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Bonsoir, mes amis,
Merci de votre présence, merci à Richard Roudier de m’avoir invité pour évoquer le souvenir de l’un de nos plus chers amis disparus dans la nuit du 6 au 7 mars 2019 : Guillaume Faye ; c’est le 13 mars, dans un petit cimetière du Poitou, un jour pluvieux et triste, parmi des gens que je n’avais pas revu depuis des années, que je me suis posé la question :
Qu’est-ce qu’un ami ?
c’est quelqu’un à qui on ne demande rien, qui ne demande rien, dont on n’a pas besoin, qui n’a pas besoin de vous, que vous pouvez voir tous les jours ou tous les trois ans, mais qui est toujours là en permanence et dont on sait qu’il a une vie parallèle à la vôtre, qu’il a les mêmes réactions que vous sur tel sujet alors qu’il est à l’autre bout de la planète, c’est votre double, pas besoin de regarder sa photo, il suffit de se regarder dans une glace. Vous me direz, à quoi ça sert alors, un ami ? ça sert à savoir que vous n’êtes pas seul au monde même quand ce que vous aimez le plus au monde, c’est votre solitude ; mais, dans notre milieu, un ami, c’est encore plus que ça ; parce que nous ne participons pas du monde tel qu’il est, parce que nous le rejetons et qu’il nous le rend bien ; parce que nous sommes une toute petite minorité de gens lucides et conscients ; l’amitié, dans le monde que nous vivons, c’est une fraternité d’êtres différenciés, comme disait Evola, les hommes qui restent debout parmi les ruines et, parce qu’ils sont lucides et conscients, souffrent plus que les autres de voir leur pays, l’une des cultures qui a apporté le plus au monde rabaissée au rang d’une république bananière, de voir un patrimoine européen vieux de plusieurs milliers d’années abandonné par ceux qui sont en charge de le préserver, voir le sol de leurs ancêtres souillé par des hordes de populations non-européennes qui ne respectent pas la terre qui les accueille.
Les Occidentalistes
Je suis de la génération de Richard ; pour situer, j’avais 20 ans en 68 ; nous avons commencé à militer à la fin des années 60 ; pour la plupart d’entre nous, nous n’avions pas des idées bien formées ; nos références dataient de l’après-guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie, nous étions nationalistes ou régionalistes, par atavisme et par intuition, mais nous n’avions pas de solide formation politique ou doctrinale, encore moins spirituelle, nous étions alors ce qu’on appelle des activistes, des militants de terrain. Nous avions surtout des modèles, des héros de l’histoire récente comme le capitaine Sergent, capitaine de la Légion, l’un des responsables de l’OAS, qui avait fondé le MJR, Mouvement Jeune Révolution où j’ai milité, après Occident et avant Ordre nouveau.
Nous étions alors des « occidentalistes », comme le nom même du premier mouvement militant auquel j’ai appartenu l’exprime, Occident, c’est-à-dire : la nation + l’Europe + l’Amérique, voire, pour certains, + Israël.
C’est lorsque j’ai appris, notamment grâce à Guillaume, à séparer l’Europe de l’Occident que je suis devenu un Européen régionaliste. Nous étions anti-marxistes, anti-gaullistes, anti-immigration, en fait plutôt anti tout que pro quelque chose, nous étions bien jeunes, bien ignorants et bien rebelles, mais nous avions déjà repéré quelques dysfonctionnements de l’époque et je me souviens de l’un des slogans d’Ordre nouveau : 3 millions d’immigrés = 3 millions de chômeurs, ce même slogan qu’on pourrait reprendre, en le multipliant par 5 : 15 millions d’immigrés=15 millions de chômeurs, ça doit d’ailleurs correspondre aux véritables chiffres qu’on nous cache.
Ceux qui militaient à l’époque dans ces groupes « natios » étaient au moins aussi contestataires de la société bourgeoise que leurs ennemis gauchistes de l’époque, les petit-bourgeois, fils de grands bourgeois, qui ont lancé la rébellion de mai 1968 ; la plupart des leaders de mai 68 sont maintenant aux postes-clés de cette société capitaliste et uniformiste qu’ils dénonçaient. Il faut dire que, de notre côté, très peu ont conservé les convictions de leur jeunesse ; la grande majorité de ceux qui militaient avec nous est rentrée dans le rang et s’est fondue dans la masse ; seule, une petite élite a continué le combat militant, les éveilleurs sont issus de cette petite élite.
C’est à cette même époque, vers 1968, qu’est apparu un groupe qui s’est appelé d’abord Europe Action, fondé par Dominique Venner, groupe issu, lui aussi, en partie de l’aventure algérienne, quand je dis « aventure », c’est au sens noble, je devrais dire plutôt épopée ; c’est avec eux et grâce à eux que, pour la plupart d’entre nous, nous avons alors reçu nos premières et solides formations politiques et métapolitiques ; et, à mon avis, ce qui est le plus important, c’est grâce à ce groupe que nous avons été confrontés à notre véritable identité, notre passé préchrétien de Gaulois, nous avons rencontré nos racines ; la base était alors construite, il ne restait plus qu’à construire la maison. Ce qui sera fait essentiellement par celui dont aujourd’hui nous célébrons la mémoire, Guillaume Faye.
L’émergence d’un diable de sa boîte
C’est des rangs de ce groupe Europe-Action, lui-même en partie issu de la FEN, Fédération des étudiants nationalistes, qui s’est bientôt appelé GRECE, Groupe de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Européenne, puis « pour la Culture Européenne », qu’a émergé, je dirais plutôt surgi, tel un diable de sa boîte, un jeune homme fringant, bien mis, découvert par Venner, et qui a renversé les tables, toutes les tables, même celles de la Loi, avec sa fougue et son talent ; il se trouve que j’avais fait mes études à Aix, et que j’y suis resté pour y vivre, et le lieu de rencontre estivale du groupe était une grande maison, la Domus, près d’Aix-en-Provence. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois celui qui allait devenir le brillant porte-parole de ce qu’on appellera plus tard la « Nouvelle droite » et son inventif théoricien. Je me souviens que, déjà, à l’époque, il n’était pas seulement un intellectuel ; il avait aussi le don du théâtre et de la farce et il nous enchantait avec des saynètes qu’il improvisait pour nous faire rire.
Mais plus de 40 ans après, l’Histoire émet son verdict : Guillaume Faye était bien plus que ça.
Guillaume Faye, un éveilleur
Guillaume Faye était un éveilleur. Les éveilleurs sont des hommes qui viennent de cet autre monde parallèle au nôtre, un monde immanent, immuable, permanent, pour accomplir une mission. Ces hommes-là n’ont pas d’autre préoccupation que de transmettre leur savoir et leur énergie ; leur vie entière est consacrée à cette transmission. Les éveilleurs apparaissent à des périodes critiques de l’Histoire, lorsque tout est chamboulé, que toutes les valeurs sont inversées, que la situation semble désespérée ; ils font passer leur mission avant leur propre personne, leur intérêt personnel, leur confort ; leur règle d’or est celle-ci : fais ce que tu dois, sans préjuger de la réussite. La famille des La Rochefoucault en avait fait sa devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».
J’ai eu la chance de connaître les principaux éveilleurs français contemporains, certains qui furent mes amis et qui le sont toujours, je pourrais citer, outre Guillaume, Marc Augier, que j’ai rencontré quelques temps avant sa mort à Lyon, Jean Mabire, Robert Dun, de son nom véritable Maurice Martin, Pierre Vial que je rencontre régulièrement, tout comme Paul-Georges Sansonetti ; et vous avez la chance dans votre région d’avoir toute une famille d’éveilleurs, ce qui n’est pas banal, les Roudier ! Au moins deux générations de Roudier, de guerriers qui se battent comme des lions pour notre cause.
Guillaume Faye possédait toutes les caractéristiques de l’éveilleur, comme tous ceux que je viens de citer.Un éveilleur est d’abord un transmetteur, il peut être un exemple, un modèle, voire un maître, mais ce n’est pas un gourou.
Ce n’est pas un intellectuel non plus, tel qu’on l’entend de nos jours, un éveilleur n’est pas là pour perdre son temps à des discussions sans fin sur le sexe des anges ; un éveilleur est un réaliste, même s’il peut apparaître comme mystique. Il a une mission qu’il connaît et qu’il doit accomplir, il est sur cette terre dans cet unique but. Tout le reste n’est que contingence accessoire. Quand il parle ou quand il écrit, il n’emploie pas des mots que personne ne comprend, comme ces pseudo-intellectuels qui ont besoin de pratiquer un quelconque jargon pour faire croire qu’ils sont intelligents, ou pour bien faire comprendre au petit peuple qu’ils font partie d’un cénacle fermé, c’est ridicule et pathétique ; l’éveilleur n’a pas besoin de ces artifices. Il ne cherche pas à se distinguer par la recherche de la nouveauté à tout prix, de toutes façons, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Ce n’est pas un philosophe, autoproclamé ou pas, même s’il est amoureux de la sagesse, comme l’indique le mot lui-même, mais ce mot a subi tellement d’avatars qu’il ne veut plus dire ce qu’il exprime.
Un éveilleur n’est pas un « rebelle » : les rebelles sont toujours des pseudo-rebelles, pas plus rebelles que leurs mèches qu’ils rejettent en arrière avec affectation, rebelles de salons… de coiffure, velléitaires qui se donnent des frissons à bon compte mais qui tiennent avant tout à leur confort matériel et à leur image de marque. Un éveilleur n’est pas un rebelle, c’est un révolutionnaire.
Un éveilleur est un homme simple, modeste, il n’a pas besoin de se mettre en avant ; seuls, les personnes qui se sentent en situation d’infériorité ont besoin de se hausser du col. Il est complètement dépourvu de vanité, il ne souffre pas de narcissisme ni d’ego surdimensionné, car cet état est une véritable maladie, une pathologie bien définie par la science médicale dont sont atteints la quasi-totalité des individus appartenant aux classes dirigeantes. Quand je parle de classes dirigeantes, je ne pense pas seulement aux politiques, mais aussi aux médias, aux syndicats, aux magistrats, aux banksters, aux ONG, aux publicitaires, aux associations, aux multinationales, aux saltimbanques, etc.
Un éveilleur peut s’exprimer de différentes façons, selon son caractère ou les dons que les divinités ont mis à sa disposition pour transmettre le message qu’elles lui ont confié. Guillaume était, entre autres, un éveilleur provocateur.
Guillaume le provocateur
Guillaume Faye a été traité de provocateur, notamment par Martial Bild, lors de sa dernière intervention télévisée, dans un entretien accordé à TV Libertés. Ce à quoi Guillaume a répondu : « mais je suis là pour provoquer ; provocation, c’est un mot qui vient du latin provocare : inciter les autres à vous répondre, à réfléchir. » En quelque sorte, l’éveilleur Faye voulait vérifier sur-le-champ le résultat de son travail, un éveilleur, comme son nom l’indique consiste à réveiller les hommes endormis, à balancer un grand seau d’eau sur la tête de celui qui dort. C’est aussi celui qui empêche un homme perdu dans un désert de glace en haute montagne, par exemple, de s’endormir, celui qui s’endort dans un tel contexte est un homme mort. Et nous sommes dans ce contexte. A l’heure actuelle.
Je me souviens d’avoir été expulsé d’un restaurant en compagnie de Guillaume parce qu’il émettait haut et fort des considérations qui n’étaient pas du tout politiquement correctes et les gens de la table à côté, après avoir essayé de le faire taire, ce qui l’a mis encore plus en forme, ont demandé au tenancier du bistrot de nous faire sortir sous peine d’appeler la police, forts de leur bon droit, du sentiment qu’ils avaient d’être dans la bien-pensance universelle. Ce qui s’est passé, parce que le bistrotier ne voulait pas de scandale, parce qu’il nous a demandé gentiment de déguerpir, ce que nous avons accepté, tout aussi gentiment. A ma connaissance, Guillaume ne s’est jamais fait casser la figure, ce qui aurait pu lui arriver plusieurs fois mais je me suis aperçu – parce que, à son exemple, je continue encore à pratiquer ce type de provocation avec d’autres amis – je me suis aperçu que les gens sont trop timorés pour oser répliquer, ils se demandent qui sont ces vieux fous avec ces drôles d’idées, et puis parce qu’ils n’ont pas d’arguments. La propagande antiraciste a fait des ravages sur les Français. Ils sont atones, muets, décérébrés, ahuris.
C’est l’un de mes désaccords avec Guillaume : la thèse d’un sursaut révolutionnaire global des Français qu’il soutient dans son dernier livre, La Guerre civile raciale ; je crois, moi, que les Français sont trop anesthésiés pour se révolter ; la révolte des Gilets jaunes n’aborde jamais, ou très peu, le problème crucial de l’immigration parce que c’est un sujet tabou. Il y a eu juste quelques manifestations contre le Pacte de Marrakech pendant une courte période. Je crois plutôt que le réveil, si réveil il y a, se fera grâce à une minorité d’hommes différenciés, lucides et combatifs, qui combattront sans états d’âme. Mais, bien sûr, je peux me tromper et il peut avoir eu raison. L’avenir très proche nous le dira, nous n’allons pas attendre bien longtemps pour le vérifier. Sans sursaut révolutionnaire, nous allons disparaître physiquement, sauf à nous enfuir vers un pays de l’Est.
Un talent aux multiples facettes
Le génie de Guillaume Faye s’est exprimé de différentes façons et à diverses époques. Mais la structure de sa pensée est homogène ; quoiqu’on en ait pensé, il ne s’est jamais contredit.
On pourra remarquer, à travers les choix stratégiques qu’il a faits tout au long de sa vie et qu’il a martelés dans son œuvre, une évolution qui s’est faite du haut vers le bas, du concept idéologique vers la réalité du terrain. Guillaume Faye était un militant de terrain : toute son œuvre ne vise, finalement, qu’à suggérer les solutions d’urgence et à définir les modalités nécessaires à leur application réaliste et efficace. Guillaume se réclamait d’Aristote, ce philosophe pour lequel tout devait être démontré.
Guillaume s’est investi dans de nombreuses activités très différentes où il a excellé dans chacune d’entre elles.
C’était d’abord un orateur brillant et passionné, son discours souvent improvisé était marqué par des fulgurance géniales qu’il découvrait en même temps que le public et dont il s’émerveillait lui-même ; la plupart des conférenciers ont besoin de suivre une trame, comme moi qui suis incapable de parler sans notes, à moins d’oublier la moitié de ce que je m’étais promis de dire ; un bout de papier suffisait à Guillaume, et encore faut-il rappeler que je ne l’ai pas vu démarrer une conférence sans une bonne dose de son carburant préféré, bière ou vin.
Pendant une période qui a quand même duré dix ans, de 1987 à 1997, Il a été un animateur de radio reconnu sous le nom de Skyman, et aussi de télévision sur France 2 où il imaginait des canulars dans l’émission Télématin. Il a aussi, pendant cette même période, collaboré à des revues de bandes dessinées comme L’Echo des savanes, en compagnie d’auteurs plus ou moins déjantés généralement situés à l’extrême-gauche.
Il reprendra ses activités militantes de conférencier, de journaliste et d’auteur en 1997, quand il réintégrera le GRECE, après en avoir été séparé pendant dix ans. En ce qui concerne son activité littéraire, outre ses très nombreux articles dans diverses revues de la mouvance, il a écrit 28 livres en trois périodes, la première de 1981 à 1987, la deuxième hors circuit métapolitique de 1987 à 1997 et la troisième de 1998 à sa mort ; il sera une nouvelle fois exclu du GRECE en 2000. A cause de la parution de son livre La Colonisation de l’Europe qui aurait été jugé trop politiquement incorrect pour la direction du GRECE.
Il y a une logique chrono-logique dans le déroulement de sa production littéraire : la première période correspond à l’élaboration d’un corpus doctrinal avec son premier livre : Le Système à tuer les peuples paru en 1981 et avec un livret très intéressant qui s’appelle L’Occident comme déclin paru en 1984.
La deuxième période présente pour nous moins d’intérêt, sauf pour les passionnés de BD.
La troisième période va voir arriver un char d’assaut avec L’Archéofuturisme et les premiers pamphlets contre l’islam, comme La Colonisation de l’Europe, paru en 2000, pamphlets qui vont devenir, dans son dernier livre, La Guerre civile raciale, un réquisitoire contre l’invasion de l’Europe par les masses musulmanes du Maghreb et de l’Afrique noire sub-saharienne.
La pensée de Guillaume suivait très exactement l’évolution de la situation et il réagissait comme un général sur un champ de bataille, un général qui maîtrise l’ensemble des paramètres minute après minute et qui prend des décisions que la plupart de ses subordonnés ne comprennent pas. Ses lecteurs et ses amis ont souvent été désarçonnés par ce qu’ils croyaient être des revirements ; il n’en était rien ; Guillaume Faye se portait à l’assaut exactement là où les défenses faiblissaient et là où elles avaient besoin de renfort. Petit à petit, il a pointé très exactement – comme une « frappe chirurgicale » – le danger le plus important, écartant tous les autres et préconisant des alliances momentanées, avec Israël d’abord, ce qui n’a pas plu à tout le monde ; le danger auquel on devait prêter toute notre attention et tous nos efforts étant le Grand remplacement des populations européennes par des populations africaines manipulées et rassemblées par la religion musulmane. Dans son dernier livre paru post mortem, Guillaume ne fait plus la distinction entre islam et islamisme, il emploie donc le terme générique de « musulman ». J’ai acheté ce dernier livre à Daniel Conversano, son dernier éditeur, qui l’a tiré du coffre de sa voiture, dans l’enceinte même du cimetière où a été inhumé Guillaume. C’était encore une façon de lui rendre hommage.