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mardi, 10 décembre 2019

En souvenir de Jacques Marlaud

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En souvenir de Jacques Marlaud

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Né le 4 décembre 1944 à Alger bien qu’il ne soit pas d’origine pied-noire et mort à Roanne dans le département de la Loire, le 15 août 2014, Jacques Marlaud a présidé le GRECE de 1987 à 1991. Correspondant de Nouvelle École et rédacteur pour Éléments, Études et Recherches et L’Esprit européen, ce maître de conférence en communication à l’Université Lyon – III – Jean-Moulin a toujours agi en Européen de France et en païen. En 1990, il défend la liberté d’expression en pleine cabale universitaire contre l’économiste dissident et ami Bernard Notin.

Adolescent pendant la guerre d’Algérie, il correspond avec des détenus pro-Algérie française. Il milite à la Fédération des étudiants nationalistes, puis à Europe-Action, et y rencontre Alain de Benoist, Pierre Vial et Dominique Venner. Appelé dans une unité du génie parachutiste, il déserte au milieu des années 1960, franchit les Pyrénées et obtient finalement le statut de réfugié politique en Espagne franquiste. Il en gardera une belle maîtrise de la langue de Cervantès. Il séjournera ensuite en Italie et dans le Nord de l’Allemagne où il rencontrera sa future épouse, Ursula aujourd’hui décédée.

Vers 1971 – 1972, les jeunes mariés s’installent en Afrique du Sud. Jacques Marlaud travaille alors comme journaliste à la radio d’État sud-africaine pour les programmes nocturnes anglophones. L’allemand est néanmoins la langue maternelle des sept premiers enfants Marlaud; la huitième et dernière naîtra plus tard en France. Il anime dès 1979 l’European Renaissance Association et lance en 1981 une revue bilingue anglais – afrikaans Ideas/Idees. Il reçoit au cours de cette période dans son foyer austral Alain de Benoist, Guillaume Faye, Saint-Loup… En 1985 – 1986, devinant la triste évolution de l’Afrique du Sud, Jacques Marlaud rapatrie sa famille dans une propriété du Nord du Forez. Il y organisera de nombreuses années des solstices d’été souvent allumés par son (relatif) voisin, Robert Dun.

JM-renouveau.jpgEn 1986 paraît au Livre-club du Labyrinthe Le renouveau païen dans la pensée française, adaptation de sa thèse soutenue à l’Université sud-africaine de Port-Elizabeth. Il associe le paganisme à l’Europe. Bien qu’il sache que « le paganisme européen […] n’a pas de corps de doctrine cohérent et explicite (idem, p. 19) », il le conçoit néanmoins comme « une échelle de valeurs, une alternative spirituelle pour les Européens désorientés. Il ouvre une quatrième voie entre le théocratisme réactionnaire de certaines Églises qui refusent d’enterrer leur Dieu mort, l’humanisme égalitaire de ceux qui ont remplacé l’idéal de Jésus par celui de Spartacus, et le matérialisme stérile de ceux qui professent diverses utopies économiques (idem, p. 23) ». Il jugera plus tard dans son recueil d’entretiens et d’articles de 2004, Interpellations. Questionnements métapolitiques (Dualpha) que le nationalisme, « une idée juive (id., p. 301) », représente « une solution de facilité qui tend à désigner de faux ennemis et nous trompe sur les enjeux véritables (id., p. 304) », que c’est aussi « une idée moderne et bourgeoise (id., p. 301) », « un slogan vague et désuet (id., p. 299) ». Voyant le « nationalisme intégral et [… le] cosmopolitisme intégral [comme] deux frères ennemis unis par une commune hostilité à l’Europe (id., p. 163) », il appelle dès 1989 à libérer l’Europe de l’Ouest de la tutelle yankee, encourage partout sur la planète « la cause des peuples contre le bunker occidental (id., p. 62) » et participe en 1999 au « Collectif Non à la guerre » lancé par Arnaud Guyot-Jeannin, Laurent Ozon et Charles Champetier qui s’élève contre l’agression serbophobe de l’OTAN. Opposant volontiers le Logos au Mythos, la pensée rationalisante dans ses variantes chrétiennes et laïques à l’idée païenne, Jacques Marlaud appelle à la résurgence des vertus guerrières d’« un surhumanisme différencialiste qui recrée sans cesse des “ ordres de rang ”. Il définit les bio-cultures comme les racines constitutives d’identités, perpétuellement contestées (décadence) et sans cesse réaffirmées par un auto-dépassement créateur de valeurs, de schémas explicatifs, de mythes (Le Renouveau païen…, pp. 27 – 28) ».

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Dans Comprendre le bombardement de New York. Contre-enquête (Éditions du Cosmogone, 2001), il avance que « l’essence du totalitarisme contemporain réside dans l’utopie qui consiste à faire dépendre le bien commun de l’autorégulation des besoins privés, détruisant ainsi les sociogenèses, les communautés organiques qui sont des héritages naturels, pré-rationnels (p. 95) ». Publié un mois après les attentats du 11 septembre 2001, Jacques Marlaud affirme déjà que « Ben Laden est un produit 100 % made in USA (id., p. 52) ». Il explique en outre qu’« une étude sérieuse des tenants et aboutissants du bombardement de New York ne peut que dresser le constat d’une collusion régulière entre les autorités militaires américaines et certaines formes de terrorisme international (id., pp. 48 – 49) ». « Nous avons patiemment attendu notre heure, écrit-il aussi dans Interpellations, l’improbable moment où les Européens prendraient enfin conscience que l’Amérique et l’Europe n’ont pas le même destin ni les mêmes valeurs au bout du compte (id., p. 45) ». Il déplore toutefois que « l’Europe […] refuse pour l’instant le destin d’opposant au Mégapouvoir mondial qui lui était échu. Elle préfère partager ce pouvoir, en sachant bien qu’elle devra se contenter des restes du repas royal. Sachant aussi qu’elle sera en première ligne dans les conflits que l’Occident américanocentré se prépare à affronter (Comprendre…, pp. 69 – 70) ».

JM-interpellations.jpgOr, l’héritage indo-européen (ou boréen) a modelé « les traits distinctifs d’une identité spirituelle qui fait de l’Europe, plus qu’un continent, plus qu’un ensemble politique, une communauté spirituelle (Interpellations, p. 164) ». Pourtant, « l’Europe n’aura une existence propre que lorsqu’elle se dégagera de l’étreinte mortelle d’un Occident qui n’est rien d’autre que le modèle américain, modèle qui perd peu à peu son attraction et ne pourra continuer de s’imposer que par le recours à une violence accrue (Comprendre…, p. 107) ». En authentique gibelin d’expression française, Jacques Marlaud prône un Empire continental capable d’« intégrer (plutôt qu’à dissoudre) l’échelon civique ou politique au sein d’un ensemble plus vaste qui lui redonne son sens en le reliant à ses racines infrapolitiques organiques et à sa cime métapolitique (mythique et cosmique) (Interpellations, p. 172) ». Sa promotion de l’idée impériale européenne repose par ailleurs sur l’articulation agonistique des régions vernaculaires, des nations politico-historiques et de l’échelon continental. Il condamne la parapolitique, c’est-à-dire susciter une action politicienne sous un quelconque prétexte culturel, ce qui n’est ni de la métapolitique, ni même en tant que lecteur attentif d’Heidegger, de la poésie. Ainsi juge-t-il plutôt que « l’identité d’un grand peuple conscient de son héritage se défend plus efficacement sur la longue durée au niveau poétique qu’au niveau épidermique (id., p. 304) ».

Jacques Marlaud détonnait par ses réflexions impertinentes. Celles-ci auraient été plus acérées encore s’il n’avait pas souffert de l’éloignement géographique, du parisianisme ambiant, d’un caractère entier et d’une grande franchise. Danse guerrière de la Grèce antique, la pyrrhique se pratiquait à l’occasion des fêtes des Dioscures, des panathénées et des gymnopédies. Grâce au formidable travail de Jacques Marlaud, Jean Cau, son préfacier du Renouveau païen…, savait enfin « pourquoi nous sommes encore quelques-uns, en cette fin de siècle, à danser sans remords la pyrrhique (p. 11) ». Que cette sarabande sauvage se poursuive pour les Dieux et l’Europe !

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 31, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 3 décembre 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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mardi, 03 décembre 2019

Guillaume Faye le nietzschéen & entretien audio inédit avec Faye sur "La colonisation de l'Europe"

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Guillaume Faye le nietzschéen

& entretien audio inédit avec Faye sur "La colonisation de l'Europe"

 
 
Lien de l'entretien de Guillaume Faye à la Nietzsche Académie : http://nietzscheacademie.over-blog.co...
 
Boutique de la Nietzsche Académie (livres sur Nietzsche d'Olivier Meyer, animateur de la Nietzsche Académie) : http://nietzscheacademie.over-blog.co...
 
Lien du site de l'écrivain Olivier Meyer, animateur de la Nietzsche Académie : https://oliviermeyer.home.blog/
 
Lien du livre hommage "Guillaume Faye cet esprit fusée" aux éditions du Lore : http://www.ladiffusiondulore.fr/home/...
 
Lien du dernier livre de Guillaume Faye, "Guerre civile raciale" aux éditions Conversano : https://danielconversano.com/product/...
 

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jeudi, 07 novembre 2019

Remembering Guillaume Faye: November 7, 1949–March 7, 2019

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Remembering Guillaume Faye: November 7, 1949–March 7, 2019

Today is Guillaume Faye’s first birthday since his death earlier this year after a battle with cancer. Faye had been sick for some time, but he was so focused on writing what will now be his last book that he postponed seeing a doctor until it was complete. When he finally sought medical attention, he was diagnosed with stage four cancer. There is no stage five. Guillaume Faye gave his life for his work, and his work for Europe.

Faye, like New Rightists and White Nationalists in European societies around the globe, was motivated by a sense of danger: the reigning system — liberal, democratic, capitalist, egalitarian, globalist — has set the white race in all of its homelands on the path to extinction through declining birthrates and race replacement through immigration and miscegenation. If we are to survive, we must understand this system, critique it, and frame an alternative that will secure the survival and flourishing of our race. Then we need to figure out how we can actually implement these ideas.

I like Faye’s approach for a number of reasons.

First, Faye thinks big. He wants to take all of Europe back for Europeans. I completely agree with this aim. Furthermore, to secure the existence of Europe against the other races and power blocs, Faye envisions the creation of a vast “Eurosiberian” Imperium, stretching from Iceland to the Pacific, with a federated system of government and an autarkic economy. He believes that only such an imperium will be equal to the challenges posed by the other races in a world of burgeoning populations and shrinking resources. As I argue in my essay “Grandiose Nationalism [2],” I think that such ideas are neither necessary nor practical and they entail dangers of their own. But nobody can fault them for visionary boldness.

Second, Faye thinks racially. His answer to the question “Who are we?” is ultimately racial, not cultural, religious, or subracial: white people are a vast, extended family descending from the original inhabitants of Europe after the last Ice Age. There are, of course, cultural and subracial identities that are also worth preserving within a federated imperium, but not at the expense of the greater racial whole.

Third, Faye is not a Luddite, primitivist, or Hobbit. He values our heritage, but he is attracted less to external social and cultural forms than to the vital drives that created them and express themselves in them. He also wishes to do justice to European man’s Faustian drive toward exploration, adventure, science, and technology. His “archeofuturism” seeks to fuse vital, archaic, biologically-based values with modern science and technology.

Fourth, Faye turns the idea of collapse into something more than a deus ex machina, a kind of Rapture for racists. We know a priori that an unsustainable system cannot be sustained forever and that some sort of collapse is inevitable. But Faye provides a detailed and systematic and crushingly convincing analysis of how the present system may well expire from a convergence of catastrophes. Of course, we need to be ready when the collapse comes. We need a clear metapolitical framework and an organized, racially conscious community to step into the breach, or when the present system collapses, it will simply be replaced with a rebranded form of the same ethnocidal regime.

Fifth, Faye is a strong critic of Christianity as the primary fount of the moral universalism, egalitarianism, and individualism that are at the root of our decline.

The only really fundamental disagreement I have with Faye was on the Jewish question. His views are closer to those of Jared Taylor, whereas mine are closer to those of Kevin MacDonald.

I only met Faye once, at the 2006 American Renaissance conference, where we had a couple of enjoyable conversations. We corresponded occasionally before and after that meeting. One of my treasured possessions is a copy of Faye’s first book, Le Système à tuer les peuples (Copernic, 1981), which he had given to Savitri Devi. Unfortunately, he was never able to locate his brief correspondence with Savitri. Perhaps it will come to light in his papers, which should be carefully preserved. If European man has a future, it will be due in no small part to Faye’s works. He belongs to history now, and future European generations will look dimly upon us if we fail to conserve and carry on his legacy.

I wish to draw your attention to many pieces by and about Faye at Counter-Currents.

By Guillaume Faye:

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About Guillaume Faye:

 

dimanche, 03 novembre 2019

Langjähriger JF-Kolumnist Publizist Günter Zehm ist tot

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Langjähriger JF-Kolumnist

Publizist Günter Zehm ist tot

Ex: http://www.jungefreiheit.de

BERLIN. Der Philosoph und Publizist Günter Zehm ist tot. Er verstarb am heutigen Freitag morgen im Alter von 86 Jahren an den Folgen eines Herzanfalls. Zehm war seit 1995 Kolumnist der JUNGEN FREIHEIT.

1963 begann er als Feuilleton-Redakteur bei der Tageszeitung Welt, deren Feuilletonleiter und stellvertretender Chefredakteur er später wurde. Seine Kolumne „Pankraz“ erschien erstmals 1975 in dem Springer-Blatt.

Dort wurde er allerdings aufgrund seiner konservativen Geisteshaltung 1989 zum Ausscheiden genötigt. Seine Beiträge erschienen fortan im Rheinischen Merkur, der jedoch 1994 einen Text Zehms aus politischen Gründen ablehnte. Ab Januar 1995 erschien die „Pankraz“-Kolumne dann jede Woche in der JF.

Kämpfer für Meinungsfreiheit

In der DDR setzte sich der gebürtige Crimmitschauer (Kreis Zwickau) nach dem Volksaufstand in Ungarn 1956 für die Meinungsfreiheit ein und wurde 1957 als Schüler Ernst Blochs verhaftet und wegen „Boykotthetze“ zu vier Jahren Haft verurteilt. Nach seiner Entlassung gelang ihm kurz vor dem Mauerbau die Flucht in die Bundesrepublik. Dort studierte er in Frankfurt am Main bei Theodor W. Adorno sowie Carlo Schmid. Nach der Wiedervereinigung lehrte er in den neunziger Jahren als Honorarprofessor Philosophie an der Friedrich-Schiller-Universität in Jena. (tha/ls)

>Die JUNGE FREIHEIT würdigt den großen konservativen Publizisten und Philosophen Günter Zehm in der kommenden Ausgabe (46/19) umfassend.

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mardi, 22 octobre 2019

Hans-Dietrich Sander †

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Hans-Dietrich Sander †

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Hans-Dietrich Sander, Brecht-Schüler, Autor so wirkmächtiger Bücher wie „Der Nationale Imperativ“ und „Die Auflösung aller Dinge“ sowie Herausgeber der Zeitschrift Staatsbriefe, ist in der Nacht vom 24. auf dem 25. Jänner 2017 im Alter von 88 Jahren verstorben. Wie kaum ein anderer Publizist hat sich Sander, vor allem in den Staatsbriefen, für eine Wiederbelebung der ghibellinischen Reichsidee eingesetzt, die Deutschland eine zentrale Rolle im europäischen Staatenverbund zuweist. Den Rang, den Sander im intellektuellen Diskurs der Bundesrepublik über lange Zeit hinweg einnahm, hat unter anderem der 2005 verstorbene SPD-Politiker Peter Glotz in folgende bezeichnende Worte gefaßt: „Was verhütet werden muß“, so Glotz 1989, sei, daß Sanders „stilisierte Einsamkeit, diese Kleistsche Radikalität wieder Anhänger findet. Schon ein paar Tausend wären zu viel für die zivile parlamentarische Bundesrepublik“. Zuletzt war Sander unter anderem für die Neue Ordnung tätig, für die er als ständiger Autor scharfe Analysen über das politische System der Bundesrepublik beisteuerte. Sander hat es weder sich noch anderen leichtgemacht; wohl ein Grund, warum Armin Mohler ihn als „unbequemsten Vertreter der Neuen Rechten“ einstufte.


1928 in einem kleinen mecklenburgischen Dorf geboren, durchlebte Sander den Zweiten Weltkrieg, den er vor allem in Form von Luftangriffen kennenlernte, als Marinehelfer. Den Anklagen, die nach Kriegsende gegen die Deutschen erhoben wurden, stand der von Anfang an skeptisch gegenüber. Er verstand sich, wie er einmal schrieb, als „Reichsdeutscher, der in der Stunde Null nur angeritzt wurde“. Nach dem Krieg studierte Sander 1948/49 Theologie an einer kirchlichen Hochschule und von 1949 bis 1952 Theaterwissenschaften, Germanistik und Philosophie an der Freien Universität in Westberlin. Der Einfluß von Bertold Brecht dürften für Sanders kurzes Engagement für den Kommunismus verantwortlich gewesen sein. 1952 übersiedelte er nach Ostberlin. Dort war er bis 1956 als Dramaturg und Theaterkritiker tätig. Schon bald aber brach Sander mit dem kommunistischen System und siedelte 1957 zurück in die BRD, wo er von 1958–1962, gefördert von Hans Zehrer – von 1929–1933 Herausgeber der Monatszeitschrift Die Tat, dem einflußreichsten Organ der Jungkonservativen –, als Journalist und Literaturkritiker bei der Tageszeitung Die Welt tätig war.


sanderLA.jpg1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps in Erlangen zum Dr. phil. Der Titel seiner Promotionsschrift lautete „Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie“; Sander setzte sich hier insbesondere mit der Kunstkonzeption von Marx und Engels auseinander. Es war wohl insbesondere der Einfluß des Staatsrechtlers Carl Schmitt, mit dem er bis 1981 brieflich in Kontakt stand, der ihn in dieser Zeit mehr und mehr zu rechtskonservativen Auffassungen tendieren ließ. Von 1964–1974 arbeitete er für das Deutschland-Archiv. In dieser Zeit gestaltete er gelegentlich auch Rundfunkfeuilletons für öffentlich-rechtliche Sender. Sanders „Geschichte der Schönen Literatur in der DDR“ (1972) löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Alternativen fand er unter anderem bei Caspar von Schrenck-Notzings Zeitschrift Criticón.


1980 erschien aus Sanders Feder ein Buch, mit dem er seinen Rang als exponierten Intellektuellen der Neuen Rechten nachhaltig unterstrich, nämlich „Der nationale Imperativ – Ideengänge und Werkstücke zur Wiederherstellung Deutschlands“. Zu diesem „Imperativ“ gehörte aus seiner Sicht auch die Rückgewinnung der ostdeutschen wie der deutsch-österreichischen Gebiete, soll es zu einer Wiederherstellung des Deutschen Reiches kommen. 1991 stellte Sander in einem Beitrag für die Staatsbriefe („Das Reich als politische Einheit der Deutschen“) ultimativ fest: „Die Deutschen brauchen das Reich. Europa braucht das Reich. Die Welt braucht das Reich … Reich oder Chaos! Tertium non datur.“


Von 1983–1986 war Sander dann als Chefredakteur der Deutschen Monatshefte tätig und von 1986–88 Mitarbeiter bei Nation und Europa. 1988 publizierte er ein Buch, das immer wieder als sein Hauptwerk charakterisiert wird, nämlich „Die Auflösung aller Dinge – Zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne“, das als erstes Buch nach 1945 den „Rubikon“ – wie es Jürgen Habermas einmal formulierte – einer kritischen Neusichtung der „deutsch-jüdischen Frage“ „unter dem Gesichtspunkt der politischen Eschatologie“ überschritt. Sander definierte hier unter anderem den Begriff der „Entortung“ als zentrales Kennzeichen der Auflösungsprozesse der Moderne. Von bleibender Bedeutung sind auch die darin enthaltenen „Thesen zum Dritten Reich“.


1990 erfolgte schließlich die Gründung die Zeitschrift Staatsbriefe, die er elf Jahre, bis 2001, herausgab. Die Staatsbriefe, die sich auch als eine Art Pendant zur Tat von Hans Zehrer begriffen, wollten im Dienste einer „Renaissance des nationalen Denkens“ stehen. Als Emblem diente der Grundriß des Castel del Monte, erbaut in der Zeit jenes Stauferkaisers, der für Sander eine Art Leitfigur der ghibellinischen Reichsidee darstellte: Friedrich II. Dieser verkörpere „den deutschen Reichsgedanken“ „in maximaler Reinheit“. Zu den Mitarbeitern der ersten Stunde zählten unter anderem Armin Mohler, Günter Zehm, Hans-Joachim Arndt, Günter Maschke Robert Hepp und Salcia Landmann. Die Hoffnungen, die Sander mit den Staatsbriefen verknüpfte, ließen sich indes nicht einlösen. Die Staatsbriefe blieben letztlich eine randständige Publikation; zudem verließen etliche renommierte Autoren nach und nach die Zeitschrift.


sander3.jpgSander hat nie einen Hehl daraus gemacht, daß er die Bundesrepublik für nicht reformierbar hielt. Beide deutsche Staaten seien unter Kuratel der Besatzer entstanden, was unter anderem für eine Negativauslese im Hinblick auf die Eliten gesorgt habe. Dennoch sei nichts verloren: Die Deutschen bräuchten „sich nur innerlich aufzuraffen“, so Sander im „Nationalen Imperativ“, „um sich der brüchigen alten Zustände der Innen- und Außenpolitik zu entledigen, wieder auf die überlieferten, immer noch wirkenden Tugenden zu setzen und neue Formen und Ziele zu wagen, die in Richtung auf einen neuen Machtstaat, eine neue Großmacht drängen, die den Nachbarn durchaus zuzumuten wäre, weil durch nichts sonst das schutzbedürftige Europa noch gerettet werden kann.“ Diese Sätze können, in einer Zeit, in der Europa durch die Auswirkungen der „Flüchtlingskrise“ schutzbedürftiger denn je ist, durchaus als Vermächtnis Sanders nicht nur an die Deutschen gelesen werden.
MWH

Literaturempfehlungen

Hans-Dietrich Sander: „Der ghibellinische Kuß“, Band 1/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 208 S., geb., 22 Euro
Hans-Dietrich Sander: Politik und Polis, Band 2/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 271 S., geb., 26 Euro
Sebastian Maaß: „Im Banne der Reichsrenaissance“: Gespräch mit Hans-Dietrich Sander, Regin Verlag, Kiel 2011, 128 S., brosch., 14,95 Euro
Heiko Luge (Hg.): Grenzgänge. Liber amicorum für den nationalen Dissidenten Hans-Dietrich Sander, ARES Verlag, Graz 2008, 352 S., geb. 29,90 Euro

mardi, 10 septembre 2019

Pour saluer la mémoire d’un Argentin exemplaire

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Pour saluer la mémoire d’un Argentin exemplaire

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Amis dEurope Maxima,

Il y a dix ans, le 2 septembre 2009, décédait à l’âge de 75 ans d’une crise cardiaque à Buenos Aires Mohamed Ali Seineldin. Si cette personnalité reste méconnue en Europe hors des cercles hispanophones, il a pourtant été un remarquable activiste nationaliste argentin.

le 12 novembre 1933 à Concepción del Uruguay dans la province d’Entre Ríos, Mohamed Ali Seineldin vient d’une famille druze d’origine libanaise. Ayant grandi sous la décennie péroniste, il s’engage dans l’armée et se convertit au catholicisme de tradition. Seineldin signifiant en arabe « Protecteur de la foi », il rendra toute sa vie un culte particulier à la Vierge Marie tout en conservant ses prénoms musulmans par respect pour ses parents.

Officier commando d’infanterie, il participe à la tentative de reconquête des Malouines occupées par la perfide Albion en 1983. Malgré la défaite, il garde le respect de ses hommes. Hostile aux États-Unis d’Amérique, au sionisme et au mondialisme, il partage des idées assez semblables à celles de l’Étatsunien réfractaire Lyndon LaRouche. Ce proche du théoricien nationaliste-révolutionnaire Norberto Ceresole s’élève vite contre l’épuration des cadres de l’armée entreprise par le gouvernement néo-démocratique de Raul Alfonsin. En 1988, il s’empare de la caserne de Villa Martelli près de Buenos Aires. Attaché militaire au Panama, il assiste à l’invasion et à l’occupation de ce petit pays stratégique par la soldatesque yankee en 1989. La scandaleuse arrestation de Manuel Noriega préfigure celle des présidents résistants Slobodan Milosevic, Saddam Hussein et Radovan Karadzic ainsi que l’assassinat du Guide Libyen Kadhafi. Sous la présidence du traître péroniste et kleptocrate notoire Carlos Menem, le colonel Seineldin fomente en 1990 un second coup d’État qui échoue en raison de la torpeur des troupes et de l’apathie de la population. Mohamed Ali Seineldin devient la principale figure des « carapintadas », ces militaires nationaux-révolutionnaires qui maquillent leur visage de camouflage. Malgré les échecs répétés, les « carapintadas » marqueront durablement le lieutenant-colonel des parachutistes vénézuélien Hugo Chavez.

MAS-livre.jpgArrêté puis jugé, Mohamed Ali Seineldin est condamné à la détention perpétuelle. Il rédige en 1992 dans sa cellule une Synthèse du projet mondialiste « Nouvel Ordre » qui doit être imposé dans les nations ibéro-américaines. Il dénonce dans cette brochure le « Nouvel Ordre mondial » et l’impérialisme cosmopolite étatsunien. Gracié par le président Eduardo Duhalde en 2003, il réintègre le cadre de réserve des forces armées. Ce partisan des aires de développement autocentrées crée d’abord un groupuscule politique, le Mouvement pour l’identité nationale et l’intégration ibéro-américain, avant de rejoindre le Parti populaire de la Reconstruction d’orientation nationaliste catholique fondé en 1996 par l’un de ses anciens lieutenants, Gustavo Breide Obeid. Le colonel Seineldin soutient donc une troisième voie nationale, populaire, sociale et continentale autant opposée à l’ultra-libéralisme bankstériste qu’au collectivisme marxiste. Il n’hésita jamais au cours de sa vie à mettre ses idées au bout de sa peau, quitte à le payer parfois chèrement.

Le colonel Mohamed Ali Seineldin représente aux côtés du « Commandant Zéro », le Nicaraguayen Eden Pastora, et du « Commandante » bolivarien Hugo Chavez, l’exemple même du combattant politique soucieux des intérêts conjoints de sa nation et de l’Amérique romane. Sa vie demeure plus que jamais une source d’inspiration pour tous les révolutionnaires-conservateurs du monde entier.

Bonjour chez vous !

Georges Feltin-Tracol

« Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 137, pour Europe Maxima.

Pour saluer la mémoire d’un Argentin exemplaire

Mohamed_Alí_Seineldín.jpg

Pour saluer la mémoire d’un Argentin exemplaire

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Amis dEurope Maxima,

Il y a dix ans, le 2 septembre 2009, décédait à l’âge de 75 ans d’une crise cardiaque à Buenos Aires Mohamed Ali Seineldin. Si cette personnalité reste méconnue en Europe hors des cercles hispanophones, il a pourtant été un remarquable activiste nationaliste argentin.

le 12 novembre 1933 à Concepción del Uruguay dans la province d’Entre Ríos, Mohamed Ali Seineldin vient d’une famille druze d’origine libanaise. Ayant grandi sous la décennie péroniste, il s’engage dans l’armée et se convertit au catholicisme de tradition. Seineldin signifiant en arabe « Protecteur de la foi », il rendra toute sa vie un culte particulier à la Vierge Marie tout en conservant ses prénoms musulmans par respect pour ses parents.

Officier commando d’infanterie, il participe à la tentative de reconquête des Malouines occupées par la perfide Albion en 1983. Malgré la défaite, il garde le respect de ses hommes. Hostile aux États-Unis d’Amérique, au sionisme et au mondialisme, il partage des idées assez semblables à celles de l’Étatsunien réfractaire Lyndon LaRouche. Ce proche du théoricien nationaliste-révolutionnaire Norberto Ceresole s’élève vite contre l’épuration des cadres de l’armée entreprise par le gouvernement néo-démocratique de Raul Alfonsin. En 1988, il s’empare de la caserne de Villa Martelli près de Buenos Aires. Attaché militaire au Panama, il assiste à l’invasion et à l’occupation de ce petit pays stratégique par la soldatesque yankee en 1989. La scandaleuse arrestation de Manuel Noriega préfigure celle des présidents résistants Slobodan Milosevic, Saddam Hussein et Radovan Karadzic ainsi que l’assassinat du Guide Libyen Kadhafi. Sous la présidence du traître péroniste et kleptocrate notoire Carlos Menem, le colonel Seineldin fomente en 1990 un second coup d’État qui échoue en raison de la torpeur des troupes et de l’apathie de la population. Mohamed Ali Seineldin devient la principale figure des « carapintadas », ces militaires nationaux-révolutionnaires qui maquillent leur visage de camouflage. Malgré les échecs répétés, les « carapintadas » marqueront durablement le lieutenant-colonel des parachutistes vénézuélien Hugo Chavez.

MAS-livre.jpgArrêté puis jugé, Mohamed Ali Seineldin est condamné à la détention perpétuelle. Il rédige en 1992 dans sa cellule une Synthèse du projet mondialiste « Nouvel Ordre » qui doit être imposé dans les nations ibéro-américaines. Il dénonce dans cette brochure le « Nouvel Ordre mondial » et l’impérialisme cosmopolite étatsunien. Gracié par le président Eduardo Duhalde en 2003, il réintègre le cadre de réserve des forces armées. Ce partisan des aires de développement autocentrées crée d’abord un groupuscule politique, le Mouvement pour l’identité nationale et l’intégration ibéro-américain, avant de rejoindre le Parti populaire de la Reconstruction d’orientation nationaliste catholique fondé en 1996 par l’un de ses anciens lieutenants, Gustavo Breide Obeid. Le colonel Seineldin soutient donc une troisième voie nationale, populaire, sociale et continentale autant opposée à l’ultra-libéralisme bankstériste qu’au collectivisme marxiste. Il n’hésita jamais au cours de sa vie à mettre ses idées au bout de sa peau, quitte à le payer parfois chèrement.

Le colonel Mohamed Ali Seineldin représente aux côtés du « Commandant Zéro », le Nicaraguayen Eden Pastora, et du « Commandante » bolivarien Hugo Chavez, l’exemple même du combattant politique soucieux des intérêts conjoints de sa nation et de l’Amérique romane. Sa vie demeure plus que jamais une source d’inspiration pour tous les révolutionnaires-conservateurs du monde entier.

Bonjour chez vous !

Georges Feltin-Tracol

« Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 137, pour Europe Maxima.

jeudi, 15 août 2019

Guillaume Faye: Hommages et vérités

Un recueil d'hommages à Guillaume Faye aux éditions du Lore

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Au sommaire:

Incipit: toute grandeur est dans l'assaut

par Pierre Krebs

L'apport de Guillaume Faye à la "nouvelle droite" et petite histoire de son éviction

par Robert Steuckers

Au revoir Guillaume Faye, après quarante-quatre ans de combat commun !

(version augmentée)

par Robert Steuckers

Guillaume Faye, un éveilleur du XXIème siècle

par Pierre-Emile Blairon

Thème d'une fin: le dieu ETHNOS

par Pierre Krebs

ANNEXES:

Recension du "Système à tuer les peuples" de Guillaume Faye

par Robert Steuckers

La plume-revolver de Guillaume Faye

par Pierre Krebs

Guillaume Faye et la "convergence des catastrophes"

par Robert Steuckers

Un essai italien sur Guillaume Faye

par Stefano Vaj

Faut-il lyncher Guillaume Faye?

par Pierre Maugué

Pour toute commande: https://ladiffusiondulore.fr

 

mardi, 02 juillet 2019

Jean-Claude Albert-Weil

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Jean-Claude Albert-Weil

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Les célèbres flics, Starsky et Hutch, sont en deuil. Le parolier du générique français de leur série télévisée de la fin des années 1970 les a quittés le 7 avril dernier. Né le 31 mai 1933, Jean-Claude Albert-Weil a longtemps travaillé pour les chaînes de télévision française. Il produisit aussi sur ces chaînes des émissions de jazz.

Si cette chronique l’évoque, c’est en tant qu’auteur de L’Altermonde, une formidable trilogie romanesque, hybridation littéraire inouïe de Sade, de Céline, de Swift et de Rabelais. En 1996 paraît aux Éditions du Rocher Sont les Oiseaux… (réintitulé Europa), qui obtiendra dès l’année suivante le Prix du Roman de la Société des Gens de Lettres. La dite-société le regrettera quelques années plus tard avec la parution du deuxième volume, Franchoupia (L’Âge d’Homme, 2000), puis, en 2004, de Siberia aux éditions Panfoulia fondées par Jean-Claude Albert-Weil lui-même afin de contourner le blocus éditorial imposé à son œuvre.

L’Altermonde est une fresque uchronique magistrale. Cédant aux pressions allemandes, Franco permet à la Wehrmacht de traverser l’Espagne et de s’emparer de Gibraltar. L’Allemagne gagne ensuite la Seconde Guerre mondiale et parvient à unifier tout le continent européen. Deux dénazifications après, l’Empire européen est une puissance géopolitique. Il suit les règles de l’existentialisme heideggérien, autorise une très large permissivité sexuelle, applique un malthusianisme implacable et pratique une écologie radicale qu’approuverait tout décroissant sincère.

franchoupiaaw.jpgDes trois volumes de L’Altermonde, le deuxième, Franchoupia, est le moins abouti. Il traite d’une France libre réduite à la Guyane. Il s’agit d’une satire virulente de l’Hexagone sous les présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac. Il faut cependant reconnaître que deux décennies plus tard, l’immonde société franchoupienne s’épanouit sous les différents quinquennats de Sarközy, de Hollande et de Macron !

Cette trilogie uchronique tire son originalité du vocabulaire qui s’ouvre largement aux nombreux néologismes ainsi qu’à sa structure narrative toute droite sortie d’un orchestre de jazz dirigé par Céline ! Cependant, Jean-Claude Albert-Weil avouait dans Réflexions d’un inhumaniste (ses entretiens avec François Bousquet parus en 2007 chez Xenia) qu’il était « aventuré de me réduire à Céline. Ma littérature est constructive, optimiste, avec certaines naïvetés, puisqu’elle croit à la science (p. 32) ». En introduction à ces entretiens, le futur rédacteur en chef du magazine des idées Éléments lui décernait « le Prix Nobel du samizdat (p. 7) » et affirmait que « le créateur du langagevo (langage évolué) bouscule trop joyeusement les stéréotypes et les clichés, et notamment littéraires, pour que la société de spectacle le lui pardonne (p. 10) ».

Jean-Claude Albert-Weil aimait se moquer du politiquement correct. « Je ne suis pas un écrivain reconnu, je ne suis pas un auteur conventionnel, je suis libre de faire ce que je veux. […] Des années durant, j’ai écrit sans publier. […] Est-ce qu’on écrit ce qu’on veut ou est-ce qu’on fait carrière ? J’ai choisi la destinée métaphysique, autant jouer un jeu risqué et autant le jouer avec farouchitude (pp. 34 – 35). » Pour preuve, dans son Altermonde euro-sibérien, le transhumanisme et l’eugénisme assurent aux dirigeants paneuropéens une conception « sur-occidentale » et « archéofuturiste (p. 10) ». « Euro-Sibérie », « archéofuturisme », les thèmes chers à Guillaume Faye sont donc bien présents dans l’œuvre albert-weilienne, ce qui n’est pas anodin. Au début des années 2000, Guillaume Faye et Jean-Claude Albert-Weil s’étaient plusieurs fois rencontrés. Décédés à quelques semaines d’intervalle, les deux hommes partageaient une vision du monde assez semblable.

Esprit libre et réfractaire à tout conformisme ambiant, Jean-Claude Albert-Weil méritait bien de figurer dans le panthéon dionysiaque des grandes figures européennes.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 26, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 18 juin 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

mardi, 14 mai 2019

Soirée d'hommage à Dominique Venner

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mercredi, 01 mai 2019

Pierre Krebs: poème à Guillaume Faye

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Pierre Krebs: poème à Guillaume Faye

À Guillaume

pour la fraternité dans le combat commun, ici bas, et celle à venir dans le temps de l'Ailleurs, selon ce qu'en auront décidé les dieux de l'Olympe et ceux du Walhalla.

30 avril 2019

Il en est de certains hommes

que le destin a promus

au-dessus de tous les autres

comme de l’air du temps

en état de tempête

dans lequel ils auront vécu,

sentinelles élues des dieux 

pour veiller à la survie

de l’esprit et du sang des ancêtres

menacés de disparaître

 

Ils ont roulé

dans les airs déchaînés

de la tempête

et se sont métamorphosés

dans le nouveau souffle de vie

du Vent cosmique

purificateur

 

Ils se sont fondus

dans la froidure des eaux 

de la tempête

et se sont transformés

dans les cristaux de glace de hagal

de la Mémoire cosmique

préservatrice

 

Ils ont foudroyé

le chaudron de la Terre

aux pieds d’Yggdrasil

dans le feu des éclairs

de la tempête

et se sont dissous

dans la volonté de puissance

de la Foudre cosmique

régénératrice

 

Ils ont ébranlé

la voûte du ciel

à la cime d’Yggdrasil

dans les grondements de tonnerre

de la tempête

et se sont transmués 

dans le chant de la terre

du retour à l’Ordre cosmique

clarificateur

 

Les airs et les eaux,

le feu et le tonnerre

ont alors ciselé à leur mémoire

dans les tables de l’Histoire

le bréviaire de leur enseignement

que ni la vieillesse des âges

et ni les aléas du monde

jamais plus ne pourront effacer

dans la conscience réveillée

des peuples de leur sang

 

Car le souffle de leur sapience

traversera immuablement les Murs du Temps

pour transmettre aux autres sentinelles

de génération en génération

dans le cycle ininterrompu

des aurores qui succèdent aux couchants

la sagesse transcendante

des évangiles vitalistes

et surhumanistes du dieu Ethnos

qui enseignent depuis l’origine

des âges et des espèces

à tous les peuples de la terre

le dévoilement de l’esprit et

le réenchantement du monde

à travers les lois incontournables

de la seule éternité

dont nous connaissons le nom :

l’hérédité selon la race.

 

 

 

Un certain Guillaume Faye

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Un certain Guillaume Faye

Stoïque jusqu’au bout, tu as eu pour dernière élégance d’impressionner tes personnels soignants, intrigués par ton agonie sereine, sinon joyeuse. Tu as défié la faucheuse, finissant in extremis ce dernier ouvrage que je n’aimerai probablement pas mais qui te tenait tant à cœur. Car tu es un homme de cœur. Tu es d’ailleurs tout le contraire de ce que l’on a dit de toi, et même tes diabolisateurs n’ont jamais pu te haïr, toi, vent qui tournait dans les moindres recoins du terrain, épousant la diversité du monde pour mieux la préserver, toi, vif-argent fusionnant esprit et matière, toi, feu follet alliant sacré et canulars, toi, fulgurance insensible aux honneurs d’un monde de nains qui se veulent des titans.

Et si tu sentais parfois le soufre, c’était celui de l’alchimie, ce soufre rouge qui sort des habitudes, et qui pro-voque sans cesse de nouvelles coagulations, d’éternels retours.

Tu pouvais fréquenter le meilleur comme le pire, et pourtant rester qui tu étais : un « anthropophile », tout simplement. Oui, tu l’avais dit un jour : le sort de l’humanité dépendra du peigne du cosmos, comme des rayons obliques du grand soleil apollinien, car l’espèce humaine était en voie rapide de déshumanisation, prisonnière de la machine à tuer les peuples de ce libéralisme dont tu te méfiais. Et pendant que les nostalgiques, les « derniers hommes », les bien-pensants, ou les réactionnaires s’épuisaient dans la stérilité des intégrismes gauche-droite, tu créais de nouvelles grilles d’analyse, de nouveaux clivages, de nouvelles racines, qui fructifièrent en une nouvelle synthèse du passé mythologique et du futur technétronique : ce futur antérieur que tu désignais sous le nom d’Archéofuturisme.

Pas étonnant que tu aies brulé la chandelle par les deux bouts. Et tu n’as jamais pu terminer ton « Entrevue avec le diable ». Dommage…

Mais tu as disséqué le premier la « convergence des catastrophes », et révélé également le premier, avant la fin de la guerre froide, l’idée « eurosibérienne », entrevue comme un antidote à ces convergences comme à la déshumanisation du monde. Cela seul rachète tout ce que tu as dit ou écrit d’inutile ou d’insupportable. Car tu t’es fourvoyé, en particulier en compagnie de réductionnistes lunatiques d’outre atlantique, ou encore avec les marchands de croisades, ces piégeurs qui veulent mettre l’Europe à feu et à sang afin de réaliser des objectifs géopolitiques opaques, très loin des vœux d’Aristote, et qui visent ultimement la fin de l’Eurasie.  Or ton « Eurosibérie » fait maintenant des adeptes, à un moment où l’on se demande si les États-Unis qui ont su hypnotiser l’Europe dès 1917, n’auront pas finalement implosé dans une génération, à l’instar de feu l’URSS, née elle-même en 1917, et pour les mêmes raisons.

En fait tu étais simplement un homme, fort et faible à la fois, humain, trop humain, charismatique, formé par des jésuites fascinés par l’ère gréco-latine, en perpétuelle recherche depuis tes premières lectures de Nietzsche. Homme aux pieds ancrés dans la terre, la pensée hissée aux étoiles, oscillant entre romantisme, nihilisme, mythologisme. Tu disais qu’on ne peut avoir d’amis « qu’avec ceux avec qui on fait des choses ». Tu en as beaucoup, Guillaume, en ce mois martial. Mieux encore, tu as donné la vie, ta plus belle œuvre…

Alors salue bien tout le monde, et tâche quand même de ne pas trop semer le bordel aux champs  Élysées! Fais-leur plutôt des imitations. Adichatz, provocateur.

 

lundi, 29 avril 2019

Que retenir de l’œuvre de Guillaume Faye?

L’essayiste Guillaume Faye est décédé le 6 mars dernier, la semaine même où son dernier essai en date, La Guerre civile raciale était officiellement lancé. Auteur prolifique, Faye s’était d’abord fait connaître dans les années soixante-dix-quatre-vingts pour son engagement au GRECE, fer de lance de la Nouvelle droite incarnée par Alain de Benoist.

gf-colooriginal.jpgAprès une quinzaine d’années de recul, Faye refit surface à la fin des années quatre-vingt-dix, alors que le mouvement identitaire, ou du moins ses idées, prenait une nouvelle orientation, se définissant de moins en moins comme « national-révolutionnaire » et davantage comme « identitaire ». La transition d’Unité radicale (UR) en Bloc identitaire, bien que causée par la dissolution d’UR illustre à merveille ce changement qui fut loin d’être superficiel.

Un des acteurs clefs de cette métamorphose fut sans conteste Guillaume Faye qui avec des essais et articles chocs remit de l’avant l’ethnicité au centre du combat. Refusant toute œillère, toute limite au débat, il prit le taureau par les cornes et appela un « chat » un « chat », alors que tant d’auteurs tournaient autour du pot pour éviter la diabolisation et l’ostracisme. Oui, le système était corrompu, américanisé, atomisé, mais le danger numéro un était la submersion migratoire, qui « s’accomplit autant par les maternités que par les frontières ouvertes ».

Avant que Renaud Camus n’invente le terme Grand remplacement, Faye avait déjà bien théorisé le phénomène. Avant que Merkel, Sarkozy et Blair n’admettent l’échec du multiculturalisme, Faye l’avait bel et bien énoncé.

Les troubles ethniques, la délinquance et l’émergence d’un Islam radical étaient en fait les prémices d’affrontements ethniques à venir. Bien avant les émeutes de 2005, il envisageait la recrudescence de ces actes, conséquences d’une assimilation impossible, car « une République, un Empire, un Royaume ne peuvent fédérer des peuples que si ces derniers sont ethniquement apparentés ».

gf-coloGB.jpgAux discours et à la vision métapolitique véhiculée par ses compatriotes, Faye opposait la dure réalité. Les conflits ethniques et la submersion migratoire n’auraient rien à voir avec les débats académiques opposant les tenants de la Révolution conservatrice contre les adeptes d’un socialisme européen. Cet intellectualisme minant le camp national était pour lui une tare. Les grands mots ne changeraient rien quand la situation dégénérerait.

Tout partait d’abord et avant tout du fait ethnique, de la survie des peuples européens qui est menacée sur leurs territoires ancestraux, leurs derniers retranchements. Le reste n’était que discussion stérile sur le sexe des anges.

Maintenant que l’on sait que dans les prochaines décennies les peuples européens seront minoritaires dans leurs propres pays, les prédictions de Faye ne tiennent plus des prophéties hypothétiques, mais bien d’une simple constatation.

Pourtant, il nous lançait un appel dans La colonisation de l’Europe, nous enjoignant de ne pas baisser les bras et de choisir l’action, la préparation des jours à venir : « Mais ne soyons pas excessivement pessimistes : la mémoire, l’identité et la volonté d’un peuple peuvent retrouver parfois des rejaillissements inattendus si une minorité rebelle maintient la flamme et procède, les temps venus, à un nouvel embrasement. »

Voilà ce qui à mon sens doit être retenu de l’œuvre de Faye, une œuvre brûlante par sa passion et par l’urgence qu’elle transmet.

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye, éditions de L’Æncre, collection « Politiquement incorrect », dirigée par Philippe Randa, 266 pages, 31 euros. Pour commander ce live, cliquez ici.

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye (Éd. L'Æncre).

L’Archéofuturisme de Guillaume Faye (Éd. L’Æncre).

samedi, 27 avril 2019

Guillaume Faye, un éveilleur : sa vie, son œuvre

Une conférence de Pierre-Emile Blairon

Ex: https://liguedumidi.com

Bonsoir, mes amis,

Merci de votre présence, merci à Richard Roudier de m’avoir invité pour évoquer le souvenir de l’un de nos plus chers amis disparus dans la nuit du 6 au 7 mars 2019 : Guillaume Faye ; c’est le 13 mars, dans un petit cimetière du Poitou, un jour pluvieux et triste, parmi des gens que je n’avais pas revu depuis des années, que je me suis posé la question :

Qu’est-ce qu’un ami ?

c’est quelqu’un à qui on ne demande rien, qui ne demande rien, dont on n’a pas besoin, qui n’a pas besoin de vous, que vous pouvez voir tous les jours ou tous les trois ans, mais qui est toujours là en permanence et dont on sait qu’il a une vie parallèle à la vôtre, qu’il a les mêmes réactions que vous sur tel sujet alors qu’il est à l’autre bout de la planète, c’est votre double, pas besoin de regarder sa photo, il suffit de se regarder dans une glace. Vous me direz, à quoi ça sert alors, un ami  ? ça sert à savoir que vous n’êtes pas seul au monde même quand ce que vous aimez le plus au monde, c’est votre solitude ; mais, dans notre milieu, un ami, c’est encore plus que ça ; parce que nous ne participons pas du monde tel qu’il est, parce que nous le rejetons et qu’il nous le rend bien ; parce que nous sommes une toute petite minorité de gens lucides et conscients ; l’amitié, dans le monde que nous vivons, c’est une fraternité d’êtres différenciés, comme disait Evola, les hommes qui restent debout parmi les ruines et, parce qu’ils sont lucides et conscients, souffrent plus que les autres de voir leur pays, l’une des cultures qui a apporté le plus au monde rabaissée au rang d’une république bananière, de voir un patrimoine européen vieux de plusieurs milliers d’années abandonné par ceux qui sont en charge de le préserver, voir le sol de leurs ancêtres souillé par des hordes de populations non-européennes qui ne respectent pas la terre qui les accueille.

Les Occidentalistes

Je suis de la génération de Richard ; pour situer, j’avais 20 ans en 68 ; nous avons commencé à militer à la fin des années 60 ; pour la plupart d’entre nous, nous n’avions pas des idées bien formées ; nos références dataient de l’après-guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie, nous étions nationalistes ou régionalistes, par atavisme et par intuition, mais nous n’avions pas de solide formation politique ou doctrinale, encore moins spirituelle, nous étions alors ce qu’on appelle des activistes, des militants de terrain. Nous avions surtout des modèles, des héros de l’histoire récente comme le capitaine Sergent, capitaine de la Légion, l’un des responsables de l’OAS, qui avait fondé le MJR, Mouvement Jeune Révolution où j’ai milité, après Occident et avant Ordre nouveau.

Nous étions alors des « occidentalistes », comme le nom même du premier mouvement militant auquel j’ai appartenu l’exprime, Occident, c’est-à-dire : la nation + l’Europe + l’Amérique, voire, pour certains, + Israël.

C’est lorsque j’ai appris, notamment grâce à Guillaume, à séparer l’Europe de l’Occident que je suis devenu un Européen régionaliste. Nous étions anti-marxistes, anti-gaullistes, anti-immigration, en fait plutôt anti tout que pro quelque chose, nous étions bien jeunes, bien ignorants et bien rebelles, mais nous avions déjà repéré quelques dysfonctionnements de l’époque et je me souviens de l’un des slogans d’Ordre nouveau : 3 millions d’immigrés = 3 millions de chômeurs, ce même slogan qu’on pourrait reprendre, en le multipliant par 5 : 15 millions d’immigrés=15 millions de chômeurs, ça doit d’ailleurs correspondre aux véritables chiffres qu’on nous cache.

Ceux qui militaient à l’époque dans ces groupes « natios » étaient au moins aussi contestataires de la société bourgeoise que leurs ennemis gauchistes de l’époque, les petit-bourgeois, fils de grands bourgeois, qui ont lancé la rébellion de mai 1968 ; la plupart des leaders de mai 68 sont maintenant aux postes-clés de cette société capitaliste et uniformiste qu’ils dénonçaient. Il faut dire que, de notre côté, très peu ont conservé les convictions de leur jeunesse ; la grande majorité de ceux qui militaient avec nous est rentrée dans le rang et s’est fondue dans la masse ; seule, une petite élite a continué le combat militant, les éveilleurs sont issus de cette petite élite.

C’est à cette même époque, vers 1968, qu’est apparu un groupe qui s’est appelé d’abord Europe Action, fondé par Dominique Venner, groupe issu, lui aussi, en partie de l’aventure algérienne, quand je dis « aventure », c’est au sens noble, je devrais dire plutôt épopée ; c’est avec eux et grâce à eux que, pour la plupart d’entre nous, nous avons alors reçu nos premières et solides formations politiques et métapolitiques ; et, à mon avis, ce qui est le plus important, c’est grâce à ce groupe que nous avons été confrontés à notre véritable identité, notre passé préchrétien de Gaulois, nous avons rencontré nos racines ; la base était alors construite, il ne restait plus qu’à construire la maison. Ce qui sera fait essentiellement par celui dont aujourd’hui nous célébrons la mémoire, Guillaume Faye.

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L’émergence d’un diable de sa boîte

C’est des rangs de ce groupe Europe-Action, lui-même en partie issu de la FEN, Fédération des étudiants nationalistes, qui s’est bientôt appelé GRECE, Groupe de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Européenne, puis « pour la Culture Européenne », qu’a émergé, je dirais plutôt surgi, tel un diable de sa boîte, un jeune homme fringant, bien mis, découvert par Venner, et qui a renversé les tables, toutes les tables, même celles de la Loi, avec sa fougue et son talent ; il se trouve que j’avais fait mes études à Aix, et que j’y suis resté pour y vivre, et le lieu de rencontre estivale du groupe était une grande maison, la Domus, près d’Aix-en-Provence. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois celui qui allait devenir le brillant porte-parole de ce qu’on appellera plus tard la « Nouvelle droite » et son inventif théoricien. Je me souviens que, déjà, à l’époque, il n’était pas seulement un intellectuel ; il avait aussi le don du théâtre et de la farce et il nous enchantait avec des saynètes qu’il improvisait pour nous faire rire.

Mais plus de 40 ans après, l’Histoire émet son verdict : Guillaume Faye était bien plus que ça.

Guillaume Faye, un éveilleur

Guillaume Faye était un éveilleur. Les éveilleurs sont des hommes qui viennent de cet autre monde parallèle au nôtre, un monde immanent, immuable, permanent, pour accomplir une mission. Ces hommes-là n’ont pas d’autre préoccupation que de transmettre leur savoir et leur énergie ; leur vie entière est consacrée à cette transmission. Les éveilleurs apparaissent à des périodes critiques de l’Histoire, lorsque tout est chamboulé, que toutes les valeurs sont inversées, que la situation semble désespérée ; ils font passer leur mission avant leur propre personne, leur intérêt personnel, leur confort ; leur règle d’or est celle-ci : fais ce que tu dois, sans préjuger de la réussite. La famille des La Rochefoucault en avait fait sa devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».

J’ai eu la chance de connaître les principaux éveilleurs français contemporains, certains qui furent mes amis et qui le sont toujours, je pourrais citer, outre Guillaume, Marc Augier, que j’ai rencontré quelques temps avant sa mort à Lyon, Jean Mabire, Robert Dun, de son nom véritable Maurice Martin, Pierre Vial que je rencontre régulièrement, tout comme Paul-Georges Sansonetti ; et vous avez la chance dans votre région d’avoir toute une famille d’éveilleurs, ce qui n’est pas banal, les Roudier ! Au moins deux générations de Roudier, de guerriers qui se battent comme des lions pour notre cause.

Guillaume Faye possédait toutes les caractéristiques de l’éveilleur, comme tous ceux que je viens de citer.Un éveilleur est d’abord un transmetteur, il peut être un exemple, un modèle, voire un maître, mais ce n’est pas un gourou.

Ce n’est pas un intellectuel non plus, tel qu’on l’entend de nos jours, un éveilleur n’est pas là pour perdre son temps à des discussions sans fin sur le sexe des anges ; un éveilleur est un réaliste, même s’il peut apparaître comme mystique. Il a une mission qu’il connaît et qu’il doit accomplir, il est sur cette terre dans cet unique but. Tout le reste n’est que contingence accessoire. Quand il parle ou quand il écrit, il n’emploie pas des mots que personne ne comprend, comme ces pseudo-intellectuels qui ont besoin de pratiquer un quelconque jargon pour faire croire qu’ils sont intelligents, ou pour bien faire comprendre au petit peuple qu’ils font partie d’un cénacle fermé, c’est ridicule et pathétique ; l’éveilleur n’a pas besoin de ces artifices. Il ne cherche pas à se distinguer par la recherche de la nouveauté à tout prix, de toutes façons, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

gfsysteme.jpgCe n’est pas un philosophe, autoproclamé ou pas, même s’il est amoureux de la sagesse, comme l’indique le mot lui-même, mais ce mot a subi tellement d’avatars qu’il ne veut plus dire ce qu’il exprime.

Un éveilleur n’est pas un « rebelle » : les rebelles sont toujours des pseudo-rebelles, pas plus rebelles que leurs mèches qu’ils rejettent en arrière avec affectation, rebelles de salons… de coiffure, velléitaires qui se donnent des frissons à bon compte mais qui tiennent avant tout à leur confort matériel et à leur image de marque. Un éveilleur n’est pas un rebelle, c’est un révolutionnaire.

Un éveilleur est un homme simple, modeste, il n’a pas besoin de se mettre en avant ; seuls, les personnes qui se sentent en situation d’infériorité ont besoin de se hausser du col. Il est complètement dépourvu de vanité, il ne souffre pas de narcissisme ni d’ego surdimensionné, car cet état est une véritable maladie, une pathologie bien définie par la science médicale dont sont atteints la quasi-totalité des individus appartenant aux classes dirigeantes. Quand je parle de classes dirigeantes, je ne pense pas seulement aux politiques, mais aussi aux médias, aux syndicats, aux magistrats, aux banksters, aux ONG, aux publicitaires, aux associations, aux multinationales, aux saltimbanques, etc.

Un éveilleur peut s’exprimer de différentes façons, selon son caractère ou les dons que les divinités ont mis à sa disposition pour transmettre le message qu’elles lui ont confié. Guillaume était, entre autres, un éveilleur provocateur.

Guillaume le provocateur

Guillaume Faye a été traité de provocateur, notamment par Martial Bild, lors de sa dernière intervention télévisée, dans un entretien accordé à TV Libertés. Ce à quoi Guillaume a répondu : « mais je suis là pour provoquer ; provocation, c’est un mot qui vient du latin provocare : inciter les autres à vous répondre, à réfléchir. » En quelque sorte, l’éveilleur Faye voulait vérifier sur-le-champ le résultat de son travail, un éveilleur, comme son nom l’indique consiste à réveiller les hommes endormis, à balancer un grand seau d’eau sur la tête de celui qui dort. C’est aussi celui qui empêche un homme perdu dans un désert de glace en haute montagne, par exemple, de s’endormir, celui qui s’endort dans un tel contexte est un homme mort. Et nous sommes dans ce contexte. A l’heure actuelle.

Je me souviens d’avoir été expulsé d’un restaurant en compagnie de Guillaume parce qu’il émettait haut et fort des considérations qui n’étaient pas du tout politiquement correctes et les gens de la table à côté, après avoir essayé de le faire taire, ce qui l’a mis encore plus en forme, ont demandé au tenancier du bistrot de nous faire sortir sous peine d’appeler la police, forts de leur bon droit, du sentiment qu’ils avaient d’être dans la bien-pensance universelle. Ce qui s’est passé, parce que le bistrotier ne voulait pas de scandale, parce qu’il nous a demandé gentiment de déguerpir, ce que nous avons accepté, tout aussi gentiment. A ma connaissance, Guillaume ne s’est jamais fait casser la figure, ce qui aurait pu lui arriver plusieurs fois mais je me suis aperçu – parce que, à son exemple, je continue encore à pratiquer ce type de provocation avec d’autres amis – je me suis aperçu que les gens sont trop timorés pour oser répliquer, ils se demandent qui sont ces vieux fous avec ces drôles d’idées, et puis parce qu’ils n’ont pas d’arguments. La propagande antiraciste a fait des ravages sur les Français. Ils sont atones, muets, décérébrés, ahuris.

C’est l’un de mes désaccords avec Guillaume : la thèse d’un sursaut révolutionnaire global des Français qu’il soutient dans son dernier livre, La Guerre civile raciale ; je crois, moi, que les Français sont trop anesthésiés pour se révolter ; la révolte des Gilets jaunes n’aborde jamais, ou très peu, le problème crucial de l’immigration parce que c’est un sujet tabou. Il y a eu juste quelques manifestations contre le Pacte de Marrakech pendant une courte période. Je crois plutôt que le réveil, si réveil il y a, se fera grâce à une minorité d’hommes différenciés, lucides et combatifs, qui combattront sans états d’âme. Mais, bien sûr, je peux me tromper et il peut avoir eu raison. L’avenir très proche nous le dira, nous n’allons pas attendre bien longtemps pour le vérifier. Sans sursaut révolutionnaire, nous allons disparaître physiquement, sauf à nous enfuir vers un pays de l’Est.

Un talent aux multiples facettes

Le génie de Guillaume Faye s’est exprimé de différentes façons et à diverses époques. Mais la structure de sa pensée est homogène ; quoiqu’on en ait pensé, il ne s’est jamais contredit.

On pourra remarquer, à travers les choix stratégiques qu’il a faits tout au long de sa vie et qu’il a martelés dans son œuvre, une évolution qui s’est faite du haut vers le bas, du concept idéologique vers la réalité du terrain. Guillaume Faye était un militant de terrain : toute son œuvre ne vise, finalement, qu’à suggérer les solutions d’urgence et à définir les modalités nécessaires à leur application réaliste et efficace. Guillaume se réclamait d’Aristote, ce philosophe pour lequel tout devait être démontré.

Guillaume s’est investi dans de nombreuses activités très différentes où il a excellé dans chacune d’entre elles.

C’était d’abord un orateur brillant et passionné, son discours souvent improvisé était marqué par des fulgurance géniales qu’il découvrait en même temps que le public et dont il s’émerveillait lui-même ; la plupart des conférenciers ont besoin de suivre une trame, comme moi qui suis incapable de parler sans notes, à moins d’oublier la moitié de ce que je m’étais promis de dire ; un bout de papier suffisait à Guillaume, et encore faut-il rappeler que je ne l’ai pas vu démarrer une conférence sans une bonne dose de son carburant préféré, bière ou vin.

Skyman-Faye-min.jpgPendant une période qui a quand même duré dix ans, de 1987 à 1997, Il a été un animateur de radio reconnu sous le nom de Skyman, et aussi de télévision sur France 2 où il imaginait des canulars dans l’émission Télématin. Il a aussi, pendant cette même période, collaboré à des revues de bandes dessinées comme L’Echo des savanes, en compagnie d’auteurs plus ou moins déjantés généralement situés à l’extrême-gauche.

Il reprendra ses activités militantes de conférencier, de journaliste et d’auteur en 1997, quand il réintégrera le GRECE, après en avoir été séparé pendant dix ans. En ce qui concerne son activité littéraire, outre ses très nombreux articles dans diverses revues de la mouvance, il a écrit 28 livres en trois périodes, la première de 1981 à 1987, la deuxième hors circuit métapolitique de 1987 à 1997 et la troisième de 1998 à sa mort ; il sera une nouvelle fois exclu du GRECE en 2000. A cause de la parution de son livre La Colonisation de l’Europe qui aurait été jugé trop politiquement incorrect pour la direction du GRECE.

Il y a une logique chrono-logique dans le déroulement de sa production littéraire : la première période correspond à l’élaboration d’un corpus doctrinal avec son premier livre : Le Système à tuer les peuples paru en 1981 et avec un livret très intéressant qui s’appelle L’Occident comme déclin paru en 1984.

La deuxième période présente pour nous moins d’intérêt, sauf pour les passionnés de BD.

La troisième période va voir arriver un char d’assaut avec L’Archéofuturisme et les premiers pamphlets contre l’islam, comme La Colonisation de l’Europe, paru en 2000, pamphlets qui vont devenir, dans son dernier livre, La Guerre civile raciale, un réquisitoire contre l’invasion de l’Europe par les masses musulmanes du Maghreb et de l’Afrique noire sub-saharienne.

L_Archeofuturisme.gifLa pensée de Guillaume suivait très exactement l’évolution de la situation et il réagissait comme un général sur un champ de bataille, un général qui maîtrise l’ensemble des paramètres minute après minute et qui prend des décisions que la plupart de ses subordonnés ne comprennent pas. Ses lecteurs et ses amis ont souvent été désarçonnés par ce qu’ils croyaient être des revirements ; il n’en était rien ; Guillaume Faye se portait à l’assaut exactement là où les défenses faiblissaient et là où elles avaient besoin de renfort. Petit à petit, il a pointé très exactement – comme une « frappe chirurgicale » – le danger le plus important, écartant tous les autres et préconisant des alliances momentanées, avec Israël d’abord, ce qui n’a pas plu à tout le monde ; le danger auquel on devait prêter toute notre attention et tous nos efforts étant le Grand remplacement des populations européennes par des populations africaines manipulées et rassemblées par la religion musulmane. Dans son dernier livre paru post mortem, Guillaume ne fait plus la distinction entre islam et islamisme, il emploie donc le terme générique de « musulman ». J’ai acheté ce dernier livre à Daniel Conversano, son dernier éditeur, qui l’a tiré du coffre de sa voiture, dans l’enceinte même du cimetière où a été inhumé Guillaume. C’était encore une façon de lui rendre hommage.

Les grands thèmes de l’œuvre de Guillaume Faye

On peut dégager de l’œuvre de Guillaume Faye quelques grands thèmes qu’il a portés en lui tout au long de sa vie et qu’il a répété dans presque chacun de ses livres et de ses interventions ; c’est une constante qu’on trouvera chez tous les artistes et tous les auteurs qui ont un message à transmettre ; ils vont le marteler pour que ça rentre bien dans la tête, dans les yeux, dans les oreilles. Nous avons fait nôtres la plupart de ces thèmes qui constituent l’essentiel de nos combats et de nos conversations.

La lutte contre l’uniformisation et le mondialisme :

Dans les années 70, c’était surtout les Etats-Unis qui nous imposaient leurs diktats marchands et leur société du tout-à-jeter ; le règne de la quantité s’est étendu à l’ensemble de la planète.

Le clivage gauche-droite qui subsistait encore à la fin du siècle dernier n’est plus de mise ; nous avons pris conscience que la lutte se situait entre deux pôles extrêmes : les mondialistes contre les identitaires, l’uniformisation du monde contre la préservation des terroirs, la nature contre l’artificiel, le localisme contre la zonification des espaces.

gfndne.jpgL’Europe

Pour Guillaume Faye, l’Europe ne représente pas seulement la puissance qui a façonné le monde par sa créativité et son génie technique. Elle est aussi, dans la diversité de ses peuples, le dernier drapeau du monde blanc. La première chose à faire et qui fut faite essentiellement par Guillaume était de bien distinguer le monde occidental, qui allait devenir celui de Big Brother qui nous prépare un gouvernement mondial, du monde de la Tradition plurimillénaire, celui des racines sans lesquelles rien ne peut croître. L’Europe, non pas celle de Bruxelles, qui n’est qu’un relais de ce mondialisme, mais la véritable Europe du sang et du sol, celle du monde blanc qui se dresse contre le monde gris des mondialistes, des marchands et des esclaves.

L’ethnomasochisme

Ce terme a été inventé par Guillaume et il est passé dans le langage, je ne dirai pas courant, mais averti, le langage de ceux qui tiennent à bien définir les comportements ; les Européens ont été soumis à une propagande intensive qui a consisté à leur enlever tout sentiment de fierté de leur propre histoire, de leur culture, de leur patrimoine, de la beauté de leurs peuples, de la beauté de leurs créations, de la beauté de leurs femmes, de la beauté de leurs paysages, de la beauté tout court. Ils se sont laissés prendre à ce piège morbide qui ne vise qu’à les faire disparaître, étape par étape, les privant de toutes leurs raisons de vivre et les acculant au suicide comme c’est le cas pour nos paysans.

La convergence des catastrophes

Guillaume Faye, à la suite du mathématicien français René Thom, établit la menace d’une convergence des catastrophes, catastrophe démographique, catastrophe épidémique, catastrophe naturelle, guerres, famines, catastrophes écologiques, suicide des peuples, etc.

gfccat.jpgLa convergence des catastrophes a des racines plus anciennes si l’on se reporte à un temps plus long, dans l’histoire sacrée des dieux plutôt que dans l’histoire récente des hommes, l’histoire profane. Toutes les anciennes traditions qui fonctionnent selon le système cyclique ont évoqué ce type de catastrophes ultimes dans le passé ; il suffit de lire Eliade, Daniélou, Evola ou Guénon pour s’en convaincre. La convergence des catastrophes, pour nos anciens, se manifeste par une conjonction de cycles astrologiques, les petits s’emboîtant dans les grands et qui, à un moment, se rejoignent tous pour arriver à leur fin pour ensuite repartir de plus belle, tout comme les aiguilles d’une montre se rejoignent sur le 6 (le 666) pour remonter ensuite toutes ensemble à des vitesses différentes. Guillaume m’avait d’ailleurs fait la surprise – je ne sais pas si c’est pour me faire plaisir – de citer un de mes articles sur le sujet dans sa Convergence des catastrophes, qu’il avait signée Corvus, mais je doute qu’il ait été vraiment convaincu par les références appuyées aux anciennes traditions de ce texte. Il s’agissait d’un article de la revue Roquefavour que j’éditais à l’époque, article datant de 2004, que j’ai repris ensuite dans mon livre La Roue et le sablier.

L’archéofuturisme

Pour Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, selon ce qu’il en dit en dernière de couverture de ce livre paru en 1998, est « un livre où il est exposé que nos racines ont de l’avenir si nous savons les métamorphoser et les projeter dans le futur. » On retrouve là une image intellectuellement élaborée d’un processus naturel : tout simplement le destin d’un arbre qui a besoin de ses racines pour croître et embellir avec ses feuilles et ses fleurs, ou une référence à la première invention humaine : le concept de la roue, un monde en mouvement qui tourne autour d’un moyeu immobile, gardien des valeurs éternelles. Politiquement, on peut rapprocher le concept d’archéofuturisme de celui de conservateur-révolutionnaire, qui paraît antinomique mais qui est la condition même de la vie humaine.

A signaler que Julius Evola s’était investi en tant que peintre futuriste dans ce mouvement éponyme créé par le peintre italien Marinetti.

tech.jpgLa technoscience

Guillaume prônait les vertus de la technoscience. Il est vrai que l’Europe a donné au monde la technique, sorte de prothèse artificielle visant à remplacer les attributs que les hommes ne possèdent pas (ou ne possèdent plus) naturellement. Cette frénésie technologique a envahi toutes nos sphères de vie, du plus petit électroménager jusqu’aux fusées Ariane dans des conditions qui n’ont pas toujours été guidées par le sens de la mesure qu’affectionnait Guillaume en tant que disciple de Socrate, et cette dernière affirmation est vraie, même si elle peut faire sourire à son propos. Guillaume avait élaboré une sorte de philosophie pré-transhumaniste romantique exaltant ce génie technique européen mais, ce faisant, il gommait le danger véritable du schéma transhumaniste visant à transformer l’Homme en une sorte de robot obéissant à quelques savants fous financés par quelques milliardaires tout aussi dérangés qui dirigent la planète. Tout comme il s’était fait le chantre des valeurs surhumanistes et prométhéistes qui nous ont conduits à la froide technocratie de nos élites et au gigantisme sans âme de nos villes.

L’islam

Guillaume avait donc bien désigné l’Islam, tout au long de son œuvre, comme l’ennemi prioritaire, dont il faut se débarrasser de toute urgence ; l’islam qui n’est pas seulement une religion, mais tout un système totalitaire qui règle chaque geste des croyants et qui est investi d’une mission prosélyte et de soumission de la terre entière à ses vues, ce qui définit l’islam comme une secte dangereuse.

Sa vie

Il me reste à évoquer la vie de Guillaume qui n’a pas été un long fleuve tranquille.

J’ai écrit dans un article après sa mort : « C’était un météore, brûlant sa vie de mille feux. Un météore est un corps céleste qui ne touche jamais terre et qui disparaît en se consumant. »

Issu de la grande bourgeoisie, il en rejettera très vite les « idéaux conformistes et matérialistes » comme il le disait lui-même. Dès lors, sa vie sera continuellement en butte aux jalousies et injonctions de rentrer dans le rang ; « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux », chantait Georges Brassens. Il faut dire que Guillaume Faye n’a rien épargné aux bourgeois et aux censeurs, lesquels n’ont pas manqué de le lui rendre.

Il était diplômé de Sciences-Po et s’était engagé très vite dans la métapolitique puisqu’il n’avait que 21 ans lorsque Dominique Venner l’a appelé au sein du GRECE en 1970 ; ce qui fait qu’il n’a jamais eu la possibilité d’envisager une vie rangée dépourvue de soucis matériels que sa vive intelligence et sa culture auraient tôt fait de porter à de hautes fonctions. Mais l’a-t-il voulue, cette vie paisible ?

La seule fois où il aurait pu composer avec le Système, c’est lorsque sa brouille d’avec le GRECE en 1986 conduisit à la séparation et qu’il vécut sa parenthèse showbizz ; il n’a jamais voulu passer sous les fourches caudines de ce monde qu’il exécrait et, lorsqu’il l’a fait à cette occasion, il l’a fait de manière parodique, pour s’en moquer et se moquer de tous ceux qui participaient à sa pérennité.

D’après le long article que Robert Steuckers vient de faire paraître sur Guillaume, ceux qui l’ont appelé à s’investir corps et âme au sein du GRECE l’auraient gratifié d’un SMIC qui ne lui aurait jamais permis de s’autoriser quelque fantaisie que ce soit et je rajoute que ce n’est pas la vente de ses livres qui lui permettait de vivre décemment.

Un statut qu’il acceptait néanmoins car il lui permettait de développer en partie ses idées et d’accomplir sa mission.

Très vite, en effet, notre mouvance s’est aperçue du génie de Guillaume, de cette capacité de réinventer le monde à chaque instant, de s’adapter à ses aléas et de s’insérer harmonieusement à son mouvement perpétuel, ce qui constitue l’un des grands caractères de la culture celte dont Jean Markale avait si bien perçu les contours. Guillaume Faye était né à Angoulême, en pays charentais, pays des celtes Santons et Pétrocores, le 7 novembre 1949.

Guillaume-Faye-pour-le-cercle-georges-sorel-proche-dER-18-mai-2012-Paris-min.jpgSelon Pierre Vial et Robert Steuckers, les deux ruptures successives d’avec le GRECE l’ont traumatisé -.il n’a jamais abordé le sujet avec moi, par pudeur ? – son caractère impulsif peut l’avoir amené à blesser certaines personnes dans la fougue de ses réactions, mais il en prenait conscience et il le regrettait rapidement. Il est devenu alors un garçon fragile et vulnérable qu’on aurait dû protéger et non pas accabler.

Pierre Vial écrivait à son sujet : « Quand le divorce avec certains hiérarques de la Nouvelle Droite est devenu inévitable, il a été touché au plus profond de son être et nous avons été peu nombreux à nous en rendre compte. Il y avait en lui des blessures qui ne se sont jamais refermées. Les dérives dans lesquelles il s’est noyé, ensuite, ont largement là leur explication, j’en suis persuadé. »

Et Steuckers rajoutait : « Vial, en quelques phrases parfaitement ciselées, a bien mis le doigt sur le tréfonds de la problématique psychologique qui fut celle de la personne Faye, sur cette tristesse indicible et immense, inguérissable, qui l’avait transformé lentement et fait, du garçon généreux, joyeux et curieux qu’il était, un homme qui a basculé dans la farce pendant dix ans mais a voulu en sortir, un homme vieilli avant l’âge, miné par un mal sournois. »

C’est encore Robert Steuckers qui me donnera le mot de la fin lorsqu’il faisait remarquer que Guillaume était enterré dans le cimetière du vieux village sur la commune duquel s’est installé le site du Futuroscope. Archéo et futurisme. Tout un symbole !

Guillaume restera pour ses amis le bienveillant et jovial compagnon dont ils auront essayé de préserver, tant bien que mal, la fragile mais flamboyante destinée.

Pierre-Emile Blairon

Pierre-Émile-Blairon.jpgPierre-Émile Blairon réside près d’Aix-en-Provence.
Il partage ses activités littéraires entre deux passions :
– La Provence – il anime la revue Grande Provence, il a écrit deux biographies sur deux grands provençaux : Jean Giono et Nostradamus et Le Guide secret d’Aix-en-Provence.
– Les spiritualités traditionnelles – Il anime la revue Hyperborée qui se consacre à l’histoire spirituelle du monde et à son devenir. La Roue et le sablier résume la vue-du-monde de l’auteur et des collaborateurs de la revue.

vendredi, 05 avril 2019

N'oublions jamais GUILLAUME FAYE !

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N'oublions jamais GUILLAUME FAYE !

Salut les amis ! Je sais que vous m'attendiez mais je reviens pour une mauvaise nouvelle. Guillaume Faye, intellectuel identitaire est décédé. C'était l'un de mes mentors et aussi un ami. Je ne vous demande pas de liker cette vidéo, ni de commenter, ni de la partager. Mon but n'est pas de surfer sur la mort de Guillaume mais, au contraire, c'est ma manière de lui rendre hommage. Tu resteras à jamais dans mon coeur mon ami Guillaume. C'est en te lisant que nous nous rappellerons à quel point tu avais de l'avance sur ton temps, à quel point tu as été une Cassandre pour les générations à venir. Repose en paix Guillaume Faye !
 
L'hommage de VV en fin de vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=BTPMn...
 
Pour se procurer les livres de Guillaume Faye : https://www.amazon.fr/Livres-Guillaum...
 
Pour se procurer son dernier livre "Guerre Civile Raciale" : https://guillaume-faye.fr/
 

dimanche, 31 mars 2019

Guillaume Faye (1949-2019)

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Guillaume Faye (1949-2019)

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Frappé par une longue et cruelle maladie, Guillaume Faye est mort dans la nuit du 6 au 7 mars 2019. Il venait juste d’achever Guerre civile raciale, son testament politique. Cet incontestable agitateur des idées de la fin des années 1970 jusqu’à sa disparition interrompit toute action métapolitique entre 1987 et 1998. Il travailla alors au magazine satirique L’Écho des Savanes et réalisa en tant que Skyman « le vengeur masqué » des canulars téléphoniques à la radio.

Avec son retour métapolitique tonitruant en 1998, Guillaume Faye prend des positions contraires à son engagement antérieur. L’idée européenne demeure cependant un axe fort de sa réflexion. Dans Mon programme (Éditions du Lore, 2012), il constate que « l’UE détruit l’Europe et chacune de ses nations. Il faut refonder l’idée européenne (p. 37) ». Déjà, en 1985, il jugeait que « l’Europe, au fond, n’a jamais vraiment existé. Ce n’est pour l’instant qu’un mythe que bien des puissances dans le monde ont intérêt à ne jamais voir se réaliser. La France, qui a tenté à plusieurs reprises dans son histoire de porter ailleurs ce mythe impérial parce que, depuis fort longtemps, elle le porte en elle-même mais ne peut pas le réaliser pour elle, trouve là, peut-être, pour la première fois depuis bien longtemps, le sens profond de sa mission (« La France en Europe », dans Actes du XIXe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1985, p. 70) ». Il avait très tôt compris la nécessaire concordance entre la France et l’Europe. « “ Je suis Français parce qu’Européen ”. […] L’identité culturelle européenne doit conditionner l’identité française et l’englober (Idem, p. 63). » Il avançait même qu’« il appartient à la France d’être le point de départ, l’initiatrice d’une nouvelle forme d’unité européenne. […] Veilleur de l’Europe, notre pays doit aussi et par conséquent en être l’éveilleur. […] La fonction de la France est d’être le détonateur de l’Europe (Id., pp. 57 – 58) ».

Auteur d’un Nouveau discours à la nation européenne (Albatros, 1985) préfacé par Michel Jobert, Guillaume Faye pense toutefois que « l’Europe […] n’est qu’en décadence (« Dans les replis du déclin : la métamorphose », dans Actes du XVIIIe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1985, p. 70) », car elle « ne souffre que du “ mal d’Occident ”. Qu’elle se dégage, en une faustienne auto-transformation, de cette civilisation et de cette tradition qu’elle a elle-même fondées, et qu’elle suive la voie – tragique et infidèle – de son destin, et elle connaîtra, comme toujours, une renaissance, un “ miracle ”. Je crois profondément que l’Europe est immortelle si les Européens se remettent à croire que leur tradition est inscrite dans l’avenir. Nous traversons en ce moment une de ces nuits que nous avons souvent connues dans notre tumultueuse histoire et dont nous sommes toujours sortis au prix d’une extraordinaire mutation de nous-mêmes (Id., p. 72) ».

Il relève par ailleurs que « géopolitiquement située au centre des terres émergées, dotées de la plus grande densité de savoir-faire et de capital technologique, elle constitue un objet de convoitise permanent (« Faire éclater le Système », dans Actes du XVIIe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1984, pp. 26 – 27) », d’où ses appels incessants à fonder une Europe vraiment politique. Dans Mon programme, il propose une union confédérale des gouvernements d’Europe favorable à « la création progressive d’une Communauté européenne de Défense (CED) destinée à se substituer à terme à l’OTAN et comprenant deux volets : un état-major central de coordination des forces armées de l’Union, l’Organisation du pacte européen de défense (OPED) et, en plus des armées nationales, l’Euroforce, une force armée européenne commune intégrée (p. 49) ». Puisque « le bouclier nucléaire américain est un leurre (Mon programme, p. 186) », « tout agresseur extérieur contre un pays membre de l’UE est suceptible de subir une riposte nucléaire française (Id.) », ce qui reviendrait à sanctuariser l’Europe par la France… Sachant que le diable porte pierre, Emmanuel Macron aurait tout intérêt à découvrir l’œuvre de Guillaume Faye.

Celui-ci affine encore sa vision de l’Europe dans L’Archéo-futurisme (L’Æncre, 1998) et dans Pourquoi nous combattons. Manifeste de la Résistance européenne (L’Æncre, 2001). Si pour lui, « l’Europe est notre véritable patrie, culturelle, historique, ethnique, civilisationnelle, qui surplombe et englobe les patries nationales ou les patries charnelles. Il s’agit de faire enfin de l’Europe un sujet de l’histoire (Pourquoi…, p.121) », il la dissocie de l’Occident moderne au nom d’un paradigme géopolitique continental révolutionnaire, l’Eurosibérie, soit « l’espace destinal des peuples européens enfin regroupés, de l’Atlantique au Pacifique, scellant l’alliance historique de l’Europe péninsulaire, de l’Europe centrale et de la Russie (Id., p. 123) ». Cette vision ne se confond pas avec l’eurasisme.

Il prévenait enfin dès 1981 que « le grand conflit des temps à venir n’opposera plus le capitalisme au socialisme, mais l’ensemble des forces nationales, culturelles, ethniques, à la machine cosmopolite du Système occidental, qui substitue aux territoires ses “ zones ”, aux souverainetés ses régulations économiques, aux cultures son dressage de masse (« Les systèmes contre les peuples », dans Actes du XVe colloque national du GRECE, Le Labyrinthe, 1982, p. 45) ». La Grande Nation européenne aurait dû dès lors se trouver en première ligne, car « la raison d’être d’un peuple, c’est de laisser sa marque dans l’histoire, dans l’espace continental et dans l’espace du temps, qui est aussi celui de l’esprit. Nous voulons laisser une trace (Id., p. 54) ». Malgré l’incroyable silence des médiats officiels toujours prompts à saluer la mémoire du premier histrion venu, il ne fait guère de doute que Guillaume Faye laissera lui aussi une trace qui conduira vers l’aurore tant attendue du Grand Midi boréen.

Georges Feltin-Tracol.

• Chronique n° 24, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 26 mars 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

vendredi, 29 mars 2019

Au revoir, Guillaume Faye, après 44 ans de combat commun !

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Robert Steuckers :

Au revoir, Guillaume Faye, après 44 ans de combat commun !

J’ai appris le décès de Guillaume Faye, peu avant midi, à la Gare de Lyon, au moment de partir en mission à Genève, où se tenait une réunion patronnée par Maître Pascal Junod et un colloque de « Résistance Helvétique », sous la direction de David Rouiller et où j’allais rejoindre Pierre Krebs et Tomislav Sunic. Je n’ai pu m’empêcher de penser à un détail qui m’est revenu soudainement à l’esprit : j’ai appris sa mort à l’endroit même où il fut photographié pour le Figaro Magazine en compagnie de Roger Lemoine, alors Président du G.R.E.C.E. : l’hebdomadaire de Louis Pauwels le présentait comme celui qui allait faire un Tour de France pour vendre la « nouvelle droite », alors en plein envol.

az-sc.jpgPersonnellement, j’ai vu Guillaume Faye pour la première fois à Lille, en 1975, alors qu’il prononçait une conférence sur la dangereuse dépendance énergétique de l’Europe. Ses arguments étaient factuels, concrets, et me rappelaient un auteur célèbre que j’avais déjà intensément pratiqué au sortir de l’adolescence : Anton Zischka (1904-1997). J’avais lu plusieurs de ses ouvrages, trouvés chez des bouquinistes ou lus dans la bibliothèque du patron de mon père, le Comte Guillaume de Hemricourt de Grunne (1888-1978). Pour un mémoire de fin d’études secondaires (en 1974), j’avais compulsé un ouvrage de cet auteur prolixe sur l’Europe centrale et orientale. Zischka parlait avec précision des faits de monde, sans fioritures idéologiques, et je viens de lire, quarante-cinq ans plus tard, qu’Ernst Jünger avait un jour vanté son style, avait écrit qu’il savait saisir l’essentiel et le communiquer à ses lecteurs, qu’il était un grand « synopticien » (ein grosser Synoptiker). Tel était aussi le Guillaume Faye des années 1970, qui avait un autre point commun avec Zischka : celui-ci pensait que les sciences et les techniques pratiques étaient capables de résoudre les problèmes politiques, géopolitiques et agro-alimentaires des peuples, à condition que l’on jette les « nuisances idéologiques » aux orties. Guillaume Faye en était persuadé même si, personnellement, dans la vie quotidienne, il ne savait pas utiliser des objets électriques, mécaniques ou techniques un tant soit peu sophistiqués. Je ne suis pas beaucoup plus fortiche que lui en ces domaines.

element-carré.jpgQuelques mois plus tard, je revois Faye dans une salle de l’hôtel Ramada, Chaussée de Charleroi à Saint-Gilles, en compagnie de Georges Hupin, Alain Derriks, Frédéric Beerens, Piet Tommissen, etc. Légèrement éméché, Guillaume brosse un résumé succinct de l’impérialisme américain et présente le nouvel axe de combat du G.R.E.C.E ., celui de l’anti-occidentalisme, annoncé dans le copieux numéro de Nouvelle école sur l’Amérique, dû essentiellement aux vues de Giorgio Locchi, qu’il considérait comme son maître. Allait suivre dans la foulée le numéro d’Eléments, titré « Non à la civilisation occidentale » et dont la couverture était rehaussée par la reproduction d’une belle et étonnante peinture d’Olivier Carré, représentant une statue de la Liberté en phase de décrépitude. L’anti-occidentalisme de notre vision du monde était lancé. Mes camarades et moi trouvions enfin des alliés pour ce combat que nous entendions bien entamer mais sans encore avoir mis de l’ordre dans nos intuitions. Faye arrachait ainsi la future « nouvelle droite » à toutes les ambigüités plus ou moins occidentalistes qui semblaient encore coller à son discours au début des années 1970. Ce ton déplaisait à une bande de snobinards libéraux qui venaient nous piler les agasses dans les réunions bruxelloises du premier G.R.E.C.E. belge et la légère ébriété de Faye, quand il avait parlé dans les salons du Ramada, les avait scandalisés, comme des rombières, laïcardes cette fois, qui entendent des propos graveleux. Fallait voir leurs bobines !

Pour nous, il était évident que la « nouvelle droite », qui ne portait pas encore ce nom, c’était cela : un môle de résistance à l’occidentalisme, à l’atlantisme, aux politiques de démission et de soumission que ces forces négatives induisaient partout en Europe et en Belgique en particulier. Nous exprimions ce rejet parce que nous n’avions pas digéré, à l’époque, l’affaire du « marché du siècle », où les pays du Bénélux et de la Scandinavie avaient opté pour le F16 américain au détriment des appareils Bloch-Dassault et Saab. Ce môle de résistance était repérable chez Jean Thiriart, qui avait abandonné le terrain politique et dont les bureaux étaient à un jet de pierre de la salle du Ramada, où Faye avait tonné son discours ; il était repérable aussi dans les écrits et les discours de Locchi et de Faye. Thiriart et son disciple Garcet nous avaient déjà avertis de la pusillanimité du gourou du G.R.E.C.E., dont les idées politiques avaient la « consistance d’un plat de macaronis cuits ». Les années suivantes nous confirmeront qu’ils avaient eu bien raison de s’en méfier… Toutefois, cette pusillanimité n’existait manifestement pas chez Faye et chez Locchi et c’est eux que nous entendions suivre et soutenir.

Giorgio_Locchi.jpgNous suivions donc essentiellement Faye, parce qu’il était clair dans ses discours et ses écrits, et nous apprîmes assez vite qu’il était devenu l’animateur principal du pôle « Etudes et Recherches » du G.R.E.C.E., pôle qui, en théorie, devait être le moteur principal de l’association dont les buts étaient officiellement de nature « métapolitique ». Nous entendons un premier discours de Faye (« Contre l’économisme ») au colloque du G.R.E.C.E. de 1978, le dernier où Giorgio Locchi a pris la parole. Faye me convie à participer au « Secrétariat Etudes et Recherches » (S.E.R.) début 1979, avant même que je ne sois devenu membre de l’association. Je me rends à Paris en juin 1979 pour assister à ma première réunion de ce  Secrétariat, où j’apprends, à ma grande déception, que Giorgio Locchi avait quitté le G.R.E.C.E., ne souhaitant plus collaborer avec lui, au motif (exact) que la stratégie d’entrisme dans les clubs feutrés et huppés des droites régimistes était prématurée donc vouée à l’échec. Son fils était venu l’annoncer et ses déclarations, ce jour-là, ont éveillé en moi une certaine méfiance, diffuse, à l’égard de l’association car, de fait, elle couvait en son sein des éléments hostiles au penseur italien, des éléments prêts à toutes les compromissions avec un régime détestable, des éléments qui ne pouvaient qu’être nuisibles ; l’avenir le confirmera. C’est ce jour-là que je fis la connaissance de Stefano Vaj, venu tout exprès de Milan.

En décembre 1979, le G.R.E.C.E. organise son colloque annuel avec pour titre « Contre tous les totalitarismes ». Quand vient le tour de Faye de prendre la parole, un ramassis de nervis fait irruption dans le Palais des Congrès de la Porte Maillot et ravage la salle des stands, blessant sérieusement Jean-Louis Pesteil, un collègue traducteur et germaniste, que je ne connaissais pas encore personnellement, ainsi que Grégory Pons, qui gardait un sourire moqueur tout en étant ensanglanté de la tête aux pieds et quelques autres participants. En entendant le bruit de la bagarre, Faye met le son de son micro au maximum et hurle son texte, pour que l’on ne perde rien de sa fougueuse rhétorique, tandis qu’une bonne part des auditeurs descendent des gradins pour courir sus aux énergumènes en fureur qui venaient troubler le colloque. Je descends aussi et je trouve une salle totalement détruite avec, au milieu, Alain de Benoist, cigarette mentholée à la bouche, hochant de la tête et marmonnant « c’est fou ! c’est fou !», sans se soucier des projectiles qui volaient en tous sens. Un ami anonyme arrache les pieds métalliques de quelques chaises et les distribue aux arrivants pour qu’ils s’en servent dans la bataille qui s’engage. J’en reçois un et je cours vers la mêlée, avec mon costume du dimanche, mais sans y parvenir : les assaillants sont repoussés grâce à Patrice de Plunkett qui a actionné la lance à incendie et arrosé de maîtres-jets les perturbateurs qui prirent la fuite en désordre, poursuivi par les plus pugnaces de nos amis, dont un camarade arménien, Jacques Karakachian, surnommé le « sanglier du Caucase », Gérald le Pied-Noir et Jean-Pierre Van Geyt, récemment décédé et longtemps correspondant de Nouvelle école en Belgique romane, ainsi que Michel R., de Namur, et un jeune ouvrier flamand, travaillant, me déclara-t-il, dans une « usine de boîte aux lettres métalliques ».

Le 6 juin 1980, Faye débarque chez Georges Hupin à Uccle, flanqué de Philippe Millau, pour participer d’abord à une brève présentation de mon travail de fin d’études sur la géopolitique selon Jordis von Lohausen puis, dans la foulée, pour prononcer une nouvelle conférence de teneur anti-occidentaliste dans la grande salle de la « Tour du Midi », à côté de la gare. Sa conférence sera chahutée de manière puérile et ostentatoire par celui qui deviendra l’obséquieux vicaire d’Alain de Benoist en Flandre mais qui changera évidemment d’avis quand son gourou lui en intimera l’ordre : d’occidentaliste américanophile caricatural, favorable à l’OTAN, il deviendra, en surface, un européiste anti-américain, critique de l’OTAN ; si le pontife lui avait demandé d’être tout à la fois pro-chinois, panafricaniste ou adventiste du septième ciel, il le serait devenu aussi... Faye et Millau me demandent, ce jour-là, de participer, en juillet, à l’école des cadres du G.R.E.C.E., qui reçut pour nom « Promotion Themistoklès Savas », en souvenir d’un ami grec qui venait de se tuer en moto dans les montagnes de l’Epire. Un ancien doyen de l’Université du Pirée, qui sera un grand ami et un grand soutien de Faye, était présent, Jason Hadjidinas, qui lui restera fidèle jusqu’à sa mort en 1986, en ayant toujours espéré le dégager de la précarité et de la dangereuse dépendance pécuniaire qui le liait au gourou capricieux qui lui imposait de vivre avec le SMIC. La disparition de Jason fut une épreuve cruelle pour Faye, qui explique peut-être sa décision de quitter le G.R.E.C.E. fin 1986 puis de s’engager dans le showbiz via Radio Skyrock. L’école des cadres de 1980 fut décisive pour moi. Je m’y étais rendu depuis Paris avec Faye, dans la voiture de Pierre Bérard : nous avions pris Guillaume en charge à son domicile, petit appartement charmant, où venait de naître sa fille. Nous visitâmes en chemin Vaison-la-Romaine et l’Abbaye de Sénanque, où je ne retournai qu’en 2017. Je découvre avec eux la Provence, je vois mes premiers champs de lavande, j’entends pour la première fois la musique des cigales, je vois passer sur nos tables de longs lézards gris. Je deviens membre du G.R.E.C.E. en septembre 1980 et Pierre Vial me remet ma carte à Bruxelles. Je lui promets de rester fidèle à notre combat métapolitique jusqu’à la mort : je suis dès lors très heureux de le servir encore aujourd’hui, même si j’ai quitté l’association en décembre 1981.

En 1981, Faye et moi sommes collègues dans les locaux de la rue Charles-Lecocq à Paris à partir du 15 mars. Nous le resterons jusqu’au 15 décembre. Avec Michel Dejus, il fut pratiquement mon seul interlocuteur au cours de cette période de neuf mois : je l’ai connu comme quelqu’un d’affable, d’une gentillesse naturelle en dépit de rodomontades nietzschéo-surhumanistes qui faisaient évidemment partie de notre folklore. J’y découvre aussi un Guillaume tintinophile et lecteur de Franquin, manie que nous partagions avec Grégory Pons et Pascal Junod. Pour Faye, le personnage du gros Demesmaeker dans les albums de Gaston Lagaffe est l’incarnation du monde vénal et psychorigide, vaniteux, stupide et pharisaïque qu’une véritable anthropologie néo-droitiste se devait de moquer et de combattre (notamment par le biais de canulars téléphoniques, polissonneries dans lesquelles Faye excellait). Le surhumanisme, terme forgé par Locchi, devait faire advenir une (sur)humanité où il n’y aurait plus de Demesmaeker ou bien où ceux-ci seraient houspillés dans les marges de la société. J’ajoute bien entendu une évidence à ce petit panorama bédéphile : les machines volantes de Zorglub, dans les aventures de Spirou et Fantasio, titillaient déjà la fibre archéofuturiste de Faye qui, dans un recoin de son imagination, devait déjà concevoir les fameux « squalines » de sa bande dessinée Avant-guerre.

zorglub.jpg

Deux missions nous ont été données à l’époque : fabriquer un numéro de Nouvelle école sur Pareto et un autre sur Heidegger. Les deux thèmes avaient bien entendu été suggérés par Faye qui tenait absolument à ce que la revue restât sérieuse et fût lue dans les universités sans susciter de sarcasmes. La hantise de Faye était de voir imprimés dans la revue quelques délires en provenance d’un paganisme de pacotille, des « paganouilleries » ou des « nazisteries » comme aimait en commettre le directeur de la publication, avec une étourderie qui nous laissait pantois. Faye avait horreur des ritournelles et des tics langagiers répétés ad infinitum, surtout quand ils n’avaient aucune pertinence dans la vie réelle. Pour Faye, un paganisme articulable devait renouer avec l’antiquité grecque et sa philosophie bien charpentée, indépassable dans son questionnement, avec la fougue dynamique d’Héraclite, avec l’élitisme de Platon, avec la logique et la rigueur d’Aristote, exprimée dans Les politiques.

ne-pareto.jpgGrâce à l’intervention bienveillante du Professeur Piet Tommissen et au concours de Bernard Marchand, nous pûmes sortir en juin un numéro potable, dans lequel Faye produisit d’ailleurs un maître-article sur un ouvrage hélas oublié aujourd’hui et que la génération des anciens devrait retrouver dans les rayons de ses bibliothèques : L’intelligence du politique, en deux volumes, de Jules Monnerot, plus spécifiquement le tome deuxième de cette œuvre magistrale, consacré, pour l’essentiel, à la « doxanalyse », c’est-à-dire l’analyse des opinions qui animent toute sphère politique. Monnerot, ancien du surréalisme français et proche des poètes de la négritude vu ses origines martiniquaises, me déclarera plus tard que ce fut la meilleure analyse de son œuvre, largement ignorée par l’université française au nom, déjà, d’une forme ante litteram de « political correctness ». Faye aimait, à l’époque, parler d’aléa : le monde est soumis aux aléas, répétait-il ; les philosophies consolatrices et les nuisances idéologiques (Raymond Ruyer) n’y changeront jamais rien car elles ne figeront jamais le monde. Suite à ma lecture d’un texte issu d’un colloque de la Siemens Stiftung de Munich, que présidait en ces temps-là Armin Mohler, je parlais d’Ernstfall. Chez Monnerot, nous découvrions la notion d’hétérotélie, terme désignant une situation survenue en dépit des objectifs fixés par la volonté politique initiale (trop rationnelle) du décideur. La volonté politique peut donc générer des états de choses contraires à tout projet initial, à tout programme bien charpenté, taillé selon une logique parfaite. Dans nos conversations de l’époque, nous mêlions quantité de réflexions sur les notions d’aléa, de tragique, de logique du pire (Clément Rosset), d’Ernstfall et d’hétérotélie.

Dans Nouvelle école, n°36, Faye écrit : « L’intérêt de la doxanalyse parétienne (que Monnerot décryptait) n’est donc pas uniquement la critique des idéologies qui se croient logiques et négligent leurs propres résidus (ce que fait le macronisme aujourd’hui de manière emblématique), …. Il est de reconnaître l’invalidité fondamentale de toute interprétation rationaliste du monde. Derrière les résidus et les actions non logiques, il y a ce que Jules Monnerot appelle ‘les pulsions de l’humain’ ». Faye démontre, citations de Monnerot à l’appui, que « si les pulsions de l’humain étaient totalement réprimées par le social (ou le politiquement correct, dirait-on aujourd’hui), il y aurait déjà eu faillite de l’espèce, disparition du type d’homo sapiens que nous sommes ». Il faut donc un équilibre entre les résidus et les diverses expressions de la logique, ce qui implique que les résidus, considérés comme irrationnels par les « corrections politiques », doivent impérativement être maintenus et non éradiqués, faute de quoi toute société bascule dans une spirale mortifère. L’évolution ultérieure de Faye  -et même ses dérapages que certains jugent « involutifs » aujourd’hui, de manière si lourde et si pesante-  s’inscrit dans une perspective qui veut privilégier les résidus non logiques contre tous les figements, ceux-ci étant tous « dignes du gros Demesmaeker », pour illustrer cette angoisse fayenne par une caricature qui lui aurait plu. Cependant, ajoutait-il, dans son article de Nouvelle école (n°36), bon nombre de résidus, en Europe, proviennent du « poison chrétien », tel que l’imaginait Nietzsche. Il faut donc remplacer ces résidus par des résidus plus archaïques, puisés dans la culture classique ou dans les paganités européennes, thème essentiel d’un article ultérieur sur Heidegger, paru dans le numéro 39 de la revue, à l’automne 1982 et intitulé « Heidegger et la question du dépassement du christianisme ».

ne-heidegger.jpgAprès la parution du numéro consacré à Pareto, en juin 1981, nous nous attelons tous deux à la confection d’un numéro sur Heidegger. Faye rédigera pour cette livraison de Nouvelle école un long article sur le reclus de Todtnauberg où il révèle une phase qu’il pensait futuriste, mais non détachée d’une adhésion à des archétypes, chez le philosophe de la Forêt Noire. Faye croit déceler, dans la pensée heideggerienne que l’on campe généralement comme anti-techniciste, une piste « arraisonnante » qui permet de réintroduire positivement la technique dans le cadre de la pensée mais, cette fois, sous le signe d’autres tables des valeurs. Bruno V., un ami de Beerens, philosophe de formation et helléniste méticuleux, traducteur occasionnel de textes importants de Fichte pour l’université, avait accepté de relire le texte de Faye avant publication : il n’était pas d’accord avec cette interprétation mais il ne voulait pas changer un iota du texte car celui-ci, avait-il conclu, détenait sa cohérence et son originalité qu’il n’entendait pas, lui, Bruno V., confisquer. La lecture fayenne de Heidegger en 1981 anticipe bien entendu toutes ses réflexions ultérieures sur l’archéofuturisme.

L’année 1981 nous permit aussi de faire deux séjours à Strasbourg, où la section locale du G.R.E.C.E. était animée par Pierre Bérard, immigré angevin en terre alémanique et francique-mosellane, ignorant tout de la langue de Goethe. Lors d’un colloque organisé au départ de cette section alsacienne, Faye est à la tribune avec Julien Freund et les débats sont troublés par Freddy Raphaël, auteur de nombreux livres sur la communauté juive de Strasbourg et d’un ouvrage remarqué aux P.U.F., intitulé Judaïsme et capitalisme. Dès le début du débat, Freddy Raphaël lance tout de go que « cette histoire de ‘nouvelle droite’ est un ‘jeu avec le caca’ », espérant in petto déclencher une foire aux empoignes. Julien Freund, bien ancré dans les réalités alsaciennes et dans son cher bourg de Villé, où il y avait une communauté israélite, le ramène à la raison et les deux vieux complices sortent bras dessus-bras dessous de la salle de conférence, pour aller vider quelques bons cruchons. Cette journée fut pour moi l’occasion de rencontrer de jeunes camarades alsaciens, germanophones, et captivés par l’œuvre de Carl Schmitt. Plus tard dans l’année, à l’automne, Faye, Millau et moi-même reprenons la route de l’Alsace pour rencontrer Julien Freund dans une superbe auberge alsacienne et, après le repas pantagruélique, pour filmer, chez le professeur, un entretien entre, d’une part, l’auteur de Qu’est-ce que le politique ?, et, d’autre part, Bérard et Faye. Pour des raisons techniques, le film de cet entretien n’a malheureusement jamais pu être exploité.

Henri-Lefebvre-1971-1.jpgL’année 1981 fut aussi deux fois l’occasion, pour moi, d’accompagner Faye à la Closerie des Lilas pour y rencontrer Henri Lefebvre, en rupture de ban avec le parti communiste français dont il avait pourtant été l’un des principaux idéologues. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer la profonde influence que ce philosophe marxiste-léniniste avait eue sur Faye (http://robertsteuckers.blogspot.com/2011/11/influence-de-... ), ce qui devrait interdire à de terribles simplificateurs de décréter que notre ami ne fut jamais rien d’autre qu’un « beauf d’extrême-droite », insulte qu’il a recueillie chez les « antifas » aussi bien que chez ceux qui s’étaient dits ses amis mais qui torpilleront toutes ses initiatives jusqu’à le mener à sa perte. Lors des repas à la Closerie, Lefebvre évoquait les bagarres monumentales qui opposaient en ces lieux des bandes rivales au temps du surréalisme parisien. Ce « lefebvrisme » de Faye permet à Stefano Vaj de dire, dans son hommage récent, que notre ami, comme bon nombre de marxistes non dogmatiques, pensait exclusivement pour favoriser une action révolutionnaire dynamisante et jamais pour perpétuer un figement quelconque, qu’il qualifiait volontiers de « muséographique ». Pour lui, de Benoist, par exemple, commettait le péché de « muséographie », et le commettait plus que de raison, rendant ainsi sa pensée fragmentaire et désordonnée, ensemble de bribes éparses, fait de collages et de placages où toute cohérence pragmatique s’évanouit dans un smog difficilement pénétrable et, par voie de conséquence, impossible à utiliser dans une véritable stratégie métapolitique, gramscienne ou autre.

Après un colloque, tenu durant l’année 1981, Faye réunit chez lui les correspondants du G.R.E.C.E. dans divers pays européens dont Marco Tarchi, Stefano Vaj, pour l’Italie, le vicaire du pontife en Campine, qui avait chahuté sa conférence en juin 1980 à Bruxelles, Michael Walker, qui venait de fonder sa revue, The Scorpion, et Pierre Krebs qui avait tout récemment créé le Thule-Seminar. Ce fut le début d’une longue coopération, sauf avec Tarchi et le petit vicaire campinois qui obéiront comme des toutous à tous les ordres de sabotage énoncés par le pontife, dont le premier à faire les frais fut Stefano Vaj. Faye était heureux d’avoir permis, ce jour-là, de conférer une dimension européenne à l’entreprise « néo-droitiste ». Je partageais sa joie.

Le SER (« Secrétariat Etudes & Recherches ») était donc l’apanage de Faye au G.R.E.C.E. Dans le bulletin intérieur de l’association (BI), divisé en rubriques composées de feuilles volantes, une partie était dévolue au SER.  Faye y publiait la majeure partie de ses articles, refusés dans les grandes publications de la mouvance, par jalousie, par méchanceté gratuite, par un désir obscur et cruel de nuire comme celui qui anime le vilain sorcier animiste qui fiche des aiguilles dans des figures de cire représentant ceux qu’il veut perdre : les articles de Faye, en effet, ne pouvaient paraître dans les revues Nouvelle école (où ils auraient eu toute leur place), éléments ou même Etudes et Recherches, publication plus modeste. Un ukase occulte avait prononcé cette fatwa. Voici la liste des articles, non publiés, de notre Guillaume, qui n’ont quasi pas pris une ride :

  • - Qu’entendons-nous par « société marchande » ?, septembre-octobre 1978.
  • - Géopolitique et puissance des nations, mars-avril 1979.
  • - Analyse du Janus d’Arthur Koestler, mars-avril 1979.
  • - Le commencement grec, juillet 1979.
  • - Politique, métapolitique, parapolitique : réflexion post-gramscienne, octobre 1979.
  • - Notre position sur l’Europe, février 1980.
  • - L’économique et le politique, février 1980.
  • - La puissance : une idée neuve en Europe, février 1980.
  • - Réel et rationnel : peut-on concevoir un retour de la rationalité ?, juin-juillet 1980.
  • - Pour une interprétation subversive du marxisme, juin-juillet 1980.
  • - Pour une sociologie de l’égalitarisme, juin-juillet 1980.
  • - Les contradictions culturelles du capitalisme, juin-juillet 1980.
  • - Qu’est-ce que la Realpolitik ?, juin-juillet 1980.
  • - Les néo-conservateurs américains, exemple des contradictions internes de l’idéologie égalitaire, printemps 1981.
  • - Réflexion critique sur les positions artistiques de l’école de Francfort, janvier-février 1981.
  • - Redécouvrir Bergson, automne 1981.
  • - La société du non-travail (I), décembre 1981.
  • - La société du non-travail (II), printemps 1982.

Dans la livraison du BI du printemps 1981, nous cosignons « Eléments pour une théorie du politique ». On le voit : pour Guillaume Faye, qui fut défini comme un simple « électron libre » sur la page 142 d’un pensum auto-glorificateur intitulé Mémoire vive (que Philippe Baillet moque plaisamment en évoquant une « mémoire trouée »), ce n’est pas mal… et cela révèle la nature foncièrement mensongère de cette définition fielleuse. La pertinence de ces articles et leur validité persistante, près de quarante ans plus tard, font de Faye le théoricien le plus clair de la mouvance à laquelle il a appartenu, à laquelle il a donné du lustre. Dans son bureau trainaient également les restes d’un manuscrit rejeté, celui d’un livre sur les doctrines économiques, inspirées de List, de l’école historique allemande, de Wagemann, de Delaisi, de Perroux, de Passet et de Jouvenel (sur le « bloc continental » de Napoléon). Je n’ai pu en sauver qu’un seul maigre chapitre, publié ultérieurement dans Orientations n°5 (1984) : le manuscrit était incomplet car, dépité, Guillaume en prenait des pages pour nettoyer sa pipe…   Ce bref chapitre, sauvé in extremis du curage de pipe, s’intitulait « Contestation du libre-échangisme » et entrait évidemment en contradiction avec les projets occultes et pseudo-machiavéliques du pontife de kermesse, qui, tout à ses intrigues rocambolesques, entendait bien être coopté par tous les thatchériens de la planète (j’y reviens !!).  Dans ce même numéro, je publie une étude magistrale et copieuse de notre ami, « Critique du système occidental », qui pourrait toujours motiver des lecteurs jeunes, aujourd’hui, afin qu’ils ne tombent pas dans le piège du discours dominant, exaltant les « valeurs éternelles de l’Occident ou de la République ». 

VANLIER.jpgPendant ma formation de traducteur à l’Institut Marie Haps, j’avais eu pour professeur d’esthétique et de littérature contemporaine le célèbre Henri Van Lier (1921-2009) qui nous avait composé un dossier de 77 fiches de termes nouveaux, généralement scientifiques, annonçant un nouvel âge de l’humanité. Pour Van Lier, qui préparait son maître-ouvrage, Anthropogénie, qui paraîtra dans sa version définitive, et très copieuse, en 2002, « Homo » est d’abord technicien avant d’être un « parlant », sa « culture » est d’abord celle des outils avant d’être celle de la parole. L’action immédiate sur le monde matériel précède donc les discours, toujours tenus à une certaine distance des choses, toujours « médiats ». Le parallèle avec Arnold Gehlen est évident ici : lors d’un examen de Van Lier, j’ai parlé de Gehlen, qu’il ne connaissait pas encore, plutôt que de la matière qu’il avait fallu étudier. Van Lier en était très content. Gehlen était à l’ordre du jour du « Secrétariat Etudes & Recherches », depuis la fin des années 1970, où le fils de Giorgio Locchi, Pierluigi Locchi, avait consacré son travail de fin d’études à ce sociologue et anthropologue allemand, toujours, hélas, trop peu lu : personnellement, j’avais commis une première petite conférence sur son œuvre en 1978 dans le cercle patronné par Georges Hupin ; plus tard, Yvan Blot se démènera pour faire éditer un ouvrage de Gehlen aux P.U.F. Revenons à Van Lier : pour lui, comme pour Moeller van den Bruck avant 1914, l’architecture typée d’une civilisation est toujours son point de départ, l’indice majeur de l’amorce d’une nouvelle aventure humaine collective ; quant au « nouvel âge » qui s’annonce, ce sera celui où les machines ne puiseront plus leurs forces dans l’homme ou dans la nature, ne seront plus devant l’homme à sa simple disposition mais entreront en synergie avec lui et avec la nature. Thèmes comparables au « Travailleur » de Jünger.

Anthropog--nie-150x212.jpgPour Van Lier, qui savait bien forger son propre vocabulaire, c’est l’« âge 3 », l’âge des réseaux. L’idée de composer un dossier de mots-clefs, similaire à celui de Van Lier, est immédiatement venue à Faye : ce fut là l’origine du Petit lexique du partisan européen qui, remanié et amplifié, donnera en 2001 l’ouvrage Pourquoi nous combattons, rapidement traduit en anglais. C’est, tous en conviennent, un véritable bréviaire, récapitulant la vision du monde et du politique que Faye a toujours voulu promouvoir. Je pense toutefois qu’il faudrait rajouter un volume à ce premier dossier, avec de nouveaux termes précurseurs, déjà présents dans les sciences de pointe, surtout dans les sciences biologiques et médicales : un travail à réaliser. Et d’urgence !

Les dernières semaines du printemps de 1981 ont vu la parution du premier livre de Faye, Le système à tuer les peuples, que le sinistre sachem des lieux avait tenté de saboter jusqu’à la toute dernière limite, de façon à ce que le livre ne puisse pas paraître pour le colloque annuel ni concurrencer son propre ouvrage sur le paganisme, très très largement inspiré du maître-ouvrage de la philosophe et islamologue allemande Sigrid Hunke, Europas wahre Religion, qui avait été traduit par un prisonnier qui devait bosser en tôle pour léguer quelque chose à ses enfants, alors aux études. Le tapuscrit de Faye était bloqué sous prétexte qu’il manquait de références bibliographiques. Faye, triste et inquiet, est venu m’en demander dans mon bureau. Finalement, l’imprimeur a tout de même reçu le texte à temps, grâce à Millau, je pense. Je fus le premier à recenser le livre pour le bulletin du G.R.E.C.E.-Belgique de Georges Hupin, en même temps qu’une recension pour le livre du pontife, inspiré par Sigrid Hunke, dont j’avais lu les livres deux ou trois ans auparavant, pendant mes études. Stefano Vaj fit de même quelques jours plus tard dans un organe italien.

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En juillet, nous animons l’université d’été du G.R.E.C.E. à Roquefavour, où nous avons accueilli un fidèle ami américain de Faye, l’avocat Sam Dickson, qui fera la randonnée habituelle sur les crêtes du Lubéron en chaussures de ville..., massacrant ses fines semelles et entamant le cuir du reste, le faisant ainsi ressembler aux prisonniers anglais qui, dans un célèbre film-culte, entrent dans le camp de prisonniers du Pont de la rivière Kwaï, en sifflotant un air jadis célèbre Outre-Manche. Stefano Vaj, de Milan, est, lui aussi, des nôtres. L’ambiance est du tonnerre. Le soir, après les travaux, Faye y récite ses versions truculentes et polissonnes des fables de La Fontaine et chante à tue-tête sa chanson favorite : « Le vieux vin gaulois ».

Nos travaux, heureusement, nous avons pu les parfaire en 1981 dans des bureaux où ne s’activait que le petit personnel, dépassé par les enjeux idéologiques. En effet, le sinistre pontife des lieux disparaissait à intervalles réguliers sans laisser ni explications ni consignes. En juillet, après une réunion du secrétariat de rédaction, il s’évanouit pendant sept semaines, sous prétexte d’un reportage en Extrême-Orient pour Le spectacle du monde, avec retour par la Californie, où la soeur d’une copine, qui l’accompagnait pour lui servir ses rillettes, poursuivait, paraît-il, des études d’on ne sait trop quoi du côté de Las Vegas. Il lui fallait aller serrer la pince de la donzelle et, du même coup, réitérer, en moins de temps, la prouesse de Phileas Fogg, célèbre héros de Jules Verne. Fin septembre, le bonhomme m’annonce qu’il se rend à la Foire de Francfort, comme chaque année. Cette foire dure cinq jours : il revient au bout de trois semaines ! Puis disparaît fin novembre, persuadé que des nervis veulent l’assassiner : il se serait caché dans un hôtel minable, claquemuré dans une chambrette et armé d’un pistolet à grenailles ; il revient quinze jours plus tard dans un état épouvantable, dégageant un fumet atroce, n’ayant vu ni savon ni cirage ni dentifrice pendant son exil volontaire dans ce galetas à moitié délabré. Et, trois minutes après son retour tout en odeurs, il a le toupet de nous engueuler, Faye et moi, en hurlant : « C’est Zig et Puce, ici ! C’est les Marx Brothers !». Faye était tarabusté. Ce jour-là, ma religion a été faite : j’ai décidé de foutre le camp.  Comment travailler dans la cohérence, en respectant un ordre du jour, si le boss qui doit donner son aval pour tout, pour le moindre détail, est perpétuellement en goguette ou en dépression (des dépressions qui étaient surtout des mises en scène d’un très mauvais goût) ? Comment peut-on, en effet, servir un personnage pareil sans encore oser se regarder dans la glace ? La découverte de certaines manies, très peu hygiéniques, de notre sachem de ducasse conforte ma décision de partir définitivement. Une quinzaine de jours plus tard, je demandai à Millau de me payer mes gages et de bien vouloir accepter mon tablier.

Dans un tel contexte, contrairement à ce que l’on pourrait croire aujourd’hui après les aventures radiophoniques de Faye à Skyrock, après ses multiples facéties et ses bonnes blagues subversives commises sur la place de Paris et ailleurs, la sériosité idéologique se situait de son côté et de son côté seul. D’abord, pendant toute l’année 1981, il avait fait barrage contre tous les délires potentiels du pape de sotie qui entendait, seul, faire la pluie et le beau temps dans les locaux de l’état-major, rue Charles-Lecocq, en espérant bien recevoir de chacun un blanc-seing pour toutes ses lubies incongrues et ses « paganouilleries à la sauce nazistika ». Un jour, ce pape à tiare de plastique me déclare, avec un sérieux de croque-mort presbytérien, vouloir faire suivre le numéro sur Pareto par un numéro sur l’Atlantide, thème en vogue dans un réseau vaguement sectaire, partouzeur et mondain de l’époque, la « Nouvelle Acropole », où il comptait quelques drôles d’amis ! Quand j’en fais part à Faye, celui-ci porte évidemment son index au front. Et s’en désole : on le sent profondément meurtri car il sait, qu’avec de telles lubies infécondes, la mouvance risque d’être assimilée à une secte de farfelus et de perdre les bons contacts qu’elle entretient avec des universitaires de haut vol ; surtout, Faye n’a pas envie de se faire engueuler par Julien Freund. Un jour plus tard, j’entends des cris en provenance du bureau de Faye puis une porte qui claque violemment. Intrigué, je vais voir ce qui se passe. Je découvre mon Guillaume interloqué et un peu tremblant : juste au-dessus de sa tête, un coupe-papier était fiché dans le mur. Le gourou était venu insister lourdement, avec la fureur geignarde d’un gamin gâté, afin de faire accepter son idée saugrenue de publier un numéro sur l’Atlantide. Faye avait rétorqué tout de go : « Et pourquoi pas sur le continent Mu ? ». Furieux de cette réplique, l’autre s’était emparé d’un coupe-papier et l’avait envoyé tout net dans le mur, derrière Faye.

coupe-papier-graf-von-faber-castell-cuir-cognac.jpgLe soir, je me sers d’une machine à écrire, plus sophistiquée que celle qui m’avait été confiée, dans le grand bureau de la secrétaire, retournée dans ses pénates pour y cuire sa tambouille vespérale. Le gourou-pape rapplique et me reparle de son projet abracadabrant : je résiste avec le même entêtement que Faye, tout en suggérant un numéro qui serait titré « Archéologie de la Mer du Nord » (car le pontife pense que l’Atlantide se situait autour d’Héligoland). Dans un nouvel accès de fureur, digne de ceux de Louis de Funès, il s’empare d’un autre coupe-papier et l’envoie, avec une remarquable dextérité, dans un petit réveil au boîtier de liège qui se trouvait devant moi. Calme comme un Coldstream Guard dans sa guérite à Buckingham, je réitère mon refus et il s’en va en ronchonnant, vexé que personne n’accepte ses caprices. Je me suis dit : si ce gars-là doit un jour partir en exil, il fera comme le Général Alcazar dans Les sept boules de cristal : il deviendra lanceur de poignards dans des music-halls de quat’sous. Cette comparaison avait bien fait rire Faye. La morale de cette historiette burlesque, c’est qu’il ne fallait surtout pas faire figurer le mot « Atlantide » sur la couverture de la revue, si l’on voulait encore être pris au sérieux. Faye avait raison. En août, toutefois, pendant que le pontifex minimus errait entre le riz sauté de Singapour, les hamburgers de Hollywood et les rillettes des deux donzelles, je me rends au Danemark et au Slesvig-Holstein pour rassembler de la documentation archéologique, notamment à l’Institut nord-frison de Bredstedt et chez l’archéologue Jürgen Spanuth, et pour rencontrer dans une « haute école populaire », à Tinglev, le scandinaviste François-Xavier Dillmann, correspondant de Nouvelle école en Allemagne, et le sociologue Henning Eichberg. J’ai donc tenté, à la demande de Faye, de « scientifiser » les lubies du grand panjandrum, qui fera paraître un numéro sur le sujet quelques années plus tard : il était titré «Archéologie ».  Ouf !

Mais il y avait pire, en cet automne 1981 : derrière le dos de tous, profitant de sa position au Figaro Magazine, le manitou de Prisunic envisageait de monter à la tribune d’un colloque qu’il organisait lui-même, grâce à des prête-noms et à une association ad hoc, basée dans l’appartement de sa pauvre mère qui venait de décéder en juin. Ce colloque était annoncé sous le titre d’« Alternative libérale » et devait inviter tout le gotha du néolibéralisme thatchérien et reaganien à Paris, un aréopage essentiellement anglo-saxon au milieu duquel on allait vendre notre sachem de guimauve comme un petit prodige dont la pensée allait sauver la pauvre France des griffes du méchant mitterrandisme socialo-étatiste qui s’était abattu sur elle suite aux élections de mai 1981. Pour Faye qui était partisan d’une économie guidée, interventionniste sur le plan des infrastructures, hétérodoxe dans le sens où elle tenait compte des facteurs non économiques (contrairement aux orthodoxies marxiennes, libérales et keynésiennes), cette tentative d’alignement sur le reaganisme apparaissait comme une idée complètement loufoque ou, pire, comme une trahison pure et simple de notre message européiste fondamental. Cet entrisme irréfléchi donnait rétrospectivement raison à Locchi qui avait tiré sa révérence deux ans plus tôt. Faye était à l’époque un lecteur attentif de l’économiste André Grjebine, auteur, en 1980, de La nouvelle économie internationale, parue aux P.U.F. Grjebine plaidait pour une semi-autarcie auto-suffisante du continent européen. A l’évidence, je partageais ce point de vue, de même qu’Ange Sampieru, alors militant du G.R.E.C.E. à Paris, et toute l’équipe de mes amis restée à Bruxelles et à Liège. Le grand ponte polygraphe avait préparé son coup en écrivant des articles dithyrambiques dans le FigMag  sur Raymond Aron (invité au colloque) et sur Karl Popper (dont les principaux disciples, hostiles à toute « société fermée », devaient monter à la tribune et débiter leurs sornettes néolibérales autour de son auguste personne). Hélas pour lui, la parousie n’allait pas advenir tout de suite : les services étatiques et diasporiques s’aperçoivent très vite de la manigance, cousue de fil blanc, de notre petit machiavel de pantomime. Et la machine à évincer les intrus se met en route : Aron refuse de parler si notre doxographe atlantidien du 6° arrondissement est présent au colloque. D’autres menacent de démissionner. Le voilà houspillé hors de son propre théâtre. Sa dépression hydrophobe de novembre 1981 s’explique par cette retentissante déconfiture. Notons qu’il faut être indécrottablement irréaliste, avec le pedigree de notre gus, pour avoir cru, un seul instant, qu’un tel montage allait aboutir ! A moins que le rapprochement tout récent avec Finkielkraut et Minc et, en mars 2019, la prise de parole à la tribune d’un fanfaron néo-bruxellois, qui ne cesse de faire de la retape pour notre bonne ville auprès des candidats exilés fiscaux français, ne soit l’aboutissement souhaité d’un libéralisme foncier, quasi génétique, qui, pour d’obscures raisons, s’était camouflé derrière des discours autres, y compris anti-libéraux ? Le bonhomme a continuellement entretenu les ambigüités, cumulé les contradictions, éjecté les tenants d’une véritable hétérodoxie économique : il est légitime de se poser des questions, celles que, de toutes les façons, les analystes de cette mouvance, étiquetée « nouvelle droite », poseront dans la postérité. Mais sans doute concluront-ils à la totale incohérence du doxographe, dont la boîte crânienne abrite un véritable capharnaüm et dont la stratégie se borne à monter des coups pour se constituer  des « casse-croûte ». Les jugements de Faye, en ce domaine, auront alors été prémonitoires.

ag-ne-inter.jpgL’effondrement du montage, l’éviction du grand wizard marri, provoque d’abord chez lui une dépression terrible puis une rage vengeresse et écumante, décuplée par le fait qu’il est désormais kické hors de la rédaction du FigMag, hormis une misérable petite colonne sur les vidéos que Louis Pauwels, bon prince, lui accorde avec une belle magnanimité. Cette rage lui dicte une nouvelle orientation nationale-révolutionnaire qu’il exprime aussitôt dans les pages d’Eléments et qui emporte notre adhésion. Le bougre avait sauvé sa boutique : on oubliait ses errements infructueux de l’automne 1981 et on estimait que tout rentrait dans l’ordre, puisqu’il semblait professer désormais un européisme radicalement anti-occidentaliste. Je quitte Paris en décembre 1981 et, au cours de l’année 1982, je participe à une assemblée générale du G.R.E.C.E. à Lyon et prononce une conférence à la tribune du « Cercle Héraclite », sur le national-neutralisme allemand, hostile à l’installation de missiles américains sur le territoire de la R.F.A.  Position qui permet de lancer des passerelles avec d’autres mouvances politiques, dans bon nombre de pays européens. Le bulletin intérieur consacre quelques pages à cette thématique, entièrement nouvelle dans la mouvance à l’époque. En octobre 1982, je commence les dix mois de mon service militaire à Saive, près de Liège, puis à Marche-en-Famenne, à Bürvenich et Vogelsang dans l’Eifel. Pendant ma période d’instruction, Faye annonce qu’il tiendra un séminaire, organisé par une nouvelle structure, dans des locaux sis rue Blanche, dans le 9ème arrondissement. Ce séminaire, suivi d’un second quelques mois plus tard en 1983, a constitué à mes yeux, le sommet de l’œuvre métapolitique de Faye.

lupasco3M.jpgAu cours de ces deux séminaires, il a rassemblé autour de sa personne seule, des sommités comme Stéphane Lupasco, Bassarab Nicolescu, Manuel de Diéguez, Jules Monnerot et des sympathisants de ses idées comme les professeurs Martinez, Wagner et Asso. Les conférences se succèdent dans la joie et la bonne humeur, sans cette raideur psychologique que le pontife générait systématiquement autour de lui, en communiquant son stress intérieur et ses angoisses au public. Il n’est malheureusement resté aucune trace écrite de ces séminaires, Faye n’ayant jamais pu disposer des moyens de faire imprimer les textes des allocutions sous forme de volume : les mannes financières devaient couler vers une certaine escarcelle uniquement et surtout ne pas être consacrées à des entreprises métapolitiques valables et fécondes. C’est au cours de ces séminaires que j’ai pu m’entretenir avec Jules Monnerot, très satisfait de l’article de Faye sur sa conception de la doxanalyse, et bénéficier de la sympathie de Manuel de Diéguez qui avait apprécié mes articles dans Nouvelle école. En 1983, paraît Magazine Hebdo, où Faye, sous le pseudonyme de Gérald Fouchet, est chargé de recueillir les grands entretiens de l’hebdomadaire. Là encore, il a brillé de mille feux. Je conserve religieusement la collection de ces entretiens qui paraîtront, plus tard, après la faillite du magazine, en un volume, mais… sous la signature d’un tiers, qui a probablement encaissé les droits d’auteur… Faye avait pourtant montré un savoir-faire très professionnel dans la confection de ces nombreux entretiens.

De 1983 à 1986, Faye n’arrête pas de publier des brochures. On ne lui permet d’ailleurs pas d’éditer davantage. On veut le limiter au maximum et faire de lui l’homme d’un seul et unique livre, déjà oublié ou épuisé : Le Système à tuer les peuples, paru en 1981. Paraissent successivement des brochures, brèves mais très denses, telles : Contre l’économisme (1983), dont j’ai dû publier une deuxième édition de fortune parce qu’on lui avait refusé un second tirage ; Sexe et idéologie (1983), petit opuscule modeste qui servira néanmoins de base à son gros ouvrage de 2011, Sexe et dévoiement, paru aux éditions du Lore puis rapidement traduit en anglais (c’est actuellement le volume le plus vendu dans la série des traductions proposées par l’éditeur Arktos) ; La nouvelle société de consommation (1984) ; L’Occident comme déclin (1984), excellent texte dont le manuscrit fut refusé catégoriquement mais financé par l’ami Patrice Sage puis, pour la seconde édition, par mes amis liégeois d’Eurograf, qui signèrent, eux, un contrat en bonne et due forme avec Faye ; la riposte des sicaires du pontife ne se fit pas attendre, un avocaillon minable est venu me menacer au téléphone ; il fut éconduit puis ridiculisé par un avocat languedocien quelques jours plus tard, lors du colloque du G.R.E.C.E., qui s’était tenu dans le Pavillon Baltard. Faye se trouvait en 1985 devant un terrible dilemme : impossible de trouver pour chaque volume qu’il écrivait un généreux donateur comme Patrice Sage, qui n’avait évidemment pas une bourse inépuisable. Je fis appel aux amis d’Eurograf, dont le regretté Jean-Marie Simar, qui publia successivement, outre la seconde édition de L’Occident comme déclin, la plaquette Europe et modernité et la première version du Petit lexique du partisan européen, qui eut un succès retentissant, grâce à plusieurs éditions piratées, publiées jusqu’au seuil des années 2000. Dans Orientations, je publierai l’essai magistral intitulé « Critique du système occidental » (n°5, août-septembre 1984) puis deux études solides, « Les néo-conservateurs américains, exemple des contradictions internes de l’idéologie égalitaire » et « A la découverte de Thorstein Veblen » (Orientations, n°6, septembre-octobre 1985), toutes deux tirées d’anciens cahiers du SER dans le BI, la publication ultra-confidentielle qui servait de purgatoire à Faye, dont la majeure partie des textes étaient rejetés. Faye tenait toutefois éléments à bout de bras et gardait tout de même une barre certaine sur la revue, dont il choisissait les thématiques.

L’Occident comme déclin reste, à mes yeux, l’un des meilleurs textes de Faye. Qu’on en juge par les titres des chapitres : « Cosmopolis : l’Occident comme non-lieu » ; « Fin de l’idéologie ou idéologie de la fin ? » ; « Christopolis : l’Occident comme athéisme chrétien » ; « Antipolis ou la fin du politique » ; etc. Europe et modernité annonce très nettement les idées archéofuturistes de Faye, avec des chapitres tels : « L’hypothèse de l’inconscient pré-néolithique » ; « L’hypothèse de l’inconscient païen » : « L’échec de la nouvelle conscience et de la première modernité » ; etc.

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En 1984, Faye (avec Tillenon) organise un séminaire du SER, pendant une semaine, en Provence, sans la présence du pontife, qui rendait toujours l’atmosphère malsaine, par ses récriminations perpétuelles et sa geignardise que Philippe Baillet, caustique, appellera bien plus tard, dans deux articles critiques bien sentis, les rouspétances du « Dr. Peutt Peutt ». En ce juillet caniculaire de 1984, je suis de la partie avec un ami bruxellois, MC, qui venait tout juste, une semaine auparavant, de décrocher son diplôme de docteur en médecine. Il était devenu le plus jeune médecin de la place de Bruxelles. Et, bien sûr, je participe à la randonnée sur les crêtes du Lubéron, au départ de Cucuron, où je fis une formidable photo de Faye, avec une guitare en bandoulière.

Autre grand événement de l’époque : la participation à un séminaire sur les relations euro-arabes dans les locaux de l’Université de Mons en Hainaut, sous la houlette du Professeur Safar, qui y enseignait la langue arabe. Je m’y rends, au titre d’interprète avec les orateurs Faye, Bérard et Hadjidinas. J’y fus chargé, notamment, de traduire une intervention de Karl Höffkes, alors lié à la revue Wir Selbst de Siegfried Bublies qui fut, lui aussi, présent, très intéressé qu’il était à l’époque par les idées sociales et panafricanistes de Kadhafi. Faye y noua des relations hautes en couleurs avec… le représentant du Vatican à ce colloque de trois jours, le Père Michel Lelong, qui avait été chargé par Rome en 1975 de chapeauter le dialogue islamo-chrétien dans le cadre des diverses initiatives de dialogues interreligieux que patronnait le Saint-Siège. Hadjidinas était déjà malade et, le lendemain de ce colloque, prit un café avec moi sur la Grand Place de Bruxelles où, très paternellement, il me fit part de ses inquiétudes quant à l’avenir de Guillaume. J’ai été très touché par la sollicitude de ce vieux professeur grec qui, à la vieille de sa mort, avait deviné les dangers et la précarité qui guettaient Faye. Aujourd’hui, j’y pense rétrospectivement avec un chagrin certain. Que de bons amis avons-nous perdus ?

La situation de Faye devenait en effet de plus en plus précaire : Jean-Claude Cariou, secrétaire-général du G.R.E.C.E., avait été évincé de manière particulièrement ignoble en 1985 parce qu’il avait demandé, entre autres bonnes choses, que Faye reçoive un salaire décent et non plus son SMIC, parfois payé avec un lance-pierre. On rejetait tous ses manuscrits théoriques, hormis ceux, de brève ampleur, convenant aux dossiers d’éléments. Il n’y eut qu’une exception : Les nouveaux enjeux idéologiques, parus dans une nouvelle collection du « Labyrinthe » qui, finalement, ne compta que deux livres, celui de Faye et le Terre et Mer de Carl Schmitt. L’éviction de Cariou avait provoqué le départ immédiat du président du G.R.E.C.E., l’indianiste Jean Varenne, qui publiait Panorama des idées actuelles, un bulletin bibliographique auquel Faye a donné ses meilleures recensions : le départ de ce président prestigieux enlève encore une tribune à Faye. Cariou avait été remplacé par Gilbert Sincyr qui ne tiendra pas longtemps, lui aussi écoeuré du comportement de certains sicaires du pontife qui tissait sournoisement ses méchantes intrigues.

YBT.jpgA la fin de l’année 1986, Faye décide de jeter l’éponge, de quitter la « nef du fou », où, de toutes les façons, il ne pouvait plus rien faire. Il a tout de même la courtoisie de prononcer le discours qu’il avait promis de tenir au colloque de décembre 1986, où je fus moi-même appelé à la rescousse : le ton de l’allocution de Faye, donnée dans l’après-midi, trahissait néanmoins son aigreur et son mécontentement, pleinement justifiés. En 1987, il rédige un texte bref, annonçant son départ du G.R.E.C.E., et exhortant ses sympathisants à œuvrer en tous sens pour faire passer le message fondamental de l’association métapolitique, texte qu’il distribue en Suisse au rassemblement de la Lugnasad, le 1 août, jour de la fête de la Confédération helvétique. Plus tard, je traduirai ce texte en allemand pour DESG-Inform. Faye participe alors aux activités de Ker Vreizh, la maison bretonne du quartier Montparnasse à Paris, animée par Yann-Ber Tillenon et Goulven Pennaod. L’amitié entre Faye et Tillenon, née vers 1982, s’est nouée définitivement à cette époque : elle sera indestructible, preuve d’une fidélité exemplaire, jusqu’à la mort en mars 2019 de Faye. Ce groupe breton édite alors la revue Diaspad, au sein d’un « Cercle Maksen Wledig », nom celtique de l’Empereur romain Maxence. Faye confiera à cette publication des textes, sûrement d’une haute pertinence, mais dont je ne dispose malheureusement plus. Une analyse de ces articles mériterait certainement d’être faite pour lui rendre un hommage vraiment complet et pour expliciter chaque étape de son itinéraire personnel et intellectuel. Cette joyeuse bande bretonnante se réunissait à l’époque à la crêperie « Ti Jos » dans le quartier de Montparnasse. La même année, Faye publie, avec l’aide de deux amis, Burgalat et Falavigna, un journal très original, J’ai tout compris, qui ne parut malheureusement que quatre fois, avec un numéro particulièrement bien ficelé, alliant humour, cynisme, catastrophisme bien calculé, sur le SIDA, grand thème à l’époque. Krebs traduira en allemand les articles les plus pertinents de ce numéro consacré au fléau HIV, le virus qui semait la mort.

Les nouveaux enjeux idéologiques annonçaient, dès 1985 donc, les ouvrages plus polémiques de Faye, parus chez l’AEncre au début de la décennie 2000, avec, pour chapitres, « Société multiraciale, société multiraciste » ; « L’ethnocide des Européens » ; « La ‘tradition’ à la lueur de l’âme faustienne » et « L’identité européenne à l’ombre de la technique moderne ».

fbh-sid.jpgEn 1987, sous le pseudonyme de Pierre Barbès, Faye co-rédige un ouvrage très important, eu égard à l’ampleur que prend de nos jours le « politiquement correct », avec François-Bernard Huyghe : La soft-idéologie, livre paru chez Robert Laffont. Cet ouvrage m’a aussitôt paru fondamental et, avec Jean van der Taelen et Guibert de Villenfagne de Sorinnes, nous décidons d’inviter Faye et nous lui louons une salle du prestigieux hôtel Métropole, en plein centre de Bruxelles. Rogelio Pete, qui avait invité Alain de Benoist en mars 1981 dans le cadre d’un colloque sur la défense européenne, se charge, cette fois, de la logistique, car il avait, lui aussi, apprécié le contenu de la Soft-idéologie. La veille de la conférence, je reçois un coup de téléphone d’un militant du G.R.E.C.E., agissant en service commandé, pour m’engueuler copieusement d’avoir lancé cette initiative et pour agonir Faye des plus basses injures. J’ai eu beau jeu de lui dire que je n’étais pas l’organisateur du colloque et qu’il devait adresser ses réclamations à Pete, ce qu’il ne fit évidemment pas, parce qu’il n’avait pas le numéro de téléphone de notre ami hispaniste. Cette gesticulation, mêlant haine viscérale et stupidité abyssale, n’eut aucun effet. La conférence s’est bien déroulée.

Faye quittera cependant l’orbite de Diaspad pour entamer sa carrière d’une dizaine d’années à Skyrock, où il sera Skyman, et dans toutes sortes de médias comiques, multipliant sketches, canulars et blagues de potache dont je n’avais plus que des échos indirects. Je me rappelle vaguement d’un canular de Skyman-le-vengeur, appelant une dame un peu bêbête, qui tombait des nues, pour lui dire que son mari n’avait pas payé les honoraires d’un célèbre immunologue lyonnais, le Dr. Belmont. En pleine psychose du SIDA, bien entendu… Un jour, le béjaune que le bazboug tabagiste avait bombardé « secrétaire-général » du G.R.E.C.E. m’appelle et, avec une voix de bigote à qui un polisson aurait narré une histoire salace que la dite rombière n’ose pas répéter, me dit que « Faye a commis des facéties » dans l’Echo des savannes. Intrigué, je quitte mon bureau pour me rendre à la maison de la presse du quartier et me procurer le numéro, plein de photos révélatrices des « facéties » : Faye y avait fait une traversée de Paris, déguisé en handicapé moteur et mongolien, avec repas mouvementé à l’Hippopotamus, et une promenade germanopratine en aveugle, heurtant tout sur son passage avec sa canne blanche, renversant un présentoir de cartes postales et une pile de boîtes de conserve dans un Franprix. Plus tard, je le revois dans Paris Match, accompagné d’une sémillante secrétaire nommée Mary Patch ( !) : il est devenu le Prof. Kervous, ami personnel de Bill Clinton, fraîchement élu Président des Etats-Unis. Kervous est envoyé en mission secrète en Europe car Clinton a décidé en catimini d’avoir un secrétaire d’Etat aux affaires européennes qui doit être obligatoirement un Européen et le premier à obtenir cette charge sera un Français. Kervous sonde alors toute une série de politicards hexagonaux qui se bousculent pour avoir le poste, médisent de leurs collègues. Mary Patch enregistre le tout, qui fera un formidable papier dans Paris Match. Il y eut ensuite Faye, artiste-peintre lithuanien, présenté comme l’ami personnel du nouveau président de la Lituanie désoviétisée. En vingt-quatre heures, Faye et ses complices avaient peint une vingtaine de toiles, représentant de glorieux phallus en érection, qu’ils exposeront le lendemain dans une galerie pour les vendre au prix fort. Et ça a marché ! Ils rembourseront le lendemain en expliquant que c’était un canular mais le message politique, bien perceptible, était aussi clair que de l’eau de roche : l’art dit contemporain est une formidable supercherie. Faye et ses copains facétieux venaient de le prouver !

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En 1995, mes amis italiens des « Edizioni Barbarossa », qui publient une collection « Sinergie europee » me demandent, avec l’appui insistant de Stefano Vaj, de rédiger une préface à une nouvelle édition italienne du Système à tuer les peuples. J’en profite pour expliciter en profondeur la teneur philosophique des démarches de Faye (cf. http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/lapport-de-gu... ) et pour dénoncer les mécanismes qui ont conduit à son éviction du mouvement auquel il avait, sans compter, sans hésiter, consacrer toute sa jeunesse, en ne terminant pas ses études pour se mettre au service d’un pontife qui ne cessera de lui mettre des bâtons dans les roues.

Puis, tout à coup, fin 1997, un entretien de Faye paraît dans une nouvelle revue qui fera son chemin, Réfléchir et Agir, animée à l’époque par Eric Rossi. Cet entretien avait été obtenu par « DW », militant de la mouvance qui, le malheureux, avait été entraîné dans une escroquerie, scandaleuse autant que ridicule, montée par un faux architecte et un mécanicien-dentiste, soi-disant deux «amis de la communauté », dont l’un fut, un moment, l’animateur principal de l’URPIF (« Unité Régionale de Paris-Ile-de-France ») et l’autre, un féal thuriféraire du pontife (et l’est resté), et est aussi, à l’occasion, le chansonnier de la bande mais, hélas, affligé d’une voix de crécelle enrayée, lui valant le surnom d’« Assurancetourix ». DW, qui avait été manipulé par ces deux intéressants personnages, avait écopé d’un séjour de six mois dans un célèbre hôtel de Fleury-Mérogis. Inutile de dire que le gars ruminait une certaine amertume. Il est venu me trouver à Bruxelles, m’a fait ensuite, au fil des mois, rencontrer Rossi à Paris, dont la thèse universitaire sur la mouvance nationale-révolutionnaire est certainement ce qui, jusqu’ici, se fit de meilleur, de même qu’un sympathique philosophe irakien, baathiste mais spécialiste de Marx. Puis, un jour, DW, excellent garçon, me téléphone pour me dire que Faye revient à la « métapolitique », après son entretien accordé à R&A, et que je suis le premier qu’il veut revoir !

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La façade de l'actuel "Schieve Lavabo", site de feu le "Cent histoires". C'est là que Faye et DW passèrent la première après-midi avec mes amis et moi-même au printemps 1998 !

Et voilà qu’un beau jour du printemps de l’année 1998, Faye, piloté par DW, débarque à Bruxelles, dans mon quartier. Il y avait onze ans que nous ne nous étions plus vus, depuis la conférence sur la soft-idéologie au Métropole et depuis le rassemblement de la Lugnasad, organisé par Pascal Junod, le 1 août 1987, en pays vaudois. Mais nous nous sommes tout de suite parlé comme s’il n’y avait pas eu de parenthèse, comme si la dernière réunion du SER avait eu lieu une semaine auparavant. Nous nous replions pour déjeuner au café le « Cent histoires », tenu par le fameux Hubert, natif de Bütgenbach, commune des cantons germanophones de la Belgique. Par un heureux hasard, Faye était arrivé à Bruxelles quand quelques amis allemands y séjournaient aussi, de même que Tomislav Sunic. Tous lui posaient des questions, revenaient sur des souvenirs du passé, d’autres, ignorant tout de la mouvance, étaient ravis de faire un brin de causette avec Skyman ou avec le fauteur d’une autre plaisanterie cocasse ou grivoise ou avec le collègue de la célèbre Tabatha Cash (photo), sulfureuse animatrice de Skyrock, toutes choses dont je n’avais jamais entendu parler.

TC-gf.jpgLe vin a coulé à flot. La facture s’allongeait et Hubert de Bütgenbach avait les yeux qui scintillaient comme ceux de Picsou quand il voit des dollars. Au beau milieu de nos libations, nous avons décidé que Faye participerait à l’Université d’été de « Synergies européennes » qui devait se tenir dans le Trentin en juillet. Il devait y présenter son nouvel ouvrage, paru à l’AEncre : L’archéofuturisme.  Le livre commençait par une critique très courtoise des dérives de la ND (canal historique et… hystérique), lignes qui attestent du caractère affable de Faye, prompt à la réconciliation et au pardon pour ceux qui l’avaient pourtant si profondément meurtri. Pour formuler cette critique courtoise, Faye avait policé un petit essai corrosif, qu’il m’avait envoyé quelques semaines plus tôt par l’intermédiaire de DW, et qu’il avait intitulé « La ND ou la planète des clowns » (tiens, au fond, ce texte traîne encore dans mes tiroirs…). Il formulait ensuite son idée-force d’« archéofuturisme » comme « réponse à la catastrophe de la modernité » et comme « alternative au traditionalisme ». Suite à cette double introduction sur les avatars de la ND et sur la définition de l’archéofuturisme, Faye nous offrait, dans son nouveau bouquin, une masse d’articles divers, dont quelques pages pertinentes sur la pensée de Carl Schmitt. Ensuite, deux essais : « Pour une économie mondiale à deux vitesses » et « La question ethnique et la question européenne envisagées d’un point de vue archéofuturiste ». L’ouvrage se terminait par une fiction : « Une journée de Dimitri Leonidovitch Oblomov – Chroniques des temps archéofuturistes ». Bref la machine était relancée.

gf-Archeofuturisme.gifEn effet, Charles Champetier, alors factotum principal du lugubre pontife, se dépêche de prendre un entretien avec Faye pour éléments. Puis vint l’université d’été. Nous nous rendons tous deux en train de nuit à Milan, accompagnés de Fleur, qui travaillait à l’époque pour les éditions de l’AEncre. Stefano Vaj, fidèle à l’esprit premier du SER, nous y accueille chaleureusement dans son club très huppé de notables sapés comme des milords (et nous étions en tenue de campagne…). Puis ce fut la route vers le Trentin, où, arrivés le soir, nous prenons nos quartiers. Le lendemain matin, les séminaires commencent avec, au programme, une conférence de Laurent Schang sur l’œuvre de Bertrand de Jouvenel. Il la prononce en français devant un groupe franco-allemand, dont faisait partie l’écologiste Baldur Springmann, pionnier de l’agriculture biologique, âgé de 87 ans qui avait conduit sa propre voiture depuis Hambourg pour venir nous rejoindre. Je traduis les propos de Schang. Faye, en retard, descend de sa chambre, s’installe à la table, écoute pendant cinq minutes ce jeu de discours et de traductions un peu fastidieux puis lance : « J’ai eu Jouvenel comme prof à la fin des années 60 ; voici ce qu’il disait…. ». S’ensuivit un cours magistral, et non préparé, sur l’œuvre de Bertrand de Jouvenel. Ce diable d’homme de Faye avait retenu la substantifique moelle des théories jouvenelliennes sur le pouvoir, trente-et-un ans après les avoir entendues à la Sorbonne ! Tour de force !

fayecoleur.gifEn 2000, suite à une plainte des habituels « vigilants » contre son ouvrage La colonisation de l’Europe, le pontife, crevant de trouille et dans l’espoir de se dédouaner (de quoi ?), monte une cabale contre Faye, revenu, un peu moins de deux ans auparavant, dans le bercail de la ND. Il le fait exclure de toutes les instances qu’il patronne et interdit à ses ouailles de le fréquenter et de le publier. Faye subit là une deuxième blessure inguérissable qui inscrira, très profondément, en son for intérieur, un désespoir sans rémission, expliquant plusieurs de ses dérives comportementales dont, personnellement, je m’empresse de le dire, je n’ai jamais eu à me plaindre. Pire : Alexandre Del Valle, alors copain comme cochon avec Faye et victime, lui aussi, de la vindicte obsessionnelle et hargneuse des sbires du pontife, avait tout juste repéré un entretien entre la rédaction du journal italien Lo Stato et les deux compères du saint des saints de la ND (canal historico-hystérique) : je veux dire le triste sire de Benoist et le pauvre manant de service Champetier. Dans leurs réponses, les deux zigomars chargent Faye, le traitant d’excité et de « raciste », apportant ainsi, de manière très perfide, de l’eau au moulin de ses adversaires face à la 17ème Chambre de Paris. Del Valle et Faye me téléphonent illico à Bruxelles, tous les deux dans un état de fureur déchaînée, pour me conter les vilénies imprimées dans Lo Stato. Je fouille mes archives et trouve, effectivement, une photocopie de cet entretien que m’avaient fait parvenir tout récemment mes correspondants italiens mais que je n’avais encore eu le temps de lire. Je traduis aussitôt les réponses des deux malandrins et les commente de manière assez acerbe ; espiègle et primesautier, je les balance sur le net pour  faire une petit buzz hebdomadaire, c’est toujours amusant... Champetier, piqué à vif, répond aussitôt et envoie sa réponse à tout le fichier de la ND mais sans camoufler les deux mille adresses de ses destinataires ! Je les consulte et quelle ne fut pas ma stupeur en constatant qu’au fichier des sympathisants s’ajoutaient toutes les adresses des journalistes du Monde, du Nouvel Observateur, de quelques associations de vigilants. Bref, de la délation pur jus, de la méchanceté gratuite, une volonté délibérée de nuire. Pour défendre Faye, je disposais d’un coup, et de manière inespérée, de toutes les adresses, nouvelles et anciennes, de la ND. S’ensuivit une polémique, accentuée par une équipe qui s’était baptisée « Cercle Gibelin » et qui voulait remettre le temple au milieu de l’urbs, en fédérant les forces vives et désormais dispersées du « dextrisme » néo-droitiste, en le débarrassant enfin de ses traitres, de ses pusillanimes et de ses aggiornamentistes. Immédiatement après la polémique, Charles Champetier, qui avait participé à la curée contre Faye et qui avait consacré quatorze années de sa jeune existence au service du pontife, de ses 18 ans à ses 32 ans, était jeté hors de l’association comme un malpropre, parce qu’il fallait donner son salaire à un vieux cacique de la bande qui avait fait tant de bêtises priapiques à son boulot qu’on l’avait congédié et qu’il se trouvait sans ressources sur le pavé de Paris. On ne reverra jamais plus le p’tit père Champetier. Après quelques années très douloureuses, où il aurait ressassé avec amertume son éviction et affronté les déboires familiaux qui s’ensuivirent pour son épouse et leurs quatre pauvres marmots, le malheureux Charles serait retombé sur ses pattes et s’occuperait aujourd’hui d’écologie pratique dans de vertes et riantes campagnes, au fin fond de la France périphérique, loin des gaz de Paris et des cigarettes de son ex-mentor, quintessence emblématique de l’ingratitude.

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Gropello di Gavirate

Après sa seconde éviction et après la délation qu’il avait subie, Faye, sans doute profondément blessé et outré de cette veule trahison, a toutefois continué sur sa lancée avec l’appui inconditionnel de son éditeur : le combat devait continuer, avec les moyens du bord, au-delà des chagrins profonds que l’on pouvait ressentir. Il participe aux universités d’été de « Synergies européennes » en 2000 à Gropello di Gavirate, près de Varese en Lombardie, et en 2001 à Vlotho-im-Wesergebirge en Basse Saxe. Dans cette région idyllique du cœur germanique de notre Europe, surtout en ce bel été de 2001, Faye, une fois de plus, nous a étonnés. Un jeune ami, Thierry de Damprichard, prononçait une conférence sur la Beat Generation américaine. Dans le débat qui s’ensuivit, entre 21 heures et 22 heures parce que la chaleur de l’après-midi avait été trop intense, Faye, enthousiaste, refait un cours sur ces auteurs américains, très prisés à l’époque de sa jeunesse et, subitement, tombe tout raide en pâmoison. Les amis allemands appellent aussitôt l’ambulance et le médecin urgentiste. Un hôpital sur roues s’arrête devant la porte mais Faye, ranimé par un ami suisse, secouriste dans l’armée helvétique, refuse de se faire soigner, habitude que déplore d’ailleurs Yann-Ber Tillenon dans le bel hommage qu’il lui a rendu après son décès, dans une poignante vidéo parue sur « youtube ». Puis, il se rafraîchit, retourne devant ses jeunes auditeurs, reprend le fil de ses idées et achève son cours de littérature américaine !

plpe3510.jpgEn décembre 2001, nous nous retrouvons à Saint-Germain à Paris pour une conférence sur l’euro, qui allait être introduit en France et en Belgique une semaine plus tard. En 2001, Faye réécrit et complète son Petit Lexique du partisan européen, édité en 1985 par Eurograf dans la banlieue de Liège grâce à l’entregent de Jean-Marie Simar qui n’avait pas hésité une seule seconde à lui venir en aide. Sans cette initiative, ce lexique aurait terminé dans une poubelle des bureaux de la rue Charles-Lecocq. Faye, en 2001, le remanie complètement, l’étoffe, l’amplifie et, dès le tout premier sous-titre de cette version parue à l’AEncre, il annonce la couleur : « Faire bloc avec des idées claires contre l’ennemi commun ». Ce « manifeste de la résistance européenne » connaîtra un succès mérité, surtout dans ses versions allemande et anglaise.

En 2002 paraît à l’AEncre Avant-Guerre – Chronique d’un cataclysme annoncé. Un pavé de 382 pages avec, pour fleurons, les chapitres sur les « rebelles d’opérette », sur « l’intellectualisme comme anesthésiant », sur « la classe politique comme sarabande des clowns », sur le déclin du christianisme et de son anthropologie faussée, sur le retour nécessaire à une « philosophie vitaliste » pour lutter contre la « pensée dégénérée ». En 2004, nouvel ouvrage à l’AEncre, Le coup d’état mondial – Essai sur le nouvel impérialisme américain.  Ce livre est une analyse fine des ressorts de l’impérialisme américain mais propose, en son onzième et dernier chapitre, un projet d’alliance euro-russo-américain, que Faye nomme « Septentrion ». Notre auteur s’en prend également à ce qu’il appelle l’AAOH ou « l’anti-américanisme obsessionnel et hystérique ». Il plaide pour une critique réaliste et contre toutes les formes d’imprécation que véhiculaient et répandaient les discours anti-impérialistes et anti-américains des gauches marginales et du pontife acariâtre qui l’avait chassé deux fois de l’association, celle qu’il considérait, avec tristesse et amertume, comme sa « maison », celle où, plein d’espoir, il était venu frapper sur le coup de ses vingt ans.

Dans mes propres publications de l’époque, peu de choses sont finalement parues, sauf :

  • -L’annonce du retour de Faye dans le numéro 3 de Réfléchir & Agir, avec brève recension de ses propos recueillis par Maxime Lion (in : Nouvelles de Synergies Européennes, n°30/31, octobre-décembre 1997, p. 35).
  • - Un entretien accordé par Faye au quotidien Il giornale d’Italia, dans le cadre de l’Université d’été 1998 de « Synergies européennes ». Propos recueillis par Michele Fasolo, le 24 juillet 1998 (in : Nouvelles de Synergies Européennes, n°35-36, juillet-septembre 1998, pp. 34-35).
  • - Un dossier « Guillaume Faye » dans le n°46 de Nouvelles de Synergies Européennes (juin-juillet 2000, pp. 9 à 16). Il s’agissait de prendre la défense de Faye après son expulsion des réseaux de la ND, canal historique, et de rendre compte de l’impact, en Italie, de ses ouvrages les plus récents. Textes : « Faut-il lyncher Guillaume Faye ? » par le regretté Pierre Maugué ; « Du dextrisme » par Patrick Canavan, texte reprenant les thèses du « Cercle Gibelin », qui entendait remettre les pendules à l’heure dans l’ensemble de la mouvance néo-droitiste ; « Questions à la ‘nouvelle droite’ – La ND française à la croisée des chemins », toujours par Pierre Maugué ; « Déracinement ou archéofuturisme ? » par le Prof. Augusto Zuliani (recension parue dans le quotidien milanais La Padania, 24 février 2000) ; « Guillaume Faye ou des racines archaïques du futur » par Angelo Mellone, paru dans la prestigieuse revue Area en mars 2000 ; « Archéofuturisme : cette civilisation ne passera pas la nuit… » par Claudia Gualdana, article préalablement paru dans le grand quotidien Il Sole-24 Ore, le 30 janvier 2000).
  • - Un entretien avec Guillaume Faye dans Au fil de l’épée, n°30, février 2002. Propos recueillis par Victor Marck et tirés du net. Faye y évoque son nouveau livre Avant-guerre.
  • - Un article en défense de Guillaume Faye, insulté dans la revue éléments par un certain Jean-Charles Personne, surnommé le « Bidasse Nemo ». Lothaire Demambourg avait trempé sa plume dans le vitriol pour fustiger, à la mode de Léon Bloy, ceux, toujours de la même clique, qui traînaient encore une fois Faye dans la boue (in : Au fil de l’épée, recueil n°46, juin 2003). La polémique n’était pas piquée des vers ! 

corvus-convcat.jpgDe 2000 à 2007, Faye est venu plusieurs fois en Belgique pour présenter ses thèses et ses livres. En 2004, nous sommes tous deux à Gand. Il participera à plusieurs colloques au Château Coloma, à Sint-Pieters-Leeuw, à l’initiative de Georges Hupin, qui, avec son épouse, l’accueillera toujours avec une bienveillance toute paternelle dans leur belle demeure du quartier « Art Nouveau » d’Anvers. En 2006 à Bruxelles dans la salle du Ravensteinhof, nous présentons à deux La convergence des catastrophes, excellent livre qu’il avait écrit en 2004 sous le pseudonyme de Guillaume Corvus (ma contribution à cette conférence commune : http://robertsteuckers.blogspot.com/2013/12/guillaume-fay... ). En 2007, nous participons à un colloque à Termonde, organisé par Chris Roman de l’association « EuroRus », visant à concrétiser un dépassement de l’occidentalisme en Europe qui aurait pour corollaire une réconciliation définitive avec la Russie. Chris Roman invitera encore Faye à débattre avec le penseur russe Pavel Toulaev (Tulaev), notamment sur la notion d’« Eurosibérie » que notre ami russe trouvait inadéquate, la Sibérie n’ayant jamais été un sujet de l’histoire parce que, dans cette immense région du monde, seule la Russie le fut, du moins après la disparition du grand ensemble gengiskhanide. Le débat s’est effectué dans la courtoisie dans la belle bibliothèque de Roman.

En 2007, Guillaume Faye rencontre Jules Dufresne, homme très jeune, qui vient alors de fonder les Editions du Lore. Un premier livre sort dès cette année-là, qui suscitera une terrible et résiliente polémique : La nouvelle question juive (2007). C’est évidemment le sujet qui fâche : les positions prises par Faye n’ont satisfait personne, inutile de le dissimuler. Personnellement, je pense qu’il n’aurait pas dû aborder le sujet car la catégorie dans laquelle on l’avait placé, surtout après le procès qui lui fut intenté après la parution de La colonisation de l’Europe, ne permettait pas d’aborder la question juive de manière sereine même si Faye avait pour intention louable de mettre un terme à des préoccupations monomaniaques souvent stériles, exprimées dans les différents cénacles où elles se manifestaient (nationaux pro-palestiniens, nationaux philo-sionistes, pro-palestiniens en faveur et en défaveur de l’immigration, antisionistes défavorables à l’immigration, etc.). Malgré les 396 pages qu’il a noircies en essayant de traiter de toutes les facettes de la question, il n’a pas su créer un nouveau consensus face à cette problématique pour le moins épineuse. Il a récolté l’étiquette de « sioniste » et le surnom de « shabbat-goy », qu’on lui faisait partager avec Del Valle. L’ouvrage demeure toutefois symptomatique d’un état d’esprit qui régnait effectivement dans les milieux non-conformistes dans la première décennie du 21ème siècle. Sa lecture est dès lors incontournable. A titre documentaire.

gf-wofuer.jpgPierre Krebs,  -que nous avions rencontré pour la première fois en 1981 dans l’appartement de la jeune femme qui hébergeait Faye, dans sa chambre de bonne, et avait accessoirement servi des rillettes au sinistre pontife entre Hong Kong et Las Vegas-,  avait publié une version allemande de Pourquoi nous combattons (Wofür wir kämpfen) en 2006. Il l’avait préfacée avec Andreas Molau qui invite aussitôt Faye à Bayreuth, fin avril, pour un prestigieux colloque allemand et européen où Enrique Ravello et moi-même prenons également la parole. Des émissaires du pontife essaient en dernière minute de torpiller cette édition que le colloque avait annoncée : Faye remarque leur manège dans la salle et m’en parle, visiblement ému car cette tentative retourne une fois de plus le couteau dans la plaie secrète de notre homme mais qui, même invisible, reste si vive... Je fonce tout de suite vers les deux gogols, braves types dans le fond mais légèrement handicapés de la dure-mère, et je leur dis : « Fantastique ! Un livre de Guillaume Faye va enfin paraître en allemand ! Il faut s’en réjouir ! Un homme aussi génial ! Et dire que des envieux ont toujours dénigré cet orateur hors pair !». Ils n’ont pas osé me contredire. Ce fut donc un coup dans l’eau pour les habituels nuisibles. Un de plus. Caramba ! Encore raté ! Krebs et Molau n’ont pas cédé. C’est ce que j’aime dans ce milieu : Beharrungsmenschen !

Il faudra attendre 2011 pour que les éditions du Lore, toujours dirigées par Jules Dufresne, publient Sexe et dévoiement, une somme de 371 pages récapitulant toutes les idées de Faye sur la sexualité et l’histoire de la sexualité, de l’antiquité à la christianisation et de l’époque moderne à l’ère postmoderne. Il s’agit d’une somme inégalée dans la mouvance. L’ouvrage est l’amplification et l’approfondissement de sa brochure rédigée en 1983, Sexe et idéologie. En 2012, les éditions du Lore sortent deux nouveaux ouvrages de Faye, Mon programme et Archéofuturisme V2.0. Mon programme est, comme son nom l’indique, un programme politique à appliquer immédiatement si, tout d’un coup, il y avait vacance de pouvoir et si nous étions les seuls à pouvoir la combler. Le texte peut encore et toujours inspirer mais n’oublions pas que la réalité politique est désormais de plus en plus volatile et que ce type de programme est rapidement obsolète. Archéofuturisme V2.0 est une série de « nouvelles cataclysmiques », qui ont le grand mérite de l’originalité, dévoilant simultanément une facette de romancier que Faye n’a finalement que peu exploitée. Début 2013, le Lore publie une brochure, dans le style de celles qui étaient jadis produites par le G.R.E.C.E. : elle est intitulée La nouvelle lutte des classes. Faye y annonce le collapsus social, dû, entre autres choses, à la multiplication exponentielle des castes parasitaires inutilement importées qui ne contribuent pas à la richesse de la nation. Cette brochure s’inscrit donc dans la logique inaugurée dans La colonisation de l’Europe. La coopération de Faye avec les éditions du Lore s’arrêta là.

Il coopéra par la suite avec les éditions Tatamis dirigées par Jean Robin, où il sortit un Comprendre l’islam, dont je ne possède pas (encore) d’exemplaire. Enfin, chez un cinquième éditeur, Daniel Conversano, Faye sortira son ultime bouquin, intitulé La guerre civile raciale, que j’attends avec impatience.

Mais la grande avancée de Faye au cours de la deuxième décennie du 21ème siècle se produisit dans les pays anglo-saxons. Grâce aux éditions Arktos, patronnées par Daniel Fridberg, Suédois, et par John Morgan, Américain, Faye connaîtra des tirages bien plus importants qu’en France et une diffusion mondiale grâce à d’excellentes traductions dûment annotées. En voici la liste :

  • - Archeofuturism (2010).
  • - Why we fight (2011).
  • - Convergence of catastrophes (2012).
  • - Sex and deviance (2014).
  • - The colonisation of Europe (2016).
  • - Archeofuturism 2.0 (2016).
  • - Understanding Islam (2016).
  • - A Global Coup (2017).

gf-battle.jpgDans la vaste mouvance américaine, aucun sabotage de ses livres n’a eu lieu. Les sites de Greg Johnson et de Jared Taylor, suivi par beaucoup d’autres, en font une publicité ininterrompue. Le matraquage sur les réseaux sociaux est incessant. Le spécialiste de la « nouvelle droite »  française aux Etats-Unis, le formidable Michael O’Meara, lui consacre un petit livre, Guillaume Faye and the Battle of Europe (Arktos, 2013), qui a le mérite d’expliciter l’œuvre de Faye en consolidant chaque argument d’un bon appareil de notes. Dans le seul exemplaire américain de son œuvre que je possède, une copie de Why we Fight, que Faye m’a remis à Paris le 4 juin 2011, je découvre une préface de O’Meara où Faye est décrit comme le prophète du « Quatrième Age », suivie d’une traduction en anglais de la préface allemande de Krebs. Les noms de tous ceux qui ont permis cette édition anglaise de Pourquoi nous combattons figurent en page 4 du volume : le traducteur O’Meara, l’éditeur John Morgan et le co-éditeur australien, excellent connaisseur de la langue française, Matthew Peters, le réalisateur de la couverture Andreas Nilsson et l’incontournable Daniel Fridberg. On peut supposer que cette excellente équipe n’a pas été importunée par les habituels cloportes expédiés depuis la sombre officine parisienne du gourou… Très récemment, quelques jours avant le départ définitif de Faye, le gourou a vomi sa colère et son dépit (hu...hu…hu… !) dans les colonnes du quotidien italien La Reppublica : les représentants de l’Alt-Right, proclamait-il, ne sont que de « petits extrémistes ridicules », qui lui ont pourtant financé de belles éditions de ses propres pensums et quelques voyages d’agrément dans les Amériques…  Toujours l’ingratitude foncière de l’indéboulonnable Dr. Peutt Peutt…

Mais les dédouanements du pontife Peutt Peutt n’ont aucune incidence, ne servent strictement à rien : en date du 28 mars 2019, vingt-deux jours après la mort de Faye, paraît une longue « étude » d’un certain Dan Glazebrook sur le site de « Democracy and Class Struggle » (= Démocratie et lutte des classes » - titre : « The Browning of the Left : How Fascists Colonised Anti-Imperialism » - https://democracyandclasstruggle.blogspot.com/2019/03/ ). C’est un long pensum de cerveau mou, genre antifa, sur le grand manitou que nous avons côtoyé tous deux pendant si longtemps. Jugeons-en : le manitou est l’homme qui, sur cette planète, « brunit la gauche »  et qui « s’approprie les concepts de la gauche pour les mettre au service d’un fascisme plus politiquement correct » ; « sa carrière politique a commencé en applaudissant directement les impérialistes jingoïstes dans des livres tels ‘Le courage est leur patrie’ et ‘Rhodésie : terre des lions fidèles’ » ; « il a surfé sur les concepts de la nouvelle gauche de façon à mettre au goût du jour une forme explicitement fasciste de politique identitaire » ; « sa nouvelle droite a immédiatement adopté la phraséologie captatrice de la nouvelle gauche sur le ‘respect de la diversité’ et le ‘droit à la différence’ pour se faire l’avocate d’une politique prônant la séparation des ethnies, qui seront alors racialement purifiées » ; « il recyclait les théories d’un apartheid global, propre des racistes du 19ème siècle, qu’il cherchait explicitement à réhabiliter » ; « de cette manière, …, il cherchait à implanter l’injonction de Hitler de créer un peuple prêt au fascisme » ; « il jette effectivement les fondations d’une politique identitaire blanche au cœur du fascisme moderne ». Tout cela, je suis d’accord, c’est le blabla abscons que l’on entend depuis de longues décennies, et qui est l’indice d’une sévère pétrification mentale, mais, voilà, ces accusations ne seront plus, dans un avenir proche, adressées à Faye, l’homme qui ne mâchait pas ses mots, mais bien à celui qui l’a toujours systématiquement enfoncé dans l’espoir de se dédouaner, de passer chez les badernes du système pour le gentil intello modéré face au méchant Faye, pitbull qui voulait mordre les pauvres salafistes et Savonarole postmoderne qui ne cessait de calomnier les braves wahhabites… (le tout avec l’aide très hypothétique de Tsahal), face aussi à l’alt-right américaine, composée de « petits extrémistes ridicules » qui se servent de son auguste personne pour se faire valoir (comme si ces gens avaient besoin, pour se hausser le col, d’un vieillard parisien radoteur, interlocuteur récent d’autres radoteurs séniles de l’autre bord dans les colonnes du Figaro ou du Causeur…). Faye a d’ailleurs eu les mots qu’il fallait pour les « repentis », et, a contrario, ce Dan Glazebrook les confirme. Ecoutons Faye : « Ceux qui, jadis, ont commis des erreurs de parcours, des péchés de jeunesse, des écarts abominables, et qui veulent se faire pardonner en montrant patte blanche. Hélas, ils ne parviennent pas à détacher de leur queue les casseroles tintinnabulantes, quelque effort, grouillerie, reptation, léchage, renvoi d’ascenseur qu’ils fassent » (Avant-guerre, p. 207). Cqfd. 

En octobre 2018, plusieurs amis me téléphonent pour me dire que l’état de santé de Guillaume Faye est alarmant. Il est hospitalisé. On connaît la suite. Mais sa réplique aux médecins et aux amis qui ne lui cachaient pas la vérité est vraiment formidable et on aimerait tous avoir la même froide sérénité aux moments ultimes : « J’ai 69 ans, je mourrai au même âge que Platon, également d’un cancer… ». La Parque a coupé le dernier fil que le liait à la vie le 6 mars 2019, peu avant minuit. Son cercueil a été placé dans le caveau familial, dans le cimetière d’un village près de Poitiers (Faye se disait « Poitevin »). Yann-Ber Tillenon lui a placé sur la poitrine l’aigle de Maksen Wledig. Le camarade Bruno a glissé une carte de la « Grande Europe » (Sibérie comprise), avec un texte poignant. Philippe Gibelin a présidé à la cérémonie. Daniel Conversano était présent. D’autres amis de la région s’étaient déplacés. Des bouquets de fleurs entouraient sa pauvre dépouille, bouquets d’une grande beauté parce que d’une grande simplicité. Je suis heureux que Faye ait retrouvé sa terre, sa famille, son enfant au bout de son interminable errance dans une certaine solitude, au bout de sa désinstallation permanente qui fut toujours marquée du sceau du tragique, en dépit de sa joie apparente, de la joie affichée qui cachait sa grande douleur.

C’est Pierre Vial qui a trouvé les mots les plus justes pour évoquer le destin de Faye. Vial a mis le doigt sur la vérité nue, cruelle qui était là, au fond de sa personne et qu’il dissimulait (mais tristement) derrière un panache truculent. Ainsi, Vial écrit qu’au G.R.E.C.E. « ses talents ont fait merveille. Peut-être trop au goût de certains egos surdimensionnés à qui il faisait (sans le vouloir) de l’ombre ». Personnellement, je peux témoigner de la pertinence de cette phrase… Et, Vial ajoute : « Quand le divorce avec certains hiérarques de la Nouvelle Droite est devenu inévitable, il a été touché au plus profond de son être et nous avons été peu nombreux à nous en rendre compte ». Enfin : « Il y avait en lui des blessures qui ne se sont jamais refermées ». Ces blessures ont été constamment ravivées par les mêmes ignobles personnages car, il faut le dire, en extrapolant très légèrement les propos de Vial, que Guillaume a été un homme que l’on a délibérément voulu tuer à petit feu, un homme qui fut littéralement kapotgekoeioneerd ou kaputtkujoniert comme on dit en néerlandais et en allemand (c’est-à-dire, « couillonné jusqu’à en crever »). Une volonté qui n’émanait pas de l’ennemi mais de son propre camp ! En l’humiliant et en l’insultant à longueur de journée dans les années 1980, alors que son travail était exemplaire ; en colportant les pires ragots sur sa personne dans les années 1990 et 2000. Or, les comportements qu’on lui prêtait, personne, ici, dans les anciens Pays-Bas autrichiens ou aux Etats-Unis, ne les a remarqués ni a fortiori subis, sauf peut-être, en Bretagne, son troisième éditeur, Jules Dufresne (mais sans doute est-ce à cause de l’hydromel qu’il offre si généreusement à ses hôtes et à ses auteurs…). Ni Georges Hupin ni Guibert de Villenfagne ni Chris Roman ni Jared Taylor ni moi-même, qui l’avons régulièrement hébergé, n’avons eu à nous plaindre de lui. Pas davantage que ceux qui nous offraient le gîte lors des universités d’été en Italie ou en Allemagne. Honte donc à tous ceux qui l’ont meurtri sans raison, jadis, avec une cruauté abjecte et inquiétante (pour leur santé mentale), l’ont continuellement vilipendé, honte surtout à « ceux qui l’ont connu » et l’insultaient encore, quelques jours avant qu’il n’ait été porté en terre, méritant le titre de « clique » qu’un ancien de nos camarades, et non des moindres, leur a collé sur le dos dans un courrier qui m’était personnellement adressé, honte aussi aux petits roquets sans cervelle qui servent obséquieusement les vieillards haineux de la « clique » et répandent allègrement leurs phrases fielleuses sur la grande toile.

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Si Vial, en quelques phrases parfaitement ciselées, a bien mis le doigt sur le tréfonds de la problématique psychologique qui fut celle de la personne Faye, sur cette tristesse indicible et immense, inguérissable, qui l’avait transformé lentement et fait, du garçon généreux, joyeux et curieux qu’il était, un homme qui a basculé dans la farce pendant dix ans mais a voulu en sortir, un homme vieilli avant l’âge, miné par un mal sournois, Yann-Ber Tillenon dans une première vidéo rend très justement hommage à l’homme qui présentait des facettes multiples. Tillenon voit en Faye un penseur, un polémiste, un scénariste de canulars, un auteur de bande dessinée, un acteur capable de jouer n’importe quel rôle. Propos que Faye lui-même avait corroborés dans une émission récente de « TV Libertés » en disant qu’il avait toujours recherché cette multi-dimensionnalité que présentaient également les philosophes grecs de l’antiquité, ses modèles. En effet, la pensée de Faye est une réponse à l’unidimensionnalité du monde bourgeois, le sien au départ, qu’il avait rejeté de toutes les fibres de son corps, pour se vouer entièrement à la cause, au détriment de sa vie de famille, de toute carrière professionnelle cohérente. Sa réponse à l’unidimensionnalité (celle de Demesmaeker) n’était évidemment pas la même que celle proposée par Herbert Marcuse… encore que… Faye voulait un retour aux Grecs, à Aristote (ce qui le rapprochait d’Ivan Blot, disparu en octobre 2018), à Héraclite et rejetait ce qu’il appelait, avec Raymond Ruyer (1902-1987), les « nuisances idéologiques », toutes issues d’une modernité dévoyée.

Faye avait fait connaissance avec le G.R.E.C.E. au moment où celui-ci disposait d’un cercle à Sciences-Po à Paris, le « Cercle Pareto », et où les cadres du mouvement, suite aux leçons données par le sociologue allemand Henning Eichberg à la « Domus », dans la région d’Aix, avaient planché sur l’empirisme logique de l’école anglaise et sur le Tractatus logico-philosophique de Ludwig Wittgenstein. Domaine qui avait intéressé aussi Raymond Ruyer, alors professeur à Nancy et membre du comité de patronage de Nouvelle école. Pour l’école empiriste/logique anglaise, Ruyer, les disciples de Wittgenstein et leur interprète national-révolutionnaire allemand Eichberg, les discours scientifique et politique se devait d’être limpides, logiques, dépourvus d’ambigüités et d’affects incapacitants. Faye, après la lecture de Heidegger et de sa Lettre sur l’humanisme, concevait bien qu’une telle logique pure, et scolastique, ne pouvait s’adapter à la sphère effervescente du politique, toujours grevée d’irrationalité, parfois destructrice, parfois constructive. Cependant, il y avait, chez lui, la volonté de rejeter sans appel les ambigüités, les affects incapacitants et les ritournelles stérilisantes, tous figements qu’il convenait de briser, au marteau, à la mode de Nietzsche (comme, par exemple, quand il s’était mis dans la peau d’un « peintre lithuanien » à la mode…). Faye se disait « réalitaire et acceptant » contrairement à l’engouement pour la critique pure et déconstructiviste sur laquelle pariaient alors les gauches intellectuelles, dans le sillage de l’école de Francfort, du déconstructivisme français (la « French School ») et d’autres modes intellectualistes. L’imitation de ces travers par les sycophantes de notre propre mouvance était à rejeter avec la même vigueur. Pour échapper à cet irréalisme, à ces « nuisances idéologiques » et à ces affects incapacitants, il fallait renouer avec l’esprit hellénique de l’antiquité dans lequel, adolescent, dans son collège d’Angoulême, il avait baigné et même adorer se baigner. Une nouvelle paedia grecque et une immersion dans le mos majorum des Romains sont les antidotes aux dérives de la modernité tardive.

Par voie de conséquence, il ne fallait pas, dans notre mouvance, tenir compte des nuisances idéologiques pour pouvoir être admis dans des débats stériles (où « l’on discute du sexe des escargots ») orchestrés par les médias du système (à tuer les peuples) (cf. Avant-guerre, p. 206). Il ne fallait tenir compte que des faits, être en quelque sorte « factualiste » et non des idées fumeuses avec lesquelles le « paysage intellectuel français » faisait allègrement joujou pendant que la société toute entière partait en quenouille (« Contre le byzantinisme, retour au réel ! », ibid.). L’erreur majeure du pontife était donc de vouloir occuper des tribunes là où, en fait, on ne disait rien de concret, rien de « bouleversant ». Quant au paganisme fayen, il était classique, hellénique et romain car, ainsi, il permettait de renouer avec les humanités classiques, sans tomber dans les dérives du New Age, des mauvais lecteurs de Tolkien, des hippies recyclés dans une sorte de folcisme soft, etc. Benedikt Kaiser, représentant de la toute dernière génération de la « Neue Rechte » allemande, dans son texte sur Faye en date du 7 mars 2019 (sur https://sezession.de/60561 ), jour où nous avons tous appris le décès de notre ami, parle de sa volonté d’ancrage dans le réel, de sa Wille zur realpolitischen Erdung. Belle parole qui ne l’empêchera pas d’aller glander dans le club des lèche-derche du pontife dans l’espoir fou de recevoir une petite tape amicale sur la joue droite… Il a déjà donné tous les gages pour cela.

Faye, pour moi, était aussi, grâce à la formation qu’il avait reçue dans un collège de jésuites, un praticien des « arts de la mémoire ». Parfois, une magnifique conférence de deux heures était préparée sur un petit bout de papier froissé, un sous-bock, avec quelques mots-clefs et un « chemin » fait de quelques lignes et de quelques flèches. Son intervention sur Jouvenel dans le Trentin en juillet 1998 prouvait qu’il gardait certains de ces « chemins » dans un coin de son cerveau et pouvait les restituer tout de go. C’est un art que l’on a largement oublié en Europe aujourd’hui.

J’ai donc perdu celui avec qui j’ai marché pendant 44 ans, même si au cours de ces vingt dernières années, nous n’étions plus collègues : l’essentiel continuait à nous unir intellectuellement. J’aurais encore mille et une choses à dire et à écrire ici sur Faye. Mais, voilà, je pense avoir communiqué quelques pistes importantes pour ceux qui écriront l’histoire de la mouvance, à laquelle il a donné ses meilleures impulsions mais qui l’a chassé et renié, pour ceux qui veulent en comprendre les ressorts tout en épousant ses thèses essentielles, au-delà de la méchanceté de certains hiérarques qui, eux, méritent d’être oubliés, en tout cas, d’être exclus des tables où nous dînons. Nul besoin de commensaux pareils. Cependant, ce qu’il faut garder en tête, c’est que les idées demeurent, étaient là avant nous, seront là après nous, tandis que les hommes passent, les meilleurs comme les pires, car, très souvent, ils faillissent.

En tout cas, jamais je ne pourrai exprimer ma reconnaissance à Faye pour tout ce qu'il m'a apporté. Merci, Guillaume, repose en paix en terre poitevine, avec tes parents, à proximité du Futuroscope... La terre et les fusées... 

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, mars 2019.

mardi, 19 mars 2019

Hommage à Guillaume Faye - sa bibliographie commentée

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Hommage à Guillaume Faye - sa bibliographie commentée

par Thomas Ferrier
 
Hommage à Guillaume Faye, penseur de l'Europe authentique, mort le 6 mars 2019.
 

lundi, 18 mars 2019

Guillaume Faye, Chevalier FAOUET : Evocation avec Yann-Bêr Tillenon

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Guillaume Faye, Chevalier FAOUET :

Evocation avec Yann-Bêr Tillenon

Guillaume Faye, un génie métamorphique qui nous quitte à 69 ans, dans cette année moins "érotique" que "thanatique"... Apollon et Dionysos ont tenu Guillaume entre leurs deux Feux sacrés, ainsi fut-il habité en cette vie par l'Ivresse et la Lumière, par la tension tragique de la création... Et c'est sous la protection d'Arès que se désincarne le guerrier Faye en ce mois de Mars... pour se ressourcer au Champ d'Honneur des Héros de la Grande Europe... Awen !
 

dimanche, 17 mars 2019

La scomparsa di Guillaume Faye Un romantico della politica

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La scomparsa di Guillaume Faye
Un romantico della politica

Carlo Gambescia

Ex: https://carlogambesciametapoliticspuntozero.blogspot.com

Il sette marzo è morto Guillaume Faye (nella foto). Avrebbe compiuto settant’anni il prossimo novembre. Era da tempo malato. Tra gli anni Settanta e Ottanta del secolo scorso rappresentò l’ anima volontarista, romantica, della Nouvelle Droite: se si ci si passa la metafora sacrilega, Faye incarnò l’attivismo dei primi ordini mendicanti, mentre Alain de Benoist, ne era l’anima benedettina, dedita esclusivamente allo studio e al lavoro culturale.


Infatti, inevitabilmente, a un certo punto le due anime si separarono. Senza, crediamo, perdere la stima reciproca, come del resto testimonia una lunga intervista, vingt ans après (per dirla con Dumas padre) a “Éléments”, dove Faye confessò, tra le tante cose interessanti, amichevoli e simpatiche raccontate, di essersi dedicato, a tempo perso, anche alla frequentazione dei set dei film pornografici. Agli amanti del genere, il compito di recuperarne i preziosi fotogrammi.


Quella che può sembrare una battuta, evidenzia invece bene, ciò che può essere definito il lato dannunziano di Faye, romantico, politicamente romantico, tutto genio e sregolatezza.
Genio, perché in opere come Le système à tuer les peuples (1981) e La Nsc: Nouvelle société de https://consumation (1984) tradusse, non senza un brillantissimo tocco personale, ad uso e consumo dell’estrema destra, in larghissima parte sociologicamente illetterata, il complicato e raffinato lessico sociale della Scuola di Francoforte e della microfisica strutturalista del potere di Foucault, che lui, Faye, con robusta formazione da scienziato sociale, conosceva a memoria.

Sregolatezza, perché, da romantico politico, Faye non comprese mai i tempi lunghi della politica, che invece un suo caro amico italiano, trasferitosi in Francia, Giorgio Locchi, ben conosceva, mettendolo in guardia. Di qui, quel suo romantico gravitare, rimproveratogli, crediamo, anche dal Benedettino Parigino (via Tours), negli ambiti delle sregolatezze della politica politicante. Un voto francescano di rinuncia cognitiva, quello di Faye, frutto di un volontarismo, forse caratteriale, e di una incomprensibile incomprensione, nonostante la sua formazione sociologica, delle durezze selettive della politica: un mondo in cui, di regola, gli amici diventano nemici e gli amici nemici, secondo il rapsodico, ma ferreo, gioco degli interessi, dei poteri e dei carismi rivali, veri o falsi che siano.


Il che spiega, per contro, perché Alain de Benoist, da buon benedettino delle idee, e profondo conoscitore delle regolarità metapolitiche, abbia, sempre preferito, e giustamente, l' ora et labora. E perciò di tenersi alla larga dall'influsso venefico dell'occasionalismo, come adesione, occasionale, alle cause politiche più diverse, pur di poter cambiare la realtà.


Per inciso, sarebbe interessante, se esistesse, studiare la corrispondenza tra i due maggiori intellettuali della Nuova destra franco-italiana dopo Alain de Benoist: Locchi e Faye. Ma sarebbe interessante indagare - altro inciso nell' inciso - anche i rapporti intellettuali, tra Faye e Robert Steuckers, altro nomade d'ingegno della Nouvelle Droite, ramo dinastico franco-belga. Ovviamente, anche la non breve sinergia Faye-De Benoist è tutta da ricostruire. E capire ( e gustare) nelle sue sfumature.


Sregolatezza intellettuale, dicevamo, che si evince, sul piano cognitivo, anche da un libro come Archéofuturisme (1998), dove l' approccio strutturalista di Faye, insomma da sociologo, fa a pugni con la sua sensibilità da individualista romantico della politica. Infatti, il lavoro, a un certo punto slitta, per assumere, tecnicamente parlando, la forma del romanzo utopico in chiave sovrumanista. Poesia contro prosa sociologica. versi contro concetti, materiali tellurici, forse, da dissidenti della ragione.


Il mix di futurismo e tradizionalismo, che innerva il pensiero di Faye, a un tempo sociologico e post-sociologico, non è altro che la perfetta incarnazione, quasi da manuale, di quel romanticismo politico, come insegnava Carl Schmitt, che conduce inevitabilmente all' occasionalismo. Infatti, Faye, autore di un trentina libri, spazia dal terzomondismo, al protezionismo economico, dall’eurasismo, seppure riveduto e corretto, fino allo spezzare una lancia in favore di Israele e del Giudaismo in chiave anti-islamica. Tutto e il contrario di tutto.


Provocando così inevitabili soprassalti culturali nei suoi lettori, prevalentemente di estrema destra. I quali però, imbevuti dello stesso romanticismo politico, ma di regola, di gran lunga culturalmente inferiori, tendono tuttora a scorgere in Faye, senza avvedersi dei problemi di scala cognitiva ed euristica, una specie di reincarnazione del filosofo Nietzsche. Che però, detto per inciso, non aveva mai studiato sociologia. E che quindi non era a conoscenza come Faye, degli inesorabili rotismi della macchina sociale. Un aspetto, quello dei determinismi sociali, che resta tra i più interessanti dell'opera di Faye, seppure nascosto, se non addirittura sepolto, sotto l'abbondante cenere dell'occasionalismo politico.

Del resto, in Francia, il suo La nouvelle question juive (2007), venne attaccato da un'estrema destra antisemita, "diversamente" occasionalista. Mentre in Italia attende ancora di essere tradotto. Il che, tra l’altro, la dice lunga sull’antisemitismo, oggi mascherato da antisionismo, dell’editoria neofascista. Sotto questo aspetto le frizioni, talvolta cortocircuiti, tra gli stilemi del radicalismo di destra, refrattario alla sociologia, e le intuizioni sociologiche di Faye, come dicevamo, di derivazione strutturalista, andrebbero ricostruite e studiate.


Con Faye, scompare un romantico della politica. Evidentemente, stanco di vagare d’un château l’autre, aggredito dal male, ha preferito chiudere gli occhi, appuntiti e mobilissimi. In cerca di riposo.

Carlo Gambescia

 

jeudi, 14 mars 2019

EN LA MUERTE DE GUILLAUME FAYE

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EN LA MUERTE DE GUILLAUME FAYE

Ernesto MILA

Ex: https://info-krisis.blogspot.com

Hace cuatro días, el 7 de marzo de 2019, falleció en Angulema Guillaume Faye. Uno de los pocos libros que salvé de la liquidación de mi biblioteca convencional fue el primero que leí de él durante mi exilio francés, Le système à tuer les peuples. Desde entonces he seguido su carrera como ensayista. Al volver a España lo perdí de vista y durante años no volví a saber de él. En un viaje a París -debió ser a finales de los 90- compré la nueva revista que publicaba, J’ai tout compris. Ayudé en la traducción de El Arqueofuturismo que incluía algunas notas sobre su polémica con Alain de Benoist, su exclusión del GRECE (por dos ocasiones, en 1986 y en 2000), y, desde entonces, fui traduciendo algunos libros y artículos que escribió entre 2000 y la fecha de su muerte.

No tengo ningún inconveniente en afirmar que su obra constituyó una inspiración para mí. Sus puntos de vista y la forma en la que los exponía, generalmente provocadores e impactantes, animaron múltiples debates. Fue uno de los que primero denunciaron la “islamización de Europa” y denunció el rostro de la modernidad. La fórmula “arqueofuturista”, síntesis de tradición y revolución, sigue siendo para algunos de nosotros la mejor expresión del pensamiento alternativo, el mejor paradigma contra la corrección política y el resumen del programa contra el Nuevo Orden Mundial.

Nunca dejó de creer en la idea europea y en el potencial europeo para superar la peor crisis de su historia: la actual.

Su técnica consistía en lanzar andanadas provocadoras que suscitaran debates. Era de los contrarios a cualquier catecismo. Uno de los motivos que me impulsaron a experimentar el mayor respeto y admiración por él fue la crítica que él mismo realizó al “gramscismo cultural” defendido por él mismo y por la “nouvelle droite” en los años 70.

Todos los que lo conocimos, directamente o a través de su obra, sabemos que se trataba de un personaje excesivo, tanto en su vida personal como en sus escritos. A diferencia de otros responsables de la antigua “nouvelle droite”, Faye nunca intentó entrar en los medios de la “respetabilidad intelectual” y optó siempre por el papel, menos rentable, pero más grato desde el punto de vista personal, del eterno “enfant terrible”.

En los medios de extrema-derecha, su libro sobre la cuestión judía resultó muy criticado y se habló de que se había convertido al nacional-sionismo. Es discutible porque la obra de un autor no puede medirse por algunas páginas de uno de sus ensayos, sino por la totalidad de su obra. Como máximo puede reconocerse que Faye compartía la idea de que había que cerrar las puertas al mundo islámico en Europa y que uno de los aliados objetivos para esta cuestión era el Estado de Israel. No era el único en proponer esta idea dentro de Francia, incluso en los medios de extrema-derecha la misma idea había estado presente en los años 50.

Se acusa a Faye de haber sido excesivamente catastrofista en sus previsiones y de haber anunciado una “guerra étnica” que todavía no ha estallado. De hecho, él no la anunció a plazo fijo, pero sí estableció que algunos fenómenos que se están produciendo en la actualidad, suponen los primeros chispazos de esa guerra étnica. Creo, sinceramente, que, en este terreno, Faye acertó plenamente: los nuevos grupos étnicos llegados a Europa siguen sin reconocerse en la cultura europea y mantienen entre ellos el espíritu de tribu aferrados a valores religiosos no europeos y a su propia identidad racial. Si hay momentos en los que están tranquilos es porque el sistema ha comprado la paz étnica mediante un régimen de subsidios. Si nos limitamos a constatar la realidad, cuidadosamente ocultada por medios y tertulianos, veremos que una parte muy importante de los problemas y molestias que sufre la sociedad europea (incluida la violencia doméstica, las agresiones sexuales y violaciones, la delincuencia, el deterioro de la seguridad ciudadana) están vinculados, en mayor o menor medida, al fenómeno de la inmigración masiva y descontrolada.

Libros como La colonización de Europa o El nuevo discurso a la nación europea, o el mismo Arqueofuturismo con el que regresó a la arena de la polémica, seguirán siendo libros de texto para todos los que muestren una objetividad y una ausencia de prejuicios ideológicos en su intento de ver la realidad tal cual es y no mediante la utilización de prismas y lentes deformantes.

El esfuerzo de Faye, su carácter dionisíaco y carente de prejuicios, lo situaban en las antípodas de los intelectuales pequeño-burgueses que solamente aspiran a que su obra sea reconocida en los foros bienpensantes y de alta difusión.

Faye, como Evola, como el propio Benoist, incluso como Thiriart, Duguin y tantos otros, exigen del lector cierta formación cultural y cierta capacidad para discernir, discriminar y decidir. No son obras que puedan aceptarse o rechazarse en su totalidad, cada una de ellas tiene matices, aciertos y déficits y así hay que tomarlos. Faye ni tendrá ni exigirá, ni siquiera le gustaría que existieran “fayeanos”: lo que sí exige del lector es algo tan simple como que piense por sí mismo. Si en este blog figura en el encabezamiento un paradigma personal, reconozco que parte de él, se debe a escritores como Guillaume Faye, grande entre los últimos intelectuales europeos.

 

Vier maal Vierling: Guillaume Faye

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Vier maal Vierling:

Guillaume Faye 

Vraaggesprek van Alfred Vierling met Guillaume Faye uit 2003.
 
Uit het beoogde vierluik Vier maal Vierling.
 

GUILLAUME FAYE: HERO OF EUROSIBERIA

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GUILLAUME FAYE: HERO OF EUROSIBERIA

Ex: https://affirmativeright.blogspot.com 
 
"I know the skies bursting into lightning, and the whirlwind
And the surf and the currents: I know the evening,
The dawn rising like a flock of doves,
And I sometimes saw what men only thought they saw!"

                                    — Arthur Rimbaud, The Drunken Boat
Guillaume Faye entered the gates of Valhalla on March 7, 2019. He leaves behind an impressive body of work. His main vision concerns the creation of a White superpower, which he dubbed Eurosiberia, stretching from Lisbon to Vladivostok. Another term for the same geopolitical construct is Euro-Russia, the merger of Western Europe and the Russian Far East — to herald the beginning of a new European Golden Age, with our continent becoming truly independent of the pernicious influence of the other global players today. 

The theoretical underpinning for this super state is the Faustian philosophy of Archeofuturism, which posits that the old and traditional has to enter a fruitful marriage with the new and cutting edge. Spaceships named after Odin and Hercules will pierce the sky in the search for suitable exoplanets to explore and colonize. Megacities will coexist with quaint villages in a lush landscape. Villagers will marvel at the steel spires from afar while toiling in their fields. The technocratic elite in the cities, meanwhile, will find new ways to make the home of the White race more environmentally sustainable without losing sight of the main goal: The Second Stealing of the Fire.

For Faye, the enemy is very clear: the “masses of aliens who immigrate and settle here with us.” This enemy is symbolized by Islam, which Faye accuses of a colonization that leads to the destruction of native European peoples. America, however, is merely an opponent. According to Faye, it cannot be considered an enemy because it only represents geopolitical interests. America is only strong because Europe is weak.

For Faye it is not class war but the racial struggle for supremacy that drives history. The Nietzschean will to power is an integral feature of the European people. Its current absence is the main cause for the imminent fall of Western civilization.

Faye was opposed to cultural relativism or hippie ideas like “anti-imperialism.” He had no interest in fighting for any people except his own, namely Europeans, because “each people is only responsible for its own identity, and history is a graveyard of peoples and cultures.” The concept of ethnocentrism postulates that the race or ethnic group one belongs to is the cornerstone of all considerations.

Guillaume Faye was neither an angel nor a saint. He was a heavy drinker and smoker, an active participant in porn movies and a womanizer. He was a French poet in the vain of Arthur Rimbaud and Paul Verlaine. He was literally possessed by the exuberant and frenzied spirit of the French symbolists, always uncovering new truths, formulating fundamental axioms and making predictions, which all true Europeans hope will one day come to pass. Burning the candle at both ends like the Absinthe-guzzlers of yore, Faye’s near hallucinatory visions have the same elegance and beauty as Charles Baudelaire’s apocalyptic prophecies, but while the latter’s are uniformly pessimistic about the failure of modernity, the former’s are unequivocally filled with the optimistic joy of a future overcoming. Faye embraces the Age of Rapid Progress and believes creating chimeras in laboratories would be a swell thing to behold.

The White race is the master of Eurasia. Eurosiberians are the inhabitants of Europe and Russia. Only eight million Whites live in Siberia. It is their obligation to multiply and colonize this vast space. Siberia is the new Wild West. Islam is an enemy of Europe. The North is the enemy of the South. A new battlefront has been drawn. In the trenches in the North, the White race, grim-faced and merciless, sits ready with guns cocked and cannons loaded. The West will decolonize itself with the help of fresh blood from the East. West and East will merge and become Eurosiberia. The Eurosiberian identity will give birth to the counterrevolution which will pit itself against the world revolution of the colored peoples.

In his book The New Jewish Question (published in France in July 2007), Guillaume Faye denounces Holocaust “revisionism” (or denial). Prominent Holocaust “revisionist” Robert Faurrison denounced Faye for that transgression against rightist dogma. Personally, I have come to the conclusion that Holocaust “revisionism” is utterly inconsequential and counterproductive to the cause of racial liberation. Naturally, Holocaust “revisionism” is mostly the home of raging anti-Semites (who try to downplay the anti-White policies of the Nazis). Faye was a progressive European nationalist and hence on our side. Most Holocaust “revisionists” are not on our side. Also, it is not “the Jews” who criminalized Holocaust “revisionism” but gentile officials of gentile countries.

Faye was opposed to demonizing and scapegoating Jews, as so many people on the Right are delusionally wont to do. Faye took the position of Friedrich Nietzsche when he stated that “to run down the Jews serves no purpose, it’s politically stupid and unproductive.” Faye also correctly identified anti-Zionism as merely another form of anti-Semitism. He said that “anti-Judaism [a term he prefers to anti-Semitism] is a political position that is obsolete, unhelpful, out of date, even when camouflaged as anti-Zionism.” Faye castigated European nationalists who view Israel as an enemy:
“How could I be anti-Zionist? ... Unlike Islamism, Communism, Leftism, human rights, and masochistic, post-conciliar Christianity, Zionism neither opposes nor restrains in any significant way the ideals I defend, that is, the preservation of [Europe’s racial] identity. How would the disappearance of Israel serve my cause? For a European identitarian to think that the Hebrew state is an enemy is geopolitically stupid.”
RTS = Racialist Tourette's Syndrome: A condition that describes people who can't shut up about "the Jews." Such people are usually not interested in winning.

Guillaume Faye is reviled among the mentally ill RTS crowd. They cannot comprehend that a man of his stature could simply “ignore” what they falsely view as the number one cause of the West’s decline. While Faye was not afraid of criticizing individual Jews and Jewish groups, he made it very clear that “the Jews” as a monolithic group do not exist, as evidenced by the fact that many Jews are also on “our side.”

Guillaume Faye most certainly supported Israel. He made this quite clear in many private conversations I had with him in Moscow. Faye has absolutely nothing in common with the “Jewish conspiracy” theorists, who, unfortunately, still infest the Right. Luckily, though, more and more people are realizing that this way of thinking is anachronistic, counterproductive and definitely not based in reality. Since Faye is possibly the most important thinker of the Right, it seems fair to say that the Right is not a monolithic anti-Zionist beast. Some rightists’ anti-Semitism leads them to embrace Islam as their new identity. Their obsession with “the Jews” leads them directly into the camp of Europe’s deadliest enemies.

Guillaume Faye is a Hero of Eurosiberia precisely because he had a wider vision and an insight that was not limited to insane fringe conspiracy theorizing but rather to levelheaded and fact-based analyses of the current status quo. Faye’s heroic status stems directly from his ability to prophesy and inspire without resorting to lies and falsehoods. Faye, who foresaw a “convergence of catastrophes” (a natural disaster combined with a massive military conflict, for example, could bring about the desired paradigm shift) and preached a return to eternal values while embracing the coming Technological Singularity, was and will always remain the black-pilled prophet of European optimism - a true Promethean soul!

Faye's ideas about racial and cultural struggles as the key to Western self-discovery finally culminated in a book that was published exactly one day after his passing: Guerre Civile Raciale (Racial Civil War). The esteemed American pro-White advocate Jared Taylor wrote the preface. In this book, Faye bemoans the sheep-like passivity of his people in the face of replacement and subjugation, but he also expresses his fervent wish that one day, weary of being deprived of their culture and way of life, they will rise up and, animated by their survival instinct and sense of self-defense, start organizing a counteroffensive which will hopefully lead to a FINAL VICTORY.
 

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The author with Guillaume Faye in Moscow, July 2007

È morto Guillaume Faye. Il filosofo che ammise la stanchezza degli eroi

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È morto Guillaume Faye. Il filosofo che ammise la stanchezza degli eroi

In questo tempo di nevrosi applicata al nulla anche gli eroi diventano stanchi. Si isolano. Vivono nella nicchia di una saggezza che con quantifica il sapere, ma sa essere saggezza e  silenzio. Da questo silenzio il pensiero è una fortezza. Forse Bastiani. Il deserto accoglie non i Tartari ma i sapienti. Gli uomini che hanno ancora una “razza” da difendere contro il globalismo macchiato dai leopardi e coccodrilli e mai dai gattopardi. La morte si avvicina e avvicina la necrologia della mediocrità che occupa ormai la scena. Nella vita come nella cultura e in quel far ed essere politica. È morto Guillaume Faye.

Era nato a Angoulême il 7  novembre del 1949. Lo scrittore che seppe raccontare la colonizzazione dell’Europa e adottò il sistema di un futurismo del pensiero che sapeva e sa guardare anche oltre le arti.  Un futurismo dell’incipit, ovvero di una archeologia in cui il pensiero è primordiale e il saper fare distinzione è un sistema ancestrale. Inventò movimenti e cercò nella volontarietà dell’Occidente ad essere primato oltre le frustrazioni della stessa colonizzazione. Di filosofia parlò e i suoi maestri nascono nella mai abusata reticenza della potenza scavata nella volontà.

Nietzsche letto e studiato come il filosofo che non accolse mai la lacerazione del modernismo e trasferì il suo tragico vivere in un Heidegger che  non volle mai sciogliere l’enigma greco antico di essere e tempo. Forse anche per questo rimase nel tempo dell’essere come un faustiano principe che insegnò a leggere la contemporaneità con gli svelamenti del passato. Non mi è mai piaciuta l’idea di considerarlo come il fautore di una nuova destra. Non c’entra nulla. Cercò nel principio del tradizionalismo la forza per combattere il “mito” giudaico e occidentale attraverso alcune coordinate di fondo che trovano nella solitudine la universalità del pensiero non in trasparenza, ma vissuto e sacrificato oltre la Croce. Nella roccia che è metafisica proprio di quell’Essere e Tempo che domanda all’uomo di conoscere prioritariamente la libertà e non la contaminazione, la persona e non il gruppo, il personale come proprio immaginario e non l’immaginario come modello globale. Il globalismo ha ucciso l’archeologia del sapere.

Guillaume Faye ebbe il coraggio di scrivere spiegando il suo pensiero “radicale” e non relativo o relativista che: “Le intuizioni di Nietzsche, di Evola, di Heidegger, di Carl Schmitt, di Guy Debord o di Alain Lefebvre — tutte relative al rovesciamento dei valori — si dimostrano infine realizzabili, come la nietzscheana filosofia a colpi di martello. Il nostro ‘stato di civiltà’ e maturo per questo. Lo stesso non era nel recente passato, quando la coppia moderna XIX-XX secolo incubava la sua infezione virale senza ancora subirla. D’altra parte, conviene rigettare subito il pretesto secondo il quale un pensiero radicale sarebbe ‘perseguitato’ dal sistema. Il sistema è stupido. Le sue censure sono permeabili e maldestre. Esso è capace di colpire soltanto le provocazioni folkloristiche e le goffaggini ideologiche”.

Non si iscrisse ad una menzione filosofica ideologica perché forte delle lezioni della memoria scardinò l’omologazione ad un “sistema” perché era fortemente consapevole che il Sistema mira ad uccidere i Popoli, ad annientarli, a globalizzarli attraverso la pratica del globale occidentale “meticciato” con un islamismo di mercato insieme ad una nuova società voluta dal barbarismo cattolico.

Infatti cercò di trafiggere l’utopia con questi incisi: “Le società europee in crisi di oggi sono pronte a essere trapassate da pensieri radicali determinati, muniti da un progetto di valori rivoluzionari e portatori di una contestazione completa ma pragmatica e non utopica dell’attuale civiltà mondiale”. Certo, tra Nietzsche ed Heidigger insiste Carl Schmitt con un “romanticismo” della politica che lo condusse sino a Robert Brasillach e a Vintila Horia. Tra i suoi saggi sono da ricordare: “Gli eroi sono stanchi, in “L’uomo libero” numero 14 del 01/04/1983, “La Nuova Società dei Consumi in “L’uomo libero” numero 20 del 01/01/1985, Per l’indipendenza economica in “L’uomo libero” numero 13 del 01/01/1993, La colonizzazione dell’Europa: la soluzione di Prometeo e del Dottor Faust in “L’uomo libero” numero 58 del 01/11/2004, Il Sistema per uccidere i popoli, SEB, Milano 1997,, Archeofuturismo, SEB, Milano 2000, Per farla finita con il nichilismo. Heidegger e la questione della tecnica, SEB, Milano 2007. Una meta politica, la sua, che penetrò la filosofia come universo della filosofia che non può accettare il moderno se non grazie una “archeologia del sapere”  alla Michel Foucault. Non smise mai di sottolineare che “l’uomo europeo a un tempo come il deinatatos («il più audace»), il futurista, è l’essere di lunga memoria. Globalmente il futuro richiede il ritorno dei valori ancestrali, e questo per tutta la Terra”.

Giornalista Pubblicista – Direttore tecnico di agenzia di viaggi e turismo – Writer – Ghostwriter

Direttrice del Blog LitterArtour

Guillaume Faye e quell’incontro in un lontano pomeriggio d’estate a Parigi

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Guillaume Faye e quell’incontro in un lontano pomeriggio d’estate a Parigi

da Manlio Triggiani
Ex: http://www.barbadillo.it 
 
 

Guillaume Faye, uno dei maggiori intellettuali del panorama culturale francese, morto nella notte fra il 6 e il 7 marzo scorsi, aveva lottato a lungo contro un male aggressivo, con coraggio, senza trascurare la scrittura e gli interventi nel dibattito culturale. Diplomato all’Institut d’études politiques di Parigi, aveva conseguito un dottorato in Scienze politiche e fu uno dei maggiori teorici del Groupement de recherches et etudes pour la Civilisation européenne (Grece), e dell’ambiente più tardi noto come Nuova Destra francese, nel periodo compreso fra il 1970 al 1986. In seguito si allontanò per divergenze ideologiche dal laboratorio politico di de Benoist. Era nato ad Angouleme nel 1949 (nella regione Nuova Aquitania) e proveniva da una famiglia dell’alta borghesia parigina. Pubblichiamo il ricordo di un nostro collaboratore.

Quando si aprì la porta della sede del Grece, in un arrondissement popolare di Parigi, mi trovai davanti Guillaume Faye, in camicia e cravatta. “Monsieur Guillaume Faye?” dissi, avendolo riconosciuto. Mi presentai, spiegai che venivo dall’Italia, che ero interessato al laboratorio di idee della Nuova Destra francese e alla loro produzione culturale. Mi fece accomodare ed entrai in un grande ufficio, con un paio di scrivanie al centro, un grosso computer e due signore che stavano lavorando su degli elenchi. Faye fu molto gentile, parlammo un po’ e poi mi condusse in un’altra grande stanza dove c’erano, su tavoli ed espositori, riviste, libri, dépliant, poster.  Parlammo un po’ della situazione culturale e politica in Francia e in Italia. Mi chiese di seguirlo e andammo in una delle stanze meno grandi dell’appartamento, lo studio di Alain de Benoist. Mi presentò il “capo” riconosciuto della Nuova Destra. Lo studio era stretto e lungo, con la scrivania di spalle a una grande finestra e di fronte all’ingresso della stanza. De Benoist era seduto alla scrivania, stava leggendo un quotidiano tedesco. Sul tavolo da lavoro, una pila di libri e giornali francesi, italiani, britannici. Sulla sinistra entrando mi colpì, in una sobria cornice scura appoggiata su un mobile basso, addossato alla parete, una foto in bianco e nero di Alain de Benoist in compagnia di Ernst Jünger e una dedica in tedesco dell’autore delle Tempeste d’acciaio. Faye mi presentò de Benoist e dopo alcuni convenevoli con de Benoist, Faye mi disse che doveva assentarsi per un impegno. Prima di andar via mi dette appuntamento per il giorno successivo, per l’ora di pranzo. Così avremmo avuto modo di parlare.

Il giorno dopo andammo in una brasserie lì vicino, insieme con un suo amico, un certo Michel, probabilmente dell’amministrazione (non si trattava né di Michel Marmin né di Michel Mourlet). Ci sedemmo a un tavolo e Faye cominciò a parlare in maniera fluente in un ottimo italiano, con poche inflessioni. In seguito avrei saputo che la sua amicizia con Giorgio Locchi lo aveva spinto a imparare la lingua di Dante.

Rimanemmo al tavolo per una parte del pomeriggio, dopo la fine del pranzo, e discutemmo quasi sempre della Nuova Destra e di scrittori e di libri. Faye aveva un modo di esprimersi che colpiva, aveva grandi capacità oratorie e discorsive: parlava della strategia della Nuova Destra, del gramscismo di destra, della conquista delle coscienze attraverso il cinema, l’arte, la letteratura, il pensiero politico e citava di volta in volta Nietzsche, Benn, Drieu, Evola, Machiavelli, Hobbes, facendo seguire ragionamenti interessanti, con riferimenti alla filosofia e all’economia. Era accattivante quella forza discorsiva, resa più incisiva da esempi, riferimenti, spiegazioni con paragoni mutuati dalla realtà contemporanea. A esempio, parlava della necessità che l’Europa lottasse contro gli Usa (anni dopo cambiò parere) e mi anticipò che il Grece stava studiando al proprio interno il tema della convergenza teorica fra Europa e Terzo mondo, con riferimenti espliciti al mondo arabo (l’anno successivo, il 1986, uscì il libro di de Benoist, Europe-Tiers monde, meme combat e io pensai a quell’anticipazione di Faye). Alle mie perplessità rispose che si trattava di una alleanza momentanea, “come nei tornei internazionali di calcio – disse – quando si affrontano le varie squadre in ogni girone e qualcuno, di volta in volta, viene eliminato”.

Feci alcune domande sulla sua opera che avevo letto l’anno precedente, Il sistema per uccidere i popoli (Edizioni L’Uomo libero), attacco preciso e ben argomentato contro la globalizzazione, e mi parlò di una nuova edizione che avrebbe preparato arricchendola di ulteriori analisi prevedendo che allora il multiculturalismo era solo all’inizio nell’opera di distruzione svolta contro l’Europa. Mi indicò le riviste italiane che riportavano in traduzione i suoi scritti. Le conoscevo. Parlammo di amici italiani comuni e, quando tornammo nella sede del Grece, mi consigliò due numeri di Nouvelle Ecole, un libro di geopolitica di Jordis von Lohausen, uno di Louis Rougier. Estroso, un diluvio di parole, citazioni, molto colto, mostrava sempre grande energia e partecipazione in quello che diceva, come se ci mettesse un supplemento d’anima nelle cose che asseriva, con uno spirito militante determinato, frutto di un pensiero faustiano, evidentemente nietzscheano, con un sottofondo neopagano, rafforzato da continui richiami alla mitologia greca e romana che amava citare. Amava la tecnoscienza europea che considerava importante se sposata con una visione volontaristica e di destra. Insomma, radici più futuro. Non esitava a utilizzare espressioni polemiche e provocatorie. Era ottimista, nonostante tutto, sul futuro dell’Europa, si considerava un “nazionalista europeo”, in questo forse richiamandosi agli scritti di Drieu che tanto apprezzava.

Ci salutammo e in quell’ormai tardo pomeriggio d’estate uscii dalla brasserie, con il mio pacco di riviste e di libri sotto il braccio. Faye in quell’incontro mi era sembrato differente dal resto degli autori del Grece, certi suoi riferimenti teorici non erano sempre in linea con la Nuova Destra. Almeno quella presentata in Italia dalla Nuova Destra di Marco Tarchi che pure spesso presentava traduzioni dei maggiori teorici della Nd francese. L’anno dopo, infatti, Faye abbandonò il Grece a seguito di polemiche e divergenze su temi di fondo. Una personalità forte, una volontà faustiana, un uomo libero.

Che riposi in pace.