Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 15 avril 2012

MAIN BASSE AMERICAINE ET ISLAMIQUE SUR LE MALI

 

MAIN BASSE AMERICAINE ET ISLAMIQUE SUR LE MALI

Quelle capitale dicte la politique étrangère de la France ?

Michel Lhomme

Ex: http://metamag.fr/

 

 



Mohamed Merah avait souhaité mettre la France à genoux. Elle l’est déjà. Elle l’est, non seulement par sa politique sécuritaire et économique, mais surtout, par sa politique étrangère, qui semble avoir été dictée, sous Nicolas Sarkozy, à Washington ou à Tel Aviv. Au point de nous demander, parfois, s'il n’aurait pas été, de tout temps, un bon agent américain infiltré ?
 
Après les violents combats qui ont opposé l’armée malienne et les rebelles touaregs au Nord du Mali –ils avaient fait plus de 100 morts, début mars, près de Tessali dans le Nord du Mali- l’armée régulière vaincue, repliée sur Bamako et dirigée par des capitaines putschistes de second rang (trois excellents officiers supérieurs avaient rejoint en octobre la rébellion touarègue) assiste à l’éclatement des divisions du Nord, entre nomades indépendantistes et musulmans intégristes. Ces derniers seraient en train, au prix du massacre impitoyable des rares chrétiens présents, de tortures et d’une politique de la terreur et du chantage pratiquée sur les populations (la charia contre les voleurs) de contrôler Tombouctou et le Nord du pays. 
 
 
La France est incapable matériellement et, semble-t-il, moralement d’intervenir militairement, sauf à décréter, irrationnellement, un embargo qui affectera, en priorité, les populations pauvres de Bamako, les familles des Maliens de Montreuil qui, d’ailleurs, ne vont pas manquer, très vite, de réagir et de descendre dans la rue ! Si le but de l’embargo contre le Mali est de couper les approvisionnements d’essence, il faut, en effet, être bien naïf pour ne pas comprendre que, très vite, cet approvisionnement se fera par le Nord, renforçant du coup les réseaux illégaux, c’est-à-dire la logistique et les finances des rebelles.
 
Que Paris vire Juppé et Longuet, rappelle Talleyrand et Foccart
 
La diplomatie française de Sarkozy-Bhl-Juppé est au tapis. Le Mali, comme l’a bien souligné Jean Bonnevey, est la conséquence directe de l’intervention en Libye et du « printemps islamiste » qui l’a suivi. Depuis, la France paraît avoir été ingénue, régie par la politique de l’émotion médiatique ou, alors, elle s’est faite tout simplement manipulée en beauté par des intérêts pétroliers et américains. Dans le premier cas, naïveté ou angélisme politique du Quai d’Orsay et d’un Ministre escroc à l’ego démesuré, nous avons de quoi nous inquiéter. En réagissant en direct sur n’importe quelle déstabilisation orchestrée (Libye, Syrie), la France se prive de toute vision géopolitique à long terme et, surtout, du réalisme, forcément machiavélique qui doit animer pourtant toute vraie politique étrangère.
 

Que Paris vire Juppé !
 
Cela fait plus d’un an que quatre Français sont détenus dans la région. Ils sont retenus par la katiba (phalange) Tareq Ibn Zyad, dirigée par Hamadou Abid Aboud Zeid, au nord du Mali, dans la région montagneuse du Timétrine, au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. L’AQMI (branche d’Al-Qaida au Maghreb) y a sanctuarisé sa zone. Depuis la guerre en Libye, les groupes intégristes musulmans, qui gravitent autour de l’AQMI, mais aussi les rebelles touaregs, ont été lourdement armés et renforcés par la venue de combattants enhardis, à peu près 400, anciens khadafistes, prêts à en découdre, entre autres, avec la France, accusée de haute trahison. La religion est forcément, culturellement, le moteur identitaire de ces groupes disparates. Mais, il ne faut pas non plus se voiler la face, leurs motivations profondes demeurent surtout l’argent. 
 

Des otages pour de l'argent !
 
Le Nord du Mali, territoire des Touaregs, ces anciens marchands d’esclaves florissants, est devenu comme elle l’a toujours été, la zone de tous les trafics, y compris de la cocaïne, venue de Bissau et remontant vers l’Europe. Si l’on en croit certaines informations, les Touaregs auraient perdu le leadership de la révolte du Nord. Nous en doutons un peu. Comme à l’accoutumée, un marché a sans doute été conclu. Mais, à qui sert le contrôle idéologique du Nord, qui n’est pas seulement une poudrière de barbaresques, mais surtout une réserve de matières premières, en particulier du pétrole, récemment découvert par Total ? 
 
Contrôle des ressources: la France dindon de la farce 
 
Si Al-Qaïda n’a souvent été, comme certains bien informés le prétendent, que la « base » manipulée de la CIA dans le monde musulman, alors, nous n’avons pas simplement affaire à une montée de l’islamisme radical au Mali, mais à l’éviction indirecte de la France sur son propre terrain par les Etats-Unis, la Chine étant embusquée derrière les barbelés (voir ses prêts à taux zéro au Niger et le gaz qu’elle y a découvert) et ce, dans une véritable course aux matières premières (les régions inexplorées du Nord du Mali renfermeraient des mines d’uranium, du gaz à la frontière de la Mauritanie et du pétrole). 
 
Il faut savoir que la couverture satellitaire très précise de la région est assurée par les Etats-Unis et que ceux-ci ne transmettent pas nécessairement ses images aux services français et même, parfois, s’y refusent ouvertement ! Enfin, le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des rebelles et nouvel homme fort du Mali arbore fièrement sur son uniforme l’écusson des Marines américains. Il a été formé non seulement à Fort Benning en Géorgie mais, surtout, il a reçu une formation d’officier du renseignement sur la base moins connue de Fort-Wachica en Arizona.
 

Or et phosphates parmi les richesses du Mali
 
Les islamistes du Nord du Mali sont issus, en partie, des groupes algériens djihadistes, du groupe salafiste pour la prédication et le combat (ex-GSPC). Ces groupes ont, ensuite, été absorbés par Al-Qaïda, dans la volonté de cette dernière de rapprocher sa ligne de front avec l’Occident. Leur repaire, c’est le Sahara, grand comme 15 fois la France et partagé par dix pays riverains. Leur but : recruter de nouveaux « fous de Dieu », procéder à des coups de main (rançons d’otages et même hold-up comme celui du port de Nouakchott et ses 4 millions d’euros), s’approvisionner en armes grâce aux multiples trafics qui sont opérés dans cette immense zone grise. Le désert malien est la zone d’entraînement des combattants, l’armée malienne étant incapable de la contrôler et le gouvernement civil aujourd’hui déchu de Touré, complètement corrompu (on raconte dans certains milieux informés que des billets numérotés d’une rançon française pour la libération d’otages libérés auraient été retrouvés dans le sac à main de la première dame, lorsqu’elle faisait ses achats à Paris !). Touré, grand ami de l’Algérie, n’a-t-il pas, toujours, joué un double jeu avec Paris, sécurisant, par exemple, les routes ou les convois du trafic de drogue entre Bamako et le Nord ? L’Algérie, véritable clef du problème malien avec ses 2 000 km de frontières communes. 
 
Concrètement, les islamistes paient trois fois le prix des bidons de 200 litres d’essence, qu’ils enterrent dans le sable. Leur ravitaillement est prédisposé sur plusieurs itinéraires. Les membres des katiba affectionnent les Toyota à grosse cylindrée de 4,5, équipées de mitrailleuses de 12,7mm, mais aussi d’appareils de navigation GPS, qui permettent aux hommes de localiser des caches secrètes d’eau et de vivres dans les vastes étendues de sable. Dans chaque petit groupe, un « ingénieur » est chargé des communications grâce à des mails codés, envoyés par des ordinateurs couplés à des téléphones satellitaires. 
 
En Libye comme au Sahara, les Américains voient tout
 
Seul, les Etats-Unis ont les moyens logistiques de tout contrôler. En 2004, lors de la traque de l’islamiste algérien Ammari Saïfi, les Marines américains ont poursuivi, avec des combattants des forces spéciales algériennes, les bandes djihadistes sur la frange de 5 000 km que les Américains appellent la « ceinture d’instabilité » : minorités insoumises, faillite économique, sécheresse et famine récurrentes, dégradation environnementale. D’ailleurs, au même moment où éclate la crise malienne (lâchage de Touré par la France ou par les USA ?), les services de l’ONU lancent un appel de détresse, au sujet de la famine sahélienne où se prépare, pour les semaines à venir, une véritable catastrophe humanitaire. 
 
 
En fait, la France n’a pas compris la nouvelle guerre du XXIème siècle, la guerre en réseau, cette forme de combat dans laquelle agents de renseignement et militaires américains collaborent avec les forces armées locales et autres groupes clandestins, mercenaires privés et bandes mafieuses. La France est, de fait, larguée par la qualité de la surveillance électronique américaine, la coordination du renseignement humain et des données satellitaires, ceci en Afrique, sur sa chasse gardée mais aussi, aussi sur son propre territoire (les câbles Wikileaks de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris, la troublante affaire Merah, les réseaux de vente et d’achat d’armes de guerre en banlieue).
 
Enfin, comment ne pas voir, aussi, que la partition du Mali, en cours, est la conséquence directe de celle du Soudan, avec ce rêve, devenu réaliste, de la remise en question des frontières africaines artificielles issues de la colonisation. Après tout, le Nord du Mali devient un Etat touareg et un peuple, fut-il nomade, choisit « librement » son destin ! En validant le précédent du Sud-Soudan, là encore avec d’évidentes arrière-pensées pétrolières, les Occidentaux ont ouvert la boîte de Pandore qui permettrait, à terme, de remodeler l’Afrique sur des considérations ethnico-culturelles, plus conformes à son histoire et seule voie de stabilité pour le continent. 
 
Pour une Europe des peuples en Afrique 
 
Seul, ce long processus de redéfinition des frontières internes assurera la vraie maîtrise de leur continent par les Africains (lire à ce propos les analyses anciennes de l’africaniste Bernard Lugan) et, en même temps, la sécurité pour les puissances américaine ou chinoise plus pragmatiques dans la gestion des territoires outre-mer. Qu’importe, au fait, qu’ils soient fanatiques si les puits sont bien gardés et l’acheminement des extractions minières sécurisées ! 
 
Les vieilles frontières coloniales n’ont de toute façon pas de sens en Afrique et sont perpétuellement violées dans les faits. Il n’y a pas de principe d’intangibilité des frontières en plein désert. Au Sahel, on passe même d’un pays à l’autre sans s’en rendre compte ! Déjà, on a redessiné le Soudan, la Somalie, le Maroc avec son Sahara Occidental autonome, l’Erythrée. Il faut poursuivre et, peut-être, envisager, dès maintenant, une conférence internationale sur ce sujet tabou, discuter de la question de manière décomplexée et refondre la carte africaine. 
 

Après la Lybie, la Tunisie, Sarkozy porte la poisse à ses invités
 
Finalement, le Petit Prince a grandi. Il ne dira plus "S’il te plaît, dessine-moi une frontière", mais "redessinons-nos frontières !" Pourquoi la France, au lieu de s’arc-bouter dans la peur et dans l’inquiétude, ne tenterait-elle pas de proposer et de réussir ce remodelage pacifique de tout un continent ? Ne disposerait-elle pas encore de diplomates compétents, après avoir limogé toutes les têtes qui dépassent du Quai d’Orsay et de la Défense ? Serait-elle encore une fois tétanisée et paralysée par son immigration intérieure, comme celle des Maliens de Montreuil ? 
 
Elle devrait pourtant, avec l’Union Européenne, proposer cet objectif : aider les Africains à modifier leurs frontières nationales internes au lieu de craindre arbitrairement une islamisation improbable de tout le continent. Les Européens ont là un double rôle historique à jouer : d’une part, ce sont eux qui ont inventé l’Etat-nation et l’ont exporté brutalement en Afrique par la colonisation. Mais, d’autre part, ce sont eux qui ont aussi inventé l’intégration régionale pacifique qui a dépassé, en l’intégrant pacifiquement dans une entité plus vaste, ce même Etat-nation, faisant des frontières non des barrières mais des interfaces, au sens informatique du terme. 
 
Si les Européens ne font rien au Mali, pour le pacifier diplomatiquement, c’est peut-être en effet une autre crise systémique globale qui va clore la domination française sur le Sahel, tandis que les Etats-Unis, à trop jouer avec le feu, finiront par perdre les « marches arabes » de leur empire au profit de la Chine, neutre religieusement parlant, mais principal prêteur bancaire de la région. A Paris, Alain Juppé et Gérard Longuet ne semblent pas sortir de leur torpeur intellectuelle et de l’illusion qui consiste à croire qu’il existe encore un leadership américain : ils paraissent incapables d’avoir des visions à long terme et de reprendre la main. On appelle cela une fin de règne mais aussi, sans doute, la fin d’une époque, l’enterrement de la "Françafrique" si décriée. La France n’est plus puissante en Afrique. Mais les Africains le sont, plus que jamais, à Paris.

samedi, 14 avril 2012

Pour en finir avec la Françamérique

Pour en finir avec la Françamérique, par Jean-Philippe Immarigeon

 

 
Ex: http://www.europesolidaire.eu/

Nous avons plusieurs fois évoqué le rôle de Jean-Philippe Immarigeon dans la déconstruction du mythe américain et la lutte contre la soumission des Européens à l'influence atlantiste. Les précédents ouvrages de l'auteur, référencés ci-dessous, sont tous à lire à cet égard. Ils restent entièrement d'actualité. En quoi le nouvel essai de Jean-Philippe Immarigeon renouvelle-t-il son argumentaire?

C'est parce que l'auteur comprend de moins en moins, malgré les évènements récents ayant marqué l'histoire du monde, la persistance de la dépendance de la France, dans toutes ses composantes, au mythe d'une civilisation commune avec les Etats-Unis, qui nous empêche de nous décider enfin à prendre en mains nous-mêmes notre destin. 

L'auteur, excellent connaisseur des Etats-Unis, où il exerce une partie de son activité professionnelle, ne comprend pas l'aveuglement des Français à vouloir dans tous les domaines s'abriter sous la référence américaine, au lieu de faire appel à leurs propres ressources. Même ceux qui sont obligés par la force des choses de confesser une perte de puissance américaine n'en tirent pas arguments pour enfin rompre le lien affectif qui les unit à une Amérique dont ils se donnent une image largement fantasmée et inexacte. Même ceux qui veulent rompre ce lien n'osent pas le faire pleinement. La peur d'être condamnés comme anti-américaniste sommaires les empêchent de voir et d'évoquer les raisons qui devraient nous obliger à devenir enfin indépendants.

Nous n'allons pas ici reprendre les arguments de l'auteur. Le livre est suffisamment court et vivant pour mériter d'être lu par tous ceux qui ne souhaitent pas s'engager dans des considérations géopolitiques complexes. Bornons-nous à quelques questions.

* L'addiction à l'Amérique se limite-t-elle à la France? Ne faudrait-il pas envisager une « américanomanie européenne » qui paralyserait toute l'Europe? Elle culminerait au niveau des institutions européennes mais aussi dans chacun des gouvernements de l'Union. Elle ne se limiterait pas aux cercles dirigeants mais elle toucherait l'ensemble de la population. Partout, la peur de rompre le cordon qui relie l'Europe à une Amérique présentée comme légitimement en charge des affaires du monde paralyse les velléités de saisir les opportunités qui s'offrent désormais à l'Europe, lui permettant de jouer enfin sa partie dans un monde devenu multipolaire. Les perspectives présentées par Franck Biancheri, directeur du Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) n'éveillent encore qu'un faible écho. 1) Elles devraient pourtant dynamiser les énergies européennes, puisque celui-ci montre que, entre une Amérique déclinante et une montée en puissance du BRICS, un large créneau d'opportunité s'ouvre à l'Europe (et à l'euro) pour valoriser et développer des ressources qui restent considérables.

* Mais si c'est l'Europe toute entière qui est frappée d'impuissance par son américanomanie, ne faut-il pas s'attacher à mettre en évidence les processus par lesquels depuis la seconde guerre mondiale les Etats-Unis se sont faits, sous les apparences, l'ennemi délibéré de la construction d'une Europe-puissance indépendante d'eux. Il faudrait à cet égard parler d'une véritable entreprise coloniale, par laquelle les nouveaux colons américains se sont attachés à déposséder de leur culture propre les Européens, comme ils l'avaient fait précédemment des Indiens d'Amérique.

Or pourquoi les Européens se sont-ils soumis si facilement à la colonisation militaire, économique et culturelle américaine. La question a été souvent posée. Elle continue à l'être. La réponse la plus évidente paraît tenir au fait que les oligarchies financières, gouvernementales et médiatiques européennes trouvent beaucoup plus facile pour assurer leur pouvoir de se mettre sous la dépendance de leurs homologues américaines depuis longtemps dominantes plutôt que chercher leurs propres voies de développement. La dégradation lente de la puissance américaine n'est pas encore suffisamment affirmée pour qu'elles cherchent ailleurs des alliances de rechange.

* Quand on constate à cette égard la servilité avec laquelle les forces politiques et intellectuelles de nos voisins européens persistent à se rendre vassales d'une Amérique qui compense sa perte de puissance sur le monde en renforçant sa domination sur l'Europe, ne pourrait-on penser que la France, malgré ses abaissements consentis, n'est pas celle à qui il faudrait reprocher le plus grand esprit de capitulation. La défense de la souveraineté française eut d'abord ses grandes heures avec le Gaullisme, grâce auquel nous disposons encore de ressources technologiques que n'ont pas l'Allemagne et les pays européens du Nord pourtant réputés par leur puissance économique. Il n'en demeure malheureusement plus grand chose aujourd'hui du fait des efforts continus de l'actuel président de la République pour démobiliser ce qui restait d'indépendance dans la diplomatie et dans la défense française. Ceci s'est fait directement, notamment par le plein retour de la France dans l'Otan. La tentative se poursuit aussi indirectement, par exemple du fait de la pénétration dans notre potentiel industriel des capitaux du Qatar, eux-mêmes très proches des intérêts américains - ainsi que d'autres tout aussi dangereux. .

Il reste quand même en France quelques ressources qui pourraient, convenablement valorisées par un prochain gouvernement français, servir de base à une résurrection industrielle et diplomatique non seulement française mais européenne. L'exemple en est le Rafale, l'avion de combat français qui se révèle porteur de ce que sans excès d'enthousiasme on pourrait présenter comme une alternative civilisationnelle à celle que les Etats-Unis voulaient imposer à l'ensemble du monde et pour plus d'un demi-siècle en refusant toute alternative autre que l'acquisition obligée de leur Joint Strike Fighter F 35. Nous avons pour ce qui nous concerne suivi de près la montée et la chute d'un appareil qui se révèle aujourd'hui comme un concentré ingérable de technologies, véritable fer-à-repasser volant. Pour s'en convaincre, il fallait suivre la chronique extraordinairement documentée et inspirés qu'en a donnée depuis plus de 10 ans notre ami Philippe Grasset 1). Aujourd'hui cependant, comme le montre Philippe Grasset, le Rafale français, beaucoup plus réaliste au point de vue technique, semble en train de s'imposer, non seulement par ses qualités propres mais parce qu'incarnant une nouvelle forme de souveraineté politique, dont le Gaullisme avait été pour la France l'illustration, et qui est en train de gagner du terrain, sous des formes voisines, dans les Etats décidés à se libérer de l'emprise américaine. 3)

* L'abaissement de la France et avec elle de l'Europe devant l'Amérique, est-il irréversible? L'évolution actuelle des Etats-Unis, en mettant en évidence la fausseté des mythes par lesquels nous acceptions leur domination, suffira-t-elle à nous en prémunir dorénavant. On peut en douter car trop rares sont ceux qui comme Jean-Philippe Immarigeon décrivent l'Amérique comme elle apparaît dorénavant en profondeur: raciste, inégalitaire, obtue intellectuellement, en proie à des religions auxquelles l'islamisme n'a rien à envier en termes d'esprit de conquête et de refus du rationnel scientifique. L'Amérique reste encore très forte du fait de la puissance de son potentiel militaire et de ses capacités en termes de recherche technologique. Mais nous sommes bien placés ici pour montrer que ces potentiels sont désormais au service d'une volonté de contrôle total 4) ne laissant plus guère de place à nos conceptions républicaines et démocratiques.

Or faire ces constatations et recommander que l'Europe se ressaisisse, qu'elle exploite comme le propose Franck Biancheri les atouts potentiels importants dont elle dispose encore, est rejeté par les intérêts européens dominants, dont nous avons souligné une soumission à l'atlantisme qui leur parait la meilleure façon d'assurer le maintien de leurs pouvoirs. D'une façon générale, plus se renforceront les menaces pesant sur le monde, plus les Européens se sentiront paralysées à l'idée de se détacher d'une Amérique où ils continuent à voir un recours, sans se rendre compte que celle-ci, lorsqu'elle aura épuisé les ressources tirées jusqu'ici de ses vassaux européens, les rejettera comme inutiles et dangereux.

*Mais alors quelles voies Jean-Philippe Immarigeon proposerait-il pour permettre aux Français, voire aux Européens, de se déprendre de la Franceamérique? L'exhortation risque de ne pas suffire. A une époque où, de plus en plus, s'imposent des choix géostratégiques décisifs, à une époque où la France elle-même, malgré son refus de voir ces réalités en face, devra bien prendre des décisions lourdes de conséquences, on est un peu déçu de constater que l'auteur, malgré son expérience, ne se prononce pas clairement. Il court le risque de se voir reprocher la répétition de livre en livre du même message, en piétinant sur place faute de laisser entrevoir des solutions. Peut-être veut-il nous laisser devant nos propres responsabilités, une fois le mal dénoncé? Nous aimerions savoir pourtant, naïfs impénitents que nous sommes, pour quel candidat il va voter lors des prochaines élections présidentielles françaises.

Notes

1) Franck Biancheri, Crise mondiale. En route pour le monde d'après. France-Europe Monde dans la décennie 2010-2020. Anticipolis, 2010.
2) Sur son site DeDefensa.org (également pratiqué et apprécié par Jean-Philippe Immarigeon).
3) Jean-Luc Mélanchon, cas exceptionnel parmi les hommes politique français, a bien compris ce rôle emblématique du Rafale. A une journaliste qui lui reprochait récemment, sur le site Médiapart, de s'intéresser à un système d'armes français tel que le Rafale, plutôt qu'à un vague projet humanitaire, il a répondu qu'il ne faisait pas cela pour rendre service à la firme Dassault, mais parce que selon lui les Etats du monde doivent désormais choisir, en matière d'avions de combat, entre 3 ou 4 conceptions du monde, celle encore défendue par une Amérique de plus en plus régressive, la russe, la chinoise et la française. Il est triste de constater que la grande majorité des hommes politiques européens ne l'aient pas encore compris et ne voient aucun inconvénient à ce que l'Europe s'équipe en appareils américains ou se raccrochent à l'Eurofighter qui n'a d'européen que le nom.
4) Alain Cardon " Vers un système de contrôle total "

Ouvrage au format.pdf accessible en téléchargement gratuit
(publié sous Licence Creative Commons)

http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2011/121/controletotal.pdf


Jean Philippe Immarigeon nous écrit:
" Je suis monomaniaque (d'un livre à l'autre) parce qu'il ne sert à rien de penser un après tant qu'on est piègé dans l'hier. Dit plus simplement, j'ai compris en vivant aux Etats-Unis, en bossant avec eux également ensuite et en discutant toutes les semaines avec mon ami Rick (patron de Harper's Magazine) qui ne supporte plus son pays, ce que Tocqueville écrivait de l'étouffement de la pensée que pratique la civilisation américaine. Dit encore autrement, qu'il s'agisse de la réforme de l'OTAN ou du carcan idéologique atlantiste, il est vain et vaniteux de penser faire de l'entrisme et changer les choses de l'intérieur, par subversion. C'est sous-estimer la puissance américaine, les moyens de communication, l'importance des thinks tanks, le nombre incalculable de bureaucrates payés à faire de la propagande depuis 1945. On ne peut lutter à armes égales. Il faut donc d'abord sortir et faire de l'asymétrique, sinon c'est une perte de temps et d'énergie".

Pour en savoir plus
* Jean-Philippe Immarigeon blog http://americanparano.blog.fr/

* Avocat et docteur en droit Jean-Philippe Immarigeon est spécialiste de l'histoire des États-Unis et des questions de stratégie, il intervient depuis 2001 dans la Revue Défense nationale. Il a publié précédemment chez François Bourin Éditeur American parano (élu meilleur essai politique 2006 par le magazine Lire), Sarko l'Américain (2007) et L'Imposture américaine (2009). Voir http://www.bourin-editeur.fr/auteur/jean-philippe-immarigeon.html

Jean Paul Baquiast

vendredi, 13 avril 2012

Peut-on encore envisager une géopolitique européenne?

politique internationale, géopolitique, europe, affaires européennes,

Peut-on encore envisager une géopolitique européenne?

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
 
Par géopolitique on entend traditionnellement la façon dont un pouvoir politique prend en compte les critères géographiques ou écogéographiques pour mieux assurer sa puissance et son indépendance. Au 21e siècle, une géopolitique européenne supposerait qu'il existe une puissance européenne qui viserait à se renforcer par la prise en considération de facteurs géopolitiques trop souvent ignorés dans les décennies précédentes. Mais n'est-il pas irréaliste de penser qu'une telle démarche serait encore à la portée de l'Europe?

La question doit être posée face à deux grandes mutations de la vie économico-politique qui se manifestent à l'échelle du monde global et qui semblent condamner le concept d'une Europe puissante et indépendante.

Le système de la finance mondialisée

La première de ces mutations s'annonçait depuis des décennies, mais elle a pris ces dernières années une importance déterminante: il s'agit de la prise en mains de l'économie réelle localisée et des structures étatiques traditionnelles par des intérêts financiers mondialisés pour qui les structures nationales ou régionales (celle de l'Union européenne en ce qui nous concerne) ne sont plus que des coquilles vides. Des acteurs européens sont présents au sein de cette économie financière, ils développent des géostratégies favorables à leurs manœuvres spéculatives. Mais ils ne visent pas à renforcer la puissance et l'indépendance des Etats européens ou de l'Union européenne. Ils visent au contraire, sauf quand ils peuvent directement, corruption aidant, les utiliser à leur service, à diluer ces structures dont la persistance handicape leur volonté de domination mondiale. Ainsi, au lieu de participer à la construction d'une puissance géopolitique européenne, les institutions européennes ont été utilisées à niveler les identités, détruire les protections et ouvrir grande la porte à l'entrée des intérêts transnationaux.

Le discours désormais dominant de ce que l'on nomme le néolibéralisme mondialisé est que rien ne doit freiner le jeu de la compétition au sein d'un marché aussi large que possible. L'Europe dans cette perspective ne doit plus être une mosaïque de peuples, de territoires et de cultures dont on reconnaitrait les frontières et les différences afin de valoriser la capacité de l'ensemble à se grandir par la mutualisation. L'Europe doit devenir un rassemblement d'individus tous semblables, tous acheteurs de produits identiques, tous titulaires de crédits à la consommation qui les enchaîneraient aux organismes préteurs et aux forces de spéculation (les marchés) dont les centres stratégiques ne sont pas européens. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner du fait que les peuples européens ne se reconnaissent pas dans les institutions qui sont censées les représenter.

Il faut ajouter que les nouveaux pouvoirs financiers n'ont aucune volonté de lutter contre les inégalités, que ce soit au plan mondial ou dans chacun des Etats européens. Ils constituent une étroite minorité (1 à 5% de la population mondiale selon les estimations américaines possédant près de 90% des ressources mondiales). Ces chiffres sont indicatifs mais ils montrent bien les ordres de grandeurs. Une telle minorité transnationale, dite désormais des super-riches et des super-puissants fera tout, y compris par la force, pour conserver son pouvoir. Leurs représentants pratiquent évidemment la géopolitique à leur usage, usant de toutes les facilités que permet la disparition organisée des frontières et des régulations étatiques. C'est de leur fait que prospèrent dans le monde et en Europe même les paradis fiscaux et les pratiques de corruption et de criminalité économique à grande échelle.

Dans les Etats européens, les représentants de ces intérêts financiers transnationaux dominent les organisations étatiques, au triple niveau des institutions de l'Union européenne, des gouvernements nationaux et de nombres d'administrations régionales et locales. La crise économico-financière des années 2008-2010 n'a en rien diminué leur pouvoir. Après un moment d'adaptation, les forces dominantes se sont réorganisées pour contrer les vagues efforts de régulation étatique annoncés à des fins principalement électorales par certains gouvernements.

On doit se demander pour quelles raisons, en quelques décennies, le système de l'économie financière ou « virtuelle » mondialisée s'est substitué au capitalisme industriel et bancaire traditionnels. Ceux-ci n'excluait pas les abus en provenance des classes patronales, mais plus d'un siècle de luttes syndicales et d'arbitrages étatiques en avaient limité la portée. La généralisation du nouveau système a permis au contraire l'apparition de véritables prédateurs qui ont pu spolier sans résistance les travailleurs, les épargnants et les services publics. Ce sont ces prédateurs qui constituent l'internationale des super-riches et des super-puissants évoqués plus haut, ayant pris le monde entier en otage. Ils ont réussi, comme le montre bien l'ouvrage d'Hervé Juvin, « Le renversement du monde » Gallimard 2010, à obtenir la merchandisation de l'ensemble des biens et services fournis quasi gratuitement jusque là par les sociétés traditionnelles, dans le cadre d'un usage modéré des ressources naturelles. Tout dorénavant doit se vendre et s'acheter, sans considération des gaspillages et de la destruction des capitaux humains et naturels en résultant.

Or s'il y a bien derrière ces prédateurs des institutions et des personnages qu'il est possible d'identifier – sans d'ailleurs pouvoir les combattre car ils savent se mettre hors de portée – on peut difficilement leur imputer la responsabilité d'un complot mondial organisé. Ils se bornent à exploiter jusqu'à l'épuisement les ressources auxquelles l'évolution sociétale que nous qualifions d'anthropotechnique leur a donné accès. En nous appuyant sur notre thèse (Jean-Paul Baquiast. Le paradoxe du Sapiens JP Bayol 2010) nous dirions en effet qu'il s'agit de superorganismes associant des technologies proliférantes et des humains aux déterminismes génétiques encore très proches du règne animal. Leur développement sur le mode viral résulte à la fois de décisions relevant de la conscience volontaire, individuelle et collective, et de motivations primitives plus ou moins inconscientes. C'est ce caractère qui rend le système financier mondialisé difficile à
combattre par ceux qui en sont les victimes. Il s'agit d'un véritable écosystème encore très mal connu. Ceci d'autant plus que les automates boursiers qui en constituent dorénavant un aspect majeur sont en train d'échapper à leurs propres concepteurs.

Les Empires

Une deuxième mutation est toute différente. Elle résulte du fait qu'existent, à l'abri de ce discours mondialisateur et en contradiction avec lui, plusieurs véritables Empires dont l'objectif implicite est de dominer le monde et pour qui l'existence d'une Union européenne susceptible de se constituer elle-même en Empire afin de valoriser ses propres ressources représente un risque à combattre. Ces Empires se caractérisent par une volonté permanente de puissance, d'autonomie et d'indépendance. Il y a d'abord l'Empire américain. Il a pris naissance dès la fin de la première guerre mondiale et n'a fait que se consolider depuis. C'est lui qui s'est emparé après la chute de l'Union soviétique du discours néo-libéral et du thème de la mondialisation obligée, afin de l'étendre au monde entier. Mais il s'est bien gardé de se l'appliquer à lui-même. Sous des formes diverses, très souvent occultes, les intérêts impériaux (pour ne pas dire impérialistes) des Etats-Unis ont été imposés à l'Europe, à l'ancienne Russie communiste et à diverses parties du monde soumises par faiblesse à la Banque mondiale et au FMI (le « consensus » de Washington).

Dans le même temps, l'investissement dans une hyperpuissance militaire, la mise sous contrôle diplomatique d'un certain nombre de pays producteurs de ressources jugées indispensables, le soutien aux investissements des multinationales américaines dans le monde, combinés avec un fort protectionnisme économique dans les domaines stratégiques, n'ont jamais cessé. L'Empire américain subit aujourd'hui une crise, due en grande partie à des erreurs graves de jugement des décideurs politiques et économiques. Une partie de sa puissance s'est gaspillée dans des guerres inutiles ou mal conduites. Mais il serait illusoire de penser qu'il a renoncé à des efforts de domination, notamment à l'égard de parties du monde, telle l'Europe, qui n'ont pas compris la nécessité de lutter contre lui.

D'autres Empires cependant sont apparus dans le monde depuis une vingtaine d'années. Ils menacent désormais l'hégémonie américaine. Ils présentent des formes politiques très différentes, mais ils sont dotés d'atouts que l'Europe n'a pas. Ces atouts sont d'abord géopolitiques, en ce sens qu'ils résultent des éléments de puissance que confèrent la population et le territoire. Sur le plan démographique, l'Europe ne verra pas dans les prochaines décennies s'accroitre une population par ailleurs vieillissante. Au contraire, face à elle, s'affirment des ensembles géographiques vastes, dotés de milliards de citoyens, en augmentation constante. Certains de ces ensembles sont dirigés par des Etats forts ou par des institutions politiques veillant à garantir leur force et leur indépendance. C'est le cas de la Chine, dans un moindre mesure de l'Inde et dans une certaine mesure du Brésil. On mentionnera aussi la Russie, dont les adhérences européennes sont fortes mais pas suffisantes actuellement pour en faire un allié des Européens.

De toutes ces puissances, l'Europe n'aura évidemment pas à espérer de cadeaux. Le monde toute entier attend plus ou moins inconsciemment l'occasion de prendre une revanche sur les anciens colonisateurs et les anciens civilisateurs. Face à des Etats disposant de telles forces démographiques et décidés à utiliser toutes les ressources de la puissance, sur le mode américain, y compris sur le plan militaire, les chances de survie de l'Europe paraissent donc de plus en plus réduites. Ceci d'autant plus qu'asphyxiée par le discours libéral et mondialisateur imposé par l'Amérique, elle ne recoure pas elle-même pour son compte aux solutions de la puissance.

D'autres grandes entités sont plus diffuses au plan politique, mais elles constituent elles-aussi des puissances avec lesquelles l'Europe ne pourra pas éviter de se mesurer. Elles disposent elles-aussi des ressources de la démographie galopante et de grandes cohésions ethniques et culturelles. Il s'agit du monde arabo-musulman et de l'ensemble des sociétés sub-sahariennes. Le monde arabo-musulman, bien que rassemblant des composantes encore rebelles à l'unité au sein de l'oumma prêchée par les responsables religieux, s'opposera de plus en plus aux autres puissances géopolitiques. Il dispose des ressources du pétrole qui lui donnent momentanément encore une grande capacité de s'étendre, pacifiquement ou militairement. L'islam, religion en phase de conquête, l'armera dans son effort de pénétration des régions voisines, notamment en premier lieu de l'Europe. Les sociétés africaines, pour leur part, ne sont pas encore organisées en puissance géopolitique. Elles demeurent exploitées et manipulées par les autres puissances, y compris par ce qui reste en Afrique d'intérêts européens. Mais elles se transformeront en puissances de fait lorsque, sous la pression des changements climatiques, leurs populations chercheront hors d'Afrique, et notamment en Europe, des moyens de survivre. Aucune force ne résiste à des foules affamées.

Face au renforcement des Empires, qu'accélérera inévitablement l'extension des crises climatiques et écologiques, certains observateurs mettent leurs espoirs dans des mouvements de protestation interne nés apparemment spontanément au sein des sociétés occidentales. Cette protestation est récente, à peine émergente. Pour la plupart de ceux qui l'observent, et même pour beaucoup de ses acteurs, elle demeure encore un mystère. Il s'agit du mouvement dit des Indignés en Europe (en Espagne où elle a pris naissance), dit aussi Occupy Wall Street aux Etats Unis où elle s'est développé à l'automne 2011. Ces mouvements résultent du caractère de plus en plus insupportable, pour les 90% des populations qui ne se situent pas en haut des hiérarchies économiques et sociales, de la domination des riches et des puissants. Or ceux-ci se sont révélés, comme le montre la généralisation des crises économiques notamment depuis 2008, incapables d'assurer le minimum de développement organisé dont chacun pourrait bénéficier. Les Indignés de Wall Street manifestent non seulement contre leur propre paupérisation mais contre le désordre général de la planète imposé par le néo-libéralisme mondialisé. Ils rejoindront en cela les critiques légitimes des altermondialistes, actuellement en perte de vitesse.

La difficulté, pour ceux qui voudraient renforcer l'indépendance et la puissance de l'Europe, tient au fait que ces mouvements d'Indignés visent à changer l'ordre international, sans d'ailleurs proposer d'objectifs précis. Lorsqu'ils défendront des programmes de réforme (certains parlent de « sortie du Système » ), l'Europe n'y apparaitra sans doute pas initialement en tant que telle. Ce sera tout le Système du pouvoir mondial économico-politique qui sera visé – y compris sans doute dans les formes qu'il a pris en Russie et surtout en Chine. Les Indignés européens sauront-ils ou voudront-ils définir des formes de sortie du Système, à supposer qu'ils en soient venus jusque là, qui tiennent compte des spécificités européennes. Ceci serait indispensable pour mobiliser directement les populations européennes, notamment parmi elles les millions de jeunes qualifiés actuellement condamnés au chômage. Pour ces jeunes, ce ne sera pas seulement aux Etats-Unis mais en Europe que les changements devront survenir. Rien ne les laisse prévoir, y compris dans un pays comme la France qui devrait prochainement renouveler sa représentation politique.

Jean Paul Baquiast

mardi, 10 avril 2012

Bachar El-Assad: l’homme à abattre!

Bachar-el-Assad-repression-syrie.jpg

Bernhard TOMASCHITZ:
Bachar El-Assad: l’homme à abattre!

Les Américains veulent absolument imposer un “changement de régime” en Syrie
Leurs principales motivations? Des intérêts économiques et un soutien à Israël!

Le sol devient de plus en plus brûlant sous les pieds du leader syrien Bachar El-Assad. Fin mars, un sénateur américain très influent, John McCain, a demandé que les Etats-Unis et l’Europe soutiennent militairement les rebelles syriens: “Ils méritent notre soutien et le soutien de la communauté internationale pour pouvoir riposter aux attaques du régime”, a affirmé le candidat républicain à la présidence lors des élections de 2008.

Le gouvernement d’Obama songe aussi à intervenir militairement. Jusqu’à présent, on mise encore et toujours sur la pression diplomatique et politique à exercer contre Damas. Mais, comme l’a laissé entendre le ministre américain de la défense, Leon Panetta, lors d’une audience au Sénat, “on songe à de possibles démarches complémentaires (...), y compris d’éventuelles interventions militaires, si nécessaire”. C’est clair: les Américains refusent, en ultime instance, de tenir compte de la déclaration du conseil de sécurité de l’ONU, appuyée par la Russie et par la Chine. Cette déclaration demande au gouvernement syrien et aux rebelles de réaliser sans délais le plan de paix de l’envoyé spécial Kofi Annan. Ce plan de paix prévoit un armistice, l’envoi d’aide humanitaire et l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement et les adversaires du régime.

Washington, en revanche, ne veut pas abandonner l’objectif que les Etats-Unis se sont fixé une fois pour toutes; ils veulent tout bonnement un “changement de régime” à Damas, comme le confirme par ailleurs les nombreuses opérations spéciales que mènent depuis des mois les services spéciaux occidentaux. “Le MI6 et la CIA ont infiltré la Syrie pour connaître la vérité”, expliquait en date du 1 janvier le quotidien “Daily Star”, en  se référant à une source non citée mais considérée comme “bien informée”. Ensuite, les contacts sont étroits entre les rebelles libyens et l’”armée syrienne libre”, comme le signalait le 27 novembre 2011 le journal britannique “The Telegraph”. D’après cette information, Abdulhakim Belhadj, chef du conseil militaire de Tripoli et ancien commandant du “Groupe de Combat Libyen-Islamique”, aurait rencontré à Istanbul et le long de la frontière turco-syrienne des chefs de l’”armée syrienne libre”, pour que celle-ci soit entraînée par des “combattants libyens”. Toujours selon le “Telegraph”, Belhadj aurait été envoyé en Turquie par Moustafa Abdoul Djalil, qui n’est rien moins que le président de transition en Libye.

Or il est tout de même peu vraisemblable que les Libyens aient agi de leur propre chef. Il est plus plausible de dire qu’ils ont reçu cette mission de Washington, pour camoufler l’immixtion américaine. On peut clairement émettre cette hypothèse si on analyse les déclarations du ministre américain de la défense, Panetta: “le soutien aux réformes politiques et économiques, lesquelles correspondent aux aspirations légitimes des citoyens de la région”, relève des mêmes principes fondamentaux qui ont défini les réponses que nous avons apportées aux événements de Tunisie, d’Egypte, de Libye et, dorénavant, de la Syrie”.

En déclarant cela, Panetta nous révèle clairement que les Etats-Unis n’entendent pas seulement apporter à la Syrie les bienfaits de la démocratie de facture occidentale mais veulent également imposer à ce pays du Levant le système économique esquissé à Wall Street et qui doit s’étendre à la planète entière par l’effet de la globalisation. Ensuite, d’après un livre récemment publié par la CIA, avant que n’éclatent les troubles en Syrie, il y a environ un an, il n’y aurait eu que de “timides réformes”, tant et si bien que l’économie, y “est encore largement régulée par les milieux gouvernementaux”. Dans l’Egypte de Moubarak et dans la Libye de Kadhafi aussi l’économie, surtout les secteurs clés, était sous le contrôle des gouvernements, ce qui rendait l’accès aux marchés locaux difficile pour les entreprises occidentales.

Quant à l’imposition, partout dans le monde, de réformes libérales, visant à instaurer en tous points du globe l’économie de marché, Michel Chossudovsky, critique canadien du processus de globalisation, pointe du doigt un aspect important, tu en Occident. On dit et on écrit généralement que les causes premières de ces protestations de masse en Syrie sont l’augmentation du chômage et la détérioration du niveau de vie; or ceux-ci découlent tout bonnement de l’adoption d’un programme de réformes exigé par le FMI et que les autorités syriennes ont tenté d’appliquer à partir de 2006. Les mesures réclamées par le FMI comprenaient des privatisations, des dérégulations dans le système financier et un gel des salaires.

Au-delà de ces réformes exigées par le FMI, la “libération” de la Syrie, assortie de la disparition du régime d’El-Assad, va bien entendu dans le sens des intérêts stratégiques des Etats-Unis en tant que puissance hégémonique globale, comme s’est plu à le souligner Panetta lors d’une audience au Sénat: “La Syrie constitue un pays-clef pour l’Iran. La Syrie est le seul pays allié à l’Iran dans la région et elle représente un facteur décisif dans tous les efforts qu’entreprend l’Iran pour soutenir les militants de la région qui mettent en danger Israël et la stabilité régionale. Les désordres en Syrie ont donc contribué à affaiblir considérablement l’Iran et il est clair que, plus El-Assad est affaibli, plus l’Iran sera perdant”.

Israël espère ardemment que se construira bientôt une Syrie post-Assad. Car, alors, d’une part, la milice libanaise du Hizbollah, soutenue par Damas et par Teheran, sera affaiblie; d’autre part, l’Etat sioniste espère aussi que se constituera, sur son flanc nord-est, un Etat-tampon, qui servira pour toutes éventuelles opérations contre l’Iran. Un tel Etat-tampon pourrait s’avérer fort utile en cas d’attaque israélienne contre l’Iran car il y a peu de chances que des pays comme la Jordanie ou l’Arabie Saoudite ouvrent leurs espaces aériens aux appareils de Tsahal. Avec une Syrie neutralisée, l’aviation israélienne pourrait se servir du territoire syrien et de l’Irak, dépendant des Etats-Unis, pour aller frapper des cibles en Iran. Il faut voir, toutefois, si ce calcul et ces espérances se concrétiseront vraiment. L’expérience libyenne récente, où une nouvelle guerre civile menace après la fin de l’union sacrée des contestataires contre Kadhafi, et les événements d’Egypte, où les islamistes sont désormais la principale force politique du pays, semblent indiquer que le pari sur les “révolutions arabes” n’a pas été le bon. En plus, il faut savoir que l’armée syrienne libre, qui lutte contre Bachar El-Assad, parce qu’il est alaouite, est soutenue par l’Arabie Saoudite, finalement plus anti-chiite ou anti-alaouite qu’anti-sioniste. L’Arabie Saoudite, d’inspiration wahhabite, vise à diffuser un islam particulièrement rétrograde dans le monde arabe. Un islam rétrograde, wahhabite ou salafiste, qui reçoit de grosses quantités d’armes, souvent achetées en Occident, de la pétro-monarchie saoudienne.

Bernhard TOMASCHITZ.
(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°13/2012, http://www.zurzeit.at/ ).

lundi, 09 avril 2012

Geopolitica della droga

Andrea VIRGA:

Geopolitica della droga

 
Ex: http://andreavirga.blogspot.com/

Pubblico qui due articoli, scritti nell'ottobre 2010, sul rapporto tra storia contemporanea, geopolitica e droga. Il primo riguarda gli oppiacei, mentre il secondo parla della cocaina. Erano stati pubblicati su SinergieAlternative, e l'anno successivo, brevemente, su Stato & Potenza. Inoltre, avevo tenuto una conferenza sull'argomento presso la sezione pisana di Forza Nuova. Li ripresento ora, facendo però presente che alcuni dati sono da aggiornare, e che, in generale, potrebbero contenere varie imprecisioni. Nondimeno ritengo che possano suscitare ancora interesse.


Le nuove Guerre dell’Oppio

In generale, le analisi economiche e geopolitiche classiche sottovalutano spesso il ruolo del narcotraffico nell’economia globalizzata, dimenticando che si tratta di una delle attività commerciali più redditizie, e che coinvolge non solamente la criminalità organizzata, ma influenza pesantemente l’economia d’intere regioni, e soprattutto riguarda come attori gli stessi Stati, attraverso i servizi segreti, e numerose grandi aziende che servono a riciclare gli ingenti guadagni di questi traffici. Nel corso degli ultimi due secoli, gli stupefacenti sono stati importanti al punto che vere e proprie guerre sono state combattute per il loro controllo, di cui le più famose furono le cosiddette Guerre dell’Oppio contro tra potenze coloniali e Cina. Tuttavia, queste non furono le sole: anzi, gli ultimi decenni del nostro tempo hanno visto crescere i conflitti per il controllo degli oppioidi. È bene quindi fare un po’ di storia e ripercorrerne lo svolgimento.

Questa droga, ricavata dal papavero da oppio, già nota fin dall’antichità a fini rituali e medicinali, si era diffusa nel corso dell’età moderna, come sostanza ricreativa, a partire dall’India, dalla Persia e dall’Impero Ottomano, fino in Europa e soprattutto in Cina, dove già nel XVII secolo era ampiamente diffuso presso tutte le classi sociali. La proibizione dell’oppio nel 1729 – poi rafforzata nel 1799 – aveva dato vita a un lucroso contrabbando. Nel frattempo, dopo la Guerra dei Sette Anni, la British East India Company aveva assunto il controllo degli Stati indiani e il monopolio della produzione d’oppio nel Bengala, che introdusse su ampia scala a costo di causare una terribile inflazione dei costi agricoli, che portò alla morte per fame di 10 milioni di persone nella Carestia del Bengala (1770). L’oppio era usato dagli Inglesi come merce di scambio per l’acquisto dei prodotti cinesi, per via del suo basso costo di produzione e della sua elevata richiesta sul mercato cinese. I protagonisti di questo traffico furono la British East India Company e la famiglia Sassoon, ebrei sefarditi di Baghdad, che fondarono un impero commerciale in India. A partire dal XIX secolo s’erano poi aggiunti i Francesi con l’oppio dell’Indocina, gli Olandesi dall’Indonesia, i Portoghesi dall’India occidentale, e gli Statunitensi con l’oppio turco. L’imperatore Daoguang, sotto il cui regno, si era arrivati a 2 milioni di Cinesi oppiomani e all’importazione di 180 t annue, cercò di reagire distruggendo un importante carico a Canton nel 1838.

La reazione occidentale non si fece attendere: la Prima Guerra dell’Oppio (1840–1842) costò alla Cina Hong Kong, 21.000.000 $ in riparazioni e circa 20.000 morti. Nondimeno, allla fine degli anni ’50, nel mezzo della sanguinosissima Rivolta Taiping (20 milioni di morti), la dinastia Qing rifiutò di soggiacere alle richieste di Francia, Stati Uniti e Regno Unito di legalizzare il traffico d’oppio, aprire il mercato alle merci occidentali ed esentarle dai dazi interni. Tra il 1856 e il 1860 infuriò la Seconda Guerra dell’Oppio, che si concluse con la vittoria delle potenze occidentali (le suddette tre più la Russia) e l’accettazione delle loro imposizioni economiche e territoriali: legazioni diplomatiche straniere a Pechino, diritto di accesso al Paese per gli stranieri, estensione dell’accesso dei mercanti stranieri a dieci altri porti e al Fiume Azzurro, la riva sinistra dell’Amur alla Russia (dove fu fondata Vladivostok). Il risultato fu che l’importazione aumentò fino a raggiungere le 6700 t nel 1879, mentre iniziava una massiccia produzione interna. Nel 1906, la Cina produceva 35.000 t di oppio (l’85% della produzione mondiale) e ne consumava 39.000 t; si stima, infatti, che fino a un terzo della popolazione facesse uso di oppio (siamo nell’ordine di grandezza delle decine di milioni). Questa piaga sociale conobbe una flessione, a inizio ‘900, con la cessazione del commercio britannico, dietro le pressioni di missionari e associazioni proibizioniste, e gli sforzi del nuovo governo repubblicano, per poi riprendere durante la guerra civile (1916–1949) come mezzo di finanziamento per i vari signori della guerra.

Nel frattempo, da un derivato medicinale dell’oppio – la morfina – era stata ricavata la diacetilmorfina, sintetizzata nel 1874 da un chimico inglese (C. R. Alder Wright) e commercializzata, col nome di eroina (dal tedesco heroisch – “eroica”), dalla casa farmaceutica tedesca Bayer nel 1895 come farmaco da banco contro la tosse, alternativo alla morfina, in quanto non avrebbe dovuto generare dipendenza. In realtà, l’eroina si rivelò molto più potente (circa 2 volte la morfina e 20 volte l’oppio) e più additiva, andando a sostituire l’oppio come droga di consumo. In Cina, negli anni ’20, le Triadi costruirono raffinerie (soprattutto a Tientsin e Shanghai) e cominciarono a esportare eroina verso gli Stati Uniti, attraverso le comunità sinoamericane. Solo con la Seconda Guerra Mondiale, questo flusso s’interruppe temporaneamente, mentre anche i Giapponesi, che fino ad allora avevano represso il consumo d’oppio a Taiwan, cercarono di avvalersi di questa risorsa economica per finanziare il loro sforzo bellico. Con la fine della guerra civile e la vittoria del Partito Comunista, Mao Tse Tung, con l’internamento degli oppiomani in campi di rieducazione, stroncò il consumo di oppio (ancora oggi appena 1 cinese su mille è tossicodipendente).

Contemporaneamente, negli anni ‘30, era stata sviluppata un’altra centrale di produzione d’eroina, a partire dall’oppio dell’Indocina (allora colonia francese) e della Turchia (attraverso la Siria e il Libano francesi) raffinato a Marsiglia e in Provenza, sotto il controllo della mafia corsa e dei clan marsigliesi – la cosiddetta French Connection (in realtà, erano tutti d’origine italiana), che riforniva prevalentemente gli Stati Uniti d’America, già allora i maggiori consumatori di droga. Durante la guerra, la mafia corsa aveva collaborato con i servizi americani e francesi per preparare lo sbarco in Provenza (Operation Dragoon) e tenere fuori dall’area i maquis (partigiani) comunisti. Nello stesso modo aveva agito la mafia siciliana e siculoamericana per favorire lo sbarco alleato nel luglio 1943 e garantire l’ordine nell’isola, specie a fronte delle rivendicazioni sociali, anche con vere e proprie stragi come quella di Portella delle Ginestre (1 maggio 1948). Così, nel dopoguerra, Cosa Nostra, affiancata dalla mafia ebraicoamericana di Meyer Lanski, cooperò quindi con gli italofrancesi nel traffico di eroina verso gli Stati Uniti e l’Europa. La French Connection ebbe termine solo all’inizio degli anni ’70, dopo un giro di vite da parte turca e francese. Oggi, Francia e Turchia, insieme ad India, Australia, Spagna e Stati Uniti, dominano il mercato dell’oppio legalizzato (cioè destinato all’industria farmaceutica), e di cui l’Organizzazione Mondiale per la Sanità lamenta una drammatica sottoproduzione rispetto a quelle che sarebbero le reali necessità mediche.

Intanto, anche l’oppio dell’Indocina era passato sotto il controllo americano, dal momento in cui la Francia aveva perso queste colonie (1954). La CIA, subentrata ai servizi francesi (SDECE), si era già servita del traffico di eroina a partire dalla regione montagnosa del Triangolo d’Oro (dove era ormai concentrata la maggior parte della produzione d’oppio mondiale) – tra Cina, Birmania, Thailandia, Laos e Vietnam – per finanziare i nazionalisti di Chiang Kai Shek durante la guerra civile cinese, e poi una serie di guerriglie anticomuniste in Birmania, Laos e Vietnam. Gli intermediari del traffico con gli Stati Uniti rimanevano soprattutto le Triadi cinesi di Hong Kong e del Sud-Est Asiatico. Anche per conservare il controllo sull’area, fu necessario intervenire: prima, finanziando i Francesi, poi con il supporto al Vietnam del Sud, e infine direttamente con il bombardamento (anche con armi chimiche) del Vietnam del Nord, del Laos e della Cambogia (favorendo così indirettamente l’ascesa al potere di Pol Pot), e la guerra aperta (1965 – 1975). È stimato che tra il 1940 e il 1980, nella sola Indocina orientale (Cambogia, Laos, Vietnam) siano morte di guerra e di repressione almeno 6-7 milioni di persone. Con la guerra, il traffico di eroina aumentò, attraverso la compagnia aerea Air America (gestita dalla CIA) e addirittura contrabbandando droga nelle bare dei soldati americani morti (“Cadaver Connection”). Dei combattenti americani in Vietnam, inoltre, dal 10 al 20% era ormai divenuto eroinomane. Oggi, l’oppio coltivato nella Birmania occidentale (secondo Paese produttore al mondo), controllato dai guerriglieri dell’Esercito dello Stato Unito di Wa (finanziato dalla Cina), è raffinato in Thailandia e rivenduto in tutto il Pacifico a partire da Bangkok.

I tardi anni ’70, con lo smantellamento della French Connection, le lotte di potere all’interno di Cosa Nostra e la vittoria dei comunisti in Vietnam e Laos, avevano visto l’ascesa della produzione nella cosiddetta Mezzaluna d’Oro (Iran, Pakistan, Afghanistan), e in particolare in quest’ultimo Stato. Quando l’URSS invase l’Afghanistan, si trovò impantanata in una durissima guerriglia da parte dei mujaheddin dei vari signori della guerra locali (sostenuti dalla CIA), i quali (dopo il ritiro sovietico nel 1989) continuarono a combattersi tra loro, finché nel 1996 i Taliban (studenti coranici d’etnia Pashtun) presero il potere. Questa situazione di guerra civile aveva naturalmente fatto sì che le varie fazioni si finanziassero con il traffico di oppio, sia verso la Russia – attraverso l’Asia Centrale –, sia verso l’Europa, attraverso l’Iran, la Turchia e i Balcani. Sono, infatti, gli anni ’80 a vedere la grande diffusione dell’eroina sui mercati europei. Allo stesso tempo, agli ingenti guadagni, si sommavano i danni sociali causati dall’eroina in Unione Sovietica e in Iran, potenze nemiche degli Stati Uniti. Nel 1999, l’Afghanistan produceva ormai 4500 t d’oppio (circa il 70% della produzione mondiale), specialmente nelle pianeggianti regioni meridionali di Helmand e Kandahar, da sempre roccaforte dei Taliban. D’altra parte, l’Alleanza del Nord, maggiore forza d’opposizione al regime, dai suoi santuari di Herat e di Faizabad, controllava le principali vie di contrabbando verso Iran, Russia e Cina.

Tuttavia, nel luglio del 2000, il comandante dei Taliban, il mullah Mohammed Omar, emise una fatwa contro la coltivazione dell’oppio, ordinandone la distruzione, al punto che l’anno successivo la produzione era calata del 91%. Nel giro di pochi mesi, “casualmente” vi fu l’Attentato dell’11 settembre al World Trade Center, attribuito ad Al Qaeda, e l’Afghanistan fu accusato di ospitarne i vertici – primo fra tutti l’imprendibile sceicco Osama Bin Laden (già miliardario saudita socio d’affari della famiglia presidenziale americana Bush e comandante dei mujaheddin antisovietici addestrati dalla CIA). Meno di un mese più tardi (7 ottobre 2001), i piani d’invasione dell’Afghanistan (già realizzati a inizio 2001) furono portati avanti, con l’offensiva delle forze dell’Alleanza del Nord massicciamente supportata e accompagnata dall’invasione degli Stati Uniti, e di contingenti di altri 45 Paesi (tra cui Francia, Germania, Regno Unito, Italia). Il 9 novembre, le forze dell’Alleanza del Nord conquistarono Mazar-e-Sharif, il 12 novembre Kabul cadde, seguita il 26 novembre da Kunduz e il 7 dicembre da Kandahar, finché il 17 dicembre si concluse la battaglia di Tora Bora, ultima roccaforte di Al Qaeda. Ciononostante, né Bin Laden né Omar furono mai catturati, e la guerriglia dei Taliban persiste fino a oggi (si stima finora la morte di 50-70.000 afghani, oltre a 2500 occidentali).

L’unico risultato dell’intervento NATO in Afghanistan – visto il fatto che il nuovo governo, oltre ad essere controllato dalle forze d’occupazione, ha scarso controllo su buona parte delle aree popolate dai Pashtun (cioè gli Afghani veri e propri), e che addirittura il potere dei Taliban si estesa nelle aree tribali Pashtun nel Pakistan occidentale, contribuendo a destabilizzare ancor più questo Paese – è stato quello di riportare l’Afghanistan in testa alla classifica dei Paesi produttori d’oppio. 40.000 soldati occidentali montano la guardia ai campi di papavero, disputandone il controllo ai Taliban (non è un caso che le offensive annunciate dai media occidentali coincidano con la stagione del raccolto). La coltivazione di papaveri da oppio riprese e si espanse in altre aree del Paese, arrivando a un picco di 193.000 ha nel 2007, di contro agli 88.000 ha del 1999. Il raccolto dell’anno 2002 diede 3400 t d’oppio, che salirono a 3500 t nel 2003, 4200 t nel 2004, 4100 t nel 2005, 5600 t nel 2006, fino a un picco di 8000 t nel 2007 (93% della produzione mondiale) per scendere a 7600 t nel 2008 e 6900 t nel 2009 (e si prevede un’ulteriore calo per quest’anno, dovuto anche a una cattiva annata). Si tratta di cifre ben superiori al fabbisogno annuo d’oppioidi, stimato intorno alle 5.000 t, il che significa che parte di questa produzione viene immagazzinata.

L’oppio risulta, infatti, ampiamente conveniente per i contadini afghani, i quali ricavano da ogni ettaro un profitto 17 volte superiore rispetto al grano (circa 4600 $ per ettaro: dieci volte il PIL medio procapite). Come risultato, circa il 4% del terreno coltivabile e 3,3 milioni di afghani (su 28 milioni di abitanti), sono coinvolti in questa produzione. Se un quarto dei profitti va ai coltivatori, il resto va a finanziare politici corrotti, signori della guerra, i Taliban insorti e i trafficanti di droga. Questo denaro (4 miliardi $ – il 53% del PIL afghano – nel 2007) è riciclato principalmente tramite il sistema islamico di trasferimento di denaro, l’hawala. Dubai è uno dei maggiori centri, il che ha contribuito alla sua ricchezza, nonostante l’assenza di petrolio sul suo territorio. Queste cifre poi lievitano man mano che la merce passa di mano: dai 2,50 $ per un grammo di eroina in Afghanistan si arriva a prezzi all’ingrosso di 8 $ in Turchia, 12 $ in Albania, 22 $ in Germania, 33 $ in Russia – cifre che, al dettaglio, con il “taglio” della droga con altre sostanze, possono anche decuplicare (a parità di prezzo, un grammo di “eroina” spacciata, può contenere appena il 10% di sostanza pura). Il consumo d’oppio in Afghanistan riguarda 400.000 persone, soprattutto rifugiati rientrati da Iran e Pakistan.

L’oppio afghano è venduto non solo sui mercati europei, russi e mediorientali, ma anche quello statunitense (il più grande al mondo), cui basta solo in parte la produzione di eroina impiantata dai cartelli latinoamericani in Colombia e nella regione messicana di Sinaloa. Pare infatti che l’85% dell’eroina afghana sia trasportata fuori dal Paese attraverso i cargo militari statunitensi, addirittura servendosi delle bare dei soldati morti. Le destinazioni sono le basi militari negli Stati Uniti, così come in Pakistan, Tajikistan o direttamente in Kosovo. Ci sono poi le vie di traffico terrestri. La “rotta settentrionale” (detta “Via della Seta”) porta l’eroina afghana attraverso gli Stati ex-sovietici dell’Asia centrale fino in Russia e nell’Europa Orientale, lasciando una scia di morte e tossicodipendenza (solo in Russia, circa 3 milioni di eroinomani, e 30.000 morti ogni anno). La “rotta meridionale”, passa attraverso il Pakistan e l’Iran, con l’aiuto delle bande di guerriglieri Baluchi, che combattono il regime iraniano (sostenuti dalla CIA), finanziandosi con il contrabbando di droga. L’Iran è il Paese con il più alto tasso di consumatori di oppiacei (2,8% della popolazione: oltre 2 milioni di persone), e dopo la Rivoluzione Islamica ha sempre cercato di schiacciare il narcotraffico, a partire da Khomeini (con Ahmadinejad c’è stata una ripresa della politica di tolleranza zero, dopo la tattica più distensiva di Khatami). In questa vera e propria guerra, condotta su 1800 km di confine desertico e montuoso, muoiono ogni anno molti poliziotti.

Proseguendo su questa rotta, s’incontrano altre organizzazioni militari, sostenute dagli Stati Uniti, come fattori di destabilizzazione dell’area e come attori del narcotraffico: i Ceceni controllano il traffico attraverso il Caucaso, e la mafia cecena – che ha il controllo dell’eroina – è una delle più potenti in Russia; i guerriglieri curdi, tra Iran, Turchia e Iraq; e soprattutto i guerriglieri albanesi tra Albania, Macedonia e Serbia. Qui, è stato realizzato, dopo l’intervento contro la Serbia nel 1999 – con la susseguente occupazione militare e la pulizia etnica della popolazione serba, fino ad arrivare all’indipendenza il 17 febbraio 2008 –, un vero e proprio narcostato: il Kosovo, riconosciuto da una minoranza di Paesi allineati con Washington, e governato direttamente dai cartelli della droga kosovari, che approfittano delle loro ramificazioni in Germania (erano stati proprio i servizi tedeschi ad addestrare i guerriglieri albanesi), dove spacciano eroina e riciclano il denaro in attività come la prostituzione (qui legale). Da qui, i collegamenti con l’Italia sono tenuti dalla ‘ndrangheta che ha importanti ramificazioni in Germania. Nell’Unione Europea, si contano circa 1,5 milioni di eroinomani e 7000 morti l’anno.

In conclusione, si è visto come sostanze apparentemente non solo non necessarie (se si esclude l’uso medicinale), ma dannose come l’oppio e l’eroina (eppure si stimano tra 15 e 21 milioni di consumatori in tutto il mondo) siano state al centro di grandi traffici economici ed importanti eventi politici e bellici, durante tutta l’epoca contemporanea, con un giro d’affari che, nel caso dell’eroina, arriva a 150 miliardi $ annui. Le organizzazioni criminali coinvolte in questo traffico sono, allo stesso tempo, legate a soggetti politici come Stati e organizzazioni militari, i quali si servono dei proventi della droga per finanziare azioni di guerra. Dominano il quadro gli Stati Uniti, prima potenza al mondo, le cui guerre più famose degli ultimi decenni (Vietnam, Kosovo, Afghanistan) sono state volte proprio a controllare il narcotraffico: sono queste le nuove Guerre dell’Oppio, fatte sulle spalle delle popolazioni coinvolte. Occorre dunque capire e tenere a mente come il traffico di droga sia perfettamente integrato nel sistema economico e politico del capitalismo globale, non meno di altre merci come il petrolio o l’uranio.

Rum e Cocaina

Dopo aver esaminato la storia politica dell’oppio e dell’eroina, passiamo ora ad occuparci di altre sostanze stupefacenti il cui traffico è una voce importante del commercio internazionale. In primo luogo, la cocaina, una sostanza raffinata dalle foglie di coca. Queste erano coltivate e utilizzate a scopo medicinale dalle popolazioni indigene delle Ande centrosettentrionali, dove ancora oggi sono consumate abitualmente (per masticazione o infusione), in quanto i loro effetti sono blandamente stimolanti. Viceversa, la cocaina (di per sé un alcaloide) costituisce il principio attivo della coca, ed è (se pura) 100 volte più potente. Fu isolata per la prima volta dal chimico tedesco Friedrich Gaedke nel 1855, e presto si diffuse come medicinale e come ricostituente. A parte, la sua regione d’origine, coltivazioni di coca furono piantate anche in Nigeria, Taiwan e Giava. Alla fine del XIX secolo, erano già evidenti i suoi effetti collaterali, primo fra tutti il suo carattere additivo. Gradualmente, fu proibita in molti Paesi (nel 1914 negli USA), e il suo consumo decrebbe di molto, poiché la domanda dei consumatori fu soddisfatta dalle anfetamine, sostanze all’epoca legali e i cui effetti erano similari. Soltanto dopo la proibizione di quest’ultime droghe negli anni ‘60, la cocaina tornò ad essere una merce interessante, specialmente per il mercato americano, che in quel periodo vedeva decrescere il proprio controllo sui campi d’oppio dell’Indocina.

Il focus della narcopolitica statunitense si spostò quindi nell’America Latina, ovvero sugli Stati produttori di coca (Colombia, Ecuador, Peru, Bolivia) e sulle rotte di transito verso nord. Nel 1971, in un discorso, il Presidente Nixon parlò per la prima volta di “Guerra alle Droghe”. In pratica l’opposizione al narcotraffico fu un pretesto per un pesante intervento poliziesco interno agli Stati Uniti: il numero di americani incarcerati crebbe da 400.000 ai 2.400.000 odierni, di cui un milione solo per reati legati alla droga. Inoltre, a partire dagli anni ’80, i narcotrafficanti misero sul mercato anche il crack, cioè cocaina (in cristalli e non in polvere) da fumare, che poteva essere smerciata più facilmente e (abbassando la percentuale di sostanza attiva) a prezzo più basso, coinvolgendo anche le fasce sociali meno ricche. Anche tra i poveri, la droga divenne una piaga sociale diffusa, contribuendo alla loro emarginazione. Vale la pena di notare, per esempio, che gli afroamericani (costituenti appena il 12% della popolazione e il 13% dei tossicodipendenti), siano il 35% degli arrestati, il 55% dei condannati e il 74% degli incarcerati per droga; e in generale, oltre che per motivi razziali, c’è anche una forte discriminazione sociale, a scapito degli strati più poveri della popolazione. Per esempio, J. H. Hatfield, biografo di George W. Bush, afferma che l’allora ventiseienne Presidente, sarebbe stato arrestato nel 1972 per possesso di cocaina, ma che l’intervento del padre avrebbe fatto cancellare ogni registrazione del crimine. Ma non c’è qui il tempo di dissertare sul ruolo della droga come strumento di controllo sociale.

Al contempo, le operazioni antidroga internazionali consentono agli Stati Uniti d’America di aumentare la propria ingerenza nelle loro neocolonie latinoamericane. Un caso particolarmente esemplare è quello riguardante le relazioni con Panama e Nicaragua. Gli Stati Uniti sostenevano la guerriglia dei Contras nel Nicaragua, dove la dittatura filoamericana di Anastasio Somoza (figlio omonimo del precedente dittatore) era stata rovesciata dalla rivoluzione sandinista (1979). Per finanziarla, non solo vendevano armi alla Repubblica Islamica dell’Iran, a quel tempo impegnato a difendersi dall’invasione irachena (ordinata da Saddam Hussein e sostenuta da tutte le potenze occidentali), ma si servivano anche dei guadagni del narcotraffico. Il partner d’affari privilegiato era Manuel Noriega, generale panamense, collaboratore della CIA e narcotrafficante fin dagli anni ’50 (tanto che nel 1971 la CIA ne impedì l’arresto da parte dell’Antidroga) che infine divenne dittatore di Panama a partire dal 1983. Costui era un intermediario di spicco del Cartello di Medellín, per quanto riguardava il traffico di cocaina dalla Colombia agli Stati Uniti, e si serviva della Banca centrale panamense per riciclarne i proventi. La narcocleptocrazia di Noriega divenne gradualmente insostenibile di fronte all’opinione pubblica sia interna che estera, al punto che nel 1989, dopo aver truccato le elezioni, fu deposto da un’invasione militare americana (non si dimentichi che gli Stati Uniti mantenevano controllo della zona del Canale di Panama).

Tuttavia, i Paesi chiave nel traffico di cocaina sono ben altri. Innanzitutto la Colombia, Paese dove dal 1964 a oggi (con il prodromo di dieci anni di violenza e 200.000 morti tra il 1948 e il 1958) è in corso una terribile guerra civile nelle aree rurali del Paese, condotta tra il governo, le guerriglie socialiste (FARC, M-19, ELN), forze paramilitari di estrema destra (AUC) e i cartelli della droga. La Colombia è sempre stata il maggiore produttore di cocaina. L’illegalità della guerra civile ha consentito (come in Afghanistan) di mantenere una produzione su vasta scala. Alla potenza dei grandi cartelli che dominavano la scena negli anni ’80 e ’90 (Cartello di Medellín, Cartello di Cali, Cartello di Norte del Valle, e Cartello della Costa Nord), sono andati sostituendosi ora cartelli minori, ed è aumentato il controllo sulla droga da parte dei gruppi paramilitari e guerriglieri veri e propri. Infatti, negli ultimi anni, il calo dell’influenza statunitense nell’America Latina, dovuto all’ascesa del Brasile e all’avanzata di movimenti e partiti socialisti, ha fatto sì che gli Stati Uniti rafforzassero il governo colombiano sul piano militare e politico, per cui anche il tasso di violenza relativo alla droga si è dimezzato nel corso degli ultimi 10 anni.

Gli altri due grandi Paesi produttori sono il Perù e la Bolivia, che spesso in passato rifornivano le raffinerie colombiane di coca grezza. In entrambi i casi, c’è stato un calo alla fine degli anni ’90, dovuto alla pressione statunitense. La politica antidroga statunitense consiste, infatti, nel versare cospicue somme di denaro ai governi, ma queste donazioni hanno l’effetto di legare a sé questi Stati, e di favorire il controllo della produzione e del traffico di stupefacenti, a scapito della popolazione indigena, tradizionalmente occupata nella coltivazione di coca (1/8 della popolazione in Bolivia). Mentre il Perù è diventato nel 2010 il primo produttore, in Bolivia la situazione è più complessa. Dopo il “golpe della cocaina”, effettuato da Luis García Meza Tejada, c’è stata via via un’adesione sempre più stretta alla politica americana, culminata nel 1997 con l’offensiva antidroga del presidente Hugo Banzer. La reazione ha fatto sì che i cocaleros (coltivatori di coca), insieme agli altri movimenti sociali, riuscissero ad eleggere presidente il loro leader, Juan Evo Morales Ayma, il primo indio a governare un Paese latinoamericano. La politica di Morales ha invece cercato di favorire (e promuovere) la coltivazione di coca da parte della popolazione indigena, e al tempo stesso di eliminare la produzione di cocaina e il narcotraffico.

Oltre ai Paesi produttori, ci sono vari Paesi coinvolti nel traffico della cocaina. Dalla Colombia sono sempre partite la maggior parte delle rotte della droga verso Stati Uniti ed Europa, che rappresentano rispettivamente il 50% e il 25% del consumo globale. Un’eccezione è costituita dal Cile, attraverso i cui porti, la cocaina boliviana è smerciata verso il Pacifico e l’Europa. Altre rotte verso l’Europa sono attraverso il Venezuela e il Suriname. Quest’ultimo Stato è un’ex-colonia olandese che ha ottenuto l’indipendenza ma conserva privilegi doganali nel grande porto di Rotterdam, che diviene così uno dei maggiori punti d’accesso al mercato della droga europea. Un altro ingresso è la Spagna, con la mediazione di porti dell’Africa Occidentale come Dakar e Tangeri. La ‘ndrangheta calabrese, con le sue basi presso la comunità italo belga, e il suo centro di smistamento e riciclaggio nell’hinterland milanese, rappresenta il maggiore distributore in Europa, anche per via dei suoi rapporti privilegiati con i cartelli latinoamericani, presso cui è l’interlocutore europeo più accreditato. I mediatori iniziali di questo rapporto furono i Cuntrera-Caruana, storico clan di Cosa Nostra assurto a livelli internazionali, dalla loro base operativa in Venezuela. L’ascesa al potere di Chavez in quest’ultimo Paese ha cambiato le carte in tavola. A fronte della lotta antidroga, condotta come in Bolivia indipendentemente da “aiuti” americani dalla nuova Oficina Nacional Antidrogas, è però favorito sottobanco il traffico della cocaina controllata dalle FARC e da altri gruppi guerriglieri, in modo da finanziare la loro lotta contro il regime neoliberista e filoamericano di Uribe in Colombia.

Il traffico verso gli Stati Uniti d’America si muove invece su due rotte: la prima, coinvolgente circa il 10-15% del traffico, è condotta per via navale dalla Colombia e dal Venezuela verso la Florida. Gli intermediari sono, a valle, Puerto Rico, che è territorio americano, per cui da lì si può accedere più facilmente al territorio statunitense propriamente detto; a monte, la Repubblica Dominicana e, soprattutto, Haiti. La povertà estrema di questo Paese non ha impedito che, a partire dal 1985, divenisse centro di attività da parte della CIA e dei militari locali. Il Service d’Intelligence National fu fondato proprio per ricevere addestramento americano nella lotta alla droga, ma essere in realtà impiegato per lo scopo opposto, oltre che a diffondere morte e terrore presso gli oppositori politici. Il SIN e la CIA hanno architettato entrambi i golpe contro il Presidente regolarmente eletto, Jean-Bertrand Aristide, nel 1991 e nel 2004. Non è quindi casuale che, dopo il recente e distruttivo terremoto, sia stata massicciamente incrementata la presenza militare statunitense nell’isola. La seconda via di traffico, che coinvolge ben l’85-90% della cocaina destinata agli USA, passa invece per il Centroamerica, ed è stata storicamente legata al finanziamento dei Contras nicaraguegni, attraverso la criminalità degli Stati adiacenti: Panama, Honduras (dove il nuovo governo golpista ha fatto recentemente assassinare giornalisti attivi nella denuncia del narcotraffico), ed El Salvador, le cui gang malavitose d’adolescenti (la MS-19 e la MS-13) sono tra le più feroci al mondo, e hanno il potere di opporsi in armi allo Stato centrale.

L’altro Stato di massima importanza nel narcotraffico americano è il Messico, il cui governo è sempre stato legato a filo doppio agli Stati Uniti, e i cui cartelli hanno un immenso potere, dal momento che gestiscono un enorme flusso di traffici criminali (immigrazione clandestina, droga, prostituzione, armi, contrabbando) sulla frontiera tra i due Paesi. La cocaina entra in Messico dal Guatemala e da El Salvador, dove il Cartello Los Zetas si è assicurato la collaborazione, rispettivamente, dei Kaibiles (forze speciali guatemalteche) e della Mara Salvatrucha-13 (gang salvadoregna). Con il declino dei grandi cartelli colombiani, il controllo sul narcotraffico da Messico a Stati Uniti è passato ai cartelli locali, i quali combattono non solo contro il governo, ma anche tra loro. Dal dicembre del 2006, la cosiddetta Guerra della Droga Messicana ha causato 27.240 morti (quasi la metà dei caduti americani in Vietnam). Attualmente, le fazioni principali sono due: da una parte, i cartelli di Juárez, Tijuana, Los Zetas e Beltrán-Leyva, dall’altra, i cartelli di Sinaloa, del Golfo, La Famiglia Michoacana e Los Negros. La posta in palio è il controllo dei traffici su questa rotta.

In conclusione, abbiamo visto come l’altro grande polo del narcotraffico internazionale sia quello latinoamericano, incentrato sulla cocaina, e come faccia capo comunque agli Stati Uniti. È importante osservare, soprattutto, che le politiche antidroga promosse da parte americana negli altri Paesi, non siano altro che veri e propri “cavalli di Troia” atti ad infiltrare la polizia e i servizi locali con uomini e denaro, e da qui controllare sia il narcotraffico, sia la stessa politica interna del Paese. Non è un caso, certo, che Bolivia e Venezuela abbiano deciso di contrastare queste politiche e attuare una propria via di lotta alla narcocriminalità. Si tratta dell’ennesimo caso in cui un problema di politica interna si rivela intrinsecamente legato alla politica estera di uno Stato.

dimanche, 08 avril 2012

Spengler profeta dell'Eurasia

Andrea VIRGA:

Spengler profeta dell'Eurasia

Ex: andreavirga.blogspot.com/

 
Questo breve articolo è recentemente uscito sul numero III (dedicato all'Eurasia) della rivista Nomos, alla cui redazione collaboro.
 
spengler.jpgNon ci si stancherà mai di raccomandare la lettura di Oswald Spengler (1880 – 1936), eclettico filosofo della storia tedesco e teorico del socialismo prussiano, le cui opere hanno riscosso successo e interesse negli ambiti più disparati, da Mussolini a Kissinger, dalla Germania di Weimar alla Russia contemporanea. Tra i vari motivi per cui risulta ancora oggi molto attuale, non possiamo non citare le sue ipotesi storiche riguardanti la Russia.

Nel 1918[1], mentre la guerra civile era ancora in corso, egli già prevedeva che la Russia avrebbe abbandonato nell’arco di pochi decenni il marxismo, per affermarsi come una nuova potenza imperiale eurasiatica – il che si è puntualmente avverato in questi ultimi anni. Noi vogliamo ora mettere a confronto il pensiero di Spengler con le attuali teorie eurasiatiste, che concepiscono lo spazio eurasiatico come di primaria importanza per la costruzione di un polo geopolitico alternativo a quello atlantico.

La sua tesi di fondo è che la Russia sia una realtà ben differente dalla “civilizzazione” occidentale, ma avente in sé tutte le premesse per la formazione di una nuova “civiltà”, la quale è ancora in una fase embrionale. Per analogia, la civiltà russa si trova perciò nella stessa fase di quella occidentale durante l’Alto Medioevo[2].

Questa civiltà era stata fino ad allora soggetta a forme ideologiche e culturali prettamente occidentali come il petrinismo e il leninismo, rispettivamente derivazioni di modelli occidentali come l’assolutismo e il marxismo, che le avevano impedito di esprimere il suo vero spirito. Tuttavia, era inevitabile, secondo il filosofo tedesco, che il bolscevismo sarebbe stato man mano superato e scartato dalla Russia, in favore di una forma politica più propriamente autoctona. Lo stesso bolscevismo russo, con Stalin, è andato assumendo caratteri decisamente nazionalisti e una sua politica di potenza a livello mondiale, interrotta dalla disintegrazione della potenza sovietica alla fine della Guerra Fredda, ma ripresa da Putin.

La “natura russa” (Russentum), «promessa di una Kultur [“civiltà”] a venire»[3], è modellata dal suo paesaggio natio, l’immensa piana eurasiatica che si estende oltre i confini delle civilizzazioni esistenti (Occidente, Islam, India, Cina), ed è infatti propria ai numerosi popoli, d’istinto nomade o seminomade, che vi vivono: slavi, iranici, uralici, altaici, ecc. Non dimentichiamo che, per l’occidentalista Spengler, «L’Europa vera finisce sulle rive della Vistola […] gli stessi Polacchi e gli Slavi dei Balcani sono “Asiatici”»[4].

Ancora più interessanti sono i rilievi che emergono dagli appunti postumi di Spengler dedicati alla protostoria[5]: nel Neolitico, delle tre grandi “civiltà” aurorali esistenti, che lui chiama Atlantis, Kush e Turan, quest’ultima occupa proprio la parte settentrionale dell’Eurasia, dalla Scandinavia alla Corea. L’uomo di Turan è un tipo eroico, in cui prevale il senso del tragico, dell’amor fati, della nostalgia e dall’irrequietezza data dai grandi spazi aperti. Queste caratteristiche si riscontrano per Spengler sia nel tipo prussiano sia in quello russo, il che contribuisce alla vicinanza tra questi due popoli. L’influenza di Turan si proietta inoltre dall’Europa al Medio Oriente, dalla Cina all’India, sulla scia della diffusione del carro da guerra indoeuropeo nel II millennio a.C[6], ponendo le basi per le civiltà successive.

Vediamo poi il significato politico delle teorie di Spengler. Robert Steuckers ipotizza che il comune substrato turanico potesse essere la base mitico-ideologica per un’alleanza politica tra il Reich tedesco, l’Unione Sovietica, la Cina nazionalista, e i nazionalisti indiani, in un’ottica anti-occidentale[7]. Viceversa, la critica coeva di Johann von Leers[8] accusava Spengler per la sua opera “Anni della decisione” (1933)[9] di voler formare un asse occidentalista e razzista con l’Inghilterra e gli Stati Uniti bianchi, di contro alle potenze di colore (America Latina, Africa, Asia, incluse Giappone, Italia e Russia). Non va però scordato che in scritti precedenti[10] aveva affermato chiaramente una maggiore affinità tra Prussia e Russia. La sua stessa interpretazione del bolscevismo russo come prodotto essenzialmente autoctono, in contrasto con quella antigiudaica delle destre europee anticomuniste, ha ispirato autori di tendenze nazionalbolsceviche come Arthur Moeller van den Bruck[11], Ernst Jünger, Ernst Niekisch, Erich Müller[12].

Risulta quindi evidente come Spengler, non adoperi il termine “Eurasia”, ma di fatto descriva quello stesso spazio (Raum) etnoculturale e geopolitico, identificandolo con una nascente civiltà russa, con caratteristiche sia asiatiche che centro-europee. La sua interpretazione della storia russa contemporanea coincide inoltre con l’interpretazione data dagli odierni eurasiatisti (Dugin, Baburin), ossia di una continuità nella politica internazionale tra zarismo, stalinismo e neo-eurasiatismo nell’affermazione della Russia come potenza eurasiatica.

 


[1] O. Spengler, Prussianesimo e socialismo, Ar, Padova 1994, p. 111 ssg.
[2] Id., Il tramonto dell’Occidente. Lineamenti di una morfologia della storia mondiale, Longanesi, Milano 2008, pp. 931 ssg.
[3] Ibid., p. 111.
[4] Id., Il doppio volto della Russia e il problema della Germania ad Est, in Forme della politica mondiale, Ar, Padova 1994, pp. 28 ssg.
[5] Id., Gli albori della storia mondiale, Ar, Padova 1996, 2 voll.
[6] Cfr. la conferenza Der Streitwagen und the Seine Bedeutung für den Gang der Weltgeschichte, 6 agosto 1934, Monaco; in Reden und Aufsätze, C. H. Beck, München 1937 [inedito in Italia].
[7] R. Steuckers, Atlantis, Kush, & Turan: Prehistoric Matrices of Ancient Civilizations in the Posthumous Work of Spengler, in Nouvelles de Synergies européennes, n° 21, 1996.
[8] J. von Leers, Contro Spengler, All’Insegna del Veltro, Parma 2011.
[9] O. Spengler, Anni della decisione, Ar, Padova 1994.
[10] Id., Prussianesimo e socialismo, cit.
[11] A. Moeller van den Bruck, Il Terzo Reich, Settimo Sigillo, Roma 2000.

[12] E. Müller, Nazionalbolscevismo, in Aa. Vv., Nazionalcomunismo, SEB, Milano 1996.

vendredi, 06 avril 2012

Golfstaaten wollen Anti-Assad-Armee finanzieren

Golfstaaten wollen Anti-Assad-Armee finanzieren

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Ginge es nach dem Willen seiner Nachbarstaaten, so würde Diktator Baschar al-Assad gestürzt Foto: Wikimedia/Brasilien mit CC3-Lizenz: http://tinyurl.com/d5uvtdh

DAMASKUS. Die Vereinigten Staaten von Amerika und mehrere Golfstaaten haben sich darauf verständigt, die syrischen Rebellen mit Geld auszustatten. Die Araber alleine haben laut der New York Times bereits 100 Millionen US-Dollar für diesen Zweck zugesagt. 

In Istanbul haben sich am vergangenen Wochenende die Vertreter von sechzig Staaten zu einer Konferenz mit dem Titel „Freunde von Syrien“ getroffen. Dort sei es nach Teilnehmerberichten  Konsens gewesen, daß die Bemühungen der Uno um Frieden in dem von Bürgerkrieg erschütterten Land gescheitert sind.

Da China und Rußland mit ihrem Veto im Sicherheitsrat militärische Maßnahmen gegen die Assad-Regierung verhindern, versuchen die anderen Länder nun die humanitäre Unterstützung „auszuweiten“. Dies könne finanzielle und logistische Hilfe für die Opposition beinhalten.

Eine offizielle Erklärung über diese Unterstützung– wie von Saudi Arabien gefordert – gab  es jedoch nicht. Nicht zuletzt deshalb, weil die als „Freie Syrische Armee“ bekannte Rebellentruppe nicht genauer bekannt ist und nicht feststeht, wer die Waffen genau bekäme. Die Amerikaner beteiligen sich nach diesem Bericht nicht mit Geld, sondern mit Kommunikationsmitteln für die Rebellenarmee.

Monatelanger Bürgerkrieg

Molham al-Drobi vom oppositionellen Syrischen Nationalkongreß bestätigte die Zusagen der „Freunde von Syrien“ über 176 Millionen Dollar für humanitäre und 100 Millionen Dollar für militärische Zwecke. 500.000 Dollar seien bereits auf geheimen Wegen an die Opposition geflossen, so al-Drobi.

Die syrische Regierung hingegen erklärte den Aufstand am Wochenende für beendet. „Die Schlacht, den Staat in Syrien zu stürzen, ist ein für alle Mal vorbei“, sagte ein Sprecher des Außenministeriums, nach einem Bericht der Süddeutschen Zeitung. Seit Monaten tobt in Syrien ein Bürgerkrieg, bei dem nicht nur innerstaatliche Differenzen aufbrechen: Ausländische Staaten mischen sich ins Geschehen ein. Es sind dies die sunnitischen Nachbarstaaten wie die Türkei und die Araber sowie der Westen auf der einen Seite – Iran, China und Rußland auf der anderen Seite. Viele Todesopfer soll der Kampf um die Macht in dem Mittelmeeranrainerstaat bereits gekostet haben. (rg)

mardi, 03 avril 2012

Du Mali à la Libye, la recomposition de l'Afrique sahélo-saharienne est en cours.

 

mali.jpg

Bernard LUGAN:

Du Mali à la Libye, la recomposition de l'Afrique sahélo-saharienne est en cours

Pour s'abonner à l'Afrique Réelle pour l'année 2012 :
 
Au Mali, après Gao, Tombouctou, la « cité mystérieuse » qui fit tant rêver les explorateurs du XIX° siècle, semble désormais à la portée des combattants touaregs. Sans une intervention étrangère de dernière heure, on ne voit pas comment la ville pourrait leur échapper. Toute la rive nord du fleuve Niger sera donc entre leurs mains. L’actuel conflit a débuté le 17 janvier 2012, à Menaka et dans la région de Kidal, les Touaregs revendiquant l’autodétermination et l’indépendance, leur guerre étant destinée à « libérer le peuple de l’Azawag de l’occupation malienne ».
 
Plus à l’Est, en Libye, dans les régions de Sebha et de Koufra, les combats meurtriers entre les Toubou et les tribus arabes  ont repris le 26 mars et les Toubou revendiquent désormais, eux aussi, un Etat indépendant.  Comme la moitié de l’ethnie toubou vit au Tchad où elle est connue sous le nom de Goranes, les actuels évènements risquent d’y rallumer par contagion une autre guerre, interne celle là, entre les Toubou-Goranes et les  Zaghawa qui sont au pouvoir à N’Djamena.  
 
Voilà le double résultat de l’intervention franco-otanienne en Libye. Le président tchadien Idriss Déby Itno avait vu juste quand il avait mis en garde Paris, affirmant qu’elle allait déstabiliser toute une région aux fragiles équilibres[1].
 
Face à cette situation, qu’est-il possible de faire ?
 
Pour le moment, au Tchad, le président Déby a la situation sous contrôle, mais il ne peut pas laisser les Toubou de Libye se faire massacrer au risque de voir les Toubou-Goranes échapper à son autorité.
 
Au Mali, l’alternative est simple :
 
- Soit nous laissons le cours de la longue histoire reprendre son déroulé et nous admettons la réalité qui est que le Mali n’a jamais existé et que les Touaregs ne veulent plus être soumis aux Noirs du Sud. Dans ce cas, nous entérinons le fait accompli séparatiste et nous veillons à ce que les Touaregs qui auront obtenu ce qu’ils demandaient deviennent nos alliés dans le combat contre Aqmi.
- Soit, de concert avec les Etats de l’Ouest africain, nous intervenons militairement contre les Touaregs pour reconstituer une fiction d’Etat malien et nous  jetons ces derniers dans les bras d’Aqmi avec tous les risques de contagion qu’une telle politique implique.
 
Bernard Lugan
01/04/2012


[1] Le point sur ces conflits sera fait dans le numéro de l’Afrique réelle du mois d’avril que les abonnés recevront prochainement.

dimanche, 01 avril 2012

Les pays BRICS préparent un « coup d'Etat » financier

 

Le BRICS se rebiffe. Les cinq pays qui prennent de plus en plus de poids économique et financier de sorte à faire la balance avec les locomotives occidentales, veulent réaliser un putsch au sein du FMI et de la Banque Mondiale.

 

Les pays BRICS préparent un « coup d'Etat » financier

 

 

 

BRICS préparent un « coup d'Etat » financier

 

Photo: EPA
 
     

 

La Russie et les autres pays du groupe BRICS – Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud – veut que le FMI et la Banque mondiale modifient les règles du jeu. C'est ce qui ressort de la déclaration finale du sommet de New Delhi jeudi dernier.

 

Les leaders des cinq pays de BRICS sont mécontents : la répartition des quotas du FMI prend beaucoup trop de temps. Ils ont exigé d'avoir plus de voix dès l'année en cours. Selon l'expert russe Maxime Braterskiy, les pays de BRICS ne veulent plus accepter ce que l'Occident ne respecte pas des accords trouvés en ce qui concerne la répartition des voix a la faveur des pays émergents. La part de ces derniers dans l'économie mondiale est, d'ailleurs, en progression rapide, fait remarquer l'expert.

« Cette question ne date pas d'hier. Il y a deux ou trois ans, en marge d'un sommet du G20, les pays du groupe BRICS ont dit que leur poids au sein du FMI ne correspondait pas à l'importance de leurs économies. Ils ont pris une position commune en ce qui concerne la répartition des quotas, cela a produit de l’effet, les choses ont bougé et la Chine et l'Inde ont eu plusieurs voix supplémentaires. La Russie, elle n'a pratiquement rien gagné. Ce processus est vraiment très lent. Les pays de BRICS ont peut-être raison de vouloir donner un coup de fouet à la redistribution des quotas ».

De la même façon la réforme de la Banque mondiale qui peine à s'avancer, préoccupent les leaders des pays du groupe. On pourrait lancer les réformes visant à transformer la Banque mondiale en une institution polyvalente dès l'élection du nouveau président de l'organisation prévue pour avril prochain.

C'est la politique menée par les pays riches qui a eu des effets dévastateurs sur l'économie mondiale en engendrant la crise économique globale, ont affirmé les participants du sommet de New Delhi.

De façon plus générale, le sommet a démontré que les pays de BRICS était déterminés à lancer la réforme du système financier du monde ce qui témoigne de leur poids politique plus grand et du renforcement de leurs positions sur la scène internationale.

mercredi, 28 mars 2012

Le Japon et le défi russo-chinois par realpolitiktv


Le Japon et le défi russo-chinois par realpolitiktv

mardi, 27 mars 2012

Per non dimenticare il 24 Marzo 1999

Per non dimenticare il 24 Marzo 1999, inizio dei "bombardamenti democratici" sulla Jugoslavia

di Andrea Salomoni

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]

http://sites.etleboro.com/thumbnails/news/18433_NATO_bombs_hit_downtown_Belgrade_1999.jpg

Il 24 Marzo del 1999, iniziarono i bombardamenti "democratici" sulla Jugoslavia e la criminale aggressione contro il suo popolo; mentre il 10 giugno venivano stipulati gli accordi di pace a Kumanovo, e dopo 13 anni ecco che la verità faticosamente si fa largo anche a livello ufficiale:...Altro che “genocidi e fosse comuni mai trovate”, “diritti umani negati” e “pulizie etniche” mai avvenute, se non dopo l’occupazione della NATO, e compiuta dalle bande criminali dell’UCK nei confronti dei serbi e di tutte le minoranze non albanesi, oltre che contro gli albanesi jugoslavisti. A dodici anni dalla fine dell’aggressione la verità lentamente emerge, altro che “ingerenza umanitaria”, ecco a cosa miravano i criminali bombardamenti “terapeutici” sulla Jugoslavia. Erano semplicemente mire imperialiste, soltanto che ora non lo diciamo più noi "complottisti" come facciamo dal 1999, adesso ci sono le prove e le dimostrazioni. Sotto trovate una cartina della Serbia Montenegro, con indicati gli obiettivi e gli interessi che la NATO ha richiesto al nuovo governo, docile vassallo dell’occidente, come condizione per entrare nella lista d’attesa per la Partnership per l’organizzazione atlantica e per poter aspirare ad entrare un giorno, nell'Europa dei padroni. La cartina vale forse più che tutte le analisi, ipotesi, disquisizioni teoriche fin qui fatte, nella sua fredda sinteticità è come l’esibizione dell’arma del delitto, tutte le menzogne, le falsità, gli alibi degli aggressori, crollano come un castello di carte. La cartina è su ciò che si discusse tra i vertici NATO e il nuovo governo serbo montenegrino; rappresenta gli obiettivi e gli interessi ritenuti “necessari” dall’Alleanza atlantica e dagli USA: porti, aeroporti, caserme, siti logistici per installazioni radar, zone considerate strategiche per basi, ecc. ecc. Nella regione balcanica, ora che sono state portate la libertà e la democrazia…occidentali, ovviamente, la situazione di agibilità e sovranità, per i popoli e stati è sinteticamente questa:

in Ungheria l’ex base sovietica di Tasar è ora la principale base militare americana fino alla Russia; 

in Albania sono state posizionate le basi navali più grandi, oltre all’aeroporto vicino a Tirana;  

in Macedonia sono state occupate dalle truppe Nato le due più grandi caserme del paese a Tetovo e a Kumanovo, oltre all’aeroporto di Petrovac, Skoplije e al poligono militare di Krivolak; 

la Bosnia Erzegovina è stata adibita per l’aviazione: l’aeroporto di Dubrovac, Tuzla è diventato base aerea Nato, così come a Brcko e Bratulac, sono state messe due basi terrestri; 

i maggiori porti della Croazia sono stati adibiti per le unità navali, mentre all’aeroporto vicino Pula c’è ora una base dell’Alleanza oltre al poligono di Slunj vicino Djakova.

 

Dalla Romania è stata presa la base navale di Costanza, l’aeroporto militare vicino a Bucarest, le basi terrestri vicino Timisoara, a Costanza, Kluza e Vlaskoj, ma ne sono richieste altre tre per ultimare il dislocamento delle truppe nella regione. 

 In Bulgaria è stata collocata una base navale a Varna e una terrestre a Sarafovo Infine in Kosovo vi è Camp Bondstel a Urosevac e un'altra base a Gnjlane. Da questo scenario geo-militare dei Balcani una cosa salta immediatamente all’occhio, in quest’elenco manca solamente un paese, che ancora non risulta “occupato” da basi straniere, ed è la Serbia Montenegro, ex Repubblica Federale Jugoslava; ecco svelato l’arcano dei mille contorcimenti mass mediatici, inventati per giustificare l’aggressione e lo smantellamento di quell’ultmo pezzo di Jugoslavia, che aveva una gravissima colpa per questi tempi: quella di pretendere e difendere la propria indipendenza e sovranità e quella di non volere truppe straniere a casa propria. E questo nel ventunesimo secolo è una colpa gravissima, perché si diventa un ostacolo “de facto” ai piano geo-strategici dell’imperialismo americano, e non può essere ammesso. O si accetta o si viene spazzati via, certo le motivazioni pro forma vengono trovate e pianificate attraverso la disinformazione strategica, c’è sempre un buono e sacro motivo democratico per aggredire un popolo o un paese “ non asservibile” con pressioni o dollari.  Qui come in Iraq, come in Palestina, Libia, Libano, Siria, Iran, Cuba, Corea del Nord, Venezuela, Bielorussia ecc. ecc perché la lista è continuamente suscettibile di cambiamenti o aggiornamenti, a seconda degli eventi che accadono. E così si può tranquillamente capire come, nelle trattative tra un nuovo governo serbo montenegrino, creato, sponsorizzato e finanziato per arrivare al potere, scalzando un governo di unità nazionale che impediva questi scenari in terra serba, la discussione è come fosse una riunione amministrativa di riscossione di quanto dovuto. Ai “Quisling” locali il governo amministrativo, alla NATO ed agli USA il potere di decidere e comandare, a casa di altri. Il ministro della difesa, nei colloqui di Londra per poter entrare nella Partnership Nato ha ricevuto le seguenti richieste, ritenute necessarie per “armonizzare” le relazioni tra la nuova Serbia e l’occidente:

la stazione radar di Kopaonik, la più avanzata tecnologicamente dell’esercito serbo ed anche strategica per qualsiasi minima concezione difensiva del paese e quella di Pesterska;

basi aeree a Batajnica vicino Belgrado, Zlatibor, Kraljevo, Nis e Visoravan:basi terrestri a Novi Sad, Pancevo, e Nis;

le basi navali di Herceg Novi e Bar sulla costa montenegrina.

Oltre alla richiesta di una consistente riduzione degli effettivi dell’esercito federale, a cui l’ossequiente nuovo governo “libero” ha risposto con una proposta  di passare da 70.000 militari a circa 35.000. Quindi trasformare quello che era  l’esercito più forte e organizzato di tutti i Balcani, in una poco più di milizia territoriale, debole e quindi sottomessa e ubbidiente. Già, perché una delle clausole presupponeva anche la presenza di “esperti militari” statunitensi nei vertici degli Stati Maggiori serbo montenegrini. 

E qualcuno osa chiamare tutto questo…libertà?

Queste trattative e richieste sono la dimostrazione che le aggressioni ai popoli e paesi “renitenti o resistenti”, non cessano con il rumore dei bombardamenti “intelligenti”, ma proseguono con la distruzione degli stati sociali, delle condizioni di vita dei lavoratori e della popolazione, con le politiche di privatizzazioni e svendite delle ricchezze nazionali, nell’immiserimento che investe la stragrande maggioranza della società, ed infine con l’asservimento militare, ultimo passaggio per annientare completamente qualsiasi inversione di tendenza politica, essendo coscienti che il malessere e il disagio sociali, prima o poi si trasformeranno in lotte e conflittualità. 

Così saranno garanti della pace sociale e degli interessi di coloro, che nel frattempo parallelamente, si sono  formati ed arricchiti : le borghesie “compradore” locali, veri e propri pirati e banditi in doppiopetto, ma legati a doppio filo con gli interessi del capitale straniero; che sono altro da quella borghesia nazionale che perlomeno, aveva trovato un alleanza con le forze patriottiche e popolari, per resistere all’invasione e asservimento economico, politico e sociale del paese, in un ottica di interesse nazionale.

Questi gli obiettivi e le richieste fatte dalla NATO, al governo della Serbia Montenegro, per diventare uno Stato “democratico, libero ed europeo”. 


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

lundi, 26 mars 2012

Domineert Qatar straks de gehele Arabische ruimte?

Domineert Qatar straks de gehele Arabische ruimte?

Ex: Nieuwsbrief Deltastichting Nr. 57 - Maart 2012
 
Het lijkt onwaarschijnlijk dat het kleine Arabische emiraat Qatar, gelegen aan de Perzische Golf, het schiereiland dat grenst aan Saoedi-Arabië, de ganse Arabische ruimte politiek zou kunnen domineren. En toch, toch zijn er bepaalde elementen die wijzen op het stijgende politieke belang van het kleine Qatar.
 
Qatar maakte, net als zovele andere Arabische gebieden, deel uit van het Ottomaanse Rijk. De Turkse overheersing kende een einde aan het begin van de Eerste Wereldoorlog, en Qatar werd een protectoraat van het Verenigd Koninkrijk, waarvan het onafhankelijk werd in 1971. Enige tijd was er sprake van dat het deel zou uitmaken van de emiraten, die momenteel de Verenigde Arabische Emiraten uitmaken, maar die vlieger ging uiteindelijk niet op.
 
Qua bevolking is het land in enkele decennia volledig gewijzigd. Door de vondst van aardolie kwam een sterke immigratie op gang. In 2005 bijvoorbeeld is de grote meerderheid van het land afkomstig uit andere landen, andere Arabische staten, maar ook uit landen als Indonesië, India, Pakistan, Iran, en zelfs het Verenigd Koninkrijk.  In 2003 werd een nieuwe grondwet ingevoerd, die de godsdienstvrijheid, de vrije meningsuiting en het recht op vergaderen en vereniging vastlegde, maar ook het verbod voor moslims om zich tot een andere godsdienst te bekeren. 20% van de bevolking van Qatar, die van, 47.000 in 1950 steeg tot 1,7 miljoen, zou nog autochtoon Qatari zijn.
 
Dat Qatar internationaal wel degelijk een rol speelt, kan men onder andere hiervan aflezen dat het wereldkampioenschap voetbal er in 2022 doorgang zal vinden.
 
Waar moet het belang van deze kleine oliestaat worden gezocht? En waarom zou het politiek zo’n belangrijke rol kunnen spelen? Natuurlijk speelt de olierijkdom een belangrijke rol. Maar ook met de vaststelling dat Qatar door de oprichting van het satellietkanaal Al Jazeera in 1996 zowat het belangrijkste informatienetwerk van de Arabische wereld is geworden.

In de verschillende vormen van Arabische revolte die in de afgelopen maanden aan ons televisiescherm voorbij trokken, speelden Facebook, Twitter en andere sociale netwerken een belangrijke rol, maar ook Al Jazeera, eigendom van de emir van Qatar, sjeik Hamad Bin Khalifa Al-Thani.  Maar Qatar is ook de verblijfplaats van sjeik Yoessoef al Qaradawi, de geestelijke leider van de Moslimbroeders, die na hun verkiezingsoverwinning in Egypte zowat de belangrijkste pionnen zijn geworden op het schaakbord van de Arabische sjeik Hamad Bin Khalifa Al-ThaniLente en van de Egyptische politiek. Ook al Qaradawi heeft heel wat aan Al Jazeera te danken en aan de media-aandacht die hij erdoor kreeg. Wekelijks was hij te zien en te horen in een uitzending “de sjaria en het leven”, waar hij vragen beantwoordde van toehoorders uit de ganse islamitische wereld.

Qatar is inderdaad zowat een veilige haven voor opinievluchtelingen van alle soort. De voormalige buitenlandminister van Saddam Hoessein bijvoorbeeld, Nadschi Sabri, vond er onderdak, maar ook Hamas-functionarissen, socialistische politici uit Zuid-Jemen, of moslimbroeders uit Egypte.  Er zijn geen politieke gevangenen in Qatar, er bestaat tolerantie en een bepaalde mate van vrijheid.

Maar er is meer. Op het moment dat de grote staten Egypte en Syrië in de maalstroom van volksopstanden terecht kwamen, was het het kleine Qatar dat als het ware een soort bemiddelaar en onderhandelaar werd van de Arabische Liga. Dit werd duidelijk in Libië, waar Qatar het enige Arabische land was dat actief de interventies van de NAVO ondersteunde. In het geval van Syrië werd de rol nog duidelijker.  Want welk Arabisch land zou durven optreden tegen de hevigste tegenstander tegen Israël, de hevigste en meest fundamentele verzetshaard? Toch is het opnieuw Qatar dat de leiding neemt. Vooral de minister van Buitenlandse Zaken, Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al-Thani verkondigde al luid dat hij met Arabische troepen wil tussenkomen. Hij heeft het zover gekregen dat de Arabische Liga hierin meegaat. Gedeeltelijk toch.

De invloed van Qatar stijgt dus. Zo zou Qatar momenteel ook bij het bestuur van de radikaal-islamitische Palestijnse Hamas aan het onderhandelen zijn om haar leider Chaled Maschaal van Damascus naar Jordanië over te brengen, en begin januari ontving de Jordaanse koning Abdoellah II de leider van Hamas in zijn land. Er zou zelfs sprake zijn om de Hamas-leider naar Qatar over te brengen, waarmee Syrië zijn laatste medestander in de soennitische islam kwijtgespeeld is.

Chaled MaschaalNeen, daarmee houdt het niet op, want ook in het conflict in Aghanistan is Qatar actief. Eerste zichtbare resultaat hiervan: de radikaal-islamitische Taliban opende in januari een officiële vertegenwoordiging in het emiraat. Via dit kantoor zouden vredesgesprekken op gang komen. En in die vredesgesprekken zouden ook de VSA en de EU kunnen worden betrokken. Kaboel houdt de boot voorlopig af en heeft aangedrongen op bilaterale gesprekken …met Qatar.
 
Qatar heeft ook in het verleden al nieuwe paden betreden. Als enig land op het Arabisch schiereiland – waar in Saoedi-Arabië joden niet worden toegelaten – heeft Qatar een joodse handelsmissie op zijn grondgebied geopend. Sinds 2008 is er zelfs een ambassade, maar het begin van de Gaza-oorlog in 2009 drukte zelfs Qatar eventjes met de neus op de werkelijkheid: de ambassade werd gesloten.
 
Vermeldenswaard is tenslotte de vraag van Midden-Oosten-expert Guido Sternberg (geciteerd in het Duitse conservatieve tijdschrift Junge Freiheit) of het conflict met Syrië de vijandschap van Teheran tegen Qatar zal verscherpen.  “In het licht van de krachtverhoudingen tussen de beide landen is dit een zeer riskante politiek”, aldus de expert. Qatar geldt als het meest vrije islamitische land in het Midden-Oosten, maar het kan niemand ontgaan dat ook hier de islam staatsgodsdienst en de sjaria staatsrecht is. Het blijft afwachten welke dominante rol dit emiraat in de Arabische wereld, waar de kaarten politiek en geopolitiek volledig door elkaar worden geschud, zal spelen.
 
Peter Logghe
 

samedi, 24 mars 2012

Géopolitique de la France

 
Géopolitique de la France
Géopolitique de la France
Pascal Gauchon
Puf

2012
 
Auteur, il y a quelques années, d'un remarquable Modèle français devenu aujourd'hui un classique, Pascal Gauchon - qui enseigne l'économie en classe préparatoire et a déjà publié un Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie lance une nouvelle collection consacrée à la géopolitique dont le premier volume a pour sujet la France et il a tenu à traiter lui-même d'un domaine qui n'a rien d'évident, nombre d'observateurs et de commentateurs ayant admis une fois pour toutes que la France, intégrée à l'Europe et plongée dans la mondialisation, n'avait plus vocation à demeurer une puissance autonome, ce qui constitue une condition nécessaire pour constituer un sujet géopolitique. Le sous-titre de l'ouvrage - Plaidoyer pour la puissance - peut donc faire figure de provocation mais la solidité de la documentation utilisée et la qualité d'un argumentaire fondé sur une réflexion originale et sur un regard qui va bien au delà des limites généralement fixées à la seule analyse économique permettent à l'auteur d'affirmer son propos et de délivrer un message qui, sans tomber dans les excès et les simplifications d'un manifeste n'en ouvre pas moins des perspectives plus optimistes que celles attribuées à la « France qui tombe » décrite par certains. L'historien revient tout d'abord sur la construction de l'espace national, sur la genèse d'un hexagone dont Fernand Braudel a montré dans son Identité de la France qu'il s'inscrit dans les paysages et dans les conditions qui furent celles de l'installation humaine dans la très longue durée. Celle qui explique les quinze milliards de tombes chères à Pierre Chaunu et, sur un mode plus littéraire à Maurice Barrès attaché « à la terre et aux morts ». Mais la « doulce France » s'est également construite à partir du travail de ses habitants et des transformations qu'ils ont imposées à une nature certes généreuse mais qu'il a cependant fallu maîtriser. Le survol de l'Histoire pointe justement les moments où la France des rois, de la Grande Nation révolutionnaire ou de Napoléon est apparue en mesure de dominer l'Europe, et les séquences marquées par la défaite ou le déclin, enrayés à plusieurs reprises par des sursauts venus de loin et combinant la vitalité réveillée d'u peuple rebelle et l'imaginaire d'un destin collectif porté un temps par la foi chrétienne, avant que le messianisme révolutionnaire et les valeurs de la liberté n'ouvrent sur des temps nouveaux sur le point aujourd'hui d'être révolus. Le poids de l'Etat, l'attachement au modèle politique et social laborieusement défini au cours des deux derniers siècles, la crise identitaire née de l'ouverture sur l'Europe et le monde et de la renaissance des régions font l'objet d'analyses claires et pertinentes qui fournissent une riche matière à réflexion, particulièrement bien venue dans les temps d'incertitude que nous connaissons aujourd'hui. La tradition centralisatrice, la crise de l'Etat-nation et celle de l'aménagement du territoire, la faillite des « élites » attachées avant tout à leur reproduction contrastent avec la richesse des atouts disponibles. Pascal Gauchon recense ainsi tous les aspects de la puissance française, des performances agricoles à l'autonomie nucléaire, des incontestables succès industriels aux réussites des entreprises de services, sans dissimuler les difficultés nées d'une mondialisation qui s'opère souvent au détriment de pans entiers de l'activité nationale. Il confronte les faiblesses françaises sur le terrain de la compétitivité aux atouts qui font l'attractivité incontestable d'un territoire doté depuis longtemps d'excellentes infrastructures. Il conclut son « plaidoyer pour la puissance » en dénonçant les « géopolitiques du nirvana » oublieuses du réel et des rapports de forces, fondées sur la seule idéologie et la seule bien-pensance, des références dont ne peuvent que se gausser les autres puissances. Mais, sur ce terrain, la France n'est pas plus mal lotie que l'Europe et certains acteurs ont encore la volonté de lui conserver un rang de « moyenne grande puissance », résultante de la combinaison de ce qui lui reste de hard power avec les capacités d'influence que lui procure le tout nouveau soft power. Familier du temps long des historiens, Pascal Gauchon parie sur le retour du réel, qui peut être aussi le retour du tragique dans un monde aveuglé par les illusions de la mondialisation, heureuse : « Laissons faire le temps, qui ramènera au monde réel du rapport des forces et du conflit. Si la France ne va pas à ses ennemis, ses ennemis viendront à elle. Alors les conditions d'une autre géopolitique que celle du nirvana seront posées... ».

mardi, 20 mars 2012

LEAP : Les cinq orages dévastateurs de l’été 2012 au cœur du basculement géopolitique mondial

LEAP : Les cinq orages dévastateurs de l’été 2012 au cœur du basculement géopolitique mondial

Communiqué public du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, 15 mars 2012

Joseph Vernet, Une tempête, vers 1770 (cliquez pour agrandir)

Dans son numéro de janvier 2012, le LEAP a placé l’année en cours sous le signe du basculement géopolitique mondial. Le premier trimestre 2012 a largement commencé à établir qu’une époque était en effet en train de se terminer avec notamment : les décisions de la Russie et de la Chine de bloquer toute tentative occidentale d’ingérence en Syrie (1) ; la volonté affirmée des mêmes, associées à l’Inde (2) en particulier, d’ignorer ou de contourner l’embargo pétrolier décidé par les Etats-Unis et l’UE (3) à l’encontre de l’Iran ; les tensions croissantes dans les relations entre les Etats-Unis et Israël (4) ; l’accélération de la politique de diversification hors du dollar US conduite par la Chine (5) et les BRICS (mais également le Japon et l’Euroland (6)) ; les prémisses du changement de stratégie politique de l’Euroland à l’occasion de la campagne électorale française (7) ; et l’intensification des actes et discours alimentant la montée en puissance de guerres commerciales trans-blocs (8). En mars 2012, on est loin de mars 2011 et du « bousculement » de l’ONU par le trio USA/UK/France pour attaquer la Libye.

Mars 2011, c’était encore le monde unipolaire d’après 1989. Mars 2012, c’est déjà le monde multipolaire de l’après crise hésitant entre confrontations et partenariats.

 

Evolution des réserves de change chinoises et de leur part en titres US (2002-2011) (en milliers de milliards de dollars) (en vert : total ; en saumon : titres US ; courbe rouge : évolution en % de part des titres US dans le total) – Sources : Banque populaire de Chine / Trésor US / Wall Street Journal / DollarCollapse, mars 2012

Ainsi, comme anticipé par le LEAP, le traitement de la « crise grecque » (9) a rapidement fait disparaître la soi-disant « crise de l’euro » des unes des médias et des inquiétudes des opérateurs. L’hystérie collective entretenue à ce sujet au cours du second semestre 2011 par les médias anglo-saxons et les eurosceptiques aura fait long feu : l’Euroland s’impose de plus en plus comme une structure pérenne (10), l’euro est à nouveau en vogue sur les marchés et pour les banques centrales des pays émergents (11), le duo Eurogroupe/BCE a fonctionné efficacement et les investisseurs privés auront dû accepter une décote allant jusqu’à 70% de leurs avoirs grecs, confirmant ainsi l’anticipation du LEAP de 2010 qui parlait alors d’une décote de 50% quand personne ou presque n’imaginait la chose possible sans une « catastrophe » signifiant la fin de l’euro (12). In fine, les marchés se plient toujours à la loi du plus fort… et à la peur de perdre plus, quoi qu’en disent les théologiens de l’ultra-libéralisme. C’est une leçon que les dirigeants politiques vont précieusement garder en mémoire car il y a d’autres décotes à venir, aux Etats-Unis, au Japon et en Europe. Nous y revenons dans ce [numéro].

Cliquer sur le graphique pour l'agrandir

Encours de la dette publique détenue par la banque centrale (2002-2012) – Etats-Unis (en violet), Royaume-Uni (en gris), Euroland (en pointillés violets), Japon (en pointillés gris) – Sources : Datastream / banques centrales / Natixis, février 2012

Parallèlement, et cela contribue à expliquer la douce euphorie qui alimente les marchés et nombre d’acteurs économiques et financiers ces derniers mois, pour cause d’année électorale et par nécessité de faire à tout prix bonne figure face à une zone euro qui ne s’effondre pas (13), les médias financiers américains nous refont le coup des « green shots » du début 2010 et de la « reprise » (14) du début 2011 afin de peindre une Amérique en « sortie de crise ». Pourtant les Etats-Unis de ce début 2012 ressemblent bien à un décor déprimant peint par Edward Hopper (15) et non pas à un chromo 60s rutilant à la Andy Warhol. Comme en 2010 et 2011, le printemps va d’ailleurs être le moment du retour au monde réel.

Dans ce contexte d’autant plus dangereux que tous les acteurs sont bercés d’une dangereuse illusion de « retour à la normale », en particulier du « redémarrage du moteur économique US » (16), le LEAP estime nécessaire d’alerter ses lecteurs sur le fait que l’été 2012 va voir cette illusion voler en éclats. En effet, nous anticipons que l’été 2012 verra la concrétisation de cinq chocs dévastateurs qui sont au cœur du processus de basculement géopolitique mondial en cours. Les nuages noirs qui s’amoncellent depuis le début de la crise en matière économique et financière sont maintenant rejoints par les sombres nuées des affrontements géopolitiques.

Ce sont donc, selon le LEAP, cinq orages dévastateurs qui vont marquer l’été 2012 et accélérer ainsi le processus de basculement géopolitique mondial :

. rechute des USA dans la récession sur fond de stagnation européenne et de ralentissement des BRICS
. impasse pour les banques centrales et remontée des taux
. tempête sur les marchés des devises et des dettes publiques occidentales
. Iran, la guerre « de trop »
. nouveau krach des marchés et des institutions financières.

Dans ce [numéro], notre équipe analyse donc en détail ces cinq chocs de l’été 2012.

Parallèlement, en partenariat avec les Editions Anticipolis, nous publions un nouvel extrait du livre de Sylvain Périfel et Philippe Schneider, « 2015 – La grande chute de l’immobilier occidental », à l’occasion de la mise en vente de sa version française. Il traite des perspectives du marché immobilier résidentiel américain.

Enfin, nous présentons nos recommandations mensuelles ciblées dans ce numéro sur l’or, les devises, les actifs financiers, les bourses et les matières premières.

————

Notes :

(1) Un article de CameroonVoice, publié le 06 mars 2012, offre un tour d’horizon intéressant de cette situation de blocage qu’il nous paraît utile d’analyser sous l’angle géopolitique autant que sons l’angle humanitaire qui a tendance à camoufler nombre de paramètres derrière les « évidences de la cause juste ». Souvenons-nous de l’attaque sur la Libye et des conséquences désastreuses qu’elle entraîne aujourd’hui pour de nombreux Libyens et pour toute la région ; dernière en date : la déstabilisation de toute une partie de l’Afrique sub-saharienne, comme le Mali par exemple. A ce sujet, on peut lire la très intéressante analyse de Bernard Lugan dans Le Monde du 12 mars 2012.

(2) Et au Japon qui fait profil bas mais n’a pas l’intention d’arrêter de s’approvisionner en pétrole iranien. La Chine et l’Inde de leurs côtés accroissent leurs livraisons de pétrole iranien et s’engouffrent dans le vide laissé par les Occidentaux. Les Indiens utilisent même désormais l’Iran comme une porte vers le pétrole d’Asie centrale. Sources : Asahi Shimbun, 29 février 2012 ; Times of India, 13 mars 2012 ; IndianPunchline, 18 février 2012

(3) Attendons de voir ce que sera la volonté de l’UE en la matière dans la seconde moitié de 2012. Avec la fin de la tutelle US sur la politique étrangère française suite au changement de président français, de nombreux aspects de la politique internationale de l’Europe vont changer.

(4) Nombreux sont les responsables israéliens et américains qui se demandent dans quel état vont être les relations entre les deux pays à l’issue de cette quasi-confrontation sans précédent sur la question d’une éventuelle attaque de l’Iran. Pour certains, on s’approche du moment de « ras-le-bol » d’Israël de la part des Etats-Unis, comme l’analyse l’article de Gideon Levy dans Haaretz du 04 mars 2012.

(5) Derniers exemples en date : l’accord des BRICS pour organiser entre eux des échanges en devises nationales, et particulièrement en yuan du fait de la volonté de Pékin d’internationaliser sa devise ; et la décision du Japon d’acheter des bons du Trésor chinois en accord avec Pékin. Pékin agit ainsi à l’opposé du Japon « dominant » des années 1980 qui n’avait jamais osé pousser à l’internationalisation du yen. Cet aspect suffit à réduire à néant toutes les comparaisons entre l’ascension avortée du Japon et la situation de la Chine aujourd’hui. Tokyo était sous contrôle de Washington ; Pékin ne l’est pas. Sources : FT, 07 mars 2012 ; JapanToday, 13 mars 2012

(6) Les banques de l’Euroland se dégagent de leurs activités de prêts en dollars. Source : JournalduNet, 23 février 2012

(7) A savoir la fin du social-libéralisme qui avait pris la place de la social-démocratie européenne au cours de ces deux dernières décennies ; et le retour de l’ « économie sociale de marché » au cœur du modèle rhénan, modèle historique européen continental. De la Slovaquie du nouveau premier ministre Fico à la France du futur président Hollande (ceci n’est pas un choix politique mais le résultat de nos anticipations publiées dès novembre 2010 dans [notre numéro du 15 novembre 2010]) en passant par l’Italie de Mario Monti et une Allemagne où conservateurs et sociaux-démocrates doivent désormais faire le chemin européen ensemble puisqu’il le faut pour obtenir la majorité nécessaire à la ratification des nouveaux traités européens, on voit se dessiner les contours de la future stratégie économique et sociale de l’Euroland : fiscalité progressive renforcée, solidarité sociale, efficacité économique, mise sous contrôle du secteur financier, vigilance douanière… en résumé : éloignement à grande vitesse du modèle anglo-saxon à la mode depuis 20 ans parmi les élites du continent européen.

(8) Derniers épisodes en date : l’attaque devant l’OMC de la politique commerciale chinoise concernant les « terres rares » par les Etats-Unis, appuyés par l’UE et le Japon ; les nouveaux rebondissements des accusations réciproques USA/UE toujours devant l’OMC concernant les subventions à Boeing et Airbus ; la « guerre monétaire » déclenchée par le Brésil contre les Etats-Unis et l’Europe. Sources : CNNMoney, 12 mars 2012 ; Bloomberg, 13 mars 2012 ; Mish’s GETA, 03 mars 2012

(9) D’ailleurs, impensable pour beaucoup il y a seulement trois mois, l’agence de notation vient de remonter la note de la Grèce. Source : Le Monde, 13 mars 2012

(10) Les questions de démocratisation de ces structures se posent comme nous l’avons souligné. Mais ces structures (MES, BCE…) sont désormais établies. Aux acteurs et forces politiques des deux prochaines années d’entamer leur mise sous contrôle par les citoyens plutôt que de passer leur temps à regretter un temps merveilleux… où les citoyens n’avaient même pas la moindre idée de comment leur pays gérait sa dette. Et ce n’est pas en attaquant les technocrates qui ont fait le « sale boulot » au milieu de la tempête que les politiques trouveront le chemin de la légitimation démocratique des institutions de l’Euroland, mais en proposant de nouveaux mécanismes et des processus d’implication des peuples dans les décisions. A ce propos, il est utile de savoir qu’au Parlement européen, le groupe PPE (où siègent notamment les partis de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel) tente de tuer dans l’œuf une proposition trans-partisane de création de 25 sièges du Parlement européen qui seraient élus sur des listes transnationales avec l’UE comme circonscription unique. Selon le LEAP, cette proposition est un petit pas sur le seul chemin qui peut conduire à un contrôle citoyen des décisions européennes. Il est regrettable que des chantres de la nécessité de rapprocher l’Europe des peuples soient en fait complices du blocage d’une première tentative sérieuse dans cette direction. Source : European Voice, 11 mars 2012

(11) Même le Financial Times, pourtant l’un des acteurs-clés de l’hystérie anti-euro, doit désormais reconnaître que les marchés émergents (acteurs publics et privés) ont retrouvé leur appétit pour la devise européenne. Source : Financial Times, 26 février 2012

(12) Nous insistons sur ces points car il ne faut pas oublier trop vite les discours dominants de 2010 et 2011 qui ont incité les investisseurs à acheter de la dette grecque car c’était une « affaire en or » ! Souvent les mêmes « experts » ont aussi pronostiqué une parité euro/dollar entraînant nombre d’opérateurs à vendre leurs euros pour acheter du dollar dans cette même logique. Résultat : ces « experts », qui peuplent les unes des médias et les émissions financières, ont fait perdre beaucoup d’argent aux uns et aux autres. Pour savoir anticiper l’avenir, il faut aussi entretenir sa mémoire !

(13) N’oublions pas que sans l’hystérie collective entretenue autour de la « crise de l’euro », dès la fin 2011, les Etats-Unis auraient été incapables de financer leurs énormes déficits. Wall Street et la City ont dû peindre une Europe au bord du gouffre pour pouvoir maintenir le flux d’achats de leurs titres. Maintenant que cette propagande ne fonctionne plus, il est donc vital d’essayer d’embellir la situation US faute de tarir la source extérieure du financement de l’économie américaine. Voir [nos numéros du 15 octobre 2011 au 15 janvier 2012].

(14) Pour mémoire, mi-2010, le FMI se préoccupait de ne pas « handicaper la reprise ». Et en janvier 2011, les experts se demandaient comment bénéficier de la « reprise » démontrée par les fameux « indicateurs clés » ! Sources : FMI, 07 juillet 2010 ; CreditInfocenter, 27 janvier 2011

(15) Notre équipe tient à préciser que nous apprécions le talent de Hopper et qu’il n’est cité ici que parce qu’il est le peintre par excellence de la classe moyenne de l’ « âge d’or » des Etats-Unis, qu’il a pourtant en général montrée dans une atmosphère très dépressive. Nous ne pouvons qu’imaginer ce que serait l’ambiance de ses tableaux aujourd’hui avec une classe moyenne en perdition dans un « âge de fer » pour le pays.

(16) Nous rappelons que c’est le credo fondamental sur lequel repose tout le système économique et financier global. Et en trois ans de crise, pour la première fois depuis 1945, ce moteur ne fonctionne plus. Alors il faut prétendre le plus longtemps possible, en espérant un miracle. A l’été 2012, les orages porteront bien des éclairs mais il n’y aura pas de foudre miraculeuse ; bien au contraire.

Laboratoire Européen d’Anticipation Politique

lundi, 19 mars 2012

L'Inde menacée de sanctions pour le refus de réduire les achats de pétrole à l'Iran

L'arrogance des Etats-Unis met à l'index l'Inde pour ses achats pétroliers à l'Iran. Ils envisagent des sanctions contre l'Inde à partir de l'été. Il serait temps qu'une politique commune de rétorsion économique se prenne au BRICS contre les USA.

L'Inde menacée de sanctions pour le refus de réduire les achats de pétrole à l'Iran

  Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Photo: EPA
 
     
Les États-Unis pourraient imposer des sanctions contre l'Inde, si elle ne restreint pas les importations du pétrole iranien, rapporte Bloomberg.

La loi, qui est entrée en vigueur aux États-Unis, pénalise tout pays pour le règlement du pétrole iranien par le biais de la Banque centrale d'Iran, si ce pays ne réduit pas significativement le volume des achats de pétrole à Téhéran dans la première moitié de cette année. Et si l'Inde ne le fait pas, le président des États-Unis sera obligé d'introduire des sanctions contre ce pays à partir du 28 juin, a indiqué l'agence en citant des responsables américains.

L'Inde achète à l'Iran, en moyenne 328.000 barils de pétrole par jour. Le pays est le troisième plus grand importateur de pétrole iranien, après la Chine et le Japon.

La Syrie comme cimetière de leurs illusions ?

458904-president-bachar-al-assad-assure.jpg

Le "Bloc Américaniste Occidentaliste" (BAO) s'est piégé dans la crise syrienne dont il fut l'instigateur. Piégé par lui-même, par les effets incohérents d'un système à la dérive incontrôlable. L'Iran et la Russie jouent la carte de l'habileté en Syrie.

La Syrie comme cimetière de leurs illusions ?

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Il est possible que la crise syrienne évolue vers une véritable guerre, qu’on qualifie d’une façon incantatoire de “civile”, mais qui serait déjà internationalisée, et où la coalition du bloc BAO et de ses alliés arabes (les démocrates saoudiens et qataris), si elle se trouvait impliqués, aurait à faire face à forte partie… C’est pour cette raison qu’il ne faut pas (plus) écarter certaines révisions déchirantes. (Comme on le voit par ailleurs, ce même 19 mars 2012, les présidentielles françaises ont leur rôle à jouer.)

D’autres raisons vont dans le même sens des révisions déchirantes, selon d’autres évolutions sur le terrain, sans nécessairement le transit insaisissable de la “guerre civile“. Ces dernières semaines, la situation, sur le même terrain, a évolué en faveur du régime Assad. DEBKAFiles, le 17 mars 2012, donnent des détails sur cette évolution. (Comme on l’a déjà vu, le site DEBKAFiles, par ailleurs férocement extrémiste lorsqu’il s’agit de l’Iran, se fait notablement plus modéré lorsqu’il s’agit de la Syrie, et assez prompt à publier de ces nouvelles peu favorables aux rebelles que soutient le bloc BAO, nouvelles qui sont en général assez peu proclamées. Les Israéliens ne goûtent pas vraiment, pas plus qu’ils ne l’ont goûtée en Libye, la perspective d’un “régime change” en Syrie, qui pourrait conduire à un chaos d’où des islamistes fort suspects auraient de grandes chances d’émerger en bonne position.) DEBKAFiles, utilisant toutes ses sources, est prompt à faire des deux attentats de Damas du 16 mars (27 morts) une tentative téléguidée par le Qatar et l’Arabie pour tenter de relancer une révolte qui a subi de très sérieux revers bien qu’elle exprimerait, selon la presse-Système unanime dans le bloc BAO, un mouvement irrésistible de libération spontanée, etc.

Par ailleurs, dans la même analyse, DEBKAFiles donne des informations précises d’un très grand intérêt, à la fois sur l’intervention et la présence des Iraniens et des Russes en Syrie. Cela ne peut faire de mal à l’argumentaire général israélien, qui est de dire dans ce cas qu’en entretenant la révolte contre Assad on donne l’occasion aux Iraniens et aux Russes de s’implanter militairement, non seulement dans le pays mais dans la région elle-même. Ainsi l’intervention iranienne, décrite comme massive, est-elle présentée comme une “répétition” d’autres possibles opérations du même genre, – tout cela organisant un boulevard pour les capacités d’expansion de la puissance iranienne. (Au reste, d’autres exemples de cette sorte de “répétition” sont cités, vers Gaza et au Yemen.) Est-ce bien habile, demandent implicitement les Israéliens à leurs alliés du bloc BAO ? (Observons, amère cerise sur le gâteau, sur laquelle nous revenons par ailleurs, la mention de la coopération active des Irakiens avec les Iraniens, malgré des demandes US dans le sens inverse…)

«2. The airlift carrying aid to Assad last month, the biggest Iran had ever organized, was critical in helping him win out over the revolt. As OC US Central Command Gen. James Mattis explained March 3 to the Senate Armed Services Committee: They (Iranians) are working earnestly to keep Assad in power. They have flown in experts. They are flying in weapons. It is a full-throated effort by Iran to keep Assad there and oppressing his own people.”

»DEBKAfile’s military sources add: This effort was made possible by Baghdad’s permission to fly over Iraq directly to Syria. According to our Washington sources, US President Barack Obama tried interceding with Iraqi Prime Minister Nouri al-Maliki to block the Iranian transport flights to Syria only to be turned down.

»The massive air transport of equipment on behalf of Bashar Assad served also as a practice maneuver for Iran to staged airlifts of hardware to Middle East arenas of interest in other potential conflicts, such as hostilities between Syria and Lebanon and Israel.

»This week, therefore, the Iranians took active part in two Middle East conflicts in Syria and the Gaza Strip, where Israelis were partly consoled by the performance of their homemade Iron Dome interceptor in blowing up a large number of Iran-supplied Grad missiles before they landed on their cities. Iran’s heavy involvement in a third area Yemen attracted less attention. Tehran is keeping up a supply of arms and cash to northern and southern Yemeni tribes fighting the government with a view to gaining a foothold in Yemen ports and access to the Red Sea and Bab al-Mandeb Sraits, the meeting point between the Gulf of Aden, the Red Sea and the Indian Ocean.

»3. Tuesday, March 13, Deputy Russian Defense Minister Alexei Antonov vigorously denied accusations that Russian Special Forces were stationed in Syria. He would only admit that “Syria has technical experts of the Russian military,” going on to explain: “For example, where we export tanks… we have to send technical experts to train our foreign counterparts to use the equipment.”

»Intelligence sources confirm that the Russian official mentioned tanks, but not the 50 Pantsyr-S1 interceptor batteries, now the backbone of Syrian air and missile defenses, which Moscow sold Syria or that Russian military crews have since mid-January taken over their operation from Syrian personnel. This is what Gen. Martin Dempsey, Chairman of the US Joint Chiefs of Staff, meant when he pointed out that “Syria's air defenses were five times more sophisticated as those in Libya, making airstrikes riskier and more complicated”…»

… Bref, si l’on peut dire, cette affaire syrienne pourrait tourner en une étonnante composition. Si l’on oublie l’épuisant détail du scénario qui se déroule depuis des mois du côté américaniste-occidentaliste, des rencontres, des réunions, des déclarations solennelles et des menaces à peine voilées, et autour de cela, gravitant comme des satellites inévitables et hostiles, les soupçons, les hypothèses de machiavélisme, les dénonciations d’hégémonie contre ce rassemblement américaniste-occidentaliste qui joue un peu trop sur l’air de la vertu et se croit investi du droit international à lui seul, et être “la communauté internationale” à lui seul, – si l’on écarte tout cela, que reste-t-il à retenir ? Depuis des mois, le bloc BAO, auréolé de toute sa gloire libyenne, fait effectivement bloc pour menacer le monde entier d’une intervention en Syrie, sans faire rien de décisif. Bien entendu, il ne se prive pas d’actions illégales, comme celle de faire intervenir, à peine secrètement, ses sempiternelles “forces spéciales” en soutien des rebelles, mais là non plus rien de décisif.

Contre ces prétentions non suivies d’effets décisifs, les pays les plus concernés ont agi beaucoup plus sérieusement. Ils ont établi des systèmes, organisé une défense, renforcé le régime que l’on juge impérativement, à l’Ouest, comme promis à disparaître (“ce n’est pas une question de ‘si’, mais une question de ‘quand’”). Ainsi apparaît-il aujourd’hui, si l’évolution de la situation se poursuit dans le sens actuel, que l’Iran et la Russie sont en train d’établir en Syrie et alentour, des têtes de pont stratégiques d’importance, plus fondées sur le déploiement de forces diverses et sur des coopérations et des intégrations actives, que sur les discours et des intentions furieuses guère suivies d’effets ; tout cela va les faire prendre, si ce n’est le cas déjà, infiniment plus au sérieux que les acteurs américanistes-occidentalistes de la pièce. A côté de cette situation novatrice et paradoxalement (puisque fondée sur la défensive) offensive, ces deux pays parviennent habilement à passer, l’un (l’Iran) pour une victime en devenir offerte à la vindicte d’une attaque qualifiée à l’avance, et justement, d’illégale et de dévastatrice, et qui n’aura peut-être pas lieu ; l’autre (la Russie), pour une puissance amie de la paix et qui cherche à susciter un arrangement général ; et le plus fort est bien dans ce que ces deux pays, tout en verrouillant leur avantages stratégiques, n’usurpent rien en passant également pour ce qu’on en dit à l'instant.

Le problème du bloc BAO, c’est que, lorsqu’on menace et qu’on veut jouer au gendarme il faut agir et imposer son ordre ; sans cela, on perd son crédit et on donne au reste toute latitude pour agir, y compris une certaine légitimité pour le faire. Mais le bloc BAO est évidemment prisonnier, a la fois du Système qui le soumet, et du discours que cette soumission suscite chez lui pour n’avoir pas trop l’air soumis ; en général, il est admis dans ces milieux que les discours suffiront à réorienter les régions et les pays visés selon les orientations proposées, qui sont confondues avec les évidences de l’ordre international. Rien de tout cela ne fonctionne plus et il se passe que le roi est nu, que les pays du bloc BAO n’ont plus les moyens d’agir d’une façon efficace, que leurs opinions publiques ne les y poussent aucunement et même au contraire, que leurs situations intérieures sont de plus en plus instables et difficiles, et ainsi de suite... (Ce qui aurait pu et a pu paraître à certains comme une “diversion” propre à renforcer les directions politiques face aux difficultés intérieures de ces pays s’inverserait alors complètement pour tendre à devenir une charge impopulaire d’engagements stériles et coûteux, pesant de plus en plus sur ces situations intérieures.)

Le dernier facteur à considérer, comme un autre élément peu habile et peut-être potentiellement catastrophique pour le bloc BAO, c’est l’alliance très activiste de l’Arabie et du Qatar. Ces deux pays se sont transformés en de redoutables interventionnistes, poussés autant par l’ambition colorée d’activisme religieux que par une fuite en avant pour contenir leurs propres désordres intérieurs (cela, pour l’Arabie, essentiellement). Si l’opération syrienne ne donne pas les résultats escomptés, eux-mêmes (surtout l’Arabie, avec le supplément du désordre à Bahreïn) pourraient se retrouver menacés de déstabilisation interne, dont les désordres sporadiques actuels en Arabie seraient un signe avant-coureur.

Là encore, dans ce tableau général, l’Iran et la Russie apparaissent bien plus sérieux et habiles, si l’on fait la comparaison. La différence tient effectivement à la substance même des politiques développées, son insubstance justement du côté américaniste-occidentaliste, en raison des diverses causes signalées plus haut et de l’emploi massif de communication sans but politique précis sinon les slogans humanitaristes dont l’éclat médiatique ne dissimule le vide que pour un temps limité. Dans ces conditions, et en raison des conditions exceptionnelles de l’affaire libyenne en 2011, il se pourrait bien que cette affaire, au contraire du “modèle” (“modèle libyen”) qu’on en a fait, s’avérât être une exception qui aurait alimenté et confirmé une règle en forme d'évolution catastrophique pour le bloc BAO dans toute la région, et qui aurait ainsi servi, du fait même de ce bloc BAO, de leurre, d’illusion et finalement de piège pour lui-même.

 

lundi, 12 mars 2012

„Nach einer westlichen Befreiung würden die Kirchen brennen!“

Im Gespräch mit Manuel Ochsenreiter über Syrien II:

„Nach einer westlichen Befreiung würden die Kirchen brennen!“

     


Geschrieben von: BN-Redaktion  

Ex: http://www.blauenarzisse.de/
 

Im ersten Teil unseres Gesprächs betonte ZUERST!-Chefredakteur Manuel Ochsenreiter, die Medien würden uns falsche Eindrücke aus Syrien übermitteln. „Derzeit sitzt das westliche Publikum wohl einer riesigen Desinformationskampagne auf, geboren in einem Londoner Ladengeschäft, verbreitet durch die großen etablierten Medien“, so der Nahost-Experte. Im zweiten Teil geht es nun um die weltpolitische Bedeutung der Konflikte. Ochsenreiter warnt dabei vor einem großen „Tabula rasa“ in der Nahost-Region.

BlaueNarzisse.de: Wie schätzen Sie die Situation der Minderheiten in Syrien ein? Könnte die Unterstützung Assads ihnen bei einem Erfolg der Revolution zum Verhängnis werden?

Manuel Ochsenreiter: Die religiösen Minderheiten führen in Syrien ein vergleichsweise gutes Leben. Sie verstehen sich vor allem zunächst als Syrer, dann erst als Christen, Alawiten oder Sunniten, um nur diese drei Glaubensrichtungen zu nennen. Auf den Demonstrationen für die Regierung halten Freunde von mir Transparente in der Hand mit dem Schriftzug „Unsere Religion ist syrisch!“. Bei ihnen steht die nationale Identität über der religiösen. Andere Demonstranten halten ein Kreuz und einen Koran in die Höhe, als Zeichen der Gemeinsamkeit. Frauen sind verschleiert oder auch nicht. Bei einigen meiner Freunde weiß ich nicht einmal, ob sie Christen oder Muslime sind, weil das nie ein Thema ist. Besonders loyal ist zudem die armenisch-christliche Minderheit im Land, die nach der brutalen Verfolgung durch die Türken zu Beginn des letzten Jahrhunderts unter anderem auch in Syrien aufgenommen wurde.


Natürlich blicken vor allem jene religiösen Minderheiten – aber auch die Sunniten, die die Mehrheit stellen – mit Sorge auf die internationale Entwicklung. Das Beispiel des Irak führte ihnen vor Augen, was nach einer „westlichen Befreiung“ passiert: Kirchen brennen, Priester und Gläubige werden ermordet, viele Christen sehen sich gezwungen, das Land zu verlassen, in dem sie fast zweitausend Jahre lang leben konnten. Und die syrischen Christen werden sich dann fragen: Wohin?

Radikale Sunniten geben ihnen heute bereits die Antwort und skandieren: „Alawiten ins Grab, Christen nach Beirut!“ Doch der Libanon ist bereits ein Land, das nach 15 Jahren Bürgerkrieg (1975 bis 1990) auf einem brüchigen religiösen Proporz- und Quotensystem basiert. Verändern sich dort die Mehrheiten beispielsweise durch eine Flüchtlingswelle von syrischen Christen, könnten wieder bewaffnete Konflikte drohen. Damit kämen die syrischen Christen vom Regen in die Traufe. Letzter Ausweg wäre dann der Westen – auch Deutschland.

Das ist eine bittere Ironie der deutschen Außenpolitik: Durch die Unterstützung für die bewaffneten Kräfte, die gegen die syrische Regierung kämpfen, könnte die deutsche Politik dazu beitragen, daß wir bald einer Flüchtlingswelle gegenüberstehen. Vor allem CDU-Politiker halten sich in ihren Solidaritätsbekundungen für die sogenannte „Opposition“ kaum zurück. Damit attackieren diese vor allem die Lebensgrundlage der syrischen Christen. Die gleichen Politiker werden später behaupten, sie könnten gar nicht nachvollziehen, wie es zu dem Flüchtlingsdrama kommen konnte und von den Deutschen und Europäern natürlich einfordern, möglichst viele Kriegsflüchtlinge aufzunehmen. Die Leidtragenden sind dabei wie immer die entwurzelten Flüchtlinge und die Aufnahmegesellschaft.

Welche Rollen spielen Rußland und China? Welche eigenen Interessen sind im Spiel?

Vor allem Rußland ist so etwas wie eine „Garantiemacht“ für die syrische Souveränität in diesen Tagen. Rußland unterhält einen Marinestützpunkt an der syrischen Mittelmeerküste, und das bereits seit den Jahren des Kalten Krieges. Damaskus ist ein alter, verläßlicher Verbündeter von Moskau. Rußland durchschaut das Spiel: Wenn die sogenannte „Opposition“, die derzeit in Istanbul logiert, dort das Ruder übernimmt, dürfte es aussein mit den engen Beziehungen. Wenn Sie einen Blick auf eine Landkarte werfen, sehen Sie schnell, daß Rußland – aber auch China – seit dem Ende des Kalten Krieges immer mehr mit US-amerikanischen Stützpunkten „eingehegt“ wird.


Aus dem Afghanistankrieg der Sowjets weiß man in Moskau nur zu gut, daß sich der Westen bei seinen „Regime Changes“ gerne lokaler Kämpfer bedient, die mit Waffen und Material ausgerüstet werden – und zwar ganz unabhängig davon, welches Gedankengut diese Partisanen pflegen. Genau das ist bereits jetzt in Syrien der Fall. Der geheime Krieg tobt längst in Syrien. Die sogenannte „Freie Syrische Armee“ – eine Rebellen- und Terroristentruppe – wird bereits jetzt vom Westen massiv unterstützt. Rußland sieht das und ist an einer Stabilisierung der politischen Situation interessiert. Daher legte das Land auch bei der UN-Sicherheitsratssitzung sein Veto gegen die Sanktionspläne ein. In Syrien wiederum ist vor allem in den letzten Monaten ein regelrechter Rußland-Boom ausgebrochen. Als der russische Außenminister Sergej Lawrow vor einigen Wochen Syrien besuchte, wurde er begeistert empfangen. Auf den großen Demonstrationen werden neben syrischen auch russische und chinesische Fahnen geschwenkt. Es ist sehr bedauerlich, daß wir Deutschen den Syrern derzeit keinen Grund geben, auch unsere Fahnen zu schwenken.

Glauben Sie, daß die Gefahr eines Stellvertreterkrieges zwischen den Ost- und Westmächten besteht und der Syrien-Konflikt auch hinsichtlich eines möglichen Iran-Krieges eine geostrategische Rolle spielt?

Ein solcher Stellvertreterkonflikt ist ja bereits im vollen Gang. Und natürlich geht es dabei nicht um „Menschenrechte“ oder „Demokratie“, sondern um Hegemonialbestrebungen und die Interessen vieler umliegender Staaten. Syrien und der Iran sind sozusagen die „letzten Störenfriede“ in der Region, die sich bislang der Einmischung aus dem Westen erfolgreich widersetzten. Seit Jahren schon pumpen westliche NGOs Geld in die sogenannten „Oppositionsbewegungen“ beider Länder, doch bislang zeigte das keine große Wirkung.


Washington geht dafür wieder ein unheiliges Bündnis mit Saudi-Arabien und den anderen Golfmonarchien ein – Staaten übrigens, die meist weder eine Verfassung noch ein Parlament haben. Doch bei denen sieht man das alles nicht so eng. Während in Syrien und im Iran beispielsweise Christen Glaubensfreiheit genießen, ist in Saudi-Arabien bereits die Einfuhr einer Bibel verboten. Doch man hört aus dem Westen kaum Kritik, sieht man mal von ein paar kleineren Vereinen ab, die das problematisieren. Daher sieht man, daß es nicht um die stets im Munde geführten „Freiheitsrechte“ geht, die man angeblich verteidigen und allen Menschen zuteil werden lassen möchte.

Doch es spielen viele Interessen eine Rolle: Syrien gilt als enger Verbündeter des Iran. Das Interesse Saudi-Arabiens ist die Schwächung des Iran, den man als schiitische Republik als muslimischen Konkurrenten um den Führungsanspruch in der islamischen Welt betrachtet. Der Iran bezeichnet wiederum das saudische Staatssystem als „unislamisch“ und sieht sich als Schutzmacht unterdrückter Schiiten, die in Saudi-Arabien nach offiziellen Angaben etwa zehn bis 15 Prozent ausmachen. Ein Fall Syriens würde den Iran schwächen, seinen Einfluß eindämmen. Die syrische Opposition in Istanbul hat bereits angekündigt, sie werde im Falle einer Machtübernahme die Beziehungen nach Teheran zurückfahren. Solche Aussagen gehen in Riad runter wie Öl. Das gehört zum Kalkül auf der arabischen Halbinsel. Die alte Achse Washington-Riad funktioniert daher.

Die Türkei träumt wieder den alten osmanischen Traum und fühlt sich als Ordnungsmacht in der Region. Das NATO-Land unterstützt die Terroristen in Syrien daher mit Ausbildern, Beratern und Waffen – mit den Amerikanern im Rücken. Gleichzeitig bekämpft man weiterhin brutal die Kurden in der Türkei und läßt schon mal Panzer über die irakische Grenze rollen. Der Westen hält die Füße still und protestiert kaum. Man war bei der Wahl der Verbündeten im Kampf für Menschenrechte und Demokratie ja nie besonders zimperlich.

Was ist Ihr Tip: Wie wird sich der Syrien-Konflikt entwickeln? Könnte durch das Referendum von Assad, das in vielerlei Hinsicht auf die Islamisten zugeht, der Konflikt an Schärfe verlieren und sich das Augenmerk wieder auf den Iran richten?

Es erscheint mir etwas zynisch, angesichts der drohenden Folgen eines Umsturzes mit Bürgerkrieg einen „Tip“ abzugeben. Geht es nach der überwiegenden Mehrheit der Syrer, bleibt die Regierung im Amt und führt die Reformen gemäß der neuen Verfassung durch. Daß es den militanten Gegenkräften gar nicht um Reformen, sondern um einen „Regime Change“ geht, sieht man an den Aufforderungen, die Abstimmung zu boykottieren. Die radikalen Sunniten wollen ja keine „Teilhabe“, sie wollen die Macht ganz und gar. Das ist ein großer Unterschied. Die drohende Tragödie im Falle eines Sturzes von Präsident Baschar al-Assad und seiner Regierung durch radikale Kämpfer im Verbund mit westlichen Truppen würde das Land um Jahrzehnte zurückwerfen.

Daß zeitgleich der Iran immer mehr in die Zange genommen wird und daß nun sogar schon konkrete Termine für einen Angriff auf Teheran öffentlich debattiert werden, zeigt, daß es Pläne gibt, in der ganzen Region einmal endlich „Tabula rasa“ zu machen.

Herr Ochsenreiter, vielen Dank für das Gespräch!

Das Gespräch führte BN-Autor Robin Classen. Hat Ihnen dieses Gespräch gefallen? Dann übernehmen Sie eine Autorenpatenschaft für ihn. Mehr darüber hier.

Syrië, de strategische inzet

Syrië, de strategische inzet

door Antoine Uytterhaeghe

Ex: http://www.uitpers.be/

De transportroute over land van het zwarte goud uit het Midden-Oosten gaat over Homs zonder Bachir Assad. De westerse machten die erg energie-afhankelijk zijn, zijn verplicht de olie- en gasdistributie uit het Midden-Oosten te beveiligen. De maritieme aanvoer via de straat van Hormuz en het Suezkanaal is niet langer volledig gegarandeerd en dus wordt uitgekeken naar alternatieven, zoals het aanleggen van pijplijnen over land.

Syrië biedt de mogelijkheid voor een strategische opening naar de Middellandse Zee en de Europese Unie. De stad Homs ligt op een strategische plaats en zou in dit plan een belangrijk knooppunt en overslagplaats kunnen worden. Daarvoor is het nodig om het Assad-regime ten val te brengen, door zoals in Libië een verbond aan te gaan met de moslimbroeders. Een dergelijke alliantie is aldus een prioriteit geworden voor de VS en zijn bondgenoten.

 

 

De spanning met Iran, dat al een hele tijd bedreigd wordt met een aanval van Israël en onder zware druk staat van de VS, maakt dat de bevoorrading via de straat van Hormuz onveilig is geworden. Dagelijks passeert daar 17 miljoen barrel ruwe olie, grotendeels afkomstig uit de Golfstaten, Irak en Iran. Iran heeft gedreigd de Straat van Hormuz af te sluiten indien Israël daadwerkelijk tot de aanval over gaat.

Aan de andere kant van het Arabisch Schiereiland, naar het westen, wordt de maritieme route geteisterd door de Somalische piraterij die zich verder heeft uitgestrekt naar de Rode Zee. Het gaat om een gesloten binnenzee die bij een gewapend conflict gemakkelijk kan worden geblokkeerd. Saoedi-Arabië bouwt een pijplijn met terminus aan de Rode Zee en heeft de kwetsbaarheid ervan zeer goed begrepen. Er is ook Jemen dat zich in een sleutelpositie bevindt aan de zee-engte van Bab-el-Mandab die het Arabische schiereiland scheidt van de Hoorn van Afrika. Een woelig gebied waar de petromonarchieën van de Golf het volksprotest in hun landen met harde hand neerslaan, maar er niet in slagen de opstandige bevolking het zwijgen op te leggen.

Tenslotte is er verder naar het noorden nog Egypte, dat sinds de verkiezingsoverwinning van de moslimbroeders en de salafisten verre van stabiel is. Het Egyptische leger houdt zich vast aan de macht en doet er alles aan om de privilegies uit de Moebarak-periode veilig te stellen. Dat zorgt voor voortdurende interne conflicten. Het olietransport vanuit het Midden-Oosten richting Europa gaat via het Suezkanaal dat gemakkelijk kan geblokkeerd worden als een maxi-tanker tot zinken wordt gebracht. Bij een dergelijk scenario zijn de olietankers verplicht 9600 km om te varen rond Afrika om de olie uit het Midden-Oosten ter bestemming te brengen. Hoe strategisch gevoelig het Suezkanaal is, bleek al in de zomer van 1956, toen de Egyptische president Nasser besloot om het Suezkanaal te nationaliseren, wat meteen tot een militaire reactie leidde van Israël, Frankrijk en Groot-Brittannië.

Met dit alles krijgt het transport over land een speciale betekenis van zowel de westerse machten, Turkije en de Golfstaten. De beveiliging van de energiebevoorrading zal in een dergelijk situatie desnoods met militaire middelen verdedigd worden.

 

 

Het is in die context dat het debat over en de effectieve bewapening, opleiding, logistieke en financiële steun van islamitische, vooral soennitische opposanten en huurlingengroepen moet worden gezien. Het gaat dan ook om een aanval op de as van het Syrië van Bachir Assad, met Iran, Hezbollah in Libanon en Hamas in Palestina, die samen te duchten tegenstanders zijn van de Israëlische en westerse hegemonie in de regio.

Het is niet de eerste keer dat de oliedistributie een belangrijke overweging vormde om militair optreden en oorlog te voeren, zoals we al konden zien in Afghanistan, Irak en Libië. Door de vele bedreigingen van de maritieme olie- en gastrafiek is het Westen verplicht om meer aandacht te besteden aan de aanleg van pijplijnen over land. Deze zijn zekerder en gemakkelijker te verdedigen. Maar er zijn ook lessen getrokken uit Afghanistan en Irak, waar een militaire invasie en bezetting een riskante onderneming is gebleken en op weinig populariteit kan rekenen van de publieke opinie. Dit verplicht hen om in de betrokken landen steun te verlenen aan krachten die in staat zijn de macht te veroveren en de belangen van het Westen te verdedigen.

Syrië vormt een strategisch bruggenhoofd tussen de olie- en gasproducerende landen in het oosten enerzijds en de maritieme route door de Middellandse Zee naar Europa anderzijds.

De voortdurende zoektocht naar nieuwe bevoorradingslijnen is niet nieuw. Al in 2003 kort na de Amerikaanse invasie van Irak werd in samenwerking met het Pentagon een studie gemaakt om de pijplijn Mossoul–Haifa terug te activeren. Die werd door de Britten in 1935 in gebruik genomen, maar in 1948 bij de uitroeping van de staat Israël gesloten. De beoogde oliepijplijn vanuit Irak, via Homs en Tartous – met mogelijke verbindingen met de Golfstaten - richting Europa met een vertakking naar Turkije biedt ook de mogelijkheid om Rusland als belangrijke energieleverancier voor Europa af te bouwen.

Er zijn in Syrië reeds pijpleidingen voor het transport van de eigen weliswaar bescheiden olieproductie, maar die hebben lang niet de capaciteit van de huidige grote maritieme aanvoerroutes langs de Straat van Hormuz en het Suezkanaal. Daarnaast is er het project van de Arab Gas Pipeline dat Egyptisch gas exporteert naar Jordanië, Syrië en Libanon met een aparte aftakking naar Israël.

Dit verklaart wellicht de houding van de Turkse premier Erdogan tegenover Syrië en de verschillende pogingen om Assad ten val te brengen. Als de Syrische moslimbroeders, die nauwe banden hebben met Erdogan, erin zouden slagen de macht in Damascus te grijpen, dan zou dit een goede troefkaart zijn voor Ankara dat een rol ambieert als belangrijk centraal knooppunt voor de Europese energiebevoorrading. Het zou ook de positie van Ankara versterken in de discussie rond het lidmaatschap van Turkije als EU-lidstaat.

Het definitieve tracé voor deze megapijplijn is nog niet vastgelegd. Wat we wel zeker kunnen stellen is dat het traject niet via Damascus zal verlopen. De olie- en gasterminal moeten zich aan de kust van de Middellandse Zee bevinden. De meer noordelijke stad Homs ligt dicht bij de haven van Tartous dat een belangrijk platform kan worden voor het olietransport uit het Midden-Oosten. De haven van Tartous werd door Rusland uitgebouwd en toegankelijk gemaakt voor het aanmeren van marineschepen en olietankers. Zo heeft Tartous het potentieel om een belangrijke oliehaven te worden, met een aftakking richting Turkije.

Dat plaatst de gewelddadige strijd van de islamitische groepen en huurlingen om de controle over de stad Homs in handen te krijgen en te houden in een ander perspectief. De controle over Tartous is daarbij een tweede objectief. Dat kan gebeuren wanneer de situatie in Syrië verslechtert en Rusland zou beslissen om haar in de haven werkende onderdanen per schip te evacueren.

De door de moslimbroeders gecontroleerde gewapende milities bereiden zich voor op de macht en hopen dan de olieroyalty’s voor het transit van het zwarte goud op te strijken.

De regering Obama heeft onlangs medegedeeld dat het 800 miljoen dollar heeft vrijgemaakt om de 'Arabische lente' te steunen. Maar nu blijkt dat de macht van de moslimbroeders of islamistische-extremistische groepen is toegenomen, met de contrarevolutionaire steun van Saoedi-Arabië en Qatar onder het goedkeurende oog van Washington, Londen en Parijs. Syrië kan zonder Assad een deel van de taart krijgen, dat weten de islamistische en andere huurlingen ook.

De monarchen van Qatar en Saoedi-Arabië hebben al laten verstaan dat zij een alternatieve route voor hun olie en gas willen ontwikkelen om niet langer afhankelijk te moeten zijn van de maritieme route via Hormuz en het Suezkanaal. Hun voorkeur gaat naar transport over land. Beide landen zijn binnen de Arabische Liga de hevigste tegenstanders van het regime van Assad.

Anderzijds zijn deze petromonarchieën er niet in geslaagd om hun stroman Hariri in Libanon aan de macht te houden, of de Libanese weerstand van Hezbollah tijdens de Israëlische oorlog in 2006 - die ze toejuichten – te breken, ook al werd daarvoor het land verwoest en verloren veel burgers het leven verloren.. Hierdoor kan Libanon geen deel uitmaken van de geplande megapijplijn.

Egypte is als gasexporteur de aanleg van een aftakking van de Arab Gas Pipeline vanuit Homs richting Turkije niet onwelwillend. e hardnekkigheid van de huidige machthebbers in Cairo tegen het Syrië van Assad is een gevolg van de groeiende macht van de moslimbroeders, gesteund door de VS. Egypte verdedigt ook zijn regionale positie en economische belangen, meer speciaal deze van de Arabische elite.

Jordanië heeft geen petroleum en ook geen financiële middelen om de aanleg van een pijplijn te financieren voor de bevoorrading van de eigen energiebehoeften. Het land heeft zich aan de zijde geschaard van de Golfstaten tegen het regime van Assad, in de hoop daarvoor te kunnen genieten van de megapijplijn.

Om dit project met succes te kunnen uitvoeren is het een prioriteit geworden om Rusland en de Russische vloot uit Tartous te verdrijven. Het bondgenootschap van Damascus met Rusland is bovendien al decennia een doorn in het oog van het Westen. De Russische invloed op het vlak van energiebevoorrading van de EU moet verminderen. Dat kan alleen maar als er andere bevoorradingslijnen tot stand kunnen komen. Voor Turkije is het uitschakelen van de afhankelijkheid van Rusland ook van groot belang. Daarom streeft het naar een vlugge val van Assad, ten einde zijn streven naar geostrategische politieke en economische dominantie in de regio kracht bij te zetten.

Wanneer deze landen er niet in slagen om Assad ten val te brengen, dan is er nog de ultieme optie om Syrië op te delen (te balkaniseren) om zo toch nog het project van een grote pijplijn naar de Middellandse Zee uit te voeren. Assad zou dan in Damascus aan de macht blijven maar geen toegang meer hebben tot de Middellandse Zee en bijgevolg geen economisch perspectief hebben.

(Uitpers nr. 140, 13de jg., maart 2012)

dimanche, 11 mars 2012

L’art de la guerre : Iran, la bataille des gazoducs

La redistribution des cartes énergétiques en direction de l'Asie est en jeu dans la guerre de l'information entre l'Iran et l'Occident, mais elle est bien cachée par ce dernier.

L’art de la guerre : Iran, la bataille des gazoducs
par Manlio Dinucci

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

 

Sur la scène de Washington, sous les projecteurs des media mondiaux, Barack Obama a déclamé : « En tant que président et commandant en chef, je préfère la paix à la guerre ». Mais, a-t-il ajouté, « la sécurité d’Israël est sacro-sainte » et, pour empêcher que l’Iran ne se dote d’une arme nucléaire, « je n’hésiterai pas à employer la force, y compris tous les éléments de la puissance américaine » (étasunienne, NdT). Armes nucléaires comprises donc. Paroles dignes d’un Prix Nobel de la paix. Ça, c’est le scénario. Pour savoir ce qu’il en est vraiment, il convient d’aller dans les coulisses. A la tête de la croisade anti-iranienne on trouve Israël, l’unique pays de la région qui possède des armes nucléaires et, à la différence de l’Iran, refuse le Traité de non-prolifération. Et on trouve les Etats-Unis, la plus grande puissance militaire, dont les intérêts politiques, économiques et stratégiques ne permettent pas que puisse s’affirmer au Moyen-Orient un Etat qui échappe à son influence. Ce n’est pas un hasard si les sanctions promulguées par le président Obama en novembre dernier interdisent la fourniture de produits et de technologies qui « accroissent la capacité de l’Iran à développer ses propres ressources pétrolifères ». A l’embargo ont adhéré l’Union européenne, acquéreur de 20% du pétrole iranien (dont 10% environ importé par l’Italie), et le Japon, acquéreur d’un pourcentage analogue, qui a encore plus besoin de pétrole après le désastre nucléaire de Fukushima. Un succès pour la secrétaire d’état Hillary Clinton, qui a convaincu les alliés de bloquer les importations énergétiques venant d’Iran contre leurs propres intérêts mêmes.

L’embargo cependant ne fonctionne pas. Défiant l’interdiction de Washington,Islamabad a confirmé le 1er mars qu’il terminera la construction du gazoduc Iran-Pakistan. Long de plus de 2mille Kms, il a déjà été réalisé presque entièrement dans son tronçon iranien et sera terminé dans celui pakistanais d’ici 2014. Il pourrait ensuite être étendu de 600 Kms jusqu’en Inde. La Russie a exprimé son intérêt à participer au projet, dont le coût est de 1,2 milliards de dollars.

Parallèlement, la Chine, qui importe 20% du pétrole iranien, a signé en février un accord avec Téhéran, qui prévoit d’augmenter ses fournitures à un demi million de barils par jour en 2012. Et le Pakistan aussi accroîtra ses importations de pétrole iranien. Furieuse, Hillary Clinton a intensifié la pression sur Islamabad, utilisant la carotte et le bâton : d’un côté menace de sanctions, de l’autre offre d’un milliard de dollars pour les exigences énergétiques du Pakistan. En échange, celui-ci devrait renoncer au gazoduc avec l’Iran et miser uniquement sur le gazoduc Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, soutenu par Washington. Son coût est estimé à 8 milliards de dollars, plus du double que prévu initialement.

A Washington, c’est cependant la motivation stratégique qui prévaut. Les gisements turkmènes de gaz naturel sont en grande partie contrôlés par le groupe israélien Merhav, dirigé par Yosef Maiman, agent du Mossad, un des hommes les plus influents d’Israël. Mais la réalisation du gazoduc, qui en Afghanistan passera par les provinces de Herat (où sont les troupes italiennes) et de Kandahar, est en retard. En l’état actuel, c’est celui Iran-Pakistan qui a l’avantage. A moins que les cartes ne soient redistribuées par une guerre contre l’Iran. Même si le président Obama « préfère la paix ».

Edition de mardi 6 mars 2012 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2...

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Das türkische Trauma

469x264.jpg

Das türkische Trauma

Der türkische Traum von der Hegemonie im Nahen Osten bleibt unerfüllt

Ex: http://www.andreas-moelzer.at

Es war der schwedische Außenminister Carl Bildt, der dieser Tage erklärte, Österreich möge doch das Trauma der Türkenbelagerung von 1683 endlich vergessen. Man müsse die Türkei möglichst schnell in die Europäische Union holen, damit diese in Zukunft auf der weltpolitischen Bühne eine Rolle spielen könne. Nur mit der Türkei sei dies möglich.

Nun mag es wirklich stimmen, daß die Österreicher mehr als andere Europäer im historischen Unterbewußtsein so etwas wie eine traumatische Furcht vor den Ambitionen der Osmanen haben. Zwar sind die Türkenkriege nahezu 400 Jahre vergangen, und in der Zwischenzeit war das Osmanische Reich sogar „Waffenbruder“ der Habsburger Monarchie im Ersten Weltkrieg, aber die Österreicher wissen, daß die Türkei, insbesondere als eine Art islamische Vormacht, geradezu das Gegenbild zu Europa, zum alten Abendland darstellt. 

Bei einem Besuch in der türkischen Hauptstadt Ankara konnte der Autor dieser Zeilen vor wenigen Monaten Gespräche mit führenden türkischen Parlamentariern und mit dem Staatspräsidenten Abdullah Gül führen. Dabei wurde den europäischen Gesprächspartnern durchaus der Eindruck von aufgeklärter Vernunft vermittelt, auch von politischer Berechenbarkeit, darüber hinaus aber von einem gewaltigen Selbstbewußtsein und einer gewissen Verachtung für die Europäer. Wirtschaftlich und politisch fühlen sich die türkischen Eliten offenbar derart im Aufschwung begriffen, daß man die europäischen Bedenkenträger eher belächelt als ernstnimmt.

Das betrifft die Behandlung des kurdischen Volkes, das betrifft die Haltung Ankaras gegenüber Zypern und das betrifft natürlich auch die türkische Geschichtspolitik in Hinblick auf den Armenier-Genozid. Es sind diese drei Bereiche, an denen man die mangelnde Europareife der Türkei am klarsten erkennen kann. Recep Tayyip Erdogan, ganz in der Attitüde eines neuen Sultans, macht aus seinem Herzen auch keine Mördergrube. Bei seinen großen Rede-Auftritten, etwa vor einigen Jahren in Köln oder in Kuwait, sagt er klar und deutlich, daß die neue Türkei sich zwar als einzige wirkliche Demokratie europäischer Prägung im islamischen Bereich fühlt, daß sie aber gleichzeitig so etwas wie eine neo-osmanische Politik der neuen Machtentfaltung und beinharter Interessenswahrung betreiben will. Die sich zunehmend islamisierende Türkei hat zunehmenden Einfluß in die Turk-Staaten bis hinein nach Zentralasien. Sie gilt zunehmend als Modell für die islamisch-arabischen Staaten des Nahen Ostens und Nordafrika. Und sie strebt weiterhin nach Europa, wobei sie insbesondere in den islamischen Bereichen des Balkans ihren Einfluß auszudehnen versucht.

Europäische Werte, etwa die Respektierung des EU-Staats Zypern, eine Entschuldigung für den Armenier-Genozid oder die Respektierung von Minderheitenrechten des großen kurdischen Volkes, liegen den Türken im Zuge dieses neo-osmanischen Aufbruchs fern. Man setzt auf neue politische Stärke, auf andauernden Wirtschaftsaufschwung, auf die eigene militärische Kraft und auf nationales Selbstbewußtsein. Europa will man offenbar nur benützen.

samedi, 10 mars 2012

Notes sur le BRICS, l’OCS et Poutine

L'Occident avait rêvé détruire la Russie par déstabilisation intérieure. Le résultat des élections, ayant tournure de plébiscite pour Poutine, a eu la conséquence inverse. Loin d'être isolé, Poutine devient le Commandeur de la fronde anti-Occident.

Notes sur le BRICS, l’OCS et Poutine

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

La nébuleuse de crise du Moyen-Orient (Syrie, Iran, notamment) bouleverse toutes les données générales des relations internationales et, en tant que ce que nous avons désigné comme archétype de la “crise haute”, ne cesse d’effectuer une poussée vers un élargissement constant. Nous abordons d’abord le problème de l’Inde au travers d’un plus vaste ensemble, qui est le fameux BRICS (rassemblement informel du Brésil, de la Chine, de la Russie, de l’Inde et de l’Afrique du Sud), – dont un sommet est justement prévu les 28 et 29 mars à Delhi. Puis nous élargissons notre propos à l'OCS (Organisation de Coopération de Shanghai), avec la proximité entre la Chine et la Russie... Tout cela doit être vu à la lumière de l’élection de Poutine, qui constitue un évènement nouveau et important.

C’est l’excellent commentateur, l’ancien diplomate indien M K Bhadrakumar, sur son blog baptisé Indian Punchline, qui lance l’idée d’une offensive du BRICS qui pourrait s’élaborer à cette occasion.

La colère de M K Bhadrakumar

Mais voyons la chronologie… D’abord, M K Bhadrakumar avait exprimé, le 2 mars 2012, une saine et juste colère à l’encontre de son pays, qu’il accusait de céder, pris de panique, aux pressions US dans divers domaines. Deux choses avaient fait bouillir M K Bhadrakumar, d’habitude attentif à conserver un ton diplomatiquement contenu… Deux dépositions au Congrès US, celui de Clinton et celui de l’amiral Robert Willard, commandant en chef US pour la zone Pacifique.

«What stunned me is that in the same breath Clinton also commended the Manmohan Singh government for “making steps that are heading in the right direction.” Clinton told the US Congressmen not to take seriously the public utterances of Indian officials regarding friendly relations with Iran or Delhi’s grit to keep up the oil imports from Tehran. She revealed, in essence, that Uncle Sam did some tough talking and Manmohan Singh government panicked.

»Clinton’s statement means only this: Manmohan Singh government has taken ordinary Indians — you and me — for a ride by secretly complying with the US sanctions against Iran while professing publicly that India will only heed the UN sanctions. I have no reason to doubt Clinton, because the US Administration takes the Congressional hearings bloody seriously.

»Therefore, equally, I am inclined to believe the latest revelation by the Pentagon about the government’s security policies. The Pentagon has revealed that the US Special Forces are stationed on Indian soil with regard to improving India’s “counter-terrorism capabilities and in particular on the maritime domain” and assisting India’s security agencies in terms of “internal counter-terror and counter-insurgency challenges.” Again, the statement was made during a US Congressional hearing and there is no reason to doubt its veracity. A Congress-led government on Raisina Hill accepted US military personnel’s presence on Indian soil to safeguard the country’s security!»

L’Inde sermonne la Ligue Arabe

Deux jours plus tard, le 4 mars 2012, le même M K Bhadrakumar exprimait, selon un sentiment tout à fait inverse, toute sa satisfaction devant la prise de position de l’Inde lors d’un entretien du ministre des affaires étrangères indien avec le président de la Ligue Arabe. Les deux interlocuteurs discutèrent longuement du sujet de la Syrie et conclurent qu’ils se trouvaient devant une divergence majeure. La position de la Ligue Arabe, qui est celle imposée par l’Arabie et les Emirats du Golfe, est connue ; celle de l’Inde est, au contraire, du refus de toute ingérence, et de laisser les affaires syriennes aux seuls Syriens.

TheHindu.com expliquait, le 4 mars 2012 : «India and the Arab League on Saturday held extensive discussions on Syria, but have been unable to chart out a common route that would end the crisis in the strife-torn nation. After a lengthy dialogue between visiting External Affairs Minister S.M. Krishna and Arab League head, Nabil ElAraby, the two sides failed to find convergence on one core issue — the fate of Syrian President Bashar Al Assad.

»The Arab League, citing the Syrian Constitution itself as the basis, says it has called upon Mr. Assad to step down and hand over power to his Vice President and a national unity government. In contrast, India's view is non-prescriptive: It is up to the Syrians themselves to internally decide how they need to resolve their crisis. Foreign intervention of any kind was both unhelpful and unnecessary.»

Les incertitudes assurées d’Hillary

Cette nouvelle sur la position indienne vis-à-vis de la Syrie, c’est-à-dire vis-à-vis de la position du bloc BAO, est confirmée par ailleurs par les nouvelles venues régulièrement des relations entre l’Inde et l’Iran. (Il s’agit pour nous de la même “crise haute”, qui évolue autour, pour ou contre, de la politique du bloc BAO, c’est-à-dire la “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”.)

Il s’agit, par exemple, du développement des relations commerciales entre l’Inde et l’Iran, qui implique évidemment une prise de position contraire aux pressions du bloc BAO. (Voir le 6 mars 2012, sur PressTV.com : «Tehran Chamber of Commerce, Industries and Mines will host the Indian delegation, comprising 70 businessmen and exporters from the South Asian country. The businessmen, headed by Joint Secretary of India’s Ministry of Commerce and Industry Arvind Mehta, are due to meet with their Iranian counterparts on Saturday March 10, 2012. Discussing trade opportunities in various fields including oil, gas, chemicals, minerals, electronics, agriculture, sugar production, textile machinery, tire-making, car-manufacturing and medicine will be on the agenda of the meeting. India seeks to upgrade its trade balance with Iran that is currently tilted in Tehran's favor.»)

Cet exemple est donné comme tel, simplement comme un pas de plus dans un enchaînement d’accords commerciaux entre l’Inde et l’Iran qui prend son rythme structurel. Cela se place évidemment en complète contradiction avec le contenu de la déclaration d’Hillary Clinton au Congrès…

Hillary ment-elle au Congrès ? Sans doute pas. Elle ne fait qu’émettre les avis impératifs de ses services après sa rencontre avec la direction indienne. L’interprétation est qu’elle-même a émis des conseils et des vœux appuyés qui, dans son esprit, étaient des ordres (à cette direction indienne). Les dirigeants indiens n’ont pas dit non car ils ne se distinguent pas par un courage exceptionnel, mais répondirent vaguement. Cela fut pris pour un engagement ferme d’“obéir aux ordres”, et ainsi régurgité au Congrès sous une forme de bouillie bureaucratique satisfaite d’elle-même. (De même, Washington et Hillary vécurent-ils en général, et peut-être continuent à vivre, avec la certitude d’avoir permis aux Indiens enthousiastes d’acheter le JSF, jusqu'à faire de l'Inde un client assuré et soumis.)

Des troupes US en Inde

L’affaire des “troupes US” stationnée en Inde, que soulève également M K Bhadrakumar, est encore plus révélatrice de la difficulté d’apprécier précisément la réalité de la situation et de la nécessité de se garder de l’extraordinaire montage virtualiste accentué d’un aussi peu ordinaire imbroglio bureaucratique que constitue, constamment et irrésistiblement, sans même la conscience de ceux qui effectuent le montage, la “politique” étrangère et de sécurité nationale des USA (du bloc BAO)… La déposition au Congrès de l’amiral Willard à laquelle M K Bhadrakumar fait allusion a aussitôt été contredite par plusieurs sources : l’ambassade US en Inde, les ministères indiens de la défense et des affaires étrangères.

Antiwar.com exprimait brièvement l’affaire et ses contradictions, le 2 mars 2012 : US Pacific Command head Admiral Robert Willard announced today that US special forces have been deployed to India, along with Nepal, Bangladesh, Sri Lanka and Maldives, as an effort to fight the Lashkar-e Taiba (LeT), a militant faction mostly active in Kashmir.

»Though Willard was very clear about there being teams deployed to India, the US Embassy and the Indian Defense Ministry later denied the claims, saying that there are no US troops of any type inside India. The revelation is already causing political waves in India, with the opposition Communist Party demanding to know why parliament wasn’t consulted. The External Affairs Ministry’s statement that the US never sought nor had India approved any deployment seems difficult to believe.»

Qui croire ? Malgré le scepticisme de Antiwar.com, nous répondrons : tout le monde… L’explication la plus évidente est que ce déploiement est d’abord une manœuvre conjointe, incluant 200 soldats US sous le commandement d’un colonel, et qui n’avait pas été signalée aux autorités civiles des deux pays (département d’État aux USA, les deux ministères indien) dans son détail. C’est une habitude propre au Pentagone, entraînant aisément des “partenaires” étrangers dans la même discrétion, de mener des opérations, surtout d’entraînement, sans en dévoiler les caractéristiques auprès des pouvoirs ou ministères civils concernés.

Le résultat est douteux et se constate dans le désordre le plus complet. Après tout, la présence de militaires US, plus innocente sur l’instant qu’elle n’y paraît, a soulevé des remous sérieux en Inde, et compromis si on en avait l’idée toute perspective d’installation structurelle de militaires US en Inde. Au contraire, elle pousse un peu plus l’Inde hésitante à s’engager plutôt sur une voie plutôt “anti-BAO”, ne serait-ce que pour ne pas se trouver captive d’un entraînement servile et captif, pro-BAO.

De l’Inde au Brésil

L’ensemble de constats et de nouvelles permet de cerner une image de l’Inde dans ces diverses composants de la crise centrale (crise haute) qui est à la fois incertaine et orientée de facto vers un engagement de moins en moins sympathique aux vœux des USA et du bloc BAO qui suit. (On a déjà vu d’autres signes de cette évolution de l’Inde, notamment par rapport à l’Iran.) Cette tendance générale affecte également le Brésil, puissance émergente au statut assez semblable à celui de l’Inde, notamment par le biais du groupe BRICS.

• On peut noter l’intervention sévère pour les pratiques américanistes-occidentalistes, le 2 mars 2012 (PressTV.com), de la présidente Dilma Rousseff, au cours d’un séminaire au Brésil… «Instead of using fiscal policies to invest in their own economies in order to avert the crisis, the rich nations have spilled USD 4.7 trillion in the world to make problems worse, thus putting emerging markets in jeopardy” […] Brazilian President Dilma Rousseff has slammed the rich countries fiscal policies, accusing them of unleashing a ‘monetary tsunami’ that is cannibalizing the emerging economies.»

• On peut noter également l’intervention du ministre des affaires étrangères Antonio Patriota auprès du secrétaire général de l’ONU (NewsBeaconIreland.com, le 3 mars 2012) : «Last week, Brazil’s Foreign Affairs Minister, Antonio Patriota, reminded Ban Ki-moon regarding his role as UN Secretary General. It referred to the issue of criminal actions in derogation of international law. “One sometimes hears the expression, ‘all options are on the table.’ But some actions are contrary to international law” Patriota told UN Secretar General Ban Ki-moon.»

BRICS à Delhi, avec Annan ?

On conclut de tout cela que des membres en général moins engagés dans l’affrontement avec le bloc BAO sont conduits à prendre des positions qui se radicalisent par la seule force de la dynamique en cours. Il n’en faut pas plus, dans tous les cas pour l’Inde qui est son pays, pour lire, le 4 mars 2012, du même M K Bhadrakumar, une plaidoirie pour un BRICS beaucoup plus engagé dans le sens qu’on devine… Justement, l’occasion ne ferait-elle pas le larron ? En d’autres termes, pourquoi le BRICS, qui se réunit à Delhi, les 28-29 mars, sous présidence indienne, n’inviterait-il pas, à propos de la Syrie, Kofi Annan, dont M K Bhadrakumar, qui connaît la qualité de l’homme et sa carrière intelligente pour freiner les folies américaniste, sait parfaitement qu’il saura défendre une position conforme aux intérêts et à la dynamique du BRICS ?

«In sum, a BRICS voice needs to raised and India is going to chair the forum through the coming one-year period. India is too big a country to take a limited, opportunistic perspective of the situation as a mere new game on the West Asian chessboard. It is a fallacy to imagine that being ‘non-aligned’ via-a-vis West Asian situation means simply not taking sides between Saudi Arabia and Iran.

»Being ‘non-aligned’ actually means to be able to occupy the heights from where it becomes possible for India introduce into the West Asian situation the impetus toward creating an authentic Arab narrative that is free of manipulation by Nicolas Sarkozy or David Cameron. That is what Nehru would have done.

»Alas, South Block didn’t consider it necessary to issue even a one-line statement commending the arrival of Kofi Annan on the scene. Annan is a great friend of India. We respect him profoundly as a man of peace. We trust his integrity and his wisdom. We rely on his vast experience in conflict management. Why don’t we invite Annan to New Delhi to meet the BRICS leaders as they gather for the annual summit on March 28-29? The BRICS, after all, stands for the primacy of the United Nations in resolving international disputes and regional conflicts.

»South Block needs to think big — real big. Don’t let this period be written off as a chronicle of wasted time, of small men grappling with a big world.»

…En attendant l’OCS

Du groupe BRICS à l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai), il n’y a qu’un pas. Nous passons de Delhi à Pékin, les deux vieux ennemis qui sont bien obligés par les obligations du caractère eschatologique de la “crise haute” de se regrouper dans des ensemble à dimensions mondiales, – celles du groupe émergent, BRICS-OCS.

Un texte de China Daily, ce 6 mars 2012, détaille d’une façon générale les ambitions de la Chine pour le sommet de l’OCS, le 15 juin dans la capitale chinoise. Le texte s’articule notamment sur la mention de l’important évènement qu’est l’élection de Poutine à la présidence de la Russie, dimanche dernier. Il importe d’observer un rapport de complémentarité, sinon d’auto accélération, dans la convergence affichée des deux évènements : cette proximité symbolique dans un texte chinois indique sans aucun doute ce que les Chinois attendent à la fois de l’élection de Vladimir Poutine et du sommet de l’OCS.

«Following incumbent Russian Prime Minister Vladimir Putin's victory in the country's presidential election on Sunday, Chinese President Hu Jintao has sent a congratulatory message to Putin, Foreign Ministry spokesman Liu Weimin said Monday. […]

»“We are confident that with the joint efforts of the two countries, the China-Russia comprehensive strategic partnership of coordination will achieve even greater results,” the foreign minister said.

»China will play host to this year's summit of the Shanghai Cooperation Organization (SCO), which marked its 10th anniversary of establishment in 2011. One of the main agendas of this year's summit, Yang said, is to plan the practical cooperation of the SCO, particularly the establishment of institutional safeguards for the financing of multilateral cooperation.

»The summit will also discuss regional and international situations, with a focus on improving SCO measures in coping with situations that pose a threat to regional peace, stability and security, Yang said. Founded on June 15, 2001, the SCO groups China, Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan and Uzbekistan. Observer countries include Mongolia, Pakistan, Iran and India while Belarus and Sri Lanka are dialogue partners.»

Dynamique de formation d’un “bloc anti-BAO”

Ainsi une diagonale est-elle tracée, de l’Inde au Brésil et au BRICS, à l’élection de Poutine, aux relations sino-russe, et au sommet de l’OCS. Cette diagonale encore tourmentée et manquant de solidité, est néanmoins l’indication la plus ferme et la plus évidente de la formation en cours d’un “bloc anti-BAO”, à organiser en fonction de toutes les tensions et crises en développement. La surprise incontestable de cette opportunité, c’est le rôle soudain qu’y tient la Russie, non en tant que telle, mais bien à la lumière de l’élection de Poutine.

…Car cette élection, en trois jours, grâce à l’activisme absolument forcené et affolant du bloc BAO pour la discréditer, et aboutissant à un fiasco de ce point de vue, a enfanté l’effet exactement inverse ; alors qu’elle n’était au départ qu’une formalité assez banale et avec effectivement un certain volume d’apprêt et de mise en scène qui en amoindrissait l’effet, l’élection de Poutine brusquement dramatisée par le bloc BAO, et d’une dramatisation aboutissant à un fiasco du point de vue du bloc, s’impose en sens inverse, comme un triomphe de Poutine et de sa conception de la Russie. C’est ce que nous interprétions (le 6 mars 2012) comme une légitimation de Poutine dans une position de dirigeant nécessairement ambitieux et affirmé de la Russie dans un rôle global renouvelé, réaffirmé... «D’une certaine façon extrêmement paradoxale et en agissant par simple effet de réaction antagoniste, l’évènement a accentué la légitimité de Poutine, et la légitimité de la nouvelle politique qu’il sera conduit à appliquer.»

Légitimation d’un rôle extérieur de Poutine

La mise en cause d’un caractère obsessionnel par le bloc BAO de cette élection et des fraudes qui l’auraient marquée, concernant la démocratie, le fonctionnement de l’élection, etc., constitue indirectement un témoignage puissant sur les angoisses propres des dirigeants politiques dépendant du Système, et concernant leur propre légitimité ; en quelque sorte, leur illégitimité tentant de se projeter sur l’élection de Poutine pour les exonérer de leur propre handicap s’étant heurtée au succès de l’élection, a légitimé paradoxalement et par effet inverse Poutine, et accentué leur propre illégitimité. Là-dessus, passant nécessairement d’un plan intérieur au plan extérieur parce que les évènements y pressent, cette paradoxale légitimation de Poutine se projette sur son rôle extérieur.

En effet, c’est ce rôle extérieur que nous considérons, hors des éventuels problèmes intérieurs russes qui obsèdent le système de la communication du bloc BAO. L’élection propulse Poutine, de cette façon symbolique qui est au moins aussi importante que le domaine politique, comme meneur naturel d’un regroupement anti-BAO, qui passe évidemment par l’alliance chinoise dans le cadre de l’OCS, puis par l’extension vers les grands pays du BRICS, c’est-à-dire l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.

Champ de bataille en formation subreptice

Au contraire de l’organisation structurelle du bloc BAO, qui passe nécessairement par les postures de servilité imposée par le Système, le rôle de Poutine devrait être effectivement celui d’un meneur coordinateur, éventuellement d’un inspirateur, valant essentiellement par l’exemple de l’entraînement bien plus que par une autorité qui n'est pas dans les habitudes de ces regroupements. C’est pour cette raison que l’organisation de cette sorte de “bloc anti-BAO” doit se faire plutôt subrepticement, par des dynamiques naturelles dont on a vu l’exemple plus haut pour l’Inde et pour le Brésil, cela largement favorisé par les extraordinaires maladresses, les contretemps systématiques des actions et des réactions du bloc BAO. Ainsi devrait-on voir surgir ce rassemblement sans avertissement, plutôt de façon impromptue et inattendue, à la suite de mouvements souterrains qui se seraient déroulés sans signes annonciateurs.

Cela devrait réserver des surprises, à mesure que la crise haute s’étend et se développe. D’autre part, il s’agit du signe de la confirmation que nous nous trouvons en présence de forces puissantes et autonomes, celles qui animent la dynamique de la crise haute, qui agissent par pressions indirectes et contribuent à rendre extrêmement difficiles des actions de retardement, de freinage ou de blocage. Le champ de la bataille et les acteurs qui s’y trouveront se mettent en place d’eux-mêmes, sans que nous ne voyons rien venir.

De foyer d’incendie en foyer d’incendie

On observera combien la stratégie générale de ces grands mouvements métahistoriques qui organisent la bataille générale passe avec régularité d’un “front à l’autre”, rendant encore plus difficile de bloquer ou de contrôler leur action. Ainsi depuis un an et demi sommes-nous passés du “front du printemps arabe“ au “front intérieur” des USA (Occupy, prémisses de la campagne présidentielle), au “front européen” parallèlement, à nouveau au front “extérieur” issu du “printemps arabe” (Syrie, Iran), qui pourrait s’étendre désormais à un front “anti-BAO” après avoir concerné le front intérieur russe, et ainsi de suite.

A chaque fois, un foyer de désordre nouveau (contre le Système) s’allume et continue ensuite à brûler, sans pouvoir être éteint ni même vraiment réduit. C’est bien d’une stratégie globale antiSystème qu’il s’agit. Inutile de chercher à identifier les auteurs-comploteurs. Ils sont hors de notre portée.

La chute du gouvernement syrien favoriserait une attaque contre l’Iran

La chute du gouvernement syrien favoriserait une attaque contre l’Iran.

Des troupes britanniques et qataries préparent une incursion militaire par la Turquie

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

 

Selon Aviation Week, « les nouvelles installations syriennes perfectionnées servant à la collecte de renseignements et à la surveillance à distance » représentent un obstacle à une attaque israélienne contre l’Iran.

Soulignant la coopération entre la Syrie et l’Iran, l’article explique :

La chute du gouvernement du président Bachar Al-Assad pourrait créer un chaos qui protégerait une attaque des États-Unis ou d’Israël contre l’Iran. Autrement, la Syrie pourrait fournir à l’Iran une alerte rapide. (David Fulghum, Syria Key To Iranian Defenses Against West, 6 mars 2012.)

Cette information appuie l’argument avancé par plusieurs médias indépendants voulant que « la route vers Téhéran passe par Damas ». Selon de nombreux reportages, l’insurrection armée en Syrie, appuyée par l’étranger, est une opération clandestine visant à renverser le gouvernement syrien, le seul allié de l’Iran dans la région. Les médias dominants occidentaux continuent de présenter l’insurrection comme un mouvement de contestation pacifique, même si la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton a admis qu’Al-Qaïda en faisait partie.

L’article d’Aviation Week mentionne que la chute de Bachar Al-Assad affaiblirait l’Iran et faciliterait une attaque des États-Unis et d’Israël.

On ajoute qu’une attaque contre l’Iran par Israël se ferait « par l’espace aérien de la Syrie, de la Turquie, de la Jordanie ou de l’Arabie Saoudite ».

Toutefois, les systèmes de renseignement perfectionnés de la Syrie permettent dorénavant la surveillance électronique « d’Israël, de la Jordanie et du nord de l’Arabie Saoudite », ainsi qu’une station radar installée sur le Mont Sannine, « dominant le plateau du Golan, occupé par Israël, ainsi que la plaine de Bekaa, contrôlée par le Hezbollah et la Syrie ».

Les améliorations apportées par les Russes aux systèmes syriens serviront par ailleurs à « suivre les trajectoires navales et aériennes des États-Unis et d’Israël dans l’est de la Méditerranée, y compris en Grèce et à Chypre (où les États-Unis possèdent leur propres installations vouées au renseignement) ».

D’autres reportages affirment que des troupes britanniques et qataries établies à Homs « sont en train d’ouvrir la voie à une incursion militaire clandestine [de la Syrie] par la Turquie ». (British and Qatari troops already waging secret war in Syria?- 13 undercover French army officers seized in Syria, Lanka Newspapers, 6 mars 2012.)


Julie Lévesque

vendredi, 09 mars 2012

L’Indonésie envisage de se joindre aux pays du BRICS

Le BRICS pourrait prochainement accueillir un nouveau membre dans la fronde envers l'hégémonie des USA: l'Indonésie. Plus grand et premier pays musulman (4ème population mondiale) proposant sa présence à leurs côtés.

L’Indonésie envisage de se joindre aux pays du BRICS

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

 

 
null
 
© Photo: EPA
 
       

L’Indonésie envisage de se joindre aux pays du BRICS. C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur de ce pays à Moscou.

Il a souligné à part le rôle du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Quatrième pour l’importance de la population dans le monde, l’Indonésie peut contribuer à étendre l’influence du BRICS aussi bien à l’Asie du Sud-est, comme au monde islamique. Le pays joue un rôle actif au sein de l’Organisation de la coopération islamique.

mercredi, 07 mars 2012

Turkije dreigt met annexatie Noord-Cyprus

Turkije dreigt met annexatie Noord-Cyprus


Ex: http://rechtsactueel.wordpress.com/

In augustus 1960 werd Cyprus onafhankelijk van Groot-Brittannië nadat de Cypriotische politici hadden beloofd af te zien van enosis (eenheid met Griekenland) en taksim (verdeling van Cyprus tussen Grieken en Turken). Na politieke spanningen viel Turkije Cyprus binnen op 20 juli 1974 en dwong de taksim op. De Grieken in het noorden van Cyprus werden verdreven en het noorden werd de Turkse Republiek van Noord-Cyprus. Nu dreigt Turkije met de volledige annexatie van het gebied, dat wettelijk gezien een deel van de EU is.

Onderhandelingen over hereniging van de twee Cyprussen slepen al langer aan. Men moet echter rekening houden met het feit dat de Europese Unie Cyprus als geheel ziet als een volwaardig lid van de EU en de Noord-Cypriotische regering niet erkent.  Griekenland zit nu echter in diepe problemen en de verkiezingen van 29 april gaan daar niets aan verbeteren. Als die verkiezingen nog wel doorgaan aangezien de kans groot is dat Griekenland op 20 of 23 maart economisch volledig instort. Turks premier Erdogan heeft dit ook gezien en ziet de kans schoon.

Op 4 maart 2012  zei Turks minister voor Europese Zaken Egemen Bagns tegen de Turks Cypriotische krant Kibris dat indien de onderhandelingen voor hereniging niet een pak positiever worden (lees: gunstiger voor de Turken) Noord-Cyprus wel eens zou kunnen teruggebracht worden tot een Turkse provincie doordat Turkije zou overgaan tot annexatie. Dat laatste woord werd letterlijk gebruikt door de Turkse minister. De logische verdere vraag is dan ook de houding die het het Turkse leger aanneemt wanneer het opnieuw landt op Cyprus, hun deel overneemt en vervolgens ziet dat de andere kant momenteel in chaos verkeert. Het zou niet de eerste keer zijn dat men in naam van stabiliteit, ordebewaring, etc… dan ineens zou kiezen voor de volledige annexatie van Cyprus.

Dreigen met het opschorten van onderhandelingen over Turks lidmaatschap door de EU gaan niet veel uithalen. Op 27 juli zou Cyprus immers het roterende voorzitterschap van de EU overnemen in welk geval Turkije dreigt met het afbreken van enige dialoog met de EU. De Italiaanse minister van Buitenlandse Zaken maakte alvast een mooie buiging voor Turkije door bij een ontmoeting met Turks minister van Buitenlandse Zaken, Ahmet Davutoglu, te stellen dat er snel concrete vooruitgang moet komen in de herenigingsgesprekken. Ironisch genoeg is de enige kritiek op het Turkse dreigement te horen vanuit Turks Noord-Cypriotische hoek. De Republikeinse Turkse Partij, de oppositie in Noord-Cyprus, verwierp het Turkse dreigement als complete waanzin en als volledig onaanvaardbaar.

Ondertussen blijft het stil in de media hierover. Het was anders voorpaginanieuws in Cyprus en Griekenland.

lundi, 05 mars 2012

Eurazië, nieuwe zet van Moskou

promotiekarinwarners.jpg

Eurazië, nieuwe zet van Moskou

door Georges Spriet

Ex: http://www.uitpers.be/

De CSTO is bij ons niet zo bekend. Deze Collective Security Treaty Organisation werd in 2002 opgericht en omvat vandaag Rusland, Armenië, Wit-Rusland, Kazachstan, Kirgizië, Tadzjikistan en Oezbekistan. Opvallend is de aankondiging na de CSTO-top van december 2011 dat Moskou een vetorecht zou krijgen over de buitenlandse militaire basissen in de CSTO-lidstaten.

CSTO als opvolger van een vroeger militair akkoord onder bepaalde leden van de het Gemenebest van Onafhankelijke Staten (GOS), is een militaire alliantie die in vergelijking met de geoliede mechanismes van de NAVO over een eerder beperkte slagkracht beschikt: er is een CSTO rapid reaction force, maar niemand weet echt hoe operationeel die (al) zou zijn. Rusland was de initiatiefnemer voor de GOS en voor de militaire samenwerking: wat Washington voor de NAVO is, is Moskou voor de CSTO.

Menig commentaarschrijver is het eens over de zwakke interne samenhang van de CSTO. Er wordt daarbij steeds gewezen op de binnenlandse moeilijkheden van bepaalde lidstaten met hierbij Kirgizië op kop; van Armenië wordt gezegd dat het alleen met zichzelf bezig is en geen inbreng heeft in een gemeenschappelijke veiligheidsstrategie. Tadzjikistan heeft de naam niet erg loyaal te zijn. De relaties tussen Moskou en Wit-Rusland zijn na verschillende prijsdisputen over het aardgas ook niet meer zo stevig, en Kazachstan zou steeds meer een eigen koers gaan varen. Oezbekistan trad tot de CSTO toe in 2006, maar het is duidelijk dat dit land de CSTO verhinderde om militair tussen te komen bij de Kirgizische crisis van 2010. Anderzijds loopt er sedert 2002 een strategisch partnership akkoord tussen Oezbekistan en de USA. Maar hier zijn de relaties ook aan het verkoelen. Tijdens haar Azië rondreis van november vorig jaar gaf Hilary Clinton heel wat opmerkingen over de mensenrechtensituatie in Oezbekistan. Oezbekistan had zelf al eerder openlijk kritiek geuit op de Amerikaanse oorlogsstrategie in Afghanistan. Het feit dat de Oezbeekse president Islam Karimov toch persoonlijk aanwezig was op de CSTO top in Moskou moet wellicht ook in dit licht worden gezien.

Onder het principe van roterend CSTO voorzitterschap gaf Belarus de fakkel door aan Kazachstan. De Kazachse president Nazerbayev verklaarde na afloop dat deze top de interne cohesie van de alliantie sterk had verbeterd; in die mate zelfs dat er is afgesproken dat een land buiten de CSTO slechts militaire basissen op het grondgebied van de CSTO-lidstaten kan installeren na het akkoord van alle leden. Dit geeft alle leden, maar in de allereerste plaats het centrum van de alliantie met name Moskou, een vetorecht over buitenlandse militaire basissen bij de collega lidstaten.

Naar verluidt werd hierover een protocol getekend - dus nog geen volwaardig akkoord? – dat echter naliet de buitenlandse militaire aanwezigheid te definiëren. Deze regeling zou niet van toepassing zijn op de bestaande afspraken met westerse legers zoals het US transit centrum in Manas, Kirgizië, het Duitse luchtsteunpunt in Oezbekistan, en de Franse luchtmachtrechten in Tadzjikistan. De VS basis van Manas in Kirgizië werd opgericht kort na de terreuraanslagen in New York als logistieke steun voor de Amerikaanse militaire operaties in Afghanistan. In februari 2009 had het Kirgizische parlement al 's de sluiting van de basis gestemd na onenigheid over de 'huurprijs'. President Atembayev blijft herhalen dat hij het contract na 2014 niet meer zal verlengen omdat het niet bijdraagt tot de eigen veiligheid van de Kirgizische Republiek. "Manas is een burgerluchthaven en dat moet zo blijven in plaats van een mogelijk doelwit te worden van eventuele represailles", stelde hij onlangs.

Deze militaire steunpunten in de Centraal-Aziatische landen zijn van essentieel belang voor de bevoorrading van de westerse operaties in Afghanistan. De beslissing op de CSTO top over de buitenlandse militaire basissen zou ook geen invloed hebben op het NDN- netwerk voor Afghanistan. Inderdaad het opdrijven van het aantal Amerikaanse troepen in Afghanistan – de zogenaamde surge – ging gepaard met meer dan een verdubbeling van de behoefte aan niet-militaire bevoorrading. Daarom werd het Northern Distribution Network opgezet, een reeks commerciële logistieke regelingen die de Baltische en Kaspische havens met Afghanistan verbinden via Rusland, Centraal-Azië en de Kaukasus.

Nu de breuk tussen Pakistan en de VS steeds dieper lijkt te worden en de militaire bevoorrading door dit land is opgeschort na de 24 Pakistaanse doden bij een Amerikaanse drone-aanval op 26 november 2011, is het belang van de Centraal-Aziatische landen als logistieke lijn voor de troepen in Afghanistan enorm toegenomen. Rapporten wijzen op de ernstige stijging in de kosten nu ladingen uit de Pakistaanse havens moeten worden verscheept naar Indische havens om dan naar Afghanistan te worden gevlogen, of per trein noordwaarts te worden gebracht om via een van de NDN-routes ter bestemming te worden gebracht.

Deze beslissing van gezamenlijke toestemming voor buitenlandse militaire basissen in CSTO-lidstaten krijgt ook groter gewicht in het perspectief van eventuele Amerikaanse luchtaanvallen tegen Iran en vooral in het vooruitzicht van de terugtrekking van de westerse troepen uit Afghanistan in 2014. Er is namelijk ook sprake van een westerse herpositionering van militaire contingenten in Centraal-Azië. Een kopie van het 'weg-is-niet-weg' patroon uit het Irak dossier.

Dit moet dan nog gekoppeld aan de nieuwste strategieverschuiving in de USA waar men de militaire samenwerkingen in Azië als absolute topprioriteit gaat beschouwen als indamming van de Chinese invloed. Ten slotte kan deze beslissing Poetin helpen om de stemmen van de patriottische vleugel in de Russische samenleving voor zich te garanderen bij de aankomende presidentsverkiezingen.

Indien dit nieuwe 'CSTO-protocol' effectief zou worden nageleefd betekent het zonder meer een versterking van de Russische invloed in de regio, en een stevige zet tegenover de nieuwe strategische accenten van het Pentagon.

(Uitpers nr. 139, 13de jg., februari 2012)