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vendredi, 04 mars 2022

Le grand dessein de la Moscovie post-soviétique et les prémisses culturelles du poutinisme

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L'Ukraine, un Non-Etat ? La Russie, une succession d’Empires ? La démocratie, un ennemi mortel de l’Etat russe ?

Le grand dessein de la Moscovie post-soviétique et les prémisses culturelles du poutinisme

Irnerio Seminatore

Depuis la guerre de Tchéchénie et celle de Géorgie, les théories sur l'empire ont cessées d'être marginales dans l'historiographie de la Russie post-soviétique

Elles constituent en revanche le terreau culturel des "silovikis", les anciens du KGB, devenus les décideurs de l'Etat actuel. Ces conceptions se résument à un cadre conceptuel selon lequel l'Etat russe est un Etat-civilisation et l'histoire de la Russie, depuis l'époque païenne, est une succession d'empires, ceux de Kiev-Novgorod, de la Moscovie, des Romanov et de Staline, pour lesquels la démocratie et le libre débat sont des ennemis mortels (Prokhanov).

A la base de l'invasion de l'Ukraine il y a l'idée que la liberté mène à l'anarchie et aux coups d'Etats (Maïdan) et que ceux-ci conduisent, par l'intervention de l'étranger (hégémon ,Otan, UE), au démembrement de l'Etat russe et à une menace vitale pour son existence (missiles rapprochés) .

La réévaluation de Staline et de son génie, fut celle d'avoir sauvé l'Etat, par remise en selle de l'autocratie, contre la folie démocratique généralisée, imputée aux bolchéviques, coupables d'avoir établi un pouvoir collégial au sommet de l'Etat.

Le "poutinisme", dans un contexte marqué par ce révisionnisme post-soviétique, est une lecture de la réalité internationale dans laquelle l'Ukraine est un non-Etat et un bras armé de l'étranger et ce dernier se rapproche sournoisement par vagues successives (par les élargissements de l'Otan), dans le but d'anéantir la Russie.

Dans ce cadre, l'Europe occidentale, impuissante, puisque subalterne de l'Amérique, ne peut apporter de solutions à la fissuration induite par l'Occident, à cause de l'inexistence d'une politique étrangère autonome et par la dissociation de l'unité indispensable (Raymond Aron) du "verbe diplomatique et de l'action militaire".

Dissociation qui conduit tout droit à un pouvoir désarmé (Macron) et à une politique internationale posée comme "politique des valeurs" (UE).

Dans une situation internationale où la position des Etats ne correspond plus aux principes juridiques de l'indépendance et de la souveraineté, en raison surtout des nouveaux systèmes d'armes et, du point de vue du système international, en raison de l'existence d'alliances intégratives à vocation régionale, la mutation des régimes politiques ne peut conduire au revirement des alliances et des engagements de sécurité que si elle est suscitée ou soutenue de l'extérieur par le leader du système (les Etats-Unis d'Amérique). Tel est le cas de l'Ukraine.

Dans de pareilles situations les jeux d'influences sont démultipliés et les politiques d'aide, d'amitié et de coopération recouvrent  en réalité des projets stratégiques de déstabilisation (des différents types de révolution de couleur et des interventions diverses, ouvertes ou sournoises)

Or, sur la scène mondiale, la communauté internationale représente idéologiquement le pendant des Etats, qui ne sont jamais complètement autonomes. En sa forme et en sa structure, la communauté internationale (onusienne et multilatéraliste), à la recherche d'un ordre stable, se plie à la cohérence du système hégémonisé par le pouvoir dominant (l'Amérique), donc "la compétition s'organise en fonction du conflit" (Raymond Aron).

Ainsi le noyau et le centre de rassemblement d'autres Etats, comme lieu de compétition entre hégémonies, américaines et russes, devient non seulement l'Ukraine, mais l'espace occidental tout entier, le "Rimland" européen (Europe de l'Ouest et de l'Est). L'enjeu n'est plus seulement régional, mais mondial; pire, multipolaire et systémique.

Or le pari historique pris par la Russie avec l'invasion de l'Ukraine, lui impose de ne pas subir une défaite, car elle perdrait alors, non seulement vis à vis de l'Occident, mais du monde entier et, en particulier, de l'Orient chinois et serait déclassée dans la hiérarchie de la "Triade" et des puissances du système international dans son ensemble.

Dans cette hypothèse et en termes de pur pouvoir politique, imposé par l'issue du conflit, Poutine et le poutinisme sortiraient de l'histoire et laisseraient la place à l'Empire du milieu renaissant.

Selon des observateurs désenchantés, par son invasion de l'Ukraine, la Russie ferait davantage, pour l'unité de l'Europe et de l'Union Européenne , en termes de blâmes et d'acrimonie anti-américaine, que la multiplicité des Sommets et des déclarations multilatéralistes des institutions "démocratiques". Des manifestations de rues, en rajouteraient, aussi bien à l'intérieur de la Russie, qu'à l'extérieur.

Assisterions nous ainsi, avec "l'opération spéciale" lancé contre un pays-frère mais asservis à Hégémon, à la renaissance de la "Doctrine Medvedev" sur la sécurité européenne de 2008 à Berlin, visant à faire contrepoids à l'Otan, dans un espace eurasien intégré, à l'image du vieux Pacte de Varsovie défunt?

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Cela serait alors le "début véritable de reconstitution de l'Union Russe, c'est à dire de l'Etat civilisationnel, qui à différentes périodes de son histoire, s'est appelé grande principauté de Moscou, royaume de Moscou, empire de Russie et Union Soviétique"? Comme l’a rappelé Poutine à la Conférence de Munich en 2007 (photo, ci-dessus), les bases d'un rassemblement anti-hégémonique, porté par le vent de l'histoire, étaient déjà là, mais devaient encore être coordonnés et démultipliés, composés de plusieurs axes fondamentaux, idéologique, diplomatico-stratégique et militaire".

Axe idéologique, car l'Occident aurait perdu le leadership intellectuel et moral. Axe diplomatico -stratégique, car la puissance américaine est un obstacle au plein épanouissement des potentialités eurasiennes du continent, rapprochant l'Est et l'Ouest. Axe militaire, puisque "le parapluie américain sur l'Europe se serait effondré". Puisque "l'Atlantisme a vécu, selon Medvedev, nous devons parler d'unité au sein de tout l'espace euro-atlantique de Vancouver à Vladivostok(2008)", mais au nom "des intérêts nationaux" et non des alliances ou des blocs. Au cas où cette proposition aurait été acceptée, la "solidarité européenne » aurait volé en éclat et la Russie se serait retrouvée au coeur du dispositif de sécurité européen, en symétrie du pouvoir chinois dans l'Asie-Pacifique.

Plus d'un chef d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pense aujourd'hui que l'opération spéciale consistant à décapiter politiquement l'Ukraine, vise ce même objectif, bien que les Européens portent une partie des responsabilité pour ne pas avoir entendu ni satisfait les revendications de sécurité de la Russie, depuis l'effondrement de l'Urss. Ainsi, derrière la crise de l'Ukraine, le test de la sécurité européenne a pour objectif la relation entre la Russie et l'Allemagne et de façon plus large, le bras de fer mondial entre le multilatéralisme occidental et le multipolarisme eurasiatique, autrement dit la forme de gouvernement démocratique et la forme autocratique.

Bruxelles le 27 février 2022

Finlandisation de l'Ukraine ? - Deux points de vue de l'Autriche neutre

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Finlandisation de l'Ukraine ?

Deux points de vue de l'Autriche neutre

Erich Körner-Lakatos & Bernhard Tomaschitz

Source : https://zurzeit.at/index.php/ploetzlich-ist-fuer-selenskij-eine-neutralitaet-der-ukraine-denkbar/ & https://zurzeit.at/index.php/kommt-es-zur-finnlandisierung-der-ukraine/


Va-t-on vers une finlandisation de l'Ukraine?

Erich Körner-Lakatos

Neutralité et renonciation à l'adhésion à l'OTAN : une alternative envisageable

Au vu de la situation en Ukraine, on parle ces derniers jours de la possibilité que le pays situé sur le Dniepr renonce à l'avenir à adhérer à l'OTAN et devienne un Etat durablement neutre. Des signes en ce sens sont même apparus dans la bouche du président Volodymyr Zelenski (soit dit en passant, le prénom Volodymyr signifie Vladimir ; Zelenski et son adversaire Poutine partagent donc au moins le même prénom). Avant cela, Emmanuel Macron avait déjà évoqué le terme de finlandisation, car la Finlande et l'Ukraine sont tout à fait comparables d'un point de vue géographique : les deux pays ont une longue frontière avec leur voisin oriental, la Russie, qui est militairement surpuissante.

En d'autres termes, la finlandisation signifie que le petit voisin ne peut affirmer son indépendance limitée que si sa neutralité présente une caractéristique particulière, à savoir un déséquilibre en faveur de la Russie. Un autre parallèle saute aux yeux : la Finlande et l'Ukraine ont longtemps fait partie de la Russie des Tsars, l'Ukraine en sa totalité en fit même partie après le pays nordique, et, dans ses frontières actuelles pendant la seule période de domination communiste. Les deux pays n'ont pu obtenir leur indépendance étatique que pendant une période de faiblesse de la Russie.

Pour comprendre ce que signifie la finlandisation pour la future Ukraine, il est nécessaire de se pencher sur l'histoire de la Finlande pendant qu'a germé le processus qui a donné, in fine, cette forme particulière de neutralité.

Comme on le sait, la Finlande faisait partie de la sphère d'intérêt soviétique en vertu du protocole additionnel secret du pacte Molotov-Ribbentrop signé en août 1939. C'est pourquoi les troupes soviétiques ont envahi les trois États baltes, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, sans rencontrer de résistance. Il en fut autrement en Finlande : pendant la guerre dite de l'hiver 1939/40, l'armée finlandaise, relativement petite, remporte des succès défensifs et met à mal l'Armée rouge, affaiblie par les purges de Staline. Ce n'est qu'au bout de six mois que la supériorité de Moscou se fait sentir et qu'Helsinki doit demander un armistice et subir des pertes territoriales, tout en étant épargnée par l'occupation.

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La situation est similaire après la guerre dite "de Continuation" qui rangea la Finlande du côté allemand dans le cadre de l'entreprise Barbarossa. En 1944, la Finlande n'est pas non plus occupée, mais commence alors une période qui durera jusqu'à l'effondrement de l'Union soviétique et qui est connue sous le nom de finlandisation, c'est-à-dire de prise en compte particulière des sentiments et des souhaits de Moscou.

Sous les présidences de Juho Paasikivi (1946-1956) et d'Urho Kekkonen (1956-1981), la Finlande a plutôt le statut de vassal de l'Union soviétique, du moins en politique étrangère. Kekkonen, qui appartient au parti paysan du centre et gouverne de manière presque dictatoriale, fait participer les communistes finlandais au gouvernement. On murmure même que Kekkonen a travaillé pendant des années pour les services secrets soviétiques, le KGB.

L'obéissance anticipée d'Helsinki est frappante. Lorsque la télévision suédoise diffuse un film basé sur la nouvelle d'Alexandre Soljenitsyne Un jour dans la vie d'Ivan Denissovitch, la Finlande coupe les émetteurs des îles Åland (un groupe d'îles dans le golfe de Botnie entre la Suède et la Finlande) parce que le bureau de la censure d'Helsinki interdit le film car il est considéré comme hostile aux Soviétiques. Le roman L'Archipel du Goulag, également écrit par Soljenitsyne, ne peut pas être publié en finnois - le chef de l'État Kekkonen s'y oppose. Par crainte d'effrayer Moscou.

Les manuels scolaires ne doivent rien contenir qui puisse fâcher les amis russes (les deux pays ont signé un traité d'amitié en 1948). Même la vie culturelle est soumise à une censure sévère : les acteurs et les artistes de cabaret qui se permettent de faire de petites blagues sur le voisin de l'Est n'obtiennent plus de rôles.

Leonid Brejnev et son Politburo vieillissant se réjouissent d'autant plus des quelque mille manifestations festives organisées en Finlande en 1970. L'occasion en est le retour du centenaire de la naissance de Vladimir Ilitch Lénine, le fondateur de l'Union soviétique.

D'autre part, entre 1945 et 1979, l'économie finlandaise connaît un essor fulgurant, basé sur l'économie de marché occidentale. On se transforme pour le voisin de l'Est en une sorte d'épicerie fine, qui profite certes en premier lieu à la nomenklatura, c'est-à-dire à la classe des fonctionnaires du PC soviétique.

En ce qui concerne l'Ukraine, une neutralité à la finlandaise serait un moindre mal. D'autres scénarios - un État vassal à la manière de la Biélorussie, voire une incorporation totale dans la Fédération de Russie - ne sont probablement pas du goût des citoyens ukrainiens.

***
Soudain, la neutralité de l'Ukraine est envisageable pour Zelensky

Dr. Bernhard Tomaschitz

Un statut de neutralité aurait permis à l'Ukraine d'éviter la guerre avec la Russie

Dans le cadre de l'opération militaire lancée par la Russie en Ukraine, les troupes russes ont désormais atteint la capitale Kiev. Face au désespoir de sa propre situation, le président ukrainien Volodimir Zelensky est manifestement en train de changer d'avis.

Dans un message vidéo diffusé sur Telegram, Zelensky a déclaré qu'il était prêt à discuter d'un statut de neutralité pour l'Ukraine: "Nous n'avons pas peur de la Russie, nous n'avons pas peur de parler avec la Russie, de parler de tout : des garanties de sécurité pour notre pays et un statut de neutralité". Si l'Ukraine avait négocié plus tôt un statut de neutralité avec la Russie ou avait déclaré sa neutralité de son propre chef au lieu de se laisser entraîner dans le sillage de la politique hégémonique américaine, le pays aurait évité bien des désagréments. Notamment la guerre actuelle avec son puissant voisin de l'Est.

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En outre, Zelenskij s'est plaint de ce qu'il considère comme un manque de solidarité de la part de l'OTAN : "Nous sommes livrés à nous-mêmes. Qui est prêt à partir en guerre pour nous ? Honnêtement, je ne vois personne. Qui est prêt à donner des garanties à l'Ukraine pour qu'elle devienne membre de l'OTAN ? Franchement, tout le monde a peur".

Pour les États-Unis, l'Ukraine, qui a été réarmée et qui devait se rapprocher de l'OTAN, était un instrument important pour parfaire l'endiguement de la Russie. Mais dans la situation actuelle, les pays de l'OTAN ne sont pas prêts à envoyer des soldats dans ce pays non-membre, pour des raisons compréhensibles. En ces heures amères, l'Ukraine et son président Zelenski doivent se rendre compte qu'ils ont été des pions dans le jeu des États-Unis.

jeudi, 03 mars 2022

Géopolitique d'un échec

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Géopolitique d'un échec

par Stefano De Rosa 

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/geopolitica-di-un-fallimento

Au lieu de justifier une critique à sens unique contre la Russie, les événements de guerre en Ukraine devraient surtout interpeler l'Union européenne sur sa fonction politique, laquelle est inexistante, et sur sa subordination aux États-Unis et à l'OTAN

Au cours de l'été 2008, l'actualité internationale et la diplomatie du monde entier ont été monopolisées par la crise russo-géorgienne. Presque tous les commentateurs et décideurs politiques ont traité les événements caucasiens selon la distinction habituelle entre "bons" et "mauvais", plaçant la Géorgie, l'OTAN, les États-Unis et l'UE parmi les premiers et la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud parmi les seconds.

L'affaire présentait des analogies avec la question du Kosovo, une région serbe à majorité albanaise qui, une décennie plus tôt, a jugé bon de se séparer de la Serbie, faisant valoir un droit fondé sur l'autodétermination des peuples et donnant naissance à une nation artificielle. Chacun se souvient de la façon dont l'Occident - avec sa logique coloniale du XIXe siècle - s'est comporté face à la réaction légitime de Belgrade qui, voulant préserver son intégrité territoriale, ne pouvait tolérer le séparatisme islamo-kosovar.

L'OTAN, composée d'États membres dans un but de défense mutuelle, a bombardé un État souverain - la Serbie - sans que cet Etat n'ait menacé l'un de ses membres. Pour la première fois, l'Alliance atlantique est intervenue dans une guerre civile sans mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, inaugurant ainsi une nouvelle ère dans les relations internationales, dans laquelle le "droit d'ingérence" était justifié par la défense de la démocratie, des minorités et des droits de l'homme.

Un critère refusé, par exemple, aux Serbes de Bosnie (quelques années plus tôt), aux Kurdes ou au Tibet, au nom de la (prétendue) intangibilité des frontières. Cette guerre - une monstruosité juridique avalisée, de surcroît, en Italie par le gouvernement D'Alema - s'est révélée être un dangereux précédent historique, dont la légitimité a été contestée par de larges couches de l'opinion publique internationale et, de manière significative, par la Russie elle-même.

Plus de neuf ans plus tard, les camps des acteurs se sont inversés: c'est la Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, qui a bénéficié politiquement de l'indépendance vis-à-vis de la Géorgie des deux petites républiques ethniques caucasiennes, désireuses d'entrer dans la sphère d'influence et la protection militaire du Kremlin. Pourquoi la Russie aurait-elle fait fi en 2008 du principe d'autodétermination (si cher au président Wilson en 1919) alors qu'en 1999, son exercice était garanti aux Kosovars avec la précieuse contribution de l'uranium appauvri des bombes lancées sur Belgrade ?

Cela n'a pas eu pour résultat le bombardement de Moscou par l'OTAN en 2008. De toute évidence, l'intangibilité des frontières était considérée comme un principe élastique à adapter au potentiel atomique ou au droit de veto à l'ONU du "mauvais" pays. Les récurrences de l'histoire (et parfois de la géographie) se sont répétées au cours de l'hiver 2022 en Ukraine. Les revendications des républiques autoproclamées de Donetsk et Luhansk dans le Donbass reconnues par Moscou étaient similaires à celles des républiques ethniques de Géorgie en 2008 et similaires aussi avec celles du Kosovo en 1999: les raisons invoquées étaient linguistiques, culturelles et religieuses pour justifier un détachement légitime (malgré une application intermittente du principe d'autodétermination des peuples) d'avec l'État auquel elles appartiennent.

Plutôt que de se diviser, de se demander si les craintes de la Russie sont fondées et si les raisons de son action militaire sur le territoire ukrainien sont justifiées, il serait plus constructif de se demander quelle est la fonction actuelle de l'Union européenne et si, dans cette affaire, elle n'a pas manqué une nouvelle occasion de se libérer de la protection des États-Unis, d'un point de vue énergétique et militaire, et de se différencier de l'OTAN, d'un point de vue politico-international. Une approche géopolitique à long terme pourrait peut-être offrir des éléments pour une meilleure compréhension prospective des événements et nous permettre d'échapper au joug d'une propagande narrative banalisée et à sens unique.

À cet égard, la théorie organique de l'État élaborée en 1897 par Friedrich Ratzel peut venir à la rescousse. Il considère l'entité étatique comme un organisme vivant et, en tant que tel, ayant tendance à s'étendre, à acquérir de nouveaux espaces également par le biais de fusions entre États et à lutter pour la conquête de son espace vital (le Lebensraum, l'espace géographique dont il a besoin pour vivre). Selon Ratzel, ce sont les batailles et les conflits, et non les accords, qui régissent les relations entre les États.

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À la mort de Ratzel en 1904, Sir Halford Mackinder (photo), dans un discours célèbre à Londres, a parlé du "pivot géographique de l'Histoire", le Heartland, le cœur eurasien de la Terre. Le géographe anglais a appelé cette région l'île du monde, dominée par le Heartland. Mackinder a écrit en 1919 : "Celui qui dirige l'Europe de l'Est dirige le Heartland ; celui qui dirige le Heartland dirige l'île du monde ; celui qui dirige l'île du monde dirige le monde". Il est facile d'y voir les préoccupations d'un exposant de la "thalassopolitique" dont parle Julien Freund.

La Première Guerre mondiale venait de se terminer. Pour Mackinder, il était essentiel d'empêcher une alliance entre l'Allemagne et la Russie et donc la conquête du Heartland. D'où la nécessité de créer des "États tampons" pour contrecarrer ce projet. Malgré les développements ultérieurs de la Seconde Guerre mondiale, de la Guerre froide et de l'effondrement du système soviétique, son modèle peut encore être adopté avec succès pour clarifier la dynamique d'un présent qui, autrement, serait incompréhensible.

Il ne peut y avoir de politique - pour emprunter à Carl Schmitt - que s'il existe une pluralité d'entités politiques entretenant entre elles des relations amicales ou hostiles. L'unification politique du monde poursuivie par la globalisation économique et financière conduit à une "dépolitisation totale" (Alain de Benoist). Le dilemme schmittien entre le monopole mondial d'une seule puissance (univers), d'une part, et les sphères d'intervention et les aires de civilisation (plurivers), d'autre part, est la véritable clé d'interprétation de ce qui se passe sur le flanc oriental de l'Europe.

Sans connaître l'issue, le mérite de l'initiative russe est, pour l'instant, au moins celui d'avoir remis la géographie et la politique sur le devant de la scène. Elle a également mis en évidence une saine distinction entre solide et liquide, entre fermeture et ouverture, entre identité et hybridité, entre enracinement et nomadisme, entre sentiment de limitation et omnipotence. C'est sur ces dichotomies que les chancelleries et les consciences individuelles doivent être appelées à s'exprimer. Il ne s'agit pas d'adhérer sans critique à ces visions stratégiques et culturelles ou de les partager. Ce qui est important, cependant, c'est de ne pas les négliger ou de les reléguer dans les scories contaminées de l'histoire.

 

 

Ukraine, la première guerre sociale et cybernétique de l'histoire

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Ukraine, la première guerre sociale et cybernétique de l'histoire

Francesca Salvatore

Source: https://it.insideover.com/guerra/ucraina-la-prima-guerra-social-e-cyber-della-storia.html

Une guerre étrange qui nous catapulte dans le troisième millénaire. Semblable à aucune autre, si ce n'est la peur et les rues tachées du sang des innocents. Le conflit en Ukraine est une émission en direct constante qui passe par les réseaux sociaux comme une émission en direct continue d'un reality show dystopique. Les réseaux sociaux sont remplis d'images postées par les protagonistes eux-mêmes qui, à l'aide de smartphones et de connexions précaires, se documentent, demandent de l'aide et exorcisent la peur.

Le reportage en direct rend obsolètes les reporters, les correspondants, les relais, les documents et les histoires. D'autre part, le web est un protagoniste sombre. La guerre de l'information du Kremlin va de pair avec l'escalade militaire en cours. Le flux de désinformation se poursuit depuis des mois afin de discréditer l'Ukraine en tant que pays et en tant que société. Puis il y a ceux, comme le collectif Anonymous, le réseau sans visage de "bons" geeks, qui décident de faire la guerre à Poutine en sabotant ses sites gouvernementaux. C'est comme être dans les Hunger Games, mais ce n'est "que" le début de 2022.

Un conflit sur l'air

"Papa, maman, je vous aime". La vidéo d'un jeune soldat ukrainien partant en guerre a fait le tour du monde. Un "Piero" 3.0 qui ne laisse pas derrière lui une photo en noir et blanc, immobile à côté d'un pilier, et encore moins des lettres du front qui arriveront des semaines plus tard. Il emmène son monde à la guerre avec lui, et marquera la guerre par des nouvelles de chez lui. Tant que ce téléphone émet, c'est une bonne nouvelle. Les réseaux sociaux arrivent dans les abris, tandis que les bombes déchirent le ciel et nous font passer nous aussi des "foyers chaleureux" au théâtre de la guerre. Les objectifs des téléphones portables bénis/maudits immortalisent les regards, les chars d'assaut, documentent la vie et la mort. Et c'est sur les réseaux sociaux que les dirigeants lancent des appels et des réparties.

Le président ukrainien Zelensky n'abandonne jamais son téléphone, et c'est son sceptre en ces heures tragiques. De ce téléphone, il écrit des messages sur les réseaux sociaux, prend des photos pour témoigner qu'il est vivant, incite les Ukrainiens à résister par des messages vidéo, dirige l'armée: le web fait partie intégrante de sa mythopoïèse, qui mêle chevalerie, courage et drame.

Mais les médias sociaux sont aussi la bête noire de Moscou en ce moment : Facebook a interdit à tous les médias d'État russes de parrainer et de monétiser leur contenu, tandis que Moscou a bloqué l'accès à Twitter sur le territoire russe. Le web est devenu un véritable front où s'affrontent vérité, mensonges et post-vérités, où les fake news sont générées et les démentis correspondants à la vitesse de l'éclair. Facebook a commencé à bloquer le contenu de quatre médias russes comme étant des sources possibles d'informations trompeuses, déclenchant la colère de Poutine qui demande que ces blocages soient retirés. Les forums de discussion, les photos de profil, les histoires et les reels deviennent instruments de guerre, pour la fomenter, la documenter, se rebeller contre elle.

La cyberguerre est déjà là

Parallèlement à une invasion, les cyberattaques mettent le grappin sur un système étranger. L'année 2021 nous a silencieusement habitués à ce nouveau type d'attaques, puisque leur nombre et leur gravité moyenne ont atteint des niveaux jamais égalés en Italie ou à l'étranger. Un exemple frappant est l'attaque contre le Colonial Pipeline aux États-Unis, qui a révélé en mai dernier, pour la première fois, comment les pirates informatiques peuvent perturber le fonctionnement du système d'un pays : le plus important réseau d'oléoducs américains a été bloqué, les approvisionnements ont été interrompus et le président Biden a été contraint de déclarer l'état d'urgence en pleine pandémie. La puissance de l'attaque, principalement à des fins d'extorsion, avait ouvert un énorme point d'interrogation sur l'avenir. Jeudi, le jour où Moscou a attaqué l'Ukraine, le Conseil européen, en plus de condamner l'invasion, a appelé "la Russie et les formations soutenues par la Russie à cesser les campagnes de désinformation et les cyber-attaques", marquant ainsi le début d'une nouvelle ère.

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Toutefois, il ne s'agit pas entièrement d'une cyberguerre. La bataille du web et des réseaux sociaux en matière d'informations trafiquées et déformées est le volet information de cette guerre, mais en soi, elle n'est rien d'autre que les fausses informations traditionnelles véhiculées auparavant par d'autres méthodes. Plusieurs cyberattaques ont eu lieu ces derniers jours, dont l'origine remonte à Moscou. Selon les experts du Washington Post, dans les prochains jours, les cyberattaques vont s'intensifier pour deux raisons principales : en réponse aux sanctions occidentales ; et comme instrument de soutien tactique aux opérations militaires sur le terrain.

La guerre hybride que suppose le conflit ukrainien est ainsi confirmée. En ce qui concerne le premier point, selon le journal, dans les prochaines heures, "il est très probable que nous assisterons à l'intensification de l'utilisation de capacités cybernétiques offensives avec des cyberattaques en guise de représailles contre les sanctions imposées à la Russie". Même l'Italie ne peut se targuer d'être à l'abri : le secteur de l'énergie en particulier est sur le qui-vive, où les attaques pourraient être plus probables et potentiellement plus dommageables.

Le 22 février, les spécialistes de l'Unité 42, le groupe de recherche basé à Palo Alto et spécialisé dans les cybermenaces, ont signalé "une augmentation significative des cyberattaques" au cours des neuf jours précédents. Depuis la mi-février, une série d'attaques Ddos (celles qui bloquent les réseaux et les infrastructures) a frappé le gouvernement et les banques ukrainiennes.

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Le 23 février, des organisations américaines (CISA, FBI, National Security Agency) et le National cyber security center (NCSC) britannique ont signalé la propagation de Cyclops Blink, un malware distribué à l'aide d'une mise à jour du célèbre antivirus WatchGuard. Les agences ont remonté la piste du malware jusqu'à Sandworm, une organisation cybercriminelle bien connue qui a des liens avec le gouvernement russe : une équipe qui comprendrait plusieurs officiers militaires du Crane (Direction principale des renseignements russes). Il s'agit du même groupe responsable des attaques de 2015 et 2017 contre l'Ukraine via le ransomware Petya.

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Les Anonymous et la "bonne guerre"

Les hacktivistes du célèbre groupe qui se cache derrière le masque de Guy Fawkes enchaînent actuellement les actions. Dans un long message vidéo, le mouvement international de pirates informatiques a déclaré la "guerre" au président Poutine après que les troupes russes ont envahi l'Ukraine dans le cadre d'une opération appelée "OpRussia - Defend Ukraine". Dans la vidéo, le collectif appelle les gens à rejoindre la cyber-guerre au nom de la défense des droits de l'homme.

Samedi, le groupe de pirates informatiques a rendu inaccessibles depuis longtemps les sites Web du Kremlin et du ministère de la Défense, ainsi que celui du diffuseur russe RT - la première chaîne d'information en langue anglaise de Russie. Samedi également, après que Poutine a ordonné une plus grande censure de ce qui pouvait être montré à la télévision, les Anonymous ont piraté les réseaux de télévision et ont diffusé un montage de la guerre en cours. En arrière-plan, une chanson russe de Monatyk, qui a participé au concours Eurovision de la chanson en 2017. Et encore, un site du réseau de contrôle du gaz russe a également été piraté, dans le cadre de l'offensive contre la Russie et pour la défense de l'Ukraine. Il s'agit du terminal russe Linux à Nogir, en Ossétie du Nord. "Nous avons modifié les données et augmenté la pression du gaz à tel point que cela a failli provoquer un incendie", peut-on lire dans un tweet des hackers. "Mais cela n'a pas été le cas", ajoute-t-il, "grâce à l'action rapide d'une personne responsable. En tant que collectif, Anonymous a pour objectif d'aider à fournir des informations valables au peuple russe sur les actions "folles" de Poutine, tout en essayant d'aider le peuple ukrainien en fournissant des colis de soins, en essayant de garder les canaux de communication ouverts et en aidant à obscurcir leurs communications des "yeux indiscrets".

Au début, les opérations perturbatrices des hackers les plus notoires du monde ont suscité un soutien inconditionnel et une sympathie collective. Mais de nombreux doutes entourent une organisation aussi mystérieuse et pourtant puissante de "justiciers du web".  Combien de hackers y a-t-il dans le collectif ? Comment s'organisent-ils ? La série d'actions perturbatrices en Russie est-elle vraiment de leur fait ? Est-il possible qu'un État soit derrière eux, se cachant pour empêcher l'escalade ? À ce stade de la "règle de suspicion", toutes les hypothèses sont plausibles.

Le collectif est officiellement né en 2003 lorsque des images et du contenu sont apparus pour la première fois de manière anonyme sur "4Chan", un site anglophone de conseil en image fondé par Christopher Poole en 2003, sur le modèle du site japonais "2channel". Dès le départ, Anonymous s'est déclaré être "une idée, un drapeau qui rassemble ceux qui veulent la justice et l'honnêteté dans le monde". Parmi leurs exploits les plus récents, citons les menaces à l'encontre d'Elon Musk, accusant le milliardaire de surinfluencer les cryptomonnaies par le biais de ses messages sur les médias sociaux ; et encore l'attaque contre l'Église de Scientologie en 2008, contre Visa et Mastercard en 2010 et l'opération KKK en 2015, lorsque les identités de plus de 1000 membres du Ku Klux Klan ont été rendues publiques.

Colonel Douglas Macgregor : "Poutine met en garde l'Otan depuis 15 ans"

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Colonel Douglas Macgregor : "Poutine met en garde l'Otan depuis 15 ans"

Roberto Vivaldelli

Source: https://it.insideover.com/guerra/il-colonnello-macgregor-putin-ha-avvisato-per-15-anni-la-nato.html

L'ancien président américain Donald Trump a toujours apprécié et tenu en haute estime les opinions hors normes du colonel Douglas Macgregor, à tel point qu'il a failli le nommer conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche après le départ de John Bolton en 2019. Vétéran de la guerre du Golfe, Macgregor est l'auteur de Breaking the Phalanx, un texte proposant la réforme de l'armée américaine, qui a intéressé le secrétaire à la Défense de l'époque, Donald Rumsfeld, à l'automne 2001. Après avoir quitté l'armée en 2004, Macgregor a souvent été invité à commenter la politique étrangère américaine à la télévision - sur Fox News, en particulier -, souvent à partir d'une position moins conventionnelle, critiquant l'immigration illégale et le magnat libéral, George Soros, avec des mots très durs.

Le 27 juillet 2020, la Maison Blanche a annoncé l'intention de Donald Trump de nommer Macgregor au poste d'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, mais les médias libéraux américains ont lancé une offensive haineuse contre le vétéran de l'armée américaine en raison de ses positions, ce qui a conduit à l'enlisement de sa nomination au sein de la commission des affaires étrangères du Sénat. Lorsque l'idée de s'installer à Berlin a été écartée, il a été nommé conseiller principal du secrétaire à la défense par intérim Christopher Miller le 11 novembre 2020. Aujourd'hui, le colonel Macgregor est de retour dans l'actualité, une fois de plus en raison de ses opinions résolument "contre-culturelles" sur l'invasion russe de l'Ukraine, telles qu'exprimées sur Fox News. Nous l'avons rattrapé pour lui poser quelques questions.

Macgregor : "Poutine a averti l'Occident depuis des années"

Selon le vétéran de l'armée américaine, l'invasion russe de l'Ukraine était planifiée depuis des mois. L'objectif de Vladimir Poutine, explique-t-il, "est de faire en sorte que les États-Unis et leurs alliés ne puissent pas stationner des missiles et des forces de combat à la frontière" avec la Fédération de Russie. Dans son discours du 24 février, le président russe a souligné que "ce qui se passe est une mesure nécessaire. On ne nous a laissé aucune possibilité de faire autrement". Une lecture correcte, selon le colonel Macgregor. "Oui. Poutine a essayé à plusieurs reprises, depuis au moins 15 ans, de signaler l'opposition de la Russie à l'avancée de l'OTAN vers les frontières de la Russie."

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Le colonel explique quels sont les objectifs du Kremlin en Ukraine : "Moscou veut une Ukraine neutre, non alignée et non hostile à la Russie. Le modèle est l'Autriche et son traité d'État de 1955. Il n'est pas enclin à traverser le Dniepr et à se diriger vers l'ouest. L'armée russe a déjà encerclé et coupé les forces ukrainiennes à l'est du fleuve Dniepr. Elle souhaiterait une résolution telle que décrite. Si cela échoue, elle écrasera les forces ukrainiennes, traversera le Dniepr et annexera ou déclarera l'Ukraine orientale comme une République russe indépendante. Cela lui donnerait le "tampon" qu'elle souhaite", explique Macgregor. "Compte tenu de la géo-hydrographie de l'Ukraine occidentale, elle peut retenir au-delà du Dniepr les forces occidentales qui tenteraient de traverser le fleuve et qui rencontreraient une destruction certaine par des moyens conventionnels." Mais combien de temps l'armée ukrainienne peut-elle résister à l'avancée russe ? L'expert n'a aucun doute: "Au maximum 30 jours". Et les sanctions économiques n'arrêteront pas Moscou: "Les sanctions ont-elles forcé Moscou à quitter la Crimée ? Les sanctions ont-elles forcé l'Iran à se soumettre aux exigences des États-Unis et d'Israël ? Non. Les sanctions ne changent pas les gouvernements".

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"Biden a provoqué la Russie"

L'ancien conseiller principal du Pentagone sous l'administration Trump explique quelles ont été les erreurs de l'actuel locataire de la Maison Blanche, Joe Biden. Il aurait essayé de tout faire sauf d'établir un dialogue diplomatique avec la Fédération de Russie: "Biden a commencé son mandat en condamnant Poutine et son gouvernement. Il n'a pas cessé de menacer Poutine et de pousser les gouvernements européens à le rejoindre. Plus sérieusement, Macgregor note que "les forces américaines ont mené des exercices et des opérations militaires à moins de 50 miles nautiques de Saint-Pétersbourg". En revanche, l'ancien président Donald Trump a "écouté le président Poutine, en cherchant à améliorer les relations avec la Russie". Cependant, note-t-il, "Poutine a compris que le président Trump avait été subverti par son propre gouvernement et a conclu qu'il devait se préparer à une nouvelle administration américaine hostile. Encore une fois, le résultat est l'action en cours dans l'est de l'Ukraine".

Une autre question clé concerne l'ordre mondial qui émergera après la fin du conflit. L'isolement de l'Occident et les sanctions économiques sévères pousseront la Russie à se tourner de plus en plus vers la Chine, mais attention : il ne s'agit pas, pour le moment, d'une véritable "alliance". "Moscou et Pékin ne sont pas des alliés", explique le colonel Macgregor. "Ce sont des partenaires stratégiques qui entretiennent des relations économiques mutuellement bénéfiques. Tous deux sont menacés par les États-Unis et, bien sûr, coopèrent pour des raisons de sécurité."

mercredi, 02 mars 2022

Mourir à 50 ans dans une église orthodoxe ou à 70 ans dans un supermarché occidental: tel est le choix de la ménagère ukrainienne !

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Mourir à 50 ans dans une église orthodoxe ou à 70 ans dans un supermarché occidental: tel est le choix de la ménagère ukrainienne !

par Frédéric Andreu

Ce qui motive en premier lieu les masses humaines, guidés par des élites débiles, résident au niveau du bas-ventre. Les Ukrainiens se trouvent devant un choix de civilisation et identitaire que leur imposent, ni la Russie, ni l'Europe européenne, mais les forces otanesque de la division. Ils sont partagés entre, d'un côté, la perspective d'un salaire à 200 Euros qu'impliquerait le rattachement au contre-Empire du grand frère russe et de l'autre, les paillettes lucifériennes de l'Occident...

Le problème, c'est que la stratégie impériale des Etats-Unis et de l'Otan oblige à ce faux choix. Elle pose un limes entre votre âme et votre ventre. Cela c'est la victoire postume de Brzezinski, le merlin noir des élites étatuniennes.

A ce jeux-là, il n'est pas impossible que l'Ukraine connaisse un partage géopolitique en deux, au niveau du fleuve Dniepr. Mais cela rimerait alors avec le martyr des minorités de part et d'autre. Cette politique serait la victoire des puissances atlanto-sionistes qui sont derrière ce scénario diabolique.

L'un des rares politiques français qui ne s'y résigne pas n'est pas issu des rangs de la droite. C'est Jean-Luc Mélanchon, ancien député socialiste, certes, mais pas plus ni moins que ne l'était Marcel Déat avant guerre... En fait, la classe politique embourgeoisée et technocratique qui règne en France et à Bruxelles, capables des pires traîtrises et des pires non-sens historiques, déclarent en coeur: “avec nos sanctions, nous allons isoler la Russie !”.

L'hôpital se moque vraiment de la Charité ! Ces idiots utiles de l'Amérique pensent isoler un pays-continent 35 fois plus vaste que la France, allié de surcroît à la Chine et à l'Inde, pays dont le réservoir démographique correspond à la moitié de la population mondiale !

Résultat de cette stupidité sans nom est le suicide de l'Europe : c'est la petite péninsule européenne et non la Russie qui serait isolée comme une tête isolée du corps.

L'Europe aurait alors pour seule perspective d'être une annexe du grand marché américain. Bien sûr, que les démographes se rassurent, l'Afrique pourra toujours suppléer au manque démographique des Européens : les populations noires déracinées pourront se déverser, toujours plus nombreuses, sur le Vieux Continent, avec la bénédiction d'un pape tiers-mondiste et des élites européennes panmixistes.

Quand cette classe de Libéraux-traitres non élue qui dirige l'Union Européenne parle de paix, il faut entendre LGBTISME, pensée unique, matérialisme pratique, MacDonaldisation souriante de la société. Avec la mise au ban de la Russie, l'Europe sera en “paix” à la puissance dix. Voici le contenu du mot “paix” pour la génération à venir ! Adieu Homère et Pic de la Mirandole ; bonjour le clown multicolore Mac Do !

Les partisans du réel savent au contraire que l'Europe a tout intérêt à s'ouvrir à cette Russie frappée de l'aigle à deux têtes, l' ”empire bicéphale” reliant notre présent à la grande politique transcontinentale des derniers Bourbons.

En effet, on ignore trop souvent, dans le pays régicide qui a coupé la tête à Louis XVI, que le projet du Bon Roi était non seulement de lier alliance avec la maison des Habsbourg par le mariage avec Marie Antoinette, mais aussi de créer une alliance commerciale, voire plus, avec la Russie de Catherine II. A l'époque les élites russes et européennes ne parlaient pas seulement en terme de taux d'inflation et de statistique, ils ne parlaient pas dans un anglais d'aéroport mais dans le français de Molière. Ils parlaient de philosophie, de découverte des îles, de voyage, de vin et de belles lettres.

On ne sait généralement pas, non plus, que cette politique que les derniers Bourbons ont incarné par des mariages et des liens diplomatiques, est dans les faits, le même tropisme que Napoléon Bonaparte a suivi mais que l'Empereur a été contraint de faire par la guerre...

Les deux tentatives ont échoué, mais c'est pourtant ce flambeau-là qu'il faudrait reprendre car il est inscrit dans le destin même de la France, à la fois politique et spirituel. Il s'agit aussi de faire passer l'oxygène du poumon gauche (l'Europe) au poumon droit (la Russie) et vice-versa. Ce futur est tout simplement inscrit dans le critérium géographique de la terre puisque la France commence le Grand Continent et la Russie le termine, preuve que le plan spirituel et matériel ne s'opposent pas. Cela, Louis XVI et Catherine II le savaient, lui le catholique pratiquant ; elle, l'orthodoxe, lorsqu'elle déclara que la France devait être “nation privilégiée de la Russie”. La Révolution dite “française”, fomentée en réalité par des agents anglais, allait mettre un terme à ce rêve.

Et si le rêve de la Monarchie et de l'Empire napoléonien se réalisait finalement par un socialiste franc-maçon d'inspiration révolutionnaire ? Dans ce cas, Jean-Luc Mélanchon resterait dans l'Histoire d'abord et avant tout comme Français !

 

mardi, 01 mars 2022

La guerre en Europe et l'autodestruction de l'Occident

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La guerre en Europe et l'autodestruction de l'Occident

Stefan Schubert

https://kopp-report.de/krieg-in-europa-und-die-selbstzerstoerung-des-westens/

Alors que les hommes politiques allemands se sont confortablement installés dans leur monde parallèle aux couleurs de l'arc-en-ciel, monde dans lequel des licornes en train de brouter peuvent décider chaque jour si elles préfèrent être aujourd'hui une femelle ou un mâle, les armes parlent à nouveau en Europe. Avec un projet planifié à long terme, mis en œuvre avec autant d'habileté stratégique que d'absence de scrupules, Poutine a mis fin brutalement à l'une des plus longues périodes de paix du continent européen. Et la seule chose que les politiciens allemands, incapables de gérer la crise, parviennent à faire en cette heure historique, c'est de débiter des phrases creuses et d'éclairer en bleu et jaune la porte de Brandebourg.

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Dans ce texte, il ne sera pas question de la violation du droit international ou de l'agenda mondialiste de l'OTAN, mais de la destruction de l'Allemagne, de la destruction de son identité et de la modification délibérée de la composition de sa population. Certes, de nombreux réseaux internationaux agissent depuis l'étranger, mais le plus grand ennemi du citoyen allemand aujourd'hui se cache dans son propre pays.

Alors que le principal objectif des gouvernements occidentaux est de rééduquer leur propre population et de la transformer en une masse conformiste sans défense (notamment avec les mesures décidées suite à l'apparition du coronavirus), d'autres pays créent des faits. Nous ne connaissons la chute de l'Empire romain que par les livres d'histoire, or nous assistons non seulement en direct à l'effondrement historique du monde occidental, et nous nous trouvons en plein dedans.

Alors qu'en Allemagne, le gouvernement fédéral le plus incompétent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a commencé son œuvre de destruction, les absurdités des élites berlinoises s'empilent chaque jour un peu plus. Une ministre des Affaires étrangères qui n'est même pas capable de manipuler son propre CV et son livre de bonnes manières pour qu'ils résistent à un simple examen et qui, pour l'une de ses premières interventions lors de son entrée en fonction, baragouine quelque chose à propos d'une "politique étrangère féministe". Et puis, il y a cet homme portant une perruque et des vêtements de femme qui a obtenu un mandat au Bundestag grâce aux quotas de femmes chez les Verts.

Et une ministre de l'Intérieur qui s'enfonce de plus en plus dans les marécages de l'extrême gauche antifa, diffame les promeneurs pacifiques (ndt: qui contournent les interdictions de manifester) et est sur le point de pousser à une nouvelle immigration de masse incontrôlée. De plus, des responsables de parti occupant les plus hautes fonctions de l'État, le président de la Cour constitutionnelle fédérale et le président de la protection constitutionnelle fédérale, donnent l'impression, dans leurs interventions et leurs décisions, d'avoir déclaré la guerre à une partie de leur propre peuple.

En outre, dans la soi-disant "lutte contre la droite", les autorités des forces de sécurité sont soumises à de telles vagues d'épuration que la police et l'armée ne sont plus que l'ombre des jours précédents et ont été privées de leur capacité opérationnelle.

Cet État de gauche détruit systématiquement la capacité de défense de cette génération et des suivantes et veut les rééduquer pour en faire une jeunesse unitaire gauche-verte : végétalienne, antiraciste et activiste pour le climat. Une jeunesse qui finit par appliquer une à une toutes les directives du gouvernement - sans réfléchir par elle-même. Les mesures arbitraires, l'obligation de porter un masque à l'extérieur, etc. sous prétexte de l'épidémie du coronavirus, servent ici de modèle pour les années à venir.

Parallèlement, le gouvernement de gauche lance une véritable campagne de destruction de l'industrie allemande. A cause de l'idéologie verte, maquillée en tournant énergétique, de grands secteurs économiques risquent de perdre leur compétitivité internationale, de faire faillite ou de voir leur production partir à l'étranger. Sur l'autel de cette idéologie, on renonce en outre à des prix abordables pour l'électricité et le gaz, ainsi que la sécurité énergétique des 83 millions de citoyens de ce pays. Les black-out sont aussi certains que les amen à l'église. Parlons-en de l'Église: au lieu de fournir un soutien moral et une foi solide en ces temps difficiles, les institutions ecclésiales allemandes (protestantes et catholiques) se perdent dans un marécage sordide, fait d'enrichissements personnels et d'abus pédophiles. Cette liste est loin d'être exhaustive, mais elle illustre la chute délibérée d'une nation autrefois si fière.

L'Occident - préoccupé par lui-même, sans défense et sans projet

Cette destruction de l'intérieur par une idéologie de gauche ne se limite pas à l'Allemagne. On l'observe de la même manière en Amérique, en France, en Grande-Bretagne et dans de nombreux autres pays. Alors que l'Occident est détruit par les réseaux mondialistes à la suite de la "grande réinitialisation", des pays et des groupes concurrents reconnaissent sa faiblesse et l'exploitent pour défendre leurs propres intérêts. La Chine, la Russie et la fuite humiliante devant les talibans d'Afghanistan ne sont qu'une partie de ce nouvel ordre mondial.

Alors que la stupidité est récompensée par des postes ministériels en Allemagne, Poutine crée des faits. Les slogans répétés de l'Occident et les innombrables menaces de sanctions ne provoquent plus qu'un haussement d'épaules en dehors des élites occidentales. Moscou et Pékin semblent s'être concertés sur leur approche, la Chine critiquant ouvertement les États-Unis et annonçant qu'elle ne se joindra à aucune des sanctions occidentales. Au contraire, le pays demande publiquement la levée de celles-ci. Et comme l'Europe et l'Amérique dépendent du flux économique constant de la Chine dans tous les domaines de la vie, l'Occident a été relégué au rang de spectateur sur la scène mondiale.

L'armée allemande a été systématiquement détruite par les politiques et le ministère de la Défense a été transformé en dispensaires pour politiciennes usées. Les noms des fossoyeurs au féminin de notre armée sont: Ursula von der Leyen, Annegret Kramp-Karrenbauer et Christine Lambrecht. Si vous essayez de survivre à une telle direction, vous n'avez pas besoin d'une guerre d'usure sur le front de l'Est pour vous rendre sans défense. Et non, il ne s'agit pas de fake news - Ursula von der Leyen a fait modifier les chars allemands pour que les femmes enceintes puissent également les conduire dans la cour de la caserne. La révélation publique de la Bundeswehr est complétée par le plus haut gradé de l'armée de terre allemande, l'inspecteur de l'armée de terre Alfons Mais (photo), qui dénonce la négligence de la préparation opérationnelle pendant des années. Dans la crise ukrainienne, la Bundeswehr est "plus ou moins à sec", ce sont ses mots exacts.

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L'ère de l'Occident et de sa suprématie sur le monde est désormais définitivement révolue. Après la fuite humiliante devant des guerriers de Dieu à la belle barbe bien fournie en Afghanistan, c'est maintenant un Waterloo à l'est du continent européen. Les impacts se rapprochent et les secousses actuelles sont déjà perceptibles à Berlin.

"Accéder au canal Telegram de l'auteur Stefan Schubert : le point de situation de Schubert, https://t.me/SchubertsLM

lundi, 28 février 2022

Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

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Guerre en Ukraine : le suicide de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-le-responsabilita-dell-europa-zombie-atlantica

L'invasion de la Russie est arrivée, l'attaque contre l'Ukraine s'est déroulée selon les prédictions (et les souhaits) de Biden. En fait, les avertissements répétés d'invasion, l'état d'alerte de l'OTAN et les sommets récurrents avec les dirigeants européens avaient un but précis : réaligner l'Occident face à l'ennemi absolu du moment, en tant que menace pour le nouvel ordre mondial orchestré par les États-Unis. Après la fuite humiliante d'Afghanistan, avec l'état de guerre civile qui perdure aux Etats-Unis, avec la crise économique post-pandémique et le retour corrélatif de l'inflation, la présidence Biden, qui s'est avérée très faible et qui connait une forte baisse de soutien interne, était à la recherche d'une nouvelle urgence, afin de rallier l'opinion publique nationale et les alliés de l'OTAN contre un nouvel ennemi absolu. Et cela s'est incarné dans la figure de Poutine, déjà défini comme un "criminel" au début de sa présidence. La figure de l'ennemi irréductible, de la menace perpétuelle pour la sécurité des Etats-Unis, pour les valeurs de l'Occident, est un mantra récurrent de la politique étrangère américaine. La perspective d'un ennemi à combattre et à vaincre constitue donc un mythe fondateur, assumé de temps à autre pour justifier idéologiquement le rôle dominant de la puissance mondiale américaine.

Du point de vue américain, il ne s'agissait pas de défendre l'intégrité territoriale et de sauvegarder l'indépendance de l'Ukraine, mais d'imposer à la Russie l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. En réalité, l'expansion progressive de l'OTAN en Europe de l'Est a représenté une phase décisive de la stratégie de pénétration en Eurasie, avec le démembrement consécutif de la Russie : il s'agissait de reproduire, à grande échelle, la même stratégie du chaos déjà expérimentée dans l'ex-Yougoslavie, après la dissolution de l'URSS. Cette politique expansionniste de l'OTAN a toutefois été entravée par la réaction de la Russie de Poutine qui, dès 2014, avec l'occupation de la Crimée et du Donbass, a réussi à s'opposer à l'occidentalisation de l'Ukraine suite à la "révolution colorée" (c'est-à-dire le coup d'État) de Maïdan, qui a retiré l'Ukraine de la sphère d'influence russe.

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Poutine s'oppose à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN car il veut préserver les besoins de sécurité de la Russie. Mais il existe un précédent historique bien connu : lorsque l'URSS a voulu installer ses bases de missiles à Cuba, la menace de guerre nucléaire de l'Amérique de Kennedy a contraint l'Union soviétique à abandonner ses plans.

On peut donc se demander comment Biden entendait protéger l'Ukraine de l'invasion russe, puisqu'il n'a accepté aucune négociation avec Poutine qui permettrait d'éviter la poursuite de l'expansion de l'OTAN vers l'est et qu'il a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne voulait pas autoriser une intervention militaire américaine en Ukraine. L'Occident s'est borné à déclarer verbalement qu'il n'était pas prévu que l'Ukraine rejoigne l'OTAN dans un avenir proche, mais Biden a refusé de conclure un quelconque accord officiel avec Poutine sur la question. En outre, la confiance de Zelenski lui-même dans le soutien européen et américain est totalement incompréhensible à la lumière des résultats des conflits précédents en Afghanistan, en Géorgie et au Kurdistan (pour n'en citer que quelques-uns), où les Américains se sont retirés et ont toujours abandonné leurs alliés à leur sort.

Mais les États-Unis poursuivent des objectifs bien différents dans le conflit ukrainien. L'invasion russe de l'Ukraine est une excellente occasion pour les États-Unis de rompre les relations entre l'Europe et la Russie et de tuer dans l'œuf toute velléité d'autonomie européenne vis-à-vis de l'OTAN et des États-Unis. Des divisions européennes internes apparaissent au sujet des sanctions contre la Russie. Une grave crise énergétique pourrait réduire la puissance économique de l'Allemagne et de l'Europe et placer l'Europe dans une position subordonnée dans la zone d'influence atlantique. Cependant, l'UE s'est alignée sur la russophobie américaine. Scholz, en représailles à l'invasion russe, a bloqué le démarrage du gazoduc Nord Stream 2. Biden a été exaucé. En effet, les États-Unis ont l'intention de libérer l'Europe de la dépendance énergétique russe afin de lui imposer la dépendance énergétique américaine.

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L'imposition même de sanctions à la Russie est contestée en Europe. Tant en matière d'approvisionnement énergétique que dans le domaine économique et financier. En excluant la Russie du système des transactions rapides internationales, l'intention est de provoquer l'isolement et l'effondrement économique ultérieur de la Russie. Mais la Russie possède déjà son propre système de paiement et pourrait également utiliser les systèmes alternatifs fournis par la Chine. Dans ce cas, il y aurait une restriction mondiale significative de la zone dollar. Le blocage du système de paiement swift entraînerait également une grave crise du système bancaire et économique européen. Les banques françaises et italiennes sont exposées à la Russie à hauteur de plus de 50 milliards d'euros, l'Italie dépend à 50 % du gaz russe et ses exportations vers la Russie s'élèvent à environ 8 milliards d'euros par an. La mondialisation a conduit à l'interdépendance mondiale des marchés. L'Occident est maintenant la victime du système même qu'il voulait imposer au monde.

Depuis Obama, les États-Unis prévoient de réduire le rôle de l'économie européenne dans le monde. Mais la fin des échanges entre l'Occident et la Russie n'aurait pour effet que de renforcer l'axe russo-chinois (qui se targue déjà d'un volume d'échanges de 140 milliards), en opposition ouverte avec l'Occident. L'Occident, en outre, a supprimé sa propre mémoire historique. Si, pendant la guerre froide, l'URSS et la Chine de Mao avaient été alliées, quel aurait été le sort de l'Occident ?

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L'invasion russe de l'Ukraine aurait-elle pu être évitée ? La réponse est affirmative. Les accords de Minsk, qui prévoyaient l'autonomie des régions russophones du Donetsk et de Luhank (Lugansk) et les laissant sous la souveraineté ukrainienne, auraient pu être mis en œuvre. Mais l'Ukraine a refusé. Les rencontres diplomatiques entre les dirigeants russes et occidentaux se sont révélées être un dialogue de sourds, étant donné le refus américain préjudiciable à tout accord avec Poutine (qui fait déjà l'objet de sanctions occidentales depuis 2014) sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Jusqu'à la veille de l'invasion, Zelenski avait réitéré sa position en faveur de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et à l'OTAN, telle qu'elle est inscrite dans sa constitution.

Mais surtout, c'est l'Europe qui est responsable du triste sort de l'Ukraine, soumise à l'invasion dévastatrice de la Russie. On peut pécher en pensée, en parole, en acte et par omission. Et les péchés d'omission commis par cet ectoplasme atlantique qu'est l'Europe sont irrémédiables. En fait, l'Europe aurait pu proposer une négociation autonome avec la Russie, impliquant l'adhésion de l'Ukraine à l'Europe, mais pas à l'OTAN. Cela aurait permis de préserver l'intégrité de l'Ukraine en imposant sa neutralité en tant que pays-pont nécessaire dans les relations entre l'Europe et la Russie. Le rôle de l'OTAN en tant qu'avant-poste armé aurait au contraire condamné l'Ukraine à la dépendance économique et militaire de l'Occident.

Dans ce contexte, l'Europe se serait désengagée de l'Alliance atlantique. Mais cette perspective est rejetée par l'Europe, car elle signifierait que l'Europe assume le rôle d'un acteur autonome par rapport aux États-Unis dans la géopolitique mondiale. Dans l'UE actuelle, l'OTAN s'identifie et se superpose à l'Europe. Tous les anciens membres du Pacte de Varsovie, qui étaient russophobes, sont devenus membres de l'UE, comme ils appartiennent à l'OTAN. L'européanisme actuel coïncide donc avec l'atlantisme. En conclusion, l'UE existe en tant qu'organe européen supranational au sein de l'Alliance atlantique.

Dans cette perspective atlantiste (et l'unité européenne au sein de l'OTAN est continuellement réaffirmée par tous les dirigeants des États membres de l'UE), l'Europe ne peut que subir, tant économiquement que politiquement, les conséquences du conflit entre les États-Unis et la Russie, seuls véritables protagonistes de la crise ukrainienne. Comme l'a déclaré Alberto Negri dans son récent article "Poutine et les Européens unis dans le paradoxe", cette situation présente également des aspects paradoxaux : "Mais le meilleur est encore à venir. L'augmentation de la consommation et des investissements en 2021 et d'autres facteurs ont contribué à la multiplication par quatre du prix du gaz en Europe. Ainsi, la Russie a également multiplié le chiffre d'affaires de Gazprom, alors qu'elle a considérablement réduit ses approvisionnements. En outre, Moscou reste le plus grand fournisseur unique de pétrole en Europe, avec une part de 25 %. En bref, le moteur de l'économie européenne est entre les mains de Poutine et l'argent européen finance l'effort de guerre russe. Est-ce qu'on va s'en sortir ?" Ou assisterons-nous, comme tout le suggère, au suicide de l'Europe ? Mais un zombie, c'est-à-dire un mort-vivant, peut-il se suicider ?

Guerre en Ukraine : le point de non-retour - 32 points sur la question ukrainienne

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Guerre en Ukraine : le point de non-retour

32 points sur la question ukrainienne

par Roberto Buffagni

Source : Roberto Buffagni (28 fév. 2022) & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-il-punto-di-non-ritorno

Je résume aussi brièvement que possible le déroulement des événements passés et propose une hypothèse interprétative des événements futurs.

1. La cause profonde de la guerre est la décision stratégique américaine d'étendre l'OTAN à l'Est. L'expansion a commencé avec l'administration Clinton, après l'effondrement de l'URSS. George Kennan, Henry Kissinger, John Mearsheimer - pour ne citer que les principales personnalités américaines dans le domaine des relations internationales - l'ont considéré comme une erreur de première grandeur, annonciatrice de graves conséquences.

2. Le sommet de l'OTAN de 2008 à Bucarest a déclaré que la Géorgie et l'Ukraine rejoindraient l'OTAN. La France et l'Allemagne s'y opposent mais cèdent à la pression américaine. Le résultat est un compromis : aucune date d'entrée n'est spécifiée.  

3. La Russie fait immédiatement savoir que l'entrée de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'OTAN est inacceptable. La raison sous-jacente est que la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN deviendraient des bastions militaires occidentaux à la frontière russe. Immédiatement après le sommet de Bucarest, la Russie envahit la Géorgie pour l'empêcher de rejoindre l'OTAN. Elle n'est ni politiquement ni militairement capable de faire de même avec l'Ukraine.

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4. En 2014, les États-Unis orchestrent un coup d'État en Ukraine et installent un gouvernement qui leur plaît et qui met le désir de rejoindre l'OTAN dans la constitution.

5. En 2021, les États-Unis et les pays de l'UE commencent à armer sérieusement les Forces Armées ukrainiennes.

6. Fin 2021, la Russie ouvre des discussions diplomatiques avec les États-Unis. Le point clé de la proposition russe est la signature d'un traité garantissant que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN. Contre la coutume diplomatique, la Russie rend le projet de traité public.

7. Les États-Unis refusent de garantir par écrit que l'Ukraine ne rejoindra pas l'OTAN, car cela reviendrait à renoncer au rôle décisionnel "superiorem non recognoscens" dans l'ordre international unipolaire qu'ils détiennent depuis l'effondrement de l'URSS. Ils font immédiatement savoir qu'ils n'interviendront PAS militairement pour défendre l'Ukraine en cas d'attaque russe. Une grande puissance nucléaire n'affronte une autre grande puissance nucléaire sur le terrain que lorsque ce qui est en jeu est un intérêt vital pour les deux. L'Ukraine est un intérêt vital pour la Russie, elle n'est PAS un intérêt vital pour les États-Unis.

8. Lors de la conférence de Munich, le chef du gouvernement ukrainien annonce que l'Ukraine envisage d'acquérir des armes nucléaires tactiques. Les plus petites armes atomiques tactiques peuvent effacer une division blindée de la surface de la terre.

9. Peut-être à cause de cette annonce, la Russie accélère. Elle reconnaît les républiques du Donbass, envahit l'Ukraine. Elle mène la guerre de la manière la plus susceptible d'épargner la vie des civils, en vue de la réconciliation/stabilisation de l'Ukraine. L'objectif stratégique russe ne comprend PAS la conquête totale ou partielle du pays, mais sa neutralisation, la reconnaissance des républiques du Donbass et de Crimée, la démilitarisation de l'Ukraine.

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10. Les États-Unis - plus précisément, l'establishment qui dirige leur politique étrangère et qui est en mesure d'influencer fortement toute administration - décident de mettre en œuvre une stratégie de guerre indirecte, dans le but de provoquer un "changement de régime" en Russie, et utilisent les pays de l'UE comme un instrument politique, en assumant le rôle d'"OTAN politico-économique".

11. Des sanctions économiques majeures sont imposées à la Russie par les États-Unis et les pays de l'UE, y compris le gel, c'est-à-dire la saisie, des actifs de la Banque nationale russe détenus dans les pays occidentaux (un acte de guerre).

12. Des mesures draconiennes sont également décidées par les pays de l'UE, qui sont aussi de véritables actes de guerre : l'UE finance et envoie à l'Ukraine des systèmes d'armes non seulement défensifs mais aussi offensifs (avions de chasse). La distinction entre les systèmes d'armes offensifs et défensifs, qui n'a aucune valeur sur le champ de bataille, est toutefois pertinente sur le plan juridique. Envoyer des systèmes d'armes défensifs à un pays en guerre ne constitue pas un acte de guerre contre son ennemi, envoyer des systèmes d'armes offensifs oui.

13. La Suède et la Finlande, pays neutres limitrophes de la Russie, annoncent qu'ils envisagent de rejoindre l'OTAN.

14. L'Allemagne annonce un vaste programme de réarmement.

15. L'envoi de systèmes d'armes à l'Ukraine ne change pas l'issue du conflit en Ukraine, car il ne modifie pas l'équilibre des forces entre les protagonistes, qui penche fortement en faveur de la Russie. Il s'agit d'une provocation adressée à la Russie. Elle la met au défi de réagir à des actes de guerre réels, sachant qu'une réaction militaire russe contre des pays de l'UE, qui sont également des pays de l'OTAN, provoquerait un conflit ouvert OTAN-Russie. L'intention de la provocation est de démontrer l'impuissance russe : "Vous avez mordu plus que vous ne pouvez mâcher", et ainsi déstabiliser le gouvernement de la Fédération de Russie.

16. Le gouvernement russe lève l'alerte nucléaire. C'est un cas de "escalade pour désescalade". Par l'escalade, un message est envoyé à l'adversaire : "Sachez que nous sommes prêts à aller jusqu'au bout, y compris au conflit nucléaire. Désescaladez ou subissez les conséquences".

17. Les premiers entretiens entre les représentants des gouvernements ukrainien et russe sont annoncés pour ce matin.

18. L'opération de "changement de régime" en Russie exploite toutes les failles du conflit en Russie, en premier lieu les nationalismes des États qui composent la Fédération. Le scénario envisagé par les planificateurs est similaire à celui déjà mis en œuvre dans l'ex-Yougoslavie : guerre civile, fragmentation de la Fédération de Russie, implosion de l'État fédéral, nouveaux gouvernements dirigés par des politiciens acceptables pour l'Occident, et le président fédéral russe V. Poutine, déjà décrit par les médias occidentaux comme un gangster mentalement dérangé, comme le président yougoslave Milosevic accusé devant le Tribunal international de La Haye.  

19. Il est très clair, d'après ce qui précède, que la Russie NE PEUT PAS reculer. S'il le fait, le gouvernement sera déstabilisé et la deuxième phase de l'opération de changement de régime sera déclenchée : des révolutions colorées dans les États constitutifs de la Fédération de Russie. En outre, l'Ukraine est la dernière ligne de défense militaire et politique de la Fédération de Russie, qui est dos au mur et défend sa survie.  

20. Je rappelle que pour éviter la situation actuelle très dangereuse, il aurait suffi de deux choses : a) garantir par écrit que l'Ukraine ne rejoindrait pas l'OTAN; b) qu'un seul pays de l'UE propose, avant le début des hostilités, une révision du système de sécurité européen tenant compte des intérêts russes, orientée vers la neutralisation de l'Ukraine.  

21. Je prédis que les pourparlers entre l'Ukraine et la Russie ne donneront aucun résultat. Le gouvernement ukrainien est dirigé par les États-Unis. Il est dans l'intérêt des États-Unis, en vue de l'opération de changement de régime, de gagner du temps et d'accroître la pression sur le gouvernement russe.

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22. L'attitude actuelle des pays de l'UE n'est dans l'intérêt d'aucun pays européen, y compris les voisins de la Russie. En fait, la Russie n'a PAS l'intention de s'étendre, ni en Ukraine ni ailleurs (elle n'en a pas la capacité politico-militaire). La Russie défend son intégrité politique et sa survie en tant qu'État unitaire.

23. L'attitude actuelle des pays de l'UE fait courir un grand risque à tous les pays européens. Elle est dictée par les États-Unis, qui peuvent ainsi mener une politique de "guerre courte" contre la Russie à coût zéro. Le coût économique et politique est payé par les peuples d'Europe.

24. L'attitude actuelle des pays de l'UE laisse soupçonner que leurs dirigeants ne se rendent pas compte de la gravité des actes qu'ils posent, ni de leurs éventuelles conséquences.

25. En effet, je répète que la Russie NE PEUT PAS faire marche arrière, et que ses objectifs ne sont pas expansionnistes ou impérialistes, mais strictement défensifs. La Russie les considère comme des intérêts vitaux, qu'elle doit sécuriser pour survivre.

26. La Russie est une grande puissance nucléaire. Personne au monde, à part Dieu ou le recul, ne sait quelles pourraient être les conséquences d'une opération réussie de changement de régime en Russie, car personne ne peut savoir qui contrôlerait l'arsenal nucléaire russe, ou des parties de celui-ci, plus que suffisantes pour provoquer une destruction catastrophique.  

27. De plus, un échec définitif de l'opération de changement de régime après son succès partiel et temporaire pourrait encourager un comportement désespéré et irrationnel de la part des dirigeants politiques russes, qui, je le rappelle encore une fois, ont le sentiment de se battre pour la survie de la Russie.

28. La décision allemande de réarmer, et d'envoyer en Ukraine des armes qui tueront les soldats russes, combinée à la présence en Ukraine de formations qui rappellent le national-socialisme, ne peut que rappeler aux Russes ce qui s'est passé lors de la deuxième guerre mondiale, lorsque les Allemands ont tué 22 millions de civils russes, et qu'une partie des Ukrainiens s'est rangée du côté des nazis contre l'URSS. Les Russes appellent la seconde guerre mondiale la "Grande guerre patriotique", célèbrent solennellement son souvenir, se rassemblent autour d'elle. Le patriotisme et le nationalisme sont une force très puissante en Russie. Les émotions qu'ils suscitent lorsque la survie de la nation est jugée en danger peuvent dépasser la rationalité.

29. Très important : à partir de maintenant, il est absolument nécessaire de prendre au pied de la lettre, et de croire du premier au dernier mot, les avertissements et menaces officiels adressés à l'Occident par les dirigeants russes. En effet, les dirigeants politiques russes n'ont non seulement aucune raison de mentir ou de proférer des menaces vides de sens, mais ils ont absolument besoin d'être clairs, sincères et cohérents dans leurs déclarations officielles à l'Occident. C'est en effet le seul instrument à sa disposition pour contrôler rationnellement le cours des événements et éviter qu'ils ne deviennent incontrôlables et ne précipitent une catastrophe. Penser que les dirigeants russes bluffent est une recette pour le désastre.

30. Il est très important que ceux qui partagent cette lecture des événements transmettent, du mieux qu'ils peuvent, aux parlementaires italiens leur désaccord inquiet pour l'attitude de notre gouvernement et de l'UE. Il convient de rappeler que seul le Parlement peut légitimement décider des actes de guerre et que l'article 11 de la Constitution italienne "répudie la guerre comme instrument d'offense à la liberté des autres peuples et comme moyen de régler les différends internationaux". Il s'agit d'un différend international, qui peut être réglé rapidement en garantissant la neutralité de l'Ukraine.

31. En conclusion, rappelons qu'une attitude agressive et intransigeante, et pire, la collaboration à l'opération de "changement de régime" en Russie, peut précipiter l'Ukraine dans l'abîme. L'issue militaire du conflit, compte tenu des forces sur le terrain et de l'incapacité de la Russie à faire marche arrière, est prédéterminée. Le seul effet réel d'une agression intransigeante pourrait être une augmentation de la pression militaire russe pour conclure rapidement les opérations. Cela impliquerait l'adoption d'un style de guerre beaucoup plus violent et une augmentation spectaculaire des pertes civiles. Si les événements devenaient incontrôlables et débouchaient sur une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie, une attitude agressive et intransigeante pourrait également plonger les nations européennes dans l'abîme.

32. De nombreuses personnes suivent le déroulement de cette affaire comme s'il s'agissait d'une série télévisée. Ce n'est pas une série télévisée, c'est la réalité. Nous ne sommes pas à Disneyland, nous ne sommes pas au pays des merveilles. Nous ne sommes pas des enfants : il n'est pas vrai que Papa USA, qui est si fort et si juste, nous protège et veillera à ce que tout se termine de la meilleure façon possible. Soyons des adultes responsables. Une fois cette crise passée, nous discuterons à nouveau des valeurs, des modèles de société, des raisons et des torts, qui sont très importants. Mais avant de discuter des valeurs et des modèles de société, nous devons savoir comment vivre et survivre.

Examen d'un rapport de la RAND Corporation: "Overextending and Unbalancing Russia"

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Examen d'un rapport de la RAND Corporation: "Overextending and Unbalancing Russia"

Pavel Kiselev

Source: https://www.geopolitica.ru/en/article/overextending-and-unbalancing-russia-rand-corporation?fbclid=IwAR0IGXyuVEcYVNB9fIOlXPyQriLpXqYa1KpFuDStTvY8kgxz_pAS_TzaZ24

La provocation à la guerre qui sévit aujourd'hui sur le territoire de l'Ukraine a été planifiée par les États-Unis depuis longtemps, et cela leur semble être la meilleure étape à franchir pour obtenir la destruction de la Russie.

En 2019, le think tank américain RAND Corporation a publié un rapport sur le programme d'affaiblissement et de démoralisation de la Russie intitulé Overextending and Unbalancing Russia. Les informations sont disponibles gratuitement sur le site Web de RAND.

Le rapport contient beaucoup de choses intéressantes concernant les stratégies visant l'affaiblissement de l'économie russe, le matraquage idéologique de la population avec les valeurs libérales, et ainsi de suite. Mais dans la situation actuelle, nous sommes intéressés par les points relatifs à la pression politique et militaire sur notre pays. Voici une liste de ces points :

- Fournir une aide létale à l'Ukraine permettrait d'exploiter le plus grand point de vulnérabilité externe de la Russie. Mais toute augmentation des armes et des conseils militaires américains à l'Ukraine devrait être soigneusement calibrée pour augmenter les coûts auxquels la Russie devrait consentir pour maintenir son engagement actuel sans provoquer un conflit beaucoup plus large dans lequel la Russie, en raison de la proximité, aurait des avantages significatifs.
   

- Augmenter le soutien aux rebelles syriens pourrait mettre en péril d'autres priorités politiques américaines, comme la lutte contre le terrorisme islamique radical, et risquerait de déstabiliser davantage toute la région. En outre, cette option pourrait même ne pas être réalisable, étant donné la radicalisation, la fragmentation et le déclin de l'opposition syrienne.

- Promouvoir la libéralisation en Biélorussie n'aboutirait probablement pas et pourrait provoquer une forte réaction russe, qui entraînerait une détérioration générale de l'environnement sécuritaire en Europe et un recul de la politique américaine.

- Étendre les liens dans le Caucase du Sud - rivaliser économiquement avec la Russie - serait difficile en raison de la géographie et de l'histoire.

- Réduire l'influence russe en Asie centrale serait très difficile et pourrait s'avérer coûteux. Un engagement accru a peu de chances de nuire à la Russie sur le plan économique et risque d'être disproportionnellement coûteux pour les États-Unis.

- Agiter la Transnistrie et expulser les troupes russes de la région serait un coup dur pour le prestige russe, mais cela permettrait également à Moscou d'économiser de l'argent et, très probablement, d'imposer des coûts supplémentaires aux États-Unis et à leurs alliés.

Comme le montre la liste, la déstabilisation de l'Ukraine et l'assistance aux nationalistes ukrainiens en matière d'armement constituent une tâche prioritaire pour affaiblir l'influence de la politique étrangère de la Russie sur l'étranger proche, car le reste des actions envisagées par le Pentagone nécessite un tout autre alignement des forces autour de la Russie.

La déstabilisation des relations entre la Russie et l'Ukraine est le premier grand pas vers la destruction de l'État russe, ainsi que l'encerclement de toute la frontière russe par des conflits militaires dans les territoires environnants. L'essentiel est de provoquer un affrontement, d'allumer le feu de la guerre, d'enserrer la Russie dans un cercle ardent de chaos.

Les Etats-Unis visent à faire de l'ensemble du territoire bordant la Russie du côté européen un tremplin pour désamorcer le potentiel militaire russe. Le rapport poursuit en disant que les bombardiers, les chasseurs, les armes nucléaires et les installations antimissiles de l'OTAN doivent être relocalisés à portée de main des principales installations stratégiques russes. L'expansion de l'OTAN réduira les risques et les coûts pour les États-Unis en attirant d'autres pays dans l'économie de l'alliance et rendra les défenses de la Russie plus vulnérables.

Les points stratégiques de ce plan ont déjà commencé à être mis en œuvre par les États-Unis en 2021. Les experts du centre analytique ont souligné que pour étendre l'influence de l'OTAN, il est nécessaire de mener des exercices des armées de l'Alliance de l'Atlantique Nord dans des territoires tampons qui ne font pas partie de l'OTAN. Le gouvernement de Kiev et les dirigeants de l'alliance ont organisé des exercices militaires sur le territoire de l'Ukraine afin de montrer leur "approche provocatrice envers la Russie".

Les États-Unis voulaient vraiment provoquer la Russie jusqu'au moment où les forces de l'OTAN atteindraient les frontières de la Russie ou, pire encore, entoureraient les murs du Kremlin. Mais la partie russe, comme d'habitude, "s'attelle longtemps, mais roule vite". Les provocations sans fin, les actions terroristes dans les territoires de la RPD et de la RPL ne pouvaient pas durer longtemps. Nous ne pouvions pas attendre que les États-Unis jouent suffisamment la diplomatie et étendent leur hégémonie à l'est de l'Europe jusqu'aux terres russes. Les actions de notre armée en Ukraine aujourd'hui sont le seul moyen de contenir une guerre plus sanglante, de réconcilier deux pays frères et de stopper la politique expansionniste des Etats-Unis.

A propos de l'auteur :

Kiselev Pavel - traducteur, linguiste, membre de l'Union eurasienne de la jeunesse.

dimanche, 27 février 2022

Guerre en Ukraine: la spirale autoréalisatrice

Guerre en Ukraine: la spirale autoréalisatrice
 
Source: Page Facebook de Pierre-Emmanuel Thomann
 
Pourquoi la guerre entre la Russie et l'Ukraine a t-elle éclaté de manière aussi rapide ? A partir du moment où les propositions russes ont été rejetées en bloc par les Etats-Unis et les membres de l'OTAN, une aggravation de la situation n'était qu'une question de temps, mais pourquoi si vite ?
 
Les historiens débattent encore aujourd'hui sur les causes et le déroulé des évènements et décisions qui ont abouti au déclenchement de la première guerre mondiale et il en sera ainsi pour ce conflit. Toutefois, en gardant à l'esprit les nombreuses incertitudes du brouillard de la guerre, voici mon hypothèse.
 
Paradoxalement, c'est la guerre de communication des Anglo-Saxons accusant la Russie d'une invasion imminente qui a provoqué l'accélération des évènements. On peut poser l'hypothèse que c'est un bon exemple de prophétie auto-réalisatrice. La guerre de communication des Anglo-Saxons et gouvernements atlantistes a ensuite évolué depuis le déclenchement du conflit accusant la Russie d'une invasion non provoquée de l'Ukraine. Il s'agit en réalité, non pas d'une invasion, mais d'une opération de neutralisation de l'Ukraine après plusieurs décennies d'actions hostiles des Etats-Unis et leurs allés de l'OTAN envers la Russie depuis la disparition de l'URSS.
 
Cette campagne de désinformation largement relayée par les médias française et allemands n'a d'équivalent que la propagande des Etats-Unis lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003, et celle de la province serbe du Kosovo en 1999. Le déclenchement de l'opération militaire russe ne s'est d'ailleurs pas produite à la date annoncée par les médias et membres des gouvernements anglo-saxons, mais décalée dans le temps à la suite d'un enchaînement plus complexe de tractations diplomatique et d'évènements sur le terrain.
 
En effet, reprenons le déroulé des évènements.
 
La Russie a fait des propositions en décembre 2021, aux Etats-Unis et à l'OTAN, pour une nouvelle architecture de sécurité européenne, incluant l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN, notamment à l'Ukraine, la promesse de pas installer des systèmes d'armes aux frontières de la Russie, et un retour des capacités et des infrastructures militaires du bloc en Europe à l’état de 1997, date de la signature de l’Acte fondateur OTAN-Russie.
 
La seule réponse des Etats-Unis (et son supplétif le Royaume-Uni) a précisément été le déclenchement d'une guerre de communication accusant la Russie d'une invasion imminente, afin de détourner le regard sur leur propres objectifs, c'est à dire refuser toute négociation substantielle sur l'élargissement de l'OTAN, torpiller à l'avance toute négociation séparée des Européens, notamment les tentatives des diplomaties françaises et allemandes, et accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine qui a ensuite repris les bombardements contre le Donbass. L'objectif non-explicite était de provoquer une guerre entre la Russie et l'Ukraine, en utilisant cette dernière comme force militaire supplétive pour affaiblir la Russie sans envoyer un seul soldat américain.

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La Russie avait de son côté vraisemblablement anticipé plusieurs scénarios. Soit les médiations européennes .aboutissaient à une promesse de stopper l'élargissement de l'OTAN avec la négociation d'un nouveau traité de sécurité européen, soit la Russie serait contrainte, comme elle l'avait annoncé dès 2021, de procéder à des mesures technico-militaires pour assurer sa sécurité, mais aussi celle du Donbass, qui n'a en réalité jamais cessé d'être sous les bombardements ukrainiens depuis 2014, depuis qu'il ont gagné leur guerre d'indépendance après le coup d'Etat à Kiev.
 
La situation pouvait vraisemblablement encore se détendre, si les Européens avaient clairement promis dans un traité de geler de manière définitive l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et éviter de promettre de livrer des armes à l'Ukraine, et si l'Ukraine avait aussi enfin accepté de mettre en oeuvre les accords de Minsk, Toutefois les accords de Minsk n'étaient déjà plus décisifs , car ils ne pouvaient être pleinement efficaces que dans une négociation plus globale sur une nouvelle architecture de sécurité, dont l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN. Selon ce scénario, les Russes ne seraient sans doute pas intervenus.
 
La médiation européenne, trop tardive n'a pas abouti, car il n'y a pas eu de promesse sur le fond et les gouvernement français et allemands n'ont pas élaboré de position clairement différente et indépendante des Etats-Unis. .Les Européens ont en même temps largement relayé le narratif des Etats-Unis, et l'UE a démontré quelle n'était qu'un annexe de l'OTAN sur cette question.
L'Ukraine n'a pas cessé de réclamer une adhésion à l'OTAN tout en maintenant des troupes massées aux frontières du Donbass et intensifiant les bombardements sur la ligne de front du Donbass.
 
La dégradation rapide de la situation aux frontières du Donbass a donc convaincu les Russes , que l'option d'un négociation substantielle était impossible et que la volonté des Etats-Unis, et leurs alliées européen était de poursuivre l'otanisation inexorable et accélérée de l'Ukraine. La préparation d'une offensive dans le Donbass (à l'image du président Ukrainien Poroshenko en 2014 en contradiction avec sa promesse de négocier avec les républiques séparatistes du Donbass) était même de plus en plus probable.
 
L'option de la reconnaissance des République indépendantes du Donbass pour assurer leur sécurité et l'option de la neutralisation de l'Ukraine, car les deux objectifs ne sont pas séparables, est devenue une nécessité. L'Ukraine devenait une anti-Russie et un Etat-front armé par les membres de l'OTAN dans la cadre de la création d'un arc d'instabilité autour de la Russie. Les extensions successives de l'OTAN menacent les frontières de la Russie et ont pour objectif depuis la chute de l'URSS de la repousser dans ses terres continentales, et empêcher l'émergence du monde multipolaire pour préserver la suprématie des Etats -Unis (voir carte) en Europe et dans le monde. Ce d'autant plus qu'ils sont en régression géopolitique depuis l'échec de la tentative de changement de régime Syrie, et le départ d'Afghanistan. Idéalement ils souhaitent aussi provoquer un changement de régime sur la territoire de la Russie, comme en Ukraine.
 
L'opération militaire russe est évidemment une réplique au changement de régime à Kiev en 2014, et perçu comme une libération pour les Ukrainiens souhaitant la meilleure relation possible avec la Russie, voire une réunification, a fortiori dans le Donbass C'est le retour du balancier géopolitique,
 
Les Anglo-Saxons parlent désormais d'une invasion provoquée, alors qu'ils sont responsables de cette évolution, en refusant de stopper l'otanisation de l'Ukraine, et sachant parfaitement qu'il s'agissait d'un casus belli pour la Russie. Celle-ci l'a démontré depuis la guerre Russie-Géorgie en 2008. De plus, pour les Russes , il ne s'agit pas d'invasion, car ils considèrent qu'il s'agit de libérer les Ukrainiens d'un régime illégitime sous contrôle des Etats-Unis. Le statu quo n'est plus possible.
 
Cela fait longtemps que les Etats-Unis cherchent à provoquer une guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui est leur proxy mais les conséquences géopolitiques, contrairement à leurs attentes, ne leur seront pas forcément favorables car dans le monde multipolaire, il sera très difficile d'isoler la Russie. Les gouvernements français et Allemands ont encore raté une occasion de montrer qu'il pouvaient être indépendants des Anglo-Saxons. La décision de livrer des armes à l'Ukraine démontre a postériori, que leur tentative de médiation n'était pas crédible sur les question de fond, et souligne leur alignement sur les priorités géopolitiques des Etats-Unis, et leur rôle de supplétifs. C'est un mauvais calcul, car une chose est sûre, la Russie ne peut pas perdre cette guerre, car il s'agit de son intérêt vital intérêt vital, non seulement géostratégique mais aussi du point de vue de la continuité de la Russie historique. Les membres des gouvernements actuels allemands et français, dont les visions du monde sont modelées par les idéologies atlantistes et mondialistes hors sol, sont non seulement incapables d'identifier et de préserver les intérêts des nations qu'ils sont censés incarner, mais ils sont aussi des somnambules de la géopolitique.

BELGIUM. NATO. UKRAINE. Expert Debates

BELGIUM. NATO. UKRAINE. Expert Debates

 
Experts:
 
Kris Roman, representative of Donetsk People's Republic (Belgium)
Willy Van Damme, journalist (Belgium)
Robert Steuckers, translator (Belgium)
Alfred Vierling, international law expert (The Netherlands)
Moderator: Dr. Johan Bäckman (Finland)

L'esclavage numérique et la fin de l'enseignement

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L'esclavage numérique et la fin de l'enseignement

Carlos X. Blanco

Nous nous dirigeons vers un nouvel esclavage. Plus grand, si possible, que celui d'autres époques où l'on fouettait le dos nu et où l'on attachait le cou, les chevilles et les poignets avec des entraves, des anneaux et des chaînes. Aujourd'hui, le fer n'est pas nécessaire. Il existe d'autres technologies de contention. Il s'agit des technologies de l'information, de la communication et du contrôle.

Il ne s'agit pas vraiment de technologies au sens strict. Ce dont nous parlons n'est pas une "connaissance" ou un discours raisonné (logos) sur la technologie (techné). Nous parlons plutôt d'un ensemble d'appareils basés sur l'électronique et l'informatique qui permettent au fournisseur, sous prétexte de "nous faciliter la vie" avec leurs applications, de disposer d'énormes quantités de données sur la vie privée, les propensions, les affinités, les goûts, les habitudes (allant du commerce du sexe aux bibelots inutiles).

Les entreprises fournisseuses proposent leurs applications aux particuliers, aux entreprises et même aux établissements d'enseignement de manière apparemment gratuite et avec l'attrait de nous épargner du travail physique et intellectuel. Les consommateurs, de l'écolier qui entre dans une salle de classe virtuelle à l'adulte qui achète en ligne des cadeaux et des livres, par exemple, croient sincèrement qu'avec eux leur vie est "plus facile", qu'ils gagnent du temps, évitent les déplacements, évitent de stocker des objets physiques, apprennent plus vite et plus efficacement. La société qui nous fournit les applications est souvent liée à certains des géants des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). En réalité, la vie devient plus compliquée et s'appauvrit.

Le monde de l'éducation a été totalement happé par l'engouement pour la numérisation. A l'occasion de la pandémie, le GAFAM s'est frotté les mains. De manière anarchique d'abord, puis, formellement ou non, de concert avec les administrations, les géants technologiques ont profité du choc pandémique (la "Shock Doctrine" de Naomi Klein s'applique ici à la perfection) pour usurper les fonctions pédagogiques qui n'appartiennent qu'aux parents, aux instituteurs et aux professeurs.

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L'"État Papa", dans un autre cas flagrant de négligence de ses fonctions, loin de répondre aux besoins éducatifs des étudiants dans une situation de crise, dans une occasion totalement hors du commun, a confiné tout le monde chez soi et a prolongé indûment la fermeture des écoles et des universités, remplaçant la fourniture d'un service essentiel comme l'Éducation par une consommation obligatoire, compulsive et sans cervelle de ressources numériques et d'applications cybernétiques privées. Les GAFAM ont non seulement obtenu des millions de données supplémentaires sur les mineurs, mais aussi de nouveaux accros à leurs plateformes et un degré de dépendance à leurs "services" qui aura des effets dévastateurs à long terme. Toute une génération académique a ainsi été perdue, et a fourni de la sorte la base sociale de l'effondrement éducatif et culturel imparable et irréversible de l'Espagne.

A ce jour, alors que le risque de contagion dans les écoles est minime et que l'utilité et le sens de ces classes numériques et plateformes en ligne sont plus que discutables, les administrations éducatives sont toujours déterminées à promouvoir ce pseudo-enseignement. Les enseignants sont plus ou moins contraints de se "recycler" avec des cours (souvent en dehors de leurs heures de travail) sur la numérisation. Ces cours, comme cela s'est déjà produit dans d'autres secteurs tels que la banque et la vente, seront précisément la ruine de ceux qui les suivent et mettront en pratique leur formation, car la sauvegarde des emplois et le remplacement de l'enseignant par un système d'algorithmes qui quantifieront les "progrès" des étudiants seront imposés plus tôt que prévu. Avec un entêtement moutonnier, de nombreux enseignants s'enthousiasment pour cette "révolution numérique", en s'aveuglant sur l'évidence : c'est la mort même de la figure de l'enseignant et la fin de l'éducation telle que nous l'avons comprise depuis les temps de la Grèce et de Rome jusqu'à hier.

Les élèves interagissent avec un réseau, dont ils sont de plus en plus esclaves. Les enseignants et les parents sont absents du processus éducatif. L'État-providence, qui comprend un État formellement engagé dans le travail d'éducation, est également en recul. Un monde régi par les machines et une "révolution numérique" au service de puissances mondiales qui "éduqueront" à leur manière et à leur profit exclusif. L'esclavage numérique est là.

 

La revue de presse de CD - 27 février 2022

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La revue de presse de CD

27 février 2022

EN VEDETTE

Si vous pensez autrement, vous êtes un terroriste !

Il va devenir difficile de distinguer ce qui fait le charme un peu rude des dictatures orientales de la soyeuse bonté des démocraties occidentales : chaque jour qui passe accroît l’évaporation rapide des principes fondamentaux de nos démocraties et tout indique qu’on se dirige vers un monde où penser de travers vaudra sinon mise à mort physique, au moins mise à mort sociale… Pour étayer ce constat, on pourrait par exemple jeter un œil au dernier bulletin produit par le Homeland Security, l’administration américaine en charge de la sécurité intérieure du pays, et qui a récemment explicité comment elle entendait lutter contre les menaces terroristes qu’elle voit manifestement partout.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/21/422090-si-vous-pe...

AFRIQUE

Mali : les éthers idéologiques expliquent l’éviction de la France

Le vendredi 18 février 2022, la junte militaire au pouvoir à Bamako a exigé que le départ des forces de « Barkhane » se fasse immédiatement, et non pas par étapes, comme l’avait annoncé le président Macron. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation et à une telle rupture ?  Explications de Bernard Lugan.

Synthèsenationale

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/02/2...

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AMÉRIQUE DU SUD

Un regard sud-américain

Dans les années 1970, Jorge Luis Borges se plaignait déjà que les éditeurs américains ne voulaient pas publier ses romans et ses nouvelles parce qu'il n'appelait pas l'homme noir "homme de couleur" et l'aveugle "malvoyant".

À cette époque, les intellectuels yankees ont commencé à utiliser ce que l'on appelle aujourd'hui le "langage inclusif" : l'utilisation de la rhétorique inappropriée et la répétition de locutions généralisantes telles "tout le monde", "garçons et filles" ; "travailleurs", etc. En Yanquilandia, ce langage n'est plus utilisé mais, comme d'habitude, il est arrivé vingt ans plus tard en Amérique du Sud où les progressistes l'ont adopté comme une nouveauté.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/02/21/s...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

Wikipédia est-il fiable ou orienté idéologiquement ?

Mise à jour au 23/02/2022 : l’actualité récente remet à la une Wikipédia, surnommée “Wokipédia” par de mauvaises langues, dans un contexte de guerre d’édition que se livrent partisans et opposants à Éric Zemmour sur sa biographie. Devinez lesquels ont été exclus ? L’occasion de remettre en avant un article d’août 2020) que nous avions consacré à l’encyclopédie, pas aussi libre qu’elle le prétend.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/wikipedia-est-il-fiable-ou-oriente-id...

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ÉCOLOGIE

Pourquoi la forêt française a besoin d’un traitement de fond

Les conclusions des Assises nationales de la forêt et du bois, lancées par le gouvernement en octobre 2021 avec pour objectif de « penser la forêt française de demain », devraient être rendues dans les prochains jours. Un des axes majeurs de cette réflexion concernait le renforcement de la résilience des forêts et la préservation de la biodiversité. Car la forêt française est aujourd’hui en crise : depuis deux décennies, on assiste en effet à une mortalité croissante des peuplements forestiers et à une baisse globale de leur productivité.

The conversation.com

https://theconversation.com/pourquoi-la-foret-francaise-a-besoin-dun-traitement-de-fond-177006?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928+CID_b788d741d44ecc30d031da217cf9d54c&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Pourquoi%20la%20fort%20franaise%20a%20besoin%20dun%20traitement%20de%20fond

FRANCE

La Cordée, exemple d’une école privée hors contrat : ça marche !

J’aimerais vous parler de La Cordée. Cette école privée hors contrat de Roubaix a ouvert ses grilles en septembre 2015 avec sept élèves. À la fin de cette première année scolaire, ils étaient déjà vingt, et en septembre dernier, ce sont quatre-vingts élèves répartis en huit classes allant de la grande section de maternelle à la 5e qui y faisaient leur rentrée.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/24/301077-la-cordee-...

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GAFAM

Éducation aux médias et à l’information : la généralisation, et après ?

Depuis 2018, l’éducation des jeunes et des adultes aux médias numériques et à l’information en général fait l’objet d’un regain d’intérêt remarquable, dû à l’urgence de la lutte contre les infox et la circulation des discours de haine. Cela s’est traduit par une salve de textes officiels. Devenue une obligation pour les États membres dans la Directive service des médias audiovisuels (DSMA), l’« Éducation aux médias et à l’information », ou « EMI », hors et dans l’école, est mentionnée comme un des piliers du Plan d’action contre la désinformation de l’Union européenne. L’OTAN en a fait l’objet de sa « diplomatie culturelle ».

Theconversation.com

https://theconversation.com/education-aux-medias-et-a-linformation-la-generalisation-et-apres-177372?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20fvrier%202022%20-%202210321928+CID_b788d741d44ecc30d031da217cf9d54c&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=ducation%20aux%20mdias%20et%20%20linformation%20%20la%20gnralisation%20et%20aprs

Facebook News arrive en France

Après les États-Unis en 2020, le Royaume-Uni et l’Allemagne en 2021, Facebook News a fait son arrivée en France courant janvier 2022. Suivant la voie par la signature, en octobre 2020, d’un accord entre Google et l’Alliance pour la presse d’information générale (APIG) sur les droits voisins, il se présente comme une fonctionnalité supplémentaire offrant un résumé de l’actualité par des titres majeurs de la presse nationale française. Néanmoins, comme nous pouvions nous y attendre, ce « résumé » est soumis à quelques critères bien connus…

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/facebook-news-france/?utm_source=news...  

ISLAMISME

Pourquoi le voilement du corps des femmes est au cœur du projet des islamistes

Au Maghreb, durant l’année 2021, des cérémonies incitant les adolescentes et les étudiantes à se voiler ont été organisées. En Tunisie et en Algérie des jeunes filles fraîchement voilées ont été récompensées dans une ambiance festive. Une campagne pro-hijâb a également été récemment mise en place au sein du Conseil de l’Europe par les organisations fréristes (Frères musulmans) européennes. Autant d’évènements qui semblent témoigner d’une recrudescence de l’activisme islamiste qui fait du voile son fer de lance.

Theconversation.org

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RÉFLEXION

Giorgio Locchi et la philosophie de l'origine

Giorgio Locchi est un nom familier pour ceux qui ont appris à penser dans les années 1970. Le dernier ouvrage de Giovanni Damiano, consacré à l'exégèse de la contribution théorique de Locchi, a le mérite incontestable de raviver l'intérêt pour ce philosophe, dont la pensée vise à dépasser l'état actuel des choses. Nous nous référons à, Il pensiero dell'origine in Giorgio Locchi (La pensée de l'origine chez Giorgio Locchi), en librairie grâce à une belle initiative des éditions Altaforte Edizioni. Le texte est enrichi par un essai de Stefano Vaj, qui lit la contribution du philosophe en termes transhumanistes, et par la postface de Pierluigi Locchi, le fils du penseur (pp. 145, euro 15,00).

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/02/20/g...

RUSSIE

Crise ukrainienne : la géographie, ça sert d’abord à faire la guerre

La débandade américaine en Afghanistan après une guerre de 20 ans a-t-elle marqué la fin d’un cycle historique entamé avec la chute de l’URSS en 1991 ? Vladimir Poutine a reconnu hier officiellement l’existence de Donetsk et Louhansk, les deux républiques séparatistes pro-russes de la région ukrainienne du Donbass. Cette décision à la fois prévisible et inattendue lui permettrait-elle d’obtenir mieux que l’acceptation de ses demandes écrites adressées aux Etats Unis ?  En 1974, la Turquie membre de l’OTAN avait envahi Chypre, pays indépendant au prétexte d’une tentative de coup d’État à Nicosie. La « communauté internationale », à savoir les États-Unis et les pays européens n’avaient pas bougé. Cela fait 48 ans que ce pays est coupé en deux et ce n’est pas près de changer. Cette durée montre le basculement auquel nous allons être confrontés avec les décisions de Vladimir Poutine. Basculement qui va complètement structurer ce qui va se passer dans cette partie du monde.

Vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/02/crise-ukrainienne-la-ge...

Vladimir Poutine : un coup plus loin

L’intervention militaire russe en Ukraine constitue une surprise et il est nécessaire d’apporter quelques compléments à l’article que nous avons publié il y a deux jours. Nous entrons probablement dans une phase d’accélération comme l’Histoire en a toujours connu. Mais qui plonge justement dans un inconnu difficilement prévisible

Vududroit.com

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SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Covid, vaccins, omicron : questions sans réponses

Il y a 10 jours, dans un billet sur omicron et l’Afrique du Sud qui sortait de sa vague, je signalais quelque chose qui me paraissait anormal, à confirmer avec le temps. C’est maintenant confirmé. Cette chose, ce sont des décès anormaux, surtout tardifs. Non seulement ce qui semblait pointer est confirmé pour l’Afrique du Sud, mais cela apparaît dans des pays comme la France et Israël…

Covid-factuel.fr

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Viral 2 / L'immunité face au Covid façon Olivier Veran

Mise en œuvre cette semaine, la modification des conditions d'attribution du pass vaccinal devrait conduire des millions de Français à s'en voir privés, faute de rappel et en application de la nouvelle doctrine immunitaire d'Olivier Véran. Il l'a présentée sur BFM TV le 2 février en répondant à la question d'une certaine Sabrina qui lui demandait quelle publication scientifique justifiait de réduire le délai entre deux doses de vaccins de 6 à 4 mois pour l'octroi du précieux sésame. En guise de réponse, le ministre a déclaré que notre système immunitaire se devait d'être « stimulé au moins trois fois », soit par une infection au covid, soit par une injection vaccinale. Car « une infection égale une injection », affirmait-il, après avoir précisé qu'il faudrait tout de même « au minimum une dose de vaccin » ?!

Blast-info.fr

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Les géants de la Big Tech s’apprêtent à dégrader davantage notre système de santé

« C’est comme Uber, mais pour les infirmières. » Cela vous effraie ? Ça devrait. Les hôpitaux privés conjuguent de plus en plus leurs forces avec la Silicon Valley afin de rendre le système de santé américain encore plus opportuniste.

Les-crises.fr

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Père Castex raconte nous des histoires

Nous allons vérifier les propos de Père Castex avec des données publiques provenant de l’État. L’exploit était pourtant de taille. Comment faire tenir 6 contradictions dans un seul discours de 20 minutes ? Défis pourtant réussis haut la main par Jean Castex dans son discours du 20 janvier 2022. Il faut dire qu’il a commencé très fort avec des phrases invraisemblables comme « la levée des restrictions […] à la faveur du pass vaccinal », alors que le pass vaccinal est une restriction. Ou encore « le variant omicron est beaucoup plus dangereux, mais moins sévère que ses prédécesseurs ». Une très remarquable et implacable vidéo.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/21/422020-pere-caste...

CONSEIL de l'EUROPE

Le Conseil de l’Europe propose d’enseigner l’histoire de “l’islam d’Europe

Le Conseil de l’Europe propose d’enseigner l’histoire de “l’islam d’Europe”, de renforcer la participation politique des communautés musulmanes, de satisfaire leurs exigences religieuses… C’est une « pépite » qu’a dévoilé le site Fdesouche, et qui montre encore une fois tout le gouffre qui sépare les technocrates de Bruxelles des populations européennes. Dans un document (voir ici) daté du 1er mars 2022, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) du Conseil de l’Europe a dressé un état des lieux et émis 60 recommandations pour lutter contre le “racisme antimusulman” à l’attention des 47 États membres du Conseil de l’Europe.

Breitz-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/02/25/180555/le-conseil-...

samedi, 26 février 2022

La crise ukrainienne et l'Occident: la dimension idéologique

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La crise ukrainienne et l'Occident: la dimension idéologique

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitica.ru/en/article/ukrainian-crisis-and-west-ideological-dimension

La crise autour des événements d'Ukraine a des dimensions à la fois géopolitiques et idéologiques. Dès le début de l'aggravation de la situation aux frontières orientales de ce pays, diverses forces politiques aux États-Unis et en Europe ont évalué différemment le déroulement des événements. Les libéraux et les mondialistes ont soutenu Kiev, les représentants d'autres mouvements idéologiques ont adopté une position plus favorable à la Russie. Le début des hostilités à grande échelle contre le régime actuel de Kiev de la part jouée par la Russie a provoqué diverses réactions : de l'hystérie de la part des libéraux, à la condamnation avec un appel à entamer immédiatement un dialogue de la part des conservateurs.

Pôle libéral : bataille idéologique

Indépendamment du pays, les partisans les plus zélés de "l'indépendance ukrainienne" ont été les libéraux et les mondialistes. Pour eux, le conflit ukrainien est une confrontation entre la Russie "autoritaire" et l'"Ukraine démocratique". Pour le célèbre pseudo-historien gay et transhumaniste israélien Yuval Noah Harari, la résolution de "la question fondamentale de l'avenir de l'histoire et de l'avenir de l'humanité" dépend de l'Ukraine. Selon le pseudo-philosophe libéral français Bernard-Henri Lévy, l'Occident devrait déclarer au moins une "guerre froide" à la Russie.

Francis Fukuyama, l'un des chefs de file des néoconservateurs, Bill Kristall, et d'autres intellectuels libéraux, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, ont lancé des appels pour imposer des sanctions immédiates et sévères contre la Russie avant même le début de l'opération militaire du 24 février. Leur point de vue est clairement exprimé dans l'un des articles de Francis Fukuyama: "L'Ukraine est aujourd'hui un État avancé dans la lutte géopolitique mondiale entre la démocratie et l'autoritarisme. Les Européens qui tiennent à la démocratie libérale pour eux-mêmes doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas être des spectateurs dans ce conflit. Les ambitions de Poutine vont bien au-delà de l'Ukraine ; il a clairement indiqué ces dernières semaines qu'il aimerait inverser les gains démocratiques européens réalisés depuis 1991 et créer une sphère d'influence russe dans l'ensemble de l'ancien Pacte de Varsovie. En dehors de l'Europe, les Chinois surveillent de près la réponse de l'Occident à cette crise, pesant leurs perspectives de réincorporation de Taïwan. C'est pourquoi la défense de l'Ukraine doit être d'une importance urgente pour tous ceux qui se soucient de la démocratie mondiale."

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Cette partie de l'éventail politique préfère ne pas remarquer que la "démocratie" ukrainienne révèle des tons ultra-nationalistes. Ou, comme l'explique le politologue allemand Andreas Umland, ce processus de confrontation avec la Russie, fait que l'on passe rapidement à l'accusation de "fascisme" adressé à la Russie et à la comparaison de Poutine avec Hitler.

Pour les libéraux, le début d'une opération militaire russe en Ukraine exige une intervention occidentale immédiate, y compris une intervention militaire. En particulier, selon Francis Fukuyama : "Nous avons maintenant besoin de quelque chose de plus que des sanctions".

Le même point de vue est partagé par les dirigeants libéraux des États-Unis, du Canada et des pays d'Europe occidentale. Parmi les figures politiciennes, la position la plus anti-russe est occupée par les libéraux de gauche - les Verts européens. Ainsi, Yannick Jadot, le candidat des Verts à l'élection présidentielle française, a condamné les réactions plutôt "molles" d'Eric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon face à la décision de la Russie de reconnaître les deux Républiques du Donbass et a appelé à la défense de la "démocratie" en Ukraine.

La droite

Si les libéraux offrent un modèle clair pour comprendre ce qui se passe autour de l'Ukraine ("la démocratie contre l'autoritarisme", "le monde global de l'avenir" contre le "passé", "le progrès contre la régression"), il n'existe pas une telle interprétation à droite comme à gauche. La droite et la gauche populistes ont tendance à soutenir la Russie ou à adopter une position neutre, appelant au dialogue. La "droite" traditionnelle, en règle générale, s'aligne sur la position des libéraux.

Aux États-Unis, la crise ukrainienne a divisé le parti républicain

La plupart des républicains du Congrès ont soutenu la décision de Joe Biden d'imposer des sanctions à la Russie. Certains ont même loué les actions de Biden, comme le déploiement de plus de troupes américaines en Europe de l'Est pour renforcer les défenses de l'OTAN.

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Mais des sections influentes de l'establishment républicain, dont le sénateur Josh Hawley, le présentateur de Fox News Tucker Carlson et le candidat au Sénat de l'Ohio J. D. Vance (photo), s'opposent à l'ingérence américaine en Ukraine. Ils soutiennent que l'extension de l'engagement américain dans l'OTAN est une erreur et que le président devrait plutôt se concentrer sur la lutte contre la Chine et la sécurisation de la frontière sud de l'Amérique.

L'ex-président Trump lui-même, commentant les décisions du président de la Russie, l'a qualifié de "brillant". "Oh, c'est merveilleux", a déclaré Trump à ce sujet. En même temps, l'homme politique n'a pas manqué de déclarer que déjà sous sa présidence, un tel développement des événements aurait été impossible. L'ancien président américain utilise la situation ukrainienne pour critiquer Joe Biden. Après le 24 février, la rhétorique de Trump n'a pas changé. De plus, pendant le début de l'opération militaire russe, alors que d'autres grandes chaînes de télévision américaines sonnaient l'appel, Douglas McGregor, un colonel retraité de l'armée américaine, qui a été nommé par Trump au poste d'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, déclarait:  "La première chose que nous devons faire est de reconnaître que le principal point de vue de Poutine - pas seulement son point de vue, mais aussi le point de vue du gouvernement russe, qu'ils défendent depuis 25 ans, est valable. Ils ne veulent pas de troupes américaines, de missiles et de troupes de l'OTAN juste de l'autre côté de la frontière dans l'est de l'Ukraine". Selon McGregor (photo, ci-dessous), les États-Unis devraient s'entendre avec la Russie sur la neutralité de l'Ukraine afin d'éviter tout conflit.

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L'idéologue populiste américain Stephen Bannon a également évalué les actions de la Russie de manière plutôt positive. Selon lui, "la situation dans les régions orientales russophones de l'Ukraine, cette crise est créée à 100 % par les actions de l'administration Biden."

La droite propose également une évaluation idéologique de ce qui se passe. Pour les libéraux, la reconnaissance de la RPD et de la RPL, suivie du déploiement de troupes russes sur place, est un coup porté à l'ordre mondial libéral. Les conservateurs populistes américains évaluent les conséquences mondiales de ce mouvement de manière similaire, mais de manière positive.

Selon les mots du blogueur et commentateur conservateur populaire Steve Posobik, "C'est l'effondrement complet de l'ordre mondial néolibéral. C'est une situation où tout revient au modèle des sept civilisations de Sam Huntington. ... Il s'est avéré que les civilisations, les intérêts nationaux et le réalisme l'ont emporté".

Après le début de l'opération militaire en Ukraine, les médias et les commentateurs libéraux et néo-conservateurs ont commencé à persécuter Stephen Bannon, qui a parlé positivement de Poutine dans l'une des émissions avec le fondateur de Blackwater, Eric Prince.

Les données des sociologues montrent qu'à l'heure actuelle, l'électorat du parti républicain américain est le moins enclin à soutenir les aventures anti-russes de Biden. Ainsi, seuls 43 % des électeurs républicains ont soutenu les démarches de Biden visant à transférer des troupes américaines en Europe, contre 56 % des indépendants et 70 % des démocrates, selon un sondage de l'université Quinnipiac. Pour une partie importante de l'électorat du Parti républicain, les problèmes internes sont importants, pas une crise dans une autre partie du monde.

En France, la position la plus "anti-russe" sur le flanc droit a été prise par Valérie Pécresse, une candidate du parti républicain de droite. Elle s'est en fait ralliée à la position du président libéral Emmanuel Macron, qui prône à la fois la pression sur la Russie et le dialogue avec elle. "Il faut avoir un vrai dialogue avec la Russie, et je soutiendrai ce dialogue, mais ce n'est pas un dialogue de soumission aux positions russes", a déclaré Mme Pécresse. Après le début de l'opération militaire en Ukraine, la candidate a déclaré sa "pleine solidarité" avec l'Ukraine et a proposé de prendre des "mesures sévères" contre la Russie.

Marine Le Pen, leader du Rassemblement national, a qualifié la décision du président Poutine d'"acte extrêmement regrettable" mais a déclaré que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d'assurer la paix en Europe". Elle prône le retrait des troupes russes du Donbass, mais la reconnaissance de la Crimée comme étant russe.

Après le début de l'opération militaire de la Russie en Ukraine, la position de Mme Le Pen n'a pas changé. Elle prône le retrait des troupes russes et l'ouverture d'un dialogue avec Moscou. Selon elle, la France devrait prendre l'initiative d'organiser une réunion diplomatique sous l'égide de l'ONU avec la participation des États-Unis, de la Russie, de l'Ukraine, de la France, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, ainsi que de la Pologne, de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie, États limitrophes de l'Ukraine,

A son tour, Eric Zemmour, parlant de positions similaires à celles de Donald Trump, critiquant les actions de la Russie, a noté que l'OTAN et la politique d'expansion de l'alliance contre les intérêts de la Russie sont à blâmer pour la violation des frontières de l'Ukraine.

En général, la position de Zemmour n'a pas changé depuis le 24 février. Selon lui, la France devrait initier un accord de l'OTAN avec la Russie pour arrêter l'expansion de l'alliance.

En général, la position de la partie droite des populistes français est à retenir. La condamnation rituelle de la Russie est compensée par des déclarations sur la nécessité d'un dialogue.

En Allemagne, le parti populiste de droite "Alternative pour l'Allemagne" (AfD) s'est initialement prononcé en faveur des actions de la Russie. Le leader de l'AfD, Tino Chrupalla (photo, ci-dessous), a souligné que les résidents de la DPR et de la LPR ont le droit de décider eux-mêmes à quel pays ils appartiennent.

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Dans une déclaration au nom du parti, l'AfD a toutefois déclaré qu'il exprimait des "regrets" quant aux développements actuels. La situation actuelle est une conséquence de "l'expansion de l'OTAN vers l'est, qui a été promue contrairement à tous les accords avec Moscou". Ainsi, l'Occident a "violé les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité." À son tour, le politicien berlinois de l'AfD, Gunnar Lindemann (photo, ci-dessous), a posté des feux d'artifice sur Twitter en l'honneur de la reconnaissance des républiques populaires par la Russie.

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L'opération militaire de la Russie en Ukraine a été condamnée par l'AfD : Alice Weidel, chef de la faction au Bundestag, et Tino Chrupalla ont déclaré que "la Russie doit immédiatement arrêter les hostilités et retirer ses troupes d'Ukraine."

En Italie, le chef du parti de la Ligue, Matteo Salvini, a condamné la "violation" des frontières de l'Ukraine, mais s'est opposé à l'imposition de sanctions contre la Russie.

La gauche

En France, la plupart des candidats de gauche à la présidentielle se sont manifestés pour condamner les actions russes dans le Donbass. Ainsi, Christiane Taubira, ex-ministre de la Justice, a déclaré que "La solidarité des États européens avec l'Ukraine ne doit pas faiblir", le chef du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel a souligné que : "La reconnaissance par le Président de la Russie de l'indépendance des deux républiques séparatistes d'Ukraine est une décision extrêmement grave et dangereuse ! Tout doit être fait pour désamorcer cette guerre qui s'embrase aux portes de l'Europe !

Les mêmes politiciens ont condamné l'opération militaire de la Russie en Ukraine.

Même Jean-Luc Mélenchon, le leader du mouvement populiste de gauche France Insoumise, qui avait auparavant une attitude positive envers la Russie, a déclaré que "quoi que l'on pense des arrière-pensées ou de la logique de la situation, néanmoins, c'est la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode".

Le 24 février, l'homme politique de gauche a condamné le recours à la force par la Russie et a appelé à la mobilisation des forces de défense de l'UE et de la France. Selon lui, la France devrait promouvoir un dialogue pacifique.

En Allemagne, le parti de gauche a déclaré qu'il condamnait unanimement les actions de la Russie comme étant contraires au droit international. Dans une déclaration commune, les dirigeants du parti et du groupe parlementaire Susanne Hennig-Wellow, Janine Wissler, Amira Mohamed Ali et Dietmar Bartsch ont accusé le président russe de reconnaître les "républiques populaires" de Louhansk et de Donetsk et perçoivent l'"invasion" y associée des troupes russes en Ukraine comme étant "contraires au droit international, violant la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine et augmentant le danger d'une guerre majeure en Europe". Ces gauchistes patentés exigent le retrait des troupes russes du Donbass. Sevim Dagdelen et Gregor Gysi, des députés de gauche du Bundestag qui ont précédemment exprimé des positions pro-russes et accusé l'OTAN d'alimenter le conflit en Ukraine, ont appelé à prévenir une guerre entre la Russie et l'OTAN. Dans le même temps, Mme Dagdelen (photo, ci-dessous) a accusé la Russie de violer le droit international.

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Bien que Gysi et Dagdelen soient opposés aux sanctions contre la Russie, le parti compte de fortes voix de gauche qui accusent la Russie d'un chauvinisme et d'un nationalisme de grande puissance et qui soutiennent l'approche libérale qui veut des sanctions.

Sarah Wagenknecht, une représentante de l'aile populiste de la gauche, a également condamné les actions de la Russie, les qualifiant de "violation claire des accords de Minsk".

Le 24 février, Die Linke a publié une déclaration officielle affirmant que "le bombardement et l'invasion des troupes russes en Ukraine constituent un nouveau niveau d'agression de la part de Poutine, que nous condamnons dans les termes les plus énergiques possibles".

En Italie, le ministre des affaires étrangères du parti populiste de gauche "5 étoiles", Luigi Di Maio, a condamné la Russie, appelant à des sanctions "proportionnelles" contre la Russie.

Libéralisme contre réalisme

En général, aux États-Unis et dans les pays européens, les populistes de gauche et de droite sont plus susceptibles d'agir à partir de la position consistant à "comprendre" les actions de la Russie et à promouvoir le dialogue avec elle, plutôt que de soutenir carrément ses actions. Les positions des parties "gauche" et "droite" du spectre populiste dans cette situation dans chaque pays sont pratiquement similaires, à l'exception des Etats-Unis, où il n'existe pas de pôle populiste sérieux au sein du parti démocrate. Aux États-Unis également, les populistes considèrent le plus ouvertement que la crise du Donbass "ne regarde pas les États-Unis".

En Europe, à son tour, parmi les pays qui ont un impact sérieux sur l'agenda international, c'est au Royaume-Uni que l'éventail politique est le plus uni sur des bases anti-russes. Il n'y a pas non plus de structures populistes sérieuses dans la politique de ce pays. Plus ou moins proches de la position des populistes continentaux sont les idées de Nigel Farraj, l'ancien chef du UK Independence Party (UKIP), qui considère qu'il faut adopter un moratoire sur l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN et ne pas surenchérir l'hystérie sur "l'invasion" de l'Ukraine par la Russie.

En général, malgré la condamnation rituelle de la Russie, les forces populistes, de gauche comme de droite, considèrent la crise sous l'angle de la théorie du réalisme dans les relations internationales (RI). Pour eux, elle n'a pas de contenu idéologique, et malgré la différence d'intérêts possible, le dialogue avec la Russie est possible, même s'ils ne saluent pas les actions militaires de Poutine. Les libéraux (y compris les libéraux de droite et de gauche) comprennent le conflit ukrainien différemment : tout d'abord, comme une confrontation idéologique (la théorie libérale des RI), qui exclut tout dialogue.

En général, on s'attend à une pression informationnelle massive à court terme, peut-être même à des tentatives d'engager des poursuites pénales sous des prétextes farfelus contre des populistes de gauche et de droite dans les pays occidentaux. Les libéraux utilisent la situation en Ukraine pour faire pression sur leurs rivaux. Ce faisant, ces rivaux seront également contraints de s'adapter au discours anti-russe ambiant. Cependant, les éventuels succès de la Russie et les échecs et gaffes des gouvernements libéraux de l'Occident, au contraire, apporteront des arguments aux mouvements et dirigeants populistes qui insistent sur une vision réaliste de la politique mondiale. Dans une large mesure, l'alignement politique des pays occidentaux dépendra des perspectives de l'opération militaire russe en Ukraine.

La Russie entre dans une nouvelle phase de confrontation avec l'Occident

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La Russie entre dans une nouvelle phase de confrontation avec l'Occident

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/rossiya-vstupaet-v-novuyu-fazu-protivostoyaniya-s-zapadom

La reconnaissance de la DPR et de la LPR, ainsi que l'opération de maintien de la paix en Ukraine, était nécessaire pour un certain nombre de raisons

La décision des dirigeants russes de reconnaître la DPR et la LPR était une mesure forcée et prévisible. Bien que près de huit ans se soient écoulés depuis les référendums organisés dans les anciens oblasts ukrainiens de Donetsk et de Louhansk, cette reconnaissance par Moscou a suscité un soutien public non seulement dans les républiques déjà légitimées, mais aussi en Russie, au Belarus, en Serbie et dans plusieurs autres pays.

Kiev s'est rendu coupable non seulement d'une planification de génocide contre le peuple russe en Ukraine au fil des ans, mais aussi d'une glorification irrationnelle et stupide du nazisme et d'une politique étrangère clairement destructrice qui a inclus une militarisation outrancière avec l'aide des pays occidentaux, assortie de tentatives actives d'adhésion à l'OTAN.

Ces facteurs ont été fondamentaux dans la décision, bien que Moscou ait espéré jusqu'au dernier moment que l'Ukraine applique correctement les accords de Minsk. Cela ne s'est malheureusement pas produit, de sorte qu'un retournement contre l'Ukraine, comme celui de ces derniers jours, était tout simplement nécessaire. Principalement pour des raisons humanitaires.

Il faut également prêter attention à la situation stratégique qui s'est installée autour de l'Ukraine. Après le coup d'État de 2014, les dirigeants biélorusses, notamment, ont été fidèles au régime de Petro Porochenko, puis à celui de Vladimir Zelenski. Ce n'est qu'après une tentative de coup d'État similaire au Belarus même qu'Alexandre Loukachenko a commencé à mener une politique clairement pro-russe. Et à la veille de la reconnaissance de la DNR et de la LNR, un exercice militaire conjoint avec la Russie s'est tenu sur le territoire du Belarus. Les dirigeants biélorusses ont également annoncé leur intention d'acheter un certain nombre de systèmes d'armes de fabrication russe, notamment des avions de combat et des systèmes de défense aérienne.

Par conséquent, le rôle du Belarus dans l'opération conjointe de maintien de la paix est désormais très important. Kiev ne s'est pas seulement retrouvé sous un blocus économique de la part de la Russie et du Belarus. L'une des directions d'avancée vers Kiev a été choisie à partir de cette position stratégique.

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Il est maintenant nécessaire d'examiner la procédure de reconnaissance de la RPD et de la RPL du point de vue du droit international. Déjà le 21 février, et même avant, alors que les politiciens occidentaux étaient hystériques à propos de l'"invasion" imminente de la Russie, les représentants du cartel néolibéral de l'OTAN parlaient d'une seule voix de la violation du droit international. Mais l'ont-ils fait ? Et qu'entendent-ils par droit international ?

Il suffit de rappeler que le bombardement de la Yougoslavie en 1999 et la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo ont violé les accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières politiques en Europe. Mais l'Occident n'y a pas prêté attention. Comme le droit de précédent s'applique en Occident, ces événements ont effectivement ouvert la voie à de telles actions.

Mais encore plus tôt, en 1994, les États-Unis ont envahi Haïti sous des prétextes fallacieux, alors qu'ils avaient reçu l'approbation des Nations unies. Cela a été relativement facile à faire dans le sillage immédiat de l'effondrement de l'URSS, surtout si l'on considère qu'à l'époque Andrei Kozyrev était ministre des Affaires étrangères et écoutait les instructions de Washington. L'administration de Bill Clinton a motivé sa décision d'occuper Haïti par la nécessité de protéger les citoyens américains dans ce pays.

Ces deux cas, et plus tard le bombardement de la Libye en 2011, sont connus sous le nom de doctrine de la responsabilité de protéger (R2P). Cette doctrine a été développée directement en Occident. Entre-temps, elle a été mise en œuvre à l'ONU en 2005 à la demande du Canada, qui l'avait rédigée en 2001 [i]. L'implication est que la souveraineté n'est pas seulement un droit, mais aussi une obligation. Et si certains gouvernements manquent à leur devoir de respecter les droits et libertés de leurs citoyens, ils doivent être punis.

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Une autre association apparaît avec la partition du Soudan. Le Sud-Soudan a obtenu son indépendance par un référendum en juillet 2011, qui faisait suite à un accord entre le gouvernement et les rebelles du sud [ii]. Le processus a été directement supervisé par des politiciens américains de haut rang, qui voyaient dans la partition un intérêt pour les États-Unis, notamment l'accès aux ressources pétrolières. De manière révélatrice, cette préoccupation de Washington n'a pas sauvé le Sud-Soudan - il a plongé dans une nouvelle guerre civile en 2013.

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Une question légitime se pose : le gouvernement ukrainien a-t-il réussi à garantir les droits de la population russophone sur le territoire ukrainien depuis le coup d'État de février 2014 ?

Tout d'abord, le gouvernement lui-même peut difficilement être qualifié de légitime, car après le coup d'État, une alliance de néonazis et d'Occidentaux s'est lancée dans une politique d'intimidation et de chantage. Et les décisions prises par le parlement ukrainien après le 22 février 2014 ne peuvent être considérées comme des actes juridiques.

Deuxièmement, lorsque la polarisation politique a clairement mis en évidence les deux camps opposés, des tentatives ont-elles été faites pour résoudre pacifiquement les différends par le biais de négociations ? Non, la junte de Kiev a envoyé non seulement des unités des forces de l'ordre et des services spéciaux, mais aussi des formations militaires dans les régions qui défendaient leurs droits (notamment en parlant leur langue maternelle). Donetsk et Luhansk ont subi des raids aériens et des tirs d'artillerie.

Par conséquent, l'Ukraine, en tant qu'État, a perdu son droit à la souveraineté. Et lorsque la Russie vient protéger les civils dans un pays voisin dont la population est liée historiquement, culturellement et spirituellement par des traditions séculaires, elle a bien plus le droit de parler de "responsabilité de protéger" que les États-Unis et les pays de l'OTAN, qui ont envahi d'autres pays sous des prétextes farfelus. Enfin, ni la Yougoslavie, ni Haïti, ni l'Irak, ni la Libye, ne représentaient une menace existentielle pour les États-Unis. Mais l'Ukraine, transformée par l'Occident en un pays carrément hostile à la Russie, représente certainement une telle menace.

Nous avons donc affaire à deux poids, deux mesures. Et si l'on prête attention au fait que c'est à la Russie que l'Occident refuse de prendre la défense (on se souvient de la réaction à l'opération visant à contraindre la Géorgie à la paix en août 2008), alors cela suggère une certaine forme de racisme.

Après tout, il s'avère que ce sont les Russes qui ne sont pas autorisés à venir en aide à leurs compatriotes ou à d'autres peuples. C'est presque comme Orwell, où dans son œuvre "La Ferme des animaux", les cochons qui ont pris le pouvoir ont déclaré que tous les animaux sont égaux, mais que certains sont plus égaux que d'autres. Cela n'est pas explicitement indiqué, mais clairement sous-entendu.

De plus, les États-Unis refusent le droit non seulement de prendre la défense de ces populations harcelées, mais aussi de critiquer, de signaler les violations et d'établir des comparaisons - tout cela est déclaré faux par le département d'État américain, tandis que les satellites de Washington s'emploient activement à informer et à laver psychologiquement le cerveau de leur propre population et de la population russe par le biais d'agents étrangers, des médias sociaux et de divers programmes de subventions par le biais de missions diplomatiques.

La médisance des politiciens occidentaux à l'égard des pays non-occidentaux relève également clairement du double standard. Prenez, par exemple, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré que la décision de Moscou de reconnaître la LNR et la DNR était inacceptable. "Nous appelons les parties à se laisser guider par le bon sens et à respecter le droit international", a déclaré le président turc [iii].

La présence de l'armée turque en Syrie et en Irak ne viole-t-elle pas le droit international? Ont-ils reçu une invitation des autorités de ces pays? Bien sûr que non. Et la situation en Chypre du Nord ne correspond clairement pas aux normes dont parle Erdogan.

À propos, pendant des décennies, la République de Chypre du Nord n'a été reconnue que par la Turquie pour des raisons évidentes. Et la DNR et la LNR ont déjà été reconnues non seulement par la Russie, mais aussi par la RCA. La Syrie, qui a déjà soutenu la décision du président Poutine, est la prochaine [iv]. Des reconnaissances officielles suivront sûrement de la part de la Biélorussie, du Venezuela et du Nicaragua, dont les dirigeants ont soutenu la décision de Moscou. Et aussi d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

Bien sûr, Erdogan est préoccupé par la question kurde, car la population kurde de Turquie augmente chaque année, ce qui entraînera inévitablement des déséquilibres politiques à terme. Mais Erdoğan lui-même mène plutôt dans son pays une politique répressive sous couvert de lutte contre le terrorisme, puisque le Parti des travailleurs du Kurdistan y est reconnu comme une organisation terroriste.

Toutefois, le rôle de la Turquie pourrait être plus destructeur en direction de l'Ukraine - où des drones de combat Bayraktar ont déjà été livrés, qui pourraient être utilisés contre les habitants du Donbass [v]. Et les combattants sans scrupules utilisés par la Turquie à Idlib en Syrie ou en Libye pourraient également se déployer après les Bayraktars [vi]. Au moins, la possibilité d'un tel scénario doit être envisagée. D'autant plus qu'il a déjà été fait état du recrutement de combattants de Bosnie-Herzégovine, d'Albanie et du Kosovo pour les envoyer en Ukraine [vii].

En résumé, on peut conclure clairement que la Russie est du bon côté de l'histoire. Il sera difficile de briser le blocus de l'information et de faire connaître la vérité aux citoyens d'autres pays, notamment ceux de la communauté euro-atlantique. Bien qu'il y ait là aussi des médias et des politiciens adéquats. Il sera également difficile de surmonter les nouvelles mesures de sanctions qui concernent la dette souveraine de la Russie et sa capacité à opérer sur les marchés occidentaux.

Mais, d'un autre côté, cela nous oblige à continuer à développer notre propre stratégie mondiale, où il n'y aura pas de place pour le totalitarisme occidental. Par conséquent, la reconnaissance de la DNR et de la LNR est un autre pas vers la multipolarité émergente [viii].

Sources:

[i] https://www.un.org/en/genocideprevention/about-responsibility-to-protect.shtml

[ii] https://ria.ru/20210109/sudan-1591607931.html

[iii] https://www.forbes.ru/society/456553-erdogan-nazval-nepriemlemym-resenie-putina-priznat-dnr-i-lnr

[iv] https://ria.ru/20220221/siriya-1774191571.html

[v] https://www.mk.ru/politics/2022/02/21/eksperty-ocenili-ugrozu-ot-tureckikh-bayraktarov-na-donbasse.html

[vi] https://ru.armeniasputnik.am/20200122/Idlib-kak-zhertva-voenno-politicheskoy-avantyury-Turtsii-pochemu-Erdogan-zhaluetsya-Putinu-21797766.html

[vii] https://rg.ru/2022/02/21/zapadnye-specsluzhby-verbuiut-boevikov-dlia-otpravki-na-ukrainu.html

[viii] https://katehon.com/ru/article/liberalizm-umiraet-priblizhaetsya-mnogopolyarnost

vendredi, 25 février 2022

Patrick Buchanan médite sur le "géopolitique du coucher du soleil" en Europe

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Patrick Buchanan médite sur le "géopolitique du coucher du soleil" en Europe

par Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/blogi/

"Pendant des siècles, jusqu'au 20e siècle, l'Europe semblait être le centre bien visible de l'histoire du monde", rappelle le vétéran de la politique américaine Patrick J. Buchanan.

Puis vint la grande guerre civile de l'Occident, la "deuxième guerre de Trente Ans" (1914-1945), au cours de laquelle toutes les grandes puissances d'Europe - la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Italie et la Russie - et presque tous les autres pays ont livré l'une des plus grandes batailles de l'histoire.

À la suite de ce carnage, les plus grandes nations d'Europe ont toutes été battues. Tous les empires européens sont tombés; les peuples coloniaux ont été largement libérés et ont commencé à émigrer vers leur mère patrie. "L'Europe était également divisée entre l'Occident dirigé par les États-Unis et le bloc soviétique dirigé par Moscou", explique Buchanan.

Pourtant, même pendant cette guerre froide qui a duré quatre décennies, l'Europe était considérée comme le vainqueur de la bataille.

À la fin de la guerre froide, avec la victoire du "monde libre", une Union européenne calquée sur celle créée par les États-Unis d'Amérique a vu le jour, et presque tous les anciens États du bloc de l'Est ont commencé à rejoindre l'Alliance de défense de l'Atlantique Nord, l'OTAN.

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Toutefois, M. Buchanan affirme qu'aujourd'hui, on a le sentiment que "le rôle de l'Europe dans l'histoire mondiale est en phase de transition, que l'orientation des États-Unis vers la Chine et le Pacifique est à la fois historique et permanente, et que le passé appartient à l'Europe mais l'avenir à l'Asie".

L'Asie abrite les nations les plus peuplées du monde, la Chine et l'Inde, six des neuf puissances nucléaires du monde et la quasi-totalité des grands États musulmans: Indonésie, Inde, Pakistan, Bangladesh, Turquie et Iran, ainsi que les plus grandes économies du monde en dehors des États-Unis: la Chine et le Japon.

Qu'adviendra-t-il du rêve euro-fédéraliste des "États-Unis d'Europe", d'une Europe fédérale? En 2016, le Royaume-Uni a voté pour quitter l'UE. Cet été, les Britanniques se sont joints aux Australiens et aux Américains dans l'accord AUKUS, qui a mis fin à l'accord sur les sous-marins défendu par la France.

Paris y voit une "trahison", un "coup de poignard dans le dos" des alliés, que le général Charles De Gaulle avait qualifiés d'"Anglo-Saxons". Mais la nouvelle alliance anglo-américaine était également une déclaration indéniablement claire de la façon dont les Australiens voyaient leur avenir, non pas aux côtés de la France, mais aux côtés des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

"Pourtant, c'était le pire affront américain à notre allié français depuis que le président Dwight Eisenhower a ordonné aux Britanniques et aux Français de quitter Suez", a historicisé Buchanan.

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Pour protester contre le traitement réservé par la France au commerce des sous-marins, le président Emmanuel Macron a rappelé son ambassadeur aux États-Unis, ce qui n'a jamais été fait depuis que la France a reconnu les colonies américaines et leur est venue en aide pendant les guerres d'indépendance.

En effet, l'affaire des sous-marins a forcé l'annulation d'une grande fête à l'ambassade de France à Washington pour marquer le 240e anniversaire de la bataille du Cap.

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Il s'agit d'une bataille navale franco-britannique cruciale à l'embouchure de la rivière Chesapeake en 1781, au cours de laquelle la marine française a remporté la victoire et a pu fournir une couverture à l'armée du général George Washington lorsqu'elle a encerclé, bombardé et forcé la reddition de l'armée du général Lord Cornwallis à Yorktown.

Mais si les Britanniques se sont retirés de l'UE et les Français se sont aliénés leurs alliés de l'OTAN, l'Allemagne a tenu ses élections fédérales fin septembre, au cours desquelles l'alliance chrétienne-démocrate de Konrad Adenauer, Helmut Kohl et Angela Merkel est arrivée, pour la première fois de son histoire, à un quart des voix.

Après des mois de négociations, le nouveau dirigeant allemand pourrait être le leader des sociaux-démocrates et des Verts. Buchanan pensait que ce gouvernement ne pourrait être composé avant la Noël.

Aucun des futurs candidats chanceliers de l'Union chrétienne-démocrate ou du Parti social-démocrate n'aura l'autorité de Merkel en tant que leader; l'avenir sera probablement plus gris et plus "euro-bureaucratique" ?

"Dans le passé, l'OTAN a été saluée comme l'alliance la plus réussie de l'histoire parce qu'elle a empêché les invasions soviétiques de l'Europe solidifiée par l'OTAN tout au long de la guerre froide", spécule Buchanan.

En 2001, l'OTAN a invoqué l'article V, qui stipule que "une attaque contre l'un est une attaque contre tous", et s'est alliée aux Américains dans leur plongée dans le bourbier d'Afghanistan sous prétexte des attentats du 11 septembre. L'alliance militaire n'a jamais été au cœur de l'action, mais a toujours bombardé des adversaires plus faibles.

En août de cette année, vingt ans plus tard, l'ensemble de l'"alliance occidentale" dirigée par Washington s'est retirée, l'armée afghane s'est effondrée et le régime fantoche installé par l'Occident en Afghanistan s'est écroulé. "Nos alliés de l'OTAN ont ainsi partagé les conséquences honteuses du retrait et de la défaite des États-Unis", déclare Buchanan.

Le centre de gravité politique des États-Unis se déplace de l'Europe vers l'Asie et l'unité européenne semble appartenir au passé.

La Grande-Bretagne a quitté l'UE et l'Écosse envisage de quitter l'Angleterre. La Catalogne envisage toujours de se séparer de l'Espagne. La Sardaigne envisage de se séparer de l'Italie. La Pologne et la Hongrie sont en désaccord avec l'UE sur les réformes de politique intérieure. La Pologne a fait valoir que son propre droit prime sur le droit communautaire et la Hongrie est d'accord.

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La principale préoccupation des voisins méridionaux de l'UE et de l'OTAN, l'Espagne, l'Italie et la Grèce, n'est pas tant l'invasion russe que l'afflux de réfugiés d'Afrique et d'Asie occidentale à travers la Méditerranée.

Alors que Buchanan réfléchit à ces questions de politique mondiale à la lumière de l'histoire, la Fondation Rockefeller, qui représente les mondialistes et les élites financières de l'Occident, a élaboré une "feuille de route" pour mettre fin à la "pandémie du Covid 19" "d'ici la fin de 2022".

L'observateur politique le plus cynique pourrait à juste titre se demander si même le jeu géopolitique des grandes puissances qui se déplace constamment devant nous a un sens concret dans un monde en réseau où un petit pourcentage des plus riches réalise ses projets obscurs tandis que les États jouent le jeu bon gré mal gré ?

L'Irak en proie à une crise prolongée

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L'Irak en proie à une crise prolongée

Leonid Savin

Après les élections parlementaires en Irak, il semblait qu'il y aurait un gouvernement stable qui prendrait des mesures actives pour ramener l'ordre dans le pays. Cependant, ces espoirs ne se sont pas concrétisés et depuis le début de l'année, une nouvelle crise politique a embrasé l'Irak.

Le 9 février, la structure de coordination irakienne a proposé une initiative en trois points pour sortir de l'impasse politique dans le pays. Dans une déclaration, l'Alliance des partis chiites a appelé toutes les factions politiques et les personnalités nationales à "communiquer et à dialoguer pour remplir les obligations constitutionnelles" et a demandé au plus grand bloc politique de "se mettre d'accord sur les critères de choix d'un premier ministre fort et efficace".

"Nous déclarons être tout à fait prêts à nous engager positivement dans toutes les propositions, idées et visions qui seront présentées par nos partenaires au pays, avec lesquels nous partageons le même destin. Nous devons tous faire notre possible pour servir les Irakiens, un peuple qui a beaucoup souffert dans l'intervalle", indique la déclaration. L'organisme a également annoncé qu'il tendait la main aux "forces politiques qui constituent le plus grand bloc parlementaire, notamment le mouvement sadriste."

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Plus tôt, le 5 février, des représentants du bloc sadriste ont déclaré qu'ils avaient suspendu toutes les négociations visant à former un gouvernement irakien et ont appelé au boycott de la session parlementaire destinée à élire un président. Le mouvement sadriste, dirigé par l'éminente figure chiite Muqtada al-Sadr, a formé le plus grand bloc parlementaire lors des élections du 21 octobre dernier, remportant 73 des 329 sièges du parlement.

Et un vote parlementaire visant à élire un président le 7 février a été annulé parce que seuls 58 des 329 députés étaient présents, soit bien moins que le quorum des deux tiers requis pour élire un nouveau chef d'État.

Le boycott parlementaire fait suite à une décision de la Cour suprême disqualifiant l'ancien ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari en tant que candidat à la présidence en raison d'allégations de corruption formulées en 2016 alors qu'il était ministre des Finances [i].

Le plus grand bloc politique, dirigé par le clerc chiite Moqtada al-Sadr, ainsi que la Coalition pour la souveraineté alliée dirigée par Halbusi et le Parti démocratique du Kurdistan, dont Zebari lui-même est un représentant, ont annoncé un boycott avant la session.

La présidence est largement cérémoniale, mais l'échec de son élection soulève des questions sur la capacité de l'influent clerc chiite Moqtada al-Sadr à obtenir la nomination d'un premier ministre et d'un gouvernement.

Ces scandales de haut niveau n'aident manifestement pas à résoudre les problèmes sous-jacents, parmi lesquels les activités des vestiges d'organisations terroristes constituent une menace importante. Il y a eu récemment des tentatives de réorganisation par des cellules d'ISIS (interdites en Russie).

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Par exemple, fin janvier, le groupe "Desert Ghosts" est devenu actif dans la province d'Anbar et a commencé à organiser des attaques contre des chefs tribaux locaux et des politiciens indépendants. C'est dans l'ouest de l'Anbar que l'ISIS a pu se déployer et c'est à partir de là qu'il a entamé des frappes dans d'autres régions, tant en Irak qu'en Syrie.

La présence militaire étrangère pose également des problèmes. En plus des bases militaires américaines qui sont stationnées en Irak, de Zahu à Hakurk sur l'axe ouest-est et d'Awashin à Erbil sur l'axe nord-sud, la Turquie possède 38 postes ou bases militaires dans le nord de l'Irak [ii].

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Auparavant, la volonté de la Turquie de détruire les milices kurdes dans la région de Sinjar, dans le nord de l'Irak, avait provoqué des tensions avec Bagdad et Téhéran. Lorsque les forces armées turques ont lancé une opération militaire contre le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste, à Gara, dans le nord de l'Irak, en février 2021, les unités de mobilisation populaire irakiennes ont déployé leurs forces dans la région de Sinjar contre les forces turques. Cela a, bien sûr, provoqué des frictions diplomatiques entre l'Iran et la Turquie.

On sait également que les Turcs formaient les structures de combat Hashd al-Watani de l'homme politique irakien Oussama al-Nujaifi dans une base turque à Bashik, près de Mossoul. Officiellement, Ankara affirme que ses troupes et ses bases se trouvent dans le nord de l'Irak pour "combattre le terrorisme" et maintenir la sécurité nationale. Cependant, la Turquie a également des revendications contre les sunnites irakiens.

Et tandis que les États-Unis restent en Irak et poursuivent leur politique consistant à "contrer l'Iran" en Asie occidentale, c'est-à-dire à lutter contre les chiites (y compris les chiites irakiens), la Turquie considère sa politique comme un contrepoids à la soi-disant "influence iranienne". En cela, les objectifs de la Turquie et des États-Unis sont les mêmes.

En même temps, comme objectif hypothétique, en cas de fragmentation de l'Irak, la Turquie est susceptible d'envisager l'annexion du nord de l'Irak, où, selon Ankara, elle a des revendications historiques.

 En ce qui concerne le gouvernement irakien, les possibilités de contrer les violations de la souveraineté et de l'intégrité territoriale par la Turquie sont jusqu'à présent limitées. Et Ankara restera un partenaire commercial majeur de Bagdad, avec un important déficit commercial au détriment de ce dernier.

Et le récent réchauffement des relations entre la Turquie, certains États du Golfe et Israël pourrait contraindre Bagdad à accepter la présence de la Turquie dans le nord de l'Irak comme un fait accompli.

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En fin de compte, les troupes turques dans le nord de l'Irak sont là pour accomplir trois tâches : influencer la question kurde et s'attaquer directement au problème du PKK ; renforcer les ambitions régionales de la Turquie ; et créer une monnaie d'échange avec ses alliés occidentaux. Les dernières nouvelles pour Ankara ne sont toutefois pas bonnes, même si elles n'ont pas de dimension militaire.

La loi de 2007 sur le pétrole et le gaz régissant la région du Kurdistan a été jugée inconstitutionnelle par la Cour suprême fédérale d'Irak dans un arrêt rendu le 15 février. C'est un coup dur pour le gouvernement régional du Kurdistan, avec des conséquences directes sur ses accords énergétiques cruciaux avec la Turquie.

Le Kurdistan a utilisé cette loi pour développer son propre secteur pétrolier et gazier indépendamment de Bagdad, alors que les gouvernements régionaux cherchaient à obtenir une indépendance totale et signaient des accords de plusieurs milliards de dollars avec des compagnies pétrolières internationales. La justification officielle des autorités du Kurdistan était que Bagdad n'avait pas fourni et ne fournit toujours pas à la région du Kurdistan une part équitable du budget national et des revenus pétroliers.

La décision du tribunal est considérée comme liée aux intrigues qui se sont déroulées à Bagdad et, selon des sources bien informées, a pris par surprise le Premier ministre irakien Mustafa al-Khadimi, qui entretient de très bonnes relations avec les Kurdes irakiens [iii].

Pourquoi cette décision n'est-elle pas bénéfique pour la Turquie ? Depuis 2014, le pétrole brut du Kurdistan circule dans un oléoduc construit à cet effet qui mène à des terminaux de chargement dans le port méditerranéen de Ceyhan, en Turquie. Cela a donné à Ankara un pouvoir sans précédent sur la zone kurde semi-indépendante, bien que les Turcs aient continué à se battre avec les structures du Parti des travailleurs du Kurdistan.

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Bagdad a déposé une demande d'arbitrage contre la Turquie auprès de la Chambre de commerce internationale, qui en est maintenant à sa huitième année. La Turquie pourrait potentiellement verser au gouvernement irakien 24 milliards de dollars en compensation. Israël était également dans le coup, car une grande partie du brut du Kurdistan est achetée par Israël sur le marché au comptant.

La décision du tribunal indique que la loi de 2007 viole diverses dispositions de la constitution et déclare invalides les contrats conclus par le Kurdistan avec des pays et des sociétés étrangers pour l'exploration, la production, l'exportation et la vente.

Le Kurdistan, officiellement reconnu comme une région autonome de l'Irak depuis 2005, exploite ses ressources pétrolières et gazières indépendamment du gouvernement fédéral irakien depuis des décennies, adoptant sa propre loi sur le pétrole en 2007 pour gérer les ressources sur son territoire.

Jusqu'à présent, la Turquie n'a pas officiellement commenté la décision, tandis que les autorités kurdes l'ont rejetée, la qualifiant non seulement d'"inconstitutionnelle" mais aussi d'"injuste". Masoud Barzani, leader du Parti démocratique du Kurdistan et ancien président de la région, a déclaré que cette démarche était une tentative de "dresser la région du Kurdistan contre le système fédéral en Irak".

Il convient d'ajouter qu'en plus des tensions liées au différend sur les ventes de pétrole et de gaz du Kurdistan contournant Bagdad, la situation s'est considérablement détériorée après 2014, lorsque les forces armées kurdes Peshmerga ont pris le contrôle de la ville de Kirkouk après que les combattants d'ISIS aient tenté de s'en emparer. La ville, ainsi que les lucratifs champs pétrolifères environnants, sont restés sous le contrôle des Kurdes jusqu'en octobre 2017, date à laquelle Bagdad a ramené de force la ville sous contrôle fédéral à la suite d'un référendum contesté sur l'indépendance de la région kurde [iv].

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Malgré un accord conclu en 2019 entre Bagdad et la capitale kurde Erbil, les Kurdes ont officiellement fourni à Bagdad 250.000 des plus de 400.000 barils de pétrole par jour en échange de leur part du budget fédéral, qui sert à payer les salaires des fonctionnaires et des forces armées. Mais les Kurdes, parallèlement, ont continué à maintenir des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères indépendantes de Bagdad - ces mêmes accords qui sont aujourd'hui menacés.

Et selon les experts, Bagdad gagnera le procès car il a un dossier très solide dans la cour d'arbitrage de Paris.

La Turquie souhaite un délai car elle ne veut pas être accusée de manquement, ce qui à son tour saperait sa crédibilité sur les marchés internationaux alors qu'elle se bat pour maintenir à flot ses finances actuelles. Pour Ankara, le dilemme est donc de savoir ce qu'il faut faire ensuite. 

La seule issue semble être une crise politique prolongée en Irak même, car le chaos à Bagdad pourrait retarder un changement de jeu à la fois pour les Kurdes et les Turcs. Et la question se pose : Ankara va-t-elle agir sur ce point ou attendre tranquillement la décision d'arbitrage ?

Mais il y a un autre aspect extérieur à cette affaire, car la décision de la Cour suprême irakienne est intervenue un jour après que la société française Total Energies a conclu un accord de 27 milliards de dollars avec l'Irak, dont Bagdad espère qu'il pourrait inverser le départ des grandes compagnies pétrolières du pays. L'accord devrait être finalisé à partir de mars de cette année. Par conséquent, étant donné les nombreux intérêts et contradictions, la restauration de la souveraineté de Bagdad sera un processus difficile et non rapide.

Notes:

[i] https://www.arabnews.com/node/2020976/middle-east

[ii] https://thecradle.co/Article/investigations/6255

[iii] https://www.al-monitor.com/originals/2022/02/iraqi-courts-ruling-krg-gas-puts-turkey-spot

[iv] https://www.middleeasteye.net/news/iraq-kurds-denounce-unjust-oil-gas-ruling-energy-feud

 

De « l’effondrement de la Russie » comme « clef de l’Histoire universelle »

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De « l’effondrement de la Russie » comme « clef de l’Histoire universelle »

par Nicolas Bonnal

L’expression est de Georges Nivat, traducteur de Soljenitsyne, et date de 2016. Elle résume très bien notre histoire séculaire : Charles X de Suède puis Napoléon puis Hitler puis les autres (le complexe Biden-BHL-Leyen) tentent d’abattre le monstre croquemitaine de cette bonne vieille Histoire universelle. Elle résume très bien l’atmosphère du jour : la Russie seule contre tout le monde ou presque, avec l’empire américain et ses colonies, l’Europe apeurée et le reste du monde plus ou moins entraîné dans cette croisade antirusse, qui succède à la croisade anti-allemande de la dernière guerre mondiale. Car pour l’Occident Poutine est moins Staline qu’Hitler. Simplement c’est un Hitler qui n’a pas à se coltiner l’Armée rouge, qui dispose d’une terre riche et immense, d’une économie autarcique, des gisements de gaz et de pétrole et d’une armée sensationnelle. Snyder a rappelé que seuls 14% des soldats américains (oublions le F35, les Stinger de M. Cadbury et tout le reste) s’estiment opérationnels (et encore ? Contre les Russes ou contre les Irakiens ?). On sent en tout cas une haine gnostique, frémissante, et tout cela risque de mal finir pour nous surtout.

La lutte contre l’empire russe sourd à travers toute notre histoire depuis le dix-neuvième siècle : voyez le livre de Lesur qui en 1812 dénonce la montée de la puissance russe au moment où les troupes napoléoniennes dévastent la Russie. On pense à la haine du tsarisme, à la Guerre de Crimée, au Grand Jeu britannique (voyez le Kim de Kipling qui lui donne une aura ésotérique) ; puis on passe à l’homme au couteau entre les dents, au stalinisme et à la situation actuelle.

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J’ai évoqué la lutte occidentale contre la Russie dans mon livre Dostoïevski contre la modernité occidentale. Dans l’Idiot, le prince Muichkine attaque l’Eglise de Rome (que dirait-il d’elle aujourd’hui !!!) ; dans les Possédés Dostoïevski évoque l’adoration de l’Amérique et ces libéraux russes qui sont (et seront) toujours les laquais de l’Occident. Dans son Journal (texte admirable disponible sur Wikisource), Dostoïevski annonce la guerre germano-russe, les problèmes avec la minorité juive (qui s’adonnera, comme disait Poutine, au bolchévisme), l’effondrement de la France devenue républicaine, et le racisme ontologique antirusse. Dostoïevski est souvent drôle et pince-sans-rire (plus que Poutine) ; et cela donne :

« …Il y a en Russie des hommes très bizarres, constitués comme les autres hommes et pourtant ne ressemblant à personne. Ils tiennent à la fois de l’Européen et du Barbare. On sait que notre peuple est assez ingénieux, mais qu’il manque de génie propre ; qu’il est très beau ; qu’il vit dans des cabanes de bois nommées isbas, mais que son développement intellectuel est retardé par les paralysantes gelées hivernales. »

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Dostoïevski reprend l’éprouvant pamphlet de Custine (les Russes sont des automates) avec humour :

« On n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à cent piques au-dessous du troupier français. »

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Enfin les Russes ont trop de barbe :

« L’effet du rasoir surtout fut merveilleux : une fois glabres, les Russes devinrent très vite quelque chose comme des Européens. »

C’est d’ailleurs leur point commun avec les islamistes, aux Russes : ils ont trop de barbe!

Mais la barbe revêt une dimension religieuse et culturelle. Et là on rentre dans le domaine de la guerre de civilisation, celle qui oppose les Anglo-Saxons aux russes depuis un siècle et demi.

Je cite un libéral dans les Possédés :

« Hélas ! nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis ; la Russie est un jeu de la nature et non de l’esprit. »

Là-dessus les Occidentaux sont tombés sur un os. Brzezinski avait parlé du scandaleux refus du monde LGBTQ et du reste à Moscou. Et Poutine a dit dans son discours à la nation :

« Mais non – un état d’euphorie né de leur supériorité absolue, une sorte d’absolutisme moderne, qui plus est, sur fond de faible niveau de culture générale et d’arrogance de ceux qui ont préparé, adopté et fait passer les décisions qui n’étaient profitables que pour eux-mêmes. La situation a commencé à évoluer d’une manière différente. »

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Et il ajoute :

« En fait, jusqu’à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas [ici], cela n’a jamais marché pour personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant. »

Là on est au cœur du problème : avec Poutine la Russie (qui était plus tolérée du temps de la Révolution) est redevenue la bête noire de l’ordre libéral mondialiste. Revoyez d’ailleurs mon texte publié sur fr.sputniknews.com à ce sujet : Dostoïevski (visionnaire et théologien comme Flaubert ou Baudelaire à la même époque – tous nés en 1821) et la prophétie du nouvel ordre mondial auquel nous arrivons aujourd’hui, incarcérés, sous la coupe du totalitarisme libéral anglo-américain.

Poutine a compris qu’il faut frapper (sans faire trop mal, mais ça dépend qui) parce que l’Occident veut le détruire lui et sa terre. Hitler disait dans son Testament qu’il ne saurait jamais faire la paix à la Russie, qu’il faudrait toujours qu’il lui saute à la gorge. Blinken, Biden et leur clique n’ont pas évolué. Ils en sont au stade suprême du nihilisme impérial : détruire leur peuple, la culture, les sexes, la religion, la nature (comme dit justement Poutine), tout ce qui Est.

Il leur reste comme je l’ai dit à affronter la meilleure (la meilleure ou la dernière ?) armée du monde, ses armements et à éviter des contre-sanctions ruineuses. Pour parler comme mon ami Jean Parvulesco, auteur d’un beau livre traduit en russe par Alexandre Douguine, on ne pouvait rêver de meilleur Endkampf.

Sources principales :

https://fr.wikisource.org/wiki/Journal_d%E2%80%99un_%C3%A...

https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Dostoievski-possedes...

https://www.profession-gendarme.com/ce-matin-a-6h00-heure...

https://fr.sputniknews.com/20170129/dostoevski-prophetie-...

https://books.google.com.bn/books?id=3tkCAAAAYAAJ

https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-4-page-165.htm

https://www.amazon.fr/DANS-GUEULE-BETE-LAPOCALYPSE-MONDIA...

https://www.amazon.fr/Dosto%C3%AFevski-modernit%C3%A9-occ...

https://www.amazon.fr/Vladimir-Poutine-LEurasie-Jean-Parv...

jeudi, 24 février 2022

Qu'adviendra-t-il aux Etats-Unis en 2022?

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Qu'adviendra-t-il aux Etats-Unis en 2022?

Source: https://katehon.com/ru/article/ssha-v-2022-godu

Que réserve cette année à un hégémon mondial en perte de vitesse ?

L'année 2022 sera marquée par des événements chauds qui en feront une année exceptionnelle pour les États-Unis en ce qui concerne l'approfondissement du fossé social entre les conservateurs et les libéraux, ainsi que le maintien et la continuité de la ligne politique entre les deux partis, l'écart continuant à se creuser.

Le président Joe Biden a entamé la nouvelle année dans une période de déclin significatif de sa popularité, le taux de satisfaction à l'égard de ses politiques tombant sous la barre des 45 % et la nature de ses performances étant désapprouvée par le grand public (NBC News).

Dans le même temps, les Américains s'attendent à trois événements charnières au cours de l'année 2022 qui contribueront à façonner l'orientation de la politique américaine dans les années à venir.

Premièrement : Les procès des partisans de Trump

Quelques jours avant la fin de l'année 2021, l'ancien président Donald Trump a demandé à la Cour suprême d'intervenir pour empêcher la commission de la Chambre des représentants, qui planche sur les dossiers relatifs aux émeutes du Capitole du 6 janvier dernier, de demander à la Maison-Blanche d'examiner les dossiers.

Trump s'appuie sur l'argument selon lequel les enregistrements sont protégés par l'Executive Privileges Act, un principe juridique qui permet de garder secrètes certaines communications de la Maison Blanche. Les avocats de la Commission affirment que "ce retard porterait gravement préjudice aux enquêtes en cours", étant donné que les documents sont maintenant nécessaires "pour aider à déterminer l'orientation de l'enquête".

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Dans sa demande, Trump a réitéré les affirmations selon lesquelles Biden n'a été élu président qu'en raison d'une fraude généralisée : "Les personnes que la Commission poursuit dans le cadre de son enquête sur le 6 janvier dernier venaient simplement dire la vérité et manifester leur colère contre les escrocs qui leur ont volé l'élection présidentielle de 2020."

La demande de M. Trump représente le dernier développement en date dans une enquête à dominante politique, étant donné la position des Républicains sur le travail de la commission.

Jusqu'à présent, la commission a accusé plusieurs hauts collaborateurs de Trump d'"outrage au Congrès" pour leur refus de participer aux enquêtes et de soumettre des documents à la commission d'enquête.

La commission d'enquête du Congrès a demandé le témoignage de quatre des principaux conseillers de Trump : son conseiller stratégique Steve Bannon, le chef de cabinet de la Maison Blanche Mark Meadows, le conseiller de Trump Stephen Miller et l'attachée de presse de la Maison Blanche Kaylee Mackinany, mais ils ont tous refusé de se plier aux demandes de la commission d'enquête.

Les procédures et les délibérations dans les procès de nature politique prennent généralement beaucoup de temps, mais certains tribunaux devraient se prononcer sur plusieurs violations dans les mois à venir, ajoutant à la forte polarisation qui sévit aux États-Unis.

De leur côté, les républicains comptent sur le scénario de leur contrôle de la majorité à la Chambre des représentants lors des élections législatives de novembre prochain, qui devrait, selon la plupart des observateurs, leur permettre de mettre fin aux enquêtes et de dissoudre la commission d'enquête.

Notamment, en janvier dernier, la Chambre des représentants a accusé Trump de soutenir la sédition et d'inciter à la prise d'assaut du Congrès, mais le procès intenté par le président au Sénat a abouti à son acquittement.

Deuxièmement : la Cour suprême décide du sort des vaccinations obligatoires, du droit à l'avortement et de la réforme électorale

L'équilibre de la Cour suprême entre 6 juges conservateurs et 3 juges libéraux inquiète de nombreux démocrates et républicains quant à ce que la Cour décidera en 2022 sur plusieurs questions d'une importance cruciale pour un grand nombre d'électeurs des deux camps.

Et au début de l'année 2022, la Cour suprême rendra son verdict sur la décision du président Biden d'obliger les travailleurs du gouvernement fédéral, des grandes entreprises et du secteur de la santé à se faire vacciner sous peine d'être licenciés ou de voir leur contrat gelé sans salaire.

La Cour suprême devrait ensuite décider du sort du droit à l'avortement, ce qui entraînera une bataille politique controversée après toute décision, quelle que soit sa nature. Pendant des décennies, les conservateurs de "droite" aux États-Unis se sont battus pour annuler la décision historique de la Cour suprême de 1973, Roe contre Wade, qui a confirmé le droit des femmes à l'avortement.

La troisième des questions les plus importantes que la Cour suprême doit examiner cette année a trait aux réformes des systèmes de vote et d'élection. Après que l'ancien président Donald Trump a remis en question l'intégrité de l'élection de 2020, les républicains et les démocrates se sont accordés sur la nécessité de réformer le système, la méthode et les procédures de vote - mais chaque camp envisage la crise d'un point de vue opposé à celui de l'autre.

Chaque parti réclame un ensemble de réformes électorales qui prétendent rendre le processus électoral équitable et crédible, mais qui visent essentiellement à améliorer les chances des candidats de chaque parti lors des futures élections.

Les démocrates veulent que l'inscription des électeurs soit élargie et facilitée et que le processus de vote lui-même soit plus simple. Le Congrès doit donc intervenir pour adopter une nouvelle législation fédérale à l'appui, tandis que les républicains estiment que le pouvoir de conduire les élections appartient aux États (ils sont majoritaires dans la plupart des États) et que les décisions ne doivent pas être imposées d'en haut. Le Congrès dispose de lois supplémentaires à ce sujet, et il considère cette tentative comme une ingérence du gouvernement fédéral.

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Troisièmement : élections de mi-mandat du Congrès

Le 8 novembre 2022, il y aura des élections législatives pour renouveler les 435 sièges de la Chambre des représentants et 34 des 100 sièges du Sénat.

Le blocage de l'ambitieux programme de réforme des infrastructures du président Biden, suivi du blocage de la loi de plusieurs milliards de dollars sur le "réaménagement pour un avenir meilleur", a entraîné une baisse de la popularité du président.  Elle a également mis en évidence l'ampleur de la lutte entre les courants au sein du parti démocrate, notamment entre les membres progressistes et la majorité traditionnelle.

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La victoire du candidat républicain Glenn Youngking (photo) à l'élection du gouverneur de Virginie, qui a déplacé le démocrate Terry McAuliffe le mois dernier, a été un coup dur pour les démocrates.  Pendant ce temps, l'économie américaine connaît une inflation sévère et les prix des aliments de base augmentent considérablement pour plusieurs raisons, notamment les effets de la propagation du coronavirus, la pénurie mondiale d'approvisionnement et la hausse des prix du carburant. En outre, la politique de Biden consistant à apporter un soutien matériel aux familles américaines n'a pas contribué à atténuer les souffrances des familles des pauvres américains.

Biden n'a pas non plus abordé la crise de l'immigration illégale, sur laquelle il avait pourtant promis de travailler pendant sa campagne.

Les républicains n'ont besoin que de gagner cinq sièges supplémentaires pour prendre la majorité à la Chambre, ce qui pourrait paralyser le programme du président Biden pendant les deux dernières années de son mandat, ce qui contribue à faciliter la tâche de Trump, qui n'a pas caché sa volonté de mener la bataille de la prochaine campagne présidentielle pour revenir à la Maison-Blanche en 2024.

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Jusqu'à ce que les Russes craquent ?

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Jusqu'à ce que les Russes craquent?

par Klaus Kunze

Source: http://klauskunze.com/blog/2022/02/23/bis-die-russen-quietschen/

Selon une légende chère aux puissances occidentales, les "démocraties de l'Ouest" forment une "communauté de valeurs". Parmi leurs valeurs suprêmes, elles comptent la paix, les droits de l'homme et l'entente entre les peuples.

En Allemagne, les proclamations de bonnes intentions sont traditionnellement prises au sérieux. Nous avons toujours été un peuple bienveillant et apolitique. Nous ne prenons pas ce que quelqu'un fait réellement aussi sérieusement que ses prétendues intentions. Notre classe politique semble en effet croire à ce monde idéal dans lequel le mal est banni par les traités multilatéraux et où la paix et la liberté individuelle sont garanties par les droits de l'homme. Pourquoi s'équiper militairement alors que nous avons des accords juridiquement contraignants ?

Ils s'imaginent que les grandes questions de l'histoire mondiale ne seront pas tranchées par le sang et le fer, mais par des discours et des décisions parlementaires, par des traités et des proclamations morales.

Jusqu'à présent, aucune connaissance historique n'a pu les détourner de ce rêve. Aucun Donald Trump ne les a réveillés lorsqu'il n'a pas respecté l'accord nucléaire avec l'Iran, et ils se sont même crus à l'abri de la Russie. Sur la base de calculs économiques, ils se croyaient à l'abri de la puissance orientale, car "une guerre ne vaut pas la peine" et "ne fait que des perdants". Leurs platitudes bien-pensantes éclatent dans la réalité comme des bulles de savon, ce qu'elles sont aussi.

Le réalisme anglo-saxon

Les Anglo-Saxons sont plus réalistes. Ils savent parfaitement que l'on peut prêcher le bien tout en faisant le "mal". Ronald Reagan, président des Etats-Unis (1981-1989), avait brièvement levé le voile. Avant l'effondrement de l'Union soviétique, il a déclaré sans détour :

    "Nous allons les mettre au pied du mur jusqu'à ce qu'ils craquent". (Reagan cité par : Fricke 1999 : 158). Dans l'une de ses déclarations, le président américain Reagan laisse clairement entendre qu'il voulait créer une menace forcée par le biais de sa supériorité militaire vis-à-vis de l'URSS".
    Thomas Bäcker,  Die Wiedervereinigung. Die Außenpolitik der BRD in der Legislaturperiode 1986-1990 und die Folgen.

Mais comme la soif de pouvoir et la volonté de domination sont mal perçues par les médias, "l'Occident" a toujours mis en avant ses "valeurs".

    Sans négliger le facteur de puissance, les positions libérales soulignent au contraire l'attractivité économique et sociale des sociétés occidentales. Le conflit Est-Ouest était moins un conflit de pouvoir qu'un conflit de valeurs, dans lequel l'autodétermination, la démocratie et l'économie de marché (capitaliste) ont fini par l'emporter sur la dictature et l'encadrement de l'économie par l'État.
    Peter Schlotter. Review of Saal, Yuliya von, KSZE-Prozess und Perestroika in der Sowjetunion: Demokratisierung, Werteumbruch und Auflösung 1985–1991. H-Soz-u-Kult, H-Net Reviews. January, 2016 

Le conflit de valeurs n'est toutefois que superficiel. Les "valeurs" ne sont que les jolies bulles de savon colorées. Elles ne servent à rien si l'ennemi n'y croit pas. Ce ne sont jamais des valeurs qui s'affrontent, mais des hommes. Pour se justifier, ils se réfèrent à l'extérieur à ce qu'ils jugent utile pour eux. Derrière les prétendus conflits de valeurs idéales se cachent toujours des conflits d'intérêts réels.

Les parties prenantes d'un marché mondial

Les pays anglo-saxons ont traditionnellement fondé leur prospérité et leur puissance sur le commerce. Avec le slogan de la "liberté des mers", les Britanniques se sont jadis appropriés un cinquième de la surface terrestre de la planète. Ils entendaient, par cette liberté, leur droit de s'assurer des ressources d'outre-mer dans des conditions qui leur étaient favorables.

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Au XIXe siècle déjà, les impérialismes anglo-saxon et russe s'affrontaient à l'échelle mondiale (caricature, origine inconnue, source de l'image).

Les États-Unis ont adopté ce concept. De la liberté des mers, ils ont fait une idée de liberté humaine générale. Avec le slogan "Make the world safe for democracy", ils ont déclaré que chaque être humain avait le droit fondamental d'entretenir des relations commerciales pacifiques, en particulier avec les États-Unis, pays financièrement dominant. Sont potentiellement considérés comme des États voyous tous ceux qui ne voulaient pas être pris dans le réseau mondial du capital. Ils utilisaient le colt à l'extérieur et la Bible pour leur propagande.

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Entre-temps, l'économie financière de l'"Occident" dépasse de loin l'économie réelle et est conçue pour une croissance continue. Comme en 2008, la bulle financière risque d'éclater à nouveau à tout moment, car l'économie réelle des pays "occidentaux" ne peut plus servir les taux d'intérêt et les taux de croissance dont la bulle financière a besoin. L'économie financière risque de s'effondrer et d'entraîner la dévalorisation d'immenses actifs financiers.

Pour empêcher le marché des capitaux de s'effondrer, "l'Occident" cherche sans cesse de nouveaux "marchés". Son idéologie libérale tend à transformer toutes les relations en relations de marché : Elle transforme les ennemis en clients, les personnes en capital humain et les concurrents en partenaires commerciaux. Elle cherche à éliminer les États et les frontières nationales, car toute réglementation étatique impose des limites au pouvoir global du capital. Sa Russie idéale ne serait plus une communauté étatique, mais une société de clients dépendants du capital. Les nouveaux clients doivent être intégrés de manière permanente par des contrats appropriés de sorte qu'ils ne puissent plus jamais se retirer. Leur but est de renoncer à tout autre pouvoir que celui du capital, de déposer les armes et de déclarer solennellement qu'ils renoncent à la violence et qu'ils ne refuseront à personne le "libre" accès au "marché" et à ses bienfaits.
L'intérêt russe

Les représentants de la "communauté des valeurs occidentales" déclarent qu'il est tout à fait terrible que les Russes définissent leurs intérêts de manière totalement différente. Le pays n'est riche que de ses ressources naturelles. Pour ne pas se laisser coloniser par le marché financier mondial, ils ont recours à des valeurs totalement différentes de celles de "l'Occident". Ils insistent sur un État-nation fort. C'est lui qui doit contrôler les flux financiers et non l'inverse.

Pour que l'État soit le plus fort possible, Poutine réprime la société. Personne ne doit sortir du rang. Les valeurs religieuses du christianisme orthodoxe sont invoquées et les valeurs occidentales de l'individualisme absolu sont vouées aux gémonies. Elles sont considérées comme décadentes. Les liens internes doivent être renforcés par une idéologie nationale : un peuple, un empire, un Poutine, et parmi ce peuple, il compte apparemment aussi les Biélorusses et les Ukrainiens.

L'Occident est idéalement pacifique et non militaire, mais en réalité armé jusqu'aux dents et conventionnellement supérieur aux Russes. Depuis 1989, il n'a cessé d'étendre sa sphère d'influence vers l'Est jusqu'à ce que les Russes "craquent". La Russie, en revanche, n'idéalise pas du tout la "paix". Là où il est possible de faire une bonne affaire territoriale sans trop de risques, Poutine saute volontiers sur l'occasion. Comme tous les hommes de pouvoir de l'époque impérialiste, il préfère prendre ce qu'il peut sans guerre. Jusqu'à présent, il n'a pas encore tiré un seul coup de feu. Au XIXe siècle, on appelait cela la politique de la canonnière : la menace entraîne l'obéissance préventive.

Vis-à-vis de notre classe politique locale, cela fonctionne. En déclarant son amitié au monde entier, elle croit avoir aboli l'hostilité. Ils croiront encore à la valeur des traités interétatiques quand les chenilles des chars rouleront déjà, et ils nous feront valoir que les frais d'essence pour les trajets en chars de la Volga à la Spree ne seront "pas rentables" quand les chars seront déjà devant la Chancellerie fédérale. Poutine le sait. De son point de vue, l'Allemagne est mentalement prête pour la tempête.

Que faire ?

L'assaut russe sur l'Allemagne n'aura pas lieu. Les efforts de Poutine pour un retour en arrière sur l'extension de l'OTAN ont tendance à être défensifs. Notre Big Brother de l'autre côté de l'Atlantique est l'adversaire de Poutine, pas nous. Nous ne sommes qu'une proie potentielle. Une attaque contre nous équivaudrait à un suicide de la volonté de puissance de la Russie. Il serait plus dans l'intérêt du capital financier américain que dans celui de la Russie si Poutine était provoqué à attaquer le territoire de l'OTAN.

Qu'est-ce qui serait dans l'intérêt de l'Allemagne ? Dans cette question, nous ne devons pas nous laisser guider par des affinités ou des aversions. Les peuples n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Personnellement, je n'ai jamais rencontré d'Américain qui ne soit pas si gentil que je veuille l'appeler mon ami. J'ai beaucoup de sympathie pour l'aspiration ukrainienne à la liberté. Cela me rappelle les Hongrois, dans le pays desquels les chars russes ont également roulé en 1956. Ne me demandez pas ce que je pense des Russes et de leur autocratie. Ma mémoire historique remonte à 1945. Plus la Russie et les États-Unis sont éloignés, mieux c'est.

La réponse à la question de notre intérêt national est d'abord que nous en ayons un. Il ne coïncide pas avec celui de nos chers "libérateurs" occidentaux et orientaux de 1945, et encore moins avec leurs ambitions actuelles de puissance mondiale. Il ne coïncide pas non plus avec des sympathies ou des antipathies. La première chose à faire est d'aider l'Allemagne à prendre conscience de cette réalité.

Nous avons un intérêt élémentaire à vivre en paix, car l'Allemagne n'est pas du tout en état de faire la guerre en 2022. Notre armée fédérale ne l'est pas, et la société allemande dans son ensemble, dirigée par une élite politico-médiatique pacifiste, encore moins. Être envoyé comme chair à canon sur un front oriental, to make the world safe for democracy, est la dernière chose dont nous avons besoin ou que nous pourrions nous permettre. C'est la deuxième prise de conscience qui doit s'imposer.

Et le fait que la politique mondiale ne soit pas dirigée par des bulles morales et ne puisse pas être réduite à des calculs coûts-bénéfices constitue la troisième et la quatrième conséquence que nous devons tirer du monde réel d'aujourd'hui. Mourir pour la liberté de la Crimée ? Déclencher une guerre commerciale pour la démocratie à Hong Kong ? Faire claquer le sabre quand on n'a qu'une épée en bois à la main ? Ce n'est ni par la grandiloquence morale ni par la guerre commerciale que nous assurerons notre sécurité.

Jürgen Elsässer: L'action militaire de Poutine est défensive - La Russie lance une attaque contre l'Ukraine : l'Allemagne ne doit pas se laisser entraîner dans une guerre !

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L'action militaire de Poutine est défensive

Par Jürgen Elsässer

Source: https://www.compact-online.de/putins-militaeraktion-ist-defensiv/?mc_cid=685e33d9d5&mc_eid=128c71e308
 
Arguments solides et stabilité politique : Jürgen Elsässer dans un entretien avec le magazine hongrois "Demokrata". 

Sur la reconnaissance des républiques du Donbass par Moscou et l'entrée des troupes russes. Déclaration du rédacteur en chef de COMPACT.

1.) Après plusieurs jours d'attaques des forces ukrainiennes contre les républiques du Donbass, la démarche de Moscou vise à protéger la population locale. L'aide militaire est comparable à celle apportée aux républiques sécessionnistes de Géorgie, auxquelles l'armée russe a porté secours avec succès en 2008 contre les attaques du gouvernement de Tbilissi.

2.) La différence avec 2008 : les républiques sécessionnistes de Géorgie n'ont pas été reconnues par Moscou en tant qu'Etats indépendants, alors que les républiques du Donbass le sont désormais. Les puissances occidentales et la majorité du Conseil de sécurité de l'ONU considèrent cela comme une violation du droit international, qui garantit l'intégrité territoriale des États existants. Toutefois, c'est l'OTAN qui a enfreint ce principe en premier : Par la sécession belliqueuse du Kosovo de la Yougoslavie suite à l'agression de l'OTAN en 1999.

3.) En droit international, deux principes s'opposent : l'intégrité territoriale des États et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En Yougoslavie, l'Occident a imposé militairement ce dernier - les Albanais du Kosovo, dans leur écrasante majorité, ne voulaient effectivement pas rester en Yougoslavie. Dans le cas de la Crimée en 2014 comme aujourd'hui dans le cas des républiques du Donbass, la Russie ne fait que copier l'action de l'OTAN à l'époque : dans les deux cas, l'immense majorité de la population ne voulait ou ne veut plus faire partie de l'État ukrainien ; la plupart des gens se sentent russes.

4.) En 1939, Hitler a également justifié l'invasion de la Pologne en invoquant la protection de la communauté allemande et son droit à l'autodétermination. Toutefois, il a utilisé ce prétexte pour occuper et démanteler l'ensemble de l'État polonais. Tant que Poutine limitera son action militaire au Donbass russe et ne s'apprête pas à démanteler l'Ukraine dans son ensemble, tout parallèle est interdit.

5.) L'Occident profitera des événements actuels pour préparer rapidement la guerre contre la Russie. La première étape est la préparation économique à la guerre, notamment l'enterrement de Nordstream-2 et le passage aux livraisons de gaz naturel liquéfié américain. Il est dans l'intérêt de l'Allemagne de refuser ces préparatifs de guerre et de ne pas se laisser priver des avantages économiques d'une coopération avec la Russie en se soumettant à des sanctions. Si la Russie fortifie son arrière-cour, l'Allemagne n'a pas à s'en inquiéter.

6.) S'il y a une leçon à tirer de l'histoire, c'est celle-ci : Les Allemands et les Russes ne doivent plus jamais se laisser dresser les uns contre les autres. Nous ne sommes pas de la chair à canon pour les intérêts pétroliers et gaziers anglo-américains. Ce qu'il faut maintenant, c'est une nouvelle édition du mouvement pour la paix qui s'est déjà opposé aux bellicistes de l'OTAN en 2014. 

COMPACT fournit les munitions argumentatives pour cela : commandez et diffusez l'édition COMPACT "Vladimir Poutine. Reden an die Deutschen" et l'autocollant "Frieden mit Russland" (https://www.compact-shop.de/shop/compact-edition/compact-edition-wladimir-putin/)

Dans notre émission d'information télévisée COMPACT.DerTag, nous avons déjà évoqué l'escalade hier soir, et nous continuons ce soir. Branchez-vous ici à 20h (avec les archives de l'émission /  https://tv.compact-online.de/ ).

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La Russie lance une attaque contre l'Ukraine : l'Allemagne ne doit pas se laisser entraîner dans une guerre ! Six thèses

Par Jürgen Elsässer

Déclaration de Jürgen Elsässer, rédacteur en chef de COMPACT

1.) L'attaque ouverte contre l'Ukraine a créé la situation la plus dangereuse en Europe depuis 1945. Le risque d'une confrontation directe entre les superpuissances et leurs alliés est plus élevé que lors de la guerre de Yougoslavie, qui n'a été menée que par voie aérienne de la part de l'OTAN et a été acceptée par la Russie d'Eltsine affaiblie.

2.) L'agresseur, comme on l'a souvent observé dans l'histoire, n'est pas l'agressé. L'agression est le fait de l'OTAN, dirigée par les Etats-Unis, qui veulent utiliser l'Ukraine comme plateforme offensive contre la Russie et qui maintiennent déjà une présence militaire permanente dans le pays. L'OTAN n'a pas tenu ses promesses de l'époque de la réunification de ne pas profiter de la fin de la confrontation des blocs pour s'étendre vers l'Est. Les accords de Minsk, qui prévoyaient la pacification de l'est de l'Ukraine et le rétablissement de la souveraineté de l'Ukraine, ont été déchirés en dernier lieu. La Russie le voulait, l'Occident et le régime de Kiev ne le voulaient pas.

3.) Poutine ne mène pas une politique étrangère néo-soviétique, mais néo-tsariste (voir également son discours de mardi). La différence est importante, car l'Allemagne s'est généralement bien entendue avec l'empire tsariste, mais pas avec l'Union soviétique et sa prétention à la révolution mondiale. Aujourd'hui, le communisme, dirigé par le capital financier, n'est pas ressuscité à Moscou, mais à Bruxelles - sous la forme de l'EudSS, de son économie planifiée écosocialiste, de son politiquement correct, de sa destruction des valeurs traditionnelles du christianisme et de la famille. En revanche, la Russie mène une politique qui s'oppose de facto à ce néo-communisme, même si elle se présente parfois comme antifasciste pour stimuler les sentiments patriotiques nés de la victoire sur l'Allemagne hitlérienne.

4.) Si l'intervention de Poutine en Ukraine réussit (ce qui est loin d'être certain, voir l'Afghanistan), un bloc néo-tsariste composé de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie verrait le jour, auquel d'autres pays menacés par l'OTAN pourraient se joindre (Arménie, Moldavie/Transnistrie, Kazakhstan, Syrie) et qui aurait également des ramifications en Amérique du Sud (Cuba, Venezuela, Nicaragua). Même le soutien du Brésil n'est pas exclu - il y a quelques jours, Bolsonaro a rendu hommage à Poutine, au grand dam des Etats-Unis.

5.) La nouvelle division du monde en un bloc dirigé par les Etats-Unis et un bloc prorusse, bien que sous des auspices idéologiques opposés à ceux de 1945 à 1989, serait une bonne nouvelle. Le mondialisme destructeur s'arrêterait - et entre les blocs, il y aurait de l'air pour le neutralisme et l'autonomie. Rappelons qu'à l'époque de la guerre froide, malgré l'agression soviétique, des pays comme l'Autriche, la Finlande, la Suède, la Yougoslavie et l'Inde ont pu rester neutres et suivre leur propre voie. La RFA avait également plus de souveraineté que l'Allemagne réunifiée d'aujourd'hui, n'était pas obligée de fournir des troupes pour les aventures militaires mondiales des Etats-Unis (Vietnam !) et pouvait développer sa propre Ostpolitik.

6.) L'Allemagne ne doit pas se laisser entraîner dans une guerre contre la Russie. S'il y a une leçon à tirer de l'histoire, c'est bien celle-ci : Les Russes et les Allemands ne doivent plus jamais se laisser monter les uns contre les autres. Il ne faut rien attendre de notre gouvernement, fidèlement à la solde des Anglo-Saxons. Face au régime Scholz-Baerbock, il faut construire un nouveau mouvement pour la paix qui exige une stricte neutralité dans le conflit actuel, la mise en service de Nordstream-2, le retrait des troupes d'occupation américaines et la sortie de l'OTAN.

 

mardi, 22 février 2022

Buchanan et le grand effondrement moral et militaire américain (et occidental)

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Buchanan et le grand effondrement moral et militaire américain (et occidental)

par Nicolas Bonnal

L’Amérique « phare protecteur du monde et de l’union européenne » est à la dérive sur tous les plans. Après Rachel Levine, le gâteux Biden a nommé un activiste queer, SM et maître-chien adjoint à l’énergie. Le bougre vient du MIT et on comprend l’effondrement de la science et de la technologie américaines, sauf quand s’il s’agit de nous coller un code QR ou une saleté dans l’ADN. L’effondrement américain (ou français) est physique, moral, culturel, spirituel, anthropologique. A-t-il gagné la majeure partie de la population ou simplement les minorités (y compris la minorité catho Bergoglio) qui soutiennent cette sanie globalisée, c’est un autre problème. On le saura cette année car si la masse apeurée et abrutie avalise tous ces monstres (réélire Macron ou les démocrates) et la guerre contre la population ou la Russie, nous sommes cuits à titre personnel.

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Pat Buchanan, qui incarne depuis Nixon le « paléo-conservatisme » pacifiste américain, remarque toutefois comme nous l’autre jour que la plaisanterie va avoir assez duré. Et de noter :

« Nous avions tout. Nous étions la « nation indispensable ». Nous avons vu plus loin dans le futur. Nous pourrions imposer notre « hégémonie mondiale bienveillante » à toute l'humanité. Et c'est ainsi que nous avons entrepris de créer un « nouvel ordre mondial », plongeant dans des guerres successives en Irak, dans les Balkans, en Afghanistan, à nouveau en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen. »

Le résultat ne s’est pas fait attendre :

« Ce faisant, nous nous sommes saignés, nous nous sommes distraits, nous nous sommes épuisés et nous nous sommes séparés, jusqu'à ce que la moitié du pays fasse écho au slogan de la campagne de George McGovern en 1972 : « Come home, America ». »

Buchanan ne se fait pas d’illusions : la Russie et la Chine sont plus fortes et aussi plus ambitieuses. Au lieu de jouer au pleurnichard russophobe (Poutine est nul, il se laisse marcher sur les pieds, etc.) comme certains dont le cacochyme Craig Roberts, Buchanan remarque (il est proche de Meyssan) :

« Et alors que nous partions en croisade pour un nouvel ordre mondial, la Russie de Vladimir Poutine s'est progressivement remise de sa défaite écrasante de la guerre froide, et la Chine a commencé à sortir de l'ombre de l'Amérique pour devenir le rival le plus puissant que l'Amérique moderne ait jamais affronté. »

Buchanan est lucide ; et cela donne sur le basculement géopolitique que nous observons tous :

« Aujourd'hui, l'hégémonie américaine est partout remise en question - en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Asie du Sud-Est, en Asie de l'Est. Et les défis émanent d'autocrates unis dans leur volonté de réduire le pouvoir et la présence des États-Unis dans leur partie du monde. »

11167391._SY475_.jpgIl poursuit :

« Tous les adversaires de l'Amérique ont quelque chose en commun : ils veulent que nous sortions de leur quartier. Après le retrait humiliant du président Joe Biden d'Afghanistan, l'Ukraine est le site du dernier défi, déclenché par le déploiement par la Russie de quelque 100 000 soldats aux frontières de l'Ukraine. »

La Russie parano et cernée ? C’est Poutine qui impose et c’est Poutine qui exige, nous rappelle Buchanan :

« Étant donné qu'il a provoqué cette crise, Poutine ne retirera probablement pas toutes ses forces sans l'assurance visible que l'Ukraine ne deviendra jamais membre de l'OTAN. Et, étant donné qu'aucun allié de l'OTAN ou voisin de l'Ukraine n'a montré une disposition à combattre la Russie pour l'Ukraine, Poutine finira probablement par l'emporter. »

D’où la rage anglo-saxonne : la mythologie McKinder et le Grand Jeu s’écroulent. Finalement la Chine et la Russie ont pris ce que le capitalisme avait de bon tout en gardant ce que le communisme avait de bon. Nous, nous avons pris ce que le communisme et le capitalisme avaient de pire. Et cela semble motiver la masse imbibée de télé. Mais n’anticipons pas.

On laisse Buchanan conclure pour le plaisir :

« Là où l'ancien président George W. Bush mettait en garde contre un « axe du mal » comprenant l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord, son successeur comprend aujourd'hui la Russie, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord, un axe bien plus redoutable. »

Nous sommes en état de Schadenfreude en ce moment. Sauf pour nos factures d’électricité dues aussi à leur rapacité comme à leur incompétence…

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Sources :

https://reseauinternational.net/les-veritables-victimes-d...

https://www.fdesouche.com/2022/02/12/etats-unis-le-nouvel...

https://www.infowars.com/posts/buchanan-stress-test-for-a...

 

Ukraine : l'hystérie guerrière du mainstream

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Stefan Schubert

Ukraine : l'hystérie guerrière des médias mainstream

Source: https://kopp-report.de/ukraine-die-kriegshysterie-des-mainstreams/

Ces dernières semaines, les médias mainstream occidentaux ont fait preuve d'un bellicisme sans précédent. Pour ce faire, ils s'appuient sur des informations anonymes - et non étayées - fournies par les services de renseignement américains, sans procéder à une vérification indépendante des faits. Cette révélation journalistique illustre une fois de plus l'état alarmant des médias. Sur la base d'une campagne américaine anonyme, les médias de gauche et verts diffusent sans sourciller l'image de l'ennemi, le méchant Russe. Il est évident qu'outre la diffamation de ce concurrent géopolitique, les Américains cherchent avant tout à imposer leurs intérêts économiques.

L'auteur a déjà démontré ici que la Russie est le troisième plus grand fournisseur de pétrole des États-Unis.

Alors que "Sleepy Joe" a l'audace d'annoncer devant la presse mondiale rassemblée la fin du pipeline germano-russe Nord Stream 2, il refuse de répondre à toute question sur les immenses livraisons de pétrole aux Etats-Unis eux-mêmes, en provenance de l'État prétendument voyou qu'est la Russie. Ces livraisons massives de pétrole augmentent rapidement depuis des années et ne figurent pas sur la liste des sanctions de l'administration américaine. Or, les entreprises et les États européens dont les Américains veulent détruire les activités en Russie y figurent tout particulièrement. Comme l'industrie allemande l'a déjà appris à ses dépens ces dernières années, les sanctions imposées par les Américains visent particulièrement les relations d'affaires germano-russes étroites qui existent depuis des décennies.

Outre la diffamation de la Russie commanditée par les États-Unis, les Allemands se sont donc également faits les larbins du complexe militaro-industriel américain. Il ne s'agit pas ici d'une canonisation de Vladimir Poutine. Comme l'ont montré la Tchétchénie, la Géorgie et, il y a quelques semaines, le Kazakhstan, le seuil d'inhibition du Kremlin pour l'utilisation de la force militaire doit être considéré comme très bas - une appréciation qui s'applique également au gouvernement américain, comme le prouvent non seulement le nombre élevé de victimes en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Mais, si l'on considère les dernières semaines sans les cris de guerre hystériques des médias, que s'est-il réellement passé ?

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Un pays a organisé des manœuvres militaires de grande envergure à l'intérieur de ses frontières. Rien de plus, rien de moins. Quand on voit ce que les Américains font sur tous les continents, souvent avec des dizaines de milliers de soldats de l'OTAN, la double morale de l'Occident saute aux yeux comme un missile Pershing II. Les grandes manœuvres occidentales sont en outre publiquement qualifiées de défense de leurs propres intérêts et de menaces non dissimulées contre la Chine et la Russie. Cette procédure récurrente démontre que le bellicisme actuel des médias et des politiques est particulièrement perfide. Les interventions politiques publiques des Verts et de la CDU/CSU ressemblent à des communiqués de presse du Pentagone. Le fait que cette campagne ait été préparée et orchestrée par des réseaux transatlantiques comme le Pont de l'Atlantique ne peut bien sûr être qu'une théorie du complot.

L'intérêt de l'Allemagne pour une relation stable avec la Russie

Alors que la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock trébuche à travers l'histoire mondiale et déclare que toutes les ambassades d'Allemagne sont des bases de l'hystérie climatique des Verts, le chancelier Olaf Scholz se fait traiter comme un écolier dans le bureau ovale.

Que les Américains veuillent importer leur gaz liquide sale et cher en Allemagne, que la Pologne et l'Ukraine gagnent beaucoup d'argent en faisant passer du gaz russe en Allemagne par le gazoduc existant et qu'elles essaient pour cette seule raison d'empêcher et de saboter Nord Stream 2 autant que possible, tout cela est compréhensible dans une certaine mesure entre pays "amis".

Mais le fait qu'aucun membre du gouvernement allemand ne se présente avec assurance devant les caméras pour articuler et défendre les intérêts allemands dans ce conflit aux multiples facettes est une situation honteuse.

De plus, lors des négociations sur la réunification, la Russie a reçu l'assurance qu'il n'y aurait pas d'élargissement de l'OTAN vers l'Est. Cet engagement a déjà été rompu à plusieurs reprises, comme dans les pays baltes et en Pologne. Malgré cela, la politique et les médias diffament la Russie en la qualifiant d'agresseur unilatéral, simplement parce que la grande puissance veut empêcher, pour des raisons compréhensibles, un déploiement de troupes de l'OTAN à la frontière russo-ukrainienne. En outre, il n'est pas dans l'intérêt de l'Europe et de l'Allemagne de séparer la Russie de l'Europe et de la pousser toujours plus loin dans les bras de la puissance impériale mondiale qu'est la Chine. La Russie peut également vendre son gaz à l'Est, tandis que l'Allemagne, en particulier, a un besoin urgent de son voisin oriental riche en matières premières en raison de sa transition énergétique autodestructrice.

Le président américain Joe Biden a obtenu des résultats plus mauvais dans les sondages américains que Donald Trump n'en a jamais eu. Alors que les médias mainstream allemands ont fait un scandale de chaque message de Trump sur Twitter, les journalistes de conviction ont complètement passé sous silence l'échec de l'administration Biden. Le bellicisme de Washington, outre les intérêts économiques et géopolitiques évoqués, sert en outre de diversion ciblée aux problèmes de politique intérieure.

Même une escalade et une guerre réelle entre la Russie et l'Ukraine pourraient être considérées comme un scénario souhaitable pour les faucons américains du Pentagone, pour les raisons décrites ci-dessus. Une escalade pourrait survenir à tout moment à la suite d'opérations sous faux drapeau ou de cyberattaques massives et intraçables. Si les premiers coups de feu étaient tirés, les médias et les politiciens allemands auraient également contribué dans une large mesure à la guerre au cœur de l'Europe par leur bellicisme.

Sur la "cancel culture"

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Sur la "cancel culture"

Un regard sud-américain

Alberto Buela

Source: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-cultura-de-la-cancelacion

Dans les années 1970, Jorge Luis Borges se plaignait déjà que les éditeurs américains ne voulaient pas publier ses romans et ses nouvelles parce qu'il n'appelait pas l'homme noir "homme de couleur" et l'aveugle "malvoyant".

À cette époque, les intellectuels yankees ont commencé à utiliser ce que l'on appelle aujourd'hui le "langage inclusif" : l'utilisation de la rhétorique inappropriée et la répétition de locutions généralisantes telles "tout le monde", "garçons et filles" ; "travailleurs", etc. En Yanquilandia, ce langage n'est plus utilisé mais, comme d'habitude, il est arrivé vingt ans plus tard en Amérique du Sud où les progressistes l'ont adopté comme une nouveauté.

Le progressisme, cette maladie sénile des vieilles idéologies comme le marxisme et le libéralisme, a trouvé dans ce pseudo-langage son expression la plus réussie : il parle sans rien dire et prétend définir sans rien définir. Sa méthode consiste à être toujours à l'avant-garde de tout. Il ne peut donc pas avoir de pro-projet (étymologiquement : quelque chose de "jeté en avant"/ pro-iacere) car il est son propre projet.

Lorsque les analystes politiques s'interrogent sur tel ou tel projet de gouvernement progressiste, ils posent une fausse question ou une question sans fondement. C'est comme prétendre interroger le pendu sur le nœud coulant ou la corde à laquelle il est suspendu.

Cette maladie sénile, mélange de libéralisme et de marxisme, soutenue par la religion séculière des droits de l'homme, occupe peu à peu tous les gouvernements de l'Occident, instaurant ainsi un mode de pensée unique et politiquement correct.

Les lieux communs de cette pensée sont presque toujours : le souci de l'humanité et non des besoins réels des gens ; le bien-être individuel et non celui des familles ; la consommation et non l'épargne ; la terre (entière) et non la glèbe des communautés rurales ; le rituel et non le sacré ; l'économie et non la politique ; l'esprit d'entreprise et non le travail, et ainsi de suite dans tous les domaines d'action et de pensée.

Dès 1927, Martin Heidegger dans L'Être et le temps (paragraphe 35) parlait de la dictature de "l'anonyme" (du "on") à travers le "on dit, pense et agit comme on dit, pense et agit", qui régit l'existence impropre/inauthentique. En presque cent ans, la question s'est accrue et approfondie.

Aujourd'hui, le pouvoir du progressisme en tant qu'hégémonie est inconditionnel. Cela explique pourquoi toute remise en question est considérée comme étant de droite, fasciste ou impérialiste. Si de multiples secteurs de la société disent "non" à des mesures erronées, la réponse est désormais "pas de réponse", soit le silence, l'ignorance, bref, l'annulation de l'objecteur.

L'annulation est devenue un mécanisme de déni de tout ce qui met le progressisme mal à l'aise ou le remet en question. Ce qui est grave, c'est qu'en même temps qu'il nie ou n'écoute pas les objections de ses opposants, il appelle au dialogue sur la base d'un consensus qui n'en est pas un, qui est un faux consensus.

Ce mécanisme pernicieux est à la base des actions de tout gouvernement libéral-progressiste. Massimo Cacciari a observé à juste titre que ces gouvernements ne résolvent pas les conflits mais se contentent de les gérer.

L'absence de définition idéologique ferme (le président argentin Fernández est à la fois péroniste et social-démocrate, comme il l'a déclaré) leur permet de prêter allégeance à Biden, Poutine et Xi Jinping en même temps.

Mais tout cela n'est rien d'autre qu'une panoplie de feintes, que des apparences utilisées par les gouvernements progressistes pour se joindre au processus de mondialisation qui semble se dérouler inéluctablement dans le monde.

Après deux ans de Covid, l'économie est devenue totalement indépendante de la politique. Les pouvoirs indirects, les lobbies, les méga-corporations et l'impérialisme international de l'argent, comme l'a si bien dit Pie XII, justifient leur travail dans et avec les gouvernements progressistes.

Bien entendu, les puissances économiques indirectes exigent que des gouvernements progressistes soient installés sur la base du mécanisme "un homme, une voix", car elles ont besoin de la légitimité offerte par le masque démocratique. La démocratie, se limitant à la seule légitimité d'origine (le vote), nie toute demande de légitimité d'exercice, qui est l'exigence de la bonne gouvernance, et ce sont les actions justes et correctes qui caractérisent la bonne gouvernance, c'est pourquoi il y a eu et il y aura de bons gouvernements sans qu'ils soient nécessairement démocratiques.

En Amérique du Sud, les dix gouvernements que nous avons sont progressistes dans leurs différentes variantes : en Argentine, un péroniste qui se définit comme un social-démocrate, au Chili, un marxiste qui se dit péroniste, en Bolivie, un marxiste qui se dit nationaliste, en Uruguay, un libéral qui se définit par l'Agenda 2030, au Paraguay, comme d'habitude, rien ; au Brésil, un nationaliste qui laisse les multinationales faire des affaires, au Pérou et en Équateur, des marxistes soumis au capitalisme le plus grossier, en Colombie, un partenaire libéral des États-Unis et au Venezuela, un marxiste qui a pour vocation de s'enrichir au détriment de son peuple.

Qui dirige l'Amérique du Sud ? En réalité, il s'agit de l'impérialisme monétaire international avec toutes ses ramifications, même si nominalement les dix gouvernements progressistes, dont le mépris de la légitimité de l'exercice du pouvoir facilite le travail de l'impérialisme.

À cet égard, la grande corruption de la classe dirigeante compte pour beaucoup. Pour donner un exemple indiscutable, mille kilos d'or et dix mille kilos d'argent quittent chaque année l'Argentine pour l'Europe et les États-Unis, pratiquement sans payer de taxes. Dans les ports du fleuve Paraná d'où part la substantielle production céréalière (blé, maïs, soja, tournesol), l'évasion fiscale annuelle s'élève à 10.000 millions de dollars, et la déprédation de la pêche dans l'Atlantique Sud par des centaines de navires chinois, espagnols, japonais, norvégiens et anglais demeure incontrôlée.

La culture de l'annulation a fait en sorte que ces questions et bien d'autres ne soient pas abordées. Le titre du film De eso no se habla de Marcello Mastroiani a été imposé.

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Lorsque Perón revint d'exil en 1974, il déclara que l'homme argentin avait étébrisé et qu'il allait être très difficile de le récupérer. Depuis lors, aucune tentative n'a été faite pour récupérer systématiquement notre système de valeurs civiques telles que l'épargne, l'hygiène, la conduite, etc. ; il a été laissé, de plus en plus, à lui-même, sans être encadré. Ces institutions qui ont fait la grandeur de Buenos Aires (la piu grande cita italiana del mondo, selon les mots de Franco Cardini), comme les clubs de quartier, les bibliothèques et les piscines populaires, les écoles qui sortaient dans la rue, les paroisses avec leurs kermesses et leurs camps, tout cela a disparu. L'homme, qui animait tout cela et qui était tapi en chacun d'entre nous, a disparu. Ainsi, nous avons des enseignants qui ne lisent pas, des professeurs qui n'étudient pas, des prêtres qui ne se soucient pas de l'âme mais seulement de leur pitance, des bibliothécaires qui n'invitent pas les gens à lire, les clubs où la drogue et non le sport est la norme, la combinaison de tout cela a fini par promouvoir les médiocres. Et c'est cette médiocrité, aujourd'hui âgée de 40 à 60 ans, qui s'exerce dans les gouvernements progressistes d'Amérique du Sud. 

Que faire d'un sous-continent comme l'Amérique du Sud, qui couvre près de 18 millions de kilomètres carrés, soit deux fois la taille de l'Europe ou deux fois celle des États-Unis. Il possède 50.000 km de voies navigables à l'intérieur qui nous mènent de Buenos Aires à Guaira au Venezuela. Ou de l'Atlantique à Belém do Pará au Brésil à Iquitos au Pérou (lorsque San Martín était gouverneur du Pérou en 1823, il a fait don de son salaire pour construire un navire destiné à contenir l'avancée bandeirante en naviguant sur l'Amazone d'un bout à l'autre). Ce continent possède des minéraux de toutes sortes, des forêts encore intactes. Du pétrole, du gaz, de l'énergie électrique, la plus grande réserve d'eau douce de la planète avec l'aquifère Guarani. Et surtout, il présente un type humain diversifié (environ 440 millions) mais qui a des usages, des manières et des coutumes similaires et qui parle la même langue, car l'homme hispanique, selon Gilberto Freyre, le plus grand sociologue brésilien, parle et comprend sans difficulté quatre langues : l'espagnol, le portugais, le galicien et le catalan. Cet avantage extraordinaire n'a jusqu'à présent jamais été promu comme politique d'État par aucun des dix pays qui le composent.

Toute personne qui nous étudie ne doit pas sous-estimer l'ordre de ces magnitudes. Hegel enseignait déjà que l'ordre des magnitudes, lorsqu'elles sont immenses, les transforme en qualités.

L'inconvénient de ce grand espace est que des puissances coloniales anti-hispaniques comme l'Angleterre (en Guyane, à Trinité-et-Tobago et aux Malouines), la Hollande à Aruba et au Surinam et la France en Guyane y sont toujours installées.

Tous les plans d'unité sous-continentale depuis l'époque de San Martin et Bolivar ont été avortés par la contre-intervention de ces trois pays.

Lors du Forum social de Porto Alegre en 2002, nous avons proposé la théorie du losange avec ses sommets à Buenos Aires, Lima, Caracas et Brasilia comme protection du cœur de l'Amérique du Sud, mais elle n'a pas abouti. Chávez s'est rendu à Cuba et Cuba, comme il le fait depuis 70 ans, stérilise tout projet nationaliste hispano-américain.

J'invite les chercheurs européens à étudier sine ira et studio le processus de cubanisation de Notre Amérique, source de toutes les tentatives ratées d'intégration régionale.

La question de Lénine se pose à nouveau : Que faire ? La dissidence, qui n'est rien d'autre que de soulever, de proposer "une autre version et vision" à ce qui est établi par la pensée unique. Pratiquer la dissidence sous toutes ses formes et de toutes les manières, c'est cesser d'être le chien muet de l'Évangile. La dissidence n'est pas une pensée négative qui dit non à tout. C'est une pensée propositionnelle et existentielle qui part de la préférence de nous-mêmes. Elle rejette l'imitation et s'appuie sur notre genius loci (climat, sol et paysage) et notre ethos (coutumes, expériences et traditions). Vous pouvez consulter mon livre Teoría del Disenso (publié à Buenos Aires, Barcelone, Porto Alegre et Santiago du Chili).

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Enfin, vous pouvez noter que je n'ai jamais parlé d'Amérique latine car c'est un terme fallacieux, faux et trompeur, créé par les Français pour intervenir en Amérique. Vous, les Italiens, le savez très bien, car aucun d'entre vous ne se dit latin, sauf ceux du Latium. Le latin exclut les Basques qui ont tant fait pour l'Amérique depuis l'époque des conquistadors.

Le concept d'Amérique latine est clairement un concept politiquement correct car il est utilisé par tout le monde, l'Église, la franc-maçonnerie, les libéraux, les marxistes et, évidemment, les progressistes, même les nationalistes désemparés.

Ce qui est hispanique en Amérique n'est pas comme en Espagne, qui se limite à la monarchie et à la religion catholique. Ici, ce qui est hispanique nous ouvre à toute la culture méditerranéenne (Italie, France, Portugal, le monde arabe: Syrie, Liban, Maroc). Cela explique pourquoi l'immigration italienne et syro-libanaise, qui se chiffre en millions) en Amérique du Sud a été confortablement acceptée.

La première chose à perdre dans une lutte culturelle est la guerre sémantique, lorsqu'on adopte les dénominations de l'ennemi. Nous sommes hispano-créoles, ni vraiment européens ni vraiment indiens, comme le prétendait Bolívar.

Source: https://posmodernia.com/la-cultura-de-la-cancelacion/