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mardi, 16 juin 2015

Le néo-colonialisme intellectuel de la gauche européenne

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Le néo-colonialisme intellectuel de la gauche européenne

Emir SADER
Ex: http://www.legrandsoir.info

La gauche européenne a toujours eu de grandes difficultés à comprendre le nationalisme et le libéralisme dans des régions comme l’Amérique Latine. Elle développe des attitudes encore mues par le paternalisme de l’eurocentrisme et se tourne vers l’Amérique Latine non pour apprendre mais avec une posture de professeurs, comme s’ils étaient porteurs de l’ensemble de la connaissance et des expériences victorieuses, à partir desquelles ils donneraient un cours magistral sur nos processus.

La gauche européenne a été essentiellement socialiste – ou social-démocrate – et communiste. Elle avait comme composantes essentielles les syndicats et les partis politiques – avec une représentation parlementaire, participant aux des élections, alliés entre eux. Et des groupes plus radicaux, en général trotskistes qui faisaient partie du même scénario politique et idéologique. Une de ses composantes – qui allait devenir problématique – à savoir le nationalisme, fut classé comme une idéologie de droite à cause de son caractère chauviniste en Europe. La responsabilité attribuée aux nationalismes dans les deux guerres mondiales a renforcé cette classification.

Sur d’autres continents, particulièrement en Amérique Latine, cette classification apparaissait comme schématique, mécanique. L’inadéquation est devenue de plus en plus claire alors que surgissaient des forces et des leaderships nationalistes.

En Europe, l’idéologie de la bourgeoisie montante fut le libéralisme, par opposition aux blocages féodaux à la libre circulation du capital et de la main-d’œuvre. Le nationalisme s’est situé à droite du spectre politique et idéologique, exaltant les valeurs nationales de chaque pays en opposition à celles des autres pays et, plus récemment, en s’opposant à l’unification européenne, parce qu’elle affaiblit les États nationaux.

A la périphérie du capitalisme, le nationalisme et le libéralisme ont des traits distincts, et même opposés à ceux qu’ils ont en Europe. Le libéralisme a été l’idéologie des secteurs primaires exportateurs, qui vivaient du libre-échange, exprimant les intérêts de l’oligarchie traditionnelle, de l’ensemble de la droite. Par contre et à la différence de l’Europe, le nationalisme a toujours eu une composante anti-impérialiste.

La gauche européenne a toujours eu de grandes difficultés à comprendre le nationalisme et le libéralisme dans des régions comme l’Amérique Latine. Exemple d’une des erreurs provenant de la vision eurocentrique : des leaders comme Perón et Vargas ont parfois été comparés par les partis communistes d’Amérique Latine avec des dirigeants fascistes européens – comme Hitler et Mussolini – de par leurs composantes nationaliste et antilibérale. En même temps, des forces libérales latinoaméricaines ont été acceptées par l’Internationale socialiste parce qu’elles défendraient les systèmes politiques « démocratiques » (en réalité, libéraux) contre « les dictatures » dans lesquelles des leaders nationalistes joueraient le rôle principal avec leur charisme et leur idéologie supposée « populiste » et autoritaire.

Des processus comme les révolutions mexicaines, cubaine, sandiniste, et des leaderships nationalistes comme ceux mentionnés, ont été difficiles à digérer par la gauche traditionnelle compte tenu de son héritage colonial, eurocentrique. La même chose se passe, d’une certaine façon, avec la gauche latinoaméricaine du XXIème siècle, dont la gauche traditionnelle européenne éprouve des difficultés à comprendre le caractère et les luttes. Ces mêmes limites affectent les intellectuels d’une gauche européenne qui reste eurocentrique dans sa vision de l’Amérique Latine.

D’une part, il y a les intellectuels de la social-démocratie qui, en évoluant vers le social-libéralisme puis le néo-libéralisme, ont perdu toute possibilité de comprendre l’Amérique Latine et la gauche post-néolibérale de notre région.

Mais il y a aussi les intellectuels francs-tireurs ou liés à des courants de l’ultra gauche européenne qui lancent leurs analyses critiques sur les gouvernements progressistes latinoaméricains avec une grande désinvolture, expliquant ce que ces gouvernements ont fait de faux, ce qu’ils devraient faire, ce qu’ils ne devraient pas faire, etc. Ils parlent comme si leurs thèses avaient été confirmées, sans pouvoir présenter aucun exemple concret de ce que leurs idées ont produit et démontré, qui s’adapterait mieux à la réalité que les chemins que ces gouvernements suivent.

Ils se préoccupent des tendances « caudillistes », « populistes », des leaders latinoaméricains, jugent ces processus à partir de ce qu’ils estiment que devraient être les intérêts de tel ou tel mouvement social, ou de l’une ou l’autre thématique. Ils ont des problèmes pour comprendre le caractère nationaliste, anti-impérialiste, populaire, des gouvernements post néolibéraux, leurs processus concrets de construction d’une hégémonie alternative dans un monde encore très conservateur. Ils survolent les réalités comme des oiseaux, saluant quelque chose pour ensuite le critiquer, sans s’identifier profondément à l’ensemble de ces mouvements qui forment la gauche du XXIème siècle. Le temps passe et ces visions eurocentriques ne débouchent sur aucune construction concrète, parce qu’ils sont impuissants à capter les trames contradictoires de la réalité et à partir de cela, proposer les alternatives qui peuvent être portées par les peuples.

Ils se comportent comme s’ils étaient les « consciences critiques de la gauche latinoaméricaine » et comme si nous avions besoin d’elles, comme si nous n’avions pas conscience des raisons de nos avancées, des obstacles que nous avons devant nous et des difficultés pour les dépasser. Non seulement ils ne peuvent présenter les résultats de leurs analyses dans leurs propres pays – qui peuvent être la France, le Portugal, l’Angleterre ou d’autres pays –, là où l’on suppose que leurs idées devraient avoir des résultats, mais ils ne réussissent pas non plus à expliquer – ni même à aborder – les raisons pour lesquelles, dans leur propres pays, la situation de la gauche est incomparablement pire que dans les pays latinoaméricains qu’ils critiquent.

Ce sont des attitudes encore mues par le paternalisme de l’eurocentrisme et qui se tournent vers l’Amérique Latine non pour apprendre mais avec une posture de professeurs, comme s’ils étaient porteurs de l’ensemble de la connaissance et des expériences victorieuses, à partir desquelles ils donneraient un cours magistral sur nos processus. Ils représentent, en fait, malgré les apparences, les formes de la vieille gauche, qui n’a pas fait l’autocritique de ses erreurs, échecs et reculs. Qui ne sont pas disposées à apprendre des nouvelles expériences latinoaméricaines.

L’aura universitaire ne réussit pas à cacher les difficultés qu’ils ont pour s’engager dans des processus concrets et, à partir de ceux-ci, pour partager la construction des alternatives.

Les analyses qui ne débouchent pas sur des propositions concrètes de transformation de la réalité, présentent de moins en moins d’intérêt. Les postures critiques restent sur le plan de théories qui ne se projettent pas dans le champ du réel, sans aucune capacité à s’approprier la réalité concrète, moins encore de la transformer. Pour reprendre le vieil adage marxiste toujours actuel : leurs idées ne se transforment jamais en force matérielle parce qu’elles ne pénètrent jamais dans les masses.

Emir Sader

Emir Sader est philosophe, professeur de sociologie à l’Université de São Paulo (Usp) et de l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro (Uerj) où il dirige le Laboratoire des Politiques Publiques.

EN COMPLEMENT:

« Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum. »

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

»» http://www.pambazuka.net/fr/category.php/comment/94393
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lundi, 15 juin 2015

La Chine parie sur l'Amérique du Sud

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LA CHINE PARIE SUR L'AMERIQUE DU SUD
 
Le déclin impérial des États-Unis

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a achevé par le Chili une vaste tournée sud-américaine qui, après le Brésil, l’a conduit en Colombie et au Pérou. Si les dirigeants chinois soignent à ce point le continent sud-américain, c’est surtout par intérêt économique. Le cône sud-américain regorge de minerais et d'hydrocarbures, de produits agricoles et d’élevage dont la Chine a besoin. Et comme souvent, les dirigeants chinois n’hésitent pas à faire preuve, sur place, de très grandes largesses financières. 


Mais il y a plus : la Chine parie sur l'Amérique latine et elle sait qu'en s'implantant durablement en Amérique latine, elle  marche sur une région considérée comme l’arrière-cour de Washington. Cette visite de Li Keqiang fait suite au voyage présidentiel dans la région en juillet 2014 du Président chinois Xi Jinping. On voit bien que la Chine suit les dossiers latino-américains de manière scrupuleuse et ne les laisse en aucune manière tomber. Elle ne cesse de réitérer au plus haut niveau de la représentation nationale des tournées régulières sur tout le sous-continent. Ainsi, la Chine parle-t-elle maintenant en Amérique du Sud de bloc à bloc (des Brics à l'Unasur) et nous ne sommes plus en 2013 - le temps passe ici très vite ! - où rencontrant Barack Obama en Californie, elle mesurait encore ses forces avec les Etats-Unis. La Chine ne mesure plus ses forces avec les latinos. Elle parle d'égale à égale, laissant les Etats-Unis à leur déclin impérial annoncé.


Li Keqiang a visité le Pérou. Il faut savoir que quelques jours après la nomination en 2013 du Président chinois actuel, ce dernier rencontrait le Président péruvien Ollanta Humala au Forum économique de Boao dans la ville de Sanya dans la province chinoise de Hainan. Les deux pays signèrent alors 11 accords de coopération. Ces onze accords ont été vérifiés et l'on peut dire accomplis en ce mois de mai 2015. C'est aussi cela la diplomatie chinoise : une diplomatie de la confiance qui n'a rien à voir avec, par exemple les trahisons françaises (affaire du Mistral avec la Russie). La Chine signe et respecte les accords. 


Tout ceci démontre non seulement l'importance que les autorités chinoises accordent aux liens bilatéraux dans la région mais cela démontre aussi le dynamisme des contrats commerciaux signés qui immédiatement entraîne des déplacements d'hommes d'affaires de part et d'autre. On n'est pas dans la palabre mais dans le concret. On n'est pas dans le Consensus de Washington mais dans celui de Pékin. Le Consensus de Pékin (ou Consensus de Beijing), définit la diplomatie et le modèle de développement proposé par la République populaire de Chine, en particulier auprès des pays en voie de développement, notamment en Afrique. L'Occident et la Chine ont ici des positions très différentes sur les besoins et méthodes pour soutenir le développement de ces pays. La position occidentale contenue dans le Consensus de Washington, avec pour axes principaux le libre-échange, la lutte contre la corruption, la transparence, les droits civiques et la démocratisation, ainsi que la défense des droits de l'homme. Au contraire, l'approche diplomatique chinoise prête une grande estime à la non ingérence (indépendance pour les affaires internes) de tout pays, ainsi qu'un développement « à la chinoise » : structurel (chemins de fer, ports, barrages, etc) et économique d'abord (industrie, mines, pétrole), puis éventuellement civique.


De plus, le Président chinois comme son premier ministre connaissent parfaitement bien l'Amérique latine et ses spécificités : ils y ont longtemps voyagé avant d'occuper les postes qu'ils occupent maintenant. On sait d'ailleurs que le Président chinois est un fan du football latino-américain, il en connaît tous les joueurs. On voit donc que nous sommes bien passés à un cran au-dessus dans toutes ces relations protocolaires. L'idéologie n'est plus le facteur déterminant. Le principal aujourd'hui est cette combinaison curieuse de stratégie politique et d'économie immédiate qui fait actuellement la force de la diplomatie chinoise partout dans le monde, y compris en Afrique. La Chine soigne d'ailleurs aussi bien l'Amérique du sud continentale que l'Amérique centrale ou les Caraïbes. L'année dernière, elle avait particulièrement été aux petits soins d'une petite île comme Trinidad-et-Tobago, quatrième puissance gazière du sous-continent.   Le Premier ministre chinois Li Keqiang en visite officielle, a en tout cas confirmé des investissements record au Brésil Des contrats faramineux y ont été signés pour près de 50 milliards de dollars. Le Premier ministre chinois a rencontré la présidente Dilma Rousseff à Brasilia et la Chine a jeté son dévolu sur les infrastructures : les réseaux de transports, les chemins de fer, les routes, les ports et autres aéroports. Parmi ses nombreux projets, la création de ce gigantesque « couloir » ferroviaire entre les océans Atlantique et Pacifique dont nous avons parlé et qui traverserait le Brésil, passerait par la cordillère des Andes pour aboutir au Pérou et dont l'objectif  est de faciliter les exportations de produits brésiliens (comme le soja) vers la Chine. Par ailleurs, c'est une entreprise chinoise qui va se charger de la reconstruction de la base scientifique brésilienne, installée au pôle Sud, pour un budget de près de 100 millions de dollars, la Chine consolidant ainsi ses positions en Antarctique. Pour le Brésil, le partenariat stratégique avec la Chine est un soulagement car la situation économique du pays est très préoccupante. L’inflation a dépassé les 8 %, la croissance est faible, le chômage augmente et les perspectives pour les années qui viennent ne sont pas brillantes. La crise touche actuellement le Brésil de plein fouet. Les favelas et même les prisons sont en révolte. Pour le Brésil, la Chine représente donc un vrai espoir qui pourrait peut-être sortir le pays de l’ornière présente. (La Chine ou la Russie puisque Moscou a aussi décidé de miser sur le Brésil et son pétrole ! ) Il faut bien comprendre que depuis quelques années, les Etats-Unis ont perdu la confiance non seulement en raison de l'espionnage qu'ils pratiquent mais tout simplement parce que surendettés, ce ne sont plus des investisseurs solides.


Ces investissements massifs de la Chine et de la Russie vont apporter un répit à la présidente Rousseff même si face à ces contrats, la presse brésilienne est restée la semaine dernière relativement prudente  car la Chine est aussi réputée pour imposer ses conditions lorsqu’elle investit massivement quelque part. Par exemple, en Afrique, le recours obligatoire aux travailleurs chinois, est notoire. Quelles ont donc été les contreparties brésiliennes ? On ne le sait pas trop si ce n'est la participation du Brésil à la nouvelle architecture financière du monde en construction par la banque et le fonds de réserve asiatique indépendants de la Banque Mondiale et du FMI. La Chine est maintenant le deuxième partenaire commercial et le premier investisseur public en Amérique latine. En 2030, on vient d'apprendre que la bourse de Shanghai devrait devenir la seconde bourse mondiale des valeurs après New York. Le marché boursier chinois dépassera alors très largement le marché londonien ou japonais. 
Avec la croissance latino-américaine qui devrait redémarrer, c'est un autre monde qui se prépare où l'Europe est hélas bien mal en point.

dimanche, 14 juin 2015

Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

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Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

La première menace est démographique et migratoire et elle a l’Afrique comme visage principal et notre dénatalité comme toile de fond. La seconde menace est l’islam, comme au VIIe siècle mais pis encore. La troisième menace, cause des deux premières,  provient de l’oligarchie polico-médiatique qui infecte l’esprit public et paralyse toute résistance. 

La démographie est la seule science humaine exacte. La vigueur démographique d’un peuple conditionne ses capacités de prospérité et d’immigration hors de son territoire. La faiblesse démographique d’un peuple provoque une immigration de peuplement chez lui, ainsi que son déclin global de puissance, de rayonnement et de prospérité. Et à terme, sa disparition.

Le risque majeur qui pèse sur l’Europe ne provient pas d’une soumission aux Etats-Unis, dont on peut toujours se libérer, mais de la conjonction de deux facteurs : une pression migratoire gigantesque en provenance majoritaire d’Afrique (Afrique du Nord et Afrique noire) corrélée à une dénatalité et à un vieillissement démographique considérables de l’Europe. Et, avec en prime, l’islamisation des sociétés européennes, conduite à marche forcée.

La bombe démographique africaine

L’Afrique dans son ensemble comptait  200 millions d’habitants en 1950 ; le milliard a été dépassé en 2010 et l’on va vers 2 milliards en 2050 et 4 milliards en 2100. Il y a quatre siècles, l’Afrique représentait 17% de la population mondiale et seulement 7% en 1900, à cause de l’expansion démographique de l’Europe et de l’Asie et de sa stagnation. Puis, à cause de la colonisation (de ”civilisation ” et non pas de peuplement) par les Européens, l’Afrique a connu une irrésistible poussée démographique, du fait de la baisse considérable de sa mortalité infantile et juvénile provoquée par l’hygiène, la médecine et l’amélioration alimentaire dues à la colonisation. Ce point est soigneusement caché par l’idéologie dominante repentante qui fustige le ”colonialisme”. C’est cet affreux colonialisme qui a donc permis à l’Afrique toute entière de décoller démographiquement – ce qui provoque la menace migratoire actuelle. Et, après les indépendances (années 60), l’Afrique a continué à bénéficier massivement d’assistances médicales et alimentaires de la part des pays occidentaux. Ce qui a permis la continuation de son boom démographique.

En 2014, l’Afrique représentait 16% de la population mondiale (1,138 milliards d’habitants sur 7,243 milliards) en augmentation constante. L’indice de fécondité, le nombre moyen d’enfants nés par femme, y est de 4,7, le taux le plus fort au monde. La moyenne mondiale est de 2,5. En Europe, il est inférieur à 1,5, le seuil de simple renouvellement des générations étant de 2,1. Le continent africain contient non seulement la population la plus prolifique, mais la plus jeune de la planète : 41% ont  moins de 15 ans et l’âge médian est de 20 ans. Donc la natalité est exponentielle, en progression géométrique ; l’Ouganda et le Niger sont les pays les plus jeunes du monde : 49% de moins de 15 ans.

Mais l’espérance de vie est aussi la plus faible au monde : 57 ans contre 69 ans de moyenne mondiale. Cela n’obère pas la reproduction et garantit l’absence de vieillards à charge. En 1960, deux villes d’Afrique seulement dépassaient le million d’habitants, 25 en 2004, 57 aujourd’hui ! C’est dire  l’ampleur choc démographique. L’Afrique est donc une bombe démographique, plus exactement un énorme réservoir percé qui commence à se déverser sur l’Europe. Sans que cette dernière ne fasse rien.

Dépopulation,  vieillissement  et invasion migratoire de l’Europe

En Europe, la situation est exactement l’inverse : dénatalité et vieillissement. En incluant la Russie mais pas la Turquie, l’Europe comptait 742 millions d’habitants en 2013, dont 505,7 millions dans l’Union européenne – immigrés extra-européens compris. La très faible croissance démographique de l’Europe n’est due qu’à l’immigration et à la natalité supérieure des immigrés, mais le nombre d’Européens de souche ne cesse de diminuer. L’Europe représente 10,3% de la population mondiale, contre 25% en 1900, date de l’apogée absolue de l’Europe dans tous les domaines sur le reste du monde. Cette suprématie fut cassée par les deux guerres mondiales. En 1960, l’Europe représentait encore 20% de la population mondiale, mais la chute de la natalité débuta dans les années 70, en même temps que le démarrage des flux migratoires en provenance d’Afrique et d’Orient. La table était mise.

La moyenne d’âge est aujourd’hui de 38 ans en Europe et sera – si rien ne change– de 52, 3 ans en 2050 ( étude de la Brookings Institution). Le taux de fécondité s’est effondré en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il est de 2, le plus fort d’Europe, mais uniquement grâce à la natalité immigrée, notre pays étant celui qui héberge et reçoit le plus d’allogènes. En Grande-Bretagne, le taux de fécondité est de 1,94, second au classement, tout simplement parce que ce pays ”bénéficie” de la natalité immigrée, juste derrière la France.

En Allemagne, le taux de fécondité s’est affaissé à 1,38 enfants par femme ; les projections indiquent que l’Allemagne, pays le plus peuplé d’Europe (81,8 millions d’habitants), en vieillissement continu, ne comptera plus en 2050 que 75 millions d’habitants, dont une proportion croissante d’extra-Européens. L’Italie connaît une situation préoccupante : c’est là où l’infécondité et le vieillissement sont les plus forts.  C’est en Ligurie (Nord-Ouest) que le rapport population âgée/population jeune est le plus fort au monde, et Gênes est la ville qui se dépeuple le plus parmi les métropoles européennes : la mortalité – par vieillesse –y est de 13,7 pour 1000, contre une natalité de 7,7 pour 1000. 

Parlons de la Russie. La Fédération a connu son pic de population à 148, 689 millions d’habitants en 1990 et a baissé à 143 millions en 2005, la Banque mondiale estimant  qu’en 2050, le pays ne compterait plus que 111 millions d’habitants (– 22%). Situation catastrophique. L’explication : un indice de fécondité très faible et une surmortalité chez les hommes de la population active. Mais, surprise : en 2012, la Russie a connu un accroissement net de sa population pour la première fois depuis 1992, et pas du tout à cause de l’immigration. Grâce à qui ? À M. Poutine et à sa politique nataliste.   

Risque de déclassement et de paupérisation économiques

Mais, s’il se poursuit, ce déclin démographique de l’Europe sera synonyme de déclassement économique, de paupérisation, de perte d’influence et de puissance. En 2005, la population active européenne représentait 11,9% de la population active mondiale. Si rien ne change démographiquement, elle ne sera  plus que de 6,4% en en 2050. C’est le recul et le déficit de dynamisme économiques assurés. Le rapport actifs/ retraités, qui approche les 1/1 aujourd’hui ne sera plus, selon le FMI, que de O,54/1 en 2050, soit deux retraités pour un actif. Équation insoluble.

Selon l’OCDE, 39% seulement des Européens de 55-65 ans travaillent, encore moins en France. Le nombre et la proportion des Européens qui produisent ne cesse de baisser, par rapport au reste du monde. D’après le démographe et économiste William H. Frey, la production économique de l’Europe devrait radicalement diminuer dans les 40 ans à venir. En 2010, la tranche d’âge des  55–64 ans dépassait déjà celle des  15–24 ans. Selon un rapport du Comité de politique économique de l’Union européenne, la population active de l’UE diminuera de 48 millions de personnes (–16%) et la population âgée inactive et à charge augmentera de 58 millions (+77%) d’ici 2050. Explosif.      

En 2030, la population active de l’UE sera de 14% inférieure au niveau de 2002. Il est trop tard pour corriger, même en cas de reprise démographique miraculeuse dans les prochaines années. Les économistes crétins disent que cela va au moins faire refluer le chômage : non, cela va augmenter le nombre de pauvres, du fait de la diminution de l’activité productrice (PIB). En effet, en 2030, la capacité de consommation des Européens (revenu disponible) sera de 7% inférieure à celle d’aujourd’hui, à cause du vieillissement. Pour répondre à ce défi économique, les institutions européennes et internationales, comme les milieux politiques européens, en appellent à l’immigration. Nous verrons plus bas que cette solution est un remède pire que le mal.

Extension du domaine de l’islam

En 2007, le Zentralinstitut Islam Archiv Deutschland estimait à 16 millions le nombre de musulmans dans l’UE (7% de la population) donc 5,5 millions en France, 3,5 millions en Allemagne, 1,5 en Grande Bretagne et un million en Italie comme aux Pays-Bas. Du fait des flux migratoires incontrôlés et en accélération depuis cette date, composés en grande majorité de musulmans qui, en outre, ont une natalité bien supérieure à celle des Européens, ces chiffres doivent être multipliés au moins par deux ; d’autant plus que le nombre de musulmans est systématiquement sous-estimé par les autorités qui truquent les statistiques pour ne pas donner raison aux partis ”populistes” honnis. Le nombre de musulmans dans l’Union européenne dépasse très probablement les 30 millions – environ 15% de la population– et l’islam est la seconde religion après le christianisme. Le premier progresse très rapidement, le second décline.

De plus, les musulmans, en accroissement constant, ont une structure démographique nettement plus jeune et prolifique. Et il ne s’agit pas d’un islam tiède, ”sociologique”, mais de plus en plus radical, conquérant, offensif. Le risque d’attentats djihadistes, en hausse continue et qui vont évidemment se multiplier, sans que cela n’incite le moins du monde les gouvernements européens décérébrés à stopper les flux migratoires invasifs, n’est pas pourtant le plus grave. Le plus grave, c’est l’islamisation à grande vitesse des pays européens, la France en premier lieu, ce qui constitue une modification inouïe du soubassement ethno-culturel de l’Europe, surgie avec une rapidité prodigieuse en à peine deux générations et qui continue irrésistiblement dans l’indifférence des oligarchies.

Ce bouleversement est beaucoup plus inquiétant que la foudroyante conquête arabo-musulmane des VIIe et VIIIe siècle, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’une partie de l’Europe méditerranéenne,  essentiellement militaire. Car, à l’époque, les Européens avaient de la vigueur et une capacité démographique, qui a permis de limiter puis de repousser l’invasion. Aujourd’hui, il s’agit de la pire des invasions : apparemment pacifique, par le bas, reposant sur le déversement démographique migratoire.

Mais elle n’est pas si pacifique que cela. Bien que les masses de migrants clandestins, jamais contrés ni expulsés, aient d’abord des motivations économiques ou le désir de fuir l’enfer de leur propre pays (pour l’importer chez nous), ils sont instrumentalisés par des djihadistes qui n’ont qu’un seul objectif : la conquête de l’Europe et sa colonisation par l’islam, réponse cinglante au colonialisme européen  des XIXe et XXe siècle.

Les plus lucides sont, comme bien souvent, les Arabes eux-mêmes. Mashala S. Agoub Saïd, ministre du Pétrole du gouvernement non reconnu de Tripoli (Libye) déclarait au Figaro (02/06/2015), à propos des foules de migrants clandestins  qui traversent la Méditerranée : «  le trafic est entretenu par les islamistes qui font venir les migrants de toute l’Afrique et du Moyen Orient.[…] Daech enrôle les jeunes, leur enseigne le maniement des armes, en échange de quoi l’État islamique promet à leur famille de faciliter leur passage de la Méditerranée pour entrer en Europe. » Il y a donc bel et bien une volonté d’invasion de l’Europe, parfaitement corrélée au djihad mené en Syrie et en Irak, et au recrutement de musulmans d’Europe. Le but est de porter la guerre ici même. En s’appuyant sur des masses de manœuvre toujours plus nombreuses installées en UE.

La possibilité du djihad en Europe

Il faut s’attendre, si rien ne change, à ce que, au cours de ce siècle, une partie de l’Europe occidentale ressemble à ce qu’est le Moyen Orient aujourd’hui : le chaos, une mosaïque ethnique instable et ingérable, le ”domaine de la guerre” (Dar-al-Suhr) voulu par l’islam, sur fond de disparition (de fonte, comme un glacier) de la civilisation européenne ; et bien entendu, de paupérisation économique généralisée.

Un signe avant-coureur de la future et possible soumission des Européens à l’islam et de leur déculturation (infiniment plus grave que l’”américanisation culturelle”) est le nombre croissants de convertis. Exactement comme dans les Balkans du temps de la domination des Ottomans : la conversion à l’islam relève du ”syndrome de Stockholm”, d’un désir de soumission et de protection. Selon l’Ined et l’Insee (chiffres, comme toujours, sous-estimés) il y aurait déjà en France entre 110.000 et 150.000 converti(e)s au rythme de 4.000 par an. 

Le converti fait allégeance à ses nouveaux maîtres et, pour prouver son ardeur de néophyte, se montre le plus fanatique. Presque 20% des recrutés pour l’équipée barbare de l’État islamique (Daech) sont, en Europe, des convertis. Ils sont issus des classes moyennes d’ancienne culture chrétienne– jamais juive. On remarque exactement le même symptôme – de nature schizophrène et masochiste– que dans les années 60 et 70 où les gauchistes trotskystes ou staliniens provenaient de la petite bourgeoisie. Il faut ajouter que les jeunes filles autochtones qui se convertissent à l’islam, dans les banlieues, le font par peur, pour ne plus être harcelées. Summum de l’aliénation.

Un sondage de l’institut britannique ICM Research de juillet 2014 fait froid dans le dos. Il révèle que l’État islamique (Daech), dont la barbarie atteint des sommets, serait soutenu par 15% des Français (habitants de la France, pour être plus précis) et 27% chez les 18-24 ans ! Qu’enseignent ces chiffres ? D’abord qu’une majorité des musulmans présents en France ne sont pas du tout des ”modérés” mais approuvent le djihad violent. Ensuite que 27% des ”jeunes” approuvent Daech ; ce qui donne une idée de l’énorme proportion démographique des jeunes immigrés musulmans en France dans les classes d’âge récentes, peut-être supérieure déjà à 30%. Enfin, comme le note Ivan Rioufol (Le Figaro, 05/06/2015) à propos de ce « stupéfiant sondage », il est possible que l’ « islamo-gauchisme » de jeunes Européens de souche, convertis ou pas, expliquent ces proportions, mais, à mon avis, pas entièrement.

Bien entendu, pour casser le thermomètre, l’oligarchie politico-médiatique a enterré ce sondage, photographie très ennuyeuse de la réalité, ou répète qu’il est bidon. On se rassure et l’on ment – et l’on se ment – comme on peut. Nous sommes assis sur un tonneau de poudre. L’”assimilation” et l’”intégration” ne sont plus que des contes de fées. L’incendie est aux portes.

Seule solution : la forteresse Europe. 

La troisième menace qui plombe les Européens vient d’eux mêmes, de leur anémie, plus exactement celle de leurs dirigeants et intellocrates qui, fait inouï dans l’histoire, organisent ou laissent faire depuis des décennies, l’arrivée massive de populations étrangères (n’ayant plus rien à voir avec de la ”main d’œuvre”) souvent mieux traitées par l’État que les natifs.  L’idéologie de l’amour inconditionnel de l’ ”Autre”, préféré au ”proche”, cette xénophilie, gouverne ce comportement suicidaire et provient d’une version dévoyée de la charité chrétienne.

La mauvaise conscience, la repentance, la haine de soi (ethnomasochisme) se conjuguent avec des sophismes idéologiques dont les concepts matraqués sont, en novlangue : ouverture, diversité, chance-pour-la-France.  vivre–ensemble, etc. Bien que le peuple de souche n’y croie pas, l’artillerie lourde de l’idéologie dominante paralyse tout le monde. D’autant plus que, comme le démontre un dossier de Valeurs Actuelles (04–10/06/2015), la liberté d’expression sur les sujets de l’immigration et de l’islam est de plus en plus réprimée. Exprimer son opinion devient risqué, donc on se tait, le courage n’étant pas une vertu très partagée. Partout, les musulmans et autres minorités – qui demain n’en seront plus – obtiennent des privilèges et des exemptions illégales ; partout ils intimident ou menacent et l’État recule.

Donc, pour l’instant, la solution de l’arrêt définitif des flux migratoire, celle du reflux migratoire, de l’expulsion des clandestins, de la contention et de la restriction de l’islamisation n’est pas envisagée par les dirigeants, bien que souhaitée par les populations autochtones. Ce qui en dit long sur notre ”démocratie”. Mais l’histoire est parfois imprévisible…

Compenser le déclin des populations actives européennes par une immigration accrue (solution de l’ONU et de l’UE) est une aberration économique. Le Japon et la Chine l’ont compris. La raison majeure est que les populations immigrées ont un niveau professionnel très bas. La majorité vient pour être assistée, pour profiter, pour vivre au crochet des Européens, pour s’insérer dans une économie parallèle, bas de gamme voire délinquante. Il n’y a aucun gisement économique de valeur chez les migrants, qui coûtent plus qu’ils ne produisent et rapportent, sans parler du poids énorme de la criminalité, à la fois financier et sociologique. Les exceptions confirment la règle. 

Le choix de l’aide massive au développement pour l’Afrique, qui stopperait l’immigration (thèse de J-L. Borloo), est absurde et s’apparente à un néo-colonialisme qui n’a jamais fonctionné. Pour une raison très simple : on aura beau investir des milliards en Afrique et au Moyen-Orient, ça n’empêchera jamais les guerres endémiques, l’incurie globale de ces populations à se gouverner, leurs ploutocraties de voleurs et de tyrans à prospérer et leurs populations à rêver d’Europe et à fuir. C’est atavique. Et les rêves idiots, américains et européens, de conversion à la ”démocratie” de ces peuples s’écrasent contre le mur du réel.

La seule solution est donc la loi du chacun chez soi, ce qui supposerait un abandon (révolutionnaire) de l’idéologie des Droits de l’homme qui est devenue folle. Cela nécessiterait l’arrêt de la pompe aspirante des assistances et aides multiples. Tout migrant qui entre en Europe (soit en mode ”boat people”, soit par avion avec un visa) ne devrait bénéficier d’aucun droit, d’aucune aide, aucune subvention ; il serait immédiatement expulsé, s’il est illégal, comme cela se pratique dans 90% des pays du monde membres de l’ONU. Ces mesures sont beaucoup plus efficaces que la protection physique des frontières. Sans cette pompe aspirante de l’Eldorado européen, il n’y aurait aucun boat people en Méditerranée ni de faux touristes qui restent après expiration de leur visas ou de pseudo réfugiés qui demeurent après le rejet de leur demande d’asile.

Argument idiot de la vulgate du politiquement correct : mais l’Europe va s’enfermer dans les bunkers de frontières ! Oui. Mieux valent les frontières fermées que le chaos des frontières ouvertes. La prospérité, la puissance, l’identité, le rayonnement n’ont jamais dans l’histoire été produits par des nations et des peuples ouverts à tous les vents. De plus, politiciens et intellectuels assurent que la cohabitation ethnique se passe parfaitement bien, ce qui est vrai dans les beaux quartiers où ils résident (et encore…) et où les allogènes sont très peu nombreux, mais totalement faux dans le reste du pays. Le mensonge, le travestissement de la réalité ont toujours été la marque des majordomes des systèmes totalitaire : ”tout va bien, Madame la Marquise”.   

Le Tribunal de l’Histoire ne fait pas de cadeau aux peuples qui démissionnent et surtout pas à ceux qui laissent une oligarchie suivre une politique radicalement contraire à leurs souhaits, méprisant la vraie démocratie. Le principe de responsabilité vaut pour les nations autant que pour les individus. On ne subit que ce à quoi l’on a consenti. Face à ces menaces, pour de simples raisons mathématiques et démographiques, il faut prendre conscience qu’il est encore temps mais pour peu de temps encore. Il faut se réveiller, se lever, se défendre. Après, ce sera plié. Le rideau tombera.

Todd, Zemmour, Onfray, Houellebecq, peut-on vraiment tout dire en France?

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Todd, Zemmour, Onfray, Houellebecq, peut-on vraiment tout dire en France?

 
Entretien avec François-Bernard Huyghe
 
Ex: http://francais.rt.com 

Alors que plusieurs spectacles de l'humoriste controversé Dieudonné ont fait l'objet de menaces d'annulation, se pose la question de la liberté d'expression. Le chercheur François-Bernard Huyghe interroge la portée de cette liberté en France.

Outre la question des spectacles de Dieudonné, la France, peu après les attentats contre Charlie Hebdo, avait été traversée de débats très vifs sur la portée réelle de la liberté d'expression. François-Bernard Huyghe, médiologue, spécialiste de l'information et de la stratégie et chercheur à l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) souligne les contradictions d'une société française qui semble perdue dans le «poliquement correct»

RT France: Quelles sont les limites légales à la liberté d'expression en France?

François-Bernard Huyghe: De façon très schématique, certaines tiennent à l'incitation à la violence, à la consommation de drogue. Il y a aussi les limitations liées à l'injure et au respect de la vie privée. D'autres sont politiques, qu'elles soient liées au négationnisme ou à l'incitation à la haine raciale. Ces interdictions ne se font pas a priori mais a postériori, une fois que les propos ont été tenus, où l'on risque alors des procès. Il y a aussi un projet de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui souhaite sortir les injures et diffamations du droit de la presse et donc de la loi du 29 juillet 1881 pour les introduire dans le code pénal lorsqu’elles sont aggravées par une circonstance liée au racisme, à l’antisémitisme, à l’homophobie. 

RT France: Quelles sont les limites non dites à cette liberté d'expression?

François-Bernard Huyghe: Il y a le droit et ses sanctions d'un côté et la pression culturelle et sociale et les règles non dites qu'elles supposent de l'autre. Cette pression peut prendre la forme de la menace d'un procès, même si cela n'aboutit pas. Ainsi l'écrivain Michel Houellebecq a été menacé de plusieurs procès pour ses propos sur l'Islam. On peut aussi penser à Charlie Hebdo qui a eu plusieurs menaces de procès pour racisme. Médiatiquement, on parle beaucoup du fait que vous allez être traînés devant les tribunaux, mais évidemment s'il y a un non lieu, on n'en parle plus mais le mal est fait. Il y a aussi des censures de fait comme celle qu'a subies Eric Zemmour sur la foi d'un mot dans une interview à la presse italienne. Or ce mot de «déportation» des populations musulmanes n'avait pas été prononcé, j'avais à l'époque vérifié. Mais la pire censure est la censure par le conformisme ambiant, le politiquement correct qui règne énormément dans les médias français. En France, la pire censure est le politiquement correct.

RT France: Que dit ce politiquement correct de la société française?

François-Bernard Huyghe: Cela dit deux choses. Il y a d'abord une restriction idéologique du domaine des débats car on va préférer qualifier une idée d'extrême-droite ou de quelque chose en «phobe», comme islamophobe, homophobe ou antisémite plutôt que de la discuter. L'autre élément intéressant est que cela montre une rupture entre les élites et la société. Par élites, il faut entendre les politiques mais aussi les médias, les gens qui sont socialement autorisés à publier, partager leur opinion, dans un journal ou sur un plateau de télévision. Ceux-là sont sur un consensus idéologique libéral, socialiste, européen, atlantiste, individualiste. Ils sont les gardiens vigilants du Temple, et sont souvent en désaccord avec la population. Les Français pensent de plus en plus qu'on ne peut pas tout dire, qu'il y a une espèce de «lutte des classes culturelle» entre des Français qui veulent que les choses soient dites et les élites qui sont dans la déni de la réalité. Il est très clair qu'il y a des sujets qu'on évite, qu'on n'ose même pas évoquer médiatiquement.

RT France: Peu après les attentats de Charlie Hebdo, Dieudonné avait été condamné pour avoir dit "Je me sens Charlie Coulibaly", du nom du terroriste de l'Hyper casher. Glenn Greenwald, le journaliste qui avait révélé l'affaire Snowden, a dénoncé dans une tribune, «l'hypocrisie» de la France quant à la liberté d'expression. Et même l'humoriste Jon Stewart avait ironisé avec un  «Je suis confus». Qu'en pensez-vous?

François-Bernard Huyghe: Ils ont parfaitement raison. Après le 11 janvier, on avait parlé d'un droit au blasphème, une liberté d'expression absolue et le résultat est qu'on a déprogrammé des films, on a amené à la police des enfants de 8 ans qui n'avaient pas respecté la minute de silence. Dieudonné est certes dans une escalade extrême, pour être le plus maudit des maudits. Mais il y a une contradiction évidente, flagrante, entre les appels à Voltaire, les grandes proclamations libertaires qui ont été faites le 11 janvier et le fait qu'on évite de plus en plus certains sujets. Plus efficace que la censure, il y a l'autocensure. J'ai l'impression que cela s'étend de plus en plus.

RT France: Que pensez également des critiques très vives contre l'intellectuel Emmanuel Todd qui, dans son livre «Qui est Charlie», a parlé pour le 11 janvier de «flash totalitaire»?

François-Bernard Huyghe: On peut évidemment critiquer son livre mais sur le fond, intellectuellement. Or Emmanuel Todd a été injurié, y compris par le Premier ministre Manuel Valls. D'ailleurs c'est étonnant mais Manuel Valls passe son temps à dire ce qu'il ne faut pas lire, Todd, Houellebecq, Zemmour, Onfray. C'est la première fois qu'on voit un Premier ministre qui fait une liste de lectures non autorisées. La violence des attaques contre Emmanuel Todd ont été indignes, on l'a quasiment traité de nazi, on a parlé d'indignité nationale. Au final, ce qui a choqué dans son livre est qu'il a mis le doigt sur cette hypocrisie française. Il a rappelé que la manifestation du 11 janvier était celle des bourgeois blancs, aisés, qui venaient faire un grand exorcisme et se donner bonne consciente.

RT France: La notion de liberté d'expression qui date d'une loi de 1881, au moment de la presse écrite seulement, est-elle encore en phase avec un monde connecté, une mondialisation et une démocratisation des moyens publics d'expression comme les réseaux sociaux? Twitter par exemple rechigne à se plier à la loi française sur certains hashtags?

François-Bernard Huyghe: La France est le pays qui, derrière la Turquie, demande le plus de retraits à Twitter et les autorités françaises en obtiennent beaucoup. Mais Twitter dit respecter les législations nationales. C'est une guerre symbolique car on obtient de retrait, parfois même des condamnations. C'est une démonstration théâtrale par lequel le gouvernement veut montrer son ardeur à combattre le terrorisme. Mais Twitter a une mémoire qui résiste à la censure, on peut retrouver facilement des tweets supprimés. Certes, la législation a augmenté le droit d'intervenir directement auprès des réseaux sociaux sans passer par les juges et là encore ce sont des mesures qui vont dans le sens de la restriction d'expression. Tout cela provoque du coup des effets de compensation car on voit dans les commentaires d'articles des propos très tranchés, violents parfois. C'est parce que les médias sont aseptisés et vivent dans la crainte d'avoir manifesté une opinion politiquement incorrecte.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

samedi, 13 juin 2015

La culpabilisation, arme pour clandestinité massive

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PRESSION MIGRATOIRE, OPPRESSION MÉDIATIQUE
 
La culpabilisation, arme pour clandestinité massive

Raoul Fougax
Ex: http://metamag.fr

Périodiquement une étude survient. Comme par hasard, elle veut prouver qu’il n’y a pas plus d’immigrés en France aujourd’hui qu’il y a 50 ans.


Les spécialistes du ressenti dénoncent un ressenti migratoire qui ne serait pas réel. Il suffit de se promener pour savoir que c’est faux, que le paysage humain à changé dans une vision objective de grand remplacement en marche.


L’immigration d’aujourd’hui est plus visible car massivement non européenne. Et puis ces chiffres ne parlent jamais que de l’immigration légale alors que l’on sait bien que la plus massive est aujourd’hui clandestine. Clandestine c’est à dire illégale, et nombre de « migrants »  sont, en fait, des délinquants du sol.


Pour lutter contre le réflexe de rejet suscité par un sentiment de submersion, on tente de culpabiliser les méchants Français si peu généreux. D’où l’utilisation du terme de migrant et la médiatisation de leurs malheurs dont nous serions coupables, ce qui n’est pas tout à fait faux pour nos gouvernements, et responsables, ce qui est une manipulation morale à des fins politiques.


Plus de 100 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe depuis le début de l’année via la Méditerranée, a indiqué ce mardi le porte-parole du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies. 50 % déjà de tout ce qui était arrivé en 2014.


Ainsi, avec un total de 103.000 personnes sur cinq mois, le nombre de migrants attendus sur douze mois serait mathématiquement de 247.000.


L'Italie, particulièrement concernée a vue débarquer près de 171.000 migrants l'an dernier. Ils avaient été 40.000 en 2013 et 64.300 en 2011, au plus fort des printemps arabes, selon les chiffres de Frontex. Ces derniers chiffres correspondent à ceux du HCR en ce qui concerne l'Italie. Il n’y a aucune raison que ça s’arrête bien au contraire.


Nombre d’associations humanitaires mais en fait gauchistes, voulant se servir de l’immigration comme d’une arme politique et une bombe démographique, tentent de faire de la cause des migrants une obligation républicaine.


Qui ne les voit venir ? Qui ne les voit agir ?


Tous les journaleux de service se mobilisent au nom de la  compassion, dont ils seraient  des gardiens. Quand on sait où ils habitent, comment ils vivent, les leçons ne leur coûtent certes pas chères.

Dans cette masse de  clandestins ou même de réfugiés en attente de l’étude de leurs dossiers, combien de fausses victimes à la recherche de notre paradis social et de terroristes en puissances ? Personne ne le sait.


La fermeté par précaution et bon sens doit primer sur la compassion. Ces migrants doivent être traités humainement sur notre territoire mais sans droits exorbitants liés à l’idéologie de la victimisation. Ils doivent être regroupés, soignés et contrôlés puis renvoyés quand il le faut.La constitution de campements sauvages ne peut être tolérée, n’en déplaise aux jeunes marginaux  politisés de certains quartiers.


Bien sûr devant les caméras complaisantes, il est facile de parler de rafle, de brutalité et de sélectionner l’image qui sera choquante. Mais il y a une évidence : le pouvoir de droite ou de gauche est piégé. Et cela sert les extrémistes de l’immigration intouchable comme le disait un élu de la gauche de la gauche sur place.


« Nous avons vécu une évacuation digne de celle de l’église Saint-bernard de 1996 sous la droite. À l’époque, toute la gauche l’avait alors dénoncée, PS compris. Le gouvernement d’alors rejetait la responsabilité sur les militants qui avaient protégé les sans-papiers et donc, selon lui, refusé l’application de la loi. C’est très exactement l’argument utilisé depuis lundi par le gouvernement Valls »
Ce n’est pas un argument, c’est la vérité. Ces migrants sont exploités par ceux qui prétendent les défendre au nom de la morale et s’en servent pour la subversion.


Les pleurnicheries d’une Duflot en sont une confirmation absolue. « Avons-nous donc perdu et la tête et le cœur pour ne pas voir que nous faisons fausse route ? A force de professer un pseudo-pragmatisme, nous ne réglons pas les problèmes concrets et nous perdons la bataille des valeurs. Notre politique des migrations est un Waterloo moral. » Pour perdre la tête vis-à-vis de l’immigration non désirée, la gauche et la droite ne sont pas en reste, elle aurait bien tort de se décourager.

 

Réflexions générales sur les réformes du collège en France

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Réflexions générales sur les réformes du collège en France

Propos recueillis par Xavier Deltenre

Monsieur Steuckers, votre opinion, ici, à brûle-pourpoint, sur les réformes du collège en France ?

Ces réformes sont avant tout les symptômes d’un effondrement civilisationnel. Les tests dits « PISA » montrent que l’enseignement en France, en Belgique francophone (et non pas en Belgique néerlandophone), en Allemagne et ailleurs se désagrège alors qu’il avait été un atout majeur de notre aire de civilisation jusqu’il y a peu de temps.

Pour la France, le phénomène m’apparait complexe : l’hypertrophie du récit « universaliste » et « républicain », qui tient désormais de la pure incantation, paraît ridicule, surtout dans les pays qui ne sont pas républicains ou qui vivent d’un humus idéologique différent. C’est une version particulièrement stupide de l’occidentalisme qui marque la France (alors qu’elle aurait pu s’en dégager) et fait d’elle l’élément porteur d’un fondamentalisme laïque, philosophiquement pauvre et très étriqué. L’occidentalisme marque aussi les Etats-Unis mais ceux-ci y ajoutent une très désagréable et très nauséabonde touche puritaine, qui effraie par ses outrances ou faire rire et jaser. Universalisme laïcard républicain ou universalisme puritain bibliste ne sont pas des terreaux féconds pour faire éclore et durer une pédagogie efficace de la transmission, puisqu’ils procèdent tout d’eux d’une volonté pathologique de tout vouloir éradiquer. L’idée même de transmission est d’ailleurs niée et rejetée expressis verbis par le pédagogisme ambiant.

Ce genre de discours induit 1) une manie féroce de la purgation – il faut purger tout mythème, môle religieux ou faits de monde qui contrarient le blabla inconsistant que représentent ces discours politico-culturels ; 2) une répétition ad nauseam de slogans « endoctrineurs » qui rend sourd aux bruits et bruissements du monde. Ce n’est pas un hasard si la Flandre ou la Finlande, par exemple, échappent à l’effondrement (provisoirement car le soft power veille…). Elles partagent toutes deux un dispositif idéologique national dérivé soit de l’humanisme tacitiste et érasmien du 16ème siècle hispano-flamand soit, pour les deux, d’un humanisme des Lumières qui s’abreuve à la pensée de Herder : l’humus culturel dans toutes ses productions est accepté et exploré ad infinitum ; il n’y a dès lors ni purgation perpétuelle (éradiquer le plouc et ses racines qui agissent ou sommeillent en tout citoyen) ni risque majeur et immédiat de sloganisation à la française ou à l’américaine.

L’Allemagne a longtemps partagé cette option pour les « autres Lumières », celles qui sont réalitaires, acceptantes, et refusent toute forme d’éradication des legs du passé mais il y a, Outre-Rhin, le culte de la repentance, qui assimile erronément toutes les traditions humanistes allemandes à des préludes au national-socialisme du 20ème siècle, englobant dans le même opprobre des pans entiers de la sociale-démocratie d’avant 1914. Le « Vergangenheitsbewältigung » et le tropisme occidental (américain), pourtant souvent dénoncé, font que l’humanisme herdérien n’a plus aucun effet sur les discours politiques, alors même qu’il sert encore et toujours de terreau en matières philosophiques, sociologiques, anthropologiques, etc.

Au-delà du débat français actuel et des vicissitudes de l’enseignement francophone belge d’aujourd’hui, nous pouvons dire, globalement, qu’il n’y a pas de politique de l’enseignement possible, sur le très long terme, sans un recours à notre humanisme hispano-flamand, tacitiste, qui tolère aussi le picaresque (de Cervantès aux romanciers avant-coureurs du 17ème espagnol) et à la pensée de Herder, riche de ses innombrables avatars, en tous domaines des sciences humaines. Tout le reste, les idéologies caricaturales et pernicieuses, ennemies de ce double héritage, constituent un fatras nauséabond, un tas d’ordures, de scories, dont il faudrait se débarrasser au plus vite pour ne pas crever stupide, en ânonnant des slogans creux qui feront pisser de rire les Chinois, les Indiens et les Africains.

Enfin, l’élimination envisagée du latin et de l’allemand dans le cursus des collèges français est l’indice le plus patent d’un refus de toute nouvelle démarche renaissanciste, d’un refus justement de l’humanisme latinisant de Juste Lipse en Brabant et de ses disciples espagnols, de l’humanisme herdérien, basé sur l’allemand. Avec la quasi disparition du grec ancien dans les curricula scolaires, il ne reste rien, plus rien, pour redonner une épine dorsale à notre société, pour renouer avec les trois renaissances qui ont marqué le civilisation européenne : la carolingienne (qui sauve le latin classique de l’oubli) ; l’italo-flamande de Piccolomini et d’Erasme, poursuivie par Juste Lipse et les Espagnols ; l’allemande, de Herder à 1914, qui entendait libérer l’homme des ballasts morts qu’il traine à ses basques pour le replonger dans son propre humus anthropologique qui, toujours et encore, le revivifie quand besoin s’en faut. Le Sapere aude de Kant acquiert en ce cas substance et concrétude. Par suite, le sapere aude, aujourd’hui, ce doit être de vouloir échapper à tout prix aux slogans stériles des soft powers jacobin et américano-puritains (voire hillaryclintoniens) et d’oser se replongerdans ce qui fait ce que nous sommes hic et nunc.

La réinformation, enjeu crucial des prochaines années

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La réinformation, enjeu crucial des prochaines années

Auteur : Nicolas Bourgoin
Ex: http://zejournal.mobi

La vérité est enjeu de lutte. Cet aphorisme prend toute sa portée à l’heure où le Premier ministre, s’inspirant du modèle chinois, mobilise une armée de community managers pour relayer la parole officielle du gouvernement et contrer les propos critiques qui fleurissent sur Internet. La censure est aussi à l’ordre du jour avec la dernière loi antiterroriste mais elle se limite pour l’heure aux sites faisant l’apologie du « terrorisme » (notion, il est vrai, passablement élastique…). L’énergie déployée par l’État pour soutenir la désinformation et réduire l’accès à une information alternative montre, si besoin était, que les mots (comme supports des idées) sont des armes dans les rapports politiques entre dominants et dominés. Aux mains des élites mondialistes, ils servent à la fabrication du consentement et prêchent la résignation en présentant la politique actuelle comme la seule praticable. Aux mains des dominés, ils sont un outil de réinformation active et une force émancipatrice.

Les médias, relais du pouvoir

« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de la production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante. Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants ; elles sont ces rapports matériels dominants saisis sous forme d’idées, donc l’expression des rapports qui font d’une classe la classe dominante ; autrement dit, ce sont les idées de sa domination. (Karl Marx & Friedrich Engels, Thèses sur Feuerbach). »

Plus d’un siècle et demi plus tard, ces propos ont conservé leur actualité. La classe dominante détient les principaux moyens de communication et de production de l’information par lesquels elle impose ses idées au reste de la société. Les médias les plus influents sont la propriété des groupes industriels et financiers liés à l’appareil d’État. Dans l’ensemble des pays occidentaux, la grande presse officielle est aux mains de groupes financiers qui la contrôlent. À elle seule, la puissante Hearst corporation contrôle aujourd’hui à travers le monde plus d’une cinquantaine de journaux, une trentaine de chaînes de télévisions et 300 magazines. En France, nous assistons ces dernières années à une concentration croissante des entreprises de presse et à la formation de véritables empires chargés de mettre l’information aux normes de la pensée dominante.

Mais cette hégémonie est peu à peu remise en question par le développement d’une presse alternative, en particulier sur Internet, incitant le pouvoir politique à durcir le ton et tenter de réduire la liberté d’expression et de consultation de certains sites. Les dernières lois antiterroristes ont pour effet sinon pour fonction de restreindre drastiquement le champ de la parole contestataire en la criminalisant partiellement selon le bon vouloir du pouvoir exécutif (le ministère de l’Intérieur a déjà bloqué sans explication ni l’aval d’un juge près d’une quarantaine de sites Internet). Le délit d’opinion est remis au goût du jour avec la création du délit d’apologie du terrorisme. Par amalgames successifs, l’incitation à l’action violente ou à la subversion radicale assimilable au terrorisme devient ainsi passible de 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende.

L’invention du complotisme

Mais à la pénalisation pure et simple, coûteuse politiquement, les élites mondialistes préfèrent généralement la technique de dénigrement des analyses alternatives. Celles-ci sont qualifiées de complotistes, conspirationnistes, voire antisémites. Manuel Valls excelle dans l’art de discréditer les analyses de ses interlocuteurs quand elles sont en désaccord avec la pensée dominante. On le voit dans cette vidéo où, par amalgames successifs, il finit par accuser de négationnisme des journalistes venus l’interroger à propos de sa participation à une réunion du groupe Bilderberg quelques années auparavant.

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La « culpabilité par association » permet ainsi de discréditer les analyses d’une personne en lui prêtant des liens avec quelqu’un d’autre ou en l’assimilant à un courant de pensée faisant fonction de repoussoir. Par exemple, les vrais négationnistes étant généralement des partisans de la liberté d’expression intégrale, ce principe pourtant légitime devient politiquement indéfendable. Etienne Chouard ou Judith Bernard, parmi d’autres, ont récemment fait les frais de ce procédé malhonnête.

L’extrême gauche au secours du capital

Cette stratégie des élites a trouvé des relais inattendus chez certains gauchistes qui, sous couvert de vouloir éradiquer le conspirationnisme, le complotisme ou le confusionnisme (les trois termes étant utilisés indifféremment) tentent de disqualifier toute analyse critique en rupture avec l’idéologie officielle. Le site Confusionnisme info animé par Ornella Guyet s’est fait le spécialiste de cette chasse aux sorcières des temps modernes. Sa rubrique figures de la confusion livre les noms de prétendus « rouges-bruns » accusés de vouloir faire passer en douce une idéologie (forcément) fascisante sous une phraséologie de gauche. On y trouve pêle-mêle, outre l’auteur de ces lignes, Pierre Rabhi, Hervé Kempf, Etienne Chouard, Vincent Lapierre, René Balme, Jean Bricmont, Michel Collon, Alain Gresh, Frédéric Lordon, François Ruffin, Pierre Carles… Beaucoup d’intervenants de la gauche radicale ou altermondialiste mais pas un seul fasciste. Pourtant notre continent n’en manque pas à commencer par ceux officiant à Kiev. Mais quand Ornella Guyet prend position dans le dossier ukrainien… c’est pour s’attaquer à la presse russophile. Comprenne qui pourra.

Autre officine gauchiste, les Morbacks Veners (sic) ont publié un annuaire (non exhaustif) des sites conspirationnistes et confusionnistes à l’intention de ceux qui seraient tentés de s’informer ailleurs que dans la presse autorisée (cette liste reprend d’ailleurs en partie les données de celle publiée par L’Express). Une liste de 170 sites généralement qualifiés d’antisémites (l’accusation revient dans plus de la moitié des cas) mais souvent très à gauche (on y trouve en bonne place celui de Michel Collon ou du Comité Valmy, Initiative Communiste, Fakir ou encore Lutte de classes.org) parfois agrémentée des coordonnées personnelles (nom, adresse et numéro de téléphone) de leur administrateur. Aucun site d’extrême droite ni aucun blog lié à la presse dominante mais un éventail de ce que le monde de l’Internet compte de pensée critique.

De quoi le complotisme est-il le nom ?

L’emploi du terme est monté en puissance après les attentats du 11 septembre pour disqualifier les analyses remettant en cause la version officielle. Le site Re-Open 911 est en bonne place dans la liste des Morbacks Veners ainsi que dans le documentaire de Caroline Fourest consacré aux complotistes. Plus généralement, le complotisme met en cause les failles de l’information officielle, ses zones d’ombre ou ses lacunes (ce que les medias ne nous disent pas) ou ses tromperies manifestes (ce que Michel Collon appelle les mediamensonges), de façon parfois brouillonne ou maladroite mais toujours salutaire car propice au débat. Et le lecteur reste toujours libre d’opérer un tri dans la masse des faits, comme l’évoque Frédéric Lordon :

« Il suffirait donc parfois d’un soupçon de charité intellectuelle pour retenir ce qu’il peut y avoir de fondé dans certaines thèses immédiatement disqualifiées sous l’étiquette désormais infamante de « conspirationnistes », écarter leurs égarements explicatifs, et conserver, quitte à les réagencer autrement, des faits d’actions concertées bien réels mais dont la doctrine néolibérale s’efforce d’opérer la dénégation« .

Une méthode constructive à l’opposée des autodafés pratiqués par les antifas. Le rejet en bloc s’apparente souvent à une véritable chasse aux sorcières comme celle à laquelle se livre l’animateur du site Gauche de Combat plusieurs fois dénoncé comme confusionniste par des sites antifas et qui tente maladroitement de se refaire une virginité en balançant le plus de noms possible. Services rendus qui valent à notre valeureux gauchiste une brève dans Confusionnisme info intitulée Gauche de Combat fait son mea culpa.

(Re)conquérir le pouvoir médiatique

La parole des dominants ne s’impose que par la force du système de domination. Face à ce constat, que faire ?  et comment résister à la désinformation ?  Les techniques de réinformation existent, il suffit de les mettre en oeuvre à commencer par se réapproprier le langage, outil de la pensée. A l’heure où la propagande se cache sous la « communication », où les régressions sociales sont des « réformes », où les jihadistes oeuvrant sur le territoire syrien sont des « rebelles », où toute critique de la politique israélienne est assimilé à une forme d’antisémitisme, il est urgent d’appeler les choses par leur nom. Proscrire évidemment le terme de « complotiste » ou « conspirationniste » (il est de fait rarement question de complots ou de conspirations dans les analyses auxquelles la presse dominante attribue ces étiquettes et de toute façon il existe des complots avérés) et le remplacer par « critique de la parole médiatique officielle » est déjà un minimum. Ensuite, reconnaître que la désinformation est avant tout le fait des medias dominants dont la fonction est de défendre les intérêts du système qui les finance, pour en tirer ensuite toutes les conséquences : puiser sans retenue dans les medias alternatifs (indépendants des groupes industriels), multiplier les sources d’information et si possible les croiser afin de s’approcher le plus possible de la vérité reste le meilleur moyen de s’affranchir de la parole (et donc de la pensée) dominante.

Ce travail hors de portée il y a seulement quinze ans devient aujourd’hui possible grâce au développement d’Internet. Espace de contrôle et de surveillance mais aussi de liberté et de démocratie, il rétablit la symétrie de l’information entre le pouvoir et le peuple en donnant à n’importe qui la capacité de s’informer aussi bien qu’un chef d’État et de se réapproprier un débat confisqué par les élites ou les « experts » qui monopolisent l’espace médiatique. Cet exercice collectif de la pensée critique est le premier acte de la « dépossession des dépossédeurs » comme l’écrit Frédéric Lordon, et un prélude à l’émancipation sociale et politique. Le langage construit la pensée et celle-ci détermine à son tour l’action : en ces temps d’imposture universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire (George Orwell).


- Source : Nicolas Bourgoin

vendredi, 12 juin 2015

Turkije: opgelet voor de tweekoppige draak!

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Opgelet voor de tweekoppige draak

Verkiezingen in Turkije

door Dirk Rochtus
Ex: http://www.doorbraak.be

Wordt de tweekoppige draak AKP-MHP tot leven gewekt, krijgen de verkiezingen voor de Koerden een bittere nasmaak.

De Turkse kiezer heeft bewezen verknocht te zijn aan de democratie. De autoritaire stijl van president Recep Tayyip Erdogan van de AKP valt niet in de smaak bij de bevolking. Dat Erdogan van de invoering van een presidentieel systeem via een grondwetswijziging de inzet van de parlementsverkiezingen had gemaakt, kost zijn partij nu de gewenste tweederdemeerderheid, om nog maar te zwijgen van de absolute.

Veel liberaal ingestelde Turken kozen eieren voor hun geld door te kiezen voor een partij waarvoor ze normaal niet zouden stemmen. De pro-Koerdische Democratische Volkspartij (HDP) scheen hen het meest geschikte middel om een dam op te werpen tegen de plannen van Erdogan om van Turkije een autocratisch bestuurd land te maken. De ironie wil dat het de Koerden zijn – de Turkse Koerden – die de Turkse democratie moeten redden. De strijd van de Turkse staat tegen de Koerdische Arbeiderspartij (PKK) en meer algemeen tegen Koerdische dromen over meer autonomie, hebben de Turkse samenleving jarenlang verlamd. De jaren 90 van de vorige eeuw, toen de gewapende strijd op zijn hoogtepunt was, gelden als 'verloren decennium'. Van hervormingen richting meer democratie was toen amper sprake.

Diepe kloof

Het moet gezegd dat de AKP in de eerste jaren na haar aantreden in 2002 een frisse wind deed waaien in Turkije en zelfs een opening naar de Koerden maakte. Maar de laatste jaren was de wind weer gekeerd. Erdogan voer een meer autoritaire koers en leek het vredesproces met de Koerden te willen opofferen op het altaar van een meer staatsnationalistisch beleid.

De kiesdrempel van 10 procent – de hoogste ter wereld – was oorspronkelijk ingesteld om democratische pro-Koerdische partijen uit het parlement te houden. Ook nu weer was het bang afwachten of de HDP het zou halen. Gelukkig beschikte de partij met de figuur van covoorzitter Selahattin Demirtas over een charismatisch boegbeeld en bood ze een alternatief aan die Turken die vreesden voor een almachtige AKP.

Met 12,6 procent zorgt de HDP nu voor de grote verrassing. De AKP zelf kan met 41 procent van de stemmen nog altijd op een benijdenswaardige populariteit bogen. Niettemin kan een partij die in haar hoogmoed zoveel meer wilde, alleen maar teleurgesteld zijn. Voor het eerst in dertien jaar zal er weer een coalitieregering moeten worden gevormd. Van een leien dakje zal dat niet lopen, zo diep is de kloof tussen de verschillende partijen. Sommige AKP-politici gewagen zelfs al van nieuwe verkiezingen, mocht er na 45 dagen nog geen regering gevormd zijn. Een bewijs dat ze nog altijd niet beseffen dat democratie ook inhoudt dat je naar de kiezer luistert en dus compromissen sluit.

Koerdische dromen

Gaan de Turken hun landgenoten van Koerdische oorsprong nu omarmen op weg naar een democratischer, meer pluralistisch en meer geregionaliseerd Turkije? Atatürk, de stichter van de Republiek Turkije, had begin jaren 20 de Koerden voor zijn kar gespannen om mee te strijden tegen de Griekse invaller, maar na het gedane werd hun hoop op meer culturele rechten verbrijzeld. Ook nu weer tonen de Turkse Koerden hun bereidheid om op te komen voor een beter Turkije. Daarvoor hebben ze hun vroegere dromen van staatkundige onafhankelijkheid laten varen. Ze zouden al tevreden zijn met meer autonomie binnen het Turkse staatsverband, maar niet als doel op zich. Demirtas had dat kernachtig uitgedrukt met de woorden: 'De Koerdische kwestie kan niet los worden gezien van de democratisering van Turkije.'

Gevaarlijke coalitie

Maar de coalitievorming kan nog onaangenaam uitdraaien. De ultra-nationalistische MHP, die niets wil weten van toegevingen aan de Koerden, is van 13,1 naar 16,5 procent geklommen. Ze geldt als de meest geknipte coalitiepartner voor de AKP, ook al omdat ze in het verleden de regeringspartij vaak gesteund heeft, bijvoorbeeld toen het hoofddoekenverbod in de openbare sector werd opgeheven. Een eventuele coalitie van AKP en MHP zou tot meer confrontatie leiden met de Koerden die nu natuurlijk meer verwachten van de Turkse staat. Als zo'n tweekoppige draak tot leven wordt gewekt, zullen de verkiezingen voor de Koerden een bittere nasmaak krijgen.

Ook de voorstanders van toetreding van Turkije tot de Europese Unie (EU) reageren enthousiast op deze stembusslag. Inderdaad, de Turkse democratie staat er, ondanks alle groeipijnen. De vraag is wat de Turkse politici met het mandaat van de kiezer aanvangen. Als de dromen van de pro-Koerdische partij voor meer democratie – zowel van haar achterban als van haar modern ingestelde gelegenheidskiezers – in de wind worden geslagen, zullen de Europese tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap zich weer gesterkt weten in hun afwijzende houding.

(Dit artikel verscheen eerder in De Standaard).

jeudi, 11 juin 2015

Comité Orwell: Penser autrement est-il encore autorisé?

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Comité Orwell: Penser autrement est-il encore autorisé?

Auteur : Comité Orwell
Ex: http://zejournal.mobi

Je ne sais ce que deviendra ce comité Orwell, mais l’idée est séduisante. Depuis les attentats de Paris, le problème de la liberté d’expression a été placé sur le devant de la scène de manière aigüe, mais il existait déjà depuis bien longtemps. Charlie a juste permis à l’Etat d’entrer en scène de manière ouverte là ou la bien-pensance et la pensée unique exerçaient une dictature douce mais féroce. Parmi les défenseurs des libertés, le comité Orwell est intéressant en ce sens qu’il est une dissidence de l’intérieur. Il aura certainement plus d’impact sur le public que ceux qui sont déjà ostracisés et, tant qu’il ne sera pas trop gênant, auquel cas il sera vite récupéré, il exercera une action positive.

Le 29 mai 2005, la Constitution européenne, plébiscitée par les élites, est rejetée par les Français au référendum. On se souvient du déferlement de mépris contre ce peuple « mal-votant » et « mal-comprenant », si peu sensible aux vertus de la pédagogie. Le sommet fut atteint par l’édito de Libération. Intitulé « Chef-d’œuvre masochiste », il constitue un classique de la bien-pensance européiste, dénonçant pêle-mêle le « populisme », la « xénophobie », le « gauchisme infantile » de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne votent pas comme ils le souhaitent. Nous étions en 2005, mais on songeait à 1984, le célèbre roman d’anticipation de George Orwell. Il ne s’agit pas de refaire à l’infini la critique de la « pensée unique », qui fit les beaux jours de la presse des années 90. Mais de tirer enfin les enseignements d’un débat qui mérite que l’on s’interroge sur notre propre pratique journalistique.

Dix ans ont passé, et le « politiquement correct » a volé en éclats, sous l’action conjointe des réseaux sociaux et de la montée du Front National. Si l’antienne de l’antifascisme ne passe plus, le « cercle de la raison » est toujours une réalité. Pourtant, la crise a démontré que les critiques des eurosceptiques n’avaient rien à voir avec un quelconque tropisme rouge-brun. Ils s’interrogent tout simplement sur une perte de souveraineté bien réelle, qui, malgré le Traité de Lisbonne, n’a pas été véritablement remplacée par un fédéralisme européen. Toujours moins de souveraineté. Pas de fédéralisme. Où donc est passé le pouvoir du peuple ?

Interrogation légitime, pour le moins escamotée dans le débat médiatique. Dans sa célèbre dystopie, 1984, l’écrivain et journaliste décrit un monde totalitaire gouverné par un « Big Brother » qui s’insinue jusque dans les consciences. Le « crime de penser » est passible de mort et la réalité est dictée par la novlangue d’un parti unique et son ministère de la Vérité. Dans le monde d’Orwell, les nations ont été abolies, seuls restent trois blocs uniformes qui font mine de s’affronter en permanence : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. La mise en scène de conflits imaginaires, voués à canaliser la violence née de l’oppression, a définitivement remplacé le débat fondé sur le common decency, pour reprendre l’expression du célèbre écrivain britannique.

Il ne s’agit pas ici de refaire l’histoire, ou de se livrer à des comparaisons hasardeuses. Mais les choix de ces vingt dernières années sont loin d’être anodins. Le monde qu’on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d’Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes qui imposent leurs règles, tissent leurs réseaux et règnent sur la vie de l’Homo Economicus. Et des États croupions qui ne servent plus qu’à encadrer la vie quotidienne d’un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre sur les grands sujets. Le tout avec la complicité d’un système médiatique où l’injure, la provocation, l’excommunication, le spectacle l’emportent sur la recherche patiente des faits. Où la recherche de coupables, érigés comme autant de boucs émissaires à une opinion déboussolée, s’est substituée à l’analyse des causes profondes de la crise que nous traversons. Où les « minutes de la haine » décrites par Orwell s’enchaînent, au rythme effrayant de l’information continue.

Pour sortir de cette impasse, nous avons décidé de créer le Comité Orwell. Il a comme ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. Plus encore que les autres citoyens, nous avons en tant que journalistes la responsabilité de défendre la liberté d’expression et le pluralisme des idées. Face à une idéologie dominante qui fait du primat de l’individu sur tout projet commun la condition de l’émancipation, l’association entend également défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire. « En ces temps d’imposture universelle, prophétisait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire… »

Comité Orwell
Cofondateurs : Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint


- Source : Comité Orwell

mercredi, 10 juin 2015

Anne-Marie Le Pourhiet sur les lois mémorielles

 

Anne-Marie Le Pourhiet sur les lois mémorielles

La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

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La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les électeurs turcs ont rejeté Super-Erdogan, ce « héros » auto-proclamé de la Turquie islamique et néo-ottomane, nouveau calife en son luxueux palais. Depuis la fin du mandat d’Abdullah Gül, son vieux complice désormais marginalisé, et son élection, Recep Erdogan n’a cessé de jouer les autocrates et encore récemment fêtait devant ses troupes militantes la victoire de Constantinople en 1453.

Avec 40.93% des voix, et 256 députés (sur un total de 550), l’AKP réalise une contre-performance même si ce parti reste le premier du pays, perdant plus de huit points par rapport à 2011 et 72 sièges. Il est désormais bien loin de la majorité absolue et bien davantage encore du nombre de sièges nécessaires pour faire voter une révision constitutionnelle accentuant le caractère présidentiel du nouveau régime qu’il souhaite mettre en place, mais que 75% des Turcs selon les derniers sondages, et même 60% de ses propres électeurs, refusent.

Avec 25.08% des voix et 132 sièges, le mouvement kémaliste CHP ne progresse guère en nombre de voix. Le CHP échoue une fois de plus à représenter une véritable alternative aux yeux des électeurs, la réislamisation en cours de la Turquie que l’AKP a fortement encouragée depuis dix ans lui étant nettement défavorable, y compris à Istanbul et à Ankara.

Avec 16.38% des voix (+3.37) et 82 sièges (+29), démentant ainsi tous les sondages, les nationalistes du MHP réussissent en revanche un très bon score, même s’ils ne retrouvent pas leur résultat de 1999 (18%). Ils bénéficient de la perte de crédits d’Erdogan et de l’échec de la ligne néo-ottomane du premier ministre Davutoglu. A côté d’eux, les nationaux-islamistes du BTP avec 0.38% sont nettement marginalisés.

Le vainqueur indiscutable de ce scrutin est le DHP, ce parti démocrate représentant surtout les Kurdes mais aussi les minorités. Avec 13.1% et 80 sièges (+50), il fait une entrée fracassante au parlement et réussit surtout à empêcher l’AKP de bénéficier de la prime, car ses sièges auraient été au premier parti du pays en cas de score inférieur à 10%. Une part importance de l’échec de l’AKP s’explique par un vote massif en faveur du DHP dans le Kurdistan et même en dehors (10.6% à Istanbul, 11.5% à Izmir).

Enfin, le parti islamiste Saadet en revanche reste très faible avec 2.06% des voix (+1.06) même s’il progresse très légèrement. Les autres partis sont très faibles, à l’instar du parti de gauche radicale Vatan Partisi (0.33%), du DP nationaliste (0.15%), du Turk Parti (0.12%) ou encore des libéraux-démocrates (0.05%).

Ces résultats vont contraindre l’AKP à mettre en place une coalition qui limitera considérablement sa marge de manœuvre. On pourrait aussi imaginer une grande coalition contre lui au parlement, mais l’incompatibilité doctrinale totale entre le MHP (nationalisme turc) et le DHP (pro-Kurdes) rend cette hypothèse peu vraisemblable. Une grande coalition AKP/CHP est de même totalement inconcevable. Une coalition MHP/AKP, alors que le MHP est opposé à l’adhésion à l’UE du pays, est en revanche imaginable, de même qu’un gouvernement AKP minoritaire.

Du point de vue des Européens opposés au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ces résultats électoraux ne sont pas nécessairement une bonne nouvelle. La dérive autoritariste d’Erdogan était un argument en or pour y mettre fin et en tout cas pour faire traîner les choses au maximum. Avec la montée du DHP, qui prône davantage de démocratie et de droits, cet alibi est affaibli. En revanche, une coalition AKP/MHP serait très positive car les nationalistes turcs sont de farouches opposants à l’adhésion à l’UE. De plus, mouvement d’extrême-droite lié au Bozkurt (« loups gris »), sa réputation en Europe occidentale est plutôt négative.

L’AKP a en tout cas connu son premier revers significatif, même si ce parti est loin d’être à terre. Perdre huit points en quatre ans alors qu’il est le parti sortant n’est pas lamentable. Et puis certains électeurs ont voulu mettre un frein aux ambitions du chef de l’Etat ou ont été révulsés par quelques scandales de corruption. Il y a enfin la croisade intérieure que mène Erdogan contre le mouvement Fetullah Gülen, après s’en être pris à l’opposition laïque au sein de l’armée et de la presse. Mais Erdogan découvre désormais que le peuple ne le suit plus aveuglément.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

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Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

door Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen.

Een 'nieuw Turkije' vormt de inzet van de Turkse parlementsverkiezingen die vandaag 7 juni gehouden worden. Als de regerende Partij voor Gerechtigheid en Ontwikkeling (AKP) twee derde van de zetels in de wacht sleept, kan ze via een grondwetswijziging een presidentieel systeem invoeren. De huidige president Recep Tayyip Erdogan zou meer armslag krijgen en verder gestalte kunnen geven aan wat hij het 'nieuwe Turkije' noemt. Maar wat betekent hier 'nieuw'? Algemeen luidt de kritiek in binnen- en buitenland op Erdogan dat Turkije onder hem (als premier toen) een meer autoritaire koers is gaan varen. Onder een president die uitvoerende macht verwerft, zou die tendens nog worden versterkt. Zo een president zou in staat zijn om nog meer een conservatieve moraal aan te prijzen, nog meer grootse en zelfs megalomane projecten op touw te zetten en nog een forser buitenlands beleid erdoor te duwen. Hij zou nog minder rekening hoeven te houden met kritiek van mensenrechten- en milieuactivisten, vakbonden, journalisten of vertegenwoordigers van minderheden. Hij zou op die manier inderdaad op 29 oktober 2023 bij de honderdste verjaardag van de stichting van de republiek kunnen terugblikken op een 'nieuw Turkije'. Een dergelijk land zou misschien modern ogen omdat er nieuwe, glinsterende bouwwerken oprezen, omdat er nieuwe wegen getrokken en grote stuwdammen aangelegd werden, maar het zou vaak ten koste van het milieu en van de leefomstandigheden kunnen gegaan zijn. Een dergelijk land zou misschien geen sociale conflicten kennen onder het mom van een 'harmonische' samenleving die wordt aangestuurd door een sterke president en een machtige regeringspartij. Maar nieuw in de zin van respectvol tegenover andere meningen en samenlevingsvormen zou het niet zijn. Paradoxaal gezien zou de overwinning van de AKP op zondag 7 juni net meer van hetzelfde zijn.

Risico's

Het klopt dat er onder de AKP heel wat verwezenlijkt is. De economie ging er op vooruit en er kwam een opening naar de Koerden. Maar Erdogan ontpopte zich ook tot de pleitbezorger van een meer conservatieve, religieus geïnspireerde moraal, terwijl hij tegelijkertijd kritische mensen de mond snoerde. De onafhankelijkheid van pers en justitie is bedreigd, oppositiepartijen bieden weinig weerwerk. Maar nu zit er met de pro-Koerdische Democratische Volkspartij (HDP) een flinke luis in de Turkse pels. Bij de vorige parlementsverkiezingen stuurde haar voorgangster direct gekozen volksvertegenwoordigers naar het parlement die daar dan een fractie vormden; nu komt de HDP als geheel op. Een groot risico, want haalt de partij de kiesdrempel van tien procent? De HDP rekent niet alleen op de stemmen van nationalistische Koerden, maar ook op die van liberale en seculiere Turken die naar een alternatief voor de AKP snakken. Selahattin Demirtas, de charismatische voorzitter van de HDP, waagt het erop omdat hij bij de presidentsverkiezingen van augustus vorig jaar 9,77 procent van de kiezers achter zich wist te scharen. Erdogan probeert nu religieus voelende Koerden voor zich te winnen en deinst er niet voor terug Demirtas te bestempelen als 'zoroastriër' (aanhanger van de leer van de Oud-Perzische profeet Zarathustra).

Frustratie

Als de HDP de kiesdrempel haalt, ziet de AKP haar gewenste twee derde meerderheid in rook opgaan. Indien niet, gaan de 50 zetels die de HDP normaal zou halen naar andere partijen. De gevaren zijn in dat geval niet min. De Turkse Koerden – degenen onder hen die dromen van meer autonomie binnen het Turkse staatsverband – zijn dan niet vertegenwoordigd in het parlement. Uit frustratie trekken ze misschien weer de separatistische kaart. Nog meer botsingen met de centralistische Turkse staat zijn dan voorgeprogrammeerd. Aan het huidige bondgenootschap tussen gematigde Koerdische nationalisten en liberale Turken komt ook een einde. Erdogan zal zo Turkije nog meer naar zijn inzichten kunnen boetseren.

Analisten vragen zich af of Turkije omwille van zijn meer op het Midden-Oosten gericht beleid wegdrijft van het Westen. Maar zou een Turkije onder een sterke president als Erdogan niet ook in zijn binnenlandse politiek, zijn maatschappijmodel, wegdrijven van de Europese Unie (EU)? Het zou misschien wel modern ogen, maar niet Westers zijn. De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen. Nu al gaan er her en der stemmen op die zeggen dat het in geval van een AKP-zege beter zou zijn de onderhandelingen met de kandidaat-lidstaat af te breken. Dat is het paradoxale: dat Erdogan en zijn tegenstanders in Europa nu zondag objectieve bondgenoten zijn.

(Dit artikel verscheen eerder op www.knack.be)

mardi, 09 juin 2015

L'oligarchie au pouvoir (Yvan Blot)

 
Politique & Eco n°45 :
 
L'oligarchie au pouvoir (Yvan Blot)
 

Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq reçoivent Yvan Blot pour son livre paru chez Economica « L’oligarchie au pouvoir ».


1. L’oligarchie contre la démocratie.
2. Identification de l’oligarchie comme caste oppressive en France.
3. La bestialisation de l’homme par le système technico-occidental et la destruction de l’humain par l’utilitarisme et la séduction consumériste.
4. L’enlaidissement du monde par le marché spéculatif de l’art.
5. Retrouver nos racines, les groupes sociaux capables de résister.
6. Riposte à l’oligarchie, les raisons d’espérer.

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Giscard et Poutine commentés par Chateaubriand

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Giscard et Poutine commentés par Chateaubriand
 
La sagesse a toujours plaidé pour un rapprochement franco-russe!
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

J’ai indiqué déjà combien notre ancien Président (quelque reproche lointain qu’on puisse encore lui faire…) a soutenu Poutine dans le bras de fer grotesque et dangereux que lui ont imposé Obama, Merkel et quelques autres. Mais la colère, comme dit l’apôtre, finira par les atteindre.

J’avais été frappé, il y a quelques années, par une remarque de Valéry Giscard d’Estaing sur La Chaîne parlementaire, lorsqu’il évoquait avec émotion et sensibilité l’héroïsme et la furia guerrière de nos soldats français aux temps d’Austerlitz et des guerres napoléoniennes. C’était la France d’avant l’ère du vide ou du bide, comme on voudra.

En 2012, notre nostalgique s’était rendu aux célébrations de la bataille de Borodino. Enchanté, Vladimir Poutine lui avait tenu à peu près ce langage : « Toute la population s’est élevée contre les envahisseurs. Son héroïsme sans précédent, sa force spirituelle et son attachement profond à sa terre ont donné à notre pays une immense force qui n’avait jamais été observée auparavant. »

On comparera avec le langage des roquets de Bruxelles !

Et notre homme d’État « le plus puissant du monde » (dixit les médias yankee) d’ajouter : « La France et la Russie ont été du même côté pendant les deux guerres mondiales… On a passé plus de temps ensemble qu’à se faire la guerre », car « la France avait presque toujours été un partenaire stratégique de la Russie ».

La sagesse a toujours plaidé pour un rapprochement franco-russe, en effet. Et notre rapprochement avec les Anglo-Saxons, cultivé par les élites colonialistes et bourgeoises du XIXe siècle, ne nous aura amené que des défaites ou des humiliations. Ils nous demandent de nous faire trouer la poitrine pour leur démocratie, écrivait Bernanos, puis ils nous tendent la note pour les trous dans les uniformes.

L’ineptie de notre politique actuelle ferait ainsi bien de s’inspirer de ces lignes admirables écrites par Chateaubriand au tome III de ses Mémoires (L29 Chapitre 13) :

« Il y a sympathie entre la Russie et la France ; la dernière a presque civilisé la première dans les classes élevées de la société ; elle lui a donné sa langue et ses mœurs. Placées aux deux extrémités de l’Europe, la France et la Russie ne se touchent point par leurs frontières, elles n’ont point de champ de bataille où elles puissent se rencontrer ; elles n’ont aucune rivalité de commerce, et les ennemis naturels de la Russie (les Anglais et les Autrichiens) sont aussi les ennemis naturels de la France. En temps de paix, que le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabinet de Saint−Pétersbourg, et rien ne peut bouger en Europe. En temps de guerre, l’union des deux cabinets dictera des lois au monde. »

Mais c’est, sans doute, trop demander à nos politiciens et à leurs électeurs, qui s’en tiendront à la coutumière propagande anti-tsariste de nos bons vieux médias.

On saluera, en passant, le passage de Marine Le Pen à Moscou. À défaut de grandir la France, il exaspérera Juppé ou BHL.

Chine: routes de la soie et haute mer

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Chine: routes de la soie et haute mer

Auteur : Pepe Escobar
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
Ex: http://zejournal.mobi

La semaine dernière, l’annonce par Pékin de son nouveau livre blanc militaire, qui présente une doctrine dépassant le concept de défense offshore pour aller vers une défense en haute mer, n’a pas manqué d’ébranler les certitudes de plus d’un tenant de l’exceptionnalisme états-unien.

Ce que l’on appelle également le projet de Nouvelle route de la soie – dénomination qui a toutes les connotations romantiques d’un certain âge d’or – ne se limite pas à de nouvelles routes, à des chemins de fer à grande vitesse, à des pipelines et à la fibre optique : c’est également un réseau maritime qui s’étend de l’Extrême-Orient au Moyen-Orient et à l’Europe.

Ainsi, l’expansion chinoise en haute mer, de la mer de Chine méridionale au Pacifique occidental et à l’océan Indien, devait être étroitement liée à la protection de la Route de la soie maritime.

Affaire conclue, c’est parti

À mesure que le réseau One Road, One Belt prend forme malgré sa complexité délirante, pas une semaine ne s’écoule sans que la Chine ne signe un nouveau contrat pour la construction d’un pipeline, d’une centrale électrique, d’un réseau de fibre optique ou encore d’une usine en vue d’accélérer l’intégration eurasienne – du Pakistan aux Stans d’Asie Centrale, en passant par tout ce qui relie, par le rail ou la route, la Chine occidentale à la mer d’Arabie et aux installations portuaires de la Corne de l’Afrique.

La logique commerciale qui sous-tend ce déferlement de contrats d’infrastructure est solide : il s’agit d’absorber l’énorme excédent de la capacité industrielle chinoise. Bien entendu, ce processus est étroitement lié à la stratégie énergétique complexe de Pékin, dont le leitmotiv est principalement d’échapper à Malacca 1

La coopération étroite de membres des BRICS tels que la Chine et l’Inde sera absolument décisive pour le succès de l’intégration eurasiatique. Ce processus est déjà en marche avec la banque des BRICS – la Nouvelle banque de développement – qui aura son siège à Shanghai et sera dirigée par un banquier indien. Ce n’est pas un hasard si l’Inde fait également partie des membres fondateurs de la BAII.

Le premier président de la BAII sera Jin Liqun, ancien vice-ministre des Finances et vice-président de l’Asian Development Bank (ADB), dont la direction est nippo-américaine. Les allégations des suspects habituels selon lesquelles la BAII sera une sorte de société secrète chinoise ne tiennent pas debout. Le conseil d’administration sera constitué de représentants de plusieurs puissances mondiales développées et en développement.

La BAII s’annonce déjà comme incontournable dans toute l’Eurasie. Il n’est pas surprenant que les Japonais, se sentant exclus, aient été contraints de relever la barre et d’annoncer l’intention de Tokyo de s’engager à hauteur de pas moins de 110 milliards de dollars dans le financement de projets d’infrastructures d’ici 2020. Le grand sujet de conversation du moment dans toute l’Asie est la guerre des infrastructures.

L’appel de l’Ouest

Il ne faut pas oublier que ce que j’ai appelé le Go West Young Han de l’expansion de l’influence commerciale de la Chine a en fait commencé dès 1999. La première étape s’est traduite par une vague de délocalisation d’usines de la province du Guangdong vers les provinces de l’intérieur. Au bout de quelques années, dans le Triangle du Guangdong – aujourd’hui beaucoup plus riche que bien des pays industriels –, des entrepreneurs soucieux du cycle de vie des produits se sont lancés dans une accélération technologique frénétique. Dans la mégalopole de Shenzhen, les autorités vont d’ailleurs jusqu’à repousser les entreprises moins axées sur la technologie vers la périphérie de la ville.

Dans le domaine des ports de marchandises, sur les dix plus grands ports du monde, pas moins de sept sont en Chine. À lui seul, ce chiffre est révélateur de la domination écrasante de la Chine dans le commerce maritime mondial.

En termes de gestion, le plan 125 – c’est-à-dire le 12e plan quinquennal chinois – expire en 2015. En Occident, peu de gens savent que les objectifs des sept domaines technologiques où la Chine voulait dominer ont été atteints et même, dans certains cas, dépassés. Le grand bond en avant technologique explique pourquoi la Chine est aujourd’hui capable de construire des réseaux d’infrastructures, chose qui semblait auparavant impossible.

Le prochain plan quinquennal s’annonce encore plus ambitieux. Il sera axé, entre autres conséquences de la restructuration du modèle économique de la Chine, sur le lancement par Pékin d’une vague de construction de nouvelles mégalopoles.

The China Dream, qui vient d’être publié par le professeur Liu Mingfu, un spécialiste de premier plan des questions militaires, donne une idée d’ensemble au moment de la montée en puissance de la Chine dans le domaine des infrastructures en Eurasie. Un clash avec les États-Unis semble désormais inévitable.

Les murmures de mécontentement incessants du Pentagone au sujet de la mer de Chine méridionale ne sont que la partie visible de l’iceberg (mortel), mer que Washington considère finalement comme un Grand Lac américain.

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Liu Mingfu, à l’instar d’autres grands analystes chinois, souhaiterait que Washington finisse par trouver un modus vivendi avec la superpuissance mondiale émergente, un peu comme l’Empire britannique a transféré sa domination maritime mondiale aux États-Unis au début du XXe siècle.

Cela n’arrivera pas. Dans l’immédiat, selon la doctrine du pivot vers l’Asie de l’administration Obama annoncé en 2011 par le Pentagone, l’endiguement sera musclé. Toutefois, cela ne marchera que si l’Inde, membre des BRICS, est entièrement solidaire. Et c’est assez peu probable.

En attendant, Washington va continuer d’être submergé de ce type d’analyse paranoïde d’un ancien conseiller stratégique du haut commandement US/OTAN en Afghanistan.

Pendant ce temps sur la Terre…

Ce qu’il faut retenir, et ce qu’a déjà fait une écrasante majorité des pays du Sud, c’est que la stratégie One Road, One Belt de la Chine vise avant tout à établir des relations commerciales équitables. Cette politique la situe à des années-lumière de ce que fait l’Empire avec ses bases militaires et sa sempiternelle guerre bushienne contre le terrorisme, ses infernales listes d’assassinats illégaux et ses bombardements de pays récalcitrants (généralement des républiques arabes séculaires) en vue de leur faire avaler la démocratie à leur sauce.

Le projet One Road, One Belt, immensément ambitieux, couplé à la protection par la marine chinoise des intérêts nationaux en haute mer, s’inscrit en droite ligne dans le plan directeur du Rêve chinois du président Xi Jinping. La meilleure manière de bâtir une société modérément prospère est de construire des infrastructures modernes à l’intérieur du pays avant de se tourner vers l’extérieur et le monde.

Une fois encore, la Chine exportera l’énorme excédent de sa capacité industrielle, poursuivra la diversification de ses sources d’approvisionnement en énergie et étendra son influence commerciale de l’Asie centrale à l’Europe en passant par l’Iran, la Turquie et la Grèce.

La Chine a les moyens financiers de résoudre l’un des problèmes les plus insolubles de l’Inde, à savoir la reconstruction de son infrastructure sclérosée. Dans l’idéal, ces deux membres des BRICS sont appelés à signer contrat sur contrat (d’infrastructure) aux côtés d’un autre membre, la Russie, et d’un Iran qui a regagné la confiance de l’Occident. Cela implique que tout ce qui a trait à la ou aux nouvelles Routes de la soie touche directement pas moins d’un tiers de la population mondiale. Zone d’influence, dites-vous ?

À Washington, on a beaucoup grondé que personne n’a droit à une zone d’influence – en dehors des États-Unis, bien entendu. Pourtant, les efforts économiques, financiers, diplomatiques et géopolitiques de Pékin en vue d’unifier l’Eurasie représentent la surenchère suprême dans l’exercice d’une influence mondiale. Finalement, la tactique habituelle inspirée des Romains, Divide et impera, appliquée par l’Occident, pourrait bien se révéler inopérante.

Notes du traducteur :

(1)Le détroit de Malacca est un passage obligé du trafic pétrolier vers tous les pays d’Extrême-Orient. Il est sous l’étroit contrôle de l’US Navy pour se procurer un maximum de pétrole et de gaz en contournant les eaux où patrouille la marine US.

Sa ruée vers l’Ouest, conséquence naturelle d’une politique officielle lancée en 1999 mais, à l’époque, limitée principalement au Xinjiang, conduit Pékin à s’ouvrir de plus en plus sur le monde. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre de pays orientaux et occidentaux qui ont intégré la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII).

lundi, 08 juin 2015

La guerre ou... le gouvernement de la peur

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LA GUERRE...OU LE GOUVERNEMENT DE LA PEUR
 
Toujours des rumeurs lancinantes

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
D'après un officier de l'OTAN, nous serons probablement en guerre cet été mais avec de la chance, elle ne sera pas nucléaire. Certes, il ne s'agit pas d'une annonce officielle mais d'une information révélée à John Schindler, ancien analyste de la NSA et officier du contre-espionnage par un haut gradé de l'OTAN. Il a alors souhaité partager cette information sur Twitter. 

S'agit-il simplement du ressenti d'un officier et d'un zèle professionnel ou y-a-t-il de réelles raisons de s'attendre à une guerre  imminente ?  En tout cas, dans le contexte de tensions croissantes dans plusieurs régions du monde avec des guerres régionales, des guerres par procuration entre les deux axes, des provocations de part et d'autres, des manœuvres militaires de plus en plus régulières et massives pour se préparer au combat, on ne peut pas dire que l'ambiance générale sur la scène internationale soit à l'apaisement. On sent bien qu'il ne manque plus qu'un événement déclencheur pour mettre le feu aux poudres. Le seul espoir de détente est pourtant la fin du mandat de Barack Obama qui doit justifier son prix Nobel de la Paix alors que pendant ce temps, les faucons s'activent autour de la candidature d'Hillary Clinton aux primaires démocrates. 

La Russie, qui est ouvertement dans une démarche active de préparation à une guerre mondiale, (si vis pacem para bellum) a récemment lancé un pic assez caustique à l'attention des Occidentaux par le biais du Premier ministre russe Dimitri Rogozine. «Je plaisante toujours à ce sujet. Ils ne nous donnent pas de visa, ils ont pris des sanctions contre nous, soit. Mais les chars n'ont pas besoin de visa», a-t-il lancé sur le ton de l'humour pendant une émission diffusée dimanche soir sur la chaîne publique Russia 1, précisant par ailleurs que le bouclier nucléaire russe est très bon, « plus puissant que n'importe quel autre ». La Russie comme la Chine se placent dans une démarche défensive face aux menaces occidentales. 
 
La semaine dernière, le journal chinois Global Times a affirmé qu'une "guerre est inévitable" avec les Etats-Unis sur la mer de Chine méridionale si Washington continue à exiger l'arrêt de la construction d'îles artificielles par Pékin, le gouvernement chinois installant une sorte de maillage d'îles forteresses en fer à cheval tout au long de ses côtes. Pékin dit aussi "se préparer minutieusement" à un conflit avec les Etats-Unis. Le Global Times, influent tabloïd populaire au ton nationaliste qui est la propriété du Quotidien du peuple, l'organe officiel du PC chinois, a en tout cas estimé dans un éditorial que la Chine est résolue à terminer les travaux entrepris en particulier dans l'archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale et la semaine précédente, les autorités chinoises s'étaient déclarées "fortement mécontentes" du survol de la zone par un avion espion américain. Washington et Pékin se sont mutuellement accusés d'alimenter l'instabilité dans la région. Par ailleurs, les stocks d'or de la Chine n'ont jamais été aussi élevés. Or, en quelques jours, il suffirait à la Chine de quelques mouvements boursiers pour mettre l'économie américaine surendettée à genoux.

En Amérique du Sud, la Chine va encore plus loin. Non contente de financer le canal du Nicaragua, elle vient d'annoncer un deuxième projet transatlantico-pacifique qui traverserait le Brésil et le Pérou en brisant une seconde fois le monopole du Canal de Panama.En visite au Brésil, le Premier-Ministre Chinois, Li Keqiang a effectivement signé pour plusieurs milliards de dollars d’accords économiques dont le plus important est le financement d’une voie ferrée transcontinentale qui va relier le Brésil au Pérou c’est à dire l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique et par conséquent à l’Asie. S’il s’agit dans un premier temps de favoriser les exportations brésiliennes de produits agro-alimentaires comme le soja et la viande, cette voie ferrée devrait aussi devenir un nouveau corridor, le deuxième sous contrôle chinois, entre les deux océans. Or, cette voie ferrée concernera aussi des exportations minières, des produits industriels et des dérivés pétrochimiques produits à partir des gisements off-shore de la façade Atlantique du Brésil. Elle drainera aussi les minerais et le gaz péruviens. A noter que le Président bolivien, le gauchiste Evo Morales, s’est insurgé contre le choix du Pérou comme unique espace de transit vers l’Océan Pacifique et affirme qu’une voie ferrée désenclavant la Bolivie aurait été moins chère à construire et plus rentable à exploiter.
 
En tout cas, au Pérou, curieusement, des associations indigénistes soutenues par de grandes ONG occidentales comme WWF ou Greenpeace sont sorties immédiatement de leur silence pour manifester leur opposition au projet. C'est aussi le cas au Brésil où parmi les opposants au projet, on retrouve Paulo Adario, directeur des campagnes Amazonie de Greenpeace, soupçonné sur place d'être un agent de la NSA. Du point de vue géopolitique, cet accord chino-brésilien est en tout cas la victoire de l’école géopolitique dite ''méridionaliste'' qui préconise le développement des relations sud-sud à l'Université de Sao Paulo. Son principal penseur est le géopolitologue brésilien, André Martin.

Les ONG environnementalistes sont, en fait ,de plus en plus le cheval de Troie des  Etats-Unis et de l'Occident et ce n'est  pas pour rien que Vladimir Poutine a promulgué récemment une loi contre toutes les ONG étrangères dont l’activité représente selon lui une menace pour la Russie et sa capacité de défense. Comme le souligne la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, les ONG « s’ingèrent dans les affaires des Etats souverains » et ce sont elles qui sont responsables des « coups d’Etat » soudain, des « révolutions orange » ou des « printemps arabes » de la colère démocratique.

 

EU moet zwaar giftige chemicaliën toelaten door vrijhandelsakkoord met VS

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EU moet zwaar giftige chemicaliën toelaten door vrijhandelsakkoord met VS
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl

In veel Europese landen werd tegen het TTIP geprotesteerd, dat bedrijven vrijwel onbeperkte macht zal geven. De ervaring leert dat de technocraten in Brussel zich niets gelegen zullen laten liggen aan de bezwaren van de gewone man.

De Britse vakbond GMB waarschuwt dat de Europese Unie na het sluiten van het TTIP vrijhandelsverdrag met de VS overspoeld zal worden met tot nu toe verboden zwaar giftige chemicaliën die erom bekend staan kanker, geboorteafwijkingen en ontwikkelingsstoornissen te veroorzaken. Ook hieruit blijkt dat Brussel zoals we inmiddels gewend zijn niet de belangen van de burgers, maar van grote internationale concerns behartigt. Dat is dan ook de reden dat de EU de inhoud van de onderhandelingen met de VS nog steeds angstvallig geheim houdt.

Ruim half miljoen banen in Europa verloren door TTIP

Het TTIP verdrag, dat volgende week gesloten zou moeten worden, is zeer omstreden. Eerder bleek uit een onafhankelijk onderzoek van het Global Development & Environment Institute dat van de beloofde stimulatie van de werkgelegenheid in Europa niets terecht zal komen, en er de komende 10 jaar juist 583.000 banen verloren zullen gaan – en dat terwijl de werkloosheid in tal van EU lidstaten nu al het ene na het andere record breekt. Ook zullen de gemiddelde lonen in Noord Europa jaarlijks met maar liefst € 4848,- dalen.

De hoogste official van de GMB die belast is met de afdeling gezondheid zegt dat het TTIP een ‘neerwaartse harmonisatie van standaarden’ betekent voor chemicaliën die tot op heden zijn verboden in de EU. Tevens roept de GMB de Britse regering op om ervoor te zorgen dat de Nationale Gezondheid Dienst (NHS) beschermd wordt voor de invloed van private bedrijven nadat het TTIP van kracht is geworden.

Socialisten & Democraten willen geen private bemiddelaar

Het Europese Parlement nam vorige maand een niet bindende resolutie aan waarmee werd ingestemd met het TTIP. Officiële instemming op 10 juni is echter onzeker geworden nu de Socialisten & Democraten fractie afziet van een eerder gemaakte deal met de Europese Volkspartij.

De S&D groep houdt vast aan het schrappen van de door de Amerikanen geëiste mogelijkheid van bedrijven om overheden buiten de reguliere rechtbanken om aan te klagen bij een private ‘bemiddelaar’, die zo wordt gevreesd niet onpartijdig zal zijn en automatisch in het voordeel van bedrijven zal oordelen.

De verwachting is echter dat de Socialisten & Democraten –zoals het complete Europarlement vrijwel altijd doet- zijn zogenaamde ‘verzet’ zal opgeven, en uiteindelijk toch zal instemmen met het vrijhandelsverdrag.

‘Veiligheid en gezondheid burgers op het spel’

De Europese Commissie beweert dat het TTIP de Europese economie een impuls van € 120 miljard kan geven, maar critici houden vol dat alleen al het feit dat de onderhandelingen achter gesloten deuren worden gehouden bewijst dat de veiligheid en de gezondheid van de Europese burgers doelbewust op het spel worden gezet. Tevens wijze ze erop dat bedrijven onder het TTIP enorm veel macht krijgen om overheden die hen beperkingen opleggen aan te klagen.

Gevaarlijke stof EDC naar Europa

‘Wij kiezen Europarlementariërs om ons te beschermen, niet om de EU markt te openen voor chemicaliën die hier zijn verboden,’ gaf GMB-gezondheidsofficial John McClean als commentaar. Eén van de gevaarlijke chemicaliën die straks in Europa worden toegelaten is EDC, dat in bepaalde doses schadelijk is voor het hormoonsysteem van zowel mens als dier.

‘Deze verstoringen kunnen kankertumoren, geboortedefecten en ontwikkelingsstoornissen veroorzaken,’ legde McClean uit . ‘Ze komen in veel huishoudelijke en industriële producten voor, zoals in medicijnen, bestrijdingsmiddelen en plastic producten.’

VS weigert EU regels te respecteren

De VS heeft de EU al duidelijk gemaakt dat ze de strengere EU regels voor het gebruik van chemicaliën niet zullen navolgen. ‘Dat is inclusief een hele serie regels voor verf, kleurstoffen, sprays, schoonmaakmiddelen en tuin- en landbouwproducten,’ vervolgde McClean. ‘Daarnaast gaat het ook om cosmetica. Deze regels zijn er om werknemers, consumenten, het milieu en dieren te beschermen.’

Xander

(1) Infowars

dimanche, 07 juin 2015

La victoire diplomatique de Vladimir Poutine

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La victoire diplomatique de Vladimir Poutine

Auteur : Alfredo Jalife-Rahme-La Jornada
Ex: http://zejournal.mobi

« Qui trop embrasse mal étreint », dit-on. À vouloir à la fois négocier avec l’Iran, détruire le « Moyen-Orient élargi » et l’Ukraine, ruiner la Russie, encercler et menacer la Chine tout en préparant de nouvelles guerres en Amérique latine, les États-Unis ont dû se résoudre à faire quelques pas en arrière. Pour calmer ses vassaux européens, l’Empereur Obama a dépêché son fidèle Kerry à Sotchi reprendre langue avec le chef rebelle Poutine auquel il refusait d’adresser un regard depuis un an. Il fut convenu de reprendre les affaires (et d’abroger les sanctions européennes lorsque les multinationales US auront été servies), de laisser la Novorossia tranquille, et de former un gouvernement de transition en Syrie.

Le New York Times est le seul média docile à la férule israelo-anglo saxonne à avoir osé rendre compte de la victoire diplomatique de la Russie, quatre jours après la visite inopinée de John Kerry à Sotchi, la ville chère à Poutine, Sotchi, la base touristique sur la Mer Noire où le tsar Poutine a investi plus de 50 milliards de dollars pour les Jeux olympiques. Tout un symbole.

D’après David Herszenhorn, la visite de Kerry a été interprétée partout comme le signe de la reddition des États-Unis. Je m’étais exprimé dans le même sens quatre jours plus tôt.

Impossible d’ignorer quelque chose d’aussi grandiose !

On est loin de l’apothéose d’Obama quand il se vantait d’avoir fait plier l’économie russe et son « dirigeant vaniteux » (sic) en faisant chuter le prix du pétrole, entraînant la fuite des capitaux, la dévaluation du rouble et les sanctions européennes.

Blabla et compagnie, aujourd’hui Poutine n’est plus le Hitler d’Hillary, et dans les termes d’Obama, le troisième danger pour l’humanité après ebola et les djihadistes.

Kerry n’a pas osé aborder le contentieux de la presqu’île éminemment stratégique de Crimée, qui a tout l’air d’avoir été bel et bien cédée à son propriétaire historique. 

Va-t-on vers l’abandon de la partie occidentale de l’Ukraine usurpée par le coup d’État de Victoria Nuland, la belliqueuse sous-secrétaire d’État israélo-américaine ?

Obama qui voulait isoler tout le monde s’est retrouvé bien isolé, avec la parade militaire somptueuse qui a mis en scène l’association stratégique (à distinguer d’une alliance militaire) entre la Chine et la Russie, sans perdre de vue l’Inde et deux puissances moyenne qui comptent dans la géostratégie : le Khazakstan et l’Égypte.

Selon David Herszenhorn, Obama avait pris la tête de la charge occidentale pour punir Poutine de son intervention en Ukraine, et avait expulsé la Russie du G8.

Dans son meilleur style de judoka ceinture noire, et de grand joueur d’échecs, on a vu Vlady déjouer olympiquement les attaques des USA et de leurs alliés européens, et prouver qu’il comptait vraiment, sur la scène globale.

À la mi-décembre, les États-Unis ont lancé leur machine financiériste pour mettre à genoux la Russie et sa devise, le rouble, mais sous la table ce sont les finances colossales de la Chine qui ont rattrapé le coup, d’après ce qu’a laissé fuiter le britannique Alastair Crooke, membre du think tank Conflicts Forum.

La Russie a suggéré de faire plier le dollar, de le replonger dans la grave crise de 2008, mais la Chine n’a pas donné suite. Ce qui indique que Pékin ne souhaite pas se mettre à dos Washington, dans cette étape tripolaire, et alors que les Chinois se posent en émergents triomphants.

Toujours selon David Herszenhorn, le « dirigeant suprême » (sic) Poutine, a confondu constamment ses adversaires, étrangers ou internes, et une fois de plus il semble se dresser, dans sa dernière confrontation avec l’Occident, au moins comme un héros national, droit dans ses bottes, aux commandes, et sans avoir cédé d’un pouce, surtout en Crimée, le joyau de la couronne. Et il n’est pas loin d’être le champion gagnant aussi dans la confrontation avec l’Occident.

Notre journaliste cite le russophobe Mathew Rojansky, directeur de l’Institut Kennan –lequel à mon avis, n’a hérité en rien de la légendaire sagesse de de George Kennan–, à Washington, qui insiste pour souligner que le renforcement de Poutine peut être illusoire, parce que l’économie russe est en récession et reste dangereusement dépendante de son approvisionnement en énergie au moment même où la plupart des analystes considère que les perspectives à long terme pour les prix du gaz et du pétrole sont désastreuses.

Wishful thinking, vulgaire réductionnisme financiériste d’économistes prenant leurs désirs pour des réalités…

À mon avis, les géostratèges US, fort novices, ont bien trop misé sur la guerre financiériste, qui aurait pu pulvériser une république bananière, mais non la Russie, superpuissance nucléaire.

Comment se fait-il que le New York Times admette que les sanctions occidentales semblent avoir échoué ?

Serait-ce que Kerry a devancé une fronde de l’Union européenne, pressée d’en finir avec des sanctions contreproductives ?

Chronos et Icare, celui qui défiait les lois de la gravité depuis la Crète, ont fait alliance en Ukraine occidentale et ont mis au bord de la débâcle le régime putschiste néonazi de Kiev incarné par le duo Petro Poroshenko le marchand de chocolat (ça ne s’invente pas) installé dans la place par l’Allemagne, et son Premier ministre puéril Arseni Iatseniouk, pantin manipulé par l’amazone Victoria Nuland, qui s’était quelque peu trompée dans ses calculs puisque la guerre financière contre la Russie a commencé par ruiner l’Ukraine.

Du point de vue de David Herszenhorn, le virage subtil d’Obama vaut reconnaissance pragmatique du fait que la politique consistant à isoler la Russie économiquement et diplomatiquement, est un échec. Il cite Viktor A. Kremenyuk, vice directeur du think tank Institut US-Canada, lié à la prestigieuse Académie des sciences de Russie, qui admet que le Kremlin a résisté aux sanctions et introduit des contre-sanctions.

Tout cela alors que Poutine n’a jamais cessé de coopérer avec les USA dans les contentieux pressants concernant la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et le Yémen, se bornant à quelques menaces de se retirer des négociations sur l’armement nucléaire ou conventionnel, que Kerry utilise comme feuille de vigne pour justifier sa visite à Sotchi.

Paul Craig Roberts, assistant jadis au secrétariat au Trésor sous Ronald Reagan, dit que les États-Unis ont envoyé John Kerry en Russie en position de suppliant.

Or donc, si Obama a lâché l’Ukraine, c’est en échange de quoi ? Qu’en est-il de la France et de l’Allemagne reléguées par les États-Unis de Minsk II à Sotchi ?

David Herszenhorn ne lit même pas son propre journal ; il n’est pas au courant de l’avertissement donné par Vlady lors de sa conférence historique à Munich, il y a huit ans.

Il avait annoncé l’échec de toute la politique d’amateurs de l’administration Obama, alors que le meilleur géostratège de tous les temps pour les US, Georges Kennan, avait prévenu que c’était une grave erreur d’asphyxier la Russie, super puissance nucléaire.

À mon avis, le problème des USA vient de ce que leur politique étrangère est entre les mains de néophytes portés sur les bravades de bistrot, parce que la génération précédente est en voie de disparition : Kissinger a 91 ans, Brent Scowcroft 90, Brzezinski 87, et le Texan James Baker III 86. Et le plus imprudent parmi eux est le russophobe Brzezinski.

Aujourd’hui la politique étrangère des USA se trouve prise en otage par les multimédias israélo-anglosaxons et leurs clowns nocturnes et bavards, qui sévissent dans les talk shows et ne savent même pas ce qu’est une multi ogive nucléaire placée dans un missile intercontinental russe Topol M, qui couperait toute envie de rire à l’humanité.

À Moscou, on ne doit pas être rassuré par la retraite tactique des États-Unis d’Ukraine, alors que les alliés de Vicky Nuland dans les Balkans, avec à leur tête le méga-spéculateur George Soros – pantin présumé des banquiers esclavagistes Rothschild, poussent à la révolte islamique en Macédoine : c’est le nouveau front israélo-anglo-saxon contre la Russie.

Sovereignty, Sedition and Russia’s Undesirable NGOs

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F. William Engdahl

Sovereignty, Sedition and Russia’s Undesirable NGOs

On May 23, 2015 Russian President Vlaldimir Putin signed into law a new bill from the Duma that now gives prosecutors power to declare foreign and international organizations “undesirable” in Russia and shut them down. Predictably US State Department spokesperson, Marie Harf, said the United States is “deeply troubled” by the new law, calling it “a further example of the Russian government’s growing crackdown on independent voices and intentional steps to isolate the Russian people from the world.”

Under the new law Russian authorities can ban foreign NGOs and prosecute their employees, who risk up to six years in prison or being barred from the country. The EU joined the US State Department in calling the law a “”worrying step in a series of restrictions on civil society, independent media and political opposition.” The George Soros-funded NGO, Human Rights Watch, condemned the law as did Amnesty International.

As with many things in today’s world of political doublespeak, the background to the new law is worth understanding. Far from a giant goose-step in the direction of turning Russia into a fascist state, the new law could help protect the sovereignty of the nation at a time it is in a de facto state of war with, above all, the United States and with various NATO spokesmen who try to curry favor with Washington, such as Jens Stoltenberg, its new Russophobic civilian head.

Russia has been targeted by political NGO’s operating on instructions from the US State Department and US intelligence since the collapse of the Soviet Union in the beginning of the 1990’s. The NGOs have financed and trained hand-picked opposition figures such as Alexei Navalny, member of a group called Russian Opposition Coordination Council. Navalny received money from the Washington NGO National Endowment for Democracy (NED), an acknowledged front for CIA political dirty tricks in their “weaponization of human rights and democracy” project.

Prior to the new NGO law, Russia had a far softer law—actually based on an existing US law, the Foreign Agents Registration Act (FARA)—that requires foreign-financed Russian NGOs to merely register as agents of a foreign country. Called the Russian Foreign Agent Law, it went into effect in November 2012, after US NGOs had been caught organizing numerous anti-Putin protests. That law requires non-profit organizations that receive foreign donations and serve as the instrument of a foreign power to register as foreign agents. The law was used to audit some 55 foreign-tied Russian NGOs, but to date has had little effect on the operations of those NGOs such as Human Rights Watch or Amnesty International.

The NED

The case of NED is illustrative. The NED is a huge global operation that, as its creator, Allen Weinstein, who drafted the legislation establishing NED, said in an interview in 1991, “A lot of what we do today was done covertly 25 years ago by the CIA.” In fact NED was initially the brainchild of Ronald Reagan’s CIA director, Bill Casey, as part of a major “privatization” of the CIA. NED’s budget comes from the US Congress and other State Department-friendly NGOs like George Soros’ Open Society Foundations.

The NED has sub-units: National Republican Institute, which is headed by Senator John McCain, the man who played a key role in the 2014 USA coup d’etat in Ukraine. The National Democratic Institute, tied to USA Democratic Party and chaired now by Clinton Secretary of State and Serbian bombing advocate, Madeline Albright. The NED Board of Directors includes the kernel of the Bush-Cheney neo-conservative warhawks like Elliott Abrams; Francis Fukuyama; Zalmay Khalilzad, former Iraq and Afghan US ambassador, and architect of Afghan war; Robert Zoellick, Bush family insider and ex-World Bank President.

In other words, this “democracy-promoting” US NGO is part of a nefarious Washington global agenda, using weaponized so-called Human Rights and Democracy NGOs to get rid of regimes who refuse to click their heels to commands of Wall Street or Washington. NED has been at the heart of every Color Revolution of Washington since their success toppling Slobodan Milosevic in Serbia in 2000. Their coups installed pro-NATO presidents in Ukraine and Georgia in 2003-4, attempted to destabilize Iran in 2009, ran the Arab Spring operations to redraw the political map of the Middle East after 2011, and more recently HongKong’s “Umbrella Revolution” last year to embarrass China. The list goes on.

NED in Russia today

Inside Russia, despite the foreign agents law, the well-financed NED continues to operate. Since 2012 NED doesn’t disclose names of organizations in Russia they finance, something they did previously. They only name the sector and rarely activities that they financing. Moreover, there is no Annual report for 2014, a critical year after the CIA coup in Ukraine when Washington escalated dirty tricks against Moscow and de facto declared a state of war against the Russian Federation by imposing financial sanctions designed to cripple Russia’s economy. In every US Color Revolution to date, the USA institutions, Wall Street banks and hedge funds always try to create economic chaos and use that to stir political unrest, as in Brazil today against BRICS leader President Dilma Rousseff.

What the NED is spending millions of American taxpayer dollars for in Russia is highly revealing. In their online abridged report for 2014 NED reveals that among numerous projects in Russia they spent $530,067 under a category, Transparency in Russia: “To raise awareness of corruption.” Are they working with Russian prosecutors or police? How do they find the corruption they raise awareness of? That naturally also has a side benefit of giving Washington intimate details of corruption, real or imagined, that can be later used by its trained activist NGOs such as Navalny groups. An American NGO financed by US Congress, tied to the CIA and Victoria Nuland’s State Department decides which Russian companies are “corrupt”? Please…

Another category where the Washington-financed NED spends considerable sums in Russia today is labeled Democratic Ideas and Values: $400,000 for something called “Meeting Point of Human Rights and History–To raise awareness of the use and misuse of historical memory, and to stimulate public discussion of pressing social and political issues.” That sounds an awful lot like recent attempts by the US State Department to deny the significant, in fact decisive, role of the Soviet Union in defeating the Third Reich. We should ask who decides what are “pressing social and political issues,” the NED? CIA? Victoria Nuland’s neo-cons in the State Department?

Shoe on other foot

Let’s imagine the shoe on the other foot. Vladimir Putin and the Russian FSB foreign intelligence service decide to set up something they call a “National Enterprise to Foster American Democracy” (NEFAD). This Russian NEFAD finances to the tune of millions of dollars the training of American black activist youth in techniques of swarming, twitter riots, anti-police brutality demos, how to make Molotov cocktails, use of social media to put the police in a bad light. Their aim is to put spotlight on human rights abuses of US Government, FBI, police, government, institutions of public order. They seize on an obscure ambiguous incident in Baltimore Maryland or Chicago or New York and send Youtube videos around the world, twitter messages about the alleged police brutality. It doesn’t matter if the police acted right or wrong. Thousands respond, and march against the police, riots break out, people are killed.

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Dear readers, do you imagine that the US Government would permit a Russian NGO to intervene in the sovereign internal affairs of the United States of America? Do you think the FBI would hesitate one second to arrest all NEFAD persons and shut down their operations? This is just what the US Congress-financed, CIA-backed, National Endowment for Democracy is doing in Russia. They have no business at all being anywhere in Russia, a sovereign nation, nor for that matter in any foreign country. They exist to stir trouble. The Russian government should politely show them the door, as truly undesirable.

In October, 2001, days after the shock of the attacks on the World Trade towers and Pentagon, the Bush Administration passed a bill that essentially tears up the Bill of Rights of the American Constitution, one of the finest constitutions in history. The USA Patriot Act as it was cynically named by its sponsors, permits the US Government among other things to conduct “surveillance of suspected terrorists, those suspected of engaging in computer fraud or abuse (sic!), and agents of a foreign power who are engaged in clandestine activities.” Another provision of this Patriot Act allows the FBI to make an order “requiring the production of any tangible things (including books, records, papers, documents, and other items) for an investigation to protect against international terrorism or clandestine intelligence activities.”

There was barely a peep of outrage over this de facto USA police state law, a law which is now up for renewal in Congress. The fact that the NED stopped showing who they give money to in Russia proves they have something to hide. NED is the heart of the “Weaponization of Human Rights” operations by CIA and US State Department to do regime change in the world, so they can get rid of “uncooperative” regimes. As I stated in a recent Russian interview on the NED, shortly before this new law was enacted, I am astonished that Russia has not made such a law long ago when it was clear those US NGOs were up to no good. The NED is indeed an “undesirable” NGO, as are Human Rights Watch, Freedom House, Open Society Foundations and the entire gaggle of US-government-fostered human rights NGOs.

 F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

samedi, 06 juin 2015

Hommage à Tarek Aziz

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Hommage à Tarek Aziz, mort à l’âge de 79 ans

FPS Info

Ex: http://patriotismesocial.fr

Triste nouvelle. Tarek Aziz, ancien ministre irakien des Affaires étrangères est décédé à l’hôpital Al-Hussein de Nassiriya, à 320 kilomètres au sud de Bagdad, à l’âge de 79 ans d’une crise cardiaque, selon le docteur Saadi Al-Majed, le chef du département de la santé de la province de Zi Qar.

Il incarnait le visage de la diplomatie irakienne de l’ancien Raïs.

Tarek Aziz purgeait depuis 12 ans une peine de prison. En 2010, il était condamné à la peine capitale par la volonté de la puissance occupante américaine.

Le Vatican avait plaidé sa grâce. Le président irakien d’alors, le Kurde Jalal Talabani, avait déclaré qu’il ne signerait jamais son ordre d’exécution, eu égard à l’âge et à la religion du condamné. Un an plus tard, Tarek Aziz demandait au premier ministre Nouri Al-Maliki de hâter son exécution à cause de sa mauvaise santé.

L’ancien ministre souffrait depuis de nombreuses années de problèmes cardiaques et respiratoires, d’une tension artérielle élevée et de diabète. Sa santé s’était nettement dégradée en prison.

Tarek Aziz était l’homme des missions difficiles. Pendant vingt-quatre ans, même lorsqu’il n’était plus ministre des affaires étrangères en titre, Tarek Aziz en était de fait le principal, sinon le seul, officier de liaison avec la communauté internationale.

Par son expérience et aussi grâce à un bagage intellectuel, il avait acquis le « parler occidental », qui lui permettait d’exposer les vues de son pays, d’en soigner et d’en adapter la forme, sans jamais en trahir le contenu. « Le monde occidental n’est pas une énigme pour moi, parce que j’ai beaucoup lu à son sujet, sa littérature, sa poésie et ses romans les plus célèbres, puis j’ai appris la langue anglaise à l’université irakienne », confiait-il dans un livre d’entretien (en arabe) avec la journaliste Hamida Nahnah, Tarek Aziz… Un homme et une cause. Ses premières visites à Paris – ville qui le fascinait – et à Londres n’ont lieu qu’en 1970. Il ne découvre New York que quatre ans plus tard.

Eveil précoce à la vie politique

Tarek Aziz est né en 1936, près de Mossoul, dans le nord de l’Irak, au sein d’une famille de conditions très modestes. De son vrai nom, Tarek Hanna Mikhaïl Issa, il en était aussi le seul membre chrétien (chaldéen) et l’un des plus anciens compagnons de Saddam Hussein qui aient survécu à toutes les purges. Sa discrétion sur sa vie privée contrastait avec la médiatisation dont il avait été l’objet en sa qualité de missi dominici de son pays, notamment à l’occasion de crises graves : telles la guerre de huit ans (1980-1988) contre l’Iran, ou l’invasion et l’annexion du Koweït (août 1990) et ses suites dramatiques.

Son baptême politique remonte à sa prime adolescence, lorsque, à l’occasion de la création de l’Etat d’Israël, en 1948, et de la reconduction quasi concomitante du traité anglo-irakien – signé en 1930 et plaçant l’Irak pratiquement sous protectorat anglais –, il participe aux manifestations populaires qui forcent le régent Abdel Ilah – le roi Fayçal II n’était pas en âge de gouverner, après la mort de son père, Ghazi, dans un accident de voiture – à abroger le traité et à limoger le gouvernement au profit d’une équipe plus nationaliste.

Cet éveil précoce à la vie politique conduit Tarek Aziz à s’intéresser à toutes les idéologies politiques.

Le marxisme le séduit, mais il en récuse l’adversité envers les religions : « Je ne suis pas pratiquant, mais pas non plus athée, et je refuse l’idée selon laquelle “la religion est l’opium des peuples”. » Il ne partage pas non plus la théorie de la lutte des classes, aux relents « haineux » à ses yeux. Le Baas, qu’il découvre au début des années 1950, l’attire parce qu’il « associe le socialisme au panarabisme, qui lie l’homme à sa culture, à son vécu et à sa civilisation ». Les écrits du Syrien Michel Aflak, l’un des idéologues du Baas, le fascinent, qui allient, dit-il, la pensée philosophique profonde aux élans romantiques. Le jeune Tarek Aziz, alors féru de poésie, de littérature et de musique – il a pris des cours de piano à l’Académie des beaux-arts de Bagdad – est conquis.

Au journaliste Patrick Denaud, qui a publié un livre d’entretien avec lui (Irak, la guerre permanente, éditions Le Félin), il affirme tenir son panarabisme d’un climat familial. « Mon père a eu deux fils. Au premier, il a donné le nom de Faouziz, du nom d’un chef arabe qui a combattu les juifs israéliens. Moi, je m’appelle Tarek, du nom du dirigeant arabe musulman qui a conquis l’Andalousie. Pour un chrétien, donner ces noms à ses deux fils dans les années 1930 n’était pas innocent. Mon adhésion au Baas relève de cette tradition. »

Renvoyé à la base

Juillet 1958. Un coup d’Etat militaire renverse la monarchie. A la faveur d’une relative libéralisation politique, le Baas sort de l’ombre, et Tarek Aziz est chargé de diriger le quotidien Al-Chaab, sur lequel les baasistes ont mis la main et qu’ils rebaptisent Al-Joumhouriya (« La République »). Mais l’Irak entre dans une zone de turbulences, à laquelle le Baas n’est pas étranger. Une tentative d’assassinat, en octobre 1959, du leader Abdel Karim Qassem, par un jeune baasiste alors totalement inconnu, Saddam Hussein, vaut à de nombreux militants de se retrouver en prison. Le Baas est renvoyé dans la clandestinité et avec lui les activités de Tarek Aziz, qui se voit confier la direction de la publication interne du parti, Waï Al-Oummal (« la conscience ouvrière »), qui, comme son nom l’indique, s’adresse à la section ouvrière du parti. Un an plus tard, il cumule déjà les fonctions de membre des directions nationale et régionale du Baas, ainsi que de sa section ouvrière ; mais un article critique qu’il publie dans Waï Al-Oummal lui vaut d’être renvoyé à la base, avant que de nouvelles élections le rétablissent dans son statut de membre des deux commandements suprêmes.

Tarek Aziz participe au coup d’Etat ourdi en février 1963 par le Baas et par un groupe d’officiers nationalistes. Neuf mois plus tard, les putschistes sont à leur tour renversés par un coup d’Etat pro-nassérien. Tarek Aziz retrouve la clandestinité et se replie sur Damas. C’est là, dans la capitale syrienne, qu’au cours de la même année, à l’occasion du sixième congrès du parti, il rencontre pour la première fois celui qui, dix-neuf ans plus tard, gouvernera l’Irak pendant vingt-quatre ans : Saddam Hussein.

Les deux hommes se retrouvent à Bagdad après la défaite de l’Egypte lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Tarek Aziz est nommé rédacteur en chef d’Al-Thaoura, l’organe du parti. Saddam Hussein, alors secrétaire adjoint du parti, est responsable de l’information. Ils se découvrent des affinités politiques et se lient d’amitié. Ce compagnonnage durera jusqu’à la chute du régime, en 2003. Tarek Aziz est sans doute alors l’un des rares, sinon le seul membre du Commandement de la révolution irakienne (CCR), à se permettre une liberté de ton avec Saddam Hussein.

Juillet 1968 : le Baas s’empare à nouveau du pouvoir. Le tandem Ahmed Hassan Al-Bakr – Saddam Hussein gouverne le pays jusqu’en 1979, lorsque Saddam Hussein écarte Al-Bakr et prend les rênes du pouvoir. Membre du CCR depuis deux ans, Tarek Aziz accède alors au rang de vice-premier ministre et de ministre des affaires étrangères. Un an plus tard, il est la cible d’un attentat à l’université Al-Moustansiriya, à Bagdad. L’attentat ayant été attribué aux islamistes chiites, le CCR adopte une résolution punissant de la peine de mort la simple appartenance au parti Al-Daawa et à l’Organisation de l’action islamique.

C’est la guerre contre l’Iran qui fait découvrir au grand public cet homme aux épaisses lunettes, au gros cigare et aux cheveux grisonnants, qui, avant de prendre en main la diplomatie, a été ministre de la culture et de l’information. Du siège des Nations-Unies, à New York, aux capitales arabes, en passant par Moscou, Paris et Londres, il n’a de cesse d’expliquer que son pays fait office de rempart contre « l’exportation de la révolution » islamique que projette l’imam Rouhollah Khomeyni après le renversement du shah dans l’Iran voisin.

Porte-parole de son pays

Son entregent n’est pas étranger au rétablissement, en 1984, des relations diplomatiques entre l’Irak et les Etats-Unis, rompues dix-sept ans plus tôt. Quitte, pour mettre de l’huile dans les rouages, à édulcorer la rhétorique baasiste à propos du conflit avec Israël, en affirmant que son pays, qui « ne se considère pas comme partie directe au conflit parce que Israël n’occupe pas de territoires irakiens », soutiendra « toute solution juste, honorable et durable » du conflit israélo-arabe.

En 1990, deux ans après la fin de la guerre contre l’Iran, Tarek Aziz se fait le porte-parole de son pays, qui accuse le Koweït de pomper le pétrole du gisement pétrolier de Roumeila, à la frontière entre les deux pays, et d’inonder le marché du brut, provoquant ainsi un effondrement du prix et la ruine d’un Irak exsangue au sortir de la guerre. Ce sera l’une des justifications de l’invasion du Koweït cette année-là.

Selon certaines sources, Tarek Aziz est hostile au maintien de l’occupation du Koweït au moment où une armada de plusieurs centaines de milliers d’hommes menace d’en déloger l’armée irakienne par la force des armes. Il n’en défend pas moins pied à pied la politique de son pays jusqu’au bout, y compris lors de cette désormais célèbre rencontre « de la dernière chance », à Genève, le 9 janvier 1991, avec le secrétaire d’Etat américain James Baker.

Il s’offre même, ce jour-là, le luxe de refuser d’accuser réception d’une lettre adressée par le président George Bush (père) à Saddam Hussein, à cause de sa formulation, selon lui, indigne à l’égard d’un chef d’Etat.

Quand George Bush (fils) commence à bombarder Bagdad, en mars 2003, Tarek Aziz dit des forces américaines : « Nous allons les recevoir avec la meilleure musique qu’ils aient jamais entendue et les plus belles fleurs qui aient jamais poussé en Irak… Nous n’avons pas de bonbons ; nous pouvons seulement leur offrir des balles. » Le 24 avril, quand des soldats américains frappent à sa porte à Bagdad, il se rend sans résistance.

‘Human Rights’ and Soft Power in Russia

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Author: Eric Draitser

‘Human Rights’ and Soft Power in Russia

The news that Lyudmila Alekseyeva, head of the Russian Non-Governmental Organization (NGO) the Moscow-Helsinki Group, will be returning to the Presidential Council for Human Rights, has been heralded by many in the liberal establishment in Russia as a victory for their cause. Indeed, as an adversary of President Putin on numerous occasions, Alekseyeva has been held as a symbol of the pro-Western, pro-US orientation of Russian liberals who see in Russia not a power seeking independence and sovereignty from the global hegemon in Washington, but rather a repressive and reactionary country bent on aggression and imperial revanchism.

While this view is not one shared by the vast majority of Russians – Putin’s approval rating continues to hover somewhere in the mid 80s – it is most certainly in line with the political and foreign policy establishment of the US, and the West generally. And this is precisely the reason that Alekseyeva and her fellow liberal colleagues are so close to key figures in Washington whose overriding goal is the return of Western hegemony in Russia, and throughout the Eurasian space broadly. For them, the return of Alekseyeva is the return of a champion of Western interests into the halls of power in Moscow.

Washington and Moscow: Competing Agendas, Divergent Interests

Perhaps one should not overstate the significance of Alekseyeva as an individual. This Russian ‘babushka’ approaching 90 years old is certainly still relevant, though clearly not as active as she once was. Nevertheless, one cannot help but admire her spirit and desire to engage in political issues at the highest levels. However, taking the pragmatic perspective, Alekseyeva is likely more a figurehead, a symbol for the pro-Western liberal class, rather than truly a militant leader of it. Instead, she represents the matriarchal public face of a cohesive, well-constructed, though relatively marginal, liberal intelligentsia in Russia that is both anti-Putin, and pro-Western.

There could be no better illustration of this point than Alekseyeva’s recent meeting with US Assistant Secretary of State Victoria Nuland while Ms. Nuland was in Moscow for talks with her Russian counterparts. Alekseyeva noted that much of the meeting was focused on anti-US perception and public relations in Russia, as well as the reining in of foreign-sponsored NGOs, explaining that, “[US officials] are also very concerned about the anti-American propaganda. I said we are very concerned about the law on foreign agents, which sharply reduced the effectiveness of the human rights community.”

There are two distinctly different, yet intimately linked issues being addressed here. On the one hand is the fact that Russia has taken a decidedly more aggressive stance to US-NATO machinations throughout its traditional sphere of influence, which has led to demonization of Russia in the West, and the entirely predictable backlash against that in Russia. According to the Levada Center, nearly 60 percent of Russians believe that Russia has reasons to fear the US, with nearly 50 percent saying that the US represents an obstacle to Russia’s development. While US officials and corporate media mouthpieces like to chalk this up to “Russian propaganda,” the reality is that these public opinion numbers reflect Washington and NATO’s actions, not their image, especially since the US-backed coup in Ukraine; Victoria Nuland herself having played the pivotal role in instigating the coup and setting the stage for the current conflict.

So while Nuland meets with Alekseyeva and talks of the anti-US perception, most Russians correctly see Nuland and her clique as anti-Russian. In this way, Alekseyeva, fairly or unfairly, represents a decidedly anti-Russian position in the eyes of her countrymen, cozying up to Russia’s enemies while acting as a bulwark against Putin and the government.

And then of course there is the question of the foreign agents law. The law, enacted in 2012, is designed to make transparent the financial backing of NGOs and other organizations operating in Russia with the financial assistance of foreign states. While critics accuse Moscow of using the law for political persecution, the undeniable fact is that Washington has for years used such organizations as part of its soft power apparatus to be able to project power and exert influence without ever having to be directly involved in the internal affairs of the targeted country.

From the perspective of Alekseyeva, the law is unjust and unfairly targets her organization, the Moscow-Helsinki Group, and many others. Alekseyeva noted that, “We are very concerned about the law on foreign agents, which sharply reduced the effectiveness of the human rights community… [and] the fact the authorities in some localities are trying more than enough on some human rights organizations and declare as foreign agents those who have not received any foreign money or engaged in politics.”

While any abuse of the law should rightly be investigated, there is a critical point that Alekseyeva conveniently leaves out of the narrative: the Moscow-Helsinki Group (MHG) and myriad other so-called “human rights” organizations are directly supported by the US State Department through its National Endowment for Democracy, among other sources. As the NED’s own website noted, the NED provided significant financial grants “To support [MHG’s] networking and public outreach programs. Endowment funds will be used primarily to pay for MHG staff salaries and rental of a building in downtown Moscow. Part of the office space rented will be made available at a reduced rate to NGOs that are closely affiliated with MHG, including other Endowment grantees.” The salient point here is that the salary of MHG staff, the rent for their office space, and other critical operating expenses are directly funded by the US Government. For this reason, one cannot doubt that the term “foreign agent” directly and unequivocally applies to Alekseyeva’s organization.

But of course, the Moscow-Helsinki Group is not alone as more than fifty organizations have now registered as foreign agents, each of which having received significant amounts from the US or other foreign sources. So, an objective analysis would indicate that while there may be abuses of the law, as there are of all laws everywhere, by and large it has been applied across the board to all organizations in receipt of foreign financial backing.

It is clear that the US agenda, under the cover of “democracy promotion” and “NGO strengthening” is to weaken the political establishment in Russia through various soft power means, with Alekseyeva as the symbolic matriarch of the human rights complex in Russia. But what of Putin’s government? Why should they acquiesce to the demands of Russian liberals and allow Alekseyeva onto the Presidential Council for Human Rights?

The Russian Strategy

Moscow is clearly playing politics and the public perception game. The government is very conscious of the fact that part of the Western propaganda campaign is to demonize Putin and his government as “authoritarian” and “violators of human rights.” So by allowing the figurehead of the movement onto the most influential human rights-oriented body, Moscow intends to alleviate some of that pressure, and take away one of the principal pieces of ammunition for the anti-Russia propagandists.

But there is yet another, and far more significant and politically savvy reason for doing this: accountability. Putin is confident in his position and popularity with Russians so he is not at all concerned about what Alekseyeva or her colleagues might say or do on the Council. On the other hand, Putin can now hold Russian liberals accountable for turning a blind eye to the systematic violations of human rights by the Kiev regime, particularly in Donbass.

One of the primary issues taken up by the Presidential Council for Civil Society and Human Rights in 2014 was the situation in Ukraine. In October 2014, President Putin, addressing the Council stated:

[The developments in Ukraine] have revealed a large-scale crisis in terms of international law, the basic norms of the Universal Declaration of Human Rights and the Convention on Prevention and Punishment of the Crime of Genocide. We see numerous violations of Articles 3, 4, 5, 7 and 11 of the 1948 UN Universal Declaration of Human Rights and of Article 3 of the Convention on Prevention and Punishment of the Crime of Genocide of December 9, 1948. We are witnessing the application of double standards in the assessment of crimes against the civilian population of southeastern Ukraine, violations of the fundamental human rights to life and personal integrity. People are subjected to torture, to cruel and humiliating punishment, discrimination and illegal rulings. Unfortunately, many international human rights organisations close their eyes to what is going on there, hypocritically turning away.

With these and other statements, Putin placed the issue of Ukraine and human rights abuses squarely in the lap of the council and any NGOs and ostensible “human rights” representatives on it. With broader NGO representation, it only makes it all the more apparent. It will now be up to Alekseyeva and Co. to either pursue the issues, or discredit themselves as hypocrites only interested in subjects deemed politically damaging to Moscow, and thus advantageous to Washginton. This is a critical point because for years Russians have argued that these Western-funded NGOs only exist to demonize Russia and to serve the Western agenda; the issue of Ukraine could hammer that point home beyond dispute.

And so, the return of Alekseyeva, far from being a victory for the NGO/human rights complex in Russia, might finally force them to take the issue of human rights and justice seriously, rather than using it as a convenient political club to bash Russians over the head with. Perhaps Russian speakers in Donetsk and Lugansk might actually get some of the humanitarian attention they so rightfully deserve from the liberals who, despite their rhetoric, have shown nothing but contempt for the bleeding of Donbass, seeing it as not a humanitarian catastrophe, but a political opportunity. Needless to say, with Putin and the Russian government in control, the millions invested in these organizations by Washington have turned out to be a bad investment.

Eric Draitser is an independent geopolitical analyst based in New York City, he is the founder of StopImperialism.org and OP-ed columnist for RT, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

Gossip : pourquoi faire la leçon aux ados quand les adultes font pire ?

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Gossip: pourquoi faire la leçon aux ados quand les adultes font pire?
 
Sur Canal+, les adultes ont "Le Petit Journal". Sur Gossip, leurs enfants ont un « micro-journal ». Le même humour, mais version courte. Il faudrait quand même être gonflé pour le leur reprocher.
 
Ecrivain, journaliste
 

Ex: http://www.bvoltaire.fr

L’application Gossip vient d’être suspendue après des plaintes dans un lycée privé strasbourgeois. Gossip – référence à la série américaine Gossip Girl – n’existe que depuis un mois, mais est déjà devenue un phénomène. Son objet – poster des ragots anonymes – rencontre un vif succès auprès des corbeaux boutonneux qui peuvent ainsi lancer, sans crainte d’être inquiétés, toutes sortes de malveillances (140 caractères, comme sur Twitter, et une apparition qui dure dix secondes) assorties éventuellement de « preuves » (film, photo, etc). On se doute que le thème favori n’en est pas la résolution d’équations : il n’y est question que de sexualité et de « plastique », on y trouve essentiellement injures, vannes salaces et railleries méchantes.

« Cela a créé une ambiance horrible dans le lycée. Tout le monde cherche à savoir qui a écrit quoi », témoigne une lycéenne. « Moi, ça m’a beaucoup blessée. C’est difficile de retourner en cours quand tu sais que tout le lycée l’a vu », confie une autre, qui en a fait les frais.

Toute la presse s’émeut de ce harcèlement version 2.0. La créatrice de l’appli affirme croix-de-bois-croix-de-fer avoir « ciblé les 20-35 ans actifs » et ne pas s’être attendue « à ce que des collégiens se ruent sur Gossip ». Elle reconnaît avoir « été un peu naïve »

Mais, bien sûr, les 20-35 ans, qui rentrent dans la vie active et commencent à avoir des enfants, n’ont rien de mieux à faire, quand ils ont un moment de libre, que colporter anonymement – gniark, gniark – des ragots sur la Toile. Mais, bien sûr, les adolescents ne soupçonnent même pas l’existence des réseaux sociaux et ne se servent d’Internet que pour télécharger les épisodes de Babar. Et quand, par hasard, ils postent un commentaire, une réflexion, c’est toujours fin et délié comme un sonnet de Ronsard.

Ôtez-moi d’un doute : depuis quand la créatrice, et tous ceux qui s’ébaudissent, n’ont-ils pas mis les pieds dans un établissement lambda de l’enseignement secondaire ?

Les adolescents n’ont jamais été des angelots, mais le climat ambiant rend certains d’entre eux passablement terrifiants. Jeunes poulains agressifs que personne – ni parents, trop désireux de se faire aimer, ni professeurs, trop occupés à survivre – ne songe à débourrer, jeunes poulains désœuvrés que le travail scolaire n’occupe pas assez, jeunes poulains désorientés auxquels le monde des adultes répète stupidement, comme si cela avait jamais fonctionné, « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». Car en quoi leur « Manon est la plus moche de la classe » serait-il plus odieux que le « Je ne vais quand même pas me taper Julie Pietri ! » de Jean-Luc Lahaye, qui a fait ricaner, sur le plateau télé, toute la galerie ? En quoi leurs allusions graveleuses sur l’une ou l’autre seraient-elles plus répréhensibles que le gros rire gras de Laurent Ruquier quand il évoquait, à demi-mot, samedi dernier, devant l’intéressée, dans « On n’est pas couché », la masturbation que Léa salamé lui aurait « inspirée » ? Alors quoi ? Il faudrait savoir ! C’est drôle ou ce n’est pas drôle ? Il faut en rire ou en pleurer ? S’indigner ou se marrer ?

Les réseaux sociaux sont leur télé. Sur Canal+, les adultes ont « Le Petit Journal ». Sur Gossip, leurs enfants ont un « micro-journal ». Le même humour, mais version courte. Il faudrait quand même être gonflé pour le leur reprocher.

Le condominium Russie-Chine et la Nouvelle Route de la Soie font réfléchir le Maître de l’univers

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Le condominium Russie-Chine et la Nouvelle Route de la Soie font réfléchir le Maître de l’univers (Asia Times)

Quand les flottes russes et chinoises mènent conjointement des exercices navals en Méditérranée et en Mer de Chine de méridionale, les véritables Maîtres de l’univers qui ne sont peut-être pas météorologues commencent à flairer le sens du vent. L’histoire dira peut-être que tout a commencé cette semaine à Sotchi, lorsque leur camelot de service, le secrétaire d’État John Kerry, a rencontré le ministre des Affaires étrangères Lavrov, puis le président Poutine.

Ce qui a mis la puce à l’oreille des véritables Maîtres de l’univers, c’est sans doute la vue de ces soldats de l’Armée Populaire de Libération, défilant côte à côte avec les militaires russes sur la Place Rouge le Jour de la Victoire. Jamais on n’avait vu des troupes chinoises défiler sur la Place Rouge, même à l’époque de l’alliance entre Staline et Mao.

Comme rappel à l’ordre, c’est digne du système de défense antimissiles russe S-500. Les adultes dans les officines à Washington ont peut-être fait les calculs qui s’imposent et conclu que Moscou et Pékin pourraient être sur le point de signer des protocoles militaires secrets similaires au Pacte germano-soviétique (Molotov-Ribbentrop). Le nouveau jeu des chaises musicales a vraiment de quoi rendre fou de rage le « docteur Zbig » qui a fait de l’Eurasie son obsession.

Et voilà que soudain, en lieu et place de la diabolisation incessante de la Russie et des hauts cris de l’OTAN à propos d’une agression russe proférés toutes les dix secondes, nous avons Kerry qui dit que le respect de Minsk-2 est la seule façon de s’en sortir en Ukraine et qu’il mettra sérieusement en garde son vassal Porochenko de ne pas exécuter sa menace de bombarder l’aéroport de Donetsk et ses environs afin de réintégrer le tout dans le giron de la démocratie ukrainienne.

Le sempiternel réaliste Lavrov a qualifié la rencontre avec Kerry de « merveilleuse ». Pour sa part, le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov a décrit la nouvelle entente US-Russie comme « extrêmement positive ».

Ainsi donc, les tenants de la politique autoproclamée tentant d’éviter les « conneries » de l’administration Obama semblent avoir fini par comprendre, en apparence du moins, qu’isoler la Russie ne sert à rien et que Moscou ne reculera jamais sur deux fronts : pas question que l’Ukraine intègre l’OTAN et pas question que les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk soient écrasées par Kiev, par l’OTAN et par qui que ce soit d’autre.

Ce dont il a été vraiment question à Sotchi (mais rien n’en est ressorti), c’est de déterminer comment l’administration Obama pourra se sortir du bourbier géopolitique dans lequel elle s’est elle-même enfoncée à la frontière occidentale russe sans trop perdre la face.

À propos des missiles…

L’Ukraine est un État en déliquescence maintenant converti en colonie du FMI. L’Union Européenne n’acceptera jamais de l’accueillir comme membre ou de payer ses factures astronomiques. Le véritable enjeu, aussi bien pour Washington que pour Moscou, c’est l’Iran. Ce n’est pas un hasard si la très suspecte Wendy Sherman, la négociatrice en chef des US dans les pourparlers sur le nucléaire entre l’Iran et le P5+1, faisait partie de la délégation accompagnant Kerry. Un accord détaillé avec l’Iran ne pourra être conclu sans la collaboration essentielle de Moscou sur tout, de l’élimination du combustible nucléaire usé à la levée rapide des sanctions imposées par l’ONU.

L’Iran joue un rôle clé dans le projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie. Les véritables Maîtres de l’univers ont dû s’apercevoir (il était temps !) que tout gravite autour de l’Eurasie qui, c’était à prévoir, a volé la vedette lors de la parade du Jour de la Victoire le 9 mai. Après son arrêt d’une portée significative à Moscou (où il a signé 32 accords distincts), le président chinois Xi Jinping est allé conclure des ententes avec le Kazakhstan et la Biélorussie.

Bienvenue dans le Nouvel ordre mondial (des Routes de la Soie) : de Pékin à Moscou par TGV, de Shanghai à Almaty, Minsk et au-delà, de l’Asie centrale à l’Europe de l’Ouest.

Nous savons maintenant que cette aventure commerciale et géopolitique à vitesse grand V est inéluctable, avec la participation de la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB), sous la direction de Pékin avec l’appui de Moscou, et de la Banque de Développement des BRICS. L’Asie centrale, la Mongolie et l’Afghanistan (où l’OTAN vient de perdre une guerre) sont inexorablement attirés vers cette orbite commerciale et géopolitique qui englobe tout le centre, le nord et l’est de l’Eurasie.

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Ce qu’on pourrait appeler la Grande Asie est en train de prendre forme, non seulement de Pékin à Moscou, mais aussi de ce centre commercial qu’est Shanghai à la porte de l’Europe qu’est Saint-Pétersbourg. C’est la conséquence logique d’un processus complexe que j’examine depuis un certain temps déjà, c’est-à-dire la rencontre entre la Ceinture économique de la Route de la Soie et l’Union économique eurasiatique, menée par Moscou, que Poutine a décrite comme un nouveau genre de partenariat.

Les véritables Maîtres de l’univers ont peut-être remarqué aussi les discussions très approfondies entre Sergueï Choïgou, ministre de la défense russe, et le général Fan Changlong, vice-président de la Commission militaire centrale de la Chine. La Russie et la Chine comptent effectuer des exercices navals en Méditerranée et dans la mer du Japon, en donnant la priorité absolue à leur position commune en ce qui concerne le bouclier antimissile mondial des US.

À cela s’ajoute cet aspect non négligeable qu’est la découverte, par le Pentagone, que la Chine possède jusqu’à 60 silos de missiles balistiques intercontinentaux (les CSS-4) capables de frapper l’ensemble des US, à l’exception de la Floride.

Dernier point, mais pas le moindre, le déploiement par les Russes du système de défense antimissile ultra perfectionné S-500, qui protégera la Russie contre la Force de frappe mondiale rapide (Prompt Global Strike) des US. Chaque missile S-500 peut intercepter dix missiles balistiques intercontinentaux à une vitesse pouvant aller jusqu’à 24 912 km/h, atteindre une altitude de 185 km et parcourir une distance horizontale de 3 500 km. Moscou soutient que le système ne sera fonctionnel qu’en 2017. Si la Russie est capable de déployer 10 000 missiles S-500, ils seront en mesure d’intercepter 100 000 missiles balistiques intercontinentaux lorsque la Maison-Blanche aura un nouveau locataire.

Les véritables Maîtres de l’univers semblent avoir refait leurs calculs à ce chapitre aussi. La Russie ne peut être réduite en poussières. Le Nouvel ordre mondial (des Routes de la Soie) ne peut être changé. Il vaudrait peut-être mieux alors s’asseoir et discuter. Mais il est préférable de bien tenir votre bride (géopolitique), car ils pourraient encore changer d’idée.

La version française de US wakes up to New Silk World Order (Pepe Escobar / Asia Times) a été reproduite avec l’aimable autorisation du Saker francophone.

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vendredi, 05 juin 2015

Renzi: fin de l'état de grâce

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RENZI : FIN DE L’ÉTAT DE GRÂCE
 
La ligue prend la tête de la droite italienne
 
Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
« Un stop pour Renzi ». C’est un journal qui lui est très favorable qui le dit, la Repubblica, une sorte de Monde à l’italienne.

Un échec électoral de Renzi lors des régionales en Italie est un fait. Comme il est le chouchou des médias, notamment français, on a surtout insisté sur le fait que sa gauche conserve 5 régions en jeu sur 7.

Mais l’effondrement de l’électorat est spectaculaire. Le score global du PD, 22,5 % des scrutins, est largement inférieur aux 40 % obtenus lors des élections européennes. Perdre quasiment un électeur sur deux, c’est tout de même une étrange victoire.

Les commentateurs italiens relevaient tous l'affaiblissement de M. Renzi. « Aujourd'hui pour Renzi, il est plus difficile de gouverner », commentait le journal de centre-droit La Stampa. Même si les personnalités et les enjeux locaux ont souvent été déterminants, le chef du gouvernement, arrivé au pouvoir il y a un an et demi sur un programme de réformes tous azimuts, souffre des divisions internes au sein de son parti, où des "frondeurs" n'ont pas digéré sa récente réforme électorale et ses options libérales en économie.

Le changement à droite est également important
 
En remportant la Ligurie, ce qui était inattendu, Silvio Berlusconi a sauvé les meubles. Certes, l’époque où Forza Italia (FI) dépassait 30 % des voix est un souvenir lointain, mais, avec 11,5 % des suffrages, le seuil fatidique des 10 % a été dépassé. L’engagement personnel de Silvio Berlusconi, libéré des obligations de sa peine à des travaux d’utilité publique, dans la campagne électorale y est pour beaucoup.

La progression de la Ligue du Nord, aux positions anti-européennes et anti-immigration souvent xénophobes, confirme cependant la fin du règne de Berlusconi sur la droite italienne. Non seulement la Ligue du Nord conserve la Vénétie, mais elle obtient 13 % des voix à l’échelon national, nettement devant Forza Italia. Un miracle pour une formation qui pesait 4 % des voix en 2013.

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Ce succès place son secrétaire Matteo Salvini devant un choix stratégique. « La Ligue est l'alternative la plus sérieuse à Renzi aujourd'hui en Italie », a lancé M. Salvini, surnommé "l'autre Matteo", assurant que son parti ne cherchait pas seulement à  arrêter le flot des migrants et démanteler les camps roms, mais aussi à proposer des alternatives sur "l'agriculture, les retraites, l'économie". Un parti maintenant vraiment national et pour tous les Italiens. Une alternative plus crédible que celle des « podemos » de la botte qui cependant bénéficient d’un regain de popularité.
 

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M5S exprime davantage un vote protestataire qu’un projet politique. Au cours des derniers mois, Beppe Grillo lui-même avait paru se désintéresser de sa créature politique et s’était écarté du champ politique. Les commentateurs annonçaient le déclin de M5S. Il n’en est rien.  Le  M5S, en perte de vitesse après son triomphe (25%) aux législatives de 2013, reste le deuxième parti du pays et recueille même le plus grand nombre de voix en Ligurie, en Campanie et dans les Pouilles.

Voila donc un nouveau paysage politique italien intéressant :  le modèle de Valls en perte de vitesse, la gauche anti-austérité toujours dynamique et la droite recomposée avec un « Fn » italien musclé, premier parti de la péninsule devant les républicains du Sarkozy italien , Berlusconi. A moins que ce ne soit le contraire.

Illustration en tête d'article : Matteo Renzi, Président du Conseil Italien
 

China: Silk Roads and Open Seas

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China: Silk Roads and Open Seas

By Pepe Escobar
RT.com

Ex: http://www.lewrockwell.com

Beijing’s disclosure earlier this week of its latest military white paper, outlining a new doctrine moving beyond offshore defense to “open seas” defense, predictably rattled every exceptionalist’s skull and bone.

Almost simultaneously, in Guangzhou, the annual Stockholm China Forum, hosted by the German Marshall Fund and the Shanghai Institute for International Studies, was mired in deep thought examining the vast Eurasian integration project known in China as “One Road, One Belt”.

What is also known as the New Silk Road project – displaying all the romantic connotations of a remix of a golden era – is not only about new roads, high-speed railways, pipelines and fiber optics, but also about a naval network from East Asia all the way to the Middle East and Europe.

So Chinese maritime expansion in the “open seas” – from the South China Sea to the Western Pacific and the Indian Ocean – had to be intimately tied to protection of the Maritime Silk Road.

Got deal, will travel

As the maddeningly complex One Road, One Belt network takes form, not a week passes without China clinching pipeline/power station/fiber optic/ manufacturing plant deals to accelerate Eurasian integration – from Pakistan to the Central Asian “stans”, and including everything from a road/railway linking Western China to the Arabian Sea to naval hubs on the way to the Horn of Africa.

The business logic behind this flurry of infrastructure deals is sound: to absorb China’s enormous excess industrial capacity. This process is of course enmeshed with Beijing’s complex energy strategy, whose main mantra is the famous “escape from Malacca”; to obtain a maximum of oil and gas bypassing waters patrolled by the US.

As Beijing “goes West” – the natural consequence of an official policy launched in 1999, but at the time mostly concerning Xinjiang – it becomes increasingly more open to the world. Just check the array of East and West nations that joined the Chinese-led Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB).

Close cooperation between BRICS members China and India will be absolutely key for the success of Eurasia integration. It’s already happening via the BRICS bank – the New Development Bank – that will be based in Shanghai and headed by an Indian banker. It’s not by accident that India is also a founding member of the AIIB.

AIIB’s first president will be Jin Liqun, a former deputy finance minister and former vice-president of the Japanese/American-led Asian Development Bank (ADB). Complaints by the usual suspects that AIIB will be a secret Chinese club are nonsense; the board making decisions includes several developed and developing world powers.

Across Eurasia, AIIB is bound to be the place to go. No wonder the Japanese, feeling excluded, were forced to raise the bar, announcing Tokyo is willing to commit a whopping $110 billion to finance infrastructure projects across Asia until 2020. The talk of the town – actually many mega-towns – across Asia is now all about the “infrastructure wars”.

Dreaming of going West

It’s fascinating to remember that what I called the Go West Young Han story of China’s expanding its trade/commercial clout actually started back in 1999. The first stage was a wave of factories moving from Guangdong province to the inward provinces. After a few years, in the Guangdong Triangle Area – which is now much wealthier than many an industrialized nation – product life-cycle timeline entrepreneurs embarked on frantic technology acceleration. Within the megalopolis of Shenzhen, the authorities actually push lower tech companies to move out of the downtown core area.

In terms of container ports, of the top 10 largest global ports no less than seven are based in China. That’s a graphic indication of China’s overwhelming predominance in maritime trade.

In terms of management, the 125 plan – that is, the 12th Chinese 5-year plan – expires in 2015. Few in the West know that most of the goals encompassing the seven technology areas China wanted to be leading have been achieved and in some cases even superseded. That technology leap explains why China can now build infrastructure networks that previously were considered almost impossible.

The next five-year plan is bound to be even more ambitious. It will focus, among other items, on Beijing’s drive to build a wave of huge new cities, a by-product of China’s restructuring of its economic model.

The China Dream, a new book by Professor General Liu Mingfu – a top military analyst – offers the Big Picture as China’s infrastructure drive across Eurasia gathers pace. A clash with the US is all but inevitable.

The Pentagon’s non-stop rumblings about the South China Sea are just the tip of the (lethal) iceberg; after all Washington considers it an American lake.

Li, as well as other leading Chinese analysts, would like to think Washington eventually finds a modus vivendi with the emerging superpower – as in relinquishing sovereignty, much as the British Empire did to the United States in the early 20th century.

That’s not going to happen. For the foreseeable future, according to the Obama administration’s own “pivoting to Asia”, announced in 2011 at the Pentagon, it will be hardcore containment. That might work only if BRICS member India is totally on board. And that’s quite unlikely.

In the meantime, Washington will continue to be submerged by this type of paranoid analytics, perpetrated by a former strategic adviser to the top US/NATO commander in Afghanistan.

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Check that sphere

The crucial point, already absorbed by the overwhelming majority of the Global South, is that China’s One Belt, One Road strategy is all about trade/commerce/”win-win” business; nothing remotely similar to the Empire of Bases, the never-ending “war on terra”, “kill lists”, and bombing recalcitrant nations (usually secular Arab republics) into “democracy.”

The immensely ambitious One Belt, One Road project, coupled with the Chinese Navy protecting its national interests in the “open seas”, fit into President Xi Jinping’s Chinese Dream in terms of a business master plan. The best way to build a “moderately prosperous society” is by building modern infrastructure internally and by reaching out to the world externally.

Once again, China will be exporting its massive surplus industrial capacity, will keep diversifying its energy sources and will extend its commercial influence from Central Asia all the way to Europe via Iran, Turkey and Greece.

China has the funds to solve one of India’s absolutely intractable problems – the rebuilding of its creaky infrastructure. The optimal scenario sees these two BRICS nations involved in deal after (infrastructure) deal, side by side with BRICS member Russia and “rehabilitated by the West” Iran. This means everything revolving around the New Silk Road(s) directly affecting no less than one-third of the world’s population. Talk about a “sphere of influence.”

There has been many a rumbling in Washington, ruling no one is entitled to a “sphere of influence” – except the US, of course. And yet Beijing’s economic, financial, diplomatic and geopolitical drive to unite Eurasia is the ultimate bid for a global sphere of influence. Against it, the usual Western, Roman-based Divide et Impera tactic may finally not work.

Reprinted from Russia Today.