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lundi, 13 février 2023

La Suisse prépare un référendum sur le maintien de l'argent liquide

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La Suisse prépare un référendum sur le maintien de l'argent liquide

Auteur : U.K.

Source: https://zurzeit.at/index.php/schweiz-bereitet-referendum-fuer-bargeld-erhalt-vor/

La protection de l'argent liquide doit avoir valeur constitutionnelle

Les Suisses tiennent à leur "Fränkli". Rien d'étonnant à cela, puisque le franc suisse est considéré depuis plus d'un siècle comme une valeur refuge pour le monde de la finance et l'une des monnaies les plus fortes du monde, comparable à l'or physique. C'est ce qui a permis à la Suisse d'échapper aux conséquences de l'inflation qui, sinon, s'envolerait comme dans toute l'UE. Actuellement, le taux d'inflation est de 2,8%, ce qui est considéré comme une catastrophe moyenne pour la Suisse et a incité la Banque nationale suisse (BNS) à prendre des mesures décisives.

De plus, les Suisses sont traditionnellement attachés à la liberté et refusent toute ingérence de l'État dans leur vie privée et économique qui irait au-delà du strict nécessaire. Il est donc logique, compte tenu des efforts internationaux visant à abolir l'argent liquide, que les citoyens suisses demandent un référendum sur ce sujet. Dans notre pays voisin, cela est obligatoirement possible si, pour les questions constitutionnelles, au moins 100.000 des quelque 5,5 millions d'électeurs actuels au niveau fédéral sont favorables à un tel référendum.

Et c'est ainsi que l'initiative populaire 'Oui à une monnaie suisse indépendante et libre, avec des pièces ou des billets (l'argent liquide, c'est la liberté)' a recueilli le nombre de signatures nécessaires ce week-end. En fait, plus de 50.000 de plus que nécessaire, et ce 10 jours avant la fin du délai de collecte. C'est ce qu'a annoncé le fondateur de l'initiative, le Mouvement suisse de la liberté (MLS/FBS) <Lien externe https://fbschweiz.ch/de/bargeld-de >, dans un communiqué de presse.

Concrètement, le MLS/FBS demande que l'article 99 de la Constitution fédérale soit complété par deux phrases afin de garantir le maintien de l'argent liquide comme moyen de paiement et de n'autoriser l'introduction d'une monnaie nationale autre que le franc suisse qu'après un nouveau vote populaire. "La Confédération veille à ce que les pièces de monnaie ou les billets de banque soient toujours disponibles en quantité suffisante" et "Le remplacement du franc suisse par une autre monnaie doit être soumis au vote du peuple et des cantons", peut-on lire en résumé dans la proposition soumise au vote, qui ne compte en tout et pour tout que quatre petites lignes.

Les arguments du MLS/FBS sont les mêmes que ceux utilisés par les personnes de bon sens dans notre pays: protection contre la surveillance étatique et l'espionnage par les banques et le commerce, fonction de paiement à tout moment et même en cas d'urgence, protection contre la dévalorisation forcée de l'avoir monétaire par des taux d'intérêt négatifs ou des taxes sur les "crédits sociaux", et finalement aussi la préservation de la liberté personnelle.

Maintenant que l'initiative populaire a été acceptée, le Conseil fédéral à Berne (= gouvernement fédéral en Autriche) doit annoncer une date pour le référendum proprement dit dans un délai de 4 mois. En règle générale, il y a ici un délai d'environ six mois pour que tous les partis impliqués aient suffisamment de temps pour préparer une éventuelle campagne électorale. Et contrairement à l'Autriche et à l'Allemagne, le résultat du référendum en Suisse est obligatoirement contraignant pour le gouvernement et le parlement. Si la demande d'argent liquide est acceptée, la Constitution doit (!) être modifiée en conséquence, sans "si" ni "mais". Car en Suisse, c'est le peuple qui est souverain.

jeudi, 29 septembre 2022

Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie

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Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie

https://zuerst.de/2022/09/28/demokratisches-ungarn-buerger-duerfen-ueber-russland-sanktionen-abstimmen/

Budapest. On ne peut que rêver d'une telle démocratie dans notre pays : en Hongrie, les citoyens auront bientôt l'occasion de se prononcer par référendum sur les sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie. Selon les déclarations répétées du gouvernement hongrois, celles-ci ne nuisent qu'à l'Europe elle-même et ne sont en outre pas légitimées par la volonté de la population.

"Les sanctions n'ont pas été décidées de manière démocratique, ce sont les bureaucrates de Bruxelles et les élites européennes qui en ont décidé", a déclaré M. Orbán lundi au Parlement de Budapest, ajoutant : "Bien que les citoyens européens en paient le prix, on ne leur a pas demandé leur avis".

Dans le cadre d'une "consultation nationale", le gouvernement hongrois sera donc "le premier en Europe à demander l'avis des citoyens sur les sanctions contre la Russie", a annoncé Orbán.

Par le passé, le gouvernement Orbán a régulièrement organisé des référendums sur des questions politiques clés, comme la législation nationale sur la protection de l'enfance, ce qui lui a régulièrement valu des critiques de l'UE. (mü)

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dimanche, 05 avril 2020

RIP, Référendum d’Initiative Populaire

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RIP, Référendum d’Initiative Populaire

Quand l’idée de cet article m’est venue, la révolte des gilets jaunes n’avait pas encore commencé. J’essayais de trouver des arguments pour convaincre que la démocratie directe à la Suisse était la meilleure voie pour gouverner un pays en lui assurant justice, calme et stabilité.

La démocratie représentative fut un grand pas en avant, en tous cas pour nombre de pays qui vivaient, auparavant, sous des régimes totalitaires. Si l’on considère que la politique est la façon non-violente de résoudre les conflits, on ne peut que se féliciter de voir s’opposer des gens raisonnables dans des débats d’idées, avec fougue, et même avec rage, mais toujours en-deçà de toute violence physique.

Mais aujourd’hui, la démocratie représentative arrive à bout de souffle : elle a été dévoyée et dans beaucoup de pays, des dysfonctions graves empêchent l’exercice serein de cette forme de politique. Qu’est-il donc arrivé pour que ces systèmes de démocratie en arrivent là ? Certains leaders, sans aucune expérience, sans aucun sens pratique, sans aucune considération pour les aspirations du peuple, sans aucune vision ni aucun sens de l’anticipation, sont parvenus au pouvoir et gouvernent uniquement selon l’idéologie dont ils sont pétris.

La désinvolture avec laquelle un Chef d’Etat se croit autorisé à prendre toutes sortes de décisions sans consultation du peuple ne peut que pousser les gens à désirer un système dans lequel ils ont leur mot à dire, c’est-à-dire un système de démocratie directe à travers le référendum, pas le référendum déclenché depuis le haut par la seule volonté du président, mais par le référendum d’initiative populaire déclenché par le bas.

Ceux qui s’opposent au référendum sont pour leur part favorables à une dictature de minorités, partis, groupes, clans, cliques, syndicats, qui cherchent à pérenniser leurs intérêts. Or le référendum est la piqûre de rappel nécessaire à celui qui a tendance à oublier qu’il n’est où il est que pour servir les autres. Car le Chef d’Etat n’est là que pour le bien être de son peuple et ce dernier a le droit de le lui rappeler et doit avoir le moyen de le lui imposer.

Pour que le peuple garde constamment à l’esprit ce qui doit être sa priorité, il lui faut adopter un moyen visible dans toutes les manifestations : un signe comme un badge, un emblème, une cocarde, un écusson, un ruban, en tout cas une marque bien reconnaissable avec, en son centre, sur fond clair, se détachant en sombre les trois lettres suivantes : RIP (pour Référendum d’Initiative Populaire) ou RIC (pour Référendum d’Initiative Citoyenne).

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Partout où des rassemblements importants ont lieu (dans les stades, dans les manifestations sur la voie publique quelles qu’elles soient, dans les déplacements du chef de l’Etat ou des ses ministres, dans les apparitions publiques des représentants de l’état et des députés, dans les marches, manifestations, grèves, etc.), que partout on voit s’agiter une forêt des signes estampillés RIP ! Si nous voulons une société où règne la vraie justice, il faut instaurer le RIP.

Mais diront certains : la majorité n’a pas toujours raison. A cet argument qui ne peut être contredit complètement, j’en opposerai deux autres : d’une part, la minorité n’a pas toujours raison non plus. D’autre part, si l’on analyse l’état des rares pays qui pratiquent le RIP aujourd’hui, leur situation est en général plus qu’enviable. La Suisse en est le symbole éclatant. Quand le référendum a parlé, les tensions baissent car le résultat est accepté et les polémiques se taisent jusqu’au prochain référendum. La Suisse est le cas d’école à étudier. Pourquoi l’Europe ne tirerait-t-elle pas profit de l’expérience helvétique ? La Suisse pourrait devenir un phare pour le continent tout entier.

Et pas question de faire une sarkozerie en faisant annuler le résultat d’un référendum par un tour de passe-passe (en 2007, Sarkozy utilise la voie parlementaire pour ratifier le Traité de Lisbonne, annulant du même coup le non massif du peuple français à la Constitution européenne en 2005). Il faut cadenasser le système contre de tels coups de force en instaurant une clause qui stipule qu’un résultat de référendum ne peut être annulé ou amendé que par un autre référendum. Qu’un Sarkozy décide unilatéralement contre 55 % des Français est un exemple flagrant d’une minorité qui n’écoute pas ce que veut le peuple.

Un Chef d’Etat est élu pour défendre son pays et protéger son peuple. Toutes les grandes questions concernant le pays doivent être soumises à référendum : immigration, sécurité, réforme des retraites, réforme du chômage, réforme de l’impôt, questions sociétales, pouvoir d’achat, etc. Tant que l’exécutif n’aura pas accepté cela, il gouvernera à contre-courant et fera montre d’autoritarisme le rapprochant des régimes totalitaires. A moins que les Gilets jaunes …

Sur le revers de la veste,

sur mes cahiers d’école,

sur les portes des mairies,

sur le sable et sur la neige,

sur les murs des Préfectures,

sur la pluie épaisse et fade,

sur les murs des Conseils régionaux,

sur chaque main qui se tend,

sur les tableaux de classe,

sur la vérité physique,

sur les marches de l’Assemblée nationale,

sur chaque bouffée d’aurore,

sur l’avenue des Champs-Elysées,

sur les marches de la mort,

sur les grilles de l’Elysée,

J’écris ton nom,

 

Référendum

Bertrand Hourcade, avril 2020

lundi, 03 juin 2019

L’illusion référendaire

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L’illusion référendaire

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Depuis plus de six mois de contestation chaque samedi dans les rues et souvent sur les ronds-points, les « Gilets jaunes », par-delà leur sympathique spontanéité et leur hétérogénéité socio-politique, se retrouvent sur une même (et seule ?) revendication : le référendum d’initiative populaire ou « citoyenne ». Cette proposition serait bienvenue si elle s’appliquait en priorité aux problèmes communaux et départementaux, voire à la rigueur régionaux. L’usage de ce droit d’initiative implique en effet au préalable une réelle implication pour la chose publique ainsi qu’une véritable connaissance des enjeux grâce à une information impartiale. Ces conditions ne sont pas valables pour l’heure en France en raison de la psychologie collective statolâtrique des Français. Les « Gilets jaunes » considèrent néanmoins l’initiative référendaire comme la panacée alors qu’elle peut se révéler périlleuse. La votation suisse du 19 mai dernier le confirme amplement.

Avec une estimation de 2,3 millions d’armes, la Confédération helvétique se place au seizième rang mondial pour le nombre d’armes par habitant. Signataire des accords de Schengen et de Dublin, la Suisse a dû intégrer dans son droit fédéral une directive de l’Union dite européenne de lutte contre le terrorisme, d’interdiction des armes semi-automatique et pour le traçage des armes et de leurs composants. Principale formation hostile à l’UE, l’UDC – PPS (Union démocratique du Centre – Parti populaire suisse) et le groupe d’influence favorable aux armes ProTell ont jugé cette transposition liberticide, d’où la votation (ou référendum fédéral d’initiative populaire).

La participation est moins élevée que prévue (43,3 %). Le oui à la directive l’emporte largement à 63,73 %. Seul le Tessin la rejette à 54,5 %. Il s’agit d’une grande victoire pour le gouvernement fédéral, les partis de gauche et les pharisiens du désarmement civique. Certes, le citoyen suisse conservera le droit de détenir son arme de combat pour le service militaire. Il ne pourra plus en revanche la transmettre à son héritier ou la vendre. Les possesseurs d’armes seront en outre mieux identifiés et donc fichés. Un permis d’acquisition d’une arme semi-automatique (soit un chargeur de dix cartouches pour un pistolet ou de vingt pour un fusil) sera obligatoire. Le texte approuvé renforce enfin l’étroite collaboration des autorités helvétiques avec l’Union pseudo-européenne.

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Si ce projet de durcissement de la loi actuelle avait été rejeté, la Suisse aurait été contrainte de sortir des accords de Schengen et de Dublin bien que ces textes prévoient des exceptions que Berne aurait pu faire valoir. Par ailleurs liée en matière de défense à l’OTAN malgré la neutralité revendiquée, la Suisse appartient désormais de facto à une Union supposée européenne.

Il faut corréler la victoire du oui aux récentes déconvenues arrivées aux candidats de l’UDC – PPS dans plusieurs communes et cantons. Les nouveaux électeurs suisses semblent prêts à rejoindre à plus ou moins longue échéance l’UE et, pourquoi pas ?, l’Alliance Atlantique. Comment ? En usant à leur tour de l’initiative populaire référendaire ! Qu’elle soit représentative ou semi-directe, la démocratie moderne est en soi un mal majeur pour notre civilisation boréenne.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 127, mise en ligne sur TV Libertés, le 27 mai 2019.

mardi, 12 février 2019

Les objectifs de démocratie directe des Gilets jaunes

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Faire revivre la démocratie

Les objectifs de démocratie directe des Gilets jaunes

par Diana Johnstone*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Dans les médias, les Gilets jaunes sont souvent dénigrés comme étant des casseurs incendiant des voitures et détruisant des magasins. En réalité, ils luttent pour un droit fondamentalement démocratique: celui de la participation. Diana Johnstone décrit la renaissance de l’obstination démocratique et des tentatives de l’establishment de l’étouffer.

 

Démocratie française, morte ou vivante?

Ou peut-être faudrait-il dire, enterrée ou ressuscitée? Parce que pour la masse des gens ordinaires, loin des centres politiques, financiers et médiatiques du pouvoir à Paris,
la démocratie est déjà moribonde, et leur mouvement est un effort pour la sauver. Depuis que Margaret Thatcher a décrété qu’«il n’y a pas d’alternative», la politique économique occidentale est menée par des technocrates au profit des marchés financiers, tout en affirmant que les bénéfices se répercuteront sur la population. Mais ces bénéfices sont en grande partie taris, et les gens sont fatigués de voir leurs besoins et leurs souhaits totalement ignorés par une élite qui «sait mieux».
Le discours du président Emmanuel Macron à la nation à l’occasion de la Saint-Sylvestre a clairement indiqué qu’après
une tentative peu convaincante de jeter quelques miettes au mouvement de protestation des Gilets jaunes, il a décidé de jouer aux durs.
La France entre dans une période de turbulences. La situation est très complexe, mais voici quelques points pour vous aider à comprendre de quoi il s’agit.

Les méthodes

Les Gilets jaunes se rassemblent dans des endroits bien visibles: les Champs-Elysées à Paris, les places principales dans les autres villes et les nombreux ronds-points à la périphérie des petites villes. Contrairement aux manifestations traditionnelles, les marches à Paris ont été bon enfant et spontanées, les gens se promenant et se parlant entre eux, sans chefs ni discours.
L’absence de dirigeants est inhérente au mouvement. Tous les politiciens, même les plus sympathisants, sont méfiants et personne ne cherche un nouveau leader. Les gens organisent leurs propres réunions pour dresser leurs listes de doléances et de revendications.
Dans le village de Commercy, en Lorraine, à une demi-heure de route de Domrémy où est née Jeanne d’Arc, les habitants se rassemblent pour lire leur proclamation. Six d’entre eux lisent à tour de rôle, un paragraphe chacun, indiquant clairement qu’ils ne veulent pas de dirigeants, pas de porte-parole spécial. Ils trébuchent parfois sur un mot, ils n’ont pas l’habitude de parler en public comme les têtes qui parlent à la télé. Leur «deuxième appel» des Gilets jaunes de Commercy invite d’autres à venir à Commercy les 26–27 janvier pour une «assemblée des assemblées».

Les revendications

Les personnes qui sont sorties pour la première fois dans la rue avec des gilets jaunes le 17 novembre dernier protestaient ostensiblement contre une hausse des taxes sur l’essence et le diesel qui frapperait le plus durement les habitants des campagnes françaises. Obsédé par l’idée de favoriser les «villes du monde», le gouvernement français a pris des mesures les unes après les autres au détriment des petites villes et des villages et des populations qui y vivent. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le mouvement est rapidement passé à la question fondamentale: le droit des citoyens à avoir leur mot à dire sur les mesures prises qui affectent leur vie. En un mot, la démocratie.
Depuis des décennies, les partis de gauche et de droite, quels que soient leurs discours de campagne, poursuivent, une fois arrivés au pouvoir, des politiques dictées par «les marchés». C’est pourquoi les gens ont perdu confiance en tous les partis et en tous les politiciens et exigent de nouvelles manières de faire entendre leurs revendications.
La taxe sur les carburants a été vite oubliée, car la liste des revendications s’est allongée. Les critiques du mouvement font remarquer qu’il est tout à fait impossible de répondre à tant de revendications. Qu’il ne sert à rien de prêter attention aux revendications populaires, parce que les gens stupides revendiquent tout et son contraire.
La réponse à cette objection se trouve dans ce qui s’est rapidement imposé comme la seule revendication dominante du mouvement: le Référendum sur l’initiative citoyenne (RIC).

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Le référendum

Cette revendication illustre le bon sens du mouvement. Plutôt que de faire une liste de «revendications», les Gilets jaunes se contentent de demander que le peuple puisse choisir, et le référendum est la voie à suivre. L’exigence est qu’un certain nombre de signataires – peut-être 700 000, peut-être plus – puissent obtenir le droit d’organiser un référendum sur une question de leur choix. Le droit à un RIC existe en Suisse, en Italie et en Californie. L’idée horrifie tous ceux dont le métier est de savoir mieux que les autres. Si les gens votent, ils voteront pour toutes sortes de choses absurdes, font-ils remarquer avec un frisson.
Etienne Chouard, un modeste enseignant d’un collège marseillais, développe depuis des décennies des idées sur la manière d’organiser la démocratie directe, avec le référendum en son centre. Son heure est arrivée avec les Gilets jaunes. Il insiste sur le fait qu’un référendum doit toujours être organisé après un long débat et un temps de réflexion, afin d’éviter les décisions émotionnelles spontanées. Un tel référendum exige des médias honnêtes et indépendants n’étant pas tous soumis à des intérêts particuliers. Il faut s’assurer que les politiciens qui font les lois suivent la volonté populaire exprimée dans le référendum. Tout cela suggère la nécessité d’une convention constitutionnelle populaire.
Le référendum est un point amer en France, une puissante cause sous-jacente et silencieuse de l’ensemble du mouvement des Gilets jaunes. En 2005, le Président Jacques Chirac (de façon imprudente, de son point de vue) a appelé à un référendum populaire sur la ratification du projet de Constitution de l’Union européenne, certain qu’il serait approuvé. La classe politique, à quelques exceptions près, est entrée dans la rhétorique, promettant un avenir prospère en tant que nouvelle puissance mondiale en vertu de la nouvelle Constitution et avertissant que, sinon, l’Europe pourrait être plongée de nouveau dans les deux guerres mondiales précédentes. Cependant, les citoyens ordinaires ont organisé un mouvement extraordinaire d’auto-éducation populaire, où des groupes se réunissaient pour se plonger dans les documents juridiques intimidants, en expliquant ce qu’ils signifiaient et ce qu’ils impliquaient. Le 29 mai 2005, avec un taux de participation de 68%, les Français ont voté à 55% contre le projet de Constitution. Seule Paris a voté massivement en sa faveur.
Trois ans plus tard, l’Assemblée nationale – c’est-à-dire les politiciens de tous les partis – a voté pour adopter pratiquement le même texte, qui est devenu en 2009 le Traité de Lisbonne. Ce coup porté à la volonté populaire clairement exprimée a produit une telle désillusion que beaucoup s’étaient éloignés de la politique avec un sentiment d’impuissance. Les voilà qui reviennent.

La violence

Dès le début, le gouvernement a réagi avec violence – une volonté évidente de provoquer une réaction violente afin de condamner le mouvement comme violent.
Une armée de policiers, habillés comme des robots, ont encerclé et bloqué des groupes de Gilets jaunes pacifiques, les noyant dans des nuages de gaz lacrymogènes et tirant des flash balls directement sur les manifestants, blessant gravement des centaines de personnes (aucun chiffre officiel). Un certain nombre de personnes ont perdu un œil ou une main. Le gouvernement n’a rien à dire à ce sujet.
Au cours du troisième samedi de protestation, cette armée de policiers n’a pas
pu empêcher – ou avait reçu l’ordre de laisser faire – à un grand nombre de voyous
ou de Black Blocs (comment savoir?) d’infiltrer le mouvement et de détruire des biens, vandaliser des magasins, mettre le feu aux poubelles et aux voitures en stationnement, fournissant aux médias du monde entier des images censés démontrer que les Gilets jaunes sont dangereusement violents.
Malgré toutes ces provocations, les Gilets jaunes sont restés remarquablement calmes et déterminés. Mais il y a forcément quelques personnes qui perdent leur sang-froid et essaient de se défendre.

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Le boxeur

Au cours du 8e samedi, le 5 janvier, alors qu’une escouade de policiers protégés par des boucliers de plexiglas attaquaient violemment des Gilets jaunes sur un pont au-dessus de la Seine, un grand gaillard s’est mis en colère, est sorti de la foule et a lancé l’attaque. Avec ses poings, il a repoussé un policier et a fait reculer les autres. Cette scène étonnante a été filmée. On pouvait voir des Gilets jaunes qui essayaient de le retenir, mais Rambo était déchaîné.
Il s’appelle Christophe Dettinger, un Rom français, ancien champion de France de boxe mi-lourd. Son surnom est «le Gitan de Massy». Il s’est éloigné de la scène, mais a fait une vidéo avant de se présenter à la police. «J’ai mal réagi», a-t-il dit, quand il a vu la police attaquer des femmes et d’autres personnes sans défense. Il a exhorté le mouvement à aller de l’avant pacifiquement.
Dettinger risque sept ans de prison. En un jour, son fonds de défense avait recueilli 116 433 euros. Le gouvernement a fait fermer le fonds – sous je ne sais quel prétexte juridique. Une pétition circule maintenant en son nom.

La calomnie

Dans son discours du Nouvel An, Macron a réprimandé avec condescendance son peuple en lui disant que «vous ne pouvez pas travailler moins et gagner plus» – comme s’ils aspiraient tous à passer leur vie sur un yacht et à regarder les cours des actions monter et descendre. Puis il a fait sa déclaration de guerre:
«J’ai vu ces derniers temps des choses impensables et entendu l’inacceptable.» Faisant apparemment allusion aux quelques politiciens de l’opposition qui osent sympathiser avec les manifestants, il a réprimandé ceux qui prétendent «parler au nom du peuple», mais qui ne sont que «les porte-voix d’une foule haineuse, s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux Juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c’est tout simplement la négation de la France!»
Les Gilets jaunes ne «s’en sont pris» à personne. C’est la police qui «s’en est pris» à eux. Les gens ont même vigoureusement protesté contre les équipes de cameramen des chaînes de télévision qui déforment systématiquement le mouvement.
Pas un mot n’a été entendu de la part du mouvement contre les étrangers ou les homosexuels. Le mot clé, c’est «Juifs».
«Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.» (Proverbe français). Aujourd’hui, quiconque veut ruiner une carrière, se venger d’un rival, déshonorer un individu ou détruire un mouvement l’accuse, lui ou elle, d’antisémitisme.
Ainsi, devant la montée du mouvement démocratique, jouer la carte de l’«antisémitisme» était prévisible. C’était statistiquement inévitable. Dans presque n’importe quel lot aléatoire de centaines de milliers de personnes, on trouvera toujours une ou deux qui ont quelque chose de négatif à dire sur les Juifs. Ce qui fera l’affaire. Les médias sont à l’affût. Le moindre incident peut être utilisé pour suggérer que le véritable motif du mouvement est de faire revivre l’Holocauste.
Cette petite chanson légèrement ironique, interprétée sur l’un des ronds-points français, met en contraste le «gentil» establishment avec le «méchant» peuple. C’est
un grand succès sur YouTube. Il donne le
ton du mouvement. Les Gentils, les Méchants.
Il n’a pas fallu longtemps pour que ce joyeux numéro soit accusé d’antisémitisme. Pourquoi? Parce qu’il était ironiquement dédié à deux des critiques les plus virulents des Gilets jaunes: la star de mai 68, Daniel Cohn-Bendit et l’ancien «nouveau philosophe» Bernard-Henri Lévy. La nouvelle génération ne les supporte pas. Mais devinez quoi, il se trouve qu’ils sont Juifs. Et hop! Antisémitisme!

La répression

ricmacaron.jpgFace à ce que le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a qualifié d’«agitateurs» et d’«insurgés» voulant «renverser le gouvernement», le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé une nouvelle «loi pour mieux protéger le droit de manifester». Sa principale mesure: punir sévèrement les organisateurs d’une manifestation dont l’heure et le lieu n’ont pas été officiellement approuvés.
En fait, la police avait déjà arrêté Eric Drouet, routier de 33 ans, pour avoir organisé une petite cérémonie de bougies en l’honneur des victimes du mouvement. Il y a eu beaucoup d’autres arrestations, mais aucune information n’a été diffusée à leur sujet. Incidemment, pendant les vacances de fin d’année, des voyous dans les banlieues de plusieurs villes ont procédé à l’incendie rituel de voitures garées, sans beaucoup d’échos dans les médias et sans grande intervention policière. Ce sont des voitures de travailleurs qui en ont besoin pour aller travailler, pas les précieuses voitures des quartiers aisés de Paris dont la destruction a provoqué un tel scandale.
Le 7 janvier, Luc Ferry, «philosophe» et ancien ministre de la Jeunesse, de l’Education et de la Recherche, a donné une interview radio sur la très respectable Radio Classique dans laquelle il déclarait: «On ne donne pas les moyens nécessaires à la police pour mettre fin à cette violence. C’est insupportable! Ecoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coup de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu’ils se servent de leurs armes, une bonne fois. Ça suffit! […] On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies!»
Ferry a demandé à Macron de faire une coalition avec les Républicains pour faire avancer ses «réformes».
Le mois dernier, dans une chronique contre le Référendum d’initiative citoyenne (RIC), Ferry écrivait que «le dénigrement actuel des experts et la critique de l’élitisme sont la pire calamité du notre époque».

L’antifa

Partout où les gens se rassemblent, les groupes soi-disants «antifascistes» poursuivent leur chasse aveugle pour traquer les «fascistes». Samedi dernier à Bordeaux, des Gilets jaunes ont dû repousser une attaque d’un groupe d’antifas.
Il est maintenant tout à fait clair (comme cela a toujours été le cas) que les autoproclamés «antifascistes» sont les chiens
de garde du statu quo. Dans leur traçage inlassable de «fascistes», l’antifa attaque tout ce qui bouge. En réalité, elle protège l’immobilisme. Et curieusement, la violence antifa est tolérée par le même Etat et la même police qui insultent, attaquent et arrêtent des manifestants plus pacifiques. En bref, l’antifa est la troupe d’assaut du système actuel.

Les médias

Soyez sceptiques. Au moins en France, les médias grand public sont fermement du côté de l’«ordre», ce qui signifie Macron, et les médias étrangers ont tendance à faire répercuter ce que les médias nationaux écrivent et disent. De plus, en règle générale, lorsqu’il s’agit de la France, les médias anglophones se trompent souvent.

La fin …

Elle n’est pas en vue. Ce n’est peut-être pas une révolution, mais c’est une révélation de la nature réelle du «système». Le pouvoir repose sur une technocratie au service des «Marchés», c’est-à-dire du capital financier. Cette technocratie aspire à refaire la société humaine – nos propres sociétés et celles de la planète entière – dans l’intérêt d’un certain capitalisme. Elle utilise les sanctions économiques, la propagande écrasante et la force militaire (OTAN) dans un «projet de globalisation» façonnant la vie des gens sans leur consentement.
Macron est l’incarnation même de ce système. Il a été choisi par cette célèbre élite pour mener à bien les mesures dictées par «les Marchés» et appliquées par l’Union européenne. Il ne peut pas céder. Mais maintenant que les gens sont conscients de ce qui se passe, ils ne s’arrêteront pas non plus.
Malgré le déclin regretté du système scolaire, les Français d’aujourd’hui sont aussi instruits et raisonnables que n’importe quelle population peut l’être. S’ils sont incapables de démocratie, alors la démocratie est impossible. A suivre …    •

*    Diana Johnstone, née en 1934, a fait des études de sciences régionales russes/slavistique et a obtenu un doctorat en littérature française. Elle vit depuis de nombreuses années à Paris et travaille comme journaliste indépendante pour divers médias américains et internationaux. Elle est auteure de plusieurs livres, entre autres «The Politics of Euromissiles: Europe’s Role in America’s World», «Fools’ Crusade: Yugoslavia, Nato and Western Delusions» (en version française «Yougoslavie, première guerre de la mondialisation»), «Queen of Chaos: The Misadventures of Hillary Clinton», (en version française «Hillary Clinton: la reine du chaos»). En dernier, elle a rédigé la préface et les commentaires accompagnant les mémoires de son père Paul H. Johnstone, ancien analyste dirigeant du Strategic Weapons Evaluation Group (WSEG) au Pentagone, intitulées «From Mad to Madness».

Source: Le Grand Soir du 10/1/19 https://www.legrandsoir.info/gilets-jaunes-en-2019-democratie-francaise-morte-ou-vivante.html

(Traduction par Viktor Dedaj pour Le Grand Soir)

mercredi, 23 janvier 2019

Le RIC. Il faudra bien y venir en France

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Le RIC. Il faudra bien y venir en France

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un excellent article de Wikipédia présente le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) parfois désigné du nom de Référendum d'Initiative Populaire (RIP) Nous y renvoyons le lecteur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_d%27in...

En France actuellement, comme le précise l'article de Wikipédia, les Gilets jaunes proposent que le RIC soit applicable à quatre types de procédures qui existent pour partie dans certains pays mais n'existent nulle part en totalité:

  • Le référendum législatif, qui consisterait à soumettre au peuple une proposition de loi dès lors que cette proposition serait du domaine de la loi. Les citoyens inscrits sur une liste électorale et demandant un tel référendum, se verraient donner satisfaction s'ils représentaient un certain pourcentage de cette liste, par exemple 10 à 25% des inscrits.

  • Le référendum abrogatif, qui consisterait en la possibilité pour la population d'abroger ou d'empêcher la mise en application d'une loi votée précédemment par le Parlement..

  • Le référendum révocatoire, qui consisterait à démettre un élu de son mandat, qu'il ait été élu au plan local ou au plan national.

  • Le référendum constitutionnel, qui consisterait à permettre au peuple de modifier la Constitution du pays.

On objecte que ceci introduirait dans le pays concerné une telle instabilité qu'aucun gouvernement ou qu'aucune politique suivie ne serait possible. Concernant la France, il en résulterait que celle-ci, affirme-t-on, devrait renoncer à participer aux dialogues ou aux affrontements entre grandes puissances.

Elargir la base démocratique des institutions et des politiques

Le sérieux et le sens de la responsabilité qui émanent de l'essentiel des revendications des Gilets Jaunes montrent que ceux-ci, de même que les électeurs qui s'en inspireraient, seraient très soucieux de maintenir la continuité de la Nation. Ils viseraient seulement à renforcer celle-ci en lui permettant d'être gouvernée autrement que, comme c'est le cas actuellement, par les quelques 5% de citoyens super-riches et super-puissants qui depuis des années se sont attribués du pouvoir. Ils demandent seulement à donner une base populaire plus large qu'actuellement aux politiques et aux décisions appliquées par le gouvernement ou les représentants élus, pourtant supposés parler au nom du peuple et de l'intérêt général.

Il s'ensuivrait que des objectifs présentés par la majorité actuelle comme irréalistes et dangereux pourraient être abordés. Ainsi en serait-il d'une plus grande égalité des revenus ou des profits, parfaitement réalisable en quelques années sans nécessiter une révolution sociale. Parallèlement, il n'y a aucune raison de penser que les politiques présentant un intérêts vital pour le pays puissent être remises en cause. Au contraire, elles bénéficieraient d'un meilleur soutien populaire. Il en serait ainsi d'une une forte augmentation des investissements productifs ou de la part donnée aux recherches scientifiques et techniques, quelles que soient les restrictions aux dépenses de consommation qui en découleraient.

Postuler a priori et sans les avoir essayés que des RIC mettraient la France en danger montre un grand mépris de la sagesse citoyenne, celle qui s'est notamment exprimée lors des manifestations des Gilets Jaunes. Il montre surtout que l'étroite oligarchie financière et intellectuelle qui gouverne la France n'a aucune intention de partager son pouvoir.

Il est certain que dans le Grand Débat proposé par Emmanuel Macron, le RIC sera proposé. Mais il sera également certain qu'il sera refusé, car n'entrant pas dans le cadre du Débat fixé par le même Macron au service de sa politique personnelle.

vendredi, 11 janvier 2019

Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

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Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

par Christophe Hamelin

Ex: https://lesmoutonsenrages.fr 

Je tiens à faire un avant-propos à cet article dans la mesure où ce que je vais essayer d’expliquer ne va pas de soi. C’est pourquoi je demande, aux jeunes en particulier, de faire preuve de discernement en le lisant. La jeunesse déborde de générosité et est sensible aux oripeaux que développe la gauche. Je fais appel ici à la lucidité en demandant de remettre en cause les évidences d’un discours en apparence généreux par lequel il me semble que l’extrême-gauche dissimule en réalité intolérance et détestation du peuple. En ce sens, l’extrême-gauche est un rouage du fascisme ambiant. Telle est la démonstration que je vais tenter dans cet article. Enfin, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas ici d’affirmer que la droite est meilleure que la gauche mais bien plutôt que les deux tendent vers le même point. Contrairement aux apparences…

Ce qu’il y a d’intéressant à notre époque, c’est que plus le capitalisme se contracte sous l’effet de ses contradictions, plus la situation devient radicale et plus les masques tombent. Ainsi le mouvement des Gilets Jaunes a-t-il révélé la haine du peuple qui régie la mentalité de plusieurs groupes sociaux. On pourrait citer des métiers comme les professeurs (il faudra quand même un jour s’intéresser sérieusement à ce que les professeurs ont dans la tête et questionner les motivations de cette « belle vocation »), grands absents du mouvement, mais aussi les gauchistes, eux aussi aux abonnés absents. Et c’est bien de ce dernier groupe dont il va ici être question.

Penchons-nous sur la littérature internet de groupuscules tels que Rebellyon, la Horde, la Rotative, Paris-Lutte.info, etc. Nous sommes-là dans la mouvance antifa, donc qui se veut « anti-fasciste ». Mais nous allons voir que, en matière de fascisme, rien n’est simple et qu’il ne suffit pas de proclamer être son contraire pour ne pas l’être… Huey Pierce Long, gouverneur autoritaire et corrompu de Louisiane avant-guerre, aurait déclaré : « Quand le fascisme arrivera aux États-Unis, on l’appellera antifascisme ! » (notez que la phrase n’est pas de cet escroc de Churchill). J’ai bien peur que les antifas soient la concrétisation de cette triste sentence. Ils se disent anti-capitalistes mais sont pour les migrations, pour la PMA et la GPA (voir ici par exemple)etcÀ quoi l’on peut répondre que soit ils n’ont pas compris que les migrations actuelles sont le résultat de la destruction de l’Afrique et du Proche-Orient par le capitalisme et que l’oligarchie les promeut parce qu’elles sont un moyen de destruction des identités au profit de la création d’une identité mondialisée de consommateur, soit ils l’ont compris et ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place1. Soit ils n’ont pas compris que la PMA et la GPA représentent la mise en place d’un marché mondialisé de la fabrication d’enfants par des multinationales, soit ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place. La liste de leurs prises de position qui font d’eux des fascistes est trop longue pour être ici égrainée. C’est pourquoi nous allons ici nous concentrer sur une seule d’entre elles : leur opposition au Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC) que l’on peut lire iciou encore là article repris  et  , etc.). Ces groupuscules qui volent l’appellation d’extrême-gauche au champ politique considèrent que le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir bourgeois. « Le RIC est alors apparu, comme un moyen de s’épargner la révolution » écrivent-ilsIl y a, dans ce propos, une telle inculture de ce qu’est l’histoire que les bras m’en tombent. Mais qu’est-ce qu’une révolution pour eux ? Croient-ils qu’elle se décrète ? Ils n’ont tout simplement pas compris que le RIC est profondément révolutionnaire en lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il représente une remise en cause de la représentation. Or la représentation politique est l’outil principal de la domination politique aujourd’hui. Il est d’ailleurs tout à fait frappant d’observer qu’un des articles les plus repris sur ces sites d’extrême-gauche méconnaît la différence entre le vote pour un représentant (caractéristique de l’oligarchie) et le vote pour une décision (caractéristique de la démocratie2) : « Le RIC, comme les élections de représentants, c’est avant tout un bulletin de vote dans une urne. C’est-à-dire l’abandon d’une puissance collective au profit d’une démarche individuelle» Justement non, c’est là que réside la différence : la souveraineté consiste dans la volonté générale, comme le disait Rousseau, et la volonté ne se représente point. Elle est ou elle n’est pas. La souveraineté est prise de décision et non abandon de ce pouvoir au profit de représentants. Les débats qui mènent à cette prise de décision sont la démocratie en exercice. En ce sens, le RIC doit être une tentative de formalisation de cette volonté générale. Je pèse mes mots : il faut vraiment ne rien avoir compris à ce qu’est la démocratie pour affirmer, comme le fait la Rotative, que le vote pour une décision équivaut au vote pour un représentant.

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Le RIC est le premier pas vers l’instauration d’une démocratie en France. Le peuple de France tente de prendre du pouvoir à l’oligarchie qui le domine outrageusement depuis l’instauration des dictatures bourgeoises en occident au XVIIIème siècle, ceci est une première pour le XXIème siècle ! Soyons clairs : le RIC est législatif, abrogatoire, constituant et révocatoire. Qui pense sérieusement qu’une telle mesure pourrait être entérinée par l’oligarchie fasciste qui règne actuellement en France ? C’est bien simple : jamais elle n’acceptera ce qui signerait la fin de son hégémonie. Bien sûr, pour que le RIC existe, il ne faut pas demander aux juristes bourgeois de le dessiner pour nous. Non, eux ça suffit aussi : ces incultes arrogants ont fait suffisamment de mal au peuple. Il faut que le peuple donne sa forme au RIC. Pour ça, il faut mettre en place un deuxième temps du mouvement Gilets Jaunes, c’est-à-dire installer partout des ateliers pour mutualiser les idées qui donneront naissance et légitimité au RIC, cela sans abandonner les manifestations. Car disons le franchement : si le mouvement a eu un tel impact, si le monde entier nous regarde aujourd’hui avec admiration3, c’est du fait de notre capacité à nous comporter comme un peuple face au pouvoir et à répondre de façon virile4 à sa violence5On voit ici le potentiel révolutionnaire !

CependantParis-Luttes.info écrit : « Pour autant, et en réalité nous le savons tous, rentrer chez nous avec le RIC, c’est retourner au chagrin, sans rien de plus dans le frigo ». Si on les écoute, cela signifie qu’il faut repartir avec des mots d’ordre de type syndical, ceux-là même qui ont si bien marché pour nous mener là où nous sommes aujourd’hui, au bord du gouffre… Avec des revendications de type syndical, on réclame des droits à nos maîtres. Par là, nous reconnaissons leur domination et ne nous attaquons pas aux racines du mal, aux causes qui font que la situation du peuple est intenable. Ce que ces militants de gauche doivent comprendre, c’est que si nous demandons du pain à l’oligarchie, nous n’aurons jamais que des miettes ; or, avec le RIC, ce que nous demandons, c’est la boulangerie6La position de ces pseudo-intello de gauche est absolument intenable : d’un côté, ils nous parlent sans cesse de révolution, mais quand le mouvement est là, ils s’en tiennent à des revendications de droits (tel est d’ailleurs le piège que le féminisme tend au peuple, piège que Hannah Arendt avait pourtant déjà décrit en son temps : quémander des droits est l’inverse de la démocratie). Nous n’avons plus envie de revendiquer des droits : nous voulons instaurer une démocratie – enfin – pour que cesse notre oppression.

Pour nous désespérer quant à l’avènement d’une telle démocratie, c’est-à-dire un régime dans lequel le peuple serait souverain, Paris-luttes.info donne l’exemple de pays comme la Grèce et l’Argentine où, comme en France, le résultat des référendums ont été annulés par la bourgeoisie. Mais il est fallacieux d’utiliser de telles comparaisons ! Dans ces pays, le RIC n’existe pas ! L’oligarchie dessine encore la vie institutionnelle de ces pays. Rien à voir avec ce que nous demandons. Le RIC étant révocatoire, les politiciens n’obéissent pas aux ordres du peuple ? Ils dégagent ! On est loin de « l’appel à la pitié » dont Paris-luttes.info affuble le RIC. Encore une fois, il faut vraiment ne rien avoir compris pour écrire une chose pareille !

Toujours dans la critique du RIC, on a aussi ce type d’arguments : « il faut aussi noter que les partis d’extrême-droite ont une forte tendance à utiliser les outils référendaires pour avancer un agenda politique raciste ». Bon alors il ne reste plus qu’à mettre l’extrême-gauche au pouvoir pour être sûr que seules les idées compatibles avec notre bonheur seront adoptées. Blague à part, on voit ici l’absence totale de confiance dans le peuple : comme l’extrême-gauche possède la vérité, il est normal qu’elle sache mieux que nous ce qui est bon pour nous. C’est déjà ce que disaient Karl Marx ou Pierre Bourdieu : le scandale des scandales pour la petite-bourgeoisie – et l’extrême-gauche est désormais un mouvement petit-bourgeois – est de ne pas être reconnue pour ce qu’elle s’imagine être, ne pas pouvoir concrétiser en terme de pouvoir, la domination éthique qu’elle fait peser sur les classes populaires. La petite-bourgeoisie gauchiste reste impuissante politiquement et n’est bonne qu’à râler parce que ses valeurs (qu’elle partage bien souvent avec la bourgeoisie fasciste à l’image de sa haine de l’identité ou encore son dégoût de la nature que, en accord avec les multinationales, elle veut modifier au nom, par exemple, d’un supposé droit à l’enfantetc.) ne sont pas reconnues par ce satané peuple quil faudra bien changer tôt ou tard en l’éduquant. La posture de l’extrême-gauche face au RIC est révélatrice de sa haine du peuple7.

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Des humains de qualité ne peuvent apparaître que dans un contexte où règne la confiance, où tout n’est pas formalisé, où l’on s’autorise à explorer. Faire confiance, c’est, par exemple, écouter l’autre sérieusement et avec bienveillance, pas comme un imbécile qu’on veut réformer. C’est dans la confiance que la beauté se révèle, pas dans la surveillance et le soupçon. Ceux qui prétendent sans cesse « qu’on n’y arrivera pas sans éduquer le peuple » se trompent complètement. On n’éduque pas un peuple, on le met en confiance en lui faisant confiance. À mort toutes les écoles et tous les éducateurs, vive la confiance et le partage, seul terreau de toutes les qualités humaines.

Bien sûr, avec le RIC, l’appareil médiatique actuel devra être démantelé : il n’est pas possible de mener un débat sérieux avec l’intervention de journalistes. Toute cette clique de fainéants aux ordres de l’oligarchie n’a d’autre fonction que de nous faire douter de nous, de nous rapetisser, de tirer tout débat vers le bas. Eux sont capables de tenir le RIC en échec, de le frelater et de faire en sorte que nous soyons déçus de nous-mêmes. C’est dans un tel contexte que les idées les plus nocives collectivement risquent de passer, du fait de ce complexe journalistique qui ne fait que jouer sur nos peurs. 

Il y a enfin le cas extrêmement grave d’Étienne Chouard, que la Rotative présente comme « Blogueur très apprécié de différentes tendances d’extrême-droite avec qui il partage régulièrement l’estrade. » Comme le RIC qu’il promeut d’ailleurs de toutes ses forces, Chouard est un révélateur. On se frotte les yeux quand on lit ce qui lui est reproché : avoir discuté sur Internet avec des gens d’extrême-droite, avoir osé dire qu’ils n’avaient pas tort sur tout. Voilà les réflexes idéologiques qui font office de réflexion à l’extrême-gauche : si on est pas d’accord avec toi et que quelqu’un te parle, il devient par là notre ennemi. Plus encore : comme vous êtes d’extrême-droite et que pour nous, l’extrême-droite c’est le fascisme, vous avez tort sur tout. Hitler a dit que l’Angleterre était une île ? Alors c’est faux, elle ne peut pas être une île ! Pourquoi ? Parce que Hitler est très très méchant ! Comme il est très très méchant et qu’on veut que tout le monde sache qu’on est contre lui, on contredit tout ce qu’il dit. Cela semble caricatural mais en observant précisément le contenu des critiques adressées à Chouard, on s’aperçoit qu’elles sont pourtant de ce tonneau.

Il y a chez les gauchistes aujourd’hui un fantasme de destruction de l’Autre, de ce qui est différent. Si on parle avec l’extrême-droite, c’est qu’on est d’accord avec elle, c’est qu’on est contaminé, c’est comme une maladie. Il est inadmissible qu’une sorte de police de la pensée naisse ainsi chez ceux qui prétendent être le parti de l’émancipation. Le refus du dialogue avec l’Autre, le fantasme de sa destruction me semble bien plus proche du fascisme que tout ce que je vois à l’extrême-droite. L’attitude qu’il faut avoir dans ces temps difficiles est au contraire une posture de dialogue avec tout le monde, dire nos peurs, écouter celles de l’Autre, essayer de les comprendre, c’est-à-dire considérer l’Autre comme aussi intelligent que soi et dialoguer pour fonder un monde commun comme dirait Arendt.

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Malheureusement, Chouard s’est excusé pour avoir dialogué avec l’extrême-droite. Il a reconnu que Soral, par exemple, avait eu des paroles inadmissibles. Ce qui est vrai mais ne veut pas dire qu’il ait tort tout le temps ! Et ça, ça n’est pas négociable quelque soit la violence de la police de la pensée gauchiste car c’est de la logique, et la logique n’a que faire de la police de la pensée, n’en déplaise à un Frédéric Lordon ou un François Ruffin8. Et voici donc ces quelques paroles échangées sur le net qui transforment Chouard en blogueur qui « partage régulièrement l’estrade » avec l’extrême-droite. Il n’y aura jamais de pardon mon pauvre Étienne, pas avec ces gens ; tu n’auras jamais de pardon pour une faute qui, de toute manière, n’existe que dans les esprits embrigadés de tes accusateurs. Du coup, on obtient le syllogisme suivant : Chouard = extrême-droite ; Chouard = RIC ; donc RIC = extrême-droite. Exemple tiré de La Horde : « C’est donc sans surprise qu’on voit ressurgir des personnalités comme Étienne Chouard, qui refuse de reconnaitre le danger que représente l’extrême droite parce que cela rentre en contradiction avec son projet de démocratie intégrale. De même, présenter le référendum d’initiative citoyenne (RIC) comme la solution miracle à tous les problèmes est en soi un problème. » CQFD. Au passage, j’aimerais bien que la Horde nous explique ce qu’est la « démocratie intégrale ». Elle s’opposerait, j’imagine, à une « démocratie partielle » ? De quoi s’agirait-il ?

En fait, ces individus endoctrinés veulent infiltrer le mouvement des Gilets Jaunes pour en exclure les franges du peuple qui ne leur conviennent pas et faire correspondre le mouvement à leurs obsessions. Ils veulent le rationaliser9. Ils n’ont aucune légitimité pour faire cela. Ce mouvement ne leur appartient pas : ils peuvent y venir mais pas y imposer leurs buts ou leur mono-obsession de l’extrême-droite. Plus encore, en empêchant le dialogue entre des strates du peuple que les stratégies de l’oligarchie sont parvenues à opposer, ils l’affaiblissent face à l’unité de la classe dominante et, par conséquent, sont des traîtres au peuple. Ils sont des mécanismes du maintien de l’ordre fasciste qui règne en occident. Ils ont beau s’appeler « antifa », ces petits-bourgeois sont les nouveaux fascistes : intolérants, persuadés de détenir la vérité, imperméables au doute. Ce n’est pas parce qu’ils se sont achetés des drapeaux rouges et noirs qu’ils sont à l’abri de l’accusation d’être des fascistes. Ils me rappellent ces paroles du chansonnier Pierre Selos dans sa chanson « Les cons sont là » :

« ceux qui n’ont pas compris l’histoire,

les fossoyeurs de la mémoire,

et qui refont tous les faux-pas :

les cons sont là. »

La question qui se pose alors me paraît être celle-ci : comment fait-on quand on est contre le progrès (défendu par la gauche) et contre l’autoritarisme et la hiérarchie (défendus par la droite) ? Il n’y a nulle part où aller sur l’échiquier politique. Hé bien tant mieux car heureusement, une alternative populaire vient de naître : le mouvement des Gilets Jaunes.

Christophe Hamelin

Notes:

Il est assez fascinant de constater leur entêtement à ne pas analyser les migrations modernes dans leur contexte capitaliste. Ainsi le site La Horde écrit-il : « De même, refuser de considérer comme un problème le nationalisme assumé des gilets jaunes à travers à la fois des symboles et une façon de se définir (« les Français ») est d’autant plus dangereux que, en particulier sur les réseaux sociaux, cette identité nationale est non seulement interclassiste, mais également construite contre un cosmopolitisme associé dans l’esprit des gens au capitalisme sans frontière. » L’incapacité, toute idéologique, de l’extrême-gauche à comprendre le phénomène profondément humain qu’est l’identité en fait un rouage de l’actuel ordre fasciste. Dans la mythologie totalitaire du progrès, les identités sont effacées. Mais au profit de quoi ? D’une identité politique ? Mais alors il s’agit d’un endoctrinement puisque la personnalité de l’individu est déterminée par des idées hétéronomes. Plus encore, dans l’ordre actuel, l’effacement des identités se produit au profit de la constitution d’une identité de consommateur mondialisé. Or cela est la marque du totalitarisme aujourd’hui. Un monde sans identité, d’individus déracinés, dans lequel il n’y a plus de résistances autonomes à l’ordre. Par conséquent, faire l’apologie des migrations revient à adouber l’ordre fasciste que cherche à instaurer l’oligarchie. Donc, les gauchistes sont des néo-fascistes. Cette inversion de termes (appeler « fascistes » les « antifa ») peut paraître choquante a priori mais mérite réflexion.

Je conseille aux gauchistes de se pencher sur Aristote, Les politiques, IV, 9, 1294b4.

Je ne lis malheureusement que l’anglais donc je ne peux pas dire pour les autres peuples mais allez voir sur les forums anglo-saxons, en particulier états-uniens : la teneur des propos sur le mouvement Gilets Jaunes change complètement du « french bashing » habituel. Ils sont estomaqués et nous admirent.

La virilité est bien sûr une caractéristique du genre masculin mais concerne les deux sexes.

5 Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Helder Camara, évêque brésilien

Allégorie entendue par un pote sur un rond-point.

Par contre, je n’ai aucun doute sur le fait que les gauchistes sont incapables de comprendre un mot de ce que je raconte. En effet, ils se gargarisent de slogans pro-peuples style : « Les muscles de cette société, ce sont les millions de prolos. La seule force capable de s’opposer à celle du capital, la voici. » (Paris-luttes.info) mais sont incapables de voir que leur posture dit exactement l’inverse de ce type de propos standardisés.

Les récentes hésitations de Ruffin sur Chouard ne changent rien au fait qu’il s’est rendu coupable d’avoir participé à son lynchage.

C’est-à-dire qu’ils veulent le faire correspondre à une idée.

 

mercredi, 10 mai 2017

EUROPESE ONMACHT, TURKSE HOON

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Dirk Rochtus:

EUROPESE ONMACHT, TURKSE HOON

Ex: http://www.doorbraak.be

Turkije wil dat de Europese Turken zich in een referendum kunnen uitspreken over de herinvoering van de doodstraf.

Premier Charles Michel breekt zich het hoofd over de vraag of de Turkse staat een referendum over de herinvoering van de doodstraf kan of mag organiseren in zijn ambassade of consulaten op Belgisch grondgebied. Hij is niet de enige. Het probleem ligt ook de Duitse bondskanselier Angela Merkel zwaar op de maag. Dat een kandidaat-lidstaat van de Europese Unie (EU) overweegt de doodstraf in te voeren, druist in tegen de basisprincipes van diezelfde waardengemeenschap. Europese leiders gruwen bij de gedachte dat ze zo een referendum op hun grondgebied zouden moeten gedogen. Moeten? Of hebben ze het recht om het te verbieden? De Duitse regering heeft advies ingewonnen van de 'Wissenschaftliche Dienste' van de Bondsdag (het federale parlement). Volgende elementen komen naar voren uit dit wetenschappelijke advies (waarin ook volkenrechtspecialisten geciteerd worden):

Advies

1° Voormalige staatssecretaris Peter Altmaier verklaarde in de week van 12 maart 2007 als antwoord op schriftelijke vragen van leden van de Bondsdag dat de Bondsregering sinds 1991 toelaat aan geaccrediteerde vertegenwoordigingen van buitenlandse staten – dus ambassades en consulaten – om nationale verkiezingen voor te bereiden en door te voeren in de Bondsrepubliek.

2° Jurist Marten Breuer stelt dat in de collectieve wilsuiting van een staatsvolk door middel van een stemming een 'Hoheitsakt' (een soevereine act) te zien valt (Breuer, Marten, Verfassungsrechtliche Anforderungen an das Wahlrecht der Auslandsdeutschen, Berlin 2001, S. 191). De woordvoerder van het Auswärtiges Amt (het Duitse Ministerie van Buitenlandse Zaken) sloot zich tijdens een persconferentie op 15 maart 2017 aan bij deze stelling: 'Ein Wahlvorgang ist, wenn Sie so wollen, ein ganz besonders edler hoheitlicher Vorgang. Deshalb unterliegt dieser einer völkerrechtlichen Genehmigungspflicht durch den Gaststaat. Das gilt nicht nur für Deutschland, sondern das gilt überall auf der Welt.' (Verkiezingen zijn, als u zo wil, een heel bijzondere edele manier om soevereiniteit uit te oefenen. Daarom zijn deze – zoals het volkenrecht voorschrijft – onderhevig aan een goedkeuring door de gaststaat. Dat geldt niet alleen voor Duitsland, maar dat geldt overal ter wereld).

3° De juriste Anna von Notz schrijft op het forum 'Verfassungsblog': "Rechtlich ist die Sache klar. Es gibt keinen Anspruch der Türkei darauf, dass sie Abstimmungen in Deutschland durchführen darf. Die Entscheidung darüber liegt im politischen Ermessen der Bundesregierung." (Juridisch is de zaak duidelijk. Turkije heeft er geen aanspraak op dat het stemmingen in Duitsland mag doorvoeren. De beslissing daarover is afhankelijk van de politieke beoordelingsvrijheid van de Duitse regering.)

Precedent

Met andere woorden: de regering van de gaststaat (in het Duits 'der Empfangsstaat') moet haar toestemming geven voor het doorvoeren van verkiezingen en referenda omdat het hierbij gaat om het uitoefenen van soevereiniteit door de buitenlandse staat, de zendstaat (in het Duits 'der Entsendestaat'). De regering van de gaststaat geniet dus de vrijheid om zo een daad al dan niet toe te laten en om te bepalen onder welke voorwaarden. Ze kan dus een buitenlandse staat haar toelating weigeren om verkiezingen/referenda op haar grondgebied te organiseren. In Duitsland bestaat daar zelfs een precedent voor. De Syrische regering wilde in 2014 ook in haar buitenlandse vertegenwoordigingen (ambassades en consulaten) presidentsverkiezingen organiseren. De Duitse regering heeft dat geweigerd met een aan Damascus gerichte schriftelijke nota omdat het niet ging om een 'democratisch gelegitimeerde verkiezing'.

Hoon

Bij het Turkse referendum over de doodstraf gaat het om iets om wat volkomen indruist tegen de waarden van de EU. Volgens Frank Schorkopf, Professor aan het Institut für Völkerrecht und Europarecht van de universiteit van Göttingen, heeft de Bondsregering dan zelfs een 'Versagungspflicht', de plicht om de toelating te weigeren De volkenrechtspecialist haalt het voorbeeld aan van buitenlandse misdadigers die de Bondsregering ook niet mag uitleveren aan een staat waar hen de doodstraf zou wachten.

Verbieden is één ding, het verbod doorvoeren nog iets anders. Turkije kan zo een verbod naast zich neerleggen en het referendum toch doorvoeren in zijn ambassades en consulaten. Die vormen geen extraterrioriaal gebied, aldus Anna von Notz. Ze vallen onder de soevereiniteit van de gaststaat, maar ze genieten wel bescherming en onschendbaarheid. De politie van de gaststaat mag er niet zonder toestemming van de buitenlandse staat binnendringen.

Regeringen van EU-lidstaten zijn machteloos. Ze kunnen geen daden laten volgen op woorden. De Turkse regering kan dus haar zin doen, maar dan zou daaruit alleen maar haar hoon voor de EU blijken.

 

jeudi, 01 septembre 2016

Démocratie directe – Une bénédiction pour la Suisse

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Démocratie directe – Une bénédiction pour la Suisse. Un modèle pour les autres peuples

 
Ex: http://arretsurinfo.ch

L’initiative populaire fédérale a 125 ans

Les Suisses sont depuis longtemps habitués à contribuer au façonnement de l’Etat et de la politique. Commençant par la formation coopérative des communes et des «Landsgemeinden» dans les cantons de montagne, peu à peu tous les cantons se donnèrent – depuis l’époque de la Régénération dans les années 1830 – une Constitution démocratique avec le développement successif des droits populaires.[1]

Au niveau fédéral, on introduisit déjà lors de la fondation de l’Etat fédéral de 1848 le référendum obligatoire pour les amendements de la Constitution. En 1874 suivit le référendum législatif facultatif qui fut plus tard – en 1921 – complété par le référendum facultatif pour les accords internationaux. Il y a 125 ans, le 5 juillet 1891, le peuple suisse vota avec 60% des voix en faveur de l’introduction du droit d’initiative au niveau fédéral. Depuis les Suisses ont déposé plus de 300 initiatives dont 203 furent soumises au peuple, les autres furent en général retirées suite à des contre-projets acceptables rédigés par le Parlement. Durant ces 125 ans, 22 initiatives, dont dix depuis 2002, furent adoptées par le peuple suisse et la majorité des cantons.Ce procédé démocratique développé en Suisse au cours de l’histoire est, en principe, possible également dans d’autres pays. Un développement constant de la démocratie directe du bas vers le haut est sans doute le fondement le plus solide. Car la démocratie directe implique aussi, à part le droit du citoyen de prendre des décisions, le devoir d’engager ses forces pour le bien commun. Celui qui dans une commune, en coopération responsable et pour le bien commun, apprend à planifier et à gérer, peut l’appliquer ensuite à des niveaux supérieurs de l’Etat.

Sous le titre «125 ans d’initiative populaire fédérale – une réussite?» le Zentrum für Demokratie Aarau a organisé le 5 juillet 2016 un forum en présence d’un nombreux public, avec la participation de deux conseillers aux Etats (Thomas Minder, sans parti, Schaffhouse et Hans Stöckli, parti socialiste, Berne) ainsi que de deux professeurs de droit (Andreas Kley[2] et Markus Müller[3]). Le Pr Andreas Glaser[4] a dirigé de manière très vivante et engagée la réunion et le débat avec les auditeurs.

Dans une démocratie on ne peut pas gouverner contre la volonté de la population

«La démocratie directe occupe en ce moment l’Europe entière. Dans beaucoup de pays de l’UE, les uns exigent de manière euphorique, après la décision du Brexit, davantage de droits décisionnels pour le peuple de façon immédiate, tandis que les autres se voient confortés dans leur position qu’il ne faut pas se fier au peuple et que la politique doit demeurer uniquement l’affaire de l’élite.» (Katharina Fontana [5] )

Sur des questions d’une importance capitale pour l’avenir d’un Etat – comme par exemple l’adhésion à l’Union européenne ou la substitution de la monnaie du pays par une monnaie unitaire – la perspective suisse exigerait une votation obligatoire même au plus haut niveau étatique, dans chaque pays membre. Après la décision du Brexit, il y aura probablement aussi dans d’autres pays européens une velléité du peuple de poser la question de la sortie. Si les autorités évitent de manière trop acharnée de demander le vote populaire, par peur que la majorité approuve la sortie, cela pourrait avoir des répercussions négatives: pour pouvoir parler d’une «Nation fondée sur la volonté du peuple = Willensnation», le gouvernement et le Parlement de chaque Etat devraient savoir si une nette majorité de la population est d’accord ou s’oppose à l’intégration dans une organisation supranationale.

D’ailleurs cela ne regarde personne si le citoyen donne sa voix suite à une analyse soigneuse des documents à disposition ou suite à ses sentiments personnels subjectifs. C’est son affaire tout à fait personnelle, sa propre liberté.

[Lire l’interview du conseiller aux Etats Thomas Minder.] Ainsi s’exprime aussi Pr Andreas Kley à Aarau :

«Dans la démocratie directe, les opinions se manifestent de manière subite, c’est dû au système. On peut qualifier cela de citoyens colériques, d’actes émotionnels ou erronés etc. C’est une perspective négative. Je pense qu’en démocratie, on ne peut pas gouverner contre la volonté du peuple, sinon il faut l’abolir ou bien introduire une dictature.»

Chaque citoyen est sur le même pied d’égalité

Bien que la démocratie directe ait jouée en Suisse, au cours des siècles, un rôle important pour la satisfaction des citoyens, mais aussi pour la paix sociale dans le pays, il y a toujours à nouveau dans ce pays des discussions si le droit d’initiative ne devrait pas d’une manière ou d’une autre être limité. Car à la différence du droit au référendum, avec lequel les citoyens peuvent s’exprimer sur les décisions parlementaires, l’initiative populaire est un instrument actif qui ne pose presque pas de limites aux désirs et idées des citoyens pour contribuer à des changements concrets de la Constitution – le plus souvent contre la volonté du Parlement – dans le processus politique. Ainsi, on récolte actuellement des signatures pour neuf initiatives populaires fédérales, entres autres «Pour davantage de logements abordables», «Pour plus de transparence dans le financement de la vie politique», «Pour un congé de paternité raisonnable – en faveur de toute la famille» ou bien «Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination)».

Quand on pense à quel point les droits politiques des citoyens suisses sont ancrés dans le peuple, certaines voix entendues lors du forum à Aarau ont pu surprendre, bien que la plupart des prises de position aient été plutôt positives. Ainsi, le professeur de droit Markus Müller a constaté que le peuple suisse n’est qu’un acteur parmi d’autres: «La démocratie bien comprise consiste, dans ma perception des choses, en l’art de donner au peuple le rôle qu’il peut effectivement remplir. C’est le rôle de l’organe de contrôle, de l’initiateur […].»

Cette «définition» du droit d’initiative et de référendum des citoyens ne se trouve toutefois pas dans la Constitution fédérale, mais le peuple suisse est véritablement l’instance suprême de l’Etat fédéral suisse. C’est pourquoi le présentateur, Pr Andreas Glaser, a confronté de manière directe son collègue bernois avec un témoignage de notre pays voisin – non habitué à la démocratie: «Le président fédéral allemand M. Gauck a déclaré après la votation du Brexit: actuellement, ce ne sont pas les élites qui sont le problème, ce sont les populations. Markus Müller, tu devrais le voir de la même façon, n’est-ce pas? C’est donc la population qui est le problème?»

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Et Markus Müller de répondre: «[…] que le peuple soit le problème, c’est à cause de l’élite. L’élite n’atteint plus le peuple. – En lisant dans les brochures officielles, dans les livrets de votation aux meilleures intentions, alors j’ai le sentiment que les gens pensent que la population suisse s’arrête aux employés de bureau. Et ce n’est pas le cas: je connais un employé de nettoyage dans la centrale nucléaire de Gösgen, il pense différemment, il faut l’atteindre différemment.»

Depuis quand est-ce qu’il y a en Suisse deux sortes de citoyens – des élites et des employés de nettoyage? En quoi diffère un employé de nettoyage? Refuse-t-il peut-être de se laisser expédier, sur des rails huilés, directement au sein de l’UE par certaines prétendues élites? Cela me rappelle une ancienne collègue de travail à l’école professionnelle, une partisane fervente de l’adhésion à l’UE. Un jour, elle arrive en colère dans la salle des professeurs et s’exclame: «Avec mes élèves [des apprentis électro-monteurs] je ne discute plus de l’UE, ils sont tous contre!» Cela devrait être chose difficile pour les «experts» autoproclamés de forcer ces jeunes gens actifs dans leur propre pays pour l’adhésion à l’UE – heureusement!

Un participant dans le public a également critiqué une telle classification des citoyens: «Monsieur Müller, vous contestez en quelque sorte au peuple, au ‹citoyen lamda› la capacité de décider. Moi, j’ai une toute autre opinion. Souvent ce sont justement les non-juristes ou les ‹citoyens lamda› qui ont un bien meilleur jugement des réalités. En effet, il y a avant chaque votation un débat intense, dans lequel presque tous les arguments des adhérents et des adversaires sont discutés. Ainsi, durant le processus de la votation, tout devient très clair. Je suis vraiment de l’avis qu’il faut prendre au sérieux la décision des citoyens.»

En totale contradiction à l’égard du citoyen instruit et autonome

Hansueli Vogt, également professeur de droit et participant au forum, pointa du doigt la contradiction fondamentale dans la pensée de certains «cercles progressistes»: «Je trouve hautement élitiste de penser que des spécialistes du nettoyage à la centrale de Gösgen ne soient pas capable de se forger une opinion. Ce sont précisément les droits individuels, très appréciés dans vos rangs: la liberté de pensée, la liberté personnelle, la liberté économique etc. qui caractérisent le citoyen instruit. On ne peut pas défendre les droits individuels, dans une société éclairée où l’on met l’individu au centre, et d’autre part nier sa capacité de décision. Voilà une incohérence totale.»

Pas de mise sous tutelle du souverain

Les propositions de M. Müller pour mieux diriger les électeurs vont donc également dans ce sens: il veut supprimer l’initiative populaire rédigée de toutes pièces et accepter seulement les initiatives en forme de proposition conçue en termes généraux.
Si les citoyens sont limités, par une initiative populaire, à n’exprimer qu’une orientation générale, alors ils ne peuvent plus «obstruer» les activités du Parlement. La majorité parlementaire serait libre de rédiger elle-même les textes légaux de sorte qu’ils s’adaptent, entre autres, au dit «droit international», notamment aux accords bilatéraux avec l’UE.

Une participante de la réunion d’Aarau a relevé l’exemple le plus récent de la politique suisse, tout en classant l’idée de M. Müller dans ses aspects du droit public: «La proposition du Professeur Müller de ne tolérer les initiatives populaires qu’en forme de proposition conçue en termes généraux reviendrait à supprimer le droit d’initiative. Cela se réduirait à peu près à une pétition. Les débats actuels comme, par exemple, celui sur l’Initiative contre l’immigration de masse s’expliquent précisément du fait que le texte de l’initiative a été rédigé de toutes pièces – et qu’il se trouve actuellement comme article 121a dans la Constitution fédérale. On y trouve des mesures concrètes concernant les ‹contingents› et les ‹plafonds annuels› permettant une gestion souveraine des flux migratoires en Suisse. Les fonctionnaires des administrations bernoises et bruxelloises prétendent une violation à l’Accord sur la libre circulation des personnes et se plaignent des électeurs suisses. Si, par contre, les électeurs suisses ne pouvaient formuler que des souhaits du genre: cher Parlement, auriez-vous la gentillesse de veiller à ce que moins de migrants envahissent notre pays» [6] – cela conviendrait sans doute mieux aux aspirations de la Berne fédérale, mais il ne s’agirait alors que d’un pur droit à la pétition.

Faudra-t-il donc, à l’avenir, s’exposer aux intempéries pour récolter les 100 000 signatures en vue d’une pétition stérile?

Le conseiller aux Etats Thomas Minder s’est exprimé de manière similaire dans l’interview :

«La possibilité de créer des textes d’initiative rédigés de toutes pièces est nécessaire pour débattre d’un sujet de manière différenciée. Car dans la démocratie directe suisse le Oui ou le Non dans les urnes sont certes une chose essentielle – cependant, il est beaucoup plus important pour le développement des droits populaires de pouvoir débattre du sujet dans le pays, à la table des habitués, lors de débats publics, de discussions dans les médias, avec des lettres de lecteurs.»

L’initiative populaire fédérale, la Magna Charta Libertatum du peuple suisse

D’ailleurs, il y a 125 ans, les objections contre l’initiative rédigée de toutes pièces étaient similaires: «Des conseillers fédéraux et des parlementaires émirent de sérieux avertissements contre le danger ‹d’une confusion illimitées et d’une législation imparfaite›. Ce nouvel instrument mènerait à la démagogie, dit-on. Il s’agirait d’une initiative ‹anarchique› permettant ‹de s’adresser à la population derrière le dos des députés›.» (Katharina Fontana [7]).

En 1890, le Conseil national donna néanmoins son aval à l’initiative populaire au texte rédigé de toutes pièces, après que le Conseil des Etats s’en fût montré moins récalcitrant. Le Pr Andreas Kley partage l’avis, d’un des conseillers aux Etats d’alors du camp de l’Union conservatrice (catholique) qui s’était battu avec succès, contre la majorité libérale du Parlement, en faveur du droit à l’initiative populaire:

«Ce que Theodor Wirz, conseiller aux Etats et pionnier résolu de l’initiative populaire avait dit en 1890 a gardé toute sa pertinence aujourd’hui encore. Wirz avait critiqué le Parlement ‹despotique›, notamment le Conseil national en posant la question rhétorique: ‹Y a-t-il un droit populaire qui n’ait pas été caractérisé, par les tuteurs du peuple, comme étant dangereux et révolutionnaire? A qui est-ce, finalement, de régner en roi et en maître dans le pays?› Wirz et la majorité du Conseil des Etats refusèrent donc la réduction de l’initiative populaire à sa forme de proposition conçue en termes généraux. Ils précisèrent qu’il s’agissait, pour le Conseil des Etats, ‹d’une question d’honneur d’offrir au peuple suisse, de manière beaucoup plus résolue que le Conseil national, cette Magna Charta Libertatum›.»[8]

Cette «Magna Charta» de la liberté politique du peuple suisse a contribué, au cours de 125 ans, à d’innombrables débats au sein des partis politiques, des associations et des organismes civiques, sur des questions politiques et sociales, menant les citoyens à se décider pour ou contre des centaines d’initiatives populaires. Ainsi, les citoyens contribuent eux-mêmes, par leur propre action, à faire évoluer le modèle suisse et se soucient de son acceptation maximale au sein de la population.    •

Par Marianne Wüthrich, docteur en droit, 22 août 2016

1    cf. Roca, René. Wenn die Volkssouveränität wirklich eine Wahrheit werden soll … Die schweizerische direkte Demokratie in Theorie und Praxis. Das Beispiel des Kantons Luzern, Schriften zur Demokratieforschung, Band 6, Zürich-Basel-Genf 2012
2    Chaire de droit public, histoire constitutionnelle et philosophie de l’Etat et du droit, Université de Zurich
3    Chaire de droit administratif et public et de droit procédural, Université de Berne
4    Chaire de droit public, administratif et européen, spécialisé dans les questions de démocratie, Université de Zurich
5    Fontana, Katharina. «125 Jahre Volksinitiative. Keine Zähmung nötig», in: «Neue Zürcher Zeitung» du 9/7/16
6    Actuellement, 1.4 millions de citoyens de l’UE résident en Suisse, tandis que, sur le territoire entier de l’Union européenne, le nombre de ressortissants de l’UE habitant dans un autre pays membre s’élève à 15.4 millions. C’est d’autant plus remarquable que le nombre de la population suisse s’élève à 8 millions d’habitants, chiffre 60-fois mineur à celui de l’Union.
7    Fontana, Katharina. «125 Jahre Volksinitiative. Keine Zähmung nötig», dans: «Neue Zürcher Zeitung» du 9/7/16
8    Kley, Andreas Kley. «125 Jahre eidgenössische Volksinitiative. Die Magna charta libertatum des Schweizervolkes»,www.news.uzh.ch/de/articles/2016/125-Jahre-Volksinitiativ...

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La démocratie directe est véritablement une histoire de réussite

A la question initiale «L’initiative populaire fédérale est-elle une histoire de réussite», posée par le professeur Andreas Glaser, la réponse fut affirmative par tous les participants au forum.

«Il faut prendre grand soin de l’initiative populaire»

«Pour moi, l’initiative populaire est le facteur de réussite absolu de la Suisse, pour la stabilité du pays. Il y a des personnes désirant réduire les droits, pour moi, ils font fausse route. Je veux élargir les droits démocratiques en Suisse. Je ne changerais rien au système de la démocratie directe. Il faut prendre grand soin de l’initiative populaire.» (Thomas Minder, conseiller aux Etats et entrepreneur, sans parti, SH)

Ce qui a fait ses preuves aux niveaux communal et cantonal, le fait aussi au niveau fédéral

«Il va de soi que l’initiative populaire est une réussite. Elle a un excellent effet constructif pour nos systèmes juridique et politique, notre démocratie consensuelle. Ce qui à fait ses preuves aux niveaux communal et cantonal, le fait aussi au niveau fédéral. Son effet est grand, pas seulement si elle est acceptée en votation, mais également comme base consécutive du travail.» (Hans Stöckli, conseiller aux Etats et avocat, PS BE)

Elle est un instrument en nos mains pour ne pas être livrés aux autorités

«Pour moi aussi, l’initiative populaire est une perle de la démocratie directe suisse. Pourquoi est-elle d’une si grande importance? Parce qu’elle est un instrument en nos mains pour ne pas être livrés aux autorités. Elle élimine, relativise ou réduit en nous le sentiment d’impuissance et la perte de contrôle. C’est très important au niveau psychologique. Car nous savons que, si nous le désirons, nous avons la possibilité de nous faire entendre, c’est en tout cas rassurant.» (Markus Müller, professeur de droit, BE)

Source: http://www.zeit-fragen.ch/fr/editions/2016/no-18-22-aout-...

dimanche, 19 juin 2016

Démocratie directe : la Russie en avance sur les Occidentaux?

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Démocratie directe: la Russie en avance sur les Occidentaux?

Uli Windisch
Rédacteur en chef
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Yvan Blot et Uli Windisch invités à Moscou pour répondre à l’intérêt pour la démocratie directe et à donner un avis sur l’application des primaires par Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine

 

Vladimir Poutine plus démocratique que nombre de pays occidentaux !

Impossible n’est pas russe !

Une Fondation russe, l’Institut of socio-economic and political research, invite des professeurs et des chercheurs étrangers spécialisés dans l’étude de la démocratie directe afin de prendre connaissance de leurs travaux et expériences et d’en tirer profit pour une organisation plus démocratiques des élections législatives de septembre 2016. Parmi eux Yvan Blot et Uli Windisch

En Occident on n’est guère au courant que le 25 mai dernier, Russie Unie, le parti de V. Poutine, a organisé pour la première fois ses primaires en vue de la désignation de ses candidats aux législatives qui renouvelleront la Douma en décembre prochain. Le but principal de ces primaires : rajeunir le personnel politique et  rapprocher davantage les élus de la population. Le succès de ces primaires  a été incontestable : 9,1 millions d’électeurs y ont participé.

Parmi les invités occidentaux spécialisés dans l’étude de la démocratie directe, Yvan Blot, est un admirateur de longue date de la démocratie directe suisse et auteurs de plusieurs ouvrage sur le sujet, et Uli Windisch, professeur des universités, et rédacteur en chef du site de Réinformation LesObservateurs.ch, est lui aussi auteur de nombreuses recherches et publications sur la démocratie directe suisse:

Uli Windisch, Le Modèle suisse, La démocratie directe et le savoir-faire intercommunautaire au quotidien, Ed l’Age d’Homme, Lausanne, Paris, 2007 ;

Le récent entretien donné à TVlibertés : Le Modèle suisse, La démocratie directe suisse", le 7 juin 2016: Lien vers l’émission de TVlibertés et sur notre site: interview de Uli Windisch sur Le Modèle suisse et la démocratie directe, ici: http://lesobservateurs.ch/2016/06/07/uli-windisch-sur-le-plateau-de-tvlibertes-video/

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Le dernier article de Yvan Blot : Les primaires, une idée russe, Polémia, site de Réinformation français, 16 juin 2016:

Les primaires, une idée à la russe

Ivan Blot, haut fonctionnaire, homme politique, essayiste et écrivain

♦ A la fin des traditionnelles élections primaires américaines et à l’heure des prochaines primaires de la droite et du centre, peu de Français, et d’Occidentaux en général, sont informés de l’innovation que vient de mettre en place la Russie. Il est vrai que les opinions publiques occidentales ne sont pas encore prêtes à admettre que la Russie puisse inspirer une innovation éminemment démocratique.

Pourtant, c’est un exemple intéressant pour des pays comme la France où le système des partis est oligarchique et se bat avant tout pour sa propre survie.

Ainsi, le 25 mai dernier, Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine, a organisé, pour la première fois, ses élections primaires en vue de désigner ses candidats aux législatives qui renouvelleront la Douma en décembre prochain. Selon les données fournies par Russie Unie, 2.781 candidats ont participé à ces primaires, dont 200 membres des activistes de l’ONF, le Front du peuple de toutes les Russies. Ce qui fait une moyenne de six candidats par circonscription avec, par exemple, une pointe à treize à Moscou. Plus de 9,1 millions d’électeurs y ont participé. La participation s’est établie dans une fourchette de 3%, dans la région d’Arkhangelsk, au nord-ouest du pays, à 14% en Mordovie, Moscou ayant participé à hauteur de 6,5%. A noter que 193 députés sortants se sont soumis à ces primaires.

demdirUwt3L._AC_UL320_SR206,320_.jpgRussie Unie a choisi d’en passer par les primaires pour recruter des candidats solides et des leaders d’opinion qui pourraient réaliser de meilleurs résultats que des membres du parti qui, eux, sont promus par les autorités locales mais n’ont pas forcément les faveurs de l’électorat.

Sur la base des résultats de ces primaires législatives, Russie Unie constitue actuellement ses listes de candidats, qui seront présentées dans le courant de ce mois de juin au congrès du parti.

Ce processus de sélection des candidats aux législatives est, certes, nouveau en Russie, mais il n’existe encore nulle part en Europe où les rares médias qui en ont parlé ont insisté sur son caractère éminemment démocratique. En France, par exemple, où le débat sur le cumul des mandats qui divise tous les partis pourrait trouver une solution en s’inspirant de ce modèle russe. Certains candidats à la primaire de la droite et du centre suggèrent, en effet, non seulement de limiter le cumul des mandats simultanés, mais de les limiter également dans la durée, comme c’est déjà le cas pour la présidence de la République. Mais la plupart d’entre eux préfèrent éviter le sujet.

Dans un contexte où tous s’accordent à reconnaître que la démocratie française est malade, souffrant du manque de confiance des citoyens, l’exemple russe mérite d’être étudié. En effet, si seulement 14% des Français déclarent faire confiance aux partis politiques, ils sont 35% à se déclarer confiants en la démocratie. En d’autres termes, les citoyens ne sont pas opposés à la démocratie mais sont déçus par sa façon de fonctionner.

Pour l’anecdote, je rappellerai un épisode pittoresque qui remonte à plus d’un quart de siècle mais qui n’a rien perdu ni de son actualité ni de son acuité : je siégeais en tant que directeur du cabinet du secrétaire général du RPR, Bernard Pons, à une commission d’investiture réunie pour désigner le candidat du parti à la mairie de Lyon aux élections municipales de 1989. Les autres membres de la commission étaient Jacques Chirac, président du parti, les présidents des deux groupes parlementaires, Claude Labbé à l’Assemblée nationale et Charles Pasqua, le secrétaire national aux élections, Jacques Toubon.

Chirac nous demanda de choisir entre deux candidats, le chef d’entreprise, Alain Mérieux, et un membre local du parti, Michel Noir. Il nous expliqua aussi qu’il préférait Noir à Mérieux parce que celui-ci était trop riche, donc trop indépendant. Il ajouta que Mérieux était si ambitieux que s’il devenait maire de Lyon, il se servirait de sa prestigieuse mairie comme tremplin pour une candidature à l’Élysée contre lui-même. Evidemment, Noir fut désigné sans que nous ne nous soyons prononcés et encore moins les militants locaux du parti.

Ivan Blot
16/06/2016

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Autre article de Uli Windisch sur la culture politique suisse (18p):

Au- delà du multiculturalisme: identité, communication interculturelle et culture politique: le cas de la Suisse[1]

La situation concrète de la Suisse plurilingue et pluriculturelle illustre l'impossibilité de comprendre la diversité culturelle croissante des pays européens ayant connu une forte immigration en termes dichotomiques et manichéens du genre multiculturalisme/citoyenneté; relativisme culturel/assimilation; différences culturelles/unité nationale, etc.

Plus généralement, on remarque dans la recherche une tendance à vouloir aborder des thèmes comme ceux de la diversité culturelle et de l'immigration de manière purement théorique, abstraite et universelle. Chaque chercheur a sa théorie et veut imposer sa vérité, souvent par une sorte de coup d'état théorique. Les recherches approfondies et les données empiriques passent volontiers au second plan. Cela montre à quel point la diversification culturelle à la suite de l'immigration et de l'ensemble des mouvements de population n'est pas un thème neutre politiquement. Tout propos à ce sujet, aussi nuancé, fondé empiriquement et objectif soit-il, est quasi automatiquement connoté politiquement et réinterprété idéologiquement en fonction des a priori partisans et idéologies respectifs. La polémique est garantie d'avance et les accusations réciproques et autres procès d'intention constituent le moteur de la dynamique de la discussion. En bref, c'est un terrain miné.

Notre objectif ne vise pas à ajouter une énième vérité ni à louer ou à condamner le multiculturalisme ou le communautarisme, ou, au contraire, à prôner l'intégration ou la citoyenneté comme unique solution politique valable et responsable. A notre avis, l'urgence en la matière ne consiste pas à choisir entre multiculturalisme et citoyenneté mais à analyser empiriquement et de manière approfondie des exemples réels de sociétés confrontées au problème de la gestion de la diversité (culturelle) dans l'unité (politique). Quelle unité à partir de la diversité? Quelle diversité une unité (nationale) peut-elle supporter sans éclater? Concilier diversité et unité cela ne revient-il pas à vouloir concilier l'inconciliable? La diversité est souvent perçue comme une menace pour l'unité; l'obsession de l'unité et la peur concomitante de l'éclatement sont sans doute deux traits majeurs de toute société, de tout Etat, de tout pays, de toute nation. Et si la diversité ou même l'encouragement de la diversité constituait aujourd'hui le meilleur gage de l'unité d’un pays?  L'objectif de notre propos vise à montrer comment la Suisse tente de répondre à ces différents défis, concrètement, dans la vie de tous les jours, de manière pragmatique plutôt que par l'application de dogmes prédéfinis.

Le savoir-faire intercommunautaire élaboré par ce pays ne peut, bien sûr, tenir lieu de référence pour d'autres pays. Son expérience permet en revanche de réfléchir sur ces problèmes de manière moins théorique et abstraite et d’élargir ainsi la voie des possibles en matière de gestion de la cohabitation interculturelle au sein d'un même pays. Livrons d'emblée un résultat principal des six années de recherche sur le terrain de la mosaïque linguistique et culturelle suisse avec une équipe interdisciplinaire composée de sociologues, d’anthropologues, de linguistes, de sociolinguistes et de politologues .Sans en remplir toujours toutes les conditions, la Suisse montre qu'une cohabitation entre communautés culturelles et linguistiques  différentes au sein d'un même Etat suppose la présence simultanée et conjointe de trois composantes:

  1. L'identité culturelle
  2. La communication interculturelle
  3. Une culture politique commune à toutes les communautés linguistiques et culturelles

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La plupart des approches des phénomènes interculturels se caractérisent par la prise en compte d'une seule de ces trois composantes ou du moins par le surpoids très marqué de l'une d'entre elles. Dans l'analyse des problèmes interculturels, on se concentre par trop sur les facteurs langue et culture en sous-estimant la dimension de la communication (ou de l'absence de communication) entre les différentes cultures et sous-cultures et la dimension de la culture politique. Les différents courants du multiculturalisme surestiment le poids de la langue et de la culture tandis que les courants qui insistent sur la citoyenneté accordent un surpoids au politique.

Nos études  sur le terrain montrent que des difficultés d'ordre politique général apparaissent dès que certaines de ces trois composantes font défaut ou sont en surpoids.

Illustrons notre démarche à l'aune de la réalité politico-culturelle suisse:

  1. La Suisse, environ 7 millions d'habitants, comprend quatre langues nationales (l’allemand, le français, l’italien et le romanche) et donc quatre communautés culturelles différentes. Celles-ci sont de taille très inégale, cela sans compter les communautés d'immigrés (20% environ de la population totale).
  2. Ce qui tient ensemble la Suisse, ce n'est pas le fait qu'une grande partie des Suisses connaissent deux, trois, voire quatre langues (les Suisses plurilingues sont moins nombreux qu’on ne le pense généralement ) et qu'ils peuvent ainsi communiquer aisément entre eux, mais le fait que tous les Suisses partagent une culture politique commune (notamment la démocratie directe, le fédéralisme et quelques autres traits importants qui seront rappelés sous peu). Le fort attachement des Suisses à la démocratie directe (initiative populaire et référendum) et au fédéralisme (autonomie régionale, cantonale et communale) constitue un lien puissant, beaucoup plus puissant que la communication entre les différentes communautés linguistiques et culturelles).
  3. c) La Suisse connaît toutefois un certain nombre de problèmes en lien avec son

plurilinguisme et son pluriculturalisme: précisément, le manque de communication entre ces différentes communautés et le manque d'intérêt de ces dernières les unes envers les autres. C’est le fameux adage "On se comprend bien  parce qu'on ne se connaît pas".

Si ce "vivre les uns à côté des autres" pouvait suffire autrefois, à l'avenir une communication intercommunautaire plus marquée pourrait bien devenir une nécessité. La situation suisse vérifie d'emblée l'inadéquation d'oppositions tranchées du genre multiculturalisme/citoyenneté; différences culturelles/assimilation. Elle fait aussi ressortir l'origine des difficultés qui interviennent lorsqu'on prône, par exemple, la seule différence culturelle au détriment de l'intégration politique. Plus généralement, nos sociétés doivent retrouver des modes de pensée sociale et politique plus globales, qui relèvent du "à la fois" (à la fois la différence culturelle et l'intégration), plutôt que de régresser vers des oppositions manichéennes du type "ou bien ou bien" (ma langue, ma culture, ma communauté contre mon aliénation par votre assimilation ). La gestion politique suisse des différences culturelles internes (l'intégration dans le respect des différences culturelles) devrait pouvoir s'étendre aux communautés immigrées de Suisse, dans la mesure où les immigrés adoptent cette personnalité politique de base faite de démocratie directe et de fédéralisme. Il est connu que la nationalité suisse s'obtient plus difficilement que la nationalité française par exemple, et l'on ironise volontiers sur le parcours du combattant que représente cette naturalisation suisse. On peut toutefois se demander si ce n'est pas à cause de la grande diversité culturelle interne de la Suisse que l'obtention de la nationalité est plus longue et difficile.( Elle nécessite jusqu'à 12 ans de séjour).Si la diversité culturelle constitue une grande richesse, elle peut aussi augmenter la fragilité de l'unité. On veut avoir l’assurance que les futurs naturalisés ont bien intégré cette personnalité politico-culturelle de base qui maintient l'unité du pays. Relevons par ailleurs que  la démocratie directe (participation effective des citoyens et la vie politique quotidienne) et le fédéralisme (forte autonomie locale et décentralisation)  constituent des valeurs de plus en plus prisées et même exigées à l’heure actuelle dans nos sociétés européennes (des sondages montrent par exemple que près de 80% des Français aimeraient connaître certaines formes de démocratie directe relevant de la pratique référendaire). Si le temps nécessaire à l'acquisition de la nationalité suisse est longue, on peut signaler que les étrangers naturalisés peuvent, en revanche, garder leur nationalité d'origine et devenir  ainsi binationaux, contrairement à d'autres pays où cela est impossible mais où la durée nécessaire à la naturalisation est plus courte. Cette particularité s'avère finalement cohérente avec la politique générale d'unité dans la diversité. Elle montre l'insistance à la fois sur l'unité (long délai nécessaire pour acquérir la personnalité politique de base suisse) et sur la diversité (respect des différences culturelles qui va jusqu'à admettre la binationalité).Un problème se pose alors, celui du droit de vote, que ce soit au niveau local, cantonal ou national, des étrangers établis depuis un certain nombre d’années. La dimension politique de la vie sociale suisse étant particulièrement importante (nombreux référendums et initiatives populaires), tant au niveau local, régional que national, il s'avère que la vie politique quotidienne devient elle-même un important facteur d'intégration sociale.

suisse-carte-article_1_730_400.jpgLa participation aux multiples discussions publiques autour des référendums et des initiatives populaires génère une vie sociale intense. Autrement dit, l'octroi de droits politiques, même partiels et sectoriels aux immigrés, favoriserait et accélérerait leur intégration sociale.

Mais en démocratie directe, c'est le peuple qui a le dernier mot et en Suisse comme dans d'autres pays, les droits politiques des immigrés rencontrent régulièrement l'opposition de la majorité de la population. Sur ce point, il faut donc laisser du temps au temps et  compter sur la discussion publique pour faire avancer les choses. Toutefois,  fédéralisme oblige, certains cantons et communes ( le canton de Neuchâtel et du Jura notamment) connaissent déjà depuis longtemps le droit de vote des immigrés. Ce sont souvent ces expériences locales, concrètes et positives, qui font avancer le débat public plus général. Si cette démarche est bien sûr lente, "lentement mais sûrement" dit-on en Suisse, elle comporte néanmoins un aspect positif; elle évite les effets pervers que pourrait entraîner ailleurs un décret gouvernemental imposant le droit de vote des étrangers contre l'avis  d'une population majoritairement hostile. La discussion publique et l'argumentation contradictoire constituent  l'un des moteurs de la démocratie directe et la clef de solutions longuement mûries.

D'autres traits, dont on parle moins, vont de pair avec ce système politique2). L'attachement des Suisse à l'indépendance et à la neutralité (bien que relatives) a certainement partie liée avec le pluricultualisme. Si la Suisse a réussi à faire de sa diversité une force (la fameuse unité dans la diversité, les diversités qui renforcent l'unité), cela a pourtant pris du temps et n’a été atteint que progressivement. En effet, les trois principales communautés linguistiques de Suisses sont liées par leur langue aux pays voisins (la Suisse allemande à l'Allemagne, la Suisse romande à la France et la Suisse italienne à l'Italie). Une telle situation comporte une certaine fragilité puisque malgré des langues et des traits culturels communs avec les pays frontière, ces trois communautés se sont associées avec des communautés d'autres langues plutôt qu'avec leur "Hinterland" naturel. Il est donc clair que suivant les époques et la nature des tensions internationales, notamment entres les pays frontières (France, Allemagne, Italie, Autriche), cette mosaïque pouvait devenir très fragile et constituer une force centrifuge en ce sens que chaque communauté linguistique aurait pu être tentée de prendre fait et cause pour le pays étranger dont elle partage la langue et la culture. Cela explique le long travail mental, politique et historique qui a été nécessaire pour parvenir à cette volonté d'indépendance et de neutralité par rapport à l'extérieur ainsi que la difficulté de relativiser aujourd’hui cette volonté. Ce système de représentations sociales et politiques, que certains appellent aujourd'hui "repli sur soi", est aussi à l'origine de la difficulté qu'ont certains Suisses à envisager, subitement, une entrée dans l'Union européenne, même si la Suisse est très profondément européenne par ses valeurs et sa culture.

La subsidiarité va de pair avec le fédéralisme et peut se résumer en une formule également fameuse: "Ce que les communes peuvent faire, le canton ne doit pas le faire, ce que les cantons peuvent faire, la Confédération ne doit pas le faire". L'on pourrait ajouter, du point de vue des Suisses qui sont favorables à une entrée conditionnelle dans l'Union européenne: ce que chaque pays peut faire, l'Union européenne ne doit pas le faire.

Le fédéralisme et le principe de subsidiarité sont, eux aussi, liés à la très grande diversité et hétérogénéité culturelle et politique de la Suisse, hétérogénéité que l'on retrouve à l'intérieur des cantons, suivant les régions et les communes. Ainsi, voit-on des cantons appliquer des politiques linguistiques très différentes et des communes, à l'intérieur d'un même canton, mettre en pratique des politiques scolaires fort variables. Ce respect fondamental  de chaque entité particulière (ce principe souffre bien sûr des exceptions mais il s'agit bien d'un principe d'organisation général et qui est inimaginable dans un pays fortement centralisé) est la condition d'un minimum de consensus, un autre trait constitutif de la réalité politico-culturelle suisse.

Suisse UDC.jpgCes différents traits sont liés entre eux, ils s'appellent les uns les autres, ils forment un système, une totalité spécifique. Le consensus est indissociable du fédéralisme et suppose de longues et larges procédures de consultation de tous les principaux acteurs sociaux et politiques concernés par une décision. En Suisse, il est inimaginable de gouverner par décret. Cette politique de  consultation généralisée est elle-même liée à la démocratie directe: en consultant le plus d'acteurs possible, on peut éviter un référendum. Le fait de tenir compte des avis les plus différents et opposés débouche, après des discussions généralisées (aspect participatif), sur des compromis et le pragmatisme. La volonté de trouver une solution convenant au plus grand nombre évite la polarisation sur des positions idéologiques tranchées. Le consensus et le pragmatisme sont incompatibles avec la défense de principes idéologiques a priori. L'attitude pragmatique vise toujours des solutions concrètes. On part du principe qu'il y a toujours une solution à un problème, même difficile et délicat, et l'on mettra le temps nécessaire pour la trouver, même si ce temps est long, trop long pour certains. Parfois, on finit même par espérer que le temps résoudra de lui-même un problème. La démocratie directe, ou semi-directe, suppose ensuite une conception active de la citoyenneté, même si tout électeur ne participe pas à toutes les élections, votations populaires et autres pratiques référendaires. Nombre de critiques du système relèvent  les taux d'abstention parfois élevés. C'est la possibilité qu'a chaque citoyen de participer très largement au système politique qui nous semble important, plus que la participation elle-même, possibilité qui va aussi dans le sens du désir généralisé de participation propre au Zeitgeist politique de note époque. Si certains citoyens s'abstiennent, d'autres en font davantage que la normale. C'est alors l'esprit de milice, qui est autre chose que le goût pour la vie associative en général (très poussé aussi en Suisse). Il s'agit de la participation bénévole de nombre de citoyens qui s'engagent dans un esprit d'ouverture et de dialogue à participer à nombre d'activités collectives de réflexion, de discussion et d'élaboration de propositions en vue de trouver des solutions aux grands défis de la société et d’aider ainsi les autorités dans leur tâche. Dans d'autres pays, ces bénévoles deviendraient des chargés de mission, des personnes engagées professionnellement et rémunérées comme telles. Ces citoyens de milice peuvent être membres de plusieurs commissions, groupes de travail, groupes de réflexion, etc. sans jamais être engagés à titre professionnel. L'absence de rémunération ou le simple dédommagement des frais courants n'excluent pas, en revanche, des retombées symboliques pouvant favoriser une carrière politique ou autre, ou encore la nomination à une responsabilité prestigieuse. En lien avec l'esprit de milice, on peut signaler la modestie du faste qui entoure les autorités politiques du pays. A défaut d’être toujours populaire, l'autorité politique a le souci  de ne pas être coupée du peuple, malgré la difficulté de l’exercice. La démocratie directe l'y oblige d’ailleurs. Certaines anecdotes illustrent cette réalité: le fait, par exemple,. que les Conseillers fédéraux (les membres du gouvernement fédéral) peuvent parfaitement prendre le bus ou le train avec Madame et Monsieur Tout-le-Monde et cela sans être accompagnés de gardes du corps. Il ne s’agit pas d’une légende.

Si le peuple peut désavouer les autorités politique lors de telle ou telle votation populaire, cela ne signifie nullement un rejet général de ces mêmes autorités, ni ne suppose une démission de tel ou tel membre du gouvernement. Le peuple peut réellement contrôler les autorités, obliger ces dernières à tenir compte de lui, trop selon certains technocratiques pressés mais peu conscients des effets pervers qu'aurait un changement profond de ce système politique. Nous ne disons pas cela par conservatisme (le système politique s'est d'ailleurs constamment autocorrigé et cela avec l'approbation du peuple) mais en fonction d'une appréhension globale de ce système politique et de l'analyse de ses effets manifestes et latents . Il s'agit bien d'un phénomène social et politique total  et dont les caractéristiques et les conséquences n'ont de loin pas encore été toutes mises au jour.

Plus généralement, parmi les acquis de la démocratie semi-directe suisse (initiatives populaires nécessitant la signature de 100.000 citoyens et les référendums de 50.000 signatures), on retiendra encore qu'elle a permis le développement progressif d'une volonté populaire réfléchie et qu’elle a contribué au développement de valeurs telles que  la tolérance (par opposition à l'intransigeance idéologique), le respect des autres (des autres langues, cultures, religions, partis etc.) et le bon sens. Ce qui ailleurs peut entraîner la désintégration (la présence de plusieurs langues, ethnies, religions, cultures, etc.) a été ici retourné en une force d'intégration. Cette personnalité politique de base rappelle, en ces périodes ethniquement troublées, que la destruction réciproque entre ethnies, langues, cultures et religions différentes n'est pas inéluctable.

La présentation synthétique ci-dessus devrait nous permettre de montrer que la cohabitation interculturelle propre à la Suisse dont il va être question maintenant ne peut être adéquatement saisie si elle n'est pas mise en relation avec les spécificités de cette culture politique, et que les problèmes de cohabitation interculturelle ne sont jamais des problèmes purement linguistiques ou culturels mais des problèmes fondamentalement politiques.

Contrairement à d'autres pays plurilingues, comme le Canada et la Belgique par exemple, qui ont une politique linguistique très développée et complexe, ce qui frappe nombre d'observateurs à propos de la Suisse, c'est l'absence d'une telle législation linguistique détaillée[2]. Un seul et bref article de la Constitution fédérale, l'art. 116,qui vient d'être modifié le 10 mars 1996, tient lieu de politique linguistique. Voici sa teneur en quatre points:

  1. Les langues nationales de la Suisse sont l’allemand, le français, l’italien et le romanche.
  2. La Confédération et les cantons encouragent la compréhension et les échanges entre les communautés linguistiques.
  3. La Confédération soutient des mesures prises par les cantons des Grisons et du Tessin pour la sauvegarde et la promotion des langues romanche et italienne.
  4. Les langues officielles de la Confédération sont l’allemand, le français et l’italien. Le romanche est langue officielle pour les rapports que la Confédération entretient avec les citoyens romanches. Les détails sont réglés par la loi.

La brièveté de cet article indique que la politique linguistique de la Suisse est essentiellement informelle, non écrite, pragmatique, le résultat d'une longue tradition de pratiques informelles patiemment élaborées sur la base de cas problématiques et d'expériences concrètes.

L'ensemble de ces pratiques informelles sont toutefois déterminées par un principe général, également non écrit, qui est le principe de la territorialité (par opposition au principe de la liberté de la langue). L'image de la Suisse plurilingue ne signifie pas que l'on parle indifféremment toutes les langues nationales dans chaque communauté linguistique ou encore que la plupart des Suisses sont plurilingues. A chaque territoire sa langue (l'allemand en Suisse allemande, le français en Suisse romande, etc.). L’application de ce principe de la territorialité a pour but d'éviter un déplacement des frontières linguistiques et de maintenir l'homogénéité des différentes régions linguistiques. L'application du principe de la territorialité implique une politique claire d'intégration et même d'assimilation des migrants internes: un Suisse allemand qui s'établit en Suisse francophone doit scolariser ses enfants en français et ne peut pas revendiquer un enseignement en allemand pour ses enfants, en vertu du fait que le pays est plurilingue. En bref, chaque région linguistique n'a qu'une langue officielle (exception faite des cantons plurilingues). Mais le principe de la territorialité n'empêche pas l'apprentissage des autres langues nationales dans chacune des régions linguistiques. Des efforts considérables sont même faits dans ce sens.

L'attachement au principe de la territorialité tient à une autre raison : c'est l'inégale importance numérique des différentes communautés linguistiques nationales. La population suisse (sans les 20% d’étrangers), se répartit de la manière suivante (recensement fédéral de 1990): allemand 73,4% (4.131.027 hab.)  ; français 20,5% (1.155.683 hab.); italien 4% (229.000 hab.); romanche 0,7% (38.454 hab.); autres langues: l,3% (74.002 hab.)

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Du fait de cette seule disproportion numérique, les Alémaniques sont beaucoup plus nombreux à s'être établis dans les trois autres régions linguistiques que l'inverse. Les données chiffrées sont les suivantes: sur l'ensemble de la population suisse établie en Suisse allemande, les francophones représentent 1,6% , les italophones 0,7% et les Romanches 0,4% tandis que les proportions de Suisses allemands établis en Suisse romande représentent 7,4%; en Suisse italophone 11,3% et en Suisse rhéto-romanche 20,8%. La présence alémanique se fait d’autant plus sentir qu’une communauté est minoritaire. Ainsi, parle-t-on du danger de "germanisation" en Suisse rhéto-romanche et italophone, mais guère en Suisse romande. Le principe de la territorialité peut cependant comporter des effets pervers (dans les Grisons, certaines communes comptaient une telle proportion de germanophones immigrés qu'au nom de ce même principe de la territorialité, les communes sont devenues à la longue majoritairement alémaniques et par la suite, au moyen de l'autonomie communale elle-même, de langue officielle allemande). Mais sans une application relativement stricte de ce principe dans la longue durée, la Suisse plurilingue actuelle n'existerait peut-être déjà plus. Si les enfants de tous les Suisses alémaniques ayant émigré vers les autres régions linguistiques de Suisse avaient pu être scolarisés en allemand, la proportion des Suisses de langue allemande serait encore beaucoup plus importante à l'heure actuelle. Il faut cependant souligner que les Alémaniques n'ont aucune visée hégémonique ou impérialiste sur les autres régions linguistiques, bien au contraire. Le problème provient uniquement de leur considérable surnombre par rapport aux autres communautés linguistiques. Bien que grand et large majoritaire national, les Alémaniques ont une capacité assez exceptionnelle d'intégration et d'assimilation. Les Alémaniques qui émigrent dans une autre région linguistique du pays s'assimilent très vite, au point de chercher parfois à gommer les traces de leur origine linguistique. Ils chercheront par exemple à faire disparaître activement l'accent caractéristique qu'ils ont lorsqu'ils commencent à parler français. La proportion d'immigrés d'origine suisse alémanique établis en Suisse romande  est beaucoup plus importante que le 7,4% susmentionné, précisément à cause de cette assimilation rapide. Ces 7,4% ne représentent que les immigrés les plus récents, ceux dont l'allemand est encore la langue la mieux maîtrisée.

Au sujet de la pratique du bilinguisme et du plurilinguisme dans la Suisse pluriculturelle, on peut dire, schématiquement, que les plus actifs en matière de plurilinguisme sont les plus minoritaires, soit les italophones et les Romanches, qui connaissent eux fréquemment deux, trois, voire quatre langues nationales, du moins pour ceux qui vivent au contact des autres communautés linguistiques nationales . Ce sont eux qui s'adaptent aux deux autres communautés majoritaires. En ce qui concerne les relations entre Alémaniques et Romands, en revanche, pendant longtemps les Alémaniques  apprenaient et parlaient plus facilement le français que les Romands l'allemand. Mais les choses semblent être en train de changer: on voit poindre du côté alémanique une certaine exigence de réciprocité; les Alémaniques, surtout parmi les jeunes, trouvent que les Romands pourraient également faire un effort et parler un peu l'allemand, voire le suisse allemand, puisque la langue maternelle des Suisses allemands n'est pas l'allemand mais le dialecte alémanique. Les Suisses alémaniques apprennent  l'allemand standard (le Hochdeutsch) surtout à partir du moment où ils vont à l'école. Ils deviennent bilingues (dialecte + allemand standard) avant même d'apprendre une deuxième langue nationale. D'autre part, en Suisse aussi, l'engouement pour l'anglais est de plus en plus marqué, quelle que soit la communauté linguistique nationale. On touche ainsi à un problème majeur auquel la Suisse sera de plus en plus confrontée: le manque de communication entre les différentes communautés linguistiques.

La définition de la situation et des problèmes de la Suisse en matière de relation et de cohabitation interculturelles varie suivant les acteurs sociaux et politiques et les divergences dans cette définition peuvent faire l'objet de vives polémiques.

Un premier souci des autorités est celui du romanche menacé de disparition. L’un des objectifs de la révision de l’art.116 sur les langues (le 1er mars 1996) visait précisément à renforcer cette langue en la faisant passer du statut de langue nationale à celui de langue officielle pour ce qui est des relations entre les Romanches et la Confédération. Cette mesure, à la fois symbolique et concrète, a été massivement approuvée par le peuple suisse, ce qui indique l’attachement des Suisses au quadrilinguisme, leur sympathie et leur soutien à la plus petite communauté linguistique du pays, (seulement 40.000 personnes). La disparition du romanche mettrait en cause une composante à la fois réelle, symbolique et mythique du pays. Un nombre insignifiant de Suisses qui ne sont pas Romanches de naissance parlent cette langue, ce qui ne les empêche pas d’avoir une grande sympathie et un profond attachement pour elle. L’italien, bien que fortement minoritaire aussi (4,1% de la population suisse) n’est, en revanche, nullement menacé car le Tessin possède son Hinterland: l’Italie. Le souci majeur des autorités constitue néanmoins les divergences qui semblent s’accentuer, on parle parfois de « fossé », entre la Suisse alémanique et la Suisse francophone. Au manque d’intérêt, de connaissance et de communication réciproques, s’ajoutent des divergences politiques sur des sujets aussi essentiels que l’adhésion à l’Union européenne, les relations internationales en général et différents sujets nationaux plus particuliers, liés par exemple à l’environnement, à l’écologie, aux transports, etc. Plus généralement, le sentiment d’appartenance communautaire est davantage marqué chez les Alémaniques que chez les Romands, sentiment renforcé par la spécificité dialectale du langage parlé par les Alémaniques. Face à ces différences culturelles et de mentalité entre communautés linguistiques nationales, les attitudes des différents acteurs de la société varient considérablement. La presse et les médias ont tendance à insister sur les divergences, à mettre en évidence les événements qui différencient plutôt que ceux qui lient malgré tout les différentes communautés. Après les votations populaires qui font apparaître ces différences de sensibilité entre communautés linguistiques, la dramatisation est de mise dans certains journaux: « La Suisse peut-elle exploser? ». « La Suisse peut-elle voler en éclats », etc.

Sur des sujets aussi émotifs que celui de l’avenir du pays, il n’existe pas de discours ni de représentation uniques. D’un côté, on trouve ceux qui dramatisent, de l’autre ceux qui minimisent. Ces derniers insisteront sur les capacités d’absorption des conflits du système politique. Un sujet comme celui de l’adhésion à l’Union européenne divise et renforce l’opposition et la stéréotypisation réciproques entre Alémaniques et Romands notamment, mais il est tout aussi vrai que jamais un problème considéré comme fondamental n’a été résolu en un tournemain. C’est l’espace public, foncièrement délibératif, qui doit, par le débat et la discussion contradictoires, même virulents, amener peu à peu à un consensus minimal. Aucun système politique n’exige sans doute autant de temps pour résoudre certains problèmes, c’est pourquoi  ce système politique doit être apprécié en fonction de la longue durée et non en termes de « coups médiatiques ».

Notre propre point de vue à propos de l’avenir de la Suisse n’est ni béatement optimiste ni catastrophiste mais volontariste, fonction d’un projet de société exigeant et qui nous semble adapté à l’évolution générale actuelle. Ce ne sont pas des réformes institutionnelles (voir les nouveaux projets de réforme de la Constitution fédérale dont certains semblent attendre comme des miracles) mais une meilleure mise à profit et une utilisation volontariste de l’ensemble des possibilités politico-culturelles du système politique et du pluriculturalisme suisses qui pourraient apporter  des éléments de réponse aux grands défis de notre époque. Prenons l’exemple du problème des rapports entre les différentes communautés linguistiques. Il y a quelque temps encore, la Suisse pouvait parfaitement fonctionner avec des communautés linguistiques juxtaposées, sans communication poussée ni liens intenses et durables entre elles. Aujourd’hui, une telle communication plus poussée semble, en revanche, devenir une nécessité. Les autorités le pensent également puisque le point 3 du nouvel article constitutionnel sur les langues (art. 116) le prévoit explicitement (« La Confédération et les cantons encouragent la compréhension ou les échanges entre les communautés linguistiques »).

Pour se comprendre et échanger il faut pouvoir communiquer, et pour communiquer il faut connaître la langue de l’autre ou du moins la comprendre à défaut de la parler. Il s’agit d’ailleurs là d’un mode de communication courant entre les élites helvétiques des différentes communautés linguistiques: chacun parle dans sa langue et est censé comprendre passivement celles des autres, ou du moins celles des plus grandes communautés linguistiques. Il serait en effet difficile d’attendre d’une grande partie des Suisses qu’ils comprennent, même passivement, le romanche (cela d’autant plus qu’il existe à côté de « l’inter-romanche » nouvellement créé (le rumantsch grisun), cinq dialectes romanches différents parmi les 40.000 personnes dont c’est la langue principale.

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On saisit ainsi quelques problèmes majeurs de la Suisse actuelle, que l’on ne peut que caricaturer, tant chaque aspect comporte toujours de multiples nuances, variations et cas particuliers, sans oublier que la définition de ces problèmes varie encore fortement d’une communauté linguistique à une autre. Prenons l’exemple de la communication entre Alémaniques et Romands. Du point de vue des Romands, les difficultés de communication avec les Alémaniques sont dues au fait que ces derniers parlent un dialecte (langue essentiellement orale) et non la langue allemande standard (orale et écrite) telle qu’on l’apprend à l’école et qu’elle s’écrit. Ainsi dira-t-on en Romandie que l’apprentissage de l’allemand ne sert à rien puisque les Alémaniques préfèrent parler le dialecte et n’aiment pas la langue allemande standard. Il est vrai que ces derniers ne se sentent pas toujours à l’aise en allemand standard, car ce n’est pas leur langue maternelle et d’autre part les Alémaniques sont très attachés à leurs dialectes. De plus, dit-on du côté romand, même si on voulait apprendre le dialecte alémanique (le Schwyzerdütsch), lequel faudrait-il choisir puisqu’il y en a plusieurs? En réalité, il s’agit là d’un prétexte car les Alémaniques parlant des dialectes différents peuvent parfaitement se comprendre moyennant certains mécanismes d’adaptation rodés depuis longtemps (on laisse tomber certains termes trop idiomatiques et l’on atténue les phénomènes de prononciation trop singuliers).

En réalité, la raison de la faible pratique que ce soit de l’allemand standard ou du dialecte alémanique parmi les Romands provient de l’image négative que ces derniers ont de la langue du majoritaire, voire des majoritaires eux-mêmes. Il y a bien sûr des exceptions mais d’une manière générale, à l’école déjà, les enfants francophones n’aiment pas l’allemand et ont beaucoup de préjugés négatifs aussi bien envers cette langue qu’envers les individus qui la parlent. Les moyens financiers investis par chaque communauté linguistique, dans l’éducation, pour l’apprentissage de la deuxième langue nationale, sont pourtant énormes. Les résultats sont faibles à cause de cette image et représentation sociale négatives, et l’on sait que l’on n’apprend que difficilement une langue lorsqu’on en a une image négative. Il faudrait donc changer cette image, démonter les stéréotypes et s’intéresser à la mentalité, à la manière de vivre, à la sous-culture (réellement différente) de l’autre, plutôt que la stigmatiser et s’en moquer. Cela paraît d’une logique implacable mais changer les mentalités n’est pas chose facile. Malgré tout, les situations semblent évoluer peu à peu, et le dévouement et l’imagination de nombre d’enseignants de langue seconde sont remarquables.

Les Romands signalent volontiers que s’ils disent quelques mots en allemand standard à des Alémaniques, ces derniers préfèrent répondre en français plutôt que de parler en allemand standard. Cela est encore en partie vrai mais cette adaptation du majoritaire au minoritaire commence elle aussi à changer puisque nombre d’Alémaniques  s’intéressent plus à l’anglais qu’au français, et qu’ils trouvent donc de plus en plus que les Romands pourraient aussi faire un effort et apprendre un peu le dialecte alémanique. A ce moment-là c’est le tollé, car certains francophones considèrent qu’ apprendre le dialecte alémanique serait comme une trahison envers la langue française et une soumission au majoritaire alémanique et à sa langue (qui, en plus, pour certains Romands, n’en serait pas une, de langue!). En fait, on sait aujourd’hui que tout apprentissage d’une autre langue constitue une ouverture incomparable sans nuire à la langue maternelle et dans le cas présent, les francophones défendraient peut-être encore mieux leur propre langue, identité et spécificité en s’exprimant de temps en temps en allemand, voire en dialecte, en présence d’ Alémaniques. Soyons précis, puisque nous marchons sur des charbons ardents, il ne s’agirait aucunement d’adaptation unilatérale mais de comportements symboliques ayant une signification et une portée considérables. En ne prononçant que quelques mots en allemand, voire en dialecte alémanique, les Romands montreraient qu’ils ont de la considération pour les Alémaniques, pour leur identité, leur langue, leur mentalité, et non du rejet, voire du mépris. Les Alémaniques sont très sensibles à ce genre de comportements plus ouverts. Quelques mots seulement pourraient changer du tout au tout la nature de ces rapports intercommunautaires. Nous l’avons vérifié empiriquement à de nombreuses reprises dans nos travaux de recherche. Mais proposer de telles mesures, aussi symboliques soient-elles, est déjà de trop pour certains francophones, pour les plus intransigeants qui voient partout mais à tort un danger de germanisation de la Suisse. Pour avoir proposé de telles mesures symboliques au niveau national et qui sont d’ailleurs couramment appliquées à la frontière des langues où Alémaniques et Romands vivent mélangés, nous avons été traité de « collaborateurs » par un ancien membre du gouvernement du canton, pourtant bilingue et frontière de Fribourg (« le combat linguistique a ses collaborateurs complaisants et ses résistants héroïques », journal « La Liberté », 5 sept. 1992).

On saisit la charge émotive du sujet alors que  notre proposition peut sembler des plus évidentes. Autre phénomène surprenant de nature linguistique dans un pays plurilingue: les écoles bilingues. Sachant précisément les difficultés d’un apprentissage purement scolaire et traditionnel des langues, de nombreux pays s’orientent de plus en plus vers les écoles bilingues. Au lieu d’apprendre une autre langue uniquement lors de cours de langue, on enseigne donc certaines matières scolaires générales (mathématiques, gymnastique, géographie , histoire, etc.) dans la langue étrangère afin d’acquérir cette dernière en la pratiquent et en l’appliquant . Sans entrer dans les détails et les variantes de cette pédagogie, il est établi que cette dernière s’avère très efficace, attirante même. La Suisse serait bien placée pour mettre davantage à profit les remarquables acquis de la scolarisation bilingue, cela d’autant plus que dans chaque communauté linguistique sont présents des membres des autres communautés linguistiques qui pourraient faciliter la mise en pratique de tels enseignements bilingues, voire plurilingues, en servant d’intermédiaires. Paradoxalement, la Suisse est aujourd’hui en retard en matière d’enseignement bilingue, même par rapport à des pays traditionnellement unilingues. Elle ne profite guère des atouts exceptionnels et considérables de son plurilinguisme. Le dynamisme innovateur n’arrive pas à avoir raison des pesanteurs éducationnelles traditionnelles ainsi que des peurs et préjugés  intercommunautaires ancestraux. La capacité des individus à se déplacer professionnellement, à changer de lieu, de région, voire de communauté linguistique, est aujourd’hui prônée par tout le monde mais on n’y prépare guère les individus. Les autorités et les parents de la Suisse plurilingue se verront-ils reprocher par leurs enfants de les avoir empêché d’apprendre efficacement et sans préjugés les autres langues? Il existe certes quelques écoles bilingues en Suisse mais elles sont souvent privées et coûtent cher. Seule une petite minorité privilégiée sera-t-elle réellement plurilingue? En fait, il s’agirait de généraliser l’enseignement bilingue dans l’école publique, afin de faciliter les échanges, la mobilité professionnelle et la communication interculturelle en général. L’apprentissage des langues deviendrait non plus rebutant mais passionnant. Cela serait possible sans beaucoup de moyens financiers supplémentaires étant donné les compétences à disposition, et éviterait surtout la dépense en vain de sommes considérables comme cela est fait actuellement. Il ne suffit plus de se donner bonne conscience en prônant théoriquement l’apprentissage des langue; il faut viser l’efficacité, efficacité qui permettrait simultanément une vie sociale plus intense, une communication interculturelle d’actualité et une ouverture d’esprit tant prônée, elle aussi.

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Et l’anglais? Il s’agit d’un autre problème faisant l’objet de discussions innombrables et infinies, en Suisse aussi. Continuons avec l’exemple des relations entre Alémaniques et Romands. On voit de plus en plus poindre la demande de pouvoir apprendre l’anglais comme seconde langue, à la place d’une deuxième langue nationale (à la place de l’allemand pour les Romands et du français pour les Alémaniques). Argument avancé: son utilité serait plus grande, son usage plus large et son apprentissage plus aisé; pour terminer, les Suisses communiqueraient entre eux en anglais lors des contacts intercommunautaires au lieu d’apprendre les langues nationales.

Le problème est clairement politique et notre choix l’est tout autant. Oui à l’anglais mais après une seconde langue nationale, cela d’autant plus que l’on sait que l’apprentissage d’une langue étrangère prépare et facilite l’apprentissage d’autres langues. Politique, le problème l’est car il en va carrément de la survie de la société pluriculturelle et plurilingue suisse. Avec l’hypothèse de l’anglais comme seconde langue apprise à l’école, la logique de la séparation risquerait de l’emporter sur la logique de l’unité dans la diversité, si longuement et chèrement acquise. En effet, l’on n’invente pas du jour au lendemain un facteur d’union nouveau entre des communautés linguistiques et culturelles différentes et à qui il a fallu des décennies, voire des siècles, pour trouver des modalités originales de cohabitation et de communication interculturelles[3].

Le modèle interculturel suisse est un modèle volontariste; il ne va pas de soi et ne se perpétuera pas automatiquement. Il suppose une volonté politique collective et doit être constamment activé, pratiqué, reconstruit et développé par des citoyens volontaires, actifs et décidés. De nos jours, la cohabitation séparée ne suffit plus, il faut un intérêt pour l'Autre, pour les Autres, intérêt qui va à l'encontre de la force des préjugés, des stéréotypes négatifs et des stigmatisations caricaturales.

Même s’il n’est ni parfait ni exportable, le modèle suisse nous semble mériter de continuer à exister, surtout à une époque où une logique diamétralement opposée, celle de l’exclusion de l’Autre et de la purification ethnique, se répand si vite qu’elle va finir par paraître inéluctable.

Pour illustrer un peu plus en détail la culture de l’interculturel et le savoir-faire intercommunautaire développés en Suisse, nous allons nous référer brièvement à l’une ou l’autre des multiples situations concrètes de contacts interculturels que nous avons observées sur le terrain pendant de nombreuses années dans le cadre de notre Groupe de recherche interdisciplinaire sur le pluriculturalisme.

Illustrons d’une autre manière le fait, fondamental pour nous, que la diversification culturelle de nos sociétés est également liée à des changements politiques profonds, à une modification des critères de nos comportements politiques et de nos sensibilités collectives. Certains de ces critères autrefois secondaires sont devenus plus importants, voire prioritaires, tandis que d’autres, déterminants il y a peu encore, sont devenus secondaires. Parmi les premiers critères, on peut citer précisément l’attachement à la langue, à l’identité culturelle et ethnique, au local, au régional, au territorial. Ces critères sont plus marqués chez un groupe social qui cherche à se définir comme minoritaire sur une base linguistique, ethnique ou régionale et à être perçu comme tel par les autres acteurs sociaux et politiques. L’insistance sur ces nouveaux critères a relégué au second plan, dans ces situations, des critères plus traditionnels comme les oppositions de classe et les oppositions idéologiques du genre gauche/droite. Dans le canton bilingue et frontière de Fribourg, (2/3 de francophones et 1/3 de germanophones) l’art.21 de la Constitution cantonale (la politique linguistique relève principalement des cantons en Suisse) relatif aux langues et qui prévoyait une certaine prééminence du français sur l’allemand (la version française faisait foi) n’avait guère posé de problèmes pendant des décennies. Mais, à partir des années 1960, cette prééminence du français a subitement été considérée comme vexatoire et humiliante par les minoritaires alémaniques (dans le canton de Fribourg, les Alémaniques, majoritaires au niveau national, sont minoritaires ). Ce changement d’attitude des Alémaniques ayant commencé à se définir comme MINORITAIRES est à mettre en relation avec le changement des critères du comportement social et politique susmentionné. Plus généralement, on peut distinguer 3 phases historiques dans les relations entre les deux communautés linguistiques fribourgeoises.

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  1. a) Une première phase qui va jusque vers les années 1950-1960 et qui se caractérise par l’adaptation unilatérale et volontaire des Alémaniques à la langue du majoritaire francophone. Le français est la référence, plus prestigieuse, à laquelle on s’adapte, au point où les Alémaniques ont même honte de leur dialecte alémanique maternel.
  2. b) A partir des années 1960, le bouleversement est complet: les Alémaniques minoritaires entrent dans une phase d’affirmation et de revendication identitaires générale et systématique (comme d’autre minorités nationales, linguistiques et ethniques dans d’autres régions du pays et du monde). Il s’agit bien d’un phénomène social et politique général et non d’une revendication purement locale. Cela, c’est nous, les sciences sociales, qui le disons. En revanche, les acteurs concernés vivaient les réalités tout autrement. Ainsi, les francophones majoritaires, brusquement remis en cause par des minoritaires jusque-là si conciliants et prêts à s’adapter, n’ont pas fait, dès le début, une lecture politique du phénomène. Ils ont procédé à une psychologisation, attribuant les revendications des Alémaniques à « leurs traits de caractère » (« esprit insatisfait et toujours revendicateur », etc.). La langue et la culture des Alémaniques n’étaient pas vraiment reconnues comme telles et une véritable « francisation » s’était mise en place (même les futures institutrices alémaniques qui allaient ensuite enseigner en allemand dans les communes et districts alémaniques du canton de Fribourg devaient faire leurs études en français). Cette psychologisation, vexatoire pour les Alémaniques, passés de l’adaptation à l’affirmation, a eu pour effet de crisper les relations entre les deux communautés. Le majoritaire a mis du temps à comprendre que derrière des revendications, à l’origine effectivement très spécifiques, partielles et sectorielles, (revendications sur la dénomination des noms de rues, de lieux, demande de bilinguisation généralisée, etc.), se cachait la naissance d’un véritable mouvement social et politique à base linguistique et culturelle.

D’autre part, même si les Alémaniques sont majoritaires au niveau national, il devenait intenable pour les francophones de leur refuser au niveau cantonal les droits que ces mêmes francophones revendiquent comme minorité au niveau national.

  1. c) A l’heure actuelle, au moment où les Alémaniques ont obtenu, après des décennies de lutte, d’insistance et de persévérance, satisfaction sur un très grand nombre de discriminations, s’ouvre une troisième phase des rapports intercommunautaires, faite pour l’instant d’incertitude mais dont l’issue va dépendre pour beaucoup de la disposition et de la volonté des acteurs en présence: ou bien chaque communauté linguistique va de plus en plus son propre chemin, dans le sens d’un « séparatisme soft », ou bien le canton de Fribourg profite de sa situation privilégiée de canton bilingue pour faire fructifier cette coprésence de deux langues et cultures et pour les faire communiquer davantage. Cela n’ira pas non plus de soi et ne pourra qu’être fonction d’un projet politique volontariste. Chaque communauté ayant maintenant  son identité, elles seraient en principe bien placées pour communiquer davantage entre elles et cela d’autant mieux qu’elles ont par ailleurs une culture politique

Le canton de Fribourg comme celui par exemple du Valais, également  bilingue et avec des proportions linguistiques semblables (1/3 de germanophones et 2/3 de francophones), ont la chance de posséder une longue tradition de culture de l’interculturel et de savoir-faire intercommunautaire grâce à la coprésence historique des deux principales langues et cultures nationales. Les deux cantons, situés à la frontière nationale des langues, comptent un certain nombre de communes comportant une part variable de l’une et l’autre communauté linguistique. Ils constituent de véritables laboratoires de l’interculturel, illustrant dans le réel et en acte ce que peut devenir la vie intercommunautaire lorsque deux communautés linguistiques et culturelles sont en présence dans des proportions, des situations et des contextes très variables. L’expérimentation interculturelle se fait sous nos yeux, sans expérimentateur, et cela depuis de nombreuses décennies, voire des siècles.

La grande variété des situations auxquelles a donné lieu l’attitude pragmatique dans la gestion des rapports intercommunautaires s’explique aussi par un facteur comme celui de l’autonomie cantonale et de l’autonomie communale (possibilité de rencontrer des modèles de rapports interculturels fort variables, même dans des communes proches ou voisines et ayant une composition intercommunautaire semblable) puisque chaque commune peut définir de manière relativement autonome sa politique linguistique et scolaire).

Ce savoir-faire intercommunautaire qui s’est développé à la frontière des langues est pourtant encore très peu étudié et connu, même par la population suisse. On retrouve la différence entre la définition politique et journalistique de la question des langues (souvent dramatisée, spectacularisée et peinte comme si la Suisse était au bord de l’éclatement) et le tableau que peuvent offrir des recherches approfondies des sciences sociales.

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Illustrons brièvement le fonctionnement quotidien de ce savoir-faire intercommunautaire qui s’est développé à la frontière des langues française et allemande dans les cantons du Valais et de Fribourg, et qui pourrait constituer une référence, ou du moins une source d’inspiration, pour l’ensemble de la Suisse, voire pour d’autres pays pluriculturels.

Dans l’ensemble, on est frappé par le climat de bonne volonté qui règne dans ces communes. Les problèmes existent, des différends et des tensions surgissent périodiquement, mais on cherche toujours une solution, la moins inéquitable possible. La dimension historique joue un rôle capital: cela fait des décennies, voire des siècles que l’on a dû chercher et trouver des solutions. Bonne volonté, souplesse et pragmatisme, autant d’attitudes qui se situent à l’opposé de l’attachement rigide à des principes et dont l’exigence d’application stricte devient souvent source de conflit. Lorsque l’expérience historique devient la référence, la solution est proche, tandis que la défense inconditionnelle de principes idéologiques engendre vite intolérance, blocage et conflit.

Dans les communes plurilingues du canton de Fribourg, par exemple, les domaines qui posent problème reviennent avec une régularité des plus fidèles: se sont principalement l’école, l’administration et la vie politique en général. La mesure dans laquelle une commune est plus ou moins complètement bilingue est déterminante (possibilité pour les enfants de la communauté minoritaire de suivre les écoles dans leur langue d’origine, degré de bilinguisme de l’administration, place faite à la minorité dans la vie sociale, culturelle et politique en général). Ce degré de bilinguisme dépend lui-même de l’importance de la minorité, de la pratique historique, du contexte géolinguistique, de la proximité de la frontière linguistique. Des facteurs autres que purement linguistiques interviennent pour expliquer l’état plus ou moins consensuel ou conflictuel du rapport entre les communautés linguistiques: l’ampleur et la rapidité du développement économique et des flux migratoires. Un développement économique et une immigration subits et forts peuvent poser plus de problèmes (comme c’est le cas à Marly et à Courgevaux, mais pas à Villars-sur-Glâne, dans une situation pourtant analogue) que des mouvement plus lents et plus anciens (Granges-Paccot, par exemple). La proximité des voies de communication joue également un rôle déterminant. Une commune située près d’une autoroute et relativement proche d’un centre urbain présente un attrait certain: terrain moins cher, possibilité de vivre à la campagne tout en travaillant à la ville. Si, d’autre part, une commune offre la possibilité de scolariser les enfants indifféremment dans l’une ou l’autre langue, son pouvoir d’attraction devient maximal. Dans ce tels cas, il peut se produire subitement des réactions de défense, souvent avec retard.

L’équilibre linguistique dépend aussi de la disposition plus ou moins grande des minoritaires linguistiques nouvellement arrivés à s’adapter. Souvent, les nouveaux arrivants alémaniques non fribourgeois qui ne possèderaient pas ce savoir-faire intercommunautaire historique que les "vrais" Fribourgeois, Alémaniques ou Romands, “ont dans le sang”, sont transformés en véritables boucs émissaires, devenant la cause de tous les problèmes.

Dans trois communes officiellement francophones: Courtaman, Courtepin et Wallenried (cette dernière à majorité pourtant alémanique, à 54%), le bilinguisme est considéré comme fonctionnant de manière exemplaire, palmarès au sein duquel Courtaman arrive en tête. Dans ce dernier cas, les proportions linguistiques sont aussi les plus proches (54% de francophones et 47% d'Alémaniques). Cette commune se trouve à mi-chemin entre Morat et Fribourg et est entourée de communes à la fois alémaniques et romandes. Le développement des deux communautés linguistiques s'est fait de manière lente et équilibrée au cours de l'histoire récente (contrairement, par exemple, à Courgevaux dont l'image est conflictuelle, et qui a donc connu un développement brusque et une immigration essentiellement alémanique).Ces trois communes disposent d'un autre avantage: elles sont proches les unes des autres et collaborent activement. Ce qui permet par exemple aux parents, grâce au cercle scolaire commun dont elles font partie, de scolariser leurs enfants dans la langue de leur choix. En ce qui concerne l'Association des communes du district du Lac (sept membres représentant les différentes régions du district), son président est parfaitement bilingue, les débats se déroulent à 80% en allemand tandis que le procès-verbal des réunions est rédigé en français. Autre modalité de gestion communale intéressante: Meyriez. Cette commune officiellement francophone, bien que les francophones ne représentent plus que 20% de la population, tient à le rester. Les débats au Conseil communal ont lieu en dialecte alémanique, les procès-verbaux sont rédigés en français. L'ensemble de la population tient au français, considéré comme un élément d'identité du village (situé à côté de la ville germanophone de Morat). La paroisse protestante de Meyriez (70% de protestants) constitue un autre exemple original de cohabitation linguistique. Même si les trois quarts de la communauté ecclésiale sont de langue allemande, la paroisse est francophone. Deux cultes mensuels sont célébrés en allemand et un en français. Les offices des jours de fête sont toujours bilingues. Le pasteur commence le sermon en français et le poursuit en allemand, sans traduire ses propos, la plupart des pratiquants comprenant les deux langues. Chacun chante dans sa propre langue sur une mélodie commune et les paroissiens prient en même temps, mais dans leur langue respective. Les mariages mixtes (du point de vue à la fois linguistique et religieux) sont courants. Le pasteur prépare alors minutieusement son texte afin que chaque langue ait la même importance. Une anecdote relative à l'image d'un tel culte bilingue chez certains: une dame suisse allemande trouvait que le pasteur avait privilégié le français, tandis qu'une romande fit remarquer: "C'était quand même un culte en allemand".

A propos de ces subtilités du bilinguisme, une remarque, recueillie à Courgevaux, souligne la nécessité d'ajouter à l'opposition Romands/Alémaniques, la catégorie des bilingues: une invitation rédigée dans les deux langues attire les Alémaniques et les Romands bilingues mais rarement les "purs" Romands (monolingues). On retrouve le sentiment  de nombre de Romands qui affirment que le bilinguisme avantage les Alémaniques, sentiment qui correspond à la réalité, puisque les Romands manifestent en général un moindre empressement à apprendre l’allemand.

Nombreuses sont les personnes qui insistent pour dire que les autorités cantonales devraient soutenir les communes comprenant les deux communautés linguistiques afin qu'elles puissent être plus conséquemment bilingues. Nombreux sont également ceux qui signalent que les situations de bilinguisme tempèrent les préjugés et la xénophobie. Les immigrés alémaniques, dans les communes majoritairement francophones et qui ont fréquenté l'école française, jouent souvent le rôle d'intermédiaire entre les deux communautés. Il est intéressant de relever les nuances apportées par les membres des deux communautés qui ont des rapports étroits avec ceux de l'autre communauté. Dans ces situations, les Alémaniques sont plus sensibles à la situation des minoritaires tandis que les Romands minoritaires comprennent mieux l'attachement des Alémaniques à leurs dialectes. Ces Romands-là ne seraient aucunement opposés à l'apprentissage du Schwyzerdütsch à l'école. Il ne s'agirait nullement d'un scandale pour eux et ils soulignent la nécessité de connaître ce dialecte pour comprendre la mentalité alémanique et pour éprouver ce que ressentirait un Alémanique qui devrait parler Hochdeutsch (allemand standard) dans toutes les situations de la vie quotidienne .Pour eux, demander aux Alémaniques de parler systématiquement Hochdeutsch relève de l'illusion et ils savent qu'il est impossible de les inviter à renoncer au dialecte, leur langue maternelle. Ici, certains Romands vont jusqu'à souligner que le dialecte alémanique est partie intégrante du patrimoine cultuel helvétique. Quant aux Romands bilingues, ils  se rendent mieux compte des difficultés que représente le dialecte alémanique pour le Romand unilingue. D'où l'évocation d'une autre modalité de communication intercommunautaire: les Romands qui ne parlent pas le dialecte cherchent néanmoins à le comprendre, chacun parlant dans sa langue. A Morat, chef-lieu du district bilingue du même nom et comptant environ 15% de francophones, les difficultés sont aussi  et vite attribuées aux "gens venus de l'extérieur", en l'occurrence les immigrés alémaniques du canton de Berne. Leur influence est crainte aussi bien par les Alémaniques que par les Romands; cette influence serait plus grande que ne le montrent les chiffres officiels, car tous les propriétaires de résidence secondaire aux environs du lac de Morat ne sont pas comptés dans ces chiffres. Comme dans le Haut-Valais, on trouve des Alémaniques pour dire qu'ils n'aiment pas trop d'autres Alémaniques. Il existe bien sûr aussi des animosités entre les deux communautés linguistiques traditionnelles. A Morat, les francophones minoritaires ont également dû se battre afin d'obtenir un cursus scolaire francophone de plus en plus complet (jusque dans les années 1960, les élèves francophones devaient suivre l'école secondaire en allemand). Les Romands se sentent et se disent peu désirés dans certains clubs et associations. Si les Alémaniques se disent très largement satisfaits, les Romands sont nombreux à signaler qu'ils ressentent néanmoins le "rapport de force" et la nécessité de s'adapter. Si des Alémaniques trouvent "qu'on en a fait déjà assez pour les Romands", certains Romands pensent que les raisons financières opposées à leurs revendications sont plutôt une excuse.

kantone_wappen.jpgMalgré certaines divergences inévitables, on retrouve la culture de la frontière que tous ressentent, mais qu'ils ont de la peine à définir. Cette culture se développe à partir des interactions intercommunautaires quotidiennes inévitables, interactions qui finissent par créer une mentalité particulière où l'on se sent "entre les deux". Ce qui, ailleurs, tourne en opposition, voire en exclusion, devient ici complémentarité enrichissante. L'expression "barrière de Röstis" est ressentie comme non pertinente car contradictoire avec ce que vivent quotidiennement les gens.

Cette culture de la frontière n'est pas non plus une donnée acquise; elle est aussi à construire et à reconstruire tous les jours. Elle suppose des efforts réciproques quotidiens, même si elle est profondément ancrée et relève de la tradition historique.

Le canton de Fribourg semble se trouver aujourd’hui à un tournant. La question linguistique prend subitement de plus en plus de place et des tensions plus marquées pourraient se faire jour d'un moment à l'autre. Sans mettre en cause un seul instant ni les frontières linguistiques ni les identités linguistiques et culturelles respectives, il serait bon de se rappeler que si l'équilibre linguistique suisse constitue un fondement solide de la Suisse, il compte ses fragilités; il a été acquis par le pragmatisme, un effort constant d'intercompréhension, de tolérance et de souplesse, et non par l'intransigeance, la méfiance et la suspicion. La Suisse pourrait éviter d'en arriver à la situation belge, à une polarisation sur la question des langues, à une logique de la séparation systématique et à un refus réciproque de plus en plus marqué.

Les cantons du Valais et de Fribourg ont l'immense avantage de vivre quotidiennement ce problème des rapports intercommunautaires et d'offrir une gamme extrêmement vaste et riche de situations concrètes où l'on a constamment cherché et réussi à résoudre les problèmes, même les plus difficiles et inextricables. L'ensemble de la Suisse aurait intérêt à mieux connaître certains de ces cas concrets de manière approfondie et détaillée, car seuls les problèmes les plus aigus que peuvent rencontrer ces deux cantons sont connus et médiatisés. Certes, les difficultés et les conflits existent, mais ils ne représentent qu'une infirme partie de l'ensemble des réalités économiques, sociales, culturelles, politiques et linguistiques, extrêmement riches, surprenantes et stimulantes, qui vont de pair avec cette cohabitation historique et quotidienne de deux communautés linguistiques.

On peut rappeler ici la différence de résultats suivant que l'on se fonde sur des sources écrites comme la presse quotidienne ou sur des études de cas approfondies effectuées par observation participante. Les premières font volontiers apparaître les difficultés et les problèmes (la presse est même accusée de les créer) tandis que dans les communes où vivent quotidiennement ensemble les deux communautés linguistiques, on est occupé à la solution de ces problèmes. C'est ici que s'élabore et se met en pratique le savoir-faire intercommunautaire et que se développe une véritable culture de la pratique interculturelle quotidienne.

Dans les mesures concrètes à prendre pour favoriser le développement du bilinguisme et du biculturalisme, nombreux sont ceux qui soulignent la nécessité d'agir à l'école et cela dès le plus jeune âge. Sans doute ressentent-ils le poids et la place que peuvent prendre très tôt chez les enfants les représentations stéréotypées et les préjugés relatifs à l'autre communauté et à l'autre langue.. Les exhortations habituelles au bilinguisme de la part des autorités n'étant guère suivies d'effets, peut-être vaudrait-il mieux se fixer des objectifs plus modeste et essayer, par exemple, d'agir davantage sur les obstacles qui empêchent la traduction dans la pratique de ces appels rituels au bilinguisme. L'un de ces obstacles majeurs réside à coup sûr dans ces images et représentations stéréotypées de l'autre communauté et de l'autre langue. L'Autre ne serait plus le bouc émissaire idéal et la cohabitation intercommunautaire deviendrait une chance exceptionnelle d'ouverture et d'enrichissement culturels et linguistiques. Les actes et gestes, concrets et symboliques, envers l’autre communauté et qui ont retenu notre attention pourraient grandement contribuer à un tel changement de représentation.

Pour terminer, nous espérons que les longues et patientes recherches menées de manière bénédictine sur la mosaïque interculturelle suisse et dont nous avons essayé de rappeler quelques aspects, montrent que les débats virulents autour du "multiculturalisme" ne peuvent se résoudre par des coups d'état théoriques et qu'ils ne sont en rien purement linguistiques ou culturels. Ces problèmes relèvent à la fois de l’ identité, de la communication et du politique. La grande variété des interactions constatées entre identité, communication interculturelle et culture politique devrait rendre plus évidente l'impossibilité de généralisations hâtives. L'étude de nombreux cas concrets et différents de culture de l'interculturel et de savoir-faire intercommunautaire illustrent enfin à quel point les phénomènes de communication interculturelle sont des phénomènes profondément politiques puisqu’ils font apparaître certains critères nouveaux et fondamentaux du comportement social et politique actuel.

  1. Une première version de cet article a paru dans l’ouvrage suivant : Uli Windisch, La Suisse, clichés, délire, réalité, Ed. l’Age d’Homme, Lausanne, 1998.

[2] Jusqu’au 10 mars 1996, cet article 116 relatif à la politique linguistique ne comportait

que deux alinéas:

  1. l’allemand, le français, l’italien et le romanche sont les langues nationales de la Suisse
  2. sont déclarés langues officielles de la Confédération: l’allemand, le français et l’italien

[3] Davantage de détails et des exemples concrets du fonctionnement quotidien de cette culture de l'interculturel et du savoir-faire intercommunautaire suisses se trouvent dans les nombreuses études de cas approfondies analysées sur le terrain par notre Groupe de recherche interdisciplinaire sur le pluriculturalisme suisse. Cf. U. Windisch et al, Les relations quotiennes entre Romands et Suisses allemands, 2 vol. op.cit. Cet ouvrage comprend par ailleurs une bibliographie d'une dizaine de pages sur le "modèle" politico-culturel suisse qu'il est impossible de reprendre dans le présent article. Le lecteur plus particulièrement intéressé au cas suisse pourra s'y référer.

Uli Windisch, L' article ci-dessus est un extrait de mon livre : Le Modèle suisse , Ed l'Age d'homme, Poche suisse, Lausanne -Paris, 2007.

mercredi, 08 juin 2016

L’Exode et le Brexit

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L’Exode et le Brexit

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Sur le site web américain, « The Imaginative Conservative », Joseph Pearce a publié un bel article sur la possibilité que la Grande Bretagne quitte l’Union Européenne. Il attire l’attention de son lecteur sur les hordes d’experts qui menacent les Anglais des pires conséquences s’ils décidaient de quitter Bruxelles. Les pauvres Anglais  risqueraient de ne plus jouir des bienfaits de la bureaucratie européenne.

Dans le livre de L’Exode, le peuple hébreu, après avoir, pour ainsi dire, effectué son « Egyxit » se retrouve dans le désert et maugrée. Après tout, se dit-il, l’Égypte, c’était tout de même bien chouette. Les Égyptiens prenaient soin de leurs esclaves pour qu’ils travaillassent aux Pyramides. Il y avait de la viande tous les jours et maintenant, dans le désert, on crève de faim. On connaît la suite : la manne, l’ascension de Moïse sur le Sinaï, le Veau d’or.

Michael Walzer, un intellectuel américain de gauche, a écrit un beau livre sur L’Exode comme matrice de tous les mouvements de libération ou, pour mieux dire de tout cheminement d’un peuple vers la liberté. L’Égypte, dans l’imaginaire occidental, c’est la maison de servitude. La quitter, c’est progressivement se libérer. Les Anglais vont-ils, comme les Hébreux autrefois, être assez fous pour sortir de la maison de servitude ? Ils l’ont déjà fait une fois en 1939, suivant Churchill, leur Moïse, grâce à qui ils ont  traversé la Mer rouge de la Deuxième guerre mondiale.

Peut-on vraiment dire que l’EU est une maison de servitude ? Nombreux sont ceux qui l’ont dit et, parmi eux, un dissident de l’ex-URSS, Vladimir Boukovski. Il a passé 12 ans dans un hôpital psychiatrique en raison de ses opinions. Il sait ce qu'est un régime totalitaire et pense que l’EU en est un. Dans un discours en février 2006, il traitait Bruxelles de « monstre » qui doit être détruit au plus vite. Pour comprendre Boukovski, il faut savoir que le totalitarisme n’est pas une dictature, pas un régime autoritaire, encore moins une monarchie ou un empire. Ces distinctions sont ignorées, surtout par les journalistes. L’essentiel est que la servitude n’est pas essentiellement liée à un « méchant » qui empêcherait le peuple de s’émanciper. Elle est dans l’incapacité du peuple à s’arracher aux délices de l’Égypte, à ses marmites de viande, incapacité qui se manifeste dans les grognements du peuple. Après avoir bravement traversé la Mer rouge, les Hébreux ne pourront s’empêcher de regarder en arrière vers la « maison de servitude » et vouloir y retourner en construisant un Veau d’or. La liberté promise par Moïse, non merci ! Mieux vaut revenir à  la sécurité et au confort, aux « marmites de viande » comme il est dit dans la Bible ! De même, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, en Europe, veulent rester avec Bruxelles en raison d’avantages économiques permettant l’extension du consumérisme. La construction européenne, finalement, c’est la construction d’un Veau d’or. Vouloir une vie meilleure, c’est légitime. Mais tout ramener à cela, c’est de l’idolâtrie.

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Les mouvements totalitaires du vingtième siècle, communisme et nazisme, ont grandi, eux aussi, avec des promesses d’une vie meilleure. Jusqu’à la chute du Mur, nombreux étaient ceux qui ne voyaient pas les millions de morts du Goulag parce que Moscou, au moins, nourrissait le peuple et lui permettait, disait-on, de s’émanciper.

Lorsqu’on prête attention à ces promesses de croissance répétées partout et quotidiennement dans la presse et les médias par des gouvernants en quête de légitimité, on peut commencer à comprendre pourquoi Boukovski voit dans l’EU les prémisses d’un régime totalitaire. Un tel régime, c’est comme une glu dans laquelle tout le monde s’englue. Lorsqu’on parle d’intégration aujourd’hui, c’est de cette glu qu’on parle. Pas étonnant que certains ne veulent pas être intégrés !

C’est dans la glu de Bruxelles qu’on veut faire rester la Grande-Bretagne. Après tout, la glu, c’est très pratique. Ça fait tenir des choses ensemble.  Des hommes par exemple, après qu’on les a dépouillés de leur patrie et qu’on les a convaincus qu’il ne s’agit pas d’aller de l’avant mais de rester bien au chaud dans une maison de servitude.

Contrairement à ce qu’on dit, les hommes n’aiment pas toujours la liberté. Comme les Hébreux il y a trois mille ans, ils peuvent préférer  la servitude, le Veau d’or. Nous saurons bientôt si les Anglais le préfèrent aussi.

La leçon du livre de L’Exode est que la liberté n’est pas un état où l’on jouit de ce qu’on a, mais une progression, un mouvement vers l’avant sans même la certitude de parvenir à une terre promise. Celui qui a conduit les Hébreux à travers mille obstacles, Moïse, n’a pu y entrer, dans dans la terre promise.

Jan Marejko, 5 juin 2016

mardi, 12 avril 2016

Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

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Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Les Pays-Bas font partie des Etats fondateurs de l’Union Européenne. Signataires du traité de Rome, ils sont historiquement attachés au libre-échange et à la construction communautaire. Un tiers d’entre eux s’est déplacé cette semaine au referendum d’initiative populaire sur l’accord de libre association entre l’Union Européenne et l’Ukraine. À une écrasante majorité, les électeurs ont manifesté leur opposition à ce texte, ce qui empêche sa ratification par le pays. Potentiellement, c’est la politique de l’Union vis-à-vis de l’Ukraine qui est remise en cause.

Les Pays-Bas, ce caillou dans la chaussure européenne

Pour l’Union, mise à rude épreuve par la crise des migrants qu’elle a très provisoirement réglée, le referendum hollandais est un mauvais présage. À quelques semaines du referendum britannique, le signal envoyé est celui d’un refus populaire et majoritaire opposé à la conception germanique de l’Union.

C’est en effet l’Allemagne qui a pesé de tout son poids pour soutenir l’Ukraine contre la Russie. Et c’est l’Allemagne qui a tendu les relations avec Poutine en favorisant la construction de relations bilatérales privilégiées avec l’Ukraine. Ces choix sont en tout cas mal compris à l’Ouest, où les Néerlandais viennent de les rejeter officiellement.

Il va maintenant falloir faire avec ce nouvel incident de parcours qui affaiblit la légitimité des politiques européennes. Formellement, l’accord d’association ne pourra se passer de la ratification néerlandaise sans perdre ses bases juridiques. L’option finale sur le dossier risque d’être compliquée à assumer.

L’Union est-elle menacée?

A ce stade, ni Jean-Claude Juncker ni Donald Tusk n’ont annoncé le moindre changement dans les options communautaires. Si cet attentisme se justifie par le besoin de laisser le gouvernement néerlandais digérer son échec, il rappelle aussi que l’Union n’est pas conduite aujourd’hui par des leaders charismatiques capables de dégager des visions à long terme.

Cette apathie politique de l’Union est probablement son handicap fondamental. Le sentiment que les peuples aboient et que la caravane communautaire passe devrait en sortir accentué. Le « cause toujours tu m’intéresses » de la démocratie européenne est une donnée brute de l’Union.

On en mesurera le prix lors du referendum sur le Brexit. Face à des Britanniques épuisés par la machinerie bruxelloise, l’immobilisme de Donald Tusk (qui s’est empressé de dire que le referendum néerlandais ne changerait rien à court terme), le président du conseil, devient un jeu dangereux.

Le traité transatlantique et le suicide européen

On notera au passage que Juncker et Tusk ne sont pas les seuls à jouer avec le feu. Angela Merkel, leur mère protectrice, continue à épuiser ses voisins avec ses lubies. La dernière en date consiste à pousser à la conclusion rapide du traité de libre-échange transatlantique. Le sommet franco-allemand a permis de l’évoquer. Voici ce qu’indique le relevé de décisions:

La France et l’Allemagne soutiennent la conclusion d’un accord entre l’Union européenne et les Etats-Unis qui soit ambitieux, équilibré et mutuellement bénéfique, si possible avant la fin de l’année si les conditions sont réunies. L’accord de partenariat commercial transatlantique, en permettant un accès renforcé au marché américain pour nos entreprises, devra offrir des opportunités pour plus de croissance et d’emploi en France et en Allemagne et permettra une coopération réglementaire selon les normes les plus élevées pour une économie durable.

La France et l’Allemagne seront en particulier vigilantes sur l’atteinte d’un résultat ambitieux et équilibré pour l’Union européenne dans les négociations, notamment sur l’accès aux marchés publics aux Etats-Unis, y compris au niveau subfédéral, sur la reconnaissance des indications géographiques, sur les services (transport maritime et coopération réglementaire en matière de services financiers en particulier), ainsi que sur les questions non-tarifaires dans le domaine agricole et agro-alimentaire, ou encore sur des objectifs ambitieux s’agissant du développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises.

En ce qui concerne le mécanisme de règlement des différends investisseur/Etat, l’accord est une occasion d’établir un modèle pour les futures négociations commerciales, sur la base des propositions faites par la Commission.

Mais qu’espère Angela Merkel avec ce traité?

http://www.eric-verhaeghe.fr/pays-bas-ont-ouvert-crise-co...

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vendredi, 08 avril 2016

Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

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Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

Ex: http://zejournal.mobi

Les Pays-Bas disent « non » à 61%

Les électeurs néerlandais ont dit massivement non mercredi 6 avril, à l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne lors d’un référendum convoqué par des groupes eurosceptiques devenu un vote symbolique sur l’UE, affirme l’agence de presse néerlandaise ANP.
Se fondant sur les résultats de 191 municipalités, l’ANP annonce que le non l’emporte avec 61,1%, et que le taux de participation s’élève finalement à 32,2%. Des estimations initiales le plaçaient sous les 30%, ce qui aurait invalidé le scrutin.

Le référendum - dont les organisateurs admettent qu’il ne concerne pas l’Ukraine mais répond à une animosité plus large envers l’UE - était suivi de près par les Européens, Kiev et Moscou. Les résultats seront également examinés à la loupe en Grande-Bretagne, quelques mois avant le vote de juin sur une sortie de l’Union européenne.

Le Premier ministre néerlandais, favorable à l’accord

Le Premier ministre libéral Mark Rutte avait appelé dans la journée ses concitoyens à approuver l’accord, qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l’UE et l’Ukraine. « Nous devons aider l’Ukraine à bâtir un Etat de droit, à construire sa démocratie, à soutenir ses minorités, notamment les juifs, et la communauté homosexuelle », a-t-il lancé.

En Ukraine, on se souvient de la volte-face de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, qui avait renoncé au dernier moment, sous la pression de Moscou, à signer cet accord, et avait provoqué le soulèvement proeuropéen du Maïdan en 2013. Pour Kiev, qui a envoyé des ministres faire campagne aux Pays-Bas, cet accord représente une « nouvelle ère » pour l’Ukraine, tandis que Moscou le considère comme un empiètement des Européens dans sa sphère d’influence.

NLref.PNGLe débat sur la ratification de l’accord relancé

Certaines associations eurosceptiques, ayant appelé à ce vote, estiment que l’accord n’est qu’un exemple de plus d’une Union européenne bureaucratique et technocratique ayant perdu le contact avec les citoyens.

Les Pays-Bas sont le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié l’accord, qui a cependant reçu le feu vert du Parlement. En dépit de son caractère consultatif, le scrutin contraint le Parlement à débattre à nouveau sur la ratification de cet accord d’association et risque de plonger le gouvernement néerlandais dans un abîme de difficulté ; d’autant plus que celui-ci assure actuellement la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’Union européenne, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson.

Stupeur en Ukraine

C’est avec stupeur, que le résultat du référendum hollandais a été accueilli en Ukraine, un pays dont une grande partie de la population se déclare toujours favorable à un rapprochement avec l’Union européenne. Cet échec est une épine de plus dans le pied du président Petro Porochenko, déjà mis en cause, depuis quelques jours, dans le scandale des Panama Papers, rapporte notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin.

C’est aussi un camouflet pour le Premier ministre Arseni Iatseniouk, résolument pro-européen, mais qui ne dispose plus au Parlement d’une majorité lui permettant de gouverner. En attendant un hypothétique changement à la tête de l’exécutif, les citoyens ukrainiens commencent à réaliser que l’Union européenne en crise n’est pas en mesure de résoudre les problèmes structurels qui touchent l’Ukraine, à commencer par une corruption endémique et la faillite de l’Etat de droit.

Désormais tous les regards sont tournés vers le Parlement néerlandais qui suite au référendum, pourrait dénoncer l’accord d’association et donc rendre le texte caduque.

 

dimanche, 16 novembre 2014

Oui à l’initiative populaire «Sauvez l’or de la Suisse!»

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«Les réserves d’or ne sont pas matière à spéculation pour politiciens et responsables de la banque centrale, c’est notre fortune nationale»

Oui à l’initiative populaire «Sauvez l’or de la Suisse!»

Interview de Lukas Reimann, conseiller national UDC, SG

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

thk. Le 30 novembre, le peuple suisse décidera sur un projet d’une extrême importance, à savoir le pourcentage d’or de nos réserves monétaires. Depuis 1999, la Banque nationale suisse (BNS) a liquidé plus de la moitié de notre fortune nationale, économisée pendant des décennies, en jetant des tonnes d’or sur le marché. Lors de la crise financière et économique, la BNS commença à soutenir l’euro en liant le franc suisse à l’euro. Suite à ces achats de soutien massifs, la Suisse détient actuellement presque un demi-billion de devises étrangères, majoritairement en euros. En raison de ces ventes massives et de l’utilisation accrue de la planche à billets, la part d’or s’est réduite à moins de 10%. Ainsi la Suisse dépend de l’euro pour le meilleur et pour le pire et devra, en cas d’une nouvelle faiblesse de cette monnaie unique, continuer à créer de l’argent pour la soutenir. Le total du bilan continue à augmenter, sans aucune garantie matérielle. Puisque ces questions ne relèvent pas seulement du domaine de la finance, mais avant tout de celui de la politique d’Etat, le conseiller national Lukas Reimann plaide clairement en faveur de l’initiative populaire fédérale «Sauvez l’or de la Suisse». Au cours de l’interview ci-dessous, il en explique les tenants et les aboutissants.

Horizons et débats: Quelle est l’importance des réserves d’or pour notre pays? Pourquoi faut-il en augmenter la quantité actuelle?

Lukas Reimann: Les réserves d’or et la votation populaire de ce mois sont d’importance existentielle pour notre pays. En fin de compte, il en va de la liberté et de l’indépendance de la Suisse. Il s’agit de se décider si nous voulons être apte à définir nous-mêmes de manière autonome et indépendante le fondement de notre système et de notre politique monétaires ou si nous voulons dépendre, pour le meilleur et pour le pire, du dollar ou de l’euro, c’est-à-dire des évolutions dans les pays respectifs. Actuellement, nous sommes totalement soumis à ces blocs économiques. Cela peut avoir de graves conséquences: au temps de l’étalon-or, la stabilité monétaire s’est maintenue aux Etats-Unis pendant 136 ans. Depuis 1913, la puissance d’achat a baissé de 95%, ce qui est énorme, car les institutions étatiques font frénétiquement tourner la planche à billets. Voilà des perspectives qui ne conviennent pas à la Suisse. Stabilité et prospérité sont autre chose.

Quels sont les avantages de la couverture-or?

La monnaie-papier se prête à toutes sortes de manipulations et de reproductions, ce que l’or ne permet pas. La monnaie-papier est soumise à la politique monétaire inflationniste pratiquée actuellement par les banques centrales dans le monde entier. L’or, par contre, ne l’est pas. C’est pourquoi il a une importance cruciale pour notre pays. Nous ne pouvons être indépendants que si nous disposons à nouveau d’une propre part de réserve. Cela a bien fonctionné pendant de longues années. La couverture-or garantit autant notre indépendance que notre stabilité. Si nous ne formons pas de réserves, nous serons perdus lors de la prochaine crise monétaire et financière. Elle viendra certainement.

Ne s’agit-il pas d’entraves superflues pour la BNS?

Jusqu’en 1999, l’année de la mise en vigueur de la nouvelle Constitution fédérale, la Suisse connaissait la couverture-or. Nous avions placé 40% de nos réserves monétaires en or ce qui nous a permis de parfaitement maîtriser toutes les crises. Il ne faut jamais jeter par-dessus bord un système qui a fait ses preuves au cours de temps difficiles en ménageant le pays et ses habitants de maintes calamités. Le franc suisse était sûr et stable grâce à notre couverture-or. Même aujourd’hui, le franc continue de jouir de sa bonne renommée grâce à sa couverture-or d’antan. Malheureusement, le clivage entre la réalité et la bonne renommée s’élargit constamment. Nous voulons de nouveau normaliser cette situation. En réalité, l’or a renforcé la Banque nationale dans sa capacité d’agir et dans son indépendance de manière décisive.

Pourquoi les différents pays ont-ils constamment réduit leurs réserves d’or bien que fondamentalement l’or continue à passer pour un placement sûr dans le monde financier?

Cela montre à quel point le débat est malhonnête. Si l’on sait combien il est important, pour le particulier, qu’il place sa fortune également dans des valeurs réelles pour avoir dans un cas d’extrême urgence, une réserve, il est d’autant plus important que l’Etat, en tant que tel, soit préparé au cas d’urgence en disposant d’une part suffisante en or.

Quelles sont les conséquences pour l’Etat s’il ne dispose pas de réserves d’or?

Cela paraît évident. La monnaie-papier se prête à n’importe quelle manipulation et à la reproduction illimitée, tout en racontant aux citoyens que tout cela n’occasionne pas de coûts. C’est faux. Plus on imprime d’argent, moins il vaut. Si l’on imprime de la monnaie à volonté, on provoque ou un effondrement monétaire ou une dévalorisation massive de chaque pièce de monnaie. Voilà une politique monétaire désastreuse favorisant ceux qui dépensent de l’argent et font des dettes et punissant ceux qui vont travailler régulièrement en mettant continuellement un peu d’argent de côté. On punit aussi le retraité recevant de l’Etat toujours la même rente avec toujours moins de puissance d’achat. On punit également le salarié qui se rend quotidiennement au travail parce que son augmentation de salaire ne compense plus la perte de valeur à laquelle est soumis son argent. Voilà donc, finalement, un impôt dissimulé, une expropriation dissimulée, que pratiquent les Etats. L’or est capable d’y remédier!

Quand a-t-on annulé la couverture-or?

C’est historiquement très intéressant, cela a commencé avec la Première Guerre mondiale. Pour la financer, il fallut se séparer de l’argent couvert par l’or. Ensuite, on pouvait faire tourner la planche à billets à volonté. Cela c’est poursuivi lors de la Seconde Guerre mondiale, lors de la guerre du Viêt-Nam etc. Avec chaque guerre, on a réduit davantage la couverture-or pour que les Etats puissent imprimer tout l’argent qu’ils désiraient. Les monnaies soumises à ce procédé sont aujourd’hui en train de se désintégrer. Il est incroyable de voir quelle était la valeur de ces monnaies autrefois et ce qui en reste actuellement.

Je pense que quand au dollar, cela saute aux yeux …

Le dollar a connu une stabilité constante pendant plusieurs décennies, tant qu’il avait une couverture-or. Depuis que celle-ci n’existe plus, nous constatons une dévalorisation du dollar de 95%. Une menace identique pèse sur le franc suisse, si nous continuons de la sorte. Il faut être claire à ce sujet. Ce qui était possible avec la couverture-or est en danger avec la politique actuelle. Il se passera avec le franc suisse exactement la même chose qu’avec toutes les autres monnaies si l’on fait tourner la planche à billets sans limite.

On peut dire que l’économie basée sur les dettes, comme actuellement, et l’endettement exorbitant des Etats n’ont été possibles que parce que leurs monnaies n’ont plus de couverture-or. Qu’en est-il en Suisse?

Il y a deux aspects pour lesquels la Suisse a fait cela, bien qu’il n’y ait pas eu de nécessité ni d’urgence. En outre, c’est totalement incompréhensible et insensé. Une raison pour laquelle cela a été fait est qu’on voulait que la Suisse puisse elle-même décider à quel point elle veut s’endetter et imprimer de l’argent. Personne ne peut s’y opposer, personne ne s’en aperçoit, cela ne dérange personne. Voilà une chose bien agréable pour les politiciens. On peut faire des promesses avant les élections et financer certains petits projets pour s’acheter la faveur des électeurs. Cependant, personne ne parle des conséquences néfastes et désastreuses d’un tel comportement à longue échéance. Le deuxième aspect c’est l’internationalisation. On a commencé à exercer de fortes pressions sur la Suisse. D’abord, on a reproché à la Suisse que son or était de l’or volé par les nazis, puis on a inventé une quantité d’autres bêtises afin de forcer le pays à vendre son or. On voulait à tout prix éviter qu’il existe au monde des pays qui misent encore sur les valeurs réelles, sur une monnaie sûre. Cela n’a pas réussi dans tous les pays. Celui qui ne suit pas sa propre voie ne peut, en matière de politique monétaire, être indépendant ni des Etats-Unis ni de l’UE ni de quelque autre pays. Moins notre Etat dispose d’or, plus nous dérivons vers la dépendance. On a beau dire qu’on n’est pas pays membre de l’UE – si, de fait, on se lie à l’euro, on en sortira tout aussi dépendant que les pays membres de la zone euro.

 

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On peut donc dire que la politique monétaire de la BNS est également expansive?

Oui, en comparaison, nous sommes même plus expansifs que la BCE ou la FED. Ces dernières années, le bilan de la BNS s’est énormément élargi et nous avons vendu des quantités d’or incroyables. En pourcents, notre élargissement du bilan et plus grand que celui des Etats-Unis ou de l’UE.

Pour acheter des euros, nous avons donc produit d’avantage d’argent?

Oui, nous avons acheté des euros et des dollars à hauteur de centaines de milliards ce qui n’empêche pas les adhérents de cette politique de dire que l’initiative sur l’or constitue un risque à cause du prix de l’or. Mais si l’euro ne baisse que de 20%, ce qui n’est malheureusement pas irréaliste – même la BCE confirme qu’il y aura une dévalorisation – cela coûtera cent milliards de francs et plus à la Suisse. Dans une telle situation, l’or est beaucoup plus sûr. Il n’a pas cessé, depuis plus de 3000 ans, de fonctionner comme moyen de paiement, ayant survécu jusqu’à présent à toutes les crises. En vérité, face à des crises sérieuses, l’or est de plus en plus recherché tout en se stabilisant encore davantage. Aujourd’hui, on assure tout face à n’importe quel risque. Eh bien, l’or est une assurance pour la fortune de tout un pays. Les réserves d’or ne sont pas matière à spéculation pour politiciens et responsables de la banque nationale. Elles sont la fortune nationale, le résultat du travail assidu de plusieurs générations. D’où prenons-nous le droit de détruire en quelques années ce que les citoyennes et citoyens suisses ont créé dans notre pays. Je trouve cela révoltant.


Dans ce contexte, je me demande qui achète l’or. Si plus personne ne veut d’or et tout le monde le jette sur le marché, il devrait être à disposition à prix cassé en énorme quantité. Ce n’est cependant pas le cas.


Non, en effet, ce n’est pas le cas. Il y a naturellement des pays qui ont une autre vue des choses. Ils ont reconnu l’importance de l’or dans une époque caractérisée par l’augmentation illimitée de la masse monétaire et des crises monétaires croissantes.
Ces deux dernières années, la Chine a acheté davantage d’or que celui que la Suisse possède encore actuellement. D’autres banques centrales, tournées vers l’avenir, ont également compris que l’or est la chose la plus sûre et la plus stable pour le pays et sa population. Une fois de plus, la Suisse court après les banques centrales américaine et européenne et ainsi, aveuglement, vers la perdition. J’espère vivement que le peuple suisse s’en rende compte à temps et sera capable d’arrêter cette course funeste.

Qu’en est-il des réserves des autres pays?

En Suisse, 85% de nos réserves monétaires sont des monnaies étrangères, majoritairement des euros. Nous ne disposons plus de valeurs réelles, tandis que nos voisins l’Allemagne, l’Italie et la France détiennent des réserves d’or de 70%. Nous n’avons plus même 10%. Voilà ce qui est très risqué et dangereux – mais certes pas l’initiative sur l’or. Celle-ci produit de la sécurité dans une telle situation. Chaque citoyen désireux d’acheter une voiture ou une maison à crédit doit présenter une garantie qui correspond normalement au minimum à 20% du prix d’achat. Ce n’est donc pas trop exiger d’attendre d’un Etat qu’il possède une garantie de 20%, dans un portefeuille hautement risqué.

Quels sont les documents à hauts risques dans ce portefeuille?

Avec ses monnaies étrangères, la BNS a acheté, des actions de jeux de hasard et des participations à de grandes entreprises d’armement aux Etats-Unis, ainsi que des obligations émises par d’autres Etats. Personne ne pourra me faire croire que les responsables de la BNS ont agi de la sorte selon leurs propres convictions. Il est évident que Bruxelles nous a abordé en disant: «C’est le moment de nous aider, achetez des euros!» Il ne faut pas augmenter les montagnes de dettes à l’infini. Un certain moment venu, toute confiance sera perdue. Quand les gens se rendront compte des manipulations, les montagnes de dettes s’écrouleront.
Alors il y aura une perte totale au niveau des monnaies ou une inflation massive. Indépendamment de ces scénarios, il faut avoir une garantie sensée, sinon le tout est hautement risqué. L’initiative représente l’assurance urgente contre ce qui va se passer au cours des années à venir.

On entend souvent le reproche que suite aux achats supplémentaires qui devraient être faits si l’initiative passe, nous aurons trop d’or qu’on ne pourra plus revendre par la suite.

D’abord il faut que nous ayons cet or, l’initiative exige un minimum de 20%. Si l’on dispose de davantage d’or et qu’on est exposé à un cas d’urgence extrême, on pourra en tout temps revendre de l’or par droit d’urgence. Nous disposons de suffisamment de mécanismes pour pouvoir intervenir dans une telle situation. Mais puisque notre monnaie sera beaucoup mieux protégée grâce à la couverture-or, cette situation n’apparaîtra pas.

On entend constamment que les pays asiatiques achètent l’or des Européens. Le fait que la Suisse ait vendu une grande partie de son or, était-ce le résultat des tentatives de pressions mentionnées ou s’agissait-il également de se soumettre de plein gré aux puissants? Selon ce que vous venez d’expliquer, il n’y avait guère de nécessité financière à cela.

Il n’y a effectivement aucune nécessité de vendre de l’or. La BNS avoue elle-même aujourd’hui que les ventes d’or à un prix aussi bas étaient une erreur. Si elle n’avait pas vendu une tonne d’or par jour pendant plusieurs années, la BNS disposerait actuellement d’une réserve de 50 milliards de francs. C’est une somme gigantesque représentant presque le budget annuel de la Suisse. Certes on peut se tromper mais il faudra en tirer les bonnes conclusions. La moitié de notre fortune nationale a disparu, il faut donc tout faire pour préserver l’autre moitié, voilà le but de l’initiative. Après avoir vendu 1300 tonnes, on lança encore 250 tonnes sur le marché pour acquérir des euros. On a échangé une valeur sûre contre une monnaie et des obligations à haut risque. Cela reste totalement incompréhensible. Il y a naturellement des gens qui craquent face aux pressions de l’extérieur, mais il y a malheureusement aussi, à l’intérieur de notre pays, des internationalistes et des forces autodestructrices qui tentent d’affaiblir la Suisse.

Quelles sont les forces principales qui s’opposent à l’Initiative sur l’or?

Tous les partis politiques, le Conseil fédéral, les médias – en réalité, le comité d’initiative se trouve seul contre tous. Certes, dans tous les partis on retrouve des personnes qui nous soutiennent. Parmi eux, il y a aussi des parlementaires cantonaux, également du PLR (Libéraux-Radicaux). Le PBD (Partie bourgeois-démocratique) de Bâle-Ville s’est exprimé en faveur de l’initiative de même que la plupart des partis cantonaux de l’UDC (Union démocratique du centre). Un grand nombre de citoyens soutient l’initiative mais tous les puissants qui veulent manipuler la fortune nationale s’y opposent. J’espère que le peuple se rendra compte du caractère explosif de cette situation et ne se placera pas du côté des puissants qui manipulent le système monétaire et détruisent la propriété des citoyennes et citoyens. Le système de la «monnaie fiduciaire» que nous retrouvons dans de nombreux pays est une fraude envers tous les citoyens qui apportent leur contribution à la société avec leur travail quotidien et, également, envers tout les épargnants.

Selon les premiers sondages, il y aurait actuellement dans la population une majorité en faveur de l’initiative.

C’est tout à fait compréhensible. Selon ce sondage, il y a actuellement 17% d’indécis. Si nous réussissons à en convaincre encore 6%, nous atteindrons 50%. Tout citoyen qui s’intéresse à son porte-monnaie et à l’avenir de son pays et qui refuse de faire confiance aux «banksters» et aux spéculateurs doit voter «oui». Mais pour le moment rien n’est décidé: nous devons nous battre pour chaque voix, car la campagne de dénigrement des adversaires ne fait que commencer!

Monsieur Reimann, je vous remercie de cet entretien.    •

(Interview réalisée par Thomas Kaiser)

vendredi, 03 octobre 2014

Du bon usage du référendum...

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Du bon usage du référendum...

par Ivan Blot

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur La voix de la Russie et consacré à la question du référendum comme outil démocratique. Président de l'association "Démocratie directe", l'auteur a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012), Les faux prophètes (Apopsix, 2013) et L'Europe colonisée (Apopsix, 2014).

Du bon usage du référendum

Le référendum est l’outil démocratique par excellence. Mais il est comme la démocratie : il ne fonctionne pas dans n’importe quelles conditions. Déjà Aristote écrivait dans sa « Politique » que la démocratie ne fonctionnait que là où les classes moyennes sont nombreuses.

En effet, des classes moyennes de propriétaires, si possible formant des familles avec des enfants, représentent des hommes et des femmes qui ont des choses à perdre (leur patrimoine, les perspectives d’avenir de leurs enfants) et qui par conséquent ne se comporteront pas de façon irresponsable. C’est vrai aussi du référendum, l’instrument le plus démocratique pour légiférer puisque chaque citoyen pourra donner son avis à partir de sa condition concrète, de son « vécu existentiel » que le bureaucrate n’a pas, fut il brillant dans les études abstraites.

Les deux révolutions sanglantes qui ont marqué le monde, la révolution jacobine en France et la révolution bolchevique en Russie, sont parties de deux grandes villes aux populations pauvres fortement déracinées : Paris et Saint-Pétersbourg. A Saint-Pétersbourg, des centaines de milliers d’ouvriers vivaient seuls sans famille pour travailler dans des usines géantes. Les soldats et marins constituaient une population analogue, guerrière, masculine, prêts à tous les excès dès lors que la discipline de l’ancien régime s’était effondrée. Les Bleus en Vendée, les Rouges en Russie furent des armées efficaces mais brutales, souvent criminelles.

La démocratie comme le référendum exigent des citoyens enracinés dans des traditions morales éprouvées : c’est le cas en Suisse depuis le Moyen Âge.

Deux gouvernements viennent de donner des exemples de mauvaise gestion démocratique, certes de façon contrastée : l’Ukraine et le Royaume Uni.

En Ukraine, les populations russophones ont été détachées de la mère patrie par le hasard des frontières tracées par les Soviétiques, hasard devenu destin lorsque l’URSS a éclaté. Curieusement, l’Occident se fait une religion de respecter ces frontières issues de décisions d’un régime totalitaire sans la moindre consultation des populations concernées. Ces populations ont réclamé des référendums. Sauf en Crimée en raison de la protection russe, non seulement ces référendums n’ont pas eu lieu mais leurs partisans ont été déclarés « terroristes » par le gouvernement de Kiev. Et ce dernier s’est résolu à les ramener à la raison à coups de canons ! Où sont dans un tel cas les fameux droits de l’homme ? Ils sont piétinés dans l’indifférence du Conseil de l’Europe, notamment.

Au Royaume Uni, heureusement, la situation est moins tragique. Toutefois, les gouvernements successifs de Londres n’ont pas voulu prendre en compte le mécontentement de la population écossaise. Le résultat est clair : presque la moitié de la population écossaise veut désormais se séparer de l’Angleterre. 45% ont voté pour l’indépendance. Même si celle-ci n’est pas acquise, le problème va demeurer car ce chiffre pour la scission est considérable. Le Royaume Uni devrait réfléchir sur une solution fédérale. On notera qu’une fois de plus, le résultat du référendum est modéré puisque l’Ecosse ne prend pas son indépendance. Mais c’est un bon avertissement pour le gouvernement.

Cette gestion catastrophique (Ukraine) ou médiocre (Royaume Uni), ce déni de démocratie ou cette insuffisance de dialogue trouve son contre –exemple, celui de la Suisse. Tout le monde ou presque a oublié la crise séparatiste du Jura qui a secoué la Suisse dans les années 1970. Les francophones du Jura ne voulaient plus être gouvernés par les germanophones du canton de Berne. Ils formèrent une milice : les Béliers. Des attentats terroristes se multiplièrent (ce ne fut le cas ni en Ukraine ni en Ecosse). A coups de référendums on se mit à définir les frontières d’un nouveau canton. Une majorité se prononça pour la scission d’avec Berne en 1974 dans les trois districts du nord du Jura. On créa alors un nouvel Etat fédéré jurassien : le canton du Jura, et dans un référendum ultérieur au niveau national, ce nouveau canton fut accepté dans la confédération. Voilà une gestion de conflit ethnique et régional admirable dont personne ne parle jamais.

L’histoire est aujourd’hui ignorée de la plupart des hommes politiques qui n’ont de formation que juridique et un peu économique. Sait-on que dans les années 1930, un vrai parti nazi s’est développé en Suisse sur le modèle allemand. Il s’appelait le « National Front ». En Allemagne, grâce au régime dit « représentatif », Hitler avec moins de 40% des voix a pu prendre le pouvoir à la tête d’une coalition parlementaire. En Suisse, les nazis locaux voulaient transformer la Suisse en changeant la constitution par un référendum. Mais voilà : dans un référendum, il faut dépasser le chiffre des 50% et c’est impossible avec un programme extrémiste. Les nazis suisses ont perdu leur référendum et n’ont jamais pu prendre le pouvoir. La démocratie directe a protégé la démocratie à la différence de l’Allemagne et de l’Italie où les parlements ont voté les pleins pouvoirs aux dictateurs.

Si la population est composée de classes moyennes majoritaires, de familles et de petits propriétaires très nombreux, le référendum donne toujours des résultats raisonnables. Les citoyens collent à la réalité plus que les bureaucrates qui manipulent les parlementaires. On voit le résultat : les pays qui pratiquent fréquemment les référendums déclenchés par une pétition populaire sont prospères et connaissent dans l’ensemble la paix sociale : c’est la Suisse, le Liechtenstein, la côte ouest des Etats-Unis, et à un moindre degré l’Allemagne (référendums au niveau local et régional seulement) et l’Italie (référendums contre des lois mais pas pour en initier des nouvelles). Dans ces pays, la bureaucratie est moins forte et les impôts moins lourds (un tiers en moins d’après les études des professeurs Feld et Kirchgässner). L’endettement public est plus faible.

En France si l’on excepte les personnalités que furent le professeur Carré de Malberg, le résistant anti-nazi et juriste René Capitant et le général de Gaulle, le référendum est négligé par les gouvernants et les intellectuels. On parle de société bloquée ! C’est vrai mais pourquoi s’obstine-t-on à ignorer l’instrument le plus efficace pour sortir des blocages et faire des réformes : le référendum ?

Ivan Blot (La voix de la Russie, 22 septembre 2014)

vendredi, 19 septembre 2014

Will The Swiss Vote to Get Their Gold Back?

Will The Swiss Vote to Get Their Gold Back?

achat-de-lingots-dor-en-suisse.jpgOn November 30th, voters in Switzerland will head to the polls to vote in a referendum on gold. On the ballot is a measure to prohibit the Swiss National Bank (SNB) from further gold sales, to repatriate Swiss-owned gold to Switzerland, and to mandate that gold make up at least 20 percent of the SNB’s assets. Arising from popular sentiment similar to movements in the United States, Germany, and the Netherlands, this referendum is an attempt to bring more oversight and accountability to the SNB, Switzerland’s central bank.

The Swiss referendum is driven by an undercurrent of dissatisfaction with the conduct not only of Swiss monetary policy, but also of Swiss banking policy. Switzerland may be a small nation, but it is a nation proud of its independence and its history of standing up to tyranny. The famous legend of William Tell embodies the essence of the Swiss national character. But no tyrannical regime in history has bullied Switzerland as much as the United States government has in recent years.

The Swiss tradition of bank secrecy is legendary. The reality, however, is that Swiss bank secrecy is dead. Countries such as the United States have been unwilling to keep government spending in check, but they are running out of ways to fund that spending. Further taxation of their populations is politically difficult, massive issuance of government debt has saturated bond markets, and so the easy target is smaller countries such as Switzerland which have gained the reputation of being “tax havens.” Remember that tax haven is just a term for a country that allows people to keep more of their own money than the US or EU does, and doesn’t attempt to plunder either its citizens or its foreign account-holders. But the past several years have seen a concerted attempt by the US and EU to crack down on these smaller countries, using their enormous financial clout to compel them to hand over account details so that they can extract more tax revenue.

orsuisse.jpgThe US has used its court system to extort money from Switzerland, fining the US subsidiaries of Swiss banks for allegedly sheltering US taxpayers and allowing them to keep their accounts and earnings hidden from US tax authorities. EU countries such as Germany have even gone so far as to purchase account information stolen from Swiss banks by unscrupulous bank employees. And with the recent implementation of the Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA), Swiss banks will now be forced to divulge to the IRS all the information they have about customers liable to pay US taxes.

On the monetary policy front, the SNB sold about 60 percent of Switzerland’s gold reserves during the 2000s. The SNB has also in recent years established a currency peg, with 1.2 Swiss francs equal to one euro. The peg’s effects have already manifested themselves in the form of a growing real estate bubble, as housing prices have risen dangerously. Given the action by the European Central Bank (ECB) to engage in further quantitative easing, the SNB’s continuance of this dangerous and foolhardy policy means that it will continue tying its monetary policy to that of the EU and be forced to import more inflation into Switzerland.

Just like the US and the EU, Switzerland at the federal level is ruled by a group of elites who are more concerned with their own status, well-being, and international reputation than with the good of the country. The gold referendum, if it is successful, will be a slap in the face to those elites. The Swiss people appreciate the work their forefathers put into building up large gold reserves, a respected currency, and a strong, independent banking system. They do not want to see centuries of struggle squandered by a central bank. The results of the November referendum may be a bellwether, indicating just how strong popular movements can be in establishing central bank accountability and returning gold to a monetary role.

See the Ron Paul File

dimanche, 23 mars 2014

Para Londres “los votos de Crimea no valen”, pero “los de Malvinas y Kosovo si"

Ex: http://www.elespiadigital.com

El Reino Unido respeta el derecho de los pueblos a la autodeterminación cuando eso conviene a sus intereses, según afirmó la analista política Nana Yakovenko.

Ante la negativa de Occidente a reconocer la legitimidad del referéndum en Crimea, la experta, citada por el portal Inosmi, recordó que la postura del Reino Unido sobre otros ejemplos de plebiscito, como el referéndum en las islas Malvinas, fue absolutamente contraria a la que mantiene ahora.

El embajador británico en la ONU, Mark Grant, afirmó en el  Consejo de Seguridad el 7 de agosto pasado: "En marzo pasado los residentes de las Malvinas aprovecharon su derecho a la autodeterminación mediante un referéndum y apoyaron en su mayoría su permanencia como territorio de ultramar del Reino Unido. No se puede ignorar la opinión de los isleños. El asunto de la soberanía de las Malvinas no se puede decidir en contra de sus deseos".

Otro ejemplo de la inconsistencia de Londres es la declaración unilateral de independencia de Kosovo en el año 2008.  

"La secesión de una parte de Estado de por sí no contradice a las leyes  internacionales", reza el memorándum del Gobierno británico presentado al Tribunal Internacional de Justicia al respecto de este caso.  

"En general, las leyes internacionales no prohíben la secesión ni prestan garantías de integridad a los Estados ante movimientos internos que puedan llevar a la separación o independencia apoyados por sus pertinentes pueblos", según el documento.

Resulta que en el caso de las Malvinas y Kosovo, Londres  prioriza la democracia y el derecho de los pueblos a la autodeterminación, "ideas a las que Rusia propone que se atenga la comunidad internacional en lo que se refiere a Crimea", resaltó Yakovenko.

La analista recordó que en el pasado, la inclinación prorrusa también prevalecía en la mayor parte de la opinión pública de los residentes de Crimea.

dimanche, 23 février 2014

Schweiz: Gedanken einer linken Zuwanderungskritikerin

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Schweiz: Gedanken einer linken Zuwanderungskritikerin

Verena Tobler Lindner*

“Nach innen” bedeutet: die jeweils nationalen Volkswirtschaften außer Kraft setzen, so dass die Akkumulation nun im Innern Europas europaweit grenzenlos in die Taschen der bislang Großmächtigen fließen kann – mit den ganzen Bevölkerungsverschiebungen und der Entdemokratisierung, die solches mit sich bringt.

“Nach außen”: Weiterhin neo-imperiale Kriege in Afrika und anderswo an den äußeren Rändern des Kapitalismus. Und zwar Krieg, der auf zwei Arten stattfindet: Mittels Demokratie- und Menschenrechtskampagnen (z.B. über NGOs und Parteistiftungen) werden die Volkswirtschaften an den Rändern destablisiert, um dann diese Länder in den erlauchten Kreis des EU-Kapitalismus aufzunehmen. Oder dort, wo es eh zuwenig oder (außer Ressourcen) gar nichts zu übernehmen gibt, wird formell mit den neuen EU-Kampftruppen zuzuschlagen. Dass hinter dieser Kriegstreiberei und Machtmeierei wieder Kräfte der BRD stecken, ist wohl die eine Ironie der Geschichte. Zur andern muss ich im Moment schweigen.

Beträgt z.B. der Zusatzgewinn der neoliberalen Globalisierung fürs Kapital unterm Strich gerade mal 1$, so macht aber der Umverteilungseffekt 50$ aus. Gar nicht zu reden vom Machtgewinn, der daraus für die Großmächtigen der Welt abfällt.

Ich empfehle deshalb dringend allen, die innerhalb des klassischen gewerkschaftlichen Begriffs von Internationalismus denken, zu überlegen, wo und wie weit sie sich damit blind zu Steigbügelhaltern des neoliberalen Kapitals machen.

Denn m. E. hat Marx zwar nicht immer, aber über grosse Strecken ausgeblendet, dass der von der Arbeiterklasse – aber nota bene dank technologischer Ueberlegenheit auf dem Weltmarkt – geschaffene Mehrwert zwei problematische und eine wunderbare Seite hat: Er macht die Arbeiterklasse zur exklusiven Trägerschaft eines Fortschritts, der diese Klasse in den Kapitalzentren zwar reicher macht – im Vergleich zu den Arbeitenden im Rest der Welt. Gleichzeitig wird aber mit diesem weltumspannenden Projekt buchstäblich alles aus den alten Bahnen hinausgeworfen, um es dann dieser grenzenlosen Fortschrittsmühle einzuverleiben, die uns auf unserem Erdenrund eine stetige, ungleiche Entwicklung sowie einen grenzenlosen Ressourcenverschleiss gebracht hat.

Wir brauchen einen a n d e r e n, besseren Internationalismus!

Einer, der nicht länger auf der Phantasmagorie des Ewigen Wachstums und dem Schwachsinn einer grenzenlosen Zirkulation von Arbeit-, Güter- und Kapitalzirkulation beruht. Wir brauchen einen Internationalismus, der so konzipiert ist, dass er allen Menschen und zwar überall auf der Welt ein selbsttätiges und selbständiges Leben mit einen Wohlstand “in Grenzen” erlaubt. Das bedeutet nicht, dass die jeweiligen Bevölkerungen eingesperrt werden sollen! Hingegen bedeutet es klar und eindeutig, daran zu arbeiten, dass das Gefälle und der Verschleiss, der Über- und der Unterkonsum, die mit kapitalistischer Produktion verbunden sind, endlich gestoppt werden können, so dass die Menschen erst gar nicht gezwungen sind, abzuwandern.

Kurz: Wir brauchen eingehegte Märkte mit entsprechenden Produktionsstätten und demokratischen Verfassungen, aber im Rahmen von vielfältigen und den jeweiligen Ressourcen und Klimata angepassten Gesellschaftsformen bei einem freien Austausch der Ideen.

Unsere Hausaufgaben also sind: Welchen Internationalismus wollen wir? Wie nennen wir jenen Nationalismus, der einzig mit demokratischen Verfassungen zusammengeht, die den Namen Demokratie verdienen? Und wie gestalten wir die Märkte und Geldflüsse, dass sie von unten überschaubar, kontrollierbar, steuerbar werden?

*Verena Tobler Linder wurde 1944 in Winterthur (Schweiz) geboren. Sie hat eine Erstausbildung als Primarlehrerin, später das Lizenziat als Ethno- & Soziologin (Universität Zürich) sowie ein Diplom in Supervision und Organisationsberatung erworben. Seit 2002 übt sie eine selbständige Lehr-, Kurs-, Referats- und Beratungstätigkeit aus, insbesondere zum Thema „Interkulturelle Konflikte und deren Überwindung“. Sie erteilt Kurse zur interkulturellen Kommunikation und Integration für: Spital-, Psychiatrie und Gefängnispersonal, für Schulen, Krippen, Horte, Mitarbeitende von Sozialämtern, Gemeinden, Gerichten, des Bundesamtes für Flüchtlinge und Immigration und andere vom Thema Betroffene.

Quelle

jeudi, 20 février 2014

La Suisse contre l’immigration : analyse

La Suisse contre l’immigration : analyse

les-suisses-vont-restreindre-l-immigration-26542-hd.jpgLorsque les Suisses s’étaient prononcés, grâce au système unique en Europe de la ”votation” populaire, en mars 2013, pour un encadrement des  salaires des grands dirigeants d’entreprise, tous les partis de gauche avaient applaudi : que le peuple helvète pense bien !  Mais quand  il avait voté contre les minarets, puis pour l’expulsion des étrangers criminels, les mêmes avaient fulminé contre ce système de référendum populaire (pardon, populiste) qui donne la parole à ce peuple qui pense mal.

Avec le référendum de février 2014 pour limiter l’immigration, ce n’est plus seulement la gauche, mais presque l’ensemble de la classe dirigeante helvétique qui s’est insurgée contre cette opinion populaire incongrue. Le prétexte, pseudo économique, consiste à dire que la Suisse va s’isoler, mais la véritable raison de la colère des élites est ailleurs : le peuple a refusé de suivre l’oligarchie dans ses délires d’ouverture des frontières. Sagesse populaire contre folie. Mais réaction bien fragile, car le peuple souverain sera toujours très faible face aux retours de bâton des dirigeants. (1)  

 Avec quel mépris les résultats du référendum suisse ont été traités par les autorités de Bruxelles, le discours journalistique dominant et une partie de la classe politique française ! ”Démagogie” et ”populisme”, voilà les deux termes les plus fréquemment employés  par le clergé bien-pensant pour qualifier le résultat du référendum limitant l’immigration. La prétentieuse technocratie de l’UE a même osé proférer des admonestations et des menaces contre la Suisse. M. Fabius (de quoi se mêle-t-il ?) et le gouvernement socialiste français (le plus nul en résultats de toute l’Europe) ont tenu des propos méprisants sur les conséquences de ce référendum. Sans penser au respect qu’un pays européen doit à un autre. Belle conception de la démocratie, où la volonté du peuple réel est discréditée et déligitimée.  C’est normal, puisque le référendum suisse remet en cause le dogme central : l’immigration libre et incontrôlée, pilier de l’idéologie dominante (mais non majoritaire) qui gouverne la technocratie de l’UE comme la plupart des gouvernements.   

Les pseudo économistes prédisent une catastrophe pour l’économie suisse (la seule d’Europe à ne pas connaître de chômage de masse) du fait de quotas imposés aux migrants en fonction des besoins économiques du pays. Mais enfin, le Canada et l’Australie pratiquent la même mesure avec succès. Au contraire, le peuple suisse, à l’inverse de ses dirigeants, est pétri de bon sens économique. Depuis que la Confédération a adhéré aux accords de Schengen, interdisant à un État de contrôler ses frontières, l’immigration a explosé : 400.000 entrées par an, pour un pays de 8 millions d’habitants. Actuellement, on frôle les 25 % d’étrangers. On a atteint un seuil à ne pas dépasser, même si la majorité est composée d’autres Européens.

En réalité, le peuple suisse a fait preuve de perspicacité : d’une part, il a jugé que la prospère économie suisse n’avait pas besoin de plus de travailleurs extérieurs, même européens, ce qui est conforme à la loi de l’utilité marginale ; l’argument du manque de main d’œuvre domestique ne tient pas, comme le démontre l’exemple du Japon (2) ; d’autre part – et c’est là le point le plus important – le référendum suisse anti-immigration libre vise à préserver le pays contre ce fléau qui accable la France, c’est-à-dire l’immigration de peuplement extra-européenne de non-travailleurs (3) qui a deux conséquences : plomber l’économie et la richesse nationale sous le poids de l’assistanat social ou de l’économie souterraine et défigurer les racines et l’identité du peuple. Sans parler des problèmes de sécurité et de multiples dégradation du cadre de vie.    

Ce fléau a déjà commencé en Suisse, sans atteindre le niveau catastrophique de la France. Le peuple s’en rend compte, dans sa vie quotidienne (pas les élites protégées). En n’acceptant l’installation, par quotas, que de travailleurs utiles à l’offre économique domestique, le peuple suisse a rejeté de fait, suivant en cela l’UDC, l’immigration extra-européenne, à 80% musulmane. Et c’est bien cela qui choque les maîtres du système, et pas du tout une préoccupation économique : le peuple suisse refuse de se laisser envahir et mélanger, le peuple suisse rejette l’idéologie dominante, il tient à son identité. Sous-entendu : il est obsidional, il est raciste, il est pécheur, il refuse d’obéir. Les Helvètes ont manifesté, de manière subliminale (quoiqu’à une proportion assez faible de 50,3% des votants) le souhait de maintenir sur leur territoire souverain leur identité européenne.  C’est inacceptable pour nos dirigeants  qui rêvent d’un autre monde, de leur paradis qui sera un enfer.   

Bien sûr, le Front National  français a applaudi au référendum de nos voisins suisses, ce qui est logique et cohérent.  Mais, chose amusante, en cette période pré-électorale, certains caciques de l’UMP aussi. Comme Guillaume Peltier, cofondateur de la Droite forte, un des vice-présidents de l’UMP et l’ancien Premier ministre M. François Fillon. On se frotte les yeux : l’UMP, qui  a donc été au pouvoir (à moins que je ne rêve) n’a strictement rien fait qui aille dans le sens du référendum suisse, proposé par l’UDC, c’est-à-dire la maîtrise rigoureuse de l’immigration, en la limitant à des quotas de travail. C’est la planète des politiciens : ”mes opinions sont faites pour me faire élire, pas pour être appliquées”. L’UMP et la droite, quand elles étaient au pouvoir, n’ont jamais suivi les idées qu’elles semblent défendre aujourd’hui. L’explication ne tient pas tant à la lâcheté ou à la duplicité des politiciens de droite qu’à leur manque de courage politique.  Ils manquent d’envergure et de véritables convictions. 

Exception dans la classe journalistique française, Ivan Rioufol, pour l’instant toléré comme dissident, écrit (Le Figaro, 14/02/2014) dans un article intitulé « La Suisse accélère le sursaut des peuples » : « quand un sondage montre, à rebours des propagandes,  que 66% des Français estiment qu’il y a trop d’étrangers, il est aisé d’imaginer ce que dirait un référendum s’il était autorisé sur ce tabou politique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’UMP (Christian Estrosi mis à part) est aussi réticente que le PS à aller sur cette voie qui n’a jamais été la leur ». Évidemment… Si la France était aussi démocratique que la Suisse, les résultats d’un tel référendum seraient encore meilleurs. Et probablement dans d’autres pays européens aussi. 

Donner la parole au peuple par un référendum d’initiative populaire sur tous les sujets est beaucoup trop dangereux pour l’idéologie dominante. Elle préfère ” changer le peuple” en forçant l’immigration, légale ou illégale impunie, par tous les moyens. La destruction de l’identité européenne, c’est le mot d’ordre des élites ethnomasochistes par un mélange pathologique d’idéologie et de névrose douce.   

Mais ne vous inquiétez pas : le gouvernement suisse comme les instances de l’Union européenne, au cours des négociations à venir dans les trois ans avec Bruxelles, vont tout faire pour vider de sa substance la ”votation” populaire, comme on a déjà contourné et aboli le ”non” à la Constitution européenne du référendum de 2005. Espérons que ma prédiction se révélera fausse et que le peuple helvète résistera,  que son exemple sera suivi, et que la flèche de Guillaume Tell atteindra son but. 

Notes:

(1) La notion de ”démocratie” ne signifie plus du tout aujourd’hui la volonté du peuple majoritaire, puisque les élus n’appliquent pas les idées de leurs électeurs.  L’élection est devenue un simulacre.

(2  En déficit démographique et de main d’œuvre extérieure, le Japon a toujours refusé l’immigration de main d’œuvre. Ce qui a favorisé la robotisation, donc la haute technologie.  L’immigration est  toujours la mauvaise solution, le remède pire que le mal.

(3) 7% seulement des entrées massives en France sont des travailleurs légaux. Le reste, déversement incontrôlé, légal ou illégal, représente une masse croissante d’assistés improductifs.  Autoroute vers l’explosion.

mercredi, 19 février 2014

La démocratie suisse n’est pas un virus mais un antidote !...

La démocratie suisse n’est pas un virus mais un antidote !...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David L'Epée, cueilli sur le sit Les Observateurs et consacré au référendum suisse contre l'immigration de masse. Journaliste indépendant, David L'Epée collabore à la revue Éléments.

 

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La démocratie suisse n’est pas un virus mais un  antidote !

Lorsqu’on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, dit l’adage populaire. Je dois faire partie de la catégorie des imbéciles parce que quand on me montre le problème migratoire tel qu’il a été mis en lumière par le scrutin du 9 février dernier, j’ai tendance à regarder la démocratie directe qui a permis de le désigner. Cette dernière, pourtant, ne semble pas peser bien lourd dans les considérations dont la presse nous abreuve depuis quelques jours, considérations marquées très majoritairement par le dépit, à l’image d’un milieu – les médias, l’intelligentsia, la classe politique – massivement opposé à cette initiative. « L’aveuglement anti-européen qui domine le pays l’a emporté » nous explique le socialiste Roger Nordmann, tandis que Pascal Couchepin, depuis l’autre face de la même pièce libérale, assombrit le tableau et parle d’ « économie de guerre ». Cette fracture entre électorat et “experts” est une constante dans l’histoire politique suisse de ces dernières années, mais elle prend aujourd’hui une autre dimension du fait, comme l’écrivait Le Temps du 10 février, que cette fois « le tremblement de terre est continental ». Les médias de notre pays ne sont plus les seuls à stigmatiser l’électeur suisse, ils sont rejoints dans ce travail de réprimande morale par de nombreux médias européens, à commencer par Libération qui titrait sa une d’il y a quelques jours « Le virus suisse ». A la condamnation des grands fait écho le soutien des petits : les peuples membres de l’UE sont nombreux ces jours-ci à envier la souveraineté populaire helvétique et à se demander ce qu’ils auraient fait à notre place si on leur avait donné la parole, ce que leurs gouvernants s’abstiennent bien de faire, et pour cause ! En France, deux sondages, effectués respectivement par Le Point et par Le Figaro, révèlent que les Français auraient été entre 88 et 92% à soutenir une initiative semblable à celle qui nous a été soumise.

M. Fabius se rend-il bien compte de cette fracture lorsqu’il appelle l’UE à pénaliser la Suisse ? Et M. Cohn-Bendit, qui, invité par l’émission Forum du 10 février, comparait la situation actuelle de notre pays à celle de 1933 ? Lors de cette même émission, la députée européenne Astrid Lulling se montrait encore plus explicite. Se réjouissant que son pays à elle ne soit pas perverti par l’infâme institution du référendum populaire, elle s’est écriée : « C’est à désespérer du droit de vote si les citoyens sont aussi bêtes ! »

Ces réactions à chaud ont le mérite de faire tomber quelques masques et de révéler que ce n’est pas uniquement la nouvelle politique migratoire de la Suisse qui est remise en cause par ce qu’il faut bien appeler les technocrates européens mais bien le principe même de la démocratie directe ! Un discours menaçant aux accents autocratiques qui se trouve soutenu et relayé par un certain nombre de nos politiciens, à la défaite amère, pour qui la souveraineté populaire n’a de valeur que lorsqu’elle valide leurs propositions. Le politologue Antoine Chollet l’explique bien dans son livre Défendre la démocratie directe (collection Le Savoir Suisse, 2011) : « Les élites suisses, dans leur grande majorité, nourrissent à l’égard de la démocratie des sentiments pour le moins mitigés et se font bien souvent les avocates de positions anti-démocratiques plus ou moins savamment camouflées. » Le camouflage a tendance ces derniers jours à s’effriter on découvre alors des figures franchement inquiétantes.

Alors que les “commissaires politiques” cités plus haut appellent ouvertement à des mesures de rétorsion de l’UE à notre encontre, quelques-uns parmi nos compatriotes semblent s’en réjouir. Lorsque des citoyens attendent d’un pouvoir étranger qu’il punisse leurs propres concitoyens, il n’est pas exagéré de parler de collaboration, au sens le plus méprisable que ce terme a pu prendre à travers l’histoire. Qu’importent qu’ils le fassent au nom d’une morale transcendante mais ô combien relative, la leur, qui leur donne l’assurance d’avoir raison contre tous ! Avoir raison contre la majorité est une prétention indéfendable dans un Etat démocratique puisque la démocratie est à elle-même sa propre mesure. Elle ne reconnaît pas les notions de tort ou de raison en soi, elle ne reconnaît que la légitimité d’une décision populaire, légitimité acquise par la majorité des votes.

Libération ne s’est pas trompé en parlant de virus suisse. L’épidémie risque, ces prochaines années, de surprendre et de bousculer de nombreux gouvernements parmi nos voisins européens. La maison Bruxelles se fragilise un peu plus chaque jour tandis que l’aspiration souverainiste, un peu partout, se fait jour et tente de s’exprimer, dans les urnes lorsque c’est possible, sinon dans la rue. Comme le disait Victor Hugo, il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue, et cette idée-là pourrait bien être celle de la démocratie directe. Nous nous apercevrons peut-être alors qu’il ne s’agissait pas d’un virus mais bien d’un antidote.

David L’Epée (Les Observateurs, 15 février 2014)

vendredi, 27 septembre 2013

Les référendums vont être interdits en Europe

Les référendums vont être interdits en Europe

 

Du moins, dans un silence total, c’est ce qui se préparerait, l’interdiction de toute consultation populaire si ce n’est au niveau régional, donc très éloigné des décisions importantes. Nous y voilà, un pas de plus vers la dictature totale régie par des non-élus simplement par ce qu’ils ont de plus en plus peur de nos votes et de nos opinion! Vous râliez que nos dirigeants ne nous laissaient pas la parole sur les grands débats comme le « mariage pour tous » pour ne citer que cela? Cela sera bientôt pire et inscrit directement dans la constitution!

 

La Sixième Réforme d’état interdit toute consultation populaire sur l’UE

- Lisez ici la proposition de loi qui interdit toute consultation populaire sur l’UE

Nous acceptons cela?

Info Assemblée Citoyenne 5 octobre

JE M’INSCRIS POUR L’ASSEMBLEE CITOYENNE

Voir aussi facebook
Contact: constituante.be@gmail.com, 0497/23.07.60 (nl), 083/65.63.85 (fr)

Notez aussi

- 30/09: Débat sur la démocratie à Saint-Nicolas
– 19 et 20 décembre: Action Sommet Européen: voir www.d19-20.be

 

jeudi, 04 avril 2013

Oui à l’unité alsacienne !

Oui à l’unité alsacienne !

par Georges FELTIN-TRACOL

drapeau_alsace.pngLes Français ignorent que le 7 avril 2013, les électeurs des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont convoqués à un scrutin référendaire régional. On leur demande d’approuver ou non la fusion dans une collectivité territoriale unique du conseil régional d’Alsace et des deux conseils généraux départementaux. Le succès de cette consultation dépend d’un oui majoritaire dans les deux départements et d’une participation minimale de 25 % sous peine de nullité.

Si les Alsaciens entérinent cette mesure audacieuse, le conseil régional deviendra un conseil exécutif régional à Colmar. Elle désignera une assemblée territoriale siégeant à Strasbourg. Quant à Mulhouse, des instances locales s’y installeront. Afin de ménager toutes les susceptibilités, des « conférences départementales » sont maintenues alors qu’il faudrait les supprimer, et sont prévus entre huit et douze « territoires de proximité » qui correspondent aux divers terroirs alsaciens (l’« Alsace bossue » du Nord-Ouest n’est ni le Sundgau, ni les vallées vosgiennes…).

L’idée de soumettre ce projet à un référendum régional revient à Philippe Richert, le président U.M.P. du conseil régional et ancien ministre aux Collectivités locales de Sarközy de 2010 à 2012. Il a bénéficié, d’une part, d’une concertation favorable avec ses homologues présidents de conseil général qui sont eux aussi à l’U.M.P., et, d’autre part, de l’accord du nouveau locataire de l’Élysée qui souhaite ainsi anticiper le fameux « Acte III de la décentralisation ».

Le oui alsacien fera de l’Alsace la deuxième région de la Métropole, après la Corse, à obtenir une plus grande liberté locale. Les institutions régionales unitaires d’Alsace s’inspirent d’ailleurs largement de la collectivité territoriale corse. Bien sûr, le projet Richert n’est pas parfait d’autant que le texte approuvé devra ensuite être voté par le Parlement. Il faut cependant en saluer la portée et le caractère novateur qui inaugure une timide et légère réduction du millefeuille administratif français.

La marche inéluctable vers l’unité alsacienne est entravée par l’existence même de partis politiques et de politiciens qui sont pour le moins les produits d’une contre-sélection ou d’une sélection négative, d’où les inévitables excès propres à la démocratie de marché (incompétence, bureaucratie, clientélisme, rançonnage des contribuables, gaspillage financier, etc.). Ce ne sont pas les institutions qui sont intrinsèquement mauvaises, mais les individus qui les dirigent.

Cette objection qui n’infirme en rien la pertinence du projet Richert n’est nullement reprise par une coalition circonstancielle du non. Bouleversant les habitudes et les routines, l’unité alsacienne envisagée a suscité l’« union sacrée » d’une opposition hétéroclite. Sans surprise, on y retrouve les sans-culottards du Front de Gauche, du N.P.A., du P.O.I. (Parti ouvrier indépendant), de Lutte ouvrière, de la C.G.T., de S.U.D., de F.O. et du M’PEP (Mouvement politique d’émancipation populaire). Ces nostalgiques d’un Hexagone aux ordres d’une capitale toute-puissante, en appellent à la constitution de « brigades républicaines ». Ils oublient en revanche que la Convention adopta une constitution en l’An I qui permettait une relative décentralisation. Ces sans-culottes de 2013 ne doivent pas non plus connaître l’existence des « jacobins fédéralistes ». Ils ignorent aussi probablement les fructueux travaux sur le fédéralisme, la décentralisation et l’autonomie culturelle de l’austro-marxisme avec Karl Renner et Otto Bauer. On décèle bien ici la sclérose intellectuelle avancée de ces associations folkloriques arrêtées à 1968, 1936, 1917 ou 1793…

Toujours à gauche, le P.S. est profondément divisé. Si la fédération du Haut-Rhin fait campagne pour le oui, les socialistes du Bas-Rhin, furieux que Strasbourg ne concentre pas tous les organismes régionaux, se prononcent pour le non. Ces socialistes bas-rhinois démontrent leur inculture profonde à l’égard de la longue histoire de leur région. Avant l’annexion française en 1648, l’Alsace, territoire du Saint-Empire constitué d’une Haute-Alsace, d’une Basse-Alsace et de la République libre de Mulhouse, était structurée par la Décapole. Voulue en 1354 par Charles IV et dissoute en 1679, c’était une une alliance militaire et financière entre dix cités. Le polycentrisme urbain du projet Richert réactive une vieille structuration de l’espace alsacien.

Aux côtés de ces adversaires du oui, signalons la présence de quelques élus du MoDem, du centre-droit et de Debout la République (tout un programme !). À Paris, les laïcards islamophobes et néo-conservateurs de Riposte laïque dénoncent eux aussi la consultation et ressortent les poncifs éculés d’une « Europe allemande des régions ». Reconnaissons-leur toutefois leur croyance constante dans une conception fumeuse du Français hors-sol. Avant d’être le sujet (ou le citoyen) d’un État à vocation universaliste, l’homme français est d’abord et avant tout un être européen inscrit dans une culture régionale, fut-elle moribonde du fait d’un parisianisme exacerbé et génocidaire.

Riposte laïque rejoint sans surprise l’hostilité du F.N. Néanmoins, il y a eu du tangage, voire de sévères frictions, entre le « Carré » à Nanterre et les militants alsaciens. Au début, le président du groupe frontiste au conseil régional, Patrick Binder, soutenait la fusion au nom du particularisme local. Mais cette attitude courageuse contrevenait le discours anti-décentralisateur de son parti. Il dut ensuite envisager l’abstention avant que le Politburo de la rue des Suisses exige un non catégorique. Fort heureusement, d’après de récents sondages, deux tiers des électeurs frontistes voteraient en faveur du oui.

Cette attitude n’est pas surprenante, venant d’un parti dont la présidente condamne les langues régionales, veut proscrire dans la Constitution la moindre communauté charnelle (et pourquoi pas y inclure la prohibition de la gravitation et l’interdiction de la grippe ?), soutient la suppression des régions et maintient une perception obsolète de la géographie administrative hexagonale. Marine Le Pen confirme son virage radical-socialiste digne de Clemenceau.

Ce positionnement très IIIe République est néanmoins paradoxal parce que depuis trois décennies, le F.N. réalise ses meilleurs résultats électoraux dans des territoires qui tentent vaille que vaille de préserver leurs singularités (Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Provence, Pays nissart…). Lors de la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen ne s’y trompa point puisqu’en Corse, elle salua la spécificité de l’île.

La présence de nombreux orphelins chevènementistes dans la direction du F.N. et du Rassemblement bleu marine accentue le tropisme parisien et francilien d’un parti qui s’est toujours défié du réveil des peuples vernaculaires enracinés. Plutôt que de combattre la fusion alsacienne ou de garder un silence préjudiciable sur l’impérieuse réunification normande, le F.N. aurait pu avec ses victoires législatives dans le Vaucluse et dans le Gard organiser un Front national des identités, des régions et de la colère populaire. Par souci de respectabilité médiatique et désir de se conformer aux oukases de la « rebellitude », cette formation politicienne préfère combattre une bonne initiative. C’est regrettable, car, en se focalisant sur ce référendum et sans disposer de conseillers compétents en territorialité, elle ne voit pas la montée en puissance – discrète – d’un autre projet en préparation, vraiment mortifère celui-ci : l’émergence programmée des métropoles et des pôles métropolitains destinés à remplacer à terme les départements et les régions.

Face à cette nouvelle menace majeure, porteuse de lourds déséquilibres territoriaux, il est impératif de disposer d’une France des régions fortes. Il faut par conséquent voter et faire voter oui, le 7 avril prochain.

Georges Feltin-Tracol


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3027

 

vendredi, 30 septembre 2011

Défendre la démocratie directe

« Défendre la démocratie directe - Sur quelques arguments antidémocratiques des élites suisses » de Antoine Chollet

Recension d'Yvan Blot

Ex: http://www.polemia.com/

Ce petit livre est fort intéressant. L’auteur est un enseignant de gauche français installé en Suisse qui constate que les nouveaux ennemis de la démocratie directe sont à gauche. En effet, une campagne a lieu actuellement en Suisse pour « encadrer » la démocratie directe accusée de menacer les droits de l’homme ! On reproche à celle-ci les résultats des référendums contre l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne, sur l’interdiction de construire des minarets, sur l’expulsion automatique des criminels étrangers notamment. Le premier parti de Suisse, de Christophe Blocher, l’Union démocratique du Centre, vient de lancer une nouvelle initiative populaire pour faire un référendum contre « l’immigration de masse » : l’affiche est sortie et représente des bottes noires en marche en train d’écraser un drapeau suisse : l’image, disponible sur internet est saisissante !

L’auteur ne partage pas du tout les idées de l’Union démocratique du Centre mais néanmoins s’insurge contre les tentatives de réduire les droits politiques des Suisses !

Il note que la démocratie représentative est une escroquerie qui ne permet pas au peuple de s’exprimer. Pour lui, la Révolution française qui a mis en place ces démocraties est un échec complet. Il n’y a de démocratie que directe comme en Suisse. Si les résultats des référendums sont de droite c’est que la Suisse est conservatrice mais ce n’est pas une raison pour donner le pouvoir à des oligarques en supprimant la démocratie directe. Dommage que l’auteur ne cite pas le Liechtenstein où la démocratie directe coexiste fort bien avec la monarchie !

Il fait observer que les arguments des intellectuels de gauche suisse contre la démocratie directe (qui sont aussi ceux des oligarques de droite) peuvent se ramener à quatre :

  1. le citoyen est trop ignorant ;
  2. le référendum ne doit pas remettre en cause les textes « sacrés » des droits de l’homme ;
  3. L’Etat seul a une politique cohérente grâce à la raison des fonctionnaires ; le peuple ne doit pas interférer car il est irrationnel ;
  4. L’ordre est la valeur suprême et il faut donc éviter tout conflit ; la démocratie directe est une occasion de soulever des problèmes tabous qui vont créer des conflits.

Pour l’auteur, ces quatre arguments ne sont pas valides.

  1. Le citoyen n’a pas toujours la connaissance théorique des sujets comme le fonctionnaire mais il n’est pas ignorant : il a la connaissance vécue, existentielle, des problèmes qui le concernent. C’est pourquoi il a un certain bon sens et apporte des informations que les experts ignorent. C’était déjà le point de vue d’Aristote (dont l’auteur se réclame). Il ne faut donc pas donner le monopole des décisions publiques aux seuls « experts ». Que sait de l’immigration sauvage ou de l’insécurité un expert qui vit dans les beaux quartiers ?
  2. Rejeter l’autorité du peuple pour modifier les « textes sacrés » des prétendues démocraties revient à placer le juge au-dessus du citoyen, y compris comme pouvoir constituant. Cela revient aussi à considérer les juges ou experts juristes internationaux comme souverains au-dessus du citoyen. L’auteur estime que ce serait une grave erreur de retirer au citoyen sa responsabilité en le mettant sous la tutelle d’un juge, pire, d’un juge international qui interprétera de façon arbitraire les déclarations des droits de l’homme qui sont des documents flous, donc dangereuses pour les libertés.
  3. Le prétendu Etat cohérent est sous la pression constante des intérêts organisés. Le bien commun qui n’est en général pas organisé passe donc après les intérêts particuliers : c’est ce que l’on voit tous les jours. Un bon exemple est l’Islande : les députés et le gouvernement voulaient faire payer le peuple islandais pour les fautes des banquiers islandais endettés auprès de pays étrangers. Par référendum, le peuple islandais a refusé d’être taxé pour payer les fautes de ses banquiers, et il a eu raison !
  4. La liberté repose sur la possibilité d’avoir des conflits. Etouffer le conflit par la censure ne crée pas un ordre authentique mais un fossé croissant entre le pays réel et le pays légal. La démocratie directe, en mettant au jour certains conflits, rétablit la liberté d’expression et redonne de la légitimité au pouvoir.

L’auteur montre que la démocratie directe améliore les décisions publiques en apportant l’information vécue des citoyens ; elle maintient la responsabilité de chaque individu au lieu de le mettre sous la tutelle du juge ; elle redonne sa chance au bien commun d’être entendu ; et elle rétablit une certaine liberté d’expression. Elle est donc indispensable dans un Etat qui prétend respecter les libertés et défendre le bien commun.

Yvan Blot
21/09/2011

Antoine Chollet, Défendre la démocratie directe ; sur quelques arguments antidémocratiques des élites suisses, éditeur : Presses polytechniques et universitaires romandes, collection Le savoir suisse, mai 2011, 122 pages

Correspondance Polémia – 25/09/2011

jeudi, 07 avril 2011

Les droits de l'homme contre la démocratie directe

Les droits de l’homme contre la démocratie directe

par Yvan Blot

 

Texte paru sur le site de la Fondation Polémia [1] sous le titre Droits de l’Homme et Démocratie directe : le problème du contrôle de constitutionnalité. Yvan Blot, auteur de La Démocratie confisquée (éd. Picollec, 1988), est président de Agir pour la Démocratie directe [2].

1/ Initialement, les droits de l’homme sont des libertés fondamentales

Les droits du citoyen à voter la loi et l’impôt, donc la démocratie directe, sont d’ailleurs cités explicitement dans les articles 6 et 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui fait partie de nos textes constitutionnels. La protection de ces droits est plus une affaire de culture que de droit. Ainsi, le Royaume-Uni comme la Suisse ne connaissent aucun mécanisme de contrôle de la constitutionnalité des lois, et ces deux pays n’en sont pas devenus des dictatures pour autant. Si la culture de la liberté est développée, on n’a pas de besoin de juge de la constitutionnalité. Si par contre la culture de la liberté est sous-développée, battue en brèche par des éléments de culture totalitaire, le juge constitutionnel peut devenir le pire ennemi des libertés, et donc de la démocratie directe.

2/ Actuellement, les droits de l’homme font souvent l’objet d’une dérive totalitaire et se retournent alors contre les libertés des citoyens.

Si les droits de l’homme sont interprétés de façon égalitariste (au sujet de l’immigration par exemple), ou comme droits de créance sur la société (droit à l’emploi ou au logement par exemple), ils servent à tuer les libertés. Ainsi, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire Lautsi a demandé en 2009 à l’Italie de retirer les crucifix présents dans les écoles publiques. Suite aux protestations de 20 Etats européens, en général de l’Est, elle a inversé sa jurisprudence le 18 mars dernier. La Cour européenne de Justice de son côté interdit aux assureurs de fixer des primes d’assurance plus faibles pour les femmes qui ont statistiquement moins d’accidents que les hommes, au nom de l’égalité des sexes ! Dans son récent arrêt Hirst, la CEDH a demandé au Royaume-Uni, au nom de l’égalité, de redonner le droit de vote aux condamnés à la prison ce qui a suscité un tollé au Parlement britannique et dans le peuple.

S’agissant de la Suisse, la Cour européenne des droits de l’homme a été saisie par un recours de M. Hafid Ouardiri [3] contre le résultat de la votation populaire interdisant la construction de minarets. Mais des problèmes de procédures pourraient empêcher ce recours d’aboutir. De même, des intellectuels de gauche ont évoqué un recours contre les résultats de la votation populaire exigeant l’expulsion des étrangers condamnés à des crimes graves. Certains pensent qu’il faut restreindre la démocratie directe pour donner la priorité aux droits de l’homme interprétés par des cours européennes. Le juge se substitue alors au peuple et intervient dans la législation : il ne reste plus grand-chose de la séparation des pouvoirs ! C’est le poison de l’égalitarisme qui fait tourner la sauce des droits de l’homme et en fait une arme contre les libertés !

3/ Gouvernements des juges et « recall » aux Etats-Unis

En Amérique où, dans certains Etats, les juges des cours suprêmes sont élus, il existe la procédure de révocation ou « recall » qui est une procédure de démocratie directe. Une pétition de citoyen peut déclencher un référendum pour demander la révocation d’un juge ou d’un gouverneur. L’idée est que le peuple a le droit de révoquer ceux qu’il élit. En effet, le juge n’est qu’un homme et il peut aussi se retourner par idéologie contre la protection des libertés. Il faut alors que le citoyen ait un recours.

4/ Démocratie directe et contrôle de la constitutionnalité

Les systèmes varient selon les pays. En Suisse, un tel contrôle n’existe pas et le peuple peut modifier la constitution par initiative populaire. Aux Etats-Unis, des référendums peuvent avoir lieu sur toutes sortes de sujets dans les 27 Etats fédérés qui le permettent mais le citoyen peut toujours se plaindre du résultat d’un référendum s’il estime que celui-ci viole ses droits. L’ennui est que la Cour annule parfois le résultat : 9 juges ont-ils raison contre la majorité du peuple ? Cela créé un malaise. En Allemagne, c’est le tribunal constitutionnel de chaque Etat fédéré (Land) qui interdit a priori les référendums sur des sujets qu’il déclare inconstitutionnel. Mais alors tout dépend de la jurisprudence : dans certains Etats, les juges ont étouffé la démocratie directe, dans d’autres non !

Conclusion :

Aucun système n’est parfait. En pratique, le contrôle de constitutionnalité a parfois tendance à restreindre abusivement les droits politiques des citoyens. L’oligarchie judiciaire vient alors au secours des autres oligarchies et le peuple est lésé. En fait, la protection des libertés est plus affaire de culture que de droit comme on l’a dit au début. Avec une culture de liberté, contrôle de constitutionnalité ou pas, les libertés fondamentales sont protégées. Avec l’égalitarisme, les droits de l’homme deviennent une arme dévoyée pour réduire la liberté des citoyens et la souveraineté des Etats !

Yvan Blot

Yvan Blot donnera une conférence le lundi 4 avril à l’Hôtel Néva (rez-de-chaussée) 14, rue Brey, 75017 Paris (près de l’Etoile).
Contact : atheneion@free.fr


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[1] Fondation Polémia: http://www.polemia.com/

[2] Agir pour la Démocratie directe: http://www.democratiedirecte.fr/

[3] M. Hafid Ouardiri: http://www.tdg.ch/actu/suisse/recours-depose-strasbourg-contre-initiative-anti-minarets-2009-12-15

vendredi, 25 février 2011

Entre "xénophobie" démocratique et démophobie totalitaire

ENTRE « XÉNOPHOBIE » DÉMOCRATIQUE ET DÉMOPHOBIE TOTALITAIRE

 

 

Chronique de Baptiste Algan

Ex: http://agoradedroite.fr

Il est de ces paradoxes en démocratie où ce qui va pour les uns ne tiens pas pour les autres, où le peuple n’a raison que lorsqu’il répond aux attentes des élites de la mondialisation. Outre cela, toute oraison politique tendrait au néfaste, à la non-raison, à un dangereux crime de subversion et d’aliénation des populations. Rappelons toutefois, que la démocratie, c’est avant tout Demos qui prédispose Kratos, le dose, et parfois s’y oppose. En théorie, cela présume que Demos dispose d’une véritable capacité de réflexion lui permettant de juger avec raison sur tout sujet lié aux affaires et la bonne gestion de la Cité en question. C’est en tout cas, la voie prise par les nations civilisées d’Occident comme aboutissement des grandes révolutions. On pourrait traiter longuement du bien-fondé de la démocratie comme système politique privilégié et un démocrate, comme l’infâme auteur de cette chronique, ne serait pas tendre avec cette moderne dulcinée. Mais la démocratie est. Entendons, qu’elle eut été assez forte pour s’être imposée parmi tant d’autres modèles concurrents ou opposés. Là réside peut-être d’ailleurs sont seul grand mérite. Et il faut la traiter comme un état, un fait qui pour l’heure, ne peut être écarté. Alors, est-il plus utile de lui reconnaître davantage ses affres, ses complications et ses exceptions. Et si la démocratie, c’est autant d’uniformisations que de divisions, c’est aussi avant tout une liste infinie d’exceptions dressées par ceux qui en tiennent les cordons. Et chaque jour, nous observons un peu plus l’étendue de tout ce ménage démocratique dirigé par les affres du politique, de l’idéologique, osons dire, du gastrique, tout n’étant qu’affaires de panse bien remplie et de bourses chatouilleuses.

Quand quelques uns peuvent se permettre de dicter la direction d’une population, milles autres sont appeler à se taire, parfois enclin à des poursuites judiciaires quand ce ne sont pas les sirènes de la dite conscience de l’humanité que l’on sommerait d’hurler, afin de repousser ces voix fâcheuses, ces dangereux réfractaires marginaux, dans le fin fond d’un sac de chaux.

Dernière affaire en date, la Suisse, celle-là qui s’attelle depuis quelques années à irriter le beau monde des démocrates exaltés. Tout avait déjà commencé pendant la seconde guerre mondiale (peut-être même la première). Neutre d’apparence que la Suisse se présentait. En vérité, une bien efficace banquière pour les deux camps adversaires. Et puis ensuite, leur refus de participer à la nouvelle ère, de paix et de prospérité, tout juste ont-ils accepté quelques accords avec l’Union économique et financière. Quasi isolée est-elle restée pendant toutes ces années, narguant les autres Etats, les autres ensembles politiques, de sa belle vitalité. Dernièrement, voilà aussi qu’ils voulaient nuire à l’immense carrière d’un violeur avéré en faisant de la lèche et du pied à l’Empire américain. Ah ces salauds de Suisse !

Mais encore, la liste se poursuit. Le 29 novembre 2009, la Suisse met la vitesse supérieur sur l’autoroute du populisme et de la « fascisation » en interdisant la construction de minarets (la construction de mosquées restant autorisée) sur son sol grâce à un référendum d’initiative populaire au cours duquel le « oui » l’emporta à 57,5% pour une participation (considérée élevée) de 53%. Déjà, ce fut l’émoi général en Europe et même dans le monde, où les chantres du droits l’hommisme et de la démocratie (d’un autre genre…) hurlèrent au scandale, au populisme, au racisme et même pour certains même, au fascisme ! Mais la Suisse, non contente de faire trembler tous ses beuglants du « No, pasaran ! », s’est récemment décidé à les torturer, les faire souffrir jusqu’au bout de ce clou déjà planté. Et paf ! Encore un coup ! Voilà qu’une autre initiative populaire est venue aggraver le cas Suisse : le 28 novembre 2010, 52,9% des électeurs suisses ont voté le renvoi automatique des délinquants étrangers notamment pour les crimes graves ou contrevenant à la bonne gestion de la richesse publique, notamment les cas de fraude fiscale – un crime mineur dit-on ailleurs en Européïe, à l’heure où partout l’on agonisse d’angoisses face à la dite explosion de la dette publique…

La Suisse, ses vallées, ses montagnes, ses chalets et Lausanne. Ah la Suisse, la Suisse… Autrefois, on y allait le cœur tranquille, l’esprit léger, se reposer la coquille, éventuellement cacher son blé… Et son système politique, tellement parfait, puisque confédérale, démocratique, semi-directe où prédominait subsidiarité et proportionnalité, apparaissait comme un modèle de sainteté… Qu’en n’ont-ils fait de tout ce beau pays, de toute cette belle politique ? Oh certes, il n’a pas changé mais dieu qu’il en fut perverti. Quel danger pour notre Européïe chérie…

Cesse de gazouillements et au diable ce discours d’émasculé, tout juste bon pour les enfoutrés. Voilà qu’aujourd’hui, celle qui fut un exemple, un ami, un allié, une banque, un paradis, en somme toute la bonne vielle Helvétie, est aujourd’hui un bien monstrueux voisin rappelant des temps sinistres et malsains. En clair, la Suisse « xénophobe »… ou comment une démocratie absolue, au sens intégral et accompli, n’est plus la bienvenue au sein du grand jeu des Etats parvenus, et devient la cible de toutes les haines des démocrates dégénérés, des ploutocrates totalitaires et de tous ses maîtres en ingérence diplomatique, qui se frustrent quand leur infâme modèle idéologique est repris contre eux-mêmes.

Ah ces infâmes ordures de l’UDC…démocratique osent-ils se revendiquer…

Parti de centre-droit, libéral, conservateur et souverainiste pour les braves populations de la confédération ; parti de la diabolique extrême droite, nationaliste (évidemment de tendance fasciste), populiste (évidemment de tendance raciste) et éminemment ultra-conservateur, pour les européistes totalitaires. Voilà bien les grandes différences sémantiques et idéologiques entre une démocratie éclairée et des démocraties sombrant de plus en plus dans l’obscurité, c’est-à-dire qui ne tiennent plus compte ni de la réalité ni de la vérité, préférant se rallier au caractère opaque et abstrait de discours biaisés par les crevasses de l’idéologique et de l’économique.

Alors oui, on peut assurément émettre quelques critiques à l’égard de l’UDC et plus généralement de la situation politique en Suisse. Il ne s’agit pas de faire de la Suisse un modèle politique, encore moins idéologique. On peut admettre qu’il y a du bon dans cette démocratie décentralisée et participative pour ce peuple à l’esprit encore quelque peu patriotique. Cependant, si certains courants de la « droite dure et radicale » ou d’ailleurs fantasment sur le modèle suisse, d’autres courants, certainement plus pragmatiques et patriotiques, lui préfère un modèle à la française. A chacun son modèle politique, adapté à sa situation historique et aux réalités organiques, sociétales, économiques etc. Tel est en tout cas l’esprit de ceux qui se réclament du « pays réel » (1) et authentique.

Au delà de cette parenthèse, on peut également suspecter que ce ne sont finalement seulement quelques intérêts économiques qui dirigeraient tous ces nouveaux retranchements politiques. A moins que ce ne soit une réaction de bon sens, en adéquation avec toute morale un temps soit peut humaine et naturelle. Car  le pain sur la table est donné à tous, dés lors qu’on ne le vole pas, dés lors qu’on ne leur retire pas de la bouche de celui qui l’a produit. Le pain, on le produit ou on le mérite. Et c’est assurément là que réside la véritable foi démocratique.

La Suisse est reconnue coupable, sans possibilité d’être acquittée. Coupable de quoi, on ne sait trop. Racisme, populisme disent certains. A moins que ce ne soit de trop de républicanisme…

Reste-t-il néanmoins que la Suisse est en train – n’y est-elle déjà pas parvenue – de construire le grand idéal grec, peut-on dire aristotélicien et platonicien, en terme de démocratie. Si démocratie il doit y avoir, c’est parce qu’il y a République. Et la République, ce n’est pas « un vivre ensemble » mais un vivre ensemble dans l’intérêt de la Nation. La Chose publique au service de la Cité. Dés lors qu’elle quitte les carcans de l’homogénéité, de la cohésion, de l’ordre et de l’autorité, la démocratie ne devient que la forme déviante et corrompue d’une République qui ne sert plus que les intérêts de telle ou telle communauté, souvent celle des privilégiés.. Ainsi, comme dans la typologie aristotélicienne des régimes politiques, la Suisse est une République accomplie. Ailleurs, dans nos pays, la République ne défend plus l’intérêt public mais des intérêts propres, personnels ou communautaires. La République corrompue devient démocratie, comprenons démagogie, où l’intelligence, la force et la vertu sont réduits en esclavage face à la l’emprise de la ruse, du faible et du vice. Et non content de leur perversité, les démagogues actuels sont même allés plus loin en y incorporant les formes déviantes d’autres régimes : l’oligarchie, en somme toute l’entente de quelques uns pour faire régner la tyrannie.

Eh oui, car tous ces vautours ne supportent pas quand les peuples tendent à sortir du moule dogmatique, européiste et démocrato-humanitariste, qui plus est encore quand ces peuples refusent  tout bonnement de l’intégrer, d’y participer. Ce sont ces rapaces même qui viennent faire des leçons de gouvernance aux peuples d’Europe : démocratie participative, subsidiarité, proportionnalité disent-ils. Et les voilà aussi à encenser les démocraties décentralisées et participatives d’Amérique Latine. De la bonne gouvernance, affirment-ils. Usurpateurs, mystificateurs et oppresseurs ! Voilà tout. Rien ne les insupporterait plus que des peuples, des communautés, des identités – comprenons charnelles et historiques et non pas de simples créations idéologiques, stratégiques ou administratives – qui échapperaient à leur main de fer. Des démophobes qui haïssent les peuples, non seulement en tant qu’entité morale et politique mais également d’un point de vue ethnique, voilà la vérité. Si un jour les membres de l’union économique et financière parvenait à construire un modèle proche du modèle suisse, en vue de l’effusion des thèses prônant la gouvernance, elle ne serait qu’une forme autre de gestion des intérêts économiques de certains via l’administratif et le politique. Aucune réelle reconnaissance politique, encore moins culturelle ou ethnique. Et dire que certains avortons, se laissent attraper par les verves régionalistes des ploutocrates européistes…Peut-être est-ce dans ses moments là qu’il faut haïr le démocratique…

Et les anti-populistes de notre chère Européïe ont bien compris qu’il ne fallait d’aucune façon que la démocratie soit une liberté infinie. Tout ce beau monde dit qu’il faut et veut des limites, des moyens de contrôle de l’application faite de leur idéal démocratique. Des limites…peut-on en citer quelques unes déjà appliquer : le non-respect, la surdité (volontaire) des élites politiques, l’éternel « cause toujours » inhérent au modèle démocratique. Voyez tous ces élus suisses sociaux-démocrates, néolibéraux ou écologistes, chez eux ou en Européïe, l’air pisseux, devant les gros yeux des grands guides et architectes du monde de Oui-Oui, expliquaient qu’ils s’attelleront à ce que le projet de loi ne contrevienne pas au dogme européen, le seul et unique bon choix…C’est certain, la Suisse y reviendra…

Alors, c’est un peu comme des Méluche d’un autre genre qu’il faut leur cracher : « Dehors ! Ouste ! Du balai ! Nous ne vous regretterons pas ! ». Les poubelles de l’histoire européenne ne suffiront pas pour se débarrasser de toute cette clique putride et toutes leurs pensées perfides.

Qui sont-ils pour dicter aux nations libres, le chemin à suivre ? Des professionnels, des experts ? C’est bien peut-être cela. Ils ne sont que des êtres qui doivent assurer une carrière, leur place dans le monde de la performance et du fric, où les places y sont très chères. Alors, le destin des patries, des nations, il y a longtemps qu’ils l’ont jeté dans un gouffre, sans même y porter quelconque considération.

Ils ne sont donc personne et rien ne rend légitime l’ingérence démocratique qu’ils exercent contre toute entité souveraine et authentique. Totalitaires sont-ils seulement. Des criminels, des génocidaires. Car « La vérité c’est que partout où il y a des patries, c’est-à-dire des groupes historiques ayant conscience de leur continuité, toute atteinte à l’intégrité et à la liberté de ces patries est un attentat contre la civilisation » (2). Et ces gens là massacrent les patries, les nations. Ils saccagent et tuent notre civilisation européenne, autrefois grande et pérenne, parce que pleine de nations souveraines.

Goscinny et Uderzo avait fait choix de placer leurs valeureux résistants gaulois en Armorique. Finalement, c’est en terre helvétique que s’incarne peut-être le mieux cet idéal « d’isolement » (comprendre prise de distance, éloignement) et de résistance contre l’occupation des tenants du Monde et de l’Etranger. Mieux encore, c’est un protectionnisme éclairé que la Suisse s’emploie à construire, car ne perdant rien de son dynamisme ni de sa prospérité. Oh que non, ils n’auront pas l’Helvétie ! Et vive la Suisse !  A d’autres maintenant de savoir faire preuve de solidarité, et d’engager leur patrie sur la voie de la liberté, non pas avec le système politique suisse en modèle, mais à leur façon, selon les déterminants qui constituent leur peuple, leur nation. Ce n’est pas un manque d’hospitalité que de vouloir maintenir l’ordre et l’homogénéité au sein d’une société. Bien au contraire, cela en est une condition, pour qu’une nation préserve son hospitalière tradition. Et l’on ne peut reprocher à la Suisse, sa croix et ces 20% d’étrangers, que de pécher par manque d’hospitalité, tout comme toutes ces nations qui se laissent prendre dans les filets du sur-accueil et de la diversité.

« Il s’agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n’y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain : si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la cité jusqu’aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d’un grand peuple civilisé. Avant d’hospitaliser, il faut être. » (3) Charles Maurras


(1) : Notion théorisée par Charles Maurras, selon la méthode de l’empirisme organisateur. Le pays réel caractérise ce qu’est ou devrait être de ses structures sociales et politiques, en vertu de tout son héritage historique, de la psychologie de son peuple et des réalités contemporaines. Le pays réel s’oppose au pays légal, qui ne serait que la mise en application de pensées et notions idéalisées.

(2) : Jean Jaurès, L’Armée Nouvelle, 1910

(3) : Charles Maurras, L’Action Française, 6 juillet 1912