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dimanche, 10 juillet 2022

Disputes internes au sein de l'OTAN

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Disputes internes au sein de l'OTAN

Par Alexander Markovics

Dans le sillage des opérations militaires russes, deux nouveaux États souhaitent rejoindre l'alliance offensive américaine de l'OTAN : la Suède et la Finlande. La fin de la neutralité déjà bien érodée de ces deux Etats signifierait une menace potentielle pour la Russie venant du nord : Saint-Pétersbourg, la deuxième ville russe, Mourmansk, le port de la mer du Nord, ainsi que des forces navales supplémentaires de l'OTAN dans la région de la mer Baltique, donneraient de sérieux tracas à Moscou. Tous les pays de l'OTAN sont favorables à l'élargissement au nord - mais le deuxième membre le plus puissant de l'Alliance sur le plan militaire, la Turquie dirigée par Recep Tayip Erdogan, oppose son veto à l'élargissement de l'Alliance. Erdogan exige que la Finlande et la Suède cessent de soutenir les groupes kurdes PKK et YPG.

Bien que le PKK figure sur la liste des organisations terroristes de l'UE, ce groupe terroriste d'obédience avérée à la gauche, qui s'aligne de plus en plus sur la ligne libérale de l'Occident depuis la fin de la Guerre froide, dispose d'un vaste réseau de soutien en Europe, notamment en Allemagne et en Autriche. Pour la Turquie, cela est particulièrement important, car un conflit armé couve depuis des décennies dans l'est du pays avec des partisans du PKK - qui utilisent notamment des pays comme la Finlande et la Suède pour échapper aux poursuites judiciaires d'Ankara. Pour la Turquie, cette demande est un aspect non négociable de sa souveraineté. Son récent veto montre que, depuis la présidence d'Erdogan, elle est prête à faire valoir ses intérêts nationaux, même face à Washington. Ainsi, la Turquie a également refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie. Ce faisant, la Turquie prend non seulement en compte ses intérêts économiques - elle dépend non seulement du gaz russe, mais aussi des céréales et des touristes de Moscou - mais suit également la vieille doctrine d'Atatürk consistant à entretenir de bonnes relations avec la Russie.

Enfin, Ankara se souvient très bien des événements de l'été 2016 : à l'époque, l'Occident avait soutenu un coup d'État du mouvement Gülen (un ancien partenaire d'Erdogan) contre son allié fidèle, la Turquie. Peu après, des provocations de militaires pro-occidentaux à l'encontre de la Russie ont culminé avec la destruction d'un avion russe. Une guerre entre la Turquie et la Russie - et donc une guerre mondiale - était alors imminente, qui n'a pu être évitée que grâce à la médiation courageuse des cercles eurasiens de Russie et du Parti de la Patrie en Turquie.  

L'attitude de l'Occident dans ce conflit au sein de l'OTAN reste ambivalente : en particulier dans la lutte contre l'État islamique - également créature de l'Occident - Washington a misé sur un soutien aux associations kurdes armées et à l'État kurde "Rojava", créé grâce au soutien occidental. Cette entité, créée dans le cadre de la guerre en Syrie, viole encore aujourd'hui la souveraineté de la Syrie et sert l'Occident en privant l'État du Levant de ressources précieuses - pétrole, coton et nourriture. Du point de vue occidental, les combattants kurdes ne semblent pas encore avoir fait leur devoir. La Turquie est également active dans le nord de la Syrie et n'y joue pas un rôle glorieux, notamment en occupant la ville d'Afrin. Les préoccupations sécuritaires de la Turquie vis-à-vis des milices kurdes au service de l'Occident peuvent se justifier, mais pas l'occupation de certaines parties du pays voisin. L'offensive récemment annoncée par la Turquie contre les Kurdes dans le nord de la Syrie est un casse-tête pour Washington et dépend du bon vouloir de la Russie, qui y détient la maîtrise de l'air.

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Le président croate Zoran Milanovic s'oppose également à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, ce qui le place en porte-à-faux par rapport au gouvernement croate - le journal Deutsche Stimme a rapporté sa position critique sur les mesures Corona. Milanovic veut bloquer l'élargissement au nord jusqu'à ce que les Croates obtiennent une position plus forte dans la loi électorale bosniaque. Il contribue ainsi à déstabiliser davantage l'État bosniaque sous protectorat de l'UE/OTAN, dont la pérennité est de plus en plus mise en doute, y compris par les Serbes.

mardi, 14 juin 2022

Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain

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Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain

Source: https://contra24.online/2022/06/eu-parlamentarier-europaeische-union-ist-zum-51-us-bundesstaat-geworden/

La politique étrangère et de défense de l'Union européenne a fait d'elle un vassal des Etats-Unis, selon un député croate.

L'eurodéputé croate Mislav Kolakusic a vivement critiqué la politique étrangère et de défense de l'UE, affirmant qu'elle était devenue un vassal de Washington. Kolakusic est un critique virulent des sanctions occidentales anti-russes et des restrictions Covid-19.

Devant le Parlement européen la semaine dernière, Kolakusic a déclaré à ses collègues parlementaires que "la politique étrangère, de défense et de sécurité de l'UE peut aujourd'hui être décrite en une seule phrase".

    "L'Union européenne est devenue le 51e État fédéral des États-Unis, mais sans droit de vote".

Kolakusic a critiqué à plusieurs reprises la politique de l'UE vis-à-vis de la Russie depuis le début de l'opération militaire de Moscou en Ukraine en février. Cette politique a conduit les membres à réduire les importations vitales de combustibles fossiles russes, tout en augmentant les dépenses de défense et en imposant plusieurs séries de sanctions à la Russie, qui font essentiellement que l'Europe paie les frais de l'opposition de Washington au Kremlin.

    "C'est un mensonge et une hypocrisie incroyables que de dire que les sanctions contre la Russie et l'interdiction d'importer du pétrole et du gaz russes sont des sanctions contre la Russie. Les sanctions visent 500 millions de citoyens de l'Union européenne et des millions de citoyens du reste de l'Europe".

Nous devrions interdire l'importation de pétrole et de gaz en provenance des États-Unis, qui ont été impliqués dans plus de conflits militaires au cours des dernières décennies que tout autre pays en Europe et peut-être dans le monde.

Kolakusic a qualifié les dirigeants politiques en Europe et au-delà "de sociopathes et de psychopathes" en raison de leurs restrictions Covid-19 et a qualifié le Canada de "dictature quasi-libérale ... de la pire espèce" en évoquant la politique du Premier ministre Justin Trudeau.

Kolakusic a également dénoncé la politique énergétique des Verts: "Déclarer le dioxyde de carbone et les combustibles fossiles ennemis des citoyens de l'Union européenne est une folie totale" et réduirait les Européens à se déplacer à vélo, comme les Chinois le faisaient "il y a trente ans".

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mercredi, 05 janvier 2022

Dr Tomislav Sunić : "Multiculturalisme et démocratie ne vont pas ensemble".

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Dr Tomislav Sunić: "Multiculturalisme et démocratie ne vont pas ensemble"

Interview réalisée par Andrej Sekulović

Ex: https://demokracija.eu/focus/dr-tomislav-sunic-multiculturalism-and-democracy-do-not-belong-together/

Nous avons parlé avec l'essayiste et ancien diplomate croate, le professeur Tomislav Sunić, du conservatisme, des tabous sur les questions de race et de racisme, des racines communes du libéralisme et du communisme, et d'autres sujets intéressants.

DEMOKRACIJA : M. Sunić, la traduction slovène de votre livre Post-mortem Report, qui constitue une recherche culturelle sur l'ère postmoderne, a été récemment publiée par Nova obzorja. Que pouvez-vous nous dire sur le livre lui-même ?

Sunić : Tout d'abord, je voudrais remercier M. Primož Kuštrin pour la traduction de mon livre et la maison d'édition Nova obzorja, qui a publié le livre. Le livre lui-même n'a pas d'ensemble thématique, sauf, bien sûr, qu'il s'agit d'un livre d'obédience conservatrice, révolutionnaire et nationale. Il est divisé en cinq parties. Il s'agit d'un recueil de mes essais dans lesquels je me concentre davantage sur les points de vue et les idées d'autres auteurs que sur l'expression de ma propre opinion, auteurs qui ne sont malheureusement pas très connus aujourd'hui dans les cercles universitaires occidentaux ou en Slovénie et en Croatie. La raison en est qu'ils sont souvent classés comme des auteurs pro-fascistes et pro-national-socialistes, alors qu'ils n'appartiennent pas nécessairement à cette catégorie.

DEMOKRACIJA : Le livre est divisé en cinq parties. Quels sont les sujets que vous y abordez ?

Sunić : Dans la première partie, je me concentre sur la religion et les différences entre monothéisme et polythéisme, ainsi que sur la façon dont celle-ci, sous sa forme séculaire, affecte la conscience politique contemporaine. Dans la deuxième partie, je me concentre sur le pessimisme culturel. Le livre comprend un essai détaillé sur Spengler et un essai sur Emil Cioran. Dans la troisième partie, je parle de la race, ainsi que du Troisième Reich. Dans la quatrième partie, je me concentre sur le libéralisme et la démocratie. Ma thèse principale est que le libéralisme et la démocratie ne vont pas toujours de pair, mais que le libéralisme peut être l'opposé de la démocratie. Dans la cinquième et dernière partie, je parle principalement du multiculturalisme. En général, je soutiens que le multiculturalisme et la démocratie ne vont pas de pair. Dans un pays multiculturel, chaque nationalité ou minorité aura sa propre définition de la démocratie. Après tout, nous l'avons constaté en Yougoslavie également.

Photo de Tomislav Sunić, ci-dessus, par Polona Avanzo

DEMOKRACIJA : Pouvez-vous nous expliquer votre déclaration dans le cas de la Yougoslavie ?

Sunić : L'idée d'une Yougoslavie démocratique, de la création d'une société mixte dans laquelle tout le monde serait égal, a pu sembler sympathique. Cependant, lorsque les gens sont confrontés à des crises économiques ou autres, ils cherchent des solutions et la protection de leur tribu. Nous en avons été témoins en Slovénie lorsque de nombreux communistes, dont Kučan, ont adopté l'option nationale. Il en a été de même dans les milieux de Tudjman en Croatie. En tant qu'ancien diplomate, je peux vous dire que les communistes et les Yougoslaves se sont rassemblés autour de lui et sont devenus des Croates convaincus du jour au lendemain. Aujourd'hui, ils peuvent servir d'exemples spécifiques aux militants en faveur du multiculturalisme américain au sein même du processus de balkanisation des Etats-Unis. Bien que les gauchistes s'obstinent à nier ce fait, on ne peut tout simplement pas dissuader les gens de recourir à leur tribu, leur nation ou leur secte en quête de protection et d'identité. Ce phénomène est particulièrement marqué aujourd'hui aux États-Unis, où la société est fortement polarisée, notamment en termes de divisions démographiques, raciales et ethniques. Un Américain d'origine japonaise comprendra que l'origine japonaise passe avant tout.

DEMOKRACIJA : Vous mentionnez la balkanisation des États-Unis, où vous avez vous-même vécu pendant de nombreuses années. Quelle a été votre expérience dans les États-Unis libéraux et multiculturels ?

Sunić : L'une des raisons pour lesquelles je suis retourné en Croatie, que j'ai quitté la Californie en 1993, était que les États-Unis connaissaient déjà une balkanisation et une montée de l'intolérance raciale, qui est encore plus prononcée aujourd'hui qu'hier. Ce faisant, je rejette les affirmations selon lesquelles les racistes sont exclusivement blancs et que toutes les autres races sont tolérantes. Aujourd'hui, il y a environ 55 % d'Américains blancs aux États-Unis et 45 % de la population est d'origine non-européenne. Même si des changements démographiques spectaculaires font des Blancs une minorité ou même s'ils disparaissent progressivement, vous pouvez être sûr qu'il y aura des conflits raciaux majeurs entre les Afro-Américains et les Latinos. Aujourd'hui déjà, il y a surtout des affrontements entre les gangs latino-américains et les gangs noirs, et non entre les Blancs et les Noirs. Les statistiques du FBI que l'on peut trouver en ligne montrent que plus de 50 % des meurtres et des crimes violents se produisent entre Noirs eux-mêmes, et dans le cas des statistiques interraciales, ce sont surtout les Noirs qui en sont les auteurs et les Blancs les victimes. En outre, je tiens à souligner que j'ai eu une expérience très agréable aux États-Unis avec mes étudiants d'origine afro-américaine ou asiatique, mais qu'en revanche, j'ai eu la pire expérience de ma carrière avec des Croates conservateurs et "bornés". Je ne porte donc pas de jugement de valeur, je ne fais qu'énoncer certains faits.

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DEMOKRACIJA : Aujourd'hui, la question de la race, sur laquelle vous écrivez vous-même, est devenue un grand tabou parmi les Européens.

Sunić : Parfois, le mot "race" n'avait pas de signification négative ou péjorative. Jusque dans les années 1970, ce mot était utilisé dans un sens neutre, même dans l'Europe de l'Est communiste. Cependant, le mot "race" doit être distingué du terme "racisme", qui a une connotation négative, car il signifie l'exclusion raciale ou la croyance qu'une autre race est inférieure. Aujourd'hui, cependant, le mot "race" est dans certains endroits même aboli par la constitution. Ainsi, il y a quelques années, une décision a été prise en France d'abolir purement et simplement ce mot. De même, les gauchistes et les libéraux soutiennent que la race n'est qu'une "construction" et que nous sommes tous pareils. En agissant ainsi, nous revenons en fait aux idéologies du libéralisme et du communisme. Indépendamment de leurs différences, il convient de noter que les libéraux et les communistes partent tous deux de la conviction que l'homme est une "tabula rasa", que nous sommes tous une feuille de papier vierge sur laquelle nous pouvons écrire ce que nous voulons. Cette croyance est observée chez Locke et surtout chez Rousseau, qui a dit que l'homme est complètement libre quand il naît, et que nous pouvons en faire un génie et un nouvel Einstein ou un travailleur ordinaire. Or, ce n'est pas vrai. La recherche scientifique de ces cent dernières années, de Darwin à la sociobiologie et à la génétique modernes, confirme le fait parfaitement sensé que chaque être humain hérite de certains traits. Cependant, lorsque les sociobiologistes en parlent aujourd'hui, ils doivent utiliser des termes vagues tels que génotype ou haplotype afin de ne pas être qualifiés de racistes.

DEMOKRACIJA : Veuillez nous en dire plus sur les résultats concernant les différences raciales.

Sunić : Richard Lynn a écrit sur les différences de QI entre les nations. Il a inclus les Croates et les Slovènes dans le groupe des nations d'Europe centrale, mais d'un autre côté, selon ses recherches, les Éthiopiens et les Africains ont un QI bien inférieur à celui des Européens. De telles affirmations ne sont en aucun cas racistes, car il s'agit de simples constatations sur les caractéristiques de certaines personnes. Prenez, par exemple, les lauréats du prix Nobel, qui sont pratiquement tous des Européens ou des Blancs, quelle que soit la catégorie dont on parle. Je ne porte donc pas de jugement de valeur et je ne prétends pas non plus que les Européens sont meilleurs que les Noirs, mais seulement que nous devons être conscients des différences qui existent entre nous et qu'au lieu d'être contraints par le marxisme et le consumérisme mondial, les gens devraient être autorisés à avoir leur propre identité façonnée par leurs vertus spécifiques et le climat dans lequel ils vivent. L'imposition même du monde global est le plus grand mal pour toutes les nations.

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DEMOKRACIJA : Vous avez mentionné les différences entre la question de la race et le racisme, mais il semble qu'aujourd'hui seuls les Européens blancs soient traités de "racistes".

Sunić : Le racisme et l'exclusion raciale doivent certainement être condamnés. Je dois cependant souligner qu'il est erroné et injuste d'attribuer de manière répétée le racisme uniquement aux Blancs et de prétendre que seuls les Blancs sont racistes. Ce n'est pas du tout vrai. J'ai vécu suffisamment longtemps en Afrique et en Asie, ainsi qu'aux États-Unis, pour pouvoir affirmer, sur la base de ma propre expérience et de mes observations, que ce n'est pas vrai. À San Francisco et à Seattle, où vivent de nombreux Américains d'origine chinoise, vous verrez très rarement une belle femme américaine d'origine asiatique marcher dans la rue avec un homme noir. Pour eux, c'est tout simplement inacceptable. Il s'agit simplement d'une certaine exclusion raciale, car ils ne veulent pas se mélanger.

DEMOKRACIJA : Vous écrivez dans votre livre que les Grecs et les Romains de l'Antiquité étaient déjà conscients de leur identité raciale. Comment ont-ils vécu la race ?

Sunić : Les anciens Grecs et Romains ne connaissaient pas Mendel, qui a été le premier à proposer la théorie de l'hérédité, mais ils n'étaient pas stupides. Ainsi, dans l'Antiquité, ils ne connaissaient pas certaines règles de la génétique, mais ils observaient les gens et leur physionomie. L'écrivain romain Juvénal et l'historien Salluste, par exemple, se sont vivement opposés à l'immigration de Chaldéens et d'Asiatiques de l'Est à Rome. Il n'est certainement pas nécessaire de s'occuper de sociobiologie et de connaître l'expression complexe de la génétique, mais il suffit d'observer un groupe de personnes ou d'enfants et leur comportement pour tracer certains liens entre eux et leurs ancêtres. Les anciens Grecs et Romains ne disposaient pas de méthodes scientifiques d'analyse des gènes, des chromosomes et des haplogroupes, mais ils avaient un simple bon sens. Ils savaient bien quel serait le produit en fonction de qui épousait qui.

DEMOKRACIJA : Vous mentionnez plusieurs auteurs "conservateurs" dans le livre. Cependant, le "conservatisme" est un concept assez large, alors peut-être pourriez-vous dire quelque chose sur cet "isme" lui-même.

Sunić : Dans certains pays, nous ne connaissons qu'une seule forme de conservatisme, mais il existe également un type de conservatisme auquel nous n'avons pas suffisamment prêté attention. Il s'agit de celui qui est inspiré par Nietzsche, Cioran, Spengler et d'autres. Ce sont des adversaires acharnés non seulement du libéralisme et du communisme, mais aussi du monothéisme et du judéo-christianisme. Dans le livre, je mentionne de nombreux auteurs conservateurs, notamment de la République de Weimar, qui ont très peu en commun avec ce que nous appelons aujourd'hui le conservatisme à Ljubljana ou à Zagreb. Lorsque nous parlons des différentes formes de conservatisme, j'ajouterais également que les conservateurs sont aujourd'hui considérés comme arriérés, mais ce n'est pas le cas. Vous seriez surpris de voir combien d'auteurs de la révolution conservatrice allemande étaient ultramodernes. Je suis très moderne à certains égards. J'aime écouter du rock et, dans mes jeunes années, j'ai vécu en Inde comme un hippie. Je ne rejette pas non plus les révolutions conservatrices catholiques et chrétiennes, je soutiens seulement que ce n'est pas la seule forme de conservatisme. Les conservateurs peuvent aussi être athées, nietzschéens, païens ou polythéistes. Comme le disait le roi de Prusse Frédéric II le Grand : "Que chacun honore son dieu à sa manière".

DEMOKRACIJA : Comment compareriez-vous le libéralisme moderne au communisme ?

Sunić : Aujourd'hui, nous ne pouvons pas lutter efficacement contre le communisme si nous ne sommes pas critiques à l'égard de sa base. Le communisme est né du libéralisme. Ce n'est pas mon opinion: Marx a écrit à ce sujet au 19e siècle. Le libéralisme et le communisme sont, en fait, les deux faces d'une même pièce. En 1991, nous avons vécu l'effondrement du communisme en Europe de l'Est précisément parce que les aspirations communistes, l'égalité, les flux de capitaux et la disparition de l'État étaient mieux réalisés en Europe occidentale et aux États-Unis. Bien sûr, pas au nom du communisme, mais au nom du multiculturalisme. En Europe de l'Est, il ne s'agissait donc pas tant d'une révolte contre l'oligarchie communiste que du constat que la vie à l'Ouest était plus "communiste", puisque les retraites et les prestations sociales étaient plus élevées et que les minorités avaient plus de droits.

DEMOKRACIJA : Alors, le libéralisme d'aujourd'hui, qui devient de plus en plus totalitaire, est-il une continuation de la mentalité communiste ?

Sunić : Si nous voulons combattre efficacement le communisme, nous devons critiquer le libéralisme. Le libéralisme a réussi ce que l'Union soviétique n'a pas réussi à faire. Par conséquent, les communistes ou les marxistes ont accepté l'option paléo-communiste occidentale. Par conséquent, nous assistons aujourd'hui à la disparition de l'État dans l'Union européenne, car l'UE est également fondée sur ces principes paléo-communistes de disparition de l'État. Toutefois, cette disparition ne concerne pas seulement les frontières, mais aussi la suppression des frontières. Je ne veux pas que la Slovénie ou la Croatie deviennent un simple centre touristique pour les riches touristes d'Europe et des États-Unis. Je voudrais qu'elles conservent leurs traditions, qui s'estompent de plus en plus aujourd'hui. Il est vrai que la répression libérale n'utilise pas de méthodes aussi radicales que l'effusion de sang, mais je n'exclus pas la possibilité que cela se produise à l'avenir.

Biographie

Le Dr Tomislav Sunić est un professeur d'université croate à la retraite, diplomate, essayiste et l'un des plus éminents représentants de l'école de pensée de la "nouvelle droite". Il est né en 1953 à Zagreb. De 1983 à 1992, il a vécu en tant que réfugié politique aux États-Unis, où il a obtenu un doctorat en sciences politiques et a ensuite enseigné à l'université de Santa Barbara en Californie. Il est l'auteur de plusieurs livres, essais et autres contributions en anglais, français, allemand et croate.

jeudi, 25 mars 2021

Tomislav Sunic : « Il faudra un certain temps pour que nos idées progressent, mais nous sommes sur la bonne voie »

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Tomislav Sunic : « Il faudra un certain temps pour que nos idées progressent, mais nous sommes sur la bonne voie »

Propos recueillis par Andrej Sekulovic (Slovénie)

Source : https://tradicijaprotitiraniji.org/2021/03/11/

Le Dr Tomislav Sunić est un auteur et conférencier croate et l'un des plus éminents représentants de l'école de pensée qu’est la Nouvelle Droite. Il est né en 1953 à Zagreb, où il a obtenu un diplôme d'anglais et de français. De 1983 à 1992, il a vécu aux États-Unis en tant que réfugié politique, où il a obtenu un doctorat en sciences politiques. Il est l'auteur de plusieurs livres, essais et autres articles en anglais, français, allemand et croate. Nous lui avons parlé de la nouvelle droite, du grand bouleversement démographique, de l'hégémonie culturelle, etc.

Racontez-nous quand et dans quelles circonstances vous avez commencé à vous intéresser aux idées de la droite ?

Je suis né dans un certain ‘’climat’’. Plus précisément, dans l'ancienne Yougoslavie communiste et dans une famille catholique et anticommuniste. Mon père était avocat. En ce qui concerne mon intérêt pour les idées dites de droite, il ne s'agissait pas d'un simple hobby, mais je m'y intéressais principalement parce que je suis par nature une personne à la curiosité très développée. C'est pourquoi, dès mon plus jeune âge, alors que je n'avais que six ou sept ans, j'ai aimé poser des questions et m'interroger, y compris de manière critique, sur le milieu politique, sociologique et culturel dans lequel je vivais. Il s'agissait, bien sûr, de la Yougoslavie communiste au début des années 1960, lorsque j'étais élève de l'école primaire et plus tard de l'école secondaire dans le Zagreb communiste. J'ai toujours aimé découvrir les idées qui étaient différentes des idées généralement acceptées et standardisées. À cette époque, bien sûr, je ne savais pas comment l'exprimer de manière académique, car j'étais très jeune.

Plus tard, à la faculté de philosophie de Zagreb, au début des années 1970, j'ai commencé à exprimer un peu mieux ces idées, qui étaient très critiques à l'égard du système de l'époque. J'avais peut-être un avantage et un privilège. Je suis né dans une famille modeste. Mon père était avocat, mais il a eu beaucoup de problèmes avec les autorités communistes de l'époque et a même été emprisonné deux fois. J'ai néanmoins eu le privilège d'avoir des livres à la maison. Nous n'avions pas la télévision, mais nous avions beaucoup de livres. J'ai donc été exposé aux langues étrangères dans ma jeunesse et à la littérature allemande, anglaise, française, latine et un peu italienne. J'ai toujours été intéressé par l'autre côté de la médaille, pour ainsi dire. Comme je l'ai déjà dit, il y avait une atmosphère anticommuniste à la maison, mais plus tard, j'ai aussi fréquenté l'école religieuse et je suis allé à l'église, non pas tant par amour de Dieu ou de la théologie et du christianisme, mais pour la simple raison que dans la Yougoslavie communiste de l'époque, l'église en Croatie, et je crois aussi en Slovénie, représentait un contrepoids au système communiste, où certaines choses pouvaient être dites et exprimées de manière critique. C'est une autre raison pour laquelle j'ai commencé à formuler mes idées à cette époque.

Comment cette formulation d'idées a-t-elle évolué au cours de vos années d'études ?

Je dois admettre que lorsque j'étudiais le français et l'anglais à l'université, j'ai peut-être eu de la chance car j'étais en compagnie de professeurs qui faisaient bien sûr partie du régime, mais qui n'étaient pas communistes, ou qui n'étaient guère favorables à la Yougoslavie, même s'ils ne l'exprimaient pas publiquement. En particulier dans les départements d’études romanes des années 1970, on pouvait voir que ces universitaires étaient assez critiques à l'égard du communisme et du titisme, y compris le regretté professeur Matvejevic. Il se considérait sans doute comme un gauchiste et un Yougoslave, mais il était très correct avec moi et m'a même permis de lire de la littérature qui était alors interdite non seulement en Yougoslavie mais aussi en France. Notamment Louis Ferdinand Céline, un écrivain célèbre qui a écrit des pamphlets antisémites qui sont encore interdits en France aujourd'hui, et aussi Robert Brasilliach et la multitude d'écrivains et d'auteurs qui étaient très actifs en France pendant la période de l'occupation allemande, de 1940 à 1944. J'ai donc toujours voulu, non pas par sympathie pour une sorte de "fascisme", mais par curiosité intellectuelle, connaître l'autre côté de la médaille. Je crois que même si, disons, les fascistes, les nationaux-socialistes ou la NDH étaient au pouvoir aujourd'hui, j'aurais également certaines difficultés, car j'ai toujours été intéressé justement par cet ‘’autre côté de la médaille’’. Je pense que c'est un penchant positif chez moi, et je pense que c'est plus une question de caractère que d'idées politiques. Je pourrais continuer à raconter comment, lorsque j'ai émigré en Amérique, où j'ai obtenu l'asile politique, j'ai élargi mes horizons grâce aux livres, car à cette époque, j'ai découvert un grand arsenal d'écrivains, de philosophes et de sociologues de droite qui avaient été pratiquement oubliés et exclus des programmes d'études, même en Europe occidentale et aux États-Unis. J'ai donc lentement évolué sur le plan intellectuel et je peux dire que, avec le recul, je ne vois pas de grande différence, si ce n'est que je continue à élargir mes horizons. Je me relativise toujours, je me regarde d'un œil critique et je pense à la façon dont mes adversaires me voient.

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Vous êtes également l'auteur de Contre la démocratie et l'égalité, un livre dont le thème principal est l'école de pensée de la Nouvelle Droite. Pouvez-vous nous en dire plus sur le livre lui-même ?

Tout d'abord, je dois mentionner que l'ouvrage Contre la démocratie et l'égalité - La nouvelle droite européenne a été traduit en flamand, en espagnol et, il y a environ dix ans, également en croate sous le titre Europska nova desnica - korijeni, ideje i mislioci ("Nouvelle droite européenne - racines, idées et penseurs"). Par ailleurs, il s'agissait en fait de ma thèse de doctorat, car j'ai fait mon doctorat sur le sujet à l'université de Californie aux États-Unis, sauf qu'en tant que thèse, elle portait le titre plus acceptable, ou, si je puis dire, plus ‘’politiquement correct’’, de European New Right and the Crisis of Modern Politics, puis European New Right and the Crisis of Modern Political Society. Bien sûr, plus tard, j'ai fait un peu de marketing autour de ma thèse de doctorat, que j'ai soutenue en 1988, et j'en ai changé le nom un peu pour des raisons commerciale. J'ai opté pour un titre plus explosif pour la simple raison que je pensais, et je n'avais pas tort, que le livre se vendrait non seulement mieux en termes quantitatifs, mais c'était le cadet de mes soucis, mais qu'il bénéficierait également d'une plus grande publicité. Je peux dire que ma décision a été la bonne. Ce livre est encore relativement bien lu aujourd'hui, et il est également largement cité. Je n'entre pas dans une grande controverse dans ce livre ; il est écrit de manière sobre et académique. Je suggère également aux étudiants et à vos lecteurs de se familiariser avec le thème principal de ce livre.

Quelle a été la réaction des autres auteurs et des représentants de la Nouvelle Droite à votre livre ?

Quant au titre lui-même, mon bon collègue Alain de Benoist, qui connaît bien le livre, c'est-à-dire ma thèse de doctorat, qu'il a beaucoup aimée, m'a dit plus tard, bien sûr en toute bonne foi, "Tomislav, quant au titre lui-même, il risque de susciter quelques réactions négatives, car nous ne sommes pas des adversaires de la démocratie, nous sommes juste très critiques à l’endroit de la démocratie libérale". Je le cite ici, mais la même attitude s'applique à moi. Il a également approuvé le contenu du livre et a compris pourquoi j'avais choisi ce titre. Comme je l'ai déjà dit, la thèse de doctorat portait un titre politiquement correct qui était acceptable pour mes collègues avec lesquels j'ai soutenu ma thèse en 1988. J'ai ensuite publié le livre en trois éditions sous le titre Contre la démocratie et l'égalité. Alain de Benoist n'était pas tout à fait d'accord avec ce titre, mais il était d'accord sur le fond avec le livre, avec la table des matières et la bibliographie, pour laquelle il m'a également aidé en partie, étant donné que tout le livre lui est en quelque sorte dédié, puisque j'y traite d'un sujet sur lequel il avait écrit bien avant moi, dès la fin des années 1960.

Pourriez-vous donner à nos lecteurs une idée des grands principes et des idées de la Nouvelle Droite?

Je vais maintenant dire quelque chose à ce sujet. Qu'est-ce que la nouvelle droite ? Je l'explique également dans le premier chapitre du livre déjà mentionné. Il s'agit peut-être d'un pléonasme linguistique, car je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de mentionner une "nouvelle" ou une "vieille" droite. En fait, je peux dire brièvement qu'il s'agit des idées qu'Alain de Benoist et moi-même, entre autres, représentons et que mon livre décrit également. Pour être clair, ce n'est pas un pamphlet, c'est un livre sérieux avec de nombreuses citations. Alain de Benoist et l’association qu’il patronne, le GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), ont voulu faire revivre, en quelque sorte, la tradition conservatrice en philosophie, en sociologie, en littérature et dans d'autres domaines de la connaissance humaine, qui était pratiquement tombée dans l'oubli après la Seconde Guerre mondiale, ou qui n'était plus accessible pour des raisons politiques, parce que, comme nous le savons, après la Seconde Guerre mondiale, une hégémonie culturelle complètement nouvelle a commencé à émerger.

9781912079391.jpgDites-nous en plus sur cette hégémonie culturelle et pourquoi elle est importante ?

J'ai également consacré un chapitre du livre à ce sujet, dans lequel j'explique pourquoi cette hégémonie culturelle est importante dans la lutte politique. Chaque parti ou mouvement politique, qu'il s'agisse de Trump aux États-Unis, de Janša en Slovénie ou de Plenković en Croatie, doit établir une certaine hégémonie culturelle avant de pouvoir accéder au pouvoir, ou même avant d'être capable d'accéder au pouvoir. En d'autres termes, toute force politique doit compter un certain nombre d'intellectuels dans ses rangs et avoir une emprise sur le discours dominant, ou bien elle doit maîtriser ses propres idées et être capable de les imposer, comme l'ont fait les libéraux en Europe occidentale et les communistes en Europe orientale en 1945. Un exemple typique, peu importent son œuvre et la qualité de ses travaux, de cette hégémonie culturelle établie en 1945 est Slavoj Žižek. Malheureusement, dans cette hégémonie culturelle, on ne pouvait entendre que le côté gauche, ou plutôt la scolastique freudo-marxiste, qui incluait la French theory, etc. Mais la philosophie politique qui était auparavant assez forte en France et en Allemagne, comme les filons de la célèbre révolution conservatrice allemande sous la République de Weimar, est complètement tombée dans l'oubli. Ainsi, aujourd'hui, les étudiants n'ont aucune idée de ce qui se passait sur la scène intellectuelle conservatrice et de qui en étaient les principaux leaders, ou, si je puis dire, de la grosse Bertha conservatrice, ou artillerie lourde, qui est très peu connue dans les universités aujourd'hui, qu'il s'agisse de la faculté des arts de Ljubljana, de Zagreb ou de Berkeley aux États-Unis. Ce que je veux faire avec mes livres, et je dois aussi faire l'éloge d'Alain de Benoist sur ce point, c'est de rééquilibrer d'une certaine manière ce déséquilibre et de montrer que la droite, qu'on appelle aujourd'hui la nouvelle droite, a aussi sa propre artillerie lourde intellectuelle, qui se répand lentement, comme on peut le voir aux États-Unis, mais aussi en France, en Allemagne et ailleurs. Il ne faut cependant pas oublier que l'hégémonie culturelle des anciens freudo-marxistes, qui ont bien sûr changé de nom et opèrent sous la forme de diverses associations indépendantes qui aiment parler de tolérance, ou de divers groupes homosexuels et alternatifs de gauche, est toujours forte. Il serait difficile de soutenir que ces groupes font aujourd'hui appel à Marx ou à Freud, car ils ne sont plus en vogue, mais d'autres auteurs le sont, mais néanmoins l'idée d'une nouvelle droite est encore loin d'être implantée dans le cœur et l'âme des gens et des jeunes étudiants d'Europe, précisément parce que cette hégémonie de l'ancienne gauche, ou des antifascistes, ou des anciens et nouveaux ‘’culturistes’’, comme nous les appelons en Croatie, est encore assez forte. Ils ont des sponsors et des financiers puissants, il faudra donc du temps pour que nos idées percent, mais nous sommes sur la bonne voie.

Dans vos essais, vous mentionnez plusieurs fois les titans de la Grèce antique et vous êtes également l'auteur de la nouvelle Les Titans sont en ville. Que représentent réellement les titans aujourd'hui ?

Je suis content que vous me demandiez ça. Lorsque les gens me demandent quelle est ma profession, je leur réponds généralement que j'ai étudié les sciences politiques et la littérature, mais je peux aussi me vanter de ne pas être ce que les Allemands appellent un "Fachidiot". Dans l'enseignement supérieur, notamment aux États-Unis, où l'on parle d'"expertise", ou de "compétence", cela m'a toujours dérangé qu'il y ait aussi, malheureusement, ce "Fachidiotismus", où de grands scientifiques et experts connus se concentrent exclusivement sur leur sujet. Aujourd'hui, malheureusement, il n'y a plus en Europe ou aux États-Unis de penseurs du type de ceux qui ont fait jadis la Renaissance : on voit grouiller des dizaines d’universitaires qui sont seulement forts dans leur "Fach", qui, dans mon cas est la sociologie politique ou la philosophie politique. Mais on ne rencontre plus qu’une misérable poignée d’intellectuels qui connaissent encore la littérature, ou du moins sont familiers avec la littérature classique, qu'il s'agisse d'Homère ou d'Hésiode, ou savent ce que signifient dans la mythologie les Titans, les figures représentées sur les gargouilles et les différents dieux. En parlant de titans, on peut dire que Prométhée est l'un des principaux héros "légitimes" de notre littérature. Nous le rencontrons dans le Faust de Goethe, mais bien sûr, nous le retrouvons surtout dans la mythologie grecque antique. Prométhée est aujourd'hui, même, je suppose, pour le citoyen ordinaire, qu'il soit slovène ou croate, ainsi que pour l'intellectuel, le symbole d'un homme libre-penseur capable de résister à toutes sortes de mythes modernes, même si ces mythes sont faux ou corrects, et capable de risquer sa vie, comme Prométhée, qui a passé 30.000 ans attaché à un roc dans le Caucase, où l'aigle légendaire lui tenaillait constamment le foie. Mais il ne pouvait pas mourir, car les titans, comme les dieux, sont immortels. 

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Dites-nous en plus sur la nouvelle Les Titans sont en ville?

Tout cela m'a un peu inspiré pour écrire une nouvelle, qui, je le souligne, n'est pas un essai politique. Les Titans sont dans la ville est exclusivement une nouvelle d'environ quatre-vingts pages, dans laquelle j'ai dépeint une sorte de ville mythique, et j'avais Vukovar dans mon subconscient, mais en même temps c'est une projection de villes européennes en général, que ce soit Ljubljana, Kranj, Klagenfurt ou Zagreb, montrant à quoi ressembleront ces villes dans environ vingt ou trente ans dans ce grand conflit entre les Saturniens négatifs et les Titans positifs. D'une certaine manière, c'est une allégorie, et j'ai été assez inspiré par le frère d'Ernst Jünger, Friedrich Georg Jünger. J'ai beaucoup lu Ernst Jünger, mais malheureusement je ne l'ai jamais rencontré. Mort en 1998, il est l'une des principales figures parmi les grands écrivains, romanciers et romancières de la littérature allemande. Ce que l'on sait moins, c'est que son frère était également un bon écrivain et qu'il a beaucoup écrit sur les titans. Il a publié un livre pendant la guerre, en 1944, intitulé Die Titanen (Les Titans), que je possède en allemand et aussi en traduction française et anglaise, dont je peux dire qu'elle est très bonne. Ce livre m'a donné un peu d'élan pour écrire ma nouvelle sur cette ville mythique, Titan Town. Je ne mentionne nulle part Vukovar en particulier, mais en général, il pourrait s'agir de n'importe quelle ville d'Europe occidentale, peut-être même des États-Unis, où les gens sont entourés de ces fameux Saturniens que l'on ne voit jamais et dont on ne sait même pas quelle est la forme de leur corps, de leur visage ou de leur morphologie, mais dont on peut dire qu'ils sont négatifs. Mais ici, nous avons aussi des titans positifs, dont l'un s'appelle Held, ce qui signifie héros en allemand, et sa femme s'appelle Heroine, qui patrouillent dans cette enclave isolée, qui est en fait au bord de la mort, entourée de Saturniens, avec des armes. Ils sont confrontés à la mort, et je dois dire à nouveau que la ville de Vukovar m'a aussi un peu inspiré, mais ils se battent, malgré les faibles chances, parce qu'ils savent qu'il vaut mieux se battre en sachant qu'on s'est battu que d'abandonner, de se rendre ou de se suicider collectivement. Bien sûr, je ne parle pas de Vukovar ou de la Croatie, mais je fais en tout cas allusion à des villes européennes qui sont en un sens également assiégées aujourd'hui, bien qu'indirectement, non pas par un ennemi direct ou armé, mais par ce que nous pourrions appeler une migration silencieuse, qui a une note humanitaire et un peu larmoyante. Cette note lui est donnée par le système, et je pense ici en particulier au système libéral de l'Union européenne et à l'État profond des États-Unis, qui contrôlent tout cela de manière pratiquement très fine en favorisant l'arrivée de non-Européens dans cette ville, défendue par les restes de ces titans déjà un peu dépassés.

Avez-vous été inspiré pour écrire cette nouvelle par d'autres livres que l'œuvre de Jünger mentionnée ci-dessus, que vous pourriez recommander à nos lecteurs ?

Je me suis également inspiré d'un livre de Jean Raspail que j'ai lu il y a longtemps, intitulé Le camp des saints. Je peux dire que la traduction anglaise de ce livre est également très bonne, je l'ai lu moi-même dans les années 1980 et je l'ai comparé avec l'original français. Je peux dire qu'il est en effet très bien traduit, et je vous recommande sans hésiter ce livre. Jean Raspail a écrit ce brillant roman en 1973 sur ce que nous voyons aujourd'hui dans l'Union européenne, ou plutôt en Méditerranée, sur l'arrivée constante de migrants non européens qui modifient la composition de la population. Cela part peut-être d'une bonne intention, mais je ne veux pas porter mes jugements moraux maintenant, de peur d'être accusé de racisme. Je pourrais parler de cela aussi, de cette inversion des mots, mais le fait est qu'il s'agit d'un remplacement de population. Je peux mentionner ici un autre auteur français proche de la nouvelle droite, Renaud Camus. J'ai son livre Le Grand Remplacement. Je ne sais pas s'il a été traduit en anglais, mais je le cite beaucoup, parce qu'il parle précisément des choses dont Alain de Benoist, la Nouvelle Droite et une foule d'auteurs de ces milieux ont déjà parlé de manière indirecte, c'est-à-dire de ce qu'ils prévoyaient il y a trente ans, ce remplacement de la population et la disparition progressive des Européens et du patrimoine culturel de l'Europe. Mon bref roman n'a peut-être rien d'exceptionnel, et je pourrais peut-être y ajouter quelques éléments, mais il me tient à cœur. Il est écrit de cette manière culturellement pessimiste, que je fais mienne, et fait référence à ce qu'ont écrit Camus et Raspail, aux thèses de Friedrich-Georg Jünger, mais aussi à Spengler. Tous, d'une certaine manière, peuvent être comptés parmi les précurseurs de la Nouvelle Droite.

81DPzzzqPYL.SR160,240_BG243,243,243.jpgAujourd'hui, nous, Européens, sommes tous confrontés à des problèmes similaires, tels que les migrations de masse, la mondialisation, etc. Néanmoins, il existe de vieilles rancœurs et des conflits entre certaines nations européennes qui sont le résultat de conflits du passé. C'est également le cas entre les Serbes et les Croates. Comment voyez-vous cela et avez-vous des contacts avec les groupes de droite et les identitaires serbes?

J'ai certains contacts avec l'organisation NAŠI de Serbie. J'ai également participé avec eux à un séminaire sur les thermes romains en Slovénie, organisé par l'association Svetilnik. Ivan Ivanović et son collègue au sein de cette organisation m'ont fait une très bonne impression. J'ai souvent des nouvelles d'eux et je corresponds avec eux, et j'ai été invité à Belgrade pour donner une conférence sur l'immigration de masse et le grand changement démographique, à laquelle auraient pu participer le professeur Kevin MacDonald des États-Unis, ainsi que moi-même, parce que nous voulions organiser quelque chose à une échelle un peu plus grande, mais malheureusement cela a été annulé à cause de la crise sanitaire actuelle. J'ai donc certains contacts, mais ils sont loin d'être ce qu'ils devraient être, pour la simple raison que c'est aussi un sujet clé dans cette thématique. Il existe encore une certaine méfiance, je ne dirai pas ‘’haine’’, car le mot est trop fort, mais une certaine incompréhension entre les conservateurs serbes et croates. Je les encourage, aux côtés de mes collègues slovènes, c'est-à-dire à vos côtés, à se joindre d'une manière ou d'une autre à cette lutte commune, et à voir tous ensemble quelles sont nos priorités, sans pour autant renier nos identités nationales et culturelles.

Quelle est votre vision globale des relations entre la Croatie et la Serbie aujourd'hui ?

Il est difficile d'en parler à l'heure actuelle car la Croatie est un pays spécifique et il existe de nombreux malentendus dans ses relations extérieures, qu'il s'agisse de la Republika Srpska, de la Bosnie-Herzégovine ou de la Serbie. J'aimerais donc beaucoup donner un jour une conférence spéciale sur ce sujet. Je dois dire que, bien que j'aie de bonnes relations avec des personnes issues de milieux nationalistes, voire même nationalistes et de droite dits ‘’extrêmes’’ (membres de l'idéologie dite de droite et du ‘’Parti croate du droit’’, op. cit.), je n'ai pas la même opinion qu'eux sur certaines approches, ou je ne suis pas d'accord avec leur méthodologie. Leur point de vue est correct sur de nombreux détails concernant le début de la guerre lors de l'éclatement de la Yougoslavie, mais je ne suis pas le genre de personne obsédée par sa conscience historique au point de couper complètement tout contact avec les Serbes, qu'ils vivent à Chicago, Banja Luka ou Belgrade. Je pense qu'il est très mauvais, nuisible et néfaste de construire son identité nationale sur l'exclusion, ou plutôt sur la diabolisation, la satanisation et l'insulte d'un autre peuple. J'appelle cela une identité négative. Je n'ai pas besoin des opposants serbes pour développer ma conscience nationale et être un bon Croate. Malheureusement, en Croatie, et je crois aussi en Slovénie et en Serbie, il y a un nombre important de personnes, dont beaucoup font partie du gouvernement, qui construisent leur identité serbe ou croate sur la haine, ou sur la diabolisation de toute la nation serbe ou de toute la question serbe, etc. Attention, ce n'est pas seulement le cas ici, mais malheureusement ce problème existe aussi ailleurs en Europe, mais peut-être pas dans la même mesure, par exemple avec les Catalans et les Castillans, ou avec les Hongrois et les Roumains.

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Dans quelle mesure pensez-vous qu'il est important que les peuples européens travaillent ensemble dans cette lutte pour la préservation et l'existence de l'Europe ?

Il ne s'agit pas de broutilles, mais de différences importantes et fatales. Que l'on lise Ante Starčević ou certains auteurs serbes qui glorifient la grande Serbie, il faut savoir tout cela et être capable de replacer ces personnes dans un contexte historique. Cependant, en ce moment de l'histoire, et je ne pense pas qu'il s'agisse d'une déclaration prétentieuse de ma part, nous sommes vraiment au dernier souffle de l'Europe. Le profil ethnique, ou plus exactement racial, de l'Europe a radicalement changé. Ce n'est plus l'Europe d'il y a trente ans ou celle d'il y a soixante-dix ans. Aujourd'hui, c'est un profil de personnes complètement différent. Nous parlons de soixante ou soixante-dix millions de personnes vivant dans l'Union européenne qui ne sont pas d'origine européenne. Par conséquent, une décision doit maintenant être prise, qu'il s'agisse de la baie de Piran ou de certaines parties de la Slovénie autour de Bregana ou peut-être autour de Medjimur, si, en tant que nationaliste croate, c'est mon objectif principal et mon centre d'intérêt, pour ne pas dire mon obsession, de discuter avec vous ou avec l'un de vos politiciens importants au sujet de morceaux de terre qui sont sous la juridiction slovène, ou notre objectif commun est de maintenir plus ou moins le statu quo et d'essayer de nous protéger de ce remplacement de population très subtil, qui ne se fait pas actuellement par un conflit armé, bien que nous ne puissions pas non plus l'exclure à l'avenir, et qui, en même temps, a le potentiel de détruire la nation serbe, ainsi que la nation croate, la nation slovène et toutes les autres nations d'Europe.

Ce dont je parle maintenant concerne notre micro-environnement en particulier, mais ce micro-environnement peut facilement être transféré en France ou en Allemagne. Il y a 20 millions d'étrangers en Allemagne, dont 10 millions, voire plus, sont d'origine non-européenne. Il s'agit de chiffres vraiment "conservateurs", qui sont en réalité beaucoup plus élevés, sans parler de la France, où les statistiques changent littéralement d'un jour à l'autre. En regardant la Suède, l'Allemagne, pratiquement toutes ces villes multiculturelles, on doit se demander si, aujourd'hui, on marche dans le centre de Paris ou de Francfort, ou si on vit à Tombouctou, en Algérie, dans une banlieue d'Istanbul, ou si on est encore dans une ville européenne. Je suis d'avis que, nonobstant nos politiques et nos haines mutuelles qui se sont avérées désastreuses, nous devons nous débarrasser complètement du nationalisme qui nous a fait tant de mal, ce nationalisme de la première moitié du XXe siècle, et nous n'avons tout simplement pas le choix en la matière. Ce nationalisme a causé d'énormes dommages aux Slovènes, aux Croates et aux Serbes, ainsi qu'aux Polonais et aux Allemands, sans parler d'une multitude d'autres nationalités. Nous avons un objectif commun, et je dirais franchement que notre problème fondamental et principal est le système du globalisme et du capitalisme.

Dites-nous en plus sur ce lien entre migration de masse et capitalisme ?

La chose la plus facile à faire est de dénigrer les migrants qui sont venus du Bangladesh et qui peuvent maintenant traverser le Gorski kotar, entrer dans Novo mesto ou errer autour de la frontière slovène de votre côté ou du nôtre. Il est trop facile d’attaquer ces migrants, trop facile de se moquer des Algériens et des Somaliens, en disant qu'ils ne se lavent pas, qu'ils sont laids ou qu'ils sont des terroristes potentiels. Tout cela est en partie vrai, mais nous devons nous demander quelles sont les causes de cette migration et quelles sont les possibilités d'y remédier, ou de revitaliser l'Europe. Alors, où se situent les causes ? Beaucoup de mes collègues qui sont des défenseurs du marché libre et, disons-le, du capitalisme, sont aussi de bons anticommunistes, comme moi, qui suis fier d'être anticommuniste, et nous pourrons en parler une autre fois. Toutefois, avant d'analyser certains problèmes, nous devons savoir où se trouvent les causes profondes. Je vais maintenant attirer votre attention sur un certain paradoxe. D'une part, vos collègues, comme vous-mêmes, sont opposés à la migration et au remplacement de la population, et ce à juste titre. Ils s'opposent au fait qu'un grand nombre de criminels, qu'il s'agisse des prisons viennoises et autrichiennes ou des prisons allemandes, voire plus de 60 %, sont composés de personnes d'origine africaine ou asiatique. Tout cela est vrai. Cependant, nous devons comprendre un fait : vous ne pouvez pas arrêter les migrations de masse si vous ne mettez pas d'abord fin au principe libéral du libre marché, ou à la libre circulation des personnes et des capitaux.

Alors, en fait, le capitalisme est-il en grande partie responsable des migrations de masse et du remplacement de la population ? Comment cela fonctionne-t-il en pratique ?

L'Union européenne et l'ensemble de la doctrine libérale, d'Adam Smith à Hayek et tous ces théoriciens libéraux d'aujourd'hui, sont fondés sur le principe que nous devons avoir la libre circulation des capitaux et des personnes. C'est, après tout, un des principes fondamentaux de l'Union européenne. Donc, pour revenir au paradoxe, et pour l'illustrer un peu de manière simple, j'ai un bon collègue, bon catholique et anticommuniste, grand analyste, qui s'exprime constamment contre les migrants, mais qui est aussi un grand défenseur du marché libre... Ce n'est tout simplement pas cohérent. Si je peux me permettre une petite allégorie, pour un commerçant, qu'il s'appelle Schmitt, Kovac, Maréchal ou Kovacevic, et où qu'il soit dans le monde, qu'il soit catholique ou juif, croate ou slovène, le plus important est qu'il vende ses marchandises. C'est pourquoi l'ouverture des frontières est dans son intérêt. Vous ne pouvez pas l'empêcher d'en profiter. Il y a des employeurs croates qui ont leurs magasins et leurs restaurants à Zadar, pour vous donner une illustration un peu plus poussée de tout cela, et ils ont de grandes croix accrochées dans ces restaurants. Ils sont ultra-catholiques et affichent parfois leur ‘’croatitude’’ de manière un peu grotesque, tout en embauchant une main-d'œuvre bon marché de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, pour la simple raison que pour eux, le profit passe avant l'idée nationale. Je ne veux pas perdre mon temps avec de telles personnes. Je ne veux pas perdre mon temps avec ces faux Croates, Serbes ou identitaires, dont beaucoup sont des gens honnêtes. Je le répète donc, nous ne pouvons pas arrêter la migration si nous n'analysons pas d'abord le capitalisme. Après tout, les principaux "employeurs" de ces migrants sont précisément les grandes entreprises capitalistes, qui ont tout intérêt à obtenir une main-d'œuvre bon marché aujourd'hui et demain, tout en réduisant les salaires et revenus mensuels de la population blanche autochtone.

Mais quels sont les intérêts des néo-marxistes d'aujourd'hui, qui soutiennent aussi avec passion ce changement de population ?

En ce qui concerne les marxistes, il faut comprendre qu'il a toujours été dans leur intérêt et celui des communistes de créer une société mixte, car pour eux tout nationalisme sent le fascisme. Pour être clair, je peux me moquer d'eux, ce sont mes adversaires, de classe ou de race, pourrait-on dire. Mais il faut admettre que si les nationalistes européens, comme je l'ai déjà dit, on peut aussi les appeler les ‘’identitaires’’, avec leurs éternelles guerres tribales qui remontent à cent cinquante ans, qu'ils soient français, allemands, croates, serbes, catalans, castillans, bretons, jacobins et j'en passe, ne vont pas s'arrêter un jour, alors bien sûr, ils donnent du pain et des jeux, ou des opportunités tant pour les capitalistes que pour ces néo-marxistes ou antifascistes modernes, comme ils s'appellent aujourd'hui, pour une légitimité et une alimentation supplémentaires, d'inviter, ou plutôt d'ouvrir la porte légalement à des millions de candidats à l'immigration qui attendent en Afrique du Nord, en Libye, sans parler des trois millions et demi qui attendent en Turquie et d'un peu plus d'un million en Jordanie et en Syrie. Donc, en théorie, il y a environ dix millions de personnes qui attendent en Afrique et en Asie de venir en Europe.

Vous avez vous-même vécu à la fois dans la Yougoslavie communiste et multiethnique et dans les États-Unis multiraciaux. Quelle est votre expérience de la "multiculture" ?

Je n'ai pas besoin d'expliquer ce que cette migration massive peut nous apporter. J'ai vécu assez longtemps dans la Yougoslavie multiculturelle pour voir la fin de cette fraternité et de cette unité dont on parle aujourd'hui aux États-Unis, où je vivais avec ma famille à Los Angeles. Là-bas, il fallait être armé, et il n'y avait pas de téléphones portables à l'époque, mais aujourd'hui il faut avoir deux téléphones portables et une bonne voiture performante. Lorsque je vivais là-bas, j'étais constamment dans une sorte de peur et sous tension, car le soir, on entend presque constamment des coups de feu dans le Los Angeles multiculturel. Je ne pense pas exagérer, car vous pouvez également voir à la télévision les preuves empiriques de ce qui se passe aujourd'hui, non seulement à Los Angeles, mais aussi à Seattle et dans toutes les grandes villes et maintenant dans les petites villes des États-Unis. Maintenant, je ne veux pas porter ici de mauvais jugements sur les Afro-Américains, les Asiatiques ou même les antifascistes blancs, quels qu'ils soient. Il faut toujours chercher d'abord les causes de tout cela, il faut comprendre leur façon de raisonner. En Europe aussi, il y a encore beaucoup à faire, notamment avec la crise actuelle du COVID et l'énorme changement démographique. Je ne peux pas prédire s'il y aura des guerres ou non, car un homme peut perdre une guerre sans tirer un seul coup de feu.

Comment voyez-vous la société de consommation moderne créée par l'idéologie libérale?

Ce qui me gêne personnellement, c'est cette note un peu décadente que je remarque même chez moi et chez mes collègues, qui sont habitués à une certaine dictature de la prospérité et à ce progrès constant, à vouloir toujours, comme disent les Américains, "plus, toujours plus". Nous sommes une société trop opulente et trop riche, nous ne sommes plus habitués à une certaine note prométhéenne, à savoir que chaque chose a son prix. Comme le disait Alain de Benoist, dans le libéralisme, ou plutôt dans le mondialisme auquel nous assistons aujourd'hui, plus rien n'a de valeur, mais chaque chose a un prix. Et nous allons devoir payer ce prix de manière assez sanglante dans les années à venir.

Merci pour cette interview ! Enfin, dites-nous quels sont vos projets pour l'avenir proche et y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à nos lecteurs ?

Je tiens à remercier vos lecteurs. J'aimerais que plus de gens lisent mes livres, donc toutes les personnes sérieuses et les étudiants qui aiment lire peuvent me contacter par e-mail. Je serais également heureux de donner une conférence chez vous, pas nécessairement sur des sujets politiques, mais peut-être sur le thème du prométhéisme dans la littérature européenne, où nous pourrions également aborder la politique du moment. Nous avons également pu aborder les sujets plus sensibles de la Seconde Guerre mondiale et de la catastrophe qui a eu lieu dans la Corne de Kočevje en 1945. Je suis ouvert à la conversation et j'aime entendre, non seulement des applaudissements, mais aussi des questions critiques plus complexes. Je serais heureux si quelque chose pouvait être organisé à l'avenir. J'apprécie les identitaires et je suis en contact avec eux dans une certaine mesure. Le problème de l'organisation de ces événements est généralement la logistique, mais ma vieille règle, je crois que c'est Nietzsche qui l'a dit, est que rien ne tombe du ciel. En fait, je vais très bientôt donner une conférence en anglais en Finlande sur Nietzsche, intitulée "Nietzsche et la signalisation de la vertu". Il s'agit du nouveau terme "virtue signalling", qui fait référence à la moralisation. Nous devons travailler sur notre hégémonie culturelle et faire preuve d'un peu plus de courage civique. Je tiens à vous remercier une fois de plus, ainsi que vos lecteurs. Si quelqu'un souhaite en savoir plus et aussi apprendre quelque chose, il peut me contacter à l'adresse tom.sunic@gmail.com  ou visiter mon site web www.tomsunic.com .

En français:

http://www.ladiffusiondulore.fr/home/792-la-croatie-un-pays-par-defaut-.html

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Tomislav Sunic décrit le phénomène de la « soudaineté » et des aléas dans la notion du politique chez les peuples dépourvus d’États stables. En s’appuyant sur de nombreux ouvrages d’écrivains allemands, français, croates et américains, il s’intéresse plus particulièrement au cas de la Croatie avant d’élargir sa réflexion et de passer en revue les « fausses identités » qui interviennent dans la construction des nationalismes européens. Ce livre incontournable présente les identités nationales par « défaut » ou par « procuration ».

Les victimologies et les hagiographies communistes, véhiculées par une certaine gauche occidentale et les médiats fantasmagoriques, ont été volens nolens à l’origine de l’exacerbation du conflit en ex-Yougoslavie — comme elles le seront peut être demain dans l’Union Européenne.

L’ouvrage traite également du glissement sémantique des vocables à la mode, tels que « fascisme », « antifascisme »,  « racisme », etc., et présente au lecteur la face cachée d’une forme de postmodernité mimée à outrance par les Européens de l’Est.

Cette nouvelle édition s’enrichit d’une introduction de Robert Steuckers nous éclairant sur le parcours de l’auteur et son œuvre.

mardi, 10 novembre 2020

De la scène musicale au théâtre politique

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De la scène musicale au théâtre politique

david-s-lepa-brena-4.jpgDès les années 1980, Lepa Brena alias Fahreta Živojinovitch remplit les salles en Bosnie-Herzégovine yougoslave post-titiste. Dix ans plus tard, la Serbe Ceca vend plus de dix millions de disques. Svetlana Ražnatovitch de son vrai nom épouse en 1995 le célèbre commandant Arkan, chef des Tigres, le nom courant pour désigner la Garde des volontaires serbes dans la guerre contre la Croatie. Un policier assassine son mari en 2000 à 47 ans. Malgré un destin tragique à la George Floyd, cette disparition ne suscite pas une protestation planétaire… Ceca met ensuite son immense popularité au service d’un modeste club de football belgradois.

Depuis la fin des conflits en ex-Yougoslavie, certains pariaient sur l’étiolement du turbofolk. Grossière erreur ! Sa rengaine devient assourdissante au soir du premier tour de l’élection présidentielle en Croatie, le 22 décembre 2019. Économiste de formation, Miroslav Škoro recueille 24,45 % des suffrages et arrive troisième derrière le futur vainqueur, l’ancien Premier ministre social-démocrate Zoran Milanovitch, et la présidente sortante, la conservatrice libérale Kolinda Grabar-Katarovitch. Fort de ce succès inattendu, Miroslav Škoro crée le 29 février 2020 le Mouvement patriotique qui participe aux élections législatives du 5 juillet 2020.

Engagé contre la corruption endémique qui ravage la Croatie, le nouveau parti obtient 10,89 % et seize députés. Favorable à l’envoi de l’armée aux frontières pour empêcher le passage clandestin des soi-disant migrants, le Mouvement patriotique s’affiche souverainiste identitaire et ne cache pas son profond scepticisme à l’égard de l’Union dite européenne. Outre qu’il rassemble des universitaires et des scientifiques, son programme se veut aussi écologiste et localiste. Né en 1962, Miroslav Škoro doit son succès électoral à sa carrière de chanteur populaire. Disponible sur Internet, son œuvre exalte la Croatie, son histoire médiévale, la paysannerie et le peuple.

51Oo-wYpVvL._SX342_QL70_ML2_.jpgContrairement à l’Occident mondialisé et dégénéré où un répertoire clairement nationaliste l’exclurait aussitôt des cénacles artistiques, Miroslav Ŝkoro a présidé de longues années le conseil d’administration de la plus grande société d’édition musicale croate. Il se joint parfois aux concerts de son ami Marko Perkovitch Thompson avec qui il chante la foi, le travail, la famille, la patrie, l’armée et l’honneur. Interdit de séjour dans différents États membres de la pseudo-Union européenne, Marko Perkovitch Thompson, 54 ans, enthousiasme toujours un public jeune et fidèle dans des concerts au décorum souvent politisé. En 2012, 43 % des lycéens croates écoutaient du turbofolk! Perkovitch Thompson s’en écarte toutefois pour privilégier un autre courant musical tout aussi entraînant : l’ethno-rock.

Peu connu en France, l’ethno-rock mêle airs et instruments de musiques traditionnelles avec les sons du rock’n’roll. Très populaire en Europe centrale et en Ukraine avec le groupe Vopli Vidopliassous, l’ethno-rock demeure méconnu en Italie malgré les efforts des groupes Nidi d’Arac et Battan L’Otto. En France, citons le groupe corrézien Chapître V. Dans les Pays baltes, la variante commune au turbofolk et à l’ethno-rock se nomme l’électro-folk. Les instruments traditionnels accompagnent la musique électronique. Imaginons un instant l’hybridation réussie de Kraftwerk et de Dan Ar Braz.

imagesethnorock.jpgOn ne doit pas confondre le turbofolk, l’ethno-rock et l’électro-folk avec la « Oï ! », la musique skinhead, le RAC (rock anti-communiste) et le RIF (rock identitaire français). La synthèse heureuse entre le rock et la musique vernaculaire ne s’opère pas encore dans l’Hexagone à l’exception notable d’un sympathique et talentueux groupe gascon. Boisson Divine est ce qui se rapproche le plus du turbofolk balkanique. Ces genres musicaux valent en tout cas mille fois mieux que l’abject rap des banlieues américanosphériques.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 189, mise en ligne sur TVLibertés, le 3 novembre 2020.

 

dimanche, 03 mai 2020

Tomislav Sunic: Die entstellte Identität

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Erstmal veröffentlicht  in Volk und Bewegung, 2-2020

Die entstellte Identität

(Bevölkerungsaustausch und Umvolkung nach 1945)

von Dr. Tomislav Sunic

Vermischte Völker und organisierte Masseneinwanderung sind Konzepte kapitalistischer und kommunistischer Ideologen. Der Kapitalismus will den unbegrenzten Waren-, Geld- und Personen- transfer, um den Profit zu erhöhen, der Kommunismus will entwurzelte und manipulierbare Menschen als Proletariatersatz. Beide Ideologien sind Relikte des merkantilistischen 19. Jahrhunderts, leugnen Völker, Rassen und Traditionen. Wiewohl Sieger im Zweiten Weltkrieg, haben sie bei der Gestaltung einer Friedensordnung versagt und versuchen die Welt in den Strudel ihres Niederganges hineinzuziehen. Der kroatische Diplomat und Dozent Tomislav Sunic geht den ideologischen Ursachen nach.

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Wir müssen zuerst einige Begriffe klären. Worte wie Bevölkerungsaustausch oder Umvolkung werden in der BRD-Medienlandschaft vermieden. BRD-Politiker benutzen meistens das Wort „Flüchtlinge“, wenn sie über die derzeitige Umvolkung reden. Der Sprachgebrauch in der BRD ist ein besonderer Fall, da alle politischen Redewendungen sowie alle politischen Begriffe in der BRD seit 1945 einer neuen Bedeutung unterliegen sollen. Je nach dem herrschenden Zeitgeist, je nach der politischen Sprachregelung werden manche Worte inflationär gebraucht oder vermieden. Die Wahl des Modewortes „Flüchtling“ soll Hilfsbereitschaft wecken. Dieses sentimentale Wort, statt des zutreffenden Wortes Einwanderer oder Migrant, soll die deutschen Nachkriegs-Schuldgefühle wachhalten und das Kriegsziel der ethnischen Vermischung mit außereuropäischen Migranten erreichen. Dies wird mit dem weitgehenden Asylrecht in Art. 16a des Grundgesetzes angesteuert, wobei Art. 16b ignoriert wird, der eine Einreise aus sicheren Drittländern untersagt. Weniger als 5 Prozent sind echte Flüchtlinge oder Vertriebene, aber selbst nach der Ablehnung des Asylstatus werden diese Einwanderer weiterhin geduldet und bezahlt. Die Frage, warum die Emigranten nicht in den benachbarten Ländern mit verwandter Kultur bleiben wollen, nämlich  Jordanien, Türkei, Saudi Arabien, sondern alle nur in Richtung Deutschland gehen, ist längst beantwortet: Hier gibt es die größte Aufnahmebereitschaft und finanzielle Ausstattung. Das Wort Flüchtling ist falsch, das Wort Migrant ist zu abstrakt, das Wort Wirtschaftsflüchtling kaum gebräuchlich.

9781912079391.jpgHinsichtlich der „Umvolkung“ oder des „Bevölkerungsaustausches“ sollte man darauf hinweisen, daß es dies immer schon gegeben hat und immer  geben  wird.  Vor   kurzem  gab es mehrere kleine Bevölkerungs-Austauschaktionen im ehemaligen Jugoslawien, wobei viele Kroaten, muslimische Bosniaken und  Serben in Bosnien ihre ehemaligen Wohnorte verlassen mußten. Vertreibung wäre hier ein besseres Wort für diese Aktion, da dieser Bevölkerungsaustausch in Ex-Jugoslawien mitten im Kriege stattgefunden hat.

In den 1920er Jahren gab es einen großen aber geregelten Bevölkerungsaustausch zwischen Griechenland und der Türkei. Solange ein Bevölkerungsaustausch freiwillig stattfindet, etwa nach einer Volksabstimmung, kann man sie akzeptieren. Das einzige Problem ist die Wortwahl. Anfang des 18ten Jahrhunderts gab es einen friedlichen Bevölkerungsaustausch im Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation, wobei Hunderttausende Deutsche nach Ost- und Südosteuropa übersiedelten, nachdem sie dort als Siedler gerufen worden waren. Hier wäre es angemessen, von einer Völkerwanderung zu reden. Zwischen 1944 und 1947 gab es wieder einen gigantischen Bevölkerungsaustausch,  wobei über 12 Millionen Deutsche  gewaltsam  in das geschrumpfte Kerndeutschland vertrieben wurden. Hier ist allerdings der Begriff „Bevölkerungsaustausch“ unangemessen, da die blutige Vertreibung mehr als zwei Millionen Menschenleben kostete. Zudem war Deutschland Ende 1945 kein Schlaraffenland für die Vertriebenen; es war völlig zerbombt. Hier passen vielmehr   die   Worte „Flüchtling“ und „Vertriebene“, da diese Menschen aus dem Osten vor Tod oder Deportation fliehen mußten.  Über die  richtige  Wortwahl  in Bezug auf heutige außereuropäische Neuankömmlinge in der BRD kann man sich tagelang streiten.

Ursachen der Umvolkung

Die heutigen Systemmedien nehmen Fremdenhaß und Gewalttaten, also die Folgen der Masseneinwanderung, zum Anlaß, den Deutschen eine fehlende Bereitschaft zur Aufnahme von Einwanderern zu unterstellen. Viele „Experten“ wollen in bezahlten Studien die Wurzeln des Fremdenhasses analysieren. Nun, diese Wurzeln sind vielfältig. Nicht der Islam und nicht die außereuropäischen Migranten haben eine Schuld an diesem neuen Völkeraustausch. Die Hauptschuld liegt in der Ideologie des Liberalismus, im Multikulturalismus und ihren verschiedenen modernen Ablegern.

Es geht hier auch nicht um einen geheimen Plan von ein paar bösen Leuten oder eine Verschwörungstheorie angesichts des realen Bevölkerungsaustausches, der jetzt in Europa im Gange ist. Es gibt freilich übernationale Gruppen und Lobbies, die von   diesem Völkeraustausch profitieren, was aber nicht heißen muß, daß diese Gruppen alleine geheime Pläne schmieden. Sie folgen vielmehr einem Denkmuster.

Die heutige Umvolkung ist völkerrechtlich im Einklang mit dem liberalistischen Fortschrittsglauben. Dieser Fortschrittsglaube beruht auf dem Grundsatz der unbeschränkten Bewegung von Menschen und Waren, wobei folgerichtig auch Menschen zu Waren werden. Dieser liberalistische Grundsatz ist in UN- und EU-Dokumenten fest verankert. Der Händler oder der Spekulant duldet keine Grenzen und keine Staaten, und schon gar keine Völker, er sieht nur eine anonyme große Konsumgesellschaft. Dem Händler ist es egal, wer sein Kunde ist; ob sein Kunde Inder, Kroate oder Afrikaner  ist  – er will nur Profit machen. Der Zuzug  außereuropäischer  Migranten in die BRD, in die gesamte EU ist die logische Folge der Dynamik des Liberalismus und seines Ablegers Globalismus, und das ist ein Prozess, der schon rund zweihundert Jahre dauert.1) Wir haben die Auswirkung dieser Dynamik schon in der Mitte des 19ten Jahrhunderts gesehen.

9200000079458232.jpgDeswegen ist jegliche Kritik an der Masseneinwanderung ohne eine vorhergehende Kritik am liberalen Handel bzw. am Kapitalismus sinnlos. Und umkehrt. Die kleinen kriminellen Migrantenschlepper, die meistens aus dem Balkan stammen, sind nur ein Abbild der großen Gutmenschen-Migrantenschlepper, die in unseren Regierungen sitzen. Auch unsere Politiker, ob sie in Brüssel oder in Berlin sitzen, befolgen nur die Regeln des freien Marktes.

Auch die Linke irrt sich, wenn sie sich für die Masseneinwanderung ausspricht. Die Migranten  gelten  für die Linken als Ersatzproletariat. Die Linken schieben gerne „Menschenrechte“ vor und behaupten,  daß es keine Unterschiede  zwischen Menschen, Völkern und Rassen gäbe, und daß unsere ethnischen, geschlechtlichen, rassischen oder völkischen Identitäten ein bloßes Sozialkonstrukt seien, die man immer mit einer anderen Identität austauschen könne. Es ist auffallend, daß die linken Weltverbesserer, die ständig von Gleichheit und Austauschbarkeit aller Völker und Menschen träumen,    nie die  enormen Wohlstandsunterschiede zwischen dem globalen Establishment und den Migranten antasten wollen, sondern diese ökonomischen Ungleichheiten hinnehmen. Sie kommen auch nicht auf die Idee, die Fluchtursachen anzuprangern oder eine Hilfe in der Heimat der Migranten zu organisieren (siehe Beitrag „Das Sachs-Konzept“ in Ausgabe 1-2020). Nach Alain de Benoist: „Wer den Kapitalismus kritisiert und gleichzeitig die Einwanderung billigt, deren erstes Opfer  die lohnabhängige  Arbeiterschaft ist, sollte besser die Klappe halten. Wer die Einwanderung kritisiert, aber über den Kapitalismus schweigt, sollte das Gleiche tun“. 2)

Die BRD ist heute ein idealer Migrantenstaat, da sie seit 1945 ein krankes Land mit hochneurotischen Regierungen ist. Wenn man die Lage in der BRD oder in ganz Europa verstehen will, besonders in Bezug auf den Zuzug außereuropäischer Migranten, muß man immer wieder nach 1945 zurückblicken. Die BRD ist seit 1945 ein halb-souveräner Staat. Die von Panik geplagten BRD-Politiker, mit ihrer permanent geschwungenen Nazikeule, haben sich aus der Geschichte verabschiedet und haben dem Begriff des Politischen freiwillig entsagt. Die Schuldkultur der BRD-Etablierten erklärt, warum Deutschland  heute an der Spitze der sogenannten Willkommenskultur rangieren muß.  Deutsche Schuldgefühle gegenüber der ganzen Welt sind aber keine Garantie dafür, daß morgen oder übermorgen ein  feindlicher  Staat der heutigen BRD ein solches philanthropisches und selbsthassendes Verhalten honorieren wird. Wenn ich mich verweigere, meinen Feind als solchen zu benennen, wird das nicht heißen, daß mein Feind dasselbe tun wird. Genau das Gegenteil passiert. Immer mehr Politiker, sowohl europäische als auch außereuropäische, sehen die BRD als einen labilen Sicherheitsfaktor.

Außerdem bedeuten deutsche Gesten der Menschenliebe gegenüber den „Anderen“ längst nicht, daß die Anderen sich auf gleiche freundliche Art morgen gegenüber den Deutschen benehmen werden. Die meisten Leute in Merkels Umfeld sind sich dieser  neurotischen  Lage  in der BRD völlig bewußt; sie glauben jedoch, daß sie die sozialen Spannungen abbauen könnten, indem sie immer weiter dem Selbsthaß frönen und die Rolle des Prügelknaben weiterspielen.

US-Kriege und linker Fortschrittsglaube

Wieder benötigen wir einige Begriffserklärungen. Wir müssen einen wichtigen Unterschied zwischen Anlaß und Ursache der heutigen Migrationsströme erkennen. In jedem Fall sind die Migranten auch Opfer dieses globalistischen-liberalistischen Systems.  Die  wichtigsten  Anlässe zur jetzigen Umvolkung waren gescheiterte amerikanische Kriege am Anfang der neunziger Jahre des vorigen Jahrhunderts im Mittleren Osten und in Afrika sowie der Zusammenbruch des Mythos von guten und intelligenten Dritt-Welt-Ländern einschließlich der linken Fortschrittsprognosen für diese Völker. Die Entkolonialisierung Afrikas und Südasiens hat nicht Stabilität sondern mehr Chaos in Afrika und Asien verursacht. Dies waren die Anlässe für die heutigen Migrationsströme - aber nicht die Ursachen. Die Ursachen des heutigen Völkeraustausches liegen anderswo.

9200000086943706.jpgNatürlich könnte der heutige Bevölkerungsaustausch von jedem europäischen Staat jederzeit gestoppt oder auch rückgängig gemacht werden, solange Politiker Mut zur Macht haben, solange sie politische Entscheidungen treffen wollen, oder anders gesagt, solange sie die Entschlossenheit zeigen, den Zuzug der Migranten aufzuhalten.

Warum fehlt es bei deutschen Politikern am Mut zur politischen Entscheidung in Bezug auf den Einwanderungsstopp? Die Antwort ist leicht zu erraten: Seit dem Ende des Zweiten Weltkriegs fehlt es bei den Politikern in der BRD (aber auch in der EU) am Willen zur Macht. Diplomatisch gesagt, es fehlt ihnen der Begriff des Politischen. Allerdings ist solch unpolitisches Verhalten der heutigen BRD-EU-Politiker völlig im Ein- klang mit ihrem Zweckoptimismus, der aus dem Gründungsmythos des liberalen Systems seit 1945 herrührt. Das apolitische Verhalten der Regierenden in der BRD, in Europa und Amerika ist gar keine Überraschung für uns, da die zugrundeliegende Ideologie des Systems keine politische Souveränität der Völker dulden darf. Demzufolge sind Politiker eher lohnabhängige Angestellte des Systems. Dazu kommt die Angst der neurotischen BRD-Politiker, ihre Entscheidung über eine Abschiebung von Migranten könnte als  Faschismus oder Rassismus gebrandmarkt werden. Das ist ein Stigma, das kein deutscher Politiker über sich ergehen lassen darf.  „Der  Antifaschismus ist eine Fundamentalnorm der politischen Kultur Deutschlands seit 1945.“ 3)

Das verlorene deutsche Ich - oder die BRD-Doppelgänger

Es gibt im deutschen Kulturgeist eine besondere Neigung zur Selbstverleugnung. Diese Selbstverleugnung erzeugt den Typ eines Doppelgängers, der den Andersartigen nachahmt. Wir sehen diesen Typ des Doppelgängers bei vielen Romantikern, wie z.B. in E.T.A. Hoffmanns Novelle „Der Sandmann“, wo sich die Hauptfigur in einen Automaten verliebt, der einer schönen Frau ähnelt. Wir sind heute Zeuge einer solchen Automatenliebe, das heißt des Identitätsverlusts bei vielen Deutschen. Ein Beispiel sind die bußfertigen Pilgerfahrten deutscher Politiker nach Israel. Kanzlerin Angela Merkel hat vor einigen Jahren bei ihrem Besuch in Israel gesagt: „Für uns und auch für die deutsche Seite ist das (Israel) ein Teil unserer Identität.“  Das ist eine pastorale Selbsttäuschung, die häufig bei BRD-Politikern vorherrscht, zumindest in Verbindung mit einem bestimmten Amt. 4)

Über das deutsche politische Doppelgängertum, das sich in Selbsthaß, Selbstzensur, und Hypermoral gegenüber Drittweltbürgern offenbart, kann man lange reden. Diese geistige Beeinträchtigung, die sich  in zersplitterter Identität offenbart, hat der Dichter Gottfried Benn in seinem Gedicht „Verlorenes  Ich“  gut beschrieben. Friedrich Nietzsche hat seinerseits diese angstgetriebene, liberalistisch-weltverbessernde Hypermoral bei vielen deutschen Politikern schon vor fast 150 Jahren erkannt. „Wenn aber Goethe mit gutem Rechte gesagt hat, daß wir mit unseren Tugenden zugleich auch unsere Fehler anbauen, und wenn, wie jedermann weiß, eine hypertrophische Tugend – wie sie mir der historische Sinn unserer Zeit zu sein scheint – so gut zum Verderben eines Volkes werden kann wie ein hypertrophisches Laster: so mag mich nur einmal gewähren lassen“. 5) Diese deutschen Mimikry-Vorgänge, deren wir Zeuge sind, haben heute eine pathologische Grenze erreicht, wobei die BRD-Politiker ihre Gutmütigkeit gegenüber Fremden immer wieder verdoppeln müssen, um damit ihre vorgebliche historische Sünde besser loswerden zu können. Zum großen Teile ist deratige Mimikry Folge der alliierten Umerziehung, deren Ziel es war und noch immer ist, eine neue Menschenart herzustellen. Ja, den „Neuen Menschen“ wollte ja auch der Kommunismus.

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Disponible aux éditions du Lore: http://www.ladiffusiondulore.fr

Es wird oft übersehen, besonders bei den Linken in der  BRD,  daß  die Migranten gar keine homogene Masse darstellen; sie bekriegen sich auch gegenseitig. Unter Annahme einer real entdeutschten BRD werden sich die verschiedenen Bevölkerungsgruppen dann gegenseitig bekämpfen, was jetzt schon sichtbar wird. Hier soll man hinzufügen, daß Rassismus und Fremdenfeindlichkeit nicht nur ein Kennzeichen der Deutschen oder der „weißen Männer“ sind. In Amerika zum Beispiel, gibt es täglich kleine Zusammenstöße zwischen vielen schwarzen und hispanischen Banden. Zudem sind die Amerikaner ostasiatischer und japanischer Abstammung traditionell sehr feindselig gegenüber den Afro-Amerikanern und Latinos eingestellt. Aber derzeit soll nur den Weißen Schuld und Reue eingeimpft werden.

Die heilige Wirtschaftlichkeit

Es gibt in Westeuropa heute keinen einzigen Staat, der noch ethnisch und kulturell homogen ist, wie das noch vor ca. 50 Jahren der Fall war. Anders in Osteuropa. Im Durchschnitt besteht gegenwärtig die Bevölkerung jedes einzelnen westeuropäischen Staates aus ca. 15 % Bewohnern nichteuropäischer  Abstammung. In den USA beträgt dieser nichteuropäische Anteil sogar fast 50 %. Diesbezüglich kann man freilich über eine neues buntes Abendland reden, dessen  Parallelgesellschaften wenig Gemeinsamkeiten haben und früher oder später Unruhen und Kleinkriege zwischen und  inmitten der Neuankömmlinge auslösen werden. Der Grund, daß es derzeit noch keine massiven zwischenrassischen Konflikte in Westeuropa und Amerika gibt, liegt an der Tatsache, daß die USA und Westeuropa noch immer relativ wohlhabende Länder sind deren großzügige Sozialabgaben an außereuropäische Migranten den sozialen Frieden bewahren. Das westliche System und dessen kleiner Ableger, die EU, so wie wir es heute kennen, basiert seit 1945 auf dem Glauben an die „heilige Wirtschaftlichkeit“ , wie es einst von dem deutschen Soziologen Werner Sombart benannt wurde. 6) Dieses System, in dem der Fortschrittsglaube eine neue Religion geworden ist, wird zugrundegehen, sobald diese heilige Wirtschaft kein Heil für ihre multiethnischen Bewohner mehr auszuschütten vermag.

Chroniques-des-temps-postmodernes.jpgDemzufolge stellt sich die Frage, was bedeutet es heute, ein guter Europäer zu sein? Ist ein Bauer im ethnisch homogenen Rumänien oder Kroatien ein besserer Europäer, oder ist ein Nachkomme der dritten Generation eines Somaliers oder Maghrebiners, der in Berlin oder Paris wohnt, ein besserer Europäer?

Man soll auch sehr skeptisch sein gegenüber zahlreichen rechtsorientierten Gruppen in der BRD und Europa, die von einem Krieg gegen Muslime reden. Eines soll hier unterstrichen werden: Wenn ein neuer Bürgerkrieg in der BRD oder Europa ausbricht, wird es kein Krieg lediglich zwischen Europäern und Nicht- Europäern sein. Dieser Krieg wird keine klare Linie zwischen Feind und Freund aufzeigen. Viele linksorientierte Bürger werden auf der Seite der Migranten kämpfen. Hier sollen wir auch klar zwischen Religion und ethnischer Zugehörigkeit unterscheiden. Die meisten Zuwanderer, die jetzt  nach  Europa hineinströmen, sind tatsächlich muslimische Nicht-Europäer. Aber Religion und Nationalität sind keine Synonyme. Es gibt europäische Muslime wie die Bosniaken z.B., aber es gibt auch Muslime in Pakistan oder Somalia. Die haben gar nichts miteinander gemeinsam.

Identitäten erkennen

Die aktuellen nicht-europäischen Migrantenströme aus der Türkei könnten einerseits den Europäern helfen, indem sie sich selbst ihrer gemeinsamen europäischen biokulturellen Wurzeln bewußt werden. Anderseits könnten diese nichteuropäischen Migranten die  uralten zwischen-europäischen Auseinandersetzungen weiter vertiefen. Hier ein Beispiel: Derzeit gibt es ca. 20.000 bis 30.000 außereuropäische Migranten im benachbarten dysfunktionalen Staat Bosnien, wo vor kurzem drei verfeindete europäische Völker - Kroaten, muslimische Bosniaken und Serben - sich bekriegten und nun zusammenleben müssen. Die serbischen Verwaltungsbezirke im serbischen Teil Bosniens wollen diese Migranten nicht behalten, und statt dessen verschieben sie diese an die kroatische Grenze. Die kroatisch-serbische Spannung, die immer noch da ist, kann sich noch vertiefen. Ähnliches kann morgen geschehen, wenn sich z.B. Polen entschließt, Quotenmigranten nicht aufzunehmen, sondern sie der Frau Merkel überläßt. Dann könnten leicht die alten polnisch-deutschen Abneigungen neu geweckt werden.

Hier ist die große Frage für den guten Europäer: Wollen wir weiterhin auf unsere historischen  Kleinstaatereien und Auseinandersetzungen beharren, oder wollen wir unsere gemeinsame Identität verteidigen?

Die Kritik am Islam, wie sie bei vielen Rechten gängig ist, hat auch keinen Sinn, wenn man übersieht, daß die lautesten Befürworter der muslimischen Einwanderung die großen Kirchen, der Papst und die deutschen und amerikanischen Bischöfe sind und nicht die Antifaschisten. Das Christentum ist, ebenso wie der Islam, eine universale Offenbarungs- Religion. Beide kommen aus dem Judentum, das seine Quelle im Orient hat - nicht in Europa.  Der  Zuzug der Migranten wird heute psychologisch und per Gesetz von den Kirchen und dem Vatikan unterstützt und gesteuert. 7) Oft wird die Rolle etwa des höheren katholischen Klerus in Amerika und Europa im Bezug auf heutige außereuropäische Migrantenströme übersehen. Das Verhalten der Kirche steht ohnehin völlig im Einklang mit der christlichen Ökumene, bzw. dem christlichen Universalismus. Der Papst plädierte im Januar dieses Jahres nochmals für die Aufnahme der außereuropäischen Migranten mit den Worten: „Christen sollten den Migranten die Liebe Gottes, die von Jesus Christus offenbart wurde, zeigen, weil dies die Christen der Einheit, die Gottes Wille für uns ist, noch näher bringt". 8)

Um die Wurzeln dieses Bevölkerungsaustauschs und seiner Auswirkungen zu beseitigen, müssen wir demzufolge zunächst kritisch mit den Gleichheitslehren auseinandersetzen. Was wir jetzt im Westen beobachten, ist die endgültige und logische Folge der egalitären und universalen Lehre, die das Christentum seit zweitausend Jahren predigt. Die Lehre von der Gleichheit aller Menschen taucht heute freilich als Metastase in der Ideologie des Liberalismus, des Kommunismus und seiner verschiedenen egalitären und globalistischen Sekten, wie z.B. des Antifaschismus, auf. Sie alle predigen das Ende der Geschichte in einer großen multikulturellen und transsexuellen Umarmung.

Cover-Boek-Sunic.pngDie einzige Waffe, sich gegen den heutigen Völkeraustausch zu wehren, liegt in der Wiedererweckung unseres biologisch-kulturellen Bewußtseins. Ansonsten werden wir weiterhin nur die hohlen Floskeln der christlichen, liberalen oder kommunistischen Multikulti-Ideologie wiederkäuen. So richtig es ist, die Antifa oder den Finanzkapitalismus anzuprangern, dürfen wir nicht vergessen, daß die christlichen Kirchen die eifrigsten Boten des großen Bevölkerungsaustauschs sind.

Fußnoten:

1)   T. Sunic, “Historical Dynamics of Liberalism: From Total Market to Total State”, Journal of Social, Political & Economic Studies (winter 1988, vol. 13 No 4).

2)    Alain de Benoist, „ Immigration: The Reserve Army of Capital“ (übersetzt von T. Sunic), The Occidental Observer, April 2011.

3)   Prof. Dr. Hans-Helmuth Knütter, „Ein Gespenst geht um in Deutschland Deutschland driftet nach links!“ (Hamburg: Die Deutschen Konservativen, 2008).

4)   Siehe auch FAZ, “Verantwortung für die Shoa ist Teil der deutschen Identität“, der 2. Februar, 2005.

5)          F. Nietzsche, Unzeitgemäße Betrachtungen (1893 Berlin: Herausgegeben von Karl-Maria Guth, 2016), S.71.

6)     Cf. Werner Sombart, Der Bourgeois, cf. „Die heilige Wirtschaftlichkeit“; (München und Leipzig: Verlag von Duncker and Humblot, 1923), 137-160.

7)     Cf. T. Sunic, « Non-White Migrants and the Catholic Church: The Politics of Penitence, » The Occidental Observer, April, 2017.

8)       Catholic News Agency, „Papst Franziskus: Migranten willkommen zu heißen, kann Christen vereinen“, den 22. Januar 2020.

 

samedi, 22 février 2020

Antaios, spiritual sources of Europe

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Antaios, spiritual sources of Europe

Interview with “New Antaios” (Thor E. Leichhardt)

(interview taken by Robert Steuckers, late spring 2011).

(http://www.new-antaios.net)

Who are you? What’s the main purpose of your “New-Antaios” project? And why do you refer to the mythological figure of Antaios? Is it a revival of Jünger’s and Eliade’s Antaios or an English counterpart of the former Antaios journal of the Belgian novelist Christopher Gérard?

I was born in Agram (a German name for the city of Zagreb) in Croatia just over 42 years ago. I have lived in Zagreb during the times while my country was occupied by Yugoslav communist regime led by dictator Josip Broz Tito. There I have studied Political Sciences at the University of Zagreb and later on Philosophy and Psychology at Hrvatski Studiji, University of Zagreb. I have studied as well at Universities in Scandinavia, United Kingdom and Germany. I am coming from a family which is of an ethnic German heritage.

Antaios is uniting Earth and Sea, soil and water without whom both there is no life. Antaios father was Poseidon, the God of Sea and mother Gaia of the Earth. Antaios or Antaeus in Greek means as well ‘’against’’ so in this way ‘’The New Antaios’’ is in cultural and philosophical terms set to make an intellectual bulwark against that what is destroying Our European culture, tradition, heritage, folklore and with that ultimately our roots.

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Journal ‘’The New Antaios’’ is the continuation of the original ‘’Antaios’’ Journal of Mircea Eliade and Ernst Jünger so we can say it is a revival albeit the Journal will/is as well reflecting on all that is happening in these postmodern times. Hence Journal represents what I call ‘’Postmodern European thought’’ and as such serves primarily as an outlet for the postmodern philosophers and thinkers.

I do respect and highly admire Christopher Gerard and his work on Antaios in years from years 1992 to 2001. Like Gerard I dislike New Age teachings and don’t have any interest in TraditionalistSchool. The New Antaios is made of four sections which are making the whole Journal. First part is ‘’Plethon’’ the name I gave after the Byzantine Hellenistic philosopher George Gemistos Plethon and articles in that section are related to Hellenism, Heathenism in a scholarly way. Contributions will be made as well by certain authors from Asatru background. Heathenism and Heithni comes from the Old Norse word heiðni which was used to describe the pre-Christian spiritual beliefs and practices of the Northern European peoples. The word Heithinn (or Heathen) comes from the Old Norse word heiðinn, an adjective to describe the ideals of Heithni (ex. Heithinn ethics – those ethics which conform to Heithni), or as a noun to describe those who live by the ethic and world-view of Heithni (ex. He is Heithinn, those people are Heithnir [plural]). Heiðni also means ‘high, pure, clear’ in Icelandic language. Word also describes person who is a dweller in place in the nature. Postmodern Heathens are those people who are reviving and revitalizing the tradition through serious study, research and dedication combined with the worship of the Gods and Goddesses or just simply in a way of their thinking without the ritual worship part. Personally I am keen of combining the two in a proper and balanced way. Second section is ‘’Aesthetic Vedanta’’ named after the book by Swami Bhaktivedanta Tripurari Maharaja, Western teacher of ancient tradition of Gaudiya Vaishnavism. Aesthetic Vedanta section deals with Hindutva, Hinduism,Vaishnavism and Gaudiya Vaishnavism exclusively. Third section is ‘’Suncovrat’’ a Croatian archaic word for the Solstice and deals with pre-Christian cultures which existed prior to Christianization of what makes nowadays Republic of Croatia. Fourth section is the main section of the Antaios Journal.

I would further like to point out that Christopher Gerard has no input whatsoever and isn’t in any way associated or affiliated with this new Journal. That is why the journal has prefix ‘’The New’’ to clearly mark difference with previous two journals. As far as I know Gerard’s Journal ceased to exist just on the turn of the century hence prefix ‘’The New’’ is completely appropriate here. While it will preserve and retain the original idea and concept with due respect to previous editors and directors of the Journal, it will be updated with short blog style texts, proper academic articles and essays which reflect on and take a critical eye of current state of affairs in different areas of philosophy, politics, culture, art, tradition, science and these postmodern times .

What was the maturation process of your worldview? Has it to do with Croatian politics or not?

I would say that I have spiritual and political Weltanschauung complementing each other. I was brought up in a family whose background is Christian albeit my late grandfather and my late father were both reading authors like Nietzsche and Jünger and considere themselves to be Pagans. I was brought up on stories from ancient Greece and Old Norse and Germanic tales whom my friends in school didn’t even hear about. My own father was a Heathen. He wrote small and up until now unpublished treatise on what he calls ‘’Raan’’. In this book Raan is knowledge of the Gods and Goddesses who once in previous Yugas did visit our planet. In this work he is influenced by Nietzsche’s and Heidegger’s philosophy.

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After spending years at the University in Croatia studying Political sciences in Zagreb I went to become a monk in Gaudiya Vaishnava tradition. The reason for that was again in the Family. During the mid to late 80es my family got interested in Gaudiya Vaishnavism so I started reading and studying different books of Vedic knowledge like Upanishads, Puranas and Bhagavad Gita. I have discovered in mid 90es about Traditionalist School, Rene Guenon and Julius Evola. In years to come I have been reading and studying about diverse cultures, traditions of Europe and parallel with that I got initiated in the Traditional Gaudiya Vaishnavism while travelling to one of my spiritual pilgrimages to India.

Hence as a result, my own spiritual belief system would be Traditional Gaudiya Vaishnavism, while I permanently study and read about Indo-European beliefs of our ancestors, Ostrogothic pre-Christian beliefs, Old Norse, Hellenic and Germanic pre-Christian belief systems and Mithraism. Vedic knowledge in my opinion is very important key to unlock many secrets of the European tradition itself. In line with that I very much admire Hindutva writers such as Sita Ram Goel and Ram Swarup, Indian historian Bal Gangadhar Tilak , contemporary scholar from Belgium Dr. Koenraad Elst as well as Alain Danielou who are all big influence. Next influence would be primarily my own teacher Sri Ananta das Babaji Maharaja by whom I was directly initiated in Parivar or Traditional line which goes back many centuries ago, then authors such as: Sri Kunjabihari das Babaji Maharaja (who is the direct teacher of my own teacher Ananta das Babaji Maharaja), Kundali das, Binode Bihari das Babaji and Sripad Bhaktivedanta Tripurari Swami Maharaja whose certain books and teachings are in my opinion the Gaudiya Vaishnava answer to Traditionalist school. There should be veneration of our ancestors together with the firm belief in divine origins of Our Ancestral lines, veneration of Nature and veneration of the Gods and Goddesses which are part of our European Identity. Perhaps it would be the best to quote here another great influence of mine, Dominique Venner: ”To live according to tradition is to conform to the ideal that incarnates, to cultivate excellence according to its standard, to rediscover its roots, to transmit its heritage, to be in solidarity with the people who uphold it. ”

Croatian politics were influential to my worldview and perhaps it would be better to give a bit of background explanation from the not so well known Croatian history. Certain people would like such knowledge to remain hidden as such. In my opinion Croatian people have a unique position in Europe. There are people who label Croatia Western Balkans which is a complete nonsense. According to what I was reading from diverse sources Croats aren’t only just Slavs and are mixture of Slavenized Germanic tribes, Celtic tribes, Illyrians, ancient Romans, ancient Greeks and Indo-Persians. Over the span of more than half a century Croat academics and researchers who were proclaiming such theories were executed or ‘’disappeared’’. Persecutions started in times of the monarchist Yugoslavia up to late 80es of 20th century in the communist regime. Names like Haraqwati and Haraxvati which paleographic expert Dr. Kalyanaraman has found were names of the tribes, etnonymes which clearly show how early we can find about Croatian origins. Places where such names were found were part of Bharata Varsha or what is today India. Archaeologists have found along names emblems and coats of arms which look very much similar to Croatian coat of arms with the twenty – five field “chessboard”. In a similar way the remnants and artefacts were also found when those tribes have moved from what is today India to Persia and those names can be found in 6th century before Christ in places like Bagistan and Persepolis and also with ancient peoples like Hurrwuhé. Ancestors of today’s Croats were worshippers of Saraswati Goddess of Vedic India (Goddess of learning, arts and music) and from her name comes originally name Hrvati. Croats are therefore known as Hrvati, Haravaitii, Arachosians or Sarasvatians, descendants of the ancient inhabitants of the Harauti province & the Haravaiti or the Sarasvati River. The recent hravati /hrvati [sic] hence comes from haraxvaiti and earlier spelt as haraquati (arachotos, arachosia, araxes). Sarasvati is the river and Arachosia being the region.” Their mention is as well on the legendary inscriptions of Darius the Great. Early Croatian pre-Christian religion was derived from primordial Persian Sun-worship. Even the Croatian word for tie is kravat(a) which is again another connecting word.

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Furthermore, the name of the Croatian capital, Zagreb, is related to the Zagros mountain range of Iran. The Dinara mountains in Dalmatia may be connected to Mount Dinar (Dene) of Iran. When the tribes came to what is nowadays Croatia they have mingled with the numerous local Slavic (or Slavenized Germanic tribes) tribes and adopted the Slavic language from them. Meanwhile after the collapse of the Hunnic Empire Croats organized the local Slavs into a state and gave them their national name. Before the invasion of the Avars ca. 560 the White or Western Croats created along with the Antes a great state extending north of the Carpathians from the upper Elbe to the upper Dniester. (35: Niederle, 263-266; Dvornik, The Slavs, 277-297) R. Heinzel is of the opinion that the Carpathians of the old Germanic Hervarsaga took their name from the Croats who called them the Harvate mountains i.e. Croatian mountains. (36: Heinzel, 499; Dvornik, op. cit., 284, sq.)” (Mandic 1970, Ch.1)

There are similarities in folklore as well. “There are old Croatian customs and national poems that have been cited as evidencing lingering traces of the fire and sun worship of the Persians. Fire, the essence of human origin, the sun, and the great boiling cauldron around which the warriors spring in the age old kolo or circle dance, all these are ingredients in the national lore of the Croatian nation. The Croat vilas or fairy witches resemble the peris of Iranian mythology. Then there is the legendary Sviatozov, the personification of strength, a being almost too huge for the earth to bear. He is strongly reminiscent of the “elephant-bodied” Rustum of Persian legend.” (Guldescu 1964, pt.1.II) “It should be noted that only the thesis of the Iranian origin of the Croats can explain the name “Horvath”, the title of a Croat dignitary Banus, the names “White” and “Red Croatian”, and the Bogumile phenomenon (like Cathars in Occitania). According to this theory, the Croats were a branch of the Caucasian Iranians, who lived somewhere in the western Caucasus during the era of the Roman Emperors. The Caucasian Anten were another branch of this group.” (Dobrovich 1963)

Research shows clearly everything what I have written and quoted above to be the truth although some oppose that theory as they want to preserve artificial Panslavism , idea of Yugosphere ( the idea for the 3rd united Yugoslavia without Slovenia and with Albania) under the guise of ‘’Western Balkans’’. In Croatian language there is an excellent word I really like: ‘’Samosvojnost’’. Samosvojnost means Identity in Croatian language. In my opinion Croatian identity should and must be preserved only through the independent republic of Croatia or as it is now. Hence Croatia does not need any new unions. Friendship yes, but union definitely not.

Serbia on the other hand would like to establish themselves as a regional leader. They play with naive Croatian government and Croatian president Josipović while behind their back they lobby in EU to make what was once war in ex-Yugoslavia look as a ‘’civil war’’ and accuse Croatia who were defending themselves . They do have some allies and friends in Europe who would like to see them as the leaders in the region. Those allies on the other hand actually don’t consider Serbia as a friend but as a tool for their own means and nothing else. It is a travesty of justice to see Croatian generals such as Gotovina and Markač to be sitting in Hague so just that Croatia can get a green light for EU so that bureaurocrats in EU they can say that ‘’all sides’’ were equally responsible. I would like to ask the question then. What about the people and country of Croatia which was invaded, whose homes are burned and destroyed? According to that ‘’theory’’ Croatians should not have been defending themselves as they were supposed just to sit and wait to be erased from the face of this planet.

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Croatia has been suffering since demise of Austria-Hungary. It wasn’t good for Croatians either to be in any previous unions but union with Serbs has proven to be so far the worst one. Union with Austria-Hungary was far from perfect but at least we were in a monarchy which had culture and tradition. Croatian people don’t need anything anymore other than their own independence and peace with the neighbouring nations.

How the time is passing by I am less and less interested in Croatian politics. As a result I won’t be writing in Croatian language anymore since there is no purpose for it. I will rather use and invest my energy, effort and time for something I think will yield certain results than to write constantly for something what will anyway reach just a handful of people or just completely wither away. I have learned that from an example of the members of the ‘’Croatian Historical Revolution’’. Over the years I have read articles by leading Croatian intellectuals and scholars such as Dr. Tomislav Sunić then Dr. Jure Georges Vujić, prof. Amir Riđanović, prof. Petar Bujas (all members of Croatian group similar to G.R.E.C.E. – Arhelinea – www.arhelinea.com ) Dr. Zoran Kravar, then Croat republican conservatives such as: Tomislav Jonjić, Mario Marcos Ostojić, Hrvoje Hitrec, Croatian scientists such as : Dr. Vitomir Belaj, prof. Tomo Vinšćak, Dr. Radoslav Katičić, and prof. Mario Kopić and Dr. Hrvoje Lorković (of whom we can’t hear these days what is a real tragedy since Dr. Lorković is one of Croatian important intellectuals). Croatians should be happy to have such giants of free thinking yet many in Croatia don’t even know about some of them. That is for me completely bizarre. If one is carefully reading articles and books by above mentioned intellectuals and scholars one can only see that many of them are actually disillusioned with the current state of Croatia altogether. That is evident even from their articles. Hence as a result of that Zoran Kravar is not interested in any kind of politics neither he wants to be or get involved (yet he is one of authorities on Ernst Jünger in Croatia) same is with prof. Tomo Vinšćak as well, while others like Mario Kopić and Dr. Tom Sunić are publishing their new books outside of Croatia because there is hardly any interest in their ideas in Croatia. It seems that Dr. Jure Georges Vujić will publish his new books as well outside of Croatia. That is unavoidable since Croatians are lethargic in finding new solutions in political dialogue or any kind of new political ideas. They would rather stick to something what is completely falling apart while thinking that ‘’it would get better’’. I have a best friend in Croatia whose political ideas are in minority and while he wants betterment in any spheres of Croatian life (including politics and his fight against corruption) he doesn’t have as much support as he actually would and should get. It is the apathy and lethargy which are deeply rooted in certain parts of Croatian nation (thankfully not all of it) with its roots in the fear of change and political and historical lower self-esteem (which is really uncalled for, since Croats have such rich history, tradition and culture of whom they should be absolutely proud of) . The question they often ask themselves is: ‘’ What would happen if things change? ‘’ and because of constantly repeating that question they are indeed unable to make any significant change. I believe firmly that in the forthcoming parliamentary elections Croats will elect again some party or coalition of parties which will not bring nothing new to already stagnating Croatian political scene. In the right as well as left and centre there is nobody who could potentially have a quality for the deep changes Croatia needs desperately. In the right side of spectrum and as well on centre and left one can just see political opportunists in Croatia who long for their seat in parliament (called Sabor in Croatia) or certain position. That is their goal before anything else I am afraid, of course my humble bow to those politicians who aren’t like that and are in significant, significant minority.

My own political interests nowadays evolve around Eurocontinentalism and European Identitarian Communitarianism. Even though I do speak Croatian language I consider myself first and foremost an ethnic German with Prussian mentality, after that I am an European.

Eurocontinentalism in this case represents strong continental Europe which stands between USA and Great Britain on one and Russia on the other side. The question of Europe here is not just a matter a blood; it is spiritual, historical and cultural phenomenon.
This further quote actually explains some of my thinking on the matter: ‘’Implicit in this view is the assumption that the body is inseparable from the spirit animating it, that biological difference, as a distinct vitality, is another form of spiritual difference, and that the significance of such differences (given that man is a spiritual being, not merely an animal) is best seen in terms of culture and history rather than nineteenth-century biological science. American “white racialists” with their materialist-technical conceptions of race actually diminish the significance of the Racial Question by reducing it to a simple matter of genes, biology, equations….’’ ( Mladikov – The Phora Forum)

2013_05_Venner.jpgDominique Venner is in my opinion the greatest influence for the Eurocontinentalism and my own political Weltanschauung with his writings, articles and books. In Croatia some of his books are available as well.

His thoughts describe the best what I think further:

‘’ The idea that is made of love is no more frivolous than the tragic sense of history that characterizes the European spirit. It defines the civilization, its immanent spirit, and each person’s sense of life, in the same way the idea shapes one’s work. Is the sole point of work to make money, as they believe across the Atlantic, or, besides ensuring a just return, is it to realize oneself in a job well done, even in such apparently trivial things as keeping one’s house. This idea urged our ancestors to create beauty in their most humble and most lofty efforts. To be conscious of the idea is to give a metaphysical sense to “memory.”

To cultivate our “memory,” to transmit it in a living way to our children, to contemplate the ordeals that history has imposed on us–this is requisite to any renaissance. Faced with the unprecedented challenges that the catastrophes of the twentieth century have imposed on us and the terrible demoralization it has fostered, we will discover in the reconquest of our racial “memory” the way to respond to these challenges, which were unknown to our ancestors, who lived in a stable, strong, well-defended world.

The consciousness of belonging to Europe, of Europeanness, is far older than the modern concept of Europe. It is apparent under the successive names of Hellenism, Celticness, Romanism, the Frankish Empire, or Christianity. Seen as an immemorial tradition, Europe is the product of a multi-millennial community of culture deriving its distinctness and unity from its constitutive peoples and a spiritual heritage whose supreme expression is the Homeric poems. ‘’

To read further perhaps I would recommend this article (and as well all other articles by Dominique Venner) : http://www.counter-currents.com/2010/06/europe-and-europeanness/#more-881

What were your main sources of inspiration?

I have mentioned some of them above. I would say that Ernst Jünger, Dominique Venner and Nicolás Gómez Dávila are the most significant and important influence for me personally simply because they complement each other perfectly and in my own opinion they represent the true European Tradition which Ram Swarup, Sita Ram Goel, Alain Danielou and Koenraad Elst represent in Hindu Tradition. Apart from them other authors, thinkers and philosophers I would say first of all I feel especially close regarding ideas and Weltanschauung are : Croatian thinkers and members of the ‘’Croatian Historical Revolution’’, Classical philosophers such as : Emperor Julian the Apostate, Porphyry, Celsus, Platonis Sallustius, Libanius, Julius Firmicus Maternus, Iamblichus, Gemistus Pletho(n) and other such philosophers, Erik von von Kuehnelt – Leddihn, Croatian philosopher prof. Mario Kopić, prof. Robert Steuckers, certain ideas of Alain de Benoist, certain ideas of Dr. Guillaume Faye, Dr. Georges Dumezil, Dr. Jan Assmann, Mircea Eliade, Emile Cioran, Alain Danielou, German greatest living poet Rolf Schilling, Oswald Spengler, Carl Schmitt, German Romanticism period authors and artists, Felix Dahn, Antoine Saint du Exupery, certain ideas of Julius Evola, Norwegian composer Geirr Tveitt, composers Arvo Part and Johannes Brahms, Felix Mendelssohn, Sibelius, Ralph Vaughan Williams, postmodern musical projects such as Triarii, Arditi, In Slaughter Natives and new project Winglord, artists such as Ludwig Fahrenkrog, Karl Wilhelm Diefenbach, Fidus, Caspar David Friedrich, Hermann Hendrich, Franz von Stuck, Carl Larsson, John Atkinson Grimshaw, Jean Béraud and others.

Who are the main Croatian thinkers according to you and that are completely ignored in the rest of the world? How could we discover them?

6891271.jpgMain and most influential Croatian thinkers were: Dr. Milan von Šufflay (picture), Dr. Ivo Pilar, Dr. Vinko Krišković, Dr. Filip Lukas, Dr. Julije (Julius) von Makanec, Dr. Stjepan Buć and authors involved with journal ‘’Spremnost’’ : prof. Tias Mortigjija, Dr. Milivoj Magdić, Dr. Ante Ciliga & Dr. Vilko Rieger (Dr. George W. Cesarich) . Influential are also early works of prof. Ivan Oršanić, Dr. Ivo Korsky, then author Ivan Softa (Croatian Knut Hamsun), national poet Jerko Skračić and a few others. It is very hard for somebody in Europe to discover them as their works were burned, destroyed and left to be forgotten by Yugoslavian and Serbian communist regime. Back in 1970es of 20th century for just reading the works of these authors, philosophers and thinkers one could get a lengthy prison term and that would be of course if you did find their books somewhere. I am collecting their works wherever I can find them and that is in most cases extremely hard and on top of that some of their books command very high prices. Situation is not like with authors of Conservative Revolution whose works remain saved and translated to many languages now. Most of the above mentioned people were brutally murdered by either Serbian Monarchist regime who ruled the first Yugoslavia or by communist regime who ruled Yugoslavia and occupied Croatia after the year 1945.

At this point in time there is no translated literature in any of other languages except the book ‘’Southslav question’’ written by Dr. Ivo Pilar (under pseudonym Dr. Leon v. Südland) which was printed at the beginning of the 20th century in Vienna originally in German language. Book was never reprinted again either in German or English (or any other foreign language) and was translated in Croatian language and has since been in print only twice. Copies of both editions are virtually impossible to find. Books of other authors are not being reprinted at all. I really don’t know if that is because of the economic crisis in Croatia since many members of Croatian Democratic Union (HDZ) turned out to be crooks and thieves who were stealing money from their own country and country’s resources. It has been going on like that for a long time and no government (even the coalition of liberals and social democrats which lasted for 4 years) didn’t make situation any better or because there is no interest in those books and those authors at all. It is partially because of many Croatians were killed and murdered from 1944 to early 1950es by communist regime (and in years after that up to 1990 just prior to war in Croatia) and because of the mentality which became a norm since 1918, after Croats lost the war as part of Austria-Hungary. Dr. Ivo Pilar did warn Croatians about those kinds of problems especially in two of his books. One of those books was above mentioned ‘’Southslav question’’.

I am afraid that the only way to discover them will be through book I am currently writing and subsequently I will translate some of the most important works by Šufflay, Pilar, Lukas, Krišković, Makanec, Mortigjija and Magdić. I will start with works of Dr. Ivo Pilar and Dr. Milivoj Magdić whose works I am collecting at the present time. I am putting together Dr. Milivoj Magdić’s and dr. Ivo Pilar’s articles and smaller important works and will include one very informative article about Milivoj Magdić’s life done by one Croatian historian. Dr. Pilar’s book ‘’Southslav question’’ will be most likely the first one to surface followed by Dr. Magdić’s collected works. It is very interesting to mention that Dr. Ivo Pilar and Dr. Milivoj Magdić had both the biggest private libraries in the city of Zagreb and most likely in Croatia at that time. I have heard that currently Alain de Benoist has one of the biggest private libraries.

So we can talk about a genuine Croatian “Conservative Revolution”?

Croatian Historical Revolution was a German Conservative Revolution’s and France’s Ordre Nouveau’s counterpart. It strikes me how there wasn’t anybody in Croatia trying to compare German Conservative Revolution with all these authors we have had. My guess is that certain levels of academia in Croatia have some sort of inferiority complex and lower self-esteem. Except post modern Croatian intellectuals and academics I have mentioned above (and most in this group were living, studying and teaching for some time outside of Croatia) other Croatian intellectuals constantly behave in a way which has ruined indescribably reputation of Croatia. Members of Croatian Historical revolution were totally opposite. Partially that is because they grew up in Austria- Hungary and partially because up until year 1918 influence of Balkan ‘’culture’’ wasn’t predominant in Croatia and our gene pool wasn’t almost destroyed as it is the case today (holocaust of Croats and ethnic Germans from years 1944 -1950es). Most of the people who today want any kind of communism to be back in Croatia are leftovers of previous regime and they are not even Croats by their genes or in spirit.

05224baf72f642bd03aea467e8abd40d.jpgMembers of CHR (Croatian Historical Revolution) have had experience with different ideologies and transformations as the ones in Germany. They rallied for the Croatia as an integral part of Europe and how some of them called it at the time ‘’Bieli Zapad’’ (White West). Like authors in German counterpart they have produced diverse works such as philosophical treatises, political journalism, manifestoes which have outlined their ideas for the transformation of Croatia and role of Croatia in Central Europe and Europe altogether. They were strongly opposing liberalism and even liberal democracy and they have rejected despiritualization and commercial culture. They advocated new conservative thought which was inspired by Croatian national patriotism. I find their ideal very much connected with ideals of German Conservative Revolution members and nowadays with prof. Dominique Venner.

How could we connect Croatian authors with their other European counterparts? Who are the Croatian authors that should be read together, beyond every language barrier?

My opinion is that all the works of the above mentioned members of the Croatian Historical revolution are very much worth exploring, studying and reading. They all do come highly recommended albeit due to totalitarian and primitive backwards communist regime headed by Josip Broz Tito and his blind followers lots of original writings are lost , destroyed or are very rare to that extent that only Croatian National Library may have only one copy or original of each of the original works of the members of the Croatian Historical Revolution. None of those works were translated in any languages (as I have mentioned above) except Dr. Pilar’s ‘’Southslav question’’ which was originally written in German and then translated to Croatian. Dr. Ivo Pilar was speaking and writing as Dr. Milan v. Šufflay and many other members of CHR, in several languages. In those times after the I WW it was quite normal for people of Croatia to speak German as a second and in many cases as their mother language together with Croatian language. Hopefully in time through my own ‘’ Hyperborea Press’’ which is the part of Somnium Media all the main works of the members of the Croatian Historical Revolution will surface and be translated in English language. As always one has to be realistic, as with any of such efforts good will isn’t enough, I will have to invest money and time into this project in a balanced manner.

Do you see original viewpoints or bias by these Croatian authors that you cannot find back in the works of their other European counterparts?

I know that I risk now sounding a bit vague but most of their viewpoints are similar or identical with their German and French counterparts, although one of their main focal points or focus was naturally fight against the repressive Serbian monarchist regime and its imperialistic hegemony. I have written recently some articles about this topic. I believe that I will answer much broader to this question in my book about Croatian Historical Revolution.

What are your projects for the near future?

The New Antaios Journal’s further development is my priority and alongside with TNAJ there is ‘’Eurocontinentalism Journal’’ and my own ‘’Somnium Media’’ website which offers music, merchandise and books which are serving as an alternative to world of mass consumerism we live in. Great help in that effort is my dear friend mr. Zvonimir Tosic who is an editor in chief and managing webmaster of The New Antaios Journal and Somnium websites. The New Antaios and Eurocontinentalism Journal will both have some interesting interviews and articles in months to come. Somnium Media imprint ‘’Hyperborea Press’’ will publish most significant works of members of the Croatian Historical revolution and hopefully some works by Nicolas Gomez Davila.

Further related to ‘’Hyperborea Press’’ I have plans for the three books and three translations. First one is above already mentioned book about Croatian Historical Revolution and its members and it will be an overview of the significance of Croatian Historical Revolution and works of its members and authors not only for Croatia but for Europe and European thought as well. Another book is ‘’ Gaudiya Vaishnavism – The Living and Timeless Tradition ‘’ which will explain how important Traditional Gaudiya Vaishnavism is (a belief in Hinduism) not only for Hinduism but for the resurgence of Indo – European thought in general. I know that Dr. Alexander Jacob has written extensively on the topic of resurgence of Indo-European thought but his emphasis is not like in authors such as Georges Dumezil , Jan de Vries, or Ram Swarup, Sita Ram Goel and Alain Danielou in Hinduism or ancestral pre-christian beliefs. Rather he uses as an example for restoration of Indo –European thought resurgence of European Medieval Christian noble spirit of ‘’archaic and brave’’ and Prussian noble spirit. In my own opinion the best starting point for such study would be a Saxon epic ‘’Heliand’’.

Picture: Dr. Ivo Pilar

220px-Ivo_Pilar.jpgTraditional Gaudiya Vaishnava thought in this book will serve as an alternative for the Traditionalist thought which was espoused by Guenon, Schuon and other Traditionalists. Third book deals with Croatian pre-Christian and pre-Slavic legends and it delves in times of the heroic Croatian past. I have contacted one still living Croatian author who gave me information on stories and its characters which obviously have roots in pre-Christian and pre-Slavic times of Croatia. It is quite a work and a huge challenge to reconstruct those tales and to find out and connect certain characters. Some shortened versions of those stories I will be presenting at certain Storytelling Fairs in Ireland during the summer. Three translations will be my most likely first translation work on the new book by Dr. Jure Georges Vujic (which will be his first book in English language) followed by translations of two books of the members of the Croatian Historical Revolution, Dr. Ivo Pilar’s ‘’Southslav question’’ and Dr. Milivoj Magdić’s best and collected works complete with my own explanations and commentaries. I will also continue writing for Brett Stevens’s Journal on line www.amerika.org which is with Europa Synergon one of the most interesting journals to be found on line.

Thank you very much Robert for the opportunity you gave me with this interview and as well thank you for your influence on my own thought which is indispensable and very important. I would also like to thank to anybody who has read this interview and found it interesting or just thought provoking.

(interview taken by Robert Steuckers, late spring 2011).

mardi, 14 janvier 2020

Nouvelle édition du livre de Tomislav Sunic intitulé La Croatie : un pays par défaut ?

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Nouvelle édition du livre de Tomislav

Sunic intitulé 

 

La Croatie : un pays par défaut ?

 

Enrichie d’une copieuse introduction de Robert Steuckers nous éclairant sur le parcours et l’œuvre de l’auteur, ce livre incontournable décrit le phénomène de la « soudaineté » dans la notion du politique chez les peuples dépourvus d’États stables.

Tomislav Sunic s’intéresse tout d’abord au cas de la Croatie avant d’élargir sa réflexion et de passer en revue les « fausses identités » qui interviennent dans la construction des nationalismes européens.

Un ouvrage qui vous permettra d’apprendre les linéaments de base de l’histoire complexe de cette zone sud-slave à la lisière des Balkans tout en rebondissant sur les grands thèmes de l’actualité afin de comprendre la genèse des grands maux qui nous frappent depuis plus de 70 ans.

 Pour commander :

http://www.ladiffusiondulore.fr/home/792-la-croatie-un-pays-par-defaut-.html

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jeudi, 22 mars 2018

Aux origines de la pensée radicale de Jure Georges Vujic

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Aux origines de la pensée radicale de Jure Georges Vujic

Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, politologue et contributeur de Polémia, vient de publier un nouvel ouvrage sur la pensée radicale. Nous reproduisons ici pour nos lecteurs le texte de sa recension.


JV-livre.jpgA la suite de son dernier livre en français aux éditions KontreKulture Nous n’attendrons plus les barbares, Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate et politologue, signe cette fois ci en langue croate, son dernier ouvrage La pensée radicale- phénoménologie de la radicalité politique aux Editions Alfa, Zagreb, 2016.
Vujic se livre à un travail exhaustif de recensement, de déchiffrage et de présentation synoptique des grands courants de pensée radicaux de droite comme de gauche dans l’histoire de idées politiques.

En s’interrogeant sur les sources épistémologiques, sociologiques et philosophiques de la pensée radicale, l’auteur constate que la matrice commune à tous ces mouvements hétéroclites de la radicalité politque, est constituée par cette volonté de s’en prendre et de se confronter aux racines des choses, (radical, étymologie radix-racines) aux origines plutôt qu’aux symptômes des crises morales, politiques, sociales et civilisationnelles.
Vujic différencie le radicalisme de l’extrémisme politique, un expression jounalistique vague et fourre-tout qui s’apparente plus à une une transgression et une forme d’activisme violent plutôt qu’à une idéologie, un discours politique articulé.

La pensée radicale, de droite comme de gauche, postule très souvent le primat de l’action sur la pensée par une volonté de prise direct sur le réel et une volonté d’influencer par les actes le cours des événements de la réalité sociale et politique, le plus souvent en légitimant la violence sociale et politique. L’auteur se réfère aux travaux des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire (Sorel, Labriola), aux théories de la guerilla urbaine de Carlos Marighella, mais aussi aux travaux de Saul D.Alinsky et Laird Wilcow sur l’extrémisme et le radicalisme ou encore de Pierre Besnard.

Pensée sauvage et pensée radicale

Comment ne pas tracer un parallèle entre la pensée sauvage de Claude Lévi-Strauss dans le domaine de l’anthropologie à celle de la pensée radicale en politique, puisque toutes deux associent les événements, le vécu immédiat, « le faire » aux structures, alors que la pensée moderne très souvent constructiviste, “ingénieuse”, partira de la structure, des institutions pour créer l’événement. Dans les deux cas, il s’agit d’une pensée qui appréhende directement sans intermédiaires le réel, une dynamique de l’élémentaire et du concert, qui repose sur une conception empirique et intuitive du réalité, par opposition à la pensée domestique, policée du réformisme très souvent spéculative et discursive.
Là encore la dimension révolutionnaire de la pensée radicale qui peut être aussi contradictoirement contre-révolutionnaire et conservatrice, s’apparente à une philosophie de l’engagement total désintéressée qui tout comme la pensée sauvage n’a pas été cultivée et domestiquée et corrompue à des « fins de rendement ».

Vujic constate que « toute forme de théorisation du phénomène social doit partir des manifestations extrêmes », et non le contraire des manifestations habituelles et normales.
Au delà de la simple lecture idéologique et méthodologique des nombreux mouvements de la droite et de la gauche radicale, l’auteur se livre à une herméneutique de la radicalité politique en se référant aux thèses de Alter Benjamin et Siegrfied Kraucauer qui proposent de comprendre la réalité contingente à partir de l’observation des extrêmes, tout en privilégiant l’analyse Schmitienne de la situation exceptionnelle qui permet l’irruption de la véritable souveraineté.

C’est bien à cette épistémologie radicale que l’on doit la compréhension du phénomène de la conflictualité politique et sociale de même que l’essence du politique dans un sens Feundien. C’est ainsi que, parallèlement aux idéal-types Weberiens, Walter Benjamin, pour qui le radicalisme a une fonction cognitive, propose d’appréhender la réalité sociale en partant des « types extrêmes ».
Le radicalisme épistémologique entend opérer une rupture avec les préjugés et les modes de pensée conformistes. Il s’agit bien d’un antagonisme frontal face à la raison commune et au sens commun comme l’indique Razmig Keucheyan. En se référant au concept de limite schmittien, l’auteur constate qu’alors que la radicalité politique critique les institutions de l’ordre dominant et que le radicalisme épistémolgique critique la pensée dominante.

C’est en ce sens que la radicalité politique s’accommode très bien de la théorie de rupture épistémologique (Gaston Bachelard, Louis Althusser, Michel Foucault et Pierre Bourdieu), laquelle postule que la pensée originelle (quelle soit philosophique, politique, scientifique etc..) se doit toujours d’être en rupture avec « l’esprit du temps » et la pensée commune dominante.
L’auteur évoque aussi « l’homme différencié de la tradition évolienne » et le « sujet radical » de Douguine, en tant que sujet qui se situe en dehors de l’influence contingente des lois historiques et positivistes.

Radicalisme du centre

Vujic s’interroge : est-il légitime de se demander si notre vie politique ne souffre pas d’une certaine radicalisation du centre ?
Le centre radical est un terme relativement nouveau dans la politique et la théorie politique, mais qui est souvent utilisé pour décrire les idéologies politiques, mouvements et partis qui rejettent explicitement les deux extrêmes de gauche et de droite, et prônent le compromis avec leurs variantes plus modérés (centre gauche et centre droit) et réformistes.
Le plus souvent, libéralisme sociétal et irénisme cohabitent avec cette gouvernance consensualiste qui dilue toute forme de conflictualité et d’agonalité aboutissant à ce que Carl Schmitt appelle la négation du « Nomos », du politique même.

Bernard Dumont et Christophe Reveillard parlent déjà d’une nouvelle forme d’extrémisme à propos du modérantisme qui, au nom du compromis, d’une approche centriste, disqualifie toutes les autres formes d’activisme politique ou social.
Il est évident qu’aujourd’hui, quand le clivage droite-gauche disparaît dans le conformisme consensualiste, la démocratie parlementaire fait face à une nouvelle crise de légitimité, sur fond d’opposition croissante entre le peuple et l’oligarchie gouvernante.

Il s’agit d’une véritable crise de confiance entre la classe politique, les élites et les citoyens qui sont à la recherche de nouvelles sources de légitimité politique de type « charismatique », « plébiscitaire » ou « référendaire» que leur fournissent des options politiques populistes de gauche radicale et droite.
Le débat démocratique et politique a quitté le cadre actuel de la légitimité politique rationnelle « juridique procédurale » selon Weber, ce qui remet en question les fondements mêmes la démocratie occidentale.

Certes, il y a diverses pensées radicales à travers l’histoire qui, en dépit des projets utopiques qui ont conduit au totalitarisme moderne du XXe siècle, ont su anticiper et poser de bonnes questions de nature sociale, politique et philosophique, mais qui se sont le plus souvent traduits dans une pratique désastreuse avec des effets indésirables inattendus.
En fait, la pensée radicale est toujours un questionnement constant et permet l’ouverture de nouvelles perspectives ontologiques et sociales.

Vujic conclut qu’une telle pensée doit toujours prévoir et accepter d’être soumise à l’épreuve, ce que Augusto del Noce appelle « l’hétérogenèse des fins », à savoir que les idées les plus nobles soient elle, ne mènent pas nécessairement aux résultats escomptés et peuvent même générer par le bais des vicissitudes de l’histoire le contraire des intentions premières.

Cependant, Vujic constate que le radicalisme ou l’extrémisme ne sont pas inhérents au totalitarisme politique et peuvent très bien être présents dans une démocratie, lorsque les idées de liberté, d’égalité, de droits… cèdent à une radicalisation idéologique déraisonnable et à une interprétation partielle.

Lorsque les principes de liberté, d’égalité, de progrès s’autonomisent et s’émancipent les uns par rapport à l’autre, alors ils peuvent constituer une menace pour la démocratie et se transforment en néolibéralisme, en messianisme, et judiciarisme en oligarchie tout comme le constate Tzvetan Todorov dans son livre Les ennemis intimes de la démocratie (Todorov T., Les ennemis intimes de la démocratie, Robert Lafont, 2012, Paris).

D’autre part, la réduction sémantique de la radicalité à la seule action violente est erronée dans la mesure où il existe tout au long de l’histoire des mouvement radicaux avec le plus souvent une idéologie de rupture avec l’ordre établi, qui ne sont jamais passés à l’action violente.

D’autre part, on constate aujourd’hui qu’en raison de l’ambiguïté polysémique et sémantique du vocable radicalisation et son amplification médiatique, que le populisme est le plus souvent assimilé au radicalisme voir à l’extrémisme, de sorte que l’ étiquette péjorative de « populiste » a remplacé celle d’hier de « fasciste ».
Le danger de cette représentation, très souvent instrumentalisée, et contingente de la radicalité est de s’enfermer dans le présentisme, c’est-à-dire dans un présent sans passé ni avenir, sans prendre en cause les relations de cause et effets et les variables culturelles et historiques, au risque de tomber dans les généralisations et des assimilations excessives et arbitraires à propos d’une phénomène pluriel et pluridimensionnel. D’autre part on oublie trop souvent que ce sont les mouvements radicaux et révolutionnaires qui ont été, au cours de l’histoire, à l’origine de nombreux changements de paradigmes politiques et sociaux (en bien ou en mal) et que ce qui est perçu comme radical aujourd’hui peut très bien, à l’avenir et dans un autre contexte socio-culturel, être perçu comme la norme.

L’hybris démocratique peut ainsi résulter d’une politique réduite à la simple technique-gestion, et constituer ainsi une radicalité instrumentaire oppressante. En effet, Vujic compare la pensée radicale et la pensée utopique sous-jacente aux idéologies souvent totalitaires de la modernité (exemple l’utopie des lumières, et l’utopie mondialiste planétaire d’aujourd’hui).
Ainsi, Jean-Claude Carrière déclare dans un ouvrage collectif intitulé Entretiens sur la fin des temps : « Une société sans pensée utopique est inconcevable. Utopie au sens de désir d’un mieux ». Carrière ne dit pas que la pensée politique se doit d’avoir une dimension utopique mais que la société ne peut fonctionner sans une pensée – qu’elle soit articulée conceptuellement ou imaginaire, de nature ou non politique – qui lui permette de se projeter dans un avenir où les maux présents dont elle souffre trouveraient quelques remèdes.

En effet, tout comme le constate Vujic, la pensée radicale en tant que pensée forte et holiste est à l’antipode de la pensée faible de Vattimo qui légitime par un discours postmoderniste et relativiste l’actuelle politique technocratique sans référents supérieurs métapolitiques et ontologiques, et s’apparente en fin de compte à un déni de pensée.

L’ouvrage de Vujic, qui a fait l’objet de nombreuses recensions dont une publiée par le centre d’Etudes stratégiques REXTER sur l’observation de la radicalité te du terrorisme, constitue un apport considérable pluridisciplinaire ainsi qu’un outil universitaire fondamental pour la compréhension de la phénoménologie de la radicalité politique.
Les lecteurs croates pourront découvrir dans le cadre d’une approche synoptique avec de nombreuses illustrations inédites (affiches de propagande, manifestes, livres, photographies…) des courants de pensée radicaux comme le monarchisme contre-révolutionnaire, le nationalisme révolutionnaire, le communautarisme, le national-anarchisme, l’autonomisme de gauche, la gauche prolétarienne, le naxalisme indien et le mouvement zapatiste, avec des passerelles parfois originales entre par exemple les mouvements de « Troisième Voie » nationaux révolutionnaires avec les mouvements de la gauche radicale tels que Lotta Continua et les expériences anarcho-syndicalistes.

C’est pourquoi ce nouvel ouvrage de Vujic est particulièrement d’actualité à l’heure où les spécialistes de la radicalisation et de la dé-radicalsation font recette. En effet, presque absente jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001, la notion de radicalisation et de dé-radicalisation qui se focalise sur les acteurs et leur motivations, se rapporte le plus souvent à l’islamisme politique et au djihadisme.
Néanmoins suite aux attentats islamistes et à la mise en oeuvre de dispositifs de contrôle et de répression des « fakes news » et de la radicalisation par l’Internet, ce contrôle pourrait très bien s’appliquer à tous les citoyens dans la mesure de l’interprétation floue et extensive du critère et de l’identité même de la radicalité.

Source : Correspondance Polémia – 18/03/2018

mercredi, 07 mars 2018

Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

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Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

La politique pour éviter la guerre !

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution et les peuples européens cherchent les incarnations politiques que de nouvelles formes pourraient prendre. 

D’un bio-conservatisme aux nécessités localistes en passant par les luttes contre tous les déracinements face aux vastes équilibres politiques des migrations à redessiner, les sujets que nous devons aborder pour ce XXIe siècle sont vitaux pour les Européens et notre persistance historique.

Ces prochaines formes politiques du XXIe siècle en sont à leurs balbutiements. De nouveaux cycles vont s’ouvrir.

Dans la première conférence du 9 Mars 2018 à Lille, nous posons la question suivante : Sommes-nous une civilisation politique ? Pour cela, nous invitons Robert Steuckershistorien et géopolitologue, qui a publié aux Editions BIOS un guide de survie culturelle pour lEurope. Robert Steuckers nous parlera de la civilisation européenne, de ses origines (souvent méconnues du grand public ou des « experts ») et développera sa pensée autour de formes nécessaires au renouveau pan-européen. 

Iurie Rosca exposera la situation d’un pays qui est le pivot stratégique des relations entre l’ouest et l’est de l’Europe. La Moldavie, véritable virgule géostratégique. Toute virgule oubliée change le sens d’une phrase. Toute nation oubliée peut changer le sens de l’Europe. La Moldavie est le point de départ d’une Europe en ré-écriture ou son point d’arrêt.


Les « résistances dites progressistes » à l’oeuvre au sein de l’Union Européenne se fondent-elles trop sur une domination des relations transatlantiques ? Tomislav Sunic décodera les ressorts d’une réorganisation des institutions de l’UE et de ses « Fake News » en proposant une grille d’analyse et de lecture des forces en présence, de leurs ambitions et des possibles axes de rupture entre lobbies et institutions. 

Enfin, le 4 mars 2018, l’Italie connaitra-t-elle une nouvelle respiration? Alessandro Sansoni analyse les résultats obtenus par les nouvelles alliances italiennes, prémisses possibles au renouveau dit démocratique en Europe lors des futures échéances européennes de 2019.

Laurent Hocq

 
Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018 : L'Europe, une civilisation politique ?
Ouverture des portes à 18h, début à 18h30
4 intervenants : Robert Steuckers, Iurie Rosca, Tomislav Sunic et Alessandro Sansoni
 
Laurent Hocq
Editeur
 
Editions BIOS 
 
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+33 7 70 27 00 46
 

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lundi, 07 août 2017

Pilotes croates, slovaques, bulgares et vlassovistes dans la Luftwaffe (1941-1945)

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Erich Körner-Lakatos :

Pilotes croates, slovaques, bulgares et vlassovistes dans la Luftwaffe (1941-1945)

Les forces aériennes de l’Etat oustachiste croate (« Nezavisna Drzava Hrvatska » ou NDH) ont été créées le 19 avril 1941. Leur nom officiel est « Zrakoplovstvo NDH ». Leur premier commandant est le Colonel Vladimir Kren. Sur le plan de l’organisation, ces forces aériennes s’établissent à Zagreb (1ère escadrille) et à Sarajevo (7ème et 8ème escadrilles).

Les escadrilles de chasseurs n°10 & 11, ainsi que celles des bombardiers n°12 & 13, sont créées au mois de juillet de la même année. Elles constituent une unité séparée, la Légion aérienne croate, qui doit combattre dans le cadre de l’Opération Barbarossa contre l’URSS. Le chef de l’Etat croate ou Poglavnik, Ante Pavelic, offre au Reich une participation des forces aériennes croates à la lutte contre le bolchevisme. Cette démarche du Poglavnik constitue un rapprochement très net avec l’Allemagne pour contrebalancer la position dominante qu’occupait l’Italie dans le nouvel Etat.

Les pilotes de chasse croates, après avoir subi une brève formation sur appareils allemands (des Me109B) à Fürth, sont envoyés à l’Est et engagés dans l’escadrille n°52 de la Luftwaffe allemande. A partir du mois de novembre, ils opèrent à partir du champ d’aviation de Taganrog sur les rives de la Mer d’Azov. Les pilotes de ce « Jagdgruppe Dzal », baptisé ainsi du nom de leur commandant, le Major Franjo Dzal, sont particulièrement motivés. En avril 1942, ils avaient engrangé 30 victoires.

A Greifswalde, les Allemands forment les pilotes de bombardiers sur appareils Do17. Les deux escadrilles de 15 appareils sont adjointes au « Kampfgeschwader 3 » et opèrent à partir des pistes de Vitebsk, Viasma et Rchev. Le 6 janvier 1942, un communiqué de la Wehrmacht annonce : « Dans le cadres des actions aériennes récemment menées, une unité de pilotes croates s’est particulièrement distinguée par des attaques en piqué très audacieuses ! ».

Il est plus que probable qu’Adolf Hitler avait ce communiqué en tête lorsqu’il refusa sèchement de livrer davantage d’avions à son partenaire hongrois qui en avait fait la demande : « Que s’imaginent ces Hongrois ! Au lieu d’attaquer, ils vont se promener dans les airs avec leurs passagers ! Si je dois livrer des appareils, alors je les livrerai plutôt aux Croates car ils ont montré qu’ils savaient attaquer ! ».

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Mais lorsque le sort des armes se retourne contre la Wehrmacht, les désertions croates se succèdent. Le 14 mai 1943, deux pilotes croates passent aux Russes avec leur Me109G-2. A partir de ce moment-là de la seconde guerre mondiale, les bombardiers des alliés occidentaux attaquent de plus en plus souvent la Croatie. Les nécessités de la guerre font que les pilotes croates doivent défendre l’espace aérien de leur patrie, ce qui n’est pas une mince affaire vu leur infériorité numérique face aux aviations anglo-saxonnes.

Les chasseurs de la NDH ont glané quelque 259 victoires sur le Front de l’Est entre novembre 1941 et septembre 1944. Seul ombre au tableau : la désertion du Capitaine Mato Dukovac, l’as incontesté de l’aviation de l’Etat oustachiste croate, avec ses quarante victoires. Il désertera le 20 septembre 1944 et passera aux Russes.

Autres alliés du Reich pendant la seconde guerre mondiale : les Slovaques. Le parlement de Bratislava proclame le 14 mars 1939 l’indépendance de l’Etat slovaque. Immédiatement, le jeune Etat doit se défendre par les armes contre les revendications territoriales de la Hongrie dans les régions orientales du pays. Les forces aériennes slovaques subissent leur baptême du feu, avec le gros de leurs effectifs équipés de 60 biplans de type Avia B-534. Le 23 mars, la défense anti-aérienne hongroise abat deux de ces vieux coucous. Le Premier Lieutenant Jan Svetlik et le sous-officier Stefan Devan meurent au combat. Le lendemain, les bombardiers Ju-86 hongrois endommagent sept appareils slovaques sur le champ d’aviation de Zipser-Neudorf. Le 31 mars, un armistice est signé.

Le 1 septembre 1939, Bratislava se range du côté allemand dans la campagne de Pologne. Les chasseurs Avia accompagnent les Stukas allemands dans une mission de protection : deux B-534 sont perdus pour les Slovaques. Au début de l’Opération Barbarossa, 22 appareils B-534 sont dans les airs. Les pilotes slovaques se distinguent par une vive volonté de se rendre utiles. A plusieurs reprises, des pilotes, qui avaient dû atterrir derrière les lignes soviétiques, ont été secourus par des camarades qui se sont posés pour les reprendre. Souvent de manière aventureuse car le pilote ainsi sauvé devait souvent s’accrocher aux ailes des B-534.

Petit à petit, l’aviation slovaque s’équipe de Me109. La première escadrille est placée sous le commandement du Capitaine Ondrej Dumbala, qui avait obtenu 14 victoires en 1944. Cette escadrille n°13 fut baptisée par la propagande de Monseigneur Tiso, les « aigles des Tatra ». Deux Slovaques obtiennent leur première victoire sur Me109 le 28 novembre 1942 : ils abattent trois Polikarpov I-153. L’escadrille n°13 peut s’enorgueillir d’un excellent bilan : au cours de ces deux mille missions, elle a obtenu 155 victoires. Jan Reznak, à lui seul, en a engrangé 32.

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L’escadrille n°13 se replie en février 1944 sur le territoire national slovaque, à Priest’any, afin de protéger Bratislava et les raffineries de pétrole, avec leurs Me109G-6 flambant neufs. Le 26 juin 1944 fut la journée la plus terrible pour cette 13ème escadrille : six Me109, sous le commandement d’un vétéran du Front de l’Est, Juray Puskar, affrontent des bombardiers américains venus d’Italie du Sud. Les chasseurs américains de type Mustang, qui les protègent, s’avèrent nettement supérieurs : cinq Me109 sont perdus, le sixième est sévèrement endommagé. Puskar et deux autres pilotes tombent au champ d’honneur : l’un d’entre eux, Stefan Jambor, qui a sauté en parachute, est mitraillé, sans pouvoir se défendre.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°31/2017, http://www.zurzeit.at ).

Les aviateurs bulgares et vlassovistes

Les forces aériennes bulgares (Vozdushni Voiski) étaient constituées, en 1939, de 42 chasseurs-bombardiers PZL-P-43-B, de 78 biplans Avia B-534 (des chasseurs) et de 32 bombardiers Avia B-71. A tout cela s’ajoutaient 60 appareils de reconnaissance Letov S-328.  En 1940, les Allemands fournissent des appareils plus modernes dont 18 Me109E-3. En 1943, les Bulgares reçoivent du Reich 29 Me109G-2 et 12 Do17.

Lorsque, le 1 août 1943, des bombardiers américains B-24 partent d’Afrique du Nord et survolent la Bulgarie pour attaquer les champs pétrolifères roumains de Ploesti, les Bulgares les attaquent lors de leur vol de retour, en n’hésitant pas à engager leurs vieux Avia B-534. Les équipages des B-24 Liberators sont d’abord surpris plutôt qu’effrayés : le spectacle de ces vieux biplans à quelque chose de surréaliste. On se croirait pendant la première guerre mondiale. Mais les Américains déchantent très rapidement : les Me109 bulgares, partis du champ d’aviation de Karlovo passent à l’attaque et descendent cinq B-24.

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Au début de l’année 1944, le Reich livre encore 65 chasseurs Me109G. Ce sera toutefois quelques semaines après un désastre : les Américains ont attaqué le 10 janvier la capitale bulgare, Sofia, commettant un bombardement particulièrement violent. 300.000 habitants ont quitté la ville en panique. Le 26 août, les Bulgares livrent leur dernier combat contre les Américains. Leur pays passe ensuite dans le camp allié.

Pour être complet et parler de tous les pilotes d’ethnie slave qui ont combattu du côté allemand pendant la seconde guerre mondiale, il ne faut pas oublier les pilotes russes de l’armée Vlassov qui disposait d’une escadrille de chasseur composée de seize Me109G-10, d’une escadrille pour les opérations nocturnes, avec douze Ju88 et d’une escadrille de bombardiers (cinq He111). Cette dernière a exécutée la seule mission aérienne confiée à l’Armée Vlassov. Contre l’Armée Rouge, la douzaine de Ju88 s’envole le 13 avril 1944 pour attaquer la tête de pont conquise par les Soviétiques à Erlenhof au sud de Francfort-sur-l’Oder.

(EKL).

 

mercredi, 05 octobre 2016

Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

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Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

par Franck ABED

Ex: http://www.europemaxima.com

Francois-Fejt_1898.jpegAlors que l’Europe civilisationnelle meurt jour après jour devant nous, sous les coups de boutoir conjugués du modernisme, du mondialisme et du consumérisme, il demeure fondamental de comprendre l’histoire de notre continent, si nous voulons encore croire à un avenir digne de ce nom… À ce titre j’ai récemment découvert, au gré de mes recherches, une petite merveille intellectuelle qui décrypte avec faits, objectifs et arguments circonstanciés, la mort programmée de l’Autriche-Hongrie. Cette dernière reste couramment mais improprement appelée Empire austro-hongrois, alors que son nom exact devrait être Double Monarchie austro-hongroise.

François Fetjö fut un journaliste et historien français d’origine hongroise, spécialiste de l’Europe de l’Est et de l’histoire du communisme. Dans cet ouvrage solidement documenté, il présente sa thèse à rebrousse poil de l’histoire officielle : la Double Monarchie n’implosa pas suites aux attaques des minorités ethniques qui la composaient, pas plus qu’elle ne mourut à cause de ses contradictions internes dues à un système politique archaïque et décadent. Non ! Elle fut littéralement assassinée par la volonté politique des pays de l’Entente, animés par le désir de républicaniser l’Europe. Même si François Fetjö évoque, parfois avec une nostalgie certaine, que nous pouvons comprendre et partager le passé des Habsbourg, il ne tombe jamais dans l’hagiographie et le prosélytisme. Ainsi, avant d’entrer dans les considérations stratégiques et politiques du début du XXe siècle, l’écrivain rappelle comment cette famille de petite noblesse a su, par une lucide stratégie matrimoniale et une sagesse diplomatique, s’imposer comme l’une des dynasties les plus illustres d’Europe. Evoquant sa lutte contre la Maison de France, les Turcs musulmans, les Russes, l’auteur analyse également, point par point, les réussites et les échecs des descendants de Rodolphe de Habsbourg.

Précisons que l’histoire telle qu’elle est actuellement enseignée, reste malheureusement sous contrôle de la plus virulente extrême gauche. Les communistes et autres marxistes-léninistes dépeignent donc la chute de la Double Monarchie comme une fatalité qui relèverait en quelque sorte d’un sens de l’histoire cher à Hegel. Pourtant ce meurtre fut voulu et encouragé par les dominants d’alors. En effet, tout en évoquant le destin particulier de cette lignée habsbourgeoise, François Fejtö, à partir d’archives inédites ou trop peu connues, démontre que la monarchie austro-hongroise aurait pu continuer à exister après guerre, si les Alliés n’avaient pris la décision de la rayer de la carte. Nous pouvons lire cette analyse brillante : « Il est indéniable que le fait de démolir l’Autriche correspondait aux idées des maçons, en France et aux États-Unis (1). Leur vision de l’Europe républicaine et démocratique, dans le cadre de la Société des Nations qu’ils lui avaient prévue, ne s‘est point accomplie. En fin de compte, des dirigeants nationalistes, diplomates et militaires, se sont servis de leur appoint psychologique et moral pour établir l’hégémonie, encore précaire, de la France sur les petits États successeurs de la monarchie détruite, et qui étaient beaucoup moins viables et beaucoup plus dangereux pour l’équilibre de l’Europe, beaucoup moins utiles comme barrière à l’expansionnisme allemand que n’aurait été une monarchie réorganisée. »

fejtorequiem.gifEffectivement avant la Grande Guerre, l’Empire jouait un rôle stabilisateur en Europe centrale, comme nous l’avons malheureusement appris à nos dépends depuis son homicide : Deuxième Guerre mondiale, agitations et instabilités politiques chroniques dans cette zone géographique, guerres ethnico-religieuses dans les années 90, etc. Nous citons également le texte introductif de Joseph Roth qui figure dans l’avant-propos, démontrant la cohésion des peuples derrière leur souverain légitime : « Dans cette Europe insensée des États-nations et des nationalismes, les choses les plus naturelles apparaissent comme extravagantes. Par exemple, le fait que des Slovaques, des Polonais et des Ruthènes de Galicie, des juifs encafetanés de Boryslaw, des maquignons de la Bácska, des musulmans de Sarajevo, des vendeurs de marrons grillés de Mostar se mettent à chanter à l’unisson le Gott erhalte (2) le 18 août, jour anniversaire de François-Joseph, à cela, pour nous, il n’y a rien de singulier (3). » Il n’est guère étonnant que les babéliens d’hier et d’aujourd’hui, pourfendeurs des frontières et des identités, ne comprennent pas la nature réelle et profonde de ce cosmopolitisme chrétien et monarchique qui heurte leurs convictions maçonniques…

Sur la dépouille de la vieille et auguste monarchie naquirent de nombreux États libres et indépendants qui ne purent guère profiter longtemps de cette chimère révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Des historiens sérieux comme Jacques Bainville (4) avait vu dans le traité de paix de Versailles la trame historique des prochaines décennies et les désastres qu’il engendrerait. François Fetjö conclut de manière admirable : « La victoire totale de 1918 et les traités de paix qui en découlèrent engendrèrent le néo-impérialisme monstrueux de l’Allemagne, incarné par Hitler, puis l’expansionnisme de l’Union soviétique, qui a pu prendre en charge comme prix de sa contribution à la victoire sur Hitler, la quasi-totalité de l’Europe centrale.  » Concrètement nous pouvons dire que les grands principes démocratiques sont la mère de tous les totalitarismes. Malheureusement, au mépris de l’histoire nos adversaires enseignent que la Double Monarchie a implosé, alors qu’elle fut suicidée à l’insu de son plein gré…

Franck Abed

Notes

1: Il est notoire que Wilson et Clémenceau furent membres de la maçonnerie.

2 « Que Dieu garde notre Empereur et Roi », hymne de l’Empire, composé par Joseph Hayden.

3 : La Crypte des Capucins.

4 : Les conséquences politiques de la paix, ouvrage dans lequel est dénoncé le traité de Versailles de 1919 en ces termes célèbres : « Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux. »

• D’abord mis en ligne sur AgoraVox, le 29 septembre 2016.

samedi, 04 juin 2016

Une cabale anti-croate

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Une cabale anti-croate

par Christophe Dolbeau

Depuis le mois de janvier une énorme campagne internationale de diffamation et de désinformation fait rage contre le nouveau gouvernement croate et plus particulièrement contre son ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegović. On se croirait revenu aux temps de l’Agitprop et du camarade Stepakov, tant les assauts paraissent soigneusement organisés et synchronisés. De toute évidence, l’intelligentsia gauchiste ne supporte pas de voir l’Est de l’Europe et plus particulièrement la Croatie élire des dirigeants de droite et refuser de cautionner la gabegie et la dégénérescence ambiantes. On sort donc l’artillerie lourde. Dernière attaque en date, une pétition qui s’en prend au ministre Hasanbegović, accusé pêle-mêle de révisionnisme, de nostalgie oustachie, de sympathies génocidaires et d’hostilité aux valeurs de l’Union européenne. Jeune historien de 43 ans, le ministre doit être un peu surpris de se retrouver ainsi dans l’œil du cyclone. Il doit probablement s’étonner aussi de voir se mobiliser contre lui toute une ribambelle de « consciences morales » du calibre de Toni Negri, condamné autrefois à 30 ans de réclusion pour meurtres, qu’escortent quelques personnages plutôt incongrus (en tout cas lorsqu’on parle d’affaires croates), comme l’universitaire macanaise Wong Yi-Lee, le comique français Michel Boujenah, le député juif australien Michael Danby, ou encore deux rescapés du génocide rwandais (Jean de Dieu Mirindi et Charles Habonima) et une brochette de féministes américaines. Ces gens-là seraient-ils même capables de situer la Croatie sur une carte ? On en doute un peu. Ajoutez encore à cela l’inévitable Caroline Fourest, le pathétique Finkielkraut (qui court désespérément après l’extrême-gauche alors que celle-ci lui crache dessus) le cinéaste Elie Chouraqui et le dramaturge Dario Fo, et vous obtenez un cocktail pour le moins saugrenu.

Le côté insolite de l’opération ne se limite pas aux signataires de la pétition mais il concerne aussi les media qui s’en font les véhicules. En France, c’est Libération (23.05) qui s’y connaît en matière de génocide puisqu’il s’enthousiasma autrefois pour le bon Pol Pot et ses sanglants collègues de l’Angkar. Nul doute que ce journal soit le mieux placé pour donner des leçons… En Suisse, on trouve Le Temps (30.05) qui fait carrément dans le catastrophisme le plus ridicule en annonçant à ses lecteurs qu’en Croatie, « on va bientôt se mettre à brûler les livres » – un peu comme à la fin des années 1960, lorsque les tribunaux helvétiques faisaient brûler l’ouvrage d’un certain Dr Mathez (1) ? À Bruxelles, c’est La Libre Belgique (28.05) qui s’emmêle un tantinet les pinceaux : elle accuse, en effet, le nouveau gouvernement croate d’être à la fois « ultranationaliste, catholique intégriste et ultralibéral », ce qui paraît pour le moins contradictoire. Ensuite et sans doute en guise d’illustration de l’intégrisme catholique, elle vilipende M. Hasanbegović, oubliant sur sa lancée que ce monsieur est un musulman pratiquant et que sur beaucoup de points, il déclare s’inscrire dans la lignée intellectuelle du païen Alain de Benoist. Mais au diable la cohérence : le tout c’est d’attaquer tous azimuts et d’essayer à tout prix d’abîmer l’image d’un homme et d’un pays !

Croatia_Flag.jpgFaut-il préciser pour conclure que ce déluge d’insanités ne possède aucun fondement ? Dans une déclaration en date du 26 janvier 2016, Ivan Zvonimir Čičak, ancien dissident (longuement emprisonné par la Yougoslavie communiste), grand défenseur des droits de l’homme et actuel président du Comité Helsinki de Croatie, fait litière de toutes les accusations qui visent M. Hasanbegović. Il parle « des attaques diffamatoires et des mensonges » dont le ministre est la cible et dénonce clairement l’usage frauduleux que certains font de l’antifascisme pour tenter de justifier les abus et les crimes de l’ancien régime communiste et de la Yougoslavie. Par ailleurs, dans un autre déclaration, en date du 31 janvier 2016, 77 historiens croates (dont plusieurs universitaires) et 67 personnalités diverses de la communauté académique et scientifique (dont trois académiciens) apportent leur soutien au ministre et expriment leur inquiétude face aux amalgames et déformations qui ont pour but de le « disqualifier politiquement, professionnellement et moralement ».

Toute à la crainte de perdre définitivement son hégémonie culturelle dans plusieurs pays européens et notamment en Croatie, une certaine intelligentsia de gauche fait feu des quatre fers pour tenter de discréditer ses adversaires et sauver ses prébendes. C’est dans ce cadre-là qu’il faut situer les actuels boniments et calomnies qui visent Zlatko Hasanbegović. Au sortir de 45 ans de tyrannie communiste et en l’absence regrettable de toute lustration, la Croatie ne manque, hélas, pas de traîtres, de défaitistes, d’embusqués, de rescapés ou de sycophantes des polices politiques d’antan, et d’antipatriotes de tout poil : longtemps bénéficiaires d’une totale impunité, ces gens ont désormais peur de perdre leurs sinécures, notamment dans les secteurs de la presse et de la culture, et ils attaquent. Ils le font avec leurs armes traditionnelles, le mensonge, la médisance, l’insinuation, l’imposture, et ils peuvent compter comme toujours, dans le monde entier, sur une immense armée d’acolytes, de naïfs et de crétins. Tout cela est de l’intox, ni plus ni moins, et bien sot serait celui qui s’y fierait. Espérons en tout cas que les droites européennes ne se laisseront pas une fois de plus embobiner car pour l’instant, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de solidarité avec la droite croate, elles auraient plutôt tendance à se hâter très, très lentement…

                                                                                                          Christophe Dolbeau

(1) Citoyen suisse, l’ancien médecin James-Albert Mathez (1896-1974) avait écrit et publié (1965) un ouvrage intitulé Le passé, les temps présents et la question juive. Poursuivi en justice par diverses associations juives, le Dr Mathez fut condamné, en 1969, à 30 jours de prison, et le Tribunal de Vevey ordonna en outre que fussent brûlées les épreuves de son livre ; la gendarmerie helvétique se chargea de cette besogne.

dimanche, 29 mai 2016

Sur l'affaire Hasanbegovic

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Sur l'affaire Hasanbegovic
 
Voir : 

http://www.polemia.com/jeune-membre-de-lue-la-croatie-toujours-diabolisee/

En réaction à la pétition publiée par "Libération" (23 mai 2016) :

http://www.liberation.fr/debats/2016/05/23/en-croatie-un-...

http://www.egam.eu/zlatko-hasanbegovic-fr/  (liste complète des signataires)
 
Voir aussi l'interview de Hasanbegovic dans "Le Monde" :

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/05/25/accuse-de-revisionnisme-un-ministre-croate-denonce-une-guerre-culturelle_4926352_3214.html

 

jeudi, 26 mai 2016

Vérité pour les oustachis

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Vérité pour les oustachis

par Georges FELTIN-TRACOL

 

La grasse presse française, britannique, belge, allemande en tremble déjà d’effroi. Après la Hongrie du national-conservateur Viktor Orban, la Pologne des patriotes sociaux de Beata Szydlo et Jaroslaw Kaczynski, la Slovaquie du social-démocrate nationaliste Robert Fico, la Croatie serait en passe de rejoindre le club de plus en plus recherché des « démocraties illibérales »… La chaîne franco-allemande Arte s’inquiète que le nouveau gouvernement HDZ (les nationaux-conservateurs artisans de l’indépendance en 1991) accroisse son contrôle sur les médiats publics (attitude bien sûr impensable en France où les chaînes publiques versent tous les jours dans l’ultra-nationalisme le plus outrancier). Pis, le nouveau ministre de la Culture, l’historien Zlatko Hasanbegovic, envisagerait de réhabiliter – horresco referens – les oustachis et leur chef, le Poglavnik Ante Pavelic. Les Bo-Bo dans leurs lofts huppés ne s’en remettent pas tant ils sont angoissés, indignés et traumatisés par ces nouvelles. Le nouveau livre de Christophe Dolbeau risque d’aggraver leur dépression.

 

Démolir une histoire officielle mensongère

 

Amoureux de l’histoire, du peuple et de la nation croates, Christophe Dolbeau y dénonce la « légende noire » de l’Oustacha, cette « Organisation révolutionnaire croate des oustachis ». Outre une alliance avec l’Axe préjudiciable à la cause nationale croate depuis 1945, la Croatie oustachie de 1941 à 1945 garde une très mauvaise réputation. Il faut dire que « seuls maîtres des lieux à partir de 1945, les communistes en ont écrit l’histoire à leur convenance et il convient de considérer ce récit avec la plus grande circonspection (p. 375) ». En effet, « grâce aux efforts conjugués des propagandes serbe et communiste, les crimes les plus abominables leur sont attribués et le monde entier est régulièrement appelé à les vilipender en chœur. Tout cela est faux et relève, bien entendu, d’un gigantesque montagne. Le premier objectif de cette manœuvre est de disqualifier durablement le nationalisme et même le simple patriotisme croate afin de laisser le champ libre aux projets yougoslaves; le deuxième est de susciter a contrario un élan de sympathie pour le “ pauvre petit peuple serbe ” et d’occulter les méfaits de ses dirigeants; le troisième, enfin, est de justifier les actes des partisans communistes qui ont “ heureusement ” terrassé la “ bête immonde ” (p. 371) ».

 

Faut-il ensuite vraiment s’étonner que, « décrit comme un être brutal et pervers, commandant d’une main de fer une sombre association de tueurs à la solde du fascisme – les oustachis -, Ante Pavelic fut dès lors rangé au nombre des disciples les plus glauques d’Adolf Hitler. Par la suite, on appliqua la même recette à “ l’État indépendant croate ” (1941 – 1945), dépeint à l’envi comme un enfer pire que le Reich lui-même (p. 7) » ? Plus grave, « dans l’entreprise de diabolisation qui vise l’État indépendant croate, la réputation cauchemardesque des camps de détention de cet État joue un rôle capital (p. 375) ». L’auteur ne rédige pourtant pas une apologie : il conserve son objectivité. La Croatie se trouvait en guerre et les exactions à l’encontre des civils étaient inévitables.

 

Toutefois, il s’interroge sur l’inégalité de traitement historique entre les atrocités oustachies, régulièrement condamnées par les autorités officielles croates, et la tragédie, qu’il qualifie de démocide, de Bleiburg en mai 1945 du nom d’une bourgade autrichienne. Entre 600 000 et un million de Croates de tout âge et de toute condition sociale y furent massacrés par les partisans communistes de Tito. Par ailleurs, les zélées troupes britanniques remirent aux Yougoslaves tous leurs prisonniers croates dont rares furent les survivants. En Croatie, la répression fut aussi implacable. Christophe Dolbeau rapporte qu’« au moins 200 000 Croates trouveront effectivement la mort dans ces funestes colonnes qui traversent à pied la Yougoslavie : la mort par épuisement, par la faim, la soif, le typhus, et la mort brutale de la main de gardiens fanatisés (p. 324) ». Tout le territoire croate se couvre de fosses communes et de camps communistes d’exécutions de masse.

 

L’extermination programmée des élites croates

 

Sur ce sujet bien précis, l’Occident refuse la moindre repentance. Estimant que de futures découvertes archivistiques révéleront l’identité des ultimes donneurs d’ordres, l’auteur incrimine le Britannique Anthony Eden comme « LE grand instigateur de la tragédie (p. 331) ». Bleiburg et la sanglante épuration en Croatie représentent « près de trente fois Katyn ! Ce démocide, il faut le savoir, n’a pas été le fait d’individus incontrôlés, mais bien le fruit d’une politique délibérée. On a parlé d’un ordre formel de Tito à ses généraux et aux chefs de l’OZNA, et l’on a remarqué la parfaite organisation technique des bourreaux (pp. 325 – 326) ». « D’une brutalité inouïe, cette grande purge cause dans la société croate un traumatisme profond, d’autant plus qu’elle s’accompagne de l’émigration massive et définitive de ceux qui parviennent à passer à travers les mailles du filet (pp. 353 – 354). » L’auteur insiste sur ce nettoyage socio-ethnique : « Au démocide aveugle et massif qu’incarnent bien Bleiburg et les marches de la mort s’ajoute un crime encore plus pervers, celui que le professeur Nathaniel Weyl a baptisé aristocide et qui consiste à priver délibérément une nation de son potentiel intellectuel, spirituel, technique et culturel (pp. 342 – 344) ». Résultat, « la Croatie mettra près de vingt-cinq ans à se doter d’une nouvelle élite digne de ce nom, puis encore vingt ans à émerger définitivement du cauchemar yougo-communiste ! (p. 355) ».

 

ustK83887_1.jpgAvant même d’aborder ces sanglants faits historiques occultés par une histoire officielle qui s’apparente de plus en plus à un ensemble de dogmes officiels incontestables sous peine d’excommunication civile et judiciaire, Christophe Dolbeau prouve que l’Oustacha, Ante Pavelic et l’État indépendant croate demeurent les victimes d’une virulente et intense désinformation. Éléments en pointe de la résistance croate à l’entreprise démente, centralisatrice et unificatrice de la dynastie usurpatrice serbe des Karageorgevic, les oustachis coopèrent avec les nationalistes macédoniens de l’ORIM (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne) et combattent les tchetnik royalistes panserbes de Draja Mihaïlovic qui bénéficient parfois de l’assistance matérielle des Italiens, toujours méfiants à l’égard d’une Croatie indépendante qui contrarient leurs ambitions balkaniques. Zagreb tente d’atténuer les litiges territoriaux et frontaliers avec Rome en s’érigeant en royaume offert à un membre de la Maison royale italienne de Savoie, le duc Aymon de Spolète, devenu Tomislav II. Mais le souverain abdique le 12 octobre 1943…

 

Les relations germano-croates sont aussi difficiles, car Hitler, à l’origine, soutenait l’unité de la Yougoslavie. Les services britanniques à Belgrade renversent le gouvernement pro-allemand, ce qui aboutit à l’intervention militaire des armées allemandes, italiennes, hongroises et bulgares en « Slavie du Sud » et favorise par contrecoup inopiné l’indépendance croate. Alignée de fait sur Berlin, le jeune État croate s’en distingue néanmoins, dans le traitement de ses minorités religieuses et nationales.

 

Les oustachis et leurs minorités ethno-religieuses

 

Ainsi, les oustachis ont-ils la réputation d’être des antisémites carabinés. Or, « issu d’un parti qui avait toujours compté de nombreux Juifs dans ses rangs, soulage Christophe Dolbeau, Ante Pavelic n’était absolument pas antisémite : sa femme était d’ailleurs d’ascendance partiellement juive, ce qui était également le cas des épouses de plusieurs de ses proches collaborateurs. L’Oustacha ne recrutait pas sur des critères raciaux et plusieurs de ses cadres étaient juifs. Lorsque l’État croate adopta des lois antijuives, il fut précisé que n’étaient pas visés les Juifs convertis ni les conjoints de chrétiens; on institua par ailleurs un statut d’Aryen d’honneur qui permit de mettre à l’abri nombre de serviteurs de la cause nationale et de citoyens éminents (pp. 382 – 383) ». Ne versaient-ils pas alors dans la haine anti-orthodoxe et la serbophobie ? En fait, « dans le domaine militaire […], l’armée régulière croate possédait un grand nombre de généraux orthodoxes, la milice oustachie quelques officiers supérieurs de cette confession, et, à partir de juin 1942, il y eut même dans les troupes neuf bataillons du génie à recrutement orthodoxe (pp. 387 – 388) ». « Le gouvernement avait dans ses rangs un ministre orthodoxe (Sava Besarovic) (p. 387). » Mieux encore, « le 3 avril 1942, Ante Pavelic suscite la naissance d’une Église orthodoxe croate, indépendante du patriarcat serbe. Placée sous l’autorité du métropolite Germogen et destinée à moyen terme à se rattacher au patriarcat œcuménique de Constantinople, cette Église fut dotée de statuts directement inspirés de ceux de l’Église orthodoxe serbe (p. 387) ». Une autre minorité est pleinement intégrée dans le nouveau cadre étatique : les musulmans de Bosnie. Ante Pavelic n’affirme-t-il pas que « les musulmans croates sont la moelle épinière du peuple croate (p. 50) » ? Maints mahométans accèdent à la vice-présidence du gouvernement, à la tête de ministères régaliens, à la présidence de la Cour suprême, ou au commandement d’unités militaires. « Le Poglavnik prend la peine de consulter le Reis-ul-ulema, les tribunaux de la charia retrouvent un statut officiel (décret du 30 juin 1941), le salaire des imams est pris en charge par l’État (décret du 25 mai 1944), et le gouvernement s’engage à subventionner plusieurs institutions emblématiques comme le conseil des ulémas (Ulema Medzlis), les écoles primaires et les écoles coraniques (pp. 51 – 52). » L’actuel ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegovic, est d’ailleurs de confession musulmane.

 

Soutien français et résistance armée après-guerre

 

Véridique histoire des oustachis mentionne les quelques rares amis de la cause croate tels l’avocat français Georges Desbons qui déclarait que « la Croatie est ma seconde patrie (p. 293, note 17) ». Radié du Barreau quand il défendait avec fougue les Macédoniens auteurs de l’attentat de Marseille en 1934, cet anti-munichois convaincu fut un éphémère ambassadeur de l’État français à Zagreb. Christophe Dolbeau ne se contente pas d’expliquer la Seconde Guerre mondiale en Croatie. Il traite aussi de l’après-guerre pour les oustachis rescapés. Présente en Europe occidentale et, surtout, aux Amériques, l’émigration croate se montre combative et se donne successivement un Comité national croate, puis un Mouvement de libération croate, affiliés à la Ligue anti-communiste mondiale et au Bloc antibolchevique des nations.

 

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En Yougoslavie même persiste jusqu’en 1949 – 1950, une farouche résistance nationaliste anti-communiste. « En Bosnie-Herzégovine, où le relief se prête parfaitement à la guérilla, les skripari se montrent particulièrement actifs (pp. 358 – 360). » Agissent enfin à l’étranger quelques groupes armés comme la Fraternité des croisés croates qui organise des attentats dans la décennie 1960, ou la Fraternité révolutionnaire croate qui détourne un avion en 1976 sur la ligne New York – Chicago.

 

Fort riche en révélations historiques assorties d’un grand nombre de sources, ce bel essai n’évoque toutefois pas l’héritage de l’Oustacha en Croatie depuis 1991, ni le parcours du Père de l’indépendance, Franjo Tudjman. Devenu historien et dissident, cet ancien communiste comprit au cours de ses recherches l’ampleur du démocide croate. L’ouvrage de Christophe Dolbeau rétablit la stricte vérité historique d’un mouvement et d’une nation, guère connus des Français. L’histoire en sort grandie.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Christophe Dolbeau, Véridique histoire des oustachis, Éditions Akribeia (45/3, route de Vourles, F – 69230 Saint-Genis-Laval), 2015, 419 p., 27 €, à commander aussi sur le site : http://www.akribeia.fr/.


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Lettre ouverte de Tomislav Sunic à M. Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération (Paris)

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Lettre ouverte de Tomislav Sunic à M. Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération (Paris)

Nous publions cette lettre de Tomislav Sunic à la rédaction de Libération pour la raison suivante: cette gazette parisienne a l'art de publier des articles injurieux, moralisants, ineptes sur les réalités politiques de TOUS les autres pays européens, sous prétexte que ces réalités ne s'alignent pas sur les fantasmes malsains des gauches françaises, dont la caractéristique principale est le déni du réel, assorti d'une crapulerie de plus en plus manifeste. Cette attitude est inacceptable, dans le chef de Libération comme dans celui d'autres gazettes parisiennes. Il serait bon que de toutes les régions d'Europe, de protestations s'élèvent, véhémentes, pour que cette volonté de tout homogénéiser, que ce mépris d'autrui, que cette arrogance fondée sur l'ignorance crasse du monde et des faits, soient systématiquement fustigés, dénoncés et surtout moqués.

Le 24 mai, 2106

M. Laurent Joffrin, Rédacteur en chef, Libération

Objet : « En Croatie, un révisionniste ministre de la Culture » Le 23 mai 2016 http://www.liberation.fr/debats/2016/05/23/en-croatie-un-revisionniste-ministre-de-la-culture_1454623

Monsieur,

Chaque fois qu'un commentaire paraît dans les médias étrangers au sujet du nouveau gouvernement croate et surtout de son nouveau ministre de la Culture, M. Zlatko  Hasanbegovic, on doit s’armer contre un déluge d’amalgames.  Les termes diabolisateurs tels que « extrême droite », « droite extrême »,  « oustachis-fascistes »,  semblent toujours bien coller à la Croatie. La langue de bois qui était de rigueur chez les anciens scribes yougo-communistes semble être dorénavant reprise par les bien-pensants français qui l’emploient à volonté à l’encontre de tous ceux qui s’écartent un tant soit peu de l’historiographie officielle, ou bien qui expriment des doutes sur la vulgate libéralo-multiculturelle, prescrite par l’Union Européenne.     

Pour sa part et afin de mériter son certificat de bon élève démocratique, la Croatie est censée se vautrer éternellement dans le déni de soi et les mea culpa historiques. Quelles sont concrètement les sources auxquelles puise Libération quand il nous suggère que  « d’après les estimations les plus fiables, au moins 83 000 personnes ont été assassinées dans le camp (oustachi) de concentration et d’extermination de Jasenovac ».  On croit rêver en lisant les propos de Libération, vu que d’après le gouvernent serbe, ce chiffre victimaire, adopté volens nolens par le gouvernement croate, s’élève à neuf fois plus en Serbie !  Alors Libération semble tomber lui- même,  soit dans le guet-apens du révisionnisme, soit dans le mensonge ordinaire.

Vos correspondants auraient pu ajouter, ne serait-ce que par souci d’objectivité, qu’en grande partie, l'administration de la Croatie actuelle, les médias et  l’enseignement supérieur, regorgent encore de nombreux ex-communistes et de leur progéniture post-yougoslave. Autrefois, ils faisaient les pèlerinages de Moscou et de Belgrade et maintenant, leurs lieux saints sont devenus Washington et Bruxelles. Pour des raisons d’honnêteté minimum, on aurait peut-être pu ajouter aussi un mot ou deux sur l'anniversaire des massacres de centaines de milliers de civils croates et allemands de souche par les communistes de Josip Broz Tito, en mai-juin 1945… Un nombre important de ses sbires communistes, bien que séniles, sont encore bien vivants en Croatie d'aujourd’hui. Au lieu de perdre son temps sur la montée de la prétendue bête immonde de l’extrême droite oustachie-révisionniste en Croatie, on ferait mieux de se focaliser davantage sur l'héritage catastrophique de l'ancien  chouchou de l'Occident, à savoir l'ex-Yougoslavie communiste et multiculturelle.

Cordialement,

Tomislav SUNIC

(écrivain)

Croatie, Zagreb

lundi, 28 septembre 2015

Le Camp des saints en Croatie

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Le Camp des saints en Croatie

par Tomislav Sunic

Ex: http://www.polemia.com

Tomislav Sunić est un écrivain et traducteur américano-croate, ancien professeur aux Etat-Unis en science politique et ancien diplomate.

♦ A quelque chose malheur est bon. C’est grâce à la poigne communiste que l’Europe de l’Est, y compris la Croatie encadrée en ex-Yougoslavie, a su préserver son visage blanc et sa mémoire historique. Pendant les Trente Glorieuses les immigrés africains, levantins et maghrébins surent fort bien que leurs hôtes en France et en Allemagne seront plus samaritains que le commissaire de l’Est dont les lendemains refusèrent obstinément de chanter.

Il fut prévisible que, suite à l’actuel choc migratoire en provenance du Moyen Orient et de l’Afrique, le peuple croate crachera sa colère envers l’UE ou les immigrés – ou tous les deux à la fois.

Ayant jadis fort bien appris la pensée unique communiste, la présente vulgate multiculturelle imposée par Bruxelles compte fort peu de disciples au sein du peuple croate. Les paroles acerbes à l’encontre des immigrés, qui seraient sujets aux dispositions de la loi Fabius-Gayssot en France ou sévèrement réprimés en Allemagne en vertu du paragraphe 130 du Code pénal, sont librement proférées en Croatie par beaucoup de ses citoyens. Contrairement à la France et à l’Allemagne, les vocables « racisme », « xénophobie » ou « convivialité multiculturelle » portent en Croatie un signifié dérisoire, digne de la langue de bois communiste. Se dire blanc et catholique à haute voix est souvent considéré comme un signe d’honneur croate.

Mais il ne faut pas s’y tromper pour autant.

La classe dirigeante croate, à l’instar des autres pays est-européens, est composée dans sa grande majorité de rejetons des anciens apparatchiks yougo-communistes dont le but suprême consiste à montrer à Bruxelles que la Croatie se comporte plus catholiquement que le Pape, à savoir qu’elle est plus européiste que la Commission européenne. Le côté mimétique des dirigeants croates n’a rien de neuf, ayant été hérité du passé yougoslave où les anciens communistes croates devaient se montrer davantage comme de bons Yougoslaves et de meilleurs titistes que leurs homologues serbes. Une peur bleue d’être dénoncés aujourd’hui par Bruxelles ou Washington comme des dérives « fascistes », « racistes » ou « oustachis », fait que Zagreb ne bouge pas sans l’assentiment de Washington ou de Bruxelles. Cela est souvent le cas au gré des circonstances : quand Washington misait dans les années 1990 sur la carte albanaise et antiserbe, les nationalistes croates s’étaient vu la porte grande ouverte ; quand, en revanche, la vulgate multiculturelle devient la règle, la Croatie est censée devenir un pays dépotoir pour les nouveaux migrants.

On peut tracer un parallèle avec l’Allemagne qui doit, elle aussi, jouer à la surenchère humanitaire envers les immigrés, s’imaginant que son passé, qui refuse de passer, sera ainsi mieux neutralisé. Soumise, après la Deuxième Guerre mondiale, à une rééducation exemplaire, il n’est pas étonnant que Mme Merkel et ses amis fassent des discours ultra-humanitaristes et antifascistes. Hélas, les paroles délirantes des Allemands sur leur « Willkommenskultur » (culture d’accueil) résonnent bien différemment aux oreilles des migrants venus de l’Afrique et de l’Asie.

Le grand avantage du flux migratoire en Europe de l’Est est qu’il se déroule de façon désordonnée et imprévue, ce qui ne motive guère ni les Croates ni les Serbes ni les Hongrois à accueillir les nouveaux venus à bras ouverts. Contrairement à la tactique bolchevique du salami, à laquelle les Occidentaux s’étaient déjà bel et bien habitués, le soudain drame migratoire en Europe de l’Est semble annoncer le nouveau printemps pour tous les Européens. Notre avant-guerre a commencé !

Tomislav Sunic
24/09/2015

www.tomsunic.com

Correspondance Polémia – 26/09/2015

vendredi, 22 mai 2015

Hero and Heretic in Western Literature and Politics

Tomislav Sunic:

Hero and Heretic in Western Literature and Politics

Coming from a family heavily persecuted for its traditionalist sympathies under the Communist Yugoslav regime, Tomislav Sunic made his mark as a lecturer at Califonia State University and then as a Croatian diplomat. However it has been as an anti-liberal political philosopher that he has really found his raison d’etre. An ever popular speaker and determined with it, (when the Conservative Fidesz Government of Hungary recently tried to stop the 4th October 2014 Identitarian Conference from taking place in Budapest, Tom Sunic was one of only two speakers – Jared Taylor was the other – to successfully run the blockade. See his speech here. https://www.youtube.com/watch?v=Jir4T...). A radio show presenter, and the author of numerous articles and three books – Homo Americanus: Child of the Postmodern Age, Against Democracy and Equality:The European New Right, Post-Mortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity– Tom Sunic, will here in his fourth speech to The London Forum address the issue of what it is to be a White Nationalist - simultaneously a hero to our own people and a heretic to ‘The Powers That Be’ and their mind slaves – and how we can draw perspective, sustenance and inspiration from our literary and political history.
http://www.amazon.com/s/ref=nb_sb_nos...

mercredi, 12 novembre 2014

R&A: Tsunami mondialiste sur l'Europe?...

Tsunami mondialiste sur l'Europe?...

La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (n°48 - automne 2014), disponible en kiosque, un dossier sur l'offensive mondialiste en Europe...

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Au sommaire du dossier :

Le tsunami mondialiste sur l'Europe

L'Union européenne

Le traité transatlantique

Les Young Leaders

Entretien avec Emmanuel Ratier

Les multinationales veulent faire les lois

La société de l'indécence

La Chine, l'autre acteur du mondialisme en Europe

La Croatie, du communisme au mondialisme

La Bulgarie : le droit à l'oubli ?

Gouverner par le chaos

On trouvera aussi un entretien avec l'auteur de polars Joël Houssin, des articles sur l'amour courtois, sur Ponce Pilate, sur le groupe de rock français La Souris  Déglingué ou sur le cinéaste Terry Gilliam, fondateur des Monthy Python, ainsi que de nombreuses notes de lectures et une rubrique musique...

mercredi, 29 octobre 2014

Les chroniques acérées de Tomislav Sunic

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Les chroniques acérées de Tomislav Sunic

par Georges FELTIN-TRACOL

Les lecteurs d’Europe Maxima connaissent bien sûr notre ami Tomislav Sunic. Ancien diplomate croate et naguère professeur de sciences politiques aux États-Unis, il vécut dans le système titiste yougoslave avant de se retrouver confronté au système occidental étatsunien. Dans les deux cas, il comprit, par-delà les maigres différences de l’un et de l’autre élevées en données majeures rivales, leur fonctionnement similaire. Pour le public francophone, il vient de publier dans une nouvelle collection, « Fahrenheit 451 », dirigée par un autre vieil ami, l’infatigable combattant des ondes Pascal G. Lassalle, un recueil d’articles, d’entretiens et de conférences sobrement intitulé Chroniques des Temps Postmodernes.

 

Richement illustré par les magnifiques peintures du Serbe Dragos Kalajic (1943 – 2005), l’ouvrage développe trois axes principaux : la question de la liberté d’expression en Occident globalitaire, le destin contrarié de l’Amérique d’origine européenne et le sort des Balkans. Tomislav Sunic ne se contente pas d’utiliser les enseignements de la géopolitique. Il met à son profit les connaissances de la philosophie politique, de l’histoire et de la sociobiologie (ou psychologie évolutionnaire).

 

Très attaché à la liberté de recherche en histoire, il ose aborder un talon contemporain : « la “ solution finale ” de la question allemande (p. 113) ». Il s’inquiète de l’instrumentalisation de l’histoire et de son piratage par une mémoire reformatée qui dévalorise l’héroïsme et encourage la victimisation. « L’esprit victimaire découle directement de l’idéologie des droits de l’homme. Les droits de l’homme et leur pendant, le multiculturalisme, sont les principaux facteurs qui expliquent la résurgence de l’esprit victimaire. Quand tous les hommes sont déclarés égaux, chacun a droit à sa victimologie (p. 104). » Toutefois, « dans “ la concurrence mondiale pour la mémoire historique ”, soutient-il, toutes les victimes ne bénéficient pas des mêmes droits (p. 241) ». L’auteur observe que « le Système multiculturel actuel est par force conflictuel : chaque doctrine victimaire persiste dans sa propre unicité et ne se propage qu’aux dépens des autres (p. 245) ». Or « le multiracialisme, qui se cache derrière l’hypocrite euphémisme du “ multiculturalisme ”, mène à la guerre civile et à la haine interraciale. Les Serbes et les Croates, toujours immergés dans leurs victimologies conflictuelles, ignorent toujours que l’Europe occidentale a franchi depuis belle lurette le cap du Camp des Saints et que nous, les Européens, nous sommes tous menacés par une mort raciale et culturelle (p. 99) ». Et c’est gravissime, car « lorsqu’un peuple oublie son mythe fondateur, il est condamné à périr. Pire, il peut se transformer en un agrégat de robots heureux dont le nouveau principe des droits de l’homme universel pourrait n’être qu’un masque pour un hédonisme insouciant (p. 43) ».

 

 

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Dans le même temps, « l’Europe orientale subit deux maux : d’une part, le tragique héritage du mental communiste, d’autre part, la grotesque imitation de la sphère occidentale. […] Les Européens de l’Est absorbent essentiellement le pire de l’Occident : décadence et anomie (p. 84) ». Pourquoi ? Parce que « le communisme a disparu en Europe orientale parce qu’en pratique, il a su beaucoup mieux réaliser ses principes égalitaires en Europe occidentale quoique sous un autre signifiant et sous un autre vocable. Le Système, soit sous son vocable communiste, soit sous son vocable multiculturel, croit que toutes les nations européennes sont remplaçables au sein du Système supra-étatique et supra-européen (p. 215) ». Il en découle que « le libéralisme, avec son jumeau le marxisme et son avatar moderne le multiculturalisme, sont des systèmes profondément inhumains (p. 27) ». Mais, optimisme ou réalisme ?, « l’Amérique actuelle est devenue un système hautement balkanisé qui fonctionne de plus en plus comme l’ancien système soviétique et où les formes élémentaires de “ survivalisme ” de chaque groupe ethnique risquent de déclencher des guerres interraciales (p. 186) ». Toutefois, on ne doit pas se focaliser sur le seul fait étatsunienne. « L’homo americanus n’est pas propre à la seule Amérique. C’est une figure transpolitique mondiale qui réside partout et surtout en Europe (p. 161). » Il remarque enfin que « l’américanisme est devenu un concept liquide qui fonctionne de plus en plus comme un système supra-étatique aux identités disparates (p. 139) ».

 

Avec une rare lucidité, Tomislav Sunic pense que « les grands conflits du futur n’opposeront plus la gauche à la droite, ni l’Est à l’Ouest, mais les forces du nationalisme et du régionalisme au credo de la démocratie universelle (p. 39) » et formule un vœu : « Les Blancs en Europe et en Amérique se doivent de surmonter leur sentiment d’enracinement territorial ainsi que des querelles intra-ethniques : l’identité raciale et culturelle européenne va de l’Argentine à la Suède et de la Russie à bien d’autres coins du globe. Plus important encore : les Blancs doivent clairement accepter leur identité de Blanc (p. 199). » Attention cependant aux éventuels contresens ! Il avertit que « l’Identité, lorsqu’elle repose seulement sur l’hérédité, a peu de sens si elle manque de “ Gestalt ” – si elle refuse de s’assigner un nom, un prénom et un lieu d’origine. Une identité blanche abstraite, dépourvue d’« âme raciale », n’a pas de sens. Nous portons tous des noms et nous traînons tous notre mémoire tribale et culturelle  (p. 205) ». Il prévient par ailleurs que « tous les beaux discours contre l’immigration non européenne, tous les récits sur un certain axe Paris – Berlin – Moscou, tous les projets d’une Europe empire, qui sont de bon ton parmi les identitaires ouest-européens, ne veulent pas dire grand-chose en Europe de l’Est (p. 133) ». Il se méfie en outre du concept d’Empire. « Il nous faut être fort prudent avec l’emploi du vocable “ empire ” – vu que ce terme porte des signifiés fort différents des deux côtés du Rhin – et de l’autre côté de l’Atlantique (p. 298). »

 

Ces précautions indispensables prises, cela n’empêche pas l’auteur d’insister sur « notre ennemi principal : le capitaliste local et son alter ego, le spéculateur globalitaire (p. 142) ». Il suppose dès lors que « très probablement, nous aurons besoin de davantage de chaos dans notre cité, parce que c’est seulement du chaos que de nouvelles élites et un nouveau système de valeurs peuvent émerger (p. 25) ». Le dissident à l’Occident global vient encore de frapper les esprits ! Écoutons et méditons ses judicieux conseils.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Tomislav Sunic, Chroniques des Temps Postmodernes, Avatar Éditions (B.P. 43, F – 91151 Étampes C.E.D.E.X.), coll. « Fahrenheit 451 », 2014, 303 p., 25 €.

 


 

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lundi, 24 février 2014

Ante Pavelić dans la clandestinité

Ante Pavelić dans la clandestinité, 1945-1959

par Christophe Dolbeau

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En mai 1945, l’État Indépendant Croate (NDH), que les Oustachis ont fondé le 10 avril 1941, disparaît sous les assauts conjugués des Partisans communistes de Tito et de l’Armée Rouge. Le 6 mai, le gouvernement nationaliste quitte Zagreb et prend le chemin de l’Autriche, accompagné par l’ensemble de l’armée croate et par des dizaines de milliers de civils. Ce tragique exode s’achèvera à Bleiburg où débute, à compter du 15 mai et sous les yeux des Anglo-Saxons, un gigantesque massacre (1).

Ante Pavelić, le chef de l’État croate, a lui aussi pris la route de l’exil car il est fermement décidé à poursuivre le combat. Désigné par la propagande adverse comme l’un des pires criminels de la Seconde Guerre mondiale et couramment dépeint (depuis 1934) comme l’un des plus féroces terroristes du XXe siècle, le Poglavnik est désormais un homme traqué dont la tête est mise à prix et dont le sort ne fait guère de doute s’il tombe aux mains des gens de Tito. L’homme n’est toutefois pas un néophyte en matière de clandestinité ; chef d’une organisation révolutionnaire qui a fait ses preuves et déjà contraint à l’exil entre 1929 et 1941, il connaît parfaitement les ficelles et les règles du jeu, ce qui va lui permettre, contre toute attente, de sortir indemne de la nasse.

Les tribulations de ce fugitif un peu particulier n’ont, bien sûr, pas manqué d’exciter l’imagination des journalistes et les affabulations les plus rocambolesques n’ont cessé de circuler, à son sujet, dans les media du monde entier. À plus d’un demi siècle de son décès – dans une clinique madrilène – le temps semble enfin venu de faire litière de toutes ces sornettes pour retracer ce que fut réellement cette extraordinaire « cavale ».

Par monts et par vaux 

C’est accompagné de son fils Velimir (2) et de quelques proches collaborateurs [dont Ico Kirin (3) et Erih Lisak (4)] et escorté par un détachement de la Garde que Ante Pavelić quitte Zagreb, le 6 mai, pour gagner d’abord Novi Dvori puis Rogaška Slatina où il arrive le 7 en début de soirée. Le lendemain, 8 mai, le Poglavnik est avisé par les Allemands de leur capitulation immédiate ; le général Löhr, qui refuse de s’entretenir directement avec lui, abandonne sèchement ses alliés croates à leur sort. Après avoir une dernière fois conféré avec ses généraux, Ante Pavelić prend alors la route de l’Autriche. À Spielfeld (ou Leibnitz – les témoignages divergent), le chef de l’État et ses compagnons troquent leurs uniformes pour des vêtements civils et le petit convoi procède en direction de Klagenfurt puis de Judenburg. Bombardés par des avions soviétiques à Zeltweg, les fuyards atteignent Judenburg le 10 mai à l’aube ; ils poursuivent jusqu’à Trieben où on les avertit de l’imminente arrivée des Russes. Compte tenu des risques qu’il y aurait à rester en convoi sur la route, la petite troupe abandonne alors les voitures et se scinde en deux groupes. Les militaires s’en vont d’un côté avec le général Begić (5), tandis que le Poglavnik et quelques fidèles (6) s’enfoncent à pied dans la forêt avoisinante.

Commence dès lors une laborieuse pérégrination qui va conduire Ante Pavelić à Donnersbach (13 mai), Bad Aussee (14 mai), Hallstatt (15 mai), Russbach (16 mai) et Langreith (18 mai). Le petit groupe ne dispose que d’un minimum de ravitaillement (un peu de sucre et quelques œufs) et il passe les nuits à la belle étoile ou dans des granges et bergeries ; quelques haltes chez des paysans locaux permettent cependant d’améliorer un peu l’ordinaire. Entrés en zone américaine, le Poglavnik et ses compagnons passent sans encombre au moins deux points de contrôle avant d’atteindre Langreith. Si Ante Pavelić s’est fixé cette localité comme objectif, c’est que c’est là que se sont réfugiées son épouse Marija et ses deux filles, Višnja et Mirjana, qu’il retrouve donc le 18 mai.

[D’abord évacuée le 12 décembre 1944 vers le Semmering, la famille Pavelić a ensuite gagné Langreith où elle réside dans un pavillon de chasse, sur les terres du Comte Nostiz. Cet abri héberge également l’épouse et le neveu du ministre Balen (7), Dora Werner (8), Merica Pavelić (9), les deux domestiques italiennes de la famille Pavelić, Giuseppina et Angelina, le chauffeur Štef Babić, le capitaine de marine Crisomali et l’ancien magistrat Vladimir Vranjković]

À Langreith, le Poglavnik vit discrètement mais il ne se cache pas vraiment. Le 20 mai, il reçoit d’ailleurs la visite du général Moškov (10) et du major Šarić, et le 1er juin, il signale même sa présence aux autorités américaines. Ce n’est que le 6 juin que les choses prennent une tournure plus inquiétante car la radio annonce l’extradition du gouvernement croate (11). Dès le 7 juin au matin, Ante Pavelić quitte donc le pavillon de Langreith en compagnie d’un ami autrichien et de la domestique Angelina. Improvisé à la hâte, ce départ est plutôt risqué : les voyageurs sont d’ailleurs arrêtés et contrôlés par la police militaire US qui leur confisque leur véhicule. Laissés libres, ils poursuivent néanmoins jusqu’à Tiefbrunnau où Ante Pavelić va demeurer jusqu’en septembre. Cette fois, le secret est de rigueur et seules la famille et Dolorès Bracanović (12) connaissent l’adresse du Poglavnik. Ce dernier a visiblement été bien inspiré de s’éloigner puisque deux jours après son départ, des militaires américains (dont un Serbe) viennent le chercher à Langreith…

Un paisible paysan autrichien

Hébergé par un agriculteur et entouré de nombreux réfugiés volksdeutsche en provenance de Roumanie, Ante Pavelić passe tout à fait inaperçu. Cependant, au bout de quelques mois, l’État autrichien commence à se réorganiser et les campagnes voient apparaître des gendarmes. Un jour, l’un d’eux passe à la ferme, pose des questions à son sujet et émet même le vœu de le voir se présenter à la caserne de Faistenau. Pour le fugitif, il est grand temps de changer d’air. Muni d’un sac à dos et après avoir averti son logeur qu’il se rend à la convocation, le Poglavnik prend bien le chemin de Faistenau mais il bifurque rapidement et s’enfonce dans les bois. Il gagne d’abord Sankt Gilgen, passe tranquillement devant le siège du CIC (13) et chemine ensuite jusqu’à Aich où il sait trouver une famille amie. Il s’agit des Zilev, des patriotes macédoniens chez qui il va séjourner quelques semaines, le temps de se procurer de nouveaux papiers et un nouveau point de chute. Ce sera cette fois Obertrum, près du lac de Mattsee, où le Poglavnik va résider jusqu’en avril 1946. Logé à nouveau dans une ferme, à un kilomètre du centre du village, Ante Pavelić sympathise vite avec son hôte, Sepp, pour lequel il effectue quelques petits travaux d’atelier (menuiserie, forge). Contrairement à ce que prétendront ultérieurement certains chroniqueurs malveillants, il ne se terre pas au fond d’un monastère et ne porte pas la bure mais participe activement à la vie du village : à la demande de son logeur, il prend même part à une réunion électorale du Volkspartei et pose quelques questions, en présence des gendarmes locaux et de plusieurs observateurs américains…

Malgré ces déménagements successifs, Ante Pavelić garde toujours le contact avec sa famille qui réside désormais à Sankt Gilgen, à la « Villa Helena ». À cette époque, certains pensent que le Poglavnik a été arrêté par les Soviétiques, tandis que d’autres, notamment les Yougoslaves, sont certains qu’il se cache en zone d’occupation britannique. Si les Américains ne semblent pas mettre un zèle excessif à le rechercher et à l’appréhender (si tant est que la plupart d’entre eux sachent même de qui il s’agit), les Britanniques se montrent un peu plus actifs car ils sont littéralement harcelés par Belgrade. De leur côté, les Yougoslaves – dont France Hočevar et l’espionne Heda Stern – déploient de grands efforts pour tenter, en vain, de localiser leur ennemi N°1.

Dr-Ante-Pavelic.jpgLa dernière étape autrichienne du Poglavnik se situe à Wölfnitz, en zone britannique, où il arrive en avril 1946 et où il loge, en compagnie du colonel Jakov Džal (14), chez un paysan nommé Kanik (15). Durant les six mois que va durer son séjour dans ce village de Carinthie, Ante Pavelić prépare son passage en Italie. Son fils Velimir se rend clandestinement à Rome (16) d’où il ramène des faux papiers italiens et paragayens, puis il effectue un second voyage afin d’escorter sa mère jusqu’à Florence. À l’automne, l’exfiltration de l’ancien chef d’État semble enfin possible et Ante Pavelić prend le chemin de l’Italie, accompagné de Jakov Džal, Dinko Šakić (17), Ljubo Miloš (18) et Božo Kavran (19). Il se rend d’abord, par le train, de Klagenfurt à Lienz, traverse ensuite à pied la zone interdite (« Sperrzone ») et entre en Italie aux environs de Versciaco. De là, il rejoint Pieve di Cadore, Belluno, Trévise, Mestre et Bologne d’où il repart aussitôt pour Florence, flanqué du seul Božo Kavran.

Péripéties italiennes

Arrivé (en train) à Florence, Ante Pavelić y retrouve Olga Zannoni qui n’est ni un agent de l’OSS ni un émissaire du Vatican mais son ancienne logeuse d’avant-guerre. Dans un premier temps, cette dame conduit le Poglavnik et Božo Kavran  chez Adolfo Morozzi, dans une maison de la Viale dei Mille, où les deux voyageurs peuvent prendre quelque repos. Plus tard, Ante Pavelić trouvera asile chez un certain Renato Picchi où il va passer un mois.

Mis en relation avec un avocat florentin, Me Bruno Piero Puccioni (20), qui apporte son aide aux réfugiés et aux proscrits politiques, Ante Pavelić ne reste pas longtemps en Toscane et il ne tarde pas à partir pour Rome où il s’installe d’abord dans le quartier de Monte Mario, chez un fonctionnaire de police à la retraite. Pas plus qu’en Autriche, le Poglavnik ne bénéficie de l’assistance d’agents secrets alliés ni d’une quelconque « filière catholique » (21)  et ses seuls anges gardiens sont les amis de l’avocat Puccioni. Au bout de quelque temps, ce dernier propose à Pavelić une nouvelle résidence, dans un bâtiment du Trastevere jouissant de l’extraterritorialité. Outre l’ancien chef d’État, l’édifice abrite aussi trois autres fugitifs de marque, les anciens ministres italiens Cianetti (22) et Moroni (23) et l’ex-secrétaire du Parti Fasciste Turati (24), avec lesquels le Poglavnik prend l’habitude de s’entretenir tous les soirs. Dans cet immeuble (où le loyer est de 1000 lire par jour), les fugitifs sont en sécurité mais leur (relative) tranquillité est, hélas, de courte durée car au nom de la chasse aux prétendus « criminels de guerre », les bailleurs se voient bientôt interdire de louer leurs locaux. Ante Pavelić doit donc, une fois de plus, changer de cachette et c’est chez un artisan maçon du voisinage qu’il prend dès lors pension. Bien que situé dans le même secteur de la ville, ce logement ne jouit d’aucun privilège d’extraterritorialité.

Comme toujours, Ante Pavelić reste en contact avec les siens qui sont également arrivés à Rome où ils se sont établis dans le quartier de Nomentano, au N° 22 de la Via Sabratha. La liaison est assurée, très prudemment, par sa fille aînée Višnja et par le jeune lieutenant Ivica Krilić (25).

[Durant son séjour à Rome, la famille Pavelić réside chez Mme Mazzieri, dans la Via Sabratha, puis chez l’ingénieur Riccardo Girardelli, au N° 12 de la Via Gradisca. C’est par ses propres moyens et avec l’aide de ses seuls amis personnels que la famille a trouvé ces deux logements : aucun service secret n’est intervenu dans ces démarches et aucune officine vaticane n’y a été associée]

Toujours grâce au même groupe d’amis, le Poglavnik quitte ensuite Rome pour la petite cité de Castel Gandolfo où il loge cette fois dans la maison de la Comtesse Giustina Campello qui accueille aussi l’ancien ministre roumain Grigore Manoïlescu (26). Sur les conseils d’un célèbre journaliste italien, Ante Pavelić met alors à profit ses loisirs forcés pour commencer à rédiger ses mémoires (Doživljaji), en italien et en croate, lorsqu’il est soudain victime d’une crise d’appendicite aiguë. Toute hospitalisation étant exclue mais une opération s’avérant néanmoins indispensable, celle-ci aura lieu sur une simple table, au domicile de la Comtesse Campello. Discrètement amené sur place, c’est le professeur Egidio Tosatti (27) qui opère le malade, assisté par une infirmière et par Mirjana, la fille cadette du Poglavnik. L’intervention se déroule bien mais une pneumonie vient compliquer la situation, obligeant le praticien à demeurer au chevet de son patient jusqu’à ce que tout danger soit écarté. Au final, tout rentre dans l’ordre et le Poglavnik se rétablit rapidement.

Préparatifs de départ

Les règles de sécurité imposant de changer fréquemment de résidence, Ante Pavelić abandonne bientôt Castel Gandolfo pour les environs de Naples où le conduit, en voiture, le fils d’un médecin de ses amis (A. Alilei). Désormais, le Poglavnik bénéficie de l’hospitalité des pères jésuites (28), dans un couvent de Posillipo. Comme pour ses résidences précédentes, l’adresse n’est connue que de ses proches et ceux-ci ne s’y rendent qu’à tour de rôle et en prenant un maximum de précautions (la famille pourra toutefois se réunir pour fêter la Noël 1947). À compter de cette époque, Ante Pavelić et les siens se préparent à quitter l’Europe pour l’Argentine, l’un des très rares pays susceptibles de leur accorder l’asile.

Compte tenu des menaces qui pèsent sur le Poglavnik et de la surveillance qui s’exerce sur les candidats au départ (29), l’affaire est aussi complexe que risquée. Les premières difficultés à surmonter sont de se procurer un titre de voyage du Comité International de la Croix-Rouge, ainsi qu’un visa d’entrée en Argentine. À cet effet, la famille Pavelić prend donc contact, par le biais du lieutenant Krilić, avec le père Krunoslav Draganović (30), un ecclésiastique qui s’occupe depuis 1943 des expatriés croates en Italie. Secrétaire de l’Institut Saint-Jérôme, qui est un peu le séminaire croate de Rome, ce prêtre est en relation, de par son rôle au sein de l’organisation Caritas, avec la Croix-Rouge et avec de nombreuses légations étrangères dont la « Delegación Argentina de Inmigración – en Europa » qui délivre les documents d’émigration. Un autre personnage, Čiro Križanec, est également sollicité car il s’occupe lui aussi de résoudre les problèmes administratifs des expatriés. Ces deux hommes sont les seules personnes liées à l’Institut Saint-Jérôme avec lesquelles la famille Pavelić est en contact, et contrairement à ce qu’on a dit ici ou là, jamais le Poglavnik ne franchira le porche de cet institut.

Bien conscient de la détestation que lui vouent certains membres du clergé croate (31) et averti des accointances du père Draganović avec toutes sortes de services secrets (32), le Poglavnik veille sagement à ne jamais révéler son lieu de résidence à l’ecclésiastique. Les pères jésuites qui l’hébergent en font d’ailleurs une exigence. L’ancien chef d’État et le prêtre se rencontrent néanmoins à deux reprises, mais dans un collège de Naples où comme par hasard, la police italienne ne tarde pas à frapper à la porte…

Quoi qu’il en soit, le prêtre finit (moyennant finances) par faire parvenir à Ante Pavelić un passeport de la Croix-Rouge au nom de Pal Aranyoš, passeport qu’il tentera vainement de récupérer plus tard, au prétexte qu’il serait inutilisable. Il fait également part au Poglavnik de deux plans de départ un peu extravagants, l’un par avion et l’autre à l’aide d’un navire privé. Peu de temps après, un autre passeport sera établi pour l’épouse de l’ancien chef d’État.

Vers le Rio de la Plata

Le départ vers l’Amérique du Sud de la famille Pavelić s’effectue en trois phases. Dans un premier temps, ce sont le fils et la fille cadette du Poglavnik qui prennent le chemin de Buenos Aires. Embarqués le 13 avril 1948 à bord du Ugolino Vivaldi, ils arrivent sans encombres le 3 mai. Puis c’est au tour d’Ante Pavelić de prendre le large. Délaissant prudemment les projets du père Draganović, le Poglavnik fait lui-même l’acquisition d’un billet et c’est muni du fameux passeport prétendument caduc qu’il embarque, sans aucun problème, le 13 octobre 1948, à bord du Sestriere. De ce départ, Ante Pavelić n’a avisé personne, pas même les siens qui n’en seront informés que deux jours plus tard par un émissaire de confiance. Contrairement à la légende, le Poglavnik n’est pas parti de Gênes mais de Naples, son épouse ne l’accompagnait pas et il n’a pas rejoint le navire en pleine mer : c’est très banalement et en compagnie de tous les autres passagers qu’il est monté à bord après avoir passé les contrôles d’usage. Quelques jours plus tard, une carte postale des Canaries confirme que la traversée s’effectue normalement.

Reste à son épouse et à sa fille aînée à le rejoindre, ce qu’elles feront dans les semaines qui suivent, après avoir réglé leurs affaires et laissé leur appartement romain à des amis macédoniens. Quant au père Draganović qui continue à vouloir rencontrer le Poglavnik et récupérer son passeport, il apprendra le succès de l’opération lorsque celle-ci sera terminée…

Chez Juan Perón

Le 6 novembre 1948, le Sestriere accoste enfin à Buenos Aires où Ante Pavelić est attendu par ses enfants. Le passeport de la Croix-Rouge ne suscite aucun problème et il n’en coûte au voyageur que 23 pesos et 50 centavos pour régler la question du visa d’entrée. Mettant à profit l’amnistie que Juan Perón accorde l’année suivante aux immigrants illégaux, le Poglavnik régularisera dès lors sa situation et le 13 septembre 1949, les autorités lui délivreront officiellement une carte d’identité (N° 4.304.761) au nom d’Antonio Serdar (33).

Loin de disposer d’une gigantesque hacienda comme l’écrit le romancier Frederick Forsyth ou de sillonner le monde en avion comme l’affirme l’ancien journaliste fasciste Ermanno Amicucci (34), Ante Pavelić mène à Buenos Aires une existence fort modeste. Installé dans le quartier de Belgrano puis à Lomas del Palomar, l’ancien chef d’État quitte chaque jour son domicile aux alentours de 6 heures du matin pour se rendre sur des chantiers où il travaille comme simple maçon. Avec un compatriote, Mišo, et un collègue argentin, il ne tardera pas à fonder une petite entreprise de construction mais cette affaire, établie au N° 281 de la rue Reconquista, ne rapportera jamais des millions à ses initiateurs.

Sur le plan politique, le Poglavnik trouve en Argentine une solide organisation, le Hrvatski Domobran, dont il avait ordonné la création en 1931 et à laquelle viennent s’agréger quelques centaines de nouveaux exilés. Cette association lui permet de poser les bases d’un nouveau parti, le Hrvatska državotvorna stranka, et de lancer le journal Hrvatska. Le 8 juin 1956, le HDS, qui n’a pas eu le succès escompté, se transformera en Mouvement de Libération Croate ou Hrvatski Oslobodilački Pokret, une structure qui possède des ramifications aux USA, en Europe et en Australie.

Bien entendu, le Poglavnik recommande à ses partisans de s’abstenir de toute immixtion dans les affaires intérieures des pays qui leur donnent asile. Lui-même, et quoi qu’on en ait dit, n’entretient aucun lien particulier avec le régime péroniste (35). On tentera pourtant, en 1955, lors du renversement de Perón, de l’impliquer dans un mythique complot de l’Alianza Libertadora (36), ce qu’il devra catégoriquement démentir dans une interview à l’agence United Press (37). Comme un fait exprès, l’affaire éclate au moment précis où la Yougoslavie réclame avec force son extradition auprès du nouveau gouvernement…

Victime d’un attentat

Compte tenu de ses allées et venues professionnelles et de ses activités politiques, il n’est pas très difficile de localiser l’ancien chef d’État croate, ce que ses ennemis vont mettre à profit pour attenter à sa vie. Le 10 avril 1957, le Poglavnik préside aux festivités de la fête nationale croate avant de regagner son domicile à la nuit tombante. C’est alors qu’il approche de la rue de l’aviateur Mermoz, un peu après 21 heures, qu’un individu tire six fois sur lui et le touche à deux reprises. Atteint dans le dos et à la poitrine, le Poglavnik parvient tout de même à regagner son logement où son épouse appelle tout de suite le docteur Milivoj Marušić, un célèbre médecin et chirurgien croate de Buenos Aires, qui accourt aussitôt. Le blessé est transporté d’urgence à l’hôpital mais il n’y reste que deux heures, le temps de recevoir les premiers soins et d’effectuer quelques examens, avant de rentrer chez lui. Sérieuses, les blessures subies ne sont cependant pas létales et les ennemis du Poglavnik déclenchent alors la seconde phase de leur offensive : la nouvelle de l’attentat ayant paru dans la presse, le gouvernement yougoslave s’empresse à nouveau d’exiger à cor et à cri son extradition. Le tueur à gages s’est, quant à lui, évanoui dans la nature et il ne sera jamais interpellé (38). Étrange coïncidence : on apprendra ultérieurement que le mystérieux père Draganović se trouvait lui aussi à Buenos Aires à cette date…

Tandis que l’ambassade yougoslave alimente une virulente campagne de dénigrement contre lui, le Poglavnik récupère lentement ses forces. Affaibli et nécessitant un environnement sécurisé, il quitte le 18 avril son domicile de la Cité Jardin pour un endroit plus sûr, en l’occurrence la maison de son ami Edo Grosel chez qui il va demeurer jusqu’au 16 juillet, constamment veillé par le Dr Marušić. Les risques étant grands de voir les autorités argentines finir par céder à la pression internationale, Ante Pavelić envisage désormais de quitter le pays et c’est Josip Marković (39) qu’il charge d’organiser sa sortie.

Celle-ci a lieu le 16 juillet 1957 car le Poglavnik est maintenant sur pied. Parti par la route en compagnie de deux chauffeurs et à bord d’un combi fourni par des amis flamands, Ante Pavelić entame un périple de près de 5000 km. Le voyage le conduit d’abord à Río Colorado puis à San Antonio Oeste, Puerto Madryn, Comodoro Rivadavia, Comandante Luis Piedrabuena et enfin Río Gallegos qu’il atteint le 22 juillet. De là, il prend un avion (23 juillet) qui l’emmène au Chili, à Punta Arenas, où l’attend Mirko Sulić, un homme de confiance. Les deux hommes repartent aussitôt en avion pour Santiago où le Poglavnik va passer quatre mois chez Mirko Sulić et achever tranquillement sa convalescence (40).

Chez Francisco Franco

Pour Ante Pavelić, ce séjour au Chili n’est toutefois qu’une escale de plus puisque l’automne venu, il va encore se déplacer et même regagner l’Europe. C’est, en effet, au mois de novembre que le Poglavnik quitte définitivement l’Amérique du Sud pour l’Espagne. Accompagné du fidèle Mirko Sulić et voyageant sur une ligne aérienne régulière (via Asunción, São Paulo, Rio de Janeiro, Recife, Dakar et Lisbonne), il arrive le 30 novembre 1957 à Madrid où il descend dans un hôtel de la rue Carretas et retrouve un vieil ami, le frère Branko Marić (41), de l’ordre des franciscains, qui va lui être d’une aide précieuse.

Dans la capitale espagnole où le rejoignent son épouse (en décembre) et sa fille aînée (en octobre 1958), le Poglavnik ne se cache pas, ainsi que d’aucuns le prétendent, derrière les hauts murs du monastère de San Francisco el Grande. En réalité, il réside successivement au N° 98-100 puis au N° 201 de la rue de Alcalá, et enfin au N° 53/4 de la rue Lope de Rueda, dans de très classiques appartements de location.

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Bien que toujours menacé, il poursuit son travail à la tête du Mouvement de Libération Croate (HOP) tout en continuant la rédaction de ses mémoires. Menant une vie discrète, il reçoit quelques visiteurs mais prend soigneusement ses distances avec certains éléments controversés de l’émigration (le général V. Luburić notamment). En 1959, l’un de ses derniers déplacements le conduit durant l’été jusqu’à Santa Pola, au bord de la Méditerranée, où il passe trois mois de détente en famille (42). L’âge aidant (70 ans), la santé de l’ancien chef d’État n’est pourtant plus aussi solide qu’autrefois et la fin de l’année voit le Poglavnik entrer à l’hôpital pour y subir une opération de la vésicule biliaire (sans aucun rapport avec les blessures subies en 1957). Affaibli et usé, le patient supporte mal l’intervention, son état se détériore et le 27 décembre, vers 20 heures, il reçoit les derniers sacrements que lui administre le frère Branko Marić. Sa Sainteté le Pape Jean XXIII lui adresse également une bénédiction particulière. L’agonie du Poglavnik ne sera pas bien longue et c’est au petit matin du 28 décembre 1959, à 3 h 55, qu’il rend son dernier soupir. Jusqu’au bout, sa fille Višnja et le frère Branko Marić ont veillé à son chevet.

Dernier adieu

Dès le 28 décembre au soir, le corps du défunt est transporté dans la chapelle du cimetière San Isidro où il va demeurer jusqu’au 31 décembre. Pour son dernier voyage, le Poglavnik tient dans ses mains le crucifix que lui a offert Sa Sainteté Pie XII en 1941.

Le 31 décembre, en début d’après midi, le frère Branko Marić célèbre la messe des morts à laquelle assistent, outre la proche famille, les frères Miguel Oltra (43) et Rafael Medić (44), le Dr Andrija Ilić, membre du gouvernement croate en exil, les anciens ministres roumains Horia Sima (45) et Vasile Iasinschi (46), le représentant de l’ABN (47) et de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens, Vladimir Pastouchtchouk, ainsi que de nombreux amis croates et espagnols. Plus de trente couronnes mortuaires entourent le catafalque. Peu après, le Dr Ilić et M. Pastouchtchouk prononcent quelques dernières paroles sur la tombe et la cérémonie s’achève : Ante Pavelić a désormais rejoint Ante Starčević et Stjepan Radić au panthéon des grands défenseurs de la patrie croate.

Christophe Dolbeau

Notes

(1) Voir C. Dolbeau, « Bleiburg, démocide yougoslave », in Tabou, vol. 17, 2010.

(2) Velimir Pavelić (1925-1998) est le second enfant du Poglavnik. Lieutenant dans l’artillerie anti-aérienne à la fin de la guerre, il sera traducteur au ministère des Postes en Argentine puis codirigera (avec sa sœur Višnja) les éditions « Domovina » à Madrid.

(3) Ico Kirin (1911-1947), officier d’infanterie et chef du service de sécurité du Poglavnik. Extradé par les Britanniques, il sera exécuté le 24 janvier 1947 par les communistes yougoslaves.

(4) Erih Lisak (1912-1946), aide de camp du Poglavnik, ancien préfet de Gora-Prigorje et secrétaire d’État à l’Intérieur. Rentré en Croatie en septembre 1945 pour y rejoindre la résistance nationaliste, il est arrêté une dizaine de jours plus tard et sera condamné à mort.

(5) Vilko Begić (1874- ?), ancien lieutenant-colonel de l’armée austro-hongroise et général de l’armée croate, il a également occupé le poste de secrétaire d’État à la Défense. Interné par les Britanniques, il aurait été livré aux Yougoslaves et exécuté.

(6) À savoir Velimir Pavelić, Erih Lisak, Ico Kirin, Viktor Rebernišak, Dolores Bracanović et Klaudio Fiedler.

(7) Josip Balen (1890-1963), ancien camarade de lycée du Poglavnik, professeur de sylviculture et ministre des forêts et des mines (1942-1945).

(8) Dora Werner est la fille de Ivan Werner (1887-1944) qui fut maire de Zagreb entre 1941 et 1944.

(9) Merica Pavelić est la fille de l’ingénieur Ante Pavelić (sans lien de parenté avec le Poglavnik).

(10) Ante Moškov (1911- ?), général de l’armée croate, chef de la 1ère Division de Choc puis de la Division de la Garde. Arrêté en Vénétie par les Britanniques (octobre 1946), il tente de se suicider avant d’être extradé en Yougoslavie où il sera condamné à mort en 1947 ou 1948.

(11) Arrêtés à Tamsweg, le 14 mai 1945, les membres du gouvernement croate (dont le Premier ministre Nikola Mandić) et leurs familles sont internés par les Britanniques à Spittal puis à Rosenbach, avant d’être remis aux Yougoslaves qui les emmènent à Škofia Loka où plusieurs d’entre eux sont aussitôt passés par les armes. 

(12) Dolores Bracanović (1916-1997) est la fille du maire de Dubrovnik et l’ancienne directrice de la branche féminine des Jeunesses Oustachies.

(13) Counter Intelligence Corps (CIC) ou service de renseignements de l’armée de terre américaine.

(14) Jakov Džal (1910- ?), colonel oustachi, membre des services de police puis de la direction des camps d’internement ; beau-frère du général V. Luburić.

(15) Cet agriculteur avait auparavant hébergé l’ancien ministre Lovro Sušić.

(16) À Rome, Velimir Pavelić réside en compagnie du général Ivo Herenčić (1910-1978), de son épouse, ainsi que de la veuve et du jeune fils de Jure Francetić.

(17) Dinko Šakić (1921-2008), membre de l’administration des camps d’internement et beau-frère du général V. Luburić.

(18) Ljubo Miloš (1919- ?), proche collaborateur du général V. Luburić et membre de l’administration des camps d’internement. Rentré en Croatie pour y rejoindre la résistance nationaliste, il est arrêté le 20 juillet 1947 et sera condamné à mort l’année suivante.

(19) Božo Kavran (1913-1948), pharmacien de formation et haut fonctionnaire du mouvement oustachi. En juillet 1948, il rentre en Croatie avec 95 cadres oustachis pour y rejoindre les maquis nationalistes : trahi, le groupe est arrêté, Kavran est condamné à mort (27 août 1948) et exécuté peu après.

(20) Bruno Piero Puccioni (1903-1990) a été député fasciste (1939-1943) et membre de la Chambre des Corporations ; officier en Afrique (décoré par le maréchal Rommel), il entretient des contacts avec quelques Partisans modérés et essaie, en vain, de tirer Mussolini des mains des communistes pour le placer sous la garde des Américains. Il est également de ceux qui tentent de récupérer la fameuse correspondance Churchill-Mussolini. En 1946, il participe à la création du Mouvement Social Italien (MSI).

(21) À l’issue de l’étude qu’il a consacrée au séjour de Pavelić en Autriche, l’historien Ante Delić fait le commentaire suivant : « Grâce à la solide expérience de la clandestinité qu’il avait acquise durant son exil en Italie dans l’entre-deux-guerres, Pavelić a su exploiter le chaos qui régnait à la fin du conflit et il a réussi à se cacher en Autriche sans aucune aide particulière de l’Église Catholique ou des services de renseignements occidentaux » – voir « On the concealment of Ante Pavelic in Austria in 1945-1946 », in Review of Croatian History, N° 1/2011, vol. VIII, p. 312.

(22) Tullio Cianetti (1899-1976), syndicaliste et député fasciste, il fut sous-secrétaire d’État aux corporations ; condamné à 30 ans de prison au procès de Vérone, il s’exile après guerre au Mozambique.

(23) Edoardo Moroni (1902-1975), ministre de l’agriculture et des forêts de la République Sociale Italienne, il s’exilera en Argentine et au Brésil.

(24) Augusto Turati (1888-1955), journaliste et champion d’escrime, il a été secrétaire national du Parti Fasciste ; radié du parti en 1933 mais néanmoins condamné à la fin de la guerre, il sera amnistié en 1946.

(25) Ivan Krilić (1921- ?), lieutenant dans la Garde du Poglavnik et officier d’ordonnance d’Ante Pavelić.

(26) Grigore Manoïlescu (1898-1963), membre de la Garde de Fer roumaine et ministre de la propagande dans le gouvernement roumain en exil (1944).

(27) Egidio Tosatti (1913-1990), ancien pilote civil, décoré de la médaille de bronze de la valeur militaire et de la Verdienst Kreuz von Deutsche Adler mit Schwerten. Professeur de chirurgie à Cagliari, Sienne et Gênes, E. Tosatti était un spécialiste du pancréas et de l’intestin et un lymphologiste de renommée internationale.

(28) Notamment les pères De Marco, Migliorati, Lehner et Fiore.

(29) C’est à Naples et sur la passerelle du navire qui devait l’emmener en Argentine que fut arrêté l’ancien officier des Waffen SS français Jean Bassompierre. Extradé vers la France, il sera fusillé en 1948.

(30) Krunoslav Draganović (1903-1983), secrétaire de l’archevêque de Sarajevo puis professeur à la faculté de théologie de Zagreb. Délégué de Caritas et de la Croix-Rouge croate en Italie (1943), le père Draganović est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire du catholicisme en Croatie et à l’histoire de la Bosnie-Herzégovine.

(31) dont un membre éminent, Mgr Svetozar Rittig (1873-1961) siège même au sein du gouvernement de Tito.

(32) Soupçonné d’avoir travaillé avec ou pour les services secrets britanniques et américains, le père Draganović a été accusé d’avoir facilité la fuite en Amérique du Sud de nombreux « criminels de guerre » dont Klaus Barbie. Malgré ces accusations, il est rentré, en 1967, en Yougoslavie où il n’a fait l’objet d’aucune condamnation et où il a pu reprendre son activité d’enseignant. Il est permis de s’interroger sur l’étrange mansuétude dont lui a témoigné un régime qui n’a pas hésité par ailleurs à assassiner des dizaines de simples curés de campagne…

(33) Le patronyme de « Serdar » fut longtemps utilisé par les ancêtres d’Ante Pavelić.

(34) Au début de l’année 1950, Ermanno Amicucci (1890-1955) publie dans Il Tempo une interview d’Ante Pavelić qu’il prétend avoir rencontré dans un avion « au-dessus de l’Altantique ». Si tant est que cette rencontre ait vraiment eu lieu, il est probable que le journaliste en a « arrangé » les circonstances. À peine arrivé en Argentine depuis un an et régularisé depuis quelques semaines seulement, il est peu vraisemblable que le Poglavnik ait couru, à cette époque, le risque de se rendre en Europe par avion. [Cette interview sera reprise par Der Spiegel dans son numéro du 23 février 1950 ; elle est également mentionnée par le communiste Alain Guérin, dans Les commandos de la guerre froide, Paris, Julliard, 1969, p. 100].

(35) Sous le pseudonyme de A. S. Merzlodolski, il collabore même à la revue « nationale-catholique » Dinámica Social qui n’est pas spécialement favorable au péronisme.

(36) Créée en 1943, l’Alianza Libertadora Nacionalista est un mouvement nationaliste qui soutient Juan Perón. En 1955, il sera soupçonné de vouloir défendre le régime péroniste par les armes et son siège social sera pris d’assaut par les forces armées.

(37) Interview datée du 14 décembre 1955.

(38) Le 13 mai 1974, le journal Vjesnik a publié une interview de l’ancien espion yougoslave Dalibor Jakaš qui revendiquait être l’auteur de l’attentat. En 2009, certains media ont affirmé que le tireur se nommait Blagoje Jovović et qu’il s’agissait d’un ancien tchetnik passé au service des services secrets yougoslaves. D’autres noms ont encore été avancés et au final, l’affaire n’a toujours pas été véritablement éclaircie.

(39) Ancien directeur des chemins de fer de l’État Indépendant Croate.

(40) À cette époque, certains journaux affirment qu’il réside à Saint-Domingue et d’autres à Tolède ou aux Canaries…

(41) Branko Marić (1896-1974), franciscain et musicologue réputé, originaire d’Herzégovine.

(42) Un peu auparavant (15 février 1959), l’agence United Press a annoncé très sérieusement que le Poglavnik se trouvait au Paraguay où le général Strœssner l’avait placé à la tête de sa police secrète…

(43) Miguel Oltra (1911-1982), franciscain et directeur d’école. Créateur et collaborateur de la revue Verdad y Vida, le frère Oltra fut également le fondateur de la Fraternité Sacerdotale Espagnole et l’aumônier des vétérans de la Division Azul.

(44) Rafael Medić (1914-1973), franciscain originaire d’Herzégovine. Durant la guerre, le frère Medić était le chapelain de la famille Pavelić. Accusé en 1964 d’avoir organisé un attentat contre la mission yougoslave de Bad Godesberg, il sera condamné par la justice allemande et brièvement incarcéré.

(45) Horia Sima (1907-1993), successeur de Corneliu Zelea Codreanu à la tête de la Garde de Fer roumaine. Horia Sima fut brièvement vice-Premier ministre de Roumanie (1940) puis il présida le gouvernement roumain en exil (1944-1945).

(46) Vasile Iasinschi (1892-1978), pharmacien de profession, membre de la Garde de Fer et ministre de l’Intérieur dans le gouvernement roumain en exil.

(47) Créé en 1943 par des nationalistes ukrainiens, l’ABN ou Anti-Bolshevik Bloc of Nations est une coalition de divers mouvements anticommunistes d’Europe de l’Est.

Bibliographie

       Collectif, Tko je tko u NDH, Zagreb, Minerva, 1997.

       M. E. Majić, Svevišnji čuva pravednika, Rooty Hill, Australsko hrvatsko literarno družtvo « Dr Mile Budak », 2013.

       V. Pavelić, Poglavnikov boravak u Italiji i odlazak u Argentinu, texte polycopié, sans lieu ni date.

       D. Bracanović, « S poglavnikom na povlačenju », Ustaša N° 1 (1971), 23-25.

       « Križni put poglavnika Dra Ante Pavelića », Ustaša N° 1 (1971), 40-42.

       D. Pavlina, « 37-godišnjica smrti Dra Ante Pavelica », NDH N° 12 (1996), 3.

       A. Delić, « On the concealment of Ante Pavelic in Austria in 1945-1946 », Review of Croatian History N° 1/2011, vol. VIII, 293-313.

mardi, 28 janvier 2014

T. Sunic: Tragic Identity

Tomislav Sunic

Tragic Identity

mercredi, 25 décembre 2013

Konservatives Kroatien

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Konservatives Kroatien

von Boris Relja

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Im Gegensatz zu Deutschland ist der Konservatismus in Kroatien äußerst vital. Jugendliche bekennen sich zu Nation und Glauben. Popgrößen feiern das Vaterland.

Als am ersten Dezember die kroatischen Wähler in einem Referendum über die verfassungsmäßige Verankerung der Definition der Ehe als Verbindung von Mann und Frau abstimmen durften, gelang dem konservativen Lager ein fulminanter Sieg. Fast 66 Prozent der Wähler stimmten für die Idee, die die Aktion „Im Namen der Familie“ vorlegen konnte. Beeindruckend ist auch, wie schnell es ihr gelang, Unterstützung zu finden, um die Volksabstimmung möglich zu machen: Innerhalb von drei Wochen wurden knapp 700.000 Unterschriften gesammelt.

Keine historischen Brüche

Die Frage, die sich einem aufdrängt, ist, warum es den Konservativen so leicht fällt, so schlagkräftig zu agieren und Kampagnen zum Erfolg zu führen. Der Blick in die Geschichte beantwortet diese Frage. Kroatien hat 1945 und ab 1968 eben keine kulturelle Zäsur erlebt wie Deutschland. Zunächst wurde das faschistische Regime der Ustascha, das rund 500.000 Menschen tötete, „künstlich“ durch Hitler und Mussolini eingesetzt. Es gab keine Wahlen, die Ustascha-​Bewegung wurde nicht vom Volk legitimiert. Das ist derart zwar auch nicht in Deutschland passiert. Schließlich wurden die Nationalsozialisten auch nicht in der letzten freien Reichstagswahl mit Mehrheit gewählt, aber doch von knapp 44% der Wählerschaft. Damit fällt eine zentrale Voraussetzung für einen Schuldkomplex in Kroatien weg.

Der Krieg brachte keine systematische Bombardierung und Zerstörung der Städte mit sich. Auch von Massenvergewaltigungen durch feindliche Soldaten blieb das kroatische Volk verschont. Die nationale und katholische Identität der Bevölkerung ist bis heute in großen Teilen ungebrochen.

Vielvölkerstaat Jugoslawien

Nach dem Ende des zweiten Weltkriegs war das Adrialand Teil des sozialistischen Jugoslawien unter Josip Tito. In diesem Vielvölkerstaat und Pulverfass dominierten die Serben politisch, ökonomisch und militärisch. So flossen die Gelder, die in Slowenien und Kroatien, den ökonomischen Zentren Jugoslawiens, erwirtschaftet wurden, größtenteils nach Belgrad. Die Serben hielten auch die meisten wichtigen Posten besetzt. Die Waffenarsenale befanden sich in serbischer Hand. Eine Konstellation, wie diese, war ideal, um die Bevölkerung in ihrem kulturellen und nationalen Bewusstsein aufzuladen und damit dem Konservativismus, der die kulturelle, nationale Tradition anspricht, ein Massenfundament zu verschaffen.

Damit bietet sich auch heute noch ein optimaler Nährboden für Kampagnen. Und das Referendum über die Ehe war nicht der letzte Versuch der Konservativen, um ihren politischen Anspruch durchzusetzen. Es ist bereits eine neue Unterschriftenaktion im Gange, um die Verwendung der Kyrillischen Schrift im öffentlichen Schrifttum und auf zweisprachigen Amtstafeln zu verbieten und damit die serbische Minderheit einzuschränken. Hintergrund ist, dass in letzter Zeit in verschiedenen Zusammenhängen der Name der Stadt Vukovar von Serben auf Kyrillisch propagiert wurde, was in Kroatien als ungeheure Provokation verstanden wird.

Ortsnamenstreit

Vukovar ist eine alte, barocke Stadt im Osten der Region Slawonien, an der Donau, der gemeinsamen Grenze mit Serbien. Sie wurde von serbischen Militärs im Unabhängkeitskrieg schwer zerstört und war einer der Hauptschauplätze von Kriegsverbrechen an der kroatischen Bevölkerung. So zeugt der zerstörte Wasserturm heute von Krieg und Leid. Er ist für die kroatische Bevölkerung ein Sinnbild, für die Opfer die sie bringen musste, um ihre nationale Unabhängigkeit zu erringen. Wenn also Angehörige der serbischen Minderheit Vukovar für sich beanspruchen, dann wird das als eine Verkehrung der Geschichte wahrgenommen und löst wütende Reaktionen aus. Diese Reaktionen bündeln sich in der Organisation nationaler Gruppen, die zu weiten Teilen aus Veteranen bestehen und die sich vorgenommen haben, einem Geschichtsrevisionismus aggressiv entgegenzutreten. Die Chancen für einen Erfolg stehen gut.

Es gibt aber auch Schattenseiten. So wurden in jüngster Zeit zweisprachige Amtstafeln gewaltsam zerstört. Ein Polizist prügelte einen Veteranen, den er bei einer solchen Aktion auf frischer Tat ertappt hatte krankenhausreif. Solche Vorfälle heizen die Stimmung auf und geben den Anti-​Kyrillisch-​Aktivisten zusätzlichen Sprengstoff. Die Mobilisierung findet über Facebook statt und erreicht damit ein weites Publikum, besonders unter der jüngeren Bevölkerung.

Die Heimat ist Pop

Jugendliche und relativ junge Erwachsene vertreten im Vergleich zu Deutschland sehr häufig nationale Standpunkte. Sie sind unbefangen. Sie kennen kein Büßergewand. Ihnen verleihen populäre Musiker wie Miroslav Škoro und Marko Perkovic „Thompson“ eine feurige, künstlerische Stimme. Thompson, der sich nach seinem im Krieg benutzten Gewehr benannt hat, macht Pop-​Rock-​Musik mit folkloristischen Elementen. Er gilt als gefragtester politischer Künstler. Zu jedem neuen Album findet eine groß angelegte Tournee in allen Landesteilen statt. Er tritt aber auch in Frankfurt, München und Stuttgart auf.

In seinen Liedtexten greift er die Themen Freiheit, Glauben und Patriotismus auf und kleidet sie in musikalische Ästhetik. Auf diese Weise gelingt es dem National-​Konservativismus besonders effektiv seine Inhalte zu transportieren. Er hat aber auch mit teils heftiger Gegenpropaganda zu kämpfen. So wird er gelegentlich als Faschist bezeichnet. Auf einem Konzert vor mehreren Jahren sang er ein Kriegslied aus der Ustascha-​Zeit, in dem die führenden Funktionäre und der Völkermord an den Serben verherrlicht werden. Das war äußerst dummer Ausrutscher, von dem er sich allerdings auch distanziert und dafür entschuldigt hat. Derartige Auswüchse sind unter den nationalen Aktivisten oft keine Überzeugung, sondern emotionale Überreaktionen.

Nicht nur politische Strömung, sondern breit akzeptierte Lebenseinstellung

Ein gefundenes Fressen war der Auftritt für seine Gegner auf der Seite der Serben und kroatischer Postkommunisten dennoch. Sie nehmen ihn bis heute zum Anlass, sämtliche Patriotismus als Faschismus zu stigmatisieren. Auch darauf reagiert der Künstler: „Heimatliebe nennen sie Faschismus /​so wie sie ihren Kommunismus schützen /​durschaubare Demagogie“ heißt es in einem Lied. Das erinnert an die große Nazi-​Keule, wie sie in Deutschland gerne geschwungen wird. Doch in Kroatien wirkt sie nicht und sie wird von den meisten Journalisten auch nicht benutzt. Vielmehr bietet man ihm Auftritte in Talks-​Shows und überträgt auch seine Konzerte im Fernsehen. Man hat keine Angst vor sozialer Ausgrenzung, weil klar ist, dass die Gesellschaft klar national positioniert ist. Sieht man also die gesellschaftliche Gesamtheit, bleibt Thompsons Beliebtheit und die des positiven nationalen Selbstbildes mit seiner starken katholischen Komponente ungebrochen.

Der große Vorteil des Konservativismus in Kroatien ist, dass er eben nicht einfach eine eigene politische Strömung, sondern in Fragen der Gesellschafts– und Geschichtspolitik breit akzeptiert ist. Diesen Zusammenhalt schaffen die historischen Sphären, die das ganze Volk betreffen. Von Jugoslawien, über den gemeinsamen „vaterländischen Krieg“ bis zur katholischen Tradition.

samedi, 09 novembre 2013

Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

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Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

par Christophe Dolbeau

Lorsque la Seconde Guerre mondiale s’achève, au printemps de 1945, l’épuration « anti-fasciste » qui lui succède ne se montre pas tendre envers les intellectuels qui ont fait le « mauvais choix » : les écrivains français Georges Suarez, Robert Brasillach et Paul Chack finissent au poteau d’exécution, tout comme leur collègue belge José Streel, des dizaines d’autres s’en vont croupir dans d’obscurs cachots, le philosophe italien Giovanni Gentile est abattu au coin d’une rue, tandis que le Norvégien Knut Hamsun (prix Nobel 1920) et l’Américain Ezra Pound se retrouvent bouclés pour de longues années dans des asiles psychiatriques. En Croatie où, adossés à l’Armée Rouge, les Partisans de Tito ont finalement triomphé, cette épuration s’apparente carrément à un véritable carnage dans lequel disparaît la majeure partie de l’intelligentsia (1) : les communistes veulent faire place nette. Comme le dira cyniquement Simone de Beauvoir, « certains hommes n’avaient pas leur place dans le monde qu’on tentait de bâtir » (2)… Pris dans les tourbillons de cette époque où « les règles élémentaires du droit furent littéralement foulées aux pieds » (3), l’écrivain Mile Budak fait figure de victime emblématique : romancier, poète, mais aussi avocat, ministre, ambassadeur et surtout dignitaire oustachi, il polarise toutes les haines des vainqueurs. Jugé en quelques heures par un trio de reîtres mal dégrossis, exécuté à la va-vite la nuit suivante et enseveli en catimini, il sera ensuite effacé des anthologies et exclu de la littérature nationale au prétexte de turpitudes imaginaires sur lesquelles il n’est pas inutile de revenir aujourd’hui.

Premiers pas

Originaire de la province de Lika, c’est le 30 août 1889, six jours après la mort de son père, que Mile Budak vient au monde à Sveti Rok, au sein d’une famille qui compte déjà huit enfants. D’abord élève de l’école primaire du village, il intègre ensuite le lycée de Sarajevo où il obtient, au printemps de 1910, son baccalauréat. Issu d’un milieu très modeste, le jeune homme a pu effectuer sa scolarité grâce à une bourse de l’institut catholique Napredak ; il a également travaillé ici et là comme commis aux écritures. Bachelier, il rejoint dès lors Zagreb et s’inscrit à l’université en vue d’y poursuivre des études d’histoire et de géographie, une option qu’il abandonne toutefois assez rapidement pour s’orienter finalement vers le droit.

Dès ses années de lycée, Mile Budak milite au sein des jeunesses patriotiques croates et donne ses premiers articles aux revues Pobratim, Behar et Mlada Hrvatska. À Zagreb, cet engagement peut s’exprimer plus librement (4) et dès la rentrée de 1910, le jeune homme adhère officiellement à l’association des étudiants nationalistes. Élu secrétaire du groupe, il en compose l’hymne et collabore désormais assidûment au journal Mlada Hrvatska, ainsi qu’à diverses publications – Hrvatsko Pravo, Hrvatska Prosvjeta, Savremenik – proches du Parti du Droit. Si dans ses articles, Mile Budak réclame fermement la fin de la tutelle que Vienne et Budapest exercent sur sa patrie, il aborde aussi souvent la question serbe qui est au cœur de nombreux débats en Croatie ; en disciple d’Ante Starčević (5), il souligne notamment que beaucoup de ceux qui se disent serbes, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, ne le sont pas vraiment, il distingue entre vrais Serbes et Zinzares (6), soutient que beaucoup de soi-disant Serbes sont en fait de souche croate (7) et affirme avec force qu’en Croatie, il ne peut y avoir de pouvoir légitime que celui qui émane du peuple croate. Déjà bien ancré dans sa personnalité, ce sourcilleux nationalisme le conduit à fréquenter les éléments les plus radicaux, ce qui lui vaudra quelques démêlés avec la police, au lendemain des attentats qui visent, en 1912, le Ban Slavko Cuvaj.

Parallèlement à ses études, au journalisme et au militantisme politique, la vie de Mile Budak est bien remplie puisque le jeune homme trouve encore le temps d’exercer un petit emploi de gratte-papier au Bureau Municipal des Statistiques et d’effectuer une préparation militaire. Au plan privé, sa situation évolue également puisqu’il se marie et que son épouse, Ivka, ne tarde pas à lui donner un premier enfant (20 juillet 1914).

De l’uniforme à la toge d’avocat

Les événements ne laissent que quelques jours à Mile Budak pour fêter la naissance de son fils Zvonimir (8) car la guerre éclate (4 août 1914) et le jeune aspirant est appelé à rejoindre son régiment. Engagé sur le front de Mačva, il s’y bat quelques semaines avant d’être sérieusement blessé et d’aboutir à l’hôpital militaire de Valjevo où les Serbes le font prisonnier (8 décembre 1914). Sa captivité va durer quasiment cinq ans. Elle l’amènera à traverser à pied la Macédoine et l’Albanie aux côtés de ses geôliers puis à séjourner dans les camps italiens de Muro Lucano et d’Asinara. Ce n’est que le 18 août 1919, huit mois après la cessation des hostilités qu’il débarque enfin à Gruž, dans un pays qui s’appelle désormais le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » : il témoignera plus tard de ses tribulations de prisonnier de guerre dans Ratno roblje (Otages de guerre), un livre qui paraîtra en 1941.

Sitôt de retour à Zagreb, Mile Budak entreprend de terminer ses études et le 31 juillet 1920, il soutient avec succès sa thèse de doctorat. À 31 ans, il peut désormais envisager d’avoir un emploi décent et en rapport avec ses ambitions. Avocat stagiaire au cabinet du Dr Ante Pavelić, il collabore également avec ce dernier au sein du Parti du Droit, collabore aux publications (Hrvatski Misao, Pravaš, Hrvatsko Pravo) qui soutiennent cette formation et participe aussi aux activités du Hrvatski Sokol (9). Au terme de sa période probatoire (1923), il accède au plein statut d’avocat, ouvre son propre cabinet et se fait vite connaître en plaidant quelques affaires politiques retentissantes : en mai 1925, il défend par exemple son ami de jeunesse Vladimir Ćopić (10), un activiste communiste, pour lequel il a déjà témoigné en 1922, et quatre ans plus tard, il plaide pour Josip Šunić, un militant du Parti Paysan que l’on accuse d’avoir occis le journaliste serbe Vlada Ristović. Élu au conseil municipal de la capitale (4 septembre 1927), Mile Budak y siège durant deux ans, jusqu’à l’instauration de la dictature – à compter de janvier 1929, les conseillers sont en effet nommés par le roi, ce que refusent Budak et ses collègues du Parti Paysan.

Avec l’instauration de la dictature (6 janvier 1929), l’action politique légale devient impossible. Ante Pavelić quitte donc le pays, non sans avoir auparavant fondé l’Oustacha, mouvement révolutionnaire et clandestin qui se propose de libérer la Croatie de l’oppression étrangère et de proclamer l’indépendance. Moins exposé que son confrère, Mile Budak reste à Zagreb où les patriotes se lancent, sous la houlette de Stipe Javor, dans l’action subversive et la résistance armée. En mars, le journaliste pro-serbe Tony Schlegel est abattu par de jeunes nationalistes, ce qui entraîne une vague d’arrestations et la fuite à l’étranger de plusieurs militants (11) ; le 29 et le 31 août, Mile Budak et Stipe Javor sont eux aussi arrêtés. Accusé d’être le cerveau de la subversion, Stipe Javor se verra bientôt condamné à 20 ans de détention (12). Pour sa part, Mile Budak, sur lequel ne pèse aucune charge précise, passe sept mois derrière les barreaux avant d’être remis en liberté sans qu’aucune procédure ne soit ouverte à son encontre !

N’étant pas poursuivi, Mile Budak peut prendre part à la défense des patriotes et lors du procès que l’État yougoslave intente à Stipe Javor, Matija  Soldin, Marko Hranilović (13) et une vingtaine de leurs camarades, il figure d’ailleurs parmi les avocats des inculpés, au côté du Dr Vladko Maček (14) avec lequel il se lie d’amitié. Faute d’avoir pu légalement le réduire au silence, le pouvoir royal décide alors de le faire taire définitivement et par des moyens plus expéditifs. Le 7 juin 1932, Mile Budak est assailli dans une rue par deux ou trois individus qui le blessent d’un coup de feu et l’assomment à coups de gourdin, l’expédiant pour trente-huit jours à l’hôpital ! L’intention était clairement de le tuer et il n’en réchappe que grâce à l’intervention rapide de quelques passants qui devront eux-mêmes faire face à mille tracasseries. Identifiés comme des agents de la police secrète, ses agresseurs n’écoperont que de trois ans de prison, ce qui soulève, à Zagreb, une tempête d’indignation : une pétition de soutien à Mile Budak réunit en quelques jours 209 signatures (dont celles des archevêques Bauer et Šarić et celles des communistes August Cesarec et Božidar Adžija), tandis que des parlementaires interpellent violemment le ministre de l’Intérieur.

Malgré ce climat délétère, Mile Budak participe, en novembre 1932, aux discussions qui préludent à la signature de ce que l’on appellera la « Déclaration de Zagreb » (Zagrebačka Punktacija), un document dans lequel les principales forces politiques croates (Parti Paysan, Parti du Droit, Parti Démocrate Serbe) dénoncent ensemble l’hégémonisme serbe et réclament l’instauration du fédéralisme. À peine remis de l’attentat qu’il a subi, Budak se sent encore menacé et il envisage désormais d’émigrer afin de mettre quelque distance entre sa famille, lui-même et les hommes de main du régime. L’arrestation de Vladko Maček (31 janvier 1933) achève de le convaincre et après avoir cédé les rênes de ce qu’il reste du Parti du Droit à son confrère Lovro Sušić (15), il quitte le royaume le 2 février 1933. Officiellement, il part en cure à Karlsbad (Karlovy Vary) avec son épouse et laisse ses filles (16) à Zagreb, aux bons soins de son ami Ivan Werner (17) ; elles rejoindront discrètement leurs parents quelques semaines plus tard.

L’émigration

Après une brève escale à Graz, Mile Budak et les siens gagnent ensuite Modène où ils sont hébergés par la famille Pavelić, puis Turin où ils vont demeurer jusqu’en décembre 1933. C’est à cette époque que Budak adhère formellement à l’Oustacha dont il prête le serment. C’est également durant ce court séjour qu’il rédige une petite brochure, Le peuple croate et son combat pour un État libre et indépendant (Hrvatski narod u borbi za samostalnu i nezavisnu hrvatsku državu), dont il confie le manuscrit au Père Stipanovic (18). Venu des Etats-Unis pour remettre un mémorandum à la Société des Nations, cet ecclésiastique invite Budak à l’accompagner au Vatican (24 octobre 1933) où ils rencontrent tous deux Sa Sainteté Pie XI lors d’une audience privée, avant d’être reçus à la Secrétairerie d’État.

Outre la brochure que nous avons mentionnée, Mile Budak commence également à collaborer à la presse oustachie : sa première contribution, signée Velebitski, est un poème à la gloire des combattants du mouvement qui paraît aux alentours de Pâques dans Grič et Ustaša. « L’ennemi piétine ta mère », s’écrie l’auteur, « Il crache sur les autels et souille les tombes des tiens » mais la Croatie attend impatiemment la venue de l’Oustacha (19). Associé à la rédaction de l’almanach « de l’État Indépendant Croate » qui réunit les signatures des intellectuels émigrés (20), il y publie ensuite « quelques réflexions » (21) qui lui permettent d’exprimer son attachement à la terre natale et aux paysans, et d’exposer sa vision essentiellement agrarienne du futur État croate. C’est à la même époque, enfin, qu’il compose pour les militants une marche belliqueuse où il chante « le héros Ante » qui s’élève comme un aigle sauvage des sommets du Velebit pour « chasser le diable au-delà de la Drina »… [Crûment intitulée « Bježte, psine ! » ou « Fichez-le-camp, chiens ! », cette marche serbophobe sera souvent reprochée à Mile Budak. Il faut toutefois la replacer dans le contexte d’extrême tension des années 1930. Au moment où Budak écrit ces paroles, il y a des attentats, des tortures, des pendaisons, une répression terrible et les passions sont exacerbées. Cette marche traduit peut-être de façon un peu radicale l’exaspération des patriotes croates mais elle reste néanmoins sensiblement moins acrimonieuse que La Marseillaise…].

À la fin de l’année 1933, Mile Budak et son épouse partent pour Berlin où l’écrivain doit superviser l’édition du bimensuel Nezavisna Hrvatska Država et de l’almanach du même nom, deux publications que dirige Branimir Jelić (22). À cette époque, le gouvernement allemand ne veut plus que ces titres soient imprimés à Berlin : ils le seront donc à Dantzig avant que l’imprimerie italienne de l’Oustacha n’en reprenne l’édition. La cohabitation à la tête d’une même entreprise éditoriale de deux personnalités aussi fortes que celles de Mile Budak et Branimir Jelić se révèle vite orageuse et une brouille profonde opposera durablement les deux hommes. Dans l’immédiat, ce différend est mis entre parenthèses car Jelić se rend en Amérique où Pavelić l’a chargé d’implanter l’Oustacha (23). De son côté, Budak ne reste pas non plus en Allemagne car au début du mois d’octobre 1934, le Poglavnik l’appelle d’urgence en Italie. Entre les deux hommes, Pavelić a, semble-t-il, fait son choix puisqu’en mai 1934, il a écarté Jelić des instances dirigeantes du mouvement et promu Budak au rang supérieur de conseiller (doglavnik).

Arrivé à Bologne le 8 octobre 1934, veille de l’attentat de Marseille [dans lequel il ne joue aucun rôle], Mile Budak se rend ensuite à Turin auprès des Pavelić. Pour les émigrés croates commence alors une période difficile car d’énormes pressions s’exercent maintenant sur leurs pays d’accueil et notamment sur l’Italie. Le 17 octobre, le chef de l’Oustacha et son bras droit, Eugen Dido Kvaternik (24), sont incarcérés par les autorités fascistes qui interceptent peu après (8 novembre) Branimir Jelić qui arrive des Etats-Unis. Les camps oustachis sont fermés et la plupart de leurs occupants (plus de 500 hommes) assignés à résidence sur l’île de Lipari. Placé par Pavelić à la tête de toutes les bases de l’organisation (10 janvier 1935), Mile Budak devient dès lors le principal interlocuteur du gouvernement fasciste et le responsable en chef des internés, une position qui s’avère vite inconfortable. Contesté par de nombreux militants qui lui reprochent de se montrer trop conciliant avec les Italiens et qui contreviennent ouvertement à ses ordres, Mile Budak peine à imposer son autorité. Ces conflits internes lui vaudront des rancunes tenaces et lui laisseront un souvenir amer.

À partir de 1936, son épouse Ivka s’établit à Messine où il la rejoint en février 1937, la direction du groupe de Lipari étant désormais assurée par Eugen Dido Kvaternik ; il ne s’agit cependant que d’une étape de plus puisque trois mois plus tard, le couple déménage encore, cette fois pour Salerne. Libéré des exténuantes chamailleries de Lipari, Mile Budak peut enfin se remettre à écrire. Ponctuée par la parution successive de Pod gorom (Au pied des montagnes – 1930), Raspeće (La mise en croix – 1931), Na ponorima (Au bord des abîmes – 1932) et Opanći dida Vidurine (Les mocassins de Pépé Vidurina – 1933), sa carrière littéraire s’est brutalement interrompue lorsqu’il a pris le chemin de l’exil, et ses nombreuses obligations ultérieures ne lui ont guère laissé le temps de renouer avec la littérature. À Messine puis à Salerne, c’est donc avec ferveur qu’il reprend la plume. Dans Na vulkanima (Au bord des volcans), qui ne paraîtra qu’en 1941, il raconte tout d’abord les péripéties de sa mission aux îles Éoliennes, puis il s’attelle à ce que beaucoup de critiques considèrent comme son œuvre majeure, le roman Ognjište (L’Âtre). Dans ce livre, dont il rédige les 850 pages en 43 jours, enfermé dans une chambre d’hôtel, Mile Budak – que certains tiennent pour un émule de Dostoïevski et d’autres pour un épigone de Wladislaw Reymont – trace un tableau fidèle et vivant de la vie des paysans de sa province natale de Lika. Avec cette œuvre, il prend place, aux côtés de Jean Giono, Stijn Streuvels, Dezsö Szabó et quelques autres, parmi les grands noms de la littérature du terroir et du courant que les Allemands nomment le Blut und Boden.

Le retour

Suite à l’accord intervenu entre l’Italie et la Yougoslavie (25 mars 1937), la branche italienne de l’Oustacha est dissoute (1er avril 1937) et les émigrés se voient fermement invités à rentrer au pays. Au cours des douze mois qui suivent, un premier contingent de 161 personnes regagne d’ailleurs la Yougoslavie (25). Dans ce contexte, Mile Budak, dont l’épouse supporte de plus en plus mal les rigueurs de l’exil, commence à envisager sérieusement l’hypothèse d’un retour. Il est difficile d’établir, aujourd’hui, s’il agit en accord avec Pavelić ou de son propre chef mais le fait est qu’il rencontre à deux reprises le célèbre policier yougoslave Vladeta Miličević afin d’évoquer les conditions de son retour, et qu’il s’entretient même, sur les bords du Lac de Côme, avec le Premier ministre yougoslave Milan Stojadinović. En tout état de cause, ces discrètes négociations finissent par aboutir puisqu’au bout de cinq mois, Mile et Ivka Budak quittent Salerne pour Zagreb où ils arrivent le 6 juillet 1938, quelques semaines seulement après la sortie en librairie de Ognjište

Pour l’homme de lettres, ces retrouvailles avec la Mère Patrie marquent un regain d’activité. Peu de temps après la publication de Ognjište paraît le roman Direktor Križanić, suivi en 1939 de Na Veliki Petak (Le Vendredi Saint) et de Rascvjetana trešnja (Le cerisier en fleurs), puis en 1940 de San o sreći (Songe de bonheur). Cette créativité littéraire n’empêche pas Mile Budak de redescendre dans l’arène politique en prenant tout d’abord la direction du nouvel hebdomadaire nationaliste Hrvatski Narod et en patronnant ensuite l’association Uzdanica. [Animé par des sympathisants de l’Oustacha, ce groupe a pour objectifs de fournir une assistance morale et financière aux victimes de la répression et de concurrencer dans toutes les communes l’appareil du Parti Paysan]. Alors que la Seconde Guerre mondiale vient d’éclater, les patriotes croates sont encore loin d’avoir gagné la partie : la Croatie a certes obtenu un semblant d’autonomie (24 août 1939) mais la répression anti-indépendantiste ne faiblit pas. Au cours de l’année 1940, le journal Hrvatski Narod est d’ailleurs suspendu, tandis que les dirigeants nationalistes sont arrêtés les uns après les autres et incarcérés au camp de Krušćica, en Bosnie centrale. Figure de proue de la contestation anti-yougoslave, Mile Budak n’est, bien sûr, pas épargné par la rafle : appréhendé le 27 février 1940, il ne sera élargi que cinq semaines plus tard, non sans avoir observé deux grèves de la faim. L’écrivain n’est pas épargné non plus par le destin puisque le 11 avril 1940, le jour même où s’achève sa détention, son épouse Ivka décède à leur domicile de Zagreb. Retrouvée noyée dans un bassin de jardin, on ne saura jamais si elle a mis fin à ses jours ou si elle a été victime d’un homicide…

Ministre de l’Instruction

Au moment où se déclenche l’offensive allemande contre la Yougoslavie (6 avril 1941), Mile Budak se trouve dans un hôpital de Zagreb où il se remet d’une opération de la vésicule biliaire (et où il échappe de peu à une nouvelle tentative d’attentat). C’est donc depuis son lit de douleur qu’il apprend, le 10 avril 1941, la proclamation par Slavko Kvaternik (26) de l’État Indépendant Croate. Même si ses problèmes de santé l’ont tenu à l’écart des événements du 10 avril et s’il n’appartient pas au noyau dur de l’Oustacha, l’écrivain demeure cependant l’un des personnages les plus en vue du mouvement et à ce titre, le Poglavnik lui offre bientôt d’entrer dans le premier gouvernement du nouvel État. Le 16 avril 1941, Mile Budak est donc nommé ministre des Cultes et de l’Instruction (27), un poste qu’il va occuper durant un peu plus de six mois.

La création du nouvel État implique la mise en place d’un nouveau système scolaire et universitaire, ce qui constitue la tâche prioritaire du nouveau ministre. Ce dernier procède à quelques promotions et mutations chez les enseignants et directeurs de lycée, il fait réaliser de nouveaux livres de lecture pour les écoles primaires et de nouveaux manuels pour les établissements secondaires. Dans le domaine universitaire, il installe une commission de réforme et supervise l’attribution des postes [contrairement aux clichés souvent répandus, le nouveau régime ne déclenche aucune chasse aux sorcières et seuls 14 ou 15 professeurs sont placés en situation de retraite]. Dans le même temps, Mile Budak ordonne (9 août 1941) la création de l’Institut d’Édition Bibliographique (HIBZ) qui aura pour mission de rédiger et de publier une encyclopédie croate ; son champ d’action dépassant le strict domaine scolaire pour s’étendre à celui de la culture en général, il s’intéresse également à la fondation (12 juillet 1941) de l’Académie Croate des Sciences et des Arts (HAZU) ainsi qu’aux travaux de l’Association des Écrivains et à l’avenir du Théâtre National. Parallèlement à ces activités qui relèvent de son ministère, il poursuit d’autre part l’édition de ses propres œuvres et notamment de Ratno roblje (Otages de guerre), Na vulkanima (Au bord des volcans) et Musinka qui paraissent durant l’année.

Globalement, ce semestre à la tête du ministère de l’Instruction est une période plutôt positive pour Mile Budak au crédit duquel il faut encore porter de discrètes interventions en faveur des écrivains Miroslav Krleža (28) et Ivo Andrić (29). La seule ombre au tableau mais elle est de taille, ce sont les quelques discours que Budak prononce au cours de l’été et dans lesquels il s’en prend maladroitement aux Serbes, ce que la propagande ennemie ne manquera pas de monter en épingle. Pour se faire une idée objective des propos du ministre, il faut bien les replacer dans le contexte de la libération du pays et bien comprendre aussi l’état d’esprit de Mile Budak. Il ne faut pas oublier que ce dernier a eu à subir deux attentats et un emprisonnement arbitraire du fait du pouvoir serbe, qu’il a dû passer cinq ans en exil et que son épouse a peu ou prou succombé à cette pression ; il faut aussi se souvenir que Mile Budak n’est pas un politicien de métier mais un écrivain et un artiste, qu’il ne possède pas la traditionnelle cautèle des hommes politiques confirmés et qu’il n’est pas rompu à ce langage convenu que les Russes nommaient autrefois la « langue de chêne ». Lorsqu’il lance, presque à son corps défendant (30), la fameuse formule « Srbe na vrbe » ou « Les Serbes dans les saules », il ne s’agit donc nullement, comme on l’a prétendu, d’un mot d’ordre invitant les Croates à pendre les orthodoxes haut et court. Il s’agit simplement, dans la liesse et la chaleur communicative d’un meeting fêtant l’indépendance, d’une allusion – plutôt inopportune, il est vrai – à un slogan d’avant la Première Guerre mondiale, et plus précisément à un poème composé en juillet 1914 par le Slovène Marko Natlačen. Notons au passage que les Serbes n’en tinrent pas vraiment rigueur au dit Natlačen puisque le roi de Yougoslavie le nomma plus tard gouverneur de la Banovine de la Drave… À l’occasion d’une autre réunion publique, Budak aurait également annoncé au sujet des Serbes qu’il fallait en chasser un tiers, en tuer un second tiers et en convertir le dernier tiers. Cette fois encore, tout sera fait pour accréditer la thèse que le ministre énonçait là le monstrueux programme génocidaire de l’État Croate. En réalité, cela ne correspond ni aux projets de l’État (31), ni à la pensée d’Ante Pavelić (32) et encore moins à celle de Budak lui-même (33). Il s’agit tout au plus et dans le feu d’un discours, du pastiche d’une vieille déclaration faite au siècle précédent et au sujet des musulmans par le général et ministre serbe Milivoje Blažnavac (34). On parlerait aujourd’hui, au pire, d’un dérapage verbal ou d’une incongruité, et il semble tout à fait exagéré d’y voir autre chose qu’une maladresse et un manque d’expérience. Outre que Budak n’aurait probablement pas fait de mal à une mouche, il n’était aucunement concerné par les questions raciales, ne possédait aucune influence en la matière et n’a d’ailleurs jamais signé le moindre document officiel y ayant trait.

Ambassadeur à Berlin

Le 2 novembre 1941, Mile Budak quitte le ministère de l’Instruction pour devenir ambassadeur de Croatie en Allemagne, une nomination qui ne s’est pas faite sans difficultés car la Wilhelmstrasse le soupçonne d’être favorable à l’Italie et même d’appartenir à la franc-maçonnerie. Aux yeux de beaucoup d’observateurs, cette affectation a tout d’un exil doré. Personnage un peu marginal et jugé parfois fantasque, il ne jouit peut-être pas de la totale confiance du Poglavnik et compte de féroces détracteurs parmi les hiérarques de l’Oustacha. À Berlin, il sera loin de la scène politique croate et ne fera de l’ombre à personne…

Arrivé le 8 décembre dans la capitale du Reich, Mile Budak présente ses lettres de créance à Hitler le 28 février 1942. Il dispose à Grunewald d’une belle ambassade et fait l’objet de quelques prévenances mais de toute évidence, son rôle politique est tout à fait minime car les affaires importantes se négocient directement à Zagreb, entre Pavelić, le plénipotentiaire Siegfried Kasche et le général Glaise von Horstenau. Le seul sujet de quelque relief dont il aura à s’occuper sera la création et l’équipement d’une gendarmerie croate. Faute d’être associé aux débats de fond, le nouvel ambassadeur se consacre donc aux travailleurs croates qui résident en Allemagne (environ 150 000), à l’établissement de relations cordiales avec le corps diplomatique et au renforcement de la coopération culturelle germano-croate. On sait, par exemple, qu’il établit de fructueux contacts avec les ambassadeurs de Turquie (Rizvanbegović) et du Japon (Hiroshi Ōshima)-(35), ainsi qu’avec le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini (36), et l’influent général Gottlob Berger. Sur le plan culturel, il prépare la venue à Vienne de l’Opéra Croate et organise à Berlin une grande exposition où sont présentées, en janvier 1943, 460 œuvres d’artistes croates (76 peintres et 19 sculpteurs). Au bout d’un an et demi de séjour en Allemagne (où plusieurs de ses livres ont été traduits) et à l’heure où sa mission s’achève, on peut dire que Mile Budak a parfaitement tenu son rang et qu’il a sensiblement amélioré l’image de la Croatie auprès du grand public.

Ministre des Affaires Étrangères

Des difficultés ayant surgi avec l’Italie en raison du soutien de certains militaires fascistes aux Tchetniks de Dalmatie, Ante Pavelić se trouve contraint de procéder à un remaniement et le 23 avril 1943, Mile Budak se voit désigné pour prendre la succession de Mladen Lorković à la tête du ministère des Affaires Étrangères. Sur le papier, il s’agit d’une promotion mais dans les faits, l’écrivain ne dispose de guère plus de latitude qu’à Berlin car la politique étrangère demeure l’une des chasses gardées du chef de l’État. Concrètement, le rôle de Mile Budak se borne le plus souvent à accompagner le Poglavnik puis à répercuter les décisions prises ou les orientations choisies aux légations diplomatiques. Ainsi, le 27 avril 1943, le nouveau ministre est-il au château de Klessheim où il assiste aux entretiens entre Pavelić et Hitler, apparemment sans intervenir ; le 5 mai, il est également présent lors de la rencontre entre Himmler et le Poglavnik, et le 26 juillet, lors des entretiens au cours desquels Pavelić et Siegfried Kasche évoquent la chute de Mussolini. À aucun moment au cours de ces trois rendez-vous importants, Mile Budak n’intervient de façon notable. Ses premiers gestes, plus symboliques que vraiment significatifs – et qu’il n’effectue certainement pas sans un feu vert préalable du chef de l’État – consistent, au mois d’août 1943, à établir des relations diplomatiques avec la Birmanie puis, le 17 octobre, avec les Philippines… On ne peut pas dire qu’il s’agisse de décisions majeures.

Le 8 septembre 1943, l’Italie capitule et dès le lendemain, Ante Pavelić annonce que les Accords de Rome sont abrogés et que la Croatie va récupérer ses frontières historiques. Les choses sont néanmoins plus complexes qu’il n’y paraît et Mile Budak se retrouve au cœur des tractations qui s’engagent. Se posent, en effet, de nombreux problèmes car dès le 10 septembre, Hitler ordonne la création d’une « Zone d’opération du littoral adriatique » (OZAK) qui englobe Rijeka et les îles du Kvarner et où il désigne un haut commissaire ; d’autre part, la République Sociale Italienne (fondée par Mussolini, le 23 septembre 1943) revendique toujours la souveraineté sur cette région ainsi que sur Zadar. Au sud se pose aussi la question de Kotor que le Monténégro entend disputer à la Croatie. Très engagé dans la défense des intérêts territoriaux et militaires de la Croatie, Mile Budak se montre beaucoup plus actif que durant les mois précédents : il multiplie les interventions, tente de faire pression et n’hésite pas à critiquer ouvertement les choix de Berlin, ce qui finit par fragiliser sa position au sein du gouvernement. Devenu plus ou moins importun, l’écrivain se voit alors proposer le portefeuille de la Justice mais il décline cette offre et demande, le 5 novembre, à être déchargé de ses fonctions.

Un dénouement tragique

Rendu à la vie civile, Mile Budak peut à nouveau se consacrer pleinement à son œuvre littéraire. En 1943 paraît une sélection de ses nouvelles, Izabrane pripoviesti (Textes choisis), tandis que l’écrivain s’attelle désormais à la rédaction d’une grande saga en six volumes, Kresojića soj (Le sang des Kresojić), dont les trois premiers récits, Kresina, Gospodin Tome (Maître Thomas) et Hajduk (Le Haïdouk) paraîtront en 1944.

Ce travail d’écriture ne l’écarte cependant pas totalement de la vie politique puisqu’il conserve son rang de doglavnik et reste donc membre du Grand Conseil de l’Oustacha (37). En cette qualité, il prend d’ailleurs part à toutes les réunions du Conseil, certaines se déroulant même à son domicile. Cette participation, il faut le préciser, est assez symbolique car le Conseil ne possède qu’un rôle consultatif ; elle démontre en tout cas que Mile Budak demeure fidèle à ses engagements et qu’il n’abandonne pas le combat.

Au printemps de 1945, ce combat entre toutefois dans sa dernière phase car l’Armée Rouge et les Partisans progressent irrésistiblement en direction de Zagreb où l’on ne se fait plus beaucoup d’illusions sur l’avenir de l’État Indépendant Croate. Le 6 mai, les membres du gouvernement et les notables du régime quittent d’ailleurs la capitale et prennent la direction de Turracher Höhe, en Autriche : Mile Budak est du voyage, avec sa fille Grozdana et sa nièce Ana. Arrivés le 7 au soir, les fugitifs, qui sont sous l’autorité formelle du Premier ministre Nikola Mandić, prennent ensuite le chemin de Turrach, Predlitz et Tamsweg où Mandić prend contact avec l’armée britannique (14 mai 1945). Au bout de trois jours, le groupe – qui comprend 69 personnes, femmes et enfants compris – est transféré au camp de Spittal, puis à Rosenbach où il est remis aux Partisans qui emmènent les captifs à Škofia Loka. Là, Mandić, Budak, Ademaga Mešić et une douzaine d’autres dignitaires sont séparés de leurs compagnons pour être acheminés sur Zagreb où ils arrivent entre le 21 et le 25 mai. Des 54 prisonniers restés à Škofia Loka, seuls quelques jeunes enfants survivront : les autres, dont la fille et la nièce de Budak, ainsi que la fille aînée du ministre Ivica Frković et le frère du Poglavnik, sont tous exécutés le 25 mai, sans aucun jugement préalable.

Incarcéré à Zagreb, Mile Budak est interrogé le 26 mai et son « procès » s’ouvre le 6 juin devant le tribunal militaire de la IIe Armée. Il s’agit bien entendu d’un grossier simulacre de justice : les inculpés sont dix (38) et ils n’ont qu’un seul avocat que l’on a prévenu la veille… La pseudo cour se compose du colonel Hrnčević, du major Divjanović et du capitaine Ranogajec, et quant à l’accusation, elle a été confiée au Vychinski de Tito, le sinistre Jakov Blažević (39). Bien que la procédure vise dix personnes dont cinq anciens ministres, les débats sont vite expédiés et le verdict tombe dans la soirée : Mile Budak est condamné à mort par pendaison, pour haute trahison et crimes de guerre (40). Il sera exécuté dans la nuit, aux petites heures du 7 juin 1945, treize ans jour pour jour après l’attentat qui avait failli lui coûter la vie en 1932 !

Un homme d’honneur

Exécuté à la hâte parce que ses idées et son talent étaient insupportables aux nouveaux maîtres de la Yougoslavie reconstituée et parce qu’il fallait décapiter l’intelligentsia croate, Mile Budak n’a bien sûr perpétré aucun « crime de guerre » ni commis la moindre « trahison ». Homme de lettres, il a écrit et parlé en faveur de son peuple, de l’indépendance de sa patrie et du parti dont il était membre mais il n’a jamais attenté à la vie de quiconque ni ordonné à qui que ce soit de commettre un quelconque méfait (41). Ministre de l’Instruction et des Affaires Étrangères, ambassadeur et conseiller supérieur de l’Oustacha, il n’est jamais entré dans ses attributions de commander des troupes sur le terrain, ni de leur fixer une ligne de conduite et encore moins de leur assigner des objectifs. Eut-il même voulu commettre un crime de guerre qu’il n’eut pas vraiment été en situation de le faire. Par ailleurs, on ne voit pas comment on peut décemment l’accuser de trahison au vu des trente-cinq ans qu’il a consacrés à servir la Croatie, son pays. À l’égard de la Yougoslavie, entité artificielle, imposée de force et par l’étranger, il ne devait aucune allégeance et ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater que ce sont ceux-là mêmes qui ont tout fait pour étouffer l’indépendance de la Croatie et asservir son peuple qui ont osé le condamner au motif d’une pseudo trahison. L’honneur était de son côté, pas du leur.

Romancier, poète, militant, avocat, ministre et diplomate, Mile Budak fut à la fois un artiste et un homme d’action auquel il semble juste de reconnaître un certain panache. On peut, certes, ne pas apprécier son œuvre ou désapprouver son engagement mais ce n’était sûrement pas une raison pour l’expédier à la potence !

Christophe Dolbeau

Notes

(1) Voir C. Dolbeau, « Croatie 1945 : une nation décapitée », in Tabou, vol. 18 [version croate in Hrvatski list du 12 mai 2011, « Hrvatska 1945 : obezglavljeni narod (komunistički aristocid nad Hrvatima) »] et « Bleiburg, démocide yougoslave », in Tabou, vol. 17.

(2) Cf. La force des choses, Folio-Gallimard, Paris 1963, p. 36.

(3) Cf. Gabriel Marcel, Les hommes contre l’humain, La Colombe, Paris 1951, p. 185.

(4) En Bosnie-Herzégovine, les activités de Mlada Hrvatska étaient proscrites alors qu’elles ne l’étaient pas en Croatie.

(5) L’écrivain Ante Starčević (1823-1896), fondateur du Parti Croate du Droit, fut un partisan déclaré de l’indépendance croate ; il est considéré par les patriotes croates comme le Père de la Patrie.

(6) Les Zinzares ou Aroumains sont une peuplade romanophone des Balkans ; on les appelle également Morlaques, Valaques, Mauro-Valaques, Latini Negri, Blahoï, Kara-Martoloži, Eflakan, Aromounes, Olaks ou Čiči. Selon certains spécialistes dont le Père D. Mandić, 50 à 52% des Serbes de Bosnie-Herzégovine seraient de lointaine origine zinzare – voir D. Mandić, Hrvati i Srbi, dva stara različita naroda, KHR, Barcelone 1971, p. 212.

(7) Cf. D. Mandić, op. cit., p. 212.

(8) Né le 20 juillet 1914, Zvonimir Budak quitte la Croatie en 1933 pour les Etats-Unis où il deviendra citoyen américain sous le nom de Frank M. Berger. Vétéran de la Guerre de Corée, il est décédé à Memphis, le 13 novembre 1994.

(9) Le Hrvatski Sokol est une organisation patriotique (40 000 membres) qui promeut et encourage la pratique du sport. Mile Budak en sera le vice-président.

(10) Ancien cadre de Mlada Hrvatska (Jeune Croatie), Vladimir Ćopić (1891-1939) a rejoint les bolcheviks durant la Première Guerre mondiale. Fondateur du Parti Communiste Yougoslave, il sera délégué au Ve Congrès du Komintern avant de commander la XVe Brigade Internationale au cours de la Guerre d’Espagne (1937-38) ; rappelé à Moscou, il y a été liquidé lors de la Grande Purge.

(11) dont Mijo Babić, Zvonimir Pospišil et Mladen Lorković.

(12) Incarcéré à Lepoglava et Srijemska Mitrovica où il fait la grève de la faim, Stipe Javor (1877-1936) succombe le 27 mars 1936 des suites d’une pneumonie et des tortures qu’on lui a infligées.

(13) Matija Soldin et Marko Hranilović seront condamnés à mort et exécutés par pendaison le 25 septembre 1931. L’un et l’autre avaient été sévèrement torturés durant l’instruction de leur affaire.

(14) Vladko Maček (1879-1964), avocat, député, chef du Parti Paysan Croate.

(15) Lovro Sušić (1891-1972), avocat, député, futur ministre de l’État Indépendant Croate et secrétaire général (postrojnik) de l’Oustacha.

(16) Outre son fils Zvonimir, Mile Budak a eu deux filles : Neda, née le 4 février 1921, et Grozdana, née le 17 mars 1924. Épouse de Krešimir Puk (fils d’un célèbre dignitaire oustachi), Neda émigrera aux Etats-Unis où son mari prendra le nom de Peter Poock ; elle est décédée le 16 mars 1995 dans l’Iowa. Grozdana sera quant à elle assassinée par les Partisans, le 25 mai 1945.

(17) Industriel de la viande, Ivan Werner (1887-1944) sera nommé maire de Zagreb en 1941.

(18) Cette brochure sera éditée en mai 1934 par une association croate de l’Ohio. Une version espagnole paraîtra à Buenos Aires en 1937 mais en revanche, les traductions allemande et italienne seront jugées « inopportunes » par les gouvernements de Berlin et Rome.

(19) « Ustašo moj » – texte cité dans « Prilog životopisu dra Mile Budaka » par Jere Jareb, in Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, p. 104.

(20) À savoir Ante Pavelić, Marko Došen, Joža Milković, Ivan Perčević, Stanko Hranilović, Ante Brkan, Ante Valenta, Stijepo Perić, Ante Bubalo, Mijo Bzik, etc.

(21) « Nekoliko misli o uređenju slobodne i nezavisne hrvatske države ».

(22) Branimir Jelić (1905-1972), médecin de profession, avait été le chef des jeunesses du Parti du Droit. Arrêté à Gibraltar en 1941, alors qu’il revenait des USA, il sera incarcéré durant quatre ans sur l’île de Man et ne jouera donc aucun rôle dans l’État Indépendant Croate.

(23) L’opération est un succès puisque selon J. Sadkovich, le Hrvatski Domobran des USA (fondé le 21 août 1933 par B. Jelić) regroupe, en 1935, 15 000 adhérents répartis en 30 sections – voir « La composizione degli ustascia : una valutazione preliminare », in Storia Contemporanea, N° 6 (décembre 1980).

(24) Principal organisateur de l’attentat de Marseille contre le roi Alexandre Ier, Eugen Dido Kvaternik (1910-1962) sera Commissaire à l’Ordre Public et à la Sécurité au début de l’État Indépendant Croate.

(25) En 1938-39, cent dix-sept autres sont renvoyés en Yougoslavie, et en 1939-40 quatre – voir P. Iuso, Il Fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998, pp. 119-125.

(26) Ancien colonel de l’armée austro-hongroise, Slavko Kvaternik (1878-1947) sera le premier ministre de la Défense de l’État Indépendant Croate ; promu maréchal des armées et général oustachi, il s’exile en Slovaquie et prend quelque distance avec le régime à partir d’octobre 1942.

(27) Le 9 octobre 1942, le ministère changera de dénomination : de ministère de l’Instruction et des Cultes il deviendra ministère de l’Éducation Nationale.

(28) Proche du Parti Communiste, le romancier Miroslav Krleža (1893-1981) se voit proposer, à l’initiative de Mile Budak, un poste d’intendant du Théâtre National, puis une chaire à l’université et enfin une mission en Suisse, afin de le mettre à l’abri de la répression. Il déclinera ces offres.

(29) Ancien diplomate yougoslave, le futur prix Nobel Ivo Andrić (1892-1975) se verra proposer, à l’initiative de Mile Budak et avec l’assentiment de Pavelić, un poste dans la diplomatie croate. Il ne donnera pas suite à cette offre.

(30) Il confiera au Dr Mate Frković que l’expression « lui a spontanément échappé » – cité par Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka ; drugi dio », in Hrvatska Revija, N° 2 [158], juin 1990, p. 315.

(31) Si l’État Croate est hostile à l’existence d’une cinquième colonne serbe, il est en revanche favorable à l’intégration des « orthodoxes croates ». À cette fin, Ante Pavelić fonde même une Église Orthodoxe Croate autocéphale (3 avril 1942) qu’il place sous l’autorité du métropolite russe Germogen. Par ailleurs, le gouvernement compte dans ses rangs un ministre orthodoxe (Savo Besarović) et le Sabor (Diète) quelques parlementaires de cette religion. Plusieurs généraux orthodoxes (Fedor Dragojlov, Milan Uzelac, Đuro Dragičević, Mihajlo Lukić, Đuro Gruić, Jovan Iskrić, Miroslav Opačić, Dušan Palčić, Milan Desović) exercent des commandements importants dans l’armée régulière ; quelques orthodoxes, comme le célèbre colonel Delko Bogdanić, servent également dans la milice oustachie.

(32) Si l’on en croit le général oustachi Ante Moškov, « Pavelić ne s’est jamais prononcé sur un quelconque anéantissement du peuple serbe » – voir Pavelićevo doba, Laus, Split 1999, pp. 204-206. Selon l’historien Stefan Sipić, « Pavelić affiche ouvertement son anti-yougoslavisme aussi bien idéologique que politique et son opposition au régime de Belgrade, mais cet antagonisme ne prend jamais un caractère racial qui pourrait se généraliser à l’ensemble du peuple serbe » – voir « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », in Cahiers balkaniques, 38-39/2011, 3-18.

(33) Si l’on en croit Luka Fertilio (cité par J. Jareb, op. cit., p. 316), Mile Budak apporte son aide à plusieurs orthodoxes et juifs croates lorsqu’il est en poste à Berlin. Si l’on s’en réfère à Marko Čović, il fait de même à Zagreb avec certains intellectuels serbes.

(34) Voir D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », in Vijenac, 423, du 20 mai 2010.

(35) C’est notamment grâce aux bonnes relations de Budak avec l’ambassadeur Ōshima que le Japon nommera un chargé d’affaires (Kazuichi Miura) à Zagreb.

(36) En avril 1943, le Grand Mufti effectuera une visite officielle en Croatie.

(37) Ce Grand Conseil ou Doglavničko Vijeće compte douze membres. Mile Budak en a fait partie du 6 mai 1934 au 10 mai 1943 puis du 20 juillet 1943 au 6 mai 1945.

(38) À savoir Nikola Mandić, Mile Budak, Julije Makanec, Nikola Steinfel (Steinfl), Pavao Canki, Juraj (Jućo) Rukavina, Ivan Vidnjević, Ademaga Mešić, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli.

(39) Le même qui requerra contre le Bienheureux Alojzije Stepinac, cardinal et archevêque de Zagreb.

(40) Des dix accusés, seuls trois échappent à la peine de mort : Ademaga Mešić est condamné à la réclusion à perpétuité, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli à vingt ans d’emprisonnement.

(41) Mile Budak était catholique pratiquant et cela eut été en totale contradiction avec sa foi.

Bibliographie

        V. Nikolić, « Mile Budak : pjesnik i mučenik Hrvatske », Hrvatska Revija, N° 4 [156], décembre 1989, pp. 647-659.

        Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka », Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, pp. 92-122, N° 2 [158], juin 1990, pp. 311-355.

        P. Iuso, Il fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998.

        Collectif, Tko je tko u NDH, Minerva, Zagreb 1998.

        T. Jonjić et S. Matković, « Novi prilozi za životopis Mile Budaka uoči Drugoga svjetskog rata », Časopis za suvremenu povijest, vol. 40, N° 2 (octobre 2008), pp. 425-452.

        D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », Vijenac, N° 423, 20 mai 2010.

        S. Sipić, « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », Cahiers balkaniques, N° 38-39/2011, pp. 3-18.

        T. Jonjić et S. Matković, « Presuda protiv Mile Budaka i družine pronađena je i objavljena », Društvena istraživanja, vol. 22, N° 2, juillet 2013, pp. 369-375.        

samedi, 19 octobre 2013

Zankapfel Balkan

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Dr. T. Sunic:

„ Zankapfel Balkan“

(Interview)

Deutsche Militärzeitschrift-DMZ (10/2013. Nr.96)

DMZ: Herr Dr. Sunić, der Balkan ist stets Zankapfel der europäischen Großmächte und auch innerlich zerstritten gewesen. 1913 – vor 100 Jahren – kam es zum Zweiten Balkankrieg. Nur wenige Monate zuvor endete der Erste Balkankrieg. Warum ging es vor 100 Jahren so heiß her im südöstlichen Europa?

Sunic: Auf dem Balkan prallen viele Interessen aufeinander. Der Erste Balkankrieg begann als eine romantische Bewegung an, als Bündnis der sudostslawischen, christlich-orthodoxen Völker - also der Serben, Bulgaren, Montenegriner und Griechen - gegen die jahrhundertlange osmanische Despotie. Also in diesem Sinne war der erste Balkankrieg in dem Jahre 1912 eine positive Bewegung, da endlich eine fremde, nichteuropäische Macht aus Europa rausgeworfen wurde.

DMZ: Allerdings führte der Krieg schnell zu Revanchegedanken und Zwist unter den Bundesgenossen und mündete wenig später im nächsten Balkankrieg…

Sunic: Ja, Bulgarien griff kurz nach dem Krieg Serbien und Griechenland an, woraufhin Rumänien seine Chance sah, sich auf Kosten des kriegführenden Bulgariens zu vergrößern. Und das Osmanische Reich erkannte die Chance, die Niederlage im Ersten Balkankrieg zu revidieren.

sunic.jpgDMZ: Welche Rolle spielten dabei die europäischen Großmächte?

Sunic: Vor allem der russische, christlich-orthodoxe Panslawismus spielte dabei eine große Rolle. Die zaristische Politik am Anfang des 20. Jahrhunderts sah in der österreichischen Annexion Bosniens im Jahr 1908 nicht nur eine geopolitische Gefahr sondern auch eine kulturelle Einmischung des dekadenten Westens. Alles was in Europa im 20. Jahrhundert geschah, war ein kausaler Nexus, wenn ich hier Nolte paraphrasieren darf. So wird es in Europa auch in der Zukunft weiter sein - abgesehen davon, daß die Türken heute besser in Europa eingewurzelt sind, als sie es sich 1683 vor den Toren Wiens auch nur erträumt hätten. 

DMZ: Welche Folgen hatte der Krieg für den Balkan und für Europa? Die Balkankriege werden oft als Wegbereiter für den Eintritt der südosteuropäischen Staaten in den Ersten Weltkrieg betrachtet. Das Pulverfaß Balkan war zudem erst die Initialzündung für den Weltkrieg.

Sunic: Über die Ansprüche oder die Komplotttheorien der damaligen Großmächte läßt sich viel debattieren. Es herrschten auch damals zwischen den Politikern in Frankreich, Rußland, und Großbritannien schwere Divergenzen – von den Interessenskonflikten mit dem Deutschen Reich und Österreich-Ungarn ganz zu schweigen. Der Erste Weltkrieg hatte mehrere Väter.

DMZ: Das gesamte 20. Jahrhundert über war allerdings der Balkan immer wieder von Spannungen gezeichnet. Warum ist die Region so instabil? Woher rühren die Konflikte?

Sunic: Das dauernde Problem auf dem Balkan ist die mangelnde Staatsidentität der verschieden christlichen Völker und Völkerschaften. Der jahrhundertelange türkische Despotismus hat außerdem ein großes Trauma bei allen Völkern auf dem Balkan verursacht. Auch heute hat das Wort „Türke“ dort eine negative Bedeutung, und man hört täglich die jungen Serben und die Kroaten in abschätzender Weise auch die muslimischen Bosniaken und Albaner als „Türken“ beschimpfen.

DMZ: Warum schimpfen die Völker des nördlichen Balkans auf jene des südlichen Balkans, wenn es um die Türken geht?

Sunic: Der Balkan ist innerlich zerrissen. „Balkan“ hat neben der topographischen auch eine geopolitische Bedeutung, die zudem oft abwertende belegt ist. Der Balkan ist wie gesagt von einem seelischen Mangel an Staats- und Volksidentität gezeichnet. Im Nordwesten des ehemaligen Jugoslawiens, bzw. in Kroatien und Slowenien, werden die Begriffe „Balkanismus“ und „Balkanesen“ von den Leuten in abschätzender Weise  für die südöstlichen Nachbarvölker, vor allem für Montenegriner, Bosniaken, Bulgaren und Albaner benutzt. Jahrhundertlang waren Slowenen und Kroaten, diese zwei katholische Völker, Teil der Donaumonarchie, und sie gehören immer noch dem mitteleuropäischen Kulturraum an – sie fühlen sich nicht als Teil des Balkans. Ein durchschnittlicher Kroate kennt besser die Lage in Bayern oder in der Lombardei als die historischen Ereignisse in Mazedonien oder in Griechenland. Geographisch liegen Wien, München oder Triest näher an Zagreb, der Hauptstadt Kroatiens, als Belgrad oder Skopje.

DMZ: 1998 griff die NATO Jugoslawien an. Haben die Einsätze des Westens zur Stabilität auf dem Balkan beigetragen?

Sunic: Da sprechen Sie etwas Wichtiges an! Solange es die UN- und NATO-Truppen gibt, wird es tatsächlich eine relative Scheinruhe geben. Aber nur solange die selbsternannten Weltverbesserer da sind! Eines Tages - wenn sie weg sind - werden die neuen Sippenkriege beginnen. Kroatien und Slowenien sind heute Mitglieder der EU und der NATO. Mazedonien und Albanien sind zumindest Schützlinge der NATO. Serbien aber nähert sich militärisch und ökonomisch wieder an die Schutzherrschaft Rußlands.

Die Frage nach der Stabilität wird im Westen auch oft überheblich behandelt. Was meinen Sie denn, wie lange eine getürktes Deutschland noch stabil ist? Was glauben Sie, wie lange ein von Einwanderung geprägtes Frankreich stabil ist? Oder die Europäische Union?

Und vergessen Sie eines nicht: Die NATO-Bombardierung Serbiens im Jahr 1999 war ein völkerrechtswidriger Akt. Zwar wollte die NATO den Angriff mit der Verhinderung einer „humanitären Katastrophe“ begründen, aber das ist Heuchelei.

DMZ: Heuchelei? Das Leiden der Menschen und die Brutalität des Krieges können Sie kaum von der Hand weisen…

Sunic: Nein. Aber was hatte denn der Westen zuvor 1991 im Kroatienkrieg getan, um den Kroaten in ihrem Unabhängigkeitskrieg zu helfen und damit den unnötigen, brutalen Krieg mit serbischen Kämpfern und der Jugoslawischer Armee zu stoppen? Gar nichts. Kriegsgreuel aber gab es auch in diesem dort bereits.

Die Kommunistische Partei Jugoslawiens hatte von 1945 bis 1990 kein einziges ethnisches Problem gelöst, sondern mit ihren Hofhistorikern und ihren Lügen über die angebliche „kroatische Faschistengefahr“ nur den interethnischen Haß weiter verschärft. 1991 resultierte diese falsche antifaschistische Mythologie in einem Krieg, in dem letztlich gefühlt alle gegen alle standen.

DMZ: Hat die NATO-Intervention die Lage nicht aber verbessert?

Sunic: Wie gesagt: Es gibt jetzt eine Scheinruhe. Aber die psychologische Lage von Kroatien im Norden bis hin zu Mazedonien im Süden hat sich nicht geändert. Jeder neue Staat hat heute seine  eigenen territorialen Ansprüche - und jeder hebt sein tatsächliches oder angeblich historisches Recht auf Kosten der anderen vorher. Die heutigen „Opferrollen“ aller ehemaligen jugoslawischen Völker sind nur die Fortsetzung des Krieges, wobei jeder Staat seine eigene Identität auf Kosten des Anderen aufbaut. 

DMZ: Insbesondere das Kosovo ist nach wie vor Streitthema. Viele Staaten erkennen dessen Unabhängigkeit nicht an – darunter Serbien.

Sunic: Ob die Unabhängigkeit des Kosovo legitim oder illegitim ist, spielt gar keine Rolle. Zwei Millionen muslimische Kosovare haben mit ihrer hohen Geburtrate ihre eigene Legitimität seit langem erworben. Die Serben sind eine kleine verschwindende Minderheit im Kosovo geworden. Es ist eine Frage der Zeit, bis das Kosovo ein Teil Großalbaniens sein wird. Und die Türkei mit ihren historischen Ansprüchen ist nicht weit weg von diesem neuen Kunststaat, der einst - zusammen mit Bosnien - das Juwel des Osmanischen Reiches war.

DMZ: Noch heute stehen Bundeswehrsoldaten im Kosovo…

Sunic: Wie seit 1955 üblich, befolgt die Bundesrepublik Deutschland offenbar nur amerikanische Direktiven. Oft schon in vorauseilendem Gehorsam! Das gilt unter anderem für die deutsche Sado-Maso-Geschichtsbewältigung, die Lieferung von U-Booten an Israel – und eben auch für die deutschen Soldaten auf dem Balkan oder in Afghanistan.