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samedi, 29 février 2020

Les Etats-Unis et les traités internationaux ou «Pourquoi se gêner?»

par Gérard Chesnel*

Ex: https://geopragma.fr

Le 31 janvier dernier, la Maison Blanche a publié un communiqué annonçant que « le Président Donald Trump avait annulé la politique de l’administration Obama interdisant aux forces militaires américaines d’employer des mines antipersonnel en dehors de la péninsule coréenne », en utilisant un argument assez fallacieux : les restrictions imposées par l’administration Obama pouvaient occasionner un « désavantage sévère » pendant un conflit. Dans un deuxième paragraphe, comme pour s’excuser, le communiqué précise que ces mines seraient à durée de vie limitée et qu’on s’efforcerait de réduire les dommages involontaires causés aux populations civiles et aux forces alliées.

Cette décision entre en conflit frontal avec la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de ce type d’armes. Elle n’a toutefois fait l’objet d’aucun commentaire à Berlin ou à Londres. La France, elle, a réagi par le truchement de la Commission Nationale pour l’élimination des mines antipersonnel, où le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères est représenté par un Ambassadeur. La CNEMA souligne qu’il s’agit d’un « grave recul sur un sujet qui fait le plus large consensus dans la communauté internationale, la Convention d’Ottawa ayant été ratifiée par 164 pays. Les Etats-Unis (qui ne l’avaient pas signée), la respectaient de fait et, en particulier depuis l’élection du Président Trump, avaient fortement augmenté leur contribution aux opérations de déminage dans le monde. Les Etats-Unis, dont les forces sont exposées comme les nôtres, en particulier au Moyen-Orient et au Sahel, à la prolifération des engins explosifs improvisés, ne devraient en aucun cas courir le risque d’affaiblir la lutte contre ces engins de mort, en justifiant leur utilisation quels que soient les précautions et les dispositifs imaginés pour protéger les populations civiles, qui inspirent les plus grands doutes ». Le communiqué de la CNEMA poursuit : « Cette décision est d’autant moins justifiée qu’un consensus s’est désormais établi dans la communauté militaire sur le peu d’intérêt militaire des mines antipersonnel, dont les dégâts pour les populations civiles sont sans commune mesure avec l’utilité opérationnelle ».

Alors pourquoi ? En fait, cette décision, même si elle vise au premier chef l’administration Obama, s’inscrit dans une longue tradition de non-engagement des Etats-Unis dans le moindre traité, la moindre convention qui pourrait limiter en quoi que ce soit leur liberté d’action. Cela remonte aux origines du pays. Dans son message d’adieu au Congrès en 1796, George Washington déclarait déjà : « Notre véritable politique doit être d’éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger ». Suivit peu après, en 1823, la fameuse « doctrine Monroe » et, près d’un siècle plus tard, le retentissant refus du Sénat de ratifier la convention créant la Société des Nations, dont pourtant le père était le président américain Woodrow Wilson.

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Ce refus de s’engager touche tous les domaines, du plus important au plus modeste.

  • Dans le domaine stratégico-militaire, certes les Etats-Unis ont accepté de signer, en 1972, le traité SALT I sur la limitation des armements stratégiques, mais ils avaient affaire à un interlocuteur de même force qu’eux, l’URSS. Ils ont signé également en 1972 le traité ABM interdisant les missiles anti-missiles mais l’ont dénoncé 30 ans plus tard. Et le traité SALT II (1979), même s’il a été respecté par les deux parties, n’a jamais été ratifié par Washington. De même, le traité START I sur la réduction des armes stratégiques a bien été signé en 1991 (et ratifié seulement en 1994) mais START II (1993) n’a jamais été ratifié. Le traité New START, signé en 2010 par les Présidents Obama et Medvedev, arrive à son terme en 2021 et le Président Trump a déjà fait savoir qu’il ne serait pas reconduit. Quant au traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, il a bien été signé en 1987 mais il vient d’être dénoncé par Washington en août dernier, au prétexte que Moscou aurait accru ces dernières années ses capacités de manière incompatible avec le traité. Enfin, rappelons que les Etats-Unis n’ont signé ni la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel (1997), ni la Convention d’Oslo sur l’interdiction des armes à sous-munitions (2008). C’est pourtant Washington qui, dans les années 1970, a déversé sur le Laos des quantités phénoménales de ces « bombelettes » qui tuent encore aujourd’hui, en temps de paix, plus d’enfants que pendant la guerre.
  • Dans le domaine économique, les Etats-Unis ont refusé de signer la Convention de Montego Bay sur le Droit de la Mer (1973) qui crée notamment une zone économique exclusive de 200 milles autour des îles et au large des continents. Cela leur permet de continuer à piller nos ressources halieutiques notamment dans l’océan Pacifique, mais aussi dans l’océan Indien (dont le quart sud est en principe inclus dans notre ZEE).
  • Que dire de l’OMC ? Les Etats-Unis certes y ont adhéré lors de sa création en 1995 mais l’administration Trump bloque depuis deux ans la nomination de juges au tribunal d’arbitrage, entraînant sa paralysie et menaçant l’existence même de l’organisation.
  • Dans le domaine social, l’OIT a fait la liste des conventions non ratifiées par les Etats-Unis : il y en a 66. Parmi celles-ci, la convention sur le travail des enfants n’a pas, elle non plus, trouvé grâce aux yeux de Washington.
  • Pour couronner le tout, le Président Trump a dénoncé dès son élection l’accord sur le climat atteint lors de la COP 21 à Paris en 2015.

Hyper-puissance confite dans son égocentrisme, les Etats-Unis usent et abusent de leur force et de leurs monopoles. En français, on appelle cela « abus de position dominante ». Pour un Américain moyen, peu habitué aux termes juridiques même les plus simples, cela se traduit par : « Pourquoi se gêner ? »

*Gérard Chesnel, trésorier de Geopragma

Le coronavirus, une épidémie qui tombe à point !

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Le coronavirus, une épidémie qui tombe à point !

Ex: http://www.geopolintel.fr

La menace de pandémie mondiale qui affole les peuples et les gouvernements doit nous rappeler l’histoire du virus ayant frappé le Mexique. Presque dix ans plus tard, le même scénario se profile avec la peur d’une hécatombe comme celle de la grippe espagnole du début du vingtième siècle...


Il faut se méfier de ces effets de communication dont on peut suspecter qu’ils cachent la fabrication d’armes bactériologiques et peut-être leur utilisation. Les activistes écologistes qui se battent pour l’arrêt du nucléaire devraient plutôt s’inquiéter de ces laboratoires et assiéger l’OMS pour demander des comptes. Mais ils préfèrent harceler les bouchers coupables de vendre de la viande et ne se soucient pas des décès des ouvriers africains causés par l’extraction du lithium.


La pollution la plus meurtrière n’est pas celle que l’on nous montre, mais celle qui tue en dehors des circuits de communications officielles.


Il est grand temps de légiférer pour interdire ces armes bactériologiques bien plus puissantes et dangereuses que nos arsenaux nucléaires.

La grippe mexicaine, une épidémie qui tombe à point !

Un nouveau virus, qui serait une combinaison improbable de plusieurs souches de grippes, animales et humaine, adapté à l’homme, sévit depuis un mois sur le continent américain.

Le virus est apparu dans trois foyers, en milieu urbain, au Mexique, dont la situation a rapidement évolué vers l’état d’urgence, et a déjà atteint les États-Unis. D’autres cas sont suspectés à travers le monde.


Trois conditions sont requises pour qu’une pandémie puisse se déclencher : il faut qu’un nouveau virus émerge contre lequel la population n’a pas développé d’immunité, il doit être virulent, c’est-à-dire capable de provoquer une maladie grave, éventuellement mortelle et la contagiosité doit être réelle, ce qui exige la transmission directe entre humains.

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Ce nouveau virus semble remplir ces conditions et aurait donc un potentiel pandémique. Il est de type A, sous-type H1N1, le même qui fut responsable de la grippe espagnole, pandémie d’ampleur historique qui fit des dizaines de millions de morts à travers le monde. Cette nouvelle souche contient une combinaison jamais vue d’ADN de quatre virus : deux porcins, un aviaire et un humain.


« Ces événements sont très inquiétants […] en raison de l’étendue géographique des différentes apparitions ainsi que l’âge inhabituel des groupes atteints », a expliqué l’OMS dans un communiqué diffusé sur son site Internet. Cependant, le nombre encore relativement peu élevé de victimes, pas plus de 200 en un mois au Mexique, incite à relativiser. En effet, une pandémie, comme la grippe espagnole, lorsqu’elle se produit, est explosive. Elle fit plusieurs millions de morts en à peine trois mois au cours de l’hiver 1918-19 et fut une cause non négligeable de la cession des combats de la Première Guerre Mondiale.

Comme de 2003 à 2006, lors du pic de l’épizootie de grippe aviaire, les services en charge de la santé communiquent beaucoup. Remarquons que curieusement, ils ne prennent toujours pas, à l’heure actuelle les mesures coercitives nécessaire en cas de danger épidémique immédiat tels que l’arrêt des transports aériens. Commerce et libre échange obligent sans doute…

Drôle de siècle qui a débuté avec le SRAS, curieuse maladie pulmonaire aussi vite disparue qu’elle était apparue, puis qui nous a apporté l’épizootie de grippe aviaire dont la cause la plus probable réside dans les méthodes d’élevage concentrationnaires de l’industrie avicole, et maintenant une grippe porcine qui se serait soudainement adapté à l’homme et qui sévit dans les villes où la promiscuité avec les porcs est plutôt rare. D’ailleurs, il faut noter que ce virus est inconnu dans les élevages de porc et qu’aucune contamination du porc à l’homme n’a été identifiée pour expliquer l’apparition de cette épidémie, le terme de grippe « porcine » est donc impropre. A ce jour, l’apparition soudaine de ce nouveau virus est une énigme.

Au final, quelle que soit sa gravité et son étendue, cette nouvelle maladie tombe à point pour affoler les populations, qui s’étaient un peu lassées de ces vaines alertes à la grippe aviaire trop souvent réitérées, et inciter les décideurs nationaux à renouveler les réserves stratégiques d’anti-viraux qui parvenaient dans de nombreux pays à leur date de péremption. Ce qui accessoirement a dopé les actions des laboratoires pharmaceutiques sur les places boursières… Crise financière et crise sanitaire font de ce point de vue, bon ménage !

« Le Tamiflu*, médicament à base d’oseltamivir utilisé contre la grippe aviaire, est efficace pour ce virus. » a déclaré l’OMS. Cela tombe bien, les pays ont de vastes stocks à écouler, constituées lors de la psychose du poulet. Il devenait opportun de les renouveler.

Il est cependant remarquable de constater que les virus grippaux mutent sans arrêt mais que le Tamiflu resterait immuablement valable pour tous. D’où la divine surprise d’une soudaine envolée des actions des firmes pharmaceutiques produisant anti-viraux et vaccins.... Après nous avoir vanté le Tamiflu pour lutter contre le virus aviaire, l’OMS récidive avec ce nouveau virus. L’Organisation Mondiale de la Santé semble s’occuper surtout de la santé financière des firmes pharmaceutiques.Cette crise est en tous cas un excellent dérivatif pour faire – momentanément – oublier l’effondrement économique et social qui affecte de plus en plus le monde occidental.

* En 1976, une épidémie de grippe porcine s’est déjà déclarée à Fort Dix, dans le New Jersey. Du fait qu’il existait des similarités entre ce virus et celui de la pandémie de 1918, une autre catastrophe était prédite. En réaction aux inquiétudes croissantes du public, le président des Etats-Unis de l’époque, Gerald Ford, commanda l’établissement d’un programme national d’immunisation. Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense, fut à l’initiative du plan de vaccination et 47 millions d’américains furent vaccinés avec un vaccin expérimental produit par Merck & Co. A la fin de 1976, la grippe n’était pas pandémique, elle ne s’était pas propagée à l’extérieur de Fort Dix et n’était pas la meurtrière annoncée.

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Gilead Sciences a breveté en 1996 le Tamiflu préconisé par l’OMS dans toute forme de grippe et en cède les droits d’exploitation à Roche contre 10% des ventes. Selon CNN Money, Rumsfeld, détiendrait entre 5 et 25 millions de dollars d’actions Gilead Sciences, qu’il présidait en 2001 lorsqu’il fut nommé secrétaire à la Défense de Bush Jr. Alors que ce dernier annonçait sa stratégie nationale à 7 milliards de dollars contre une éventuelle pandémie de grippe aviaire, Rumsfeld dut démissionner du conseil d’administration de Gilead pour éviter des accusations de conflit d’intérêt. Après consultation du comité d’éthique, il conserva toutefois ses actions.

La rédaction Geopolintel

13:29 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, actualité, pathologies, épidémies, pandémies | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 28 février 2020

2015-2020: Gewalt, Terror, Spaltung – Wie ein Land zerstört wird

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Stefan Schubert

2015-2020: Gewalt, Terror, Spaltung – Wie ein Land zerstört wird

Ex: https://kopp-report.de

Die Sicherheitslage in Deutschland ist seit dem Jahr 2015 geradezu implodiert. Warnungen vor den aktuellen Zuständen gab es zuhauf, diese wurden jedoch ignoriert und als Populismus stigmatisiert. Ob die elf Morde von Hanau die Amoktat eines Wahnsinnigen oder ein Terroranschlag waren, spielt im Gesamtbild eine marginale Rolle. Hanau reiht sich ungeachtet in die Welle schwerster Gewalttaten des öffentlichen Raumes ein. Nach einer Sicherheitsanalyse der vergangenen Jahre kann man nur zu dem Ergebnis gelangen, dass die Gewalt und der Terror von allen Seiten weiter eskalieren wird.

51QqrlGzSxL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgDie von den Berliner Eliten weiterhin negierte oder verspottete »Destabilisierung Deutschlands« ist in vollem Gange und wir alle befinden uns inmitten dieser gesellschaftlichen Verwerfungen.

Doch Hanau, eine Stadt mit knapp 100 000 Einwohnern, lässt sich bei weitem nicht mehr als »hessische Idylle« bezeichnen, wie es von den Mainstreammedien derzeit verbreitet wird. Der Kontrollverlust durch die Flüchtlingswelle und die Gewalt von muslimischen Männerbanden hat auch hier zugeschlagen. »Gewalt-Brennpunkt: In Hanau kann es jeden treffen«, lautete der Titel eines Welt-Artikels über die Stadt.

Anlass der Berichterstattung war eine Häufung von brutalen Massenschlägereien mitten in der Stadt. Afghanische Flüchtlinge trugen in der Innenstadt gewaltsame Revierkämpfe mit Türken aus. Die verfeindeten Mobs bestanden aus bis zu 150 aggressiven jungen Männern, die regelmäßig Großeinsätze der Polizei auslösten und die Hanauer Bevölkerung verunsicherten. Der SPD-Sozialdezernent Axel Weiss-Thiel äußerte sich folgendermaßen dazu:

»Migrations- und Zuwanderungsbewegungen spielen eine Rolle. Dadurch tritt eine Verschärfung auf. Da sind zum Beispiel auch junge Flüchtlinge ohne Perspektive involviert, die auf andere Gruppen treffen, die unterschiedlich sozialisiert sind.«

Die in der Innenstadt herumlungernden (meist) afghanischen Flüchtlinge beschrieb der Sozialdezernent als gewaltbereite junge Männer.

Darüber hinaus kam es zu willkürlichen Gewalttaten gegen Einheimische, die schwer verletzt ins Krankenhaus eingeliefert werden mussten. Ein 38-jähriger Hanauer wurde beispielsweise Zufallsopfer dieser Gewalt. Der 38-Jährige musste sogar befürchten, sein Augenlicht durch die Schläge zu verlieren. Das Regionalblatt Kreisbote berichtet über eine ganze Reihe von willkürlichen Gewalttaten gegen Einheimische im Februar 2020. Einer der flüchtigen Täter wird beschrieben als etwa 1,75 Meter großer Mann mit schwarzen lockigen Haaren.

Hanau zu einem idyllischen Städtchen zu verklären, in dem alle Bevölkerungsgruppen und Asylbewerber friedlich miteinander leben, ist somit schlichtweg nicht zutreffend.

»Verwerfungen« durch Flüchtlingswelle werden durch globale Strippenzieher einkalkuliert

Den Eliten war und ist die Gewaltwelle durch die Zusammensetzung des Flüchtlingsstroms bewusst. Dieser besteht bekanntlich aus mehrheitlich alleinreisenden Männern im wehrfähigen Alter, die zudem eine islamische Sozialisation in ihren Herkunftsländern durchlaufen haben. Am 20. Februar 2018 äußerte sich der Harvard-Politologe Yascha Mounk in den Tagessthemen dazu wie folgt:

» … dass wir hier ein historisch einzigartiges Experiment wagen, und zwar eine monoethnische, monokulturelle Demokratie in eine multiethnische zu verwandeln.  Das kann klappen, das wird, glaube ich, auch klappen, dabei kommt es aber natürlich auch zu vielen Verwerfungen.«

Auch im Spiegel äußerte sich Mounk ähnlich, hier sogar mit einer weiteren Forderung: »In Westeuropa läuft ein Experiment, das in der Geschichte der Migration einzigartig ist: Länder, die sich als monoethnische, monokulturelle und monoreligiöse Nationen definiert haben, müssen ihre Identität wandeln.« Im Prinzip hat Mounk hier den Begriff des Bevölkerungsaustausches in einer pseudowissenschaftlich-globalistischen Sprache wiedergegeben und ungeheuerliche Forderungen aufgestellt. Doch sobald Bürger dieses Landes über den Begriff des Bevölkerungsaustausches debattieren möchten, werden diese sofort zu »Nazis« und »Verschwörungstheoretikern« stigmatisiert, und laufen Gefahr, in einem Verfassungsschutzbericht an den Pranger gestellt und so gesellschaftlich vernichtet zu werden. Betrachtet man die Morde von Hanau hinsichtlich der Äußerungen von Mounk sowie unter Einbezug der Tatsache, dass zahlreiche Gewalttaten durch muslimische Flüchtlinge gegen einheimische Hanauer verübt wurden, ergibt sich ein differenzierteres Gesamtbild.

Warnungen vor diesen Zuständen bereits im Jahr 2015

Die Kausalitäten der Spaltung unserer Gesellschaft sowie der Entstehung von Gewalt und Terror sind offensichtlich, jedoch weigern sich Politik und Medien, diese zu benennen, da ihre Agenda diese Destabilisierungen maßgeblich verursacht hat. Über die Gewalt- und Verbrechenswelle, die seit den Grenzöffnungen 2015 über Deutschland hinweggebrochen ist, weigern sich die Mainstreammedien, ausführlich zu berichten.

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Darüber hinaus werden die Gewalttaten in keinen Zusammenhang zur Masseneinwanderung gestellt: Der Kölner Sex-Mob an Silvester, Mädchenmorde wie in Freiburg und Kandel, Gruppenvergewaltigungen, der Axtmord von Limburg, der Schwertmord von Stuttgart, willkürlich erstochene Menschen, Passanten, die vor einfahrende Züge gestoßen werden, die islamistischen Terroranschläge auf den Berliner Weihnachtsmarkt, der Hamburger Messeranschlag eines IS-Terroristen, der Ansbacher Sprengstoffanschlag durch einen muslimischen Selbstmordattentäter, der Angriff mit Stichwaffen im Würzburger Regionalzug und die Messerattacke in Hannover auf einen Polizeibeamten durch eine IS-Anhängerin, seien hier nur stichwortartig aufgeführt.

Viele der Täter sind mit dem Flüchtlingsstrom unkontrolliert über Deutschlands offene Grenzen eingewandert. Dieser Fakt wird auf Nachfrage von Behördenseiten bestätigt, nur weigert sich der Mainstream, darüber zu berichten. Sei es über die eine Million Straftaten durch Flüchtlinge aus meist muslimischen Herkunftsstaaten, die das BKA in den Lagebildern »Kriminalität im Kontext der Zuwanderung« seit 2015 ausweist, oder auch die 2645 islamistischen Terrorverfahren des Generalbundesanwaltes im gleichen Zeitraum, all diese epochalen Fehlentwicklungen werden von Politik und Medien negiert.

51dcltXKZTL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgMenschen, die die Politik der offenen Grenzen und eine unkontrollierte Einwanderung kritisieren oder auch nur öffentlich darüber debattieren möchten, werden pauschal als »Nazis« und »Rassisten« diffamiert. Selbst Wahlen, wie die demokratische Wahl des FDP-Ministerpräsidenten in Thüringen, müssen auf Zuruf der Kanzlerin rückgängig gemacht werden. Gleichzeitig werden hunderttausende Facebook- und YouTube-Konten gesperrt oder sogar ganz gelöscht, wodurch versucht wird, die Meinungsfreiheit immer weiter einzuschränken. So wird dem unzufriedenen Teil der Bevölkerung keinerlei Raum mehr zugestanden, den eigenen Unmut zu äußern. Dieses totalitäre Gebaren verursacht Wut und Hass, der sich in immer kürzeren Abständen gewaltsam entlädt. Vor genau diesen Entwicklungen haben Sicherheitsexperten, wie der verstorbene Udo Ulfkotte und der Autor dieses Artikels, bereits im Jahr 2016 in ihrem Spiegel-Bestseller Grenzenlos kriminell gewarnt.

Auch hohe Sicherheitsbeamte des BKA, BND, der Bundespolizei und des Verfassungsschutzes haben intern davor gewarnt. Im Buch Grenzenlos kriminell zitiert der Autor aus einem Geheimpapier der Behörden, dort heißt es:

»Der Zuzug von Menschen aus anderen Weltteilen wird zur Instabilität unseres Landes führen«. Die Integration Hunderttausender Einwanderer sei unmöglich, stattdessen »importieren wir islamischen Extremismus, arabischen Antisemitismus, nationale und ethnische Konflikte anderer Völker sowie ein anderes Rechts- und Gesellschaftsverständnis«. Auch auf die Polarisierung der Gesellschaft sowie die Unterdrückung der Mehrheitsmeinung der Bevölkerung, die diese millionenfache Einwanderung klar ablehnt, geht das Papier ein: »Wir produzieren durch diese Zuwanderung Extremisten, die bürgerliche Mitte radikalisiert sich, weil sie diese Zuwanderung mehrheitlich nicht will und ihr dies von der politischen Elite aufgezwungen wird.«

Die Schlussfolgerung des Spitzenbeamten ist nachvollziehbar. Jeder hat sie in der einen oder anderen Form auch schon bei sich selbst festgestellt: »Wir werden eine Abkehr vieler Menschen von diesem Verfassungsstaat erleben.« Um die Zukunft dieses Landes ist es nicht gut bestellt, und es droht schlimmer zu werden, als bisher befürchtet. Es folgen realistische Einschätzungen über bevorstehende Unruhen, die erschrecken und wehmütig werden lassen:

»Die deutschen Sicherheitsbehörden sind und werden nicht in der Lage sein, diese importierten Sicherheitsprobleme und die hierdurch entstehenden Reaktionen aufseiten der deutschen Bevölkerung zu lösen.«

Diese Feststellung eines Spitzenbeamten der Sicherheitsbehörden beinhaltet nichts Geringeres als die Prophezeiung eines nahenden Bürgerkrieges.

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Dienstag, 25.02.2020

Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

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Entre le marteau islamiste et l’enclume gendériste

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’« affaire Mila » démontre une nouvelle fois que la soi-disant « Droite nationale » aime se fourvoyer avec ses pires ennemis au risque d’en perdre sa singularité dès qu’elle entend le couplet éculé de l’« unité nationale ».

Mila est cette lycéenne de 16 ans vivant à Villefontaine en Isère. Le 18 janvier dernier, elle insulte l’islam sur le réseau social Instagram. Habituée à étaler sa vie privée sur cette place publique virtuelle, elle repousse ce jour-là les lourdes avances d’un pitoyable dragueur probablement de confession musulmane. Touché dans sa fierté, celui-ci la tance vertement. Mila réplique en vilipendant la religion musulmane. Elle suscite en réaction une vague de commentaires haineux, de menaces de mort et d’appels au viol. Déscolarisée quelques semaines, Mila et ses proches vivent maintenant sous protection policière. Si la police cherche à identifier les auteurs des menaces, le Parquet a finalement décidé un non-lieu concernant une supposée incitation à la haine raciale. On ignorait que les mahométans appartinssent à une race…

Des politiciens (et surtout des politiciennes !) se distinguent par leur condamnation explicite des propos de l’adolescente. Les viragos du féminisme, si promptes d’habitude à dénoncer le premier Gabriel Matzneff venu, se font pour l’occasion bien discrètes. D’autres, en particulier ceux du Rassemblement ex-national, lui apportent un soutien médiatique et s’alignent sur la « gauche Charlie ». Ainsi l’avocat de l’hebdomadaire satirique, Richard Malka, la défend-il. Marine – Malka, même combat ? Un cauchemar…

Outre le rôle délétère des réseaux sociaux dans la construction psychique des enfants mineurs qui ne devraient pas les utiliser avant leur majorité légale, cette affaire prouve la nocivité de cinq décennies d’immigration extra-européenne avec l’inévitable islamisation qui en découle. Ce phénomène inquiétant profite de l’anomie grandissante d’une société soumise aux lubies minoritaires inclusives, multiculturalistes et gendéristes à tel point que l’intersectionnalité tant vantée en fac atteint ici ses limites conceptuelles.

En effet, invitée le 3 février sur TMC dans l’émission de l’ineffable Yann Barthès « Quotidien », Mila relate ce qui déclencha la colère de son soupirant éconduit et le torrent de critiques virulentes à son encontre. Elle discute alors sur le réseau social, suivie en direct par des dizaines d’internautes, – ce qui ne correspond donc pas à une conversation privée -, avec une abonnée qui l’interroge sur ses préférences sexuelles. Eh oui ! À 16 ans, on s’exhibe volontiers au risque d’être impudique. Déjà bien dévergondée, Mila dévoile sa vie intime : « Je lui ai dit que j’étais lesbienne. Elle m’a demandé quel était mon style de fille, m’a dit qu’elle, personnellement, n’aimait pas particulièrement les Rebeus et les Noires. Je lui ai dit que c’était pareil pour moi (Libération des 8 et 9 février 2020). »

1524635a2e2f58f75ef62a45b03c6090.jpgToujours prêt à réagir, Barthès reste coi. Ne pas apprécier des Beurettes et des Africaines, n’est-ce pas une preuve flagrante de discrimination ? Mila n’avoue-t-elle pas un désir de ségrégation ? Refuserait-elle le paradis multiracial arc-en-ciel ? La lycéenne iséroise ne serait-elle pas une sympathisante cachée du nationalisme queer ? C’est une nouvelle manifestation du gendérisme.

Cette approche se retrouve dans la proposition de loi constitutionnelle déposée par 41 députés LR – UDI et non-inscrits. Le texte prévoit d’ajouter dans l’article 4 de la Constitution de 1958 la laïcité et d’inscrire dans l’article 1er que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune », c’est-à-dire du Diktat franç-maçon. Les partis dits « communautaristes » ne bénéficieraient plus du financement public et pourraient se voir dissoudre pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Le mouvement national-catholique Civitas ou des formations favorables à la préférence nationale et à « la France aux Français » seraient les premiers ciblés. En revanche, un dîner annuel hautement communautaire auquel sont conviées toutes les autorités du Régime se poursuivra sans aucun problème.

Le code pénal comporte vingt-trois critères de discrimination (l’âge, le sexe, l’origine, l’appartenance ou non à une race, à une nation ou à une ethnie, la grossesse, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les opinions politiques, syndicales et philosophiques, les croyances ou l’appartenance ou non à une religion, la situation de famille, l’apparence physique, le nom, les mœurs, le lieu de résidence, la perte d’autonomie, la vulnérabilité économique, la glottophobie et la domiciliation bancaire). Pourquoi cette restriction aux seules origine et religion ? Un intersexuel non binaire ou un chauve à forte surcharge pondérale pourraient-ils, eux, y déroger légalement ?

Pis, cette proposition de loi constitutionnelle stipule que tout agent public avant de prendre sa fonction devrait prêter serment d’« adhérer loyalement à la République, à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité et à la Constitution ». « En cas de parjure, explique ce texte affligeant, l’agent serait automatiquement démis de ses fonctions car nul ne peut servir la République sans adhérer aux valeurs de celle-ci et de ses textes fondateurs ». On notera l’occultation complète de la France par rapport à la sinistre « Ripoublique », validant notre thèse gallovacantiste.

Créature échappée de la ménagerie chiraquienne, le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, justifie l’initiative de ses collègues par un argument invraisemblable : « Comme en 1789, nous avons besoin de renouer notre accord sur le principe du vivre-ensemble (Le Figaro du 3 février 2020). » Philippe Bas (d’esprit) ne cache pas son ignorance presque révisionniste de l’histoire…

La République française devient sous couvert d’un vivre-ensemble infernal une nouvelle divinité laïque. Viendront bientôt l’interdiction de l’Action Française et de la Nouvelle Action Royaliste, l’expulsion de la Maison d’Orléans et la déchéance de nationalité des princes Louis de Bourbon, Napoléon et Sixte-Henri de Bourbon-Parme tandis qu’un islamisme fomenté depuis Riyad, Doha et Ankara s’implante durablement dans les banlieues de l’immigration sans cesse renouvelée. L’islamisme tue des vies tandis que le gendérisme massacre des âmes. Le Boréen du XXIe siècle doit combattre ces deux menaces équivalentes au nom d’une troisième voie décente.

Dans ces circonstances difficiles, n’espérons rien du Rassemblement ex-national. Celui-ci préférera toujours traduire devant son conseil de discipline sa tête de liste à Guînes dans le Pas-de-Calais, Laurent Marécaux, trente ans de militantisme au Front national. Sa faute ? Avoir proposé sur sa page Facebook, le 26 janvier dernier, « l’instruction des adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes présentes et futures ». Scandale au Carré de Nanterre !

Cette suggestion légitime ne va pourtant pas assez loin. À l’instar de la préparation militaire obligatoire en Russie, c’est toute la jeunesse albo-européenne de France qui devrait recevoir de véritables cours martiaux, y compris la post-binaire Mila, grande amie d’une partie seulement du genre humain, qui découvrira enfin le maniement des gros calibres.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 160, mise en ligne sur TV Libertés, le 17 février 2020.

jeudi, 27 février 2020

Historian of the Future: An Introduction to Oswald Spengler’s Life and Works for the Curious Passer-by and the Interested Student

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Historian of the Future:
An Introduction to Oswald Spengler’s Life and Works
for the Curious Passer-by and the Interested Student

By Stephen M. Borthwick
Ex: https://europeanheathenfront.wordpress.com

There have been two resurgences in the popularity of Oswald Spengler since the initial blooming of his popularity in the 1920s; the first in the 1980s and the second most recently, with almost ten major books dealing directly with him or his thought published in the last ten years, and more articles in various academic journals. It is a resurgence in the popular mind that may yet be matched in the academy, where Spengler has hardly been obscure but nevertheless an unknown—a forbidden intellectual fruit for what was, in the words of Henry Stuart Hughes, his first English-language biographer, “obviously not a respectable performance from the standpoint of scholarship” calling Decline of the West, in form typical to Hughes’ species “a massive stumbling block in the path to true knowledge”.[1] This is a pervasive attitude amongst academics, whose fields, especially history, are dominated by a specialisation that Spengler’s history defies with its broad perspective and positivist influences. As such when Spengler’s magnum opus first appeared, it was immediately subject to what in popular parlance can only qualify as nit-picking, which did not cease when the author corrected what factual errors could be found in his initial text. Nevertheless, in the popular mind Spengler has remained an influential if obscure author. Most recently, his unique, isolated civilisations encapsulated in their own history has been observed in Samuel Huntington’s Clash of Civilizations and the Remaking of the World Order, though the development of civilisations from Mediterranean to Western that he paints resembles the dominant theory posited by William McNeill in his Rise of the West rather than Spengler’s Decline of the West. Nevertheless, Spengler’s theory of encapsulated cultural organisms growing up next to one another, advanced by subsequent authors like Toynbee, remains a stirring line of thought, growing more relevant in the rising conflict between Western countries and the resurging Islamic world.

T9780195066340_p0_v1_s550x406.jpgo understand this adversity that Spengler’s ideas struggle against in the academic establishment, and therefore to know why his ideas have filtered through the decades but left his name and book behind, it is necessary to do what very few academics dare to do: to explore and openly discuss the significance of Spengler’s thought. This is the project of this essay; to explain to any who have recently discovered Spengler, especially if they are a college student or college graduate, why they have never heard the name “Spengler” before, and what his thought entails at its most basic level. This discussion will deal not just with Spengler’s most famous work, Der Untergang des Abendlandes (“The Downfall of the Occident”, popularly known as Decline of the West, after C.F. Atkinson’s translation) but also with his numerous political pamphlets and subsequent works of philosophy and history. His philosophical texts include, chiefly: Man and Technics, a specialised focus expanding on the relationship of the human being and the age of technology in which we live already mentioned in Decline, The Hour of Decision, which foresees the overthrow of the Western world by what today would be called the “Third World”, or what Spengler refers to as the “Coloured World”, and Prussianism and Socialism, his first major political text, prescribing the exact form of political structure needed, in his view, to save Germany immediately after the First World War. Numerous other texts, published by C.H. Beck in Munich, also exist, compiled in two primary collections, Politischen Schriften (“Political Writings”) of 1934 and posthumous Reden und Aufsätze (“Speeches and Essays”) of 1936; these are joined by Gedanken (“Reflections”), also of 1936. His unfinished works, posthumously collected and titled by chief Spengler scholar Anton Koktanek in the 1960s, Urfragen and Frühzeit der Weltgeschichte, will not be touched upon in this brief introduction, since they are not available in the English language, but readers fluent in German are encouraged to explore them as well as Koktanek’s other works.

On the assumption that without understanding a man, one cannot grasp his thought, it seems most appropriate to begin any exploration of Spengler the philosopher with Spengler the man. Spengler was a conservative first, then a German nationalist, then a pessimist (though he regarded himself as a consummate realist). Further, he was one of the few men (if not the only man) to meet Adolf Hitler and come away completely unmoved by the demagogue and future dictator of Germany. He openly attacked National Socialism as “the tendency not to want to see and master sober reality, but instead to conceal it with... a party-theatre of flags, parades, and uniforms and to fake hard facts with theories and programmes” and declared that what Germany needed was “a hero, not merely a heroic tenor.”[2] Nevertheless, when voting in the 1932 elections, Spengler, along with some 13.5 million other Germans, cast his ballot for the National Socialist ticket; he explained his choice to friends by saying enigmatically “Hitler is an idiot—but one must support the movement.”[3] At the time people speculated what he meant, and have subsequently continued to speculate to what he was referring when he said “the movement”, especially after his sustained criticisms of National Socialism well into what other Germans were experiencing as “the German Rebirth” in the years between 1933 and his death in 1936.

Spengler’s sustained pessimism about the National Socialist future (he remarked sarcastically shortly before his death that “in ten years the German Reich will probably no longer exist”) is reflective of a realism he had well before the beginning of the First World War, when the idea that would become Decline of the West were first conceived shortly after the Agadir crisis in 1911. Spengler lived and wrote largely in unhappy times; his chief contributions were made in Germany’s darkest hours of the interwar period, dominated by an unstable, incompetent government, extraordinary tributes exacted by the victorious allies, and as a result unrivalled poverty, inflation, and unemployment while the former Allied Powers (save for Italy) were experiencing the so-called “Roaring ‘20s”. He was born and he died, however, in times when things were looking bright. Few regular Germans in 1936 could or did foresee the barbarity of Hitler’s reign, five gruelling years of World War and the planned extermination of non-“Aryans” in conquered territories as well as at home, just as Wilhelmine Germany was oblivious to the consequences of the First World War almost right through it. All that the Germans saw was Germany, their Germany, was on the rise! In 1880, when the young Oswald was born to Bernhard Spengler and his wife Pauline, the German Empire was led by Kaiser Wilhelm I and his Iron Chancellor Bismarck, and the German Reich was still celebrating its formation and the unification of the German nation. Aside from the tribulation of the “year of three emperors” when the young Oswald was eight, there was no reason for the average German to worry about catastrophe: the kindly old Kaiser Wilhelm was replaced by his young, virulent grandson, Wilhelm II, who promised his people “a place in the Sun”. Later, in 1936, when the now established scholar died in his sleep of a heart-attack, the German people were again in good spirits; from the popular perspective, all they could see was that they at last had jobs again, inflation no longer loomed as so painful a memory, their shattered Reich was being rebuilt, and someone had finally reasserted German control over the Rhineland and the Saar—where the memory of the insulting use of colonial occupation forces by the French, and the various abuses civilians suffered during the occupation, still lingered in the German mind.

Early Life (From Youth to Decline, 1880-1917)

All of this blithe cheerfulness and celebration, though, did not affect either the young or the old Oswald Spengler. The opening chapter of Koktanek’s biography of him is titled “Ursprung und Urangst” – “Origin and Original Anxiety”, and not without good reason. Throughout his life, Spengler suffered a nervous affliction and anxiety, leading to chronic headaches in later years so bad that they caused minor short-term memory loss. He would later reflect in his planned autobiography that in his youth he had “no friends, with one exception, [and] no love: a few sudden, stupid [infatuations], fearful of the bond [of relationship]. [I had] only yearning and melancholy.”[4] His home life was similarly dismal. John Farrenkopf characterises it as the typical bourgeois home of the period; his father, a former copper miner turned civil servant, was proud of the Fatherland, conservative in social attitudes, and generally took for granted his loyalty to the Prussian State. It was, in Spengler’s own eyes, a cold place, and an unhappy one. Spengler remarked that his parents were “unliterarisch”—“unlettered, unliterary”—and they “never opened our bookcase nor bought a book”; he himself developed an early love for reading, which earned him ire from his father, of whom he wrote was characterised by a “hatred for all recreation, most of all books”.[5] Despite his newspaper reading and bourgeois sensibilities, though, Bernhard Spengler rarely raised the topic of politics in the household, and young Oswald was only exposed to the workings of the State by outside influences. He would break from this aloofness of politics only once in his life, shrinking after his failure back into scholastic and theoretical efforts to influence the political climate.

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Spengler’s mother led an unhappy life; she married Bernhard, it would seem, out of convenience rather than deep feeling, and bitter about her lot. Originally from the famous Grantzow clan of ballerinas and ballet masters, Pauline Spengler was prevented from ballet and the stage because of her figure, and then forced to leave her beloved home town, the quiet hamlet of Blanckenburg in the Harz mountains, for the bustling Hessian city of Halle-an-der-Saale when young Oswald was ten and her husband changed his trade from mining to postal work (a change he was not especially excited about, either). She displayed her dissatisfaction by brooding over her painting (an effort to cling to what artistry she could maintain in competition with her sisters) and playing petty tyrant over her children.

The young Spengler escaped this life through fantasy and fiction, inventing imaginary kingdoms and world-empires and writing childish theatre-plays with echoes of Wagner. He found further escape after he began his schooling at the Latina, administered by the Franckean Foundation in Halle, where he formally studied Greek and Latin, but in his free time devoured Goethe and Schiller, the first of literary influences that would later be joined by such eclectic writers as William Shakespeare, Gerhart Hauptmann, Henrik Ibsen, Maksim Gorky, Honoré de Balzac, Heinrich von Kleist, E.T.A. Hoffmann, Friedrich Hebbel, Heinrich Heine, Leo Tolstoy, Fyodor Dostoevsky, Émile Zola, Gutave Flaubert, and others.[6] Spengler complained of the Franckean focus on Greek and Latin that prevented him from learning “practical languages”, and he was forced as a result to teach himself French, English, Italian, and, later, during his university days, Russian, through reading authors in those languages. His fluency in the languages was astounding to many, but he himself never felt comfortable enough with them to correspond with many of the authors he would later read and who would bring to bear influence on his own magnum opus in their own languages. Anton Koktanek blames this anxiety and lack of formal training in modern foreign languages for Spengler remaining “a German phenomenon”.[7]

Spengler’s interest in world history and contemporary history also began here, and added to the fiction he wrote, including a short story set in the Russo-Japanese War titled Der Sieger as well as poetry, librettos, dramatic sketches, and other notes and such, most of which he would commit to the flames in 1911.[8] At University, he read the entirety of Goethe’s corpus and discovered two men who would bear tremendous influence on his later writing: Arthur Schopenhauer, and Friedrich Nietzsche. He would also become a devotee of Richard Wagner during this time, declaring his favourite work to be Tristan and Isolde.[9] His interest in Nietzsche especially would have great bearing on his choice of thesis topic, the pre-Socratic philosopher Heraclitus.

Spengler’s father died in 1901, just as Oswald was beginning University studies. He was by and large emotionally unaffected by the loss, and began all the more focusing on his studies. Like most students at University in those days, Spengler matriculated at several Universities while formally enrolled at the University of Halle. First, he travelled to Munich, a city with which he would fall in love and later make his home. Subsequently he would also study at the University of Berlin and then returned to Halle to complete his dissertation topic, entitled “Heraklit: eine Studie über den energetischen Grundgedanken seiner Philosophie” (“Heraclitus: A Study of the Energetic Fundamental Thought of his Philosophy”). It was, as Klaus Fischer observes, “a daring subject for a young scholar because Heraclitus had only left a few and highly cryptic fragments of his thought.”[10] Spengler, however, dared, and presented the first form of his thesis in 1903, but failed the oral defence. Despite his own typically depressed personality, however, he was not downtrodden at the failure; rather, he agreed with almost every criticism that was offered against his work—in his autobiography he called himself “naïve”. He had not, as most biographers observe, consulted any professors on his thesis before submitting it, and therefore had made errors and omissions that one only really avoids from consultation and discussion of one’s work.[11] The primary complaint was his lack of citations. He would repeat this mistake with the first edition of Decline of the West in 1917, writing the book entirely alone and isolated from the outside world—after initial criticism of the book he would revisit and largely revise the text, such that when it arrived in second edition in 1922 he had fixed most of his errors, but did not, as the academics insisted he should, increase the number of citations.

Spengler received his Ph.D. in 1904 and immediately went on to pass State examinations in a number of subjects that allowed him to become a Gymnasium teacher. His first assignment was a major turning point in his life, when he resolved not to be a teacher after stepping off the train in the little town of Lüneburg, taking a glance about at the town and the school and realising how terribly provincial his life would be. Spengler promptly boarded a train for his home town of Blankenburg and had a nervous breakdown. From this point forward he resolved to use teaching as a support for his true passions of study and writing. He recovered from his breakdown and took a different assignment, this time in Saarbrücken, happy to be so close to the French border that would allow him to take several holidays in France.[12] After a year there, he moved on to Düsseldorf, where he taught for another year before taking on a permanent (or so it appeared at the time) position in Hamburg.

Spengler flourished in these cities of big industry and metropolitan life—despite his writings criticising money power and the soul-stealing metropolis, Spengler remained a cosmopolitan urbanite throughout his life. An attestation to this aspect of his personality is his behaviour while teaching. Spengler remembered his days in the Franckean Latina with mixed disdain for the parochial moralists he had as teachers and gratitude for the training he received. He resolved, in the words of Klaus Fischer, “to avoid the foibles commonly attributed to schoolteachers: pedantry, narrow provincialism, and incivility” and made an effort to keep himself fully attuned to the petty culture of fashion and the latest advances in his scholarly fields (he taught German, mathematics, and geography). He would also frequent the theatre (where he would weep easily at especially moving plots and concertos) and local museums—in Düsseldorf he was even spotted frequently in the casino, a place quite foreign to most schoolteachers![13] His time in teaching, however, was short-lived. By almost all accounts Spengler hated Hamburg, not for itself, nor because he disliked the people, his colleagues or his students—indeed in all these respects he was well-respected and well-loved and returned these feelings of affection—but because of the weather. The cold, wet north German city terrorised him, increasing the acuteness and the frequency of his chronic headaches to such a degree that he took a year sabbatical in 1911 from which he would never return. His immediate plans were a holiday in Italy, where he would sojourn frequently in imitation of Goethe.[14]

His complete departure from teaching, much to the disappointment of both colleagues and students, who regarded him as a superlative teacher and amicable fellow, was by and large decided by his mother’s death in 1910. He had little regard for his mother, who psychologically tortured his sister Gertrude, disdained his other sister Hildegard, and was no kinder to his beloved sister Adele.[15] While he marked his father’s passing in 1901 with reflections of the latter’s loyalty to Prussia, his mother’s death was marked only with his inheritance and departure from his childhood home, leaving his sister Adele to dissolve the household.[16] Adele, a frustrated bohemian and largely talentless aspiring virtuoso, quickly spent the 30,000DM she inherited and committed suicide in 1917. Oswald’s inheritance, on the other hand, was wisely invested and used with some measure of thrift, giving him a comfortable lifestyle in Munich and allowing him to pursue his desire to be a writer.

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At first, Spengler hadn’t the slightest idea what to write about. In Heraklit he displayed some of the budding thought which came to fruition as his magnum opus, to be sure. In one of the thicker sections of notes for Eis Heauton, the author proclaims that “my great book, Untergang des Abendlandes, was already emotionally conceived in my twentieth year” (four years before he would submit his doctoral thesis).[17] Farrenkopf observes that Spengler’s dissertation bears the marks of Decline as well, declaring that “what Spengler later attempted as a philosopher of history is analogous to what he claimed Heraclitus had accomplished in Greek philosophy”.[18] The true inspiration for Decline, however, came not from Heraclitus nor from Goethe or Nietzsche; nor did it come to him, as it did with Gibbon and Toynbee, from a physical visit to any landmarks. Rather, the genesis of Decline of the West was in a much different, political work titled Liberal and Conservative, which Spengler began writing in response to the Agadir Crisis of 1911.

Agadir, briefly put, was an attempt on the part of Kaiser Wilhelm II to imitate the American support of the Panamanian rebellion against Columbia, which was accomplished by placing the American fleet off the coast of Panama to prevent Columbian intervention. When Moroccans rebelled against the puppet Sultan Abdelhafid after years of allowing his country to be exploited by European powers, the French offered to support Fez by sending in troops. Wilhelm attempted to assert German interests in the region by sending the gunboat Panther to the harbour of Agadir, much to the chagrin of the French, who would later take over Morocco as part of their colonial Empire, and the British, who viewed the act as a challenge to their own power and a threat to peace in Europe. The end result of the whole event was a strengthened Entente cordiale that would eventually become the Allied Powers in the First World War.

Spengler was keenly aware of the situation at the time, and took on the task of writing a book on the subject that would contrast German and British world-aims and national spirits. The general thrust of this work would become his later work Prussianism and Socialism of 1919, but as he worked on Liberal and Conservative, he found his topic broadening more and more, to the point where he was taking into account not the national rivalries of the nineteenth and twentieth centuries, but the great trials and tribulations of entire civilisations over the course of millennia. Thus the work transformed into the first volume of his Decline of the West, the title of which he probably derived from discovering Otto Seeck’s Geschichte des Untergangs der antiken Welt (“History of the Downfall of the Ancient World” or The History of the Decline of Antiquity) in a store-front window.[19] He would complete the work over the next few years, well into the World War, about which he maintained a positive outlook, to the extent that his introduction to the first volume of Decline, appearing in 1917, bore the hope of the author (omitted in Atkinson’s translation) that “this book might not stand entirely unworthy next to the military achievements of Germany.”[20]

The book that took shape was sweeping in scale, painting the picture of a broad history of mankind as the life cycle(s) of massive organisms to which Spengler gave two names: Kultur and Zivilisation, each representing the youth and the adulthood of the organism. These organisms passed through four seasons of life—(as Kultur) Spring, Summer, (as Zivilisation) Autumn, and Winter—before passing from existence and leaving the soil to which it is tied to give rise to a new organism. A more detailed discussion of the theory may be required before departing into Spengler’s life after the War and the publication of Decline.

Decline of the West and its Influences

Der Untergang des Abendlandes occurs as a part of a long tradition of German historical writing, dating from the early nineteenth century and in which the giants of the field, both famous and infamous, stand: G.W.F. Hegel, Karl Marx, Heinrich von Treitschke, Leopold von Ranke, Heinrich Friedjung, among others. It also occurs as a part of a long tradition of German philosophy and social thought, dating even further into history and starting, not with the rational Kant, but with the intuitive and romantic, sometimes quasi-mystical writings of Goethe, following to Nietzsche, Ferdinand Tönnies, Max Weber, and still more. More can be said of Spengler’s influences, and has been said in the works of Farrenkopf and Fischer on the subject, but a brief discussion of chief influences will be sufficient for our purposes.

osimagep.jpgIf Spengler was the first to propose a World-Historical view, as he claims in the early pages of Decline, Leopold von Ranke preceded him by for the first time proposing a European-Historical view in his two-volume Deutsche Geschichte im Zeitalter der Reformation (“German History in the Age of Reformation”) of 1845/47.[21] Ranke wrote a history which belongs to a very specific school of historical inquiry, dependent on objectivity and a slice of historical fact drawn from primary source work with bearing only on that exact moment in history, showing things wie es eigentlich gewesen, as he proclaims in his 1824 work Geschichte der romanischen und germanischen Völker von 1494 bis 1514 (“History of the Latin and Teutonic Peoples, 1494-1514”). For all his efforts at objectivity in history, he was a firm believer in the balance of power of nation-states, and his loyalty to this state philosophy bleeds through in his writing. He is significant to Spengler in that both men sought to broaden historical inquiry into an objective rather than national project, and that Spengler was certainly beholden to the school of narrative historicism that Ranke would found, inasmuch as his project was heavily criticised by more loyal Rankeans than himself.

Spengler’s other major historical inheritance was G.W.F. Hegel, who stood with Ranke in his typical nineteenth century fascination with the nation-state but was completely opposed to Ranke’s objective, slice-of-history approach, demanding a broader view, and the ability to see the future in the past. Hegel was also a dedicated Prussian, much like Spengler’s father and Spengler himself—so much so, in fact, that he is among several German historians of preceding centuries who are mentioned by Shirer in his fumbling, attempt to link National Socialism and the Prussian state in Rise and Fall of the Third Reich. His declaration in Grundlinien der Philosophie des Rechts (“Elements of the Philosophy of Right”) that “the course of God in the world—that is the State—and its foundation is the mighty force of Reason actualising itself as Will” is reflected in Spengler’s own firm belief in the role of fate in the lifespan of Kultur-Zivilisation organisms.[22] Furthermore, like Hegel, Spengler’s history is a designated march to a designated end: for Hegel, the “end of history” is a progressive, linear movement from antiquity to modernity and the pinnacle of mankind’s development—a belief that has earned Hegel accusations of arrogance and stubbornness, among other things, from detractors. He would pass this view onto his student Karl Marx, who proclaimed the same progression, but from a strictly economic view, of modes of production through history, culminating in the elimination of alienation and the realisation of Species-being in Communism. The difference between the Hegelian and Marxian view of history and Spengler, however, is two-fold: while the given lifespan of a Kultur-Zivilisation organism can be viewed as linear, it is a downward motion rather than the upward motion Hegel and Marx see; further, there is no single linear history of all mankind, the way Hegel and Marx see it. Quite the contrary, Spengler echoes Goethe, declaring that “‘Mankind’ is a zoological concept or merely an empty word.”[23]

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It seems contradictory, of course, that Spengler would reject that “mankind” exists while attempting very earnestly to write a “world-history.” As much as Spengler reflects Hegel and Ranke as historical predecessors, his views of the organism of society bear the marks of Ferdinand Tönnies, whose famous work Gemeinschaft und Gesellschaft would practically found the discipline of sociology, influencing both Max Weber’s seminal The Protestant Ethic and the Spirit of Capitalism as well as Emile Durkheim’s functional theories of society.[24] Tönnies summarises his project in Gemeinschaft und Gesellschaft in the very first page, saying “The connexion will be understood either as real and organic – this being the nature of the Gemeinschaft – or in an ideological and mechanistic form – this being the notion of Gesellschaft” and further summarising the difference between the two by saying that, “all that is familiar, private, living together exclusively (we find) is understood as life in a Gemeinschaft. Gesellschaft is the public sphere, it is the World”.[25]

Spengler’s structure of the communal, agrarian Kultur passing into individualised, urban Zivilisation has much in common with Tönnies’ conception of the organic Gemeinschaft and its artificial counterpart Gesellschaft. It is also important to bear in mind that the key to the Gemeinschaft/Gesellschaft schema is two-fold—both the contrast of the private with the public spheres as well as the organic with the artificial—when considering Spengler’s own contrast of the representative of Kultur, which is the “country-town” with the representative of Zivilisation, which is the megalopolis. As Spengler says himself, “long ago the country bore the country-town and nourished it with her best blood. Now the giant city sucks the country dry, insatiably and incessantly demanding and devouring fresh streams of men, till it wearies and dies in the midst of an almost uninhabited waste of country.”[26]

The contrast of the organic with the artificial, the personal with the impersonal, and the village with the city runs throughout Spengler’s whole structure. Spengler’s vision is two-fold: both the binary progression of Kultur crystallising and stagnating into Zivilisation as well the four-phase life cycle that all Kultur-Zivilisation structures (or, more properly, organisms) follow. Describing this, Spengler uses two sets of terms: organic terms, describing the actual birth, growth, decline, and death of the Kulture-Zivilization organism as a life form, and the fatalistic language for which he has been so criticised: he declares “the Civilisation is the inevitable destiny of a Culture… Civilisations are… a conclusion, the thing-become succeeding the thing-becoming, death following life”.[27] The central concept there—Werden and Gewordene, “becoming” and “become”—are ideas for which Spengler is deeply indebted (as he admits) to Goethe, and play strong role in the contrast he makes between the vivacious, developing Kultur and the stagnant, crystallised Zivilisation.[28]

These Kultur-Zivilisation organisms are detailed in three tables he includes in his work: the first details the passage of Spring-Summer-Autumn-Winter, which for the Occident begins in 900, after the Carolingian period and the final death of Antiquity, and ends (or begins to end) with modernity, completely the roughly thousand-year lifespan which Spengler assigns to his Kultur-Zivilisation organisms (except those of the far east). Each Kultur-Zivilisation organism has a symbol which accompanies it in the Kultur phase; for the West it is infinite space; for the Egyptian, the long corridor; the Semitic, the cavern; the Greeks, the idealised statue, etc. Spengler also specifically names three of the “souls” of these organisms with especial bearing on the Occident. The West itself is “Faustian” defined by Goethe’s own character and his constant outward-reaching for knowledge and more; Antiquity, which the West has replaced, is “Apollonian”, a term readily borrowed from Nietzsche, defined by the Nietzschean Apollonian rationality and thirst for worldly perfection; finally, the Semitic, being Jewish, Arabic, etc. is a sort of mixed Kultur-Zivilisation organism called “Magian”, after the mystics who visited the birth of the Christ-child, and is defined by the preoccupation with essence rather than space.

9200000078648382.jpgThe Magian requires some further discussion, since it represents for Spengler a different “mutation” (to keep with the biological sense of an organism) of the main species of Kultur-Zivilizationen. This is because of a process Spengler describes in the second volume of Decline called “pseudomorphosis”. He asserts in the first volume that the “Arabian soul was cheated of its maturity—like a young tree that is hindered and stunted in its growth by a fallen old giant of the forest,” but after critiques of the work began to circulate back to him, realised that this was inadequate to explain the unique situation that the Magian Kultur-Zivilisation finds itself.[29] He therefore suggests a parallel with mineralogy, pointing the phenomenon of “pseudomorphosis”, by which volcanic molten rock flows into spaces left by washed away minerals in the hollows of rocks; likewise, since the Arabian culture’s pre-historical period is encompassed by Babylonian Civilization, and later as it develops it is stunted by Antiquity with the Roman conquest of Egypt.[30] Spengler sees a similar occurrence with the Russian Kultur-Zivilisation, which is pressed between the Faustian Kultur-Zivilisation and the Asiatic hordes which repeatedly conquer it. He maintains even in his last work, Jahre der Entscheidung, that the Bolshevist revolution represented a part of this pseudomorphosis that Russia is experiencing: “Asia has conquered Russia back from “Europe” to which it had been annexed by Peter the Great”.[31]

This is the structure within which the subject of Spengler’s title exists. Spengler remarked on his title at length in an essay titled “Pessimismus?” (“Pessimism?”) appearing in the Preußischer Jahrbücher in 1921:

But there are men who confuse the downfall [literally “going under”] of Antiquity with the sinking of an ocean liner. The notion of a catastrophe is not contained in the word. If one said—instead of downfall—completion, an expression that is linked in a special way with Goethe’s thought, the “pessimistic” side is removed without the real sense of the term having been altered.[32]

He is not, therefore, discussing a cataclysmic event that would bring about the end of Western civilisation, though no doubt much of the appeal of his work was the recent catastrophe of the Great War. What he sees instead is a general inadequacy in the trends coming out of his contemporary West, which the Great War only compounded. Faustian civilisation had come to stagnate with the rise of bourgeois economists; as he says, “through the economic history of every Culture there runs a desperate conflict waged by the soil-rooted tradition of a race, by its soul, against the spirit of money”.[33] The capitalism and industrialisation of liberal Europe represents the bleeding dry of the soul of Faustian Kultur; it, too, however, shall pass in the coming Ceasarism of the Faustian Winter that Spengler predicts. He speaks of “the sword” being triumphant over money-power and finance capital, bringing about the final period of where violence of spirit triumphs and is marked by the rise of the “Caesars”, demagogues who will bring about a Western World Imperium that Spengler envisioned being headed by Germany. It is worth noting that John Farrenkopf believes this to remain an accurate prediction for America, which Spengler himself discounted, as most Europeans at the time, as an adolescent child of Europe, hardly capable of contributing to Faustian Zivilisation in any great way.

It is, at last, important to note that while Spengler offers this structure that explains history, it is not his intent to “save” the Occident. He participated in politics that would, in his view, further the progression of Faustian Zivilization out of its Autumn and into Winter, but, in true Nietzschean fashion, he encourages his readers to adopt an amor fati toward the decline of their Kultur-Zivilisation. Indeed, the hope one retains after reading Spengler is of a peculiar kind—since all Kultur-Zivilisationen are destined to wither and die, the Faustian man should embrace the destruction of the Occident with an eye to the subsequent Kultur-Zivilisation organism that will take its place, which Spengler predicts will be Russian, a society which due to close contact to both the Occidental and Asian Kultur-Zivilisation organisms has not been able to come into itself—in short, it is not yet Werden, existing in the historyless period that marks the beginning and end of every Kultur-Zivilisation organism.

The Conservative Revolutionary (Political Writings and Speeches, 1919-1924)

The Decline of the West marks a high-point in Spengler’s life, and also a turning point for both his own life and the life of Germany as a whole. Decline appeared complete in two volumes in 1922, four years after Germany’s defeat in the First World War and in the midst of the Weimar Republic struggling to get on its feet. As mentioned above, this contributed greatly to the book’s circulation, though it is unclear how many enthusiasts made an effort to read the entire text. Spengler found himself now ushered into higher intellectual circles, battling with intellectual greats over the value of his work, and once again able to enjoy the delicacies he had to go without for the duration of the War (he wrote that much of the work he did on Decline was done by candlelight). In 1919 he joined such famous names as Hermann Alexander Graf Keyserling (for his seminal work Reisetagebuch eines Philosophen, “Travel-Diary of a Philosopher”) and distinguished Kant scholar Dr. Hans Vaihinger (for his work Philosophie des Als Ob, “The Philosophy of As-If”) in being awarded the Nietzsche Archives’ “Distinguished Scholar Award” with an academic diploma and the sum of 1,500.00DM (roughly $45.00 in 1919).[34]

Despite his acute sense of the depressing reality of his work, Spengler was materially well-off and led a generally comfortable life because of its popularity. He moved from the small flat where he had written Decline during the war to a spacious apartment that overlooked the Isar River. He decorated it with a variety of fine paintings, Chinese and Greek-styled vases, and other pieces obtained at auctions or gifted to him by admirers, and shocked visitors with his vast library, which literally lined the walls of his new home. He covered the fine hard-wood floors with even finer rugs, most markedly a strikingly red carpet in his office upon which he was known to pace endlessly in the night while he worked.[35] He was, though, of relatively modest tastes, and was frugal with his money. He took holidays to Italy frequently, but otherwise only left Germany when another party could pay for his travel; his tastes at home included trips to the theatre, fine wines, and a regular supply of dark cigars. He never hired a housekeeper or married, and his sister Hildegard, widowed by the World War, would keep house for him. He rarely entertained and continued to devote himself to work. His work now, though, was not strictly scholarly.

41-idJ1g3nL._SX339_BO1,204,203,200_.jpgA well-known name now, Spengler began to take a greater interest in politics than he had hitherto. He wrote to Admiral Alfred von Tirpitz in 1920 regarding the recovery of the flag from the SMS Scharnhorst, which was sunk in the Battle of the Falkland Islands in 1914, taking Admiral Maximillian Graf von Spee to the bottom with it; the flag, Spengler wrote, had fallen into the hands of an anti-German party who wished to send it to Britain to be a trophy of war, something offensive to Spengler as a German nationalist.[36] Admiral von Tirpitz replied that he would refer the matter to the admiralty, but the flag was undoubtedly not that from the Scharnhorst’s main post, which went down flying, and therefore the value of the demands of the original owners for the flag (50,000-60,000DM) was probably not equal even to its sentimental value. The admiral added, probably much to Spengler’s satisfaction, that he had thoroughly enjoyed reading Prussianism and Socialism, and wrote “I only wish that your ideas could find response in the Marxist-infected working classes.”[37]

The work Admiral Tirpitz praised so highly was Spengler’s second attempt to reflect on the Agadir crisis and the significance of German and British relations. Prussianism and Socialism appears in English translation by Donald O. White with a number of other shorter articles that Spengler penned in the early 1920s. The work appears in White’s 1967 collection Selected Essays, which is roughly a translation of Politischen Schriften, but making some omissions and drawing also from Rede und Aufsätze. The overall collection gives a decent introductory glance at Spengler’s social and political thought, which merits it some exposition here. Other works included in it are “Pessimism?”, which was written as a response to the charge levelled against Decline, his two speeches “The Two Faces of Russia and Germany’s Eastern Problems” (delivered to a conference of influential Ruhr industrialists in 1922) and “Nietzsche and his Century” (delivered at a conference hosted by the Nietzsche Archive in 1924 before Spengler severed ties with Elizabeth Förster-Nietzsche because of her alignment with Hitler ten years later), another short essay titled “On the German National Character”, published in 1927, and finally a brief response given by Spengler to a query posited internationally by Hearst International’s The Cosmopolitan, titled “Is World Peace Possible?”, which was published in what White calls “barely adequate translation” in 1936 alongside answers from Mohandas K. Gandhi, Eleanor Roosevelt, General Billy Mitchell, and Lin Yu-tang.[38]

Prussianism and Socialism abandons Spengler’s earlier, less informed political alignment with the Kaiser, but beyond this minor change it expresses and sets the tone for almost all of Spengler’s other political writings before and after, including his final major work, Hour of Decision. It is also the work that initiated Spengler’s name into the collection of intellectuals and aristocrats that formed the “Conservative Revolution” movement in Weimar Germany. The names he is included with range from the completely obscure to the internationally famous. Among them are obscure authors like Arthur Moeller van den Bruck, for his work, later appropriated by the Nazis, Das Dritte Reich (1923—available in English as Germany’s Third Empire) and Edgar Julius Jung, who is seen as the leader of the movement, for his work Die Herrschaft der Minderwertigen (“The Reign of the Mediocre”, 1927), and more famously for Franz von Papen’s “Marburg Speech”, the last open condemnation of Nazism made in Weimar Germany. However, members of the movement also included men like the internationally acclaimed Ernst Jünger, for his famous memoir of the World War, In Stahlgewittern (first published in 1920 and having been revised by the author 7 times, it is now available in very good translation by Michael Hoffmann as Storm of Steel), Der Kampf als inneres Erlebnis (“Battle as Inner Experience”, 1922), Das Wäldchen 125 (“Copse 125”, 1925) and Feuer und Blut (“Fire and Blood”, 1925) as well as the famous and widely translated Carl Schmitt, now well known for his works Die Diktatur (1921—now available in translation as On Dictatorship), Politische Theologie (1922—available as Political Theology), Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus (1923—now available in a good translation by Ellen Kennedy titled The Crisis of Parliamentary Democracy), and his extremely significant Der Begriff des Politischen (1926—now available as The Concept of the Political). The unifying feature of the movement was a desire to bridge the gap between nationalist conservatism and socialism, though another major factor was the distaste that all the men had for Adolf Hitler and his, in the words of Moeller van den Bruck, “proletarian primitiveness”.[39]

Spengler’s interactions with other conservatives were largely done through his involvement in the Juniclub (“June Club”) a gathering of Conservatives and Monarchists who shared Spengler’s hatred of the Versailles Treaty (commonly known in Germany as the Versailles Diktat because of the lack of input allowed from the German delegation). Among the group’s founding members was Arthur Moeller van den Bruck, with whom Spengler had many encounters from 1919 until Moeller’s suicide in 1925 through lectures that both gave to the Juniclub. At the Juniclub he also had the opportunity to meet and begin correspondence with Crown Prince Rupprecht of Bavaria, Walther Rathenau, Erich Ludendorff, Hans von Seeckt, and create friendships and lasting ties to major industrialists like Paul Reusch, Roderich Schlubach, Alfred Hugenberg, Karl Helfferich, and Hugo Stinnes.[40] Aside from Moeller, however, his encounters with the other major thinkers of the Conservative Revolutionary movement seemed few; he had some contact later with Jung, who wrote him on several occasions. However, his major inclination during his years of involvement with the Juniclub was toward becoming actively involved in conservative politics, not merely being a theoretician. His ambitions during this time were as disparate and far-flung as leading German intellectuals into politics and founding a newspaper cartel in imitation of William Randolph Hearst.[41]

SpenglerAD.jpgSpengler’s letters during this time are often brief (owing to his preference for meeting people rather than writing them) and to a wide variety of people, including invitations to tea with Erich Ludendorff and his wife, which he maintained as a regular affair until Ludendorff’s involvement in the Beer Hall Putsch in 1923. There was also an extended correspondence with the German government regarding interaction with General Jan C. Smuts, who had invited General Paul von Lettow-Vorbeck (with whom Spengler also corresponded) to a dinner for African commanders of the war.[42] He also met semi-regularly, it would seem, with the Prussian royal family; Crown Prince Wilhelm wrote him a number of times, and Spengler sent copies of his magnum opus to Huis Doorn. He also managed to elicit a positive response from Gregor Strasser, a prominent rival of Hitler’s in the National Socialist party who was murdered in the Night of the Long Knives.[43]

Spengler, however, remained primarily a theoretician; he met many men with whom he had lasting friendships, but he was not a man of political action and he was acutely aware of that. Throughout his brief political career, he was advised by friends not to waste his genius on petty affairs of state, and he eventually gave in and retreated from public life in 1924 after five years of immense popularity and prolific writing. In addition to the one or two speeches and articles in the White collection, in 1924 alone Spengler published Frankreich und Europa (“France and Europe”), Aufgaben des Adels (“Tasks of the Nobility”), Politische Pflichten der deutschen Jugend (“Political Duties of the German Youth”), Neubau des deutschen Reiches (“Reconstruction of the German Reich”), Neue Formen der Weltpolitik (“New Forms of Global Politics”) all of which were derived from speeches and lectures he had given at the Juniclub or at various Industrial clubs and conferences during his involvement there. Some of them, including Politische Pflichten and Neubau would appear in Spengler’s Politischen Schriften of 1932, the others would only be published together in 1937 in the posthumous Reden und Aufsätze collection. The works, all expressing a common theme of the necessity to “reclaim socialism” from Marx and bring about a new birth of “Prussianism” in the German population, brought Spengler immense notoriety in Germany while Decline was making its way through foreign circles. Other presentations included his Das Verhältnis von Wirtschaft und Steuerpolitik seit 1750 (“The Relationship of Economy and Tax Policy since 1750”, 1924). His lectures drew tremendous crowds and he participated in a number of public debates between 1919 and 1924.

Prussianism and Socialism: A Brief Glance

Of all Spengler’s political writings and speeches, both from his public career and after, the most detailed and the most significant remains Prussianism and Socialism. In the work, Spengler makes two arguments, one unique to his own time and one with far-reaching relevance. The work’s principal argument surrounds the “true German spirit” with “the German Michel”, which Spengler declares “the sum of all our weaknesses: our fundamental displeasure at turns of events that demand attention and response; our urge to criticise at the wrong time; our pursuit of ideals instead of immediate action; our precipitate action at times when careful reflection is called for; our Volk as a collection of malcontents; our representative assemblies as glorified beer gardens.”[44] The thrust of the work is a contrast between “English” parliamentarianism and liberalism, which the “German Michel” typifies, the Marxist socialist movement of the Sparticists, which at least has the integrity that the “German Michel” lacked, and real “German” socialism, which Spengler ties to Prussian military spirit and civic duty to create the “Prussian socialism” that he insists is the only way to bring about a rebirth of the German Reich.

The opening of Prussianism and Socialism declares the same sense of destiny found in Decline, quoting Seneca's aphorism ducunt volentem fata, nolentem trahunt (“Fate leads along the willing soul and drags the unwilling”).[45] He declares that “the spirit of Old Prussia and the socialistic attitude, at present driven by brotherly hatred to combat each other, are in fact one in the same”, defining “socialism” itself, which he claims “everyone thinks… means something different”.[46] Spengler’s hero of socialism is August Bebel, the Marxist founder of the SPD who was famously born in a Prussian army barracks. He praises Bebels’ party for its “militant qualities…the clattering footsteps of workers’ battalions, a calm sense of determination, good discipline, and the courage to die for a transcendent principle” and damns the SPD in power in the Weimar Republic for abandoning the revolution and throwing in its lot with the “foe of yesteryear” and encouraging the Freikorps to crush the Spartacists, who Spengler felt “retained a modicum of integrity”.[47] It is not the Marxism of the Social Democrats Spengler admires, however; rather, it is their integrity and their dedication to their beliefs—something that simply does not exist for the “German Michel”, the contemporary parliamentarian.

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He goes on to condemn the “so-called German Revolution” that took place in November, saying that the Germans “produced pedants, schoolboys, and gossips in the Paulskirche and in Weimar, petty demonstrations in the streets, and in the background a nation looking on with faint interest”—not at all what a real revolution entails, but something feeble, something belonging to the parliamentarian and the “German Michel”.[48] Spengler establishes the foundation of Prussian Socialism with “the real German Socialist Revolution” which he says happened in 1914—a real revolution because it involved “the whole people: one outcry, one brazen act, one rage, one goal”.[49] He further asserts that the revolution is not over—a notion he expands on in later speeches and essays. The Revolution of the German people cannot come to full fruition for Spengler and his fellow conservatives, until the German nation is truly born—for 1918 in Germany was not 1789 in France; the nation and the revolution were not the same.

He concludes that “Socialism is not an instinct of dark primeval origin… it is, rather, a political, social, and economic instinct of realistically-minded peoples, as such it is a product of one stage of our civilisation—not of our culture.”[50] He asserts a thoroughly modern origin and a thoroughly modern role for socialism: the realistic, the enemy of the dictatorship of money and capitalism, defined in socialistic form by a sense of duty to the whole, that whole being the German nation. It is in this way that “all Germans are workers”, so that the failing of Marx, he asserts, is his inability to grasp anything more in Hegel, “who by and far represented Prussianism at its best” than mere method.[51] Marx misleads socialism by creating class antagonism when in reality the bourgeois is a meaningless term, Spengler asserts—and the real enemy is the English spirit of mercantilism and parliamentarianism of the feeble “German Michel”; it is not worker against burgher, nor burgher against elite, but German against the Englishman in himself. This is why the German Revolution is incomplete: because the national revolution that unites and brings about the birth of the German nation has not been achieved.

Perhaps the most significant aspect of this and subsequent political texts is the complete absence of any mention of Germany’s Jews. Spengler did not believe, as many of his day did, that the Jewish people had any connexion to parliamentarianism or Marxism or Capitalism or any other distinctly Western phenomenon; rather Western man was at war with himself and himself alone in the conflict between Prussian Socialism and English Mercantilism, between Revolution and Cowardice. He calls Marx “an exclusively English thinker”, unable to see beyond mere economics and ignoring the notion of everyone working for the whole, but each in his own destined place—the King for Spengler’s socialist is “the first servant of the state”, in the highest place among the rest of the nation serving a single, national goal. It is such a different picture than the typical anti-Bolshevik stance in Germany that never tired of reminding the world of Marx’s Jewish origins (his grandfather was a rabbi). This, for Spengler, was as much a simplification as Marx’s class antagonism, because it directed anger and action toward an invented foe instead of directing it toward corrective measures in the West itself.

The Hermit-Scholar (Return to Private Life 1924-1930)

After he retreated from public life, Spengler returned to the lonely life of the hermit scholar, and rededicated himself to work on the theories put forth in Decline. His re-entry into politics was prevented both my deteriorating health as well as a decrease in opportunity with the rising tide of National Socialism. Of all the Conservative Revolutionary thinkers, only Jünger and Schmitt would live to see the Second World War, and their literary lives were even shorter; Spengler was silenced by the Nazi state as early 1933, Jung was murdered, along with several of Spengler’s friends, in the Night of the Long Knives in 1934, and Moeller van den Bruck had a nervous breakdown and committed suicide as early as 1925. Others, like Hugo von Hofmannsthal and Stefan George (especially famous for his Das Neue Reich of 1928), died of natural causes, Hofmannsthal of a stroke in 1929, George four years later of old age. It is indubitable with his voracious appetite for the latest works that Spengler encountered these men through their writing, but no correspondence between them exists. This is not terribly surprising—Spengler wrote letters when he felt the passion to do so (such as to Admiral Tirpitz), or when it furthered his studies (such as the many letters to academics and professors). This was not out of a dislike of people; rather, it was because he detested the task of writing letters and preferred to grant an interview or meet with friends in person, something he did frequently—his sister, Hilde, who became primary caretaker of his estate after his death, remarked that “he always disliked writing letters, even when he was a child.”[52] Those political letters he did write he wisely burned in 1933 to protect himself and others from the National Socialist state.

The return to private living gave Spengler a tremendous opportunity to begin scholarly work again after some years of pamphleteering (something he himself hated, remarking to a friend in 1919, referring to Prussianism and Socialism that “I am not a born journalist and consequently I wrote out 500 pages of rough draft in four weeks and then started paring to get 100 pages of readable German. I realise now how I ought to work and shall never again accept any assignment that carries a deadline with it”).[53] He never ceased his correspondences with high-level academics and contributors in almost every field of study, but after 1924 he was able to begin to write more widely. He wrote frequently to Elizabeth Förster-Nietzsche and it was in 1924 after his departure from public life that he presented his paper “Nietzche and His Century”.

From 1925 onward his time was dominated by lectures, correspondences, and his old reading habits. He took several holidays in Italy and elsewhere, and as early as 1925 was in correspondence with Benito Mussolini, who would write a review of Hour of Decision in 1933 for Il Popolo d’Italia in December of that year. The Italian dictator, it would seem, was somewhat reserved about Spengler, who he felt tread close to Fascism but was not close enough.[54] He was not alone; after Spengler’s retreat from politics, was when his works came under heaviest fire from popular political personalities. His correspondence with Gregor Strasser in 1925 displays the chief dispute with Spengler, which seems to be his dislike of “popular movements”, like National Socialism, which he regarded as vulgar and mob-driven.[55] Aside from these, however, the bulk of his letters are not with political men but with academics.

lelivr_R240137969.jpgThe reason for this likely had much to do with Germany’s growing stability after 1925. Arthur Helps, who translated Spengler’s letters, suggests that Spengler left the public sphere precisely because of this; however, it is more likely that Spengler simply tired of the time he spent in the public eye—the constant assault of attention from both enthusiastic supporters and detractors of all stripes wore on the man whose sensitivity was well-known only to his sister and perhaps very close friends. He was a man who throughout his life was soft-hearted and sympathetic, ever striving to overcome the little boy whose nightmares in his bedroom in Halle haunted him vividly until he was well into his forties; the image he had inadvertently created of the hard-hearted, iron-willed prophet of doom was not an easy persona for him to fulfil on a constant basis, and put tremendous stress on his body. Fischer observes in his biographical sketch that “he agonised about his weaknesses with the same honesty as Rousseau did in the Confessions, with the difference that Spengler rarely tried to project his shortcomings on society… [he] believed that, in the final analysis, the individual has to assume responsibility for his own weaknesses”.[56]

Spengler’s physical weaknesses became acute during his time in politics, as the stress increased his headaches and other ailments. In 1925, rarely does a letter mention an illness or time of sickness—he seemed to recover from his ailments from getting away from stress of politics and the dismal state in which he perceived his beloved German Reich to be. He took cures in the sun of Italy, writing in February of 1925 from Palermo, after which he travelled to Rome and elsewhere.[57] In 1926, deep in the scholarly world once again, Spengler was invited by the Philosophical Congress in the United States to travel to America and conduct a lecture tour (C.F. Atkinson’s translation of the first volume of Decline appeared that very year). His excuse for declining the offer was that he felt America would leave too deep an impression on him that would disrupt the work he was conducting on his latest book (still unfinished at his death), Urfragen (“Primordial Questions”). His letters are strewn with questions to experts and professors of ancient history after information about Babylonian tablets and other Middle Eastern interests.

These interests, as a preparation for Urfragen, had begun as early as 1924, when Spengler appeared before the Oriental Institute in Munich with a lecture titled “Plan eines neuen Atlas Antiquus” (“Plan for a new Atlas Antiquus”), which detailed the need of a new cartographic project to map the ancient world within the scope of the Apollonian Kultur-Zivilisation organism.[58] The general thrust of his work, whether this lecture or the later letters to colleagues, is a collaborative effort that would overcome the increasing specialisation of history already in its adolescence in Spengler’s day and still increasing in contemporary academic history. During subsequent years he also became first enthralled and then embroiled with the famous archaeologist and ethnographer of Africa, Leo Frobenius, whose initial agreement with cyclical history caught Spengler’s attention, but his argued proofs for slow, gradual development of civilisations drew the censure of the author of Decline, who believed in epochal moments rather than gradual evolution (he detested all forms of Darwinism). His correspondence took him in more positive directions with the famous Assyriologist Alfred Jeremias, who took an immense interest in Spengler’s work.

Most striking about Spengler’s time as a private scholar in the late 1920s was the vast amount of interest being generated in his works abroad. 1927 saw contacts coming from The New York Times attempting to solicit an article from him; the paper had featured him in full-page articles twice before, and after including him in an article “Will our Civilization Survive?” of 1925, hoped he might appear in print with them—they even offered a sum of $100, which was no small sum of money in Germany at the time.[59] No response to their inquest ever came, however, and it does not appear Spengler showed any interest in taking up any journalistic venture. A query that Spengler felt did merit response came from André Fauconnet, a professor at Poitiers whose Un philosophe allemeand contemporain Oswald Spengler. Le prophète du déclin de l'Occident (“A Contemporary German Philosopher: Oswald Spengler, the Prophet of the Decline of the Occident”) appeared in 1925. He also received an invitation to speak at the University of Saragossa, which promised he could speak in German and translations of his speech would be distributed beforehand.[60] Spengler accepted the engagement, spending the entire month of April of 1928 on holiday in Spain; he loved the climate and found the place to have a profoundly positive affect on his demeanour—he even did some mountain climbing. He wrote his sister Hilde from Granada (where he stayed for about a week), “Grenada is beautiful beyond all description… I could live here”, and, later that week, that “here every day pleases me better”.[61]

lelivr_R240137968.jpgDuring all of his touring and international correspondence, Spengler did manage to make one or two forays back into political life; the first occasion was a speech in Düsseldorf before the Industry-Club titled “Das heutige Verhältnis zwischen Weltwirtschaft und Weltpolitik” (“The Contemporary Relationship between World Economics and World Politics”) in 1926, and was solicited by Edgar Julius Jung a year later to make a speech before the German Student Union, historically a hotbed for right-wing politics. 1927 also saw him begin writing on the topic again, with “Zur Entwicklungsgeschichte der Deutschen Presse” (“Toward a Developmental History of the German Press”) appearing in the Der Zeitungsverlag and “Vom Deutscher Volkscharakter” (“On the German National Character”) appearing in Deutschland the same year. After some time of soliciting his attention, Richard Korherr also finally convinced Spengler to write a brief introduction to his thesis “Über den Geburtenrückgang” (“Regarding the Decline of Birthrates”) of two years previous, which the author had dedicated to Spengler. Korherr hounded Spengler with information of the thesis, especially when it was translated into Italian by deputies of Mussolini’s in 1928.[62] Spengler regarded the young student well, and congratulated him on his success; he would probably not have had so positive a view of the young Dr. Korherr twelve years later, when he became one of Heinrich Himmler’s most loyal lieutenants in executing the “Final Solution”.[63]

Cassandra (Last Writings and Death, 1930-1936)

The years of 1929 and 1930 were eventful for Germany, but for Spengler much of the same that he had experienced in the second half of the 1920s. His pessimism was beginning to be proven true, with the stock market crash in 1929 and the swift rise of National Socialist and German Communist party power in the shattered Weimar Republic. In September 1930, the results gave the Nazis 107 seats in the Reichstag, and increased the Communist seats from 54 to 77. When the Reichstag took its seats, no business could be conducted, with the National Socialist “delegates” showing up in full uniform, sometimes with flags, interrupting the proceedings with chants, shouts, and songs; the Communists, not to be outdone, followed suit, and together they made a mockery of what was left of Weimar democracy.[64] Spengler was generally not disappointed with the turn of events, and, having put his Urfragen project on hold, wrote a prolegomena to his planned work titled Der Mensch und die Technik (“Man and Technics”) in 1931.

The work can hardly be said to be of the same calibre as Decline or even of Prussianism and Socialism—but then, it was never meant to be. The most important introductory note that can be given on Man and Technics is that it is fundamentally meant to be a primer for planned works. It is, by and large, a restatement of things said in Decline, and an expansion on the relationship between human beings and the tools they create. Fischer describes the book by saying “Spengler tried to show that primitive man was a magnificent predatory animal who possessed two major advantages over other beasts of prey: a superior brain and ambidextrous hands.”[65] The work is a true experiment in Nietzschean psychology by Fischer’s estimate: a tragic conflict between a naturally savage and predatory human being with the moral codes he makes to contain his savagery, but he cannot flee from it, for as he develops his technology, he also develops his means of savagery, and therefore his savagery itself.[66]

In greater detail, the book develops themes of conflict between man and external nature as well. Farrenkopf highlights that Spengler sees a religious grounding for this conflict—a suggestion not lost on several subsequent environmentalists—declaring that Spengler “claims to have uncovered the ‘religious origins’ of Western technical thought in the meditations of early Gothic monks, who in their prayers and fastings wrung God’s secrets from Him.”[67] Farrenkopf, working at the turn of the twenty-first century, attempts to make Spengler the prophet of “climate change” and “ecological disasters”, and points to a thesis in his own work—that Spengler’s thought changed from Decline to his later works—to say that Spengler was arguing for the inevitable failure of mankind’s struggle against nature. Whether his thesis has merit or not is not really a line of inquiry this introduction need undertake, but the conflict and eventual failure of humankind because of its own “progress” is certainly present in the work. A line from Decline of the West, quoted above, accurately encapsulates the entire purpose of Man and Technics: “the giant city sucks the country dry, insatiably and incessantly demanding and devouring fresh streams of men, till it wearies and dies in the midst of an almost uninhabited waste of country.”[68]

The urban sprawl and disappearance of the “green belt” that contemporary commentators, especially in America, where there is so much of the “green belt”, have witnessed is somewhat captured in this picture. The dangers of an industrial dystopia and plea for an agrarian Reich was one also being preached by the National Socialists at this time—Walther Darré’s 1928 pamphlet “Das Bauerntum als Lebensquell der nordischen Rasse” (“The Peasantry as the Life-source of the Nordic Race”) stands as a testament to that. The Nazis, though, were better at selling their message than Spengler was his own, primarily because of what each promised the German people. Spengler promised that the path of Western civilisation was destined and irreversible, and the coming destruction guaranteed by the very nature of Faustian man of his home-soil should be greeted with a Nietzschean amor fati. The Germans in 1931 were in no mood to hear that they were themselves to blame for their situation, and that it was an inescapable destiny.

The Nazis, on the other hand, gave the Germans an enemy—the Jews—that were causing this industrialisation and destruction of the nation, and if they could just get rid of them, there was a bright hope and future for Germans. The German people declared which message they preferred with dismal sales for Man and Technics, and subsequent tremendous victories at the ballot for the National Socialists. Hitler’s biographer, Lord Bullock gives a deep insight into the exact state of affairs; “taking 1928 as a measuring rod,” he declares, “the gains made by Hitler – close on thirteen million in four years – are still more striking,” adding that by early 1932, “with a voting strength of 13,700,000 electors, a party membership of over a million and a private army of 400,000 S.A. and S.S., Hitler was the most powerful political leader in Germany, knocking on the doors of the Chancellery at the head of the most powerful political party Germany had ever seen.”[69]

Spengler was shocked, if not a little appalled, by this turn of events. To Spengler, as he had been to Moeller, Adolf Hitler was an idiot in the scientific sense of the word: a vulgar proletarian clown shouting and flailing his arms and playing about in the muck, not a statesman who could lead Germany to her rebirth or a realistic forward-thinker. For the time being, though, there were few other options, and Spengler was willing to give the Führer the benefit of the doubt before meeting him—a meeting at which he hoped that his stature as one of Germany’s leading conservative intellectuals might moderate the Austrian firebrand somewhat.[70] He was dreadfully wrong.

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Spengler met with Hitler in 1933 at the invitation of the National Socialist Party, hoping to make use of Spengler’s sustained popularity. Fischer describes the meeting, of which little account exists on either side. It was Hitler, characteristically, who did most of the talking when the two men met, and used all of his well-accounted-for charm. Spengler was sufficiently fooled that Hitler, though a clown, was a well-meaning clown who basically wanted what was best for Germany. He nevertheless would remark later that “sitting next to him one did not gain the slightest inkling that he represented anything significant”—the jobless Austrian post-card painter may have built himself up into a powerful and captivating demagogue, but in the end he remained the disaffected young delinquent who wandered the streets of Munich and Vienna building a fantasy world in which he was important.[71] According to a popular anecdote, when the men had finished their encounter, Hitler asked Spengler for advice, to which the scholar enigmatically replied “watch your Praetorian guard!” a comment many have taken to be a bit of advice Hitler acted on in the Night of the Long Knives, when he purged his “praetorian guard” and replaced it—the S.A.—with a new one, the S.S. There is no evidence that this is accurate, but if it is, as Fischer asserts, it would be the first time Spengler had any direct influence on a public leader.[72]

It was not long, however, before the spell of Hitler’s charm over coffee wore off. The Nazis went on to preach a proletarian utopian future founded fundamentally in scapegoating the Jews and answering Germany’s problems with “party-theatre” of mass rallies and a well-tuned propaganda machine. It was in answer to the delusions of the National Socialist political machine that Spengler wrote his final book, Jahre der Entscheidung (“Years of Decision”, more popularly known in translation as Hour of Decision) in 1933. This work, largely considered Spengler’s most overtly political and explicit in its message, was banned by the Nazis as soon as they figured out what was in it—which took them a full year, even after one of their own published a critique of the book (Arthur Zweininger’s Oswald Spengler im dritten Reich), by which time the book had already made it into English translation and had received extensive comment by The New York Times.[73] Spengler also, naïvely, sent a signed copy directly to Hitler, accompanied by an expression of hope that the two might meet and discuss the work in the future.[74] Hitler consented to meet, but disparaged Spengler’s pessimism in what he was selling as Germany’s brightest hour.

Jahre der Entscheidung
deserves some specific attention to be paid to it. The first thing worth mention is that it was originally intended to be the first volume of a several-volume work, but after it was banned in 1934, Spengler abandoned the work, writing Goebbels that he would only write the conclusions of his own mind and that he would “not write books for confiscation”.[75]

The press was especially cruel to the new work, evoking (despite Fischer’s claims to the opposite) a number of highly sympathetic letters to Spengler from old conservative colleagues like Alfred Hugenburg, Crown Prince Wilhelm, Carl Friedrich Goerdeler (later executed as a resistance leader), as well as some new names, including Grand Duke Joseph Franz von Habsburg, who was enthralled by the new work, and Rudolf Graber, a professor of Theology and later Bishop of Regensburg. Despite the press and the Nazis, however, the book was initially a tremendous success, especially compared with Man and Technics. Heinrich Beck wrote to Spengler in November of 1933 that “the success of your Jahre der Entscheidung already surpasses, at least as far as tempo is concerned, The Decline of the West. You will certainly be pleased and I am proud also of publishing such a book.”[76] The Roman Curia was also impressed, and allowed the book to be placed by the Cardinal Hayes Literature Committee in the “First Circle” of their “White List” for Roman Catholics in America; the section was named for the First Circle of Hell in Dante’s inferno, where honest pre-Christian thinkers who were valuable to Christianity resided—on the White List proper for that year were titles like Essays in History by Pope Pius XI.[77]

l_9783938176153.jpgThe contents of the book are significant not just for Spengler’s life, but to his overall philosophy as well. Spengler frequently uses what critics have called “fetishistic” terms in his works like “blood”, “race”, “soul”, etc. The accusations of critics were left largely unanswered until Jahre der Entscheidung, which saw Spengler for the first time seriously take on the task of defining what he meant by “race” especially. Benito Mussolini, at the time still in his virulent anti-racist stage, received a copy of the work almost immediately after it was published, and wrote a review of the work highlighting that “Spengler clearly wishes to differentiate his views from the vulgar, materialistic Darwinism now fashionable among anti-Semites in Europe and America” (words he was in fact borrowing from Spengler) and points to Spengler’s declaration that “ ‘racial unity’ is a grotesque phrase considering that for centuries all types and kinds have mixed.”[78]

Spengler does indeed use the word “race”; however, he defines against the biological racial theories of Chamberlain, Gobineau and the various authors of National Socialism. “Race” to Spengler was captured in a spiritual feeling or will of a culture—thus in Jahre der Entscheidung, even the Russians find themselves included in Spengler’s “Coloured World”. The Faustian soul—and the Faustian will—that is the Faustian “race”. Farrenkopf observes from reading Spengler’s unpublished political writings that “Race for Spengler meant having ‘strong instincts’”, something reflected in Gedanken, where Spengler says “Men without race are without Will. Indeed, the more of a “race” one has, the more resolute is his sense of self”.[79] Spengler references this notion in Man and Technics as well, concluding with the exemplary of a man with “strong race”, the legionary who kept his post in Pompey as Vesuvius erupted because his superiors had forgotten to relieve him; “It is greatness, namely to have race”.[80] This sort of conception of race is one that has fled the English and German languages (and most other languages, really) in the wake of the biological racialist movements of the early twentieth century, but is still present in English when one says “the human race”—but for Spengler, there is no “human race”, there are different spiritual types of humans. Farrenkopf quotes him “There are not any noble races. There are only noble specimens of all races.”[81]

With this sense of “race” in mind, Spengler portrays two revolutions taking place in the coming decades and centuries: a White World-Revolution and a Coloured World-Revolution, the former of which will be a class revolution, and the latter will be a racial revolution. As he suggested in Decline, the Occident is failing, and some other Kultur-Zivilisation organisms must come into itself in order to replace the dying Faustian Zivilisation. This is what is meant in the “Coloured World-Revolution”; a collapse of the Western direct control over the rest of the world and the beginning of a new birth. The “White World-Revolution”, on the other hand, will be one of class: not because of Bolshevism, but because of the liberalism that destroyed the social structure of the West in the Autumnal season and brought about the new sense of egalitarianism. These combined “World-Revolutions” must ultimately arise from a great World War which Spengler foresees in the near future; it is his hope that the War will set the West back on its path toward Ceasarism, and begin the final phase of decay which has been prevented, be believes, by the defeat of the “Prussian Spirit” in the First World War; he therefore proclaims at the end of the work that, “Only the militarist Prussian spirit remains as a shaping force, not only for Germany, but everywhere.”[82]

Farrenkopf offers the critique that Spengler does not sufficiently “probe” into “how geopolitical competition among non-Western powers will interact with the conflict between the West and the non-West”.[83] Nevertheless, for a German in a time of when the general feeling of the nation was one of peace and plenty, to foresee a world-shattering global conflict that would bring about a post-colonial age is hauntingly astute, and speaks to the significance of Spengler’s overall corpus to contemporary political and historical study. Another testament to his skills of prophecy is the very military power gained by the United States subsequent to the Second World War; Farrenkopf also observes that Spengler discounted America but nevertheless may be applied in an American paradigm.

With all the talk of “race” and the “militaristic Prussian spirit” and Spengler’s relationship to National Socialism, it seems fitting that a special word be said of Spengler’s relationship to the Jewish community. He himself found anti-Semitism especially abhorrent, and recognised it for exactly what it was: namely, social and political scapegoating. As Fischer observes, “Spengler observed that the character of the Jew was moulded by his position as an outsider…[who is] generally forced to adopt attitudes that are inimical to the mainstream of society,” which is why they are viewed as threats; the only solution Spengler could see for the Jews to escape this inevitable situation was to assimilate or, though Spengler never suggests it, to leave.[84] A similar conclusion was reached by Theodor Herzl, the founder of Zionism, in his 1896 Der Judenstaat, which proposed the second option: that the Jews remove themselves from European society physically to escape anti-Semitism.

After his name was officially banned from the press and his book taken off the shelves in German bookstores, Spengler once again retreated from the public eye, this time never to return. Unlike other intellectuals of the day, he declined offers to university jobs, including the rectorship of the University of Leipzig’s Institute for Cultural and Universal History and a professorship at the University of Marburg. He was, nevertheless, honoured in 1933 with membership in the Senate of the German Academy, which he maintained even after his work was officially censored by the Nazi state. He was encouraged by friends to flee Germany and emigrate to America or England and continue his studies, but he refused to leave. He did, however, continue his work on Urfragen and his other unfinished book, Frühzeit der Weltgeschichte. He still received some attention from other countries, and in 1935 wrote an article entitled “Zur Weltgeschichte des zweiten vorchristlichen Jahrtausends” (“Toward a World History of the Second Millennium BC”) in the journal Die Welt als Geschichte.

9783902475435xxl.jpgSpengler’s final contribution while he was alive was a reply to a cable from Hearst International Cosmopolitan magazine, which at the time was still a respectable publication that gave attention to serious global political issues. The work, entitled Ist Weltfriede moeglich? (“Is World Peace Possible?”) was translated by editors of the magazine and published in January of 1936. This last work is largely ignored by Spengler biographers, but is rather his last real political offering, in which he expressed that the question was one that “can only be answered by someone familiar with world history… [which] means to know most humans as they have been and always will be.”[85] His next words encapsulate his “strong pessimism”, when he says that “there is a vast difference… between viewing the history of the future as it shall be and as one might like it to be. Peace is the wish, war is an actuality”: he echoes his introduction to Jahre der Entscheidung, “it is the great task of the connoisseur of history to understand the actualities of his age and, using them, to sense the future, to indicate and to sketch out what will come, whether we desire it or not.”[86] He follows it saying that, ultimately, man will always resort to violence in some form or another. He declares that a man may “be branded a criminal, a class can be called revolutionary or traitorous, a people bloodthirsty, but that does not alter the actuality” that violence is in escapable.[87]

He then repeats a his message to the Western world, hoping perhaps for an audience in liberal America where he had lost his in Germany: “It is a deadly reality that today only the white peoples speak of ‘world peace’, not the many coloured peoples. As long as individual thinkers and idealists do this—and they have done it in all ages—it is ineffective. When, on the other hand, entire peoples become pacifistic, it is a symptom of senility. Strong and unspent breeds do not do it: it is abandonment of the future, because the pacifist ideal is a terminal state that contradicts the reality of life.”[88] Spengler would go to his grave convinced that half of the Occident had adopted this very abandonment of the future, and the other half had gone mad on the drunkenness of National Socialism. Fischer observes that “convinced of the truth of his ideas, Spengler seems to have resigned himself to a life of quiet desperation.”[89] His desperation ended before the dawn of the 8th of May 1936, when a sudden heart attack mercifully took him from the world before he could witness his most recent predictions of death and doom become reality.

Eleven days after Spengler’s death, his closest friend, August Albers, who Fischer calls his “philosophical sounding board”, which he had been since Decline in 1917, threw himself in front of a train, unable to cope with the absence of his mentor and friend. His sister collected his papers and would spend the rest of her life handling the publication of his remaining papers; her daughter would devote most of her academic life to studying and publicising his contributions to history, politics, and philosophy. Paul Reusch chose and paid for the grave marker, a simple block of polished black granite with SPENGLER etched across it in stark white letters. Beneath it Spengler rests holding a copy of Nietzsche’s Thus Spoke Zarathustra and Goethe’s Faust.



[1] H. Stuart Hughes, Oswald Spengler: A Critical Estimate (New York: Charles Scribner Sons, 1952), 1.

[2] Anton Mirko Koktanek, Oswald Spengler in Seiner Zeit (Munich: C.H. Beck, 1968), 435.

[3] Koktanek, Spenger in Seiner Zeit, 427.

[4] Oswald Spengler, Ich beneide jeden, der lebt, ed. Gilbert Merlio and Hilde Kornhardt (Munich: C.H. Beck, 2007), 16. The original title of the text was to be Eis heauton, in imitation of Marcus Aurelius, and the manuscript was originally edited by Spengler’s niece and her mother, both named Hilde Kornhardt.

[5] Spengler, Ich beneide, 14.

[6] John Farrenkopf, Prophet of Decline, (Baton Rouge: Louisiana State University, 2001), 9.

[7] Koktanek, Spengler in Seiner Zeit, 19.

[8] Farrenkopf, Prophet, 7-8.

[9] Farrenkopf, Prophet, 8-9.

[10] Klaus P. Fischer, History and Prophecy: Oswald Spengler and the Decline of the West (New York: Peter Lang, 1989), 34.

[11] Fischer, History and Prophecy, 35.

[12] Fischer, History and Prophecy, 36.

[13] Fischer, History and Prophecy, 36.

[14] Farrenkopf, Prophet, 11.

[15] Fischer, History and Prophecy, 28.

[16] Fischer, History and Prophecy, 37.

[17] Spengler, Ich beneide, 73.

[18] Farrenkopf, Prophet, 15.

[19] Fischer, History and Prophecy, 45.

[20] Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, (Munich: C.H. Beck, 1969), x.

[21] Thomas A. Brady, German Histories in the Ages of Reformations (Cambridge: Cambridge University, 2009), 3.

[22] G.W.F. Hegel, Grundlinien der Philosophie des Rechts (Leiden: A.H. Adriani, 1902), 238.

[23] Oswald Spengler, Decline of the West, trans. C.F. Atkinson (New York: Alfred A. Knopf, 1928), 21. He derives this notion from Goethe, who says in a letter to Heinrich Luden (†1847), “‘Die Menschheit’? Das ist ein Abstraktum. Es hat von jeher nur Menschen gegeben und wird nur Menschen geben.(“‘Mankind’? It is an abstraction. There have only ever been men and will only ever be men.”) (p 281)

[24] The proper rendering of Gemeinschaft and Gesellschaft in English is highly disputed among translators; the former is often translated as “community” but may also be understood (perhaps more clearly) as “communion”, while the latter is rendered both as “society” and “association,” with the latter being favoured in recent scholarship. Cf. Ferdinand Tönnies: A New Evaluation, ed. Werner J. Cahnman (Leiden: E.J. Brill, 1973).

[25] Ferdinand Tönnies, Gemeinschaft und Gesellschaft (Berlin: Karl Curtius, 1912), 3-4.

[26] Spengler, Decline, 109.

[27] Spengler, Decline, 31.

[28] Spengler, Decline, 53.

[29] Spengler, Decline, 212.

[30] Spengler, Decline, 191-192.

[31] Oswald Spengler, Jahre der Entscheidung (Munich: C.H. Beck, 1933), 43. He doesn’t, however, make clear what the implications of Stalin’s “modernisation” policies and the five-year plan might be.

[32] Oswald Spengler, “Pessimismus?” in Rede und Aufsätze (Munich: C.H. Beck, 1937), 63-64.

[33] Spengler, Decline, 485. N.B. The notion of “race” here should not be understood as the restrictive biological concept but retaining its nineteenth-century use as a term for a broad cultural unit.

[34] Oswald Spengler, Letters 1913-1936, trans. Arthur Helps (London: George Allen Unwin, 1966), 87.

[35] Fischer, History and Prophecy, 68.

[36] Spengler, Letters, 92.

[37] Spengler, Letters, 93.

[38] Donald O. White, Introduction to Selected Essays, by Oswald Spengler, trans. and ed. Donald O. White (Chicago: Henry Regnery, 1967), xiii.

[39] Timothy Ryback, Hitler’s Private Library (New York: Alfred A. Knopf, 2008), 112.

[40] Fischer, History and Prophecy, 61.

[41] Fischer, History and Prophecy, 61.

[42] Spengler, Letters, 133-138.

[43] Spengler, Letters, 181.

[44] Spengler, Selected Essays, 7.

[45] Spengler, Selected Essays, 3.

[46] Spengler, Selected Essays, 1, 3.

[47] Spengler, Selected Essays, 10-11.

[48] Spengler, Selected Essays, 13.

[49] Spengler, Selected Essays, 13.

[50] Spengler, Selected Essays, 29.

[51] Spengler, Selected Essays, 92.

[52] Spengler, Letters, 11.

[53] White, Introduction, xi.

[54] Benito Mussolini, “Anni decisive di Osvaldo Spengler”, Il Popolo d’Italia, 15 December 1933, p. 16.

[55] Spengler, Letters, 184.

[56] Fischer, History and Prophecy, 71.

[57] Spengler, Letters, 180.

[58] Cf. Oswald Spengler, Reden und Aufsätze (Munich: C.H. Beck, 1937), 96.

[59] Spengler, Letters, 211; “Will Our Civilization Survive?” New York Times, 24 May 1925, SM1; “Doom of Western Civilization,” New York Times, 2 May 1926, BR1. 

[60] Spengler, Letters, 222.

[61] Spengler, Letters, 229.

[62] Spengler, Letters, 203, 204, 219-220, 235.

[63] Spengler, Letters, 2031.

[64] Fischer, History and Prophecy, 73.

[65] Fischer, History and Prophecy, 66.

[66] Fischer, History and Prophecy, 66.

[67] Farrenkopf, Prophet, 202.

[68] Spengler, Decline, 109.

[69] Alan Bullock, Hitler: A Study in Tyranny (New York: Harper & Row, 1962), 217-218.

[70] Fischer, History and Prophecy, 74.

[71] Fischer, History and Prophecy, 74.

[72] Fischer, History and Prophecy, 74.

[73] William McDonald, “Spengler’s New Challenge” New York Times, 11 February 1934.

[74] Fischer, History and Prophecy, 78.

[75] Farrenkopf, Prophet, 238.

[76] Spengler, Letters, 291.

[77] “June ‘White List’ of Books Issued” New York Times, 26 May, 1934, p. 15.

[78] Spengler, Jahre der Entscheidung, 157.

[79] Farrenkopf, Prophet, 256; Oswald Spengler, Gedanken, (Munich: C.H. Beck, 1941), 23.

[80] Spengler, Der Mensch und die Technik (Munich: C.H. Beck, 1931), 89.

[81] Farrenkopf, Prophet, 256.

[82] Spengler, Jahre der Entscheidung, 165.

[83] Farrenkopf, Prophet, 258.

[84] Fischer, History and Prophecy, 76.

[85] Spengler, Reden und Aufsätze, 292.

[86] Spengler, Reden und Aufsätze, 292; Spengler, Jahre der Entscheidung, vii.

[87] Spengler, Reden und Aufsätze, 292.

[88] Spengler, Reden und Aufsätze, 292-293.

[89] Fischer, History and Prophecy, 68.

mercredi, 26 février 2020

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

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Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be


TABLE DES MATIÈRES

- Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

- Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

- Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques

- Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

- Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

- ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse. Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle Route de la Soie

- La mondialisation à la chinoise, "un Cheval de Troye"?

- La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

- Sur les "révolutions de l'espace"

- Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

- Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

- Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

- Un bilan conceptuel

..........................................................................

Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

La montée en puissance  de la Chine, depuis la fin de la guerre froide, en termes économiques, politiques, diplomatiques et militaires,fera de celle-ci, selon nombre d' observateurs ,le plus grand protagoniste de l'histoire mondiale.

Cette émergence est susceptible de produire une inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis, puissance dominante établie et  premier empire global de l'histoire et la Chine," Empire du milieu" ou État-civilisationnel, vieux de trois mille cinq cents ans et fort d'un milliard-quatre cents millions d'hommes.

A ce sujet, Chalmers Johnson, spécialiste de l'Asie, a soutenu la thèse d'une antinomie conceptuelle  entre "expansion impériale" et "adaptation régionale" et il a précisé, quant à  la conception de l'ordre mondial: "qu'on l'appelle "consensus de Washington", "soft power", ou "nation indispensable", cela aboutit toujours à la nécessité de maintenir un ordre mondial, inspiré, financé,et dirigé par les États-Unis."

Les tentatives américaines pour établir une hégémonie sur la Chine tendent vers des futurs explosifs et sont, en tous cas, vouées à l'échec."

En effet il n'y a pas de place dans le monde pour deux empires.

Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

Or, dès à présent, la contestation chinoise du "statu-quo" normatif, imposé par les États-Unis après la fin de la guerre froide, a déjà pris corps avec le rejet de l'universalité des  valeurs occidentales et de  la première menace ressentie par Béijin, qui est la menace idéologique du "regime change" et donc le défi intérieur de libéralisation du pouvoir et du pluralisme  politique, identifiés à la démocratie occidentale. (ex.Hong Kong)

Quant à l'Europe, le destin de celle-ci se jouera en Eurasie, tant sur le plan diplomatique que militaire. Quant au  premier, dans la capacité de la diplomatie européenne de dissocier la Russie de la Chine, quant au deuxième, par le rôle accru du Pacifique et de l'Indo-pacifique dans l'échiquier stratégique global.

Puisque le modèle de la stratégie dominante des deux derniers siècles a été celui de Clausewitz, la puissance de la terre qu'est Chung Kuo' se prépare à une politique d'affrontement  par une logistique, qui peut adopter Clausewitz sur terre, en cas de guerre conventionnelle, Mahan, sur les deux Océans, Pacifique et Indo-Pacifique, et Sun Tzu dans l'hypothèse d'un double front de combat, terrestre et maritime .

Dans ce contexte la logistique du système One Belt, One Road  devient l'élément décisif de l'épreuve de force probable entre les puissances de la terre et les puissances de la mer, au Nord, au Sud et à l'Ouest du continent européen.

Au même temps , la "limite" du conflit, entre guerre d'alternance hégémonique et guerre d'alternative civilisationnelle, deviendra la variable des ambitions et du combat des  acteurs aux prises,

Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques


Un rappel peut éclairer ce point non négligeable.

Si l'Europe et l' Asie appartiennent géographiquement à un même espace continental, l'Eurasie, un seul pays tache de les rapprocher par un immense réseau d'infrastructures routières, portuaires et numériques.

Ce pays est le Chung Kuo', l'héritier de l'Empire du milieu, dominant "tout ce qui est sous le ciel".

Puissance de la terre, la Chine, rivalisant avec la puissance de la mer, entend manœuvrer, en cas de conflit, par les lignes intérieures du continent, sans dépendre de la logique des flux et des reflux de la "société liquide".

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En Eurasie,marquée par la diversités des Etats et des institutions, la dominance continentale est passée de la Russie à la Chine et le resserrement des alliances prendra la forme d'une activation du réseau des routes de la soie,  modifiant le rapport des forces global.
 

En effet la guerre, selon Sun Tzu,  ne se gagne pas principalement à la guerre ou sur le terrain des combats, mais dans sa préparation.

Les risques  de conflit instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme.

Il s’agit d’une politique qui a pour enjeu le contrôle de l’Eurasie et de l’espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland.(2).

Les rivalités, qui secouent aujourd’hui l'Eurasie, ont forcé l’Est et l’Ouest à s’interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe, de stabilité stratégique et d’unité  de l’espace européen.

Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l’acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires autour du leader.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s’esquissent au niveau planétaire :

– l’alliance sino-russe, assurant l’autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR -One Belt, One Road - avec la participation d’environ 70 pays)

– la stratégie du « containement» des puissances continentale, par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc.), comme ceinture péninsulaire extérieure à l’Eurasie.

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et que  leurs buts stratégiques respectifs,ne sont pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d’échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques, sous la surface de la stabilisation apparente.

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Ainsi la  fin de la bipolarité, avec l’effondrement de l’empire soviétique, a engendré une source de tensions, entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les étrangers proches », visant à s’affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d’alliances enveloppantes. (OTSC, OCS)

A l’Ouest c'est l’Alliance atlantique, aujourd'hui en crise,  qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique d'Hégémon, dans l' immense étendue continentale entre l’Amérique et la Russie

Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique" ?

La question qui émerge du débat en cours  est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante-dix ans par l’Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin de l'Empire et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial dans le cadre toutefois, d'un système planétaire

L’interrogation connexe peut être formulée de manière plus abrupte et intempestive : "Quelle forme prendra-t-elle, cette transition ?"

La forme, déjà connue, d’une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXe siècle, ou bien, la forme d’un changement d’ensemble de la civilisation, de l’idée de société et de la figure de l’homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l’univers des relations ,socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues?

ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse.                                                                                                                                                

Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle  Route de la Soie

Pour mieux inscrire dans la géographie eurasienne, l’ambiguïté de la relation de rivalité-partenariat existante entre l'Empire du milieu et le reste du monde,sous la forme redoutable  d'une politique de coopération multilatérale, Xi Jinping a promus, en 2013 à Astana, la construction d'un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires rappelant les anciennes "voies de la soie",dans le but de rapprocher la Chine, l'Afrique et l'Europe, en traversant les pays d'Asie centrale

La mondialisation à la chinoise. Un "Cheval de Troie"?

Dans la perspective d'un ordre  global et à la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire, la Chine, poursuivant une quête d’indépendance stratégique et d'autosuffisance énergétique étend sa présence et sa projection de puissance vers le Sud-Est du Pacifique, l’Océan Indien, le Golfe et l'Afrique, afin de contrer les goulots d’étranglement de Malacca et échapper aux conditionnements extérieures maritimes, sous contrôle américain.

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Elle procède par les lignes internes, par la mise en place d'un corridor économique et par une route énergétique Chine-Pakistan-Golfe Persique, reliant le Port de Gwaidar, au pivot stratégique de Xinjiang.

Beijing adopte la gestion géopolitique des théâtres extérieures et resserre ses liens continentaux avec la Russie. L'influence chinoise est concrétisée par la construction d'une gigantesque "Route de la Soie", reliant le nord de la Chine à l'Europe, via le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Rien de semblable,depuis l'époque pré-impériale (VIIème siècle avant J.C.), lorsque commença la construction de la Grande Muraille, achevée par Quin (en 221 avant J.C.), après avoir conquis un à un l'ensemble des Royaumes combattants et avoir unifié ainsi  la Chine.

La similitude n'est pas pour dérouter, car l'idée d'unifier l'Eurasie n'est pas lointaine de l'esprit de Xi-Jinping.

Or Obor rassemble à un véritable "Cheval de Troie" de l'âge moderne, destiné à faire basculer l'Histoire du côté de l'Orient Chinois.

Cette entreprise colossale pourrait avoir  pour principe un précepte de Maître Sun Tzu: dans la guerre,"trompe l'ennemi sur tes intentions!" .

Ainsi, en  détournant l'attention des  ennemis de  la conquête de l'Eurasie,le plan de bataille du nouveau Qin Shi Huang consisterait à vaincre sans combattre, "sans ensanglanter la lame!".

La transition d'un système international  à l'autre ne peut comporter une dissertation sur la morale, ni sur la licéité de la guerre, juste ou inique, car la guerre est une réalité primordiale et il faut l'accepter comme un ensemble de confrontations , préparées de longue haleine.

La recherche de l'avantages par la ruse, ou par l'ordre apparent, ne peut cacher que nous combattons hors limites,et que  l'apparence de l'ordre , comme l'apparence du chaos est une conséquence de la force montante, dont dispose aujourd'hui l'Empire du milieu.

Obor, le nom des nouvelles routes de la soie, ne peut être autre chose que l'apparence de l'ordre, face au désordre  de l'Otan, dénoncé par Macron, à l'extrémité occidentale de l'Eurasie.

Un grand dessein non -militaire, destiné à faire capituler l'Occident

Avec Obor, la Chine entend manoeuvrer,à l'intérieur des terres, rivalisant dans tous les domaines, y compris les plus sophistiqués ( les numériques), avec la puissance thalassocratique dominante dans l'Océan Pacifique et indo-pacifique.

Or ce projet de modernisation et de mondialisation, présente l’entreprise de la Chine comme  pacifique, une "Initiative" et pas comme une "grande stratégie", pour éloigner toute allusion à la guerre.

En revanche cet immense vecteur d'hommes et de biens, constitue un incomparable outil de gains stratégiques et logistiques pour la mobilité des théâtres  et le transfert des forces.

Le transfert des forces du front de l"Est au front de l'Ouest par l'Allemagne, pendant la première et deuxième guerre mondiale a été rendu possible par un réseau ferroviaire moderne, à l'époque, et d'une redoutable efficacité militaire.

En Eurasie les fronts sont multiples et il n'y a plus une seule ligne de front, à alimenter en permanence, d'où la valeur accrue du transport multimodal

La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

Ainsi,en départageant les deux grandes  stratégies de Chung Kuo', terrestre et  maritime, Obor exprime la prépondérance décisionnelle, en cas de crise, de l'armée populaire sur le groupe dirigent, sur le comité centrale du parti et son  primat stratégique sur les  hauts commandements  des armées de terre, de mer et du ciel  , car elle influence  la liaison du peuple et des élites et rappelle l'épopée mythique de la "longue marche".

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En forte expansion par tonnage annuel ,la marine chinoise aura pour but le"dénis d'accès" des puissances de la mer vers le littoral et, plus loin vers le coeur des terres, le Hearthland de Halford MacKinder, pivot de l'Histoire, car l'empire du milieu, n'a pas vocation à passer d'une existence terrestre à une existence maritime et veut maintenir sur une base continentale la suprématie de Chung -Kuo'.

En réalité, "le jeu politique qui concerne les mers est déterminé par les États terriens." (Julien Freund, in "Terre et Mer" Carl.Schmitt, postface)

Par son tracé, en volutes de dragons, la nouvelle route de la soie  concrétise la géopolitique des partenariats que dessinent les sept corridors de ce grand " boa constrictor" et, par conséquent, la désignation des théâtres et les formes de combats coordonnés dans les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, afin qu'ils soient  soudés par un réseau de couloirs routiers et maritimes, serrés par une seule main.

Pour atteindre la victoire un État doit avoir la possibilité d'occuper tout ou partie du territoire ennemi et seul la Chine est à la hauteur de cet exploit.

Sur les "révolutions de l'espace"

L'initiative chinoise est elle en train  de susciter une nouvelle révolution de l'espace, comparable, pour ses répercussions, à celles qui l'ont précédées?

Après l'âge de la mondialisation(1980-2019),menée par la logique de l'échange,ainsi que  par l'idéologie des droits de l'homme et d'un monde sans frontières, la Chine inaugure-t-elle une nouvelle phase historique, celle de la "continentalisation" du monde autour de l'Eurasie et d'une autre stabilisation  du pouvoir et  de l'économie?

L"élargissement des horizons du monde, provoqués par l'effondrement du système soviétique, a provoqué une mutation culturelle profonde et donné à l'Asie centrale  une vision "déterritorialisée" de l'univers socio-politique, aux possibilités illimités.

Avec les nouvelles routes de la soie, une autre conception de l'espace s'affirme, par laquelle la terre éclipse la mer et la contourne.

C'est un tournant, dans lequel l'humanité se déplace et un autre rapport s'instaure, plus autonome,  dans la relation entre villes et campagnes du monde, marquant la dépendance de certaines régions d'un moteur plus souple de planification, sous forme de partenariat, de projets de co-développement et d'autres maillage d'affaires

Ce ne sont plus "les écumeurs des mers" (pirates, corsaires, boucaniers et flibustiers), à la recherche d'aventures individuelles et lucratives, mais de vagues de terriens , en quête d'une autre stabilisation et existence sociétale.

La nouvelle dimension  de l'espace exige une autre organisation des terres, à l'échelle planétaire, et cette réorganisation sera naturellement belliqueuse.

Or, si la mer avait rendu possible le rêve de l'Amiral Mahan, d'une unification  des peuples de la mer (Grande Bretagne et États-Unis en 1904), et si les Hollandais à la fin du XVIème siècle,devinrent les "transporteurs" des autres pays d'Europe, par les perfectionnements apportés à un nouveau type de navire, pourvu de vergues, de quoi seront ils porteurs les chinois, si non d'un autre type de transports et de parcours terrestres irradiants.

Pourra-t-on encore faire la distinction entre étrangers et locaux, lorsque des dizaines de millions d'hommes , embarqués sur les rails, feront de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, un univers sinisé et une "République de Confucius", par une  prise de terre, massive, pacifique et commerçante ?

Au rétrécissement de l'espace européen, fera suite une conscience globale plus éveillée. qui donnera naissance à une nouvelle race, métissée, biologiquement et politiquement, où se confondront blancs, mongols et noirs, gardes rouges fanatiques, ultra-démocrates honkongais, hommes des triades, geishas européennes et arabo-musulmanes, progressistes  trans-gendres, trafiquants  violents et militaires aguerris, pour se disputer le butin de la croissance et le droit à une parole plus libre?

Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

Xi-Jinping veut reprendre l'hégémonie géopolitique du monde sur la base de la puissance terrestre et de la vieille tradition des Empires,par la voie des partenariats et non des alliances, qui seules permettent la constitution de blocs homogènes.

Or, le caractère terrestre a pris en Chine une signification culturelle et historique, à laquelle  les autres pays ne peuvent pas prétendre,celle de se percevoir au mileu du monde et de devoir régner "sur tout ce qui est sous le ciel".

Rien de semblable depuis l'Empire de Rome, lorsque les voies impériales et consulaires conduisaient toutes à Rome, "Caput Mundi" et règne du pouvoir  et de la loi.

La maîtrise de la logistique impressionnante d'Obor, dont la clé appartient à la Chine, s'imposera aux forces combattantes et dictera les formes de l'affrontement de demain, autrement dit , les conditions de la paix et de la guerre entre"Orient et Occident".

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Quel sera-t-il, dans ce cas, unique dans l'histoire, le rôle de l'Europe, en ce choc de continents et de civilisations?

Dans une période de mutations profondes et globales, quel espace d'autonomie et de manœuvre, culturel et civilisationnel restera-t-il à l'Europe, par rapport à la puissance extérieure dominante, au sein d'une Eurasie sinisée et d'un Rimland américanisé?

La liberté d'action de l'Europe ne pourra  se définir que par une inversion stratégique à l'Est, autrement dit, par le passage de l'isolement continental de la Russie à celui de la Chine.

C'est pourquoi ce résultat ne peut être obtenu par l'Otan, qui demeure une alliance défensive euro-atlantique, visant la Russe. dans un contexte global d'affrontement.

Si Obor représente la logique d'une ouverture atlantique de la Chine, atteignant  l'Europe, en réponse à la stratégie adverse d'isolement , l'esquisse géopolitique de Macron, concernant les blocages de l'Otan et la reprise du dialogue avec la Russie, laisse présager une ouverture euro-russe du Hearthland et une manœuvre diplomatique de désarticulation du partenariat chino-russe.

A terme, un" Yalta 2 ", influant sur le système international du XXIème siècle, sous espèce d'une "Doctrine Monroe" de l'Eurasie, comme zone d'influence européenne, entre l'Europe,la Russie et la Chine, aura pour but de maintenir le pluralisme étatique et non seulement démocratique en Asie centrale, afin qu'il ne se constitue pas un bloc hostile aux intérêts européens.

Ce plan déterminera aussi  la liberté des Océans Pacifique et Indo-Pacifique et libérera l'accès à  l"extrême Orient, de la part de  l'Australie et du Cône sud des Amériques.

Une nouvelle alliance euro-russe, en défense des intérêts des "grands espaces" schmittiens, sur les frontières de l'ancienne Union Soviétique, replacera l'affrontement hégémonique au cœur de l'Asie centrale,de manière à ne pas être pensé encore sur le modèle la guerre froide à l'Est du continent.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine au plan géopolitique, a eu pour but de jouer un rôle d’équilibrage et de contre-poids, au cœur de la masse continentale eurasienne et de repartir les zones d'influence entre les deux puissances dominantes, dans le cadre de la multipolarité.

Cette double poussée, virtuellement antinomique, est corrélée à l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui fait fonction de stabilisateur régional

Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

La stratégie de la future (et encore hypothétique armée européenne) devrait adopter une politique de recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe ( de Lisbonne à Vladivostock) et passer de la tentative de roll-back et d'isolement de la Russie ( par l'Otan), à une doctrine inversée du Hearthland, en isolant  la Chine qui représente la menace majeure pour la puissance thalassocratique extérieure.

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Celle-ci, comme Athènes dans les guerres du Péloponnèse,  ne pourra gagner au même temps et conjointement la Russie et la Chine, provoquant à l'Ouest l'effondrement définitif de  l'Europe et l'écroulement de la civilisation Occidentale.

La mort d'Athènes et de Rome ne grandiront point l'image créatrice et chaotique de l'Amérique post-impériale, comme héritière du berceau culturel de l'Occident.

Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

Le repositionnement des ambitions du triangle États-Unis, Russie et Chine, rééquilibrant la multipolarité actuelle, aurait pour but de rendre limité le règlement d'un conflit éventuel entre les États-Unis et la Chine, évitant une guerre discriminatoire , élargie à l'ensemble de la planète. 


L'affrontement à prévoir aurait alors pour limite l'alternance entre "peer competitors" ou candidats à l'hégémonie et non la structure générale du système international

Il laisserait  subsister les vieilles nations, leurs peuples et leurs mémoires,  dans une position subalterne,  donnant lieu à des métissages inconnus de liberté et de la soumission, au lieu de précipiter le dilemme d'une opposition existentielle entre l'Orient et l'Occident.

Cette limite aurait pour signification essentielle ,la préservation d'un"statu quo" civilisationnel entre les deux hémisphères,  évitant, entre-autre, une invasion des peuplades désordonnées  de l' hémisphère Sud vers  le Nord  de la planète, où une  seule civilisation, continentale et blanche, a promu les grandes découvertes et a fait évoluer le genre humain.

Un bilan conceptuel


Au moment où le Royaume Unis, avec le Brexit, embrasse à nouveau son insularité  et se tourne vers le grand large, les pays du continent voient réapparaître les figures protectrices des États-Nations (souverainisme  et populisme).  Dans ce cadre, l'Europe  considère qu'une conversion du continent à la mer et au libre-échange intégral, est impossible. Ses citoyens gardent la fidélité à leur habitat, essentiellement terrien et prétendent  le préserver et l'améliorer (campagnes écologiques)

En effet l'arcanum des réflexes européens est constitué par la terre et par l'ordre de l’État, le Léviathan.continental.

L'Europe ne garde pas le réflexe côtière de ses anciennes républiques maritimes (Gênes ou Venise), mais l"attachement des paysans, désormais périphériques, à leur terroir et à leur système de vie (Gilets Jaunes).

Dans ce contexte, dans lequel l'état de nature hobbesien ne peut être arbitré que par la violence et par le spectre du conflit, la conception thalassocratique de la guerre, visant le libre commerce, repose sur l'ubiquité du danger, désigné  par la puissance maritime, par le biais d'une alliance  océanique illimitée, l'Otan

C'est dans ce contexte que l'intervention de Macron sur la "mort cérébrale" de l'Alliance Atlantique, éclaire sur la conscience globale de la nouvelle conjoncture historique.

Face à la discorde sur la désignation de l'ennemi, il prend le parti de la terre (Russie) contre la mer (bloc thalassocratique) et sutout contre l'interventionnisme "illimité"et universel de la puissance de la mer (hégémon).

L'Iran, la Chine et la Corée du Nord n'obéissent pas aux figures obsidionales du"Mal", contre lesquelles une violence totale est justifiée et légitime, mais à des figures de "justi hostes", disposant des mêmes droits et des mêmes raisons de faire appel  à la guerre et contre lesquelles une violence illimitée est injustifiée.

En effet le "juste ennemi" est celui que l'on ne peut identifier à la figure du Mal , au nom d'un exclusivisme ou d'une intransigeance morales et dont on peut comprendre l'hostilité et les objectifs politiques, puisque demain il sera peut être un allié.

Puisque l'Eurasie occupe l'espace  historique de l'Allemagne et de la Russie réunies,  la lutte entre la puissance de la mer et la puissance de la terre prend la forme actuelle d'un affrontement entre l'atlantisme de certains pays européens et l'eurasisme de certains courants de pensée russes.

Ainsi, compte tenu de la double impossibilité, d'une domination mondiale unipolaire  et d'un État de l'humanité pacifié, qui suppose une neutralisation et une dépolitisation totale du monde, l'évolution planétaire va dans la direction d'un pluralisme des grands espaces (C.Schmitt), autrement dit, vers des sphères d'influence et des zones culturelles homogènes (Yalta 2), dont la cartographie  obéit , en large partie aux oppositions binaires de la terre et de la mer.

L'échec de la tentative d'instaurer un unipolarisme dominant et la montée en puissance des anciens empires  historiques comme, l'Inde, l'Iran, la Russie et la Chine, justifie la démarche de Macron vers  un nouveau pluralisme du monde autour d'une mère civilisationnelle commune à la Russie et l'Europe, l'Occident romain - orthodoxe.

Le caractère identitaire et irrévocable de cette distinction est au fond la reconnaissance d'une faille profonde entre l'Orient Russe et le grand Orient Chinois, dont les voies de la soie constituent les tentacules puissantes d'un dragon, tiré de son histoire et doué d'un feu existentiel et spirituel  trente cinq fois séculaire.

BRUXELLES le 23 Décembre 2019

mardi, 25 février 2020

La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale

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La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale

 
 
par Bernard Lugan
Ex: http://www.zejournal.mobi

Outre-Rhin, bien que la parenthèse coloniale n’ait duré que deux décennies, l’exigence de repentance atteint en ce moment des sommets inégalés. Même en France où, pourtant, il n’est pas possible de parler de la colonisation sans avoir préalablement revêtu le cilice de pénitence, l’exigence de soumission au dogme de la culpabilité coloniale n’a pas (encore ?) une telle ampleur.

En Allemagne, il est aujourd’hui impossible, tant elle est longue, de dresser la liste des rues, des places, des squares, des musées, des instituts et des casernes débaptisés au seul motif qu’ils ont un rapport avec la période coloniale ou avec des personnages ayant un lien avec cette dernière. Dirigé par la gauche, le Land de Berlin a même fait de la repentance coloniale un de ses principaux axes politiques, comme si la ville n’avait pas de problèmes plus urgents et plus concrets à régler…

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Ici, il n’est pas un jour sans qu’il soit demandé aux habitants transformés en chiens de Pavlov de l’auto-flagellation, de psalmodier la liste des péchés ultramarins de leurs grands-parents et de « regarder en face les crimes coloniaux allemands ainsi que le génocide des Herero et des Nama » commis en Namibie, l’ancien Sud-Ouest africain.

Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première Guerre mondiale, quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir « failli » à son « devoir de civilisation ». Fut alors constitué le dossier à charge de la guerre des Herero réutilisé aujourd’hui par la gauche allemande.

Ce dossier passe totalement sous silence les actes atroces commis par les Herero : familles de colons massacrées, torturées, les femmes dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Quand elles tombaient entre leurs mains, et après avoir été violées, les femmes allemandes étaient suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, puis éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie…

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Or, ce furent à ces mêmes arbres, qu’après les avoir jugés, les Allemands pendirent ceux des Herero qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Mais, alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et ces clichés furent ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande ». Aujourd’hui, ce sont ces mêmes photos qui alimentent la campagne de repentance nationale.

Pour la gauche allemande et pour les Églises qui soutiennent naturellement, et même avec gourmandise, son combat, tous ceux, civils et militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont donc par définition des criminels.

En premier lieu Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964), légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes pour sa campagne de l’est africain (1914-1918) [1].

Or, tout au contraire, bien qu’il ait été un adversaire du III° Reich, présenté aujourd’hui comme l’archétype du « criminel colonial », il est donc devenu une des principales cibles de ce politiquement correct qui achève d’émasculer une Allemagne étouffée sous ses complexes. Les rues et les casernes von Lettow-Vorbeck sont ainsi débaptisées pour recevoir les noms de déserteurs ou de militants de gauche, comme à Brême, à Bad Segeberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer. Quant au conseil municipal de Sarrelouis, sa ville natale, il s’est déshonoré en débaptisant l’avenue qui portait son nom et en lui retirant la citoyenneté d’honneur de la ville. Il en fut de même à Wuppertal, Brême, Cuxhaven, Mönchenglabach, Halle, Radolfzell et même à Graz, en Autriche. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle sont également publiés afin de salir sa mémoire.

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Mais, face au Mythe, que pèsent les pelotes fécales roulées par les bousiers de la repentance ? Ces derniers pourront toujours débaptiser, interdire, détruire, condamner, vociférer et finalement trépigner. Ils ne parviendront jamais à faire oublier la dévotion que les Askaris vouaient au général Paul von Lettow-Vorbeck, un chef qu’ils admiraient et auquel ils avaient donné, avec amour et respect, le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).

Ils ne pourront également jamais, ces coprophages, empêcher les jeunes européens rebelles de chanter le Heia Safari [2] durant leurs randonnées et lors de leurs veillées. Cet hymne à la liberté et aux grands espaces qui résonne encore du Kilimandjaro à la Rufidji porte, avec les échos lointains des fifres et des caisses plates, les rêves d’une Europe en dormition dont le réveil sera douloureux aux hypnotiseurs vicieux qui pensaient la tenir définitivement en leur pouvoir…

Notes:

[1] Voir à ce sujet ma biographie du général von Lettow-Vorbeck intitulée « Heia Safari ! Du Kilimandjaro auxcombats de Berlin (1914-1920) ».

[2] En français « La petite piste ». Mélodie composée à la veille du premier conflit mondial par Robert Götz, également l’auteur du très célèbre Wildgänse (Les Oies sauvages). Dans mon livre, Heia Safari, je retrace l’origine de ce chant et je donne ses paroles en swahili, telles que les chantaient les askaris du général von Lettow-Vorbeck.

samedi, 22 février 2020

William Galston’s Anti-Pluralism

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William Galston’s Anti-Pluralism

William A. Galston
Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy
New Haven: Yale University Press, 2018

“It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided.”—William Galston

Galston is right. I will debate any liberal or progressive about these topics, and if they don’t want to debate me, I will help arrange a debate with whomever they prefer. Contact me at editor@counter-currents.com [2].

William Galston (born 1946) has had a long career spanning both political theory and practice. He received his Ph.D. in political theory from the University of Chicago and has strong Straussian credentials, although he aligns himself with the center-Left, not the neocons. (Arguably, this is a distinction without a difference.) Galston has taught in the political science departments of the University of Texas at Austin and the University of Maryland. He is now affiliated with the centrist Brookings Institution. Galston has worked for the presidential campaigns of John Anderson, Walter Mondale, Bill Clinton, and Al Gore. He was deputy assistant for domestic policy in the Clinton White House from January 1993 to May 1995.

Galston’s Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy presents itself as a “liberal-democratic” centrist polemic against the populist Right, in much the same vein as Francis Fukuyama’s Identity: Contemporary Identity Politics and the Struggle for Recognition (2018, see my review here [3], here [4], and here [5]) and Mark Lilla’s The Once and Future Liberal: After Identity Politics (2017, see my review here [6]).

But Galston, like Fukuyama and Lilla, received a Straussian education, so chances are good that his arguments are not entirely straightforward. Indeed, all three books can also be read as polemics against the Left, since they argue that Left-wing excesses are the driving force behind the rise of Right-wing populism. Therefore, if the “liberal democratic” establishment wishes to take the wind out of the sails of Right-wing populism, it needs to rein in the excesses of the far Left.

Galston’s theoretical account of liberal democracy is pretty much standard centrist boilerplate. His theoretical account of populism depends heavily of Jan-Werner Müller’s extremely flawed book What Is Populism?, which I have reviewed [7] already.

For Galston, following Müller, liberal democracy is essentially “pluralist” and populism is “anti-pluralist.” By this, he does not mean that liberal democracies recognize that every healthy society balances the needs of the family, civil society, and the state. Nor does he mean that a healthy polity has differences of opinion that might express themselves in a plurality of political parties. Nor does he mean that a healthy society has different classes. Nor does he mean the separation of powers or the mixed regime. Populists can embrace all those forms of pluralism, but without liberalism.

Instead, for Galston and Müller, pluralism just means “diversity,” i.e., the presence of minorities, which he describes as “helpless” and in need of protection from the tyranny of the majority. By “minorities,” Galston doesn’t mean the people who lose a vote—a group that changes with every vote—but rather more fixed minorities, such as social elites and ethnic minorities.

But what if some minorities are not helpless but actually dangerously powerful? What if liberal democracy has long ceased to be majority rule + protection for minorities? What if liberal democracy has become, in effect, minority rule? What if these ruling minorities are so hostile to the majority that they have enacted policies that not only economically pauperize them, but also destroy their communities with immigration and multiculturalism, and, beyond that, seek their outright ethnic replacement? Liberal democracy is really just a euphemism for minority rule, meaning rule by hostile elites. Naturally, one would expect some sort of reaction. That reaction is populism.

Galston understands this. He recognizes the four major trends that Roger Eatwell and Matthew Goodwin argue are responsible for the rise of populism in their book National Populism: Revolt Against Liberal Democracy: popular distrust of elites, the destruction of communities by immigration and multiculturalism, the economic deprivation—falling largely on the working-class and middle-class—caused by globalization, and the consequent political dealignments in relation to the post-war center-Left/center-Right political establishment. (See my discussions of Eatwell and Goodwin here [8], here [9], and here [10].)

In his Introduction, Galston notes that “The people would defer to elites as long as elites delivered sustained prosperity and steadily improving living standards” (p. 2). Galston actually describes elitism as a “deformation” of liberal democracy: “Elitists claim that they best understand the means to the public’s ends and should be freed from the inconvenient necessity of popular consent” (p. 4).

People stopped trusting elites when economic globalization, immigration, and multiculturalism started making life worse, and not just economically but also in terms of culture and public safety (crime, terrorism): “A globalized economy, it turned out, served the interests of most people in developing countries and elites in advanced countries—but not the working and middle classes in the developed economies . . .” (p. 3). “Not only did immigrants compete with longtime inhabitants for jobs and social services, they were also seen as threatening long-established cultural norms and even public safety” (p. 3).

Galston outlines how our out-of-touch, hostile, increasingly panicked establishment can head off populism before it leads to genuine regime change:

. . . there is much that liberal democratic governments can do to mitigate their insufficiencies. Public policy can mitigate the heedlessness of markets and slow unwanted change. Nothing requires democratic leaders to give the same weight to outsiders’ claims as to those of their own citizens. They are not obligated to support policies that weaken their working and middle classes, even if these policies improve the lot of citizens in developing countries. They are certainly not obligated to open their doors to all newcomers, whatever the consequences for their citizenry. Moderate self-preference is the moral core of defensible nationalism. Unmodulated internationalism will breed—is breeding—its antitheses, an increasingly unbridled nationalism. (p. 5)

The Left, of course, has no problem using public policy to rein in markets, but they vehemently reject Galston’s “moderate self-preference,” which is what some people would call putting “America first.” The American Left is committed to open borders, which will pauperize the American middle and working classes as surely as Republican deindustrialization and globalization.

In chapter 6, “Liberal Democracy in America: What Is to Be Done?,” Galston recommends prioritizing economic growth and opportunity and making sure it is widely shared by everyone. The “second task requires pursuing three key objectives: adopting full employment as a principal goal or economic policy; restoring the link between productivity gains and wage increases; and treating earned and unearned income equally in our tax code” (p. 87). In effect, Galston proposes halting the decline of the American middle class that has been ongoing for nearly half a century by ensuring that productivity gains go to workers, not just capitalists. As a populist, these are policies that I can support.

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Galston also suggests that a corrective to the decline in labor unions and worker bargaining power due to globalization can be offset by measures to “democratize capital through . . . worker ownership of firms, that share the gains more broadly” (p. 99).

Of course productivity can be raised in two ways: by making labor more productive through technological and organizational improvements—or simply by cost-cutting. Practically all the “productivity” gains of globalization are simply due to cost-cutting by replacing well-paid white workers with poorly paid Third Worlders, either by sending factories overseas or by importing legal and illegal immigrants. If public policy is to promote genuine economic growth, it needs to promote genuine increases in productivity, which means technological innovations, as well as better education and all-round infrastructure.

But technology doesn’t just make workers more productive. It also puts them out of work. However, if workers have no incomes, then they cannot purchase the products of automation. (Production can be automated, but consumption can’t.) So how can we maintain technological growth, a healthy middle class, and consumer demand at the same time? Galston points to a partial solution:

. . . the public should get a return on public capital the benefits of which are now privately appropriated. When the government funds basic research that leads to new medical devices, the firms that have relied on this research should pay royalties to the Treasury. When states and localities invest in infrastructure that raises property values and creates new business opportunities, the taxpayers should receive some portion of the gains. One might even imagine public contributions to a sovereign wealth fund that would invest in an index of U.S. firms and pay dividends to every citizen. (p. 99)

The key point is that when machines put us out of work, we should not fall into unemployment but rise into the class of people who live on dividends. A more direct route to the same outcome would be to adopt Social Credit economics, including a dividend or Universal Basic Income paid to every citizen. (For more on this, see my essay, “Money for Nothing [11].”)

Galston does not mention simple, straightforward protectionism, but there are sound arguments for it, and the arguments against it have been refuted. (See Donald Thoresen’s review [12] of Ian Fletcher’s Free Trade Doesn’t Work.)

The bad news for National Populists is that Galston’s proposals, if actually adopted, would significantly retard our political success. The good news is that Galston’s proposals are simply what Eatwell and Goodwin call “National Populism lite,” which means that Galston is abandoning globalism in principle. What he refuses to abandon is the existing political establishment, which he thinks will retain power only by abandoning globalism.

Another piece of good news is that the establishment will probably never listen to Galston. They are fanatically committed to their agenda. They are not going to drop their commitment to globalism in favor of nationalism, even if it is the only way to preserve themselves. Galston is trying to appeal to the rational self-interest of the existing elites. But they are not rational or even especially self-interested. Sometimes people hate their enemies more than they love themselves. But National Populists would implement Galston’s policies, and more. So perhaps he is rooting for the wrong team.

A third piece of good news is that Galston realizes that economic reforms are not enough. Galston also cites studies showing that populist Brexit and Trump voters were not motivated solely by economic concerns (pp. 76–77). They were also motivated by concerns about identity. Since Galston is talking primarily about white countries, National Populism is a species of white identity politics. Since Left-wing populism rejects nationalism and white identity politics (and only white identity politics), it can only address white voters on economic issues, which means that it has less electoral appeal than Right-wing populism.

As I never tire of pointing out, what people want is a socially conservative, nationalistic, interventionist state that will use its power to protect the working and middle classes from the depredations of global capitalism. The elites, however, want social liberalism and globalism both in politics and economics.

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The two-party system is designed to never give the people what they want. The Republicans stand for conservative values and global capitalism. The Democrats stand for liberal values and the interventionist state. When in power, the parties only deliver what the elites want, not what the people want.

The consequence is neoliberalism: an increasingly oligarchical hypercapitalist society that celebrates Left-wing values. Galston offers interesting support for this thesis by quoting Bo Rothstein, “a well-known scholar of European social democracy” who argues (these are Rothstein’s words) that “The more than 150-year-old alliance between the industrial working class and the intellectual-cultural Left is over” (p. 103). Rothstein elaborates:

The traditional working class favors protectionism, the re-establishment of a type of work that the development of technology has rendered outdated and production over environmental concerns; it is also a significant part of the basis of the recent surge in anti-immigrant and even xenophobic views. Support of the traditional working class for strengthening ethnic or sexual minorities’ rights is also pretty low. (p. 103)

Since the Left’s values are the “exact opposite,” Rothstein proposes that the Left ally with the “new entrepreneurial economy.” Hence the marriage of some of the biggest corporations on the planet—Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Google—with trannies, POCs, Muslims, feminists, and global warming fantasists. This coalition thinks it will win through replacing the white working and middle classes with non-whites. Galston notes that Democratic Party circles in the US hold essentially the same views:

The best known have based their case on long-cycle demographic shifts. There is a “rising American electorate” made up of educated professionals minorities, and young people, all groups whose share of the electorate will increase steadily over the next two generations. These groups represent the future. The white working class, whose electoral share has dwindled in recent decades and will continue to do so, is the past. This does not mean that the center-left should ignore it completely. [For instance, on economic matters.] It does mean that there should be no compromise with white working-class sentiments on the social and cultural issues that dominate the concerns of the rising American electorate coalition. (p. 103)

This is a crystal-clear statement of the White Nationalist thesis that the Left is counting on—and promoting—the slow genocide of whites [13] through race-replacement immigration in order to create a permanent Left-wing majority. What could possibly go wrong? Galston drily notes that “This was the theory at the heart of Hillary Clinton’s presidential campaign.”

Obviously, there was going to be a reaction. The Left has been partying like whites are already a minority, but that’s not true yet. White demographic decline is obviously a serious threat if we do nothing about it. But there is nothing inevitable about white demographic decline. It is the product of particular political policies. Thus it can be reversed by different policies. And, as Eatwell and Goodwin argue in National Populism, we still have some decades to turn things around, although of course the time frame varies from country to country. Furthermore, National Populist political movements, once they break through, are highly competitive because, unlike the center-Left and center-Right, we will actually give the people what they want, for a change.

Galston is well aware that the center-Left cannot compete with National Populists on economic ground alone:

If concessions on cultural and social issues are ruled out, appeals to the white working class will have to be confined to economics. . . . The difficulty, as we have seen, is that the audience for this economic appeal cares at least as much about social and cultural issues. Immigration, demographic change, and fears of cultural displacement drove the Brexit vote, and they were the key determinants of Donald Trump’s victory. . . .

So the American center-left has a choice: to stand firm on social and cultural issues that antagonize populism’s most fervent supporters, or to shift in ways for which it can offer a principled defense. It is time for an open and robust debate on issues of immigration, identity politics, and nationalism that liberals and progressives have long avoided. (pp. 103–104)

Galston is absolutely correct here. The Left will not win by bread alone. It needs to address questions of values and identity. But it can’t really do so without abandoning its own values and identity. We really do need open and honest debate on immigration, identity politics, and nationalism, but the Left cannot permit this, because they know they’ll lose.

Galston also recognizes that tribal sentiments—meaning a preference for one’s own—are an ineradicable part of human nature. Because of this, “The issue of national identity is on the table, not only in scholarly debates, but also in the political arena. Those who believe that liberal democracy draws strength from diversity have been thrown on the defensive. Large population flows . . . have triggered concerned about the loss of national sovereignty” (p. 95).

Galston approvingly quotes Jeff Colgan and Robert Keohane’s statement that “It is not bigotry to calibrate immigration levels to the ability of immigrants to assimilate and to society’s ability to adjust” (p. 96). Of course, assimilation is the opposite of multiculturalism. Galston suggests that US immigration policies should shift toward meritocratic concerns about economic contribution, put increasing emphasis on English fluency, and demand greater knowledge of American history and institutions. The main virtue of these proposals is that they would dramatically decrease the numbers of immigrants (p. 96). I heartily agree with Galston’s final remarks on immigration:

One thing is clear: denouncing citizens concerned about immigration as ignorant and bigoted (as former British prime minister Gordon Brown did in an ill-fated election encounter with a potential supporter) does nothing to ameliorate either the substance of the problem or its politics. (p. 96)

But again, Leftists are unlikely to take Galston’s advice. If the Left moved away from moralistic condemnations of immigration skepticism and actually debated the topic, they would simply lose. Indeed, one of the reasons why the Left supports race-replacement immigration is because they have given up on convincing white voters and simply wish to replace them.

Galston also chides Leftists for their arrogance. One of the strongest predictors of Left-wing values is the amount of time people spend in higher education, especially the liberal arts and social sciences. This does not mean that such people are genuinely educated, of course, but they are flattered into thinking they are more enlightened and intelligent than ordinary people, which feeds into populism:

Put bluntly, if Americans with more education regard their less educated fellow citizens with disrespect, the inevitable response of the disrespected will be resentment coupled with a desire to take revenge on those who assert superiority. . . . elites have a choice: they can try to take the edge off status differences or they can flaunt them. . . . It is up to privileged Americans to take the first step by listening attentively and respectively to those who went unheard for far too long. (p. 102)

Galston is right, of course, but there is little likelihood that this recommendation—or any of his others—will be heeded. The pretense of intellectual superiority, no matter how hollow, is close to the core of Leftist identity. To win by abandoning one’s identity feels like losing to most people. Thus they will tend to hold fast to their identities and hope that somehow reality will accommodate their wishes.

William Galston is a perceptive, rational, and courageous writer. I can’t help but respect him, even though he is on the other side. He is a liberal democrat. I am an illiberal democrat. He wants to preserve the current establishment. I don’t. Given that the current establishment has fundamentally betrayed our people—with the Left openly pinning its hopes on the slow genocide of whites and the Right too stupid and cowardly to stop it—we need genuine regime change.

Even though Anti-Pluralism is a critique of National Populism, I find it a highly encouraging book. Rhetorically, the book was often cringe-inducing. Evidently Galston thinks that to communicate difficult truths to liberals, they need a great deal of buttering up. But in terms of its substance, Galston—like Fukuyama and Lilla—concedes many fundamental premises to National Populists, and the only way he can envision stopping National Populism and keeping the existing political establishment in power is by adapting National Populism lite. In short, he has all but conceded us the intellectual victory. Our task is now to achieve it on the political plane.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[5] here: https://www.counter-currents.com/2019/01/fukuyama-on-civic-nationalism/

[6] here: https://www.counter-currents.com/2018/10/the-identitarian-dispensation/

[7] reviewed: https://www.counter-currents.com/2018/12/what-populism-isnt/

[8] here: https://www.counter-currents.com/2018/12/beyond-the-alt-right-toward-a-new-nationalism/

[9] here: https://www.counter-currents.com/2019/07/national-populism-is-here-to-stay-2/

[10] here: https://www.counter-currents.com/2019/11/uppity-white-folks-and-how-to-reach-them/

[11] Money for Nothing: https://www.counter-currents.com/2012/01/money-for-nothing/

[12] review: https://www.counter-currents.com/2015/09/free-trade-doesnt-work/

[13] genocide of whites: https://www.counter-currents.com/2015/09/white-genocide/

vendredi, 21 février 2020

Les juges contre la démocratie...

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Les juges contre la démocratie...

Entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet 
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la montée en puissance des pouvoirs juridictionnels face à la souveraineté des États et à l’auto-détermination de leurs peuples. Anne-Marie Le Pourhiet est professeur de droit public à l’université Rennes-I et vice-président de l’Association française de droit constitutionnel.

Salvini devant les tribunaux: les juges contre la démocratie?

FIGAROVOX.- Le Sénat italien, à la suite d’une demande d’un tribunal de Catane, a décidé de renvoyer en justice Matteo Salvini pour séquestration de migrants, celui-ci ayant bloqué un bateau de migrants au large de la Sicile lorsqu’il était ministre de l’intérieur. De telles mesures visant à limiter l’immigration clandestine sont pourtant soutenues par une majorité des Italiens. Cette décision révèle-t-elle un retournement du droit contre la volonté générale?

Anne-Marie LE POURHIET: C’est beaucoup dire. S’il s’agissait d’un contentieux administratif tendant à faire admettre la responsabilité de l’État italien pour faute résultant de la violation du droit international humanitaire ou des normes européennes, on pourrait parler de conflit entre la démocratie et le droit. Mais ici, il s’agit de poursuites pénales visant la personne d’un ex-ministre de l’intérieur (et vice-président du Conseil) engagées sur le fondement du Code pénal italien pour «abus de pouvoir et séquestration de personnes», ce qui est pour le moins fantaisiste. C’est d’autant plus étonnant qu’un décret-loi (équivalent des ordonnances françaises) adopté en juin 2019 par le gouvernement Conte avait justement renforcé les pouvoirs du ministre de l’intérieur pour refuser l’entrée des navires de migrants dans les ports italiens. Ce n’est pas la première ni la dernière procédure de ce type engagée par des procureurs siciliens contre Matteo Salvini. Ce qui change c’est qu’à la faveur du renversement de coalition politique opéré l’été dernier, le Sénat a, cette fois, levé l’immunité, dans un revirement parfaitement cocasse digne de la commedia dell’arte où l’on voit les parlementaires «Cinq étoiles» voter exactement en février le contraire de ce qu’ils avaient voté en mars pour lâcher aujourd’hui le vice-président du gouvernement qu’ils soutenaient hier.

Nous sommes davantage ici face à un phénomène de procureurs militants qui opèrent sur fond de querelles politiciennes incohérentes. On ne sait pas non plus s’il y a des ONG derrière les poursuites pénales du parquet de Catane, mais c’est assez probable, sachant que Salvini est évidemment la bête noire des militants pro-migrants.

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Ces pressions sont-elles particulièrement fortes sur la question migratoire? On se souvient du Pacte de Marrakech qui présentait les migrations comme des «facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable». Plus récemment, un collège d’experts a remis à Emmanuel Macron et au gouvernement un rapport appelant à amender une politique migratoire jugée trop restrictive...

Il y a évidemment une pression idéologique très forte en Europe, dirigée contre le modèle wesphalien d’État-Nation et contre la protection qu’il suppose de la souveraineté et des frontières nationales. Les «valeurs» de l’Union européenne inscrites à l’article 2 du traité nous imposent la «tolérance», le respect des droits de l’homme «y compris des droits des personnes appartenant à des minorités» et surtout l’incontournable «non-discrimination» conçue comme une abolition de toutes les distinctions et hiérarchies, à commencer par celles qui séparent le national de l’étranger.

Le rapport du Parlement européen du 4 juillet 2018 invitant à ouvrir une procédure de sanction contre la Hongrie pour violation des «valeurs» de l’Union contient trois pages consacrés aux «Droits fondamentaux des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés» mettant en cause notamment le législateur hongrois qui ne serait pas suffisamment accueillant ni pour les migrants ni pour les ONG qui les soutiennent. Comme par hasard, juste deux jours après la publication du rapport Sargentini, le Conseil constitutionnel français censurait une disposition législative réprimant l’aide aux migrants illégaux au nom d’un principe de fraternité universelle sorti de nulle part mais ressemblant comme deux gouttes d’eau au sans-frontiérisme dominant dans les institutions européennes et dans les ONG qui les influencent.

Cette montée en puissance du pouvoir juridictionnel répond manifestement à une logique d’importation. D’où vient-elle historiquement?

Elle est avant tout d’origine anglo-saxonne car la common law fait depuis toujours la part belle à la jurisprudence alors que le droit romain imprègne davantage le droit continental. Mais c’est évidemment la construction européenne qui est devenue l’élément moteur de ce gouvernement des juges puisque c’est sur leur servilité que repose entièrement le système de primauté des normes européennes sur le droit national. Or ces normes européennes véhiculent justement le modèle multiculturel nord-américain hyper-individualiste. C’est pour cela que la Hongrie et la Pologne, en particulier, sont dans le collimateur de l’Union au sujet du statut et de la composition de leurs tribunaux supérieurs. La commission européenne redoute que les pouvoirs polonais ou hongrois ne désignent des juges peu favorables aux normes européennes.

Pire, ce sont les constitutions mêmes de ces États, c’est-à-dire leurs lois fondamentales souveraines qui sont critiquées et accusées de ne pas correspondre aux «valeurs» de l’Union. Le rapport Sargentini reproche ainsi à la Constitution hongroise de retenir, entre autres abominations, une «conception obsolète de la famille». De son côté, la France a eu le droit, en 2008, à un rapport hallucinant de l’«experte indépendante» du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Mme Gay McDougall, clouant au pilori le modèle républicain français jugé insuffisamment favorable aux droits des minorités et nous enjoignant de modifier la Constitution ou au moins son interprétation! La souveraineté des États et l’auto-détermination de leurs peuples n’existent plus pour les ONG et les institutions supranationales qu’elles manipulent.

En quoi cette évolution s’inscrit-elle à rebours du modèle historique français?

En France, la Révolution française, dans la continuité des monarques de l’Ancien régime, a fermement interdit aux juges de s’immiscer dans l’exercice des pouvoirs législatif et exécutif. Le juge, chez nous, doit être la simple «bouche de la loi», elle-même votée par les citoyens ou leurs représentants, qui l’applique fidèlement et objectivement dans les litiges. La loi des 16 et 27 août 1790 dispose: «Les tribunaux ne pourront ni directement, ni indirectement, prendre part à l’exercice du pouvoir législatif, ni empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du corps législatif sanctionnés par le Roi, à peine de forfaiture». Il s’agissait, bien entendu, d’empêcher des cours aristocratiques, réputées réactionnaires, de s’opposer à l’application de la loi «expression de la volonté générale» dans un nouveau régime qui se voulait démocratique. Le Code pénal de 1810 punit même de la dégradation civique le magistrat qui aura suspendu l’exécution d’une loi.

Quand on voit aujourd’hui nos juges, nationaux comme européens, passer leur temps à écarter les lois françaises au motif que leur application porterait, selon leur appréciation toute subjective, une atteinte disproportionnée aux «droits» individuels, notamment ceux des migrants, on mesure l’inversion vertigineuse accomplie depuis le XVIIIe siècle. Contrairement à ce qui est généralement affirmé, ce gouvernement des juges est aux antipodes de la notion d’État de droit telle qu’elle a été conçue par les juristes allemands du XIXe siècle qui voulaient, au contraire, éliminer l’arbitraire des juges et des fonctionnaires.

Anne-Marie Le Pourhiet, propos recueillis par Joachim Imad (Figaro Vox, 14 février 2020)

jeudi, 20 février 2020

The Future Belongs to Polymaths

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The Future Belongs to Polymaths

Ex: https://medium.com

I want to start with a little story. Many years ago, I saw a fresco by Raphael. “The School of Athens” is one of the pearls of Renaissance art. On it, the artist depicted immortal images of great thinkers: Heraclitus, Empedocles, Parmenides, Pythagoras, Aristotle, Plato, Socrates…and there was among them the only one woman who has always been for me a kind of model, an archetype of female wisdom — Hypatia of Alexandria. Raphael gave her the features of his beloved Margherita Luti. I looked at this collection of great minds of mankind and even then I understood that I knew the one secret. Lorenzo de’ Medici also knew it.

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In the XV century, he established the Platonic Academy in Florence, headed by Marsilio Ficino. This Academy brought together outstanding philosophers, artists, architects, sculptors, and poets of the Renaissance. This was the time of the total triumph of a new type of man — homo universalis, a prominent representative of which was Leonardo da Vinci-painter, architect, sculptor, inventor, writer, musician and scientist. The very embodiment of the Union of music and mathematics, science and art. Why did this type of personality disappear today-in an era of deep specialization, and the place of the universal thinker who saw the whole picture of the world was taken by the one who looks at the world through the keyhole of his profession? These are the questions I started asking.

The XXI century presents us with global challenges. We are watching the rapid development of new technologies. But it seems that neither politicians, nor businessmen, nor inventors know the opportunities and risks associated with the development of Artificial Intelligence and biotechnologies. The problems we will soon have to deal with are beyond our comprehension. Fundamental climate changes and the risk of environmental disaster, the growth of the world’s population and migration processes, unknown epidemics and pandemics, unemployment-these are just some of the problems that can radically change our lives. These are the main questions that we have to answer.

But to solve these problems, you need a different type of thinking. As Albert Einstein said, “We can not solve our problems with the same level of thinking that created them.” To understand these problems, we need a global perspective. But where does the global perspective come from if narrow specialization is imposed everywhere? However, it is not enough today. I told you I knew a secret. It’s time to tell it.

The future belongs to polymaths. The polymaths were the most influential people in the history of mankind. They could create atypical combinations of skills, to combine and synthesize knowledge from different disciplines. Only polymaths can comprehend and respond to the challenges facing man in the XXI century.

How to create conditions for the formation of individuals with polymathic thinking? To do this, it is necessary to transform the entire educational paradigm and create a new educational model. How? We need to unite the best minds of mankind. Lorenzo de ‘Medici had a Big Idea. She inspired me. We live in an era when we need to dare to think on a larger scale. For many years, while developing a project called Janus Academy, I tried to create a matrix of the future educational system that will replace or become a real alternative to the educational model being implemented today.

The modern educational model is focused on the formation of a specialist of a narrow profile who has passed the “school of skills and competencies”, but not the “school of knowledge”. The result is obvious: the skills and competencies acquired today need an immediate upgrade tomorrow because they are outdated. A student enters an endless race by replacing one worn-out part with another. Without a basic knowledge axis, he simply has nowhere to integrate the acquired skills. As a result, we do not get a person who has realized his potential, but a “one-button specialist” with a “passport of competencies”, who adapts flexibly to changing trends. An individual who knows how to use Agile, but knows nothing about the history of civilizations, structural linguistics, world culture, classical and modern art.

Today, education has ceased to be a way of inheriting culture and has become a tool for achieving career success.

However, if we look at the founders of the five largest companies in the world - Bill Gates, Larry Page, Steve Jobs, Warren Buffett and Jeff Bezos - we find that they are all polymaths, universal personalities, but not narrow specialists.

The same universal personalities were Aristotle, Ptolemy, Leonardo da Vinci, Newton, Kepler, Leibniz, Descartes, Thomas Edison, Benjamin Franklin and others.

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We are afraid that soon robots will replace us in the workplace and all processes will be automated. The machine will surpass man in his abilities. Of course, it will surpass — if we are talking about the abilities of a narrow specialist. But she would never be able to beat the polymath. Historian Felipe Fernandez-Armesto emphasizes: “Specialists can invent gadgets, formulate algorithms and exchange blows. But to transcend experience and change the world, ideas need mental space where influences from all disciplines can mingle alchemically. Those spaces are in polymaths’ brains. To conquer empires of the intellect, you have to exceed your own domain. Classical Greece, Renaissance Italy and Victorian England all revered and rewarded generalists, for whom today universities have little or no space or patience. “

Society abandoned the idea of polymaths after the industrial revolution. As Ellwood Cubberley, was an American educator and a pioneer in the field of educational administration, said in 1898: “Our schools are, in a sense, factories, in which the raw products (children) are to be shaped and fashioned into products to meet the various demands of life.”

What problems do polymaths face today, does society accept them, does it allow them to discover their deep potential, apply all their knowledge and skills and be at the center of world processes? In one of the articles I met the opinion that in our society there is a clear rejection of people who lead a polymathic lifestyle. However, it does not get tired of encouraging narrow specialists in every possible way. This is one of the consequences of industrialization: the idea that man is just a mechanism in a huge machine. Moreover, this is the result of the industrialization of consciousness. Because of the reaction of society, many polymaths avoid calling themselves polymaths. Some people start deliberately talking about themselves as specialists, believing that this will help them have a successful career. Others name different functions, depending on the context. Still, others are waiting for an opportunity to demonstrate their many skills, i.e. they are waiting for a “request” from the society itself.

Leonardo da Vinci, the most outstanding example of a polymath, also faced serious problems. Waqas Ahmed, the author of the fundamental study “The Polymath: Unlocking the Power of Human Versatility” says in an interview: “If you look at Leonardo Da Vinci, who’s considered the archetype of the polymath in the Western mind, he faced a lot of adversity. He did not have the socioeconomic status to excel in one field, let alone multiple fields, but he had an innate curiosity and that curiosity overcame any obstacles that he faced in his work environment or in his social environment. And so that curiosity does inevitably build in a kind of fearlessness that you see in many polymaths over history. ( … ) You need to have unfaltering belief in your method to creativity and to progress and you need to be able to deal with the kind of cynicism and skepticism and even envy that you will inevitably face moving forward.”

I face this problem. The question of the nature of my work has always puzzled me. Of course, over time, I had to introduce myself as: “Philosopher, publicist, cultural scientist, a specialist in Antiquity, curator of Janus Academy” (sometimes even shortening all this to: “philosopher, a specialist in Antiquity”). But the field of my interests and intellectual practices covers the entire field of Humanities, and if I am so passionate about antiquity, it does not mean that I am limited by It. Also, I specialized in personalized learning, developing individual educational programs. Organizing conferences, seminars, presentations, and cultural events; strategic planning; experience in public speaking; working with experts, embassies, and public figures; negotiating; creating (and curating) intellectual and art clubs; developing educational programs for cultural venues; conducting interviews; and working as an editor-compiler of scientific magazines. Besides, writing books, playing in the theater. So who am I? And most importantly, how can I design my life so that the diversity of my knowledge and experience can open up to the world and change something in it?

And in response to this question, I decided to release my “Black Swan”. To create a project that will mark the beginning of a revolution in education. The mission of this project is to consolidate all the most important thinkers, researchers, cultural figures and scientists who set themselves the goal of creating a new interdisciplinary educational program that meets the challenges of the XXI century and can maintain its main task — to be a way of inheriting culture.

1-proportions-of-the-face-leonardo-da-vinci.jpgOften can you see students who do not listen to what their lecturers say? And only imagine that this very lecture is given to a student by his favorite writer or scientist, whose books he reads with great interest. Will he be more attentive to every word, will he take the learning process more seriously and most importantly-will he has a passion, a passion for learning, for mastering new disciplines, new areas, and directions? Would you like to learn from the best of the best? Learn in the process of live communication?

In Janus Academy students do not acquire a narrow specialization, but fundamental knowledge that allows them to unlock their cognitive and intellectual potential.

1. interdisciplinary program “POLYMATH” (2 years of study)

2. 32 directions

3. more than 150 author’s courses that form a unique educational complex:

- a complex of humanitarian disciplines that give students fundamental knowledge,

- a STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) complex that develops innovative thinking and the ability to collect, analyze, systematize and critically comprehend information.

4. brilliant teaching staff (about 200 leading Russian and European scientists and specialists, researchers, philosophers, cultural and artistic figures)

5. training of international communities of polymath teachers to solve global problems of mankind.

My friend told me that you should be able to explain an interesting idea even to a 6-year-old child. And he asked me to explain to his 6-year-old daughter the purpose of my project. “How will you tell her about the polymaths, about the Renaissance man?” And I said to the little girl,” Imagine a small island. Did you imagine? Now imagine a vast continent, no! — imagine a whole world! See how different they are? In ordinary educational institutions, people are made into small Islands, and in my Academy, everyone will have the opportunity to become a whole world!” And the little girl understood me.

How do I see the project, for example, in 10 years? From the very beginning, I laid the Foundation of Janus Academy not only with the revolutionary potential but also with the potential for growth. In other words, I have a good idea of how this project will grow to an entire Empire within a few years, with its well-thought-out, branching structure. It will cover the whole world and unite the best minds of mankind. And at the center of this Empire will be the idea of a polymath.

If this type of personality does not begin to form now, if it is not allowed to express itself as much as possible in all areas of human activity, if it is not allowed to find the key to the global challenges that the XXI century throws at us, we will disappear as metaphysical beings, as intellectual individuals, and as a biological species. We have entered a transitional stage, Interregnum, when the outdated paradigm has already been destroyed and the new one has not yet emerged. It’s time to “reinvent the world”.

Russian philosopher, cultural scientist, a specialist in Antiquity, curator of Janus Academy.

mercredi, 19 février 2020

L’autre droite polonaise

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L’autre droite polonaise

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Quatre faits majeurs ont marqué les élections générales du 13 octobre dernier. La majorité gouvernementale constituée autour du PiS (Droit et Justice) de Jaroslaw Kaczynski est reconduite, ce qui est en soi un événement majeur depuis la fin du régime communiste en 1990.

Si le PiS et ses alliés remportent la majorité absolue des sièges à la Diète, cette entente ne dispose que de 48 sièges sur cent au Sénat désormais présidé par un opposant de centre-droit. Disparue à l’occasion des élections précédentes, l’Alliance de la gauche démocratique retrouve une représentation parlementaire de 49 sièges. Animée par les agrariens du Parti paysan qui sert souvent de force d’appoint aux gouvernements de droite comme de gauche, la Coalition polonaise (30 députés) réunit les centristes de l’Union des démocrates européens, les libéraux-sociaux du Parti démocratique, les régionalistes de Silésie ensemble et les anciens populistes de Kukiz’15 désormais ralliés à la démocratie directe, au conservatisme libéral et à l’intégration européenne.

Mais la surprise provient de la Confédération, véritable cauchemar de Kaczynski qui n’a pas empêché l’émergence sur sa droite d’un pôle authentiquement radical. Lancée le 6 décembre 2018, la Confédération Liberté et Indépendance avait récolté aux élections européennes de mai dernier 621 188 voix et 4,55 %. Aux législatives, ce cartel obtient 1 256 953 voix, soit 6,81 % et onze députés. Grâce à un usage massif et réfléchi des réseaux sociaux, il devient la troisième force politique chez les moins de trente ans. Pour le Sénat, en raison du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour, elle ne rassemble que 144 124 bulletins (0,79 %).

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La Confédération Liberté et Indépendance soutient la sortie de la Pologne de l’Union européenne. Cet ensemble souverainiste s’oppose aussi à l’avortement, au féminisme et à la vague LGBTXYZ. Plutôt climatosceptique, il préconise l’emploi simultané du charbon et des énergie renouvelables. C’est enfin une alliance électorale de sept mouvements, trois majeurs et quatre mineurs. Parmi ces derniers, mentionnons l’Association nationale STOP NOP pour la connaissance de la vaccination qui rejette les campagnes de vaccination obligatoire, les protestataires anti-bureaucratiques relativement « poujadistes » du Parti des chauffeurs qui exige un code de la route moins répressif et des infrastructures routières plus sûres, l’Union des familles chrétiennes qui défend la vie et le catholicisme traditionnel, et, rassemblant d’anciens activistes de la Ligue des familles polonaises et de Samoobrona, la Ligue nationale, un temps proche du PiS, dont le discours se réfère à la doctrine sociale de l’Église et au solidarisme de troisième voie.

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Examinons maintenant ses principaux piliers. Avec un élu, la Confédération de la Couronne polonaise dédiée à Dieu et à la Vierge Marie, est une formation monarchiste sans prétendant, car le royaume de Pologne fut jusqu’en 1772 une monarchie élective. Avec cinq députés chacun, le mouvement KORWIN et le Mouvement national en sont les deux moteurs. KORWIN est l’acronyme polonais de Coalition pour la restauration de la liberté et de l’espoir de la République, clin d’œil évident à son président-fondateur, l’ancien député européen loufoque Janusz Korwin-Mikke de sensibilité libertarienne minarchiste (un État réduit à ses seules prérogatives régaliennes). Lointain héritier du Parti national-démocrate du penseur nationaliste Roman Dmowski (1864 – 1939), le Mouvement national lutte pour une Pologne subsidiariste et ethniquement homogène.

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Roman Dmowski

La Confédération Liberté et Indépendance s’oppose avec force à la politique étrangère catastrophique, atlantiste et pro-occidentale, du PiS. Sur les traces du pro-russe Roman Dmowski, elle a proposé à la Russie de partager l’Ukraine : l’Est dont le Donbass reviendrait à Moscou, l’Ouest, y compris la Galicie, à la Pologne. Elle reprend à son compte la vision géopolitique du grand rival de Dmowski, le maréchal Pilsudski. Elle se justifie par le fait que la Pologne accueille déjà des centaines de milliers d’immigrants d’origine ukrainienne. Si pour certains, l’ukrainien ne serait qu’une variante dialectale du russe, la Confédération estime qu’il s’agit d’une variante paysanne du polonais. Aucun ne s’est demandé si l’ukrainien ne serait pas plutôt la langue-mère du polonais, du russe et du bélarussien…

Si la Confédération Liberté et Indépendance ne sombre pas dans de vaines querelles de personnes, elle pourra à terme vraiment représenter une alternative crédible à Jaroslaw Kaczynski. Encore faudrait-il qu’elle délaisse une bonne fois pour toute l’impression persistante d’amateurisme politique.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 159, mise en ligne sur TV Libertés, le 10 février 2020.

Racism - A Tool of Globalisation

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Racism - A Tool of Globalisation

Ex: https://www.katehon.com

It scarcely needs saying that, to listen to the liberal-leftist claptrap gushing from outfits such as The Guardian, one would think that Britain (and the predominantly white, Western world generally) is a hotbed of racism and xenophobia. Although having been particularly prominent since Britain’s decision to leave the European Union, the issue has again risen to headline news as a result of the so-called “Megxit” – the decision of Prince Harry and Meghan Markle to step back from royal duties, with the racism of the British tabloid press being a supposed factor.

While it is easy enough to point out anecdotal examples of racism anywhere, the notion that Britain suffers from either chronic or widespread racism – the kind that singer Lily Allen ascribes to the reason for Boris Johnson’s election victory – is difficult to defend. Academic research into the matter shows that Western countries are among the most racially tolerant in the world when it comes to the possibility of ethnic minorities moving in as next door neighbours. Remainers, who were aghast at Britain’s “xenophobic” decision to “turn its back” on Europe, may be interested to know that British parents are relatively happier for their children to enter interracial relationships than parents on the continent. And the Migration Observatory at Oxford University points out that the vast majority of immigrants to the UK find Britain to be hospitable and welcoming, and that they are able to improve their lives as a result of hard work. Moreover, while blacks are among the lowest earners in the UK, the government’s own figures show that the percentage of households earning more than £1,000 per week is greater among Indians, Chinese and other Asians than it is among British whites. So if racism is an explanation as to why some ethnic groups fail to earn as much as whites then the British people must be remarkably selective with their racism.

Nothing that demonstrates Britain as a relatively open and tolerant society should really come as much of a surprise. Britain has always been a cosmopolitan country, with centuries of experience in trade, relations and diplomacy that has stretched to every corner of the globe. And in spite of having been a supposed “oppressive” imperial power, we have also managed to remain on good terms with most of the former colonies under the aegis of the Commonwealth. The most that can be said for the notion that Britain is a “racist” country is to compare it to some purified ideal rather than to the situation in other countries – much like condemning a nation that has the highest cancer survival rates in the world on the grounds that there are still some natives who are dying from the affliction.

Because genuinely deplorable cases of racism – conscious, seething prejudice that either can or does erupt in hatred for people of other races – are difficult to discover in any statistically significant quantity, the concept has to be redefined in numerous, nebulous ways so as to present it as a problem.

One of these is to condemn people’s more casual, unwitting behaviour (such as throwaway comments, careless observations or subtly different treatment) as “micro-aggressions” or “unconscious bias”. Such behaviour may, of course, be a source of irritation for those on the receiving end, but it is likely to be a vicissitude of minority or “outsider” status based upon any characteristic, not just race. For instance, it could just as easily be experienced by a city dweller visiting the countryside or a council estate resident in posh suburbia (and vice versa). People generally tend to prefer and empathise with what is familiar to them, sifting the unfamiliar into broad categories or “stereotypes” purely as a result of inexperience. In a particular case, a few polite words may resolve the matter, but in general the eventual cure will be increased familiarity and (in the case of race) cultural integration. But even if such “unconscious bias” was a purely racial phenomenon it would hardly mean that a country is akin to a torch brandishing lynch mob.

Another tactic is simply to regard any possible behaviour as racist. For instance, while most anti-racists are concerned with hatred being directed to other races, it also seems to be “racist” to be attracted to someone because of their race. It is “racist” to ignore other cultures (or to celebrate British culture), but including them, imitating them or even celebrating them is derided as “cultural appropriation”. And pointing out any distinction based on a person’s ethnicity is also racist, yet treading the opposite path by trying to ignore racial consideration leads one to a charge of “racial insensitivity”. As if that is not enough, disagreement is shut down entirely by the dismissal of any attempt to define racism in objective terms as “white-splaining”, focussing instead on a BAME individual’s subjective feelings and “lived experience”. This has become legally manifest in so-called “hate crimes”, where the mere perception of the alleged victim is enough to permanently flag an incident as being “hate” related.

The ultimate, of course, is the notion that the mere fact of being white is sufficient to categorise a person as racist purely as a result of his “privileged” birth into an inherently oppressive social hierarchy, regardless of that person’s awareness of this alleged status. This, in turn, paves the way for claiming that any negative discrepancy between whites and ethnic minorities “must” owe itself to racism (in the same way that the gender pay gap “must” result from sexism), and that any critical words directed by a white person against a BAME individual – such as Meghan Markle – is de facto racist rather than based on some other (quite legitimate) complaint. It then, somehow, becomes the duty of the “privileged whites” to “educate” themselves on their inherently racist status rather than demanding their accusers for evidence of actual racist behaviour. This turns on its head the notion that a person asserting a proposition should bear the burden of proving it – which demonstrates, of course, that such proof is probably lacking.

The result of all of this is to rob racism of its moral gravity and its seriousness as a social issue. For if is true that minor, unwitting (but otherwise unmalicious) behaviour is racist, if any choice that could be made ends up being racist, and if white people are automatically racist by virtue of their birth, then racism cannot attract any serious moral culpability. People can be morally responsible only for their consciously chosen actions where they have the option to do good, not for aspects about themselves that they cannot help or for situations where every option is bad. But because any notion of being “racist” attracts such severe stigma, its entrenchment as an undoubted and immutable fact of society means that actual crimes and real problems are permitted to flourish in order to tiptoe around anything that could cause racial sensitivities – such as the Manchester grooming scandal, and the ignorance of the fact that white boys from poorer backgrounds are among the lowest school achievers. And so the irony of defining racism so fatuously is that real racist outcomes result from an attempt to avoid being racist.

Moreover, the whole thing could amount to a self-fulfilling prophecy, as could identity politics generally. By making people more aware of their basic characteristics such as race, gender, sexuality, creed and so on before sifting these into categories of oppressors and oppressed, the latter begin to take on the mantle of victimhood and ascribe all of their personal foibles and failures to discrimination. The result is a mental self-sentencing to a life of destitution at the hands of the white, privileged male, regardless of how hard one might try to escape from it. On the other side, if the aforesaid white, privileged male is going to be automatically condemned as racist, then he is more likely to approach BAME individuals with suspicion and hostility. Thus, antagonisms are stoked and inflamed, rather than resolved.

Much of all of this has been written before, and will continue to be written again by those who do not share a leftist disposition. Less attention, however, is paid to the reason why racism – and wokeism generally – has become such a deafening screech at the forefront of the national political conversation when the open and tolerant nature of British society is not difficult to demonstrate (and, moreover, when there are far more important issues to talk about). Indeed, as election after election has pointed out, it is really a disproportionately loud, minority conversation, perpetuated by middle class, bleeding hearts within the M25 rather than by the country as a whole – let alone any actual “victims”.

The reason for this loudness is not just because, as Laurence Fox suggested, such people need something to get upset about. In fact, the lefty, liberal, metrollectuals – as we argued in a previous essay – are actually being recruited as useful idiots in a project which has more sinister foundations.

We are currently living in a world in which the dominant paradigm is globalisation in the form of the gradual erosion of national sovereignty, open borders, the consolidation and centralisation of states into larger entities, globally managed trade, collective security and perpetual interventionism and warfare. Explicitly supranational outfits such as the EU are an example of such globalisation, but so too is increasing inter-state “co-operation” in order to combat supposedly worldwide problems such as climate change and the elimination of tax and regulatory independence. In order for this globalising project to flourish, its proponents must seek the breakdown of local, national and regional cultures, identities and allegiances, which serve to dilute or even prevent people’s adherence to globalised institutions and orders.

The problem with this programme is that it has been extremely difficult to promote and defend explicitly on account of its woeful unpopularity once its implications become clear. Openly, politicians have managed to turn to some blatantly anti-democratic measures – for instance, repackaging the rejected EU constitution as the Lisbon Treaty in order to increase European integration. More insidiously, however, they have managed to configure the so-called “Overton window” of acceptable opinion by setting up a false dichotomy of progress on the one hand and retrogression on the other. On the progressive side, their programme is associated with openness, tolerance, freedom, and advancement. On the other side, however, any celebration or assertion of national primacy, traditional values and cultures – the kind of elements, such as Brexit, that are at odds with globalisation – is painted as a plunge back to Nazism, fascism and the belligerent nationalism of the 1930s which led to World War II and mass extermination. Thus, by forcing their association with a dark era, any threats to the globalising project are neutered. Cries of “racism” are simply a part of this strategy, and it explains also why anyone a mere inch to the right of centre-left (such as Boris Johnson or Nigel Farage) is derided explicitly as a “fascist”.

All of this is demonstrated by the ways in which the mainstream media has completely inverted the way in which we should examine the record and characteristics of politicians, with serious incompetence and criminality being ignored while relatively trivial matters are given the spotlight. If a Prime Minister or President was to, say, drive his country to ruin, throw millions of bombs at foreign countries, or kill and maim countless innocent civilians, no one bats an eyelid if those actions are more or less in line with globalising tendencies. In fact, he might even be lauded as a great statesman, as those who still carry a candle for Saint Barack of Obama seem wont to do. Yet if the same politician was to, say, utter something untoward about someone’s skin colour, make reference to Muslim women wearing the burqa as “letterboxes”, unwittingly “misgender” someone, or make an ill-judged flirtation with a woman, he is likely to be hounded out of office for being “racist”, “misogynistic” or “trans-phobic”. For instance, Donald Trump’s decision to assassinate Iranian general Qasem Soleimani earlier this month is a far more important factor in determining his fitness for office – his respect for international law and diplomacy, his understanding of the limits of his constitutional authority, his grasp of geo-political circumstances, his judgment of cause and effect, not to mention the morality of extra-judicial killing – than anything “racist” he might have said. And yet, because this assassination was broadly within the programme approved by the American “deep state”, it received far less criticism than his supposed “pussy-grabbing” misogyny and innate xenophobia.

In fact, if Trump was regarded as a promoter of the globalising project rather than as a detractor, he could have said and done exactly the same “racist” and “misogynist” things that supposedly make him a terrible president, but we would hear nothing about it. The extent of Bill Clinton’s “misogynistic” record, including allegations of sexual misconduct, assault and actual rape, are worse, or at least no better, than Trump’s alleged affronts against women (and most of the latter, strangely enough, came to light only after Trump became a presidential candidate). Yet because Clinton is a liberal hero no one bothers to mention it.

The liberal-left who cry “racist!” and “fascist!” are simply gullible drones in this globalising project. The focus of our anti-racist political narrative is not on preventing real racism. It is about shaming and embarrassing us into accepting and sustaining a totalitarian world order – an order which we are, thankfully, rejecting.

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L’ordre public à l’abandon

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L’ordre public à l’abandon

Régis de Castelnau

Interview donnée au site Atlantico. Que l’on peut retrouver directement sur leur site.

RENONCEMENT COUPABLE

Dissolution de l’ordre public : le vrai procès du siècle que les Français devraient intenter à l’Etat.

Atlantico.fr : Un agriculteur de la Marne, Jean-Louis Leroux, a été mis en examen pour tentative d’homicide involontaire après avoir tiré sur un homme qui tentait de lui voler du carburant dans son exploitation. S’il a été libéré ce jeudi, le cas de l’exploitant agricole est un exemple type du renoncement de l’Etat en matière d’ordre public : son exploitation avait déjà fait l’objet d’une quarantaine de vols et, bien qu’il ait porté plainte une trentaine de fois, absolument rien n’avait été fait. 

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Jean-Louis Leroux, un homme juste et simple, face à une canaille magistrate sans foi ni bon sens: cet homme est désormais le symbole d'une humanité normale face à des élites dévoyées. Il faudra que justice lui soit rendue un jour, au prix le plus fort.

Le cas de Jean-Louis Leroux est à ajouter à une longue liste de cas similaires. Dans la Marne, lors d’une marche organisée en son soutien, les agriculteurs ont dénoncé « l’abandon des territoires ruraux ». Quartiers perdus de la République, campagnes… quelles sont ces catégories de la population oubliées par l’Etat et quels sont les délits que l’Etat juge « si peu importants » (exemples concrets) ? 

Régis de Castelnau : Le cas de Jean-Louis Leroux est absolument exemplaire. Le nombre de vols dont il avait été victime et le nombre de plaintes qu’il avait déposées en vain démontrent le retrait de l’État et son impossibilité désormais à assurerla sécurité des citoyens, ou au moins essayer de le faire. Rappelons qu’en France, à la différence des États-Unis par exemple, le fait de posséder des armes est interdit aux particuliers et c’est un monopole de l’État, chargé de maintenir l’ordre et la sécurité dans la société civile. Et c’est bien cette mission qui est la contrepartie de cette interdiction. Le problème est qu’aujourd’hui, et il faut le dire nettement l’État a abandonné la France périphérique et en particulier les territoires ruraux à une délinquance prédatrice qui met les habitants en rage et peut les amener pour pallier l’impuissance affichée de l’État à recourir à l’autodéfense. Et il n’y a pas beaucoup d’arguments à opposer à une population qui ne veut pas d’une violence incontrôlée mais qui ne supporte plus d’être ainsi abandonnée. Il y a des centaines d’exemples de cette dégradation de la vie civique dans les petites villes et dans les campagnes. La nouveauté depuis une quinzaine d’années, c’est l’arrivée de gangs étrangers organisés et qui se livrent à une véritable prédation sur les territoires qu’ils occupent. C’est l’exemple extraordinaire des associations caritatives dont certains de ces groupes ont pris le contrôle ! Les associations Emmaus par exemple, dans l’ouest elles sont contrôlées par des réseaux tchétchènes qui récupèrent la partie lucrative des dons pour mettre alimenter les trafics dans leur pays d’origine. Ce sont les Roms souvent mandatés par des ferrailleurs qui récupèrent tous les métaux possibles allant jusqu’à profaner les cimetières pour y récupérer les croix métalliques ou couper les fils de téléphone pour récupérer le cuivre. Il y a aussi chose extraordinaire, le vol de bétail dans les champs ou carrément du matériel agricole lourd qui prend ensuite le chemin des Balkans. Les compagnies d’assurances ne suivent plus, et les gendarmes faute de moyens n’interviennent même plus. Le pire étant qu’en général les auteurs des forfaits sont connus mais que dans le souci d’éviter des troubles sociaux, les forces de l’ordre vont se garder d’intervenir.

La question des « quartiers perdus de la république » est une peu différente, la faillite du système d’assimilation à la française, a concentré dans les banlieues anciennement rouges des populations dont la majorité n’a aucune perspective d’intégration. L’État s’est retiré de ces territoires et la nature ayant horreur du vide en a laissé l’organisation à l’alliance entre la pègre et les barbus, le tout avec des administrations municipales qui pour se reproduire se vautrent très souvent dans un clientélisme qu’on n’imagine pas. Aucune tendance politique n’est épargnée et aujourd’hui en Seine-Saint-Denis le parti de Christoph Lagarde en fait une splendide démonstration.

Atlantico.fr : Comment expliquer ce renoncement total de l’Etat en matière d’ordre public ? Quelles en sont les causes ? Est-ce dû à de trop lourdes préoccupations budgétaires où est-ce également le fait d’une vision idéologique de la politique pénale ou de la répression différenciée selon les profils de délinquants ou criminels ? 

Régis de Castelnau : C’est d’abord une question de moyens, et clairement l’inspection générale des finances de Bercy s’opposera à toute allocation de ressources supplémentaires aux forces policières chargé de l’ordre républicain sur le territoire et surtout chargé de prévenir et de lutter contre la délinquance qui pourrit la vie des citoyens : violence, vols, cambriolages, agressions gratuites, toute cette violence de tous les jours dont les statistiques nous ont montré l’explosion.

C’est exactement la même chose avec le service public de la justice. Je recommande la lecture du livre remarquable d’Olivia Dufour «Justice, une faillite française » remarquable diagnostic et réquisitoire contre cet État refusant pour des raisons budgétaires de doter la France d’une Justice digne de ce nom. Alors, face à ce manque de moyens, tant des forces de l’ordre que de l’appareil judiciaire, un certain nombre de comportements on finit par être adoptés. Il y a tout d’abord une forme de consensus entre les forces de police et les parquets pour laisser impunie toute une délinquance que l’on va qualifier « de tous les jours », délinquance qui a quand même un impact considérable sur la population. On trouve ainsi banal qu’à diverses occasions des milliers de voitures, qui sont celles des pauvres, soient incendiées. Il n’y a jamais ni recherche des auteurs (en général bien connus des forces de police) et une volonté de minorer le phénomène de la part des pouvoirs publics. Pareil pour les cambriolages, les vols avec ou sans violence, les agressions gratuites etc. Il faut savoir qu’il y a en France 1 million et demi d’infractions avec auteurs connus par an qui ne sont pas poursuivies ! Concernant la répression pénale deux facteurs rendent celle-ci impuissante. Tout d’abord énormément de décisions ne reçoivent aucune exécution, faute de moyens, c’est-à-dire de magistrats chargés de les prendre en charge, et de moyens techniques (nombre de places de prison, éducateurs, juges de l’application des peines), ce qui fait que des gens ayant parfois jusqu’à 20 condamnations sur leurs casiers judiciaires n’ont jamais fait une minute de détention. La valeur dissuasive de cette répression n’existe pas. Mais il y a aussi une part d’idéologie, ou évidemment la culture de l’excuse est très prégnante et aboutit à un « à quoi bon » tout à fait démobilisateur. Il y a une perception justifiée que la répression s’abat sur des populations déjà défavorisées ou marginales, alors beaucoup pensent que ce n’est pas la peine d’en rajouter. Paradoxalement, l’incroyable répression dont ont été l’objet les gilets jaunes et le mouvement social le démontre aussi. Dès lors qu’ils se sont trouvés en face des couches populaires et non plus des populations marginales, des magistrats ont eu la main particulièrement lourde. Ce qui démontre que le « laxisme » qui existe lorsqu’on examine les conséquences de la répression n’est pas une fatalité, mais relève bien un choix politique.En tout cas, il n’est pas excessif de dire que cette délinquance a été aujourd’hui en partie dépénalisée. Ce qui pour les « honnêtes gens » est quelque chose d’insupportable quand ils y sont confrontés. Il y a également un domaine où les magistrats ont la main particulièrement lourde comme le démontre l’affaire Leroux. Terrorisé par les risques de basculement dans l’autodéfense et la violence arbitraire qui l’accompagnerait, les tribunaux condamnent lourdement toutes les velléités de légitime défense. Suscitant d’ailleurs une incompréhension et une rage de très mauvais augure.

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Atlantico.fr : Comment remédier à cette situation ? Comment éviter que l’ordre public ne se dissolve davantage ? 

Régis de Castelnau : Je pourrais vous répondre lapidairement, « en débarrassant la France de ce gouvernement et de ce président qui n’ont qu’une obsession : démanteler les services publics y compris des grands services publics administratifs régaliens que sont la police et la Justice ». Lorsque l’on voit les réformes d’organisation et de procédure judiciaires adoptées au printemps dernier, la volonté d’Emmanuel Macron apparaît clairement. Rendre plus difficile, plus compliqué, plus cher l’accès à la justice en espérant tarir la source des contentieux. C’est exactement ce qui s’est passé avec les ordonnances travail où le recours aux prud’hommes a été à ce point compliqué, que le nombre d’affaires dont ces juridictions sont saisies s’est complètement effondré.

Donc pour remédier à la situation décrite, et revenir à un ordre républicain qui n’est plus aujourd’hui assuré, il n’y a qu’une solution : redonner à la police et à la justice les moyens d’exercer leurs missions.

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mardi, 18 février 2020

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

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Stoltenberg s'entretenant avec des militaires irakiens

L’Otan prépare son déploiement au Moyen-Orient élargi

Ex: http://www.zejournal.mobi

En définitive, ce devrait bien être l’Otan qui investira le monde arabe après le retrait du CentCom (Commandement central des États-Unis au Moyen-Orient). L’Allemagne pourrait jouer le rôle de leader au sein de l’Alliance.

Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, espère :

  1. déployer l’Alliance en Tunisie et faire durer éternellement la guerre en Libye ;
  2. déployer l’Alliance en Irak et en Jordanie et faire durer éternellement la guerre en Syrie.

Le 1er février 2020, la Turquie s’est soudainement rapprochée de l’Otan dont elle est membre et est entrée en conflit avec la Russie en Syrie. Elle a en outre repris le transfert des jihadistes de Syrie vers la Libye via la Tunisie.

Le 12 février 2020, les ministres de la Défense de l’Otan ont décidé, dans un premier temps, de renforcer leur « mission d’assistance » en Irak bien que le Parlement irakien a exigé le retrait des troupes étrangères.

Jens Stoltenberg prépare ce plan depuis plus de six mois. Ainsi a-t-il conclu des accords secrets avec le roi Abdallah de Jordanie et le ministre tunisien des Affaires étrangères qu’il a longuement reçus à Bruxelles.


- Source : Réseau Voltaire

lundi, 17 février 2020

Michel FOUCHER : Le retour des frontières

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Michel FOUCHER : Le retour des frontières

 
 
 
Le géographe et ambassadeur Michel Foucher présente une vaste réflexion sur "Le retour des frontières", titre d'un ouvrage qu'il a publié chez CNRS éditions (2016). Signalons qu'il vient de publier un remarquable numéro de la Documentation photographique : "Les frontières", CNRS éditions 2020 (n°8133). C'est à cette occasion, et en soutien aux enseignants de spécialité HGGSP que Diploweb met en ligne cette vidéo d'une conférence conduite en 2016, en partenariat avec GEM.
 
Extrait du résumé par Joséphine Boucher pour Diploweb.com Qu’est-ce qu’une frontière ? Lorsqu’elle est internationale, c’est une institution. Bien plus qu’une simple ligne de sable ou une crête de montagne, elle fait l’objet de traités et est soumise à un processus défini, du dépôt du dossier du traité de délimitation aux Nations Unies aux démarcations sur le terrain par des commissions dédiées. Il s’agit donc d’une véritable institution du droit international qui sert à définir et à délimiter le périmètre de l’exercice d’une souveraineté étatique. À la frontière s’exercent de multiples fonctions de souveraineté, juridiques, régaliennes, fiscales, douanières, qu’elles soient réelles ou plus symboliques.
 
C’est l’un des paramètres de l’identité collective et de la citoyenneté, et qui permet au plan symbolique de distinguer le dedans et le dehors, lesquels sont des éléments constitutifs de toute communauté humaine. Il y a là deux aspects fondamentaux de la question de la frontière, à savoir la question des limites et celle de l’attachement, de l’appartenance symbolique à une collectivité.
 
C’est d’ailleurs l’une des difficultés de ce malaise de la construction européenne comme acteur stratégique et politique, suite à ce refus de définition. L’Union européenne n’est en effet pas capable de politique extérieure car elle n’a jamais défini la limite entre le dedans et le dehors, sa seule politique extérieure étant celle de l’élargissement. Après avoir défini ce qui fait une frontière, qu’en est-il désormais du retour des frontières ? Il s’agit en fait d’une nouvelle visibilité de ces tracés, même si, rappelons-le, l’invisibilité n’est pas synonyme d’effacement. À cette étape, il convient de déconstruire les idées fausses qui ont pu être émises sur les frontières.
 
La première est celle du discours d’un monde sans frontières permis par une globalisation néo-libérale. Toute régulation serait un obstacle, la politique et les Etats seraient des freins à la bonne marche de l’économie, et au gouvernement se substituerait la gouvernance, c’est-à-dire gouverner sans politique. Or aujourd’hui, les phénomènes de dé-mondialisation et le retour d’un certain protectionnisme témoignent d’une volonté de se protéger, qui n’est pas forcément, rappelons-le, un cloisonnement. L’autre dérive sur la problématique frontalière était d’assimiler la question des frontières à la barrière, au mur, en particulier anti-migratoire. Il est important de ne pas confondre migrations et frontières.
 
La deuxième partie de cette conférence a été construite pour aborder l’actualité de ces questions de frontières via une chronique et des exemples de diverses régions du monde, afin de repérer à partir de différentes sources ce qu’il s’y passe concrètement, pour en faire une analyse et en tirer des enseignements plus généraux sur la réaffirmation des frontières. (...) Enfin, il convient de s’intéresser plus particulièrement à la problématique du voisinage européen, et ce aussi au-delà des questions migratoires. Aucune autre région du monde n’a un tel environnement stratégique. En effet, en cartographiant précisément les conflits sur la base objective des rapports réguliers de l’ « International Crisis Group », il apparaît que sur les 75 conflits, crises graves et guerres ouvertes répertoriées par l’ONG dans le monde au printemps 2016, 85% se trouvent dans un rayon de 3 à 6 h de vol de Paris. Les questions frontalières jouent de fait à 3 échelles : nationale, infra-nationale et régionale. (...)
 
Pour conclure, ce retour des frontières dans les faits et dans les consciences est une bonne nouvelle, à condition d’en user avec discernement. Si abolir des frontières revient à faire disparaître des Etats, les franchir aisément ne les annule pas. La frontière, invention humaine, est aussi un refuge et une ressource pour qui vit des différences et peut élaborer des micro-stratégies. Le retour des frontières est certes un phénomène avéré aujourd’hui, mais il ne signifie pas pour autant le repli sur soi ; la bonne frontière est la frontière agréée ouverte, et pas le refus du monde ni la négation ultra ou néo-libérale de l’importance symbolique et réelle des frontières. Où placer le curseur entre solidarité et responsabilité ? Entre liberté et sécurité ? Ce sont là de véritables difficultés et questions à se poser actuellement. Donnée politique inscrite dans l’espace, la frontière est donc un sujet véritablement et éminemment politique.
 
Images et montage : Fabien Herbert

L’art contemporain est le soft power planétaire

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L’art contemporain est le soft power planétaire

Par Maximilien Friche 

Ex: http://mauvaisenouvelle.fr


Le manifeste cannibale Dada de Francis Picabia disait en 1924 « L’honneur se vend et s’achète comme le cul. » Aujourd’hui le cynisme ne fait plus scandale, il est la règle qui régit tous nos rapports sociaux et humains. Dans son dernier ouvrage, Nouvelle Géopolitique de l’art contemporain, Aude de Kerros précise : « On ne parle plus de valeur intrinsèque d’une œuvre, mais de cote, d’indice monétaire. » (p8)

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Depuis longtemps maintenant, nous constatons l’arnaque intellectuelle et morale de l’art contemporain. Depuis longtemps, nous dénonçons la convergence des oppressions entre un Etat français dirigiste et une finance internationale globalisante, au profit d’un art unique conceptuel aux messages pseudo subversifs et véritablement progressistes. Depuis peu, nous avons pris conscience que l’art contemporain était devenu un art financier, une simple monnaie. Aude de Kerros nous rappelle d’ailleurs à ce titre que les conseillers financiers recommandent d’avoir dans son portefeuille d’actifs environ 20% d’art. La rentabilité de l’art est estimée à 8%. Aucun risque. Même si c’est moche, même si c’est idiot, et surtout si ce n’est pas de l’art, cela vaut le coup. C’est ce qu’elle appelle l’innocent argent de poche de l’hyperclasse (p13) et c’est aussi bien souvent la possibilité d’un blanchiment de l’argent du crime et du trafic de drogue. C’est surtout, concernant l’art conceptuel, le lieu du délit d’initiés permanent. L’hyperclasse se met d’accord sur la valeur d’une œuvre et l’œuvre a cette valeur. Attribuer un prix est du ready made sur du ready made finalement. C’est de l’art parce qu’on l’a décidé. De la même façon, cela vaut plus ou moins cher parce qu’on le décide.

Toutes ces prises de conscience, nous les devons entre autres à Aude de Kerros au travers de ces divers ouvrages dont L'art caché : Les dissidents de l'art contemporain ; Des révélations inédites sur l'art actuel et L'imposture de l'art contemporain : Une utopie financière. Mais comme le monde est entré dans son ère trotskyste des organisations et que tout change en permanence de peur que l’on ne s’aperçoive de la bêtise de ce qui existe, il faut rester en veille. C’est ce que fait Aude de Kerros en nous expliquant désormais La nouvelle géopolitique de l’art contemporain.

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New-York : seul l’art conceptuel permet d’imposer un arbitraire

Le livre s’ancre dans l’histoire en rappelant la guerre froide et l’invention du soft power américain. Tout est venu de la CIA et de la guerre froide. Le coup de génie a été de récupérer les artistes en les achetant finalement, en les transformant en valeur marchande. « Un artiste de gauche peut librement, par ses œuvres, exprimer ses idées, sa critique de la société, et en même temps être promu, acheté, institutionnalisé. » Nous avons là, en définitif le premier exemple d’« en même temps » machiavélique, bien avant que notre algorithme de président n’en abuse à tour de bras. Une hégémonie américaine a suivi l’effondrement du bloc soviétique. Les USA ont utilisé l’art contemporain comme une arme pour globaliser le monde et effacer les identités culturelles et civilisationnelles. En art, la globalisation impliquerait un processus de « décivilisation » ? Ce n’est pas une conséquence non souhaitée, mais un objectif revendiqué. Nathalie Obadia avoue que l’art contemporain comme soft power, est un outil indispensable à la paix dans le monde et à la concorde universelle. En gommant les civilisations, en standardisant la culture, on supprime selon cette idéologie le risque de guerre et on peut imposer cette autre dictature à visage humain. « New York souhaiterait exercer sans partage son pouvoir de consécration et d’exclusion, bref de décider seul les critères de “l’art contemporain”. Sans identité, sans esthétique, seul l’art conceptuel permet d’imposer un arbitraire. » (p137) Seulement, l’hégémonie passée, certaines civilisations peuvent prouver qu’elles ne sont pas mortes et il faut bien avouer que l’art contemporain s’essouffle, comme une éternelle et gâteuse avant-garde (p15). « La martingale dérision-mépris-sidération-confusion-inversion semble avoir atteint ses limites. » (p258)

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La Russie, la Chine : tant de vie !

Aude de Kerros montre qu’aujourd’hui la géopolitique de l’art contemporain est celle des places pétrolières, des grandes places financières et des Gafam. Pour autant, la géopolitique de l’art tout court, est plus complexe. Ainsi, alors que le marché de l’art contemporain est avant tout un marché de l’offre, la Chine s’inscrit, elle, dans un marché de demande correspondant davantage à un désir anthropologique. Et il faut bien avouer que le carcan conceptuel et froid aurait bien du mal à contenir tant de vie culturelle. De la même façon, en Russie, art contemporain signifie art libre et non uniquement conceptuel. La vie artistique n’y est quasiment pas subventionnée, donc quasiment pas contrôlée, elle est de fait plus créative, plus imprévisible. En Chine, la seule contrainte est la non critique ouverte du gouvernement, ce qui laisse tout de même beaucoup plus de possibilités d’expression artistique qu’en Occident.

Paris au service du soft power américain

« Paris depuis vingt ans ne sert plus sur le marché mondial que de présentoir publicitaire gratuit en offrant ses monuments pour exposer des produits en voie de cotation extrême. » (p57) Notre vocation est donc d’être la tête de gondole de l’art contemporain, la caution culturelle et intellectuelle d’un art qui en est intrinsèquement dépourvu. « La politique d’influence française met en permanence les institutions françaises au service du soft power américain. » Cet alignement officiel de l’Etat, cette soumission à la globalisation, n’a pas détruit l’art en France, il a simplement conduit les artistes à aller peindre dans leurs grottes. Ainsi existe-t-il depuis 1981 un art caché, sorte d’exception française. L’ironie fut que cet art caché français reçut un temps le soutien de la Chine avant que cette dernière utilise la route de la soie, pour mieux ceinturer les échanges et se concentrer sur ses frontières.

L’art contemporain sera multipolaire ou …

Pour Aude de Kerros, l’art contemporain international est devenu total : hybride, commercial, financier, intellectuel, juridique, monétaire, patrimonial, visant le succès populaire mondial, transcendant les cultures et les classes sociales. Le global kitsch et le flashy pop art a pris la tête des blue chips de l’art contemporain, embarquant le peuple dans l’achat de produits dérivés. » (p218) Et aujourd’hui les pays critiques vis-à-vis de cette globalisation qui nie les civilisations sont les anciens pays communistes. Ils se lancent dans la promotion de leur art civilisationnel. En effet, grâce aux œuvres d’art, l’identité des pays qui ont connu la guerre, le totalitarisme se recompose. « Paradoxalement, les arts civilisationnels, mis au ban du globalisme, sont aujourd’hui plus ouverts que l’art contemporain soumis à sa boucle d’asservissement financier. » (p258)

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On peut donc refermer ce livre avec un peu d’optimisme, car, derrière la globalisation, se cache la multiplication des soft power particuliers et enracinés. Qu’attend donc la France pour les rejoindre ? Aujourd’hui, l’art contemporain, l’art conceptuel, admet à ces côtés de l’art pour bénéficier de sa réputation. La peinture que l’on croyait perdue revient de ce double effet des soft power enracinés et d’un épuisement de l’art conceptuel. L’art est devenu un moment de l’art contemporain, pour paraphraser Debord qui savait que dans un monde où tout est faux, le vrai est un moment du faux.

dimanche, 16 février 2020

Les recettes néolibérales pour écraser les peuples

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Les recettes néolibérales pour écraser les peuples

Par Nicolas Bonnal

Irak, Iran, Syrie… ubi solitudinem faciunt, pacem appellant – Le bilan mondial occidental résumé par Tacite au temps des bretons : Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d’une terre un désert (ubi solitudinem faciunt) ? Ils diront qu’ils la pacifient (pacem appellant). Actuel, non ?

Raptores orbis, postquam cuncta vastantibus defuere terrae, et mare scrutantur: si locuples hostis est, avari; si pauper, ambitiosi: quos non Oriens, non Occidens, satiaverit. Soli omnium opes atque inopiam pari affectu concupiscunt. Auferre, trucidare, rapere, falsis nominibus imperium; atque, ubi solitudinem faciunt, pacem appellant.

Ces Romains, qui veulent tout, ne trouvent plus de terre à ruiner. Alors, c’est la mer qu’ils fouillent ! Riche, leur ennemi déchaîne leur cupidité, pauvre, il subit leur tyrannie. L’Orient, pas plus que l’Occident, n’a calmé leurs appétits. Ils sont les seuls au monde qui convoitent avec la même passion les terres d’abondance et d’indigence. 7. Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d’une terre un désert ? Ils diront qu’ils la pacifient.

Agricola, XXX, discours du rebelle breton Calgacus.

Certains trouvent que le peuple réagit en France, je trouve moi qu’il réagit peu. C’est du congelé (frozen conflict), dixit la subtile Caitlin Johnstone, qui espérait encore l’an dernier une énième révolution 2.0. Une jacquerie n’est pas une révolution, pas même une rébellion, et elle renforce le pouvoir.

La gauche sociale a disparu, les minoritaires partis populistes sont infiltrés, sous contrôle, tous adorateurs de l’OTAN (voyez Manlio Dinucci). Depuis Thatcher, comme je l’ai montré dans ma Lettre ouverte à la vieille race blanche, le système autoritaire-libéral n’a fait que se renforcer (cruauté, incontestabilité, tartuferie). Et à chaque fois nous avons moins réagi. En France dans le pire des cas on pourrait remplacer l’actuel pion de cour par un autre pion – une pionne – et le tour serait joué. Le système occidental fonctionne, et tout le monde se soumet benoîtement  au modèle américain promu sous Reagan : la révolution conservatrice décrite par Sorman dans les années 80 a très bien marché. La fortune et la morale pour les oligarques ;  la pauvreté, la précarité et les insultes (« raciste, fasciste, inadapté, antisémite, violent, macho », etc.) pour le bon peuple. Monsieur LVMH est ainsi plus riche que dix millions de Français, et il leur fait la morale avec sa presse et ses rebelles défilés de mode.

Il y a dix ans, Lucien Cerise disait déjà :

« L’oligarchie occidentale ne craint qu’une chose : que les peuples qu’elle est en train de martyriser, à commencer par les Grecs et à suivre par nous, se tournent vers des pays non-occidentaux pour y trouver du soutien, d’abord moral et plus si affinités. L’oligarchie craint par-dessus tout que l’on puisse comparer les systèmes de société et que cela soit en défaveur du système dans lequel elle veut nous faire rester. Elle veut que nous aimions notre cage et nous inoculer le syndrome de Stockholm afin que nous aimions notre bourreau. À cette fin, les pays non-occidentaux sont décrits dans les médias comme  » autoritaires « , ou pires encore, des horribles dictatures, où les gens sont malheureux, persécutés, assassinés, les élections truquées, etc. »

arton24817-c4dc0.jpgLucien appelait à une saine réaction populaire, comme disait Pie X dans les prédictions qu’on lui prête. Mais tout cela a fait long feu et les sondages donnent Macron vainqueur aux prochaines élections… Ou Sarkozy. On continuera de tonner contre (Flaubert) puis on fera la queue devant Picard, McDonald,  ou chez le marchand d’or.

Dix ans après, Trump a trahi, la Russie est toujours aussi isolée et sanctionnée, et la Chine est considérée comme un tiers-monde incapable de gérer sa crise médicale. Syrie, Irak, Iran sont ruinés, comme le Venezuela. Les peuples de ces pays-cibles vivent un martyre économique, comme jadis les irakiens, et ceux qui cliquent en leur faveur ne font pas le moindre geste pour les soulager. Les USA peuvent imposer n’importe quoi à l’Europe, et tous les leaders humanitaires, les féminins et les efféminés, sont contents. On a eu une hausse dantesque du coût du logement, trois millions de migrants, des attentats irréels, Notre-Dame, une dizaine de guerres et on a voté pour qui l’on sait en France avec les conséquences mutilantes que l’on sait. Que fabriquent nos grands militants, nos grands révoltés ?

Cerise dressait un tableau déjà triste :

« Balayons devant notre porte et ne cessons jamais de rappeler la triste réalité de l’Occident atlantiste : dictature des banques, démocratie virtuelle, référendums annulés et scrutins trafiqués par diverses méthodes, fiction totale de la  » menace terroriste  » ici, mais soutien au terrorisme ailleurs, kidnappings de milliers d’innocents dans des prisons plus ou moins secrètes où on les torture en douce, épidémies de dépressions, de cancers, de divorces et d’enfants obèses ou hyperactifs, etc. Le multiculturalisme, qui permet de comparer les codes culturels, donc de les critiquer, est l’ennemi frontal de l’oligarchie occidentale car il ouvre sur autre chose que son modèle unique de société ; raison pour laquelle cette oligarchie essaie de remplacer le multiculturalisme et la pluralité des nations souveraines par un seul monde sans frontières où règnerait la monoculture occidentale libérale-libertaire. »

Depuis, on a touché le fond (voyez ce pape ou le déclin arabo-musulman…), et on a creusé encore. La crise de la dette mitonnée par l’élite achèvera de nous mettre au pas. On prendra sur ce qui reste de retraite ou d’épargne pour sauver ce système menacé qui ne fait que se renforcer….

Il faudrait comprendre enfin notre manque de réaction face aux réformes néolibérales et aux razzias écologiques de mille milliards et plus : la vérité simple c’est qu’il faut affamer le peuple, l’abrutir, et le rouer de coups, car dès qu’on lui donne à manger et à voter, il en veut plus. La logique néolibérale vise à de nouveau priver le peuple de tout, même d’air et d’eau (réservés aux riches), pour qu’il ne puisse plus râler.

517P4roYlcL._SX210_.jpgVilliers-de L’Isle-Adam le disait déjà dans ses Contes cruels : « le premier des bienfaits dont nous soyons, positivement, redevables à la Science, est d’avoir placé les choses simples essentielles et « naturelles » de la vie HORS DE LA PORTEE DES PAUVRES. »

Eau, air, logement, travail rétribué, mais aussi bagnole ou liberté : le peuple apprend partout à se passer de tout.

Tout cela était expliqué en 2010 dans ma Lettre ouverte (Editions de Maule, à télécharger gratuitement), bien avant l’actuel résident. Je rappelais que les derniers à résister étaient les « privilégiés », les fonctionnaires en l’occurrence, et ce depuis les années Juppé. Et qu’artisans et paysans avaient depuis longtemps été soumis et anéantis, eux qui résistaient encore du temps du maudit Poujade, quand on ne les avait pas encore ruinés et sidérés. La programmation d’une société désindustrialisée de termites et de serviteurs (servus, l’esclave), asexués arrive à bon terme sous Philippe-Juppé-bis. Reconnaissons que la réaction populaire est insignifiante comparée à celle de novembre 1995.

Le système n’a plus peur du peuple, c’est lui qui fait peur au peuple. Imposer une marionnette embrouillée dans ses fils comme Trump n’a fait que renforcer les maîtres. A coups de migrants, de transition énergétique, de sexophobie orwellienne et de manip’ médiatique en boucle, on vient à bout d’une résistance qui se limite à cliquer, elle qui a perdu tout  « pouvoir tellurique ». C’est Carl Schmitt qui parlait de cette résistance tellurique perdue partout. Voyez ce que deviennent les boliviens ou les vietnamiens qui vont bosser masqués (pollution…) pour Gap.

C’est le triomphe de la guerre hybride et des bombardements culturels qui justifie le reflux militaire américain. La guerre n’est plus nécessaire.

Deux citations de Nietzsche et Tocqueville pour expliquer ce qui se passe. Pourquoi le peuple résistait, pourquoi il ne résiste plus ; pourquoi il se résigne.                                                                                                                      

Nietzsche écrit dans Volonté de puissance (§ 154) :

« A l’arrière-plan de ces débordements, il y a l’explosion d’une répugnance concentrée contre les  » maîtres « , l’instinct profond du bonheur qu’il y aurait rien qu’à se sentir libéré d’une si longue oppression… (C’est généralement le symptôme que les couches inférieures ont été traitées avec trop d’humanité, qu’elles commencent déjà à sentir sur la langue le goût d’un bonheur qui leur est interdit… Ce n’est pas la faim qui engendre les révolutions, c’est le fait que chez le peuple l’appétit vient en mangeant…) »

715-luYXq9L._AC_SY445_.jpgCela c’est quelque chose que les leaders de Davos appliquent. Pas d’humanitarisme, privons le peuple et il se calmera. Il ne s’agit pas de donner plus, comme au cours des Trente Glorieuses, quand on avait une U.R.S.S. un peu plus convaincante que la Russie miniature de Poutine, des syndicats marxistes et des partis communistes. Car si on lui donne, il demandera plus. Faisons-lui peur avec la dette, le climat, le machisme, les attentats, il se soumettra. Trottinette/bicyclette, jeûne et smartphone au programme. Dix mètres carrés pour mille euros. Voyez le film Marie-Francine, de Valérie Lemercier, qui a très bien compris tout cela. Quatre ans plus tard le mouvement social se contente d’empuantir un peu plus Paris, avec sa grève des éboueurs qui ne débouche sur rien.

Tocqueville confirme Nietzsche, dans l’Ancien régime et la révolution (livre troisième, chapitre IV). Le peuple peut exploser dans certains cas, ce qui a contrario prouve qu’il ne réagissait pas dans d’autres :

« Nulle part, au contraire, l’ancien régime ne s’était mieux conservé que le long de la Loire, vers son embouchure, dans les marécages du Poitou et dans les landes de la Bretagne. C’est précisément là que s’alluma et se nourrit le feu de la guerre civile et qu’on résista le plus violemment et le plus longtemps à la Révolution ; de telle sorte qu’on dirait que les Français ont trouvé leur position d’autant plus insupportable qu’elle devenait meilleure. »

En ce moment c’est l’inverse ; les Français trouvent leur position d’autant plus supportable qu’elle devient pire. Ceux qui réagissent fuient sans demander leur compte. Les rares qui râlent dans la rue ne font reculer personne. C’est devenu la Bolivie… 

Tocqueville (Soljenitsyne confirmera avec le tsarisme) ajoute que le régime devenu trop suave et gentil se fait exterminer. A contrario encore celui qui devient dictatorial est encensé, surtout en France où le bourgeois, le catho comme le retraité, adore traditionnellement la poigne, le képi.

Tocqueville, toujours dans son trop oublié Ancien Régime rappelle que le régime de Louis XIV pouvait commettre n’importe quelle monstruosité alors que l’on ne passa rien au mari de Marie-Antoinette :

« Une telle vue étonne ; l’histoire est toute remplie de pareils spectacles. Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue. Le Mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire. Tout ce qu’on ôte alors des abus semble mieux découvrir ce qui en reste et en rend le sentiment plus cuisant : le mal est devenu moindre, il est vrai, mais la sensibilité est plus vive. La féodalité dans toute sa puissance n’avait pas inspiré aux Français autant de haine qu’au moment où elle allait disparaître. Les plus petits coups de l’arbitraire de Louis XVI paraissaient plus difficiles à supporter que tout le despotisme de Louis XIV. Le court emprisonnement de Beaumarchais produisit plus d’émotion dans Paris que les Dragonnades. »

Je ne sais plus quel libertarien disait que tout va bien quand l’Etat a peur de ses citoyens, et pas les citoyens de l’Etat ; nous n’y sommes pas, et la conséquence de tout cela n’est pas la révolte mais la soumission aux bras armés du néolibéralisme étatisé. Je ne répéterai pas la phrase de Céline sur les Français parfaitement enthousiastes à la veille de la plus grosse raclée de leur histoire. Je citerai la chanson de Boris Vian plutôt : « ils cassent le monde… Il en reste assez pour moi. »

NICOLAS BONNAL

Sources :

  • Nietzsche – Volonté de puissance
  • Tocqueville – L’Ancien régime et la révolution
  • Guy Sorman – La révolution conservatrice américaine

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Hegemon américain: le chant des sirènes

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Hegemon américain: le chant des sirènes

 
 
par Pepe Escobar
Ex: http://www.zejournal.mobi

Une grande partie de l’Occident libéral considère l’interprétation américaine de la civilisation comme une sorte de loi immuable de la nature. Mais, et si cette interprétation était au bord d’une rupture irréparable ?

Michael Vlahos a exposé que les États-Unis ne sont pas un simple État-nation mais un « leader de système » (un "hegemon") – « une puissance civilisationnelle comme Rome, Byzance et l’Empire ottoman ». Et, faut-il ajouter, la Chine – qu’il n’a pas mentionnée. Un leader de système est « un cadre identitaire universaliste lié à un État. Cette position est utile car les États-Unis possèdent clairement ce cadre identitaire aujourd’hui ».

414CnrU9NyL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgDans un essai virulent, Alastair Crooke, notre indéfectible allié issu du renseignement, approfondit la manière dont cette « vision civilisationnelle » a été « déployée avec force à travers le monde » comme une expression inévitable de la Destinée manifeste [1] des Américains : non seulement politiquement – avec tout l’attirail de l’individualisme et du néo-libéralisme occidentaux, mais aussi en combinaison avec « les valeurs du judéo-christianisme ». [2]

Crooke note également à quel point l’élite du pays croit dur comme fer que sa victoire dans la Guerre froide a « affirmé de façon spectaculaire » la supériorité de la vision civilisationnelle américaine.

Eh bien, la tragédie post-moderne – du point de vue des élites américaines – est que cela pourrait bientôt ne plus être le cas. La sordide guerre civile qui fait rage à Washington depuis trois ans – avec le monde entier comme spectateurs stupéfaits – a encore accéléré le malaise.

Souvenons-nous de la Pax Mongolica

Il est inquiétant de constater que la Pax Americana est peut-être condamnée à une existence historique plus courte que la Pax Mongolica – créée après que Gengis Khan, le chef d’une nation nomade, eut entrepris de conquérir le monde.

Genghis a d’abord investi dans une offensive commerciale pour s’emparer des Routes de la Soie, écrasant les Kara-Kitais du Turkestan oriental, conquérant le Khorezm islamique et annexant Boukhara, Samarcande, la Bactriane, le Khorassan et l’Afghanistan. Les Mongols ont atteint la périphérie de Vienne en 1241 et l’Adriatique un an plus tard.

Cette superpuissance de l’époque s’étendait du Pacifique à l’Adriatique. Il est difficile de s’imaginer le choc pour la Chrétienté occidentale. Le pape Grégoire X n’avait qu’une seule idée, qui étaient ces conquérants du monde et pouvaient-ils être christianisés ?

Parallèlement, seule une victoire des Mamelouks égyptiens en Galilée, en 1260, a sauvé l’Islam d’une annexion à la Pax Mongolica.

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La Pax Mongolica – une puissance unique, organisée, efficace et tolérante – a coïncidé historiquement avec l’âge d’or des Routes de la soie. [3] Kubilai Khan – le maître de Marco Polo – voulait être plus chinois que les Chinois. Il voulait prouver que les conquérants nomades, devenus sédentaires, pouvaient apprendre les règles de l’administration, du commerce, de la littérature et même de la navigation.

Pourtant, à la mort de Kubilai Khan, l’empire s’est fragmenté en khanats rivaux. L’Islam en a tiré profit. Tout a changé. Un siècle plus tard, les Mongols de Chine, de Perse, de Russie et d’Asie centrale n’avaient déjà plus rien à voir avec leurs ancêtres cavaliers.

Un saut dans le jeune XXIe siècle montre que l’initiative, historiquement, se trouve à nouveau du côté de la Chine, à travers le Heartland et le Rimland. Les entreprises qui changent le monde et les règles du jeu ne sont plus originaires d’Occident, comme ce fut le cas du XVIe siècle à la fin du XXe siècle.

Malgré tous les vœux pieux pour que le coronavirus fasse dérailler le « siècle chinois », qui sera en fait le siècle eurasiatique, et au milieu du tsunami myope de la diabolisation des nouvelles Routes de la soie, il est toujours facile d’oublier que la mise en œuvre d’une myriade de projets chinois n’a même pas encore commencé.

C’est en 2021 que tous ces corridors et axes de développement continental devraient s’accélérer à travers l’Asie du Sud-Est, l’océan Indien, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest, la Russie et l’Europe, parallèlement à la Route maritime de la soie, qui prépare un véritable collier de perles eurasiennes, de Dalian [en Chine, NdT] jusqu’au Pirée en passant par Trieste, Venise, Gênes, Hambourg et Rotterdam.

Pour la première fois depuis deux millénaires, la Chine est en mesure de combiner le dynamisme de l’expansion politique et économique à la fois sur le plan continental et maritime, ce que l’État n’avait pas connu depuis le court périple expéditionnaire mené par l’amiral Zheng He dans l’océan Indien, au début du XVe siècle. L’Eurasie, dans un passé récent, vivait sous le joug colonial occidental et soviétique. Aujourd’hui, elle passe à la multipolarité – dans une série de permutations complexes et évolutives emmenées par la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, l’Inde, le Pakistan et le Kazakhstan.

Aucun des acteurs ne se fait d’illusions sur les obsessions du « leader du système » : empêcher l’Eurasie de s’unir sous une seule puissance – ou une coalition telle que le partenariat stratégique Russie-Chine ; veiller à ce que l’Europe reste sous l’hégémonie des États-Unis ; empêcher l’Asie du Sud-Ouest – le « Grand Moyen-Orient », si vous préférez – d’être liée aux puissances eurasiennes ; et empêcher par tous les moyens la Russie-Chine d’avoir un accès facile aux voies maritimes et aux corridors commerciaux.

Le message de l’Iran

Pendant ce temps, un soupçon s’installe : le plan de l’Iran, en écho à la guerre du Donbass de 2014, pourrait consister à aspirer les néocons américains dans un chaudron à la russe, [4] au cas où leur obsession du changement de régime deviendrait encore plus hystérique.

Il existe une possibilité sérieuse pour que, sous pression maximale, Téhéran abandonne définitivement le JCPOA ainsi que le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), invitant ainsi ouvertement une attaque américaine.

En l’état actuel des choses, Téhéran a envoyé deux messages très clairs. La précision de l’attaque de missiles sur la base américaine d’Ayn Al-Asad en Irak, en réponse à l’assassinat ciblé du général de division Qassem Soleimani, signifie qu’aucune base du vaste réseau militaire américain n’est désormais invulnérable.

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Et le brouillard des dénis de non-déni qui entoure la destruction du Battlefield Airborne Communications Node de la CIA (BACN) – essentiellement un nid à espions volant – à Ghazni, en Afghanistan, est également porteur d’un message.

La star de la CIA Mike d’Andrea, connu sous les noms « Ayatollah Mike », le « Croque-mort », le « Prince noir », ou tout ce qui précède à la fois, peut ou non avoir fait partie des victimes. Indépendamment du fait qu’aucune source du gouvernement américain ne confirmera ou ne niera jamais que l’Ayatollah Mike soit mort ou vivant, ou même qu’il existe, le message reste le même : vos soldats et vos espions sont également vulnérables.

Depuis Pearl Harbor, aucune nation n’avait osé prendre de haut le leader du système de façon aussi flagrante que l’a fait l’Iran en Irak. Vlahos a mentionné une chose que j’ai pu constater par moi-même en 2003, à savoir que « les jeunes soldats américains qualifiaient les Irakiens ‘d’Indiens’, comme si la Mésopotamie était le Far West ». La Mésopotamie est l’un des principaux berceaux de la civilisation telle que nous la connaissons. Eh bien, en fin de compte, les 2 000 milliards de dollars dépensés pour bombarder l’Irak en vue d’y apporter la démocratie n’ont pas joué en faveur de la vision civilisationnelle du « leader du système ».

Les sirènes et la dolce vita

Ajoutons maintenant de l’esthétique à notre politique « civilisationnelle ». Chaque fois que je visite Venise – qui est en elle-même un reflet vivant de la fragilité des empires et du déclin de l’Occident – je choisis certaines étapes des Cantos, le chef-d’œuvre d’Ezra Pound.

En décembre dernier, après de nombreuses années, je suis retourné à l’église Santa Maria dei Miracoli, également connue sous le nom de « La boîte à bijoux », qui joue un rôle de premier plan dans les Cantos. En arrivant, j’ai dit à la signora gardienne que j’étais venu pour voir « Les sirènes ». Avec un sourire complice, elle a éclairé mon chemin le long de la nef jusqu’à l’escalier central. Et elles étaient là, sculptées sur des piliers des deux côtés d’un balcon : « des colonnes de cristal, des acanthes, des sirènes sur les chapiteaux », comme on peut le lire dans le Canto 20.

monumento_funebre_al_doge_andrea_vendramin_02.jpgCes sirènes ont été sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, fils de Pietro Lombardo, maîtres vénitiens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle – « et Tullio Romano a sculpté les sirènes, comme le dit l’ancienne gardienne : de sorte que depuis lors, personne n’a pu en sculpter d’autres pour la boîte à bijoux, Santa Maria dei Miracoli », comme on peut le lire dans le Canto 76.

Pound s’est trompé sur les noms des créateurs des sirènes, mais là n’est pas la question. La question est la façon dont Pound voyait les sirènes comme l’incarnation d’une culture forte – « la perception de tout un âge, d’une accumulation de savoirs et d’une séquence de causes, est entrée dans un assemblage de détails dont il serait impossible de parler en termes de portée », comme l’écrit Pound dans Guide to Kulchur.

Autant que ses chefs-d’œuvre chéris de Giovanni Bellini et Piero della Francesca, Pound a bien compris que ces sirènes étaient l’antithèse de l’usura – « l’art » de prêter de l’argent à des taux d’intérêt exorbitants, qui non seulement prive une culture du meilleur de l’art, comme le décrit Pound, mais qui est aussi l’un des piliers de la financiarisation et de la marchandisation totales de la vie elle-même, un processus que Pound avait brillamment prévu lorsqu’il a écrit dans Hugh Selwyn Mauberley que, « toutes les choses sont en perpétuel changement, a dit le Sage Héraclite ; mais une vulgarité bon marché régnera tout au long de nos jours.” [5]

aff_dolce_vita-1.jpgLa dolce vita aura 60 ans en 2020. Tout comme les sirènes de Pound, le tour de force aujourd’hui légendaire de Fellini à Rome est comme un palimpseste en celluloïd noir et blanc d’une époque révolue, la naissance des Swingin’ Sixties. Marcello (Marcello Mastroianni) et Maddalena (Anouk Aimée), impossiblement cool et chic, apparaissent comme la dernière femme et le dernier homme avant le déluge de « vulgarité bon marché ». À la fin, Fellini nous montre Marcello désespéré par la laideur et, oui, la vulgarité qui s’immiscent dans son magnifique mini-univers – l’esquisse de la culture trash fabriquée et vendue par le ‘leader du système’ qui allait rapidement nous engloutir tous.

Pound était un non-conformiste américain humain, trop humain, au génie classique débridé. Le ‘leader du système’ l’a mal interprété, l’a traité en traître, l’a mis en cage à Pise et l’a envoyé dans un hôpital psychiatrique aux États-Unis. Je me demande encore s’il a pu voir et apprécier La dolce vita dans les années 1960, avant de mourir à Venise en 1972. Après tout, il y avait un petit cinéma à quelques pas de la maison de la rue Querini, où il vivait avec Olga Rudge.

« Marcello ! » Nous sommes encore hantés par le chant de sirène d’Anita Ekberg, debout dans la Fontana di Trevi. Aujourd’hui, toujours otages de la vision civilisationnelle du ‘leader du système’ en déliquescence, nous réussissons à peine à jeter, comme l’a mémorablement écrit TS Eliot, « un demi-regard en arrière, par-dessus notre épaule, vers la terreur primitive ».

Traduction et introduction Entelekheia

Note de la traduction:

[1] Sur la « Destinée manifeste », doctrine fondatrice des USA, voir l’article : Aux origines de l’exceptionnalisme des USA : la « Destinée manifeste »

[2] « les valeurs du judéo-christianisme » : en fait, les valeurs protestantes. Voir à ce sujet Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905), en libre téléchargement ici. 

[3] L’entreprise commerciale historique des « Routes de la soie » (IIe siècle av.J.C. – XIVe siècle après J.C.) s’appelait encore récemment la Route de la soie, au singulier. Mais sa réouverture par Xi Jinping a fait émerger un problème : le public la voyait comme une route unique, de Chine jusqu’au cœur de l’Europe, et non comme ce qu’elle était en réalité, un réseau dense de routes, de relais, de carrefours et de pistes caravanières étendues à partir de Chine sur toute l’Asie centrale, l’Europe centrale et le Moyen-Orient. De sorte que le pluriel a été adopté pour mieux la définir.

[4] Le chaudron à la russe est une tactique militaire qui consiste à prendre l’adversaire en tenaille, puis à l’encercler. Elle a été notamment illustrée par la bataille de Debaltsevo, dans le Donbass ukrainien en 2015, où les armées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avaient piégé des centaines de soldats de l’armée de Porochenko dans un chaudron de ce type.

[5] Selon le pré-socratique Héraclite (fin du VIe siècle av. J.-C.), rien n’était immuable, toutes choses étant soumises à des changements continuels. Pour Pound donc, dans le monde à venir qu’il prévoyait au début du XXe siècle, seule la vulgarité bon marché allait être immuable.

samedi, 15 février 2020

Jean-François Fiorina s’entretient avec Olivier Zajec

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Jean-François Fiorina s’entretient avec Olivier Zajec

Ex: http://notes-geopolitiques.com

Constamment mise à jour et rééditée, l’Introduction à l’analyse géopolitique d’Olivier Zajec (Le Rocher, 2018), publiée pour la première fois en 2013, est en passe de devenir un classique, et son auteur l’une des figures universitaires marquantes de sa génération.

Très impliqué dans la réflexion stratégique, c’est aussi un pédagogue qui excelle dans l’art de sensibiliser le grand public aux questions complexes, comme l’illustre son superbe album de 2017, Frontières (Chronique Editions).

Il n’en était que plus indiqué pour nous parler de son parcours, de sa vision de la géopolitique, et des évolutions que connaît cette discipline, instrument indispensable, résume-t-il, pour « saisir l’alterité » et comprendre les transformations du monde.

Comment en êtes-vous venu à la géopolitique, puis avez-vous choisi d’orienter votre enseignement vers cette discipline ?

Je suis venu à la géopolitique par l’histoire (maîtrise puis agrégation), avant de choisir la science politique comme enseignant-chercheur, à l’issue de ma thèse.

Plus j’enseigne la géopolitique et les Relations internationales, que ce soit à mes étudiants de master à Lyon 3, ou aux officiers dans les écoles de guerre, en France comme à l’étranger, et plus le socle historique m’apparaît comme indispensable.

En règle générale, les géopoliticiens qui ne se préoccupent que d’économie ou de science politique – pour ne rien dire de ceux qui ont un agenda purement idéologique – ont tendance à privilégier les dynamiques par rapport aux inerties, même inconsciemment.

La géopolitique est l’art de pondérer ces deux forces, en tenant compte des conditionnements culturels et spatiaux.

L’histoire, qui donne l’intuition de la longue durée, de ce qui est « lent à couler, à se transformer », comme l’écrivait Braudel, est donc l’une des ancres référentielles majeures de la géopolitique.

Il n’y a pas d’analyse socio-spatiale utile sans prise en compte de la longue durée.

Pour comprendre notre monde, où s’entremêlent sans cesse passé et présent, mémoires et espoirs, coopération et compétition, peut-être vaut-il mieux lire René Grousset que Robert Kaplan.

Vous avez consacré votre thèse à Nicholas Spykman. Sa pensée ou à tout le moins sa méthode d’analyse sont-elles toujours utiles aujourd’hui ?

63318573_14150726.jpgSpykman est un personnage assez fascinant. De nombreux auteurs de géographie politique le classent parmi les géopoliticiens « matérialistes », uniquement préoccupés de quantification des facteurs de force, en particulier militaires, et obnubilés par les déterminismes liés à la localisation des acteurs étatiques.

Tous les manuels répètent ce topos. C’est malheureusement une perspective complètement faussée, qui montre à quel point l’historiographie des concepts et théories géopolitiques est parfois mal connue en France, malgré les travaux récents de Martin Motte, de Pascal Vénier, de Florian Louis, de Philippe Boulanger et d’autres auteurs.

L’originalité de Spykman réside en premier lieu dans sa formation sociologique, laquelle prend racine dans la thèse de doctorat qu’il consacre à la sociologie de Georg Simmel en 1923, et qui fut lue avec profit dans l’entre-deux guerres par de nombreux sociologues, philosophes et spécialistes de relations internationales, parmi lesquels le jeune Aron, comme je l’ai montré dans une biographie publiée en 2016.

Cette culture sociologique, fondée sur une intégration fonctionnelle des interactions, des distances et du conflit, contribue à faire de Spykman un cas singulier chez les politistes et les « géopoliticiens » de l’entre-deux guerres : « Je suis, répétera-t-il souvent, un théoricien social, l’un de ceux qui adaptent un peu de leur théorie sociale dans le domaine des relations internationales… »

Spykman, en raison de son éducation au regard sociologique, sera de fait l’un des rares pionniers des Relations internationales à penser le mot relations au même titre que le mot international.

C’est extrêmement moderne, presque constructiviste, et cela se passe à la fin des années 1920 !

La géopolitique de ce globe-trotter polyglotte est en réalité une géo-sociologie, une modélisation socio-spatiale qui fait la différence entre l’aspect quantitatif de la force, et l’aspect qualitatif de la puissance.

Son concept de « rimland », par exemple, privilégie l’équilibre à l’opposition. Contrairement à ce que répètent les manuels à ce propos, c’est Mackinder, beaucoup plus que Spykman, qui inspire le containment de la Guerre froide.

Spykman est mort prématurément en 1943. En quoi est-il utile dans le monde multipolaire qui est déjà le nôtre ?

D’abord, par sa méthode. Pour lui, la géostructure demeure bien la plus permanente des réalités de la politique internationale.

Mais il est également le premier, des décennies avant la Critical Geopolitics, à faire reposer sa théorie des Relations internationales sur un socle « social ». C’est d’une géopolitique interstitielle et contextualisée de ce type dont nous avons aujourd’hui besoin, me semble-t-il. La géopolitique n’est pas une « science » déterministe.

C’est une méthode d’approche des conditionnements de la scène internationale.

Elle nous suggère des modèles, plutôt que de nous imposer des lois. C’est cette approche dont Spykman a été le pionnier négligé.

Redécouvrir la géopolitique à travers son regard est extrêmement enrichissant.

Par quels autres auteurs, anciens ou actuels, avez-vous été marqué ?

Bien entendu, en matière de géopolitique, il faut connaître et redécouvrir les « classiques » : Ratzel, Mackinder, Mahan, Haushofer, pour s’apercevoir tout à la fois de la richesse de leur pensée (les Allemands, Ratzel surtout, ont été caricaturés) mais également… de leurs limites. Mahan n’est pas très profond, il a beaucoup emprunté.

Mackinder a un regard qui embrasse les continents et brasse les époques, mais son anglo-centrisme outré lui fait exagérer la dichotomie terre-mer d’une manière excessive.

Les auteurs les plus intéressants, anciens ou nouveaux, sont pour moi ceux qui se situent généralement aux marges de la géopolitique.

Par exemple le sociologue Robert Park et son concept de Human Ecology, l’approche d’économie géographique de l’économiste Paul Krugman, ou le travail pionnier et extrêmement pénétrant réalisé sur les frontières par le géographe Michel Foucher.

Pour la synthèse entre géopolitique et stratégie, Coutau-Bégarie doit être lu et relu, car nul n’est plus clair et synthétique.

Le terme « géopolitique » est aujourd’hui très utilisé, souvent de manière extensive, et parfois abusive. Tout ne se résume pas à la géopolitique. A contrario, certains auteurs considèrent aujourd’hui que la mondialisation, parce qu’elle ôte de l’influence aux Etats, donc relativise l’importance politique du territoire, rend la géopolitique, sinon obsolète, en tout cas moins légitime. Comment vous situez-vous dans ce débat ? Et d’une manière générale, dans quelle(s) direction(s) la géopolitique évolue-t-elle aujourd’hui ?

71skiYG2LXL.jpgL’interdépendance économique est certes une réalité. Elle l’était aussi à la veille de 1914.

Son extension ne vaut nullement garantie d’un futur pacifique. Ainsi que le rappelait Hassner dans une optique tout aronienne, « l’universalité ne saurait faire fi de la pluralité, le cosmopolitique de l’interétatique, donc de la rivalité et du conflit ».

La géopolitique a un bel avenir devant elle, contrairement à certaines théories performatives à obsolescence programmée qui promettent, semble-t-il, de disparaître avec les cohortes les plus idéologisées de la génération du baby-boom.

Les années 1990-2000 ont été marquées par une illusion intellectuelle, parfois fortement polarisée idéologiquement.

Après avoir diagnostiqué la fin de la géographie (O’Brien), de l’histoire (Fukuyama), ou des frontières (Ohmae), les analystes transnationalistes ou libéraux-institutionnalistes semblent aujourd’hui sur la défensive.

Sans sous-estimer la force des phénomènes globaux de convergence normative, il nous faut effectivement constater que, dans la société internationale contemporaine, les dynamiques de différenciation politiques semblent bien progresser au rythme même des dynamiques d’uniformisation technologiques.

Je fais souvent la comparaison avec le processus de mise à feu thermonucléaire, fondé sur la fission-fusion : nous voyons en effet à l’oeuvre dans la géopolitique mondiale une concomitance de la fusion globale (économique, financière et technologique) et des fissions locales (culturelles et identitaires).

La première s’accélère, les autres se multiplient. Mal régulé, ce mélange peut libérer des forces explosives d’une intensité accrue.

Le plus urgent, pour préserver la paix, est sans doute de considérer avec attention les mutations dynamiques de la structure internationale actuelle, en estimant à leur juste poids les agendas politiques et culturels des acteurs qui la polarisent.

Certains auteurs voudraient que le monde à venir ne soient fait que de lieux et d’espaces interconnectés d’où les appartenances auraient quasi-disparu.

C’est une dangereuse illusion, qui sous-estime la centralité renouvelée du politique dans notre monde réticulé où la connexion, je le répète souvent aux étudiants, n’est pas forcément le lien.

Entre le local et le global, il y aura toujours des territoires politiquement appropriés, représentés et défendus par des États.

Ces derniers utiliseront le droit et la technologie comme des instruments et non des fins en soi, de manière à augmenter leur influence et densifier leur puissance, au nom de leur autonomie stratégique et de leur liberté d’action.

C’est la raison pour laquelle la géopolitique est aussi intéressante : interprétative et non explicative, elle permet de tempérer nos projections, en modélisant les conditionnements qui agiront sur les matrices de coopération, de compétition et d’opposition de cette nouvelle scène internationale.

En ce sens, les analyses que l’on pourrait appeler « statophobes » voilent la réalité des relations internationales.

Il y a, me semble-t-il, un immense désir d’État dans le monde. Mais des États réformés. Représentatifs. Respectueux de leurs peuples. Que veulent d’ailleurs ces derniers ?

Une connexion au niveau global qui ne détériore pas le respect de leur identité au niveau local.

L’État, à la charnière du global et du local, est donc consubstantiel à la mondialisation, parce que dans un monde accéléré, on attend de lui qu’il assure la paix et la sécurité sur un territoire, en produisant du commun plutôt que de se soumettre aux seules lois du marché.

Sur ce point de la place des États dans la mondialisation, vous avez parfaitement raison de dire que tout ne se résume pas à la géopolitique. Il faut aussi, entre autres, se tourner vers la théorie des relations internationales.

Comme le rappelle ainsi avec raison Michael Williams, reprenant en cela des avertissements similaires du constructiviste Alexander Wendt, « Il est important de noter que l’État demeure une limite – non la limite de la communauté politique. Reconnaître la centralité continue des acteurs étatiques n’empêche en aucune manière le développement – et l’étude analytique – d’autres formes d’ordres, d’institutions, de solidarités transversales et de transformations par-delà les frontières ».

affolement-monde-beandeau.pngDans son récent essai, L’affolement du monde, Thomas Gomart dit que nous vivons un moment « machiavélien », au sens où l’analyse des rapports de force, qui était passée au second plan à l’ère des grandes conférences sur le désarmement, reprend une importance fondamentale dès lors que les trois principales puissances, Etats-Unis, Russie et Chine, réarment comme jamais. Après avoir contribué à stabiliser le monde, ce que le général Gallois appelait « le pouvoir égalisateur de l’atome » est-il en train de devenir obsolète ?

L’analyse de Thomas Gomart est fondamentalement juste. Il faut également lire les développements qu’il a récemment consacrés à la notion d’intérêt national.

En étant sur une ligne pour l’essentiel complémentaire, j’aurais simplement tendance à dire que le moment que nous vivons est sans doute autant « clausewitzien » que « machiavélien ».

Machiavel raisonne en termes de rapports de force transactionnels. Il faut le compléter avec les aspects interactionnels de la théorie réaliste de la guerre clausewitzienne. Celle-ci ne peut pas être restreinte à la stratégie dite « classique ».

Relire Clausewitz, c’est comprendre l’importance de distinguer, pour reprendre son expression, les genres de guerres dans lesquels s’engagent ou auxquelles se préparent les États, et les relations stratégiques qui en découlent au niveau international.

Ceux qui ont négligé Clausewitz pendant la parenthèse idéaliste des années 1990-2000 ont eu tendance à oublier que De la Guerre était un ouvrage de théorie sociale, fondée non pas sur les seuls rapports de force, mais sur la dialectique des intérêts et des volontés.

Et précisément, la dissuasion nucléaire est une dialectique, avant d’être un rapport de force. Les Français l’ont parfaitement compris avec leur concept de stricte suffisance.

La dissuasion reste plus que jamais pertinente et stabilisatrice dans le monde qui vient. Simplement, elle ne peut pas résoudre tous les problèmes.

Sous la voûte nucléaire qui nous garantit des guerres absolues, un considérable espace de conflits potentiels – y compris de guerres majeures – demeure, qu’il faut anticiper et auxquels il faut se préparer en renforçant l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe.

Que peut apporter une culture géopolitique aux futurs managers qui auront à évoluer dans une économie mondialisée ?

Le sens des permanences, qui seul donne l’intelligence des transformations. Et je ne vois pas d’aptitude professionnelle qui soit plus précieuse aujourd’hui.

Que faudrait-il enseigner concrètement aux étudiants en matière de géopolitique ?

Je constate depuis une dizaine d’années, à l’occasion des cours et des conférences que je donne en stratégie, géopolitique ou relations internationales, que le niveau de culture historique, artistique, religieuse et surtout littéraire décroît de manière dramatique. Ce n’est pas un lamento régressif.

C’est un fait brut, massif, inquiétant. Or, il ne peut y avoir de compréhension, d’interprétation, de saisie de ce qui porte l’autre, de ses traumatismes historiques, de ce qui l’attache à un territoire, sans prise en compte de sa matrice spirituelle, de ses modes de représentation du bien et du mal, du beau et du laid, du juste et de l’injuste.

On ne saisit pas la spécificité iranienne sans connaître sa poésie millénaire. Balzac permet toujours de comprendre ce pays déconcertant qu’est la France. Kennan – l’un de mes auteurs préférés – conseillait au Département d’Etat de lire Tchekhov plutôt que les briefs de la CIA pour mieux comprendre les Russes.

Sans les humanités, nous analysons à vide.

9782707178329.jpgDu point de vue des apprentissages, la « géopolitique » n’y fera rien, ni l’économie, ni la « communication ».

Le rejet de la culture générale dans les écoles qui forment les élites françaises est une stupidité sans nom. L’économie, le marketing, sont importants. Mais c’est la culture, pas l’économie, qui nous empêche de nous jeter les uns sur les autres.

La culture n’est pas un produit de nos déterminismes sociaux, elle n’est pas un outil de reproduction de ces derniers, c’est au contraire ce qui permet de leur échapper. Elle est tout ce qui peut parfois paraître inutile de prime abord.

Mais c’est cette culture générale qui donne son prix à une analyse géopolitique, à une dissertation d’économie, à un policy paper de think-tank, parce qu’elle permet de lever le nez des chiffres ou des oracles liés aux taux de croissance, au débit internet, ou au nombre de porte-avions.

Je conseillerais aux étudiants en géopolitique de ne pas utiliser exclusivement les méthodologies instrumentales et quantifiées qu’on leur présente parfois comme plus efficaces, et d’investir aussi dans les outils d’analyse qui permettent d’approfondir l’inquantifiable des vies humaines.

Simone Weil avait saisi cette dimension lorsqu’elle écrivait que « La perte du passé, collective ou individuelle, est la grande tragédie humaine, et nous avons jeté le nôtre comme un enfant déchire une rose. C’est avant tout pour éviter cette perte, concluait-elle, que les peuples résistent désespérément à la conquête. »

Lire cette phrase, la retenir, la méditer, permet de mieux comprendre la raison pour laquelle un petit pays peut résister à un grand pendant si longtemps.

La géopolitique, méthode d’approche multidisciplinaire des Relations internationales, permet de mieux saisir l’altérité.

À condition de l’ouvrir à l’histoire et à la littérature : celles-ci nous fournissent les clés d’un passé qui, en transmettant ce qui fut, nous murmure parfois ce qui sera.

Comment a été reçu votre dernier livre ?

Frontières, paru en 2017, a été bien reçu. Je suis très fier que l’Armée de terre l’ait distingué par le prix « L’Épée ».

Mieux nous comprendrons la nécessité fonctionnelle et indépassable des frontières, moins il y aura de murs dans le monde.

Faire de la géopolitique, c’est également, me semble-t-il, comprendre ce type de paradoxes.

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Pour en savoir plus sur Olivier Zajec:

Olivier Zajec, 43 ans, est maître de conférences en science politique à la faculté de droit de l’université Jean Moulin – Lyon III (EA 4586), où il a fondé et dirige l’Institut d’études de stratégie et de défense (IESD).

Agrégé et docteur en Histoire des relations internationales (Paris-IV Sorbonne), diplômé de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr et de Sciences-Po Paris, il est membre du Conseil scientifique et chef du cours de géopolitique de l’École de Guerre (Paris) depuis 2015.

Conférencier à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN), à Paris Sorbonne Université Abou Dhabi (PSUAD) et au Centre des Hautes Études Militaires (CHEM), il est chargé de recherches à l’Institut de Stratégie Comparée (ISC, Paris) et directeur adjoint de la revue Stratégique.

En même temps, il collabore régulièrement à diverses publications de défense et de relations internationales : Le Monde diplomatique, Défense et sécurité internationale (DSI), Res Militaris, Conflits, La Revue de Défense nationale.

Il prépare actuellement un ouvrage consacré aux fonctions politiques de la guerre dans les relations internationales.

Olivier Zajec est l’auteur de nombreux articles et de divers ouvrages, dont :

La Mesure de la Force. Traité de stratégie de l’École de Guerre, (avec Martin Motte, Jérôme de Lespinois et Georges-Henri Soutou), Paris, Tallandier, avril 2018 (voir CLES, HS 81, janvier 2019, notre entretien avec Martin Motte) ;

Frontières. Des confins d’autrefois aux murs d’aujourd’hui, Paris, Éditions Chronique, septembre 2017 (Prix « L’Épée » 2018) ;

French Military Operations, dans Hugo Meijer and Marco Wyss (dir.), The Handbook on European Armed Forces, Oxford University Press ;

La formation des élites militaires : un enjeu de politique publique, Stratégique, n° 116, août 2017 ;

Introduction à l’analyse géopolitique. Histoire, outils, méthodes, quatrième édition revue et augmentée, Paris, Éditions du Rocher, septembre 2018 ;

La formation des élites militaires : un enjeu de politique publique, Stratégique, n° 116, août 2017 ;

Hyperconnectivité et souveraineté : les nouveaux paradoxes opérationnels de la puissance aérienne, Défense et sécurité internationale, septembre 2017 ;

Security studies et pensée stratégique française : de la vision globale à la myopie contextuelle, Res Militaris. Revue européenne d’études militaires, hors-série France : opérations récentes, enjeux futurs, décembre 2016 ;

Nicholas J. Spykman, l’invention de la géopolitique américaine, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, mars 2016 (Prix Albert Thibaudet 2016) ;

Carl von Clausewitz en son temps : die Natur des Mannes, lecture critique de Bruno Colson, Clausewitz, Paris, Perrin, 2016, Stratégique, n° 114, décembre 2016.

vendredi, 14 février 2020

Rééduquer l'homme occidental

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Rééduquer l'homme occidental

Par Mathieu BOCK-CÔTÉ

Ex: https://metainfos.fr

Dans L’Homme surnuméraire, un roman paru en 2018, Patrice Jean a eu l’intuition géniale de mettre en scène un personnage dont le travail consiste à réécrire les classiques de la littérature pour les rendre compatibles avec les valeurs de notre temps. Mais comme c’est trop souvent le cas, le réel vient de dépasser la fiction. Dans certaines maisons d’édition américaine, la tendance est à l’embauche des « sensitivity readers ». Leur rôle ? Réviser les manuscrits pour y traquer les préjugés raciaux ou les stéréotypes de genre et s’assurer d’une représentation positive de la diversité dans le texte publié, qu’il faudrait délivrer de l’emprise du « patriarcat blanc ». Parfaits commissaires politiques, ils lisent les œuvres à partir d’une grille idéologique et distribuent les bons et mauvais points. La littérature doit s’y soumettre ou se démettre.

On peine à ne pas penser à la censure aux temps de l’URSS : là aussi, les textes devaient passer sous les yeux des lecteurs du régime, qui s’assuraient de leur conformité avec l’idéologie officielle. L’art devait contribuer à la célébration du régime, et non en miner les fondements. La mobilisation des intellectuels et des artistes, perçus comme des « ingénieurs des âmes », était jugée nécessaire pour parachever la révolution dans l’imaginaire collectif. De même, aujourd’hui, dans plusieurs pays occidentaux, les subventions publiques dans le domaine de la culture sont attachées à des critères idéologiques explicites – il importe généralement d’assurer la promotion du vivre ensemble et de la diversité, pour le dire avec le jargon autorisé. C’est le retour de la littérature édifiante, au service d’une pédagogie à destination des masses.

Cette surveillance idéologique des productions culturelles est indissociable de la révolution diversitaire qui œuvre à la transformation des mentalités occidentales. On aurait tort de croire qu’elle se limite aux élucubrations théoriques d’universitaires. Elle a pénétré depuis longtemps administrations, entreprises et médias, qui intègrent à leurs activités nombre de « conseillers à la diversité », censés sensibiliser les cadres et les employés à la diversité, tout en les poussant à prendre conscience de leur « privilège blanc », pour mieux le déconstruire. Aucune société occidentale n’est épargnée. Il faudrait faire le décompte des séances de formation dans les milieux de travail pour constater l’étendue de son emprise. Voyons-y une forme de formatage idéologique permanent, pour pressuriser les consciences et assurer leur anesthésie ou leur soumission enthousiaste. Le régime diversitaire transforme la société en camp de rééducation à ciel ouvert.

L’autocritique théâtralisée devient une manière d’afficher sa noblesse morale dans un environnement où la haine du réactionnaire passe pour la forme achevée de l’amour de l’humanité. Mais c’est quand même avec étonnement qu’on a appris dans les pages du Guardian, ces derniers jours, que le marché de la culpabilisation de l’homme blanc, et plus particulièrement, de la femme blanche, était de plus en plus lucratif aux États-Unis. Des activistes « racisées » organisent de coûteux dîners en ville où se rassemblent des femmes blanches de la bonne société qui viennent s’y faire expliquer qu’elles sont racistes et comment ne plus l’être. On marchandise ainsi un sentiment de culpabilité médiatiquement entretenu. Ce désir d’être rééduqué relève de la névrose et témoigne de la destructuration psychique des sociétés occidentales, hantée par la haine de leur expérience historique.

On ne saurait sous-estimer la portée de cette entreprise de rééducation. À terme, il s’agit de faire basculer l’homme occidental dans un monde parallèle. Orwell disait que le propre du totalitarisme consiste à pousser l’homme à admettre que 2 + 2 = 5. De là une campagne de provocation permanente ayant pour vocation de déstabiliser définitivement les consciences et de détruire les repères anthropologiques les plus élémentaires. Même la classe politique s’y met. Quand Emmanuel Macron, selon Valeurs Actuelles, déclare à la présidente des Associations familiales catholiques, lors d’une conversation informelle à l’Élysée : « Votre problème, c’est que vous croyez qu’un père est forcément un mâle », il y participe, sans doute inconsciemment. Toujours, il s’agit de renverser les structures anthropologiques les plus fondamentales et de faire passer pour sot celui qui doute. C’est le règne de l’indifférenciation absolue et de l’interchangeabilité des êtres. Il est tentant d’assimiler ces exemples à des dérives loufoques, devant davantage faire rire qu’inquiéter. À tort. C’est en les pensant ensemble que se révèle l’ambition fondamentale du régime diversitaire : fabriquer un homme nouveau, arraché à sa civilisation, et désirant même la renier de manière ostentatoire, pour se faire enfin pardonner d’exister.

Source : Le Figaro – samedi 8 février 2020

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Les nouveaux paramètres de la guerre économique

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Les nouveaux paramètres de la guerre économique

 
Ex: http://notes-geopolitiques.com

L’entrepreneuriat se transforme au fil des évolutions géopolitiques du monde. Après les Trente Glorieuses, une nouvelle économie s’est développée à la vitesse du numérique, sur fond de mondialisation heureuse.

Les nouveaux échanges devaient répandre partout le capitalisme libéral et le modèle démocratique, associant « fin de l’histoire »  (1) et succès des entreprises. Très vite, le rêve s’est dissipé.

Et ont surgi de nouvelles fractures : antagonisme Nord / Sud, tensions religieuses, crise environnementale, réveil des empires endormis…

Aujourd’hui, c’est l’économie mondiale dans son ensemble qui est devenue le champ des affrontements entre puissances.

Dès lors, comment pour les entreprises se préparer à ces conflits inédits ?

Sur quel mode pratique former leurs dirigeants à la « guerre économique » ?

Au-delà des compétences techniques, n’est-il pas grand temps de donner toute sa place à la géopolitique, de réhabiliter la culture générale, de favoriser l’éclosion de vertus comme la lucidité et l’audace, bref de replacer l’humain au centre de la formation ?…

Entreprendre en temps de guerre… économique

« L’affrontement économique entre les Etats-Unis et la Chine remet en question beaucoup d’idées reçues depuis des décennies dans le monde académique comme dans le monde politique. L’idée d’un marché pacifié et régulé par des institutions internationales a dominé la réflexion sur l’économie mondiale pendant des décennies. Force est de constater que la réalité est tout autre. Les affrontements économiques sont au coeur des enjeux du monde contemporain. »

Ainsi Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’Ecole de guerre économique, ouvre-t-il la 3ème édition du Manuel d’intelligence économique (2).

Or, si le monde a vécu un basculement si violent, n’est-il pas temps de former nos élites à cette nouvelle configuration ?

Préfaçant un livre intitulé Former des cadres pour la guerre économique, Christian Harbulot précise sa pensée : « Le monde a changé. Le marché mondial est fracturé en deux mondes, matériel et immatériel ; en plusieurs blocs géoéconomiques de plus en plus agressifs ; en sociétés consuméristes qui divergent sur leur finalité sociétale. Autrement dit, il ne suffit plus d’être un futur patron centré sur le coeur de métier, passionné par les enjeux de l’innovation, affûté sur la connaissance du marché, remarqué par sa maîtrise des questions financières pour développer une entreprise. » (3)

Au coeur de toute formation, on trouve l’humain, confronté à la réalité du monde. Dès lors, quid de sa capacité à l’appréhender dans sa complexité, pour y détecter, sans a priori, tout à la fois les opportunités et les menaces ?

Résumons. Dans un contexte d’économie libérale, la concurrence appartient depuis toujours à la culture entrepreneuriale.

Encadrée par la loi, elle est censée favoriser la satisfaction des clients et la performance des entreprises.

Toute transgression d’une concurrence « claire et loyale » (corruption, monopole, ententes ou cartels, par exemple) est une faute économique sanctionnée par les pouvoirs publics.

Cependant, le processus de mondialisation a fait que la concurrence est passée du registre de la compétition commerciale à celui de la « guerre économique ».

Aujourd’hui, tous les coups sont permis.Les concurrents sont devenus des ennemis.

Dès lors, les entreprises peuvent faire les frais d’affrontements massifs, Etat contre Etat, comme ceux qui opposent actuellement les USA à la Chine ou à l’Iran.

Les armes utilisées sont essentiellement le contrôle des échanges, les droits de douane, la confiscation d’avoirs ou, plus brutale, l’interdiction de tout commerce avec l’Etat visé, diktat qui peut être étendu aux nations tierces, sous la menace de représailles.

L’interdit peut viser un produit ou une marque, (cf. Huawei aux USA), ou s’étendre à la totalité des transactions commerciales avec un Etat, comme l’embargo décidé par Donald Trump contre l’Iran, en mai 2018.

Quand un tel choix est fait par une puissance hégémonique, les entreprises du reste du monde sont sacrifiées.

Ainsi Airbus, Renault, Peugeot et Total, comme leurs sous-traitants, souvent des PME, ont-ils été contraints de renoncer à leurs investissements et à leurs activités en Iran, victimes collatérales d’un conflit dont leur pays d’origine n’est en rien partie prenante.

On comprend dès lors que la compréhension des configurations géopolitiques sans cesse mouvantes soit l’une des clés majeures à disposition des directions pour définir leurs stratégies et décliner leurs modes opératoires.

Mais en réalité, que peut faire une entreprise, même innovante, agile et performante, confrontée à l’arme de dissuasion (ou de destruction…) massive qu’est le principe d’extraterritorialité du droit américain ?

La Société Générale, le Crédit Agricole, BNP Paribas, Total, Alcatel et Technip ont dû accepter de payer des amendes colossales pour éviter de voir leurs activités bannies de tous les échanges internationaux.

Il s’agit bien ici d’une arme de guerre économique contre les entreprises françaises, lesquelles, comme le précisait la DGSI dans une note d’avril 2018, « font l’objet d’attaques ciblées, notamment par le biais de contentieux juridiques, de tentatives de captation d’informations et d’ingérence économique. »

Plus que jamais, il importe donc avant tout de jeter un regard lucide sur le monde et d’en finir avec la candeur qui conduit à l’erreur.

Un certain entrepreneuriat face au déni de réalité

Malheureusement, en France, les exemples de candeur entrepreneuriale ne manquent pas ! Pour s’en convaincre, examinons ces 100 cas d’intelligence économique (4), décortiqués récemment par une promotion d’étudiants sous l’égide de Nicolas Moinet, professeur à l’université de Poitiers, l’une des rares figures de l’intelligence économique dans le monde académique.

On découvre ainsi que l’Union des fabricants de calissons d’Aix est passée à deux doigts de devoir racheter sa propre marque à un industriel chinois aussi malin que cynique !

Ou que Thomson CSF s’est fait souffler en 1994 un important appel d’offres brésilien par l’américain Raytheon après que Bill Clinton en personne ait appelé les décideurs du Brésil pour leur signaler un cas de corruption.

Cet échec français embarrassant a mis en lumière les armes puissantes et discrètes des USA.

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En effet, les informations délictueuses – malheureusement exactes – avaient été « aspirées » par le système d’écoute Echelon, analysées par la NSA et fournies au Président américain.

Quant à l’entreprise française, elle avait été victime tant de ses mauvaises habitudes commerciales que de sa légèreté.

Une variante de ce scénario catastrophe économique s’est rejouée quand Alstom, fleuron industriel et stratégique, a été bradé à l’américain General Electric dans des conditions douteuses (voir note CLES HS83 de mars 2019).

Autre exemple, devenue leader mondial des cartes à puce, la PME Gemplus est passée sous contrôle d’un fonds d’investissement américain qui a nommé à sa tête Alex Mandl, ancien N°2 d’AT&T et administrateur d’In-Q-Tel, société de capital-risque gérée par la CIA !

Alain Juillet réussira à éviter ce « hold-up technologique » et créera Gemalto.

En revanche, la société Activcard, spécialisée dans les logiciels de gestion d’identité n’a pas su rester française : elle est passée avec son savoir-faire et ses brevets, sous contrôle du fonds de pension américain Fidelity, dirigé par Robert Gates, ancien directeur, bis repetita, de la CIA ! (5)

À ces quelques exemples, on mesure la force de frappe régalienne et les avantages concurrentiels extraordinaires dont bénéficient les entrepreneurs américains.

En revanche, note Robert Papin, l’un des premiers Français à avoir saisi cette dimension, « [si] l’économie a intégré le domaine de la guerre […], les Français abordent généralement cette réalité avec une inquiétante naïveté, à l’inverse de leurs concurrents américains, chinois ou britanniques dont la maîtrise dans la captation de données sensibles ou de technologies se nourrit de l’aveuglement de certains de leurs concurrents, au premier rang desquels les Français, dont la candeur est aussi appréciée que les compétences. » (6)

Or la géopolitique intègre bien évidemment la dimension « intelligence culturelle », qui permet de cerner au plus près les différences entre pays en matière de modèle éducationnel ou social, religieux ou philosophique.

Preuve que la culture générale fait partie intégrante du bagage intellectuel du manager, bagage qu’il lui incombe de faire croître et fructifier tout au long de sa vie.

Apprendre un nouvel « art de la guerre » entrepreneurial

On le voit, le nouveau contexte économique mondial a fait évoluer le métier d’entrepreneur par addition de nouveaux besoins en compétences. Mais certains ont raté la marche.

Ainsi, la généralisation du numérique et d’internet ont entraîné des disruptions explosives dans des secteurs entrepreneuriaux solidement établis.

Kodak a disparu faute d’avoir adopté le numérique, BlackBerry et Rank-Xerox pour n’avoir pas adopté les standards internationaux.

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Plus près de nous, Airbnb attaque de plein fouet le secteur hôtelier, Deliveroo la restauration, Uber les transports individuels et Amazon les entreprises de distribution.

Quant aux big data et à l’intelligence artificielle, elles annoncent déjà de prochaines batailles pour des marchés énormes en même temps que stratégiques dans les développements militaires, les activités médicales, les transports, la sécurité et les services.

Ces nouveaux affrontements s’accompagneront de nouvelles formes d’entrepreneuriat, donc de nouvelles qualités et de nouvelles compétences.

Il va de soi que la vigilance, l’intuition et la modestie devant le réel resteront encore longtemps dans l’ADN entrepreneurial.

Mais le courage du « corsaire », capable de s’affranchir des routines, des conforts, des modèles, voire des règles, va certainement devenir un atout dans un monde où la guerre a définitivement envahi l’économie.

Spécialiste en communication, Mathilde Aubinaud évoque ainsi le parcours de quelques entrepreneurs audacieux qui ont fait le pari de la singularité (7).

Mais l’audace peut-elle être un objet d’enseignement dans les écoles de management comme c’est le cas pour la géopolitique ?

Sans doute moins par la théorie que par l’exemple !

De fait, une fois intégré ce paramètre sur un mode théorique, il revient à chaque entrepreneur d’inventer son « art de la guerre », qui sera d’abord un art d’oser, reposant tout à la fois sur l’intelligence des situations, la lucidité, le courage, la capacité à agir et à penser autrement…

Et là encore, c’est le principe de réalité qui doit primer.

A cet égard, il n’est inutile d’écouter ce que ne cesse de marteler Chrsitian Harbulot, fin connaisseur s’il en est de la guerre économique : « La prise en compte de la conflictualité latente entre les puissances, les limites d’exploitation des ressources de la planète, les contraintes posées par la dégradation de l’environnement sont autant de nouveaux paradigmes qui modifient le cadre cognitif de formation des élites. Les futurs chefs d’entreprise ne peuvent faire abstraction de ces nouveaux enjeux en se défaussant sur le pouvoir politique ou sur le corps électoral qui les élit. Désormais, le pilotage d’une entreprise implique une approche lucide de ces questions. Autrement dit, il n’est plus possible de s’engager dans des activités économiques sans chercher à comprendre quel type d’affrontement elles peuvent générer. Apprendre à diriger, c’est aussi apprendre à combattre l’adversité et éventuellement ses ennemis. »  (8)

Décidément, se former à la géopolitique se révèle être incontournable !

Pour en savoir plus :

1566869422_9782130817703_v100.jpgManuel d’intelligence économique, sous la direction de Christian Harbulot (PUF, 2019) ;

Former des cadres pour la guerre économique – L’itinéraire de Robert Papin, par Raphaël Chauvancy, (VA Editions, 2019) ; 100 cas d’intelligence économique, sous la direction de Nicolas Moinet, (VA Editions, 2019) ;

La saga des audacieux, par Mathilde Aubinaud (VA Editions, 2019).

1/ Pour reprendre le titre du livre de l’économiste américain Francis Fukuyama (1989).

2/ Collectif, sous la direction de Christian Harbulot (PUF, 2019).

3/ Former des cadres pour la guerre économique – L’itinéraire de Robert Papin, par Raphaël Chauvancy (VA Editions, 2019), préface de Christian Harbulot.

4/ 100 cas d’intelligence économique, sous la direction de Nicolas Moinet (VA Editions, 2019).

5/ Tous ces exemples sont tirés de l’ouvrage 100 cas d’intelligence économique, op.cit.

6/ Témoignage de Robert Papin, in Former des cadres pour la guerre économique, op. cit.

7/ La saga des audacieux, par Mathilde Aubinaud (VA Editions, 2019).

8/ Former des cadres pour la guerre économique, op.cit., préface de Christian Harbulot.

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Angela Merkel – Die Totengräberin der Demokratie

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Stefan Schubert:

Angela Merkel – Die Totengräberin
der Demokratie

Ex: https://kopp-report.de

Angela Merkel hat in wenigen Tagen drei tragende Säulen eines demokratischen Rechtstaates abgeschafft: Den Willen des Volkes, der durch freie und geheime Wahlen bekundet wird, den Föderalismus der Bundesländer, und das parlamentarische Regierungssystem. Das totalitäre Gebaren der Kanzlerin wurde durch eine Ministerpräsidentenwahl ausgelöst, dessen Abstimmungsergebnis Merkel missfiel.

Angela Merkels politische Agenda dreht sich nur noch um sie selbst und den eigenen Machterhalt. Im Bundestag ist sie allenfalls physisch anwesend, mitreißende Reden an ihr Volk oder gar in Pressekonferenzen, selbst vor regierungskonformen Medien, sind bei ihr absolute Mangelware. Es existieren nur wenige hohe Repräsentanten seit dem Bestehen der Bundesrepublik, die ihre Verachtung gegenüber dem Souverän so arrogant zu Schau stellen wie die ehemalige FDJ-Sekretärin.

Wenn überhaupt jettet die Kanzlerin im Ausland herum, lässt sich beklatschen und mit irgendwelchen Preisen huldigen, während sie unermüdlich deutsche Gelder und Interessen verteilt. Ihre Reisedaten sind entsprechend entlarvend: Merkel spricht vor dem UN-Klimagipfel in New York und vor dem Weltwirtschaftsforum in Davos – das einzige Thema der Kanzlerin: Klima, Klima, Klima.

Um Deutschland sorgt sich diese Kanzlerin seit Jahren nicht mehr, wenn sie es denn je getan hat. Unmotiviert, gleichgültig und abgehoben sind sicherlich noch die harmloseren Adjektive, die ihr politisches Wirken der vergangenen Jahre beschreiben. Die CDU hat Merkel erst inhaltlich entkernt, sozialdemokratisert und jetzt, ganz im Sinne einer grünen Ideologie, auch den Multi-Kulti-Ideologen geopfert.

Wenige Stichworte reichen aus, um die desaströse Bilanz ihrer Kanzlerschaft zu belegen: ein übereilter und planloser Atomausstieg, eine wirtschaftsfeindliche Ausrichtung, die erst die Dieseltechnologie und dann das Automobil als Ganzes zum Feindbild erklärt, eine »Energiewende«, die die Explosion des Strompreises zu verantworten hat, die Abschaffung der Wehrpflicht, das Beibehalten des Doppelpasses, und schließlich die Mutter aller Sünden – die Grenzöffnungen sowie die unkontrollierte Masseneinwanderung aus mehrheitlich muslimischen Herkunftsstaaten. Auf die Destabilisierung der inneren Sicherheit folgt nun die Destabilisierung der politischen Landschaft und der Demokratie im Land.

Wem diese Wortwahl zu drastisch ist, muss sich die Thüringer Vorkommnisse vergegenwärtigen. Ein demokratisch gewählter Landtag wählt mit einer parlamentarischen Mehrheit einen Ministerpräsidenten, so etwas nennt man Demokratie. Dann schaltete sich die Bundeskanzlerin während ihrer Auslandsreise aus Südafrika ein. Kemmerichs Ministerpräsidentenwahl sei »unverzeihlich« und das Ergebnis müsse »rückgängig gemacht werden«. Diese Sprachwahl erinnert an kommunistische Diktaturen, an einen Erich Honecker, aber auf keinen Fall an eine Demokratie im 21. Jahrhundert.

Die AfD hat aus diesem Grund Strafanzeige nach Paragraph 106 Strafgesetzbuch (Nötigung von Mitgliedern eines Verfassungsorgans) gestellt. Da Merkel den CDU-Vorsitz verloren hatte, habe sie diese Äußerungen in ihrer Funktion als Kanzlerin getan und Amtsmissbrauch begangen, so Kritiker. Andere Politiker sprachen in diesem Zusammenhang von einem Putsch der Bundeskanzlerin gegen ein Verfassungsorgan des Landes Thüringen.

Allgegenwärtige Nazi-Diffamierungen anstatt inhaltlicher Debatten

Aus einem Mangel an Argumenten greifen die Eliten gefühlt im Minutentakt zu sich ständig überbietenden Nazi-Vergleichen. So bezeichnete der ZDF-Chefredakteur Frey die demokratische Ministerpräsidentenwahl von Thüringen als einen Weg nach Buchenwald, eines der Konzentrationslager der Nationalsozialisten. Diese Instrumentalisierung von Millionen Opfern für eigene innenpolitische Zwecke belegt einmal mehr den Werteverlust im politischen Berlin.

Wer demokratische Wahlen mit der Vernichtung von Millionen Menschen gleichsetzt, erfüllt den Straftatbestand der Verharmlosung des Holocaust, jedenfalls nach dem Werteempfinden des Autors. Das Gleiche gilt für die inflationäre Diffamierung von politischen Konkurrenten als »Nazi« oder »Faschist«. Die Verlautbarungen der Altparteien und ihren medialen Armen klingen im Jahr 2020, als seien sie von der linksextremen Antifa abgeschrieben worden. Und während die schwarzvermummten Schlägertrupps der Antifa nun den politischen Willen aus Berlin mit Gewalt auf der Straße exekutieren, schließt sich hier wieder der Kreis der Anti-Demokraten.

Angela Merkel hat die CDU/CSU so weit nach links geführt, dass deren politische Vorgaben durch linksterroristische Sturmabteilungen mit Straßenterror durchgesetzt werden. Ein Aufschrei der Zivilgesellschaft bleibt aus. Ebenso wie Gratiskonzerte des Juste Milieu für die Opfer linker Gewalt. Nach der bundesweiten Hetz-Kampagne gegen den 24-Stunden FDP-Ministerpräsidenten Kemmerich folgte eine Gewaltwelle gegen FDP-Mitglieder. Kemmerichs Frau wurde auf offener Straße angespuckt, und selbst vor Morddrohungen gegen seine Kinder, die Polizeischutz erhalten mussten, schreckte der linke Mob nicht zurück. Worte des Bedauerns oder der Anteilnahme erfuhren die Drangsalierten weder von Angela Merkel noch von anderen Berliner Regierungsmitgliedern.

51QqrlGzSxL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgPolitische Gewalttäter können und werden dieses Schweigen als Zustimmung und Legitimierung der Gewalt durch den Mainstream werten, solange die Brandanschläge und Gewaltexzesse im Namen der guten Sache begangen werden. Die ständige Drohkulisse durch Nazi-Vergleiche und einer linksextremen, geduldeten Gewalt auf der Straße, wird augenscheinlich ganz offen als Herrschaftsform durch das Merkel-Regime eingesetzt. Die Einheitsparteien der Grenzöffnungen ersticken so den breiten Unmut in der bürgerlichen Mitte und tabuisieren jegliche Kritik und Debatte an den epochalen Fehlentwicklungen im Land.

Das demokratiefeindliche Agieren dieser Protagonisten wird durch die Vierte Gewalt im Staate nicht etwa aufs heftigste kritisiert, sondern beklatscht. Selbst der Aufruf nach »Säuberungen« innerhalb von FDP und CDU wird von diesen Demokratiefeinden öffentlich geteilt. Demokratie scheint von der Antifa über die Altparteien bis zu den Mainstreammedien nur solange erstrebenswert zu sein, wie es die eigene Macht und den Einfluss sichert.

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Stefan Schubert: Die Destabilisierung Deutschlands, 336 Seiten, 22,99 Euro – hier bestellen!

Mittwoch, 12.02.2020

jeudi, 13 février 2020

Macron, de l'incapacité politique au bouclier constitutionnel

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Macron, de l'incapacité politique au bouclier constitutionnel

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.fr

Le constat est patent : les troupes de La République en marche (LRM), le mouvement du président Macron ne constituent en rien un vrai parti, de surcroît présidentiel. D’ailleurs, on ne cotise pas à ce « mouvement », on « clique » pour adhérer en exprimant son accord numérique. Il en est d’ailleurs de même pour La France insoumise (LFI), signe de modernité post-démocratique…

L’élection municipale parisienne à venir est emblématique : elle inventorie au moins trois candidats macronistes : l’officiel Benjamin Griveaux, ancien élu socialiste en Saône-et-Loire, Gaspard Gantzer, lui-aussi ancien socialiste proche de l’ancien président Hollande et celui qui se présente, lui-même, comme « surdoué dès son plus jeune âge », Cédric Villani. La capacité de ce dernier à se définir le consacre définitivement comme « macroniste », une équipe de « surdoués ». Paris est symptomatique des déchirures personnelles de LRM mais les divisions ne sont pas seulement concentrées dans la capitale, mais partout en France, les macronistes passent de l’extrême centre à gauche, voire à droite comme la députée de la 2e circonscription de l’Oise, Agnès Thill, qui défile avec la droite française contre la PMA et la GMA et siège maintenant avec les non-inscrits à l’Assemblée nationale. Tout près de Marine Le Pen.

La République en marche, issue d’En Marche !, mouvement créé par Emmanuel Macron, en 2016, pour l’accompagner dans son irrésistible ascension vers le sommet de l’État, n’a aucune colonne vertébrale. Certains macronistes candidatent, aux élections municipales, avec des LR, d’autres seuls, d’autres avec des socialistes…

Édouard Philippe n’est pas soutenu par LR au Havre, mais aucune liste LR ne postule dans la plus grande ville normande (du point de vue de sa population). Cette absence de liste ne vaut-il pas soutien ?

Ce « marais » politique est issu, notamment, des 19 % recueillis par François Bayrou en 2007 (Macron n’en a jamais rassemblés que 24 %, soit 5 points de plus 10 ans après). Ce conglomérat d’électeurs sans attache, de Patrick Sébastien, le seul humoriste à l’époque condamné pour incitation à la haine raciale (sic) aux centristes anti-gaullistes et aux socialistes orphelins de Laurent Fabius (pour lesquels Ségolène Royal paraissait trop réactionnaire). Le « mouvement central » français ou l’extrême centre. On ne le dira jamais assez, l’électorat bigarré de Bayrou a préparé celui de Macron mais, de la même façon, les errements des candidats du Modem (Mouvement démocrate), dès les municipales de 2008, préjugeaient et présageaient les errements des candidats LRM.

Après les actions des Gilets jaunes et ceux des syndicats contre la réforme des retraites, le pouvoir ne tiendrait donc qu’à un fil. Les divisions politiques internes viendraient « couronner » la débâcle ressentie dans la rue. « On vient te chercher chez toi ! » ne manquent pas de scander les opposants au Président depuis 15 mois, s’adressant à ce dernier.

Pas du tout, Emmanuel Macron, comme ses prédécesseurs, profite immanquablement des institutions de la Ve République. La protection du Président ne réside pas dans son autorité personnelle ou dans un improbable charisme mais tout simplement dans la Constitution gaulliste, remaniée par le néo-gaulliste Chirac, grâce à la substitution du septennat par le quinquennat depuis le référendum de l’automne 2000.

Ce n’est pas la vindicte populaire, ni les errements, voire les erreurs politiques qui peuvent mettre en cause le président Macron. Au pire, le fusible Philippe sera démis de son mandat, ce qui lui permettra de préparer sa campagne à la présidence de la région normande (le président actuel, Hervé Morin, malgré de bonnes initiatives, devrait se garder de cette offensive déguisée via la mairie du Havre qu’Édouard Philippe ne souhaite même pas…).

Non, le bouclier de Macron c’est la Constitution. Ce n’est pas en France qu’une procédure de destitution serait possible (sauf pour haute trahison…), en ce sens la France est devenue, au fil de la Ve République, un pays présidentiel. Pour vous en convaincre, vous observerez le taux d’abstention aux élections législatives, qui dépasse 50 %.

En France, le Président peut se couper de toutes et de tous, y compris de ses propres électeurs.

Peut-être est-ce le choix des Français ? Mais dans ce cas, il serait temps de cesser ces campagnes puériles contre le Président et d’attendre, patiemment ou non, le prochain scrutin. Les gesticulations des uns et des autres ne représentent au mieux que de la démagogie, au pire de l’incompétence politique.

Le renouveau de la démocratie française, pour peu que certains le souhaitent, passe, outre par une décentralisation nouvelle des lieux de pouvoir mais aussi par une révision constitutionnelle. C’est à cette double condition que la démocratie retrouvera ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un système de représentation populaire fondé sur la proximité entre édiles et représentés.

mercredi, 12 février 2020

La nouvelle inquisition bien-pensante

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La nouvelle inquisition bien-pensante

par Paul MELUN

Ex: https://metainfos.fr

Outre-Atlantique, des dîners entre femmes blanches sont maintenant organisés pour traquer les préjugés faisant émerger ainsi un antiracisme de la surveillance et de la censure. C’est ce que nous révèlait d’ailleurs dans un article récent Mathieu Bock-Côté que nous venons de publier (https://metainfos.fr/2020/02/10/reeduquer-lhomme-occident... ). Paul Melun traite directement du porblème et craint l’apparition d’un univers orwellien où chaque individu est potentiellement coupable d’un racisme inconscient. C’est pourquoi en complément de l’article précédent, nous mettons ici en ligne son texte. ML.

Si le maccarthysme promettait de traquer les communistes dans les États-Unis d’après-guerre, c’est désormais au nom du progressisme que l’Amérique connaît une chasse aux sorcières d’un nouveau type. Outre-Atlantique, au nom de l’antiracisme, on assiste maintenant à la condamnation immédiate de quiconque contreviendrait aux nouvelles normes établies. Aux États-Unis, d’onéreux dîners (2 500 dollars) permettent à des femmes blanches, de milieux favorisés, souvent démocrates, de comprendre pourquoi elles sont foncièrement racistes, rapporte The Guardian. Au cours de réceptions, supervisées par les deux fondatrices du projet, huit femmes de couleur blanche peuvent échanger des problèmes de racisme dans le pays. Ces dernières doivent comprendre au fil des échanges que malgré leurs bonnes intentions, elles sont inconsciemment racistes et «font partie du problème». Ces dîners rencontrent un certain succès et permettraient aux participantes de faire évoluer leurs mentalités sur la question du racisme.

En 2018 à New-York, le géant du luxe Prada a dû faire face à de virulentes accusations de racisme. En cause, une vitrine de la marque ornée de petites figurines de couleur noire semblant reproduire un «blackface» (considéré par certains antiracistes comme attentatoire à la dignité des Noirs). En très peu de temps, la polémique avait enflé sur les réseaux sociaux, contraignant Prada au retrait immédiat des objets incriminés et à la formulation d’excuses avec volonté d’agir pour la diversité à l’avenir. Le New York Times rapporte que la commission des droits de l’homme de New-York a pu ouvrir une enquête pour violation des lois sur les droits de l’homme. La marque ayant fait montre de sa volonté immédiate de coopérer avec les autorités, un accord a pu être conclu visant à offrir aux personnels des «formations sur l’équité raciale», à nommer un responsable de la diversité au sein de la marque, et à rendre compte tous les six mois de la situation à la commission.

Par ces mesures, l’Amérique du Nord ouvre la voie à un antiracisme de la surveillance et de la censure. Sous l’illusion trompeuse du progressisme et de ses dogmes communément admis, un univers orwellien prend forme en Occident, un monde dans lequel chaque individu est un coupable potentiel. Dans ce futur proche, la bourgeoise de Brooklyn a autant à craindre pour sa réputation que le créateur de mode; s’ils sont dénoncés, ils seront condamnés. Cette nouvelle inquisition promet au XXIe siècle un espace public où les individus seront inquiétés pour ce qu’ils pensent, ce qu’ils disent ou ce qu’ils font, sans même avoir conscience de heurter telle ou telle communauté. Terrifiés à l’idée d’être perçus comme hérétiques, les jeunes Occidentaux sont condamnés à se taire: leur mutisme est la meilleure manière de ne transgresser aucune règle. Dans cette nouvelle société, il suffit de voir quelque part du racisme ou du sexisme pour purger le débat public d’une œuvre d’art, d’un livre ou d’un film. Ce totalitarisme résulte d’une morale incertaine, car sans cesse changeante, déterminée par les nouveaux censeurs présents sur les réseaux sociaux notamment. Dans le même temps, la mise au pilori des contrevenants semble produire l’effet inverse de celui recherché. Car les sociétés occidentales ne s’apaisent pas ; bien au contraire, les tensions s’accroissent.

En France comme ailleurs, les moyens colossaux de l’antiracisme semblent inefficaces face à la montée de la haine et des fractures entre communautés. Cette nouvelle nébuleuse intersectionnelle, figure de proue du progressisme, piétine les valeurs universalistes. Les mêmes qui prétendent combattre les discriminations sont souvent les responsables d’un nouveau fossé culturel et social. Dans l’enseignement supérieur comme dans les associations de lutte contre les discriminations, on isole, on trie et on oppose. Au nom de l’antiracisme, la notion de race fait son grand retour dans le débat citoyen. Certaines réunions sont réservées aux minorités ethniques, et d’autres, pour les purger de leurs préjugés inconscients, aux Blancs ; tandis que des manifestations sont réservées aux femmes pour ne pas subir les oppressions des hommes. Cette nouvelle nébuleuse intersectionnelle, figure de proue du progressisme, piétine les valeurs universalistes qui ont pourtant façonné les grandes démocraties libérales. Les nouveaux antiracistes voient derrière chaque homme blanc un potentiel oppresseur. Le blanc est coupable d’un crime existentiel: celui d’être né dominant. Le résultat est tristement ironique: l’antiracisme réhabilite le racisme.

10:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, censure, nouvelle inquisition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 11 février 2020

Expansion du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) - Téhéran veut construire « l’anneau d’or »

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Expansion du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC)

Téhéran veut construire «l’anneau d’or»

 
par Andrew Korybko
Ex: https://www.katehon.com

Les processus d’intégration eurasienne menés par l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) sont l’une des caractéristiques des relations internationales contemporaines, et l’Anneau d’Or pourrait éventuellement devenir la pièce maîtresse de ces efforts si la proposition du O-CPEC+ de l’Ambassadeur Hosseini aboutit, surtout si elle est menée en parallèle avec le N-CPEC+.

L’Ambassadeur iranien au Pakistan a partagé ses plans visionnaires pour le CECP+, le néologisme devenu populaire au Pakistan ces temps-ci pour désigner l’expansion du Corridor Économique Chine-Pakistan le long de différents axes géographiques tels que ceux du nord (N-CECP+), de l’ouest (O-CECP+) et du sud (S-CECP+). L’Agence Anadoloude Turquie a fait état de la conférence de l’Ambassadeur Seyyed Mohammad Ali Hosseini à l’Institut d’Études Stratégiques d’Islamabad (IESI) en début de semaine, qui mérite d’être analysée plus en profondeur.

Selon l’Ambassadeur Hosseini, « la mise en place d’un réseau ferroviaire entre Gwadar et Chabahar et sa liaison avec l’Europe et l’Asie Centrale via l’Iran, va entraîner un développement économique majeur dans la région. D’autre part, la construction d’une voie ferrée sur le territoire pakistanais vers la Chine, reliant les deux ports, conduira au développement économique de cette région ». En pratique, cela répondrait à ce que j’ai écrit sur le O-CECP+ dans mon analyse sur CGTN en avril dernier intitulée « Le CECP+ est la clé pour atteindre les objectifs d’intégration régionale ».

Dans cet article, j’ai écrit que « la récente visite du Premier Ministre pakistanais Khan en Iran a vu les deux pays voisins s’entendre pour approfondir leur coopération, qui pourrait vraisemblablement évoluer vers une route commerciale terrestre du O-CECP+ passant par la République Islamique pour rejoindre Islamabad et les partenaires de Pékin en Turquie, qui pourrait être associée à un corridor maritime parallèle reliant le point terminal du CECP de Gwadar aux royaumes du Golfe ».

C’est exactement ce que l’Ambassadeur Hosseini a proposé lors de sa conférence à l’IESI (moins la partie concernant les royaumes du Golfe), qui pourrait révolutionner le rôle géostratégique de l’Iran dans l’ordre mondial multipolaire émergent et, par conséquent, en faire l’un des pays les plus importants de la BRI si elle est mise en œuvre avec succès dans le temps. Cela pourrait avoir des implications économiques importantes, mais aussi politiques.

L’ambassadeur est également cité par l’Agence Anadoloucomme ayant déclaré que « des pays comme l’Iran, le Pakistan, la Turquie, la Russie et la Chine ont le potentiel de former une nouvelle alliance pour un meilleur avenir de la région ». Si la Chine et la Russie évitent le terme « alliance » pour décrire leurs relations étroites avec d’autres pays, l’intention de ses propos est suffisamment claire dans la mesure où il appelle à un partenariat stratégique renforcé entre ces cinq pays. Cela devient une possibilité réaliste entre la Chine, le Pakistan, l’Iran et la Turquie si le O-CECP+ est mené à bien.

Quant à la Russie, elle pourrait être associée à cette proposition ambitieuse de connectivité si le O-CECP+ est élargi pour l’inclure via l’Azerbaïdjan en suivant la voie proposée par le Corridor de Transport International Nord-Sud que ces deux pays, l’Iran et l’Inde, tentent de construire. En outre, la création d’un corridor commercial entre la Russie et le Pakistan via l’Afghanistan et l’Asie Centrale de l’après-guerre (N-CECP+) pourrait grandement contribuer à faire de Moscou une plus grande partie prenante de ce quintet stratégique centré sur le CECP que certains ont appelé « l’Anneau d’Or ».

Les processus d’intégration eurasienne menés par la BRI sont l’une des caractéristiques des relations internationales contemporaines, et l’Anneau d’Or pourrait éventuellement devenir la pièce maîtresse de ces efforts si la proposition de l’Ambassadeur Hosseini du O-CECP+ aboutit, surtout si elle est réalisée en parallèle avec le N-CECP+. Les cinq États piliers de cette vision de la connectivité pourraient être reliés entre eux et aux États qui se trouvent entre eux (Afghanistan, Azerbaïdjan et Républiques d’Asie Centrale) par une multitude de corridors ferroviaires et de transport construits par la Chine.

Par ces moyens, la Chine fonctionnerait comme le moteur de l’intégration eurasienne et lierait plus étroitement tous les pays concernés dans une Communauté de destin partagé. L’interdépendance complexe qui résulterait de cette vision ferait de chaque partie une plus grande partie prenante du succès de l’autre, avec la construction de mégaprojets multilatéraux offrant à leurs citoyens des opportunités économiques sans précédent. L’Anneau d’Or centré sur le CECP renforcerait donc la stabilité du cœur géostratégique de l’Eurasie.

Andrew Korybko

Source : Mondialisation.ca