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dimanche, 16 septembre 2012

Terre et peuple rend hommage aux combattants d'Indochine

Samedi prochain, 22 septembre, Terre et peuple rend hommage aux combattants d'Indochine...

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20:32 Publié dans Actualité, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indochine, nouvelle droite, événement, paris, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

R. Steuckers: Entretien accordé à Thorsten Thomsen

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Entretien accordé à Thorsten Thomsen

Sur l’Europe, la Belgique, les cantons d’Eupen-Malmédy, Ernst Jünger, Carl Schmitt et... la “nouvelle droite”...

 

Monsieur Steuckers, c’est désormais un secret de polichinelle: l’eurocratie bruxelloise planifie, via une union monétaire centrée autour de l’euro et pratiquant le transfert systématique, l’avènement d’un  gigantesque Etat unitaire de la Méditerranée à l’Arctique, dans lequel les différents peuples d’Europe finiront par être dissous. Or c’est justement votre pays, la Belgique, qui sert aujourd’hui  d’exemple, pour dénoncer l’impossibilité de tout assemblage de peuples divers au sein d’un Etat unitaire artificiel. Malgré l’apparent apaisement de la longue crise politique belge, qui ne saurait être que passager, voyez-vous encore un avenir pour l’Etat belge?

 

Le problème majeur, c’est justement que ces maudits eurocrates veulent nous fabriquer un “Etat unitaire”; je dirais plutôt qu’ils vont nous mitonner une panade insipide, où l’on mélangera tous les ingrédients possibles et imaginables, la rendant totalement immangeable; tous les ingrédients seront finalement détruits lors de ce processus de mixage, comme on peut déjà l’observer aujourd’hui. Mais je reste “européiste”: l’Europe a surtout besoin d’une unité spirituelle, de devenir un “grand espace” le plus autarcique possible, indépendant sur le plan alimentaire (ce qui s’avèrera une tâche bien difficile); l’Europe, comme toute autre entité politique, ne peut être déterminée par l’économie seule (par l’ “illusion économique” dirait Emmanuel Todd), car l’économie, conçue chez les libéraux comme chez les socialistes non pas comme une pratique nécessaire, comme une pratique d’intendance, mais comme une idéologie universaliste, est appelée à gérer sur des modes préconçus (a priori) et homogènes un ensemble bigarré de différences désordonnées et irréconciliables dans leurs altérités: dans cette optique, même si j’étais, par exemple, le producteur agricole idéal selon l’eurocratisme, je ne pourrais pas faire pousser les mêmes denrées végétales en Finlande et en Sicile, je ne pourrais pas élever des rennes en Grèce et faire croître une oliveraie en Laponie. L’eurocratisme abscons et caricatural se heurte là à une impossibilité physique, géographique et naturelle. Cette lapalissade, que je viens d’énoncer, les eurocrates ne semblent pas la comprendre. Toutes les zones agricoles qui composent l’Europe devraient dès lors pouvoir conserver leurs propres rythmes.

 

Les peuples d’Europe se liquéfient, s’évaporent dans le néant, basculent dans l’impolitisme, c’est certain, mais ce n’est pas uniquement parce qu’il existe une UE; d’autres facteurs sont depuis longtemps déjà entrés en jeu: la circulation accélérée des biens et des personnes (qui n’est pas un mal en soi mais qui exige des  régulations rigoureuses), le tourisme de masse, l’abêtissement généralisé et l’exotisme des “informations” (on devrait dire: des “dés-informations”) diffusées par les ondes ont contribué à dissoudre la notion de peuple, telle qu’on la concevait jusqu’à la moitié du 20ème siècle. C’est une raison pour lire et relire le discours qu’avait tenu Martin Heidegger sur la généralisation de la télévision au début des années 60, discours que lui avaient réclamé ses concitoyens et ses amis d’enfance de Messkirch en 1961. La “proximité”’ (die Nähe), que Heidegger a pensée à fond, est une force qui disparaît, en même temps que le nécessaire ancrage local, territorial et “vernaculaire” (E. Goldschmidt, L. Ozon) de toute activité humaine (cf. Emil Kettering, Nähe – Das Denken Martin Heideggers, Neske, Pfullingen, 1987). Finalement, au bout de ce processus de disparition de la “proximité”, nous voyons apparaître ou, pire, s’amplifier, les nouvelles “maladies de civilisation”, dont on escamote symptômes, effets et ampleur depuis quelques décennies. Aujourdhui, des auteurs comme Tony Anatrella en Italie ou Nicole Aubert en France les ont dénoncées avec justesse et vigueur, du moins celles qui génèrent des pathologies neurologiques ou mentales. Lorsque le “lointain” (die Ferne) déboule sans aucune forme de régulation dans notre propre “proximité” (Nähe), un chaos difficilement maîtrisable s’installe, celui dans lequel nous vivons aujourd’hui: Julius Evola aurait très justement nommé une telle époque “Kali Yuga”. L’immigration n’est ici sans doute qu’un phénomène connexe.

 

L’Europe aurait pu et dû devenir une “Union douanière” (Zollunion) rationnelle, visant une forme d’autarcie bien équilibrée. Les principes de Friedrich List auraient dû servir d’orientation et non pas une idée d’unité impossible à réaliser parce que dépourvue de toute concrétude, a fortiori quand, depuis une trentaine d’année, on se vautre dans l’idéologie et la pratique néolibérales et planétaristes, impliquant d’ouvrir toute grandes les frontières à des produits provenant de pays extérieurs au “grand espace” européen. A tout cela s’ajoute la calamité des délocalisations. L’idée d’unité aurait dû signifier simultanément “unité spirituelle” et “autarcie économique”, avec zones agricoles différenciées, gérées de manière autonome, et avec la possibilité, pour les pays moins développés, d’une protection de la production intérieure, surtout celle des PME  (“Petites et Moyennes Entreprises”), de manière à ne pas miter et disloquer le tissu social. Il faut encore dire que l’Europe est aussi totalement dépendante des Etats-Unis sur le plan militaire, tout en étant continuellement espionnée par un système satellitaire comme Echelon. L’Europe demeure entièrement dépendante de certaines matières premières qui ne se trouvent pas sur son sol et ne bénéficie pas d’une indépendance alimentaire suffisamment solide malgré les milliards que gaspille l’eurocratie dans une “politique agricole commune”, dont on ne perçoit pas très bien le sens et la rationalité. L’idéologie pacifiste, cultivée par l’eurocratisme, est un pacifisme mal conçu dans la mesure où il a toujours empêché les décideurs européens d’apporter les bonnes réponses à ces problèmes de défense et d’indépendance alimentaire. Au lieu de croire aveuglément aux “bonnes intentions” proclamées par les Américains, l’Europe aurait dû chercher des solutions adéquates.

 

La Belgique? C’est une autre histoire. D’abord, je dois vous dire, comme à tous mes lecteurs non belges, que la production de bons livres pertinents et que l’organisation de séminaires et de colloques de grande qualité sur les questions belges ou sur l’identité des peuples, régions ou sous-régions du pays, connaissent dans le royaume une floraison inédite: on commence enfin à penser de manière différenciée et fondée, sans tenir compte de toutes les apologies de ce statu quo, que le système entend pérenniser jusqu’à la consommation des siècles. J’espère pouvoir vous en dire plus dans d’autres textes ou entretiens. Je me contenterai d’apporter une réponse simple et directe à votre question: depuis le début de la crise belge actuelle, c’est-à-dire depuis les élections législatives pour le Parlement fédéral en 2007, je me suis mis, comme beaucoup d’autres, à potasser grimoires anciens et ouvrages récents sur des thèmes dits de “Belgicana”. A l’étranger, toute cette littérature n’est jamais lue ni a fortiori citée, si bien qu’on se contente de répéter les poncifs habituels, qu’ils soient “belges” (belgicains), flamands ou wallons. La façon dont votre question est formulée le prouve déjà. D’abord, lorsque vous parlez d’un “assemblage hétéroclite” de peuples, parqués dans une zone donnée, il faut savoir que cet “assemblage” date déjà d’il y a 500 ans, depuis que l’Empereur Charles-Quint a créé le fameux “Cercle de Bourgogne” (Burgundischer Kreis) dans le cadre du Saint Empire et depuis que les provinces méridionales de cet ensemble ont opté pour la contre-réforme catholique. La division qui traverse la Belgique n’est donc pas déterminée par un facteur religieux comme dans l’ancienne Yougoslavie. C’est pourquoi, contrairement à mon ami Tomislav Sunic, je ne parle jamais de “Belgoslavie”. Le penseur russe Alexandre Douguine avait très bien vu et analysé la situation yougoslave, au moment où l’enfer se déchaînait dans les Balkans au début de la décennie 90, dans le sens où, là-bas, trois forces métaphysiques planétaires, disait Douguine, se télescopaient frontalement, surtout en Bosnie. Ici, dans l’espace belge, les clivages, générateurs d’antagonismes, sont plus récents et donc moins profonds.

 





 

L’histoire intellectuelle du mouvement flamand nous enseigne que la querelle a certes une dimension linguistique (ethno-linguistique) mais que la révolte flamande est aussi, politiquement parlant, une révolte populaire diffuse et largement inconsciente contre les avatars évidents ou déguisés des idées de la révolution française, une révolte plus prononcée côté flamand parce que les productions idéologiques françaises n’y détiennent aucun monopole. En Wallonie, alors que certains régions rurales se sont aussi rebellées contre les idées de la révolution française, l’influence actuelle (depuis une soixantaine d’années) des productions politico-intellectuelles parisiennes et surtout des médias audiovisuels vicient considérablement la situation et impriment dans les cerveaux une vulgate de gauche, favorable aux idées de la révolution française et du bonapartisme même à ses aspects libéraux et anti-populaires, une vulgate reprise par le parti socialiste dominant. La révolte contre la francophonie en Flandre est une révolte contre les “idées révolutionnaires institutionalisées” de Paris tandis qu’en Wallonie la dominante est une acceptation de fait de ces discours. Le fait que la Wallonie accepte ces discours, et renonce à certains accents de ses propres productions non révolutionnaires et souvent catholiques, fait que la Flandre ne veut plus avoir à faire avec le Sud du pays. La révolte sourde et permanente que connaissent les pays flamands contre les discours révolutionnaires institutionalisés venus de France, ou contre les nouvelles moutures libérales ou gauchistes, panmixistes ou mondialistes, de ce discours, n’est pas pour autant une attitude qualifiable de réactionnaire: le pays aurait pu forger un socialisme vernaculaire, plus conforme aux stratifications sociales et idéologiques qui ont existé depuis la fin du régime autrichien au 18ème siècle, stratifications sociales et idéologiques qui étaient d’ailleurs bien différentes de celles qui régnaient en France à la même époque.

 

La crise belge durera tant qu’il y aura trace, dans le pays, d’idéaux ou de discours “républicains” importés de France par les médias français (presse, télévision), tant que des esprits en seront influencés, tout comme par ailleurs la France elle-même ne se redonnera pas de destin si elle persiste à aduler les “nuissances idéologiques” modernes que les périodes troubles de son histoire ont générées. Et, en Belgique, cette crise touchera aussi les entités qui pourraient naître d’une éventuelle dissolution du pays car l’influence trop prononcée des médias parisiens fait que plus personne ne pense en terme d’identité (il y a irruption constante d’idées “lointaines”, et abstraites, dans ma proximité concrète), en termes politiques locaux, hérités de notre histoire et non pas importés d’ailleurs. Ce n’est pas là une idée qui m’est personnelle: c’est bien la volonté de recentrer les discours politiques sur ce qu’ont produit les identités de l’espace belge au cours des siècles (et surtout du 19ème siècle si fécond en érudition historique) qui explique pourquoi, au cours de ces dernières décennies, et surtout depuis la crise de 2007, de très nombreux universitaires se sont penchés en profondeur sur les “identités” (au pluriel!), en commençant par réhabiliter la littérature belge complètement éclipsée des programmes scolaires, universitaires et médiatiques dans les années 50, 60 et 70 (parce qu’elle était assez souvent “politiquement incorrecte” au regard des médiacrates parisiens et de leurs nombreux “collabos” locaux). Dans l’entre-deux-guerres, on était très conscient de l’enjeu des lettres et du danger français: c’est ce qui explique l’engouement pour l’ “idée bourguignonne” dans tous les cercles culturels francophones, y compris les plus officiels, et pas seulement chez les rexistes de Léon Degrelle. Après 1945, tout cela a été “oublié” et la francisation de la culture francophone belge et wallonne a pu battre son plein, accélérée par la télévision (confirmant cette idée heidegerrienne de la perversité intrinsèque que constitue l’irruption du “lointain” dans notre “proximité”, exprimé dans un discours à Messkirch en 1961). Cela ne veut pas dire que la Flandre était mieux lotie: si les Wallons et les francophones étaient décervelés par les médias parisiens, les Flamands, eux, subissaient une américanisation galopante, comme partout ailleurs en Europe. Cette américanisation entraînait aussi la “dégermanisation” de la Flandre, qui perdait tous ses liens culturels avec l’Allemagne, a fortiori quand l’enseignement de l’allemand n’était guère mieux organisé qu’en Wallonie, au profit du “tout-anglais”. Ces deux processus d’aliénation, la francisation des francophones wallons et bruxellois et l’américanisation des Flamands, entrainent une incompréhension mutuelle qui explique le caractère durable de la crise belge actuelle. Bien sûr, cette crise a aussi des motifs purement politiciens.

 

Quelle sont les clivages conflictuels majeurs qui provoqueront à votre avis l’échec définitif de la Belgique?

 

Si en fin de compte la Belgique échouera, éclatera, ou si elle se maintiendra, personne ne peut le dire à l’avance. Mais il est une chose certaine: nous assisterons, nous assistons déjà, à l’émergence d’une zone “neutralisée” (au sens où l’entendaient Carl Schmitt et Christoph Steding) au Nord-Ouest de l’Europe. L’écrivain flamand Rik Van Walleghem a publié récemment une livre remarquable, et en même temps très drôle, sur la mentalité belge actuelle: l’individualisme forcené, perceptible dans toute la population (en Flandre comme en Wallonie), est devenu si fort que plus aucune politique de “Bien commun” n’est possible. Cela signifie que le pays est de facto “neutralisé” dans la mesure où toute politique véritablement “politique” (Julien Freund) n’y est désormais déployable, parce que plus aucune “position” claire ne peut encore s’y manifester, l’espace belge, dans ces conditions, ne pouvant plus demeurer un “sujet politique” même de modestes dimensions. Le refus du “Bien commun”, ou l’impossibilité de le servir, et la disparition de la “subjectivité politique” relèvent bel et bien de cette attitude anti-impériale et anti-politique que dénonçait un auteur allemand de la “révolution conservatrice”, aujourd’hui largement méconnu et oublié, Christoph Steding. Peu avant sa mort en 1934, Steding ne comptait pas la Belgique parmi les nations “impolitiques” d’Europe, comme la Suisse, les Pays-Bas et la Scandinavie. Aujourd’hui, s’il pouvait lire le livre de Van Walleghem, il la compterait sûrement parmi les pays “impolitiques”!

 

Le problème linguistique belge n’est pas bloqué en Flandre ou en Wallonie, mais à Bruxelles et dans les six communes flamandes autour de la capitale où se sont installés des francophones ou des Flamands devenus francophones dans les années 60, 70 et 80: c’est là que réside le contentieux territorial et politique; les Flamands estiment que le principe de territorialité doit primer (une seule langue pour un territoire délimité et défini par le législateur lors de la fixation de la frontière linguistique); les Francophones estiment, pour leur part, que l’emploi d’une langue par une personne lui donne automatiquement le droit à être servie dans cette langue par l’administration de la commune ou de la région; le nombre de locuteurs d’une langue déterminant de la sorte le statut linguistique du territoire, en dépit de toute décision antérieure du législateur. On le voit: les deux positions sont antagonistes, sans la moindre possibilité de négociation fructueuse ou de compromission féconde. L’immigration à Bruxelles pose un problème supplémentaire: en Flandre, tous sont plus ou moins en faveur d’une réduction drastique des flux migratoires mais, chez les francophones, qui “in petto” veulent la même chose, on est trop influencé par l’idée d’une panade “panmixiste” prêchée depuis Paris. On n’ose pas prendre de position plus radicale parce que cela déclencherait immédiatement une campagne de haine et de diffamation dans les médias français. Si des socialistes ou des démocrates-chrétiens wallons se mettaient à voter des mesures limitant les flux migratoires, des journaux parisiens comme “Libération” ou “Le Monde”, lus par les francophones belges, déclencheraient automatiquement des campagnes de presse contre le pays, stigmatisant, une fois de plus, un racisme ou un fascisme imaginaires, comme ce fut le cas avec Haider, Berlusconi ou Orban.

 

 

Autre problème récurrent de la Belgique: l’état de son système judiciaire, qui fonctionne très mal surtout à Bruxelles. L’ancien recteur des Facultés universitaires Saint Louis de Bruxelles, le Prof. François Ost, laisse sous-entendre, dans un ouvrage remarquable, que les problèmes de la justice, surtout en Belgique mais aussi ailleurs en Europe ou dans le monde, ont commencé lorsque la plupart des juristes (juges, procureurs et avocats) n’ont plus reçu une formation philosophique et littéraire solide et adéquate, surtout à partir du moment où l’on n’exigeait plus d’eux, comme auparavant, d’avoir bénéficié d’une formation classique, impliquant l’étude, à l’école secondaire, des racines grecques et latines de notre civilisation. Le Prof. Ost plaidait pour un formation générale et classique plus étoffée du personnel de la justice, faute de quoi les jugements posés deviendraient “mécaniques” et donc, souvent, “kafkaïens”. A côté de ce déclin culturel général, qui frappe aussi magistrature et barreau, règne un laxisme qu’a révélé la fameuse “affaire Dutroux” dans les années 90 du 20ème siècle. Les délinquants juvéniles, nombreux dans les grandes villes, s’en tirent trop souvent à bon compte: on ne leur inflige que quelques vagues réprimandes, dans un français ou un néerlandais qu’ils ne comprennent généralement pas. La confiance dans les professions juridiques en est profondément ébranlée: les avocats sont perçus comme des “raboulistes” aux yeux des simples citoyens; quand ce sont plutôt les règles qui jouent au détriment des faits dans les procès, le bon peuple ne comprend pas pourquoi les délinquants sont acquittés pour des “vices de procédure” sans qu’il ne soit tenu compte des faits répréhensibles qu’ils ont commis, fussent-ils des crimes effroyables. Les colonnes des journaux, notamment le plus lu du royaume, “Het Laatste Nieuws”, fourmillent de lettres de lecteurs dépités qui n’usent généralement pas d’un vocabulaire amène à l’égard des juristes, avocats comme magistrats.

 

L’implosion de la société belge n’est donc pas seulement politique, avec la crise permanente que vit le royaume, ou sociologique, avec le repli sur l’égoïté de chacun comme le démontre l’ouvrage de Rik Van Walleghem, elle se niche également dans la perte de confiance totale dans l’appareil judiciaire. Pour la Belgique, il faudrait plutôt parler d’implosion que d’explosion ou d’éclatement. Tout phénomène d’implosion politique est un phénomène plus lent que l’explosion, brutale et soudaine. Dans les cas d’implosion politique, les institutions semblent encore fonctionner mais seulement vaille que vaille sans l’adhésion de la population qui devient de plus en plus sceptique, méfiante et hostile. Un fatalisme, tissé d’indifférence et de sombre mélancolie, s’installe dans une sorte de Château de Kafka postmoderne. Tout Etat affligé de tels maux survit misérablement mais cette simple survie ne recèle aucune valeur constructive sur les plans spirituel, intellectuel, politique ou historique.

 

Reste à évoquer le problème du coût exorbitant de l’énergie, aux mains de grands consortiums français, tels Suez-GDF. L’énergie (gaz + électricité) est bien plus chère en Belgique que partout ailleurs en Europe. La ponction mensuelle effectuée par le secteur de l’énergie sur le budget des ménages entraîne un amoindrissement dramatique de l’épargne populaire, surtout quand les loyers augmentent terriblement, comme à Bruxelles et y absorbent souvent plus du tiers du salaire, et que la fiscalité ne s’allège pas. Un peuple ne peut pas faire confiance à un pouvoir politique qui laisse un secteur privé, et étranger de surcroît, comme celui de l’énergie, pomper déraisonnablement le budget des ménages, appauvrissant ainsi la population toute entière. Quand le pouvoir politique, tout au début du gouvernement di Rupo, a élevé faiblement la voix pour dénoncer le scandale, le secteur énergétique a superbement ignoré ce reproche et a encore augmenté les prix une semaine plus tard, signifiant ainsi au monde politique qu’il comptait pour du beurre. Ajoutons aussi que ce secteur énergétique ne paie que des impôts dérisoires et renâcle quand le pouvoir tente vaille que vaille de remédier à cette situation. A quoi peut donc bien servir un tel pouvoir politique, s’il se montre incapable de protéger la population contre des abus manifestes? Ni les partis traditionnels ni les partis challengeurs (Ecolo, Groen, NVA et Vlaams Belang) n’ont formulé un programme visant à mettre au pas le secteur énergétique étranger: une grave, très grave, lacune, surtout dans le cas de l’opposition marginalisée par le nouveau “super-cordon sanitaire”.

 

Le “Vlaams Belang” est sans nul doute le fer de lance politique du mouvement indépendantiste flamand. Pourtant, les cercles et partis nationalistes en Europe critiquent, parfois sévèrement, certaines lignes adoptées par ce parti. Partagez-vous cette critique et, question connexe, comment jugez-vous, dans le contexte flamand  actuel, l’avènement du nouveau parti qui concurrence ce “Vlaams Belang”, soit la NVA  (“Nieuwe Vlaamse Alliantie”) de Bart De Wever?

 

Je n’ai jamais été membre d’un parti, tout simplement parce que je n’ai jamais cru à l’utilité de partis nouveaux et à leur éventuelle efficacité sur le long terme dans le cadre belge. Le journaliste flamand Paul Belien, qui est très actif dans les pays anglo-saxons et écrit beaucoup en anglais, a pu très justement observer que la Belgique officielle suit un modèle, un “patron”, fixé une fois pour toutes. Ce modèle a été conçu en 1919, immédiatement après la Première Guerre Mondiale et a été sanctionné par des accords pris dans le Château de Loppem (près de Bruges) par le Roi, les chefs des trois principaux partis politiques, le patronat et les syndicats. A l’époque, on craignait surtout une révolution communiste/spartakiste car bon nombre d’ouvriers belges avaient sympathisé avec les “conseils d’ouvriers et de soldats” que les troupes allemandes, en rébellion ouverte contre leur hiérarchie, avaient proclamés dans les villes belges qu’elles occupaient. C’est pourquoi, le Roi, les syndicats, les associations patronales et les directions des trois partis dits “traditionnels” (catholiques, socialistes et libéraux) ont décidé que seuls ces partis signataires des accords de Loppem avaient droit à une représentation politique et parlementaire normale. Les innovations politiques et les nouveaux partis, qui se présenteraient éventuellement sur la scène électorale, devaient dès lors être secrètement combattus et tenus éloignés du pouvoir réel. La “Troïka de Loppem” devait, dans l’optique de ses protagonistes, devenir un bastion inébranlable contre toute innovation partisane qui surviendrait sur la scène politique belge. A l’époque, on visait surtout les communistes et les nationalistes flamands. Pour le journaliste Belien, les accords de Loppem sont toujours valides, surtout quand il s’agit de barrer la route à de la nouveauté, sauf peut-être aux “Ecolos”, et, pour Belien, ces mécanismes de fermeture fonctionnent surtout face à de la nouveauté flamande. Je partage son opinion même si je rejette sa volonté de faire d’une Flandre éventuellement devenue indépendante la féale alliée des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne contre une UE trop déterminée par le binôme franco-allemand à ses yeux. La Flandre, tout comme les Pays-Bas, est la façade sur la Mer du Nord de l’Europe centrale, de la Mitteleuropa, tout en étant le prolongement occidental de la plaine nord-allemande. Elle ne saurait se satisfaire d’un statut de simple comptoir des thalassocraties anglo-saxonnes, comme le sont actuellement, du moins  dans une certaine mesure, les Pays-Bas.

 

La critique, que certains cercles nationaux ou nationalistes ont émise, que ce soit en Flandre même, notamment avec les néo-solidaristes, ou chez certains francophones de diverses obédiences partisanes ou associatives, s’adresse essentiellement aux prises de position ouvertement pro-américaines ou pro-israéliennes de quelques pontes du parti, comme ce soutien enthousiaste et irrationnel à George W. Bush, lors d’une de ses visites au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, qui s’est exprimé naguère dans les colonnes du quotidien “Het Laatste Nieuws”. J’ai personnellement trouvé ce soutien puéril, particulièrement stupide et niais. Par ailleurs, l’idée de créer sur le modèle de l’alliance Berlusconi/Fini/Bossi une “Forza Flandria” qui devrait advenir avec les libéraux du VLD est considérée comme absurde par bon nombre d’observateurs, surtout parce que les libéraux ne veulent absolument pas en entendre parler! Une telle alliance, qui serait automatiquement dominée par les idées libérales et néo-libérales, ne reçoit pas, c’est sûr, l’aval de la majorité des électeurs. Le peuple veut un nouveau parti populaire, aux assises rénovées et “nettoyées” (une opération “mains propres”) qui proposerait un programme socio-économique solide que l’on retrouve aussi chez les socialistes et les démocrates-chrétiens historiques, mais que l’on épurerait de ses innombrables corruptions, de tous les oripeaux de festivisme soixante-huitard et de toutes les dérives abracadabrantes de la “nouvelle élite intellectuelle” (celle que dénonce Christopher Lash), une fausse élite “catamorphique” qui se pique, elle, de permissivité et de gauchisme utopique. Le peuple veut donc un Etat social plutôt flamand que belge en Flandre, comme l’était jadis l’Etat belge jusque dans les années 60 et 70, mais un Etat social efficace et non inutilement dispendieux, basé sur le sérieux politique, sans le carnaval permanent des gauches molles en folie. Les électeurs ne veulent surtout pas que le système belge des allocations familiales soit détricoté ou battu en brèche par des mesures néolibérales.

 

Les succès de la NVA s’expliquent parce que ce parti a commencé sa véritable ascension en 2007 comme partenaire mineur du parti démocrate-chrétien CD&V, encore très puissant à l’époque. Avec lui, la NVA a formé un “cartel” pour les élections législatives de juin 2007. Yves Leterme, qui était alors le chef du CD&V, a laissé tomber la NVA entre 2007 et 2010, afin de pouvoir gouverner le pays (avec les libéraux et les socialistes, obsession “lopemienne” oblige...), après que la presse francophone ait mené une campagne de haine et de dénigrement contre lui, accusé d’être le Cheval de Troie des méchants dissidents (contre-lopemistes) de la NVA. Ensuite, après les élections législatives anticipées de 2010, les rôles se sont inversés: la NVA de Bart De Wever a absorbé complètement les électeurs de la CD&V: si le “cartel” avait encore existé, le partenaire mineur serait devenu le partenaire majeur! Mais cette victoire électorale de la NVA a fragilisé le schéma voulu par les fameux accords de Loppem de 1919, qui doivent encore et toujours servir de modèle pour l’éternité. Le système belge fonctionne sur base de cette illusion d’avoir fabriqué, un jour, il y a près de cent ans, un “modèle”, établi une fois pour toutes; or l’histoire, en aucun cas, en aucun lieu, ne retient de tels modèles pour l’éternité. La NVA, comme avant elle, le “Vlaams Belang” ou d’autres partis wallons ou francophones, doit donc être adroitement, machiaveliquement, écartée des centrales du pouvoir. Ceci dit, le message politique de la NVA demeure très flou, très “fuzzy” pour reprendre un vocable anglo-saxon à la mode, si bien que tout esprit politiquement rationnel ne peut ni développer une critique de son contenu idéologique ou programmatique ni y adhérer en toute connaissance de cause. Reste à constater que le “cordon sanitaire” se perpétue et s’amplifie, en tant qu’expédient pour maintenir inamovible, sans changement aucun, la teneur des accords de Loppem envers et contre tout changement de donne et toute rationalité; ce “cordon”, que l’on avait mis en place pour barrer la route au “Vlaams Blok/Vlaams Belang”, s’installe dorénavant, de manière tacite, sans bruit, pour contrer toute participation de la NVA à la gestion de l’Etat, du moins au niveau fédéral; cette extension du “cordon sanitaire” fait que près de 45% des électeurs flamands (NVA + Vlaams Belang) n’ont plus aucune représentation au sein du Parlement fédéral belge! Bonjour la démocratie!

 

 

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Aux questions de la revue des corporations étudiantes autrichiennes, “Die Aula”, le chef de fraction du “Vlaams Belang” au parlement flamand, Filip De Winter, répondait que l’annexion d’Eupen-Malmédy au Land de Rhénanie du Nord/Westphalie était parfaitement envisageable en cas de dissolution de la Belgique. Estimez-vous que cette solution est réaliste? Côté allemand, personne ne semble intéressé à la question, exactement comme en l’année 1990, lorsque Moscou offrait de redonner la Prusse orientale à l’Allemagne...

 

L’histoire des deux cercles autour des petites villes germanophones pittoresques, que sont Eupen et Saint-Vith (Malmédy a toujours été wallonne, y compris sous le IIème Reich de Bismarck, où la langue wallonne avait un statut officiel, ce qu’elle n’a par ailleurs jamais eu sous aucun autre régime politique) est une histoire complexe. Pour y voir clair, il faut relire attentivement une thèse de doctorat, celle du Dr. Klaus Pabst (Eupen-Malmédy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940, Sonderdruck des Aachener Geschichtsvereins, Band 76, Aachen, 1964). Nous ne le répéterons jamais assez: l’imbroglio est très complexe. Ces deux cercles ne sont pas les seuls cercles germanophones de la région: les communes de Plombières (Bleiberg), Henri-Chapelle (Heinrichkappelle), Welkenraedt et Baelen au Nord et de Bocholz, Urth, Lamerschen et Steinbach au Sud sont également germanophones mais ne firent jamais partie du Royaume de Prusse. Malmédy appartenait, sous l’Ancien Régime, à un tout petit Etat ecclésiastique, celui de l’Abbaye de Stavelot (Stablo)/Malmédy. Les habitants de Malmédy, bien que non germanophones, ont toujours été considérés comme des sujets prussiens plus fidèles que ceux d’Eupen, qui, en 1848, avaient sympathisé avec les révolutionnaires berlinois. Par ailleurs, en 1919, la Belgique annexe également des portions de la commune allemande de Monschau (Montjoie). Les communes germanophones de la “Wallonie de l’Est”, qui n’ont jamais été prussiennes, sont appelées, dans le langage du peuple, “altbelsch” (vieilles-belges) tandis que les cercles devenus belges en 1919 sont appelés “neubelsch” (nouveaux-belges). Pour rendre encore les choses plus compliquées, les Allemands (les Prussiens) ont négocié en 1919-1920 sur base du fait “linguistique” et voulaient que la frontière linguistique, séparant l’allemand de Rhénanie du wallon, devienne frontière d’Etat, mais forcément sans revendiquer les communes “altbelsch” et sans Malmédy, tandis que les négociateurs belges voulaient obtenir les frontières d’Ancien Régime, celle d’avant le Traité de Campo Formio de 1795 (où l’Autriche cédait les Pays-Bas méridionaux à la République française victorieuse), parce qu’à leurs yeux, les frontières des principautés et duchés du Saint-Empire étaient idéales et seules légitimes! Un tracé de la frontière belgo-allemande selon le découpage territorial de l’ancien régime aurait eu une configuration différente: certains territoires de l’ensemble Eupen-Malmédy seraient restés allemands tandis que plusieurs communes allemandes seraient revenues à la Belgique, héritière des anciens duchés de Limbourg et de Luxembourg, jadis inclus dans les résidus du Cercle de Bourgogne qu’étaient les Pays-Bas espagnols puis autrichiens; héritière aussi, depuis 1815, de la Principauté ecclésiastique de Liège et du territoire impérial de l’Abbaye de Stavelot-Malmédy. Tous les territoires ayant appartenu à ces entités d’ancien régime auraient dû revenir selon les négociateurs belges à la Belgique, posée comme héritière de l’Autriche et du Saint Empire dans la région, tandis que les négociateurs prussiens souhaitaient conserver tous les territoires germanophones des cantons d’Eupen, Malmédy et Saint-Vith et ne laisser que les communes wallones à la Belgique.

 





 

 

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Dans le cas d’un éclatement de la Belgique, les cercles d’Eupen et de Saint-Vith pourraient tout naturellement redevenir allemands. Ce serait certes une solution raisonnable car la géographie locale lie ces communes à leurs consoeurs allemandes comme Aix-la-Chapelle, Düren, Prüm et Bitburg. Il y a quelques années, un sondage a été effectué dans toute la Wallonie et aussi dans la région germanophone; les citoyens devaient répondre à une question: que voulez-vous devenir si la Belgique cesse d’exister? Les habitants des cercles d’Eupen, Saint Vith et Malmédy, de même que les habitants des arrondissements purement wallons de Verviers (province de Liège) et de toute la province du Luxembourg belge (wallon), de même que bon nombre d’arrondissements de la province de Namur ont dit souhaiter l’annexion au Grand-Duché du Luxembourg, plutôt que de devenir français. De Winter et beaucoup d’hommes politiques flamands et wallons oublient trop souvent, comme je l’avais d’ailleurs oublié moi-même, que les oeuvres littéraires des écrivains wallons évoquaient souvent avec anxiété les liens brisés avec l’Allemagne du fait des deux guerres mondiales du 20ème siècle. Pour l’un des meilleurs écrivains wallons contemporains, décédé depuis quelques années, Gaston Compère, c’est presque un leitmotiv récurrent de son oeuvre. Et même celui qui a bruyamment milité entre 1918 et 1920 pour faire annexer ces cantons des Fagnes et de l’Eifel à la Belgique, je veux parler de Pierre Nothomb, le grand-père de l’écrivain belge contemporain Amélie Nothomb, n’a plus cessé, après la seconde guerre mondiale de parler de ses chères Ardennes et de son non moins cher Eifel, devenant dans la foulée un des meilleurs avocats de la réconciliation. Voilà comment tourne la roue de l’histoire dans l’est de la Wallonie... Tout cela nous explique pourquoi, dans le sondage que je viens de mentionner, le Grand-Duché du Luxembourg est préféré à la France jacobine, avec laquelle pourtant ces Wallons partagent la langue. N’oublions pas non plus que lors d’une conférence de presse officielle pendant la longue crise politique de 2007-2011, un ministre wallon, Magnette, a évoqué, sous forme de boutade, l’Anschluss de toute la Wallonie à l’Allemagne, tout simplement, argumentait-il, parce que les liens économiques entre la région belge et l’Allemagne sont très forts, bien plus forts qu’avec la France, à l’exception de quelques zones frontalières en Hainaut (et en Flandre...). De plus, les systèmes sociaux belges et allemands sont similaires et méritent d’être conservés. C’était évidemment du temps de Sarközy, que les socialistes wallons n’appréciaient guère...

 

On évoque parfois la possibilité d’inclure tout le Land allemand de Rhénanie du Nord/Westphalie dans le Benelux, sous prétexte que les liens économiques sont tellement étroits que ce Land en fait partie de facto. Les cercles nationaux en Allemagne craignent qu’une telle démarche, qu’une adhésion au Benelux de la RNW déclencherait un processus de dissolution de l’Etat allemand, justement dans le but de faire advenir cette panade panmixiste d’indifférenciation que les eurocrates veulent imposer à tous, notamment sous l’impulsion de certains professeurs de la “London School of Economics”. Dans le cas qui nous préoccupe, je pense qu’il ne faut pas dramatiser: le Benelux n’est pas une instance qui fonctionne très bien; ses composantes gardent farouchement leur identité et les Néerlandais ne souhaitent certainement pas être entraînés dans les dysfonctionnements patents et récurrents de l’Etat belge, au cas où le Benelux s’avèrerait subitement plus “intégrateur” qu’auparavant. Je pense plutôt que cette idée de “bénéluxer” la RNW, certes un peu loufoque car on pourrait tout aussi bien réclamer la fusion des Etats du Benelux et de la RFA tout entière (et pourquoi pas de l’Autriche?), montre fianlement, mais par l’absurde, que ces pays de langues germaniques ou de parler roman (comme la Wallonie et, au Sud des Ardennes, la Lorraine romane), ont été déterminés, qu’ils le veuillent ou non par l’histoire germanique et impériale jusqu’en 1914; ils (re)trouvent inévitablement, dans l’Europe d’aujourd’hui, une sorte de destin commun, mieux des affinités et des “affinités électives” évidentes, tout simplement parce qu’au cours de l’histoire, ils ont toujours été étroitement liés et parce que leur folklore, leurs légendes et leurs traditions sont très souvent les mêmes. Seules les deux guerres mondiales —brève parenthèse dans l’histoire millénaire de la chose impériale, bien que parenthèse effroyablement tragique et surtout disloquante—  ont créé une césure que l’on est seulement aujourd’hui en train de surmonter. Il existe également une “Euro-Regio” comprenant la province flamande du Limbourg (Hasselt, Tongres, Saint-Trond), la province néerlandaise du Limbourg (Maastricht, Venlo), la province wallonne de Liège, le territoire de la Communauté germanophone de Belgique et les cercles d’Aix-la-Chapelle et Düren. Cette “Euro-Regio” fonctionne surtout dans le domaine du tourisme sans que les trois langues utilisées lors des diètes officielles ne posent problème. Les Allemands d’aujourd’hui doivent savoir que de telles initiatives, qui partent de sentiments positifs, ne nous préparent pas une “panade eurocratique”, tout simplement parce qu’elles sont étroitement ancrées dans une région frontalière spécifique, découpée par des frontières récentes, qu’elles sont conscientes de leur identité commune “rhénane-mosane” et qu’elles partagent, dans leur folklore, les mêmes éléments de base mythiques et liturgiques (notamment dans les carnavals); on songera ensuite, dans le domaine de la musique et du chant, à un ténor sympathique et populaire comme André Rieu, natif de Maastricht, chanteur populaire en Allemagne, au patronyme d’origine wallonne! Ces initiatives, de surcroît, ont l’avantage non négligeable, de déconstruire la germanophobie née des deux guerres mondiales du 20ème siècle, ce qui, dans l’Ouest du continent est une nécessité impérieuse, surtout qu’en France, le nouveau “culte de la mémoire (courte)” revient sans cesse sur les événements tragiques de la seconde guerre mondiale, génèrant en sourdine une nouvelle germanophobie, et ruinant, par la même occasion, les efforts de réconciliation entrepris depuis l’entrevue De Gaulle/Adenauer en 1963. La RFA ne songe évidemment pas à une récupération des cantons d’Eupen et de Saint Vith, dans les circonstances actuelles, parce qu’il n’existe plus aucune forme d’hostilité dans la région et que les pouvoirs publics, de part et d’autre des frontières belges, allemandes et néerlandaises, coopèrent étroitement et amicalement, comme avant 1914, où la commune de Moresnet, par exemple, était gérée conjointement par les trois puissances, dans la bonne humeur et la convivialité. On imagine douaniers et gendarmes, tous uniformes confondus, chantant à pleins poumons autour de bons hanaps de bière, lors des kermesses, carnavals et autres fêtes paroissiales!

 

 

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La Prusse orientale est, dans le contexte actuel, une zone de bien plus grande importance stratégique parce que c’est par elle que transitent les gazoducs de la Baltique.

 

Dans un article nécrologique à l’occasion de la mort de l’écrivain Ernst Jünger en 1998, vous expliquiez que vous le lisiez et l’admiriez depuis l’âge de dix-huit ans. Pourquoi cette admiration pour sa biographie et son oeuvre littéraire?

 

Oui, j’ai commencé très tôt à lire les écrits d’Ernst Jünger. Je prépare pour l’instant un long entretien sur son oeuvre et suis en train de lire les formidables biographies et monographies qui lui ont été consacrées récemment, notamment par des germanistes comme Meyer, Kiesel, Wimbauer, Ipema, Blok, Schwilk ou Weber. C’est exact: je suis admiratif de tous les aspects de l’oeuvre de Jünger. La clarté de ses articles et essais nationaux-révolutionnaires demeure exemplaire et le Dr. Armin Mohler en a adapté le contenu pour présenter, dans feue la revue “Criticon” sa vision d’un conservatisme rénové, même si Ernst Jünger n’était guère satisfait de voir ainsi réactualisés ses écrits politiques de jeunesse, dans le contexte totalement différent des années 50 et 60.

 

 

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L’attitude, face à la vie, du Jünger devenu homme mûr, qui se retire de la politique et part à la recherche de paysages inviolés par la modernité, m’interpelle tout aussi profondément, même si, pour nous, hommes jeunes ou matures du début du 21ème siècle, une telle quête s’avère de moins en moins possible: les paysages jusqu’au fin fond de la Pampa (n’en déplaise à Jean Raspail!) ou jusqu’aux recoins les plus réculés du Sahara ou du Désert de Gobi, portent tous, maintenant, quelque part, des traces et des souillures de modernité. Au-delà de toutes prises de position politiques ou métapolitiques, cette attitude, cette volonté de trouver des paysages silencieux ou bruisant de milles bruits prémodernes exerce sur moi une véritable fascination. Je recommande tout particulièrement aux jüngeriens en herbe de lire et de relire les pages du journal de Jünger relatives à son voyage au Brésil en 1936 (et, effectivement, trouvera-t-on encore ce Brésil indemne aujourd’hui?), à son séjour en Angola et à son excursion en Islande dans les années 60. Beaucoup de choses vues par Jünger et ses compagnons de voyage (dont son frère en Islande) ont été irrémédiablement détruites par la modernité. Personnellement, j’essaie encore de trouver des paysages indemnes ou d’en redécouvrir, mais je ne le puis que sur des espaces réduits à des distances de cinq ou dix kilomètres: partout, on trouve les blessures indélébiles infligées par les “temps de l’accélération” (die Beschleunigung), blessures qui n’avaient pas encore été infligées dans les années 60, quand j’étais un enfant et quand la “connexion totale”, crainte par Friedrich-Georg Jünger dans son ouvrage Die Perfektion der Technik, n’avait pas encore l’ampleur étouffante qu’elle détient de nos jours. Aujourd’hui, objets et villages, villes et paysages, en sont affectés. Le germaniste Weber, qui a sorti récemment chez Matthes & Seitz à Berlin, une monographie remarquable sur l’oeuvre de Jünger, démontre que l’idée fondamentale de cet auteur est justement l’idée de “décélération”, d’Entschleunigung. Il a raison. J’aimerais bien, comme le souhaite aussi un autre écrivain allemand, Martin Mosebach, appartenir dorénavant au cercle insigne des “retirés” et des “décélérants” (Entschleuniger), car le monde misérable des alignés et des conformistes de la modernité accélératrice, fébrile et frénétique, m’indispose et me déplait. Martin Meyer, dans son ouvrage sur Ernst Jünger, rappelle que notre auteur, au-delà des formes totalitaires ou non totalitaires du Léviathan moderne aux racines idéologiques “bourgeoises”, voit avec anxiété et réprobation se multiplier les “structures” qui étouffent les “ordres vitaux”, seuls réceptacles de véritable liberté, et les remplacent par des “Funktionsbeziehungen”, de purs et froids “rapports de fonctionnement”, totalement abstraits, inorganiques et insensibles à toutes nuances et circonstances. Aucune spontanéité vitale, donc aucune liberté vraie, ne peut plus se déployer sous le joug de telles abstractions: telle est aussi la grande leçon de l’anarque Jünger, qui nous incite à vivre le plus possible détaché de ces structures oblitérantes. Ensuite, ce mélange de sérénité (Gelassenheit), de cynisme désabusé et de quiétude souveraine chez notre auteur, je le trouve admirable. J’aime souvent citer cette anecdote que Schwilk, je crois, met en exergue dans sa monographie, au ton si vivant et chaleureux: devenu centenaire, Jünger est hospitalisé quelque part en pays souabe. Le “Bild-Zeitung”, journal de boulevard ne visant que le sensationnel, titre: “Un grand Allemand s’est couché pour mourir”. La femme de Jünger, qu’il surnommait “Mon petit Taureau”, lui apporte le journal. Jünger ricane et dit: “Ce plaisir-là, je ne vais pas encore le leur faire!”. Le reste de mes cogitations jüngeriennes, je le laisse pour l’entretien que je prépare depuis au moins six bons mois. Si vous le souhaitez, je vous en traduirai quelques extraits...

 

Cet article nécrologique de votre plume était paru dans “Junge Freiheit”. Pourquoi ne lit-on plus rien de vous dans les pages de ce journal?

 

Pour la direction de “Junge Freiheit”, il n’existe qu’une seule et unique personne en Europe de l’Ouest (et pas seulement en France) qui peut fonctionner comme correspondant: Alain de Benoist. Mais comme celui-ci s’est chamaillé avec tout le monde (ou se chamaillera si ce n’est pas encore le cas...) et comme ce solitaire grognon croit dur et ferme qu’il incarne tout seul sa fantômatique nouvelle droite (canal historique) et comme il croit aussi, tel un spectre errant, qu’il est le seul autorisé à représenter sa nouvelle droite dans le vaste monde ou même au niveau intergalactique, il met tout en oeuvre pour empêcher d’autres de s’exprimer à la tribune qu’offrent les journaux ou les revues bienveillantes à l’égard de ce vaste courant de pensée, à têtes multiples, que représente, partout dans le monde, la mouvance “nouvelle droite”. C’est ainsi, on n’y peut rien et l’on n’y changera rien! Je me souviens toutefois que jadis, il y a bien des années, “Junge Freiheit” avait un autre correspondant à Paris. Un homme solide, bon vivant et rigolard, avec une barbe de ténor wagnérien, originaire d’Alsace, bilingue, qui avait appartenu fidèlement à la ND (canal historique) aux temps héroïques du mouvement. Il régalait les lecteurs de JF d’articles bien tapés sur les affaires françaises. Au bout de quelques mois, sa signature a malheureusement disparu des colonnes de “Junge Freiheit” et de toutes les autres initiatives qualifiables, en France, de ND, fort probablement parce qu’il a été “purgé” à la suite de l’une ou de l’autre révolution de Politburo (de sotie) à Paris. L’attitude de la direction de “Junge Freiheit” en ce domaine est navrante: elle relève d’un pauvre travers, celui qui consiste à idolâtrer des gourous, au lieu de penser et d’agir objectivement et rationnellement. J’avais proposé de traduire les entretiens que prenait avec brio Xavier Cheneseau, un journaliste de la revue des chasseurs français, “Le Saint-Hubert”, d’accord en toute courtoisie pour que l’hebdomadaire berlinois les reprennent, et cela, gratuitement. J’avais traduit un premier entretien avec Brigitte Bardot: sitôt celui-ci paru, nous avons appris que quelqu’un, à Paris, avait chuchoté à l’oreille de la direction berlinoise de JF, que ces entretiens étaient “faux”, comme si une revue aussi diffusée que “Le Saint-Hubert” se permettrait de publier de faux entretiens! Exit Cheneseau! Et, du coup, exit tous les auteurs ou hommes politiques interviewés par cet infatigable garçon! Une coopération avec Cheneseau se serait avérée bien fructueuse et aurait donné à la rédaction berlinoise un succulent zeste d’originalité dans la presse allemande. On a, à Berlin, choisi de ne pas faire mariner ce zeste de bon fruit gaulois dans la tisane “néo-conservatrice”, offerte aux lecteurs allemands. Dommage. Navrant.

 

eierkorb.jpgEn ce qui me concerne, si je ne ne puis écrire dans telle ou telle revue à cause des intrigues parisiennes de la ND, je ne m’en soucie guère: le monde est vaste, j’écris pour d’autres, je me promène, j’arpente mes “Holzwege”, je travaille (car je ne suis pas un marginal, moi, qui vit des cotises de quelques naïfs dont j’abuserais de la générosité) et je médite en rigolant l’adage qu’aimait à répéter ma grand-mère maternelle ouest-flamande, originaire de Zonnebeke: “Qui ne veut point de mes oeufs, les laissera dans mon panier” (“Wie van mijn eieren niet wil hebben, die laat ze maar in mijn mand”).

 

Vous vous êtes également intéressé à un autre grand format de la pensée allemande: Carl Schmitt. Bon nombre d’observateursestiment que sa pensée reviendra bien vite à la surface vu la crise financière et économique qui dure et persiste, et vu les conflits d’ordre géopolitique qui secount l’échiquier planétaire. Comment voyez-vous les choses?

 

J’ai découvert Schmitt assez tôt et ai entamé la lecture de ses oeuvres, surtout parce que je suis tout simplement un compatriote de ce cher professeur d’université que fut Piet Tommissen, malheureusement décédé en août 2011. Il nous a carrément donné l’ordre de lire Schmitt. Il venait régulièrement, fin des années 70, prononcer quelques allocutions à la tribune des cercles Evola en Flandre, créés à l’initiative du surréaliste historique, le peintre Marc. Eemans. Ensuite, j’ai connu Günter Maschke à la Foire du Livre de Francfort en 1984 et depuis lors, quand nous sommes assis autour d’une table, avec un bon verre de vin de Hesse à la main, nous parlons immanquablement de thèmes relevant des “Schmittiana” et devisons sur la théorie du “grand espace” que Carl Schmitt avait commencé à théoriser dans les années 30. Pour être exact, mon intérêt pour Schmitt dérive d’un intérêt pour la géopolitique car je suis, en fait, un disciple du Général von Lohausen. J’ai toujours été d’avis qu’il fallait lire Schmitt en même temps qu’Haushofer et que d’autres auteurs de sa “Zeitschrift für Geopolitik” ou de la collection géopolitique (intitulée “Zeitgeschehen”) des éditions Goldmann de Leipzig dans les années 30 et 40. Nous avons là un filon quasi inépuisable d’auteurs très pertinents, malheureusement oubliés aujourd’hui mais qu’il vaudrait la peine de redécouvrir: il y a du pain sur la planche car ce sont des rayons entiers de bibliothèque que ces hommes ont remplis. Maschke et moi avons d’ailleurs un faible pour l’un d’eux: le journaliste Colin Ross, mort foudroyé sur la rive d’un fleuve russe en 1943. Allez donc chez un bouquiniste, pour rechercher ses livres et lisez-les! Malgré les bons travaux du Prof. Jacobsen et du politologue Hans Ebeling, de même ceux des Prof. Klein et Korinman en France, un travail systématique reste à faire sur la “Zeitschrift für Geopolitik”, qui mérite franchement d’être lue avec toute l’acribie voulue et d’être complétée d’un appareil de notes comme l’a fait Maschke pour les “Positionen und Begriffe” de Carl Schmitt, ainsi que Tommissen pour toute l’oeuvre et la correspondance de Schmitt pendant de longues décennies. Question simple: pourquoi faut-il relire Schmitt (et Haushofer) aujourd’hui? Quelques critiques de Schmitt dans les cercles nationaux disent qu’il a été un “Etatiste” trop rigide. Je rejette cette objection et je dis qu’il a été, au contraire, l’un des critiques les plus avisés de l’impérialisme britannique et américain. Tout comme Haushofer d’ailleurs. Plutôt que de fabriquer une Europe libérale et de la maintenir vaille que vaille en vie, les Européens devraient plutôt songer à recréer un “grand espace” autarcique ou semi-autarcique.

 

quarit.gifLa meilleure esquisse de cette notion schmittienne de “grand espace” se trouve dans le volume “Coincidentia Oppositorum” (édité chez Duncker u. Humblot, Berlin) et dû à la plume d’un ami que j’ai connu jadis, Maître Jean-Louis Feuerbach de Strasbourg, perdu de vue, hélas, depuis de nombreuses années. Ce texte a sans doute échappé à bon nombre de lecteurs allemands parce qu’il a été rédigé et publié en français, l’éditeur, Helmut Quaritsch (photo), hélas aussi décédé en 2011, étant le premier énarque allemand, sorti de la fameuse “Ecole Nationale d’Administration” de Paris et donc parfait bilingue. Un homme dont je garde un souvenir ému, depuis un séminaire de la DESG à Sababurg, le long de la “Märchenstrasse”. Cela me force à terminer cette réponse à votre question par une note toute empreinte de tristesse: pour les sciences politiques, telles que nous les entendons, l’année 2011 a été vraiment catastrophique, avec la double disparition de Quaritsch, ancien éditeur de la revue “Der Staat”, et de Tommissen. Deux hommes irremplaçables....

 

Pour terminer, une question sur la “nouvelle droite”, à laquelle, paraît-il, vous appartiendriez... Les anciens protagonistes de ce mouvement se sont disputés entre eux, ont opté pour des voies différentes voire divergentes. La “nouvelle droite” a-t-elle échoué sur toute la ligne ou, selon vous, ses idées sont-elles encore, quelque part, ancrées dans le réel?

 

En fait, j’en ai plein les bottes de la “nouvelle droite” et je préférerais ne pas répondre à votre question. Mais vous êtes un honnête homme et vos lecteurs méritent de recevoir quelques explications. Cela fait plus de vingt ans maintenant que je n’ai plus vu ce monsieur de Benoist ou seulement furtivement, lors de la Foire du Livre de Francfort en octobre 1999 mais il s’est enfui quand il m’a aperçu ou, la deuxième fois que nos chemins et nos regards se sont croisés, il s’est dissimulé derrière un exemplaire largement déployé de “Junge Freiheit” dans le stand loué par cet hebdomadaire. Voilà pourquoi je ne peux plus rien vous dire de fort précis sur les aléas qui ont ponctué la vie vivotante de ce mouvement parisien au cours de ces dernières années. Pour les terribles simplificateurs et pour bon nombre de clochards mentaux installés dans un anti-fascisme autoproclamé et souvent alimentaire, j’appartiendrais à la ND (française!) seulement parce que j’ai été, pendant neuf mois en 1981, secrétaire de rédaction de “Nouvelle école”, la revue d’Alain de Benoist, et parce que j’ai participé à deux ou trois universités d’été en Provence (où j’avoue d’ailleurs m’être bien amusé, ce qui est l’essentiel, Carpe diem!). Plus tard, mon propre mouvement, “Synergon” ou “Synergies européennes”, a puisé à d’autres sources (Haushofer, Wittfogel, Pernerstorfer, de Jouvenel, Jean de Pange, Willms, etc.). De plus, au sein de la “nouvelle droite” française, j’ai toujours été une voix critique. J’ai surtout été profondément choqué et meurtri par le sort cruel que la direction parisienne et faisandée de ce mouvement a infligé au malheureux Guillaume Faye, non seulement dans les années 80, mais aussi en l’an 2000, lorsque l’Etat lui faisait un procès pour le contenu de son ouvrage “La colonisation de l’Europe”. Benoist et son satellite de l’époque, Charles Champetier (entretemps ce féal d’entre les féaux a également été “purgé”...), n’ont rien trouvé de mieux, dans ce contexte, alors que le jugement n’avait pas encore été prononcé, de traiter Faye de “dangereux raciste” dans les colonnes du journal italien “Lo Stato”. Faye a par la suite été condamné pour “racisme”. La ND parisienne avait promis à tous ses adhérents de leur offrir une “communauté” d’amis et de camarades. Et voilà comment les bons camarades sont devenus parjures, voilà comment ils ont traité Faye, un garçon qui leur avait donné le meilleur de lui-même, jusqu’à accepter une vie de misère et de privations...

 

Je ne dirais pas que la ND a échoué, parce que de Benoist s’est comporté en égocentrique voire en égomane: la ND a vu passer une quantité de personnes dans ses rangs, qui ont fait beaucoup ou peu pour elle, mais qui, après l’avoir quittée pour trente-six raisons, valables ou non, ou après en avoir été évincées pour satisfaire les caprices d’un philosophe auto-proclamé et sans bacchalauréat qui se veut “figure de proue”, demeurent actives dans une quantité impressionnante de clubs, d’associations ou de formations plus ou moins politiques, qui ont souvent un ancrage local. Lorsque je traverse la France en tant que touriste, pour me rendre en Suisse, en Italie ou en Espagne, j’ai toujours le plaisir de retrouver des camarades actifs quelque part, militant au sein de structures diverses ou produisant des oeuvres ou des publications intéressantes. La ND française n’a jamais eu qu’une tête parisienne pourrie, ce qui correspond au dicton français, “le poisson pourrit toujours par la tête”. Les cercles demeurés actifs dans les provinces françaises sont généralement restés sains et continuent à oeuvrer dans la discrétion et avec efficacité. Dommage, qu’à cause de certains blocages, dus aux manigances sordides de la “caboche putréfiée”, le public allemand (et bénéluxien et italien et espagnol et américain, etc.) n’en sache rien, n’en soit jamais informé. Ensuite, il faut dire, pour paraphraser Max Weber, que les valeurs ne meurent jamais. Nous vivons dans une époque très triviale de l’histoire, où les valeurs sont refoulées, foulées aux pieds ou moquées, mais les périodes triviales de l’histoire (comme les périodes sublimes d’ailleurs, que Sorokin qualifiait d’“ideational”) ne sont jamais éternelles, que ce soit dans l’histoire européenne ou dans l’histoire de la ND.

 

Monsieur Steuckers, nous vous remercions d’avoir bien voulu répondre à nos questions.

 

Réponses rédigées à Forest-Flotzenberg, juillet 2012.

 

Léon Trotski et le cinéma comme moyen de conditionnement de masse

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Nicolas BONNAL:

Léon Trotski et le cinéma comme moyen de conditionnement de masse (et de remplacement du christianisme)

 
 
En 1923, Trotski est encore au pouvoir en URSS. Il rédige un ensemble de textes sur la question du mode de vie : un de ces textes concernant l’utilisation du cinéma comme moyen de propagande et d’élimination de toute vie religieuse et chrétienne. Comme le cinéma a essentiellement servi à cette fonction au XXe siècle, avant que la télévision ne le remplace (la gluante demi-heure du Seigneur n’aura rien changé, sinon accéléré le processus), je préfère citer ce texte qui montre qu’un programme global de déchristianisation a été mis en oeuvre aussi bien dans le monde communiste que dans celui dit libre du libéralisme et de la démocratie. Cela ne fait que conformer les analyses de Kojève sur la Fin de l’Histoire et la création du petit dernier homme nietzschéen par-delà les frontières politico-stratégiques.
Trotski cherche donc à divertir et éduquer les masses. Il remarque l’intrusion du cinéma dans la vie quotidienne et son inutilisation par les Bolcheviks - on est avant le cuirassé Potemkine ! :
« Le désir de se distraire, de se divertir, de s’amuser et de rire est un désir légitime de la nature humaine... Actuellement, dans ce domaine, le cinématographe représente un instrument qui surpasse de loin tous les autres. Cette étonnante invention a pénétré la vie de l’humanité avec une rapidité encore jamais vue dans le passé. »
 
Le cinéma s’impose vite à ses yeux comme un moyen de dressage des masses - pardon, d’éducation ! Même le dessin animé a une fonction de dressage de l’enfance, comme le montre le monde de Walt Disney ou celui de Tex Avery aux USA. On peut aussi penser à Charlot ou au cinéma de Frank Capra, caricaturaux dans leurs ambitions éducatives et mimétiques.
 
« C’est un instrument qui s’offre à nous, le meilleur instrument de propagande, quelle qu’elle soit - technique, culturelle, antialcoolique, sanitaire, politique ; il permet une propagande accessible à tous, attirante, une propagande qui frappe l’imagination ; et de plus, c’est une source possible de revenus. »
La source possible de revenus a été bien exploitée du côté de Hollywood en tout cas, avec les plus grosses fortunes de l’époque ! Comme on sait, il règne une entente cordiale à l’époque entre l’URSS et l’Amérique de Roosevelt. Le cinéaste communiste et stalinien Eisenstein y sera reçu comme un roi quelques années plus tard. Je cite Eisenstein intentionnellement car il mêle subtilement dans son oeuvre le religieux (orthodoxe) et le cinématographe. Il le fait dans son chef d’oeuvre Alexandre Nevski et surtout dans Ivan le terrible. Ce n’est pas un hasard puisque l’un doit détrôner l’autre, après l’avoir vampirisé. Voici comment Trotski présente son affaire :
« Le cinématographe rivalise avec le bistrot, mais aussi avec l’Eglise. Et cette concurrence peut devenir fatale à l’Eglise si nous complétons la séparation de l’Eglise et de l’Etat socialiste par une union de l’Etat socialiste avec le cinématographe. »
 
Trotski a une vision politique et cynique de la religion, comme Hitler ou Napoléon, et sans doute bien d’autres politiciens : pour lui elle est un spectacle que l’on pourrait remplacer.
« On ne va pas du tout à l’église par esprit religieux, mais parce qu’il y fait clair, que c’est beau, qu’il y a du monde, qu’on y chante bien ; l’Eglise attire par toute une série d’appâts socio-esthétiques que n’offrent ni l’usine, ni la famille, ni la rue. La foi n’existe pas ou presque pas. En tout cas, il n’existe aucun respect de la hiérarchie ecclésiastique, aucune confiance dans la force magique du rite. On n’a pas non plus la volonté de briser avec tout cela. »
 
436px-leon_trotsky.jpgIl perçoit dans l’Eglise un ensemble de rites et de techniques dont on ferait bien de s’inspirer. C’est ce que font les gens du showbiz comme Coppola (les Baptêmes), les grandes messes ou bien sûr Madonna. Comme le rappelle Whoopi Goldberg dans Sister Act, les gens préfèrent aller à Las Vegas et payer que se rendre à la messe pour écouter gratis du chant sacré. The show is better ! Se voulant réaliste, Trotski ajoute :
« Le divertissement, la distraction jouent un énorme rôle dans les rites de l’Eglise. L’Eglise agit par des procédés théâtraux sur la vue, sur l’ouïe et sur l’odorat (l’encens !), et à travers eux - elle agit sur l’imagination. Chez l’homme, le besoin de spectacle, voir et entendre quelque chose d’inhabituel, de coloré, quelque chose qui sorte de la grisaille quotidienne -, est très grand, il est indéracinable, il le poursuit de l’enfance à la vieillesse. »
 
Optimiste pour l’avenir, Trotski estime que le cinéma remplacera l’Eglise et le reste parce qu’il offre un show plus riche et plus varié.
« Le cinématographe n’a pas besoin d’une hiérarchie diversifiée, ni de brocart, etc. ; il lui suffit d’un drap blanc pour faire naître une théâtralité beaucoup plus prenante que celle de l’église. A l’église on ne montre qu’un "acte", toujours le même d’ailleurs, tandis que le cinématographe montrera que dans le voisinage ou de l’autre côté de la rue, le même jour et à la même heure, se déroulent à la fois la Pâque païenne, juive et chrétienne. »
 
On comprend dès lors l’importance politique, psychologique, culturelle du cinéma comme moyen de dressage de masses et même des élites, puisqu’on a fait des westerns et des films de propagande des chefs d’oeuvre du genre humain et que l’on a créé le syndrome du film-culte souvent de genre satanique ou contrôle mental. Je pense aussi aux films catastrophes, éducateurs de masses en temps de crise (c’est-à-dire tout le temps) et aux films conspiratifs comme ceux de Tony Scott, qui vient de mourir d’une curieuse mort. Le réalisateur d’Ennemi d’Etat a tristement fini comme Daniel Gravotte, alias Sean Connery, jeté d’un pont dans l’Homme qui voulut être roi, mort éminemment pontife et symbolique. J’en profite pour rappeler la mort bizarre d’un certain nombre de cinéastes spécialistes du genre : Stanley Kubrick, Alan J.Pakula, Peter George (scénariste de Dr Folamour), les passionnants documentalistes Aaron Russo et Alan Francovitch. Le lecteur pourra se faire une idée en se penchent sur leur cas. Mais gare à la conspiration !
 
Je laisse encore une fois la parole à Trotski, ce grand homme et visionnaire inspirateur, si honteusement traité par le méchant Staline ! Pour beaucoup de gens à Hollywood ce fut d’ailleurs sa seule victime !
« Le cinématographe divertit, éduque, frappe l’imagination par l’image, et ôte l’envie d’entrer à l’église. Le cinématographe est un rival dangereux non seulement du bistrot, mais aussi de l’Eglise. Tel est l’instrument que nous devons maîtriser coûte que coûte!"
 

Alexander Dugin on Obama's Visit to Russia

Alexander Dugin on Obama's Visit to Russia

(English subtitles)

Presseschau - August 2012 (1)

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Presseschau

August 2012 (1)

Anbei einige Links. Bei Interesse anklicken...

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AUßENPOLITISCHES

(von Sarrazin…)
Zukunft Europas
Geburtsfehler Maastricht
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/europas-zukunft/zukunft-europas-geburtsfehler-maastricht-11822292.html

Der große Euro-Schwindel - Wenn jeder jeden täuscht
http://mediathek.daserste.de/sendungen_a-z/799280_reportage-dokumentation/11016614_der-grosse-euro-schwindel-wenn-jeder-jeden

ESM: Der ganz große Coup!
von Rolf von Hohenhau
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2012/07/19/esm-der-ganz-grosse-coup/

Versteckte Billionen: Steht die Blase vor dem Platzen?
http://www.theintelligence.de/index.php/wirtschaft/finanzen/4710-versteckte-billionen-steht-die-blase-vor-dem-platzen.html

Banken in der Finanzkrise
Monster in unserer Mitte
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/banken-in-der-finanzkrise-monster-in-unserer-mitte-1.1402049

"Dicke Bertha und Bazooka" – Die Waffen der EZB
Die EZB will eine Eskalation der Euro-Krise verhindern, doch allmählich gehen ihr die Optionen aus. Ein paar Waffen hat sie aber noch im Schrank, bevor am Ende nur noch die große Geldflut bleibt.
http://www.welt.de/wirtschaft/article108352272/Dicke-Bertha-und-Bazooka-Die-Waffen-der-EZB.html

Schuldenkrise in Spanien
Wie Kleinanlegern spanische Bankaktien aufgedrängt wurden
http://www.spiegel.de/wirtschaft/wie-kleinanlegern-spanische-bankaktien-aufgedraengt-wurden-a-841791.html

Schuldenkrise Jetzt brennt Spanien
http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/europas-schuldenkrise/spanien/schuldenkrise-jetzt-brennt-spanien-11827688.html

In den Niederlanden droht eine Immobilienblase zu platzen
http://diepresse.com/home/wirtschaft/eurokrise/1269777/In-den-Niederlanden-droht-eine-Immobilienblase-zu-platzen?_vl_backlink=/home/index.do

Finnland droht: „Wir sind auf einen Euro-Austritt vorbereitet“
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2012/07/06/finnland-droht-%E2%80%9Ewir-sind-auf-einen-euro-austritt-vorbereitet/

Griechen machen Jagd auf korrupte Politiker
http://www.welt.de/politik/ausland/article108335323/Griechen-machen-Jagd-auf-korrupte-Politiker.html

Gigantische Öl- und Gasvorkommen in Griechenland
Verarmtes Griechenland schläft über die größten Bodenschätze der heutigen Zeit.
http://www.grevenbroichtv.de/index.php?id=2583

Griechenlandkrise - Öl, Bodenschätze und Rüstung
http://www.youtube.com/watch?v=UD6FNUfHjxo

Bedeutende Öl- und Gasfunde lassen die Spannungen in der Ägäis anwachsen
http://www.neopresse.com/politik/bedeutende-ol-und-gasfunde-lassen-die-spannungen-in-der-agais-anwachsen/

(Eurokrise)
Panik-Manipulation
http://www.saarbruecker-homepage.de/startseite-k2/item/311-panik-manipulation

INDECT - EU-Überwachunsgprojekt
http://de.wikipedia.org/wiki/INDECT

EU-Übelsetzungen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M569d2fe2ce5.0.html

Auslandsverschuldung der USA steigt auf $ 5,26 Billionen
http://www.goldreporter.de/auslandsverschuldung-der-usa-steigt-auf-526-billionen/news/24616/

US-Rentensystem wankt: Finanzloch von unfassbaren $ 4,6 Billionen!
http://www.wirtschaftsfacts.de/?p=21976

Chinas Konjunktur
Die Volksrepublik steht vor dem Absturz
Nach Jahrzehnten des steilen Wachstums schwächt sich Chinas Entwicklung ab. Viele bisher gut vertuschte Strukturprobleme treten nun zu Tage. Experten warnen vor dem ganz lauten Knall.
http://www.welt.de/wall-street-journal/article107809053/Die-Volksrepublik-steht-vor-dem-Absturz.html

Deutscher Kunstmanager seit Monaten in Haft
In den Fängen des chinesischen Staatskapitalismus
Der Kunstspediteur Nils Jennrich wurde wegen Schmuggels verhaftet und sitzt isoliert in einem chinesischen Gefängnis. Anklage wurde nicht erhoben. Beobachter vermuten dahinter eine Staatskampagne - und keinen Einzelfall.
http://www.handelsblatt.com/politik/international/deutscher-kunstmanager-seit-monaten-in-haft-in-den-faengen-des-chinesischen-staatskapitalismus-seite-all/6827316-all.html

Bergkarabach: Konfliktregion im Grenzgebiet
http://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/weltbilder/media/weltbilder2291.html

Russland
Heilige Werte beschädigt: Punk-Musikerinnen bleiben in Haft
http://www.unzensuriert.at/content/009406-Heilige-Werte-besch-digt-Punk-Musikerinnen-bleiben-Haft

(Moldawien)
Parlament verbietet Hammer und Sichel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57d5840116b.0.html

Spindelegger zeigt kein Engagement für geschändetes Donauschwaben-Denkmal
http://www.unzensuriert.at/content/009252-Spindelegger-zeigt-kein-Engagement-f-r-gesch-ndetes-Donauschwaben-Denkmal

Yad Vashem ändert Pius-Gedenktafel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5351e7dd965.0.html

(skurril)
Miss Holocaust-Überlebende in Israel gekürt
http://www.spickmich.de/news/201207011700-miss-holocaust-ueberlebende-in-israel-gekuert

(Deutsche Eliten in Kumpanei mit US-Interessen und Islamisten)
Syrische Aufständische planen in Berlin Zeit nach Assad
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55f64ccf762.0.html

Niederlage der Islamisten in Libyen ist paradox
http://www.welt.de/debatte/die-welt-in-worten/article108363124/Niederlage-der-Islamisten-in-Libyen-ist-paradox.html

(Der ewige Kampf gegen das „Heidentum“…)
UNESCO-Erbe zerstört: Hintergründe der Gewalt in Timbuktu
http://www.unzensuriert.at/content/009243-UNESCO-Erbe-zerst-rt-Hintergr-nde-der-Gewalt-Timbuktu

„Interreligiöser Dialog“: Jungem Buddhisten droht bei Saudis die Todesstrafe
http://www.unzensuriert.at/content/009311-Interreligi-ser-Dialog-Jungem-Buddhisten-droht-bei-Saudis-die-Todesstrafe

Ägypten soll minderjährigen Christen freilassen
http://www.idea.de/detail/menschenrechte/detail/aegypten-soll-minderjaehrigen-christen-freilassen.html

CJD setzt sich für Kopten ein
http://newsofcid.wordpress.com/2012/07/23/cjd-setzt-sich-fur-kopten-ein/

Mailand: Pfarrer verwehrt Zigeunern Zutritt
http://www.unzensuriert.at/content/009244-Mailand-Pfarrer-verwehrt-Zigeunern-Zutritt

John Young
"WikiLeaks hat sich mit den Regierungen verbündet"
http://www.zeit.de/digital/internet/2012-07/john-young-cryptome-interview-wikileaks

(So werden im britischen Heer Infanteristen auf den Kampfeinsatz vorbereitet. In der Bundeswehr wohl undenkbar ...)
British Army Bayonet Training
http://www.youtube.com/watch?v=_Op1zjd7KKE

Europarat fordert Überprüfung der „Goldenen Morgenröte“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56051d31522.0.html

Belgiens Zerfall
http://www.fr-online.de/meinung/auslese-belgiens-zerfall,1472602,16635766.html

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

Wird mit dem ESM der Weg zur Finanzdiktatur frei?
Fragen zur Finanzkrise, dem Euro, Griechenland und dem ESM, aber auch zum Stil ihrer Politik und der Logik des permanenten Rettungsimpulses in Europa. Ein Brief zum 58. Geburtstag der Kanzlerin. Von Cora Stephan
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article108305679/Wird-mit-dem-ESM-der-Weg-zur-Finanzdiktatur-frei.html

Deutschland bekommt ein gewaltiges Schuldenproblem
http://www.goldreporter.de/deutschland-bekommt-ein-gewaltiges-schuldenproblem/gold/24367/

So gefährlich kann der ESM für Deutschland werden
http://www.welt.de/finanzen/article108285556/So-gefaehrlich-kann-der-ESM-fuer-Deutschland-werden.html

(Grusel-Oetti meldet sich mal wieder…)
Oettinger wirbt für Vereinigte Staaten von Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M597411f726e.0.html

(Er muss noch viele Medienkampagnen anstossen…)
Mehrheit der Deutschen gegen Vereinigte Staaten von Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53bfbb176e0.0.html

(na, ist doch alles in Butter…)
Deutsche mit Angela Merkel zufrieden
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b08908d449.0.html

Raus aus dem Euro! – Rein in den Knast?
Christian Wolf
Tummeln sich in Deutschland die dreistesten und heuchlerischsten Verfassungsfeinde der Welt? Man müsste gar nicht lange nach ihnen fahnden. Sie sitzen im Parlament – als Zweidrittel-Mehrheit der Bundestagsabgeordneten. Und denken nicht daran, das Grundgesetz (das ja auch nur als Vorstufe zu einer vom Volk legitimierten Verfassung dienen soll) zu achten oder den Willen der überwältigenden Mehrheit der Deutschen zu respektieren oder gar zu vertreten.
http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/christian-wolf/raus-aus-dem-euro-rein-in-den-knast-.html

Euro-Krise: Sarrazin attackiert Schäuble
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M587ae243a0d.0.html

Juncker geht hart mit Deutschland ins Gericht
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57a27f7e011.0.html

Anrufe bei Professoren
Regierung setzt kritische Ökonomen unter Druck
http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/anrufe-bei-professoren-regierung-setzt-kritische-oekonomen-unter-druck/6901090.html

ESM-Widerstand: Schachtschneider, Hankel, Popp
http://www.youtube.com/watch?v=dwoGTy4UTxU

Brief an Bundestagsabgeordnete
NPD stellt Demokratie "Todesbescheinigung" aus
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/npd-verschickt-demokratie-todesbescheinigung-an-bundestagsabgeordnete-a-844511.html

Wir selbst in Europa – Identitäre Notizen (1)
http://www.sezession.de/32867/wir-selbst-in-europa-identitare-notizen-1.html

Wir selbst in Europa (2) – Einheit und Souveränität
http://www.sezession.de/32940/wir-selbst-in-europa-2-einheit-und-souveranitat.html

Helmut Schmidt "Weltmacht wird Europa nicht"
Wir wollen unsere nationalen Identitäten bewahren, doch an der europäischen Integration führt kein Weg vorbei.
http://www.zeit.de/2012/28/Schmidt-Rede-Warburg-Preis

Spekulationen über wahre Beweggründe der Regierung
Die Eurokrise – eine deutsche Verschwörung?
http://www.focus.de/finanzen/doenchkolumne/spekulationen-ueber-wahre-beweggruende-der-regierung-die-eurokrise-eine-deutsche-verschwoerung_aid_776054.html

Europa
Die Mär vom Euro-Gewinner Deutschland
http://www.tagesspiegel.de/meinung/europa-die-maer-vom-euro-gewinner-deutschland/6830732.html

"Europa ist ohne die Beteiligung der Bürger aufgebaut worden. Das war ein großer Fehler"
Oskar Lafontaine spricht im Interview über die Piraten, Demokratiedefizite in Europa und die Bilderberg-Konferenzen
http://www.heise.de/tp/artikel/37/37291/1.html

(Ein guter Kommentar zum ESM von Stefan Scheil)
Der Prozeß
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59b99ce675f.0.html

Albtraumhafte Schuldenbombe: Die nächste Krisenwelle wird verheerend sein
http://www.propagandafront.de/1120720/albtraumhafte-schuldenbombe-die-nachste-krisenwelle-wird-verheerend-sein.html

Schuldenkrise Berlins
Widerstand gegen Euro-Bonds bröckelt
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/von-der-leyen-schliesst-euro-bonds-nicht-aus-a-843205.html

Wenn der Euro crasht…
http://krisenfrei.wordpress.com/2012/05/23/wenn-der-euro-crasht/

Zwangsanleihen wegen Euro-Crash
http://pit-hinterdenkulissen.blogspot.de/2012/07/zwangsanleihen-wegen-euro-crash.html

Angriff auf Nation und Demokratie
Deutschlands politische Elite sucht den Fluchtweg
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=345

Linke Journalistin wird Sprecherin Gaucks
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ba18bd1779.0.html

Bundestag verkauft Bürgerrechte in nur 57 Sekunden
Ein Video entlarvt die Heuchelei der Politik: Die Abstimmung darüber, dass Meldeämter alle Bürgerdaten an Adresshändler und Werbetreibende weitergeben dürfen, ist ein Tiefpunkt des Parlamentarismus.
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article108124972/Bundestag-verkauft-Buergerrechte-in-nur-57-Sekunden.html

Meldegesetz: Der populistische Empörungssturm
http://uhupardo.wordpress.com/2012/07/09/meldegesetz-der-populistische-emporungssturm/

Beschneidung von Jungen
Kommentar: Unauflösbarer Widerspruch
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/beschneidung-juedischer-muslimischer-jungen-problem-religion-entscheidungsfreiheit-kinder-2430978.html

Der antiliberale Affekt: Fundamentalismus ohne Fundament
http://www.sezession.de/33187/der-antiliberale-affekt-fundamentalismus-ohne-fundament.html#more-33187

Identitäre Notizen zur Beschneidungsfrage
http://www.sezession.de/33191/identitare-notizen-zur-beschneidungsfrage.html/3

(Zur Kampagne für Kitas…)
Die Familie als nächtliche Parkgarage
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5749d21b5e6.0.html

Diese drei Entwürfe sind im Finale
DAS wird Leipzigs Einheitsdenkmal
http://www.bild.de/regional/leipzig/denkmal/so-wird-leipzigs-einheitsdenkmal-25039180.bild.html

Fünf Randnotizen zum Leipziger Einheits- und Freiheitsdenkmal
http://www.sezession.de/33136/funf-randnotizen-zum-leipziger-einheits-und-freiheitsdenkmal.html

Gesellschaftskritik
Über Piraten-Kluft
http://www.zeit.de/2012/27/Gesellschaftskritik-Piraten-Kluft

(Zur SPD)
Vaterlandslos
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M532a40e22f3.0.html

Grüne Gedenkkultur holt Guernica nach Dresden
http://www.unzensuriert.at/content/009274-Gr-ne-Gedenkkultur-holt-Guernica-nach-Dresden

(Für NVAs aber sicher schon…)
Linkspartei gegen Ehrengeleit für verstorbene Wehrmachtsoffiziere
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55dccc09833.0.html

(Antideutsche Klischees im Film)
Nachtrag am Ende des heutigen Tages – Marie Ketteler, Gretel Bergmann, Berlin 1936
http://www.sezession.de/33024/nachtrag-am-ende-des-heutigen-tages.html#more-33024

(amüsant)
Neues vom Hakenkreuz
http://www.sezession.de/32937/neues-vom-hakenkreuz.html#more-32937

(etwas älter, aber sehenswert)
ARD-exclusiv: Rot - Grün macht Kasse - Panorama - NDR - DAS ERSTE
http://www.youtube.com/watch?v=vGeLYQzDgEY

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS

„NSU“-Ausschuss
Abgeordnete fordern „Stopp der Aktenvernichtung“
Ausgerechnet das Bundesinnenministerium soll im November 2011 die Vernichtung von Protokollen des Verfassungsschutzes zur Terrorgruppe „NSU“ angeordnet haben. Abgeordnete des Untersuchungsausschusses im Bundestag sind „fassungslos“.
http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/rechtsextremismus/nsu-ausschuss-abgeordnete-fordern-stopp-der-aktenvernichtung-11825077.html

Was der Verfassungsschutz verschweigt,
http://www.sezession.de/32851/was-der-verfassungsschutz-verschweigt.html#more-32851

Verfassungsschutzchef Fromm reicht Rücktritt ein
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54c77e26837.0.html

Schlapphut ade?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M572ee578b92.0.html

Neue Vorwürfe gegen Thüringens Ex-Verfassungsschutz-Chef Roewer
Deutschlands peinlichster Geheimdienstler
http://www.bild.de/politik/inland/nsu/verfassungsschutz-chef-helmut-roewer-25100734.bild.html

Thierse fordert Bundesstiftung gegen Rechts
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M58b843fb69d.0.html

(Hervorragender Kommentar von Michael Klonovsky zu linken Zensurbestrebungen)
Die Ver.di-Jugend spielt FDJ
http://s14.directupload.net/images/120704/u6yjef35.jpg

(Akademische Anti-Nationalisten)
Flaggengefahr: EM-Nachtag
http://www.sezession.de/32929/flaggengefahr-em-nachtag.html#more-32929

(Zum Netzwerk FARE)
Der Ball ist nicht rund, sondern antirassistisch
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fed9c531f8.0.html

Occupy-Camp wird Auffanglager für Randgruppen, die Kapitalismuskritik wenig interessiert
http://www.op-online.de/nachrichten/frankfurt-rhein-main/statt-protest-viele-probleme-2414572.html

„Institut für vergleichende Irrelevanz“ in einem besetzten Haus erhitzt die Gemüter in Frankfurt / Räumung naht
Gegen-Uni oder „Hort der Irren“?
http://www.op-online.de/nachrichten/frankfurt-rhein-main/gegen-uni-oder-hort-irren-2384929.html

(Zum „Institut für vergleichende Irrelevanz“ (IVI))
Intellektuelle Heimatlosigkeit
Gedanken zu den Raumdieben im Westend
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=347

Dortmund
CDU warnt vor linksextremem Antifacamp
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M58a71342a6b.0.html

(„No-Border-Camp“)
Düsseldorf
Aktivisten müssen mit Strafanzeigen rechnen
http://www.rp-online.de/region-duesseldorf/duesseldorf/nachrichten/aktivisten-muessen-mit-strafanzeigen-rechnen-1.2917987
(mit Fotostrecke)

(„No-Border-Camp“)
Grüne rechtfertigen Räumung besetzter Geschäftsstelle
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5c37b64744f.0.html

“OP Blitzkrieg”: Anonymous-Hacker veröffentlichen Kundendaten von konservativem Modelabel konmo.de
http://deutschlandecho.org/index.php/2012/07/05/op-blitzkrieg-anonymous-hacker-veroffentlichen-kundendaten-von-konservativem-modelabel-konmo-de/

Betrugsvorwurf gegen Skandalautor Wallraff
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5122fd36513.0.html

(Zum Internet-Mobbing)
„Martin Mollnitz“ oder Kleines Toleranzstückchen
http://www.sezession.de/32978/martin-mollnitz-oder-kleines-toleranzstuckchen.html#more-32978

Urteil im Burschenschafter-Streit gefallen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M500789cb02d.0.html

Politische Justiz: der Fall Norbert Weidner
http://www.sezession.de/33141/politische-justiz-der-fall-norbert-weidner.html#more-33141

Deutsche Burschenschaft nicht verfassungsfeindlich
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50f2b8ffb14.0.html

Türken-Zeitung Hürriyet interessiert sich für Deutsche Burschenschaft
http://www.unzensuriert.at/content/009242-T-rken-Zeitung-H-rriyet-interessiert-sich-f-r-Deutsche-Burschenschaft

(Linke Aufregung um ein „Sleipnir“-Lied bei Hunsrück-Schulfeier)
Im Sommerloch – und plötzlich: Nazis!
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M523ed242931.0.html

Schulabschluß mit Sleipnir
http://www.sezession.de/33339/schulabschlus-mit-sleipnir.html#more-33339

Hakenkreuz-Cup in Karlsruhe: "Ich vermiete nicht an Nazis"
http://www.ka-news.de/region/karlsruhe/Hakenkreuz-Cup-in-Karlsruhe-Ich-vermiete-nicht-an-Nazis;art6066,844803

Polizei verhindert rechten Kick in Schluttenbach
http://www.ka-news.de/region/ettlingen/Polizei-verhindert-rechten-Kick-in-Schluttenbach;art6012,911088

(Auch hier ist mal wieder eine „antifaschistische“ Großtat vollbracht worden…)
NPD Kundgebung Wiesbaden und Frankfurt
Kein Platz für die Rechten
http://www.fr-online.de/rhein-main/npd-kundgebung-wiesbaden-und-frankfurt-kein-platz-fuer-die-rechten,1472796,16733358.html
(Man achte einmal auf die Zahlenangaben zu diesem mutigen Protest im Jubelartikel der „Frankfurter Rundschau“: „Rund 200 Demonstranten hatten die neun NPDler am Bahnhofsvorplatz so laut ausgepfiffen, dass von ihren Reden kaum etwas zu verstehen war. Zudem übertönte immer wieder lautes Glockengeläute die Redner.“)

Dortmunder erstattet Anzeige wegen NPD-Wahlplakat
http://www.derwesten.de/politik/dortmunder-erstattet-anzeige-wegen-npd-wahlplakat-id6886330.html

Vermummte Linksextremisten überfallen Berliner Bio-Hotel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56ca896a1f7.0.html

Berlin
Bio-Hotel lässt sich nicht vertreiben
http://www.tagesspiegel.de/berlin/bio-hotel-laesst-sich-nicht-vertreiben/6889084.html

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

Peter Sutherland, UN-Migrationsbeauftragter: “EU soll ethnische Homogenität zerstören!”
http://korrektheiten.com/2012/06/23/peter-sutherland-un-migration-ethnische-homogenitaet-multikulturell/

EU-Kommissarin plädiert für mehr Einwanderung nach Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M575174ce784.0.html

(Deutschland beliebter als der EU-Standard…)
Gericht untersagt Abschiebung nach Italien
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ded38a8204.0.html

Tschetschenen-Flüchtlinge fahren auf Heimaturlaub
http://www.unzensuriert.at/content/009463-Tschetschenen-Fl-chtlinge-fahren-auf-Heimaturlaub

Der Untergang des Abendlandes in Anekdoten (2) – Neues von der Gebärfront
http://www.sezession.de/32983/der-untergang-des-abendlandes-in-anekdoten-2-neues-von-der-gebarfront.html

Post bringt Integrationsbriefmarke raus
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fe63f71c1b.0.html

(Kommentar zur Propagandabriefmarke)
Klebrige Integration
http://www.sezession.de/32877/klebrige-integration.html#more-32877

(Man wüsste gerne, welche Klientel vorrangig diesen Ärger fabriziert…)
Darmstadt: Konflikte und Pöbeleien sind laut einer Studie in manchen Branchen fast schon Alltag
http://www.op-online.de/nachrichten/hessen/frustrierte-kunden-schreien-drohen-2424120.html

(„Im Visier der Ermittler: Dr. Aiman O. (45). Er soll vermögende Patienten aus dem Ausland bevorzugt haben und schneller mit Spenderorganen versorgt haben.“)
Organspende-Skandal! Staatsanwalt prüft Ermittlungen wegen Tötung durch Unterlassen
http://www.bild.de/news/inland/transplantation/staatsanwalt-ermittelt-gegen-mediziner-25264710.bild.html

(Zu Bebenburg/Thieme)
Übrig blieben dummdeutsche Biersäufer
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53757b1fd74.0.html

FDP fordert Willkommenskultur für Einwanderer
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ab024ced8f.0.html

Grüne fordern Gleichstellung des Islam mit Christentum
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5cf0516d45d.0.html

(Rassismus-Vorwurf gegen griechische Sportlerin)
Vorauseilender Gehorsam
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5dc261d1b72.0.html

Unglaubliche Rassismus-Vorwürfe gegen Fußballklub
http://www.unzensuriert.at/content/009228-Unglaubliche-Rassismus-Vorw-rfe-gegen-Fu-ballklub

Stoppt Racial Profiling!
http://openpetition.de/petition/online/stoppt-racial-profiling
(Spielfilm-Propaganda)
Kebab mit alles
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5076c353bba.0.html

Frankfurt
Polizeibeamter in Nieder-Eschbach Opfer von Migranten-Gewalt
Täter auf freien Füßen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=341

(Antwort an die „Frankfurter Rundschau“)
Der Wahrheit und Realität verpflichtet
FREIE WÄHLER in Frankfurt bleiben unbeirrt
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=342

Schläger im Auto unterwegs - Offenbach
Am Samstagabend, gegen 23:30 Uhr, wurden ein 29 und 31 Jahre alter Offenbacher im Französischen Gässchen aus einem Pkw heraus angepöbelt. Der silberfarbene Audi A4 mit Aschaffenburger Kennzeichen hielt anschließend an und die vier Insassen griffen die beiden zuvor angepöbelten Männer tätlich an. Beide Männer wurden auf offener Straße niedergeschlagen und am Boden liegend getreten. Die Geschädigten konnten keinerlei Beschreibung der Täter abgeben. Ihrer Schilderung nach, soll es sich jedoch um Menschen russischer Abstammung handeln. Hinweise nimmt die Polizei unter der Telefonnummer 069/8098-1234 entgegen.
http://www.24pr.de/polizei/polizeimeldung-587762.html

Auf der Straße zusammengeschlagen - Rodgau
Am Sonntagmorgen, gegen 2.30 Uhr, gingen vier Personen laut streitend die Frankfurter Straße entlang. Aus einem Pkw heraus, der an ihnen vorbei fuhr, wurden die Streithähne angesprochen, dass sie zu laut seien. Unmittelbar danach wurde das Fahrzeug in der Hanauer Straße geparkt und die vier Insassen kamen auf die Streithähne zu und griffen diese an. Es entwickelte sich eine Schlägerei, bei welcher drei der vier Ruhestörer nicht unerheblich verletzt wurden. Anschließend flüchteten die Angreifer in Richtung ihres Pkw. Nach Angaben der Opfer soll es sich bei den Tätern um vier 20 bis 25 Jahre alte Südländer mit dunklen Haaren handeln. Die Frisuren der Schläger sollen teilweise extrem kurz und an den Seiten rasiert gewesen sein. Die Polizei bittet um Hinweise unter der Telefonnummer 069/8098-1234.
http://www.24pr.de/polizei/polizeimeldung-587762.html

Mord von Sarstadt
Lebenslange Haft für 38-Jährigen
http://www.haz.de/Nachrichten/Der-Norden/Uebersicht/Lebenslange-Haft-fuer-38-Jaehrigen

Chaos im Gerichtssaal nach "Ampelmordprozess"
http://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/hallo_niedersachsen/hallonds10465.html

Massenschlägerei in Münchner Moschee fordert viele Verletzte
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fe199b6097.0.html

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

Häusle-Bauer aufgepasst: Abzocke mit Wärmedämmung
http://www.compact-magazin.com/index.php?option=com_content&view=article&id=297:haeusle-bauer-abzocke-durch-waermedaemmung&catid=3:newsflash

(Architektur der Moderne)
Pinakothek der Moderne – wegen Pfusch am Bau geschlossen
http://www.tagesschau.sf.tv/Nachrichten/Archiv/2012/07/12/Kultur/Pinakothek-der-Moderne-wegen-Pfusch-am-Bau-geschlossen

(Zum Kampf um den Abriss des DDR-Mercure-Hotels in Potsdam und die ostalgische Mentalität im Jahr 22 nach der Wiedervereinigung)
Potsdamer Phantomschmerzen
Bei den Schlachten für und gegen Schlösser oder Kunsthallen geht es um mehr als Architektur und Stadtgestaltung
http://www.maerkischeallgemeine.de/cms/beitrag/12359603/62249/Bei-den-Schlachten-fuer-und-gegen-Schloesser-oder.html

Schlösser im Land Brandenburg - Vergessene Kostbarkeiten !?!
http://brandenburg.rz.htw-berlin.de/kostbarkeiten.html

Zionskirche Dresden - Das Lapidarium
http://www.youtube.com/watch?v=3ulgrVI82eg

Deutschlands hektischer Kampf gegen das Beschneidungsverbot
http://www.unzensuriert.at/content/009320-Deutschlands-hektischer-Kampf-gegen-das-Beschneidungsverbot
   
Der soldatische Mann
Rückzug der Vernunft: Die Debatten um das Beschneidungsverbot von Köln und Martin Mosebachs Forderung nach einer Strafe für Blasphemie täuschen Mehrheitsmeinungen vor
http://www.boent.eu/beschneidung.html

„Wenn die Eliten ratlos sind, fragen sie die Anarchisten“
Der US-amerikanische Ethnologe und Anarchist David Graeber erläutert, weshalb die freie Weltgesellschaft nicht auf Geld verzichten muss und warum wir heute schon im Kommunismus leben.
http://jungle-world.com/artikel/2012/28/45865.html

Interview mit Alexander Demandt
"Die trotzige Haltung - sie steckt den Deutschen im Blut"
http://www.weltwoche.ch/ausgaben/2009-19/artikel-2009-19-interview-alexan.html

Neue Spur im Fall Barschel
http://www.berliner-zeitung.de/panorama/barschel-neue-spur-im-fall-barschel,10808334,16739238.html

Sag ja zur 24-Stunden-Kita!
http://faz-community.faz.net/blogs/deus/archive/2012/07/10/sag-ja-zur-24-stunden-kita.aspx

Das letzte Hemd für Merkel…
http://www.meinletzteshemd.eu/

W.I.R. - Wiens Identitäre Richtung
http://wirfürwien.at/?page_id=47

Der Funke
http://www.der-funke.info/

Zeitgeist und Demokratismus
http://bv-journal.blogspot.de/2012/07/zeitgeist-und-demokratismus.html?spref=fb

Wissensmanufaktur
http://www.wissensmanufaktur.net/

Wo, bitte, geht's zum „Bätscheler“?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5125332af28.0.html

Digitale Bohème in Berlin
Diese verflixten tausend Euro
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/digitale-boheme-in-berlin-diese-verflixten-tausend-euro-11823254.html

Der Wettbewerb der Gauner: Über das Unwesen der Demokratie und den Ausweg in die Privatrechtsgesellschaft
http://www.amazon.de/Der-Wettbewerb-Gauner-Demokratie-Privatrechtsgesellschaft/dp/392639658X/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1341862999&sr=8-1

(Kampf der Saatgutkonzerne gegen private Gärtner und Kleinbauern…)
EU-Gericht bricht die Macht der Saatgut-Weltkonzerne
http://www.mainpost.de/ueberregional/politik/brennpunkte/EU-Gericht-bricht-die-Macht-der-Saatgut-Weltkonzerne;art112,6895041
KOKOPELLI – Wir überlassen das Saatgut nicht den Konzernen
http://renegraeber.de/blog/kokopelli-ueberlassen-saatgut-nicht-konzernen/

(In Neuseeland haben sie schon gewonnen)
Lobbyarbeit von Monsanto: Anbau eigener Lebensmittel in Neuseeland genehmigungspflichtig
http://www.goldseiten.de/artikel/135680--Lobbyarbeit-von-Monsanto~-Anbau-eigener-Lebensmittel-in-Neuseeland-genehmigungspflichtig.html

Ökowatch
http://oekowatch.org/index.php/de/ueber-oekowatch

Dreschflegel - Saatguthandel
http://www.dreschflegel-saatgut.de/index.php

(Ein Projekt der Deutschen Bank)
Vegetarisches Restaurant GoboChia in Frankfurt spendet Umsätze
http://www.gastronomieguide.de/blog/vegetarisches-restaurant-gobochia-frankfurt-spendet-umsaetze/

Obdachlosen-Tafeln
Fiskus greift sich Lebensmittel-Spender
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/steuern-fuer-sachspenden-an-tafeln-lebensmittel-besser-wegwerfen-a-845365.html

(Political Correctness treibt neue Blüten)
Australien
Rennpferd muss anstößigen Namen wechseln
http://www.suedostschweiz.ch/vermischtes/rennpferd-muss-anstoessigen-namen-wechseln

Entdeckung des Verlustprinzips
Ein in Berlin entwickeltes Videospiel belebt die Pazifismus-Debatte in den USA neu: Das Kriegsepos "Spec Ops" bringt dem Spieler bei, sich für die eigenen Gräueltaten zu schämen
http://www.welt.de/print/die_welt/kultur/article107702204/Entdeckung-des-Verlustprinzips.html

Gema-Reform: Das Ende der Clubszene?
http://www.wz-newsline.de/lokales/moenchengladbach/gema-reform-das-ende-der-clubszene-1.1038509

Batman abgestumpft
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bdaa626446.0.html

(Buch: Matthew Stokoe: High Life)
Wie Chandler auf Heroin und Hammett auf Crack
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54af7fe6a00.0.html

„Picasso war wie ein Taliban“
Die Malerin Françoise Gilot lebte zehn Jahre mit Pablo Picasso zusammen. Eine Katastrophe, sagt sie – aber eine wunderschöne.
http://sz-magazin.sueddeutsche.de/texte/anzeigen/37801

(Political Correctness hat neues Opfer gefunden…)
Deutschland 2012: Krankland, Feigland
Russischer Starsänger aus Bayreuth vertrieben
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=351

(Ebenfalls zu Bayreuth)
Die Frist ist um …
http://www.sezession.de/33203/die-frist-ist-um.html#more-33203

(Zu Black Metal)
Schwarze Berserker
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5f8b9958f60.0.html

(Tja, so stellen sich Pop-Linke vermutlich den Weg zur antikapitalistischen Gesellschaft vor…)
Disturbed - Land Of Confusion
http://www.youtube.com/watch?v=wmE-fh6oqJ4&feature=related


samedi, 15 septembre 2012

Valt Syrië uiteen?

Peter LOGGHE:
 
Valt Syrië uiteen?
 
Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief, Nr. 62, Augustus 2012

In de nationale pers was de jongste weken te lezen dat het conflict in Syrië steeds meer een internationaal karakter aan het krijgen is. Zo liet de Amerikaanse minister van Defensie zich onder andere in De Standaard (15.08.2012) uit over het feit dat de Iraanse revolutionaire Garde bezig is met de vorming van een militie die in Syrië aan de zijde van het regime zal strijden en zo het Syrische leger een adempauze wil gunnen. Minister Panetta liet niet na Iran hierover te waarschuwen: “Iran zou zich beter bezinnen over zijn inmenging”.

Leon PanettaMinister Panetta vergeet er ondertussen wel bij te vertellen dat zowat de ganse wereld zich ondertussen aan het moeien is in de regio, en dat Syrië de speelbal dreigt te worden van het internationale geopolitieke spel. Iran speelt daarin zijn rol, maar ook niet meer dan dat. De bondgenoot van de VS, Saoedi-Arabië, speelt er samen met andere Arabische emiraten en staten een vooraanstaande rol in de bewapening en opleiding van de rebellen.

Is de internationalisering van het conflict een ernstig gevaar, dan is de versplintering van het land dat misschien nog meer, aldus het Duitse jong-conservatieve weekblad Junge Freiheit. Immers, Syrië is allesbehalve een homogeen islamitisch of Arabisch land, verre van daar. In Wikipedia bijvoorbeeld vindt men volgende samenstelling:

“Van de bevolking is 90% moslim en 10% christen. In afwijking van de meeste andere Arabische landen is de islam geen staatsgodsdienst, maar wel de publieke religie en de sharia is een belangrijke bron van het Syrische recht. De identiteit van Syrië is echter vanouds nadrukkelijk Arabisch, en pas in de tweede plaats islamitisch. Christenen hebben tijdens de regeerperiodes van de beide Assads grote vrijheid genoten en de inheemse kerken kunnen relatief gemakkelijk nieuwe kerken bouwen.

Het grootste deel van de moslims (74 % van de Syrische bevolking) behoort tot de soennitische moslims. Daarnaast zijn er andere islamitische minderheden waartoe 16 % van de bevolking behoort. De islamitische minderheden zijn de alawieten (een stroming die vaak tot de sjiieten gerekend wordt), waartoe ook president Assad behoort (ook noessairi's genoemd) (circa 7%) en de ismaëlieten (circa 1,5%). Er zijn ook Druzen (circa 2%)”.
 
 
Het gevaar dat dit multinationale en multiculturele land uit elkaar valt, is niet denkbeeldig, zeker omdat er tekenen zijn die het einde van het Assadregime aankondigen: de aanslagen in de hoofdstad Damascus, de binnenste cirkel van de macht dus, nemen toe. Er was de vlucht van de soennitische minister-president Riyad Hidsjab naar Quatar. En ook de VN-missie bleek een maat voor niets.

Wat voor anderhalf jaar nog leek op een intern-Syrisch probleem, met wat protesten in Deraa, heeft zich ondertussen ontwikkeld tot een conflict waarbij interne Syrische wrijvingen en politieke aspiraties van buitenlandse machten elkaar overlappen. De interne Syrische wrijvingen blijken al uit de bevolkingssamenstelling.

Tot het einde van de Eerste Wereldoorlog behoorde Syrië tot het Ottomaanse Rijk, maar werd daarvan – vooral in het belang van de koloniale Frankrijk – losgekoppeld en werd een autonoom gebied, waarin Koerden, Druzen en Arabieren hun plaats moesten veroveren. Soennieten en Sjiieten, christenen en alawieten.  Pas in 1946 werd het onafhankelijk, maar tot op vandaag, ondanks pogingen van de regerende Baathpartij, bleek het onmogelijk een identiteit op te bouwen.

Daarboven komt dat de Soennieten, die de meerderheid van de bevolking uitmaken, zich steeds heftiger keren tegen het regime van de Assads, dat zich baseert op de Alawitische, christelijke en sjiietische minderheden. Het samenleven van die verschillende groepen wordt blijkbaar moeilijker, wat door het religieus fanatisme van moslimstrijders in de rijen van de rebellen nog wordt verzwaard: steeds vaker is er sprake van een “heilige oorlog” tegen de ongelovigen.

Joshua LandisHet Duitse weekblad haalt de befaamde Amerikaanse politicoloog Joshua Landis aan, die stelt dat bij het verdwijnen van het Assadregime “niet moet worden gerekend op een standvastige homogene staat en al helemaal niet met een democratie naar westers model, maar wel met chaos en gewelddadige ontwikkelingen op het binnenlands vlak”. Er zal een versplinteringsproces op gang komen, aldus de Amerikaanse specialist.

De geografische breuklijnen volgens etnische en religieuze bevolking zijn volgens hem al duidelijk. De christelijke diaspora is al bezig, naar het buitenland, maar ook naar de naburige "autonome regio" Koerdistan met hoofdstad Erbil, die de hooggekwalificeerde christenen maar al te graag opneemt. Het Assadregime geraakt ook steeds nadrukkelijker de controle kwijt in het noordoostelijk gelegen Koerdisch gedeelte van Syrië, en de Koerden daar beroemen er zich nu al op dat er een de facto onafhankelijke staat aan het ontstaan is. Ze hebben onvoorwaardelijk met Syrië gebroken, en boven de gebouwen wappert de Koerdische vlag. De Koerdische president in Erbil, Masoed Barzani, heeft de Koerden in Syrië al een soort peterschap aangeboden, een verdrag is in de maak, en de Pesjmergastrijdkrachten zouden Syrische Koerden aan het opleiden zijn: Turkije volgt de ontwikkelingen in de verschillende Koerdische gebieden bijzonder aandachtig op.

Ook de Alawieten, waartoe de familie Assad behoort, trekken zich in bepaalde geconcentreerde gebieden terug. Tussen de Syrische havensteden Tartus en Latakie zou zich een alawietische enclave aan het ontwikkelen zijn: op enkele maanden tijd groeide de bevolking er van 900.000 aan tot 1,2 miljoen mensen. Het aandeel van de Alawieten in dit gebied bedraagt er ondertussen meer dan 70%, de christenen maken er 14% uit. De soennieten zijn er met 10% een kleine minderheid. Bijkomend gegeven is natuurlijk dat de haven Tartus aan de Russen werd verpacht en dat er ook ongeveer 10.000 Russen in het gebied leven.

Het einde is (misschien) in zicht, maar het conflict in Syrië zou wel eens een totaal andere afloop kunnen hebben dan bepaalde dominerende politieke krachten in de VS en Europa verwachten.
 
Peter Logghe

Warum der Westen Russland braucht

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Warum der Westen Russland braucht

Die erstaunliche Wandlung des Zbigniew Brzezinski

Von Hauke Ritz

Der 1928 geborene Zbigniew Brzezinski ist eine der schillerndsten Figuren der außenpolitischen Elite der Vereinigten Staaten. Seine Schriften bestechen durch ihren Sinn für die machtpolitische Realität und irritieren zugleich durch die Konsequenz, mit der diese Machtpolitik entfaltet wird. Da Brzezinski an der Gestaltung des Kalten Krieges aktiv beteiligt war und bis heute eng mit den politischen Eliten Amerikas verbunden ist, sind seine Bücher nicht nur historische, sondern immer zugleich auch politische Dokumente, die einen tiefen Einblick in das Selbstverständnis amerikanischer Außenpolitik gewähren.

Nun ist Brzezinski mit einem neuen Buch an die Öffentlichkeit getreten. Dieses trägt den Titel „Strategic Vision“ und ist insofern höchst bemerkenswert, als Brzezinski darin eine weitreichende politische Wende vornimmt. Er fordert eine umfassende Revision der bisherigen Ausrichtung der amerikanischen Außenpolitik seit dem Ende des Kalten Krieges. Die zentrale These des Buches lautet, dass die USA sich heute in einer ähnlichen Situation befinden wie die Sowjetunion in den 80er Jahren.

Ging es in seinem letzten großen Buch „The Grand Chessboard“ noch darum, die politische Kontrolle über Zentralasien zu gewinnen und sprach er 2008 immerhin noch von einer „Second Chance“ zur Errichtung einer unipolaren Welt, so gesteht er jetzt ein, dass der Machtverlust der USA und die multipolare Welt Realität geworden sind. Damit kommt es zu einer ganzen Reihe von Neubewertungen. Am erstaunlichsten ist, dass er seine radikale Gegnerschaft gegenüber Russland, die in all seinen früheren Büchern direkt oder unterschwellig präsent ist, aufgegeben hat. Mehr noch: Für das Überleben des Westens sei es zentral, Russland zu integrieren.

Von Carter zu Reagan

Die ganze Bedeutung dieser Kehrtwende wird jedoch erst verständlich, wenn man sich den Verlauf von Brzezinskis Karriere vergegenwärtigt. Man könnte Brzezinski als eine moderne Erscheinung des königlichen Beraters bezeichnen. In ihm verbinden sich die Eigenschaften eines politischen Denkers und kühlen Praktikers fast bis zur Ununterscheidbarkeit. Schon in seinen frühen Büchern wird seine Faszination für Macht und ihre Analyse deutlich. Seinem vorrangigen Interesse, die bestehenden Machtstrukturen im Dienste und Sinne der Vereinigten Staaten zu stärken, folgte auch seine Arbeit als Sicherheitsberater unter Jimmy Carter. Damals, in den Jahren 1977 bis 1981, war er direkt an der Ausgestaltung des Kalten Krieges beteiligt.

Waren Nixon und Kissinger noch primär um eine Erhaltung des Status Quo bemüht gewesen, interessierte Brzezinski von Beginn an die Frage, wie man den Kalten Krieg erneut verschärfen und zu einer endgültigen Entscheidung bringen könnte. Sein Einfluss muss auch deshalb hoch veranschlagt werden, weil viele seiner Konzepte anschließend auch von der Reagan-Administration fortgeführt wurden. 1998 enthüllte er in einem Interview mit der französischen Zeitung „Le Nouvel Observateur“, dass die USA bereits vor dem Einmarsch der Sowjetunion in Afghanistan die Mudschaheddin finanziell unterstützt hätten. Ziel dieser Politik sei es gewesen, so Brzezinski, die Wahrscheinlichkeit eines Einmarsches der UdSSR in Afghanistan zu erhöhen. Gefragt, ob er die Unterstützung fundamentalistischer islamischer Gruppen inzwischen bereuen würde, antwortete er: „Was soll ich bereuen? Diese verdeckte Operation war eine hervorragende Idee. Sie bewirkte, dass die Russen in die afghanische Falle tappten und Sie erwarten ernsthaft, dass ich das bereue. Am Tag, da die Russen offiziell die Grenze überschritten, schrieb ich Präsident Carter: Jetzt haben wir die Möglichkeit, der UdSSR ihr Vietnam zu liefern.“ Als der Interviewpartner nachhakt und auf die Verknüpfung von islamischem Fundamentalismus und Terrorismus hinweist, antwortet Brzezinski: „Was ist wohl bedeutender für den Lauf der Weltgeschichte? […] Ein paar verwirrte Muslime oder die Befreiung Mitteleuropas und das Ende des Kalten Krieges?“[1]

>> weiter in den ‘Blättern für deutsche und internationale Politik

Erdogan et la nouvelle Turquie

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Robert Steuckers:

Erdogan et la nouvelle Turquie

 

Conférence prononcée à la tribune de l’ASIN (“Association pour une Suisse Indépendante et Neutre”), Genève, 3 novembre 2011

 

Recension: Jürgen P. FUSS, Erdogan – Ein Meister der Täuschung – Was Europa von der Türkei wirklich zu erwarten hat, Bublies Verlag, D- 56.290 Beltheim/Schnellbach, 2011. Internet: http://www.bublies-verlag.de/

Adresse électronique pour toute commande: bublies-verlag@t-online.de .

 ISBN 978-3-937820-16-3.

 

Recep Tayyip Erdogan a fait advenir sur l’échiquier politique planétaire, et plus spécifiquement proche-oriental, une Turquie nouvelle, dans la mesure où sa politique intérieure n’est plus déterminée par le laïcisme kémaliste et par le pouvoir réel de l’armée (= l’“Etat profond”) et où sa politique étrangère n’est plus systématiquement alignée sur les concepts convenus de l’OTAN (du moins en apparence).

 

Une effervescence nouvelle

 

Ce glissement s’est opéré au moment où s’installait dans la région une effervescence plus complexe que celle impulsée jusqu’ici par le seul conflit israélo-palestinien et israélo-arabe. Cette effervescence nouvelle anime le Moyen Orient (Irak, Iran et Afghanistan compris), l’Asie mineure (avec le Caucase) et le Bassin oriental de la Méditerranée. En effet, à Chypre, le conflit greco-turc pour la maîtrise de l’île, qui avait conduit à l’invasion de l’été 1974, se double désormais d’un conflit pétrolier pour le partage des eaux territoriales et le partage des éventuelles nappes pétrolifères à découvrir dans le sous-sol de la Méditerranée. Ces nappes se situent à cheval sur les eaux territoriales libanaises et cypriotes, israéliennes et cypriotes, sur la portion de mer octroyée à la Bande palestinienne de Gaza. La Turquie, puissance occupante de la moitié septentrionale de Chypre, est le seul Etat au monde à reconnaître le “République turque de Chypre du Nord” et n’est pas autorisée à forer mais fait néanmoins valoir des “droits” sur les nappes à découvrir et exploiter, ce qui entraîne la constitution d’un nouvel axe Athènes/Nicosie/Tel Aviv, dirigé contre Ankara. Pour l’Europe, les menaces turques contre Chypre sont une menace directe contre un Etat appartenant à l’UE, qui, de surcroît, risque de devenir un fournisseur d’hydrocarbures. Ce qui ne devrait pas être pris à la légère.

 

En Syrie, en août 2011, le ministre turc des affaires étrangères, Davutoglu, a proposé au pouvoir baathiste de Bachar El Assad une alliance “néo-ottomane” afin de ré-ancrer la Turquie dans le monde arabo-musulman. Il a essuyé une fin de non recevoir car le baathisme syrien demeure une idéologie et une pratique laïques, fondées sur une option “arabiste”, excluant, modernisme oblige, toute notion archaïsante et néo-fondamentaliste de “Djalliliyâh” (n’a pas droit à l’existence toute forme d’organisation politique née en dehors de l’islam, que ce soit avant la prophétie ou après) et toute confrontation entre religions. Ensuite, Davutoglu ne proposait rien de concret pour réduire le “stress hydrique” que connaît la Syrie, où le débit des fleuves, le Tigre comme l’Euphrate, est considérablement diminué par l’installation, au temps d’Özal, de barrages en amont, sur territoire turc.

 

En Egypte, en Libye et en Tunisie, la disparition des pouvoirs laïques ou militaires semble faire place à de nouveaux pouvoirs, assez largement déterminés par les Frères Musulmans, qui peuvent prendre soit un visage “modéré”, et adopter dans ce cas le “modèle turc”, soit un visage plus radical et se rapprocher du wahhabisme saoudien voire d’Al Qaeda. Le voyage d’Erdogan en Tunisie semble avoir donné le coup d’envoi au parti “Ennahda”, posé comme “islamiste modéré”. L’exportation de ce “modèle turc” correspond souvent aux intérêts géostratégiques de la Turquie néo-ottomane.

 

Dans le Kurdistan irakien, les Kurdes d’Irak semblent vouloir, paradoxalement, devenir des vassaux de la Turquie, contrairement à leurs cousins d’Anatolie orientale, organisés par le PKK. L’alliance tacite entre l’Iran et la Turquie entraîne, semble-t-il, une alliance entre le PKK et les révoltés kurdes d’Iran.

 

Les gazoducs

 

A tout cela s’ajoutent les innombrables problèmes soulevés par le tracé des futurs oléoducs et gazoducs: 1) le North Stream qui achemine le gaz russe vers l’Allemagne via la Baltique; 2) le South Stream qui achemine le gaz russe vers l’Europe, en passant par l’Europe centrale; ces deux gazoducs ne concernent pas immédiatement la Turquie; 3) le tracé dit “Nabucco”, lui, doit acheminer du gaz de la région caspienne/caucasienne, voire des hydrocarbures en provenance d’Asie centrale ex-soviétique, vers l’Europe en passant par la Turquie, donnant ainsi à ce pays, un formidable atout géostratégique qu’il ne possédait pas auparavant; l’objectif, soutenu par les Américains, est de ne pas faire transiter de gaz ou de pétrole par l’Iran ou par la Russie, voire de verrouiller l’acheminement d’hydrocarbures vers l’Europe au cas où un éventuel conflit surviendrait entre une Europe, jugée trop russophile ou trop alignée sur le BRIC, et les Etats-Unis (où ceux-ci joueraient immédiatement, contre nous, la “carte islamique modérée”, et la “carte qatarie”, et, pour les sales travaux, la carte d’Al Qaeda, comme en Libye); enfin, 4) le tracé dit “Blue Stream”, qui doit acheminer le gaz russe en direction de la Turquie, pauvre en hydrocarbures. Le projet “Blue Stream” explique, qu’en dépit d’une inféodation à l’OTAN, d’une fidélité réelle à l’alliance américaine malgré le rideau de fumée de la diplomatie néo-ottomane et islamisante, la Turquie compose avec la Russie, même si celle-ci s’oppose au tracé “Nabucco” et privilégie le tracé “South Stream”, qu’elle estime suffisant. Les rapports russo-turcs ont toutefois été troublés par la fameuse affaire “Ergenekon” (cf. infra), mise en exergue par le gouvernement Erdogan, qui y voyait un complot contre la nouvelle orientation néo-ottomane et néo-islamisante que son parti, l’AKP, impulsait. Le mouvement “Ergenekon” aurait été une nouvelle mouture du panturquisme laïque, jadis anti-soviétique et anti-russe (avec les généraux Enver et Çakmak), mais devenu pro-russe sous l’influence du nouvel eurasisme, théorisé actuellement en Russie, notamment par le penseur politique Alexandre Douguine.

 

Voilà pour la nouvelle donne sur le théâtre proche-orientale et est-méditerranéen.

 

Du “Tanzimat” à Atatürk

 

Pour comprendre la dynamique à l’oeuvre, il faut expliciter préalablement quelques mots-clefs. Sous le sultanat, au 19ème siècle, des esprits “éclairés” (inspirés par les acquis positifs du despotisme éclairé de la seconde moitié du 18ème en Europe) suggèrent des réformes visant à redonner de la puissance à l’Empire ottoman en recul; ce train de réformes s’est appelé “Tanzimat” et s’est inspiré, dans la deuxième phase de son développement, des réformes impulsées par l’ère Meiji au Japon. C’est l’époque où les Ottomans se maintiennent dans les Balkans mais perdent la Roumanie, première puissance orthodoxe, jadis inféodée à l’Empire ottoman, qui accède à l’indépendance, avec l’appui européen mais surtout russe. La réforme “Tanzimat” vise un réaménagement intérieur sans toutefois pouvoir arrêter la déliquescence dans les Balkans, pièce maîtresse de l’Empire et principal réservoir humain (non musulman!). Cette ère de réformes culminera en 1908 avec la révolution des “Jeunes Turcs”, suite à l’annexion du centre névralgique des Balkans, la Bosnie-Herzégovine, par l’Autriche. En dépit de leur volonté première de s’aligner sur l’Occident français et anglais, les “Jeunes Turcs”, qui sont hostiles à la Russie, troisième puissance de l’Entente, basculent dans l’alliance allemande, ce qui induit Londres et Paris à faire éclore en Syrie et au Liban un “nationalisme arabe libéral” pour fragiliser l’Empire ottoman au Levant et le couper ainsi de ses possessions arabes, saoudiennes et égyptiennes. Dans le sillage des “Jeunes Turcs” naît l’idéologie panturquiste ou pantouranienne, visant l’unification en un seul bloc de tous les peuples turcs depuis l’Anatolie jusqu”au “Turkestan chinois” (le Sinkiang actuel). La première guerre mondiale, on le sait, conduit au démantèlement de l’Empire ottoman. Il est bon de le rappeler dans le contexte actuel car ce démantèlement avait contraint les Turcs à ne plus évoquer l’ottomanisme (phase de leur histoire considérée comme “révolue”). Aujourd’hui, le concept refait surface et l’abolition du califat, consécutive de la victoire des nationalistes kémalistes au début des années 20, est subrepticement rendue caduque, du moins en idée, par le recours à un “cadre islamique”, dans lequel la Turquie envisage de jouer un rôle majeur, comme au temps du califat, officiellement défunt. Au-delà de toutes les vicissitudes vécues par la Turquie de 1922 à l’avènement d’Erdogan, début du 21ème siècle, une Turquie strictement nationaliste, ethniquement turco-centrée, repliée sur le seul territoire anatolien, est une Turquie sans pétrole, sans réels débouchés pour son industrie en plein développement, puisqu’elle a renoncé aux régions kurdes et pétrolifères de Kirkouk et de Mossoul lors de la signature du Traité de Lausanne en 1923. Le néo-ottomanisme vise à renouer avec les zones ayant jadis appartenu à l’Empire ottoman et à sortir du cadre de plus en plus étroit de l’Anatolie ( vu la démographie galopante et le boom économique).

 

Laïcisme et hittitisme

 

Le sursaut kémaliste, après le désastre de la première guerre mondiale, est aussi et surtout une réaction à l’invasion grecque de 1921-22, laquelle avait annexé la Thrace et la région de Smyrne qui permettait à l’armée grecque de lancer aisément des promenades militaires dans les profondeurs territoriales anatoliennes. On lira avec profit le livre que l’historien et écrivain anglais Giles Milton a consacré à la tragédie de Smyrne, abandonnée par les Britanniques et les Américains à l’invasion turque. Pour surmonter l’émiettement potentiel du nouvel Etat turc fort hétérogène dans sa population (47 groupes ethniques et religieux) sans recourir à l’islam, qu’il détestait, Kemal Atatürk invente un “mythe hittite”: le nouvel Etat est l’héritier, non pas des hordes turques venues d’Asie centrale, non pas des bandes arabes qui y ont amené l’islam, mais d’un peuple indo-européen qui a bâti un empire en Anatolie et a fait face aux autres empires (souvent sémitiques) de son époque et à l’Egypte des Pharaons. Kemal Atatürk s’inscrivait ainsi, ou croyait s’inscrire, dans le club des nations modernes européennes. Son laïcisme et son “hittitisme”, version turque “mythologisée” du modernisme européen, doivent constituer un bastion contre l’obscurantisme arabe/sémitique, comme l’Empire hittite avait été une civilisation indo-européenne face à des empires plus autoritaires et plus hiérarchisés, en tout cas de facture non “européenne”. Cette vision sera d’abord contestée par le panturquisme ou pantouranisme qui se revendiquera des hordes de la steppe, tout en demeurant laïque comme l’était par ailleurs Atatürk. Avec Erbakan et Erdogan, l’idéologie d’Etat glisse à nouveau vers l’islam et se revendique du double héritage turc et islamique, celui où la steppe s’est alliée au Califat de Bagdad au 11ème siècle.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, la Turquie, au départ, proclame sa neutralité, après avoir récupéré sur la France cette portion de la Syrie que l’on appelait alors le “Sandjak d’Alexandrette” (1939). Au moment où les armées allemandes victorieuses s’enfoncent dans le territoire soviétique, s’approchent du Caucase et de la Volga lors de la “Vormarsch” de 1942, un groupe de militaires panturquistes, regroupés autour du Général Çakmak, chef de l’état-major, proposent aux Allemands à Berlin une entrée en guerre de la Turquie, moyennant cession du Caucase et de toutes les républiques soviétiques turcophones d’Asie centrale. Ces projets sont jugés délirants à Berlin. L’Allemagne aurait servi de “janissaire” pour la création d’un Empire pantouranien, sans recevoir de réelles compensations et, pire, en voyant ces conquêtes sur l’URSS menacées exactement aux mêmes points que l’était l’ancienne Russie d’Ivan le Terrible à Catherine la Grande. En 1945, au moment où la Turquie déclare la guerre à l’Allemagne, les comploteurs panturquistes sont arrêtés, condamnés à de lourdes peines de prison mais rentrent chez eux au bout de quelques semaines... Parmi eux, un homme qui fera parler de lui: le Colonel Türkes du parti MHP.

 

Après 1945: démocratie, retour du religieux et destin tragique d’Adnan Menderes

 

Après 1945, la Turquie opte pour l’inféodation à l’OTAN. Pour prouver sa bonne volonté, elle paie le prix du sang, en envoyant plusieurs bataillons en Corée pour appuyer les Américains. Les pertes ont été lourdes. L’installation en Turquie de missiles américains pointés sur la Crimée et l’Ukraine entraîne la crise de Cuba de 1962: les Soviétiques ripostent en installant chez Castro des engins ballistiques équivalents, pointés sur le Texas et la Floride. Cependant, selon leur bonne habitude, les Etats-Unis réclament dès 1945 l’installation d’une démocratie pluripartite à l’occidentale en Turquie. L’installation d’un tel régime a tout de suite impliqué le retour de la religion, auquel aspirait une bonne partie de l’électorat dans les campagnes anatoliennes. Adnan Menderes, à la tête de son “Parti Démocratique”, gouverne la Turquie de 1950 à 1960 et édulcore la rigidité des principes laïques kémalistes, à la fureur des militaires et des nationalistes panturquistes, qui ont dû lâcher du lest en abandonnant sous pression américaine leur parti unique, le “Parti Républicain du Peuple”. Ces principes kémalistes, posés comme intangibles par les fondateurs de la République, sont au nombre de six: laïcité, nationalisme, populisme, étatisme, république, révolution. En 1961, un putsch renverse Menderes: il est condamné à mort et exécuté. Le putsch de 1961 sert de modèle régulateur à la démocratie turque: si le système pluripartite génère de l’anarchie ou enfreint l’un des six “principes”, l’armée intervient, rétablit l’ordre puis réinstalle la démocratie sur des bases rénovées. En 1971, l’armée interviendra à nouveau, suite aux conflits idéologiques et aux violences entre factions d’extrême-gauche et factions d’extrême-droite. En 1981, nouveau putsch rectificateur, sous l’impulsion du Général Kenan Evren, qui fait quelques concessions en faveur de la religion, permettant notamment de l’enseigner dans les écoles et lycées d’Etat. En 1997, les chars paradent, menaçants, dans les rues pour évincer l’islamisant Erbakan. Le recours au putsch constitue donc un expédient récurrent dans le fonctionnement de la démocratie turque, imposée au pays, fin des années 40, par les Etats-Unis, qui ferment les yeux quand les chars sortent de leurs casernes car la Turquie, membre de l’OTAN, est “un Etat sur la ligne de front”.

 

Trois facteurs idéologiques majeurs

 

Toute la période de l’histoire turque, avant Erdogan, est donc déterminée par trois facteurs idéologiques majeurs: 1) le laïcisme républicain (ou “kémalisme”), très intransigeant quant au respect de ses principes, une intransigeance qui a notamment imposé au parlement et au pouvoir civil certaines prérogatives de l’armée qui, entre autres choses, soumet son budget aux députés qui n’ont pas le droit de le contester; 2) le panturquisme laïc, représenté politiquement par le MHP, mais plus diffus dans la société et dont la laïcité a été édulcorée, elle aussi, dans la mesure où ce parti déclare représenter 2500 ans d’histoire turque, mille ans d’islam turc et quelques décennies de nationalisme républicain, comme couronnement et formule définitive de l’histoire du pays; 3) la religion, qui, avant Erdogan, subit deux échecs dans sa volonté de se ré-affirmer, d’abord avec Menderes, qui a fini tragiquement suite au putsch de 1961, ensuite avec Erbakan, démissionné sous la pression de l’armée. Face à ces deux échecs, comment expliquer, dès lors, qu’Erdogan a pu prendre le pouvoir, s’y accrocher et refouler le laïcisme républicain voulu par Mustafa Kemal?

 

Erbakan, Erdogan et le mouvement “Milli Görüs”

 

Pour comprendre la révolution erdoganienne, il faut commencer par situer le personnage. Il passe sa jeunesse dans les quartiers pauvres du port d’Istanbul. A quinze ans, il adhère au mouvement national-religieux “Milli Görüs”, dont Erbakan est une figure de proue. Il fréquente ensuite une école du réseau “Hatip”. Ce réseau scolaire forme des imams et des prédicateurs et axe son enseignement sur la rhétorique. Il communique à ses étudiants une synthèse islamiste, conservatrice et nationaliste. Les activités de “Milli Görüs” en Europe sont surveillées, notamment par le “Verfassungsschutz” allemand car il compterait 87.000 adhérents rien qu’en Europe occidentale, ce qui, d’après les estimations, représenterait 300.000 électeurs au moins (qui ont presque tous la double nationalité), car dans le système turc, très patriarcal, c’est le chef de famille qui décide du comportement politique des siens. Le mouvement anime également 514 centres culturels et de prière en Europe, dont 323 en Allemagne. La force d’Erdogan, grâce aux talents de rhétoricien qu’il a acquis dans le réseau scolaire “Hatip”, c’est d’avoir réinterprété le message: la synthèse islamiste, conservatrice et nationaliste de “Milli Görüs” et du réseau “Hatip” débouchera, via Erdogan, sur l’idéal d’une “nouvelle grande Turquie”, sur un conservatisme islamisant servant de modèle à toutes les anciennes composantes musulmanes de l’Empire ottoman (cf. le néo-ottomanisme du Prof. Davutoglu) et sur une ré-islamisation de la société turque envers et contre les volontés de l’armée et des forces laïques. Pour y parvenir, dans une première phase, Erdogan donnera à son gouvernement un “masque démocratique” qui va séduire l’UE.

 

L’ouverture aux techniques et aux sciences chez Saïd Nursi

 

Erdogan a reçu d’autres influences, qu’il me paraît important d’évoquer, pour bien comprendre les ressorts qui animent aujourd’hui la “Turquie néo-ottomane et ré-islamisée”. Pour Jürgen P. Fuss, un journaliste allemand qui a vécu et publié longtemps en Turquie, Erdogan a subi également l’influence d’un penseur turc (ethniquement kurde), Saïd Nursi. Ce penseur du 19ème siècle ottoman estime que l’islam, en tant que religion et que vision du monde, doit correspondre aux temps qui courent, tirer profit des innovations techniques et scientifiques pour ne pas les laisser en exclusivité aux autres, à ses ennemis. Saïd Nursi s’aligne ainsi sur d’autres penseurs du monde musulman de son époque comme l’Egyptien Abd al-Rahman al-Djabarti (1754-1825) ou l’Indien Sayyid Ahmad Khan (1817-1898). Pour donner corps à son idée, Saïd Nursi crée le “Jama’at-Un”, mouvement réformateur et religieux qui inclut dans ses réflexions la technique et les sciences modernes (européennes), ce qui doit déboucher sur une synthèse rationnelle, appelée à fortifier le mouvement “Tanzimat”, équivalent ottoman de l’ère Meiji japonaise. Vingt millions de musulmans appartiendraient aujourd’hui à ce mouvement fondé jadis par Saïd Nursi, qui avait amorcé ses réflexions au départ d’un constat, celui du recul général de l’aire civilisationnelle musulmane au 19ème siècle, face aux puissances occidentales. Atatürk s’est inspiré de lui mais a rejeté son message religieux. Erdogan accepte le message de Nursi, tant sur le plan rationnel (technique et scientifique) que sur le plan religieux.

 

L’influence de Fethullah Gülen

 

Erdogan a ensuite bénéficié de toute l’influence de Fethullah Gülen, un industriel turc milliardaire, prônant l’ascétisme et l’appliquant à lui-même, se nourrissant exclusivement de soupe et de yoghurt. Pour Gülen, l’origine de toute décadence se trouve dans la soif de luxe, l’extravagance et le déclin spirituel. Pour faire triompher ses visions spirituelles et ascétiques, Gülen a financé 200 fondations dans 54 pays; il a sponsorisé cinq universités en Asie centrale turcophone; il dirige simultanément 500 entreprises et possède une banque, l’”Asya Finans Bankasi” (= “Banque financière d’Asie”). Il est très actif dans le secteur immobilier, contrôlant 300 agences, 46 foyers créés pour activités diverses et seize instituts d’enseignement, sans compter d’innombrables commerces. Dans le domaine des médias, Gülen contrôle 25 stations de radio, l’hebdomadaire “Aksyon” (= “Action”), sur le modèle du “Spiegel” allemand, et le quotidien “Zaman”. Il est le chef de la fraternité des “Nourdjou”, dont les racines sont profondes dans l’histoire turque et ottomane. Au départ, Gülen avait soutenu le parti “Refah” d’Erbakan puis, après sa rupture avec ce dernier car il avait des vues différentes quant aux méthodes politiques (comme par ailleurs Erdogan), il a soutenu les partis sociaux-démocrates. Il influence également le mouvement des Naksibendis, créant un lien entre “Nourdjou” et “Naksibendis”, deux mouvements religieux très influents, notamment en Bosnie. Un bon tiers des Naksibendis soutient aujourd’hui l’AKP d’Erdogan.

 

Fethullah Gülen prêche “l’amour et la tolérance”, du moins en apparence car ce masque “boniste” camoufle un discours dirigé contre les militaires, diffusé pour opérer à terme un changement de régime, une dislocation de l’“Etat profond”, dirigé par les militaires laïques: le but est révolutionnaire même si le discours peut parfois paraître lénifiant. Gülen a notamment dirigé une campagne hargneuse contre un professeur d’origine turc de l’Université de Münster en Allemagne, Muhammad Sven Kalisch, qui enseigne la théologie islamique mais dont le message était jugé trop “libéral”. Le système conceptuel pensé par Gülen se veut application de la “taqiyya”, estime Fuss, c’est-à-dire de l’art de la dissimulation, inspiré, dans toute l’aire civilisationnelle arabo-musulmane par le “Livre des ruses”. Selon cette optique, il faut travailler avec patience et opiniâtreté pour renverser un Etat dominé par l’adversaire, en l’occurrence les militaires et les laïques, sans se faire repérer par ceux-ci. D’où, il faut présenter un extérieur moderne et affable, tout en cultivant, en secret, une intériorité ultra-conservatrice (islamiste), visant le changement de régime, au nom de la religion. Toujours d’après Jürgen P. Fuss, les deux influences, celle de Nursi et celle de Gülen, sont également déterminantes dans l’éclosion de l’erdoganisme.

 

La carrière politique malheureuse d’Erbakan

 

Comment Erdogan va-t-il déployer sa carrière politique? Dans un premier temps, il se mettra dans le sillage de Necmettin Erbakan (1926-2011), décédé au début de cette année, le 27 février. Erbakan a été un politicien maladroit. Sa carrière est une longue suite d’échecs, alors qu’il avait bien des atouts en main. Jugeons-en:

En 1970, Erbakan fonde le MNP (=”Parti de l’Ordre National”), qui, un an plus tard, est interdit sous pression des militaires.

En 1973, il fonde le MSP (= “Parti du Salut National”) qui lui permettra d’être vice-premier ministre dans plusieurs gouvernements de coalition entre 1974 et 1978.

En 1980, Erbakan est arrêté après le putsch du Général Evren. Tous les partis politiques sont interdits.

En 1982, Erbakan est condamné à dix ans d’interdiction politique.

En 1987, il devient le président du “Refah” (= “Parti du Bien-être”), avec lequel il connaîtra plus de succès.

En 1996, il devient premier ministre et, l’année suivante, il est “démissionné” sous pression des militaires. Le 20 mars 1998, il est condamné à un an de prison. Il fonde ensuite plusieurs partis qui ne donnent rien et, en 2003, il est condamné pour corruption à deux ans de prison.

 

La carrière d’Erbakan se solde donc par un échec politique total, qui est aussi l’échec d’une première vague de ré-islamisation. De 1969 à 2004, soit en trente-cinq ans d’activités politiques à haut niveau, Erbakan aura été premier ministre pendant 367 jours! Conclusion de Fuss: Erbakan n’a pas appliqué le “Livre des ruses”.

 

Après Erbakan, une nouvelle politique conservatrice et islamique

 

Lorsqu’Erdogan avait trente-deux ans, il était membre du comité exécutif du “Refah”. Il se dispute alors avec Erbakan, sans doute jaloux de l’ascension rapide et de l’ascendant de son cadet. Erbakan ne cessera plus de lui mettre des bâtons dans les roues, lors de sa candidature à la mairie d’Istanbul et lors d’élections législatives pour le Parlement d’Ankara. Erdogan veut gommer les apsérités du discours de ré-islamisation sans renoncer aux principes de base, comme l’enseigne le réseau scolaire “Hatip”. Mais le but ultime est de jeter bas la constitution laïque imposée jadis par Atatürk. Erdogan va déclarer vouloir “parachever l’oeuvre d’Atatürk” pour aboutir à un “nouvel empire ottoman” réalisé “dans la paix et la démocratie”. Quelle hypothèse pourrait-on émettre face à une telle déclaration, renforcée depuis par l’accession en mai 2009 au poste de ministre des affaires étrangères d’Ahmed Davutoglu, un géopolitologue surnommé le “Henry Kissinger” turc? Ce néo-ottomanisme ne recevrait-il pas le soutien indirect des Etats-Unis, grillés dans le monde arabe et soucieux de se faire discrets dans la région? Ensuite, les Etats-Unis, qui souhaitent malgré tout renouer des liens avec l’Iran, en dépit des discours bellicistes prononcés dans les médias, ne servent-ils pas de la Turquie comme intermédiaire? Ce soutien à un néo-ottomanisme ne vise-t-il pas à restaurer sous d’autres formes et d’autres signes l’aire couverte jadis par le “Pacte de Bagdad”, prélude à une unification, sous l’égide américaine, du “Grand Moyen Orient”, comprenant les anciennes républiques musulmanes et turcophones de l’Asie centrale ex-soviétique? Edward Luttwak, historien et géopolitologue dont l’oeuvre inspire toujours les grands stratégistes américains autour de Zbigniew Brzezinski, ne vient-il pas de sortir un nouveau chef-d’oeuvre, intitulé, “La stratégie de l’Empire byzantin”, une stratégie impériale (et de résistance impériale longue face à de multiples adversités) qui a été appliquée sur l’espace même que couvrait l’Empire ottoman en pleine ascension, notamment face aux incursions arabes et face à l’Empire perse?

 

Revenons à la carrière politique d’Erdogan, bien esquissée par Fuss. A quinze ans, en 1969, il est un jeune militant de “Milli Görüs”; en 1975, à 21 ans, il est le président des jeunes du MSP d’Erbakan dans le district portuaire de Beyoglu dans le Grand Istanbul. En 1976, à 22 ans, il est le Président des jeunes de tout le Grand Istanbul. En 1983, dès que les partis politiques sont à nouveau autorisés, il rejoint le “Refah” d’Erbakan. En 1989, il se heurte à Erbakan et réussit à s’imposer. En 1994, il est élu maire d’Istanbul et le restera jusqu’en 1998. Dans la gestion de la grande ville, il montre des qualités incontestables, comme Chirac à Paris dans les années 70. Il concentre ses efforts sur la propreté (une fois de plus comme Chirac avec son armée de balayeurs africains), sur la mobilité, sur l’approvisionnement en eau, obtient des crédits remboursés par des publicités sur les bus et dans les espaces publics et inaugure le métro (même si ce n’est pas lui qui a fait commencer les travaux). Parallèlement à ces travaux d’édilité à la romaine, il tente d’imposer les premières mesures “islamistes”, en interdisant la vente et la consommation d’alcool aux terrasses, sous prétexte d’éliminer les poivrots de la rue. Ce sera un échec. Ensuite, il essaie de supprimer les bus scolaires mixtes: ce sera un nouvel échec. Pour Faruk Sen, professeur allemand d’origine turque, et président de l’“Association des Etudes Turques” à Essen dans la Ruhr, le bilan du mayorat d’Erdogan à Istanbul est marqué d’ambivalence: il a effectué d’excellents travaux d’édilité mais son projet intime, celui de ré-islamiser la ville, a été un échec. Sa popularité, il la doit à des mesures pragmatiques, non tributaires de l’idéologie religieuse néo-islamiste qu’en revanche il n’a pas réussi à imposer. Cependant, il est parvenu à se donner une excellente présence médiatique.

 

Changements en Turquie

 

En 1998, suite aux démonstrations de force des blindés de l’armée turque et la démission forcée d’Erbakan, Erdogan est jugé et condamné à dix mois de prison et à l’inéligilité à vie par un tribunal militaire qui a préséance sur tous les tribunaux civils. Le motif de la condamnation est “conspiration contre la sûreté de l’Etat”, comme pour Erbakan. Cependant ces condamnations sont prononcées dans un contexte différent de celui des décennies antérieures. La Turquie a changé: les villes, surtout à l’Ouest, étaient généralement en majorité kémalistes, tandis que les campagnes anatoliennes étaient conservatrices et islamisantes; l’exode massif des campagnards vers les villes a installé dans la frange urbaine kémaliste une forte population d’origine rurale et d’idéologie conservatrice-islamiste. C’est cela qui avait déjà fait le premier succès d’Erdogan au mayorat d’Istanbul. C’est ce même glissement d’ordre démographique qui fera également ses succès ultérieurs.

 

On sait qu’Erdogan accorde beaucoup d’importance au port du voile par les femmes (à commencer par sa propre épouse), signe d’anti-kémalisme dans la mesure ou Atatürk avait moqué le port du voile et avait préconisé une mode moderne, différente de l’Europe, turque en son essence, et turque aussi par l’incontestable talent de ses stylistes très originaux, mais forcément non islamique. Le voile est donc signe d’islamité, de refus de l’occidentalisation imposée dès les années 20, signe aussi d’incompatibilité entre styles de vie propres à deux aires civilisationnelles. Nous avons là, dans le chef d’Erdogan, un paradoxe: il se veut “européen” et réclame l’adhésion pleine et entière de son pays à l’UE: il a adopté un style politique “démocratique”, pour plaire aux eurocrates, tout en cassant, par la même occasion, la logique “militariste” et “dirigiste” du kémalisme et des militaires, logique jugée peu démocratique dans les allées des parlements de Bruxelles et Strasbourg. Mais en dépit de cette “européisme”, tout de façade, et dicté par l’intérêt matériel (obtenir des subsides européens et déverser le trop plein démographique anatolien en Allemagne et ailleurs en Europe), il affirme clairement l’incompatibilité absolue entre les deux civilisation, l’islamique et l’européenne.

 

Erdogan et la théorie huntingtonienne du “choc des civilisations”

 

Le “démocratisme” affiché par Erodgan, selon les règles préconisées par le “Livre des ruses”, annulle la possibilité d’un nouveau putsch militaire, qui gèlerait toute négociation avec l’UE. En 1945, les Etats-Unis avaient réclamé la démocratisation mais avaient, chaque fois, minimisé les coups d’Etat de l’armée, les avaient considéré comme de petits dérapages sans grande importance. Erdogan, par son attitude rusée, capable de vendre un islamisme (à la Erbakan) aux Européens séduits par les seules apparences, obtient en 2005 que s’ouvrent les pourparlers en vue de l’adhésion définitive de la Turquie à l’UE, alors que, paradoxalement, il appartient à une sphère idéologique qui souligne sans cesse l’incompatibilité entre les deux aires civilisationnelles, dans la mesure où l’AKP d’Erdogan, selon le turcologue français Tancrède Josseran, “essentialise la notion de civilisation” comme l’avait fait aux Etats-Unis Samuel Huntington, dans un article de “Foreign Affairs” d’abord (en 1993), puis dans un célèbre ouvrage, best-seller dans le monde entier. L’Europe, dans ce contexte où les Turcs s’affirment clairement pour ce qu’ils sont et affirment virilement leurs choix, ne se déclare pas chrétienne, refuse même d’être un “club chrétien” et se pose comme un “carrefour” prêt à accepter en son sein l’islam ou toute autre religion d’origine extra-européenne. Vu d’Ankara, ou de toute autre capitale musulmane, c’est là un aveu de faiblesse, une attitude “femelle” de soumission. Erdogan profite de cette brèche pour introduire, à terme, un islamisme turc virulent et intransigeant dans la sphère de l’UE. Mais simultanément, il s’ouvre au monde arabe, garde des pions en Asie centrale malgré l’échec du pantouranisme de son prédécesseur Özal face au refus du Président kazakh Nazarbaïev, négocie avec l’Iran, s’aligne parfois sur le BRIC, scelle des accords nucléaires civils avec Téhéran au nom de la politique de “zéro problèmes avec les voisins” mise en oeuvre par Ahmed Davutoglu.

 

Sur le plan des droits de l’homme, Ali Bulaç, idéologue de l’AKP, signifie à l’UE que la Turquie a le droit d’exiger un “inventaire”, donc de faire le tri dans le corpus des droits de l’homme. Bulaç rejette par exemple l’idéologie des Lumières, ou, du moins, ce que les idéologues “droit-de-l’hommistes” entendent par là. L’Europe est, dit-il, “décadente” et la Turquie doit avoir la possibilité de s’immuniser contre les bacilles de cette décadence. Chez Erdogan, cela se traduit par: “Nous ne devons pas adopter les imperfections morales de l’Occident”.

 

“Turcs blancs” et “Turcs noirs”

 

La modernisation économique, sous l’impulsion de ce que d’aucuns nomment une sorte de “calvinisme” islamique, correspondant à certains schémes de la pensée de Gülen, s’opère principalement par un assouplissement du dirigisme qui servait de praxis au nationalisme kémaliste et militaire. Elle est portée aussi par le développement récent des zones est-anatoliennes, où les “Turcs noirs”, c’est-à-dire les Turcs pauvres et ruraux du centre et de l’Est de l’Anatolie, antérieurement soumis à la férule des “Turcs blancs” laïcisés et urbains de l’Ouest, ont développé tout un nouveau réseau de petites et moyennes entreprises. C’est dans ces régions jadis excentrées et peu développées que s’est effectué le “boom” économique turc. Les bénéficiaires de ce nouveau réseau anatolien votent pour l’AKP et imposent leur conservatisme islamisant aux anciennes élites laïques des villes de l’Ouest.

 

La nouvelle donne, c’est donc cette nouvelle Turquie, plus développée que dans les décennies de la seconde moitié du 20ème siècle. Voyons quelle a été, en gros, l’histoire politique du pays pendant ce demi-siècle.

 

◊1. Le premier gouvernement de Bülent Ecevit, social-démocrate laïque, est l’amorce d’une brillante carrière, commencée sous un gouvernement de coalition en 1973, avec le CHP (socialiste) et le mouvement d’Erbakan. Ecevit gère la crise de Chypre de 1974 et se montre réticent quant à l’adhésion turque à l’UE jusqu’en 1978. Après cette date, il en sera un fervent adepte.

 

◊2. Avec Süleyman Demirel et sa coalition regroupant l’ANAP (droite libérale), le MHP (ultra-nationaliste; “Loups gris” ou “idéalistes”) et le CHP (le parti du social-démocrate Ecevit), la Turquie recule sur le plan économique, le chômage croît et l’émigration vers l’Europe augmente. Malgré l’idéologie libérale de l’ANAP, le dirigisme turc est, d’après les observateurs libéraux, trop rigide. Les tensions augmentent entre extrême-droite et extrême-gauche, avec affrontements dans les rues. Pour mettre un terme à ce désordre, le Général Kenan Evren fomente et réussit un coup d’Etat qui supprime tous les partis existants. Mais il fait quelques concessions à l’islamisme, dans lequel il perçoit un rempoart contre l’idéologie subversive des gauches radicales et contre la droite radicale, encore panturquiste et laïque. Le Général Evren déploie aussi une première mouture de diplomatie “tous azimuts” vers les pays voisins, dans les Balkans comme au Proche-0rient ou en Egypte, ainsi qu’en direction de l’URSS. En ce sens, il est un précurseur laïque et kémaliste de Davutoglu...

 

◊3. Les militaires, par le truchement du “Conseil de Sécurité Nationale” (CSN), rédigent la nouvelle constitution de 1982. Selon les termes de cette constitution, tout gouvernement doit impérativement s’aligner sur les recommandations de ce CSN, ce qui, pour les observateurs de la CEE, est anti-démocratique. La Constitution du CSN admet toutefois, pour plaire aux religieux, que des cours de religion soient dispensés dans les écoles. En 1983, Türgüt Özal, proche des Nakshibendis, de la finance islamique et de l’idéologie néo-libérale en vogue depuis l’accession de Reagan à la présidence des Etats-Unis, accède au pouvoir. Les entreprises de la nouvelle aire de développement économique en Anatolie se développent jusqu’à la fin de l’ère Özal, qui meurt en 1993. Erbakan lui succèdera brièvement.

 

◊4. Après les soubresauts de l’ère Erbakan, la Turquie vit sous le deuxième gouvernement Ecevit qui est ébranlé par la crise économique de 2001 et par la fragmentation de la gauche turque. Cependant, Ecevit avait, avant 1999, amorcé des réformes, visant à lutter contre l’inflation (qui était de 80 à 100%!). Erdogan va tirer profit des mesures envisagées et amorcées par Ecevit.

 

Les idéologues de l’AKP

 

Dans les restes pantelants du “Refah” d’Erbakan, Gül et Erdogan prennent la direction et ne la lâchent plus. C’est le départ du nouveau mouvement conservateur islamiste, l’AKP. Erdogan est certes condamné à l’inéligibilité à vie, mais il est président du parti. Parmi les autres fondateurs, nous avons: 1) Binali Yildirim, qui milite pour un “internet propre”, donc pour la censure sur la grande toile; 2) Faruk Çelik, organisateur des “Turcs de l’étranger”, qu’il entend lier à la “mère-patrie”, envers et contre toute politique d’assimilation des Etats-hôtes, accueillant une immigration turque; 3) Ali Babacan, responsable des négociations avec l’UE; 4) Abdullah Gül, l’homme de la finance islamique de Djeddah, qui a vécu une expérience professionnelle en Arabie Saoudite et qui aurait des liens avec les Frères Musulmans (comme il l’aurait avoué à Bachar El Assad en août 2011). Gül, qui deviendra président de la Turquie, est un disciple de Necip Fazil Kisakürek, éditeur de la revue “Grand Orient”, proche de “Milli Görüs” et des Nakshibendi (comme Özal), proche aussi jadis du MHP du Colonel Türkes et auteur de nombreux essais et ouvrages visant à développer une historiographie anti-kémaliste. Pour Kisakürek, une conspiration mondiale a été et est toujours à l’oeuvre contre l’Empire ottoman et contre l’islam turc. Le kémalisme fait partie de cette conspiration. Parmi ses disciples, les militants du “Front des Combattants du Grand Orient Turc”, qui, parfois, n’hésitent pas à passer à l’action violente. L’histoire turque, pour Kisakürek et ses disciples, combattants ou non, est l’histoire d’un déclin permanent, une longue succession de “trahisons” et de “démissions”, ce qui doit amener tout théoricien politique lucide à “rejeter tout ce qui est réformiste depuis le 19ème siècle”. Le kémalisme, dans le cadre de cette vaste conspiration, a détruit l’essence spirituelle de la nation turque. L’objectif de cette oeuvre critique de Kisakürek est de faire émerger une nouvelle élite et de renverser les principes et les partisans du kémalisme. Sur le plan pratique, cela signifie qu’il faut, dans l’avenir, développer les relations économiques entre la Turquie et les pays musulmans. Le kémalisme a isolé la Turquie de l’Umma. De plus, le kémalisme est un “racisme” qui détruit tout à la fois l’identité turque et l’identité kurde (Nursi était kurde mais avant tout musulman et hostile à tout conflit kurdo-turc, au nom de l’indispensable unité de l’Umma).

 

On le voit: l’alliance entre Erdogan, Gül, et tous les autres auteurs conservateurs-islamistes cités, dont Çelik, puise à des sources diverses mais convergentes. C’est cette synthèse (ouverte par définition puisqu’elle allie différences et convergences) qui prendra la succession du dernier gouvernement républicain de Bülent Ecevit, devenu impopulaire à cause des mesures d’austérité prises pour contrer la crise. Elles feront trop de mécontents. Dès l’accession de l’AKP au pouvoir, suite aux élections du 3 novembre 2002, Erdogan devient premier ministre, le 9 mars 2003. Ces victoires de l’AKP ont encore été renforcées lors du scrutin suivant du 22 juillet 2007, qui a conduit à l’élection, par le Parlement, de Gül au poste de Président de la république. Le 30 juillet 2008, la cour constitutionnelle, jadis très zélée quand il s’agissait d’interdire des partis qui enfreignaient les principes du kémalisme, décide de ne pas faire dissoudre l’AKP. Pendant cette période des premiers triomphes de l’AKP, cinquante-quatre modifications constitutionnelles sont votées pour détricoter l’héritage kémaliste, permettant notamment de suspendre l’inéligibilité d’Erdogan.

 

2002: les promesses de l’AKP et les chiffres réels

 

Lors de la campagne électorale de 2002, l’AKP promet que tout “ira mieux”. Elle promet une croissance économique, la création d’emplois, la diminution de l’inflation, la réforme de l’assurance sociale, une consolidation démocratique, le renforcement des droits de l’homme et la liberté d’opinion et de presse assortis d’une réforme de la justice (tout cela pour jeter de la poudre aux yeux des eurocrates, pour se tailler un bel alpaga de “démocrate” et pour éliminer les militaires, détenteurs du “pouvoir profond”). En réalité, le bilan du nouveau pouvoir civil et islamisant est plus mitigé: le PIB a certes augmenté (2003: +5,3%; 2004: +9,4%) puis décliné (2009: -4,7%) pour reprendre en 2010 (+4%); l’inflation était de 47% en 2002 (c’est elle qui provoque le départ du dernier gouvernement Ecevit) pour se stabiliser à 8,5% en 2010 (elle avait été au plus bas en 2005: 8,1%), alors que la Roumanie, le plus mauvais élève de l’UE affiche un taux d’inflation de 6,1%. La moyenne de l’UE était de 2,1% en 2002 (Turquie: 47%) et 1,9% en 2010 (Turquie: 8,5%). Le chômage a partout baissé en Turquie mais les emplois offerts ne sont guère durables, pour une main d’oeuvre fort peu qualifiée, vu le haut taux d’analphabétisme. La syndicalisation des travailleurs demeure faible. La démographie galopante augmente sans cesse la masse des sans emploi qui subit en plus la concurrence de l’Asie, notamment dans l’industrie textile. En 2002, le chômage était de 10,3%; en 2010, il est de 12,2%. La croissance, on oublie trop souvent de le dire, est essentiellement due aux sommes versées à la Turquie par l’UE: ainsi, en 2002, l’UE a versé 126 millions d’euros; en 2010, 654 millions d’euro; en 2011, les chiffres prévus sont de 782 millions d’euro et, pour 2013, les prévisions se chiffrent à 935 millions d’euro.

 

Sur le plan de la “démocratisation”, rappelons que l’AKP a imposé le scrutin majoritaire, lui assurant le nombre voulu de sièges. Les victoires qu’il enregistre sont importantes mais le parti ne dépassait pas au départ le tiers du total des voix. En 2007, suite à sa victoire lors des élections de juillet, l’AKP a obtenu 47% des voix mais 62% des sièges: l’écart est plus grand que dans les autres pays européens qui pratiquent le scrutin majoritaire. C’est là un déficit de “démocratie pure”. Sous l’AKP, partis et associations kurdes ont été interdites, comme auparavant sous les divers régimes kémalistes. Plusieurs journalistes kurdes ont été arrêtés et condamnés, dont, en décembre 2010, Eminé Demir, condamnée à 138 ans de prison, et Vadat Kursun, condamné à 525 ans de prison. Chaque condamné était jugé à chaque fois pour chaque exemplaire du journal, où était paru un article jugé “litigieux”, ou pour chaque article incriminé, ce qui explique le nombre impressionnant d’années de prison qu’ils écopaient.

 

En janvier 2011, l’OCDE demande à la Turquie que soit levée l’interdiction faite aux citoyens turcs de visiter 5700 sites de l’internet. A partir de 2010, tout citoyen turc reçoit gratuitement une boîte de courrier électronique mais exclusivement sur le serveur de l’Etat. L’adresse “e-mail” est donc obligatoire et figure sur la carte d’identité. L’UE et l’OCDE en sont demeurés perplexes...

 

Dans le domaine de la justice, l’AKP a nommé 4000 nouveaux procureurs (à sa dévotion?), tout en maintenant les entorses au droit de la défense; ainsi, l’avocat d’un prévenu ne peut pas faire partie d’une association proche de ce dernier, sinon il est suspendu du barreau pour deux ans...! D’où, grosso modo, nihil sub sole novi.

 

Les quatre plans d’Erdogan

 

En fait, selon Fuss, Erdogan et l’AKP visent à parfaire quatre plans.

 

PREMIER PLAN: Détruire le pouvoir des militaires.

Avant 2002, l’armée, que l’on a aussi appelé l’“Etat profond”, détenait dans le pays le pouvoir absolu, avec droit de préséance sur toute politique ou instance civiles. Les années 2002-2006 verront se dérouler les premières escarmouches puis les premiers affrontements sérieux entre le nouveau pouvoir et les restes de l’ancien régime en place. Les dernières victoires des militaires datent effectivement de 2006. Cette année-là, l’AKP lance un procès contre le général Yasar Büyükanit, commandant-en-chef des forces terrestres. Sous la pression de l’armée, la plainte est retirée. Le procureur est suspendu et ne peut même plus travailler comme simple avocat. L’armée, en 2006, est demeurée provisoirement maîtresse de la situation et a conservé sa préséance par rapport à la magistrature. L’AKP va contre-attaquer en 2008, lors de la fameuse affaire “Ergenekon”. Le 21 mars, l’affaire éclate, suivie immédiatement de treize arrestations, dont un recteur, plusieurs journalistes et le président du “Parti Ouvrier”. Le 1 juillet, nouvelle vague d’arrestations. Vingt-et-une persones sont interpellées par la police dont deux généraux d’active et quatre généraux à la retraite, ainsi que le président de l’Association “Souvenir d’Atatürk”, ce qui est très symbolique. D’autres journalistes se retrouvent dans cette “charette”, ainsi que le président de la chambre du commerce d’Ankara. Tous sont accusés de “terrorisme” et passent devant des tribunaux civils, y compris les militaires. Les eurocrates applaudissent: pour eux, c’est une manifestation de “démocratie”. En 2010, 196 officiers sont à leur tour incriminés. Le bras de fer continue. Mais d’ores et déjà, on peut prévoir la victoire de l’AKP mais, contrairement à ce que peuvent bien penser les Européens naïfs, ce n’est pas une victoire démocratique, nous explique Fuss, c’est l’arbitraire qui change de camp.

 

DEUXIEME PLAN: Renforcer l’autonomie des colonies turques en Europe (sous l’impulsion de Çelik).

Ce plan est de loin le plus inquiétant pour les Européens, les autres concernant soit la Turquie (libre d’agencer sa politique comme elle l’entend sur le plan intérieur) soit le Proche- et le Moyen Orient (sphère géopolitique dans laquelle elle se trouve et où elle a le droit de s’affirmer, même si cela contrarie des intérêts européens ou russes; c’est alors aux Européens et aux Russes de se défendre). A l’évidence, ce deuxième plan implique une ingérence directe dans la politique quotidienne de plusieurs Etats d’Europe centrale et occidentale. Les directives de cette politique d’ingérence, à pratiquer par l’intermédiaire des diasporas turques d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Autriche, de Belgique et d’autres pays d’Europe occidentale et centrale ont été lancées par Erdogan lui-même à l’occasion de deux discours, l’un tenu à Cologne en 2008, l’autre à Düsseldorf, cette année, en 2011. Des ressortissants des diasporas belges et néerlandaises étaient présents en masse lors de ces meetings, proches des frontières entre l’Allemagne et les pays du Benelux. Ces deux discours, appelant à refuser toute forme d’intégration et/ou d’assimilation à la culture allemande ou européenne, à constituer des minorités turques de blocage dans les assemblées locales ou nationales, font bien évidemment fi des règles diplomatiques d’usage: on pourrait les interpréter comme des déclarations de guerre (et de guerre sainte, de djihad) à l’encontre des polities européennes, ou, au moins, comme un scandaleux déni des règles de bienséance diplomatique, ce qui est un indice très net que la Turquie cherche à se dégager de l’européisme que voulait lui imposer le laïcisme d’Atatürk. Erdogan, comme Çelik, appelle à créer des “communautés solidaires”, détachées du peuple-hôte et destinées à promouvoir une politique turque en Europe, envers et contre les intérêts naturels des puissances qui ont accueilli des immigrants turcs. Prôner une assimilation des immigrés turcs serait, selon Erdogan, un “crime contre l’humanité”. Les hommes et les femmes politiques d’origine turque, élus par les diasporas dans les communes belges, allemandes ou néerlandaises, doivent se mobiliser pour favoriser les plans de la “mère-patrie”, donc se constituer en “cinquième colonne”, prête à abattre tout pouvoir en place qui ne sacrifierait pas aux caprices de l’AKP. Complot contre la sûreté de l’Etat? Assurément! Mais l’inféodation à l’OTAN, qui inhibe tout réflexe sain dans les pays adhérents, n’autorise pas le lamentable personnel politique en place à réagir vigoureusement contre cette véritable déclaration de guerre, prononcée par un homme cohérent et sûr de lui, qui se permet ce coup d’éclat dans un pays gouverné par des personnages falots et “impolitiques” (Julien Freund), un “impolitisme” dû à une crédulité idéologique imbécile, cultivée depuis des décennies, qui conduit le politicien à perdre tout sens des réalités et à idolâtrer les “nuisances idéologiques” (Raymond Ruyer). A l’évidence, tous les citoyens d’origine turque ne sont pas d’accord avec cette politique d’ingérence, préconisée par Erdogan; bon nombre d’entre eux souhaitent une intégration à la culture du pays-hôte, surtout s’ils sont originaires de la quarantaine de minorités ethniques et religieuses qui compose la population turque, minorités que les pouvoirs en place n’ont jamais ménagées. Mais le poids électoral de la fraction de la diaspora favorable à Erdogan et à ses plans est néanmoins considérable: il suffit de songer aux chiffres, avancés par Fuss, que représentent les militants de “Milli Görüs” en Europe occidentale, en Allemagne en particulier. Enfin dernière remarque, non dépourvue d’ironie: que dirait Erdogan si un premier ministre européen venait à Izmir ou à Konya, voire à Van ou à Diyarbakir, exhorter une minorité anatolienne quelconque à refuser toute assimilation à la turcicité ou au sunnisme? Sous prétexte que ce serait un “crime contre l’humanité” de biffer l’identité kurde, arménienne, araméenne ou alévite?

 

TROISIEME PLAN: Faire de la Turquie une des dix premières économies du globe.

Les dix premières économies du globe sont les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Canada, la Russie et le Brésil. Devant la Turquie, il y a l’Inde, la Corée du Sud, le Mexique et l’Australie. Cette classification révèle deux choses: 1) d’abord que la Turquie aura bien du mal à dépasser ses concurrents, surtout l”Inde vu son poids démographique; 2) que le boom démographique turc permet l’éclosion d’une masse de consommateurs immédiats, que ne peuvent plus aligner nos vieux pays fatigués et épuisés par deux guerres mondiales où le meilleur de leur population a péri. La Turquie augmente ainsi naturellement le nombre de consommateurs sur son propre marché intérieur, tandis que les vieilles nations européennes sont de plus en plus contraintes de chercher des débouchés à l’extérieur (en Chine par exemple), où la concurrence est dure et où les succès sont toujours aléatoires, non programmables sur le très long terme.

 

QUATRIEME PLAN: Faire de la Turquie une puissance mondiale.

C’est sans doute le noyau du rêve néo-ottoman: l’Empire, créé par Othman au 14ème siècle, était effectivement la principale puissance du globe, avec la Chine, au début du 16ème siècle. Mais elle a été battue à Lépante en 1571 puis à Vienne en 1683 et à Zenta en Hongrie en 1697, notamment grâce à la modernisation des armées autrichiennes et impériales par le génie militaire d’Eugène de Savoie-Carignan. Depuis lors, l’Empire ottoman n’a connu que ressacs et déclins. Erdogan et Davutoglu rêvent de recréer les conditions de la puissance turque d’antan. L’atout majeur des Turcs est la position géostratégique de leur pays, au point d’intersection entre l’Europe, l’Asie (occidentale) et l’Afrique nilotique (avec l’Egypte qu’ils ont dominée de Soliman le Magnifique à 1882, année où l’Angleterre fait du pays un protectorat britannique). L’instrument pour redonner une place incontournable à l’Etat turc est la “diplomatie multidirectionnelle” préconisée par Davutoglu et assortie du principe dit de “zéro conflits aux frontières”. Cela implique:

1)     une alliance avec les pays arabes, battue en brèche depuis la visite d’Erdogan et de Gül en Syrie, où le pouvoir syrien n’a pas voulu renoncer à son laïcisme et à son “arabisme”.

2)     De renforcer le poids de la Turquie dans l’Union Européenne, alors que toute adhésion pleine et entière de la Turquie à l’UE risque de faire imploser celle-ci.

3)     De créer une communauté des Etats turcophones, projet fragilisé par la résistance du Président kazakh qui n’entend pas être inféodé à la Turquie anatolienne et cherche à conserver des liens étroits avec la Russie et, dans une moindre mesure, avec la Chine, au sein du groupe dit “de Shanghai”. La Turquie entend créer cette communauté turcophone pour, à toutes fins utiles, faire contre-poids aux nations arabes au sein de la “Conférence des Etats islamiques”.

 

Le projet néo-ottoman: une belle cohérence

 

On ne peut nier la belle cohérence du projet néo-ottoman d’Erdogan, Gül et Davutoglu. Leurs idées sont incontestablement une bonne synthèse des idéologies turques depuis le “Tanzimat” du 19ème siècle. Mais cette cohérence et cette synthèse sont diamétralement opposées aux intérêts les plus élémentaires de l’Europe réelle, de l’Europe profonde en état de dormition (pour ne pas parler de cette Europe sans épine dorsale qu’est l’UE). Cependant, l’Europe d’aujourd’hui marine dans l’incohérence: elle garde trop de velléités atlantistes et quand elle se veut “eurocentrique”, elle ignore les dynamiques à l’oeuvre chez ses voisins musulmans, en minimise la portée ou les considère avec une condescendance qui n’est pas de mise car ces dynamiques sont portées par des projets idéologiques ou religieux cohérents, réellement politiques, alors que les élucubrations des eurocrates sont marquées d’un impolitisme délétère. Les velléités euro-sibériennes, on les perçoit essentiellement dans les rapports gaziers entre l’Allemagne et la Russie, via la gestion des gazoducs “North Stream” qui passent par les eaux de la Baltique et que co-gère l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (adepte en son temps de l’Axe Paris/Berlin/Moscou, cher au théoricien de Grossouvre). Les timides rapprochements avec les Etats du groupe BRIC, et surtout avec la Chine, voire l’Inde, nous les retrouvons notamment dans la politique commerciale belge, qui multiplie les “missions” à Pékin. Quant à la chimère euro-méditerranéenne de Sarközy, —réduite à néant par les “printemps arabes”, qui, contrairement aux voeux des eurocrates impolitiques, n’ont pas amené sur les rives méridionales de la Grande Bleue de belles démocraties sur le mode scandinave et n’ont généré que le chaos surtout après la chute de la Libye— elle est désormais à ranger au placard des illusions, surtout qu’en région arabo-méditerranéenne, la politique “islamiste modérée” d’Erdogan a plus de chances d’enregistrer des succès que les rêves sarközystes, saupoudrés par les fadaises et les philosophades de Bernard-Henri Lévy. On a maintes fois souligné l’impossibilité d’une politique étrangère commune à l’Europe: les deux principales puissances occidentales, la Grande-Bretagne et la France qui ont toutes deux droit de veto à l’ONU, posent problème; l’une, parce qu’elle cultive sa “special relationship” avec les Etats-Unis; l’autre, parce qu’elle a toujours eu des velléités anti-impériales hier, anti-européennes aujourd’hui. Elles chercheront toujours à imposer aux autres Européens leurs visions particularistes, et souvent bellogènes, sans jamais tenir compte des intérêts à long terme du continent. Face à cette incohérence européenne persistante, la Turquie d’Erdogan a beau jeu...

 

La problématique des “Droits de l’Homme”

 

En mars 2011, lors de ma première conférence, ici, sur l’état actuel de la Turquie, j’avais, sur base d’un travail réalisé par le député européen Filip Claeys (qui s’occupe de l’agence Frontex), mis en exergue plusieurs facteurs: le risque d’une adhésion turque pour le budget de la PAC (“Politique Agricole Commune”), le déséquilibre démographique entre une population anatolienne sans cesse croissante et une population européenne vieillissante, le laxisme cynique des autorités turques qui laissent passer les flux migratoires en direction de l’espace Schengen, la problématique des droits de l’Homme où les Européens se bornent à appliquer ou faire appliquer la charte telle qu’elle existe depuis 1789 et 1948 (San Fransisco) et où les Turcs veulent faire coexister avec cette charte celle de la déclaration du Caire sur les droits de l’homme musulman. L’application des deux déclarations, celle de 1789/1948 et celle du Caire, s’avère impossible vu les incompatibilités entre la sharia et le droit européen actuel, d’autant plus que l’UE a expressément déclaré que cette sharia islamique était incompatible avec les droits de l’Homme, telle qu’on les entend en Europe. Les deux aires civilisationnelles, l’européenne et la musulmane, ont chacune leurs logiques propres, surtout compte tenu du fait qu’Erdogan, comme l’explique par ailleurs le turcologue français Tancrède Josseran, essentialise le concept huntingtonien de “civilisation”, posant implicitement la Turquie comme puissance-guide du monde musulman, face à un Occident décadent, dont il ne faut pas imiter les principes délétères. La Turquie cherche donc à s’hermétiser (sans doute à rebours du concept premier de “Tanzimat”) et cette hermétisation va de paire avec l’essentialisation des aires civilisationnelles, telles que les avait définies Huntington.

 

Pour devenir puissance mondiale (et non plus régionale), la Turquie possède certes des atouts d’ordre géographique non négligeables, mais elle souffre d’un handicap, celui d’avoir trop de voisins, comme l’Allemagne en 1939, avait, elle aussi, trop de voisins hostiles. Chaque voisin est source potentielle de conflits: la Grèce et Chypre n’entendent pas capituler devant les exigences turques, quoi qu’il pourrait en coûter; dans le Caucase, l’Arménie, allié inconditionnel de la Russie néo-orthodoxe, veille, surarmée et renforcée par la présence de garnisons russes, entre la Turquie et son allié azéri (turcophone), qui pourrait lui offrir une fenêtre sur la Caspienne; l’Iran est certes “neutralisé” pour le moment, au nom de la doctrine de “zéro problème avec les voisins”, mais le contentieux perse/ottoman est ancien, profondément ancré dans les réalités stratégiques régionales et surplombant le vieux conflit sous-jacent entre sunnisme hanafite (réformiste au sens du “Tanzimat”, de Nursi, de Gülen et du triumvirat Erdogan/Gül/Davutoglu) et le chiisme iranien, duodécimain et non quiétiste (depuis Khomeiny); la Syrie reproche à la Turquie de lui infliger un “stress hydrique” (cf. supra) et de mettre en danger son option arabiste et laïque; le conflit avec Israël, depuis l’affaire de la flotille humanitaire turque qui emmenait vivres et matériels vers Gaza, est davantage un “show”, à nos yeux, qu’une inimitié profonde, que ne toléreraient d’ailleurs pas les Etats-Unis. L’escalade verbale avec Israël sert à faire accepter le modèle turc au monde musulman, pour réaliser, au profit du tandem américano-turc, le fameux projet de “Greater Middle East”. La Turquie, sans le soutien discret de l’“administration” Obama, serait un pays encerclé, le “cul entre six chaises”, et sans grands espoirs de se dégager de cette cangue. Quant au pro-arabisme, annoncé par Davutoglu, on voit ce qu’il en est advenu en Syrie, où la Turquie participe désormais à l’encerclement du pays de Bachar El Assad. Et fait donc la politique que réclament les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, Israël (qui n’aime pas les changements de donne), et que réclament aussi, dans un concert médiatique assourdissant, tous les thuriféraires du bellicisme occidental contemporain, de Fischer à Cohn-Bendit, et de Verhofstadt à Sarközy, avec la bénédiction du grand prêtre parisien de la jactance “universaliste”, Bernard-Henri Lévy.

 

Le monde est un “pluriversum”

 

Quant à l’Europe, elle oublie que la Déclaration des Droits de l’Homme est avant tout une “Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen”, un citoyen fatalement inclu dans une Cité, qui a des limites géographiques précises, non extensibles à la planète toute entière, et que, par conséquent, cette dernière n’est pas un “universum” politique mais bien un “pluriversum”. Il n’existe pas et n’existera pas de “République planétaire”: ni les Etats-Unis (très protectionnistes en maintes occasions) ni l’UE n’ont sont donc les prémisses. D’autres polities de grandes dimensions coexistent sur la planète et font reposer leurs systèmes juridiques et politiques sur d’autres valeurs ou sur les mêmes valeurs, mais articulées de manière différente pour correspondre à des sensibilités précises et non aliénables, souvent d’ordre religieux ou philosophique. La problématique des Droits de l’Homme (où la notion de “citoyen” est désormais trop souvent escamotée) suscite en Europe des discussions infinies car cette déclaration, revue à la manière simpliste et propagandiste depuis 1978 par une équipe de “nouveaux philosophes”, dont Bernard-Henri Lévy est le plus médiatisé, le plus bruyant et le plus emblématique, est contestée partiellement par certains catholiques ou par ceux qui entendent réhabiliter des libertés et des droits plus concrets, issus de systèmes juridiques vernaculaires (et efficaces) ou par certains observateurs, soucieux du sort global de la planète, qui entendent tenir compte de Déclarations autres, comme celle de Bangkok pour les pays asiatiques ou qui estiment important de réfléchir sur la vision pluraliste des Droits de l’Homme et du droit des gens qu’entend généraliser la Chine.

 

Mais les risques de déséquilibres du budget de la PAC, le risque de voir une immigration désordonnée et débridée ruiner les budgets sociaux de tous les Etats européens en cas d’adhésion pleine et entière de la Turquie à l’UE, la politique d’ingérence dans les affaires intérieures des Etats-hôtes de l‘immigration turque préconisée par Erdogan lui-même à Düsseldorf et Cologne et, enfin, la question cypriote, où la Turquie agresse un Etat membre de l’UE (alors que les principes mêmes du premier “Marché Commun” du Traité de Rome de 1957 stipulaient que les Etats membres ne pouvaient plus se faire la guerre et devaient oublier leurs contentieux antérieurs) sont des motifs suffisants pour exclure la Turquie de toute adhésion pleine et entière à l’UE qui, en revanche, devrait faire de l’“Homme guéri (?) du Bosphore” un partenaire commercial privilégié à l’Est des Balkans.

 

Robert STEUCKERS.

(Forest-Flotzenberg, octobre/novembre 2011; rédaction définitive: août 2012).

 

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-          Stéphane de TAPIA, “Comprendre le renouveau géopolitique turc” (entretien), in: Diplomatie magazine, n°52, sept.-oct. 2011.

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-          Jean-Louis TREMBLAIS, “L’Europe vue par les Turcs”, Figaro Magazine, 11 décembre 2004.

-          Garip TURUNÇ, “La Turquie et l’Union européenne: une relation en délitement?”, in: Diplomatie magazine, n°52, sept.-oct. 2011.

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-          Carter VAUGHN FINDLEY, Turkey, Islam, Nationalism and Modernity – A History, 1789-2007, Yale UP, 2010.

-          Stéphane YERASIMOS & Turgul ARTUNKAL, “La Turquie, permanences géopolitiques et stratégies nouvelles vers le Proche- et le Moyen-Orient”, in Hérodote, n°29/30, avril-sept. 1983.

-          Bahri YILMAZ, “Regionalmacht Türkei. Hat sie ihre Führungsrolle verpasst?”, in: Internationale Politik, 5/1995.

-          Bernhard ZAND, “Scheidung vor der Hochzeit?”, in: Der Spiegel, 40/2005.

-          Aziz ZEMOURI, “Justice: encore un effort”, Figaro Magazine, 11 décembre 2004.

 

Articles anonymes:

-           “Turkey and the Middle East – Erdogan’s travels”, The Economist, May 7th-13th, 2005.

-          “Turkey and the European Union – Mountains still to climb”, The Economist, May 14th-20th, 2005.

-          “Turkish historians – When history hurts”, The Economist, August 6th, 2005.

-          “Turkey’s Kurds – Let Justice be done”, The Economist, Feb. 10th-16th, 2007.

-          “Turkey’s Kurds – Guns and Votes”, The Economist, June 23d, 2007.

-          “Turkey and the Kurds – Terror in the Mountains”, The Economist, Oct. 18th, 2008.

-          “La Turquie, pivot incontournable au Moyen-Orient”, in: Diplomatie magazine, n°44, mai-juin 2010.

-          “Nicosie et Athènes lancent un avertissement à la Turquie”, sur http://euro-synergies.hautetfort.com . Original italien: in Rinascita, 17 juillet 2010.

-          “Les métamorphoses de la Turquie”, sur http://euro-synergies.hautetfort.com/ . Original néerlandais: in ’t Pallieterke, 21 juillet 2010.

-          “Armenia e Israele – limiti e prospettive della politica estera turca”, sur http://www.eurasia-rivista.org , 24 févr. 2011.

 

Ouvrage lu après rédaction:

 

-          Peter EDEL,  De diepte van de Bosporus – Een politieke biografie van Turkije, EPO, Berchem, 2012.

 

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

Krantenkoppen Juli 2012 (3)

Krantenkoppen
 
Juli 2012 (3)
 
RUSLAND ONDERHANDELT OVER HEROPENING MILITAIRE BASIS OP CUBA EN IN VIETNAM.
"We blijven eraan werken dat de Russische zeemacht over basissen kan beschikken buiten de grenzen van de Russische Federatie", zei [bevelhebber der Russische marine] Tsjirkov (...) over de huidige stand van zaken in de onderhandelingen die enkele jaren geleden zijn opgestart. "In het kader van ons werk op internationaal vlak, onderzoeken we de oprichting van materiële en technische steunpunten op Cuba, de Seychellen en Vietnam". Vandaag had de Russische president Vladimir Poetin een ontmoeting met zijn Vietnamese collega Truong Tan Sang in Sotsji aan de Zwarte Zee.
http://www.demorgen.be/dm/nl/990/Buitenland/article/detail/1476790/2012/07/27/Rusland-onderhandelt-over-heropening-militaire-basis-op-Cuba-en-in-Vietnam.dhtml
 
 
CHAVEZ ET LE NATIONALISME BIELORUSSE.
 
 
VENEZUELA'S PARTNERSHIP WITH RUSSIA: AN EMBLEMATIC STEP.
“Over the past years, (…) the ties between Chávez and Putin have become stronger. Both leaders are ardent patriots, proud to serve their respective countries which they love with great intensity. Both men share similar views on many topics, for example the role of the USA in global economics. Hugo Chávez agreed with Vladimir Putin’s opinion that the USA is an ‘economic parasite’ because of its ‘constant instability and high debts, living far beyond its means and transferring the burden of its problems to the entire world economy’. (…)
In the 12 years of Hugo Chávez’ government, Venezuela transferred its international funds from US banks to other banks in different parts of the world. Furthermore Venezuela paid back all of its debts to US banks and ended its dependence on the IMF.
Venezuela is a strategic business partner for Russia in the exploitation of gas and crude oil. Since 2005, Venezuela’s state oil company PDVSA and the Russian oil company Lukoil have been drilling oil in the Venezuelan Orinoco Oil Belt together. Another joint venture contract was signed in 2011 between Russia’s Rosneft and PDVSA to exploit the oil reserves of the blocs Carabobo-2 North and East. Rosneft holds 40%, PDVSA owns the majority of 60%. Since 2008, PDVSA has furthermore been drilling gas jointly with Russia’s Gazprom in the Gulf of Venezuela. The Caribbean Gas Belt, which stretches along the coast of Venezuela, contains 200 trillion cubic feet of natural gas. President Chávez wants his country to produce its own gas with Russian help, thanks to the transfer of Russian technology and training. (…) Another shared Venezuelan-Russian enterprise is the mining of gold in Venezuela’s gold mines, Las Cristinas and Las Brisas. (…) The Russian firm Rusoro was granted partnership with Venezuelan state mining companies.
To finance these projects, a bi-national bank was created in 2009. Russia’s Gazprombank and VTB control 51%, Venezuela’s PDVSA and the National Treasury own 49%. The bi-national bank’s headquarters are located in Moscow, with offices established in Caracas and Beijing. The bi-national bank aims to boost financial cooperation between Venezuela and Russia. According to President Chávez, this bank is a step on the way ‘to transform the financial architecture of the 21st century’.
As Russia’s President Vladimir Putin remarked, the commercial exchange between Russia and Venezuela saw ‘a tenfold increase in 2011’. Russia exports busses to Venezuela, while the Russian car company Lada is looking to open up factories in Venezuela. The Latin American partner sends agricultural products to Russia: cacao, flowers and plantains (bananas). (…) In addition, Venezuela wants to export more homegrown tropical fruits to Russia: mangos, melons, pineapples. Coffee export shall also be boosted in the coming years.
(…) Venezuela built 10.000 new homes with Russian materials and technology (…). Chávez (…) is (…) stepping up the military training and equipment of the Venezuelan Armed Forces, mainly with Russian armament imports. President Chávez (…) expressed his fears of meeting the same fate as (…) Muammar Gaddafi: ‘We see that imperialism has dropped its mask, has put aside morals and found a pretext to bomb Libyan towns, killing Libyan civilians’. (…) Indeed, the parallels to Venezuela are striking, only a blind person would be unable to see them. President Chávez certainly does not suffer from blindness and is taking precautions.
(…) The Russian Federation sells various kinds of weapons and military equipment to Venezuela, including shoulder-fired anti-aircraft missiles, attack helicopters, combat aircraft, tanks, infantry fighting vehicles, armored personnel carriers, multiple rocket launchers, self-propelled howitzers, self-propelled mortars, assault rifles, sniper rifles, ammunition. (…) The Russian Federation is constructing a maintenance center for military equipment in Venezuela, specialized on repairing helicopters (…).
Meanwhile, Venezuela is not merely an importer any more, but has started producing its own armament and military equipment with Russian help. The country produces 2 types of ‘Catatumbo’ rifles with Russian design. (…) The newest feat (…) is Venezuela’s first unarmed drone, built with joint Russian, Iranian and Chinese technology and assistance. (…) Venezuela has begun to sell weapons and military vehicles to other Latin American countries within the alliances of ALBA and UNASUR. (…) Other Latin American states want to buy the drone. (…)
In the cultural area, Russian-Venezuelan cooperation has been intensified as well. The Russian language is taught in national education centers of Venezuela, supervised by the Agency of Cooperation with Russia. These centers organize activities to introduce Russian culture and history in Venezuela, for example with exhibitions, seminars and workshops. (…) Interest in the Russian culture is growing (…) due to the fact that Russian-Venezuelan ties have been intensified during the last ten years. (…) More and more Venezuelans are enrolling in Russian language courses. The Central University of Venezuela in Caracas trains future teachers of the Russian language. The Government of the Russian Federation offers scholarships to Venezuelan students who are interested in studying at Russian universities.
Last but not least, Venezuela is promoting tourism in Russia. (…) The Venezuelan Ministry of Tourism presented touristic points of interest in Venezuela to Russian travel agencies. The (…) delegation attended more than 190 meetings with international travel agents from Belarus, Ukraine, Kazakhstan, Uzbekistan and Russia, handing out brochures and promotional videos of Venezuela. They also met with officials of tourist magazines: TTG, Voyage, Travel Magazine, News Outdoor and the internet portal travel.rian.ru.
President Chávez promotes cooperation with Russia in other Latin American countries, just like the Russian Federation greeted the recent founding of CELAC (Community of Latin American and Caribbean States), launched in Caracas, in December 2011. (…) Russia supports the desire of Latin American countries for unity and the consolidation of their identity, of which Hugo Chávez is the first and foremost representative."
 
 
NEPHUWELIJK IN RUIL VOOR BRAZILIAANS WERK: EUROPEANEN GAAN SCHIJNHUWELIJKEN AAN IN BRAZILIË.
"Brazilië, met zijn imago van groei en bloei, is een paradijs geworden voor werklozen uit het ‘oude continent'. (…) In Spanje heeft 1 op de 4 inwoners geen baan meer. In Brazilië is wel werk, zeker met de Olympische Spelen en het WK Voetbal in het verschiet. (…) 
De afgelopen 2 jaar is het aantal buitenlanders hier verdubbeld van 1 naar 2 miljoen. (…) Het effect van de crisis is duidelijk: mensen vertellen me dat ze geen toekomst meer zien in eigen land. Behalve de Portugezen zijn het vooral Spanjaarden, Italianen en Fransen die de oceaan oversteken.
Maar waarom dan een schijnhuwelijk? De Braziliaanse wetgeving is heel streng. De bureaucratie om een werkvisum te krijgen, is bijzonder groot. Brazilianen moeten bovendien voorrang krijgen op de arbeidsmarkt, zo is de filosofie. Doordat het aantal aanvragen de laatste jaren zo groot geworden is, hebben de procedures behoorlijk wat vertraging opgelopen. Scheiden is dan weer een pak gemakkelijker. Maar niet alleen schijnhuwelijken zijn een groeiend probleem. Ik ken veel buitenlanders, ook Europeanen, die hier illegaal aan de slag zijn. Zelfs architecten en ingenieurs. Ze stellen zich tevreden met een minimumloon. Ze laten zich gewoon uitbuiten: slavernij light, noem ik het. Het is schrijnend.
En zo hebben de Brazilianen alweer iets nieuws om zich vrolijk over te maken: nadat ze hun gewezen kolonisator geld hadden aanboden om uit de financiële put te klimmen en nadat het land voor veel Portugezen aantrekkelijker was geworden dan het moederland, zijn de rollen alweer omgedraaid. Het is nu de Braziliaanse politie die de bedden van gemengde paren komt controleren om schijnhuwelijken te ontmaskeren."
 
 
DE SYRISCHE VREDESBEWEGING.
"De Amerikaanse invasie van Irak in 2003 maakte duidelijk hoe gevaarlijk het is uitsluitend één doel voor ogen te hebben – namelijk het ten val brengen van een regime – zonder de daaruit voortvloeiende consequenties goed te hebben doordacht. Niets is gevaarlijker dan een machtsvacuüm en mét het Syrische regime zal waarschijnlijk ook de Syrische staat met al haar instituties in elkaar storten. Uit vrijwel alle recente analyses van Westerse denktanks blijkt dat er in Syrië rekening wordt gehouden met jarenlange chaos en anarchie waarbij het veiligstellen van het Syrische arsenaal aan chemische wapens de topprioriteit is geworden. (…) Men hoort niemand spreken over (…) de vreselijke toekomst die (…) het Syrische volk te wachten staat. Alle partijen beweren in naam van dit volk te spreken en te handelen, maar ondertussen wordt over hun hoofden een bloedige strijd uitgevochten. In dit drama is het Syrische volk vooral de rol toebedeeld van slachtoffers. Ze worden uit hun huizen, wijken en dorpen verdreven door het geweld van gewapende rebellen en het tegengeweld van het Syrische leger (…).
Op internationale conferenties blijken alleen díe Syrische oppositiegroeperingen te worden uitgenodigd die namens dit Syrische volk om nóg hardere sancties en militaire interventie vragen. Het is daarom verheugend dat in de Syrische samenleving zelf een vredesbeweging is ontstaan die nationale dialoog en verzoening nastreeft. Te vrezen valt dat dit precies niet is wat de zelfbenoemde ‘Vrienden van Syrië’ beogen. (…) 
Het Arabische woord ‘musalahah’ betekent ‘verzoening’ en staat voor een interreligieuze beweging die enkele maanden geleden spontaan werd geboren uit een initiatief van Syriërs die ieder vertrouwen in de officiële politiek hadden verloren om tot een oplossing te komen voor de bloedige crisis in hun land. In de nieuwe regering die enkele weken geleden in Syrië aantrad, zijn ook een aantal oppositieleden aangesteld als minister en een van hen is Ali Haider die lid is van de oppositionele Syrische Sociale Nationalistische Partij. Ali Haider leidt thans een nieuw opgericht (…) ‘Ministerie voor Nationale Verzoening’ (…). De minister symboliseert op bepaalde wijze de Musalahah-beweging: zijn eigen zoon werd enkele maanden geleden vermoord (…).
De bedoeling van dit ministerie is om bruggen te bouwen tussen de talloze religieuze en etnische groeperingen in de Syrische samenleving waarin diepe wonden zijn geslagen door het niets ontziende geweld dat slachtoffers heeft gemaakt in alle gemeenschappen. Landsgrenzen kunnen verdedigd worden met militaire middelen, maar hoe kan een maatschappelijk weefsel worden geheeld dat ruw uit elkaar is gescheurd? In pogingen om een antwoord te vinden op deze brandende vraag bleek afgelopen weken dat dit initiatief van hogerhand – namelijk een Ministerie voor Nationale Verzoening – vrijwel naadloos aansluiting vond bij het volksinitiatief van (…) de Musalahah-beweging. (…) 
Het is (…) in Homs dat de interreligieuze verzoeningsbeweging Musalahah de afgelopen weken zeer actief is geworden. Religieuze leiders van álle in Syrië levende geloofsgemeenschappen komen hier regelmatig (…) samen met tribale leiders, de civiele autoriteiten en vele gewone burgers van goede wil. Ze spreken (…) over hun vurige verlangen om het sektarische geweld (…) te stoppen en een vreedzame beschaving op te bouwen van broederlijke coëxistentie. 
De beweging mag zich momenteel verheugen in een snelle groei qua leden en naambekendheid en vindt steeds meer belangrijke Syrische groeperingen en invloedrijke persoonlijkheden aan haar zijde. (…) De Musalahah-beweging heeft een aantal belangrijke uitgangspunten inzake (…) de Syrische samenleving: (…) de eenheid van het Syrische volk dat één familie vormt, (…) de doelstelling om sektarisme en geweld te bestrijden en de bereidheid om plaats te nemen aan de onderhandelingstafel. Vorige week kwamen meer dan 800 persoonlijkheden uit de hele Syrische samenleving samen in de oostelijke stad Deir Zor waar ze de boodschap van de Musalahah-beweging onderstreepten: de énige oplossing voor de huidige Syrische impasse is gelegen in het afzweren van geweld en het streven naar onderlinge dialoog. (…) 
De afgelopen dagen kwam er echter ook nog ander nieuws uit Homs dat gerust spectaculair genoemd mag worden. Meer dan 300 gewapende rebellen kondigden aan bereid te zijn hun wapens neer te leggen en hun strijd voort te zetten als ‘politieke oppositie’. Waarbij ze onder de directe bescherming zullen komen te staan van de Musalahah-beweging. Dit is het resultaat van een overeenkomst die deze beweging wist te sluiten met de Syrische autoriteiten (…).
Het grootste probleem in Homs wordt gevormd door de aanwezige gewapende rebellen met een niet-Syrische nationaliteit en die daarom niet in aanmerking komen voor dit Musalahah-initiatief. Gehoopt wordt thans dat het Internationale Rode Kruis hier iets kan betekenen.
Zoals te verwachten viel, wordt de Musalahah-beweging er door bepaalde oppositiegroeperingen van beschuldigd ‘een instrument te zijn in handen van het Syrische regime’. Het zijn de krachten en groeperingen die iedere dialoog met het regime afwijzen. In plaats van dialoog willen ze de gewapende strijd tegen het regime in Damascus net opvoeren (…). De Musalahah-beweging verweert zich tegen deze kritiek door er op te wijzen dat de beweging niet ‘van boven af’ maar ‘van onder op’ is ontstaan en een steeds breder draagvlak vindt in de Syrische samenleving die na bijna 1,5 jaar strijd en bloedvergieten moe en uitgeput is. De beweging kreeg recentelijk bovendien de steun van de Ierse Mairead Maguine die in 1976 de Nobelprijs voor de Vrede kreeg.”
 
 
 
 
CIA AGENT EXPLAINS HOW AL QAIDA DOESN'T EXIST.
 
 
GROEIENDE SPANNING EN TOENEMENDE ISLAMISERING IN ALBANIË.
"In Albanië verkondigen jonge imams een andere vorm van islam dan wat men daar tot nu toe gewoon was. Dat leidt tot toenemende spanningen. (...) De imams zijn opgeleid in Turkije en in Saoedi-Arabië en staan voor een strengere (...) islam (...). Deze handelswijze veroorzaakt niet alleen spanningen binnen de moslimgemeenschap, maar creëert (...) ook zenuwachtigheid in de relaties met de christenen.
( ...) De conflicten worden vanuit het buitenland geïmporteerd in Albanië, dat een brug vormt met de rest van Europa (...). Hij merkte wel op dat de meerderheid van de bevolking in Albanië vreedzaam samenleeft. Maar we mogen de sterke belangstelling van Turkije en Saoedi-Arabië voor Albanië toch niet uit het oog verliezen. Zo promoten beide landen de bouw van islamitische scholen!
Op lange termijn wordt (...) het land echter bedreigd door 2 andere problemen: de wijdverspreide corruptie en de onzekerheid over eigendomsrechten. Ze beïnvloeden eveneens de projecten van de katholieke Kerk. Dat houdt in dat de bouw van kapellen, kerken en parochiegebouwen worden verhinderd (...).
Het is dikwijls moeilijk om te achterhalen welke religie (...) iemand aanhangt omdat velen maar over een gebrekkige geloofskennis beschikken. Men schat dat 60% van de 3,2 miljoen Albaniërs soennitische moslims zijn. Ongeveer 8% behoort tot de alevieten die het bektasisme aanhangen, een geloofsovertuiging die nauw verbonden is met het islamitische soefisme. Orthodoxe christenen maken 20% van de bevolking uit en de katholieken bijna 10%."

 http://www.rorate.com/nieuws/nws.php?id=72123
 
 
 
 
 
ÄGYPTENS CHRISTEN VERWEIGERN TREFFEN MIT DER GESANDTEN SATANS.
"Die US-Regierung unterstützt Bewegungen, die den politischen Islam repräsentieren. (...) Die Christen zahlen den Preis.
Christliche Politiker Ägyptens, gesellschaftliche Aktivisten und Geistliche haben ein Treffen mit Hillary Clinton – der Außenministerin des US-Reiches des Bösen – verweigert. (...) 
Frau Clinton stattete am Samstag und Sonntag bei der US-israelischen Satelliten-Regierung Ägyptens einen Kontrollbesuch ab. Bei dieser Gelegenheit protestierten die Christen gegen die Unterstützung, die das US-Regime der regierenden Muslimbruderschaft erweist. (...) 
'Die Besuche von Hillary Clinton und anderer US-Politiker in Kairo nach der Revolution und die Treffen, die dabei stattgefunden haben, zeugen davon, daß die US-Regierung Bewegungen unterstützt, die den politischen Islam repräsentieren" – hieß es in einer gemeinsamen Erklärung der christlichen Vertreter.
Außerdem zeugen die separaten Treffen der US-Politiker mit Vertretern der Muslimbruderschaft, der Salafiten-Parteien und der Christen davon, "daß die Ägypter nach dem religiösen Prinzip aufgeteilt werden". 
In Kairo und Alexandria fanden große Protestaktionen gegen den Besuch der Vertreterin Satans statt. Daran nahmen auch Vertreter nichtreligiöser Parteien und Bewegungen teil. Am Sonntag wurde die Wagenkolonne der Vertreterin Satans in Alexandria als Zeichen der Verachtung mit Tomaten, Wasserflaschen und Schuhen beworfen."
 
 
 
EGYPTIANS PELT CLINTON WITH TOMATOS AND CHANT 'MONICA'.
"­The two-day visit by the US Secretary of State to Egypt ended in scandal when the convoy she was driving in from the newly-opened American consulate in (...) Alexandria was attacked by local citizens chanting anti-American slogans. The protesting crowds hailed the motorcade with vegetables and other objects, reportedly hitting one of the Egyptian officials in the convoy in the face. (...)
(...) The protesters chanted 'Leave, Clinton' and 'Monica, Monica', presumably referring to the scandal with the secretary’s husband, former US President Bill Clinton’s extra-marital affair (...). The protesters were holding banners in Arabic and English, accusing the US of interfering into Egypt’s internal affairs.
(...) Demonstrators surrounded Clinton’s hotel later on Saturday, chanting anti-Islamist slogans and putting the blame on Washington for the Islamists’ rise to power and victory in the country’s presidential elections. Many of the protesters accused Mohammed Morsi of 'selling out' to Washington. 
'I want to tell the Americans who are supporting democracy that we don't have any democracy in Egypt', one demonstrator (...) told AP. 'Egyptians of all sects – Muslims, Christians and minorities – do not have any rights in this country'."
http://www.rt.com/news/clinton-egypt-tomato-bombardment-243/
 
 
 
 
"If you are in favour of global liberal hegemony, you are the enemy. If you are against it, you are a friend.
The first is inclined to accept this hegemony; the other is in revolt!"
 
Alexandr Dugin

vendredi, 14 septembre 2012

Arabie saoudite: l’allié problématique de Washington

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Bernhard TOMASCHITZ:

Arabie saoudite: l’allié problématique de Washington

 

C’est avec un acharnement véritablement opiniâtre que l’Arabie saoudite défend ses intérêts stratégiques. Après les soulèvements d’Egypte et de Libye, où Ryad a chaque fois soutenu l’opposition islamiste, le royaume du désert arabique s’immisce désormais dans la guerre civile syrienne. Comme le rapportait le journal britannique “The Guardian”, le 22 juin 2012, les Saoudiens s’apprêtaient à financer les combattants de la dite “Armée Syrienne Libre”. Ensuite, des pourparlers étaient en cours entre les Saoudiens, d’une part, et des représentants des Etats-Unis et d’autres pays arabes afin de fournir des armes aux rebelles syriens, tant et si bien qu’on peut dire que l’Arabie saoudite et l’émirat du Qatar “entraient de plein pied sur le théâtre des affrontements syriens”.

 

C’est donc clair désormais qu’une sorte de “division du travail” a été décidée entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour favoriser en Syrie un “changement de régime”. La réputation de Washington est bien écornée dans le monde arabe: c’est pourquoi les Etats-Unis se tiennent en apparence en dehors du conflit et font faire le travail sur le terrain par leurs alliés de la région. Dans ce contexte, les Etats-Unis cherchent à lier plus étroitement à leur politique et à celle de l’OTAN leur allié problématique qu’est l’Arabie saoudite, qui finance partout dans le monde les mouvements islamistes. Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen a déclaré, à l’occasion d’une visite au quartier général de l’Alliance Atlantique du ministre saoudien des affaires étrangères, Nizar Madani, à la mi-juin 2012, que l’Arabie saoudite était “un pays-clef dans la région et que l’OTAN serait ravi d’accueillir le royaume wahhabite comme partenaire lors de l’ “Istanbul Cooperation Initiative” (ICI)”. L’ICI a été créée en 2004 sous l’impulsion du Président américain George W. Bush, avec pour mission de lier les pays arabes à l’OTAN.

 

Dans le but de faire tomber le leader syrien Bachar el-Assad, les Etats-Unis parient, une fois de plus, sur un allié fort douteux. Les deux partenaires veulent certes affaiblir l’Iran, leur ennemi commun, en provoquant un changement de régime à Damas; mais, mis à part cet objectif précis et circonscrit, les intérêts des deux puissances se limitent à cela. Washington raisonne sur le court terme et veut protéger Israël du danger hypohétique d’une attaque nucléaire iranienne mais raisonne aussi à moyen terme en spéculant sur un écroulement du régime des mollahs pour s’emparer des réserves de pétrole et de gaz d’Iran. Les Saoudiens, eux, veulent devenir une puissance régionale incontestée sur les rives du Golfe Persique; ils veulent aussi devenir l’Etat arabe le plus influent et exporter leur forme d’islam, le wahhabisme, partout dans la région. Si l’Iran chiite s’affaiblit, l’Arabie saoudite en profitera pour barrer, sur son propre territoire, la route à Téhéran qui cherche à influencer les ±10% de la population saoudienne qui est d’obédience chiite.

 

Comme en d’autres points chauds du monde musulman, les Saoudiens soutiennent les djihadistes syriens, en liaison avec le réseau terroriste d’Al-Qaeda, ce qui contrarie fortement les projets américains pour une Syrie post-Assad. “Ces éléments (djihadistes) bénéficient du soutien de l’Arabie saoudite et du Qatar et joueront indubitablement un rôle en Syrie après la chute d’Assad”, écrit, sur le ton de l’avertissement, une étude publiée par le “Royal United Services Institute” (RUSI), une boîte à penser britannique qui entretient d’excellents contacts avec les ministères de la défense de Londres et de Washington.

 

Qui plus est, l’étude du RUSI retient que l’Arabie saoudite sait parfaitement bien utiliser les milliards de sa rente pétrolière pour téléguider à sa guise les bénéficiaires du “printemps arabe”. Ryad aurait essayé “avant que n’éclate la vague des soulèvements arabes de se réconcilier avec Assad”. Dans ce contexte, les Saoudiens auraient été prêts à “accepter que le Liban fasse partie de la zone d’influence syrienne”. Mais il est cependant sûr que “les Saoudiens soutiendront tout nouveau gouvernement, après la chute éventuelle d’Assad, qui travaillera pour les intérêts à long terme de l’Arabie saoudite”.

 

Néanmoins les Saoudiens peuvent toujours compter sur le soutien inconditionnel de Washington. Même si, dans leur pays, on ne trouve ni démocratie ni droits de l’Homme. On peut considérer, à première vue, que cette alliance est incongrue, mais elle est pourtant une donnée constante dans la région; dans ce cas, on peut aussi conclure que Washington, en dépit des discours répétés à satiété dans les médias, ne cherche nullement à “démocratiser” le Proche Orient mais uniquement à consolider ses intérêts économiques les plus évidents, quitte à faire de l’Arabie saoudite un “modèle”.

 

Fin décembre 2011, Washington et Ryad ont signé un accord quant à la livraison d’armes pour une valeur de 30 milliards de dollars. Les Saoudiens devraient recevoir notamment 84 avions de combat de type F15, un modèle américain. Cette coopération “en matières de sécurité” sert surtout à aider l’économie américaine qui est en train de battre de l’aile et à donner un coup de manivelle au “complexe militaro-industriel” des Etats-Unis.

 

Lors d’une conférence téléphonique, tenue le 14 juin 2012 et disponible en script sur le site du ministère américain des affaires étrangères, le sous-secrétaire d’Etat aux affaires politico-militaires, Andrew J. Shapiro, a évoqué les vraies raisons de la vente d’armes à l’Arabie saoudite. Selon Shapiro, cet accord entraîne “des effets considérables sur le développement de l’économie américaine”. Grâce à ce contrat, disent des spécialistes de l’industrie, 50.000 emplois se créeront aux Etats-Unis, impliquant 600 fournisseurs et sous-traitants dans 44 Etats de l’Union. Cela rapportera chaque année 3,5 milliards de dollars à l’économie américaine. Et Shapiro conclut: “Cela ne créera pas seulement des emplois dans le secteur de l’aéronautique mais aussi auprès de nos sous-traitants qui ont tous un rôle décisif à jouer dans le maintien de notre défense nationale”.

 

Par cette livraison d’armes aux Saoudiens, une course aux armements menace la région du Golfe Persique car on peut s’attendre à ce que l’Iran à son tour renforce son arsenal. On ne peut plus exclure l’éventualité d’une guerre irano-saoudienne à moyen terme dont le but serait d’asseoir l’hégémonie du vainqueur dans la région.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, n°33-34/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation?

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Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation?

 

La presse étrangère s’est passionnée pour un fait divers pourtant relativement sans importance : le dit procès des Pussy Riot. Reprenons les faits. Le 21 février 2012, 3 jeunes femmes encagoulées et déguisées envahissent la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou avec guitares et matériel sonores, et y entament une sorte de prière sous forme de chanson, blasphématoire et grossière (Avec des paroles telles que "Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe" ou encore "merde, merde, merde du Seigneur"), politiquement dirigée contre le candidat à l’élection présidentielle Vladimir Poutine, mais également contre le patriarche orthodoxe accusé de "croire en Poutine plus qu’en dieu". Les jeunes femmes sont rapidement interpellées, arrêtées et déférées devant un tribunal qui ordonne leur mise en détention préventive en attendant leur procès, qui a lieu actuellement. L’église orthodoxe a de son côté  réagi en organisant une grande manifestation autour de cette même cathédrale en avril dernier, manifestation dédiée à "a correction de ceux qui souillent les lieux sacrés et la réputation de l’Eglise" et a laquelle ont pris part des dizaines de milliers de fideles pour afficher leur soutien à l’église et au patriarche.

Le main Stream médiatique a largement surmédiatisé cette affaire. Pour certains la Russie "retournerait au moyen âge", quand d’autres estiment que le pouvoir "durcit sa répression" qui serait dirigée contre la « société civile qui se mobilise». Enfin la majorité des commentateurs ont estimé que les 3 jeunes femmes seraient en prison à cause de leur "prière anti-Poutine". Le groupe Pussy Riot s’est créé en 2011 quand il a semblé clair à ces jeunes femmes que la Russie manquait cruellement d’émancipation politique et sexuelle. L’une des trois jeunes femmes arrêtée, Nadezhda Tolokonnikova, est par ailleurs une militante active LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Les chansons du groupe traitent principalement des ravages de la routine dans la vie quotidienne, des conditions de travail difficiles pour les femmes et de la bonne façon de réprimer les hommes.

Si beaucoup de journalistes français présentent les jeunes filles comme les victimes d’une Russie quasi-totalitaire, il faut néanmoins rappeler que les Pussy Riot ont plusieurs fois durant les derniers mois organisé des actions "coup de poing" portant atteinte à l’ordre public (voir par exemple ici ou la). Pussy Riot n’est en outre pas seulement un groupe de rock, mais le volet musical d’un groupe anarchiste du nom de Voina (la guerre) et qui ces derniers mois a revendiqué de nombreuses actions que l’on peut ne pas trouver ni "drôles" ni "subversives". Parmi elles l’organisation d’une orgie sexuelle avec des femmes enceintes dans un musée (le nom de l’action étant une insulte violente adressée au président Medvedev), se montrer en public nul et couvert de cafards, se masturber avec une carcasse de poulet dans une épicerie et en sortir en marchant avec la carcasse enfoncée dans les parties génitales, l’attaque à l’urine sur des policiers ou encore de tenter d’embrasser sur la bouche des représentants de l’or
dre du même sexe. Ajoutez à cela de dessiner à la peinture des penis géants sur les routes ou encore la destruction de véhicules de police.

Bien sur donc, celles-ci ne sont pas en détention provisoire et jugée pour des délits d’opinion, contrairement ) ce que l’on peut être amené à croire en lisant la presse internationale, mais parce qu’elles font face à une accusation de hooliganisme, punie de jusqu’à 7 ans de prison en Russie. Les commentateurs français qui lèvent les yeux au ciel lorsqu’ils prononcent cette durée de peine feraient bien de relire le code pénal français, et surtout l’article 322-3-1 qui punit de sept ans de prison et 100.000 € d’amende la dégradation d’un bien culturel exposé dans un lieu de culte. A ce jour, si aucune dégradation n’a cependant été (à ce qu’il semble) constatée lors de leur intervention, il est plausible que les Pussy Riot soient condamnées pour dédommager "les profondes blessures morales infligées à des chrétiens orthodoxes" et ce malgré l’intervention en leur faveur de Vladimir Poutine. Mais surtout et probablement à titre d’exemple pour créer un précédent destine à ne pas déstabiliser la société russe. La Russie est un pays multiconfessionnel, pluriculturel, et qui sort de relatives tensions interreligieuses et intercommunautaires à la dislocation de l’Union-Soviétique. C’est un pays encore aujourd’hui victime du terrorisme fondamentaliste et qui maintient assez habilement et une cohabitation entre des groupes religieux et ethniques très variés, sur un territoire gigantesque. Plus que cela, au sortir de presqu’un siècle de dictature athéiste, le renouveau de la foi est quelque chose de particulièrement sensible.

Leur procès qui a débuté le 30 juillet 2012, passionne sans doute plus les commentateurs étrangers que russes. De nombreuses figures de la société civile et de l’intelligentsia libérale russe ont manifesté leur soutien aux Pussy Riot, tout comme l’internationale du Show-bizness, allant des stars de musique internationalement connues comme Madonna, Sting, Patty Smith ou encore des acteurs américains comme Danny de Vito. En face, l’église orthodoxe fait relativement front unique, le porte-parole du patriarcat (le très conservateur Vsevolod Tchapline) affirmant même que les jeunes femmes avaient commis un "crime pire qu’un meurtre" et devaient être "punies". Le département d’état américain, via le porte-parole de la diplomatie américaine Patrick Ventrell, a enfin lui déclaré que du point de vue des États-Unis, l'affaire Pussy Riot était politiquement motivée et que Washington la considérait comme un harcèlement de l'opposition. Récemment c’est donc le président russe Vladimir Poutine lui-même est lui-même interv
enu, appelant à la clémence et jugeant que les Pussy Riot avaient obtenu ce qu’elles souhaitaient, à savoir un battage médiatique fort. Ce faisant, il coupe l’herbe sous le pied à ceux qui ont affirmé que les Pussy Riot étaient enfermées pour des raisons politiques, car elles s’en seraient prises à lui via les paroles de leurs chansons. Mais malgré l’énorme battage médiatique qui est consacré à ce procès, seuls 15% des Russes sondés à ce sujet souhaitent que ces dernières soient amnistiées.

Je reste donc perplexe face a cette affaire et doute par ailleurs très sincèrement que nombre de commentateurs puissent trouver "drôle et subversive" une action similaire dans une mosquée, une synagogue ou un temple bouddhiste, notamment en France. On peut du reste se demander ce qui pousse des gens quels qu’ils soient à aller importuner des croyants quels qu’ils soient et porter atteinte à l’intégrité de lieux de cultes quels qu’ils soient.

Preuve de l’utilité certainement unique de leur action, un journaliste au pseudo de Dick Riot accompagne désormais chaque événement politique de l’opposition en tentant de discuter et de poser des questions, le visage vêtu d’une cagoule noire, tout comme les Pussy Riot. Visiblement, les leaders de l’opposition interrogés, qui soutiennent pourtant tous très activement les Pussy Riot, n’apprécient guère la plaisanterie (voir ici).

Deux poids deux mesures ?

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

* Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie". Il collabore également avec l'Institut de Relations Internationales et Stratégique (IRIS), l'institut Eurasia-Riviesta, et participe à diverses autres publications.

 

Le point démographique de juin 2012 en Russie

"Un autre regard sur la Russie": La démographie russe de 1991 à 2012

"Un autre regard sur la Russie": Et la démographie russe dans tout ca?

"Un autre regard sur la Russie": La démographie russe, objet de tous les fantasmes

"Un autre regard sur la Russie": Russie - éducation et modernisation

Rébellion n°54

 

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Au sommaire du numéro de l'Eté (n°54) :
Edito : Rebelle décennie.
Réflexion : Qu'est-ce que l'aliénation ? 
Dossier : 2002-2012 - Dix ans de combat ! 
Société : Qu'est-ce que l'autorité ?
(Thibault Isabel)  
L'éducation, otages des idéologies ( Zentropa).
L'épuissement consumériste de la civilisation occidentale
( Thibault Isabel) . 
Histoire : Martin Buber - "Nous sommes tous des juifs allemands".
( Thierry Mudry)  
 
Le numéro est disponible contre 4 euros ( port compris)
à notre adresse : 
Rébellion - RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02 . 
http://rebellion.hautetfort.com/

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La bohème au XIXe siècle: épate-bourgeois, faux révolutionnaires et précurseurs des bobos

Pierre Le Vigan

La bohème au XIXe siècle: épate-bourgeois, faux révolutionnaires et précurseurs des bobos

boheme.jpgLes bobos. Ils sont moins une classe sociale qu’un sociostyle. On en parle depuis 30 ans. Claire Bretecher les a dessinés. Mais à quoi fait-on référence ? A la bohème du XIXe siècle et à toute une histoire. Une histoire qui ne concerne pas seulement le passé mais aussi notre présent : comment la notion de vie de bohème a joué un rôle important dans la dissolution progressive des valeurs traditionnelles.

A l’origine, le terme bohémien désigne des Tsiganes partis de l’Inde et stabilisés notamment en Bohême. Le bohémien est ainsi un voyageur tel que l’on en retrouvera beaucoup dans le pays basque. C’est Gédéon Tallemant des Réaux (1619-1692) qui introduit un sens nouveau à la notion de gens de la bohème.  Auteur d’Historiettes, portraits d’écrivains publiés d’abord clandestinement, c’est en 1659 qu’il parle de la bohème comme d’un mode de vie. Le bohème est une sorte de dandy vivant de rien et riant de tout, à la lisière des milieux artistes et en marge des corps sociaux traditionnels. La bohème relève de ce que Saint Simon (1760-1825), le petit-cousin du mémorialiste, appelle le premier une « avant-garde », au sens non pas militaire mais artistique et littéraire. « C’est nous, artistes, qui vous servirons d’avant-garde : la puissance des arts est en effet la plus immédiate et la plus rapide. Nous avons des armes de toute espèce : quand nous voulons répandre des idées neuves parmi les hommes, nous les inscrivons sur le marbre ou sur la toile… Quelle plus belle destinée pour les arts, que d’exercer sur la société une puissance positive, un véritable sacerdoce et de s’élancer en avant de toutes les facultés intellectuelles, à l’époque de leur plus grand développement ! » On voit quelle importance possède pour la bohème la fascination de la table rase et des idées « neuves ».

C’est à partir de la première moitié du XIXe siècle que la figure de celui qui mène « la vie de bohème » prend un sens courant. En 1840, Balzac commence à publier Un prince de la bohème. « Ce mot de bohème vous dit tout. La Bohème n'a rien et vit de tout ce qu'elle a. L'espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune mais au-dessus du destin. » L’homme de la bohème veut faire du passé table rase, il est un enfant de 1789, mais va au-delà et là est l’important. Il oppose le « génial » à l’académique, le surgissement au travail, l’individu au peuple, la dépense à l’économie. Il ne se reconnait aucune obligation de fidélité à ce qui nous a précédé. Pour lui comme pour Rabaut Saint Etienne (1743-1793), « notre histoire n’est pas notre code ».  L’homme de la bohème doute même que nous ayons besoin d’un code, sauf un code implicite : rien n’est tabou, l’ancien ne vaut rien. On verra plus tard que c’est le meilleur code possible du point du vue du capitalisme.

La bohème du milieu du XIXe siècle se retrouve au Petit Cénacle, le Cénacle étant à la fois un groupe d’amis de Victor Hugo et de Charles Nodier (1780-1844). En 1852, Gérard de Nerval publie La Bohème galante dans la revue bimensuelle L’Artiste. Au programme : jeunisme, et aristocratique plébéen.  « On vit un jour Gérard de Nerval trainant un homard dans la rue. A quoi il répondit : ‘’En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas…’’ » Réponse paradoxale et au sens propre insensée bien caractéristique de l’esprit bohème. Théophile Gautier, Pétrus Borel (1809-1859) illustrent aussi ce monde de la bohème. Tristan Tzara écrira : « La Lycanthropie (l’esprit du loup-garou) de Pétrus Borel n'est pas une attitude d'esthète, elle a des racines profondes dans le comportement social du poète [...] qui prend conscience de son infériorité dans le rang social et de sa supériorité dans l'ordre moral. » L’esprit bohème s’apparente ici au dandysme que Baudelaire voyait comme « le dernier éclat d'héroïsme dans les décadences »[i].

Le livre-clé de cette époque est celui d’Henri Murger (né Heinrich Mürger),  Scènes de la vie de bohème (1845-48). Ce feuilleton donnera naissance à un opéra de Puccini.  Henri Murger écrit que la bohème « est l’état de ces jeunes gens qui n’ont d’autre fortune, au soleil de leur vingt ans, que le courage, qui est la vertu des jeunes, et l’espérance, qui est le million des pauvres…  C’est le stage de la vie artistique, c’est la préface de l’académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la morgue. Nous ajouterons que la bohème n’existe et n’est possible qu’à Paris. » Lorédan Larchey écrit en 1865 : « La bohème se compose de jeunes gens, tous âgés de plus de vingt ans, mais qui n’en ont pas trente, tous hommes de génie en leur genre, peu connus encore, mais qui se feront connaître, et qui seront alors des gens fort distingués… Tous les genres de capacité, d’esprit, y sont représentés… Ce mot de bohème vous dit tout. La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. »  C’est « une société composée de toutes les sociétés, bizarre, monstrueux assemblage de talent et de bêtise, d’ivresse et de poésie, d’avenir et de néant, et qu’on nomme la bohème. » écrit Henri Maret (Le Tour du monde parisien, 1862).  « C’est un vice de nature qui fait le bohème. Il naît de la paresse et de la vanité combinées. Tant qu’il y aura des paresseux et des vaniteux. il y aura des bohèmes. » (Gabriel Guillemot, Le Bohême, 1868 in Lucien Rigaud, Dictionnaire d’argot moderne, 1888).

Travestissement, extravagance, goût de choquer « le bourgeois » caractérisent la bohème. Le poète Jean Richepin (1849-1926) s’attirera ce jugement sévère de Léon Bloy : « En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. » (Lettre à Paul Richepin, 1877). C’est ce qu’on a pu appeler le romantisme frénétique[ii] , celui d’une France romantique qui succède et s’oppose à la France antique et classique de Napoléon. C’est un « mélange intime du comique et du tragique, [...] des éclats de rire alternés ou combinés, ce que Flaubert en somme appellera plus tard le “grotesque triste” » écrit Jean Bruneau, grand spécialiste de Flaubert.

Les gens de l’avant-garde bohème s’appellent les Bousingots, les Gueux, les Impassibles, les Vilains-Bonhommes, les Hirsutes fondés par Léo Trézenik (1883), les Jmenfoutistes (de là vient l’expression contemporaine si usuelle), les Zutistes (on dirait maintenant Les Enfoirés ?), Les Incohérents, les Fumistes (un groupe fondé par Emile Goudeau [iii] et Eugène Bataille dit Arthur Sapeck, le nom faisant référence aux fumeurs d’opium mais aussi aux adeptes des fumisteries comme goût de tout faire paraître dérisoire).

Aux Hirsutes succèdent les Hydropathes, avec le poète Emile Goudeau (abusant du jeu de mot good eau). « …marche encore et toujours ! marche ! si, d’aventure, Tu touchais ton but de la main, Laissant derrière toi l’oasis et la source, Vers un autre horizon tu reprendrais ta course ; Tu dois mourir sur un chemin. » (Emile Goudeau). Lyrisme et enfantillages se mêlent à la naissance du groupe des Hydropathes : « On pleura de tendresse, on exultait de joie ; on alla casser deux ou trois pianos, dans les brasseries ».

Dans les 20 dernières années du XIXe siècle les Incohérents fondés par Jules Lévy marquent une nouvelle étape de la bohème[iv], avec dans le domaine de la peinture les peintures monochromes (Combat de nègres dans une cave, pendant la nuit, Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer Rouge, Stupeur de jeunes recrues de la Marine en apercevant pour la première fois la Méditerranée…). Le critique d’art Félix Fénéon disait d’eux qu’ils représentaient  « ... tout ce que les calembours les plus audacieux et les méthodes d’exécution les plus imprévues peuvent faire enfanter d’œuvres follement hybrides à la peinture et à la sculpture ahuries ... » (La Libre Revue, 1er novembre 1883).

Le Manifeste des Incohérents (in Le Courrier français, 12 mars 1884) explique que le mariage ou les rhumatismes amènent à l’exclusion du groupe. « L’Incohérent est jeune, il lui faut en effet la souplesse des membres et de l’esprit pour se livrer à des perpétuelles dislocations physiques et morales (…). L’Incohérent n’a conséquemment ni rhumatisme ni migraines, il est nerveux et robuste. Il appartient à tous les métiers qui se rapprochent de l’art : un typographe peut être Incohérent, un zingueur jamais. L’Incohérent est donc peintre ou libraire, poète ou bureaucrate ou sculpteur, mais ce qui le distingue, c’est que, dès qu’il se livre à son incohérence, il préfère passer pour ce qu’il n’est pas : le libraire devient ténor, le peintre écrit des vers, l’architecte discute de libre-échange, le tout avec exubérance. (…) L’Incohérent prend sa retraite en se mariant ou en attrapant un rhumatisme… » Un point peu souligné est la duplicité du bohème incohérent : il assume une façade sociale et donne le change :  «  A travers Paris, l’incohérent marche comme tout le monde, il salue ses supérieurs, et serre la main de ses égaux ; mais si, par hasard, il rencontre quelque part un co-incohérent, il se désarticule soudainement, se désagrège : son front, son nez, ses yeux et sa bouche forment des grimaces cabalistiques, ses bras se contournent drôlement et ses jambes s’agitent, suivant une cadence extravagante. Cela ne dure qu’une ou deux secondes. Mais ce sont les signes maçonniques auxquels se reconnaissent les F*** en incohérence. »

La bohème va au-delà d’un esprit potache fut-il régressif. Elle s’alimente de la haine des aieux. Diego Malevue c’est-à-dire Emile Goudeau écrit : « Une chose bizarre à coup sûr, c’est qu’il soit nécessaire de s’intituler moderne et de rompre sans fin ni trêve des lances contre les anciens. » Il est dit à propos des gérontes : « Qu’ils ne nous poussent point au parricide, qu’ils nous laissent la part de soleil, et ne nous enterrent plus sous leur gérontocratie, ou sinon, furieux, nous pourrions lever la main contre nos pères. » Il poursuivait : « De la place s’il vous plait Messieurs. Et pour finir : un seul mot. Il est moderne, il est d’hier : on appelle le gâteux un sous-lui. Nous prions les sous-eux de faire prendre mesure au fossoyeur. » La bohème révolutionnaire du XIXe et ses prolongements au XXe – dont le surréalisme - s’inscrit dans ce moment de l’individualisme révolutionnaire. Tout en étant dans la lignée de la Révolution de 1789 cet individualisme est en même temps profondément en phase avec le mouvement du capitalisme et d’une société de plus en plus marchande et consumériste. « Luc Ferry note justement que « les bohèmes, malgré leur opposition apparente aux bourgeois, malgré aussi, en retour, la haine ou le mépris dont ces derniers vont pendant longtemps les gratifier, n’ont été pour l’essentiel que le bras armé de l’épanouissement du capitalisme mondialisé, l’instrument de la réalisation parfaite de ce qu’on appellera finalement la société de consommation » [v]. Il  écrit encore : « Il fallait que les valeurs et les autorités traditionnelles fussent déconstruites par des jeunes gens plutôt ‘’de gauche’’, en tout cas révolutionnaires, pour que le capitalisme puisse nous faire entrer dans l’ère de l’hyperconsommation sans laquelle son propre épanouissement eut été tout simplement impossible. (…) Pour le dire autrement, rien ne freine autant la consommation que le fait de posséder des valeurs solides et bien ancrées, c’est-à-dire des valeurs traditionnelles. »  De ce fait, c’est désormais la bourgeoisie, n’ayant plus besoin de poissons-pilotes, ou encore d’éclaireurs d’avant-garde pseudo-dissidents, qui est à la pointe de l’avant-garde et du culte du nouveau pour le nouveau, de l’innovation pour l’innovation, de la désacralisation de toutes les valeurs. Luc Ferry remarque que « le bourgeois, chef d’entreprise ou banquier, devient lui aussi une espèce de révolutionnaire. Il abjure désormais ses troupes de ne pas s’embourgeoiser, de ne pas s’encrouter ni s’endormir sur leurs lauriers. Innovez, innovez et innovez encore leur demande-t-il en permanence. Comme Duchamp,  il lui faut sans cesse produire du nouveau,  rompre avec le passé. De là sa fascination pour l’art contemporain, dont il comprend enfin combien il lui montrait le chemin, combien il était,  au sens propre, l’avant-garde du monde moderne. Nul hasard si c’est Pompidou, le président le plus bourgeois de toute l’histoire de la république,  qui ouvre les portes du Louvre à ce vieux stalinien de Picasso et Jacques Chirac, lui aussi pourtant  fort peu bohème,  celles de l’Ircam à Pierre Boulez. En quoi  les bourgeois furent les benêts de l’histoire : comme le disait encore Marx de manière prophétique,  ils ont fait l’histoire, mais sans savoir l’histoire qu’ils faisaient,  tandis que  bohèmes et soixante-huitards en furent les cocus.  Reconvertis dans la pub, le cinéma ou la  presse, ces derniers peuplent aujourd’hui les réunions du Medef. Bohèmes et bourgeois ont ainsi célébré leurs noces et leur petit dernier, le ‘’bobo’’,  n’est que le fruit de leur union enfin consommée au sein de la logique désormais sacrée pour les uns comme pour les autres,  dans l’art comme dans l’entreprise,  de l’innovation pour l’innovation,  de la rupture permanente avec la tradition.  Sans cette lecture de l’histoire morale et culturelle de l’Europe, il est, je crois, à peu près impossible de comprendre le siècle. [vi] » Les bohèmes annonçaient ainsi ce que Luc Boltanski et Eve Chiapello appelleront le nouvel esprit du capitalisme [vii] postfordiste et « ludique ». Les bohèmes du XIXe siècle annonçaient les bobos d’aujourd’hui. Ils étaient en phase avec l’éthos économique et culturel de la bourgeoisie, seulement, ils étaient en avance, d’où des déconvenues.  Mais ils ouvraient le chemin de l’extension du domaine du capitalisme à l’ensemble de la vie humaine devenue parodique. Ils ouvraient la voie à la destruction de toutes les valeurs, à leur réduction à de simples signes. C’est pourquoi la critique de la bohème d’hier rejoint la critique du rôle actuel des libéraux-« libertaires » dans l’individualisme croissant et dans la néophilie (l’idée que le nouveau est toujours mieux que l’existant [viii]), avec comme conséquence le renforcement de l’emprise productiviste et capitaliste sur les hommes et sur les peuples. Un beau résultat pour de pseudo-dissidents.  



[i] Daniel Salvatore Schiffer, Le dandysme, dernier éclat d'héroïsme, PUF, 2010.

[ii]  Cf. La France frénétique de 1830,  Choix de textes de Jean-Luc Steinmetz, Phebus, 1978. Cf. aussi Anthony Glinoer, La littérature frénétique, PUF, 2009.

[iii] Emile Goudeau, Dix ans de bohème, 1888 et Champ Vallon, 2000.

[iv] Catherine Charpin, Les arts incohérents 1882-1893, Syros, 1990.

[v] Luc Ferry, La révolution de l’amour. Pour une spiritualité laïque, Plon, 2010, et J’ai lu, 2011, ouvrage intéressant même si on n’adhère pas à la thèse de l’auteur d’un second humanisme postrépublicain.

[vi]www.lucferry.fr, 25 décembre 2011.

[vii] Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999.

[viii] Une idée que critique longuement Jean-Claude Michéa in Le complexe d’Orphée, Climats-Flammarion, 2011.

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Genetic Evidence on the Origins of Indian Caste Populations

Genetic Evidence on the Origins of Indian Caste Populations

 

This 2001 study found that the genetic affinity of Indians to Europeans is proportionate to caste rank, the upper castes being most similar to Europeans whereas lower castes are more like Asians. The researchers believe that the Indo-European speakers entered India from the Northwest, mixing with or displacing proto-Dravidian speakers, and may have established a caste system with themselves primarily in higher castes.
 
Foto: de Bollywood-actrice Aishwarya Rai (bron: www.voxtropolis.com)

Krantenkoppen - Juli 2012 (1)

 

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Krantenkoppen
Juli 2012 (2)
 
PSA PEUGEOT CITROËN SUBIT LE CONTRECOUP DES SANCTIONS CONTRE L'IRAN.
"Le renforcement des sanctions américaines et européennes vis-à-vis de l'Iran et la toute nouvelle alliance signée avec General Motors sont en train de jouer un vilain tour à PSA Peugeot Citroën. Déjà confronté à un marché européen déprimé, le constructeur français voit se dérober le marché iranien, son premier débouché à l'export. Avec 458.000 véhicules écoulés - sur un total de 3,5 millions - en 2011, l'Iran est, en volume de véhicules vendus, le deuxième marché dans le monde pour la marque au lion, derrière le marché français. (…) PSA, via son partenaire local Iran Khodro, détient 30 % de ce marché. Mais tout pourrait s'arrêter cette année.
Mercredi 28 mars, United Against Nuclear Iran, un lobby américain hostile à Téhéran, a interpellé General Motors pour qu'il force PSA, dont il détient désormais 7% des actions, à cesser tout commerce avec l'Iran. (…) GM [et] Peugeot (…) 'avaient décidé de suspendre la production et l'expédition de matériel vers l'Iran il y a quelque temps, avant que nous signions notre alliance avec eux, et nous avons décidé de maintenir cette suspension’. (…)
Les premières victimes du gel des envois d'éléments, reconduit en avril, puis sans doute dans les mois à venir, sont les 350 salariés en charge de ces envois au sein du centre mondial des pièces détachées de Peugeot Citroën, à Vesoul (Haute-Saône). Depuis février, ils sont au chômage technique, envoyés en formation ou redéployés vers d'autres services sur ce site, qui compte plus de 3.000 salariés.
Egalement installé en Iran, Renault, lui, dit ne pas avoir ‘de souci. Même si travailler là-bas est toujours compliqué, l'an dernier nous avons produit et vendu 93.578 véhicules, contre 46.587 en 2010’, explique-t-on à la direction du constructeur, ce qui lui permet de détenir 6% de part de marché. Et sur les 2 premiers mois de 2012, la firme au losange a écoulé 19.500 véhicules, notamment ses Tondar90, la version locale de la Logan, contre 8.850 sur la même période en 2011.
S'il devait tirer un trait sur l'Iran, PSA perdrait 15% de ses ventes (en volumes), ce qui le ferait dégringoler au classement mondial des constructeurs. Mais Peugeot devrait en conserver certaines, puisque Iran Khodro poursuit la vente sous licence des 405 et 206 qu'il fabrique de plus en plus avec des pièces produites localement. Il devra trouver une solution pour les pièces qu'il importait."
 
 
GM RENTRE AU CAPITAL DE PSA.
‎"PSA a annoncé (...) 'le succès de son augmentation de capital'. (...) Le constructeur automobile américain General Motors 'devient le deuxième actionnaire de PSA Peugeot-Citroën, avec 7% du capital', à travers l'acquisition et l'exercice des droits préférentiels de souscription. (...) 
PSA et General Motors ont annoncé le 29 février une alliance stratégique. Dans ce cadre, les 2 constructeurs 'se concentreront sur les véhicules particuliers de petite et moyenne taille, les monospaces et les crossovers (4x4)'. Les premiers véhicules communs n'arriveront qu'en 2016. Par la suite, les 2 partenaires 'prévoient de développer conjointement une nouvelle plateforme pour les véhicules à faibles émissions de CO2'. L'accord doit permettre par ailleurs aux 2 groupes d' 'opérer sous la forme d'une seule et même structure d'achat à l'échelle mondiale pour leur approvisionnement en matières premières, composants et services auprès des fournisseurs', avec un 'volume d'achat combiné de (...) 95 milliards d'euros'."
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/20120327trib000690579/gm-devient-le-deuxieme-actionnaire-de-psa-peugeot-citroen.html?google_editors_picks=true