mercredi, 24 janvier 2024
Post-démocratie - Pas de place pour la dialectique interne et la confrontation dans les partis-casernes
Post-démocratie - Pas de place pour la dialectique interne et la confrontation dans les partis-casernes
par Mario Landolfi
Source: https://www.destra.it/home/post-democrazia-nei-partiti-caserma-non-ce-spazio-per-la-dialettica-interna-e-il-confronto/
Qu'est-il advenu de la minorité interne (autrefois) célébrée et redoutée ? À l'époque glorieuse de la Première République, chaque parti en possédait au moins une. Seul le PCI hésitait à proclamer son existence, peut-être par un vieux réflexe lié au sectarisme cultivé dans la clandestinité. Si bien qu'à l'opposé, même le MSI, tout en revendiquant une ascendance autoritaire, ne dédaignait pas la division en courants. C'est qu'à l'époque, une direction n'était pas éternelle, mais représentait une structure pro-tempore, presque toujours le résultat d'un affrontement de congrès autour de thèses opposées: les partisans de la thèse gagnante tentaient de la transformer en stratégie politique tandis que les partisans de la thèse perdante s'évertuaient à la saboter en attendant des temps meilleurs. Entre les assemblées, la majorité et la minorité intérieure continuaient à se flairer, à se défier et à se contaminer. Un prodige alchimique enfermé dans la formule de la soi-disant "dialectique interne", un euphémisme qui servait souvent à dissimuler pudiquement des contrastes profonds et des fractures verticales. Il n'est donc pas étonnant que les tribulations internes aient davantage contribué à dicter la ligne politique que les objectifs externes.
Là encore, rien de nouveau et rien de spécifiquement italien, puisque c'est Charles de Gaulle qui, avec le dégoût typique du général pour tout ce qui n'est pas militaire, a qualifié la politique de "cuisine des partis". Tout est donc normal. Comme le fait que personne ne pouvait rester chef malgré ses échecs. Une précision, cette dernière, qui n'est oiseuse qu'en apparence si l'on considère ceux, nombreux, qui continuent à faire la loi au sein de leur propre parti malgré leurs retentissants fiascos politiques et électoraux. Il en est ainsi, précisément, parce que la minorité est partout latente. Sauf au sein du parti démocrate, bien que même là, elle se déploie sous des formes désormais totalement inédites par rapport au passé, préférant des sorties extemporanées, souvent désordonnées et le plus souvent liées à des revendications personnalistes ou, tout au plus, groupusculaires. Bref, tout le monde s'en donne à cœur joie.
Et les résultats sont là : l'enquête de fin d'année sur les orientations politiques des Italiens, réalisée par Ipsos de Nando Pagnoncelli pour le Corriere della Sera, évalue à 42,2% (+ 3,2% par rapport aux élections générales de septembre 1922) le nombre d'abstentionnistes/indécis. Les raisons de la désaffection sont nombreuses, des millions, comme les étoiles de la publicité pour le célèbre salami, mais il ne fait aucun doute que parmi elles, il faut également mentionner l'absence de minorités internes organisées au sein des partis. Ce qui signifie accélérer la décomposition démocratique des partis et, par conséquent, provoquer une grave violation de l'article 49 de la Constitution ("Tous les citoyens ont le droit de s'associer librement en partis afin de concourir démocratiquement à la détermination de la politique nationale").
Oui, ce n'est peut-être pas clair pour tout le monde, mais notre Charte fondamentale protège les moyens plutôt que la fin. Cela signifie qu'un mouvement, un parti (pas un parti fasciste réanimé, dont la reconstitution serait expressément justifiée) peut également poursuivre des objectifs antidémocratiques (par exemple, la dictature du prolétariat), à condition de le faire démocratiquement. Dans ces conditions, chacun peut comprendre que la "mère de toutes les réformes" n'est pas tant la primauté que la nécessité de redonner un sens (et une légalité) à l'article 49 en "forçant" les partis à rendre leur direction contestable et à s'affronter également en leur sein.
Facile à dire, presque impossible à faire puisque l'argument se heurte de plein fouet à l'iceberg du droit électoral. Et même un enfant comprendrait que tant que le mode de scrutin actuel sera en vigueur, chaque chef de parti se sentira à l'étroit. Il ne lui échappe pas, en effet, que quiconque s'écarterait de ses décisions mettrait en péril sa candidature et donc sa nomination (et non son élection !) comme député ou sénateur. Et ce n'est pas tout, car le mécanisme de nomination - ainsi que la coïncidence de la direction et de la fonction de premier ministre dans la même personne - bouleverse complètement la relation entre le gouvernement et le parlement : c'est le premier qui contrôle et conditionne le second et non l'inverse, comme cela serait physiologique dans toute démocratie.
Il suffit de se rendre compte que la question de la minorité interne n'est pas un sujet mineur ou un sujet à confier à la magnanimité des dirigeants ou à la sensibilité des statuts. En effet, il est prévisible que les partis enfin contestables finiront par se rendre plus attractifs aux yeux des citoyens également du point de vue de l'engagement et de la participation, avec une possible récupération de la désaffection populaire et, par conséquent, avec une possible réduction du pourcentage d'abstentionnisme qui fait aujourd'hui du non-vote de loin le premier parti des Italiens.
Et si, sur le plan plus institutionnel, le retour des partis à la démocratie pourrait remettre à sa juste place la dialectique gouvernement-Parlement, sur le plan plus politique de la polémique, cela signifierait désarmer les dénigreurs assidus de la Casta, aussi bien ceux qui sont tapis dans la tribune que leurs trublions camouflés dans les stalles. Bref, qu'on le veuille ou non, l'avenir des partis dépend aussi de l'existence d'une minorité organisée en leur sein. Il ne s'agit pas de remplacer les actuels régiments prussiens où le chef décide pour tous par des armées de Bracaléone où personne ne commande, mais de rendre aux forces politiques leur rôle de lien avec la société civile et d'instrument de sélection de la classe dirigeante. Malheureusement (ou heureusement), une démocratie sans partis n'est pas encore en vue alors que des partis sans minorités, nous y goûtons déjà. Et nous avons tous compris qu'ils sont plus fades qu'une soupe sans sel.
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mercredi, 18 mai 2022
Des partis, de la corruption et de l'hypermoralisme
Des partis, de la corruption et de l'hypermoralisme
Andreas Mölzer
Source: https://andreasmoelzer.wordpress.com/2022/05/12/von-parteien-korruption-und-hypermoral/
La démocratie, telle qu'elle s'est développée dans le monde occidental, est essentiellement organisée comme un État de partis. Les partis politiques représentent pour ainsi dire l'ensemble des couches sociales et des attitudes idéologiques de la communauté concernée. Le mot "parti" vient en effet du latin "pars", qui signifie partie.
S'il existait à l'origine trois grands camps dans le paysage politique autrichien - le camp chrétien-conservateur, le camp social-démocrate-austro-marxiste et le camp national-libéral -, les partis correspondants représentaient donc plus ou moins l'ensemble du spectre idéologique et sociologique du pays. Bien entendu, ce spectre a largement changé au cours de l'évolution historique des 100 dernières années. Néanmoins, les partis politiques qui existent actuellement dans le pays ont tous pour mission implicite de représenter une partie de la société. Et lors de chaque scrutin, on vérifie toujours si les partis se voient reconnaître ce droit de représentation.
Concrètement, cela signifie pour le paysage politique autrichien que la question se pose toujours de savoir si le Parti populaire, par exemple, défend des valeurs conservatrices et représente réellement les intérêts de sa clientèle et de l'économie. De même, on peut se demander si la social-démocratie défend réellement et efficacement les droits des travailleurs. Et bien sûr, il faut aussi vérifier si les libéraux représentent toujours les intérêts nationaux et libéraux, c'est-à-dire les intérêts de leur électorat. Il est clair que le caractère de ces intérêts est différent à notre époque de ce qu'il était sous la Première République ou dans les décennies d'après-guerre.
Ainsi, à l'origine, sous l'impulsion de son fondateur Lueger, le parti chrétien-conservateur représentait principalement les intérêts des petits commerçants, puis ceux de la grande bourgeoisie et de l'industrie. Aujourd'hui, le Parti populaire se considère comme le représentant de toutes les couches de la population par le biais de ses fédérations. A cet égard, il n'est plus vraiment crédible. La social-démocratie a également fait son temps en ce qui concerne sa clientèle d'origine. La classe ouvrière en tant que telle n'existe plus qu'à l'état résiduel. La social-démocratie est aujourd'hui devenue une représentation de la petite bourgeoisie, mais aussi des pseudo-intellectuels de gauche.
Quant aux libéraux, la politique nationale n'est évidemment plus aujourd'hui la recherche d'un rattachement politique à l'Allemagne, mais tout simplement la défense de la préservation et du développement de la culture spécifiquement autrichienne et de la langue maternelle allemande. Et si la politique libérale était à l'origine la lutte pour la constitution et l'État de droit, il ne fait aucun doute qu'elle consiste aujourd'hui à s'opposer à l'érosion des droits civils fondamentaux, comme nous l'avons vu par exemple lors de la pandémie du coronavirus.
Si les partis politiques ne sont plus en mesure de résister à ce contrôle de l'accomplissement de leur mission, ils risquent de devenir des partis banals. Ils ne représentent plus une partie de la société, ils ont la prétention de défendre tout et rien. Ils perdent donc inévitablement la confiance de leur électorat potentiel et finissent tôt ou tard par sombrer dans l'insignifiance politique. Ainsi, bien que les partis politiques représentent théoriquement l'idéologie de leur électorat, ils ne sont en aucun cas des associations idéalistes dans leur essence même.
Conformément à la "loi d'airain de l'oligarchie", telle que nous la connaissons depuis Robert Michels, les partis politiques se livrent plutôt à une lutte permanente pour le pouvoir et les positions, c'est-à-dire pour les mandats. Et cela implique un haut degré d'opportunisme et la volonté de mener des intrigues impitoyables. Les partis politiques, ou plutôt les rouages de ces partis, ne font donc pas ressortir ce qu'il y a de bon, de noble et de beau dans l'homme, mais favorisent plutôt, dans de nombreux cas, la médiocrité, voire l'infamie.
L'adage bien connu "ennemi, ennemi mortel, ami de parti" est tout à fait pertinent. On peut le vérifier dans tous les partis du pays, aussi bien dans la social-démocratie que dans le parti populaire et les libéraux. La lutte pour l'influence, pour les fonctions et les mandats dans les partis et donc dans l'appareil d'État, et donc en même temps la lutte pour les mangeoires, se déroule principalement dans les partis politiques, et pas seulement dans ce pays.
De plus, les partis politiques, sans exception, ont tous tendance à être corrompus lorsqu'ils sont au pouvoir depuis trop longtemps. Comme le dit si bien le proverbe, le pouvoir corrompt et le pouvoir total corrompt totalement ! Aujourd'hui, dans les démocraties occidentales, il existe suffisamment de mécanismes de contrôle pour empêcher les abus de pouvoir. Néanmoins, il est facile pour les partis politiques qui restent trop longtemps aux commandes du pouvoir de contourner ces mécanismes de contrôle. Le Parti populaire autrichien, qui a été au gouvernement fédéral pendant plus de trois décennies sans interruption, en est certainement un exemple, avec de nombreuses affaires de corruption à son actif.
Cependant, la corruption en Autriche n'est pas seulement une spécialité du Parti Populaire, non, les sociaux-démocrates ont également à leur actif une multitude de cas de corruption au cours de l'histoire de la Seconde République. Cela est dû en grande partie au système de la proportionnalité. Grâce à ce système, les partis politiques au pouvoir dans la Deuxième République, à savoir le Parti populaire et la Social-démocratie, ont réussi à placer des membres de leur parti à tous les postes de direction de l'administration, de l'économie, de la culture et même du sport, tant au sein de l'État qu'en dehors de l'État.
Pour être juste, il faut dire que même les libéraux, pour la plupart dans l'opposition, n'étaient pas à l'abri de la tentation de la corruption lorsqu'ils occupaient des fonctions gouvernementales, comme le prouvent les procédures judiciaires engagées contre des membres de la "Buberl-Partie" de Jörg Haider, par exemple contre l'ancien ministre des Finances Karl-Heinz Grasser ou Walter Maischberger.
Dans le cadre de la lutte contre la corruption, qui est sans aucun doute nécessaire, une sorte d'hypermoralisme s'est développée au cours des dernières décennies, qui criminalise d'une part les comportements qui font penser le moins du monde à la corruption, mais qui d'autre part n'affecte guère les processus de fraude et de corruption de grande ampleur. Ainsi, le simple fait d'être invité à un déjeuner est considéré comme une tentative de corruption, alors qu'il est difficile de lutter contre les ententes sur les prix ou les cartels cachés, par exemple dans le secteur du bâtiment. Si les partis politiques avaient autrefois l'habitude de fournir des emplois et des logements à leurs clients, cela est aujourd'hui considéré comme de la corruption absolue.
En résumé, les partis politiques font tout simplement partie de la démocratie et sont sans aucun doute irremplaçables. Il est tout simplement impossible de répondre à la question de savoir ce que l'on pourrait mettre à leur place, quelles alternatives pourraient exister. Mais il faut aussi dire que l'État de partis est très vulnérable à la corruption. Pour lutter contre ce phénomène, il est sans aucun doute nécessaire d'imposer la transparence et d'optimiser les mécanismes de contrôle. Et pour cela, il faut à nouveau éviter le développement de cette hypermorale, de cette certaine morale factice qui, avec une hypocrisie sans précédent, prétend lutter contre la corruption, mais qui ne sert finalement qu'à la dissimuler.
Le fait est justement que l'homme est un être entaché de défauts et de faiblesses, et qu'il est trop facilement tenté par la corruption. Et toute œuvre humaine est elle-même entachée de faiblesses et de défauts. Il appartient au droit pénal et à notre structure constitutionnelle d'en tenir compte.
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jeudi, 10 août 2017
Souveraineté populaire en Allemagne? Hans Herbert von Arnim exige davantage de démocratie directe
Souveraineté populaire en Allemagne?
Hans Herbert von Arnim exige davantage de démocratie directe
Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr
«Si toujours davantage de personnes sont de l’avis que la politique échappe à leur volonté et qu’ils n’ont plus voix au chapitre – est-ce une fausse conclusion populiste? Ou bien l’impression des citoyens d’être dépossédés de leur droits serait-elle fondée?»1
rt. Le débat sur la souveraineté populaire (démocratie) reste virulent. On reconnaît rapidement l’importance de notre démocratie directe en regardant au-delà de nos frontières. De plus en plus de citoyens et citoyennes ne s’y sentent plus représentés avec leurs préoccupations par les représentants politiques ou députés. Tout spécialement dans les démocraties représentatives, telles la France ou l’Allemagne, cette impression est entièrement fondée. L’écart entre les préoccupations de la population et leur réalisation par la politique officielle s’agrandit constamment. Le «désintérêt croissant pour la politique» est une des conséquences s’exprimant dans un abstentionnisme croissant lors d’élections. Cela fut très clairement illustré par les récentes législatives françaises où plus de la moitié des électeurs n’y a pas participé et presque un dixième des électeurs ont voté nul ou blanc. Un autre signal d’alarme est représenté par les sérieuses défaites obtenues par les partis établis ou leurs candidats malgré les campagnes de communication intenses soutenues par les grands médias et les chaînes étatiques.
De graves déficits en matière des droits démocratiques
Etant donné que ces évènements sont de plus en plus fréquents au cours des derniers mois, le mécontentement exprimé par les citoyennes et citoyens est stigmatisé par le terme de «populisme». C’est évidemment faux et bien utile pour détourner l’attention des gens des vrais problèmes. Quand le droit en vigueur n’est plus respecté comme dans de nombreux Etats concernant par exemple la «question de l’immigration» et quand on n’a plus la possibilité de corriger de fausses décisions par les votations populaires, il y a donc de graves déficits en matière des droits démocratiques.
Abus de pouvoir par les partis politiques
Dans sa dernière publication, Hans Herbert von Arnim – éminent spécialiste en droit et en économie, ancien recteur de l’Université pour les Sciences administratives de Speyer et juge constitutionnel dans le Land de Brandebourg – analyse exactement les questions de la représentation du peuple à l’aide d’exemples concernant l’Etat allemand et l’UE.2 Depuis des décennies, l’auteur analyse les abus de pouvoir, l’incompétence et l’opportunisme des partis aux niveaux communal, régional et fédéral.
Dans la plus grande partie des démocraties représentatives, les représentants du peuple sont organisés dans des partis. Entretemps, ceux-ci mènent en Allemagne une vie à part. Ce sont eux qui décident des candidats et de leurs programmes. Cela a créé une partitocratie, à juste titre vivement critiquée. Car, entretemps ce sont les partis, c’est-à-dire un petit groupe de personnes dirigeantes, qui décident comment les députés doivent voter. Il serait naturellement intéressant d’analyser à qui ces quelques personnes obéissent …
L’Etat, une proie des partis politiques
Dans son analyse factuelle et détaillée, von Arnim décrit comment la représentation populaire prévue par la Loi fondamentale allemande est toujours et encore systématiquement sapée par la partitocratie. Ainsi, les lois devant réglementer le financement des partis sont élaborées par ces mêmes partis. Mais aussi des postes dans l’administration publique – ayant entre autre la tâche de contrôler les partis ou de recruter les membres des tribunaux responsables de juger les affaires des partis – sont pourvus par les partis établis. Au cours des décennies écoulées, l’Etat allemand est devenu de plus en plus la proie des partis et de leurs fonctionnaires de pointe. Les partis décident des règles du jeu. Ils ont pu supprimer les mécanismes de contrôle ayant pour but de les contrôler.
On arrive ainsi à la situation paradoxale que les représentants élus du peuple ne représentent plus leurs électeurs mais les intérêts des dirigeants de leur parti et les groupes d’intérêts se trouvant derrières. Aussitôt qu’un député diverge de la ligne du parti et suit sa conscience, il court le risque de perdre sa place sur la liste électorale de son parti.
A qui obéissent les hommes politiques?
Cette situation intenable devient évidente en comparant le constant rejet, depuis des décennies déjà, des missions militaires allemandes à l’étranger par la population allemande avec les résultats des votations de leurs représentants au Bundestag. Comme dans de nombreuses autres questions, les politiciens décident à l’encontre de leurs électeurs.
Cet état des choses ne peut être dissimulé et représente de plus en plus un sérieux problème pour de larges couches de la population.
La tentative de dénigrer toute critique justifiée et tous les désirs de changements à l’aide du terme «populisme» porte des traits absolutistes. Le fait d’exprimer une autre opinion que celle véhiculée par les grands médias est suspecte. Quiconque veut remettre en question ou limiter la démocratie par de tels moyens doit s’en expliquer.
De quel droit ces personnes se permettent-elles de se positionner au-dessus de leurs concitoyens? Le parti a-t-il (à nouveau) toujours raison? Y a-t-il (à nouveau) des gens au sang bleu sachant de par leur naissance mieux ce qui est juste que le «petit» peuple. Les prétendus «experts», ont-ils le droit de mener le pays dans le mur (comme lors de la crise financière) ou le pays a-t-il (à nouveau) besoin d’un Führer ou d’une élite dirigeante qui, étant «meilleure» que les autres, a le droit de les dominer? Donc un retour vers l’absolutisme?
Etat citoyen au lieu de la partitocratie
Von Arnim traite intensément la question pertinente comment changer cette situation. Il exige le retour à l’Etat citoyen démocratique. Mais comment endiguer de manière sensée le régime des partis? L’auteur voit la solution dans davantage de participation directe des citoyens par des votations populaires, existant déjà dans plusieurs Länder – mais malheureusement de manière très limitées. Il y voit une solution. Les citoyennes et citoyens doivent-ils réellement se contenter de la situation que «leur» député puisse, en leur nom, faire tout ce que le parti lui dicte pendant les quatre ans pour lesquels ils l’ont élu? Pensons donc aux missions de l’armée à l’étranger, à l’immigration en masse illégitime et non réglementée, à la dette excessive de l’Etat, aux garanties financières illimitées envers les banques et les Etats endettés par la BCE ou juste aux coûts exorbitants de l’aéroport berlinois en construction.
Effets positifs de la participation directe en démocratie
Von Arnim décrit de manière détaillée les effets positifs de la participation directe: les lois s’avérant inaptes peuvent être supprimées par les citoyennes et citoyens. Les nouveaux projets de lois sont donc préparés plus soigneusement. Des projets insensés ou mal ficelés pourraient être refusés. Les citoyennes et les citoyens participent activement et peuvent s’exprimer sur des questions les concernant. Les activités arbitraires de la partitocratie peuvent être limitées.
Après plus de 60 ans, il serait vraiment approprié d’instaurer au niveau fédéral une participation sur la base de la démocratie directe, comme cela est prévu par la Loi fondamentale allemande. Poursuivre la voie actuelle deviendrait fatal pour le pays. •
1 Cf. von Arnim, Hans Herbert. Die Hebel der Macht und wer sie bedient. Parteienherrschaft statt Volkssouveränität. Klappentext. 2017. ISBN 978-3 453-20142-2
2 Die Hebel der Macht und wer sie bedient. Parteienherrschaft statt Volkssouveränität. [Les leviers du pouvoir et les personnes qui s’en servent. Particratie au lieu de souveraineté populaire.]
09:40 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hans herbert von arnim, partitocratie, démocratie directe, allemagne, europe, affaires européennes, actualité, théorie politique, politologie, sciences politiques, démocratie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 19 mai 2017
Les fruits pourris de la partitocratie allemande
Les fruits pourris de la partitocratie allemande
par Karl Müller
Ex: http://www.zeit-fragen.ch
A la veille des élections au Bundestag allemand de septembre 2017, la Landeszentrale für politische Bildung [«Centrale pour la formation politique»] de Bade-Wurtemberg a publié une étude de 88 pages concernant le «populisme de droite». Cette institution étatique de droit public est soumise au Landtag [Parlement] de Bade-Wurtemberg. Actuellement, cinq partis politiques sont représentés au Landtag: l’Alliance 90/Les Verts, la CDU, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), la SPD et la FDP. L’AfD a, lors des élections au Landtag en mars 2016, obtenu la troisième place en nombre de voix, soit 15,1% des électeurs en faveur des candidats de ce parti. La situation est similaire dans d’autres Länder du pays. Les adversaires de l’AfD sont choqués et s’efforcent de faire diminuer le nombre d’électeurs en faveur de ce parti afin de le faire disparaître de la scène politique.
Une institution étatique discrimine un parti
Avec sa nouvelle brochure, la «Centrale pour la formation politique» s’immisce activement dans la campagne électorale. Elle apparaît comme un soutien aux autres partis, car dans ce cahier, dans le chapitre consacré au «populisme de droite» se trouvent des textes dépréciatifs visant l’AfD, donc l’un des partis se présentant aux élections de septembre.
Les concurrents de l’AfD ont le droit, dans le cadre de leur liberté d’opinion, de s’exprimer sur l’AfD comme sur d’autres partis. Mais ce n’est pas le cas pour une institution étatique telle que la «Centrale pour la formation politique du Bade-Wurtemberg».
Dans son article 21, la Loi fondamentale allemande règle le rôle des partis politiques et les relations entre l’Etat et les partis. On y trouve les formulations suivantes:
«(1) Les partis concourent à la formation de la volonté politique du peuple. Leur fondation est libre. Leur organisation interne doit être conforme aux principes démocratiques. Ils doivent rendre compte publiquement de la provenance et de l’emploi de leurs ressources ainsi que de leurs biens.
(2) Les partis qui, d’après leurs buts ou d’après le comportement de leurs adhérents, tendent à porter atteinte à l’ordre constitutionnel libéral et démocratique, ou à le renverser, ou à mettre en péril l’existence de la République fédérale d’Allemagne, sont inconstitutionnels. La Cour constitutionnelle fédérale statue sur la question de l’inconstitutionnalité.
(3) Les modalités sont réglées par des lois fédérales.»
Les organes et les institutions étatiques ne peuvent intervenir dans la vie des partis que dans la mesure où ces derniers ne répondent pas aux conditions de l’alinéa 1 de l’article 21 ou si, selon l’alinéa 2, ils sont inconstitutionnels.
Au préalable de l’éventuelle reconnaissance par la Cour constitutionnelle allemande d’une violation de la Constitution, les partis peuvent être observés par les autorités des Länder et l’Office fédéral pour la protection de la Constitution, lors d’un soupçon fondé d’inconstitutionnalité. Il est alors possible de mentionner les partis concernés dans les rapports publiquement accessibles de ces offices.
«Populisme de droite», une notion agressive …
«Populisme de droite» n’est pas une notion constitutionnelle ou d’importance juridique. C’est, tout au contraire, une notion chargée d’émotion et de ce fait plutôt diffuse utilisée dans les débats d’idées entre les partis et très souvent à caractère plutôt dépréciatif. Il vise une mise à l’écart de la société et donc à la discrimination. Il n’est pas compatible avec la participation à la vie politique et sociale sur un pied d’égalité de tous les partis et toutes les personnes.
… et le rôle ambigu de certains professeurs universitaires
Il n’est guère possible d’améliorer cette situation quand des professeurs universitaires se mêlent de cette lutte d’opinion, comme cela est le cas dans la brochure de la «Centrale pour la formation politique». Il s’agit bien plus d’une instrumentalisation alarmante des Hautes écoles afin d’enrober une certaine position d’une touche «scientifique». Pour l’instant, on ne se préoccupe guère publiquement de ce procédé. La grande majorité des membres des Hautes écoles continuent de se prévaloir d’une aura scientifique impliquant soi-disant l’objectivité et la vérité. Des études, telle celle de Tim B. Müller parue en 2010 concernant l’instrumentalisation de milliers de «scientifiques» par les services secrets américains – «Les va-t’en-guerre et les savants. Herbert Marcuse et les systèmes de pensée pendant la guerre froide» – ne sont guère publiquement discutées. On peut estimer qu’il n’en ira pas autrement en Allemagne, alors même que la Loi fondamentale élève la «liberté de la science» à un droit fondamental. C’est donc cette dépendance bien visible et cet esprit partisan de nombre de scientifiques qui répand dans la population un scepticisme concernant les performances des universités. Malheureusement, cela mène également au scepticisme envers la science elle-même.
Pour un pays comme l’Allemagne, prétendant appliquer la séparation des pouvoirs et être un Etat de droit libre et démocratique, cette prise de parti de la part des organes et des instances étatiques représente un grand danger. Par la soumission de scientifiques aux puissants partis politiques, on augmente gravement ce danger.
L’Allemagne, une partitocratie
L’Allemagne est depuis longtemps caractérisée de «partitocratie», c’est-à-dire un Etat dans lequel les partis politiques tiennent fortement en mains le pouvoir étatique. Il existe cependant diverses appréciations de ce fait. Les partis utilisent-ils ce pouvoir pour le bien commun, ou en profitent-ils pour des intérêts personnels? L’exemple de la «Centrale pour la formation politique» de Bade-Wurtemberg se prête à la deuxième version, comme bien d’autres organismes. Des esprits critiques envers la partitocratie, à l’instar de Karl Albrecht Schachtschneider et Hans Herbert von Arnim, tous deux spécialistes de droit public, mettent depuis de nombreuses années le doigt sur ce phénomène.
Il semble cependant que tous les partis ne sont pas les bienvenus dans cette partitocratie. Pour «y avoir accès» en tant que parti, il faut remplir des «conditions d’accès» se trouvant au-delà du droit et de la loi. C’est ainsi que les partis se départagent les possibilités d’influer sur le pouvoir étatique afin de discriminer un nouveau parti qui, au cours des élections des trois dernières années, a connu d’importants succès et caresse l’espoir de faire son entrée dans le Bundestag en septembre prochain.
«Course au pouvoir» et «oubli du pouvoir»
Richard von Weizsäcker, membre du CDU et ancien président fédéral du pays, avait déjà déclaré – il y a 25 ans, dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit – que l’orientation vers partitocratie était une erreur. Il estima que l’influence des partis dépassait de loin ce que la Loi fondamentale avait voulu: «Ils [les partis] s’infiltrent dans toutes les structures de notre société, y compris dans la vie des sociétés pourtant apolitiques […]. Cela s’étend, directement ou indirectement, dans les médias, dans la justice lors des élections de juges, mais également dans la vie culturelle et sportive, dans les instances cléricales et les universités.» Les organes étatiques, prévus par la Loi fondamentale, «ont passé sous la houlette d’une influence grandissante […] d’un centre ne faisant pas partie des organes constitutionnels, mais se trouvant pratiquement au dessus d’eux: les centrales des partis politiques.» Richard von Weizsäcker parlait de la «course au pouvoir» et de l’«oubli du pouvoir» des partis. Course au pouvoir, car le seul but des partis consiste à gagner les élections et à renforcer ses positions au sein du pouvoir étatique; oubli du pouvoir, car les partis ont totalement perdu de vue leur mission constitutionnelle de contribuer à la formation de la volonté politique du peuple tout en respectant la souveraineté populaire et l’ordre étatique constitutionnel.
L’injustice ne peut être combattue que par la justice
Il y a 25 ans de cela et l’état des choses n’a pas avancé. Bien au contraire. L’absence de scrupules des partis, dans leur façon de traiter le pouvoir étatique qu’ils ont usurpé, s’est accrue. Aujourd’hui, on entend dire que l’Allemagne se rapproche, ou se trouve
déjà, dans une situation remplissant les conditions mentionnées dans l’article 20 al. 4 de la Loi fondamentale. Cet article précise que «tous les Allemands ont le droit de résister à quiconque entreprendrait de renverser cet ordre, s’il n’y a pas d’autre remède possible.»
«Résistance» signifie uniquement rétablir l’ordre étatique prévu par la Loi fondamentale. Cela correspond à dire que la «résistance» ne doit pas dépasser le cadre de l’ordre constitutionnel et étatique, qu’elle est limitée par les droits fondamentaux formulés dans le cadre de la Loi fondamentale. L’injustice doit être combattue par la justice.
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mardi, 06 décembre 2016
Particratie in de politiek Chris Aalberts en Arnout Maat
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samedi, 29 octobre 2016
De particratie - Arnout Maat
Sid Lukkassen:
De particratie - Arnout Maat
Ex: http://www.doorbraak.be
Is het mogelijk om de particratie van binnenuit om te vormen tot een democratie?
De Particratie is een werk van de aanstormende intellectueel Arnout Maat. Vanuit zijn achtergrond in geschiedenis, politicologie en politieke communicatie presenteert hij een relaas over het huidige politieke bestel. De essentie is dat politieke partijen al een eeuw lang een véél grotere rol spelen in de representatieve democratie dan ooit door onze grondwet is bedoeld. ‘De particratie van binnenuit omvormen to een democratie, zoals D66 ooit poogde te doen, is onmogelijk: alsof men een rijdende auto probeert te repareren’, zo vat Maat zijn relaas op de achterflap samen.
Maat over het falen van D66
‘Om meer democratie in te voeren zal er door de partijen actief gehandeld moeten worden om hun eigen machtsbasis te verzwakken’ (p191). De auteur zegt ook hoe: ‘Een eerste optie is het oprichten van een populistische, anti-particratische partij.’ Dat is zeer interessant, want via het voorbeeld van D66 – een hoofdonderwerp in het boek – laat Maat nu juist zien hoe dit tot mislukken gedoemd is. D66 kondigde zich lang geleden aan met een agenda van bestuurlijke vernieuwing: zij wilden de kloof dichten tussen burgers en elite, bijvoorbeeld via referenda en de gekozen burgemeester. Vervolgens zou een districtenstelsel worden ingevoerd waarna de partij zichzelf zou opheffen. Vandaag ziet Maat dat D66 bij uitstek een regentenpartij is: een politieke club van ambtenaren en lobbyisten. Het volk keert zich af van de “progressieve” idealen en dus verruilt D66 de democratie voor technocratie.
Als we Maats redenering volgen dan moeten de tegenkrachten zich, om waarlijk democratisch te kunnen zijn, buiten de gecorrumpeerde “representatieve democratie” positioneren. Want de geschiedenis van D66 leert dat ons achterhaalde politiek bestuursysteem niet van binnenuit te hervormen is, maar van buitenaf moet worden opengebroken. Maat legt glashelder uit hoe dit komt: politieke carrières worden gemaakt en gebroken met het woordvoerderschap over interessante dossiers en mediaoptredens. Beiden kunnen alleen via de kanalen van de partij geregeld worden. Hierdoor is de politicus afhankelijk van de partij en dus is "zonder last of ruggespraak" een fictie.
Volkssoevereiniteit en revoluties
Dikwijls haalt men de volkssoevereiniteit en Thorbecke er bij als het over deze kwestie gaat – Maat citeert hem in het openingsmotto van dit boek. Ik wijs er op dat Thorbecke in zijn notities (Utrecht 2007) de volkssoevereiniteit "een chaotisch denkbeeld" noemt; "de volkswil van het ogenblik." Als de volksvertegenwoordiging zich naar de wil van het volk te richten heeft dan is het volk de feitelijk regerende – dat is volgens hem een innerlijke tegenspraak.
De particratie past perfect in een culminatiepunt van discussies over islamisering, volkssoevereiniteit, de rol van de EU en directe democratie. Allemaal debatten die op hetzelfde moment leven: denk aan het proefschrift van Geerten Waling, het boek Waarover men niet spreekt van Wim van Rooy en het huidige verkiezingsprogramma van de PVV. Het dilemma met al deze betoogtrends is dat als je jezelf filosofisch eerlijk opstelt, even de maatschappelijke conventies loslaat en ze écht doortrekt, dat je dan buiten het domein van de maatschappelijke conventies treedt, omdat je moet gaan denken in termen van staatsgrepen, volksopstanden en revoluties. Maar dat is nog niet makkelijk als je een baan als politicus of academicus wil behouden – en dus eindigt ook dit boek met een sussend slot. Iets van een "infiltratietactiek" met als voorbeeld de G500 (het plan van Sywert van Lienden om jongeren massaal lid te laten worden van CDA, PvdA en VVD). Terwijl het boek nu net zélf betoogt dat hervormingspogingen gedoemd zijn tot mislukken zolang men binnen het systeem blijft denken en opereren – wat de auteur nota bene aan de hand van D66 en G500 demonstreert. ‘Men kan immers geen auto repareren terwijl hij rijdt.’
Spoedcursus Gramsci
Dat wat Maat omschrijft als probleem, is met zijn eigen begrippen en methoden niet op te lossen. Dit is zo klaar als een klontje. Voor allerlei machtige baantjes zijn er sowieso geen democratische verkiezingen. Hij noemt: ‘Burgemeesters, commissarissen van de koning, hoge ambtenaren, secretarissen- en directeuren-generaals, leden van de Raad van State en van de Algemene Rekenkamer, bestuurders van de publieke omroep, kroonleden van de Sociaaleconomische Raad, de Wetenschappelijke Raad voor het Regeringsbeleid, het Commissariaat voor de Media en allerlei andere zelfstandige bestuurs- en adviesorganen’ (p181-2). Wie denkt dat partijen zich deze benoemingen met wettelijke middelen uit handen laten spelen, die moet echt even een opfriscursusje "lange mars door de instituties" volgen bij Antonio Gramsci.
Het boek voert tot conclusies die niet kunnen worden toegegeven, en dus worden er conclusies opgevoerd die zwakker en minder geloofwaardig zijn dan de krachtige opbouw van het betoog. Natuurlijk kan men terecht de vraag stellen of zo'n “volksopstand” dan naderbij begint te komen – met de EU die de greep kwijt is op het migratiedossier, geplaagd wordt door voortwoekerende schuldencrisissen en via het beleid ten aanzien van Turkije en Rusland in een kwetsbare, chantabele geopolitieke positie is geraakt. Recente rellen in steden hebben de autoriteiten getest, en de autoriteiten zijn licht bevonden. Terwijl de rijksoverheid zich via de decentralisering en de participatiesamenleving langzaam terugtrekt, zijn de politieke partijen volgens Maat juist bezig hun macht te concentreren: ‘Partijinstituties proberen, zoals veel andere organisaties, zoveel mogelijk macht voor henzelf te vergaren. De particratie is een macht die geneigd is het laatste woord in de besluitvorming over te nemen’ (p21).
Maat noemt sociale media, zoals blogs en nieuwssites, waarmee burgers zich kunnen organiseren om tegengewicht te bieden aan de particratie (p187). Toch zijn ook deze media steeds meer voortzettingen van de mainstream media. Men googelt wat informatie over het debat tussen Clinton en Trump: werkelijk alle top zoekresultaten zijn niet neutraal – ook op Youtube krijg je deze eenzijdige video's voorgesteld. Zoals Maat zelf concludeert: ‘De eenstemmige volkswil bestaat niet, en wat wij aanduiden als de “wil” van de burger wordt in grote mate juist bepaald door de overtuigingskracht van de elite in plaats van andersom’ (p188).
Democratische controle ebt weg
De auteur benadrukt dat meer mensen moeten gaan stemmen voor de Eerste Kamer, om dit orgaan een meer democratisch mandaat te geven (p222). Ik zie hier een ander probleem, namelijk dat deze verkiezingen – die van de Provinciale Staten – geheel ten teken komen van visies op het nationale kabinet. Wat er op het Provinciehuis gebeurt valt zo buiten de campagne en buiten de democratische controle. Zodoende runnen ambtenaren en technocraten daar de show. Dit punt benadrukte ik bij mijn eigen Provinciale Statencampagne in 2015. Toen ik het inbracht in een debat tijdens de kadertraining begreep het Kamerlid dat mij moest beoordelen überhaupt niet waar ik het over had.
Vervolgens stelt Maat dat ‘ook in een volledige democratie, waarin het volk het laatste machtswoord bezit, de meest verlichten van geest via de rede mensen voor hun plannen zullen winnen" (188). In Avondland en Identiteit (Aspekt 2015) heb ik nu juist bewezen dat emotionele manipulatie een veel grotere rol speelt in de politieke cultuur dan rationele argumenten. Case in point opnieuw Hillary en Trump. Neem nu het geopolitieke deel van hun tweede presidentsdebat – wat voor Europa het meest relevant is. Trump heeft daar toch wel wat zinnige dingen gezegd. Zoals: ‘Goh, misschien is het beter de lijn van Bush en Obama niet door te zetten en om met Rusland tot een compromis te komen, gezien de opbouw van conflicten in het Midden-Oosten, Oost-Europa en de Stille Zuidzee.’ Toch zien we zelfs hier in Europa alleen media voorbijkomen die het hebben over Trump de vrouwonvriendelijke kruisgrijper. Het échte vrouwenmisbruik, zoals de besnijdenissen en kindbruiden, verdwijnen tegelijk ongestraft van de agenda. Maats optimistische vertrouwen "dat in democratieën uiteindelijk de rede zal zegevieren" is zodoende misplaatst.
Referenda: voor en nadelen
Tot slot – onvermijdelijk in discussies over staatsrechtelijke vernieuwing: referenda. Het idee hierachter is dat de massa's gepolitiseerd raken en mee kunnen beslissen. Maar wie eenmaal deze vorm van directe democratie verwerft krijgt ook referenda over bijvoorbeeld het basisinkomen. Daar zitten veel “rechtse” mensen die nu voor directe democratie zijn niet op te wachten. Bovendien kunnen zo op legitieme wijze (delen van) shariawetgeving worden ingevoerd, afhankelijk van de demografische ontwikkelingen binnen regio's: in het Verenigd Koninkrijk is hiervoor onlangs rechter Shamim Qureshi aangesteld.
Verder is het zo dat hoe meer mensen mogen stemmen, hoe minder invloed uitgaat van één stem. Hierdoor wordt het steeds minder rendabel qua tijdsinvestering om een onderwerp diepgaand te bestuderen alvorens te stemmen. Het voordeel van directe democratie is dat mensen mogen stemmen die de directe nadelen ondervinden van bijvoorbeeld migratiebeleid, terwijl de huidige elite daarvan zo goed als verschoond blijft. Maar hoe direct men democratie ook maakt: men blijft altijd stemmen over de portemonnee van anderen. Wie in de lokale politiek actief is weet dat zaken als schutterijen en voetbalverenigingen meer gewicht in de schaal leggen dan argumenten.
Tot besluit
Maar nogmaals, al deze kritiekpunten betreffen de inzichten van het boek, want qua stijl, leesvlotheid, structuur en bronraadpleging steekt het sterk in elkaar. De argumenten zijn krachtig, maar ik bekritiseer de conclusies die uit de argumenten worden getrokken. Ik zou het boek zeker op de leeslijst zetten bij een vak als staatsinrichting.
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mardi, 18 octobre 2016
Parteienstaat und Staatsparteien
Parteienstaat und Staatsparteien
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mercredi, 26 août 2015
De particratie en de politieke dynastieën: hoe ze beide het (Belgische) status-quo in stand houden
De particratie en de politieke dynastieën: hoe ze beide het (Belgische) status-quo in stand houden
door Johan Sanctorum
Ex: http://www.doorbraak.be
Deze week publiceert Knack de resultaten van een onderzoek naar een fenomeen dat we allemaal kennen: het bulkt in onze politieke wereld van zoons-van en dochters-van. De Van den Bossches, De Guchten, Michels, Tobbacks, De Clercqen, Anciaux’, en sorry voor wie ik hier vergeet: maar liefst 17% van de federale kamerleden behoort tot een ‘politieke dynastie’. Ze krijgen meer media-aandacht, worden door de partij zelf ook gepusht, en gebruiken de bekende naam bewust als springplank. Het verschijnsel doet zich zowel op Vlaams als op Franstalig niveau voor, en loopt als een rode draad doorheen alle partijen. Het meest nochtans bij diegenen die zich laten voorstaan op moderniteit en progressiviteit: de socialisten en liberalen ('Niet de afkomst maar de toekomst telt').
Over het waarom van deze stijgende (!) trend, en dit uitsluitend in België, daar waar ze elders in Europa afneemt, -Knack waagt zich niet aan hypotheses. Tenzij dan dat het ligt aan de algemene stemplicht en het feit dat politiek niet-gemotiveerde kiezers snel voor een bekende naam kiezen.
Consensusdemocratie
Dat is echter maar een heel gedeeltelijke verklaring. Nederland bijvoorbeeld kende tot 1970 ook een stemplicht maar heeft het fenomeen van de politieke familiebedrijven nooit gekend. De oorzaak zit dieper, namelijk in het systeem van de particratie zelf. Partijen zijn bij ons niet zomaar politieke formaties of kiesverenigingen. Ze vormen het centrum van de macht, zetten de beleidslijnen uit en schuiven mensen naar voor die het tot minister schoppen. De rest is decor en theater. De gelijkenis met totalitaire systemen en éénpartijstaten zoals Noord-Korea is opvallend.
Niemand moet er bij ons ook maar aan denken om politiek actief te zijn buiten de partijen om. Ze dragen het systeem en vice-versa. België is een feitelijke meerpartijendictatuur, met een kiesdrempel om de opkomst van nieuwkomers zoveel mogelijk af te remmen, en met een dotatiesysteem dat zijn gelijke niet kent.
Dat roept ook een gemeenschappelijk belang op. De partijen vormen samen een supercenakel dat verschillende coalities afscheidt, al naargelang de verkiezingsuitslag, maar dat in wezen altijd rond zijn eigen as draait. De coalities wisselen, maar de burger heeft nooit de indruk dat de politieke logica an sich ook maar één millimeter verschuift. Liberaal, socialistisch, katholiek, het maakt allemaal geen moer uit. De monarchie is de ceremoniële drager van deze consensus en blijft ook boven alle twijfel verheven.
De N-VA heeft als nieuwkomer mogen proeven wat dat betekent. Ze is ook een establishmentpartij geworden, met alle kenmerken daaraan verbonden: deelname aan de macht is primordiaal. Zo creëert de nv België haar eigen onkwetsbaarheid, en krijgen we het fenomeen dat de N-VA de Belgische constructie niet afbouwt, zoals haar kernmissie luidde, maar dat integendeel het regime zelf de N-VA aan het ‘belgiciseren’ is.
Dat zonen-van en dochters-van binnen dit systeem carrière maken, is een uitvloeisel van deze consensusdemocratie. Partijen zijn machtsblokken waarbinnen clans onder elkaar uitmaken wie aan de bak komt, en wie waar op de kieslijsten verschijnt. Om de machtscontinuïteit van een partij te verzekeren, zowel intern als extern, valt men terug op een ons-kent-ons-cultuur die onvermijdelijk aan de gezinstafel eindigt. De media spelen deze familiesoap volop mee.
Meta-politieke oligarchie
Als prototype kan de lijn Luc Van den Bossche – Freya Van den Bossche gelden, een vader-dochter-erfopvolging binnen de SP.A. Het is een opvolging die deels binnen de Gentse vrijmetselaarsloge werd geregeld, maar ook door de media zelf werd aaneengepraat. In 2000 zond de VRT het programma ‘Bracke en Crabbé’ uit, een format waar vaders en zonen/dochters onder elkaar een politiek debat mochten voeren. De compleet onbekende Freya werd daar opgevoerd als de nieuwe ster aan de socialistische hemel. En zo geschiedde. Op die manier creëerde de gepolitiseerde publieke omroep zelf de dynastieke lijn binnen de partij waarvan het gros der journalisten lid was, zijnde de SP.A. Een partij die traditioneel een grote voet tussen de deur heeft van het Huis van Vertrouwen.
U kunt zich de incest voorstellen die hieruit vloeit. Het netto-resultaat is wel dat België en zijn deelstaten een metapolitieke oligarchie uitmaken, met een regimepers en een sterke particratie waarbinnen familieclans de plak zwaaien. De families vormen de ruggengraat van de partijen, die het machtsstelsel ondersteunen, en omgekeerd. De beruchte dotaties zijn daar een sleutelelement van: de staat financiert zelf de partijen die haar stabiliseren.
Zo handhaaft dit land, als institutioneel middelpunt van de EU, een bizarre uitzonderingspositie. Europa bestaat voor het merendeel uit republieken, met hier en daar een constitutionele monarchie, maar België is gewoon een ‘regime’. Met dat woord duiden we een politiek systeem aan dat, als dictatuur of als pseudo-democratie, zijn eigen onveranderlijkheid als opperste maatstaf hanteert. Zelfs China is in dat opzicht progressiever en meer vatbaar voor verandering dan België.
De burger staat erbij en kijkt ernaar. Wellicht stemt hij voor BV’s en politieke familiebedrijven, uit cynisme, omdat de macht toch altijd gelijk blijft aan zichzelf, en het gezonder is om de politiek effectief te beschouwen als een stuk amusementsindustrie, eerder dan een instrument tot inspraak en participatie.
Alleen de meest drastische remedie kan hier helpen: België opbreken en de politieke partijen ontbinden. Maar dat wil eigenlijk niemand, behalve een paar losgeslagen republikeinen. Als een democratie alleen nog dient om het status-quo te handhaven, heeft ze alle glans verloren. Om die fatale dynamiek te doorbreken, daar dienen dus revoluties voor. Een woord waaraan de grootste partij van Vlaanderen een broertje dood heeft. Spijts alle retoriek omtrent 'verandering'.
Johan Sanctorum is filosoof, publicist, blogger en Doorbraak-columnist.
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mardi, 25 août 2015
De stamboompolitici en de particratie: België als ‘regime’ en meerpartijendictatuur
De stamboompolitici en de particratie: België als ‘regime’ en meerpartijendictatuur
Dit is een aspect van het Belgische democratisch deficit dat ik al vroeger signaleerde, en dat nu ook het weekblad Knack heeft ontdekt: het bulkt in onze politieke wereld van zoon-van’s en dochter-van’s. Maar liefst 17% van de federale kamerleden behoort tot een ‘politieke dynastie’. Ze krijgen meer media-aandacht, worden door de partij zelf ook gepusht, en gebruiken de bekende naam bewust als springplank. Het verschijnsel doet zich zowel op Vlaams als op Franstalig niveau voor, en loopt als een rode draad doorheen alle partijen.
Over het waarom van deze stijgende (!) trend, en dit alleen in België, daar waagt Knack zich niet aan hypotheses. Tenzij dan dat het ligt aan de algemene stemplicht en het feit dat politiek niet-gemotiveerde kiezers snel voor een bekende naam kiezen.
Consensusdemocratie
Dat is echter maar een schijnverklaring. Nederland bijvoorbeeld kende tot 1970 ook een stemplicht maar heeft het fenomeen van de politieke dynastieën nooit gekend. De oorzaak zit dieper, namelijk in het systeem van de particratie zelf. Partijen zijn bij ons niet zomaar politieke formaties. Ze vormen het centrum van de macht, zetten de beleidslijnen uit en schuiven mensen naar voor. De rest is decor en theater. De gelijkenis met totalitaire systemen en éénpartijstaten zoals Noord-Korea is opvallend.
Niemand moet er ook maar aan denken om politiek actief te zijn buiten de partijen om. Ze dragen het systeem en vice-versa. België is een meerpartijendictatuur, met een kiesdrempel om de opkomst van nieuwkomers zoveel mogelijk af te remmen. De partijen vormen samen een supercenakel dat verschillende coalities afscheidt, al naargelang de verkiezingsuitslag, maar dat in wezen altijd rond zijn eigen as draait. De coalities wisselen, maar de burger heeft nooit de indruk dat de politieke logica an sich ook maar één millimeter verschuift. Liberaal, socialistisch, katholiek, het maakt allemaal geen moer uit. De monarchie is de ceremoniële drager van deze consensus.
De N-VA heeft als nieuwkomer mogen proeven wat dat betekent: ze is ook een establishmentpartij geworden, met alle kenmerken daaraan verbonden: deelname aan de macht is primordiaal. Zo creëert de nv België haar eigen onkwetsbaarheid, en krijgen we het fenomeen dat de N-VA de Belgische constructie niet afbouwt, maar dat integendeel het regime zelf de N-VA aan het ‘belgiciseren’ is.
Dat zonen-van en dochters-van binnen dit systeem carrière maken, is een uitvloeisel van de consensusdemocratie. Partijen zijn niet zomaar ideologische formaties, doch machtsblokken waarbinnen clans onder elkaar uitmaken wie aan de bak komt, en wie waar op de kieslijsten verschijnt. Om de machtscontinuïteit van een partij te verzekeren, zowel intern als extern, valt men terug op een ons-kent-ons-cultuur die onvermijdelijk aan de gezinstafel eindigt. De media spelen deze familiesoap volop mee.
Het Belgische ‘regime’ als uitzondering
Hét prototype is de lijn Luc Van den Bossche – Freya Van den Bossche, een vader-dochter-relatie binnen de SP.A. Het is een opvolging die deels binnen de Gentse vrijmetselaarsloge werd geregeld, maar ook door de media zelf werd aaneengepraat. In 2000 zond de VRT het programma ‘Bracke en Crabbé’ uit, een format waar vaders en zonen/dochters onder elkaar een politiek debat mochten voeren. De compleet onbekende Freya werd daar opgevoerd als de nieuwe ster aan de socialistische hemel. En zo geschiedde. Op die manier creëerde de gepolitiseerde publieke omroep zelf de dynastieke lijn binnen de partij waarvan het gros der journalisten lid was, zijnde de SP.A, en hun carrière aan te danken had.
U kunt zich de incest voorstellen die hieruit vloeit. Het netto-resultaat is wel dat België en zijn deelstaten een metapolitiek regime uitmaken, met een regimepers en een sterke particratie waarbinnen familieclans de plak zwaaien. De families vormen de ruggengraat van de partijen, die het machtsstelsel ondersteunen, en omgekeerd. De beruchte dotaties zijn daar een sleutelelement van: de staat financiert zelf de partijen die haar stabiliseren.
Zo handhaaft dit land, als institutioneel middelpunt van de EU, een bizarre uitzonderingspositie. Europa bestaat voor het merendeel uit republieken, met hier en daar een constitutionele monarchie, maar België is gewoon een ‘regime’. Met dat woord duiden we een politiek systeem aan dat, als dictatuur of als pseudo-democratie, zijn eigen onveranderlijkheid als opperste maatstaf hanteert. Zelfs China is in dat opzicht progressiever en meer vatbaar voor verandering dan België.
De burger staat erbij en kijkt ernaar. Alleen de meest drastische remedie kan hier helpen: België opbreken en de politieke partijen ontbinden. Maar dat wil eigenlijk niemand, behalve een paar losgeslagen republikeinen. En zij zijn de laatsten om tegen de meerderheid in te gaan, dus…
07:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, flandre, wallonie, partitocratie, politique, théorie politique, sciences politiques, politologie, corruption, dégénérescence politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 06 juin 2015
Pero ¿son necesarios los partidos políticos?
por Ernesto Milá
Info|krisis
Ex: http://paginatransversal.wordpress.com
Tras la muerte de Franco parecía como si no hubiera forma de asentar una democracia sin partidos políticos. Se aceptaba entonces de manera casi unánime que la estructura de un partido político era la forma más directa y auténtica que tenía el ciudadano para participar directamente en la política. Desde entonces han pasado casi cuarenta años, tiempo suficiente como para haber comprobado hasta la saciedad que la representatividad de los partidos políticos es casi nula: sus dirigentes se representan a sí mismos, a nadie más. Los partidos ya no son opciones ideológicas o programáticas, sino grupos de intereses particulares; nada más. En estas circunstancias hace falta plantearse si los partidos son el canal más adecuado de participación democracia. Y, sobre todo, plantearse alternativas. El anti-partido es una de ellas.
Los partidos han decepcionado. Están decepcionando. Decepcionan cada día más. Incluso los nuevos partidos decepcionan rápidamente (lo hemos visto con Podemos y Ciudadanos, con ERC y con Sortu) en la medida en que ya no son opciones ideológicas concretas, ni propuestas para realizar reformas, sino estructuras que se mecen al viento, según los gustos de la población (de una población cada vez más apática, incapaz de interpretar y comprender la realidad en la que vive y pasiva). Tales “gustos” oscilan en función de los criterios implantados por las empresas de comunicación que, a su vez, responden a los intereses de los grandes grupos mediáticos.
Si a la falta de criterios doctrinales y programáticos que justifiquen la existencia de los partidos políticos, se añade el que sus diputados en el parlamento tienen una invariable tendencia a votar según los deseos de su jefe de grupo parlamentario y carecen, no sólo de rostros, sino de personalidad y voluntad propia, se entenderá que el régimen político español sea una “democracia formal”, que tiene muy poco que ver con la “democracia real”. O por expresarlo con palabras del Premio Nobel Alexandr Solzhenitsin, nos encontramos inmersos en un sistema “en el que puede decirse todo, pero no sirve para nada”.
Partidos políticos: la crónica de una crisis anunciada
La crisis de los partidos políticos empezó cuando renunciaron a tener esquemas doctrinales propios y perfectamente definidos, a partir de los cuales el programa político emanaba casi de manera automática. En lugar de eso, convirtieron a sus programa en una especie de inventario oportunista de buenas intenciones que derivaban de las encuestes formuladas a los electores y no de una particular visión del mundo y de la política que compartieran todos los miembros de esa formación política.
Puesto que no había una definición ideológica común, lo único que unía a los miembros de un partido político eran los intereses comunes, intereses, siempre, espurios, sino facciosos. Fue así como los partidos se convirtieron en grupos de intereses particulares y dejaron de ser plataformas de doctrinas políticas. No se trataba de conquistar el poder para introducir cambios y reformas en la marcha de la sociedad, sino más bien de controlar los resortes del poder para satisfacer ambiciones personales o de grupo. El programa quedaba, a partir de entonces, como una especie de documento que estaba ahí por puro azar y que nadie tenía la más mínima intención en llevar a la práctica.
Parlamento: una selección a la inversa
En tal contexto, en las cúpulas de los partidos políticos era evidente que se iba a realizar una selección a la inversa: los más honestos, aquellos en los que creían en una determinada doctrina y en gestionar a la sociedad con unos principios concretos, se fueron retirando de la actividad política, dejando el puesto a los ambiciosos y oportunistas sin escrúpulos, a los egomaníacos y psicópatas, a los simples mangantes o a los pobres espabilados…
Hoy, en el parlamento español quedan pocas personas eficientes y capaces, muchas menos aún con experiencia en gestión más allá del cargo político y una aglomeración de diputados compuesta por todo tipo de corruptos, imputados o imputables con interés por corromperse en el plazo más breve posible si ello implica una promoción personal y beneficios que, de otra manera, no se conseguirían trabajando con constancia y honestidad.
En su inmensa mayoría, los profesionales brillantes, los gestores eficientes, los individuos con experiencia, han desertado de la política y se dedican a los negocios privados y, desde luego, no quieran saber nada con unas instituciones en las que deberían tragar sapos, renunciar a su personalidad, no poder mirar a los electores a los ojos sin que se les caiga la cara de vergüenza por las mentiras electorales y las promesas sistemáticamente incumplidas o, simplemente, vivir digna y honestamente. Dignidad y honestidad no son, en la España de hoy, términos compatibles con el parlamentarismo ni con las instituciones.
Una democracia tan “formal” como viciada
Si los partidos solamente representan a sus equipos dirigentes y si estos, a su vez, comen de la mano de los grandes consorcios financieros, entonces es que la democracia está viciada de partida y depositar un voto una vez cada cuatro años es una mera formalidad que no cambiará nada: salgan elegidos unos u otros, la plutocracia (el poder del dinero) impondrá sus normas sin distinción de siglas.
Los partidos han fracasado porque la modernidad ha impuesto el pensamiento único y el culto a lo políticamente correcto. Difundidas a través de los grandes medios de comunicación de masas, estas formas de ver el mundo, repercuten directamente en la opinión pública que se configura como un gran conglomerado carente por completo de espíritu crítico, dócil, y llevado de una opción a otra con la mansedumbre con que las ovejas van al matadero. El elector ideal para un partido político es aquel que cree en las promesas electorales y se desentiende del día a día de la política.
Ahora bien ¿existe alguna forma de reformar un sistema así concebido?
De la “democracia formal” a la “democracia real”
En primer lugar, digamos, que existen otros modelos y que estos son todavía más necesarios en la medida en que el nombre que corresponde a esta “democracia formal” es partidocracia y la partidocracia ha fracasado. Si la “democracia formal” es hoy sinónimo de partidocracia, la democracia “real”, deberá tener, indudablemente, otra formulación.
Se suele llamar a la “democracia formal” y al sistema parlamentario como “inorgánico” en la medida en que la representación se realiza a través de estructuras artificiales (los partidos políticos). Frente a este concepto de democracia limitada al mero ejercicio de las libertades públicas, pero en el que el ciudadano tiene vedado el control y la supervisión del ejercicio del poder que realizan los partidos, existe una “democracia orgánica” que, manteniendo el sistema de libertades y derechos públicos, concibe la representatividad a través de “estructuras naturales”: el municipio y la profesión especialmente.
Así como el parlamento actual está compuesto únicamente por representantes de los partidos políticos, en un parlamento “orgánico”, se sentarían en los escaños los representantes de la sociedad. ¿Quién puede entender mejor los problemas de la educación que los representantes de los sindicatos de profesores y maestros? ¿Quién puede entender mejor los problemas de la investigación científica sino los científicos mismos? ¿Quién podrá expresar más directamente las necesidades de la industria, del comercio o de la hostelería, sino los representantes de las patronales de estos sectores? ¿Y los intereses de los jóvenes o de las Fuerzas Armadas o de la Iglesia? ¿Los defenderán mejor representantes de los partidos políticos o de esas mismas instituciones y grupos sociales?
En la “segunda descentralización” que algunos defendemos (y que debería sustituir a la “primera descentralización” fracasada y frustrada que ha dado lugar al Estado de las Autonomías, a su faraonismo y a sus tensiones, corruptelas y mezquindades) los municipios también deberían de estar representados en el parlamento de la nación (o en el senado).
Así pues, la alternativa a la partidocracia es un modelo de organización en el que se pongan límites al poder de los partidos y que, sobre todo, no se les tenga por el único canal a través del cual se expresa la “voluntad nacional”. Ésta será la suma de las voluntades de los distintos organismos y estructuras que componen el cuerpo de la Nación. Podrían desaparecer los partidos políticos y nada esencial se perdería. No podría, en cambio, desaparecer la universidad, las fuerzas armadas, los ayuntamientos, el comercio, etc, sin que se produjera una catástrofe nacional. Por tanto es a partir de estos cuerpos intermedios de la sociedad como hay que remodelar la participación política y la representatividad.
De los partidos al anti-partido
La lógica implica que el tránsito de la “democracia inorgánica” a la “democracia orgánica” debe pasar por una serie de etapas, la primera de las cuales es ir restando poder a los partidos políticos e introduciendo la representación “orgánica” en determinadas instituciones (el Senado, por ejemplo, debería de ser una cámara de representación de la sociedad a través de sus estructuras profesionales y municipales, con capacidad de veto sobre las decisiones del parlamento. Una especie de “Cámara Alta” de la que dependa, en última instancia, las políticas a adoptar por el ejecutivo, mientras que el Parlamento es solamente una cámara de preparación de leyes y una primera instancia de control del gobierno).
Es fundamental, por ejemplo, que los partidos políticos desaparezcan de las instituciones: del Consejo de Radio Televisión y de los consejos regionales equivalentes, de las Cajas de Ahorros y de cualquier organismo económico. Hay que redimensionar los partidos políticos a su papel real en la sociedad. El número de afiliados a los partidos políticos es minúsculo y eso indica, a las claras, el desinterés que la población experimenta hacia ellos. No pueden, por tanto, arrogarse el 100% de representatividad de una sociedad que está de espaldas a todos ellos.
La gran contradicción del momento actual estriba en que para reformar el sistema político hace falta un partido político que asuma y defienda es propuesta ante la sociedad. Hasta ahora, todos los partidos políticos que han irrumpido en el ruedo español con propuestas de reforma, cuando han adquirido una masa crítica han terminado renunciando a tales reformas, “centrándose”, esto es, desnaturalizándose y asumiendo lo “políticamente correcto” y el “pensamiento único”. Por tanto, no es un partido lo que se necesita para cambiar la configuración de la representación, sino un anti-partido que empiece negando el poder omnívoro de los partidos.
Un anti-partido, en definitiva, para poner en cintura a los partidos políticos. Un anti-partido para reformar a la sociedad. Un anti-partido para realizar el tránsito de la “democracia formal” a la “democracia real”, de la “democracia inorgánica” a la “democracia orgánica”. Objetivo lejano, casi remoto, pero no por ello objetivo menos necesario.
Fuente: Info|krisis – ernestomila@yahoo.es
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jeudi, 26 février 2015
De particratie hangt niet af van de lijststem
Door: Klaas Cobbaut
Ex: http://www.doorbraak.be
De particratie hangt niet af van de lijststem
Kiezers worden gestuurd op tal van manieren
Het afschaffen van de lijststem zal de particratie niet doen verdwijnen. Misschien zelfs integendeel.
Het liberale voornemen om komaf te maken met de lijststem is allicht bijna even oud als de de liberale partij zelf. Er is inderdaad heel wat te zeggen voor zo een hervorming. De pot met lijststemmen wordt uitgedeeld op basis van de volgorde op de lijst. Meteen kan een plaatsje hoger of lager een groot verschil maken. Een afschaffing van de lijststem zou minder macht geven aan de schimmige lijstvormingscomités, die nu inderdaad deels bepalen wie in het parlement komt en wie niet.
Ook op de kritiek op de lijststem bestaat kritiek. Voorstanders verdedigen de lijststem als een nuttig systeem om nieuwe, onbekende mensen te lanceren in de politiek. De jonge Groen-spits Kristof Calvo dankt zijn eerste parlementaire mandaat bijvoorbeeld aan de lijststem. Zonder dit systeem zou Ingrid Pira, die aanzienlijk meer voorkeurstemmen behaalde, de zetel gekregen hebben. Ook verdienstelijke, maar minder charismatische backbenchers kunnen dankzij het systeem met de lijststem wat langer in het parlement aan de slag blijven. Een systeem zonder lijststem zou kunnen leiden naar een BV-parlement, waar het inhoudelijke werk volledig gedragen wordt door fractiemedewerkers, die geen enkele stem hebben gehaald.
Het is eigenlijk zelfs een beetje vreemd om partijen niet gewoon te vertrouwen in de selectie van potentiële mandatarissen. Ten eerste is elke kieslijst sowieso al het resultaat van een selectie door de partij - er staan ook heel wat mensen níet op de lijst. Ten tweede geef je als kiezer een partij het mandaat om knopen door te hakken in dossiers over pensioenen, ons wegennet, scholen ... allemaal dingen die veel belangrijker en moeilijker zijn dan de vraag wie waar moet staan op een lijst. Als we er even van uitgaan dat partijen het land kunnen besturen, zouden zij dan niet ook hun eigen werking kunnen bestieren?
Veelkoppig monster
De echte particraten liggen wellicht niet wakker van de discussie over de lijststem. Ook zonder het systeem met de lijststem zal de partijtop in grote mate bepalen wie uiteindelijk verkozen wordt en wie niet. De particratie is een veelkoppig monster dat gerust met een kop minder kan: er blijven nog genoeg manieren om parlementen pre-electoraal vorm te geven.
De particratie heeft het geluk dat kiezers zeer menselijk zijn en ook zeer menselijke gebreken hebben. Zo zullen lijsttrekkers en lijstduwers altijd een pak meer stemmen krijgen - gewoon omdat je die plaatsjes het snelst kan terugvinden op de kiesbrief. Op elektronische stembrieven met meer dan één kolom per lijst ontstaan zelfs 'schermlijstduwers' en 'schermlijsttrekkers', daar waar de lijst gesplitst wordt in kolommen. Ook om die plaatsjes wordt gevochten, omdat ze stomweg meer stemmen halen.
Minstens even belangrijk als de zichtbaarheid op de lijst is de zichtbaarheid in de media. Vandaag zijn het vaak de centrale communicatiecellen van partijen die bepalen wie de partij zal vertegenwoordigen in tv-debatten of in grote interviews. De partij bepaalt met de mediastrategie dus wie de kijker-kiezer leert kennen, en wie niet. Als het bijvoorbeeld op basis van De Zevende Dag tegenwoordig lijkt alsof Sander Loones het enige Europese parlementslid van N-VA is, dan is dat niet helemaal toevallig. Daar komt nog eens bij dat programmamakers meestal willen kiezen voor de vlotte jongens en blitse meiden, waardoor ook een pak mensen uit de boot vallen.
Dankzij de riante partijdotaties kunnen Vlaamse partijen in verkiezingstijd een echte mediacampagne voeren, inclusief krantenadvertenties. Het is altijd de partij die bepaalt wie wordt uitgespeeld in die advertenties, wie met de voorzitter op de foto mag, of wie in de huis-aan-huis-folder veel ruimte krijgt. Over zichtbaarheid gesproken: een systeem zonder lijststem speelt altijd in de kaart van uittredende mandatarissen. Wie al jaren als parlementslid bekend is in zijn of haar streek, beschikt over meer herkenbaarheid en zichtbaarheid dan een jonge wolf.
Een eventuele afschaffing van de lijststem verandert ook niets aan het systeem van de opvolgers. Partijen kunnen via de opvolgers altijd bepaalde mensen droppen in een parlement, buiten de voorkeurstemmen om. Ook over de kiesdrempel lees je niets in het voorstel van Open Vld - nochtans zijn dankzij de kiesdrempel ook al een pak voorkeurstemmen verloren gegaan, vaak in het voordeel van politici op andere lijsten, die minder stemmen haalden.
Kortom: het is een illusie om te denken dat het verdwijnen van de lijststem onze mandatarissen zal bevrijden van de particratie. Het is ook een illusie te denken dat kiezers zonder lijststem echt vrij zullen kiezen. De particratie verdient het om bestreden te worden, maar met een discussie over de lijststem springen de burgers niet zo ver. Er zal meer nodig zijn. En het zal wellicht niet van de partijen zelf komen.
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jeudi, 23 octobre 2014
Machiavelli in België: de particratie en haar trukendoos
Door: Paul Muys
Ex: http://www.doorbraak.be
Machiavelli in België: de particratie en haar trukendoos
Op het moment dat Charles Michel voor de camera's bevestigt dat er een regeerakkoord is, stelde professor-emeritus politologie Wilfried Dewachter een paar honderd meter verderop in het Vlaams Parlement zijn boek over de Belgische particratie voor. Met onderbouwde argumenten en grondige kennis van 30 jaar politiek reilen en zeilen noemt hij die particratie een regelrechte schande.
Verontwaardiging en ergernis, maar ook geloof in wat democratie kan en moet zijn. Dat zijn de motieven die Wilfried Dewachter, hebben aangezet tot het schrijven van zijn boek over De trukendoos van de Belgische particratie. Een Europese schande (Pelckmans, 285 blz.). De emeritus-hoogleraar, dertig, veertig jaar al bevoorrechte getuige van de politieke gang van zaken in ons land, had liever een heel ander soort bestel gezien, dat ons behoed had voor de situatie waarin we nu bijna zonder het te weten verzeild zijn geraakt. Alhoewel, indicatoren van de politieke decadentie zijn er te over. De doorsnee-burger wéét dat onze parlementaire democratie niet werkt, dat de staatshervorming, hoewel nog in de steigers, een misbaksel is. Hij keert zich af van de vriendjespolitiek en de partijpolitieke benoemingen (tenzij hij tot de groeiende groep begunstigden behoort). Hij kijkt weg wanneer hij iets verneemt van de vleespotten waaraan de Parteiangehörigen zich gretig te goed doen. De gemiddelde Vlaming brengt braaf zijn stem uit, ziet mensen aan de macht komen voor wie hij niet gekozen heeft, of zelfs niet kón kiezen, hoort beloften die niet worden gehouden. De onverschilligheid waarin dit resulteert is groot en een droevige zaak. De antipolitieke sentimenten zijn ook niet ongevaarlijk.
Partijen en particratie
Maar zie, daar is dit boek waarin Wilfried Dewachter een diagnose brengt en remedies aanreikt, vooral door te verwijzen naar buitenlandse voorbeelden.
De politieke partijen hebben zich de macht toegeëigend. Al beroepen ze zich graag op de Belgische grondwet, voor hen is die inderdaad niet meer dan het ‘vodje papier’ waarover Leo Tindemans het destijds had toen hij het ontslag van zijn regering indiende. Artikel 42 van de grondwet luidt dat de leden van beide Kamers de Natie vertegenwoordigen en niet enkel degenen die hen hebben verkozen. Dat klopt niet echt. Voortaan lezen we beter: ‘De leden van beide Kamers vertegenwoordigen enkel de partijleiders die hen hebben laten verkiezen tot zogenaamde parlementsleden, door ze in nuttige volgorde op hun kandidatenlijsten te plaatsen. Zij volgen de steminstructies van hun leiders getrouw op , binnen hun taalgroep. Hun mandaat reikt niet tot in de andere taalgroep.’
Al zegt de grondwet over de partijen helemaal niets, ze bestáán, ze zijn nuttig en nodig in een goed functionerende democratie. Maar dat een democratie zichzelf kan vernietigen wist Jean-Luc Dehaene al. Partijen willen steeds meer macht, tot ze het eindpunt bereikt hebben en de democratie uitschakelen, of haar reduceren tot een leeg, hooguit symbolisch ritueel. In plaats van een middel, zijn de partijen volop bezig een doel op zich te worden, gebrand op macht, inkomen en status, op MIS : een herhaaldelijk in dit boek terugkerend letterwoord. Ze hebben de macht vrijwel helemaal naar zich toegetrokken. De democratie is een particratie geworden.
De laatste beslissende aanslag op onze toch al amechtige democratie gebeurde tersluiks, ‘en stoemelings’ in de marge van de onderhandelingen over de Zesde Staatshervorming. ‘Met acht mensen hebben we de staatshervorming onderhandeld. In het parlement voerde iedereen nadien een show op’, dixit de toenmalige sp.a-voorzitster. Een onthutsende en cynische mededeling, schijnbaar argeloos gedebiteerd door Caroline Gennez.
Free, fair & frequent elections: dat kennen we hier niet
Zo werd en petit comité niet de Senaat, maar werden wél de Senaatsverkiezingen afgeschaft. De Hoge Vergadering is een machteloze praatbarak. Men had daarom, zo pleit Dewachter, beter de 40 (tot 2010 bovendien rechtstreeks verkozen!) senatoren naar de Kamer overgeheveld, te meer omdat een eenkamerstelsel performanter zou zijn dan een tweekamerstelsel. Maar daar hadden Di Rupo en zijn zeven kompanen geen oren naar. De rechtstreekse verkiezing van de senatoren werd afgeschaft omdat die te duidelijk de echte wil van de kiezer aan het licht bracht, die zo in zekere mate richting gaf aan de regeringsvorming. Als men de score van 25 mei van Bart De Wever in de kieskring Antwerpen extrapoleert naar heel Vlaanderen zou hij uitgekomen zijn op zo’n 950.000 stemmen, ‘wat zelfs door een kloeke particratie niet kan worden opzij geschoven’. Afschaffen dus die handel!
Voorts werden alle verkiezingen (op die voor gemeente- en provincieraden na) op één hoop gegooid, iets waarvoor de federale legislatuur diende verlengd tot vijf jaar. Volgens Dewachter komt dit neer op ‘de versterking van de houdgreep van de traditionele macht op de gewesten en de gemeenschappen.’
Er volgde ook een reeks ‘niet-beslissingen’ : er komt geen federale kieskring, de stemplicht blijft behouden (inclusief de boetes voor wie niet opdaagt) en ook zullen in een parlement verkozen ministers zich als vanouds kunnen laten vervangen door ‘tijdelijke’ opvolgers, in plaats van door de kandidaat die na hem/haar het hoogste stemmenaantal binnenhaalde.
Dit alles gebeurde zonder voorafgaand referendum, zonder een andere verkiezing. Terwijl toch deze aspecten van de staatshervorming de democratische mogelijkheden van de kiezers afbouwen. Ongelooflijk dat men dit zo maar liet gebeuren.
Door het afzien van een federale kieskring ‘verschrompelt’ het Belgisch federalisme of wat daarvoor moet doorgaan tot een provinciaal systeem met 10 + 1 kieskringen.
Deze wetswijzigingen en niet-beslissingen, stelt Dewachter, waren helemaal niet nodig voor de zesde staatshervorming, Integendeel, ze werken de overdracht van middelen en bevoegdheden zelfs tegen. ‘Sterker nog: deze maatregelen houden het federalisme onder controle van de particratie.’
Daarom was de stembusgang van 25 mei 2014, de ‘moeder van alle verkiezingen’ àlles, behalve een feest van de democratie, al hebben we toen in totaal zes parlementen ‘verkozen’. Maar neem nou nog maar alleen de federale Kamer. Hoeveel van de 150 vertegenwoordigers heeft u er kunnen kiezen? Afhankelijk van de provincie waren dat er hooguit een goede 20. De 63 Franstalige Kamerleden heeft u alleszins niet verkozen, net zomin als onze Waalse landgenoten ook maar iets te zeggen hadden over de Vlaamse kandidaten. Meer nog, als een verkozene geroepen wordt tot andere verantwoordelijkheden, versta: een ministerpost of zo, dan laat hij zijn zetel nog steeds aan de opvolger. De verkiezingen zijn ook al voor de helft beslist (wie mag kandideren en op welke plaats krijgt hij/zij op de lijst, op welke financiële steun kan hij rekenen, in ruil waarvoor ?) nog voordat de kiezers één stembiljet in handen krijgen.
Die kiezer brengt dus zijn stem uit (op straf van boete !, dat terwijl haast alle landen de stemplicht allang hebben afgeschaft), maar dat is niet meer dan een rituele handeling. ‘Les électeurs s’expriment, et puis on ferme la porte’, dan is de particratie aan zet, dat is al jaren zo, al mislukt dat soms wel eens. Tenminste één Franstalige partij heeft het ‘Nooit met de N-VA’ achteraf moeten inslikken. Als negatie van de wil van de kiezer kon die oekaze in elk geval tellen.
We zijn al van in 1978 een confederatie !
De ene kieskring werd al in 1978 gesaboteerd door de Franstalige partijen die het initiatief namen tot afsplitsing van de unitaire partijen. Van dan af zijn de Franstalige partijen de bescherming van de minderheid uit de eerste staatshervorming van 1970 gaan misbruiken als veto’s (de ‘wetten met bijzondere meerderheid in elke taalgroep’) met politieke verlamming als gevolg. Dewachter spreekt van de vierendeling van het parlement, waardoor het door toedoen van de particratie monddood wordt gemaakt. Want in een extreem geval zou 17 % van de stemmen (ongeveer PS + cdH) in het federaal parlement volstaan om de meerderheid van 83% te blokkeren. Met deze ‘bijzondere wetten’ is een nieuwe Belgische grondwet geschreven (er is ook al herhaaldelijk gebruik van gemaakt): ‘deze van de onveranderlijkheid, van de eeuwige veto-capaciteit’ (…). ‘Niet de NVA splitst het land,’ zo stelt Dewachter, ‘maar lang geleden scheurden de Franstalige partijen het al in tweeën, bij hun (1) afscheuring van de nationale partij , en (2) hun misbruik van de minderheidsbepalingen van 1970 als veto’s’. Natuurlijk, wanneer dat de PS zo uitkomt wordt gedreigd met een ‘institutionele atoombom’. Een voorbeeld hiervan is de overheveling in 1991 van de controle over de wapenuitvoer, een federale bevoegdheid, naar beide gewesten, zonder boe of ba opgelegd door de Franstalige socialisten. Zo confederaal hebben de Vlamingen het tot nu toe nooit gespeeld.
‘België’, aldus Dewachter, ‘is verworden tot een non state, tot een anarchie, in de betekenis van afwezigheid van doorslaggevend beleid.’
De ene kieskring is belangrijk en wenselijk. Maar is hij ook mogelijk ?
We hádden tot 1970 al een federale kieskring. Bedoeld wordt: een nationale kiesinzet met dezelfde keuzemogelijkheden voor alle 7 miljoen Belgische kiezers. Dat veronderstelt dat alle kandidaten zich presenteren voor de hele kieskring, dat alle kiezers dezelfde keuze hebben tussen de programma’s die de partijen via deze kandidaten voorstellen en tussen de mogelijke oplossingen. De stem van elke kiezer dient even zwaar te wegen. Op die manier kunnen de burgers rechtstreeks hun regering verkiezen, bijvoorbeeld naar analogie met de Franse presidentsverkiezingen. In een eerste ronde stellen de partijen hun kandidaat-premier voor. In de tweede ronde komen de twee kandidaten die de meeste stemmen kregen tegen elkaar uit. Vóór de tweede ronde werken die een voorstel tot federale regering uit met haar programma. Eén van beiden behaalt de absolute meerderheid en is vrijwel onmiddellijk klaar om te besturen. De kiezer voelt zich op die manier direct bij de keuze betrokken en kan de regering als ze hem tegenvalt bij een volgende verkiezing doen vallen. Dat gebeurt in heel wat landen min of meer zo. Na een stembusgang duurt het in het Verenigd Koninkrijk hooguit een dag of twee voor de nieuwe regering aantreedt.
Deze gang van zaken is natuurlijk te onvoorspelbaar voor de particraten. Die hebben dan ook de mogelijkheid tot vorming van de ene kieskring zonder meer afgeschaft. Maar op het Vlaamse en het Waalse niveau ligt dat anders. ‘De deelstaten krijgen de morele opdracht om de democratie in België nog enigszins te redden, indien België binnen het Europese beschavingspatroon nog wil kunnen functioneren.’ Dit is voor de Vlaams regering en het Vlaams Parlement een uitdaging van jewelste. Toch zou het niet voor het eerst zijn dat beslissingen worden genomen tegen de grondwet in. Dat deed Albert I toen hij het algemeen enkelvoudig stemrecht invoerde. Dat deed België toen het volwaardig en stichtend lid werd van NAVO en EGKS. Dat deed ook Achiel Van Acker, die zijn kolenslag won door stakingen te breken en krijgsgevangenen in de steenkoolputten te laten afdalen, en die via besluitwetten de sociale zekerheid liet uitbouwen. En waar hadden Wilfried Martens en Jean-Luc Dehaene in de jaren ‘80 gestaan zonder ‘bijzondere machtsbesluiten’ ?
Laten we hopen dat de hoofdarchitect van onze nieuwe regeringen, onmiddellijk na zijn terugkeer uit Shanghai dit – overigens uiterst leesbare – boek ter hand neemt, of tenminste één van zijn naaste medewerkers opdraagt het grondig door te nemen.
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samedi, 26 juillet 2014
Les partis politiques obéissent aux marchés et non aux électeurs
Les partis politiques obéissent aux marchés et non aux électeurs
Les chercheurs, Lawrence Ezrow (University of Essex, Royaume-Uni) et Timothy Hellwig (Indiana University, États-Unis) se demandent si «l’intégration économique compromet la capacité des partis à remplir leur rôle de représentation et d’expression des opinions de l’électorat», et citent dès leur introduction l’exemple français:
«Le PS s’est hissé au pouvoir dans les années 80 sur un programme de nationalisations et de redistribution. Pourtant, moins de deux ans plus tard, le président Mitterrand est revenu sur les politiques en faveur desquelles l’électorat avait voté et a opté pour une politique de rigueur pour mettre l’économie française en phase avec l’économie globale.»
Afin de tester l’hypothèse selon laquelle les partis répondent moins aux préférences des électeurs quand l’économie du pays est très ouverte, les chercheurs ont compilé toute une série de données: les positions, sur une échelle gauche-droite, de «l’électeur médian» (l’électeur qui se situe au centre de l’électorat, et dont le profil est donc très important pour obtenir une majorité) et des partis dans dix-huit pays au moment des élections, de 1977 à 2009; les indicateurs évaluant l’ouverture de chaque pays à la concurrence internationale.
Ils concluent que les partis «de gouvernement» (ceux qui ont déjà occupé la position majoritaire au sein d’une coalition) répondent en effet beaucoup moins aux mouvements de l’électorat si le pays est très ouvert:
«Alors que les élections incitent les partis à répondre aux mouvements de l’électorat, l’interdépendance économique distrait les élites politiques de celui-ci vers les acteurs des marchés, ajoutant de l’incertitude au paysage politique.»
Là encore, l’étude cite l’exemple de la France, et plus précisément d’une période de vingt ans (1988-2007) où son économie s’est considérablement ouverte: quand les opinions de l’électorat évoluent sur l’échelle gauche-droite, celles des partis évoluent aussi, mais de manière beaucoup plus atténuée en 2007 que deux décennies avant.
La courbe montre le déplacement des promesses des partis quand les préférences de l’électorat changent. Plus le chiffre vertical est élevé, plus les partis y sont sensibles; plus le chiffre horizontal est élevé, plus le pays est ouvert à la mondialisation. (Lawrence Ezrow/Timothy Hellwig)
Dans tous les pays, cet affaiblissement se réalise au profit des opinions portées par les décideurs économiques, qui sont plus à droite que la moyenne de l’électorat: sur une échelle gauche-droite allant de 0 à 10, ils sont plus à droite d’environ 0,8 point en France, par exemple.
«Si les partis sont tiraillés entre les électeurs et les marchés, alors considérons les préférences des acteurs des marchés. Les données suggèrent qu’elles se situent plus à droite que la moyenne de leur pays, que les décideurs économiques préfèrent un rôle de l’État réduit par rapport aux citoyens ordinaires», écrivent les deux auteurs dans un post publié sur Monkey Cage, le blog de sciences politiques du Washington Post.
Plus le chiffre est élevé, plus les préférences des acteurs économiques sont à droite comparées à celles de la moyenne de l’électorat. (Lawrence Ezrow/Timothy Hellwig)
À noter que cette étude ne porte pas sur les réalisations concrètes des partis en question, mais sur leur programme: elle ne dit pas que les partis trahissent, une fois au pouvoir, les promesses faites durant la campagne (reproche souvent fait au gouvernement socialiste actuel en France), mais que ces promesses sont déjà en elles-même un reflet beaucoup plus atténué aujourd’hui des prises de position des électeurs «moyens».
En cela, elle rejoint les conclusions d’une autre étude publiée au printemps, qui montrait que les opinions des électeurs riches comptent quinze fois plus que celle des électeurs lambda aux États-Unis.
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dimanche, 23 février 2014
¿Democracia sin partidos?
por Carlos Martínez-Cava
Ex: http://paginatransversal.wordpress.com
“¡Que no. Que no nos representan!”. “¡El Pueblo, unido, avanza sin partido!” (15-M)
Pocos se han parado a analizar que latía bajo aquellas protestas que llenaron la Puerta del Sol en concentraciones sin precedentes en los casi cuarenta años transcurridos desde la desaparición del régimen del General Franco.
Para muchos, con sus ópticas de partido, aquello era manipulación contra el entonces partido en el Poder para desbancar en la calle lo que no se podía desde las urnas. Para otros, en una perspectiva de cierta pedantería intelectual, se reproducían comportamientos propios de los preludios de la Revolución Francesa. Y para unos cuantos, aquello se convirtió en la oportunidad para ideologizar desde un extremo lo que era, desde el inicio, una explosión y muestra de la parálisis de todo un sistema.
Se llegó incluso a comparar a los manifestantes de Sol con los camisas negras de Mussolini en ese alarde que tiene el ultraliberalismo cuando ve que el individuo deja de serlo para formarse voluntariamente como Comunidad Política.
Pero, pasados los fastos de aquellas concentraciones y diluido en puro asamblearismo estéril aquél movimiento, cabe preguntarse si el cuestionamiento de la Democracia con Partidos contiene puntos de razón para transformarlo en una auténtica plataforma de acción regeneradora de España.
Decía Alain de Benoist que “Liberalismo y Democracia no son sinónimos. La Democracia como “cracia” es una forma de poder político, mientras que el liberalismo es una ideología para la limitación de todo poder político. La Democracia está basada en la SOBERANIA POPULAR; el Liberalismo en los Derechos del individuo. La Democracia liberal representativa implica la delegación de Soberanía, lo que estrictamente equivale –como Rousseau se dio cuenta- a la abdicación del poder del pueblo. En un sistema representativo, el pueblo elige a sus representantes que gobiernan por sí mismos; el electorado legitima un poder auténtico que yace, exclusivamente, en manos de los representantes. En un verdadero sistema de soberanía popular, los candidatos votados sólo expresan la voluntad del Pueblo y la Nación; no la representan”
La Democracia, tal y como la contemplamos expresada en España –y en Europa- ha muerto víctima del mercantilismo.
La banalización de la Democracia y su transformación en algo superficial y mercantil que ha secuestrado el poder de las personas se evidencia –como bien enuncia Antoni Aguiló- en estas manifestaciones:
1) La financiación de los partidos políticos y de las campañas publicitarias y electorales por empresas privadas, hecho que convierte a los partidos en lacayos del poder económico.
2) La compraventa de votos con dinero público o privado (una de las formas más flagrantes de corrupción y mercantilización) y otras prácticas clientelares afines.
3) La transformación de la política en un espectáculo de masas de ínfima calidad, observable en fenómenos como la teatralización (al estilo de Berlusconi) y la patetización de la democracia parlamentaria (el “que se jodan” de la diputada Andrea Fabra, gritado en el Congreso al aprobar los recortes en las prestaciones de desempleo, es un ejemplo elocuente, pero no el único).
4) La desposesión de derechos económicos y sociales de los ciudadanos, lo que recorta el campo de la democracia social y económica y lo limita a la democracia política (voto y representación).
5) El vaciamiento de la esfera pública como espacio de deliberación y acción cívico-política, que pasa a ser comprendida como un espacio privado de consumidores que utilizan los medios públicos para satisfacer y proteger sus intereses particulares. Deliberar y decidir en común proyectos de sociedad son cuestiones secundarias en la esfera pública de mercado, que promueve una ciudadanía despolitizada y articulada sobre el deseo de acumular y consumir.
6) La privatización de la democracia representativa. ¿Se imaginan acudir a las urnas y que en las papeletas electorales en lugar de partidos políticos aparecieran instituciones financieras y empresas multinacionales como candidatas a representantes? Pues no se lo imaginen porque ya ocurre de alguna manera. La privatización de la democracia se traduce en dos procesos. El primero es su transformación en un nido de intereses privados encubiertos por un simulacro electoral en el que los votantes refrendan políticas impuestas por una élite minoritaria y en su beneficio. El segundo es la banalización del voto: la pérdida de la capacidad real de elegir de la ciudadanía. La influencia del poder económico sobre la política es tan grande que el derecho a voto termina siendo el derecho a elegir los representantes específicos de la clase dominante que nos “representarán” y oprimirán en el Parlamento a través de partidos-marioneta.
¿Cómo realizar por tanto la transición de la Democracia de Partidos a la Democracia Soberana?
Moeller Van Der Bruck afirmaba que “La Democracia es la participación de un pueblo en su propio destino”. Pero…¿cómo hacerlo posible?
Sin duda, la existencia de Partidos Políticos cuestiona –y mucho- esa posibilidad soberana. En el fondo (y no tan en el fondo) estos partidos no son sino meros carteles electorales del capitalismo donde se captan políticos profesionales que sirvan intereses particulares. No en vano, los medios de comunicación han actuado como instrumento de manipulación masiva. No en vano, la corrupción institucionalizada en medio de un sistema ya cerrado por una Ley electoral injusta y antidemocrática actúa como plataforma de sobornos, favores, donaciones ilegales, comisiones y todo un infierno que, de cuando en cuando, aflora en titulares de cierta prensa no domesticada.
No iba descaminado Karl Marx cuando definía a esa clase política privilegiada como “cuadrillas de especuladores políticos que alternativamente se posesionan del poder estatal y lo explotan por los medios y para los fines más corrompidos”, convirtiendo los Parlamentos -como dice el Antoni Aguiló- en comités de empresa donde la representación política es un servicio al alcance de quienes tienen medios para pagarlo; una clase que vive a costa de una democracia plutocrática globalizada, sin participación social, de sujetos apáticos e individualistas, represiva, desposesora de derechos, sin redistribución social, anclada en el discurso de la falta de alternativas, supeditada al mercado y saturada de corrupción
Hay otras formas de representación política que pasan por la complementariedad y la articulación entre diferentes formatos organizativos.
La pregunta obscena que nadie se atreve a formular es: Si aceptamos el ejercicio de la representación mediante una estructura parlamentaria, ¿por qué los partidos ostentan el monopolio de la representación? ¿por qué no pueden postularse a cargos electivos candidatos de movimientos sociales?.
Una Democracia Soberana, según el concepto elaborado por Vyacheslav Surkov, es aquella que une indisolublemente estos dos conceptos políticos: SOBERANIA y DEMOCRACIA. No puede existir una sin la otra. Así, esta noción no reclama tan solo el control sobre las organizaciones controladas desde el exterior, sino también sobre las empresas cuya actividad económica tiene un impacto directo sobre contexto de la puesta en marcha o de la concepción de las opciones políticas.
Conceptos como el mandato imperativo, la rendición de cuentas, la transparencia de los procedimientos, la revocabilidad de los cargos públicos o la rotación de cargos y funciones han de retornar a un primer plano. El sufragio universal –como recuerda de nuevo Alain de Benoist- no agota las posibilidades de la democracia: existe más ciudadanía que la que simplemente ejerce su voto.
Por más que muchos, de uno y otro lado del espectro político, se empeñen, hay conceptos que están retornado al escenario de la Política: La Nación, la Soberanía Nacional y el Estado.
Un apasionante tiempo llega.
Fuente: Carlos Martínez-Cava
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vendredi, 24 mai 2013
Réflexions générales sur l’état de la “démocratie” en Belgique
Robert Steuckers:
Réflexions générales sur l’état de la “démocratie” en Belgique
Conférence prononcée à Louvain, Salle Maria-Theresa, 22 mars 2012
Traduction française du script original néerlandais
A Jean E. van der Taelen (1917-1996), qui a lutté jusqu’à son dernier souffle pour une “démocratie directe et décisionnaire”.
“Qu’est-ce que la démocratie?” et “Qu’est-ce que la démocratie dans l’Etat belge aujourd’hui?” sont les deux questions auxquelles vous m’avez demandé de répondre dans le cadre de cette modeste conférence. Chacun semble savoir ce qu’est la démocratie mais force est de constater que la grande majorité de nos concitoyens, qu’ils soient Flamands, Wallons ou Allemands ne savent pas trop bien comment fonctionnent les mécanismes de l’Etat où ils vivent, Etat qui est théoriquement une “démocratie”.
Cet Etat est né en 1830, je ne vous apprends rien, et a voulu d’emblée se créer comme une démocratie modèle, en imitant paradoxalement certaines effervescences révolutionnaires françaises (plutôt celles de juillet 1830 que celles de 1789) tout en conservant des modes non démocratiques de fonctionnement, émanant du centralisme jacobin et bonapartiste, qui avaient pourtant été maintenus sous le régime du Royaume-Uni des Pays-Bas (1815-1830). Le nouvel Etat belge de 1830 combine de manière quelque peu incohérente des aspirations démocratiques, voire anarchisantes, avec une volonté de se référer à des modèles français tout en s’en défiant (notamment dans les milieux catholiques). La “révolution belge” de 1830 n’est donc pas un phénomène homogène: s’y téléscopent une volonté démocratique et constitutionaliste (que l’on repère surtout dans les pays allemands, en rébellion contre un certain centralisme prussien et contre la volonté anti-révolutionnaire de Metternich), une révolte populaire et anarchique pour le pain à Bruxelles à la fin de l’été 1830, un espoir d’ascension sociale plus rapide chez les catégories de la population qui avaient bénéficié du régime bonapartiste (observable chez les Libéraux de l’époque), un élément réactionnaire catholique qui refuse d’obéir à un Prince protestant de la dynastie des Orange-Nassau (et est prêt à s’allier avec le “diable” libéral pour s’en débarrasser), etc. Ce noeud inextricable de contradictions ira en s’accentuant, connaîtra parfois des périodes de relatif apaisement, pour aboutir au chaos tranquille et à l’indifférence généralisée d’aujourd’hui, face à un pouvoir dont les fondements religieux ou philosophiques et les rouages du fonctionnement apparaissent de plus en plus opaques.
A l’origine du fait belge: des troupes hétéroclites de mercenaires
Le député et historien Karim Van Overmeire a publié récemment, au sein du mouvement flamand, une histoire très fouillée de cette révolution de 1830, en rappelant notamment qu’il a fallu, comme en Syrie aujourd’hui, faire appel à des mercenaires issus des bas-fonds de Paris (la “Légion belge” du faux Marquis Doulcet de Pontécoulant) ou de Londres (les compagnies de Lecharlier) pour conquérir les Flandres, que ces mercenaires pilleront à l’occasion quand les caisses du nouvel Etat ne pouvait pas encore les payer décemment. Parmi ces mercenaires, on trouvait certes des Belges émigrés pour toutes sortes de motifs (relevant généralement du droit commun) mais aussi de nombreux Français, quelques Britanniques ou Irlandais, beaucoup d’Allemands, quelques Italiens et Ibériques. L’évocation de ces mercenaires turbulents est une rengaine du mouvement flamand, me diront sans doute mes lecteurs francophones, soucieux de se démarquer de ce “mouvement flamand” qu’ils craignent, souvent de manière irrationnelle. Cependant, la plus belle histoire de ces troupes a été écrite par Pierre Nothomb, l’arrière-grand-père d’Amélie Nothomb, écrivain en vue aujourd’hui, qui était un défenseur catholique de l’Etat belge, un adversaire des autonomistes flamands et un germanophobe dans la première phase de sa carrière. Dans un recueil de “bons textes”, établi en 1942 et intitulé “Curieux personnages” (éd. “Les Oeuvres”), Pierre Nothomb narre les tribulations de Pierre-Joseph Lecharlier, celui qui a levé les “volontaires belges de Londres” en 1830. Sous-officier du RU des Pays-Bas à Mons en 1817, Lecharlier se fait remarquer pour son inconduite, est ensuite incorporé dans un régiment disciplinaire à Hardenwijck; il déserte, rejoint une compagnie étrangère de l’armée française à Paris puis déserte une nouvelle fois —car il s’ennuie dans l’armée de la Restauration— pour se retrouver à Londres en 1824. Ses biographes sont étrangement silencieux sur ses activités en Angleterre: on chuchote qu’il a été contrebandier. En 1830, il lève des volontaires en Angleterre (mais, parmi eux, aucun Anglais!) et débarque à Bruxelles le 5 octobre, juste après les “journées de septembre”. La troupe de Pontécoulant y est déjà, composée en majorité de Parisiens recrutés dans le “Café belge”, rue Saint-Honoré. Le reste de cette petite armée privée compte des volontaires de toutes les nations. Doulcet de Pontécoulant connaissait la guerre, et même la “petite guerre”, le “Kleinkrieg” des partisans: il devait, au moment de l’effondrement de l’empire napoléonien, commander les francs tireurs de la Haute Saône contre les armées autrichiennes qui venaient de franchir les Vosges alsaciennes (un tableau gigantesque évoque ce passage au Musée militaire de Vienne); mis à pied au retour de Louis XVIII, il sert quelques années dans l’armée brésilienne. D’autres équipes de déclassés et d’aventuriers sont présentes (celles de Coché, Bauwens, Maréchal et Molesini-Sautel), en tout 700 à 900 hommes. Ces hommes s’emparent ensuite de Gand où Bauwens manque d’occire un magistrat de la ville, ce que l’oblige à quitter la troupe avec une trentaine de compagnons qui pillent la Flandre rurale pour subvenir à leurs besoins et pour se constituer une petite cagnotte.
Après les Flandres, l’Algarve
Doulcet de Pontécoulant tentera aussi de conquérir la Flandre Zéelandaise pour dégager l’Escaut et permettre au nouveau royaume en gestation de profiter des avantages du port d’Anvers, toujours tenu par la garnison loyaliste. Ces aventuriers turbulents participent ensuite aux combats de 1831-32 et, une fois la paix revenue, le gouvernement les encourage vivement à s’engager dans une “légion étrangère” portugaise, où se bousculaient déjà, au service du parti des “constitutionnels”, des troupes hétéroclites et hautes en couleur, anglaises, françaises, germaniques et écossaises. Le 6 octobre 1833, les volontaires issus des troupes de Pontécoulant, de Lecharlier et des autres capitaines de fortune qui avaient sévi en Flandre, s’embarquent à Ostende, sous le commandement de Lecharlier, et prennent la direction du Portugal, où des volontaires de toutes nationalités s’étaient déjà rassemblés, dont le Colonel Borso, un Italien de Gènes, le major polonais Urbansky et l’officier de cavalerie anglais Bacon. Lecharlier fera, pour Dona Maria, la Reine constitutionaliste, la conquête de l’Algarve contre les soldats de Don Miguel, posé comme “réactionnaire” et comme “tyran”, parce que partisan de maintenir certains dispositifs de l’ancien régime.
Le 1 mai 1835, le gouvernement intègre dans la nouvelle armée belge les officiers de la troupe de Lecharlier, qui avaient combattu au Portugal, sauf leur chef, jugé trop turbulent et indiscipliné. Lecharlier entreprend des démarches pour se faire intégrer dans l’armée: en vain! Dépité par les refus successifs qu’il encaisse, il quitte l’Europe pour chercher l’aventure en Amérique centrale mais disparaît dans le naufrage de son navire. Nothomb raconte avec lyrisme et grand talent littéraire l’aventure de Lecharlier, tout en laissant bien sous-entendre que le personnage, indubitablement pittoresque, ne convenait pas au bon fonctionnement d’une armée normale dans un Etat qui voulait bien vite acquérir un statut de normalité en Europe et se défaire de sa mauvaise réputation “révolutionnaire”.
Ces anecdotes, peu évoquées, sur les événements de 1830-31, démontrent que l’avènement de la “démocratie” officielle en Belgique ne s’est pas fait avec l’assentiment du gros du peuple, généralement acceptant et peu intéressé à la politique (contrairement à ses voisins français ou allemands) mais 1) par le déclic d’une révolte locale anarchisante sans projet politique défini, uniquement pour le pain, à Bruxelles et 2) par le truchement de troupes aventurières, recrutées dans les bas-fonds de villes étrangères comme Paris, Londres ou Roubaix, comme on recrute aujourd’hui à Molenbeek ou à Schaerbeek des djihadistes qui luttent contre le pouvoir établi en Syrie. L’avènement, dans la violence également et avec les mêmes acteurs, du “constitutionalisme” au Portugal participe du même schéma opératoire: les puissances occidentales, subversives dans leurs fondements, recrutent des déclassés pour forcer des pays limitrophes à adopter des principes de gouvernement semblables aux leurs, pour mettre en selle des régimes prêts à faire leur politique et surtout peu susceptibles de s’allier avec les puissances traditionnelles du coeur du continent.
Opposition au système Metternich – L’oeuvre politique d’Ernst Moritz Arndt
Il n’empêche qu’au cours des trois ou quatre premières décennies du 19ème siècle, les peuples d’Europe aspiraient à bénéficier d’une constitution démocratique et voulaient un élargissement du droit de vote aux catégories plus modestes de la population. Les peuples avaient été mobilisés pour faire la guerre contre Napoléon, surtout en Prusse où les bataillons de volontaires de 1813 s’étaient recrutés dans toutes les strates de la population, sans aucune distinction de classe. L’obligation de verser son sang, aux yeux des anciens soldats, devait être compensée par le droit d’intervenir “démocratiquement” dans la formation des gouvernements, des pouvoirs législatifs et exécutifs. Plusieurs petits soulèvements locaux ont ainsi secoué l’Allemagne entre 1825 et 1835: tous portaient, en signe de ralliement, un drapeau rouge-noir-or, symbole de “démocratie” dans les pays germaniques. Ces couleurs ressemblent à celles dites du Brabant, rouge-jaune-noir, utilisées lors de la “révolution” de 1789 contre les réformes éclairées de l’Empereur Joseph II. La différence, de taille, c’est que la révolte anti-joséphienne de 1789 était ultra-réactionnaire, dirigée contre les “Lumières” du despotisme éclairé, et ne comprenait qu’une aile minoritaire libérale, dite “vonckiste”, rapidement mise hors circuit par le déchaînement, dans la rue, d’une violence inouïe. Celle de 1830 a toutes les apparences du libéralisme du début du 19ème, affublé de quelques oripeaux romantiques (la “Muette de Portici”) mais sans l’atout de la politique et de la pensée romantiques, telles que les a décrites un Georges Gusdorf, éminent professeur de l’université de Strasbourg, dans ses multiples volumes consacrés à l’évolution de la pensée du 18ème au 19ème. Et sans la rigueur et la concision de la pensée d’Ernst Moritz Arndt, populiste réclamant une constitution, à la manière des Lumières et du libéralisme du début du 19ème, mais sans la folie révolutionnaire française de vouloir faire table rase de tous les legs du passé ethno-national, enclenchant de la sorte un “processus de dégénérescence” irréversible, faisant basculer les Lumières dans l’ “Ungeist”, le “non-esprit”; en effet, dans son ouvrage “Deutsche Volkwerdung” (= “Le devenir-peuple des Allemands”), il démontre et explique qu’un peuple ne devient peuple que s’il transforme tous ses ressortissants en “zoon politikon” (= “politische Menschen”), ce qui implique d’abjurer les idées et les attitudes réactionnaires qui le minorisent (Kant!), de refuser le cosmopolitisme (expression d’impolitisme dégénéré, déduit d’une coquetterie volontairement inattentive à tout ce qui relève du “hic et nunc”), de refuser avec la même vigueur les pensées mécanicistes et inorganiques (celles de la révolution française qui ne font que laïciser et républicaniser l’absolutisme anti-populaire). Le peuple, en l’occurrence le peuple allemand, ne devient un vrai peuple, à l’instar des Suédois (la Suède est le modèle d’Arndt), donc un peuple politique, que s’il respecte et cultive l’héritage de ses pères, génère une vie artistique qui lui soit propre, adhère aux valeurs héroïques et conserve une vigueur vitale qui en fait en permanence un peuple jeune, challengeur face à toutes les décrépitudes. Enfin, un peuple n’est peuple que si le droit qu’il se donne puise dans les traditions juridiques qui sont les siennes et ne se réfère jamais à des modèles juridiques étrangers (allusion au droit néo-romain du Code Napoléon). Ernst Moritz Arndt était perçu comme un “jacobin”, comme un dangereux révolutionnaire, comme un “démagogue”, par les forces réactionnaires de son époque. On doit plutôt le considérer comme un combattant de la liberté, une liberté qui ne doit rien à la chimère de la “méthodologie individualiste” mais s’inscrit dans le cadre d’un destin collectif, auquel aucun citoyen ne peut se soustraire.
Les effervescences constitutionalistes en pays allemands
Le cycle révolutionnaire-national-constitutionaliste-démocrate en Europe du Nord commence sans doute le 26 mai 1818, quand le Roi Maximilien-Joseph de Bavière accorde une constitution à ses sujets, assortie d’une représentation bicamérale, avec un sénat composé de représentants de la haute noblesse et une chambre basse, composée de la petite noblesse, de la bourgeoisie et de la paysannerie, ce qui impliquait un élargissement très généreux du cens électoral. Le 22 août de la même année, le Grand-Duc Charles de Bade accorde une constitution encore plus libérale à ses sujets. Le 25 septembre 1819, c’est au tour du Roi Guillaume de Wurtemberg d’octroyer à son peuple une constitution similaire à celles de Bavière et de Bade. Dans le reste des pays allemands, la répression s’organise autour d’une “Commission centrale d’enquête” basée à Mayence et frappe les intellectuels. Metternich fait réaffirmer le “principe monarchique” et cherche à dépouiller les chambres de leurs prérogatives, à les réduire à de simples organes de consultation. Malgré cette pression, le Grand-Duc de Hesse-Darmstadt est contraint d’élargir le cens et de modifier la constitution dans un sens plus démocratique, le 18 mars 1820. Au printemps 1830, fin mars, le Grand-Duché de Bade, avant les soulèvements de Paris et de Bruxelles, évolue vers un libéralisme plus souple encore. En juillet 1830, la France devient une monarchie constitutionnelle. En septembre 1830, comme à Bruxelles, les Brunswickois se révoltent et chassent leur Duc, qu’ils s’étaient mis à haïr. Le 5 janvier 1831, le Prince électeur Guillaume II de Hesse accorde une constitution à ses sujets où le “Landtag” dispose à lui seul du droit de lancer toute initiative d’ordre législatif, de contrôler entièrement le budget et de révoquer les ministres. Le 26 mai 1831, le “Landtag” bavarois oblige le Roi à révoquer le ministre de l’intérieur, Edouard von Schenck. Le 4 septembre 1831, un an après les barricades de Bruxelles, le Roi Antoine de Saxe est contraint d’octroyer à son tour une Constitution. Le 31 décembre 1831, les réformes en pays de Bade prennent de l’ampleur: l’ordonnance réglementant le fonctionnement des communes équivaut presque à autonomiser celles-ci et à politiser de plus larges strates de la population.
Hambach: du constitutionalisme à la révolution
Du 27 au 30 mai 1832 se tiennent les “fêtes nationales” de Hambach, auxquelles participent plus de 30.000 personnes, venues surtout de l’Allemagne du Sud-Ouest, donc de pays bénéficiant déjà d’un régime constitutionnel. Deux délégations étrangères y participent: l’une vient de France, l’autre de Pologne (où la révolte de 1830-31 a été écrasée par les forces prussiennes et russes, garantes de l’ordre voulu par Metternich). Les orateurs réclament cette fois l’abolition du principe monarchique qui maintient, disent-ils, la division de l’Allemagne en petits duchés et principautés. Un république unie, juxtaposée à d’autres républiques nationales en Europe, rassemblerait tous les Allemands en un seul Etat. La “fraternité démocratique” entre les peuples remplacerait la “Sainte Alliance” des empereurs, rois et princes, reposant sur le principe monarchique. Avec Hambach se clot l’ère des revendications constitutionalistes au sein d’Etats, petits ou grands, qui pouvaient rester, dans l’optique des contestataires eux-mêmes, des monarchies. C’est un pas que la “révolution belge”, la “Belgische omwenteling” de Maurits Josson, n’a pas franchi: les révoltés cherchaient un roi... (sur Hambach, cf. Wolfgang Strauss, “Ein Volk, das seine Ketten bricht – 150 Jahre Hambach – Parteienfestival oder revolutionäre Erneuerung?”, in: “Mut”, n°177, Mai 1982).
Les troubles qui ont conduit à l’indépendance belge s’inscrivent donc dans un contexte européen de revendications nationales-constitutionalistes (plutôt que “nationales-libérales”) et de contestation de l’ordre établi au Congrès de Vienne en 1815 sous l’impulsion du Prince Metternich, soucieux de ne plus jamais livrer l’Europe aux “démagogues”. Vu l’analphabétisme assez répandu dans les anciens Pays-Bas autrichiens, après un 17ème et un 18ème sans productions culturelles notables (cf. H. J. Elias, “Geschiedenis van de Vlaams Gedachte”, vol. 1), il n’est pas sûr que le gros de la population des provinces belges cherchait un ordre constitutionnel car une telle vision politique aurait impliqué un taux d’alphabétisation plus élevé, justement comme dans les provinces d’Allemagne du Sud (Bade, Bavière, Wurtemberg), auxquelles les souverains avaient concédé des constitutions, ou, à la limite, comme dans l’ex-Duché du Luxembourg, inféodé au Royaume-Uni des Pays-Bas (RUPB), seule région où l’alphabétisation était largement répandue à l’époque. Le RUPB disposait certes d’une constitution, la ‘Grondwet”, mais la volonté royale de moderniser les deux composantes du pays était perçue comme “anti-démocratique” par les libéraux francophiles et post-bonapartistes et par les catholiques, hostiles à toute immixtion royale-protestante dans les affaires scolaires et religieuses des ex-Pays-Bas autrichiens. Les libéraux, majoritairement francophones et culturellement tournés vers la France, contestaient la politique linguistique du Roi Guillaume des Pays-Bas, qui accordait une place prépondérante au néerlandais. Les catholiques voulaient un Etat majoritairement catholique, ce qu’il était, mais cette majorité catholique devait —à leurs yeux et à une époque marquée par l’ultramontanisme— s’imposer sans le moindre partage, être libérée de toute présence protestante-calviniste (et accessoirement de toute influence libérale trop prépondérante). Les catholiques de 1830 se retrouvent plus ou moins sur la même ligne que les révoltés de 1789, les “Statistes” fédéralistes, harangués par un fanatique religieux, le chanoine van Eupen. Les autres, les libéraux francophiles, souvent issus du fonctionnariat napoléonien, veulent s’aligner sur des modèles français, parfois dans l’espoir d’une annexion ultérieure, ou, du moins, espèrent l’avènement d’une monarchie constitutionnelle similaire à celle de la France de Louis-Philippe. Ces deux forces dominantes, après avoir liquidé par corruption la révolte prolétarienne pour le pain à Bruxelles (cf. les travaux de Maurice Bologne), vont donner le ton: les influences diffuses des nationaux-constitutionalistes allemands réémergeront, de manière seulement fragmentaire, dans deux filons contestataires du 19ème siècle (et partiellement du 20ème), le mouvement flamand émergent et les libéraux dits de “gauche” (dont une fraction, allié à d’autres forces situées plus à “gauche”, donnera ensuite naissance au pilier socialiste). Ces deux mouvements militeront notamment pour une alphabétisation générale dans la langue du peuple.
Les avatars du drapeau
L’histoire du drapeau belge témoigne des atermoiements entre factions différentes: quand des mercenaires français hissent le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge sur l’Hôtel de Ville de Bruxelles, celui-ci est aussitôt arraché par la garde urbaine, placée à ce moment-là des événements sous la direction de Ducpétiaux et Jottrand, et remplacé par un drapeau rouge-jaune-noir, considéré comme “brabançon”: dans ces couleurs se mêlent le souvenir (sans doute fort diffus et ténu en 1830) des événements de 1789 et une vague adhésion au démocratisme constitutionaliste des pays d’Allemagne du Sud. Au départ, les couleurs sont disposées horizontalement, comme le drapeau de la “révolution brabançonne” de 1789 et comme l’étendard de ralliement des démocrates allemands de l’ère de la Restauration. Les couleurs seront ensuite placées en position verticale, par une sorte de compromis: on ne veut pas du jacobinisme français, forme laïque et révolutionnaire d’absolutisme, mais on ne veut pas davantage du démocratisme allemand; on est constitutionaliste, soit en faveur d’une monarchie constitutionnelle, mais on n’est pas nationaliste: ni à la manière de la bourgeoisie louis-philipparde (cf. Heinz-Gerhard Haupt, “Nationalismus und Demokratie – Zur Geschichte der Bourgeoisie im Frankreich der Restauration”, Europäische Verlagsanstalt, Frankfurt am Main, 1980) ni à la manière des révolutionnaires nationaux-démocratiques qui ont défilé lors des “fêtes” de Hambach en 1832. Ce premier compromis à la belge est symbolisé par les avatars successifs du drapeau du nouvel Etat: couleurs verticales pour montrer que l’on ne va pas trop loin dans la révolte (Gendebien sur le soulèvement prolétarien de Bruxelles: “Une mauvaise farce d’écoliers”), que l’on maintient une partie du fonctionnariat bonapartiste (resté en place à l’époque du RUPB et noyau dur du libéralisme maçonnique belge), que l’on conserve le droit romain à la sauce Bonaparte et que l’on ne revient pas aux traditions juridiques des Flandres et du Brabant (ce qu’un Arndt aurait demandé...), que l’on permet au Roi d’exercer certaines prérogatives d’ancien régime mais que l’on reste néanmoins dans la tradition constitutionaliste. Ce système sera même un modèle pour les députés de l’éphémère parlement de Francfort de 1848: pour l’Allemagne unie, ils ont voulu un régime de monarchie constitutionnelle à la belge voire le Roi Léopold I comme nouvel empereur constitutionnel!
Un noeud gordien que l’on ne peut plus trancher
Le noeud de contradictions demeure irrésolu après l’indépendance de la Belgique et ne peut être tranché (ne sera jamais tranché), à la manière d’Alexandre, parce qu’il n’existe pas de culture politique commune à tous, ni aux communautés linguistiques ni aux factions qui divisent et le pays et chacune de ces communautés, et que les tentatives littéraires de forger un esprit national se sont heurtées à l’indifférence d’une bourgeoisie dominante mais matérialiste et, partant, totalement inculte (cf. le désintérêt pour l’oeuvre de Charles Decoster puis pour les réalisations architecturales de Victor Horta et de son équipe, édifices que l’on commençait déjà à détruire du vivant de l’architecte parce qu’on ne les trouvait pas assez “utiles”!!). La révolte des “libéraux de gauche”, et l’abnégation admirable de jeunes instituteurs cherchant à alphabétiser les masses, notamment à Bruxelles, permettront certes de développer, tardivement, une politique scolaire digne d’un Etat moderne, mais une politique qui se heurtera de manière récurrente à un matérialisme borné et tenace, à des sectarismes totalement anachroniques, à une haine féroce contre tout ce qui relève de la culture humaniste, hier moquée par les “réalistes”, par les suffisants qui qualifiaient les matières scolaires relevant de la culture générale, comme la géographie ou l’histoire, ou des humanités classiques —le grec et le latin— d’inutilités (“ça sert à rien”); aujourd’hui culture générale et joyaux misérablement résiduaires de l’éducation classique sont noyées dans un festivisme hostile à toute qualité et dans un relativisme “interculturel” qui nous fait sombrer dans la barbarie la plus obscurantiste (pour saisir de manière poignante ce que fut l’apostolat de jeunes instituteurs flamands et laïques à Bruxelles au 19ème, lire: Eliane Gubin, “Bruxelles au XIXe siècle: berceau d’un flamingantisme démocratique, 1840-1873”, Crédit communal de Belgique, Coll. “Histoire Pro Civitate”, n°56, 1979).
Pour expliquer l’évolution des “choses démocratiques” dans l’espace devenu belge après la scission du RUPB, il faut rappeler certains principes de la Constitution de ce royaume qui, uni, n’a duré que quinze ans. Cette constitution fonctionnait avec un “peuple-électeur” quantitativement très limité. Cependant certaines dispositions de cette “loi fondamentale” étaient peut-être plus démocratiques que les dispositions actuelles: ainsi, les élections communales avaient lieu tous les six ans, comme aujourd’hui, mais la constitution, jusqu’au début de l’histoire belge proprement dite, prévoyait le renouvellement d’un tiers du collège tous les deux ans, permettant un contrôle plus étroit des mandataires et l’élimination des farceurs et des “bras cassés”, ce qui n’est plus possible aujourd’hui. L’élargissement du cens électoral n’a pas permis de pérenniser ce système plus démocratique: impossible, budgétairement parlant, de réorganiser des élections tous les deux ans dans chacune des communes du royaume. Comment la situation a-t-elle dès lors évolué? L’évolution ultérieure s’explique par des motifs nombreux et divers, qu’il est impossible d’évoquer, même succinctement, dans le cadre de cette causerie. La révolution industrielle, qui prend son envol en Belgique plus rapidement que dans d’autres régions d’Europe continentale, Allemagne comprise, génère un prolétariat déraciné (exode des campagnes vers les villes) et privé de droits politiques. En marge du parti libéral d’abord, dans certains cénacles ultramontains (hostiles au manchestérisme industriel et capitaliste) puis, enfin, dans le parti socialiste, le prolétariat urbain va réclamer un élargissement du cens électoral pour pouvoir voter ou faire voter des lois qui puissent améliorer son sort. Ces revendications seront toujours assorties d’une volonté de conquérir le suffrage universel, “pur et simple” et non pas “universel, capacitaire et familial”. Mais l’augmentation du nombre des électeurs fait qu’il devient impossible de procéder à des élections intermédiaires, tous les deux ans, pour renouveler, le cas échéant, le tiers des conseils communaux, ou de procéder de manière analogue pour les autres assemblées. Paradoxalement, l’idée du suffrage élargi puis universel permet un contrôle démocratique moindre que certains aspects du suffrage censitaire... Une contradiction à laquelle plus personne ne réfléchit sérieusement...
Luciano Canfora et le paradoxe de Condorcet
La question du suffrage universel est abordée dans un ouvrage de référence fort bien charpenté du professeur italien Luciano Canfora, intitulé “La democrazia – Storia di un’ideologia” (Ed. Laterza, Roma/Bari, 2004, 3ième éd., 2010). Le Prof. Canfora enseigne la philologie classique à l’Université de Bari et est le directeur de la revue “Quaderni di storia”: à ce titre, il plonge sans cesse dans les archétypes les plus fructueux de nos héritages grecs et latins et s’immerge, armé de cette formidable panoplie intellectuelle, dans le flux du réel contemporain. Dans “La democrazia”, Canfora explique que la revendication du suffrage universel s’est déployée, dans l’histoire européenne, en trois étapes: 1) lors de la révolution française, 2) à la fin de la II° République en France (et donne un pouvoir personnel et césarien au futur Napoléon III), 3) immédiatement après l’effondrement du tsarisme en Russie, pour donner le pouvoir aux commissaires bolcheviques puis, en Allemagne, après la parenthèse de la République de Weimar, à la NSDAP. Pour Canfora, le suffrage universel, bien que nécessaire à la démocratie, est aussi, simultanément, l’instrument qui l’annulle face à des événements forts, exigeant des prises de décision plus rapides. Canfora explique le mécanisme d’annulation démocratique en se référant à un texte de Condorcet, écrit en 1785, le trop peu connu “Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix”. Dans cet essai, qui précède la révolution française de quatre petites années seulement, Condorcet démontre que, s’il y a plus de deux choix, il est impossible d’obtenir un résultat politique cohérent, c’est-à-dire, “d’étendre la transitivité des préférences individuelles aux préférences sociales”. Ainsi, prenons trois électeurs, Messieurs X, Y et Z. La transitivité s’opère aisément si tous votent, par exemple, comme Monsieur X, qui préfère le parti A au parti B, et le parti B au parti C. Mais si X choisit cet ordre ABC tandis qu’Y préfère l’ordre BCA et Z, l’ordre CAB, aucune transitivité parfaite n’est possible: le résultat électoral, traduit en sièges, ne reflètera en aucun cas les opinions ou desiderata de tous les citoyens. C’est là le “noeud gordien” qu’il nous est désormais impossible à trancher selon des procédés démocratiques, sauf à recourir à une nouvelle mouture du césarisme de Napoléon III, aux commissaires bolcheviques (but du nouveau PTB?) ou à un système de parti unique avec chef incontesté, comme l’était la NSDAP allemande.
Le socialisme: de la volonté de bâtir une “autre société” à la barbarie et l’inculture
La longue marche des socialistes belges vers le pouvoir fait émerger un phénomène typiquement belge (et néerlandais), celui dit de la “pillarisation”, soit l’émergence de ce que les politologues néerlandophones nomment les “zuilen” ou ‘”piliers” de la société. Ces “zuilen” sont constituée par l’ensemble des organisations, associations, etc. qui gravitent autour des trois principaux partis du royaume, les catholiques (bénéficiant d’un antécédant vu l’organisation des paroisses), les libéraux (dont le “pilier” sera toujours moins lourd que les autres) et les socialistes (qui construiront leur pilier pour le rendre presque aussi efficace que celui des catholiques, ou plus efficace encore, dans les régions les plus industrialisées de la Wallonie). Au début de son histoire, le “pilier” socialiste propose ainsi une “autre société”, démarche qui s’exprime partiellement par le mouvement “art nouveau”, avec un Horta qui édifie une “Maison du Peuple” extraordinaire (que les socialistes ultérieurs s’empresseront de faire démolir, preuve la plus emblématique de la barbarie et de l’inculture dans lesquelles ce “pilier” a chaviré!) et par la volonté de créer des écoles, à la suite des pétitions demeurées sans succés des libéraux populistes, soucieux du maintien de la culture: leurs aspirations, leurs démarches, leurs organisations modestes (mais admirables) sont désormais un phénomène politique définitivement disparu. Le flamingantisme premier est issu de ce libéralisme populaire, parfois orangiste et plus rarement bismarckien, surtout à Bruxelles.
La Maison du Peuple de Bruxelles, oeuvre d'Horta, détruit par les socialistes à la fin des années 50
Après l’effondrement du système scolaire efficace et bien conçu, mis en place par le Roi Guillaume I des Pays-Bas Unis, après la dispariton des lois scolaires du RUPB, l’Etat belge, à ses origines, est un exemple de barbarie effroyable: il n’y a plus, dans ce royaume, de système scolaire digne de ce nom, comme l’explique l’historienne liégeoise Eliane Gubin, spécialiste du flamingantisme démocratique bruxellois du 19ème siècle (cf. également le chapitre consacré à l’analphabétisme, résultat des “révolutions française et industrielle” dans le livre du Prof. Dr. Fernand Lehouck, “Van apathie tot strijdbaarheid – Schets van een geschiedenis van de Belgische vakbeweging 1830-1914”, Orion, Brugge, 1980; le Prof. Lehouck rappelle notamment l’enquête Ducpétiaux de 1843 où 648 ouvriers et ouvrières sur 1000 étaient totalement analphabètes; à Bruges en 1886, 19.179 habitants sur 47.497 demeuraient analphabètes; entre 1868 et 1886, entre 5,6% et 7,8% des enfants en âge d’école primaire fréquentaient les écoles gratuites). Sans écoles bien organisées, il n’y a pas de transmission possible: ce qui explique l’état d’amnésie dans lequel le “machin Belgique” a toujours végété, avec seulement quelques lueurs passagères, comme la volonté de créer une littérature “racique” avec Decoster et Lemonnier, l’émergence du “mythe bourguignon” (Hommel, Colin), le souvenir de Charles-Quint dans des cercles académiques restreints (De Boom, Géoris, Blockmans, Verbrugge, etc.), les tentatives un peu simplistes de Jo Gérard, les efforts des historiens de la littérature (Aron, Quaghebeur, Klinkenberg, Joiret, etc, flanqués des Canadiens Biron et Grutman) dans un milieu qui hélas, lui aussi, n’est qu’académique: rien n’est fait pour insuffler au grand public un sens de l’histoire conforme aux époques les plus sublimes du passé d’entre-Somme-et-Rhin. La preuve? On a supprimé les subsides pour l’un des deux défilés annuels de l’Ommegang (souvenir sublime de Charles-Quint et hommage poignant au principe impérial) pour les affecter à la “Gay Pride” et à la “Zinneken Parade”. Le spectacle n’est plus diffus, comme le disait Guy Debord à propos des démocraties occidentales, il est à nouveau visibilisé et outrancier, comme dans les fascismes, nazismes et autres stalinismes nord-coréens... mais sans bottes ni baudriers ni pas de l’oie. On s’y tortille le cul au rythme des sambas les plus lascives, fessards flasques impudiquement recouverts d’un simple string. On a mieux depuis 2012: les “femens”, dont les charmants gargamels sont maculés de slogans hideux, badigeonnés sans le moindre effort calligraphique, ce qui fait, hélas oublier la Vénus de Milo ou les sculptures de Praxitèle et ôte toute d’envie d’aller les poutouner, dans un grand élan coquin et rabelaisien.
“Autres Lumières” et Kulturstaat
Revenons au 19ème siècle. La reconstitution d’écoles a donc relévé du pur apostolat, de l’abnégation et du dévouement de personnes privées, qui n’ont reçu aucun soutien des autorités en place. Cette posture anti-scolaire, cette attitude de barbarie moderne qu’incarnait le nouvel Etat, né suite aux brutalités des mercenaires recrutés dans les bas-fonds de Londres et de Paris, explique le sentiment anti-belge qui perdurera chez les intellectuels, à commencer par ces instituteurs jeunes et volontaires, idéalistes au sens le plus pur du terme. Ici, il est bon, me semble-t-il, de faire une petite digression, amorce d’une causerie future: un Etat véritablement “démocratique”, au sens que lui aurait donné un philosophe des “autres Lumières” comme Herder, ne devrait-il pas être le “Kulturstaat”, soit l’Etat qui met la préservation de la culture au-dessus de toute autre considération? Ne faut-il pas souhaiter un Etat porté par un idée organique et généreuse (classée à ce titre à gauche de l’échiquier politique!) comme celle théorisée au 19ème par le Norvégien Johan Ernst Sars (cf. Bernhard P. Falk, “Geschichtsschreibung und nationale Ideologie - Der norwegische Historiker J. E. Sars”, Carl Winter Verlag, Heidelberg, 1991)? Cette idée est présente dans bons nombres d’esprits en Allemagne mais n’a jamais trouvé de concrétisation dans les pays germaniques continentaux (en Scandinavie, notamment par l’impact d’un Sars, les choses sont moins dramatiques, la notion d’enracinement est toujours palpable et résiste tant bien que mal à tous les assauts des forces porteuses du déclin irrémédiable de la culture européenne). Elle est très présente toutefois dans le socialisme (Connolly) et le nationalisme (Davis, Pearse) irlandais: même après le second conflit mondial, le Président Eamon de Valera et son ministre Sean MacBride ont répété très souvent, dans les congrès dits “panceltiques” ou à la tribune d’instances internationales, que la mission de l’Irlande dans le monde était de défendre les héritages culturels, garants de l’équilibre international, garants aussi du bonheur des peuples, qui pourront ainsi être en accord avec leur “coeur profond”. Mieux: le recteur de l’Université de Dublin a le droit d’opposer son veto aux lois votées par le Parlement, si ces lois lui semblent des aberrations, imaginées par des échaudés ou des têtes brûlées comme les petits mondes politiciens en produisent tant. Des modèles à méditer.
Paul Belien et le “coup de Loppem ”
Pour un polémiste de la trempe de Paul Belien, la Belgique “pilarisée” d’aujourd’hui a trouvé sa forme en 1919, à la suite du “compromis de Loppem ”, ou “coup de Loppem ”, diront à l’époque les catholiques, pourtant unitaristes et royalistes. Dans le château de Loppem, près de Bruges, les chefs de file des partis libéral, socialiste et catholique, flanqués des représentants du patronat et de la classe ouvrière, décident d’un nouvel agencement de la vie politique du royaume, avec l’approbation du Roi Albert I, soucieux d’éviter tous conflits sociaux et toute contagion par contact avec les “conseils” des soldats allemands révolutionnaires qui avaient fraternisé avec les travailleurs belges dans les villes industrielles (notamment à Liège) en 1918, situation analogue à celle qui avait animé les rues de Strasbourg avant le retour des armées françaises: sur le palais de justice de la métropole alsacienne, on peut toujours, aujourd’hui, apercevoir les impacts des balles et des obus légers, tirés par les Français pour en déloger les “spartakistes” des conseils d’ouvriers et de soldats et leurs alliés locaux. Le Roi craignait aussi la fusion du socialisme révolutionnaire (voire du communisme) avec le nationalisme flamand, parfaitement envisageable en cette période de chaotisation totale des sociétés européennes. Les soldats flamands n’avaient-ils pas crié à l’adresse des officiers français en visite sur le front de l’Yser: “A bas la France! Vivent les Soviets! Vivent les Boches! Vive Lénine! Vive le Kaiser! Vive la Révolution!” (cf. les travaux du Prof. Guido Provoost). Le Roi avait profité de cette “aubaine” pour éviter toute inféodation de l’armée belge au commandement suprême allié, toujours prompt à lancer des offensives inconsidérées et très sanglantes: un Roi demeure soucieux du sang de ses sujets; une république à la française s’en soucie comme d’un guigne! Si le souci du Roi était louable pendant les hostilités, où il souhaitait épargner le sang de ses soldats et demeurer un “belligérant” mais non un “allié” de l’Entente (il n’a prêté de soldats qu’au Tsar), ses craintes de 1919, quand il pensait qu’une révolution était imminente, ont conduit à l’adoption d’un système figé, celui du “coup de Loppem”, qui n’autorise quasiment plus de renouvellement des élites par voie électorale, le suffrage universel pur et simple, voulu par les socialistes, s’avérant plus “bloquant” que les autres formes de suffrage. Si le bourgeois borné et affairiste vote sans cesse pour les mêmes programmes conservateurs de ses avantages, les masses prolétarisées, maintenues analphabètes et manipulées à tire-larigot, votent également pour les mêmes démagogues: le vote des vraies élites culturelles, qui détiennent la longue mémoire, est noyé dans un magma démagogique qui est toujours conservateur et jamais rénovateur ou innovateur. C’est là, sans nul doute, sur le long terme, un effet “hétérotélique” (Jules Monnerot).
Depuis 1919, le système de Loppem barre encore et toujours la route aux challengeurs de la troïka libérale/socialiste/démocrate-chrétienne, en utilisant des méthodes qui ne sont guère reluisantes (et dont se sont servi allègrement les ignares et les pignoufs de la “Sureté de l’Etat”, analphabètes bornés et sans nuances comme le sont les Dupont-Dupond d’Hergé). Dans le pilier catholique, pourtant sûr de faire toujours partie de la troïka vu ses scores impressionnants, des voix se sont élevées pour dénoncer ce partage du pouvoir à trois, surtout qu’il rendait possible, par le suffrage universel pur et simple, introduit après la première conflagration mondiale du 20ème siècle, des tandems catholiques/socialistes (perçus par les critiques catholiques rangés derrière le Cardinal Mercier, d’obédience maurrassienne, comme des aberrations) ou, pire, des majorités libérales/socialistes, portées en coulisses par des ennemis de l’Eglise et du catholicisme. Ces voix étaient plus conservatrices que démocrates-chrétiennes: elles tenteront de se maintenir dans les majorités gouvernementales, même composées avec les socialistes; certains de ces conservateurs —parfois conservateurs de valeurs anciennes et non modernes, tout en étant de vigoureux militants ouvriéristes n’ayant aucune leçon de progressisme social à recevoir des gauches— auront des tentations rexistes mais le rexisme sera très rapidement évincé, après son éphémère succès électoral de 1936.
Absence navrante de références italiennes
Belien a donc raison d’incriminer le “compromis de Loppem”, comme étant un dispositif destiné à geler toute circulation des élites, à tuer dans l’oeuf toute émergence de nouvelles donnes (en dépit des concessions accordées, par la force des choses, à la Volksunie de Schilz et au FDF de Lagasse dans les années 70). Il campe dès lors le système belge comme “non démocratique”, puisqu’il ne laisse aucune tribune d’expression politique dans les assemblées législatives aux forces politiques challengeuses (surtout flamandes et dès lors majoritaires aux niveaux régional et communautaire de la Flandre), pour lesquelles on fabrique des “cordons sanitaires”; Belien a toutefois la naïveté d’en appeler sans cesse au monde anglo-saxon (une bonne partie de son oeuvre livresque et journalistique est rédigée en anglais), pour qu’il aide la Flandre à trouver une “bonne gouvernance”, selon les théories se voulant “démocratiques” qui sont énoncées dans le monde intellectuel britannique ou américain. Belien oublie cependant que, pendant la première guerre mondiale, des lois d’exception, des décrets circonvenant les parlements, ont été adoptés chez tous les belligérants, y compris chez les Anglo-Saxons, et que ce mode de “gouvernance” s’est maintenu en temps de paix, jusqu’à nos jours. Belien, comme, hélas, beaucoup d’intellectuels flamands, ne s’est jamais mis à l’écoute du monde intellectuel italien, dont les productions, innombrables, étudient avec toute la rigueur académique voulue comment circonvenir des partitocraties figées, comme celles qui ont corrompu l’Italie depuis son émergence tardive en tant qu’Etat unitaire sur la scène européenne et comme celle qui sévit en Belgique depuis 1919. Cette habilité à miner le pouvoir des “conformistes” et des “établis” en tous genres a donné successivement l’éclectisme mussolinien, le qualunquisme d’après 1945, et après les “années de plomb” et de répression orchestrée contre toutes les forces challengeuses, l’opération “mani pulite” des années 90 et l’arrivée au pouvoir de trois forces non conventionnelles, la Lega Nord d’Umberto Bossi, l’Alliance Nationale de Gianfranco Fini et “Forza Italia” de Silvio Berlusconi, même si ces deux dernières formations ont sombré dans un conformisme nouveau au bout de quelques mois à peine... Cette habilité explique aussi deux phénomènes relativement neufs: 1) l’apparition à Rome, puis dans toutes les autres villes italiennes, du mouvement “Casa Pound”, classé plutôt à tort qu’à raison dans le sillage du “néo-fascisme” et 2) l’émergence de Beppe Grillo et de son mouvement “va-fanculo” (ce que l’on a bien envie de dire, même en liégeois —“vas’ti fére arrêdjî”— aux di Rupo, Verhofstadt, Decroo, Onkelinks, Dehaene entre autres sinistres personnages).
Belien ne s’est donc pas branché sur les débats italiens, bien plus utiles à son “mouvement flamand” que les pesanteurs ou les simplismes du gourou de Margaret Thatcher, le philosophe moraliste Oakshott (dont Verhofstadt, le nouveau copain de Cohn-Bendit dans les coulisses du Parlement Européen, s’entichait, à l’époque où les vieux syndicalistes gantois, véreux et corrompus, le traitaient de “gamin de merde” – “dââ joeng”), bien plus utiles aussi que les théories des Chicago Boys, que les travestissements boiteux de la pensée de Friedrich von Hayek par le “common sense” des “shopkeepers” presbytériens ou méthodistes, que la pensée “ras-des-pâquerettes” du Tea Party ou que les lapalissades des paléo-conservateurs à la Sarah Palin ou que les conneries retentissantes des “télé-évangélistes”, pour ne pas évoquer le bellicisme outrancier et intransposable des néo-conservateurs (vieux trostskistes recyclés suite au reaganisme). Tout ce fourbi, issu de pensées qui n’ont ni la profondeur ni la richesse des traditions philosophiques continentales (surtout allemandes), n’est pas importable; s’y intéresser ou s’en revendiquer, équivaut à produire du pilpoul, à faire le malin, à se soustraire à toute concrétude, à se vautrer dans l’impolitisme, aurait dit Julien Freund. Par conséquent, on peut tranquillement émettre l’hypothèse que le dissident Belien, très content de maîtriser la langue de Shakespaere de la manière la plus parfaite qui soit, n’a sans doute jamais ouvert un livre de Giorgio Agamben, philosophe de réputation internationale, à la pensée pointue et à l’écriture agile, dont la hauteur de vue permet de consolider des arguments plus basiques, même si l’on n’est pas d’accord avec toutes les conclusions philosophiques de cet auteur, professeur d’esthétique auprès de l’Institut universitaire d’architecture de Venise.
Giorgio Agamben et la notion d’“état d’exception”
Dans “Stato di eccezione” (Bollati Boringhieri, Turin, 2003), Giorgio Agamben souligne d’emblée que les démocraties en général, celles que l’on considère comme étant de “bonne gouvernance” dans le langage des pontes du “politiquement correct”, gouvernent très souvent par le truchement de “pleins pouvoirs”, accordant à l’exécutif la possibilité, euphémiquement posée comme “exceptionnelle”, de réglementer totalement la vie politique d’un pays, de se doter d’un arsenal législatif très ample, surtout quand ces “pleins pouvoirs” permettent de modifier ou d’abroger des lois en vigueur. Agamben se réfère à H. Tingsten et à son livre “Les pleins pouvoirs. L’expansion de pouvoirs gouvernementaux pendant et après la Grande Guerre” (Stock, Paris, 1934). L’exercice sans mesure de “pleins pouvoirs” a éliminé le mode de fonctionnement démocratique, y compris dans les “démocraties” qui se revendiquent comme telles. Tingsten, et à sa suite, Agamben, rappellent que Poincaré émet le 2 août 1914 un décret mettant l’ensemble du territoire français en état de siège, décret coulé en loi deux jours plus tard. Cet état de siège durera jusqu’au 12 octobre 1919, nonobstant le fait que les activités du Parlement aient repris leur cours normal en janvier 1915. Le pouvoir législatif français de 1914 a ainsi délégué une bonne partie de ses prérogatives et compétences à l’exécutif, ce qu’illustre de manière encore plus patente le vote du 10 février 1918 qui accorde au gouvernement des pouvoirs absolus: il pouvait dorénavant réglementer par décrets la production et le commerce des denrées alimentaires. L’exécutif devient ainsi le législatif, ce qui constitue une entorse flagrante au principe de la séparation des pouvoirs, théorisé au 18ème siècle par Montesquieu, un principe qui doit être, de nos jours, l’indice, pour les tenants du “politiquement correct”, d’une “bonne gouvernance”, du moins en théorie, car les représentants du “politiquement correct” ne sont pas prêts à laisser des libertés parlementaires à ceux qui pourraient contredire, même partiellement, leurs dogmes et leurs lubies. La fin des hostilités, le 11 novembre 1918, ne met pas un terme à ces pratiques: en 1924, le gouvernement Poincaré reçoit du Parlement les pleins pouvoirs en matières financières, suite à une crise grave qui ébranle le franc. En 1935, le gouvernement Laval énonce cinquante-cinq décrets “ayant force de loi” pour éviter la dévaluation du franc. L’opposition de gauche rejette certes ces mesures déclarées “fascistes” mais, aussitôt arrivé aux affaires par les urnes, Blum, le chef de file des gauches, recourt aux mêmes expédients: en juin 1937, il demande à son tour les pleins pouvoirs au Parlement pour sauver le franc. Les mesures d’exception, parfaitement compréhensibles en tant de guerre, ne cessent donc pas d’être appliquées, une fois la paix revenue mais, question légitime, est-ce une vraie paix? Ou est-ce la guerre qui continue par d’autres moyens? Ne vivons-nous pas, depuis août 1914, dans une ère de guerre totale et permanente, qui n’emploie pas toujours des moyens militaires pour arriver à ses fins ou porter préjudice aux ennemis? Gouverner un pays, théoriquement “démocratique”, par décrets devient donc la normalité, y compris dans les nations dites “libérales”.
L’Angleterre, modèle de démocratie pour Belien, n’échappe pas à la règle: le 4 août 1914, le “Defence of Realm Act”, en abrégé “DORA”, donne au gouvernement des pouvoirs très étendus pour réglementer la production de guerre et pour suspendre les droits civils (les tribunaux militaires peuvent désormais juger des civils, ce qui est une pratique contraire aux lois coutumières du Royaume-Uni, celles découlant de la jurisprudence relative à la “martial law” et aux “Mutiny Acts”). Le DORA permettra ainsi la répression en Irlande et l’exécution de seize révoltés des Pâques 1916. Après la Grande Guerre, le Parlement consent à accorder au gouvernement l’ “Emergency Powers Act”, le 29 octobre 1920, pour faire face à de graves troubles sociaux. Cet “Act” prévoyait aussi l’installation de “Courts of summary jurisdiction” pour tous ceux qui transgressaient l’ordre de ne pas entraver la distribution de vivres, d’eau ou de carburant.
Résistances américaines au faux démocratisme de Wilson: le combat de Gerorge Norris et de Robert M. LaFollette
La résistance aux “pouvoirs spéciaux” votés en temps de guerre est particulièrement intéressante à observer dans l’histoire politique américaine. Toute une phalange de sénateurs et d’hommes politiques, essentiellement issus du Middle West et de Californie, se dresseront contre les manoeuvres du pouvoir central (“fédéral”), au point de recevoir l’appellation d’“insurgents” par leurs adversaires “wilsoniens”. Parmi eux, le Sénateur George Norris, qui fustigeait “les banquiers de Wall Street, assis derrière leurs bureaux en acajou et calculant comment convertir les misères de la guerre en or pour remplir leurs sales poches”. Pour Norris, il était désormais impossible de réconcilier les valeurs traditionnelles de la République américaine avec l’aventurisme militaire et son corollaire, la centralisation et la corruption du pouvoir gouvernemental”. Cette résistance, qui s’enracinait dans une fronde paysanne antérieure à 1914, craignait par dessus tout l’émergence d’une élite militaire et professionnelle qui ne devrait plus rendre de comptes au contrôle démocratique. De même, les “insurgents” tels Robert M. LaFollette (photo) et George Norris, interviennent au Congrès pour empêcher le vote de la motion Lansing (août 1915), visant à autoriser des prêts à la Grande-Bretagne et à la France, sous prétexte qu’il s’agissait de “parier unilatéralement sur la victoire de l’Entente”, ce qui risquait d’entraîner les Etats-Unis dans la guerre et “de sacrifier des vies humaines pour des bénéfices privés” sous la forme de contrats juteux. En 1916, LaFollette veut que les livraisons d’armes et de munitions aux belligérants soient définitivement interrompues: face à cette requête, le Président Wilson estime que les affaires étrangères relèvent d’une prérogative exclusive de l’Exécutif, indépendamment de tout apport parlementaire. Wilson estimait que les traditions parlementaires devaient céder le pas face à son grand projet de bâtir une “paix universelle” dès la fin des hostilités. LaFollette, pour sa part, pensait qu’un contrôle démocratique de la politique étrangère, telle qu’elle était menée par la Présidence, constituait une garantie de maintenir un maximum de paix dans le monde. Mieux: la non intervention des Etats-Unis dans la guerre aurait permis, pensait LaFollette, de maintenir, dans la société américaine, le monde paysan et honnête —la saine ruralité du Wisconsin— qu’il avait cherché à préserver dans ses combats d’avant la conflagration de 1914.
La “Croisade” de Wilson, “to make the world safe for democracy”, n’était pas autre chose, aux yeux de LaFollette, que le triomphe de Wall Street sur les “instincts naturels du peuple”. Hiram Johnson, Sénateur de Californie, était sur la même longueur d’ondes que son collège LaFollette du Wisconsin: “Nous ne serons plus jamais la même nation (...) Je doute fort que la République que nous avons connue dans le passé ne revienne jamais”. Johnson visait la coercition gouvernementale en marche, qui profitait de l’aubaine offerte par la guerre, la mainmise sur la vie publique des experts et des bureaux et, surtout, l’installation, dans la société américaine, d’une obsession née de la guerre, celle de l’efficacité et de l’urgence à tout prix et à tout moment. Hiram Johnson notait la croissance des pouvoirs factuels de l’administration et de l’industrie à l’abri de tout contrôle parlementaire. De même, il craignait l’extension du pouvoir exécutif aux dépens du législatif: les bureaucrates fédéraux, expliquait-il à ses électeurs, vont évoquer à tout bout de champ le besoin de sécurité pour briser les prérogatives du Congrès. La seule victoire (mitigée) qu’obtiennent toutefois les “insurgents” fut d’annuler un projet de Wilson de contrôler la distribution des journaux, en imposant une censure depuis les services postaux (ce qui a d’ailleurs été tenté en Belgique aussi, dans les années 90, pour juguler la distribution de dépliants et de revuettes émanant d’un parti considéré naguère comme challengeur de l’”Ordre de Loppem”). LaFollette essuie alors une campagne de presse virulente qui conduit une instance gouvernementale, la “Minnesota Commission of Public Safety”, à demander son expulsion du Sénat, arguant qu’il était “un professeur de déloyauté et de sédition procurant aide et facilité à nos ennemis”. On le brûle en effigie, on lui tend une corde avec noeud coulant dans les couloirs du Congrès: bref, on cherche à le briser moralement. La démarche de la “Minnesota Commission” n’aboutira pas: LaFollette sera sauvé par la signature de l’armistice du 11 novembre 1918. Il reprend aussitôt le combat contre le Traité de Versailles, où Wilson, disait-il, menait une “diplomatie personnelle” allant dans le sens des puissances impérialistes “qui avaient précipité l’Europe dans l’holocauste (des tranchées)”. LaFollette craignait aussi que l’Allemagne, réduite par les réparations à un espace de misère noire, connaîtrait tôt ou tard une révolution fatidique. Les Alliés, surtout la France, exigeaient des réparations astronomiques pour la simple et bonne raison qu’ils ne souhaitaient pas taxer leurs propres citoyens pour payer les frais de guerre. LaFollette s’est même avéré prophète: les projets de fusionner les flottes britannique et américaine au sein d’une “monster navy” destinée à protéger les investissements et les prêts accordés dans des zones “non développées”, conduiront à exploiter et à voler les peuples faibles et, par voie de conséquences, à instaurer sur la planète un état de guerre permanente (pour une étude minutieuse de cet aspect de l’histoire politique américaine, cf. David A. Horowitz, “Beyond Left & Right – Insurgency and the Establishment”, University of Illinois Press, Urbana/Chicago, 1997). Par la suite, Franklin Delano Roosevelt fera largement usage de ce type d’expédient, non démocratique, pour asseoir son pouvoir: songeons au “National Recovery Act” du 16 juin 1933, accordant au Président des pouvoirs quasi illimités pour gérer l’économie du pays.
Mussolini, Hitler et la notion d’“état d’exception permanent”
Les “démocraties” française, anglaise et américaine étaient victorieuses en 1918 et disposaient de colonies, capables de fournir aux métropoles des biens de toutes natures, matières premières comme denrées alimentaires. Mais les règles de guerre ont néanmoins été appliquées après les hostilités. Exactement comme en Italie, pays floué à Versailles malgré le sang versé, où le fascisme mussolinien avouera ne gouverner que par décrets (Mussolini: “La dictature fait en six heures ce que la démocratie fait en six ans”). Plus tard, après la parenthèse de la République de Weimar, démocratie exemplaire sur le plan théorique mais dont le fonctionnement n’a connu que des ratés, l’Allemagne adoptera, à son tour, un mode de fonctionnement fondé sur l’“Ausnahmezustand” permanent (= état d’exception), notamment sur base de théories proches de celles de Carl Schmitt, qui se bornent finalement à imiter des modèles français ou britannique, ou, pour le dire avec ironie, ... Hitler, élève de Poincaré (cf. Christoph Gusy, “Die Lehre vom Parteienstaat in der Weimarer Republik”, Nomos Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1993). L’Allemagne avait toutefois l’excuse d’être un pays vaincu, ne disposant plus de colonies et obligé de payer des réparations aux montants astronomiques. Dans un tel cadre, elle était effectivement dans un “état d’exception” permanent.
Dans ce contexte affectant toutes les “démocraties” occidentales, le “coup de Loppem” s’explique mais ne s’excuse nullement sur le long terme, surtout s’il justifie des transpositions indues et une pérennisation infondée en des époques de non belligérance. Les traits autoritaires de la “gouvernance”, dans l’entre-deux-guerres, font qu’il n’existe plus, depuis lors, de démocraties pures. Immédiatement après la première guerre mondiale, il y avait parfois peu de différences entre la façon de gouverner une démocratie occidentale par décrets et “pouvoirs spéciaux” et le mode de fonctionnement d’une dictature à l’italienne ou à l’allemande, sans même mentionner les autres formes politiques autoritaires, observables en d’autres pays d’Europe pendant l’entre-deux-guerres. Il n’existe donc pas, objectivement parlant, de ligne séparant en toute netteté les démocraties rénovées à coup de décrets et les régimes plus ou moins fascistes. Cette vision d’une hypothétique séparation bien nette entre “démocraties” et “fascismes” est une lubie des bateleurs d’estrades médiatiques, clowns chargés de jeter de la poudre aux yeux des citoyens, voire “chiens de garde du système” (Serge Halimi).
Diverses voix s’élèvent contre le “coup de Loppem ”
Revenons à 1919, aux années 20, dès le lendemain du “coup de Loppem”. En marge des partis ronronnants —véritables machines tournant à vide et hostiles, par définition, à toutes formes de nouveauté et à toutes tentatives de redéfinir objectivement et positivement la politique sur le plan intellectuel— des voix diverses s’élèveront, dès le début de l’entre-deux-guerres, pour tenter de contester le nouvel agencement de l’Etat. Parmi ces voix, il faut compter:
1) Les communistes, galvanisés par les victoires de Lénine et de Trotsky, qui sentent d’instinct que le “coup de Loppem” entrave d’avance toute tentative, par un éventuel Lénine flamand ou wallon, de bouleverser le régime belge. Plusieurs artistes d’avant-garde seront au départ des compagnons de route des premiers communistes belges, pour devenir par la suite des “flamingants”, comme l’expressionniste Wies Moens et le surréaliste Marc Eemans, ou comme Paul Van Ostaijen et War Van Overstraeten. La césure entre communisme (marxiste) et nationalisme flamand n’est pas encore clairement affirmée au début des années 20. Le phénomène s’observe aussi dans d’autres pays européens.
2) Les flamingants du “Frontbeweging”, qui estiment que l’on n’a pas demandé l’avis des soldats du front, majoritairement recrutés dans les deux provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale, voire dans les communes rurales du Brabant et à Bruxelles (où les monuments aux morts présentent des listes aussi impressionnantes qu’en France). Un Joris van Severen ne peut pas tolérer, par exemple, que la génération du front ait été évincée du compromis et que les revendications flamandes, formulées par des soldats du contingent après trois ou quatre ans de tranchées dans les boues ouest-flamandes, n’y trouvent aucun créneau d’expression.
3) Les francophones de la “Légion Nationale”, issue elle aussi des anciens combattants et flanquée de jeunes gens venus de l’aile la plus conservatrice du parti catholique, contestent également le dispositif de Loppem, dans la mesure où il ne donne pas une voix privilégiée aux anciens combattants, aux “arditi” belges (dont Hoornaert et Poulet), désireux d’imiter leurs homologues italiens ou de faire le “coup de Fiume” perpétré par Gabriele d’Annunzio (un poète-soldat admiré par le socialiste Jules Destrée). Au sein de cette mouvance de la “Légion Nationale” d’Hoornaert et au sein de l’aile conservatrice du parti catholique, une fragmentation graduelle aura lieu: certains conservateurs resteront dans le bercail catholique (Harmel, Hommel, du Bus de Warnaffe, etc.), d’autres seront tentés par le rexisme (Pierre Daye) ou par le technocratisme de Van Zeeland (jugé idéologiquement “neutre” et plus apte pour gouverner avec les socialistes). D’autres encore demeureront fidèles à la “Légion Nationale”: celle-ci connaîtra, dès 1940, une aile majoritairement résistancialiste et une aile minoritaire collaborationniste (l’officier Henri Derriks au sein de la “Légion Wallonie”). L’historien liégeois Francis Balace est le seul résidu actuel de cet esprit, bien qu’édulcoré par l’ambiance consumériste et festiviste de notre époque; il est le fils d’un ancien “légionnaire national” et défend l’esprit de cette “Légion belge” au sein de la “Légion Wallonie” de la Wehrmacht allemande et de la Waffen SS, contre les “degrelliens”, avec l’appui zélé de son élève, l’historien Eddy De Bruyne, très productif en ces matières désormais complètement “historicisées”.
4) Parmi les opposants au système de Loppem, il faut aussi compter les nombreux non conformistes de toutes catégories, non inféodés à des organisations ou des partis, adeptes d’un joyeux anarchisme contestataire, visant par le rire et la provocation à faire la nique aux bourgeois. Ces catégories avaient été “oubliées” des historiens des idées jusqu’à la parution du livre du Prof. Jean-François Füeg, “Le Rouge et le Noir – La tribune bruxelloise non-conformiste des années 30” (Quorum, Ottignies LLN, 1995); cet ouvrage relate les aléas d’un club non politique, qui se pose comme anarchisant et anti-autoritaire et qui a animé la vie intellectuelle bruxelloise de la fin des années 20 à 1940. Cette gauche non conformiste (“orwellienne” dans le sens où l’entend aujourd’hui, en France, un Jean-Claude Michéa) connaîtra des lézardes en son sein à partir de la guerre d’Espagne, où, comme Orwell, elle déplore la répression commise par les communistes staliniens contre les gauches anarchistes et indépendantes à Barcelone. Un anti-communisme de gauche voit le jour à Bruxelles suite aux événements d’Espagne. L’artiste War Van Overstraete (son portrait d’Henry Bauchau rappelle la “patte” du vorticiste anglais Wyndham Lewis), qui est d’abord un sympathisant communiste, prend ses distances avec le “Komintern” dès l’effondrement du front de Barcelone, exactement comme le font alors Orwell ou Koestler, et retourne à ses idées originales, celles d’une “renaissance du socialisme”, qu’il avait couchées sur le papier en 1933. Un Gabriel Figeys, connu sous le pseudonyme de Miel Zankin, anarcho-communiste, soutiendra la politique royale de neutralité, énoncée en octobre 1936 par Léopold III, en dénonçant avec toute la virulence voulue “l’internationale des charognards”, puis rejoindra les rangs collaborationnistes, tandis que d’autres, tels Pierre Fontaine, auteur d’un pamphlet anti-rexiste en 1937, se retireront dans leur cabinet pendant la seconde guerre mondiale, mais réémergeront après cette deuxième grande conflagration intereuropéenne pour fonder le seul hebdomadaire de droite anti-communiste après 1945, “Europe-Magazine”. Les tribulations du “Rouge et Noir” montrent bien que les marginalisés de “gauche” comme de “droite” tournent, exclus, autour du bloc conformiste et fermé sur lui-même, le bloc de Loppem, un bloc aujourd’hui en implosion, parce qu’il n’a jamais pu ni intégrer ni assimiler les véritables porteurs de sang neuf (à part quelques opportunistes vite neutralisés à coups de “fromages” et de “prébendes”). Juste avant d’être exclu avec fracas du PCF, du temps de Georges Marchais, Roger Garaudy avait placé ses espoirs dans une alliance générale de ces marginalisés et de ces exclus pour assiéger le bastion conformiste français mitterrando-chiraquien et le faire tomber; ses voeux ne se sont pas exaucés malgré sa participation à des initiatives vite qualifiées de “rouges-brunes” par les “chiens de garde du système”, sous prétexte qu’y avait participé, plutôt de loin que de près, un vieux pitre pusillanime, cherchant à fourrer son groin partout, le néo-droitiste Alain de Benoist.
Lottizzazione, Proporz et amigocratie
Le “coup de Loppem” instaure donc ce que l’on appelle la partitocratie belge, étendue à toutes les associations, clubs, syndicats, mutuelles ou ligues formant les trois “piliers” du monde politique du royaume. Puisqu’il y a trois parties prenantes dans ce dispositif, on a coutume, dans la presse subsidiée et pondue par les “chiens de garde”, de déclarer le système “pluraliste”. Ce pluralisme est hypocrite: il y a un système en trois partis, comme le catéchisme des temps jadis nous enseignait qu’il y avait un Dieu en trois personnes. Nous avons bien plutôt la juxtaposition de trois totalitarismes qui ne sont en concurrence que pour satisfaire les apparences. En effet, au fil du temps, on s’est aperçu que ce dispositif ternaire ne tolérait plus l’autonomie des députés, se mêlait de tous les aspects de la vie privée des administrés, restreignait la liberté de travailler et de s’épanouir professionnellement, y compris au niveau académique, mettait subrepticement un terme à toutes les formes de “droit de résistance” (dont Agamben constate et déplore la disparition), procédait pour se maintenir ad vitam aeternam, par l’expédient que les Italiens nomment la “lottizzazione”, les Autrichiens le “Proporz” et les analystes flamands de la “verzuiling/pilarisation” l’“amigocratie”, soit la manie de distribuer, au pro rata des voix obtenues, les postes administratifs, des plus lucratifs aux plus modestes, dans les ministères ou dans les “para-stataux” (chemins de fer, poste, voies aériennes du temps de la SABENA, etc.) aux petits camarades du parti, souvent les lèche-cul les plus obséquieux du “chef”, à coup sûr toujours moins brillants et moins efficaces que leurs homologues qui se désintéressent des vulgarités et des intrigues politiciennes et triment dur dans la société civile laquelle ne fait pas de cadeaux.
“Come cambiare?” du Prof. Gianfranco Miglio
Pour résoudre ce problème de “mauvaise gouvernance”, pour éliminer ce “tonneau des Danaïdes” qui engloutit des budgets pharamineux, on ne cherchera pas, comme le pauvre Belien ou le Verhofstadt des temps jadis, des modèles en Angleterre ou aux Etats-Unis, ou en France, comme l’a tenté, avec ses “petits moyens”, le piètre vicaire campinois —à barbiche de Mennonite— du Parigot Alain de Benoist, ou aux Pays-Bas comme le voudraient quelques rescapés de l’orangisme ou même en Allemagne comme le souhaiteraient les quelques rares germanophiles subsistants en ce royaume et même en Flandre (à moins de potasser consciencieusement et d’adapter, bon an mal an, au cadre belge le contenu critique de certains ouvrages de Hans Herbert von Arnim, de Walter Lutz ou d’Erwin Scheuch, consacrés aux blocages du système, à la déperdition de la notion de liberté et aux modes de corruption). Il faut donc le répéter inlassablement: les sources d’inspiration les plus fécondes, nous les trouverons uniquement, une fois de plus, en Italie et en Autriche. L’observation minutieuse de la vie politique italienne et autrichienne s’avère dès lors un impératif pour tout observateur ou “would be” acteur du théâtre politique belge. L’Italie présente en effet le même système partitocratique corrompu que la Belgique mais les réactions contre ce déplorable état de choses sont plus virulentes et plus fines dans la péninsule que dans notre royaume d’endormis et de braves “Lamme Goedzakken” (équivalents flamands du “Deutscher Michel”). Au sein de la “Lega Nord” d’Umberto Bossi, le Prof. Gianfranco Miglio, éminent spécialiste ès-sciences politiques, de réputation mondiale, au charisme sombre et indiscutable, avait lancé le manifeste emblématique des années effervescentes de l’opération “mains propres”, vers 1992-1994, un manifeste qu’il avait intitulé “Come cambiare?” (= “Comment changer?”). Miglio énonçait les recettes politiques glanées dans tout l’héritage de la politologie italienne, de Gaetano Mosca à Vilfredo Pareto, en passant par la critique des oligarchies et des partitocraties, que l’on trouve chez le socialiste germano-italien Roberto Michels ou, plus récemment, chez le politologue américain Juan Linz, critique des démocraties dégénérées en “polyarchies pluralistes partitocratiques”. Conclusion de Miglio: l’Etat italien est inguérissable, res sic stantibus, par voie de conséquence, les provinces les plus saines, les moins gangrénées par le phénomène mafieux, doivent accéder à l’autonomie la plus large possible voire à l’indépendance, quitte à créer un nouvel Etat fédéral largement décentralisé, avec un Nord, un Centre, un Sud et des Iles (Sardaigne, Sicile) autonomes. Un discours que Belien, et ses amis du “mouvement flamand”, auraient très bien pu avaler comme un succulent nectar!
“Come resistere?” d’Oliveiro Beha
Plus tard, quand le “berlusconisme” et les compromis à la Fini font basculer l’Italie dans un nouveau marais putride, le journaliste Oliveiro Beha (né en 1949) se lance à l’assaut “d’un pays qui coule sous les coups d’une classe dirigeante toujours plus prodigue de mauvais exemples, qui entre dans un désert axiologique; le pouvoir italien est désormais barricadé dans une ‘Résidence’ privée de culture et qui efface la réalité pour la remplacer par sa propre représentation télévisuelle; l’Italie mafieuse d’aujourd’hui est une Italie qui a largement dépassé celle des mafias traditionnelles dans la manière d’articuler ses intérêts et ses comportements”. Beha propose dans ses livres, dans ses articles et dans ses émissions radiophoniques et télévisées (“Radio Zorro”, “Va’ pensiero”) de mettre bas “une société en pièces”, d’organiser “une nouvelle résistance”. Beha paiera le prix: éloigné de la RAI au temps d’un pouvoir de centre-gauche, il y revient en 1998 pour en être à nouveau chassé en 2004, sous un gouvernement de centre-droit. Finalement, il enseigne la sociologie des processus culturels et communicatifs à l’Université de Rome-La Sapienza. Citation: “La mafia a mafiaïsé l’Italie: tous peuvent le constater dans leur propre vie quotidienne s’ils ont le courage et le tonus intellectuels pour garder les yeux ouverts. Cette Italie mafiaïsée, naturellement, est celle de la nomenklatura ou, mieux, des nomenklaturas... Soit un pays qui s’est adonné à la fabrication d’une sorte de ‘welfare mafieux’, tout en le consolidant sans cesse, c’est-à-dire à la constitution d’un Etat social miné en permanence par la soumission de tous au clientélisme politique...”. Les termes qu’emploie Beha pour fustiger le marais politicien italien peuvent parfaitement convenir à la situation belge (cf. son anthologie d’articles intitulée “Come resistere nella palude di Italiopoli”, Chiarelettere editore, Milano, 2007; préface de Beppe Grillo!).
Le cas autrichien
En Autriche, pays avec lequel nous partageons un passé commun, celui du 18ème siècle, règnaient à peu près les mêmes “piliers” qu’en Belgique. Les libéraux, les “Bleus”, avaient été marginalisés et ne servaient que d’appendices mineurs aux coalitions, tantôt dominées par les socialistes de la SPÖ, tantôt par les conservateurs chrétiens de l’ÖVP. Sous l’impulsion de Jörg Haider qui a nettoyé le parti des vieux caciques issus de la NSDAP et soucieux de gouverner en permanence avec les socialistes (!), les libéraux —soit le “tiers parti” ou le “troisième camp” (Dritter Lager)— lancent des campagnes anti-partitocratiques, anti-Proporz (cf. supra), anti-corruption, sur base d’un programme-manifeste de 414 articles d’une précision ahurissante (!) et d’un livre-bréviaire, rédigé en bonne partie par le député européen actuel de la FPÖ, Andreas Mölzer, et intitulé “Die Freiheit, die ich meine” (= “La liberté, telle que je la conçois”). Le parti libéral, la FPÖ, retourne ainsi au peuple, aux bases populaires déçues par la corruption: de libéral, il devient populiste et national. On traduit erronément “freiheitlich” par “libéral”: le terme “freiheitlich” insiste sur les libertés individuelles et collectives et ne se réfère pas uniquement à une doctrine économique et sociale qui ne génére, en bout de course, que la déliquescence inexorable des polities. La notion de liberté que la “Freiheitlichkeit” véhicule est une notion de liberté ordonnée qui cherche en permanence à s’émanciper des dogmes politiques (et religieux) qui transforment les citoyens en moutons de Panurge, en réceptacles de péroraisons vides de sens et purement manipulatrices et annihilent, ipso facto, leur qualité de “zoon politikon” (car la liberté, la seule liberté digne de ce nom qui soit, c’est celle de pouvoir être pleinement un “zoon politikon”). La FPÖ doit ses succès électoraux à sa lutte contre le “Proporz”, terme autrichien désignant notre “amigocratie”, à laquelle nos libéraux n’échappaient pas, à rebours de leurs discours (creux) sur les libertés quand ils fustigeaient en apparence les socialistes ou les démocrates-chrétiens, pour aller s’allier avec eux, dès le lendemain des élections. Il suffit de lire les pages savoureuses qu’a écrites Derk-Jan Eppink, un journaliste néerlandais en poste à Bruxelles, sur sa visite au libéral ost-flamand Herman Decroo, le père d’Alexander, dont la villa riante et cossue abrite des caves imposantes où trônent tous les dossiers “amigocratiques”, en souffrance... Bref: un “libéralisme” tel que Haider ne le concevait pas...
De la guerre contre l’ennemi à la guerre contre le peuple
Dans une partitocratie “amigocratique”, les principes de base de la démocratie représentative sont minés, plus encore qu’après la cascade de “lois d’exception” votées à la hâte, en temps de guerre comme en temps de paix pour faire face à des aléas fâcheux (cf. supra, nos réflexions sur un livre d’Agamben). Si les principes valides en cas de situation exceptionnelle (guerre, catastrophe, etc.) sont pérennisés quand bien même la situation normale est rétablie depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, cela signifie qu’après avoir mobilisé le peuple pour faire la guerre, le système, après les temps cruels du conflit, entre, dès le retour à la paix, en guerre permanente contre ses propres anciens soldats et contre leurs familles (leurs descendants), exactement comme le système de Metternich refusait d’accorder la représentation aux soldats levés en Prusse et ailleurs pour éliminer le danger napoléonien. Les revendications populaires au début du 19ème siècle étaient décrétés “jacobines” par les tenants du système Metternich, donc liées mentalement à l’ennemi vaincu; aujourd’hui, elles sont décrétées “populistes”, et le populisme est assimilé au “fascisme” ou au “nazisme”, donc également à un ennemi vaincu, de surcroît totalement diabolisé par le gigantesque appareil médiatique planétaire. En 1919, on élimine des sphères réelles (et légales) du pouvoir les revendications légitimes d’une bonne part de la population. Si les établis de 1919 à aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’hier du temps de Metternich, et si les uns et les autres diffèrent sur l’essentiel, la stratégie de ces établis actuels et passés qui consiste à bétonner des “cordons sanitaires” demeure de même nature.
Le fonctionnement pseudo-démocratique par décrets (Dehaene en était un spécialiste; il était l’homme des “pouvoirs spéciaux” pour installer son système purement “gabégique”, reposant sur les pires élucubrations idéologiques nées du rejet de toutes les attitudes de bienséance et, par conséquence, de toute éthique du devoir et de l’action, théorisée par Kant, Blondel et Mercier); ensuite, l’entêtement à vouloir ériger des “cordons sanitaires” (contre le Vlaams Blok/Belang, la NVA ou le PTB) ne correspondent nullement aux idéaux démocratiques de Montesquieu, dont le principe cardinal est la fameuse “séparation des pouvoirs” (législatif, exécutif et judiciaire). On vient de voir, avec Agamben, que l’exécutif s’est progressivement superposé au législatif depuis la première guerre mondiale; les ministres étant généralement les présidents ou les pontes dominants des partis politiques, le législatif n’ose plus aller à l’encontre de leur desiderata; pire, les magistrats sont nommés, comme tous les autres fonctionnaires, au pro rata des voix obtenues par leur parti, tant et si bien que l’indépendance de la magistrature, donc du pouvoir judiciaire, n’est plus qu’un souvenir, qu’une rêvasserie nostalgique des vieux libéraux qui croient encore —ou veulent encore croire— à la nature démocratique du système dans lequel ils vivent. Les députés doivent suivre les ukases des dirigeants de leur parti, faute de quoi ils ne seront plus placés en ordre utile sur les listes électorales ou seront réduits au silence. Les parlements ne sont plus constitués de tribuns populaires mais de “yesmen”, des hommes lavettes qui n’ont pas le courage de défendre leurs électeurs.
Tocqueville et le “spoil system”
Tocqueville, autre figure de proue de l’idéal démocratique et libéral, avait observé le fonctionnement de la démocratie nord-américaine, lors de son long voyage d’exploration aux Etats-Unis. Cette démocratie, plus étendue au sein de la population qu’en Europe, était marquée par le “lobbying” et les “caucuses”, par une démagogie, qui l’étonnait et l’inquiétait et par une véritable folie de vouloir instaurer l’égalité de tous, envers et contre tout. Cette rage de vouloir tout “égaliser” allait à l’encontre du principe de liberté: en effet, l’égalité, qui n’est pas l’équité, ne tolère pas d’exceptions, même si ces exceptions permettent d’ouvrir de la nouveauté, d’élargir les horizons, de prévoir sur le long terme. A cet état de choses, qui n’a pas beaucoup changé aujourd’hui, s’ajoute toutefois l’intrusion des médias qui biaisent les décisions des simples aux raisonnements bancals (et ces “simples” représentent plus de 95% de la population, intellectuels et techniciens compris): des “récits” sont produits par des professionnels de l’agitprop, de la persuasion (publicitaire et/ou clandestine; cf. l’oeuvre de Vance Packard), qui vicient automatiquement les jugements de nos contemporains. En effet, on constate qu’aux Etats-Unis, les partis politiques nouveaux et challengeurs ne parviennent jamais à démarrer, à se créer des niches durables dans l’électorat ni au sein des états ni au sein de l’Union. Les Etats-Unis sont marqués par une bipolarisation permanente autour des partis républicain et démocrate, autour des “éléphants” et des “ânes”. Le dernier sursaut intéressant date, à mes yeux, des années 20 du 20ème siècle, quand le père Robert LaFolette Senior et les fils Robert Junior et Philipp M. LaFolette ont mobilisé de larges strates de la population autour de thèmes que l’on qualifierait aujourd’hui de “populistes” (avec toute la charge péjorative que ce terme recouvre désormais...). L’aventure “populiste” de Robert M. LaFolette père commence avant la première guerre mondiale, dans le Wisconsin agraire: il y défend les producteurs agricoles, fond sain du peuple américain. Après 1918, il lutte contre l’extension inquiétante du pouvoir exécutif aux dépens du législatif: au sein du mouvement des “Non partisans” et des “Progressives”, ils lutteront contre le “wilsonisme”, contre l’emprise des banques, contre le “New Deal” de Roosevelt et contre le bellicisme de ce dernier. Si les Etats-Unis comptent encore des centaines de clubs, associations, revues qui ne partagent pas les positions du gouvernement central (“fédéral”) et développent une culture politique contestatrice très riche sur le plan intellectuel, cette richesse ne parvient pas à franchir la ligne qui sépare l’aire où peuple réel est tenu isolé, aire dont ces clubs sont l’expression, et le domaine fermé du pouvoir qui vicie les esprits par sa propagande médiatique. La rationalité potentielle du “zoon politikon” américain (et occidental) est noyée dans une soupe idéologique faite de slogans forts, qui oblitèrent chez l’électeur toute réaction utile. La démocratie américaine se révèle un leurre quand on sait qu’aux dernières élections présidentielles, par exemple, le candidat démocrate Obama a reçu trois fois plus d’argent que tous les autres candidats réunis, on en conclut bien logiquement que les instances (plus ou moins cachées) qui tiennent les véritables rênes du pouvoir souhaitent désormais des mandats présidentiels de huit années, au moment même où la France passe du septennat au quinquennat, se privant ainsi d’une continuité politique nécessaire, au nom d’une réduction du pouvoir présidentiel (gaullien, donc haï à Londres et à Washington), réduction perpétrée, bien évidemment, au nom d’un (faux) “idéal démocratique”. La puissance hégémonique veut garder pour elle l’arme de la continuité politique et laisser aux “alien audiences”, fussent-elles théoriquement “alliées”, le handicap des mandats courts, plongeant ces puissances subalternes dans la discontinuité politique, donc dans l’incohérence diplomatique et stratégique (Bonjour, Sun Tzu!).
Max Weber, le fonctionnariat à la prussienne et l’Obrigkeitstaat
Max Weber est un philosophe et un sociologue incontournable pour qui veut étudier le fonctionnement du politique, mais aussi un philosophe-sociologue que l’on commence curieusement à négliger (au profit de banalités statistiques) dans les programmes universitaires de sciences politiques en ce pays. Le travail de Raymond Aron, intitulé “Les grands courants de la sociologie contemporaines”, avec son chapitre substantiel sur Weber, n’est plus potassé dans les établissements où l’on enseigne les sciences politiques... L’oeuvre de Max Weber s’enracine dans la tradition prussienne et luthérienne pour laquelle un Etat doit avoir pour épine dorsale un fonctionnariat pur, éloigné de toute corruption, animé par le sens du service, recruté par des établissements d’enseignement se plaçant au-dessus de la mêlée politicienne et, même, cultivant un certain mépris pour le gent politicienne. Pour Weber, tout fonctionnaire doit être totalement indépendant des partis. Les fonctionnaires forment une caste efficace et nécessaire, à côté de l’armée et de la noblesse terrienne; ensemble, ces trois piliers structurent l’Obrigkeitstaat, le noyau dur et intangible de l’Etat, lequel est toutefois flanqué d’un parlement qui vote les budgets et gère les affaires économiques et sociales. La “sanctuarisation” du fonctionnariat, de l’armée et de la noblesse (soit la cohésion des terres collectives, arables et consacrées à la sylviculture) s’avère nécessaire pour la bonne marche de l’appareil étatique, de type “Obrigkeitstaat”, mis en place par le génie politique de Bismarck. L’Obrigkeitstaat n’exclut pas le fonctionnement d’une démocratie parlementaire mais celle-ci demeure encadrée, en “haut”, par les structures stabilisantes que sont la vieille noblesse terrienne, le paysannat libre (qui en est l’échelon le plus bas, la réserve où se recruteront les futurs “aristocrates”), l’armée (dont le recrutement de base était essentiellement “paysan”), la diplomatie et le fonctionnariat (non issu des partis). Structures auxquelles on pourrait ajouter les “ordres”, comme l’Ordre des médecins, des pharmaciens, des architectes, etc. et, bien sûr, les universités (que le système Metternich excluait de toute décision ou même de toute consultation).
Les partis, pour Weber comme pour Tocqueville, risquent à tout moment de basculer dans le “spoil system” à l’américaine, à la différence toutefois, qu’aux Etats-Unis, il faut l’avouer, les collaborateurs payés des ministres ou des parlementaires et sénateurs, sont renvoyés à la “vie civile” si leur parti, démocrate ou républicain, perd les élections. Le phénomène des “cabinettards”, typique des partitocraties belge et italienne, n’existe pas Outre-Atlantique. Ces “cabinettards” sont en place pendant une législature, deux si leur “patron” est réélu, mais en cas d’échec électoral, ils sont renvoyés dans la société, à proximité de leurs militants et électeurs, plongés dans leurs soucis quotidiennes, dans leurs souffrances réelles et tangibles. Dans “Politik als Beruf” (en français: “Le savant et la politique”), Max Weber dénonce, de manière virulente, la pratique de la “Proporzionalität” en Pays de Bade (d’où le terme péjoratif de “Proporz” dans le vocabulaire offensif de Jörg Haider au temps de la marche en avant de la FPÖ autrichienne). Dans ce duché de l’Allemagne du Sud, très tôt “démocratisé”, comme on vient de le voir (cf. supra), le “Zentrum” catholique, proche à certains égards du démagogisme démocrate-chrétien et précurseur d’un Dehaene, avait exigé la distribution des emplois de fonctionnaires au pro rata des voix obtenues, sans qu’il n’ait été exigé de ces candidats à la fonction publique des compétences dûment attestées. La voie était ouverte à tous les abus: on l’a constaté en Belgique, en Autriche, en Italie, en Espagne... Le Zentrum de Bade prétendait pouvoir agir de la sorte parce que les socialistes tentaient d’en faire autant... C’est là un prélude aux dualismes socialistes/démocrates-chrétiens qui ont marqué la vie politique de bon nombre de pays européens au 20ème siècle et où la chasse aux prébendes était perpétuellement ouverte et bien juteuse. Le “Mouvement flamand”, avec Lucien Jottrand (Wallon comme son nom l’indique...), s’opposait en ce sens à l’unionisme (alliance des Libéraux et des Catholiques dans la Belgique d’avant 1885, date qui marque l’arrivée dans la course des socialistes) car l’unionisme figeait le phénomène naturel qu’est la circulation des élites, nécessité vitale pour toute politie vigoureuse, comme l’ont démontré Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto. Jottrand plaidait pour le suffrage universel car il croyait briser ce dualisme, cette dualité binômique répétitive et bétonnante: en bout de course, ce suffrage universel, tant espéré, en a généré une autre, qui n’est peut-être plus binômique (trinômique?) mais qui demeure quasi inamovible et “in-réformable”.
Marco Minghetti et les tares de la partitocratie
Le ministre italien Marco Minghetti, à la fin du 19ème siècle, dans les premières décennies de l’Italie unifiée par Cavour et Garibaldi, voyait dans le développement précoce de la partitocratie italienne, un triple danger: 1) pour la justice, car toute partitocratie tend à effacer la séparation des pouvoirs en installant ses sbires dans la sphère judiciaire, 2) pour l’administration, car la partitocratie force celle-ci à engager des fonctionnaires inefficaces, dont le seul atout est de disposer d’une “carte d’affiliation”; 3) pour l’indépendance de la représentation populaire, car les députés sont inféodés à des machines qui cherchent toujours le plus petit commun dénominateur commun, ne tolèrent aucune originalité personnelle, et obligent les représentants du peuple à s’aligner sur les ukases de la “centrale”, en dépit des nécessités pratiques qui ont poussé les électeurs d’une circonscription donnée à voter pour telle ou telle personnalité, bien branchée sur des problèmes locaux, intransposables dans d’autres circonscriptions, où leurs solutions pourraient s’avérer impopulaires. Ces “personnalités”, freinées par la hiérarchie de leur parti, ne pourront pas, dès lors, oeuvrer de manière optimale pour le bien de leurs électeurs: le lien affectif entre élus et électeurs est dès lors dangereusement biaisé. Pour Minghetti, toute partitocratie présente quatre “tares”:
1) Elle chasse les personnalités compétentes hors de l’administration des choses publiques;
2) elle génère trop de juristes que l’on case dans les rouages de l’Etat, contribuant de la sorte à “formaliser” à l’extrême les rapports entre citoyens et entre ceux-ci et l’administration, sans qu’il n’y ait plus “ouverture” à des problématiques plus complexes, non prévues par les codes, ou à de l’innovation qui bouleverse les donnes en place. Dans la sphère du droit, la pléthore envahissante de juristes, qui ne sont pas tous bien formés ni cultivés comme il le faudrait, provoque une avalanche de “jugements posés mécaniquement”. Minghetti a prévu, dès la fin du 19ème siècle, ce qu’a constaté en Belgique, il y a une quinzaine d’années, le Recteur François Ost, des Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles: l’absence de plus en plus évidente de culture littéraire, historique et philosophique chez les jeunes juristes des années 60, 70 et 80, produits en masse par les établissements d’enseignement, génère dans la pratique quotidienne un droit abstrait et abscons, éloigné du réel, qui, ajouterions-nous, suscite méfiance et dégoût pour la justice dans la population, ce qui conduit à une situation malsaine. La réponse à ce problème, de plus en plus patent, est la reconstitution des tribunaux prudhommiques, constitués d’hommes branchés réellement sur les problèmes générés par les litiges, et le retour, à l’école secondaire, du grec et du latin, des “humanités” au sens renaissanciste du terme voire au sens où l’entendait les “tacitistes” autour de Juste Lipse et de ses disciples espagnols, d’une culture philosophique qui n’oublierait ni Platon ni Aristote; comment peut-on devenir un bon juriste sans avoir été frottés à cet arsenal classique?
3) Elle introduit le syndicalisme, légitime et nécessaire dans la sphère privé, dans le fonctionnariat administratif, ce qui permet de bloquer toute réforme qui égratignerait les avantages réels ou imaginaires des fonctionnaires; par la syndicalisation du fonctionnariat, aucun Etat n’est plus ni améliorable ni viable;
4) elle ruine l’indépendance de la magistrature; nous l’avons déjà évoqué.
L’oeuvre de Moisei Ostrogorski
De Minghetti à Roberto Michels et à bien d’autres critiques sérieux des dysfonctionnements propres aux partitocraties, la nature durable, l’inscription dans la durée des partis est en fait ce qui pose problème. Le hiatus n’est pas la constitution en soi de partis, créés par des citoyens soucieux de faire valoir leurs droits ou leurs revendications, c’est la transformation, au fil du temps, des partis en de sortes de nouvelles églises qui vicient, par leur poids, le fonctionnement optimal de l’Etat démocratique. Moshe (ou: Moisei) Ostrogorski (1854-1919), qui avait été actif dans le parti libéral des “Cadets” dans les dernières années de paix du tsarisme (avant la catastrophe d’août 1914), est sans nul doute l’auteur, le politologue, qui a le plus réfléchi à la nuisance pour la démocratie que représentent des partis qui s’inscrivent trop longtemps dans la durée. Outre son action sur la scène politique russe, Ostrogorski a étudié en France et aux Etats-Unis. Dans son maître-ouvrage, “La démocratie et les partis politiques” (Esprit de la Cité/Fayard, 1993), Ostrogorski démontre que l’extension dans le temps de l’existence de partis politiques au sein d’un Etat démocratique génère des effets pervers fort préoccupants: manipulations de l’opinion (renforcée dès les années 20 par l’avènement des mass médias radiophoniques et, quatre décennies plus tard, télévisuels), corruptions en tous genres, déresponsabilisation des citoyens, appauvrissement du débat public. Pour Ostrogorski, les partis sont donc tout à la fois indispensables et préjudiciables à la vie démocratique d’une nation. Poursuivant son raisonnement, Ostrogorski, cet ancien activiste du parti des “Cadets” en Russie tsariste, admet la nécessité démocratique des partis mais conteste leur permanence sur le long terme. Il prône un système démocratique reposant non pas sur des partis permanents, qui dureraient des décennies voire un siècle entier ou plus, mais sur des “ligues” ou des partis “ad-hoc”, créés pour des motifs concrets par des citoyens se mobilisant pour faire valoir des revendications précises mais que l’on dissoudrait immédiatement après le triomphe de ces revendications, après l’institutionalisation de leurs solutions dans la vie de la Cité. Les mécanismes de cette création à intervalles réguliers de partis —et de la dissolution concomitante des partis ou ligues ayant réalisé leurs projets— doivent bien entendu être déterminés par des règles constitutionnelles correctement balisées, assorties d’autres correctifs tels le référendum (comme en Suisse, ou plus récemment, suite à la crise de l’automne 2008, en Islande) ou le droit de veto des recteurs d’Université (comme en Irlande).
La permanence des partis dans des sociétés partitocratiques (et donc non démocratiques) comme la Belgique ou l’Italie ou encore, dans une moindre mesure, l’Allemagne ou l’Autriche (avant le nettoyage opéré par Haider), conduit au blocage irrémédiable de l’Etat qui chavire alors dans la corruption et l’insignifiance politique. En Turquie, quand les partis plongent l’Etat dans un stade de déliquescence dangereux pour sa survie et sa santé morale, l’armée (expression de l’“Etat profond” comme on le dit depuis l’affaire “Ergenekon”) oblige ces partis à s’auto-dissoudre pour que la société civile en refonde de nouveaux, avec des hommes neufs, quelques mois ou deux ou trois ans plus tard. Cet expédient n’est évidemment pas de mise en Europe occidentale, où l’armée ne représente pas (ou plus) l’ “Etat profond” et où, il faut bien l’avouer, il n’y a même plus quelque chose qui ressemble à un “Etat profond”, comme c’était le cas encore en France, dans les dernières années du gaullisme, après la guerre d’Algérie, mais depuis Sarközy et Hollande qui ont sabordé délibérément l’édifice gaullien, le naufrage, en France, de tout équivalent, fût-il édulcoré, de l’“Etat profond” turc est patent. Seul élément du cas turc à retenir dans notre propos: la caducité potentielle des appareils partisans; de ce fait, heureusement pour la santé de l’Etat turc, les partis politiques turcs ne peuvent prétendre, comme les nôtres, à cette pérennité qui leur permet de saborder continuellement le cadre étatique, auquel ils tentent de se superposer, et de ruiner la société, en réalisant des dépenses inconsidérées, résultats de leur propre démagogie. L’histoire jugera les efforts d’Erdogan pour briser les reins de l’“Etat profond” kémaliste/militaire; l’AKP parviendra-t-elle à créer un autre “Etat profond” (rénovation ou ersatz du califat abrogé en 1924?): telle est la question qu’il convient de poser.
Les critiques de Panfilo Gentile
Panfilo Gentile (1889-1971) était un observateur avisé de la politique italienne et l’héritier intellectuel de Marco Minghetti. Ce politologue a choisi la stratégie du journalisme, par volonté pédagogique, afin d’avertir, jour après jour, ses compatriotes des effets pervers d’une démocratie dévoyée en partitocratie. Ses arguments sont grosso modo ceux de l’école italienne de politologie, notamment ceux de Marco Minghetti et sans doute aussi de Moshe Ostrogorski. Il ajoute, pour l’après-guerre post-fasciste, l’effet dévastateur du “wishful thinking” où les politiciens de la partitocratie, en Italie comme en Belgique (notamment avec le plan Spitaels pour l’emploi dans la fonction publique), promettent tout ce qu’il est possible de promettre sans que les moyens matériels ne soient réellement disponibles ou ne soient disponibles que par recours à des artifices inflationnistes ou à une fiscalité trop lourde sur le long terme, etc. La partitocratie se mue dès lors en une juxtaposition parallèle de partis, en apparence concurrents, tous totalitaires dans les attitudes qu’ils prennent vis-à-vis de leurs propres mandataires et militants, des partis qui n’ont donc qu’un seul objectif, diamétralement contraire au Bien commun, celui d’amasser le maximum de privilèges et d’occuper le plus de prébendes possibles. Face à cet éventail restreint d’appareils totalitaires, encore renforcés en Belgique par le dispositif tacite mais bien réel mis en place lors du “coup de Loppem”, il n’y a pas vraiment d’opposition: les éventuels challengeurs sont vite marginalisés, financièrement mis à sec dans des délais fort brefs, ignorés des médias ou moqués par la presse aux ordres. Plus récemment, on a inventé les procès pour “racisme”...
Panfilo Gentile constate aussi dans son oeuvre que les médias du 20ème siècle, à commencer par la radio, suivie de la télévision, permettent à ceux qui les détiennent d’exclure de facto de la compétition tous les challengeurs ou de mener des campagnes féroces contre eux, sans qu’ils ne puissent se défendre, au nom, bien entendu de la “liberté de la presse”: on l’a vu pour les Etats-Unis avec les mésaventures de la famille LaFollette; on constate qu’en Angleterre, les challengeurs du binôme Labour/Tories —en perpétuelle alternance comme si c’était un perpetuum mobile— ont toujours eu bien du mal à conquérir des sièges aux Communes (à la seule exception récente des Liberal-Democrats ou, en Ecosse, du SNP); la “Special Branch” étant, elle aussi à l’instar de nos “Dupont-Dupond”, spécialisée en coups tordus, avec l’aide, notamment, de l’”Anti-Nazi League” (car il est bien entendu que tout challengeur, fût-il un hippy chevelu et tolstoïen ou un israélite inspiré par Martin Buber, devient automatiquement un “nazi”, par l’effet imparable des “simsalabims” éructés par les chiens de garde du système...), d’où l’utilité, partout en Europe, d’un anti-nazisme virulent, bien médiatisé et récompensé par de généreux subsides tirés de l’escarcelle du contribuable, alors que tous les nazis de chair et de sang sont morts et enterrés...; en Allemagne, les éléments challengeurs ne se sont jamais inscrits dans la moyenne ou la longue durée, perpétuant, dans les hémicycles officiels, une alternance lancinante avec pour seuls acteurs réels les démocrates-chrétiens et les socialistes, etc. Le système démocratique, dont le but était, au départ, de représenter l’effervescence de la vie populaire et les changements à l’oeuvre dans la société, en organisant des élections à intervalles réguliers pour exprimer ces changements constants de donne, ne joue plus ce rôle dès qu’il devient partitocratie. La partitocratie, avec ses partis figés et permanents, est donc bel et bien un déni de démocratie, car elle refuse tout changement de donne, tout défi, tous challengeurs.
En Espagne
En Espagne, Gonzalo Fernandez de la Mora, issu de la garde des “technocrates”, appelés à remplacer les “vieilles chemises” dans les dernières années du franquisme, avait été ministre des travaux publics dans les derniers gouvernements du Généralissime; fondateur de la revue “Razon Española”, il a fustigé sans relâche l’installation de moeurs belgo-italiennes dans les sphères politiques nationales et régionales espagnoles, depuis le retour à la monarchie constitutionnelle et l’émergence de “l’Etat asymétrique des régions et communautés autonomes”. Depuis son décès, hélas prématuré, ce grand esprit, cet héritier du meilleur de la politologie hispanique, a eu des successeurs, notamment José Manuel Otero Novas, juriste et constitutionaliste de haut vol, aujourd’hui en marge de la politique politicienne qui, velléitaire et pusillanime, se passe bien sûr de tels grands esprits. Otero Novas vient de publier “Mitos del pensamiento dominante – Paz, Democracia y Razón” (Libros Libres, Madrid, 2011), où il fustige les facteurs qui “soumettent la démocratie à distorsions”; il reprend l’idée d’Ostrogorski en démontrant que les partis sont tout à la fois des instruments (nécessaires) à la démocratie mais aussi les obstacles majeurs à son développement optimal; il dénonce, sans doute en bon élève de Carl Schmitt, les “pouvoirs indirects”, qui n’agissent pas en toute “visibilité”, dont la maçonnerie qui, après son éclipse sous la férule franquiste, réinstalle ses dispositifs en Espagne, comme elle les a installés depuis 1830 en Belgique, sans que des réactions rationnelles, visant le Bien commun, n’aient été repérées dans notre histoire politique. En Italie, le professeur de sciences politiques Alberto Vannucci (Université de Pise), a fait le lien entre corruption partitocratique, réseaux mafieux et maçonnerie, notamment dans le cas de la fameuse Loge P2 de Licio Gelli (cf. A. Vannucci, “Il mercato della corruzione – I meccanismi dello scambio occulto in Italia”, Società aperta Ed., Milano, 1997). Pour la Belgique, un synopsis intéressant des mafias à l’oeuvre a été établi par Freddy De Pauw, un journaliste du “Standaard” (cf. bibliographie).
Le combat isolé d’Alain Destexhe en Belgique
Nous venons de voyager dans l’histoire des premières décennies de l’Etat belge, dans les années 10, 20 et 30 des démocraties occidentales (où les exécutifs se sont largement substitué au législatif) et dans l’univers de la politologie, surtout italienne, mais quid hic et nunc? Qu’en est-il ici, en ce pays, à l’heure actuelle? La politologie critique est quasi inexistante, à la seule et notable exception des travaux du Sénateur MR (libéral) Alain Destexhe. Cet homme politique libéral de la Région de Bruxelles-Capitale possède son ancrage communal à Auderghem (Oudergem), où, récemment, il a eu maille à partir avec son co-listier Didier Gosuin, étiquetté FDF (“Front des Francophones”), lors d’une campagne électorale pour les communales: des sbires du FDF l’auraient maxaudé lors d’une altercation, survenue entre deux groupes de colleurs d’affiches, l’un MR, soutenant Destexhe, et l’autre FDF, soutenant Gosuin. Destexhe a subi une campagne médiatique haineuse, suite à la scandaleuse vandalisation de la station de métro Horta à Saint-Gilles. Sur un blog ou sur Facebook (que Nanabozo le Grand Lapin nous en préserve!), Destexhe avait envoyé un mot rageur, et sûrement un peu malheureux, à une amie: “Encore un coup de tes amis norvégiens...”. Tout le monde sait, à Bruxelles, que lorsqu’on parle d’“amis norvégiens” ou “finlandais”, on désigne les trublions maghrébins, qui ne sont considérés ni comme “amis”, ni comme “norvégiens” ou “finlandais” par ceux qui utilisent cette expression un peu simpliste, histoire de contourner les ukases du “politiquement correct” et de tromper la vigilance des cinglés obsessionnels du “Centre pour l’égalité des chances et des longueurs de zizi et pour la lutte contre le racisme, la myxomatose et le phylloxéra”. Bref, cette note anodine —sûrement proférée mutatis mutandis par des milliers de Bruxellois à la vue de la belle station de métro, maculée de jets de peintures de toutes couleurs “flashy”— a sans doute été exprimée à tort contre les “Norvégiens” putatifs car le forfait semble plutôt l’oeuvre de camés disjonctés (par crack, speed, coke ou autre mescaline) sans distinction de race ou de classe, mais elle a permis à toute une clique de véreux vexés d’orchestrer une cabale virulente contre le pauvre Destexhe qu’on cherche à chasser de tous les aréopages politiques de la Région et du Fédéral. Pourquoi cette hargne? Parce Destexhe a écrit les meilleurs livres critiques —encore que fort gentils par rapport à ce qui ce publie en Flandre— sur les dysfonctionnements de la Belgique: il a commencé par rédiger un livre bien ficelé sur les aberrations de l’enseignement francophone belge, dont les résultats aux sondages PISA sont désastreux et devraient faire honte à la clique des faux pédagogues obtus, vieux gauchards débraillés, incultes et stupides qui imposent leurs lubies délétères aux pauvres gosses, aux parents et à tous les gens de bon sens qui subsistent vaille que vaille dans cette institution (cf. Alain Destexhe, Vincent Vandenberghe & Guy Vlaeminck, “L’école de l’échec: comment la réformer? Du pédagogisme à la gouvernance”, Ed. Labor, Bruxelles, 2004). Ce livre était un premier coup de pied dans la fourmilière. Destexhe va récidiver.
“Politique” et “politisation”
Cette récidive prend la forme d’un nouveau livre, intitulé significativement “Démocratie ou partitocratie? 120 propositions pour refonder le système belge” (Labor, Bruxelles, 2003). Destexhe l’a rédigé de conserve avec le Prof. Alain Eraly (ULB) et Eric Gillet. Dans le cadre belge, il convient de rappeler que Destexhe demeure un libéral, qu’il n’est absolument pas “raciste” (et sa vie quotidienne le prouve amplement) et qu’il n’est pas séparatiste (il croit au cadre étatique belge, tel qu’il existe aujourd’hui): inutile de s’évertuer à faire de Destexhe un comploteur fanatique, appartenant à une idéologie dissidente enragée de ne pas être appelée à co-gérer les affaires du royaume. Non: Destexhe est un homme politique qui se veut loyal à l’endroit de son propre “pilier libéral”. L’intérêt premier de ce livre est de faire la distinction entre “politique” et “politisation”. Le terme “politique” est chargé d’une connotation positive dans l’ouvrage de Destexhe, Eraly et Gillet. La politique est inscrite dans l’essence de l’homme, en tant que “zoon politikon”. Si elle se déploie dans une continuité temporelle harmonieuse, elle s’avère essentielle pour le Bien public, pour la communauté nationale ou le “commonwealth”. Le terme “politisation” est, lui, chargé d’une connotation négative dans le livre: il signifie l’immixtion permanente du monde politicien dans la vie quotidienne, dans l’espace privé des citoyens, dans les modes de pensée spontanés de l’homme de la rue (qui ne peut plus rien dire, ne peut plus ironiser, caricaturer, jouer son petit Diogène au comptoir du bistrot ou sur le mur virtuel de Facebook sous peine d’être accusé de sexisme, de racisme et, bien entendu, de “nazisme”). La “politisation” pourrait être un facteur positif si elle favorisait l’accès au statut de “zoon politikon”. Ce n’est pas le cas en Belgique car la “politisation”, telle que la dénoncent nos trois auteurs, sert justement à maintenir le citoyen hors de ce statut, pourtant ontologique. Destexhe, Eraly et Gillet énumèrent ensuite les cinq tares du système belge qu’ils ont décidé de mettre en exergue: 1) la “particratie” (ils ne disent pas la “partitocratie”, terme exact, propre aux sciences politologiques, l’autre, pour lequel ils optent, étant polémique); 2) la politisation, au sens péjoratif qu’ils accordent à ce vocable; 3) le clientélisme (que leurs homologues flamands, autour de Luc Huyse et Chris Deschouwer, appellent l’“amigocratie”; 4) l’hyper-complexité des institutions qui en découle; 5) la culture du compromis, présentée comme un atout, alors qu’elle bloque irrémédiablement le processus de décision.
Cinq tares
Pour notre trio de politologues, la “particratie”, première des cinq tares du machin Belgique, conduit à un “contrôle général” de la population. Nos auteurs mettent tout particulièrement un danger en exergue: les artistes de talent, les universitaires bardés de diplômes de haut niveau scientifique, qui veulent obtenir quelque chose doivent devenir membre d’un parti, jurer fidélité à des politicards, fussent-ils des ivrognes, des prostituées recyclées, des abonnés à la Gay Pride, des tenanciers de maison de tolérance, des escrocs notoires, etc. et, pire, soulignent-ils, doivent s’humilier devant de telles créatures comme dans les systèmes totalitaires pourtant décriés à qui mieux-mieux dans les gazettes du régime, sur les ondes et à la télévision. S’ils refusent de s’humilier devant ces imbéciles vulgaires, ils sont souvent contraints à l’émigration vers des pays qui les accueillent évidemment à bras ouverts et où les recteurs des universités ne doivent pas passer sous les fourches caudines d’une canaille comme celle qui nous gouverne en maintenant à son profit exclusif le dispositif du “coup de Loppem”. C’est dans cette obligation de s’humilier en permanence que nos trois auteurs perçoivent le pire danger que la “particratie” fait courir à la démocratie, au bien commun et à l’honneur des citoyens, surtout les plus insignes. En effet, des individus méprisables, de mauvais aloi mais qui détiennent le pouvoir, contraignent de plus en plus de personnalités de grande valeur à la marginalité ou à l’émigration, si ces personnalités refusent de s’humilier. Le pays se vide ainsi de talents précieux pour accueillir ensuite, par centaines de milliers, de pauvres hères, venus de partout et de nulle part, qui ne trouveront jamais un boulot utile et créatif dans nos industries et services, comme le souligne par ailleurs, cette fois pour l’Allemagne, le socialiste berlinois Thilo Sarrazin, auteur d’un best-seller sur le déclin de l’Allemagne contemporaine qui a été vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Le seconde tare, mise en exergue, concerne la “politisation”, concept négatif aux yeux de nos auteurs. L’effet le plus préoccupant de cette “politisation” découle du fait qu’il n’existe pas d’examens d’Etat pour recruter les fonctionnaires. Il existe certes des fonctionnaires statutaires, récrutés sur base de leurs diplômes acquis dans les établissements d’enseignement, mais ils sont flanqués d’autant, sinon plus, de “cabinettards”, c’est-à-dire de collaborateurs de parlementaires et de ministres placés suite aux résultats électoraux et forcément tous membres de partis: dans la plupart des cas leur carte d’affiliation pesant plus lourd que leurs diplômes (s’ils en ont...). En théorie, les cabinettards sont placés à leurs postes pour servir le ministre ou le parlementaire dans l’exercice de ses fonctions, mais celles-ci sont limitées dans le temps (celui d’une législature); en Belgique toutefois, on a pris la mauvaise habitude de les nommer définitivement, même après le départ du ministre vers d’autres fonctions ou après un échec électoral. D’autres cabinettards sont casés dans des institutions parallèles, financées par les deniers publics. Le prix de la fonction publique, justifié s’il s’agit de fonctionnaires statutaires recrutés sur base de diplômes dûment acquis, cesse d’être justifiable quand une pléthore de militants, ex-cabinettards ou bénéficiaires de divers passe-droit, s’y incruste tant et si bien qu’elle devient tentaculaire, trop obèse pour agir dans la souplesse requise. Pire: la présence inamovible de ces milliers de cabinettards dans les rouages de l’Etat fait que l’Etat et le fonctionnariat cessent d’être, comme le voulait Max Weber (qui avait en tête le vieux système prussien), des instances neutres, objectives, aux yeux du public. Cette manie de nommer définitivement les cabinettards, comme s’ils étaient des fonctionnaires statutaires, crée dans l’opinion publique, avec d’autres facteurs générant dégoût ou désillusion, une attitude hostile à l’Etat, diffuse, inexprimée et sournoise. Jean-Luc Dehaene, figure emblématique des travers de la partitocratie, version démocrate-chrétienne, appelait cette attitude de rejet ou d’indifférence l’“anti-politiek” et la fustigeait comme l’anti-chambre du populisme. On perçoit tout de suite la perversion de son discours: c’est bien plutôt l’attitude populaire qui est “politique”, au sens positif où l’entendent Destexhe et ses amis, puisqu’elle refuse une “politisation” qui engendre quantité de dysfonctionnements. L’attitude de Dehaene, qui se prétend “politique”, est en réalité “politicide” puisqu’elle ruine la politie où elle exerce ses ravages. Nous avons là une inversion sémantique, quasi orwellienne, où les héritiers indignes de la troïka de Loppem appellent “politique” leurs jeux néfastes qui ruinent la Cité. Et fustigent comme “anti-politiek” le désir diffus de mettre un terme aux dysfonctionnements patents d’un Etat à la dérive.
Clientèlisme et compromis
La troisième tare dénoncée par Destexhe est le clientélisme, omniprésent en Belgique, surtout dans la Wallonie socialiste. La quatrième tare est l’installation ubiquitaire d’institutions au fonctionnement trop compliqué: cette complexification croissante des rouages de l’Etat est à son tour un déni de démocratie, vu que le citoyen n’en comprend pas le fonctionnement, en vient à ignorer certaines lois ou à n’en comprendre que trop vaguement la signification. Qui dit démocratie, dit transparence (au meilleur sens du terme), dit clarté et visibilité du jeu politique. Cette visibilité s’estompe, si bien que l’on ne peut plus, sans mentir, parler de démocratie.
La cinquième tare est celle des compromis. On vante souvent, dans la presse et les médias aux ordres, la capacité à sceller des compromis comme une “vertu politique” typiquement belge. Dehaene, surnommé le “plombier” à cause de son habilité légendaire à imaginer et imposer des tuyauteries alambiquées pour faire fonctionner le “machin” après d’interminables négociations, est un virtuose de ces compromis opaques où l’on ne retient que les plus petits dénominateurs communs entre partis et idéologies sous-jacentes (du moins ce qu’il en reste), au détriment de questions importantes, escamotées ou mises au placard. Cet art de faire des compromis permet surtout de remettre aux calendes grecques les dossiers importants qui devraient pourtant être réglés dans des délais aussi brefs que possibles. Rien n’est décidé: les décrets, par lesquels Dehaene aimait gouverner, ne servent pas à décider dans les dossiers épineux et urgents: ils servent à faire passer dans nos réalités politiques et quotidiennes l’architecture branlante des “plomberies”, au détriment des vraies décisions qui nous permettraient de sortir des impasses où les inévitables aléas du temps nous fourvoient à intervalles réguliers, les lois éternelles de l’usure des institutions et de l’accumulation graduelle des problèmes étant incontournables, générant de telles impasses dont le politique, le vrai, devrait normalement nous sortir dans des délais aussi brefs que possible. Dans une telle situation, le processus de décision politique, essentiel pour le bon fonctionnement d’un Etat, devient trop lent ou se voit irrémédiablement bloqué. Ce blocage est dû à l’absence de clarté dans les concepts de gouvernement, à l’absence de “grandes idées incontestables” (Hauriou), à la disparition d’un héritage classique commun où l’équilibre entre principes aristotéliciens et visions platoniciennes, rhétorique cicéronienne et annales tacitistes, permettait à tous de trouver des bases d’accord solides. Toutes choses que le libéralisme, dont Destexhe est encore existentiellement tributaire, a contribué à ruiner dans toute l’Europe, au profit de “pragmatismes” sans profondeur et d’un “économisme/commercialisme” qui conduit à l’anarchie douce et à la mort du politique.
Toute critique positive du dysfonctionnement de la “démocratie” en Belgique peut bien entendu se baser sur le livre simple, clair, didactique, de Destexhe, Eraly et Gillet. C’est un premier tremplin pour renouer avec les grandes traditions de la pensée politique critique, de Mosca à Pareto, de Weber à Michels, de Schmitt à Freund, de Haider à Sarrazin, de Miglio à Otero Novas, etc. Il faut cependant tenir compte de la longue crise politique belge entre 2007 et 2010, postérieure à la rédaction du livre-manifeste de nos trois auteurs, où le système partitocratique est entré dans une phase de blocage inédite, qu’il ne pourra pas répéter une seconde ou une troisième fois sans s’asphyxier définitivement et sans faire éclater le royaume, au beau milieu d’une Europe qui se délite, suite à la crise financière de 2008 et au vacillement de l’euro, sans nul doute parce qu’elle a voulu obstinément suivre une “norme” sans disposer de la “force” (militaire et satellitaire) nécessaire pour consolider la monnaie d’un espace sinon “impérial” du moins “continental” ou “sub-continental” (Zaki Laïdi).
Période d’endormissement
Les blocages de la machine partitocratique nous font sombrer dans ce que Hannah Arendt, suite à l’idée heideggerienne du “règne du on”, nommait une “période d’endormissement”, où les pesanteurs accumulées nous empêchent tous de mener une réelle “vita activa”, donc une vie de “zoon politikon”, une vie véritablement “citoyenne”, au sens du “civis” romain. Le paradoxe de notre époque est que les Tchandalas dominants n’ont que le terme “citoyen” à la bouche, alors qu’ils empêchent par leurs manoeuvres contrôlantes et bloquantes l’éclosion d’une véritable citoyenneté! C’est une situation comme l’imaginait Orwell dans son célèbre roman “1984”, où “la vérité est mensonge” et “la paix est la guerre”. Jos De Man (photo), en Flandre, le démontre dans un volume épais, paru chez le prestigieux éditeur ASP de Bruxelles (“Academic and Scientific Publishers”): nous assistons, sous les coups du “politiquement correct” qui sert le système figé créé par la partitocratie (issue du “coup de Loppem”), à l’éclipse du citoyen, qui cède la place, de plus en plus rapidement, à une nouvelle forme de “sujet” (onderdaan, Untertan), non pas actif, comme le serait un “sujet de l’histoire” ou l’exposant d’une “vita activa” (selon Hannah Arendt), mais amorphe, passif, saoûlé de discours médiatiques ineptes ou empêché d’exprimer avis, opinion, état d’âme, legs ataviques, religiosité immémoriale, etc.
Mais le but premier reste l’espoir de Jean Eugène van der Taelen, à qui je dédie cet essai: rendre la démocratie plus directe, en instaurant chez nous le principe du référendum sur le mode helvétique, permettant justement d’imposer par la base la décision au sommet, sans passer par le filtre des partis tout en restant pleinement démocratique. Mieux: en étant plus démocratique que les partitocrates qui ne sont jamais que des démocrates auto-proclamés, dont le système exhibe de plus en plus de lézardes!
Robert Steuckers.
(essai préparé en mars 2012; rédaction finale, mai 2013).
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dimanche, 29 avril 2012
Staat-Recht=Mafia!
Staat-Recht=Mafia!
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, partitocratie, corruption, politique, théorie politique, sciences politiques, politologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 28 avril 2012
Parteien-Mafia? - Die Deutschlandakte - H. H. von Arnim
Parteien-Mafia? - Die Deutschlandakte
H. H. von Arnim
00:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, allemagne, corruption, partitocratie, politique, théorie politique, sciences politiques, politologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 31 janvier 2011
Van het konijn en de boa constrictor
VAN HET KONIJN EN DE BOA CONSTRICTOR
Deze crisis is een crisis van de Vlaamse christendemocratie
De N-VA is geen partij die de staatshervorming echt wil schragen, schrijft
TOM LANOYE . Voor die verantwoordelijkheid past ze. Dat maakt het des te
merkwaardiger dat CD&V zich eraan vastklinkt, want dat is een strategie die
haar nog betekenislozer dreigt te maken dan ze nu al is.
CD&V levert de premier, de minister-president en de Europese president: dat
is slechts de façade van een herenhuis vol zwammen en betonrot
De N-VA heeft de afgelopen zeven maanden nooit onderhandeld om echt een
regering te vormen. Ze is al lang en breed bezig aan wat letterlijk in haar
programma staat: de Belgische staat opdoeken , in plaats van hem te helpen
hervormen - wat het leeuwendeel van de Vlamingen nochtans van haar verwacht.
Maar wie iets hervormt, bevestigt het bestaan ervan. Zover kan de N-VA het
niet laten komen, of ze verliest stemmen op haar radicale rechterflank,
waarin het reservoir van het Vlaams Belang nog steeds aan het leeglopen is.
Zolang België bestaat, verschaft het opzichtig blokkeren ervan al electorale
winst aan de huidige marktleider van 'Belgiekske Niekske'. En moeilijk is
zo'n obstructie niet. Bij ieder bijna-compromis legt Bart De Wever een
nieuwe eis of een hele financieringswet op tafel, om vervolgens over de
grond te rollen van verontwaardiging wanneer er niet wordt ingegaan 'op onze
zo simpele en zo gerechtvaardigde vraag'.
Dit is geen opbod meer. Dit is georganiseerde kanker.
Die malafide tactiek bleek het best uit een interview met Siegfried Bracke
in Knack. Bracke - met Baskische baret op het hoofd, allicht om zijn hipheid
kracht bij te zetten - gunde ons een blik in de psyche van zijn partij.
(Neen, niet Amada, Volksunie of SP, maar het huidige nest van onze meest
ervaren draaideurintellectueel.) Drie jaar geleden zouden zijn partijgenoten
in vreugdedansen zijn uitgebarsten bij de nota-Vande Lanotte. Nu halen ze er
de neus voor op. 'De urgentie is veranderd', verklaarde Bracke in Reyers
Laat.
In drie jaar tijd van vreugdedans naar minachting. Bestaat er dan eigenlijk
wel een urgentie, behalve die van het partijbelang? Zo dramatisch is de
toestand voor de Vlaamse deelstaat dus blijkbaar niet, als de Nieuw-Vlaamse
Elite zich kan permitteren om nu al vier jaar lang te onderhandelen zonder
ook maar één vette vis te aanvaarden. Al die kaakslagen en hete hangijzers:
BHV, de 'schandalige' transfers van Noord naar Zuid (waarvan vooral de
cijfers schandalig worden gemanipuleerd), de verfransing van de Brusselse
Rand ze blijven gewoon voortduren. Ze vormen inmiddels voor de N-VA wat de
Amerikaanse boycot is voor de familie Castro op Cuba. Minder een hinderpaal,
dan wel een uitvlucht om het eigen regime te handhaven. Met inbegrip van de
retoriek van het zelfbeklag.
De N-VA denkt niet slecht te varen bij deze verrottingsstrategie. Waarom
anders blokkeren Vlaamse voorvechters zélf een forse, en tot voor kort
onmogelijk gewaande, vooruitgang? Het risico nemend dat ze het momentum zo
lang oprekken dat het misschien nog eerder verdampt dan de Belgische staat
zelf? Het zou niet de eerste spectaculair gegroeide partij zijn die weer
leegloopt als een ballon. Zeker niet als het in wezen gaat om een
éénmanspartij.
Dat brengt ons bij Bart De Wever. Zijn persoonlijkheid en populariteit
vormen een tweede verklaring voor de negotiërende schizofrenie van deze 'uit
haar pak gegroeide zweeppartij', zoals Bart Sturtewagen in deze krant de
N-VA omschreef. De Wever ís de Nieuw-Vlaamse Elite. Gezicht, instrument,
stem en body. Hij is ook een product van zijn tijd, waarin ideologie op alle
terreinen wordt verdrongen door idolatrie. 'Bart' haakt naar de volksgunst
met inzet van frituur, gewicht, verjaardag en desnoods de eigen kinderen.
Anything goes. Een trotse academicus die, zoals Marc Reynebeau opmerkte,
spot met academici om populistisch te scoren. Zelfs Steve Stevaert, de
vorige tribuun van het anti-intellectualisme, speelde het nooit zo
schijnheilig.
In de cenakels van zijn partij blijft hij ideoloog onder de ideologen, op de
publieke planken speelt hij met zichtbaar plezier het tegendeel. De bullebak
van het gezond verstand en de droge grap, die lak beweert te hebben aan
politieke spelletjes, en verlekkerd is op alle andere. Die zich de liefde
laat welgevallen van desnoods de grootste idioten, en die maar schrik heeft
van één ding. Dat zijn volk hem zou moeten zien opereren in het genadeloze
licht van wat een politicus hoort te doen, ná het winnen van verkiezingen en
opiniepeilingen. En dat is: besturen.
Als historicus weet De Wever alles van alle groten der aarde, hij heeft zich
hun tics en hun woorden eigen gemaakt, hij vertelt met smaak hun anekdotes
na alsof hij ze zelf heeft beleefd. Eén ding durft hij niet met hen te
delen. Hun littekens van leider zijn die de grenzen van de eigen stam of
partij durft te overstijgen. Dat hij zo ook hun medailles en triomfen
misloopt, zal hem een rotzorg zijn. Hij wil invloed zonder
verantwoordelijkheid. Altijd en overal.
Stel dat deze onderhandelingsmarathon alsnog uitdraait op nieuwe
verkiezingen: hoeveel hebben we er dan gehad zónder dat De Wever een ambt
heeft opgenomen? Geen minister onder Verhofstadt III. Geen Schepen in
Antwerpen. Geen Vlaams minister onder Kris Peeters II. En, bij voorbaat,
geen eerste minister bóven Elio Di Rupo Een echte conservatief stroopt zelf
de mouwen op, zou je denken, in plaats van het werk over te laten aan
anderen. Dehaene en Mitterrand, die durfden zelf compromissen door te duwen,
tegen hun achterban in. Hugo Schiltz, Nelson Mandela en Barack Obama: net
zo. En wat zou, omgerekend naar hun land, een Nicolas Sarkozy of een Winston
Churchill niet hebben aangevangen met een overwinning van achthonderdduizend
stemmen? Margaret Thatcher of Mark Rutte - zouden die nog aan het
onderhandelen zijn, na zeven maanden? Of zouden die zo snel mogelijk
regeren, om tijdens hun beleid nog meer trofeeën binnen te halen dan tijdens
de negotiaties?
Vergeleken met al dezen is De Wever een showman en geen staatsman. Een
hedendaagse Hamlet. Boordevol bon mots en tomeloze dadendrang, maar op het
moment van de daad gaat hij lopen.
Dat is wat Bart Sturtewagen volgens mij impliceerde met zijn analyse van de
N-VA als overgroeide zweeppartij. Ze speelt boven haar niveau. Het
vooruitzicht van de macht zelf maakt haar en haar leider nerveus en
paranoïde.
En het maakt onze gedoodverfde machtspartij hoorndol. CD&V, de vroegere
grote kartelzus van de N-VA, zit als een konijn gevangen in de kronkels van
een boa constrictor die ze zelf in het leven heeft geroepen. De kern van
deze hele crisis draait niet eens om de wankele Belgische structuur of de
overmoedige Vlaamse elite, maar om onze stuurloze christendemocraten.
Al sinds het ontstaan van onze staat voelt de christendemocratie zich
geroepen om bestuurders te leveren. Ze doet dat nog steeds, met merkwaardig
groot succes zelfs, gezien haar afgekalfde aanhang. Akkoord, de glans is
eraf. De Vlaamse christendemocratie bestuurt alleen nog in de luwte (Yves
Leterme als eeuwig demissionaire Belgische premier), in de schaduw (Kris
Peeters als eeuwig beloftevolle minister-president van Vlaanderen), of
ergens in den hoge (Herman Van Rompuy als eeuwig gedienstige president van
gans Europa). Niettemin: bestaan er andere partijen in Europa die zo'n
balans kunnen voorleggen?
Tegelijk is dit slechts de mooie façade van een herenhuis vol zwammen en
betonrot, waar de existentiële angst door alle kamers giert. CD&V is intern
verscheurd door gruwelijke twisten, en haar vroegere raison d'être droogt
steeds meer op. Haal u alle Vlaamse partijen voor de geest, en probeer ze
eens te vatten in een paar sleutelwoorden. Waar staat de SP.A voor? Sociale
zekerheid. Open VLD? Meer markt, minder taksen. Groen! Het milieu. N-VA?
Vlaanderen. Vlaams Belang? Islamofobie. LDD? Jean-Marie Dedecker. CD&V? Het
antwoord daarop is te diffuus voor één term.
Op Jean-Marie Dedecker na, bevat CD&V een stukje van alle andere partijen
tegelijk. Vroeger was dat haar kracht, toen de standen zich nog verenigden
onder haar vlag en onder de noemer van een en hetzelfde geloof. Ze kon daar
zelfs anderhalve eeuw lang een hele zuil op uitbouwen. Nu? De kerken liggen
er na de pedofilieschandalen helemaal verlaten bij, de restanten van de
katholieke zuil staan overal onder druk, en zelfs de traditioneelste kiezers
blijken zo volatiel als een vlucht regenwulpen onder een donderwolk. Wat is
er nog zo christelijk aan het ACW? Wat is er nog katholiek aan de
Boerenbond? Andermaal: wat ís die CD&V eigenlijk?
Vroeger: de macht in het centrum. Nu: de herinnering aan die macht, en de
vurige wens ze te bestendigen, ook zonder de vroegere confessionele basis.
De vraag is echter of een partij op lange termijn kan blijven manoeuvreren,
en zelfs voortbestaan, zonder inhoudelijk doel of ideologisch kader. Haar
enige inhoudelijke vernieuwing bestaat er niet voor niets in dat Rik Torfs
zich gaat bezatten in Café De Monk. Al dan niet met zijn onderbroek van De
Slimste Mens nog op zijn kop - het hoeft niet altijd een Baskische baret te
zijn.
CD&V klinkt zich nu, zelfs zonder kartel, toch weer vast aan de N-VA. Dat
lijkt op het eerste gezicht logisch. De vroegere marktleider van de macht
bijt zich vast in zijn concurrent, vast van plan hem niet te lossen. Om in
de metafoor te blijven: het konijn imiteert de slang die hem aan het wurgen
is, in de hoop alsnog de rollen om te draaien. Een beetje potsierlijk is dat
schouwspel wel. De ene partij wil de macht eigenlijk niet, de andere wil ze
koste wat het kost terug. En inmiddels laten ze zich allebei chanteren door
de meest radicale vleugel van een versteende Vlaamse Beweging.
Ik betwijfel of dit alles een goede strategie is voor CD&V, zelfs vanuit een
machiavellistisch oogpunt. Door Bart De Wever na te praten, soms nog vóór
hij iets heeft gezegd, zet ze iedere keer zelf in het licht dat ze maar de
tweede viool speelt. De daaropvolgende complimenten die ze van Bart De Wever
krijgt toegewuifd voor haar 'standvastigheid' zijn helemaal a kiss of death.
Zo spreekt men zijn schoothond toe. Correctie. Zo sprak de CVP haar
coalitiepartners toe, toen de CVP-staat nog bestond.
Als CD&V de politieke poleposition wil heroveren, zal ze juist moeten leren
om Bart De Wever tegen te spreken. Zo niet zal ze zich, als partij zonder
bodem, laten pletten en uiteenrukken. Ze heeft eigenlijk maar één keuze. Met
bravoure het voortouw nemen om de Belgische staat te hervormen, liefst tegen
de N-VA in. Het is dat of verdwijnen. Hetzij in de muil van de tijd, hetzij
in die van de andere partijen.
TOM LANOYE
Wie? Schrijver.
Wat? De N-VA heeft CD&V in de tang.
Waarom? De vroegere marktleider klampt zich vast aan de concurrent, maar
benadrukt zo dat hij tweede viool speelt.
© 2011 Corelio
Publicatie: De Standaard /
Publicatiedatum: zaterdag 29 januari 2011
00:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Belgicana, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, belgique, flandre, démlocratie chrétienne, crise belge, partitocratie, europe, affaires européennes, politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 30 janvier 2011
Slapend rijk in Brussel: Euro 24.000,- per maand
Slapend rijk in Brussel: € 24.000,- per maand... |
Midden in de crisis eisen EU-medewerkers loonsverhoging De geldverslindende Europese Unie zorgt goed voor zijn handlangers: 37 topambtenaren verdienen meer dan de minister-president, 5.461 EU-bediendes krijgen meer dan 10.000 per maand. Daarnaast is er een overschot aan vakantiedagen beschikbaar, betalen de EU-medewerkers slechts 12% belasting en gaan ze maximaal op hun 61e op een luxe-pensioen van €12.600. Volgens de informatie die Ehrenhausr kreeg krijgen 37 topambtenaren in Brussel €24.000 per maand (en dat is meer dan menig minister-president of staatshoofd krijgt. Het basissalaris van de zogenaamde EU-topambtenaren ligt tussen de €16.601 en €18.025 per maand. Daar komen dan nog tal van toelages bij. Zo is er een speciale 'buitenlandtoelage' (die dus bijna alle medewerkers krijgen) van 16%, een huishoudtoelage van 0500 euro per maand en kinderbijslag van 300 euro per kind per maand. Maar ook op de lagere etages in Brussel hoeft men geen honger te lijden. Precies 5461 ambtenaren krijgen meer dan 10.000 euro per maand. Dat betekent dus 23,55% van de Eurocraten, ofwel bijna een op de vier EU-medewerkers gaat met meer dan 10.000 euro naar huis. Blijft het beperkt tot de hogere etages? Welnee! Ook 'doodgewone' medewerkers graaien flink in de door de Europese belastingplichtigen gevulde ruif. Zo krijgt een beginnend secretaresse €2.550,-. Opdat er natuurlijk iets overblijft van die vette salarissen hebben de eurocraten speciale belastingwetten voor zichzelf gecreëerd. Volgens de belastingexperts betalen EU-medewerkers nauwelijks belasting. Een ambtenaar met een basissalaris van €7.600 mag precies 900 euro aan de staat geven. Dat is net geen 12%. De gemiddelde EU-inwoner betaalt het driedubbele! Daarbij zijn alle toelages die de ambtenaren boven op hun vette salarissen krijgen belastingvrij. Ter vergelijking: in België betaalt een arbeider 60% belasting op toelages voor weekend- of avondwerk. Omdat veel EU-medewerkers ver van huis werken krijgen ze bovenop hun dikke salarissen ook nog eens royaal bemeten 'bijzonder verlof'. Per jaar vallen in Brussel 100.000 werkdagen uit. Uiteraard heeft dat geen enkele invloed op het inkomen. En omdat vooral topambtenaren natuurlijk zo hard werken hebben ze ook recht op een appeltje voor de dorst wanneer ze op hun 61e 'op rust' gaan. Opdat het luxe leventje ook na de 'actieve' jaren kan worden voortgezet, kan bijvoorbeeld een Algemeen Directeur van de EU maandelijks bruto 22.000 euro tegemoet zien. Bron: Zonnewind.be |
00:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, bruxelles, eurocratie, europe, affaires européennes, union européenne, parlement européen, commission européenne, politique internationale, partitocratie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Geen rgering? Geld terug!
Economieprof wil geldkraan naar partijen dichtdraaien: "Geen regering? Geld terug"
Wie niet horen wil, moet voelen. De Gentse economieprofessor Koen Schoors
heeft een voorstel klaar om de lethargische onderhandelaars tot spoed aan te
zetten. "Onze politieke partijen zijn door u en mij verkozen en betaald om
een regering te vormen en het land te besturen. Doen ze dat na 200 dagen nog
altijd niet? Draai dan de geldkraan dicht en leg ze droog." Simplistisch en
onhaalbaar, lijkt het. "Maar het zou verdorie wérken", zegt Schoors. "Geen
regering? Geld terug!"
JAN SEGERS
Professor Schoors (UGent) stelt vast dat de onderhandelingen ongestraft
mogen blijven aanslepen. De partijen voelen het niet waar het pijn doet: in
hun portemonnee. En dus werkte hij een systeem uit (zie kader rechts) dat de
dotaties aan de partijen verdubbelt als ze binnen de honderd dagen een
regering vormen en dat die dotaties na 200 dagen maandelijks verder afbouwt,
desnoods tot nul, en tot nieuwe verkiezingen onvermijdelijk zijn.
Ongetwijfeld zal u populisme verweten worden.
"Onterecht. Ik baseer me als economist op de cijfers. In de discussies over
een nieuwe financieringswet gaat het over enkele honderden miljoenen meer of
minder voor regio X of regio Y. Maar nu al staat vast dat het uitblijven van
een regering elke Vlaming, elke Brusselaar en elke Waal meer zal kosten aan
gestegen intrestlasten dan wat een nieuwe financieringswet hen zou
opbrengen. Het nieuwe ordewoord is responsabilisering, maar de
hoofdrolspelers gedragen zich niet als verantwoordelijke volwassenen, maar
als kleuters die vechten om een stuk speelgoed tot het kapot is. Van de
leefloners en de werklozen tot en met de deelstaten: alles en iedereen moet
volgens de onderhandelaars geresponsabiliseerd worden, verantwoordelijk
gemaakt voor de gevolgen van zijn eigen beleid. Alles en iedereen, behalve
zijzelf. Wel, met mijn voorstel dwing ik hen om op de blaren te zitten als
ze er zoals nu een vaudeville van maken."
U wil de partijen belonen met een extraatje als ze binnen de 100 dagen een
regering vormen. Stimuleert u dan geen haastwerk?
"Neen. Holderdebolder te werk gaan is nergens voor nodig. Hun bonus spelen
de partijen vanaf de 100ste dag geleidelijk kwijt, maar geld verliezen doen
ze pas na de 200ste dag, en dan nog zeer geleidelijk. We zitten nu aan dag
230, zijnde één maand verder. Wel, in mijn schema ontvangt elke partij deze
maand dan slechts 90% van wat ze anders zou krijgen. En volgende maand nog
slechts 80%. Enzovoort. Tot ze droog staat."
Helemaal droog staat ze zelfs dan niet. U bouwt enkel de dotaties af, niet
de lonen van parlementsleden of ministers.
"Inderdaad, ook daarover kan je discussiëren. Nu zeggen de backbenchers in
het parlement tegen hun onderhandelaars: 'Bart, Elio, Joëlle, Wouter, hou
het been stijf!' Zelf hebben ze intussen weinig omhanden, maar worden ze
voluit doorbetaald."
Op welke partijen zou u uw voorstel nu toepassen? Enkel op N-VA en PS? Of op
alle zeven?
"Meer zelfs: op alle politieke partijen, zonder uitzondering."
Zelfs op Vlaams Belang, dat ongewenst is, en op de Open Vld, die pas
gisteren, na 230 dagen, bij de onderhandelingen is betrokken? Is dat fair?
"Ik scheer iedereen over dezelfde kam. De liberalen hebben lang de boot
afgehouden. En het VB is door zijn radicale opstelling zelf een deel van het
probleem."
Redelijken en radicalen: u scheert ze allemaal over één kam?
"Ja, want wat is dat: redelijkheid? Ongetwijfeld vinden Bart De Wever en de
drie Franstalige partijen zichzelf niet onredelijk. Radicaal, dat zijn
altijd de anderen, nooit zijzelf. Zo komen we er nooit, natuurlijk. Mijn
voorstel stimuleert en beloont echte redelijkheid."
Is dat erg democratisch: partijen financieel onder druk zetten om toch maar
geen radicale standpunten te verdedigen?
"Als die standpunten de werking van het land beletten? Ja. Voor dat soort
partijen wil ik als burger geen belasting meer betalen."
Dreigt u niet vooral de koffiedame van de N-VA of de receptionist van de PS
te treffen? Vooral zij worden met die dotaties betaald, niet De Wever of Di
Rupo.
"Die mensen zullen De Wever en Di Rupo wel ter harte gaan, zeker? Ik wil
gewoon af van de huidige regeling. Die zet aan tot radicalisme. Als mijn
voorstel nu al geldig was, zou de druk van alle andere partijen op N-VA en
PS veel groter zijn geweest. Die is er nu amper."
Moeten partijen tussentijds al afgestraft worden? Volstaat het niet dat de
kiezer elke vier jaar de kans krijgt om zelf weg te stemmen wie hij niet
meer wil?
"Ook de kiezer verdient een tweede kans, vind ik. Voor de verkiezingen sloeg
de N-VA een compromisbereide toon aan. Ik ben geen N-VA-vreter, maar na 13
juni hebben ze tegen de afspraken in eerst de financieringswet op tafel
gegooid en daarna de splitsing van de RVA. Geen wonder dat de PS dan
wantrouwig wordt. En dat Elio Di Rupo nadien ook blokkeert op de Vlaamse
vragen die wél volstrekt redelijk zijn. Zo vliegen de dagen en de maanden
voorbij. De onderhandelaars spelen met onze welvaart, en we hebben nu geen
enkel wapen in handen om hen op betere gedachten te brengen. Vandaar mijn
voorstel."
"Het nieuwe ordewoord is responsabilisering, maar ze gedragen zich als
kleuters die vechten om een stuk speelgoed tot het kapot is"
Koen Schoors (UGent)
"De onderhandelaars spelen met onze welvaart, maar we hebben nu geen enkel wapen om hen op betere gedachten te brengen"
Koen Schoors (UGent)
© 2011 Het Laatste Nieuws
Publicatie: Het Laatste Nieuws /
Publicatiedatum: zaterdag 29 januari 2011
00:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Belgicana | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, crise belge, politique, politique internationale, actualité, partitocratie, économie, dotations | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 06 octobre 2009
La critica de Carl Schmitt al Parlementarismo
La Crítica de Carl Schmitt al Parlamentarismo
Por Luis Oro Tapia
El liberalismo propicia la publicidad y transparencia de la actividad política. El demoliberalismo quiso terminar con la política de gabinete y con los secretos de Estado, pero incurrió en dos prácticas análogas: la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones. La burguesía, en su lucha contra la monarquía absoluta, opuso a la doctrina de la razón de estado y de los arcana imperii el ideal de la transparencia y de la publicidad de los actos de gobierno. Una de las finalidades originarias del parlamento era transparentar, mediante la antorcha de la razón pública y de la libre discusión, la manera como la autoridad gubernamental toma sus resoluciones.
Tal motivación tenía por meta superar la política secreta de los príncipes y de los consejos de gabinete. Este nuevo ideal concebía la política de gabinete, ejecutada por unas cuantas personas a puertas cerradas, como algo en sí mismo malvado y, por tanto, la publicidad de la vida política, por el mero hecho de ser tal, como algo bueno y saludable.
Sin embargo, la aspiración de transparencia y publicidad que pregonaba el liberalismo pronto devino en prácticas que negaban dicha expectativa. En efecto, en la Era Liberal las cada vez más pequeñas comisiones de partidos, o de coaliciones de partidos, deciden a puertas cerradas sobre aquello que afecta diariamente la vida de los ciudadanos. Más aún, los parlamentarios no deciden de manera autónoma, sino que deciden como representantes de los intereses del gran capital. Y estos últimos, a su vez, toman sus decisiones en un comité más limitado que afecta, quizás de manera mucho más significativa, la vida cotidiana de millones de personas. De hecho, las decisiones políticas y económicas, de las cuales depende el destino de las personas, no son (si es que alguna vez lo han sido) ni el fiel reflejo de la sensibilidad de la ciudadanía ni del debate público que en torno a ellas se pueda suscitar. Si la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones se han convertido en la negación del discurso normativo liberal, que propiciaba la publicidad y la discusión, es natural que “la fe en la discusión pública tenía que experimentar una terrible desilusión”. En efecto, el funcionamiento del sistema demoliberal de gobierno ha resultado ser un fiasco, porque la evolución de la moderna democracia de masas ha convertido el eslogan de la discusión pública en una mera formalidad vacía.
Por cierto, la verdadera actividad política no se desarrolla en los debates públicos del pleno, puesto que las decisiones realmente importantes han sido tomadas previamente en las comisiones o “en reuniones secretas de los jefes de los grupos parlamentarios e, incluso, en comisiones no parlamentarias. Así, se origina la derivación y supresión de todas las responsabilidades, con lo que el sistema parlamentario resulta ser, al fin, sólo una mala fachada del dominio de los partidos y de los intereses económicos”.
Para Schmitt el Estado demoliberal es incapaz de actuar como unidad de decisión y de acción frente a situaciones límites. El liberalismo frente a un dilema que impele a tomar una determinación rápida queda atónito y elude tomar pronta y resueltamente un curso de acción a seguir. Así, por ejemplo, frente a la pregunta perentoria: “¿a quién queréis, a Barrabás o a Jesús?”, la urgencia de la respuesta queda aplazada con el nombramiento de una comisión parlamentaria investigadora que finalmente elude dar una respuesta concluyente. Para Schmitt, la esencia del liberalismo radica en la negociación y la indecisión permanente, puesto que tiene la expectativa de que en el debate parlamentario el problema se diluya, suspendiéndose así indefinidamente la resolución mediante la discusión eterna.
En el parlamentarismo, el pueblo como unidad orgánica, vale decir como totalidad, no está representado en el parlamento; por consiguiente, el régimen parlamentario no es democrático. Entonces, ¿a quiénes representan los parlamentarios? La respuesta teórica es a la nación, a la comunidad, a un todo orgánico. Sin embargo, en la práctica no es así, porque los parlamentarios representan a partidos políticos, tras los cuales están determinados intereses, y ellos están más preocupados de aumentar o de preservar sus cuotas de poder, que les permiten proteger sus respectivos intereses, que de velar por el bienestar del todo orgánico. Los partidos se relacionan entre sí “como poderosos grupos de poder social y económico, calculando los mutuos intereses y sus posibilidades de alcanzar el poder y llevando a cabo desde esta base fáctica compromisos y coaliciones”.
Schmitt afirma que en el parlamento no hay discusión, pero sí negociación y ajuste de intereses entre los partidos que tienen representación parlamentaria. Por tal motivo, Schmitt sostiene que afirmar que los parlamentarios alientan una genuina discusión pública sería faltar a la verdad. La brecha entre el ideal y la realidad es ostensible; en efecto, las relaciones entre los parlamentarios distan mucho del modelo de discusión pública que proponía Bentham. Este teórico del liberalismo sostenía que en el parlamento se encuentran las ideas y el contacto entre ellas hace saltar las chispas de la evidencia. Pero, en la práctica, no hay discusión razonada ni debate público, sino negociaciones de antesala en la que los partidos tienen por principal preocupación la defensa de sus intereses sectoriales y el cálculo estratégico de sus oportunidades para incrementar o conservar sus cuotas de poder.
Entonces, el debate público resulta ser una quimera. En efecto, en vez de prosperar una discusión en la que prevalece la argumentación racional, irrumpe la propaganda que tiene por objetivo seducir la emotividad del electorado. Así, la discusión pública primero es sustituida por la excitación de la sensibilidad e inmediatamente después por la movilización de las pasiones, lo cual se logra a través de afiches, carteles, consignas y otros medios que tienen por finalidad sugestionar a las masas.
¿Por qué el parlamentarismo está en crisis? Dicho en nuestro lenguaje: ¿Por qué la democracia liberal está en crisis? ¿Qué explica el desafecto que existe por ella? La democracia liberal como institución ha perdido sus raíces ciudadanas, manteniéndose sólo como un dispositivo formal vacío, como un organismo carente de un pathos, que funciona más por inercia y por falta de una mejor opción que por convicción. El languidecimiento del pathos del parlamentarismo ha debilitado la identidad existente entre representantes y representados; por consiguiente, el sistema demoliberal deviene, paradojalmente, en un régimen no democrático; concebida la democracia como la entiende Schmitt. ¿Qué es la democracia para Schmitt? Es, simplemente, la identidad que existe entre gobernantes y gobernados; entre la nación y el Estado; entre los seguidores y el líder; entre electores y elegidos, etc.
En las sociedades que poseen regímenes políticos demoliberales el afán de dar satisfacción a los intereses individuales y sectoriales en desmedro de la comunidad ha erosionado la moral pública. Tanto es así que en algunos Estados demoliberales “todos los asuntos públicos se han convertido en objeto de botines y compromisos entre los partidos y sus seguidores y la política, lejos de ser el cometido de una elite [de servidores públicos], ha llegado a ser el negocio, por lo general despreciado, de una, por lo general despreciada, clase”, concluye Schmitt.
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vendredi, 12 juin 2009
Los partidos politicos, la institucion mas corrupta para los espanoles
Los partidos políticos, la institución más corrupta para los españoles
Ex: http://labanderanegra.wordpress.com/
Los españoles no aprueban a sus partidos políticos en materia de corrupción. Lo pone de manifiesto el Barómetro Global de la Corrupción 2009, presentado este miércoles por la organización Transparency Internacional en Madrid, que indica que son, junto con la administración pública, la institución más corrupta para los encuestados.
Se trata de una de las conclusiones de este informe mundial que evalúa en qué grado se percibe a las instituciones y los servicios públicos como corruptos y las medidas de los gobiernos contra este mal, apartado en el que los españoles también creen, en su mayoría, que a España le queda mucho por hacer.
En su sexta edición, este barómetro, que recoge las opiniones de 73.132 personas en un total de 69 países, revela que a nivel global estas dos instituciones- los partidos y la administración- se perciben como los sectores más corruptos.
Los encuestados españoles puntuan con un 3,6 la corrupción en el seno de los partidos en un baremo de uno (nada corrupto) a cinco (corrupción extrema). Otros sectores no salen mejor parados ya que el poder judicial obtiene un 3; las empresas, un 3,5; los medios de comunicación, un 3,1% y los funcionarios, un 3.
Un 44% consideran inefectivas las medidas del gobierno español para combatir la corrupción, frente a un 29% que cree que son eficaces.
Creciente desconfianza en el sector privado
A pesar de que a nivel mundial los encuestados consideran los partidos políticos como la institución nacional más corrupta, existe una preocupación creciente por la corrupción en el sector privado. Más de la mitad de las 73.132 personas entrevistadas creen que utilizan el soborno para influir en las políticas públicas, las leyes y las reglamentaciones, lo que supone un incremento de 8 puntos porcentuales en comparación a 2004.
Es generalizada la petición de una mayor transparencia al sector privado Desde Transparency Internacional aseguran que es necesario que las compañías se esfuercen por aplicar códigos anticorrupción en sus estatutos y se alejen de las reglamentaciones deficientes y de la falta de responsabilidad corporativa.
Del estudio también se desprende que los ciudadanos están dispuestos a respaldar activamente a empresas más transparentes. En definitiva, este barómetro 2009 deja claro que tanto el sector público como el privado tienen un largo camino por recorrer si desean recuperar la confianza de la sociedad.
El soborno menor, el sufrimiento de los más pobres
Al considerar las experiencias cotidianas de las personas con respecto a la corrupción, el barómetro revela que más de una de cada 10 personas en el mundo confiesan haber pagado un soborno en los últimos 12 meses anteriores a la encuesta.
Las familias más pobres siguen siendo las principales víctimas de esta corrupción menor. Así, según el informe, Camerún, Liberia, Sierra Leona y Uganda son los países cuyos ciudadanos sufren más sobornos. Más del 50% de los habitantes de estos países reconocer haber pagado de forma irregular por algún servicio.
En Medio Oriente y África del Norte 4 de cada 10 personas han pagado un soborno en el último año, la cifra se rebaja a 3 de cada 10 en el África subsahariana y a 1 de cada 10 en Asia y América Latina.
La cifra se convierten en insignificante en Norteamérica y la Unión Europea. En España, sólo un 2% de la población reconoce haber hecho frente al pago de un soborno en este mismo período de tiempo.
María Menéndez
Extraído de RTVE.
00:27 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : espagne, partitocratie, partis politiques, corruption, népotisme, politique, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 09 juin 2009
"The Economist about Belgium
"The Economist" About Belgium
http://www.economist.com/world/europe/displaystory.cfm?story_id=13743268
00:30 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, europe, affaires européennes, corruption, clientèlisme, népotisme, partitocratie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 04 août 2008
Jacques Pirenne: oligarchies de politiciens professionnels
Sur ce texte ancien de Jacques PIRENNE :
Voici une petite analyse intéressante de l'historien Jacques PIRENNE (fils de Henri) dans le tome 6 de son livre "LES GRANDS COURANTS DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE" pp. 708-709, imprimé par les "ÉDITIONS DE LA BACONNIÈRE , NEUCHATEL" et publié par ALBIN MICHEL en 1955.
Cette analyse concerne la période de l'avant seconde guerre mondiale. Vous observerez que sa conclusion "sent le belge" (la stabilité par le compromis) et, à la lueur du temps, montre bien le chemin parcouru par les partis dits "démocatiques".
Jacques PIRENNE :
La vie politique est prise en mains par une oligarchie de politiciens professionnels
Le parlementarisme fondé sur l'opinion, avait été le fait, à l'origine, de petites minorités: Le corps électoral s'est progressivement accru, au fur et à mesure que s'est étendue l'instruction et qu'a augmenté le niveau de vie, c'est-à-dire l'indépendance matérielle de la masse. Après 1918, le suffrage universel est devenu partout une réalité. Le parlementarisme s'est adapté à ce régime nouveau dans lequel l'immense majorité des électeurs ignore tout des problèmes qui se posent au pays. Tout naturellement les partis ont visé à les embrigader en les groupant selon leurs intérêts matériels. Le socialisme, parti de classe, a encadré la masse; en défendant ses intérêts, il lui a imposé en même temps une discipline et un dogme.
En face du socialisme, le parti catholique a, lui aussi, créé des organisations professionnelles diverses, en superposant aux intérêts de classe l'idéal religieux. Seul le parti libéral, respectueux, de par son essence, de la liberté individuelle, ne s'est pas organisé. Partout, de ce fait, il s'est trouvé réduit à n'être qu'un parti minoritaire.
Dans les régimes totalitaires, un parti unique impose ses chefs et son dogme à la population tout entière. Dans les pays parlementaires, chaque parti impose sa direction à la fraction de l'opinion politique qu'il représente et encadre. Le droit de vote du citoyen se trouve ainsi réduit à accepter en bloc le programme et les hommes que lui propose tel ou tel parti. Ainsi le suffrage universel a-t-il eu pour conséquence de créer une oligarchie politique formée par les dirigeants des divers partis, lesquels ne constituent qu'une très petite minorité du corps électoral.
Seule la Suisse , par l'usage du référendum, a conservé au citoyen une liberté qui lui permet d'exercer une action directe sur la législation. Dans tous les autres pays parlementaires, cette oligarchie politique tend de plus en plus à se transformer en une classe spéciale. La politique devient une profession. Le mandataire est rétribué. L'extension constante des attributions de l'Etat ne cesse d'augmenter l'influence des hommes politiques. Le dirigisme économique leur livre de larges secteurs de la vie économique, leur ouvrant ainsi quantité de possibilités de profits. Pour faire partie de cette minorité dirigeante de la politique, il faut se plier à une stricte discipline, franchir des échelons qui, des organisations de parti, mènent aux mandats municipaux, provinciaux ou législatifs. Le parti fait un bloc; il donne ses Consignes ; il a ses intérêts, qu'il place avant ceux de l'État. En marge du parlement, les partis constituent un rouage irresponsable, mais tout-puissant, de la vie politique. Ils dominent le parlement, voire même le gouvernement, dont tous les ministres appartiennent à leurs organisations.
Ainsi le personnel politique se transforme en une oligarchie, comme le personnel des grands groupements capitalistes. Entre ces deux oligarchies des rapports se nouent; des services s'échangent.
Il en résulte une profonde transformation du régime parlementaire, de plus en plus dominé par les intérêts de classes ou de groupes que représentent les partis. Le rôle de l'élite intellectuelle y devient de plus en plus réduit, et la valeur des mandataires politiques, dont la plus grande partie ne joue plus au parlement que le rôle de figurants, tend à baisser.
Les partis constituent dorénavant les cadres des régimes parlementaires. Et tout naturellement, comme toujours lorsqu'une société possède des cadres politiques ou sociaux, ces cadres ont tendance à constituer des oligarchies privilégiées.
Comme la source de la puissance de ces oligarchies réside dans la possession du pouvoir, les partis luttent tout naturellement pour disposer du pouvoir en faisant et en défaisant des coalitions, de sorte que l'État se trouve ballotté d'un parti à l'autre.
L'autorité du gouvernement diminue tandis que celle des partis augmente; or, l'interventionnisme de l'État ne cesse d'étendre les attributions du gouvernement. Les partis, ou plutôt les petites oligarchies qui les dirigent et qui, à tour de rôle, se partagent les portefeuilles, étendent ainsi de plus en plus leur mainmise sur l'État et sur le pays.
Tel quel, cependant, le régime parlementaire demeure un régime d'opinion. En dehors des partis, en effet, se maintient une masse flottante d'électeurs qui se portent, lors des élections, vers l'un ou l'autre parti selon les tendances du moment. Si bien que malgré leur rigidité, les partis restent influencés par l'opinion. En outre, la succession des partis au gouvernement maintient l'équilibre entre les intérêts divers qu'ils représentent. Les crises ministérielles empêchent ainsi des crises sociales. Elles jouent le rôle de soupapes de sûreté. L'instabilité apparente du pouvoir, dans les régimes parlementaires, est la raison de la stabilité du régime lui-même. L'évolution démocratique des pays parlementaires a rallié tous les partis à une politique de réformisme social qui, à travers les crises ministérielles, s'est adaptée aux intérêts de tous les groupes sociaux.
00:09 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, belgique, europe, partitocratie, socialisme, partis, parti unique | | del.icio.us | | Digg | Facebook