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lundi, 20 janvier 2020

La "Muslim Belt" et le levier djihadiste ouighour

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La "Muslim Belt" et le levier djihadiste ouighour

par René Naba

Ex: https://www.madaniya.info

Embourbés en Afghanistan depuis près de vingt ans, harcelés par leurs anciens alliés les Talibans, les Etats Unis paraissent vouloir se cramponner à ce qui a longtemps été leur arme favorite, la stratégie du «Muslim Belt», la ceinture verte de l’espace musulman, ayant vocation à encercler le «Heartland» eurasiatique (la Chine et la Russie) qui détient les clés de la maîtrise du monde. Une arme quelque peu érodée par les déboires des groupements terroristes en Syrie, la déconfiture politique de la Confrérie des Frères Musulmans, la matrice originelle des groupements takfiristes éradicateurs et la désaffection de l’Arabie saoudite à leur égard.

À l’instigation de Washington et d’Ankara, le Parti Islamiste du Turkestan s’est ainsi engagé sur la voie de la mondialisation de son combat, avec un ciblage prioritaire, la Chine et les bouddhistes, autrement dit, l’Inde.

1- La Turquie et les Etats Unis, parrains occultes du PIT

Au terme de huit ans de présence en Syrie, particulièrement dans le nord du pays, dans le secteur d’Alep, le mouvement djihadiste du Turkestan s’apprête à donner une impulsion régionale à son combat, au delà de la Syrie, avec un ciblage prioritaire: la Chine.

Telle est du moins la substance du discours mobilisateur du prédicateur Abou Zir Azzam diffusé à l’occasion de la fête du Fitr, en juin 2018, mettant en relief «l’injustice» subie par le Turkestan dans ses deux versants, le versant occidental (Russie) et le versant oriental (Chine).

En juin 2017, la Turquie et les Etats Unis ont encouragé cette orientation au prétexte de préserver les combattants de cette formation afin de les affecter à d’autres théâtres d’opération, contre les adversaires des Etats Unis regroupés au sein du BRICS (La Chine et la Russie), le pôle contestataire à l’hégémonie américaine à travres le Monde.

2- La duplicité de la Turquie

Tiraillé entre ses alliances contradictoires, le néo islamiste Teyyeb Reccep Erdogan, -membre du groupe d’Astana (Russie, Iran, Turquie) en même temps que membre de l’OTAN-, a proposé l’aménagement d’un vaste périmètre pour y abriter les djihadistes dans une zone sous l’autorité de la Turquie afin de procéder au tri entre groupements islamistes inscrits sur la liste noire du terrorisme et djihadistes regroupés sous le label VSO «The Vetted Syrian Opposition» (Opposition syrienne validée par les Occidentaux) dans une opération destinée à permettre à turque de séparer le bon grain de l’ivraie, selon le schéma de l’Otan.

Autrement dit libérer les Syriens, repentis et désarmés, mettre en veilleuse les Syriens jusqu’au-boutistes notamment le groupe Adanani, garder sous le coude, les combattants étrangers (Tchétchènes, Ouighours) en vue de les exfiltrer clandestinement vers d’autres théâtres d’opérations.

A la faveur du déploiement des forces américaines dans le nord de la Syrie, dans le périmètre de la base aérienne de Manbij et d’Idlib, la Turquie a mis à profit cette phase préparatoire de l’offensive pour exfiltrer ses sympathisants, principalement les Ouïghours et Al Moharjirine (les migrants), les combattants étrangers relevant de «Hayat Tahrir As Cham» de tendance djihadiste salafiste, dont le groupement a été inscrit sur la liste noire du terrorisme par l’ONU en 2013.

Le président russe Vladimir Poutine a donné son accord à la proposition turque au sommet de Sotchi, dix jours plus tard, le 17 septembre, soucieux de préserver sa nouvelle alliance avec la Turquie en butte à une guerre hybride de la part des Etats Unis.

Le débauchage de la Turquie constitue la carte maitresse de la Russie dans ses négociations avec la coalition occidentale au point que Moscou paraît si soucieuse d’encourager cette déconnection stratégique de l’axe Turquie Etats Unis, qu’elle a été jusqu’à promettre la livraison du système balistique SSS 400 pour 2019. Ankara espère, de son côté, préserver l’essentiel de sa force de nuisance dans la zone, avec un objectif sous-jacent d’aménager dans le secteur d’Idlib une enclave turque sur la modèle de la République turque de Chypre, en procédant à une modification démographique de la zone en y concentrant en une sorte de barrière humaine les ressortissants syriens relevant la mouvance des Frères Musulmans qu’elle considère comme relevant de fait de son autorité

La zone démilitarisée concédée provisoirement à la Turquie s’étend sur 15 km de large le long de la frontière syro-turque dans le secteur d’Idlib, englobant la zone de déploiement des forces kurdes soutenues par les Etats Unis.

Sur la duplicité de la Turquie dans la guerre de Syrie, cf ces liens:

3- La terminologie marxiste en guise d’habillage juridique au tournant.

L’habillage idéologique du tournant du PIT a été puisé dans la terminologie marxiste. Au terme d’un débat interne de plusieurs mois, les légistes de cette formation ont décidé de donner une dimension planétaire à leur combat en privilégiant, L’ENNEMI PROCHE (La Chine) sur L’ENNEMI LOINTAIN (La Syrie).

Une concurrence jurisprudentielle s’est établie entre les prescripteurs rivaux Abdel Rahman Al Chami, proche du Jabhat An Nosra, franchise syrienne d’Al Qaida, et Abdel Halim Al Zarkaoui, proche de Daech.

4- Le discours mobilisateur Abou Zir Azzam.

Ce prédicateur a fait une irruption politique remarquée par un discours mobilisateur diffusé à l’occasion de la fête du Fitr, en juin 2018, mettant en relief «l’injustice» subie par le Turkestan dans ses deux versants, le versant occidental (Russie) et le versant oriental (Chine). Lançant un appel au boycottage commercial de la Chine, il a énuméré les sévices historiques infligés par les Chinois aux Ouïghours, mentionnant «le viol des musulmanes» et «l’obligation de manger du porc».

«Le Parti Islamique du Turkestan s’apprête au Djihad contre les boudhistes», ce lien pour les locuteurs arabophones

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5 – Chine: La Syrie, un réceptacle au terrorisme mondial.

La fermentation djihadiste ouighoure en Syrie, et dans des pays de la lointaine périphérie de la Chine ont conduit Pékin, en mars 2018, a déployé discrètement des troupes en Syrie au motif officiel d’encadrer des détachements de l’armée syrienne et de leur fournir un soutien logistique et médical.

Pékin a justifié cette attitude de pro activité par sa connexion idéologique avec le pouvoir baasiste en raison de sa nature laïque, ainsi que par la présence dans le nord de la Syrie d’un important contingent de combattants ouïghours.

Ce faisant, la Chine vise à faire pièce aux djihadistes ouighours, dont elle veut neutraliser leur éventuel retour en Chine, alors que se confirment les liens entre les séparatistes islamistes des Philippines et au Mayanmar et les groupes islamistes opérant en Syrie, comme en témoignent l’arrestation d’agents de l’Etat Islamique (Daech) en Malaisie en mars 2018, à Singapour en juin 2018.

L’entrée en scène progressive de la Chine sur le théâtre syrien, où elle a déjà obtenu des facilités navales dans le périmètre de la base navale russe de Tartous est de consolider son positionnement d’un des trois grands investisseurs du financement de la reconstruction de la Syrie, au même titre que la Russie et l’Iran.

En complément à Tartous, la Chine a aménagé sa première base navale à l’étranger à Djibouti, en 2017. Jouxtant le port de Doraleh et la zone franche de Djibouti –tous deux construits par la Chine– cette base ne devrait abriter dans un premier temps «que» 400 hommes.

Mais, selon plusieurs sources, ce sont près de 10.000 hommes qui pourraient s’y installer d’ici à 2026, date à laquelle les militaires chinois auront transformé cette enclave en avant-poste militaire de la Chine en Afrique.

En superposition, la Chine a participé aux manœuvres navales russes au large de la Méditerranée, début septembre, les plus importantes manœuvres de la flotte russe de l’histoire navale mondiale. Elle a dépêche des troupes vers la Syrie, pour la première fois de son histoire, en mars 2018, pour convoyer les forces gouvernementales syriennes lors de la prise d’Idbib, notamment décrypter les communications entre les djihadistes ouighours en vue de les neutraliser.

Au regard de la Chine, la Syrie sert de réceptacle au terrorisme mondial, y compris pour l’intérieur chinois. Soucieuse de soulager la trésorerie russe et de soutenir l’effort de guerre syrien, la Chine a octroyé une aide militaire de 7 milliards de dollars à la Syrie dont les forces combattent dans la bataille d’Alep, les djihadistes Ouïghours, (des musulmans turcophones du Nord-Ouest de la Chine), où près de 5.000 familles, soit près de quinze mille personnes, sont implantés à Alep Est.

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6- La problématique ouïghoure.

L’instrumentalisation des Ouïghours par les Américains répond à leur souci de disposer d’un levier de pression contre Pékin, en ce que «la Chine et les États-Unis sont engagés, à long terme, sur une trajectoire de collision. Les précédents historiques montrent qu’une puissance ascendante et une puissante déclinante sont vouées le plus souvent à l’affrontement», soutient l’ancien premier ministre français Dominique de Villepin, particulièrement à une époque où la scène diplomatique internationale est en pleine phase de transition vers un monde post occidental. Son objectif sous-jacent est d’entraver la mise en œuvre de la 2me route de la soie».

Musulmans turcophones, les Ouïghours djihadistes sont originaires de la province de Xingjiang, à l’extrême-ouest de la Chine, frontalière de huit pays (Mongolie, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan et Inde).

Bon nombre d’Ouïghours ont combattu en Syrie sous la bannière du Mouvement islamique du Turkestan oriental (Sharqi Turkestan) alias Xinjiang, une organisation séparatiste de lutte armée dont l’objectif est l’établissement d’un «État Ouïghour Islamique» au Xinjiang.

Les combattants ouïghours ont reçu l’aide des services de renseignements turcs pour leur transfert vers la Syrie, via la Turquie. Ce fait a généré une tension entre les services de renseignements turcs et chinois en ce que la Chine s’inquiète du rôle des Turcs dans le soutien aux combattants ouïghours en Syrie, rôle qui pourrait augurer d’ un soutien turc aux combats au Xinjiang.

La communauté ouïghoure en Turquie compte 20.000 membres, dont certains travaillent pour l’Association de Solidarité et d’Education du Turkestan Oriental, qui fournit une aide humanitaire aux Syriens et qui est pointée du doigt par la Chine. Une vidéo du PIT de janvier 2017 affirme que sa brigade syrienne a combattu avec le front al-Nosra, en 2013, dans les provinces de Raqqa, Hassakeh et Alep.

En juin 2014, le groupe djihadiste a officialisé sa présence en Syrie: Sa brigade sur place, dirigée par Abou Ridha al-Turkestani, un locuteur arabophone, probablement un Syrien, a revendiqué une attaque suicide à Urumqi en mai 2014 et une attaque sur la place Tiananmen en octobre 2013.

Le groupe a prêté allégeance au Mollah Omar des Talibans. Vingt-deux Ouïghours sont détenus à Guantanamo, puis relâchés faute de preuves. Suivant l’exemple de l’Emirat islamique du Caucase, dont la branche syrienne opérait dans le cadre de Jaysh Muhajirin Wal-Ansar, le PIT a créé sa propre branche en Syrie qui opère de concert avec Jabhat An Nosra entre les provinces d’Idlib et de Lattaquié.

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7 – L’environnement djihadiste de l’Inde et son basculement vers Israël.

La destruction des Bouddhas de Bamyan par les Talibans, en Mars 2001, soit six mois avant le raid du 11 septembre contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, a constitué un déclic conduisant l’inde à abandonner sa traditionnelle politique d’amitié avec les pays arabes, notamment l’Egypte, son partenaire majeur au sein du Mouvement des Non Alignés, pour se rapprocher d’Israël.

L’environnement djihadiste de l’Inde a d’ailleurs conduit ses dirigeants à se rapprocher également des Etats Unis dans un contexte marqué par la disparition du partenaire soviétique, parallèlement à une accentuation de la coopération sino-pakistanaise débouchant sur le transfert d’énergie nucléaire de Pékin à Islamabad et le lancement d’un programme nucléaire pakistanais avec des subsides saoudiens.

La nouvelle alliance avec les États Unis et Israël a été scellée sur la base d’une convergence d’intérêts et une approche sensiblement analogue de pays se présentant comme des démocraties partageant une même vision pluraliste du monde, ayant le même ennemi commun, l’«Islam radical».

Le rapprochement avec Israël s’est traduit par une normalisation des relations israélo-indiennes, en 1992, concrétisée par la première visite d’un dirigeant israélien à New Delhi, en 2003, en la personne du premier ministre Ariel Sharon, l’année de l’invasion américaine de l’Irak.

Troisième puissance régionale avec la Chine et le Japon, l’Inde se trouve dans une position ambivalente en ce qu’elle doit maintenir des liens étroits avec les superpuissances pour se maintenir dans le peloton de tête du leadership mondial, sans pour autant distendre ses liens avec le tiers monde, dont elle fut longtemps l’un des chefs de file. Sa présence au sein du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) répond à cette logique.

Les Ouïghours, de mémoire d’observateur, ne sont jamais morts pour la Palestine pas un. Mais nombreux l’ont été contre la Syrie, dans un dévoiement sectaire de leur idéologie.

Aux yeux des stratèges du Pentagone, l’instrumentalisation de l’irrédentisme ouïghour devrait avoir sur la Chine le même effet déstabilisateur que le djihadisme tchétchène sur la Russie de Poutine. Mais une éventuelle montée en puissance du Parti islamique du Turkestan pourrait initier une redistribution de cartes, dont les principaux victimes pourraient être les djihadistes ouighours, à l’instar des islamistes de Syrie. A trop vouloir servir de «chairs à canon» à des combats mercenaires décidés par des commanditaires dictés exclusivement par leur raison d’etat de leur propre puissance, le sort des supplétifs est inéluctablement scellé: Dindon de la farce d’une gigantesque duperie.

8 – La défection de trois pays musulmans alliés de l’Occident.

Devant une telle configuration, le Pakistan, le pompier pyromane du djihadisme planétaire pendant des décennies a paru amorcer une révision déchirante de ses alliances, renonçant à son ancien rôle de body guard de la dynastie wahhabite pour un rôle plus valorisant de partenaire de la Chine, la puissance planétaire en devenir, via le projet OBOR.

Deux autres pays musulmans, jadis alliés de l’Occident, lui ont emboité le pas: la Malaisie, et sans doute la Turquie, à moyen terme, frappée de sanctions économiques par les Etats Unis.

Si l’hypothèse du djihadisme anti bouddhiste se concrétisait, elle initierait une gigantesque tectonique des plaques à l’effet de sceller une alliance de fait entre la Chine et l’Inde, les deux états continents d’Asie, de surcroit non musulmans, en vue de terrasser l’hydre islamiste qui rôde à leur périphérie.

Pour aller plus loin

dimanche, 19 janvier 2020

L’effondrement de l’Empire d’Occident moderne. Quel avenir pour l’humanité ?

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L’effondrement de l’Empire d’Occident moderne. Quel avenir pour l’humanité ?


Par Ugo Bardi

Source CassandraLegacy

Ces notes ne sont pas censées dénigrer ni exalter une entité dont l’histoire remonte à au moins deux millénaires. Comme tous les Empires, passés et présents, l’Empire Mondial Moderne a traversé la parabole de sa croissance et de sa gloire et il commence maintenant son déclin. Il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire à ce sujet, nous devons accepter que c’est ainsi que l’univers fonctionne. Sur ce sujet, voir aussi un de mes précédents billets « Pourquoi l’Europe a conquis le monde ?« .

Pour tout ce qui existe, il y a une raison et c’est vrai aussi pour cette chose gigantesque qu’on appelle parfois « l’Occident » ou peut-être « l’Empire américain », ou peut-être « la Globalisation ». Pour trouver cette raison, on peut remonter aux origines mêmes de l’empire moderne. Nous pouvons les trouver dans un empire plus ancien, mais déjà très avancé : l’Empire romain.

Comme quelqu’un a pu le dire (et peut-être que quelqu’un l’a fait, mais c’est sans doute un concept original pour moi), « la géographie est la mère des Empires ». Les Empires sont construits sur la disponibilité des ressources naturelles et sur la capacité de les transporter. Ainsi, les Romains ont exploité la géographie du bassin méditerranéen pour construire un empire basé sur le transport maritime. Rome était le centre d’une plaque tournante du commerce qui surpassait tous les autres États de la région occidentale de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord. Ce système de transport était si important qu’il a même été déifié sous le nom de la déesse Annona. Sa cohésion était assurée par un système financier basé sur la monnaie, le latin comme lingua franca, un grand système militaire et un système juridique très avancé pour l’époque.

Mais comme tous les empires, celui de Rome portait en lui les germes de sa propre destruction. L’empire a atteint son apogée à un moment donné au cours du 1er siècle de notre ère, puis il a commencé à décliner. Il est le résultat d’une combinaison de facteurs connexes : l’épuisement des mines de métaux précieux qui a privé l’Empire de sa monnaie, la croissance de la route de la soie qui a siphonné les richesses romaines vers la Chine, la surexploitation de l’agriculture nord-africaine qui alimentait les villes romaines. Pas d’argent, pas de ressources, pas de nourriture : l’Empire ne pouvait que s’effondrer et c’est ce qui s’est produit.

L’ancien Empire romain a laissé une ombre fantomatique sur l’Europe, si persistante que pendant deux millénaires, on a essayé de le recréer d’une manière ou d’une autre [Charlemagne, Napoléon, Hitler, NdT]. Mais ce n’était pas possible, c’était encore une fois une question de géographie. L’agriculture intensive romaine avait tellement endommagé le sol nord-africain qu’il ne pouvait plus se rétablir – et c’est bien ce qui s’est passé. La perte du sol fertile sur la rive sud a divisé la mer Méditerranée en deux moitiés : la partie nord, verte et encore fertile, et la partie sud, sèche et stérile. Néanmoins, il y a eu plusieurs tentatives pour reconstruire l’ancienne unité économique et politique du bassin. Le califat arabe a construit un empire méditerranéen du sud basé sur l’arabe comme Lingua Franca et sur l’Islam comme terrain culturel commun. Mais l’expansion de l’Islam n’a jamais atteint l’Europe occidentale. Sa base économique était faible : l’agriculture nord-africaine ne pouvait tout simplement pas soutenir le niveau de population qui aurait été nécessaire pour contrôler l’ensemble du bassin méditerranéen. Le même destin s’est abattu, plus tard, sur l’Empire turc.

De l’autre côté de la mer Méditerranée, l’Europe était une région que les Romains de l’Antiquité avaient toujours considérée comme une périphérie. Avec la disparition de l’Empire romain, l’Europe du Nord a été libérée pour se développer par elle-même. C’était la période que nous appelons « l’âge des ténèbres », un terme impropre s’il en est. Les âges « sombres » étaient une nouvelle civilisation qui a exploité certaines des structures culturelles et technologiques héritées de Rome mais qui a également développé des structures originales. Le manque d’or et d’argent a rendu impossible pour les Européens de maintenir l’unité de l’Europe par des moyens militaires. Ils ont dû se fier à des méthodes plus subtiles et plus sophistiquées qui, néanmoins, ont été modelées sur les vieilles structures romaines. L’unité culturelle était assurée par le christianisme, l’Église créant même une nouvelle forme de monnaie basée non pas sur des métaux précieux mais sur les reliques d’hommes et de femmes saints. L’Église était également le gardien du latin, la vieille langue romaine qui est devenue la Lingua Franca européenne, le seul outil qui a permis aux Européens de se comprendre.

De cette façon, les Européens ont créé une civilisation apaisée et sophistiquée. Ils ont pu maintenir la primauté du droit et ils ont redonné aux femmes certains des droits qu’elles avaient perdus pendant l’Empire romain. Les bûchers de sorcières, endémique dans l’Empire romain, n’ont pas pu être complètement abolis, mais leur fréquence a été réduite à presque zéro. L’esclavage a été officiellement aboli, bien qu’il n’ait jamais réellement disparu. La richesse matérielle a été réduite au profit de la richesse spirituelle, l’art et la littérature ont prospéré autant que possible dans une région pauvre comme l’Europe l’était à cette époque. Les guerres ne disparurent pas, mais le début du Moyen Âge fut une période relativement calme, l’Église conservant un certain contrôle sur les pires excès des seigneurs de la guerre locaux. Le cycle arthurien mettait l’accent sur la façon dont les chevaliers errants se battaient pour accomplir de bonnes actions et pour défendre les faibles. Il n’a été mis par écrit qu’à la fin du Moyen Âge, mais il faisait partie du paysage européen fantasmé depuis des temps bien plus anciens.

Mais les choses ne s’arrêtent jamais. Au Moyen Âge, la population et l’économie européennes se développaient ensemble en exploitant un territoire relativement intact. Bientôt, la civilisation apaisée du début du Moyen Âge a cédé la place à quelque chose qui ne l’était plus. Au tournant du millénaire, l’Europe était surpeuplée et les Européens ont commencé à chercher des zones où s’étendre. Les croisades ont commencé au XIème siècle et ont constitué une nouvelle tentative de réunification du bassin méditerranéen. L’Europe s’est même dotée de structures internationales qui auraient pu régir le nouvel empire méditerranéen : les ordres chevaleresques. Parmi ceux-ci, les Templiers constituaient une structure particulièrement intéressante : en partie une société militaire, mais aussi une banque et un centre culturel, tous basés sur le latin comme Lingua Franca. L’idée était que le nouvel empire méditerranéen serait gouverné par une organisation supranationale, un peu comme l’ancien Empire romain.

Mais les croisades ont été un échec coûteux. L’effort militaire devait être soutenu par les principales ressources économiques de l’époque : les forêts et les terres agricoles. Ces deux ressources ont été fortement sollicitées et le résultat fut une époque de famines et de pestes qui réduisit presque de moitié la population européenne. C’est un nouvel effondrement qui a eu lieu au cours du XIVème siècle. C’était assez grave pour que l’on puisse imaginer que les descendants de Salah ad-Din auraient pu revenir et conquérir l’Europe, s’ils n’avaient pas été poignardés dans le dos par l’Empire mongol en expansion.

European-Population-at-the-time-of-the-Great-Plague-from-Langer-1964.pngLa population européenne : graphique de William E Langer, « The Black Death » Scientific American, février 1964, p. 117 — notez comment la croissance est plus rapide après l’effondrement qu’elle ne l’était avant.

Mais les Européens ont été têtus. Malgré l’effondrement du XIVème siècle, ils n’ont pas abandonné et ils ont continué à utiliser le même truc qu’avant : reconstruire après une catastrophe en modelant de nouvelles structures sur les anciennes. Les Européens étaient de bons guerriers, des constructeurs navals compétents, d’excellents marchands et toujours prêts à prendre des risques pour gagner de l’argent. S’ils ne pouvaient pas s’étendre à l’Est, eh bien, pourquoi ne pas s’étendre plus à l’Ouest, de l’autre côté de l’océan Atlantique ? C’était une idée qui a eu un succès fou. Les Européens ont importé de Chine la technologie de la poudre à canon et l’ont utilisée pour construire des armes redoutables. Avec leurs nouvelles compétences en matière d’artillerie, ils ont créé un nouveau type de navire, le galion armé de canons. C’était une arme de domination : un galion pouvait naviguer partout et faire exploser toute opposition sur la mer, puis débarquer des armées pour s’emparer des terres. Un siècle après la grande peste, la population européenne augmentait à nouveau, plus vite qu’avant. Et, cette fois, les Européens se lançaient à la conquête du monde.

Pendant quelques siècles, les Européens se sont comportés comme des maraudeurs dans le monde entier : explorateurs, marchands, pirates, colons, bâtisseurs d’empire, etc. Ils naviguaient partout et partout où ils naviguaient, ils dominaient la mer. Mais qui étaient-ils ? L’Europe n’a jamais gagné une unité politique ni ne s’est engagée dans un effort pour créer un empire politiquement unifié. Tout en combattant les populations non-européennes, les Européens se battaient aussi entre eux pour le butin. La seule entité supranationale de gouvernement qu’ils avaient était l’Église catholique, mais c’était un outil obsolète pour les temps nouveaux. Au XVIème siècle, l’Église catholique n’était plus une gardienne de reliques, elle était elle-même une relique. Le coup de grâce lui a été donné par l’invention de la presse à imprimer qui a énormément réduit le coût des livres. Cela a conduit à un marché pour les livres écrits en langue vernaculaire et ce fut la fin du latin comme Lingua Franca européenne. Le résultat fut la réforme de Martin Luther, en 1517 : le pouvoir de l’Église catholique fut brisé à jamais. Maintenant, les États européens avaient ce qu’ils voulaient : les mains libres pour s’étendre où ils voulaient.

Comme vous l’avez peut-être imaginé, le résultat de cette phase historique de « bataille royale » a été un nouveau désastre. Les États européens se sautèrent à la gorge en s’engageant dans la « guerre de 30 ans » (1618 – 1648). La moitié de l’Europe fut dévastée, les fléaux et les famines réapparurent, la production alimentaire s’effondra et avec elle la population. Les Européens ne se battaient pas seulement les uns contre les autres sous la forme d’États en guerre. Les hommes européens se battaient contre les femmes européennes : c’est l’époque de la chasse aux sorcières, des dizaines de milliers de femmes européennes innocentes furent emprisonnées, torturées et brûlées sur les bûchers. Avec ses forêts coupées et ses terres agricoles érodées par la surexploitation, il devint fort possible d’imaginer que l’âge de l’empire mondial européen soit à jamais révolu. Ce ne fut pas le cas.

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Tout comme un coup de chance avait sauvé l’Europe après le premier effondrement du XIVème siècle, un autre événement presque miraculeux a sauvé l’Europe de l’effondrement du XVIIIème siècle. Ce miracle avait un nom : le charbon. C’est un économiste européen du XIXème siècle, William Jevons, qui avait noté qu’« avec le charbon, tout est facile ». Et avec le charbon, les Européens pouvaient résoudre la plupart de leurs problèmes : le charbon pouvait être utilisé à la place du bois pour fondre les métaux et fabriquer des armes. Cela a sauvé les forêts européennes (mais pas celle de l’Espagne, qui n’avait pas de charbon bon marché et dont l’empire s’effondrait lentement). Ensuite, le charbon pouvait être transformé en nourriture grâce à une technologie indirecte mais efficace. Le charbon était utilisé pour fondre le fer et produire des armes. Avec les armes, de nouvelles terres étaient conquises et leurs habitants réduits en esclavage. Les esclaves cultivaient alors des plantations et produisaient des aliments qui étaient expédiés en Europe. C’est à cette époque que les Britanniques ont pris l’habitude de prendre le thé l’après-midi : le thé, le sucre et la farine pour les gâteaux étaient tous produits dans les plantations britanniques d’outre-mer.

Et le cycle continua. La population européenne a recommencé à croître au cours du XVIIIème siècle et, à la fin du XIXème siècle, l’exploit de conquérir le monde était presque terminé. Le XXème siècle a vu la consolidation de ce que nous pouvons aujourd’hui appeler « l’Empire occidental », le terme « Occident » désignant une entité culturelle qui n’était plus seulement européenne : elle comprenait les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud et quelques autres États – y compris même des pays asiatiques tels que le Japon qui, en 1905, a gagné un espace parmi les puissances mondiales par la force des armes, battant à plates coutures une puissance européenne traditionnelle, la Russie, lors de la bataille navale de Tsushima [financée pour le Japon par des banques occidentales, NdT]. D’un point de vue militaire, l’Empire d’Occident était une réalité. Il restait à le transformer en une entité politique. Tous les empires ont besoin d’un empereur, mais l’Occident n’en avait pas, pas encore.

La phase finale de la construction de l’Empire d’Occident a eu lieu avec les deux guerres mondiales du XXème siècle. C’étaient de véritables guerres civiles pour la domination impériale, semblables aux guerres civiles de la Rome antique à l’époque de César et d’Auguste. De ces guerres, un vainqueur évident est sorti : les États-Unis. Après 1945, l’Empire avait une monnaie commune (le dollar), une langue commune (l’anglais), une capitale (Washington DC) et un empereur, le président des États-Unis. Plus que tout cela, ils s’étaient doté d’une puissante machine de propagande, celle que nous appelons aujourd’hui « fabrication du consensus ». Elle a construit un récit qui décrivait la Seconde Guerre mondiale comme un triomphe du bien contre le mal — ce dernier étant représenté par l’Allemagne nazie. Ce récit reste aujourd’hui le mythe du financement de l’Empire d’Occident. Le seul empire rival restant, l’Empire soviétique, s’est effondré en 1991, laissant l’Empire américain comme seule puissance dominante du monde. Cela aussi a été considéré comme une preuve de la bonté inhérente de l’Empire américain. C’est à cette époque que Francis Fukuyama a écrit son livre « La fin de l’histoire » (1992), décrivant correctement les événements dont il était témoin. Tout comme lorsque l’empereur Octavianus a inauguré l’âge de la « Pax Romana », ce fut le début d’un nouvel âge d’or : la « Pax Americana ».

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Hélas, l’histoire ne finit jamais et, comme je l’ai mentionné au début de cet essai, tous les empires portent en eux les graines de leurs propres destructions. Quelques décennies seulement se sont écoulées depuis l’époque où Fukuyama avait revendiqué la fin de l’histoire et la Pax Americana semble déjà terminée. La domination du monde occidental avait été basée d’abord sur le charbon, puis sur le pétrole, et maintenant on essaie de passer au gaz, mais ce sont toutes des ressources finies qui deviennent de plus en plus chères à produire. Tout comme le déclin de Rome avait suivi celui de ses mines d’or, l’Occident suit le déclin des puits qu’il contrôle. Le dollar perd son rôle de monnaie de réserve mondiale et l’Empire est menacé par un nouveau système commercial. Tout comme l’ancienne route de la soie a été un facteur de l’effondrement de l’Empire romain, l’initiative naissante de la « Nouvelle route de la soie » qui reliera l’Eurasie en une seule région commerciale pourrait donner le coup de grâce à la domination mondialisée de l’Occident.

Il est certain que l’Empire d’Occident, bien que moribond, n’est pas encore mort. Il a toujours sa merveilleuse machine de propagande qui fonctionne. La grande machine a même réussi à convaincre la plupart des gens que l’empire n’existe pas vraiment, que tout ce qu’ils voient qu’on leur fait est fait pour leur bien et que les étrangers sont affamés et bombardés avec les meilleures intentions. C’est un exploit remarquable qui rappelle quelque chose qu’un poète européen, Baudelaire, a dit il y a longtemps : « Le meilleur tour du Diable consiste à vous faire croire qu’il n’existe pas. » C’est typique de toutes les structures de devenir méchantes pendant leur déclin, cela arrive même aux êtres humains. Donc, nous vivons peut-être dans un « Empire du mensonge«  qui se détruit en essayant de construire sa propre réalité. Sauf que la vraie réalité gagne toujours.

Et nous y voilà, aujourd’hui. Tout comme l’ancien Empire romain, l’Empire d’Occident finit son cycle et le déclin a déjà commencé. Donc, à ce stade, nous pourrions risquer une sorte de jugement moral : l’Empire d’Occident était-il bon ou mauvais ? Dans un sens, tous les empires sont mauvais : ce sont généralement des organisations militaires impitoyables qui se livrent à toutes sortes de massacres, de génocides et de destructions. De l’Empire romain, on se souvient de l’extermination des Carthaginois comme exemple, mais ce n’était pas le seul. De l’Empire occidental, nous avons de nombreux exemples : le plus maléfique est peut-être le génocide des Indiens d’Amérique du Nord, mais des choses comme l’extermination de civils par le bombardement aérien des villes pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient aussi impressionnantes. Et l’Empire (maléfique) ne semble pas avoir perdu son goût pour le génocide, du moins comme on peut le juger d’après certaines déclarations récentes de membres du gouvernement américain sur l’idée d’affamer les Iraniens.

D’autre part, il serait difficile de soutenir que les Occidentaux sont plus mauvais que les personnes appartenant à d’autres cultures. Si l’histoire nous dit quelque chose, c’est que les gens ont tendance à devenir mauvais lorsqu’ils ont la possibilité de le faire. L’Occident a créé beaucoup de bonnes choses, de la musique polyphonique à la science moderne et, durant cette dernière phase de son histoire, il mène la lutte pour maintenir la Terre en vie – une fille comme Greta Thunberg est un exemple typique du « bon Occident » par opposition au « mauvais Occident ».

Dans l’ensemble, tous les empires de l’histoire sont plus ou moins les mêmes. Ils sont comme des vagues qui s’écrasent sur une plage : certaines sont grandes, d’autres petites, certaines font des dégâts, d’autres ne font que laisser des traces sur le sable. L’Empire d’Occident a fait plus de dégâts que les autres parce qu’il était plus grand, mais il n’était pas différent. Nous devons accepter que l’univers fonctionne d’une certaine manière : jamais en douceur, toujours en montant et descendant et, souvent, en passant par des effondrements abrupts, comme l’avait noté il y a longtemps le philosophe romain Lucius Seneca. L’empire actuel étant si grand, la transition vers ce qui viendra après nous doit être plus abrupte et plus dramatique que tout ce que l’on a vu dans l’histoire auparavant. Mais, tout comme ce fut le cas pour la Rome antique, l’avenir pourrait bien être un âge plus doux et plus sain que l’âge actuel.

Ugo Bardi enseigne la chimie physique à l’Université de Florence, en Italie, et il est également membre du Club de Rome. Il s’intéresse à l’épuisement des ressources, à la modélisation de la dynamique des systèmes, aux sciences climatiques et aux énergies renouvelables.

Traduit par Hervé, relu par Marcel pour le Saker Francophone

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Le discours de Poutine sur l’état de la nation : centré sur le peuple russe et son avenir

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Le discours de Poutine sur l’état de la nation : centré sur le peuple russe et son avenir


Par Andrew Korybko 

Source news.cgtn.com

Le président Poutine s’est adressé à l’Assemblée fédérale ce 15 janvier, pour la première fois de l’année 2020, prenant de l’avance sur sa traditionnelle allocution annuelle, qui avait d’habitude lieu un peu plus tard dans l’année. Son discours sur l’état de la nation s’est presque entièrement intéressé sur l’amélioration de la qualité de vie du peuple russe, en soulignant fortement les importants impacts sociaux des projets de développement national de la Russie [National Development Projects (NDP)], et sur les moyens à employer au service de cette vision ambitieuse.

Une part importante de son discours était consacrée à l’accroissement du taux de natalité, par l’application de diverses incitations d’État, comme une augmentation des prestations sociales aux familles, en particulier celles disposant de faibles revenus. Il a également déclaré que les allocations de maternité seraient désormais versées dès le premier enfant — elles étaient jusqu’ici versées uniquement à partir du second. Poutine a répété à plusieurs reprises l’importance pour la Russie d’améliorer sa situation démographique, et a également insisté sur le fait que l’ensemble des politiques sont influencées, d’une manière ou d’une autre, par ce facteur.

Il ne s’agit pas pour les Russes de faire plus d’enfants pour la beauté du geste, mais de proposer un très haut niveau de vie aux futurs citoyens de la fédération. Pour servir cet objectif, Poutine a annoncé que l’État prodiguerait trois repas chauds et équilibrés à chaque enfant inscrit en école primaire, que des investissements de modernisation des écoles allaient être réalisés afin que les enfants disposent d’une éducation numérique leur permettant de trouver leur place dans la future économie technologique, que les salaires des enseignants allaient augmenter, et que plusieurs initiatives allaient suivre afin d’encourager les étudiants, via des changements dans les cursus, à poursuivre des carrières en matières scientifique, technologique, d’ingénierie, et mathématiques.

Des bourses d’études seront également distribuées en plus grand nombre pour ceux qui veulent poursuivre leur éducation secondaire dans ces matières. Le sujet de la santé est particulièrement important, a ajouté Poutine, et le gouvernement fera le maximum d’efforts pour améliorer également ce secteur, à la fois en poursuivant les investissements en la matière, et en coordonnant le chemin de carrière des soignants, pour qu’ils disposent d’emplois garantis dans les régions où leur présence est le plus nécessaire. Le président de Russie s’est montré particulièrement fier du fait que l’espérance de vie de son pays connaît actuellement ses plus haut niveau jamais atteint, cependant que le taux de mortalité infantile connaît son plus bas. Il a également affirmé que ces tendances positives doivent impérativement continuer de progresser à l’avenir.

Cette poussée socio-économique est fortement facilitée par deux grandes réalisations acquises au fil des années, à savoir la capacité de la Russie à se défendre pour les décennies à venir (une allusion à ses missiles hypersoniques de pointe), et le fait que son budget s’est enfin stabilisé.

Ces réussites ont permis au gouvernement de s’intéresser à la qualité de vie de ses citoyens, mais la constitution doit également être amendée pour ce faire. Comme l’a dit Poutine, le système politique et la société civile russes sont devenus assez matures pour s’offrir ces changements, nécessaires à la transformation de la Russie en État providence du XXIème siècle, à ce moment pivot.

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Parmi les suggestions qu’il a proposé d’ajouter à la discussion en vue d’une direction plus responsable, on trouve : interdire les postes de la fonction publique aux citoyens étrangers ou aux résidents à l’étranger, en vertu de raisons de sécurité ; et préciser la relation entre les différents niveaux de gouvernement, ainsi que les trois branches principales du pouvoir.

Sur ce dernier point, tout en réaffirmant la nécessité pour la Russie de rester une république présidentielle, Poutine a affirmé que l’Assemblée fédérale devrait disposer de plus grandes responsabilités dans la formation du gouvernement. Cela peut s’interpréter comme une poursuite de la tendance à déléguer les responsabilités aux représentants de l’État, et ainsi donner plus de pouvoir aux citoyens.

Dans l’ensemble, cette allocution de Poutine à l’Assemblée fédérale était beaucoup plus autocentrée que les précédentes. Cela résulte du fait que la situation internationale et économique de la Russie s’est stabilisée au point où le temps est venu de s’intéresser de près à ces sujets, pour préparer au mieux le pays à la longue période d’incertitude que le monde connaît depuis peu.

Investir dans son peuple est la bonne politique à mener, et le lancement d’une concertation nationale quant à une réforme constitutionnelle l’est également. Avec quatre années restantes comme président de la Fédération de Russie, Poutine se prépare à laisser un héritage durable qui profitera aux générations futures de la Russie.

Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Note du Saker Francophone

Difficile pour un Français de lire ce texte sans penser 
à l'héritage social du général de Gaulle aux Français, et
au rayonnement de la France dans le monde au cours des
années 1960… D'un point de vue français, si l'on
s'amuse à comparer les pays en leurs états actuels,
la population de la Russie est à peu près le double de
celle de la France ; et le PIB de la Russie est à peu
près la moitié de celui de la France. Sur le papier,
la richesse de chaque Français est donc le quadruple
de la richesse de chaque Russe. La différence est que
la France s'enlise dans une Union supranationale qui
impose des décisions de l'extérieur ne bénéficiant pas
aux Français, avec un argument que la France seule
ne ferait pas le poids dans le monde
. La trajectoire de la Russie est une preuve éclatante

de la fausseté de cet argument de propagande
même si en parité de pouvoir d'achat, la Russie
est devant la France et au niveau de l'Allemagne,
avec il est vrai un matelas de matière première
qui est une sacré sécurité.

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

About the New Sacred Union

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Pavel Tulaev:

About the New Sacred Union

Ex: http://www.ateney.ru

Today, many people understand that humanity has entered a qualitatively different stage of planetary development. It is associated with space cycles, the scientific and technological revolution, changes in lifestyle, etc. Internationally, this is an obvious turn from the global dictatorship of the United States, established in the 20th century, to a multipolar world. More specifically, to the growing role of Russia and the East as a whole. The regrouping of international forces makes us develop a new strategy.

Before the collapse of the USSR in 1991, the world was conditionally divided into two large parts: the capitalist West, led by the United States and NATO, as well as the communist East, headed by the Soviet Union and the Warsaw Pact. True, in addition to this, there was a rather large block of “Non-Aligned Countries”, but its existence did not cancel the confrontation of two socio-economic systems that were inherently opposite.

In the course of liberal-monetarist reforms in the spirit of “shock therapy”, Russia, which left the USSR, tried to enter the circle of Western countries, the so-called “Big Eight”. However, it soon turned out that the essence of this community was not only in favorable economic relations. Let’s think about what Western civilization is again.

Aggressive sunset civilization

From a geographical, historical and spiritual point of view, the West, figuratively speaking, is a movement from Sunrise (origin) to Sunset (degeneration).

Many of today’s European peoples have eastern roots. For example, the teachers of the Romans are Greeks and Etruscans who came from Asia Minor; Hungarians came from the Urals, Bulgarians were from Cimmeria, Poles were from Sarmatia, Croats were from Central Asia; Basques living in the far west of Europe came from the Caucasus. The origin of the Germanic tribes, in particular, the Goths and the Vandals, is also associated with Asia.

The eastern roots of Europeans are clearly visible in their ancient mythology. Where did Zeus steal the young beautiful Europe? From the Middle East. The genesis of the Olympic gods, including Zeus-Jupiter, Artemis-Diana, Apollo, Athena-Minerva, Aphrodite-Venus, indicates their Hyperborean or Aryan ancestral home. Even the Scandinavian god Odin came to the cold lands from hot Asia.

Now let’s recall where science, culture and civilization came from to Europe.

The West took almost all fundamental knowledge from the East: writing, including runic; medicine, especially esoteric; astronomy with an annual calendar; theology, including Christianity; musical theory and many instruments; many sports and recreational games, including equestrian competitions and chess. Even many technical inventions, such as wheels, fabrics, paper, metal processing, etc. are of Asian origin.

Western colonialists and their secret societies, such as Freemasonry, have learned many secrets from the spiritual treasures of India, China, Egypt, and Sumeria. Their heirs of the New Age learned to quickly borrow, buy or steal eastern discoveries, including the Russian and Slavic scientists’ ones (the periodic table, Lobachevsky’s geometry, Ladygin’s incandescent light bulb, Tesla’s electric motors, Zhukovsky’s plane, Sikorsky’s helicopter, Zvorykin’s television, USSR’s space achievements and much more).

In a word, without the classical heritage of the East and its fundamental technical inventions, the West is nothing! In this paradoxical, at first glance, phenomenon, in fact, everything is natural. After all, eastern civilization is hundreds of thousands of years old, and western civilization is several centuries old.

The United States of America, formed in 1776 from former European colonies on the territory of the autochthonous civilization of the Indians, subjects of the archaic civilization of the red race, became an absolute expression of Western civilization. In their own interests, they use the achievements of the world community, and at the same time contrast themselves to it in the spirit of the bloodthirsty Old Testament.

One state, even such a superpower as the United States, can resist the whole world only with the help of weapons and political pressure. For this role of the world gendarme, the American hawks created a well-designed and extensive system of the New World Order (NMP), led by the aforementioned North Atlantic Treaty Organization (NATO).

This system governs America and its partners through a network of latent, that is, behind-the-scenes organizations, totaling more than 500. The most famous of them are the Bilderberg Club, the Tripartite Commission, the Council on Foreign Relations, the Pilgrims Society, “Skull and Bones”, the Federal Reserve, other Masonic and Zionist organizations. One of the main centers of NWO (New World Order) is located in the UK, or rather, in the City, the financial and business center of London, and others are in New York, Brussels, and Tel Aviv.

Directly or indirectly, thousands of NWO leaders conduct the main brain centers, foundations, banks, the media, universities, all major corporations and political parties in the United States. The influence of this coordinating power of the “world behind the scenes” on international events is obvious. Judge for yourself.

Modern Europe is a protectorate of the USA. NATO bases are located not only in Germany occupied in 1945, but in almost all EU countries. Atlantists surround our mainland with a network of military bases and red flags of local conflicts under the pretext of a hypothetical threat to their national security.

Why is Mongoloid Japan, located in the Pacific Ocean in the Far East, considered a part of «Western civilization»? Because the United States first bombed it, then subjugated it, and finally colonized it. In terms of NATO’s Pacific strategy, the “Land of the Rising Sun” is their western carrier.

Why is Belarus, absolutely European in its racial and cultural origin, considered “anti-Western” and has now become the vanguard of the forces of Eurasia? Because it is a strong ally of Russia and is not economically dependent on the EU.

The United States is particularly afraid of the unification of Europe and Russia, as this will lead to the dissolution of the Atlantic alliance and a sharp weakening of North America’s international position. Therefore, the Yankees and their agents are struggling to drive a wedge between two parts of a single continent, artificially creating a buffer zone — from the Baltic Sea to the Black Sea.

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Pavel Tulaev

It is in this context that one should understand the modern war in Ukraine, which is forcibly drawn into the EU and NATO. In terms of strategy, the NOW is a local conflict in the global scenario. Indeed, by and large, the fundamental contradictions between thalassocracy (America) and tellurocracy (Eurasia) will be resolved not in the trenches of the Ukrainian steppes, but in other spaces: space, information, technology. They are part of the world war for leadership and dominance in key areas of human activity.

Eastern alternative

What can we contrast the conscious strategy of the West to weaken Russia and the split of Eurasia?

In addition to the national Russian doctrine that protects our ethnic and cultural identity, as well as the strategic interests of the indigenous peoples of the Russian Federation, there are several large geopolitical projects supported by relevant ideologies and political programs. The most famous are Eurasian and Slavic. In some ways, they mutually complement each other, in some ways they are opposite.

The essence of Slavophilism is patrimonial logic. The main thing here is the subject with his genetic, racial, religious and social qualities. The ethics of Slavophilism is based on the cult of ancestors. For a pan-Slavist, blood is higher than the soil, since the Slav, be it Russian, Pole, Belorussian, Czech, he remains in Europe, America, Asia and Africa as a Slav, the bearer of his ethno-forming qualities.

Slavs are a large family of peoples. It forms the basis of about two dozen states with a total population of more than 300 million people. Slavs of Russian origin predominantly profess Orthodoxy, preserving for centuries their confessional and linguistic identity, in particular Cyrillic writing.

Eurasianism proceeds from the territorial community of the population of various ethnic and even racial origin. Here, Belarus and Kazakh, Lithuanian and Tatar, Russian and Mongol are equivalent. The fundamental principle of Eurasianism is soil above blood. Eurasians recognize the differences, but do not give them a fundamental character. The racial approach is unacceptable to them. Religious — secondary. For example, an Orthodox Chinese speaking Russian can well be an ideological Eurasian.

The extreme forms of these two ideologies — racial pan-Slavism and continental internationalism — clash in the political struggle. This is due to historical reality, which is much more complicated than simplified schemes.

The ancestors of the Slavs (Wends,Venets), along with the Celts, made up a significant part of the pre-Christian population of Europe. Serbs settled next to them, including on the Baltic coast, where Germany is now.

The primordial Russia of the Varangian era, which included the ethnic elements of the Slavs, Balts, Finns and Ugrians, was also originally a Caucasian race with a significant part of the Nordic blood. As a result of ethnogenesis, expansion and colonization, the Russian people united various Slavic and European tribes related to them.

As the Russian lands expanded south and east, the Slavic-speaking superethnos began to include more and more Asian elements. For example, Don Cossacks combine Slavic-Aryan, Turan and Dinar features.

The Russian Federation today includes more than 190 different ethnic groups. Most of them are of non-Slavic, or rather, not Caucasian origin, although about 80% of the population considers themselves Russian. According to modern genetics, the Great Russians predominantly remain Caucasians, but in large cities and on the outskirts there is a rapid mixing with other racial types.

That is why for Russian people the ideology of Slavophilism is more understandable, while Eurasianism is closer to national minorities. For Tatars and Caucasians, pan-Slavism is as far away as pan-Turkism and pan-Mongolism are for us.

Our choice

What to do in this difficult, very controversial situation? The main thing, in my opinion, is to avoid extremes, i.e. not to bring Slavophilism to a utopia of pan-Slavism and clash with political Eurasianism.

A model is needed that combines the most constructive elements of both ideologies. And only the third idea that goes beyond blood and soil can unite them.

From the point of view of patrimonial logic, it would be advisable to unite Russia and Europe into the strategic block Euro-Russia as the core of a wider continental alliance. After all, the metahistorical role of Russia is not only the connection between East and West. It is the Heart of the Continent, its mystical center, the axis of its historical Destiny.

However, in the current situation, when another armed conflict is unleashed in the center of our continent, in the center of the Slavic world, the implementation of the Euro-Russian project is very difficult. In this regard, it is desirable to create a new Holy Alliance of all forces opposing the deadly aggression of the West.

It is in this direction that the CSTO (Collective Security Treaty Organization) and BRICS (Brazil, Russia, India, China and the Republic of South Africa) develop their strategies, which Iran and Turkey want to join.

As we can see, the anti-Western alternative of the 21st century does not geopolitically repeat the alliance of the three emperors of the 19th century or the Warsaw Pact of the Soviet era. We are witnesses of a new turn of history to the East.

Remember the famous metaphor of how Emperor Peter the Great, with his Westernist reforms, allegedly “cut a window into Europe,” which was in fact the ancestral home of Russia. Compared to him, President Putin is an analogue of Prince Alexander Nevsky, who made the Eastern choice. After all, Asia has always been of great importance for Russia, so it is quite reasonable to turn to face it.

Since the challenge on the part of the United States is global, the answer must be global. All peoples of goodwill, both Nordic and Mardi, both European and Asian, must unite against the ubiquitous gangster, funded by international bankers.

Under these conditions, our common strategy is a peaceful offensive of the forces of Good against the demons of Evil. This is, first of all, the spiritual, Royal Way of self-improvement, where there is a place for every worthy inhabitant of the Earth. Everyone has what to do and what to say.

We are not opposing the Americans or the Anglo-Saxons, but against the deadly Western civilization as such, against the degeneration of people growing under the influence of the West, against the degradation of European culture and the violation of social laws at the national and international level. We are for freedom, for a dignified life, for justice and order. For the right to an original path of development of all peoples, including residents of the Western Hemisphere.

The USA itself needs a “new way of thinking” and a “perestroika”, as the USSR used to be. The revolution in America will help to save it from complete collapse, ruin and humiliation, and, in the end, find a worthy place in a changing world. We know that in the West there are many thinkers and politicians who understand the need for radical changes.

Our ultimate goal is not a struggle for political power and any terrestrial territories, but the birth of a new person, a new race of people, which will be based on the principles of spiritual creativity and the ideals of holiness. The man of the future will transform not only his flesh, but also the world around him.

Only the blind do not see the East again excitingly grow red. «The Golden Eos with purple fingers got up from the darkness». Rejoice, behold, and salute the beautiful Queen Dawn.

Moscow, 2018.

samedi, 18 janvier 2020

The Roots of American Demonization of Shi’a Islam

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The Roots of American Demonization of Shi’a Islam
 

The US targeted assassination, via drone strike, of Maj. Gen. Qassem Soleimani, apart from a torrent of crucial geopolitical ramifications, once again propels to center stage a quite inconvenient truth: the congenital incapacity of so-called US elites to even attempt to understand Shi’ism – thus 24/7 demonization, demeaning not only Shi’as by also Shi’a-led governments.

Washington had been deploying a Long War even before the concept was popularized by the Pentagon in 2001, immediately after 9/11: it’s a Long War against Iran. It started via the coup against the democratically elected government of Mosaddegh in 1953, replaced by the Shah’s dictatorship. The whole process was turbo-charged over 40 years ago when the Islamic Revolution smashed those good old Cold War days when the Shah reigned as the privileged American “gendarme of the (Persian) Gulf”.

Yet this extends far beyond geopolitics. There is absolutely no way whatsoever for anyone to be capable of grasping the complexities and popular appeal of Shi’ism without some serious academic research, complemented with visits to selected sacred sites across Southwest Asia: Najaf, Karbala, Mashhad, Qom and the Sayyida Zeinab shrine near Damascus. Personally, I have traveled this road of knowledge since the late 1990s – and I still remain just a humble student.

In the spirit of a first approach – to start an informed East-West debate on a crucial cultural issue totally sidelined in the West or drowned by tsunamis of propaganda, I initially asked three outstanding scholars for their first impressions.

They are: Prof. Mohammad Marandi, of the University of Tehran, expert on Orientalism; Arash Najaf-Zadeh, who writes under the nom de guerre Blake Archer Williams and who is an expert on Shi’a theology; and the extraordinary Princess Vittoria Alliata (photo hereunder) from Sicily, top Italian Islamologist and author, among others, of books such as the mesmerizing Harem – which details her travels across Arab lands.

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Two weeks ago, I was a guest of Princess Vittoria at Villa Valguarnera in Sicily. We were immersed in a long, engrossing geopolitical discussion – of which one of the key themes was US-Iran – only a few hours before a drone strike at Baghdad airport killed the two foremost Shi’a fighters in the real war on terror against ISIS/Daesh and al-Qaeda/al-Nusra: Iranian Maj. Gen. Qassem Soleimani and Iraqi Hashd al-Shaabi second-in-command Abu Mahdi al-Muhandis.

Martyrdom vs. cultural relativism

Prof. Marandi offers a synthetic explanation: “The American irrational hatred of Shi’ism stems from its strong sense of resisting injustice – the story of Karbala and Imam Hussein and the Shi’a stress on protecting the oppressed, defending the oppressed and standing up against the oppressor. That is something that the United States and the hegemonic Western powers simply cannot tolerate.”

Blake Archer Williams sent me a reply that has now been published as a stand-alone piece. This passage, extending on the power of the sacred, clearly underlines the abyss separating the Shi’a notion of martyrdom from Western cultural relativism:

“There is nothing more glorious for a Moslem than attaining to martyrdom while fighting in the Way of God. General Qāsem Soleymānī fought for many years for the objective of waking the Iraqi people up to the point where they would want to take the helm of the destiny of their own country in their own hands. The vote of the Iraqi parliament showed that his objective has been achieved. His body was taken away from us, but his spirit was amplified a thousand fold, and his martyrdom has ensured that shards of its blessed light will be embedded in the hearts and minds of every Moslem man, woman, and child, inoculating them all from the zombie-cancer of the Satanic Novus Ordo Seclorum cultural relativists.”

[a point of contention: Novus Ordo Seclorum, or Saeculorum, means “new order of the ages”, and derives from a famous poem by Virgil which, in the Middle Ages, was regarded by Christians as a prophecy of the coming of Christ. To this point, Williams responded that “while that etymological sense of the phrase is true and still stands, the phrase was hijacked by one George Bush The Younger as representative of the New Worldly Order globalist cabal, and it is in this sense that is currently predominant.”]

Enslaved by Wahhabism

Princess Vittoria would rather frame the debate around the unquestioning American attitude towards Wahhabism: “I do not think all this has anything to do with hating Shi’ism or ignoring it. After all the Aga Khan is super embedded in US security, a sort of Dalai Lama of the Islamic world. I believe the satanic influence is from Wahhabism, and the Saudi family, who are much more heretic than the Shi’a to all Sunnis of the world, but have been the only contact to Islam for the US rulers. The Saudis have paid for most of the murders and wars by the Islamic Brothers first, then by the other forms of Salafism, all of them invented on a Wahhabi base.”

So, for Princess Vittoria, “I would not try so much to explain Shi’ism, but to explain Wahhabism and its devastating consequences: it has given birth to all extremisms as well as to revisionism, atheism, destruction of shrines and Sufi leaders all over the Islamic world. And of course Wahhabism is so close to Zionism. There are even researchers who have come up with documents which seem to prove that the House of Saud is a Dunmeh tribe of converted Jews expelled from Medina by the Prophet after they tried to murder him despite having signed a peace treaty.”

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Princess Vittoria also emphasizes the fact that “ the Iranian revolution and Shi’a groups in the Middle East are today the only successful force of resistance to the US, and that causes them to be hated more than others. But only after all other Sunni opponents had been disposed of, killed, terrified (just think of Algeria, but there are dozens of other examples) or corrupted. This is of course not only my position, but that of most Islamologists today.”

The profane against the sacred

Knowing of Williams’ immense knowledge of Shi’a theology, and his expertise in Western philosophy, I prodded him to, literally, “go for the jugular”. And he delivered: “The question as to why American politicians are incapable of understanding Shi’a Islam (or Islam in general for that matter) is a simple one: unrestrained neoliberal capitalism engenders oligarchy, and the oligarchs “select” candidates that represent their interests before they are “elected” by the ignorant masses. Populist exceptions such as Trump occasionally slip through (or don’t, as in the case of Ross Perot, who pulled out under duress), but even Trump is then controlled by the oligarchs through threats of impeachment, etc. So the role of the politician in democracies seems not to be to try to understand anything but simply carry out the agenda of the elites who own them.”

Williams’ “go for the jugular” response is a long, complex essay that I’d like to publish in full only when our debate gets deeper – along with possible refutations. To summarize it, he outlines and discusses the two main tendencies in Western philosophy: dogmatists vs. skeptics; details how “the holy trinity of the ancient world were in fact the second wave of the dogmatists, trying to save the Greek city states and the Greek world more generally from the decadence of the Sophists”; delves into the “the third wave of skepticism”, which started with the Renaissance and peaked in the 17th century with Montaigne and Descartes; and then draws connections “to Shi’a Islam and the failure of the West to understand it.”

And that leads him to “the heart of the matter”: “A third option, and a third intellectual stream over and above the dogmatists and the skeptics, and that is the tradition of the traditional (as opposed to the philosophical) Shī’a scholars of religion.”

Now compare it with the last push of the skeptics, “as Descartes himself admits, by the ‘daemon’ which came to him in his dreams and which resulted in his writing his Discourse on the Method (1637) and Meditations on First Philosophy (1641). The West is still reeling from the blow, and it would seem has decided to put away its stilts of reason and the senses (which Kant tried in vain to reconcile, making things a thousand times worse and more convoluted and discombobulated), and just wallow in the self-congratulatory form of irrationalism known as post-modernism, which should rightly be called ultra-modernism or hyper-modernism as it is no less rooted in the Cartesian ‘Subjective Turn’ and the Kantian ‘Copernican Revolution’ than are the early moderns and the moderns proper.”

To summarize a quite complex juxtaposition, “what all this means is that the two civilizations have two utterly different views of what the world order should be. Iran believes that the order of the world should be what it has always been and actually is in reality, whether we like it or not, or whether we even believe in reality or not (as some in the West are wont not to do). And the secularized West believes in

a new worldly (as opposed to other-worldly or divine) order. And so it is not so much a clash of civilizations as it is a clash of the profane against the sacred, with profane elements in both civilizations arrayed against the sacred forces in both civilizations. It is the clash of the sacred order of justice versus the profane order of the exploitation of man at the hands of his fellow man; of the profaning of God’s justice for the (short-term or this-worldly) benefit of the rebels against God’s justice.”

Dorian Gray revisited

Williams does provide a concrete example to illustrate these abstract concepts: “The problem is that while everyone knows that the 19th and 20th century exploitation of the third world by Western powers was unjust and immoral, this same exploitation continues today. The continuation of this outrageous injustice is the ultimate basis for the differences that exist between Iran and the United States, which will ineluctably continue as long as the US insists on its exploitative practices and as long as it continues to protect its protectorate governments, who only survive against the overwhelming will of the people they rule because of the bullying presence of the US forces that are propping them up in order for them to continue to serve their interests rather than the interests of their peoples. It is a spiritual war for the establishment of justice and autonomy in the third world. The West can continue to look good in its own eyes because it controls the reality studio (of world discourse), but its real image is plain for all to see, even though the West continues to see itself as Dorian Gray did in Oscar Wilde’s only novel, as a young and handsome person whose sins were only reflected in his portrait. Thus the portrait reflects the reality which the third world sees every day, whereas the Western Dorian Gray sees himself as he is portrayed by the CNN’s and the BBC’s and the New York Times’s of the world.”

31Xv3LBYFmL.jpg“Western imperialism in Western Asia is usually symbolized by Napoleon Bonaparte’s war against the Ottomans in Egypt and Syria (1798–1801). Ever since the beginning of the 19th century, the West has been sucking on the jugular vein of the Moslem body politic like a veritable vampire whose thirst for Moslem blood is never sated and who refused to let go. Since 1979, Iran, which has always played the role of the intellectual leader of the Islamic world, has risen up to put a stop to this outrage against God’s law and will, and against all decency. So it is a process of revisioning a false and distorted vision of reality back to what reality actually is and should be: a just order. But this revisioning is hampered both by the fact that the vampires control the reality studio, and the ineptitude of Moslem intellectuals and their failure to understand even the rudiments of the history of Western thought, be this in its ancient, medieval, or modern period.”

Is there a chance to smash the reality studio? Possibly: “What needs to happen is for world consciousness to shift from the paradigm wherein people believe a maniac like Pompeo and a buffoon like Trump represent the paragon of normality, to a paradigm where people believe that Pompeo and Trump are just a couple of gangsters who go about doing whatever they please, no matter how disgusting and depraved, with almost complete and utter impunity. And that is a process of revisioning, and a process of awakening to a new and higher state of political consciousness. It is a process of rejecting the discourse of the dominant paradigm and of joining the Axis of Resistance, whose military leader was the martyr General Qāsem Soleymānī. Not least, it involves a rejection of the absurdity of the relativity of truth (and the relativity of time and space, for that matter; sorry, Einstein); and the abandonment of the absurd and nihilistic philosophy of humanism, and the awakening to the reality that there is a Creator, and that He is actually in charge. But of course, all this is too much for the oh-so-enlightened modern mentality, who knows better.”

There you go. And this is just the beginning. Input and refutations welcomed. Calling all informed souls: the debate is on.

 

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Battle of the Ages to Stop Eurasian Integration

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Battle of the Ages to Stop Eurasian Integration
 
Coming decade could see the US take on Russia, China and Iran over the New Silk Road connection

Ex: https://www.unz.com

Iranian seamen salute the Russian Navy frigate Yaroslav Mudry while moored at Chabahar on the Gulf of Oman during Iran-Russia-China joint naval drills. The photo was provided by the Iranian Army office on December 27, 2019. Photo: AFP / HO / Iranian Army office

The Raging Twenties started with a bang with the targeted assassination of Iran’s General Qasem Soleimani.

Yet a bigger bang awaits us throughout the decade: the myriad declinations of the New Great Game in Eurasia, which pits the US against Russia, China and Iran, the three major nodes of Eurasia integration.

Every game-changing act in geopolitics and geoeconomics in the coming decade will have to be analyzed in connection to this epic clash.

The Deep State and crucial sectors of the US ruling class are absolutely terrified that China is already outpacing the “indispensable nation” economically and that Russia has outpaced it militarily. The Pentagon officially designates the three Eurasian nodes as “threats.”

Hybrid War techniques – carrying inbuilt 24/7 demonization – will proliferate with the aim of containing China’s “threat,” Russian “aggression” and Iran’s “sponsorship of terrorism.” The myth of the “free market” will continue to drown under the imposition of a barrage of illegal sanctions, euphemistically defined as new trade “rules.”

Yet that will be hardly enough to derail the Russia-China strategic partnership. To unlock the deeper meaning of this partnership, we need to understand that Beijing defines it as rolling towards a “new era.” That implies strategic long-term planning – with the key date being 2049, the centennial of New China.

The horizon for the multiple projects of the Belt and Road Initiative – as in the China-driven New Silk Roads – is indeed the 2040s, when Beijing expects to have fully woven a new, multipolar paradigm of sovereign nations/partners across Eurasia and beyond, all connected by an interlocking maze of belts and roads.

The Russian project – Greater Eurasia – somewhat mirrors Belt & Road and will be integrated with it. Belt & Road, the Eurasia Economic Union, the Shanghai Cooperation Organization and the Asia Infrastructure Investment Bank are all converging towards the same vision.

Realpolitik

So this “new era”, as defined by the Chinese, relies heavily on close Russia-China coordination, in every sector. Made in China 2025 is encompassing a series of techno/scientific breakthroughs. At the same time, Russia has established itself as an unparalleled technological resource for weapons and systems that the Chinese still cannot match.

At the latest BRICS summit in Brasilia, President Xi Jinping told Vladimir Putin that “the current international situation with rising instability and uncertainty urge China and Russia to establish closer strategic coordination.” Putin’s response: “Under the current situation, the two sides should continue to maintain close strategic communication.”

Russia is showing China how the West respects realpolitik power in any form, and Beijing is finally starting to use theirs. The result is that after five centuries of Western domination – which, incidentally, led to the decline of the Ancient Silk Roads – the Heartland is back, with a bang, asserting its preeminence.

On a personal note, my travels these past two years, from West Asia to Central Asia, and my conversations these past two months with analysts in Nur-Sultan, Moscow and Italy, have allowed me to get deeper into the intricacies of what sharp minds define as the Double Helix. We are all aware of the immense challenges ahead – while barely managing to track the stunning re-emergence of the Heartland in real-time.

In soft power terms, the sterling role of Russian diplomacy will become even more paramount – backed up by a Ministry of Defense led by Sergei Shoigu, a Tuvan from Siberia, and an intel arm that is capable of constructive dialogue with everybody: India/Pakistan, North/South Korea, Iran/Saudi Arabia, Afghanistan.

This apparatus does smooth (complex) geopolitical issues over in a manner that still eludes Beijing.

In parallel, virtually the whole Asia-Pacific – from the Eastern Mediterranean to the Indian Ocean – now takes into full consideration Russia-China as a counter-force to US naval and financial overreach.

514BiChCuYL.jpgStakes in Southwest Asia

The targeted assassination of Soleimani, for all its long-term fallout, is just one move in the Southwest Asia chessboard. What’s ultimately at stake is a macro geoeconomic prize: a land bridge from the Persian Gulf to the Eastern Mediterranean.

Last summer, an Iran-Iraq-Syria trilateral established that “the goal of negotiations is to activate the Iranian-Iraqi-Syria load and transport corridor as part of a wider plan for reviving the Silk Road.”

There could not be a more strategic connectivity corridor, capable of simultaneously interlinking with the International North-South Transportation Corridor; the Iran-Central Asia-China connection all the way to the Pacific; and projecting Latakia towards the Mediterranean and the Atlantic.

What’s on the horizon is, in fact, a sub-sect of Belt & Road in Southwest Asia. Iran is a key node of Belt & Road; China will be heavily involved in the rebuilding of Syria; and Beijing-Baghdad signed multiple deals and set up an Iraqi-Chinese Reconstruction Fund (income from 300,000 barrels of oil a day in exchange for Chinese credit for Chinese companies rebuilding Iraqi infrastructure).

A quick look at the map reveals the “secret” of the US refusing to pack up and leave Iraq, as demanded by the Iraqi Parliament and Prime Minister: to prevent the emergence of this corridor by any means necessary. Especially when we see that all the roads that China is building across Central Asia – I navigated many of them in November and December – ultimately link China with Iran.

The final objective: to unite Shanghai to the Eastern Mediterranean – overland, across the Heartland.

As much as Gwadar port in the Arabian Sea is an essential node of the China-Pakistan Economic Corridor, and part of China’s multi-pronged “escape from Malacca” strategy, India also courted Iran to match Gwadar via the port of Chabahar in the Gulf of Oman.

So as much as Beijing wants to connect the Arabian Sea with Xinjiang, via the economic corridor, India wants to connect with Afghanistan and Central Asia via Iran.

Yet India’s investments in Chabahar may come to nothing, with New Delhi still mulling whether to become an active part of the US “Indo-Pacific” strategy, which would imply dropping Tehran.

The Russia-China-Iran joint naval exercise in late December, starting exactly from Chabahar, was a timely wake-up for New Delhi. India simply cannot afford to ignore Iran and end up losing its key connectivity node, Chabahar.

The immutable fact: everyone needs and wants Iran connectivity. For obvious reasons, since the Persian empire, this is the privileged hub for all Central Asian trade routes.

On top of it, Iran for China is a matter of national security. China is heavily invested in Iran’s energy industry. All bilateral trade will be settled in yuan or in a basket of currencies bypassing the US dollar.

US neocons, meanwhile, still dream of what the Cheney regime was aiming at in the past decade: regime change in Iran leading to the US dominating the Caspian Sea as a springboard to Central Asia, only one step away from Xinjiang and weaponization of anti-China sentiment. It could be seen as a New Silk Road in reverse to disrupt the Chinese vision.

Battle of the Ages

A new book, The Impact of China’s Belt and Road Initiative, by Jeremy Garlick of the University of Economics in Prague, carries the merit of admitting that, “making sense” of Belt & Road “is extremely difficult.”

41yxxAul9TL._AC_UL436_.jpgThis is an extremely serious attempt to theorize Belt & Road’s immense complexity – especially considering China’s flexible, syncretic approach to policymaking, quite bewildering for Westerners. To reach his goal, Garlick gets into Tang Shiping’s social evolution paradigm, delves into neo-Gramscian hegemony, and dissects the concept of “offensive mercantilism” – all that as part of an effort in “complex eclecticism.”

The contrast with the pedestrian Belt & Road demonization narrative emanating from US “analysts” is glaring. The book tackles in detail the multifaceted nature of Belt & Road’s trans-regionalism as an evolving, organic process.

Imperial policymakers won’t bother to understand how and why Belt & Road is setting a new global paradigm. The NATO summit in London last month offered a few pointers. NATO uncritically adopted three US priorities: even more aggressive policy towards Russia; containment of China (including military surveillance); and militarization of space – a spin-off from the 2002 Full Spectrum Dominance doctrine.

So NATO will be drawn into the “Indo-Pacific” strategy – which means containment of China. And as NATO is the EU’s weaponized arm, that implies the US interfering on how Europe does business with China – at every level.

Retired US Army Colonel Lawrence Wilkerson, Colin Powell’s chief of staff from 2001 to 2005, cuts to the chase: “America exists today to make war. How else do we interpret 19 straight years of war and no end in sight? It’s part of who we are. It’s part of what the American Empire is. We are going to lie, cheat and steal, as Pompeo is doing right now, as Trump is doing right now, as Esper is doing right now … and a host of other members of my political party, the Republicans, are doing right now. We are going to lie, cheat and steal to do whatever it is we have to do to continue this war complex. That’s the truth of it. And that’s the agony of it.”

Moscow, Beijing and Tehran are fully aware of the stakes. Diplomats and analysts are working on the trend, for the trio, to evolve a concerted effort to protect one another from all forms of hybrid war – sanctions included – launched against each of them.

For the US, this is indeed an existential battle – against the whole Eurasia integration process, the New Silk Roads, the Russia-China strategic partnership, those Russian hypersonic weapons mixed with supple diplomacy, the profound disgust and revolt against US policies all across the Global South, the nearly inevitable collapse of the US dollar. What’s certain is that the Empire won’t go quietly into the night. We should all be ready for the battle of the ages.

(Republished from Asia Times by permission of author or representative)

jeudi, 16 janvier 2020

Mensenrechtenorganisatie eist andere namen voor geslachtsdelen om transgenders te pleasen

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Mensenrechtenorganisatie eist andere namen voor geslachtsdelen om transgenders te pleasen 

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Krankzinnig: ‘Vagina’ moet worden gereserveerd voor transgender vrouwen; biologische vrouwen hebben voortaan een ‘voorste gat’ – Woord ‘penis’ wordt feitelijk geschrapt

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De pro-LGBTQ+ mensenrechtenorganisatie HRC (Human Rights Campaign Foundation) is een campagne gestart waarin andere, ‘inclusievere’ namen voor menselijke geslachtsdelen worden geëist, zodat de uiterlijke verschillen tussen biologisch natuurlijk gebleven mensen en transgenders in ieder geval woordelijk worden opgeheven. Sterker nog: het woord ‘vagina’ moet zelfs exclusief worden gereserveerd voor transgender ‘vrouwen’; biologisch geboren vrouwen hebben vanaf nu een ‘front hole’, een gat aan de voorkant.

In de HRC folder ‘Veiligere seks voor Trans Lichamen’ worden de nieuwe benamingen op een rijtje gezet, waarvan hier de meest opvallende:

* Trans: Iedereen die zichzelf onderdeel van de transgender gemeenschap voelt. Daarvoor hoef je geen operaties te hebben gehad;

* Pik:  Alle externe genitaliën ‘in alle vormen en maten bij mensen van alle genders’. Oftewel: biologisch vrouwen kunnen vanaf nu ook een ‘pik’ hebben, als zij dat zelf zo ervaren;

* Voorste gat: (lett. ‘front hole’, gat aan de voorkant). Alle interne geslachtsdelen, ‘soms* een vagina genoemd.’ Dat voorste gat kan in zich in die sommige gevallen ‘zelf vochtig maken, afhankelijk van leeftijd en hormonen.’

* Vagina: ‘Wij gebruiken dit woord voor de genitaliën van trans vrouwen die operaties aan hun onderkant hebben gehad.’

* Strapless: (Lett. ‘voorbind-loos’). Strapless is een term die uit de pornografische wereld komt, en meestal wordt gebruikt voor lesbische seks zonder gebruik van voorbind penissen. HRC: ‘Wij gebruiken dit woord om de genitaliën van trans vrouwen die nog geen genitale reconstructie –soms* een penis genoemd- hebben gehad.’ (*schuingedrukt toegevoegd).

Twitteraars overweldigend negatief over nieuwe taalgids

Op Twitter reageerden mensen overweldigend negatief op dit Orwelliaanse trans-manifest. ‘Wow, dus trans vrouwen hebben een vagina, maar wij biologische vrouwen hebben een voorste gat. LOL, deze mensen zijn krankzinnig.’ Daarmee verwees deze reageerder onder andere naar HRC medewerker Amir Sariaslan, die als eerste over deze nieuwe trans ‘taalgids’ twitterde.

‘Wat is dit nu weer voor een politiek correcte dystopische 1984 taalcontrole?’ vraagt een ander zich af met het oog op het streven om de gebruikelijke benaming van het vrouwelijke geslachtsdeel exclusief te willen toewijzen aan een splintergroepje waar 99% van de bevolking nooit mee te maken krijgt (althans, nog niet).

‘Ik ben er vrij zeker van dat we nu in de singulariteit zijn beland,’ grapte een ander, verwijzend naar de ‘singulariteit’ van futurist Ray Kurzweil, die verwacht dat de mensheid in uiterlijk 2045 (maar mogelijk zelfs al vanaf 2030) zal samensmelten met AI (kunstmatige intelligenties).

Nepnieuws over niet-bestaande moord epidemie onder transgenders

De HRC brengt de afgelopen tijd allerlei nepnieuws berichten naar buiten, zoals dat ‘transfoben’ een ‘moord epidemie’ onder transgenders zouden begaan. Uit alle feiten blijkt echter dat hier helemaal niets van klopt, en dat transgenders geen tiende van een procent vaker het slachtoffer worden van moord dan anderen.

‘Het is dus geen wonder dat de HRC nu probeert om termen te veranderen om ‘trans lichamen’ zich beter te laten voelen omdat ze zichzelf hebben verminkt – wat de rest van de samenleving natuurlijk in de lastige positie brengt om met deze waanzin mee te doen, om maar politiek correct te blijven,’ geeft Mike ‘Natural News’ Adams als commentaar.

‘Kwaadaardig om kinderen in verwarring te brengen over basis van het leven’

‘Transseksuelen zijn geestesziek,’ schreef iemand. Een ander stelde dat ‘het kwaadaardig is om kinderen in verwarring te brengen over de basis van het leven. Kinderen zullen de linkse leugens niet overleven. Plant de leugen – laat de waanideeën groeien – zaai de dood.’ (1)

Op de website van onderzoeksjournalist Martin Vrijland vindt u veel meer, uitgebreidere en met tal van feiten onderbouwde artikelen over de transgender / LGBTQ+ agenda en het transhumanisme. Enkele recente links:

* Wie is Erland Oscar Galjaard en wat heeft hij met eugenetica te maken?
* Waarom wel of niet voor het transhumanisme en de singulariteit (leven in een AI computer) te kiezen?
* De grote ommekeer: Martin Vrijland neemt het op voor de LHBTI gemeenschap!
* Heeft LHBTI geslachtskeuze-opvoeding van kinderen een aantoonbare biologische grondslag?
* In het nieuwe ‘wakker’ (woke) is de blanke heteroseksuele man te lang bevoorrecht geweest
* De Bijbel is al genderneutraal gemaakt, maar ook aan de genderneutrale koran wordt gewerkt.


Xander

(1) Natural News
(2) Afbeelding: Pixabay (rechtenvrij)

Zie ook o.a.:

2019:
21-12: ‘Global Mega Trends’ consulting rapport voorziet transhumane mensheid in 2030
20-12: Kritiek op transgender agenda in VS en Engeland bestraft met ontslag en gevangenisstraf
16-12: Duitse jurist lekt nieuwe EU-wet om mensen die tegen immigratie zijn op te sluiten in inrichtingen (/ Straks ook critici van diversiteit, transgender, klimaat en EU zelf opgesloten)
14-12: Hoe absurd, zuur en krankzinnig is het Westen eigenlijk geworden? Nou zo:
10-12: Iedereen zou ‘De werkelijkheid zoals we die waarnemen’ moeten lezen

mercredi, 15 janvier 2020

Strijd om aardgas: Turkije en Libië proberen pijpleiding Israël-Cyprus-Griekenland te blokkeren

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Strijd om aardgas: Turkije en Libië proberen pijpleiding Israël-Cyprus-Griekenland te blokkeren

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Herstel islamitische Ottomaanse Rijk en val van Europa steeds dichterbij

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Ondanks dreigementen van het regime van de Turkse dictator Erdogan hebben Israël, Cyprus en Griekenland een overeenkomst ondertekend voor een nieuwe gaspijpleiding van Israël en Cyprus naar Griekenland. In de toekomst kan deze pijpleiding wel eens in 10% van de Europese aardgasbehoeften gaan voorzien. Ankara had juist besloten om tegen alle maritieme wetten en afspraken in de economische zone van Libië –dat de facto een ‘client state’ van Turkije wordt- dermate te vergroten, dat een deel van de wateren van Kreta eronder vallen. De Turken beweren nu dat ze veto recht hebben over deze nieuwe pijpleiding. De exploitatie van het aardgas in het oosten van de Middellandse Zee lijkt hiermee een almaar serieuzere trigger te worden voor een toekomstige nieuwe grote Midden Oosten oorlog.

Israël verdient miljarden met gasexport naar Griekenland, Egypte en Jordanië

Op 2 januari ondertekenden de Israëlische premier Netanyahu, de Griekse premier Mitsotakis en de Cypriotische president Anastasiades en hun ministers van energie een overeenkomst voor de aanleg van de EastMed pijplijn. Het € 6 miljard kostende project voorziet in de aanleg van een 1900 kilometer onderzeese pijpleiding die jaarlijks tot 20 miljard kubieke meter gas van de Israëlische en Cypriotische wateren via Kreta naar Griekenland gaat transporteren, en van daaruit vervolgens naar Italië en andere Zuid(oost) Europese landen.

De Griekse premier en zijn minister van Energie spraken van een ‘project van vrede en samenwerking, ondanks de Turkse dreigementen’. De Cypriotische president uitte zich in vergelijkbare bewoordingen. Ondertussen is het enorme Israëlische Leviathan gasveld op 31 december 2019 begonnen met produceren. Behalve naar Griekenland stroomt Israëlische gas sinds 2 januari naar Jordanië, en binnen enkele dagen ook naar Egypte. De waarde van de gasexporten voor de Israëlische economie wordt geschat op $ 19,5 miljard, waarvan $ 14 miljard afkomstig van het Leviathan veld, en $ 5,5 miljard van het kleinere Tamar gasveld.

Turkije probeert met illegale claims pijpleiding naar Europa te blokkeren

Eind november sloten Turkije en de door de VN gesteunde Libische regering een bilateraal – feitelijk militair- verdrag waarmee beide landen de economische zone van Libië illegaal vergrootten, zodat een deel van de Griekse maritieme wateren eronder vallen. De EastMed pijplijn moet nu door deze –door niemand erkende- Turks-Libische economische zone. Volgens Erdogan ‘kunnen Egypte, Griekenland en Israël nu niet zonder Turkse toestemming aardgas gaan overbrengen.’

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De Turken eisen dat al het toekomstige gas naar Europa via hun reeds bestaande Trans-Anatolische aardgaspijpleiding wordt vervoerd. De Europese Unie heeft deze eis afgewezen, net als de illegale Turkse claim op een deel van de wateren van Cyprus en Griekenland. Egypte, dat toch al in clinch ligt met Turkije om de controle over Libië, noemt de Turks-Libische overeenkomst ‘absurd’.

De Turken houden sinds 1974 het noorden van EU-lid Cyprus bezet en eisen het grootste deel van de economische zone rond het eiland op. De VS en de EU noemen deze eis een ‘grote provocatie’; in juli 2019 stelde de EU al enkele lichte economische sancties tegen Turkije in.

In oktober stuurde Ankara illegaal een boorschip naar de Cypriotische wateren, waarop de EU op 11 november enkele nieuwe sancties instelde. Personen en entiteiten die deel uitmaken van deze illegale Turkse boringen kunnen nu worden getroffen door een reisverbod en het bevriezen van hun tegoeden en bezittingen.

Maar de Turken trekken zich daar niets van aan. Op 11 december dreigde Erdogans minister van BuZa Mevlut Cavusoglu om de –maritiem volkomen legale- gasexploratie van Cyprus met militaire middelen te stoppen. Door Cyprus ingeschakelde Italiaanse en Israëlische onderzoeks- en exploratie schepen werden al eerder verjaagd door de Turkse marine.

Herstel Ottomaanse Rijk en val van Europa steeds dichterbij

Moslimdictator Erdogan begint zich hoe langer hoe meer te gedragen als de totalitaire heerser van een toekomstig imperium: het herleefde Ottomaanse Rijk, waar we al zo’n jaar of 10 regelmatig over schrijven, en waarmee volgens Erdogan en zijn AKP partij in uiterlijk 2023 – precies een eeuw na de ‘dood’ van het Ottomaanse Rijk- een begin moet zijn gemaakt.

Turkije stevent daarmee rechtstreeks af op een serie politieke, en uiteindelijk ook militaire confrontaties met de VS, de EU, Israël, Griekenland, Cyprus en Egypte. De vier laatst genoemde landen zijn sowieso in de imperialistische veroveringsplannen van de Turken opgenomen. De EU zal vermoedelijk niet eens militair hoeven te worden ingenomen. Een -bijna openlijk- door Duitsland gesteunde interne islamitische machtsovername van Europa door miljoenen Turken, moslim migranten en hun vele ‘useful idiots’ in de gevestigde Europese politieke partijen zal waarschijnlijk voldoende zijn om ons definitief door de knieën te doen gaan.

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Xander

(1) The Gatestone Institute via Zero Hedge
Afbeelding: Wikimedia Commons, auteur division, CSIRO, permission http://www.scienceimage.csiro.au/pages/about/, Creative Commons Attribution 3.0 Unported license.


Zie ook o.a.:

31-12: Nederlandse analisten: In 2020 begint de systeemcrisis en Derde Wereldoorlog
21-12: Egypte stuurt tanks naar Libië om Turkse militaire interventie af te weren
16-10: Turkse minister Defensie twittert kaartje met geplande verovering Syrië, Irak, Armenië, Griekenland, Cyprus en Bulgarije
15-10: Erdogan gijzelt 50 Amerikaanse kernbommen op luchtmachtbasis Incirlik
05-09: Erdogan zegt kernwapens te willen, maar werkt daar in het geheim al jaren aan (? Nucleair bewapend Turkije zal op Ottomaanse veroveringstocht door het Midden Oosten, Centraal Azië en Noord Afrika gaan, en ook Europa inlijven)
21-07: Turkse dictator Erdogan dreigt met militaire invasie van Cyprus
10-07: Turkije wil oorlog: Tanks naar Syrische grens, boorschepen in wateren Cyprus
07-06: Staat de EU ‘tweede Turkse invasie’ Cyprus toe, uit angst voor 4 miljoen in Turkije wachtende migranten?

mardi, 14 janvier 2020

Une nouvelle décennie radicalement numérique

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Une nouvelle décennie radicalement numérique

Par Michel LHOMME

Ex: https://metainfos.fr

Drôle de vœux pour la décennie qui se prépare comme si dans cette décennie future les décisions humaines auront encore vraiment de l’importance. Nous commençons en effet cette année 2020 avec la certitude que ce sont moins les hommes que la technologie qui changera tout. Nonobstant, le 21e siècle ne sera pas celui imaginé par 2001, l’Odyssée de l’espace ou Blade Runner, films mythiques de science-fiction qui prédisaient encore un certain échec de l’Intelligence artificielle face à l’homme

Aujourd’hui, l’auto-apprentissage et l’anticipation illimitée de nos actions et même de nos pensées sont possibles grâce au traitement instantané des données dans un monde qui s’avère de plus en plus hyperconnecté. Lintelligence artificielle est déjà là, partout et s’est même transformée en champ de bataille géopolitique à travers les deux grands pôles qui maintenant se dessinent de par le monde : les États-Unis et la Chine. Macron disserte comme un vieillard en Afrique sur les anciennes colonisations alors que nous sommes passés à la cybercolonisation et que la France regarde passer les lignes.

Il n’est plus possible en effet de comprendre l’ordre international qui émerge sans comprendre comment la technologie est en train de transformer radicalement la structure économique, la gouvernance et la politique mondiale en devenant la force déterminante des relations entre les États.

La rivalité technologique et géopolitique entre la Chine et les États-Unis a mis définitivement à bas l’aspiration à un Internet mondial, ouvert et gratuit dont nous parlait l’un des fondateurs d’Internet David Clarke dans un article que nous avions traduit en 2018 pour la revue Krisis ( http://www.revue-krisis.com/ )

Nous sommes maintenant confrontés à un autre monde, le monde mondialisé de la technologie, globalisé de la couverture et de la surveillance numérique, demain de la reconnaissance faciale intégrale. Le découplage du virtuel multiplie les possibilités d’une cyberguerre dans une décennie qui rendra de toute évidence le monde de moins en moins libre, un monde où les frontières entre la science et la technologie sont de plus en plus diffuses, où le public et le privé se font concurrence, avec des géants des nouvelles technologies impliquées dans des projets technoscientifiques auparavant réservés aux nations les plus puissantes.

Mais faut-il voir tout en noir ? C’est souvent la tendance de fond des vœux politiques sur les sites alternatifs or ne sommes-nous pas, comme le regretté Guillaume Faye décédé il y a un an, archéo-futuriste. La révolution technologique en cours alliée aux sciences sociales offrira très vite de nouveaux outils pour mieux comprendre et appréhender le réel et ainsi nous apportera une plus grande intelligence collective quoique il est vrai, de plus en plus artificielle. Mais l’artificialité du monde, sa dématérialisation, n’est-ce pas aussi une grande part de nous-même.

Bonne année 2020 sur vos ordinateurs et vos portables !

lundi, 13 janvier 2020

Les cycles de la Guerre… de Sarajevo à Bagdad

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Les cycles de la Guerre… de Sarajevo à Bagdad

Ex: http://geopolintel.fr

L’histoire se répète, de drames en tragédies, dans une spirale affolante. Le 28 juin 1914 l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche-Este, prince de Hongrie et de Bohême, héritier désigné depuis 1896 du trône de l’empire austro-hongrois, est assassiné à Sarajevo – capitale de la Bosnie-Herzégovine - par le nationaliste serbe Gavrilo Princip, membre de l’organisation secrète de la “Main noire”… et des socio-démocrates [1] révolutionnaires de “Jeune Bosnie”. Autant dire que le dit terroriste appartenait à la même mouvance que les francs-maçons « Jeunes Turcs » perpétrateurs à partir de 1914 des grands massacres génocidaires des populations arméniennes et syriaques… Un mois après la mort de François-Ferdinand, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Suivant un effet domino, par le jeu des alliances, en quelques jours, toute l’Europe va s’embraser. De ce conflit qui met fin aux Empire centraux – Allemagne/Autriche-Hongrie/Turquie – naîtra en 1919 et en Palestine un « Foyer National Juif » précurseur de l’actuel État hébreu qui lui verra le jour sur les cendres et le prodigieux monceau de cadavres de la Seconde guerre mondiale.

Toute raison gardée, nous ne pouvons nous empêcher de constater que l’Affaire Dreyfus, celle du fichage1 des officiers supérieurs français catholiques, le démantèlement du renseignement militaire par un pouvoir tombé aux mains de la franc-maçonnerie sectaire, intervint au moment précis où les forces progressistes et messianiques manœuvraient sur tout le Vieux continent (pensons aux révolutions de 1905 à Constantinople et en Russie sous la conduite du couple Alphand/Trotski) pour renverser ce qui subsistait de l’ordre ancien… La guerre leur fut une aubaine puisque dès fin 1918 la Révolution triomphait en Allemagne, deux jours avant la cessation des hostilités, le 9 novembre 1918, avec la proclamation de la République à Weimar. Dix huit millions d’humains auront ainsi péri pour qu’à l’issue de l’hécatombe naisse l’embryon du kyste étatique désormais bien incrusté au Levant, le ventre toujours fécond d’où pourrait sortir un nouveau conflit tout aussi dévastateur pour la Région et pour un monde plus que jamais divisé entre les thalassocraties de l’Ouest et l’espace continental eurasiatique à l’Est… Parce qu’aujourd’hui la sécurité de l’ex Foyer national devenu l’Israël n’a pas de prix, pas moins que son expansion dans ses frontières vétérotestamentaires, du Nil à l’Euphrate, du tombeau de Nahoum au centre géométrique d’Al-Koch, dernier village catholique du nord de l’Irak et l’un des foyers primitif du christianisme oriental, et au-delà jusqu’au pétrole de Kirkouk dans cette prometteuse néocolonie du Kurdistan irakien. D’ailleurs à partir de cette tête de pont, pourquoi ne pas imaginer que d’un saut de puce, les impériaux israélo-américains n’auraient pas la velléité de faire main-basse sur les méga gisements du Khouzistan2 iranien (l’Arabistan des Anglais) ?

La valse à trois temps des guerres universelles

Aujourd’hui – même si les circonstances et les enjeux ne sont pas identiques tout en présentant de nombreuse analogies, notamment quant aux suites et conséquences possibles - nous pourrions devoir faire face à nouvelle Guerre mondiale déjà bien amorcée en Syrie avec en toile de fond les sempiternelles exigences de l’État hébreu… Une valse à trois temps en quelque sorte ! Et il se pourrait que le compte à rebours ait commencé avec l’assassinat, le vendredi 3 janvier 2020 à Bagdad, par le truchement de drones tueurs, du généralissime iranien, Kassem Soleimani, âgé de soixante-deux ans et chef de la force al-Qods [Jérusalem], le fer de lance des Gardiens de la Révolution, responsable des opérations extérieures depuis 1998 ? À Paris la grande presse édulcore ou atténue le sens de l’événement, préférant parler de « mort au cours d’un raid » comme si Soleimani n’avait pas été visé précisément, personnellement, que tout cela n’ait été qu’un malheureux accident, une bavure ! Ajoutons que les drones ont fait coup double, Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux de la coalition paramilitaire Hachd al-Chaabi l’a accompagné dans le trépas. Cette malheureuse initiative américaine (au regard des conséquences immédiatement prévisibles) intervient après que le 27 décembre 2019, 36 roquettes eurent été tirées contre une base américaine du centre de l’Irak, tuant un sous-traitant. Le 29, les États-Unis ripostaient en frappant cinq positions tenues par les Kataeb Hezbollah, une milice chiite, trois à l’ouest de l’Irak et deux dans l’est de la Syrie, causant la mort de 25 combattants et faisant 51 blessés. Le 31 ces mêmes Kataeb assaillent bruyamment l’ambassade des États-Unis à Bagdad… mais sans aucun mort et sans pénétrer dans les locaux diplomatiques extraterritoriaux. Le président Trump accède aux demandes de ses conseillers et donnent le feu vert pour l’élimination d’un homme, parfait inconnu en Amérique (tant des masses que des médias), mais qui de toute évidence était tout sauf l’homme à abattre tant son prestige dans le monde chiite était immense… Cela concerne l’Iran bien sûr, la Syrie alaouite, l’Irak majoritairement chiite (à 60%), le Liban, Bahreïn, le Yémen, l’Azerbaïdjan et partiellement l’Arabie, la Turquie et le Pakistan.

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Une authentique déclaration d’hostilités

Or, avec cette véritable déclaration de guerre – parce que c’en est une – un seuil décisif dans l’escalade de la tension entre les États-Unis et la République islamique d’Iran, a été franchi… que l’acte pour aussi calculé ait-il été - et apparemment tout aussi insuffisamment réfléchi de la part du président Trump… celui-ci a-t-il été à cette occasion trompé/désinformé quant à la portée symbolique et géopolitique de cette provocation ou bien les décideurs qui l’entourent ont-ils été les premières victimes de leur propre chutzpah, de leur hybris, de leurs ignorances et/ou de leur arrogance ? Non, l’Iran multiséculaire n’est pas un « tigre de papier » – ouvre une potentielle infernale Boîte de Pandore. Que la confrontation, d’une façon ou d’une autre, directe, ou plus vraisemblablement pour l’heure, indirecte, va créer l’irréversible en dépit des efforts de la Russie, de la Chine et Bruxelles pour éteindre l’incendie… autant dire que l’extension du feu à la Région paraît à présent inéluctable. Pas de doute l’Année 2020 commence bien, sur les chapeaux de roue : des roquettes ont recommencé à tomber sur la Zone verte à Bagdad, forteresse ultraprotégée abritant les centres névralgiques de la capitale ainsi que les représentations diplomatiques… et sur des camps américains lesquels comptent encore environ 5200 personnels militaires – outre deux à trois mille contractuels… contractors, entre supplétifs et mercenaires. Sans parler des renforts de plusieurs milliers d’hommes (terme générique) qui arrivent à l’heure actuelle dans les bases américaines du Golfe persique.

Bref, envisageons que cet acte létal, cette opération homo (en langage technique), une véritable frappe de décapitation, pour aussi provocatrice qu’elle soit, procède d’un savant calcul destiné à amener la Mollahcratie, tête basse, à la table des négociations en position de faiblesse ? James Burnham [2], ancien trotskyste et précurseur du néoconservatisme, grand penseur politique de l’immédiat après guerre, n’avait-il pas identifié les nouvelles élites américaines destinées à œuvrer pour la « domination mondiale » à des « machiavéliens » ? Nous gardons également en mémoire que, dans la « Fureur de vivre » [3] James Dean relève un défi insane, à savoir une course mortelle vers le bord d’une falaise à l’arrivée de laquelle le vainqueur est celui qui se jettera le dernier hors de son véhicule juste avant que celui-ci ne bascule dans le vide… Une illustration cinématographique de la théorie mathématique des jeux [4] qui va trouver son application géopolitique ultime dans la doctrine atlantiste de dissuasion nucléaire dite “Mad” ou Destruction mutuelle assurée… “Mad” signifiant en anglais “fou” ! Un modèle praxéologique en réalité établie par l’Allemand Friedrich Hegel dans et par sa “dialectique du maître et de l’esclave [5] ! Resterait à savoir si l’Amérique est encore en position de jouer au « maître » intransigeant partout et toujours ? Or il s’agit de pousser les enchères à l’extrême et que l’actuelle relance de la course aux armements – notamment en ce qui concerne les missiles hypervéloces et les lasers de puissance - entre les ÉUA, la Fédération de Russie et la Chine populaire, n’a pas mis un terme, bien au contraire, à la course à l’abîme… Fermons cette parenthèse !

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Bellicistes Démocrates et État profond

Ce faire plaisir (humilier l’ennemi et l’amener à passer sous les Fourches Caudines) est une chose, surtout en s’adossant à un écrasant différentiel de forces conventionnelles, autre chose est de gérer un conflit asymétrique, une autre encore est de faire face à une guerre dissymétrique, surtout sur la durée… l’Amérique n’est pas encore sortie du bourbier afghan, pas plus qu’elle n’a su et pu conclure en Irak. Nous avons dans ces deux cas la revanche du facteur humain sur la domination de la Machine. La technique et la mécanique ne peuvent pas tout si la dure volonté reste absente. Maintenant il semblerait que l’État profond américain (Département d’État, CIA, Complexe militaro-industriel, les Sept Sœurs, Aipac, Adl…) veulent en finir avec l’Iran rebelle au Nouvel Ordre Mondial et savent que, quel que soit le peu d’appétence de D. Trump pour les conflits outre-mer (n’a-t-il pas promis le désengagement des champs de bataille exotiques ?), celui, embarrassé par une pénible procédure de destitution (empeachment) enclenché par le Parti Démocrate, a besoin des forces vives de Wall Street pour assurer les relais financiers de sa campagne de réélection… l’argent n’est-il pas le nerf de la guerre ? À commencer par la guerre politique et idéologique qui fait rage entre Républicains et Démocrates… Au demeurant les bons démocrates pourraient trouver dans la décision autocratique (sans consultation du Congrès) de la part du président Trump de liquidation du général Soleimani, un autre et consistant motif de destitution.

À noter pour la beauté de la chose que ces mêmes Démocrates poussaient à la roue, lors de la campagne de 2016, afin de durcir à outrance les sanctions à l’égard de l’Iran (ce qu’effectivement a fait D. Trump en sortant de l’accord international de 2015 relatif au contrôle du programme nucléaire iranien, tout en maintenant cependant une voie ouverte pour le dialogue et la négociation directe comme avec Pyongyang [6]), et dans la perspective d’une impitoyable réplique au cas où le 51e État (Israël) se trouverait menacé… Dans cette occurrence, lors de la campagne de 2008, la candidate à la présidence des États-Unis, la Démocrate Hillary Clinton, axait sa politique extérieure sur la destruction [7] de l’Iran – “l’oblitérer” - si en effet celui-ci s’aventurait à franchir certaines lignes rouges relatives au protégé israélien ? « Je veux que les Iraniens sachent que moi présidente, nous attaquerons l’Iran. Dans les 10 prochaines années pendant lesquelles ils pourraient stupidement imaginer pouvoir lancer une attaque contre Israël, nous serons capables de totalement les oblitérer »… « Je veux que les Iraniens le sache, si je suis la présidente, nous attaquerons l’Iran. Et je veux leur faire comprendre que cela signifie qu’ils doivent examiner de très près la question, parce que quel que soit le stade d’avancement où pourrait se trouver leur programme d’armement nucléaire au cours des dix prochaines années, au cours desquelles ils pourraient envisager de lancer stupidement une attaque contre Israël, nous serions en mesure de les effacer totalement » [8].

C’est sans équivoque, hors de toute rhétorique électorale on ne saurait ainsi mieux dire. Un aveu qui fournit l’une des explications déterminantes (motrices) du comportement de la classe politique américaine judéo-protestante, comme soubassement au mille-feuille des mobiles géostratégiques ou géoénergétiques présidant à la politique anti-iranienne des États-Unis. Certes autant de raisons explicatives pertinentes et valables mais non suffisantes ou satisfaisantes si l’on en exclut in fine de la dimension eschatologique, légitimation et fondement des ambitions hébreues et des adeptes de la Destinée manifeste américaine en vertu de laquelle le Nouveau monde a pour mission divine la diffusion de la Civilisation… Autrement dit de la Démocratie universelle selon l’éthique calviniste si bien explorée par l’Allemand Max Weber [9].

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Kassem Soleimani le 16 septembre 2015 à Téhéran

Kassem Soleimani… Héros du monde chiite

Si l’on veut apprécier l’impact de l’assassinat ciblé de Kassem Soleimani, voyons à grands traits ce qu’il représentait aux yeux non seulement des Iraniens mais des chiites en général. Adulé des foules, il incarnait l’esprit de résistance aux deux grands ennemis du monde musulman : l’Amérique judéo-chrétienne et le wahhabisme père de tous les takfirismes. Et lorsqu’on connaît la place qu’occupe dans la culture chiite en général et particulièrement en Iran, le statut de martyr (l’essence du chiisme fondé sur le sacrifice - au sens religieux - de l’Imam Hossein, petit fils du Prophète [10]), on aura une idée plus exacte de l’aura du défunt au nom par lequel les foules le désignait : « le Martyr vivant »… en un mot, on voyait en lui une sorte de saint ! Soleimani, officieusement numéro trois du régime iranien, avait forgé sa réputation en s’imposant comme l’architecte de l’axe chiite est-ouest : Irak, Syrie, Liban. Encore a-t-il pu jouer un certain rôle dans la victoire du Hezbollah libanais lorsque ce dernier parvint en août 2006 à repousser l’offensive israélienne sur le Sud Liban [11].

Mais l’homme de guerre, le stratège, proche voire intime du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, était aussi selon toute apparence un diplomate avisé… en juillet 2015 – quelques semaines avant que la Fédération de Russie n’entrât dans la danse en Syrie - il se rendait à Moscou afin de participer à la construction de l’intervention russe en appui à l’Armée (loyaliste) arabe syrienne. Selon la chaîne Fox News, Soleimani aurait rencontré Vladimir Poutine en personne – ce qui au fond n’aurait rien d’extraordinaire au vu des circonstances – ainsi que le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Sa mission aurait marqué une étape déterminante dans la montée en puissance de l’engagement russe dans la lutte contre l’État islamique et les groupes djihadistes soutenus (sous couvert de dissidence et de lutte contre le régime baasiste) par la coalition occidentale.

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Elle aurait été en outre l’occasion de resserrer le partenariat stratégique informel russo-iranien esquissé au cours d’une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov et Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique… ceci au travers de leur soutien conjoint à la République arabe syrienne [12]. Cartes sur table – au sens littéral - Soleimani a su en effet convaincre ses interlocuteurs que la situation se détériorant rapidement au détriment de Damas, il était néanmoins encore possible de renverser la situation et de sauvegarder les fragiles intérêts russes en Méditerranée orientale… en l’occurrence la base navale de Tartous - seule et unique facilité portuaire pour la marine russe en deçà des Dardanelles - autrement menacée par une victoire des rebelles sunnites et de leurs alliés arabes et anglo-franco-américains… Israël restant en embuscade dans les airs (par de multiples et vicieuses frappes aériennes) et dans le Golan en appui aux troupes d’Al-Qaïda. Aujourd’hui, à Tel-Aviv et à Jérusalem l’on jubile après la disparition de Soleimani, leur bête noire, tout en affectant la retenue, et en renforçant la disponibilité des forces de défense (Tsahal), pour mieux rehausser la figure dévaluée du Premier ministre par intérim et délinquant notoire de droit commun, Netanyahou.

Benyamin Netanyahou « Des milliers d’Américains périront dans une confrontation avec l’Iran… Mais c’est un sacrifice qu’Israël est prêt à consentir »

Suite et conséquences probables ou inéluctables

Pour l’Iran, le coup est sévère. L’artisan du reflux occidental dans la Région n’est plus et contrairement à ce que disent et pensent les imbéciles, les grands hommes sont éminemment irremplaçables… même si le successeur de Soleimani a été aussitôt adoubé en la personne du général Esmail Qaani, son assistant de longue date. La vengeance donc semble inéluctable, d’autant qu’en Orient il n’est pas de pire offense que de perdre la face. L’acte de guerre voulu par le président Trump (car indéniablement c’en est un) en appellera immanquablement d’autres en retour, même si cela doit prendre un certain temps. L’arrêt de l’escalade n’est par conséquent pas pour demain. Déjà des roquettes ont été tirées sur la Zone verte et sur des bases de l’US Army, mais ce ne sont certainement, pour le moment que des pétards du Quatorze juillet. Attendons-nous à bien pire.

M. Trump inquiet des répercussions d’une action - dont la portée a dû en grande partie lui échapper - menace maintenant de frapper 52 cibles (autant qu’il y eut d’otages après la mise à sac le 4 novembre 1979 de l’ambassade américaine), politiques, militaires mais aussi culturelles… Qu’est-ce à dire ? Veut-il bombarder le cénotaphe de l’imam Khomeiny ? Plus sûrement, espérons-le, il s’agit pour le moment, à Washington, d’escalade verbale. Car le président Trump l’a de nouveau redit le samedi 4 janvier devant un parterre de chrétiens évangélistes : “Il ne veut pas la guerre”… Et l’élimination à laquelle il a donné son aval n’est destinée qu’à la prévenir, non à l’initier ! Reste à savoir dans quelle mesure D. Trump parviendra à maîtriser la tempête qu’il vient inconsidérément de déchaîner ? Parviendra-t-il à contenir l’inéluctable montée aux extrêmes qui vient de se mettre en route ? Quelle est sa marge de manœuvre ? Quelles forces agissent en sous-main pour le pousser à la faute ? Quel rôle néfaste ont joué les “lobbies” dans cette opération au regard de sa réélection ? Autant de questions cruciales.

En attendant l’Iran qui clame vouloir s’affranchir de toute « limite sur le nombre de ses centrifugeuses » destinées à l’enrichissement de l’uranium utile à la confection de têtes nucléaires, se tait quant au taux d’enrichissement, 3% actuellement bien loin du seuil critique des 20%… et par un communiqué, publié dimanche 4, Téhéran confirme que « la coopération de l’Iran avec l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, sera poursuivie comme auparavant ». Autrement dit les ponts ne sont pas coupés, les Iraniens évitant de se mettre tous les occidentaux à dos – acceptons de dire que M. Macron s’emploie, merci à lui, certes avec peu de succès, à désamorcer la crise… le pauvre il aura fort à faire ! – et tablant sur la division du camp occidental : Union européenne versus Amérique.

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Ce dimanche 5 janvier 2020, le Parlement irakien, réuni en séance extraordinaire a voté une résolution devant aboutir au départ de tous les personnels militaires américains… C’est une grande première depuis que l’invasion et l’occupation de l’Irak en 2003 : les deux grandes formations du Parlement irakien Al-Fath et Saeroun se sont accordées sur un projet de loi débouchant à terme sur l’expulsion des forces américaines d’Irak. Dans un premier temps, seulement 170 parlementaires irakiens l’avaient signé, au final Kurdes et sunnites ont fini par se rallier au texte voté à l’unanimité. Simultanément le gouvernement irakien acéphale (le Premier ministre ayant démissionné  : pour mémoire, l’élimination de Soleimani a pour décor un quasi soulèvement de la population - depuis plusieurs mois assorti de centaines de morts - contre la corruption du pouvoir associé à un puissant rejet de l’influence iranienne) vient de porter plainte au Conseil de Sécurité des Nations Unies… contre Washington. De l’inouï et de l’inédit de la part d’un peuple occupé par ses libérateurs  !

À ce titre, un grand merci à M. Trump qui avait promis ubi et orbi pendant sa campagne de 2016, le retrait des troupes américaines des théâtres d’opération extérieurs… America first. En Irak, nous y sommes presque, ironie de l’histoire, et cela même si c’est au risque aggravé d’un nouvel engagement au milieu d’une poudrière en feu au bord de l’explosion  ! Et puis la mort de Soleimani, vénéré dans le croissant chiite, pourrait avoir accompli l’impossible en faisant l’union entre l’Iran perse et de l’Irak arabe. Une gageure. Finalement, comme le dit si bien Antoine de Lacoste [bdvoltaire.fr4janv20]  : «  Depuis des décennies, la stratégie américaine [en accomplissement les vœux mortifères des irigeants israéliens] au Proche-Orient est celle du chaos  : en Irak, en renversant Saddam Hussein, en Syrie, en travaillant pour le renversement de Bachar el-Assad. Au bout du compte l’élimination de Soleimani procède toujours et encore de la même logique, ordo ab chao  »…

5 janvier 2020

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«  La guerre eschatologique  »

31 juillet 2019

Extraits  :

Le soutien matériel de l’Union soviétique et de la Chine ont sans doute fait beaucoup pour aider les Vietnamiens du Nord à renvoyer les GI’s dans leurs foyers, mais cela n’aurait certainement pas suffi sans la cohésion ethnique et psychique des Tonkinois, leur discipline de fourmis légionnaires et leur impressionnant acharnement dans l’offensive. De même “la force de l’Iran ne découle pas seulement de son arsenal de missiles balistiques et d’une flottille de vedettes de guerre difficiles à détecter, mais de sa volonté de résister, et de sa capacité à exercer des représailles contre toute agression” [AbdelBariAtwan21juil19]. C’est en effet ignorer que le sévère régime de sanctions auquel se trouve soumise la nation iranienne, loin de la dissocier, la ressoude dans et par une réaction patriotique. Erreur d’appréciation plus lourde encore de la part des anglo-américano-sionistes, pataugeant dans le matérialisme le plus opaque (borné), qui estiment négligeable la dimension métaphysique et même eschatologique de la culture iranienne. Le chiisme est en effet une religion basée sur la passion (au sens christique) de l’Imam Hussein mort en martyr lors de la bataille de Kerbela, le 10 octobre 680. Cela reste et demeure un fait central de la psyché collective iranienne… même si les jeunes générations urbanisées et occidentalisées se détournent aujourd’hui ostensiblement de la religion. Les modes passent et les invariants culturels subsistent… sauf bien entendu, grand remplacement et brassage génétique irréversible des populations.

Dimension métapolitique de la guerre

Ce dimanche 5 janvier 2020, le Parlement irakien, réuni en séance extraordinaire a voté une résolution devant aboutir au départ de tous les personnels militaires américains… C’est une grande première depuis que l’invasion et l’occupation de l’Irak en 2003 : les deux grandes formations du Parlement irakien Al-Fath et Saeroun se sont accordées sur un projet de loi débouchant à terme sur l’expulsion des forces américaines d’Irak. Dans un premier temps, seulement 170 parlementaires irakiens l’avaient signé, au final Kurdes et sunnites ont fini par se rallier au texte voté à l’unanimité. Simultanément le gouvernement irakien acéphale (le Premier ministre ayant démissionné : pour mémoire, l’élimination de Soleimani a pour décor un quasi soulèvement de la population - depuis plusieurs mois assorti de centaines de morts - contre la corruption du pouvoir associé à un puissant rejet de l’influence iranienne) vient de porter plainte au Conseil de Sécurité des Nations Unies… contre Washington. De l’inouï et de l’inédit de la part d’un peuple occupé par ses libérateurs !

À ce titre, un grand merci à M. Trump qui avait promis ubi et orbi pendant sa campagne de 2016, le retrait des troupes américaines des théâtres d’opération extérieurs… America first. En Irak, nous y sommes presque, ironie de l’histoire, et cela même si c’est au risque aggravé d’un nouvel engagement au milieu d’une poudrière en feu au bord de l’explosion ! Et puis la mort de Soleimani, vénéré dans le croissant chiite, pourrait avoir accompli l’impossible en faisant l’union entre l’Iran perse et de l’Irak arabe. Une gageure. Finalement, comme le dit si bien Antoine de Lacoste [13] : « Depuis des décennies, la stratégie américaine [en accomplissement les vœux mortifères des dirigeants israéliens] au Proche-Orient est celle du chaos : en Irak, en renversant Saddam Hussein, en Syrie, en travaillant pour le renversement de Bachar el-Assad. Au bout du compte l’élimination de Soleimani procède toujours et encore de la même logique, ordo ab chao »…

5 janvier 2020

Notes

[1Rappelons que la social-démocratie naît en Allemagne des œuvres d’une resplendissante brochette messianique dont les figure dominantes sont : Ferdinand Lassalle, Friedrich Engels, Karl Liebknecht, August Bebel, Eduard Bernstein, Rosa Luxembourg… Rappelons encore que Lénine est au départ le pilier de la social-démocratie russe en tant que chef de sa faction majoritaire (bolchévique) que Trotski ralliera avec un bel opportunisme en octobre 1917.

[2« Vers la Domination Mondiale » Paris 1947 et « Les Machiavéliens, défenseurs de la liberté » 1943.

[3« Rebel sans cause » film américain de Nicolas Ray (1955) emblématique de la crise intergénérationnelle qui s’amorce avec le tournant de la postmodernité.

[4La théorie des jeux analyse les interactions stratégiques entre acteurs afin, en principe, d’optimiser l’action de tel ou tel au regard de l’anticipation probabiliste des décisions prises par d’autres acteurs et tierce parties. Les bases mathématiques de la théorie sont jetées en 1921 par le Français Émile Borel in « La théorie du jeu et les équations intégrales à noyau symétrique » avant d’être reprises en 1944 par le duo Morgenstern/Von Neumann dans « Théorie des jeux et comportement économique ».

[5In « Phénoménologie de l’esprit » 1807… Le maître met sa vie en jeu, l’esclave s’y refuse et se soumet.

[6Les 23 et 24 septembre, le président Macron avait tenté d’établir un échange téléphonique entre le président américain et son homologue iranien à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. L’échec de cette tentative de liaison directe est sans doute imputable aux Iraniens, Hassan Rohani « n’ayant pas reçu le feu vert de Téhéran  » [lemonde.fr4oct19].

[7Cf. « Iran, la destruction nécessaire » JM Vernochet. Xenia 2012.

[8Pour qui pourrait douter de la consistance et de la permanence de ce point vue chez la grande sorcière Démocrate : le 7 juillet 2015, de nouveau postulante à la Maison-Blanche, Mme Clinton martelait en leitmotiv que l’Iran est « une menace existentielle pour Israël… » usant des termes identiques à ceux employés par Yuli-Yoel Edelstein président de la Knesset à Paris en mai 2017 : « L’Iran est la seule menace existentielle pour l’État d’Israël… Depuis 70 ans, Israël fait face à la guerre, l’agression, le terrorisme. En même temps, nous n’avons pas sombré dans l’hystérie [sic]. Nous n’avons jamais quitté la route de la démocratie  » ! (publicsenat.fr17mai18)

[9« L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme » 1904/1905

[10Cf. « La guerre eschatologique d’août 2019 » et la dimension métapolitique d’une confrontation ÉUA vs Iran. Rivarol n°3388 - 31 juillet 2019. Voir encadré…

[11Kassem Soleimani avait récemment révélé avoir séjourné au Liban en juillet 2006 au tout début de la « Guerre des trente-trois jours », en compagnie d’Imad Moughnieh, commandant du Hezbollah. Celui-ci trouvera la mort à Damas le 12 février 2008, dans un attentat à la bombe. Les deux hommes auraient procédé à l’évacuation du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, piégé dans son quartier général de la Banlieue Sud de Beyrouth alors soumise à d’intenses bombardements israéliens. Il sera présent au Liban pendant toute la durée du conflit à l’exception d’un bref passage à Téhéran pour y informer l’Ayatollah Ali Khamenei de la situation sur le front libanais [libanews.com2oct19].

[12lemonde.fr7oct15

[13bdvoltaire.fr4janv20

Del Estado Neoliberal al Estado de Justicia

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Del Estado Neoliberal al Estado de Justicia

"En el Estado de Justicia la vocación de formar comunidad es fundamental. No se pueden construir vínculos sociales estables con individuos egoístas y materialistas" afirma el autor.

 

“No vamos a salir de esta crisis sólo con planes macroeconómicos o ajustando el déficit fiscal. Esto es más profundo, en lo ético, en lo moral, en los subsuelos en donde se edifica la sociedad visible de nuestro tiempo. Tenemos que buscar la salida y resolver cómo concretamos la Comunidad Organizada”.

Antonio Cafiero

La Globalización Neoliberal

“No puede haber organización económica mundial con el inmenso poderío de unas pocas naciones por un lado y el resto del orbe empobrecido por el otro”.

Antonio Cafiero

La noción de Globalización Neoliberal fue formulada y difundida por las Naciones occidentales anglosajonas. Sus impulsores postulan que explica una inevitable mundialización y que describe un proceso natural del desenvolvimiento de las relaciones internacionales. En realidad, no es la única y necesaria forma de organizar el sistema mundial, sino que representa y que beneficia a los intereses de un grupo reducido de Estados y de corporaciones.

La Globalización Neoliberal impone y justifica la división internacional del subdesarrollo. Su vocación de universalidad la hace totalitaria y sus detractores niegan el derecho a la autodeterminación nacional de los pueblos y de los países del mundo. En su sistema de pensamiento binario existe la libertad de ser neoliberal, pero está suprimida la posibilidad de no serlo.

La Globalización Neoliberal edifica y justifica el caos político en el mundo contemporáneo, que está caracterizado por cinco aspectos:

– Primero: por la existencia de pocas Naciones ricas y de una mayoría de países pobres y subdesarrollados.

– Segundo: hay Naciones soberanas que deciden y que planifican sus proyectos de desarrollo y otras que acatan los mandatos externos.

– Tercero: por el desenvolvimiento de un sistema económico internacional que privatiza ganancias en unos pocos bancos y empresas financieras radicadas en los países centrales; y que en paralelo socializa las pérdidas sobre el conjunto de los pueblos del mundo.

– Cuarto: por la existencia de países que exportan alimentos y que en paralelo y paradójicamente, producen millones de hambrientos. Hay Estados que acumulan deuda externa y al mismo tiempo acrecientan la deuda social. En la división internacional del subdesarrollo los países débiles entregan a las Potencias anglosajonas sus mercados, sus recursos naturales y su soberanía.

– Quinto: por la conformación de un orden político que genera profundas divisiones dentro de cada Nación. El neoliberalismo divide las áreas geográficas entre zonas desarrolladas integradas al consumo capitalista y periferias pobres de descarte social. Políticamente, separa a la elite que decide de la masa que a lo sumo delibera, pero que nunca gobierna. En el terreno social, la Globalización Neoliberal divide a los habitantes de la Nación en tres grandes sectores que son los excluidos, los explotados y los integrados al sistema.

Fundamentos ideológicos de la Globalización Neoliberal

“El neoliberalismo, si bien minoritario como corriente política, trata de instalar –con el auspicio de los poderosos- una cultura hegemónica y se presenta como la ubica alternativa racional al progreso. Sus aires mesiánicos evocan los del marxismo en el siglo pasado. Está tratando de imponer sus creencias, valores, paradigmas al peronismo: se afirma en las supuestas virtudes del mercado máximo y del Estado mínimo y se despreocupa de la autonomía nacional, la igualdad, la equidad y la solidaridad”.

Antonio Cafiero

La Globalización Neoliberal se sostiene en base a una ideología que es asimilada y aceptada por un sector importante de la sociedad. Principalmente, adquiere consenso entre las clases altas y los sectores medios. Los pilares ideológicos en los que se apoyan son los siguientes:

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– El materialismo: las personas se reúnen sobre principios económicos y se integran y se relacionan a partir del mercado con la única finalidad de acumular bienes.

– El individualismo: se niegan los valores de comunidad y se desestima que la cultura nacional pueda edificar un principio de solidaridad social y una unidad de destino.

– La sociedad estratificada: se profundizan las diferencias sociales y se conforman clases antagónicas. Los neoliberales proponen un Estado de clase y le otorgan el poder político al sector económicamente dominante.

– La inmoralidad: se considera a los pueblos como una variable de mercado y se desconoce a la persona humana integral. Es por eso, que proponen la explotación y el descarte social como un supuesto medio para atraer inversiones. No tienen moral y con el objetivo de acumular riquezas están dispuestos a romper todos los códigos culturales e históricos y se comportan más allá del bien y del mal.

– El cosmopolitismo económico: no creen en la capacidad del productor y del trabajador nacional para construir y comandar un programa económico. Le otorgan al capital extranjero el manejo de los principales resortes de la producción y éste actor deja de ser un aliado para conformarse como el centro del proyecto de desarrollo.

– La ideología agroexportadora: proponen orientar toda la actividad productiva al comercio exterior. El mercado interno y la búsqueda de la calidad de vida del pueblo desaparecen como metas del desarrollo. El sector exportador se vuelve el fin de toda la programación económica y deja de ser un medio para el progreso integral del país.

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El Estado de Justicia

“El fin propio de la sociedad civil no consiste solamente en garantizar el respeto a las libertades individuales y a los derechos de cada uno, y asegurar el bien material: debe asimismo procurar el bien verdaderamente humano de la sociedad, que es de orden moral”.

Jaques Maritain

“La ley tiene un oficio moral: es maestra de los hombres en la ciencia de ser libres; y los deberes que impone, cuando es justa, obligan a la conciencia. La prescripción injusta no es formalmente ley; por eso es permitido resistirla”.

Jaques Maritain

En el marco de unos cursos del año 1989 el pensador y político bonaerense Antonio Cafiero, mencionó que “los liberales hablan del Estado de Derecho, nosotros hablamos del Estado de Justicia. Los liberales hablan de los Derechos del Ciudadano, nosotros hablamos de los Derechos del Hombre, que es más que un ciudadano: el hombre es una persona que genera familia, trabajo, profesiones, vida barrial, vida vecinal, partidos políticos y una multitud de acciones sociales. Los liberales creen en la magia del mercado libre, nosotros no creemos en la mano invisible y tampoco creemos en la mano de hierro que ahoga toda iniciativa y conduce toda actividad; creemos más bien en lo que Perón llamaba la “mano que guía”, que es la planificación concertada”.

En la óptica de Cafiero, el Estado de Justicia incluye al Estado de Derecho, pero lo supera ampliamente al proponer la organización de un gobierno y de una comunidad cuya meta es la dignidad, la justicia y la libertad humana. El Estado de Justicia contiene una ética nacional, un humanismo social y una voluntad política de realización histórica.

En la visión doctrinal del pensador bonaerense, la democracia no puede subsumirse a la aplicación de un régimen político formal o meramente procedimental. En realidad, para Cafiero la democracia debe consolidarse como la voluntad de realización de un pueblo en un tiempo histórico. La actividad política no se reduce a lo jurídico institucional, sino que incluye los “derechos sociales, económicos y culturales y hasta espirituales” de un pueblo.

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En el Estado de Justicia la vocación de formar comunidad es fundamental. No se pueden construir vínculos sociales estables con individuos egoístas y materialistas. Destacó Cafiero que los “pueblos no avanzan en la historia detrás de los objetivos de consumo, sino guiados por pasiones elevadas”. El egoísmo del mercado no es un factor de aglutinación social, sino que ese lugar lo ocupan los valores trasmitidos por la cultura y por el legado histórico de un pueblo.

La comunidad no nace de un contrato o de un mero pacto legal y racional, sino que implica la unidad moral y afectiva de la comunidad. La Nación es una unidad política y emocional de destino y no una acumulación gregaria de individuos capitalistas.

El orden internacional

Cafiero consideró que la inmensa desigualdad existente entre las Naciones era un factor desestabilizador del orden mundial. Asimismo, cuestionó el colonialismo, el intervencionismo y las diversas violaciones de la soberanía que ejercieron los organismos internacionales, las Potencias y las corporaciones.

En su óptica, las comunidades tenían que reivindicar el irrenunciable derecho a la autodeterminación política, económica y cultural frente a la Globalización Neoliberal. En el 2006 propugnó forjar un “nacionalismo competitivo” que “defiende la identidad de nuestras naciones y sostiene que la globalización no debe avanzar ignorando las patrias. Que defiende la propiedad nacional de los recursos naturales. Que alienta la participación de las empresas nacionales. Que estimula el orgullo nacional”.

La esfera nacional sería la base para constituir la soberanía regional y la “paulatina ciudadanía latinoamericana”.

El individuo y la comunidad

“La comunidad a la que debemos aspirar es aquella donde la libertad y la responsabilidad son causa y efecto de una alegría de ser fundada en la dignidad propia, donde el individuo tenga algo que ofrecer al bien general y no sólo su presencia muda”.

Antonio Cafiero

Cafiero creyó primordial impulsar la autonomía del individuo en tanto persona y caracterizó críticamente a los Estados comunistas, ya que en el “sistema colectivista no existe la libertad, y el Estado va absorbiendo paulatinamente todas las funciones, insectificando al individuo”. En su ideario, se tenía que garantizar la integridad de la persona y el reconocimiento del justo valor del trabajo.

Por otro lado, consideró que la libertad individual debía ser entendida desde una función social. Los pueblos tenían que actuar a partir de los valores de solidaridad y de patriotismo. El individuo debía asumir la misión de acompañar los fines colectivos del pueblo y de la Nación. En 1989 Cafiero destacó que “al egoísta perfecto lo suplantaremos por la personalidad comunitaria trascendente, queremos al hombre que aspira a un destino superior”.

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La propiedad privada y el Estado social

Para edificar el Estado de Justicia debe refundarse el Estado Liberal. La función del gobierno no puede ser solamente la de garantizar o la de imponer el egoísmo de una clase social. En la óptica de Cafiero el Estado tiene que fijar las directivas políticas y los objetivos tendientes a consumar los derechos de la colectividad. En sus palabras “el bien común es la meta y la razón de ser de todos los actos de gobierno”.

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Cafiero destacó que no hay orden económico viable si no se “respeta la economía nacional como unidad nacional”. En este marco, el Estado debe contribuir a consumar la independencia económica que es la base de la soberanía política nacional. En 1952 mencionó que en el Justicialismo “la riqueza es considerada como un bien individual que debe cumplir una función social”. Nadie tiene derecho absolutos sobre las riquezas de la tierra: ni el hombre, ni la sociedad”.

Tal cual plantea el pensador bonaerense, le corresponde al Estado la indelegable tarea de ser el garante de la justicia distributiva y de la dignidad humana. Destacó que “la solución de los graves problemas de la marginalidad y la pobreza no puede ser librada a las leyes del mercado ni al asistencialismo. Reclama una política común del Estado y las organizaciones libres del pueblo”.

La voluntad política de realización histórica

“El peronismo no es una etapa en la marcha hacia el socialismo democrático o marxista, ni nació para evitar el comunismo, ni puede confundirse con el radicalismo (…) el nuestro es un proyecto específico y original”.

Antonio Cafiero

A lo largo de su destacada trayectoria partidaria, Cafiero reflexionó acerca del origen, de la historia y del futuro del Justicialismo al cual le atribuyó un protagonismo político indelegable. En 1984 mencionó que “el peronismo no será absorbido en otros movimientos en tanto siga expresando un modo de pensar y sentir la Argentina que le es propio e intransferible”.

En su óptica, el peronismo no podía ser caracterizado como un mero mecanismo electoral y tampoco como un sistema de gestión de los problemas sociales.

En su punto de vista, el Justicialismo es una organización y una doctrina humanista en movimiento detrás de una misión trascendente. El peronismo contiene y emana una doctrina de “filiación socialcristiana” que “es al Movimiento lo que el alma al cuerpo”. Es por eso, que sus militantes deben convencerse del valor de su causa y tal cual sostiene Cafiero “no se puede luchar sin verdades”.

El Justicialismo en la perspectiva de Cafiero, es una tradición histórica hecha voluntad política, es una realidad cultural en desenvolvimiento y un Movimiento de realizaciones económicas y sociales.

El peronismo es una causa nacional y democrática por la reparación social y contiene un anhelo de justicia que busca liberar al país y dignificar al hombre argentino en una Comunidad Organizada.

Cafiero sostiene que el “peronismo no nació para las tareas pequeñas; está en política para las grandes causas”. El Justicialismo es un proyecto de desarrollo integral, una emoción en marcha, un pensamiento que se renueva, una mística de grandeza nacional y una fe popular en la capacidad del triunfo de la causa.

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dimanche, 12 janvier 2020

Prévisions pour les années 2020

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Prévisions pour les années 2020

par Dmitry Orlov

Ex: http://www.zejournal.mobi

Bien que de nombreux commentateurs jugent bon de publier leurs prévisions pour l’année à venir, je trouve qu’une seule année est trop courte pour pouvoir faire des prévisions valables. Pour moi, plus ou moins cinq ans, c’est à peu près la bonne taille de marges d’erreur à placer sur n’importe quelle prévision en ce qui concerne le calendrier, ce qui permet de prévoir tout changement majeur à l’intérieur d’une séquence d’une vingtaine d’années. Il se trouve qu’une autre décennie s’est écoulée depuis que j’ai publié ma dernière série de prévisions pour les États-Unis dans les années 2010, il est donc temps d’en établir une nouvelle, pour les années 2020.

Ma dernière série de prévisions s’est révélée modérément bonne. Bien que dans certains cas, le processus n’ait pas encore abouti, les tendances sont toutes évidentes et il faut s’attendre à ce que les processus que j’ai décrit se poursuivent et, dans certains cas, s’achèvent au cours de la nouvelle décennie. Mais cette fois-ci, je vais tenter de faire des prédictions plus précises.

En ce qui concerne l’économie, quelque chose va forcément se briser, peut-être dès le début de la décennie, et être la tendance lourde pour la suite. Il y a un écart croissant entre l’économie financière, qui fonctionne selon des règles que les gens peuvent établir, et ils le font au fur et à mesure de leurs besoins, et l’économie physique de l’exploitation minière, de la fabrication et de la logistique. Il n’y a aucune raison de faire particulièrement confiance aux statistiques officielles en ce qui concerne la croissance économique, le chômage, l’inflation, les évaluations boursières : ce sont toutes des contrefaçons astucieuses. Une bourse ou un marché immobilier suffisamment effervescent peut être maintenu par des injections de fausse monnaie en quantité nécessaires, distribuées à des initiés importants. Mais si l’on considère la quantité de marchandises fabriquées et expédiées, la quantité de nouvelles infrastructures publiques construites et d’autres facteurs physiques de ce type, on peut déjà observer une détérioration constante de l’économie.

Alors que les gars de la finance et les économistes, qui traitent de quantités sans dimension identifiée si ce n’est par des symboles mystiques quasi-religieux tels que $, €, ¥ et £, travaillent inlassablement pour maintenir la fausse façade Potemkine d’une économie florissante, une telle suspension théâtrale d’incrédulité n’est plus possible si on considère les tonnes, les mètres cubes ou les kilowattheures. Une bande d’escrocs financiers impitoyables s’associant à des économistes au chapeau pointu passent leurs journées à raisonner de manière circulaire sur la détermination du prix, tout en confondant résolument la création d’argent avec la création de richesse. Pendant ce temps, une économie physique en déclin, obscurcie par une dette galopante, reste sur une trajectoire de collision avec la réalité ; une fois la collision survenue, le résultat sera similaire à ce qui s’est passé lors de l’effondrement financier de 2007-2008, sauf que les manipulations financières désespérées qui avaient alors été utilisées pour l’arrêter ne fonctionneront plus du tout et l’économie physique, qui languit déjà, s’arrêtera.

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Un canari particulier dans la mine de charbon est probablement l’industrie de la fracturation du pétrole de schiste. Elle n’a jamais vraiment rapporté d’argent, mais elle a permis aux États-Unis de se remettre des ravages du pic pétrolier. Et maintenant, la production des puits fracturés atteint son maximum, les taux d’épuisement augmentent, les compagnies de fracturation font faillite et les puits nouvellement forés sont moins huileux et plus gazeux, le gaz n’étant pas particulièrement de qualité ou valorisable. À un moment donné au cours de cette décennie, les États-Unis seront de nouveau obligés de compter sur l’importation de la majeure partie de leur pétrole et de leur gaz. En attendant, toute tentative de Green New Deal pour décarboner l’économie américaine se traduira par une structure de coûts pour l’électricité et le transport qui rendra pratiquement tout type de production industrielle non concurrentielle, comme cela s’est déjà produit partout où cela a été tenté, y compris au Royaume-Uni et en Allemagne.

Un autre canari pourrait s’avérer être le marché de la dette du Trésor américain. Alors que les États-Unis ont expédié leur industrie à l’étranger et ont remplacé la production industrielle par une économie de services avec des avocats, des médecins et des dentistes hors de prix, beaucoup d’escrocs dans l’immobilier, les finances, la planification de la retraite, l’assurance et l’éducation, et beaucoup de barmans, de toiletteurs pour chiens et de professeurs de yoga sous-payés, une règle non écrite était que les partenaires commerciaux, qui fabriquent maintenant tout ce que les États-Unis doivent importer, devaient investir leur excédent commercial dans la dette du Trésor américain, permettant aux États-Unis de continuer à obtenir ces choses pour rien. Mais ces derniers temps, la Chine, la Russie et d’autres pays ont commencé à liquider leurs réserves de dette américaine et à utiliser leurs excédents commerciaux toujours croissants pour stimuler leurs industries d’exportation et pour fournir des crédits d’importation à leurs nouveaux partenaires plus solvables parmi les pays en développement. Cette évolution pousse la Réserve fédérale à se diriger vers une monétisation directe de la dette, ce qui est en quelque sorte illégal pour elle, mais elle peut facilement contourner cette restriction en mentant à ce sujet. La monétisation directe de la dette a une tendance prononcée à entraîner une hyperinflation, ce qui est particulièrement vrai dans un pays comme les États-Unis, qui affiche des déficits budgétaires et commerciaux incroyablement élevés. Ce canari particulier a subi un arrêt coronarien lors de la crise du REPO de septembre 2019, et la Réserve fédérale maintient ce marché en vie depuis.

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En ce qui concerne les questions militaires, il semble sûr de déclarer que d’ici la fin des années 2020, l’empire américain sera définitivement derrière nous. Il est déjà établi que les États-Unis ne peuvent même plus menacer une longue liste de pays, en particulier ceux qui sont armés des nouveaux systèmes de défense aérienne russes qui peuvent établir des zones d’exclusion aérienne pour les avions américains, alors que l’armée américaine ne peut plus du tout fonctionner si on lui refuse la supériorité aérienne. En outre, toute la flotte de porte-avions américains est déjà obsolète et inutile, car les derniers missiles russes peuvent les couler de manière fiable sur des distances plus grandes que celles que peuvent atteindre les armements ou les avions que ces porte-avions transportent.

Ajoutez à cela le fait que les derniers missiles russes, qui peuvent atteindre Mach 20 et qui ne peuvent être interceptés par aucun système de défense antimissile actuel ou prévu, permettent d’éliminer des cibles sur le continent américain, y compris le Pentagone lui-même, si jamais les États-Unis attaquaient la Russie. Les États-Unis disposent toujours de la dissuasion nucléaire, ainsi que de la capacité de causer des méfaits mineurs en armant et en entraînant des groupes terroristes dans le monde entier, mais ils sont si terriblement en retard sur la Russie en matière de développement d’armes, retard qu’ils ne rattraperont probablement jamais malgré le fait qu’ils dépensent constamment plus que la Russie en matière de défense, selon un ratio de 1 à 10.

La position de la Russie à l’égard de l’entraînement, des rodomontades et des provocations des troupes de l’OTAN aux frontières russes a été largement méprisante. La Russie s’est largement réarmée avec de nouvelles armes basées sur de nouveaux principes physiques connus seulement de ses scientifiques, ingénieurs et concepteurs et elle réduit maintenant son budget de défense tout en gagnant des milliards de dollars provenant de l’augmentation des ventes d’armes dans le monde. Les États-Unis ne peuvent pas rattraper leur retard, non pas par manque d’argent (tant que l’imprimante à dollar continue de tourner), mais par manque de cerveaux.

Lorsque l’impuissance de l’armée américaine deviendra évidente, l’alliance de l’OTAN se désagrégera. D’abord avec la Turquie, qui est le deuxième plus grand pays membre de l’OTAN, mais un membre qui ne tient que par un fil car elle est beaucoup plus intéressée à coopérer avec la Russie et l’Iran sur les questions de défense qu’avec les États-Unis. Malgré cela, le complexe militaro-industriel américain continuera son existence de zombie jusqu’à ce que l’argent se tarisse, moment auquel ma prédiction initiale selon laquelle les troupes américaines resteront bloquées dans une multitude d’endroits à l’étranger, sans ressources disponibles pour les rapatrier, se réalisera.

En attendant, l’armée américaine fera ce qu’elle peut pour justifier son existence en organisant périodiquement des provocations contre des adversaires aussi petits mais invincibles que l’Iran et la Corée du Nord tout en se mêlant de la politique des nations plus faibles et moins stables qui se trouvent avoir des ressources que l’industrie américaine veut  « libérer »  (que ce soit le pétrole vénézuélien ou le lithium bolivien pour les voitures électriques). Elle sera toujours à deux doigts de déclencher une confrontation militaire totale, mais refusera de s’engager dans une telle confrontation pour trois excellentes raisons.

Premièrement, compte tenu de toutes ses expériences récentes en Irak, en Afghanistan et au-delà, elle sait qu’elle ne peut pas gagner. Deuxièmement, elle sait qu’elle ne peut même plus se battre pendant longtemps parce que la base industrielle nécessaire au réapprovisionnement des troupes sur le terrain n’existe plus. Troisièmement, elle sait qu’elle ne peut plus protéger le continent américain ; il suffirait de quelques attaques à la roquette pour détruire les grands transformateurs des lignes électriques qui assurent le maintien du réseau électrique et les stations de pompage des oléoducs et des gazoducs qui assurent le reste de l’infrastructure énergétique, et toute son économie s’arrêterait tout simplement.

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Dans l’ensemble, je suis optimiste qu’une guerre à grande échelle sera évitée, par le simple fait que les guerres sont menées pour être gagnées, et non pour être perdues. S’il est immédiatement évident qu’une action militaire à grande échelle entraînera de manière fiable une défaite complète et totale, l’humiliation et la ruine, alors il devient suicidaire d’ordonner cette action. Les échelons supérieurs de la chaîne de commandement militaire ne sont pas dotés de personnel de type suicidaire ; ils n’ont pas passé la moitié de leur vie à travailler pour obtenir une promotion en faisant de la lèche pour ensuite se retourner et se suicider. Bien sûr, ils vont assassiner des gens et provoquer des catastrophes humanitaires chaque fois qu’ils auront l’impression de pouvoir s’en tirer. Mais si les risques qu’ils courent pour eux-mêmes sont suffisamment faibles pour les assurer que leur propre existence physique continue, ils éviteront les stratégies qui entraînent des pertes majeures du côté américain, de peur de mettre leurs précieuses couilles dans un étau politique.

En ce qui concerne la politique, les États-Unis ont déjà cessé de fonctionner. L’élite dirigeante s’est divisée en deux camps belligérants qui se traitent maintenant l’un l’autre avec la même méchanceté, la même malice et le même dédain qu’ils réservaient auparavant aux étrangers. Cette évolution est inévitable : face à leur propre échec total, les élites ont été forcées de chercher un bouc émissaire – tout le monde sauf leurs bien-aimés eux-mêmes – et se sont trouvées… les unes les autres, bien sûr !

Alors que les camps en guerre de l’élite dirigeante s’entre-déchirent, diverses failles consacrées dans le système de gouvernance américain vont apparaître au premier plan et contrecarrer tous les efforts visant à apporter des changements positifs. La plupart des problèmes proviennent d’un document particulièrement obsolète et défectueux : la constitution américaine. Elle permet à un président d’être élu sans obtenir la majorité aux élections. Elle permet également au parti de ce président de contrôler la chambre haute du parlement tout en ignorant complètement les intérêts des états les plus peuplés au profit de l’arrière-pays sous-peuplé.

Enfin, elle permet à ce président d’empiler ses amis dans l’appareil judiciaire, qui peut alors rejeter toute législation sur la base de ses réinterprétations créatives de n’importe quel texte de loi, y compris cette même constitution défectueuse et obsolète. Et une partie particulièrement insidieuse de la loi tribale anglaise connue sous le nom de « précédent »  signifie qu’une loi, une fois enfreinte par un juge (c’est-à-dire réinterprétée) reste enfreinte. Par exemple, certains juges ont décidé que le 2ème amendement permet aux gens d’avoir des armes à feu en leur possession même s’ils ne font pas partie d’une milice d’État, réglant ainsi la question à perpétuité. Ce principe, associé aux graves lacunes de la Constitution et du système dans son ensemble, entraîne une tendance à s’adresser aux tribunaux pour régler tous les litiges, qu’il s’agisse d’une élection présidentielle indécise ou la question de savoir si l’on peut être autorisé à épouser son Saint-Bernard. Le résultat est un gigantesque nœud gordien juridique, tissé à partir d’une myriade de petits cafouillages juridiques.

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Cet arrangement constitutionnel imparfait a peut-être fonctionné auparavant, lorsque le pays était plus uni, qu’il avait davantage le sentiment d’avoir un but et un destin communs et qu’il avait une chance d’obtenir des résultats positifs pour une grande partie de ses citoyens. Mais maintenant qu’aucun de ces ingrédients sains n’est disponible, il permet un dysfonctionnement politique maximal à tous les niveaux de gouvernement. Néanmoins, une grande partie de la population des États-Unis estime toujours qu’elle peut agir en votant, restant imperméable aux arguments très simples et logiques selon lesquels les États-Unis ne sont pas du tout une démocratie et que peu importe qui est président. Même si ces mots tomberont très probablement dans l’oreille d’un sourd, il convient de répéter que le pays finira dans la même merde, quel que soit le nom du responsable.

Bien que l’effondrement des États-Unis ne soit pas encore terminé, je pense qu’il est déjà temps de donner aux États-Unis d’Amérique un nom plus approprié. Après tout, ce ne sont pas les seuls États-Unis du continent américain : il y a aussi Estados Unidos Mexicanos. Ce squattage honteux et égoïste doit cesser un jour ou l’autre. Je propose donc de rebaptiser les États-Unis – peut-être pas immédiatement, mais peut-être dans une décennie, peut-être deux. Comme nouveau nom, j’aimerais suggérer quelque chose comme la République de Deteriorado, Degenerado ou Disintegrado. Il est probable que sa langue nationale devienne le spanglish [Spanish English, NdT]. Son emblème national semble déjà être le majeur tendu.

Quant à son drapeau, nous pouvons simplement observer ici quel drapeau est considéré comme suffisamment sacré et inviolable pour entraîner une peine de prison pour quiconque ose le brûler en public. Et il s’avère que c’est le drapeau arc-en-ciel LGBTQ.

***

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En cadeau de nouvelle année, voici les prévisions 2010. C’est un art difficile.

Prévisions pour les années 2010

par Dmitry Orlov. Le 12 décembre 2009

À cette époque de l’année, certaines âmes courageuses s’aventurent à mettre leur réputation en danger en essayant de prédire ce que la prochaine année apportera. Certains le font avec une précision étonnante, d’autres pas tellement. Étant un auteur sérieux qui ne fait presque jamais de blagues, je ne m’occupe généralement pas de cette frivolité annuelle, mais, constatant qu’une nouvelle décennie est sur le point d’advenir, j’ai pensé qu’il était raisonnablement sûr de brosser un tableau de la façon dont je vois la prochaine décennie. (Dans le cas peu probable où mes prédictions s’avéreraient complètement fausses, je pense qu’elles auront été complètement oubliées d’ici à ce que 2020 arrive). Et donc, sans plus attendre, voici mes prédictions sur ce que sera la situation aux États-Unis d’Amérique au cours de la deuxième décennie du XXIe siècle.

La décennie sera marquée par de nombreux cas d’autophagie, dans les affaires, le gouvernement et les échelons supérieurs de la société, car les acteurs à tous les niveaux se trouvent incapables de contrôler leurs appétits ou de modifier leur comportement de manière significative, même face à des circonstances radicalement modifiées, et sont donc contraints de se consumer eux-même dans l’oubli, comme tant de requins éventrés mais toujours affamés qui se gavent sans fin sur leurs propres entrailles.

Les gouvernements constateront qu’ils sont incapables de s’empêcher d’imprimer toujours plus d’argent dans une vague sans fin d’émissions incontrôlées. En même temps, la hausse des taxes, des prix des produits de base et des coûts de toutes sortes, associée à un niveau global croissant d’incertitude et de perturbations, réduira l’activité économique à un point tel qu’il ne restera plus qu’une petite partie de cet argent en circulation. Les inflationnistes et les déflationnistes débattront sans fin pour savoir s’il faut parler d’inflation ou de déflation, imitant inconsciemment les big-endians et les little-endians des Voyages de Gulliver de Jonathan Swifts, qui débattaient sans fin de la méthode appropriée pour manger un œuf à la coque. Les citoyens, dont le pécule est réduit à la taille d’un petit pois séché, ne seront pas particulièrement vexés par la question de savoir exactement comment ils devraient essayer de le manger, et considéreront la question comme académique, sinon idiote.

Les municipalités en détresse de tout le pays se mettront à imposer des frais exorbitants pour des choses comme les permis pour avoir un chien. Beaucoup vont faire l’expérience de voir emprisonner ceux qui ne peuvent pas payer ces frais dans les prisons d’État et de comté, pour ensuite les libérer, car les prisons débordent continuellement et les ressources sont limitées. Les citoyens en viendront à considérer les prisons comme une combinaison pratique des caractéristiques d’une soupe populaire et d’un refuge pour sans-abri. Certaines villes abandonneront l’idée d’avoir un service d’incendie et décideront qu’il est plus rentable de laisser les incendies de maisons suivre leur cours, pour économiser sur les démolitions. Dans le but de boucher des trous de plus en plus grands dans leur budget, les États augmenteront les impôts, poussant ainsi toujours plus d’activité économique vers la clandestinité. En particulier, les recettes des États provenant de la taxe sur l’alcool vont chuter pour la première fois depuis de nombreuses décennies, car de plus en plus d’Américains constatent qu’ils ne peuvent plus se payer de bière et se tournent vers l’héroïne afghane, bon marché et abondante, et vers d’autres drogues illégales mais très abordables. La fumée de marijuana sera la plus répandue aux États-Unis, devant les gaz d’échappement des voitures comme odeur prévalente.

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Plusieurs pays dans le monde seront obligés de se déclarer en défaut souverain et rejoindre ainsi les rangs grossissants des nations en faillitte. Il y aura beaucoup de mouvement pour trouver des refuges pour l’argent facile, mais aucun ne sera trouvé. Les investisseurs du monde entier seront enfin forcés de se rendre compte que la meilleure façon d’éviter les pertes est de ne pas avoir d’argent au départ. Malgré tous leurs efforts pour diversifier leurs avoirs, les investisseurs se rendront compte qu’ils n’ont que des bouts de papiers, qu’il s’agisse d’actions, d’obligations, d’actes, de billets à ordre ou de contrats dérivés incompréhensibles. Ils découvriront aussi que, dans le nouveau climat des affaires, aucun de ces instruments ne constitue une arme particulièrement redoutable : alors que le jeu amical pierre-feuille-papier-ciseaux devient hostile, ils découvriront que les pierres se plantent dans les crânes, que les ciseaux percent les organes vitaux, mais que le papier, même lorsqu’il est manié de façon experte, ne fait que provoquer des coupures de papier. Les personnes autrefois bien nanties qui ont tendance à croire que « la possession est les neuf dixièmes de la loi » trouveront de nombreux exorcistes extrajudiciaires désireux de libérer leurs démons. En particulier, les réseaux du crime organisé commenceront à utiliser des logiciels d’exploration de données pour repérer les cabanes et les complexes légèrement gardés du Montana et d’autres endroits éloignés qui sont bien approvisionnés en aliments en conserve, en armes et en lingots d’or et d’argent, et commenceront à les récolter en adoucissant la cible avec des mortiers, des roquettes et des bombardements aériens, puis en envoyant des équipes de commandos avec des grenades et des mitrailleuses. Une fois la récolte terminée, ils en sortiront le produit du pays en utilisant les valises diplomatiques des nations en faillites qui sont sous leur emprise.

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Pendant que les lingots seront expatriés, le Pentagone tentera de rapatrier les troupes d’Irak, d’Afghanistan et des nombreuses bases militaires américaines dans le monde, constatant bientôt qu’elles n’en ont pas les moyens, laissant les troupes échouées où qu’elles soient et les forçant à se réapprovisionner par elles-même. Les familles des militaires seront invitées à faire don de nourriture, d’uniformes, de sous-vêtements propres et d’articles de toilette pour leurs proches à l’étranger. L’armement américain inondera le marché noir, faisant baisser les prix. Certains militaires décideront que le retour aux États-Unis est de toute façon une mauvaise idée et deviendront autochtones, épouseront des femmes locales et adopteront les religions, les coutumes et les vêtements locaux. Bien que les dirigeants nationaux continueront à jacasser sur la sécurité nationale chaque fois qu’un microphone sera pointé sur eux, leur propre sécurité personnelle deviendra leur préoccupation principale. Les responsables à tous les niveaux tenteront de réunir des groupes de plus en plus nombreux de gardes du corps et de consultants en sécurité. Les membres du Congrès deviendront de plus en plus réticents et éviteront autant que possible de rencontrer leurs électeurs, préférant se cacher dans les grattes-ciel, les enceintes closes et les communautés fermées de Washington DC. Pendant ce temps, en dehors du périmètre de sécurité officiel, un nouveau voisinage va s’installer, les squats devenant ce que l’on appelle une « pré-installation », les intrusions « ouvrir un nouveau chemin », et les clôtures, les murs et les serrures étant partout remplacés par des yeux attentifs, des oreilles attentives et des mains secourables.

Traduit par Hervé, relu par Wayan et Marcel, pour le Saker

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.


- Source : Club Orlov

La 4e guerre mondiale a bien commencé !...

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La 4e guerre mondiale a bien commencé !...
 
par Michel Geoffroy
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et consacré aux conséquences de  l'assassinat par les Américain du général Soleimani, homme-clef du régime iranien. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

Assassinat du général Qassem Soleimani : la 4e guerre mondiale a bien commencé !

L’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, revendiqué par les Etats-Unis, apporte une nouvelle preuve que la quatrième guerre mondiale a bien commencé. Nous sommes en effet entrés dans la quatrième guerre mondiale, qui a succédé à la troisième – la guerre froide. C’est une véritable guerre des mondes car elle voit s’opposer différentes représentations du monde et aussi parce qu’elle a la stabilité du monde pour enjeu.

Le monde unipolaire contre le monde polycentrique

Cette guerre oppose avant tout les Etats-Unis, de plus en plus souvent alliés à l’islamisme, qui ne comprennent pas que le monde unipolaire a cessé de fonctionner, aux civilisations émergentes de l’Eurasie – principalement la Chine, l’Inde et la Russie – qui contestent de plus en plus leur prétention à diriger le monde.

Les Etats-Unis, bras armé de la super classe mondiale, veulent en effet maintenir leur rôle dirigeant mondial, acquis après la chute de l’URSS, car ils continuent de se voir comme une « nation unique », comme n’avait pas hésité à l’affirmer encore le président Obama devant une assemblée générale des Nations Unies stupéfaite !

Même affaiblis, ils entendent conserver leur hégémonie par n’importe que moyen, y compris militaires. Avec leurs alliés occidentaux transformés en valets d’armes, ils font donc la guerre au monde polycentrique, c’est-à-dire aux cultures, aux civilisations et aux peuples qui ne veulent pas d’un monde unidimensionnel.

Monde unipolaire versus monde polycentrique, voilà la matrice de la quatrième guerre mondiale.

La dé-civilisation occidentale

Ce que l’on nomme aujourd’hui l’Occident, correspond à un espace dominé et formaté par les Etats-Unis, et n’a plus qu’un rapport lointain avec la civilisation qui l’a vu naître, la civilisation européenne.

L’Occident aujourd’hui correspond à l’espace qu’occupe l’idéologie de l’américanisme : le matérialisme, l’individualisme fanatique, le culte de l’argent, le multiculturalisme, le féminisme hystérique, le messianisme, l’idéologie libérale/libertaire, et une certaine appétence pour la violence, principalement.

Cet Occident fait la guerre aux autres civilisations, y compris à la civilisation européenne, car les « valeurs » qu’il se croit en droit de promouvoir partout par la force, sont en réalité des antivaleurs, des valeurs mortelles de dé-civilisation. Pour cette raison aussi, la civilisation européenne entre en décadence, alors que la plupart des autres civilisations renaissent au 21ème siècle

La quatrième guerre mondiale recouvre donc un affrontement civilisationnel : le choc entre les civilisations renaissantes de l’Eurasie et la culture de mort véhiculée par l’américanisme.

Et ce choc contredit la croyance cosmopolite en l’émergence d’une unique civilisation mondiale.

Le mythe américain de la paix démocratique

Depuis la chute de l’URSS, les Etats-Unis sont passés d’une stratégie d’endiguement du communisme à une stratégie d’élargissement de leur modèle de société à tous les peuples, comme l’a annoncé sans détour Bill Clinton devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993 : « Notre but premier doit être d’étendre et de renforcer la communauté mondiale des démocraties fondées sur le marché » [1].

Cette stratégie expansive correspond à la croyance dans la « paix démocratique » selon laquelle les Etats démocratiques seraient pacifiques par nature et parce que le modèle américain serait profitable à tous.

Mais, comme le souligne Christopher Layne [2], il s’agit d’une illusion : car rien ne vient confirmer que l’instauration de la démocratie au niveau d’un Etat annule les effets structuraux de la pluralité contradictoire des puissances et des intérêts au plan international.

Mais, surtout, la croyance dans la paix démocratique conduit nécessairement à souhaiter le renversement des Etats « non démocratiques » – les Etats-voyous selon le langage imagé nord-américain contemporain – pour que   des démocraties leur succèdent. Mais cette présomptueuse volonté de changement de régime [3] – qui a beaucoup de points communs avec l’islamisme implique une ingérence conflictuelle dans les affaires intérieures des autres Etats.

L’impérialisme de la démocratie n’a donc rien à envier au plan belliqueux à tous les autres impérialismes et ce n’est pas un hasard si dans leur courte histoire, les Etats-Unis ont été si souvent en guerre [4] !

La guerre chaotique occidentale

La quatrième guerre mondiale se déroule pour le moment principalement dans l’ordre géoéconomique : elle a pour enjeu la maîtrise des ressources énergétiques mondiales et celle des flux économiques et financiers et notamment la remise en cause de la domination du dollar, instrument de la domination globale des Etats-Unis puisqu’il leur permet de financer facilement leur arsenal militaire démesuré.

Mais elle se déroule aussi sur le terrain des guerres infra-étatiques et des « guerres civiles » internationalisées car commanditées de l’extérieur.

Depuis la fin du bloc soviétique, les Occidentaux, emmenés par les Etats-Unis, n’ont eu de cesse en effet d’encourager la destruction chaotique des puissances susceptibles de contrer leur projet de domination mondiale. Il s’agit de créer partout des poussières d’Etats impuissants et rivaux en application du vieux principe « diviser pour régner » !

La destruction de la Yougoslavie (1989-1992), suivi de la guerre illégale de l’OTAN au Kossovo (1998-1999) a constitué le coup d’envoi de la quatrième guerre mondiale.

Ces conflits ont contribué à affaiblir la périphérie de la Russie et aussi, par contre coup, à déstabiliser l’Union Européenne : désormais ingouvernable à 28 ou à 27 états et dirigée de fait par une Allemagne atlantiste, l’Union Européenne, ne compte quasiment pas sur la scène internationale comme acteur indépendant !

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Encercler la Russie

De même, la fin de l’URSS n’a nullement mis fin à la politique américaine d’encerclement de la Russie. Comme on le dit parfois avec humour : « la preuve que la Russie est menaçante : elle à mis ses frontières exprès à côté des bases de l’OTAN ! »

Car il s’agit de programmer l’émiettement de la puissance russe : notamment en encourageant la sécession Tchétchène (guerre de 1994 à 2000) et en soutenant les révolutions de couleur [5] qui organisent à chaque fois la mise en place de nouvelles équipes politiques anti-russes. Et bien sûr en s’efforçant de satelliser l’Ukraine grâce à la « révolution » d’Euromaïdan (hiver 2013 à février 2014), ayant, par un heureux hasard, abouti à la destitution illégale du président Yanoukovytch qui souhaitait le maintien des relations privilégiées avec la Russie [6]. Et aussi, par contre coup, à la séparation de la Crimée et à la guerre dans le Donbass.

Le scénario Euromaïdan s’est d’ailleurs aussi reproduit en Amérique Latine : avec le renversement en 2017 du président de l’Equateur, le radical Rafael Correa en 2017 et son remplacement par un pro-occidental, Lenin Moreno ; la tentative de déstabilisation du président du Venezuela, Nicolàs Maduro en fin 2018 ; les menaces contre Ortéga Président du Nicaragua et contre Cuba [7], présentés comme « la troïka de la tyrannie » par les Etats-Unis ; le renversement du président de la Bolivie Evo Morales en 2019, suite à un coup d’état institutionnel ayant conduit à….annuler sa réélection.

La guerre civile partout !

Mais c’est au Moyen et au Proche-Orient que la stratégie chaotique occidentale est la plus aboutie.

Avec la « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan qui dure depuis… 18 ans, la seconde guerre d’Irak (2003) ; la déstabilisation de la Lybie, menée par la France (opération Harmattan), la Grande Bretagne et l’OTAN de mars à octobre 2011 – qui a provoqué par contrecoup la « crise migratoire » de 2015 en Europe et un chaos civil qui n’en finit pas [8]– et enfin la « guerre civile » en Syrie à partir de 2011, qui se termine en 2019 avec la défaite totale de l’Etat Islamique, suite à l’intervention décisive de la Russie à partir de 2015 ; sans oublier la guerre au Yemen.

Les uns après les autres, les Etats susceptibles de constituer un pôle de puissance et de stabilité, dans une région qui représente un enjeu énergétique majeur, mais aussi une mosaïque de peuples, de religions et où aucune frontière n’est jamais sûre, ont ainsi été attaqués et durablement déstabilisés. Avec toujours le même résultat : non pas la « démocratie », mais le chaos, la guerre civile, des milliers de morts civils et la voie ouverte à l’islamisme radical. Et la mainmise américaine sur les ressources énergétiques comme en Syrie.

Comme l’écrit le géopoliticien Alexandre Del Valle, il « suffit pour s’en convaincre de voir ce que sont devenus les Etats afghan, irakien, libyen, ou même l’ex-Yougoslavie, aujourd’hui morcelée en mille morceaux «multiconflictuels» comme la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine ou le Kossovo, autant de pays déstabilisés durablement par les stratégies cyniques pro-islamistes et ou anti-russes et anti-bassistes des stratèges étatsuniens [9]».

Et toujours selon le même scénario : des bobards médiatiques à répétition (soutien du terrorisme, épuration ethnique, armes de destruction massive, utilisation de gaz contre la populationetc…) servent à présenter à l’opinion occidentale l’agression contre des Etats souverains, en violation des principes des Nations Unies, comme une opération humanitaire !

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L’Iran prochaine victime ?

Les Etats-Unis n’ont jamais caché que l’Iran était le prochain sur la liste du « changement de régime ». L’assassinat du général Qassem Soleimani, revendiqué par les Etats-Unis , venant après la récusation américaine du Traité sur le nucléaire iranien et le soutien américain ostensible aux manifestations en Iran, s’inscrivent à l’évidence dans une stratégie de changement de régime en devenir.

Même s’il s’agit d’un très gros morceau à avaler.

L’Iran, avec plus de 82 millions d’habitants en 2019, retrouve en effet progressivement son rôle de puissance régionale, héritière lointaine de l’empire Perse, qu’il jouait au temps du Shah. Il dispose aussi des 4èmes réserves prouvées de pétrole et des 1ères réserves de gaz mondiales….

L’Iran chiite développe son influence politique et religieuse sur un arc qui part de sa frontière afghane pour rejoindre l’Irak, la Syrie et le Liban. Il concurrence l’islam sunnite sous domination Saoudienne et soutenu par les Etats-Unis, qui regroupe, lui, l’Egypte, la Jordanie, les Etats du Golfe et la péninsule arabique. La confrontation avec l’Iran constitue un enjeu majeur pour l’Arabie Saoudite, d’autant que sa minorité chiite se concentre dans sa région pétrolifère et aussi pour Israël.

Dans un tel contexte, un conflit, direct ou indirect, entre les Etats-Unis et l’Iran ne pourrait qu’avoir de très graves répercussions mondiales.

Les Etats-Unis, véritable Etat-voyou

Le président Trump, qu’une certaine droite adule curieusement alors qu’il embarque allègrement les Européens dans la quatrième guerre mondiale, adopte à l’évidence un comportement qui tranche avec la relative prudence de ses prédécesseurs. Même si la ligne politique de cette nation messianique reste la même.

En fait, les Etats-Unis se croient désormais tout permis, en véritable Etat-voyou : récuser les traités qu’ils ont signé, relancer la course aux armements nucléaires [10], imposer des « sanctions » unilatérales à toute la planète sans aucun mandat du conseil de sécurité des Nations Unies, espionner les communications mondiales y compris celles de leurs « alliés », s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats, taxer arbitrairement les importations, tuer des responsables politiques et militaires étrangers sans aucune déclaration de guerre etc…

Et l’on s’étonne encore que l’image de marque des Etats-Unis et de leurs « croisés » occidentaux, décline dans le monde, en particulier dans le monde musulman ?

Comme le souligne Alexeï Pouchkov [11] , ancien président de la commission des affaires étrangères de la Douma, la présidence Trump incarne une Amérique fiévreuse et nerveuse car elle a pris conscience de sa fragilité croissante dans le monde polycentrique qui vient. Une Amérique qui se tourne aussi de plus en plus vers elle-même pour faire face à ses problèmes intérieurs croissants.

Make America Great Again – rendre l’Amérique de nouveau grande -, le slogan de campagne du candidat Trump, revient à reconnaître que, justement, l’Amérique a perdu de sa superbe alors qu’elle ne se résout pas à abandonner sa suprématie.

Une contradiction dangereuse pour la paix du monde !

Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2020)

Notes :

[1] Le 27 septembre 1993

[2] Christopher Layne « Le mythe de la paix démocratique » in Nouvelle Ecole N° 55, 2005

[3] Regime change en anglais

[4] On dénombre pas moins de 140 conflits et interventions américaines dans le monde depuis le 18ème siècle même s’ils sont évidemment d’ampleur très variables

[5] Révolution des roses en Géorgie (2003), révolution orange en Ukraine (2004) et révolution des tulipes au Kirghizstan (2005); sans oublier la deuxième guerre d’Ossétie du Sud opposant en août 2008 la Géorgie à sa province « séparatiste » d’Ossétie du Sud et à la Russie ; un conflit étendu ensuite à une autre province géorgienne , l’Abkhazie.

[6] Une Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN provoquerait le contrôle américain de la mer Noire

[7] Après «l’empire du mal», qui désignait l’URSS dans les années 1980 et «l’axe du mal», qui qualifiait les pays réputés soutenir le terrorisme dans les années 2000, un nouveau concept est venu de Washington pour identifier les ennemis des États-Unis: c’est la «troïka de la tyrannie».Dans un discours sur la politique de Washington concernant l’Amérique latine, John Bolton, conseiller à la sécurité du Président américain a désigné en novembre 2018 : le Venezuela bolivarien de Nicolas Maduro, le Nicaragua de Daniel Ortega et Cuba, où Miguel Diaz-Canel a succédé aux frères Castro.

[8] Le pays est actuellement secoué par le conflit armé entre les forces du maréchal Khalifa Haftar, et son rival installé à Tripoli, le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU

[9] RT France du 10 avril 2019

[10] Les Etats -Unis se sont retirés le 1er février 2019 du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (en anglais : intermediate-range nuclear force treaty INF) – signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, et l’un des grands symboles de la fin de la guerre froide – Ils se montrent déjà réticents à prolonger pour cinq ans le traité New Start – ou Start III – sur les armements nucléaires stratégiques qui, signé en 2011, arrive à échéance en 2021.Les Etats-Unis se sont aussi retirés du traité ABM en 2001

[11] Conférence de présentation de son ouvrage « Le Jeu Russe sur l’Echiquier Global » le 14 novembre 2019

samedi, 11 janvier 2020

Tensions en Méditerranée : le retour de la Turquie ?...

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Tensions en Méditerranée : le retour de la Turquie ?...

par Bernard Lugan
Ex: http://euro-synergies.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à l'annonce de l'engagement l'armée turque en Libye. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont  Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018) et Les guerres du Sahel (L'Afrique réelle, 2019).

Et si son intervention militaire en Libye était d’abord pour la Turquie un moyen de pression pour obtenir la révision du Traité de Lausanne qui fixa ses frontières maritimes en 1923 ?

Trois événements de grande importance rebattent le jeu géopolitique méditerranéen :

1) Le 7 novembre 2019, afin de contrôler le tracé du gazoduc EastMed par lequel se feront les futures exportations de gaz du gigantesque gisement de la Méditerranée orientale vers l’Italie et l’UE, la Turquie a signé avec le GUN (Gouvernement d’Union nationale libyen), l’un des deux gouvernements libyens, un accord redéfinissant les zones économiques exclusives (ZEE) des deux pays. Conclu en violation du droit maritime international et aux dépens de la Grèce et de Chypre, cet accord trace aussi artificiellement qu’illégalement, une frontière maritime turco-libyenne au milieu de la Méditerranée.

2) La sauvegarde de cet accord passant par la survie militaire du GUN, le 2 janvier 2020, le Parlement turc a voté l’envoi de forces combattantes en Libye afin d’empêcher le général Haftar, chef de l’autre gouvernement libyen, de prendre Tripoli.

3) En réaction, toujours le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé un accord concernant le tracé du futur gazoduc EastMed dont une partie du tracé a été placée unilatéralement en zone maritime turque par l’accord Turquie-GUN du 7 novembre 2019.

Ces évènements méritent des explications:

AVT_Bernard-Lugan_2614.jpgPourquoi la Turquie a-t-elle décidé d’intervenir en Libye ?

La Libye fut une possession ottomane de 1551 à 1912, date à laquelle, acculée militairement, la Turquie signa le Traité de Lausanne-Ouchy par lequel elle cédait la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Dodécanèse à l’Italie (voir à ce sujet mes deux livres Histoire de la Libye  et Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours).

Depuis la fin du régime Kadhafi, la Turquie mène un très active politique dans son ancienne possession en s’appuyant sur la ville de Misrata. A partir de cette dernière, elle alimente les groupes armés terroristes sahéliens afin d’exercer un chantage sur la France : « Vous aidez les Kurdes, alors nous soutenons les jihadistes que vous combattez  »…

A Tripoli, acculé militairement par les forces du général Haftar, le GUN a demandé à la Turquie d’intervenir pour le sauver. Le président Erdogan a accepté en échange de la signature de l’accord maritime du 7 novembre 2019 qui lui permet, en augmentant la superficie de sa zone de souveraineté, de couper la zone maritime économique exclusive (ZEE) de la Grèce entre la Crête et Chypre, là où doit passer le futur gazoduc EastMed.

En quoi la question du gaz de la Méditerranée orientale et celle de l’intervention militaire turque en Libye sont-elles liées ?

En Méditerranée orientale, dans les eaux territoriales de l’Egypte, de Gaza, d’Israël, du Liban, de la Syrie et de Chypre, dort un colossal gisement gazier de 50 billions de m3 pour des réserves mondiales de 200 billions de m3 estimées. Plus des réserves pétrolières estimées à 1,7 milliards de barils de pétrole.

En dehors du fait qu’elle occupe illégalement une partie de l’île de Chypre, la Turquie n’a aucun droit territorial sur ce gaz, mais l’accord qu’elle a signé avec le GUN lui permet de couper l’axe du gazoduc EastMed venu de Chypre à destination de l’Italie puisqu’il passera par des eaux devenues unilatéralement turques… Le président Erdogan a été clair à ce sujet en déclarant que tout futur pipeline ou gazoduc nécessitera un accord turc !!! Se comportant en « Etat pirate », la Turquie est désormais condamnée à s’engager militairement aux côtés du GUN car, si les forces du maréchal Haftar prenaient Tripoli, cet accord serait de fait caduc.

Comment réagissent les Etats spoliés par la décision turque ?

Face à cette agression, laquelle, en d’autres temps, aurait immanquablement débouché sur un conflit armé, le 2 janvier, la Grèce, Chypre et Israël ont signé à Athènes un accord sur le futur gazoduc EastMed, maillon important de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. L’Italie, point d’aboutissement du gazoduc devrait se joindre à cet accord.

De son côté, le maréchal Sissi a déclaré le 17 décembre 2019 que la crise libyenne relevait de « la sécurité nationale de l’Egypte » et, le 2 janvier, il a réuni le Conseil de sécurité nationale. Pour l’Egypte, une intervention militaire turque qui donnerait la victoire au GUN sur le général Haftar représenterait en effet un danger politique mortel car les « Frères musulmans », ses implacables ennemis, seraient alors sur ses frontières. De plus, étant économiquement dans une situation désastreuse, l’Egypte, qui compte sur la mise en chantier du gazoduc à destination de l’Europe ne peut tolérer que ce projet, vital pour elle, soit remis en question par l’annexion maritime turque.

Quelle est l’attitude de la Russie ?

La Russie soutient certes le général Haftar, mais jusqu’à quel point ? Quatre grandes questions se posent en effet quant aux priorités géopolitiques russes :

1) La Russie a-t-elle intérêt à se brouiller avec la Turquie en s’opposant à son intervention en Libye au moment où Ankara s’éloigne encore un peu plus de l’OTAN ?

2) A-t-elle intérêt à voir la mise en service du gazoduc EastMed qui va fortement concurrencer ses propres ventes de gaz à l’Europe ?

3) Son intérêt n’est-il pas que la revendication turque gèle la réalisation de ce gazoduc, et cela, pour des années, voire des décennies, compte tenu des délais impartis aux cours internationales de justice ?

4) A-t-elle intérêt à affaiblir le partenariat qu’elle a établi avec la Turquie à travers le gazoduc Turkstream qui, via la mer Noire, contourne l’Ukraine et qui va prochainement être mis en service. ? D’autant plus que 60% des besoins en gaz de la Turquie étant fournis par le gaz russe, si Ankara pouvait, d’une manière ou d’une autre profiter de celui de la Méditerranée orientale, cela lui permettrait d’être moins dépendante de la Russie…ce qui ne ferait guère les affaires de cette dernière…

Et si, finalement, tout n’était que gesticulation  de la part du président Erdogan afin d’imposer une renégociation du Traité de Lausanne de 1923 ?

La Turquie sait très bien que l’accord maritime passé avec le GUN est illégal au point de vue du droit maritime international car il viole la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) que la Turquie n’a pas signée. Cet accord est également illégal au regard des Accords de Skrirat du mois de décembre 2015 signés sous les auspices des Nations Unies et qui constituèrent le GUN car ils ne donnent pas mandat à son chef, Fayez el-Sarraj, de conclure un tel arrangement frontalier. De plus, n’ayant que le Qatar pour allié, la Turquie se trouve totalement isolée diplomatiquement.

Conscient de ces réalités, et misant à la fois sur l’habituelle lâcheté des Européens et sur l’inconsistance de l’OTAN effectivement en état de « mort cérébrale », le président Erdogan est soit un inconscient jouant avec des bâtons de dynamite soit, tout au contraire, un calculateur habile avançant ses pions sur le fil du rasoir.

Si la seconde hypothèse était la bonne, le but de la Turquie serait donc de faire monter la pression afin de faire comprendre aux pays qui attendent avec impatience les retombées économiques de la mise en service du futur gazoduc EastMed, qu’elle peut bloquer le projet. A moins que l’espace maritime turc soit étendu afin de lui permettre d’être partie prenante à l’exploitation des richesses du sous-sol maritime de la Méditerranée orientale. Or, pour cela, il conviendrait de réviser certains articles du Traité de Lausanne de 1923, politique qui a déjà connu un début de réalisation en 1974 avec l’occupation militaire, elle aussi illégale, mais effective, de la partie nord de l’île de Chypre.

Le pari est risqué car la Grèce, membre de l’OTAN et de l’UE et Chypre, membre de l’UE, ne semblent pas disposées à céder au chantage turc. Quant à l’UE, en dépit de sa congénitale indécision, il est douteux qu’elle acceptera de laisser à la Turquie le contrôle de deux des principaux robinets de son approvisionnement en gaz, à savoir l’EastMed et le Turkstream.

Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 5 janvier 2020)

China actual: entrevista a Gustavo Girado

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China actual: entrevista a Gustavo Girado

Ex: https://hernandezarregui.blogspot.com

En el contexto de las 7° Jornadas de Comercio Exterior organizadas por el Consejo Profesional de Ciencias Económicas (CPCE) de Córdoba el 1 de noviembre de 2019, conversamos con el Mgter. Gustavo Girado sobre la República Popular China, su nuevo rol en los esquemas de poder global y qué lugar cabe a América Latina, y Argentina en particular, en el presente contexto.

¿TIENE POSIBILIDAD CHINA DE CONVERTIRSE EN UN “IMPERIO” CULTURAL?

Por grado de alcance a primera vista parecería que sí, pero hay que ser cautos de no analizar a China bajo categorías republicanas, ya que sus nacionales poseen un carácter civilizatorio al respecto. Es decir, no se miran a sí mismos como un Estado Nación, sino como una civilización. Entonces, cuando los chinos se autorreferencian, incluyen asimismo a su diáspora. Si uno tiene en cuenta que en muchos de los países de la región de Asia-Pacífico los chinos constituyen la primera etnia comercial, entonces sí cabe considerar que la cultura china permea gran parte de lo que se consume a nivel mundial.

Ahora bien hay que tener en cuenta las diferencias entre lo que se considera como “imperio cultural” y el desarrollo del soft power, el cual los chinos recién están empezando a desarrollar. Por ejemplo, no podría Huawei, la cual utiliza componentes tecnológicos cotidianos para sus teléfonos móviles, difundirse en el mundo sin un trasfondo de empatía con los valores orientales que fueron los que lo generaron. La categoría de “imperio” no me parece correcta para el momento histórico en el que vivimos y como concepto para describir la forma de desarrollo de la política exterior china.

La etnia china tiene actualmente una fuerte presencia en muchos lugares del mundo, por ende es inevitable que te permeen sus tradiciones y costumbres. Pero si uno va puntualmente al soft power, ejemplificándolo con el desarrollo de los Instituto Confucio, eso recién empieza, sino observemos hace cuánto otros institutos culturales occidentales (franceses, italianos o estadounidenses) tienen presencia en nuestro país y como no nos referimos a ese fenómeno como algo imperialista.

En síntesis, si consideramos entonces a la cultura como un hecho humano, sí podemos afirmar con certeza que hay una fuerte presencia china en el mundo hoy, fuerte en América del Norte, Europa, África y buena parte de Asia lógicamente. Sí hay que decir que esa presencia es escasa en América Latina y más en Argentina.

TENIENDO EN CUENTA EL DESARROLLO EN EL PLANO MATERIAL Y ECONÓMICO, ¿EN QUÉ SECTORES ECONÓMICOS ESTÁ FOCALIZADO HOY CHINA, Y CÓMO LA GUERRA COMERCIAL CON ESTADOS UNIDOS PUEDE AFECTAR ESTO?

Esta pregunta se relaciona con el Plan Made in China 2025, el cual comprende un conjunto de sectores vinculados a la alta tecnología y en los cuales China busca posicionarse a la vanguardia. Entre estos podemos mencionar a las energías renovables, robótica, Inteligencia Artificial, vehículos autónomos, la tecnología 5G, etc. Son aproximadamente 10 sectores que están incluidos en este Plan. Ahora bien, este contexto de conflicto comercial los va a atrasar indefectiblemente, ya que el núcleo de esta guerra (afirmado por el propio Trump) reside en detener el avance chino en estos campos, el cual amenaza la superioridad estadounidense al respecto.

POR ENDE, CONSIDERANDO LA DIRECCIÓN DEL DESARROLLO CHINO, EL CONTEXTO INTERNACIONAL, Y EL RECIENTE CAMBIO DE GESTIÓN EN ARGENTINA, CON UNA RETÓRICA MÁS CONFRONTATIVA PARA CON LOS CENTROS TRADICIONALES DE PODER, ¿PIENSA QUE PUEDE HABER UN ACERCAMIENTO POLÍTICO MÁS SÓLIDO HACIA CHINA, MÁS ALLÁ DE LA TRADICIONAL COOPERACIÓN EN MATERIA ECONÓMICA?

Sí, yo creo que va a haber. Desafortunadamente nuestra situación económica es muy mala. Si esta no fuese tan extrema habría muchas más posibilidades. Esto a razón de que la próxima gestión de gobierno no va a contar con herramientas para negociar y se vería forzado a aceptar cualquier tipo de términos en una hipotética mesa de negociaciones.

Más allá de eso, va a haber una cooperación un poco más sólida simplemente porque el formato de la relación externa que la próxima gestión quiere construir no implica una relación tan estrecha y fuerte con el ordenamiento del hemisferio norte occidental liderado por Estados Unidos, la cual se hizo explícita por la gestión del presidente Macri.

Esto último tuvo sus consecuencias ya que cuando Macri quiso disminuir vínculos con China en favor de los Estados Unidos, no le fue bien. China era el único que financiaba y traía infraestructura sin ningún tipo de condicionalidades, y eso en buena parte se perdió. Las promesas hechas por Trump para el ingreso de productos argentinos, como los limones o los biocombustibles se vieron finalmente truncas. Además, para agregarle a este contexto, Europa permaneció cerrada a los dichos productos, como lo estuvo desde el 2001, acompañado de una ausencia casi total de inversiones de dicho continente en Argentina.

¿ENTONCES QUÉ MODELO POLÍTICO CONSIDERA QUE PUEDE EXPLOTAR MEJOR LAS OPORTUNIDADES DE COMERCIO QUE OFRECE CHINA?

Yo creo que lo puede aprovechar mejor un futuro gobierno de Fernández por lo que han dicho hasta aquí. Juzgando el pasado tendría que asumir que lo que viene es igual a lo que hubo y no tengo por qué pensar eso. La situación argentina es mucho peor pero no es distinta a la de 1989, 1990 y quizá no es muy distinta a la del 2001. Así que no sé si vale medir con la misma vara momentos tan diferentes.

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¿QUÉ PODRÍA IMITAR ARGENTINA DEL MODELO PRODUCTIVO CHINO?

Básicamente nada. Pero bien podríamos retomar la vieja historia de planificación que tanto éxito tuvo a nivel institucional. Cuando Argentina planificaba crecía, de Perón en adelante, los ministerios tenían una cultura institucional. Pero la planificación implica tener Junta Nacional de Granos, precios fijados por el Estado para que el pequeño productor no trabaje a pérdida, no es que solamente cuatro genios digan que tenemos que hacer aviones nacionales. Implica todo un plan. Acá hubo planes quinquenales en la época de Perón que en parte fueron exitosos así que uno puede pensar que retomar los planes quinquenales no es una idea descabellada, pero eso enseguida tiene una connotación política casi fascista, estalinista. No tenemos por qué llamarlo así, podemos llamarlos cuatrienales, que respondan a un gobierno entero. Pero ahora no se puede planificar nada, tenés que ver cómo generar recursos para darle de comer a la gente y generar trabajo. Precio sostén, junta nacional de granos, ley de semillas.

¿QUÉ OBSTÁCULOS EN LA RELACIÓN BILATERAL HABRÍA QUE SUPERAR?

No se me ocurre a primera intuición. Si es bilateral es gobierno-gobierno, está todo por ganar ahí. Siempre va a haber obstáculos. A nosotros nos cuesta vender, pero la dificultad es nuestra. A ellos les cuesta trabajar con culturas laborales mucho más institucionalizadas que las que tienen allá. Ellos también tienen que superar eso.

ES UNA PREGUNTA CONTRAFÁCTICA, PERO TENIENDO EN CUENTA EL CAMBIO DE GOBIERNO Y LAS DIVERSAS CRISIS QUE ESTÁN SUCEDIENDO EN LA REGIÓN, ¿INFLUIRÍA EN LA RELACIÓN CON CHINA QUE ARGENTINA PUEDA CONFIGURAR UN MAPA TERRITORIAL DE FILIACIÓN CON LOS OTROS GOBIERNOS?

No proyectaría. China nos sigue viendo como un conjunto agregado de economías muy extrañas para ellos, con poco apego al trabajo dirían. Pero no comprenden por qué habiendo comida y recursos seguimos siendo un apéndice norteamericano. Si a nosotros nos cuesta entenderlo, más les cuesta a ellos.

¿CREE QUE SERÍA BENEFICIOSO PARA ARGENTINA ROMPER EL VÍNCULO DE INVERSIONES CON ESTADOS UNIDOS Y BUSCAR MÁS INVERSIÓN CHINA?

No creo que sea necesario, hay muy poco vínculo comercial y de inversiones con Estados Unidos, hay solo una fuerte vocación política en la conducción actual que se puede congelar. ¿Qué implica? Estados Unidos usa un brazo financiero que es el Fondo Monetario Internacional para aplicar determinadas políticas en Sudamérica, con mucho éxito hasta ahora, y Argentina decidió políticamente que esto no lo va a revertir, que va a pagar la deuda. Si es cierto que el gobierno norteamericano ha puesto exigencias para seguir apoyando, ahí sí es otro escenario. Pero yo creo que sería muy equivocado que Argentina se recueste en China para decirle que no a Estados Unidos, no es necesario.

Extraído de CBAGLOABAIL 

vendredi, 10 janvier 2020

Krach et effondrement monétaire pour 2020 ou 2021 : les risques géopolitiques s’ajoutent maintenant aux raisons systémiques

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Krach et effondrement monétaire pour 2020 ou 2021 : les risques géopolitiques s’ajoutent maintenant aux raisons systémiques

Marc Rousset

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Le krach et l’effondrement monétaire à venir pour 2020 ou 2021 : « Y penser toujours, n’en parler jamais », comme disait Gambetta, après la perte de l’Alsace et de la Lorraine, en 1871. La moindre étincelle, telle que l’assassinat du général iranien Soleimani, peut mettre le feu aux poudres. Au troisième jour de l’année 2020, les réalités géopolitiques viennent déjà jeter le trouble chez les boursiers qui ne veulent pas croire ce qu’ils voient. L’once d’or, après une année 2019 marquée par une hausse de 19 %, a grimpé de 1,6 %, ce vendredi, à 1.552,40 dollar sur le Comex et le lingot à 44.610 euros sur le marché parisien. On n’attend plus que les représailles iraniennes sur les tankers ou les installations pétrolières, une explosion de l’Irak ou la guerre dans le golfe Persique, nonobstant un nouveau conflit sur le modèle syrien en Libye.

2019 a été une année record depuis 12 ans à la Bourse de Paris, avec un gain de 28 %, mais cette hausse est due exclusivement aux politiques monétaires généreuses et laxistes de la Fed et de la BCE. De plus, dix valeurs seulement du CAC 40 ont généré plus des deux tiers de la hausse de l’indice, avec un bond de plus de 60 % pour LVMH, de 59 % pour Airbus et de 95 % pour STMicroelectronics. Le montant des rachats d’actions a dépassé les 250 milliards d’euros en Europe, ce qui a aussi contribué à faire monter les indices.

Fin novembre 2019, 57 % des obligations souveraines de la zone euro évoluaient à des taux négatifs, soit 4.520 milliards d’euros sur un marché de 8.000 milliards d’euros. 2020 pourrait nous réserver des surprises avec le Brexit, l’élection américaine en fin d’année et le risque très important de l’endettement des entreprises dans le monde. Il est probable que les politiques monétaires ont atteint leurs limites, sous peine d’explosion du Système.

Avec 1 % de rendement en 2019 pour les fonds en euros, des problèmes vont se poser aux épargnants spoliés. Dans un monde de taux négatifs, au-delà du problème de rentabilité pour les banques, le système complémentaire de capitalisation pour les retraites, envisagé par Macron avec des BlackRock, devient une escroquerie pure et simple. De plus, un épargnant avisé n’achète pas des actions quand elles sont au plus haut.

Et dix ans après la crise de 2008, les contribuables européens continuent de sauver les banques, contrairement aux nouvelles règles et aux promesses de la Commission européenne. Depuis 2016, après Veneto Banca et Banca Popolare di Vicenza, Monte dei Paschi di Siena, Banca Carige, Caixa Geral de Depósitos, Cyprus Cooperative Bank, deux nouvelles banques, début 2020, sont sur la sellette : Banca Popolare di Bari, en Italie, et Norddeutsche Landesbank Girozentrale, en Allemagne. NORD/LB vient de recevoir le feu vert de l’Union européenne pour bénéficier de 2,8 milliards d’euros en injection de capital, ainsi que 5 milliards d’euros de garanties. Les fonds seront apportés par deux Länder ainsi que par des banques d’épargne publiques. Quant à Banca Popolare di Bari, elle a accumulé trop de créances douteuses et une nouvelle banque de développement créée par le gouvernement italien devra se restructurer avec une aide publique financière de 900 millions d’euros. D’autres candidats tels que Deutsche Bank et de nouvelles banques italiennes pourraient s’ajouter à la longue liste en 2020.

Une première correction boursière de 20 à 30 % pourrait bien apparaître en 2020, dans les mois qui viennent. L’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire dans les grands pays développés, Chine et Japon inclus, renforce la probabilité d’une crise économique mondiale, d’un nouveau krach mondial et d’effondrements monétaires à venir. Les étincelles dans la poudrière de l’économie mondiale pourraient être : l’explosion de la zone euro qui a déjà commencé avec les colombes et les faucons au sein de la BCE, l’augmentation des taux d’intérêt suite à la perte de confiance des prêteurs, une guerre avec un pays tel que la Turquie ou l’Iran, un krach des actions, un krach obligataire, une faillite bancaire retentissante, une récession mondiale.

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jeudi, 09 janvier 2020

Antimanuel de Pédophilie par Michel Onfray

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Antimanuel de Pédophilie

Par Michel Onfray

Ex: https://leblogalupus.com

« Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes, Conduis-moi au pays où vivent les braves gens » — Michel Houellebecq, La Poursuite du bonheur (1991)


Il m’a été rapporté que, dans le flot des commentaires du net concernant ce qu’il est désormais convenu de nommer l’Affaire Matzneff, il a été dit que « même Onfray » avait défendu la pédophilie en son temps! Or, il n’en est rien.

Voici donc le texte incriminé: il propose un travail philosophique généalogique (comment devient-on pédophile?) et y répond avec les catégories de la psychologie classique (le déterminisme psychique de l’inconscient -qui peut n’être pas freudien, je précise puisque désormais il faut tout sous-titrer, Nietzsche en parle dès les années 80 du XIX° siècle en le nommant « la Grande Raison »…). Dire qu’on ne naît pas pédophile mais qu’on le devient sans pour autant le choisir n’est pas validation éthique et morale de cette pratique que j’ai toujours condamnée (un texte de 1997 en atteste) mais dont on peut vouloir se demander, en tant que philosophe, de quelles logiques elle procède!

C’est un texte publié dans un Antimanuel de philosophie destiné aux apprentis philosophes, soit de classe terminales, mes élèves de l’époque, soit à qui voudra. Cette analyse visait à faire penser aux élèves l’articulation liberté & déterminisme, choix & fatalité, volonté & prédétermination -et ce dans le cadre du programme de classe Terminale technologique qui, parmi neuf notions, proposait l’examen du concept de Liberté. Il a été écrit il y a vingt ans.

Fidèle à l’esprit de Spinoza qui invitait à ni rire ni pleurer, mais comprendre et à celui de Nietzsche qui appelle à se demander pourquoi et comment les choses sont ainsi et pas autrement, j’ai souhaité avec mes élèves penser la pédophilie sans autre souci que de la penser. Dire qu’elle était institutionnelle et codée chez les Grecs ne consiste pas à défendre la pédophilie, tout comme faire savoir qu’on envoyait à la mort les enfants mal-formés à Sparte ne revient pas à une défense de l’infanticide. De même, rappeler que le Moyen-Age pratiquait abondamment la peine de mort ne vaut pas défense de la peine de mort…

Je crains qu’un jour, au point d’imbécillité de masse auquel nous sommes parvenus, un historien républicain qui publierait une biographie d’Adolf Hitler ne soit considéré comme hitlérien et sommé par la vocifération du net de faire amende honorable…

« Un éducateur pédophile choisit-il sa sexualité?
Sûrement pas, sinon, il choisirait vraisemblablement une autre sexualité, moins dangereuse socialement, moins risquée pour tous ses équilibres acquis dans la société (famille, situation dans la cité), moins discréditée est détestée par tous et toutes, et, surtout, moins traumatisante pour ses victimes souvent nombreuses et définitivement marquées. La pédophilie d’un individu signifie une attirance sexuelle irrésistible et irrépressible vers une catégorie de personnes (les enfants en l’occurrence) qui, de façon exclusive, lui permet d’assouvir ses pulsions.

 Avoir le choix suppose de pouvoir nettement et clairement opter pour une pratique plutôt qu’une autre, en pleine connaissance des enjeux. C’est examiner, comparer, calculer, puis élire un comportement plutôt qu’un autre. Ainsi, si le pédophile choisissait librement de l’être, il pourrait tout aussi bien user de sa liberté pour choisir de ne pas l’être. De même, à l’inverse, vous qui n’êtes pas pédophile (du moins je le suppose…), avez-vous la possibilité de le devenir, de choisir de l’être? Pas plus que cette victime de soi ne veut cette sexualité, vous ne voulez la vôtre. Son incapacité à s’exprimer sexuellement dans une sexualité classique égale votre incapacité à vous épanouir dans la sexualité qui le requiert, l’oblige et s’impose à lui.

On ne naît pas pédophile, on le devient.
Quand on est dans la peau d’un individu qui n’a pas le choix et subit son impulsion sans pouvoir y résister (de même pour la vôtre qui est, par chance, socialement et culturellement correcte), on subit un déterminisme. Le déterminisme suppose une force contraignant un individu à se comporter d’une façon qui ne relève pas d’un choix conscient. Nous procédons tous d’une série de déterminismes qui, pour la plupart, visent à nous transformer en modèles sociaux: bons époux, bonnes épouses, bonnes femmes d’intérieur, bons enfants, bons employés, bons citoyens, etc. Et malgré le processus éducatif, certains dressages ne suffisent pas pour empêcher la tendance à un comportement déviant.

Ainsi de l’homosexualité, pratiquée, tolérée, encouragée ou interdite, pourchassée, criminalisée suivant les siècles. Aujourd’hui, en France, elle est devenue légalement une pratique sexuelle et relationnelle presque comme une autre, et dans les esprits un comportement de moins en moins rejeté illustrant une autre façon de vivre sa sexualité que l’hétérosexualité classique mise en avant par les modèles sociaux dominants. Un homosexuel ne se détermine pas à cette sexualité-là, elle s’impose à lui; de la même manière qu’on ne se choisit pas un jour hétérosexuel, on se découvre tel. Tant mieux si la sexualité qui nous échoit (nous tombe dessus) est acceptée ou tolérée par la société dans laquelle on vit.

Un pédophile dans la Grèce de Platon n’est pas condamné ou condamnable. Mieux, il agit dans une logique défendue par la société; à l’époque une relation pédagogique passe par une relation sexuée puis sexuelle. Socrate pratiquait ainsi avec les élèves qu’il trouvait spécialement beaux -ainsi Alcibiade, Charmide, Euthydème, Phèdre (qui donnent leur nom à des dialogues de Platon), Agathon et tant d’autres. En ces temps, le philosophe pédophile vivait une relation éducative normale, naturelle. Aujourd’hui, il devrait faire face à des plaintes de parents, à une mise en accusation au tribunal, à un déplacement hors académie ou une radiation de l’Éducation nationale. Un déterminisme peut être façonné par le contexte socioculturel de l’époque: l’interdit ou l’autorisé du moment contribuent à fabriquer une façon d’être et de faire. A l’aire atomique, Socrate croupirait en prison, détesté par tous, maltraité par surveillants et détenus.

Le coupable en un lieu et en un temps ne l’est plus dans un autre lieu et dans un autre temps. Une époque, une histoire, une géographie, une culture, une civilisation fabriquent des déterminismes auxquels on n’échappe pas. Le poids du social pèse lourd dans la constitution d’une identité. Vous êtes en partie un produit de votre milieu, la résultante de combinaisons multiples et difficiles à démêler d’influences éducatives, de contraintes mentales affectives, de constructions familiales. Au bout du compte, votre être résulte de nombreux déterminismes contre lesquels vous pouvez plus ou moins, voire pas du tout, vous rebeller ou résister.

zeus-ganymede.jpgLe déterminisme peut être également psychologique, en l’occurrence génétique: on ne choisit pas son corps et les caractères transmis par l’hérédité. Certains sont dits récessifs (vous les portez en vous, ils ne sont pas visibles directement, mais se manifesteront dans votre descendance), d’autres dominants (on les voit tout de suite en vous: couleur d’yeux, de cheveux, sexe, tendance au poids ou à la maigreur, à la grandeur ou à la petitesse, prédisposition à certaines maladies – cancers, hypertension, hypercholestérolémie, etc., ou héritage de maladies -diabète, hémophilie, etc.). Qui reprocherait à un adulte de développer un cancer de forte nature héréditaire? De la même manière nous échoient un tempérament sexuel ou une santé spécifique.

Libertins timides ou bénédictins cavaleurs?
Un corps singulier dans une époque donnée, et vous voilà déterminé par des influences nombreuses. Les plus puissantes et les moins nettement visibles, mais les plus repérables par leurs conséquences, ce sont les influences psychiques. La psychanalyse enseigne l’existence d’un inconscient, un genre de force qui choisit en chacun et l’oblige à être et à agir sans possibilité d’échapper à sa puissance. L’inconscient emmagasine des souvenirs, il est plein de pulsions, d’instincts de mort et de vie dirigés contre soi ou contre les autres, il regorge de traumatismes, de douleurs, de blessures, de plaisirs, il est invisible à la conscience, on ignore sa nature véritable, sauf dans certains cas, par bribes, par morceaux, mais toujours et pilote la barque.

Ce qu’est chacun d’entre nous, ses goûts et ses dégoûts, ses plaisirs et ses désirs, ses envies et ses projets, tout procède et découle de la puissance de l’inconscient. Ainsi on ne naît pas pédophile ou gérontophile (amateur de vieilles personnes), zoophile (d’animaux), masochiste (plaisir pris à subir la douleur) ou sadique (plaisir à l’infliger), on ne naît pas nécrophile (obsédé de cadavres) ou fétichiste (passionné par un objet particulier ou le détail d’un corps – des bas, un orteil, une oreille, etc.): on ne naît pas tout cela, on le devient, sans jamais l’avoir choisi, en ayant été déterminé par son inconscient qui, lui, donne ses ordres en fonction d’informations enregistrées dans l’enfance (parents violents ou laxistes, expériences douloureuses ou traumatisantes, amour excessif ou défaillant d’un père ou d’une mère, absence ou présence massive d’une figure maternelle ou paternelle à la maison, deuils ou maladies dans la famille, expériences frustrantes ou indicibles, existence ou manque d’affection, de tendresse, de contacts entre les parents et les enfants, incommunicabilité dans la famille, etc.).

Chacun de vous a été déterminé à être ce qu’il est aujourd’hui: cavaleur ou timide, libertin ou bénédictin, collectionneur infidèle ou monogame fidèle. Et si le choix existait, hors déterminismes, la plupart choisiraient d’être autre que ce que ce qu’ils sont et voudraient plutôt l’épanouissement, l’harmonie, la joie, la paix avec eux-mêmes et les autres -au lieu de l’inverse, si souvent la règle. Sinon, pourquoi autant de violences, de misères, de pauvretés sexuelles, sensuelles, affectives? Pour quelles raisons le plus grand nombre se contenterait-il d’une vie si difficile s’il suffisait de vouloir une autre existence pour qu’elle advienne?

Généralement, un individu dispose d’une liberté minimale et subit des contraintes maximales. Certains sont puissamment déterminés par leur milieu, leur époque, leurs gènes, et leur liberté est égale à zéro (ainsi un autiste, un trisomique, un enfant du tiers-monde ou du quart-monde); d’autres, plus chanceux, car ils n’ont pas davantage choisi leur état, voient leur part de liberté plus grande parce que les déterminismes auxquels ils ont eu à faire face, ou auxquels ils font face, pèsent moins lourd. Dans tous les cas, on constate que la liberté existe en doses différentes chez les individus -totalement inexistante chez certains, importante pour d’autres. Mais à chaque fois, pour l’essentiel (les grandes lignes et les grandes directions d’un caractère ou d’un tempérament), on est choisi par plus fort que soi, on obéit. La croyance à la liberté ressemble étrangement à une illusion. »

Michel Onfray
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/antimanuel-de-pedophilie

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Du bon usage de » la Pédophilie

A la faveur de la parution d’un livre de Vanessa Springora intitulé « Le Consentement » (Grasset), la presse nous annonce pour la rentrée de janvier une affaire Matzneff qui met en scène le pédophile et ses relations avec un nombre considérable de protagonistes issus du milieu parisien, de Philippe Sollers à Frédéric Mitterrand en passant par Christophe Girard, mais aussi Bertrand Delanoë, Jean-Marie Le Pen et Bernard Pivot (cf. L’Express: « Quand la république décorait Gabriel Matzneff » par Jérôme Dupuis, le 27 décembre 2019), la liste s’allonge et il se pourrait bien qu’on aille de découverte en découverte.

L’équipe de Sollers m’avait sollicité pour le numéro 59 de sa revue L’Infini dont le titre était « La question pédophile ». J’avais donné ce texte: Du bon usage de la pédophilie -je me souviens qu’il était l’un des rares à ne pas défendre la pédophilie… J’y critiquais l’étrange statut d’extraterritorialité qui permettait aux pédophiles puissants du monde germanopratin d’échapper à la loi qui frappait, à juste titre, les misérables de la pédophilie.

C’était en 1997 -c’est-à-dire il y a vingt-deux ans. Le voici:

Du bon usage de la pédophilie

Je lis et relis Pascal comme Montaigne ou les Lettres à Lucilius de Sénèque, le soir, la nuit tombée, ou vers deux ou trois heures du matin, quand tout bruit sourdement dans la lenteur du temps épuisé et fatigué. Dans le flux de ces pages, cardinales à mes yeux, brillent des pépites qui éclairent le silence des noctambules. J’y trouve des viatiques, des occasions de méditation, des maximes utiles pour tâcher de mener une existence philosophique, voire des sésames avec lesquels poursuivre une conversation entre soi et soi, ou soi et le monde. Dernière phrase en date, lue dans les Pensées: « Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance de choses dont on n’adore point les originaux! » Le fragment a beaucoup servi aux candidats bacheliers. J’ai bien dû moi-même l’infliger à des impétrants condamnés à me rendre des copies sur ce sujet… Mais en dehors de la classe de philosophie, que peut-on penser à partir de cette proposition?

Bien sûr: le divertissement, les beaux-arts comme détournement de l’essentiel, la vanité d’imaginer la possibilité de combler la misère de l’homme sans Dieu par l’artifice de la peinture et autres billevesées esthétiques (musique, littérature, philosophie, poésie, architecture, théâtre, etc.); certes: la critique philosophique de l’illusion et la célébration de l’austère réalité; ou encore: l’opposition, déjà, entre le virtuel esthétique et le réel naturel; ou bien: des méditations sur semblance et ressemblance, puis leurs relations avec la vérité; mais aussi: l’étrange alchimie générée par l’art qui éloigne du monde au nom d’un monde, qui célèbre un univers fictif au détriment d’un autre, immanent, concret et matériel; et puis, cette idée susceptible d’extrapolation: l’art contraint insidieusement à accepter, transfigurée, une réalité refusée sinon, il rend présentable, voire désirable, des faits et gestes, des choses et des situations qui, en dehors de cette transposition, nous froissent, nous choquent, nous hérissent, voire nous dégoûtent. L’art comme excipient du pire?

Y a-t-il, dans le monde esthétique, des occasions de montrer un réel refusé ou condamné autrement, en l’occurrence dans ses incarnations triviales? Bien sûr, notamment en matière de consensus politiquement correct: haine de la guerre (et présentation de celle-ci dans Guernica, la toile emblématique des leçons de morale pacifistes du siècle écoulé); mépris de la société de consommation (et mise en scène de celle-ci dans les boîtes de soupe Campbell sérigraphiées puis surfacturées par Andy Warhol); dénonciation de l’accumulation des richesses, du capital, des objets et de l’affolante production des valeurs d’usage (mais proposition de celles-ci esthétisées dans les compressions de César ou les accumulations d’Arman); condamnation de l’émergence de la publicité (et exposition d’affiches lacérées prélevées telles quelles sur les murs des villes par Hains ou Villéglé); fustigation de l’intellectualisme et de la cérébralisation de l’art contemporain (puis réinvestissement du discours culturel et de la rhétorique esthétique dans le monde de l’art brut et de la marchandisation de la peinture de Jean Dubuffet). Partout on critique un monde qu’on célèbre une fois esthétisé, transfiguré en objet d’art.

Étrange ruse de la raison: on finit par renverser l’expression populaire “ne pas supporter, même en peinture” et affirmer: “ supporter, parce qu’en peinture”. Comme si l’oeuvre mettait à distance et que dans cette distanciation on retrouvait la sérénité impossible dans le contact direct. Ce qui blesse réellement ravit une fois peint ou sublimé sur le terrain des beaux-arts. L’inceste effraie dans la réalité, mais séduit transformé en livre à succès; le criminel attire sur lui la déconsidération, mais redevient fréquentable une fois devenu sujet de roman; le viol inquiète dans la rue, mais appelle le génie dès lors que cette brutalité se propose sous forme de film; la violence tétanise dans les banlieues, les cités, les villes nouvelles, mais ravit une fois mise en scène dans des spectacles à grand budget. Catharsis diagnostiqueront les psychologues: on purifie en mettant à distance, on nettoie les affects en les projetant dans un objet tiers chargé d’assurer la présentation acceptable, puis la respectabilité.

Ainsi de la pédophilie qui réussit à fédérer l’ensemble de la société française, dans toutes ses composantes intellectuelles et philosophiques, politiques et spirituelles, dès qu’il s’agit de juger des faits. Aucune voix ne s’élève pour défendre, expliquer, raconter, justifier, atténuer la pratique pédophile d’un prêtre de province condamné à dix-huit années de prison. Pas de pétition d’intellectuel, de soutien des plumes habituées à brandir la pancarte humaniste, à proférer le slogan compassionnel et à se présenter en figure incarnée des droits de l’homme si l’on juge au tribunal un instituteur, un moniteur d’équitation ou un quidam qui ignore tout de Platon, des rapports d’éraste et d’éromène entre Socrate et Alcibiade, qui n’a pas lu la littérature grecque sur ce sujet et pratique l’amour des jeunes garçons et filles en inculte actif, innocent des coutumes hellénistiques à même de lui assurer une couverture théorique. Pas même d’anciens auteurs naguère défenseurs actifs de la cause qu’on découvre désormais silencieux…

Dans l’absolu, la question de la sexualité des enfants génère un silence gêné. Le plus modeste lecteur de Freud et le moins averti des récentes découvertes de l’éthologie sait désormais l’enfant pourvu d’une sexualité dès ses gesticulations initiales dans le ventre maternel. Les premières érections des petits garçons se vivent dans le placenta, les premiers mouvements de contraction des cuisses des petites filles également. Le fameux polymorphe pervers qui choque tant la bourgeoisie viennoise dès son baptême freudien se voit pourtant refuser purement et simplement l’existence charnelle effective par les intellectuels pourtant prompts à saisir l’occasion de défendre les exploités, les réprouvés, les oubliés, les négligés, les sans-grades, les privés d’humanité.

A contraindre les enfants à renoncer à leur sexualité on crée une situation qui les condamne à subir, ignorants, la névrose des adultes. Exclus de la possibilité d’une vie sexuelle entre eux, interdits d’épanouissement libidinal dans leur monde singulier, privés d’autonomie corporelle, ignorants leurs potentialités propres, confinés dans un auto-érotisme associé par la civilisation familialiste (prêtres et médecines acoquinés) à la culpabilité, faussement représentés et pensés dans la posture d’angelots asexués, ils deviennent facilement les victimes d’adultes qui profitent de leur supériorité physique, psychique, rhétorique, sociale, économique pour obtenir d’eux des faveurs qui les transforment en victimes idéales. Incapables d’entretenir des relations dignes de ce nom entre eux, ces adultes infligent leur misère sexuelle à des corps objectivés et terrorisés. La pédophilie se nourrit de l’insouciance des enfants exploitée par des adultes névrosés, impuissants à communiquer, et qui triomphent en abuseurs de chairs dépourvues des moyens d’une relation égalitaire.

Cette pédophilie construite par une civilisation négligente des enfants et castratrice des adultes les plus faibles a généré contre elle un consensus de la morale, du jugement et de la justice. Elle induit l’unanimité de la réprobation dès qu’il s’agit de faits et gestes repérables dans la trivialité de la vie quotidienne. Pas de quartier pour l’éducateur, pas de pitié pour l’enseignant, pas de circonstances atténuantes pour le prêtre, pas d’indulgence pour l’entraîneur et, en même temps, une extrême tolérance pour les artistes, au sens large du terme, qui exploitent le filon pédophile et mettent en scène l’amour des enfants dans leurs romans, essais, peintures, dessins ou photographies. Je songe à Nabokov (qui célèbre les Lolita entre neuf et quatorze ans), à Gide, sûr de l’impunité offerte par le Nobel lorsqu’il collectionne les petits Arabes au Maroc, à Gabriel Matzneff (qui vante les mérites des moins de seize ans, et reconnaît dix ans comme une limite plancher), à Balthus, metteur en scène de nymphes alanguies, aux cuisses perpétuellement écartées et aux petits seins de jeunes filles à peine pubères, aux dessins de jeunes garçons filiformes et nus d’Otto Meyer-Amden, ou aux photographies kitsch et faussement grecques de Wilhelm von Gloeden amplement célébré par un René Schérer s’abritant derrière la caution fouriériste pour justifier la pédophilie dans la presque totalité de ses ouvrages philosophiques depuis plus de quarante ans.

Précisons, avant toute chose, ce qu’il convient d’entendre par pédophile. Étymologiquement, le mot désigne un individu qui aime les enfants. Aimer, au sens large, ne comprend pas le passage à l’acte sexuel. Le pédagogue et la pédagogie, le pédiatre et la pédiatrie, puis l’orthopédie et l’orthopédiste procèdent de la même racine -paedia, l’enfant qui, en latin, se dit infans: qui ne parle pas. Le pédophile aime l’enfant dans la relation qu’il entretient à lui: l’instruction de l’instituteur, l’éducation de l’éducateur, l’examen du médecin spécialisé, l’entraînement du moniteur, mais aussi le parent qui donne de l’affection à sa progéniture, tous expérimentent à des degrés divers le sentiment pédophilique. Par la suite, le terme caractérise également l’adulte qui aime amoureusement et désire sexuellement les enfants d’âge impubère ou juste pubère. Celui, aussi, qui passe à l’acte. Récemment, le pédophile est devenu le criminel sexuel, violeur, organisateur de rapts ou de ventes, de mises en scènes filmées ou photographiées, voire de crimes perpétrés sur les corps d’enfants et leurs personnes. Entre l’attention professionnelle de l’enseignant en primaire et la brutalité délirante du délinquant se déploie une série de possibilités. J’en choisirai deux.

La première met en scène Gabriel Matzneff, dont j’ai beaucoup aimé, naguère, les livres consacrés à la Rome impériale, au suicide chez les philosophes antiques, à la vertu des stoïciens, à la grande santé des poètes élégiaques, au dandysme de Lord Byron. J’ai également lu, quand j’avais vingt ans, ses chroniques dans Le Monde où j’aimais voir convoqués Horace, Lucrèce, Tibulle ou Properce, mais aussi Schopenhauer ou Nietzsche, pour commenter et regarder l’actualité avec un œil critique et intempestif. J’étais alors lecteur fidèle de ces textes d’homme libre.

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Plus tard, j’ai découvert, chez un bouquiniste, Les Moins de seize ans -un livre publié dans une collection dirigée par Jacques Chancel chez Julliard en 1974 et récemment réédité. Puis, Mes amours décomposés – Journal 1983-1984, un ouvrage (1990) dont l’éditeur est Philippe Sollers chez Gallimard. Ces deux volumes proposent noir sur blanc une justification théorique de la pédophilie pour le premier et, pour le second, une illustration de la thèse par un exposé détaillé, trivial, vulgaire, cru, narcissiste, mégalomane et d’une précision médicale sans limite, des pratiques du susdit en la matière.

J’ai cessé d’aimer cet auteur dont je croyais la vie exigemment indexée sur la pensée et vice versa lorsque, chez Bernard Pivot, faisant face à Denise Bombardier, une écrivaine québécoise lui disant que s’il n’était protégé par son statut d’homme de lettres bien intégré dans le milieu parisien et par l’affection du président de la République d’alors qui aimait aussi tel ancien préfet de Vichy, il irait tout droit en prison, Gabriel Matzneff a nié, joué l’écrivain sali, s’est abîmé avec une arrogante mauvaise foi dans une dénégation indigne d’un prétendu amateur de courage stoïcien et de bravoure romaine. Le suicide, ce soir-là, fut loin d’être romain…

Car sa pédophilie existentielle et littéraire, immanente et théorique ne fait aucun doute. Lisons son manifeste, Les moins de seize ans: éloge de la sexualité avec des partenaires, garçons ou filles, dont l’âge oscille entre dix et seize ans; revendication d’une impuissance à imaginer et d’une capacité à écrire seulement ce qui est vécu, pratiqué, éprouvé et expérimenté au quotidien; refus de toute sexualité avec un garçon ayant franchi le cap des dix-sept ans; aveu de l’intégrale clandestinité de ses pratiques amoureuses avec les enfants masculins alors qu’il rend publiques ses relations avec les jeunes filles du même âge; justification d’un fait divers du moment mettant en scène un quinquagénaire organisateur de ballets roses ayant couché avec au moins soixante-dix-huit fillettes âgées de onze à quinze ans, payées de quelques francs, photographiées, et « peut-être un peu violées », bien que toutes soient présentées par lui comme consentantes et désireuses de voir le manège se répéter; ces phrases aussi: “la violence du billet de banque qu’on glisse dans la poche d’un jean ou d’une culotte (courte) est malgré tout une douce violence. Il ne faut pas charrier. On a vu pire.” Suivies de considérations sur le rôle économique bénéfique de la pédophilie dans les familles du sud de la Loire; confidences autobiographiques sur ses relations sexuelles avec des garçons de douze et treize ans; rhétorique spécieuse pour transformer la sexualité avec les jeunes garçons en « expérience hiérophanique », « épreuve baptismale », « aventure sacrée »; célébration appuyée des colonies de vacances, des camps de jeunesse, des associations sportives qui permettent ce sport et cette chasse d’enfant -selon ses termes; aveu cynique du choix de ses jeunes partenaires de préférence dans des familles désunies, chaotiques. Cessons-là l’inventaire…

Comment un homme qui a écrit ce livre et défendu ces thèses, qui s’est fait une gloire d’installer le pédophile du côté des réprouvés, des rebelles, des marginaux, des porteurs d’étoile jaune (dans le numéro de L’Infini consacré à « La question pédophile » en septembre 1997), des hérétiques, des ennemis de l’ordre et de la bourgeoisie, comment cet homme peut-il se réfugier sur les cimes, feignant la vertu outragée, se nimber d’une aura de victime lorsque la Québécoise bien inspirée lui demande à la télévision de justifier devant des millions de téléspectateurs ses positions à la faveur d’un livre, son journal, exclusivement consacré à l’autocélébration de ses performances avec des jeunes individus des deux sexes? A ce moment, Matzneff pouvait, devait, faire preuve du courage romain qu’il n’a cessé d’encenser verbalement. Et acquiescer, puis justifier -et non se justifier.

A dire vrai, la pédophilie revendiquée comme une possibilité d’existence me semblait ce soir-là un tout petit peu moins détestable si elle en appelait au débat que cette fuite, ce refus, cette dénégation, cet écroulement public de l’homme qui passe sa vie à faire l’éloge du suicide de Sénèque et tremble devant la perspective d’une piqûre de guêpe. Exit le héros de carton pâte, le grand homme devenu nain, le donneur de leçons romaines qui se comporte en bourgeois dénégateur une fois pris la main dans le sac. On se réclame du rigoureux Caton d’Utique, on adopte la posture de l’austère Cicéron, on se drape dans la toge virile de César, puis on se contente d’une vie vécue sous les auspices de Monsieur Prudhomme…

La schizophrénie de Matzneff pèse plus contre lui qu’une pratique à ses yeux justifiable verbalement puisqu’elle est depuis toujours sienne et revendiquée théoriquement puis pratiquée comme telle. Pourquoi ne pas mener le débat, conduire le combat, défendre ses idées lorsque l’heure vient de montrer du courage? Pour quelles raisons refuser devant la caméra ce que tous ses livres avouent depuis des années? Soudain, alors que les élégiaques romains auraient pu être convoqués, puis la Grèce et la figure de Socrate, enfin Tibulle, Pétrone et Straton de Sardes, plus proches Lewis Carroll, Thomas Mann ou Michel Tournier, Matzneff a ajouté à la réputation du pédophile celle du lâche n’ayant pas le courage de ses opinions et préférant le mensonge à la vérité pourtant brandie en étendard depuis des années. A quoi ressemble une idée à laquelle on renonce dès l’ombre de la première difficulté?

La raison de ce revirement fait sens: l’artiste sait qu’on tolère ses frasques si elles sont roulées dans la farine de la vertu, confites dans la dignité de la littérature, cuites dans l’écriture et le livre, puis livrées dans la publication. L’art voile l’immoralité et la transfigure en marchandise monnayable. L’impossible pédophilie de fait devient une figure de style possible après esthétisation. Edité par Julliard et Chancel, Gallimard et Sollers, ami de Cioran et de Mitterrand, puis de quelques autres plumitifs germanopratins grouillant dans son journal entre piscine remplie de jeunesses bronzées et restaurant diététique où l’on surveille sa taille et son ventre plat, l’écrivain peut porter son vice en bandoulière; ouvrier d’usine en province, ami de personne et ne disposant d’aucun carnet d’adresse, incapable d’écrire ou de vendre sa pédophilie en expérience transmutée par le livre ou un autre support relevant des beaux-arts, c’est la cour d’assise qui l’attendrait… Denise Bombardier avait-elle tort? Pouvait-on refuser pour le moins de répondre à sa question? La posture d’offusqué suffisait-elle pour glisser comme une couleuvre et éviter le débat, ouvrir la discussion. 

Mon deuxième exemple passe par Balthus et le requiert. Non que le peintre ait pratiqué la pédophilie dans sa vie quotidienne (question non abordée et non abordable), mais parce que toute son oeuvre transpire la passion pour les petites filles et le jeu pervers entre son exhibitionnisme de petits corps nus montrés dans des postures obscènes et le voyeurisme attendu des regardeurs de ses toiles, spectateurs consentants ou silencieux de ce théâtre d’enfants mis en scène dans une série de tableaux où les jeunes filles triomphent à quatre pattes, comme de petites femelles lascivement en rut qui offrent leur postérieur au premier mâle venu à même de les prendre en ignorant leur face, donc leur humanité. Là où se cambrent les reins de ces enfants, il ne saurait y avoir de place pour ce que Levinas appelle le visage.

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Peinture de Balthus

Fesses relevées, croupes tendues, jambes écartées, sexes exhibés, ces corps de jeunes filles aux très petits seins à peine formés, hauts placés sur un buste qui pourrait être celui d’un jeune garçon, ces silhouettes impubères (l’effrayante enfant du Nu au miroir de1981-1983), graciles, sans hanches, sans bassin, sans toison pubienne, sans histoire écrite sur le visage, ces chairs lisses pas encore finies, à peine terminées, au seuil du monde adulte, ces peaux fraîches et sans cicatrices, quel plaisir peut-on avoir à les montrer dans le détail et à satiété?

Ces visages aux yeux fermés, aux regards impossibles à croiser, dont les traits lissés citent vaguement ceux de l’extase du Bernin, ces corps abandonnés dans un fauteuil, ces bras ballants dans une posture alanguie, cet entrejambe toujours ouvert sur un angle obscène, ce pubis imberbe, glacial, exposé à la manière d’une planche anatomique de pédiatrie (l’affreuse Leçon de guitare de1934!), quelle jubilation induisent-ils chez le peintre des heures attardé devant sa toile, fourbissant l’obscène? Cette scène à frissonner d’épouvante dans La Rue (1933) qui, au milieu d’un genre de décor de théâtre, ou d’une sorte de scène reconstituée en studio pour un film réaliste, propose dans l’angle gauche une jeune fille effarouchée, prisonnière d’un adulte qui arrive derrière elle, l’enserre, d’une main saisit son avant-bras, de l’autre soulève sa jupe pendant qu’il glisse sa cuisse dans l’entrejambe de l’enfant, quelle satisfaction de mettre en scène ce viol dans ses premiers instants? Enfin, cette sinistre toile intitulée La Victime (1939-1946) qui montre une jeune fille nue, allongée sur un lit aux draps froissés, alanguie, le visage semblable à celui d’une morte, un couteau repose à terre, la lame luisante, épargnée par le sang, le corps aussi est sans trace sanguinolente, sans plaie: l’arme a-t-elle servi à un homme pour menacer d’un viol et l’accomplir? Quelle satisfaction pour le peintre de représenter cet après violence sexuelle, de mettre en scène l’absence du violeur son forfait accompli, la chair meurtrie de sa victime défaite sur un lit?

Le nombre de toiles de Balthus où les corps de jeunes filles sont offerts, donnés, abandonnés, disponibles pour un maître à même de les prendre selon son bon plaisir, est considérable. Le dominateur s’empare de la virginité due et donnée au seigneur, la jeunesse se destine au bon vouloir du mâle qui en dispose, la chair appartient à l’homme qui soumet l’enfant docile et soumis: voilà les impératifs pédophiles et misogynes, féodaux et aristocratiques, cyniques et immoraux -rien qui réjouisse une âme désireuse de sexualité solaire, épanouie, partagée, consentante, libertaire, en un mot, adulte. Balthus met en scène un univers d’avant la modernité aussi bien sur le terrain de la peinture (technique, artisanat, métier) que sur celui des sujets, des thématiques: il peint un monde en ignorant que la Révolution française a eu lieu et l’a mis à mal.

La protection (que je ne dirai pas pédophile, même si Balthus a alors autour de quinze ans) de Rilke qui préface un recueil de ses dessins de chats, puis l’avalanche et la cascade de noms fascinés par l’ancienne caution du poète ne cesse de valoir soutien: Antonin Artaud, Albert Camus, Georges Bataille, Pierre Klossowski, René Char, André Malraux, Pierre-Jean Jouve, Yves Bonnefoy, Félix Guattari, Jean-Pierre Faye, parmi les plus illustres, forment une palette devant laquelle les amateurs d’instinct grégaire plient le genou. Ecrire ou penser contre Balthus équivaut à écrire et penser contre ces sommités qui l’ont soutenu; refuser son monde, le mettre en doute conduit à interdire l’inscription de son nom dans la filiation qui garantit la réputation et la prétendue autorité de l’expert.

Or aucun de ces soutiens prestigieux n’a mis en doute la représentation féodale du corps des enfants dans la peinture de Balthus, aucun n’a proposé de lecture politique (au sens noble) de son travail, aucun n’a regimbé devant la pédophilie esthétiquement active dans la plupart de ses toiles, y compris celles qui proposent des portraits de pères avec leurs enfants (Portrait d’André Derain en 1936, Joan Mirò et sa fille en 1937-1938, Portrait de Monsieur L. de C. et de ses enfants en 1943, Roger et son fils en 1936, d’étranges monstruosités picturales où l’adulte semble toujours prêt de fondre en prédateur possible d’enfant.

Personne parmi ces autorités intellectuelles n’a mis cette peinture en perspective avec le monde d’avant 1789, celui où les enfants (mais aussi les femmes et les autres minorités: les juifs, les noirs, les esclaves, les citoyens passifs, les gens de peu) n’existaient que comme des proies offertes à la discrétion des seigneurs et maîtres qui possédaient le monde. Via les images qu’il produit et les icônes féodales qu’il signe, Balthus possède le corps des petites filles et réduit leur chair à l’objet exhibé et destiné aux initiés, à l’élite, à l’aristocratie, aux pairs qui se reconnaissent dans cet univers fabriqué pour réjouir leurs fantasmes. Dans ce théâtre où le corps des enfants se chosifie, le Marquis de Sade est incontestablement parent du Comte Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus. Le même sang bleu circule, gelé, dans leurs veines à particules.

Matzneff et Balthus démontrent, parmi d’autres exemples possibles, que pour défendre des positions pédophiliques (pratiques et théoriques), mieux vaut passer par le filtre de l’art et faire un détour par la médiation de l’esthétique. Ouvrier, modeste, sans culture, sans références intellectuelles, sans appui dans le monde des lettres, ignorant la rhétorique spécieuse qui convoque les Grecs, Spartes et Athènes, Gide et Montherlant, voire, plus contemporains Tony Duvert et François Augiéras, sinon René Schérer (auteur, parmi d’autres livres défendant cette question, d’un Emile perverti publié en 1974 chez Robert Laffont, dans une collection dirigée par Jean-François Revel, puis d’Une érotique puérile chez Galilée en 1978), en délicatesse avec la parole, la justification, le verbe et les mots, le présumé innocent se retrouvera vitement dans les geôles d’une prison où, reçu comme pointeur par un comité d’accueil déterminé, il subira les traitements réservés aux auteurs de crimes sexuels.

 En revanche, écrivain, intellectuel, auteur à l’agenda mondain bien rempli, gendelettres ou institutionnels, lecteur d’Alcibiade dans le texte, objet de ses pulsions sans autre recommandation qu’un Œdipe mal fichu, mais bien travesti par les jeux croisés de l’esprit et de la cérébralité, voire peintre rare dans ses épanchements et apparitions (vertu sublime et grandement payante dans un monde spectaculaire), réactionnaire dans sa peinture (thématique et traitement), conservateur en tout, affichant sa féodalité sans complexe, revendiquant une passion pour Hergé et les albums de Tintin (on le comprend en comparant la naïveté des deux mondes), voilà qui garantit d’une totale impunité, voire, pire, ou mieux, voilà qui assure d’une réputation sulfureuse rentable et d’un parfum de scandale payant.

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Peinture de Balthus

Car, étrangement, la pédophilie se justifie sublimée par l’art. Une fois passée par le chas de l’aiguille esthétique, elle peut prétendre à la respectabilité et à l’institution -Nobel de Gide, Académie française de Montherlant, Pléiade de Carroll, Académie Goncourt pour l’un et Conclave pour l’autre. En revanche, elle vaut l’infamie véritable au prêtre de province, au notaire de sous-préfecture, à l’instituteur de campagne, elle déclenche l’ire des simples et des naïfs, des gens modestes et des consciences bien faites. Elle garantit d’une aura magique l’artiste et le peintre, le photographe et le romancier, l’essayiste et le poète, le cinéaste et le philosophe s’ils ont le bon goût de sublimer, au sens freudien, leur passion pour la chair fraîche.

Qu’on laisse la sexualité des enfants s’épanouir dans son registre et ses fantaisies, qu’on leur offre toutes les latitudes possibles et imaginables entre eux, et simultanément qu’on abandonne les adultes à leur univers et à la gestion tribale de leur misère sexuelle, loin des plus jeunes préoccupés de leurs corps en devenir et de leurs pulsions à part. La reconnaissance d’une libido infantile oblige à réfléchir à la place qu’on peut leur laisser, entre eux, pour eux, elle ne permet pas qu’on s’appuie sur cette évidence désormais acquise de l’existence d’un désir infantile pour justifier l’intrusion des névroses adultes dans ces univers singuliers sous prétexte qu’ils pourraient, eux, du haut de leur savoir et de leur compétence, répondre à ce désir par leur plaisir.

Les juges épargnent les coupables ou manifestent une étrange mansuétude à leur endroit lorsqu’ils évoluent dans le même monde intellectuel qu’eux: les écrivains, les intellectuels, les gens de culture et les hommes du droit, les artistes du barreau se reconnaissent comme appartenant au même univers, ils partagent des valeurs semblables, communient dans un catéchisme identique. Le pédophile trivial, vulgaire, commun fait l’unanimité contre lui; son frère jumeau, mais doué de rhétorique, se veut différent, distinct, autre, d’un alliage différent, et on lui concède la plupart du temps cette faveur qui lui assure l’impunité. Matzneff est même allé jusqu’à tomber récemment le froc pédophile pour endosser l’habit de philopède -une création de son crû! Qui trompe-t-il encore avec ces artifices de langage? Philopèdes les célébrités culturelles, mais pédophile le quidam inculte? Que de contorsions intellectuelles pour cacher la misère sexuelle et l’étendue des dégâts… »

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/du-bon-usage-de-la-pedophilie?mode=video

Et ta sœur, elle est « genderfluid »?

 

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Et ta sœur, elle est « genderfluid »?

Par Didier Desrimais

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Tout récemment Benoît Rayski a rapporté dans Causeur l’histoire de « la famille la plus moderne du Royaume-Uni » (selon le Daily Mirror). Pourquoi la plus moderne ? Parce que composée d’un homme transgenre, d’un compagnon non-binaire et d’un enfant issu du sperme d’une femme transgenre mais mis au monde par l’homme transgenre du couple. Tout le monde suit ?

Dans un article du dernier Télérama (n°3651), la journaliste Emmanuelle Skyvington s’interroge : « Et si, à l’aube de la décennie 2020, la société patriarcale et hétéronormée (sic) telle qu’on la connaît était en train de tomber ? » C’est Judith Butler (auteur de Trouble dans le genre, ouvrage dispensable mais qui fait les beaux jours d’une certaine sociologie française et de ses « études de genre ») qui doit jubiler.

L’art de se compliquer la vie

Maintenant, je vous prie d’être extrêmement attentifs, s’il vous plaît. Dans le même article de Télérama, Youssef se définit comme une « meuf trans, non-binaire » (“personne assignée garçon à la naissance mais qui se définit comme femme, tout en excluant les normes de genre traditionnelles”, fait bien de préciser Télérama). Comme les combats intersectionnels sont à la mode, Youssef, qui utilise le pronom « elle », décline opportunément toutes les discriminations « qu’elle » subit (en plus de la transphobie, bien entendu) : « Ayant une vie déjà compliquée car je suis pauvre, racisée et extra-européenne, cela n’a pas été facile ! » Et apparemment Youssef n’est pas parti(e) pour se la simplifier, la vie.

Lucas a des cheveux mauves « retenus par un chouchou bleu » et se pose des questions sur son genre, tandis que Sof – qui a « troqué son deadname (?) qui finissait en « a » pour un pseudo moins marqué » – se dit « gender fluid ». Comme Sof a décidé de perdre tout le monde en cours de route et de se démarquer fermement encore de tous ceux qui se distinguent pourtant en se genrant à l’opposé de leurs chromosomes et de leur code génétique (qui ne sont jamais qu’une « construction sociale »), elle précise qu’elle est en réalité « FtX », c’est-à-dire « femme à genre inconnu ». En allant sur le site de l’Oberservatoire des Transidentités (si, si, ça existe) j’apprends qu’il existe une “Journée mondiale de la visibilité trans” (le 31 mars), et qu’en plus de pouvoir être « FtX » chacun peut devenir « FtM » ou « MtF » ou, plus mystérieux encore, « Ft ». Décidément, on n’arrête pas le progrès !

Télérama nous surprend de plus en plus

Vous êtes encore là ? Bien, continuons alors la lecture édifiante de Télérama :

Tom a réussi son « cispassing » et est très heureux d’être considéré maintenant comme un garçon. Mais tout peut changer demain matin. C’est d’ailleurs l’intérêt de la théorie butlérienne. Assez fier de lui et se prenant pour le Derrida du genre, Tom avoue donc être en réalité « gender fuck », c’est-à-dire « favorable à la déconstruction du genre en général ». Tom s’amuse avec les codes. Tom met du vernis, ou pas. Tom porte des talons, ou pas. Tom fait « un tour de table » à chaque fois qu’il se retrouve avec ses amis car leurs « noms peuvent changer », ou pas. Bref, Tom a l’air totalement paumé.

Identités politiques

Bien entendu, ces envies de modifications genrées se veulent révolutionnaires. Elles remettent en cause (au choix) : le patriarcat, l’hétéronormativité, la parentalité, la bourgeoisie, la famille, la société, le capitalisme, la tarte Tatin ou le Tour de France dans un grand fatras de lectures pauvres, rares et idéologiques. Elles adoptent le vocabulaire des révolutionnaires d’antan pour draper leur vacuité d’un soupçon d’intelligence et laisser penser qu’elles ne sont que des victimes : « En ce sens, nos identités traquées, deviennent politiques », dit Lexie dans le même article. C’est de la révolution à deux balles, sans projet collectif, sans autre ambition que de promouvoir ce qu’Alan Bloom décrit si justement dans L’âme désarmée (Éditions Les Belles Lettres), et qui est le moi, ce « substitut moderne de l’âme. » Chaque moi décrit ci-dessus se considère « mystérieux, ineffable, illimité, créateur », « semblable à Dieu dont il est comme le reflet impie dans un miroir », écrit Bloom. Vautré dans la complaisance paresseuse que leur promettent tous les journaux dits progressistes, il se laisse admirer et s’admire en même temps. C’est un moi sans extérieur et sans intérieur. C’est un moi qui n’admire rien, hormis moi (lui est déjà trop loin, c’est déjà un autre qu’aucun moi ne peut concevoir). De plus c’est un moi qui, parce qu’il est « gentil », s’imagine être le Bien absolu ; il ne saurait par conséquent être critiqué ou moqué puisque, angélique, évanescent et sexuellement indéterminé, il a éliminé de facto le Mal, croit-il !

Je ne sais ce que deviendront ces jeunes gens. Il est bien difficile de présager quoi que ce soit. Individuellement, tout est possible. Mais au vu de la rapidité stupéfiante de la mutation en cours et des premiers retours de ce pays toujours à la pointe que sont les États-Unis d’Amérique, je conseille aux parents qui craignent que leurs enfants ne se trouvent, après une orientation professionnelle hasardeuse, au chômage, de les aiguiller vers la seule profession dont on est certain qu’elle ne manquera pas de travail dans les prochaines décennies, celle de psychiatre.

Source :  La lettre de Causeur

mercredi, 08 janvier 2020

Prévisions pour 2020 – Tourbillons multiples

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Prévisions pour 2020 – Tourbillons multiples


Par James Howard Kunstler

Source: kunstler.com

Ex: https://www.lesakerfrancophone.fr

Les méta-questions

La grande question pour l’année 2020 est simple : l’Amérique peut-elle se remettre la tête à l’endroit ?

Si la réponse est non, nous n’aurons peut-être pas beaucoup de chances de rester un pays pacifique et fonctionnel. La période de la longue urgence, comme je l’appelle, est une pièce avec l’hiver figuratif de Strauss et Howe dans leur vision du quatrième tournant de l’histoire qui se joue en cycles générationnels analogues aux saisons de l’année. Quel que soit le nom que vous lui donnez, la disposition actuelle des choses a eu un effet sévère sur notre psychologie collective. Elle a rendu une cohorte exceptionnellement nombreuse d’Américains fonctionnellement fous, croyant aux démons, aux gobelins et aux fantômes, souscrivant à des théories qui, dans les époques précédentes, faisaient rire les enfants, tout en contestant des réalités évidentes et en provoquant un grave danger politique.


La folie est répartie sur de nombreux domaines de la vie américaine, avec pour dénominateur commun une classe pensante tombée dans le désordre de sa pensée. Le désordre est mené par les médias d’information et l’enseignement supérieur avec leurs agendas crypto-gnostiques pour transformer la nature humaine afin de guérir le monde (en théorie). Il comprend un ensemble d’illusions et de destructions délibérées de l’esprit allant de l’obsession morbide de l’ingérence russe dans nos affaires, à la croisade contre la liberté d’expression sur les campus, en passant par le culte de la perversité sexuelle – par exemple l’Heure de Lecture Transsexuelle, aux campagnes contre la blancheur et la masculinité, aux incursions de l’« éveil (woke) » dans le milieu professionnel des entreprises, aux machinations cyniques des économistes, des banquiers et des politiciens pour manipuler les apparences financières, à l’effort pour diviser la réalité de la vérité en tant que proposition générale.

Ces maladies de l’esprit et de la culture sont mises en synergie par un ethos politique stimulé qui dit que la fin justifie les moyens, de sorte que la mauvaise foi et la malhonnêteté consciente deviennent les principaux outils de l’effort politique. Par conséquent, une institution vénérable comme le New York Times peut se détourner de sa mission de présenter strictement les informations pour être enrôlée comme service de relations publiques pour les agences gouvernementales malhonnêtes – de l’État profond – qui cherchent à renverser un président sous de faux prétextes. L’effet global est celui d’une marche dans un nouveau totalitarisme, plein de mendicité et de malveillance épiques. Depuis quand, aux États-Unis, les « radicaux » politiques ont-ils le droit de s’associer aux services de sécurité du gouvernement pour persécuter leurs ennemis politiques ?

Cela conduit naturellement à la question suivante : qu’est-ce qui a rendu la classe pensante américaine folle ? Je maintiens que cela vient de l’anxiété massive générée par la longue urgence dans laquelle nous sommes entrés – la peur flottante que nous avons épuisé le temps de notre mode de vie actuel, que les systèmes dont nous dépendons pour notre haut niveau de vie sont entrés dans la zone de défaillance ; plus précisément, les craintes concernant notre approvisionnement en énergie, la diminution des ressources naturelles, la rupture des lignes d’approvisionnement, la dette galopante, l’accroissement de la population, l’effondrement de la classe moyenne, la fermeture des horizons et des perspectives pour les jeunes, le vol de l’autonomie des personnes écrasées par des organisations inhumaine (gouvernement, WalMart, ConAgra), la corrosion des relations entre hommes et femmes – et de la vie familiale en particulier, les fréquents meurtres de masse dans les écoles, les églises et les lieux publics, la destruction des écosystèmes et des espèces, l’incertitude quant aux changements climatiques, et la laideur entropique omniprésente de l’habitat humain de banlieue qui est à l’origine de tant de dysfonctionnements sociaux. Vous voyez ? Il y a beaucoup de choses à craindre, dont une grande partie est assez existentielle. Plus nous échouons à nous confronter et à nous engager dans ces problèmes, plus nous devenons fous.

Une grande partie du mécontentement en matière de « justice sociale » découle de l’inégalité de revenu évidente et grotesque de notre époque, accompagnée de la perte d’un travail significatif et des rôles sociaux qui y sont associés. Mais une tension supplémentaire provient de la honte et de la déception face à l’échec de la longue campagne pour les droits civiques visant à corriger les inégalités raciales dans la vie américaine – des tentatives d’intégration scolaire à l’action positive (quel que soit le nom qu’on lui donne), du « multiculturalisme » aux dernières innovations en matière de « diversité et d’inclusion ». En bref, trop de Noirs américains ne parviennent toujours pas à s’épanouir dans ce pays malgré cinquante ans de programmes gouvernementaux coûteux et d’expériences éducatives à profusion, et il reste peu d’explications pour expliquer cet échec, qui se traduit par des villes en ruine dirigées par des Noirs et des taux élevés de crimes violents entre noirs. Ce dilemme tourmente la classe des penseurs et les pousse toujours plus loin dans leurs fantasmes crypto-gnostiques de changer la nature humaine pour guérir le monde. Le résultat net est que les relations entre les races sont pires et plus tendues qu’elles ne l’étaient en 1950. Et le résultat est si embarrassant que la classe pensante évite à tout prix d’y faire face – malgré les appels de mauvaise foi à une « conversation honnête sur la race » qui est, en réalité, malvenue.

Notre pays est pris dans un réseau de rackets autodestructeurs et le dénominateur commun est la malhonnêteté immersive que nous nous sommes autorisés à pratiquer. En matière d’éthique et de conduite quotidienne, nous ne sommes plus du tout comme le pays qui est sorti de la Deuxième Guerre mondiale. Notre maxime nationale de nos jours est que tout est permis et que rien n’a d’importance. C’est une piètre plate-forme pour naviguer dans la vie sur terre. Après avoir réclamé pendant des décennies « l’espoir et le changement », c’est une chose importante que nous ne parlons plus de changer, et apparemment nous n’avons aucun espoir de changer. L’Amérique doit bien comprendre qu’elle ne peut pas se mentir à elle-même.

Ce texte est une prévision, après tout, et je vais essayer d’être aussi concis que possible sur les détails, que nous allons maintenant aborder. Les prévisions, vous comprenez, sont comme le jazz, une improvisation qui consiste à relier des points à un moment donné dans le temps… ou à lancer des spaghettis sur le mur pour voir si ça colle.

L’élection de 2020

Il y a de fortes chances que le Parti démocrate soit dans un tel état de désarroi d’ici l’été, qu’il se scinde en une faction radicale-Wokester et une faction croupion « modérée ». Cela rendrait l’élection un peu comme celle de 1860 à la veille de la première guerre civile. Les principaux candidats actuels – Biden, Sanders, Warren, Buttigieg – me semblent tous être des chevaux qui ne passeront jamais la ligne. Michael Bloomberg pourrait finir par être le chef des modérés de la partie croupion, propulsé par son compte en banque inépuisable, mais je doute de son attrait pour les minorités raciales et les nouveaux jeunes électeurs, les milléniums, dont dépendent les Démocrates. Je ne suis pas sûr qu’il lui reste beaucoup d’autres leviers.

Je suis convaincu que Joe Biden est toujours dans la course uniquement pour éviter une enquête. Il n’est manifestement pas encore tout à fait sain d’esprit et il n’est même pas encore à la Maison Blanche. Pensez à la façon dont Bob Mueller semblait témoigner au Congrès il y a six mois, et imaginez oncle Joe [Biden] dans la salle de crise de la Maison Blanche. Le bilan des escroqueries de l’époque des mandats de l’oncle Joe dans l’administration est profondément nauséeux, et embarrassant sur les enregistrements vidéo et les relevés bancaires. De même, pour Elizabeth Warren : il y a trop d’enregistrements vidéo d’elle, mentant sur elle-même. Elle ne  pourra jamais surmonter la campagne publicitaire d’un adversaire les passant et repassant quotidiennement. Je suis désolé, mais malgré le souhait crypto-gnostique de beaucoup de membres de la Classe Pensante de faire paraître le marginal pour normal, je doute que les électeurs veuillent voir le maire Pete Buttigieg à la Maison Blanche avec un « premier monsieur » [Il est homosexuel et n’a donc pas de première dame, NdT]. Bernie Sanders a une chance de diriger une faction radicale cette fois-ci – s’il parvient à vaincre les valets du DNC – mais n’a qu’une faible chance de remporter les élections générales. Cette vue d’ensemble laisse la porte bien ouverte pour Hillary Clinton de monter, lors d’une convention accrochée à Milwaukee, sur un cheval blanc en papier mâché et d’essayer de « sauver » le parti. Je crois qu’on se moquerait d’elle à son arrivée, ce qui ferait une scène finale humiliante dans sa carrière maudite.

Une autre possibilité est qu’un personnage actuellement hors jeu vienne d’une manière ou d’une autre diriger le Parti démocrate, mais il est impossible de dire qui pourrait être ce cygne noir. Cela pourrait aussi être un scénario de « salle enfumée » d’une convention de nomination, comme celle qui a choisi Warren Harding cent ans auparavant : les caciques du parti se réuniraient et feraient avaler leur décision aux délégués. Je donne 20 % de chances à ce résultat.

Quoi que vous pensiez de son style, de ses manières et de sa politique, Donald Trump a une qualité exceptionnelle : la résilience. Comme l’a fait remarquer David Collum, M. Trump est anti-fragile – au sens de Nassim Taleb. Plus il est attaqué, plus il semble devenir fort. Son point faible est sa maîtrise de l’économie et des marchés financiers qui sont censés la servir. Son destin, que j’ai décrit dans des blogs il y a trois ans, est d’être le gars qui porte le chapeau quand l’économie commence à craquer – une situation que je décrirai dans sa propre catégorie ci-dessous. Les chances ne sont pas que le statu quo d’un marché boursier en hausse constante se maintienne jusqu’en novembre prochain. Et si la situation se détériore, cela nuira certainement à sa réélection. Ce pourrait être aussi la seule chose qui permettrait au Parti démocrate de rester solidaire – mais cela implique qu’un bouleversement des marchés et des banques devrait avoir lieu au début de l’été, avant les congrès.

Pendant ce temps, les tentatives de mise en accusation ont une saveur lilliputienne. Continuer dans cette voie – en brandissant la menace d’un deuxième ou troisième acte de mise en accusation avec des frais supplémentaires – ne fera que renforcer l’anti-fragilité de M. Trump. En second lieu, il faut se demander si la paire Barr & Durham parviendra à faire porter une part de responsabilité pénale aux personnes qui ont mené le coup d’État du RussiaGate contre M. Trump – un épouvantable abus de pouvoir maintenant célébré par les Démocrates, qui, vous vous en souvenez peut-être, étaient autrefois contre les États policiers. Une série de mise en détention de criminels comme Brennan, Comey, Clapper et d’autres pourraient finalement faire éclater la bulle de crédulité que la tête à claque Mueller et le rapport Horowitz si accablant n’ont pas réussi à créer chez les vrais croyants de Rachel Maddow. Bien sûr, cette affaire a une signification encore plus grande pour corriger le méta-problème de l’Amérique qui se ment chroniquement à elle-même. Le RussiaGate et ses retombées étaient un tel édifice gargantuesque de malhonnêteté malveillante qu’il doit être déconstruit dans les tribunaux, ou la santé mentale de la nation ne se rétablira peut-être pas. C’est la clé pour mettre fin au régime du tout va bien et rien n’a d’importance. En fin de compte, si les marchés ou la valeur du dollar ne s’effondrent pas, M. Trump sera réélu.

Toutefois, je m’attends à ce que ses rivaux aient recours à une tactique de harcèlement légal pour bloquer le processus électoral dans un enchevêtrement paralysant de litiges qui entraverait ou empêcherait un règlement pacifique de l’issue. Ces tactiques pourraient inciter le président à déclarer des mesures extraordinaires pour surmonter cet acte de « résistance » – peut-être une période de loi martiale pendant que les résultats sont ré-établis. Oui, cela pourrait être extrême.

L’économie et ses accessoires

Le « miracle » du pétrole de schiste était un coup financier utilisant la dette pour donner l’illusion que l’approvisionnement énergétique de la nation était sûr et assuré à long terme. Ce fut un coup impressionnant, c’est certain, avec une production qui approche maintenant les 13 millions de barils par jour, mais il est en train de s’effondrer sur son modèle d’affaires de type Ponzi – les producteurs ne peuvent tout simplement pas faire d’argent avec ce système, et ils ont passé dix ans à prouver que c’est un jeu idiot pour les investisseurs. Il en résultera une diminution des investissements dans un modèle d’affaire qui exige un réinvestissement constant. Ce qui signifie que 2020 est l’année où le pétrole de schiste sera démystifié et où sa production va diminuer. Les faillites ne font que commencer.

L’économie n’est en réalité qu’une fonction des intrants énergétiques, et ces intrants doivent être économiquement rationnels, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas coûter plus cher que ce qu’ils rapportent. Tous nos arrangements bancaires et financiers dépendent de cela. Si les intrants énergétiques diminuent, ou si le coût de l’énergie dépasse la valeur de l’énergie nette que vous obtenez, alors les dettes de toutes sortes ne peuvent plus être remboursées et tout le système implose. A partir de là, la question est de savoir si l’effondrement est lent ou rapide. Je pense qu’il peut commencer lentement, puis s’accélérer rapidement jusqu’à devenir critique – et le processus est déjà amorcé.

En raison de cette dynamique énergétique, nous assistons à une contraction généralisée de l’activité économique et de la croissance à l’échelle mondiale, qui se traduira par une baisse future du niveau de vie. Les effets en Amérique sont déjà évidents et décourageants : la classe moyenne en difficulté, les gens qui vivent au jour le jour, ceux qui ne peuvent pas acheter de voiture ou payer pour la réparer. L’espoir était que l’Amérique puisse se réindustrialiser (une version de MAGA) pendant que les économies « émergentes » continuaient à produire des choses comme « moteurs » de l’économie mondiale : la Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil, le Mexique et d’autres. Ces endroits ont vu leur niveau de vie augmenter de façon spectaculaire au cours des trente dernières années. Renverser cette tendance sera un traumatisme. Ces économies émergentes sont en train d’atteindre un pic puis un plafond en raison de la même dynamique énergétique de base qui affecte le monde entier : le manque d’énergie abordable, en particulier le pétrole. Le résultat probable sera l’instabilité politique en Chine et ailleurs – déjà manifeste – et une partie de ce désordre pourrait être projeté vers l’extérieur chez les rivaux économiques.

L’Europe a subi de nombreux contrecoups de la contraction de son niveau de vie, comme l’ont montré les perturbations liées à l’affaire des Gilets jaunes en France, la dépression nerveuse autour du Brexit, le pouvoir de rassemblement des mouvements politiques nationalistes dans de nombreux pays et la crise des migrants en cours – essentiellement des migrants économiques provenant de pays du tiers monde en difficulté. Les banques européennes, menées par la plus malade de toutes, la Deutsche Bank, souffrent d’un fardeau écrasant de mauvaises obligations à bases de dérivées qui risquent de les faire sombrer en 2020 avant une ruée vers la survie en Euroland, avec les récents migrants pris au piège au milieu. Je pense que nous assisterons aux premières tentatives d’expulsions à mesure que le chaos financier s’étendra, que la violence éclatera et que le nationalisme se développera.

La « solution » au dilemme de la contraction depuis 2008 a été pour les banques centrales de « créer » des montagnes d’« argent » frais pour donner l’illusion que les dettes peuvent être remboursées – et de nouveaux prêts générés – alors que la réalité le réfute clairement. Toute cette « impression » d’argent n’a fait que déformer les relations bancaires et le comportement des marchés – les symptômes les plus évidents étant l’inflation des actifs (actions, obligations, immobilier), l’impossibilité de connaître le prix des choses, ce qui est la fonction principale des marchés, et les taux d’intérêt proches de zéro qui rendent les opérations bancaires insensées.

Les banquiers continueront à faire « tout ce qu’il faut » pour essayer de maintenir le jeu, mais ils n’ont plus de véritable légitimité pour y parvenir. Les taux d’intérêt peuvent à peine baisser. La quantité d’argent « imprimé » nécessaire pour maintenir l’illusion d’un système rationnel et fonctionnel devient de plus en plus importante. Dans les six semaines qui précèdent et suivent Noël, la Réserve fédérale devrait injecter 500 milliards de dollars dans les banques pour stabiliser le prix des actifs. Combien de temps peuvent-elles continuer à le faire ?

En fin de compte, soit les prix des actifs chuteront – peut-être s’effondreront – soit les mesures de plus en plus désespérées nécessaires pour les soutenir dégraderont la valeur de la monnaie elle-même. Le hic, c’est que cela ne se produira peut-être pas partout à la fois. Par exemple, le système bancaire de la Chine, comme celui de l’Europe, est mûr pour une convulsion, qui verrait l’argent fuir vers une sécurité perçue – tant que ça dure – sur les marchés américains, gonflant temporairement le Dow, le S & P et les obligations du Trésor américain, même si d’autres grandes nations s’effondrent. Mais les banques américaines ont la même maladie et ces oiseaux de désordre finiront aussi par s’y percher.

De plus, la méthode de distribution de l’argent frais des banques centrales – argent venu de nulle part – changera probablement à l’avenir. Le public va sûrement se révolter contre un autre plan de sauvetage des banques. Au lieu de cela, les responsables se tourneront vers le « QE for the people« , aussi connu sous le nom d’ « Hélicoptère monétaire«  (comme dans la distribution d’argent depuis un hélicoptère), ou vers la « Théorie monétaire moderne » (TMM – imprimer de l’argent jusqu’à ce que les carottes soient cuites), avec un « revenu de base garanti ». Les tensions dans le piège de la contraction dans lequel nous nous trouvons sont telles que le déséquilibre des marchés de la dette ne peut se manifester que par un défaut brutal ou une tentative plus douce de gonfler les devises. L’inflation pourrait maintenir les marchés boursiers à flot et permettre le remboursement continu de la dette (« service de la dette« ) en devises de valeur décroissante – un processus qui n’est jamais vraiment gérable dans l’histoire, qui devient toujours incontrôlable et qui mène rapidement au chaos politique. N’oubliez pas qu’il y a deux façons de faire faillite : ne pas avoir d’argent et avoir beaucoup d’argent qui ne vaut rien.

Les éléments de ce psychodrame financier vont se fondre dans la politique électorale américaine de 2020, alors que la gauche se tourne de plus en plus vers des promesses d’argent « gratuit » et de services « gratuits » (médecine, éducation) aux électeurs paniqués qui ne peuvent plus se permettre le standard de vie du rêve américain. Les tremblements qui ont saisi les marchés Repo (Repo = rachat de garanties pour les prêts au jour le jour) ces trois derniers mois suggèrent que certaines grandes banques et compagnies d’assurance américaines sont entrées dans leur propre zone de criticité. Je doute qu’un quelconque stratagème permette d’éviter une grande instabilité financière avant la fin de 2020, mais si les États-Unis deviennent un refuge pour l’argent venant d’ailleurs dans le monde, cela pourrait repousser l’arrivée de la crise jusqu’à l’été.

L’idée qu’un marché boursier galopant signifie une « grande » économie est particulièrement fallacieuse avec toutes les interventions et manipulations de marché en cours de la dernière décennie. Tout ce qu’elle signifie vraiment, c’est que les escroqueries, les fraudes et les rachats ont remplacé la production industrielle d’antan, et ce n’est pas une base très solide pour une économie. Je ne pense pas qu’il y ait de réelles perspectives de revenir à la puissance industrielle d’autrefois. Nous devrons sûrement faire des choses dans les temps à venir, et produire notre pain d’une façon ou d’une autre, mais ce sera un modèle de production très différent, à une échelle beaucoup plus modeste. Quand le niveau de vie baissera, ce modèle finira par resurgir quelque part. Mais nous ne savons pas encore où.

Relations avec d’autres pays

L’hystérie du RussiaGate s’est démenée efficacement au cours des trois dernières années pour entraver la possibilité de rétablir les relations entre nos pays. Cela et l’intervention idiote de 2014 en Ukraine sous M. Obama, qui ont incité la Russie à annexer la Crimée et à combattre dans le Donbass. Tout cela était inutile et s’est produit simplement parce que nous étions déterminés à forcer l’Ukraine dans l’OTAN – ou, du moins, à ne pas la laisser rejoindre l’Union douanière centrée sur la Russie. Ce faisant, nous avons laissé l’Ukraine gravement endommagée. Pouvons-nous, s’il vous plaît, arrêter de créer encore plus de dégâts ? Ils ont toujours été proche de la Russie et le seront toujours. Pouvons-nous l’accepter avec notre esprit américain ?

Je soupçonne que M. Trump souhaite toujours rectifier la situation, en particulier nos relations avec la Russie. Nous avons des intérêts communs en suspens, à commencer par le souhait de décourager les maniaques islamiques de faire exploser des choses et de couper la gorge des gens. Et si nous essayions de coopérer pour gérer ce problème ? La Russie n’est pas notre rival économique. Aussi vaste que soit son territoire, l’économie russe n’est pas beaucoup plus grande que l’économie du Texas [C’est faux en Parité de pouvoir d’achat et donc très trompeur, NdT]. Ils possèdent un arsenal nucléaire très puissant, avec de nouveaux systèmes de frappe hypersoniques qui ont probablement été développés pour tempérer nos récits paranoïaques à leur sujet depuis 2016. La guerre n’est pas une option.

Il y a de fortes chances qu’en 2020 M. Trump trouve une ouverture pour réduire les tensions entre les États-Unis et la Russie, même s’il est mis en accusation à plusieurs reprises et que l’indice boursier S&P diminue de moitié. L’Ukraine elle-même peut être un cas désespéré, son destin est de devenir un désert agricole quasi-médiéval. Quoi qu’il en soit, ce n’est vraiment pas notre affaire, pas plus que l’occupation de l’Afghanistan, ou l’intervention en Irak, ou le Vietnam avant cela. Pour commencer, pouvons-nous simplement convenir qu’aller en guerre avec la Russie n’est pas une bonne idée et cesser de militer pour que cela se produise ? Les libéraux accusaient le Complexe militaro-industriel d’avoir battu le tambour de guerre. Maintenant, ce sont eux qui sont à la manœuvre.

De nouvelles tentations d’intervenir dans des pays étrangers ne feront qu’accélérer la faillite des États-Unis et entraîner une descente plus rapide et plus dramatique vers un niveau de vie beaucoup plus bas. Quoi qu’il en soit, avec tous les autres éléments de la longue urgence qui se déroule sous nos yeux, la tendance en 2020 sera que les nations se préoccupent de leurs propres affaires, et si cela ne fonctionne pas au niveau national, cela pourrait conduire à plus de régions séparatistes tentant de s’auto-gouverner. La Catalogne est toujours en train de gargouiller, l’Italie a toujours un problème nord / sud, l’Écosse a toujours la volonté de se dissocier du Royaume-Uni. La contraction, la décroissance ou la baisse de la prospérité – quelle que soit la façon de le dire – vont de pair avec une plus petite échelle de gestion. Tout ce qui est grand est en train de reculer.

Mais cela vaut la peine d’envisager ceci : je me souviens de l’époque où les États-Unis étaient une nation assez saine d’esprit. Si les choses peuvent s’aggraver en Amérique, avec toutes ces hallucinations politiques, ne pensez-vous pas qu’elles peuvent aussi s’aggraver ailleurs ? La Chine entre dans une crise traumatisante avec la fin de sa poussée de croissance de trente ans. Et si la Chine devenait aussi folle que nous ? Et si les États-Unis passaient du statut de client numéro un à celui de Demon Ghost Dragon de la série Underworld avec sa vision des choses ? Quelqu’un se souvient-il de la révolution culturelle des années 1960 ? C’était le wokestérisme 1 communiste aux amphétamines. Lorsque la situation devient difficile en Chine, le gouvernement sévit. Et lorsque cela ne fonctionne pas, la Chine se retrouve historiquement dans une sorte de guerre civile. L’action à Hong Kong au cours de la dernière année pourrait être un aperçu des attractions à venir pour Pékin ou Shanghai. Pour 2020, je prédis des turbulences en Chine, des banques faisant faillite, des entreprises sombrant et les usines fermant leurs portes – mais pas au point d’un soulèvement contre le régime de Xi Jinping. Cela rendra la Chine très nerveuse. Nous devrons naviguer prudemment autour d’eux. S’il vous plaît, aucun coup de force naval dans le détroit de Taïwan …

J’ai déjà bien couvert l’Europe dans la section Économie. Le principal avertissement pour l’Europe en 2020 est que l’ordre libéral international fondé sur des règles internationales de l’Occident a été rendu possible dans un monde d’après-guerre par des décennies d’apports énergétiques et de prospérité croissants. À mesure que cela s’inverse, les hypothèses sous-jacentes à cet ordre cesseront de le maintenir. La formation d’un nouvel ensemble de principes de fonctionnement entraînera probablement une période de désordre, peut-être de longue durée.

Israël et l’Iran semblent être à la recherche d’un crêpage de chignon, ce qui ne fonctionnera probablement pas si bien pour l’Iran. Quelque chose va se passer en 2020 entre eux et les États-Unis parviendront à rester en dehors. Un conflit rapide et vif pourrait préparer le terrain pour que le peuple iranien se débarrasse enfin du joug de ses mollahs. Cela peut s’accompagner d’un mouvement anti-jihad généralisé – un mouvement de paix islamique – à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord – une reconnaissance que le Jihad ne travaille qu’à déstabiliser un pays après l’autre et à aggraver leur vie. Israël reprendra les pourparlers avec ses adversaires à Gaza et en Cisjordanie. Les pourparlers seront ardus mais prometteurs même si peu de chose seront résolues en 2020.

L’Inde et le Pakistan ont refroidi leur invectives pendant la période de coupure économique des dix dernières années, évitant une guerre majeure, y compris un échange de tirs nucléaires. Cela pourrait changer tragiquement en 2020 à mesure que la prospérité mondiale s’inversera et que toutes les autres pressions de la longue urgence s’accumuleront sur ces deux pays en difficulté et surpeuplés. Les dégâts seraient énormes, peut-être assez terrifiants pour persuader les gens, dans d’autres pays, de simplement passer leurs problèmes économiques par profits et pertes, et de faire de leur mieux pour réduire l’échelle rationnellement.

La dérive du Japon vers le sort final du néo-médiévisme s’accélère en 2020 alors que l’infection financière se propage depuis les banques chinoises en faillite. L’empereur Naruhito a publié un mémorandum royal reconnaissant que la dépendance du Japon à l’égard du pétrole importé doit cesser et ils embrasseront la décroissance dans l’espoir de revenir à un niveau de la civilisation Edo préindustrielle. Ce sera un exemple encore plus positif pour inciter d’autres pays à commencer d’étudier des plans similaires. Bien sûr, cela provoquera une opposition politique amère. Les meilleures idées font toujours des vagues.

L’Amérique latine vient de vivre plus d’une décennie de paix relative, à l’exception du Venezuela, qui, ces derniers temps, tourbillonne dans le vortex de l’égout sans tambours ni trompettes. L’Argentine est sous-performante dans les grandes largeurs, mais ne semble pas pouvoir atteindre un seuil critique d’effondrement. Quel est son secret ? Dernièrement, une révolution – probablement soutenue par la CIA – a renversé le président bolivien Evo Morales, pour permettre aux États-Unis d’accéder à ses ressources en lithium. Une action plus dramatique éclatera au Mexique en 2020 où la guerre civile gronde. Les États-Unis envoient des troupes de l’armée régulière alors que les réfugiés tentent de fuir vers le nord en flux épiques. Nous créons une «zone de sécurité» tracée à cinquante milles sous la frontière pour contenir le flot humain. M. Trump sera diffamé pour avoir installé des camps de réfugiés humanitaires là-bas. Mais tout au long de l’année, il refusera une intervention militaire pure et simple entre les factions belligérantes.

Guerre culturelle, wokestérisme et bataille des cœurs et des esprits

On pourrait supposer que les Wokesters crypto-gnostiques avaient porté leur folie assez loin en 2019 avec les Tranny Reading Hours, les licenciements de professeurs distingués qui insistent sur le fait que la réalité biologique signifie deux sexes, et bien plus encore. Ce fut également l’année du «Projet 1619» du New York Times, une tentative pseudo-universitaire de réécrire l’histoire américaine entièrement inspirée par le racisme. Et puis il y a Greta qui grogne «Comment oses-tu ?» dans le monde avec cette grimace baveuse de supériorité morale pubescente. Qui ayant encore un peu de bon sens dans ce pays n’est pas malade de ce « putain » de non-sens ?

jhklivre.jpgEn 2020, le wokestérisme a perdu tout son crédit et les Wokesters sont bannis dans une cave sans fenêtre dans le sous-sol de l’âme de l’Amérique où ils peuvent crier contre les murs, pointer du doigt, grimacer en bavant et émettre des anathèmes que personne n’écoutera. Et quand ils seront à court d’essence, ils pourront se détendre et lire le seul livre dans la salle : Mercy, par Andrea Dworkin.

Et puis, un beau matin de printemps, après que tout le monde y a renoncé, Donald Trump, le troll des trolls des médias sociaux, le Golem d’or de la grandeur lui-même, se lèvera en pyjama et tweetera que, enfin, après très longtemps, il s’est finalement «éveillé», et a changé son nom en Donatella, et a déclaré que son pronom personnel était «vous tous».

Très bien, c’est peut-être beaucoup rêver, mais personnellement, je crois que la loi Wokester fuit de partout. Même certains vrais croyants semblent épuisés par leurs efforts. Quoi qu’il en soit, ces incidents de folie publique s’éteignent toujours. Une caractéristique curieuse sera un manque total de remords quand tout sera fini. Au lieu de cela, nous aurons une amnésie, puis nous passerons à la prochaine phase de l’histoire.

Voilà mes prévisions pour 2020. Nous savons tous que c’est un exercice futile, mais c’est l’un de ces rituels inévitables de l’existence humaine. Bonne chance à tous ! Vous pourriez être intéressé par mon prochain livre, à paraître en mars, qui est une mise à jour approfondie de notre situation actuelle et une série de portraits de personnes intéressantes menant des styles de vie alternatifs en ces temps incertains.

James Howard Kunstler

jhklivre2.jpgPour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé et jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

  1. 1) wokester : un idiot de 20 ans facilement offensé qui croit que le mot « éveillé » légitime sa vision égocentrique du monde. Ces individus manquent souvent de compétences dans le discours civil, ou d’une formation instruite dans n’importe quelle matière dans laquelle ils se glorifient. Urban Dictionary

Libye. Les Etats-Unis sont-ils derrière Khalifa Haftar ?

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Libye. Les Etats-Unis sont-ils derrière Khalifa Haftar ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Sans gouvernement national depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des luttes d'influence désastreuses pour la population

Deux autorités se disputent aujourd'hui le pouvoir: le Gouvernement d'Union Nationale GNA à Tripoli, dirigé par Fayez al-Sarraj, reconnu par l'ONU et un gouvernement à Benghazi, dirigé par le maréchal Haftar. considéré comme l'homme fort de l'Est libyen.

Or le 2 janvier 2020 les députés turcs ont approuvé une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d'envoyer des troupes en Libye pour soutenir le  GNA qui est menacé par une offensive du maréchal Haftar. Il faut rappeler que l'intérêt de la Turquie pour la Libye remonte à l'Empire Ottoman. La régence de Tripoli (carte ci-dessus) était une province plus ou moins autonome de celui-ci, fondée au XVIᵉ siècle et correspondant au territoire de l'actuelle Libye. Sa capitale était Tripoli.

Mais l'intérêt turc a des raisons plus immédiates. A la suite d'un accord maritime avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj, la Turquie peut faire valoir ses droits sur de vastes zones maritimes en Méditerranée orientale. Cette région de la Méditerranée contient de très importants gisements de gaz naturel estimés à plus de 100 mille milliards de mètres cubes. Ankara cherche donc à s'octroyer une large part de ces richesses.

L'accord concerne un projet de gazoduc connu sous le nom d'"Eastmed" qui vient d'être signé entre la Grèce, Chypre et Israël afin de sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'Europe est venu entraver les tentatives de la Turquie d'étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale. L'alliance de la Turquie avec le GNA apparaît comme est une réponse à cet accord. Une présence militaire turque pourrait le rendre inapplicable.

La Turquie est actuellement la partenaire de la Russie dans le cadre d'un accord permettant aux deux pays d'envoyer des patrouilles militaires au nord-est de la Syrie et d'assurer le contrôle en commun d'une grande partie de la frontière turco-syrienne. Cet accord vise à mettre fin à l'offensive turque contre les forces kurdes des Unités de Protection du Peuple, YPG, considérées comme des terroristes par Ankara.

Officiellement présenté comme destiné à assurer une meilleure coordination de la Turquie et de la Russie dans la lutte contre les éléments djihadistes de l'Etat Islamique, l'accord est perçu par les Etats-Unis comme une tentative de la Russie pour étendre son influence sur l'ensemble de la zone. La Russie y apparaît en effet comme un médiateur disposant d'une autorité perdue depuis longtemps par l'Amérique.

Dans ce contexte, le maréchal Haftar, qui s'opposera inévitablement aux contingents militaires turcs envoyés soutenir son concurrent Fayez al-Sarraj, paraît un moyen pour Washington de rétablir son influence non seulement en Libye mais plus généralement au Moyen-Orient, face à l'importance prise désormais par la Russie. Beaucoup d'observateurs se demande dans ces conditions si Haftar, l' « Homme fort » de l'Est libyen, ne se sent pas aujourd'hui encore plus fort du fait d'un appui des Etats-Unis.

mardi, 07 janvier 2020

Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

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Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

Source : Arte, Youtube 

Ex: https://www.les-crises.fr

Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance se battent déjà pour s’emparer de ce nouvel “or bleu”. Enquête glaçante sur la prochaine bulle spéculative.

Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’”or bleu”, ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants. Aujourd’hui, des banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau “pour la restituer à la nature”, voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement. En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’agriculture industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

Le prix de la vie

De l’Australie à l’Europe en passant par les États-Unis, cette investigation décrypte pour la première fois les menaces de la glaçante révolution en cours pour les populations et la planète. Nourri de témoignages de terrain, le film montre aussi le combat, à la fois politique, économique et environnemental, que se livrent les apôtres de la financiarisation de l’eau douce et ceux, simples citoyens ou villes européennes, qui résistent à cette dérive, considérant son accès comme un droit universel, d’ailleurs reconnu par l’ONU en 2010. Alors que la bataille de la gratuité est déjà perdue, le cynisme des joueurs de ce nouveau casino mondial, au sourire carnassier, fait frémir, l’un d’eux lâchant : “Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir un prix.”

Main basse sur l’eau

Documentaire de Jérôme Fritel (France, 2018, 1h30mn)

Source : Arte, Youtube, 18-12-2019

Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

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Main basse sur l’eau : la bataille de l’or bleu

Source : Arte, Youtube 

Ex: https://www.les-crises.fr

Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance se battent déjà pour s’emparer de ce nouvel “or bleu”. Enquête glaçante sur la prochaine bulle spéculative.

Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’”or bleu”, ressource la plus convoitée de la planète, attise les appétits des géants de la finance, qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants. Aujourd’hui, des banques et fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau “pour la restituer à la nature”, voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement. En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’agriculture industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

Le prix de la vie

De l’Australie à l’Europe en passant par les États-Unis, cette investigation décrypte pour la première fois les menaces de la glaçante révolution en cours pour les populations et la planète. Nourri de témoignages de terrain, le film montre aussi le combat, à la fois politique, économique et environnemental, que se livrent les apôtres de la financiarisation de l’eau douce et ceux, simples citoyens ou villes européennes, qui résistent à cette dérive, considérant son accès comme un droit universel, d’ailleurs reconnu par l’ONU en 2010. Alors que la bataille de la gratuité est déjà perdue, le cynisme des joueurs de ce nouveau casino mondial, au sourire carnassier, fait frémir, l’un d’eux lâchant : “Ce n’est pas parce que l’eau est la vie qu’elle ne doit pas avoir un prix.”

Main basse sur l’eau

Documentaire de Jérôme Fritel (France, 2018, 1h30mn)

Source : Arte, Youtube, 18-12-2019

dimanche, 05 janvier 2020

Génération Greta : comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias

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Génération Greta : comment la peur de l’effondrement mobilise toute une société et ses médias

Une adolescente se rend à l'autre bout du monde pour sauver le monde. Et les médias s'y rendent avec elle. Mais des doutes s'insinuent : quelle est au juste la mission de Greta Thunberg ?

Norbert Bolz, 29 août 2019, nzz.ch

Ex: https://www.lesobservateurs.ch

Si vous voulez sauver le monde, vous devez sortir du rang. L'hypersensibilité d'une adolescente et patiente d'Asperger semble être devenue la mesure de toute chose. Le socialiste utopiste Fourier a dit un jour : "L'univers et l'homme forment un seul corps avec une seule peau, de sorte que chacun ressent chaque douleur". Cela décrit très bien l'hypersensibilité de la génération Greta. Elle a déclenché un battage médiatique qui étouffe dans l'œuf toute tentative d'argumentation politique objective.

Greta offre tout ce dont les médias ont besoin : la personnalisation et l'émotionnalisation de la politique, l'attente religieuse du malheur dans la "catastrophe climatique" et le programme ascétique pour sauver le monde. Elle est la sainte d'une religion verte de substitution, l'héroïne de notre temps, qui prouve l'authenticité de sa cause par son impolitesse et son infantilisme.

Au lieu d'aller à l'école, elle va à des conférences de presse, des interviews et des séances de photos. Elle parle devant l'ONU et les puissants de Davos, reçoit un baiser sur la main de Juncker et une audience avec le Pape. La jeune femme de 16 ans est couverte de prix et a déjà été nominée pour le prix Nobel de la paix. Mais au plus tard lors du voyage aux USA en voilier "climatiquement neutre", certains se sont posé la question : mission ou marketing ?

Concernés sans frontières

Il va donc falloir ici creuser un peu plus profond. Les problèmes écologiques sont évidemment le sujet idéal et inégalable pour les médias de masse car le monde entier est au centre de l'attention : tout le monde est concerné. Le changement climatique et la pollution de l'environnement ne connaissent pas de frontières.

Nietzsche se doutait déjà que nous vivions dans une société de drogués de l'urgence - rien ne nous est plus nécessaire que des difficultés, des malheurs visibles. Et c'est précisément la joyeuse insouciance face à la souffrance qui appelle une attitude complémentaire d'"être concerné". On "consomme" les sensations de désastre et les scènes de protestation. Et partout où la protestation remplace la réflexion, les médias sont présents. Ils font de nous les spectateurs de militants en prime-time qui incarnent notre avenir comme une menace.

L'ère des médias de masse est donc l'ère du pessimisme indigné et de la rhétorique de la peur. Ceux qui expriment leurs doutes ou mettent en scène leur préoccupation – et ce sont eux qui donnent le ton ici – sont des entrepreneurs moraux. Ils gagnent de l'argent sur le marché des sentiments avec la peur des autres. Dans le monde des metteurs en garde et des donneurs de réprimandes, l'apocalypse devient une marchandise.

La peur se révèle être le mode de communication le plus efficace, car la rhétorique de la peur est impossible à réfuter. "J'ai peur" - on ne peut pas faire plus authentique. Ainsi, l'humanisme des mass media invente l'humanité en tant que communauté des apeurés. Cela crée un œcuménisme de la menace apocalyptique.

Greta Thunberg n'a que 16 ans, mais la Suédoise est déjà connue d'Amsterdam à Sydney. La jeune fille atteinte du syndrome d'Asperger est à la tête du mouvement de grève scolaire pour le climat et a reçu récemment le prix Nobel alternatif.

Tout comme la conscience de classe révolutionnaire a été produite dans les années 1960 et 1970, la conscience environnementale apocalyptique est produite aujourd'hui - l'industrie de la conscience est passée du rouge au vert. Et tout comme les Rouges à l'époque, les Verts exploitent aujourd'hui la culpabilité de la culture occidentale. La théologie de la fin du monde a été remplacée par l'écologie de la fin du monde.

Au lieu de "Qu'est-ce que je peux espérer ?", la religiosité d'aujourd'hui demande "Qu'est-ce que je dois craindre ?". Ainsi, un œcuménisme de la peur s'est formé dans le monde occidental, avec le soutien de scientifiques engagés. C'est comme ça que ça marche : au début, il y a la crise ; la crise justifie la nécessité de la recherche ; l'importance de cette recherche légitime son financement par l'État ; la recherche dans "l'intérêt public" a besoin d'une organisation politique - et il arrive parfois ce que les théoriciens de la science appellent le "biais scientifique". En clair: on trouve ce qu'on s'attend à trouver. Et il est toujours minuit moins cinq.

Le scénario du pire

La catastrophe est évidemment fascinante en tant qu'exact contraire du système de fonctionnement de la société moderne. Aucune statistique, aucune mathématique et aucune expérience ne peut nous préparer à une catastrophe. La catastrophe est justement le cas pour lequel les techniques modernes du calcul des risques et de l'avis d'expert ne sont pas acceptées. La rationalité n'a aucune chance de s'imposer ici.

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Depuis la chute du mur de Berlin, les scientifiques des médias ont observé une inflation de la rhétorique des catastrophes. Apparemment, la fin de la guerre froide a créé un vide de peur, vide qui est maintenant comblé de manière professionnelle. On pourrait presque parler d'une industrie de la peur. Les politiciens, les avocats et les médias vivent très bien de la peur. Mais les scientifiques qui avertissent et réprimandent mettent leur réputation en jeu. Les prophètes de la fin ont toujours été les ennemis les plus acharnés du Siècle des Lumières - et c'est particulièrement vrai aussi des éco-prophètes de l'apocalypse climatique.

Cependant, le monde peut encore être sauvé si nous prenons tous part au culte de la précaution et de la sécurité. Aujourd'hui déjà, la religion du soin et de la protection est la véritable religion civile du monde occidental. Dans la lutte contre le changement climatique provoqué par l'homme, nous éprouvons une intensité de sentiments que l'on ne peut que qualifier d'infantile - ou d'extase religieuse.

L'éco-religion a aussi ses prêtres, ses pèlerinages et son Saint Graal. Greta et les écoliers des Fridays for Future sont les Croisés du monde du bien. Tout comme leurs parents bien intentionnés, ils prennent au sérieux l'idée du surhomme de Nietzsche : prendre la responsabilité du monde entier. Mais ce qui est encore plus consternant que les enfants qui manquent l'école pour sauver le monde, ce sont les adultes qui les félicitent pour cela. Comme si la sagesse des enfants pouvait servir de guide dans un monde trop complexe.

Les médias, bien sûr, jouent un rôle clé à cet égard. On peut aussi dire que les concours de talents sont efficaces. Maintenant, les enfants ne veulent plus seulement apparaître comme mannequins et pop stars, mais aussi comme politiciens. Et en effet, les talk-shows présentent les écoliers comme des témoins de la vérité. D'accord, il est parfaitement normal et presque naturel que les enfants produisent un idéalisme fumeux, mais il est alarmant que les médias et la politique transfigurent cela en sagesse qui sauve le monde.

Les ONG organisent cette nouvelle religiosité, baptisée "conscience environnementale". Environnement, ainsi s'appelle le Dieu humilié dont il faut prendre soin et attendre le salut. Ce système de croyance vert est bien sûr beaucoup plus stable que le rouge qu'il remplace. La nature remplace le prolétariat - opprimé, insulté, exploité.

L’environnement mobilise

La déception laissée par la promesse de salut de la gauche a provoqué des visions apocalyptiques, à savoir celles de la destruction de l'environnement. L'espoir du salut ayant été déçu, les gens se sont à nouveau intéressés à la Création - sous le nom d'environnement. Et ce faisant, on n'a même pas besoin de renoncer à l'ivresse de la révolution. L'éco-religion est la nouvelle foi pour la classe moyenne éduquée, dans laquelle on peut loger de l'anti-technologie, de l'anti-capitalisme et de l'actionnisme.

Cui bono ? L'élite verte, qui prophétise la catastrophe climatique et appelle à l'ascèse, vit très agréablement dans son grand hôtel d'où elle contemple le précipice. Dans la société occidentale d'aujourd'hui, rien ne se vend mieux que l'écologie, le bio et le vert.

 Et Hollywood a déjà fait sien ce greenwashing : cela fait longtemps que ses stars et ses starlettes nous présentent le sauvetage du monde comme un bon divertissement.

Il s'agit donc de l'art d'extraire de la menace apocalyptique le miel de la bonne action et de l'idée d'entreprise porteuse de succès. Tout comme la "durabilité" auparavant, le "changement climatique" devient maintenant un terme clé du Big Business. La S.A. "We don't have time" est un exemple de la manière dont le sauvetage du monde peut être une énorme entreprise. Et maintenant, plus personne ne sera surpris d'apprendre que Greta la militante pour le climat en était la figure publicitaire

Norbert Bolz est professeur émérite de sciences des médias à l'Université technique de Berlin et auteur de nombreux ouvrages.

 

Source : NZZ
Traduction Cenator

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Voir aussi: https://www.bvoltaire.fr/greta-thunberg-ce-que-lon-oublie-de-nous-raconter/

11:48 Publié dans Actualité, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, greta thunberg | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 03 janvier 2020

Vers un brexit hyper-globaliste ?

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Vers un brexit hyper-globaliste ?

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Finalement, après trois ans de tergiversations, le brexit aura finalement lieu à la fin du mois de janvier 2020 sous la conduite de Boris Johnson, premier ministre sortant réélu triomphalement grâce à un mode de scrutin favorable à la tête du pays.

Winston Churchill en 1946 estimait que le slogan envisagé par les conservateurs de « Keep Britain white » (« conserver la Grande-Bretagne blanche ») était un bon slogan. Depuis Labour et Tories n’auront pas cessé d’ouvrir les portes du pays aux flux venus de l’ancien empire colonial pour que la Grande Bretagne le soit de moins en moins, et dès 1948 en changeant le code de la nationalité afin de faciliter les naturalisations. Mosley et Powell mirent en garde les Britanniques contre ce « changement de peuple » mais ne furent pas écoutés, tout comme Robinson ne l’est pas aujourd’hui, au prix même de sa liberté.

L’adhésion du Royaume-Uni à la CEE, qui allait ensuite devenir l’Union Européenne, fut complexe. C’est finalement en 1974, après le départ de De Gaulle qui s’opposait à son adhésion en 1969, qu’elle rejoint cette organisation en même temps que le Danemark et l’Irlande. Depuis cette époque, elle n’a jamais vraiment joué le jeu, Thatcher obtenant dès les années 80 de nombreux accommodements. C’est ainsi que le Royaume-Uni d’avant brexit n’avait pas l’euro et n’était même pas dans l’espace Schengen. Cela n’a jamais empêché la presse britannique depuis des décennies de taper sur l’Union Européenne et de l’accuser de tous les maux, alors même que les émeutes de 2010 ou le scandale de Rotherham ne lui doivent rien, mais doivent tout à la politique migratoire des gouvernements britanniques de gauche comme de droite.

Pris en otage depuis plusieurs années par l’aile fanatiquement eurosceptique des Tories et menacé dans sa réélection si ce courant renforçait le mouvement UKIP de Nigel Farage qui, en divisant la droite, pouvait faire gagner le Labour, David Cameron était résolu à marginaliser cette aile à l’issue d’un vote national. Pour ce faire, il prétendit renégocier un meilleur accord avec l’UE, comme Thatcher l’avait fait avant lui, et de le soumettre à un référendum, ce qu’elle s’était bien gardé de faire. Il affirma ensuite avoir obtenu des résultats mais personne n’est vraiment capable de dire ce qu’il avait obtenu. Il organisa donc un vote qu’il était persuadé de gagner.

Dans le camp du brexit, on retrouva naturellement Nigel Farage, à la tête de UKIP puis du Brexit Party lorsqu’il quitta le premier en l’accusant de dérives identitaires et d’islamophobie. Mais c’est Boris Johnson, conservateur et ancien maire de Londres, qui se présenta en champion du brexit, avec une bonne dose d’opportunisme et sur la base d’un pari politique audacieux, le même que Fabius en 2005 en France lorsqu’il appela à voter non au TCE mais avec le succès en plus. A grands coups de démagogie, en promettant tout et son contraire, y compris la préférence non-européenne dans les banlieues à forte composante indo-pakistanaise au détriment des Polonais, sans grand résultat malgré tout, et avec l’aide d’une presse efficace pour les relayer, le camp du brexit s'imposa et Cameron, perdant, dut démissionner et se faire oublier.

Il est vrai que le Labour avait fait une campagne a minima, l’attachement d’un Corbyn à l’UE étant quasi nul, et que Sadiq Khan, opposé au brexit, envoyait par hétérotélie un message globaliste à un électoral ouvrier britannique hostile.

De nombreux britanniques, mais pas tant que ça (51,6% d’entre eux), ont choisi l’aventure du brexit au maintien dans une Union Européenne dont personne n’avait été capable de démontrer les bienfaits et alors même que les dirigeants de l’actuelle UE se complaisent dans un globalisme béat. Il est évident que ce vote en faveur du brexit a exprimé une angoisse identitaire légitime, un refus clair du globalisme, et aussi de l’immigration, européenne comme non-européenne, une confusion salement entretenue par les eurosceptiques d’ailleurs.

Et donc le brexit ayant été voté, et même si un référendum au Royaume-Uni n’a pas force de loi, personne n’a osé braver l’interdit de ne pas en tenir compte et les Libéraux Démocrates qui firent campagne en décembre 2019 pour révoquer l’article 50 auront plus choqué que convaincu.

Une fois le brexit voté, sachant que personne n’avait été capable et pour cause d’expliquer ce qu’il serait, la peur d’un brexit dur (« hard brexit ») inquiéta les milieux d’affaires. Après plus de deux ans pendant lesquels Teresa May fut incapable d’obtenir une majorité en faveur d’un accord obtenu auprès de l’UE, Boris Johnson devint enfin premier ministre et s’engagea à un brexit coûte que coûte. Son bluff aurait pu lui coûter cher car le parlement l’avait contraint à demander une prolongation du délai en cas d’absence d’accord. Et il aurait alors dû sans doute démissionner et aurait été fragilisé médiatiquement. Mais l’Union Européenne, sous la pression du gouvernement français, Macron ayant annoncé qu’il voulait que le Royaume-Uni se décide enfin, offrit un accord au rabais au dernier moment à Johnson, qui s'en saisit.

Ce dernier put donc en position de force, avec une opinion lassée, se présenter devant les électeurs britanniques le 12 décembre 2019. Le pays reste coupé en deux (48% des Britanniques ont voté pour les conservateurs) et le Brexit Party a disparu. Alors même que Nigel Farage avait dénoncé un faux brexit obtenu par Johnson, son parti stratégiquement se plaça en soutien de ce dernier, gênant le Labour dans des circonscriptions décisives. Pour Farage, mieux valait un « very soft brexit » à pas de brexit du tout, même s’il ne devait être que nominal. C’est là qu’on constate ce qu’il fallait penser de ses convictions. On ne sera pas non plus étonné d’avoir vu Donald Trump participer à sa façon à l’élection en apportant son soutien à Johnson, en tapant sur l’Union Européenne et en promettant des accords juteux en cas de brexit effectif, une ingérence dénoncée mollement et en vain par l’opposition.

Et maintenant ? Johnson a plus ou moins promis de régulariser 500 000 clandestins présents depuis plus de cinq ans au Royaume-Uni. Celui qu’une certaine droite présente comme un patriote, ce qui a amené Robinson à rejoindre récemment les Tories, mais que même Rivarol ose qualifier de « globaliste », n’est évidemment qu’un remarquable opportuniste qui a réussi à devenir premier ministre en faisant un pari gagnant. Il n’est pas sans talent mais il ne sauvera pas le Royaume-Uni sur le plan identitaire. Lui qui se présente comme un nouveau Churchill a trahi bien sûr le souhait que ce dernier avait exprimé et que j’ai évoqué au tout début de cet article. Les flux intra-européens vont se réduire en raison des tracasseries administratives, tandis que les flux post-coloniaux se renforceront.

C’est bien à un brexit globaliste que nous allons assister, et l’indépendance prétendue ne sera qu’un renforcement de la vassalité atlantiste. Certes sur le plan économique, ce sera un brexit très mou et surtout symbolique. Il ne devrait donc pas y avoir de conséquences dramatiques et d’ailleurs la presse européenne ne semble plus du tout inquiète, surtout qu’un accord véritable de mise en œuvre mettra plusieurs années à voir le jour. Les électeurs voulaient une identité britannique restaurée et ils auront une aliénation renforcée.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

jeudi, 02 janvier 2020

Les moins de seize ans ou les solitudes pédérastiques de Tonton Gabriel

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Les moins de seize ans ou les solitudes pédérastiques de Tonton Gabriel

par Juan Asensio

(texte de 2013)

Ex: https://www.juanasensio.com

Autres textes sur le sujet: Gabriel Matzneff dans la Zone.

Nous pouvons lire, à l'entrée Robert Brasillach du truculent Dictionnaire des injures littéraires de Pierre Chalmin (1), une méchanceté écrite par Gabriel Matzneff pour Le Figaro littéraire : «Brasillach que plus personne ne lirait aujourd'hui si, au lieu d'avoir été fusillé, il était mort écrasé par un autobus en juin 1944».

Nous pourrions retourner cette saillie du reste assez stupide car Brasillach continue d'être lu, à Gabriel Matzneff, en lui faisant remarquer que plus personne ne le lirait aujourd'hui si, à la place des orifices de jeunes enfants des deux sexes, il évoquait dans ses livres si paresseux, comme tout un chacun ou presque, ceux de ses seules épouse (notre Lovelace des bacs à sable a été marié, brièvement) et (innombrables) maîtresses. Lire Gabriel Matzneff, ce n'est en effet pas être sensible à sa prétendue petite musique, ce n'est pas manifester sa dilection pour les auteurs antiques, ce n'est pas soutenir, plus ou moins silencieusement, un de ces hérauts, de plus en plus fatigué à vrai dire et qui a besoin pour se déplacer de sa canne à pommeau doré, de la droite buissonnière qui fut très souvent garçonnière, ce n'est pas s'intéresser au subtil mélange entre envolées métaphysiques et cabrioles priapistiques, ce n'est certainement pas défendre la liberté de l'esprit contre ce qu'il appelle les quakers et les quakeresses de la pruderie.

Lire Gabriel Matzneff, ce n'est même pas s'offrir un de ces petits plaisirs secrets que, bien jeune, nous nous accordions en lisant en cachette les textes de Sade et de Casanova alors même que, selon l'auteur, nous ne saurions lire la description détaillée de fines parties de plaisir entre un adulte et un jeune enfant sans éprouver nous-même un désir trouble. Or, si l'imagination d'un jeune adolescent (et même celle d'un adulte) peut être ravie, au sens premier du terme, par les pages où Sade déploie ses infernales machines de souffrances et de plaisir ou par la truculence arsouille et irrévérencieuse du Vénitien, les passages où Gabriel Matzneff évoque ses parties de jambes en l'air, eux, sont absolument tout ce que l'on voudra, libidineux, pornographiques donc cliniques, ridicules ou drôles, mais jamais érotiques.

Lire Gabriel Matzneff, c'est donc très sûrement perdre son temps. Lire Gabriel Matzneff, c'est assez vite tout de même (sauf lorsque l'on ne sait pas lire, cette cécité est fort répandue) découvrir que le maître que nous cherchions, jeune, que tout jeune enfant passant sa vie à dévorer des livres cherche plus ou moins sans le savoir, est un petit professeur bagué, cravaté et dégénéré, que l'esprit libre tant vanté dans notre société soumise à des milliers de diktats aussi invisibles que sournois n'est qu'un pleurnicheur vouant aux gémonies celles (les renégates, dit-il) qui l'ont plaqué et renié, que l'homme fort ne craignant aucune polémique est un pauvre type esseulé et qui, devenant vieux, sera non seulement toujours esseulé, de plus en plus seul à vrai dire mais surtout de plus en plus pathétique, un vit bientôt flaccide condamné à subir les gestes du personnel soignant d'une maison de retraite en guise de fier étendard affichant son mépris des «vieux culs nécrophages de la rue Sébastien-Bottin» (2), que le théologien à la mode de Vladivostok est un mécréant à la petite semaine affirmant que le Christ semble s'être «fait chair, flesh, que pour nous permettre de tringler les premières communiantes et de tailler des pipes aux petits chanteurs à la queue de bois» (pp. 12-3, l'auteur souligne), que le pécheur impénitent, Gilles de Rais saupoudré de talc ayant sa place à toutes les bonnes tables de Saint-Germain-des-Prés, écrit chacun de ses textes ou presque sans jamais parvenir à masquer son cri («Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi !»), rêvant de «confession publique» comme au temps où le sacrement de pénitence représentait quelque chose «chez les chrétiens primitifs», et saisissant l'occasion inespérée que lui offre Jacques Chancel en réintroduisant ladite «confession publique dans nos mœurs» (p. 13) par le biais de sa collection, tout en hurlant de trouille et de sainte horreur au moment de monter sur le bûcher, alors que Gilles de Rais, lui, comme oublie de le rappeler notre hagiographe gaminophile, est devenu grand parce que ses crimes immondes sont indissociables du pardon qu'il a demandé, à genoux, aux mères et aux pères des enfants qu'il a dilacérés, violés et tués, avant de finir rôti, pour la plus grande gloire des cieux et la purification nécessaire d'un monstre trahi par le diable qu'il n'est jamais parvenu à conjurer.

Petit auteur, auteur mineur si l'on veut, Gabriel Matzneff n'est pas un homme mineur mais un petit homme ridicule et exécrable.
 

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Je ne perdrai toutefois pas mon temps à ferrailler avec ce pédéraste comme lui-même aime à se décrire, qu'il s'agisse de l'affubler de cet épithète de nature plutôt que de celui de paidophile ou pédophile qui lui convient du reste admirablement, ou de rejoindre ce vieux rétiaire cacochyme et larmoyant, autrefois éphèbe impertinent pressé de vivre et de jouir, sur le terrain boueux où il a livré l'un de ses combats les plus minables et truqués (3), insultant ceux qu'il appelle les sycophantes de persister à ne pas comprendre que son art littéraire, dont il se fait une si haute opinion, ne saurait être jugé à l'aune sordide et lilliputienne de la morale.

Je me contenterai donc de frapper au point censé être le plus douloureux pour un cacographe, étant donné que ces hongres sont toujours persuadés que non seulement ils savent écrire, mais que leur œuvre, rare ou abondante, possède quelque qualité indéniable dans la sphère esthétique. Ce point, c'est justement le livre et lui seul, sa qualité littéraire supposée donc, qui devrait le hisser hors de la tourbe puante des minables considérations moralisatrices ou sentant le vieux slip de l'ordre prétendûment conservateur voire réactionnaire qui serait la mort de notre écrivain réputé libre et affranchi de tout, et qui se laisserait pourtant mourir s'il devait passer plus d'une journée sans pouvoir bénéficier du bienfait immarcescible d'une salutaire pédicure.

Les moins de seize ans ne constituent même pas un livre scabreux, et il est infiniment drôle de relire les stupidités qui furent écrites lorsqu'il parut, sous la plume de Roland Jaccard pour Le Monde qui évoque un «livre provocant et salutaire, courageux et spirituel» ou de Thierry Garcin pour Le Quotidien de Paris qui parle d'un ouvrage ayant créé de «salutaires remous, pour avoir mis les professionnels du progressisme au pied du mur».

Ce livre, s'il constitue, en effet, une confession non point douloureuse ou choquante mais ridicule, s'il évoque la plus grande idée fixe ou obsession, le mot est de Matzneff lui-même, de l'auteur, qui avoue que ses «obsessions sont pareilles à ces baudruches qu'on attache sous les aisselles des petits enfants qui apprennent à nager : qu'elles crèvent [et il] coule à pic» (p. 14), s'il détruit donc définitivement le rempart lilliputien pitoyable que les imbéciles et les vicieux (l'un et l'autre pouvant aller de concert bien sûr) dressent comme une muraille de Chine autour de l'écrivain qui n'écrirait qu'une fiction, soit une réalité purement esthétique, forcément et férocement artistique, parfaitement éloignée de la réalité (4), ce livre est la confession, navrante bien davantage que terrible, d'une solitude.

Solitude d'un écrivant qui se croit écrivain, parce qu'il a beaucoup lu les auteurs antiques, ce qui lui permet de saupoudrer son livre de latin non pas de cuisine mais d'alcôve («Mille puellarum, puerorum mille furores», repris aux Mémoires de Casanova) et de nous rappeler que l'Antiquité consommait les très jeunes enfants de façon immodérée, et solitude parce que, comme tous ceux de son espèce, Gabriel Matzneff est un écrivain mineur qui se croit grand. Il suffit, pour se convaincre de cette nullité bienheureuse, de relire les lettres de la petite fille au vilain monsieur qui ponctuent Les moins de seize ans, et qui sont censées, nous précise l'auteur en note, avoir «été écrites par une adolescente de quinze ans». «Il n'y a pas une ligne qui ne soit d'elle», termine, on s'en doute fièrement, Matzneff (p. 19) et, ma foi, je ne sais s'il s'agit de lettres bien réelles ou d'un jeu de l'écrivain s'étant mis à la place d'une jeune fille mais, dans les deux cas, leur nullité purement littéraire est patente, tout comme est ridicule, mais j'avais déjà souligné cette étonnante dimension à propos des larmoyants Carnets noirs, leur bêtise et fadeur érotiques : «X, mon amant pain d'épice, sucre d'orge, sucre d'or, je t'aime, tu sais, je t'aime» (p. 51). Gabriel Matzneff, aussi sordide qu'un phallus gonflé à l'hélium au beau milieu d'une aventure de Maya l'abeille.

J'ose donc affirmer, contre l'évidence même semblerait-il, que la solitude est le sujet réel, profond, évident même des Moins de seize ans, et non pas les goûts sexuels de Gabriel Matzneff qui écrit pourtant qu'il n'a «jamais eu de rapports sexuels avec une personne de [s]on sexe qui soit âgée de plus de dix-sept ans, sauf une fois avec un garçon de vingt-deux, mais ce soir-là [ils avaient] fumé force sebsi de hasch, [ils étaient] complètement défoncés» (p. 22, l'auteur souligne).

Ce sujet réel, profond, évident, est la solitude et non pas la différence entre l'homosexualité, comiquement moquée, avec un don de prescience qu'il convient de saluer si nous songeons à l'épisode grotesque du mariage homosexuel («ils veulent l'honorabilité et la sécurité, le sourire de leur concierge et les palmes académiques, le certificat de bonnes mœurs et le contrat de mariage», p. 82) et la pédérastie ou plutôt, nous dit l'auteur qui pourtant prend grand soin de distinguer ces deux dernières réalités, la pédophilie (5).

Ce sujet réel, profond, évident, le seul à vrai dire, n'est pas ce que nous pourrions nommer la perversité de Gabriel Matzneff qui sait parfaitement que «la dissemblance psychique entre un adulte et un enfant est, elle aussi, une évidence» (p. 23) et qui jouit donc, mais en cachette, de l'étalage de cette dissemblance, comme tout pervers qui se respecte. Deux façons et deux façons seulement existent de pervertir l'innocence : la force brutale de la bête, et le coupable termine derrière des barreaux emmailloté dans une camisole de force et la ruse de l'esprit, qui est la marque des prédateurs supérieurs dont Gabriel Matzneff, qui se vante de n'avoir jamais rien arraché qui ne lui eût été par avance donné, fait évidemment partie. Je ne me prononce pas sur le type de peine que j'imagine pouvoir convenir à ce type de salopard amateur de «marginalité, [de] bohème, [de] solitude» (p. 81) et, surtout, qui n'est attiré que par une seule chose, moins les très jeunes filles et garçons qui, comme il le confesse, forment une espèce de troisième sexe (cf. pp. 24-5), que l'innocence (cf. p. 72).
 

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Ce sujet unique est la solitude, pas même le caractère clandestin des amours de Gabriel Matzneff, qui affirme qu'il se «tamponne le coquillard» de l'approbation de la société, la «transgression» étant son équilibre, sa santé, sa joie (p. 84), qui écrit que «la chasse aux gosses [doit] demeure[r] un sport périlleux, et défendu !» (p. 85), qui avoue grivoisement qu'il s'est rapproché des scouts, un temps, pour disposer plus facilement de jeunes proies (cf. p. 93, Matzneff se décrivant même comme un «membre actif, il va sans dire» des scouts, sa carte de membre certifiant donc sa qualité de «pédagogue professionnel», bonne ruse pour qu'un père sourcilleux surprenant l'auteur en train de «sodomiser» son rejeton ne puisse donc que croire qu'il s'agissait «d'un de ces «grands jeux» éducatifs dont les scouts ont le secret», p. 94), Gabriel Matzneff qui ne cesse de nous rappeler qu'il est contraint de cacher ce qu'il appelle poétiquement ses «aventures de traverse» (p. 63), de se cacher, surtout avec les garçons, pour étancher ses passions non point secrètes, puisque l’œuvre de Gabriel Matzneff est tout entière une apologie lucide, revendiquée, décomplexée (6), passionnée de la pédérastie, mais condamnable moralement et, surtout, pénalement : «Pour les garçons, c'est une autre paire de manches. Si je ne cache pas trop mon amante de quinze ans, mes aventures avec les petits garçons se déroulent dans une stricte clandestinité» (p. 29).

Je discutais, il y a quelques jours à peine, avec une matznévienne hystérique (pléonasme) qui me soutenait par A + B que Gabriel Matzneff n'avait jamais commis ses larcins pédérastes mais qu'il les avait imaginés dans ses textes, donc sublimés. En somme, nul n'avait le droit de reprocher à un écrivain ce qu'il écrivait, et de citer bien évidemment d'autres salauds des lettres comme Céline : il me fut facile de lui opposer une bonne centaine des propres textes de l'auteur pour lui rappeler que Gabriel Matzneff ne s'est jamais caché d'aimer les «très jeunes [qui] sont tentants», surtout lorsqu'ils résident dans certains pays pauvres, Maroc ou Égypte, «où les gosses attendent souvent quelque profit de leurs complaisances amoureuses» (p. 44), l'auteur confessant très clairement qu'il a donc payé des gamins bien que, s'empresse-t-il d'ajouter, «si violence il y a, la violence du billet de banque qu'on glisse dans la poche d'un jean ou d'une culotte (courte) est malgré tout une douce violence. Il ne faut pas charrier. On a vu pire» (p. 45). En effet, nous avons par exemple vu un pédéraste écrire des livres pédérastiques depuis des dizaines d'années sans que personne ou presque n'y trouve à redire, alors, de quoi nous plaindrions-nous, sycophantes envieux que nous sommes ?

Le sujet évident, profond, unique de notre livre n'est pas la concaténation de sophismes qui tous n'ont qu'un seul but : décomplexer, légitimer, ancrer au passé le plus ancien et illustre des pratiques que la société contemporaine réprouve, y compris pénalement, à tort ou à raison, ce n'est pas du tout l'objet de cette note modeste : «La pédérastie, seule forme possible de la paternité pour celui qui répugne à fonder une famille» (pp. 73-4) ou bien encore : «Les adultes qui n'aiment pas les enfants ne supportent pas que les enfants soient aimés par ceux qui les aiment» (p. 41), sophismes d'autant plus vite enchaînés que, comme le sait parfaitement Gabriel Matzneff qui s'en vante (même s'il ne parle pas, dans ce cas, de lui-même), jamais aucun de ses jeunes amants «n'a trahi le secret, jamais aucun des enfants n'a porté plainte». L'auteur évoque l'affaire, à l'automne 1973, d'un «quinquagénaire, gros, moche, borgne, qui dans un village de l'Est, proche de Forbach, organisait chez lui des ballets roses» (pp. 42-3), mais il est évident que sous le masque du repoussant «Tonton Lucien» se cache le visage si lisse et beau (comme me le confia, le regard chaviré, l'une de ses récentes maîtresses) de Gabriel Matzneff. Il en évoque d'autres, de ces affaires scabreuses, comme celle liée à Mlle Hindley et M. Brady, «accusés d'avoir séduit, torturé et assassiné deux enfants et un adolescent» en 1964, l'auteur ayant d'ailleurs pris le soin d'écrire un article de défense, une «chronique, non recueillie en volume pour l'instant», pour ces «ogres» pour lesquels il avoue avoir «un faible» (p. 46). On a vu pire.

Le sujet évident, unique, profond, inavouable des Moins de seize ans n'est même pas ce jeu malsain avec le vocabulaire religieux, le pervertissement de l'amour, la parodie sacrilège consistant à affirmer que l'amour du pédéraste pour sa proie doit «être un amour qui féconde, libère, «donne le vie», tel l'Esprit-Saint dans la prière byzantine» (p. 65), puisque Matzneff claironne qu'il a donné, avant que du plaisir, de l'amour à ses amants et maîtresses, le sujet véritable de ce livre et de chacun des livres de l'auteur n'est pas cet appel constant, répété, troublant, au Jugement, à «l'heure adorable et terrible où nous nous présenterons devant l'autel nuptial du Christ» et où «nous serons jugés sur l'amour» (p. 33).

L'unique sujet, profond, véritable, incontournable des Moins de seize ans n'est pas le sacrilège et l'évocation de la souillure physique mais surtout spirituelle que cet homme indigne inflige à l'une de ses jeunes maîtresses : «Profitant de l'absence de ses parents, nous faisons pour la première fois l'amour dans sa chambre d'enfant, dans son petit lit, parmi ses poupées» (pp. 72-3).

L'unique sujet profond, véritable, évident, scandaleux, n'est pas le détournement parodique du sacré qui peut faire écrire à Gabriel Matzneff, minable chanoine Docre, des horreurs qui devraient le conduire à macérer durant les dernières années de sa vie dans une trappe oubliée où il passera ses journées à demander le pardon de Dieu sans oser ne serait-ce que chuchoter ses prières : «Coucher avec un/une enfant, c'est une expérience hiérophanique, une épreuve baptismale, une aventure sacrée» ou bien : «Pour un esprit religieux, faire l'amour avec un/une enfant, c'est célébrer la divine liturgie, épiclèse, communion au corps et au sang, dithyrambe du seigneur Dionysos» (p. 75).

Le sujet évident, unique, profond des Moins de seize ans et en fait de tous les livres de Gabriel Matzneff n'est pas sa peur, son immense peur de voir l'une de ses chères maîtresses ou cher amant prendre la poudre d'escampette (l'auteur maîtrise la rupture, à laquelle il a consacré un livre, tout comme il nous rappelle ici, plusieurs fois, l'insensibilité amoureuse de certains de ses jeunes compagnons de jeux, cf. p. 60), mais sa peur de s'entendre dire qu'il n'y a pas eu d'amour, mais du sexe et du vice, pas de beauté, mais de la baise sordide face à la «nécessaire clandestinité» (p. 67), grande peur du mal-pensant que celui-ci exorcise comme il peut, par exemple en faisant tenir à sa maîtresse de 15 ans ce discours qui exsude la peur, sous une apparente bonhomie, le bonheur ridicule d'une gamine confondant un vieux pervers avec l'homme de sa future vie de femme : «Mais même si un jour tu devais me faire souffrir, beaucoup souffrir, jamais l'idée ne pourrait seulement m'effleurer de regretter t'avoir connu. Je suis par avance payée au centuple de mon bonheur présent» (p. 51).

L'unique sujet, profond, visible, indéniable, de Gabriel Matzneff n'est pas le seul argument qu'il juge recevable pour interdire la pédérastie, du moins, soyons prudents, la réfréner : «Une femme, à la rigueur, on la prend, puis on la jette; mais c'est un jeu qu'à moins d'être un salaud ont doit s'interdire avec les très jeunes. Quinze ans est l'âge où l'on se tue par désespoir d'amour, ne l'oublions pas» (p. 57). Ne l'oublions pas en effet, et rappelons que des femmes ou des hommes de tout âge peuvent, par amour, tenter de se suicider ou réussir à le faire, et n'oublions pas les innombrables passages des Carnets noirs où Gabriel Matzneff traite comme une chienne l'une de ses maîtresses, surnommé Gilda, jeune femme qu'il sait pourtant fragile psychologiquement, et qu'il n'hésite pas à virer chaque fois qu'il a terminé de la baiser, oh, pardon, ce terme est grossier, choisissons celui, utilisé par l'auteur, de «gamahucher». Mais Gabriel Matzneff n'était sans doute pas, nous pouvons rêver (7), à l'époque où il a écrit ses Moins de seize ans, le Monsieur Ouine d'opérette et dolent qu'il est devenu quelques années plus tard, puisque, dans les années 70, il affirmait et écrivait que le fait d'aimer «un gosse n'a de sens que si cet amour l'aide à s'épanouir, à s'accomplir, à devenir pleinement soi-même, à faire voler en éclats les barreaux de la cage familiale, à repousser d'une main légère les faux devoirs auxquels le société prétend l'assujettir» (p. 65) comme celui, sans doute, d'honorer, par sa piété, une vertu antique que Matzneff devrait connaître, sa mère et son père.

La solitude de Gabriel Matzneff est le sujet de chacun de ses livres, exprimée en termes pathétiques (au sens premier de l'adjectif qui évoque la souffrance) lorsqu'il évoque, et il a raison, le fait que «la société occidentale moderne [...] rejette le pédéraste dans le non-être, royaume des ombres, Katobasiléia» (p. 30), le pédéraste étant «réduit à la fuite, au néant, au royaume de la mort» (p. 31).

La solitude de Gabriel Matzneff est le sujet de ce livre et de tous ses autres livres, lui qui se décrit comme «l'homme du discontinu», «l'homme de l'instant» qui «n'aime pas l'avenir», seul le présent le captivant (p. 63). Il est troublant de constater que c'est justement Gabriel Matzneff qui, il y a quelques années, me conseilla de lire un livre tout à fait remarquable, L'Homme du néant, dont je rendis d'ailleurs compte dans ma série intitulée Langages viciés, ouvrage surprenant dans lequel Max Picard analyse Hitler comme surgeon historique le plus accompli de l'homme creux, c'est-à-dire gonflé de néant, réduit à vivre dans un monde et une époque caractérisés par leur discontinuité radicale.

La solitude de Gabriel Matzneff, sa meilleure compagne, ne cesse-t-il de nous rappeler, et bien évidemment sa pire ennemie, qu'il s'agit de vaincre en multipliant, au long d'une journée, les amours décomposés, en multipliant les maîtresses car non seulement avoir «tenu dans vos bras, baisé, caressé, possédé un garçon de treize ans, une fille de quinze ans» fait paraître «fade, lourd, insipide» tout le reste (p. 69), mais aussi parce que même ces petits plaisirs peuvent, à la longue, surtout lorsqu'ils sont monodiquement répétés et enchaînés depuis des années tout de même, devenir ennuyeux.

La solitude de Gabriel Matzneff non pas tant, comme Richard Millet, dernier écrivain de langue française autoproclamé, que faiseur tout à fait conscient de n'être qu'un faiseur, la petite ritournelle de cet auteur n'étant confondue, après tout, avec une littérature digne de ce nom que par les imbéciles, à savoir toute une partie de la droite blogosphérique branchée qui aime Causeur et les raouts du Cercle cosaque (quoi, vous me dites que c'est la même chose ? En effet, Leroy ou Guillebon ont déjà colonisé ces petites officines de la contestation murrayienne branchée), ainsi que la gauche léoscheerienne, qui n'a pas encore, je crois, été suffisamment caractérisée, bien qu'il s'agisse d'un épiphénomène, comme l'est du reste toute mode. Plus curieux est le soutien du Point où Matzneff signe ses chroniques ridicules, mais il est vrai que Yann Moix, l'un des plus navrants barbouilleurs de la décennie, officie au Figaro pour le bonheur de ses lecteurs, alors...

Solitude du faiseur qui écrit comme il baise, en rigolant et en passant à la suivante ou au suivant : «C'est un trip super-débandant» (p. 70) pour sûr, tout comme l'est aussi, d'un seul point de vue stylistique, la platitude avec laquelle Matzneff évoque la nullité érotique de l'une de ses maîtresses : «Tout ce qu'elle savait faire, c'était écarter les cuisses et attendre que ça se passe. Jamais une initiative, jamais une caresse un peu sensuelle, d'évidence un corps d'homme ça ne l'intéressait ni ne l'excitait, ça la gênait plutôt. Une vraie bûche» (p. 71).

La solitude de Gabriel Matzneff, pur narcissisme et même «fixation autoérotique survenue à l'époque ambiguë de l'adolescence» (8) est l'unique sujet qu'il importe de lire et de critiquer : solitude de celui qui se croit écrivain et n'est qu'écrivant, parfois même cacographe poussif qui, à force de jouer de la flûte comme un moderne Joueur de Hamelin, finit quand même par connaître son unique petit air, grâce auquel il charmera les gosses, les vieilles salopes et les vieux porcs, solitude existentielle du prédateur contraint de se cacher, en France du moins, pour assouvir sa passion pédérastique et même pédophilique, solitude amoureuse de celui qui, à mesure qu'il se transforme en momie coquette, voit ses anciennes proies se transformer en ce qu'il appelle des renégates, solitude intellectuelle de ce Casanova des cours d'école, solitude spirituelle de celui qui, après la publication d'Isaïe réjouis-toi, perdit son «père spirituel» et qui, du moins à l'époque, se déclarait «éloigné de toute vie liturgique et sacramentelle», solitude eschatologique de ce Monsieur Du Paur qui, en baisant des gamins, déclare éprouver la «nostalgie du Christ, né de la Femme et de l'Esprit, adolescent vierge qui transfigure les contraires, sexe divinisé, intégrité retrouvée, plénitude, androgyne primordial, descendu au plus profond de l'enfer pour [le] ressusciter d'entre les morts, tel l'enfant bénie qui un soir d'août a posé sa main fraîche sur [son] front ardent» (p. 115).

Finalement, notre fier entrepreneur de démolitions n'est qu'un pervers lacrymal, qui planque sa trouille et son vice sous des paletots stylistiques et des prétentions littéraires censées frapper de nullité la morale petite-bourgeoise, à laquelle il aspire pourtant tout entier, que chacune de ses jérémiades invoque pour qu'elle daigne le reprendre et lui accorder un pardon mérité.

Finalement, notre Lovelace aux mille et une maîtresses et amants n'est qu'un vieil homme, désormais, qui réclame le jugement et le pardon et fait absolument tout ce qu'il peut pour procrastiner avec ce qu'il sait constituer son unique salut, intime, visible, évident, à savoir : une solitude rédimée qui ne permettra sans doute pas à son œuvre surestimée de survivre, mais qui conférera, peut-être, un semblant d'honneur à un homme qui, par chacun de ses actes et ses écrits, a bafoué cet honneur.

Finalement, notre libre penseur, notre hérésiarque, notre impénitent mécréant n'est qu'un cathare mal dans sa peau, un jouisseur affamé de chasteté et même de continence, un pervertisseur de l'esprit d'enfance qui confond le respect de la pureté et de l'innocence enfantines avec sa fringale comique et pathétique de baiser un Christ à l'image d'un angelot, un Origène qui attire les badauds en levant bien haut une paire de ciseaux avec laquelle il menace de se châtrer, et qu'il range aussitôt dans la poche de son veston jusqu'à son prochain numéro une fois qu'il a reçu un peu d'attention.

Pauvre Gabriel Matzneff, si pressé de jouir comme un bouc en éternelle érection, pauvre diable affamé de grandeur et de cohérence rimbaldienne, spirituelle donc, qui ne tirera même pas le dernier enseignement de celui qui fut son maître, Henry de Montherlant, qui eut l'élégance de ne pas imposer à ses semblables la vision d'un homme se transformant en pourriture libidineuse.

Notes

(1) Le Livre de poche, 2012, p. 96.

(2) Les moins de seize ans (Julliard, coll. Idée fixe, 1974), p. 12. Les pages entre parenthèses renvoient à cette édition.

(3) Truqué car enfin, sauf erreur de ma part, Franz-Olivier Giesbert, un de ces cumulards des honneurs factices à la française (puisqu'il est membre du Siècle, membre de l'Association Universelle des Cultures, membre du jury du Prix P. J. Redouté, du Prix Aujourd'hui, du Prix de la Fondation Mumm, du Prix Louis Pauwels, Président du Prix de la Fondation Alexandre Varenne et membre du Conseil d'Administration de l'Établissement public du Musée du Louvre depuis octobre 2000) qui lui a ouvert les colonnes du Point est aussi membre du jury du Prix Renaudot qui a récompensé son dernier ouvrage paru, Séraphin c'est la fin !.

(4) Lisons l'auteur : «Ces idées fixes, ces passions, ces obsessions, ces expériences nourrissent ma vie, qui elle-même nourrit mes livres, car je n'ai aucune imagination, et je ne puis exprimer sur la page blanche que ce que j'ai vécu, connu, éprouvé» (p. 16). À ce titre, le passage qui suit, et qui développe le fait que des auteurs comme Dostoïevski ou Thomas Mann ont été contraints de passer par la fiction pour mettre en scène leur goût immodéré des enfants, est exemplaire et sans la moindre ambiguïté, Gabriel Matzneff soulignant le fait que, lui au contraire, va ôter son masque à Dionysos, lequel peut «manger le morceau» (p. 17).

(5) «[...] à dix-huit ans passés on n'est plus un enfant; le règne de la pédophilie s'achève, commence celui de l'homosexualité» (p. 25).

(6) «J'ai horreur de Socrate, de Platon, de toute la mélasse sublime dont ils enrobent le désir et le plaisir, j'ai horreur de la pédérastie à prétentions pédagogiques. On peut caresser un jeune garçon sans se croire obligé de lui donner une leçon de maths ou d'histoire-géo dans la demi-heure qui suit. Et qu'on ne nous casse pas les pieds avec l'amour des âmes. L'âme, ça n'existe pas, et si ça existe, ça n'existe qu'incarnée, chair dorée, duveteuse [...]» (p. 32).

(7) Nous pouvons en effet rêver, car Matzneff semble avoir toujours été ce monstre propret et impeccablement vêtu que nous montrent ses plus récentes photographies : «Le plus important service que je puisse rendre à un adolescent, après lui avoir transmis tout ce que je suis capable de lui transmettre, c'est de lui enseigner à se passer de moi» (p. 66).

(8) Gabriel Matzneff cite à la page 81 le professeur Albeaux-Fernet, dans un article du Monde daté du 7 mai 1974.