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mardi, 07 mai 2019

Le droit, arme de guerre des Etats-Unis...

 

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Le droit, arme de guerre des Etats-Unis...

Entretien avec Ali Laïdi
Ex: http://www.metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Ali Laïdi au Figaro Vox à l'occasion de la sortie de son essai Le droit, nouvelle arme de guerre économique (Acte Sud, 2019). Docteur en science politique, Ali Laïdi est chroniqueur à France24, où il est responsable du "Journal de l'Intelligence économique". Il est également chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). et enseigne à Sciences Po Paris. Il a déjà publié une Histoire mondiale de la guerre économique (Perrin, 2016).

Comment le droit est devenu l’arme favorite des États-Unis pour s’accaparer nos entreprises

FIGAROVOX.- Comment résumer en quelques lignes l’usage du droit en tant qu’arme de guerre économique? Comment définir l’extra-territorialité du droit américain?

Ali LAIDI.- Les juristes distinguent deux types d’extraterritorialité, notamment à travers la question des sanctions. Il y a d’abord les sanctions primaires, appliquées lorsque l’État américain décide d’interdire à ses sociétés et à tout ce qu’il considère comme étant des «US persons» d’avoir des relations commerciales avec certaines entités, généralement un État. Or dans ce cas précis, selon les juristes, nous ne serions pas dans un cas d’extraterritorialité puisque cette sanction primaire ne s’applique qu’aux US persons. Cependant, la définition de l’US persons aux États-Unis est tellement large qu’une filiale d’entreprise étrangère peut être comprise comme US person et donc tomber sous le coup des sanctions primaires.

Il y a ensuite les sanctions secondaires, qui s’appliquent à tout le monde, toutes les entreprises, qu’elles soient américaines ou étrangères. Dans ce cas-là, certains juristes acceptent de reconnaître qu’il y a une forme d’extraterritorialité.

Mais, pour les géopolitologues, il est évident que l’extraterritorialité se situe à la fois dans les sanctions primaires et secondaires et il est très intéressant d’en étudier les effets, notamment en ce qui concerne les affaires d’embargos ou de lutte contre la corruption, car dans ces domaines-là, le lien avec le territoire américain est beaucoup plus ténu. En effet, dans la plupart des cas recensés depuis un certain nombre d’années, les cas de corruption ont lieu en dehors du territoire américain. Mais un lien peut être établi dès lors que vous allez utiliser le dollar, ou par exemple si vous avez utilisé un compte Gmail dont le serveur se situe en partie aux États-Unis. La définition de la compétence du droit américain sur les faits de corruption à l’étranger est donc extrêmement large, même si elle ne touche pas directement le territoire américain.

Pouvez-vous revenir sur l’affaire Alstom?

C’est en 2010 que les Américains sonnent l’alerte et que le Département de la Justice des États-Unis ouvre une procédure contre le Français Alstom. Des années que la société pratique la corruption, enchaîne les condamnations, pourtant rien ne change. En 2004 et 2008, les justices mexicaine et italienne condamnent Alstom à plusieurs milliers de dollars et à une exclusion pour quelques années des marchés publics pour corruption de fonctionnaires. En 2011, la justice suisse épingle le Français pour corruption et trafic d’influence en Tunisie, Lettonie et Malaisie et condamne Alstom à une amende de plus de 40 millions d’euros. Prévenants, les Suisses qui savent que la justice américaine s’intéresse également à Alstom, lui envoient l’ensemble des pièces de cette affaire. Lesquelles alourdissent le dossier ouvert par Washington.

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Autant dire que les Américains ne manquent pas d’éléments pour aller chercher querelle à Alstom et exiger que l’entreprise lance une enquête interne. Ils passent à l’attaque en 2013 et interpellent un cadre d’Alstom, Frédéric Pierucci, vice-président d’Alstom Chaudière. La rumeur dit même que Patrick Kron est menacé d’un emprisonnement s’il met les pieds aux États-Unis. Pendant que Frédéric Pierucci croupit sous les verrous, Patrick Kron négocie dans le plus grand secret la vente de la branche énergie (Alstom Power) de son entreprise à l’américain General Electric. Malgré la résistance d’Arnaud Montebourg, alors ministre de l’économie, au plus haut niveau de l’État, la messe est déjà dite. On a lâché Alstom.

Le 19 décembre, lors de l’Assemblée générale d’Alstom, le dépeçage d’Alstom est acté. Dans les trois co-entreprises Energie créé dans le plan, General Electric est majoritaire. Les Américains y pilotent les deux directions les plus stratégiques: les directions financières et opérationnelles. Les Français sont cantonnés à la technologie. C’en est fini de l’indépendance atomique française chère au Général De Gaulle. La fabrication des turbines, élément indispensable au fonctionnement de nos centrales nucléaires, passe sous pavillon américain.

Quelles sont les réactions des États visés par ce genre de pratiques? Comment a réagi la France, par exemple, à l’affaire Alstom?

Les Européens ne bougent pas. Angela Merkel reconnaît la légitimité des États-Unis à épingler les entreprises étrangères soupçonnées de corruption. En 2015, des députés français enquêtent sur l’extraterritorialité de la législation américaine mais le rapport n’aboutit à aucune décision politique forte. J’ai beaucoup travaillé sur la réponse de la France en particulier et de l’Europe en général, et le bilan c’est qu’il n’y en a pas. Les Européens sont tétanisés par rapport à ce problème-là, et ils ne savent pas quoi faire. Le plus extraordinaire, c’est qu’ils se plaignent même de ne pas avoir été préparés, alors même que l’une des premières manifestations de l’extraterritorialité date de 1982, lorsque le président Reagan a voulu interdire aux filiales des entreprises américaines de participer à la construction d’un gazoduc entre l’URSS et l’Europe. À cette époque, Margaret Thatcher s’était fermement opposée à la position américaine de vouloir imposer des sanctions aux filiales américaines, ce qui avait fait reculer Ronald Reagan.

C’était donc déjà un signe de la volonté des Américains de s’immiscer dans les relations commerciales et l’autonomie économique de l’Europe. En 1996, il y a eu un second signal avec la loi fédérale Helms-Burton, qui renforçait l’embargo contre Cuba, et la loi d’Amato-Kennedy, qui visait à sanctionner les États soutenant le terrorisme international et qui donnait la possibilité à Washington de punir les investissements - américains ou non - dans le secteur énergétique en Iran ou en Libye. Toute cette expérience n’a donc servi à rien, comme l’illustre tout ce qui se passe aujourd’hui avec le cas iranien. On a l’impression que l’Union européenne repart à zéro, qu’elle n’a pas enrichie sa réflexion sur le sujet.

J’explique cela par le fait que tant qu’il n’y aura pas un cadre général de pensée stratégique économique en Europe, à chaque fois les fonctionnaires de Bruxelles se trouveront dépouillés, car ils ne savent pas comment réagir. En effet, le concept de guerre économique est un concept complètement balayé à Bruxelles où l’on n’a jamais accepté de réfléchir sur la question. L’Europe, c’est la paix, et la puissance est un gros mot à Bruxelles.

L’Union européenne n’est donc pas en mesure de répondre à ces menaces?

En 1996, il y a eu une occasion formidable de réagir face aux lois Helms-Burton et Amato-Kennedy, lorsque les Européens ont décidé d’établir un règlement pour protéger les entreprises européennes. L’Union européenne avait déposé plainte à l’OMC, mais malheureusement elle l’a retirée. Les Européens ont trouvé un accord avec les Américains, et ce fut là l’erreur stratégique. Cet accord reposait alors essentiellement sur la bonne volonté du président Clinton, et sur celle du Congrès qui, éventuellement, n’appliquerait pas forcément les dispositions des lois qui posaient problème. Selon moi, à l’époque il aurait vraiment fallu traiter le problème à la racine et laisser la plainte déposée à l’OMC aller jusqu’au bout. Cela aurait permis de montrer que les Européens n’accepteraient pas ce type de diktat économique.

On mesure aujourd’hui le prix de cette erreur politique des Européens. Le président Trump n’étant pas tenu par la promesse de ses prédécesseurs a décidé très récemment d’appliquer le titre III de la loi Helms-Burton qui autorise les poursuites des entreprises étrangères devant les tribunaux américains. Faut-il déposer une nouvelle plainte à l’OMC? Aujourd’hui, une telle action semble inenvisageable tant les Européens craignent de donner une occasion à Donald Trump de quitter l’OMC. Bruxelles et Paris sont donc systématiquement sur la défensive, ne trouve pas de solutions, et toutes les entreprises européennes ont aujourd’hui quitté l’Iran et peut-être Cuba dans les prochains mois. Et ce n’est pas la plateforme financière de troc promise par Paris, Londres et Berlin pour assurer des relations commerciales avec Téhéran qui va radicalement modifier le rapport de force avec les Américains. L’ambition européenne se limite aux échanges dans les secteurs de l’alimentation et des médicaments. Ce n’est pas cela qui fera revenir Total, Peugeot ou Renault…De plus, les Américains comptent tout faire pour l’empêcher de fonctionner.

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Vous expliquez qu’Airbus sera la prochaine cible de l’extraterritorialité du droit américain...

Depuis le printemps 2016, Airbus Group traverse une zone de turbulence juridique. Thomas Enders, alors PDG de l’avionneur européen (remplacé par Guillaume Fleury) a décidé d’ouvrir le parapluie en se confessant de son propre chef à l’agence britannique de crédit à l’exportation (UK Export Finance, UKEF): son entreprise a oublié de mentionner certains intermédiaires dans plusieurs contrats à l’export. Depuis, les Britanniques et les Français via le Parquet national financier, enquêtent. Thomas Enders pensait couper l’herbe sous le pied des Américains. Mais en décembre dernier, on a appris que Washington avait placé Airbus sous enquête. Il est clair qu’une épée de Damoclès est placée au-dessus de l’avionneur européen. Avec la présence des Américains dans la procédure, la facture risque d’être salée, forcément de plusieurs milliards d’euros.

Les États-Unis sont-ils le seul pays à mettre en œuvre l’extra-territorialité de leur droit? Vous expliquez que c’est beaucoup grâce à leurs services secrets…

Les Américains sont en effet le seul pays à manier leurs lois extraterritoriales de manière aussi intrusive et agressive. Et visiblement cela marche quand vous constatez qu’ils peuvent frapper des entreprises russes et même chinoises (ZTE et Huawai). Les Européens répondent qu’ils possèdent aussi une législation extraterritoriale à travers le Règlement général de protection des données (RGPD) censé contraindre les entreprises du monde entier à protéger nos données personnelles. Mais la loi américaine qu’on appelle le Cloud Act voté en août dernier permet à n’importe quelle autorité de poursuite américaine d’exiger l’accès à nos données quand bien celles-ci sont hébergées en Europe par un Gafa. Les États-Unis sont extrêmement agressifs car, vous avez raison de le noter, ces lois leur permettent de récupérer des millions d’informations économiques qui vont nourrir les bases de données de leurs services de renseignement. Et servir à la protection de leurs intérêts économiques et commerciaux. Il va falloir surveiller la réponse chinoise. Souvent Pékin applique la réciprocité. Il faudra voir comment les Chinois se comportent notamment sur les marchés de la route de la Soie. Ce n’est pas un hasard si les Chinois ont été les premiers à traduire mon livre.

Ces pratiques deviendront-elles systématiques? Ou bien les États-Unis seront-ils contraints de les abandonner?

Elles commencent à poser des problèmes aux Américains. Diplomatiques d’abord. Les relations avec leurs alliés se tendent de plus en plus. Vont-ils finir par se révolter ou accepter un statut plus proche de vassal que d’allié? Vont-ils utiliser les mêmes armes, et dans ce cas, cette affaire pourrait très mal finir... Ou alors se détacher du dollar au profit de l’euro et du yuan? Problèmes sécuritaires ensuite. Les organisations criminelles et terroristes ainsi que les États qualifiés de «voyous» par Washington s’adaptent à la nouvelle situation. Ils trouvent les parades pour parer aux coups de l’Amérique. Le problème, c’est que les lois extraterritoriales américaines sont trop efficaces. Résultat: les entreprises occidentales n’osent plus bouger le moindre petit doigt et désertent certains marchés risqués. Ce qui affaiblit la surveillance américaine, les autorités manquant de sources pour faire remonter les bonnes informations. Du coup, remarquent les spécialistes américains de la sécurité, les outils de surveillance et de contrôle commencent à diminuer. Les entreprises et les acteurs moins dociles, plus opaques, s’en réjouissent.

Ali Laïdi, propos recueillis par Etienne Campion (Figaro Vox, 3 mai 2019)

lundi, 06 mai 2019

Prisonnier politique

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Prisonnier politique

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Judas a vendu le Christ pour trente deniers. En cette période d’instabilité financière, le pathétique président équatorien Lenin Moreno a trahi Julian Assange pour un prêt de dix milliards de dollars accordé par la Banque mondiale, le FMI et d’autres organismes banksters. Au terme de six ans, neuf mois et vingt-deux jours de protection diplomatique, la police britannique a pu arrêter le fondateur de WikiLeaks dans l’ambassade de l’Équateur à Londres, ce 11 avril 2019.

La Grande-Bretagne souhaite juger Julian Assange pour toutes ces années où il a nargué depuis son balcon extraterritorial la méprisable caste britannique. En mauvaise condition physique, le dissident occidental croupit désormais dans la pire des prisons de la perfide Albion. Ses geôliers ne lui pardonneront jamais les nombreuses révélations sur la nature réelle des régimes politiques en vigueur en Occident, ces oligarchies ploutocratiques inféodées à Washington.

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Julian Assange risque maintenant les poursuites de trois États guère fiables sur le plan du droit, trois entités dont le système judiciaire privilégie l’argent, l’intérêt des officines et de leur caste et le politiquement correct, jamais la stricte vérité. Outre des tribunaux britanniques ivres de vengeance, la justice étatsunienne rêverait d’exécuter ce traître d’Australien. Pour quelle raison ? Depuis quand un non-Étatsunien devrait-il la moindre loyauté envers les États faillis d’Amérique ? Quant à la pseudo-justice de Stockholm, elle pourrait relancer des enquêtes autour des sornettes proférées par deux nymphomanes suédoises notoires (oui, on n’échappe pas parfois aux redondance !).

Le sort indigne qui frappe Julian Assange ne suscite guère d’empathie de la part de ses « confrères », les médiacrates. Révélateur fut ainsi le traitement de son arrestation au « 19 – 20 » de France 3 ce jour-là : la présentatrice osa parler de la fin d’une cavale. Plus forte que le paradoxe de Zénon d’Élée, la péronnelle venait d’inventer la « cavale statique » ou « immobile »…

Une pesante opacité entoure dorénavant le quotidien carcéral du plus célèbre prisonnier politique de la planète. Il faut en particulier craindre pour sa vie quand la mortalité en détention y est souvent plus élevée pour les personnalités dérangeantes. Ne peuvent plus en témoigner le penseur européen d’Amérique Francis Parker Yockey et le président serbe Slobodan Milosevic !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 123, mise en ligne sur TV Libertés, le 29 avril 2019.

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dimanche, 05 mai 2019

La chimère du monde unipolaire

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La chimère du monde unipolaire

par V.A. Michurin

Les jugements concernant l’idée selon laquelle nous vivons dans un monde unipolaire peuvent être entendus partout. Les « patriotes » en parlent avec une voix enrouée par la peur et avec un regard de condamnation, les « cosmopolites pro-occidentaux » avec une attitude nettement élogieuse et une tape indulgente sur le bras de l’interlocuteur, les « pragmatiques » lèvent les bras : c’est la réalité, disent-ils. A première vue, de fait, tous les faits confirment cette thèse : après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont devenus le leader évident de tout le monde non-communiste, et après le grand effondrement du « système socialiste mondial » et de l’URSS, et aussi l’affaiblissement de l’héritière de la Russie – la Fédération Russe – au rang d’une puissance plus faible, tributaire des pays occidentaux, les Etats-Unis ont presque automatiquement acquis le rôle de leader mondial. Ils ne veulent pas être évincés de ce rôle, et ils le clament de toutes les manières possibles. Le monde unipolaire est-il donc, réellement, la « Fin de l’Histoire » ? Ou peut-il s’agir d’une illusion qui s’est enracinée dans la conscience de masse ?  Ou un paradoxe historique a-t-il réellement surgi ?

lev-gumilev_1-t.jpgEssayons de donner la réponse, en partant de la théorie de l’ethnogenèse de L.N. Gumiliev [1]. Cette théorie, avant tout, permet d’échapper à ce que Gumiliev lui-même a appelé « l’aberration de la proximité », lorsque « face à face, la face n’est pas vue ». Chacun peut tenter l’expérience : mettez la paume de la main très près du visage – elle semblera plus grande que l’armoire de l’expérimentateur à cinq mètres de là. Si un homme ne connaît pas le concept de la perspective, il y croira toujours. Dans la vie quotidienne, l’erreur est évidente. Mais lorsqu’il s’agit de comprendre des événements modernes avec une perspective vraiment historique, sans une vision objective prenant en compte la régularité de la montée et de la chute des civilisations et des peuples, nous ne pouvons pas l’éviter.

Le problème est que pour la majorité des gens, les événements et les phénomènes modernes semblent toujours magnifiques et faisant date, alors que les anciens semblent recouverts par la poussière des siècles et ne semblent pas aussi significatifs. Il est difficile d’échapper à cette déformation émotionnelle.

Expliquons notre approche de ce thème avec un exemple concret. Toutes les branches occidentales de l’humanité sont déjà entrées jadis dans un nouveau millénaire, en considérant qu’elles étaient dans un « monde unipolaire ». C’était le début d’une nouvelle ère, quand les concepts d’« empire romain », de « monde civilisé », de « monde entier », étaient considérés comme des synonymes par la conscience collective. Cette vision était basée sur de solides fondations – Rome n’avait pas de rivaux puissants, elle gérait plus ou moins efficacement la « pax romana » qui existait alors. La conscience des premiers chrétiens était légitimement liée à une perception unipolaire du monde. Et après ? La « fin du monde » était aussi prévue, et elle survint à l’époque des « grandes invasions ». Les siècles ont passé, et à la place de la partie occidentale de l’empire romain, qui avait toujours paru éternel, un conglomérat varié d’états « barbares » apparut, dont la population ne se rappelait plus du tout l’ancienne tradition. Et maintenant, au XXe siècle, il y a même des gens qui nient en bloc qu’un empire romain ait jamais existé.

Ce que nous voulons dire est que le premier point de vue (le leadership mondial américain comme signe de la « fin de l’histoire ») ne peut absolument pas être pris au sérieux. Le concept de la « dilution du monde dans le marché intégré » sous l’égide des Etats-Unis est une nouvelle sorte de « communisme », c’est-à-dire une propagande-fantôme exigeant un acte de foi, au lieu d’une attitude consciente. Les faits de la présence d’un marché financier mondial, du dollar comme devise mondiale, et d’Internet, n’abrogent pas les lois de l’ethnogenèse, comme la cruelle réalité le démontre constamment.

Tournons-nous donc vers les faits réels.

*   *   *   *   *

Aux XVIIIe et XIXe siècles, en Amérique du Nord, à partir des descendants de colons venant de régions d’Europe à prédominance protestante – Anglais, Hollandais, Allemands, Français, Scandinaves –, une ethnie complètement nouvelle se développa, mais qui appartenait en même temps indubitablement à la civilisation occidentale. Elle sera correctement nommée WASP (White-Anglo-Saxons-Protestants) ou Yankee, pour empêcher une confusion avec le concept juridique d’Amérique. Pour les contemporains, il devint bientôt évident que les anciens habitués des salons de thé de Boston ou les Minutemen n’étaient pas simplement des insurgés contre les autorités anglaises, mais quelque chose d’essentiellement nouveau.

La nouvelle ethnie se développa à partir des représentants les plus « passionnés » des ethnies protestantes d’Europe [2]. Ces gens ne savaient pas comment utiliser leurs forces dans leur pays natal et avaient en eux suffisamment d’énergie pour traverser l’océan et s’adapter à des conditions inhabituelles et plutôt dures. On pourrait dire que la colonisation de l’Amérique du Nord et l’apparition à cet endroit d’une ethnie nouvelle en expansion vigoureuse fut la dernière manifestation sérieuse de « passionnarité » venant de la super-ethnie occidentale [3]. La « frontière », la conquête de l’Ouest Sauvage [Wild West] (c’est-à-dire un paysage complètement nouveau), représente en elle-même la dernière grande communauté de « passionnés » générée par la civilisation européenne. Après cela, au XXe siècle, l’Occident donna naissance à un grand nombre de personnalités brillantes, mais dans l’ensemble les « passionnés » restèrent des exceptions plutôt que la règle, dans les ethnies occidentales, leur proportion étant insignifiante et décroissante avec le temps.

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Les Etats-Unis créèrent un système ethnico-social assez raisonnable, basé sur la non-ingérence dans les coutumes des divers groupes de colons et sur la tolérance ethnique (c’est précisément ce système qui permet jusqu’à ce jour l’existence du conglomérat poly-ethnique nord-américain). En Amérique se précipitèrent aussi les fractions actives d’autres peuples éloignés des protestants mais capables de cohabiter avec eux dans le cadre du système américain : les Irlandais, les Polonais, les Italiens, les Juifs. Un rôle singulier fut joué dans la vie du pays par les Juifs d’Europe de l’Est, dont la « passionnarité » au XIXe siècle et au début du XXe était très élevée.

A la longue, les Etats-Unis devinrent le refuge des aventuriers du monde entier, cherchant un meilleur sort, représentants les ethnies et les civilisations les plus diverses. Certains d’entre eux devinrent de loyaux citoyens des Etats-Unis, trouvant un langage commun avec la majorité ethnique du pays. Certains se rassemblèrent dans des mafias ethniques fermées. Le poids spécifique de la fraction des ethnies plutôt éloignées du stéréotype de comportement européen s’accrut constamment dans la composition des immigrants (le pourcentage des immigrants originaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine dans la composition de ceux qui s’établissent définitivement aux Etats-Unis est passé de 12% en 1951 à 88% en 1990 – I. Tsanenko, Social and Political Consequences of International Population Shift, MeiMO, N° 3, 1999, pp. 59-63). En conséquence, l’Amérique s’est transformée en un conglomérat de peuples, loin d’être toujours proches (complémentaires) les uns des autres –, ce qui génère des conflits ethniques sporadiques, et pas seulement cela. Gumiliev a démontré que la montée des Weltanschauungen [visions-du-monde] négatrices de la vie (anti-systémiques) est liée aux zones de contacts ethniques négatifs. Ces phénomènes, à un degré maximum, sont caractéristiques des Etats-Unis : ainsi l’apparition de sectes totalitaires complètement non-naturelles, la croissance de la violence gratuite, et le niveau croissant de criminalité.

Tous ces facteurs contiennent un énorme potentiel d’instabilité pour la société multiethnique américaine. En partant de l’hypothèse qu’à long terme les Etats-Unis seraient capables de conserver leur rôle dans le monde et un état stable de leur économie, étroitement lié à ce rôle, il est possible de formuler le pronostic suivant : la société américaine restera solide tant que l’ethnie de base (Yankees – protestants) conservera un niveau de « passionnarité » suffisant pour maintenir en ordre l’actuel système social, et tant que les groupes ethniques du pays ne seront pas contraints par une politique d’Etat à un mélange artificiel. Si l’Amérique devenait réellement un melting-pot, au lieu d’une cohabitation des ethnies, cela serait la garantie de sa ruine rapide.

*   *   *   *   *

Les raisons pour lesquelles l’Amérique est devenue au XXe siècle l’incontestable leader de l’Occident sont, pour le chercheur familiarisé avec la théorie de l’ethnogenèse, aussi évidentes que le sont les raisons de la venue de l’été après le printemps pour des climatologues. Les Etats-Unis ont simplement joué le rôle d’une « pompe aspirante » absorbant les gens les plus forts et les plus entreprenants de toute l’Europe, c’est-à-dire concentrant en eux [= aux Etats-Unis] le fond génétique européen de « passionnarité ». Grâce à celui-ci, la récession générale de « passionnarité », inéluctable pour la super-ethnie occidentale, eut lieu aux Etats-Unis beaucoup plus lentement qu’en Europe.

En plus de cela, il est nécessaire de dire que la destinée historique de l’Amérique avec sa situation géographique au XXe siècle étaient simplement extrêmement favorables. Sa situation devint très favorable dès la fin de la Première Guerre mondiale. A cet égard, la promotion des Etats-Unis à un rôle dirigeant commença déjà à rencontrer un obstacle avec la « passionnarité » décroissante de leur population, composée de gens actifs, pragmatiques et respectueux des lois, ne pensant qu’à accroître leur bien-être, au lieu de penser à la mission mondiale de leur pays – c’est-à-dire des gens représentant la phase inertielle de l’ethnogenèse. Ces gens trouvaient naturelle et évidente l’idéologie de l’isolationnisme, qui peut être exprimée par ces mots : « Pourquoi nous charger d’un autre problème ? ».

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Bien que cela puisse sembler paradoxal, il est cependant possible de dire que ceux qui ouvrirent la voie au leadership mondial américain furent les Japonais, provoquant la guerre du Pacifique en attaquant Pearl Harbour en 1941. Le puissant lobby isolationniste, qui ne laissait pas l’Amérique entrer dans la guerre, fut obligé de céder. Les événements ultérieurs se développèrent selon une logique implacable. Le Japon n’avait aucune chance de gagner contre les Etats-Unis (à cause de l’énorme disparité entre les potentiels d’économie de guerre) et était entré en guerre seulement à cause d’un surplus de « passionnarité » de type oblatif, qui avait surgi massivement en résultat de la poussée de « passionnarité » qui transforma le Japon après la révolution de Meiji. Tous les jeunes officiers japonais souhaitaient périr pour l’Empereur, et le gouvernement du pays ne pouvait rien faire contre cela (il est intéressant de noter que, une fois débarrassé du surplus de « passionnarité » qui était un obstacle à la vie, le Japon réalisa d’importants succès économiques dans les années d’après-guerre. La guerre joua pour le Japon un rôle similaire à celui d’une saignée pour les hypertendus). Etant entrés en guerre, les Etats-Unis la menèrent selon leurs inclinations, représentations et possibilités, c’est-à-dire en créant – grâce à l’invulnérabilité de leur territoire face à l’ennemi – un complexe militaro-industriel d’une dimension absolument sans précédent, permettant à l’armée de conduire la guerre en usant d’une supériorité technique quantitative (et souvent aussi qualitative) écrasante.

On pense généralement que si l’Amérique n’était pas entrée en guerre, les pragmatiques Américains auraient difficilement commencé à investir dans la création d’un aussi vaste complexe militaro-industriel. Mais dès que cette branche hypertrophiée eut été créée, elle se transforma dans les années d’après-guerre en une force autonome poussant les Etats-Unis à adopter un style de comportement plus actif, plus « puissant », sur la scène mondiale.

Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis eurent à nouveau de la chance : ils trouvèrent un ennemi idéal – le communisme, qui leur permit de rassembler tout le monde non-communiste sous leur égide, et qui n’avait aucune chance de remporter une victoire définitive (pour beaucoup d’Américains, et aussi pour Staline, il était évident que même les espoirs les plus illusoires de « victoire mondiale du communisme » étaient morts le matin du 22 juin 1941).

Les Etats-Unis tirèrent avantage de tous les avantages de leur situation. Ils se subordonnèrent les restes de « passionnarité » de l’Europe Occidentale, épuisée par la guerre et égarée, et s’attachèrent le Japon, ils introduisirent le dollar comme équivalent monétaire mondial, remplaçant dans les faits l’or lui-même. Les succès américains se déroulaient parallèlement à un déclin constant de la « passionnarité » de la population du pays. Après avoir vaincu le Japon, trente ans plus tard les Américains perdirent au Vietnam, bien qu’ils aient utilisé la même stratégie d’usage massif d’une puissance militaro-technique écrasante. Les recrues étaient simplement d’une autre génération.

Ensuite, les Américains et leurs alliés poussèrent habilement l’URSS à sa dissolution, en stimulant le processus objectivement rapide de désintégration de son élite politique. Après août 1991, la « force des choses » elle-même, ainsi que la politique rigoureuse de leur gouvernement, avaient porté les Etats-Unis à une position dirigeante dans le monde.

Et maintenant ?

*   *   *   *   *

Maintenant, nous voyons un paradoxe historique, où le leader mondial est un pays avec une population apathique, bien que travaillant dur, généralement pas intéressée par la politique étrangère (chacun sait que dans les campagnes électorales des candidats à la présidence US, les questions de politique intérieure sont absolument prédominantes, et selon les sondages

13% seulement des Américains sont favorables à ce que les Etats-Unis deviennent l’unique leader mondial pour la solution des problèmes internationaux – Z. Brzezinski, The Grand Chessboard, Moscou 1998, p. 249). La puissance militaro-technique des Etats-Unis est incontestable, mais il existe un certain nombre de limitations externes et internes, qui ne permettent pas à cette puissance de devenir une arme absolue capable de mettre le monde entier à genoux.

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Remarquons qu’après le Vietnam, la force militaire a été utilisée par les Américains seulement dans des cas où des pertes humaines significatives dans leur camp étaient exclues (Irak, Serbie). En cela, les Etats-Unis ressemblent à un homme qui de temps en temps frappe son chien juste pour lui montrer « qui est le maître dans la maison ». Face à des centres de force, ou « pôles », sérieux (Chine, Inde, Iran, et récemment même la Russie), les Etats-Unis se comportent plus poliment, visant moins à imposer qu’à manœuvrer. Les Etats-Unis ont donc tendance à beaucoup insister sur leur « leadership mondial » dans un but de propagande, et en retirent un bénéfice très concret.

Economiquement aussi les Etats-Unis sont très forts, pas tellement en tant qu’hégémonie et dictateur mondial, mais en tant que l’un des secteurs importants de l’économie mondiale, représentant un système uniforme se développant selon ses propres lois. En même temps, il est déjà impossible de dire que leur rôle soit beaucoup plus important que celui de la « Grande Chine » ou celui de l’Europe unie (la part des Etats-Unis dans le PNB mondial a diminué – en 1950 elle constituait environ 30% et elle atteint aujourd’hui à peine plus de 20% – MEiMO, n.s. 10, 1999, p. 27 – et leur part dans les exportations mondiales a chuté encore plus fortement, de 60% en 1950 à 12-13% aujourd’hui).

Le monde unipolaire est une chimère. La réalité est une chose différente. Une élite essentiellement cosmopolite, basée sur la « continuation transocéanique de l’Europe » faible en « passionnarité » mais pragmatique – les Etats-Unis –, exploitant correctement une situation historique mondiale unique qui prit forme grâce au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, a maintenant gagné plus de poids dans le monde que toute autre élite. Elle a ainsi habilement joué sur les contradictions existantes dans le monde moderne (en fait, multipolaire), construit par un processus en fait contemporain. Le mythe de la puissance éternelle et indestructible de l’Amérique est donc une efficace arme de propagande et d’intimidation.

Les perspectives d’existence des Etats-Unis dans le présent et difficile monde « pseudo-unipolaire » dépendent de savoir si l’élite politique américaine peut rester en équilibre sur la corde, en empêchant les processus de croissance de « passionnarité » dans diverses régions du monde (avant tout, en Eurasie) de passer cette limite critique où le contrôle US sur les endroits stratégiques importants et les sources de matières premières serait perdu, ce qui en retour pourrait saper la position militaire et économique mondiale américaine. Si cette limite était franchie, la destinée future des Etats-Unis serait pitoyable : ils deviendraient un Etat lointain et pas particulièrement intéressant, dont l’élite politique resterait face à une population ethniquement variée, ayant perdu le très haut niveau de vie qui ne servirait plus de stimulant pour rester dans le cadre du système social existant de nos jours.

En dépit des incontestables avantages de l’actuelle situation des Etats-Unis dans le monde, la tendance basique mondiale à long terme (et peut-être pas à si long terme) leur est défavorable : la « passionnarité » de la civilisation européenne vieillissante et de sa partie transocéanique va en diminuant, alors qu’elle augmente dans de nombreuses nations du monde – certaines d'entre elles étant loin d’être prêtes à se résigner à l’actuel rôle mondial des Etats-Unis. Tout cela justifie parfaitement le sentiment d’« alerte historique, et probablement même de pessimisme » qui, comme l’écrit Brzezinski dans le livre susmentionné (p. 251), « commence à être perçu dans les milieux les plus conscients de la société occidentale ».

Originellement publié dans « Deti feldmarshala », n° 6, 2000.

Republié avec des modifications mineures sur : http://kulichki.rambler.ru/~gumilev/MVA/mva03.htm

Notes de la rédaction (M.C.)

[1] Lev Nikolaiévitch Gumiliev (1912-1992), historien, orientaliste, ethnologue et archéologue russe. Selon la théorie de l’ethnogenèse de Gumiliev, une ethnie (« un phénomène à la frontière de la biosphère et de la sociosphère ») n’est pas un « état » mais un « processus », caractérisé par sa propre structure particulière, son propre stéréotype comportemental et ses propres phases de développement (la période créative, la période de réalisme ou période inertielle, la période de déclin). [Il est intéressant de comparer les idées de Gumiliev à celles d’Oswald Spengler et d’Arnold Toynbee, NDT].

Une courte biographie et une version abrégée de son livre Ethnogenesis and the Biosphere peuvent être trouvées en langue anglaise sur le site d’Artiom : http://artiom.home.mindspring.com/gumilev/

[et aussi sur www.cossackweb.com/gumilev/contents.htm]

[2] Le mot russe « passionarnost » (« drive » étant son équivalent anglais) a été introduit par Gumiliev pour identifier le « facteur X » de l’ethnogenèse, l’impulsion anti-entropique dont le jaillissement est typique de la période créative d’une ethnie. Le processus de l’ethnogenèse, dans son ensemble, peut être décrit comme une perte plus ou moins intensive de la « passionnarité » du système.

[3] La super-ethnie est un groupe d’ethnies qui sont apparues en même temps dans une certaine région et qui se manifeste dans l’histoire en tant qu’unité d’une mosaïque d’ethnies.

 

 

 

DOUGUINE : Israël nous rapproche de l’Armageddon – la Déclaration de Trump sur les Hauteurs du Golan est de mauvais augure

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DOUGUINE : Israël nous rapproche de l’Armageddon – la Déclaration de Trump sur les Hauteurs du Golan est de mauvais augure

Par Natalia Makeeva

La reconnaissance par le président américain Donald Trump de la souveraineté israélienne sur les Hauteurs du Golan continue à être discutée par des politiciens et des figures publiques autour du monde. Le décret correspondant a été signé par le dirigeant américain le jour d’avant, le 25 mars 2019. La Syrie a déjà déclaré que par cette mesure Trump a piétiné la loi internationale.

L’Agence d’Information Fédérale (FAN) rappelle que depuis de nombreux siècles, tout ce qui arrive en Israël, en Syrie et dans cette région est souvent interprété par une partie de la tradition intellectuelle à travers des interprétations chrétiennes, juives et islamiques comme associé à la Fin du Monde. FAN a discuté de cela avec le leader du « Mouvement Eurasien » international, le philosophe et politologue Alexandre Douguine.

Au début de la conversation, le philosophe a expliqué l’essence de l’Etat d’Israël du point de vue de la tradition religieuse juive.

« L’actuel Etat d’Israël est un simulacre. C’est une proclamation antisémite et antijuive dans tous les sens de ces concepts », assure Douguine. « Si vous le regardez depuis le judaïsme, c’est une parodie. En tant que partie du modèle eschatologique juif [décrivant la fin du monde], sa mission est une pure imposture. Le fait est que dans le judaïsme, dans l’histoire juive, le retour des Juifs dans la Terre Promise doit survenir au moment de l’arrivée du Moshiach [= le Messie]. Tant que le Messie ne vient pas, ils n’ont pas le droit religieux de revenir ici. L’Etat d’Israël est un obstacle pour le Messie. [Il faut choisir :] Le Moshiach ou Israël. »

Par conséquent, d’après Douguine, pour que le Moshiach puisse venir, Israël doit cesser d’exister, parce que c’est un simulacre, une tentative de remplacer le divin, du point de vue du judaïsme, par la volonté humaine.

Douguine  explique que la reconnaissance des Hauteurs du Golan par Trump amène la Fin du Monde.

Quant à Trump, d’après l’interlocuteur de FAN, il est loin des sujets religieux.

« Trump, bien sûr, est un réaliste et un politicien complètement séculier. Il cherche des alliés parmi les mouvements conservateurs de droite, sans prêter attention à la religion à laquelle ils appartiennent », explique Douguine. « Il a misé sur quelques politiciens, en particulier sur Netanyahu. En même temps, Trump est absolument indifférent aux questions eschatologiques et elles n’ont pas de sens pour lui. Il soutient des politiciens simplement en raison des nécessités politiques ».

Quant au Golan, l’idée de reconnaître les droits d’Israël sur les Hauteurs du Golan de la Syrie, qui sont occupées par cet Etat [Israël], est une mesure purement politique.

« De mon point de vue, cela rend finalement plus proche l’effondrement de l’Etat d’Israël », dit Alexandre Douguine. « L’Amérique, représentée par Trump, peut temporairement soutenir Netanyahu, mais plus Israël agit agressivement et audacieusement, plus l’hostilité envers lui grandit, non seulement de la part de la population arabe mais aussi de la part d’autres pays ».

Par conséquent, conclut l’interlocuteur de FAN, le seul résultat de cette reconnaissance sera l’approche de la fin de l’Etat d’Israël.

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« Et c’est la signification eschatologique », Douguine en est convaincu. « Lorsqu’il s’effondrera, les Juifs se retrouveront face à une nouvelle expulsion, recherchant un nouveau foyer, et alors, du point de vue des Juifs traditionnels, l’obstacle à la réalisation de leur scénario eschatologique sera éliminé. C’est dans ce sens et seulement dans ce sens que j’interprète la décision de Trump, qui est simplement un instrument du destin. Plus tôt l’Etat d’Israël s’effondrera et disparaîtra de la face de la terre, plus tôt dans la perspective juive – c’est-à-dire de leur point de vue, le Moshiach viendra et plus tôt le [véritable] Etat apparaîtra, de leur point de vue. »

« D’un point de vue chrétien, tout sera différent », remarque-t-il.

En même temps, d’après Douguine, les cercles fondamentalistes protestants n’ont pas beaucoup d’influence sur Trump, il est bien plus probablement un homme séculier – un playboy, un réaliste politique.

« D’une manière générale il est de droite, conservateur, et il traite bien les religions. Mais il ne comprend pas la théologie protestante – il a un profil complètement différent, un style différent. Il ne s’y intéresse pas, cela ne compte pas. Et il voit tout à travers des catégories politiques réelles. Et les lignes plus profondes du destin et de l’humanité motivent les actions des pays ou de leurs dirigeants contre leur volonté, sans qu’ils s’en rendent compte, qu’ils comprennent ce qu’ils font ou qu’ils ne le comprennent pas », conclut le philosophe.

Rappelons que les Hauteurs du Golan sont un territoire disputé entre Israël et la Syrie, dont ils firent partie entre 1944 et 1967. En résultat de la dénommée Guerre des Six Jours en juin 1967, le territoire fut envahi par Israël. En 1981, la Knesset israélienne proclama sa souveraineté sur le Golan, mais cette décision ne fut pas reconnue par le Conseil de Sécurité de l’ONU. En 2018, les hauteurs furent complètement capturées par des militants islamistes. Durant l’été 2018, l’Armée Arabe Syrienne parvint à les chasser de la région.

Les Hauteurs du Golan sont un territoire important pour au moins deux raisons : l’accès aux réserves d’eau dépend du contrôle de ces hauteurs, et elles sont aussi d’une importance stratégique d’un point de vue militaire.

Source

[Dans un article il y a quelques années, le philosophe russe disait déjà : « Le problème d’Israël n’est pas géopolitique ou économique. Il est théologique. Leur Messie ne vient pas. Les calculs juifs disent unanimement : il est grand temps, il devrait sûrement se hâter. Si les USA tombent, il y aura presque immédiatement un pays de moins au Moyen-Orient. Devinez lequel ? Donc il doit vraiment venir, parce que toutes les actions politiques et militaires des Juifs dans la seconde moitié du XXe siècle furent orientées vers sa venue. S’il attend encore, ils sont perdus. Il ne viendra pas, ni maintenant, ni plus tard. C’est vraiment une mauvaise nouvelle. Une mauvaise nouvelle pour les bon Juifs. Ils pourraient promouvoir un simulacre du genre Sabbataï Zeevi. Un Messie virtuel. Ils le peuvent peut-être. Et ils le feront peut-être. Ce sera encore pire pour eux. Internet ne peut pas les sauver. Ni le veau d’or, ni un gros mensonge. » (Alexandre Douguine, « The end of Present World. Post-American future », conférence de Londres, octobre 2013). – NDT.]

 

 

 

samedi, 04 mai 2019

If Mr. Dugin is demonized by the ”Washington Post”, that means he's right

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If Mr. Dugin is demonized by the ”Washington Post”, that means he's right

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

It is well known that the ”Washington Post” is one of the most important tentacles of the octopus called mainstream or corporate media which is at the service of the great capital, of globalism that undermines the sovereignty of all states, causes huge economic discrepancies, poverty, misery and suffering everywhere.  But in the last few years the dominant media has lost a lot of its credibility. And this, first of all, thanks to the honest intellectuals who criticize the System of the new kind of devastating imperialism that seriously affects all peoples of the world. In the last twenty years, among the world's most influential scholars who present a profound, complex and coherent analysis of the spiritual, cultural, political and economic essence of financial capitalism, neoliberalism, the West's civilization exclusivity, which pretend to be the superior and obligatory model for the rest of the world is the Russian conservative philosopher Aleksandr Dugin. His books are translated  and published regularly in many countries, his presence at various international conferences has an enormous impact. His notoriety has become so great on a global scale that liberal virus promoters, corporate media propagandists can no longer ignore him. And the following article is a suplimentary argument in that sense: https://www.washingtonpost.com/outlook/2019/04/16/why-far...

A first remark about this article is that in fact the authors try to defame US political strategist Steve Bannon, but devoted almost all of the text to Dugin's denigration. Or, more precisely, Bannon's association with Dugin should be compromising for the one who, as the author of the article claims, would be inspired by the books of the Russian thinker. That is why Dugin's demonization has become a priority for the servants of the System. In this sense, Dugin's ideological opponents have some success. Their purpose is not just a banal disinformation of the public by using all the denigratory terms of the religion of political correctness. 

One of the basic targets of the attacks against him, along with the clear intention of compromising the person and hence of his thinking, is the intimidation, ostracizing and defamation of all intellectuals who meet or even intend to cooperate with him. Thus, a few years ago in Romania was published a so-called Dugin list, which included writers, scholars, journalists and other well-known intellectuals with whom he had met during his visits to this country. Then a real witch-hunt took place, the mainstream media terrorizing those people, asking them for explanations and especially to publicly dissociate themselves from the relationship with the Russian philosopher.  The intimidation force of such a campaign was so strong that some hesitated, was forced to give incoherent explanations, and to justify that they had nothing in common with Dugin's ideas.

But why is this article published just now? There would be some explanations in this regard. First, because Steve Bannon has repeatedly declared that he is determined to give his full support to sovereignist, patriotic and eurosceptic political forces. His close relationship with Viktor Orban, Matteo Salvini and Marine Le Pen as well as his intention to contribute to the victory of the new vave of populist poltical forces in the European Parliament elections raises concerns in the camp of global players such as Soros, whom Bannon defeats directly. Then, several major political events in recent years have created panic in the camp of globalists. Trump's success at the last presidential election in the US (largely thanks to Bannon), the Brexit, the creation ruling coalition between two apparently incompatible parties in Italy, opposition from the Visegrad group countries to Brussels, the movement of the Yellow vests in France, the rise of AfD in Germany etc. show that the project of a unipolar world under the dictate of American imperialism is about to collapse. At the same time, the presence of Russia in Syria, her co-operation with China, Iran, and even with Turkey, its co-operation with Venezuela's legal government weakens even more American hegemony. In this sense, the Multipolar World Theory, conceptualized by Dugin is increasingly shared by many countries of the world.

Dugin became the number one enemy of globalists not only because of his exceptional ability to theorize the great challenges of our time. He is not just a scholar who writes his books and remains isolated from the great public debates. Dugin as a public figure is the one who scandalize and disturb istablishment who has been accustomed for decades to arrogantly exercise his monopoly on the truth. His merit lies equally in the exemplary assumption of the role of a militant with a dynamic presence in the capitals of different countries with a colossal impact. But the most serious crime of the Russian political philosopher before the masters of the dominant discourse is that he is a profoundly religious man who confesses openly his Orthodox faith. In a world of aggressive hyperliberalism, in which secularism has become a state religion, confessing your Christian faith has become an unacceptable attitude. 

That's why the statement which is repeated in this article that Dugin is ”The Most Dangerous Philosopher in the World” for his influence of world politics” is the greatest compliment to him, a true title of glory. But for who is the Russian thinker dangerous? For the system of market fundamentalism, for international law violators who practice criminal military aggression against sovereign countries? For the promoters of the apocalyptic project of transhumanism? For the apostles of the culture of death, of consumerism, of mass subcultures, of the destruction of civilizations, countries and peoples through the direct aggression and economic neo-colonialism? In this respect, Dughin's detractors' statement is a totally true one, to which we enthusiastically subscribe. 

Dugin is admired by normal men who have preserved their mental integrity and discernment for the same reasons why they are denied by liberals who represent the last stage of spiritual blindness and moral degradation. He is a follower and a theorist of Tradition, of the perennial religious and civilization values, of the family and the state of normality that are severely affected by the deadly epidemic and apostate Modernity. He knows that in the struggle between God and Satan neutrality is an infamy. In this spiritual war that takes place in the soul of every man, but also at the geopolitical level, he made his own choice, which is a total, fully assumed and irreversible. Dugin is not confined to ephemeral opinions or preferences. He has firm convictions, which he can develop brilliantly in his books and speeches. That is why it is dangerous for liberal totalitarian system.

I would like to mention that I am the translator, editor and promoter of Dugin's books in the Republic of Moldova and Romania. I translated "The Fourth Political Theory", "The Theory of the Multipolar World," "Eurasian Mission," "International Relations," as well as many articles by this author, which we included in the anthology published in 2017 in Chisinau and in Bucharest "Eurasian Destiny". I have read many other books signed by Dugin. I would like to say that I am an old anti-Communist and anti-Soviet militant, and as a patriot of my country who detests any kind of foreign domination, I can confirm that Dugin is far from any idea of religious, cultural, civilization, racial or politico-military supremacy. 

ad-eb-1.jpg"Washigton Post" listed the whole series of invectives against Dugin. Nothing new in this. They represent the propaganda tics of the servants of liberal globalism, who feel that their system of world domination is about to fall inevitably. The spring of the peoples engaged in the total battle for the restoration of national sovereignty becomes a global phenomenon that can no longer be stopped. And Dugin is one of the most vocal spiritual and ideological leaders who brings together intellectuals and political movements from whole continents engaged in the collective effort to regain the freedom stolen by this new type of extraterritorial imperialism. 

The work of this philosopher is full of admiration for all the civilizations, cultures, languages and religions of the world. His monumental work, "Noomahia," comprising more than twenty volumes, is an exceptional synthesis of the peoples' logos all over of the world. It elevates this scholar to the highest stage of science on man and society. To declare him a fascist, xenophobic, racist thinker who has so much admiration and respect for the ethno-cultural diversity of all peoples is not more than a stupid joke.

Returning to the denigratory article against Bannon, I would like to return to the reader's attention a quote from his speech launched on March 10, 2018 in front of the congress of the French National Front. In his speech, he showed his full support for populist, sovereignist, anti-system European parties:

“What I’ve learned is that you’re part of a worldwide movement, that is bigger than France, bigger than Italy, bigger than Hungary — bigger than all of it. And history is on our side,” he said. “The tide of history is with us, and it will compel us to victory after victory after victory.”

And continued: 

 “Let them call you racists. Let them call you xenophobes. Let them call you nativists”. In other words, Bannon's call for European patriots is not to be intimidated by the pernicious accusations of corporate media. Well, denigration and demonization of the opponents of international mafia like Soros network continues. And this is a sure sign that European populists are on the right track. This shows that Dugin and his followers everywhere are not just right, but also successful. 

Nearly a year ago, I published an article about Bannon's initiative to support European populist movements. (https://www.geopolitica.ru/en/article/movement-gravedigge...). Some of my foreign friends found my text too enthusiastic. Some European dissidents, of whom I have a special respect, have published critical articles on this initiative. I do not negate their arguments. I just want to say that as we all welcomed Trump's election, no matter how he later evolved, as we applauded Brexit, no matter what the later maneuvers was made, I looked with sympathy for Bannon's public statements. For the simple reason that all these phenomena are symptomatic and demonstrate that the wave of revolt against the current state of affairs is steadily increasing.

In conclusion I would like to repeat the following. I am proud to say publicly that I am a friend of Aleksandr Dugin. We are at the same side in this total spiritual, intlectual and political war against our common ennemies who are the enemies of all nations.  The Chisinau Forum, which is a joint initiative of dissident intellectuals from several countries, created in 2017 as a platform for discussion and development of geopolitical, economic and cultural alternative visions, has as its leader Dugin. For the simple reason that he is the most representative and respected among us. Of course, those who are afraid of the system's repression and do not take the risk of being with us can still remain in expectancy. It is the choice of those who prefer personal comfort and thus miss the direct participation in the great transformations of our time. 

As for myself, I remain with Dugin. 

Iurie Roșca,

Journalist, editor 

Chisinau, Republic of Moldova,

22th April

If some English-speaking people is really interested to better understand the vision on Mr. Dugin it might be useful for them to read at least the book Mark Sedgwick ”Against the Modern World: Traditionalism and the Secret Intellectual History of the Twentieth Century”, or even better the author's books. 

Un autre regard sur la Syrie

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Un autre regard sur la Syrie

par Yannick Sauveur

Ex: http://leblancetlenoir.com

RETOUR DE SYRIE

Cela n’étonnera que ceux qui s’ « informent » via les media du Système mais on peut aller en Syrie. Non, ce pays n’est pas fermé, rien n’empêche d’y aller même si le tourisme a très fortement diminué depuis le début de la guerre (2011), nous y avons rencontré des Français, une Suissesse, des Norvégiens. La chute du tourisme a pour conséquences une baisse des rentrées de devises, une répercussion économique sur le niveau de vie des commerçants, des artisans, des hôteliers, des voyagistes,... Certains se reconvertissent.

Aller en Syrie n’est certes pas anodin. Il faut naturellement un visa qu’on peut obtenir soit au consulat en France, soit directement sur place à la frontière, solution que nous préconisons et il vous en coûtera 60 euros. Si le voyage par ses propres moyens est possible, il nous paraît préférable de recourir à un voyagiste. Nous avons utilisé les services de la Communauté Syrienne de France (CSF)[1] qui organise l’accueil de groupes de Français  deux fois par an. La responsable de CSF, une Syrienne, parfaitement bilingue français / arabe, est bien introduite au sein des milieux officiels syriens, ce qui est indispensable pour la réussite d’un tel voyage.

Pour avoir connu la Syrie avant la guerre (2008), il n’étonnera personne que bien des choses ont changé, ainsi des contrôles, nombreux. La population s’y est parfaitement adaptée, ce qui est bien compréhensible dans un pays qui a vécu au rythme des attentats et qui est loin d’être sécurisé en totalité.      

À Damas, la vie est toujours aussi intense avec un trafic automobile encore plus important que par le passé. L’afflux de population réfugiée est une explication à ce surcroît de trafic. La vie est normale, les gens travaillent, consomment, rient, fréquentent les cafés. Partout, nous retrouverons cette hospitalité caractéristique du peuple syrien.

C’est avec bonheur que nous avons retrouvé les merveilles architecturales damascènes : la mosquée des Omeyyades, le palais Azem, mais également le tombeau de Saladin, le souk, le Musée National[2], lequel est à nouveau ouvert depuis l’automne 2018. Sa fermeture et la protection des trésors du Musée a permis leur sauvegarde à l’inverse des pillages qui se sont produits en Irak. Là aussi, preuve est faite que l’État est debout et bien présent, ce qui est à mettre au crédit du gouvernement syrien et de son président. Est-il besoin de préciser qu’avant la guerre, la situation économique de la Syrie était saine, le pays était autosuffisant, n’ayant pas de dette extérieure. Le taux d’analphabétisme était de 1 % et la Syrie était le troisième pays le plus visité des pays arabes. Pendant la guerre, les fonctionnaires ont toujours été payés y compris ceux qui se trouvaient dans des zones contrôlées par les terroristes. Tel est ce pays que la Coalition internationale, les USA et ses larbins ont attaqué via leurs supplétifs et terroristes de tous poils formés, financés, armés par l’Occident, le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Les media occidentaux se plaisent à présenter la Syrie de façon schématique : la minorité alaouite, celle à laquelle appartient le président Al-Assad, dirige le pays et occupe tous les leviers. En réalité cette présentation est inexacte et partiale. La Syrie est d’abord et avant tout un État et non une addition d’ethnies et/ou de religions. On est citoyen syrien avant d’être de telle ethnie ou de telle religion. La Syrie est un pays laïc, authentiquement laïc, respectueux des religions et des minorités. On peut se balader partout en Syrie, à Damas ou dans toute autre grande ville, dans les coins les plus reculés, il y règne la même harmonie, la même tolérance, peu importe qu’on soit alaouite, sunnite, chrétien,… aucune tension n’est perceptible, ce que nous a confirmé le Père Elias Zahlaoui[3], de l’Église ND de Damas, que nous avons rencontré et qui, anecdotes à l’appui, nous a fait part de la qualité des relations entre musulmans et chrétiens.

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En quittant Damas, nous avons laissé les embouteillages pour rejoindre l’autoroute Damas-Alep. Peu après Damas, nous avons pu voir ce qu’il reste de Duma (à l’Est de l’autoroute). L’ampleur des destructions (il ne reste que des ruines) donne un aperçu de la violence des combats dans cette zone où cette partie d’autoroute était coupée. Nous poursuivons sur l’autoroute en direction de Homs puis bifurquons vers Tartous et ensuite vers Safita, charmante petite ville à majorité chrétienne. Nous n’y avons pas vu une femme voilée ! Nous sommes accueillis par des officiels à la Maison de la Culture à l’occasion d’un festival de traditions populaires : chants, musique traditionnelle, expo peinture, photos, tout en goûtant aux spécialités confectionnées par nos hôtes. Impossible de quitter Safita sans visiter le joyau historique, le donjon du Chastel-Blanc des Templiers. Au rez-de-chaussée de l’édifice la chapelle Saint-Michel est dédiée au culte grec orthodoxe. À l’étage la salle de garde et au niveau supérieur la terrasse de laquelle il était possible de communiquer avec le Krak des Chevaliers.

À proximité de Safita, nos hôtes nous font découvrir Hosn Souleiman, temple d’époque romaine (IIè siècle). Après cette longue visite commentée et la photo de groupe, nous quittons ce lieu chargé d’histoire pour rejoindre Masyaf. La traversée des villages est l’occasion de constater à quel point cette région a participé à la cause syrienne : la plupart des maisons affichent la photo d’un martyr. À Masyaf, à proximité d’Hama, dans une région qui n’est pas encore tout à fait sécurisée, nous visitons le château-forteresse appartenant à la secte des Assassins[4].

Après cette visite, nous reprenons la route pour Tartus où nous allons passer la soirée et la nuit. Là, le changement de décor est total. Tartus, ville industrielle et port, est typiquement une ville méditerranéenne : joyeuse, animée. Les bars et restaurants qui se succèdent face à la mer sont pleins.

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Nous quittons le lendemain Tartus pour de longues heures de route qui vont nous mener à Alep tout en ne manquant pas de nous arrêter au Krak des chevaliers qui est resté en l’état à l’inverse du village voisin détruit en grande partie. À l’intérieur du Krak, nous rencontrons deux jeunes bénévoles de l’association Chrétiens d’Orient, une ONG très active sur le terrain en Syrie. L’autoroute entre Homs et Alep étant  fermée, en raison des combats affectant la région d’Idlib, le trajet est allongé avec des routes parfois en très mauvais état. Arrivés à la nuit tombée à Alep, nous prenons possession de nos chambres dans un très bel hôtel qui a été fermé plusieurs années jusqu’à ce qu’Alep soit libérée. Nous nous faisons recommander un restaurant typique et celui qui nous y conduit a été volontaire dans la bataille d’Alep. Il s’en est sorti par miracle, la bouche défigurée une balle ayant traversé son visage de part en part. L’opération a duré neuf heures. Les volontaires ont été nombreux dans cette guerre contre le terrorisme. Nous avons rencontré un groupe d’hommes jeunes, environ 30 ans, qui étaient partis combattre sur le front alors qu’étant diplômés de l’enseignement supérieur, ils avaient tous de bonnes situations. Cela va à l’encontre de l’image complaisamment véhiculée en Occident du « dictateur » (sic) alors que la défense de l’État est une préoccupation essentielle de la population. L’attaque de l’extérieur a renforcé le patriotisme syrien.

Même si nous étions largement informés des destructions à Alep, la confrontation avec la réalité du terrain fit l’effet d’une douche froide. La visite, à pied, d’Alep, nous fit traverser des quartiers dévastés, des immeubles éventrés, inoccupés, des rues défoncées. Et cependant, au dire de notre accompagnatrice, les travaux vont bon train et les progrès en six mois sont patents : des voies ont été rendues à la circulation. Le pire fut sans doute de constater l’inexistence du souk, ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et détruit par la folie meurtrière des djihadistes et vrais larbins de l’impérialisme américano-sioniste. En revanche, nous avons retrouvé la citadelle, intacte. La foule abondante, tant à l’extérieur, qu’à l’intérieur respirait la joie de vivre. Étonnant cette dictature où les gens sont heureux ! Il nous faut rendre hommage à ces valeureux combattants retranchés trois ans dans la citadelle et qui ont tenu deux mois en totale autonomie jusqu’à ce que les troupes gouvernementales réussissent à les approvisionner par un souterrain dont ils avaient connaissance. En trois ans de siège les terroristes n’ont jamais pu pénétrer dans la citadelle occupée par seulement 40 militaires (les djihadistes les pensaient beaucoup plus nombreux). Une seule fois ils ont réussi à arriver par une ouverture dans le sol et le militaire de faction n’a rien pu faire d’autre que de tirer pour donner l’alerte. Le soldat a été attrapé par les pieds et égorgé. Les terroristes, imprudents et un peu trop sûrs d’eux, ont fait leur réapparition, mais cette fois, grâce au soldat martyr, le comité d’accueil était là et s’est chargé de tous les liquider.

Nous ne pouvions pas quitter Alep sans rendre visite à l’hôtel Baron[5], cet hôtel où ont séjourné Agatha Christie, le roi Fayçal, Charles de Gaulle, Thomas Edward Lawrence[6]. La veuve du propriétaire nous fait visiter l’hôtel (ou ce qu’il en reste) : les salons et les chambres des illustres personnalités ayant fréquenté les lieux. Avis aux amateurs : l’hôtel est à vendre !

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La vie reprend tout doucement à Alep mais quel contraste avec la vie trépidante et grouillante que nous avions connue dix ans plus tôt. La circulation est fluide. Il est vrai qu’Alep a perdu une grande partie de sa population même si on assiste au retour de certaines familles. La reconstruction sera longue d’autant plus que si Alep ville est libérée, ce n’est pas le cas de certains quartiers extérieurs où les combats continuent.

Le retour vers Damas se fait avec un car des lignes régulières, très confortable. Il doit partir à 9 heures, il partira une heure plus tard mais on apprend vite qu’en Orient, le temps n’a pas la même signification qu’en Occident ! Les pièces d’identité (de l’ensemble des voyageurs) sont contrôlées avant le départ, elles le seront à nouveau à deux reprises au cours du voyage. Le voyage Alep-Damas, d’une durée de près de sept heures, est ponctué d’arrêts à des « check-points » (une cinquantaine). À l’arrivée à proximité de Damas, le car, réquisitionné pour une autre mission, nous laisse dans une banlieue qui a subi les outrages de la guerre : bâtiments détruits partiellement ou totalement. Le chauffeur de taxi qui nous emmène insiste auprès de notre accompagnatrice : « Tu leur as dit que c’était Israël et l’Amérique… », nous lui faisons répondre que nous le savons et que nous sommes solidaires du peuple syrien dans sa lutte contre l’impérialisme américano-sioniste.  

La vie est difficile dans le pays en raison des sanctions économiques qui frappent la Syrie. Les coupures d’électricité sont nombreuses. Le rationnement du carburant concerne l’ensemble du pays. À Alep, nous avons vu des files de voitures de plusieurs centaines de mètres en attente aux stations essence. Pour les professionnels, c’est un drame car c’est l’outil de travail qui est touché. Damas subit également avec un décalage la pénurie de carburant et il est à craindre que des denrées de première nécessité soient, elles aussi, concernées par des ruptures d’approvisionnement dans un proche avenir. Cependant, nos interlocuteurs restent confiants : le peuple syrien est fier, courageux et résistant. Il a connu d’autres épreuves. Il est apte à surmonter celles-ci.

Tentons maintenant de dresser un parallèle entre les situations de nos deux pays : France et Syrie. On peut dire que, nous plaçant du point de vue des peuples, nous subissons un même ENNEMI. Certes, il est plus visible en Syrie parce que c’est toute une coalition qui s’acharne contre un pays, mais en réalité, à bien y regarder, notre Ennemi en France, et plus généralement en Europe, est le même, c’est l’oligarchie mondialiste qui, depuis Washington, Tel Aviv, Bruxelles détruit les États-nations pour organiser un marché mondial sans frontières dirigé par la finance internationale. La classe dirigeante a disparu au profit de marionnettes aux ordres d’une caste ploutocratique. Les insipides Macron-Merkel-Juncker et consorts sont programmés pour appliquer la politique voulue et dictée par leurs sponsors. On assiste en conséquence depuis des décennies à la même dégradation à tous les niveaux : politique, économique, social, sociétal, environnemental. Parallèlement, au nom de la Démocratie, de la Liberté et des Droits de l’Homme, la liberté d’expression, de plus en plus menacée, se réduit comme peau de chagrin. Dans cette société post orwellienne, le totalitarisme n’est plus une fiction, il est présent et bien présent. Les gens se croient LIBRES. La propagande (pardon l’information) leur fait avaler que Bashar al-Assad est un « boucher sanguinaire », il « doit partir, c’est un assassin », voire « il ne mériterait pas d’être sur la Terre » (dixit Laurent Fabius !). D’une certaine manière, la guerre a au moins le mérite d’ouvrir les yeux aux Syriens qui ne peuvent pas ne pas voir quel est leur Ennemi là où la Propagande[7], les media, la consommation de masse, la paresse intellectuelle ont anesthésié les peuples européens.

Plus que jamais la solidarité s’impose entre nos deux pays.

Yannick Sauveur

Notes:

[1] rcsfrance@gmail.com

[2] Je ne détaille pas nos visites de musées, monuments, citadelles. Tout cela se retrouve abondamment décrit dans les guides dont celui dans la collection Guides Bleus consacré à la Syrie.

[3] Né à Damas en 1932, ordonné prêtre en 1959, le Père Elias Zahlaoui a été remercié et honoré par la Première Dame de Syrie, Asma Al-Assad, au nom de tous les Syriens. Il a écrit plusieurs lettres ouvertes à François Hollande et Laurent Fabius. On écoutera cet entretien (2014) qui reste très actuel,  https://www.egaliteetreconciliation.fr/Entretien-exclusif...

[4] Ainsi appelés car accusés d’agir sous l’effet du haschisch, d’où le nom de hashishin qui, par déformation, a donné en français le mot « assassin ».

[5] https://www.nouvelobs.com/topnews/20190405.AFP4171/a-alep...

[6] Cf. Jacques Benoist-Méchin, Lawrence d’Arabie, Paris, 1961.

[7] http://www.france-irak-actualite.com/2019/04/a-quoi-joue-...

 

mardi, 30 avril 2019

Colloque de « Synthèse Nationale » - Intervention de Robert Steuckers

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Nieppe, 28 avril 2019 – Colloque de « Synthèse Nationale »

Intervention de Robert Steuckers

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers amis et camarades,

Aujourd’hui, nous avons les élections législatives espagnoles ; dans moins d’un mois, les élections européennes. Très récemment, nous avons eu les législatives finlandaises qui ont fait du parti des Finlandais la deuxième formation du pays, qui talonne les sociaux-démocrates, généralement vainqueurs dans le grand Nord et cette fois avec un écart de seulement 0,2% des voix (17,5% contre 17,7%). En septembre, les sondages donnent l’AfD victorieuse en Saxe où s’effondrent le parti de Merkel et les sociaux-démocrates. Le vent semble tourner en Europe et les chances de Vox en Espagne sont réelles aujourd’hui, où l’on vote pour des législatives anticipées. Nous verrons ce soir ce que ce scrutin donnera et s’il y aura, ou non, dans les prochaines semaines, un gouvernement PP/Vox/Ciudadanos. Mais ces diverses élections, à quoi pourraient-elles bien servir ? Quels projets nouveaux et nécessaires devraient-elles promouvoir pour autant que les élections apportent réellement du nouveau ? La nécessité, urgente aujourd’hui, est l’émancipation de l’Europe qui doit échapper, coûte que coûte si elle veut simplement survivre, à l’étau qui l’enserre, à l’étau qui est formé par la politique du Deep State américain et par les initiatives, en théorie privée, des multiples associations et ONG patronnées par George Soros. Les élections italiennes, qui ont porté au pouvoir et le populisme de droite de la Lega de Salvini et le populisme de gauche du « Mouvement Cinq Etoiles » de diMaio, semble être de bon augure et les meilleures nouvelles, en ces temps moroses où les gilets jaunes peinent à obtenir gain de cause, viennent assurément d’Italie.

Dans quel contexte, plus précisément, ces espoirs de changement rapide se déploient-ils ? Le principal de ces contextes a été, sans aucun doute, la 63ème Conférence sur la Sécurité de Munich, tenue en février dernier dans la capitale bavaroise.  Lors de cette conférence, où, généralement, les participants ânonnent benoîtement les mots d’ordre de l’OTAN, les dissonances entre les deux rives de l’Atlantique se sont fait bruyamment entendre sur des points essentiels comme le gazoduc Nord Stream 2 et les relations euro-iraniennes. Auparavant, l’alignement inconditionnel des instances européennes sur les positions de l’OTAN (donc des Etats-Unis) faisait dire au ministre russe Sergueï Lavrov que l’UE ne détenait pas le monopole de la décision dans le modelage de ses propres affaires régionales et avait raté toutes les occasions de construire réellement la « maison commune européenne ». Pour le journaliste italien Lorenzo Lamperti, qui écrit pour Affari italiani (www.affaritaliani.it ), l’Europe semble avoir pris la voie de l’émancipation en n’acceptant pas la politique violemment anti-iranienne de Washington et en créant, pour la contourner et la vider de tout contenu articulable, l’instance baptisée « Instex », véhicule financier destiné à commercer avec Téhéran selon les bonnes vieilles règles du troc, sans passer par une monnaie d’échange donc sans passer par le dollar. La volonté américaine de faire jouer le « droit » et la « justice » pour punir tous ceux qui contourneraient les embargos qu’ils imposent, surtout dans la question iranienne, a attiré les critiques de Lavrov, véritable vedette à Munich, contrairement aux émissaires de Trump (Pompeo, Pence et Bolton, trois « faucons », nouvelles moutures du néo-conservatisme belliciste). Federica Mogherini a clairement affirmé que l’Europe n’entendait pas se faire dicter une conduite dans l’affaire iranienne ni s’aligner, ipso facto, sur les politiques bellicistes, dictées par les Etats-Unis, d’Israël et surtout de l’Arabie Saoudite, à laquelle les Américains s’apprêteraient à vendre des technologies nucléaires pour que l’épicentre du wahhabisme se dote de l’arme atomique pour affronter l’Iran (à la place d’Israël, qui conserverait son arsenal intact et échapperait à d’éventuelles représailles perses ?). C’est, on le voit, dans le cadre de l’UE, le retour, encore bien timide, de la géographie, donc de la géopolitique et de la géo-économie. A Munich, l’Administration Trump avait exigé que les Européens reprennent les quelque 800 prisonniers de l’Etat islamique faits en Syrie par l’US Army et qu’en cas de refus, ceux-ci seraient libérés : les Allemands ont sèchement répondu que c’était impossible.

RS-Nieppe.jpgDans le dossier très complexe et très épineux de la 5G développée par la firme chinoise Huawei, les Européens, surtout les Allemands, se montrent très réticents à annuler les projets qui sont déjà en phase de réalisation. Pour les Etats-Unis, ne pas se laisser distancer par les Chinois dans la technologie de la 5G est un impératif de sécurité nationale, d’où les multiples interdits qui frappent la firme Huawei et la mesure qui a permis l’arrestation d’une des cadres de la firme au Canada récemment. La raison majeure de cette panique à Washington vient du fait que la 5G chinoise ne possède pas la « porte d’entrée » (le « backdoor ») permettant à la NSA de s’y introduire, comme dans les appareils Samsung. Les appareils chinois et même certains modèles d’Apple permettent en revanche aux services chinois d’y accéder : l’Europe, qui n’a jamais misé sur ces technologies, se trouve dès lors coincée entre les Etats-Unis et la Chine et soumise à leurs réseaux d’espionnage, sans possibilité de répondre à ce défi et d’en contrer les inconvénients.

Les menaces de Trump, d’imposer des droits de douane aux automobiles européennes, ne sont pas passées à Munich en février et l’UE s’apprête à prendre des contre-mesures. Trump, en adoptant une intransigeance qu’il n’avait pas promis, bien au contraire, pour se faire élire, a sabordé l’unanimité qui faisait la force, jusqu’ici, de l’alliance transatlantique, contraire aux intérêts européens. L’Allemagne lorgne désormais vers la Chine et vers le Japon : les ministres des affaires étrangères allemand et chinois insistent sur le droit national des Etats européens et asiatiques à pratiquer le multilatéralisme en commerce international. Quant à l’Italie, elle s’est branchée sur les « routes de la Soie » et a accepté que le port adriatique de Trieste, aujourd’hui encore souvenir des splendeurs de la monarchie austro-hongroises, redevienne un port de la plus haute importance en Méditerranée certes mais branché aussi et surtout sur l’Europe centrale bavaroise, autrichienne et hongroise comme avant son annexion à l’Italie. Trieste est relié à Stettin sur la Baltique par un chemin de fer rapide, lien indispensable dans l’isthme du centre de l’Europe, ce qui apportera encore davantage de cohérence géopolitique à l’ensemble européen. A terme, Gènes s’y branchera aussi, entraînant la Suisse qui est son hinterland naturel ainsi que la Provence, le Languedoc et la Catalogne. La société danoise Maersk, spécialisée dans le transport par conteneurs vers la Chine est d’ores et déjà présente sur la côte ligure, prête à lancer une synergie balto-méditerranéenne, avec les ports d’Anvers, Rotterdam et Hambourg, le trio portuaire nord-européen au passé hanséatique.

Pour l’observateur irlandais Finian Cunningham, les tentatives de Macron, absent à Munich, de bidouiller un montage institutionnel au sein de l’UE, pour freiner l’utilisation du gazoduc Nord Stream 2, constitue un piètre expédient atlantiste que l’Allemagne, les pays du Benelux, la Grèce et Chypre n’ont pas accepté, faute de devoir payer l’énergie trop chère, tant pour les industries que pour les ménages. Cette tentative maladroite et déraisonnable de torpiller l’approvisionnement énergétique de l’Europe du Nord comme du Sud met en exergue les contradictions de la politique européenne de Macron : d’une part, il se veut le champion du « couple franco-allemand » mais, d’autre part, empêche son partenaire soi-disant privilégié de s’approvisionner en énergie comme il l’entend, rendant automatiquement caduques toutes les belles déclamations du nouveau traité d’Aix-la-Chapelle qu’il a signé naguère avec Merkel sous les huées de gilets jaunes allemands, français et wallons. Ensuite, Macron a promis d’être le champion des « causes vertes » et de pratiquer des politiques écologiques, où le gaz, moins polluant, devrait toujours être préféré au nucléaire, au pétrole et au charbon. Une contradiction de plus et non des moindres. Enfin, alors qu’il devrait se montrer soucieux de tarir le mécontentement des gilets jaunes qui déstabilisent la France, il agit pour que l’énergie soit plus chère, car éventuellement dérivée du gaz de schiste américain, quand le peuple français se rebelle justement contre la hausse du prix de l’essence. Plus sévère encore à l’endroit de la politique anti-gazière de Macron est la géopolitologue française Caroline Galacteros : « Nous agissons comme si (…) nous n’avions nul besoin de nous mettre en ordre de bataille (entre Européens) pour projeter notre puissance de frappe commerciale collective vers le reste de la planète, afin de ne pas nous faire dévorer tout crus par Pékin et Washington. Bref on a tout faux… mais on fonce dans le mur avec l’assurance d’un taureau au front court se précipitant sur une muleta rouge pour finir lardé de banderilles meurtrières ». Fin de citation. L’UE, ajoute-t-elle, « paralysée par ses propres réglementations anachroniques, …, consent à son effacement de la carte des grands ensembles ». Pour Caroline Galacteros, Macron a agi par peur des pressions américaines, pour saisir une chance de plaire au « maître ».

Cette attitude ouvre bien entendu le dossier, crucial et inquiétant, du « parti américain » au sein des institutions eurocratiques qui, le 12 mars dernier, a encore voté une résolution antirusse présentée par une parlementaire lettone, Sandra Kalniete, dénonçant les présidentielles russes comme « non-démocratiques » : elle a obtenu 402 voix pour, 163 voix contre et 89 abstentions. Dans la plupart des cas, le parlement européen répète, à la lettre près, les accusations formulées par des ONG américaines. De même, quand l’Italie a formulé, pour la première fois, le désir de participer aux synergies de la « route de la soie », la Commission de Juncker lui a fait savoir que la Chine « est un rival qui promeut des modèles alternatifs de gouvernance » ( !), alors que, justement, tous ont besoin de gouvernance nouvelle ou rénovée, tant le « malgoverno » s’est généralisé en Europe depuis près d’un demi-siècle ! Manlio Dinucci, observateur des fluctuations géopolitiques dans le monde, dénonce dès lors « l’influence qu’exerce le ‘parti américain’, puissant camp transversal qui oriente les politiques de l’UE le long des lignes stratégiques USA/OTAN », avec le risque, s’empresse-t-il d’ajouter, « d’accepter très bientôt les missiles balistiques avec base à terre, soit de nouveaux euromissiles qui feront, une fois encore, de l’Europe la base et, en même temps, la cible d’une guerre nucléaire ». Nous revoilà revenu à l’année 1982 quand les Etats-Unis, en pleine guerre froide, voulaient déployer leurs missiles Pershing en Allemagne pour préparer l’Armageddon annoncé par Reagan, premier président américain à avoir réintroduit le discours biblique et apocalyptique dans l’exposition des buts de la politique internationale de Washington et à avoir abandonné le « réalisme » cher à Kissinger.

C’est ce « parti américain » que les formations politiques nouvelles, populistes de droite ou de gauche, devront empêcher de nuire dans l’avenir pour que les générations qui nous suivront puissent simplement survivre dans un monde de plus en plus multipolaire et de moins en moins européen. On parle d’une internationale des populistes en gestation, sans nécessairement s’entendre sur une définition précise de ce qui est populiste et ne l’est pas. On sait depuis le début du 20ème siècle que les partis se sclérosent, « s’oligarchisent », « se bonzifient », pour reprendre la terminologie polémique d’un observateur que l’on n’a cessé de citer depuis : Roberto Michels. La sclérose a indubitablement frappé les trois principales formations qui structurent le fonctionnement du parlement européen : les chrétiens-démocrates du PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux. Ces trois ensembles ont répété à satiété la politique voulue et imposée par Washington, conduisant l’Europe dans l’impasse où elle se trouve aujourd’hui. Toute formation réellement politique se doit de dégager notre continent de cette cangue et de permettre son désenclavement géopolitique. C’est donc en politique étrangère, comme on l’a vu à Munich en février dernier, que ce dégagement et ce désenclavement devront s’opérer en premier lieu.

Les chrétiens-démocrates de Merkel, et leurs partenaires socialistes et libéraux, ont toujours joué la carte atlantiste or cette option est désormais grosse de dangers réels pour notre avenir, ceux qui nous précipiteront à coup sûr, s’ils ne sont pas conjurés dans les plus brefs délais, dans une irrémédiable récession. L’idéologie que véhiculent ces forces politiques du passé est une idéologie du sur place, de la répétition ad nauseam du même et encore du même dans un monde qui change à une vitesse désormais vertigineuse (celle de la 5G !). Cette idéologie de l’indécision et du débat stérile, théorisée par Jürgen Habermas, pratiquée par Verhofstadt et vulgarisée par Cohn-Bendit doit être balayée de nos horizons. Mais tous les populistes qui ont émergé dans les contextes nationaux des pays d’Europe, d’Ibérie aux rives de la Baltique, ont-ils conscience de ce double enjeu ? Ont-ils tous la volonté de sortir de la cangue de l’atlantisme ? Ont-ils tous viré leur cuti néolibérale ? Car, ne l’oublions pas, la science politique qualifie de « populiste » tout mouvement qui n’est pas strictement chrétien-démocrate, socialiste ou libéral, à la rigueur écologiste, et qui sera, dès lors, disqualifié par les médias dominants qui lui colleront l’étiquette de « populiste ». Or Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce voire Mélanchon en France sont aussi étiquetés « populistes », tout en bénéficiant d’une certaine mansuétude de la part des médiacrates et des intellocrates parce qu’ils sont des « populistes de gauche », non hostiles à la vague migratoire donc peu susceptibles de gagner des voix en suffisance et de défier effectivement  les trois pôles politiques majeurs en place dans les institutions eurocratiques.  Seule Sarah Wagenknecht avait des chances dans une fraction des gauches allemandes de parfaire une politique populiste de gauche efficace mais elle a démissionné et a quitté la scène politique. Macron, en se dégageant du parti socialiste de Hollande et en n’empruntant pas la voie du sarkozisme, est considéré, lui aussi, comme un « populiste », un « populiste néolibéral », un peu comme Bolsanaro au Brésil mais en moins vigoureux, en moins machiste.

L’Internationale populiste, crainte par les Merkel et les Macron de tous poils et acabits, verra le jour, c’est certain, car il est très probable que onze ou douze nationalités participeront à un groupe politique unique au parlement européen à la fin du mois de mai 2019. Mais cette nouvelle Internationale des nationaux sera-t-elle homogène sur le plan de la politique internationale et sur le plan d’une géopolitique européenne enfin ressuscitée ? Là est la question, l’épineuse, la lancinante question qu’il faut se poser aujourd’hui, à la vieille du grand scrutin. Agira-t-elle dans le sens des paroles fermes de Federica Mogherini à Munich en février, lors de la 63ème Conférence sur la Sécurité en Europe ? L’Internationale populiste, si elle est appelée à s’ancrer, à partir de mai 2019, dans le quotidien du parlement européen et à constituer un bloc antisystème au sein du système, doit être intransigeante sur la politique énergétique européenne, qui doit demeurer totalement indépendante de toute ingérence extra-européenne, doit être inflexible sur la politique iranienne de l’UE, sur la politique russe de l’UE, sur les relations que l’Europe souhaitera entretenir avec la Chine.

Tel est le programme, la ligne directrice incontournable qu’il s’agira de suivre. C’est ce désenclavement politique, géopolitique et idéologique auquel il faudra œuvrer sinon ce qui nous attend au tournant, et très vite, c’est la mort, lente ou rapide, dans la récession économique, dans l’implosion sociale et la submersion démographique.

Je vous remercie.

Bibliographie :

Articles anonymes :

"Crépuscule" de Juan Branco

"Crépuscule" de Juan Branco

par Philippe Grasset

Ex: http://www.europesolidaire.com

Juan Branco, né le 26 août 1989 à Estepona en Andalousie, est un avocat, pamphlétiste, journaliste et homme politique franco-espagnol. Il est collaborateur régulier du Monde diplomatique. Wikipédia. Son livre Crépuscule, qui vient d'être publié, rencontre un grand succès

Plutôt que le commenter nous-mêmes, nous préférons reprendre ici quelques  extraits de l'article que vient de publier Philippe Grasset dans DeDefensa, notre lecture régulière.  http://www.dedefensa.org/article/chute-libre
JPB

29 avril 2019 – J'ai lu le livre dont on parle beaucoup, Crépuscule de Juan Branco. Tout le monde sait ce dont il s'agit : la description de l'ascension de Macron par un homme (un jeune homme) qui précise bien entendu qu'il appartint à ces réseaux qui firent le boulot, et qui en est sorti par choix moral pour “entrer en dissidence”, pour “lâcher le morceau”, – ce qu'il fait avec minutie. Ici, je ne veux pas parler de l'auteur, de ses diverses révélations (ou “révélations”), des diverses situations décrites, des personnes impliquées, mais seulement de l'impression générale concernant disons une “atmosphère”, que j'ai éprouvée à la lecture de son livre. S'il y a pour moi du vrai dans ce livre, je veux dire du fondamentalement vrai, c'est là que je l'y trouve.

Lui-même, Branco, dans une interview que j'ai visionnée (Thinkerview, le 13 mars 2019), m'est apparu sous un jour favorable : parlant bien, droitement, avec naturel, d'une façon convaincante quant au récit qu'il nous donne. La phrase qui, à son avis, résume aussi bien Crépuscule que son sentiment général sur ces gens qui forment à la fois une partie importante “de nos élites” et les réseaux qui ont fabriqué et mis Macron sur orbite, c'est celle-ci, p.310 : « Ces gens ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption. »

La phrase me va parfaitement parce qu'elle est à la fois abrupte puisque sans la moindre échappée possible de l'état de corruption pour les gens qu'elle décrit, à la fois singulière parce qu'elle décrit des gens qui, “étant la corruption” qui est une chose spécifique (partie du Système), en sont encore plus les prisonniers que ceux qui rencontrent épisodiquement la corruption. Cette ambiguïté sonne juste et contribue pour beaucoup à me faire accepter l'hypothèse que Branco dit le vrai.

Quel est le résultat pour mon compte ? C'est-à-dire, qu'est-ce que je retiens de ce livre ? Que la phrase citée est exactement descriptive : nous avons le spectacle d'un énorme tourbillon crisique qui est la corruption elle-même, bien plus qu'une étude des corrompus (et des corrupteurs par conséquent). On retient moins les êtres que la façon d'être de multiples acteurs dont on retient plus ou moins les noms et qu'on a de grandes difficultés à situer les uns par rapport aux autres, on s'imprègne d'un climat bien plus que l'on observe des événements. Tous, d'une certaine façon, ils pourraient être anonymes, tant leurs comportements semblent correspondre à une mécanique dont on croirait bien volontiers (c'est mon cas) qu'elle les dépasse et les manipule. Bien sûr, il y a les ambitieux, les manipulateurs, les énormes fortunes qui les tiennent tous et alimentent tout cela, et puis l'élu, – notre-président, – habile comme un aigrefin et bien mis comme un chauffeur de maître, et au fond absolument insignifiant, qui pourrait aussi bien être Tartempion, Boudu, ou bien encore Bouvard & Pécuchet. Je le répète parce que je l'ai ressenti à chaque page, ils me font bien rire ceux qui rient des Français comme on rit des moutons qui se laissent tondre, parce que dans cette affaire les élites sont bien plus moutonnières et menées à la baguette d'une entité énorme qui se nomme corruption que les citoyens soi-disant moutonniers.

Philippe Grasset

 

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Espagne. L'atonie politique va se poursuivre

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Espagne. L'atonie politique va se poursuivre

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www;europesolidaire.com

Les élections générales pour le renouvellement de la Chambre des Députés qui viennent d'avoir lieu le 28 avril n'entraîneront sans doute aucun changement dans la politique jusqu'ici conduite par le gouvernement socialiste sous la direction de Pedro Sanchez.

Son parti, le PSOE, a enregistré une augmentation du nombre des électeurs qui votaient déjà pour lui, mais pas en nombre suffisant pour qu'il puisse envisager de gouverner seul. De toutes façons, il paraît pour un observateur extérieur difficile de comprendre exactement la politique que le PSOE et Pedro Sanchez avaient appliqué les précédentes années, et celle qu'ils proposaient pour les prochaines. Elle n'avait de socialiste que le nom, analogue en cela aux autres politiques social-démocrates en Europe.

L'Espagne se disant socialiste s'était montré un membre docile de l'Union européenne, obéissant en cela aux instructions venant des grandes entreprises financières internationales, dominantes à Bruxelles, elles-mêmes très largement au service des stratégies américaines.

Le parti de centre-droit Parti du Peuple (PP) a été laminé alors qu'il possédait 137 sièges à la suite de l'élection de 2016. Le parti dit populiste Podemos, qui comptait rallier les électeurs de gauche et d'extrême gauche mécontents de la politique de Pedro Sanchez, ne dispose plus que de 35 sièges alors qu'il disposait de 45 sièges. Il s'agit d'un exemple qui ne manquera pas de décourager l'extrême-gauche en Europe.

Seul le parti Cuidadanos, représentant les indépendantistes Catalans, a gagné quelques sièges, passant de 32 à 57. Mais ceci ne lui permettra pas de faire reculer l'influence des mouvements autonomistes en Catalogne. Ces derniers n'auront aucun espoir à attendre de Madrid. Ceci ne voudra pas dire que les perspectives d'une indépendance catalane deviendront plus crédibles.

Enfin le parti d'extrême droite Vox, soutenu par l'américain Steve Bannon et plus discrètement par Donald Trump, n'a obtenu que 24 sièges. Ses partisans se réjouissent cependant de sa croissance par rapport aux précédentes élections, où il n'avait bénéficié que de 0,2 % des votes.

Ceci signifie que le PSOE devrait comme précédemment rechercher une majorité au sein des minorités. Mais celles-ci sont si faibles et opposées que le PSOE sera contraint de persister dans sa politique actuelle, qu'il faut bien qualifier de non-politique. Que fera l'Espagne en matière de protection de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique, comment envisage-t-elle de lutter contre l'afflux des migrants venant d'Afrique, comment se positionnera-t-elle, face à la Chine et la Russie ? Nul en Europe n'est capable de le dire clairement.

lundi, 29 avril 2019

2018/2019 : GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA DIPLOMATIE MACRONIENNE !

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2018/2019 : GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA DIPLOMATIE MACRONIENNE !

par Guillaume Berlat

Ex: http://prochetmoyenorient.ch

Le châtiment de l’hybris1 est la némésis, le châtiment des dieux qui fait se rétracter l’individu à l’intérieur des limites qu’il a franchies. Le Dieu de la verticalité du pouvoir n’en aurait-il pas trop fait dans le registre de la démesure depuis sa victoire de mai 2017 ? Emmanuel Macron n’avait-il pas trop tendance à se croire sorti de la cuisse de Jupiter tant dans l’Hexagone que sur la scène internationale ? Si ces facéties, déjà fort nombreuses, font le jeu des humoristes et autres amuseurs publics français (Nicolas Canteloup, Laurent Gerra…), elles font plutôt grincer des dents dans les chancelleries occidentales (allemande, américaine, belge, hongroise, italienne, et autres (iranienne, russe, turque…).

Après l’acte II de affaire Benalla, la crise des « gilets jaunes »2 a eu un effet révélateur, dévastateur radical pour l’image du président de la République à l’étranger. Le roi est nu sur l’échiquier international ! Échec et mat. C’est qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne. Manu et Bijou avaient eu trop tendance à l’oublier. Après un premier succès de l’année 2018 marqué par une inflation d’envolées diplomatico-lyriques, les temps ont bien changé. Emmanuel Macron est pris au piège qu’il a lui-même armé, celui des ambitions planétaires paralysées.

LE SEMESTRE DES ENVOLÉES DIPLOMATICO-LYRIQUES

Le champion toute catégorie de la parole diplomatique généreuse commence son tour du monde en fanfare et caracole en tête de peloton, devançant tous ses principaux concurrents, sidérés par le grimpeur hors-pair qui avale les cols de première catégorie au train.

Un départ en fanfare : Macron-Jupiter

Dans la foulée de son premier semestre au pouvoir (2017) marqué au sceau de la fébrilité pathologique et de l’agitation permanente sur le plan international (discours devant le Congrès américain ; lors de la semaine des ambassadeurs ; discours sur la refondation de l’Europe à la Sorbonne, idée stupide qui tourne au cauchemar ; plaidoyer pour le multilatéralisme à l’ONU ; discours devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg ; discours lors de la COP23 à Bonn ; discours sur la fin de la Françafrique à Ouagadougou ; réunion à Paris du One Planet Summit ; du G5 Sahel à La Celle-Saint-Cloud ; The Economist décrète que la France d’Emmanuel Macron est le pays de l’année 2017, visite au Niger pour rencontrer la force « Barkhane ». , le premier semestre de l’année 2018 se poursuit sur la lancée du second de l’année 2018. À vive, pour ne pas dire, très vive allure. N’oublions pas les nombreux déplacements bilatéraux, qu’il effectue à l’étranger où il est attendu tel le Messie, ainsi que les multiples visites de ses homologues à Paris, attirés par le nouveau prodige de la diplomatie française.

Une sorte de nouveau Talleyrand, jeunesse en plus, qui réapparait dans l’Hexagone et dans le reste du monde. Le président français est partout à la fois. Il déclame, sermonne, tance, apostrophe, félicite, s’indigne. Jupiter s’est autodésigné en conscience universelle. Rien ne semble lui résister. Il prend à bras le corps les principaux maux dont souffre le monde et y apporte sur le champ le remède idoine. L’homme comprend vite les spasmes de la planète. Il entend ne pas perdre de temps pour remettre de l’ordre, partout où la France est attendue… mais aussi où personne ne lui a rien demandé. Le pompier est plus souvent sur le terrain des incendies planétaires que dans sa caserne à attendre les appels à l’aide de ses collègues incompétents et peureux.

Une course en tête : le premier de cordée

Le nouvel an 2018 passé, Jupiter reprend son bâton de pèlerin pour évangéliser les peuples, les institutions internationales, les organisations gouvernementales, les GAFAM… Tous doivent se soumettre aux évangiles du temps, le macronisme pur et dur. Pour être dans l’air du temps, il enterre la langue française au profit du globish mondialisé. Au diable la Francophonie. Il mériterait amplement le prix de la carpette anglaise décernée au président du CSA, Olivier Schrameck3. Il est vrai qu’il était hors catégorie. Reprenons ses principales activités sur la scène mondiale, la seule suffisamment vaste pour contenir ses initiatives incessantes, parfois brouillonnes ! Il passe allégrement d’un sujet à un autre : il déjeune à Paris avec le chancelier autrichien, président de l’Union européenne ; il déclame sur le thème de l’immigration à Calais ; Emmanuel Macron réunit le premier sommet de l’attractivité (« Choose France ») à Versailles (140 grands patrons avant le sommet de Davos) ; il annonce un nouveau traité franco-allemand ; il intervient longuement au sommet de Davos ; il s’engage à créer un jour de commémoration du génocide arménien ; il participe au sommet de l’éducation à Dakar ; il visite l’Inde avec laquelle il entend sceller un « pacte fort » et il en profite pour lancer l’Alliance solaire internationale ; il boycotte le pavillon russe au salon du livre ; il déclame à l’Académie française à l’occasion de la journée de la Francophonie ; il effectue une visite aux Pays-Bas et au Luxembourg ; il reçoit trois figures de la contestation anti-Maduro ; il reçoit le sulfureux prince MBS à Paris ; il harangue le parlement européen à Strasbourg ; il effectue une visite aux États-Unis au cours de laquelle il joue au nouveau Alexis de Tocqueville ; il visite l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, il fait un superbe discours sur l’Europe à Aix-La-Chapelle où il reçoit le prix Charlemagne ; il rencontre les géants du numérique (« Tech for good ») ; il effectue une visite en Russie à l’occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg ; lors de la session ministérielle de l’OCDE (Paris), il plaide pour un « multilatéralisme fort, meilleur et refondé » ; il reçoit Justin Trudeau à Paris ; il fait le coup de force avec Donald Trump au G7 de Charlevoix ; il se querelle avec l’Italie ; il s’entretient avec le nouveau premier ministre espagnol et le président du conseil européen ; il est reçu en audience par le pape François ; il visite la Mauritanie et le Nigéria ; l’Espagne et le Portugal ; il rencontre Theresa May à Brégançon ; il se pavane lors de la semaine des ambassadeurs et des ambassadrices… même si le ton est un peu moins martial qu’il ne l’état en août 2017. Il est en France et à l’étranger en même temps si bien qu’il commence à donner le tournis à ses collaborateurs sur les rotules. Certains évoquent même le vilain mot de « burn-out » (souffrance au travail).

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On l’aura compris, la diplomatie française jupitérienne part dans tous les sens. Elle est tous azimuts. Mais, revers de la médaille, on peine à trouver un fil conducteur, les linéaments d’une authentique politique étrangère digne de ce nom. On commence à parler de « surchauffe diplomatique » : 120 000 km, 22 voyages en 11 mois.

« Le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure » (Hérodote). Après les engouements des premiers mois du quinquennat du plus jeune président de la Cinquième République, vient le temps des critiques, des désaveux, des débandades. Nos partenaires séduits en 2017 par la puissance du verbe, découvrent en 2018 un verbe à géométrie variable. Jupiter déroute, au mieux, inquiète, au pire. Il est boiteux, franchit les lignes jaunes européennes, ignore ses avertissements sur le climat adressés à Donald Trump…

LE SEMESTRE DES AMBITIONS PLANÉTAIRES PARALYSÉES

La plus grande confusion qui règne dans l’Hexagone depuis plusieurs semaines à l’occasion de la « crise des gilets jaunes » et de l’acte II de l’affaire Benalla conduit inéluctablement à ternir l’image de Jupiter à l’étranger, voire à restreindre de façon drastique sa marge de manœuvre diplomatique. Signe des temps, il est de moins en moins présent à l’étranger. Désormais, il privilégie l’ombre à la lumière. Horresco referens !

La plus grande confusion dans l’Hexagone

Jupiter est pris de court par la grogne sociale consécutive à l’annonce de la taxation des carburants. Il n’avait pas envisagé que cette fronde prendrait la forme d’une jacquerie fiscale doublée d’une crise de la démocratie, de la représentativité qui devrait le conduire à lâcher du lest, faire des sacrifices (quitte à mécontenter les experts-comptables de la commission européenne à Bruxelles) pour donner à sa politique un air un tant soit peu social. Emmanuel Macron est contraint d’organiser dans l’urgence le débat national de sortie de crise sur les « gilets jaunes », de ne plus refuser ab initio l’idée de référendum d’initiative citoyenne (RIC)…, voire de confesser qu’il n’avait pas très bien anticipé cette grogne de la populace, de la plèbe, du vulgum pecus4. Le premier ministre annule puis rétablit, le 18 décembre 2018, des concessions aux « gilets jaunes ». Emmanuel Macron, qui en est réduit à solliciter les conseils de l’un des prédécesseurs, demande à Nicolas Sarkozy de le représenter à l’investiture de la présidente géorgienne, l’ex-diplomate française, Salomé Zourabichvili5. Le bateau France égaré sur les canaux intérieurs n’a plus de cap précis sur les grands océans tempétueux6. L’équipe diplomatique s’est brusquement transformée de « dream team » (équipe de rêve) en « nightmare team » (équipe de cauchemar). Nous apprenons par le Journal Officiel (JORF) du 3 janvier de deux femmes de la cellule diplomatique : Barbara Frugier, conseillère communication internationale et Ahlem Garbi, conseillère Afrique du Nord et Moeyn-Orient (il est vrai que la diplomatie jupitérienne sur la zone est calamiteuse) le jour même où le très puissant conseiller en communication et plume du président, Sylvain Fort, fragilisant ainsi Emmanuel Macron7. Ainsi, va le monde au temps de Jupiter transformé en bateleur de foires.

L’image ternie de Jupiter à l’étranger8

Le cœur n’y est plus. La fin de l’été débute par un déplacement présidentiel au Danemark (il stigmatise « les gaulois réfractaires au changement ») et en Finlande au moment où Nicolas Hulot démissionne ; une énième rencontre Merkel/Macron à Marseille pour relancer une Union européenne moribonde ; Emmanuel Macron reçoit Mahmoud Abbas sur un constat d’impuissance y compris dans les mots (« je veux être efficace ») ; il s’entretient avec Donald Trump en marge de la 73ème AGNU dans un climat de grande défiance et de totale divergence sur la question de la place du multilatéralisme dans la gouvernance mondiale ; Emmanuel Macron fait de la démagogie au sommet de la Francophonie à Erevan ; il adopte une position en retrait après l’assassinat de l’opposant Jamal Kashoggi au consulat général saoudien à Istanbul sur ordre de MBS ; Emmanuel Macron effectue une visite à Prague et à Bratislava pour fissurer le bloc des nationalistes alors qu’il passe sous la barre des 30% des opinions favorables ; il organise un Forum de la paix en marge des cérémonies du 11 novembre 2018 qui ne débouche sur rien de concret ; lors d’un discours devant le Bundestag, il propose une relance du couple franco-allemand et de l’Union européenne ; il se rend en visite officielle en Belgique ; il participe au G20 de Buenos Aires qui se conclut sur un accord a minima ; il s’entretient le 2 janvier 2018 au téléphone avec Vladimir Poutine quémandant un strapontin dans les futures négociations sur la Syrie ; pour sa part, Jean-Yves Le Drian/Le Chouchen annonce le lancement d’une nouvelle stratégie internationale de la France en matière de droits de l’homme à l’occasion du 70ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme… au moment où la France apparait de plus comme la patrie des violations des droits de l’homme. La diplomatie française part dans tous les sens faute de priorités, de hiérarchisation des initiatives, de tri entre l’accessoire et le principal.

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Jupiter est ridiculisé. Le constat est sans appel. À l’étranger, l’image du chef de l’État et de la France sont écornées9. C’est la fable de l’arroseur arrosé. « Des fautes majeures ont cassé la confiance » (Ségolène Royal). Pour cause de « gilets jaunes », Emmanuel Macron est contraint d’annuler sa visite en Serbie, son intervention à la COP24 de Katovice, sa présence à Biarritz pour présenter sa présidence du G7 et de revoir sa stratégie pour les prochaines élections européennes10. Des ONG attaquent la France pour « inaction climatique » alors qu’il présentait la France en parangon de vertu dans ce domaine. On constate une image dégradée de la France auprès des investisseurs internationaux en raison de la crise des « gilets jaunes ». La répétition des « Black Saturday » entraîne les sarcasmes de Donald Trump (il évoque un « Paris qui brûle »), des présidents iranien, russe et turc, du ministre italien de l’Intérieur sur la manière dont les manifestants sont traités en France (« usage disproportionné de la force »). Ce mouvement met en lumière la faiblesse du président français tant sur la scène européenne (le couple franco-allemand n’existe plus et le président doit rassurer11, finie la refondation de la Sorbonne) que sur l’échiquier international (Jupiter fait franchement rire, c’est de la franche rigolade). Sa parole n’est plus crédible. Comme par enchantement, elle devient plus rare pour ne pas dire inaudible. Finies les doctes leçons de morale infligées à ses opposants ! Les droits de l’homme sont mis en sourdine12. Lors des vœux du 31 décembre 2018, il annonce l’annonce de nouvelles propositions sur la refondation de l’Europe dans un très proche avenir. À quoi a donc bien pu servir le discours de la Sorbonne ? Si ce n’est à faire le buzz, rien de plus !

La France supplantée en Afrique. Que constate-t-on en effet ? En septembre 2018, le lancement à Pékin du 7ème Forum sur la coopération sino-africaine marque l’ancrage durable de l’Empire du milieu sur le continent. Le riche président Xi Jinping annonce l’octroi d’une aide gratuite et de prêts sans intérêts de 15 milliards de dollars. La Chine dispose déjà d’une base à Djibouti, particulièrement utile pour tisser ses « nouvelles de la soie » en Afrique mais aux quatre coins de la planète. Elle est solidement implantée sur l’ensemble du continent, y compris dans notre ancien pré carré. Tout ceci se situe dans le cadre d’une stratégie de long terme que nous n’avons pas anticipée en temps voulu (Cf. le discours de Xi Jinping du 18 décembre 2018)13. C’est désormais au tour de la Russie d’être solidement ancrée en République Centrafricaine (RCA)14. La diplomatie française paie dans ce pays les résultats de son incurie et de son impéritie15. L’ambassadeur clairvoyant est sanctionné pour de fausses raisons. C’est l’air bien connu : l’ambassadeur a dit la vérité, il doit être exécuté. Moscou ne serait-il pas tenté par une Russafrique à l’instar de la Chinafrique ?16. Comme le Petit Poucet, elle sème ses petits cailloux sur le continent17. Jusque et y compris Israël qui tente un « happy come back » en Afrique et qui nous dame le pion18. Le Brésil, la Turquie veulent également leur part du gâteau et ne plus se contenter du rôle d’observateur. La chasse française n’est plus gardée. Elle est ouverte à tous les vents, à tous les appétits.

Le fiasco syrien. Nous n’aurons pas la cruauté de reprendre toutes les analyses pertinentes et régulières publiées dans notre site prochetmoyen-orient.ch sur la débandade française en Syrie, commencée sous le règne d’Alain Juppé, poursuivie sous celui de Laurent Fabius et conclue en apothéose sous la mandature de Jean-Yves Le Chouchen19. Sans parler de la décision unilatérale de Donald Trump de retirer ses troupes de Syrie (même si cette opération ne sera pas instantanée) sans en avertir son ami et allié Emmanuel Macron, laissant nos forces spéciales dans ce pays à la merci de la Turquie. La France ne sera pas invitée à la table des vainqueurs20. Elle serait bien inspirée de rouvrir son ambassade à Damas, y compris au niveau d’un chargé d’affaires pour ne pas insulter l’avenir et ne pas être distancée par ses principaux partenaires qui se précipiteront pour contribuer à la reconstruction d’un pays après huit ans d’une guerre globale sans merci. Encore un brillant exemple de la diplomatie du dindon de la farce !

La diplomatie française malade. C’est au tour du quotidien Le Monde, si servile durant la première année du quinquennat, de mettre en lumière la fragilisation de l’outil diplomatique français au temps de Jupiter21. Voir de sonner l’halali ! La diplomatie française n’aurait plus les moyens de ses ambitions22. Elle serait « à l’os » tant Tonton Bercy/Oncle Picsou l’aurait dépecée au fil des ans. En trente ans, le Quai d’Orsay a perdu 53% de ses effectifs. Les diplomates se sentent mal défendus par un pouvoir à vocation universelle et ambition provinciale. Et l’éditorialiste du quotidien du soir enfonce le clou sur le thème de la raillerie de la diplomatie du verbe et de l’incantation du plus jeune président de la Ve République23. Loin, très loin semble le temps où le Times, l’hebdomadaire de référence pour Boboland, faisait sa une sur le portrait impérial d’Emmanuel Macron accompagné de cette légende ô combien « prophétique » : « The next Leader of Europe ». Cela se passe de commentaire. Ne voilà-t-il pas que le très discret et mesuré Hubert Védrine stigmatise une diplomatie jupitérienne brouillonne en des termes peu amènes : « Il a si clairement les limites et les fragilités du système multilatéral et les menaces internes et externes sur le projet européen, il a fait tant de propositions pour préserver la coopération internationale et pour réveiller le système européen, qu’il devrait pouvoir, dans cette phase nouvelle, trier, hiérarchiser, trancher, et durcir, et entraîner »24. In cauda venenum, pourrait-on dire !

Comme le clamait feu le journaliste expert du football, Thierry Roland lorsqu’un match basculait : « les mouches ont changé d’âne ». La roche tarpéienne est toujours proche du Capitole, ne l’oublions-pas.

« C’est donc à quitte ou double que le président va aborder l’année 2009 »25. Surtout pour une année au cours de laquelle la France va assumer la lourde tâche de la présidence du G7. Le chef de l’État devra, une bonne fois pour toutes, arbitrer entre raison et passion au moment où les réalités rappellent les plus téméraires à la raison et où Jupiter a trop tendance à prendre du bruit pour de la gloire (Paul-Louis Courier).

Comme le rappelle Gabriel Chevallier, gouverner, c’est peut-être prévoir, mais c’est surtout temporiser ! Aujourd’hui, il est impossible de décliner en quelques phrases simples les grands axes de la politique étrangère jupitérienne et sa traduction diplomatique ledrianesque (ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement). Le temps de celui qui s’est toujours trompé (couple franco-allemand, Europe, Trump, mondialisation, protectionnisme, Syrie…), qui continue de donner des leçons à la terre entière, ce temps-là est révolu. Le temps du sursaut et de la refondation de la diplomatie jupitérienne affaiblie par ses péchés de jeunesse est venu.

Le recours à une autre diplomatie ne fait plus débat si la France ne veut pas être reléguée au rang des petits qui ne comptent plus sur l’échiquier international en dépit de son statut de puissance nucléaire au sens du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, aujourd’hui, il y a pénurie de tout sauf de ridicule tant la diplomatie jupitérienne, en 2018, est passée de la grandeur (éphémère) à la décadence (durable).

Guillaume Berlat
7 janvier 2019

1 Hybris vient du grec ancien, et signifie excès, démesure, orgueil inacceptable de la part d’un mortel.
2 Natacha Polony/Louis Haushalter/Soazig Quéméner, Tout ça pour ça !, Marianne, 14-19 décembre 2018, pp. 12-13-14.
3 François Darras, Schrameck ou l’indignité civique, Marianne, 14-19 décembre 2018, p. 48.
4 La politique option latin-grec, Le Monde Idées, 29 décembre 2018.
5 Fabrice Arfi, Macron-Sarkozy, Benalla-Djouhri : les étranges alliances du « nouveau monde », www.mediapart.fr , 19 décembre 2018.
6 Guillaume Berlat, Quand le Quai d’Orsay perd le cap et la boussole…, www.prochetmoyen-orient.ch , 24 décembre 2018.
7 Lénaïg Bredoux, Emmanuel Macron fragilisé par l’instabilité de son entourage, www.mediapart.fr , 3 janvier 2018.
8 Jean-Baptiste Chastand, L’image ternie d’Emmanuel Macron à l’étranger, Le Monde, 9-10 décembre 2018, p. 9.
9 À l’étranger, l’image de Macron et de la France est endommagée, Le Figaro, 17 décembre 2018, p. 5.
10 Alexandre Lemarié/Cédric Pietralunga, Européennes : Macron obligé de revoir sa stratégie, Le Monde, 18 décembre 2018, p. 10
11 Anne Rovan, UE : Macron veut rassurer ses partenaires, Le Figaro, 15-16 décembre 2018, p. 10.
12 Marc Semo, Macron met les droits de l’homme en sourdine, le Monde, 6 décembre 2018, p. 24.
13 Cyrille Pluyette, 40 ans après les réformes, la Chine s’interroge sur sa stratégie, Le Figaro, 18 décembre 2018, p. 8.
14 Christophe Châtelot/Isabelle Mandraud/Marie Bourreau, Centrafrique. Un pion sur l’échiquier russe, Le Monde, Géopolitique, 16-17 décembre 2018, pp. 18-19.
15 Fanny Pigeaud, La France veut reprendre pied en Centrafrique, tentée par les Russes, www.medapart.fr , 11 décembre 2018.
16 La tentation d’une Russafrique, Le Monde, 16-17 décembre 2018, p. 20.
17 Arnaud Kalika, « En Afrique, la Russie sème des petits cailloux et attend de voir ce que ça donne », Le Monde, 16-17 décembre 2018, p. 21.
18 Tanguy Berthemet/Thierry Oberlé, Israël peut-il réussir son retour en Afrique ?, Le Figaro, 17 décembre 2018, p. 19.
19 Ali Baba, Lafarge en Syrie : la faute à Juppé et à Fabius, www.prochetmoyen-orient.ch , 31 décembre 2018.
20 Marc Semo, La France mise hors-jeu dans le dossier syrien, Le Monde, 1er – 2 janvier 2019, p. 19.
21 Marc Semo, Diplomatie. Le blues du Quai d’Orsay, Le Monde, 30-31 décembre 2018, pp. 12-13.
22 Marc Semo, Des ambitions universelles, un budget compté, Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 12.
23 Éditorial, La diplomatie de Macron, un beau discours, Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 24.
24 Hubert Védrine (propos recueillis par Alain Salles et Marc Semo), « Soyons déterminés face aux puissances indifférentes ou hostiles à nos valeurs », Le Monde, 30-31 décembre 2018, p. 14.
25 Gérard Courtois, 2019 à quitte ou double, Le Monde, 19 décembre 2018, p. 23.

dimanche, 28 avril 2019

Retentissante victoire électorale pour les “Vrais Finlandais”

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Retentissante victoire électorale pour les “Vrais Finlandais”

Le parti patriotique finnois talonne les sociaux-démocrates et arrive en deuxième place.

Le succès des partis patriotiques et populistes en Europe se confirme. Lors des récentes législatives finlandaises, le parti des « Vrais Finlandais » a obtenu 17,5% des voix et est arrivé en deuxième place, très près des sociaux-démocrates, en tête,  qui n’obtiennent plus que 17,7% des suffrages.

Jussi Halla-aho, président du parti, est bien entendu satisfait du score obtenu par sa formation : « Je ne m’attendais pas à un tel résultat, personne d’ailleurs ne s’y attendait ». Son parti, qui réclame, entre autres choses, de limiter quasiment à zéro l’accueil de réfugiés, est prêt, dit-il, a entrer dans une coalition gouvernementale mais « pas à n’importe quel prix ». Halla-aho sait de quoi il parle : son parti était entré dans une coalition de centre droit en 2015, alors que les médias du système le campent comme « populiste de droite ». Halla-aho, entretemps est devenu président du parti en 2017 en rejetant toute compromission, ce qui a conduit le premier ministre finnois Juha Sipilä à rompre l’accord gouvernemental.

Une majorité de la fraction des « Vrais Finlandais » s’était alors détachée du parti parce qu’elle voulait rester aux affaires, tandis que Hallo-aho et les siens entraient dans l’opposition. Cette décision de ne pas faire de compromis s’est avérée payante, comme le prouvent les résultats des dernières législatives.

Les grands perdants de cette campagne électorale sont les sociaux-libéraux du parti du centre, auquel appartient le premier ministre Sipilä. Il n’a obtenu que 13,8% des voix et n’est plus que le quatrième parti du pays.

(Autor: B.T. ; ex: http://www.zurzeit.at )

Sentant poindre la défaite, la propagande du système cible le populisme

Par le Paysan Savoyard

Ex: https://liguedumidi.com

Trois éléments de la propagande immigrationniste du Système sont à mettre en évidence. Ils sont probablement efficaces, car ils paraissent relever du registre du constat et semblent s’appuyer sur des positions raisonnables et équilibrées. Or la réalité est inverse : ces arguments de propagande sont assis sur des raisonnements biaisés et des faits mensongers. Plus fondamentalement, ils reposent sur une conception du monde contestable, partagée seulement par une faible minorité.

« Djihadisme et populisme sont deux extrêmes également malfaisants, qui se renforcent l’un l’autre »

La mise sur le même plan de l’islamisme radical et de l’extrême-droite est l’un des arguments les plus utilisés par le Système. Il a les apparences, c’est ce qui fait sa force, d’un constat de bon sens et d’une analyse objective. Le Système n’a pas de mal à convaincre en déclarant en substance : « Ces deux courants aux antipodes ont pour point commun d’être extrémistes : ils se renforcent mutuellement, les excès de l’un nourrissant la violence de l’autre. Les gens de bonne volonté, républicains laïcs comme musulmans modérés, doivent s’unir pour rejeter ce double extrémisme ».

Or cet argument est fondé sur une base doublement erronée et malhonnête. D’abord parce que l’extrême-droite est peu violente. On peut comptabiliser certes l’attentat de Breijvik et celui commis tout récemment en Nouvelle-Zélande, en remarquant au passage qu’ils sont intervenus dans deux pays où l’immigration de masse est récente. Dans les pays où elle est ancienne au contraire, en particulier en France et en Angleterre, il n’y a eu jusqu’ici presqu’aucune réaction violente à l’immigration, même de la part de militants d’extrême-droite. Cette absence de violence est à mettre en regard des centaines d’attentats commis par des musulmans « radicaux » dans les différents pays européens. Il y a lieu de rappeler également que la violence des immigrés, très généralement musulmans, ne se limite pas au terrorisme, la délinquance massive leur étant attribuable pour la plus grande part.

Le raisonnement consistant à présenter djihadisme et populisme comme deux frères-ennemis objectivement complices est malhonnête, deuxièmement, parce qu’il met sur le même plan deux groupes de populations qui n’ont aucunement le même statut : sauf à considérer que la notion même de frontière est obsolète – et c’est bien là le fond du problème, sur lequel nous revenons plus loin – il est illégitime d’assimiler la réaction de la population autochtone qui se sent submergée par l’immigration et le comportement des immigrés, djihadistes ou non, qui s’installent en masse dans un pays qui n’est pas le leur.

« Le populisme est un extrémisme et doit comme tel être combattu »

Le deuxième argument mis en avant par le Système est corrélé au précédent : « le populisme doit être combattu du fait même qu’il est un extrémisme et, comme tel, étranger au registre de la raison. Les positions raisonnables sont par nature modérées : elles tiennent le juste-milieu, tandis que les extrêmes relèvent de l’excès et de la caricature ».

Cet argument est lui aussi efficace. Les positions jugées extrêmes, caricaturales, excessives sont en effet perçues unanimement comme des sources d’affrontements et de violence. Elles sont également disqualifiées intellectuellement : combien de fois entend-on citer le mot de Talleyrand assimilant excès et insignifiance… ? De plus, la plupart des réalités propres à la condition humaine appellent une position modérée : manger de façon modérée, pratiquer le sport sans excès, se montrer de bonne compagnie sans se laisser marcher sur les pieds, rester poli sans verser dans l’obséquiosité… En la plupart des domaines, l’excès est un ennemi : il est dès lors également perçu comme tel dans le registre politique.

La dénonciation de l’extrémisme et la célébration de la modération sont donc efficaces. L’argumentaire est pourtant assis sur un raisonnement doublement malhonnête. Il est malhonnête d’abord parce que, bien loin d’être extrémistes, les réactions des populistes, comme celles de la population autochtone dans son ensemble, sont au contraire extrêmement modérées. Le principal parti d’extrême-droite, le RN, respecte ainsi un légalisme strict, participant sans broncher aux processus électoraux, en dépit des multiples entraves qu’il subit (poursuites pénales répétées, manifestations hostiles systématiques à la porte de ses meetings, comportement d’obstruction des banques…). De la même manière ce parti a depuis longtemps choisi d’adopter un discours républicain parfaitement conforme, prenant à son compte les valeurs célébrées par le Système, telles que la laïcité. Vis-à-vis de la question de l’immigration, les discours radicaux dénonçant l’invasion, le Grand remplacement et appelant à la remigration restent parfaitement marginaux, le RN affirmant quant à lui, à l’unisson des autres partis, que « l’islam a toute sa place dans la république dès lors qu’il en respecte les valeurs » ou que « la grande majorité des immigrés sont pacifiques et désireux de s’intégrer ». Pour notre part, au passage, nous considérons que ce discours trop lisse du RN est profondément erroné : il banalise le phénomène d’invasion auquel l’Europe est confrontée et contribue à l’opération d’anesthésie générale à laquelle le Système se consacre.

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La dénonciation de l’extrémisme est malhonnête pour une deuxième raison : les populistes, mêmes les plus radicaux d’entre eux qui dénoncent le « Grand remplacement », ne sont en rien des extrémistes. Qu’y-a-t-il en effet d’extrême à dénoncer l’invasion de son propre pays ? Faire le constat que les sociétés multiculturelles sont par nature belliqueuses et instables, affirmer que le rythme de l’immigration est tel qu’il mettra prochainement les populations autochtones en minorité sur leur propre sol, prédire que l’immigration de masse emportera la civilisation européenne elle-même, tout cela n’a rien d’extrême mais relève au contraire du constat brut, de la prévision raisonnable, du pronostic lucide et froid.

La situation est exactement à l’inverse de ce que présente la propagande du Système. Les extrémistes ne se trouvent pas là où on les désigne : les extrémistes sont ceux-là même qui dénoncent les extrêmes. C’est bien le Système en effet qui mène en tout domaine des politiques extrémistes : en mondialisant et en ayant délocalisé des millions d’emplois ; en imposant aux Français moyens de souche un niveau record d’impôts, de taxes et de cotisations pour financer les conséquences sociales de la mondialisation et l’immigration ; en mettant en place des mécanismes qui enrichissent la classe dirigeante comme jamais ; en alimentant un système économique fondé sur la production et la consommation de masse qui a déstabilisé le climat en seulement quelques décennies ; en adoptant des lois libertaires et en promouvant des mœurs qui heurtent le bon sens et déstructurent la société. La politique la plus extrême conduite par le Système reste cependant l’immigration massive, qui a été souhaitée, encouragée et organisée par la classe dirigeante depuis cinq décennies et qui aboutit à l’invasion de l’Europe. Les extrémistes ? Ils sont au pouvoir…

« Les discours de haine des populistes nuisent à la paix civile et doivent dès lors être proscrits »

Installé au cœur de la propagande du Système, le thème de la haine fait l’objet d’une invocation permanente : pas un jour sans que le Système, ses relais et ses porte-voix ne dénoncent « la haine », « ceux qui l’attisent, l’alimentent et la colportent ».

La dénonciation de la haine est particulièrement efficace, pour deux raisons distinctes. Son efficacité résulte d’une part du fait que la haine est ressentie par tous comme un péché parmi les plus graves. Bien qu’aujourd’hui athée et même anticatholique, notre société, en France en particulier, reste marquée en profondeur par le christianisme. La culture européenne et les structures mentales des Européens ont été façonnées par le message évangélique. Or l’Évangile est tout entier bâti sur la notion d’Amour : il commande de s’aimer les uns les autres, nous presse d’aimer le prochain, nous demande même d’aimer nos ennemis. La haine dans un tel contexte ne peut qu’apparaître comme un péché mortel.

Or, il est aberrant, même pour les chrétiens, de fonder une société sur les commandements évangéliques. C’est se tromper gravement que de faire de l’Évangile une lecture littérale applicable aux politiques publiques. L’Évangile s’adresse aux individus et leur propose un chemin de vie personnelle : il n’a aucunement vocation à présenter un modèle de société.

Mais l’efficacité de la dénonciation de la haine a un second ressort, plus puissant encore. L’argumentaire du Système est en substance le suivant : « Les discours opposés aux flux migratoires sont nécessairement ressentis par les immigrés comme hostiles et haineux. Ils nuisent dès lors par nature à la paix civile, contreviennent à la coexistence harmonieuse et menacent le vivre ensemble. Ils doivent pour cette raison être proscrits ».

Convaincue par ce raisonnement en forme de syllogisme, la majorité de la population ressent comme légitimes les lois limitant ou interdisant l’expression des opposants à l’immigration. De même les poursuites pénales qui sont engagées sur cette base contre « les porteurs de haine » sont considérées comme normales. De même encore la fermeture des comptes de réseaux sociaux de « ceux qui attisent la haine » est perçue comme nécessaire au maintien de l’ordre et de la paix civile.

En dépit de son caractère raisonnable en apparence – qui pourrait aimer la haine ? – cette dénonciation de la haine repose pourtant sur une tromperie. Depuis que les sociétés humaines existent, les peuples ont cherché à résister à leurs envahisseurs. Depuis toujours également, ils ont éprouvé envers leurs agresseurs de la haine. Ces réactions de résistance et de haine contre l’envahisseur sont toujours apparues comme des réactions normales et légitimes. On ne peut dénier à une population le droit de résister à l’invasion et de haïr l’envahisseur que si l’on se réclame d’un monde sans frontières, où chacun possède le droit de circuler librement et de s’installer où il le désire.

Or cette conception d’un monde sans frontières est manifestement une folle utopie. Elle n’est partagée que par quelques Européens. Elle est absente des autres continents. Les immigrés les premiers n’y sacrifient nullement : ils ne se ressentent aucunement comme citoyens du monde mais sont au contraire tout à fait conscients de participer à une entreprise de conquête et de colonisation. Quant à la population européenne, elle n’a jamais été consultée sur la politique d’immigration : si elle l’était, il y a fort à parier qu’elle rejetterait massivement la politique immigrationniste et la vision d’un monde sans frontières qui la sous-tend.

***

En bonne logique, le débat ne devrait donc pas se situer là où le place le Système. Il ne s’agit pas de choisir entre l’extrémisme et la modération, entre la haine et la concorde, ni même entre la paix et la violence : il faut remonter au fait générateur de tous ces questionnements et en venir à la question première, de laquelle découle les autres. La politique d’immigration massive conduite depuis cinquante ans repose sur la conception d’un monde sans frontières : un tel monde sans frontières est-il possible et souhaitable ?

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Si l’on répond affirmativement, les « discours de haine » et d’hostilité à l’immigration doivent alors être effectivement proscrits, parce qu’ils nuisent à la paix et au vivre-ensemble. La situation est toute différente si l’on considère, comme c’est notre cas, qu’un monde sans frontières ne constitue qu’une dangereuse utopie déconnectée des faits. Si l’on estime que l’organisation des peuples en nations, sur un territoire dont ils sont les maîtres, constitue le seul cadre envisageable parce qu’il correspond profondément à la réalité de la condition humaine, alors la haine de l’envahisseur et de ceux qui leur ouvrent la porte devient profondément légitime, humaine et saine. Et c’est l’attitude de bienveillance et de compréhension à l’égard de ceux qui s’introduisent en masse sur nos territoires qui doit être condamnée, parce qu’elle correspond à une trahison et débouche sur la soumission.

La condamnation et la proscription de la haine que voudrait obtenir le Système sont vaines, au demeurant, comme la suite des événements risque de le montrer. Si l’utopie folle d’un monde sans frontières continue à gouverner l’Europe, la haine s’invitera bientôt aux premières loges des massacres qui s’annoncent. Elle enflammera les protagonistes des affrontements en gestation. Elle dansera comme feux-follets autour des razzias, des pogroms et des ratonnades à venir. Elle déferlera dans le chaos et l’anomie qui s’installent. Elle brandira les drapeaux ensanglantés, déposera les bombes meurtrières, stimulera les porteurs de cimeterres.

Elle animera aussi ceux qui ne veulent pas mourir.

samedi, 27 avril 2019

L’adieu aux cathédrales

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L’adieu aux cathédrales

Ex: http://www.dedefensa.org

L’historien américain Victor Davis Hanson, un conservateur activiste et “musclé” (il fut un temps proche des neocons, lors des premières aventures de l’Irak et de l’Afghanistan), donne quelques appréciations sur l’incendie de Notre-Dame et surtout sur les perspectives de reconstruction. Hanson est un spécialiste de l’histoire militaire et culturelle, avec un grand intérêt pour l’Antiquité et les périodes marquées par une forte affirmation de la tradition (notamment le Moyen-Âge, et par conséquent “le Temps des Cathédrales”). Ce sont quelques mots mais ils ont le tranchant et le vif des pensées les plus audacieuses et les plus vraies par conséquent, – puisque, dans notre temps d’extraordinaire conformisme à la bienpensance (“conformisme du conformisme” si l’on veut), “la sagesse, c’est l’audace de la pensée”, – puisque l’audace revient essentiellement sinon exclusivement à rompre avec ce “conformisme au carré”.

L. Brent Bozel III, qui n’est pas un commentateur habituel du site Strategic-Culture.org, présente et commente le  21 avril 2019  sur ce site la question soulevée par la citation de Hanson. Le titre est crépusculaire, mais ô combien justifié : « La fin de la culture des cathédrales », comme si l’incendie de Notre-Dame sonnait la seconde mort du “Temps des Cathédrales” :  la mort de la représentation que nous nous en faisons dans le cadre de certaines illusions que nous continuons à entretenir sur notre perception du monde et sur notre culture civilisationnelle, après sa mort historique à la fin du XIIIème siècle.

« Peu de temps après la vision tragique de la cathédrale Notre-Dame qui s'enflammait à Paris, alors que les foules regardaient et chantaient l’Ave Maria, l’historien Victor Davis Hanson mettait notre époque moderne en perspective. Il déclarait à Laura Ingraham, de Fox News : “Il sera très difficile dans notre société de reconstruire une cathédrale, et encore moins de la réparer, parce que nous ne croyons plus en ce qu’elle représente. Et c'est ironique, parce que nous n'aimons pas le passé. Nous sommes en guerre contre le passé. Nous démolissons des monuments. Nous ne construisons pas de cathédrales. On efface les noms...” 
» Laura Ingraham de Fox a souligné ce point avec une citation déprimante de l’hebdomadaire Rolling Stone : “Toute reconstruction ne doit pas être le reflet d'une vieille France, ou d'une France qui n'a jamais été, – une France européenne blanche et non laïque, – mais le reflet de la France d'aujourd'hui, une France qui est en train de se construire”... »

… Ces quelques mots suffisent : Hanson pose implicitement une question d’un très grand intérêt, qui dépasse bien entendu la tragédie de Notre-Dame comme nous l’avons perçue, qui la hausse, pour l’installer dans une perspective bien plus large et puissante que la seule polémique disons “entre Anciens et Modernes”, entre ceux qui veulent une reconstitution dite “à l’identique”, telle qu’était cette véritable transcendance architecturale, et ceux qui veulent y mettre de notre époque...

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(Et l’on sait quelle est notre position dans cette polémique de très-basses eaux, inévitable avec le simulacre-Système, où se répand l’incroyable fatuité postmoderniste dans la prétention à “faire mieux” que n’était Notre-Dame : « plus belle encore », dit l’autre /notre clown-président).

La question est donc : “Saurons-nous”, ou plutôt “Saurions-nous reconstruire une cathédrale aujourd’hui alors que nous ne croyons plus en ce que symbolisent et ce que dispensent ces cathédrales ?” Poser cette question c’est bien entendu y répondre avec emphase et quasiment de l’enthousiasme, et cette réponse qui met implicitement en évidence :

d’une part qu’il y avait un lien sacré entre les cathédrales d’un côté, les bâtisseurs de cathédrales (du concepteur général à l’artisan le plus humble) et le peuple d’un autre côté, et que ce lien permettait aux êtres humains de ressentir la Gloire et la Beauté des cathédrales ;

et d’autre part et surtout, qu'il y avait le génie intuitif de donner à ces cathédrales la capacité de disposer du Temps et de le vaincre, pour prolonger leur force de suggestion et d’attraction à la fois, force venue de leur dimension spirituelle s’exprimant autant, grâce à son architecture transcendante, dans sa Gloire que dans sa Beauté.

… La suite du propos de Hanson montre effectivement, – what else ? – l’extrême pessimisme qui caractérise son jugement car, bien entendu, nous n’avons plus ces divers caractères et la foi qui les conditionne cela va de soi. Par conséquent, nous ne saurons pas, nous ne pouvons pas rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris, par manque de caractère, psychologie défaillante, etc. Nous avons suffisamment régressé pour cela,– mission accomplie, si vous voulez. De ce point de vue, les vautours de l’AC (Art Contemporain), et de l’art moderne en vérité, ces artistes en général devenus fonctionnaires et valets artistiques de certains États et des grosses fortunes, ont toutes les chances de trouver un accueil bienveillant lorsqu’il s’agira de décider de quelle remise en l’état Notre-Dame doit souffrir, et dans un délai de 5 ans selon l’esprit ultra-rapide du temps, un peu comme Hollywood vous boucle un blockbuster en quelques mois.

Le sens de l’opération est particulièrement évident, selon cette plume extrêmement instruite de Rolling Stone : la France est en train de naître, de se construire, il n’y avait rien avant en fait de France que la terre rasée par les “blancs”, et donc une terre toute-blanche et complètement vide de la diversité, du multiculturalisme et toutes ces sortes de chose. Dans cette situation, il est évident que Notre-Dame n’avait qu’une chose à faire, – cramer, le plus vite possible, et l’on eût aimé que, comme à Hiroshima, cela soit jusqu’au millimètre-zéro. Si l’on suit PhG, – plaisantait-il véritablement, comme il avait semblé à certains qu’il faisait ? –la seule attitude acceptable en l’état serait justement de laisser Notre-Dame en l’état : 

« ...“[S]i j’étais président” donc, moi et pas Zombie-Apathie renvoyé à la niche, j’ordonnerais que l’on consolidât Notre-Dame dans son état actuel de dévastation avec l’aspect des restes d’elle que les flammes voulurent bien nous laisser, pour rappeler solennellement le symbole qu’elle fut et par conséquent ce que nous avons perdu. Chacun pourrait ainsi continuer à s’instruire de ce que fut l’objet de cette catastrophe, et mesurer l’effet de cette catastrophe qui est le produit indiscutable de ce que cette époque est capable de nous offrir ; c’est-à-dire un symbole absolument écrasant de notre époque, figurant, d’une façon générale avec le destin catastrophique comme l’est un attentat surtout-pas-islamiste du symbole venu du Temps des Cathédrales, ceci exactement : la néantisation du passé et l’entropisation du présent en un futur diabolique figé dans la catastrophe. Je ferais donc ce qu’ont fait les Japonais, d’ailleurs dans un autre esprit peu glorieux mais c’est l’acte qui importe ici, en gardant un vestige des effets de la Bombe : “En guise de témoignage, les ruines du dôme de Genbaku, l'un des seuls bâtiments à ne pas avoir été entièrement détruits par l'explosion, furent conservées.” »

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Tout cela se passe dans un contexte qu’on qualifiera d’“urbain”, pour être dans l’air du temps. On terminera donc ce court bilan par une réflexion d’un “spécialiste de la ville”, l’urbaniste Claude Rochet, présenté de la sorte dans Le Causeur et l’on comprend déjà la ligne directrice de son propos qui rejoint évidemment toutes les réflexions présentées ici sur la reconstruction de Notre-Dame : « Claude Rochet appartient à cette race d’énarques pour laquelle le service public a encore un sens. Spécialiste de la ville de demain qu’il pense dans sa globalité, il nous fait explorer ‘Les villes intelligentes’ à hauteur d’homme, loin des chimères néo-progressistes. »

D’une façon plus générale, avec son appréciation critique de la ville moderne et son appréciation admirative de la “ville médiévale”, Rochet nous donne une des clefs implicites et fondamentales de notre impuissance probable à reconstruire Notre-Dame dans la dimension inspiratrice et spirituelle qu’elle avait préservée et conduite jusqu’à nous. Ainsi, à la la question “Tout bien pesé, pourquoi jugez-vous la ville médiévale plus riche d’enseignements que les utopies urbaines constructivistes ?”, la réponse va de soi, naturellement, s’articulant autour de l’argument esthétique du Beau (dans ce contexte où rôde le postmodernisme, ce genre de chose se précise) qui répond à “l’idéal chrétien” du “Bien commun” : 

« La ville médiévale a été l’objet des analyses des plus grands historiens du développement urbain comme Lewis Mumford, analyses reprises par les théoriciens contemporains de la systémique comme Chris Alexander. Le principe fondamental de la ville médiévale était la croissance organique, soit le développement comme un organisme vivant. Pour Mumford, “la croissance organique ne part pas d’un but préconçu. Il évolue de besoins en besoins, d’opportunités en opportunités dans des séries d’adaptations qui elles-mêmes deviennent de plus en plus cohérentes et finalisées, de sorte qu’elles génèrent à la fin un design complexe à peine moins unifié qui motif géométrique prédéfini”. C’étaient des villes sans architectes ni urbanistes, il n’y avait pas de permis de construire mais il ne serait venu à personne de construire une horreur disgracieuse comme se le permet l’architecture contemporaine. La ville était animée par un corpus de valeurs communes issues de l’idéal chrétien du Bien commun et chacun devait contribuer au Beau collectif parce qu’il était la condition du Beau individuel. Cet idéal était également politique comme l’illustrent les fresques d’Ambroggio Lorenzetti sur le Bon gouvernement, qui décorent l’Hôtel de ville de Sienne. Cet idéal politique reposait sur la participation active des citoyens à la vie politique et des mécanismes de démocratie directe – comme la rotation annuelle des postes de magistrat représentée dans les fresque sur “les effets du bon gouvernement” – que l’on retrouve également dans les villes médiévales russes de Pskov et Veliki Novgorod. La tradition de la ville médiévale a connu sa fin à l’époque baroque où l’architecture de la ville devait exprimer le pouvoir absolu du Prince. »

Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

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Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

par Brandon Smith

 
Article original de Brandon Smith, publié le 3 avril 2019 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Il s’agit peut-être d’une généralisation trop large, mais j’ai l’impression que le public a presque le sentiment qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement gênant dans le milieu universitaire. La source de ce mécontentement fait l’objet d’un débat, mais je crois qu’il découle de l’image du projet des universitaires par rapport à la réalité de leur caractère personnel et de leurs intentions. 

L’universitaire moyen qui a obtenu un diplôme universitaire dira que certaines personnes ne le trouvent désagréable que parce qu’il est « si intelligent », ce qui en rend d’autres envieux. Je dirais que c’est le contraire – l’universitaire moyen est en fait assez ignorant, mais brandit une fausse image de génie. C’est pourquoi je les qualifie souvent d’« imbéciles académiques ».

La fausse intelligence et la fausse sagesse sont comme du papier de verre pour les nerfs des gens exposés, et la personne moyenne n’est pas aussi stupide que les universitaires le pensent.
Au sommet du mât totémique académique frauduleux se trouvent ce que j’appellerais les « philosophes académiques », les gardiens, les gens qui pontifient régulièrement sur le sens de la vie et de la société tout en vivant la vie la plus charmante qu’on puisse imaginer. Ce sont des gens qui, dans la plupart des cas, sont issus de la classe supérieure. Ils ont été cajolés à chaque instant éveillé de leur existence. Ils ont eu toutes les portes ouvertes pour eux par quelqu’un d’autre sur le chemin du succès, et ont connu peu ou pas de lutte ou de souffrance pendant tout le temps qu’ils ont passé sur cette Terre. Et pourtant, ils s’estiment en quelque sorte qualifiés pour commenter la condition humaine.

Il n’est pas surprenant que les idées développées par ces universitaires tendent à nier la réalité concrète. Ils cherchent à poursuivre des programmes qui sont au mieux fantaisistes et qui, en fin de compte, seraient destructeurs s’ils étaient appliqués dans le monde réel.

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Je trouve cela commun à de nombreux philosophes, non seulement aujourd’hui, mais tout au long de l’histoire. Le vénéré Platon était une telle personne, le plus jeune fils de riches parents aristocratiques qui n’avait pas grand-chose à faire dans sa jeunesse, mais qui réfléchissait. Les épreuves entourant son ami Socrate mis à part, Platon n’a jamais abandonné la notion de domination élitiste sur la société. La République de Platon est un sanctuaire du modèle élitiste, imaginant un monde gouverné essentiellement par des universitaires – des gens nés avec des capacités intellectuelles supérieures et qui étaient destinés à dominer le reste d’entre nous comme des demi-dieux bienveillants.
C’est une drôle de coïncidence que des universitaires soi-disant élitistes objectifs arrivent toujours à la conclusion qu’ILS sont les personnes les mieux à même pour gérer la société.

La cabale académique n’est cependant pas entièrement naïve. Ils se sont rendu compte au fil du temps que leur argumentaire de vente d’une classe de prêtres intellectuels et de schémas pyramidaux utopiques n’est pas très efficace, et ils ont choisi de changer de récit. Le nouveau récit est celui de l’inévitabilité ; l’inévitabilité du socialisme, l’inévitabilité du globalisme et l’inévitabilité de l’automatisation algorithmique.

En d’autres termes, le globalisme sera la structure sociale optimale et l’intelligence artificielle gouvernera les opérations quotidiennes de cette structure, peu importe ce que le public veut. Les élites ne gouverneront pas le monde directement, mais leurs semblables créeront les algorithmes et ces politiques gouverneront le monde en vertu de l’évolution sociale et technologique.  Tout comme le film français de Jean-Luc Godard, Alphaville, l’idée est que les élites peuvent simplement se reposer et laisser la sombre « logique » de la gouvernance algorithmique faire le sale boulot. Car, après tout, comment peut-on discuter avec un ordinateur ?

L’un des élitistes universitaires dont je parle est Yuval Noah Harari. Ses éditoriaux ont beaucoup fait parler d’eux dans les médias grand public ces derniers temps et ils mettent l’accent sur la nécessité de la globalisation ainsi que sur la nécessité pour les humains de s’adapter rapidement à la technocratie, de peur qu’ils ne se retrouvent obsolètes. Harari est un philosophe académique prototypique, régurgitant de vieux concepts d’aristocratie et de féodalisme à peine voilés par l’imagerie futuriste. Ses arguments sont du type de ceux que d’autres universitaires de moindre importance absorbent et perroquetent sans cesse comme s’ils étaient profonds.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les idées derrière le futurisme, je suggère de lire mon article « La signification du bien et du mal en des temps périlleux ». En résumé, les futurologues sont toujours d’accord avec l’idée que les anciennes méthodologies doivent être effacées pour faire place à de nouvelles méthodologies. Les traditions et les idéaux du passé sont considérés comme une prison qui empêche l’humanité de progresser et d’avoir un avenir meilleur. Ils croient que la solution aux déséquilibres et aux tragédies d’aujourd’hui consiste à démanteler énergiquement le système actuel et à le reconstruire d’une manière nouvelle et originale. Cela inclut la morale et les principes directeurs, qu’ils considèrent comme étouffants et relatifs.

Le futurisme a été fondé au début du 20ème siècle en Europe avec des groupes frères en Russie et est considéré comme un précurseur des premiers mouvements socialistes, dont le fascisme et le communisme. Pour clarifier, il n’y a pas de nouvelles idées sous le soleil, seulement de vieilles idées avec une tournure légèrement différente. Le socialisme précède le globalisme, qui est l’une des idées les plus anciennes ; l’idée d’empire total.

Comme la plupart des philosophes universitaires modernes, Yuval Harari fait la promotion du futurisme et du globalisme. Il est associé au Carnegie Council For Ethics In International Affairs, un organisme globaliste. Autrefois connu sous le nom de Church Peace Union, le groupe a contribué à pousser Woodrow Wilson à impliquer les États-Unis dans la Première guerre globale et à promouvoir la création de l’ONU.

Il est un modèle adéquat pour démystifier ce que ces gens appellent souvent « l’ordre global libéral », qui n’est qu’une autre forme de futurisme. Comme point de référence, j’utilise deux articles de Harari, l’un publié pour le Guardian sur l’avenir de l’automatisation et des robots qui déclassent l’humanité, et l’autre publié pour le magazine The Economist propriété de la  Rothschild sur la nécessité de la globalisation et de la fin du nationalisme. Je vais résumer ses arguments et ses points de vue, mais j’invite les lecteurs à examiner ses articles liés ci-dessus.

Allons droit au but….

L’IA remplacera la plupart des humains… et c’est une bonne chose.

C’est en train de devenir l’un des piliers du discours de l’establishment globaliste et de son milieu universitaire pour un certain nombre de raisons. L’argument selon lequel la domination de l’intelligence artificielle est inévitable ressemble beaucoup à l’argument selon lequel la globalisation est inévitable ; les deux sont fondés sur une prophétie auto-réalisatrice.

Harari imagine ce qu’il appelle un « monde sans travail », un développement à venir d’ici seulement 20 à 30 ans où les machines algorithmiques remplaceront les êtres humains comme source principale de travail. Cette propagande a deux facettes : premièrement, elle vise à effrayer le public et à l’amener à exiger la centralisation et la gouvernance globale. Harari affirme que sans une gouvernance globale et un « revenu de base universel », l’IA fera de la plupart des gens qui n’ont pas de connaissances technologiques des pauvres instantanément, ce qu’il appelle « la classe inutile ». Et ici, nous voyons le tour de passe-passe.

Comme je l’ai souligné dans mon article intitulé « La vraie raison pour laquelle les globalistes sont si obsédés par l’intelligence artificielle », des entités globalistes comme la DARPA, l’ONU et le Forum économique global ont été très agressives en poussant l’intelligence artificielle à l’avant-scène et ont entrepris des campagnes de promotion pour contrer la méfiance du public envers cette technologie. Dans le même temps, ces organisations globalistes ont fait valoir que, sans leur surveillance accrue, l’IA pourrait faire l’objet d’abus de la part des États nations ou détruire des économies entières.

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Ainsi, les globalistes vous disent que la domination de l’IA est une conséquence inévitable du progrès alors qu’ils dépensent d’énormes quantité de capital et d’heures de travail pour faire de leur prédiction une réalité. Ils vous disent alors que l’IA sera une menace pour votre gagne-pain et celui de vos enfants. Ensuite, ils vous disent que la seule réponse est de leur donner plus de pouvoir pour régler le problème qu’ils ont créé.

La deuxième partie de cette propagande est l’affirmation selon laquelle les dangers de l’IA pourraient être transformés en avantages utopiques. Si le « monde sans travail » est le bâton, alors le revenu de base universel est la carotte. La promesse fantastique des futuristes remonte aux premiers jours du communisme, et inclut toujours une terre pour demain où tous les gens vivront une existence paisible ; une société où tous les besoins sont satisfaits sans travail. Habituellement, les voitures volantes et les villes flottantes sont offertes là-dedans quelque part …

Harrari insinue dans son article pour The Guardian que la paresse est un état naturel pour la plupart de l’humanité, et que la majorité des gens resteraient mentalement à l’aise de ne pas avoir de but dans la vie tant qu’on leur donnerait une existence virtuelle comme un moyen de distraction. Il cite l’exemple d’enfants adultes qui vivraient dans un sous-sol s’ils y étaient autorisés et qui y subsisteraient grâce à la générosité de leurs parents avec une vie dédiée aux jeux vidéo. Mais plutôt que de souligner qu’il est destructeur d’encourager un tel comportement, Hariri suggère que cela devrait être un pilier de notre société.

Ce que Hariri ignore est une question clé du pourquoi beaucoup de gens se contentent d’une telle vie. Ce n’est pas nécessairement parce qu’ils aiment faire partie de la « classe inutile » ; beaucoup d’entre eux veulent désespérément trouver un but et un accomplissement car ce désir est ancré dans la psyché de la plupart des gens à la naissance. C’est juste qu’ils n’ont aucune idée du comment, et ont vécu dans un environnement qui semble de plus en plus conçu pour nuire à leur indépendance.

Je note que les élites de l’aristocratie ont exploité pendant des siècles la béquille du revenu de base universel comme un moyen de contrôler le comportement de leurs enfants. La progéniture des élites était souvent traitée comme une propriété et maintenue dans la ligne grâce à l’infantilisation et à la dépendance à l’égard du revenu. Pour ces enfants, il était presque impensable de poursuivre un rêve personnel ou de se lancer seul, car ils ont été isolés de tout ensemble de compétences pratiques. Quitter le système, c’est s’exposer à la pauvreté et à la mort potentielle.

Le plan est donc le suivant : Empêchez les gens de devenir autonomes, assurez-vous d’être leur seule source de revenu, puis donnez-leur le pouvoir d’utiliser ce revenu comme s’ils vous devaient quelque chose comme un enfant se doit à un parent. Hariri réclame ce genre de mesure de contrôle pour le monde entier.

L’expérience humaine est dans nos têtes et ne signifie rien

Tout comme le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, le « monde sans travail » de Hariri repose sur les opiacés, mais dans ce cas, les opiacés technologiques de la réalité virtuelle. Il affirme qu’il n’y a rien de nouveau et que les humains participent depuis longtemps à des jeux de réalité virtuelle par leur participation à la religion ainsi que par l’acquisition de la propriété. Je ne vois pas la logique dans sa comparaison, et il semble qu’il utilise cette tangente étrange simplement comme une occasion de se perdre dans une rhétorique athée et socialiste sans originalité.

Cependant, cette diatribe nous donne une meilleure idée d’un autre mème de propagande globaliste, à savoir que toute expérience est une question de perception et que toutes les conclusions sont relatives, y compris les conclusions morales. J’ai écrit des douzaines d’articles sur la question du globalisme et du relativisme moral et sur les raisons pour lesquelles il est fondé sur le mensonge et la désinformation. Je pense que c’est l’un des débats les plus importants de notre époque ou de toute autre époque, car il détermine la survie de notre humanité.

Pour quelqu’un qui considère toute expérience comme un jeu inutile que les gens inventent pour se divertir jusqu’à leur mort, Hariri semble trop préoccupé par la façon dont nous sommes tous gouvernés alors que nous « jouons » tous notre chemin durant notre existence. S’il n’y a pas de sens et qu’il n’y a pas de conception de l’univers ou de l’humanité, alors pourquoi chercher à centraliser le contrôle du jeu ?

Bien sûr, c’est un non-sens élitiste, et je ne suis même pas sûr qu’ils croient les ordures qu’ils vendent. Comme je l’ai noté dans des articles précédents, de nombreux chercheurs ont présenté des preuves considérables de qualités psychologiques humaines inhérentes, y compris la conscience innée et la boussole morale, ainsi que des dualités archétypiques qui nous donnent le don inhérent du choix. De Carl Jung à Joseph Campbell en passant par Steven Pinker, etc., les scientifiques et chercheurs réels ont entrepris des décennies d’expérimentation, de collecte de données et d’observation pour appuyer leurs conclusions. C’est quelque chose dont des philosophes académiques comme Hariri ne tiennent pas compte. Ils pensent que s’ils énoncent un point de vue avec suffisamment de bravade arrogante, c’est tout ce dont ils ont besoin pour le consolider en tant que fait.

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La raison pour laquelle les globalistes en particulier sont si friands de la narration relativiste est parce qu’elle justifie leur comportement dans la poursuite de leurs objectifs de centralisation. Ce comportement est généralement basé sur une approche où « la fin justifie les moyens », et est contraire à notre voix inhérente d’empathie et de conscience. Si les expériences humaines sont toutes une question de perception et d’illusion, alors la façon dont les élites abusent ou subjuguent les autres humains pour subventionner leur propre réalité virtuelle ne compte plus.

Le globalisme est bon, le nationalisme est mauvais

La centralisation globale est appelée par différents noms par les universitaires élitistes : Le nouvel ordre mondial, l’ordre global multipolaire, le reset global, les biens communs globaux, l’ordre global libéral, etc. Les globalistes passent la majeure partie de leur temps à essayer de reconditionner le marketing derrière le globalisme pour le rendre plus acceptable aux yeux des masses. Il s’agit généralement d’un processus malhonnête parce qu’il exige d’eux qu’ils attribuent faussement les échecs du globalisme au libre marché et au nationalisme.

Hariri tient à proclamer que l’« ordre global libéral » a réussi à améliorer la planète sur plusieurs générations sur les plans économique et géopolitique, mais il affirme ensuite que les États-nations commencent à « saper » cette stabilité. Nous entendons aussi constamment les globalistes dire que le « capitalisme » est la cause de la plupart des maux du monde, mais la vérité est que l’ingérence de style socialiste a créé le corporatisme et l’oppression par les marchés libres au cours du siècle dernier.
Ainsi, le globalisme nous a sauvés du capitalisme de marché, mais le capitalisme détruit tout ? Comment ces deux choses peuvent-elles être vraies ?

C’est le scénario dominant des globalistes d’aujourd’hui – la globalisation fonctionne, le nationalisme et les économies indépendantes ne fonctionnent pas, et faire un pas en arrière, c’est du suicide. C’est-à-dire qu’ils considèrent les mouvements « populistes » d’aujourd’hui comme un recul suicidaire.
Ce que les élites académiques comme Hariri ignorent, ce sont les nombreux problèmes que notre monde connaît aujourd’hui en raison de l’interdépendance et de la centralisation. Il observe avec fierté que toute nation qui tenterait de fonctionner en dehors du système globaliste tomberait dans le désarroi économique, mais ne reconnaît pas qu’en 2008, le monde est tombé dans le désarroi exactement parce que les nations étaient beaucoup trop interdépendantes, avec un mécanisme commercial tellement intriqué que l’effondrement d’une grande économie a entraîné la suivante qui a fait tomber la suivante. C’était une faiblesse cancéreuse déclenchée par le globalisme, et non par l’isolationnisme ou le nationalisme. Et c’est une faiblesse qui persiste en 2019.

Pourtant, la solution est toujours la même : plus de globalisme. Le manque d’autosuffisance et de redondance des économies nationales n’est pas quelque chose qu’il faut célébrer, mais qu’il faut corriger. Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi ; ce sont les globalistes qui l’ont fait.

Duper les masses dans l’amour de la globalisation

Comme le note Harari dans son article pour The Economist, la création d’une « identité globale » dans laquelle les masses remplacent la loyauté envers une nation ou une tribu par la loyauté envers leur espèce et envers la Terre ne doit pas être difficile. Tout ce qu’il faut, c’est un ennemi commun, et quel meilleur ennemi que la menace d’une guerre nucléaire, la menace des changements climatiques et la menace de l’intelligence artificielle?

Le recours à des menaces externes (dont certaines ont été fabriquées de toutes pièces) pour amener le public à adopter un état d’esprit voulu est le pain et le beurre des élites. Les changements climatiques causés par l’homme constituent une menace fabriquée de toutes pièces, constamment démystifiée et les données exposées comme truquées pour présenter des résultats prédéterminés. La grippe aviaire est une menace que les globalistes ont activement conçue (la DARPA en est la source première). La menace d’une guerre nucléaire existe depuis des décennies et je ne m’attends guère à ce que les élites globales démantèlent de telles armes une fois qu’elles auront pris le pouvoir sur un gouvernement global.

Et nous découvrons ici le sophisme sous-jacent du débat de Hariri et la position globaliste en général. Les élites évoquent des visions terribles de ce qui se passera si les États-nations et le tribalisme sont autorisés à perdurer, mais les catastrophes qu’elles prédisent, y compris la guerre ; la manipulation génétique ;  la militarisation de l’IA ; les crises de migration massive ; l’effondrement économique – toutes ces choses sont déjà causées par les élites. Et rien ne les empêcherait de continuer à causer de tels problèmes à l’avenir si elles obtiennent ce qu’elles veulent, à savoir une gouvernance globale totale.

Je ne vois pas pourquoi les institutions globalistes devraient être considérées comme plus dignes de confiance que les gouvernements nationaux, sans parler des tribus locales. Hariri est un professeur israélien qui a manifestement bénéficié du tribalisme de cette culture tout en la dénonçant. Les globalistes agissent comme s’ils étaient loyaux envers l’humanité, mais ils ne sont en réalité loyaux qu’envers leur propre idéologie parasitaire et leur propre tribu – la tribu globaliste.

Pour élever le globalisme vers quelque chose de plus proche d’une religion qu’une simple philosophie politique, Hariri tire de son sac de tours une dernière apparition utopique classique, la promesse de la divinité. Cette idée occupe une place plus importante dans ses livres que dans ses articles, mais elle réaffirme les soupçons dont j’ai parlé dans mon article « Luciferisme : un regard laïc sur un système de croyance globaliste destructeur ». À savoir, que le globalisme repose sur un fondement très similaire à l’idéologie luciférienne, et que la technocratie globaliste est motivée par l’obsession des sociopathes narcissiques à devenir des quasi-dieux.

Ils vendent cet avenir au public comme un leurre, mais je suppose que l’ordre global libéral ne donnera pas à la « classe inutile » le statut de divinité. Comme dans toute vision élitiste, seules les élites deviennent souveraines et sont déifiées. Le reste d’entre nous devient des rouages de la machine, si nous avons de la chance, et sont considérés comme sacrifiables si nous sommes malchanceux.

Brandon Smith

Liens

https://youtu.be/qqec8oWxpEI
 

vendredi, 26 avril 2019

Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

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Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

Auteurs : Prof Michel Chossudovsky et Manlio Dinucci 
Ex: http://www.zejournal.mobi 

Quel a été le résultat du Colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019. Manlio Dinucci en parle avec Michel Chossudovsky.

Note : au cours de cette année, l’OTAN effectue 310 exercices militaires, quasiment tous contre la Russie.

Avec l’OTAN du welfare au “warfare”

70 ans de l’OTAN. Interview de Michel Chossudovsky sur les 70 ans de l’OTAN : “ce n’est pas une Alliance, ce sont les USA qui commandent, ils veulent plus de dépense militaire dans toute l’Europe, ils sont prêts à de nouveaux conflits armés, y compris nucléaires”

Au colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019 -avec plus de 600 participants d’Italie et d’Europe-, a participé comme principal intervenant Michel Chossudovsky, directeur de Global Research, le centre de recherche sur la globalisation (Canada), organisateur du Colloque avec le Colitato No Guera No Nato et d’autres associations italiennes. Nous avons posé quelques questions à Michel Chossudovsky -un des plus grands experts internationaux d’économie et géopolitique-, collaborateur de l’Encyclopedia Britannica, auteur de 11 livres publiés en plus de 20 langues.

***

Quel a été le résultat du Colloque de Florence ?

L’événement a eu un très grand succès, avec la participation d’intervenants provenant des États-Unis, d’Europe et de Russie. L’histoire de l’OTAN y a été présentée. Y ont été identifiés et attentivement documentés les crimes contre l’humanité. À la fin du Colloque a été présentée la “Déclaration de Florence” pour sortir du système de la guerre.

Dans votre intervention introductive vous avez affirmé que l’Alliance atlantique n’est pas une alliance…

Sous l’apparence d’une alliance militaire multinationale c’est au contraire le Pentagone qui domine le mécanisme décisionnel de l’OTAN. Les USA contrôlent les structures de commandement de l’OTAN, qui sont incorporées à celles des États-Unis. le Commandant Suprême Allié en Europe (Saceur) est toujours un général étasunien nommé par Washington. Le Secrétaire général, actuellement Jens Stoltenberg, est essentiellement un bureaucrate qui s’occupe de relations publiques. Il n’a aucun rôle décisionnel.

Un autre thème que vous avez soulevé est celui des bases militaires USA en Italie et dans d’autres pays européens, y compris à l’Est, bien que le Pacte de Varsovie n’existe plus depuis 1991 et malgré la promesse faite à Gorbachev qu’aucun élargissement à l’Est n’aurait lieu. À quoi servent-elles ?

L’objectif tacite de l’OTAN -thème important de notre débat à Florence- a été d’opérer, sous une autre dénomination, “l’occupation militaire” de facto de l’Europe occidentale. Les États-Unis non seulement continuent à “occuper” les ex “pays de l’Axe” de la Seconde guerre mondiale (Italie, Allemagne), mais ont utilisé l’emblème de l’OTAN pour installer des bases militaires USA dans toute l’Europe occidentale, et, par la suite, en Europe Orientale dans le sillon de la guerre froide et dans les Balkans dans le sillon de la guerre OTAN contre la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).

Qu’y a-t-il de changé par rapport à un possible usage d’armes nucléaires ?

Immédiatement après la guerre froide a été formulée une nouvelle doctrine nucléaire, focalisée sur l’usage préventif d’armes nucléaires, c’est-à-dire sur le first strike nucléaire comme moyen d’autodéfense. Dans le cadre des interventions USA-OTAN, présentées comme actions de maintien de la paix, a été créée une nouvelle génération d’armes nucléaires de “basse puissance” et “plus utilisables”, décrites comme “inoffensives pour les civils”. Les responsables politiques étasuniens les considèrent comme des “bombes pour la pacification”. Les accords de la guerre froide, qui établissaient certaines sauvegardes, ont été effacés. Le concept de “Destruction Mutuelle Assurée”, relatif à l’usage des armes nucléaires, a été remplacé par la doctrine de la guerre nucléaire préventive.

L’OTAN était “obsolète” au début de la présidence Trump mais maintenant elle est relancée par la Maison Blanche. Quelle relation y a-t-il entre course aux armements et crise économique ?

Guerre et globalisation vont de pair. La militarisation soutient l’imposition de la restructuration macro-économique dans les pays-cibles. Elle impose la dépense militaire pour soutenir l’économie de guerre au détriment de l’économie civile. Elle conduit à la déstabilisation économique et à la perte de pouvoir des institutions nationales. Un exemple : dernièrement le président Trump a proposé de grosses coupes budgétaires dans la santé, l’instruction et les infrastructures sociales, alors qu’il demande une grosse augmentation pour le budget du Pentagone. Au début de son administration, le président Trump a confirmé l’augmentation de la dépense pour le programme nucléaire militaire, lancé par Obama, de 1.000 à 1.200 milliards de dollars, en soutenant que cela sert à garder un monde plus sûr. Dans toute l’Union européenne l’augmentation de la dépense militaire, jumelée à des mesures d’austérité, est en train de conduire à la fin de ce qui était appelé “l’État-Providence” (welfare state). Maintenant l’OTAN est engagée sous la pression étasunienne à augmenter la dépense militaire et le secrétaire général Jens Stoltenberg déclare qu’il s’agit là de la chose juste à faire pour “garder la sécurité de notre population”. Les interventions militaires sont jumelées à des actes concomitants de sabotage économique et de manipulation financière. L’objectif final est la conquête des ressources autant humaines que matérielles et des institutions politiques. Les actes de guerre soutiennent un processus de conquête économique totale. Le projet hégémonique des États-Unis est de transformer les pays et les institutions internationales souveraines en territoires ouverts à leur pénétration. Un des instruments est l’imposition de lourdes contraintes aux pays endettés. L’imposition de réformes macro-économiques létales concourt à appauvrir de vastes secteurs de la population mondiale.

Quel est et quel devrait être le rôle des médias ?

Sans la désinformation opérée, en général, par presque tous les médias, le programme militaire USA-OTAN s’écroulerait comme un château de cartes. Les dangers imminents d’une nouvelle guerre avec les armements les plus modernes et du péril atomique, ne sont pas des informations qui font la Une. La guerre est représentée come une action de pacification. Les criminels de guerre sont dépeints comme des pacificateurs. La guerre devient paix. La réalité est renversée. Quand le mensonge devient vérité, on ne peut pas revenir en arrière.

Traduit de l’italien par M-A P

L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

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L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

La transformation multipolaire en cours sur le continent eurasien confirme la coopération industrielle et diplomatique entre la Chine et le continent européen en dépit de la forte opposition des États-Unis. 

La visite de Xi Jinping en Europe confirme ce que beaucoup d’entre nous ont écrit au cours des derniers mois et des dernières années, à savoir la réalité de la transformation mondiale en cours, d’un monde dominé par les États-Unis, vers un monde pluraliste composé de puissances différentes travaillant ensemble à l’avenir d’un monde multipolaire. 

L’Europe se trouve donc dans une position imprévue, à l’équilibre entre l’ancien monde avec ses liens avec les États-Unis d’une part et le nouveau monde de l’Eurasie naissante portée sur les fonds baptismaux par la Russie et la Chine d’autre part. 

Des pays comme l’Allemagne et la France, et même le Royaume-Uni, ont depuis longtemps mis en place des politiques commerciales favorisant l’intégration avec les pays du supercontinent eurasien. En 2015, le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays occidentaux à rejoindre la Banque d’investissement pour l’infrastructure (AIIB), dirigée par la Chine, qui finance des projets de l’Initiative Belt and Road (BRI). 

Le méga projet chinois BRI [les nouvelles routes de la soie] a débuté en 2014 avec l’objectif ambitieux de favoriser le commerce entre la Chine et l’Europe par mer et par terre, avec la participation de tous les pays intermédiaires. L’idée, en tant que consolidation naturelle du commerce, est de réduire les délais de livraison des marchandises par chemin de fer et d’intégrer les routes maritimes. Le projet couvre non seulement les ports et les lignes ferroviaires, mais également la construction d’infrastructures technologiques permettant une inter-connectivité mondiale en utilisant la technologie 5G développée par le géant chinois de la technologie Huawei. 

L’Allemagne et la France ont, au fil des années, renforcé leurs partenariats avec Beijing. Paris, en particulier, a des liens historiques avec la Chine découlant de la coopération nucléaire entre le groupe chinois General Power Group (CGNPC) et Électricité de France (EDF), qui remonte à 1978, ainsi que de la coopération aérospatiale entre Airbus et les compagnies aéronautiques chinoises, en cours depuis 1985. 

L’Italie a récemment approché la BRI, suite à une initiative du nouveau gouvernement constitué du mouvement Lega Nord et du Mouvement des cinq étoiles (M5S). La décision de signer un mémorandum d’accord entre Beijing et Rome souligne la volonté du nouveau gouvernement de maintenir une position équilibrée entre Washington et Beijing dans certains secteurs. C’est exactement la démarche de l’Allemagne, qui a choisi de continuer à approfondir ses liens avec Moscou vis-à-vis des hydrocarbures et de Nord Stream 2, face aux énormes pressions de Washington. En outre, l’Allemagne et l’Italie ont toutes deux confirmé leur volonté de faire confiance à Huawei pour la mise en œuvre et la gestion du trafic 5G, élément fondamental d’un monde dominé par l’internet des objets. 

Les décisions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie de poursuivre leur coopération avec Moscou et Beijing dans divers domaines vont à l’encontre du discours avancé par les médias aux ordres, contrôlés par les États-Unis, qui tentent de décourager les hommes politiques européens d’agir dans l’intérêt de leurs pays et de s’engager avec la Russie et la Chine. 

Washington ne comprend toujours pas pourquoi certains pays européens sont si déterminés à saisir les opportunités offertes par l’Est. L’exemple récent de l’Italie est assez facile à comprendre. Les Italiens espèrent que la BRI donnera une impulsion indispensable à leur industrie manufacturière, qui est en berne ces dernières années. La volonté de capitaux chinois de stimuler les exportations de produits italiens est le moteur du projet d’accord entre Beijing et Rome. 

Outre le besoin évident et naturel de capital financier, il y a aussi l’idée d’assurer l’approvisionnement en énergie, comme le fait l’Allemagne avec la construction du Nord Stream 2 avec la Russie. Malgré la forte opposition américaine, Berlin a défendu ses intérêts nationaux en matière de diversification énergétique, en évitant de céder aux pressions de Washington, qui souhaitait que l’Allemagne s’appuie sur le GNL [gaz naturel liquéfié] fourni par les États-Unis à un prix exorbitant par rapport au gaz fourni par la Russie. 

Les divergences entre les hommes politiques européens sont frappantes, surtout si l’on examine les relations entre Macron et Salvini en Italie ou entre May et ses collègues européennes. Même entre Merkel et Macron, il semble y avoir des frictions notables autour de l’indépendance énergétique. Cependant, malgré ces divergences apparentes, le thème dominant en dernière analyse est celui de vouloir échapper à la domination étouffante de Washington au profit d’une plus grande participation au concept d’un monde multipolaire. 

Aucune capitale européenne – que ce soit Paris, Rome, Berlin ou Londres – n’a l’intention de rompre le pacte atlantique avec Washington. Ceci est confirmé à chaque occasion officielle possible. Cependant, alors que Pékin se trouve de plus en plus au centre des questions de technologie, de fourniture de capital pour des investissements ou d’expansion commerciale, les modifications apportées à l’ordre global semblent imparables. 

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Le dernier obstacle reste les pays toujours étroitement liés aux politiques pro-atlantiques, ceux qui trouvent en Beijing, et surtout en Moscou, une excellente excuse pour inviter Washington à s’immiscer davantage dans les affaires souveraines de l’Europe. Les pays baltes et la Pologne semblent offrir aux décideurs américains le meilleur atout pour tenter d’influencer le débat sur le vieux continent concernant les liens avec l’Est. Les crises artificielles créées en Ukraine, en Syrie et au Venezuela servent également à diviser les dirigeants européens en camps opposés, créant ainsi les conditions nécessaires pour saboter la coopération européenne avec l’Est. 

Ce n’est pas un hasard si pour les stratèges américains les deux plus grands dangers résident dans la possibilité que Moscou et Beijing, ou Moscou et Berlin, coopèrent et coordonnent leurs efforts. Le triangle Berlin-Moscou-Beijing, avec l’ajout de Rome et de Paris, représente un scénario sans précédent pour Washington en ce qui concerne son défi à l’hégémonie américaine en Europe. 

Wang Yiwei, chercheur principal au Center for China and Globalization, lors de la visite historique de Xi Jinping à Rome, a exprimé de manière concrète l’évolution de l’ordre mondial : « Avec le plan de coopération 16 + 1 des pays d'Europe centrale et orientale avec la Chine, plusieurs pays ont signé un mémorandum d'accord avec celle-ci afin de construire conjointement la BRI. Actuellement, 171 accords de coopération ont été conclus avec 123 pays et 29 organisations internationales dans le cadre de la BRI ».

Federico
 

jeudi, 25 avril 2019

Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

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Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

par Sergey Latyshev
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Le pétrolier turc El Hiblu-1 capturé par des migrants clandestins au large de la Libye, qui venait de « sauver » plus d’une centaine de « réfugiés » d’un naufrage, est arrivé à Malte. L’épopée du navire contrôlé par les migrants, que les autorités italiennes qualifient de « premier cas de de piraterie migratoire » en Méditerranée, s’est donc achevée. Quatre « immigrés clandestins » ont été placés en détention par la police maltaise, et les autres, qui n’avaient pas participé à la saisie du navire, ont été pris en charge au port de La Valette en bus puis emmenés vers une direction inconnue. 

La capture du bateau par les migrants a eu lieu après que les fugitifs qui se rendaient en Europe ont réalisé qu’on allait les renvoyer en Libye, distante de quelques milles. Pour éviter ceci, le groupe de « réfugiés » s’est emparé du pétrolier et a finalement exigé que son capitaine reprenne sa course vers Malte. 

Voilà la version officielle de l’incident, qui a fait beaucoup de bruit aujourd’hui à Malte et en Italie, dont les autorités ont refusé de traiter avec les « pirates » et affirmé qu’elles n’autoriseraient pas le bateau à franchir leurs eaux territoriales.

Salvini contre les « pirates » 

Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a tenu parole, promettant que l’unique moyen pour ces « pirates » de « voir les eaux territoriales italiennes [serait] un télescope. » La petite île de Malte n’a pas les moyens d’une telle indépendance et les Maltais ont dû accueillir un nouveau lot de « réfugiés ». Ils s’en portent d’ailleurs très bien : l’essentiel pour les migrants étant d’entrer sur le territoire de l’Union européenne, par n’importe quel pays, la suite n’est plus du ressort de Malte. 

Ce qu’on peut conclure, c’est que la « piraterie », ou ce qui y ressemble, va bientôt devenir monnaie courante en Méditerranée. 

Avant d’en expliquer la raison, il faut prononcer quelques paroles aimables et respectueuses envers l’actuel gouvernement italien, au service de son peuple, et non des mondialistes de la branche bruxelloise et leurs partisans américains, personnifiés par la sinistre figure du « philanthrope » George Soros. 

Peut-être le chef de la Ligue, Salvini, n’a-t-il pas tout à fait raison de parler d’acte de « piraterie » dans ce cas précis, puisque l’hypothèse d’une collusion des « immigrants illégaux » avec l’équipage et le capitaine du navire turc ne peut pas être exclue. Cependant, avec les autorités italiennes actuelles, il a réussi globalement ce qui était hypocritement considéré comme impossible en Europe occidentale. Depuis le début de l’année, seuls 300 immigrants clandestins ont été en mesure de pénétrer en Italie par la mer, c’est-à-dire 97% de moins qu’à la même période en 2017, et 94% de moins que l’année dernière. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles au pouvoir tiennent les promesses qu’ils ont faites au peuple italien. Pendant ce temps, les autorités grecques et espagnoles – les autres principales « portes maritimes » de l’UE méridionale – placent les intérêts de gens cachés en coulisses au-dessus du bien de leurs propres peuples, qui protestent déjà envers les « réfugiés ».

Et l’impossible devient possible 

L’exemple de l’Italie démontre la véracité de ce qu’affirme depuis longtemps le Premier ministre hongrois Viktor Orban : ne croyez pas qu’il est impossible d’arrêter la migration illégale, et que par conséquent, les Européens n’ont d’autre choix que d’accepter docilement des millions de « réfugiés ». En effet, quand un État décide de ne plus participer au remplacement de sa population, les résultats positifs se font immédiatement sentir. 

Salvini, en tant que Ministre de l’intérieur, a interdit à tous les navires des organisations non gouvernementales d’entrer dans les ports italiens. En conséquence, la « flotte » de Soros a effectivement cessé ses activités dans la détroit de Sicile qui sépare l’Italie de la Libye. 

Maintenant, la garde côtière nationale de ce pays détruit par l’Occident est à nouveau en mesure de s’occuper du problème des migrants, et l’Italie l’assiste dans ses préparation et lui fournit de l’équipement. Le dernier navire des « militants des droits de l’homme » à avoir débarqué des migrants « secourus » sur l’île italienne de Lampedusa a été confisqué, et une enquête ouverte sur l’équipage, soupçonné de complicité pour immigration illégale. 

Il y a quelques années, l’Autriche était parvenue à convaincre un certain nombre de pays européens de fermer la « route des Balkans ». En conséquence, l’immigration clandestine qui passait par la Grèce pour rejoindre l’UE et que la Turquie avait encouragée, a décru de manière abrupte (les Turcs, à propos, gagnent de l’argent de cette manière). Ensuite les trafiquants d’êtres humains se sont mis à utiliser l’Italie plus activement pour envoyer les migrants vers l’Europe. 

Sous le nez des forces navales européennes, au large des côtes libyennes, de nombreux bateaux pleins de migrants se sont réunis à des endroits convenus avec les navires de « militants des droits de l’homme », sur lesquels les migrants ont été transbordés pour être ensuite envoyés en Italie ou à Malte. Ou bien certains d’entre eux ont nagé jusque-là par leurs propres moyens. Les forces navales ont fermé les yeux, puisque la mission de l’UE, Sophia, non seulement n’a pas combattu le transfert des « migrants clandestins », mais l’a en fait facilité de toutes les manières. C’est ainsi que l’alliance vicieuse entre les trafiquants d’êtres humains et les « militants des droits de l’homme » de Soros a prospéré. 

Maintenant les migrants en route vers l’Europe essaient d’éviter l’Italie et la Libye.

Quelle est la raison ? 

Ni les migrants, ni ceux dont les migrants dégradent le cadre de vie ne réalisent que le but ultime de tout cela n’est pas la création d’un paradis sur terre pour les Asiatiques et les Africains, où on n’a pas besoin de travailler et on peut vivre agréablement. L’objectif est complètement différent : utiliser la migration de masse pour balayer les identités européennes, diviser la population selon des lignes de fractures ethniques et religieuses, en finir avec les anciennes obligations sociales, les libertés et la démocratie. 

La raison, c’est de créer un État policier. Et cela, « à la demande des travailleurs », qui seront tout heureux de simplement pouvoir marcher en paix dans la rue. Hélas, seuls ceux que les nombreux partisans d’une « société ouverte » présentent comme des « populistes de droite », des « racistes » et des « fascistes » agissent contre cet avenir bien réel. 

Et c’est triste. 

Sergey Latyshev 

Traduit par Stünzi, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

mercredi, 24 avril 2019

Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

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Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

Dossier établi par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il faut espérer que le procureur de Paris, en charge de l'enquête sur les causes de l'incendie ayant détruit la charpente de Notre Dame de Paris, sera suffisamment averti des questions de sécurité se posant sur les grands bâtiments anciens pour aborder les bonnes questions.

Pendant des siècles il a été possible de prévenir des incendies dans cette charpente, ou si certains s'étaient accidentellement déclarés, pour les éteindre très rapidement.

Pourtant, à ces époques, les charpentiers travaillaient à la lumière de torches ou autres lampes primitives particulièrement susceptibles de provoquer des départs de feu. Par ailleurs ils ne disposaient pas d'eau pour les éteindre, sauf celle qu'ils remontaient de la Seine à l'aide de seaux portés sur l'épaule. Enfin, les alertes à l'incendie à leur disposition se résumaient aux cris de « Au feu » poussés par les premiers ouvriers qui découvraient un début d'incendie.

On dira que l'ancien Paris, comme toutes les villes comportant des bâtiments en bois, était obsédé par le risque d'un incendie pouvant prendre des dimensions catastrophiques, comme celui du Grand Incendie de Londres en septembre 1666. Mais si Paris, comme plus particulièrement la Cathédrale Notre Dame, ont pu éviter de tels incendies, ce n'était pas du fait d'un miracle dont il faudrait remercier la divinité. C'était parce que des moyens suffisants avaient été apportés par les maîtres d'ouvrage. Le coût de ceux-ci devaient être très largement supérieurs aux bénéfices qu'ils tiraient de leurs chantiers. Mais il allait de soi à l'époque que la sécurité l'emportait sur le profit.

Scandaleuses défaillances

Concernant l'incendie à Notre Dame, les premiers éléments d'information ont montré de scandaleuses défaillances. Ainsi, sauf erreur, les alertes-incendie n'étaient qu'au nombre de deux, séparées par une centaine de mètres. Vu l'ampleur du chantier et les risques, sans être spécialiste, on peut affirmer qu'elles auraient du se trouver par dizaines dans tous les endroits exposés de la charpente. Par ailleurs les alertes au feu auraient du bénéficier de véritables sirènes d'alarme avertissant tout le chantier en quelques secondes. Enfin, des moyens multiples permettant d'éteindre un début d'incendie auraient du se trouver partout disponibles, ne fut-ce que sous forme de réserves d'eau et d'extincteurs de forte puissance.

Les responsables de l'entreprise ont affirmé dans un autre domaine essentiel que les personnels employés sur le chantier étaient parfaitement professionnels. On peut en douter vu le coût d'une telle main d'oeuvre qualifiée. Il est difficile de mettre en cause sans arguments sérieux la compétence des compagnons employés sur le chantier. Mais à première vue certaient d'entre eux avaient fait l'objet d'un recrutement peu scrupuleux. Ceci ne veut pas dire que l'incendie aurait pris de leur faute. Mais à tout le moins il n'est pas assuré qu'ils aient eux les bons réflexes pour le prévenir.

On trouve dans le World Socialist Web Site un article bien documenté intitulé The burning of Notre-Dame cathedral in Paris en date du 16 avril. Il impute la responsabilité de l'incendie au gouvernement d'Emmanuel Macron et plus largement au système capitaliste et à ses élites qui en toutes circonstances, préfèrent le profit immédiat à des investissements publics d'intérêt général visant en l'espèce à prévenir les catastrophes comme l'incendie de Notre Dame.

Il est certain que, lorsque constate la facilité avec laquelle les grands du CAC 40 ont réuni en quelques heures des centaines de millions pour réparer la cathédrale, il faut se demander pourquoi le millième de cette somme n'avait pas été procuré par eux en vue d'une sécurité préventive. Il va de soi que la réponse est simple. Collecter des centaines de millions dans le cas de Notre Dame augmente leur prestige – centaines de millions qui seront d'ailleurs supportés en dernier lieu par les consommateurs français de leurs produits et services. Prévenir des incendies dont la plupart ne se produiront pas n'a rien qui puisse leur servir.

Image. Notre Dame, avant

Notes au 18/04

*Très grave dysfonctionnement de l'Etat
https://blogs.mediapart.fr/pascal-kossivi-adjamagbo/blog/...

* Merci Xavier Niel, merci beaucoup
Le milliardaire offrirait tout sa fortune. Sur cet honnète homme, voir Médiapart
https://www.mediapart.fr/journal/france/180419/l-ecole-42...

Note au 19/04

Middle East Media Research Institute (MEMRI) rapporte
Des djihadistes célèbrent l'incendie de Notre-Dame, vu comme un châtiment et un bon présage
Ceci dit, il est de mauvais goût en France d'évoquer un éventuel attentat djihadiste

Voir aussi 

https://ripostelaique.com/incendie-de-notre-dame-il-ne-do...

Note au 19/04

Contrairement à ce qui avait été dit, et que nous avons rapporté, l'ancien architecte en chef témoigne que les dispositifs  de sécurité étaient suffisants - du moins tant qu'il était encore en fonction. Il est étonnant de voir que l'hypothèse d'un attentat reste encore refusée officiellement .

http://www.contre-info.com/notre-dame-que-sest-il-passe-l...

Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

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Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.com

Cette solution semble s'imposer en France aujourd'hui dans l'opinion. La mise en place de structures en béton armé ou en fer, même recouvertes de feuillures en chêne, pourrait être considérée comme une trahison de l'oeuvre originale.
 
Emmanuel Macron, dans l'annonce politiquement intéressée qu'il vient de faire d'une reconstruction de la cathédrale en cinq ans, l'a implicitement choisie. 

Beaucoup de non spécialistes semblent penser que le recours au chêne se heurterait à une impossibilité, tenant à l'absence de bois de chênes disponible. De plus elle pourrait nuire gravement aux forêts de chênes en leur imposant l'abattage d'arbres sur pied en nombre suffisant, arbres rappelons-le qui doivent être au moins centenaires.

Cependant les professionnels du chêne font savoir qu'ils ne partagent pas cet avis. Les forêts français sont suffisamment importantes pour fournir sans dommages les arbres nécessaire. Il est vrai par contre que les disponibilités en bois pouvant être rapidement livrés ne sont pas dans l'immédiat suffisantes. Selon Sylvain Charlois, patron du Groupe Charlois, Il n'y a pas en France de stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier. Il estime qu'il a fallu 1.300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à "au moins 3.000 mètres cubes de bois".

Il considère qu'avec les moyens dont dispose actuellement la profession, il faudra plusieurs années pour constituer un stock de grumes de chêne de bonne qualité en quantité suffisante. Il faudra disposer d'espaces de stockage importants, ainsi que de moyens de transport principalement par camions grumiers qui auront du mal à circuler. Il faudra aussi évidemment que l'outillage nécessaire soit mis en place, avec le recrutement d'un important effectif de nouveaux charpentiers.

Tout ceci n'a rien d'impossible, mais tenir le délai de cinq ans imposé par Emmanuel Macron ne serait pas faisable, si du moins l'on voulait reconstruire la cathédrale à l'identique.

jeudi, 04 avril 2019

Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

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Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

Une note d’analyse signée Hadrien Desuin*

Ex: http://geopragma.fr

À l’issue des élections européennes, où chaque camp est parti en ordre dispersé, une recomposition aura lieu pour former une majorité parlementaire. Face à l’essor des partis populistes et souverainistes, la majorité du parlement européen devrait resserrer ses rangs autour du groupe libéral.

C’était un vœu d’Emmanuel Macron qu’il avait prononcé à la Sorbonne dès septembre 2017 à la faveur du Brexit. A l’aide de listes transnationales, le Parlement européen devait s’ériger en Constituante en 2019 et se mettre en marche vers une Europe fédérale. Pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, le président français voyait déjà ses athlètes courir sous les couleurs de l’Union Européenne…

Toute l’Europe applaudit l’enthousiasme du président français. On lui remet le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle en compagnie d’Angela Merkel. Mais toutes ces envolées visionnaires sont progressivement archivées pour mémoire. Les Allemands refusent de partager leurs économies et se contentent de mettre à jour le traité de l’Élysée de 1963. De fait, il n’y a ni liste transnationale, ni circonscription unique et encore moins de constituante.

Le découpage électoral, laissé à la discrétion des États-membres, fait de chacune des 27 campagnes nationales des événements politiques isolés. À part quelques personnalités venues symboliser l’unité européenne lors des grandes réunions publiques, on voit bien que le PPE (Parti Populaire Européen) ou le PSE (Parti Socialiste Européen) ont des rôles réduits. Ce sont des plateformes où cohabitent des partis aussi divers que Les Républicains de Laurent Wauquiez et le Fidesz de Victor Orban et qui, sans discipline de groupe, votent en fonction de leurs intérêts propres et parfois les uns contre les autres. De même, peu d’électeurs soupçonnent l’existence de l’ENL (Europe des Nations et des Libertés) et de l’ECR (Conservateurs et réformistes européens), les groupes qui représentent respectivement les populistes de droite et les conservateurs. Si le Parlement européen est très peu connu de ses électeurs, ceci peut aisément s’expliquer. En dehors de la confiance accordée à la Commission en début de mandature, cette assemblée de 750 membres n’a pas de réels pouvoirs législatifs. L’abstention bat donc tous les records.

Bien des rédactions ont d’ailleurs renoncé à décrire les méandres de la petite politique européenne à Strasbourg et Bruxelles, alors que les péripéties parisiennes, berlinoises ou romaines couvrent quotidiennement les journaux nationaux les plus respectés. Pour une campagne strictement européenne, il faudrait des médias européens. Or le seul quotidien dont la diffusion est proprement européenne est The New-York Times… Le journal a repris le nom de sa maison mère puisque le titre International Herald Tribune peinait à faire vendre. Ses pages en anglais traitent d’ailleurs plus souvent des différentes actualités nationales plutôt que de la machine Bruxelloise. Les chaînes de télévision comme Euronews n’ont pas non plus d’énormes succès d’audience. Le multilinguisme, comme le globish, a ses limites culturelles.

Coalition « roumaine »?

A la veille de ces élections du 26 au 29 mai 2019, les 750 députés sortants sont répartis en huit groupes. La majorité est composée des 218 députés du centre-droit PPE emmené par le bavarois Manfred Weber (CSU), alliés aux 186 députés sociaux-démocrates du PSE (dont les populistes du SMER slovaque et du PSD roumain). Ces derniers ont choisit le hollandais Frans Timmermans comme candidat à la tête de la commission. Avec un total de 404 parlementaires, ils peuvent se passer de leurs alliés libéraux d’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Le groupe dirigé par le belge Guy Verhofstadt a  68 députés (dont quatre de l’ANO du tchèque Andrej Babis.)

Après le 29 mai, la grosse coalition ne pourra plus se passer des libéraux pour atteindre la nouvelle majorité absolue fixée avec le Brexit à 353 députés. Ces derniers pourraient passer la barre des 100 députés avec Ciudadanos et LREM mais aussi les libéraux allemands et polonais. Le parti du président Macron voulait dynamiter les anciens partis du parlement et fédérer autour de lui un nouveau groupe central opposé aux populistes. Là encore ses ambitions se sont fracassées sur la résistance de la bipolarité allemande. Il est très probable que les successeurs et alliés idéologique

s du Modem reviennent de là où ils viennent: le groupe euro-libéral ALDE. Un renfort qui comblerait la baisse de la majorité actuelle du PPE sous la barre des 200 députés et du PSE sous les 150 représentants. La CDU en Allemagne, LR en France ou le PP en Espagne prévoient une érosion de leur socle électoral. De même pour le PS, le PD italien et le SPD allemands qui anticipent des scores plus faibles qu’en 2014. On se retrouverait alors dans une grosse coalition à trois qu’on pourrait qualifier de « coalition roumaine » (aux couleurs du drapeau de la Roumanie) : centre droit en bleu; centre libéral en jaune et centre-gauche en rouge. Cet attelage pourrait encore se passer des écologistes du groupe ALE, aujourd’hui au nombre de 52 mais dont le positionnement dans l’opposition est très ambiguë, partagé qu’il est entre les factions gestionnaires et contestataires. En revanche les libéraux ne devraient pas être assez nombreux pour former à eux seuls une coalition avec le centre-droit ou le centre-gauche. De même le centre droit ne serait pas assez fort pour se coaliser avec les libéraux et les conservateurs. Leur vision de l’Europe sont de toutes les façons trop divergentes.

Big bang souverainiste?

L’opposition, quant à elle, est scindée en quatre petits groupes répartis à droite et à gauche. Le principal, ECR (Conservateurs et Réformistes Européens) compte 74 députés dont 19 polonais principalement du PiS, et 19 conservateurs britanniques. Ce groupe va souffrir du Brexit et cherche à s’élargir. Il a déjà rallié Nicolas Dupont-Aignan qui selon les sondages pourrait obtenir une poignée de députés ainsi que les démocrates suédois. La rencontre entre Salvini et Kascinsky a été très commentée puisqu’elle pourrait entamer un « big bang » chez les souverainistes de droite si les italiens de la Lega ou les autrichiens du FPO passaient chez les conservateurs. Par ailleurs, le groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) dont 19 élus sur 43 viennent du UKIP britannique cherche aussi à s’élargir (il faut 7 nationalités différentes au sein de chaque groupe et les moyens procurés par la formation d’un groupe ne sont pas négligeables). La composante M5S du groupe est très volatile idéologiquement et constitue une inconnue importante de l’équation. Ses relations avec la Lega sont compliquées et ne devraient pas faciliter l’union des souverainistes de droite dans un seul groupe au lieu de trois. Le groupe ENL (Europe des Nations et des Libertés) regroupe quant à lui 15 élus du RN français, 4 du FPÖ autrichien, 4 du PVV néerlandais et 6 de la Lega italienne. Le départ du député britannique devrait être compensé par l’arrivée de Vox, un mouvement national espagnol qui a le vent en poupe.

Enfin la gauche radicale regroupée au sein du groupe GUE (Gauche Unitaire Européenne) peine à faire campagne en restant unie. Les 52 députés sortant qui regroupent des communistes et des populistes de LFI ou de Podemos repousseront au lendemain du scrutin la négociation pour la formation du groupe. Leur score ne devrait pas baisser.

Sur le papier, la grande coalition majoritaire semble assurée de se voir reconduite. Avec la bonne tenue du groupe ALDE et en dépit de l’affaiblissement annoncée du PPE et du PSE, le parlement gravitera autour de son centre libéral. Ce sera un parlement à l’image du Bundestag dont le système représentatif proportionnel est assez proche. On devrait donc avoir une nouvelle commission centriste et libérale, dont la majorité sera seule face à une opposition eurosceptique et populiste. Si Manfred Weber a peu de chance d’obtenir la présidence de la commission, l’Europe à l’allemande a encore quelques années devant elle.

*Hadrien Desuin, chercheur associé chez Geopragma 

Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

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Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

Par Laurence Maugest, essayiste

La Charia pour l’Islam et l’ordre mondial pour les Droits de l’Homme. Existe-t-il des points de convergence ? Pour Laurence Maugest, contributrice régulière pour Polémia, c’est indubitable.

L’idéologie des Droits de l’Homme a en commun avec l’Islam de se vouer à la création d’un homme « sur-mesure », « construit », corseté dans des règles.

La religion musulmane est une doctrine qui s’immisce dans la vie privée des pratiquants, dans ses moindres recoins, lavage de mains, nourriture,  relations sexuelles…Tout est indiqué dans un calendrier que le bon musulman doit suivre à la lettre.

Curieusement, nous sommes dans l’obligation de noter que l’idéologie des Droits de l’Homme, notamment par les principes de précaution qu’elle sécrète, suit le même chemin.En effet, cette “religion” laïque devient de plus en plus invasive dans nos univers et s’évertue, de jour en jour, à réglementer davantage notre vie intime. Tel l’Islam, les Droits de l’Homme entrent dans nos foyers : des fessées aux enfants, maintenant interdites,au contenu de nos frigidaires, nous obligeant par exemple, à privilégier les légumes et à proscrire de plus en plus la viande.

Ces « avancées » se font toujours sous les coups de butoir de la culpabilité et nous mènent systématiquement à un résultat identique : notre déresponsabilisation « d’être libre ».

Le point de convergence, presque troublant, entre l’intrusion de l’Islam et celle des Droits de l’homme trouve son acmé dans ce qu’il y a de plus intime dans la vie des individus et de plus fondateur dans une société : la relation entre les hommes et les femmes.

Des chemins différents, voire opposés, aboutissent à un résultat identique

La mise à mal de la relation hommes – femmes :

  • Dans le monde masculin musulman, la femme doit se résoudre à « ne pas être », à « se dissoudre », à se dissimuler sous un voile, en dehors du regard de son père, de ses frères et de son mari.
  • L’homme occidental, lui est maintenu par l’épée des Droits de la Femme dans les reins, etne doit plus exprimer son désir.Il sera perçu, de plus en plus souvent, comme un prédateur, à surveiller de près et à maintenir à distance.

Faut-il rappeler qu’aux Etats Unis, les hommes rechignent parfois à monter dans un ascenseur seul avec une femme de peur de se retrouver devant le Juge et de payer un avocat?

Faut-il rappeler que, depuis que les européens rejettent leur histoire qui les a construits, leur avenir est lisible dans le présent des Etats Unis ? Ce qui, évidemment, n’est pas pour nous réjouir sous réserve que l’on ne soit pas avocat.

Trois autres points communs :

  • L’hyper sexualisation des relations hommes – femmes qui se révèle dans une forme d’obsession pathologique qui gomme, au passage, toutes possibilités de rencontresautreset de sympathie en dehors du sexe. Ce qui, avouons-le, est particulièrement réducteur en ce qui concerne la richesse des échanges entre les êtres en général.Ceci relève d’une limitation au corps et réduit à l’animalité notre gent humaine pourvue, pourtant, d’un cortex cérébral qui a fait ses preuves.
  • L’apartheid sexuel qui n’est pas sans rappeler la prophétie d’Alfred de Vigny (*) :

« Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté. »

  • La judiciarisation progressive des relations entre les hommes et les femmes

Ce dernier point commun entre l’Islam et les Droits de l’Homme « la judiciarisation exponentielle» concerne l’ensemble de la société. En effet, la mode actuelle privilégie, après la délation dans les hashtags en tous genres, les plaintes et les appels à la justice au moindre « dérapage ».  Rappelons-nous avec Rémi Brague que si  « le christianisme est la religion de l’absolu (Hegel),…l’Islam est un système politique  et juridique ». (*)

En cela nous pouvons conclure que l’Islam s’apparente davantage au Droits de l’Homme qu’au christianisme.

Dis-moi ce que tu veux, je te dirai qui tu es

Le christianisme porte en lui une visée universelle certes, mais qui concerne l’au-delà : « Mon royaume n’est pas de ce monde ».

Ce qui est loin d’être le cas de l’Islam et de son point d’orgue : la Charia qui vise à l’élargissement de la « oumma » (« Communauté mondiale des croyants »).

Les « droits-de-l’hommistes », eux, déploient une énergie considérable à détruire les frontières. Ceci, sous le prétexte que seul « un ordre mondial » assurera l’équilibre politique,  la santé écologique de la planète, la démographie et la sécurité de la population, notamment des femmes.

L’Islam et les Droits de l’Homme poursuivent donc un but similaire, l’universalisme sur Terre pour l’Islam, le cosmopolitisme mondial en ce qui concerne les Droits de l’Homme.

Un problème de taille

Le Monde est vaste et demeure, pour notre bonheur, pétris de diversités et de cultures variées.

Olivier Rey montre que tout ce qui est grand ou plus précisément grandit trop est source d’accidents. Ces aléas concernent le domaine biologique et aussi le champ géopolitique. (**)

Pensons à la superficie de la Russie qui impose à ce pays, depuis des siècles, un régime fort pour éviter le chaos susceptible de naître dans la confrontation des peuples si différents qui la composent.

Si les musulmans peuvent espérer que leurs règles de vie contrôlent la communauté des croyants, les mondialistes, eux, n’ont pas de Coran ou de petit livre rouge pour jouer le rôle de partition sévère et raide  dans un monde disparate qu’ils rêvent d’unifier.

C’est pourquoi, les Droits de l’Homme trouvent ici leur place naturelle et leur rôle de « régulateur des soucis de taille et de disparité ». Ainsi, plus l’empire mondialiste s’étendra, plus les commandements des Droits de l’Homme deviendront rigides, toujours plus répressifs, toujours plus liberticides.

Cela signifie, en définitive, que le démantèlement des frontières, nationales, culturelles, individuelles (en ce qui relève de la singularité des êtres qui est de moins en moins respectée au profit de leur nivellement), nous amène, peu ou prou, à un système politique tyrannique, seul, capable de faire obéir tout ce monde-là !

Nous sommes en train de perdre notre « responsabilité » d’être humain et la grande liberté qui s’y attache. Ce « Libre arbitre » qui nous fut offert par notre histoire gréco-latine et chrétienne sensible au développement personnel qui ne peut s’épanouir que dans une culture enracinée dans l’espace et le temps.

Il y a une membrane fondamentale que les règles islamiques comme les doctrines tyranniques des Droits de l’Homme ne détruisent pas mais, obstruent, bien au contraire,  pour notre malheur, il s’agit de notre relation au monde. Cette membrane osmotique qui, depuis la nuit des temps, ouvre l’homme comme sujet identifié, responsable, curieux et questionnant à l’univers qui l’entoure et aux mystères de la vie. Cet homme debout ne pourra plus être dans un système qui épingle « hors la loi » toutes singularités, judiciarise à tour de bras et surtout, est convaincu de son savoir ce qui inhibe, inévitablement, tout questionnement.

Laurence Maugest
5/12/2018

(*)  Libérons-nous du féminisme !, Bérénice Levet, https://www.youtube.com/watch?v=PJ6GUtAoqDM

(**) Une question de taille, Olivier Rey, https://miscellanees01.wordpress.com/2015/07/27/olivier-r... (Vidéo)

Source : Correspondance Polémia

lundi, 01 avril 2019

Insurrection contre la canaille mondaine

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Insurrection contre la canaille mondaine

par Michel Maffesoli

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Michel Maffesoli ne manque pas de préciser que l’expression de « canaille mondaine » est de Joseph de Maistre. Signe sympathique et profondément significatif pour nous qui considérons depuis longtemps Maistre comme une de nos grandes références, le nom de cet immense métaphysicien revient très souvent dans les écrits de Maffesoli. Ici, dans le texte que nous présentons, il (Maistre) est donc présent bien que, – ou parce que le sujet est d’une intense actualité : il s’agit des insurrections en cours dont les Gilets-Jaunes est le plus brûlant exemple, bien entendu insurrection contre la « canaille mondaine » (“les élites” dans le langage facile et ambigu de la postmodernité).

Maffesoli est professeur émérite à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien, fondateur des revues Sociétés et Les cahiers européens de l’imaginaire, et aussi auteur de nombreux livres dont le dernier, de février 2019 (éditions Liber), La Force de l’imagination – contre les bien-pensants. Cela dit, Maffesoli sent le souffre et il est régulièrement dénoncé par les susdits bien-pensants et autres chiens de garde du Système.

... Il sent le soufre parce que, parmi les plus de 200 thèses qu’il a fait soutenir au début des années 1980, trois concernent l’astrologie, dont une de la vedette médiatique d’alors du domaine, Elisabeth Tessier. « S’ensuivit, écrit-il dans ‘La force de l’imaginaire’, une levée de boucliers d’une rare intensité (ce qui a fait bien sourire mes collègues étrangers, n’ayant pas, eux, ces pudeurs de jeunes filles !), m’accusant d’avoir fait “entrer l’astrologie à la Sorbonne”. Rien de moins ! »

Maffesoli fut donc l’objet d’une attaque en règle de la bienpensance du domaine, dont on retrouve des traces indélébiles dans les références auxquelles nous renvoie notre moteur de recherche universel et bien-pensant. (Une note dans son livre dit qu’en 1984, parce qu’il avait créé dans son centre une section de recherche sur l’homosexualité, Maffesoli avait été l’objet d’une semblable réprobation, et selon un collègue d’alors : « Michel, vous faites rentrer l’homosexualité à la Sorbonne ! » Tous les espoirs lui sont perelmis pour l'astrologie.) Finalement, on conclura l’épisode par cette citation : « Dans ce tintamarre médiatique, j’ai encore à l’esprit l’intervention de Jean Baudrillard qui, avec l’acuité qu’on lui connaît, teintée de malice, soulignait que, si les sociologues de base et leurs associations “professionnelles” (sic) protestaient avec tant de vigueur contre cette thèse [d’Elisabeth Tessier], n’était-ce pas parce qu’elle leur faisait concurrence en leur ôtant le monopole de la prédiction ? »

Cette mauvaise réputation dans les milieux de surveillance, quoiqu’on pense de l’astrologie, est une bonne introduction pour le texte ci-dessous qui traite des Gilets-Jaunes et des nouvelles conditions d’insurrection contre le Système (selon notre terminologie). Maffesoli juge que ces insurrections sont de caractère tribal à cause de l’éclatement des références permettant le reductio ad unum, notamment l’État-nation, sous la poussée de l’individualisme et du capitalisme-globaliste totalement déstructurant. Dans ce cas, le caractère “tribal” n’a aucun aspect péjoratif, il peut être le pire comme le meilleur et ce n’est qu’un moyen, en l’absence d’autres structures, par lequel se fait l’insurrection. Au reste, Maffesoli définit l’insurrection “tribale” des GJ de cette façon d’où la hauteur n’est certainement pas absente : « Nous assistons à un soulèvement quasi-mystique qui, dans l'absolu, reflète la fin d'une époque. »

Cette approche mystique d’une crise (celle des GJ) qui n’est, qui ne peut être qu’un signe parmi cent et mille de l’immense Grande Crise d’Effondrement du Système en cours nous convient parfaitement, comme nos lecteurs s’en doutent évidemment à la lecture de tant et tant de textes de ce site. Nulle timidité ni faux-fuyant dans cette appréciation générale, parce que la cause fondamentale ainsi décrite ne supporte pas de ces mégottages. La violence, par exemple... S’il le faut, et souvent il le faut pour contrebattre l’enfermement concentrationnaire et les garde-chiourmes efficaces et zélés du Système, qui entretiennent une violence constante faite de pression et d’oppression de l’esprit et des psychologies, – et, ces derniers temps, un peu plus directement, de la part des flics et d’une magistrature couchée, la même magistrature française qui successivement et à six ans de distance délégua ses mêmes juges condamner à mort, même élan de justice adaptée aux circonstances et variations atmosphériques, de Gaulle et Pétain.

« Il s’agit d’un ‘impératif atmosphérique’ auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : “et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat”. Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger :“c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité” »

Et certes : « J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. »

Dans cette longue liste des responsabilités et des culpabilités des sous-fifres, le commentateur met en bonne place pour notre plus grande approbation ceci que nous appelons presseSystème, qui ne cesse de déchoir à des profondeurs qu’on aurait pu penser impossible à atteindre tant la puanteur qui y règne est insupportable... Puisqu’il est question de puanteur, effectivement : « En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : “Encore un siècle de journalisme et les mots pueront”. Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique... »

Ce qui nous conduit au constat que nous-mêmes ne cessons de proclamer, bien entendu puisque nous sommes partie prenante, avec une conscience aigüe de ce qu’il nous est assigné de faire. C’est une idée qui traîne depuis 1999 pour notre compte, et cela réchauffe le cœur de voir que chaque événement d’importance la conforte, et qu’il se trouve d’aussi fortes phrases pour le confirmer :

« C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du ‘Netactivisme’ qu’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne. »

Le texte de Maffesoli ci-dessous a été publié le 25 mars 2019 sur le site Atlantico.fr, auquel nous l’empruntons. On peut le compléter utilement par un entretien de Maffesoli avec Edouard Chanot, sur Spoutnik-français, le même 25 mars 2019.
dedefensa.org
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Bandits de grand chemin
L’ère médiatique de la canaille mondaine

Une intelligentsia déphasée se partage les débats médiatiques en croyant que le réel se pliera à ses apriori théoriques que telles des incantations d’un autre âge elle serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs.

Les esprits libres le savent, tout comme, les amateurs de bonne chère : il faut de l’impertinence dans les analyses comme du poivre dans les ragoûts. Et ce, dans le souci de surprendre et non de choquer. C’est ainsi que l’on peut dire que l’anarchie n’a rien d’anarchique. N’est-ce point la définition proposée par Élisée Reclus : « l’anarchie, c’est l’ordre sans l’État ».

Voilà qui nous conduit fort loin de tous ces “a-priorismes” étant le fourriers des divers totalitarismes et attitudes dogmatiques qui ponctuèrent le siècle précédent. Totalitarismes , plus ou moins doux, contre lesquels les peuples, contemporainement, se révoltent.

Soulèvement qui n’est pas sans inquiéter ce que Joseph de Maistre nommait : la « canaille mondaine ». De nos jours c’est cette intelligentsia déphasée qui outre les chaines tv en continu se partage les débats de ces divers bulletins paroissiaux que sont les organes de presse “mainstream” : Le Monde, Le Figaro, Libération. Chaînes et journaux n’étant plus qualifiés de “référence” que dans les EPHAD et divers clubs du 4ème âge où l’on papote , entre soi, de l’avenir du monde. C’est dire !

Un avenir que les divers experts consultés par les politiques ont du mal à saisir, obnubilés qu’ils sont par ce que j’ai nommé “a-priorisme ”. C’est-à-dire une idéosophie on ne peut plus crédule, croyant, car c’est bien de croyance qu’il s’agit, que le réel doit se plier à ces a-priori théoriques que telles des incantations d’un autre âge on serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs institutionnels d’une technocratie en déshérence.

En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : « encore un siècle de journalisme et les mots pueront ». Prophétie on ne peut plus d’actualité.

Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique on ne peut plus désuet.

C’est le dogmatisme d’un rationalisme abstrait, d’un utilitarisme à courte vue et d’un soi-disant individualisme dominant. Le tout confortant l’ économicisme dans la société officielle. Toutes choses ne faisant plus recette dans les rassemblements populaires. Ce peuple que les élites, toutes tendances confondues méprisent, ce peuple que l’on affuble du qualificatif de populisme, n’a que faire des aumônes que le pouvoir condescendant consent à lui jeter à la figure.

La perdurance de ces rassemblements, les multiples fortes des révoltes des peuples, la méfiance forcenée vis-à-vis de ces élites ayant le pouvoir de faire et de dire, tout cela est l’expression d’un réel souci du qualitatif. « L’homme du désir » qu’ont prophétisé certains philosophes retrouve une indéniable force et vigueur. L’ère d’un Je” égotiste est en train de céder la place à l’ère d’un Nous bien plus généreux. Voilà ce que le “vomitus matutinus” de la presse dominante ne veut pas, ne peut pas surtout admettre.

Restons dans le poivre du ragoût dont il a été question. C’est bien d’une quête mystique dont il est question dans les insurrections populaires. Mais comme toute réalité trouve son fondement dans l’ordre des choses sensibles, il faut bien passer, pour dire et vivre ce désir fondamental, par les expériences irréfragables de la vie de tous les jours : taxes, retraites, impôts divers.

Mais ce qui est essentiel, c’est bien cette “ère du Nous”. Créer un monde harmonieux, à partir du monde tel qu’il est, et non plus à partir de ce que des théories abstraites auraient aimé qu’il soit. Au-delà de ceux qui, avec une mentalité de vieillard, continuent de faire la leçon, de ceux qui enfermés dans les étroites limites d’un savoir appris dans les grandes écoles, de ceux qui se complaisent dans les “Grands Débats”, où sans écouter les questions on a déjà les réponses, en bref, au-delà des lieux communs dogmatiques, la révolte gronde et elle continuera à gronder.

C’est dans les plateformes libertaires qu’il faut chercher la reviviscence de la vie. C’est dans la hardiesse de vues qui est y est proposée que s’élabore en son sens fort une éthique nouvelle. “Ethos” étant tout simplement, le ciment confortant la vie de toute société. Ce ciment consistant à conforter les cœurs et les esprits dans un être-ensemble où ce qui est primordial, c’est être-avec. Réalisation effective d’un centre de l’union, préoccupation essentielle d’une dynamique sociétale digne de ce nom.

Ce ciment, quand il y a une rénovation culturelle, ce qui est en cours actuellement, ne peut pas faire l’économie de la force. La puissance populaire rappelle, régulièrement, que la force prime le droit. Voilà qui est difficile à dire. Voilà pourtant ce dont on ne peut pas faire l’économie. Dans le long déroulé des histoires humaines l’insurrection reste un élément essentiel.

N’est-ce pas cela que résume l’adage de Goethe : « Meurs et deviens » ? J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. Fluidité de la vie, se vivant certes dans la crainte et le tremblement, mais n’en étant pas moins nécessaire.

Cela nous force à nous souvenir que tout homme est poussière. L’humanisme intégral nous forçant à admettre que l’humain est fait aussi d’humus. C’est dans une telle optique qu’il faut reconnaître que la violence peut être tout à la fois banale et fondatrice. Elle est au fondement de toute vie individuelle et sociale. C’est même le cœur battant de ce que le philosophe Max Scheler nommait : « Ordo amoris ». L’ordre de l’amour n’étant en rien celui des “bénis oui oui”, mais bien celui de l’effervescence.

Voilà ce que la canaille mondaine n’ose pas dire. L’esprit du temps est à l’effervescence. Les diverses élections, un peu partout de par le monde en sont les expressions on ne peut plus éloquentes. Il s’agit d’un “impératif atmosphérique” auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : « et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat ». Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger : « c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité » et le 20ème siècle n’est pas avare d’expressions en ce sens. Ainsi plutôt que la dénier, ainsi qu’il est convenu de le faire, il faut savoir la ritualiser, l’homéopathiser, sans pour autant en méconnaître la redoutable efficacité.

En effet dans notre monde aseptisé, on ne le dit pas assez, la violence, en son sens étymologique, c’est le vouloir (volere ). C’est le vouloir essentiel, et c’est aussi la force en action (Vis). Pour les Grecs même, elle se rattachait à la force vitale (Bia) qui était l’apanage des dieux.

Mais d’une telle compréhension on est fort loin, lorsqu’on lit les articles publiés dans la presse officielle ou que l’on entend les débats propres au conformisme dominant. À côté de ceux-ci les discussions du café du commerce paraissent être de l’Académie Française. Et ce tant l’ennui prévaut, tant les lieux communs sont tirés en rafales. Pensée convenue édictée, comme il convient pour les “sachants” avec l’arrogance, la suffisance et la jactance que l’on sait. Toutes choses ne faisant plus grande illusion. Mais, dès lors, s’affichant avec une assurance redoublée.

C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du Netactivismequ’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne.

Voilà ce que les bien-pensants ne comprennent pas. Mais ne peut-on pas les comparer à ceux que Platon nommait les « montreurs de marionnettes ». C’est-à-dire des sophistes qui, au nom d’une rhétorique éculée et d’un prétendu savoir scientifique ( les “experts”), s’emploient à manipuler le tout-venant n’en pouvant mais. C’est ainsi, d’ailleurs, que le philosophe conclut : « La perversion de la cité commence par la fraude aux mots ». Voilà qui est on ne peut plus d’actualité.

Michel Maffesoli

07:48 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, michel maffesoli, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 30 mars 2019

Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

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Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

 
… alors que le pipeline Nordstream 2 est sur le point d’être achevé 
 
par Tom Luongo
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le pipeline Nordstream 2 représente le dernier avatar de l’influence américaine sur les affaires intérieures de l’Europe. Une fois terminé, il témoignera de la scission fondamentale entre l’Union européenne et les États-Unis. 
 
L’Europe sera la première à défendre avec succès son indépendance nouvellement proclamée. Et les États-Unis devront accepter de ne plus avoir le contrôle sur l’étranger. C’est un schéma qui se répète partout dans le monde en ce moment. Votre vision de Nordstream 2 dépend de qui vous êtes.

Si vous êtes les États-Unis, il s’agit d’une rebuffade massive de l’ordre institutionnel de l’après-Seconde guerre mondiale, principalement financé par les États-Unis pour reconstruire l’Europe et la protéger du fléau de l’URSS.

Du point de vue de l’Europe, c’est : « Bien joué, mais la Russie n’est plus une menace et il est temps de nous débarrasser de la tutelle des États-Unis. »

Et si vous êtes Russe, Nordstream 2, c’est la fissure qui sépare les deux adversaires tout en améliorant la sécurité nationale à votre frontière occidentale.

L’Europe a ses propres ambitions impériales et Nordstream 2 en est une partie très importante. Ces ambitions, toutefois, ne sont pas conformes à celles des États-Unis, en particulier sous la houlette de Donald Trump.

Trump a cette étrange idée que les États-Unis n’ont rien reçu en retour pour avoir pris la direction du monde « libre » ces soixante-dix dernières années. Dans l’esprit simpliste de Trump, le déficit commercial massif du pays est une richesse volée par ses partenaires commerciaux.

Il refuse de voir la richesse gaspillée que nous avons « perdue » par des décennies de corruption, de paresse, d’atteinte aux réglementations, etc.

Ainsi, Nordstream 2 est une abomination pour Trump car celui-ci finance l’OTAN pour protéger l’Europe de la Russie, mais celle-la augmente ensuite la quantité de gaz acheté à ce même ennemi.

Et cela devrait vous indiquer où tout cela se dirige à long terme : à la dissolution de l’OTAN rendue inutile par la Russie et l’UE.

Aussi, peu importent les efforts des États-Unis et des forces anti-russes des sociétés européenne et britannique pour arrêter ce pipeline, comme en témoigne le vote non contraignant de cette semaine au Parlement européen, l’appétit américain n’existe plus réellement.

Le Sénat américain n’a aucun intérêt à demander au Président de sanctionner les sociétés qui construisent Nordstream 2. Cela n’empêcherait pas Trump de sanctionner de toute façon s’il le voulait.
 

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La vraie raison pour laquelle Trump ne sanctionnera pas Nordstream 2 est la même que celle qui le pousse à se tourner vers la Chine pour le commerce : liquidité du dollar dans le commerce mondial.

Il a déjà fait assez de dégâts. Il cherche maintenant à se faire réélire face à une réserve fédérale hostile.

S’il devait sanctionner Nordstream 2, il l’aurait fait. En vérité, ce vote au Parlement européen marque le dernier faible souffle pour tenter d’arrêter le pipeline et non le coup rusé d’un type qui détient des as dans ses poches.

C’est précisément parce que les États-Unis n’ont pas imposé de sanctions, qu’il ne reste que des incantations vertueuses pathétiques.

Pour que cela se produise, il faudrait que ce soit avant les élections au Parlement européen de mai, au cours desquelles nous pouvons nous attendre à voir au moins doubler le nombre de représentants eurosceptiques élus.

Si la situation continue de dégénérer en France, si l’Italie se durcit encore contre l’UE et si le Brexit est reporté, les eurosceptiques pourraient devenir le bloc le plus important du Parlement européen en juillet.

À ce stade, nous assisterons à une dégringolade en flèche de l’influence de la tristement célèbre liste Soros dans le parlement européen et peut-être même au sein de la Commission européenne. Et, le cas échéant, davantage de contrats de pipeline et d’investissements dans l’énergie russe.

En fait, un Parlement eurosceptique pourrait lever complètement les sanctions contre la Russie. De plus, les prochaines élections en Ukraine vont probablement amener au pouvoir une personne qui n’est pas pleinement soumise à la stratégie américaine.

Avec tout cela et les élections législatives ukrainiennes qui auront lieu plus tard cette année, nous verrons probablement l’Ukraine et Gazprom renégocier le contrat de transport de gaz, apportant encore plus de gaz russe sur le continent.

Et cela ne fera que rendre Trump encore plus furieux qu’il ne l’est maintenant, car il a énormément misé sur la stratégie globale de faire des États-Unis un puissant exportateur de gaz, et il a besoin de clients. L’Europe et la Chine sont deux clients évidents, mais la Russie a maintenant surclassé Trump chez les deux.

La fin de cette expansion interminable et superficielle met les États-Unis face à la dette insoutenable provoquée par le boom de la fracturation hydraulique (gaz de schiste), alors que le service de cette dette fait monter en flèche la demande de dollars, entraînant une forte hausse des taux d’intérêt.

Le marché du schiste va se fracasser à nouveau.

Tout cela confirme pour moi que le sommet des Jardins, l’été dernier, entre Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel a accouché d’une stratégie visant à battre Trump sur Nordstream 2 et à entamer la prochaine phase des relations entre la Russie et l’Allemagne.

L’image est importante, et cette celle-ci capture bien ce que les deux parties ont voulu transmettre. Cette réunion marque le début d’un changement positif des relations entre l’Allemagne et la Russie.

La question est pourquoi ?

La réponse évidente est la nécessité résultant de la pression exercée sur les deux pays par Donald Trump, par le biais des sanctions et des droits de douane, ainsi que de leurs intérêts communs représentés par le gazoduc Nordstream 2.

Et tout ce que cela implique.

Tom Luongo Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

vendredi, 29 mars 2019

The Rise of Unfreedom in the West

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The Rise of Unfreedom in the West

Our tradition of free debate, the sine qua non of democratic life, is increasingly under attack in academia, the media, and politics.

 
Andrew A. Michta is the dean of the College of International and Security Studies at the George C. Marshall European Center for Security Studies. Views expressed here are his own.

Europe: la Chine attaque l'Amérique!

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Europe: la Chine attaque l'Amérique!

 
 

Parallèlement à la Russie qui accueille en ce moment même le président libanais, quitte à inquiéter très sérieusement Américains et Israéliens qui ont peur de voir de riches réserves gazières quitter la côte israélienne de la Méditerranée pour se diriger vers la côte libanaise, la Chine a lancé cette semaine une terrifiante offensive contre les États-Unis en plein cœur de l’Europe « américanisée ».

Cette Europe qui s’accroche toujours au modèle américain, à l’OTAN ne voyant plus que le géant aux pieds d’argile qu’est l’Amérique, s’effondre comme un château de cartes.

En Italie, le président Xi Jinping a réussi un coup de maître. Faisant miroiter d’énormes intérêts que l’Italie, parent pauvre de l’Europe de l’Ouest a à gagner, il a mis la main sur les ports et les aéroports italiens et a fini par convaincre les Italiens d’adhérer à la route de la soie. Ce concept qui terrorise les Américains, ne devait pas trop plaire à Emmanuel Macron, représentant pur et dur de l’atlantisme moribond. Et pourtant, arrivé à Nice, en fin stratège militaire qu’il est, Jinping a su trouver les mots et les « sommes » pour séduire Jupiter qu’accompagnait l’Allemande Merkel et l’européiste, Junker.

Bien que la Macronie ait apposé une fin de non-recevoir catégorique au méga-projet « l’Initiative route et ceinture (BRI) », son président avait convié à Paris la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rien que pour avoir un sommet tripartite avec Xi. Cette rencontre a réuni les trois plus puissants personnages de l’Union Européenne face au numéro un chinois.

Des sources proches des pourparlers, citées par Sputnik, affirment que la partie chinoise a tenté de dissuader l’Europe de recourir à des sanctions et que la dynamique sanctionnelle déclenchée par Washington vise avant tout les intérêts européens. Le président chinois a aussi encouragé la France à emboîter le pas à l’Italie dans le cadre de la BRI. Et cet encouragement est passé par d’alléchants contrats auxquels même la Macronie n’a pas pu dire non.

«La Chine et la France ont signé un contrat de 30 milliards d’euros pour la livraison à Pékin de 300 avions Airbus. C’est sans doute le résultat le plus tangible de la visite de Xi Jinping à Paris. Il témoigne de la confiance de la Chine envers Airbus, ce qui est particulièrement important sur fond de problèmes avec les appareils de Boeing et alors que les États-Unis multiplient leurs offensives contre l’industrie aéronautique française en imposant aux pays européens leurs F-14, leurs F-16 ou encore leurs F-35 …

 » Qu’a-t-elle la France à s’obstiner à refuser la perspective particulièrement prometteuse que lui offre la BRI ? La semaine dernière, le président US a porté un nouveau coup dur à l’OTAN en ouvrant grand ses portes au Brésil, un pays qui ne fait pas partie de l’axe transatlantique. La décision a été prise sans consultation avec les membres de l’Alliance dont la France qui s’est toutefois soumise aux exigences militaires des États-Unis. Dans presque tous les dossiers militairo-sécuritaires, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak voire l’Iran, la France de Macron s’est totalement alignée sur Washington pour n’avoir in fine que le mépris et l’irrespect de l’administration US, se demande Hanif Ghafari, interrogé par Press TV.

« Une chose est néanmoins sûre : le départ du Brésil de BRICS se fera rudement ressentir par les puissances qui en font partie. La Chine prépare sa revanche : elle vise le cœur même de l’alliance atlantiste et anticipe la perspective d’un BRICS sans le Brésil. Pékin travaille à remplacer l’Union Européenne par une Union eurasiatique et la France finira, elle aussi par comprendre que ses intérêts résident en Asie et non pas à l’autre côté de l’Atlantique ».


- Source : Pars Today (Iran)