avec la CEA renaît donc une structure administrative alsacienne garante de son appartenance géo-historique à la vallée du Rhin, de sa culture régionale, de son droit local et de son système concordataire de 1801. Certes, la nouvelle collectivité va devoir se faire respecter d’un État parisien toujours plus tatillon, d’une grande région jalouse de ses pouvoirs, et des intercommunalités, dont l’Eurométropole de Strasbourg, en quête de nouvelles dispositions réglementaires.

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Lyon la métropolitaine, l’Alsace et la Corse appartiennent dorénavant aux « collectivités territoriales uniques » qui intègrent les assemblées départementales et régionales. On retrouve ces collectivités territoriales originales en Outre-mer. Dès 2007, au large du Canada, Saint-Pierre-et-Miquelon devient une collectivité spécifique avec un conseil territorial unique. En 2011, le nouveau département de Mayotte reçoit du fait de son insularité toutes les compétences régionales. En 2016, la Guyane et la Martinique accèdent à leur tour à ce statut différencié. En revanche, la Guadeloupe dans les Antilles et La Réunion dans l’océan Indien gardent pour l’instant leur qualité de « région monodépartementale », soit un chevauchement souvent ubuesque sur le même espace du conseil départemental et du conseil régional. Signalons que les possessions françaises en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-et-Futuna) n’entrent pas cette catégorie.

Par-delà ces quelques exemples édifiants d’un mille-feuille administratif sans cesse renaissant, force est de constater l’apathie publique envers les enjeux de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Faut-il garder la structure commune – département – région ? Avant les nombreux regroupements pas toujours réussis, la commune perpétuait le pagus (le pays) gallo-romain. Les départements réagissent à ces évolutions territoriales en nouant des partenariats. Depuis une vingtaine d’années, Savoie et Haute-Savoie coopèrent sur de nombreux dossiers. La Drôme et l’Ardèche ont tissé des liens au-dessus du Rhône qui les sépare. La Loire et la Haute-Loire mutualisent leurs équipements routiers. La géographie de la France, plus vaste État de l’Union européenne, invite cependant au pragmatisme. En 1946, Michel Debré proposait au général de Gaulle une réduction du nombre de départements en les redessinant. Il importe aujourd’hui de réunir quand c’est possible les communes, de conserver le département et de maintenir la région. Au « diviser pour mieux régner » pratiqué par les différents régimes centralisateurs, les communes, les départements et les régions peuvent parfaitement se compléter dans un nouvel agencement territorial et administratif cohérent. La commune gère la vie courante; le département se charge de l’instruction et des affaires sociales; la région s’occupe des transports et de l’économie. Le Mouvement Normand réclame cette nouvelle répartition des pouvoirs entre les collectivités territoriales depuis près de… trente ans !

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Menacée d’étouffement économique et démographique par la « ville – monde » Paris et une Île-de-France elle-même bien déséquilibrée sur les plans social et démographique, les pays de France peuvent renouer avec les mille et une facettes de leur quotidien bigarré. Malgré l’urbanisation des campagnes, l’américanisation des mentalités et la fin de l’esprit paysan, la France demeure encore cette subtile et délicate marqueterie de langues, de terroirs, de gueules et d’accents.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 199, mise en ligne sur TVLibertés, le 26 janvier 2021.