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mardi, 30 décembre 2014

Center Parcs: économie sans conscience n’est que ruine de l’âme

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Center Parcs: économie sans conscience n’est que ruine de l’âme

par Claude Bourrinet

Boulevard Voltaire cliquez ici

Hitler, paraît-il, rêvait de transformer la France en jardin. Le libéralisme mondialisé, en apparence moins ambitieux, préfère la métamorphoser en Center Parcs. Le chômage massif n’est pas pour rien dans l’avilissement du peuple français. Non seulement parce que l’être humain, socialisé, a besoin de travailler pour éprouver ses capacités, manifester sa dignité, mais aussi parce que la raréfaction de l’emploi est devenue un argument d’autorité pour imposer ce qui s’apparente de plus en plus à une dégradation de la civilisation, au sens où l’entendait Edgar Morin en 1997. Dans un entretien paru en 2008, il revient sur cette notion : « Il s’agit de solidariser les rapports humains, régénérer les campagnes, ressourcer, convivialiser, moraliser… »

La multiplication des paradis artificiels, pour ainsi dire en bulle, piètres succédanés à la misère économique, sociale et humaine, généralisée par une société sinistre, est-elle en mesure de raviver les campagnes, de créer de la convivialité, de « solidariser » la société ?

Éric Zemmour note, dans Le Suicide français, combien régnait, durant les Trente Glorieuses, tant chez les gaullistes que chez les communistes, une vision héroïque et ascétique du travailleur, pour qui certaines valeurs (le courage, la fidélité, la fierté, l’intelligence du métier) n’étaient pas encore dissoutes par l’hédonisme contemporain, ou tout simplement par l’éradication de l’industrie française.

De fait, le Grand Remplacement a commencé à cette époque, qui connaît l’exode des paysans vers la ville, phénomène civilisationnel dont l’on n’a pas mesuré toute l’importance. C’est tout un art de vivre, d’exister ensemble, de respecter la terre, la nature, les traditions, qui a été anéanti. Depuis, la campagne n’est plus qu’un espace d’exploitation et une nostalgie. De même, la désindustrialisation de notre pays, la destruction de ses grandes réalisations d’après-guerre, sous les coup de la mondialisation, ou du fait de cette pompe aspirante qu’est la délocalisation, ont provoqué sous-emploi ou bien substitution du métier par le « service ». Le prolétariat s’est transformé en masse flexible d’agents commerciaux, de nettoyeurs, de domestiques, de recrutés précaires, de petites mains corvéables, de mendiants à mi-temps. On ne reprochera pas aux habitants de petits villages d’accueillir avec espoir ces Center Parcs (l’emploi sans scrupule du Néerlandais est, en soi, tout un programme). La déréliction a des raisons que la raison doit accepter. « L’homme est un animal qui s’habitue à tout », écrit Dostoïevski dans Souvenirs de la maison des morts.

Mais nous devons bien réfléchir à ce qui est en train de se produire dans notre vieux pays. Il ne s’agit pas seulement du saccage de notre trésor naturel, mais du ravage causé dans l’esprit du peuple français, réduit à n’être plus que le serviteur du tourisme de masse.

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lundi, 29 décembre 2014

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Auteur : Konstantin Garibov
Ex: http://zejournal.mobi

Le gouvernement indien élabore un scénario du renoncement à l'utilisation du dollar et de l'euro dans les régements avec la Russie. Il est prévu d'utiliser très prochainement les roubles et les roupies dans les échanges commerciaux entre la Russie et l'Inde.

Les exportateurs indiens insistent sur cette solution. « Nous n'avons pas de temps pour une longue attente : la chute du rouble nuit aux exportations indiennes car les règlements se font en dollars ». C'est ce qu'a déclaré Adjai Sakhaï, directeur général de la Fédération des exportateurs indiens (FIEO). « Tous les règlements commerciaux peuvent être effectués en roupies », - affirme Adjai Sakhaï.

Les businessmen chinois proposent la même chose – de passer aux règlements en yuans. Andrei Ostrovski, expert de l'Institut de l'Extrême-Orient, croit que l'essentiel, ce n'est pas le rouble, mais la Russie.

« Les deux pays ont intérêt à développer les liens économiques et commerciaux avec elle. Il est de plus en plus difficile de le faire avec le dollar. Le cours du rouble a chuté. Alors, pour la Chine et pour l'Inde, les exportations deviennent problématiques. La Russie a intérêt à exporter, non à importer. Alors, l'Inde et la Chine ont du mal à poursuivre les exportations en Russie. Lorsque le cours du rouble baisse, il vaut mieux travailler avec la roupie et le yuan, puisque dans le cas des règlements en une autre monnaie, les exportateurs des produits en Russie subissent de grosses pertes. Cela amène à la majoration des prix de 10-15. »

Les propositions de renoncer aux dollars et euros dans les règlements avec la Russie ont été faites bien avant la chute du rouble. Les exportateurs indiens avaient des problèmes à cause de la baisse de demande de leurs produits aux Etats-Unis, de la récession industrielle au Japon et de la crise en Europe. Les exportateurs chinois connaissent, eux aussi, une baisse de demande sur les marchés étrangers. Alors, l'Inde et la Chine sont prêtes à soutenir le rouble, mais non sans intérêt pour elles-mêmes, croit Alexandre Salitski, l'expert de l'Institut IMEMO de l'Académie des Sciences de Russie.

« Ici, tout est assez simple. Les deux pays orientaux ont un intérêt à ce que leurs monnaies aient un statut international, régional. Les accords avec la Russie, y compris dans le cadre du BRICS, visent l'utilisation des monnaies nationales des trois pays dans les règlements entre les partenaires. A mesure que dans ces pays, certains secteurs de l'économie deviennent compétitifs à l'échelle globale, il est logique de passer à ce niveau dans les règlements. Seulement, ce n'est pas si simple et cela demande du temps. »

Le chef du Centre des études orientales de l'Académie diplomatique du MAE de Russie Andrei Volodine est certain que le renoncement au dollar dans les règlements est une tendance qui gagne du terrain.

Dans ce cas, le mécanisme est simple. Si les échanges commerciaux entre les économies émergeantes deviennent plus importants qu'avec les pays industrialisés, le dollar n'est plus nécessaire dans les règlements. Ce processus est lancé, il va croissant car plusieurs économies émergeantes souffrent à cause de l'utilisation de la monnaie américaine dans les règlements. Les accords de swap, c'est le premier moyen de passer aux règlements en monnaies nationales. L'Inde, la Chine, le Brésil commencent à les pratiquer.

Il y a un point important : malgré la chute du rouble, la Chine n'a pas demandé de corriger l'accod avec la Russie sur le swap yuan-rouble.

dimanche, 28 décembre 2014

Morceaux de viande débaptisés, un signe de déculturation

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Morceaux de viande débaptisés, un signe de déculturation
 
par Gabriel Robin

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Bavette, araignée, onglet, flanchet, aiguillette, baronne, entrecôte, tournedos de filet, collier et autres macreuses ne seront bientôt plus présents sur les étals des supermarchés.

Bavette, araignée, onglet, flanchet, aiguillette, baronne, entrecôte, tournedos de filet, collier et autres macreuses ne seront bientôt plus présents sur les étals des supermarchés. Ces noms qui stimulent l’imagination des plus gourmands, et m’ont fasciné étant enfant, doivent disparaître, sacrifiés au grand dieu de la consommation rapide, au dieu « déculturation ».

Depuis le 13 décembre, les rayons boucherie des grandes surfaces désignent les morceaux de viande par des étoiles, de trois étoiles pour les « meilleurs morceaux » à une étoile pour les plus communs, ainsi que les mentions « à rôtir », « à griller », « à mijoter ». Les grandes chaînes de distribution agroalimentaire subodorent-elles que les Français sont incultes et incapables de comprendre la merveille du champ lexical boucher ? De la même façon, un morceau de viande à pot-au-feu n’est pas ordinaire ou commun, il doit simplement être préparé différemment. Moins goûteux grillé qu’une bavette, une queue de bœuf peut être magnifiée par une cuisson longue en bouillon et mériter ces grotesques « trois étoiles ».

Ce nouvel étiquetage des viandes est un appauvrissement supplémentaire de notre riche culture et détruit un peu plus notre langage. Bientôt, devrions-nous rebaptiser les fromages en « pâtes dures », « pâtes molles » ou « fromages frais », sans considération pour les terroirs de Camembert, Roquefort ou Comté ? Et puis, dans cet élan de révolution aculturelle, pourquoi ne pas renommer Paris en « Capitale » et France en « Hexagone », afin d’oublier définitivement nos origines ? Pourquoi distinguer les viandes, après tout regardons le plus grand dénominateur commun plutôt que le plus petit discriminant. Il en est ainsi de l’homme : plus de Français, plus de Chinois, plus d’Italiens, mais des animaux à deux bras et deux jambes possédant en commun la faculté de dépenser leur argent.

L’idéologie qui sous-tend cet oubli de notre patrimoine lexical est la même que celle qui préside à l’avènement de la théorie du genre : l’indifférenciation et la déculturation. Toujours moins d’aspérités pour toujours plus d’uniformisation, toujours moins de complexité pour plus de « praticité ». Surtout, moins de mystère, moins de sensible. Il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour se souvenir que l’onglet correspond à chacun des deux piliers du diaphragme, une pièce noble à longues fibres qu’on trouvait dans le temps plus facilement chez les tripiers que chez les bouchers, mais n’est-ce pas cela qui en fait le charme ?

Résister à l’américanisation et au monde marchand, c’est d’abord refuser la novlangue, c’est réclamer que les morceaux de viande soient appelés par leurs beaux noms traditionnels. Nous ne serons pas des morceaux d’hommes « à consommer », « à délocaliser » ou « à déraciner ».

Rassegna Stampa: XII/2014

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Rassegna Stampa: articoli in primo piano

XII/2014

  • Le due città
    di Francesco Lamendola [18/12/2014]
    Fonte: Arianna editrice
  • Sì, tu
    di Lorenzo Parolin [18/12/2014]
    Fonte: Arianna editrice
 



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US Armed Rebels Gave TOW missiles to Al Qaeda

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US Armed Rebels Gave TOW missiles to Al Qaeda

Maram Susli

Ex: http://journal-neo.org

US supplied TOW anti-tank missiles have ended up in the hands of Jabhat Al Nusra, Syria’s branch of Al Qaeda. The US provided the missiles to CIA vetted Syrian rebel faction Harakat Hazm in May. A video posted by Al Nusra shows the weapons being used to take over Syrian military bases, Wadi Deif and Hamidiyeh in Idlib province.

A story that should have been headline news of Obama’s arming of Al Qaeda across all US media, largely went unnoticed. The only evidence of the story in the mainstream media can be found in the International Business times and the Washington Post. However both articles try to cast doubt on the claims that Al Nusra has TOW missiles, choosing to quote the Syrian Opposition Council spokesman Oubai Shahbandar who downplayed the incident, calling it an “Al Nusra psyop”. The New York Times did not headline the story and instead buried the information in an article headlined “2 Military bases in Syria Fall to Rebels”. However, The New York Times claimed the TOW missiles may have plaid a central role in Jabhat AL Nusra’s takeover of the bases.

Contrary to Shahbandar’s and the mainstream media’s insinuation that the evidence is an ‘Al Nusra pysop’, it is known that the US armed and trained Harakat Hazm group had signed a ceasefire agreement with Jabhat AL Nusra in November in the same region of Idlib Province. At that time Al Nusra had claimed TOW and Grad missiles were now in their hands.

It is questionable whether or not Al Nusra had ‘seized’ the arms as the New York Times suggests, or if it had simply been given the arms by Harakat al Hazm. Rather than fighting Al Nusra, Harakat Hazm has had no problem uniting with them. Currently Harakat al Hazm are united with Jabhat al Nusra, in Handarat Aleppo, and are jointly fighting the Syrian Army. The militant employing the TOW missile in the video, shows clear proficiency in its use, indicating that he has directly or indirectly benefited from US training.

In spite of this revelation, there is evidence to suggest the US is still arming the FSA with TOW missiles. Videos continue to emerge of Harakat al Hazm employing Tow Missiles. The US government has not made a statement on whether or not they have stopped providing the rebels with TOW missiles and munitions.

FSA and Al Qaeda collaboration

The alliance between FSA faction Harakat Hazm and Al Nusra in Aleppo, is not a new or isolated occurrence. US vetted rebels have in fact have been allied with Al Qaeda for much of the Syrian War, with localised clashes over control being rare. The leader of the “Syrian Revolutionary Front,

‘ Jamal Ma’arouf, touted as a moderate by the West, admitted to The Independent that he has openly fought battles alongside Jabhat Al Nusra and refuses to fight against them. In 2012 the Free Syrian Army (FSA), referred to as the ‘moderate rebels’ by the US State Department, fought along side Islamist State In AlSham (ISIS) in Aleppo against the Syrian military for control over Menagh Airbase. The FSA head of Aleppo Military Council Abdul Jabbar Al Oqaidi, who has met with US Ambassador Robert Ford, was filmed with ISIS Emir Abu Jandal praising ISIS for helping take the base using a suicide car bomb. As late as September 2014, FSA commander Bassel Idriss said that they had joined forces with ISIS and Jabhat Al Nusra in Qalamoun Mountain.

Quote Global Post:

“Let’s face it: The Nusra Front is the biggest power present right now in Qalamoun and we as FSA would collaborate on any mission they launch as long as it coincides with our values,” the [FSA] commander concluded.

As well as fighting alongside Al Qaeda the US vetted rebels have also defected to, and sold weapons and hostages to Al Qaeda groups. The line between the FSA and Al Qaeda groups is often blurred with entire FSA factions and individual fighters defecting to Jabhat Al Nusra or ISIS on multiple occasions [1][2][3][4], taking along with them the training and weapons paid for by US taxes in the process.

An ISIS commander, Abu Atheer, told Al Jazeera that his group bought weapons from the FSA.

“Anyhow we are buying weapons from the FSA. We bought 200 anti-aircraft missiles and Koncourse anti tank weapons. We have good relations with our brothers in the FSA.”

The spokesman for the family of Steven Sotloff, an American journalist beheaded by ISIS, told CNN that US backed FSA rebels had sold Sotloff to ISIS for 25,00 to 50,000 USD. The White House denied the claim. However the claim was corroborated by Theo Padnos, another journalist held hostage in Syria, who said he was returned to his Jabhat Al Nusra captures by the FSA every time he tried to escape.

Plausible deniability

Given the Syrian rebels’ history of openly working along side or defecting to Al Qaeda groups, it is highly doubtful the US government did not predict the TOW missiles would end up in Al Qaeda’s hands.

It is more likely the US provided the rebels with the TOW missiles whilst knowing it would end up in the hands of Al Qaeda. Indeed it has been widely accepted, that Jabhat Al Nusra, ISIS and Ahrar al Sham , another Al Qaeda linked group, are the most powerful groups opposing the Syrian army. The CFR wrote:

The Syrian rebels would be immeasurably weaker today without al-Qaeda in their ranks.

Whilst in future these weapons may be used against American personnel, for now the US is desperate for a victory against the Syrian government. The US might find reports of arms ending up with Al Qaeda embarrassing, but such embarrassment can be mitigated by controlling the amount of attention it gets from the US run media.

Therefore the purpose of advertising a ‘moderate rebel force’ is to maintain plausible deniability whilst still supporting what is largely an Al Qaeda rebellion against the Syrian government. In fact there is evidence to suggest the US would prefer Al Qaeda to other rebel groups. They are far cheaper to run given that they are funded by Gulf States and they may fit better with the US long term objective of balkanise Syria along sectarian lines.

Maram Susli also known as “Syrian Girl,” is an activist-journalist and social commentator covering Syria and the wider topic of geopolitics. especially for the online magazineNew Eastern Outlook”.

samedi, 27 décembre 2014

Le Japon comme prototype avancé de l’Occident?

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Le Japon comme prototype avancé de l’Occident?

Le Japon est, à bien des égards, un cas particulier très intéressant à analyser sur le plan économique. Après une modernisation accélérée pendant tout le XXe siècle, entrecoupé d’une destruction quasi-irrémédiable lors de la 2nde guerre mondiale, le Japon pourrait être prochainement le laboratoire avancé de ce qui pourrait se passer pour les économies occidentales.

Génèse de la modernisation japonaise

À la suite du tournant historique opéré par l’empereur Meiji qui a vu son système féodal et son ordre de samouraï abolis, le Japon a entamé une vague de réformes inspirées de l’Occident. La vérité historique est que ce sont les États-Unis, à travers le pilonnage des ports japonais, qui ont forcé la main du Japon pour s’ouvrir à ces réformes occidentales, efforts débouchant sur la convention de Kanagawa de 1854 sous la coupe du Commodore Matthew Perry au nom du président américain Millard Fillmore. Ce traité de type colonialiste permettait aux États-Unis de s’approvisionner dans les ports japonais en charbon et en vivres. S’en suivit un traité d’amitié et de commerce en 1858 entre les deux pays, puis avec l’Empire britannique, avec la France, avec les Pays-Bas et avec les Russes, ce qui permit au Japon d’élargir ses ouvertures commerciales.

Parmi les réformes occidentales introduites au Japon, la restauration Meiji de 1868 initia la mise en place de préfectures, d’une architecture juridique, sociale et économique renouvelée. Ce dynamisme nouveau donna à l’empereur Meiji des ambitions de conquêtes régionales contre la Chine d’abord (1895), puis contre la Russie (1905), guerre au bout de laquelle il gagna Taïwan et la Corée. Dans une incontrôlable poussée d’expansionnisme militaire, le Japon s’introduit en Chine, dans beaucoup de pays d’Asie au cours de la 2nde guerre mondiale (Birmanie, Thaïlande, Singapour, Indonésie, la Nouvelle-Guinée, l’Indochine française et l’essentiel des îles du Pacifique. Mais c’est surtout l’attaque de Pearl Harbor contre les États-Unis qui résonne comme une revanche vis-à-vis de son ancien colonisateur.

‎Cette histoire riche et tourmentée, qui voit un pays aux traditions séculaires passer en moins d’un siècle d’une société de type féodale à une industrialisation et une modernité menées au pas de charge, n’est pas sans conséquence sur l’imaginaire collectif japonais jusqu’à aujourd’hui. Ayant inauguré l’ère de la guerre nucléaire en étant la cible des deux premières bombes H de l’Histoire à Nagasaki et Hiroshima en août 1945, le Japon sort du 2e conflit mondial en vaincu humilié et profondément meurtri par un nombre conséquent de victimes civiles et militaires.

Nouveau départ sur les décombres du 2e conflit mondial

Décidé à ne pas reproduire les conséquences néfastes du traité de Versailles, les États-Unis soutiennent le Japon dans sa phase de reconstruction comme ils le feront pour l’Europe de l’Ouest. Dans la nouvelle lutte d’endiguement du communisme, le Japon constitue un allié asiatique stratégique pour les Américains. Le Japon connaît alors une ère de reconstruction inédite et croît à un rythme de 10% par an, anticipant quelques décennies avant le « réveil chinois » qui aura les mêmes statistiques de croissance. Il réussit même à révolutionner les techniques de production industrielle avec un mouvement ‎prisé ensuite par les Occidentaux : le toyotisme – alors que jusqu’ici les modèles de développement industriels étaient occidentaux depuis la 1ère Révolution Industrielle, que ce soit le taylorisme ou le fordisme.

Dans la lignée des innovations chères à Schumpeter en matière de processus de production, le toyotisme trouve son écho dans la nouvelle donne imposée par la crise de stagflation des années 70. L’ère du fordisme comme réponse à la crise de surproduction de 1929 par une augmentation continuelle des salaires pour que les salariés consomment touche à sa fin. Avec la globalisation en marche, l’ouverture généralisée des frontières, surtout pour les capitaux, le salarié n’est plus un futur consommateur à bichonner, mais représente de plus en plus un coût. Le toyotisme, méthode d’organisation du travail maximisant le rapport coût/production, initié avec succès dans les usines de Toyota, repose sur le principe simple des 5 zéros : zéro panne, zéro délai, zéro papier, zéro stock, zéro défaut. En clair, on mise sur l’automatisation de la production, sur la gestion en flux tendu, sur la dématérialisation avec l’accent mis sur l’efficacité et la productivité des salariés.

Ayant pensé le processus de production qui solutionnera la crise des années 70 dans laquelle s’empêtreront plus longtemps les pays occidentaux, et ayant plus de mal à restructurer son modèle fordiste, le Japon prend même de l’avance, double plusieurs pays européens et s’installe comme la 2e économie du monde. Contredisant un inconscient collectif qui persuadait qu’un pays asiatique, soit-disant trop peuplé, ne pourrait jamais prétendre à un niveau de vie digne d’un pays occidental, le Japon surpasse les pays européens en terme de niveau de vie et se met même à inquiéter l’hyperpuissance américaine. En effet, dans les années 80 aux États-Unis se développe une poussée anti-japonaise aussi bien sur le plan économique que culturel.

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Éclatement d’une bulle

Pris dans un mouvement d’euphorie passagère de surinvestissement dans les années 80, le laissant penser qu’il allait peut-être détrôner le roi américain, le Japon subit de plein fouet une crise financière qui n’aurait pas été si durable si elle en était restée à la Bourse. Cette crise a, en effet, eu la particularité de toucher le secteur immobilier, le plongeant dans une déflation dont les effets se font ressentir encore jusqu’à aujourd’hui. Pour juguler cette crise, la Banque Centrale du Japon n’hésite pas à employer tous les moyens et se fixe rapidement sur un taux d’intérêt plancher de 0 qui ne variera pas beaucoup en plus de 20 ans.  À l’image de son taux d’intérêt directeur, le Japon connait un long et brutal arrêt comme s’il avait atteint un plateau après s’être hissé si haut.

Depuis, la situation n’a quasiment pas évolué : le Japon est en phase de croissance nulle depuis les années 90, conservant un taux de chômage à un niveau acceptable grâce aux structures mêmes de son marché du travail où le CDI est un type de contrat très minoritaire. Pire, selon certains économistes dont le groupe « Les Éconoclastes », récemment crée, le Japon devient la figure de proue d’une fuite en avant de ce capitalisme financier devenu incontrôlable. Par des injections massives de liquidités par sa Banque centrale, appelées « Abenomics » par les médias, le Japon bascule dans une trappe à liquidités mortifère que Keynes avait en son temps analysé comme une voie sans issue pour tout pays qui s’y risquerait.

En effet, cette impression massive de billets, dans l’espoir de voir la monnaie nationale se déprécier et ainsi redonner de la vigueur aux exportations, peut à terme conduire à une chute brutale et inéluctable cette même monnaie. Le cas de la République de Weimar, plongée dans un marasme financier d’hyperinflation tel que les allemands payaient du pain avec une brouette de billets, constitue le danger type de cette longue fuite en avant financière. D’ailleurs, ce cas de figure historique est bien resté à l’esprit des Allemands, qui préféreront sortir de l’euro plutôt que de laisser la BCE se résoudre à adopter la même voie.

Le problème de ces politiques monétaires dites non conventionnelles est que, comme l’a bien dit Jacques Sapir, ces actions peuvent être efficaces pour ralentir une économie surchauffée dont la croissance est trop galopante et conduit à un surcroît d’inflation néfaste. Mais elles ne le sont pas pour relancer durablement une économie structurellement en crise dans un pays mature, c’est-à-dire dont les structures économiques et sociales ont atteint un haut niveau de développement permettant un haut niveau de vie et un mode de vie varié, et dont les innovations ne sont que des ersatz d’améliorations qui ne bouleversent en rien les processus de production et de consommation.  Le Japon ne sort pas de l’ornière, en témoigne sa balance commerciale qui s’est dégradée, sa croissance qui ne s’est pas relevée et son inflation qui s’affirme. Pire, avec une dette publique grotesque qui atteint plus de 250%, même détenue en majorité par des Japonais, qui ne voit le cataclysme financier qui pointe à l’horizon ?

Reproduction occidentale du basculement japonais

Que constate-t-on à l’arrivée ? Une première puissance mondiale, les États-Unis, en train d’adopter les mêmes recettes nippones avec une Fed qui procède à des injections de liquidités pour rétablir une économie mal en point comme un malade s’injecte des doses de drogues pour se calmer. Poussé par des économistes réputées, comme le prix Nobel P. Krugman, le vent des solutions japonaises gagne aussi le Vieux Continent. N’étant pas insensible à ces procédés aventureux, M. Draghi actionne pour l’instant toutes les mesures non conventionnelles qui ne froisseraient pas trop Angela Merkel. Mais les élites européennes trouvent dans ces solutions la recette miracle dans laquelle elles peuvent puiser pour sortir la zone euro de cette situation intenable de pôle au plus faible taux de croissance au monde. Englués dans une déflation qui commence, provoquée par des plans de rigueur qui finissent par atteindre les rives de la croissance allemande jusqu’ici intacte, les pays de la zone euro font pression pour adopter ces solutions et rejoindre ainsi la danse conduite par le Japon et les États-Unis.

Karl Marx, en dépit de ses errements idéologiques bien connus dès lors qu’il proposait une solution, était un fin analyste du capitalisme. Prolongeant une logique que l’on trouve déjà chez D. Ricardo, le fameux économiste britannique, il dit qu’au-delà de l’aspect cyclique des crises que connaît le capitalisme, la croissance tend inévitablement vers zéro. Les sources d’innovation ou encore les nouveaux débouchés, qu’ils soient internes lorsque sa population s’enrichit ou externes lorsque des populations étrangères s’enrichissent, ne sont que des moments d’euphories passagers qui ne font que retarder sa chute. Voulant à tout prix retarder cette mise à mort, le capitalisme entrepreneurial, sain et inévitablement cohérent avec la nature humaine propice aux échanges, a muté en capitalisme financier qui risque bien de sombrer sous ses contradictions. Alimentant un système sans aucun lien avec la réalité, le système financier devient un risque de danger humanitaire aussi intense que celui que présente un risque nucléaire, comme le dit bien Olivier Berruyer.

Les clés de la renaissance économique passeront dès lors inévitablement par l’affrontement avec ce système. Seuls des États-nations, guidés dans leur légitimité par des peuples qui veulent retrouver la prééminence de leurs intérêts, seront suffisamment agiles et fermes pour trouver en eux-mêmes les voies d’une remise en ordre économique.

Guillaume N.

Approches d’une géopolitique des mafias

Méridien Zéro: «Approches d’une géopolitique des mafias» (Audio)

Le vendredi 19 décembre 2014, Méridien Zéro vous propose une très longue émission en deux parties. La première portera sur les mafias et organisation criminelles à l’ombre de la mondialisation, avec Maurice Gendre, monsieur K. et monsieur PGL.

Sans prétention exhaustive ou même “savante”, l’émission permettra d’envisager certains aspects d’un phénomène qui, mieux que d’autres, manifeste bien le caractère néfaste du libéralisme et de la globalisation.

En deuxième partie, vous pourrez écouter deux entretiens enregistrés le 7 décembre dernier, avec Gabriele Adinolfi et Georges Feltin-Tracol. Nos deux invités évoqueront leur actualité éditoriale ainsi qu’un projet de structure trans-européenne, les Lansquenets d’Europe.

Pour écouter:

http://fortune.fdesouche.com/369849-meridien-zero-approches-dune-geopolitique-des-mafias-audio

 

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vendredi, 26 décembre 2014

How Facebook Killed the Internet

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The Age of Informational Entropy

How Facebook Killed the Internet

by DAVID ROVICS
Ex: http://www.counterpunch.org

Facebook killed the internet, and I’m pretty sure that the vast majority of people didn’t even notice.

I can see the look on many of your faces, and hear the thoughts.  Someone’s complaining about Facebook again.  Yes, I know it’s a massive corporation, but it’s the platform we’re all using.  It’s like complaining about Starbucks.  After all the independent cafes have been driven out of town and you’re an espresso addict, what to do?  What do you mean “killed”?  What was killed?

I’ll try to explain.  I’ll start by saying that I don’t know what the solution is.  But I think any solution has to start with solidly identifying the nature of the problem.

First of all, Facebook killed the internet, but if it wasn’t Facebook, it would have been something else.  The evolution of social media was probably as inevitable as the development of cell phones that could surf the internet.  It was the natural direction for the internet to go in.

Which is why it’s so especially disturbing.  Because the solution is not Znet or Ello.  The solution is not better social media, better algorithms, or social media run by a nonprofit rather than a multibillion-dollar corporation.  Just as the solution to the social alienation caused by everybody having their own private car is not more electric vehicles.  Just as the solution to the social alienation caused by everyone having their own cell phone to stare at is not a collectively-owned phone company.

Many people from the grassroots to the elites are thrilled about the social media phenomenon.  Surely some of the few people who will read this are among them.  We throw around phrases like “Facebook revolution” and we hail these new internet platforms that are bringing people together all over the world.  And I’m not suggesting they don’t have their various bright sides.  Nor am I suggesting you should stop using social media platforms, including Facebook.  That would be like telling someone in Texas they should bike to work, when the whole infrastructure of every city in the state is built for sports utility vehicles.

But we should understand the nature of what is happening to us.

From the time that newspapers became commonplace up until the early 1990’s, for the overwhelming majority of the planet’s population, the closest we came to writing in a public forum were the very few of us who ever bothered to write a letter to the editor.  A tiny, tiny fraction of the population were authors or journalists who had a public forum that way on an occasional or a regular basis, depending.  Some people wrote up the pre-internet equivalent of an annual Christmas-time blog post which they photocopied and sent around to a few dozen friends and relatives.

In the 1960s there was a massive flowering of independent, “underground” press in towns and cities across the US and other countries.  There was a vastly increased diversity of views and information that could be easily accessed by anyone who lived near a university and could walk to a news stand and had an extra few cents to spend.

In the 1990s, with the development of the internet – websites, email lists – there was an explosion of communication that made the underground press of the 60’s pale in comparison.  Most people in places like the US virtually stopped using phones (to actually talk on), from my experience.  Many people who never wrote letters or much of anything else started using computers and writing emails to each other, and even to multiple people at once.

Those very few of us who were in the habit in the pre-internet era of sending around regular newsletters featuring our writing, our thoughts, our list of upcoming gigs, products or services we were trying to sell, etc., were thrilled with the advent of email, and the ability to send our newsletters out so easily, without spending a fortune on postage stamps, without spending so much time stuffing envelopes.  For a brief period of time, we had access to the same audience, the same readers we had before, but now we could communicate with them virtually for free.

This, for many of us, was the internet’s golden age – 1995-2005 or so.  There was the increasing problem of spam of various sorts.  Like junk mail, only more of it.  Spam filters started getting better, and largely eliminated that problem for most of us.

The listservs that most of us bothered to read were moderated announcements lists.  The websites we used the most were interactive, but moderated, such as Indymedia.  In cities throughout the world, big and small, there were local Indymedia collectives.  Anyone could post stuff, but there were actual people deciding whether it should get published, and if so, where.  As with any collective decision-making process, this was challenging, but many of us felt it was a challenge that was worth the effort.  As a result of these moderated listservs and moderated Indymedia sites, we all had an unprecedented ability to find out about and discuss ideas and events that were taking place in our cities, our countries, our world.

Then came blogging, and social media.  Every individual with a blog, Facebook page, Twitter account, etc., became their own individual broadcaster.  It’s intoxicating, isn’t it?  Knowing that you have a global audience of dozens or hundreds, maybe thousands of people (if you’re famous to begin with, or something goes viral) every time you post something.  Being able to have conversations in the comments sections with people from around the world who will never physically meet each other.  Amazing, really.

 

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But then most people stopped listening.  Most people stopped visiting Indymedia.  Indymedia died, globally, for the most part.  Newspapers – right, left and center – closed, and are closing, whether offline or online ones.  Listservs stopped existing.  Algorithms replaced moderators.  People generally began to think of librarians as an antiquated phenomenon.

Now, in Portland, Oregon, one of the most politically plugged-in cities in the US, there is no listserv or website you can go to that will tell you what is happening in the city in any kind of readable, understandable format.  There are different groups with different websites, Facebook pages, listservs, etc., but nothing for the progressive community as a whole.  Nothing functional, anyway.  Nothing that approaches the functionality of the announcements lists that existed in cities and states throughout the country 15 years ago.

Because of the technical limitations of the internet for a brief period of time, there was for a few years a happy medium found between a small elite providing most of the written content that most people in the world read, and the situation we now find ourselves in, drowning in Too Much Information, most of it meaningless drivel, white noise, fog that prevents you from seeing anywhere further than the low beams can illuminate at a given time.

It was a golden age, but for the most part an accidental one, and a very brief one.  As it became easy for people to start up a website, a blog, a Myspace or Facebook page, to post updates, etc., the new age of noise began, inevitably, the natural evolution of the technology.

And most people didn’t notice that it happened.

Why do I say that?  First of all, I didn’t just come up with this shit.  I’ve been talking to a lot of people for many years, and a lot of people think social media is the best thing since sliced bread.  And why shouldn’t they?

The bottom line is, there’s no reason most people would have had occasion to notice that the internet died, because they weren’t content providers (as we call authors, artists, musicians, journalists, organizers, public speakers, teachers, etc. these days) in the pre-internet age or during the first decade or so of the internet as a popular phenomenon.  And if you weren’t a content provider back then, why would you know that anything changed?

I and others like me know – because the people who used to read and respond to stuff I sent out on my email list aren’t there anymore.  They don’t open the emails anymore, and if they do, they don’t read them.  And it doesn’t matter what medium I use – blog, Facebook, Twitter, etc.  Of course some people do, but most people are now doing other things.

What are they doing?  I spent most of last week in Tokyo, going all over town, spending hours each day on the trains.  Most people sitting in the trains back during my first visit to Japan in 2007 were sleeping, as they are now.  But those who weren’t sleeping, seven years ago, were almost all reading books.  Now, there’s hardly a book to be seen.  Most people are looking at their phones.  And they’re not reading books on their phones.  (Yes, I peeked.  A lot.)  They’re playing games or, more often, looking at their Facebook “news feeds.”  And it’s the same in the US and everywhere else that I have occasion to travel to.

Is it worth it to replace moderators with algorithms?  Editors with white noise?  Investigative journalists with pictures of your cat?  Independent record labels and community radio stations with a multitude of badly-recorded podcasts?  Independent Media Center collectives with a million Facebook updates and Twitter feeds?

I think not.  But that’s where we’re at.  How do we get out of this situation, and clear the fog, and use our brains again?  I wish I knew.

David Rovics is a singer/songwriter based in Portland, Oregon.

jeudi, 25 décembre 2014

John Robb on Open Source Warfare

Robert Stark interviews John Robb on Open Source Warfare

Ex: http://www.starktruthradio.com

To listen to:

http://www.starktruthradio.com/?p=783

bravenewwar.jpgTopics include:

John Robb’s book Brave New War: The Next Stage of Terrorism and the End of Globalization

The Four Generations of Warfare theory

How open source warfare became predominant when nuclear weapons deterred conflicts between major nations

How decentralization is the asset of non state actors such as ISIS

Why John does not view ISIS as a proxy for nations such as Saudi Arabia

How ISIS got it’s start during the Syrian conflict

His prediction that we will never win in Iraq

Hamas and Hezbollah

How an open source movement is not an organized organization

iWarfare

Why it’s inevitable that Open Source Warfare will spread to the West due to economic stagnation

How an economy based on financial institutions is unsustainable

How a managerial economy is a zero sum game

Why education and healthcare costs have gone up is because of an increase in loans

How the FDA shut down 23andme which does genetic testing and could of revolutionized medicine

The commercial use of drones

Edward Snowden

Click Here to download!

Le néo-nihilisme, nouveau mal français

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Le néo-nihilisme, nouveau mal français: quelles réponses?
 
par Jean-Yves Le Gallou
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Les Français sont abrutis par la propagande médiatique. Celle-ci véhicule un néo-nihilisme ahurissant.

Ce néo-nihilisme repose sur une négation des réalités. Négation des origines et de leur importance. Négation du Grand Remplacement de populations. Négation de l’existence même d’un peuple français historique. Négation de l’échec de tout processus d’assimilation des immigrés venus de loin. Négation de l’islamisation de la société et des mœurs. Négation de l’échec de la « conception citoyenne de la nation » devenue simple paravent du communautarisme.

Ce néo-nihilisme nie aussi les réalités anthropologiques. Il prétend déconstruire les différences de sexe. Tout en promouvant un « homosexualisme » militant, négateur du mariage et des liens de filiation. Sa vision est celle de l’immédiateté, du grand carnaval de l’Homo festivus et de la Gay Pride.

NIHILISME ARROSE003.jpgPromu par les médias de l’oligarchie, ce néo-nihilisme est devenu l’idéologie dominante de la classe politique. Par connivence d’abord : journalistes et politiques déjeunent ensemble, voyagent ensemble, dînent ensemble… et plus si affinités. Par désir mimétique aussi : pour un politique, la recette pour se faire inviter à la télévision, c’est de tenir un discours média-compatible. Résultat : ceux qui devraient donner du sens se rallient – peu ou prou – au néo-nihilisme de l’État-spectacle et de l’Homo festivus. D’où le discrédit des partis politiques : Front de gauche, écolos, PS, UMP. À force de rechercher la dédiabolisation/banalisation, c’est le Front national lui-même qui pourrait perdre le crédit de sa différence. Or, suivre le vent n’est rien d’autre qu’« une ambition de feuille morte ».

Face à cette verticale du pouvoir médias/politiques, les réactions viennent des profondeurs du peuple. D’où l’ampleur des manifestations sociétales : de la Manif pour tous, du Printemps français, des Bonnets rouges et peut-être demain d’un PEGIDA (les mouvements anti-islamisation en Allemagne) à la française.

Les réactions viennent aussi des intellectuels. D’hommes et de femmes qui savent qu’ils ont le « devoir de vérité ». D’hommes et de femmes qui osent penser la radicalité : des essayistes comme Éric Zemmour ou Hervé Juvin, des écrivains comme Renaud Camus ou Richard Millet, des artistes ou critiques d’art comme Aude de Kerros, des esprits indépendants comme Robert Ménard ou Béatrice Bourges.

À eux de donner du sens. À eux de rappeler que la patrie (la terre des pères) n’a de sens que si elle porte une identité charnelle et civilisationnelle. À eux de rappeler qu’il n’y a pas de communauté nationale sans réalité substantielle, croyances communes, valeurs morales et sociales partagées et leur hiérarchie. À eux de rappeler qu’il y a des permanences anthropologiques et culturelles à respecter. À eux de rappeler que la souveraineté n’a de sens que si elle est enracinée.

Le renouveau ne passera pas par les structures anciennes tributaires des conformismes. Il viendra de la mise en forme par les intellectuels dissidents des aspirations profondes du peuple. Il sera possible grâce au contournement des médias par Internet et les réseaux sociaux.

mercredi, 24 décembre 2014

De Taliban, verdwaalde restant van de Koude Oorlog

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De Taliban, verdwaalde restant van de Koude Oorlog

door Johan Sanctorum

Ex: http://www.doorbraak.com

Waarom het bloedbad van Peshawar tot enkele ongemakkelijke bedenkingen leidt over de historische rol van de VS en Pakistan.

Te walgelijk voor woorden, dat is onze eerste bedenking bij de executie door de Pakistaanse Taliban van 132 kinderen in een school nabij Peshawar, terwijl er ‘Allah is groot!’ werd gescandeerd. De naam Taliban schijnt zoiets te betekenen als ‘theologiestudenten’: wat moet men zich voorstellen bij een godsdienst die dit soort leerlingen voortbrengt en in de 21ste eeuw tot dit soort acties inspireert. Benieuwd weerom hoe snel en hoe radicaal de moslimgemeenschappen in de beschaafde wereld hiervan afstand zullen nemen, want voorlopig is het weer zeer stil in die hoek. Alsof men meer de perceptieschade betreurt dan de 132 kinderlijken. Of erger, horresco referens: alsof er zelfs heimelijk gesympathiseerd wordt met deze strijders van de goede zaak.

Dat mag ons allemaal niet beletten om een en ander in een historisch perspectief te plaatsen, en uit te vlooien waar die godvruchtige Taliban eigenlijk vandaan komt. Een korte terugblik.

Van ‘freedom fighters’ tot terroristen

Afghanistan is een land dat geografisch en etnisch niet centraal te besturen valt. ‘Onherbergzaam’ is de naam die wij klassiek gebruiken voor zo’n droge steenwoestijn, heet in de zomer, ijskoud in de winter. Krijgsheren maken er traditioneel de dienst uit en liggen voortdurend met elkaar overhoop: stamoorlogen zijn de enige echte nationale sport. Eén economische sector floreert van oudsher: de kweek en handel van opium.

In de 19de eeuw raakte deze negorij in de Britse invloedssfeer, zonder dat de Engelsen er een echte beschaafd gewest van konden maken waar men thee drinkt en cricket speelt, zoals in Indië. Neen, de Afghanen bleven de ongenode gasten de rug toekeren, vochten op feestjes om een geitenkarkas, en bestreden tussendoor ook elkaar. Dat zou niet anders zijn met de Russische bezetting, we zijn dan al 1979, in volle Koude Oorlog. De toenmalige Sovjetleider Leonid Breznjew besliste het land binnen te vallen, na een mislukte politiek van Moskougezinde stromannen. Rusland heeft nu eenmaal graag volgzame satellieten aan zijn grenzen, dat is de hoeksteen van een defensieve strategie.

De Russen maakten echter dezelfde fout als de Britten: ze dachten de Afghanen te kunnen beschaven en transformeren tot met hamer en sikkel getooide bewoners van de Marxistische heilstaat. De geitenhoeders en kamelendrijvers lustten er geen pap van en bleven verknocht aan hun eeuwenoude ongeschreven, maar door de Koran gewettigde gebruiken. De grote steun aan het anti-Sovjet-verzet kwam echter van buitenaf, en wel van een andere grote broer die verder weg lag: de Verenigde Staten.

Onder invloed van zijn radicale adviseur Zbigniew Brzeziński, die een grootscheeps Russisch offensief richting Perzische Golf meende te ontwaren, ging president Jimmy Carter de Afghaanse moslimrebellen - die het koosnaampje 'Freedom Fighters' kregen - militair ondersteunen. Lokaal werden ze Moedjahedien genoemd, waaruit de latere Taliban zou ontstaan. Om de Amerikaanse betrokkenheid te verhullen gebeurde die steun via omwegen: de CIA kocht in alle uithoeken van de wereld Sovjet- en Oostblokwapens (!) op en leverde die aan de opstandelingen.

Pakistan nam in deze strategie met verve de rol op van regionaal steunpunt. Het werd daarin ruim gedragen door de met de rebellen sympathiserende moslimbevolking, maar het leverde het land ook militaire VS-steun op in zijn wedijver met oervijand India. De Taliban kregen in Pakistan hun guerilla-opleiding en leerden daar de Amerikaanse hightechwapens bedienen. Tegelijk werd het religieus radicalisme gepromoot, als een belangrijke mentale stimulans die maakte dat men een krijger werkelijk alles kon vragen tot en met een zelfmoordactie. Bewust gebruikte Washington de Koranscholen en hun ‘theologiestudenten’ als anti-Sovjet-wapen, nog niet beseffende welke doos van Pandora men daarmee had geopend.

Na de Russische terugtrekking viel het land ten prooi aan een complete chaos, waarin de Taliban uiteindelijk triomfeerden en als een stuurloos geworden projectiel om zich heen sloegen.  De inval in 2001 van een door de VS geleide NAVO-legermacht bezorgde hen tenslotte een nieuwe vijand op het terrein waarop ze onklopbaar waren. Pakistan bleef de vluchtheuvel van die fanatieke groupuscules. Op 2 mei 2011 liquideerden Amerikaanse elitetroepen er Osama Bin Laden, het brein achter de aanslag op de Twin Towers. Een puur symbolische overwinning: Al Qaida was al lang uitgezaaid naar Irak en omstreken, de Islamitische Staat stond in de steigers.

Europese ongebondenheid

Zo groeide een verdwaalde restant van de koude oorlog uit tot een planetaire splijtbom. De historische verantwoordelijkheid van de VS is hier enorm. Washington blijkt in de jaren ‘80 een politiek-religieuze stroming in het leven geroepen te hebben, die twintig jaar later verantwoordelijk zou zijn voor de grootste en bloedigste terroristische aanslag op Amerikaans grondgebied, ‘9/11’. Het zegt iets over het intellectueel niveau en het kortetermijndenken dat domineert in het Pentagon en het Witte Huis. We hebben hier te maken met klungelende presidenten, van Carter tot George Bush Jr., varend op een populistisch-paranoide veiligheidsdoctrine (war on terror), mondiaal bemoeizuchtig, met slechte raadgevers en een geheime dienst die opereert als een staat-in-de-staat, zie ook de huidige afluisterschandalen. Met zo’n bondgenoten heb je geen vijanden nodig.

Minstens even hachelijk is de morele vraag die Pakistan zichzelf moet stellen: in hoeverre heeft het land zelf deze adder niet aan zijn borst gekoesterd, die het bloedbad van Peshawar zou veroorzaken?  De prijs voor deelname aan het wereldwijde geostratego van de grootmachten is hoog, te hoog. Men zou zich kunnen afvragen hoe onze wereld er zou uitgezien hebben zonder de inval van de Sovjet-Unie in Afganistan en zonder het tegenoffensief van de VS, zonder de met valse voorwendsels goedgeprate invasie van Irak.  Zouden Bin Laden en Al Qaida groot geworden zijn? Zou 11 september 2001 plaats gevonden hebben? Vermoedelijk niet. Zouden we nu met een radicaliseringsprobleem zitten in onze steden? Ik betwijfel het. Zouden de 132 Pakistaanse schoolkinderen nog leven? Allicht wel.

De ultieme les van de Peshawar-tragedie zou voor ons, Europeanen, kunnen gelegen zijn in een kritische herziening van het NAVO-bondgenootschap. De Pentagon-logica is de onze niet. Wij hoeven de brokken niet op te ruimen die door Amerika worden gemaakt. En als het over democratie en mensenrechten gaat: de VS zouden misschien toch beter eerst voor eigen deur vegen, gelet op de lamentabele rechtspositie van hun gekleurde staatsburgers. Er vallen overigens per jaar meer doden door de kogel in het vrije Amerika dan in het achterlijke Afghanistan.

De idee alleen al dat de CIA ook vandaag compleet onder de waterlijn wereldwijd allerlei schimmige constructies opzet, zogezegd in naam van vrijheid en democratie, moet ons tot de grootste argwaan nopen. Een onafhankelijk Vlaanderen zou hier de status van de Belgische NAVO-vazal kunnen overstijgen en een koers van neutraliteit,- ik spreek liever van ongebondenheid,- aanhouden. Het absoluut vermijden van geïmporteerde conflicten hoort daarbij, evenals het verwijderen van alle gevaarlijke rommel die hier niet thuis hoort.

Dat doet er me aan denken: al meer dan vijftig jaar liggen er kernbommen op de luchtmachtbasis van Kleine Brogel, die minstens tien keer de kracht van de atoombom op Hiroshima hebben. Officieel mogen we zelfs niet weten dat ze er liggen, hoewel de VS onlangs hebben aangedrongen om ze te ‘moderniseren’. Vanuit welk strategisch oogpunt is onbekend, tenzij de Amerikaanse wapenindustrie een zetje in de rug nodig heeft.

Nogmaals: dat maakt onze belangen niet uit. De nieuwe Europese republieken moeten zich durven afkeren van het Amerikaans militair dictaat. Een onderling bondgenootschap, gebaseerd op intelligente diplomatie, wordt dan een reële optie. Voor de Koude Oorlog weer een hete wordt.

(c) Reporters

Une révolution colorée imminente en Russie

Une révolution colorée imminente en Russie

Auteur : Tony Cartalucci-Traduction Ender
Ex: http://zejournal.mobi

La manipulation coordonnée des prix de l’énergie, sous l’égide de l’OTAN en Europe de l’est, et le retour des actions terroristes dans le sud Caucase apparaissent comme les éléments d’un scénario d’un événement plus large qui vise un renversement de pouvoir en Russie sur le modèle d’un « Maïdan russe ».

Les composantes nécessaires d’une action occidentale pour renverser l’ordre politique russe incluent un front politique de protestation dans les grandes villes du pays, aussi bien qu’une guerre économique globale destinée à mettre la population sous pression, le soutien à la dissidence aussi bien que l’organisation de manifestations par Washington et Wall Street dans les rues de la Russie. Une autre composante inclus l’armement des « opposants pacifiques » dans le but d’entraîner une escalade des manifestations, d’empêcher les forces de sécurité de rétablir l’ordre, afin de mener à bien leur renversement physique.

Ces éléments ont tous pu être observés dans l’Ukraine voisine – une nation dans laquelle les ingérences de l’OTAN et de l’Amérique constituent un sujet d’étude de longue date. Le journal The Guardian l’admettait dans un article de 2004 : « La campagne américaine derrière les tourments à Kiev », l’article ajoutait également :

« Alors que les avancées obtenues par la « révolution orange » sont ukrainiennes, la campagne est une création américaine,un exercice brillant et sophistiqué conçu par les agences de communication et de marketing occidentales, qui ont été utilisées en quatre ans dans quatre pays pour manipuler des élections truquées et renverser des régimes peu recommandables.

Fondé et organisé par le gouvernement US, utilisant des consultants US, des sondeurs et des diplomates, les deux grands partis politiques américains et des organisations non gouvernementales, ce type de campagne a d’abord été utilisée en Europe à Belgrade pour provoquer la défaite électorale de Slobodan Milosevic.

Richard Miles, l’ambassadeur américain à Belgrade, a joué un rôle clé. Et l’année dernière, en tant qu’ambassadeur à Tbilissi, il a répété l’opération en Géorgie, en aidant Mikhail Saakashvili à faire tomber Eduard Shevardnadze.

Dix mois après le succès de Belgrade, l’ambassadeur américain à Minsk, Michael Kozak, qui avait déjà conduit des opérations similaires en Amérique Centrale, notamment au Nicaragua, a organisé une campagne identique pour faire tomber l’homme fort de la Biélorussie, Alexander Lukashenko.

Cette opération échoua. « Il n’y aura pas de Kostunica en Biélorussie » déclara la président biélorusse en se référant au changement de régime à Belgrade.

Mais l’expérience accumulée lors des opérations en Serbie, Géorgie et Biélorussie, a été inestimable dans la tentative de renverser le régime de Léonid Kuchma à Kiev.

L’opération, de l’ingénierie démocratique passant par des scrutins électoraux et la désobéissance civile, est maintenant parfaitement au point et la méthode fait figure de modèle pour gagner n’importe quelle élection. »

Comme le révèlent d’autres sources du Guardian, ce n’est pas seulement l’Ukraine qui a souffert ces dernières années de la déstabilisation américaine, de ces changements de régime, des manipulations et subversions, mais toute l’Europe de l’est. Lorsqu’on considère ces faits documentés, de telles manœuvres de Wall Street et Washington contre la Russie n’apparaissent plus seulement comme un fait envisageable, elles ont déjà eu lieu par le passé, et sont inévitables à l’avenir.

Il y a déjà une manipulation coordonnée des prix du pétrole. La chute des cours du pétrole révèle que l’industrie pétrolière entière est manipulée non pas par les forces du marché mais par l’agenda US et ses partenaires au Moyen-Orient et particulièrement la dictature saoudienne. Bien que toute nation possède les capacités de supporter de telles mesures économiques sur le long terme comme l’ont prouvé l’Iran et Cuba, sur le court terme, l’instabilité économique est un signe avant-coureur de la subversion politique et les manifestations de mécontentement peuvent être imputées par ceux qui perçoivent cette instabilité comme relevant de la responsabilité du gouvernement en place plutôt que comme la conséquence des attaques économiques étrangères.

Le front politique russe

Le front politique qui aura la charge de descendre dans les rues de Russie a été identifié depuis longtemps. Il inclut les mêmes branches de nationalistes extrémistes et les groupuscules d’extrême droite qui ont détruit l’ordre politique ukrainien. Cela inclut des néo-nazis. L’une des figures à la solde des états-unis et régnant sur l’ultra-droite russe s’appelle Alexey Navalny, présenté par l’occident comme un « activiste anti-corruption ». Il s’agit en réalité d’un néo-fasciste qui opère ouvertement pour le compte de Wall Street. Navalny est membre du programme YaleWordfellows (NDT : il s’agit d’un programme de séminaires développé par l’université de Yale et destiné aux jeunes leaders étrangers dans le but de « créer un réseau de partenaires ayant les mêmes opinions ». On retrouve parmi les sponsors du programme l’Open Society de Georges Soros…)

Voici sa présentation telle qu’elle apparaît sur son profil :

« Navalny est le fer de lance des actions juridiques menées au nom des actionnaires minoritaires dans les grandes entreprises russes, incluant Gazprom, BankVTB, Sberbank, Rosneft, Transneft, et Surgutneftegaz, à travers l’Union des Actionnaires Minoritaires. Il a forcé avec succès des entreprises à communiquer davantage d’information à leurs actionnaires minoritaires et a poursuivi plusieurs cadres de grandes entreprises pour des pratiques alléguées de corruption. Navalny est également le cofondateur du mouvement pour l’Alternative Démocratique et a été vice-président de la branche moscovite du parti Yabloko. Il a lancé RosPil, un projet public financé par une campagne d’appel de fonds sans précédent. En 2011, Nvalny a lancé RosYama, qui combat la fraude dans le secteur de la construction routière. »

L’Alternative démocratique, DA!, est financée par la Natinoal Endowment for Démocratie, NED, qui dépend du département d’état, ce qui implique qu’Alexey Navalny est un agent de sédition US. Le département d’état mentionne lui même DA! parmi la liste des mouvements de la jeunesse qu’il soutient en Russie.

« DA! : Mariya Gaydar, la fille de l’ancien premier ministre Yegor Gaydar, dirige DA!. Elle est un ardent promoteur de la démocratie mais réaliste quant aux obstacles auxquels elle doit faire face. Gaydar affirme que DA! mène des activités non partisanes conçues pour sensibiliser le monde politique. Elle a reçu des financements de la NED, un fait dont elle ne souhaite pas faire la publicité pour ne pas paraître compromise avec les états-unis. »

Le fait que ce financement n’apparaisse nulle part sur le site web de la NED indique qu’il ne s’agit pas d’une opération transparente et que la NED est engagée dans un financement clandestin.

Navalny a été directement impliqué dans la création d’un mouvement financé par le département d’état et à ce jour les mêmes personnes qui ont fondé DA! le défendent à travers les médias occidentaux. La mention du co-fondateur Mariya Gaydar est également révélatrice, du fait qu’elle ait collaboré depuis longtemps, et occasionnellement été arrêtée avec Ilia Yashin, un autre leader d’un groupe d’opposition russe financé par la NED.

Ilia Yashin dirige la branche moscovite du Parti pour la Liberté du Peuple et est un des leaders de la campagne « Stratégie 31 » dont les rangs sont infiltrés par des activistes entraînés et coordonnés par des ONG financées par la NED. La référence au financement de « Stratégie 31 » a été supprimée du site web officiel de la NED :

« Groupe d’assistance de Moscou pour la mise en place des accords d’Helsinki : 50000$

Pour focaliser davantage l’attention sur les résultats de l’Assemblée de la Liberté en Russie et le mouvement « Stratégie 31 »qui cherche à protéger ce droit fondamental. L’organisation va promouvoir un réseau d’activistes régionaux et coordonner leurs activités à travers des mini séminaires et des visites sur le terrain et conduire une campagne d’information par des conférences de presse, des posters, et des documents éducatifs relatifs à l’Assemblée de la Liberté distribués au grand public par des partenaires régionaux. »

Egalement supprimé, « Democraty Digest », un article intitulé « Stratégie 31 : un signe de résilience de la société civile ». A l’intérieur, le « groupe de Moscou-Helsinki » est explicitement déclaré comme l’initiateur des marches de Stratégie 31 et comme un « bénéficiaire de longue date de la NED ».

Les multiples suppressions concernant les connexions de la NED avec les activistes russes, leur financement massif et leur téléguidage, sont également un autre signe de subversion imminente. Ce nettoyage a été effectué dans l’espoir que les liens avec les activistes ne pourront pas être établis aussi vite que l’agitation se déroulera et qu’ils ne pourront pas saper la légitimité d’une nouvelle subversion pilotée par les états-unis.

Le Parti de la Liberté du Peuple de Yashin est lié non seulement avec les financements de la NED pour la « jeunesse » mais également avec des politiciens de carrière et des businessmen oeuvrant pour des intérêts étrangers. Parmi eux on trouve Vladimir Ryzkhov, un membre du Mouvement Mondial pour la Démocratie, financé par la NED et basé à Washington (dont le profil a été également supprimé récemment). Il y a aussi Boris Nemtsov dont le conseiller, Vladimir Kara-Murza (de Solidarnost) a participé à un événement sponsorisé par la NED le 14 septembre 2011 intitulé « Les élections en Russie : votes et perspectives ».

Il s’agit d’un front politique entièrement créé par le département d’état US et qui se positionne comme le porteur des aspirations du peuple russe alors qu’il s’agit en réalité de la création et de la perpétuation des aspirations de Wall Street et Washington.

Sous l’agitation créée par ce front se trouve un autre front armé constitué de l’ultra-droite et de néo-nazis, sur le modèle ukrainien, mais également des terroristes armés chapeautés par l’Arabie Saoudite.

Un petit aperçu du manuel de « sédition » américain

L’usage d’éléments armés pour assister les tentatives de subversion politique US n’est pas une invention. Au contraire, il s’agit d’une stratégie documentée incluse dans les plans établis pour saper et renverser les gouvernements étrangers. Dans un document de politique US de 2009 intitulé « Quel chemin pour l’Iran ? » publié par la Brookings Institution et qui concerne le changement de régime en Iran il est spécifiquement mentionné :

« Une méthode qui pourrait avoir des chances de succès consisterait à augmenter les actions par procuration visant à un changement de régime dans l’espoir que Téhéran conduise des représailles ouvertes ou semi-ouvertes qui pourraient être ensuite présentées comme des agressions iraniennes infondées. »

Les stratèges US conspirent ici ouvertement pour organiser une provocation envers une nation étrangère par la subversion politique. L’  « acte d’agression » qui doit en résulter sera présenté comme sans rapport avec la politique étrangère US exactement comme l’a été l’implication de la Russie vis à vis de l’Ukraine ainsi que toutes les actions entreprises par Moscou depuis que les états-unis et l’OTAN ont décidé de déclencher une confrontation militaire.

Le document aborde également ouvertement les conditions pour fomenter des troubles politiques. Dans une section intitulée littéralement « Trouver les bonnes procurations », on peut lire :

« L’un des points les plus ardus pour fomenter une révolution, ou seulement des troubles, consiste à trouver les bons partenaires locaux. »

Après avoir admis ouvertement l’objectif de « fomenter une révolution »ou des « troubles » le document détaille quels soutiens apporter à ces partenaires locaux :

« … les étudiants et les autres groupes ont besoin d’un support officieux pour leurs manifestations. Ils ont besoin de fax. Ils ont besoin d’accès Internet, de financements pour photocopier des documents, et de financements pour rester vigilants quant à leur sécurité. Au delà de ça, les médias sous notre influence peuvent mettre en lumière les lacunes du régime et donner de l’importance aux critiques du régime. Les états-unis pilotent déjà des satellites de télévision en langue iranienne (La Voix de l’Amérique) et des radios (Radio Farda) qui donnent des informations non filtrées aux iraniens (ces dernières années ces médias ont absorbé la majeur partie des fonds américains pour promouvoir la démocratie en Iran). La pression économique US (et peut-être également militaire) peut discréditer le régime et rendre la population désireuse d’un changement politique. »

Le rapport mentionne finalement les groupes armés en soutien de la subversion américaine :

« Ceux qui souhaitent fomenter un changement de régime en Iran mettent en avant le fait qu’il est utopique d’espérer une révolution de velours. A l’inverse, ils estiment que les états-unis devraient se tourner vers les groupes d’opposition qui existent déjà, qui ont déjà montré leur volonté de combattre le régime et qui semblent disposés à accepter l’assistance américaine. Cette stratégie fait le pari que ces groupes d’opposition hétéroclites pourront se transformer en un puissant mouvement qui pourrait être capable de renverser le régime. »

Ce qui est troublant à propos de ce rapport de 2009, c’est que chaque conspiration qu’il contient est non seulement confirmée par ces auteurs comme devant être utilisée contre l’Iran, mais qu’il est maintenant clair que des stratégies similaires ont été utilisées contre la Syrie, la Chine, et la Russie elle-même. Le « printemps arabe » était un peu plus complexe que ce mode opératoire utilisé à l’échelle régionale, mais ce qui a été fait en Syrie et en Ukraine est presque un Verbatim tiré des pages de ce manuel.

Concernant la campagne menée contre Moscou, c’est probablement le même manuel qui sera employé une fois encore. Exposer la criminalité insidieuse des géostratèges US qui conspirent ouvertement sur la manière de provoquer les autres nations et de les entraîner dans des conflits, qui manipulent la perception de l’opinion publique afin de maintenir leur primauté morale, constitue une première étape afin d’éviter la déstabilisation et l’ébranlement de la Russie et de toutes les autres nations qui se trouvent dans le collimateur de Wall Street et Washington.

Alors que l’Ouest continue à présenter la Russie comme l’agresseur, selon le script de la politique étrangère américaine, on peut voir que ces accusations constituent seulement une petite partie d’un plan gigantesque, insidieux et trompeur. Dépeindre la Russie comme l’agresseur permet de justifier de nouvelles mesures destinées à engager des actions de subversion politique contre cette dernière.

Cela vise également à justifier les liens directs avec les groupes d’opposition lorsque ceux-ci sont finalement révélés, mais aussi les interventions extraordinairement agressives de supplétifs armés et des forces de l’OTAN elles-mêmes destinées à soutenir les groupes d’opposition.

Les « invasions » spectaculaires telles que nous les imaginons, comme le blitzkrieg nazi en Europe de l’Ouest, appartiennent au passé. Les invasions au sein de la guerre de quatrième génération utilisent des faux groupes d’opposition, des soutiens militaires agissant sous couverture, et une guerre économique, politique et informationnelle à large spectre. La Russie a construit des défenses contre ce type de guerre, confondant l’occident, mais en définitive la morale et tous les avantages qui en découlent ne peuvent être l’apanage que d’un seul camp. Peut-être qu’en exposant la vérité, les procédés et l’agenda de l’occident, la Russie pourra sortir victorieuse, sinon l’Ouest continuera ses manœuvres de déstabilisation et dans ce cas elle sera laminée.

mardi, 23 décembre 2014

Traité transatlantique: les Etats européens paient déjà le prix fort

Traité transatlantique: les Etats européens paient déjà le prix fort

Auteur : Ivan du Roy, Nathalie Pedestarres
Ex: http://zejournal.mobi

Dans le cadre du débat public sur le projet de traité commercial Europe-États-Unis (connu sous l'acronyme TAFTA ou TTIP), il est beaucoup question des mécanismes de protection des investisseurs que celui-ci pourrait inclure. Ces mécanismes - dits ISDS - pourraient donner aux multinationales le pouvoir de poursuivre des gouvernements devant des tribunaux privés lorsque ces derniers adoptent des législations nuisibles à leur taux de profit. Comme le révèle une étude approfondie des Amis de la terre Europe, des dispositifs de ce type sont déjà en vigueur en Europe. Et des entreprises - parmi lesquelles EDF, GDF, Vivendi, Servier ou Orange - y ont déjà eu recours pour obliger des gouvernements, principalement en Europe de l'Est, à leur verser de copieuses compensations financières.

L'équivalent du salaire annuel de 230 000 infirmières : c'est ce qu'a dû payer la Pologne en compensations financières à de gros investisseurs s'estimant lésés. Soit 2,2 milliards d'euros en tout. En 2010, un chèque de 219,9 millions a d'abord été signé à l'industrie pharmaceutique française. En cause : une réforme de l'autorisation de mise sur le marché de médicaments qui a entraîné l'interdiction de plusieurs molécules commercialisées, d'où une plainte de plusieurs sociétés françaises, dont les laboratoires Servier, tristement célèbres depuis l'affaire du Mediator. Le comble est que cette réforme mise en œuvre en 2001 était exigée par la Commission en vue de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne. En 2003, c'est la compagnie d'assurance néerlandaise Eureko qui attaque la Pologne pour son refus de privatiser totalement l'ancienne compagnie d'assurance publique PZU. Varsovie a dû s'acquitter d'un chèque de 2,19 milliards d'euros à Eureko, qui souhaitait devenir l'actionnaire majoritaire de l'assureur polonais.

Ces exemples, et quelques autres en Allemagne, en République tchèque ou en Roumanie, sont détaillés dans un rapport publié le 4 décembre par les Amis de la Terre Europe, réseau indépendant qui rassemble une trentaine d'organisations écologistes. Ce rapport, intitulé « les coûts cachés des traités commerciaux européens », illustre très concrètement les effets pervers des « règlements des différends » entre investisseurs et États.

Ces dispositifs, associés à un accord commercial entre États, permettent à une multinationale ou à un fonds d'investissement d'exiger des compensations financières en cas de réformes, de nouvelles législations sociales et environnementales, ou de refus de privatiser certains secteurs. Ces « différends » sont jugés devant un tribunal d'arbitrage privé, à l'aune des traités commerciaux bilatéraux qui ont été conclus. Ce sont ces mêmes dispositifs qui sont tant décriés pour les traités commerciaux en cours de négociation entre l'Union européenne et les États-Unis en vue d'un grand marché transatlantique (Tafta/TTIP) ou avec le Canada (Ceta). En France, sénateurs et députés ont voté fin novembre des résolutions invitant le gouvernement à renoncer à ce type de mécanismes.

Dans une affaire sur cinq, le jugement n'est même pas rendu public !

Le rapport des Amis de la Terre Europe recense, sur les 20 dernières années, 127 conflits commerciaux de ce type, concernant vingt pays, au sein de l'Union européenne. Les demandes de compensation formulées par les investisseurs dépassent les 30 milliards d'euros. L'Europe de l'Est est particulièrement touchée : les trois-quarts des demandes de compensations sont adressés aux nouveaux pays membres. Sur ces 127 affaires, 60 % concernent le secteur de l'environnement : énergies fossiles et nucléaire, recyclage des déchets, agriculture... Et représenteraient au moins 12 milliards d'euros de demande de compensation. Le dossier à suivre de près est l'action intentée en 2012 contre l'Allemagne par l'énergéticien suédois Vattenfall. L'entreprise demande 4,7 milliards d'euros de compensation à l'Allemagne pour avoir décidé de sortir du nucléaire et de fermer progressivement ses centrales, dont deux appartiennent à Vattenfall.

C'est l'une des 46 affaires encore en cours sur 127. Les autres ont donné lieu à un arbitrage en faveur de l'investisseur dans 18 % des cas, à un règlement à l'amiable - une compensation est cependant payée par le pays à l'investisseur - dans 16 % des affaires et à une victoire de l'État dans 17 % des dossiers. Qu'en est-il des autres ? Dans un cas sur quatre, la procédure a été interrompue. Et dans 20 % des affaires, le résultat de l'arbitrage n'a pas été rendu public ! Ce qui révèle le niveau de transparence de cette « justice » commerciale...

Ce dispositif de règlement des différends « compromet la capacité des autorités nationales et locales de réglementer dans l'intérêt général et constitue une attaque inacceptable et inutile contre la démocratie », alerte le rapport. (« Et ce sont les contribuables eux-mêmes qui devront payer la facture pour les risques pris par les investisseurs privés »). Privatisation des profits, socialisation des pertes...

Raspail, Zemmour, Houellebecq ou le « Grand Remplacement » en littérature

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Raspail, Zemmour, Houellebecq ou le «Grand Remplacement» en littérature
 
 
Témoins implacables de leur temps, ces contempteurs du réensauvagement s’élèvent par la plume contre le dogme totalitaire des lendemains métissés.
 
par Aristide Leucate
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Houellebecq, prix Goncourt 2010 (pour La Carte et le Territoire), se prenant pour Destouches – jusqu’à cultiver la ressemblance physique avec le père de Bardamu – mais sans jamais parvenir à être génialement Céline, aime l’odeur de la poudre. Grâce à un plan « communication » subtilement étudié, l’auteur de L’Extension du domaine de la lutte annonce à ses lecteurs la parution, à l’orée 2015, d’un roman mêlant anticipation et politique-fiction. Intitulé d’un claquant Soumission, le livre promet de faire couler beaucoup d’encre.

Celui qui, peu après le 11 septembre, déclara que « la religion la plus con, c’est quand même l’islam» a imaginé un scénario dont on ne sait s’il doit faire sourire ou pleurer. D’après les premiers bruissements médiatiques, le livre raconte comment, en 2022, le mahométan Mohammed Ben Abbes est élu à l’Élysée avec le concours de son parti, Fraternité musulmane, associé à un front « républicain » UMP-UDI-PS opportunément constitué pour faire barrage à Marine Le Pen. Le nouveau président nommera même François Bayrou comme Premier ministre. Parallèlement, on suivra la conversion progressive d’un prof bobo obsédé sexuel qui finira par épouser la religion de son souverain.

Coïncidence ou conséquence d’une lecture déjà métabolisée, Bruno Roger-Petit, de L’Obs, augurait récemment l’extinction « démographique » des « adeptes du zemmourisme politiquement remplacés par des citoyens français plus ouverts, en prise avec la mondialisation et les formidables opportunités qu’elle offre, et qui n’auront pas peur […] avant la fin de ce siècle, [d’élire] un président de la République française dont le prénom sera Mohammed, ou Ahmed, ou Norredine. »

actualité,france,grand remplacement,littérature,lettres,lettres françaises,littérature française,eric zemmour,michel houellebecq,renaud camus,europe,affaires européennes,immigrationQuoi qu’il en soit, Houellebecq a le vent en poupe et l’on peut gager qu’il pulvérisera les ventes de début d’année. Il ne s’inscrit pas moins à la suite d’auteurs précurseurs comme Jean Raspail, lui-même empruntant, avec son prophétique et magistral Camp des saints, la dimension proprement visionnaire d’un Jules Verne au XIXe siècle ou d’un Anthony Burgess avec son Orange mécanique au XXe siècle.

Aux côtés des nombreux essayistes (Tribalat, Caldwell, Sarrazin, Marchand, Bat Ye’or, etc.), on ne compte plus, depuis quelques années, les écrivains talentueux qui se sont essayés au genre littéraire du futurisme politique et civilisationnel dans ses extrapolations les plus sombres. Avec Poitiers demain, Philippe Randa modernisait la version ibérique de la Reconquista quand son épique Apocalypse yankee décrivait la résistance d’une Europe vaincue par les États-Unis. Dans un genre plus discret mais tout aussi corrosif, le Petit Frère d’Éric Zemmour entreprenait la satire politique et sociale d’une époque dont les prodromes immigrationnistes et antiracistes des années 1980 annonceront les douloureuses déconvenues multiculturalistes du XXIe siècle. On pourrait également citer le gauchisant – tendance Michéa – Jérôme Leroy, auteur d’un Bloc particulièrement réaliste ou encore l’eschatologique Mosquée Notre-Dame de Paris, année 2048 de la sulfureuse Elena Tchoudinova.

Témoins implacables de leur temps, ces contempteurs du réensauvagement – « cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans au milieu des Français [qui] amènera le chaos et la guerre civile » qu’Éric Zemmour, horresco referens, osa dénoncer, il y a peu, dans un journal transalpin – s’élèvent par la plume contre le dogme totalitaire des lendemains métissés. En cela, ils sont les dignes épigones d’Orwell, Huxley et Bradbury.

Gladio B and the Battle for Eurasia

 

Gladio B and the Battle for Eurasia

TRANSCRIPT AND SOURCES: http://www.corbettreport.com/?p=12947

‘Operation Gladio B’--the continuation of the old NATO Gladio program--covers a tangled web of covert operatives, billionaire Imams, drug running, prison breaks and terror strikes. Its goal: the destabilization of Central Asia and the Caucasus. In this presentation to Studium Generale in Groningen on November 19, 2014, James Corbett lifts the lid on this operation, its covert operatives, and the secret battle for the Eurasian heartland.

Pourquoi la Russie a-t-elle décidé de mettre un terme au projet South Stream?

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Pourquoi la Russie a-t-elle décidé de mettre un terme au projet South Stream?

« Le projet South Stream était voué à l’échec dès le départ »

Propos recueillis par Thomas Gras

Ex: http://www.lecourrierderussie.com

Entretien avec Said Gafourov, économiste spécialiste de l’Orient et conseiller auprès du gouvernement russe.


Le 1er décembre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré, lors d’une visite d’État en Turquie, que Moscou stoppait la réalisation du projet de gazoduc South Stream. La raison invoquée est la « position non constructive » de l’Union européenne. Vladimir Poutine a également annoncé que, pour répondre aux besoins de l’économie turque, la Russie était prête à construire un nouveau pipeline vers la Turquie et à le prolonger, si nécessaire, jusqu’en Grèce. Qu’est-ce qui se cache derrière la fermeture de South Stream ? Le Courrier de Russie a posé la question à Said Gafourov, économiste spécialiste de l’Orient et conseiller auprès du gouvernement russe.

Le Courrier de Russie : Comment avez-vous réagi à l’annonce de l’abandon de la construction du gazoduc South Stream ?

Said Gafourov : J’ai été surpris par cette décision, même s’il fallait s’y attendre. Le projet South Stream, selon moi, était voué à l’échec dès le départ, car beaucoup trop cher [le coût du projet était estimé à quelque 25 milliards d’euros, ndlr]. La construction d’un gazoduc sous l’eau est une entreprise très onéreuse, et dangereuse. С’est une opération requérant d’importantes garanties sur le long terme et un partage des risques entre les parties. L’acheteur endosse la responsabilité de la demande, au cas où elle diminuerait, alors que le vendeur, ici Gazprom, est responsable du maintien des prix, s’ils venaient à monter.

LCDR : L’Europe est-elle d’accord pour partager ces risques ?

S.G. : En Europe, si les acheteurs sont des compagnies privées, les conditions sont fixées par Bruxelles. Et elles sont loin d’être équitables pour les fournisseurs, qu’il s’agisse de la Russie ou d’un autre pays. La position de l’UE consiste à dire : Vous amenez le gaz chez nous à vos frais, et nous le prenons au prix que nous voulons et sans garantie sur le long terme. Bien évidemment, cette situation ne peut pas satisfaire la Russie qui, dans le projet South Stream, se heurte en outre à un autre obstacle majeur : le troisième paquet énergie européen, interdisant aux producteurs de gaz de posséder des pipelines en Union européenne. Ce paquet contraint Gazprom à permettre à n’importe quel autre fournisseur d’utiliser son gazoduc pour livrer du gaz en Europe. Résultat, même si aucun autre acteur du marché ne se manifeste, la compagnie russe ne pourra pas utiliser le South Stream à pleine capacité, elle devra laisser une partie des pipelines en réserve, ce qui affecte grandement la rentabilité du projet et le rend économiquement peu fiable pour la partie russe. Le paquet énergie a été utilisé par l’UE comme une arme, et la Russie en a eu assez.

LCDR : Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a d’ailleurs ouvertement accusé l’Union européenne, le 5 décembre, d’avoir fait échouer le projet de gazoduc.

S.G. : L’Union européenne n’est pas « unique » : elle est constituée de points de vue politiques multiples et très différents. On y trouve notamment un groupe de bureaucrates qui se sont opposés à la réalisation du South Stream au nom de leurs intérêts personnels. Leur but n’était pas tant de faire du mal à Gazprom que de contrôler les flux monétaires liés au gaz afin de pouvoir s’en servir comme moyen de pression sur les compagnies et hommes politiques. Ces individus ne voulaient pas en arriver à la fermeture du projet, mais nous y sommes. Ce ne sont ni plus ni moins que des manœuvres et négociations secrètes de type mafieux.

LCDR : Doit-on définitivement faire une croix sur South Stream ?

S.G. : Non. Il y a des chances que le projet ne disparaisse pas complètement, bien que Gazprom affirme le contraire. La question centrale est de savoir quels changements auront lieu à Bruxelles dans les mois à venir. Les individus dont je parlais doivent être remplacés. Il faut briser cette bureaucratie mafieuse à Bruxelles. Les personnes chargées de la sécurité et de la livraison de gaz en Europe n’ont pas à commettre de tels actes irresponsables. Ensuite, la réouverture du projet dépendra beaucoup de l’évolution d’un certain nombre de facteurs, tels que la variation du coût du matériel de construction sous-marine, de l’obtention de garanties sur la demande et de la levée des sanctions contre Gazprom. D’ailleurs, les compagnies européennes impliquées [l’italien Eni, le français EDF et l’allemand Wintershall, ndlr] n’ont pas entériné la fin du South Stream et feront tout pour qu’il aboutisse.

LCDR : Le nouveau projet de Gazprom envisage de traverser la Turquie par un nouveau gazoduc afin d’aller jusqu’à la Grèce, où serait construit un hub à la frontière. Pourquoi cette route rencontrerait-elle plus de succès que le tracé par la Bulgarie ?

S.G. : Premièrement, le projet est moins cher, puisqu’il est principalement terrien, et deuxièmement, la Turquie ne suit pas le régime des sanctions. N’oublions pas que Gazprom est touché par les sanctions occidentales et ne peut obtenir de crédits à long terme auprès des banques européennes. Ensuite, la Grèce dispose de plus de pouvoir au sein de l’UE que la Bulgarie. D’autant que la prochaine élection présidentielle grecque [avancée au 17 décembre, ndlr] devrait être remportée par un représentant du parti de gauche, Syriza [très opposé à la politique de Bruxelles, ndlr].

LCDR : Quel rôle joue la Turquie dans cette affaire ?

S.G. : La Turquie compte devenir le principal centre de transit du gaz en direction de l’Europe du Sud, à la place de l’Ukraine. Gazprom a présenté un contrat intéressant à Ankara, lui accordant une ristourne sur le gaz. Bien que le prix de vente soit tenu secret, je pense que les Turcs pourraient payer moins de 300 dollars les 1 000 m3, alors que la moyenne européenne oscille entre 300 et 500 dollars. Le projet proposé par Gazprom n’est néanmoins pas une réalité, mais une possibilité. L’Union européenne doit maintenant prendre une décision quant à sa réalisation. Si Bruxelles est honnête d’un point de vue concurrentiel, elle acceptera le projet russo-turc, car elle doit être heureuse qu’il existe, outre l’Ukraine, une nouvelle route gazière au Sud.

Long de 3 600 kilomètres et d’une capacité estimée à 63 milliards de mètres cubes par an, le South Stream devait relier la Russie à l’Europe du Sud sous la mer Noire vers la Bulgarie, puis l’Italie et l’Autriche, afin de contourner le territoire ukrainien. Pour réaliser la partie terrestre du pipeline, la Russie avait signé des accords intergouvernementaux avec l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Grèce, la Serbie et la Slovénie. Sa construction avait débuté le 7 décembre 2012 dans la région d’Anapa (Caucase russe), et la première des quatre conduites du gazoduc devait entrer en service fin 2015.

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« Bruxelles n’arrête pas de nous mettre des bâtons dans les roues dans le projet South Stream. Si les problèmes continuent, nous considèrerons d’autres opportunités et choisirons des pays de transit qui ne sont pas membres de l’Union européenne. L’Europe se trouvera avec encore un nouveau pays de transit. Je ne comprends vraiment pas à quoi Bruxelles est en train de jouer. »
Vladimir Poutine, le 24 mai, lors d’une rencontre avec les représentants des agences de presse internationales.

“Eric Zemmour is het slachtoffer van een media-fatwa”

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“Eric Zemmour is het slachtoffer van een media-fatwa”

In een onderhoud dat hij toestond aan FigaroVox, neemt Jean-François Kahn de verdediging op van Éric Zemmour, en hekelt hij de onmogelijkheid om in Frankrijk nog sereen debat te voeren.

Jean-François Kahn is een Franse journalist en auteur, historicus van opleiding. In 1984 stichtte hij L'Événement du jeudi, en in 1997 het weekblad Marianne, waarvan hij directeur was tot 2007. Zijn jongste boek, Marine Le Pen vous dit merci! verscheen bij Plon.

Devecchio: Bent u geschokt door het feit dat i-Télé aan Éric Zemmour de bons heeft gegeven naar aanleiding van een polemiek die Jean-Luc Mélenchon op gang had getrokken, en die werd opgepikt door de patron van de PS-afgevaardigden, tevens minister van Binnenlandse Zaken?

Kahn: Ja, ten zeerste geschokt, en wel om drie redenen. Vooreerst kan men door het ongehoorde succes van zijn boek zien dat een belangrijk deel van de bevolking zich kan vinden in wat Éric Zemmour schrijft. Men kan dit betreuren, en soms doe ik dat ook. Maar kan men zich in de ontkenning verschuilen? Kan men in ernst een zo sterke stroming in het land op die manier wegcijferen? In zekere zin sluit de zaak Zemmour aan bij de algemene verkiezingen. Kan men in ernst zich erover verheugen dat een partij die 19% van de stemmen haalt, door amper twee verkozenen vertegenwoordigd wordt in de Assemblée nationale? De zaak Zemmour toont het probleem aan van het gebrek aan pluralisme in onze democratie.

Ten tweede vind ik het schokkend dat i-Télé wijkt voor een perscampagne die grenst aan een mediatieke lynchpartij. Éric Zemmour vertelt niets nieuws. Onderhand twintig jaar onderhoudt hij hetzelfde discours. Bij i-Télé wist men wat men deed toen ze hem aanwierven, overigens misschien precies omdat hij die ideeën verdedigde. Waarom hem dan nu wegsturen? Omwille van een ‘woord’ dat hij niet eens heeft uitgesproken. Verachtelijk vind ik het procedé dat erin bestaat een ‘woord’ of een ‘zinsnede’ te gebruiken, vaak uit hun verband gerukt, om zo iemand uit te schakelen. Ik zeg dit des te liever, omdat ikzelf al het slachtoffer werd van die methode.

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En tenslotte wens ik eraan te herinneren dat «Ça se dispute», een debatprogramma was waar Éric Zemmour een tegenstem moest trotseren. Het was niet zo dat hij een vrije tribune ter beschikking kreeg. In een debat is het normaal dat er twee invalshoeken zijn. Het gaat niet op te beslissen dat één ervan ongepast is, en eruit moet. Wat mij bij de televisie vandaag choqueert, zijn niet de debatten waar een echte ideologische confrontatie plaatsheeft, maar die waar iedereen met iedereen akkoord gaat. In de media vandaag zien we de liberaal-modernistische houding overheersen, die Alain Minc omschreef als de “club van de redelijkheid.” Die gedachtegang is niet noodzakelijk verkeerd, maar als ze even hegemoniaal blijft, kan dat afschrikkende gevolgen hebben.

Devecchio: Zou u zeggen dat Marine Le Pen dankjewel mag zeggen aan al diegenen die liever verbieden dan weerwerk te bieden?

Kahn: Door Zemmour aan de deur te zetten doet men niets anders dan voedsel geven aan de wrok bij een deel van de bevolking, dat terecht zich niet meer vertegenwoordigd voelt. Dat is inderdaad een geweldig cadeau voor Marine Le Pen. Vanzelfsprekend geeft dit legitimiteit aan haar discours tegen het systeem. Mag ik eraan toevoegen dat ook voor Éric Zemmour dit een formidabel cadeau is, want nu heeft hij makkelijk spel als hij zich voor martelaar van de politieke correctheid wil uitgeven. Wees maar zeker dat hij nu nog 40 000 boeken meer zal verkopen, en dat het hem in zijn statuut van rebel tegen het establishment zal sterken, en daar is hij dol op.

Devecchio: Hebt u er begrip voor als organisaties vragen dat een journalist geen tribune meer krijgt?

Kahn: Daar alweer verwijderen we ons verder en verder van de grondbeginselen van de democratie. Wie benoemt en verkiest die organisaties? Hun politiek gewicht lijkt me niet in verhouding te staan tot hun representativiteit. Volstaat het om twaalf man bijeen te brengen en communiqués te schrijven, om voor legitiem door te gaan? Die organisaties, dat zijn onbenoemde imams, overigens niet altijd onbenoemd, die dan fatwa’s lanceren.

Devecchio: Zijn er niet toch grenzen aan de vrijheid van meningsuiting? Heeft Éric Zemmour die overschreden?

Kahn: Er bestaan wetten, met name wat betreft racisme en het vergoelijken van oorlogsmisdaden. Maar zodra iemand, zonder de wet te schenden een sterke stroming vertegenwoordigt, moet hij mogelijkheid krijgen om zich uit te drukken. Vandaag is dat niet het geval, zeker wat economische en sociale thema’s betreft, als iemand zich voorneemt om af te wijken van de liberaal-modernistische consensus. Zo bijvoorbeeld is de vraag rond de exit uit de Euro taboe. Men zal zich ook herinneren dat 90% van de media zich in 2005 uitspraken voor een ‘Ja’ bij het referendum over het grondwettelijk verdrag, waarbij ze in het voorbijgaan ook elke vorm van tegenstand diaboliseerden. Nochtans heeft het ‘nee’-kamp het gehaald, al was het slecht vertegenwoordigd.

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Devecchio: Is debatteren vandaag nog mogelijk?

Kahn: Om te beginnen wil ik opmerken dat het boek van Zemmour nogal moeilijk leest. Voor wie nog andere bezigheden heeft, neemt het een week in beslag. Maar de dag dat het verscheen waren er in de linkse pers al lange bladzijden te lezen over Le Suicide français. Duidelijk was dat de meeste journalisten maar een paar uittreksels gelezen hadden. Wat we dus bijwoonden, was een aanzwellende polemiek, uitgaande van een boek dat niemand gelezen had. Men raakte gepolariseerd rond een oninteressant hoofdstuk gewijd aan Vichy, terwijl heel wat passages veel interessanter waren. Ik denk dan speciaal aan het hoofdstuk over de Crif, dat de communautaristische wending van veel Franse joden op de korrel neemt. Over die kwestie ging evenwel niet één artikel.

Als reactie op de ontketende linkse pers, heeft de rechtse pers eerder de lof gezongen van het boek. Nochtans is het zonneklaar dat zij het evenmin gelezen hadden. Want inderdaad, laat Le Suicide français het meest reactionaire boek zijn sinds lang, het is tegelijk ook een antiliberaal pamflet. Op sociaaleconomisch gebied is het een waar neomarxistisch manifest, waarin Zemmour tekeergaat tegen het financieel kapitalisme, dat volgens hem verantwoordelijk is voor alles wat misgaat. Wat men moet lezen zijn de tien pagina’s gewijd aan een lofzang op Georges Marchais, of het dithyrambische hoofdstuk waarin hij zijn steun betuigt aan de sociale beweging tegen de wetten Juppé van 1996. Dit alles zegt veel over het ideologische debat vandaag: lezen doet men niet meer, men redeneert afgaand op etiketten, en banvloeken lanceert men al na een paar slagzinnetjes.

Vertaling: Marc Vanfraechem

lundi, 22 décembre 2014

La «Grande Séparation»: du citoyen à l’homme de rien…

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La «Grande Séparation»: du citoyen à l’homme de rien…
 
 
La Grande Séparation qui vient affirme que rien n’existe que l’individu absolu
 
par Hervé Juvin
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

sep51Zc3rYvZPL.jpgJ’ai écrit La Grande Séparation parce que je suis affolé de la perte de notre mémoire historique qui accompagne la perte de notre identité nationale. Le monde dans lequel nous vivons encore est dessiné par des frontières, par des nations, qui nous donnent notre citoyenneté et notre identité. Le principe de la souveraineté nationale garantit aux citoyens la liberté de décider de leurs lois, de leurs mœurs, de leur destin, sur leur territoire et à l’intérieur de leurs frontières. Les conditions d’acquisition de la citoyenneté assurent l’unité de la nation, et la transmission entre les générations. La séparation est géographique, respectueuse des cultures, des civilisations, de la diversité collective des peuples.

La Grande Séparation qui vient affirme que rien n’existe que l’individu absolu. Elle invente l’homme hors-sol, sans histoire, sans origine, sans sexe, sans âge, sans race. Elle nous sépare de nos territoires, de nos identités, de nos origines. Elle célèbre l’homme de nulle part, le migrant perpétuel, sans identité, sans appartenance et sans liens. Et elle nous coupe de l’histoire, elle célèbre le consommateur pour effacer le citoyen, elle laisse la propriété et le marché dévorer la nation et l’identité.

Des forces puissantes agissent en faveur de cette Grande Séparation. Les intérêts qui veulent remplacer la société par le contrat privé, le marché et l’individu de droit ne manquent pas. Ceux qui considèrent que la nation et l’État ne sont que des entraves à l’exploitation de toutes les ressources disponibles sur la planète non plus. Qui sont ces gens qui s’opposent à ce qu’on creuse leur sol pour y exploiter le gaz de schiste ? Qui sont ceux qui entendent préserver leurs espèces animales et végétales endémiques, quand les usines du vivant leur promettent de meilleurs rendements ? Et qui sont ces indigènes qui s’opposent aux colons qui tirent plus d’argent de leurs terres, de leurs mers et de leur vie ?

J’ai voulu contribuer à alerter les Français. Nous vivons un nouvel épisode de la colonisation. Ce sont les ONG, les fondations, les fonds d’investissement qui s’y emploient. Cette fois, c’est nous qui sommes victimes, comme ils l’ont été, eux du Congo, du Maroc ou de Chine. Mais la réalité n’a pas changé. Nous vivons aussi un nouvel épisode de la guerre de toujours, celle de la liberté des peuples à décider de leur destin. Cette fois, des États-Unis dont l’autorité morale est ruinée, dont la prétention à détenir le secret de la réussite est épuisée, et qui n’ont plus que leur force militaire pour écraser le monde, constituent la première menace pour la paix mondiale et pour notre liberté. Mais ne nous y trompons pas. La religion scientiste, l’idée folle de construire un homme nouveau, libéré de la mort, de l’histoire et de toute identité est la première menace à laquelle nous devons faire face, hommes de notre terre, de notre France, et qui savons dire « Nous ».

Renseignement: nos principaux partenaires sont nos principaux prédateurs

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Renseignement: nos principaux partenaires sont nos principaux prédateurs, États-Unis en tête

Auteur : reinformation.tv
Ex: http://zejournal.mobi

La délégation parlementaire au renseignement a rendu un rapport de 180 pages présenté par les députés Urvoas, PS, et Miard, UMP. L'espionnage industriel et financier pille la France. La responsabilité en incombe à l'insouciance française et aux prédateurs internationaux que sont nos principaux partenaires économiques, États-Unis en tête.

Jean Jacques Urvoas et Lucien Miard, en présentant leur rapport de la délégation parlementaire au renseignement, composée de parlementaires tous habilités au «secret-défense», ont choisi de mettre particulièrement en lumière l’espionnage économique. Et tout au long des cent quatre-vingt pages l’évidence s’impose, « nos principaux partenaires sont nos principaux prédateurs », comme le souligne Urvoas. L’accusation n’excepte personne, ni Russes, ni Chinois. On vient ainsi de découvrir un centre d’écoute chinois dans le Val de Marne. Emporiums, litchis frais et pousses de soja sont des couvertures toujours efficaces (Le phénomène n’est pas neuf. Déjà en 2012, le rapport Bockel recommandait d’éviter tout matériel d’origine chinoise dans les infrastructures stratégiques publiques et privées). Mais les USA arrivent sans conteste en tête des prédateurs qui pillent l’économie française. Selon Urvoas, « les Américains ou les Israéliens sont très souvent les plus agressifs, pas seulement sur un plan commercial ». 

Prédateurs tous azimuts, un pillage général

Le nombre des affaires découvertes surprend. En septembre 2011, les policiers spécialisés de la sous-direction de la protection du patrimoine économique, basée à Levallois-Perret, ont révélé près de 5.000 « cas » en quatre ans. Durant cette période, 3.189 entreprises ont été visées. L’Île-de-France, où 144 cas d’ingérence ont été mis au jour en 2013, concentre près de 20 % des attaques. L’objet du pillage est très divers. Il y a d’abord les secteurs sensibles : l’énergie, l’aérospatiale, les télécommunications, la robotique, la santé ou la recherche fondamentale. Mais la curiosité des agents de renseignement économique s’étend bien au-delà et ne dépend pas de la taille des entreprises : les pme innovantes sont particulièrement surveillées. Et l’administration n’est pas en reste, à commencer par celle des finances. Or celle-ci, particulièrement visée, est aussi particulièrement fragile. « Nous sommes effarés par l’absence de culture de sécurité dans les ministères des Finances et de l’Economie », déplorent en chœur les deux présentateurs du rapport parlementaire. Malgré la « progression inquiétante » de l’espionnage économique, à Bercy, les fonctionnaires « ne tiennent pas compte des informations stratégiques qui circulent dans les ministères », bref, la « protection » est insuffisante.

Les moyens déployés par les services étrangers pour espionner l’économie française sont variés… Piratages de données, infiltration, déstabilisation, vol d’ordinateur dans des chambres d’hôtel, disparition de brevets dans le Thalys entre Paris et Bruxelles, pénétration d’agents à l’occasion d’une visite, piratage de technologies, utilisation offensive du droit, etc… Les bonnes vieilles méthodes barbousardes mises en honneur par le roman policier servent toujours. Un cadre supérieur d’une entreprise de Défense raconte ainsi : « Quand on part négocier un dossier sensible dans certains pays étrangers, on sait que nos chambres d’hôtel sont sonorisées, peu importe l’enseigne. Quand on parle, c’est pour les micros et les seuls documents qui traînent sont ceux dont on voudrait qu’ils soient lus. » Selon lui, telle est la vie quotidienne des délégations françaises en matière de contrats d’armement. 

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Internet et l’informatique principales sources de renseignement

Mais l’utilisation de l’informatique est devenue plus payante et beaucoup plus répandue. Elle est particulièrement efficace en France en raison d’abord de l’insouciance des Français, dont le ministère des finances offre un exemple flagrant, et ensuite du manque de moyens en matière de cyberdéfense. Alors que seize agences américaines consacrent dix milliards de dollars (au moins : c’est la part budgétée) par an à la chose, l’ANSSI, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques n’a que 750 millions d’euros à consacrer à ses 500 agents. Elle consacre ses moyens à des cibles particulièrement importantes, par exemple l’Elysée, récemment visé par une cyber-attaque américaine. Or la fréquence des incursions ennemies s’accroît. Déjà en 2011, la sous-direction de la protection du patrimoine économique qui dépend de la DCRI déplorait en moyenne « une attaque toutes les sept heures » Et ça ne ralentit pas. Dans son chapitre intitulé Le monde après les révélations d’Edward Snowden, le rapport de la DPR insiste sur « l’incroyable investissement des États-Unis dans les moyens dédiés au renseignement technique » et sur son « intensité agressive à l’égard de notre pays ». Le rapport, d’une manière générale, souligne « l’utilisation croissante du vecteur internet ». Par qui a été inventé internet ? Par l’armée américaine. A qui sert d’abord internet? Au renseignement américain. 

Les USA utilisent leurs lois pour piller la France

Mais une autre spécialité américaine, non moins payante, est l’utilisation du « droit comme puissant instrument de prédation ». Selon Jean-Jacques Urvoas, « la première arme de pillage c’est la loi, le droit américain par exemple ». Le juge Charles Prats, qui a enseigné l’usage offensif du droit à l’Ecole de guerre économique (EGE) dès l’an 2000 explique : « A partir des années 60, les Etats-Unis ont entrepris d’extra-territorialiser leur droit de la concurrence ». Puis en 1977, le Foreign Corrupt Practices Act a été promulgué. Ces lois permettent à un plaignant américain « d’adresser des demandes de pièces au défendeur afin de cibler son action en justice », C‘est une façon de contraindre des entreprises étrangères à livrer des informations sensibles dans un pays où le Département de la Justice semble souvent « au service des intérêts économiques ». Sans doute le procédé a-t-il été utilisé quand Alstom négociait avec Général Electric la vente de sa branche énergie, alors que le groupe français faisait l’objet de poursuites dans une affaire de corruption aux Etats-Unis.

Le rapport détaille ces procédures. D’abord la procedure Discovery fondée sur la common law américaine. Les demandes de pièces sont souvent si vastes qu’elles prennent le surnom de fishing expeditions (parties de pêche) et ouvrent la porte à l’espionnage économique. Même chose pour le « deal of justice », qui permet au Department of Justice (DOJ) d’éperonner de grandes entreprises pour infraction aux lois américaines en matière de corruption qui «s’appuie principalement sur le Foreign Corrupt Practices Act de 1977 et sur les lois de sanctions économiques contre des pays (Cuba, Iran, Libye, Soudan, Syrie…) » Cette procédure frappe « dans 90 % des cas (des) entreprises étrangères, dont certains grands groupes français, à l’image de la récente affaire impliquant BNP Paribas ». 

Le rapport parlementaire descend très loin dans l’analyse

Cette dernière affaire vaut un développement particulier, car le rapport parlementaire sur le renseignement en livre l’explication. Le groupe français, accusé de transactions avec des pays sous embargo économique américain, a reconnu le 30 juin, devant un tribunal de New York, deux chefs d’accusation : « falsification de documents commerciaux » et « collusion ». Verdit : 6,5 milliards d’euros d’amende alors qu’on avait parlé de onze. Mais la réduction de l’amende initiale comprend une contrepartie très forte : « L’entreprise doit reconnaître sa culpabilité et négocier le montant de l’amende infligée. En contrepartie, le DOJ renonce aux poursuites pour une période de trois ans, période pendant laquelle l’entreprise doit faire preuve d’un comportement exemplaire. Pour prouver sa bonne foi, et là réside le principal problème, elle doit accepter la mise en place d’un moniteur en son sein, moniteur qu’elle choisit mais dont la désignation définitive est soumise à l’approbation des États-Unis. Le moniteur aura accès à l’intégralité des informations de l’entreprise afin de rédiger un rapport annuel extrêmement détaillé. » Il aura donc la possibilité de recopier la comptabilité, lire les échanges de courriels, la documentation stratégique, exiger le détail des notes de frais. Ou dévoiler les démarches commerciales à l’étranger. Or la délégation parlementaire relève que les services secrets américains peuvent « solliciter toute information nécessaire, y compris les rapports de monitorat » en invoquant le Foreign Intelligence Surveillance Act. En somme, le droit ouvre la porte de l’entreprise et les espions ramassent.

Bien entendu, la France n’est pas totalement désarmée face ces pratiques. Une « loi de blocage » a été promulguée en 1968 sous De Gaulle, puis amendée en 1980. Elle prévoit des poursuites pénales contre quiconque communiquerait à une puissance étrangère des données économiques sensibles. Elle est censée permettre à un dirigeant français de se soustraire au droit américain en invoquant le risque pénal encouru en France s’il se soumet aux procédures intrusives. Las, « ce moyen reste mal connu », déplore le juge Charles Prats, et il n’est surtout pas sûr qu’il convainque les juges américains. La justice des USA est au service du business et des grands groupes, ce que n’est pas sa consoeur française. Qui plus est, les services secrets aussi ont partie liée avec le business, au point que la CIA a créé et gère un fonds d’investissements, In-Q-Tel, dont la mission est de capter des informations industrielles. Face à de tels prédateurs, le savoir-faire des entreprises françaises semble bien vulnérable.

- Source : reinformation.tv

vendredi, 19 décembre 2014

Des réponses décisives

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Des réponses décisives

par Georges FELTIN-TRACOL

 

BIOS-_couv_OZON_1.jpgAncien responsable de l’excellente revue écologiste radicale Le recours aux forêts, Laurent Ozon est un penseur organique de belle facture. Président-fondateur de l’association Maison Commune, il a publié fin septembre 2014 un recueil d’entretiens intitulé France, les années décisives, puis lancé dans la foulée à Paris le Rassemblement pour un Mouvement de Remigration (R.M.R.). Ses réponses se révèlent pertinentes.

 

Cependant, afin de ne pas verser dans la dithyrambe stérile et donc inutile, il convient au préalable d’émettre quelques critiques. De tous les chapitres qui organisent ce livre, le dernier « Engagements et style de vie », est le moins convaincant, car riche en paradoxes. Le premier repose sur cette déclaration : « Ne lisez pas trop, vivez, parlez, sentez, battez-vous. Tout est déjà en vous. Les livres ne vous apporteront pas ce qui vous manque (p. 97) » tout en éditant un livre ! L’esprit malicieux pourrait fort bien appliquer ce conseil en ne l’achetant pas… À rebours de l’auteur, soulignons que certains ouvrages peuvent combler des manques et ce, en particulier dans le domaine des connaissances. Concilier expériences pratiques et lectures livresques donne parfois à de bons résultats si la synthèse réalisée correspond bien sûr à l’idiosyncrasie du lecteur.

 

Plus grave est la seconde contradiction. En fondant le M.R.M., Laurent Ozon prévient qu’il n’aura aucune « implication électorale au moins jusqu’en 2017 (p. 93) ». L’auteur assure en outre qu’il « prône surtout un réalisme en politique (p. 93) ». Le champ politique électoral sur ce créneau spécifique est, pour l’instant, largement occupé par le F.N. Il y a donc de la sagesse dans ce retrait volontaire d’autant qu’« on n’entre pas en politique pour défendre des idées, prévient-il, mais pour prendre de la puissance et faire dominer dans la sphère sociale ses vues et sa capacité opérationnelle. Sinon on se trompe d’engagement (p. 93) ». Par conséquent, le M.R.M. se cantonne à une fonction, sinon « métapolitique », pour le moins d’influence et/ou d’agitation auprès de l’opinion publique comme le prouve l’excelente campagne sur Internet avec des affiches invitant les bien-pensants à enfin accueillir les fameux « sans-papiers ». Or a-t-il dès à présent l’audience et, surtout, les moyens d’aller au devant d’un public qui ignore tout de son auteur ? À moins que ce mouvement ne se contente d’un rôle ingrat en coulisse et de la fonction honorable de laboratoire d’idées, mais pour influencer qui ?

 

Culbuter les idées reçues !

 

Cette absence de méthode contraste lourdement avec les injonctions impérieuses de l’auteur pour qui « apprendre à bien faire les choses est aujourd’hui plus nécessaire à beaucoup, qu’apprendre à savoir pourquoi le faire. C’est un peu abrupt mais c’est ainsi. Si chacun donne son avis sur les finalités, les stratégies et la tactique, c’est aussi parce qu’il n’existait pas jusqu’ici de mouvement qui fasse autorité et inspire le respect. Je ferai ce qui est en mon pouvoir pour que cela change. Nous verrons alors si les bavards peuvent trouver leur place et s’inscrire dans une action collective qui implique discipline, dévouement et sens des responsabilités (p. 98) ». Une telle exigence de discipline se comprend, s’exige et s’approuve dans le cadre du combat politique – électoral, certainement pas dans celui d’une association culturelle ou à visée métapolitique. Dans l’affrontement politico-électorale, le militant engagé espère recueillir des satisfactions matérielles, en particulier un mandat électif. Avec de pareilles injonctions, quel contentement le militant culturel peut-il retirer ? Laurent Ozon semble ici confondre les essences du politique et de l’économique. Il transpose dans le champ métapolitique des pratiques de gestion issues du monde de l’entreprise. De méchantes langues y verraient l’indice d’un comportement sectaire… En outre, ce sens de la discipline n’est possible que par temps de « passions chaudes », voire bouillantes. En dépit des manifestations de masse des « pépères en loden » contre le « mariage pour tous », force est de constater que les passions profondes restent froides.

 

On ne doit toutefois pas se focaliser sur ces quelques points litigieux. Avec le brio qu’on lui connaît, Laurent Ozon expose très clairement les moyens pour s’en sortir. Son message est révolutionnaire parce que « la situation actuelle est celle d’un pays ouvert aux quatre vents, crispé sur des choix économiques obsolètes et pris en otage par des lobbies d’intérêts. Il sera difficile de réformer ce système sans un sérieux coup de balai (p. 19) ». Il ne manie pas la langue de bois ou les sots éléments de langage châtré. Il détermine clairement l’ennemi aux différentes facettes. C’est « les Droits de l’Homme [qui] sont un élément du dispositif d’ingérence à prétention morale, de l’Occident américano-centré contre ses adversaires (p. 53) ». Leurs effets en sont calamiteux puisque « la plupart des Européens baignent dans une idéologie qu’on pourrait appeler l’idéologie du flux ou l’idéologie de l’échange. Idéologie qui nous fait considérer comme des agrégats aléatoires (p. 75) » et sont « atteints d’une sorte de sida mental, d’une forme de perte d’immunité dont la clé de notre capacité à nous penser nous-mêmes comme des groupes, des communautés, des peuples (pp. 65 – 66) ».

 

Oligarchie, Mégamachine, État ethnocidaire

 

Détaché de toute thèse conspirationniste, l’auteur en impute la responsabilité première au fait d’avoir « grandi dans une société-bulle nourrie par une économie incroyablement dynamique. Une méga-machine économique, technologique et culturelle (p. I) » alors que « certains savaient déjà que cette bulle était un mirage qui reposait sur un cycle d’exploitation énergétique limité, financé par des dettes contractées dans une monnaie discrétionnaire, sans autre valeur que celle du papier sur laquelle elle est imprimée; un système cynique et meurtrier contrôlé par des puissances financières colossales; doté d’une puissance militaire, médiatique et culturelle prête à écraser toute contradiction sous les bombes, les mensonges et la sidération produite par son industrie du divertissement (pp. I – II) ». Bref, « cette société n’est pas viable. Elle va donc se trouver dans les 20 années à venir en face de ses contradictions (p. 94) ».

 

Il observe en sociologue de l’immédiat aussi qu’« une oligarchie occidentale s’est constituée durant deux siècles. Cette oligarchie a prélevé dans les bourgeoisies nationales des pays dits occidentaux les meilleurs et les plus compétents dans tous les domaines pour former une “ superclasse ” dont les intérêts et les réseaux, les territoires d’influence, se sont mondialisés (p. 1) », ce qui a un impact considérable en France parce que « notre classe politique est le résultat sidérant de plus de quarante années de contre-sélection. […] Malgré quelques exceptions notables, notre classe politique est un ramassis d’opportunistes sans colonne vertébrale, de rusés nuisibles et incompétents. Ils appartiennent à une sociologie en formation, une oligarchie de gestion de notre affrontement. Les plus intelligents sont membres d’une superclasse mondialisée mentalement qui ne se sent plus de communauté de destin avec le peuple; et les moins intelligents sont  les pantins d’intérêts qui les dépassent (pp. 4 – 5) ». Maître de l’appareil administratif, judiciaire, médiatique et financier, cette prétentieuse caste politicienne a transformé « l’État français [… en] office de colonisation de son propre territoire contre sa propre population (p. 63) » qui planifie et organise « une politique d’assassinat d’un peuple (p. 63) », les Français d’ethnie européenne. Il l’illustre par un exemple édifiant : « Le MEDEF et la F.N.S.E.A. sont les acteurs incontournables depuis 30 ans de la conversion de l’industrie agro-alimentaire et du paysannat en une activité industrielle à la botte des transnationales, activité qui fabrique du chômage, de la souffrance animale, de la pollution écologique et des denrées immondes, sans jamais évoquer le mal de vivre des agriculteurs (p. 33) ». Dans le même temps, il s’agit de briser tout sentiment de résistance populaire structurée. Ainsi, l’« utilisation extensive d’un vocabulaire principalement psychiatrique pour caractériser les réactions du corps social et, simultanément, la criminalisation par la loi des opinions ainsi désignées pour en faire des délits sont d’évidence liberticides et n’ont qu’un seul objectif : tuer le débat pour imposer (user de la force) des normes à la société et pour d’autres intérêts, provoquer de la polémique, de la colère et détourner l’attention de la population d’autres questions cruciales (pp. 47 – 48) ».

 

En macro-économie, il constate que « la crise de l’euro est le résultat d’une opération d’instabilisation menée par le monde financier et ce que l’on a coutume d’appeler “ l’État profond américain ” pour maintenir le statut du dollar comme monnaie de change internationale (p. 35) ». Laurent Ozon accuse « la sphère anglo-saxonne liée indéfectiblement aux intérêts de l’État profond américain [… de] cherche[r] à faire capoter cette puissance potentielle (la crise de l’euro, c’est la FED et la City) au profit, soit d’un État européen mollusque et d’un euro-croupion, soit des souverainismes-irrédentismes nationaux parfaitement instrumentalisables et qui ne pèseront rien s’ils sont divisés dans le jeu des puissances à venir (p. 39) ».

 

Penser la remigration

 

Fort heureusement, il voit que « cette oligarchie perd de sa cohésion, perd de ses compétences, augmente ses moyens sous l’effet de l’élargissement de ses terrains d’intervention. Elle se communautarise et relâche dans la nature […] des compétences et des talents qu’elle ne sait plus fixer sur ses projets et ses infrastructures (p. 3) ». Son analyse n’est pas pour autant optimiste. D’autres défis menacent la civilisation européenne. Pour lui, et les faits le prouvent chaque jour, seule sera vraiment souhaitable une « translation, c’est-à-dire la reformation d’un ordre économico-politique qui permettra de résoudre ce qui ne peut plus l’être dans le système actuel (p. 6) » dont la remigration constitue une donnée fondamentale. Pour ce néologisme, il désigne un « processus politique construit d’inversion des flux migratoires (p. 94) ».

 

La remigration est un anglicisme dont le terme français correct serait « ré-émigration ». Au-delà de la simple question de vocabulaire, ce concept, simple à comprendre, répond parfaitement aux défis de l’indéniable « Grand Remplacement ». L’histoire a déjà connu de tels phénomènes. Au XVIIe siècle, la très catholique espagne expulse les Morisques et ses juifs dans le respect des personnes. En 1962, en moins d’un trimestre, le million de Pieds-Noirs quitte l’Algérie sous les menaces du sanglant et tortionnaire F.L.N. qui hurlait : « La valise ou le cercueil ! » L’État islamique en Irak et au Levant pratique, lui aussi, la remigration en obligeant par la violence les minorités chrétiennes et yézidies présentes depuis toujours à abandonner leur terre natale. Cet même État islamique accueille des mahométans venus d’Europe pour faire le djihad et qui réalisent, eux aussi, une remigration. Que ces converties et ces volontaires restent au levant et s’y fassent sauter ou exploser par les bons soins des forces légitimes syriennes, irakiennes et kurdes… É moyen et long terme, les dix millions d’étrangers devront rentrer chez eux à la condition indispensable que cette remigration soit assortie d’une révision générale des naturalisations sur quatre décennies avec, crime contre les identités charnelles oblige, un indispensable effet rétroactif.

 

Laurent Ozon ne conçoit cependant pas les Européens comme un peuple unique. Il importe néanmoins de leur redonner la maîtrise effective de leur destin. Certes, s’il les définit « comme une substance, c’est-à-dire comme une nébuleuse de populations ayant des différences assez nettes. Un ensemble de populations faciles à identifier et possédant une variabilité intra-spécifique inégalée (p. 74) », il maintient que « nous sommes des Européens de civilisation française. Cette réalité est sensible, historique, civilisationnelle, morphogénétique, linguistique, etc. Nous sommes donc des autochtones en Europe (p. 73) ». Pour cette assertion, Laurent Ozon dépasse par le haut, anagogiquement aurait écrit Julius Evola, la seule problématique identitaire, car « l’identité n’est pas seulement, pour nous autres Européens, une affaire de racines (p. 25) ». Il rappelle implicitement l’importance de la polarité archaïque et ancestrale des racines et des origines.

 

Pour une écologie communautaire

 

Sa démarche percutante repose aussi sur l’apport crucial de l’écologie qui « est au départ une science qui étudie les rapports entre un être vivant et son milieu. C’est la science des communautés (p. 25) », c’est même « une science des contextes (p. 24) ». À ses yeux, la notion de communauté prend une valeur essentielle parce que c’« est la forme collective qui permettra à notre population de rompre avec l’individualisme et l’isolement (p. 88)  ». Cette écologie communautaire, très éloignée du gauchisme libéral-capitaliste d’Europe Écologie – Les Verts, passe par la relocalisation nécessaire des biens, des personnes, des capitaux et des idées. Le moment est propice puisque « nous vivons déjà sans vraiment le mesurer, au milieu des ruines et dans le chantier des mondes à naître. C’est le moment d’y voir clair (p. III) ». « Relocaliser, c’est donner à chaque peuple la possibilité de subvenir à la part la plus importante possible de ses besoins par ses propres moyens. C’est favoriser les circuits économiques courts et ainsi assurer une autosubsistance relative capable de permettre au population de garder la maîtrise de leur destin (p. 9). »

 

Laurent Ozon approuve donc le localisme, « pierre angulaire de la décolonisation économique, condition indispensable de la souveraineté politique (p. 10) ». « Sorte de protectionnisme 2.0 (p. 10) », c’« est un souverainisme économique (p. 9) ». Il encourage « la transition localiste et écologiste dans une société protégée des flux de population et de marchandises, ayant recouvré les moyens de sa souveraineté monétaire, vivrière et militaire, adossé à une unité politique et territoriale capable de résister au bras de fer qui ne manquera pas d’avoir lieu si nous voulons briser les chaînes de l’usure (p. 7) » et affirme, avec raison, que « le localisme n’est absolument pas incompatible avec l’existence d’un État souverain et puissant, au contraire. Il est un facteur de densification territoriale, culturelle, économique et de stabilité (p. 11) », car « le localisme part de la base vers l’État par délégation de compétence, c’est ce que l’on nomme le principe de subsidiarité (p. 11) ».

 

Faut-il regretter qu’il n’aborde pas le thème, bientôt porteur, de la biorégion ? Intégrée dans une Europe revivifiée, désinstallée et faustienne, qui dompte et domine la Technique, la nation organique n’est souhaitable que si elle favorise la constitution d’authentiques biorégions.

 

Laurent Ozon prépare consciencieusement une révolution globale des âmes, ce qui rend ses réponses si décisives en ce début de XXIe siècle.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Laurent Ozon, France, les années décisives. Entretiens 2013 – 2014, Éditions Bios, 2014, 114 p., 15 €, à commander sur www.editionsbios.fr.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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jeudi, 18 décembre 2014

Lancement du site de l'Institut Iliade, 21 décembre 2014

Lancement du site

de l'Institut Iliade

le 21 décembre 2014

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mercredi, 17 décembre 2014

H. Juvin: La liquidation du monde pour fabriquer des richesses

 

Hervé Juvin:

"La fin du XXe siècle, c'est la liquidation du monde pour fabriquer de la richesse"

 

Fini la malbouffe pour les Boliviens

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Fini la malbouffe pour les Boliviens: McDonald ferme tous ses restaurants en Bolivie

Auteur : HS News-Traduction Armand Pouliot
Ex: http://zejournal.mobi

La Bolivie est devenue la première nation à se libérer de la malbouffe de McDonald, qui a lutté pendant plus d’une décennie pour conserver son icône «rouge». Et cette victoire de la Bolivie a encore fait la une des journaux.

Après 14 ans de malbouffe dans le pays et en dépit des nombreuses campagnes de promotion, McDonald a été contraint de fermer en 2002, ses 8 restaurants boliviens dans les principales villes de La Paz, Cochabamba et Santa Cruz de la Sierra.

McDonald a servi ses derniers hamburgers en Bolivie un samedi à minuit, après avoir annoncé un plan de restructuration global dans lequel il allait fermer ses portes dans sept autres pays à faibles marges bénéficiaires. Une victoire pour la santé des peuples du sud.
L’échec de McDonald en Bolivie a eu un impact profond qui a donné lieu à un documentaire intitulé “en Bolivie  «Por que quebro McDonald» ou «Pourquoi McDonald a fait faillite en Bolivie». Ce documentaire tente d’expliquer pourquoi les Boliviens n’ont jamais délaissé leurs empanadas traditionelles pour un Big Mac de merde et plein d’OGM.

Le documentaire comprend des entrevues avec des cuisiniers, des sociologues, des nutritionnistes et des éducateurs qui semblent tous d’accord sur un point ;  les Boliviens ne sont pas contre les hamburgers en soi, sauf qu’ils sont juste contre les «fast-food» « La malbouffe » est un concept largement refusée dans la communauté bolivienne.

Cette histoire a également attiré l’attention du monde entier vers la restauration rapide en Amérique latine. Le blogue de El Polvorin a déclaré: « Le Fast-food représente le contraire de ce que les Boliviens considèrent comme étant un vrai repas. Pour être un bon repas, la nourriture doit avoir être préparé avec amour, dévouement avec certaines normes d’hygiène, sans OGM et de temps de cuisson approprié ».

Reportage en espagnol   (pour les hispanophones)

mardi, 16 décembre 2014

Les difficultés d'une "troisième voie" en Amérique latine

LES DIFFICULTÉS D’UNE TROISIÈME VOIE EN AMÉRIQUE LATINE
 
Entre Marx et Coca-Cola

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
Tant la Bolivie que l’Equateur, l’Argentine et le Vénézuéla, ou même le Brésil, tous ces pays cherchent une troisième voie en Amérique latine, face à la coopération étroite entre les pouvoirs synarchiques, marxistes et capitalistes. 

Leurs programmes reposent sur trois piliers: la souveraineté politique, l’indépendance économique, la justice sociale fondée sur le travail et le syndicalisme patriotique. Mais la pratique apparaît très difficile tant la tyrannie globalitaire a étendu sa toile d’araignée sur la planète en général et l’Amérique latine en particulier. Tous sont confrontés à trois pouvoirs immondes: l’oppression ostentatoire des soviets vétérotestamentaires, une vague religiosité œcuménique globale impulsée par le Vatican et des groupes marginaux payés en général par l’un ou l’autre des deux pouvoirs précédents, et qui promeuvent parfois le terrorisme mais servent surtout à détruire la Patrie et ses institutions.
 
Non au capitalisme, jusqu’à quel point ?

La Bolivie possède le sous-sol le plus riche de la planète mais les populations restent pauvres quoi qu’elles gardent une grande dignité à travers leur culture traditionnelle. Le peuple a su se protéger des escroqueries publicitaires derrière lesquelles avance le mondialisme. Coca cola est tenu en laisse et McDonald’s a fait faillite. Le système bancaire a dû s’adapter aux nécessités, puisque le micro crédit prospère, alors que dans tout l’occident, le système bancaire a pu obliger chacun à se plier aux obsessions des banksters. 

L’exemple emblématique s’appelle BancoSol. Elle débuta sous la forme d’une OGM, distribuant des microcrédits étalonnés de 50 à 100 dollars, puis devint une banque solidaire dont elle tire son nom. Son principe est de parier sur le futur prometteur de la personne aidée plutôt que de décider à partir d’antécédents. Toutes ces micro-entreprises restent dans le domaine informel, mais respectent les règles locales. Elles agissent comme n’importe quelle multinationale qui évacue ses bénéfices tout en pratiquant une stricte légalité dans chaque pays.
 
 
En Equateur, la préoccupation pour le peuple découle plus de la personnalité du Président Corréa, que d’une culture locale traditionnelle. Là, comme au Vénézuéla, le responsable politique est attaqué par les forces globalitaires qui présentent des candidats bien préparés à la privatisation en faveur des multinationales, comme l’était Henrique Caprilés qui voulait remplacer Chavez. La formation d’un projet politique précis est très difficile puisque les élites, comme Corréa, sont broyées entre les récriminations de groupuscules sans culture politique, agités par la propagande médiatique de masse. Le dirigeant d’Amérique latine, de Corréa à Madéro, de Kirchner à Roussef, n’a qu’une marge extrêmement réduite, et est transformé par les circonstances en un administrateur plus qu’en un homme d’Etat.
 
Une chute dans le néo-keynésianisme? 

Les gouvernants confondent souvent leur doctrine sociale avec les bondieuseries empruntées à Paul VI, ce qui rapproche leur programme des slogans sur les bienfaits du développement. Les réformes éducatives plongent les populations dans la misère intellectuelle qui sévit chez les trafiquants occidentaux. Tous tombent au même niveau zéro de la pensée. Les figures qui assurèrent la grandeur de l’humanité, le Héros, le Saint et le Génie, cèdent devant l’escroc intellectuel protégé par les lois anti-discrimination. De manière générale, les chefs d’Etat consentent des droits aux multinationales qui viennent pourtant détruire l’architecture socio-juridique de leur pays.

 
Une cosmovision latino-américaine est difficile à cristalliser. Quelques principes empruntent à l’écologie, grâce surtout aux groupes indigènes, d’autres à la justice sociale (tradition péroniste) et à l’Etat dirigiste, héritage du siècle passé. Mais l’écologie est contournée par entreprises mondialistes qui corrompent les protecteurs de la nature, à l’exemple de ce qui se déroule en Patagonie ou dans les parcs naturels équatoriens dès qu’on y renifle la présence de matières premières. La politique finalement se limite à une pratique néo-keynésienne avec un certain degré de redistribution. Dans les pays cités le peuple vit mieux que du temps des oligarques kleptocrates du XXème siècle, mais rien de plus.

La révolution impossible

Il est patent que les pays d’Amérique latine enseignent au monde la possibilité concrète de freiner la chute d’un Etat dans le néant creusé par les forces mondialistes. La politique étrangère a été des plus dignes face au génocide des palestiniens ou aux gesticulations des bandits ukrainiens. Les conséquences de l’abrutissement intellectuel répandu par les écoles de commerce s’observent pourtant clairement. Il n’y a aucune pensée anti-système, fondée sur une vision stratégique continentale dans laquelle les pays existants pourraient coopérer plutôt que de se faire exploiter. L’Equateur a sollicité un prêt à la banque mondiale et a accepté les financiers de Goldman Sachs pour négocier de l’or sur les marchés. La guerre d’indépendance est à refaire, non seulement en Amérique latine, mais aussi en Europe et autres lieux mis en esclavage par les responsables de la finance, du commerce et des médias. La révolution ne passera pas par les canaux déjà observés dans l’histoire. Il est plus probable que seule la non-obéissance finisse par saboter les bases de la tyrannie occidentale.

lundi, 15 décembre 2014

Le refus du dialogue met en danger la paix mondiale

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«Le refus du dialogue met en danger la paix mondiale»

«Le droit international est universel et doit être appliqué partout de la même manière»

Interview d’Alfred de Zayas, historien et professeur universitaire*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

thk. Depuis la sécession de la Crimée, la signification du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est de nouveau à l’ordre du jour. On constate dès lors à quel point les principes du droit international sont souvent interprétés arbitrairement. Ce qui pour les uns doit valoir et fait l’objet d’approbation, doit être empêché dans d’autres régions du monde. L’attitude du «monde dominant» peut-elle être justifiée? Alors que la séparation du Kosovo a été reconnue sans problème par les Etats occidentaux, ces mêmes Etats ont clairement refusé d’accepter la sécession de l’Abkhazie et de la Crimée. En tant qu’observateur, on est obligé de constater que ce droit fait l’objet de deux poids, deux mesures. Cette contradiction nécessite une explication. Dans l’interview ci-après, le renommé spécialiste du droit international et auteur de nombreux livres, Monsieur Alfred de Zayas, analyse la situation du point de vue du droit international.

Horizons et débats: Monsieur, vous avez présenté votre rapport annuel devant l’Assemblée générale à New York. Il y était essentiellement question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Dans quelle mesure ce droit contribue-t-il à la paix dans le monde?

Alfred de Zayas: Nous savons qu’au cours des dernières soixante années le non-respect du droit à l’autodétermination des peuples a été la cause de plusieurs guerres. C’est pourquoi il est si important, aujourd’hui et dans le futur, d’appliquer ce droit à l’autodétermination car cette norme fondamentale du droit international représente une stratégie préventive contre les conflits armés. D’aucuns prétendent que le droit à l’autodétermination est réglé depuis la décolonisation. C’est faux. De nos jours, dans le monde entier, vivent de nombreux peuples, des autochtones, des peuples soumis à une occupation, des minorités importantes qui luttent pour le droit à l’autodétermination. Leurs revendications pour plus d’autonomie, de fédéralisme et d’indépendance doivent être entendues avant qu’elles ne dégénèrent en conflits armés. Tous les conflits doivent être résolus par des moyens pacifiques et par le dialogue. C’est pourquoi le 27 octobre, devant l’Assemblée générale de l’ONU(http://daccess-dds- ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N14/497/95/PDF/N1449795.pdf?OpenElement), j’ai exhorté les Etats d’être à l’écoute de leurs populations sans se focaliser de manière bornée sur le principe de l’intégrité territoriale et sans s’obstiner dans l’idée qu’il en est ainsi et pas autrement. Il est impératif qu’il y ait changement si nous voulons la paix. L’intransigeance est vectrice d’escalade et est de ce fait incompatible avec la Charte de l’ONU. Le principe de l’intégrité territoriale n’est pas absolu et doit être géré de concert avec d’autres principes du droit international, notamment les droits humains, y compris le droit à l'autodétermination. En d’autres termes, il convient de les équilibrer. En général, les frontières sont garantes de stabilité, toutefois elles peuvent être modifiées de manière pacifique et devraient être modifiées pour prévenir un conflit futur. D'ailleurs, il faut tenir compte du fait que le droit international est dynamique et se développe par la pratique des Etats. Donc la sécession du Kosovo a fait exploser l'intégrité de la Serbie – et a créé un précédent incontournable, comme aussi la sécession de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie etc. Le droit international n'est plus le droit de 1945.En réalité, au cours de l’histoire, les frontières ont constamment été modifiées, malheureusement souvent par la guerre. C’est en particulier pour cette raison – pour éviter des conflits – qu’il faut veiller à ce que ces peuples habitant à l’intérieur de frontières nationales, soient au bénéfice de leurs droits de l’homme. Il faut toujours garder à l’esprit qu’il est question d’êtres humains et pas seulement de géopolitique. Les gens ont le droit fondamental de façonner leur destin. Tout spécialiste du droit international reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes comme un droit impératif (jus cogens), pourtant son application semble être très arbitraire.

Dans quelle mesure les actuels conflits tels que la reconnaissance du Kosovo, la sécession de la Crimée, le destin des Tamouls sont-ils évoqués dans votre rapport?

Dans mon rapport à l’Assemblée générale et aussi lors de la conférence de presse qui a suivi, je n’ai consciemment pas évoqué de conflits spécifiques. Je ne me sens pas en droit de livrer une réponse à tous ces problèmes complexes qui mettent malheureusement la paix de ces régions en danger. Ce que j’ai évoqué et ce qui sert de «valeur ajoutée» à mon rapport, ce sont les critères que j’ai formulés et qui peuvent être employés pour toutes les situations de conflits présentes et futures afin de contribuer à un arrangement à l’amiable des dits conflits. Ces critères se traduisent par une obligation au dialogue et l’exigence que dans leur juridiction les gouvernements favorisent les droits de l’homme de toutes les parties du peuple qui luttent pour leur droit à l’autodétermination sans discrimination, chicanes ou diffamation en les nommant «terroristes».

Comment pourrait-on résoudre ces questions?

Qu’il s’agisse de l’Ukraine, du Kosovo, de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud, de la Transnistrie, du Haut-Karabagh, du Tyrol du Sud, des Tamouls, de la Papouasie occidentale, de Rapa Nui [Ile de Pâques], des Moluques, du Soudan etc., il convient de garder à l’esprit qu’il est question d’êtres humains qui aspirent en premier lieu à quelque chose de légitime, à savoir la création de leur propre identité, de leur droit à leur épanouissement culturel, à leur propre histoire. Si un Etat se montre hostile à une partie de sa population, c’est le pire que son gouvernement puisse faire, car cette partie de la population ne se sentirait plus dans l’obligation d’en respecter les lois. Dans une démocratie c’est en principe le peuple qui règne. Si un gouvernement formé d’élites ne se préoccupe pas des intérêts de sa population, ce gouvernement est voué à l’échec et met en danger la paix intérieure du pays et probablement aussi la paix régionale voire internationale.

Que peut faire un gouvernement dans un tel cas?

Si une partie de la population veut se séparer – comme par exemple en Ecosse – la méthode civilisée consiste à organiser un référendum de manière paisible. Il faut tenir compte du fait que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne veut pas obligatoirement dire indépendance totale. Il existe des étapes graduelles. On pourrait imaginer sans problème différents grades d’autonomie et même une organisation fédéraliste par laquelle les droits de l’homme de la population seraient mieux garantis. Bien des pays sont organisés de manière fédéraliste. Des Etats formés de divers groupes ethniques et religieux (parfois hostiles), et de groupes linguistiques seraient bien conseillé de considérer une constitution fédérale.

On pourrait dans ce cas prendre comme référence le modèle de démocratie directe suisse.

Le modèle suisse fonctionne. En Suisse, avec 4 langues et 26 cantons, les gens vivent ensemble en paix et on se respecte mutuellement. Tous sont citoyens et citoyennes du pays. La démocratie directe est garantie par les votes sur un grand nombre d’affaires courantes et par les instruments de l’initiative populaire et du référendum. Il n’y a pas de raison pour des réactions de violence, car la Constitution fédérale et le système gouvernemental démocratique garantissent les droits de toutes personnes aussi au niveau de la juridiction. Malheureusement ce n’est pas le cas dans beaucoup d’autres Etats.

Guardia_imperial_52.jpgA quoi pensez-vous?

Par exemple au Sri Lanka. Là, les Tamouls, qui représentent une grande partie de la population, se différencient de la majorité des Singhalais. Les Tamouls ont une autre histoire et une autre identité qui se sont manifestées dans leur recherche de l’autodétermination.
Entre 1983 et 2009, le monde a regardé sans réagir pendant que les Tamoules se faisaient massacrer par le gouvernement central. Ainsi ils n’ont acquis ni autonomie ni indépendance. Un autre groupe ethnique ayant en principe été légitimé à aspirer à l’autonomie ou l’indépendance était le peuple Igbo du Biafra/Nigéria qui a mené une guerre pour son autodétermination de 1967 à 1970 – et l’a perdue. Environ trois millions de personnes sont mortes pendant cette guerre et la famine qui s’en est suivie.

Par la mise en œuvre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, on pourrait éviter des guerres …

… et par l’application de certaines méthodes, tels les plébiscites, on peut parvenir à des solutions pacifiques. En Ecosse, on a organisé un référendum et en Catalogne on a pu observer une consultation pacifique. Les Nations Unies ont elles-mêmes organisé des référendums au Soudan. Le dernier Etat accepté aux Nations Unies a été le Soudan du Sud. Sa naissance est une conséquence directe de la consultation organisée par les Nations Unies. Il en est de même pour la séparation de l’Ethiopie et de l’Erythrée qui a finalement eu lieu suite à un référendum organisé par les Nations Unies. On pourrait se servir de ce modèle dans bien des parties du monde où il y a des conflits. Mais pour cela, il faut une Assemblée générale engagée, s’occupant des conflits avant qu’ils ne dégénèrent. A ce point, je dois préciser que chaque référendum ne doit pas forcément aboutir à l’indépendance d’une région. Le Québec au Canada en est un exemple. On y a organisé un référendum en 1995 qui n’a pas conduit à la séparation. Quoi qu’il en soit, un référendum pacifique vaut toujours mieux qu’un conflit armé.

Comment peut-on éviter les abus du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour des intérêts de pouvoir et de géopolitique? Comment peut-on empêcher la subversion d’Etats souverains par des révolutions fomentées et financées de l’extérieur?

Il faut savoir différencier entre les cas mentionnés ci-dessus, les révolutions de couleurs et la situation en Syrie. Dans ce cas, il semble bien que la guerre civile n’est pas née du fait d’une discrimination ciblée d’une partie de la population, par exemple des chrétiens ou d’autres communautés exigeant en conséquence l’autodétermination et l’autodéfense. D’un côté, on a affaire à un gouvernement venu au pouvoir par le biais d’élections, de l’autre côté on a un mouvement de militants qui veulent obtenir un changement de régime sans élections. C’est bien sûr tout autre chose. Il faut différencier cela de la situation du groupe ethnique des Tamouls dans certaines parties du Sri Lanka qui ont de légitimes raisons de vouloir préserver leur culture et leur identité. Il faut savoir faire la différence entre une guerre civile, un coup d’Etat et une volonté légitime d’autonomie et d’autodétermination.

Dans l’affaire de l’Ukraine, le président américain Barack Obama reproche à Vladimir Poutine, de mettre en péril la paix dans le monde. Qu’en pensez-vous?

Dans ce cas, il faut se poser la question fondamentale de savoir ce qui met en péril la paix dans le monde. Le refus du dialogue met en danger la paix mondiale, lorsque les parties en conflit refusent de négocier. Que dit la Charte des Nations Unies dans son article 2, alinéa 3? Tous les conflits doivent être résolus par le dialogue et la diplomatie, de façon pacifique. A ma connaissance, Poutine a depuis des mois prôné le dialogue, se déclarant prêt à discuter avec tout le monde. J’aurais volontiers observé une initiative du gouvernement ukrainien de Kiev de recherche du dialogue, dans un esprit de paix, avec les Ukrainiens russophones de Donetsk et Lougansk. Cela aurait été la voie civilisée pour trouver une solution au problème. On ne peut ignorer le fait que cette déstabilisation a des conséquences sur les pays voisins, dans ce cas notamment sur la Russie qui a un droit légitime de tenir à l’écart de ses frontières toute hostilité et activités révolutionnaires. La Russie a éprouvé une inquiétude légitime lorsque le 22 février 2014, le gouvernement démocratiquement élu a été renversé par un coup d’Etat. L’accord international conclu le 21 février entre les représentants du Maïdan, le président Ianoukovitch et les ministres des Affaires étrangères de France, d’Allemagne et de la Pologne, prévoyant des élections anticipées et entre temps la formation d’un nouveau gouvernement en tenant compte de tous les groupes impliqués fut rompu non pas par Ianoukovitch mais par les violences du Maïdan mettant en exécution le coup d’Etat. Les trois pays Allemagne, France et Pologne auraient dû protester et imposer le maintien de l’accord. Il en résulta donc une situation d’illégalité et d’instabilité. A la suite d’un coup d’Etat, il y a toujours certaines conséquences prévisibles mais aussi d’autres demeurant imprévisibles. L’une d’elle est qu’une partie de la population ukrainienne n’a pas reconnu les nouveaux dirigeants du pays de Kiev et ne les considère pas comme des représentants légitimes du peuple. Le professeur John Mearsheimer de l’Université de Chicago a publié récemment dans «Foreign Affaires» une analyse intéressante à ce sujet (www.foreignaffairs.com/articles/141769/john-j-mearsheimer/why-the-ukraine-crisis-is-the-wests-fault et Horizons et débats no 22 du 15/9/14).

Quel rôle les médias jouent-ils dans cette affaire?

Je constate avec inquiétude que les informations médiatiques – notamment celles des médias occidentaux – présentent presque à l’unisson uniquement des accusations envers la Russie. On ne dit mot de l’accord du 21 février, on tait soigneusement le coup d’Etat, comme s’il n’avait pas eu lieu. Ce qui m’inquiète particulièrement c’est le fait que la presse attise l’esprit de guerre au lieu de s’efforcer de calmer le jeu. On ne plaide pas pour le dialogue, on préfère s’obstiner en direction de sanctions et de solutions violentes au lieu de négociations. Cependant, selon la Charte de l’ONU, tous les Etats sont tenus de respecter et de favoriser le dialogue. Mais la presse ne le fait pas. Il faut donc se demander s’il y a violation de l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et si oui par qui. L’article 20 interdit toute incitation à la guerre. Or, de nombreux pays s’en donnent à cœur joie, au lieu de chercher une solution dans l’esprit de la Charte de l’ONU, protégeant les droits de l’homme de toutes les parties concernées, donc aussi ceux des populations de Donetsk et Lougansk.


En outre, il faut insister sur le fait que ni le droit à l’autodétermination, ni le principe de l’intégrité territoriale ne justifient le massacre de populations. Personne ne peut approuver les bombardements d’hôpitaux, d’écoles et de quartiers d’habitations. Dans les années 1994/95, il était clair pour tout le monde que le bombardement de centres civils, tel Sarajevo, était illégal. Je déplore que cette appréciation ne soit pas prise en compte lors des bombardements des populations en Ukraine orientale. En tant que spécialiste du droit international, je me permets de souligner une nouvelle fois que le droit international est universel et doit être appliqué partout de la même manière. On ne peut l’utiliser «à la carte». On ne peut pas prétendre que la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Macédoine, le Monténégro, le Kosovo ont le droit à l’indépendance, mais que les populations de Lougansk et Donetsk ne l’ont pas. Il faut tiré cela au clair. Il y a tous les jours des personnes tuées. C’est le devoir de tous les Etats de la communauté humaine de faire cesser ces tirs. Il faut tout mettre en œuvre pour trouver une solution pacifique. Notons qu’au cours des mois de mars, avril ou mai, on aurait eu l’option de créer une fédération en Ukraine ou une autonomie des districts russo-ukrainiens. Actuellement, il n’est pas certain qu’une population ayant dû subir des bombardements massifs veuille encore demeurer dans un tel système étatique.

Ce ne sera qu’à la suite de négociations et d’un dialogue qu’on pourra répondre à cette question.

Tout d’abord, il faut que les armes se taisent, sinon il n’y a pas d’espoir. Cependant, on apprend par la presse que Kiev s’apprête à lancer une nouvelle offensive. Cela comprend un énorme danger. Vouloir tenter de réintégrer cette partie du pays sous le contrôle de Kiev par la force exacerberait la catastrophe humanitaire au sein de cette région et augmenterait massivement les pertes humaines. Pour moi, la seule solution en conformité avec les droits humains, ce sont les négociations dans lesquelles doivent être impliqués non seulement Kiev et Donetsk mais également les Etats voisins ayant un intérêt légitime à ce que la région soit pacifiée.


Il s’agit également d’un processus démocratique, du fait que la démocratie est une véritable expression de l’autodétermination et celle-ci est une expression de la démocratie. Les critères que j’ai signalés dans mon rapport peuvent être une aide pour des négociations constructives. Il faut rappeler que le droit à l’autodétermination est partie intégrante de la Charte de l’ONU, se retrouve dans l’article 1 du Pacte international de l’ONU relatif aux droits civils et politiques, dans l’article 1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ainsi que dans de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU. Ce droit n'est pas caduc. Il y a encore de nombreux peuples autochtones, de peuples soumis à l'occupation et des minorités qui en ont besoin. Le monde en a assez de la politique politicienne, des euphémismes manipulateurs et des paroles creuses concernant les droits humains. La prévention des conflits – voilà le but de la communauté internationale. Droits humains, paix et justice!

Professeur de Zayas, nous vous remercions pour cette interview.    •

 (Interview réalisée par Thomas Kaiser)
(Traduction Horizons et débats)