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lundi, 20 octobre 2014

En souvenir de Jean Mabire

Robert Steuckers:

En souvenir de Jean Mabire

jm2.jpgPour autant que je m’en souvienne, j’ai dû lire Jean Mabire pour la première fois en 1972, dans un numéro spécial d’“Historia”, sans trop bien me souvenir si l’article était signé Henri Landemer ou de son nom propre. C’était la belle époque de nos adolescences, que je narre très superficiellement dans mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, futur directeur des revues “Raids” et “L’Assaut” et bien entendu, fervent lecteur précoce, lui aussi, de Jean Mabire. Finalement, par le biais des premiers numéros d’“Eléments”, au début des années 70, l’image de Jean Mabire, écrivain, se précise pour moi: non seulement, il est celui qui narre, avec simplicité et puissance, la geste des soldats de tous horizons mais il est aussi celui qui s’intéresse aux réalités charnelles et vernaculaires, au vécu des gens, disciple qu’il est, à ce niveau-là, d’Olier Mordrel, l’ancien directeur de la revue nationaliste bretonne “Stur”, pour qui l’engagement devait être dicté par les lois du vécu et non par des abstractions et des élucubrations intellectuelles. Mordrel et Mabire sont en ce sens nos “Péguy” païens, ceux qui nous demandent d’honorer les petites et honnêtes gens de chez nous, nos proches, nos prochains, et d’honorer aussi le brave soldat qui, avec l’humilité de sa condition, accomplit son devoir sans récriminer.

C’est en 1981 d’ailleurs que je rencontre pour la première fois Jean Mabire, en chair et en os, lors de la présentation du livre d’Olier Mordrel, “Le Mythe de l’Hexagone”, à Paris, dans une salle au pied de la Tour Montparnasse. Quand Jean Mabire est entré et s’est tout de go dirigé vers la table où Mordrel signait ses livres, c’est un véritable bulldozer de joie de vivre, de ferveur, d’énergie qui a fait irruption dans cette salle surchauffée et enfumée. Nous nous sommes simplement salué sans entamer la moindre conversation. Il faudra attendre quelques années, je crois, pour que nous nous retrouvions face à face, au “Dauphin”, à Paris, avec Pierre Vial et pour que nous entamions une conversation plus approfondie sur des sujets divers, tournant tous bien sûr autour des deux thèmes de fond qui nous sont chers: l’enracinement et l’aventure. J’y reviens. Depuis ce déjeuner au “Dauphin”, Mabire m’adressera chacun de ses livres, assortis d’une gentille dédicace. Nous nous reverrons dans le Beaujolais, milieu des années 80, où le G.R.E.C.E. avait organisé une “Fête de la Communauté” et où Jean Mabire, ainsi que Robert Dun, tenaient des stands pour vendre et dédicacer leurs ouvrages. Guibert de Villenfagne de Sorinnes m’avait accompagné, avec son épouse et sa fille, et y a acheté le livre de Jean Mabire sur les “Chasseurs alpins” pour l’offrir à son père Jacques, un des organisateurs du régiment des Chasseurs ardennais, dès les années 20 avec le Colonel Chardome, puis combattant du front de la Lys pendant les “Dix-Huit” jours de mai 1940 et animateur du maquis de la Semois pendant la deuxième guerre mondiale.

Quand Jean Mabire débarque à Bruxelles, fin des années 80, pour venir présenter ses ouvrages sur les “Bourguignons”, il me demande de lui servir de guide pour trouver la salle à Sterrebeek, qui doit le recevoir. Nous y apprenons la mort, sur l’autoroute Liège-Bruxelles, d’un ancien (très jeune) officier, venu chercher son exemplaire et sa dédicace particulière, lui, le défenseur des quais de Stettin à l’âge de dix-huit ans... J’avais connu son fils en 1983, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, à l’Hôpital militaire de Neder-over-Hembeek, affligé qu’il était d’une maladie infectieuse, émacié sur son lit mais gardant, héritage paternel, un regard de feu et la fibre énergique que nous aimons voir vibrer chez nos interlocuteurs. La transmission avait été faite, aussi par l’apport d’Alexis Curvers et de Marcel Decorte, mais la Parque, méchante, avait tranché le fil qui reliait le Lieutenant Régibeau, valeureux Liégeois, à la vie.

jm3.gifJean Mabire m’invite ensuite, près de dix ans plus tard, à l’Université d’été des “Oiseaux Migrateurs”, un mouvement de jeunesse qui lui tenait fort à coeur. Au programme de la journée que j’ai animée avec d’autres: le long processus d’unification de l’Hexagone à partir du bassin de la Seine et de l’axe Paris-Orléans, soit la distance la plus courte entre la Seine et la Loire. Belle leçon de géopolitique, sur le modèle d’un cours prodigué à l’Ecole de guerre et évoqué, sous Weimar, par deux éminents géopolitologues allemands, aujourd’hui oubliés et pillés, Henning et Körholz! Personnellement, je devais parler de l’époque de la christianisation de l’Europe, entre l’effondrement mérovingien, le renouveau pippinide et la renaissance carolingienne. Mais une fois de plus, ce furent nos longues conversations vespérales puis à la terrasse d’une taverne de village qui furent les plus passionnantes: sur la Normandie, sur la métapolitique, sur l’histoire en général et surtout, ces jours-là, sur l’oeuvre de Marc. Eemans, qui venait tout juste de décéder à Bruxelles. Mabire était fort ému: il avait appris le décès du peintre surréaliste, poète et historien de l’art quelques jours auparavant. Deux jours après l’annonce de cette triste nouvelle, Mabire avait reçu une dernière lettre du peintre, prouvant que celui-ci avait bien l’intention de demeurer actif, au-delà de ses 91 ans. Mabire avait déjà été victime de la maladie qui devait l’emporter un peu moins de huit ans plus tard: il avait gagné la première bataille. Il était heureux. Actif. Nous partagions le même dortoir, sur un matelas, à même le sol, comme en bivouac. Mabire était septuagénaire et ne craignait pas les nuits à la spartiate, sur une paillasse à même le carrelage. Je me suis promis de faire pareil, au moins jusqu’à 75 ans. Jusqu’ici, j’ai tenu ma promesse.

Je reverrai ensuite Mabire près de Lille, où il était venu prononcer une conférence sur Drieu la Rochelle dans le cadre des activités de “Terre & Peuple”, magistralement gérées par le camarade Pierre Loubry à l’époque. Mais, la plus poignante de nos rencontres fut incontestablement la dernière, début décembre 2005. C’était dans le cadre du “Cercle de Bruxelles” de l’époque, qui se réunissait le plus souvent rue des Renards, près du “Vieux Marché” (cher à Hergé qui l’a croqué dans “Le Secret de la Licorne”). Les membres et animateurs du “Cercle de Bruxelles” —dont le regretté Ivan de Duve, mort en mars 2014—  avaient décidé de dîner avec Jean Mabire dans un restaurant animé par la Comtesse de Broqueville, la “Flûte enchantée”, également situé dans les Marolles. Ce restaurant était un resto du coeur de haute tenue: on y jouait du Mozart, forcément, mais aussi les meilleurs morceaux de jazz, on y avait organisé une bibliothèque et les démunis pouvaient manger chaque jour à leur faim un repas complet, en trois suites, pour 3,50 euro, servi par des garçons en veste blanche, avec boutons argentés et belles épaulettes. Ceux-ci étaient généralement des musiciens ou des chanteurs d’opéra venus d’Europe orientale ou de l’ex-URSS, qui logeaient aux étages supérieurs pour un loyer plus que modeste et, en échange, servaient en semaine les démunis du quartier. Les samedis et les dimanches, le restaurant était ouvert au public: on y servait le même repas qu’aux démunis mais on le facturait 20 euro. Les bénéfices étaient affectés à la cuisine et permettaient, sans déficit, de nourrir les déclassés pendant une semaine. Le “Cercle de Bruxelles” avait décidé de participer avec Jean Mabire, à une conférence organisée à la “Flûte enchantée” par les “Patagons”, les amis de Jean Raspail. Un couple qui avait vécu au fin fond de la Patagonie et y avait rencontré Raspail dans la gargotte au milieu de nulle part, qu’il avait construit de ses mains, nous a évoqué ces voyages de l’auteur du “Camp des Saints” dans un pays dont la nature est pleine de contrastes: où un glacier coule le long d’une forêt tropicale ou d’un désert aride. Les orateurs commentaient un vaste diaporama, illustrant cette luxuriance ou cette aridité, ces paysages si diversifiés. On comprenait dès lors la fascination de Raspail pour cette région du monde.

jm4.pngAprès la conférence et le diaporama, les conversations sont allés bon train. Mabire était certes marqué par le mal sournois qui le rongeait. La présence de la maladie était palpable mais Maît’Jean, superbe, l’ignorait délibérément, faisait comme si elle n’était pas là. Il parlait comme il avait toujours parlé: Ana, Hupin, de Duve, moi-même, nous l’écoutions, muets, car il exprimait sans détours tous les enthousiasmes qui animaient sa carcasse d’enraciné normand, de combattant des Aurès, d’écrivain prolixe. Son érudition, dépourvue de toute sécheresse, relèvait indubitablement de ce “gai savoir” que préconisait Nietzsche. Mabire, effectivement, avait franchi les caps que Nietzsche nous a invités à franchir: il n’était plus —et depuis longtemps!— le chameau de la fable du Zarathoustra de Nietzsche qui traînait un savoir lourd et sans joie ni le lion qui se révoltait contre les pesanteurs des prêtrailles de tous poils et cassait tout autour de lui: il était devenu un compagnon de l’enfant joyeux et insouciant qui joue aux billes, qui ne voit malice nulle part, qui n’est pas affecté par les pesanteurs et les ressentiments des “derniers hommes”. La faconde de Jean Mabire, en ce 9 décembre 2005, a été une formidable leçon de virilité romaine, de stoïcisme joyeux. Le flot ininterrompu des joies et des aventures, des pieds-de-nez aux sots qui nous gouvernent ou, pire, veulent gouverner nos âmes, ne doit pas s’interrompre, même si l’on doit mourir demain. En écrivant ces lignes, je nous revois sur le trottoir, en face de la “Flûte enchantée”, et je revois les yeux perçants de Mabire qui se braquent sur moi et m’intiment l’ordre de continuer le combat auquel il ne pourra bientôt plus participer. Et puis il me serre longuement la pince, la secoue doucement: je sens l’adieu du chef. Je ne pourrai plus jamais me dérober. Je me disais souvent: “J’y suis, j’y reste!”. Après l’ultime poignée de main de Mabire, je dis: “J’y suis et j’y resterai!”.

ete-rouge-de-pekin.jpgTelle fut donc ma dernière rencontre avec Mabire. La plupart de nos conversations passaient toutefois par le téléphone. Comment exprimer l’essentiel de ce qui est passé entre lui et moi, entre l’écrivain et le lecteur, entre l’ancien qui évoque ses idées et ses sentiments et le jeune homme qui écoute? Mabire, c’est avant tout un charisme, sûrement inégalé dans l’espace politico-idéologique qui est le nôtre. Mabire a traité des sujets brûlants, controversés, sans jamais blâmer les hommes dont il décrivait les aventures et les sentiments, fussent-ils totalement contraires aux principes figés de la “rectitude politique”. Mabire était capable de balayer les objections par le simple ton de sa voix, toujours enjouée et chaleureuse. Et de fait, Mabire n’a jamais été vraiment attaqué par les petits organes de presse, chargés par le système et ses polices de traquer les non-conformistes et de leur tailler “un beau costume”, pour qu’ils soient honnis par la postérité, houspillés hors des cercles où l’on cause, hors des médias, couverts d’opprobre. Souverain et parfaitement maître de sa propre parole, Mabire a largement échappé, grâce à son charisme si particulier, aux chasses aux socières, dont il n’aurait, de toutes les façons, pas eu cure.

Le fond philosophique de la vision du monde de Mabire est un existentialisme, le seul vrai. Né dans la seconde moitié des années 20, Mabire vit son adolescence pendant la seconde guerre mondiale et arrive à l’âge adulte en 1945, quand sa Normandie a été totalement ravagée par les bombardements alliés et les combats, quand s’amorcent des années de déchéance et de misère pour la vieille Europe, une ère noire que les historiens ne commencent qu’à décrire aujourd’hui, notamment dans les pays anglo-saxons: je pense à Ian Buruma et à Keith Lowe, auteurs de livres à grand succès sur la déréliction de l’Europe entre 1945 et 1952. L’engouement littéraire de cette époque est l’existentialisme, dont on ne retient que les figures de Sartre et de Camus, avec leur cynisme ou leurs interrogations morales biscornues et alambiquées. Cependant le primat de l’existence sur l’essence —ou plutôt le primat de l’existence sur les fabrications purement intellectuelles ou les morales désincarnées— peut s’interpréter en un tout autre langage: l’aventure, la projection de soi vers un monde souvent dangereux, vers un monde non conforme, sont des formes d’engagement, politique ou non, plus pétulantes, plus enthousiastes, plus fortes que l’immersion facile dans les glauques caves “existentialistes” des quartiers branchés de Paris dans les années 50 où l’on protestait en abandonnant toute tenue, toute forme et surtout toute éthique. L’oeuvre toute entière de Mabire, y compris son oeuvre militaire, est l’affirmation haute et claire du primat des existences fortes, des volontés tranchées mais cette fois trempées dans une beauté, une luminosité, une éthique naturelle et non affichée, que le sinistre sartrisme, ponctué de sa jactance politicienne et communisante, ne possédait évidemment pas.

jm5.gifBernard Garcet, qui avait animé les écoles de cadre du mouvement “Jeune Europe” de Jean Thiriart, au moment où Mabire, avec Venner, côtoyait “Europe-Action”, le MNP et le REL, nous a un jour rappelé un cours qu’il avait donné et où était esquissée l’humanité idéale que devait incarner le militant de “Jeune Europe”: une humanité enracinée et désinstallée. Quant à l’humanité en déchéance qui avait promu la société triviale du “coca-cola et du frigidaire de Tokyo à San Francisco”, elle était, aux yeux des cadres formateurs de “Jeune Europe”, déracinée et installée. Mabire recourait aux racines, —normandes pour lui— et prônait le grand large, l’aventure, le désinstallement. Le bourgeois frileux, fustigé par tous les existentialistes, y compris les sartriens, n’avait plus le souci de ses racines et s’installait dans un confort matériel post bellum que secoueront pendant un bref moment les plus pugnaces des soixante-huitards. Mabire a donc été un homme de son temps. Mais il a clairement dépassé l’existentialisme mainstream de la place de Paris, qui n’est qu’une sinistre caricature, expression de la trivialité d’une époque de déclin, d’endormissement des énergies.

La désinstallation, pour Mabire, était éveil et aventure. La notion d’éveil, chez lui, est un éveil permanent au message subtil des racines, à leur chant intérieur qui doit nous saisir et nous mobiliser entièrement. C’est dans cet esprit que Maît’Jean a voulu entamer une longue enquête sur les “éveilleurs de peuple”, dont, hélas, un seul volume seulement paraîtra chez Fayard, vu le désintérêt du public français pour ces figures d’Irlande, de Hongrie ou de Danemark. La notion d’éveilleur est la marque la plus patente du “Jungkonservativismus” de Mabire. Il entend conserver les valeurs innées du peuple, avec ses éveilleurs, mais les mettre au service d’un bouleversement régénérateur qui va culbuter les notables moisis de l’univers de Mauriac, les modérés d’Abel Bonnard, ceux qui se délectent dans les compromis. Mais l’élément “jung”, l’élément de jeunesse, est précisément ce qui doit redonner en permanence un élan nouveau, un “Schwung”, à une entité politique ou à un groupe ethnique marginalisé et persécuté. Cela amène notre Maît’Jean tout droit dans l’optique de la philosophie sphérique de l’histoire, mise en exergue par Armin Mohler dans son célèbre ouvrage sur la “révolution conservatrice” allemande des années 1918-1932. Pour la “révolution conservatrice”, tributaire de la nietzschéanisation de la pensée allemande, le temps historique n’est ni linéaire ni cyclique, c’est-à-dire ni messianique/déterminé ni répétitif/déterminé mais sphérique, c’est-à-dire qu’il reçoit à intervalle régulier —quand les âmes cessent soudain de subir le processus d’endormissement— l’impulsion d’élites, de peuples vivants, de personnalités énergiques, donc d’éveilleurs, qui le poussent dans le sens voulu par leurs volontés. Il n’y a pas d’existentialisme possible sans ces coeurs rebelles, sans ces cerveaux hardis, sans ces peuples enracinés, sans ces éveilleurs aventureux.

Jean Mabire est aussi notre encyclopédiste. Sa série “Que lire?”, issue d’une chronique dans “National-Hebdo”, nous indique la voie à suivre pour saisir justement, dans les patrimoines littéraires européens, toutes les facettes possibles de cet existentialisme profond et impassable qui fera, un jour encore, bouger les choses, culbutera les institutions vermoulues, impulsera à la sphère du temps une direction nouvelle. Les “Que lire?” sont donc des bréviaires, qui attendent, d’une génération nouvelle, de recevoir suite. Où sont les volontaires pour constituer l’équipe?

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, 25 mai 2014.

dimanche, 05 octobre 2014

Bij het heengaan van Peter Scholl-Latour

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Bij het heengaan van Peter Scholl-Latour
 
Peter Logghe
Ex: Deltastichting, Nieuwsbrief, Nr. 87, Oktober 2014
 
Op 90-jarige leeftijd is de journalist en publicist, Peter Scholl-Latour, in Rhöndorf gestorven en zal er op het Waldfriedhof worden bijgezet, van waar men “een werkelijk uniek zicht heeft op de Rijn”, aldus de auteur in een vroeger interview. In TeKoS hebben wij in de loop van de jaren minstens 5 boeken van de reisjournalist besproken en regelmatig verschenen zijn bijdragen bijvoorbeeld ook in het Duits-nationale en conservatieve weekblad Junge Freiheit. Scholl-Latour had het werkelijk niet nodig om in controversiële tijdschriften te schrijven, maar het bewijst in elk geval dat hij nooit zijn ideeën verborgen hield of terugschrok voor intimidatie.

In Wikipedia wordt hij steevast een “Frans-Duits” journalist genoemd en het beeld van een Franse Duitser of een Duitse Fransman klopt natuurlijk wel. In 1924 geboren uit een Saarlandse vader (die in Lotharingen opgroeide) en een Elzasser moeder zat Peter Scholl-Latour tussen twee vaderlanden in. In 1944/1945 zou hij zich melden voor dienst bij de Franse parachutisteneenheid Commando Ponchardier. Een avonturier en waaghals is Scholl-Latour zijn ganse leven gebleven, maar hij haalde bijvoorbeeld in de jaren 50 van de vorige eeuw aan de Franse Sorbonne ook het Diplôme des Sciences Politiques!

Scholl-Latour haalde zijn wijsheid niet uit boeken, maar deelde zijn ervaringen aan het front en in allerlei strijdgebieden met het grote publiek. Maar minder bekend is bijvoorbeeld dat hij tussen 1954 en 1955 de woordvoerder was de Saarlandse ministerpresident (en separatist) Johannes Hoffmann. Hij zou zich na deze politieke ervaring definitief afwenden van de politiek en voluit gaan voor het journalistieke werk: zo werd hij de vaste correspondent in Vietnam, Kampudschea, en andere oorlogsgebieden. Hij behoorde tot het kleine groepje journalisten dat Ayatollah Komeini bij zijn terugkeer in Iran mocht volgen en interviewen.

Teveel om op te noemen: televisiedirecteur van de Westdeutschen Fernsehen (nu WDR), directeur van Stern-Verlag, lid van de raad van advies van de UFA-Film- und Fernseh-GmbH, enzovoort. Een gevuld leven, dat hij vanaf 1988 vooral in de richting van “vrij publicist” zou invullen. Zwaartepunten van zijn aandacht: Zuid-Oost-Azië, maar ook Afrika in de nasleep van de dekolonialisering.
Analyticus van de terugtocht van de Europeanen en de opkomst van de islam.

Eén van de aandachtspunten van Peter Scholl-Latour was zeker Indochina, waar hij zeer punctueel de terugtocht van de Europeanen beschreef. Hij had het er moeilijk mee, aldus Gunther Deschner in Junge Freiheit, dat een volk, zijn volk, wel 100 miljard euro had voor nieuwe telefonienormen, maar niet in staat was haar eigen strijdkrachten op peil te houden. Hij had het er ook moeilijk mee dat Europa zonder meer het ineenstorten van haar eigen geboortecijfer noteerde en overging tot de orde van de dag, terwijl overal in de wereld de geboortecijfers explodeerden.  Hij citeerde regelmatig dit woord van Paul Valéry: “In de afgrond van de geschiedenis is er plaats voor alle.

Hij keek vooral onbevangen naar de wereld en naar de gebeurtenissen die er zich afspeelden, en hij zat nooit om een mening verlegen. Bijvoorbeeld in het Syriëconflict was de journalist zéér duidelijk: “Velen in Europa menen dat achter het conflict in Syrië de roep om vrijheid en mensenrechten schuil gaat. Dat is klinkklare onzin. In dit conflict gaat het om een machtskwestie, met naam daarover of Iran een landverbinding naar de Middellandse Zee krijgt (langs Syrië, Irak en Libanon dus) of niet. Dat is de achtergrond van de acties tegen de Syrische president”.

Hij doorprikte de fabel van de democratiseringsgolf als eigenlijke grondreden van de Arabische Lente en stelde keer op keer dat het in de internationale politiek enkel gaat om macht en veiligheid van de staten, die een belangenpolitiek voeren op basis van hun zeer verschillende en dikwijls tegengestelde waardensystemen, culturen en religies.

Hij durfde het aan in machtspolitieke dimensies te denken, en stelde zich dus sowieso conservatief op. Hij keek naar de werkelijkheid en hij baseerde zijn analyse daarop: niet dus hoe de wereld er volgens bepaalde utopische ideologieën moest uitzien, maar hoe hij er werkelijk uitzag. Dat werd hem niet in dank afgenomen door bepaalde hogepriesters van de “Goedmens”-ideologie.

Dank dus, Peter Scholl-Latour, voor uw onbevangen kijk op de wereld. Wij zullen uw inzichten missen!
 
 
Peter Logghe

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mercredi, 24 septembre 2014

GEORGES VENDRYES - Disparition d'un géant

vendryes_georges_40-photo_mini.jpgGEORGES VENDRYES

Disparition d'un géant

Philippe Berthier
Ex: http://metamag.fr

Ceci est passé inaperçu dans la presse officielle, pourtant un grand physicien nucléaire s'est éteint le 16 septembre, à l'âge 94 ans. Il s'agit de Georges Vendryes. Aucun journal en a parlé naturellement.

Georges Vendryes est considéré comme le père de Superphénix ; en fait il a développé durant sa carrière la filière du nucléaire renouvelable et l'a portée au plus au niveau. À la sortie de l'école Polytechnique et de sa spécialisation à l'école des Ponts et Chaussée, il commence par travailler dans la reconstruction du pays. Il découvre le nucléaire par hasard, lors d'une conférence de Pierre Auger, à Nice. Il change alors radicalement de voie pour débuter un travail de thèse dans un laboratoire qui dépend de Frédéric Joliot. En 1956 il participe au projet d'un petit réacteur à neutrons rapides en France, c'est lui qui en proposera le nom. Rapsodie verra le jour dans le centre de Cadarache, en 1962 après d'autres petits réacteurs nécessaires à son développement. Rapsodie parce que le cœur baigne dans le sodium liquide et pour exprimer que les neutrons ne sont pas ralentis comme dans les réacteurs à eau ou au graphite. Lors de sa mise en route en 1967 les plus grands personnages de l'Etat se déplacèrent.

La France part en retard. Grâce à Georges Vendryes et ses équipes, elle va doubler les concurrents anglais et américains. Le programme de 1967 à 1974 aboutit au couplage au réseau électrique du réacteur Phénix. Durant son fonctionnement jusqu'en 2008 , il aura recyclé quatre fois son combustible. Un tel réacteur possède de nombreux autres avantages par rapport aux réacteurs à eau sous pression : une sécurité totale, la possibilité de moduler instantannément la puissance, moins de rejets, moins de dose reçue, moins de besoin de refroidissement, la possibilité de fissionner les actinides mineurs. C'est donc un succès total, il repose sur des bons choix de développement concernant le combustible (oxyde), les gaines , la conception du réacteur elle-même (pool). Mais, même si sa production revient finalement moins chère que le rachat de l'électricité éolienne, ce n'est pas encore un réacteur industriel. Phénix produit 250 MW, alors que le programme nucléaire lance des REP de 900 MW

Le succès de Phénix, conduit à la construction de 1976 à 1986 d'un réacteur de taille commerciale (1200 MW) Superphénix . Un tel réacteur est donc le moyen de l'indépendance  de notre continent pauvre en énergie. Mais dans l'Europe de Yalta, il rencontre de multiples oppositions. On se souvient de la manifestation pacifiste-libertaire de 1977 où, parmi de gentils vacanciers, se mêlèrent des éléments plus radicaux, prêts à en découdre. Un peu plus tard, en 1982, pourvu d'armes soviétiques par l'intermédiaire d'un groupe terroriste, le futur député écologiste Chaïm Nissim tire 5 roquettes soviétiques contre le réacteur. Parallèlement le mouvement écologiste avait décidé de prendre comme cible le nucléaire plutôt que l'automobile et les campagnes d'intoxication ne cessèrent plus. La plus stupide eut lieu lorsque les dirigeants de la CRIIRAD qui avaient un peu trop regardé Star Streck, affirmèrent que les traces de plutonium issu des essais atomiques autour du site provenaient du réacteur. Aujourd'hui encore, des militants antinucléaires n'arrivent pas à comprendre comment s'applique la sûreté dans ce type de réacteur. Comme finit par le déclarer un ancien responsable de Novatome, l'entreprise qui devait les commercialiser : « Fukushima n'aurait pas eu lieu sur Superphénix. La fusion de cœur peut certes arriver, mais seulement après une perte du sodium. Dans ce cas, le cœur en fusion serait récupéré à l'intérieur de la cuve ». Superphénix possède bien avant l'EPR un récupérateur de corium. Au-dessus de la cuve un dôme garantit le confinement en cas d'explosion de vapeur et naturellement on refroidit la cuve de l'extérieur.

Superphénix est en fait un prototype, mais chaque mise au point est le prétexte d'un arrêt administratif, surtout lorsque la gauche a besoin de son allié vert dans les élections. Pour une entrée d'air dans le circuit d'argon, Superphénix est arrêté 4 ans...Pendant ce temps là, la presse du système répète que le surgénérateur est un échec. Pourtant durant l'année 1996 Superphénix qui semble avoir surmonté tous les obstacles, affiche une disponibilité exceptionnelle bien supérieure à celle des REP.

Entre temps, la situation a changé, le contre choc pétrolier a ralentit les programmes nucléaires, la demande d'uranium ne croît plus, et pendant la construction de Superphénix on a découvert de gros gisements comme Olympic Dam. En 1997, quatrante années de développement vont être sacrifiées à un accord politique entre Dominique Strauss-Kahn et Dominique Voynet. Les âgents du CEA ont été réduits au silence, EDF s'est débarrassé d'une centrale qu'on l'interdisait d'exploiter. Il y a du gaz à gogo, les politiques pensent que ça durerait toujours. 

Mais aujourd'hui, vingt ans après, nous sommes en crise pétrolière, nous pouvons aussi récupérer l'américium des combustibles usés, mais nous avons plus de réacteur à neutrons rapides pour les fissionner.

Le CEA est obligé donc de sortir par le haut, il met au point un cœur encore plus robuste, pour distinguer les futurs réacteurs à neutrons rapides de Superphénix. On aura peut être un réacteur de 600 MW en 2020 et un autre de 1500 MW en 2040. Les Russes construisent le BN 1200 pour 2020, c'est l'équivalent de Superphénix qui avait donc 34 ans d'avance. Les politiques et peut-être les journalistes qui ont compris trop tard qu'ils avaient détruit une filière stratégique, essaient de cacher les traces de leur méfait , comme des enfants qui ont cassé un vase. Les nouveaux réacteurs seront donc associés au terme de quatrième génération pour les distinguer de Superphénix.

Oublié en France, le travail de Georges Vendryes est célébré à l'étranger. En 2008, il faut la conjonction d'une prise d'ôtages pour remarquer que Georges Vendryes reçoit un prix en Indes. L'association nucléaire américaine qui a vu, elle aussi, l'arrêt de son petit surgénérateur EBR2 devant une campagne de presse équivalente, fait de Phénix un site historique du nucléaire. Le prix japonais exprime le mieux l'oeuvre de Georges Vendryes, il est accordé aux personnalités dont « les accomplissements originaux et exceptionnels en sciences ou en technologie sont reconnus comme ayant fait avancer les frontières de la connaissance et servi la cause de la paix et de la prospérité de l'humanité ». 

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samedi, 23 août 2014

Der Unersetzbare

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Der Unersetzbare

von Johannes Konstantin Poensgen
 

In Rhöndorf verstarb am 16. August Peter Scholl-​Latour im Alter von 90 Jahren. Scholl-​Latour war mehr als nur Journalist – er war Reisender und Abendländer.

An Spitz– und Spottnahmen mangelte es dem laut deutschen Journalisten „letzten Welterklärer“, „greisen König der Unken“ und „großen alten Mann des deutschen Journalismus“ nicht. Ebensowenig fehlte es bei ihm an Kontroversen, Medienwirkung und einem Ruf als streitbarer, unangenehmer Kommentator des Weltgeschehens. Mit Scholl-​Latour ist ein Mann von uns gegangen, der drei Generationen lang das Bild der Deutschen von der großen Politik geprägt hat.

Ein Reisender

Nach eigener Aussage kam Scholl-​Latour eher durch Zufall zum Journalismus. Als Jugendlicher schwärmte er für die großen Entdecker und als Erwachsener war die Schreiberei ein Weg, seine Reisen zu finanzieren. Bereits kurz nach dem Zweiten Weltkrieg war er als französischer Fallschirmjäger nach Indochina gezogen, wo er in den nächsten drei Jahrzehnten immer wieder als Kriegsberichterstatter tätig werden sollte. Bis zu seinem Tod hatte er sämtliche UNO-​Staaten bereist, viele mehrmals. An vielen Brennpunkten des Weltgeschehens war er über Jahrzehnte hinweg immer wieder zugegen.

Nach Anfängen im Printjournalismus wandte sich Scholl-​Latour dem Fernsehen zu und wurde Auslandskorrespondent. Für ARD und ZDF drehte er jene Reportagen, die ihn berühmt machen sollten. Es gelang ihm dabei immer wieder, die komplexen Zusammenhänge eines fernen Krisengebiets auf Sendeformat darzustellen. Nach einem Intermezzo als Direktor des WDR und Chefredakteur des Sterns zog er wieder in die Welt. Von da an veröffentlichte er hauptsächlich Bücher, in denen er die Erfahrungen und Eindrücke seiner Reisen zusammenfasste. Seit er im Jahre 1979 mit Ayatollah Chomeini im Flugzeug nach Teheran gesessen hatte, wurde dabei der Nahe und Mittlere Osten nach Indochina zum zweiten Hauptgebiet seines Wirkens.

Ein Abendländer

So blieb Scholl-​Latour im Bild der jüngeren Generation: Er war der erfolgreichste Sachbuchautor Deutschlands und ein Talkshowgast, der regelmäßig eingeladen wurde, auch wenn er reichlich unbequem war. Unbequem war er nicht nur aufgrund seines klaren Blicks für politische Realitäten, sondern auch wegen seiner offen zur Schau getragenen Verachtung für Stümperei. Auch die Grundwerte des Jesuitenschülers müssen manchem Medienapparatschik Kopfschmerzen bereitet haben.

Im Saarland geboren und in Lothringen aufgewachsen, war Scholl-​Latour bei aller Weltgewandtheit dem Abendland verhaftet. Er blieb ein entschiedener Befürworter der europäischen Einigung, wollte sie aber immer machtpolitisch ausgestaltet wissen. Für leere Worte hatte dieser Mann nie viel übrig. Die Verzweiflung über die Unfähigkeit und den Unwillen der europäischen Politiker, wenn es darum ging, Europa in der Welt zu behaupten, durchziehen sein Spätwerk. Noch in den Monaten vor seinem Tod hagelte es beißende Kritik an der Unterwürfigkeit, mit der sich Europa in der Ukraine zum Helfershelfer einer verfehlten amerikanischen Geopolitik machen ließ.

Männer wie er reißen eine Lücke

Eine journalistische Tätigkeit wie die seine ist für die jüngere Generation undenkbar. Es mangelt dabei sowohl am Unwillen der Medien, überhaupt noch Auslandskorrespondenten zu beschäftigen, wie auch an gedanklicher Unabhängigkeit. Wenn jetzt ein großer Reisender seine letzte Reise angetreten hat, so kommt dies nicht unerwartet. Der Schmerz liegt darin, dass er eine Lücke hinterlässt, die bis auf weiteres niemand füllen kann.

Bild: Peter Scholl-​Latour 2008 /​Wiki​me​dia​.org /​Bernd Andres /​(cc)

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mardi, 19 août 2014

Zum Tode von Peter Scholl-Latour

Der Wahrheitssucher: Zum Tode von Peter Scholl-Latour

Udo Ulfkotte

Ex: http://info.kopp-verlag.de

Fast ein Vierteljahrhundert habe ich Peter Scholl-Latour gekannt. Wenn mich einer in meinem Journalistenleben tief geprägt hat, dann war er es. Ich verdanke ihm unendlich viel. Vor allem den Mut, gegen den Mainstream und die gleichgeschaltete Propaganda anzuschwimmen.

Ich werde unsere erste Begegnung nie vergessen: Vor 24 Jahren hatte Saddam Hussein Kuwait überfallen. Ich saß in den Monaten danach in der jordanischen Hauptstadt Amman im Interconti-Hotel und berichtete von dort für die Frankfurter Allgemeine Zeitung. Als »Informationen« hatte ich nur Geschichten, die mir Flüchtlinge berichtet hatten. Weil ich kein Visum für den Irak bekam, musste ich immer wieder mal an der jordanisch-irakischen Grenze auf Flüchtlinge warten.

Man konnte das glauben, was die Flüchtlinge berichteten. Oder auch nicht. Einer meiner täglichen Wege führte mich damals in der jordanischen Hauptstadt zum ARD-Korrespondenten Marcel Pott, der dort ein Hörfunkstudio hatte und fast jede Minute ausgebucht war. Wir beide tauschten die wenigen »Informationen«, welche wir aus dem Irak bekamen, aus. Gelegentlich gingen Marcel Pott und ich abends zum Italiener in Amman. Und eines Abends kam überraschend Peter Scholl-Latour herein und setzte sich zu uns an den Tisch.

Der Mann war schon damals eine lebende Legende. Er war Mitte 60 und eigentlich im Rentenalter. Normalerweise führt man in der Situation, in welcher wir waren, ein Gespräch. Aber diese lebende Legende, der ich da zum ersten Mal begegnete, erklärte uns ununterbrochen die Welt. Wir haben keine Fragen gestellt. Wir haben nur zugehört. Und die Zeit verging wie im Flug. Scholl-Latour, der 1924 als Sohn eines deutschstämmigen Arztes und einer Elsässer Mutter geboren wurde, sich 1944 freiwillig zur französischen Armee meldete, 1945 in Gestapo-Haft kam und 1946 mit französischen Fallschirmjägern in Indochina war, hatte ein Gedächtnis, wie ich es nie wieder bei einem Menschen erlebt habe. Er hatte – wie ich auch – Politik und Islamkunde studiert – und sprach im Gegensatz zu fast allen anderen deutschen Korrespondenten, die später im Nahen Osten eingesetzt waren, die Landessprache, kannte die Sitten und vor allem die Geschichte der Länder.

Von dem Abend in Amman, unserer ersten Begegnung, ist mir ein Satz bis heute in Erinnerung geblieben: »Das erste, was im Krieg auf der Strecke bleibt, ist die Wahrheit.« Ich weiß, dass dieser Satz im Original nicht von Scholl-Latour ist. Aber der Mann, der wahrscheinlich mehr Kriege als jeder andere Journalist mit eigenen Augen erlebt hat, hat ihn mir mit auf den Weg gegeben.

Scholl-Latour, der in seinem Leben Afrika-Korrespondent der ARD war und ARD-Studioleiter in Paris, wurde im Februar 1979 weltberühmt. Damals begleitete er den iranischen Revolutionsführer Ajatollah Chomeini aus dem französischen Exil im Flugzeug zurück nach Teheran. In den Jahren danach wurde er einem immer breiteren Publikum durch Sachbücher bekannt, in denen er den Deutschen mit faszinierendem Fach- und Hintergrundwissen die Welt erklärte.

In den Jahren nach unserem ersten Treffen in Jordanien sind wir uns – vor allem in Kriegsgebieten – immer wieder begegnet. In Afrika und auch im Nahen Osten. Dabei haben wir im Laufe der Jahre, ich sah ihn mehr und mehr als väterlichen Freund, immer mehr Gemeinsamkeiten bei der Sicht der Weltpolitik gesehen. Scholl-Latour war ein Freund Europas, aber wie ich ein extremer Gegner der EU-Osterweiterung. Oft haben wir am Rande von Fernseh-Talkshows, zu denen wir als Diskussionspartner geladen waren, auch über den »Klimawandel« Witze gemacht, den wir beide für eine interessante Erfindung von Politikern hielten, um dem dummen Volk noch mehr Geld aus der Tasche zu ziehen.

Wir beide haben uns bei Gesprächen auch gemeinsam über jene irren Politiker und Medien aufgeregt, welche unbedingt den Irakkrieg wollten und den Einmarsch in Afghanistan. Dass westliche Truppen dort scheitern mussten, war uns vorher klar. Wir beide sahen zudem al-Qaida und islamistischen Terror als Schöpfungen der CIA, der ihre Zöglinge aus dem Ruder liefen. Und wir beide sahen den Aufstieg des Islam als eine wachsende Gefahr auch für Europa.

Je öfter wir uns trafen, desto mehr Gemeinsamkeiten entdeckten wir. Peter Scholl-Latour hat mehrere meiner Buchmanuskripte vor deren Veröffentlichung gelesen und mir Ratschläge gegeben, einmal schrieb er ein Vorwort für mein Buch Propheten des Terrors.

Wir hatten eine Gemeinsamkeit, die uns verband: Wir schwammen gegen den Mainstream. Bis vor etwa einem Jahrzehnt verachteten viele deutsche Medien Scholl-Latour, weil er nicht wie die anderen deutschen Journalisten reflexartig die sabbernden Propagandathesen und Waschmittelparolen der Leitmedien von sich gab, sondern es wagte, eine eigene Meinung zu haben.

Inzwischen laufen den Leitmedien die Leser weg. Und der früher skeptisch beobachtete Peter Scholl-Latour ist längst Kult geworden. Und er durfte zuletzt in unseren Medien sagen, was kein anderer sagen durfte, etwa im Berliner Tagesspiegel:

eines will ich noch sagen. Wir regen uns zu Recht über die NSA auf. Aber man musste schon sehr naiv sein, um nicht zu wissen, dass diese Überwachung stattfindet. Das größere Problem sind Fabriken der Desinformation, ob sie sich nun in North Carolina, London oder Israel befinden. Die zielen auf deutsche und europäische Medien. Und das klappt. Von der taz bis zur Welt – ein Unisono, was die Ukraine betrifft. Oder Syrien: Als man die Aufständischen als die Guten und die anderen als die Bösen dargestellt hat. Dabei waren weder die einen noch die anderen gut oder böse. Wir leben mit so vielen Lügen. Wenn es heißt, Indien sei die größte Demokratie der Welt. Ja, Scheiße! Das Kastensystem ist schlimmer, als das Apartheidsystem in Südafrika je gewesen ist. Indien ist das grauenhafteste Land der Welt.

Im September 2010 war ich zusammen mit Scholl-Latour bei Maischberger, einer Talkshow mit klaren Worten gegenüber integrationsunwilligen Muslimen, nach der ich Morddrohungen erhielt. Scholl-Latour regte damals nach der Sendung im Gespräch bei mir an, ein Buch über meine Erfahrungen mit Leitmedien zu schreiben. Der Mann, der unsere Mainstreammedien für Ableger der »Fabriken der Desinformation« hielt, wollte, dass die Lügen unserer Medien endlich ein Ende haben.

Er wollte aufgeschrieben wissen, wie korrupt viele Journalisten sind, wie transatlantische Organisationen ihnen die Gehirne waschen, wie Geheimdienste unsere Nachrichten manipulieren und wie die Bürger da draußen für dumm verkauft werden. Ich habe damals – 2010 – mit dem Sachbuch, dessen Inhalt wir besprochen hatten, begonnen. Kurz bevor ich es fertig hatte, bekam ich mehrere Herzinfarkte. Und das Projekt ruhte fast zwei Jahre. In den letzten Monaten habe ich alles aktualisiert und überarbeitet. Peter Scholl-Latour, so hatten wir es besprochen, sollte das Manuskript gegenlesen und vielleicht ein Vorwort für das Buch schreiben.

Das Manuskript ist nun fertig. Und er wird es nicht mehr lesen können. Wir werden es in dieser Woche in den Satz geben und im September 2014 ohne sein Vorwort drucken lassen. Aber ich werde es ihm und seinem Lebenswerk widmen. In tiefer Dankbarkeit!

 

samedi, 19 juillet 2014

In memoriam Maurits De Maertelaere

Maurits De Maertelaere.jpg

mercredi, 16 juillet 2014

Hommage à Hans Becker von Sothen (1959-2014)

Hommage à Hans Becker von Sothen (1959-2014)

11bd57ab4e.jpgLe 26 juin, Hans Becker von Sothen nous quittait inopinément, à l'âge de 56 ans. Cet aristocrate, issu d'une famille du Slesvig-Holstein, vivait à Graz en Autriche depuis 2003, où il exerçait des fonctions importantes auprès de l'éditeur Stocker. Il a été foudroyé par une crise cardiaque. Lecteur et directeur de projets auprès de la maison d'édition Arès, du même groupe, il avait pour tâche essentielle de lire et relire les manuscrits et d'accueillir de nouveaux auteurs. L'an dernier, il avait publié son premier livre, dont le sujet, inhabituel et original, était les "légendes imagées", c'est-à-dire les falsifications, les montages et manipulations au départ d'images ou de photos que véhiculent les presses de propagande. Cet ouvrage (Bild-Legenden - Fälschungen, Fakes, Manipulationen) avait attiré l'attention de tous les intéressés dans l'espace linguistique allemand. Une deuxième édition de ce travail va d'ailleurs paraître incessamment.

 

9783902732040.jpgHans Becker von Sothen était aussi le rédacteur en chef d'un magazine en ligne, fondé par Martin Graf, "unzensuriert.at". C'est pourquoi il passait plusieurs jours chaque semaine à Vienne. Il était membre de la corporation étudiante "Kösener Corps Hildeso-Guestphalia", étroitement lié au "troisième camp" national-libéral autrichien. Membre du comité directeur de l'AKVS (Alpenländischer Kulturverband Südmark / Association culturelle des pays alpins des marches du Sud) à Graz, il s'intéressait au sort, souvent malheureux, des Allemands ethniques du Sud-est de l'Europe. Au cours de ces derniers mois, ce journaliste dynamique travaillait à son deuxième livre, consacré à l'essence et à l'action de la franc-maçonnerie: pour réaliser cet ouvrage, ce polyglotte chevronné avait compulsé des ouvrages en plusieurs langues européennes. Avant de s'être installé à Graz, Hans von Sothen, qui avait étudié à Fribourg, Göttingen et Berlin, avait écrit pour Junge Freiheit (Berlin) et l'Ostpreussenblatt (Hambourg) et pour une fondation privée à Munich.

 

 

 

(Hommage paru dans zur Zeit, Vienne, n°27-28/2014).

 

Früherer Geschäftsführer der FKBF (Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung) verstorben

Trauer um Hans Becker von Sothen

Wir trauern um Hans Becker von Sothen, der am Donnerstag, den 26. Juni 2014, völlig unerwartet im Alter von 55 Jahren verstorben ist.

Becker von Sothen war von 2001 bis 2003 Geschäftsführer der Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung (FKBF), damals noch mit Sitz in München. Bis in die Gegenwart hinein blieb er der FKBF verbunden.

Die Eröffnung der von der Förderstiftung getragenen Bibliothek des Konservatismus im Jahre 2011 verfolgte er mit größter Sympathie und trug durch erhebliche Bücher- und Zeitschriftenspenden aus seiner Privatbibliothek zu ihrem Wachstum bei. Noch im Januar dieses Jahres stellte Becker von Sothen in unserem Haus das von ihm verfaßte Buch Bild-Legenden: Fotos machen Politik – Fälschungen, Fakes, Manipulationen (Ares-Verlag, Graz 2013) vor.

Mit Hans Becker von Sothen verlieren wir einen treuen Freund und Weggefährten. Wir werden ihm stets ein ehrendes Andenken bewahren.

 

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jeudi, 10 juillet 2014

Nachruf: Hans Becker von Sothen ist tot

Hans Becker von Sothen ist tot – ein Nachruf

von Götz Kubitschek

sothen.jpgKurz vor Mittag erhielt ich aus Graz die Nachricht, daß der Verlagsleiter des Ares-Verlags, Hans Becker von Sothen, plötzlich und völlig überraschend einem Herzinfarkt erlegen sei. Ich hatte von Sothen vor zwanzig Jahren kennengelernt, er arbeitete damals für die Junge Freiheit als ebenso gemächlicher wie akribischer Schlußlektor.

Sein Schreibtisch war stets eine geologische Formation aus papierenen Ablagerungen, Gespräche mit ihm glichen langsamen Ballwechseln, seine ausgesuchte und zu seinem Namen passende Höflichkeit erinnerte an phlegmatischen Adel. All dies sorgte dafür, daß ihn eine Atmosphäre der Vergeblichkeit umgab.

Dieses habituelle, mit konservativem Weltwissen vollgestopfte Scheitern konnte einen jungen Heißsporn zum Spott verleiten – den mindestens an der Hälfte des Lebens angelangten Verleger macht es verlegen, daß er je so dachte. Denn: Hans war ein Reaktionär, war jemand, dem Veränderungen störend und unerheblich erschienen und der revolutionäres Theoretisieren als Ausweis völliger Unreife abtat. Was bitte würde sich ändern, wenn man bloß wollte? Gott war fern, der Zeitgeist nicht bei uns, die in jeder Hinsicht Mächtigeren skrupellos und „das Volk“ zufrieden.

So sah er das, und was ihm blieb, war die Freiheit, Themen und Persönlichkeiten nachzugraben, die er verschüttet wähnte. So hielt er es bei der Jungen Freiheit, so hielt er es als Redakteur und Resortleiter beim Ostpreußenblatt und so hilet er es, als er Caspar v. Schreck-Notzings „Förderstiftung für konservative Bildung und Forschung“ betreute und eine maßgebliche Arbeit über Hans Zehrer vorlegte. Zuletzt fand er im 2004 gegründeten Ares-Verlag ein Wirkungsfeld nach seinem Geschmack. Hans hat dort ein politisch-historisches Programm aufgebaut und betreut und selbst die Arbeit Bild-Legenden. Fotos machen Politik publiziert – eine entlarvende Dokumentation von Geschichtsfälschungen und -klitterungen mittels Bildmontage.

Für Sezession griff Hans Becker von Sothen für einen Aufsatz über die Zivilgesellschaft zur Feder. Wir werden ihn nicht vergessen.

 

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lundi, 09 juin 2014

Omaggio a Dominique Venner

vendredi, 30 mai 2014

Remembering Louis-Ferdinand Céline

Remembering Louis-Ferdinand Céline:
May 27, 1894 – July 1, 1961

By Greg Johnson 

celine à Meudon.jpgLouis-Ferdinand Céline was the pen name of French novelist, essayist, and physician Louis-Ferdinand-Auguste Destouches, who was born on this day in 1894. Céline is one of the giants of 20th-century literature. And, like Ezra Pound and so many other great writers of the last century, he was an open and unapologetic racial nationalist. For more on Céline, see the following works on this website: 

The best online resource about Céline is Le Petit Célinien, http://lepetitcelinien.blogspot.com/ [12]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/05/remembering-louis-ferdinand-celine-3/

dimanche, 25 mai 2014

Dominique Venner: un regard inspiré sur l’Histoire

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Dominique Venner: un regard inspiré sur l’Histoire

par Philippe Conrad

Ex: http://www.zentropaville.tumblr.com

Quand j’ai fait sa connaissance au début des années 1960, rien ne semblait destiner Dominique Venner à un parcours intellectuel au long duquel l’Histoire allait prendre une place toujours plus grande. Engagé à dix-huit ans dans l’Armée avant d’être entraîné très tôt dans l’action politique, il milite pour l’Algérie française et contre la politique d’abandon alors mise en œuvre par le général De Gaulle, avant de faire l’expérience de la clandestinité et d’effectuer deux longs séjours en prison pour reconstitution de ligue dissoute.

La « critique positive » et l’expérience du terrain

Quand se tourne la page du conflit algérien, il formule sa « critique positive »  de l’échec que vient de connaître son camp et s’efforce de créer un mouvement politique porteur d’un « nationalisme » européen qu’il juge nécessaire dans le nouvel ordre du monde en train de s’établir. Les limites de l’action politique lui apparaissent toutefois rapidement et, soucieux  de préserver sa pleine indépendance,  il y renonce quelques années plus tard. Spécialiste des armes et amoureux de la chasse, de son histoire et de ses traditions, il va dès lors vivre de sa plume en conservant ses distances vis à vis d’un monde dans lequel il ne se reconnaît plus guère. Esprit cultivé et curieux, il est davantage tourné, à l’origine, vers la réflexion politique que vers l’histoire et le jeune militant activiste cherche surtout dans celle des grands bouleversements du XXème siècle les clés d’un présent qu’il entend transformer. L’expérience de l’action, le fait d’avoir été directement mêlé au dernier grand drame de l’histoire française que fut l’affaire algérienne lui ont toutefois fourni de multiples occasions  d’observer et de juger les acteurs auxquels il s’est trouvé confronté , d’évaluer concrètement des situations complexes, d’établir le bilan des succès et des échecs rencontrés. Autant d’expériences qui se révèleront utiles ultérieurement pour apprécier des moments historiques certes différents mais dans lesquels certains ressorts fondamentaux identifiés par ailleurs demeuraient à l’œuvre. Cette expérience de terrain, qui fait généralement défaut aux historiens universitaires, combinée avec une exigence de rigueur et une distance suffisante avec son propre parcours, s’est révélée précieuse pour aborder certaines séquences de notre histoire contemporaine, voire des épisodes plus lointains dans le cadre desquels passions et volontés fonctionnaient à l’identique.

L’historien spécialiste des armes et de la chasse renouvèle le genre

Dominique Venner s’est d’abord imposé comme un spécialiste des armes individuelles et c’est en ce domaine qu’il a d’abord séduit un vaste public, en introduisant l’histoire vivante en un domaine où ses pairs limitaient leurs approches aux seules données techniques. Exploitant la grande Histoire des conflits, les aventures personnelles ou les anecdotes significatives, il sut renouveler complètement ce genre bien particulier de la production historique. Ce fut en recourant à une inspiration identique qu’il réussit, auprès d’un vaste public, à rendre à l’art de la chasse sa dimension traditionnelle. Ce fut ensuite à travers l’histoire militaire que l’ancien combattant d’Algérie, qui avait rêvé enfant de l’épopée napoléonienne , retrouva le chemin de la grande Histoire. Il y eut ainsi la collection  Corps d’élite  qui rencontra auprès du public un succès d’une ampleur inattendue.

L’historien critique règle son compte à quelques mensonges bien établis…

Aux antipodes des idées reçues et des préjugés dominants, l’ancien militant se pencha également sur la guerre de Sécession en réhabilitant, dans Le blanc soleil des vaincus, la cause des Confédérés, l’occasion de régler leur compte à quelques mensonges bien établis. En écho aux Réprouvés d’Ernst von Salomon, il y eut ensuite Baltikum, qui retraçait l’épopée des corps francs allemands  engagés contre les révolutionnaires spartakistes, puis contre les bolcheviks russes en Courlande et en Livonie. L’intérêt porté à l’histoire de la révolution  communiste – la Critique positive de 1962 avait été comparée par certains au  Que faire  de Lénine -  conduit ensuite cet observateur des temps troublés nés de la première guerre mondiale et de la révolution soviétique à se pencher sur la genèse de l’Armée rouge. Il collabore entre temps, avec son ami et complice Jean Mabire, à Historia, la revue du grand public amateur d’Histoire, que dirige alors François-Xavier de Vivie. D’autres travaux suivront. Une Histoire critique de la Résistance, une Histoire de la Collaboration qui demeure l’ouvrage le plus complet et le plus impartial sur la question, Les Blancs et les Rouges. Histoire de la guerre civile  russe, une Histoire du terrorisme.  Après Le coeur rebelle,  une autobiographie dans laquelle il revient sur ses années de jeunesse et d’engagement, il réalise un De Gaulle. La grandeur et le néant.

L’historien méditatif et de la longue durée

Au cours des dix dernières années de sa vie et alors qu’il dirige la Nouvelle Revue d’Histoire – créée en 2002 pour succéder à Enquête sur l’Histoire disparue trois ans plus tôt – il oriente ses réflexions vers la longue durée et s’efforce de penser la genèse de l’identité européenne et les destinées de notre civilisation à travers des ouvrages tels que Histoire et tradition des Européens,  Le siècle de 1914 ou Le choc de l’Histoire.

Dominique Venner n’était pas un historien « académique » et n’a jamais prétendu l’être mais son insatiable curiosité et  l’ampleur du travail de documentation auquel il s’astreignait lui ont permis d’ouvrir des pistes  de réflexion nouvelles et de porter un regard original sur la plupart des sujets qu’il a abordés. D’abord tourné vers l’histoire contemporaine – de la Guerre de Sécession  aux années quarante en passant par la révolution russe ou les diverses formes que prit le « fascisme « – il a mesuré ensuite le poids de la longue durée en se tournant vers les sources gréco-romaines, celtiques ou germaniques de l’Europe. Il a ainsi trouvé chez Homère une œuvre fondatrice de la tradition européenne telle qu’il la ressentait. Contre l’image largement admise d’une Antiquité unissant l’Orient et la Méditerranée, il distinguait l’existence d’un monde « boréen » dont l’unité profonde, révélée par les études indo-européennes,  lui paraissait plus évidente. Il entretenait avec la culture antique, entendue comme allant du IIème millénaire avant J-C au IVème siècle de notre ère, une proximité qu’il entretenait à travers ses contacts et ses échanges avec des auteurs tels que Lucien Jerphagnon, Pierre Hadot, Yann Le Bohec ou Jean-Louis Voisin. Cette approche de la longue durée faisait qu’il inscrivait sa réflexion dans le cadre d’une civilisation européenne antérieure à l’affirmation des Etats nationaux et appelée éventuellement à leur survivre. Contre l’Etat administratif tel qu’il s’est imposé avec Richelieu et Louis XIV, ce « cœur rebelle » rêvait de ce qu’aurait pu être, à la manière du « devoir de révolte » qui s’exprimait dans les frondes nobiliaires,  une société aristocratique maintenant les valeurs traditionnelles d’honneur et de service face à celles, utilitaires, portées par l’individualisme et par la bourgeoisie. Il mesurait enfin combien la rupture engendrée par les Lumières et la Révolution française avait conforté  la « modernité » apparue en amont, au point de conduire aux impasses contemporaines et à la fin de cycle à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés.

Le visionnaire inspiré de la renaissance européenne

Contre les lectures canoniques, sottement engendrées par l’optimisme progressiste, de ce que fut en réalité le « sombre XXème siècle », il évaluait l’ampleur de la catastrophe survenue en 1914, point de départ de la suicidaire « guerre de trente ans » européenne. Générateur du chaos que l’on sait et de l’effacement de ce qui avait constitué cinq siècles durant, pour reprendre le mot de Valéry, « la partie précieuse de l’Humanité » cet effondrement de la « vieille Europe » n’avait cependant, selon Dominique Venner, rien de fatal. La part d’imprévu que recèle le cours  de l’Histoire, tout comme la volonté et le courage de générations capables de renouer avec leur identité faisaient, selon lui, que l’actuelle « dormition » de l’Europe n’était pas, dans le nouvel ordre du monde en train de s’établir, le prélude à sa disparition. Intimement pénétré de la dimension tragique de l’Histoire, l’auteur du Cœur rebelle demeurait convaincu que les seuls combats perdus sont ceux que l’on refuse de livrer. Contre les prophètes ahuris d’une mondialisation heureuse qui vire au cauchemar, les nombreux signaux qui s’allument en Europe et en Russie montrent, en lui donnant raison, que l’avenir n’est écrit nulle part et que les idées et les sentiments qui se sont imposés depuis les années soixante sont en passe de rejoindre les poubelles de l’Histoire. Attaché à sa liberté d’esprit et plaidant pour la lucidité nécessaire à l’historien, Dominique Venner apparaît ainsi, un an après sa disparition, comme le visionnaire inspiré d’une renaissance européenne toujours incertaine mais que  l’on peut considérer aujourd’hui comme une alternative vitale au processus mortifère engagé depuis près d’un demi-siècle.

Philippe Conrad

Remembering Dominique Venner

 

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Remembering Dominique Venner:
April 16, 1935–May 21, 2013

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com

It was one year ago today that French historian and European patriot Dominique Venner ended his life with a bullet on the altar of the Cathedral of Notre Dame in Paris. Venner wished to draw attention to the demographic decline of European man and to indicate what we must be prepared to give to save our people: everything. But his death will be in vain unless it is remembered. So take this day to remember Dominique Venner: his life, his work, and his sacrifice. 

Venner’s Last Words:

Tributes to Venner:

Venner’s Writings at Counter-Currents:

More About Venner:

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/05/remembering-dominique-venner/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/06/VennerMemorial.jpg

[2] The Reasons for a Voluntary Death: http://www.counter-currents.com/2013/05/the-reasons-for-a-voluntary-death/

[3] Croatian: http://www.counter-currents.com/2013/06/razlozi-za-dragovoljnu-smrt/

[4] Czech: http://www.counter-currents.com/2013/05/duvody-pro-dobrovolnou-smrt/

[5] Danish: http://www.counter-currents.com/2013/05/arsagerne-til-en-frivillig-dod/

[6] Dutch: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/05/25/afscheidsbrief-van-dominique-venner.html

[7] Finnish: http://www.counter-currents.com/2013/11/syyt-vapaaehtoiseen-kuolemaan/

[8] German: http://www.counter-currents.com/2013/05/begrundung-fur-einen-freitod/

[9] Greek: http://www.counter-currents.com/2013/06/venner-reasons-for-a-voluntary-death-in-greek/

[10] Hungarian: http://www.counter-currents.com/2013/05/dominique-venner-nyilatkozata-egy-szabad-halal-okai/

[11] Italian: http://www.counter-currents.com/2013/05/le-ragioni-di-una-morte-volontaria/

[12] Norwegian: http://www.counter-currents.com/2013/05/en-frivillig-dod-sine-arsaker/

[13] Polish: http://xportal.pl/?p=8482

[14] Portuguese: http://www.counter-currents.com/2013/05/as-razoes-para-uma-morte-voluntaria/

[15] Spanish: http://www.counter-currents.com/2013/05/las-razones-para-una-muerte-voluntaria/

[16] Swedish: http://www.counter-currents.com/2013/05/skalen-for-en-frivillig-dod/

[17] The May 26 Protests and Heidegger: http://www.counter-currents.com/2013/05/the-may-26-protests-and-heidegger/

[18] original: http://www.counter-currents.com/2013/05/la-manif-du-26-mai-et-heidegger/

[19] Czech: http://www.counter-currents.com/2013/05/demonstrace-26-kvetna-a-heidegger/

[20] Finnish: http://www.counter-currents.com/2013/11/avioliittolain-vastustajat-heidegger/

[21] Hungarian: http://www.counter-currents.com/2013/05/a-majus-26-i-tuntetes-es-heidegger/

[22] Portuguese: http://www.counter-currents.com/2013/05/os-protestos-de-26-de-maio-heidegger/

[23] Spanish: http://www.counter-currents.com/2013/05/la-protesta-del-26-de-mayo-y-heidegger/

[24] Tribute to Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2013/06/tribute-to-dominique-venner-2/

[25] here: http://www.counter-currents.com/2013/06/benoist-tribute-to-venner-in-greek/

[26] Interview on Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2013/11/interview-on-dominique-venner/

[27] here: http://www.counter-currents.com/2013/11/entrevista-sobre-dominique-venner/

[28] Tribute to Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2013/06/tribute-to-dominique-venner/

[29] Czech: http://www.counter-currents.com/2013/06/pocta-dominique-vennerovi/

[30] Greek: http://www.counter-currents.com/2013/06/faye-tribute-to-venner-in-greek/

[31] Spanish: http://www.counter-currents.com/2013/10/homenaje-a-dominique-venner/

[32] Suicide in the Cathedral: The Death of Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2013/05/suicide-in-the-cathedralthe-death-of-dominique-venner/

[33] Are Marriage and Children Consumer Goods?: http://www.counter-currents.com/2012/12/are-marriage-and-children-consumer-goods/

[34] Can History Address the Problems of the Future?: http://www.counter-currents.com/2011/08/can-history-address-the-problems-of-the-future/

[35] Christmas: Beauty in Life: http://www.counter-currents.com/2012/12/christmas-beauty-in-life/

[36] Christopher Gérard Interviews Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2013/10/christopher-gerard-interviews-dominique-venner/

[37] Does Identity Depend on Sovereignty?: http://www.counter-currents.com/2012/09/does-identity-depend-on-sovereignty/

[38] Europe and Europeanness: http://www.counter-currents.com/2010/06/europe-and-europeanness/

[39] Finnish: http://www.counter-currents.com/2013/11/eurooppa-ja-eurooppalaisuus/

[40] Greek: http://www.counter-currents.com/2013/08/europe-and-europeanness-greek/

[41] German: http://www.counter-currents.com/2012/02/europa-und-europaertum/

[42] Portuguese: http://www.counter-currents.com/2012/01/europa-e-europeidade/

[43] Europe in Dormition: http://www.counter-currents.com/2010/08/europe-in-dormition/

[44] Part 1: http://www.counter-currents.com/2010/09/for-a-positive-critique-part-1/

[45] Part 2: http://www.counter-currents.com/2010/09/for-a-positive-critique-part-2/

[46] Part 3: http://www.counter-currents.com/2010/09/for-a-positive-critique-part-3/

[47] Part 4: http://www.counter-currents.com/2010/09/part-4/

[48] Part 5: http://www.counter-currents.com/2010/09/toward-a-positive-critique-part-5/

[49] François Mitterrand and the French Mystery: http://www.counter-currents.com/2011/05/francois-mitterrand-and-the-french-mystery/

[50] Part 1: http://www.counter-currents.com/2010/09/homer-the-european-bible-part-1/

[51] Part 2: http://www.counter-currents.com/2010/09/homer-the-european-bible-part-2/

[52] Part 3: http://www.counter-currents.com/2010/09/homer-the-european-bible-part-3/

[53] The Homeric Triad: http://www.counter-currents.com/2010/08/the-homeric-triad/

[54] here: http://www.counter-currents.com/2013/11/a-triade-homerica/

[55] How are Revolutions Born?: http://www.counter-currents.com/2013/04/how-are-revolutions-born/

[56] here: http://www.counter-currents.com/2013/11/wie-werden-revolutionen-geboren/

[57] ‘Indigenous’? How Dare You?: http://www.counter-currents.com/2010/08/how-dare-you/

[58] Czech: http://www.counter-currents.com/2011/10/indigenni-jak-se-jen-opovazujete/

[59] Ukrainian: http://www.counter-currents.com/2011/10/venner-indigenous-ukrainian/

[60] An Internal Clash of Civilizations: http://www.counter-currents.com/2011/01/an-internal-clash-of-civilizations/

[61] Letter to My Friends on Identity and Sovereignty: http://www.counter-currents.com/2012/07/letter-to-my-friends-on-identity-and-sovereignty/

[62] Living in Accordance with Our Traditions: http://www.counter-currents.com/2013/10/living-in-accordance-with-our-tradition/

[63] Love Nature, Love Life: http://www.counter-currents.com/2013/01/love-nature-love-life/

[64] here: http://www.counter-currents.com/2013/09/love-nature-love-life-greek/

[65] Machiavelli and the Conservative Revolution: http://www.counter-currents.com/2013/05/machiavelli-and-the-conservative-revolution/

[66] Machiavelli the European: http://www.counter-currents.com/2011/04/machiavelli-the-european/

[67] here: http://www.counter-currents.com/2011/10/venner-machiavelli-ukrainian/

[68] The Metaphysics of Memory: http://www.counter-currents.com/2010/06/the-metaphysics-of-memory/

[69] here: http://deliandiver.org/2009/06/dominique-venner-metafyzika-pameti.html

[70] Pétain & De Gaulle: Two Figures of a Tragic Destiny: http://www.counter-currents.com/2010/11/petain-and-de-gaulle/

[71] A Posthumous Revenge: http://www.counter-currents.com/2010/06/a-posthumous-revenge/

[72] The Rebel: An Interview with Dominique Venner: http://www.counter-currents.com/2010/06/the-rebel/

[73] here: http://deliandiver.org/2009/12/proc-bychom-se-dnes-nemohli-stat-rebely.html

[74] Secret Aristocracies: http://www.counter-currents.com/2010/06/secret-aristocracies/

[75] Czech: http://deliandiver.org/2009/11/utajena-aristokracie.html

[76] Russian: http://www.ethnopoliticsonline.com/archives/venner/venner%20secret.html

[77] ‘They’re All Rotten’: http://www.counter-currents.com/2013/04/theyre-all-rotten/

[78] Toward a New Aristocracy: http://www.counter-currents.com/2010/08/toward-a-new-aristocracy/

[79] Czech: http://www.counter-currents.com/2011/10/za-novou-aristokracii/

[80] Portuguese: http://www.counter-currents.com/2013/01/para-uma-nova-aristocracia/

[81] The Unforeseen, The Chinese, and the Favorable Moment: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-unforeseen-the-chinese-and-the-favorable-moment/

[82] Part 1: http://www.counter-currents.com/2010/11/violence-soft-commerce-part-1/

[83] Part 2: http://www.counter-currents.com/2010/11/violence-and-soft-commerce-part-2/

[84] Part 3: http://www.counter-currents.com/2010/11/violence-and-soft-commerce-part-3/

[85] The Warrior and the City: http://www.counter-currents.com/2011/01/the-warrior-and-the-city/

[86] Portuguese: http://www.counter-currents.com/2013/01/o-guerreiro-e-a-cidade/

[87] Spanish: http://www.counter-currents.com/2012/11/el-guerrero-y-la-ciudad/

[88] The Yogi and the Commissar: http://www.counter-currents.com/2011/09/the-yogi-and-the-commissar/

[89] 2013: A Dark Year Before the Dawn: http://www.counter-currents.com/2014/02/2013-a-dark-year-before-the-dawn/

[90] Another European Destiny: Dominique Venner’s Ernst Jünger: Un autre destin européen: http://www.counter-currents.com/2010/06/another-european-destiny/

[91] Arms and Being: http://www.counter-currents.com/2013/07/arms-and-being/

[92] A Beviary for the Unvanquished: http://www.counter-currents.com/2013/08/a-breviary-for-the-unvanquished/

[93] From Nihilism to Tradition: Dominique Venner’s Histoire et tradition des européennes: http://www.counter-currents.com/2010/06/from-nihilism-to-tradition/

[94] here: http://deliandiver.org/2008/12/michael-omeara-od-nihilismu-k-tradici.html

[95] Foundations of the Twenty-First Century: Dominique Venner’s Le Siècle de 1914: http://www.counter-currents.com/2010/06/foundations-of-the-twenty-first-century/

[96] The Shock of History: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-shock-of-history/

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Hommage à Dominique Venner

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Hommage à Dominique Venner

par Javier Portella

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Chers amis, chers camarades,

Permettez-moi de vous posez tout d’abord une question un peu… abrupte. Ne vous arrive-t-il pas que le désarroi vous frappe parfois ? Moi, si. Ça m’arrive. À force de toujours nager à contrecourant, à force de toujours aller à l’encontre de l’air du temps, le découragement finit parfois par faire acte de présence. C’est alors que la principale leçon fournie par Dominique Venner nous vient à la rescousse. C’est alors que s’allume cette lueur d’espoir qui se déploie paradoxalement au sein de la critique la plus impitoyable contre la dégénérescence de notre temps.

Javier-Ruiz-Portella-2.jpgEn quoi consiste cette dégénérescence ? Elle consiste dans l’effondrement des trois piliers qui ont fait la force et la grandeur de notre civilisation. « La  nature  comme  socle,  l’excellence  comme  objectif,  la  beauté  comme  horizon, nous rappelle Dominique ».  Il suffit d’évoquer ces trois grands piliers pour savoir que ni la nature, ni la beauté, ni l’excellence ne soutiennent plus notre maison, ne constituent plus la clé de voûte de notre monde. On dirait qu’ils se sont tout simplement effondrés.

Non, répond Dominique Venner. Les grands piliers du monde semblent certes effondrés, mais ils ne sont qu’« endormis ». Tout comme à l’occasion d’autres moments sombres de notre histoire, nos principes fondateurs sont tombés en état de dormition. Ce qui revient à dire : ils peuvent se réveiller un jour.

Pourquoi le peuvent-ils ? Parce que ce qui est frappé de léthargie, ce sont les archétypes, les racines mêmes de notre civilisation, c’est-à-dire de notre tradition. Et la tradition, « telle que je l’entends, souligne Dominique Venner, n’est  pas le  passé,  mais  au  contraire  ce  qui  ne  passe  pas  et  qui revient toujours  sous  des formes  différentes.  Elle  désigne l’essence  d’une civilisation  sur  la  très  longue durée.» C’est pourquoi nos racines son « pratiquement indestructibles tant que n’a pas disparu (comme les Mayas, les  Aztèques  ou  les  Incas  disparurent  un  jour)  le  peuple  qui  en  était  la matrice ».

Sauf si une telle hécatombe venait à se produire, la possibilité reste donc ouverte pour que nos principes, aujourd’hui éteints, se rallument – sous des modalités bien sûr différentes – un jour.

Mais de quoi dépend un tel jour ?

Et bien, en un sens, il ne dépend de rien. Il ne dépend de rien parce que l’imprévisible, l’indéterminé, se trouve inscrit – explique Dominique Venner, en fournissant mille exemples concrets – dans le cœur même de l’histoire.

L’imprévisible, ce qui surgit sans cause ni raison, ce que rien ne détermine, voilà qui reçut jadis un nom : le  destin,  le  sort. Cette force déroutante, mystérieuse, à laquelle les dieux eux-mêmes sont soumis – le sort –, nous sera-t-il un jour favorable ? Nous n’en savons rien. Cela n’est pas entre nos mains. Et pourtant, cela aussi est, en un sens, entre nos mains. Contrairement à ce que la modernité croit, la volonté des hommes, certes, n’est pas toute-puissante. Mais le destin non plus. Il a besoin de notre aide. Nous dépendons de lui, mais le destin aussi dépend de nous. Sans notre engagement décidé, sans notre lutte vaillante, jamais le sort ne pourrait nous être favorable.

 *

Interrogeons-nous donc sur notre lutte. Sommes-nous en train de faire suffisamment bien les choses ? Sommes-nous à la hauteur du grand défi qui nous a échu, placés que nous sommes à la grande croisée de chemins entre deux époques « dont  l’importance, affirmait Ernst Jünger,  correspond  à peu près au passage de l’âge de pierre à l’âge des métaux » ?

Quels temps étranges, les nôtres ! Le besoin de leur changement se fait sentir de plus en plus fort. Le malaise grandit : ce malaise qui traverse nos existences plates, mornes, privées de tout souffle supérieur, vouées à seulement travailler… et crever. Mais si une telle détresse est bien là, elle est sourde, muette, insaisissable. Son désarroi ne se manifeste, ne se concrétise en rien.

Soyons lucides : aucune véritable alternative ne se lève aujourdhui même à notre horizon. Un seul courant connaît, c’est vrai, une certaine vigueur : le mouvement identitaire. Mais sa dénonciation du grand Remplacement entrepris par nos oligarchies reste un refus, un rejet, une dénonciation seulement négative. Si l’immigration de peuplement venait à disparaître un jour, ce jour-là le mouvement identitaire disparaîtrait du même coup. Aucun véritable Projet historique, aucun OUI ne pointe en-dessous du NON identitaire. (Et on pourrait dire la même chose, toutes différences faites, à propos du NON écologique.)

Pourquoi aucun OUI ne s’élève en-dessous du grand désarçonnement contemporain ?

Ce ne sont pourtant ni les idées ni les analyses qui manquent. Elles sont là, et leur qualité est remarquable. Elles sont là depuis plus de 40 ans : depuis que Dominique Venner, justement, fut l’un des premiers à comprendre, avec d’autres, qu’il fallait passer de l’action directe dans la rue à l’action médiate dans les esprits.

Le problème, voyez-vous, est qu’on n’agit pas sur les esprits à l’aide essentiellement d’idées et de théories… ces trucs « à intellectuels ». On n’agit pas non plus sur les esprits au moyen de dénonciations dépourvues d’une alternative visible, imaginable. On agit sur les esprits à l’aide surtout d’images : d’images positives, pleines de contenu, rayonnantes d’espoir ; des images qui parlent au cœur et frappent l’imagination ; des images qui façonnent tout un Projet historique – encourageant, passionnant.

Avons-nous quelque chose de tel ? Avons-nous une véritable image, un véritable Projet du monde dont nous rêvons ?

Disons-le autrement. Avons-nous une réponse aux deux grandes questions sans répondre auxquelles rien ne pourra jamais changer ?

Première question. Il s’agit d’en finir avec le capitalisme. C’est entendu. Mais qu’est-ce que cela implique ? Qu’est-ce que cela signifie ? Contrairement à ce que cela signifie pour la folie communiste, finir avec le capitalisme ne veut nullement dire liquider la propriété ni abolir l’inégalité. Finir avec le capitalisme veut dire, d’une part, réduire les injustices, limiter les inégalités. Cela veut dire, d’autre part, faire en sorte que le marché, l’argent et le travail ne soient plus la clé de voûte supposée charpenter le monde.

Bien. Mais comment y parvenir ? Y parvient-on en convainquant les gens de se donner d’autres horizons et de lâcher spontanément ce qui paraît être leur penchant naturel pour la matérialité de la vie ? Y parvient-on en faisant que la « société civile » – comme on appelle cette négation manifeste du politique – quitte d’elle-même, toute seule, les chemins qui nous ont menés au bord de l’abîme ? Ou par contre, y parvient-on à travers une lutte acharnée, en ouvrant des voies et en dressant des digues – en créant des institutions : publiques, politiques… mais lesquelles ? – qui mènent nos pas par des chemins tout à fait différents ?

Deuxième question. Ou, plutôt, deuxième avalanche de questions.

« Rien  n’est  vrai,  tout  est  permis », disait Nietzsche. Rien ne nous offre la garantie… Oh, elle était bien fausse, mais tellement fonctionnelle, la garantie qui, dans le monde la religion révélée, nous assurait du Vrai et du Bien. C’est elle qui a disparu. Le fondement prétendument sans faille, inentamé, du Vrai et du Bien, voilà qui s’est effondré, voilà qui ne reviendra plus. Ce n’est pas d’un état de dormition qu’il s’agit ici. Nous voilà donc voués à l’incertain, à l’imprévu : au destin, en somme. C’est là notre grandeur : celle des hommes libres. Mais c’est là aussi notre malheur : celui des hommes incapables d’assumer une telle liberté.

Car… si aucune Vérité avec majuscule ne soutient plus le monde, tout est-il donc permis ? Non. Il ne l’est ni ne peut l’être – sinon tout s’écroulerait…

Tout s’écroule, en effet. Car il semble bien comme si tout était permis. Tout se vaut… tout se vautre, tout patauge dans l’indistinction généralisée, là où le laid (il suffit d’entrer dans n’importe quelle galerie d’« art » contemporain) semble ne plus s’opposer au beau ; là où le vulgaire semble ne plus se distinguer de l’excellent, tout comme le faux du véritable. Là où même l’idéologie du genre prétend qu’être homme, ce serait la même chose que d’être femme.

Tout devient indifférent dans la mesure même où tout devient discutable, contestable. Dans la mesure même, en un mot, où tout ne relève que de l’opinion. De cette opinion que la liberté dite justement d’opinion permet – en droit – d’exprimer sans entraves ni limites.

Faudrait-il donc introduire des entraves en vue d’empêcher une telle dégénérescence ?

On connaît la réponse – affirmative – que les fascismes ont donnée à une telle question. Mais si on rejette cette réponse, si on refuse un remède qui finit par devenir pire que la maladie, comment fait-on pour ne plus patauger dans la mare du nihilisme où tout se vaut et rien n’importe ?

Aucune société ne peut exister sans être assise sur un noyau incontournable de vérité. Comment concilier un tel noyau avec l’exigence tout aussi incontournable de liberté ? Comment éviter aussi bien les vacuités démocratiques que les dérives totalitaires ? Comment imaginer la vie politique, le contrôle du pouvoir, la réalisation d’une démocratie qui ne soit ni un alibi des oligarchies, ni un machin vide et démagogique ? Comment imaginer, par exemple, le fonctionnement – ou la disparition…, mais alors, remplacés par quoi ? – de ces monstres que sont devenus les partis politiques ?

*

De telles questions, Dominique Venner ne les a pas posées explicitement. Mais toute sa pensée nous y conduit. Nous interroger dans leur sillage, c’est le meilleur, le plus fervent hommage que l’on puisse rendre à celui qui s’est immolé, tout compte fait, pour que la vérité resplendisse.

 Javier Portella

Texte prononcé à l'occasion de l'hommage rendu à Dominique Venner, le samedi 17 mai 2014 à Paris.

samedi, 24 mai 2014

Dominique Venner? Présent!

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Dominique Venner? Présent!

Un an déjà. Comme le temps passe… Il y a un an, nous apprenions, choqués et incrédules, la mort volontaire de Dominique Venner devant l’autel de Notre-Dame.

Dominique Venner était un homme que l’on était pas obligé de trouver sympathique – son antichristianisme virulent et sa roideur pouvaient notamment heurter – mais que l’on ne pouvait que respecter, voir admirer, pour la rectitude et la cohérence de son engagement, la droiture de son parcours et la grande qualité de ses œuvres et travaux.

Dominique Venner était sans conteste l’une de ces rares personnalités dont la vie est à la hauteur de la production intellectuelle, dont les mots ont toujours été incarnés par des actes, et les valeurs appliquées au quotidien. C’est ainsi que, sans le rechercher, il s’était imposé comme un référent et un modèle pour de nombreux « cœurs rebelles » de toutes générations. Sans doute d’ailleurs, est-ce en partie pour assumer et consacrer pleinement ce statut, qu’il a décidé de faire de sa mort un acte symbolique et une adresse au monde.

Son sacrifice l’a ainsi fait entrer dans un cercle encore plus restreint : celui des hommes qui mettent leur peau au bout de leurs idées.

Sa mort volontaire a prouvé – ou tenté de prouver- que la politique et le combat culturel n’étaient pas que des jeux, une simple agitation ou un divertissement, que les paroles et les écrits pouvaient avoir des conséquences et les engagements des issues tragiques.

C’est au regard de tout cela que nous sommes à la fois heureux et fiers de rendre hommage, dans ce numéro, à ce grand européen qui laisse derrière lui une œuvre foisonnante et stimulante ainsi qu’un éclatant message de courage et de combativité. Puisse la richesse et la diversité des témoignages réunis ici constituer à la fois un chant funèbre et une ode à la vie!

Xavier Eman

(Introduction au dossier « Dominique Venner » in « Livr’arbitres n°14)

www.livr-arbitres.com 

mercredi, 21 mai 2014

L'hommage à Dominique Venner

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Pierre Le Vigan

L'hommage à Dominique Venner

La considérable affluence au colloque Dominique Venner (plus de 500 personnes à la Maison de la Chimie ce 17 mai), la qualité des interventions à la tribune laisse entrevoir un mouvement de sursum corda mais aussi de sursum ratio. « Elévation des cœurs, et élévation de notre raison. Par un acte en apparence irrationnel, mais en fait logique, Dominique Venner a ouvert une voie : celle du sacré, celle, aussi, de la hauteur de vue. La hauteur de vue n’est pas l’indifférence, elle n’est pas le refus de s’engager, elle est la froideur dans la perception des enjeux, qui va volontiers avec la chaleur de la camaraderie. La mort sacrificielle de Dominique Venner, il y a un an, à Notre-Dame de Paris, a précisément ce sens précis : ouvrir un espace du sacré. Ce que croyait précieux Dominique Venner ce n’était ni la droite ni la gauche, c’était la France et l’Europe comme civilisation, c’était le sens même de ce que patrie veut dire, et de ce qu’honneur veut dire. Car l’honneur, en un sens, c’est toujours filiation et transmission. Or, c’est tout cela, avec l’effacement du sens, avec le relativisme généralisé, avec le changement de peuple par l’immigration de masse, qui est mis à bat par la modernité ravageuse. Et par une politique criminelle, celle du mondialisme comme système à tuer les peuples. Changer notre peuple dans sa composition ethnique et culturelle pour tuer toute notion de peuple, dépolitiser tout pour ne laisser que la table rase du turbocapitalisme se déployant sur fond de grand marché universel, avec des hommes interchangeables, et d’ailleurs interchangés et inter-échangés, sans passé, sans héritage, sans histoire, et donc sans avenir. Avec un seul présent : celui de consommateur et de producteur. Avec des femmes louant leur ventre, et des hommes vendant leur sperme. Voilà le monde dont Venner ne voulait pas. Sain refus. Mais aussi portait-il une grande espérance, la lueur d’un autre monde possible, poétique, fort, tragique, noble, plein des exemples héroïques qui agrandissent nos petites vies pour leur donner un souffle, une ampleur, une dimension mythique. Nous ne guérirons jamais de Dominique Venner, et c’est pour cela que nous resterons vivants.

PLV

Pierre Le Vigan, écrivain, philosophe, vient de publier L’effacement du politique. La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, la barque d’or, labarquedor@hotmail.fr, 15 €.

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vendredi, 04 avril 2014

JACQUES LE GOFF: Une vie pour l'Histoire

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JACQUES LE GOFF
Une vie pour l'Histoire

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

Jacques Le Goff est mort, ce 1er avril, à Paris, âgé de 90 ans. Né en 1924, à Toulon, il a consacré sa vie à l'exploration du Moyen Âge. Normalien et agrégé d'Histoire, il a participé aux belles heures de l'École des Annales avec les disciples de Marc Bloch (1886-1944) tel Fernand Braudel et Lucien Febvre. Tous ses ouvrages évoquent un Moyen Age qui serait un «tremplin pour l'avenir, Moyen Age qui apparaît comme la matrice de notre modernité ». A la question «l'Europe est-elle née au Moyen Age ?», Jacques Le Goff n'apporte qu'une réponse: « Oui, et c'est une bonne nouvelle.» Agnostique et Européen convaincu, il est mondialement connu comme l’un de nos plus grands médiéviste. Il est considéré comme "le père de la Nouvelle histoire".

jacques_le_goff_temps_sacre.jpgDans "L'Europe est-elle née au Moyen Age? " ( Ed. Seuil), il expose sa conception de la naissance de l'idée européenne. Il divise son étude en quatre périodes, de la fin de l'empire romain à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.


Selon Jacques Le Goff : « La mémoire ne cherche à sauver le passé que pour servir au présent et à l’avenir ». Pour lui, l’inscription dans le temps est un élément constitutif de l’identité collective. Tout groupe est en effet confronté à la question de la pérennité de son identité. La mémoire participe à la construction de l’identité de nos sociétés.


Jacques Le Goff  était aussi un historien ancré dans le monde. Dans une interview à La Vie  (2004) il expliquait sa position hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne : « Quel est le territoire de l’Europe? La géographie a fait qu’au Nord, à l’Ouest et au Sud, la question soit facile à trancher. En revanche, à l’Est, pas de frontières nettes... Or, il n’y a pas d’espace politique sans une certaine conformité à la géographie. Pour l’essentiel, la Turquie est une puissance asiatique, pas européenne. La question se pose différemment pour la Russie, qui, culturellement et historiquement, fait partie de l’Europe. Pour moi, l’Europe s’arrête à l’Oural et au Bosphore, même s’il est clair que la Russie n’entrera dans l’Union qu’avec ses territoires asiatiques. La question est partiellement résolue depuis 1989, puisque la plupart des territoires non russes de l’URSS ont pris leur indépendance. »

Dans un article intitulé « Le pouvoir et l’histoire » ( Libération, 19/10/2007), face aux lois liberticides, il défendait la liberté pour l’histoire : « Laissons aux historiens le soin d'établir les faits. Et, si une situation historique est complexe, si une mémoire est tourmentée, laissons aux citoyens le soin de se faire une opinion en fonction des informations. »


jlg.jpgHéritier de l'école des Annales, il fut l'auteur d'une oeuvre monumentale et très dense. Parmi ses plus récentes publications: "Le Moyen Age et l'Argent" (2010), "Le Moyen Age expliqué en images" (2013) ou encore, paru en janvier 2014, "Faut-il vraiment découper l'histoire en tranches?" aux éditions du Seuil. Son ouvrage le plus connu est consacré à Saint Louis (Gallimard, “ Bibliothèque des Histoires ”, 1996 »), une somme de 1000 pages. On note aussi  "Les intellectuels au Moyen Âge" (Seuil, 1957)," La civilisation de l'Occident médiéval" (Arthaud, 1964) etc. Il se situe dans la lignée des Marc Bloch, Lucien Febvre, Fernand Braudel, Georges Duby,  Maurice Lombard  et Jean Favier.


Jacques LE GOFF, un européen pour qui  « Il n’y aurait pas eu d’Europe sans les bibliothèques, sans la présence du savoir gréco-romain dans l’enseignement. Platon, Aristote, Cicéron, c’est bien le Moyen Âge qui les a fait connaître et qui les a installés dans la pensée européenne ! L’apport grec se résume, au plan politique, à la démocratie et, au plan du savoir, au goût de la science et à l’esprit critique. Tout cela, aujourd’hui encore, reste très européen. La plupart des autres civilisations sont restées imperméables à l’esprit critique. Dans l’apport romain, je retiens essentiellement le droit. Un apport que le Moyen Âge va considérablement enrichir. Au droit romain, il a ajouté le droit canonique et le droit coutumier, qu’il a couchés par écrit au XIIIe siècle.»


Jacques Le Goff rejoint Jean-François Mattéi au Panthéon des Européens illustres.

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mardi, 01 avril 2014

JEAN-FRANCOIS MATTEI Hommage à un humaniste européen

JEAN-FRANCOIS MATTEI
 
Hommage à un humaniste européen

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

jfm470121253-photo.jpgJean-François Mattéi, c'était d'abord un Grec. Homme d'une immense culture, profondément engagé dans la défense des plus hautes valeurs de l'humanisme européen, il s'inquiétait du déclin de l’Europe. Il laisse une œuvre de première importance consacrée autant aux philosophes grecs, dont il était un éminent spécialiste, qu’à Heidegger, Nietzsche, ou Camus. 

Décédé ce lundi, à Marseille, Jean-François Mattéi  était né à Oran, en Algérie, le 9 mars 1941. Il fut un professeur de philosophie grecque et de philosophie politique de renom, ancien élève de Pierre Aubenque et de Pierre Boutang. Il était un intellectuel engagé, à contre-courant du politiquement correct.


L’ouvrage qui le fit connaître au grand public fut incontestablement La barbarie intérieure, publié aux P.U.F. en 1999. Dans cet ouvrage, il dénonçait le monstrueux égalitarisme qui aplatit tout et qui nous prive du sens de l’excellence sans lequel rien de grand ne peut naître ni s’imposer.
Dans l'un de ses derniers essais, L'Homme indigné (paru aux éditions du Cerf en novembre 2012), il apporte son point de vue sur le sentiment de révolte - accru dans notre société actuelle -, à la lumière de Dostoïevski, Philip Roth, Nietzsche et Tom Wolfe.


Dans son ouvrage, "Le procès de l'Europe", Jean-François Mattéi exalte la culture européenne. Interviewé par Le Point, il évoquait sa conception de l’Europe : « L'Europe est essentiellement une identité culturelle qui n'a jamais réussi à réaliser son unité politique. Ce ne fut pas le cas à l'époque des Romains, puisque l'Empire s'est effondré. Ce ne fut pas le cas ensuite à l'époque de Charlemagne, ni même à celle de Napoléon. C'est d'autant plus paradoxal que ce sont l'Europe et les Européens qui ont inventé la politique et la démocratie. Or l'Europe n'est pas parvenue à s'unir, alors qu'elle avait trois facteurs d'unité évidents : la science grecque, le droit romain et la religion chrétienne, qui fut son ciment culturel. Ce qui m'intéresse, c'est donc moins l'Europe actuelle dans ses échecs que la substance culturelle qui la constitue dans ses réussites. ».


jfmattei barbarie téléchargement.jpgJean-François Mattei, le pied-noir d’Oran qui a quitté son pays en 1962 défendait, au nom de la fidélité à ses origines, la colonisation. Pour lui, « loin d'être l'abomination que l'on dénonce aujourd'hui, et en dépit de ses abus et de ses violences, la colonisation a été le processus historique de développement de l'humanité dans sa recherche de principes et de savoirs universels. »


Il s’était opposé à la mode actuelle de la repentance  « parce que cela permet à certains de nos contemporains de se donner bonne conscience à peu de frais en battant leur coulpe sur les crimes de leurs prédécesseurs ».


Jean-François Mattei était avant tout un philosophe ancré dans le réel. Européen lucide, il manquera dans le débat à venir.


En savoir plus :

L’identité de l’Europe, PUF, juin 2010 (Sous la direction de Chantal Delsol et de Jean-François Mattéi)

Le Regard vide / Essai sur l’épuisement de la culture européenne, Flammarion, 2007.

La République brûle-t-elle ? : Essai sur les violences urbaines françaises, Ed Michalon, 2006(Sous la direction de Raphaël Draï  et de Jean-François Mattéi)

La crise du sens, Ed Cécile Defaut, octobre 2006

L’énigme de la pensée, Ed Ovadia, novembre 2006

Nietzsche et le temps des nihilismes, PUF, août 2005 (Sous la direction de Jean-François Mattéi)

De l’indignation, Paris, La Table Ronde, 2005

La Barbarie intérieure, PUF, 1999


3 QUESTIONS A Jean François MATTEI

par LESRENCONTRESDECANNES

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vendredi, 21 février 2014

Porträt Giorgio Locchi

Porträt Giorgio Locchi (I)

von Ettore Ricci

Ex: http://www.blauenarzisse.de

 

giorgio-locchi-286x300.jpgDer Italiener Giorgio Locchi gehört zu den wichtigsten Denkern der Neuen Rechten. Ettore Ricci stellt ihn hier zum ersten Mal auf Deutsch vor.

Locchi, der von 1923 bis 1992 lebte, war zweifelsohne einer der tiefsinnigsten Denker der nonkonformen Kultur Europas. Hinzu kommt: Er war ein bedeutendes Mitglied der ersten Neuen Rechten ab den 1970er Jahren. Seine Philosophie und seine Intuitionen beeinflussten unter anderem das Gedankengut der Rechtsintellektuellen Guillaume Faye, Pierre Vial, Pierre Krebs, Robert Steuckers, Stefano Vaj, Adriano Scianca sowie, vor allem gegen Ende der Siebziger Jahre, die Ideen Alain de Benoists.

Geprägt von Musik, Physik und Philosophie

Aber wer war Locchi? In Rom geboren, hielt er sich in seiner Jugendzeit lange in Deutschland auf. Es war das Land, zu dem ihm auch seine deutsche Ehefrau, Elfriede Locchi, verführte. Daraufhin studierte er Jura und wurde zum Auslandskorrespondenten der italienischen Zeitung Il Tempo in Paris.

Locchi galt als hochfeiner Kenner der deutschen Philosophie, der klassischen Musik und der neuen Physik. Nach dem Ende des Kriegs wohnte er in Saint-​Cloud, einer schönen Gemeinde in der Nähe von Paris. Er lebte in einem Haus, „bei dem viele französische, italienische und deutsche Jungen weniger zum Besuch, als zur Pilgerfahrt vorbeikamen. Aber sie simulierten Gleichgültigkeit in der Hoffnung, dass Locchi (…) wie Zarathustra gelaunt zu weissagen wäre, anstatt – wie es leider öfters vorkam – vom Wetter, seinem Hund und weiteren irrelevanten Kleinigkeiten zu sprechen”, so Locchis Weggefährte und Schüler Vaj.

Locchi war mehr als ein Philosoph, Journalist, Essayist und Denker. Er war eher, wie Guillaume Faye zurecht sinngemäß schrieb, „Lehrer und Dynamit”, ganz im Sinne Friedrich Nietzsches. Seinen Schülern galt Locchi als Anreger uralter Energien, als Multiplikator geahnter, doch noch nicht verstandener Erleuchtungen: „Wer sein Buch Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista (sinngemäß Wagner, Nietzsche und der Mythos des Übermenschen, E. R.) aufschlägt, der steht einer Enthüllung eines originellen und originären Wissens gegenüber – eine Enthüllung, die nie total sein mag. Denn der aristokratische Stil Locchis ist hermetisch und andeutend. Der Leser wird dadurch fasziniert, indem er versucht, ein weiteres Wissen durch die Zeilen zu schielen, das der Autor – ganz sicher – schon besitzt und das Locchi dennoch mit Mäßigung spendet”, schreibt Scianca über ihn.

Der Reiz Locchis liegt in seiner vielseitigen, sich anderer Denkschulen bedienenden Ausbildung. Sein Werk beruft sich auf philosophische, ethnologische, musikwissenschaftliche, physikalische und religionsgeschichtliche Abhandlungen. Und eben dadurch war er in der Lage, seinen neuen Mythos der Geschichte in allem Glanz und all seiner Schönheit zu enthüllen.

Ende oder Wiedergeburt der Geschichte?

Der Sinn des leider geringen, doch intensiven Schaffens Locchis besteht genau darin. Er hat den Mythos und die Kraft einer antiegalitaristischen Geschichtstendenz in all seiner Klarheit veranschaulicht. Dieser neue Mythos entstand mit und dank Richard Wagner sowie Nietzsche. Es war eine Kraft, die sich auch in den revolutionären politischen Bewegungen der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts entfaltete. Einige nennen diese Bewegungen „Konservative Revolution”, andere „Faschismus”. Locchi hat deren Mytheme, die Bestandteile ihres antiegalitaristischen Mythos, erkannt. Anders gesagt: Er hat im Sinne Oswald Spenglers den „Ideen ohne Worte” Ausdruck verliehen.

Neuer Mythos des Übermenschen

Locchi bezeichnet den neuen Mythos auf Italienisch als „sovrumanismo”, auf Französisch als „surhumanisme”. Ins Deutsche lässt sich der Begriff nur schwer übertragen. Es handelt sich um eine Idee, die auf dem Modell des Übermenschen von Nietzsche beruht. Damit setzte sich Locchi der anderen, zweitausendjährigen Tendenz des Gleichheitskults, dem Egalitarismus, entgegen. Auch dieser hat ganz und gar mythische Wurzeln. Er entstand mit dem Christentum innerhalb der griechisch-​römischen, polytheistischen Kultur. Das Weltgefühl und die Weltanschauung des Abendlandes hat der Egalitarismus nahezu völlig geprägt. Denn die anderen Ideologien der Gleichheit, zum Beispiel Aufklärung, Liberalismus und Marxismus, entstammen der gemeinsamen Wurzel des christlichen Mythos. Im 20. Jahrhundert erlebte dieser seine hochideologische, vom biblischen Ursprung wegführende Phase.

Daraus entstand das, was Locchi den „epochalen Konflikt” nannte. Dieser Konflikt entspringt den gegnerischen und unvereinbaren Weltgefühlen und Projekten der zwei Tendenzen, die Locchi anhand des Denkens Nietzsches erklärt: Der Egalitarismus will den letzten Menschen und das Ende der Geschichte, der neue Mythos dagegen den Übermenschen und eine Wiedergeburt der Geschichte.

Moderner Hass gegen die Geschichte

definiciones.jpgDer egalitaristische, metaphysisch begründete Hass gegen die Geschichte wurde im 20. Jahrhundert noch deutlicher. Der französische Ethnologe Claude Lévi-​Strauss etwa verurteilte die „heißen Gesellschaften” als „Geschichtserzeuger”, Bertolt Brecht nannte „unglücklich das Land, das Helden nötig hat”. Aus den Gedanken Locchis heraus wird ihre Haltung erklärbar: Denn Helden stellen die Geschichte-​Macher schlechthin dar. Diese Ablehnung gegenüber der Idee der stets unvollendeten Zeit steigerte der bekannte US-​amerikanische Politikwissenschaftler Francis Fukuyama, als er 1992 das Ende der Geschichte verkündete.

Locchi beschreibt deren verbindende Ideologie, nämlich die Idee der Gleichheit. Denn sowohl Theorie und Praxis des Egalitarismus sind sehr alt ‒ über 2000 Jahre. Er entstand mit dem Christentum und gipfelte im Marxismus sowie im Liberalismus. Die egalitaristischen Ideologien haben einen mythisch inszenierten, als vorgeschichtlich beschriebenen Ursprung, zum Beispiel den Garten Eden, Urkommunismus und vorgesellschaftliche Freiheit sowie ein nachgeschichtliches Ziel. Es ist wahlweise das Himmelreich, die kommunistische Gesellschaft oder eben die planetarische Demokratie.

Die Linie und das Verschwinden der Zukunft

Die Geschichte „an sich” kann aus des Sicht des Egalitarismus, so Locchi, nur noch eine Strafe bzw. ein Unfall sein. Ihr einziger Sinn liegt in ihrem Ende. Zum Glück führen demnach allein die christliche Vorsehung Gottes, die marxistische wissenschaftliche Theorie oder der liberale Fortschritt. Sie gelten als metaphysische und somit die Zukunft bestimmende Wesen. Sie würden, so die Überzeugung dieser Ideologien, den Menschen endlich zu ihrer Idee des Glücks führen, das außerhalb der Geschichte steht. Solche Auffassung kommt aus dem Hauptmythem des Egalitarismus, nämlich dem Geschichtsbild der Linie, das bereits Armin Mohler in seiner Dissertation Die konservative Revolution in Deutschland 1949 beschrieben hatte.

Mohler und der „Narr des Glücks”

Sowohl Locchi als auch Mohler erkannten im egalitaristischen Geschichtsbild einen zentralen Gedanken: Die Zeit, folglich also auch die Geschichte, würden demnach linear verlaufen. Sie besitzt, so Mohler, einen ominösen, oft mythisch begründeten Anfang und zugleich einen scheinbar unvermeidbaren, fatalen Schluss. Der Mensch hat nach dieser Theorie letztendlich eben doch keine umfassende Möglichkeit, sein Schicksal zu bestimmen. Denn er darf seine angeblich vorausgesetzte Freiheit nicht ausüben, er ist auf sein Ende verdammt.

Der Mensch bleibt so ein verzweifelter „Narr des Glücks”, wie ihn William Shakespeare bei König Lear sowie Romeo und Julia beschreibt. Dieser „letzte Mensch”, den auch Nietzsche beschreibt, wähnt sich am Ende der Geschichte angekommen. „Was ist Liebe? Was ist Schöpfung? Was ist Sehnsucht? Was ist Stern?”, zitiert Nietzsche diesen satten und ungläubigen Charakter in Also sprach Zarathustra. Für Locchi stellt dieser „letzte Mensch” zugleich das letzte Ziel des Egalitarismus dar.

Zugleich, so dieser einzigartige italienische Denker, entstand im 19. Jahrhundert eine neue Geschichtstendenz gegen das Projekt der allgemeinen Gleichheit und des Sieges über die Geschichte. Es handelte sich um eine Tendenz, die durch ihren eigenen Mythos und ihren eigenen Willen beseelt war. Sie entsprang für Locchi der Musik Wagners und dem philosophischen Gedicht Nietzsches. Aus ihr entwickelte sich das Bild einer anderen Geschichte und einer anderen Zukunft. Locchi widersprach damit zugleich den rationalistischen Ideen der Moderne grundlegend. Gegen sie formte er einen neuen Mythos.

Anm. der Red.: Im zweiten Teil seines Porträts erklärt Ettore Ricchi, warum Locchi auch in Richard Wagner den Vater dieses neuen Mythos gegen die Gleichheit sah.

Porträt Giorgio Locchi (II)

Der italienische Rechtsintellektuelle Giorgio Locchi entwarf auf alten Traditionen ein neues Bild europäischer Geschichte. Seine Kronzeugen gegen den Egalitarismus waren Richard Wagner und Friedrich Nietzsche.

Die Geschichte blieb für den Italiener der wesentliche Bestandteil der menschlichen Natur, ja ihr eigentliches Wesen. Nicht der Verstand, so Locchi und der konservative Soziologe Arnold Gehlen, zeichneten den Menschen im Gegensatz zu den Tieren aus, sondern eben seine Geschichtlichkeit. Denn die Tiere haben keine Geschichte, sie wiederholen ihre ihnen angeborene, im Instinkt verwurzelte Natur. Damit kennen sie keine wirklich geschichtliche Entwicklung. Deshalb besitzen sie laut Locchi auch keine Kultur. Sie aber bleibt die wahre, einzigartige Natur des Menschen.

Die Kugel und die Erlösung der Vergangenheit

Denn der Mensch hat entweder keine bzw. alle Instinkte: Er ist im Sinne Gehlens voll und ganz „weltoffen”. Er muss seine Kultur und sich selbst entwerfen. Und der Mensch ist keine „res cogitans”, also keine „denkende Sache” im Sinne des rationalistischen französischen Philosophen René Descartes, sondern ein Schicksal, ein Da-​Sein.Diese Identität des Menschen beschrieb Martin Heidegger in seinem Hauptwerk Sein und Zeit: „Das Dasein hat faktisch je seine Geschichte und kann dergleichen haben, weil das Sein dieses Seienden durch Geschichtlichkeit konstituiert wird.” Für den neuen Mythos Locchis, den er auf alten Denkschulen gründet, bleibt die Geschichte deshalb die einzige Dimension, in der sich der Mensch durchsetzen kann.

americano12.pngEine solche Menschenauffassung kommt aus einem Hauptmythem der neuen Tendenz: Es handelt sich um die Dreidimensionalität der Geschichtszeit. Sie widersetzt sich dem linearen und eindimensionalen, egalitaristischen Bild der Zeit entschieden. Ihr Geschichtsbild ist die Kugel. Locchi erklärt, auf der egalitaristischen Linie „erscheinen Vergangenheit und Zukunft aus der Gegenwart ausgeschlossen; man ist immer in der Gegenwart, man ist nicht mehr und nie in der Vergangenheit, man ist noch nicht und nie in der Zukunft. In der Physis, im Leben, ist das wahr. In der Geschichte aber sind Vergangenheit, Aktualität und Zukunft immer zugleich da, von einer ‚Gegenwart’ als ihr ‚Inniges’ bestimmt, die das Dasein selbst (im heideggerschen Sinne) ist.” Wie auch Mohler in der Konservativen Revolution schreibt, bleibt „die Kugel wohl das bessere Gegenbild zur geraden, ‚einsinnigen’ Linie als der Kreis. Sie bedeutet für den Kykliker, (also den, der nicht an ein Ende der Geschichte glaubt, E. R.), daß in jedem Augenblick alles eingeschlossen ist, daß Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft zusammenfallen.”

Die Vergangenheit ist kein Gefängnis mehr

All das ist entscheidend: Es besagt, dass die Vergangenheit als determinierende Verkettung unzählbarer Ursachen den Menschen nicht mehr eindeutig und tyrannisch bestimmt. Damit widerspricht Locchi auch der hegelianischen Auffassung der Zeit, die von einem Fortschritt auf Grundlage der menschlichen Geschichte ausgeht. Auch die Zukunft ist nach Locchi nicht mehr von vornherein festgesetzt, sondern bleibt offen. Darin besteht genau die geschichtliche, also die eigentliche Freiheit des Menschen. Er ist nicht mehr Shakespeares „Narr des Glücks”, sondern ein „homo faber suae fortunae” ‒ der Schmied seines eigenen Schicksals, das er frei gewählt hat.

Warum handelt es sich hier um eine Wahl? Nach Locchis Auffassung bestimmt die Vergangenheit zwar den Menschen, doch er kann sich zugleich durch deren Bejahung von ihr befreien. „Die Vergangenen zu erlösen und alles ‚Es war’ umzuschaffen in ein ‚So wollte ich es!’ — das hiesse mir erst Erlösung!”, schreibt Nietzsche in Also sprach Zarathustra. Genau das habe er, so Locchi, mit dem sogenannten „Tod Gottes” beabsichtigt, nämlich das Ablegen jeder beengenden, die Geschichte allein verneinenden Metaphysik. Erst dadurch kann der Mensch befreit werden.

Der Übermensch entscheidet die Geschichte

Um wieder mit Locchi zu sprechen: Der Mensch als geschichtliches Dasein muss zugleich immer zwischen verschiedenen Formen der Erinnerung wählen und deshalb entscheiden. Zugleich beruft er sich in dieser Wahl auf einen gemeinsamen Ursprung und bestimmt damit auch seine Zukunft. Nach Heidegger „wählt sich das Dasein (damit, E. R.) seinen Helden.” Dieses vom Menschen bestimmte Schicksal bleibt gleichzeitig ein Geschick, ein Auftrag des Menschen. Denjenigen, der diese Entscheidung trifft, meinte Locchi mit dem neuen Mythos des „Übermenschen”.

Für Locchi entstanden diese Zeitauffassung und der neue Mythos dank Wagner und Nietzsche. Da sich das neue Weltgefühl durch die Sprache des Mythos ausdrückte, wurde es von den Verfechtern des Egalitarismus als „irrational” wahrgenommen und angeprangert. Es handelte sich dabei jedoch um einen irrtümlichen, für die spätpositivistischen Rationalisten typischen Ansatz. Aber die Absicht der mythischen Sprache ist es eben nicht, intellektuell zu überzeugen, sondern emotional zu begeistern. Gerade wegen dieser scheinbar unvernünftigen und verzaubernden Elemente wird sie von ihren Gegnern als höchst gefährlich gespürt. Deshalb verurteilen auch Wagners Gegner dessen Musik so unerbittlich und kompromisslos.

Die Figur des Hans Sachs fasst in Wagners Meistersinger von Nürnberg von 1868 die wesentliche Botschaft zusammen: „Es klang so alt und war doch so neu.” Folgt man weiter Locchi, gipfelte das mythische Projekt Wagners jedoch in der Tetralogie Der Ring des Nibelungen von 1876 und im Drama Parsifal von 1882. In der renommiertesten der italienischen Zeitungen, Il Corriere della Sera, hat der bekannte Musikwissenschaftler Paolo Isotta mehrfach Locchis Wagner, Nietzsche und der Mythos des Übermenschen als „ein Standardwerk der Wagnerischen Hermeneutik” bezeichnet.

Wagners Weltuntergang als Wiedergeburt

Locchi, so Isotta, habe erkannt, dass Wagner das zyklische Bild der Zeit erneuern wollte. Der Komponist habe damit den Mythos und die andere, weder geschichtslose noch gleichförmige Welt regenerieren wollen. Weltuntergang zeigt sich in seinem Werk zugleich als Weltwiedergeburt, Ende und Anfang fallen zusammen. Der Komponist ahnte das Heraufziehen dieser neuen Zeitauffassung. Aber die diskursive, lineare und eindimensionale Sprache seiner Zeit konnte das nicht ausdrücken. Der neue Mythos konnte nur in der Gestalt einer beschwörenden, erhebenden und rätselhaften Musik Gestalt gewinnen. Diese nicht nur den Zeitgenossen als großes Rätsel erscheinende Musik bleibt das Leitmotiv von Wagners Gesamtkunstwerks und des Wort-​Ton-​Dramas. Ihr vertraute er die Sprache des Mythos an.

Wotan, der wirkliche Held der Ring–Tragödie, weiß vom Ende der Welt. Dennoch will er dieses auch, um die Schöpfung regenerieren zu können. Nach der meisterhaften Exegese von Locchi erscheint die Wiedergeburt der Welt genau am Schluss der Götterdämmerung unter den Flammen von Walhall. Sie wird durch das „Erlösungsmotiv” verkündigt.

Zuvor erschallte es nur einmal im ganzen Drama, und zwar in Die Walküre, als Sieglinde dank Brünnhilde entdeckt, dass sie Siegfried im Schoße trägt, Der Walküre ruft sie entgehen: „O hehrstes Wunder! Herrlichste Maid! /​Dir Treuen dank’ ich heiligen Trost! /​Für ihn, den wir liebten, rett’ ich das Liebste”. Es handelt sich hier, wie Locchi erklärt, um das echte Motiv der Erlösung, des Lebens und damit der Wiedergeburt. Das scheinbare Ende aller Dinge bedeutet gleichzeitig einen neuen Anfang, den Beginn einer regenerierten Welt. Wagner schrieb: „Wir erkennen den Grund des Verfalles der historischen Menschheit, sowie die Nothwendigkeit einer Regeneration derselben; wir glauben an die Möglichkeit dieser Regeneration, und widmen uns ihrer Durchführung in jedem Sinne.” Locchi sah darin die zentrale und entscheidende Botschaft Wagners.

Anm. der Red.: Im dritten Teil seines Porträts zu Giorgio Locchi schreibt Ettore Ricci über den Einfluss Nietzsches. Darüber hinaus blieb der Italiener nicht nur dem europäischen Erbe verpflichtet. Er gehörte in den 1970er Jahren zu den ersten Rechten, die grundlegende Kritik an der heraufziehenden, US-​amerikanischen Globalisierung übten. Zum ersten Teil des Porträts geht es hier.

Porträt Giorgio Locchi (III)

Giorgio Locchi entwickelte auf Grundlage nietzscheanischer Philosophie eine neue historische Idee. Mit Alain de Benoist verfasste er ein US-​kritisches Plädoyer für das Erbe Europas.

Nietzsche hat die abendländische Philosophie und Metaphysik grundlegend zerstört aber auch erneuert. Er schuf die Idee der geschichtlichen Freiheit des Menschen. In der von ihm beschriebenen ewigen „Wiederkunft des Gleichen” offenbarte dieser einen neuen Mythos, so Locchi.

Das Rätsel ewiger Wiederkehr

Zu lange wurde Nietzsches Philosophie der „ewigen Wiederkunft” als eine herkömmlich zyklische Zeitauffassung betrachtet. Aber man muss auch damit rechnen, wie Locchi hinweist, dass „Nietzsche in seinem aristokratischen Bestreben, den Unerwünschten die Türen seines Hauses zu versperren, deren Schlüssel sorgfältig verbarg”. Denn er habe, ebenso wie Wagner, das Rätsel der ewigen Wiederkehr verschlüsselt.

Alles Gerade lügt, murmelte verächtlich der Zwerg. Alle Wahrheit ist krumm, die Zeit selber ist ein Kreis. Du Geist der Schwere! sprach ich zürnend, mache dir es nicht zu leicht! Oder ich lasse dich hocken, wo du hockst, Lahmfuss, — und ich trug dich hoch!”, schreibt er in Also sprach Zarathustra. An anderer Stelle spricht Nietzsche erneut durch den Seher: „Alles geht, Alles kommt zurück; ewig rollt das Rad des Seins. Alles stirbt, Alles blüht wieder auf, ewig läuft das Jahr des Seins. Alles bricht, Alles wird neu gefügt; ewig baut sich das gleiche Haus des Seins. Alles scheidet, Alles grüsst sich wieder; ewig bleibt sich treu der Ring des Seins. In jedem Nu beginnt das Sein; um jedes Hier rollt sich die Kugel dort. Die Mitte ist überall. Krumm ist der Pfad der Ewigkeit.”

Im Anfang liegt die historische Größe

Die dreidimensionale Zeit wird hier erneut deutlich: In der Kugel gibt es keinen Anfang und kein Ende, sondern eine Mitte, die überall ist. In ihr fallen die drei Dimensionen der Zeit zusammen. Es kann sich also nicht um das Bild des Kreises handeln. Denn das ist nur eindimensional. Der mythische Anfang der Geschichte ist bei Locchi und Nietzsche keine reaktionäre Wiederkehr eines mumifizierten Ursprungs, sondern ein verwandelter, regenerierter Anfang.

Heidegger formulierte das in seiner umstrittenen Rede Die Selbstbehauptung der deutschen Universität 1933 noch treffender: „Der Anfang ist noch. Er liegt nicht hinter uns als das längst Gewesene, sondern er steht vor uns. Der Anfang ist als das Größte im voraus über alles Kommende und so auch über uns schon hinweggegangen. Der Anfang ist in unsere Zukunft eingefallen, er steht dort als die ferne Verfügung über uns, seine Größe wieder einzuholen.”

Kritik der „Amerikanischen Metapolitik”

locchi-steuckers-konservative-revolution.jpgNeben der Interpretation und Weiterentwicklung der deutschen, geschichtsphilosophischen Tradition spielte Locchi auch an anderer Stelle eine entscheidende Rolle. Am fundamentalsten blieb seine Kritik der USA. Innerhalb der Neuen Rechten mag das heute als Trivialität erscheinen. In den Siebziger Jahren waren jedoch viele Rechte davon überzeugt, dass im Vergleich mit der Sowjetunion die Vereinigten Staaten das geringere Übel seien. Unter dem Pseudonym Hans-​Jürgen Nigra veröffentlichte Locchi in den 1970er Jahren mit Alain de Benoist, Pseudonym Robert de Herte, dazu ein Buch. In Deutschland erschien es 1979 unter dem Titel Die USA. Europas mißratenes Kind.

Beide interessierte hier nicht die Weltpolitik der USA, sondern eine „amerikanische Metapolitik”, nämlich der „american way of life”. In ihm verdichte sich, so Locchi und de Benoist, die antiheroische Weltanschauung, der puritanische Moralismus, der hedonistische Individualismus, die Stillosigkeit und die im Biblischen wurzelnde Verachtung der Politik als geschichtsstiftendem Handeln.

Europa ist Morgenland

Locchi lenkt dabei die Aufmerksamkeit auf Europa und sein Schicksal. Nach ihm ist das Abendland nämlich nicht das Land des Abends, also des Untergangs. Er hoffte auf die Morgenröte eines wieder in die Geschichte tretenden Europas. Nach dem zyklischen Weltgefühl Locchis, basierend auf Wagner und Nietzsche, gehört die Zukunft den Völkern, welche die längere Erinnerung besitzen. In diesem Zusammenhang könnte die indogermanische Tradition den regenerierenden Ursprung darstellen. Für Locchi sollten die europäischen Völker insbesondere die geistig-​kulturelle Gesinnung der Indogermanen wiederholen, als sie die „Neolithische Revolution” umsetzten.

In dieser Zeit entwickelten sie Viehzucht, Ackerbau und Vorratshaltung, die reine Ausplünderung des in der Natur Vorgefundenen nahm ein Ende. Zugleich entschieden sich die indogermanischen Völker, wenn auch ohne prophetische Voraussicht, damit für ein geschichtlich eigenes Schicksal. Die Erweckung dieses uralten Bewusstsein bietet auch Antworten auf scheinbar entfernte, hoch– oder postmoderne Fragen.

Europa, das Land der Kinder

Die Möglichkeit einer europäischen Zukunft besteht also in einem Widerhall, der aus den zurückliegenden Jahrtausenden herkommt. In diesem Fall könnte Europa aber kein Vaterland im traditionellen Sinn sein. Als unser in der Geschichte sich wandelndes Erbe stellt es nicht das Land der Väter, sondern vielmehr, wie Locchi schreibt, das Land der Kinder dar.

Oh meine Brüder, nicht zurück soll euer Adel schauen, sondern hinaus! Vertriebene sollt ihr sein aus allen Vater– und Urväterländern! Eurer Kinder Land sollt ihr lieben: diese Liebe sei euer neuer Adel, — das unentdeckte, im fernsten Meere! Nach ihm heisse ich eure Segel suchen und suchen! An euren Kindern sollt ihr gut machen, dass ihr eurer Väter Kinder seid: alles Vergangene sollt ihr so erlösen! Diese neue Tafel stelle ich über euch”, kündigte dies Nietzsche in Also sprach Zarathustra an.

Europas Schicksal und Wiedergeburt

Vielleicht ist das Ende der Geschichte trotzdem möglich: Denn die geschichtliche Freiheit des Menschen setzt die Möglichkeit voraus, auf diese Freiheit auch verzichten zu können. Aber das bleibt weder eine Notwendigkeit noch ein vorausbestimmtes Los. Ein neuer Mythos, ganz im Sinne von Locchi, kann unserem Kontinent seine Geschichte zurückgeben. Dafür brauchen die Europäer vor allem zwei Dinge: Den Willen zur Wiedergeburt und zum Schicksal.

Anm. der Red.: Hier geht es zum ersten, hier zum zweiten Teil des Locchi-​Porträts von Ettore Ricci. Online sind zudem Texte von Locchi auf Italienisch verfügbar.

 

jeudi, 23 janvier 2014

In morte di Hiroo Onoda: apologia dell'eroismo

In morte di Hiroo Onoda: apologia dell'eroismo

di Daniele Scalea

Fonte: huffingtonpost

Si è spento mercoledì scorso Hiroo Onoda, il militare giapponese disperso nelle Filippine che, ignorando l'esito della Seconda Guerra Mondiale, continuò a combattere nella giungla, prima con tre commilitoni e - dopo la loro resa o morte - da solo, fino al 1974. Inizialmente rifiutò d'arrendersi pure di fronte ai messaggi con cui lo si informava della fine del conflitto, ritenendoli una trappola. Depose le armi solo quando il suo diretto superiore di trent'anni prima si recò da lui per ordinarglielo, dispensandolo dal giuramento di combattere fino alla morte. Raccontò la sua storia in un libro, pubblicato nel 1975 da Mondadori col titolo Non mi arrendo.

La storia di Onoda apparirà senz'altro "esotica" (roba da giapponesi!) e "arcaica" (ormai le guerre non ci sono più! In Europa Occidentale, s'intende, perché nel resto del mondo ci sono eccome) a gran parte dei lettori italiani del XXI secolo. Chi di noi riesce a immaginarsi, poco più di ventenne nella giungla, restarci trent'anni solo per onorare un giuramento e battersi per la causa che si ritiene giusta? Eppure la storia di Hiroo Onoda qualcosa da insegnarci ce l'ha; e proprio perché la sentiamo così lontana, temporalmente e culturalmente, da noi.

In quest'epoca così moderna e avanzata, il lettore al passo coi tempi potrà ben pensare che, in fondo, Onoda era solo un "fanatico", un "folle", un "indottrinato". Nei tempi bui che furono, il senso comune l'avrebbe definito un "eroe". Questa figura dell'Eroe, così pomposamente celebrata nei millenni passati, ha perso oggi tanto del suo smalto - presso la civiltà occidentale, e in particolare europea. Bertolt Brecht sancì che è sventurata quella terra che necessiti di eroi. Il nostro Umberto Eco ha deciso che l'eroe vero è quello che lo diventa per sbaglio, desiderando solo essere un "onesto vigliacco" come tutti noi altri. Salendo più su troviamo il nuovo vate d'Italia: Fabio Volo ha scritto che non è eroe chi lotta per la gloria, ma l'uomo comune che lotta per la sopravvivenza.

Prima di discutere queste tre idee, precisiamo che l'Eroe si definisce (o almeno così fa la Treccani) come colui che si eleva al di sopra degli altri: in origine più per la nobilità di stirpe, in seguito per la nobiltà nell'agire. L'Eroe non è necessariamente un guerriero: semplicemente la guerra, mettendo chi le combatte di fronte a situazioni e rischi assenti nella vita comune, facilita il manifestarsi dell'eroismo. Ma non è banalizzazione dire che l'Eroe può esserlo nel lavoro, nella scienza, nella politica, nell'arte e così via. È invece banalizzazione individuare l'eroismo nel fare ciò che tutti fanno, perché viene meno il senso stesso del termine: l'elevarsi, il fare più del normale, il più del dovuto. Dove tutti sono eroi, nessuno è eroe.

Alla luce di quanto appena detto, si coglierà l'illogicità della formulazione di Volo (per la cronaca: tratta da Esco a fare due passi), pure se inserita nel suo epos dei broccoletti (in sintesi elogio di mediocrità e de-gerarchizzazione di valore; ma se proponi un modello anti-eroico, allora parla di anti-eroi e non di eroi). Tutti sopravvivono, indotti in ciò dall'istinto di autoconservazione, e non vi è nulla di particolarmente commendevole nel far ciò che si è costretti a fare. Al contrario, l'Eroe per distinguersi dalla massa può andare contro l'istinto di autoconservazione (sacrificare, o porre a rischio, la propria vita per conseguire un obiettivo o per salvare altre vite), o fare più di ciò che è da parte sua dovuto. Non potremmo definire un eroe, ad esempio, un Giacomo Leopardi che sacrifica la sua salute e la sua felicità per diventare un sommo poeta, e così deliziare contemporanei e posteri?

L'idea della scelta libera e volontaria pare elemento costitutivo dell'eroismo, e ciò richiama in causa anche Eco. È in fondo diventato un cliché anche hollywoodiano, quello per cui l'eroe protagonista del film non diviene tale perché convinto della causa per cui battersi, ma solo perché travolto dagli eventi. L'escamotage classico vuole che i "cattivi" massacrino la sua famiglia, inducendolo per vendetta a combatterli. Questo leit motiv lo ritroviamo in tanti film di successo: pensiamo a Braveheart, The Patriot, o Giovanna D'Arco di Luc Besson, dove tra l'altro il primo e l'ultimo cambiano la vera storia pur d'inserirvi il tema suddetto. Gli appassionati di cinema potranno trovare molti più esempi, anche in generi diversi dall'epico e dallo storico. A quanto pare, l'individuo occidentale medio riesce ad accettare molto più la vendetta personale che lo schierarsi coscientemente per una causa collettiva che si ritiene giusta.

Eppure, lo ribadiamo, è la libera scelta a dare davvero valore all'atto eroico. Sembrano in ciò molto più savi dei nostri maître à penser odierni i teologi riformatori del Cinquecento quando, con logica rigorosa, notavano che non vi può essere merito individuale senza libero arbitrio. Così come una salvezza decisa da Dio è merito esclusivamente di Dio, un atto eroico costretto (non semplicemente indotto: costretto) dalle circostanze è "merito" delle circostanze stesse.

Rimane in ballo la questione se sia davvero una sventura aver bisogno di eroi. Tanti pensatori hanno più o meno esplicitamente ricondotto il progresso a un meccanismo di sfida-risposta, in cui spesso giocano un ruolo essenziale individui straordinari per la loro capacità creativa. Tra i più espliciti assertori di tali tesi nel secolo scorso, citiamo alla rinfusaA.J. Toynbee, H.J. Mackinder, Carlo Cipolla, Lev Gumilëv. Sono le persone straordinarie (nel senso letterale di fuori dall'ordinario, e dunque non comuni) che, con i loro atti creativi (in cui spesso la creazione maggiore è l'atto in sé come esempio ispiratore per gli altri), rinnovano costantemente la vitalità di un popolo. Rovesciando l'aforisma di Brecht:sventurata quella nazione che non ha bisogno di eroi, perché significa che ha scelto coscientemente d'avviarsi sulla strada della decadenza.

Restiamo sull'eroismo, torniamo a Hiroo Onoda. C'è una lezione che potremmo apprendere dall'eroica follia di questo giapponese che per trent'anni continua da solo una guerra già conclusa, o dai mille altri eroi - di guerra e pace, armati di spada, penna o lingua che fossero? Io credo di sì.

Potremmo imparare da loro lo spirito di sacrificio e l'indomita fede di chi crede in ciò per cui lotta - sia essa una patria o un'idea, un partito o una persona, una guerra o una pace.

Dovremmo imparare da loro che eroismo non è sopportare supinamente, tutt'al più inveendo (ma su Facebook o Twitter, che la poltrona è più comoda della piazza) contro le storture del mondo; ma eroismo è insorgere, levarsi contro l'ingiustizia. Se il mondo è storto non è eroico guardarlo cadere, ma cercare di raddrizzarlo.

Dovremmo riflettere che se oggi le cose vanno male, mancano i diritti e abbondano le ingiustizie, la morale è corrotta, l'ingiusto trionfa e il giusto patisce; se l'oggi insomma ci pare sbagliato, dovremmo impegnarci a correggerlo.

Perché i diritti non li regala nessuno, la giustizia non si difende da sola, il progresso non viene da sé. Servono i creativi, servono gli eroi.

Con buona pace dei Brecht, degli Eco e dei Volo.


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

mercredi, 22 janvier 2014

Hans-Jürgen Krahl, prophète de la révolte étudiante

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Werner Olles:

Hans-Jürgen Krahl, prophète de la révolte étudiante

Dans la nuit du 14 au 15 février 1970, une voiture dérape sur le verglas qui recouvre la route fédérale 252 dans la localité de Wrexen, dans le Nord de la Hesse, dans le Cercle de Waldeck; la voiture s’était engagée dans une courbe puis est entrée en collision frontale avec un camion arrivant dans le sens inverse. L’étudiant Hans-Jürgen Krahl, 27 ans, qui se trouvait à la “place du mort”, est tué sur le coup; le conducteur, Franz-Josef Bevermeier, 25 ans, meurt peu de temps après son arrivée à l’hôpital. Les trois autres occupants, dont Claudia Moneta, la fille du haut responsable d’IG-Metall, Jakob Moneta, sont grièvement blessés.

La mort de Hans-Jürgen Krahl n’a permis “aucune mystification a posteriori”, comme l’ont déclaré Detlev Claussen, Bernd Leineweber et Oskar Negt lors des obsèques du “camarade H.-J. Krahl”. En effet, ils ont écrit: “[Cette mort] atteste d’un fait brutal et misérable, celui d’un accident de la circulation, un événement contingent de la vie quotidienne, que l’on ne peut que difficilement forcer à entrer en rapport avec les faits sociaux”.

Certes, deux anciens présidents du SDS (l’association des étudiants de gauche et d’extrême-gauche), Karl Dietrich et Frank Wolff, s’étaient immédiatement rendus, la nuit même, sur les lieux de l’accident et s’étaient aussi rendus au chevet des blessés, mais une assemblée des membres, convoquée à la hâte, décide de se conformer “aux habitudes et aux valeurs bourgeoises” et de ne pas prononcer un éloge funèbre de type militant. Dans les colonnes du “Frankfurter Rundschau”, Wolfgang Schütte n’a toutefois pas pu s’empêcher de comparer Krahl à Robespierre et de glorifier “la terrible conséquence de ses visions théoriques, qu’il a pensées jusqu’au bout, sans compromis aucun”, ainsi que “ses énormes facultés d’agitateur”, et de dire de lui “qu’à côté de Rudi Dutschke, il fut une des figures dominantes du SDS”.

Krahl n’a jamais pu égaler la popularité de Dutschke

krahl.jpgLes hommages rendus à Krahl témoignent donc de cette absence de tact et de goût qui caractérise le “gourouïsme” du camp de la gauche libertaire, un “gourouïsme” que Krahl avait toujours combattu. Toutefois, ils reflétent une once de vérité et attestent encore du respect que suscitait l’itinéraire de Krahl chez ses camarades d’alors qui, pourtant, par la suite, n’auront ni son courage ni sa probité et n’ont jamais pu suivre ses traces, ni sur le plan intellectuel ni sur le plan politique. Après son enterrement au cimetière de Rickling, un centaine de militants du SDS, venus de toute l’Allemagne fédérale et de Berlin-Ouest, se réunissent dans les locaux de la “Techniche Universität” de Hanovre et décident, de manière certes informelle, de dissoudre leur association étudiante. Et, de fait, juste un mois plus tard, cette dissolution sera prononcée officiellement à Francfort-sur-le-Main.

Hans-Jürgen Krahl, né en 1943 à Sarstedt près de Hanovre, termine ses études secondaires et passe son “Abitur” en 1963. Il part étudier d’abord à Göttingen, la philosophie, l’histoire, la philologie germanique et les mathématiques. Deux ans plus tard, il quitte Göttingen pour Francfort, ce qui constitue une décision éminemment politique. Il passe d’abord par le “Ludendorff-Bund” puis par le “Parti Allemand Guelfe” et, finalement, par une Burschenschaft (Corporation) traditionnelle qui pratiquait la “Mensur” (les duels à l’épée). Dans le cadre de cette Burschenschaft, il écoute un jour la conférence d’un “Vieux Monsieur” (un ancien membre) qui, tout en dégustant avidement un gigot d’agneau, lui parle de l’infatigable esprit combattant de la classe ouvrière. Enfin, Krahl adhère, non pas à un parti de gauche, mais à la “Junge Union” (la jeunesse des partis démocrates-chrétiens): plus tard, il décrira cette étape de son existence comme un pas en direction d’une “bourgeoisie éclairée”.

Sa décision de s’installer à Francfort était surtout une décision d’aller écouter les leçons d’Adorno, qui deviendra le promoteur de sa thèse de doctorat. Il est fort probable que Krahl aurait entamé une brillante carrière académique car il était un étudiant très doué d’Adorno mais son adhésion en 1964 au SDS puis sa disparition précoce ont empêché cet avancement.

Il s’était rapidement imposé au milieu de la gauche radicale de Francfort parce qu’il philosophait en s’appuyant sur Kant et Hegel, parce qu’il tenait des discours si parfaits qu’on pouvait les imprimer aussitôt prononcés et parce qu’il avait colporté une légende biographique où il avait fait croire à ses camarades médusés qu’il descendait d’une ancienne famille noble de Prusse et qu’il était un descendant de Novalis, le Baron de Hardenberg. Dans le cadre du SDS de Francfort qui, au départ, était une sorte de “Männerbund”, d’association exclusivement masculine, Krahl a trouvé un public, augmenté de nouvelles recrues, qui estimaient, comme lui, que la “théorie critique” ne devait pas seulement se concevoir comme un projet purement académique mais devait chercher à se donner une utilité pratique et politique.

Dans la phase anti-autoritaire du mouvement étudiant entre 1967 et 1969, Hans-Jürgen Krahl est vite devenu une des têtes pensantes les plus en vue du SDS, qui n’a cependant pas eu les effets de masse que provoquait Rudi Dutschke, en énonçant ses thèses vigoureuses et pointues qu’il assénait comme autant de coups de cravache à ses auditeurs. Krahl était alors un intellectuel qui paraissait un peu ridicule et emprunté: en 1967, lors d’un “Teach-in” spontané pour protester contre la mort de Benno Ohnesorg, abattu par la police, il avait radoté un discours “hégélisant” quasi incompréhensible, truffé de concepts sociologiques des plus compliqués, tant et si bien que les étudiants avaient quitté l’auditorium. Après ce début malheureux, Krahl allait toutefois devenir le “théoricien de la praxis émancipatrice” (selon Detlev Claussen) qui poursuivait un but élevé, celui de transformer la “nouvelle gauche” en un mouvement d’émancipation sociale, qui se serait clairement distingué, d’une part, du réformisme social-démocrate et, d’autre part, du socialisme étatique et autoritaire de facture marxiste-soviétique et de l’idée léniniste d’un “parti de cadres”.

Cinq semaines après la mort de Krahl, le SDS se dissout

En ébauchant ce projet d’une “nouvelle gauche” alternative, Krahl devait immanquablement s’opposer à ses professeurs de l’université. Tandis que Max Horkheimer posait dès 1967 la thèse “qu’être un radical aujourd’hui, c’est en fait être un conservateur” et “que le système pénitentiaire de l’Est était bien pire que la falsification, finalement assez grossière, que constituait l’ordre démocratique de l’Occident”. Adorno, quant à lui, avait été profondément choqué lorsqu’un groupe de radicaux, parmi lesquels Krahl, avait occupé symboliquement le fameux “Institut für Sozialforschung” (berceau de la fameuse “Ecole de Francfort”). Adorno, à son grand dam, avait dû appeler la police! Carlo Schmid, qui donnait un cours intitulé “Thérorie et pratique de la politique extérieure”, avait été chahuté par un “Go-in” du SDS dont les militants l’avaient apostrophé en le traitant de “Ministre de l’état d’urgence” (“Notstandminister”) et en voulant le contraindre à discuter de la législation allemande sur l’état d’urgence et de la guerre du Vietnam. Carlo Schmid, contrairement à la plupart de ses collègues, pensait que la RFA ne devait pas hésiter à prendre des mesures d’urgence si elle voulait conserver une réelle autorité sur ces citoyens. Schmid, lors du chahut, n’a pas capitulé, il a résisté physiquement et a poursuivi son cours parce que, a-t-il dit par la suite, il ne voulait pas être co-responsable du “déclin de l’autorité étatique”: “L’autorité ne recule pas...”.

Plus tard, Adorno a défendu Krahl dans une lettre à Günter Grass: dès que Krahl en eut terminé avec ses attaques contre Adorno, il lui avait fait savoir, que cette animosité n’était en rien personnelle mais uniquement politique. Krahl a pris prétexte de la mort soudaine d’Adorno en août 1969, au moment où les actions du mouvement étudiant atteignaient leur point culminant, pour articuler les contradictions qu’il percevait dans la “théorie critique” d’Adorno et pour formuler et concrétiser ses propres positions, celles, disait-il, d’une “troisième génération de la théorie critique” (Detlev Claussen). Krahl lançait aussi un avertissement au mouvement étudiant, qui se disloquait en diverses factions, de ne pas troquer la praxis du refus individuel, propre à la phase anti-autoritaire, et l’hédonisme des nouvelles sous-cultures pour une morale organisationnelle rigide et pour le principe léniniste de discipline.

Krahl lui-même était à la recherche d’une nouvelle forme d’organisation, où serait apparue l’identité d’intérêt entre les intellectuels et la classe ouvrière. Cette quête intellectuelle a donc pris fin en février 1970 par la mort accidentelle de Krahl. Celui-ci n’a pas survécu très longtemps “au court été de l’anarchie”, pour reprendre le titre d’un roman de Hans Magnus Enzensberger.

L’heure des “desperados” et des “psycho-rigides”

krahl-sds.gifAvec Krahl meurt aussi l’esprit de 1968. Le 21 mars 1970, très exactement cinq semaines après la mort de Krahl, 400 membres du SDS se réunirent à la Maison des Etudiants de l’Université de Francfort pour tenir une réunion informelle et pour décréter la dissolution par acclamation du Bureau fédéral et, par voie de conséquence, de l’association elle-même. Udo Knapp, membre du Bureau, déclare alors que le SDS “n’a plus rien à apporter pour fixer le rapport entre les actions de masse et l’organisation du combat politique”. C’était évidemment la pure vérité. Après avoir longuement discuté de la question de l’héritage du SDS, l’assemblée s’est finalement déclarée incompétente pour statuer à ce sujet, car elle n’était pas une conférence de délégués en bonne et due forme: cette indécision marque la triste fin du SDS, devenu un boulet pour ses propres membres.

C’est alors qu’a sonné l’heure des “desperados” regroupés autour d’Andreas Baader et Ulrike Meinhof, qui inaugurent l’ère sanglante du terrorisme de la RAF. C’est aussi l’avènement en RFA des divers regroupements partisans dits “marxistes-léninistes”, totalement staliniens dans leurs modes de fonctionnement et de raisonnement, autour de personnalités telles Schmierer, Horlemann, Semler, Aust et Katarski, qui sortaient de l’ombre en rasant les murs comme des “lémuriens” et dont les joutes idéologiques stériles, sans bases conceptuelles solides, cherchaient à ancrer des positions politiques dépassées: Krahl n’avait eu de cesse d’avertir les mileux de la gauche radicale que tout cela constituait des voies de garage. En effet, les gauches radicales allemandes ont abandonné les débats reposant sur des arguments solides, n’ont plus posé intelligemment le problème de la violence; elles se sont perdues dans des poses et des esthétismes, où l’on vantait sa puissance imaginaire, ou dans la délation vulgaire et atrabilaire ou, dans les meilleurs cas, dans la recension critique d’ouvrages idéologiques. Tout cela a bien vite échoué au dépotoir des gauches allemandes, dont l’histoire est si riche en déceptions. Mais cet échec ne doit pas nous satisfaire. Au contraire.

Une définition claire de l’aliénation

En nous souvenant du révolutionaire Hans-Jürgen Krahl, un homme qui se mouvait avec la même aisance dans les méandres de la logique du capitalisme et parmi les images et les idées des romantiques allemands, il nous faut aussi nous rappeler d’une de ses positions, formulée de manière programmatique, lorsqu’il se présenta lui-même lors du procès “Senghor” devant le tribunal du Land de Hesse à Francfort: “Il ne s’agit pas seulement de faire le simple deuil de l’individu bourgeois, mais de faire l’expérience, par le truchement de l’intellect, de ce qu’est l’exploitation dans cette société, laquelle consiste à détruire totalement et radicalement le développement du besoin au niveau de la conscience humaine. Car force est de constater que les masses sont enchaînées, même si leurs besoins matériels sont satisfaits; en fait, la satisfaction de leurs besoins élémentaires reste lettre morte, car elles ont peur que le capital et l’Etat ne leur ôtent les garanties de cette sécurité [matérielle]”.

Depuis la fin des années 20, lorsque Martin Heidegger sortait son ouvrage-clef “Sein und Zeit” (“L’Etre et le temps”) et Georg Lukacs éditait “Geschichte und Klassenbewusstsein” (“Histoire et conscience de classe”), personne d’autre que Krahl n’avait donné une définition plus intelligente et plus décisive de l’oppression dans les sociétés de masse, qu’elles soient déterminées par le capitalisme privé ou par le capitalisme d’Etat, à l’Ouest comme à l’Est à l’ère du duopole de Yalta.

Werner Olles.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, 11 février 2000, n°7/2000; http://www.jungefreiheit.de ).

vendredi, 17 janvier 2014

Hiroo Onoda: RIP

jeudi, 26 décembre 2013

RIP Mikhail Timofeyevich Kalashnikov

 

Internationally-renown small arms designer, Internationally-Russian military hero and inventor Mikhail Kalashnikov has died at 94 in his rifle’s home town of Izhevsk. His passage follows several years of heart trouble.

Kalashnikov’s most famous invention, the AK-47 rifle and the many guns that duplicate the design, is to-date the most successful firearm of all time, and likely will continue to be for many decades to come.

In that way he has achieved a little bit of immortality, joining the likes of Sam Colt, John Browning, Eugene Stoner, Hiram Maxim, John Garand, Richard Gatling, Benjamin Henry and the Mauser brothers.

While Kalashnikov has been given every ounce of credit due for his eponymous rifle, the design didn’t spring up in a single flash of genius. It took years of struggle and effort to invent the AK-47.

Kalashnikov was born in Kurya on Nov. 10, 1919, the 17th child of Timofel and Alexandra Kalashnikov, both well-to-do peasants. While from an early age he showed a predisposition towards machines and mechanics, he grew up hoping to be a poet and has in fact published half a dozen books of poetry later in his life. He never finished high school.

At the age of 11 Kalashnikov’s family was deported to Siberia and their property was confiscated by Stalin’s Dekulakization regime, where they lived in Nizhnyaya Mokhovaya on the Western Siberian Plain. There he and his father took up hunting to put food on the table. (Kalashnikov was from then on an active hunter into his 90s.)

After just a few years in Siberia Kalashnikov asked to leave his family in order to get a better education, hitchhiking 600 miles back to Kurya, his first home. There he worked to become a mechanic for a the Turkestan–Siberian Railway, where he would hone his engineering skills, until 1938 when he was drafted.

Given his aptitudes and smaller size, Kalashnikov was made a tanker and never stopped tinkering. In just three years he made a name for himself in the Red Army, having invented a Tokarev-TT stabilizer for shooting through tank slits, a tank engine runtime calculator and an inertia-driven tank shell counter to let tankers know how many shots they had remaining.

These inventions were so popular that the Russian forces would make them standard on all tanks. Not bad for a poet.

In June of 1941 he was called to Leningrad to complete and standardize his tank modifications for implementation military-wide. On his way to Leningrad he was hit by a shell during the October Battle of Bryansk, which tore through his shoulder.

From his hospital bed Kalashnikov continued to contribute to the Great Patriotic War, by working on plans for a new submachine gun after hearing so many wounded soldiers complain about the quality of their small arms.

kalashnikov-2.jpgWhen he was released from the hospital in April of 1942 he was immediately granted a six-month sick leave to continue his recovery. It was in that span that he traveled to the Matai depot to develop and prototype his submachine gun.

And it was a failure. The design was not accepted into service but his talent would not go unnoticed. His largely self-taught body of experience led him to build an entirely original sub-machine gun and it was his unorthodox approach to building small arms that got the attention of the Main Ordnance Directorate.

It was there in 1944 that Kalashnikov turned his efforts to the increasingly-popular and proven effective self-loading rifle. Chambered for the new 7.62x39mm cartridge, Kalashnikov developed a simplified version of the M1 Garand and submitted the rifle to the Red Army for evaluation.

It, too was rejected in favor of the Simonov Carbine, or SKS, which would become the standard infantry rifle for the Soviet Army.

Over the course of three more years Kalashnikov continued to toil over new designs that could be made easily, used easily and cost less than traditional machined steel firearms. In the end he wound up with a plan that cherry-picked many proven mechanisms and traits from existing, battle-proven designs and spun them into something altogether new.

In 1947 his plans for a new type of assault rifle were accepted and put into manufacturing. The simplicity of the design, the low cost of manufacturing, the stamped-steel construction and impressive overall reliability propelled the AK-47 into the winner’s circle and it would officially enter service in 1949.

Unofficially, the AK-47 was still a failure. It would be years before it would see use in numbers and for nearly the next decade the SKS remained the actual standard infantry rifle.

It wasn’t until 1956 that engineers at Izhevsk were able to develop the technology to reliably weld together an AK-47 rifle as designed. In its first seven years of manufacture, the AK-47 had a tremendous rejection rate. They cost too much to make in numbers, and the interim solution, using a milled receiver, while reliable, was also expensive.

While the AK-47 may be the most successful design in the world, the truth is that there weren’t a lot of actual AK-47s made. The design went through three revisions, stamped and milled, before Kalashnikov unveiled the AKM, which is what we really think of when we hear “AK-47.” It would be this rifle that would make Kalashnikov a household name.

 

Whatever they’re called, they’re Kalashnikov rifles. And even as the sun sets on the original and improved designs by Kalashnikov and the Russian Military gears for the adoption of the AK-12 — a new Russian rifle that for the first time in over 60 years, departs from the fundamental AK pattern — Kalashnikov will remain a cherished, household name, as the Russian Ministry of Defense has renamed their small arms manufacturers the Kalashnikov Concern.

Kalashnikov was one of the most decorated inventors of all time. He served his country for over 70 years.

He also invented a lawnmower.

mardi, 24 décembre 2013

George Santayana

George-Santayana-Quotes-4.jpg

150. Geburtstag George Santayana

Ex: http://www.sezession.de

(Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)

von Till Kinzel

Santayana war ein Denker sui generis, der verschiedene Denkströmungen zusammenbrachte, die man gemeinhin als inkompatibel betrachtet.

PT-AK480_BRLede_DV_20081217173514.jpgEr war z. B. Materialist und Atheist (Naturalist), schätzte aber die religiösen Traditionen des Katholizismus. Santayana kam während seines Studiums in Berlin in Berührung mit dem Werk Schopenhauers, über den er auch seine Dissertation schreiben wollte. Dies wurde ihm jedoch von seinem Doktorvater in den USA verwehrt. Die starken ästhetischen Interessen Santayanas wurden aber durch die Lektüre Schopenhauers gefördert – sein frühestes Werk, das sich auch gegen Kant richtete, unternahm bereits eine Verteidigung des Sinns für Schönheit (The Sense of Beauty, 1896).

Die akademische Karriere an der Harvard-Universität, wo u. a. T. S. Eliot [3] und Robert Frost zu seinen Studenten gehörten, gab er 1912 auf und siedelte nach Europa über. Seit den zwanziger Jahren lebte er nur noch in Italien. Politisch hatte Santayana, weil er Ordnung über Chaos stellte, situationsbedingt durchaus eine generelle Sympathie für das innenpolitische Ordnungskonzept des frühen italienischen Faschismus [4] (siehe dazu den wichtigen Brief vom 8. Dezember 1950 an Corliss Lamont). Er hielt aber Mussolini für einen schlechten Menschen und dessen kriegerische Außenpolitik für fatal. Santayana wandte sich grundsätzlich gegen die politischen Erscheinungsformen der modernen massenpolitischen Systeme, wozu seiner Meinung nach auch der Amerikanismus gehörte. Es erschien ihm dagegen wichtig, aristokratische Elemente in der Gesellschaft zu bewahren, die für ihn mit der Vernunft in der Gesellschaft unbedingt vereinbar waren, wie er in The Life of Reason (1905–06) erklärte.

Santayanas ambivalentes Verhältnis zur Religion läßt sich von seiner Ästhetik her aufschließen. Denn Santayana denkt zuerst über die Kunst nach, bevor er die Religion aus ihrer Nähe zur Kunst her genauer in den Blick nimmt. Dabei hat er zunächst ein starkes Gefühl für die Notwendigkeit einer »Apologie der Kunst«, die Santayana durch den Beweis liefern möchte, daß »die Kunst zum Leben der Vernunft gehört«. Diese Verteidigung der Kunst ist notwendig, weil die Kunst aufs engste mit etwas verbunden ist, das man Verzauberung nennen kann und eben deshalb auch gefährlich ist. Denn, so Santayana, »Berauschtheit ist eine traurige Angelegenheit, zumindest für einen Philosophen «. Es ist demnach für Santayana eine philosophische Notwendigkeit, sich mit der Kunst als einer potentiellen Rivalin der Philosophie auseinanderzusetzen. Santayanas ästhetische Präferenzen dienen ihm als Ausgangspunkt für eine Reflexion auf die »Ursachen und die Feinde des Schönen«, was wiederum zu der politischen Frage führt, im Schutze welcher Mächte das Schöne gedeihen kann und unter dem Einfluß welcher Kräfte esdahinwelkt. Positiv werden jene Einflüsse gewertet, die die Entfaltung von Möglichkeiten fördern, während die negativen Einflüsse feindselige Umstände hervorbringen.

Die Unterscheidung zwischen diesen beiden Formen im politischen Leben erweist sich als die zentrale Aufgabe der politischen Philosophie im Sinne Santayanas, die vor allem in seinem Werk Dominations and Powers (1951) niedergelegt ist. Santayana steht insofern in der Nachfolge Spinozas, als er die Geschicke der Menschheit unter der Perspektive der Ewigkeit, sub specie aeternitatis, betrachtet. Er dachte dabei auch intensiv über den Wandel der politischen Ereignisgeschichte und der politischen Systeme nach, die er mit einer gewissen Distanz beobachtete, was ihn deutlich von den auf klare praktische Ziele ausgerichteten modernen Philosophen unterschied. Er lehnte deshalb auch entschieden die Projektemacherei von modernen Propheten à la Ezra Pound [5] ab. Platonisch war Santayanas Einsicht, daß eine uneingeschränkte Ernsthaftigkeit in menschlichen Dingen immer unangebracht sei. Eine große literarische Darstellung seiner Weltanschauung jenseits von Tragödie und Komödie bietet Santayanas Bildungsroman The Last Puritan (Der letzte Puritaner, 1936).

Santayanas politische Philosophie gehört in die skeptisch-realistische Tradition von Aristoteles über Montaigne, Locke und Hume bis zu Oakeshott [6], die sich um ein Verständnis der Grundlagen einer freiheitlichen Politik bemühten. Auch wenn er Machiavellis Ansatz ablehnte, anerkannte er dessen genuine Einsichten in die Welt der Politik und lobte ihn dafür, daß er den Tatsachen ins Auge sah und sie freimütig zum Ausdruck brachte. Santayana teilte diese Sicht und sah selbst sehr scharfsichtig, welches Gefahrenpotential z. B. in jenen »sentimentalen Banditen « schlummert, die sich einem falsch verstandenen Humanitarismus verschreiben: »Er raubt und mordet nicht zu seinem eigenen Nutzen, sondern für die Größe seines Landes oder die Befreiung der Armen.«

Santayana stand dem Liberalismus sehr kritisch gegenüber, da dieser sich weigerte, alles das zur Kenntnis zu nehmen, was es über Politik und Kultur zur Kenntnis zu nehmen gebe. Die Liberalen erschienen nach Santayana auf der Bildfläche, wenn »eine Kultur ihre Kraft verausgabt hat und rasch absinkt«. Die Liberalen würden in ihrem Bestreben, die Kultur zu reformieren, unter einer spezifischen Blindheit leiden, da sie die (nichtliberalen) Grundbedingungen dessen, was sie wertschätzten, nämlich geistige und künstlerische Errungenschaften, nicht erfaßten.

Schriften: The Sense of Beauty, New York 1896; The Life of Reason, 2 Bde., London 1905–06; Scepticism and Animal Faith, New York 1923; Der letzte Puritaner, München 1936; Die Spanne meines Lebens, Hamburg 1950; Die Christus-Idee in den Evangelien, München 1951; The Letters of George Santayana, hrsg. v. Daniel Corey, New York 1955; Dominations and Powers. Reflections on Liberty, Society and Government, Clifton 1972; Interpretations of Poetry and Religion, Cambridge, Mass. 1989; The Essential Santayana. Selected Writings, hrsg. v. Martin A. Coleman, Bloomington 2009.

Literatur: Thomas L. Jeffers: Apprenticeships. The Bildungsroman from Goethe to Santayana, New York et al. 2005; Till Kinzel: The Tragedy and Comedy of Political Life in the Thought of George Santayana, in: Limbo 29 (2009); John McCormick: George Santayana. A Biography, New York 1987; Paul Arthur Schilpp (Hrsg.): The Philosophy of George Santayana, Evanston 1940; Irving Singer: George Santayana. Literary Philosopher, New Haven 2000.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

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[2] Vordenker: http://antaios.de/detail/index/sArticle/1116/sCategory/9

[3] T. S. Eliot: http://www.sezession.de/40896/125-geburtstag-t-s-eliot.html

[4] frühen italienischen Faschismus: http://www.sezession.de/2339/faschismus-links.html

[5] Ezra Pound: http://www.sezession.de/3552/autorenportrait-ezra-pound.html

[6] Oakeshott: http://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/restposten-/1148/michael-oakeshott.-philosoph-der-politik?c=12

dimanche, 22 décembre 2013

Roberto de Moraes (1939 – 2010) In memoriam

Recordar um Amigo. Até sempre!

«De ano para ano tenho suportado, também, o sofrimento que Hölderlin atribui a Hyperionte: o sentimento de ser estrangeiro na própria pátria.”

Ernst Jünger

 
Ernst Jünger e Roberto de Moraes

vendredi, 20 décembre 2013

Bernard Lugan : le vrai Nelson Mandela


Bernard Lugan : le vrai Nelson Mandela