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dimanche, 17 septembre 2017

TERRE & PEUPLE Magazine n°72 - Hommage à Dominique Venner

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie" -

TERRE & PEUPLE Magazine n°72

Le numéro 72 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le message de notre maître et ami Dominique Venner, qui s'est sacrifié le 21 mai 2013 pour que nous nous maintenions en éveil.  A cet appel, nous répondons : « Présent. »

Dans son éditorial intitulé 'Le poison libéral', Pierre Vial recadre et met en relief la réflexion que Michel Onfray, philosophe inclassable, a confiée à Valeurs Actuelles sur Macron : « produit d'appel du grand capital vendu avec ses méthode marketing », « marionnette de l'Etat maastrichien placée sur le trône ».  Il était temps -car un vent de révolte se levait sur la République- et les larbins des media sont radieux, avec une pointe d'inquiétude.  En effet, le triomphe libéral est fondé sur 67,3% d'abstentions ou bulletins blancs ou nuls.  Et, sur 573 députés, les 444 élus REM le sont par moins de 25% des électeurs.  La Corse, avec ses trois élus nationaux, montre la voie qui prime : celle de la survie de l'identité.

Jean-Pierre Dereu se fonde sur le tout récent film germano-danois Under Sandet (Les oubliés) pour nous rappeler le devoir de mémoire du martyr des vaincus, ici les milliers de très jeunes (15 à 18 ans) soldats allemands faits prisonniers dans les derniers jours de la guerre et utilisés ensuite, au mépris superbe de la Convention de Genève qui interdit toute exploitation des militaires prisonniers, notamment pour le déminage !  Le film les montre réels, vulnérables et transis d'effroi.  Plus de mille seront gravement mutilés, quand ils n'auront pas perdu la vie.  L'auteur de l'article renvoie au documentaire Quand les Allemands reconstruisaient la France, eux aussi des soldats prisonniers de guerre.  La guerre étant alors finie, plus de vingt mille y laisseront leur vie !  Les mutilés n'ont même pas été répertoriés.

Jean-Patrick Arteault esquisse le portrait de Jean Monnet, puissance et domination qui trône dans l'empyrée du mondialisme occidental et est, dans le même temps, un illustre inconnu.  Qui sait qu'il a animé la reconstruction de l'économie française dans l'immédiat après-guerre et conseillé Roosevelt durant celle-ci et qu'il a été, au nom des Américains, le numéro 2 de la Société des Nations.  C'est lui qui a décidé de rester dans l'ombre, conscient que le vrai pouvoir ne s'expose pas à la lumière.  Né en Charente dans une famille de la bourgeoisie moyenne, il a été un élève intelligent, mais indiscipliné, qui n'a même pas décroché le bac !.  Son père, producteur de cognac, l'envoie en 1904 en apprentissage auprès d'un contact commercial londonien.  Il est heureusement réformé quand éclate la guerre, en août 1914. Il n'a alors que 26 ans, mais obtient aussitôt du président du Conseil René Viviani un rendez-vous , pour lui suggérer un plan d'approvisionnement unitaire franco-britannique, qui est aussitôt approuvé !  Ce prodige s'explique par les liens de confiance et d'amitié qu'il a su nouer, au cours de la décennie écoulée, avec de jeunes aristocrates anglais.  Ceux-ci, membres de structures philosophico-politiques telles que la fondation de Cecil Rhodes ou le 'Kindergarten' de Lord Alfred Milner, s'estimaient investis d'une mission quasi-messianique d'éduquer, dans le cadre d'une société ouverte (open society !), les peuples du monde entier à la culture anglo-saxonne (on notera que les deux Clinton ont tous deux été des boursiers Rhodes).   Très lié au mouvement pan-européen du comte Coudenhove-Kalergi, il va, au cours de sa période bancaire à Wall Street entre 1920 et 1940, passer d'un engagement pro-Britannique à un engagement pro-américain.  Commissaire général au Plan, il va devenir l'homme de l'américanisation de l'économie française et, ensuite, l'inspirateur des Communautés européennes conformes aux intérêts américains et à la pensée du mondialisme occidentaliste.

Avec sa générosité coutumière, Claude Valsardieu gratifie les lecteurs par une substantielle explication, richement documentée, des bonnes raisons pour lesquelles certains se sont choisi sainte Barbe comme patronne.  Il s'agit notamment des mineurs de fond ou encore des pompiers et de ceux qui protègent contre le feu néfaste, mais aussi des métallurgistes et autres manipulateurs du feu purificateur, tels les artilleurs.  C'est pour ces mêmes raisons sans doute que l'Eglise conciliaire se montre réticente à l'endroit de cette sympathique personnalité.  Un de ses attributs est une tour, que les alchimistes voient comme l'inverse de la cavité d'un puits.  L'auteur remarque que celui de la crypte de la cathédrale de Chartres, puits celtique, s'enfonce à 39 mètres et se trouve représenté sur le portail nord sous la forme d'une tour ronde, alors que, dans cette crypte, se tient encore une barbare vierge noire appelée Notre-Dame-de-Dessous-Terre.  Il n'y a pas lieu de s'étonner que soient évoquées plus loin les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles, dans le parc du Mercantour.  Un autre attribut de sainte Barbe est sa couronne, où notre ami retrouve les consonnes de Kronos, et celles de cairn, et même celles de Coran !

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Claude Perrin remarque que ses quelques dizaines de millénaires d'occupation de la planète par l'Homo Sapiens Sapiens (qui sait qu'il sait) n'en font pas le propriétaire définitif, quand on note que les dinosaures l'ont tenue 150 millions d'années.  Des civilisations antiques, qui ont rayonné des siècles, sont aujourd'hui ensevelies dans les sables de déserts.  L'humain paraît destiné à disparaître, non pas à cause de la surproduction de CO², mais par la destruction, voire l'extinction, d'espèces végétales et animales, qu'il cause à un rythme sans cesse accéléré par la surconsommation et le gaspillages et par une explosion démographique.

Rappelant que le 21 mai est désormais la date de commémoration du geste sacrificiel de Dominique Venner, Pierre Vial introduit le dossier central qui lui est consacré avec une citation tirée du livre de Dominique Venner 'Histoire et tradition des Européens' : « Vivre selon la tradition, c'est se conformer à l'idéal qu'elle incarne, cultiver l'excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l'héritage, être solidaire des siens.  Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l'on sacrifie en apparence aux normes pratiques d'une société qui lui est asservie par le désir.  Cela implique une certaine frugalité afin de se libérer des chaînes de la consommation.  Cela signifie retrouver la perception poétique du sacré dans la nature, l'amour, la famille, le plaisir et l'action. »

Claude Jaffres évoque Dominique Venner « jeune et charismatique chef de guerre » qu'il a côtoyé au sein du Mouvement Jeune Nation, un grand frère qui était soucieux qu'on comprenne le sens profond du combat mené, un combat avant tout politique, malgré la dimension militaire qu'il a parfois été amené à prendre.  Témoin des derniers temps, il s'émerveille que Dominique Venner ait su « garder la vertu de jeunesse ».

Alain Cagnat retrace l'histoire, au début des années '60, de la fondation de la revue Europe Action par Dominique Venner en collaboration avec Jean Mabire.  C'est le temps où les gaullistes, appelés au pouvoir pour sauver l'Algérie française, viennent de la larguer au prix du sang des Pieds-noirs et des Harkis.  L'un comme l'autre ont fait la guerre en première ligne. Venner a fait de la prison comme membre de l'OAS.  Pour lui, n'est légitime que le pouvoir qui respecte les lois non-écrites de la Nation révélées par l'histoire.  Ce sont ses buts qui caractérisent une révolution.  Les moyens utilisés sont fonction des circonstances.  Il croit, comme Georges Sorel, qu'il n'y a pas de révolution sans violence.  Celle-ci nous restitue à nous-mêmes.  Il fallait plus d'audace pour crier Europe Action à Saint-Denis que pour voyager dans l'espace.  La somme de sang et d'effort consentis exige le succès complet et durable.  Pour Jean Mabire, rédacteur en chef, le nationaliste révolutionnaire doit être bien conscient de

la réalité actuelle, « car l'histoire ne repasse jamais les plats ».  Dans un opuscule qu'il a rédigé en prison, Dominique Venner dénonçait déjà le penchant à la mythomanie de nombre de militants identitaires : « La révolution n'est pas un bal costumé. »  Il dénonçait « la dictature hypocrite du capitalisme international sur les démocraties d'Occident», au profit d'une caste nombreuse de privilégiés liés par la complicité, qui monopolisent le pouvoir politique et économique, sous couvert d'une démocratie qui est « le nouvel opium des peuples ».  Il est le premier à démasquer l'entreprise délibérée de destruction des Européens blancs par leur auto-culpabilisation : « Celui qui prêche l'amour de l'agresseur (Ils n'auront pas ma haine.) n'est pas un moraliste, mais un complice. »  Dans le même temps, Jean Mabire stigmatise, dans la liberté promise dans « l'empire mondial, universaliste et indifférencié », la plus gigantesque des tyrannies, empressée d'effacer la longue mémoire de l'identité.  Dès 1964, Dominique Venner désigne l'immigration comme l'arme fatale dirigée contre les peuples blancs, dont la démographie faiblit.  Le plan, mûrement concerté des groupes financier (qui dissimulent mal derrière des idéaux prétendument humanistes de liberté et de décolonisation leur unique objectif d'accélérer la croissance de leur puissance) est de dissoudre l'identité des peuples européens, arrogants et exigeants, « dans un grand brassage universel ».  En 1966, Jean Mabire écrit : « Des masses innombrables attendent dans l'ombre des continents exotiques l'heure de la vengeance.  Ils n'en veulent pas seulement à nos empires.  Ils en veulent d'abord à nos consciences, à notre volonté de vivre et de lutter contre le monde entier, même sans armes et même sans amis. »   Dans le numéro 47 d'Europe Action, Dominique Venner, qui pensait être devenu inaccessible au désespoir, laissait déjà un testament : « L'homme libre qui veut le rester, ou mieux le devenir et assurer la liberté de sa descendance, est voué à se battre sur tous les fronts, celui de la connaissance, de l'art, de la pensée, de la politique. (...) Nous savons bien qu'un noyau homogène, habile, tenace et audacieux peut tout espérer, car son gigantesque adversaire est atteint par son propre poison : la désintégration. »

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Pour situer la dimension mystique de l'ordre de chevalerie que postule Dominique Venner, Pierre Vial cite 'Balticum'(Laffont, 1974) et l'épopée des Corps Francs (1918-1923), les volontaires qui ont su préserver l'Allemagne de la vague rouge des bolcheviques.  Il témoigne que, en 1958, Dominique Venner avait tout d'un chef de Corps Franc, d'un pêcheur d'âmes : Pierre Vial, qui avait alors 15 ans, avait écrit une lettre enthousiaste à la revue 'Jeune Nation'.  Il n'escomptait pas une réponse et avait été surpris que Venner fasse le déplacement et, après l'avoir sondé, sorte une liasse de journaux et se mette, en plein centre de Lyon, à crier à tue-tête : « Jeune Nation pour l'Algérie française, contre De Gaulle, contre le système ».  Coupant ainsi avec ses réflexes bourgeois, il lui a montré l'exemple du militantisme de terrain.  Selon la tradition guerrière, le chef passe le premier.  C'est l'éthique du chevalier, celui qui figure en couverture de son livre-testament 'Un samouraï d'occident', le Chevalier, la Mort et le Diable, de Dürer.  Fraternité guerrière initiatique, la chevalerie s'est développée dans un moyen-âge où la culture est une synthèse des traditions grecque, romaine, celte et germanique dans un syncrétisme pagano-chrétien.  La caution morale et religieuse de la Milice du Temple est saint Bernard de Clervaux, qui définit la vocation des Templiers à réunir les fonction de la prière et de la guerre, la guerre juste où tuer n'est pas homicide, mais malicide.  Mais la guerre, totale, n'est pas que militaire et économique, elle est aussi idéologique et culturelle, c'est pourquoi Dominique Venner a choisi d'appliquer l'essentiel de son énergie au levier qu'est l'histoire : « J'étais voué à l'épée.  Il en est sûrement resté quelque chose dans l'acier de ma plume. »  Il l'a mise au service des deux revues qu'il a fondées, 'Enquête sur l'histoire' et 'La nouvelle revue d'histoire'.  Pierre Vial révèle que, avec ses voeux pour la nouvelle année 2013, Dominique Venner lui a confié : « En cette année 2013 se posera une nouvelle fois pour moi la question 'Que faire,'.  Mais je connais la réponse.  Elle sera en accord avec ce qui a soudé notre amitié combattante. »  L'Institut Iliade s'est donné pour mission de transmettre l'héritage de Dominique Venner.

Llorenç Perrié Albanell souligne le caractère agraire et aristocratique de la société des états sudistes américains.  Il en fait un peuple antinomique de celui des états nordiste, avec une morale de l'honneur et de la responsabilité du fort à l'égard du faible (auquel le nordiste dit : « Sois libre... et que le diable t'emporte ! »).  La prohibition de l'esclavage n'est que le prétexte de la guerre civile du Nord industriel, préfigurant le capitalisme débridé, contre le Sud agricole, attaché aux valeurs traditionnelles.  L'élection de Lincoln mettra le feu aux poudres.  Le génie militaire du général Lee, qui osera marcher sur Washington, donnera même une chance de victoire aux sudistes.  Le premier Ku Klux Klan mènera d'utiles opérations de représailles contre les occupants et leurs kollabos.  Dans 'Le blanc soleil des vaincus', Dominique Venner professe que si « le Sud est mort, il continue de vivre dans le coeur des hommes généreux. »

Robert Dragan effeuille 'Le coeur rebelle', récit autobiographique de la jeunesse de Dominique Venner (1935-1960).  Enfant de bonne famille, qui a vécu la guerre, il fugue à 14 ans pour rejoindre la Légion, à l'instar d'Ernst Jünger.  Au cours de la guerre d'Algérie, il monte l'opération Gerfaut, un coup de main armé sur l'Elysée.  En 1956, il anime le raid sur le siège parisien du tout-puissant parti communiste, lors de l'insurrection de Budapest.  Démobilisé, il devient combattant de rue pour l'Algérie française.  Les effectifs sont squelettiques (2 contre 10), pour des raids éclairs, dans « une petite guerre féodale, sans batailles rangées ni beaucoup de morts, une petite guerre qui s'était trompée de siècle », ou on a la révélation de l'imposture et de la calomnie.  « Défendant nos berceaux et nos cimetières, nous menions une guerre cent fois plus juste qu'en 1914 et en 1939. »  Il ressent la décolonisation  comme « un phénomène essentiellement raciste : chasser le Blanc. »  Sa violence est née de sa souffrance à voir son pays cultiver la bassesse et abandonner les siens.  Robert Dragan confie que le retrait de Dominique Venner dans le seul combat culturel, avec comme objectif de réveiller l'Europe de sa dormition, posture d'observateur, l'a plusieurs fois « énervé », ses écrits paraissant propres à endormir les lecteurs plutôt qu'à réveiller sa résistance.  Mais, à l'écart de la médiocrité du combat politique, on doit à nouveau évoquer Jünger et la position de l'anarque :  nous servons à dire la vérité qui rend libre.

Roberto Fiorini fait parler deux camarades qui ont entrepris de présenter sur leur blog et sur leur compte Facebook, à la manière de Zentropa (une image et un petit texte), l'oeuvre et la personne de Dominique Venner.  Ils soulignent d'abord que son choix de la cathédrale comme lieu de son sacrifice, loin d'être une profanation, est une 'devotio', une re-sacralisation pour réveiller notre résistance.  Pour soutenir le message de l'ouvrage posthume de Dominique Venner 'Un samouraï d'Occident, bréviaire d'un insoumis', ils ont trouvé d'admirables images, certains concepts, tels que l'excellence, leur posant plus de problèmes que d'autres, tels que la beauté, la nature, la forêt.  Nombre d'images sont miraculeusement expressives de leur texte.  Ce numéro de TP Magazine en reproduit une vingtaine et invite à aller en admirer et méditer d'autres sur http://breviaireduninsoumis.tumblr.com/ et www.facebook.com/breviaireduninsoumis/?fref-ts

lundi, 11 septembre 2017

Homenaje a Philippe Muray

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Homenaje a Philippe Muray

Ex: http://www.geopolitica.ru

Juzgado desde el punto de vista del pensamiento, Philippe Muray (1945-2006) fue un escritor y ensayista francés que, más allá de novelas, obras de teatro y otras yerbas, escribió dos libros liminares que valen la pena de ser leídos: el Imperio del Bien (1991) [1]y Festivus, Festivus (2005). Este último es una serie conversaciones de junio de 2001 a diciembre de 2004.

En el Imperio del Bien realiza como lo hicieran antes que él, Kart Lowith[2], Eric Voegelin[3] o nuestro Julio Meinvielle[4], la genealogía de la modernidad mostrando como el ocultismo, o mejor la gnosis, es la base irracional de Las Luces y la Ilustración.

Festivus, Festivus, se puede resumir así: “La ridiculización del mundo tal como va es una disciplina que está aun en pañales. Reírse de este universo lamentable, en el cual el caos se equilibra con el canibalismo y la criminalización, entre fiesta continua y la persecución, es la única manera hoy de ser rigurosamente realista”.

En Exorcismos espirituales se pregunta: “Quién es el enemigo: el mundo contemporáneo y su homegeneización totalitaria. Ningún entendimiento con él es posible”. Encontramos allí la crítica más profunda a la teoría del multiculturalismo. La matriz ideológica de lo contemporáneo en sí mismo es la indiferencia ontológica que se manifiesta en la abolición del conflicto entre el Mal y el Bien, entre identidad y diferencia, que termina con la absolutización de “lo Mismo”, exterminando a lo Otro. La ideología de “lo Mismo” termina anulando las diferencias esenciales entre hombre-animal, naturaleza –cultura, saber-ignorancia, masculino-femenino, orden natural-orden simbólico, sagrado-profano, niño-adulto, fuerza-violencia, ser-ente, nación-conglomerado, pueblo-gente.

El homo festivus termina festejando la fiesta en una frivolidad aterradora, borrando su fundamento teológico que es el culto, como lo mostraron Joseph Pieper y Otto Bollnow, entre otros.

En el fondo de este razonamiento se halla “un catolicismo de combate” como muy bien señala Paulin Césari, quien estudió su pensamiento en profundidad.[5]

Como afirmó el filósofo Jean Baudrillard en sus exequias: “Con Philippe Muray desparece uno de los raros, de los muy raros conjurados de esta resistencia subterránea y ofensiva al “Imperio del Bien”, a esa pacificación grotesca del mundo real, a todo aquello que procede de la hegemonía mundial”.

[1] En castellano tiene dos obras editadas por la editorial española El imperio del bien en 2013 y Querido Yihadistas en 2010. Además están los trabajos del joven Rodrigo Agulló o Adriano Erriguel o como quiera que se llame, pues no se sabe si es mejicano o gallego ni su verdadero nombre, pero que valen la pena leerlos.

[2] Löwith, Kart: El hombre en el centro de la historia, Ed. Herder, Madrid, 2009

[3] Voegelin, Eric: El asesinato de Dios y otros escritos políticos, Ed. Hydra, Bs.As. 2009

[4] Meinvielle, Julio: De la Cábala al progresismo, Ed. Epheta, Bs.As. 1994

[5] Césari, Paulin: Philippe Muray, penseur catolíque, Le Figaró Magazine, 16/1/2915 

 

19:04 Publié dans Hommages, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe muray, hommage, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 05 septembre 2017

David Mata, cœur rebelle, nous a quitté

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Mort d’un lettré : David Mata, cœur rebelle, nous a quitté

Michel Lhomme, philosophe, politologue

Ex: https://metamag.fr

Arnaud Bordes, l’excellent éditeur Alexipharmaque a annoncé cet été le décès d’un écrivain discret d’origine espagnole, disciple d’Ortega y Gasset, David Mata.

Nous avions, pour notre part, particulièrement apprécié ses courts récits comme Violaine en son château, Hermann ou Les solistes de Dresde. Violaine est proprement autobiographique et nous raconte l’histoire d’un jeune homme autodidacte de modeste famille à l’entrée de la vie fasciné par le latin et une jeune châtelaine. Il se dégage du livre une atmosphère à la Fournier mais nous ne sommes pas ici dans les brumes aquatiques de Sologne mais dans le relief parfois asséché de la région de Tarbes qui confère justement à la langue de Mata un romantisme abrupt.

Les Solistes de Dresde est une charge contre l’art contemporain qui nous rappelle les thèses d’un autre grand timide, Kostas Mavrakis dont on attend avec impatience le prochain ouvrage sur la civilisation.

Hermann est sans doute la meilleure promenade virgilienne que l’on puisse faire en Gasgogne.

David Mata est demeuré inconnu et discret toute sa vie, un écrivain clandestin mais sans doute le souhaitait-il, lui-même. Il avait raison. Comme d’autres, nous pensons au poète André Coyné. Il rejoindra cette cohorte ésotérique d’érudits qui ,n’en déplaise à certains, se transmet dans l’ombre par des éditeurs éclairés ou des revues d’avant-garde (Eléments, Livr’arbitres) et qui constituera toujours la vraie littérature et pas celle des 581 romans de la rentrée dont une grande partie finira au pilon sans même avoir été lus.

Pour lire David Mata,  cliquer ICI

jeudi, 24 août 2017

Homage to Henning Eichberg (1942-2017)

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Homage to Henning Eichberg (1942-2017)

by Arne Schimmer
Ex: https://institutenr.org

“Wer trägt die schwarze Fahne heut’ durch die gespalt’ne Nation?
Who carries the black flag today in the divided nation?
Wer sprengt die Ketten, wer haut darein und kämpft für die Revolution?
Who breaks the chains, who strikes forward and struggles for the revolution?
Bist du dabei, bin ich dabei, heut’ oder morgen schon?
Do you, do I, today or maybe tomorrow?
Wann stürzt im Lande die Fremdherrschaft vor der deutschen Revolution?
When will foreign domination in this country fall before the blows of the German revolution?
Hervor, Leute, hervor – hervor!
Onward, lads, onward – onward!
Die schwarze Fahne empor!
Hold high the black flag!
Denn überall wo das Unrecht herrscht, geht die Fahne der Freiheit empor!
Everywhere where unrighteousness rules, raise high the flag of freedom!”

Every nationalist militant knew the words of this third stanza of the song: it was the unofficial anthem of the entire movement, so to speak. Henning Eichberg, who composed its text, was the principal thinker of the German national-revolutionary movement in West Germany, during the 60s and 70s. This theorist ended up emigrating to Denmark to become a member of the Socialistisk Folkeparti (Socialist People’s Party). At the end of his life, one could say that he belonged entirely to the political left of his new country. Despite this astonishing transition in the political landscape of Germany and Scandinavia, the key concepts of the “Nation” and “People” (“Nation” and “Volk”) remained cornerstones of his scientific and political interests.

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These two key concepts came directly from his idiosyncratic past, his biographical itinerary. Henning Eichberg was born on December 1st 1942 in Schweidnitz in Silesia. His family left the region before the end of the war and settled in Saxony. Even when Eichberg began his political mutation and fully and entirely became a man of the left, he never stopped considering himself as a Silesian, as he recalls elsewhere in an interview accorded to the magazine Ökologie in 1998: “At the start of the project of modernity, peoples rose and sought to make themselves subjects of history, they marched in the name of liberty, equality, and fraternity … but this third value was forgotten: precisely, brotherhood, sisterhood, the communitarian feeling, or to mark it in red letters, solidarity … That’s why we must restart the project of modernity from zero. The preceding project lead to the murder of entire peoples, ethnic cleansing. Genocide and ethnocide are diametrically opposed to fraternity. That’s why I hold onto my Silesian identity, so that it is not forgotten. Silesia will not die with the old generation. The American Indian didn’t die at Wounded Knee either.”

From Adenauer’s CDU to Pure Nationalism

In 1950, the family of the young Henning Eichberg moved to Hamburg. In a retrospective interview given in 2010, he reminded his readers that he never felt at home in West Germany. In the 1950s, the young man Eichberg sought to become involved in the Adenauer era. He joined the Christian democratic CDU and obtained the rank of reserve officer in the Bundeswehr. Yet his reflections and observations made him realize one thing: the parties of the CDU only envisioned German reunification from an entirely theoretical point of view; moreover the increasing Americanization of the country particularly disturbed him. At the start of the 1960s, Eichberg reoriented himself politically bit by bit. This labor of reflection lead him to call himself a “national revolutionary.” His character attracted attention as he produced an enormous amount of work as publicist in these years, notably writing in the magazines Nation Europa, Deutscher Studenten-Anzeiger, Deutsche National-Zeitung und Soldatenzeitung and for a very important theoretical organ despite its niche style: Junges Forum. He quite justly acquired the reputation of being the principal theorist of the national-revolutionary movement in West Germany. In a work devoted to this movement, the very attentive observer of German extra-parliamentary movements Günter Bartsch vividly describes him as the “Rudi Dutschke of the right,” in his reference work “Revolution von rechts? Ideologie und Organisation der Neuen Rechte.” Some of his texts, written under the pseudonym Hartwig Singer were truly the foundational texts of a new political theory at the time. He then had the ambition to develop a theoretical corpus for German nationalism that could stay the course and endure. This corpus must, in his opinion, answer all the great questions of the moment and enter into serious competition with the ideas proposed by the “new left.”

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The Western Characteristic

Happy are those who still posses the little black books entitled Junge Kritik, which Eichberg edited at the time, today the younger people have enormous difficulty finding them even in specialized bookstores! The owners of these precious booklets can measure the quality of Eichberg’s thoughts, unequaled in Germany in the 1950s and 60s. There Eichberg raised nationalism to a very respectable theoretical level: in his proofs, he starts from the postulate of a “Western characteristic,” the origin of the psychology and mores of the peoples of Europe, from which one could also deduce the emergence of typically European / Western phenomena like technology. Eichberg sought to deploy his political efforts to keep these traits of the European psyche intact in the framework of industrial societies, which all need to renew themselves from their identitarian origins.

But even while he was becoming the principal theoretical innovator of the nationalist camp in Germany at the time, Eichberg had already branched out into certain circles of the “new left” in Hamburg, who were also fighting against imperialism, especially American imperialism. These circles were “Club Lynx” and Arie Goral’s Galerie. Though Eichberg portrayed himself as a radical anticommunist in the 1960s, that didn’t prevent him from finding many positive ideas in the emerging 68er movement, because they raised a “revolt against the establishment.” He said an authentic right would never defend this establishment. Consequently, he made the watchword of this new anarchic left his own: “Disorder is the first duty!” However at the same time, Eichberg rejected conventional “socialism” and argued for a “European socialism” which was simultaneously a modern nationalism. He then referred to the left wing of the NSDAP in the 1920s.

Another revealing discovery by Eichberg in 1966: his participation in the summer camp of the French youth who militated within the “Fédération des Etudiants Nationalistes” (FEN). He was impressed by the revolutionary determination of French militant but also their will to reconnect with the socialist and syndicalist traditions of their country. Eichberg saw a “new socialism for the Europeans of tomorrow” emerging. These years saw the emergence of the ideal of a “European Nation” among French and German nationalists.

Observers of Eichberg’s path will remark with interest that he had not entirely passed to the new left by the end of the 1960s. He had good reasons not to take the plunge. In principle, he saluted the merits of the left-wing revolt, which had shaken the political edifice of West Germany, but he also criticized the indifference the leftists displayed to the position of their own people. Eichberg thought that that leftist students militated in “diversions” when they rose up for Mao’s China or Ho Chi Minh’s Vietnam instead of fighting firstly or at least simultaneously for the reunification of Germany, itself an emblematic victim of Soviet and American imperialism. Eichberg deplored the fact that the left wing opposition didn’t harmonize its struggle for the liberation of Vietnam with the struggle for the liberation of Germany. So at first Eichberg retained his basic opinions: create a “new right” in parallel (and not necessarily in opposition) to the “new left” but a new right where militants must be both “nationalists” and “socialists,” as Günter Bartsch recounts in the book I just mentioned. Thus Eichberg held his distance in the 1960s and 70s.

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The Magazine “Wir Selbst” as a new tribune for Eichberg

Among the mythic actions that one mentions regarding Eichberg in the framework of his “new right,” there is a protest against the conferences held by Willy Brandt with the DDR’s Prime Minister Willi Stroph in Kassel in 1970. The group assembled by Eichberg distributed tracts entitled: “The division of Germany is the division of the German proletariat.” Two years later, Eichberg drafted the founding program of a movement, Aktion Neue Rechte, whose first principle would be “the nationalism of liberation” (Befreiungsnationalismus). This “nationalism of liberation” would spread in a Europe and a world divided into two blocs, one communist, the other capitalist. This incapacitating and humiliating division thus demanded the German people’s unconditional solidarity with the combat of all ethnic minorities within states, with all the peoples deprived of their national sovereignty by the American and Soviet superpowers, also victims of this duopoly. In 1974, the militants around Eichberg founded Sache des Volkes/ Nationalrevolutionäre Aufbauorganisation (Cause of the People/National Revolutionary Construction Organization – SdV/NRAO). Eichberg clearly intended to pursue one goal: encourage the political left to take the national question into consideration. Starting from this moment, he was a persona grata in certain circles of the left. He could publish his articles in some of their organs like Pflasterstrand, das da and Ästhetik & Kommunikation. He participated in the inaugural congress of the Green Party in 1979 in Baden – Wurttemberg. He then cultivated the hope of seeing a “third way” emerge from the ecological movement, distant from the fixed ideas of the right and left. But alas, he rapidly had to note that it was an error: henceforth, he would consider the Green Party as a new bourgeois party.

Eichberg was fascinated by Rudi Dutschke’s evolution. In his last years and especially before his death, the late leader of the Berlin student protesters increasingly emphasized the idea of German national self-determination in his political thought. In 1979, Siegfried Bublies founded the magazine Wir Selbst, with a national-revolutionary inspiration as Eichberg intended. Bublies had been a permanent fixture of the “Young National Democrats” in Rhineland – Palatinate. This well organized organ would become Eichberg’s principal tribune from where he would spread his non-conformist ideas.

In this magazine, Eichberg could display his always innovative ideas, which challenged and provoked but also forced the reader to reflect, to review his unrefined convictions. Eichberg’s thought was a thought in motion, nothing frozen in immobile concepts. He didn’t affirm a concept of “nation,” but he sought, with his readers, to define something organic and living: national identity. He probed every approach to re-root the people despite the deracinating context of late capitalist industrial society, in order to relieve the loss of countries and regions under the blows of globalization and Americanization.
Ultimately, Eichberg gave up seeking to influence the German political scene. In 1982, he definitively emigrated to Denmark where he received a professorship at the university of Odense. In his Danish exile, he clearly broke more and more with right wing milieus. Much later, his former disciples would learn with stupefaction that he argued for a multicultural society in his own way. From his Danish professorship, Eichberg would acquire an international scientific renown. He became specialist in “body culture” and sport. All that was distant from the theories he professed in the columns of Wir Selbst or Volkslust. His theories on sport and body culture are very interesting but their very acute scientific character obviously doesn’t electrify militants like the innovative and pioneering texts of the national-revolutionary faction he boldly drafted in the 1960s, 70s, and 80s.

Henning Eichberg passed away in Odense in Denmark on April 22nd, 2017.

Wer trägt die schwarze Fahne

1. Wer trägt die schwarze Fahne dort durch Schleswig und Holsteiner Land?
Das sind die Bauern, das ist Claus Heim, der trägt sie in der Hand.
Sie pfändeten ihnen die Höfe weg, da bombten sie die Behörden entzwei.
Im Jahr achtundzwanzig erhoben sie sich gegen Zinsdruck und Ausbeuterei.
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die schwarze Fahne empor.

(Who carries the black flag in the lands of Schleswig and Holstein?
It’s the peasants, Claus Heim carries it in hand.
Their farms mortgaged and taken, they blew up the government agencies!
In the year of 28, they rose against interest and exploitation)

2. Wer trägt die schwarze Fahne dort durch das Westfalenland?
Das ist der Kumpel von der Ruhr, er trägt sie in der Hand.
Sie schlossen ihnen die Zechen zu, das war das letzte mal;
im Jahr sechsundsechzig erhoben sie sich gegen Bonn und das Kapital.
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die schwarze Fahne empor.

(Who carries the black flag in the land of Westphalia?
It’s the coal-miner of the Ruhr, he carries it in hand.
They’ve closed his mines, it’s the last time;
In the year of 66 they rose against Bonn and Capital.)

3. Wer trägt die schwarze Fahne heut` durch die gespalt`ne Nation?
Wer sprengt die Ketten, wer haut darein und kämpft für die Revolution?
Bist du dabei, bin ich dabei, heut` oder morgen schon?
Wann stürzt im Land die Fremdherrschaft vor der deutschen Revolution?
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die Fahne der Freiheit empor.

Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2017/08/17/h...

jeudi, 17 août 2017

Hommage à Henning Eichberg (1942-2017)

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Arne Schimmer :

Il était le théoricien du nationalisme de libération, compagnon de route de la nouvelle gauche

Hommage à Henning Eichberg (1942-2017)

« Wer trägt die schwarze Fahne heut’ durch die gespalt’ne Nation ?

« Qui porte aujourd’hui le drapeau noir en la nation divisée ?

Wer sprengt die Ketten, wer haut darein und kämpft für die Revolution?

Qui brise les chaînes, qui cogne en avant et lutte pour la révolution?

Bist du dabei, bin ich dabei, heut’ oder morgen schon ?

Es-tu de la partie, suis-je de la partie, aujourd’hui ou peut-être demain ?

Wann stürzt im Lande die Fremdherrschaft vor der deutschen Revolution ?

Quand donc en ce pays croulera la domination étrangère devant les coups de la révolution allemande ?

Hervor, Leute, hervor – hervor !

En avant, les gars, en avant, en avant !

Die schwarze Fahne empor !

Haut le drapeau noir !

Denn überall wo das Unrecht herrscht, geht die Fahne der Freiheit empor !”

Car partout où règne le non-droit se dresse bien haut le drapeau de la liberté ! ».

 

Pour écouter la mélodie : https://www.youtube.com/watch?v=pS3tLyC3MQw

Tous les militants nationalistes connaissaient les paroles de cette troisième strophe de la chanson : elle était pour ainsi dire l’hymne non officiel de la mouvance toute entière. C’était Henning Eichberg qui en avait composé le texte, lui, le principal penseur d’avant-garde du mouvement national-révolutionnaire allemand en RFA, dans les années 1960 et 1970. Ce théoricien avait fini par émigrer au Danemark pour y devenir membre du Socialistisk Folkeparti (Parti Populaire Socialiste). A la fin de sa vie, on pouvait dire qu’il appartenait tout entier à la gauche politique de sa nouvelle patrie. Malgré cette transition étonnante dans le paysage politique germanique et scandinave, les concepts-clefs de « Nation » et de « Peuple » (« Nation » et « Volk ») demeuraient les pierres angulaires de ses intérêts scientifiques et politiques.

Ces deux concepts-clefs sont directement issus de son idiosyncrasie, de son itinéraire biographique. Henning Eichberg était né le 1 décembre 1942 à Schweidnitz en Silésie. Sa famille avait quitté la région avant la fin de la guerre et s’était fixée en Saxe. Quand Eichberg a opéré sa mutation politique et est devenu un homme de gauche plein et entier, il n’a pas pour autant  cessé de se considérer comme Silésien, comme il le rappelle d’ailleurs dans un entretien accordé à la revue Ökologie en 1998 : « Au début du projet de la modernité, les peuples se sont dressés et ont cherché à se faire sujets de l’histoire, ils marchaient au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité (…) ; mais c’est cette troisième valeur qui a été oubliée : justement, la fraternité, la sororité, le sentiment communautaire, ou, pour l’inscrire en belles lettres rouges, la solidarité (…). Voilà pourquoi nous devions reprendre à zéro le projet de la modernité. Le précédent projet nous a apporté l’assassinat de peuples entiers, des épurations ethniques. Génocide et ethnocide sont les contraires diamétraux de la fraternité. Voilà pourquoi je m’en tiens à mon identité silésienne, afin que cela ne soit pas oublié. La Silésie ne meurt pas avec l’ancienne génération. L’Amérique amérindienne n’est pas morte, elle non plus, à Wounded Knee ».

De la CDU d’Adenauer au nationalisme dur et pur

En 1950, la famille du jeune Henning Eichberg déménage à Hambourg. Dans un entretien rétrospectif, accordé en 2010, il rappelle à ses lecteurs qu’il ne s’est jamais senti chez lui en République Fédérale. Dans les années 1950, le jeune homme Eichberg cherche à s’insérer dans l’ère Adenauer. Il adhère à la CDU démocrate-chrétienne et obtient un grade d’officier de réserve dans la Bundeswehr. Cependant, ses réflexions et observations le poussent à se rendre bien compte d’une chose : les partis de l’Union démocrate-chrétienne n’envisagent plus la réunification allemande que d’un point de vue tout théorique ; ensuite, l’américanisation croissante du pays le met particulièrement mal à l’aise. Au début des années 1960, Eichberg, petit à petit, se réoriente politiquement. Ce travail de réflexion le conduit à se proclamer « national-révolutionnaire ». Il attire l’attention sur sa personne car il produit, en ces années, un énorme travail de publiciste, écrivant notamment pour les revues Nation Europa, Deutscher Studenten-Anzeiger, Deutsche National-Zeitung und Soldatenzeitung mais aussi et surtout pour un organe théorique, très important en dépit de sa maquette artisanale : Junges Forum. Il acquiert, très justement, la réputation d’être devenu le principal théoricien du mouvement national-révolutionnaire en RFA. Dans un ouvrage consacré à ce mouvement, l’observateur très attentif des mouvements politiques extra-parlementaires d’Allemagne que fut Günter Bartsch le campe, dans son ouvrage de référence Revolution von rechts ? Ideologie und Organisation der Neuen Rechte, comme le « Rudi Dutschke de droite ». Certains de ses textes, écrits sous le pseudonyme de Hartwig Singer, ont réellement été fondateurs d’une théorie politique nouvelle à l’époque. Il avait alors l’ambition de développer un corpus théorique pour le nationalisme allemand qui puisse tenir la route et perdurer dans le temps. Ce corpus devait, à ses yeux, répondre à toutes les grandes questions du moment et entrer sérieusement en concurrence avec les idées proposées par la « nouvelle gauche ».

Le syndrome occidental

Heureux ceux qui possèdent encore les petits opuscules à couverture noire, intitulés Junge Kritik, qu’Eichberg éditait à l’époque et que les plus jeunes aujourd’hui ont énormément de mal à se procurer même chez les bouquinistes spécialisés ! Les possesseurs de ces précieuses brochures peuvent mesurer la qualité des réflexions eichbergiennes, inégalées dans l’Allemagne des années 1950 et 1960. Eichberg y hisse le nationalisme à un niveau théorique très respectable : dans ses démonstrations, il part du postulat d’un « syndrome occidental », matrice de la psychologie et des mœurs des peuples d’Europe, d’où l’on peut également déduire l’émergence d’un phénomène typiquement européen/occidental comme la technique. Eichberg envisageait de déployer ses efforts politiques pour maintenir intacts ces traits de la psyché européenne dans le cadre des sociétés industrielles, lesquelles avaient toutes besoin de se ressourcer dans leurs matrices identitaires.

Mais tout en étant devenu le principal théoricien innovateur du camp national en Allemagne, Eichberg, à la même époque, se branchait déjà sur certains cercles de la « nouvelle gauche » à Hambourg qui, eux aussi, luttaient contre l’impérialisme, surtout l’américain. Ces cercles étaient le « Club Lynx » ou la Galerie d’Arie Goral. Eichberg s’était pourtant affiché comme un anticommuniste radical dans les années 1960. Cela ne l’empêchait pas de trouver bon nombre d’idées positives dans le mouvement soixante-huitard émergent, parce qu’elles relevaient d’une « révolte contre l’établissement ». Une droite authentique ne saurait, disait-il, défendre cet établissement. Par voie de conséquence, il faisait sien le mot d’ordre de cette nouvelle gauche libertaire : « Le désordre est le premier des devoirs ! ». Eichberg récusait cependant, à la même époque, le « socialisme » conventionnel et plaidait pour un « socialisme européen » qui était simultanément un nationalisme moderne. Il se référait alors à l’aile gauche de la NSDAP dans les années 1920.

Autre découverte révélatrice d’Eichberg en 1966 : sa participation à un camp d’été des Français qui militaient au sein de la « Fédération des Etudiants Nationalistes » (FEN). Il fut impressionné par la détermination révolutionnaire de ces militants français mais aussi par leur volonté de renouer avec les traditions socialistes et syndicalistes de leur pays. Eichberg voyait éclore un nouveau socialisme « pour les Européens de demain ». Ces années ont vu naître, chez les nationalistes français et allemands, l’idéal d’une « Nation Europe ».

Les observateurs de la trajectoire d’Eichberg remarqueront avec intérêt qu’il n’est pas passé entièrement à la nouvelle gauche à la fin des années 1960. Il avait de bonnes raisons pour ne pas franchir le pas. En principe, il saluait le bienfondé de la révolte des gauches, qui avait fait vaciller l’édifice politique de la RFA mais il critiquait aussi l’indifférence que ces gauchistes manifestaient à l’endroit de leur propre peuple. Eichberg considérait que ces étudiants gauchistes militaient dans des « dérivations » lorsqu’ils se passionnaient pour la Chine de Mao ou pour le Vietnam d’Ho Chi Minh au lieu de lutter d’abord ou au moins simultanément pour la réunification de l’Allemagne, elle-même victime emblématique des impérialismes soviétique et américain. Eichberg déplorait que l’opposition de gauche, à l’époque, n’accordait pas sa lutte pour la libération du Vietnam à une lutte pour la libération de l’Allemagne. Eichberg est donc resté, dans un premier temps, sur ses options de base : faire éclore une « nouvelle droite » en parallèle (et non nécessairement en opposition) à une « nouvelle gauche » mais une nouvelle droite où les militants devaient être tout à la fois « nationalistes » et « socialistes », ce que rappelle d’ailleurs Günter Bartsch dans le livre que je viens de mentionner. Ce retrait d’Eichberg est demeuré tel dans les années 1960 et 1970.

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La revue « Wir Selbst » comme nouvelle tribune pour Eichberg

Parmi les actions mythiques que l’on évoque à propos d’Eichberg dans le cadre de sa « nouvelle droite », il y une protestation contre les pourparlers engagés par Willy Brandt avec le premier ministre de la RDA Willi Stroph à Kassel en 1970. Le groupe rassemblé par Eichberg distribua des tracts intitulés : « La division de l’Allemagne est la division du prolétariat allemand ». Deux ans plus tard, Eichberg rédige la programme fondateur d’un mouvement, l’ Aktion Neue Rechte, dont le principe premier devait être le « nationalisme de libération » (Befreiungsnationalismus). Ce « nationalisme de libération » devait se déployer dans une Europe et un monde divisés en deux blocs, l’un communiste, l’autre capitaliste. Cette division incapacitante et humiliante postulait la solidarité inconditionnelle avec le combat de toutes les minorités ethniques au sein des Etats, avec tous les peuples privés de leur souveraineté nationale par les superpuissances américaine et soviétique donc avec le peuple allemand, victime de ce duopole. En 1974, les militants autour d’Eichberg fondent Sache des Volkes/Nationalrevolutionäre Aufbauorganisation (Cause du Peuple/Organisation nationale-révolutionnaire de Construction – SdV/NRAO). Eichberg entendait clairement poursuivre un but : inciter la gauche politique à prendre davantage en considération la question nationale. Il fut, à partir de ce moment, persona grata dans certains cercles de gauche. Il put publier ses articles dans certains de leurs organes tels Pflasterstrand, das da et Ästhetik & Kommunikation. Il participa au congrès fondateur du mouvement des Verts en 1979 dans le Bade-Wurtemberg. Il cultivait alors l’espoir de voir émerger, à partir du mouvement écologique, une « troisième voie », éloignée des fixismes de droite et de gauche. Mais, rapidement, il a hélas dû constater que c’était une erreur : dorénavant, il allait considérer les Verts comme un nouveau parti bourgeois.

Eichberg fut fasciné par l’évolution de Rudi Dutschke. Dans ses dernières années et surtout peu avant sa mort, l’ancien leader des étudiants contestataires berlinois mettait de plus en plus souvent l’accent sur l’idée d’auto-détermination nationale allemande dans sa pensée politique. En 1979, Siegfried Bublies fonde la revue Wir Selbst, d’inspiration nationale-révolutionnaire comme l’entendait Eichberg. Bublies avait été un permanent des « Jeunes nationaux-démocrates » en Rhénanie-Palatinat. Cet organe, bien ficelé, deviendra la principale tribune d’Eichberg d’où il diffusera ses idées non conformistes.

Dans cette belle revue, Eichberg pouvait étaler ses idées toujours innovantes, qui interpellaient et provoquaient mais forçaient surtout le lecteur à réfléchir, à remettre ses convictions toujours un peu frustes sur le métier. La pensée d’Eichberg était une pensée en mouvement, nullement figée dans des concepts immobiles. Il n’affirmait pas un concept de « nation » mais cherchait, avec ses lecteurs, à définir quelque chose d’organique et de vivant : l’identité nationale.  Il cherchait toutes les pistes pour ré-enraciner le peuple en dépit du contexte déracinant de la société industrialisée du capitalisme tardif, pour pallier la perte des patries et des terroirs sous les coups de la globalisation et de l’américanisation.

A la fin, Eichberg n’a plus cherché à influencer la scène politique allemande. En 1982, il émigre définitivement au Danemark où il reçoit une chaire à l’université d’Odense.  Dans son exil danois, il rompt de plus en plus nettement avec les milieux de droite. Plus tard, ses anciens disciples apprirent avec stupeur qu’il plaidait à sa façon pour une société multiculturelle. Eichberg, depuis sa chaire danoise, avait acquis une renommée scientifique internationale. Il était devenu un spécialiste de la « culture des corps » et du sport. Tout cela l’a éloigné des théories qu’il professait dans les colonnes de Wir Selbst ou de Volkslust. Ses théories sur le sport et la culture des corps sont d’un grand intérêt mais leur caractère scientifique très pointu ne parviennent évidemment pas à électriser les militants comme les électrisaient les textes pionniers et innovateurs de facture nationale-révolutionnaire qu’il rédigeait avec fougue dans les années 1960, 1970 et 1980.

Henning Eichberg est décédé à Odense au Danemark le 22 avril 2017.

Arne SCHIMMER.

(article paru dans Deutsche Stimme, août 2017).

Pour comprendre le contexte de la « Neue Rechte » : http://robertsteuckers.blogspot.be/2012/12/neo-nationalis...

Pour comprendre le contexte dans son volet flamand : http://robertsteuckers.blogspot.be/search?q=dutoit

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Wer trägt die schwarze Fahne
Wolf in Lieder

1. Wer trägt die schwarze Fahne dort durch Schleswig und Holsteiner Land?
Das sind die Bauern, das ist Claus Heim, der trägt sie in der Hand.
Sie pfändeten ihnen die Höfe weg, da bombten sie die Behörden entzwei.
Im Jahr achtundzwanzig erhoben sie sich gegen Zinsdruck und Ausbeuterei.
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die schwarze Fahne empor. :/

(Qui porte donc le drapeau noir dans les pays du Slesvig et du Holstein?

Ce sont les paysans, c’est Claus Heim, il le porte à la main.

Ils ont hypothéqué leurs fermes, les leur ont prises, ils ont fait sauter les bureaux !

En l’an vingt-huit, ils se sont soulevés contre les intérêts et l’exploitation (…) ».

2. Wer trägt die schwarze Fahne dort durch das Westfalenland?
Das ist der Kumpel von der Ruhr, er trägt sie in der Hand.
Sie schlossen ihnen die Zechen zu, das war das letzte mal;
im Jahr sechsundsechzig erhoben sie sich gegen Bonn und das Kapital.
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die schwarze Fahne empor. :/
(Qui porte donc le drapeau noir en pays de Westphalie?

C’est la gueule noire de la Ruhr, il le porte en main.

Ils lui ont fermé ses mines, c’était la dernière fois ;

En l’an soixante-six, ils se sont levés contre Bonn, contre le Capital. (…) »

3. Wer trägt die schwarze Fahne heut` durch die gespalt`ne Nation?
Wer sprengt die Ketten, wer haut darein und kämpft für die Revolution?
Bist du dabei, bin ich dabei, heut` oder morgen schon?
Wann stürzt im Land die Fremdherrschaft vor der deutschen Revolution?
/ : Hervor, Leute hervor, hervor! Die schwarze Fahne empor! Denn überall,
wo das Unrecht herrscht, geht die Fahne der Freiheit empor. :

mardi, 01 août 2017

Roland Gaucher, le forcené de l’anti-communisme… décédé il y a dix ans

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Roland Gaucher, le forcené de l’anti-communisme… décédé il y a dix ans

Il y a dix ans, décédait Roland Gaucher. Nous reproduisons ici l'article paru dans le n°5 de la revue Synthèse nationale (automne 2007) :

par Roland Hélie

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Le 26 juillet, nous avons appris avec tristesse la disparition de Roland Gaucher.

Agé de 88 ans, Roland était né en 1919 à Paris. Il était prédestiné au journalisme puisque son père exerçait déjà cette profession. En revanche, rien, dans sa jeunesse, n’indiquait qu’il deviendrait plus tard l’un des piliers du combat pour la cause nationale. Son premier engagement politique, dans les années 30, l’avait en effet conduit dans les rangs de l’extrême gauche. Trotskiste d’abord, il milita à la Fédération des étudiants révolutionnaires et aux Jeunesses socialistes ouvrières. Il se rapprocha en 1937 du courant animé par Marceau Pivert qui donnera naissance à l’éphémère Parti socialiste ouvrier et paysan. C’est à cette époque que Roland Gaucher, de son vrai nom Roland Goguillot, rencontra Marcel Déat qui, par esprit pacifiste, se rangera dans le camp de la Révolution nationale. En 1939, il fut mobilisé dans l’infanterie et il sera fait prisonnier par les Allemands à Rennes. Un an plus tard, il s’évadera lors de son transfert en Allemagne. Marcel Déat créa en 1941 le Rassemblement national populaire qui regroupait de nombreux militants issus de la SFIO et des différents partis de gauche. Roland Gaucher, qui était revenu à la vie civile, fut de ceux-ci, c’est à ce moment là qu’il rompit définitivement avec sa famille d’origine. De son voyage initiatique à la politique au sein de la gauche révolutionnaire, Roland Gaucher gardera une solide formation qui fera de lui plus tard l’un des spécialistes les plus avisés du marxisme. Il conservera aussi un formidable sens de l’agit-prop qu’il mettra, le moment venu, au service de la droite nationale.

RG-l3.jpgAprès la guerre, il connut des moments difficiles. Il fut condamné à cinq années de prison, mais il fut libéré en 1948. Devenu journaliste professionnel, il collabora à plusieurs revues spécialisées parmi lesquelles l’Auto-journal. Mais le sens du devoir conduisit Roland Gaucher à reprendre le combat. Il travailla un temps pour l’Institut d’histoire sociale et pour la revue Est et Ouest, deux émanations de ce que l’on appelait alors pudiquement « les réseaux Albertini » (1). Il participa à la lutte en faveur de la défense de l’Algérie française. Après l’échec de ce « baroud pour l’honneur », il devint grand reporter à l’hebdomadaire Minute où il restera plus de vingt ans. Parallèlement à son engagement journalistique, il prit une part active, au cours des année 70, à l’action sur le terrain contre le Parti communiste qui représentait un véritable danger pour notre liberté. Il participa en 1972 à la création du Front national et, en 1974, il rejoignit le Parti des forces nouvelles dont il devint l’un des principaux dirigeants. La même année, il publia une monumentale Histoire secrète du Parti communiste français (chez Albin Michel) qui fit grand bruit et contribua, à n’en pas douter, à la déstabilisation et à la marginalisation de ce parti alors encore tout puissant.

C’est à l’occasion de la sortie de ce livre que je le rencontrai pour la première fois, lors d’une conférence organisée à La Rochelle par la section locale du PFN. Participaient aussi à cette réunion François Brigneau, autre pilier de Minute, et Henry Charbonneau, l’auteur des Mémoire de Porthos (2). C’est dire que, ce soir-là, le jeune militant que j’étais fut comblé.

Chaque mois, Roland Gaucher menait dans les pages de la revue Initiative nationale, le magazine du PFN, une véritable croisade épistolaire contre le communisme. Croisade épistolaire dûment accompagnée de campagnes militantes au cours desquelles un grand nombre de camarades toujours en activité aujourd’hui ont acquis un savoir-faire inégalé. Toujours prêt à en découdre, ce combattant infatigable n'hésitait jamais à foncer en première ligne face à nos adversaires. Il n’hésitait pas non plus à faire le coup de poing si cela s’avérait nécessaire. Ceux qui étaient présents à Paris en juin 1977 lors de la venue du bourreau soviétique Léonid Brejnev gardent en mémoire la formidable riposte organisée par les nationalistes et en grande partie suscitée par ce « vieux  forcené de l’anti-communisme » (l’essentiel des militants avait moins de 25 ans et lui en avait déjà plus de 50, c’est pour dire) que nous suivions avec entrain et confiance.

RG-l2.jpgRoland était devenu la bête noire des communistes. Dans Minute, chaque semaine, il ne manquait jamais une occasion de mener la vie dure au parti de Moscou. C’est ainsi qu’il fut le premier à rappeler l’engagement volontaire, alors que la France était occupée, de Georges Marchais dans les ateliers de la firme Messerschmitt, principal constructeur d’avions de l’Allemagne nationale-socialiste. Marchais fondit en larmes lorsqu’il perdit le procès qu’il avait engagé contre Gaucher. Ce fut le début de la fin de sa carrière. Dans un hommage publié dans le quotidien Présent du 11 août dernier, le journaliste Jean Cochet nous rappelle ce que Roland lui avait alors confié : « Ces larmes de Marchais, c’est ma Légion d’honneur à moi ».

Sa devise face aux communistes était la suivante : « Ne reculez jamais ! ». Elle raisonne encore dans les tympans de ceux qui le suivirent. Dix ans plus tard, le rideau de fer s’effondrait lamentablement lui donnant ainsi, d’une certaine manière, raison.

Mais Roland Gaucher n’avait pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un caractère facile. Quelques divergences de vue avec les autres dirigeants du PFN l’amenèrent, en 1979, à s’éloigner du Parti. Il se rapprocha alors à nouveau du Front national qui, organisé d’une main de maître par un autre militant exemplaire, Jean-Pierre Stirbois, commençait son ascension historique. Au milieu des années 80, il devint l'une des figures du FN. Il fut élu député européen de 1986 à 1989. Il créa en même temps National hebdo dont il assura la direction, avec Lionel Payet, jusqu’en 1992.

On se souvient de ses prises de bec avec les responsables du Front (y compris avec son président) lorsqu’il n’était pas d’accord avec telle ou telle décision du Bureau politique. Cette attitude, somme toute assez rare au sein des instances dirigeantes du FN, mérite d’être rappelée.

Fort de sa popularité en tant que directeur de NH, Roland n’hésita pas à défier la direction du FN lorsqu’il estimait que cela en valait la peine. Ainsi, quinze jours après la disparition tragique de Jean-Pierre Stirbois, le 8 novembre 1988, scandalisé par l’inertie d’une partie de la dite direction, il prit l’initiative d’organiser, au Palais de la Mutualité à Paris, une grande soirée en hommage au défunt. Ce fut un immense succès, la grande salle de la Mutu était pleine à craquer. Ce soir-là Roland Gaucher avait réussi à rassembler tout ce que Paris et la Région parisienne comptaient de militants nationaux et nationalistes. Il s’était aussi attiré les foudres de certains hauts dirigeants du Front, et non les moindres, qui ne lui pardonnèrent jamais.

RG-l1.jpgToujours soucieux de voir un jour se réaliser le véritable rassemblement des forces nationales, Roland Gaucher fut aussi, ne l’oublions pas, au début des années 90, l’instigateur des Journées culturelles de National Hebdo qui rassemblèrent tout ce que le camp national comptait alors de mouvements, associations, journaux…

En 1993, arriva ce qui devait bien finir par arriver : il s'éloigna du Front, dans lequel il ne se reconnaissait plus vraiment. Il prit la direction pendant quelques années du mensuel (non conformiste) Le Crapouillot. Il se consacra simultanément à la rédaction de nouveaux livres, dont certains en collaboration avec Philippe Randa. Il écrivit aussi une Histoire des nationalistes en France (3).

Nous nous voyions plusieurs fois par an et c'était toujours un plaisir de l'écouter raconter (certes parfois pour la Xième fois, mais qu'importe... c'était Roland) les grandes heures de la presse et du mouvement national. En bon vieux grognard toujours un peu grincheux qu'il était, Roland Gaucher gardait toujours une vision assez réaliste des choses. Surtout, il ne perdait jamais l'espoir de voir un jour notre idéal triompher. Aujourd'hui, Roland n'est plus, mais l'idéal survit.

(Pour Robert Steuckers, Roland Gaucher fut essentiellement le directeur du Crapouillot, figure chaleureuse et paternelle, bonne fourchette, gai convive. Les numéros sur les "nouveaux nationalistes" et sur "la gauche et la collaboration" furent l'occasion de coopérer fructueusement...).

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Notes

(1) Du nom de Georges Albertini, ancien chef de cabinet de Marcel Déat, fondateur de ces organisations qui prirent une part active dans la lutte contre le communisme entre 1945 et 1989.

(2) Les Mémoire de Porthos, le roman noir de la droite française (1920-1946) par Henry Charbonneau, 2 tomes, Editions du Clan, 1969. Rééditées en 2001 par les Editions de Chiré (DPF, BP n°1, 86190 Chiré-en-Montreuil).

(3) Histoire des nationalistes en France (1943-1997) par Roland Gaucher, 2 tomes, Editions Jean Picollec 1997.

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Ecoutez l'émission de Radio Libertés

réalisée en hommage à Roland Gaucher cliquez ici

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lundi, 03 juillet 2017

Finis Germania (JF-TV Im Fokus): Der Fall Rolf Peter Sieferle

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Finis Germania (JF-TV Im Fokus): Der Fall Rolf Peter Sieferle

19:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rolf peter sieferle, allemagne, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 18 avril 2017

A propos d'une première monographie sur Jean Thiriart

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A propos d'une première monographie sur Jean Thiriart

par Eric Vuylsteke

YS-thiriart-pardes.jpgChef d’entreprise avisé, matérialiste athée, communiste réformateur, sportif, narcissique revendiqué, quelque peu mégalomane, redoutable organisateur et homme d’ordre, tiers-mondiste de droite, précurseur du nationalisme européen et de la grande Europe, jacobin, révolutionnaire inclassable, mal compris et souvent utilisé, tel est le Jean Thiriart (1922-1992) que nous dépeint Yannick Sauveur au terme de 127 pages fort bien documentées.

Celui qu’Alain de Benoist considérait comme une des rares têtes  pensantes de l’ultra-droite d’après la guerre voulut,  dès les années 1960, créer un parti historique capable de faire émerger les conditions d’une révolution nationale européenne qui verrait naître une Europe unitaire et centralisée de Brest à Bucarest d’abord, de Brest à Vladivostok ensuite.

Niant (ou ne prenant pas en compte) les faits ethniques et culturels, Thiriart voyait la grande Europe comme une communauté de destin sans tenir compte de l’enracinement et de l’histoire de ses composants: ce qui aboutit à vouloir créer une nation ou plutôt un empire sur du sable. Bref l’on est loin de l’Europe aux cents drapeaux que nous défendons.

Si l’on peut être favorable à la disparition des états nations, comme le voulait Thiriart, en faveur d’une grande Europe Impériale, encore faut-il accepter la longue mémoire des divers peuples composant l’Europe: fait qui ne peut être nié au profit de l’idée exacte mais réductrice d’une communauté de destin comme définition de la nation. Jean Thiriart se considérait (surtout à partir de 1980) comme un communiste non marxiste promouvant un «communisme intelligent» qu’il appelait communautarisme (mais ce terme était utilisé dès les années 1962/1963, le contenu ayant sans doute évolué) mais, à vrai dire et au-delà des apparences, le communautarisme de Thiriart est assez éloigné de l’idée de communauté du peuple car le fait ethnique et spirituel était absent de cette notion de communautarisme.

Il y eut certainement une évolution dans la pensée de Thiriart mais cette évolution est due en grande partie à l’évolution géopolitique depuis 1961, date de la constitution du mouvement "Jeune Europe" par Thiriart et plusieurs autres personnalités de la droite radicale belge.

Yannick Sauveur a connu le Thiriart des années post activisme soit aux alentours des années 1972 à 1992. «Jeune Europe» (principale organisation de l’ultra-droite de l’après-guerre en Belgique) fut active de fin 1961 à 1965 (même si théoriquement l’aventure pris fin en 1969) et se voulut une organisation révolutionnaire transnationale européenne mais la majorité de ses militants se trouvait en Belgique et en Italie.

Jeune Europe et son principal doctrinaire étaient profondément hostiles à l’impérialisme américain (mais bizarrement pas à l’impérialisme culturel américain) et à l’impérialisme soviétique communiste de l’époque  ("Ni Moscou Ni Washington" était le mot d’ordre).

Thiriart s’était rapidement imposé comme chef du mouvement Jeune Europe qu’il organisa de manière structurée et disciplinée avec ses membres, ses militants en chemises bleues qui, debout de part et d’autre de la salle, encadraient les meetings rassemblant plusieurs centaines de personnes.

Les orateurs portaient souvent le même uniforme (la chemise bleue, interdite par Thiriart après 1965, qui voulait ainsi éviter tout anachronisme et tout amalgame facile).

Les meetings se terminaient par le chant des troupes d’assaut  (Nous sommes les hommes des troupes d’assaut, les soldats de la révolution…..). A cela s’ajoutait les bagarres de salle et de rue, subies ou provoquées par Jeune Europe), bagarres où Thiriart était toujours en tête de ses hommes, la grosse laisse en métal de son chien à la main.

Cette période 1961 à 1965 (que j’ai connue partiellement dans mon extrême adolescence, comme militant) révélait une Jeune Europe de combat ou la croix celtique était à l’honneur et dont tant la pratique  que les discours s’inscrivaient dans un romantisme fascisant assumé.

Éric Vuylsteke.

Yannick Sauveur, "Qui suis-je ?" Thiriart, Editions Pardès, 2016.

sarl.pardes@orange.fr


lundi, 27 mars 2017

J.R.R. Tolkien, le seigneur des écrivains

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J.R.R. Tolkien, le seigneur des écrivains

Saison 7 de la Grande Librairie, reportage diffusé le 04 décembre 2014 sur France 5.

Il est l’auteur de deux œuvres cultes et le bâtisseur d’un monde qui a inspiré de nombreux artistes. Le génial écrivain britannique John Ronald Reuel Tolkien a traversé le XXe siècle en voyageant à travers les textes anciens et les langues. François Busnel parcourt sa vie et son histoire en compagnie de spécialistes et d’écrivains, dont l’auteur du Trône de fer, George R.R. Martin.

J.R.R. Tolkien, le seigneur des écrivains

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J.R.R. Tolkien, le seigneur des écrivains

Saison 7 de la Grande Librairie, reportage diffusé le 04 décembre 2014 sur France 5.

Il est l’auteur de deux œuvres cultes et le bâtisseur d’un monde qui a inspiré de nombreux artistes. Le génial écrivain britannique John Ronald Reuel Tolkien a traversé le XXe siècle en voyageant à travers les textes anciens et les langues. François Busnel parcourt sa vie et son histoire en compagnie de spécialistes et d’écrivains, dont l’auteur du Trône de fer, George R.R. Martin.

Documentaire - Philip K. Dick l'écrivain visionnaire

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Documentaire - Philip K. Dick l'écrivain visionnaire


PHILIP K. DICK:Aujourd'hui,nous allons rencontrer un auteur de science-fiction qui a su explorer les frontières de la réalité. En effet, Philip K.Dick réussit à travers ses œuvres à prédire un avenir sombre où la science permettra de redéfinir la notion de réalité.Cette étonnante capacité à entrevoir le potentiel négatif du futur qui attend l'humanité a d'ailleurs été aidée par ses troubles mentaux qui lui permirent de s'émanciper de la « réalité ».Mais, ses œuvres rédigées pour la plupart dans les années 60/70 semblent aujourd'hui devenir de plus en plus réelles comme nous allons le voir...

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vendredi, 17 mars 2017

Pascal Zanon overleden

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Pascal Zanon overleden
 

Ex: http://www.stripspeciaalzaak.be

In het al meermaals door sterfgevallen geplaagde jaar moeten we nog het schrijnende overlijden van de op 1 november 1943 in Brussel geboren tekenaar Pascal J. Zanon toevoegen. Hij tekende de eerste negen albums van de reeks Harry Dickson naar de held van Jean Ray.

Pascal_J_Zanon.jpgHij overleed al op 15 januari 2017, maar het nieuws raakte pas een paar weken geleden bekend. De 73-jarige man overleed namelijk in absolute eenzaamheid in een ziekenhuis in Brussel. Eind 2016 drong zijn dokter tijdens een routineonderzoek aan op een operatie omdat er een fatale slagaderbreuk dreigde. De operatie in het ziekenhuis was een succes, maar er waren complicaties en er wachtte hem een revalidatieperiode. Uiteindelijk overleed hij aan een longontsteking. Het ziekenhuis lichtte niemand in en hij werd inderhaast begraven in een kist die werd betaald door de gemeenschap.

Blogger Robert Steuckers herinnert Pascal "Julius" Zanon vooral als een zachtaardige, vriendelijke man met een gouden hart die meticuleus met documentatie te werk ging voor zijn tekeningen die in de klassieke tradities van de klare lijn passen. Dat proces kostte veel tijd waardoor het verschijningstempo laag was. Hij verdiende nauwelijks zijn brood en stortte geen enkele cent aan de sociale zekerheid. Hij gaf zijn geld liever uit aan boeken, ijsjes en taarten. Dat leverde hem weliswaar een proces op, maar na de verloren zaak vertikte hij het nog altijd om te betalen.

Harry Dickson verschijnt sinds 1986. Weldra verschijnt deel 12, het tweede album dat getekend is door Renaud (Jessica Blandy). Philippe Chapelle hielp mee aan deel 9 en tekende deel 10.

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dimanche, 26 février 2017

Hommage à Pascal Zanon, joyeux compagnon, cœur d’or et fidèle d’entre les fidèles

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Robert Steuckers :

Hommage à Pascal Zanon, joyeux compagnon, cœur d’or et fidèle d’entre les fidèles

J’ai rencontré Pascal Zanon à Bruxelles en juillet 1978, lors du défilé du 21 juillet où la foule était venue acclamer les parachutistes qui avaient sauté sur Kolwezi en mai. Il y avait encore une certaine ferveur politique (et non partisane) à cette époque : étudiants,  en ces jours proches des examens de fin d’année, nous étions attablés aux terrasses de la Place du Luxembourg, quand un crieur de journaux a annoncé que les paras de la Légion avaient sauté et nettoyé la ville minière du Katanga, un rugissement de joie sauvage a secoué la foule, les convives des terrasses comme les centaines d’employés qui se dirigeaient vers la gare en cette fin d’après-midi. Un vrombissement de joie et de colère, atavique et viscéral, que je n’ai plus jamais entendu depuis. Le 21 juillet, journée très ensoleillée cette année-là, je fais donc la connaissance, dans la foule des badauds, de celui que nous appelions « Julius » car c’est sous ce pseudonyme qu’il avait été le caricaturiste et le dessinateur d’Europe-Magazine, revue dirigée par Emile Lecerf, disciple de Montherlant. « Julius » croquait certes quelques figures de la détestable faune politicienne belge mais préférait son strip des aventures de la « P’tite Nem », une jolie et tendre étudiante, et, surtout, ne vivait alors que pour dessiner ses planches historiques, dont sa préférée, m’a-t-il confié, était celle de la bataille de Lépante (1571). L’histoire, tant l’évènementielle   -les nouvelles pédagogies ont essayé de l’éliminer-  que la quotidienne, l’intéressait bien davantage que la politique. Cela ne l’empêchait pas d’être un lecteur particulièrement attentif de toutes sortes de journaux et de revues politiques belges et françaises, dont il me résumait avec précision le contenu lors de chacune de nos rencontres. « Julius » était doté d’une mémoire d’éléphant.

PZ-ba.jpgLe 21 juillet 1978, c’est la volubilité de ce garçon d’origine italienne (au patronyme du Frioul et né d’une mère napolitaine), son accent du terroir bruxellois, son sens de la zwanze, sa bonté qui était immédiatement palpable, son incroyable gentillesse, qui m’ont fait dire tout de suite : « Voilà un excellent camarade ! ». J’ai su qu’il habitait Etterbeek mais ne suis jamais allé chez lui : nous nous rencontrions aux hasards de nos pérégrinations en ville : aux abords des bonnes librairies, dans le quartier de la Grand’Place, aux Puces de la Place du Jeu de Balle. « Julius » était immanquablement accompagné de copains et de copines, parfois très hauts en couleurs. Je me souviens ainsi d’une soirée au magnifique hôtel Métropole, suite à une rencontre dans une librairie toute proche qui n’existe plus aujourd’hui. Ces rencontres fortuites et agréables se sont étalées de 1978 à 1981. Mais la vie quotidienne, le déménagement avec mes parents à Wezembeek-Oppem, les études, les séjours à l’étranger (en Allemagne et en Angleterre) puis mon passage dans le cloaque du sinistre de Benoist à Paris et mon service militaire à Marche-en-Famenne m’ont fait perdre « Julius » de vue. En septembre 1983, je réaménage dans le quartier de la ville, qui, auparavant, avait toujours été le mien. Chez le libraire des lieux, surnommé « Jeremy Puddingtam »,  je tombe quelques années plus tard, en 1986, sur le premier album de la série « Harry Dickson », intitulé La bande de l’araignée. Le dessin me plait, ligne claire oblige. La représentation des véhicules, des bâtiments, des armes et des uniformes est très précise, ce qui fait la qualité d’une bonne bande dessinée depuis les exigences de réalisme d’Hergé et de Jacques Martin. La dernière planche de Coke en stock, album de Tintin que j’ai reçu à l’âge de trois ans et huit mois, m’avait fascinée, enfant, car j’y reconnaissais toutes les voitures qu’on trouvait à l’époque dans les rues de Bruxelles. Dans La bande de l’araignée (BA) et dans sa suite immédiate, Les spectres bourreaux (SB), cette volonté de reproduire avec la plus grande exactitude possible le réel est manifeste : comment ne pas être séduit par le premier dessin de Londres sous la brume, par le laitier anglais et le vendeur de journaux (p. 6), par l’immeuble de Scotland Yard (p. 14), par la voiture noire qui fonce sous un ciel d’automne tourmenté (p. 19), par les avions, par la calendre de la Peugeot (p. 25), par la Bugatti qui prend de l’essence sous la neige des Alpes (p. 30) ? Dans Les spectres bourreaux, album de 1988, le style s’est affirmé : splendides dessins que ce décollage d’appareils SIAI Marchetti (p. 4), que l’émergence hors des flots de l’U47 (p. 9), que les combats de la page 10, que le manoir anglais de la page 15, que l’avion au repos à Croydon (p. 17), que les commandos de marine anglais en fin d’album, etc. « Julius » était capable de donner du mouvement à ses dessins comme l’atteste de manière exemplaire la voiture noire d’Harry Dickson, fonçant à toute allure dans les rues de Londres (SB, p. 14).

PZ-HD.jpgEt surprise, après l’achat de ces deux albums, sans m’être rappelé que le prénom et le patronyme de « Julius » étaient Pascal et Zanon, au détour d’une rue de mon quartier, coucou, qui voilà qui déboule, comme le Général Alcazar au début de Coke en stock ? « Julius » ! Avec son intarissable volubilité habituelle, il me raconte ce qu’il est devenu : auteur de bande dessinée ! Le dessinateur d’Harry Dickson ! Son éditeur, Christian Vanderhaeghe, par ailleurs scénariste des albums, possède un hôtel de maître cossu dans le quartier. « Julius » en occupe le « basement » qui lui sert de studio.  Il m’emmène dans cette véritable caverne d’Ali Baba. Dans le fond, un matelas sommaire pour ses siestes et pour les soirs où il ratait le dernier tram vers Etterbeek. Des monceaux de livres avec des photos d’époque prises dans les sites que devait visiter  le héros Harry Dickson, au fil de ses aventures, pour que tout soit reproduit le plus fidèlement possible. Des livres avec des croquis militaires, des photos de matériels en action. Une maquette de tous les avions reproduits dans les albums. Une miniature de chaque voiture, au moins à l’échelle 1/43ème. Tout cela témoignait, sous mes yeux admiratifs, d’une volonté de pousser encore plus loin le réalisme voulu par Hergé et par Jacques Martin. Ce réalisme apparaît époustouflant dès le troisième album, Les trois cercles de l’épouvante (3CE, 1990), dont l’action se déroule surtout en Chine. « Julius » a été capable de reproduire bâtiments, véhicules, trains, bateaux, de la Chine des années 1930, avec le talent d’un maître avéré.

« Julius » devient une figure du quartier, fréquentant principalement le salon d’un glacier à barbe blonde, devenu témoin de Jéhovah, un des rares Belges à exercer ce métier artisanal dans le quartier car c’est l’apanage des Italiens. Il faut dire que « Julius » était un solide amateur de sucreries. Une boulimie insatiable ! Qui lui avait fait prendre des dizaines de kilos depuis notre première rencontre. Si je me contentais d’un café ou de deux boules à la vanille chez le glacier « jéhoviste », « Julius », invariablement, absorbait une plantureuse « coupe américaine », soit neuf boules de neuf parfums différents ! Et il n’était pas rare qu’il traversait la chaussée pour s’acheter un grand gâteau à la pâtisserie « Deneubourg-Baudet » qu’il allait dévorer tout entier en cachette dans sa caverne !

Après la parution des Trois cercles de l’épouvante, « Julius » quitte le quartier pour retourner à Etterbeek, à un jet de pierre de la station de métro Thiéffry. Nous nous rencontrons alors dans un café situé en un endroit hautement stratégique : en face, tout à la fois, d’un grand magasin de maquettes (Tamiya et autres), baptisé le « 16ème Escadron », et de la grande librairie de l’Escadron, spécialisée en livres d’histoire, d’histoire militaire et en opuscules sur tous les matériels existants et ayant existé, le tout en sept ou huit langues (polonais et russe compris). « Julius » et Vanderhaeghe sont évidemment des clients assidus de cette librairie, dont je deviendrai aussi un client fidèle, bien que moins fréquent. Et Vanderhaeghe se fournit en maquettes au « 16ème », pour donner aux albums la plus grande exactitude possible.

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« Julius » était tout seul dans son studio. Il n’avait pas une équipe d’adjoints autour de lui, comme Hergé ou Martin. C’est là qu’il faut saluer, humblement, sa puissance d’artiste : il faisait tout, absolument tout. Chaque détail des albums a été créé de sa main propre : on imagine le boulot, le temps investi, pour réaliser des planches comme celle de la page 21, dans Le royaume introuvable, où Harry Dickson va rencontrer son ennemi Georgette Cuvelier, sur la passerelle face au Quai de Valmy à Paris. Il faudra attendre le neuvième album, Les gardiens du gouffre, pour que Philippe Chapelle vienne apporter son excellente contribution, avant de prendre le relais de « Julius », dont la vue se troublait dangereusement à cause de la progression insidieuse de son diabète (rançon cruelle des « coupes américaines » et des gâteaux de Deneubourg-Baudet !). Dans cet album réalisé en duo, en trio avec Vanderhaeghe, il faut admirer une planche, celle où l’hydravion d’Harry Dickson survole la cité inca de Machu Picchu puis « une vallée encaissée de l’altiplano ». 

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Les conversations qui se déroulaient au café en face de la librairie de l’Escadron et du « 16ème Escadron » tournaient autour de la vie politique du royaume, de l’Europe et du monde, de l’évocation des amis actuels, anciens ou disparus mais je retiendrai surtout celles qui touchaient à l’histoire de la bande dessinée, au rôle et à la fonction de ce 9ème art, aux rencontres dans cet univers que « Julius » faisait, notamment suite aux festivals de la bande dessinée à Angoulême, où il s’était rendu assez souvent.

 « Julius » s’inscrivait, cela va sans dire, dans la tradition de la bande dessinée bruxelloise dite de la « ligne claire », inaugurée en son temps par Hergé. A cette ligne claire, il fallait ajouter un hyper-réalisme dans les décors. Aucun objet, bâtiment, véhicule ne pouvait être fictif, inventé au pied levé, et surtout anachronique. Comme j’avais pu le constater lors de ma visite de sa cave après notre première rencontre, chaque planche des aventures d’Harry Dickson est inspirée d’une photo d’époque, chaque véhicule ou aéronef est dessiné d’après maquette ou photo ou planche-profil : j’avais même un jour été avec Vanderhaeghe glaner dans une librairie de la Chaussée d’Alsemberg des ouvrages de photographies sur des villes européennes, Moscou, Saint-Pétersbourg et Istanbul, si je me souviens bien. Les scènes chinoises dans Les trois cercles de l’épouvante attestent tout particulièrement de cette infinie minutie, de ce souci maniaque de la documentation.  Jacques Martin tentait toujours de faire de même pour l’antiquité. Par ailleurs, ses excellents albums sur les costumes de l’antiquité, sur les villes des mondes grec et romain, dans la collection « les voyages d’Alix », puis du moyen-âge avec « les voyages de Jhen » et de l’époque contemporaine avec les « voyages de Lefranc », constituent un travail parallèle et utile, une poursuite de l’œuvre du maître discret tout à la fois de Goscinny pour Astérix et de Martin pour Alix, je veux parler de Jérôme Carcopino, auteur célèbre auprès des latinistes pour sa Vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire. « Julius » m’expliquait qu’il devait sa formation de dessinateur à Jacques Martin, à qui il vouait une profonde reconnaissance : c’était l’inventeur d’Alix, Lefranc et Jhen (Xan) qui lui avait prodigué les conseils qui comptent. « Julius » me disait assez souvent qu’il avait envie de réaliser des albums historiques, des récits de bataille comme Gettysburg ou surtout Lépante car il était fasciné par le rôle des galéasses vénitiennes dans cet affrontement naval du 16ème siècle. Il m’avait réitéré ce désir juste après que j’eus rédigé un long essai sur cette bataille et ses préliminaires récapitulant toute la confrontation euro-turque depuis le choc Manzikert en 1071, qui avait ébranlé dangereusement l’Empire byzantin. Dans les pages des derniers numéros de l’Europe Magazine d’Emile Lecerf, « Julius » avait commencé à croquer des épisodes de l’histoire, avec le désir (jamais réalisé) de renouer avec une tradition du journal de Spirou : les pages didactiques et historiques de l’Oncle Paul : cette chronique s’était étalée de 1951 aux années 1970. L’Oncle Paul a ainsi raconté plus d’un millier d’histoires à ses jeunes lecteurs (dont nous fumes tous, bien entendu). « Julius » avait la culture historique requise pour reprendre une chronique de ce genre.

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Pour « Julius », qui s’avérait véritable théoricien de sa profession dans les conversations qu’il tenait à Etterbeek ou ailleurs, à Saint-Gilles ou à Forest, la fonction du dessinateur de bandes dessinées était de reprendre la tradition des illustrateurs, métier qui avait progressivement disparu avec l’invention, la généralisation et le perfectionnement de la photographie. Il évoquait les pages de L’Illustration, célèbre publication française, qui avait encore recours, avant 1940, à de géniaux illustrateurs pour compenser le manque de photographies. Malheureusement, jamais il ne couchera sa vision du métier sur le papier et jamais il ne donnera le long entretien qu’il s’était promis de me donner. J’essaie ici, vaille que vaille, de reconstituer le fil de sa pensée en la matière. Discret, « Julius » ne révélait rien de compromettant, de désagréable ou de grotesque sur les collègues qu’il rencontrait à Angoulême ou à d’autres festivals. Simplement, il évoquait sa rencontre avec la coloriste d’Hergé, France Ferrari, décédée en 2005, dont il avait recueilli les confidences, peu amènes à l’égard de l’héritière Fanny Vlamynck. « Julius » refusait de révéler ces propos car il estimait que les diverses polémiques contre le nouveau couple Vlamynck/Rodwell de l’entreprise « Moulinsart » et du Musée Hergé n’étaient pas toujours de mise et que son projet de conserver la pureté de l’héritage hergéen, de le soustraire à tous mauvais pastiches ou à toute exploitation de piètre qualité était juste. Il n’y avait donc pas lieu d’ajouter une louche, pensaient « Julius » et Vanderhaeghe. On déplorera simplement que cette vigilance est quelquefois excessive, surtout contre des initiatives qui ont, elles aussi, le souci de maintenir un « hergéisme pur » : je pense aux Amis d’Hergé et au sculpteur Aroutcheff. Le hergéisme pur (où le mot « pur » n’est pas innocent ici !) est incompatible avec la mentalité marchande anglo-saxonne : c’est comme si Rastapopoulos avait emménagé à Moulinsart ! Impensable !

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« Julius » se foutait royalement des conventions sociales de l’Etat-Providence. Travaillant lentement, non par paresse comme pourraient le dire de méchantes langues, mais parce qu’il bossait seul, tout seul ; il ne gagnait guère sa croûte, les albums ne paraissant pas à intervalles suffisamment rapides. Jamais, il n’a payé un sou à une caisse de sécurité sociale, une de ces pompes à fric qui bouffent nos héritages et nos rentes pour engraisser des parasites politiciens et apparentés. « Julius » préférait donner ses maigres sous à des libraires, à des glaciers ou à des pâtissiers. Juste vision des choses : un livre, un gâteau, une glace, c’est du concret. Un jour, quand je fis un procès à ma caisse de sécurité sociale parce qu’elle me réclamait des cotisations indues, suite à un changement de statut, j’entendis, dans la salle du tribunal du travail, que l’on citait le nom de notre « Julius », lequel était évidemment absent ; il avait « envoyer son chat » comme on dit en Flandre. La caisse « Partena » le harcelait, lui envoyait des huissiers, retardait la parution des albums. Le convoquait au tribunal. L’avocat qui le persécutait et celui qui, minable mercenaire, devait défendre sa boite de voyous contre moi, était le même. Le juge s’est fichu de lui, l’a engueulé. Penaude, cette larve infecte, à tronche molle de gamin gâté, est venue gémir dans mon gilet : mon cas étant réglé, j’ai pris la défense de « Julius » et menacé de lancer une pétition contre sa crapule de mandante et contre sa clique d’avocaillons qui avaient l’outrecuidance de poursuivre un des plus grands artistes de la « ligne claire » pour quelques misérables deniers à jeter dans le tonneau des Danaïdes du machin Partena. J’ai rompu une lance, non pas pour « Julius » seul mais pour l’art en général, pour les artistes, contre la vermine avocassière, mutuelliste et politicienne. De toutes les façons, la gesticulation de Partena et de ses vils mercenaires n’a servi à rien. « Julius » a poursuivi sa trajectoire, en sifflotant et en ne payant jamais un penny. On l’a toujours soigné pour rien. Il a l’aura de l’artiste, les autres, la marque de Caïn que portent tous les méchants imbéciles. Le monde des artistes est lumineux, comme le cœur et la voix de « Julius ». Le monde des juristes et des mutuellistes est sombre comme un cloaque, comme une géhenne pestilentielle. Cet incident démontre que le système occidental, libéral en son essence et adepte de l’ingénierie sociale pour corriger ses effets les plus désastreux, est mis en place pour annuler l’indépendance des citoyens et surtout leur voler leur temps métaphysique, le temps de la réflexion, de l’introspection réparatrice et de la création artistique. Certains futuristes italiens, et aussi Gabriele d’Annunzio (qui n’était pas des leurs), parlaient de la nécessité d’établir une « artecrazia » contre tout le bric-à-brac politicien où l’homme était traité avec condescendance et mépris comme un « pauvre » ou comme un être imparfait à corriger, à formater pour lui enlever ses tendances soi-disant violentes mais aussi sa propension irrationnelle à créer de la beauté visuelle ou sonore (le thème d’ Orange mécanique d’Anthony Burgess). Violence répréhensible et création artistique sont mises sur un même pied par la vermine du système : « Julius » devait donc, parce que créatif, être pressé comme un citron, ruiné, jeté dans la misère mais, dixit Partena, c’était pour son bien, pour sa sécurité sociale.

PZ-ELV.gifDans la foulée des conversations éparses que nous tenions à intervalles irréguliers, Vanderhaeghe me demande en 1997 de faire traduire en néerlandais L’étrange lueur verte. L’ami MvD s’y attèle. Je lui file un coup de main. Il le fallait bien. Imaginez comment traduire la prose lyrique de Vanderhaeghe : « Les langueurs océanes d’Atlantic City sont brutalement balayées par le rugissement de deux bolides teintés d’or et de sang ». Ou encore : « Dans un grondement de tonnerre, un lingot de métal affilé comme une lame surgit de l’ombre du box voisin ». Pire : « Foudroyée, la Daimler-Benz décolle de sa trajectoire irradiant une étincelante lueur verte ». « Mais telle une météorite traversant l’éther, le bolide argenté plonge irrémédiablement vers l’enfer ! ». « Une coulée d’or embrase les murailles du Nouveau Monde inconscient de la menace qui fond sur lui ». En plus, Max, le complice de Georgette Cuvelier , s’exprime en un argot de truand marseillais, repris des romans policiers de Léo Malet, ancien anarchiste et surréaliste mais néanmoins traité de « xénophobe » à la fin de sa vie. La boucle était bouclée : le « lyrisme » de Vanderhaeghe faisait penser à certaines phrases du Cœur aventureux d’Ernst Jünger ; avec l’argot du surréaliste Malet, on était en plein dans un drôle de bain,  on pouvait « numéroter nos abattis ». Le pauvre MvD et le pauvre de moi ont dû mettre cela en néerlandais : les tournures trop flamandes ont déplu aux critiques hollandais ; les tournures hollandaises, injectées à dessein par MvD, ont déplu aux critiques flamands : vieille histoire qui avait déjà cassé la tête de Willy Vandersteen qui, longtemps, avait dû publier deux éditions de ses aventures de Bob et Bobette. Une pour les Pays-Bas, une autre pour la Flandre. « Julius », lui, était heureux : il avait pu, dans L’étrange lueur verte, dessiner de splendides voitures de course, des autos de la police américaine, des Boeing F-48, un char T3, des camions de pompiers new-yorkais et surtout deux appareils futuristes dont l’aile bleue de Georgette Cuvelier qui vaut bien l’aile rouge d’Olrik dans les aventures de Blake et Mortimer. Les dessins illustrant le combat entre l’appareil de Georgette et celui , tout jaune, d’Harry Dickson sont époustouflants. Du bel art.

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Mes dernières rencontres avec « Julius » ont eu lieu à la librairie de l’Escadron. La cécité le menaçait, rendant pénible le métier de dessinateur. Le diabète faisait des ravages. Notre ami le Dr. Berens, dit le « Doc », avait prescrit une solide cure d’amaigrissement, l’avait exhorté à abandonner la consommation frénétique de gâteaux et autres sucreries. Les séjours à l’hôpital se succédaient. Mais rien n’abattait son insouciance. La famille Mosbeux, qui tenait la librairie de l’Escadron, avait pris « Julius » sous sa protection. Un repas chaud l’attendait souvent à la librairie, en fin d’après-midi, entre 17 h 30 et 18 h, confectionné avec tendresse et chaleur par Madame Mosbeux. Sa logeuse, Mme Podevin, avait toutes les indulgences pour lui, même si elle rouspétait parfois (à juste titre !). Vanderhaeghe était le bon Samaritain qui bougonnait mais qui avait une patience qui confinait à la sainteté. Douloureusement affecté par ces maux lancinants, « Julius » gardait intact son cœur d’or, son cœur d’enfant : il était toujours bouleversé quand un ami avait quelque ennui de santé, souvent bien moins grave que les siens. La dernière rencontre à l’Escadron ne laissait rien augurer de bon. « Julius » racontait des plaisanteries, était égal à lui-même, mais son état général avait empiré de façon inquiétante.

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Fin 2016, lors d’une visite de routine chez le médecin, celui-ci décèle l’imminence d’une rupture d’anévrisme, toujours fatale et de façon foudroyante. Réaction de « Julius » : « Bigre, je vais convoquer tous mes amis pour leur dire un dernier adieu » ! On le convainc de tenter l’opération. Elle réussit. Mais il y a des séquelles. Il part en revalidation. Il chope un début de pneumonie. Il meurt le 17 janvier 2017. Seul. Absolument seul. La clinique n’avertit personne. Le dernier héritier de la « ligne claire » est enterré à la va-vite, dans un cercueil « made in China », fourni par l’assistance publique. Une fin comme Mozart.

Nous avons perdu un excellent camarade. Nous n’en retrouverons jamais plus un pareil. Il est allé rejoindre l’ami Yves Debay qu’il admirait tant.

Robert Steuckers,

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vendredi, 24 février 2017

Michel Clouscard

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MICHEL CLOUSCARD

Filosofo, sociologo e professore universitario francese, Michel Clouscard (1928-2009) fu sempre escluso dal circo mediatico. Tra i pochi interventi che fece in televisione accusò a più riprese i suoi interlocutori di aggirare, con arte retorica e sofistica, le contraddizioni da lui messe in evidenza . Il filosofo, dice Clouscard riprendendo Platone, non può partecipare alla messa televisiva, non può dialogare con il sofista, pena il risultarne sconfitto. Il pensiero di Clouscard segue l'organicità che lui stesso ha intravisto tra Rousseau, Hegel e Marx, e si riallaccia, per la critica al fenomeno sessantottino e al liberalismo libertario, alle riflessioni di Pier Paolo Pasolini e di Costanzo Preve
 
di Lorenzo Vitelli 
Ex: http://www.linttellettualedissidente.it 
 
Pur essendo ignorato, snobbato, ingiuriosamente e contraddittoriamente categorizzato come marxista stalinista e fascista, Clouscard rimane un autore fondamentale, misconosciuto in Francia e ancora non tradotto in Italia, che ha tracciato una genealogia del Capitalismo e delle sue metamorfosi, superando i limiti della critica marxiana che non aveva potuto prevedere il passaggio dall’industria pesante all’industria leggera. Una trasformazione a cui seguirono importanti conseguenze politico-sociali, tra cui la commercializzazione, all’interno della società civile, di gadget e di oggetti ludici (flipper, poster, juke-box) che crearono l’ideologia del frivolo e il consumismo. Di fatto Clouscard ravvisa in questo passaggio fondamentale, tutt’oggi poco evidenziato, la metamorfosi di un Capitalismo che da oppressivo si rese permissivo in luogo di consumo. La seconda guerra mondiale fu invero un conflitto che risultò proprio dalla crisi del modello capitalistico liberale ottocentesco, a cui si contrapposero i movimenti di massa e i governi autoritari della prima metà del Novecento. Il Capitale, dopo il 1945, necessitava in questo senso di una svolta per garantire la sua salvezza. Questa svolta doveva risolversi soprattutto in ambito culturale, doveva creare una nuova ideologia. Il culmine di questo momento fu il maggio del 1968. Nacque in quegli anni la nuova morale permissiva attraverso la quale si crearono una serie di nuovi mercati in cui il capitalismo poteva vivificare la sua oppressione. Si colonizzò l’immaginario collettivo attraverso l’evasione, il desiderio, il piacere ed il sogno, per canalizzarne le energie all’interno del Mercato.

MC-praxis1.jpgIl liberalismo esigé, oltre che di una deregolamentazione sul piano economico, anche di una deregolamentazione della morale, poiché qualsivoglia regola poteva rappresentare un freno alla potenziale creazione di nuovi mercati, tra cui quelli più fruttuosi (alcool, droghe, sesso, violenza, gioco). Il costo sociale di una tale liberalizzazione della morale è troppo alto secondo Clouscard, che propone in proposito una morale socialista responsabilizzante rappresentata da un terzo organo, dopo i tre teorizzati da Montesquieu, ovvero un Parlamento del lavoratore collettivo, dove si discuta la necessita di un equilibrio tra produzione e consumo.

Ma ritornando sul piano storico, la creazione della società dei consumi, cifra del Capitalismo liberal-libertario, si creò grazie a quello che Clouscard definisce “potlatch di una parte del plus valore”. Vi fu, grazie all’intrusione del piano Marshall in Europa, il passaggio da un’economia della miseria e della rarità, ovvero della mancanza, ad un’economia dell’abbondanza. Questo processo creò un fenomeno radicalmente nuovo secondo il filosofo: l’immanenza dell’economico nel culturale. La cultura divenne espressione dei bisogni ideologici del Mercato. Nelle società tradizionali questi concetti mantenevano una considerevole distanza e una forte autonomia. La cessione di questo surplus introdusse una nuova dialettica padre-figlio. Da un lato viene concessa al padre borghese e produttore una parte del plusvalore in forma di aumento del salario (siamo nel periodo delle trente glorieuses in Francia, e del miracolo italiano), e viene concessa al figlio sotto forma di vestiario, oggetti, svaghi e gadget, e ha una funzione economica precisa, l’incoraggiamento all’acquisto, è un surplus ludico. Da un lato il pane, dall’altro i giochi. Il figlio quindi, in contrapposizione formale al padre borghese, non “ha”, e pretende uscire dalla dimensione del denaro, dal potere tradizionale della borghesia contro cui protesterà, sempre formalmente, a partire dal Maggio 68′. Il figlio si pone come totalmente al di fuori dall’oppressione in luogo di produzione, ma risponde alla sola gratuità dell’uso e del consumo. Se le società tradizionali erano oppressive, nel senso in cui dovevano sottomettere il principio di piacere al principio di realtà, il neo-capitalismo dovette creare un’educazione al consumo, allo spreco, all’uso, un’attitudine che proni la piena espressione di questo principio di piacere. Il Capitalismo si rinnova perciò in una nuova fase, quella del gioire senza l’avere, dell’usare e della simbologia che si cela dietro questo uso, che non è mai un possesso, che è sempre un consumo, uno spreco di una parte del plus valore. L’apprendimento della vita non è più apprendimento del produrre, o del mestiere, ma dello sprecare, dell’usare seguendo la giusta simbologia. Questo uso si è reso accessibile grazie alla tecnologia della società industriale leggera e avanzata. Basta premere su un bottone e parte il juke-box, il flipper. Come suggerisce lo stesso Weber, si percepisce solo il risultato del processo di produzione, senza una vera conoscenza delle cause né dei fini. L’unico fine è quello di rigiocare, di riprodurre, di ripetere il gioco, di verificare l’ordine costituito senza una finalità. E’ il contrario stesso del lavoro, sempre finalizzato a qualcosa di nuovo. Tuttavia, una volta finita l’adolescenza, integrato il figlio nel mondo del lavoro, il luogo di produzione rimarrà oppressivo, per garantire la permissività centuplicata in luogo di consumo. Ora il figlio può consumare solo se si sottomette producendo. Questa è la vera innovazione del Capitalismo, cui non interessa più l’avere per l’avere (la concezione protestante del mondo) ma l’avere per l’usare, per consumare. Questa pratica alto-borghese, perché concessa solo ad un’élite della consumazione (i figli borghesi sessantottini), economicamente in grado di sprecare, consumare, buttare, rompere, è divenuta in seguito la pratica di una classe, poi l’ideologia di una generazione e oggi dell’intera società dei consumi.

Clouscard, tuttavia, si smarca dal facilismo di Marcuse che considerò la classe operaia integrata alla società dei consumi nel momento in cui svendette gli ideali rivoluzionari marxisti per il frigorifero e l’automobile. In questo senso lo stesso Marcuse occulterà quella lotta di classe che Clouscard mette in evidenza anche all’interno della società postmoderna. Dietro l’apparente amalgama che si fa della società dei consumi, si definisce il proletariato una classe alienata nella consumazione al pari delle altre. Mentre Clouscard ravvisa che il proletariato aveva un accesso relativo alla società dei consumi che gli consentì di godere solo dei beni di sussistenza e di equipaggiamento (televisione, frigorifero, automobile). Quello del proletariato non fu altro che un accesso marginale e immaginario alla società dei consumi, popolata soprattutto dalla classe media piccolo-borghese, dai figli borghesi che al contrario dei padri – produttori in vista dell’accumulazione – consumavano senza produrre dando vita alla nuova condotta trasgressiva libidinosa e ludica. Al contrario, il consumo dei beni di equipaggiamento, permetteva alla classe operaia di rifocillarsi per ricreare la sua forza produttiva. L’accesso alla consumazione è solo immaginario per il proletariato, educato al principio di realtà e quindi abituato a sacralizzare e rispettare ciò che produce, impossibilitato a soccombere alle logiche ludiche dello spreco e del consumo. Come sottolinea Clouscard, però, nel frattempo le dinamiche sono cambiate e si è cercato di introdurre – seducendoli – anche i figli del proletariato all’interno del mercato del desiderio. Ma una gerarchia, secondo Clouscard, esiste ancora, e si cela tra i due poli del più significativo e del meno significativo grado di accesso al mondo dello spreco, sola dimensione restituita dal Capitalismo liberal-liberatrio. La società dei consumi non è quindi una realtà omogenea, ma un campo in cui si ricompone, seppur nell’alienazione generalizzata, una società piramidale.

MC-neof.jpgQuella di Michel Clouscard è quindi una sottile disamina della sovrastruttura del nuovo capitalismo che crea nuovi bisogni e nuovi mercati, che propaganda, già a partire dal militantismo libertino di Diderot e dal positivismo materialista di Voltaire, la formula: “la liberazione del desiderio produrrà la liberazione del proletariato”. E’ quindi l’idea di un’emancipazione trasgressiva a fare il gioco del nuovo modo di produzione dell’industria leggera, e ancora una volta Clouscard mette in evidenza il ruolo dell’intellighenzia che legittima costantemente gli innovativi modi di produzione capitalistici.

Clouscard muore nel 2009, emarginato dai colleghi e poco conosciuto al grande pubblico. In quanto marxista, ci lascia con un monito che vuole far riflettere: “lo Stato fu l’istanza sovrastrutturale della repressione capitalistica. E’ il perché Marx lo denuncia. Ma oggi, con la mondializzazione, il rovesciamento è totale. Allorché lo Stato nazionale fu il mezzo di oppressione di una classe da parte di un’altra, questo diventa il mezzo per resistere alla mondializzazione”. 

 

vendredi, 27 janvier 2017

Russian Conservative Thinker Vladimir Karpets has Passed Away Today

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Russian Conservative Thinker Vladimir Karpets has Passed Away Today

Ex: http://www.katehon.com

Today on 27 January 2017, at the age of 62 years a great thinker, a Russian philosopher, an expert on jurisprudence and law, a member of the Union of Russian Writers, poet and film director Vladimir I. Karpets has passed away.

Karpets was born December 12, 1954 in Leningrad in the family of a Russian officer.

In 1962 the family moved to Moscow.

Vladimir Karpets graduated from the Moscow State Institute of Law Faculty, specializing in "International law".

Vladimir Karpets was a well known Russian Thinker and Philosopher, author of many books, poems. He directed three films, among which there is the movie «Third Rome» He read lectures at the Moscow State University.

Among the most important contributions of Vladimir Karpets was the development of Fourth-Political theory, which was introduced to the reader by philosopher Alexander Dugin. Karpets developed an idea of Social-Monarchism as a development of the fourth political-theory.

This idea is based on Eurasian-Empire and Byzantine’s symphony of church and state as well as socialism. However it is not marxist socialism, but socialism based on Orthodox Christian Ideas, rooted deeply in Russian and Eurasian identity. Karpets belived that the state is to be goverened by a Russian Orthodox Monarch. In a way this school of thought is a continuation of such Russian conservative thinkers such as Konstantin Leontiev, Lev Tihomirov, Ivan Solonevitch and the Eurasian school of thought.

Vladimir Karpets was a mentor of the Eurasian Youth Union.

The legacy of Vladimir Karpets will live on in his books, films, but most of all in his ideas.

Hans-Dietrich Sander ist tot

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Hans-Dietrich Sander ist tot

von Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de 

Hans-Dietrich Sander, Schüler Brechts, Herausgeber der Zeitschrift Staatsbriefe und unermüdlicher Publizist für die deutsche »Reichsrenaissance«, ist in der Nacht vom 24. zum 25. Januar 2017 verstorben. Aus diesem Anlaß folgt nun die Würdigung Sanders aus dem Staatspolitischen Handbuch, Bd. 3, die Martin Lichtmesz verfaßte.

Martin Lichtmesz ist freier Publizist und Übersetzer.

(Text aus dem Band Vordenker des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)

HDS-3.jpg»Konsequent, hochmütig und rücksichtslos « sei der Tonfall, den der »nationale Dissident« Hans-Dietrich Sander in seinen Schriften anstimme, voller Verachtung für die »feigen fetten Fritzen der Wohlstandsgesellschaft «, was ihn »Gott sei Dank in einen unversöhnlichen Gegensatz zur großen Mehrheit der Bürger der Bundesrepublik Deutschland« bringe. Dennoch müsse verhütet werden, daß »diese stilisierte Einsamkeit, diese ›Kleistsche Radikalität‹ wieder Anhänger findet«.

Denn: »Schon ein paar Tausend wären zu viel für die zivile, parlamentarische Bundesrepublik.« So furcht- wie respektvoll urteilte 1989 der Sozialdemokrat Peter Glotz über den Mann, den Armin Mohler »den unbequemsten Vertreter der Neuen Rechten« nannte und der sich selbst stets jeder Kategorisierung dieser Art entzog. Sander wuchs in einem kleinen mecklenburgischen Dorf auf und besuchte ab 1939 das Gymnasium in Parchim. In Kiel erlebte er als junger Marinehelfer den Krieg in Form von massiven Luftangriffen. Er betonte später, daß diese Erfahrung keinen Platz für »Schuldgefühle« ließ und er den gegen Deutschland erhobenen Anschuldigungen von Anfang an skeptisch gegenüberstand. Er sah sich schon früh als »Reichsdeutscher, der in der Stunde Null nur angeritzt wurde«.

Ab 1949 studierte er Theaterwissenschaften und Germanistik in West-Berlin. Herbert Ihering vermittelte ihm eine Hospitanz bei den Proben des Berliner Ensembles. Die Faszination durch Bertolt Brecht infizierte Sander mit dem Kommunismus. Er brach mit dem politischen und wirtschaftlichen System Westdeutschlands und zog 1952 nach Ost-Berlin, wo er als Dramaturg und Theaterkritiker tätig war. Sein kommunistisches Engagement erlosch am 17. Juni 1953, und im Dezember 1957 ging er wieder zurück in den Westen, dem er allerdings weiterhin kritisch gegenüberstand. 1958 bis 1962 arbeitete Sander unter der Schirmherrschaft Hans Zehrers als Redakteur für die Welt. Seine Arbeit dieser Jahre konzentrierte sich auf das Feuilleton und war nur indirekt politisch geprägt.

HDS-2.jpg1963/64 ging er für ein Forschungsprojekt über revolutionstheoretische Schriften nach Zürich. Im Rahmen dieses Projekts nahm er Kontakt zu bedeutenden Sozialisten, Kommunisten und Ex-Kommunisten wie Boris Souvarine, Giangiacomo Feltrinelli oder Oskar Lange auf. 1965 holte Hans Zehrer Sander zur Welt zurück. Zehrer starb 1966, Ende 1967 wurde Sander entlassen. Die raschen Siege der Studentenrevolte entlarvten in seinen Augen die Brüchigkeit des politischen Systems. Zwischen»liberaler Restauration wie ihrer linken Unterwanderung« führte der Weg zu dezidiert nationalen Positionen, die sich im Laufe der Jahre radikal zuspitzen sollten. 1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps mit der dogmengeschichtlichen Studie Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie.

Eine Fußnote der 1970 in Buchform erschienenen Dissertation reproduzierte erstmalig den inzwischen berühmten Brief Walter Benjamins an Carl Schmitt, den Theodor W. Adorno in seiner Benjamin-Edition unterschlagen hatte. Mit Schmitt pflegte Sander seit 1967 einen intensiven Briefwechsel, der bis 1981 anhielt. Sanders Geschichte der Schönen Literatur in der DDR (1972), zum Teil aus der Warte eines Augenzeugen geschrieben, löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Asyl fand er in Caspar von Schrenck-Notzings Criticón und in William S. Schlamms Zeitbühne.

1975/76 war er kurzzeitig Lehrbeauftragter an der TU Hannover und auf Einladung Jacob Taubes 1978/79 Gastdozent an der Freien Universität Berlin. Der nationale Imperativ (1980), sein erstes dezidiert politisches Buch, versammelte »Ideengänge und Werkstücke zur Wiederherstellung Deutschlands« und stellte dabei gar »propädeutische Überlegungen zum Vierten Reich« an. 1983–86 übernahm er die Chefredaktion der Deutschen Monatshefte.

Die Auflösung aller Dinge (1988), eine meisterhafte polemische Studie »zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne «, überschritt als erstes Buch nach 1945 den »Rubikon« (Habermas) einer kritischen Neusichtung der »deutsch-jüdischen Frage« »unter dem Gesichtspunkt der politischen Eschatologie«. Den Hintergrund bildete der Begriff der »Entortung« als zentrales Kennzeichen der Auflösungsprozesse der Moderne. Von Bedeutung sind auch die darin enthaltenen »Thesen zum Dritten Reich«.

Pünktlich zur Wende verwirklichte Sander 1990 das langgehegte Projekt einer eigenen Zeitschrift, der Staatsbriefe, die er als »Freistatt für das offene Wort« im Dienste der »Renaissance des nationalen Denkens« konzipierte. Als Emblem diente der Grundriß des Castel del Monte, entsprechend dem kühnen Programm einer Wiederbelebung einer ghibellinischen Reichsidee, an der Sander mit provozierender Unbeirrtheit festhielt. Zu den Mitarbeitern der ersten Stunde zählten u. a. Armin Mohler, Günter Zehm, Hans-Joachim Arndt, Günter Maschke, Robert Hepp, Salcia Landmann, Reinhold Oberlercher und Wolfgang Strauss.

Die Hoffnungen, mit den Staatsbriefen ein wirkungsvolles Pendant zu Hans Zehrers Tat und ein weltanschaulich weitgespanntes Forum auf nationaler Basis zu lancieren, zerstreuten sich allerdings ebenso schnell wie die Erdrutschstimmung der Wendezeit. Die hochkarätige Mitarbeiterschaft dünnte sich bereits nach dem ersten Jahrgang merklich aus; im Jahre 2000 wurde die Zeitschrift schließlich eingestellt. Viermal im Jahr schreibt der streitbare Autor noch für die österreichische Zeitschrift Neue Ordnung, sein Hauptaugenmerk gilt dabei weiterhin der laufenden Selbstzersetzung des liberalen Systems.

Lieferbare Literatur

Hans-Dietrich Sander: Der ghibellinische Kuß, 208 S., geb., 22 €, Band 1/10 der Gesamtausgabe – hier bestellen

Hans-Dietrich Sander: Politik und Polis, 271 S., geb., 26 €, Band 2/10 der Gesamtausgabe – hier bestellen

(Herausgegeben von Heiko Luge sind diese beiden Titel die ersten Bände der Gesamtausgabe, deren einzelne zehn Werke von 2016 bis 2019 ediert werden. Alle Titel sind nach Erscheinen über antaios.de zu beziehen.)

Außerdem lieferbar ist folgende Festschrift für Sander, die von Schülern, Zeitgenossen und Weggefährten verfaßt wurde:

Heiko Luge (Hrsg.): Grenzgänge. Liber amicorum für den nationalen Dissidenten Hans-Dietrich Sander, 354 Seiten, geb., 29,90 € – hier bestellen

dimanche, 15 janvier 2017

Mort du célèbre journaliste d’investigation Udo Ulfkotte

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Mort du célèbre journaliste d’investigation Udo Ulfkotte

L’Allemagne et le monde ont perdu un très grand journaliste. Udo Ulfkotte n’avait que 56 ans quand il est mort d’un arrêt cardiaque le vendredi 13 janvier 2017. Le monde des patriotes et des amoureux de la vérité par les recherches sont tristes. Udo Ulfkotte a été un journaliste qui a dénoncé l’abominable manipulation des média officiels. Udo Ulfkotte a travaillé au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) et a dénoncé les méthodes de sa rédaction pour manipuler les faits et donc l’information. Udo Ulfkotte est devenu un journaliste à succès pour ses nombreux livres publiés sur le danger de la guerre civile en Allemagne ou en Europe, sur le mensonge des journalistes, sur le mensonge des enseignants. Udo Ulfkotte a reçu une liste incroyable de menaces de mort pour ses positions directes. Udo Ulfkotte a dénoncé la politique menée par Merkel qui mène à la destruction de l’Allemagne. Le journaliste dénonçait sans relâche la censure, le mensonge des responsables politiques qui dirigent les nations dont l’Allemagne. Dans des dernières publications sur Facebook Udo Ulfkotte dénonçait le fait qu’un retraité doive payer une amende de 200 euros pour une retraite de 300 euros car le retraité en question faisait les poubelles pour pouvoir se nourrir. Dans une autre dernière publication sur Facebook, Udo Ulfkotte invitait ses lecteurs à le suivre sur vkontakte, la version russe de Facebook, car Facebook censurait trop souvent Udo Ulfkotte.

Udo Ulfkotte a inspiré de nombreux journalistes pour rétablir la vérité par les faits. J’ai rencontré Udo Ulfkotte la première fois à Berlin dans une conférence en 2006. Je me promenais avec une caméra. « Vous travaillez pour qui », fut sa question. « Je suis journaliste indépendant », je répondis. « Cela n’existe pas », répondit Udo Ulfkotte de manière agacée. Udo Ulfkotte était un homme proche du peuple et de la société et tous les aspects de la société l’intéressait. Udo Ulfkotte répondait aux questions par mail très rapidement dans une très grande simplicité.

Pour la Voix de la Russie, j’ai réalisé des entretiens avec Udo Ulfkotte. Je vous propose de les relire en mémoire d’un journaliste qui a réalisé un travail colossal pour avertir le peuple allemand sur le danger de sa destruction. Udo Ulfkotte reste un exemple à suivre pour ceux qui souhaitent devenir un jour journaliste !

Udo Ulfkotte est mort trop jeune. Il avait encore des projets de lire à écrire pour faire des révélations…

Les entretiens avec Udo Ulfkotte

Udo Ulfkotte : l’Allemagne n’est pas un Etat libre et souverain !

Udo Ulfkotte est le journaliste qui a, dans un entretien donné à RT, confirmé au monde que l’Allemagne n’est pas une démocratie avec une presse libre mais une colonie, et révélé avoir travaillé comme journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung, illustre titre de la presse allemande, pour le compte de la CIA. Udo Ulfkotte donne toutes ces révélations dans son livre paru cet octobre, « Gekaufte Journalisten – Wie Politiker, Geheimdienste und Hochfinanz Deutschlands Massenmedien lenken » (Journalistes achetés – Comment les politiciens et la finance dirigent les médias de masse). Ses déclarations ont fait le tour de la planète et confirmé aux lecteurs, qui se doutent bien que rien ne va pas plus avec les médias de masse, qu’ils sont désinformés et manipulés par des journalistes formés à mentir. Au-delà de sa position sur les médias, Udo Ulfkotte est aussi connu pour ses livres d’investigations sur l’islam, les services secrets, l’immigration de masse, la menace de guerre civile en Europe, des sujets où il est prophète en la matière. Udo Ulfkotte a, par exemple, dérangé avec son livre « La guerre dans nos villes. Comment des islamistes radicaux infiltrent l’Allemagne » paru en 2003. Les services secrets allemands et le pourvoir politique ont tenté de l’intimider et ont tout fait pour faire disparaître son livre. Udo Ulfkotte est un journaliste d’investigation qui n’a pas peur de mettre la plume dans la plaie. Dans un entretien en deux parties, Udo Ulfkotte nous donne son avis sur les médias, sur l’islamisation, sur l’Etat islamique, sur les services secrets et sur l’immigration de masse (Lampedusa), nous parle de l’arrivée imminente de la guerre civile et nous donne des conseils.

LVdlR : Que vouliez-vous obtenir dans l’entretien de RT ?

Udo Ulfkotte : Après trois infarctus je souhaitais avant tout alléger ma conscience car j’ai aujourd’hui honte de ce que j’ai fait dans le passé. Il faut le savoir. Les gens ont cru qu’ils allaient, par de tels journaux réputés comme le Frankfurter Allgemeine Zeitung, être correctement informés sur la vérité des faits. Ces lecteurs ont d’ailleurs acheté ce journal pour cette vérité ! La vérité est que parmi les médias réputés en Allemagne se trouvent, ou se sont trouvés, certains journalistes qui n’ont écrit que ce que l’OTAN souhaitait. Ces médias ont donc une approche très unilatérale de la vérité et les citoyens qui les consomment ne le savent pas !

LVdlR : Doit-on vous aborder en tant qu’ancien agent de la CIA ou comme journaliste ?

Udo Ulfkotte : Dans mon certificat de travail rédigé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung il est mentionné que j’y ai travaillé 17 ans et que j’étais en charge des services secrets internes et externes. Il n’était pas seulement question que de la CIA. Je veux en effet rester au plus prêt de la vérité.

LVdlR : Vous auriez vécu en RDA, auriez-vous été tout ce temps un IM (informateur non officiel de la Stasi) ?

Udo Ulfkotte : Les Américains ont un nom pour mon activité en tant que journaliste : Non Officiel Cover – NOC. Un IM (informateur non officiel de la Stasi) en RDA signe une décharge montrant son engagement. Au contraire de certains de mes collègues je n’ai rien signé auprès des services secrets.

LVdlR : Quels journaux et quels médias aujourd’hui ont une activité réellement journalistique ?

Udo Ulfkotte : Comme je l’écris dans mon livre, on ne trouve pas un seul média allemand connu qui ne soit pas en relation très étroite avec les réseaux américains. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains ont élaboré un plan pour avoir le dessus sur les reportages en Allemagne et aussi dans le but d’endoctriner les Allemands dans une pensée pro-américaine. C’est toujours valable jusqu’à aujourd’hui. Mais grâce à l’Internet nous avons des médias indépendants qui se dégagent de cette propagande comme le KOPP .

LVdlR : Avez-vous encore de l’espoir dans le rôle des médias ?

Udo Ulfkotte : Oui, bien sûr. Les Allemands ne consomment plus de médias pro-américains et ils le font savoir par le choix du porte-monnaie. Les lecteurs n’achètent plus le Frankfurter Allgemeine Zeitung, un titre de presse qui vient de licencier 200 collaborateurs. Les licenciements touchent aussi les autres titres. Les citoyens sont de plus en plus demandeurs de sites internet pour l’information. Les sites russes, ce qui était impensable avant, sont appréciés des lecteurs.

LVdlR : L’Europe se réveille avec l’islam dans sa maison. L’Europe bientôt musulmane et bientôt la conversion des Européens ?

Udo Ulfkotte : Les Européens ont mis du temps à se réveiller sur la question de l’islam. Mais maintenant quand une mosquée est construite dans chaque village, ils se réveillent. Nous avons en Allemagne actuellement sur 80 millions d’habitants 5 millions de musulmans. Cela ne devrait pas être un problème mais ils ont un fort taux de natalité et ils exercent des pressions sur les élus pour établir partout leur idéologie. De plus en plus d’Allemands se sentent comme des individus de seconde classe parce que les musulmans obtiennent des droits particuliers. J’ai suivi un procès dans lequel un musulman, qui a assassiné son voisin allemand durant le ramadan, a obtenu une réduction de peine en raison de son appartenance à l’islam. Le juge a considéré qu’il fallait avoir de la compréhension car les musulmans, devant jeûner, sont irascibles. Je n’ai jamais encore entendu lors d’un procès qu’un chrétien, qui aurait commis un homicide pendant le jeûne des chrétiens, aurait pu obtenir une atténuation de sa peine. Les tribunaux sont remplis de jugements de ce genre. Les Allemands sont en particulier irrités de voir les musulmans avoir le droit d’avoir 4 femmes et de les faire venir de leur pays et de pouvoir toucher pour elles les allocations. La colère monte parmi la population. Les Allemands, pour cette raison, quittent en masse les partis traditionnels qui sont responsables de cette politique. Un jour ou l’autre la situation va exploser ici. Il suffit d’une étincelle. Quand l’euro, cette monnaie qui fait penser à l’argent du Monopoly, va s’effondrer et dévorer les économies des épargnants, tout va partir dans tous les sens ici. Je conseille aux musulmans de faire leur valise très rapidement et de quitter le pays pour toujours quand cela va arriver…

LVdlR : L’Allemagne une colonie des Etats-Unis, des islamistes, de l’Arabie saoudite et du Qatar ?

Udo Ulfkotte : C’est tout à fait exact. L’Allemagne n’est pas un Etat libre et souverain. Les Etats-Unis stockent des armes nucléaires en Allemagne alors que la majorité des Allemands sont contre. Le Qatar et l’Arabie saoudite financent l’islamisation contre la volonté des Allemands.

Udo Ulfkotte : le Mossad a alimenté les révoltes dans les banlieues (Partie 2)

Est-il nécessaire de rappeler qu’Udo Ulfkotte, journaliste d’investigation et auteur de nombreux ouvrages politiques, est cette personne qui a révélé au monde avoir reçu, tout au long de sa carrière, des ordres des services secrets pour écrire le contenu de ses articles dans l’illustre journal allemand, die Frankfurter Allgemeine Zeitung ? Cette personne qui dit que les médias fonctionnent sur ce modèle et non pas dans l’intérêt des lecteurs et auditeurs, car les journalistes sont éduqués à mentir. Udo Ulfkotte écrit des livres qui ne sont pas souhaités par le pouvoir en Allemagne comme par le Ministère de l’intérieur, car la population ne doit pas être informée de l’état réel du pays. Alors qu’en France nous vivons une prise de conscience sur l’islam, Udo Ulfkotte explique que le Mossad a aussi sa part de responsabilité ou pédagogique dans la conscience collective des Français sur ce terrain. La France est, comme l’Allemagne, une colonie et un pays ayant perdu sa souveraineté, le joujou de puissances étrangères. Pour Udo Ulfkotte, l’avenir est sombre et les habitants, surtout des grandes agglomérations, seront forcément touchés par la guerre civile.

LVdlR : L’islam, une arme au service des globalistes et du monde de la finance ?

Udo Ulfkotte : Les Etats Unis et les Saoudiens n’utilisent pas l’islam uniquement en Allemagne mais dans le monde entier pour déstabiliser des Etats et pour que ces Etats soient occupés avec eux-mêmes. Des peuples ayant un niveau d’intelligence élevé sont immunisés contre l’idéologie de l’islam. En Corée du Sud ou à Hong Kong, l’islam n’a aucune chance. Cette idéologie n’avance que parmi des groupes d’individus ayant en moyenne un quotient intellectuel faible ou tendant à la baisse. L’islam n’est pas seulement une religion mais une idéologie qui est facilement compréhensible pour le plus stupide. C’est la recette du succès de l’islam. C’est pour cette raison que ces groupes de personnes pas spécialement intelligents se laissent manipuler comme des marionnettes. C’est ce qui se passe en Allemagne comme en Irak.

LVdlR : Doit-on prendre sérieusement au sérieux la création de l’Etat islamique (EI) ?

Udo Ulfkotte : Non, car derrière se trouvent des actions et des intérêts américains, saoudiens, koweïtiens et qataris. Ils ont été lancés et soutenus par l’Occident. Si les Etats-Unis et l’Arabie saoudite voulaient réellement s’en débarrasser, ils couperaient en l’espace d’une nuit leur alimentation en énergie et leur ravitaillement militaire pour les renvoyer au Moyen Âge. Mais selon toute vraisemblance on ne le souhaite pas. Ce sont des idiots utiles.

LVdlR : Est-ce que la démocratie a déjà existé en Allemagne ?

Udo Ulfkotte : L’Allemagne a été une démocratie après la Première Guerre mondiale à l’époque de la République de Weimar. La démocratie n’est aujourd’hui que simulée. C’est une illusion, une hallucination. L’Allemagne est une République bananière, une colonie des Etats-Unis.

LVdlR : Le Gender, la plastination, les migrants africains comme une chance pour l’Allemagne, Lampedusa, Hartz IV, islam, manipulation, que des valeurs inversées ? Pourquoi ?

Udo Ulfkotte : Oui, les Allemands n’ont plus de valeurs. Le système, qui était basé sur des valeurs chrétiennes, a étéintentionnellement détruit. Celui qui n’a plus de valeurs ne peut plus défendre le système de valeurs. Il n’a plus de conscience en lui même et plus d’identité. C’était exactement l’objectif. La politique sous les ordres des Etats-Unis l’a exactement appliqué.

LVdlR : Islamisation, pauvreté, chute de la démocratie, crise financière, corruption, des causes de la guerre civile à venir ? Ou voyez-vous d’autres causes ?

Udo Ulfkotte : Stop ! Vous nommez beaucoup de causes différentes les unes des autres. Mais le détonateur principal sera l’effondrement de l’euro, quand les Allemands vont devoir payer avec leurs épargnes les dettes incroyables d’autres Etats membres. Arrivé à ce stade on n’aura plus d’argent pour les retraités et pour les masses de musulmans qui vivent de l’aide sociale. Vous devez savoir que plus de 90 % des Libanais qui vivent en Allemagne, vivent de l’aide sociale, comme 67 % des Irakiens, de presque tous les Albanais du Kosovo, tous les Afghans, les Syriens et ainsi de suite. Si le système social s’effondre avec la prochaine crise financière, on n’aura pas seulement une bombe atomique qui va exploser ici.

LVdlR : Qu’est-ce-que le Mossad à avoir avec les révoltes dans les banlieues ? Est-ce qu’Israël joue un rôle dans l’islamisation de l’Europe ?

Udo Ulfkotte : Oui, le Mossad a bien sûr alimenté les révoltes dans les banlieues. Il ne l’a pas initié mais provoqué pour avoir plus d’antipathie en France contre l’islam. Parce que les Français sont pro-Palestiniens.

LVdlR : Quelle forme de guerre civile voyez-vous ?

Udo Ulfkotte : Seulement dans les métropoles, pas à la campagne. Mais dans les grandes villes nous allons avoir les Allemands contre les étrangers, les chrétiens contre les musulmans, les pauvres contre les riches, les chômeurs contre ceux qui travaillent, des actions violentes qui mettront tout à feu et à sang. Même l’armée ne pourra rien faire. Je n’achèterais pas une maison dans et autour d’une métropole.

LVdlR : CIA et services secrets allemands pas au service du peuple ?

Udo Ulfkotte : Ils ne travaillent que pour les élites, jamais dans l’intérêt de la population. Ils sont des instruments des puissants pour qu’ils puissent conserver et accroître leur pouvoir.

LVdlR : Pourquoi les populations africaines viennent facilement dans le pays ? Un programme ?

Udo Ulfkotte : L’explication est la suivante. Les Etats-Unis mènent des guerres pour les matières premières au niveau mondial. En conséquence on a des réfugiés en masse. Et les pays comme l’Allemagne, donc les colonies des Etats-Unis, doivent subir les conséquences des guerres faites par les Etats-Unis. C’est une manière simple de parler de l’action des Etats-Unis.

LVdlR : Que conseillez-vous aux lecteurs de faire ? De construire un bunker ? De stocker des armes, de la nourriture et de faire du feu avec les journaux ?

Udo Ulfkotte : Non, cela serait absurde. Moi même j’ai quitté Francfort sur le Main et ses alentours pour m’installer à la campagne. J’ai ma source d’eau, beaucoup de bétail, des oies, des canards et je suis aussi propriétaire de mon bois. Celui qui vit en Allemagne devrait avoir de bons amis à la campagne pour pouvoir y fuir le moment venu. Tôt ou tard ces nettoyages auront une fin. On peut tout recommencer à nouveau. L’Histoire signifie finalement le changement. Et dans les prochaines années nous allons avoir ici beaucoup de changements.

Olivier Renault

Une grande perte pour nos libertés: Udo Ulfkotte est mort

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Une grande perte pour nos libertés: Udo Ulfkotte est mort

Par Damien Urbinet

Mouvement Identitaire Démocratique (section de Nivelles)

Né en Rhénanie du Nord en 1960, le Dr. Udo Ulfkotte avait été pendant 17 ans journaliste dans un des plus grands quotidiens d’Allemagne, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il y était correspondant de guerre. Il avait étudié ce qu’il est convenu d’appeler la « gestion de la sécurité » (Sicherheitsmanagement) à l’université de Lüneburg. C’était un spécialiste des services secrets, actif au sein de la fameuse Fondation Adenauer et à l’Académie Fédérale pour les questions de sécurité. En cette qualité, il a rédigé de nombreux ouvrages, tous des best-sellers, notamment sur les menées des services secrets occidentaux, sur les réseaux islamistes en Allemagne, sur le politiquement correct et, surtout, très récemment, sur les journalistes achetés. Dans ce dernier ouvrage, il avait démontré, avec force arguments à l’appui, que les journalistes allemands, dans leur grande majorité, étaient vendus à des agences, des fondations américaines qui les obligeaient à répéter les poncifs officiels du Pentagone et, depuis les présidences des Bush, père et fils, les tirades bellicistes des néoconservateurs. Il était devenu l’une des principales chevilles ouvrières de la maison d’édition alternative « Kopp-Verlag », qui éditait ses livres, ainsi qu’un inspirateur occasionnel de la revue et du réseau « Compact » de Jürgen Elsässer, fer de lance d’une opposition sans concession aux dérives politicides de la gestion Merkel. Ces initiatives, particulièrement intéressantes et focalisées exclusivement sur des faits prouvables, ne sont encore guère connue en dehors de l’espace linguistique allemand.

Depuis les années 1990, le Dr. Ulfkotte a publié au moins une bonne quinzaine de livres sur les activités répréhensibles des services secrets des pays occidentaux. En 2001 et en 2003, il a commencé à se pencher sérieusement sur les menées des multiples réseaux islamistes en Allemagne. Si ses enquêtes sur les activités des services secrets lui valaient indéniablement une certaine sympathie à gauche de l’échiquier idéologique et médiatique, la vaste enquête dans les milieux islamistes et salafistes, au contraire, a provoqué chez les bonnes consciences une levée de bouclier inimaginable. Les réseaux salafistes, sans doute soutenu financièrement par certaines pétromonarchies, lui infligent des procès qu’il gagne tous haut la main, au grand dam d’islamologues irénistes et irréalistes, universitaires ou non, qui tenaient tous à perpétuer, ad vitam aeternam, leur vision étriquée de l’islamisme. Ces postures, que l’on ne connait que trop bien, sont dictées par le besoin irrépressible de remplir sa gamelle à ras-bord : les réseaux et les pétromonarchies savent se montrer très généreux pour qui travaille à les flatter et à cautionner leurs délires. Il n’empêche : les hypothèses avancées en 2003 par Ulfkotte se sont avérées exactes, au vu des massacres de Paris, Bruxelles, Nice et Berlin (pour ne citer que les plus spectaculaires). Pourtant, le lien est facile à établir pour tous ceux qui ne croient plus un mot des discours médiatiques : le salafisme/talibanisme armé est au départ un golem des services américains et britanniques. Le golem a servi et sert encore des intérêts géopolitiques et géo-économiques inavouables des puissances occidentales et de leurs alliés pétromonarchistes mais ce golem est trop souvent incontrôlable en ses franges les plus volatiles. Celles-ci commettent alors des attentats spectaculaires sur lesquels on ne peut guère enquêtér car une enquête complète dévoilerait l’origine non salafiste de la fabrication du dit golem. Ulfkotte a donc poursuivi ses enquêtes sur les services secrets et aperçu le lien évident qu’il y avait entre eux et la montée des salafismes armés et de l’islamo-criminalité (mise en évidence en France par Xavier Raufer et Alexandre del Valle). La position de départ d’Ulfkotte n’est donc pas islamophobe (comme les services veulent le faire croire en manipulant les réseaux salafistes) mais est bel et bien une hostilité nettement démocratique aux manigances occultes des services secrets, essentiellement américains.  Par voie de conséquence, les hurlements des salafistes officiels, des journalistes-mercenaires et des politiciens vendus ont pour origine des injonctions émises par les dirigeants de ces services qui n’entendent pas abandonner le golem fondamentaliste musulman qui les a si bien servis, ni cesser de puiser des hommes à tout faire dans les prisons où ils peuvent et se reposer et recruter de nouveaux volontaires.

bpe-logo.pngEn 2006-2007, le Dr. Ulfkotte adhère à un mouvement, Pax Europa, qui entend, comme son nom l’indique, sauver la paix civile dans tous les pays européens où des conflits internes risquent d’éclater vu l’incontrôlabilité des réseaux salafistes et les désirs inavoués des services américains de voir les concurrents européens plongés dans les affres d’un désordre ingérable. En août 2007, Pax Europa souhaite manifester à Bruxelles devant le Parlement Européen. La manifestation est aussitôt interdite par le politicien bruxellois le plus méprisable de l’histoire de la ville, le bourgmestre Freddy Thielemans, un anticlérical viscéral, qui avait offert du champagne à la galerie au moment où le Pape Jean-Paul II venait de décéder, un pourfendeur frénétique de la fête de Noël qui a, un moment, supprimé le sapin de la Grand Place et débaptisé le « marché de Noël » en « Plaisirs d’hiver ». Ce laïcard, qui cumule toutes les tares de son idéologie abjecte, est un islamophile délirant, prouvant ici les thèses de certains historiens qui parlent d’une alliance pluriséculaire entre puritains anglo-saxons (et hollandais), laïcards maçonniques français et fondamentalistes hanbalites/wahhabites, dont le dénominateur commun est une haine profonde et viscérale de la culture populaire, de l’humanisme classique, de la culture gréco-latine, de la musique européenne et des arts plastiques. L’avocat et sénateur flamand Hugo Coveliers dépose plainte au nom de Ulfkotte contre l’interdiction par l’innommable Thielemans (aujourd’hui dégommé par ses propres copains qui ne valent guère mieux que lui !). Le 30 août 2007, cette plainte est déclarée irrecevable par les tribunaux de Bruxelles, donnant ainsi la preuve que cette magistraille dévoyée est liée aux services d’Outre-Atlantique, aux cénacles laïcards occultes et à la pègre salafiste.

L’action avortée de Pax Europa nous permet aujourd’hui de montrer quelles collusions infâmes structurent les institutions du royaume qui, par ce fait même, sombre lamentablement dans l’impolitisme, donc implose et se dissout. Une semaine avant le décès du Dr. Ulfkotte, les journaleux de cette gazette merdique qu’est le Soir, flanqués de quelques sbires de la Radio-Télévision francophone belge et de sociologues abscons avaient publié les résultats d’une enquête générale sur l’opinion publique en Belgique francophone. Ces raclures sont tombées de haut, faisant ricaner tous les hommes de bien du royaume : 77% des sondés déclaraient que le système belge était bon à jeter, que la démocratie à la belge était une farce, que le pays était gangréné par le salafisme, que les institutions de la sécurité sociale allaient imploser sous les coups du libéralisme, de l’immigration et de l’afflux massif de réfugiés inemployables ; les sondés montraient aussi leur mépris pour les professions médiatiques et juridiques : avocats, magistrats et journalistes sont ouvertement méprisés, considérés comme de la basse engeance. Sans parler du personnel politicien… Le peuple administrait ainsi une gifle retentissante à l’établissement et sanctionnait la faillite d’un barnum politiquement correct qui a coûté des centaines de millions, a déployé des efforts risibles pour faire aimer les salafistes et leurs marottes malsaines et, finalement, n’obtenir que le mépris abyssal des masses. En fait, le peuple belge donnait raison à Ulfkotte sur toute la ligne !

UU-12743520z.jpgTournons-nous maintenant vers deux ouvrages du Dr. Ulfkotte. D’abord, l’ouvrage attaqué tous azimuts par les salafistes et leurs alliés, les « foies jaunes ». Il est intitulé Der Krieg in unseren Städten – Wie radikale Islamisten Deutschland unterwandern (« La guerre en nos villes – Comment les islamistes radicaux minent l’Allemagne»), publié en 2003. L’ouvrage démontrait que les réseaux caritatifs salafistes masquaient des financements occultes, pratiquaient le blanchiment d’argent. Ulfkotte accusait principalement les Frères musulmans et le mouvement turc Milli Görüs (qui fut débouté quand il porta plainte contre le livre). Ces réseaux caritatifs, affirmait Ulfkotte, étaient liés à la criminalité organisée. Il déplorait l’inaction de l’Etat allemand, comme nous pouvons déplorer l’inaction des Etats néerlandais, belge et français. Le livre consacré à la nature mercenaire du journalisme allemand, Gekaufte Journalisten – Wie Politiker, Geheimdienste und Hochfinanz Deutschlands Massenmedien lenken (= « Journalistes achetés – Comment le monde politique, les services secrets et la haute finance d’Allemagne manipulent les mass médias ») a été publié en 2014. Il démontre que quasi la totalité des journalistes allemands  écrivent sous la dictée de l’ Atlantik-Brücke (« Le pont atlantique », un service dirigé au départ par un ancien de la CIA, spécialiste dans l’organisation de putschs, notamment en Iran, avec l’affaire Mossadegh, et au Chili), de la Commission Trilatérale, de l’American Council on Germany, de l’Aspen Institute, etc. Les articles sont écrits par le personnel de ces officines et paraissent sous la signature de célèbres journalistes allemands, à peine arrangés. Après avoir lu ce livre, écrit son éditeur Kopp, le lecteur ne regardera plus jamais les journaux allemands du même œil, le téléspectateur éteindra son poste et finira par ne plus rien croire de ce qui lui est dit. Ulfkotte concluait que le lavage des cerveaux, but de l’occupation américaine, était complet. Toute voix dissonante était traitée de néonazie, de fasciste ou, plus récemment, de « complotiste ». Le Dr. Ulfkotte n’a pas échappé, ces quelques dernières années, à cette litanie d’insultes, alors que ses origines idéologiques ne se situent nullement dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’extrême-droite », alors que sa démarche est éminemment démocratique dans le sens où elle s’insurge contre toute menée occulte, contre toutes les entorses à la transparence. Il est vrai que Carl Schmitt, dans une perspective nettement plus engagée dans un univers mental ultraréactionnaire et catholique, s’insurgeait aussi contre la dissimulation et les intrigues en coulisses. Il voulait la visibilité totale.

UU-Livre-6a93c.jpgMalgré la pertinence des enquêtes d’Ulfkotte et donc leur « incorrection politique » dans un monde orchestré par des cénacles (financiers, stratégiques ou salafistes), pariant sur l’occultation totale de leurs démarches, ses livres étaient toujours mis en exergue par Der Spiegel qui signalait leurs tirages phénoménaux. Cela n’a pas empêché cet hebdomadaire de Hambourg de rédiger une notice nécrologique insultante sur ce militant en faveur de la transparence absolue, décédé le 13 janvier 2017. Un homme qui a travaillé jusqu’à son dernier souffle pour que triomphent nos libertés concrètes, sans compter ses efforts. Il faut continuer son combat. Que chacun d’entre nous y participe.  A sa manière, à son rythme mais sans relâche aucune !

 

mardi, 10 janvier 2017

Salut à Boutang !

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Salut à Boutang !

par Georges FELTIN-TRACOL

boutangsoulié.jpg« Le 20 septembre 2016, Boutang aurait eu cent ans (p. 14). » Jeune étudiant toulousain, Rémi Soulié le découvre en 1987 par l’intermédiaire de ses entretiens télévisés avec George Steiner. Séduit, il lui écrivit. S’en suivit ensuite une décennie de correspondances épistolaires, de visites fréquentes et d’appels téléphoniques nombreux jusqu’à la mort de Pierre Boutang, le 27 juin 1998.

Disciple zélé et talentueux de Charles Maurras, le royaliste orléaniste intransigeant Pierre Boutang fut à la fois philosophe, romancier, journaliste, critique littéraire et redoutable pamphlétaire. Révoqué de l’Université pour avoir rallié le général Giraud en 1942, Boutang fonda un journal, La Nation française, dans lequel s’exprimaient l’« historien du dimanche » Philippe Ariès et le critique de cinéma Philippe d’Hugues, soutint la cause de l’Algérie française avant d’approuver l’action néo-capétienne de Charles De Gaulle en qui il espéra un moment une éventuelle restauration monarchique en faveur du comte de Paris. Ayant appris à lire dans les colonnes de L’Action française, Boutang partage l’antisémitisme d’État de son maître à penser, puis se fait le vibrant défenseur du sionisme et de l’État d’Israël peut-être parce qu’il « voit dans Israël un modèle théocratique moderne, la théocratie étant le contenu latent de son rêve (p. 58) ».

Rémi Soulié ne développe pas le parcours intellectuel de son ami parfois sujet à de vives colères ainsi que d’« engueulade en hurlements majeurs (p. 100) ». « Quel caractère de cocon ! (p. 101) », poursuit-il plus loin, ajoutant que « Boutang, c’est Ivan le Terrible, Attila, Tamerlan et Gengis Khan en un seul homme (p. 109) ». Bref, « faute d’avoir trouvé un sage équilibre intérieur entre la paix et l’épée, Boutang ne (se) maîtrisait pas (p. 14) ». Ce tempérament difficile n’empêche pas que « Boutang s’enflamme comme un enfant. Il a des accès d’enthousiasme politique comme j’ai des quintes de toux. Comment fait-il pour rester aussi naïf après tant d’années de combats et de revers, alors qu’il est plus que prévenu contre la démocratie dite libérale et représentative ? (p. 99) ». Cette remarque surprend. En effet, « Maistre et Boutang partagent une même idée de la politique. […] Pour eux comme pour Donoso Cortés, Blanc de Saint-Bonnet et toute l’école de la pensée catholique traditionnelle, les principes de la politique ne se peuvent penser qu’à partir de l’Incarnation, du Dieu un et trine, bref, de la théologie (p. 17) ». Rémi Soulié assène même qu’« au fond, Boutang reste trop biblique (p. 99) ». « Coléreux et généreux, tendre et tyrannique, cet ogre fut un homme de passion [… qui] a construit une œuvre philosophique et polémique parfois hermétique mais qui porte à incandescence les facultés de l’esprit (p. 14). »

Un temps proche des royalistes de gauche de la NAF (Nouvelle Action française) qui deviendra plus tard la NAR (Nouvelle Action royaliste) animée par Bertrand Renouvin et Gérard Leclerc, Pierre Boutang connaît à la perfection les mécanismes démocratiques. « Il travaillait sur la notion platonicienne de “ théâtrocratie ”. Il y voyait le concept idoine à l’intelligence des temps spectaculaires (p. 138). » Parfois suspicieux envers certains titres de Jünger – tels La Paix -, il reconnaît néanmoins volontiers que « l’anarque est celui qui échappe à toute arché. Sont bonnes toutes les archies (monarchies, anarchie…), et détestables toutes les craties (démocratie, ploutocratie…) (p. 101) ».

Il n’est pas anodin si l’ouvrage s’ouvre sur une étude fouillée consacrée à « Pierre Boutang et Joseph de Maistre » au croisement de l’histoire des idées politiques, de la philosophie et de la métapolitique, terme déjà employé par l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg. Cela peut surprendre chez quelqu’un qui se référait habituellement au philosophe italien Vico. Rémi Soulié insiste aussi sur « l’axe biographique, politique, métaphysique et théologique fondamental pour Boutang : la paternité et la filiation (p. 45) ». Sa pensée s’articule donc autour de ces deux notions qui fondent la nationdans son acception étymologique.

Pour saluer Pierre Boutang est un essai lumineux sur une vie, une personnalité et une œuvre complexe qui devraient probablement faire l’objet d’une étude exhaustive. Les écrits de Boutang peuvent encore avoir aujourd’hui une résonance particulière. Le supposé « populisme chrétien » décrit par Patrick Buisson dans La cause du peuple y puiserait des idées susceptibles de le rendre effectif, cohérent et combatif. George Steiner le considérait d’ailleurs comme « la voix philosophique de l’aile autoritaire de la droite contemporaine en France (p. 16) ». Les jeunes catholiques non-conformistes du début du XXIe siècle auraient par conséquent tout intérêt à redécouvrir ce philosophe engagé après avoir médité le beau livre de Rémi Soulié.

Georges Feltin-Tracol

• Rémi Soulié, Pour saluer Pierre Boutang, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 141 p., 21 €.

samedi, 31 décembre 2016

Sous les Sabots des poneys sauvages

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Sous les Sabots des poneys sauvages

Jean-Pierre Brun

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

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En ce mercredi 29 décembre nous apprenons l’ultime cavalcade du dernier des « Hussards », Michel Déon. Comme le furent les trois mousquetaires de Dumas, ils auraient été prétendument quatre. Mais que vient faire ce « prétendument » dans notre propos ?

poneys.jpgPour des raisons qui nous restent obscures, Bernard Frank avait cru bon de rassembler sous un même étendard Nimier, Blondin et Laurent avant de leur adjoindre un certain Déon. Cette affectation collective à un régiment de tradition devait sans doute énormément au fameux « Hussard Bleu » que l’ami Roger avait troussé en son temps au travers d’un roman on ne peut plus « non conformiste ».

Mais voilà, elle ne reçut jamais pour autant l’aval des intéressés. Certes, un solide dénominateur commun pouvait conforter les tenants d’une mathématique idéologique, mais c’était méconnaître les individualismes trop bien trempés des solistes de ce quatuor improbable.

Il fallut attendre les derniers mois de l’Algérie française pour que le tocsin national les rassemblât autour de Philippe Héduy et du toujours discret Roland Laudenbach, sous la bannière de la revue L’Esprit Public.

Pour le coup, nos francs-tireurs, ayant endossé l’uniforme régimentaire auquel ils devaient indûment une partie de leur réputation, se lancèrent à corps perdu dans la bataille, taillant des croupières aux piétons de l’armée gaullienne.

Alors que d’Artagnan Nimier, Porthos Blondin, Athos Laurent frappaient d’estoc leurs adversaires, Aramis Déon pratiquait une escrime plus subtile qui n’en touchait pas moins au cœur ses cibles préférées. N’est-ce pas lui qui dans ses Poneys sauvages dévoila les turpitudes élyséennes de l’affaire Si Salah ?

Qui se souvient de son perfide Supplément aux voyages de Gulliver et ce saisissant Mégalonose qui estomaqua les critiques littéraires et autres chroniqueurs politiques de l’époque ?

En guise d’adieu à notre frère dans la Résistance, je me contenterai de citer un extrait de cette œuvre qui, hélas !, n’a rien perdu de son actualité : «… Je suis dans l’opposition et je refuse la civilisation inhumaine de mon pays. Si des policiers entraient à cette heure dans ma maison et me voyaient utiliser des lampes à huiles, ils me tortureraient pour me faire avouer un complot contre l’État […] Les lampes à huile et la marine à voile sont des crimes contre le progrès, des atteintes à l’esprit nouveau. Peut-être auriez-vous été condamné seulement aux travaux forcés si l’on s’était aperçu que vous ne vous sépariez pas de la boîte noire qui diffuse à longueur de journée de la musique obsessionnelle et le discours de Mégalonose, parce que la possession de ces boîtes que nous appelons “orteffs” est obligatoire et que tout citoyen conscient et respectueux des lois de son pays doit en avoir une à côté de lui, jour et nuit, prêt à toute éventualité, c’est-à-dire à obéir aux ordres de Mégalonose qui parle deux fois par jour en période de calme et jusqu’à vingt fois en période de guerre… »

Va en paix Michel !, mais là-haut, avec l’aide de ton Saint Patron qui est aussi celui des parachutistes, fais en sorte que tu ne sois pas le dernier des hussards et que, dans un élan invincible, une charge de tes cadets reprenne hardiment et consolide méthodiquement nos positions perdues.

vendredi, 23 décembre 2016

Hommage à Fabrizia di Lorenzo, tuée lors de l'attentat de Berlin

 

samedi, 10 décembre 2016

Qui était Jean Thiriart ?...

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Qui était Jean Thiriart ?...

Les éditions Pardès publient cette semaine, dans leur collection Qui suis-je, un Thiriart signé par Yannick Sauveur. Docteur en sciences de l'information et de la communication, ni ancien membre du mouvement Jeune Europe ni hagiographe de Thiriart, Yannick Sauveur nous livre un portrait attendu d'une figure essentielle du nationalisme européen de l'après-guerre.

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Jean Thiriart (1922-1992): «J'ai déjà pesté et tonné il y a 30 ans contre les petits nationalismes , le français, l'anglais, l'allemand. J'étais loin d'imaginer la déchéance dans laquelle nous allions tomber à la fin de notre siècle: la déchéance de l'esprit politique avec les micro-nationalismes.» (1992.)

Naître à Bruxelles dans un pays où l'on se sentira toujours à l'étroit, cela scelle un destin européen. Au-delà d'un itinéraire qui l'amènera du socialisme au communisme spartiate via le national-socialisme et le soutien à l'OAS, une permanence habite Jean Thiriart : celle de l'unification européenne, qui sera son obsession tout au long de sa vie publique. Avec Jeune Europe, mouvement transnational qu'il crée en 1963, puis Un Empire de 400 millions d hommes : l'Europe, écrit en 1964, enfin avec la revue mensuelle La Nation européenne (1966-1969), Thiriart offre une vision géopolitique des grands espaces en opposition avec les nationalismes étroits. La Société d'optométrie d'Europe, qu'il fonde en 1967 et qu'il présidera jusqu'en 1981, préfigure, dans son domaine professionnel, l'Europe unitaire et communautaire qu'il appelait de ses vœux. Loin de l'activisme militant, il réapparut au début des années 80 en tant que théoricien avec une hauteur de vues qui dénote la clairvoyance de celui qui a toujours su se placer dans la longue durée et en dehors des contingences politiciennes. Son voyage à Moscou, en 1992, où il rencontre des personnalités de tous bords, précède de peu sa mort, que nul n'attendait si tôt. Ce « Qui suis-je?» Thiriart a pour ambition de sortir de l'oubli un homme injustement méconnu, dont un des mérites fut de dépasser les clivages droite/gauche. Révolutionnaire inclassable, « jacobin de la très Grande Europe », son esprit visionnaire, puisant son inspiration chez Machiavel et Pareto, demeure d une grande actualité dans un monde en pleine mutation.

dimanche, 13 novembre 2016

Le renouveau de la pensée d’Ernest Renan

À l’heure où les passions religieuses, de nature irrationnelle et parfois mortifère, s’imposent dans le débat politique quotidien, pourquoi ne pas lire Ernest Renan ?

Breton, né en 1823 à Tréguier (Côtes d’Armor), dans une famille à la fois terrienne et maritime et descendant d’émigrés gallois, Ernest Renan, destiné à l’Église catholique romaine, développa, plutôt que d’entrer en religion, la libido sciendi, c’est-à-dire la soif de connaître.

Entre foi et raison, entre dogme et logos, Ernest Renan entreprend une histoire des religions. L’analyse du prophète chrétien dans La vie de Jésus (1863), premier tome d’une Histoire des origines du christianisme qui comprend sept volumes, lui vaut les foudres de Rome. Malgré les qualités recensées de Jésus, qu’il considère plus comme un homme divin qu’un dieu fait homme, La vie de Jésus soulève les passions. Pour Renan, la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n’importe quel autre homme, et la Bible doit être soumise à un examen critique comme n’importe quel autre document historique.

L’abbé Lambert, qui a personnellement connu Renan lors de son séminaire à Saint-Sulpice, à Paris, déclare s’être lavé les mains après avoir mis le livre au feu… Le pape Pie IX lui-même le déclare « blasphémateur européen ». Le mouvement anti-Renan est puissant mais la diffusion de son ouvrage prend de l’ampleur.

Entre l’Orient, où est né le christianisme, où il a longuement voyagé et l’Occident européen, Renan retrouve la paix intérieure devant l’Acropole d’Athènes l’année suivante, en 1864. Il adresse une prière au « souverain Jupiter » dont parlait Dante. La Prière sur l’Acropole paraîtra en 1876.

renanSX350_BO1,204,203,200_.jpgProfondément européen, il prôna l’alliance de la France avec l’Angleterre et l’Allemagne, anticipant le temps des empires.

Honni par les cléricaux et les républicains, ce « conservateur libéral » donna à la fin de sa vie (1882, Qu’est-ce qu’une nation ? ), cette célèbre définition de la « nation », véritable « plébiscite de tous les jours » sans oublier le lien entre le peuple qui la compose : « Ce qui constitue une nation, c’est d’avoir fait de grandes choses dans le passé, et de vouloir en faire encore dans l’avenir », affirma-t-il.

En mai 1892, ce régionaliste avant l’heure (il a publié L’Âme bretonne dès 1854), préside un « dîner celtique » tout en se préparant à la mort. Il quitta son écorce terrestre sans les derniers sacrements.

Ce membre de l’Académie française (1873), candidat malheureux aux élections législatives de Meaux en 1869, biographe de Jésus-Christ (!) ne mériterait-il pas d’être (re) découvert ?

Théoricien du nationalisme comme ciment patriotique plébiscitaire, européen avant les guerres civiles européennes du XXe siècle, homme enraciné dans sa Terre dont le discours repose plus sur la raison que la foi, Ernest Renan est à la croisée de l’ensemble de nos questionnements contemporains.

En 1949, Prosper Alfaric fonda le Cercle Ernest Renan. Cet ancien prêtre, historien spécialiste des religions, fut excommunié en 1933 après avoir publié son ouvrage Le Problème de Jésus et les origines du christianisme pour ses thèses sur l’inexistence historique de Jésus de Nazareth et de Marie. L’œuvre de cet érudit, à l’origine de la plupart des théories mythistes (thèse de l’inexistence historique de Jésus) a été remise à l’ordre du jour par le philosophe normand Michel Onfray qui a préfacé en 2005 la publication d’un regroupement des articles d’Alfaric sous le titre Jésus-Christ a-t-il existé ?

Depuis sa fondation, le Cercle, sans reprendre la thèse mythiste, poursuit la mémoire, au moins littéraire, du philologue et philosophe breton. Il s’évertue à approcher le religieux de la manière la plus large possible, y compris au niveau géopolitique.

Les Cahiers d’Ernest Renan viennent de faire place aux « Nouveaux cahiers ». Dans la première livraison (été 2016) des « Nouveaux cahiers », le président du Cercle Renan, Dominique Vibrac, qui vient de succéder à Guy Rachet, nous livre la deuxième partie de sa réflexion sur le thème de Transcendance et immanence dont la première partie est parue dans le dernier numéro des anciens cahiers (le n°273 tout de même…). Roger Warin revient, quant à lui, sur le séjour des Hébreux en Égypte avant la formation des royaumes d’Israël et de Juda et tente de rapporter la preuve de cette présence, condition sine qua non de l’exil emmené par Moïse et de la descente d’Abraham sur cette même terre. Enfin, Terry Bismuth évoque La religion dans le royaume de Juda. Ces deux derniers travaux illustrent la nécessaire étude du phénomène religieux à travers l’histoire, l’archéologie, les sciences…

Les prochains numéros des Nouveaux cahiers du Cercle Ernest Renan se donnent pour mission l’étude des religions à travers la rationalité scientifique.

Bien entendu, cet aspect n’aura pas un caractère exhaustif, Ernest Renan fut aussi un homme politique, un défenseur de l’identité celtique, un véritable patriote et un précurseur de l’ensemble européen.

Les Nouveaux cahiers ne feront donc aucune impasse sur l’homme Renan, qui avait fait de l’Acropole le centre de notre monde.

Un numéro de la première livraison des Nouveaux cahiers sera adressé sous format pdf pour toute demande à l’auteur de ces lignes : franck.buleux@orange.fr

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jeudi, 06 octobre 2016

Jan Marejko est mort...

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Jan Marejko, chroniqueur,

«Le Penseur» sur le site http://lesobservateurs.ch, est mort

 

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Jan Marejko, notre chroniqueur,  « Le Penseur » sur notre site, est mort.

C’est avec stupéfaction que j’apprends sa mort par ses deux filles Tessa et Samantha établies aux USA. J’en suis effondré.

Jan Marejko écrivait énormément mais n’arrivait guère à se faire publier étant donné une pensée  forte, difficile, exigeante mais combien bienvenue dans la superficialité  et les prétentions dérisoires ambiantes. Connaissant ses difficultés à être publié, je lui avais proposé de l’éditer dans une collection de livres que LesObservateurs.ch cherchent à créer et à ajouter comme activité à notre site. C’est un collaborateur du site qui travaille à ce projet, une nouvelle fois avec très peu de moyens étant donné la rareté des soutiens financiers. Ce collaborateur compte sur les revenus de cette future Edition pour se rembourser. Si le projet abouti, la publication de certains textes de Jan Marejko constituera  une  autre façon de le remercier pour son travail, de lui rendre hommage et de faire connaître plus largement ce travail difficile, original, profond, parfois  paradoxal et déroutant mais combien important.

Jan Marejko a publié plus de 150 articles sur Lesobservateurs.ch. Pour les lire ou les relire, tapez simplement « Marejko ».

Notre collègue Slobodan Despot qui le connaissait personnellement très bien et depuis longtemps lui rend hommage ce matin.

En espérant publier ou republier bientôt certains des inédits de Jan Marejko, nous reproduisons cet hommage de Slobodant Despot paru sur son site « ANTIPRESSE », 44,  le 2 octobre 2016 (antipresse@antipresse.net)

Uli Windisch, 2 octobre 2016

L’hommage de Slobodan Despot à Jan Marejko

Comment meurent les vrais philosophes

JM-1.gifJan Marejko est mort. Je l’ai appris par un mail d’un ami suisse qui avait reçu le mail d’un ami allemand. Lequel Allemand le tenait d’un prêtre genevois qui avait été son dernier confident.

Jan Marejko est mort seul, dans un asile de vieillards, terrassé par une maladie dont je ne sais rien, sinon qu’elle fut sans aucun doute une métastase de la mélancolie.

A ce titre, j’ai contribué moi-même à sa mise à mort. Il m’avait proposé un café voici quelques mois, pour la première fois depuis la disparition tragique de sa femme. Je savais qu’il n’allait pas bien, mais l’écriture le faisait durer. Il m’a envoyé des manuscrits qu’il espérait voir paraître. Je n’ai pas eu — pas pris — le temps de les lire jusqu’au bout. L’œil professionnel avait sondé et jugé très vite. Textes essentiels, de haute volée. Mais volumineux, graves. Invendables…

Les gens patients et robustes sont toujours les derniers servis. Parfois, ils ne le sont jamais. Avec Jan, j’ai traîné, différé, hésité. Il fallait organiser une souscription, gratter des subsides : je n’avais plus l’humilité qu’exigent ces tâches. Je n’avais pas envie de mendier, de justifier l’importance d’un grand philosophe maudit devant des fonctionnaires distraits qui m’auraient versé, au mieux, de quoi savonner la planche d’un échec commercial. Et je n’avais aucun projet « facile » sous la main pour éponger ce trou…

La mort de Jan Marejko me signale que je ne suis plus un éditeur. J’ai perdu patience. Ce que j’ai à dire m’accapare davantage que ce que j’ai à faire passer. Qu’il reste au moins ces quelques mots de témoignage sur un grand esprit de ce temps.

*

JM-2.jpgJe connaissais Jan Marejko depuis l’époque de mes études. Il était l’un des mentors avec qui je correspondais dans ma solitude. Lui, Robert Hainard, Alexandre Zinoviev ou Eric Werner étaient des poches d’oxygène dans la mare de conformisme qu’était le monde universitaire où je barbotais. J’ai fini du reste par en sortir, sans bruit, vomi par un milieu qui me rejetait (et me débectait) organiquement.

Des années auparavant, Marejko avait connu le même sort, en bien plus dramatique. Il avait suivi la meilleure filière académique. Études auprès de Raymond Aron. Recherches à New York et Harvard (il était bilingue et marié à une Américaine). Doctorat de philosophie à Genève en 1980. Et, surtout, sept ouvrages de réflexion essentiels, entre 1984 et 1994, aux éditions L’Age d’Homme. En un mot, le CV parfait pour une carrière professorale bon teint dans une université du monde libre… Si ce monde avait vraiment été libre. Ou s’il n’avait pas commis un vilain petit faux pas.

En 1981, exaspérés par cette même mélasse où j’allais finir par étouffer, Jan Marejko et son ami Eric Werner avaient publié un pamphlet intitulé De la misère intellectuelle et morale en Suisse romande. Ils s’y étonnaient de l’emprise sans partage de l’idéologie communiste dans les hautes écoles qui formaient les futures élites de leur pays. Ils dépeignaient l’ascenseur social que constituait l’adhésion obligatoire à cette dogmatique. Ils épinglaient surtout la verbeuse médiocrité des « mandarins » des sciences humaines, dont le magistère était aussi incontestable que l’œuvre était nulle.

Marejko et Werner ont fait l’erreur de prendre au mot le système dont ils faisaient partie. Ils ont cru que la liberté d’expression était un droit incontesté. Ils ont pensé que dénoncer le désenseignement et l’appauvrissement intellectuel à l’université était leur devoir civique. Avec leurs principes libéraux-conservateurs, ils se croyaient de plus en phase avec le système qui entretenait ces foyers de sédition. Il suffisait, croyaient-ils d’ouvrir les yeux des autorités et du public sur ce qui se passait…

JM-3.gifIls se sont trompés lourdement. Ils se croyaient veilleurs de la cité, ils se sont découverts parias. La carrière d’Eric Werner a été entravée et bridée de toutes les façons. Celle de Jan Marejko a été avortée avant même d’avoir commencé. Son dossier de candidature à un poste d’enseignement lui fut retourné avant même que quiconque ait eu le temps matériel de le lire. Cela ne se passait pas à Pyongyang, mais près de chez vous. Il ne s’en est jamais remis. Pendant le reste de sa vie, ce grand métaphysicien, disciple des grands penseurs de la liberté qu’étaient Aron ou Hannah Arendt, a dû voir défiler aux postes pour lesquels il était fait des pions qui ne lui arrivaient pas à la cheville et gagner sa vie comme journaliste.

Il me serait fastidieux ici de résumer les idées de Jan et de prouver l’importance de son travail. Eric Werner l’a fait magistralement dans son Avant-Blog. Je me borne à l’impact qu’il a eu sur ma formation personnelle. Son étude sur les potentialités totalitaires de la pensée de Rousseau ainsi que les liens qu’il a établis entre cosmologie et politique auront été pour moi des repères de pensée durables et féconds. Marejko a somptueusement illustré la profondeur du dicton qui veut que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Il m’a inculqué à vie la méfiance à l’égard du « bien » quand il n’est pas appuyé sur la bonté. D’autre part, il s’est employé à illustrer combien notre vision de la réalité brute dépend des paradigmes (scientifiques, moraux, philosophiques) du milieu où nous vivons — bien davantage parfois que des informations que nous transmettent nos sens et notre bon sens. C’est ainsi que le bobo moderne ne peut pas voir la voiture qui brûle devant sa maison, et encore moins se demander pourquoi elle brûle et ce qui va brûler ensuite. Il ne le peut pas, parce que les paradigmes de son éducation excluent cette vision même. Parce que les idées qui l’habitent sont plus fortes que ce que ses yeux voient et que sa peau ressent.

*

L’un des plus importants philosophes que Genève ait eus depuis Rousseau est mort seul dans son asile, oublié de sa république. Il était l’antipode de son grand prédécesseur, préférant toujours la réalité aux idées sur la réalité. Il est resté libre, droit et sans tache. Il nous a laissé une douzaine d’ouvrages importants, dont au moins un chef-d’œuvre, Le Territoire métaphysique. C’était un grand esprit lucide et altier de notre temps. On ne peut pas ne pas voir un signe dans le boycott et la désaffection qui l’ont poursuivi toute sa vie.

 

mardi, 06 septembre 2016

Nouvelle célébration de Jean Parvulesco

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Nouvelle célébration de Jean Parvulesco

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Jean-Parvulesco.pngIl s’est absenté il y a six ans déjà. Je pense bien souvent à lui, donc j’en reparle dans ces lignes. J’ai été le dernier à le prendre en photo. Ma femme Tatiana aussi nous prit en photo, je semblai plus fatigué que lui à la veille de sa mort. Comme dit Shakespeare après Azincourt,  

Let life be short, else shame will be too long.

Que notre vie soit courte, sinon la honte en sera longue.

 Car on ne se bat plus, on attend la mort comme des couards. Par un noble hasard, je n’ai pas contacté Jean Parvulesco, c’est lui qui l’a fait en 1990, via les fameuses éditions l’âge d’homme et surtout un article que j’avais écrit sur Mitterrand le grand initié – titré plus sobrement alors Mitterrand mage noir ! J’avais alors sur les conseils d’un admirateur feuilleté un de ses livres les plus aboutis, les Mystères de la villa Atlantis, où il évoquait des sociétés secrètes folles, égyptiennes et noires ; de l’OSS (et non de l’OAS…) sans le deuxième degré, celui qui tue l’âme française.

Il voulait me voir, il voulait se confier. Il était alors, et il sera toujours, à la recherche de disciples. Il y a des gourous – ou des upa-gourous – qui comme cela recherchent leurs disciples. J’ai l’impression que toutes proportions gardées c’est ce que fait d’ailleurs Jésus au début ; on fait venir la foule, qui se charge de venir toute seule, mais on se doit d’aller chercher ses disciples à la porte des écoles ou d’ailleurs.

 A Paris nous nous voyions vers six heures du soir, à la Rotonde, dans un décor art-déco. Nous étions voisins : en dépit d’une grave maladie à l’œil, liée pensa-t-on alors, à quelque magie noire, je vivais des heures assez heureuses au début des années 90, du côté de Passy. Nous nous voyions dans le Paris géodésique et ésotérique qu’il aimait tant, tout près de la rue Bois-le-vent, si bien nommée. Lui aimait parler, moi j’aimais écouter : je n’ai pas la santé de l’acteur, ou bien du politique. Et comme Le Pen, que je voyais aussi à cette époque, Jean était inépuisable en effusion verbale, et jamais ennuyeux. Parfois je le contredisais, et il se laissait facilement contredire. Il changerait de sujet, pas de situation.

C’est qu’il était pour quelques-uns des médias bien placés (Boutang, Germain-Thomas) l’homme de la droite subversive, illuminée et galactique. Sa fascination pour Mitterrand était grande, pour l’Allemagne impériale, pour les géants du cinéma, comme Rassam, à qui il devait sans doute de somptueuses soirées dans des restaurants de luxe. Scénariste mythomane et pique-assiette dans l’âme, Parvulesco se rêvait Casanova, espion, maçon sublime, conspirateur, père Joseph, grand pèlerin, auteur acclamé, rédacteur de lettres confidentielles lues de lui seul. Quand on faisait partie de son cercle, on faisait partie de son monde. J’ai eu moi-même l’honneur d’être deux ou trois fois cité par lui comme si j’avais été un personnage de fiction avec lequel d’ailleurs il était redoutablement peu d’accord, comme s’il pressentait que je ne partageais aucune de ses lubies, le luxe ou la luxure, l’empire, les combines, les néogaullistes, la nouvelle vague et l’extrême-droite, tout le reste. Ce qui nous rassemblait, c’était notre sympathie génétique et notre condition d’écrivains maudits de société secrète engloutie. J’avais aussi une certaine, une secrète attirance pour l’est, le monde slave, l’orthodoxie, dont j’ai épousé une fidèle. Mon futur m’attendait en Espagne, comme son passé l’y avait projeté, lorsqu’il écrivait pour la revue de la Phalange à la fin des années cinquante, après son passage plein d’inconnues dans l’OAS. Et je la retrouvais d’une façon prémonitoire en lui, cette Espagne éolienne et hauturière, certain que l’occident c’est ce qui doit tomber, et tombera toujours. Ce n’est pas pour rien qu’un de ses fans m’a nommé un écrivain post-punk. De post-punk j’aurai même eu la jeunesse, finalement, aussi sale et sans déguisement. J’ai aimé dans Parvulesco cette nostalgie des années libertaires 70, ces soirées décalées et invisibles, cette nostalgie d’un monde culturel à l’agonie sous les contrechocs de l’industrie de l’information. C’était un vénitien consommé et très inconscient de l’omnipotence du satanisme à notre époque de recyclage aigri. C’est que pour lui l’hôtel ou le restau de luxe était un avatar des lieux initiatiques de Virgile.

Iam subeunt Triuiae lucos atque aurea tecta.

JeanParvulesco_Paris2000-217x300.jpgEn 93, tout a changé : je suis allé en Inde d’où je lui écrivais. L’Inde était encore un peu l’Inde. Ce n'était pas Slumdog dollar. Son texte sur Goa dans la spirale est fantastique. Mais de retour en France les années ont recommencé à passer. On l’aura vu dans l’arbre, le maire et la médiathèque, filmé par son protecteur Rohmer face au bizarre photographe ou plouc crétin qui avait détourné l’attention de l’héritière l’Oréal. Jean lui évoque le Mitterrand d’extrême-droite sans guère le convaincre ; mais j’ai compris qu’en réalité il ne convainquait personne ou presque. Quel dommage ! Et les milliards de l’Oréal !

Il avait le nez creux pour sentir, soulever les complots, les combines, l’air du temps. Il croyait comme un fou en l’Europe, l’euro, et Kohl et Mitterrand. Il s’y voyait déjà… Et lorsque je le revis en 2002 ou 3, je lui montrais les prix que nous payions pour un café ; et qui en avait profité ; il détourna tristement la tête. La logistique ne serait jamais son fort. J’en retirais l’impression que comme une petit illusionniste de café mystique, il cherchait à capter une atmosphère, à s’en rendre maître ; ou qu’il voulait de tel mystère en être l’organisateur Je l’ai vu prendre les armes pour Seguin, puis pour Chirac, enfin bien sûr pour Sarkozy. Il semble qu’on l’ait vu à une émission du regretté Taddeï, aux côtés de l’inénarrable et bizarre Villepin. De quoi aura-t-il pu bien leur parler…

 Infandum, regina, iubes renouare dolorem.

Nationaliste, il l’était ; mais pas français en tout cas. Grand d’Europe, il était impérial et prêt à boire toutes les bières pour cet empire… En attendant il espérait me voir progresser, et il se verrait bien mon suzerain. A cette même époque je commençais à publier et très vite (attendez un mois ou moins…) sans aucune joie. Que de déceptions, des échecs, du ressentiment. L’échec d’une vie que de se faire publier, de vouloir se faire connaître. Lui m’avait choisi comme vassal un soir de restaurant au milieu de sa cour et de son éditeur d’alors, qui n’a jamais su le vendre. Mais je ne voyais rien venir de bon dans ces livres publiés. Lui-même publiait n’importe quoi, des resucées de ses journaux de ces terribles et nauséeuses années 80, oubliant sa prose poétique, son souffle épique et lyrique, sa phraséologie baroque, sa remarquable architecture syntaxique (Cioran, Ionesco, lui : les derniers écrivains français sont daces…). On restait dans des plats libertins refroidis, avec du sexe de marquise en chaleur à cinq heures, de la cruauté flasque, de la conspiration dégénérée en combines et surtout un nombre effroyable de coquilles qui montraient que ni lui ni son éditeur ne voulaient faire leur travail. Les dernières années il s’est remis à très bien écrire et on l’a enfin corrigé. Cela n’a rien donné au plan des ventes, me confirmant dans mon intuition des vingt ans : ce n’est pas l’auteur qui est mort, c’est le lecteur. Plus personne n’a l’audace ou la patience ou bien l’humilité et la culture pour être lecteur. J’ai épousé une lectrice ukrainienne qui est devenue ma traductrice et ce n’est pas un hasard. Je n’écris maintenant que pour elle ou pour moi, et les fantômes qui m’entourent. Ce qui se passe avec le numérique est horreur pure, anéantissement du monde, mais lui ne le voyait pas. Je l’avertis de cette menace en rédigeant mon Internet nouvelle voie. Nous sommes quand même allés voir Matrix auquel d’ailleurs il ne comprit rien (sinon la prise de pouvoir par les blacks) ; une autre fois il raffola de Eyes wide shut. Ce film est taillé pour lui en effet. Venise, la conspiration du sexe et de l’argent, l’illuminé au visage masqué… En y repensant nous avons vu ensemble les deux films les plus essentiels de l’époque ; il adorait aussi le candidat mandchourien. Il était de bon conseil, de même qu’il voyait peu de films. Peu avant son envol, je lui dis qu’il était abondamment cité dans la dernière bio de Godard, signée de Baecque, que j’avais rencontré un beau soir à la cinémathèque, avec Barbet Schroeder. Il n’en avait pas entendu parler. Et pourtant, on garantissait qu’il était alors bien le gourou de Godard, vedette américaine d’A bout de souffle. Quel destin aurait dû être le sien…

Credo equidem, nec uana fides, genus esse deorum.

 Je me suis demandé comment avec son talent, son ambition aussi, avec son carnet d’adresses des années 70 il n’avait pas mieux tiré son épingle du jeu. J’ai rencontré Gérard Brach lorsque j’écrivais mon bouquin sur Annaud. Ou au Pérou (mais oui !), un certain Steve quelque chose, qui avait travaillé avec Schroeder sur les Joueurs. Les deux compères m’apprirent que certes on le connaissait mais qu’on ne l’avait pas pris au sérieux, et je l’ai d’autant moins mis en doute que je crois que c’est ce qui m’est arrivé aussi. On passe comme ça, à la surface de tout, en bleu, brillance, et puis c’est tout. Tout de même il aurait pu se rapprocher des catholiques, avec son culte marial et son papisme fidèle. Mais son univers était fait comme un nid d’oiseaux : occultisme, christianisme, socialisme magique, érotisme tantrique, gaullisme anarchiste, fantastique anglais, géopolitique russe. Je n’ai jamais su l’ordonner, il me semblait qu’il reflétait mon propre désordre, comme son échec annonçait le mien que j’avais décrété à vingt ans. La vie post-apocalyptique, c’est une jeunesse ratée qui dure. La sienne de vie aura duré longtemps après sa dure jeunesse. Comment savoir s’il a vraiment traversé le Danube à la nage pour sa faire attraper par ces pauvres serbes de l’autre côté de la rive ? Il a écrit une très belle page que j’ai reprise dans mon Lancelot, et où il s’inspire de Buchan pour évoquer la course à pied. Le crosscountry est un programme métapolitique dans cette Angleterre post-vénitienne et nominaliste qui le fascina tant. Pour lui comme pour Buchan le monde est une idée pas une réalité. C’est pour cela qu’il parlait sans convaincre, ne cherchant qu’à séduire.

jeanparvulescoXXX43cd135896755.jpgPierre-André Boutang, le fils de l’helléniste maurrassien qui exaspérait Bernanos, lui donna un jour sa chance à la télé, et pour une heure. Il parla bien, échappa au public. Pour les idées et surtout pour la réussite médiatique (on était avant la tyrannie absolue et folle d’aujourd’hui), Jean fut mon maître à penser et surtout à dépenser… Il aimait aussi beaucoup ce film intitulé l’Ultime souper, où l’on voit des gauchistes empoisonner tous leurs ennemis politiques pour se retrouver bien seuls. Le nouvel ordre mondial est gastronomique. Il vous empoisonne. Ces artilleurs culinaires ne savent même faire que cela.

Et puis il y a le Jean Fauché comme les blés ; je ne parle pas pour toutes les sommes qu’il m’emprunta, et qu’il empruntait à d’autres au point de s’en faire des ennemis, sans parler des restaurants qu’il fallait éviter passée une date de crédit dépassé… Parvulesco, un grand nom d’emprunt, comme dirait de Gaulle. C’est d’ailleurs sur la géopolitique et l’alliance avec la Russie qu’il était le plus sérieux, le plus réel. Le plus concret organisateur de la victoire à long terme si les occidentaux et l’OTAN ne parviennent à nous détruire tout entiers d’ici là ! J’ai pensé que son livre sur Poutine ferait fureur. Même pas. Vingt après la chute du mur, pas de visa pour nos frères, et l’Eurafrique à l’ordre du jour. Il a écrit un effrayant et si beau texte sur l’arraisonnement de la fontaine Saint-Michel à ce sujet – si j’ose dire.

Le secret de son génie je ne l’ai pas foré. Ou je ne veux pas le dire. Il y a son style incomparable ; parfois mal maîtrisé, parfois comme surhumain.

 Il m’a parlé de ses sorties dans l’astral, de ses rencontres avec Evola, de ses lubies d’église tantrique. Et après ? Un style parfois sublime, égal des plus grands, d’un Chateaubriand cardinal, d’un Bossuet magicien, et encore. Est-il parmi nous, veille-t-il ? Mes plus proches sont morts, Beketch, lui, Jean Phaure ; je suis seul sur mon rocher, priant devant la mer, comme un héros de Gracian. J’ai vu les quatre âges : celui de Phaure, calligraphiant à la main sa poésie orientale et hindoue ; celui de Jean, tapant à la machine comme Hemingway, et conspirant ; celui de Serge (qu’il exaspérait par son style et son gaullisme) m’initiant à la paresseuse et cool écriture sur  l’ordinateur au journal Minute ; et celui du SMS, le signe dévoré s’effritant et flirtant avec le néant.

 Pour lui vivre sa vie c’était la raconter. Et c’est d’autant plus vrai qu’il inventait ce qu’il n’avait pas vécu tout en cachant ce qu’il vivait et qui était très présent et religieux et très concret. Epouses (il fut veuf : je ne le sus qu’à sa mort), enfants, vie réelle, il en eut, et plus que nous tous, fils des âges mort-nés de la postmodernité. Mais ce n’était pas son sujet, cela n’entrait pas assez dans la combine. Il préférait me jouer le « roi délire » en attendant le café. Je regrette de ne pas assez l’avoir fait boire ; il aimait le Champagne, c’est alors qu’il se livrait dans ses conversations fulgurantes que l’on nommait ridotti à Venise, la clé secrète de son œuvre. Il fut le dernier convive de pierre du siècle des Illuminés, le maître au cilice au siècle du silicium. Un amateur de cabale au Canada.

 Je lui ai donné un rôle dans mon épopée héroïco-comique Les Maîtres carrés, disponible en ligne sur le site de la France courtoise (France-courtoise.info). A bientôt, cher Jean à la voix d’oracle et à la destinée d’acrobate.

Et vous tous, lisez ou relisez les Mystères de la Villa Atlantis. C’est comme si Dumas, le plus important des romanciers français, avait soudain eu du style.

Nicolas Bonnal

(Alhambra de Grenade, août 2016)