Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 16 décembre 2013

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Costanzo Preve: un philosophe critique nous a quitté

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
coppreve.jpgLe grand philosophe italien, Costanzo Preve nous a quitté fin novembre. Né à Valence en 1943, il est décédé ce 23 novembre à Turin. C'était sans doute, pour nous,le dernier marxiste vivant, le dernier en tout cas qui mérite fortement cette appellation de par sa rigueur d'analyse et son absence de compromissions, l'exact opposé des marxistes français comme Alain Badiou ou Etienne Balibar totalement asservis aux idéologies du capital et incapables d'avoir saisi en temps réel la manipulation du ''grand remplacement'', l'aliénation de l'immigration et des sans papiers comme armée de réserve du capital, bataillons de la bourgeoisie française, fossoyeurs de l'identité européenne.
 
Heureusement, d'Italie, Costanzo Preve nous réconciliait avec les communistes, les Lukacs et les Gramsci de la grande époque. Costanzo Preve avait été un grand professeur, enseignant d'histoire et de philosophie de 1967 à 2002, toujours proche des jeunes, jusqu'à sa retraite. Il ne fut jamais universitaire. Il avait été membre du Parti Communiste italien de 1973 à 1975 et en 1978, il avait participé à la création du Centre d'Etudes du Matérialisme historique à Pistoia. Costanzo Preve est un auteur prolifique et, depuis quelques années, je ne manquai aucune de ses publications. Je me souviens même avoir travaillé tout un été, en plein Océan indien, sur une traduction de notre auteur. Le style était impeccable. C'est un style qui s'est perdu parce qu'il suppose le matérialisme historique, la dialectique quasi dans les veines ou dans les gènes, c'est le style radical du grand Pasolini des Ecrits Corsaires mais chez Preve, c'était un style beaucoup plus conceptuel, beaucoup moins poétique et lyrique, beaucoup plus cérébral.
 
Il écrivait dans de très nombreuses revues et contrairement aux pseudo-marxistes français sectaires, il avait toujours la noblesse de citer ses sources, fussent-elles à contre-courant. La chute du Mur de Berlin ne le désarma pas, bien au contraire car il était un révolutionnaire critique, n'hésitant pas à dénoncer la conjonction criminelle dans l'histoire contemporaine du sionisme et de l'américanisme. Costanzo Preve était un penseur transversal, transcourant très italien car dans l'hexagone, la transversalité est quasi criminelle. 

A la fin de sa vie, ces dernières années alors qu'il semblait très fatigué et malade, Costanzo Preve, toujours au bureau à écrire ou à lire,  dialoguait avec Alain de Benoist ou Alexandre Douguine, le théoricien de la quatrième théorie et de l'eurasisme. Pour donner, ici-même, un aperçu de Costanzo Preve, j'offre au lecteur de Metamag cette petite traduction d'un entretien de Preve sur Carl Schmitt. Preve y déclare : “La raison pour laquelle j'acceptai pour l'essentiel la dichotomie schmittienne [ami-ennemi] réside dans le fait que celle-ci décrit avec une admirable précision la situation historico-politique qui s'est créée au vingtième siècle et surtout qu'elle permet de nommer l'empire idéocratique américain comme étant l'ennemi principal. En effet, ce dernier est l'ennemi principal non pas parce qu'il demeure le seul empire  capitaliste qui reste (la Russie, la Chine, l'Inde, etc. sont aussi cent pour cent capitalistes), mais parce que son existence brute coordonne, aussi bien sur le plan militaire mais surtout dans le domaine culturel, la reproduction totale d'un capitalisme globalisé mondial, imposant ses règles financières. C'est pour cela qu'il est l'ennemi principal, et non pas parce que ses rivaux seraient par principe “humainement” meilleurs. (…) De plus, Schmitt a été l'unique penseur du vingtième siècle qui a mis en relief de manière claire et paradigmatique le fait que l'immorale légitimation particulière de la puissance maritime américaine s'est édifiée à travers la référence à une prétendue “humanité”. (…) Aujourd'hui, le paradoxe dialectique est celui-ci: l'ennemi principal est présentement celui qui se présente comme le principal ami de l'humanité, celui qui prétend soumettre à “la manière universaliste” sa  structure économique, politique et sociale particulière, et le fait au nom d'un mandat religieux, d'une divinité auto-attribuée, d'un authentique Antéchrist, fruit d'une fusion monstrueuse entre le fondamentalisme judéo vétérotestamentaire et le puritanisme calviniste des “élus”.''

2867909646.jpgEn fait, peu connaissent en dehors du cercle étroit des schmittiens, la profondeur du travail intellectuel de Costanzo Preve, l'importance de son analyse critique. Le philosophe italien n'était pas un sorbonnard ou un agrégatif mais un résistant au pied de la lettre et au chevet de la lutte, un vrai camarade, un authentique compagnon, un dissident. La formation intellectuelle est la condition de toute action. Il ne saurait y avoir de résistance culturelle sans dialectique. Dans une telle formation, le marxisme est aussi une priorité méthodologique. Comme il faut lire Dominique Venner, il faut faire lire Costanzo Preve à tout candidat de l'esprit critique. Bien sûr, la pensée unique universitaire attaquera les idées d'un Costanzo Preve mais c'est parce que de telles idées peuvent la faire descendre de son piédestal et la vaincre de par sa méthode et sa rigueur scientifique. Les idées dissidentes sont larges et il y a en fait une infinité de penseurs oubliés, de syndicalistes inconnus, d'économistes à relire (nous pensons par exemple au protestant Charles Gide). 

En rendant ici même hommage à Costanzo Preve, nous souhaitons dire simplement aux plus jeunes qu'il faut par principe tout lire et dédier tous ses efforts à la diffusion des pages critiques des hommes et des femmes ouverts, libres d'opiner contre leurs propres partis, libres de désirer mourir pour des idées, libres en définitive de mourir en transmettant à leurs enfants les enseignements et les principes de tolérance intellectuelle qui furent toujours la valeur même de l'esprit européen. Malgré la dictature de la pensée unique, Costanzo Preve n'abandonna jamais et ne se tut jamais car on ne peut taire la vérité quand bien même demain, on nous préviendrait subrepticement que nous serons menottés.

N.B: De Costanzo Preve, nous recommandons en français son Histoire critique du marxisme chez Armand Colin, coll. ''U'' et L'éloge du communautarisme: Aristote-Hegel-Marx, Krisis, Paris 2012. Le dernier ouvrage publié en français est La quatrième guerre mondiale, Astrée, Paris 2013.

mercredi, 11 décembre 2013

Wolf Jobst Siedler ist verstorben

dab69e61bb44f40970db6f3168bb6061.jpg

Wolf Jobst Siedler ist verstorben

By Erik Lehnert

Ex: http://www.sezession.de

Am Mittwoch verstarb nach langer Krankheit der liberalkonservative Verleger und Publizist Wolf Jobst Siedler (87).  Siedler gründete und führte ab 1980 den nach ihm benannten Verlag. Im Jahr 2007 wurde er für sein Lebenswerk von der Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung (FKBF) mit einem Ehrenpreis gewürdigt. Wir dokumentieren nachfolgend den biographischen Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs.

Siedler.jpg.987511.jpgArmin Mohler nannte drei Gründe, als er Siedler im Criticón ein Autorenporträt widmete: Er sei unter den konservativen Autoren einer der »besten und eigenwilligsten Formulierer«, er sei ein typischer Vertreter des konservativen Einzelgängers, der sich mit niemandem gemein machen wolle, und er sei, neben Gross und Altmann, das »konservative Alibi für die Meinungsmacher«.

Siedler wurde in den Medien nicht nur toleriert und verfaßte zustimmungsfähige Essays, sondern spielte über viele Jahre selbst eine herausragende Rolle im Medienbetrieb. Siedlers Familie ist fest in Berlin und Preußen verankert, zu seinen Vorfahren gehören Johann Gottfried Schadow und Carl Friedrich Zelter, sein Vater war als Syndikus in der Industrie tätig. Ein einschneidendes Erlebnis ist für den jungen Siedler, als er und der mit ihm befreundete Sohn Ernst Jüngers wegen Wehrkraftzersetzung zum Tode verurteilt und schließlich zur Frontbewährung, die für Jünger tödlich endet, begnadigt werden. Lebenslang resultierte daraus ein Mißtrauen gegen Mehrheiten und eben die gesuchte Rolle des Einzelgängers. Nach einem Studium der Philosophie, Soziologie und Germanistik wurde Siedler zunächst Generalsekretär des deutschen Büros des »Kongresses für kulturelle Freiheit «, einer antikommunistischen und auf Westbindung zielenden Vereinigung, die, wie später herauskam, vom CIA finanziert wurde und vor allem linksliberale Intellektuelle ansprechen sollte. Anschließend war Siedler Redakteur bei der amerikanischen Neuen Zeitung und von 1955 bis 1963 Feuilletonchef des linksliberalen Tagesspiegel.

Die Essays aus dieser Zeit begründeten seinen Ruf als kulturkonservativer Publizist. Er wechselte dann auf die Verlegerseite und wurde Leiter des Propyläen-Verlages, machte im Springer-Konzern Karriere und führte schließlich alle unter Ullstein zusammengefaßten Verlage. In dieser Zeit erschien sein bekanntestes und wichtigstes Buch, Die gemordete Stadt (1964), das ihn zum Vorreiter einer später einsetzenden Nostalgiebewegung machte, die es nicht mehr hinnehmen wollte, daß die deutschen Altstadtviertel abgerissen wurden, und den Eigenwert der schönen Form betonte. Als Verleger pflegte Siedler vorwiegend die kulturkonservative Seite, hatte Kontakt mit wichtigen Autoren, so Ernst Jünger, der ihm zahlreiche wichtige Hinweise gab. Einer davon war die Veröffentlichung der belletristischen Werke von Pierre Drieu la Rochelle, die zwischen 1966 und 1972 bei Ullstein erschienen. Auch Hellmut Diwalds Geschichte der Deutschen (1978) fällt in diese Zeit, wobei Diwald damals nicht als Rechter galt und auch die gegenchronologische Herangehensweise eher eine experimentelle Sehnsucht verriet.

Im Mai 1979 mußte Siedler Ullstein verlassen und gründete Anfang 1980 seinen eigenen Verlag, den er in wenigen Jahren zu einem erfolgreichen Unternehmen machte. Herausragende Buchprojekte waren Siedler Deutsche Geschichte (13 Bde., 1982–2000), die unter der Überschrift »Die Deutschen und ihre Nation« einen Gegenentwurf zu Propyläen Deutsche Geschichte lieferten, und die Deutsche Geschichte im Osten Europas (10 Bde., 1992–1999). 1993 verkaufte Siedler den Verlag an die Gruppe Random House, wo er bis heute als eigene Marke weitergeführt wird. Siedlers Sohn gründete 2004 den wjs verlag.

Das schriftstellerische Werk Siedlers besteht vor allem aus Essays, die er in verschiedenen Sammelbänden veröffentlicht hat. 1965 erschienen die Behauptungen, die Mohler als »schönste Essay-Sammlung, die ein deutscher Konservativer seit 1945« veröffentlicht hat, bezeichnete. Melancholie über das tote Preußen und die Selbstaufgabe des Bürgertums sind wiederkehrende Motive seiner Aufsätze. 1982 hielt Siedler die Laudatio auf Ernst Jünger zur Verleihung des Goethe-Preises in Frankfurt am Main, in der er Jünger als »die vorläufig letzte Erscheinungsform von Weltliteratur in deutscher Sprache« feierte.

Schriften: [mit Elisabeth Niggemeyer] Die gemordete Stadt. Abgesang auf Putte und Straße, Platz und Baum, Berlin 1964; Behauptungen, Berlin 1965; Weder Maas noch Memel. Ansichten vom beschädigten Deutschland, Stuttgart 1982; Abschied von Preußen, Berlin 1991; Der Verlust des alten Europa. Ansichten zur Geschichte und Gegenwart, Stuttgart 1996; Phoenix im Sand. Glanz und Elend der Hauptstadt, Berlin 1998; Ein Leben wird besichtigt. In der Welt der Eltern, Berlin 2000; Wir waren noch einmal davongekommen. Erinnerungen, München 2004; Wider den Strich gedacht, München 2006.

Literatur: Armin Mohler: Wolf Jobst Siedler. Der tolerierte Konservative, in: Criticón (1983), Heft 75.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/42093/wolf-jobst-siedler-ist-verstorben.html

 

v49_Ullstein_Trauer_72.pdf.985546.gif


00:06 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wolf jobst siedler, hommage, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 07 décembre 2013

L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

jean-parvulesco.jpg

L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

par Claudio Mutti

Ex: http://www.eurasia-rivista.orginv

 

Le texte suivant reproduit l’intervention du directeur d’”Eurasia” au colloque sur Jean Parvulesco qui a eu lieu à Paris le 23 novembre 2012.

Ma première rencontre avec le nom de Jean Parvulesco date du 1974, quand j’étais l’objet d’attention des mêmes juges italiens qui, dans le cadre d’une enquête politique, s’intéressaient aussi à ce mystérieux roumain lequel appelait à être prêt pour le Endkampf (un mot très suspect aux yeux des chasseurs de sorcières, qui, dans leur orthographe, devenait endekampf) (1).

Selon les enquêteurs, le Roumain aurait voulu réaliser, avec deux des accusés, un accord fondé sur deux points: “a) adhésion à la politique de lutte internationale contre le bipolarisme russo-américain dans la perspective de la ‘Grande Europe’, de l’Atlantique aux Ourals; b) contacts avec les forces du gaullisme et du neutralisme eurasien qui se proposaient cette ligne internationaliste” (2).

Trois ans après, en 1977, je lus dans le bulletin “Correspondance Européenne”, dirigé par Yves Bataille, un longue article intitulé L’URSS et la ligne géopolitique, qui semblait confirmer les bruits diffusés par quelques “dissidents” soviétiques au sujet de l’existence d’une mouvance pro-eurasienne agissant plus ou moins clandestinement de l’intérieur de l’Armée Rouge.

J’ai publié la traduction de cet article dans le premier numéro (janvier-avril 1978) d’une petite revue italienne qui s’appelait “Domani”.

L’auteur en était Jean Parvulesco, qui résumait dans la façon suivante les thèses fondamentales de certains milieux russes présentés comme “les groupes géopolitiques de l’Armée Rouge”, thèses exprimées dans une série de documents semi-clandestins arrivés en sa possession.

1. Le “Grand Continent” eurasiatique est un et indivisible, “de l’Atlantique au Pacifique”.

2. La politique européenne de la Russie soviétique ne saurait donc être qu’une politique d’unité continentale, solidaire avec une Europe intégrée autour de la France et de l’Allemagne.

3. L’unité du Grand Continent eurasiatique doit être poursuivie, aussi, à travers la mise en place d’une structure de relations économiques et politiques avec l’Afrique, le Monde Arabe, le Japon, l’Indonésie.

4. L’ennemi fondamental de l’unité géopolitique eurasiatique reste les Etats-Unis.

5. La mission historique de la Russie n’est pas terminée, elle ne fait que commencer.

Selon un “mince livret” cité dans l’article de Parvulesco, le jour de la mort de Staline trois saints staretz étaient partis à pied de Kiev, en assumant, chacun d’eux, la responsabilité apostolique du renouveau final de l’Orthodoxie dans une aire culturelle du Continent. Des trois staretz, Élie prit la Russie, Alexandre la “Grande Sibérie” e Jean l’Europe.

Ce dernier, Frère Jean, bien que poursuivi pendant des années par la Securitate roumaine, aurait produit par sa seule présence sur place le “changement intérieur” du régime communiste de Bucarest.

Pour soutenir cette affirmation, Parvulesco évoque le témoignage du roman Incognito de Petru Dumitriu, paru en 1962 chez les Éditions du Seuil.

480.jpgPetru Dumitriu (1924-2002) a été un romancier roumain, dont le chef-d’oeuvre, Cronica de familie, a été également publié en France par Seuil, en 1959. En 1960, voyageant en Allemagne de l’Est, il passa clandestinement à Berlin Ouest et demanda asile politique aux autorités françaises, qui le lui refusèrent; il l’obtint en Allemagne Fédérale. Ensuite il vécut à Frankfurt et à Metz, où il mourut en 2002.

Le Frère Jean qui figure dans Incognito de Petru Dumitriu est vraisemblablement l’alter ego littéraire du moine russe Ivan Koulyguine (1885- ?), représentant d’un filon hésychaste remontant au grand staretz ukrainien Païssius Vélitchkovsky (1722-1794), qui vécut au XVIIIe siècle au monastère de Neamtz en Moldavie et ensuite à Optina Poustyne.

En novembre 1943 le Père Ivan Koulyguine s’était enfui de l’Union Soviétique avec le métropolite de Rostov et avait trouvé refuge dans le monastère Cernica, près de Bucarest. Appelé en Roumanie Ioan Străinul, c’est à dire Jean l’Étranger, le Père Ivan devint le guide spirituel du Buisson Ardent (“Rugul Aprins”), un groupe d’intellectuels roumains qui se proposait de ranimer la tradition hésychaste.

Ivan Koulyguine fut arrêté par les Soviétiques en octobre 1946; poursuivi en justice et condamné en janvier 1947 à dix ans de travaux forcés, il fut transféré en URSS, où l’on perdit sa trace.

Jean Parvulesco n’est pas le seul à parler d’un “changement intérieur” produit en Roumanie par l’action de Frère Jean, c’est à dire du Père Ivan.

Aussi Alexandru Paleologu, qui a été ambassadeur de la Roumanie à Paris, a écrit qu’après la libération des survivants du groupe du Buisson Ardent, qui eu lieu grâce à l’amnistie voulue par Gheorghiu-Dej, “les nouvelles générations, les jeunes assoiffés de Dieu, (…) devinrent, en quelque sorte, les témoins au deuxième degré d’un mouvement chrétien qui a su jouer un rôle encore plus important qu’on aurait pu le croire et qui, à la vérité, s’avérait être de ‘longue haleine’ et d’une influence profonde” (3).

Ensuite, j’ai trouvé l’état civil de Jean Parvulesco dans une fiche de la Securitate roumaine rédigée dans les années ’50, que je vais traduire:

“Jean Pîrvulescu, fils de Ioan et de Maria, né le 29 septembre 1929 à Piteşti, dernier domicile à Craiova, str. Dezrobirii n. 25. En 1948 il a disparu de son domicile et il a passé frauduleusement la frontière; en 1950 il a écrit de Paris, France, à ses proches en RPR. En 1956 on a signalé que, avec l’espion Ieronim Ispas, il était sur le point de venir en Roumanie sous couverture du rapatriement, en mission d’espionnage. Dans le cas où il est identifié, il doit être arrêté” (4).

Piteşti, la ville natale de Jean Parvulesco, se trouve au bord de l’Argeş, une rivière qui constitue le scénario d’une fameuse légende roumaine: la légende de Maître Manole, constructeur de ce monastère de Curtea de Argeş qui fut commissionné par Negru Voda, duquel la mère de Jean Parvulesco serait une descendante.

Piteşti est située très près de la région historique de l’Olténie, dont Craiova est la capitale. Dans cette même région se trouve la localité de Maglavit, où, depuis le 31 mai 1935, un berger illetré du nom de Petrache Lupu (1908-1994) était le destinataire des communications d’une entité qu’il appellait Moşul, c’est à dire “le Vieux”, et qui était considérée comme une sorte de théophanie. “À Maglavit et dans les alentours – rapporte la presse de l’époque – prévaut un état d’esprit complètement nouveau. Les gens ont accueili les exhortations de Petrache Lupu à chercher de s’imposer un type de vie différent” (5).

L’écho que ces événements ont en Roumanie (on parle de la “psychose de Maglavit”) conduit Emil Cioran à changer d’avis sur le scepticisme du peuple roumain et à placer ses espoirs en un prochain grand phénomène spirituel et politique. “On ne peut pas dire – écrit Cioran – ce qu’il sera; mais on peut dire que, s’il ne naît pas, nous sommes un pays condamné” (6).

valsan.JPGMihai Vâlsan (1911-1974) reçoit du voyant de Maglavit une sorte de “bénédiction” (binecuvântare); et, comme les messages du “Vieux” semblent annoncer aux Roumains que leur terre deviendra le siège d’un centre spirituel comme l’avait déjà été la Dacie dans l’antiquité, Vâlsan pense que tout cela a affaire avec le Roi du Monde. On connaît le développement de cette histoire.

Ce qui peut nous intéresser ici, c’est la position de Parvulesco face à ces deux Roumains d’expression française – Cioran et Vâlsan.

Pour ce qui est de Cioran, Parvulesco a dit dans un entretien avec Michel d’Urance paru dans “Éléments”: “Je porte encore en moi le deuil atroce que j’avais ressenti devant l’effroyable auto-mutilation que Cioran avait infligée à son génie profond, à son inspiration la plus intime, afin qu’il puisse se faire relativement admettre au banquet des noces démocratico-marxistes d’après la guerre – qui battait alors son plein. Le nihilisme de Cioran, aussi loin qu’il pût aller, n’avait jamais représenté un choix doctrinal, n’ayant en aucun cas constitué que le signe exacerbé d’un constat de désastre face à l’effondrement en cours de la civilisation européenne tout près de sa fin” (7).

Quant à Michel Vâlsan, Jean Parvulesco a dû voir en lui, dans quelque façon, l’intermédiaire secret entre l’enseignement de René Guénon et le Général De Gaulle.

Dans La spirale prophétique il se demande: “Quels sont (…) les rapports encore présents et les rapports à venir entre l’oeuvre de René Guénon et celle de Michel Vâlsan? Y a-t-il eu, y a-t-il, de l’une ou l’autre, la continuation d’un même ministère, exclusivement, ou bien l’oeuvre de Michel Vâlsan apparaît-elle, ou commencerait-elle à apparaître comme la proposition, comme le fruit ardente d’une spécification déjà differenciée?” (La spirale prophétique, p. 75). En tout cas, Parvulesco était convaincu de “l’existence d’une convergence voilée mais très profonde entre l’enseignement de René Guénon et les dimensions confidentielles, voire occultes, de l’action historique et transhistorique entreprise par Charles de Gaulle (…)” (8).

Si nous devions ajouter foi aux dires de Jean Robin, Michel Vâlsan aurait joué un rôle occulte auprès de “ce grand guénonien que fut le général de Gaulle” (9), rangé par Vâlsan lui-même – toujours selon Jean Robin – parmi les “préfigurations du Mahdi” (10) qui se sont manifestées au XXe siècle. Rapportant une information qu’il déclare avoir recueillie auprès de “certains disciples de Michel Vâlsan” (11), Jean Robin fait allusion à une correspondance épistolaire entre Vâlsan et le Général, ainsi qu’à une “mystérieuse initiation” que le premier aurait transmise au second dans les jardins de l’Élysée; il ajoute que Vâlsan était en mesure d’annoncer à l’avance à ses disciples les décisions de Charles de Gaulle y compris les moins prévisibles.

Cependant, Michel Vâlsan ne figure pas dans la liste des écrivains qui, selon ce que Parvulesco dit dans l’entretien paru dans “Éléments”, “ont le plus compté pour [lui], qui ont souterrainement nourri [son] oeuvre”. Il s’agit d’une liste de trente-six auteurs, parmi lesquels il y a Virgile et Dante, Rabelais et Pound, Gobineau et Saint-Yves d’Alveydre; on y trouve aussi Haushofer, Hamsun, Drieu La Rochelle, Céline, Guénon, Corbin, Heidegger.

vasile.jpgLe seul compatriote que Parvulesco ait cité dans cette liste est “Basile Lovinesco”, c’est à dire ce Vasile Lovinescu (1905-1984) qui nous a donné l’exégèse hermétique de la légende de Maître Manole.

D’ailleurs, lorsque dans La spirale prophétique nous lisons la phrase sur les “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (12), c’est bien Vasile Lovinescu qui nous vient à l’esprit, avec son essai sur la “Dacie hyperboréenne”, écrit sous le pseudonyme de “Géticus” et originellement paru en français dans plusieurs livraisons de la revue “Études Traditionnelles” en 1936-1937.

Pour ce qui est de Mircea Eliade, dans l’entretien avec Michel d’Urance Jean Parvulesco dit que, selon une information qu’il avait reçu à la rédaction d’”Etudes”, Jean Daniélou aurait demandé à Eliade, sur instance du pontife Pie XII, de s’engager dans un travail intellectuel ayant pour but d’exposer une nouvelle vision de l’histoire des religions, pour combattre dans les milieux universitaires l’hégémonie culturelle du marxisme et de ses dérivés. L’engagement d’Eliade dans cette entreprise, observe Parvulesco dans l’entretien citée plus haut, “ne lui a plus permis de tellement s’occuper de littérature, alors que ses romans roumains d’avant la guerre, ainsi que ses nouvelles plus récentes, n’avaient pas cessé d’administrer  la preuve éclatante de son extraordinaire vocation de romancier”.

Parvulesco nous dit que deux nouvelles d’Eliade, Minuit à Serampore et Le secret du Docteur Honigberger (respectivement parues en Roumanie en 1939 et en France chez Stock en 1956 et 1980), recèlent une conception tantrique occulte et interdite envisageant la suspension et le changement du cours et de la substance même de l’histoire (13).

Il nous dit encore que tous les grands romans roumains écrits par Eliade avant la guerre “instruisent pathétiquement le procès de cette génération [c'est à dire la "nouvelle génération" roumaine entre les deux guerres mondiales, génération, il dit,] de hauts mystiques sacrifiés dans un dessein très occultement providentiel, et qui eurent à subir, en quelque sort, l’épreuve de l’immolation sanglante jusqu’à l’avoir eux-mêmes inexorablement attirée sur eux” (14).

Parmi les romans éliadiens d’avant-guerre, c’est surtout Le retour du Paradis (Întoarcerea din rai) qui a touché Parvulesco, et cela à cause d’une citation poétique insérée dans ce texte. Il écrit: “C’est en lisant, adolescent encore, Le retour du Paradis de Mircea Eliade que j’avais en effet pris conscience des pouvoirs suprahumains contenus dans un hymne orphique de Dan Botta, qui s’y trouvait cité (sans doute très à dessein, je ne le sais plus). Quarante ans après, des fragments de l’hymne orphique de Dan Botta viennent me hanter encore. (…) Ce fut à l’instant même de la première lecture de l’hymne orphique de Dan Botta que Chidher le Vert est venu se saisir de moi, porté par le sommet d’une immense vague de lumière verte, supracosmique, lumière fondamentale (…) de la Voie Deltaïque, qui concerne l’humanité dans les cycles de son devenir impérial occulte d’avant et d’après le cycle actuel, Voie Deltaïque régie, dans les abîmes, par la divine Una, la jeune femme verte, la vierge supracosmique dont le nom et la figure irradiante se perpétuent irrationnellement dans les remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (15).

Le roumain Dan Botta (1907-1958), poète, dramaturge, essayiste, philologue, traducteur de Sophocle, Euripide, Shakespeare, Villon et Poe, appartenait à la “nouvelle génération” et adhéra au mouvement légionnaire; il fut membre du comité de direction de l’Encyclopédie Roumaine et fonda en 1941 la revue “Dacia”.

Comme poète, il débuta en 1931 avec un volume de vers intitulé Eulalii et préfacé par Ion Barbu (1895-1961), dans lequel se trouve la plus célèbre de ses créations poétiques, Cantilena, écrite dans les formes et les rythmes d’une poésie populaire. Or, l’”hymne orphique de Dan Botta” est justement Cantilena et le passage cité par Eliade qui a hanté longuement Jean Parvulesco est le suivant:

Pe vântiri ascult

Orficul tumult 

(…) 

Oh, mă cheamă-ntruna

Palida nebuna 

Fata verde Una, 

Şi-n mine se strânge 

Piatra ei de sânge…

Parvulesco nous en donne une belle traduction, un peu libre, faite vraisemblablement par lui même:

exposé sur les hauts vents

un orphique tumulte j’entends

quand elle dresse soudain sa lyre,

la fille verte de mon délire

Una, et qu’en moi se tend

la pierre rouge de son sang.

Dans le même chapître du Retour du Paradis où sont cités les vers de Cantilena, quelques personnages du roman d’Eliade essayent de comprendre pourquoi la femme aimée par le protagoniste, Anicet, porte le nom de Una; l’un d’eux pense à la Junon des Etrusques, qui s’appellait Uni, tandis qu’un autre pense au Dialogue entre Monos et Una de Edgar Poe. Mais on n’arrive pas à une explication conclusive.

En 1960, vingt-six ans après la publication du Retour du Paradis, Mircea Eliade est revenu sur les vers de Cantilena, écrivant dans une revue de l’émigration roumaine: “Pour Dan Botta, le monde devenait réel quand il commençait à révéler ses structures profondes; c’est à dire, quand l’oeuil de l’esprit commence à saisir, derrière les apparences, les images éternelles, les figures mythiques. Tu pénétrais dans le mystère d’une nuit d’été quand tu arrivais à te la révéler comme dans ces vers de Cantilena: ‘Pe vântiri ascult – Orficul tumult – Când şi ardică struna – Fata verde, Una, – Duce-i-aş cununa…‘ Alors le cosmos entier dévoilait ses significations profondes, car le vent, la lune étaient la chiffre de mythes et drames anciens, qui faisaient déjà partie de l’histoire spirituelle de l’homme. Plus exactement: de l’homme balcanique, entendant par ce terme ethno-géographique toute l’Europe de l’est (…) Dan Botta avait un faible pour ce territoire (…) Dans une certaine façon c’était une géographie sacrée, parce que sur ces plaines et ces montagnes les hommes avaient rencontré Apollon et Dionysos, Orphée et Zamolxis” (16).

Zamolxis la Genghis-Han.jpgLa relation entre la suprême divinité des Daces et l’activité de Eliade a été soulignée par Jean Parvulesco, qui, à propos des “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis”, écrit: “D’ailleurs, juste avant la dernière guerre, Mircea Eliade n’avait-il pas commencé l’édition d’une collection de cahiers de l’histoire des religions intitulée, précisément, Zamolxis ?” (17).

Pour revenir à la “fille verte Una”, il faut citer un autre passage de La spirale prophétique, qui est le suivant: “Je rappelle que, dans certains groupements spirituels des plus spéciaux et actuellement des plus retirés, c’est le 7 juillet [rappellez cette date] que des rassemblements se font, à l’abri du plus parfait secret, pour célébrer la ‘déesse verte’ Una, l”infiniment absente, l’infiniment lointaine, l’infiniment silencieuse mais qui, bientôt, ne le sera plus’ ” (18).

Dans “la fille verte Una” (fata verde Una) évoquée par Dan Botta, Eugène Ionesco y a vu une épiphanie de Diane rattachable à la mythologie légionnaire, probablement parce que la couleur verte était la couleur symbolique de la Garde de Fer.

Mais il faut dire, aussi, qu’en Dacie on a trouvé des nombreuses inscriptions dédiées à Diane (Diana regina, vera et bona, mellifica), avec laquelle a été identifiée une divinité traco-gétique.

Il faut ajouter que le nom latin de Diana a produit en roumain le mot zână, qui signifie “fée”, tandis que Sancta Diana a donné origine à la forme plurielle Sânziene. Le Sânziene sont fêtées dans la nuit du 24 juin, une fête solsticiale qui coïncide avec la nativité de Saint Jean le Baptiste. C’est précisement cette nuit la “nuit d’été” que Eliade – dans le passage que je viens de vous lire – a mis en relation avec les vers de Cantilena qui hantaient Jean Parvulesco.

Je rappelle aussi que Noaptea sânzienelor, “La nuit des fées”, est le titre d’un roman de Mircea Eliade (publié en 1955 chez Gallimard avec le titre de Forêt interdite), où le protagoniste, Ştefan Viziru, se trouve emprisonné avec les légionnaires à Miercurea Ciuc, exactement comme le fut Mircea Eliade.

Or, Jean Parvulesco a écrit un texte mystique qui s’appelle Diane devant les Portes de Memphis, imprimé exactement le 7 juillet 1985 et présenté comme une liturgie de Diane.

Qui est donc cette Diane célébrée par Jean Parvulesco? D’après ce qu’il dit, on la peut l’identifier avec la mystérieuse “femme couverte de soleil, la lune sous ses pieds et couronnée dedouze étoiles” (19) qui se tient, dit Parvulesco, au centre de la future civilisation impériale eurasiatique.

Ici il faut donc souligner une autre convergence essentielle entre Mircea Eliade et Jean Parvulesco. C’est leur commune reconnaissance du destin unitaire du Continent eurasien. Dans ses entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Eliade déclarait avoir découvert qu’en Europe “les racines sont bien plus profondes que nous l’avions cru (…) Et ces racines nous révèlent l’unité fondamentale non seulement de l’Europe, mais aussi de tout l’ékoumène qui s’étend du Portugal à la Chine et de la Scandinavie à Ceylan” (20).

Presque simultanément, Jean Parvulesco s’engageait dans les voies de l’avènement de la nouvelle Europe grande-continentale, de l’ « Empire Eurasiatique de la Fin ».

1. Fiasconaro e Alessandrini accusano. La requisitoria su la strage di Piazza Fontana e le bombe del ’69, Marsilio, Padova 1974, p. 231.

2. Fiasconaro e Alessandrini accusano, cit., p. 142.

3. André Paléologue, Le renouveau spirituel du “Buisson Ardent”, “Connaissance des Religions”, avril 1990, p. 132.

4. Mihai Pelin, Culisele spionajului românesc. D.I.E. [Direcţia de Informaţii Externe] 1955-1980, Editura Evenimentul Românesc, Bucarest 1997, p. 42.

5. H. Sanielevici, Rasa lui Petrache Lupu din Maglavit, “Realitatea Ilustrată”, IXe année, n. 447, 14 août 1935.

6. E. Cioran, Maglavitul şi cealalta Românie, “Vremea”, VIIIe année, n. 408, 6 octobre 1935, p. 3.

7. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, “Éléments”, 126, Automne 2007, pp. 54-57.

8. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, Guy Trédaniel, Paris 1986, p. 76.

9. Jean Robin, René Guénon. La dernière chance de l’Occident, Guy Trédaniel, Paris 1983, p. 9.

10. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, Guy Trédaniel, Paris 1985, p. 211.

11. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, cit., p. 335.

12. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, cit., p. 325.

13. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 255-256.

14. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 324-325.

15. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, p. 325.

16. Mircea Eliade, Fragment pentru Dan Botta, “Prodromos”, 7, juillet 1967, p. 21.

17. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 325-326.

18. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 328.

19. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, cit., p. 53.

20. Mircea Eliade, L’épreuve du labyrinthe. Entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Pierre Belfond, Paris 1978, p. 70.

jeudi, 28 novembre 2013

Dossier "Preve"

costanzo-preve_mr.jpgEl pasado día 23 de noviembre murió en la ciudad de Turín el filósofo italiano Costanzo Preve (nacido en Valenza en 1943). Filósofo marxista y profesor de historia y de filosofía de 1967 a 2002. Miembro del PCI de 1973 a 1975. En 1978 participó en la creación del Centro Studi di Materialismo Storico (CSMS).

Escribió unos sesenta libros sobre diversos temas y colaboró en numerosas publicaciones. Tras la caída del muro de Berlín participó en actividades del campo anti-imperialista contra la política norteamericana y sionista. En los últimos años apostó por la crítica transversal, colaborando por ejemplo con Alain de Benoist.

Como ha expresado Alexander Dugin en una conocida red social: “He was excellent Italian Marxist intellectual with positive attitude to the eurasianism and 4PT. Great loss. Constanzo Preve?Presente!” (“Nuestro amigo Costanzo Preve ha muerto. Era un excelente intelectual marxista italiano con una actitud positiva hacia el eurasianismo y la 4TP. Gran pérdida. Costanzo Preve – ¡Presente!).

El último número de la revista Nihil Obstat publica un trabajo de Costanzo Preve, dentro del dossier: “La izquierda. Crisis e identidad”.

Enlazamos dos vídeos, en italiano, del acto de presentación del número 2/2005 de la revista italiana “Eurasia”, que contó con la intervención, entre otros, de Alexander Dugin y del recientemente desaparecido Costanzo Preve.

Fuente: La Cuarta Teoría Política en español

Costanzo Preve: “Hoy la paradoja dialéctica está en esto: el enemigo principal es precisamente el que se presenta como el principal amigo de la humanidad”

“La razón por la que acepto en lo esencial la dicotomía schmittiana [amigo-enemigo] está en el hecho de que esta describe con admirable aproximación la situación histórico-política que se creó en el siglo XX y sobre todo permite nombrar al imperio ideocrático americano como el enemigo principal. Este es el enemigo principal no porque sea el único imperio capitalista (también Rusia, China, India, etc. son capitalistas al cien por cien), sino porque su existencia bruta coordina, tanto en el plano militar como sobre todo en el cultural, la entera reproducción capitalista globalizada mundial, imponiendo sus reglas financieras. Por esto es el enemigo principal, no ciertamente porque sus competidores sean “humanamente” mejores. (…) Además, Schmitt ha sido el único pensador del siglo XX que ha puesto de relieve de modo claro y “reproducible” que la sucia legitimación particularista de la potencia marítima americana ha sido edificada a través de la referencia a una presunta “humanidad”. (…) Hoy la paradoja dialéctica está en esto: el enemigo principal es precisamente el que se presenta como el principal amigo de la humanidad, a la que pretende conformar “universalistamente” a su  estructura económica, política y social particularista, y lo hace en nombre de un mandato religioso, de una divinidad auto-atribuida, un auténtico Anti-Cristo fruto de una fusión monstruosa entre fundamentalismo judío veterotestamentario y puritanismo calvinista de los “elegidos” “.

Costanzo Preve

Fuente: Arianna Editrice

Extraído de: La Cuarta Teoría Política en español

kommunismus1.jpg

 

Sobre el concepto de comunismo

por Costanzo Preve -  Turín, febrero 2009.

1.- En una correspondencia epistolar en la red con Atilio Mangano, publicada en su blog (ripensaremarx.splinder.com), Gianfranco La Grassa (en adelante GLG) admite abiertamente que ya no puede llamarse “comunista”, que es anticapitalista sin comunismo; en resumen, él admite que ya no maneja el concepto de comunismo. Se trata de una confesión que le honra. Desde el momento en que GLG es un verdadero especialista en Marx y no un caótico charlatán, está claro que no puede contentarse con afirmaciones antieducativas de tipo narcisista-existencialista a lo Pietro Ingrao para quien el comunista es aquel que “se siente comunista” o “se declara comunista”. Por lo mismo que un loco de manicomio que se declara Napoleón debería ser verdaderamente Napoleón. Si hubiera en Italia una discusión marxista seria, en lugar de blogs auto referenciales en recíproca lucha sectaria, la confesión de GLG provocaría una discusión. Pero esto no ocurrirá. No importa, yo voy a discutirla.

2.- Según el Dictionnaire Critique du Marxisme de Labica y Benusan, en la palabra “Comunismo”, se pueden leer unas interesantes puntualizaciones:

(a) Hasta La Ideología alemana de 1845, Marx nunca usó el término “comunismo” sino el de “socialismo”. En este contexto histórico, el comunismo no era sino el reparto igualitario de bienes y Marx lo critica en los Manuscritos de 1844 con la curiosa expresión “propiedad privada general”.

(b) en los Manuscritos de 1844, Marx está pensando aún el socialismo en términos “conviviales” y comunitarios de una asamblea reunida en torno a una mesa común fraternal (de donde viene el término “compañeros”, cum-pane, el que comparte conmigo el pan). Los orígenes comunitario-conviviales del término comunismo en 1844 están filológicamente documentados y el que quiera separar comunismo de comunitarismo debe destruir toda la documentación existente. (c) en los Manuscritos de 1844 hay una centralidad del concepto de alienación. Como se sabe hay escuelas marxistas (entre las cuales la escuela althuseriana de GLG) que quisieran deshacerse de este concepto “juvenil”. Otras escuelas, como la mía, tienen al respecto una opinión contraria y sostienen su permanencia y centralidad durante toda la vida de Marx. Una, no la única, de las razones por la que yo la mantengo como central es que en Marx la crítica al concepto abstracto de alienación es inseparable del concepto concreto de división del trabajo. Y un comunismo que obvia la división del trabajo, tal y como está ocurriendo hoy en día, se parece más bien poco a un “comunismo” y mucho a una ingeniería social de tipo positivista.

(d) En La ideología Alemana de 1845 tenemos la no casual co-presencia de dos conceptos nuevos. De una parte, el concepto de modo de producción capitalista, cuyos nombre y concepto no existían antes de 1845. Por otra parte, el concepto de comunismo no como un ideal a realizar, sino como un movimiento real que intenta abolir el actual estado de cosas. El verdadero “materialismo histórico” nace como tal, solamente en 1845, a través de la conexión dialéctica orgánica del modo de producción capitalista, de las contradicciones de este modo de producción (burguesía y proletariado, fuerzas productivas y relaciones de producción, etc.), y del comunismo como movimiento real.

(e) En el Capital, capítulo sobre el fetichismo de la mercancía, Marx piensa el capitalismo a diferencia del robinsonismo y en contraste con el “sombrío” mundo feudal y con la explotación agraria familiar, a través de la representación “de una asociación de hombres libres que trabajan con medios de producción colectivos y emplean, conscientemente, sus numerosas fuerzas de trabajo individuales como una fuerza de trabajo social (…) Las relaciones sociales de los hombre en sus trabajos y con los productos de estos, siguen aquí siendo diáfanamente sencillas, tanto en lo que respecta a la producción como en lo que atañe a la distribución”.

Resumiendo: si las palabras tienen un sentido, el comunismo resulta de tres conceptos de comunidad (comunidad de trabajo, comunidad de producción, comunidad de distribución), de planificación (es decir, de la preponderancia de un plan sobre el mercado) y, en fin, de transparencia (las relaciones sociales “comunistas” son “transparentes” y, al contrario, no están ensombrecidas por el fetichismo de la mercancía, debido a su vez a la alienación de los productos del trabajo; por lo que, como se puede ver, yo rechazo radicalmente la lectura de Althuser y de GLG de la separación entre el concepto de alienación y el concepto de fetichismo de la mercancía, conceptos que yo considero al contrario, lógica e históricamente interconectados).

(f) En los escritos de alrededor de 1870 y de la Comuna de París, Marx muestra que para él el comunismo es la “asociación de los productores”. Esta asociación de los productores tiene dos bases: la reapropiación del plusproducto social apropiado por las clases explotadoras y la democracia directa de los productores mismos. Marx ve así, ligadas, la democracia directa y la extinción del Estado, porque para él la democracia directa es incompatible con la permanencia del Estado, por muy “democratizado” que sea.

wutwiderstand-kopie.jpg(g) El la Crítica al programa de Gotha de 1875, Marx distingue dos fases en el paso al comunismo, la primera fase (de cada uno según sus capacidades, a cada uno según su trabajo) y la segunda fase (de cada uno según sus capacidades, a cada uno según sus necesidades). Es una distinción generalmente muy conocida hasta por los principiantes de los estudios de marxismo.

En la interpretación clásica del marxismo, la primera fase se viene llamando “socialismo” y la segunda, “comunismo”. Gracias a los estudios de la tendencia maoísta occidental (Althuser, Bettelheim, Natoli, etc.) se da por cierto que esta distinción es inexacta. El socialismo de hecho, no es para Marx un modo de producción autónomo, sino simplemente la transición del capitalismo al comunismo, en la que perdura la lucha de clases entre burguesía y proletariado entorno a las dos “líneas” del partido (teoría de la revolución cultural de Mao Tsé-tung y del maoísmo europeo).

El discurso debería ser más largo y mejor articulado, pero contentémonos de momento con estos siete puntos introductorios. Y sobre todo, comentémoslos de manera libre y desprovista de prejuicios.

3. Para quien conozca la filosofía de Hegel y no habla de oídas como un borracho en la taberna, es evidente que el comunismo de Marx no se “superpone” a la historia como un proyecto racional abstracto, sino que emerge del desarrollo de determinaciones dialécticas (en el sentido de determinaciones del finito que reenvía a otra cosa distinta a sí mismo), y por consiguiente está contenido en el capitalismo como su posibilidad ontológica objetiva. Quien conozca la Fenomenología del espíritu, y no el que escupe sobre ella sin conocerla más que de oídas, reconocerá en ella la teoría del Saber Absoluto de Hegel para quien “la fuerza del espíritu consiste más bien en permanecer igual a sí mismo en su exteriorización”. Si intentamos deducir el comunismo no sólo de una posibilidad objetiva no necesitada por nada vinculante (el dynamei on aristotélico), sino por una necesidad histórica que toma la forma (loca) de una ley natural positivista, quedaríamos en un impás.

La “ciencia” así entendida nunca podría deducir científicamente el paso del capitalismo al comunismo.

4. El fallo de todos los “cientifismos”, desde Lucio Colletti hasta Gianfranco La Grassa, está pues inscrito desde un principio en el carácter erróneo de sus presupuestos. Y como a mi no me extraña en absoluto que Collletti, lleno se su estúpido rencor hacia Hegel, mucho mejor que él, se haya pasado al fin de Marx a Popper, tampoco me extraña que Gianfranco La Grassa, basándose en que el comunismo es tan aleatorio como la caída de un meteorito, afirme en su correspondencia con Mangano que “creer en el comunismo es como creer en Dios” y que la creencia en le comunismo es una simple manera de dar sentido a la propia vida, análogo desde este punto de vista a la creencia cristiana.

Los que quieren fundar el comunismo sobre la ciencia científica depurada de la horrible tríada irracionalista filosofía-idealismo-humanismo, sobre la que, al revés, yo fundamento racionalmente mi comunismo, lo reivindico y me enorgullezco, llegan necesariamente a la excomunión de Pascal, es decir, a la fe comunista equiparada a la fe en Dios.

¿Que si me extraña? ¡Ni en sueños! Desde hace varios años yo he llegado a la conclusión calma y prudente (falible y provisional como toda conclusión) que el peor irracionalismo, ese que es incurable (e incurable porque no sabe socráticamente que no sabe) es la arrogancia cientifista, la que se descarga en su odio contra la filosofía, el humanismo y el idealismo, el comunitarismo, el decrecimiento, etc. Al final, su delirio cientifista se les derrite en las manos como un helado al sol y tienen que hablar primero del comunismo aleatorio como la caída de un meteorito y después, de la fe en el comunismo como algo parecido, igual incluso, a la fe en Dios.

Todo esto merece unos breves comentarios.

5. Dicho de manera sintética, el paradigma teórico de GLG puede resumirse así: el análisis del modo de producción capitalista es una ciencia, mientras que el comunismo es una religión.

Este modelo teórico nada tiene que ver con el de Marx. Fíjense bien que yo no he dicho que sea una interpretación discutible de Marx. Interpretaciones de Marx hay por centenas. Por ejemplo, mi interpretación de Marx (la de Costanzo Preve) es una interpretación discutible: Marx es el tercer gran pensador idealista después de Fichte y Hegel; en Marx el materialismo tiene únicamente un status metafórico complementario pero no fundamental: el arte, la religión, la filosofía, no son superestructuras; el Estado tampoco se extinguirá en el comunismo; el humanismo es parte integrante en el pensamiento de Marx; el comunitarismo está en la base del concepto de comunismo, etc. Es el caso de decir: ¡nada más discutible que esto!

Y sin embargo, por muy discutible que sea, mi interpretación está en todo conforme al proyecto de Marx, fundado en el hecho de poner juntos capitalismo y comunismo y en el pensar el comunismo a partir de la contradicción del capitalismo, no como su salida necesaria (por usar el lenguaje positivista erróneo de Marx y Engels, como un “proceso de la historia natural”), sino como su salida ontológica posible (el dynamei on aristotélico, el experimentum mundi de Bloch, la ontología del ser social de Lukacs, etc.).

Si por el contrario se llega al dualismo total, separado, del análisis del modo de producción capitalista como ciencia y del comunismo como religión, entonces estamos completamente fuera de Marx.

Fíjense bien que para mi esta afirmación no comporta en absoluto una condena moralista indignada ni una excomunión de grupúsculos locos y sectarios. Sencillamente, yo constato a dónde hace llegar necesariamente el extendido grito de odio y de desprecio hacia la filosofía, el idealismo y el humanismo.

La confesión de GLG (el comunismo es como la fe en Dios) no me escandaliza, por supuesto. Simplemente me hace gracia verlo escrito negro sobre blanco, porque representa una confirmación clamorosa de lo que yo pienso, desde hace al menos veinte años, de todos los paradigmas antifilosóficos y antihumanistas del comunismo. Los cuerpos caen por gravitación. Los marxismos cientifistas y antifilosóficos caen también por la ley de la gravedad.

6. Después de cincuenta años de estudios serios y originales sobre Marx y el marxismo, nuestro GLG ha llegado a dos conclusiones sobre el comunismo. En primer lugar, el comunismo es una fe religiosa y existencial comparable a la fe en Dios. Hay quien tiene la suerte de tenerla o quien por desgracia (o por fortuna porque estaría “webwrianamente” más desencantado) no la tiene. En segundo lugar, la venida del comunismo en la historia humana es un fenómeno puramente aleatorio, comparable a la caída de un meteorito.

38573338.jpgVeamos cómo el maestro de GLG, Louis Althuser, se representaba el comunismo en una conferencia en Terni (véase Repubblica et Manifesto, 5/4/1980) poco antes de su conocida catástrofe. Delante de una platea de monos pasmados “de izquierda”, el maestro franco-taoísta sostiene por este orden las tesis siguientes (por desgracia me limito a las solas tesis relatadas por los mediocres periodistas allí presentes).

(a) Hay que interpretar quitando todas las partituras

(b) El socialismo histórico construido hasta hoy es una mierda (sic)

(c) Después de esta mierda, sin embargo, gracias a la resistencia obrera constituyente, vendrá el anarquismo social.

(d) En cuanto al comunismo, de momento sólo está vivo en los niños que juegan dichosos y sin vigilancia en el recreo.

(e) El comunismo por otra parte no significa en absoluto “socialización”, porque socializar es una cosa terrible, una “tendencia del capitalismo” y en todo caso lo que hace falta es “desocializar”.

En una entrevista concedida por Lucio Colletti, éste nos informa que cenó con Althuser en un pequeño restaurante vietnamita, que discutieron de marxismo y que Althuser le habría dicho que el marxista que le parecía más prometedor y pertinente era el italiano Antonio Negri, llamado Toni Negri, más tarde internacionalmente famoso por sus dos obras escritas con Michel Hardt, Imperio y Multitud, de las cuales, por pudor, no voy a hablar pero que para mí son de lo peor, en sentido absoluto, de todo lo que se ha publicado en la coyuntura histórica (provisional) del último decenio.

Un breve comentario. La simpatía de Althuser por Negri (considero fiable el testimonio de Colletti) no es casual, pues ambos están de acuerdo en declinar teóricamente el comunismo en términos de anarquismo, es decir, en la extinción del Estado. Y como no pueden “demostrar” esta tesis (precisamente la extinción del Estado), tesis efectivamente indemostrable (y podemos verlo además de en Preve, en Danilo Zolo, en Domenico Losurdo y en muchísimos más), tienen que replegarse en metáforas del todo literarias, como la de los niños que juegan sin vigilancia en el patio, o bien como las imaginarias “multitudes constituyentes”. El mismo Negri, después de la muerte de Althuser, ha confirmado repetidamente su adhesión al supuesto “materialismo aleatorio”, es decir, a la teoría del comunismo pensado como la caída de un meteorito. Se configura así una auténtica escuela veneto-marxista que va desde Padua (Toni Negri) a Conegliano Veneto (Gianfranco La Grassa)

Yo, en cambio, estoy de acuerdo con Althuser en los puntos (a) y (e). En efecto, es necesario hoy interpretar el marxismo sin partituras. Mi difunto amigo Jean Marie Vincent lo dijo de manera muy precisa en un ensayo fundamental sosteniendo (¡sic!) que es necesario “desembarazarse del marxismo” entendido como tradición secular 1890-1990. Y muy bien dicho. Personalmente hace al menos veinte años que intento hacerlo. Además, es perfectamente verdad que sin ‘desocializar’ la socialización capitalista (particularmente la peor de estas socializaciones culturales, la socialización de la supuesta “cultura de izquierda”), no tiene ningún sentido hablar de comunismo. Sin embargo estoy en desacuerdo con los puntos (b), (c) y (d). Concedido que los niños jadeantes jugando al balón son la imagen de la felicidad, pero este tipo de éxtasis (salir de sí mismo, ek-stasis) no debe ser asimilado a la asociación de productores que, para Marx, es el concepto de comunismo. La asociación de productores puede aparecer como algo pedante, molesto y difícil. La felicidad en mi opinión se busca y se encuentra en otra parte. La felicidad es una dimensión privada. Sólo la justicia es una dimensión pública. Un poco de filosofía griega no haría mal.

7. Al que quiera continuar en la ruta de las multitudes constituyentes en medio de un imperio desterritorializado sin ningún Estado nacional, del anarquismo social mágicamente evocado sin la más mínima carga de demostración racional sobre una base histórica, de la fe en el comunismo pensada según el modelo de la fe en Dios, del comunismo pensado sobre el modelo aleatorio como una caída de meteorito, del comunismo estético como felicidad presente de unos niños agitados que juegan al balón en el patio, de las casi insoportables declaraciones de odio contra la filosofía, el idealismo y el humanismo, etc. a ése se le aconseja que interrumpa inmediatamente la lectura. Contra negantes principia, non est disputandum- que decía Hegel [Con los que niegan los principios, no se discuta]. A quien, en cambio, quiera seguir adelante, se le ruega que lea con atención extrema los párrafos que siguen.

8. No es verdad que las cosas sean “complejas”. La supuesta “complejidad” es un mito de la casta universitaria, la misma que ha reducido la filosofía a la “citatología”. La “citatología”es el único parámetro académico para concursos universitarios, desde el momento en que la filosofía ha quedado privada de todo papel fundante en la comprensión de la sociedad y de la historia. Platón, Aristóteles, Spinoza, Kant, Hegel y Marx habrían suspendido inexorablemente en un concurso universitario porque escribieron sin citar a nadie. Las citas a veces pueden ser útiles, pero son como el vinagre balsámico de Módena, una gota basta.

Se dirá que esto sólo valía para las grandes figuras pero que ahora eso ya no vale. Ahora, sin “citatología”, uno es expulsado de la república de los doctos. Idiotez. Lukacs escribe (Pensiero Vissuto, Ed. Rinuniti, Roma 1983, p. 44): “Bloch tuvo una gran influencia en mí. Fue él quien me convenció con su ejemplo que era posible filosofar a la manera tradicional. Hasta ese momento yo había estado sumergido en el neokantismo de mi tiempo, y ahora yo reconozco en Bloch el fenómeno de alguien que filosofa como si la filosofía moderna toda ella no existiera y que es posible filosofar a la manera de Aristóteles y Hegel”. Aquí Lukacs tocó un punto esencial. No se trata de hacerse, de modo megalomaniaco, la ilusión de poder llegar al nivel de Aristóteles o de Hegel. Se trata de filosofar a la manera de Aristóteles y de Hegel sin la estúpida retórica de la complejidad y sin creer que se puede “demostrar” algo de modo erudito y citatológico. No se trata ciertamente de abominar del circo universitario y sus rituales “citatológicos”, sino de comprender que este circo es totalmente irrelevante para la discusión filosófica de los contenidos.

9. Hostil al “citacionismo” inútil y pleonástico, coartada para androides académicos carentes de ideas originales, voy a empezar esta vez con una cita; una cita de una parte de la primera de la tesis sobre Feuerbach escrita por Marx en la primavera de 1845 en Bruselas y que Engels recoge en una publicación póstuma de 1888. Dice así:

“El defecto principal todos los materialismos hasta aquí (incluido el de Feuerbach), es que el objeto (Gegenstand), la realidad efectiva, la sensibilidad no es concebida más que bajo la forma del objeto (Objekt) o de la intuición; pero no como actividad sensiblemente humana, como práctica, no subjetivamente”.

Omito el resto, secundario y no esencial. Mi difunto amigo Georges Labica, maestro querido y amigo fraternal, dedicó un comentario analítico a las tesis sobre Feuerbach que valdría la pena retomar, lo que yo no puedo hacer aquí por razones de espacio. Si se hiciera, aparecería la interpretación conocida del marxismo como “filosofía de la praxis” inaugurada en Italia por el libro de Giovanni Gentile de 1899 sobre la Filosofía de Marx (libro que en su día Lenin pudo apreciar en su versión francesa, al punto de aconsejar a su hermana que lo tradujera al ruso), cuyo modelo fue retomado sustancialmente por Gramsci en sus Cuadernos de la cárcel, muy bien comentados en francés por André Tosel. Aun así, voy a hacer mi interpretación teorética y no “citatológica”.

10. Antes de nada es necesario un acto brechtiano de distanciamiento. La primera tesis sobre Feuerbach de Marx se basa en dos curiosos equívocos de Marx. No hay necesidad alguna de pensar que Marx es el hijo de Dios y que nunca se equivoca. Marx cometió algunos errores como, por ejemplo, en la interpretación de Hegel y, sólo muy recientemente, con la caída de la Santa Inquisición del comunismo estatal y partisano, se ha empezado a permitir decirlo con precaución (véase Roberto Fineshi, Marx et Hegel, Carrocci, Roma, 2006).

Es evidente que aquí Marx busca fundamentar una filosofía de la praxis que explicitará en la undécima, y última, tesis sobre Feuerbach, a saber: “Los filósofos sólo han interpretado el mundo de diferentes maneras, se trata de transformarlo”. Es interesante saber que Engels en 1888 nos haya interpolado, inventándoselo, un “aber” inexistente en el texto original, por lo que la frase suena así: “Los filósofos hasta ahora han interpretado el mundo de diferentes maneras. Se trata al contrario de transformarla”. Engels metió su ingenuo “aber” ( “al contrario” ) con toda la buena fe. Pero durante un siglo los idiotas incurables travestidos de “auténticos marxistas” han puesto por delante la demencial concepción activista que opone la interpretación a la transformación, como si se pudiese transformar algo sin previamente haberlo interpretado correctamente. Se trata de una demagogia llamada “dromomanía” [incontrolable urgencia de moverse], típica de los que nunca pueden quedarse quietos en su sito y se agitan sin cesar. Una gran parte de la historia del marxismo es una historia de dromomanía histérica. Pero pasemos al análisis de la primera tesis sobre Feuerbach.

Para ello hay que decir que hay que resaltar lo primero dos verdaderos errores.

En primer lugar, no es en absoluto verdad que el materialismo de Feuerbach tenga que ser inscrito dentro de los materialismos contemplativos, que consideran la realidad en términos abstractos de objeto (Object), y no de obstáculo que se pone delante de nuestra praxis (Gegenstand). No es en absoluto verdad que Feuerbach no conciba la realidad como actividad humana, sensible y como praxis subjetiva. Es exactamente lo contrario. Feuerbach concibe la praxis humana como vector humanista fundamental de desalienación del hombre, el único medio de volver a poner en su sitio a la teología que no es otra cosa más que la antropología instalada en la cabeza. La falta de generosidad de Marx para con Feuerbach es clamorosa, aunque comprensible en un hombre que aún no tiene treinta años y que tiene que efectuar el freudiano asesinato del padre (incluso de dos padres, Hegel y Feuerbach). En segundo lugar ( y en este punto nos encontramos en la cima del teatro filosófico del absurdo), Marx observa que “el aspecto activo fue desarrollado de manera abstracta por el idealismo, que naturalmente no conoce la actividad real, sensible como tal.”

Que el idealismo inaugurado en 1794 por Fichte (Véase La doctrina de la ciencia) trate de modo abstracto el lado activo, y naturalmente no conozca la actividad real efectiva, sensible como tal, es una pura invención polémica del joven Marx. El ‘Yo’ de Fichte es una metáfora filosófica unificada bajo la forma de un concepto unitario transcendental-reflexivo de la humanidad entera, pensada como vector dinámico transformador del ‘No-Yo’, es decir, de los continuos obstáculos con que la humanidad se encuentra como el obstáculo a su incesante actividad de perfeccionamiento, que es exactamente lo que Marx considera necesario para pasar de la interpretación del mundo a su transformación. De ello se deriva una simpática paradoja según la cual el materialismo que Marx buscaba ya existía desde hacía medio siglo (1794-1844) y exactamente era el idealismo de Fichte.

11. Bertol Brecht, en Diálogo de refugiados, dice que quien no tiene sentido del humor no debería ocuparse de filosofía. Brecht interpreta efectivamente la dialéctica hegeliana como la manifestación filosófica del sentido del humor, en la forma de la identidad de los opuestos y de la continua transformación de un opuesto en el otro y viceversa. En lo esencial Brecht tiene razón. Y en ese punto álgido de la historia del teatro del absurdo está el que Marx crea haber descubierto en 1845 algo que ya estaba descubierto ampliamente por Fichte en 1794, y llame “materialismo” nada menos que al modelo clásico del idealismo, creyendo evidentemente que el materialismo consiste en el hecho de no creer en Dios o en la primacía de la infraestructura sobre la superestructura. De esta manera, bajo el nombre de “materialismo”, utilizado en su sentido puramente metafórico, simplemente se interpolan el ateísmo y el estructuralismo bajo otro nombre.

Pero la cosa no para aquí, la cosa no ha hecho más que empezar.

12. Simplificando de una manera brutal, pero al mismo tiempo de ninguna manera disculpándome de esta simplificación, incluso reivindicándola con el legítimo orgullo del innovador, yo pienso que la lógica histórica del marxismo (la historia lógica y no la historia efectiva) puede resumirse de modo dialéctico en tres momentos. Al decir “dialéctica”, entiendo la única dialéctica moderna que existe, la dialéctica triádica de Hegel, porque no existe otra. Por decirlo brevemente, la supuesta “dialéctica negativa” de Adorno en mi opinión no es una verdadera dialéctica, simplemente una “furia de la disipación”, que no se determina nunca sustancialmente ni temporalmente y por tanto, si no se determina nunca ni espacialmente ni temporalmente, no es una verdadera dialéctica, porque la dialéctica debe siempre determinarse en un finito espacio-temporal, que, al ser una determinación finita, debe como toda determinación, remitir a otra cosa distinta de sí, y es por esto por lo que la dialéctica es propiamente dialéctica (véase Fernando Vidoni, Dialettiche nel pensiero contemporaneo, Canova, Trevisa, 1996).

Hubo una dialéctica antigua (Platón). Pero la dialéctica moderna, construida sobre la base histórica y no geométrico-pitagórica, por Hegel, es triádica, como lo es por otra parte la Trinidad cristiana, que filosóficamente representa el fin del pensamiento antiguo y el nacimiento del pensamiento “moderno” en un sentido evidentemente figurado y metafórico.

Por decirlo brevemente, se puede interpretar la dialéctica triádica de Hegel de la manera que se quiera, como tesis-antítesis-síntesis, o como momento abstracto-dialéctico-especulativo, o incluso como lógica del ser-de la esencia-del concepto. Haced lo que queráis con tal de que comprendáis la lógica dialéctica de esta exposición dialéctica de la historia lógico-trascendental del pensamiento de Marx.

13. Afirmé en el párrafo precedente que la única dialéctica moderna es triádica, y sólo triádica, entendida como la secularización racional idealista de la Trinidad cristiana que la precede, lo que supone la comprensión, difícil pero necesaria de que, a diferencia de los judíos y de los musulmanes que creen en Dios, los cristianos realmente no creen en Dios (como lo repiten en coro los tontos y los desinformados) sino en la Trinidad, que es algo muy diferente. De aquí depende el reconocimiento del carácter cognitivo de la religión en la forma de la representación (Vorstellung), negada por todos los confusionistas, positivistas, empiristas, laicista, ateos de todo pelo. Pero dejemos esto de lado, o como dice el patriota insurgente condenado a ser fusilado, ‘tirem innaz’ [en napolitano: ‘continuemos’]. Fiel al método triádico, expondré la lógica histórica del proyecto de Marx en tres momentos: A, B y C

(A) En un primer momento, el pensamiento de Marx se manifiesta en forma de una filosofía de la praxis, o más exactamente en la forma de una filosofía de la unidad de la teoría y de la práctica, es decir, de un idealismo de tipo fichteano que se cree materialista. Se trata del joven Marx de 1841 a 1848 más o menos. En el siglo XX, esta filosofía de la praxis integral es relativamente rara y se encuentra casi sólo en el italiano Antonio Gramsci y en el alemán Karl Korsch (dejo de lado las diferencias significativas entre ambos). En mi opinión Georges Labica puede ser definido como un representante , a finales del siglo XX, de esta línea de pensamiento lo que explica su valoración por parte de Antonio Labriola (según sostiene André Tosel en su emotiva necrología).

(B) Y sin embargo, muy pronto esta versión de la filosofía de la praxis es investida por el positivismo y su influencia preponderante. A partir de los años 50 del siglo XIX, el objeto que primero era un Gegenstand, viene a ser a todos los efectos un Objekt, en concreto el modo de producción capitalista entendido como objeto de conocimiento “neutro”, es decir, objeto de la ciencia positivista, incluso barnizado en apariencia de una “dialéctica” inofensiva. La ciencia positivista, como es sabido, está enteramente sacada del modelo de las ciencias naturales y esto explica la dominación del concepto de “ley científica” totalmente incompatible con una filosofía de la praxis. El primer representante de esta tendencia es el segundo Marx (1850-1883), seguido de Engels, pasando por el materialismo dialéctico y por el marxismo dicho “oficial” (aunque compartido filosóficamente por todos los heréticos, desde Rosa Luxemburgo a Amadeo Bordiga y León Trotsky)), para acabar en los fanáticos de la ciencia sin bases filosóficas (Galvano Della Volpe, Luis Althuser, Gianfranco La Grassa). Es justo esta tendencia la que hoy parece entrar en una crisis teórica profunda (apología de lo aleatorio, poder constituyente de la multitud, comunismo como felicidad de niños, como caída de un meteorito o como creencia en Dios, etc.). Sin embargo, y yo me siento moderadamente pesimista, su poder de inercia tiene varias decenas de años por delante.

(C) La síntesis de la filosofía subjetivista de la praxis y de la filosofía objetivista de la (presunta e inexistente) ciencia, es en mi opinión una ontología del ser social, cuya formulación por parte de Lukacs no debe ser entendida como definitiva sino como inicial y provisional. Sin embargo es un primer punto de partida. Es totalmente normal que hoy esté olvidada, en una época de arrepentimientos, de destitución moralista del siglo XX entendido como siglo de las utopías totalitarias y de las ideologías asesinas, de apología del fragmento, del postmodernismo, del relativismo y del nihilismo fiable y tranquilizante.

La ontología del ser social, tal y como nos la ha transmitido el último Lukacs, es insuficiente. Pero es un primer paso digno de ser elaborado y perfeccionado . En cualquier caso, solamente por esta vía pueden superarse (en el sentido de la Aufhebung, la superación-conservación de Hegel), el momento de la praxis y el momento de la infundada ilusión positivista del marxismo como ciencia.

La ilusión positivista de la transformación del marxismo en ciencia positivo-predictiva, sobre una base determinista y necesarista, justamente porque es infundada e ilusoria, debe a la larga transformarse ella misma dialécticamente en su contrario, es decir, en una apología de lo aleatorio, de la separación entre concepto científico del capitalismo y como fe y esperanza en la existencia de Dios.

Ocupémonos un momento de ello.

14. La conclusión del primer período del pensamiento marxiano como idealismo de la unidad teoría-praxis con primacía de la praxis sobre la teoría, un idealismo que se creía subjetivamente un materialismo (y que me recuerda un libro para niños de una gaviota que se creía un gato), puede situarse en el bienio 1848-1849 y en el fin del ciclo revolucionario en Europa. Esto no tiene nada que ver con un “cambio en el programa de investigación de Marx”, por usar la jerga epistemológica de los profesores de universidad. Se trata de un paso obligado. La revolución “práctica” se alejaba, el Gegenstand se hacía más “duro” de lo que se había pensado anteriormente, y el momento era llegado de empezar a pensar el capitalismo como Object y ya no como Gegenstand.

Llegaba el momento de la elaboración de ese objeto de pensamiento llamado “modo de producción capitalista” que la escuela de Althuser y de La Grassa puso enseguida en el centro de la consideración “científica” del presente histórico. Las tesis teóricas contra el humanismo y contra la categoría de alienación no eran en absoluto necesarias para enfatizar la importancia central de la categoría de modo de producción y se explican únicamente en el interior de la coyuntura ideológica francesa del período 1956-1968 y de la lucha sectaria de Althuser contra Garaudy, Sève y Sartre. El hecho de que Gianfranco La Grassa haya prolongado este escenario conflictivo durante casi medio siglo es solamente un fenómeno de sectarismo veneto-trevisiano. No hubiera hecho falta. Tranquilamente se puede subrayar la centralidad de la categoría modo de producción sin gritos de odio continuos y reiterados contra la filosofía y el humanismo. Pero esto nos aconseja abrir un paréntesis.

15 ¿El marxismo es un humanismo? He aquí una pregunta inútil y sin sentido. Sin embargo si queremos darle una respuesta, debe ser elemental, sólo requiere saber contar hasta dos. Desde el punto de vista del modelo epistemológico de explicación de los hechos sociales y su recíproca relación, el marxismo no es un humanismo sino un estructuralismo. Su fundamento teórico no está en el concepto filosófico de Hombre (con mayúscula) sino en el concepto de modo de producción social que, por su parte, existe sólo en la conexión dialéctica de tres componentes interconectados (desarrollo de las fuerzas productivas sociales, relaciones sociales de producción, formaciones ideológicas de legitimización del poder y/o estrategia de oposición a éste). Es de una evidencia absoluta.

Inversamente, desde el punto de vista de la fundamentación filosófica de la legitimidad de la critica del capitalismo, el marxismo es un humanismo integral, porque el Hombre (metáfora de toda la humanidad pensada como un solo concepto unitario de tipo trascendental-reflexivo) es el único Sujeto capaz de proyectar de manera colectiva y comunitaria la superación del modo de producción capitalista o de cualquier otro modo de producción clasista. Ningún otro “sujeto” puede ser capaz de ello ( sea providencia divina, el desarrollo tecnológico, automatismo de la economía, derrumbes o crisis cíclicas de la producción, etc.)

El problema tiene pues una solución muy fácil. No ciertamente para los rabiosos aborrecedores de la filosofía como saber fundacional, que aceptan la filosofía de mala gana, sólo como clarificación epistemológica y gnoseológica de la ciencia de la naturaleza concebida como única ideación cognitiva legítima en el mundo. Sin embargo, así se enlaza la cadena destructiva y autodestructiva del materialismo dialéctico (Stalin), del galileismo moral (Della Volpe), de la teoría de los conjuntos teóricos (Althuser) y de todas las otras numerosas variantes de la ilusión utópica de la fundación científica de la deducción del comunismo directamente de las “leyes naturales” de las tendencias de la producción capitalista, totalmente des-sujetivizada y objetivizada.

Al final de este viaje utópico-científico se encuentra los bambinos comunistas que juegan sin aliento y dichosos, los meteoritos aleatorios que caen sobre la tierra, la creencia en Dios y otras curiosidades parecidas.

16. Hay una paradoja en la historia del marxismo que es necesario manejar racionalmente. Si se hace así, entonces se abren vías para una solución nueva del problema de la comprensión de las razones del anticapitalismo . El anticapitalismo, en efecto, es muy a menudo una actitud legítima y racional sostenida y defendida sobre la base de auténticas tonterías extremistas que alejan a las personas normales y atraen solamente a tontos, fanáticos o iluminados. Todos los marxistas que por su acción han desmentido el inútil modelo científico del paso automático interno del capitalismo al comunismo, desde Lenin en 1917, a Stalin en 1929, a Mao Tse Tung en 1949, a Fidel Castro en 1959, etc., han sistemáticamente mantenido en sus aparatos partidistas, ideológicos, escolares y universitarios la tontería positivista de la evolución fatal del capitalismo al comunismo en base a la “necesidad del proceso de la historia natural” ¿Por qué?

Es difícil explicar el porqué de las tonterías. Pero la analogía con las religiones nos puede ayudar. La religión, fruto legítimo del pensamiento humano (totalmente independiente del hecho de que un individuo particular crea o no) que no se apagará sino mediante la vulgarización de la astrofísica o del darvinismo y que es un bien que no se extingue, cumple las funciones estructurales para la reproducción social, como respuesta a la cuestión del sentido de la vida individual de las personas particularmente sensibles y más aun como la “estabilización” metafísica de la ética comunitaria de solidaridad y del apoyo mutuo. Y sin embargo, esta función racional debe estar necesariamente sustentada en hechos tan increíbles como la Sangre de san Genaro, los pastorcitos de Lourdes o de Fátima que ven a la señora que les habla en gascón o portugués, etc. En teoría podíamos retener solamente el elemento racional de la solidaridad comunitaria sin tener que aceptar necesariamente milagros totalmente increíbles. Pero en la práctica, no es así. El que quiera el elemento racional debe asumir también el elemento milagroso.

Algo parecido ocurre con el comunismo. En teoría no habría necesidad alguna del elemento de la religión positivista, es decir, el estúpido cientifismo que pretende derivar el “fracaso” del capitalismo del automovimiento interno de la economía fetichizada. Hay razones más que abundantes para oponerse al capitalismo. Evidentemente hay un porcentaje de cretinos que tiene que poder creer que el socialismo se fundamenta sobre una “ciencia”. Luego los teóricos positivistas se pelearán –como lo hacen regularmente todos los teólogos– para saber si este modelo de ciencia debe ser galileano, newtoniano, positivista puro, obtenido de la crisis de las ciencias de principios de siglo XX, webberiano, etc.

17. Mientras que el viejo Karl Marx (1818-1883) nunca puso en coherencia ni sistematizó su modelo teórico (de ahí la legitimidad de todas la interpretaciones sucesivas), el código marxista sistematizado en doctrina coherente fue puesto en pie conjuntamente por Engels y Kautsky durante los dos decenios 1875-1895.

Estos dos decenios corresponden exactamente a la gran Depresión (1873-1896) en Europa. Se trata de uno de los períodos más contra-revolucionarios de toda la historia europea. Colonialismo, imperialismo, racismo, antisemitismo, etc. El marxismo es hijo de la contra-revolución que siguió a la carnicería de la Comuna de París (1871).

Esto explica por qué, en presencia de una contra-revolución en acto, el código marxista se haya refugiado por compensación en un modelo positivista de revolución en potencia. Aquí nos haría falta Freud, pero el viejo Sigmund apenas es evocado por esos marxistas que temen que su mirada profundice en sus neurosis y en sus psicosis. El único pensador anticapitalista del período 1889-1914, que supo refutar radicalmente el código positivista, fue Georges Sorel, el único y verdadero defensor de la filosofía de la praxis de Marx y, por cierto, no es una casualidad que haya sido marginado y echado fuera del movimiento obrero organizado. Pero Sorel no era un “irracionalista”. Sencillamente su concepto de ciencia, del que en modo alguno carecía (era ingeniero jubilado, perfectamente al corriente de la ciencia de su tiempo) derivaba de Bergson, también científico de formación, y no del modelo determinista y mecanicista del positivismo universitario alemán. Este “marxismo” (Erich Matthias, Kautsky y el kautskismo, De Donato, Bari, 1971) era solamente el reverso ideológico de una práctica política y sindical oportunista de la social-democracia alemana. El fallo de Sorel en este sentido, es totalmente significativo. El hecho de que Sorel se hubiera metido con la casta infecta de los “intelectuales” más que con los simples trabajadores muestra que había sabido aislar el núcleo de la cuestión. El pescado siempre empieza a pudrirse por la cabeza. En los mismos años Robert Michels llegaba más o menos a las mismas conclusiones.

18. Es pues necesario cambiar absolutamente de ruta. La tentación cientifista es una ilusión. Quien la sigue, aunque vaya de buena fe y con sincera convicción, terminará en el dualismo insoluble entre la ciencia del modo de producción capitalista y la religión del comunismo, con todos sus derivados (Niños felices que juegan al balón, anarquismo social de las multitudes, caída de meteoritos, fe en Dios y búsqueda del sentido de la vida, etc.) Evidentemente que es necesario relegitimar la vieja definición del comunismo de Marx en términos de libre asociación de los productores, en la que la “producción” no es solamente textil, metalúrgica o nuclear, sin también “producción” de investigación científica, de arte, de religión, de filosofía. La palabra “producción” es la mejor porque sin producción de bienes y servicios, la especie humana no podría ni “reproducirse”. Pero la libre asociación de productores es posible solamente en el interior de una comunidad de productores y, en mi opinión, la comunidad de productores presupone el mantenimiento sea de la familia, sea del estado nacional con todas las garantías posibles para las minorías. Se abriría aquí una serie de problemas que no podemos discutirse en este lugar. En su época, Franco Fortín utilizó la metáfora de la apertura de la “cadena de los porqués”. Y en efecto, si se abre la cadena de los porqués, no hay quien la mande parar y proseguirá mientras no se haya llegado al último eslabón de la misma cadena. Y el último eslabón es siempre provisional en el espacio y en el tiempo, y corresponde exactamente a los que Hegel llamaba “determinación” (Bestimmung).

La herencia de Marx está más allá de la oposición abstracta entre idealismo y materialismo. La herencia de Marx es humanista. La herencia de Marx es filosófica. La herencia de Marx es comunitaria, comprendida también la comunidad nacional. Quien quiera seguir el camino del meteorito puede hacerlo. Pero sin nosotros.

Notas:

K. Marx, Capital, I,I,IV. Traduction de J. Roy – in Oeuvres I, la Pléiade, p. 613 Pensée vécue, mémoire parlée , L’Arche, 1986 Texto alemán: „Der Hauptmangel alles bisherigen Materialismus (den Feuerbachschen mit eingerechnet) ist, dass der Gegenstand, die Wirklichkeit, Sinnlichkeit nur unter der Form des Objekts oder der Anschauung gefasst wird; nicht aber als sinnlich menschliche Tätigkeit, Praxis, nicht subjektiv.” Texto alemán: „Die Philosophen haben die Welt nur verschieden interpretiert, es kömmt drauf an, sie zu verändern

[Traducción, J.Mª Fdez. Criado. Equipo Crónica CR]

Fuente: Rebelión

 

mercredi, 27 novembre 2013

Articles en hommage à Costanzo Preve (1943-2013)

in-memoriam-costanzo-preve.jpg

Articles en hommage à Costanzo Preve (1943-2013)

 

16:20 Publié dans Hommages, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : costanzo preve, italie, philosophie, marxisme, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 24 septembre 2013

Zvonko Busic, un suicide pour le salut de la Croatie et de l’Europe

busic_zvonko6-Bern_348687S1.jpg

In memoriam

Zvonko Busic, un suicide pour le salut de la Croatie et de l’Europe

par Jure Georges VUJIC

Trois mois seulement après la mort tragique de Dominique Venner, un autre suicide sacrificiel a retenti au matin du 1er septembre, non sous le Soleil de Paris au cœur de Notre-Dame, mais cette fois-ci en Croatie à Rovanjska sur le littoral croate de l’Adriatique. C’est le suicide de Zvonko Busic, l’un des derniers dissidents et révolutionnaires croates de l’époque yougoslave communiste.

 

Busic venait de purger une peine de trente-deux ans de prison pour avoir détourné pour des raisons politiques (la cause de l’indépendance croate) en 1976 un avion étatsunien. Il fut libéré en 2008. Son retour en Croatie suscita un accueil triomphal de la part d’une grande partie de la population croate. En 1976, il avait dirigé un groupe de révolutionnaires et nationalistes croates qui détourna un Boeing 727 de la compagnie T.W.A. sur un vol New York – Chicago avec soixante-seize passagers à bord afin d’attirer l’attention du monde sur la lutte indépendantiste croate désireuse de se séparer de la Yougoslavie communiste et titiste… L’avion s’était finalement posé à Paris et la presse étatsunienne avait publié leur revendication. Mais un policier à New York avait été tué en tentant de désamorcer une bombe que les pirates de l’air avaient dissimulé dans une station de métro. Condamné par les autorités américaines sous la pression de Belgrade à la prison á vie, il fut amnistié pour conduite exemplaire. Alors qu’il avait retrouvé de retour en Croatie son épouse Julienne Eden Busic, de citoyenneté étatsunienne qui l’avait secondé dans sa prise d’otage (elle avait été libérée en 1990), il décida de poursuivre la lutte politique dans sa patrie qui, après avoir gagné la guerre d’indépendance en 1991, est plongé dans le marasme politique, économique et moral par la responsabilité des gouvernements successifs néo-communistes et mondialistes. Ils ont livré la Croatie aux magouilles politico-affairistes, au Diktat des eurocrates de Bruxelles et de leurs laquais locaux ainsi qu’à la convoitise des oligarchies  anti-nationales. Toutes s’efforcent de faire table rase de l’identité nationale croate en imposant comme d’ailleurs partout en Europe, le sacro-saint modèle néo-libéral, des lois liberticides, la propagande du gender à l’école, la légalisation du mariage homosexuel. Bref, le scénario classique de l’idéologie dominante et mondialiste. Busic qui aimait citer Oswald Spengler n’était pas homme à accepter cet état de fait qu’il qualifiait lui-même de « déliquescence morale et sociale catastrophique ».

 

Busic soutint toutes les luttes révolutionnaires et nationales, de l’O.L.P. palestinien à l’I.R.A. irlandaise en passant par les Indiens d’Amérique du Nord. Ironie de l’histoire, il avait découvert les écrits historique de Dominique Venner en prison et fut peiné par sa disparition tragique.

 

Homme « classique » épris des vertus de l’Antiquité, Busic était avant tout un résistant croate et européen, un  baroudeur qui n’avait que du mépris pour le conformisme, la tricherie, la petite politique partisane et parlementaire, les calculs électoraux. Son idéal type était évolien : le moine-soldat, un style sobre et austère, guerrier, un genre de vie qu’il a appliqué durant toute sa vie. Ce n’est pas par hasard qu’il  fut très vite marginalisé par le système politique croate qu’il soit de droite ou de gauche. Après avoir rallié fort brièvement le Parti du droit croate (H.S.P.) du Dr. Ante Starcevic et de l’actuelle députée croate au Parlement européen, Ruza Tomasic, il tenta, en fondant l’association Le Flambeau, de constituer un « front national » regroupant l’ensemble des forces nationales croates (droite et gauche confondues). Mais très vite, cette vision et ce projet frontiste, d’orientation nationale-révolutionnaire, se soldèrent par un échec en raison des luttes de pouvoir inhérentes à la mouvance nationale croate. Busic n’avait pas caché sa déception en déclarant qu’« il n’avait pas réussi dans l’unification et la création d’un front uni patriotique ». Il annonça alors dans la presse croate sa décision de se retirer de la politique, car « il ne voulait pas contribuer à la destruction continue des forces politiques nationales et patriotiques en Croatie ».

 

Les obsèques de Zvonko Busic auxquels ont assisté des milliers de personnes et l’ensemble de la mouvance nationale croate, constituèrent (à Zagreb le 4 septembre dernier) furent un sérieux avertissement à la classe politique mondialiste croate. Son suicide fut un événement sans précédent pour l’opinion croate, habituée à ses coups de de colère, son franc parler et son idéalisme infatigable face à l’apathie sociale et la corruption de classe politique. Il faut dire qu’il a été longtemps traîné dans la boue par la presse croate gauchisante qu’il l’a continuellement traité de terroriste dès sa sortie de prison. Personne, et encore moins moi-même qui l’avait régulièrement côtoyé, ne s’était attendu à la fin tragique, de cet homme d’action à l’allure légionnaire et don quichottesque. Et après tout, est-ce que quelqu’un avait pu s’attendre au suicide de Dominique Venner ? Probablement non. Peu avant sa mort, Zvonko Busic a laissé une lettre à son ami Drazen Budisa, dans laquelle il avait demandé pardon á ses proches et qu’il se retirait car « il ne pouvait plus continuer de vivre dans l’obscurité de la Caverne platonicienne », faisant allusion à l’allégorie platonicienne de la Caverne. C’est vrai. Busic était trop pur, trop droit et trop sensible pour vivre dans le mensonge de cette Croatie post-communiste néo-libérale hyper-réelle, une Croatie qui avait fait allégeance à l’U.E. et à l’O.T.A.N., domestiquée et néo-titiste, alors que le gouvernement actuel refuse de livrer aux autorités allemandes, Josip Perkovic, qui fait l’objet d’un mandat d’extradition européen. Cet ancien agent de l’U.D.B.A. (la police politique et services secrets titiste yougoslaves) est impliqué dans l’assassinat de plusieurs dissidents croates à l’étranger.

 

La Croatie est le seul pays post-communiste à ne pas avoir voté une loi sur la lustration et où les rênes du pouvoir politique et économique sont encore entre les mains des anciens cadres titistes et de la police secrète qui n’a jamais été officiellement démantelée. Busic – c’est vrai – ne pouvait supporter ces ombres factices et éphémères de la société marchande et consumériste  mondiale, à l’égard de laquelle il s’est tant offusqué. Et pourtant, Busic, tout comme Venner, est tombé, volontairement, froidement, consciemment, je dirai même sereinement. Comme pour Venner, il s’agit du même modus operandi, du même  esprit sacrificiel, d’une mort annoncée, une mors triumfalis qui dérange et interroge. Dans le cas de la Croatie, sa mort a retenti non comme une fin, mais comme un avertissement, un appel à la mobilisation, un dernier appel à la lutte, un dernier sursaut pour le salut de la nation croate et européenne. Puisse ses vœux être exhaussés !

 

Jure Georges Vujic

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3415

vendredi, 07 juin 2013

50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

vennerlivre.png

50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

Monika BERCHVOK

Rivarol N° 3096 du 31 mai 2013

 

A partir d’avril 1961, un prisonnier est amené à faire le bilan sans concession de l’échec de son combat politique et activiste pour une cause perdue. Dominique Venner n’est pas encore l’historien et fondateur de la Nouvelle Revue d’Histoire qu’il est devenu par la suite, il est un condamné politique à la prison de la Santé.

 

UN “QUE FAIRE ?” NATIONALISTE

 

Responsable d’un mouvement nationaliste interdit par le régime gaulliste, Jeune Nation, son engagement dans le combat de l’Algérie française l’a conduit à être arrêté et d’écoper de 18 mois de prison. Symbole de courage pour une génération de jeunes militants nationalistes de Jeune Nation mais surtout de l’importante Fédération des Etudiants Nationalistes (FEN), il est un observateur impuissant de la fin du combat des partisans de l’Algérie Française. Dans sa cellule, il rédige une courte brochure qui est un solde pour tout compte avec la ligne stratégique adoptée jusque-là. La rédaction du texte s’accompagne de longues discussions avec ses camarades détenus pour tirer les leçons de leur engagement, son analyse s’affine et devient un véritable plan de reconquête de l’influence perdue. George Bousquet, journaliste à RIVAROL, sortira le document lors de sa libération de la Santé. Pour une critique positive se diffuse alors rapidement dans les réseaux nationalistes en pleine recomposition. Le texte est anonyme, mais il est fait sien par la majorité des étudiants de la FEN. « Ecrit par un militant pour les militants », il touche directement sa cible. Dominique Venner exprimait clairement la volonté d’une jeunesse en quête d’un idéal révolutionnaire. Sévère et lucide, ce texte n’est nullement fait pour s’apitoyer sur une défaite. Il affirme que le combat ne fait que commencer, que le nationalisme est au début de sa longue marche. Pour une critique positive reste une référence pour tout un courant activiste, rarement un texte politique influence plusieurs générations de militants nationalistes. Cette brochure connut plusieurs éditions dans les années 1970, plus ou moins artisanales, et elle est maintenant diffusée gratuitement sur Internet par de nombreux sites de téléchargement. Comment expliquer cette longue postérité d’un texte écrit dans une situation d’urgence ? Tout simplement parce qu’il pose les problématiques de base que rencontrent les militants nationalistes authentiques et révolutionnaires depuis 50 ans. Dès les premières lignes, Pour une critique positive établit une distinction fondamentale et sans équivoque entre les “nationaux” et les “nationalistes”. L’attitude des premiers est dénoncée en des termes très durs. La « confusion idéologique » des nationaux est critiquée sans appel : « Les “nationaux” s’attaquent aux effets du mal, pas à ses racines. Ils sont anticommunistes mais oublient que le capitalisme et les régimes libéraux sont les principaux artisans de la propagation du communisme. Ils étaient hostiles à la politique algérienne du gouvernement, mais oublient que cette politique était le produit d’un régime, de son idéologie, de ses intérêts, de ses maîtres réels financiers et technocrates, comme de ses structures politiques et économiques. Ils voulaient sauver l’Algérie française contre le régime, mais ils reprennent à leur compte ses principes et ses mythes ». L’opportunisme et la mythomanie de ces milieux (« Un bridge avec un général en retraite, un parlementaire ou un sergent de réserve devient une sombre et puissante conjuration ») n’ont d’égal pour Venner que leur arrivisme électoraliste. Sur la question de l’action violente, le texte est clair sur l’importance de rompre avec les pratiques “terroristes” désorganisées des derniers feux de l’OAS : « Le terrorisme aveugle est le meilleur moyen pour se couper d’une population. C’est un acte désespéré ». Mais c’est surtout le manque de discipline et d’organisation qui reste une constante dans les rangs de la mouvance. Dès lors le jugement est sans appel. « Zéro plus zéro, cela fait toujours zéro. L’addition des mythomanes, des comploteurs, des nostalgiques, des arrivistes, ne donnera jamais une force cohérente. »


 

Europe-action_no16.jpg


 

POUR UNE NOUVELLE THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE

 

On l’aura compris, Pour une Critique positive était sans concession. Dominique Venner s’appuyait sur l’exemple de rigueur de Lénine et des Bolcheviks russes à la veille de la Révolution d’Octobre 1917. Lecteur du « Que faire ? » du fondateur de l’URSS, il établit une nouvelle théorie révolutionnaire créant un unité entre réflexion et action radicale. Ce rôle est donnée à la « conscience révolutionnaire », elle est le cœur de la méthode qu’il veut mettre en place : « Le révolutionnaire est entièrement conscient de la lutte engagée entre le Nationalisme, porteur des valeurs créatrices et spirituelles de l’Occident et le Matérialisme sous ses formes libérales ou marxistes. Il est libéré des préjugés, des contre-vérités et des réflexes conditionnés par lesquels le régime se défend. L’éducation politique qui permet de s’en affranchir s’acquiert par expérience personnelle, bien sûr, mais surtout à l’aide de l’enseignement que seule l’étude permet de dégager. Sans cette éducation, l’homme le plus courageux, le plus audacieux, n’est plus qu’une marionnette manipulée par le régime […] Par une propagande permanente à sens unique, à laquelle chacun est soumis dès l’enfance, le régime, sous ses multiples aspects, a progressivement intoxiqué les Français.

 

Toutes les nations à direction démocratique en sont là. Tout esprit critique, toute pensée personnelle sont détruits. Il suffit que soient prononcés les mots-clefs pour déclencher le réflexe conditionné prévu et supprimer tout raisonnement ». Si des notions comme l’Occident ou le Régime (à lire dans le contexte de l’époque) sont datées, le fond reste d’une actualité intéressante. L’enjeu est donc de donner une direction révolutionnaire à toutes les forces nationalistes, dans la perspective d’un changement de la société sur des bases nouvelles. « Maintenir le moral offensif de ses propres partisans, communiquer ses convictions aux hésitants sont deux conditions indispensables au développement du Nationalisme. La preuve est faite que dans l’action ou en prison, quand la démoralisation guette, quand l’adversaire semble triompher, les militants éduqués, dont la pensée cohérente soutient la foi, ont une force de résistance supérieure ». Voulant doter le nationalisme d’une organisation centralisée et“monolithique”. tirant les enseignements de la période de Jeune Nation, le texte rappelle une règle fondamentale du militantisme : « La preuve est faite que cinq militants valent mieux que cinquante farfelus. La qualité des combattants, est, de loin, préférable à leur quantité. C’est autour d’une équipe minoritaire et efficace que la masse se rassemble, pas l’inverse. Que les mouvements révolutionnaires soient des minorités agissantes ne signifie évidemment pas que tous les groupes minoritaires soient, pour autant, révolutionnaires. C’est une excuse trop facile pour la médiocrité de certains. Les minorités agissantes ne sont pas des sectes stériles, elles sont en prise directe sur le peuple. » La définition même que Dominique Venner donne au nationalisme fit couler beaucoup d’encre et devait provoquer de nombreuses ruptures avec d’anciens camarades : « Fondé sur une conception héroïque de l’existence, le Nationalisme, qui est un retour aux sources de communauté populaire, entend créer de nouveaux rapports sociaux sur une base communautaire et bâtir un ordre politique sur la hiérarchie du mérite et de la valeur. Dépouillé de l’enveloppe étroite imposée par une époque, le Nationalisme est devenu une nouvelle philosophie politique. Européen dans ses conceptions et ses perspectives, il apporte une solution universelle aux problèmes posés à l’homme par la révolution technique. » L’orientation européenne et quasiment nietzschéenne du texte n’échappe pas, et laisse entrevoir l’évolution vers les premières formes de la pensée de la « Nouvelle Droite ». L’éthique de l’honneur de « l’homme européen » et l’appel à la naissance d’une « Jeune Europe » font encore débat. Mais comment ne pas souscrire à l’affirmation que l’Europe doit avoir un autre destin que la mondialisation. « L’unité est indispensable à l’avenir des Nations européennes. Elles ont perdu la suprématie du nombre ; unies, elles retrouveraient celle de la civilisation, du génie créateur, du pouvoir d’organisation et de la puissance économique. Divisées, leurs territoires sont voués à l’invasion et leurs armées à la défaite ; unies, elles constitueraient une force invincible […] La jeunesse d’Europe aura de nouvelles cathédrales à construire et un nouvel empire à édifier. ».

Venner's Bare Bodkin

dvaff1235341431.jpg

Venner's Bare Bodkin


Ex: http://www.alternativeright.com/

As a gesture, French ex-paratrooper, veteran right-wing activist, and all around macho badass Dominique Venner’s gunshot-through-the-head self-snuff in the cathedral of Notre Dame sends a powerful message, though I’m not entirely sure what that message is.

One reads Venner’s final words summarizing the rationale for his act, and he truly sounds like a man of sound mind, with a clear-headed notion of aesthetic intent regarding the ramifications of his messy, bloody, brain-splattering final exit at the altar of the historic Paris church. Still, it isn’t easy to discern just how news of an elderly comrade’s suicide is meant to rally the European New Right to fight mass immigration and demographic displacement with any greater determination or ferocity than before. News of a mentor’s auto-annihilation, after all, does not typically have the effect of firing up his pupils or inspiring them to risk their own lives for the cause. Suicide is not martyrdom; whatever we may think of self-slaughter, it cannot be conflated with self-sacrifice. One doesn’t give one’s life for a greater cause, at least not in any obvious way, by directly and deliberately ending it.     

EA.pngThen again, suicide is almost always a dramatic gesture, thick with a certain pungent and romantic resonance. (Think of Romeo and Juliet, who killed themselves for one another’s sake, and for the glories of eternal love.) Contrary to the tiresome bromides of certain scoldy after-school-special-esque moralists, suicide is most emphatically not a “cowardly” act. Venner’s fiercely uncompromising, literally mind-blowing self-directed strike was bold indeed; it serves as a fittingly emphatic exclamation mark at the end of a fiercely uncompromising life. Normally, self-extinguishment cannot help but translate as an expression of desperate despair, although in certain, culturally-circumscribed cases, it can carry a defiant, “death before dishonor” type of message. Venner, like Yukio Mishima before him, seems to have opted to end his life as a kind of protest against prevailing social trends. Like the famously iconic image of the self-immolating Buddhist monk in Vietnam, he chose to make his death a high profile event, the better to register his posthumous displeasure with the Zeitgeist.       

I admit to finding suicide to be a fascinating subject, even to the point of having written a book about it. The continued prevalence of the very phenomenon highlights, I believe, a central paradox of our age. The collapse of established religion in the West over the past few decades has led to a corresponding secularization of attitudes and beliefs, a rise in conspicuous hedonism and brazen worldliness. Restraint, particularly on carnal matters, has evaporated, to the point where people now commonly regard chastity, one of the seven heavenly virtues, as a joke. Even the irreligious weren’t so spectacularly callous about safeguarding innocence in prior times.

Yet in the maw of all of our freely chosen decadence, it seems we still aren’t happy. After all, one would expect that a culture which adopts a “eat, drink, fuck, and be merry” approach to life would want nothing whatsoever to do with death. One would think, in fact, that within such a culture, suicide rates would drop severely, since in a secularized age death cannot be conceived as anything but the fearful negation of life, and life in this world is all that our age can know or ever conceive of believing in, given our hopeless proclivity towards worldliness. Yet every day, for a whole host of individualized reasons yet with the undeniable underlying miseries, people opt to do without the world they know, and instead fly directly to Hamlet’s “undiscovered country, from whose bourn no traveler returns.” For them, unlike for Hamlet, it is better the ills they have are enough to drive them to “make (their) quietus with a bare bodkin.”

That a man like Venner would contrive to “pull a Mishima”—and in a Catholic cathedral, no less!—speaks volumes about the general suicide of the West, spiritually speaking. Even forty or fifty years ago, no European-nurtured activist would have thought to undertake such an act; the ramifications would have been too ghastly, the aura of the event too unseemly, in light of the Christian prohibition of self-harm. Such a prohibition still held currency in the West not too long ago, the widespread decline of faith notwithstanding; today, however, in a glaringly post-Christian age of roiling chaos and bitter upheaval, such niceties have long flown the coop.

Any demographic resurgence of Western man will require a spiritual rebirth of Europe’s traditional beliefs. Perhaps Venner’s blood, shed by his own hand in a forbidden manner on holy ground, can help in some manner to nurture the seeds which will eventually blossom into a new age of rejuvenated, steadfast faith. Who knows? Stranger things have happened in the past. “History,” as T.S. Eliot noted, “has many cunning passages and contrived corridors.”

Andy Nowicki, co-editor of Alternative Right, is a Catholic reactionary writer who loathes all modernist dogmas and superstitions. He is the author of five books, including Heart Killer and The Columbine Pilgrim. He occasionally updates his blog (www.andynowicki.blogspot.com ) when the spirit moves him to do so.

jeudi, 30 mai 2013

APOTEOSIS DE DOMINIQUE VENNER EN NOTRE DAME

APOTEOSIS DE DOMINIQUE VENNER EN NOTRE DAME

Ex: http://enricravello.blogspot.com/

 

Del antiguo griego apo (intensidad, presencia) y theos (Dios, de ahí el nombre de Zeus) la apoteosis, es decir el elevarse hasta el nivel de los dioses, era para los antiguos helenos un privilegio  sólo al alcance de muy pocos héroes.

Dominique Venner la experimentó ayer lunes 21 de mayo en el altar de Notre Dame. Venner amó la vida incluso en el momento en que decidió entregarla como símbolo, escribiendo que tras su gesto no esperaba “más que la perpetuación de mi raza y de mi espíritu”.  Con su acción  Venner se transforma de hombre a mito y golpea las consciencias dormidas, que por un momento volverán a sentir que todo es posible, que nada está definitivamente  perdido, que la victoria espera siempre que estamos dispuestos a conquistarla. Dentro de pocos días –demasiados pocos–  todo volverá  a la normalidad, pero el gesto de Venner permanecerá eternamente en la conciencia colectiva de todos los que luchamos y lucharemos por  Europa y la civilización que de ella ha brotado.
Venner escogió Notre Dame de París para emprender  su camino por los Campos Elíseos, uno de los templos más bellos de Europa que es,  como dejara escrito en su última nota “un lugar altamente simbólico, la catedral de Notre Dame, construida por mis antepasados sobre lugares de cultos de orígenes inmemoriales”, esos cultos de la Galia celta y la Lutecia galo-romana en los que Venner veía reflejada el alma primigenia de la religiosidad europea.
Europeo de lengua francesa, Venner vivió su compromiso con la identidad europea hasta sus últimas consecuencias y se cansó de advertir lo que de peligro mortal tiene, para el futuro de Francia y de Europa, lo que sólo los ignorantes o los  inocentes pueden llamar inmigración y que Venner definió como el proceso de sustitución de la población europea y francesa autóctona por masas de alógenos venidos del Tercer Mundo.  Jean Raspail ya lo advirtió en su Campamento de los Santos.
Venner reflexionó sobre lo que él llamó los treinta años de guerra civil europea (1914-1945) como la causa del declive continental, casi un siglo después Venner nos recuerda que ese declive puede convertirse en irreversible final de una identidad de 30.000 años –así subtitula uno de sus últimos libros– y que se juega su ser o no ser en las dos próximas décadas.
Admirados de la Antigüedad clásica, Venner sentía especial predilección  por la Grecia arcaica reflejada en la Iliada, que él entendida como libro fundador de la personalidad europea y a Homero como el primer poeta de nuestra identidad. Poeta que en griego viene de poietes (aquel que hace, que crea, que realiza). Homero poeta de poetas helenos que  siempre cantaban al ethos –a lo activamente heróico-  que al pathos –lo melancólicamente sentimental, fue la referencia permanente de Venner.
Venner también fue un poeta en el sentido griego que tiene ese sentido. Su vida fue un equilibro activo entre el pensamiento y la acción. Su recorrido político lo convierte en un militante de excepción dentro del campo identitario francés y europeo. Miembro de Jeune Nation, cumplió 18 meses de prisión por pertenencia a la OAS (Organización Armada Secreta), fue fundador de la revista y el movimiento Europa-Action, participó en Occident y fue uno de los fundadores del GRECE, la gran escuela que renovó el pensamiento identitario en los años 70-80. Su nombre fue uno de los que se consideró seriamente para presidir el Front National en 1972.
Posteriormente se dedicó profesionalmente a la Historia, pero  siempre manteniendo los mismos principios ideológicos. Escribió varias obras como: Baltikum , Le Blanc Soleil des vaincus, Le Cœur rebelle , Histoire critique de la Résistance, Gettysburg, Les Blancs et les Rouges , Histoire de la Collaboration, Histoire du terrorisme e Histoire et tradition des Européens.  En funda en 2002 y dirige la redacción de la revista bimestral La Nouvelle Revue d'Histoire, rebautizada como La NRH en 2006, donde intervienen personalidades como Bernard Lugan, Jean Tulard, Aymeric Chauprade, Alain Decaux, François-Georges Dreyfus o Jacqueline de Romilly.
Venner ha elegido la muerte heroica del guerrero y eso merece un funeral como los de su admirado Patroclo. Hagamos todos nosotros de Aquiles
Sic transit

In memoriam Dominique Venner (1935-2013)

JURE VUJIC

In memoriam Dominique Venner (1935-2013)

Testament modernog samuraja

Dominique Venner francuski povjesničar je 21. svibnja počinio samoubojstvo ispred oltara u Pariškoj katedrali Notre Dame. Za one koji su ga poznavali i  imali čast s njime surađivati, takva gesta simbolizira ne samo ljudski očaj već i eminentnu političku gestu i poruku. Objavljujem prijevod njegovog pisma-oporuke koji pojašnjava uzroke njegove nagle smrti.

« Duhovno i tjelesno sam zdrav, upotpunjen ljubavlju svoje supruge i djece. Volim život i ništa ne očekujem od nadnaravnog svijeta, jedino opstanak i obnovu moje vrste i duha. Međutim, u zalazu mog života, i ispred golemih ugroza za moju francusku i europsku domovinu, osjećam dužnost da djelujem dok imam još snage. Vjerujem da se trebam žrtvovati kako bi prekinuo s letargijom koja nas muči. Darujem ono što mi preostaje od života u znak protesta i re-fundacije. Odabirem visoko simbolično mjesto, parišku katedralu Notre-Dame koju poštivam i štujem, koju je izgradio genij mojih predaka na mjestu drevnih kultova koji me podsjećaju na moje pramemorijalno podrijetlo.

Kada većina ljudi pristaje biti robovi vlastitog života, moja gesta utjelovljuje jednu etiku volje. Dajem si smrt kako bi razbudio uspavane svijesti. Pobunjujem se protiv fatalnosti. Pobunjujem se protiv otrova duše i individualnih želja koje narušavaju identitarna usidrenja kao što su obitelj, kao intimni stup tisućljetne civilizacije. Kada branim identitet svih naroda, također se bunim protiv zločina koji nastoji zamijeniti naša pučanstva.

Dominantni diskurs nije se u stanju osloboditi svoje toksične dvosmislenosti. Europljanima pripada da snose posljedice. S obzirom da više nemamo identitarnu vjeru na koju se možemo osloniti, dijelimo još od Homera zasebno sjećanje, kao ostavštinu svih vrednota na kojem možemo restaurirati naš budući preporod kao prekid s metafizikom neograničenog, pogubni izvor svih modernih stranputica.

Molim oprost od svih onih koji će patiti zbog moje smrti, a prvenstveno moju suprugu i djecu, kao i nećake i moje vjerne prijatelje. Jednom kad prebole šok patnje, ne sumnjam da će razumjeti smisao moje geste i transcendirati sa ponosom svoju tugu. Želim da se što bolje razumiju kako bih što više trajali. Pronaći ćete u mojim spisima prefiguriranje i pojašnjenje moje geste. «

Dominique Venner rođen je 1935, bio je esejist i povjesničar. Utemeljitelj časopisa „Nouvelle Revue d’histoire“. Objavio je niza knjiga :Le Cœur rebelle, le Dictionnaire amoureux de la ChasseLe Siècle de 1914Histoire et tradition des Européens). Le Choc de l’Histoire (Editions Via Romana, 2011) L’Imprévu dans l’Histoire (Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 2012). Simptomatična činjenica za njegovo samoubojstvo je da bi uskoro trebao izići iz njegov novi esej « Un Samouraï d’Occident. Le bréviaire des insoumis »  Samuraj Zapada. Brevijar nepokorenih. » .

Dominique Venner nije bio «ekstremni desničar» kako ga lažno i površno etiketiraju « mainstream » mediji. Iznad umjetne diobe ljevice/desnice, on je u pravom smislu riječi bio aristokrat (aristoi, «među najboljim»), zagovornik «Velike Europe», duhovne, kulturološke i povijesne Europe nacija, naroda, regija, a ne Europe trgovaca, burzovnih mešetara i korporacija. Posvetio je cijeli život obrani indo-europske civilizacije i francuske nacije, a ostat će zapamćen kao simbol ljudske dosljednosti i hrabrosti. Odlazi svojom lucidnom voljom, u maniri drevnih Germana i Rimljana, ponosnih samuraja postmodernog nihilističkog doba, poput japanskog književnika Yukio Mishime, francuskih književnika Drieu la Rochelle i Robert Brasillacha. Samoubojstvo kao posljednji argument otpora. Ultima ratio regis.

mercredi, 29 mai 2013

Von Michel Mourre zu Dominique Venner

venner-choc-histoire1.jpg

Von Michel Mourre zu Dominique Venner

von Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de/

Auf der Netzseite der Jungen Freiheit [2]ist ein Nachruf auf Dominique Venner von Karlheinz Weißmann erschienen. Weißmann unterscheidet darin Venners „Geste“ des Freitods von jener der geistesverwandten Schriftsteller Drieu la Rochelle, Henry de Montherlant und Yukio Mishima.

… man scheut sich, ihn ohne weiteres in diese Reihe einzuordnen. Offenbar hat Venner nicht gehandelt in Reaktion auf den Zusammenbruch seiner ideologischen Hoffnungen, nicht aus einem Widerwillen gegen die Miserabilität des Daseins und auch nicht um der schönen Geste willen. Das Wort „Geste“ kommt zwar bei ihm vor, aber doch im Sinn der – großen – Tat, die am Anfang alles Neuen steht.

In einem Buch, das er vor Jahren über den französischen Widerstand während des Zweiten Weltkriegs geschrieben hat, sprach er über die Notwendigkeit des „starken Bildes, das bleiben wird“. Es entstehe nur durch jene Akte, die Zugang eröffnen zu den „tiefen und geheimnisvollen Kräften, die das Überdauern der Völker sichern“.

In dem finalen Eintrag  [3] auf seinem Blog schrieb Venner:

Es bedarf vor allem einer tiefgehenden „intellektuellen und moralischen Reform“, um es mit Renan zu sagen. Diese müßte zur einer Wiedergewinnung der vergessenen französischen und europäischen Identität führen, deren Notwendigkeit immer noch nicht in aller Klarheit wahrgenommen wird.

Dazu müssen gewiß neue Ausdrucksformen gefunden werden, spektakulär und symbolisch, um die Schlaftrunkenen wachzurütteln, um das betäubte Bewußtsein zu erschüttern und die Erinnerung an unsere Wurzeln zu wecken. Wir werden in eine Zeit eintreten, in der Worte durch Taten bekräftigt werden müssen.

Wir sollten uns auch erinnern, daß, wie es auf geniale Weise Heidegger in „Sein und Zeit“ formuliert hat, die Essenz des Menschen in seinem Dasein und nicht in einer „anderen Welt“ liegt. Es ist im Hier und Jetzt, wo sich unser Schicksal bis zur letzten Sekunde erfüllt. Und diese allerletzte Sekunde hat genauso viel Bedeutung wie der Rest eines Lebens. Darum muß man bis zum letzten Augenblick man selbst bleiben. Nur indem man selbst entscheidet und sein Schicksal wahrhaftig bejaht, besiegt man das Nichts. Angesichts dieser Herausforderung gibt es keine Ausrede, da wir nur dieses eine Leben haben, in welchem es von uns abhängt, ob wir entweder ein Nichts oder ganz wir selbst sind.

Venners nächster Wahlverwandter war jedoch zweifellos Ernst Jünger, mit dem er das „abenteuerliche Herz“ der Jugendjahre und die militärische Erfahrung teilte, sowie die seltene Fähigkeit „Feder und Schwert“ – also Wort und Tat – in Einklang zu bringen. In einem Interview [4]mit der JF pries Venner Jünger als Prototypen des „guten Europäers“:

Aus seiner Lebensgeschichte lassen sich unendlich viele Lehren ziehen über die europäischen Dramen dieser Zeit. Sein ritterlicher Geist und seine Haltung waren unverwüstlich. In seiner Körperhaltung drückte sich seine geistige Haltung aus. Haltung zu haben, heißt auch, Distanz zu wahren: Distanz zu den niederen Leidenschaften wie zur Niedertracht der Leidenschaften. Jünger gab sich nicht mit dem Schreiben zufrieden, sondern er lebte, was er schrieb. Ich sehe in ihm ein Vorbild für eine Erneuerung, eine Renaissance.

Im selben Interview beschrieb Venner die heutige Zivilisation Europas als fehlgeleitet und selbstmörderisch:

Hier in Europa erleben wir eine beginnende Verweigerung des wahnwitzigen Konsums und eine Sehnsucht, sich ein authentischeres Leben aufzubauen, um mit Heidegger zu sprechen. Immer mehr Menschen kommen zu der Überzeugung, daß man, um besser zu leben, weniger konsumieren muß. Das ist ein zutiefst revolutionärer Gedanke. Wir beginnen zu sehen, daß die Produktivität um jeden Preis zerstörerisch ist. Das zeigt zum Beispiel eine französische Statistik vom Herbst 2009 über Selbstmorde bei der Arbeit. Die neuen Arbeitsformen und der Leistungswettbewerb, dem die Kosmokratie das „Humankapital“ unterwirft, treiben demnach Menschen in den Freitod!

Von hier aus führt eine unterirdische Verbindungslinie in ein anderes Kapitel und eine andere Schule der französischen Dissidenz. Dazu müssen wir ein wenig ausholen.

Venner war ein Nietzscheaner, der zwar sein Leben lang die Kontinuität der europäischen Seele bekräftigte und bezeugte, dabei allerdings mindestens in Distanz zum Christentum stand. Er beschuldigte die Kirche in Frankreich völlig zu Recht, der Islamisierung des Landes durch Unterstützung und Beschleunigung der „afro-maghrebinischen Einwanderung“ Vorschub geleistet zu haben. Wie Armin Mohler und Alain de Benoist (nicht aber wie Ernst Jünger!) war Venner ein eingefleischter Heide, der vor allem in der gräco-romanischen Tradition das Herzstück und in Homer die eigentliche „Bibel“ Europas erblickte.

Diese Distanz wird auch spürbar in den Zeilen seiner Abschiedsnote:

Ich wähle einen hochsymbolischen Ort, die Kathedrale von Notre Dame de Paris, die ich respektiere und bewundere: das Genie meiner Vorfahren hat sie auf einer Kultsstätte errichtet, die viel älter ist und an unsere weit in die Geschichte zurückreichenden Wurzeln erinnert.

Hat seine Tat also frisches Blut in alte Kathedralen fließen lassen, auf daß sich erneut Götter auf ihre verlassenen Altäre niederlassen? Die Dome Frankreichs, Deutschlands und Italiens gehören in der Tat zu den herrlichsten Zeugen des europäischen Geistes. Aber sie scheinen heute, da sich der christliche Glaube säkularisiert und historisiert hat, nur mehr als Museen und touristische Schaustücke der Großstädte weiterzubestehen, nicht anders als die zwar prächtige, aber keinen Gott (inzwischen auch keinen Allah) mehr preisende Hagia Sophia im ehemaligen Konstantinopel.

Nietzsche schrieb in seinem berühmten Gleichnis vom „tollen Menschen“, der auf den Straßen den „Tod Gottes“ verkündigt:

Man erzählt noch, dass der tolle Mensch desselbigen Tages in verschiedenen Kirchen eingedrungen sei und darin sein Requiem aeternam deo angestimmt habe. Hinausgeführt und zur Rede gesetzt, habe er immer nur dies entgegnet: „Was sind denn diese Kirchen noch, wenn sie nicht die Gräber und die Grabmäler Gottes sind?“

In diesem Geiste tat sich im Jahre 1950 eine Gruppe junger Männer zusammen, um die Ostersonntagsmesse in Notre-Dame mit einem schockartigen Überfall [5] zu stören. Ihr Kopf, der 21jährige Michel Mourre, [6] erschien auf der Kanzel im Ornat eines Dominikanermönches und hielt eine flammende Rede, im Stile eher Zarathustras als des „tollen Menschen“:

Wahrlich, ich sage euch: Gott ist tot. / Wir speien die Lauheit eurer Gebete aus, / Denn eure Gebete waren der schmierige Rauch über den Schlachtfeldern unseres Europa. / Geht fort in die tragische und erhabene Wüste einer Welt, in der Gott tot ist, / bis die Erde erneuert ist mit euren bloßen Händen, / Mit euren stolzen Händen, / Mit euren Händen, die nicht beten. / Heute, Ostern des Heiligen Jahres, / hier unter dem Zeichen von Notre Dame de Paris, / Verkünden wir den Tod des Christengottes, auf daß der Mensch lebe zuletzt.

Die Störenfriede wurden verhaftet, und Mourre für zwei Wochen in die Psychiatrie gesteckt. Der Skandal wurde zum Gegenstand monatelanger Debatten in den französischen Feuilletons, an denen sich zahlreiche Geistesgrößen von André Breton bis Gabriel Marcel beteiligten. Man kann allerdings der Rede entnehmen, daß Mourre alles anderer als platter, pöbelnder Ikonoklast war – die Differenz zu steindummen und vermutlich von interessierter Seite gesponserten „letzten Menschen“ wie den Nacktweibern von „Pussy Riot“, die vor ein paar Monaten vor Notre-Dame einem abgetretenen Papst hinterherspuckten, ist immens.

Mourres Predigt richtete sich explizit an die „Lauwarmen“, die nach dem berühmten Wort aus der Johannesoffenbarung „weder heiß noch kalt“ sind, und die der Herr aus seinem Mund „ausspucken“ wird. Mourres eigener Lebensweg verlief sehr eigenwillig. Der Sohn eines bürgerlichen Sozialisten und „Pfaffenfressers“ hatte sich als Jugendlicher noch in der Phase des Zusammenbruchs der Kollaboration angeschlossen. Dafür mußte er nach Kriegsende im Gefängnis büßen, wo er die Schriften von Charles Maurras entdeckte (Venner schrieb übrigens eine bedeutende „Geschichte der Kollaboration“).

Es folgte eine katholisch-royalistische Phase, die er mit dem Eintritt in den Dominikanerorden besiegelte. Sein spiritueller Durst nach dem Absoluten wurde jedoch auch dort nicht gestillt. Schließlich verlor er vollständig den Glauben, und schloß sich den von dem Exilrumänen Isidore Isou gegründeten „Lettristen“, einer Künstlergruppe in der Tradition der Dadaisten und Surrealisten, an. Karlheinz Weißmann [6] schrieb dazu:

Mourre zog auch jetzt die Konsequenz, verließ den Orden, ging wieder nach Paris, verbummelte seine Tage in den Cafés von Saint Germain des Prés, ein Bohémien unter Bohémiens. Darf man den Schilderungen seines Freundes Armin Mohler glauben, waren seine Lebensumstände mehr als abenteuerlich. Aber fertig war er noch nicht mit der letzten großen Sache, der er sich verschrieben hatte. Vielleicht fiel der Entschluß zu der Aktion in Notre Dame tatsächlich erst zwei Tage vorher, aber der Wunsch, sich an Gott zu rächen, muß längst schon mächtig gewesen sein.

Danach verschwand Mourre in der Obskurität, und widmete sich fortan der geisteswissenschaftlichen Arbeit.

Mourre wurde nach vierzehn Tagen aus der Psychiatrie entlassen, gab den Kontakt zu seinen alten Freunden auf, schloß sich in seiner Bibliothek ein und begann ein Buch über seine Entwicklung zu schreiben, das unter dem Titel „Malgré le blasphème“ erschien.

Der deutsche Titel „Gott ist tot?“ wirkt nichtssagender, ohne daß das dem Erfolg geschadet hätte. Die Übersetzung erschien in einem renommierten katholischen Verlag und wurde zum Anlaß einer intensiven Diskussion, nicht nur in kirchlichen Kreisen der Bundesrepublik. Aber der Ruhm verging rasch. In Deutschland blieben Mourre nur einige Bewunderer, darunter Carl Schmitt und Ernst Jünger. (…)

Nur ein paar Anarchisten bewahren ihm ein ehrendes Andenken. Er selbst lebte ein exzentrisches, jedenfalls rastloses Leben und hat die innere Ruhe, die er so ersehnte, wohl nie gefunden. Michel Mourre starb 1977, nur neunundfünfzig Jahre alt, an einem Gehirntumor.

Die Lettristen aber spalteten sich nach der Notre-Dame-Aktion in „Künstler“ und „Aktivisten“. Dem zweiteren, radikaleren Flügel schloß sich der junge Guy Debord an, der später zu einem bedeutenden Kritiker des Konsumgesellschaft und der Massenmedien wurde. 1985 schrieb Debord einen scharfkantigen Text [7]über den Identitätsverlust Frankreichs und das Problem der Masseneinwanderung, in dem es viele Berührungspunkte zu Dominique Venner gibt.

Debord gebrauchte oft das Bild einer Gesellschaft von „Schlafwandlern“ , [8]die vom „Spektakel“ [9] im Tiefschlaf gehalten wird; 2013 gebrauchte Venner ein ähnliches Bild, als er seine Tat als gezielten Schock konzipierte, um die Gesellschaft aus einer fatalen Bewußtlosigkeit und Lethargie, aus einem tödlichen Schlummer zu reißen.

Wie Venner wählte übrigens auch der (gleich Michel Mourre rastlose) Debord den Freitod – allerdings aus Lebensüberdruß infolge einer schweren Krankheit, die die Quittung für jahrzehntelange Alkoholexzesse war. Alle drei Genannten entstammten ungefähr derselben Generation: Mourre war Jahrgang 1928, Debord 1931, Venner 1935.

Entscheidend ist hier vor allem dies: zwischen dem „Tod Gottes“ und dem Tod Europas und Frankreichs besteht ein enger Zusammenhang; am Ende haben sowohl Michel Mourre als auch Dominique Venner sich im Abstand von sechzig Jahren vor dem jahrhundertealten Altar Notre-Dames ein- und derselben Krise  gestellt, mit der Glut eines Geistes, den die meisten Nominalchristen heute nicht mehr kennen.

Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/38863/von-michel-mourre-zu-dominique-venner.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/38863/von-michel-mourre-zu-dominique-venner.html/eccehomo

[2] Jungen Freiheit : http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50456d2e59c.0.html

[3] Eintrag : http://www.dominiquevenner.fr/2013/05/la-manif-du-26-mai-et-heidegger/

[4] Interview : http://www.jungefreiheit.de/Archiv.611.0.html?jf-archiv.de/archiv10/201012031955.htm

[5] schockartigen Überfall: http://en.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_Affair

[6] Michel Mourre,: http://www.jungefreiheit.de/Archiv.611.0.html?jf-archiv.de/archiv10/201014040245.htm

[7] scharfkantigen Text : http://www.sezession.de/38260/guy-debord-uber-identitat-und-einwanderung-fundstucke-15.html

[8] „Schlafwandlern“ , : http://www.youtube.com/watch?v=3TNurvWW4_0

[9] „Spektakel“: http://de.wikipedia.org/wiki/Die_Gesellschaft_des_Spektakels

samedi, 27 avril 2013

José Antonio Primo de Rivera: A Spiritual Patriot

José Antonio Primo de Rivera:
A Spiritual Patriot

 Ex: http://www.counter-currents.com/

Editor’s Note:

The following article is being reprinted in honor of the birthday of Don José Antonio Primo de Rivera y Sáenz de Heredia, 1st Duke of Primo de Rivera, 3rd Marquis of Estella, Grandee of Spain, who was born on April 24, 1903. His greatest accomplishment was founding the Falange Española (“Spanish Phalanx”), for which he was murdered on November 20, 1936 by Spain’s Communist “Republican” regime. See also on this site Julius Evola’s “What is Spanish Falangism? [2]

“Fascism was born to inspire a faith not of the Right (which at bottom aspires to conserve everything, even injustice) or of the Left (which at bottom aspires to destroy everything, even goodness), but a collective, integral, national faith.”

José Antonio Primo de Rivera

JOSE-ANTONIO-PRIMO-DE-RIVERA.jpgJosé Antonio Primo de Rivera y Saenz de Heredia Marques de Estella or José Antonio (as he is more commonly called) was born on April 24, 1903 in Madrid to grow up in a healthy aristocratic family environment as the eldest son of General Miguel Primo de Rivera, who was the Leader of Spain from 1923 to 1930. His family was socially prominent in Andalusia, having intermarried with large landholders and merchants around Jerez de la Frontera. From his father José Antonio inherited the title marqués de Estella.

His father, after a rapid and brilliant military career in Cuba, the Philippines, and Morocco, became governor of Cádiz (1915), then in turn captain general of Valencia, Madrid, and Catalonia. From Catalonia he staged a coup d’etat in September 1923, dissolving the Cortes and then establishing, with the full approval of King Alfonso XIII, a military directory. The constitution of 1876 as well as civil liberties were suspended. The military dictatorship was replaced by a civil one (1925); both ruled quite moderately, without the brutalities and extreme repression that characterized later dictatorships.

Miguel Primo de Rivera ended the war in Morocco (1926), introduced many measures aimed at economic modernization and administrative reform, and launched an ambitious program of public works, but his rule aroused the opposition of anarcho-syndicalists, Catalan regionalists, and all liberals. His regime was in more than one instance misguided, clumsy, and naive, but it was a basically generous and inclusive one. Spain under him would develop economically, and all Spaniards would share the benefits. There were public works, greater employment, more schools, sanitary improvements, and attention given to worker’s rights. An uprising in 1929 by the liberals did not succeed, but various political and economic failures of the regime soon led to his resignation (Jan., 1930). He died in exile in Paris, reportedly of a broken heart.

José Antonio was an intense intellectual and studied the works of philosophers and political thinkers such as Spengler, Keyserling, Marx, Lenin, Ortega, Mussolini, and Trotsky. He went to the University of Madrid to study law and after military service he began a career as a lawyer in 1925. When his father’s memory was being made a mockery of in the Cortes (parliament), he involved in politics when he held speeches defending the policies of his father and finally decided to run for parliament. The more they attacked and ridiculed his father, the more antagonistic he became toward their insistence on middle-class liberal democracy and parliamentary forms. His disdain for the political realm would inspire in him a theory for a political system that would retain the positive aspects of his father’s regime and create others that would fix the faults. José Antonio also edited the right-wing journal, El Fascio. After it was shut down by the Republican government he wrote for the periodical ABC.

The Republic was set up in Spain on April 14, 1931 with the end of General Primo de Rivera’s dictatorship. The country was therefore not looking for another authoritarian form of government, and definitely not a monarchy since Alfonso XIII had shown that he was utterly incompetent at ruling the Spanish people. The Left finally had the opportunity to govern Spain their way. Yet, disgust with the way things were going was evident just a few months after the Republic was created. In the years that followed emotions became stressed and nerves taut. Promises of change were being broken faster than they were made. The Cortes was plagued with the constant bickering of members concerned only with their propaganda and affairs. Spanish liberalism started to rise and the possibility of creating a political alternative began to be discussed.

World War I had left Europe in a state of disarray. National spirits had risen like heavy perfume on a cold night, sweetening what was left of putrid Europe. Underneath this cloud, however, was still the problem of class struggle and the question of social justice. These two components – national interest and the social question – eventually sparked a new movement, one that called for the nation irrespective of class – nationalistic and socialist. Spain was in a far worse condition than any other country with the possible exception of Portugal, after World War I. The country was in a semi-medieval rut. Around the beginning of the twentieth century about ninety-eight percent of the land was owned by about three percent of the total population. The society was mainly agrarian and organized labor seemed unheard of. Although Spain was improving, thanks to the help of the constitutional monarchy that began in 1875 and the dictatorship of General Primo de Rivera, its growth was unusually slow. And to make matters worse, the regions that did see economic growth were isolated, though more culturally than geographically. Class struggle became increasingly exacerbated. Perhaps the only thing that the middle class, which would be the main component of the Fascist movement, was passionate about at the time was the abatement of the proletarian rebellion, if not avoiding it altogether.

The conditions were finally right for the growth of a national socialist movement. Differing levels of the new movement developed in two other countries beside Spain. Germany would take part in a national socialist movement that suppressed the socialism under the bloated pride of nationalism. Italy apparently had a pragmatic reconciliation of socialist and nationalist aspirations. Spain’s national socialist, or Fascist, movement, however, took on a more personal, or individual, patriotic role. The stage was being prepared for the beginning of a Spanish national socialist party, José Antonio Primo de Rivera’s party.

José Antonio offered a fresh look at the system of government. He sympathized with the Republic in feeling disdain for a capitalist system. Like the Left, José Antonio believed that Spain had been suffering from the capitalist plague “that turns the worker into a dehumanized cog in the machinery of bourgeois production.” However, he also believed that the solution was not the communism that the Left offered. José Antonio argued that while a capitalist system “dehumanized” a person, communism “absorbs the individual personality into the State.”

He spent some time during the early months of 1933 looking for someone to lead a new national socialist movement. He deemed himself unable, claiming that he had “too many intellectual preoccupations to be a leader of the masses” and his possible financiers did not wish to back “another Primo de Rivera.” Fortunately, José Antonio found “a solid collaborator” in Ruiz de Alda. Alda was a renowned aviator who himself had been attracted by nationalistic appeals and distrusted the established parties. They got to work together about creating their idealistic brand of national syndicalism. Now all they had to do was wait for a moment when the political atmosphere would be more favorable. The wait was not long for in the fall of that year elections were to be held.

On October 29, 1933 in the Teatro Comedia, José Antonio Primo de Rivera gave a speech where he announced his election into the Cortes and the creation of the Falange Española. José Antonio announced that Sunday evening in the Teatro Comedia to a crowd of about 3,000 persons what the Falange stood for: The faith of the Falange was in Spain, that is in the total synthesis of all individuals and classes, which thus synthesized into a new individual had a divine destiny. Within this synthesis, there could not be political parties: religion would be tolerated so long as it did not interfere in undefined affairs not of its competence: there could be no drones nor parasites in the new society: all men would have the right but also the duty to work for the community.

To achieve the new society, violence might be necessary, but it was not an end in itself. He launched the Falange as a movement committed to overthrowing the government if the political parties of the left should manage to impose their policies on the country. It was part militia, part political party, and part movement, inspired by Mussolini’s fascism, and started preaching about the need for a greater national interest that would be above all the particular or group interests then claiming for attention, and that the answer was not in either the Right or the Left, but in an amalgamation of the best of both.

The parties initials F.E. for Falange Española make the Spanish word for “faith,” summarizing the feeling of what José Antonio held for Spain. He expounded his Revolutionary views in his periodicals F.E. (1934) and Arriba (1935), and when these publications were suppressed by the state, he addressed meetings across the country and made speeches in the Cortes (parliament), to which he had been elected in 1933. In its manifesto the Falange condemned socialism, Marxism, republicanism, and capitalism and proposed that Spain should become a Fascist state. Professing generally the principles of fascism, the Falange distinguished itself from other fascist groups by its great emphasis on national tradition, particularly the imperial and Renaissance Christian traditions of Spain.

The first months of the Falange showed great success. Already they had acquired more members than the National Syndicalists (Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalist – J.O.N.S.), the national syndicalist organization, which was headed by Ledesma Ramos. Among the new followers were many university students impressed with José Antonio’s rhetoric. The J.O.N.S. was similar in style, and quoted roughly one thousand members. There was an immense pressure for the two parties to merge, if they want to stay afloat in the political pool. On March 14, 1934 the J.O.N.S. joined the Falange to become one (FE-JONS) under José Antonio as its leader. José Antonio agreed to the union; he disliked Ledesma, the party’s leader, and the party’s “crudeness.”

Yet, violence was nothing new to the Falange party. The violence among Falangists and the Left was intense. Just a few days after the party had formed, its first member was killed. José Antonio had asserted that violence would be necessary, and he was absolutely realistic. Many attempts were made at his life, including once when a bomb was thrown at his vehicle. José Antonio reacted by getting out of his car and attempted to shoot the assailants. He did not shudder at the price of freedom of speech. Night after night there were reports of “suspect Fascists” being arrested or gunned down. In the speech of the founding of the Falange José Antonio declared, “We are not going to that place [the Cortes] to squabble with the habitués over the insipid scraps of an unclean feast. Our place is outside . . . our place is in the open air, under the clear night sky, sword in hand and stars above.”

A different type of violence was occurring in the party. Many were fearful of the party growing too conservative. While José Antonio was strengthening his control, Ledesma abandoned the party at the beginning of 1935. Later that year, José Antonio put his party at the service of the Italian government, from which he received a monthly subsidy until June 1936.

In 1935 the parties of the left formed the Popular Front, which came to power after the elections of February 1936, whereas the Falange won only 0.7 per cent of the vote. José Antonio was elected to the Cortes. Being a legally elected official mattered little to the Leftist-ruled government in Madrid. To them José Antonio was a symbol of everything they feared: Patriotism, Discipline, Morality, and Spirituality. At that time the Falange had neither the numbers nor the money to make a difference. There was no way the Republican government were going to allow the Falangists to gain any kind of power in Spain, in a formally legal way or otherwise.

For a while he managed to keep his followers from responding to the increasing violence in the streets. After the victory of the Popular Front the Falange Espaola grew rapidly and by July had a membership of 40,000. Then he too was swallowed in the gunpoint battles which were the regular form of intercourse at the street level. The situation having deteriorated further he ended up, after other options had failed, Primo de Rivera joined a conspiracy to overthrow the Popular Front government. Primo de Rivera fully supported the military rebellion in July 1936 against the republican government and after the outbreak of the Spanish Civil War the Falange became the dominant political movement of the Nationalists. The Falange militia joined the Insurgents in the Spanish civil war of 1936–39.

When word got back to the Republican government that Falangists were beginning to arm themselves, they set about arresting the leaders of the Falangist movement throughout Spain. The so-called Republican government never did a thing to stop the Communists and Socialists from arming themselves or the criminal acts perpetrated by these two groups.

Violence soared through the streets of Madrid. Falangists were being arrested and shot, and vice versa in retaliation. The tensions finally peaked when on the night of July 12, 1936. José Calvo Sotelo, the leading spokesman of the organized Right, was supposedly taken into custody. The next morning his body was found at the gates of a cemetery. This was the incident that sparked the fire. Riots broke out, rebellions were implemented, and on July 17, 1936 the Spanish Civil War began. With the outbreak of the Spanish Civil War, shortly after losing his seat in the Cortes at that time, the Spanish Falange was declared an illegal organization by the Republicans. They banned the party, arrested its leaders, and closed down its press. Primo de Rivera was arrested on June 5th 1936 and incarcerated in Alicante Prison by the puppet mercenaries of the State (police), in the power of his opponents. The Falange grew into one of the most powerful movements in Spain while José Antonio was in prison.

Primo de Rivera was tried for his part in the rebellion. He was given a summary trial for conspiring against the Republic and leading a Fascist-based organization and condemned to death. On November 18th 1936, José Antonio wrote, “Condemened to death yesterday, I pray God that if He does not still spare me from coming to that last trial, He may preserve in me up to the end the seemly submission with which I contemplate it, and that in judging my soul He may apply to it not the measure of my merits but that of His infinite Mercy.”

The circumstances surrounding José Antonio’s death are very peculiar. The Republican government had grown anxious of the rise in power of the Fascists. A Fascist crackdown was implemented. Fearful of what José Antonio might impress upon his followers to do, the Republican government kept him in jail for several months. In his Last Will and Testament José Antonio notes that it was not until five to six days before he wrote this statement that he was informed of the charges upon his indictment. On November 20, 1936, José Antonio Primo de Rivera was marched out of his cell in Alicante prison and with a crucifix in his hand and “prayer on his lips” and forgiveness for the enemies about to murder him was executed by a firing squad. José Antonio died like a Man, he died a Hero, a Martyr and a Saint.

News of his death was suppressed until a year later. The location of his body in the Alicante prison cemetery was unknown until his brother Miguel, after being released from prison, was able to provide information. Before Miguel’s statement of the events, the Republican government had tried to cover up the execution by claiming that a mob broke into the jail and killed José Antonio.

The death of José Antonio led to the death of his Falange. The Falange that followed would go through vast changes. There was much bickering over who would succeed José Antonio. A man, most unworthy of the position, named Hedilla led the organization for only brief period of time. For Franco was looming in the background, growing more victorious. Eventually the Generalissimo declared himself the jefe nacional and, on April 19, 1937, changed the organization into the Falange Espanola Tradicionalista y de las Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalist.

Finally, after three years of lies, José Antonio was given his due respect in 1939. His remains were excavated and moved to the Escorial Monastery. Planes dropped wreaths on the Alicante cemetery, and Franco broadcast a tribute to the dead leader. A huge funeral mass was held that lasted for 10 days and included a 284-mile procession with his coffin on Fascist shoulders. Mussolini had Italian Fascists personally carry a bronze wreath to his grave. José Antonio was buried at the Escorial Monastery in the Guadarrama Mountains among Spain’s king and queens. After Franco had built the Valley of the Fallen his remains were moved there on March 30, 1959 for the last time.

General Franco’s party treated José Antonio as a martyr to gain the support of the National Revolutionary movement’s followers. Merged with the Carlist militia by Francisco Franco in 1937, the organization was renamed Falange Española Tradicionalista and was made the official party of the Nationalist state. It was a much less independent force than Italian fascism, however, and was exploited and manipulated by Franco. From the middle of World War II on, the party grew steadily weaker, and Franco sought to make it a kind of bureaucratic nationalist front. The Falange movement itself was diluted, and any vestiges of the old revolutionary spirit were eradicated in order to appease the Roman Catholic Church and the military. By the early 1970s, it had virtually no influence. José Antonio Primo de Rivera’s articles and speeches help to form some of the doctrine of Franco’s Nationalist movement; but like any and all mainstream political organisations, they could not truly bread beyond conventionalism and institute the truly Revolutionary aspects of the doctrine that would have made Spain a true Nation of the People.

With everything that has been said, it is difficult to image that even today people carelessly throw around a word as powerful as “Fascist.” This term has been loosely used to label anyone person or organization of the Right that is seen as revolutionary, anyone who loves his country above all else, and anyone who approves of an authoritarian government. Today, patriotic middle class Christians that believe in individual responsibility seemed to be labeled Fascists or Fascist sympathizers. Julius Evola has commented that “fascism has undergone a process which can be called mythologization, and the attitude which many adopt towards it is of a passionate and irrational kind rather than a critical, intellectual one.”

In a note that was eventually published in the Spanish Press on the 10th of December 1934, José Antonio clearly states that the “Falange Espanola de las J.O.N.S. is not a Fascist movement. It has certain coincidences with Fascism in essential points which are of universal validity; but it is daily acquiring a clearer outline of its own, and is convinced that by following this path and no other it will find its most fruitful possibilities of development.” Even at the end of his life he was intensely frustrated with the political name-calling and bullying. “It astounds me that after three years the immense majority of our countrymen should persist in judging us without having begun to show the least sign of understanding us, and indeed without having even sought or accepted the slightest information.”

It is no wonder that in this day and age of immorality and anti-heroes, that José Antonio stands out like a Beacon of Light with an ever growing popularity and following throughout, not only Spain but the rest of the World as well.

Rivera’s Obras completas (“Complete Works”) appeared in 1944.

Source: http://www.geocities.com/integral_tradition/rivera.html [3]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/04/jose-antonio-primo-de-rivera-a-spiritual-patriot/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/04/JoseAntonioFEJONS.jpg

[2] What is Spanish Falangism?: http://www.counter-currents.com/2010/11/what-is-spanish-falangism/

[3] http://www.reocities.com/integral_tradition/rivera.html: http://www.reocities.com/integral_tradition/rivera.html

vendredi, 12 avril 2013

Méridien Zéro - Un homme, un destin : Jean Mabire

Méridien Zéro:

Un homme, un destin :

Jean Mabire

lundi, 11 mars 2013

Rudolf Diesel wollte weg vom Erdöl…


Rudolf Diesel: Der Industrielle und Erfinder hat seinerzeit einen Motor entwickelt, der ganz ohne Petroleum lief. Der amerikanische Öl-Millionär John D. Rockefeller beispielsweise erklärte Diesel deswegen zu seinem "Todfeind".

Freitod oder kaltblütiger Mord? Rudolf Diesel, der vor 150 Jahren geboren wurde, kam von einer Schiffsreise nach London nicht mehr lebend zurück. Über den mysteriösen Tod des Dieselmotor-Erfinders – und seine mächtigsten Widersacher.

-
diesel.jpgEs war ein ruhiger Abend auf See. Rudolf Diesel hatte im Speisesaal des luxuriösen Passagierdampfers “Dresden” mit einem bekannten Industriellen zu Abend gegessen. Der große, stattliche Mann mit Brille und Schnauzer war auf dem Weg nach London, wo er ein Motorenwerk einweihen sollte. In bester Laune hatte der 55-Jährige vom Deck aus noch die sternklare Nacht vom 29. auf den 30. September 1913 bewundert. Dann machte sich Rudolf Diesel, der Erfinder des Dieselmotors, auf den Weg in seine Kabine. Dies war der Augenblick, in dem er das letzte Mal gesehen wurde.

Zehn Tage später fand man nur noch die Reste seiner aufgedunsenen Wasserleiche. Was war passiert? “Er ist zuerst mit Chloroform betäubt und dann brutal über die Brüstung ins Meer geworfen worden”, sagt Viktor Glass. Er hat den biographischen Roman “Diesel” über den Erfinder und Mechaniker geschrieben. Bis heute ist nicht geklärt, warum Diesel starb, aber Viktor Glass ist sich sicher, dass er nicht freiwillig ins Wasser sprang. “Diesel hatte sich sein Nachtzeug bereits akkurat zurecht gelegt und seine Taschenuhr so an der Wand der Kabine befestigt, dass er sie vom Bett aus sehen konnte. Das spricht definitiv nicht für Selbstmord”, sagt der Autor.

Ein Unfall wurde sofort ausgeschlossen. Denn die See war an dem Abend extrem ruhig und auch die Reling war so hoch, dass man – auch bei großer Unachtsamkeit – nicht darüber fallen konnte. Einzig ein Kreuz in Diesels Kalender sorgte lange für das Gerücht, er habe mit einem Totenkreuz den Tag seines Sterbens markiert. “Aber das Kreuz könnte auch genauso bedeuten, dass er sich damit den Tag seiner Reise angestrichen hat”, sagt Glass.
-

Der erste funktionsfähige Dieselmotor aus dem Jahr 1897

Diesels Todfeinde

-
Bleibt die Frage, wer Interesse am Tod des Mechanikers gehabt haben könnte. Kein Zweifel: Diesel hatte mächtige Feinde. “Der amerikanische Öl-Millionär John D. Rockefeller wollte ihn aus dem Weg räumen. Denn Diesels Motor funktionierte ganz ohne dessen Petroleum”, erklärt Viktor Glass. Rockefeller habe Diesel sogar seinen “Todfeind” genannt. Eine andere Theorie spricht laut Glass dafür, dass Diesel auf Befehl des deutschen Kaisers ermordet wurde. Er sei ja nur ein Jahr vor dem Ersten Weltkrieg gestorben, und Wilhelm II. habe Diesel-Schiffsmotoren für die Kampfeinsätze nutzen wollen. Diesel jedoch habe das nicht gewollt – wenn, hätten alle Nationen die gleichen Chancen haben sollen seinen zu Motor nutzen, erläutert Glass die Beweggründe des Erfinders.

Deshalb habe er auch an andere Nationen Patente für seinen Motor verkauft. Mit eventuell tödlichen Folgen: “Wie viele andere Intellektuelle (u.a. Julius Hensel) zu seiner Zeit kam er dann plötzlich um”, so Glass. Der Autor geht davon aus, dass sich die deutsche Seite Rudolf Diesels entledigt hat. Und das, obwohl er zu den wichtigsten Erfindern Deutschlands gehörte. Ein Mann, der es trotz widriger Verhältnisse ganz weit nach oben gebracht hatte.
-
Nach Ausbruch des deutsch-französischen Krieges 1870 mussten seine Eltern mit ihm und seinen Geschwistern aus Paris fliehen, wo er am 18. März 1858 geboren worden war. Im Exil in England erwartete die Familie Hunger und Armut. Diesels Eltern konnten ihren Sohn nicht mit durchbringen und schickten ihn während der Kriegswirren zu Verwandten nach Augsburg. Dort ging Rudolf Diesel zur Schule und wurde sich schnell seiner Leidenschaft für Technik und Mechanik bewusst. Schon während seines Studiums an der Königlich-Bayerischen Technischen Hochschule in München hatte er die Idee, einen Motor zu bauen, der die Dampfmaschine ablösen sollte.
-
Ohne Zwischenstopp rund um die Welt
-
Für dieses Ziel war er bereit, fast alles zu opfern. Heute würde man Diesel als Workaholic bezeichnen: Nächte hindurch saß er über Skizzen und Versuchsaufbauten; er litt an Überarbeitung und starken Kopfschmerzen. 1897 gelang es ihm endlich einen Motor zu schaffen, der deutlich weniger Energie verbrauchte als die Dampfmaschine – eine Revolution. Denn zu der Zeit mussten Dampfschiffe alle paar Tage an Land gehen und neue Kohlen aufladen. Mit seinem Motor konnte ein Schiff ohne Zwischenstopp rund um die Welt fahren. Die Patente für seine Erfindung verkaufte er weltweit. Allein, im Umgang mit Geld war Diesel alles andere als patent; zum Zeitpunkt seines Todes stand er kurz vor seinem finanziellen Ruin.
-

Ingenieurstreffen: Rudolf Diesel, Heinrich von Buz und Prof. Moritz Schröter (v.l.) nach der Hauptversammlung des Vereins Deutscher Ingenieure im Jahr 1897.

Auch wenn sich der Erfinder stets mit Stil kleidete und modische Anzüge trug, so hatte er doch nie vergessen, aus welcher Schicht er kam. Sein großes Ziel: Er wollte einen Motor für die einfachen Menschen bauen. Einen, den man beispielsweise für Traktoren nutzen konnte. Die Umsetzung seiner Idee war für die Bauern ein Riesenfortschritt, mussten sie doch zuvor noch per Hand, mit Ochse und Pferd den Boden pflügen und die Saat einholen. “Deshalb ist Diesel als Deutscher heute noch in aller Welt bekannt”, sagt Glass. Natürlich würden viele Hitler kennen. “Aber fragt man einen indonesischen Bauern nach einem Deutschen, wird der sicher ‘Diesel’ antworten”, so der Autor.

Wobei der Mechaniker bereits zu Lebzeiten eine international berühmte Persönlichkeit war: Der amerikanische Präsident Harry S. Truman wollte ihm zum Beispiel eine ganz besondere Ehre zu Teil werden lassen und ihn auf die erste Fahrt durch den Panama-Kanal mitnehmen. Diese Bekanntheit wollte Rudolf Diesel für seine Ideen nutzen. Er hatte sogar vor in die Politik zu gehen, um für mehr soziale Gerechtigkeit zu kämpfen. Eines seiner Ziele war es, dass die Arbeiter Anteile an den Betrieben bekommen; sein Gesellschaftskonzept hielt er in einem Buch mit dem Titel “Solidarismus” fest. Doch war Diesel auch in anderer Hinsicht Visionär: Er spielte schon Ende des 19.Jahrhunderts mit der Idee, Motoren mit Raps oder Hanf zu betreiben, was ihm damals jedoch nicht gelang.
-
Die Titanic knapp verpasst
-
Ebenso wie ihm der brennende Wunsch versagt blieb, 1912 mit der “Titanic” nach Amerika zu fahren – zu seinem Glück. Da Diesel keine Tickets mehr bekam, nahm er mit seiner Familie ein anderes Schiff und entkam so der Katastrophe. Als der Mechaniker vom Untergang des Schiffes erfuhr, war er geschockt. Immer wieder habe er zu seiner Frau gesagt: “Wenn nur einer gestorben wäre, was wäre dann aus den anderen geworden?”, zitiert Glass den Erfinder. “Auch daran kann man erkennen, dass er sich nie umgebracht hätte”, so der Autor. Diesel hätte niemals seine Familie allein gelassen.

Dennoch warteten seine Frau und seine drei Kinder im Herbst 1913 vergebens auf Rudolf Diesels Rückkehr. Alles, was seiner Familie von ihm blieb, war der Inhalt seiner Manteltasche: ein Portemonnaie, ein Taschenmesser, eine Pillendose. Und das Rätsel um seinen Tod – das sich wohl nie lösen wird. Denn Diesels Leiche wurde kurz nach ihrer Entdeckung wieder zurück ins Meer geworfen.
-
Quelle: eines tages

vendredi, 08 mars 2013

Two Cheers for Chávez

hugo-chavez-le-revolutionnaire.jpg

Two Cheers for Chávez

By Gregory Hood

Ex: http://www.counter-currents.com/

Venezuelan President Hugo Chávez has died after a long battle with cancer. He was 58. Predictably enough, the castrated elephants of the American Right are squeaking with unseemly delight.

While it is far too soon to predict what effect Chávez’s death will have on the future of Venezuela’s “Bolivarian Revolution,” American opinion seems to be that the death of this man constitutes some kind of victory, particularly for neoconservatives.

Chávez was not a model leader. Venezuela’s crime rate has soared [2] under his rule. Street gangs act as a de facto part of the Venezuelan government, corruption is rampant, and unfinished skyscrapers have become nests for squatters [3] that look like something out of Dredd [4]. While Chávez has been able to reduce poverty in the country, this is a fairly straightforward accomplishment for the fifth [5] largest oil producing country in the world at a time of high prices. Chávez also made the claim that he would have voted for Barack Obama, if he could.

Nonetheless, there are reasons to admire Hugo Chávez. Chávez always inspired more hatred and fear from the neoconservative press than even paranoia could justify. This alone serves as a sign of contradiction [6] that Chávez should be examined carefully. While it’s at least theoretically possible for a nuclear armed Iran to threaten Israel (or, of secondary importance to our press, America), it’s absurd to think of Venezuela as a military rival. Despite the absurdity, Americans have been treated to lurid articles about Muslim terrorists (!) setting up shop [7] in Venezuela, even while Chávez littered his speeches with more references to Christ than Barack Obama ever would.

In truth, Venezuela did serve as a critical component of the emerging “anti-American government” bloc in world affairs. Chávez maintained close ties with Cuba, and more importantly, with Russia and China [8]. Venezuela even expressed [9] its willingness to host a strategic nuclear base for Russian forces. Chávez forcefully condemned [10] the American supported “terrorists” in Syria fighting to overthrow President Bashar al-Assad. Chávez will be remembered around the world for his forceful condemnation of American foreign policy, particularly the invasion of Iraq, and his quip [11] that he could “smell the sulfur” after George W. Bush spoke at the United Nations. American conservatives, some still stubbornly defending the disaster in Mesopotamia, have neither forgiven nor forgotten.

However, what is at the root of the hatred of Chávez is his willingness to maintain Venezuelan independence from international finance. Chávez defended Muammar al-Gaddafi till the bitter end, making the link between the American government’s desire to protect [12] its debt driven empire and Washington’s sudden concern with democracy. Just as Gaddafi was brutally tortured [13]and killed for daring to revolt against Washington’s global order, much of the hostility against Chávez was driven by his desire to maintain Venezuela’s oil revenue for the Venezuelan state. The American supported “democratization” movement [14] against him, just like that directed against Vladimir Putin, has more to do with ensuring the continued hegemony of globalism than with a sudden concern for individual liberty. As in Russia, the international community’s cries for “liberty” really mean a desire to protect the culturally alien oligarchs.

Chávez’s “socialist” revolution always contained powerful nationalist and even traditionalist overtones. “Bolivarianism” emphasized Latin American unity, strength, and above all, sovereignty as an independent economic and political bloc against the new order of globalization. He attempted to mobilize the masses behind a patriotic identity, imbuing them with a sense of mission and national pride that transcended class. While Chávez’s opponents conspired with foreigners to overthrow him, Chávez broke with neoliberal orthodoxy to build a what he called a “Third Way” that would put Venezuela first.

It’s no surprise that the Tribe was famously hostile to Chávez because his “Bolivarian Revolution” was the wrong kind of socialism, the kind they could not control. Chávez was slammed by Jewish organizations for warning that those who “killed Christ” were in charge of the global economy – although he was grossly misquoted [15]. For their part, pro-Chávez groups and newspapers have distributed the Protocols of the Elders of Zion, called for the “expulsion” of Zionist organizations from the country, and monitored the “subversive activity” of Jewish organizations. The Jewish neoconservative magazine Commentary wailed [16] that Chávez’s “redemptive nationalist movement” saw the “Jewish financial mafia” as a threat. Seeing as how financial interests within the country and neoconservatives outside have both called [17] for American military intervention, Chávez’s forces may have a point.

Would I want to live in Chávez’s Venezuela? No, of course not. However, I don’t want to live in an alien ruled America either, and yet here we are.

White Nationalists and Hugo Chávez share common interests and a common enemy: global capitalism [18]. As long as the world is dominated by neoliberal economics directed by the axis of Washington, New York, and London, any Traditionalist, pro-white, or nationalist program is destined to be strangled in the cradle.

Furthermore, so-called “globalization” is an open door for Jewish financial and cultural domination, and the eventual eradication of any Traditionalist order. For that reason, proponents of Alexander Dugin’s “Fourth Political Theory” see [19] Hugo Chávez as a hero, a wrench in the machinery of the financial order that is crushing us.

Finally, it is Wall Street and the capitalist elite – not so called “anti-Americans” like the late Hugo Chávez – that are importing the non-white masses to serve as cheap labor and dispossess Western peoples from their homelands. Americans should sympathize with Third World anti-colonialists like Chávez, since our country too is now merely a colony of global capital. For that reason, Traditionalist geopolitics must take as its primary focus dismantling the neoliberal financial order – not because it is an example of American “imperialism,” but because it is an enemy of the real America.

Hugo Chávez was an ally in that fight. His Bolivarian Revolution is not something we would wish to emulate. But it does deserve our support and respect.

Rest in peace.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/03/two-cheers-for-chavez/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/03/Hugo_chavez.jpg

[2] soared: http://www.aljazeera.com/indepth/features/2012/10/2012101817912697153.html

[3] nests for squatters: http://www.nytimes.com/2011/03/01/world/americas/01venezuela.html?pagewanted=all&_r=0

[4] Dredd: http://www.counter-currents.com/tag/dredd/

[5] fifth: http://en.wikipedia.org/wiki/History_of_the_Venezuelan_oil_industry#Today_and_the_Future

[6] sign of contradiction: http://en.wikipedia.org/wiki/Sign_of_contradiction

[7] setting up shop: http://articles.washingtonpost.com/2011-03-20/opinions/35207542_1_venezuelan-counterpart-rangel-silva-venezuelan-embassy

[8] China: http://en.wikipedia.org/wiki/China%E2%80%93Venezuela_relations

[9] expressed: http://www.guardian.co.uk/world/2009/mar/16/chavez-russia-venezuela-nuclear-base

[10] condemned: http://www.miamiherald.com/2012/10/09/3042202/venezuelas-chavez-talks-about.html

[11] quip: http://articles.chicagotribune.com/2012-09-04/news/sns-rt-us-chavez-bush-sulfurbre884052-20120904_1_venezuela-s-chavez-sulfur-venezuelan-leader-hugo-chavez

[12] desire to protect: http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:_ML_SVkpGG0J:www.alternativeright.com/main/blogs/exit-strategies/libya-and-the-empire-s-death-throes/?print=1&tmpl=component+&cd=5&hl=en&ct=clnk&gl=us

[13] brutally tortured : http://www.counter-currents.comhttp://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:oqMc_QPgGvwJ:https://www.alternativeright.com/main/blogs/exit-strategies/this-is-sin/+&cd=1&hl=en&ct=clnk&gl=us

[14] movement: http://www.counter-currents.com/2011/03/twitterers-of-the-world-unite-the-digital-new-left-as-controlled-opposition-part-4/#more-10232

[15] misquoted: http://www.commondreams.org/views06/0315-28.htm

[16] wailed: http://www.commentarymagazine.com/article/hugo-chavezs-jewish-problem/

[17] called: http://en.wikipedia.org/wiki/Hugo_Ch%C3%A1vez#Coup.2C_strikes_and_the_recall_referendum

[18] global capitalism: http://www.counter-currents.com/2011/12/the-end-of-globalization/

[19] see: http://openrevolt.info/2011/09/19/usa-and-the-new-world-order-dugin-debates-olavo-pt-2/

mercredi, 16 janvier 2013

Il ricordo di Adriano Romualdi (1940-1973)

fm5906474118_d01b16efc7_z.jpg

Ricorrenze. Il ricordo di Adriano Romualdi (1940-1973), intellettuale controcorrente

Pubblicato il 17 dicembre 2012 da Gianfranco de Turris
Categorie : Personaggi Rassegna stampa
Ex: http://www.barbadillo.it/ 

Se lo sono chiesto, ce lo siamo chiesto, me lo hanno chiesto nel 1983, nel 1993, nel 2003: che cosa avrebbe fatto, che cosa avrebbe detto, che avrebbe scritto, come si sarebbe comportato Adriano se fosse stato vivo?

Una domanda cui non è facile rispondere, anche per uno come me che della storia fatta con i “se” si occupa. Una domanda però che sottintende un senso di distacco, di privazione, ancora d’incredulità di fronte al suo destino, di sotterranea ammirazione per un uomo immaturamente e tragicamente scomparso a causa di un’imperscrutabile e terribile decisione del Fato (che nel 2000 ha voluto ripetersi con Marzio Tremaglia), anche da parte di chi non l’ha mai conosciuto se non, forse, attraverso i suoi scritti.

Adriano era della mia generazione, quella degli anni ’40, ma il primo di tutti essendo nato proprio nel 1940: oggi avrebbe avuto 63 anni, un signore di una certa età con sicuramente alle spalle molti libri, moltissimi articoli, forse anche una carriera universitaria.

Personalmente già mi sono posto l’interrogativo presentando il volume di tutti gli scritti di Adriano dedicati ad Evola (Su Evola, Fondazione Evola, 1998), ma oggi come oggi non riesco a pensare esattamente alla sua posizione rispetto alla politica odierna, se non che sarebbe stato intransigentemente all’opposizione di quella attualmente espressa dal partito erede del MSI, soprattutto sarebbe stato contro la sua politica non-culturale. Infatti, l’azione di Adriano fu sempre su questo piano che possiamo definire metapolitica, secondo gli insegnamenti evoliani. In tutti questi anni, se fosse vissuto, la sua importanza avrebbe potuto essere, nonostante alcune sue rigidità caratteriali, quella di un catalizzatore culturale: sarebbe diventato un’importante figura di riferimento, organizzatore e promotore d’iniziative, in polemica con l’ufficialità. Per semplice induzione sono quasi sicuro che avrebbe polemizzato con gli indirizzi presi, nella sua ultima fase, dalla Nuova Destra, e penso proprio che in qualche modo ambiguo avrebbero cercato d’incastrarlo, com’è successo a molti altri, durante gli anni del terrorismo e dello stragismo, in qualcosa di losco, di certo lontanissimo dal suo modo di pensare e dai suoi intenti. Era, infatti, una personalità di primo piano, anche per essere il figlio di Pino, uno dei fondatori del MSI ed alla fine vice-segretario, e si esponeva parlando e scrivendo: insomma poteva dare fastidio e per le sue idee e per essere una figura aggregatrice.

Era, proprio per quel suo scarto di pochi anni di età, un “fratello maggiore” (mi pare che la definizione sia di Maurizio Cabona), perché l’unico “maestro” della Destra italiana del dopoguerra, anche se non voleva essere chiamato così, era e rimane Julius Evola, di cui Adriano, per la lunga vicinanza e frequentazione, e per essere stato il primo a divulgarne ed interpretarne la “visione del mondo”, può considerarsi l’unico vero “allievo”. Come tale, come “fratello maggiore”, aiutò ed incoraggiò diversi di noi aprendoci le pagine de L’Italiano, uno dei mensili politico-culturali degli anni ’70, su cui si fecero le ossa in molti e dove si dibatterono argomenti oggi comuni ma che allora erano “nuovi” per la Destra ufficiale e del tutto trascurati: non solo cinema e narrativa contemporanea, ma anche fumetti, uso dei mass media, scienza, ecologia, letteratura fantastica, nuove tecnologie e nuove forme d’espressione, analisi della persuasione occulta, tendenze del costume italiano.

Una parte cospicua della storia della cosiddetta “destra pensante” si dovrà fare esaminando le pagine de L’Italiano soprattutto nel periodo in cui Adriano se n’occupò abbastanza direttamente, cioè negli anni della “contestazione”, fra il 1967 ed il 1973.

Era, infatti, del parere che più che lamentarsi della situazione esistente si dovesse agire concretamente sul piano, appunto, culturale e metapolitico. Conclude, infatti, così il suo saggioPerché non esiste una cultura di Destra del 1965 ed in edizione definitiva del 1970: “Bastano pochi cenni per tracciare le linee di sviluppo di una cultura di destra. Ma quest’astratto orientamento incomincerà a prendere forma quando dei singoli si metteranno a scrivere ed a fare”.

Penso che molti dei suoi amici di allora, magari prendendo strade personali diverse, questa via l’abbiano seguita: hanno scritto ed hanno fatto, nei limiti quantitativi consentiti dalle difficoltà insite all’establishment culturale italiano, per parlare degli ostacoli frapposti dalla stessa Destra ufficiale.

Ma l’hanno fatto.

L’idea che Adriano aveva di cultura la espresse in questo suo saggio, ancor oggi attuale e preveggente, per il semplice motivo che, a distanza di quasi 40 anni, le condizioni – diciamo così ambientali – non sono cambiate affatto. Le ragioni essenziali e di fondo di questa storica difficoltà della “cultura di destra”, a parte le situazioni contingenti e pratiche che non venivano per nulla da lui sottovalutate, Adriano le sintetizzava così: “Ciò non deve farci dimenticare la vera causa del predominio dell’egemonia ideologica della Sinistra. Esso risiede nel fatto che là esistono le condizioni per una cultura, esiste una concezione unitaria della vita materialistica, democratica, umanitaria, progressista. Questa visione del mondo e della vita può assumere sfumature diverse, può diventare radicalismo e comunismo, neo-illuminismo e scientismo a sfondo psicanalizzante, marxismo militante e cristianesimo positivo d’estrazione “sociale”. Ma sempre ci si trova di fronte ad una visione del mondo unitaria dell’uomo, dei fini della storia e della società”.

Invece – ecco la contrapposizione secondo le sue parole – “dalla parte della Destra nulla di tutto questo. Ci si aggira in un’atmosfera deprimente fatta di conservatorismo spicciolo e di perbenismo borghese (…). A Destra si brancola nell’incertezza, nell’imprecisione ideologica. Si è “patriottico-risorgimentali” e s’ignorano i foschi aspetti democratici e massonici che coesistettero nel Risorgimento con l’idea unitaria. Oppure si è per un “liberalismo nazionale” e si dimentica che il mercantilismo liberale e il nazionalismo libertario hanno contribuito potentemente a distruggere l’Ordine Europeo. O, ancora, si parla di “Stato Nazionale del Lavoro” e si dimentica che una Repubblica Italiana fondata sul lavoro ce l’abbiamo già – purtroppo – e che ricondurre in questi termini la nostra alternativa significa soltanto abbassarsi al rango di Socialdemocratici di complemento”.

E concludeva: “Basta poco ad accorgersi che se a Destra non c’è una cultura, ciò accade perché manca una vera idea della Destra, una visione del mondo qualitativa, aristocratica, agonistica, antidemocratica; una visione coerente al di sopra di certi interessi, di certe nostalgie e di certe oleografie politiche”.

Ecco perché nel saggio La “nuova cultura” di Destra, Adriano criticava le idee dell’allora nominato “consigliere culturale” del MSI, Armando Plebe, che era riuscito ad annacquare la piattaforma ideale dell’allora Destra Nazionale facendola diventare neo-illuminista, pragmatica, de-ideologizzata ed al massimo anti-comunista: “egli”, scriveva Adriano, “sotto il profilo ideologico è piuttosto un liberale che un uomo di Destra”. Plebe incassò e non replicò, ma si ricordò di queste critiche, tanto che dopo la sua morte non ebbe la minima remora a definire la posizione di Adriano come “l’aspetto più retrivo ed infecondo della cultura di destra”. Quasi quasi aveva ragione a contrario: nel senso che le posizioni dell’attuale partito che dovrebbe rappresentare la Destra italiana sembrano essere proprio quelle propugnate da Plebe; basti leggere il colloquio-intervista del suo presidente a La Repubblica (4 Novembre 2003) dove, alla domanda “Quali sono le nuovi componenti culturali del suo partito”, così risponde: “Indicherei tre radici essenziali: nazionale, nell’accezione non di nazionalismo ma di amor-patrio; liberale; cattolica”. Come ben si vede, Adriano aveva già capito tutto 40 anni fa. La sua posizione, infatti, faceva riferimento alla “Rivoluzione Conservatrice” nel senso più ampio, e non solo tedesco, del termine. Lo confermò in quello che fu uno dei suoi ultimi scritti: la risposta ad un’inchiesta su “le scelte culturali dei giovani di destra” che avevo preparato per Il Conciliatorema che poi venne pubblicata, poiché si era bruscamente troncata la mia collaborazione con il mensile milanese, sulla rivista dell’Ingegner Volpe, Intervento, nell’aprile 1973, pochi mesi prima del fatale incidente, e che ora ho riunito nel volume I non-conformisti degli anni Settanta(Ares, 2003).

Una rivoluzione che, come ben si sa, si rivolgeva ai valori del passato per andare avanti, secondo una definizione di Moeller Van Den Bruck da Adriano citata: “Essere conservatori non significa dipendere dall’immediato passato, ma vivere dei valori eterni”. Frase che – se permettete – accosterei ad un altro grande cui mi avvicinano alcuni miei interessi: Tolkien, il quale a sua volta diceva: “Autore o amatore di fiabe è colui che non si fa servo delle cose presenti”. In fondo esprimono lo stesso concetto.

Nel prendere questa posizione Adriano metteva in pratica i dettami di Julius Evola che già nel 1950, scrivendo per i ragazzi reduci dell’esperienza della RSI, su Orientamenti al punto secondo consigliava di abbandonare il contingente e mantenere l’essenziale. Per questo motivo, Adriano, pur essendo dissenziente su certe posizioni evoliane, poteva concludere così la sua risposta all’inchiesta prima ricordata: “Se mi è permessa una valutazione personale, noi che abbiamo letto da adolescenti Gli uomini e le rovine (e non siamo poi così pochi) siamo nel nostro ambiente – grazie ad Evola – i soli non qualunquisti”. Appunto, quel che è diventata la Destra ufficiale di oggi. Ma questa possibilità da lui indicata, purtroppo, non è mai stata sfruttata, né sembra possibile farlo attualmente anche se ci sarebbero le condizioni teoriche ottimali per farlo. Infatti, la Sinistra è ideologicamente,culturalmente e moralmente allo sbando: regge solo per il suo essersi da mezzo secolo innestata profondamente nei gangli della cultura italiana e per il rimanervi grazie alla forza d’inerzia, alla convivenza ed al mutuo soccorso. Oggi a sinistra si stanno ammettendo le colpe delle stragi compiute dopo il 25 aprile, si stanno ammettendo i compromessi ed i silenzi colpevoli nei confronti di Stalin e Togliatti, si riconosce l’asservimento degli storici ad una visione comunista con il conseguente condizionamento d’intere generazioni, si ammettono connivenze, complicità, conformismi. Eppure, non si riesce ad approfittare di questo momento di gravissima crisi perché l’ambiente della Destra Politica non è cambiato rispetto a quello descritto da Adriano 40 anni fa, non si è creata una “visione del mondo”, si è andati avanti alla giornata al punto da, alla fine, negare se stessa, rinnegando il proprio passato praticamente in blocco, rifiutando tutti i suoi riferimenti culturali, preferendo il Nulla o il qualunquismo (il che è quasi la stessa cosa) ad un serio ripensamento e ad una riattualizzazione: non ha rifiutato il contingente e mantenuto l’essenziale, ma ha rifiutato sia il contingente che l’essenziale. Ha tagliato, com’è stato scritto con grande compiacimento dei progressisti (ma strumentalmente, ai fini della politica-politicante), tutte le sue radici. Aggiungiamo che ha distrutto i ponti ed ha bruciato i vascelli alle sue spalle: ma non esiste alcun futuro senza un passato. Tanto meno con un passato costruito all’impronta, da neofiti, da nuovi arrivati. Ma c’è di peggio. Non ci si limita a rifiutare il passato di tutto un mondo umano, ma, per essere ben accetti, lo si denigra e lo si offende, andando addirittura contro certe correnti storiografiche che cercano di riequilibrare giudizi puramente ideologici su di esso, con un cinismo assoluto e strumentale. Sicché, per tornare a noi, si è potuto leggere che Adriano era un esaltato, che viveva condizionato dal nibelungico crepuscolo del nazismo, al punto di essere affetto da “autismo ideologico” e di rappresentare una “cultura di addetti alla nostalgia” (Marco De Troia, Fronte della Gioventù, Settimo Sigillo, 2001), quasi un piccolo cattivo maestro nazista, razzista e radicale (G.S. Rossi, La destra e gli ebrei, Rubettino, 2003), perché ovviamente il grande cattivo maestro era Julius Evola, entrambi contrapposti ai “buoni” del vecchio MSI, quelli che poi avrebbero creato l’attuale entità politica sua erede.

Di fronte a questo rinnegamento e a questa denigrazione da parte di una destra che si vuole accreditare presso i “poteri forti” attuali, non si può fare a meno di pensare a qualcosa di concreto, non solo ricordando Adriano, ma ristampando in edizione critica le sue opere da troppo tempo scomparse. Fosse vissuto sino ad oggi, con alle spalle il curriculum culturale di 40 anni di attività, sarebbe stato un punto di riferimento, come ho detto, di una resistenza non solo culturale e metapolitica, ma anche morale. Non essendoci più, noi non possiamo far altro che cercare di seguire gli spunti, le idee, i riferimenti che ci ha lasciato, adeguandoli ai tempi naturalmente, come del resto avrebbe fatto anche lui. Tempi questi che, mai – credo – Adriano avrebbe voluto prevedere, pur avendoli in parte immaginati, anche nelle sue visioni più pessimistiche.

A cura di Gianfranco de Turris

samedi, 05 janvier 2013

Méridien Zéro a reçu Jacques Bardèche (fils de Maurice Bardèche) et Patrick Canet

Méridien Zéro a reçu Jacques Bardèche (fils de Maurice Bardèche) et Patrick Canet pour évoquer avec eux l'oeuvre et la vie de Maurice Bardèche.

Animateurs : Gérard Vaudan et Eugène Krampon.

Lord Igor à la technique.

bardeche, collaboration, brasillach, biographie, histoire, philosophie, littérature

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/12/21/emission-n-123-un-homme-un-destin-maurice-bardeche.html

16:26 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, france, maurice bardèche | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 04 novembre 2012

Ciao, Pino

rauti.png

17:07 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, nécrologie, italie, pino rauti, droite italienne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Addio a Pino Rauti, simbolo del Msi

Addio a Pino Rauti, simbolo del Msi

Pino Rauti era nato a Cardinale (Catanzaro) il 19 novembre del 1926

Giovanissimo partecipò alla nascita del Movimento sociale italiano di cui fu anche leader. Aveva 85 anni. Assunta Almirante: «E’ stato uno dei grandi della destra italiana»
 
 

È morto Pino Rauti. L’ex segretario del Movimento Sociale Italiano, che avrebbe compiuto 86 anni il 19 novembre, si è spento alle 9.30 di questa mattina nella sua casa di Roma. Nel 1946, giovanissimo, contribuì alla nascita del Movimento.  

“E’ stato uno dei bravi, dei grandi di questa destra”. le parole di Assunta Almirante, vedova di Giorgio Almirante, storico leader del Movimento sociale, che ha ricordato i guai giudiziari di Rauti, coinvolto nelle inchieste sul terrorismo stragista neofascista: “Molto ingiustamente è stato indicato come un uomo che aveva commesso errori che è stato accertato che non erano suoi, come la strage di piazza Fontana”. Per la vedova Almirante Rauti “è stato una persona di grande intelligenza, è stato indicato come il fondatore di Ordine nuovo ma era un uomo di partito come pochi ce ne sono stati”.  

 

Il Presidente della Camera dei deputati, Gianfranco Fini, ha espresso«il più profondo cordoglio per la scomparsa di Pino Rauti, uomo politico che ha rappresentato una parte di rilievo nella storia della Destra italiana». «Parlamentare rigoroso, intellettuale di profonda cultura, Rauti - conclude - ha testimoniato con passione e dedizione gli ideali della nazione e della società che appartengono alla storia politica del nostro Paese. Ai familiari esprimo i sentimenti della più intensa vicinanza mia personale e della Camera dei deputati».  

Il «fascista di sinistra», come è stato definito Giuseppe Umberto Rauti, nacque a Cardinale, in provincia di Catanzaro, il 19 novembre 1926. Fascista di sinistra in contrapposizione con il «fascismo di destra» incarnato da Giorgio Almirante, prima, e da Gianfranco Fini poi. L’attenzione di Rauti si concentrava, infatti, sulla socializzazione e sui temi dell’anticapitalismo e del terzomondismo interpretando, dal suo punto di vista, i motivi ispiratori del fascismo. Questo lo ha relegato per lungo tempo in una posizione minoritaria all’interno del Msi, partito che, giovanissimo, contribuisce a fondare alla fine del 1946. Nei primi anni cinquanta contribuisce a dare nuovamente vita all’organizzazione neofascista che rispondeva alla sigla FAR (Fasci di Azione Rivoluzionaria) insieme ad alcuni appartenenti alla corrente così detta «pagana» e «germanica» della prima organizzazione disciolta nel luglio del 1947.  

 

Dopo due attentati a Roma, presso il Ministero degli Esteri e all’ambasciata statunitense, il 24 maggio 1951 furono condotti numerosi arresti nei confronti dei quadri di questa organizzazione, fra questi: Pino Rauti, Fausto Gianfranceschi, Clemente Graziani, Franco Petronio, Franco Dragoni e Flaminio Capotondi. Tra gli arrestati anche il filosofo Julius Evola, considerato l’ispiratore del gruppo. Il processo si concluse il 20 novembre 1951: Graziani, Gianfranceschi e Dragoni furono condannati a un anno e undici mesi. Altri dieci imputati a pene minori. Tutti gli altri vennero assolti. Tra loro Evola, Rauti ed Erra. Con la fine del processo si concluse definitivamente anche l’adozione della sigla FAR. Nel 1954, dopo la vittoria dei fascisti in doppiopetto e la nomina a segretario di Arturo Michelini, dà vita al centro studi Ordine Nuovo. Nel 1956 Ordine Nuovo esce dal MSI. Arriverà ad avere dai 2.000 ai 3.000 iscritti. Successivamente Giorgio Freda ed altri esponenti di estrema destra entreranno a far parte di Ordine Nuovo. Negli anni sessanta e settanta, il nome di questa organizzazione verrà usato per rivendicare una serie di attentati, ai quali Rauti si dichiarerà sempre estraneo. Nel maggio del 1965 l’istituto di studi militari Alberto Pollio organizza un convegno sulla «guerra rivoluzionaria», a Roma all’Hotel Parco dei Principi, che viene finanziato dallo Stato Maggiore dell’esercito: si trattava di un raduno fra fascisti, alte cariche dello Stato e imprenditori: Rauti presenta una relazione su «La tattica della penetrazione comunista in Italia». Il 16 aprile 1968 parte insieme ad altri 51 estremisti di destra (fra cui l’agente del SID Stefano Serpieri, Giulio Maceratini, Mario Merlino, Stefano Delle Chiaie, Franco Rocchetta) da Brindisi per un viaggio di istruzione sulle tecniche di infiltrazione, nella Grecia dei Colonnelli, a spese del governo greco. Con l’arrivo alla segreteria del MSI nel 1969 di Giorgio Almirante, Rauti e un gruppo di dirigenti rientrò nel partito, e alla guida del movimento restò Clemente Graziani.  

 

Il 4 marzo 1972 il giudice Stiz di Treviso esegue mandato di cattura contro Rauti per gli attentati ai treni dell’8 e 9 agosto 1969. Successivamente l’incriminazione si estenderà agli attentati del 12 dicembre. Il 21 novembre 1973 trenta aderenti ad Ordine Nuovo vengono condannati dalla magistratura per ricostituzione del Partito Nazionale Fascista e viene decretato lo scioglimento dell’organizzazione. Nel 1974, con la rivoluzione dei garofani in Portogallo, viene scoperta l’organizzazione eversiva internazionale fascista Aginter Press con la quale ha stretti rapporti anche Rauti attraverso l’agenzia Oltremare per la quale lavora. Nessuna di queste inchieste ha mai accertato qualche reato a suo carico. Successivamente Pino Rauti fu inquisito per la strage di Piazza della Loggia a Brescia e in merito il 15 maggio 2008 è stato rinviato a giudizio. Assolto il 16 novembre 2010 in base all’articolo 530 comma 2 del codice di procedura penale (insufficienza di prove). Nelle richieste del pm Roberto Di Martino, per quanto concerne la posizione di Pino Rauti si afferma che la sua è una «responsabilità morale, ma la sua posizione non è equiparabile a quella degli altri imputati dal punto di vista processuale. La sua posizione è quella del predicatore di idee praticate da altri ma non ci sono situazioni di responsabilità oggettiva. La conclusione è che Rauti va assolto perché non ha commesso il fatto».  

 

Nel 1972 Rauti viene eletto deputato alla Camera nelle file del Msi nel collegio di Roma, dove verrà sempre rieletto fino alle elezioni del 1994. È promotore di una stagione di rinnovamento dentro il partito, lanciando un quindicinale «Linea», e organizzazioni parallele, dal Movimento giovani disoccupati, ai Gruppi Ricerca Ecologica, e sostenendo i Campo Hobbit fu riferimento delle nuove generazioni del Fronte della Gioventù. La sua era detta la componente dei «Rautiani». Nel 1979, al XII congresso del MSI-DN, viene eletto vicesegretario. È animatore di mozioni congressuali come «Linea futura» (1977), «Spazio Nuovo» (1979 e 1982) e «Andare oltre» (1987). Il 14 dicembre 1987, al XV congresso del MSI a Sorrento, raccoglie quasi la metà dei consensi, insieme alla corrente di Beppe Niccolai, per l’elezione a segretario, ma è battuto da Gianfranco Fini, sostenuto dal segretario uscente e padre nobile del partito Giorgio Almirante, ormai gravemente malato.  

 

mercredi, 24 octobre 2012

CIAO, ALBERTO

CIAO, ALBERTO

Oggi, una mattina come tante, iniziata non bene e non male, nella normalità, mentre stavo iniziando a dedicarmi alle mie occupazioni quotidiane, squilla il telefono, è un mio / nostro sodale che mi da la triste notizia che Alberto B. Mariantoni è andato oltre.

Mi scorrono nella mente ricordi, immagini, idee, le interminabili discussioni fatte in altrettante interminabili nottate, la voglia di combattere contro questo mondo ingiusto ed inumano. Vado a prendere una sua lettera autografa – e già anche nei tempi di internet c’è ancora chi scrive a mano – scritta in bella calligrafia – perché per Alberto, come per la Tradizione estremo orientale, scrivere bene significava pensare bene, scritta con la penna stilografica, come si faceva una volta, anche se si lamentava che l’inchiostro non era più buono come quello di un tempo, la giro e rigiro tra le mani: non riesco a concentrarmi.

Mi sostiene solamente la consapevolezza che continueremo a stare insieme, anche se non materialmente, perché, ad un certo grado di affinità, gli spiriti si pensano.

Economista, saggista, storico, solo pochissime altre personalità possono vantare di essere state autenticamente ribelli ed eretiche. La sua attenzione si è da sempre focalizzata sulla indispensabilità di uscire dall’apparente insolubile dualismo capitalismo-marxismo. Lo studio dei meccanismi dell’economia e, di conseguenza monetari, attraverso l’analisi delle ricorrenti ed inspiegabili crisi inflazionistiche ed economiche formano, negli ultimi tempi, il nucleo centrale del suo interesse extra-storico e politico.

I suoi articoli e saggi di economia, purtroppo, conoscono una lunga notte. Le sue tesi sconvolgono le classiche coordinate di analisi economico-politica. Come pensare che economia libera ed economia statizzata in realtà abbiamo le medesime matrici e producano i medesimi risultati? Come pensare che esse congiuntamente decidano dei destini delle monete ? Come pensare che esse siano organizzativamente e finalisticamente simili ?

Alberto ancora una volta colpirà nel segno.

Testimone e protagonista del suo tempo non indietreggiò, mai, davanti al suo destino, anche quando questo gli fu avverso. Forse proprio per questa sua coerenza, tutto un “ certo “ ambiente lo ha isolato, contribuendo, tuttavia, a farne un uomo troppo alto per essere intaccato da critiche meschine.

Tante volte varcò la porta della stima personale e del successo, a differenza di altri che a quella porta bussarono, con il cappello in mano, senza mai varcarla.

E questo è, forse, il peccato che questo nostro tempo di nani non gli perdona.

“ A mio giudizio, abbiamo quella illudente e fuorviante percezione della nostra esistenza, in quanto continuiamo testardamente ed incosapevolmente a volere assolutamente “ leggere” o interpretare la realtà che ci contorna, attraverso le lenti deformanti e snaturanti della “visione ideologica” della vita e della storia”, così ci diceva e scriveva.

Ciao Alberto.

Claudio Marconi   FotoAlberto

ALBERTO B. MARIANTONI È “ANDATO AVANTI”

ALBERTO B. MARIANTONI È “ANDATO AVANTI”

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/  

 

ALBERTO B. MARIANTONI È “ANDATO AVANTI”

La redazione di “Eurasia” dà l’estremo saluto ad Alberto Bernardino Mariantoni, politologo, saggista storico, esperto di questioni del Vicino Oriente e studioso delle religioni.

Lo ricordiamo come collaboratore della rivista, in particolare col suo storico saggio Dal “Mare Nostrum” al “Gallinarium Americanum”. Basi USA in Europa, Mediterraneo e Vicino Oriente (“Eurasia” 3/2005), il quale ha avuto l’inestimabile merito di sollevare definitivamente la questione dell’occupazione della nostra terra da parte di eserciti stranieri. Dopo tale illuminante articolo, anche i media collaborazionisti cosiddetti “autorevoli” dovettero “correre ai ripari” per tamponare la falla, ovvero la “fuga di notizie”, che rischiava di trasformarsi in un’alluvione; così avvenne che in una trasmissione di una rete televisiva nazionale, citando il saggio di Mariantoni, venne imbastita una ridicola messinscena tra “esperti” i quali, arrampicandosi sugli specchi, cercavano di minimizzare l’inaudita gravità di un apparato tentacolare che, per la sua sola presenza, rende nulla ogni pretesa di indipendenza e sovranità delle nazioni sottoposte a pluridecennale imposizione.

Lo ricordiamo anche come uomo, generoso, tollerante, sempre disponibile e mai “in cattedra”, sebbene, grazie alla sua esperienza diretta delle cose di cui trattava, si sarebbe potuto atteggiare a “professore” più di tanti altri che, per molto meno, fanno sfoggio di conoscenze puramente libresche, imparate dai “bignamini”.

Mariantoni era un “interventista della cultura”, nel più aureo filone dei grandi Italiani che, del loro sapere, non han fatto una base per guadagnare onori e prebende vivendo sempre da “struzzi”, ma lo hanno costantemente messo a disposizione di una “battaglia” sentita come improrogabile: quella per la libertà, l’indipendenza, l’autodeterminazione e la sovranità politica, economica, culturale e militare di tutti i popoli del mondo.

Per chi intendesse saperne di più su questa grande figura di italiano, mediterraneo ed europeo, consigliamo la lettura dei testi contenuti nel suo sito personale: http://www.abmariantoni.altervista.org/

Addio Alberto, che la morte ti sia lieve. Come tu stesso dicevi sempre, è solo la vita che va verso la vita. 

Enrico Galoppini, a nome della Redazione di “Eurasia”

Who was Alberto B. Mariantoni?

Alberto Bernardino Mariantoni è nato a Rieti ( I ), il 7 Febbraio del 1947.

E’ laureato in Scienze Politiche e specializzato in Economia Politica, Islamologia e Religioni del Vicino Oriente. E’ Master in Vicino e Medio Oriente.

Politologo, scrittore e giornalista, è stato per più di vent’anni Corrispondente permanente presso le Nazioni Unite di Ginevra e per circa quindici anni sul tamburino di «Panorama». Ha collaborato con le più prestigiose testate nazionali ed internazionali, come «Le Journal de Genève», «Radio Vaticana», «Avvenire», «Le Point», «Le Figaro», «Cambio 16», «Diario de Lisboa», «Caderno do Terceiro Mundo», «Evénements», «Der Spiegel», «Stern», «Die Zeit», «Berner Zeitung», «Il Giornale del Popolo», «Gazzetta Ticinese», «24Heures», «Le Matin», «Al-Sha’ab», Al-Mukhif Al-Arabi», nonché «Antenne2», «Télévision Suisse Romande», «Televisione Svizzera Italiana», ecc.

E’ esperto di politica estera e di relazioni internazionali, con particolare riferimento ai paesi arabi e musulmani e dell’Africa centrale ed occidentale. Ha al suo attivo decine e decine di inchieste e di reportages in zone di guerra e di conflitti politici. E’ autore di oltre trecento interviste ai protagonisti politici ed istituzionali dei paesi del Terzo Mondo e della vita politica internazionale.

Ha insegnato presso la Scuola di Formazione continua dei giornalisti di Losanna. E’ stato Professore invitato presso numerose Università Europee e Vicino-Orientali.

Ha scritto: «Gli occhi bendati sul Golfo» (Jaca Book, Milano 1991); «Le non-dit du conflit israélo-arabe» (Pygmalion, Paris, 1992); «Le storture del male assoluto» (Herald Editore, Roma, 2011); con AA.VV., «Una Patria, una Nazione, un Popolo» (Herald Editore, Roma 2011); con AA.VV., «Nuova Oggettività – Popolo, Partecipazione, Destino» (Heliopolis Edizioni, Pesaro, 2011).

Dal 1994 al 2004, è stato Presidente della Camera di Commercio Italo-Palestinese.

Nel 2009-2010 ha collaborato, come docente, con lo I.E.M.A.S.V.O - Istituto 'Enrico Mattei' di Alti Studi sul Vicino e Medio Oriente di Roma.

English:

Alberto Bernardino Mariantoni was born in Rieti (Italy), on February 7th, 1947.

He graduated in Political Sciences and specialized in Political Economy, and Islamic studies and Religions of the Middle-East. He is also a post-graduate Master in the Near and Middle East.

As a political commentator, writer and journalist he was – for more than twenty years – permanent correspondent at the United Nations in Geneva (Switzerland). For approximately fifteen years he was included in the list of front-page editorialists of “Panorama” (a major, nationally distributed Italian news magazine). He has collaborated with top-ranking, prestigious national and international media organs, such as “Le Journal de Genève”, “Radio Vaticana”, “Avvenire”, “Le Point”, “Le Figaro”, “Cambio 16”, “Diario de Lisboa”, “Caderno do Terceiro Mundo”, “Evénements”, “Der Spiegel”, “Stern”, “Die Zeit”, “Berner Zeitung”, “Il Giornale del Popolo”, “Gazzetta Ticinese”, “24Heures”, “Le Matin”, “Al-Sha’ab”, and “Al-Mukhif Al-Arabi”, plus “Antenne2”, “Télévision Suisse Romande”, “Televisione Svizzera Italiana”, etc.

He is an expert on foreign politics and international relations, with particular reference to Arabic and Muslim countries, and the countries of Central and West Africa. He has authored many dozens of inquiries into, and reports from, war zones/regions struck by political conflicts. He has also authored more than 300 interviews with political and institutional personages of Third World countries and the international political scene.

He has taught for the continuing professional development school for journalists in Lausanne (Switzerland). He has been ‘guest professor’ at various European and Near-East Universities.

He has written: «Gli occhi bendati sul Golfo» (blindfolded on the Gulf) (published by Jaca Book, Milan, 1991) and «Le non-dit du conflit israélo-arabe» (the unsaid on the Israel-Arab conflict) (published by Pygmalion, Paris, 1992);«Le storture del male assoluto» (Herald Editore, Roma, 2011); con AA.VV., «Una Patria, una Nazione, un Popolo» (Herald Editore, Roma 2011); con AA.VV., «Nuova Oggettività – Popolo, Partecipazione, Destino» (Heliopolis Edizioni, Pesaro, 2011).

From 1994 to 2004, he was Chairman of the Italian-Palestinian Chamber of Commerce.

In 2009-2010, he collaborated as professor with I.E.M.A.S.V.O – ‘Enrico Mattei’ Advanced Studies Institute on the Near and Middle East, Rome (Italy).

 

Maurras, soixante ans après

 

Colloque



00:05 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : événement, paris, maurras, charles maurras, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 16 octobre 2012

Le testament de Maurice Allais (1911-2010)

2 ans déjà ! 

Le testament de Maurice Allais (1911-2010)

 
Le 9 octobre 2010, il y a deux ans, disparaissait Maurice Allais à l’âge respectable de 99 ans, qui avait tout annoncé…

Maurice AllaisC’était le seul prix Nobel d’économie français. Né le 31 mai 1911, il part aux États-Unis dès sa sortie (major X31) de Polytechnique en 1933 pour étudier in situ la Grande Dépression qui a suivi la Crise de 1929. Ironie de l’histoire, il a ainsi pu réaliser une sorte de “jonction” entre les deux Crises majeures du siècle. Son analyse, percutante et dérangeante, n’a malheureusement pas été entendue faute de relais.

Fervent libéral, économiquement comme politiquement, il s’est férocement élevé contre le néo-conservatisme des années 1980, arguant que le libéralisme ne se confondait pas avec une sortie de “toujours mois d’État, toujours plus d’inégalités” – qui est même finalement la définition de l’anarchisme. On se souviendra de sa dénonciation du “libre-échangiste mondialiste, idéologie aussi funeste qu’erronée” et de la “chienlit mondialiste laissez-fairiste”. Il aimait à se définir comme un “libéral socialiste” – définition que j’aime beaucoup à titre personnel.

Il a passé les dernières années de sa vie à promouvoir une autre Europe, bien loin de ce qu’il appelait “l’organisation de Bruxelles”, estimant que la construction européenne avait pervertie avec l’entrée de la Grande-Bretagne puis avec l’élargissement à l’Europe de l’Est.

RIP

Lettre aux français : “Contre les tabous indiscutés”

Le 5 décembre 2009, le journal Marianne a publié le testament politique de Maurice Allais, qu’il a souhaité rédiger sous forme d’une Lettre aux Français.

Je vous conseille de le lire, il est assez court et clair. Je le complète par divers autres textes surtout pour les personnes intéressées – même si cela alourdit le billet.

Maurice Allais

Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément.

Le fondement de la crise : l’organisation du commerce mondial

La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme » , dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années » (1). Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres. Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.

Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres – si ce n’est des écarts plus importants encore – pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.

Il faut délocaliser Pascal Lamy !

Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. Comme je l’ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle. Que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : « Aujourd’hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu’ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010 » et qu’il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m’apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse. Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu’un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !

Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. Depuis plus de dix ans, j’ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces « organisations régionales » serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d’une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.

Un protectionnisme raisonné et raisonnable

Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s’unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l’est de l’Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d’Afrique ou d’Amérique latine.

L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin. Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services.

De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot « bulle ». Qu’il y ait des mouvements qui se généralisent, j’en suis d’accord, mais ce terme de « bulle » me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations. En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L’essentiel du chômage que nous subissons —tout au moins du chômage tel qu’il s’est présenté jusqu’en 2008 — résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l’échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie. Ce qui se produit est donc autre chose qu’une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l’est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.

Crise et mondialisation sont liées

Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu’une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu’est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c’est une erreur folle.

Pour ma part, j’ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications (2). On connaît donc un peu mon message. Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l’Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s’en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s’étonner des conséquences !

Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n’ont bénéficié que d’un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s’interroger.

Un prix Nobel… téléspectateur

Les commentateurs économiques que je vois s’exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l’actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité. Ils n’avaient pas annoncé l’arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d’entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore. Pour ma part, je n’étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j’annonçais, et j’écrivais, il y a plus de dix ans, qu’une crise majeure accompagnée d’un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n’ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu’ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers. Par le passé, j’ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j’assistais en téléspectateur le message que j’étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n’est venue d’aucune chaîne de télévision et ce durant des années.

Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d’autres, interdits. Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel… téléspectateur, Je me retrouve face à ce qu’affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu’il faut faire. Alors qu’en réalité ils ne comprennent rien. Leur situation rejoint celle que j’avais constatée lorsque je m’étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l’objectif d’étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale. Aujourd’hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d’autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.

Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.

Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.

Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs.

Maurice Allais.

_________________
(1) L’Europe en crise. Que faire ?, éditions Clément Juglar. Paris, 2005.
(2) Notamment La crise mondiale aujourd’hui, éditions Clément Juglar, 1999, et la Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique, éditions Clément Juglar, 1999.

NB : vous pouvez télécharger cet article ici.

Maurice Allais

Présentation par Marianne

Le Prix Nobel iconoclaste et bâillonné

La « Lettre aux Français » que le seul et unique prix Nobel d’économie français a rédigée pour Marianne aura-t-elle plus d’écho que ses précédentes interventions ? Il annonce que le chômage va continuer à croître en Europe, aux États-Unis et dans le monde développé. Il dénonce la myopie de la plupart des responsables économiques et politiques sur la crise financière et bancaire qui n’est, selon lui, que le symptôme spectaculaire d’une crise économique plus profonde : la déréglementation de la concurrence sur le marché mondial de la main-d’œuvre. Depuis deux décennies, cet économiste libéral n’a cessé d’alerter les décideurs, et la grande crise, il l’avait clairement annoncée il y a plus de dix ans.

Éternel casse-pieds

Mais qui connaît Maurice Allais, à part ceux qui ont tout fait pour le faire taire ? On savait que la pensée unique n’avait jamais été aussi hégémonique qu’en économie, la gauche elle-même ayant fini par céder à la vulgate néolibérale. On savait le sort qu’elle réserve à ceux qui ne pensent pas en troupeau. Mais, avec le cas Allais, on mesure la capacité d’étouffement d’une élite habitée par cette idéologie, au point d’ostraciser un prix Nobel devenu maudit parce qu’il a toujours été plus soucieux des faits que des cases où il faut savoir se blottir.

« La réalité que l’on peut constater a toujours primé pour moi. Mon existence a été dominée par le désir de comprendre ce qui se passe, en économie comme en physique ». Car Maurice Allais est un physicien venu à l’économie à la vue des effets inouïs de la crise de 1929. Dès sa sortie de Polytechnique, en 1933, il part aux États-Unis. « C’était la misère sociale, mais aussi intellectuelle : personne ne comprenait ce qui était arrivé. » Misère à laquelle est sensible le jeune Allais, qui avait réussi à en sortir grâce à une institutrice qui le poussa aux études : fils d’une vendeuse veuve de guerre, il a, toute sa jeunesse, installé chaque soir un lit pliant pour dormir dans un couloir. Ce voyage américain le décide à se consacrer à l’économie, sans jamais abandonner une carrière parallèle de physicien reconnu pour ses travaux sur la gravitation. Il devient le chef de file de la recherche française en économétrie, spécialiste de l’analyse des marchés, de la dynamique monétaire et du risque financier. Il rédige, pendant la guerre, une théorie de l’économie pure qu’il ne publiera que quarante ans plus lard et qui lui vaudra le prix Nobel d’économie en 1988. Mais les journalistes japonais sont plus nombreux que leurs homologues français à la remise du prix : il est déjà considéré comme un vieux libéral ringardisé par la mode néolibérale.

Car, s’il croit à l’efficacité du marché, c’est à condition de le « corriger par une redistribution sociale des revenus illégitimes ». Il a refusé de faire partie du club des libéraux fondé par Friedrich von Hayek et Milton Friedman : ils accordaient, selon lui, trop d’importance au droit de propriété… « Toute ma vie d’économiste, j’ai vérifié la justesse de Lacordaire : entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la règle qui libère”, précise Maurice Allais, dont Raymond Aron avait bien résumé la position : « Convaincre des socialistes que le vrai libéral ne désire pas moins qu’eux la justice sociale, et des libéraux que l’efficacité de l’économie de marché ne suffit plus à garantir une répartition acceptable des revenus. » Il ne convaincra ni les uns ni les autres, se disant « libéral et socialiste ».

Éternel casse-pieds inclassable. Il aura démontré la faillite économique soviétique en décryptant le trucage de ses statistiques. Favorable à l’indépendance de l’Algérie, il se mobilise en faveur des harkis au point de risquer l’internement administratif. Privé de la chaire d’économie de Polytechnique car trop dirigiste, « je n’ai jamais été invité à l’ENA, j’ai affronté des haines incroyables ! » Après son Nobel, il continue en dénonçant « la chienlit laisser-fairiste » du néolibéralisme triomphant. Seul moyen d’expression : ses chroniques touffues publiées dans le Figaro, où le protège Alain Peyrefitte. À la mort de ce dernier, en 1999, il est congédié comme un malpropre.

Il vient de publier une tribune alarmiste dénonçant une finance de « casino» : « L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile, jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais, sans doute, il est devenu plus difficile d’y faire face, jamais, sans doute, une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général. » Propos développés l’année suivante dans un petit ouvrage très lisible* qui annonce l’effondrement financier dix ans à l’avance. Ses recommandations en faveur d’un protectionnisme européen, reprises par Chevènement et Le Pen, lui valurent d’être assimilé au diable par les gazettes bien-pensantes. En 2005, lors de la campagne sur le référendum européen, le prix Nobel veut publier une tribune expliquant comment Bruxelles, reniant le marché commun en abandonnant la préférence communautaire, a brisé sa croissance économique et détruit ses emplois, livrant l’Europe au dépeçage industriel : elle est refusée partout, seule l’Humanité accepte de la publier…

Aujourd’hui, à 98 ans, le vieux savant pensait que sa clairvoyance serait au moins reconnue. Non, silence total, à la notable exception du bel hommage que lui a rendu Pierre-Antoine Delhommais dans le Monde. Les autres continuent de tourner en rond, enfermés dans leur « cercle de la raison » •

Éric Conan

* La Crise mondiale aujourd’hui, éditions Clément Juglar, 1999.

Source : Marianne, n°659, décembre 2009.

Maurice Allais

Extraits choisis

J’ai repris certains de ces extraits dans mon livre STOP ! Tirons les leçons de la Crise.

« Depuis deux décennies une nouvelle doctrine s’est peu à peu imposée, la doctrine du libre-échange mondialiste impliquant la disparition de tout obstacle aux libres mouvements des marchandises, des services et des capitaux. Suivant cette doctrine, la disparition de tous les obstacles à ces mouvements serait une condition à la fois nécessaire et suffisante d’une allocation optimale des ressources à l’échelle mondiale. Tous les pays et, dans chaque pays, tous les groupes sociaux verraient leur situation améliorée. Le marché, et le marché seul, était considéré comme pouvant conduire à un équilibre stable, d’autant plus efficace qu’il pouvait fonctionner à l’échelle mondiale. En toutes circonstances, il convenait de se soumettre à sa discipline. […]

Les partisans de cette doctrine, de ce nouvel intégrisme, étaient devenus aussi dogmatiques que les partisans du communisme avant son effondrement définitif avec la chute du Mur de Berlin en 1989. […]

Suivant une opinion actuellement dominante, le chômage, dans les économies occidentales, résulterait essentiellement de salaires réels trop élevés et de leur insuffisante flexibilité, du progrès technologique accéléré qui se constate dans les secteurs de l’information et des transports, et d’une politique monétaire jugée indûment restrictive.

En fait, ces affirmations n’ont cessé d’être infirmées aussi bien par l’analyse économique que par les données de l’observation. La réalité, c’est que la mondialisation est la cause majeure du chômage massif et des inégalités qui ne cessent de se développer dans la plupart des pays. Jamais, des erreurs théoriques n’auront eu autant de conséquences aussi perverses. […]

La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme », dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années ». Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres.

Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorancede l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres – si ce n’est des écarts plus importants encore – pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas.

Toute cette analyse montre que la libéralisation totale des mouvements de biens, de services et de capitaux à l’échelle mondiale, objectif affirmé de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à la suite du GATT, doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible, et comme non souhaitable. […]

Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. […]

En fait, on ne saurait trop le répéter, la libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible et n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux, groupant des pays économiquement et politiquement associés, de développement économique et social comparable, tout en assurant un marché suffisamment large pour que la concurrence puisse s’y développer de façon efficace et bénéfique. […]

Chaque organisation régionale doit pouvoir mettre en place dans un cadre institutionnel, politique et éthique approprié une protection raisonnable vis-à-vis de l’extérieur. Cette protection doit avoir un double objectif :

- éviter les distorsions indues de concurrence et les effets pervers des perturbations extérieures;

- rendre impossibles des spécialisations indésirables et inutilement génératrices de déséquilibres et de chômage, tout à fait contraires à la réalisation d’une situation d’efficacité maximale à l’échelle mondiale, associée à une répartition internationale des revenus communément acceptable dans un cadre libéral et humaniste.

Dès que l’on transgresse ces principes, une mondialisation forcenée et anarchique devient un fléau destructeur, partout où elle se propage. […]

L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts […]. Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services. »

« En réalité, ceux qui, à Bruxelles et ailleurs, au nom des prétendues nécessités d’un prétendu progrès, au nom d’un libéralisme mal compris, et au nom de l’Europe, veulent ouvrir l’Union Européenne à tous les vents d’une économie mondialiste dépourvue de tout cadre institutionnel réellement approprié et dominée par la loi de la jungle, et la laisser désarmée sans aucune protection raisonnable ; ceux qui, par là même, sont d’ores et déjà personnellement et directement responsables d’innombrables misères et de la perte de leur emploi par des millions de chômeurs, ne sont en réalité que les défenseurs d’une idéologie abusivement simplificatrice et destructrice, les hérauts d’une gigantesque mystification. […]

Au nom d’un pseudo-libéralisme, et par la multiplication des déréglementations, s’est installée peu à peu une espèce de chienlit mondialiste laissez-fairiste. Mais c’est là oublier que l’économie de marché n’est qu’un instrument et qu’elle ne saurait être dissociée de son contexte institutionnel et politique et éthique. Il ne saurait être d’économie de marché efficace si elle ne prend pas place dans un cadre institutionnel et politique approprié, et une société libérale n’est pas et ne saurait être une société anarchique.

Cette domination se traduit par un incessant matraquage de l’opinion par certains médias financés par de puissants lobbies plus ou moins occultes. Il est pratiquement interdit de mettre en question la mondialisation des échanges comme cause du chômage.

Personne ne veut, ou ne peut, reconnaître cette évidence : si toutes les politiques mises en œuvre depuis trente ans ont échoué, c’est que l’on a constamment refusé de s’attaquer à la racine du mal, la libéralisation mondiale excessive des échanges. Les causes de nos difficultés sont très nombreuses et très complexes, mais une d’elles domine toutes les autres : la suppression progressive de la Préférence Communautaire à partir de 1974 par “l’Organisation de Bruxelles” à la suite de l’entrée de la Grande Bretagne dans l’Union Européenne en 1973.

La mondialisation de l’économie est certainement très profitable pour quelques groupes de privilégiés. Mais les intérêts de ces groupes ne sauraient s’identifier avec ceux de l’humanité tout entière. Une mondialisation précipitée et anarchique ne peut qu’engendrer partout instabilité, chômage, injustices, désordres, et misères de toutes sortes, et elle ne peut que se révéler finalement désavantageuse pour tous les peuples.»

« En réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne connaît qu’un seul critère, “l’argent”. Elle n’a qu’un seul culte, “l’argent”. Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même.

Partout se manifeste une régression des valeurs morales, dont une expérience séculaire a montré l’inestimable et l’irremplaçable valeur. Le travail, le courage, l’honnêteté ne sont plus honorés. La réussite économique, fondée trop souvent sur des revenus indus, ne tend que trop à devenir le seul critère de la considération publique.

En engendrant des inégalités croissantes et la suprématie partout du culte de l’argent avec toutes ses implications, le développement d’une politique de libéralisation mondialiste anarchique a puissamment contribué à accélérer la désagrégation morale des sociétés occidentales. »

[Maurice Allais, extraits rédigés entre 1990 et 2009]

Maurice Allais« Cette doctrine [la « chienlit mondialiste laissez-fairiste »] a été littéralement imposée aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier, par les multinationales américaines, et à leur suite par les multinationales dans toutes les parties du monde, qui en fait détiennent partout en raison de leur considérable pouvoir financier et par personnes interposées la plus grande partie du pouvoir politique. La mondialisation, on ne saurait trop le souligner, ne profite qu’aux multinationales. Elles en tirent d’énormes profits.

Cette évolution s’est accompagnée d’une multiplication de sociétés multinationales ayant chacune des centaines de filiales, échappant à tout contrôle, et elle ne dégénère que trop souvent dans le développement d’un capitalisme sauvage et malsain. […]

Cette ignorance [des ressorts véritables de la crise actuelle par les « experts » officiels] et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale. » [Maurice Allais, 1998 et 2009]

 

L’analyse de Maurice Allais sur la création monétaire

 « En fait, sans la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo que permet le système du crédit, jamais les hausses extraordinaires des cours de bourse que l’on constate avant les grandes crises ne seraient possibles, car à toute dépense consacrée à l’achat d’actions, par exemple, correspondrait quelque part une diminution d’un montant équivalent de certaines dépenses, et tout aussitôt se développeraient des mécanismes régulateurs tendant à enrayer toute spéculation injustifiée.

Qu’il s’agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s’arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris.

Partout, la spéculation est favorisée par le crédit puisqu’on peut acheter sans payer et vendre sans détenir. On constate le plus souvent une dissociation entre les données de l’économie réelle et les cours nominaux déterminés par la spéculation.

Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n’avait atteint une telle ampleur.

L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute il n’est devenu plus difficile d’y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général.

Toutes les difficultés rencontrées résultent de la méconnaissance d’un fait fondamental, c’est qu’aucun système décentralisé d’économie de marchés ne peut fonctionner correctement si la création incontrôlée ex-nihilo de nouveaux moyens de paiement permet d’échapper, au moins pour un temps, aux ajustements nécessaires. [...]

Au centre de toutes les difficultés rencontrées, on trouve toujours, sous une forme ou une autre, le rôle néfaste joué par le système actuel du crédit et la spéculation massive qu’il permet. Tant qu’on ne réformera pas fondamentalement le cadre institutionnel dans lequel il joue, on rencontrera toujours, avec des modalités différentes suivant les circonstances, les mêmes difficultés majeures. Toutes les grandes crises du XIXe et du XXe siècle ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation.

Particulièrement significative est l’absence totale de toute remise en cause du fondement même du système de crédit tel qu’il fonctionne actuellement, savoir la création de monnaie ex-nihilo par le système bancaire et la pratique généralisée de financements longs avec des fonds empruntés à court terme.

En fait, sans aucune exagération, le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le “cancer” qui ronge irrémédiablement les économies de marchés de propriété privée. [...]

Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d’importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n’engendraient pas, par leurs implications, de profondes vagues d’optimisme ou de pessimisme qui influent considérablement sur l’économie réelle. [...] Le système actuel est fondamentalement anti-économique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités. »

[Maurice Allais, La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires, 1998]

« Ce qui, pour l’essentiel, explique le développement de l’ère de prospérité générale, aux États-Unis et dans le monde, dans les années qui ont précédé le krach de 1929, c’est l’ignorance, une ignorance profonde de toutes les crises du XIXème siècle et de leur signification réelle. En fait, toutes les grandes crises des XIXème et XXème siècles ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation. Partout et à toute époque, les mêmes causes génèrent les mêmes effets et ce qui doit arriver arrive. » [Maurice Allais]


« Ce livre est dédié aux innombrables victimes dans le monde entier de l’idéologie libre-échangiste mondialiste, idéologie aussi funeste qu’erronée, et à tous ceux que n’aveugle pas quelque passion partisane. » [Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988, préface de La mondialisation : La destruction des emplois et de la croissance, l'évidence empirique, 1999]


Le libéralisme contre le laissez-fairisme

« Les premiers libéraux ont commis une erreur fondamentale en soutenant que le régime de laisser-faire constituait un état économique optimum. » [Maurice Allais, Traité d’économie pure, 1943]

« Le libéralisme ne saurait se réduire au laissez-faire économique ; c’est avant tout une doctrine politique, et le libéralisme économique n’est qu’un moyen permettant à cette politique de s’appliquer efficacement dans le domaine économique. Originellement, d’ailleurs, il n’y avait aucune contradiction entre les aspirations du socialisme et celles du libéralisme.

La confusion actuelle du libéralisme et du laissez-fairisme constitue un des plus grands dangers de notre temps. Une société libérale et humaniste ne saurait s’identifier à une société laxiste, laissez-fairiste, pervertie, manipulée, ou aveugle.

La confusion du socialisme et du collectivisme est tout aussi funeste.

En réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne connait qu’un critère, “l’argent”. Elle n’a qu’un seul culte, “l’argent”. Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même.

Les perversions du socialisme ont entrainé l’effondrement des sociétés de l’Est. Mais les perversions laissez-fairistes d’un prétendu libéralisme mènent à l’effondrement des sociétés occidentales. » [Maurice Allais, Nouveaux combats pour l’Europe, 2002]

« Une proposition enseignée et admise sans discussion dans toutes les universités américaines et à leur suite dans toutes les universités du monde entier : “Le fonctionnement libre et spontané du marché conduit à une allocation optimale des ressources”.

C’est là le fondement de toute la doctrine libre-échangiste dont l’application aveugle et sans réserve à l’échelle mondiale n’a fait qu’engendrer partout désordres et misères de toutes sortes.

Or, cette proposition, admise sans discussion, est totalement erronée, et elle-ne fait que traduire une totale ignorance de la théorie économique chez tous ceux qui l’ont enseignée en la présentant comme une acquisition fondamentale et définitivement établie de la science économique.

Cette proposition repose essentiellement sur la confusion de deux concepts différents : le concept d’efficacité maximale de l’économie et le concept d’une répartition optimale des revenus.

En fait, il n’y a pas une situation d’efficacité maximale, mais une infinité de telles situations. La théorie économique permet de définir sans ambiguïté les conditions d’une efficacité maximale, c’est-à-dire d’une situation sur la frontière entre les situations possibles et les situations impossibles. Par contre et par elle-même, elle ne permet en aucune façon de définir parmi toutes les situations d’efficacité maximale celle qui doit être considérée comme préférable. Ce choix ne peut être effectué qu’en fonction de considérations éthiques et politiques relatives à la répartition des revenus et à l’organisation de la société.

De plus, il n’est même pas démontré qu’à partir d’une situation initiale donnée le fonctionnement libre des marchés puisse mener le monde à une situation d’efficacité maximale.
Jamais des erreurs théoriques n’auront eu autant de conséquences aussi perverses. » [Maurice Allais, Discours à l’UNESCO du 10 avril 1999]


La théorie contre les faits

« C’est toujours le phénomène concret qui décide si une théorie doit être acceptée ou repoussée. Il n’y a pas, et il ne peut y avoir d’autre critère de la vérité d’une théorie que son accord plus ou moins parfait avec les phénomènes observés. Trop d’experts n’ont que trop tendance à ne pas tenir compte des faits qui viennent contredire leurs convictions.

À chaque époque, les conceptions minoritaires n’ont cessées d’être combattues et rejetées par la puissance tyrannique des “vérités établies”. De tout temps, un fanatisme dogmatique et intolérant n’a cessé de s’opposer aux progrès de la science et à la révision des postulats correspondant aux théories admises et qui venaient les invalider. […] En fait, le consentement universel, et a fortiori celui de la majorité, ne peuvent jamais être considérés comme des critères de la vérité. En dernière analyse, la condition essentielle du progrès, c’est une soumission entière aux enseignements de l’expérience, seule source réelle de notre connaissance. […]

Tôt ou tard, les faits finissent par l’emporter sur les théories qui les nient. La science est en perpétuel devenir. Elle finit toujours par balayer les “vérités établies”.
Depuis les années 1970, un credo s’est peu à peu imposé : la mondialisation est inévitable et souhaitable ; elle seule peut nous apporter la prospérité et l’emploi.
Bien que très largement majoritaire, cette doctrine n’a cependant cessé d’être contredite par le développement d’un chômage persistant qu’aucune politique n’a pu réduire, faute d’un diagnostic correct.

N’en doutons pas, comme toutes les théories fausses du passé, cette doctrine finira par être balayée par les faits, car les faits sont têtus. » [Maurice Allais, Nouveaux combats pour l’Europe, 2002]

« Si utiles et si compétents que puissent être les experts, si élaborés que puissent être leurs modèles, tous ceux qui les consultent doivent rester extrêmement prudents. Tout organisme qui emploie une équipe pour l’établissement de modèles prévisionnels ou décisionnels serait sans doute avisé d’en employer une autre pour en faire la critique, et naturellement de recruter cette équipe parmi ceux qui ne partagent pas tout-à-fait les convictions de la première. » [Maurice Allais, Conférence du 23/10/1967, « L’Économique en tant que Science »]

« Si les taux de change ne correspondent pas à l’équilibre des balances commerciales, le libre-échange ne peut être que nuisible et fondamentalement désavantageux pour tous les pays participants. » [Maurice Allais, Combats pour l'Europe, 1994]


Une application erronée d’une théorie correcte : la théorie des coûts comparés.

« La justification de la politique de libre-échange mondialisé de l’OMC se fonde dans ses principes sur la théorie des coûts comparés présentée par Ricardo en 1817. [NDR : elle explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s’il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale. Ricardo donne l’exemple de l’avantage comparatif du vin pour le Portugal, et des draps pour l’Angleterre]

Mais ce modèle repose sur une hypothèse essentielle, à savoir que la structure des coûts comparatifs reste invariable au cours du temps. En fait, il n’en est ainsi que dans le cas des ressources naturelles. [...] Par contre, dans le domaine industriel, aucun avantage comparatif ne saurait être considéré comme permanent. Chaque pays aspire légitimement à rendre ses industries plus efficaces, et il est souhaitable qu’il puisse y réussir. Il résulte de là que la diminution ou la disparition de certaines activités dans un pays développé en raison des avantages comparatifs d’aujourd’hui pourront se révéler demain fondamentalement désavantageuses dès lors que ces avantages comparatifs disparaitront et qu’il faudra rétablir ces activités. Tel est le cas, par exemple aujourd’hui en France de la sidérurgie, du textile, de la construction navale. [...]

Même lorsqu’il existe des avantages comparatifs de caractère permanent, il peut être tout à fait contre-indiqué de laisser s’établir les spécialisations qui seraient entrainées par une politique généralisée de libre-échange. Ainsi dans le cas de l’agriculture, le libre-échange n’aurait d’autre effet que de faire disparaitre presque totalement l’agriculture de l’Union européenne [ce qui serait] de nature à compromettre son indépendance en matière alimentaire. [...]

Bien plus encore, la théorie simpliste et naïve du commerce international sur laquelle s’appuient les grands gourous du libre-échange mondialiste néglige complètement les coûts externes et les coûts de transition, et elle ne tient aucun compte des coûts psychologiques, très supérieurs aux coûts monétaires, subis par tous ceux que la libéralisation des échanges condamne au chômage et à la détresse. [Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988, préface de La mondialisation : La destruction des emplois et de la croissance, l'évidence empirique, 1999]


« La concurrence est naturellement malfaisante. Elle devient bienfaisante lorsqu’elle s’exerce dans le cadre juridique qui la plie aux exigences de l’optimum du rendement social. » [Maurice Allais, 1943]

« Je suis convaincu qu’aucune société ne peut longtemps survivre si trop d’injustices sont tolérées. » [Maurice Allais, La lutte contre les inégalités, le projet d’un impôt sur les grosses fortunes et la réforme de la fiscalité, 1979]


« Notre société parait évoluer lentement, mais sûrement, vers une organisation de plus en plus rigide, vers certaines formes de corporatisme, comme celles qui les ont enserrées dans leurs carcans pendant tant de siècles, et que Turgot dénonçait à la veille de la Révolution française. Elle parait se diriger presque inéluctablement vers des systèmes antidémocratiques, tout simplement parce que l’incompréhension de la nature véritable d’un ordre libéral et l’ignorance rendent son fonctionnement impossible, parce que la démocratie, telle qu’elle parait entendue aujourd’hui, mène au désordre, et que des millions d’hommes, pénétrés d’idéologies irréalisables, ne pourront survivre que dans le cadre de régimes centralisés et autoritaires.

Nous visons des temps à de nombreux points semblables à ceux qui ont précédé ou accompagné la décadence de l’empire romain. […] Aujourd’hui comme alors, des féodalités ploutocratiques, politicocratiques et technocratiques s’emparent de l’État. […] Aujourd’hui comme alors, nous assistons indifférents et sans la comprendre, à une transformation profonde de la société qui, si elle se poursuit, entrainera inévitablement la fin de notre civilisation.

Le pessimisme que peut suggérer cette analyse ne conduit pas nécessairement à l’inaction : l’avenir dépend encore, pour une large part, de ce que nous ferons. Mais ceux qui sont réellement attachés à une société libre seront-ils assez lucides, seront-ils capables d’apercevoir les sources réelles de nos maux et les moyens d’y remédier, consentiront-ils à l’effort nécessaire, d’une ampleur tout à fait exceptionnelle, qui pourrait, peut-être, sauvegarder les conditions d’une société libre ?

Le passé ne nous offre que trop d’exemples de sociétés qui se sont effondrées pour n’avoir su ni concevoir, ni réaliser les conditions de leur survie. » [Maurice Allais, conclusion de L’impôt sur le capital et la réforme monétaire, 1977]

Maurice Allais 1943

Sa dernière interview

Extraits de la dernière interview de Maurice Allais, réalisée l’été 2010 par Lise Bourdeau-Lepage et Leïla Kebir pour Géographie, économie, société, 2010/2

L’origine de mon engagement est sans conteste la crise de 1929. [...] Étant sorti major de ma promotion, j’ai pu faire en sorte qu’une bourse d’étude universitaire soit attribuée à plusieurs élèves pour que nous effectuions un voyage d’étude sur place, à l’été 1933. Le spectacle sur place était saisissant. On ne pourrait se l’imaginer aujourd’hui. La misère et la mendicité était présentes partout dans les rues, dans des proportions incroyables. Mais ce qui fut le plus étonnant était l’espèce de stupeur qui avait gagné les esprits, une sorte d’incompréhension face aux évènements qui touchait non seulement l’homme de la rue mais aussi les universitaires, car notre programme de voyage comprenait des rencontres dans de grandes universités : tous nos interlocuteurs semblaient incapables de formuler une réponse. Ma vocation est venue de ce besoin d’apporter une explication, pour éviter à l’avenir la répétition de tels évènements. [...] Pour moi, ce qui compte avant tout dans l’économie et la société, c’est l’homme. [...]

Beaucoup de gens se sont mépris sur mon compte. Je me revendique d’inspiration à la fois libérale et sociale. Mais de nombreux observateurs ne voient qu’un seul de ces aspects, selon ce qu’ils ont envie de regarder. Par ailleurs, j’ai constamment cherché à lutter contre les idéologies dominantes, et mes combats ont évolué en fonction de l’évolution parallèle de ces dogmes successifs. Ceci explique en grande partie les incompréhensions car on n’observe alors que des bribes incomplètes. [...]

{Question : Vous soutenez par exemple, à propos de l’impôt, qu’il faudrait ne pas imposer le revenu du travail mais par contre taxer complètement l’héritage. Pouvez-vous expliquer cette position qui peut paraître très iconoclaste pour bon nombre d’économistes ?}

J’ai qualifié l’impôt sur le revenu de système anti-économique et anti-social, car il est assis sur le travail physique ou intellectuel, sur l’effort, sur le courage. Il est l’expression d’une forme d’iniquité. Baser la fiscalité sur les activités créatrices de richesse est un non sens, tandis que ce que j’ai nommé les revenus « non gagnés » sont pour leur part trop protégés : à savoir par exemple l’appropriation privée des rentes foncières, lorsque la valeur ou le revenu des terrains augmente sans que cette hausse ne résulte d’un quelconque mérite de son propriétaire, mais de décisions de la collectivité ou d’un accroissement de la population. [...]

Je crains que l’économie et la société aient eu durant ces dernières décennies une tendance régulière à oublier le rôle central de la morale, qui est une forme de philosophie de la vie en collectivité. [...]

J’ai depuis toujours, et surtout depuis plus de vingt ans, suggéré des modifications en profondeur des systèmes financiers et bancaires, ainsi que des règles du commerce international. Il faut réformer les banques, réformer le crédit, réformer le mode de création de la monnaie, réformer la bourse et son fonctionnement aberrant, réformer l’OMC et le FMI, car tout se tient. Leur organisation actuelle est directement à l’origine non
seulement de la crise, mais des précédentes, et des suivantes si l’ont n’agit pas. Mes propositions existent et il aurait suffi de s’y référer. Mais ce qui manque est la volonté. Les gouvernements n’écoutent que les conseillers qui sont trop proches des milieux financiers ou économiques en place. On ne cherche pas à s’adresser à des experts plus indépendants. [...]

Les mathématiques ont pris au fil du temps une place excessive, particulièrement dans leurs applications financières. Il ne faut pas imaginer que ceci a toujours existé. [...] Mais par la suite, des économistes ont détourné ces apports, qui sont devenus des instruments pour imposer une analyse, mais sans chercher à la confronter à la réalité. De même, l’utilisation de certains modèles a causé des torts importants à Wall Street. Je rappelle d’ailleurs avoir de longue date demandé une révision de ces comportements, et par exemple l’interdiction des programmes informatiques automatiques qui sont utilisés par les financiers pour spéculer en Bourse.

Liens

Un lien vers des extraits de sa vision sur “la mondialisation, le chômage et les impératifs de l’humanisme

Vous trouverez ici une synthèse de son excellent livre de 1998 La crise mondiale d’aujourd’hui, que je vous recommande particulièrement, pour comprendre la crise actuelle (épuisé, donc à voir d’occasion).

Vous trouverez ici une synthèse de son livre L’Europe en crise

Ici une interview dans La Jaune et la Rouge

Ici un lien vers son article de 2005 : Les effets destructeurs de la Mondialisation

Épilogue

Je signale enfin que la fille de Maurice Allais travaille actuellement (avec difficultés) à la création d’une fondation afin de perpétuer le savoir du grand Maurice Allais. Elle se bat aussi pour préserver sa très riche bibliothèque de plus de 12 000 livres…

Plus d’informations sur sa page Wikipedia et sur l’Association AIRAMA qui lui est consacrée.

Maurice Allais

mercredi, 10 octobre 2012

Il y a 50 ans disparaissait Georges Desbons

Poglavnik-Ante-Pavelic-i-George-Desbons.jpg

Il y a 50 ans disparaissait Georges Desbons, fidèle ami de la Croatie

 

par Christophe Dolbeau

 

Le 18 novembre 1935 à Aix-en-Provence, c’est dans un palais de Justice rempli de policiers et bardé de chicanes et de barbelés que s’ouvre le procès des Oustachis. Zvonimir Pospišil, Mijo Kralj et Ivan Raić sont accusés d’avoir pris part, le 9 octobre 1934 à Marseille, à l’attentat qui à coûté la vie au roi Alexandre de Yougoslavie et au ministre français Louis Barthou. La Cour d’Assises est présidée par M. de la Broize et quant aux inculpés, ils sont tous trois défendus par un célèbre avocat parisien, Me Georges Desbons. « L’œil ardent, le visage énergique », ce dernier s’est fait connaître « par son cran et sa combativité de tous les instants » (1) ; ce sont des associations croates de Buenos Aires et de Pittsburgh qui l’ont prié d’assurer la défense des trois accusés, ce qu’il a accepté de faire sans demander d’honoraires.

 

Très au fait des affaires yougoslaves et bien décidé à ne pas laisser ce procès servir d’habillage à une basse opération de vengeance, Me Desbons se montre d’emblée extrêmement offensif. Dès le premier jour, il s’en prend à l’interprète de service qu’il qualifie d’ « œil de la police yougoslave », ce qui lui vaut une réprimande de la Cour. Le lendemain, 19 novembre, l’avocat récidive : il attaque à nouveau l’interprète « yougoslave » (un certain Ilić), conteste les expertises psychiatriques des prévenus et proteste contre les premières irrégularités des débats. Vers 14h30, c’est le clash. S’étant vu refuser la parole, Me Desbons frappe du poing sur la table et lance au président : « Alors, c’est cela la Justice républicaine… Vous n’aurez pas la tête de ces trois hommes. Ni vous, ni votre substitut, ni votre bourreau ! » (2). Outré, le procureur général bondit de son siège et requiert la radiation immédiate de l’avocat qui rétorque aussitôt : « Rien ne me fera courber l’échine ». La Cour se retire quelques instants puis elle annonce la radiation de Me Desbons qui s’exclame : « Je ne partirai pas, je ne céderai qu’à la force ». C’est dans un brouhaha général qu’un gendarme invite alors l’avocat à se retirer : « il sort », écrit l’ancien commissaire de police Georges Paulet, « le torse droit, tête rejetée en arrière, entouré jusqu’au vestiaire par des confrères et des journalistes ». « Ma radiation », dira-t-il, « est l’honneur de ma carrière » (3).

 

Les audiences sont suspendues sine die mais il y aura quelques mois plus tard (février 1936) un second procès à l’issue duquel les accusés, défendus par d’autres avocats, échapperont finalement à la peine de mort (4).

 

De Me Desbons, cet indomptable défenseur qui n’a pas hésité un seul instant à mettre en jeu sa carrière et son gagne-pain, le grand public ne sait, hélas, pas grand-chose et le 50e anniversaire de sa disparition nous offre aujourd’hui l’occasion idoine de jeter quelque lumière sur ce personnage peu banal.

 

Juriste et fin lettré

 

Petit-fils d’un diplomate et d’un député-maire, fils d’un magistrat, Georges Anatole Eugène Desbons appartient à une famille bourgeoise du Sud-Ouest de la France, bien connue dans le milieu de l’élevage équin. Il vient au monde le 5 novembre 1889 dans la petite cité de Maubourguet, au pied des Pyrénées, et reçoit, le jour de son baptême, la bénédiction particulière de Sa Sainteté Léon XIII ; d’abord élève des écoles locales, il poursuit ensuite sa scolarité à Pau puis au Collège Stanislas, un prestigieux établissement catholique de Paris. Fidèle à la tradition familiale, il étudie le droit et s’inscrit dès 1911 au barreau de Paris tout en poursuivant ses travaux en vue de l’obtention d’un doctorat ; sa thèse (1912), qualifiée de « tout à fait remarquable », portera sur « le capitalisme et l’agriculture ». Fidèle à ses racines rurales, il témoigne alors d’un intérêt sincère pour les problèmes de la campagne comme en attestent les ouvrages qu’il consacre au Crédit Agricole (1913), à La coopération rurale au Danemark (1916, préfacé par le ministre radical-socialiste Maurice Viollette) et à La crise agricole et le remède coopératif (1917). Très éclectique, le jeune homme ne se cantonne pas au seul domaine agricole : en 1913, il s’attaque aux abus des cours martiales qu’il dénonce dans « L’agonie de la justice militaire », un article que publie La Revue Socialiste ; il aborde aussi des questions plus techniques comme Le moratorium des loyers ou encore La responsabilité civile des communes, un essai qui paraît en 1915. Exempté d’obligations militaires pour raisons médicales, il se porte néanmoins volontaire en août 1914 et rejoint le front en qualité de simple soldat : il se battra jusqu’à ce que les rigueurs des tranchées viennent à bout de sa santé. Réformé sanitaire, c’est dans l’administration qu’il continue de servir : remarqué pour ses qualités intellectuelles et connu pour être politiquement proche du centre gauche, le ministre René Viviani le nomme, en effet, sous-préfet. Affecté à ce titre dans la ville d’Uzès, Georges Desbons y déploie une grande activité en faveur de la recherche des soldats portés disparus (dont son cousin Jean, futur député) ; il publie même, en 1917, un petit opuscule (Pour le droit par le droit) destiné à aider concrètement les familles dans leurs démarches.

 

Lorsque le conflit mondial s’achève, Me Desbons n’a pas encore 30 ans mais il jouit déjà d’un certain renom et c’est peut-être en raison de cette notoriété naissante que le gouvernement monténégrin, exilé en France, lui confie la défense de ses intérêts. Avocat de la famille royale, Georges Desbons est également le conseil de la Croix-Rouge monténégrine et de l’Office Monténégrin du Commerce Extérieur. Témoin privilégié des excès auxquels se livre l’armée serbe lors de l’annexion du Monténégro, le jeune avocat n’aura dès lors de cesse de dénoncer l’iniquité des traités et les ambitions brutales de Belgrade. En 1920, il préface le petit pamphlet que le Dr Pero Šoć consacre à L’allié martyr, le Monténégro, avant de s’atteler lui-même à la rédaction d’un très gros ouvrage sur L’Agonie du Royaume de Monténégro [à ce jour, ce livre est toujours inédit]. Cet intérêt pour les Balkans l’amène ensuite à se pencher sur le cas de la Macédoine et de la Bulgarie ; paru en 1930 et salué par tout un aréopage d’éminents universitaires, son ouvrage La Bulgarie après le Traité de Neuilly, préfacé par l’ancien ministre Justin Godart, lui vaudra d’être distingué par le roi Boris III. Trois ans plus tard, son livre sur La Hongrie après le Traité de Trianon suscite à nouveau les éloges d’un large éventail de personnalités (dont le général Brissaud-Desmaillet, le Comte Teleki et Joseph Balogh de la Nouvelle Revue de Hongrie) qui toutes saluent son indépendance et son anticonformisme. 

 

Si la politique étrangère est toujours au centre de ses préoccupations, Georges Desbons est également présent sur d’autres plans : dans le domaine purement juridique où il se signale par la publication de diverses études techniques (Le commerce des chiffons et la loi de 1905 sur les fraudes ; Note sur la loi de révision du prix de vente des fonds de commerce) et dans le domaine de la politique coloniale où ses interventions sont nombreuses. Membre de la Société de Géographie Commerciale de Paris (sous l’égide de laquelle il a signé en 1929 une aimable plaquette de 20 pages, dédiée à Une richesse nationale bulgare. La culture des roses et la fabrication de l’essence de roses) et avocat de plusieurs sociétés implantées outre-mer, Me Desbons se rend à plusieurs reprises au Maroc et en Tunisie (deux pays qui salueront son action en lui décernant de hautes décorations) ; cet engagement auprès du monde des affaires ne l’empêche pas, dans le même temps, de défendre les plus humbles comme en témoigne le soutien qu’il apporte aux socialistes tunisiens ou au député progressiste martiniquais Joseph Lagrosillière. Proposé en juin 1934 pour l’attribution de la Légion d’Honneur, en raison « des services incontestables qu’il a rendus à la France coloniale », il figure en bonne place, en octobre 1935, dans le comité de parrainage de l’exposition du tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France où il côtoie sénateurs, députés et gouverneurs.

 

Intégrité et indépendance

 

Tel est, en 1935, le profil de l’avocat qui accepte d’assumer la difficile tâche de défendre les Oustachis. Notable du barreau, notoirement proche de la Gauche modérée et plutôt lié à l’establishment, rien ne laisse présager la détermination avec laquelle il va s’employer à faire valoir les droits de ses sulfureux clients. Sauf que Me Desbons a certes de l’ambition et de l’entregent mais qu’il n’est aucunement opportuniste et certainement pas courtisan ; juriste méticuleux, c’est aussi quelqu’un qui connaît parfaitement les arcanes de la politique yougoslave et c’est enfin un homme intègre qui n’entend pas se prêter à une mascarade judiciaire, fût-ce au nom de la raison d’État. Pour le pouvoir – et Pierre Laval le lui avouera plus tard – il faut donc impérativement l’écarter du procès où les effets conjugués de son talent et de sa probité pourraient avoir des conséquences fâcheuses : on se servira pour cela d’un prétexte futile. Interdit de prétoire dès le second jour du procès, Georges Desbons a tout de même réussi, grâce au scandale, à enrayer la machine : le bâtonnier Émile de Saint-Auban et ses confrères n’auront plus qu’à marcher dans ses traces et au final, les accusés échapperont à la guillotine, ce qui n’était pas gagné d’avance. Au-delà du cas des trois inculpés, Me Desbons et ses collègues ont aussi secoué quelques consciences. Le député Lionel de Tastes menace d’interpeller le gouvernement à la Chambre et l’influent quotidien L’Œuvre (12.02.1936) parle ouvertement du « pot aux roses de Marseille », tandis que la revue Esprit (celle d’Emmanuel Mounier) laisse, quant à elle, au jeune sociologue Georges Duveau le soin de tirer la saine conclusion suivante : « …Un Ante Pavelić n’est pas un terroriste professionnel et si les Oustachis en sont venus à une politique d’assassinat et de violences, c’est qu’hélas, la dictature serbe leur donnait les plus tristes exemples et les provoquait aux plus féroces ressentiments. L’affaire des Oustachis prouve ce double dégoût qu’éprouvent tous les hommes de cœur devant les tyrannies policières et gouvernementales » (N°42, mars 1936, p. 998).

 

Au lendemain de l’incident d’Aix-en-Provence, le purgatoire de Georges Desbons n’est pas bien long puisqu’il est officiellement réintégré le 31 mars 1936. L’avocat peut reprendre l’exercice de son métier mais de confortable, sa situation est désormais devenue instable. Certains dossiers lui sont retirés et il lui faut se refaire une clientèle. Après avoir longtemps joui d’un fort coefficient de sympathie, il doit maintenant faire face à de venimeuses critiques : on l’accuse ici d’être fasciste et là d’être communiste (car il est hostile à la révision du Traité de Versailles comme aux accords de Munich) quand on ne le soupçonne pas d’accointances avec la franc-maçonnerie ! Blessé par cette injuste vindicte, Georges Desbons n’en poursuit pas moins son chemin, en toute indépendance. Après la défaite de 1940 et l’avènement de l’ « État Français », il campe sur des positions patriotiques et républicaines. Ancien combattant, il éprouve un grand respect pour le maréchal Pétain mais ne cautionne ni la suspension de la République ni la politique de son ami de jeunesse, Pierre Laval. Sollicité pour occuper un poste de préfet, de maire d’un arrondissement de Paris ou de président d’une Cour d’Appel, il décline d’ailleurs toutes les offres et reste fidèle à sa stricte vocation de défenseur. Résidant en zone occupée, il est en contact avec le franciscain Corentin Cloarec, un prêtre résistant (5), par l’intermédiaire duquel il apporte une aide matérielle à de nombreux enfants et à quelques familles déshéritées. Sur le plan professionnel, il prête gracieusement assistance à de nombreux résistants et réfractaires au travail obligatoire, ce qui lui vaudra d’être perquisitionné à deux reprises par la Gestapo.

 

De l’ambassade à la prison

 

N’ayant jamais perdu le contact avec ses anciens clients oustachis, Me Desbons se félicite, bien sûr, de la proclamation de l’État Indépendant Croate où il ne tarde pas – malgré les fortes réticences de l’Italie et du Reich – à être invité par les nouvelles autorités. Lors de ces visites, l’avocat met à profit les relations privilégiées qu’il entretient avec Ante Pavelić, le général Perčević et Andrija Artuković pour intercéder en faveur de quelques Français évadés des camps allemands. Désireux de lui témoigner la reconnaissance du peuple croate, le Poglavnik lui confère, le 11 janvier 1943, l’Ordre de la Couronne du Roi Zvonimir, l’une des plus hautes décorations de l’État Croate. À son corps défendant, Georges Desbons se trouve au cœur d’un imbroglio diplomatique difficile à résoudre : la France n’a reconnu la Croatie indépendante que de facto et Ante Pavelić souhaiterait obtenir une reconnaissance pleine et entière avec la désignation de Me Desbons comme ambassadeur, ce que l’héritage de Marseille rend fort délicat. En effet, le Poglavnik fait toujours l’objet en France d’une condamnation à mort, tandis que le chef du gouvernement et ministre des Affaires Étrangères français n’est autre que Pierre Laval, le successeur en 1934 de Louis Barthou ; quant au maréchal Pétain, c’est lui qui représentait l’armée française aux obsèques du roi Alexandre ! (6) Dans l’attente d’un dénouement satisfaisant, un accord commercial a été conclu par les deux pays et une permanence diplomatique est assurée à Zagreb par le consul André Gaillard ; faute d’être officiellement nommé ambassadeur, c’est donc en qualité de simple « chef de la légation française » que G. Desbons effectuera, en mars 1944, un dernier séjour à Zagreb.

 

Sitôt Paris libérée (août 1944), les ennemis de Me Desbons reprennent l’offensive, invoquant cette fois ses trois voyages en Croatie pour l’accuser de « collaboration » et de trahison. Il s’agit là, bien entendu, d’une pure calomnie mais elle conduit bel et bien l’avocat à la prison de Fresnes où il va passer plusieurs mois. Sarcastiques, les journaux de l’époque cherchent plus ou moins à le ridiculiser, à l’instar de Paris-Presse (07.02.1945) qui titre : « L’ambassade burlesque de Georges Desbons, le plus extravagant diplomate de Vichy qui ne passa que douze jours en Croatie et termina sa carrière à Fresnes ». Depuis sa cellule, l’avocat, dont la santé se détériore, tempête, proteste et exige l’abandon des poursuites. Finalement, sa libération est ordonnée en mars 1945 mais sans que la procédure soit pour autant abandonnée, ce qui ne saurait le satisfaire. « Le parquet de la Cour de Justice », écrit Le Monde (23.03.1945), « a décidé de mettre en liberté provisoire Georges Desbons, avocat au barreau de Paris, qui entretint d’étroits rapports avec le gouvernement croate et son chef Ante Pavelić. L’inculpé, qui escomptait un non-lieu, a refusé de quitter sa prison où il fait la grève de la faim depuis quatre jours ». En dépit d’un éloquent mémoire en défense et malgré les témoignages favorables de gens aussi éminents que le futur président du Conseil Antoine Pinay, les démêlées judiciaires de Georges Desbons s’éterniseront jusqu’en 1947.

 

Semper fidelis

 

Au sortir de toutes ces épreuves – dont la seule et unique cause, il faut bien le dire, est le procès de 1935 – Me Desbons ne renie rien de son engagement aux côtés des nationalistes croates. « La Croatie a droit à la Justice. Ce droit à la Justice implique la Liberté », réaffirme-t-il en 1954 dans les colonnes de l’almanach du Hrvatski Domobran. Toujours prêt à en découdre avec les diffamateurs, il demeure par ailleurs en contact épistolaire avec le Dr Ante Pavelić qu’il entretient régulièrement de diverses indiscrétions politiques que lui confient des relations bien informées et qu’il tient aussi au courant de ce qui agite la communauté croate de Paris. Approché par toutes sortes de faux amis et d’agents provocateurs qui cherchent à le compromettre, Me Desbons se tient prudemment à l’écart des intrigues, tout en exerçant discrètement son influence sur ceux qu’il appelle « les éléments purs de l’émigration ». « De chez moi », écrit-il au Père Branko Marić (7), « je suis resté l’ami fidèle de votre patrie. Dans la mesure de mes forces et de mes informations vraies, je démolis les échafaudages malhonnêtes, j’évite les erreurs qui, parfois, peuvent avoir de graves conséquences… Autrement dit, je reste identique à moi-même ». L’incontestable aura dont il jouit parmi les jeunes émigrés lui permet de contrecarrer efficacement les manœuvres ambiguës du Père Teodor Dragun, le recteur de la Mission Catholique Croate, et de son bras droit, le journaliste et poète Mato Vučetić (1892-1981), ancien attaché de presse de l’ambassade yougoslave. Hostiles au régime communiste (Vučetić est même le représentant officiel à Paris de Vlatko Maček), ces deux hommes sont également des adversaires déclarés du nationalisme croate ; associés à l’ancien député Roko Mišetić et à quelques Serbes et Slovènes, ils tentent (non sans mal) de mobiliser les expatriés croates derrière la dangereuse chimère d’une troisième Yougoslavie « démocratique ».

 

Désireux de laisser à la postérité son témoignage sur l’affaire de Marseille et de faire enfin connaître à tous ce qu’il aurait dit à Aix-en-Provence si on l’avait laissé plaider, Georges Desbons commence à réunir les pièces essentielles d’un futur gros ouvrage consacré à la question croate. Il n’en verra, hélas, pas la parution (8) car la maladie qui le mine finit par avoir raison de ses forces. Hospitalisé le 16 septembre 1962 à l’Hôpital Saint-Joseph de Paris, il y succombe le mercredi 26 septembre, aux alentours de 22h 30, après avoir reçu les derniers sacrements. Accouru quelques jours plus tôt, c’est son vieil ami, le Père Branko Marić, qui célèbrera la messe de Requiem dans la chapelle de l’hôpital. Arborant sur la poitrine, comme dans un dernier geste de défi, l’étoile de l’Ordre de la Couronne du Roi Zvonimir, le défunt sera inhumé le 1er octobre au cimetière de Saint-Cloud, en présence de deux membres de l’Académie Française et d’une délégation de jeunes patriotes croates. La Croatie venait de perdre un ami aussi fidèle que précieux.

 

 Christophe Dolbeau

 

Notes

 

(1) Georges Paulet, L’assassinat d’Alexandre 1er, Lyon, Éditions du Coq, 1949, 98.

 

(2) Ibid, 113.

 

(3) Ibid, 114.

 

(4) Seuls les accusés en fuite, Pavelić, Kvaternik et Perčević, sont condamnés à mort par contumace ; en cas d’arrestation, ils auraient eu droit à un autre procès.

 

(5) Il sera assassiné le 28 juin 1944 par des agents de l’Abwehr.

 

(6) À propos de Philippe Pétain : dans la nuit du 19 au 20 février 1973, un commando sortira clandestinement le cercueil du maréchal Pétain du cimetière de l’île d’Yeu, dans le but de le transférer à Verdun où le maréchal avait exprimé le souhait de reposer au milieu de ses soldats. Dans ce commando, qui sera arrêté trois jours après par la police, figurait le Croate Marin Špika, membre du Mouvement de Libération Croate.

 

(7) Lettre du 14 janvier 1960.

 

(8) À ce jour, seuls quelques extraits ont été publiés…

lundi, 24 septembre 2012

Henry Bauchau a pris la route des rêves

L’écrivain belge Henry Bauchau a pris la route des rêves

Poète, dramaturge, romancier, Henry Bauchau tenait aussi des journaux intimes. Le dernier, paru en 2011 chez Actes Sud, s’intitule «Dialogue avec les montagnes. Journal du Régiment noir (1968-1971)». Paris, 1972 (AFP)

Poète, dramaturge, romancier, Henry Bauchau
 tenait aussi des journaux intimes. Le dernier, paru en 2011 chez Actes Sud, s’intitule «Dialogue avec les montagnes. Journal du Régiment noir (1968-1971)». Paris, 1972 (AFP)

L’auteur d’«Œdipe sur la route» et de «L’Enfant bleu» s’est éteint à 99 ans. Il laisse une œuvre marquée par les mythes, l’humain et la psychanalyse

On s’apprêtait à fêter son centenaire et le voilà qui s’en va, à 99 ans, dans son sommeil, quelques mois avant son anniversaire. Henry Bauchau était né le 22 janvier 1913 à Malines. Il s’est éteint dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris. Il a vécu en Belgique, en Suisse et en France. «Henry Bauchau a écrit jusqu’à son dernier jour. Il voulait, disait-il «mourir la plume à la main», note Myriam Watthee-Delmotte de l’Université de Louvain, l’une des meilleures spécialistes de Bauchau*.

Il laisse derrière lui une œuvre lumineuse, imperméable aux modes, marquée par son histoire personnelle, par les guerres, par la psychanalyse, impressionnée par la beauté du monde, traversée par les grands textes classiques. Les écrits d’Henry Bauchau portent l’écho des grands mythes, mais ne s’éloignent pas de l’homme d’aujourd’hui.

La reconnaissance sera tardive même si son premier recueil de poèmes, Géologie, publié en 1958 (réédité en 2009 par Gallimard) obtient le Prix Max Jacob. Il faudra attendre 2008 et un septième roman pour qu’il reçoive, en France, le Prix du livre Inter. En Belgique, il patiente jusqu’en 1991, lorsqu’il entre à l’Académie royale de langue et de littérature françaises – l’équivalent de l’Académie française. En 1997, son Antigone (Actes Sud), un succès de librairie, lui vaudra le Prix Rossel, le «Goncourt belge».

Toute sa vie, Henry Bauchau a travaillé. Comme avocat dans les années 1930, il a fait des études de droit en Belgique, tout en militant au sein de la jeunesse catholique. Après la guerre – il sera résistant – il s’installe à Paris. Il entreprend deux psychanalyses. La première, qui dure jusqu’en 1950 sous l’égide de la femme du poète Pierre Jean Jouve, Blanche Reverchon, qu’il dénomme la «Sybille», lui indique la voie de l’écriture. La seconde, de 1965 à 1968, auprès de Conrad Stein, fera de lui un thérapeute.

Mais il faut vivre. La poésie, la peinture et le dessin, qu’il pratique également, ne nourrissent pas. En 1951, il déménage en Suisse et ouvre à Gstaad l’Institut Montesano qui accueille notamment de riches et jeunes Américaines. Il enseigne la littérature et l’histoire de l’art. Il tisse des liens. Rencontre Philippe Jaccottet. Publie des livres aux Editions de l’Aire (La Pierre sans chagrin. Poèmes du Thoronet en 1966 ou Célébration en 1972), chez Pierre Castella (La Dogana. Poèmes vénitiens avec la photographe Henriette Grindat, 1967); il écrit dans la revue Ecriture.

En 1973, l’Institut Montesano ferme. C’est le retour à Paris et le début de ses activités de thérapeute. Il utilise l’expression artistique dans les cures qu’il mène auprès d’adolescents en rupture, puis comme psychanalyste. Il rencontre Lionel Douillet, «l’enfant bleu», un jeune aliéné avec lequel il expérimente les vertus de l’art comme thérapie. Il l’encourage à dessiner, le suit pendant une quinzaine d’années et le mène vers une forme d’épanouissement.

Les romans d’Henry Bauchau portent, tout au long de sa vie, la trace de ses interrogations existentielles. La Déchirure (Gallimard, 1966) rejoue ses relations avec sa mère; Le Régiment noir (1972) explore la vie rêvée de son père. Il puise dans les mythes tout en s’ouvrant sur la poésie, le monde et le trajet personnel de chacun: Œdipe sur la route (1990 chez Actes Sud qui l’édite depuis lors) ouvre un cycle œdipien dont fait partie son Antigone de 1997.

Les années 2000 seront marquées par ses souvenirs de jeunesse et ses expériences thérapeutiques: L’Enfant bleu (2004) retrace les relations d’une thérapeute et de son jeune patient; Le Boulevard périphérique (2008) est un trajet vers la mort où surgissent des souvenirs de guerre; Déluge (2010) raconte une libération par la peinture sur fond d’Arche de Noé; L’Enfant rieur (2011) est le récit d’une jeunesse rêvée. «Je pense, disait-il au site Remue.net à propos de ses textes, que c’est le fait de mon attention à la vie courante et en même temps la préoccupation spirituelle qui fait la qualité de mon œuvre, si jamais elle en a.»

* L’hommage de Myriam Watthee-Delmotte et une foule d’informations sur l’écrivain: bauchau.flter.uclac.be

La Lumière Antigone, livret d’Henry Bauchau, musique de Pierre Bartholomée, est donné ce week-end au Temple allemand à La Chaux-de-Fonds. Rens. www.abc-culture.ch