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jeudi, 26 février 2015

Qu'est-ce que le totalitarisme?

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QU’EST-CE QUE LE TOTALITARISME?

 
Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Un système totalitaire n'a rien à voir avec une dictature. L'oppression s'y exerce beaucoup plus sur les âmes que sur les corps. On ne peut pas en repérer la source. Le pouvoir est partout et nulle part. Il n'agit pas par le biais des lois mais par celui d'une norme. Il promet le bonheur pour tout le monde. La servitude y est volontaire et non imposée. Chacun participe à son propre anéantissement.

C'est surtout par une réflexion sur la différence entre norme et loi qu'on saisit le mieux la nature d'un régime totalitaire. Pour une fois, j'ai apprécié un texte de Michel Foucault sur cette différence. La loi sanctionne des actes, des crimes, du concret. Une norme est intériorisée et ne nous lâche pas une seconde parce qu'elle pénètre dans notre intimité. C'est une norme qui nous fait nous sentir coupables, malheureux et comme il se doit, anormaux. Cette distance intérieure entre moi (qui suis raciste par exemple) et le moi que je devrais être (antiraciste) pour être conforme à la norme, est infranchissable. Tous les jours, comme Sisyphe,  je dois me gifler parce que je ne suis pas tout à fait comme je devrais être. J'ai eu une réaction hostile devant un Asiatique ou un Africain et, paf, une gifle !  On souffre beaucoup et certains se disent qu’en devenant franchement racistes, ils ne souffriraient plus. C’est une dangereuse illusion.

C’est une illusion parce qu’à vouloir éliminer toute norme, on se retrouve dans un labeur aussi infini que celui visant la conformité à une norme. On retrouve ici le fameux slogan de mai 68 : il est interdit d'interdire. Or, ce n'est pas aussi simple. Même ceux qui veulent vivre hors normes doivent bien reconnaître cette norme puisqu'ils veulent s'en démarquer. Lorsque les normes règnent sur les esprits, on peut soit s'efforcer d'être normal, soit s'efforcer d'être anormal. Dans un cas comme dans l'autre on vise à s'anéantir, soit parce qu'on devient une copie conforme, soit parce qu'en se situant hors de la normalité, on cesse d'exister. Alors, être ou ne pas être ? Au royaume de la norme ou, ce qui revient au même, en régime totalitaire, on est prisonnier d’une affreuse alternative.

Dans une société où les normes sont toutes-puissantes, le pouvoir n'a presque plus à s'exercer. Étrange pouvoir qui ne nous est pas extérieur mais réside dans nos entrailles. Les individus qui ont mal intériorisé une norme, il faut les corriger ou, pour mieux dire, les réintégrer ou les rééduquer. Comme on sait, les camps de rééducation ont abondé et sont loin d'avoir disparu. Dans une société normée ou totalitaire,  l'autorité n'a plus de sens parce que la grande affaire est de normaliser ceux qui sont restés anormaux : les criminels par exemple qui ne sont plus guère punis par des lois mais réintégrés lorsqu'ils ont avalé les normes requises.

Ce qui est visé à travers cette normalisation, c'est un parfait fonctionnement de tout et de tous. Cette visée provoque nécessairement une violence latente ou explicite. Personne n'accepte volontiers de devenir une chose qui fonctionne bien, parce qu'accepter cela c'est accepter de n'être plus rien, sans substance, vide. Certains, il est vrai, peut-être la majorité, souhaitent n'être plus rien, s'imaginant que le poids de la vie disparaîtrait alors avec l’agenda parfaitement huilé d’un workaholic.

Plus les normes prennent le pas sur les lois, plus grande est la tentation de la violence, surtout chez les jeunes dont les entrailles n'ont pas encore accepté toutes les normes. Sans compter qu'ils savent confusément qu'en devenant normaux, ils cesseraient d'exister. Si la condamnation du racisme se fait à partir d'une norme antiraciste et non d'une loi, la tentation de devenir raciste pour échapper à la normalité antiraciste augmentera. De même, plus on dit qu'être normal c'est être heureux, plus grande sera la tentation de chercher le malheur dans des mutilations ou des scarifications. Dire aux potentiels djihadistes qu'ils seront malheureux sous les drapeaux de Daech, c'est les encourager à partir pour la Syrie.

A ce point, on aura deviné que le totalitarisme n'est pas seulement derrière nous, mais aussi parmi nous. Il serait temps de réaliser que les injonctions à être heureux sont du même ordre que les promesses d'un nouveau royaume ou, pour mieux dire, d'un Jardin d'Eden. Les sectes promettant un tel royaume ou un tel jardin ont toujours abondé. Elles ont souvent recommandé d'exterminer tous ceux qui n'y croyaient pas, le nazisme restant ici un modèle indépassable.

A partir de ces considérations on trouve une définition assez simple de la liberté. Elle consiste à refuser deux tentations : celle du retour à un âge d'or (l’état de nature de Rousseau) et celle d'un grand élan révolutionnaire promettant lui aussi, mais dans le futur, la même existence édénique que les soi-disant béatitudes du passé. Le Christ a bien fait de ne placer ses béatitudes ni dans le passé, ni dans le futur. Le vrai bonheur n'est pas dans le temps ou, pour mieux dire, il s'en échappe, comme les parfums s'échappent des fleurs.  C'est en apprenant à respirer ces parfums qu'on échappe aux tentations totalitaires.

Jan Marejko, 19 février 2015

lundi, 26 janvier 2015

Tradition and Evolution

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Tradition and Evolution

by William Deller

Ex: http://www.traditionalbritain.org

William Deller evaluates the role of Tradition in contemporary Britain and the cultural forces opposing a traditional society

The principles of Tradition and Evolution may seem to be opposed: Evolution is about change whereas Tradition seems to be about changelessness. However Evolution is not about change for the sake of change, purposeless change or change at any price. Evolution is an over-arching principle in life; it is purposeful change, the means by which nature improves itself.

Darwin explained how evolution worked for animals through the process of small changes, which enabled animals to respond better to their environment whether through avoiding predators, attracting mates or finding a better supply of food. The more successful animals had offspring who possessed the characteristics of their parents. This is the process of continual improvement sometimes described as “survival of the fittest”, the evolutionary process which is essentially pragmatic, irresistible and implacable. It is a process of trial and error in which success means survival and failure means extinction. It is such a process which has led to homo sapiens, and civilisation as we know it.

The evolutionary process described by Darwin applied to animals who were subject to their environment and responded to that environment. Humans, at the peak of the evolutionary chain, and with immense ingenuity, have developed the god-like ability to create their own environment and develop human society. This has its dangers, bringing the possibility of creating an environment that distorts the evolutionary process, so that the human response to the artificially created environment becomes a negative one which leads humanity in a downward direction.

A current example is the effect of the benefit system, which has been implemented with the wholly good intention to help those in need. Some people may find that the terms of the benefit system make it more attractive to be unemployed than to contribute to society. This is an undesirable evolutionary development. Another example is the behaviour of bank employees who are motivated by the prospect of huge financial gains, and exploit their position to effectively gamble with other peoples’ assets, creating financial mayhem in the process. These are both examples of the corruption of the evolutionary scenario.

However the process of evolution – trial and error - operates constantly so giving an opportunity to reverse changes that are demonstrably retrograde. This explains the continuing development of human society from barbarism to the relatively advanced state of civilisation that operates in much of the world today.

So where does tradition come into the equation? Because humans have the god-like ability to create their own environment (and thus the direction of their evolution), they need some guiding principle to ensure that they do not allow their environment to disintegrate into anarchy. This guiding principle is tradition, which appears in different guises, one being religion. Tradition is not the enemy of evolution, but tries to ensure that humanity is not drawn into false promises of ‘progress’. Tradition distinguishes between ‘right’ and ‘wrong’ and complements evolution.

Religion provides a rule book that enables us to navigate our way through life. Of course religion is also subject to evolutionary forces as demonstrated in the Reformation, but there are some aspects of life on which tradition, religion and evolution agree, and powerfully object to those decisions made by our leaders which are likely to have a negative effect on the way society develops.

The turbulent history of Britain demonstrates the interplay of tradition and evolution in the progress from a feudal agricultural economy to the sophisticated society we know now, through milestones such as the signing of Magna Carta, the execution of King Charles I, and the abolition of the slave trade along the way. Our society develops, rather clumsily, through a process of trial and error: some things work, some things don’t, and the things that don’t work are, in the due course of time, changed. Change of the things that don’t work is dependant on a recognition that something is wrong. At the present time there are two major areas where our leaders have taken decisions which, I believe, are leading Britain in the wrong direction: membership of the European Union, and same-sex marriage.

Before Britain joined the EU it was a sovereign nation, whose democratically-elected Government ran the country. Britain had achieved this condition through many centuries of evolution, involving external warfare, internal rebellion and social upheaval, to realise a stable society which was envied by many throughout the world. A world-wide empire had evolved into the Commonwealth. The British example was followed by all those emerging nations who sought freedom, “self-determination” and democracy.

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When Britain first joined what was then called the European Economic Community in 1972 it seemed to represent a natural collaboration on economic matters between a small number of independent nations. It soon became apparent that the instigators of the EEC had other ideas. The EEC has been transmuted into the European Union, an ‘empire’ of 28 nations, governed by the ‘acquis communautaire’ which is a cumulative body of law of over 80,000 pages which cannot be changed. It has been estimated that some 80% of UK laws now originate in Brussels. The stranglehold which the EU has on British political life is intensified by the rulings of associated European Courts on such matters as equality and human rights. The British Government no longer governs Britain; it merely operates within the rules provided by the European Conglomerate. Is it any wonder that Britain has major problems, developed over decades, such as:

Unbalanced development across Britain of employment, housing, transport and much else.

Lack of an effective energy policy.

Lack of an effective policy to encourage industry.

Lack of an effective population policy.

Inability to control immigration.

Legal confusion such as the inability to deport criminal immigrants.

Failure of the education system to produce the workforce the country needs.

These problems are no surprise when the British Government no longer has the power or the incentive to deal with them. British membership of the EU has long been a contentious issue; however it is now evident that problems associated with that membership are increasing and will continue to increase. It is apparent that British membership of the EU is opposed to the traditions of Britain and to the evolutionary destiny of Britain; sooner or later Britain will have to exit.

A further example of the way that society - ignoring the teachings of tradition, evolution and religion - can be led down a blind alley, is same-sex marriage. It is curious that the tale of same-sex marriage is linked to the EU. There were no proposals for same-sex marriage in the Conservative election manifesto; it is opposed by much of the public; it was opposed by many Conservative MPs; it was strongly opposed by religious organisations. The legislation was introduced by the Government because gay-rights activists threatened to take the issue to European Courts, and raised the possibility of forcing the Government’s hand using European rulings on equality.

The legislation by the Government on same-sex marriage is opposed to tradition, religion and evolution. It is opposed to the evidence of evolution because heterosexuality is the means by which humanity has reproduced itself and civilisation has developed; to suggest that heterosexuality and homosexuality are equal is absurd. It is opposed to tradition because throughout history it is the union of one man and one woman, and their procreation of children, that has been enshrined in traditions around the world. It is opposed to religion because the tradition of union between one man and one woman has been formalised and made sacred by religions.

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In the eyes of many people, probably the large majority, the concept of marriage between one man and one woman was a rock-like tradition of our society, our civilisation; it provides a framework for raising and educating future citizens; it is the cornerstone of community and of society. The introduction of same-sex marriage destroys this solid foundation, replaces it with a nightmare world of undefined relationships and trivialises the vital function of parenthood. It seems that the people who originated this legislation have never watched the wild life TV programmes of David Attenborough in which the primary driving force (after survival) is the mating of male and female and the procreation of offspring.

It is curious that the apparent driving force for same-sex marriage has been the principle of total equality, whereas evolution is all about inequality! Evolution accepts that a species advances by recognising that some members of the species are better able to contribute to the common good than others. This is profoundly demonstrated in the modern world by the recognition given to football players, which is given not by decision of the powerful, but by the ordinary people who watch football! Thus the idea of total equality is anathema to the principle of evolution. We know quite well that there is an enormous variety in human qualities which is part of the richness of human life and explains the success of the human species. Yet our leaders seem to be unable to distinguish between the absolutely different characteristics of heterosexuals and homosexuals, and the different contributions they are able to make to society.

Another significant aspect of the drive for same-sex marriage has been the delight that some people find in trampling on tradition, which emphasises the need for the fordces of tradition and evolution to work together to challenge those who, knowingly or not, are leading society to nihilism. The issues of same-sex marriage and British membership of the EU are not simply topics for the debating chamber; they are matters which profoundly affect the evolutionary direction of the British nation. Sooner or later we must either choose, or be forced by circumstances, to abandon these current policies.

William Deller Author of NEW DEAL – How to Transform Britain December 2014

Content on the Traditional Britain Blog and Journal does not necessarily reflect the opinions of The Traditional Britain Group

samedi, 08 novembre 2014

Contre l'universalisme, source de tout impérialisme

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Contre l'universalisme, source de tout impérialisme

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

La première forme d’universalisme émerge dans l’ancienne Perse, sous la gouvernance des Achéménides. Après s’être substitué à leurs cousins mèdes, les Perses vont à partir de Cyrus se constituer un vaste empire, allant de la Mer Egée jusqu’à l’Inde. L’empire perse comprendra en son sein non seulement des populations iraniennes et iranophones, comme les Mèdes ou les Scythes, mais aussi des Grecs et des Arméniens, et surtout le monde ouest-sémitique (Babylone) et l’Egypte. De ce fait, la Perse formera un empire multiculturel. Néanmoins elle ne s’assumera jamais réellement comme universelle, car la religion zoroastrienne est une religion ethno-nationale qui oppose les Perses et les non-Perses, ces derniers étant assimilés à « Turan », le royaume (mythique) ennemi de l’Iran. Ainsi, seuls les Iraniens de souche pouvaient (et peuvent encore) être zoroastriens.

C’est sur cet embryon d’universalisme non assumé qu’intervient Alexandre. Le conquérant macédonien se substituera aux shahs de Perse mais en s’émancipant à la fois du rigorisme zoroastrien et des enseignements hellénocentrés d’Aristote. Certes, dans la réalité, l’universalisme d’Alexandre se limitera à unir par le mariage des Grecs et Macédoniens avec des femmes de la noblesse perse. Mais très vite, une fois le roi macédonien mort, et alors que ces mariages prendront fin aussi vite qu’ils auront été conclus, les monarchies hellénistiques qui lui survivront assumeront une idéologie universaliste explicite. Cela sera notamment le cas de la dynastie lagide en Egypte mais aussi des Séleucides en Orient.

Alors qu’un athénien de l’époque de Périclès aurait considéré la culture grecque comme l’apanage des seuls vrais Grecs, désormais l’hellénisme se répand en orient. Une ville comme Alexandrie sera le symbole de cette étrange fusion entre Grèce et Orient. Ce n’est pas un hasard si elle deviendra bien des années après un centre chrétien de première importance.

Alors que la Rome républicaine aspirait à unir des peuples proches, comme les autres tribus italiques, une forme d’universalisme romain se mit en place progressivement au gré des conquêtes. Certes Caton dénoncera la « fides punica » de Carthage et Virgile opposera les dieux anthropomorphes de Rome aux dieux zoomorphes de l’Egypte. C’est parce qu’il a trahi Rome pour succomber aux séductions orientales qu’Antoine sera aisément démonisé par Octavien qui, devenu Auguste, interdira les cultes égyptiens au cœur du pomœrium. Mais très vite l’empire romain se confondra avec le monde, et l’édit de Caracalla en 212 après J.C mettra fin à toutes différences entre les Romains et les populations qu’ils avaient vaincues.

A l’universalisme de la Grèce déclinante et à l’universalisme de la Rome impériale dans laquelle « Rome n’était plus dans Rome » s’ajouta un universalisme juif, une vision messianique où le culte du dieu unique ne serait plus celui du seul peuple judéen mais de l’humanité entière. Une même dérive religieuse avait eu lieu en Egypte aux alentours de 1400 avant J.C, avec le pharaon Amenhotep IV, dit Akhénaton, qui voulait faire du culte d’Aton une religion universelle.

Le courant universaliste juif et le courant universaliste gréco-romain se rencontrèrent dans l’esprit de Paul de Tarse. Lorsque ce dernier déclare qu’il n’y a plus « ni juif, ni grec », il introduit en religion l’universalisme. Alors que le paganisme, « religion du pays » (latin pagus), prêche l’enracinement et le culte des ancêtres, et que le judaïsme est la religion spécifique du peuple judéen, Paul appelle à renoncer à ces particularismes fondamentaux pour rejoindre la religion nouvelle. Alors que les religions antiques prêchaient la tolérance réciproque de peuples enracinés chacun dans leur tradition propre, le monothéisme oppose désormais le bien et le mal, ceux qui ont reconnu le discours de Christ et ceux qui l’ont refusé. Aux païens et aux juifs qui n’ont pas reconnu la divinité de Jésus l’enfer est réservé.

Dès lors, au nom d’une vérité révélée, il faudra convertir les païens et persécuter les hérétiques. Lorsque Constantin fit le choix de passer au christianisme, la tolérance antique cessa d’exister, jusqu’à ce que Théodose interdise purement et simplement aux païens le droit de pratiquer la religion de leurs ancêtres. L’islam prolongera et durcira le caractère violent du monothéisme chrétien, dénoncé à juste titre par Jean Soler dans ses ouvrages. Lui aussi sera universaliste, transcendant sous le regard d’Allah toutes les différences entre les peuples et les civilisations.

En 1789, la révolution française prônera également une forme d’universalisme, même si dans les faits le monde se limitait en réalité pour elle à l’Europe. Les idéologies du XXème siècle ne seront pas moins universalistes. Il existe un universalisme « socialiste » qu’on a appelé l’Internationale marxiste. Il existe un universalisme « libérale » qu’on appelle désormais « mondialisme ». Tous ces universalismes sont également des impérialismes, à la source de toutes les colonisations.

L’universalisme soviétique signera la domination des Grands-Russes sur les autres peuples de l’ancienne Russie tsariste, de la même façon que l’universalisme jacobin fut celui des Franciens (locuteurs des langues d’oïl) sur les autres peuples de l’ancienne France capétienne. Et l’universalisme libéral, avec sa démocratie de façade et ses « droits universels », considérablement renforcé depuis la chute de l’URSS, sera la marque de l’impérialisme américain.

En fait, toutes les formes d’impérialisme, qu’il soit libéral, communiste ou même nazi, ont à la base une forme d’universalisme, l’idée que leur modèle politique ou leurs valeurs civilisationnelles ont vocation à s’imposer au monde entier, en niant ou détruisant toutes les différences, tous les particularismes. L’universalisme souhaite un homme interchangeable, déraciné, un « citoyen du monde » c'est-à-dire en réalité un sujet d’une oligarchie planétarisée. De la même façon que tout le monde avait vocation à devenir « citoyen romain » lorsque Rome avait cessé d’être une république d’hommes libres, de la même façon que tout le monde peut devenir chrétien ou musulman, quelles que soient ses origines, l’humanité entière devrait se soumettre à la même utopie.

Or l’universalisme n’est simplement pas possible et à chaque fois qu’il a voulu s’imposer il a lamentablement échoué. Des civilisations très différentes n’ont pas vocation à s’entendre. Des peuples trop différents n’ont pas vocation à s’unir. Ils ne le veulent pas et ne le souhaitent pas. C’est pourquoi l’URSS s’est effondrée, c’est pourquoi les Eglises ont fini par se vider face à la vague de nationalisme qui submergea notre continent aux XIXème et XXème siècles, et c’est pourquoi le mondialisme aussi va s’effondrer, que cela soit celui promu par les Américains ou que cela soit celui promu par les islamistes.

Ne nous y trompons pas. Derrière l’impérialisme américain ou derrière le néo-jihad salafiste, on retrouve la même volonté de faire table rase du passé, d’inventer un « homme nouveau » sans racines et sans histoire, un renégat. Au final, l’universalisme finit toujours par faire couler le sang. Ceux qui refusent ce modèle unique, ce sont les païens persécutés par l’Eglise, les « infidèles » persécutés par les islamistes, les indigènes face aux colonisateurs, les koulaks face au bolchevisme, les chouans face aux jacobins, et d’une manière générale tous les dissidents confrontés à des régimes totalitaires.

L’universalisme est l’ennemi de l’humanité. Le respect et la préservation des différences, là est en revanche son salut.

Thomas FERRIER (PSUNE)

jeudi, 06 novembre 2014

Comunidad y ciudadanía: dos modelos de sociedad antagónicos

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Comunidad y ciudadanía: dos modelos de sociedad antagónicos

Ex: http://agnosis2.blogspot.com.es

 
Retomamos la comparativa entre la sociedad tradicional y la sociedad moderna abordando uno de los conceptos fundamentales de la moderna sociedad liberal y de su retórica: el concepto de ciudadanía.

Creemos convenientes estas aclaraciones dado que la post-modernidad nos presenta con frecuencia creciente la consideración de 'ciudadano' como la conquista de una condición privilegiada, que nunca antes ningún hombre disfrutó. Un discurso muy propio del progresismo -y las izquierdas-, donde se nos trata de convencer de que los hombres hemos dejado de ser súbditos y vasallos para llegar a ser ciudadanos que deciden libremente y que ahora, una vez conquistada esta privilegiada posición somos agentes activos de la sociedad. Un verdadero progreso. Pero tras toda esta bella retórica se esconde una realidad que pocas veces es puesta de manifiesto.
Para empezar la propia palabra -ciudadanía, ciudadano- posee connotaciones bastante oscuras. Etimológicamente se refiere indudablemente al habitante de la ciudad, lo cual es ya de por sí una declaración de intenciones, pues es éste el que tiene 'derechos' y el que es tomado como referencia para toda la sociedad, él es el sujeto a tener en cuenta, el civilizado,: Los otros -los no-habitantes de la ciudad- son entonces los bárbaros, y pasan a ser miembros de segunda de su sociedad, no son ellos los que han de tomar las decisiones. Esta visión no dista mucho de las concepciones esencialistas que caracterizaban las sociedades antiguas greco-latinas donde había unos códigos muy estrictos que estipulaban la pertenencia al clan, la casta o la polis así como el derecho a participar en la toma de decisiones.  
 
En el fondo, y aunque sea de forma implícita, el uso de esta palabra nos indica que es el habitante de la ciudad -y no ningún otro- quien es considerado normal y central en esta sociedad, siendo los demás casos más o menos anormales, o excepcionales, periféricos y exóticos, causa por la que deben ser re-convertidos en ciudadanos. Por su propio bien, habría que decir. 
 
Ya hemos comentado en otro lugar (ver aquí) cómo la modernidad desde su mismo origen ha provocado y alimentado el conflicto entre campo y ciudad, conflicto que en algunos momentos ha tomado dimensiones verdaderamente dramáticas, como aquel que condujo al primer genocidio moderno en los años que siguieron a la revolución francesa y que recayó sobre los contra-revolucionarios, aunque desgraciadamente se podrían citar muchos más casos [1]. No es exagerado decir que la modernidad fue una corriente que nació y se desarrollo en las grandes urbes, que fueron sus focos de propagación, propagación que el campo, es decir el mundo rural, siempre vio -hasta fechas muy recientes- con desconfianza. 
 
Por lo tanto nos encontramos ante un caso evidente de uso colonial del lenguaje, estamos frente a un término empleado para excluir una parte de la sociedad de la normalidad/centralidad de la misma a fin de imponerse sobre ella por el método de menospreciarla. Advertimos entonces que se trata de una palabra profundamente contaminada por una ideología socio-política muy determinada -la modernista y capitalista, de carácter marcademente urbanita y colonialista- y en absoluto neutra. Esto nos debe hacer desconfiar ante el uso generalizado que está tomando este término y nos debe hacer pensar si no es más bien una campaña -otra más- de propaganda. 
 
***
Avancemos en nuestro análisis de lo que es la ciudadanía. De Sousa define comunidad y ciudadanía como dos espacios sociales o 'estructuras de acción' diferentes de entre los seis en que según él, se desarrolla toda la vida del hombre en las sociedades capitalistas [2]. Esto significa en primer lugar que no todas las sociedades han dispuesto los mismos espacios y estructuras de acción y convivencia, de hecho la ciudadanía es en gran medida una elaboración -¿una invención?- de las sociedades capitalistas. 

Además De Sousa advierte que ambos espacios obedecen a lógicas diferentes y en cierto sentido opuestas. Veamos porqué. 


Para empezar las relaciones en la comunidad son de índole horizontal y se basan en la reciprocidad, sin embargo las relaciones que se establecen en el modelo de ciudadanía son de marcado corte vertical y se basan en una serie de 'derechos y deberes' que el mismo ciudadano no decide, sino que le vienen impuestos desde fuerzas externas y por completo ajenas a su control. En palabras de De Sousa:
mientras que la dinámica del espacio de la ciudadanía está organizada por la obligación política vertical (Estado/ciudadano), la dinámica del espacio comunidad se organiza casi siempre a partir de obligaciones políticas horizontales (ciudadano/ciudadano, familia/familia, etc.)

Además, añade, el espacio de ciudadanía se basa "en el poder coercitivo del Estado". [3] 


Así mientras el modelo clásico de relación en la comunidad es la negociación, el modelo normativo de relación en la ciudadanía es la obediencia -por no decir el sometimiento- pues con el Estado nada se puede negociar. Es una relación profundamente asimétrica dado que el ciudadano no trata con 'personas' sino con el ente estatal mismo. 
 

Por otra parte ambos modelos de articulación de la relación individuo-sociedad son generados desde campos sociales distintos lo cual explica no solo su asimetría sino también su incompatibilidad en la práctica. La comunidad emerge del pueblo, que a su vez se sostiene sobre el par familia-territorio. Dado que surge de las relaciones establecidas de forma más o menos libre entre las personas, aparece por tanto impulsada desde una sub-estructura convivencial. [4]


La ciudadanía sin embargo  procede de un poder superior, la super-estructura estatal que establece e impone a los individuos el modo y las condiciones en que se debe tratar con semejante poder, que no son en absoluto intuitivos o naturales. El espacio de la ciudadanía es una extensión evidente del estado. Una vez más encontramos que el triunfo del paradigma moderno es ante todo la hegemonía de la racionalidad exclusivista frente a cualquier otro tipo de sentir o de ser. Lo representamos gráficamente a continuación:





Si el motor impulsor de la formación de la comunidad es la articulación familia-territorio, relación que requiere de ajustes y adaptaciones constantes, las fuerzas que impulsan y conforman al estado moderno son las del par capital-Mercado, el cual requiere de no menos adaptaciones constantes a las circunstancias siempre cambiantes del mercado. Así vemos gráficamente cómo el estado suplanta a la familia como estructura de socialización, de coerción y también de apoyo del individuo. Asimismo percibimos que el territorio, en el que antes se basaba la identidad, es sustituido por el mercado como base material y contexto sobre el que se desarrollan el estado, el espacio de producción-trabajo y en definitiva la vida misma de los individuos. En ambos casos asistimos a como una realidad material y concreta es sustituida por entes abstractos, y lo que es más importante, entes que obedecen a lógicas propias, ajenas por entero al individuo y en las que éste no puede de ninguna manera intervenir. Paradójicamente se pretende hacernos creer que entrar a formar parte de semejantes dinámicas verticales y alienantes supone un aumento de nuestra libertad y nuestra capacidad decisoria...

Además las relaciones de ciudadanía -ciudadano/Estado- están absolutamente mediadas bajo códigos no escritos cada vez más estrictos, severos y detallados; en el espacio ciudadano no se trata con personas sino con roles, pues en el estado moderno todas las relaciones se basan en la representación de un rol por parte del individuo. Nadie es ya él mismo sin más, sino que es el papel (el rol) que en ese momento le toca desempeñar en su lugar dentro del organigrama estructural estatal. 

Esto nos hace reparar en un nuevo factor, el emocional, muy poco tenido en cuenta en general, aunque es primordial en la generación y mantenimiento de lazos en el espacio de la comunidad. Sin embargo el Estado hace gala de una extremada racionalidad funcionalista -como corresponde al paradigma moderno, tal y como hemos dicho ya en otras ocasiones-, no hay por tanto lugar para las emociones en el trato con él. El Estado aplica sus 'lógicas', y todo el mundo sabe que no hay lugar para la solidaridad o la piedad en la administración. Este y no otro es el privilegiado modelo social de la ciudadanía, otro avance que según nos dicen los profetas del progresismo hay que celebrar...


Evidentemente esto provocaba desajustes, sobre todo entre poblaciones que se habían criado y socializado en espacios comunitarios, pues la adaptación al funcionalismo pragmatista no es fácil. A lo largo del siglo XX fue mucha la gente a la que costó reconvertirse en ciudadano y adaptarse al modo de ser  propio de la modernidad, tan funcional como impersonal e insolidario. 'La ciudad no es para mi', frase popular que describe el sentimiento de desorientación y desarraigo que han sentido las generaciones de hombres y mujeres que sufrieron el inmenso éxodo rural impulsado por la modernidad. Estos desajustes personales no preocupaban mucho al poder estatal. Pero entre todos los desajustes que el modelo de ciudadanía originaba sí había uno que preocupaba enormemente al poder estatal: la escasa lealtad que se establecía con un modelo -el de ciudadanía- que era percibido como impuesto y que no ponía en juego ninguna carga emocional en los individuos, y cuando la ponía en juego era para hacerle sentir miedo, desamparo o indignación. 


Por esta razón, hasta ahora, los estados-nación clásicos pretendían desarrollar cierta ilusión comunitaria e identitaria (himnos, banderas, patriotismos varios, etc.) recurriendo al sustrato emocional, precisamente para generar esa identificación y lealtad de los individuos con el Estado. Digámoslo claramente: el estado burgués-económico se construía con mejor o peor suerte, de manera más o menos burda, una nación que dotara de la ilusión de unidad y sentido a su ciudadanía recién creada. 


Pero esto ha cambiado en las últimas décadas pues, con el desarrollo de las fases más recientes del capitalismo, los estados post-modernos ya no buscan la lealtad ni la identificación de sus ciudadanos con el proyecto estatal-capitalista, y no la buscan porque no la requieren: su poder es tal que les basta con la simple coerción económico-administrativa. 


Para el desempeño conveniente de dicha coerción económico-administrativa el Estado moderno ha desarrollado un aparato de vigilancia y control que ningún imperio o estado totalitario tuvo ni soñó tener jamás: la burocracia. La burocracia -que es literalmente el 'poder de la oficina'- para ser realmente efectiva ha de apoyarse fundamentalmente en un asombroso despliegue tecnológico, que en los 'estados centrales' del capitalismo es a estas alturas mayor que el que ningún servicio de inteligencia haya tenido nunca a su disposición. Al lado de semejante maquinaria "democrática" los métodos de vigilancia y coerción estalinistas, de puro burdos y groseros, casi mueven a risa. Este solo hecho inaudito, el poder increíble que ha desarrollado al burocracia del ente estatal, debería borrar tanto espejismo progresista y desmentir por sí mismo, sin necesidad de más razonamientos, todas las ilusiones acerca de la libertad ilimitada del hombre occidental, es decir del ciudadano. El ciudadano es, ante todo, un ente vigilado, amenazado, constreñido, perseguido y molido en su interior por el ente estatal. 

La misma burocracia es, por otra parte, un complejo método diseñado para segregar al ciudadano del resto de la sociedad así como del Estado mismo, situándole en una posición permanente de inferioridad. Es decir, la burocracia estatal es un modo de imposición y de exclusión a la vez, una máquina brutal de administrar poder carente de cualquier sentimiento o emoción. Dado que sostenemos en estas páginas que el hiper-racionalismo excluyente está en el núcleo del paradigma moderno, algo que ha venido pasando desapercibido en general, y que una de sus características más propias es la obsesión por el control -para no dejar espacios de disidencia o simplemente diversidad- creemos que el modelo de Estado-ciudadano, cuya praxis se desarrolla a través del par tecnocracia-burocracia, es probablemente el modelo de sociedad que mejor implementa el paradigma de la modernidad. 

Es decir, el ciudadano post-moderno obedece, no por amor o lealtad a la patria, a la tierra, a la familia o a cualquier otro ente -simbólico o real, más o menos ridículo o respetable- sino ante todo por miedo. Esta diferencia entre ciudadanía comunidad también debe ser puesta de manifiesto. En la comunidad hay una red de lealtades y compromisos impensables en la ciudadanía que se caracteriza ante todo por su insolidaridad para con los iguales. En la ciudadanía todo compromiso, toda obligación, toda lealtad, es exclusivamente vertical.  


Y aquí resulta especialmente llamativo que se ponga tanto énfasis en la existencia de desigualdades en las relaciones horizontales -por ejemplo de género- y no se haga jamás alusión a algo tan obvio como la enorme desigualdad de poder que se establece entre los dos lados de la ventanilla administrativa... Esto también dice mucho de quién alimenta estos debates por la igualdad y con qué fines.

***

Como vemos, el ciudadano no resulta ser definido por unos supuestos 'derechos', ni por detentar poder decisorio alguno o soberanías vagas, ni por el dudoso privilegio de votar en una urna... sino por el primero y más fundamental de todos sus 'deberes': pagar impuestos, contribuir al estado. ¿No es esto ser un súbdito? A quien paga impuestos el estado le otorga toda una serie de dádivas y derechos. Este es el hecho diferencial, aquel ante el cual el estado nos toma en consideración. 
 
En efecto, llega a ser ciudadano aquel que establece esta especial relación con el Estado, y es así hasta tal punto que puede decirse que aquellos de los que el estado no demanda nada están en la práctica excluídos socialmente. Máxime cuando, como vemos claramente en el orden liberal actual, los 'derechos' del ciudadano no son ni irrevocables ni inalienables, pues le son otorgados por su cualidad de trabajador y contribuyente. Hasta el punto que si se deja de serlo esos mismos derechos le pueden ser conculcados y retrocedidos: los 'derechos' de la sociedad liberal no son por tanto esenciales.

Ciudadanía y comunidad son por tanto realidades sociales que se oponen entre sí y, dado que responden a fuerzas contrarias y excluyentes -el poder estatal y el poder popular-, el incremento de una es forzosamente el debilitamiento de la otra. Así ha sido siempre en la historia y no puede ser de otro modo. Es por esta razón que no es de extrañar que sea en los países centrales del capitalismo, en los que el Estado está más hipertrofiado, aquellos en los que se carece por completo de comunidad o de estructuras horizontales de convivencia o intercambio de cualquier tipo, mientras en los países periféricos, cuyos estados se han desarrollado más deficientemente sigue existiendo un tejido comunitario más o menos fuerte según los casos.

No ver que ésta es la auténtica realidad que subyace al bello discurso de ciudadanos y ciudadanas, de la ciudadanía moderna como privilegio, progreso y conquista, es ser víctima de un grave engaño. La ciudadanía como modelo convivencial y relacional sumamente artificial va dirigida a destruir la comunidad como el entorno relacional natural de la vida humana y a aislar al individuo, para que quede desprotegido y a merced de Estado y Mercado.

Por tanto la conclusión es muy clara a la vez que inquietante: hay intereses muy determinados que impelen a que la ciudadanía se desarrolle como modelo relacional único y exclusivo de la sociedad capitalista y de este modo todo el poder se sitúe en torno a la estructura burocrático-estatal, a costa de toda otra forma de relación que -como la comunidad o la familia- podrían impedir el monopolio de la gestión de la vida del individuo por parte del estado.


Tal conclusión debe además ponernos en guardia ante todos aquellos que nos invitan con una sonrisa a convertirnos en ciudadanos libres y participativos, y que, haciendo uso de discursos llenos de falso optimismo, buenismo y progresismo, pretenden extender la red del globalismo estatalista y que celebremos como una conquista y un progreso tal orden de cosas.  



[1] Así por ejemplo los años '30 y '40 en España, donde primero la República y luego la dictadura sometieron al mundo rural a una represión continuada sin precedentes.

[2] Los seis espacios definidos por De Sousa son: familia, trabajo, comunidad, mercado, ciudadanía y el 'espacio mundial'. Para más información: De Sousa Santos. Crítica de la Razón Indolente. Contra el desperdicio de la experiencia, Parte III, Cap. V. 
[3] De Sousa Santos. íbid.
[4] Puede apreciarse aquí el importante papel estratégico que tiene la deslocalización a todos los niveles en vista a la desestructuración programada de las comunidades.

samedi, 18 octobre 2014

Les États des peuples et l'empire de la nation

Archives - 2000
 
Les États des peuples et l'empire de la nation
 
par Frédéric KISTERS
 
Armee_arcConstantinSud.jpgIl existe une confusion permanente entre le mot « nation » qui désigne une association contractuelle de personnes liées à une constitution et la notion de « peuple » qui renvoie à une identité, c’est-à-dire un fait donné, une appréhension de soi résultant de l’histoire. Le peuple est donc le produit du déterminisme — nous ne décidons pas de notre appartenance —, tandis que la nation est le résultat volontaire d’un choix — nous élisons notre citoyenneté.
 
Peuples et Nation
 
Le peuple est un produit de l’histoire dont les membres ont le sentiment de partager un passé et des valeurs communes. Pour le définir, on utilise généralement 4 critères principaux : la langue, la culture, le territoire, les relations économiques. Isolé, aucun de ces critères ne semble suffisant. Si l’on octroyait le rôle principal à la langue, il faudrait en conséquence accepter que les Français, les Suisses romans, les Québécois ainsi que les francophones de Belgique et d’Afrique forment un peuple. Pareillement, les Flamands et les Néerlandais ne se sentent-ils pas de culture différente ? Dans la culture, nous intégrons la religion qui en est un des aspects. De plus, la culture influe sur la manière de vivre la religion : les Albanais et les Arabes saoudites ont des visions très différentes de la foi musulmane. La plupart des peuples occupent un territoire plus ou moins cohérent ; il est en effet difficile de maintenir des liens sans proximité. Il faut toutefois noter quelques exceptions telles que les Juifs avant la création d’Israël ou les tribus nomade. De même, les populations immigrées maintiennent un communauté et conservent des liens étroits avec leur patrie d’origine. Enfin, l’existence d’un peuple suppose des relations économiques privilégiées entre ses membres. L’ensemble de ces traits devrait permettre d’esquisser les linéaments de l’idiosyncrasie d’un peuple ; pourtant, son image apparaît souvent floue, parce que critères utilisés pour en préciser les contours ne sont pas assez formels. En réalité, un sujet qui a une histoire ne peut se définir, puisqu’il se modifie sans cesse.
 
Quant à la nation, selon la définition de Sieyès (1), elle est une communauté légale qui possède la souveraineté. Si l’expression « la nation est une et indivisible » signifie que l’ensemble de ses membres détient la souveraineté et que chacun se soumet aux mêmes lois, elle n’implique toutefois pas nécessairement que les citoyens habitent dans un territoire circonscrit ou aient des relations économiques. Les étrangers qui n’adoptent pas la citoyenneté de leurs pays d’accueil ne sont pas des citoyens à part entière, même s’ils jouissent d’une partie des droits civiques. Une communauté de langue et de culture n’induit pas non plus une citoyenneté partagée. Enfin, la nation a conscience de son existence et puise dans son histoire les éléments symboliques qui renforcent sa cohésion, expliquent ses avatars et justifient l’intégration d’individus ou de peuples étrangers.
 
Deux conceptions du nationalisme
 
Par conséquent, le terme nationalisme possède deux acceptions contradictoires selon qu’il se réfère à l’idée de peuple ou à la notion de nation. Dans le premier cas, il fait appel au sang, au sol, aux ancêtres, au passé, c’est un nationalisme de l’héritage qui se réduit souvent à un fallacieux sentiment de supériorité sur les autres et qui, de plus, porte sur un objet de taille limitée. Par ailleurs, peu de choses distinguent le nationalisme du régionalisme qui désigne un sentiment semblable projeté sur un objet plus restreint. Dans le second cas, il transcende l’individu et l’arrache au déterminisme de son milieu. On adhère de manière volontariste à la nation pour réaliser un projet en commun, mais on appartient au peuple de ses parents. Au contraire, la nation possède une faculté d’extension illimitée, car elle peut toujours accueillir de nouveaux membres en dehors des considérations de naissance. Notons enfin que ces deux formes de nationalisme peuvent plus ou moins se recouper et se renforcer au sein d’un même État.
 
État et Empire
 
Pour accéder à la souveraineté, le(s) peuple(s) doive(nt) constituer une nation et se donner une structure : l’État qui arbitre les intérêts contradictoires des citoyens, assure leur sécurité et rationalise le devenir de la société. Dans l’histoire, nous rencontrons deux grands types d’États ; d’une part, ceux issus d’un peuple qui avait une conscience subjective de sa réalité et qui se sont dotés d’une structure objective — l’État français par ex. ; d’autre part, les nations forgées au départ de peuples épars, tel que l’Autriche-Hongrie, qui portent souvent le nom d’Empire. Dans les deux situations, il faut à l’origine une volonté agrégative qui peut être incarnée par un monarque, une institution ou un peuple fédérateur.
 
En réalité, jamais l’État-nation n’a coïncidé dès son origine avec une exacte communauté de langue et de culture. Le préalable n’est pas l’unité culturelle ; au contraire, c’est la nation qui unit le(s) peuple(s) et non l’inverse. L’État, par l’action de son administration centralisée et de son enseignement, harmonise les idiomes et les comportements sociaux. L’existence d’un territoire unifié sous une même autorité facilite aussi les déplacements et donc les mélanges de populations hétérogènes. Des affinités culturelles peuvent inciter les hommes à se regrouper au sein d’une nation, mais cette dernière entreprend à son tour l’élaboration d’une nouvelle « identité nationale ». Surtout, l’histoire n’a jamais vu une nation se former sur base d’intérêts économiques, c’est pourquoi nous pensons que l’Union européenne emprunte un mauvais chemin.
 
aquilifer_16894_lg.gifL’État-nation, dont la France est l’archétype, désire l’égalité, l’uniformité, la centralisation ; il établit une loi unique sur l’ensemble de son territoire. Il ne reconnaît pas la diversité des coutumes et tend à la suppression des différences locales. Il suppose que tous les peuples sous son empire adoptent les mêmes mœurs et s’expriment dans sa langue administrative.
 
Au contraire, l’Empire doit compter avec les différents peuples qui le compose et tolère une relative diversité législative en son sein. De même, il ne jouira pas nécessairement d’une autorité égale sur chacune de ses provinces. Certaines d’entre-elles peuvent être presque indépendantes (comme par exemple les principautés tributaires de l’Empire ottoman), tandis que d’autres sont totalement soumises au gouvernement central. Parfois, l’on vit même des peuples érigés en nations cohabiter dans le même Empire (vers sa fin, l’Empire austro-hongrois comprenaient une nation « hongroise », une nation  « allemande » et divers peuples slaves). Notons enfin que, de notre point de vue, il n’existe pas actuellement de souverain européen, mais bien des institutions européennes qui agissent avec le consentement de plusieurs nations.
 
Droit de vote ou citoyenneté
 
Par ailleurs, se pose aujourd’hui la question du droit de vote des étrangers. Nos dirigeants disputent pour savoir si nous octroierons le droit de vote aux seuls Européens, et sous quelles conditions, ou si nous l’étendrons aux ressortissants non-européens. À notre avis, le problème est mal posé. En effet, le droit de vote, réduit aux communales qui plus est, n’est jamais qu’une part de l’indivisible citoyenneté, qu’on la dissèque ainsi en créant des sous-catégories dans la société nous semble malsain, car cela nuit à l’unité de la nation en dégradant le principe d’égalité des citoyens devant la Loi. De plus, la citoyenneté implique aussi des devoirs dont le respect garantit nos droits. Dans le débat, d’aucuns proposent d’accorder la citoyenneté belge plutôt que le droit de vote. Sans hésiter, nous allons plus loin en soutenant un projet de citoyenneté européenne. Dans cette entreprise, nous nous appuyons ; d’une part, sur l’œuvre majeure (2) d’un grand penseur politique, Otto Bauer, le chef de file de l’école austro-marxiste ; d’autre part, sur un précédent historique : le concept de double citoyenneté dans l’Empire romain.
 
Otto Bauer articulait sa thèse autour du concept de « communauté de destin » grâce auquel il donna une nouvelle définition de la Nation. Selon lui, la culture et la psychologie permettent de distinguer un peuple d’un autre, mais ces caractères sont eux-mêmes déterminés par l’Histoire. Suivant ses vues, le peuple ne se définit plus par une appartenance ethnique, une communauté de langue, l’occupation d’un territoire ou en termes de liens économiques, mais bien comme un groupe d’hommes historiquement liés par le sort. Dès lors, dans cet esprit, les habitants d’une cité cosmopolite, issus d’origines diverses mais vivant ensemble, peuvent fort bien, dans certaines circonstances historiques, former une nation. Évidemment, il existe une interaction permanente entre le « caractère » et le destin d’un peuple, puisque le premier conditionne la manière de réagir aux événements extérieurs, aussi la nation est-elle en perpétuel devenir.
 
Ainsi, Bauer justifiait le maintien d’un État austro-hongrois par la communauté de destin qui liait ses peuples depuis des siècles. Une législation fédérale aurait protégé les différentes minorités et garanti l’égalité absolue des citoyens devant la Loi qu’il considérait comme la condition sine qua non de la bonne intelligence des peuples au sein de l’État.
 
Dans cette perspective, la conscience du passé partagé n’exclut pas le désir d’un avenir commun. Pour notre part, nous aspirons à une nation européenne dans laquelle fusionneraient les peuples européens.
 
Dans l’Empire romain, il existait un principe de double citoyenneté. Jusqu’à l’édit de Caracalla (212 ap. JC), la citoyenneté romaine se surimposait à l’origo, l’appartenance à son peuple. Évidemment la première conservait l’éminence sur la seconde. Néanmoins, le Romain pouvait recourir, selon les circonstances, soit au droit romain soit aux lois locales. Lorsque l’empereur Caracalla donna la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, ceux-ci conservèrent néanmoins leur origo (3). Aussi pensons-nous, qu’il serait possible de créer une citoyenneté européenne qui, durant une période transitoire, coexisterait avec les citoyennetés des États membres. En effet, l’homme n’appartient qu’à un seul peuple, mais il peut élire deux nations, du moins dans la mesure où leurs lois ne se contredisent point et à la condition qu’on établît une hiérarchie entre ses deux citoyennetés et que l’on donnât la prééminence à l’européenne.
 
► Frédéric Kisters, Devenir n°15, 2000.
 
◘ Notes :
  • [1] Sur l’abbé Sieyès, cf. BREDIN (Jean-Denis), Sieyès, La clé de la révolution française, éd. de Fallois, 1988.
  • [2] BAUER (Otto), Die Nationalitätfrage und die Sozialdemokratie, Vienne, 1924, (1er éd. 1907), XXX-576 p. (Marx Studien, IV). Edition française : ID. , La question des nationalités et la social-démocratie, Paris-Montréal, 1987, 2 tomes, 594 p.
  • [3] JACQUES (François) et SCHEID (John), Rome et l’intégration de l’empire (44 av. J.C. - 260 ap. J.C.), tome 1 Les structures de l’empire romain, Paris, 2e éd. 1992 (1er : 1990), p. 209-219 et 272-289 (Nouvelle Clio. L’Histoire et ses problèmes).
 

mercredi, 01 octobre 2014

Egalitarianism and the Elites

Egalitarianism and the Elites

The Review of Austrian Economics Vol. 8, No. 2 (1995): 39-57

The Alleged Self-Evidence of Equality

defend-equality.jpgOne of the great glories of mankind is that, in contrast to other species, each individual is unique, and hence irreplaceable; whatever the similarities and common attributes among men, it is their differences that lead us to honor, or celebrate, or deplore the qualities or actions of any particular person. [1] t is the diversity, the heterogeneity, of human beings that is one of the most striking attributes of mankind.

This fundamental heterogeneity makes all the more curious the pervasive modern ideal of “equality.” For “equality” means “sameness”—two entities are “equal” if and only if they are the same thing. X = y only if they are either identical, or they are two entities that are the same in some attribute. If x, y, and z are “equal in length,” it means that each one of them is identical in length, say 3 feet. People, then, can only be “equal” to the extent that they are identical in some attribute: thus, if Smith, Jones and Robinson are each 5 feet, 11 inches in height, then they are “equal” in height. But except for these special cases, people are heterogeneous, and diverse, that is, they are “unequal.” Diversity, and hence “inequality,” is therefore a fundamental fact of the human race. So how do we account for the almost universal contemporary worship at the shrine of “equality,” so much so that it has virtually blotted out other goals or principles of ethics? And taking the lead in this worship have been philosophers, academics, and other leaders and members of the intellectual elites, followed by the entire troop of opinion-molders in modern society, including pundits, journalists, ministers, public school teachers, counselors, human relations consultants and “therapists.” And yet, it should be almost evidently clear that a drive to pursue “equality” starkly violates the essential nature of mankind, and therefore can only be pursued, let alone attempt to succeed, by the use of extreme coercion.

The current veneration of equality is, indeed, a very recent notion in the history of human thought. Among philosophers or prominent thinkers the idea scarcely existed before the mid-eighteenth century; if mentioned, it was only as the object of horror or ridicule.[2] The profoundly anti-human and violently coercive nature of egalitarianism was made clear in the influential classical myth of Procrustes, who “forced passing travellers to lie down on a bed, and if they were too long for the bed he lopped off those parts of their bodies which protruded, while racking out the legs of the ones who were too short. This was why he was given the name of Procrustes [The Racker].”[3]

One of the rare modern philosophers critical of equality made the point that “we can ask whether one man is as tall as another, or we may, like Procrustes, seek to establish equality among all men in this respect.”[4] But our fundamental answer to the question whether equality exists in the real world must be clearly that it does not, and any quest “to establish equality” can only result in the grotesque consequences of any Procrustean effort. How, then, can we not regard Procrustes’s egalitarian “ideal” as anything but monstrous and unnatural? The next logical question is why Procrustes chooses to pursue such a clearly anti-human goal, and one that can only lead to catastrophic results?

In the context of the Greek myth, Procrustes is simply pursuing a lunatic “aesthetic” goal, presumably following his personal star of every person being precisely equal in height to the length of his bed. And yet, this sort of non-argument, this bland assumption that the ideal of equality needs no justification, is endemic among egalitarians. Thus, the argument of the distinguished Chicago economist Henry C. Simons for a progressive income tax was that he found inequality of income “distinctly evil or unlovely.”[5]  Presumably, Procrustes might have used the same sort of “argument” in behalf of the “unlovely” nature of inequality of height had he bothered to write an essay advocating his particular egalitarian program. Indeed, most writers simply assume that equality is and must be the overriding goal of society, and that it scarcely needs any supporting argument at all, even a flimsy argument from personal esthetics. Robert Nisbet was and is still correct when he wrote, two decades ago, that

It is evident that . . . the idea of equality will be sovereign for the rest of this century in just about all circles concerned with the philosophical bases of public policy. … In the past, unifying ideas tended to be religious in substance. There are certainly signs that    equality is taking on a sacred aspect among many minds today, that it is rapidly acquiring dogmatic status, at least among a great many philosophers and social scientists.[6]

The Oxford sociologist A. H. Halsey, indeed, was “unable to divine any reason other than ‘malevolence’ why anyone should want to stand” in the way of his egalitarian program. Presumably that “malevolence” could only be diabolic.[7]

“Equality” in What?

Let us now examine the egalitarian program more carefully: what, exactly, is supposed to be rendered equal? The older, or “classic,” answer was monetary incomes. Money incomes were supposed to be made equal.

On the surface, this seemed clear-cut, but grave difficulties arose quickly. Thus, should the equal income be per person, or per household? If wives don’t work, should the family income rise proportionately? Should children be forced to work in order to come under the “equal” rubric, and if so at what age? Furthermore, is not wealth as important as annual income? If A and B each earn $50,000 a year, but A possesses accumulated wealth of $1,000,000 and B owns virtually nothing, their equal incomes scarcely reflect an equality of financial position.[8]  But if A is taxed more heavily due to his accumulation, isn’t this an extra penalty on thrift and savings? And how are these problems to be resolved?

But even setting aside the problem of wealth, and focussing on income, can incomes ever really be equalized? Surely, the item to be equalized cannot be simply monetary income. Money is, after all, only a paper ticket, a unit of account, so that the element to be equalized cannot be a mere abstract number but must be the goods and services that can be purchased with that money. The world-egalitarian (and surely the truly committed egalitarian can hardly stop at a national boundary) is concerned to equalize not currency totals but actual purchasing-power. Thus, if A receives an income of 10,000 drachmas a year and B earns 50,000 forints, the equalizer will have to figure out how many forints are actually equivalent to one drachma in purchasing power, before he can wield his equalizing axe correctly. In short, what the economist refers to as “real” and not mere monetary incomes must be equalized for all.

But once the egalitarian agrees to focus on real incomes, he is caught in a thicket of inescapable and insoluble problems. For a large number of goods and services are not homogeneous, and cannot be replicated for all. One of the goods that a Greek may consume with his drachmas is living in, or spending a great deal of time in, the Greek islands. This service (of continuously enjoying the Greek islands) is barred ineluctably to the Hungarian, to the American and to everyone else in the world. In the same way, dining regularly at an outdoor cafe on the Danube is an estimable service denied all the rest of us who do not live in Hungary.

egalitarian.jpg

How, then, is real income to be equalized throughout the world? How can the enjoyment of the Greek islands or dining on the Danube be measured, much less gauged by the egalitarian against other services of location? If I am a Nebraskan, and exchange rate manipulations have allegedly equated my income with a Hungarian, how is living in Nebraska to be compared with living in Hungary? The bog gets worse on contemplation. If the egalitarian considers that Danube-enjoyment is somehow superior to enjoying the sights and scenes of Omaha, or a Nebraska farm, on exactly what basis is the egalitarian going to tax the Hungarian and subsidize everyone else? How is he to measure, in monetary terms, the “value of dining on the Danube?” Obviously, the stern rigors of natural law prevent him, much as he would clearly like to do so, from taking the Danube physically and parcelling it out equally to every inhabitant throughout the world. And what of people who prefer the views of and life in a Nebraska farm community to the sins of Budapest? Who, then, is to be taxed and who subsidized and by how much?

Perhaps in desperation, the egalitarian might fall back on the view that everyone’s location reflects his preferences, and that we can therefore simply assume that locations can be neglected in the great egalitarian re-ordering. But while it is true that virtually every spot on the globe is beloved by someone, it is also true that, by and large, some locations are greatly preferred to others. And the location problem occurs within as well as between countries. It is generally acknowledged, both by its residents and by envious outsiders, that the Bay Area of San Francisco is, by climate and topography, far closer to an earthly Paradise than, say West Virginia or Hoboken, New Jersey. Why then don’t these benighted outlanders move to the Bay Area? In the first place, many of them have, but others are barred by the fact of its relatively small size, which (among other, man-made restrictions, such as zoning laws), severely limits migration opportunities. So, in the name of egalitarianism, should we levy a special tax on Bay Area residents and on other designated garden spots, to reduce their psychic income of enjoyment, and then subsidize the rest of us? And how about pouring subsidies into specially designated Dismal Areas, again in the pursuit of equal real incomes? And how is the equalizing government supposed to find out how much people in general, and a fortiori each individual resident, love the Bay Area and how much negative income they suffer from living in, say, West Virginia or Hoboken? Obviously, we can’t ask the various residents how much they love or hate their residential areas, for the residents of every location from San Francisco to Hoboken, would have every incentive to lie—to rush to proclaim to the authorities how much they revile the place where they live.

And location is only one of the most obvious examples of non-homogeneous goods and services which cannot be possibly equalized across the nation or the world.

 

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Moreover, even if wealth and real incomes are both equalized, how are people, their abilities, cultures, and traits, to be equalized? Even if the monetary position of each family is the same, will not children be born into families with very different natures, abilities, and qualities? Isn’t that, to use a notorious egalitarian term, “unfair”? How then can families be made equal, that is, uniform? Doesn’t a child in a cultured and intelligent and wise family enjoy an “unfair” advantage over a child in a broken, moronic, and “dysfunctional” home? The egalitarian must therefore press forward and advocate, as have many communist theorists, the nationalization of all kids from birth, and their rearing in legal and identical state nurseries. But even here the goal of equality and uniformity cannot be achieved. The pesky problem of location will remain, and a state nursery in the Bay Area, even if otherwise identical in every way with one in the wilds of central Pennsylvania, will still enjoy inestimable advantages—or, at the very least, ineradicable differences from the other nurseries. But apart from location, the people—the administrators, nurses, teachers, inside and outside of the various encampments—will all be different, thus giving each child an inescapably different experience, and wrecking the quest for equality for all.

Of course, suitable brainwashing, bureaucratization, and the general robotization and deadening of spirit in the state encampments may help reduce all the teachers and nurses, as well as the children, to a lower and more common denominator, but ineradicable differences and advantages will still remain.

And even if, for the sake of argument, we can assume general equality of income and wealth, other inequalities will not only remain, but, in a world of equal incomes, they will become still more glaring and more important in weighing people. Differences of position, differences of occupation, and inequalities in the job hierarchy and therefore in status and prestige will become even more important, since income and wealth will no longer be a gauge for judging or rating people. Differences in prestige between physicians and carpenters, or between top executives and laborers, will become still more accentuated. Of course, job prestige can be equalized by eliminating hierarchy altogether, abolishing all organizations, corporations, volunteer groups, etc. Everyone will then be equal in rank and decisionmaking power. Differences in prestige could only be eliminated by entering the Marxian heaven and abolishing all specialization and division of labor among occupations, so that everyone would do everything. But in that sort of economy, the human race would die out with remarkable speed.[9]

The New Coercive Elite

When we confront the egalitarian movement, we begin to find the first practical, if not logical, contradiction within the program itself: that its outstanding advocates are not in any sense in the ranks of the poor and oppressed, but are Harvard, Yale, and Oxford professors, as well as other leaders of the privileged social and power elite. What kind of “egalitarianism” is this? If this phenomenon is supposed to embody a massive assumption of liberal guilt, then it is curious that we see very few of this breast-beating elite actually divesting themselves of their worldly goods, prestige, and status, and go live humbly and anonymously among the poor and destitute. Quite the contrary, they seem not to stumble a step on their climb to wealth, fame, and power. Instead, they invariably bask in the congratulations of themselves and their like-minded colleagues of the high-minded morality in which they have all cloaked themselves.

Perhaps the answer to this puzzle lies in our old friend Procrustes. Since no two people are uniform or “equal” in any sense in nature, or in the outcomes of a voluntary society, to bring about and maintain such equality necessarily requires the permanent imposition of a power elite armed with devastating coercive power. For an egalitarian program clearly requires a powerful ruling elite to wield the formidable weapons of coercion and even terror required to operate the Procrustean rack: to try to force everyone into an egalitarian mold. Hence, at least for the ruling elite, there is no “equality” here—only vast inequalities of power, decisionmaking, and undoubtedly, income and wealth as well.

Thus, the English philosopher Antony Flew points out that “the Procrustean ideal has, as it is bound to have, the most powerful attraction for those already playing or hoping in the future to play prominent or rewarding parts in the machinery of enforcement.” Flew notes that this Procrustean ideal is “the uniting and justifying ideology of a rising class of policy advisors and public welfare professionals,” adding significantly that “these are all people both professionally involved in, and owing to their past and future advancement to, the business of enforcing it.”[10]

That the necessary consequence of an egalitarian program is the decidedly inegalitarian creation of a ruthless power elite was recognized and embraced by the English Marxist-Lenist sociologist Frank Parkin. Parkin concluded that “Egalitarianism seems to require a political system in which the state is able to hold in check those social and occupational groups which, by virtue of their skills or education or personal attributes, might otherwise attempt to stake claims to a disproportionate share of society’s rewards. The most effective way of holding such groups in check is by denying the right to organize politically, or, in other ways, to undermine social equality. This presumably is the reasoning underlying the Marxist-Leninist case for a political order based upon the dictatorship of the proletariat.”[11]

But how is it that Parkin and his egalitarian ilk never seem to realize that this explicit assault on “social equality” leads to tremendous inequalities of power, decisionmaking authority, and, inevitably, income and wealth? Indeed, why is this seemingly obvious question never so much as raised among them? Could there be hypocrisy or even deceit at work?

The Iron Law of Oligarchy

One reason that an egalitarian political program must lead to the installation of a new coercive political elite is that hierarchies and inequalities of decisionmaking are inevitable in any human organization that achieves any degree of success in attaining its goals.

Robert Michels first observed this Iron Law of Oligarchy, in seeing the Social Democratic parties of Europe in the late nineteenth century, officially committed to equality and abolition of the division of labor, in practice being run by a small ruling elite. And there is nothing, outside of egalitarian fantasies, wrong with this universal human fact, or law of nature. In any group or organization, there will arise a core leadership of those most able, energetic, and committed to the organization, I know, for example, of a small but increasingly successful volunteer, musical society in New York. Although there is a governing board elected annually by its members, the group has for years been governed by the benevolent but absolute autocratic rule of its president, a lady who is highly intelligent, innovative, and, though employed full-time elsewhere, able and willing to devote an incredible amount of time and energy to this organization. Several years ago some malcontent challenged this rule, but the challenge was easily beaten back, since every rational member knew full well that she was absolutely vital to the success of the organization.

Not only is there nothing wrong with this situation, but blessed be the group where such a person exists and can come to the fore! There is, in fact, everything right about a rise to power, in voluntary or market organizations, of the most able and efficient, of a “natural aristocracy,” in Jeffersonian terms. Democratic voting, at its best when shareholders of a corporation vote the aliquot share of their ownership of a company’s assets, is only secondarily useful as a method of displacing natural aristocrats or “monarchs” gone sour, or, in Aristotelian terms, who have deteriorated from “monarch” to “tyrants.” Democratic voting, therefore, is even at its best scarcely even a primary good, let alone a good-in-itself to be glorified or even deified.

During a period in the mid-1960s, the New Left, before it hived off into Stalinism and bizarre violence, was trying to put into effect a new political theory: participatory democracy. Participatory democracy sounded libertarian, since the idea was that majority rule, even in a private and voluntary organization, is “coercive,” and therefore that all decisions of that organization must be stripped of oligarchic rule. Every member would then participate equally, and furthermore, every member would have to give his or her consent to any decision. In a sense, this Unanimity Rule foreshadowed and paralleled the Unanimity Rule of James Buchanan and of Paretian “welfare economics.”

A friend of mine was teaching about the history of Vietnam at the New Leftist Free University of New York, originally a scholarly organization founded by a young sociologist couple. The Free University set out to govern itself on participatory democratic principles. The governing body, the board of the Free University, therefore consisted of the “staff”—the sociologist couple—plus any students (who paid a modest tuition) or teachers (unpaid) who cared to attend the board’s meetings. All were equal, the founding staff was no more powerful than any teacher or wandering student. All decisions of the school, from courses taught, room assignments, and on down to whether or not the school needed a paint job and what color the paint should be, were decided by the board, never by voting but always by unanimous consent.

Here was a fascinating sociological experiment. Not only, as one might expect, were very few decisions of any sort reached, but the “board meeting” stretched on endlessly, so that the board meeting expanded to become life itself—a kind of Sartrian No Exit situation. When my friend left the perpetual meeting each day at 5:00 pm to go home, he was accused of abandoning the meeting and thereby “betraying the collective” and the school by attempting to live some sort of private life outside the meeting. Perhaps this is what the current leftist political theorists who exalt the “public life” and “civic virtue” have in mind: private lives being forsaken on behalf of the permanent floating “civically virtuous” collective meeting of “the community!”

It should not come as any surprise to reveal that the Free University of New York did not last very long. In point of fact, it quickly deteriorated from a scholarly outfit to the “teaching” of New Left astrology, tarot cards, channeling, eurythmics, and whatnot as the scholars all fled before the mass man, or as a sociological Gresham’s Law came into action. (As for the founding couple, the female wound up in jail for unsuccessfully trying to blow up a bank, while the male, getting increasingly glassy-eyed, in a feat of sociological legerdemain, talked himself into the notion that the only moral occupation for a revolutionary sociologist was that of radio repairman.)

New Left educational theory, during that period, also permeated more orthodox colleges throughout the country. In those days, the doctrine was not so much that teaching had to be “politically correct,” but that the normal teacher-student relation was evil because inherently unequal and hierarchical. Since the teacher is assumed to know more than the student, therefore, the truly egalitarian and “democratic” form of education, the way to put teacher and student on an equal footing, is to scrap course content altogether and to sit around discussing the student’s “feelings.” Not only are all feelings in some sense equal, at least in the sense that one person’s feelings cannot be considered “superior” to others, but those feelings are supposedly the only subjects “relevant” to students. One problem that this doctrine raised, of course, is why the students, or more correctly their long-suffering parents, should pay faculty who are qualified in knowledge of economics, sociology, or whatever but not in psychotherapy, to sit around gabbing about the students’ feelings?

Institutionalizing Envy

As I have elaborated elsewhere, the egalitarian impulse, once granted legitimacy, cannot be appeased. If monetary or real incomes become equalized, or even if decisionmaking power should be equalized, other differences among persons become magnified and irritating to the egalitarian: inequalities in looks, intelligence, and so on.[12]  One intriguing point however: there are some inequalities that never seem to outrage egalitarians, namely income inequalities among those who directly supply consumer services—notably athletes, movie and TV entertainers, artists, novelists, playwrights, and rock musicians. Perhaps this is the reason for the persuasive power of Robert Nozick’s famous “Wilt Chamberlain” example in defense of market-determined incomes. There are two possible explanations: (1) that these consumer values are held by the egalitarians themselves and are therefore considered legitimate, or (2) that, with the exception of athletics, these are fields implicitly recognized as dominated nowadays by forms of entertainment and art that require no real talent. Differences in income, therefore, are equivalent to winning at a lottery, and lottery or sweepstake winners are universally lauded as purely “lucky,” with no envy of superior attributes to be attached to them.[13]

The German sociologist Helmut Schoeck has pointed out that modern egalitarianism is essentially an institutionalization of envy. In contrast to successful or functional societies, where envy is always considered a shameful emotion, egalitarianism sets up a pervasive attitude that the exciting of envy by manifesting some form of superiority is considered the greatest evil. Or, as Schoeck put it, “the highest value is envy-avoidance.”[14]  Indeed, communist anarchists explicitly aim to stamp out private property because they believe that property gives rise to inequality, and therefore to feelings of envy, and hence “causes” crimes of violence against those with more property. But as Schoeck points out, economic egalitarianism would then not be sufficient: and compulsory uniformity of looks, intelligence, etc. would have to follow.[15]

But even if all possible inequalities and difference among individuals could somehow be eradicated, Helmut Schoeck adds, there still would remain an irreducible element: the mere existence of individual privacy. As Schoeck puts it, “if a man really makes use of his right to be alone, the annoyance, envy, and mistrust of his fellow citizens will be aroused. . . . Anyone who cuts himself off, who draws his curtains and spends any length of time outside the range of observation, is always seen as a potential heretic, a snob, a conspirator.”[16] After some amusing comments about suspicion of the “sin of privacy” in American culture, particularly in the widespread open-door policy among academics, Schoeck turns to the Israeli kibbutz and to its widely and overly revered philosopher, Martin Buber. Buber maintained that to constitute a “real community,” the absolutely equal members of the kibbutz must “have mutual access to one another and [be] ready for one another.” As Schoeck interprets Buber: “a community of equals, where no one ought to envy anyone else, is not guaranteed by absence of possessions alone, but requires mutual possession, in purely human terms. … Everyone must always have time for everybody else, and anyone who hoards his time, his leisure hours, and his privacy excludes himself.”[17]

The New Group Egalitarianism

So far we have been describing what may be called “classical,” or the Old, egalitarianism, aimed to make all individuals in some sense equal, generally in income and wealth. But in recent years, we have all been subjected to a burgeoning and accelerating New Egalitarianism, which stresses not that every individual must be made equal, but that the income, prestige, and status of a seemingly endless proliferation of “groups” must be made equal to each other.

At first blush, it might seem that the new group egalitarianism is less extreme or unrealistic than the old individual creed. For if every individual is really totally equal to every other in income, wealth, or status, then it will follow logically that any subset of groups of such individuals will be equal as well. Shifting emphasis from individual to group egalitarianism must therefore imply settling for a less severe degree of equality. But this conclusion misconceives the whole point of egalitarianism, old or new. No egalitarian actually expects ever to be in a state of absolute equality, still less does he begin his analysis with that starting point.

Perhaps we can illuminate the true nature of the egalitarian drive, and the relationship between the Old and the New movements, by focussing not, as is usually done, on their patently absurd and self-contradictory ostensible goals of equality, but on the required means to attain such goals: namely the coming to power of the Procrustean State apparatus, the new coercive elite. Who are the Procrustean elite? That is, which groups are needed to constitute such an elite? By an odd coincidence, the makeup of such groups seems to correspond, almost one-to-one, to those people who have been most enthusiastic about egalitarianism over the years: intellectuals, academics, opinion-molders, journalists, writers, media elites, social workers, bureaucrats, counsellors, psychologists, personnel consultants, and especially for the ever-accelerating new group egalitarianism, a veritable army of “therapists” and sensitivity trainers. Plus, of course, ideologues and researchers to dream up and discover new groups that need egalitarianizing.

 

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If these groups of what might very loosely be called the “intelligentsia” are the driving force of the Old and the New embodiments of egalitarianism, how does this minority hope to convince a majority of the public to turn over an apparatus of despotic power into its hands? In the first place, the intellectuals start with a huge advantage far beyond their relative smallness of number: they are dominant within the “opinion-molding class” that attempts to shape public opinion, and often succeeds in that task. As is always the case, the State rulers need the support of an opinion-molding class to engineer the consent of the public. In the Old Egalitarianism, the would-be rulers sought to bring into their camp, in the first place, the seeming economic beneficiaries of the egalitarian program—the lower-income groups who would be recipients of much of the transfer, or soaking of the wealthy (part of the transfer from the rich, of course, would go into the coffers of the Procrustean elites themselves, the brokers of the egalitarian wealth-transfer). As for the plundered wealthy, they would be induced to support the system by being persuaded that they must expiate their “guilt” at being wealthier than their impoverished fellow-citizens. Infusion of guilt is a classic path of persuading the wealthy victim to surrender his wealth without a struggle.

Any success in the Old Egalitarian program led, of course, to expansion of the number, the wealth, and the power of the new Procrustean elite, resulting in an ever lower income definition of “the wealthy” to be plundered, and an ever higher definition of “the poor” to be subsidized. This process has been all too clearly at work in the United States and in the western world in the twentieth century. From being confined to the highest income brackets, for example, the payers of income tax have descended into the ranks of the far more numerous middle class. At the same time, the “poverty level” to be subsidized and cosseted has marched steadily upward, as the “poverty line” is continually revised upward, and the subsidized escalate from the very poor to the unemployed to the more affluent “working poor.”

From the point of view of the egalitarians, however, the weakness of the Old Egalitarianism is that it has only one category of beneficiary—“the poor,” however defined, and one category of the plundered, “the rich.” (That they themselves are notable beneficiaries is always discreetly left hidden behind the veil of altruism and alleged expertise. For anyone else to bring up to the point would be considered ungentlemanly, or, even worse, to be engaging in the much-derided “conspiracy theory of history.”)[18]

In the light of this analysis, then, let us examine the New Group Egalitarianism. As we all know, the new egalitarians search for “oppressed” groups who are lower in income, status, or prestigious jobs than others, who become the designated “oppressors.” In classic leftism or Marxism, there was only one alleged “oppressed group,” the proletariat. Then the floodgates were opened, and the ranks of the designated oppressed, or “accredited victims,” have proliferated seemingly without end. It began with the oppressed blacks, and then in rapid succession, there were woman, Hispanics, American Indians, immigrants, “the disabled,” the young, the old, the short, the very tall, the fat, the deaf, and so on ad infinitum. The point is that the proliferation is, in fact, endless. Every individual “belongs” to an almost infinite variety of groups or classes. Take, for example, a Mr. John Smith. He may belong to an enormous number of classes: e.g., people named “Smith,” people named “John,” people of height 5 feet 10 inches, people of height under 6 feet, people who live in Battle Creek, Michigan, people who live north of the Mason-Dixon line, people with an income of … etc. And among all these classes, there are an almost infinite number of permutations. It has gotten to the point where the only “theory” of “oppression” needed is if any such group has a lower income or wealth or status than other groups. The below-average group, whatever it is, is then by definition, “discriminated against” and therefore is designated as oppressed. Whereas any group above the average is, by definition, doing the discriminating, and hence a designated oppressor.

Every new discovery of an oppressed group can bring the egalitarian more supporters in his drive to power, and also creates more “oppressors” to be made to feel guilty. All that is needed to find ever-new sources of oppressors and oppressed is data and computers, and, of course, researchers into the phenomena—the researchers themselves constituting happy members of the Procrustean elite class.[19]

The charm of group egalitarianism for the intellectual-technocratic-therapeutic-bureaucratic class, then, is that it provides a nearly endless and accelerating supply of oppressed groups to coalesce around the egalitarians’ political efforts. There are, then, far more potential supporters to rally around the cause than could be found if only “the poor” were being exhorted to seek and promote their “rights.” And as the cause expands, of course, there is a multiplication of jobs and an acceleration of taxpayer funding flowing into the coffers of the Procrustean ruling elite, a not-accidental feature of the egalitarian drive. Joseph Sobran recently wrote that, in the current lexicon, “need” is the desire of people to loot the wealth of others; “greed” is the desire of those others to keep the money they have earned; and “compassion” is the function of those who negotiate the transfer. The ruling elite may be considered the “professional compassionate” class. It is easy, of course, to be conspicuously “compassionate” if others are being forced to pay the cost.

This acceleration of New Egalitarianism leads, relatively quickly, to inherent problems. First, there is what Mises called “the exhaustion of the reserve fund,” that is, the resources available to be plundered and to pay for all this. As a corollary, along with this exhaustion may come the “backlash,” when the genuinely oppressed—the looted, those whom William Graham Sumner once called the Forgotten Man—may get fed up, rise up and throw off the shackles which have bound this Gulliver and induced him to shoulder the expanding parasitic burdens.

The New Egalitarian Elite

We conclude with one of the great paradoxes of our time: that the powerful and generally unchallenged cry for “equality” is driven by the decidedly inegalitarian aim of climbing on its back to increasingly absolute political power, a triumph which will of course make the egalitarians themselves a ruling elite in income and wealth as well as power. Behind the honeyed but patently absurd pleas for equality is a ruthless drive for placing themselves at the top of a new hierarchy of power. The new intellectual and therapeutic elite impose their rule in the name of “equality.” As Antony Flew tellingly puts it: equality “serves as the unifying and justifying ideology of certain social groups . . . the Procrustean ideal has, as it is bound to have, the most powerful attraction for those already playing or hoping in the future to play prominent or rewarding parts for the machinery of its enforcement.”[20]

In a brilliant and mordant critique of the current ascendancy of left-liberal intellectuals, the great economist and sociologist Joseph Schumpeter, writing as early as World War II, pointed out that nineteenth-century free-market “bourgeois” capitalism, in sweeping away aristocratic and feudal political structures, and challenging the “irrational” role of religion and the heroic virtues in behalf of the utilitarianism of the counting-house, foolishly managed to destroy the necessary protections for their own freemarket order. As Schumpeter vividly puts it: “The stock exchange is a poor substitute for the Holy Grail.” Schumpeter continues:

Capitalist rationality does not do away with sub- or super-rational impulses. It merely makes them get out of hand by removing the restraint of sacred or semi-sacred tradition. In a civilization that lacks the means and even the will to guide them, they will revolt…. Just as the call for utilitarian credentials has never been addressed to kings, lords, and popes in a judicial frame of mind that would accept the possibility of a satisfactory answer, so capitalism stands its trial before judges who have the sentence of death in their pockets. They are going to pass it, whatever the defense they may hear; the only success victorious defense can possibly produce is a change in the indictment.

The capitalist process, Schumpeter adds, “tends to wear away protective strata, to break down its own defenses, to disperse the garrisons of its entrenchments.” Moreover,

capitalism creates a critical frame of mind which, after having destroyed the moral authority of so many other institutions, in the end turns against its own; the bourgeois finds to his amazement that the rationalist attitude does not stop at the credentials of kings and popes but goes on to attack private property and the whole scheme of bourgeois values.

As a result, Schumpeter points out, “the bourgeois fortress becomes politically defenseless.” But,

defenseless fortresses invite aggression especially if there is rich booty in them…. No doubt it is possible, for a time, to buy them off. But this resource fails as soon as they discover that they can have all.

Schumpeter notes that his explanation for rising hostility to free market capitalism at a time when it had brought to the world unprecedented freedom and prosperity, is confirmed by the striking fact that,

there was very little hostility [to free-market capitalism] on principle as long as the bourgeois position was safe, although there was then much more reason for it; it [the hostility] spread pari passu with the crumbling of the protective walls.[21]

At the head and the nerve center of the driving force to take advantage of this bourgeois weakness have been the left-liberal intellectuals, a class multiplied vastly in number by the prosperity of capitalism and particularly by continuing and vast government subsidies to public schools, to formal literacy, and to modern communications. These subsidies not only helped create a huge class of intellectuals, but also have provided them—as well as the  state apparatus—for the first time in history with the tools necessary to indoctrinate the mass of the public at large.[22]  Moreover, since the bourgeois free-market order is deeply committed to the rights of private property, and hence to freedom of speech and the press, by the very principles at the heart of their system, they find it impossible to “discipline” the intellectuals, in Schumpeter’s phrase “to bring the intellectuals to heel.” Thus, the intellectuals, nurtured in the bosom of free-market capitalist society, take the earliest opportunity to turn savagely on their benefactors, “to nibble at the foundations of capitalist society,” and finally to organize a drive for power using their virtual monopoly of the opinion-molding process by perverting the original meaning of such words as “freedom,” “rights,” and “equality.”[23]  Perhaps the most hopeful aspect of this process is that, as the late sociologist Christopher Lasch points out in his new work, the values, attitudes, principles and programs of the increasingly arrogant liberal intellectual elite is so out of sync, so much in conflict, with those of the mass of the American public, that a powerful counter-revolutionary backlash is apt to occur, and indeed at this very moment seems in the process of spreading rapidly throughout the country.[24]

In his sparkling essay, “Equality as a Political Weapon,” Samuel Francis gently chides conservative opponents of egalitarianism for expending a large amount of energy in philosophical, historical, and anthropological critiques of the concept and the doctrine of equality. This entire “formal critique,” however rewarding and illuminating, declares Francis, is really wide of the mark:

In a sense, I believe that it has been beating a dead horse—or more strictly, a dead unicorn, a beast that exists only in legend. The flaw, I believe, is that the formal doctrine of equality is itself nonexistent or at least unimportant.[25]

How so? The doctrine of equality is “unimportant,” Francis explains, “because no one, save perhaps Pol Pot or Ben Wattenberg, really believes in it, and no one, least of all those who profess it most loudly, is seriously motivated by it.” Here Francis quotes the great Pareto:

a sentiment of equality … is related to the direct interests of individuals who are bent in escaping certain inequalities not in their favor, and setting up new inequalities that will be in their favor, the latter being their chief concern.[26]

Francis then points out that “the real meaning” of the “doctrine of equality,” as well as its “real power as a social and ideological force,” cannot be countered by merely formal critiques. For:

the real meaning of the doctrine of equality is that it serves as a political weapon, to be unsheathed whenever it is useful for cutting down barriers, human or institutional, to the power of those groups that wear it on their belts.[27]

To mount an effective response to the reigning egalitarianism of our age, therefore, it is necessary but scarcely sufficient to demonstrate the absurdity, the anti-scientific nature, the self-contradictory nature, of the egalitarian doctrine, as well as the disastrous consequences of the egalitarian program. All this is well and good. But it misses the essential nature of, as well as the most effective rebuttal to, the egalitarian program: to expose it as a mask for the drive to power of the now ruling left-liberal intellectual and media elites. Since these elites are also the hitherto unchallenged opinion-molding class in society, their rule cannot be dislodged until the oppressed public, instinctively but inchoately opposed to these elites, are shown the true nature of the increasingly hated forces who are ruling over them. To use the phrases of the New Left of the late 1960s, the ruling elite must be “demystified,” “delegitimated,” and “desanctified.” Nothing can advance their desanctification more than the public realization of the true nature of their egalitarian slogans.

Notes

[1] I realize that specialists on bees or ants will point out divisions of labor among various groups of their species, but I remain unconvinced that any individual ant or bee has a “personality” worthy of being honored, mourned, or denounced.

[2] Thus, the great late-eleventh-century Arab al-Ghazali denounced the idea of coerced equality and sternly warned that any sharing of wealth must be voluntary. See S. M. Ghazafar and A. A. Islahi, “The Economic Thought of an Arab Scholastic: Abu Hamid al-Ghazali (1058-1111),” History of Political Economy 22 (Summer 1990): 381-403.

[3] Antony Flew, The Politics of Procrustes: Contradictions of Enforced Equality (Buffalo, N.Y.: Prometheus Books, 1981), frontispiece.

[4] J. R. Lucas, “Against Equality Again,” Philosophy 52 (July 1977): 255.

[5] Henry C. Simons, Personal Income Taxation (Chicago: University of Chicago Press, 1938), p. 19.

[6] Richard Nisbet, “The Pursuit of Equality,” The Public Interest 35 (1974): 103, cited in Antony Flew, Politics of Procrustes, p. 20.

[7] Cited in ibid., pp. 22, 187.

[8] The progressive income tax, a favorite device of egalitarians to help equalize incomes, neglects the wealth differential. As a result it is scarcely outlandish for multi-millionaires with relatively low annual incomes to support a progressive tax that would cripple rising young, high-income but low wealth, competitors. Cf. Ludwig von Mises, Human Action, 3rd rev. ed. (Chicago: Henry Regnery, 1966), p. 809.

[9] On the Marxian ideal of abolishing the division of labor, see Murray N. Rothbard, Freedom, Inequality, Primitivism, and the Division of Labor (Menlo Park, Calif.: Institute for Humane Studies, 1971), pp. 10-15 (reprinted 1991 by the Ludwig von Mises Institute); and Paul Craig Roberts, Alienation and the Soviet Economy, 2nd ed (New York: Holmes and Meier, 1990).

[10] Flew, Politics of Procrustes, pp. 11-12, 62.

[11] Frank Parkin, Class Inequality and Political Order (London: Paladin, 1972), p. 183; quoted in Flew, Politics of Procrustes, pp. 63-64.

[12] Murray N. Rothbard, Freedom, Inequality, Primitivism, and the Division of Labor, 2nd ed. (1971; Auburn, Ala.: Ludwig von Mises Institute, 1991); and Rothbard, “Egalitarianism as a Revolt Against Nature,” in Egalitarianism as a Revolt Against Nature and Other Essays (Washington, D.C.: Libertarian Review Press, 1974), pp. 1-13.

[13] Helmut Schoeck refers to the “absolute equality of opportunity that prevails in a game of chance which, as all the players know from the start, can be won only by a very few.” Schoeck points out that “the winner of a jackpot is very little envied. This is because of the real equality of opportunity and that absolute fortuitousness of the method of selecting the winner. A wife will not nag her husband for not having bought the right lottery ticket … no one could seriously suffer from an inferiority complex as a result of repeated failure.” Helmut Schoeck, Envy: A Theory of Social Behavior (New York: Harcourt, Brace and World, 1970), p. 240

[14] Ibid., p. 151.

[15] For penetrating examples of this egalitarian dystopia in fiction, see L. P. Hartley, Facial Justice (London: Humish Hamilton, 1960) and Kurt Vonnegut, Jr., “Harrison Bergeron” (1961), in Welcome to the Monkey House (New York: Dell, 1970), pp. 7-13.

[16] Schoeck, Envy, p. 295.

[17] Martin Buber, Paths in Utopia (Boston: Beacon Press, 1958), pp. 144ff; Schoeck, Envy, pp. 298-99.

[18] It seems to me that what is needed to perceive these relationships is no high-flown “theory,” but only a willingness to part the curtains of obfuscation and see what is actually going on, and to acknowledge that the Emperor has no clothes.

[19] On the new group egalitarianism, see Rothbard, Freedom, Inequality, and Primitivism, and the Division of Labor, pp. 8-15.

[20] Flew, Politics of Procrustes, pp. 11-12.

[21] Joseph A. Schumpeter, Capitalism, Socialism, and Democracy (New York: Harper & Bros., 1942), pp. 137, 143-44.

[22] For an illuminating discussion of the use of such subsidies and technology by the political and media elites to manipulate mass support, see Benjamin Ginsberg, The Captive Public: How Mass Opinion Promotes State Power (New York: Basic Books, 1986), pp. 86-98.

[23] Schumpeter, Capitalism, p. 150.

[24] See Christopher Lasch, ‘The Revolt of the Elites,” Harper’s 289 (November 1994): 39-49.

[25] Samuel Francis, “Equality as a Political Weapon,” Essays in Political Economy 10 (July 1991): 2. The essay was originally delivered as a lecture at the Ludwig von Mises Institute’s conference on “Equality and the Free Society” in April 1991. Also published in Beautiful Losers: Essays on the Failure of American Conservatism (Columbia, Mo.: University of Missouri Press, 1993).

[26] Samuel Francis, Beautiful Losers: Essays on the Failure of American Conservatism, pp. 208-9. The Pareto quote comes from Pareto’s The Mind and Society (New York: Harcourt, Brace, 1935), vol. 2, pp. 735-36.

[27] Francis, Beautiful Losers, p. 209.

 

Murray N. Rothbard (1926–1995) was dean of the Austrian School, founder of modern libertarianism, and academic vice president of the Mises Institute. He was also editor – with Lew Rockwell – of The Rothbard-Rockwell Report, and appointed Lew as his literary executor. See his books.

mardi, 30 septembre 2014

Totalitarianism: A Specious Concept

Totalitarianism: A Specious Concept

By Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com

Translated by Giuliano Adriano Malvicini

vennerstudy-211x300.jpgThe American historian George Mosse has pin-pointed the specious nature of the theory of totalitarianism: it “looks upon the world exclusively from a liberal point of view”. In other words, totalitarianism is a concept elaborated by liberal thought in order to present itself in a favorable light, contrasting itself to its various enemies, all of which are confused together in a single, unholy category, according to the binary opposition of “us and them.”

The theory of totalitarianism reveals the intensely ideological character of liberalism. It generalizes and reduces very different realities to a single category, hiding everything that distinguishes the different anti-liberal systems from each other. How can one compare the blank-slate, egalitarian, internationalist communist system, responsible for millions of deaths before the war, and elitist, nationalist Italian fascism, to which only about ten executions can be attributed during the same period?[1]

This immense quantitative difference corresponds to essential qualitative differences. What liberalism refers to with the blanket term “totalitarianism” includes distinct realities that have only superficial appearances in common (“the one-party state”). The liberal theory of totalitarianism utilises an ideological patchwork to justify itself negatively, by asserting its “moral” superiority. It is a kind of ideological sleight of hand that is devoid of scientific value.

In an interview dealing with this subject, Emilio Gentile – having defined himself as “a liberal critiquing the liberal historical interpretation of totalitarianism” – recognised that this interpretation involves three serious errors: “It first assimilates two very different things to each other, fascism and bolshevism. Furthermore, it considers rationality to be an exclusive attribute of liberalism, denying any form of rationality to the three anti-liberal experiments. Finally, the third error consists in transforming merely apparent similarities into essential similarities. In other words, one might consider fascism, bolshevism and nazism as three different trees with certain similarities, while liberal theory wants to make them into a single tree with three branches.”[2]

This amounts to asserting that the use of the word “totalitarianism” as a generic, universal term is scientifically abusive. As soon as the concept indistinctly covers everything that is opposed to liberalism, only paying attention to this negative criterion, it is emptied of meaning. It can now be applied to anything: Islamism, various exotic tyrannies, and why not the Catholic church? This polemical device is as reductive as that used by the communists, when they wanted to reduce everything that opposed them to “capitalism” or “imperialism.”

Notes

1. We have already noted that beyond a few rare actions that can be imputed to the Italian secret service, the assassination of Matteotti and the street violence following the civil war of the twenties, and also excluding the war and colonizations, there were only nine political executions in fascist Italy from 1923 to 1940 (and seventeen others from then on until 1943). Cf. the American historian S. G. Payne (Franco José Antonio. El extrano caso del fascismo espanol, Planeta, Barcelona, 1997, p. 32).

2. A conversation between Emilio Gentile and Dominique Venner in La Nouvelle Revue d’Histoire, 16th issue, January-February 2005, pp. 23-26. On the same subject, I also refer the reader to my interview with Ernst Nolte (Éléments, issue 98, May 2000, pp. 18-21).

Source: Dominique Venner, Le Siècle de 1914: Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle (Paris: Pygmalion, 2006).

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/09/totalitarianism-a-specious-concept/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/10/vennerstudy.jpg

[2] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/09/mussolini-stalin-hitler-e1411246314185.jpg

samedi, 12 juillet 2014

Fehler des Liberalismus

 

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Fehler des Liberalismus

von Lars Steinke

Ex: http://www.blauenarzisse.de 

IDEOLOGIE-​STANDPUNKTE. Der Liberalismus ist geschichtlich überholt und bietet keine Lösungen für die Probleme von heute. Im Gegenteil, heutzutage verschlimmert Liberalismus die Lage.

Das Wort Liberalismus leitet sich vom lateinischen Wort „liber“ ab und bedeutet „frei“. Der Liberalismus dreht sich primär um das Individuum und nicht um die Gesellschaft, per Definition ist das Leitziel des Liberalismus also die Freiheit des Individuums vor dem Staate. Bei oberflächlicher Betrachtung klingt der Liberalismus nach einer hehren Philosophie und womöglich haben die meisten Anhänger dieser Philosophie auch hehre Ziele. Doch gehen sie damit, ob bewusst oder unbewusst, völlig an der Zeit und ihren Problemen vorbei, schaden der gesamten Gesellschaft und im Endeffekt dadurch auch sich selbst.

Die Blütezeit des Liberalismus lag im Deutschland des 19. Jahrhunderts, in einer Zeit in der die Deutschen nach Einheit strebten, unterdrückt und bekämpft wurden, somit der Wunsch nach Freiheit ein nachvollziehbarer war. Ebenso verständlich war, dass die Deutschen, durch willkürliche Zölle und Grenzen gebeutelt, sich nach freiem Handel sehnten. Das heutige Deutschland ist jedoch nicht mehr durch Grenzen geteilt und die Deutschen werden auch nicht mehr durch direkte Repressalien unterdrückt, die Probleme sind somit anderer Natur und bedürfen völlig anderer Lösungen.

Nur eine gesunde Gesellschaft verträgt Liberalismus

Von seinem Wesen her ist der Liberalismus, ganz gleich ob gesellschaftspolitisch oder wirtschaftspolitisch, eine Philosophie, die nur in einer gesunden Gesellschaft anwendbar ist. Die liberalistische Philosophie geht nämlich davon aus, dass sich durch natürliche Gesetzmäßigkeiten sowohl Wirtschaft als auch Gesellschaft erfolgreich entwickeln. In einer kranken Gesellschaft hingegen ist dies nicht möglich, gleich einem Ökosystem, das gestört ist. Würden beispielsweise in Deutschland Wildtiere wie Hirsche oder Wildschweine nicht gejagt werden, dann würde das Ökosystem zusammenbrechen, denn es gibt keine Raubtiere mehr, die für ein Gleichgewicht sorgen könnten, daher muss der Mensch eingreifen und dieses Gleichgewicht erhalten.

Deutschland und die deutsche Gesellschaft sind durch den Zweiten Weltkrieg und die 68er-​Bewegung in einer ähnlichen Situation gefangen. Der Zweite Weltkrieg hinterließ ein kollektives Trauma, das die deutsche Gesellschaft, gar die gesamte westliche Welt, geistig verkümmerte, sie dekadent und destruktiv werden ließ. Die 68er-​Bewegung schädigte nachhaltig die Strukturen unserer Gesellschaft durch die Zerstörung des natürlichen Bildes von Mann und Frau und damit auch der Familie, der Keimzelle des menschlichen Daseins. Daher käme ein gesellschaftspolitischer Liberalismus gerade jetzt faktisch der Weiterführung dieser Zerstörung gleich.

Es gibt keinen freien Wettbewerb

Wirtschaftspolitisch geht der Liberalismus von einem freien Wettbewerb und somit Wettbewerbsgleichheit aus, die es in der Realität aber niemals geben kann. Jeder Eigentumsunterschied bedeutet, dass ein Mensch mehr und ein Anderer dafür weniger Einflussmöglichkeiten besitzt und damit auch mehr, bzw. weniger Macht. Anhand von Monopolen und Kartellen wissen wir heute sehr genau, dass diese Machtunterschiede durchaus auch genutzt werden, um weitere Macht zu erhalten und dies anderen zu erschweren. Das hieße, dass alleine eine sozialistische Umverteilung allen Eigentums zur gewünschten Wettbewerbsgleichheit führen würde.

Aber selbst dann wäre nach kürzester Zeit, durch Menschen, die intelligenter oder geschickter als andere sind, wieder eine Umverteilung notwendig, da die Wettbewerbsgleichheit gefährdet wäre. Doch dieser Umstand der dauerhaften Umverteilung würde, gleich dem Zustand in der DDR, die Triebfeder eines jeden Menschen, nämlich das Streben nach Wachstum und Erfolg, unbrauchbar machen. Somit würde auch der wirtschaftspolitische Liberalismus dem Volk nicht helfen, sondern nur entweder zum Verlust des Unternehmergeistes und Tatendranges im Volke führen oder aber den wenigen Mächtigen dabei helfen ihre Macht weiter zu festigen.

Der Liberalismus ist eine Philosophie der Vergangenheit

Der Liberalismus hat in der Geschichte seinen wohlverdienten Platz, den man auch nicht herabwürdigen darf, doch er ist veraltet und unzeitgemäß. Die Probleme der heutigen Zeit sind nicht auf dem einfachsten Wege zu lösen, den der Liberalismus mit seinen sich selbst regulierenden Ansätzen nun mal darstellt, sondern müssen wohl überlegt und im Sinne der gesamten Gesellschaft gelöst werden. Die demographische Situation, die, neben der des antiken Römischen Reiches, einzigartig in der Geschichte allen biologischen Lebens auf unserem Planeten ist, zeigt am deutlichsten, wie unzeitgemäß der Liberalismus ist. Denn mit Nichtstun und „auf bessere Zeiten hoffen“ löst sich dieses, das gesamte deutsche Volk bedrohende Problem nicht.

Und auch die sogenannte Schere zwischen Arm und Reich, die man zwar niemals komplett schließen können wird, aber die zur Stabilität einer jeden Gesellschaft so gering wie nur irgend möglich sein sollte, ist ein Problem, das nicht durch den Liberalismus gelöst werden kann. Von den Folgen des demographischen Wandels in wirtschaftlicher Hinsicht, wie der medizinischen und fiskalen Versorgung der alternden Menschen und dem Verfall von Häusern und Städten, gar von ganzen Landstrichen, wie in weiten Teilen der neuen Bundesländer der Fall, gar nicht erst zu sprechen. Schlussendlich kann die Philosophie eines vorherigen Jahrhunderts, eine Philosophie der Vergangenheit also, niemals die richtigen Antworten auf die Fragen von heute oder sogar von morgen geben. Sie würde früher oder später scheitern, spätestens aber an der Realität – oder aber die Realität an ihr.

vendredi, 11 juillet 2014

Pléonexie : Vouloir plus, toujours plus…

Pléonexie : Vouloir plus, toujours plus…

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En grec, le mot πλεονεξία ou pleonexia, est formé de pleon (plus) et echein (avoir), qui signifie littéralement, « avoir plus », « vouloir toujours plus ». Synonyme d’une avidité excessive, à laquelle on associe parfois de la convoitise, de l’avarice et de la cupidité, le terme fut vulgarisé par le législateur athénien Lycurgue (890-824 av. J.C.) et il est fort utilisé dès la naissance de la philosophie.

La pléonexie est le désir de l’excès, de l’hubris. De prendre plus. Terme qui dit l’envers d’une éthique de la juste mesure, de la mesure mesurée. Mot-signe du débordement. Les sagesses antiques ont tenté de conjurer les effets de la cupidité. Ainsi, “quand je tue, je suis dans la voie de la pléonexie“, nous dit Aristote.

La pléonexie, c’est la part maudite de tous les excédents: excédents de force, de puissance, d’énergie dans un monde fatigué par la contemplation honteuse de son pouvoir de production.

Pour les Grecs anciens, l’âme d’en bas (epithumia), était le siège des passions, situé dans le ventre. A travers les dialogues de Platon, on rencontre toutefois des défenseurs de cette âme d’en bas. Dans le « Gorgias », le sophiste Callicles soutient la nécessité de céder à l’âme viscérale, de réaliser toutes ses passions à n’importe quel prix à l’instar des animaux.

Un autre acteur du livre II de « La République », Glaucon, prend le parti de l’âme basse ; mais Socrate le pousse à se demander jusqu’où la passion peut conduire et Glaucon indique dans sa réponse qu’elle conduit à la pléonexie. Elle conduit donc à l’avidité avec, en grec, une connotation d’injustice, d’actions accomplies au détriment des autres.

Avoir plus de biens, de jouissance, de pouvoir. Cette quête est au service de l’amour de soi de l’orgueil, la concupiscence etc. Platon expose la nécessité de prohiber la pléonexie afin d’édifier une cité juste. Il pense, en poussant Glaucon a quia, avoir démontré les dommages engendrés par la pléonexie.

Cette sagesse aura valeur de vérité jusqu’au XVIIIème siècle seulement car à cette époque, au seuil de notre modernité, l’Ancien Régime maîtrisait les pulsions égoïstes des individus au moyen des deux grands récits constitutifs de la métaphysique occidentale: celui du monothéisme, venu de Jérusalem, et celui du logos (la raison), venu d’Athènes, soit la collaboration de Jésus et de Socrate.

Avec saint Augustin, puis Pascal, Nicole, Boisguilbert et Calvin, la notion d’individu émerge progressivement. Si le primat de l’âme haute est réaffirmé par les Lumières allemandes (Aufklärung), il ne le sera pas par les Lumières anglaises (Enlightement), ainsi que l’indique ce dialogue à distance entre Smith et Kant:

1764: Adam Smith, père du libéralisme: « Tout a un prix » (une valeur d’échange)

1785: Emmanuel Kant: « Tout a ou bien un prix ou bien une dignité. On peut remplacer ce qui a un prix par son équivalent; en revanche, ce qui n’a pas de prix, et donc pas d’équivalent, c’est ce qui possède une dignité ».

De quelle pensée Kant et Smith procèdent-ils ?

Pour Smith, la règle est la sauvegarde égoïste des intérêts personnels. Pour Kant, la règle est altruiste : l’impératif catégorique inclut la considération de l’autre. Pour Kant, il faut se donner une loi (régulation). Pour Smith, il s’agit de laisser faire (dérégulation)

S’il est évident que Kant est un héritier des théories religieuses comme de la pensée grecque, l’on sait moins que Smith reprit en les nuançant, les thèses du néerlandais Bernard Mandeville.

En tant que médecin, Mandeville avait constaté que beaucoup de symptômes du corps et de l’esprit provenaient d’une répression des pulsions. Il en conclut qu’en libérant les instincts, on favorisait la santé mentale. Il voulut extrapoler cette découverte au corps social et publia à cette fin sa « Fable des Abeilles » dont le titre original est « The Fable of the Bees: or, Private Vices, Publick Benefits ».

Sa thèse principale est que les actions des hommes ne peuvent pas être séparées en actions nobles et en actions viles, et que les vices privés contribuent au bien public tandis que des actions altruistes peuvent en réalité lui nuire.

Par exemple, dans le domaine économique, il dit qu’un libertin agit par vice, mais que « sa prodigalité donne du travail à des tailleurs, des serviteurs, des parfumeurs, des cuisiniers et des femmes de mauvaise vie, qui à leur tour emploient des boulangers, des charpentiers, etc. ». Donc la rapacité et la violence du libertin profitent à la société en général.

Cette conception heurta l’opinion publique et l’homme fut diabolisé mais ce qui pouvait être recevable dans sa pensée fut repris et amendé par Smith qui, d’une part le critique, d’autre part reprend sa thèse.

C’est donc à partir du XVIIIème siècle qu’une nouvelle histoire commence à s’écrire pour l’humanité: celle du libéralisme. Ce nouveau discours, Dany-Robert Dufour le nomme de façon pertinente le « récit du Divin Marché » car les théories de Mandeville selon qui « les vices privés font la vertu publique » trouveront un écho littéraire dans l’œuvre du Marquis de Sade, selon lequel c’est le vice qui favorise le bonheur.

Nous y reconnaissons la thèse de Mandeville: les vices privés favorisent le bien public. Avec « le divin Marquis », tombait à son tour le premier des interdits augustiniens, celui qui portait sur la passion des sens ; de même l’âme viscérale de la sagesse grecque, prenait, dans un renversement spectaculaire, la première place.

Aujourd’hui la pléonexie se manifeste au grand jour dans notre société de consommation moderne, elle est caractéristique du désir absolu de possession et d’accumulation matérielle, sans prise en compte des éventuelles conséquences (matérielles, économiques, sociales, environnementales…) et sans considération aucune pour les autres, l’environnement et la société dans son ensemble.

Ceci étant l’individualisme n’est pas le problème, ce serait même la solution, à condition de redonner à ce terme sa vraie définition : programme des Lumières qui visait à former des êtres capables de penser et agir par eux-mêmes, et d’éprouver de la sympathie pour les autres. Le problème vient de l’égoïsme, encouragé par la propagande médiatico-publicitaire qui stimule les passions et les pulsions d’individus prolétarisés par la consommation.

En effet la pléonexie est encouragée par le flot de publicité qui nous inonde en tentant de nous faire croire que notre bonheur se réalise dans l’acquisition de biens. Nous voilà pris dans un engrenage de besoins à satisfaire sous peine de se voir dévalorisé et n’être plus bon à rien, privé de pouvoir d’achat.

Mais l’avidité revêt divers masques sous lesquels elle poursuit son entreprise délétère non seulement sur les biens matériels mais aussi sur les biens culturels, affectifs, relationnels, spirituels. . .

C’est de règne de la démesure et de la surenchère, du toujours plus ; plus d’émotion, plus de pathos, plus d’information, d’excitation, de sensationnel, d’effets spéciaux, de gros budget, de mise en scène spectaculaire. Là où le silence, l’évidence, l’émotion vraie se suffit à elle-même, le fragile édifice est dénaturé par une avalanche d’artifices qui cache mal une angoisse à exister.

Si des images de toute-puissance ont contribué à toutes les formes de fascismes et d’autoritarismes privés et sociaux que nous connaissons, si le marxisme a versé, lui aussi, dans le totalitarisme, le libéralisme pouvait apparaître comme libérateur ainsi que semble promettre son nom.

En réalité, l’ère libérale instaure une nouvelle oppression qui menace notre époque. Smith ayant pris l’avantage sur Kant en ce qui concerne l’évolution de nos sociétés à partir du XVIIIème siècle, R.D.Dufour, après avoir dénoncé les abus de ce que, par commodité, on peut nommer l’ordre ancien, justifie la nécessité d’un « droit de retrait » vis-à-vis de l’hégémonie du « Marché » et du récit qu’il nous impose.

C’est que de nouveaux abus -sans toujours, remarquons-le en passant, se substituer aux anciens-, pèsent sur ce qu’il est convenu de nommer la post-modernité. Et l’injonction essentielle dont nous charge le « Divin Marché » est celle de la jouissance sans limite dans la pléonexie.

Dany-Robert Dufour, “L’individu qui vient… après le libéralisme”, Denoël, 2011, 385 p.

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jeudi, 12 juin 2014

Qu’est-ce que l’Imperium ?

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Qu’est-ce que l’Imperium?

par Charles Mallet

Ex: http://lheurasie.hautetfort.com

 
Cela fait déjà quelques années que les milieux nationalistes et eurasiens, notamment au sein de la « Nouvelle Droite », se réapproprient la notion d’imperium comme moyen de la restauration/fondation et de la pérennité de l’Europe-Nation ou Europe-Puissance. Cette notion est souvent confondue avec celle d’ « Empire », pour la simple et bonne raison qu’elle en est étymologiquement la racine. Cependant, il conviendrait de clarifier ce qu’est l’imperium, afin d’en appréhender toutes les potentialités, qui dépassent la simple perspective d’un « empire » au sens commun du terme (c’est-à-dire au sens d’une structure politique supranationale).
 
Origine
 
La notion d’imperium prend corps dans l’Antiquité romaine, plus précisément à l’époque républicaine (schématiquement comprise entre 509 et 31 av. J.-C.). Etymologiquement, il vient d’« ordonner », « préparer pour ». Il s’agit d’un pouvoir souverain délégué aux consuls, préteurs et à certains gouverneurs de province, par les dieux dont la volonté était censée se manifester au travers du peuple dans le vote des assemblées (élisant les magistrats). L’imperium est donc un pouvoir souverain (c’est-à-dire ne reconnaissant pas de supérieur temporel) d’ordonner et de juger, symbolisé par les faisceaux (haches entourées de verges portées par les licteurs).
 
Le titulaire d’un imperium pouvait être désigné sous le terme d’imperator (chef militaire victorieux –souvent consul-, ayant droit à ce titre à un triomphe à Rome). Sous la République, l’imperium était néanmoins un pouvoir limité dans le temps et dans l’espace. De plus, il subissait la concurrence d’autres pouvoirs comme la puissance tribunicienne (tribunitia potestas rendant sacrosainte la personne des tribuns chargés de représenter et de défendre la Plèbe de Rome). Les guerres civiles de la fin de la République (de 88 à 31 av. J.-C.), voyant différents imperatores se disputer l’exclusivité de l’imperium (Marius, Sylla, César, Pompée, Octave-Auguste, Antoine)débouchent finalement sur l’avènement de l’Etat Impérial (à partir du règne d’Auguste de 27 av. J.-C. à 14 de notre ère) dans lequel tous les pouvoirs sont accolés à un imperium permanent entre les mains d’un seul homme : le césar auguste imperator. Imperator devient un surnom, un nom puis un prénom des empereurs, uniques détenteurs de l’imperium.
 
A ce stade, un certain nombre d’erreurs ne doivent plus être commises : L’imperium n’est pas l’ « Empire ». Si « Imperium » a bien donné « Empire », les romains n’ont pas eu de mots pour décrire précisément le système impérial en tant que système de gouvernement en soi, ou comme territoire. Rome et son Empire sont restés malgré la fin du système républicain la Res Publica. L’imperium est donc un type de pouvoir, et non un système politique ou un territoire, du moins à l’origine. De même, « imperator » ne désigne la fonction d’empereur que tardivement, l’imperator étant avant tout un chef de guerre victorieux.
 
L’empire romain : un imperium euro-méditerranéen permanent
 
imp1.jpgA ce titre, ce concept est à l’image de la culture politique et de la pratique du pouvoir des Empereurs Romains : souple, pragmatique, concrète. Il en va de même de la nature du pouvoir impérial, difficile à appréhender et à définir, puisque construit par empirisme (sa nature monarchique n’est cependant pas contestable). En plus de quatre siècles, le pouvoir impérial a su s’adapter aux situations les plus périlleuses (telle la « crise » du IIIe siècle). Rien de commun en effet entre le principat augustéen, système dans lequel l’empereur est le princeps, le prince, primus inter pares, c’est-à-dire premier entre ses pairs de l’aristocratie sénatoriale ; la tétrarchie de Dioclétien (284-305), partage du pouvoir entre quatre empereurs hiérarchisés et l’empire chrétien de Constantin (306-337), dans lesquels l’empereur est le dominus, le maître.

Le système impérial s’accompagne d’une idéologie confortant la souveraineté suprême de l’Empereur. L’empereur est sacrosaint (il a accaparé la puissance tribunitienne). Il doit assurer la paix (la fameuse pax romana inaugurée par Auguste), assurer le retour à l’âge d’or, il bénéficie de la protection des dieux (ou de Dieu, dont il est le comes, le comte –ou compagnon- sur terre, à partir de Constantin) et d’un charisme divin (c’est là tout le sens du titre d’Augustus). Il doit posséder les vertus de justice, de clémence, de piété, de dévouement à l’Etat. Au-delà de cela, il doit corréler respect des traditions et nécessité de fédérer un empire constitué d’une myriade de cités au passé prestigieux et attachées à leur indépendance. En cela, les empereurs romains n’ont point failli, comme le souligne Lucien Jerphagnon dans sa biographie d’Augustin : « Sur 3 300 000 km2 autour de la Méditerranée […] soixante à soixante-dix millions de gens s’affairent ou se laissent vivre, tous différents, avec leurs langues régionales, leurs dieux bien à eux. S’ils avaient plus ou moins renâclé à passer sous domination romaine, ils se trouvaient dans l’ensemble plutôt bien de la Pax Romana. Bref s’était instauré un universalisme qui n’effaçait rien des identités locales. Depuis Caracalla (212), […] on était citoyen romain tout en restant Africain, Syrien… ».
 
Si la nature de la fonction impériale a évoluée, son fondement est resté inchangé : un pouvoir souverain, transcendant, à la fois civil, militaire et religieux, soutenu par un charisme divin, un pouvoir surhumain, nivelant par le haut, ayant pour horizon la pax aeterna, écartant les prétentions des forces centrifuges, donnant une orientation commune à toutes les composantes d’une même koiné (communauté culturelle et politique), tout en préservant leurs identités profondes.
 
Pérennité du concept
 
La notion d’imperium recèle donc des potentialités multiples, et représente un projet valable pour la France et l’Europe que nous appelons de nos vœux. Elle n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, un pur objet historique limité à l’histoire romaine, et dont le champ d’action concret s’arrêterait en 476 avec la chute de l’Empire d’Occident. En effet, la notion de souveraineté héritée de l’imperium a survécu en Europe sous une infinité de forme : Byzance, survivance de l’Empire d’Orient, de culture chrétienne orthodoxe et gréco-romaine, dont l’Empire russe s’est toujours vécu comme un héritier (« tsar » est un titre dérivé de celui de « césar ») ; Le Saint-Empire, chrétien catholique, germanique, issu de l’Empire Carolingien dont la vision était de faire renaître l’Empire Romain d’Occident, témoigne de la prégnance de l’idée d’Empire, y compris chez les barbares installés sur son territoire dans les dernières années de l’empire d’Occident. Charlemagne (Carolus Magnus) ne s’était-il pas fait couronné par le pape dans la ville même de Rome selon le rituel d’intronisation des empereurs (ou du souvenir qu’il en restait), n’a-t-il pas repris la symbolique impériale, en sommeil depuis la chute de l’Empire (orbe impériale, sceptre, couronne –issu du diadème impérial des empereurs tardifs, lui-même repris des rois helléniques-) ? Enfin, les royaumes « barbares », en premier lieu le royaume franc, ont eux aussi recueilli l’héritage de l’imperium romain et de la culture classique à travers l’Eglise. Les mérovingiens (ainsi que les ostrogoths, les wisigoths ou les burgondes), fascinés par le prestige impérial, ont tenté d’imiter le faste des empereurs (imitatio imperii). C’est cependant la monarchie française issue de l’éclatement de l’empire carolingien (Capétiens, Valois, Bourbons) qui sera –à notre sens- parmi les nations européennes la plus belle héritière de la tradition politique romaine. Les rois de France, notamment à partir des derniers capétiens (deuxième moitié du XIIIe siècle), nourris de la redécouverte du droit romain, vont affirmer le principe de souveraineté contre les puissances cherchant à la subjuguer ou à la faire éclater. Le pouvoir royal français comprend de nombreuses similitudes et d’emprunts à l’imperium romain : son côté surnaturel, total –ou plutôt absolu-, divin, la coexistence d’aspects civils, militaires, et religieux, certaines des regalia (l’orbe, la couronne…).
 
imp2.jpgAinsi, à l’éclatement politique de l’Europe au Moyen Âge et à l’époque Moderne a correspondu un éclatement du pouvoir souverain, de l’imperium. L’idée d’un pouvoir souverain fédérateur n’en n’a pas pour autant été altérée. Il en va de même de l’idée d’une Europe unie, portée par l’Eglise, porteuse première de l’héritage romain. Le regain d’intérêt que connait la notion d’imperium n’est donc pas le fruit d’une passion romantique pour l’antiquité européenne, mais la preuve qu’en rupture avec la conception moderne positiviste de l’histoire, nous regardons les formes d’organisations politiques passées comme autant d’héritages vivants et qu’il nous appartient de nous les réapproprier (les derniers empires héritiers indirects de la vision impériale issue de Rome ont respectivement disparu en 1917 –Empire Russe- et 1918 –Empire Austro-Hongrois et Empire Allemand-). Si ce court panorama historique ne peut prétendre rendre compte de la complexité du phénomène, de sa profondeur, et des nuances nombreuses que comporte l’histoire de l’idée d’imperium ou même de l’idée d’Empire, nous espérons avant tout avoir pu clarifier son origine et son sens afin d’en tirer pour la réflexion le meilleur usage possible. L’imperium est une forme du pouvoir politique souple et forte à la fois, capable de redonner du sens à l’idée de souveraineté, et d’articuler autorité politique continentale et impériale de l’Eurasisme avec les aspirations à la conservation des autonomies et des identités nationales portées par le Nationalisme ou même le Monarchisme. A l’heure où le démocratisme, les droits de l’homme, et le libéralisme entrent dans leur phase de déclin, il nous revient d’opposer une alternative cohérente et fédératrice et à opposer l’imperium au mondialisme.
 
Charles Mallet 

samedi, 22 février 2014

L'oligarchie économico-médiatico-politique occidentale ou le "néo-Komintern"

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L'oligarchie économico-médiatico-politique occidentale ou le "néo-Komintern"

Ex: http://zejournal.mobi

À la suite de la révolution bolchévique, les communistes soviétiques décident en 1919 de la création d’une troisième internationale ouvrière, qui vise à coordonner les actions des partis communistes dans le monde en général et en Europe en particulier. C’est cette structure qui, au moyen d’agents plus brillants les uns que les autres, favorisera le socialisme et le pacifisme en Europe, tout en recrutant les volontaires des brigades internationales pour l’Espagne. Ses agents d’influence se répandent en Europe et aux États-Unis et obtiennent l’adhésion de l’intelligentsia européenne au stalinisme.

Les plus connus de ces personnalités sont Otto Katz et Willy Münzenberg. C’est ce dernier qui organisa avec brio la manipulation de l’opinion publique française. C’est aussi lui qui définit les principes de l’ « agit-prop » : suprématie de l’émotion contre la raison, égalité du mensonge et de la vérité en communication, rejet du débat d’idées au profit du terrorisme intellectuel. Désormais, celui qui est contre le bolchévisme et Staline serait un fasciste.

La propagande anti-russe d’aujourd’hui fonctionne sur les mêmes principes. Pas de débat, il suffit de regarder une émission sur la Russie sur les chaînes de télévision françaises, C dans l’air en est l’exemple le plus frappant. Terrorisme intellectuel, ne pas dire du mal de Vladimir Poutine vous ferait passer pour « fasciste ». Mensonge de masse et indifférenciation entre le mensonge de la vérité, enfin et surtout émotivité, incarnée par un Bernard-Henri Lévy pleurnichant sur Canal+, sans personne pour lui apporter la contradiction. Pour illustrer ces principes de propagande, il faut absolument regarder la vidéo du séminaire anti-Poutine du 16 février 2014 sur le site « La Règle du jeu », tout y est, à commencer par le mensonge de masse.

Bernard-Henri Lévy n’a d’ailleurs pas vu de « fascistes ou d’antisémites » à Kiev. Il est vrai qu’au moment où il s’exprimait sur la tribune, il n’y en avait pas. Mais où est donc passé le membre le plus déterminé du trio infernal, Oleg Tiagnibok ? La question qui nous vient à l’esprit, est de savoir si le leader fasciste a refusé de poser avec un représentant d’une communauté que son électorat hait, ou si BHL a jugé de mauvais goût de s’afficher avec l’héritier de Stepan Bandera. BHL a donc eu droit à l’insignifiant Iatseniouk et à l’inénarrable Klitschko, dont les saillies oratoires en ont fait désormais le « Jean-Claude Van Damme » de la politique ukrainienne [lien à 01 :53].

Notre référence au Komintern n’est pas gratuite. C’est là que se trouve l’explication du soutien de BHL aux milices fascistes, malgré ses origines. « Le petit télégraphiste » s’efforce d’accomplir pour l’administration américaine ce qu’Otto Katz a accompli pour l’URSS au moment du pacte germano-soviétique. Il soutiendra n’importe quelle alliance avec les idiots utiles des milices néo-nazies ukrainiennes, pourvu que triomphe l’idéologie américaine et que la Russie soit défaite. L’écrivain Arthur Koestler avait rompu avec le stalinisme au moment du pacte germano-soviétique, mais il n’y a pas de « Koestler » au sein du « néo-Komintern  », ni par le talent, ni par le courage. Il y a en revanche beaucoup de « Katz » et s’attaquer à eux est dangereux lorsqu’on est du « milieu » intellectuel. Au moment du Kosovo, il n’y eu guère qu’Elisabeth Lévy et Régis Debray pour tenter de rétablir la vérité, ou, au moins, de nuancer la propagande anti-serbe.

Pour BHL ou pour Médiapart, qui appelle en renfort un aréopage d’intellectuels ukrainiens américanophiles (nous n’allons pas vérifier les noms de ces illustres inconnus mais nous constatons d’emblée que sur 41 signataires, 19 sont basés aux États-Unis où dans leurs « dominions »), le recul de la Russie vaut bien une alliance avec des milices néo-nazies et un parti fasciste. Nous ne sommes pas étonnés de les voir soutenir « les héros de Maïdan » (et la fraternité blanche ?) au côté de l’extrême droite française . Les ennemis sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine issue des rapports Kinsey. La renaissance des Églises orthodoxe et catholique en Europe, leur réconciliation inéluctable, le rejet consécutif du modèle libertaire américain, c’est ce qui justifie le soutien atlantiste aux fascistes ukrainiens. C’est aussi et enfin un avertissement des États-Unis vis-à-vis des nations européennes, sur ce qu’ils sont capables de faire et d’organiser en cas de velléité d’indépendance. Le sort de l’Europe ne se joue pas à Maïdan, en revanche une bataille pour la liberté et la souveraineté des peuples européens se déroule bien en Ukraine.

- Source : Realpolitik

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mardi, 28 janvier 2014

La culture industrialisée formate les esprits

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LE LIBERALISME CONTRE LES PEUPLES
 
La culture industrialisée formate les esprits

Jacques-Yves Rossignol
Ex: http://metamag.fr

A la fin du XXe siècle, il était devenu impossible de poursuivre la réalisation de profits dans les pays civilisés sans attenter à la conscience des consommateurs solvables par l’industrie culturelle (cinéma, musique, art et ainsi de suite). On est passé à la consommation culturelle à cours forcé. 


Qu’en « libéralisme », la crétinisation par la culture industrialisée soit désormais obligatoire ne heurte pas du tout les consciences. C’est dire ce qu’est réellement le « libéralisme » : une terrifiante aliénation généralisée par une économie de gros argent, une économie accaparée. On observe la généralisation de nouveaux types de mentalités. Mais ces mentalités donnent l’étrange impression d’être comme induites automatiquement, téléguidées.


L’industrie culturelle peut-elle « fabriquer » et former à distance des types humains ? En tous cas, sont apparus en quelques années notamment le masochiste occidental ahuri d’une part et l’immigré rebelle crétin d’autre part. Ahuri et crétin qui ne savent précisément pas comment ils sont formés et à quels mécanismes politiques et économiques ils participent. Ces types humains totalement mécanisés sont bel et bien des fabrications.


Explication. Les bourgeois de la « nouvelle gauche », les bourgeois du catholicisme social, les petits bourgeois convertis à l’activisme mondialiste, les artistes et cultureux participent tous du capitalisme culturel et de son prosélytisme. Populations ahuries, méchantes, hargneuses, ne comprenant pas leur triste état mental et développant une haine insensée vis-à-vis du petit peuple français.


Mais malgré leurs louables efforts, certaines populations blanches restaient réfractaires et rétives à leur nécessaire domestication culturelle. Elles persistaient à cultiver l’insolence, l’impertinence et l’esprit critique et à refuser l’abrutissement par la culture culturelle. Il était urgent de leur adjoindre des pédagogues de choc qui allaient, eux, assurer la transmutation de ces bons vivants en crétins stuporeux et dociles.


Les zombis culturels vont donc être chargés de transformer de gré ou de force ces populations récalcitrantes, qui prétendaient encore rire, plaisanter, badiner, ironiser, en une collection d’atrophiés mentaux. D’où cette fascination, cette adulation des bourgeois masochistes culturels énumérés ci-dessus pour ces héros chargés d’en finir avec le petit peuple français : l’immigré, l’étranger, l’artiste.  Héros acéphales fabriqués à la chaîne par la haute finance et dont l’intervention auprès du peuple blanc est d’ailleurs ratifiée et couverte par tout un arsenal juridique ad hoc. On a les héros que l’on mérite. Le maintien permanent de la population en état d’atrophie mentale par l’industrie culturelle et notamment les drogues sonores (« musique ») constitue un nouveau mode de domination. Les modes de domination ou de coercition antécédents (guerre, esclavage, extermination physique, par exemple) sont, à ce moment de l’histoire, hors-jeu, et sont agités comme des repoussoirs pour faire oublier l’actualité : la crétinisation généralisée.


L’industrie culturelle a créé un nouveau monde ayant distancé et supplanté l’histoire organique. On n’a habituellement pas perçu la révolution mentale complète provoquée par l’industrie culturelle : consciences fabriquées et téléguidées à l’échelle mondiale, maintien permanent des populations en état d’atrophie mentale, fabrication entièrement téléguidées de types de conscience auparavant lentement mûries dans l’histoire réelle (nihilisme, masochisme, « décadence », « romantisme ») au gré des nécessités du marché mondial.  Il faudrait connaître les étapes de l’invention du capitalisme culturel ayant induit et généralisé le fonctionnement mécanique de l’esprit.


Il est certain que l’on peut situer son origine aux Etats-Unis au début du XXe siècle, quelque part au confluent du capitalisme, des industries culturelles naissantes (cinéma, radio, disque) et de l’art primitif précisément revu et corrigé par les acteurs et les financiers de ces industries. En tous cas, ce qui apparaît désormais comme une réalité « naturelle » pour les générations contemporaines est une « fabrication » datée et située, ayant supplanté et arasé le monde historique construit organiquement au cours des siècles. Nous tentons aujourd’hui désespérément de mener une vie humaine au milieu de l’enfer culturel inventé à ce moment, qui a aujourd’hui submergé le globe.

vendredi, 24 janvier 2014

Quel avenir pour le nationalisme français?

Quel avenir pour le nationalisme français?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Quel avenir pour le nationalisme français?

Dans un précédent développement, je questionnais l’idée du nationalisme en replaçant l’histoire même du nationalisme, de façon un peu rapide certes, mais telle est la loi du genre lorsqu’on publie sur internet.

Il est important de poursuivre notre réflexion sur un nationalisme français du XXIe siècle, partant du constat que les différents évènements géopolitiques, les crises économiques et financières et les crispations identitaires conduisent de nombreux mouvements à travers l’Europe à s’enraciner dans le fait national. Nous pouvons penser immédiatement au Front National en France, à Casapound en Italie, à l’Aube Dorée en Grèce, au Jobbik en Hongrie. On peut tout à fait avoir une opinion négative de certains de ces mouvements et ils n’ont pas forcément de rapports les uns avec les autres, mais ils traduisent tous à leur façon le simple fait que face à l’UE, face à l’offensive du Capital et face à l’immigration de peuplement, la nation, produit d’une longue histoire apparaît presque « spontanément » comme l’échelon de résistance, de défense mais aussi, et surtout, de reconquête.

Cependant le nationalisme français est aujourd’hui sujet à une profonde crise interne qu’il convient d’analyser. Nous avons déjà donné notre opinion sur le FN, nous n’y reviendrons pas. De même nous avons donné de façon synthétique quelques éléments sur la pensée identitaire et la pensée dissidente. Ce texte est donc un complément de toutes nos réflexions récentes. Il vise à comprendre dans quels univers s’ébroue le camp « national », est-il d’ailleurs vraiment « national » ?

L’influence « allemande » : l’ethno-régionalisme identitaire

Le nationalisme français a été depuis de nombreuses décennies mis en concurrence avec la pensée ethno-régionaliste identitaire, de fait que si les deux familles aspirent souvent à préserver une identité héritée, le cadre de réflexion, d’expression et d’action n’est pas vraiment le même. La Seconde Guerre mondiale aura marquée une véritable rupture à ce niveau, de même que les années 60 en auront marquées une seconde.

Jusqu’au second conflit mondial, la résistance et la reconquête se faisait dans un cadre national, sans véritable volonté hégémonique, à l’exception de l’Allemagne qui souhaitait en finir avec le traité de Versailles. Les combats sur le front de l’est contre l’URSS auront fait naître dans l’esprit des nationalistes l’idée que l’unité européenne pouvait permettre d’être plus fort contre un ennemi commun, qui était ici le bolchevisme. Cela a pu conduire à l’idée qu’il fallait bâtir d’un nouvel ordre européen sous l’influence d’une nouvelle chevalerie, les SS, qui serait basée sur des régions historiques comme vous pouvez le voir ici :

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Carte de l'Europe des SS

Cela nous fait « étrangement » penser aux théories de l’anarchiste autrichien Leopold Kohr, qui faisait l’éloge des micro-états (non ethniques), pour favoriser la concorde continentale, théories inspirées par une vision médiévale de l’Europe comme vous pouvez le voir ici :

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Carte de l'Europe de Leopold Kohr

Après guerre des personnalités comme Saint Loup ou Robert Dun, à l'origine issus de l’ultra-gauche mais engagés dans la Waffen SS contre le bolchevisme, se feront les relais de cette conception de l’Europe. D’autres personnalités, comme le breton Yann Fouéré iront dans ce sens, comme l’indique l’ouvrage L’Europe aux cents drapeaux qui reprend « curieusement » le drapeau de l’Union Européenne sur cette édition* :

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Couverture de l'Europe aux Cents drapeaux de Yann Fouéré

Ces personnalités auront une influence sur le second tournant des années 60. Avec eux, les déçus du nationalisme historique, qui prennent conscience que le monde change. En raison de la perte des colonies, la France perd un pan de sa puissance et paraît être de moins en moins capable de faire face aux défis qui s‘annoncent, comme la résistance au communisme. Ce sera la fonction historique du GRECE, de renouveler le discours politique et de mettre en place un corpus permettant aux européens de trouver leur place face aux deux blocs. De nombreuses structures à tendance volkisch et régionalistes vont graviter autour du GRECE ou en émaner.

Mais cette idée d’une Europe divisée en petites régions à fort caractère identitaire et regroupées dans un « empire européen » ne peut pas totalement être dissociée de la tradition politique allemande. En effet, depuis le Moyen Âge, la vocation allemande et d’être un empire central regroupant des régions autonomes.

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Carte du Saint-empire romain germanique vers l'an Mil

L’unité allemande n’a pas véritablement rompu avec ce fait là, accentuant simplement le caractère ethnique dans le contexte du XIXe siècle, tout comme la Nouvelle Droite mènera de nombreuses études sur les indo-européens pour renforcer l’idée d’unité ethnique du continent. L’unité allemande s’est également faite par l’unité économique (ex : Zollverein) et c’est précisément comme cela que procède l’UE aujourd’hui. Nous pouvons sincèrement nous demander si les ethno-régionalistes identitaires n’ont pas aspirés, à un moment, à ce que l’Europe naissante (par la CEE puis par l’Euro) soit tôt ou tard conforme à leurs vœux, que de l’unité économique naisse ensuite une unité politique sur des bases ethniques. Les récents événements battent en brèche cette aspiration, sans pour autant disqualifier totalement la nécessaire concorde entre européens, ni un projet alter-européen. Mais il est aujourd’hui de plus en plus difficile de faire passer un message favorable à l’unité européenne sans passer clairement pour un suppôt du Capital.

L’influence états-unienne et anglo-saxonne : le suprématisme blanc et la « défense de la race blanche »

 Il est impossible de parler d’identité ethnique sans s’attarder sur tous les mouvements de défense de la race blanche. Ici la question est beaucoup moins épineuse car il paraît évident que :

 -         le nationalisme historique n’a jamais eu comme base de « défendre la race blanche » et a toujours perçu le fait racial, et ethnique, comme un moyen, et non comme une fin.

 -         la race n’est en aucun cas la seule dimension d‘une identité, qui est le produit d'un héritage historique, culturel et se construit dans le temps

Mais alors qui peut très concrètement en venir à faire reposer la nation et l’identité sur la race ? Les états-uniens, bien sur !

Les Etats-Unis sont le produit des migrations de nombreux européens, souvent protestants, mais pas seulement, qui ont cherché dans le « nouveau monde » une seconde chance. Ils sont aussi le produit de la rencontre de nombreux autres déracinés : chinois ou africains par exemple. Les Etats-Unis sont historiquement, et malgré la guerre d’indépendance des 13 premiers états contre la couronne britannique, un pays profondément marqué par le fait ethnique, voire racial, les migrants se regroupant bien souvent sur le territoire en fonction de leur origine. Ainsi certaines villes sont profondément liées à cette histoire comme Boston qui est dans tous les esprits la ville des irlandais, au même titre que certains quartiers comme Little Italy ou Chinatown traduisent clairement la fragmentation ethnique du pays, y compris à l’échelle locale.

Les Etats-Unis ne connaissent pas de « nationalisme » au sens européen. Nous avons clairement expliqué que le nationalisme est un processus historique qui a conduit en Europe à se sentir Français, Allemand, Italien, Grec, Espagnol, etc…. rien de tout cela aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis on parlera plutôt de patriotisme, c'est-à-dire d’un attachement à cet Etat porte étendard de l’unité des populations et de la liberté. Mais au sein de cette fédération, certains mouvements ont eu l’idée qu’il fallait diviser le pays en fonction des races. Malgré une influence du nazisme allemand, on ne peut pas résumer le nazisme à la seule question raciale, étant donné que celui-ci est profondément rattaché au nationalisme romantique allemand, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis, où toute dimension nationale est évacuée au profit de la seule dimension raciale. Certes certains objecteront que les mouvements suprématistes piochent abondamment dans le folklore germanique (runes, etc…) mais cela est plus le fruit d’une démarche racialiste que nationaliste. Aux Etats-Unis la démarche racialiste et suprématiste est souvent rattaché à quelques ouvrages comme le fameux « White Power » de Georges Lincoln Rockwell ou les non moins célèbres « Carnets de Turner » de Andrew Mac Donald. Il n’est pas question ici d’affirmer que tout ce qui est raconté par ses mouvements est à 100% du délire, mais de montrer que leur combat est propre à l’histoire des Etats-Unis et à une conception états-unienne (ou plutôt WASP), du monde… Un des grands leitmotiv de ce suprématisme est la RAHOWA (Pour Racial Holy War – Guerre Sainte Raciale) et qui place au centre de sa pensée l’idée qu’il y aurait une lutte des races (et non une lutte des classes, d’où l’anti-marxisme qui conduit à dire que le marxisme oppose les gens d’une même race comme en Europe à l’accusait d’opposer les gens d’une même nation**). Cette Guerre Sainte peut être adjointe à une forme de messianisme protestant comme c’est le cas par exemple de l’Aryan Nation de G. Butler. Les Anglo-saxons seraient la race élue de Dieu, Jésus Christ était un « aryen » et l’Amérique était la terre promise. Notez qu’on retrouve exactement la même chose en Afrique du sud pour certains Afrikaners (voir ce que j’avais écris ici).

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Le logo de "Aryan nations"
(Notre race est notre nation)

Ce discours s’est massivement diffusé en Europe par certains mouvements anglais et pose une vraie question. S’il est clair que l’immigration de peuplement menace biologiquement les européens et que la propagande subventionnée prône le métissage et la dévirilisation de l’homme blanc, doit-on pour autant ne combattre que sur cet aspect, en oubliant que nous avons une histoire propre et que nous devons intégrer cette donnée dans notre tradition politique et non calquer des logiciels de pensée anglo-saxons sur une vieille nation comme la France ? Il n’est pas question de Guerre Sainte raciale en France ou de Pouvoir blanc sur la Terre. Il est simplement question de reprendre les leviers de la souveraineté pour refonder une France et une Europe nouvelles, définir clairement un Français comme un européen de langue française et replacer le droit du sang au centre du débat.

L’influence russe : l’eurasisme

Après les Etats-Unis, la Russie. Si nous pouvons contester l’influence de la pensée anglo-saxonne américaine sur le nationalisme français, nous pouvons également nous questionner sur l’influence russe, cela n’est pas un exercice simple étant donné que nous avons plutôt de la sympathie pour l’histoire et la culture russe. Mais il est nécessaire d’avoir un regard critique.

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L’eurasisme est une conception géopolitique propre à la Russie qui est un pays à cheval sur deux continents (Europe et Asie). Un Russe ne peut abandonner ni sa dimension européenne, ni sa dimension asiatique. De là va naître l’eurasisme. La pensée eurasiste a beaucoup percée ces dernières années par l’intermédiaire d’Alexandre Douguine, qui a fait paraître il y a quelques mois la Quatrième Théorie Politique, celle qui doit succéder au libéralisme, au communisme et au fascisme et affronter la seule qui a survécu au XXe siècle : le libéralisme. Les théories de Douguine ne sont pas dénuées d’intérêts et reprennent un large aspect traditionnel, fortement séduisant pour tous ceux qui se sont intéressés à la Tradition (Evola, Guenon, etc…). C’est une façon pour les russes de répondre aux Etats-Unis, qui impulsent la mondialisation libérale, l’unipolarité et la sous-culture de la consommation de masse (par la musique ou le cinéma). Cependant cela ne doit pas nous faire oublier qu’il s‘agit d’une vision russe du monde.

En effet l’eurasisme est une vision impériale russe ce qui pose immédiatement la question du voisinage de la Russie. Ainsi les eurasistes considèrent que la Biélorussie, l’Ukraine et les pays baltes sont des territoires qui doivent leur être liés, alors que les nationalistes de ces pays veulent quant à eux être indépendants de ce voisin gargantuesque. D’où les tentatives d’intégration zélée, et malheureuses, au sein de l’espace euro-atlantique matérialisé par l’UE.

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Les Français auraient tort d’embrasser de façon trop naïve cette vision du monde, car cela pourrait les conduire à se couper des pays de l’est, l’Allemagne a sur ce point bien plus de finesse, en appliquant, encore une fois, sa stratégie impériale à l’est via l’UE (en intégrant la Pologne, les pays Baltes et en faisant des appels au pied à l’Ukraine) tout en se ménageant de bons rapports avec la Russie (Nord Stream, grâce de Khordokovski). Ce n’est pas en embrassant béatement l’eurasisme que le nationalisme français sortira de sa crise doctrinale actuelle. Au contraire, la France est historiquement un pays d’équilibre entre les empires et porte également son propre projet impérial, et l’eurasisme ne consiste pas simplement à défendre la souveraineté de l’Etat-nation russe, il consiste à encourager la Russie à avoir une hégémonie sur d’autres Etats-nations, Alexandre Douguine ne fait aucun mystère là-dessus. Il faut donc retrouver notre voie d’équilibre des puissances, développer notre propre projet impérial et favoriser l’idée selon laquelle les peuples doivent se gouverner eux-mêmes. Un nationaliste français doit pouvoir mener des tractations diplomatiques qui permettent à des voisins de vivre en paix. En un mot la Russie devra être un partenaire, mais cela ne nous empêche pas de faire valoir notre vision du monde et nos intérêts propres. Nous n’avons pas à devenir une colonie russe après avoir été une colonie des Etats-Unis.

Conclusion:

Ainsi par ces quelques modestes considérations nous avons pu passer au crible trois tentations de sortir du nationalisme traditionnel pour apporter une réponse aux temps présents : la volonté d’une autre Europe qui serait fédérale et ethnique, la volonté de préserver la race blanche ou la volonté de s’opposer aux Etats-Unis par le biais de la Russie.

Bien que le courant ethno-régionaliste soit surement le plus capable de faire l’équilibre entre les deux autres (suprématisme et eurasisme) ce qui explique que des personnalités issues du GRECE flirtent depuis longtemps avec l’un ou l’autre courant, ces trois grands courants, ne doivent pas nous faire oublier notre tradition politique propre, il faut plutôt les voir comme des sources d’inspiration pour constituer un corpus idéologique sérieux permettant aux Français d’affronter le monde dans lequel ils sont.

Il paraît important de ne pas rejeter l’idée fédérale, ni l’idée d’Europe puissance, il faut aussi enrayer la disparition de l’Homme européen et il convient de (re)trouver notre place dans le jeu géopolitique actuel qui tend vers la multipolarité depuis plusieurs années. La question de la sortie du capitalisme est ici fondamentale.

Nous pourrions œuvrer à bâtir une France fédérale et communale (ce qui reprend l’idée maurrassienne et proudhonienne, et non simplement « allemande ») au sein d‘une Europe puissance à l’ouest constituée des nations libérées du Léviathan euro-atlantiste, de la finance et du Capital. Il faudrait redéfinir la nationalité française sous un angle plus ethnique et revitaliser les Européens. Enfin, cet ensemble mènerait une politique de désaméricanisation, de coopération avec les puissances émergentes et les pays non-alignés, tout en préservant ses intérêts et ceux, in fine de l’Europe romano-carolingienne vers laquelle nous devrons nous projeter.

Jean/CNC

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

* On trouvera quelques points communs entre la carte de l'Europe des Waffen SS et celle du projet actuel de redécoupage régional de la France:

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 **: La Rahowa, tout comme la lutte des classes, reposent paradoxalement sur des théories plutôt darwinistes de lutte entre des groupes humains concurrents.

jeudi, 23 janvier 2014

L’égalitarisme contre l’égalité

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L’égalitarisme contre l’égalité

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

La thèse défendue ici est que la France est une société égalitariste mais non pas égalitaire et que l’égalité n’y est pas respectée mais évacuée ; que l’idéologie égalitariste sert à la fois à justifier et à camoufler des privilèges qui sont probablement plus importants encore que ceux de la défunte monarchie ; que par effet hétérotélique l’idéologie égalitariste a aggravé les inégalités les plus injustes, au profit de pseudo égalités.

La Révolution française et la Déclaration des Droits de l’Homme  de 1789 avaient défini l’égalité, en rupture avec les privilèges d’Ancien Régime, comme l’égalité devant la loi et l’instauration de la méritocratie en lieu et place des avantages de naissance ou de situation. Mais peu à peu, l’égalitarisme, en exigeant l’égalité de résultat (sous l’influence de la vulgate marxiste) et en prétendant ”aider” des catégories prétendues défavorisées a récréé une inégalité de conditions entre catégories de la population. Avec, à la clé : injustice sociale, inefficacité et sclérose de la circulation des élites.

Tout d’abord, la principale technique, très perverse, de l’égalitarisme est de construire des simulacres d’égalité. Pour cela, on fait appel à l’idéologie féministe (dévoiement de la défense de l’égalité sexuelle), aux doctrines hypocrites du lobby homosexuel masculin ou à la théorie américaine du genre (gender theory) qui, aux USA, est déjà dévalorisée, ou encore à l’”antiracisme”.

Mesures emblématiques ”sociétales” de cette idéologie aussi médiatique qu’inefficace : le mariage pour tous, la parité hommes-femmes obligatoire en politique comme maintenant dans les conseils d’administration, (1) l’enseignement néo-totalitaire dès l’école primaire voire maternelle de l’équivalence entre les sexes. Tout cela au nom de la lutte contre les discriminations sexuelles, largement fantasmées. Cette dernière est un détournement d’attention, donnant lieu à des dispositifs législatifs délirants pour l’immense majorité de la population, symboliques et mensongers. Toute cette plaisanterie – poudre aux yeux – masque la construction progressive d’un imposant appareil inégalitaire édifié peu à peu au nom de la justice et de l’égalité et fondé sur l’escroquerie idéologique. Quelques exemples :       

1) En matière de protection sociale, de retraites, de régimes de santé, etc.,  observons les incroyables privilèges des salariés de la fonction publique et des secteurs avantagés au détriment  du privé, des PME, des TPE, des professions libérales, des indépendants, des agriculteurs, qui financent les déficits de la classe protégée.

2) La non représentativité des syndicats de gauche en terme d’adhérents qui sont financés par l’État, qui sont au dessus de toute décision de justice et qui dictent leur volonté corporatiste, par ailleurs machine à tuer les emplois. 

3) Les aides versées aux clandestins, sans-papiers et faux réfugiés, inexpulsables (CME, etc.) ou bien les prestations à de ”jeunes” oisifs, artificiellement victimisés, alors que des Français de souche en détresse (les ”invisibles”) sont relégués aux oubliettes.  

4) La ”discrimination positive” qui ne dit pas son nom : au nom du concept de ”diversité”, elle instaure une préférence ethnique – de fait raciste au pays de l’antiracisme – dans l’administration et les grandes entreprises, au détriment de la méritocratie égalitaire. 

5) En pratiquant le nivellement par le bas et en abolissant la qualité de l’école publique, l’idéologie égalitariste, croyant aider les ”classes populaires” les a plombées. Aujourd’hui, seules les classes riches peuvent espérer une éducation de qualité pour leurs enfants. Jules Ferry a été aboli par les héritiers de Mai 68. L’élitisme et la sélection sont les trésors du peuple sans héritage : la République gauchisée augmente les inégalités sociales en offrant une éducation démagogique bas de gamme. Les enfants des bourgeois de gauche vont dans les écoles privées élitistes. L’ascenseur social est bloqué parce que l’Éducation nationale offre des prestations dévaluées aux classes populaires, avec toute la prétention de la caste, d’autant plus agressive qu’elle est incapable.     

6) La laïcité égalitaire de l’État est également  mise à mal du fait d’une indifférence envers les agressions et profanations contre les lieux de culte catholiques. Sans parler des répressions envers certains (condamnées par les instances judiciaires européennes) et de l’aménité envers d’autres, protégés par un pouvoir tolérant.  Sans parler de la bienveillance protectrice et privilégiée dont bénéficie l’islam. D’une manière générale, il existe un rupture d’égalité en faveur des amis et protégés du pouvoir. Tout le système des subventions publiques  le prouve aussi.

L’esprit même de l’égalité méritocratique anti-privilèges est détruite au profit de l’édification d’une société à la fois communautariste et de castes où l’égalité de simulacre dissimule les inégalités réelles. La circulation sociale ne fonctionne plus. L’égalitarisme idéologique est un virus sournois contre la justice, la liberté et la démocratie. Il creuse les inégalités juridiques et économiques. Il est l’aliment de la guerre à venir. La démocratie et l’harmonie sociales sont rigoureusement impossibles sans l’homogénéité ethnique, la méritocratie sélective et l’instruction de qualité pour tous.  

Note:

 (1) La ”parité”, tout comme la ”discrimination positive”, est une rupture du principe d’égalité individuelle puisque le critère de sélection n’est plus seulement le mérite et la capacité d’un individu mais son appartenance – à laquelle il n’est pour rien – à un sexe ou à un groupe ethnique.

jeudi, 09 janvier 2014

La diffamation rituelle en pratique

La diffamation rituelle en pratique

La diffamation rituelle en pratique. Comment, dans les sociétés démocratiques, on contrôle les valeurs, les opinions et les croyances

par Laird Wilcox

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

Nous proposons ci-dessous un texte (Laird Wilcox, « La diffamation rituelle en pratique. Comment, dans les sociétés démocratiques, on contrôle les valeurs, les opinions et les croyances », 1990, Laird Wilcox Editorial Research Service, Tabou, volume 8, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2005 ; correction par Jeune Nation, 2014) écrit en 1990 par un professeur américain, Laird Wilcox, détaillant les méthodes mises en œuvre en démocratie pour détruire les opposants politiques par la diffamation. Un texte d’actualité d’autant que dans d’autres travaux, Laird Wilcox désigne clairement le lobby juif et ses avatars comme les principaux utilisateurs de ces méthodes.

Il existe plusieurs versions de ce texte, comme la version plus courte disponible en anglais sur le site de Laird Wilcox (la version anglaise du texte traduit ci-dessous se trouve sur cette page de discussion de groupe). Professeur à l’université du Kansas, Laird Wilcox est un spécialiste des mouvements politiques minoritaires et marginaux.

La diffamation, c’est la destruction, ou la tentative de destruction, de la réputation, du prestige, de la notoriété ou du statut social d’une personne ou d’un groupe de personnes par un discours ou un argumentaire écrit biaisé ou malveillant. Pour les besoins de cette étude, nous nous consacrerons à la diffamation en tant que moyen de représailles exercé contre une victime en raison de ses attitudes, de ses opinions ou de ses croyances, réelles ou imaginaires, dans le dessein d’étouffer celles-ci, de neutraliser l’influence de leur au­teur et/ou d’en faire un exemple pour décourager d’autres manifestations d’indépendance, d’« indifférence à autrui » et d’irrespect pour les tabous. Ce qui la distingue, par es­sence et par son ampleur, de la critique ou du désaccord ordinaire, c’est qu’elle est agressive, orchestrée et habi­lement menée, souvent par une organisation ou par le représentant d’un groupe d’intérêts particuliers. Mais elle présente en outre plusieurs traits caractéristiques.

Cette diffamation est « rituelle », non pas au sens où elle se référerait à une doctrine religieuse, une mystique ou un texte sacré particulier, mais parce qu’elle suit un scénario prévisible, stéréotypé, qui comporte un certain nombre de règles, comme dans un rituel.
La diffamation rituelle obéit aux règles suivantes :

1. La victime d’une diffamation rituelle doit avoir d’une manière ou d’une autre transgressé un tabou particulier, généralement en exprimant une attitude, une opinion ou une croyance défendue ou en s’y identifiant. Il n’est pas nécessaire que la victime ait « fait » quoi que ce soit ou entrepris une action concrète, il suffit qu’elle ait recouru à une forme ou une autre de communication ou d’expres­sion.

2. Dans une diffamation rituelle, le système d’attaque consiste à noircir la victime sans jamais opposer aux atti­tudes, aux opinions ou aux croyances particulières ex­primées ou sous-jacentes autre chose que des déné­gations superficielles. Il s’agit avant tout de détruire une réputation.

3. Une règle importante de la diffamation rituelle interdit d’engager un débat hon­nête sur la véracité ou le bon sens de l’opinion exprimée ; on se contente de jeter l’anathème. Débattre, c’est per­mettre à la question d’être examinée et discutée sur le fond, ce que le diffamateur rituel veut éviter à tout prix. Le principal objectif de la diffamation rituelle, c’est la censure ou la répression.

4. La victime est très souvent une personne en vue ou qui dispose au moins d’une petite renommée. Cela peut être un enseignant, un écrivain, un homme d’affaires, un fonc­tionnaire de base ou simplement un citoyen qui a son franc-parler. Plus la victime est connue, plus elle est vul­nérable à la diffamation rituelle.

5. D’autres personnes sont généralement invitées à parti­ciper à la diffamation, souvent d’ailleurs avec succès. Dans le cas d’un fonctionnaire, ses collègues sont encou­ragés à le dénoncer ; dans le cas d’un étudiant, d’autres étudiants se verront assigner cette tâche, et ainsi de suite.


6. Pour qu’une diffamation rituelle soit efficace, la victime doit être déshumanisée au point d’être identifiée à l’attitude, l’opinion ou la croyance incriminée, elle-même présentée sous un jour extrême et trompeur. Une victime dénoncée comme « élément subversif » sera ainsi iden­tifiée aux pires images de la subversion comme l’espion­nage ou la trahison. Une victime dite « perverse » sera identifiée aux pires images de la perversion, y compris les sévices sur enfants. Une victime dite « raciste » ou « anti­sémite » sera identifiée aux pires images du racisme ou de l’antisémitisme, telles que lynchages ou chambres à gaz, et ainsi de suite.


7. Pour réussir, une diffamation rituelle doit également s’accompagner de pressions et d’humiliations pour la vic­time et pour tout son entourage, y compris sa famille et ses amis qui parfois commencent à l’éviter. Si la victime a des enfants scolarisés, la publicité faite à la diffamation les expose aux railleries et aux moqueries. Si elle exerce un travail rémunéré, elle risque d’être mise à la porte. Si elle appartient à des clubs ou à des associations, le cas échéant on incitera les autres membres à l’en exclure.


8. Toute personne qui prend la défense d’une victime risque d’être confondue avec elle et diffamée de la même manière. Quand bien même sa réputation serait sans tâche, son jugement et son engagement en faveur de la victime peuvent poser problème. La victime d’une diffa­mation rituelle se retrouve souvent seule et abandonnée.


9. Toutes les explications que la victime pourrait fournir, y compris celle de s’être fait mal comprendre, sont jugées nulles et non avenues. Si elle invoque la vérité comme moyen de défense, on y verra un refus de repentance, ce qui ne fera qu’aggraver les choses. La diffamation rituelle n’implique pas nécessairement une attitude erronée ou incorrecte de la victime, mais seulement un « manque de sensibilité » responsable de son inobservance de certains tabous de la société.


10. Beaucoup de victimes succombent rapidement et passent par une période de « confession », d’excuses et d’actes de contrition. Elles dénoncent même parfois leurs amis qui partagent les valeurs, opinions et croyances défendues, quand elles ne prétendent pas avoir été « trompées », à l’instar de bon nombre d’éléments dits « subversifs » pendant l’ère McCarthy. Si les accusations mettent en cause leur « moralité », il arrive qu’elles invo­quent à leur décharge le stress ou la maladie mentale.


11. La diffamation rituelle est d’autant plus acharnée qu’elle n’est pas inspirée seulement par la vengeance, quoique ce facteur soit important: elle doit aussi avoir un caractère d’exemplarité pour que d’autres mesurent la férocité des attaques auxquelles ils s’exposent s’ils ont le malheur de s’écarter du droit chemin. La diffamation ri­tuelle est un important moyen de contrôle social.


12. Un des aspects intéressants de la diffamation rituelle, c’est son universalité. Elle n’est pas spécifique à une va­leur, une opinion ou une croyance spécifique, ni à un groupe ou une sous-culture particulière. Elle peut être uti­lisée par, pour et contre n’importe quelle minorité poli­tique, ethnique ou religieuse.


13. La diffamation rituelle prend souvent des formes pa­radoxales comme dans le cas des organisations censées lutter contre la diffamation qu’on a parfois vu inscrire le mot « anti-diffamation » dans leur intitulé1. Psychologique­ment, on est là en présence d’un mécanisme de projec­tion par lequel l’organisation tente de camoufler ses ten­dances naturelles en créant un mythe officiel, une sorte de fiction consensuelle masquant ses véritables activités pourtant transparentes à la simple lecture de leurs publi­cations.


14. La force de la diffamation rituelle réside toute entière dans sa capacité d’intimidation qui rappelle certains as­pects des vieilles croyances superstitieuses dans les « malédictions » et les « sortilèges ». Elle joue aussi sur la crainte subconsciente qu’ont la plupart des gens d’être rejetés par leur « tribu » et coupés des systèmes d’en­traide sociaux et psychologiques. Seule une personne vraiment courageuse et indépendante pourra soutenir toute la virulence de la diffamation rituelle et sortira même parfois relativement indemne d’une telle expérience.


15. La diffamation rituelle pêche par sa tendance à l’exagération et une malveillance relativement transparente. Elle échoue parfois en raison d’un plan mal adapté et d’une incapacité à évaluer correctement la vulnérabilité de la victime. Souvent les diffamateurs rituels dévelop­pent eux-mêmes des mécanismes de projection com­plexes accompagnés d’un délire de persécution. Bien que leur manœuvre puisse paraître offensive, elle est par na­ture une réaction de défense. Comme l’écrit Eric Hoffer2 : « Vous pouvez identifier la principale crainte de votre ennemi en observant les moyens qu’il utilise pour vous effrayer » (The True Believer, 1951).


16. Paradoxalement, une diffamation rituelle imprègne souvent ses victimes des valeurs, des opinions et des croyances mêmes qu’elle condamne, comme une pro­phétie qui assurerait son propre accomplissement. Elle favorise la paranoïa et la haine, et c’est généralement aussi un facteur de division et d’aliénation. Rien de tel pour durcir des positions et polariser une situation. Une personne accusée de défendre une croyance particulière peut être conduite à l’adopter. En politique, par exemple, la diffamation rituelle excelle à produire des rebelles et des dissidents. Les dictatures et les régimes totalitaires ont recouru à ses différentes variantes tout au long de l’histoire. Dans les sociétés démocratiques, elle est deve­nue l’outil de prédilection de certains groupes de pression acharnés à diffamer et neutraliser leurs détracteurs et leurs adversaires.
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1 [NDJN] Allusion transparente à l’Anti-Defamation League (ADL), l’une des plus puissantes organisations juives du monde, basée aux Etats-Unis et chargée de traquer tout ceux qui refusent les lois imposées par Israël.


2 [NDJN] Eric Hoffer (1902-1983) était un sociologue et philosophe américain dont le livre The True Believer: Thoughts on the Nature of Mass Movements (Le vrai croyant. Réflexions sur la nature des mouvements de masse) est un classique de la psycho-sociologie. Le livre, où sont étudiés les grands mouvements de masse, politiques, religieux, etc., n’a jamais été traduit en français.

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jeudi, 02 janvier 2014

Qu'est-ce qu'en effet que le despotisme?

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Qu'est-ce qu'en effet que le despotisme?
 
par Simon-Nicolas-Henri Linguet (1767)
 
 
"Qu’est-ce en effet que le despotisme ? c’est le plus changeant, le moins fixe de toues les gouvernements. Ce n’est pas même un gouvernement. Il est aussi absurde de le compter parmi les administrations naturelles à la société, que de mettre la paralysie ou l’apoplexie au rang des principes qui diversifient le tempérament des hommes. C’est une maladie qui saisit et tue les Empires à la suite des ravages du luxe, comme la fièvre s’allume dans le corps après les excès du travail ou de la débauche. Il n’est pas plus possible à un Royaume d’être soumis à un despotisme durable, sans se détruire, qu’à un homme d’avoir longtemps le transport sans périr.
 
Pendant la durée de cette fièvre politique, une frénésie incurable agite tous les membres de l’État, et surtout la tête. Il n’y a plus de rapport ni de concert entre eux. Les folies les plus extravagantes sont réalisées, et les précautions les plus sages anéanties. On traite avec gaieté les affaires les plus sérieuses; et les plus légères se discutent avec tout l’appareil du cérémonial le plus grave. On multiplie les règles, parce qu’on n’en suit aucune. On accumule les ordonnances, parce que l’ordre est détruit. La loi de la veille est effacée par celle du lendemain. Tout passe, tout s’évanouit, précisément comme ces images fantastiques, qui, dans les songes, se succèdent les unes aux autres, sans avoir de réalité.
 
Une Nation réduite à cet excès de délire et de misère, offre en même temps le plus singulier et le plus douloureux de tous les spectacles. On y entend à la fois les éclats de rire de la débauche, et les hurlements du désespoir. Partout l’excès de la richesse y contraste avec celui de l’indigence. Les grands avilis n’y connaissent que des plaisirs honteux. Les petits écrasés expirent en arrosant de larmes la terre que leurs bras affaiblis ne peuvent plus remuer, et dont une avarice dévorante dessèche ou consume les fruits, avant même qu’ils soient nés. Les campagnes se dépeuplent. Les villes regorgent de malheureux. Le sang des sujets continuellement aspiré par les pompes de la Finance se rend par fleuves dans la Capitale qu’il inonde. Il y sert de ciment pour la construction d’une infinité de palais superbes, qui deviennent pour le luxe autant de citadelles d’où il insulte à loisir à l’infortune publique.”
 

Simon-Nicolas-Henri LINGUET (1736-1794), Théorie des Lois civiles, IV, 31 (1767)

Démondialisation, identités et localisme

Démondialisation, identités et localisme

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Contrairement à ce qu’affirment la vulgate officielle et quelques-uns de ses perroquets marginaux affublés du titre complaisant de « dissidents », la mondialisation est réversible et peut être mise en échec. À la condition toutefois de préparer dans les faits, le quotidien et les esprit une véritable alternative culturelle et comportementale.

 

Depuis 2011, IDées est la maison d’éditions du Bloc Identitaire. Après avoir publié cinq ouvrages, voici le sixième : un recueil qui entend bâtir un autre monde… riche en diversité authentique.

 

Anti-mondialiste pro-local se veut un livre de combat à la fois pédagogique et réaliste. Les auteurs partent d’un constat simple : la fin des années 1990 et le début des années 2000 ont vu le triomphe médiatique de la contestation à l’égard de la mondialisation libérale et de son bras armé idéologique, le mondialisme. Mais cette vive opposition, incarnée en France par le syndicaliste paysan José Bové, n’a pas encouragé l’enracinement et les identités bio-culturelles. Bien au contraire ! D’abord  « anti-mondialistes », ses militants, sortis de la gauche radicale, de l’extrême gauche et de l’écologie sociétale, se dénommèrent vite assez rapidement d’« altermondialistes », c’est-à-dire favorables à « un autre mondialisme donc, souligne Arnaud Naudin, se voulant une sorte d’internationalisme bon enfant où toute forme d’affirmation identitaire au sein du combat contre la globalisation serait non seulement mal vue mais surtout combattue. Un internationalisme qui semble proclamer que seuls les peuples du Sud bénéficient de ce fameux droit à disposer d’eux-mêmes (selon la fameuse formule identitaire) (p. 9) ». Dès lors, « ce livre est politique parce qu’il place les partisans de l’altermondialisme face à leurs contradictions en arrimant la relocalisation des activités à la relocalisation des êtres. Pour le dire autrement, en affirmant clairement le lien entre localisme et identité (p. 11) ». D’ailleurs, dans un extrait du programme pré-présidentiel d’Arnaud Gouillon en 2012, on lit que les « altermondialistes […] ne se veulent, comme leur nom l’indique, que des mondialistes alternatifs aux libéraux (p. 15) ». Qu’ils soient ou non militants au Bloc Identitaire, les identitaires dans toutes leurs sensibilités ont compris l’importance de répliquer à la mondialisation par le thème novateur de la démondialisation. On retrouve aussi dans ce volume une recension du bref essai éponyme d’Arnaud Montebourg rédigé au moment des primaires socialistes.

 

Avant même d’être économique, la démondialisation est d’abord politique et culturelle. Est-ce ensuite étonnant que Arnaud Naudin considère que « le politique doit primer sur l’économie (p. 10) » ? Animateur parisien du Projet Apache, Alban Ferrari s’attaque, lui, au multiculturalisme, ce terme mensonger qui désigne en réalité l’indistinction marchande des peuples et des êtres. Il promeut en revanche un véritable polyculturalisme enraciné et rappelle à ce sujet que « la polyphonie des cultures n’est pas antagoniste avec le besoin d’unité, dans le cadre d’une civilisation commune. Dans notre cas, la civilisation européenne (p. 46) ». Ce Francilien défend fort logiquement le maintien et la diffusion des langues vernaculaires européennes qu’il ne faut pas confondre, comme le font les « régionalistes progressistes », avec les langues accompagnant l’immigration allogène de peuplement. « Pratiquer et transmettre une langue régionale à ses enfants est une forme de résistance face à l’uniformisation, écrit Alban Ferrari. […] Relocaliser la culture langagière chez nous c’est défendre à la fois la langue française et les langues françaises (p. 46). »

 

Principale figure du Bloc Identitaire, Philippe Vardon-Raybaud se place volontiers sous l’identité et la liberté afin de contrer l’uniformité et l’égalité. En s’affirmant « Nissart, Français et Européen (p. 27) », il souligne une évidence pour l’instant bien oubliée ces temps-ci : « L’Europe est une réalité géographique, historique, culturelle, spirituelle et… ethnique (p. 28). » Aussi constate-t-il que « si l’identité est un héritage, elle doit aussi être une volonté (p. 29) ». Alban Ferrari traduit ce volontarisme par la nécessité d’innover en puisant dans la riche trame mémorielle, patrimoniale et culturelle ancestrale. « Créativité et audace au service de son identité (p. 49). »

 

Citoyen helvétique, Jean-David Cattin explique le fédéralisme et la démocratie semi-directe en vigueur chez lui. Il en retrace l’histoire, mentionne la courte guerre civile du Sonderbund en 1847 et ne cache pas que les imperfections du système politique suisse subverti par des organismes internationaux comme l’Union soi-disant européenne ou d’États criminels tels les États-Unis d’Amérique, toujours désireux de soumettre les peuples rétifs. Pour lui, « le peuple suisse ne vit donc pas dans un paradis démocratique et n’est pas aussi libre et souverain qu’il pourrait l’être, mais il est évident qu’en comparaison européenne la Suisse est une anomalie qui pourrait peut-être servir de modèle ou en tout cas d’inspiration pour l’Europe de demain (p. 86) ».

 

Mais la partie intellectuelle la plus féconde concerne le localisme, la décroissance et la relocalisation. Cette dernière « est l’application d’autres règles que celles du libre échange international […]. Face à l’uniformité des objets mondiaux jetables et uniformes, elle secrète de l’authenticité, de l’art, de la culture (p. 19) ». Écologique (et véritablement écologiste), la relocalisation s’oppose « au mondialisme, sans tomber dans les travers du nationalisme et de l’étatisme autoritaire, lointain et technocratique (p. 20) ». Sa démarche s’inscrit dans le localisme, cette « pratique saine puisqu’elle consiste, entre autres bienfaits, à redynamiser l’économie d’un territoire (p. 40) ». « Se situant à la jonction de l’écologie et de l’économie, le localisme est à même de façonner un monde apaisé dans ses relations économiques, un monde plus juste (p. 15). » Ainsi découle-t-il la singulière et originale proposition d’« extraire du carcan étatique les solidarités collectives (santé, retraites, etc.) pour les rendre locales et transparentes (p. 21) ».

 

Quant à Julien Langella, il estime que le localisme rejette de manière la « centralisation [qui] est un vampirisme : il saigne le pays et aspire toutes ses forces vives, pillant les provinces comme les pays développés (p. 63) ». Il tient surtout à développer une conception révolutionnaire de la décroissance. Remarquant que « les décroissants actuels, coincés entre leur filiation gauchiste – libertaire et leur apologie du local, ne sont pas très à l’aise avec ces notions d’enracinement et de terroir. Normal : c’est nouveau pour eux. La relocalisation a un “ rôle stratégique ” au sein du projet décroissant : penser global, agir local (p. 59) », il invite les identitaires à combattre la construction de nouvelles lignes à grande vitesse, la diminution inquiétante des surfaces arables (essentielles pour l’indépendance alimentaire) au profit d’espaces bétonnés, le productivisme agricole, l’usage des O.G.M., la privatisation du vivant par les multinationales prédatrices… Il est évident que, pour Julien Langella, « la décroissance est notre avenir obligé : mieux vaut anticiper et choisir de l’accompagner, pour avoir son mot à dire dans l’élaboration de la société qui s’ébauchera par la suite plutôt que subir les affres des restrictions, du rationnement et du chaos social qui en résultera (pp. 57 – 58) ».

 

Comme le relève Arnaud Naudin, « il n’est pas possible de dissocier décroissance, souveraineté alimentaire, ou relocalisation des activités industrielles de la question identitaire. En effet, promouvoir ces trois principes revient à défendre la diversité, mais surtout le terroir, l’enracinement, et donc à un moment ou un autre le substrat ethnoculturel propre à chaque civilisation (p. 10) ». Une planète enfin relocalisée est plus que souhaitable; elle est indispensable. L’anti-mondialisme conséquent, fondamentalement identitaire – car populaire -, a par conséquent un bel avenir devant lui !

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Jean-David Cattin, Alban Ferrari, Julien Langella, Arnaud Naudin, Philippe Vardon-Raybaud, Anti-mondialiste pro-local, IDées, Nice, 2013, 89 p., 10 €.

 


 

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lundi, 18 novembre 2013

Apolaire ou antipolaire ?

Apolaire ou antipolaire ?

Ex: http://www.dedefensa.org

elegante-schaufensterpuppe-gold-kopflos_1243_4.JPG16 novembre 2013 – ... Effectivement, nous nous sommes arrêtés à l’expression “apolaire”, parce qu’elle contient bien plus que ce qu’elle semble vouloir dire. Notre référence dedefensa.org est des plus simples et des plus proches, puisqu’elle date du 10 novembre 2013, comme conclusion de ces Notes d’analyse :

«D’une certaine façon, il s’agit, expression appropriée tombée miraculeusement par rapport à la politique française totalement invertie de la bouche du ministre Fabius lors d’une récente conférence à Science Po, de la découverte angoissée d’ un monde apolaire (ou bien “zéropolaire”, mais nous préférons nettement la précédente, et la conservons) ; après les épisodes unipolaire et multipolaire, un monde “sans pôle”, qui a perdu toute forme et toute cohésion... Un monde de toutes les opportunités de crises et de tensions souvent surgies par surprise... Un monde de tempêtes, sans vent dominant et où tous les vents prétendent dominer dans une surenchère de souffles furieux, où la tempête lève de tous les côtés.»

L’expression ne date certainement pas de Fabius et de son speechwritrer standard du Quai d’Orsay, mais l’honnêteté nous oblige à dire qu’elle nous vient de cette circonstance. Il faut noter qu’il existe, depuis la fin de la Guerre froide (1989-1991), un historique fourni de la qualification du monde et de ses relations internationales. Cela nous indique le degré de confusion des choses et la nécessité d’autant plus grande de rechercher une définition à la présente identification. Le rappel préliminaire de l’historique de la chose sera un premier pas dans notre recherche d’identité des relations internationales du temps présent.

• Nous partons donc de la Guerre froide, soit 1989-1991, mais encore plus, avec l’élection de Clinton (novembre 1992) comme substantivation de la période. Il n’est rien de plus caractéristique à cet égard que le destin de GH Bush (Bush-père) qui, au sommet d’une gloire extraordinaire avec la victoire du Golfe-I, de février 1991, s’effondra littéralement et fut ignominieusement battu en novembre 1992 par un inconnu venu de l’Alabama. (Cet épisode “chute de Bush-élection de Clinton”, indiquant le vrai désarroi de l’Amérique et conduisant à considérer la guerre du Golfe-I comme un “accident”, un épiphénomène ne comptant guère dans l’agencement des relations internationales).

En un sens, jusqu’en 1995-1996, le monde avec ses relations internationales traversa une période à première vue assez similaire (“apolaire”) à celle que nous identifions aujourd'hui, du point de vue strict de l’organisation informelle des relations internationales. On en trouverait une assez juste identification avec le titre du livre de Gabriel Robin, publié en février 1995 chez Odile Jacob, Un monde sans maître. Robin termina (en 1993) sa carrière diplomatique active comme ambassadeur de France à l’OTAN, où il put montrer tout son “rigorisme gaulliste” en matière de diplomatie, et particulièrement en matière des principes de la diplomatie. Il put ainsi observer, à partir d’un point privilégié, les interrogations sur la confusion de la période, la disparition de l’URSS, les doutes profonds et paralysants de la puissance américaniste, les hésitations européennes et la démission qui suivit avec le choix européen d’une organisation intérieure appelée à se bureaucratiser (Maastricht et la suite) aux dépens d’une politique de sécurité active et créatrice des nations coopérant entre elles (le refus de l’UEO d’intervenir en ex-Yougoslavie dès 1991, – voir le 4 février 2010).

• Nous avons souvent cité cette description du processus de la politique en Europe, exemplaire de la politique générale des relations internationales, et aussi l’évolution de la situation américaniste, dans les extraits de l’ouvrage Chronique de l’ébranlement, cités notamment le 2 septembre 2005. Effectivement, entre 1995 et l’été 1996, le sentiment dépressif et d’une crise d’identité gravissime des USA (voir des textes de William Pfaff, présentés le 23 novembre 2003) bascula, sous la force d’une poussée considérable de virtualisme, et rétablit les USA dans une sorte de narrative impériale que personne ne pouvait songer à contester, alors que les forces financières déchaînées saccageaient la Russie, puis bientôt toute une chaîne d’autres pays. C’est donc à l’automne de 1996 qu’on pourrait déclarer ouverte l’ère “unipolaire” de ce qu’Hubert Védrines allait baptiser l’“hyperpuissance”, – dito, les USA, cela va de soi.

Cette période durerait, selon nous jusqu’à l’été de 2003 (notamment l’événement de l’attentat de fin août 2003 qui réduisit en poussière le siège de l’ONU à Bagdad et tua le représentant de l’Organisation en Irak), lorsqu’il apparut que la “victoire extraordinaire” en Irak s’avérait être un cauchemar dissimulé pour la puissance miliaire US. Dans le séquence, 9/11 est une ultime bouffée de vertige, une fausse “défaite” fournissant l’argument pour un déchaînement impérial conduisant à la conquête du monde. Il s’agit donc d’une succession de narrative, ou d’autant de bulles, toutes de coloration américaniste, jusqu’à l’avatar fondamental que constitue l’attaque de l’Irak et la dépression rapide qui suit, dès l’été 2003. Depuis lors, l’“hyperpuissance” n’a cessé de se déliter, de se déstructurer, de se dissoudre. L’ère unipolaire fut évidemment un montage de bout en bout du point de vue de la dynamique des relations internationales, mais elle exista simplement parce que personne ne la contesta. Le comble de la contradiction, mais aussi l’exposition de la réalité de la situation, fut que cette unipolarité prétendant rassembler toutes les relations internationales vers elle (un universalisme américaniste) s’acheva par une prétention triomphale qui s’exprima par un complet unilatéralisme, consistant de facto en un isolationnisme expansionniste réfutant toute relation diplomatique normale. Cette absence totale de véritables “relations diplomatiques” réduisit l’unipolarité du monde en une action unilatérale des USA, laissant l’influence et la diffusion de leur puissance à leurs instruments autonomes (finance, dollar, puissance militaire, puissance culturelle, informatique, etc.) Il n’y eut donc pas investissement constructif (à son avantage) du monde par les USA mais action unilatérale des USA dans un “reste du monde” (ROW) complètement paralysé et anesthésié.

• Pour faire juste, nous dirions que le passage à un stade “multipolaire” pourrait être annoncé avec la position française à l’ONU, contre l’intervention US en Irak, entre octobre 2002 et février 2003, avec le discours de Villepin du 14 février 2003. Quoi qu’il en soit, c’est lors d’une visite à Moscou à l’automne 2003 que le Français Chirac affirma que nous entrions dans une “ère multipolaire”, où la puissance US ne serait plus la seule à imposer sa loi. On imagine avec quel enthousiasme, son interlocuteur russe, le déjà-président Poutine, appuya cette analyse.

Cette multipolarité fut aussi bien un leurre que l’unipolarité qui avait précédé. Il s’est agi simplement de l’expression du délitement progressif de l’hyperpuissance, entraînant des réactions de divers autres puissances là où cela était possible, créant ainsi cette “apparence de multipolarité”. Avec et après la crise de 2008, cette “apparence de multipolarité” grandit encore avec la formation de ce que nous nommons le “bloc BAO” (voir le Glossaire.dde, le 10 décembre 2012), qui se caractérise par l’effacement de l’“unipolarité” (prépondérance des USA) au sein des “pays occidentaux” : «Désormais, tous les pays du bloc BAO au travers de leurs élites et des psychologies terrorisées de ces élites, se perçoivent égalitairement, c’est-à-dire essentiellement libérés des liens de domination et de sujétion entre les USA et les autres... Cela ne signifie nullement la fin de la corruption et de l’influence US, comme par le passé, mais, contrairement au passé, cette corruption et cette influence s’exerçant à l’avantage de tous et apparaissant de plus en plus invertébrées, de moins en moins spécifiques. De même observe-t-on une homogénéisation des conceptions et des politiques, simplement par disparition de la substance au profit de l’apparence et de l’image...»

Les réactions du bloc BAO vis-à-vis du “printemps arabe” ont montré cet effacement de la domination US dans le camp occidental, avec l’illustration très récente de la phase crisique syrienne d’août-septembre et le dernier épisode, totalement anarchique, des négociations P5+1 à Genève (le 9 novembre). Cette phase et les événements depuis le début de l’automne ont décisivement acté le passage à l’“apolarité”.

• C’est ce dernier épisode du 9 novembre que l’on pourrait prendre, dans notre propos, comme marque symbolique du passage à un stade apolaire, ou “antipolaire”, des relations internationales. Le désordre de l’événement témoigne de ce refus d’une polarité, c’est-à-dire d’une structure où une ou des forces sont capables d’imposer une évidence d’orientation dans un facteur essentiel des relations internationales, où tous les “composants” flottent dans leurs interprétations des choses, où il est devenu impossible de distinguer une logique, pour ne pas parler de “sagesse” qui semble figurer un concept incompréhensible et d'un autre temps, dans toute cette agitation compulsive. Nous décrivions dans notre texte du 15 novembre 2013 les séquences chaotiques qui ont accompagné et poursuivi cette étrange journées :

«Durant cette journée et en prenant en compte ce qui précédait et ce qui a suivi, on a vu l’accord avec l’Iran annoncé comme quasiment fait et signé ; l’intervention des Français le 9 novembre interrompant cette perception en paraissant refuser cet accord “seuls contre tous” et en fait étant perçus comme parlant “au nom d’Israël” (et de l’Arabie, pour vendre quelques canons) ; les USA effectuant une première tentative de rangement en annonçant qu’en fait les Français n’avaient fait qu’exprimer une position générale du bloc BAO et dénonçant les Iraniens pour leur intransigeance (mais que dire des Russes qui font partie du P5+1 et qui ont observé ce désordre avec une certaine position de retrait mais non sans ironie ? On n’en dit rien et on passe à autre chose) ; la narrative évoluant encore et disant que, finalement, les Iraniens n’étaient pas coupables non plus, que personne n’était coupable, simplement qu’on avait été trop vite dans l'interprétation des choses et que tout se présente fort bien pour un accord qui sera mis en forme définitive, on vous l'assure, à partir du 20 novembre.»

En fait de “passage à un stade apolaire, ou 'antipolaire', des relations internationales ”, là aussi nous parlerions plutôt de l’évolution de la perception, c’est-à-dire cette perception, après l’“unipolarité virtualiste” des USA, passant d’une multipolarité factice (“apparence de multipolarité”) à une absence de polarité (“apolaire”) et même, et surtout, à un refus de polarité (“antipolaire”). Mais l’on précisera aussitôt que les deux termes conviennent comme complémentaires : le monde apolaire (pas de pôle) est un fait de situation, et un fait “structurel” par antithèse ; le monde antipolaire (refus du pôle en tant que structure) décrit une “dynamique” de refus, également “dynamique” par antithèse.

Une évolution nécessaire

Comme nous écrivons dans notre abstract de présentation de cet article, «Il s’agit d’un “monde sans pôle” parce qu’il n’y a plus aucune structure pour soutenir un ou plusieurs ‘pôles’. Notre monde apolaire est un monde qui ne veut plus avoir de pôle...» Il faut donc développer cette définition à partir de ce constat de base, déjà éclairé par la remarque précédente établissant définitions et complémentarité des concept d’“apolarité” et d’“antipolarité” ... Ainsi dirions-nous effectivement que le monde apolaire n’est pas seulement un “monde sans pôle” comme un constat statique, disons par “absence de pôle”, mais qu’il est également un monde antipolaire qui repousse quelque pôle que ce soit, et ainsi comme un constat dynamique, une force en action qui interdit et rejette toute prétention de l’un ou de l’autre, ou de plusieurs, à être “un pôle” ou “plusieurs pôles”. Il s’agit d’un monde vivant, activement rétif à toute “structuration polaire”, et d’ailleurs à toute structuration tout court.

La question qui se pose alors est de savoir si ce monde apolaire-antipolaire l’est à cause du traitement qu’on lui impose, ou s’il l’est devenu par modification de nature, modification ontologique, – ou plus clairement dit, par apparition de sa nature réelle après les épisodes faussaires de l’unipolarité et de la multipolarité. Dans ce deuxième cas, les événements dont on aurait fait la cause de son apolarité-antipolarité, en deviennent en vérité les conséquences. Poser la question sous cette forme, c’est, pour notre compte, y répondre évidemment dans le sens de privilégier le deuxième terme de l’alternative : les événements dont nous parlons, qui sont d’une importance dérisoire dans leurs substance, ne peuvent être des modificateurs d’une nature, d’une essence, – par contre, ils peuvent être l’expression de cette modification.

Quels sont ces événements, ou ces types d’événements qui prédominent actuellement ? Il ne s’agit pas d’événements identifiés, mais de “types d’événements”, caractérisés par des spécificités très remarquables ; ils ont tous le caractère essentiel d’être complètement privés d’influence principielle, et, par suite, à la fois instructuré et d’une substance dissolue ou en cours de dissolution. Les conséquences sont à mesure, principalement dans le chef de l’absence totale de la moindre création de situations nouvelles (y compris les pires d’ailleurs, comme des agressions brutales par la guerre, dont on parle continuellement et que personne n’est capable d’imposer).

• Ces événements sont issus d’une agglomération désordonnée et sans structure principielle de caractère tels que la corruption psychologique en général, c’est-à-dire à la fois la faiblesse de la psychologie et l’absence d’expérience et de culture politique ; l’influence pervertie, l’influence par terrorisation de l’esprit, la corruption vénale ; la manipulation de la communication par faiblesse de compréhension, par courte vue, par seul souci de l’apparence, avec l’emploi grossier de narrative successives. Tout le monde est manipulé par les événements, y compris les acteurs les plus subversifs et agressifs (Israël et l’Arabie), et ne fait que ré-agir plutôt qu’agir, sous l’empire d’événements plus hauts et qui sont incompréhensibles à la plupart des acteurs, sinon hors de leur perception, – sans parler d’intuition dont ils sont totalement dépourvus.

• Il en résulte une agitation forcenée, une sorte de “danse de Saint-Guy” d’une activité pseudo-diplomatique et qui n’est qu’anarchique, dont l’affaire du 9 novembre autour du P5+1 est exemplaire. Les discours et les commentaires tentent de rétablir un semblant d’ordre et de maîtrise, sous l’impulsion d’une raison qui est totalement subvertie pour pouvoir montrer une quelconque efficacité structurante ; ils ne parviennent qu’à mettre en évidence la vanité et la vacuité des “actes” qui apparaissent très vite pour ce qu’ils sont, – des impostures d’actes, des narrative d’actes. Bien entendu, la vision longue, l’appréciation stratégique et structurelle, dont tout le monde parle, sont totalement absentes, absolument interdites de se réaliser.

• Tous les acteurs sont touchés par ce conditions, ce qui est logique parce que ces conditions sont universelles. Les plus touchés sont ceux qui sont les plus affectés, eux-mêmes et en eux-mêmes, par ces conditions, c’est-à-dire ceux qui sont totalement étrangers à toute approche principielle de la situation du monde, et surtout à la nécessité de cette approche. On mettra dans cette catégorie, sans surprise bien entendu, les pays du bloc BAO avec des nuances circonstancielles, et les appendices radicaux tels que l’Arabie et Israël, avec l’ajout circonstanciel et remarquablement original par son caractère de contre-emploi de la France dont la politique est conforme aux variations radicales du rôle de ce pays, qui est en général fondamentalement structurant, plus qu’aucune autre entité, et qui peut être catastrophiquement déstructurant (“plus qu’aucune autre entité”) selon les accidents d'époque, qui est aujourd’hui dans une période de basses eaux si catastrophique et déstructurée qu’on peut avancer l’hypothèse, d’ailleurs renforcée par la situation générale également sans précédent, qu’il n’y en eut jamais de telle auparavant. Un seul pays parmi les principaux acteurs échappe à ces jugements catastrophiques, et l’on se doute que c’est la Russie ; mais la Russie ne peut rien de fondamental qui changerait la substance de la situation, parce que cette situation, dépendant de forces métahistoriques extérieures, ne peut être maîtrisée par elle ; elle grogne, elle avertit, elle manœuvre, elle se réfère aux principes mais elle reste à l’intérieur du Système.

Cette description de l’opérationnalité des situations justifie complètement notre identification d’un monde apolaire-antipolaire, un monde sans pôle et qui refuse quelque pôle que ce soit ; c’est-à-dire sans ordre, et qui refuse l’ordre. On aurait tort pourtant de dénoncer cette situation comme calamiteuse en soi, d’en faire un motif per se d’une situation catastrophique comme quelque chose d’inattendu et de profondément dommageable. Cette observation vaut pour deux raisons :

• La première est que cette “situation catastrophique” n’est nullement un accident, un brutal effondrement, mais la concrétisation et la mise à jour de la vérité de la situation du monde. On l’a vu, unipolarité et multipolarité dans la séquence n’ont été que des situations transitoires et complètement faussaires dans la marche vers la mise à jour de la vérité de la situation. Cette évolution s’est accélérée à partir de 2008 et a commencé à montrer ses effets à partir de 2010 avec les réactions au soi-disant “printemps arabes”, cela en conjonction avec l’aggravation constante dans le sens de la déstructuration des situations intérieures et l’accélération de la crise d’effondrement du Système. Il n’y a donc pas d’accident ni de “surprise catastrophique” mais la marche compréhensible et justifiée d’une logique universelle à l’œuvre, ressortant des effets du cycle surpuissance-autodestruction d’un Système ivre de puissance mais de plus en plus soumis, par des forces métahistoriques lui-même, aux contradictions mortelles de cette surpuissance.

• La seconde est que cette déstructuration, ce refus d’un ordre (apolarité-antipolarité), s’exerce contre une structure absolument perverse, contre un ordre faussaire et imposteur, – dito, on s’en doute, celui du Système. (On sait en effet que le paradoxe mortel du Système [voir le 8 juillet 2013] est qu’il a besoin de se structurer de plus en plus pour conduire son œuvre de déstructuration par sa dynamique de surpuissance, se mettant ainsi lui-même en danger de plus en plus grand d’être déstructuré à mesure par les effets de sa propre action, et fondant ainsi la logique de l’équation surpuissance-autodestruction par augmentation très rapide de la tendance à l’autodestruction avec l’accélération de sa surpuissance, avec la perspective, déjà accomplie dans plusieurs domaines comme le technologisme, où la dynamique de la surpuissance s’est transformée en dynamique de l’autodestruction. Le cas de la NSA est révélateur à cet égard : la surpuissance de l’Agence a très largement entamé sa transmutation en dynamique d’autodestruction.) Ce sentiment du “refus d’un ordre [exercé] contre une structure absolument perverse, contre un ordre faussaire et imposteur” engendre la transmutation classique du comportement vers l’antiSystème. La situation est classique pour nous, renvoyant la fois à l'acte de la résistance et à l’acte du contrefeu avec l’opérationnalité tactique du “faire aïkido”. On en est donc au paradoxe où la “situation (en apparence) calamiteuse” du monde apolaire-antipolaire constitue en réalité une opportunité inattendue d’une action antiSystème : le désordre lui même a fini par être antiSystème.

D’une façon générale, il s’agit d’un déroulement logique inéluctable, et tout ce qu’on peut faire ou interpréter dans un sens constructif dans les circonstances actuelles est voué à l’échec si l’on en attend quelque chose de décisif. Même ce qu’on pourrait considérer comme un acte restructurant, comme la prise en main de la situation opérationnelle par le régime d’Assad ou la perspective d’un accord avec l’Iran, engendre des conséquences déstructurantes, même indirectement, qui accentuent les caractères de la situation qu’on décrit. (Ce “même indirectement” signifie que même si tel ou tel “acte restructurant”, – Syrie ou Iran, – arrive à se concrétiser [victoire d’Assad, accord avec l’Iran], les conséquence déstructurantes seront néanmoins supérieures à la structuration accomplie et annuleront tout espoir de restructuration. Cela ne signifie pas qu’il faut s’opposer à ces actes restructurants, mais les considérer pour ce qu’ils sont : des actes antiSystème, tactiques par définition, pendant qu’ils se font mais sans la capacité de créer une véritable situation stratégique nouvelle, hors-Système. L’exemple de l’Irak peut être avancé : la guerre contre l’Irak a été un calvaire pour les USA [le Système], donc parfaitement antiSystème, mais ce qu’il en résulte n’instaure en rien une situation stratégique antiSystème décisive. Par contre l’aspect antiSystème de la guerre d’Irak, contre les USA, a joué son rôle en affaiblissant à mesure les USA.) En fait, la signification du mot “victoire” ou de l’expression “résolution d’un conflit” ayant perdu tout sens, toute “victoire“ ou “résolution d’un conflit” effective, même perçue lorsqu’elle n’était qu’une perspective comme antiSystème, ne se réalise nullement d’une façon structurante décisive et engendre une surenchère de revendications, de manœuvres, de tendances déstabilisatrices, – et là aussi et encore, “tactiquement” antiSystème, – et ainsi de suite. Donc, toujours cette situation paradoxale, qu'on pourrait juger bénéfique et qui ne l'est pas au terme, mais qui l'est dans son opérationnalité et apportant donc sa contribution à l'attaque générale contre le Système.

C’est une situation effectivement sans issue dans le cadre actuel (Système) parce que la seule issue possible est la destruction totale, par effondrement, du Système. (L’autre issue décisive est inacceptable et impensable, et sans le moindre sens, puisqu'il s'agirait d'une victoire du Système qui signifierait une entropisation générale, – voir le processus dd&e ; la voie vers cette “victoire” emporterait le Système lui-même avant que cette entropisation ait été accomplie, ce qui en fait une proposition absurde.) Il n’y a pas lieu d’être optimiste ni pessimiste, mais de constater que ce phénomène (“sans issue”) ne représente en rien un jugement désespérée, puisqu’une “issue” à ce stade impliquerait qu’elle se ferait à l’intérieur du Système, donc promise à retomber sous l’empire du Système, – donc un répit pour le Système dans sa marche vers l’autodestruction. Quant à la réalité du processus d’autodestruction, on peut toujours la contester au nom d’arguments divers, purement intellectuels et surtout spéculatifs, qui s’appuient d’ailleurs selon nous sur l’acceptation de l’empire du règne de la quantité et du triomphe du “déchaînement de la Matière” qui nous est (cette acceptation) complètement étrangère par conviction et par jugement rationnel. Par contre, qui est capable de hausser sa vision à quelques mois de temps constate tous les signes de cette autodestruction ; il n’y a qu’à comparer les prévisions que nous faisions le 10 juin, ou le 15 juin, ou le 1er juillet, sur les conséquences antiSystème de la crise Snowden/NSA, et la mesure des effets diluviens, globaux, inarrêtables de ces conséquences, pour prendre en compte cette hypothèse de l’autodestruction. Qui peut nier aujourd’hui la validité de cette chose absolument impensable il y a cinq mois : la toute-puissance de la NSA d’ores et déjà acceptée partout et qui nous faisait considérer notre avenir comme un “goulag électronique” inéluctable (voir le 1er août 2013), devenue une NSA aux abois qui est l’enjeu d’une lutte féroce, notamment de groupes importants qui ne sont pas loin de vouloir la détruire, au sein même d’un centre-Système comme le Congrès des Etats-Unis, ou dans le chef de puissances au sein du bloc BAO (Allemagne) ou en-dehors de lui (Brésil). Une telle situation était impensable il y a cinq mois ; aujourd’hui, nul ne s’en étonne (pour ceux qui veulent bien prendre le temps de s’en apercevoir, certes)... Le processus d’autodestruction est non seulement à l’œuvre, il est en plus entré, dans certaines situations, dans les actes même de certaines forces du Système passées à l’antiSystème.

C’est à cette lumière qu’il faut voir la situation apolarité-antipolarité du monde. Ce n’est pas une situation génératrice de désordre, c’est une classification actant le désordre du monde, qui existe largement depuis 9/11, qui existait déjà auparavant, et qu’on paraît d’attributs divers et dissimulateurs dont les plus récents furent les fictions d’unipolarité et de multipolarité. Réaliser la vérité de la situation du monde au lieu de rester la dupe d’une dissimulation de cette même situation de la vérité du monde ne peut être en aucun cas considéré comme un événement catastrophique. Cela (la réalisation de la vérité du monde) doit au reste être accompli du point de vue le plus rationnel du monde, en utilisant la raison pour ce qu’elle doit être, – non pas une puissance faite pour changer le monde à mesure de l’hybris du sapiens en posant ainsi son asservissement au Système, mais un outil pour identifier la vérité du monde et donner à l’esprit les moyens lui permettant de mieux se situer et de rechercher ce qui doit lui être bénéfique, – c’est-à-dire l’attaque continuée sans répit ni relâche contre le Système.

dimanche, 27 octobre 2013

Los conceptos de “Pueblo” y “Nación”

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Los conceptos de “Pueblo” y “Nación”

Conrado Eggers Lan

Ex: http://elfrentenegro.blogspot.com


El presente trabajo corresponde al texto de una ponencia que, con idéntico título, fue presentada, por el Dr. Conrado Eggers Lan, en las Jornadas Bolivarianas organizadas por la Universidad Autónoma de México en agosto de 1983, sobre el tema “La filosofía doscientos años después”. Fue publicado en la Revista Soles, la agenda cultural de Buenos Aires, Nº 77, junio de 2001. Consideramos que, a pesar del tiempo transcurrido y los cambios políticos en el ámbito mundial, el análisis de los conceptos de Pueblo y Nación mantienen plena vigencia.

 

Naturaleza y cultura


Para discernir mejor el concepto de “pueblo” del de “población”, y el de “nación” del de “país”, apelaremos a una distinción que ha sido enfatizada desde el s. XIX, pero que deriva de los primeros sofistas griegos, de mediados del s. V a.C.: la delimitación entre “naturaleza” y “cultura”. Pues ya Protágoras decía que “la enseñanza requiere tanto del talento natural (phýsis) como del ejercitamiento” (D.-K. 80133); y Antifonte, por su parte, cuestionaba la diferenciación habitual entre “griegos” y “bárbaros”, ya que, aducía, “por naturaleza hemos nacidos todos similarmente en todo sentido; todos, tanto griegos como bárbaros, respiramos por la boca y la nariz, y comemos con la ayuda de las manos” (D.-K. 87B44). Es decir, se comenzaba a descubrir que, además de lo que existe cuando nace el hombre, existe, y como algo nuevo, lo que el hombre hace. Así, a grandes rasgos, pues, podemos caracterizar a la “cultura” como la acción específicamente humana y sus productos (desde un pequeño crimen hasta la más excelsa obra de arte), a diferencia de los procesos meramente orgánicos y físico-químicos de toda índole en que no entra en juego la mente humana.

“Población” y “pueblo”


Veamos, pues el concepto de “población”: este concierne a la totalidad de habitantes de un lugar, aun cuando no exista otro rasgo en común que el de co-habitarlo, y el de poseer, mayoritaria o centralmente, la misma lengua y quizás el mismo origen étnico. Hasta cierto punto, entonces, podría considerarse la “población” como un hecho natural o casi-natural. De acuerdo con lo dicho, en cambio, “pueblo” configura una creación cultural. “Pueblo”, en efecto, designa una ligazón de los habitantes de un país en torno a un objetivo común, un vínculo que conlleva implícitamente una voluntad de acción, o directamente un accionar conjunto. Esta diferenciación que hacemos implica cuando menos la posibilidad de que no todos los habitantes de un lugar participen o deseen participar en la persecución de una meta común.

Los objetivos del “pueblo”


Aquí ya debemos explicar, aunque sea del modo más esquemático, lo que entendemos por “objetivos comunes” y por “meta común”. En términos generales, cabe afirmar que la meta común cuya búsqueda liga entre sí a los integrantes del “pueblo” es la realización humana, el ser-más de cada uno y a la vez de todos, la humanización cada vez más plena de los hombres. Un fin que es, pues, “metafísico”, porque atañe al ser del hombre; lo cual no remite a un ámbito abstractamente misterioso, sino a lo que aquí describiremos como la armoniosa conjunción de los siguientes objetivos:

1. La satisfacción de las necesidades humanas más elementales (de alimentación, de vestimenta, vivienda, atención de la salud, etc.);

2. El cumplimiento de un trabajo que permita desplegar al máximo posible las aptitudes creativas personales, o que deteriore lo menos posible tales aptitudes;

3. La disposición de un “tiempo libre” en el cual las aptitudes creativas personales se desarrollen al máximo o se deterioren mínimamente; en lo cual tenemos en cuenta la indicación de H. Marcuse (One-dimensional Man, Londres, 1964, p. 49, n. 38) de que en el s. XX existe en los países industrializados más “tiempo de ocio” (leisure time) que en el s. XIX, pero no más “tiempo libre” (free time), y de que el “tiempo de ocio” es manipulado por los medios de comunicación masiva de un modo que deteriora toda aptitud creativa personal;

4. La organización del país en una nación independiente, en cuyas decisiones el hombre participe.

Esta enumeración de objetivos que acabo de hacer es puramente taxativa, de ningún modo cronológica o jerárquica.

Consciencia de la meta común


Por supuesto, no pretendemos que estos cuatro puntos sean asumidos explícitamente en el proyecto vital de cualquier ser humano, sino solo que es muy probable que su postulación fuera admitida por la gran mayoría de los hombres; y también que de hecho ya se encuentran presentes, de un modo menos preciso y esquemático que el expuesto, en los anhelos y pensamientos de la mayor parte de los individuos y de los pueblos.

Podría argumentarse que el objetivo que mencionamos en cuarto término no es patrimonio más que de una élite intelectual, extendido a los demás solo por un voluntarismo paternalista. Sin embargo, allí donde los pobladores se arraigan buscan, por una necesidad bien concreta, organizarse en sus esfuerzos comunes por afirmar su propia existencia en el lugar; aun cuando, sin duda, la historia de la paulatina organización de un “pueblo” es una cosa muy lenta y larga. Y la consciencia de los objetivos que hemos descripto puede ser más lúcida o menos lúcida, más precisa o menos precisa; pero en la medida en que esta consciencia sea común a los integrantes de un “pueblo”, proveerá a su accionar de una consciencia solidaria, una consciencia que podríamos considerar ético-metafísica, ya que promueve la realización plena como meta de los actos. Ahora bien, la detención en el cuarto de los objetivos que enumeramos nos lleva de la mano al concepto de “nación”, dado que en ese punto hemos subrayado el arraigo en un país y la organización en una nación independiente. Pues un “pueblo” puede nacer en el desierto, como los hebreos conducidos por Moisés en su marcha a través del Sinaí; pero su primera meta es “arraigarse” en un país, y a partir de allí “organizarse” para el logro de los objetivos comunes. Por consiguiente, la diferencia entre los conceptos de “país” y de “nación” reside en que con “país” se tiene en mente un “territorio poblado” –o al menos “poblable”-, en tanto que por “nación” entendemos la organización de un “pueblo”, arraigado en un “país’, a los fines de alcanzar solidariamente la realización humana. Al decir esto no estoy identificando “nación” con “Estado”, por cierto. Mi intención no es ahora detenerme en el concepto de “Estado”, pero en cuanto toca a la definición que hemos dado, “Estado” menta el aspecto de “organización”, mientras “nación” se refiere al “pueblo” como sujeto que se organiza. En ese sentido, podríamos decir que el concepto de “nación” implica algo personal, en tanto el de “Estado” algo cósico: cabe así decir que un “pueblo” tiene consciencia nacional, mientras hablar de “consciencia estatal” sería absurdo.

“Pueblo” y “anti-pueblo”


Volvamos ahora a la advertencia hecha sobre que el concepto de “pueblo” implica, por definición, la posibilidad de que no todos los habitantes de un país participen o deseen participar en la búsqueda de una meta común. Inclusive, añadamos ahora, puede darse el caso de que, dentro de la “población”, haya “individuos” o grupos que se opongan al proyecto nacional del “pueblo”. Abarcaremos en el concepto de “no-pueblo” a los individuos o grupos que, sin oponerse a dicho proyecto, no participan ni desean participar del destino común. Incluiremos, en cambio, en el concepto de “anti-pueblo” a los individuos o grupos que se oponen al “pueblo” en la consecución de sus objetivos. Estoy plenamente consciente de los riesgos implicados en el uso de expresiones tan esquematizantes como “no-pueblo” y “anti-pueblo”; creo que vale la pena asumir tales riesgos, en vista de la operatividad que, una vez precisados, veremos que ofrecen dichos conceptos, y que es sin duda mucho mayor que la operatividad acreditada históricamente por conceptos como el de “clase”. No obstante, y para evitar excesivas cacofonías, recurriremos a dos eufemismos, cuya intención espero no sea malentendida como europeizante: “la Nobleza”, para remitir a nuestro concepto de “antipueblo”; y “el Tercer Estado”, para denotar nuestro concepto de “no-pueblo”. Tratemos ahora de delimitar más claramente estos conceptos. ¿Podemos hacerlo en base a la cantidad, de modo tal que el “pueblo” fuese la mayoría de la “población” y la “Nobleza” una minoría? Sin embargo, de ser así, y teniendo en cuenta que sin duda la “Nobleza” cuenta también con objetivos comunes a sus integrantes -en vista a los cuales precisamente combate al “pueblo”-, faltaría la distinción cualitativa. En ese sentido, bien decía Aristóteles que el número “es accidental”, y que lo que hace la diferencia esencial es que, en el caso que él considera “correcto”, se atiende “al beneficio común”, mientras en el de los que denomina “desviaciones”; se mira “a los intereses particulares” (Política III 5, 1279a-b). Extraemos esta indicación aristotélica del contexto en que se halla, porque nos resulta esclarecedora para nuestro análisis. En efecto, en lo que concierne a la descripción que hicimos de los cuatro objetivos que persigue el “pueblo”, podemos advertir que cada integrante del pueblo quiere o puede querer tales objetivos para todos los pobladores del país. En lenguaje aristotélico, pues, lo que denominamos “pueblo” quiere “el bien común”. Pero la “Nobleza” no quiere ni puede querer “el bien común”, puesto que, por definición, se opone a la voluntad del “pueblo”; el “bien común” entraría en colisión con sus “intereses particulares”.

“Pueblo” y “anti-pueblo” en América Latina


Voy a ejemplificar con la experiencia que me es más familiar. Pienso, en efecto, que ya resulta claro que, al hablar de “anti-pueblo”, no estoy rotulando un fantasioso producto de laboratorio, sino mentando una realidad tan concreta como cruda en América Latina, a saber, la oligarquía ligada a los centros internacionales de poder financiero. En relación con los cuatro objetivos comunes que enumeramos como constituyentes del proyecto de realización humana del pueblo, advirtamos que dicha oligarquía podría condescender en la búsqueda del primero de ellos (la satisfacción de las necesidades elementales), y quizá, en principio, decir que no es cosa suya el logro del segundo objetivo y del tercero. Pero jamás podría aceptar la aproximación al cuarto, el referido a la organización de una nación independiente y a la participación del “pueblo” en las decisiones, pues esto quebrantaría las bases de su propio poder y de su misma existencia; y no solo porque la participación popular en las decisiones deterioraría su privilegio, sino porque su poder sectorial se apoya esencialmente en la dependencia de su país respecto de los centros internacionales de poder financiero. Precisamente por eso, cada vez que la “Nobleza” ataca, lo más probable es que en el bando de enfrente esté el “pueblo”. Si se tuviese esto en claro, no se habría producido -ni persistiríaese fenómeno de autoengaño que hemos observado y seguimos observando en la Argentina, donde los teóricos de la política se niegan a hablar del peronismo como un movimiento popular -o, en el gobierno, como un gobierno popular-, y prefieren calificarlo de “populismo”, pretendiendo negarle su condición de “pueblo” y presentándolo como una aglutinación demagógica de una mayoría favorecida solo superficialmente. Cualquiera que eche una mirada a la historia política argentina de los últimos cuarenta años puede advertir que la oligarquía agropecuaria ligada a los intereses extranjeros estuvo siempre en el bando opuesto al peronismo, y, en tal condición, derrotada claramente por este en todos los comicios y su vencedora solo merced a violentos golpes militares.

“Elite” y “pueblo”


En este punto, de todos modos, cabe señalar que el ser atacado por la “Nobleza” no es por sí solo garantía de que el conjunto atacado sea el “pueblo”. Pues el ataque también puede desatarse sobre una “vanguardia esclarecida” que desafíe a la “Nobleza” en forma inclusive más clara y agresiva de lo que lo haría el “pueblo”, y se convierte entonces en chivo expiatorio, sea por el temor de la “Nobleza” de que el brote sea epidémico, sea porque ella se forja la ilusión de que está combatiendo a su real enemigo. En este segundo caso, la ilusión es por partida doble, ya qué no solo la “Nobleza” toma a la élite por “pueblo”, sino que esta también se ilusiona con que es “pueblo” o con que lo representa. Sin embargo, el “pueblo” jamás se forma o actúa en base a una “vanguardia esclarecida”. Y aquí sí, para advertir la diferencia, cuenta el número, ya que esa “vanguardia” es una pequeña minoría, en tanto el “pueblo” es siempre mayoría. De todos modos lo esencial a este sigue siendo la consciencia solidaria de los objetivos comunes, solo que estos objetivos también pueden ser postulados por esa “élite ilustrada”, y en forma más marcada y explícita. Porque la consciencia que de sus propósitos tiene un individuo suele ser más clara que la de una pluralidad de individuos, máxime si ese individuo es intelectual y si esa pluralidad es muy vasta (aunque la “sabiduría popular” es generalmente más profunda y duradera, quizá por formarse con la lenta sedimentación de las experiencias). Y este hecho origina que tal individuo o una élite compuesta por tales individuos enjuicien el comportamiento del “pueblo”, y el grado de consciencia alcanzado por este, dictaminando que la consciencia del “pueblo” está aún inmadura o no existe. En ese sentido persiste hoy en día el voluntarismo liberal de la filosofía política de Hegel, quien parte del concepto de libertad como voluntad racional y universal, entendiendo por voluntad universal no lo que quieren todos o la mayoría de los pobladores, sino la voluntad racional que solo la “vanguardia ilustrada” puede poseer y que por sí sola acredita su universalidad. En cambio, dice Hegel, “el pueblo, en la medida que con esta palabra se designa una parte determinada del Estado, expresa la parte que precisamente no sabe lo que quiere. Saber lo que se quiere y, más aún, lo que quiere la voluntad que es, en sí y para sí, la razón, es el fruto de un profundo conocimiento y sabiduría, que no son precisamente cosa del pueblo”. (Grundlinien der Philosophie des Rechts § 301; 4a. ed., J. Hoffmeister, Hamburgo, 1955, pp. 261s.). Hemos hablado de élite o “vanguardia”, pero en rigor debemos usar el plural, ya que puede haber muchas y con una gran variedad de ideologías, que lleguen a ser inclusive “opuestas”, con la sola característica común de “vanguardias ilustradas”. En tanto tales, estas “vanguardias” no pueden integrarse en el “pueblo”, aún cuando eventualmente exista coincidencia de objetivos; los individuos que integran las élites sí pueden integrarse al pueblo, a condición de renunciar a todo carácter de “vanguardia esclarecida”, y sin perjuicio de sumar su aporte a los estudios teórico-prácticos que se hagan en el seno del “pueblo”. En cualquier caso, y siempre que una miopía total no las haga cómplices de la “Nobleza”, las élites no forman parte de esta, sino más bien de lo que denominamos “no-pueblo” o “Tercer Estado”, y que ahora estamos describiendo.

“Sector neutro” y “pueblo”


El “Tercer Estado”, en efecto, dista de agotarse en las élites, sino que su franja más amplia es ocupada por lo que bautizaremos como “sector neutro”, por el hecho de que es el único sector o grupo que no se pronuncia a favor o en contra del “pueblo” (aloja, naturalmente, opiniones individuales o aisladas, si no hay compromiso ni riesgos, pero que nunca abarcan a más de un individuo). Se trata de un conjunto de personas que pueden pertenecer a muy diversas clases sociales y estamentos, y que, aparte de las afinidades lingüísticas y étnicas, no cuentan con otros rasgos en común que los de vivir en una misma región bajo las mismas leyes y costumbres. Alguien podría objetar aquí que rasgos comunes tales como los étnicos y lingüísticos y la vida en un mismo país bajo las mismas leyes y costumbres son precisamente los rasgos que de ordinario se tienen más en cuenta al describir el concepto de “nación” y al caracterizar al “pueblo” que hay en ella. Y sin embargo, si se admite la noción de “consciencia nacional” como consciencia de un proyecto de realización común, deberá convenirse también en que no hay nada más ausente que ella en ese “sector” que denominamos “neutro”. Pues en dicho “sector” solo hay proyectos de uno, a lo sumo de dos, pero nunca más allá de un individuo o de una pareja. Y esta diferencia se hace en este caso más substancial que en las otras relaciones consideradas, ya que puede haber circunstancias en que la cantidad de individuos que componen este “sector neutro” aumente hasta el punto que este sea numéricamente mayoritario dentro de la población. En tales circunstancias no cabe hablar de “pueblo”, ya que el “pueblo” solo puede existir mayoritariamente. Así, de producirse eso, solo habrá “Tercer Estado” y “Nobleza”. No obstante, ni aún en tales circunstancias estos dos conjuntos se identifican ni se asimilan entre sí. La “Nobleza” puede, ciertamente, instrumentar tanto al “sector neutro” como a las élites para sus fines antinacionales, o, al menos, mantenerlos bajo control. Lo que no veremos es que la “Nobleza” combata al “sector neutro”, sea este minoría o mayoría, en lo cual este se distingue claramente del “pueblo”.

“Anti-pueblo” sin “pueblo”


Aquí debemos modificar o al menos precisar nuestra caracterización anterior de la “Nobleza”, en tanto la basamos en la oposición de esta al proyecto del “pueblo”, y ahora presumimos su existencia incluso allí donde decimos que no hay ya “pueblo”, sino solo “Tercer Estado”, con un “sector neutro” mayoritario que no tiene un proyecto común y que, por lo mismo, no es atacado en su accionar. Lo que sucede es que hoy en día ningún país de la tierra puede substraerse a la marcha de la historia, sino que siempre participa en esta, sea a través de un proyecto nacional o de un proyecto anti-nacional, por más efímero o incoherente que resulte. Y si no hay un “pueblo” que impulse un proyecto nacional, el proyecto que se ejecute será anti-nacional, ya que frenará toda posibilidad de realización humana común y, ante todo, la de organización nacional. Y para ello siempre deberá haber una minoría anti-nacional que coincida con lo que hemos denominado “Nobleza”, aunque no esté su acción centrada en combatir al “pueblo”, sino a lo sumo en prevenir la eventual aparición del “pueblo”.

Surgimiento y evolución del “pueblo”.


Cómo surge el “pueblo” allí donde no existía y la plaza mayoritaria era ocupada por el “sector neutro”, constituye para mí un problema del cual por ahora solo puedo tomar nota, ya que mi conocimiento de la historia de América Latina no me permite más que conjeturar que el surgimiento de un “pueblo” no se sujeta a leyes históricas más o menos detectables, y como mucho advertir algunos hechos que facilitan la creación cultural de un “pueblo”, tales como la aparición de líderes y coyunturas que propician la madurez de la consciencia “popular”. Por lo demás, una vez en escena los “pueblos”, su evolución no es rectilínea hacia los objetivos, puesto que, por un lado, no basta la voluntad de lucha, creación y sacrificio y, por otro, la cosa se juega en buena parte fuera de los límites de una sola “nación” y de un solo “pueblo”. En esa evolución, el “pueblo” puede ser golpeado y sometido; pero en el lapso siguiente solo quedará aletargado, nunca extinguido: una vez que se toma “consciencia nacional” ya no se la pierde, y el “pueblo” solo puede cesar de existir con la civilización íntegra a que pertenece.

“Pueblo” y “nación” en Latinoamérica.


Finalmente, queda aún por reflexionar sobre la posibilidad de aplicación de los conceptos que he descripto al proyecto bolivariano de unidad latinoamericana. Hoy en día podemos discernir tres metas escalonadas en el cumplimiento pleno de dicha propuesta, aunque esta sea en principio explícita solo en cuanto a la segunda meta; la primera sería “nacional” y la tercera “mundial”. En efecto, ningún individuo puede realizarse en una comunidad que no se realice -esto es, en un país que no sea “nación”- y análogamente, ninguna “nación” de la tierra puede realizarse en un mundo que no se realice. Hablar de la realización humana en términos planetarios suena a utopía renacentista y parece convertir el análisis filosófico en fantasía pura. Y sin embargo, es lo mismo que, con un lenguaje político realista, plantean los representantes del Tercer Mundo ante los poderes hegemónicos en las conferencias internacionales. Y precisamente la denominación “Tercer Mundo” designa una realidad socio-política más amplia que la “nacional” y más reducida que la mundial; realidad socio-política que es más concreta y homogénea aún si la restringimos a América Latina. Vale decir, la unidad latinoamericana sería la segunda meta. La mayor dificultad estriba en que, de diversas maneras, el logro de la tercera meta condiciona la plenitud de las dos anteriores, especialmente porque el “anti-pueblo” sienta sus reales en ese nivel mundial, y es allí donde combate al “pueblo” de cada “nación” y de toda Latinoamérica. Por cierto que mi análisis se detiene aquí, ya que no cuento con la experiencia adecuada para responder a la pregunta de sí hay o puede haber un “pueblo” latinoamericano que haga suyo un proyecto de “nación” latinoamericana más allá de todo voluntarismo elitista. En este punto solo arriesgaría una conjetura afirmativa, en base a la similitud de los procesos históricos, sociales, económicos y políticos en toda Latinoamérica y a la casi certeza de que hay un destino común que poco a poco se va asumiendo en todas partes. Por ello considero que un análisis como el que bastante burdamente acabo de presentar podría ser afinado y precisado dialógicamente, y de ese modo configuraría un aporte nada insubstancial de la filosofía a la propuesta de Bolívar de unidad latinoamericana.

* 1927-1996. Profesor titular de la cátedra de Historia de Filosofía Antigua. Publicó traducciones de diálogos de Platón con ensayos preliminares y varios libros sobre el mundo griego. Fue investigador del Conicet y creó la Sociedad Internacional de Platonistas. Desde 1988 dirigió la revista Méthexis con colaboraciones de filósofos argentinos y extranjeros. Interesado en la sociedad actual, también publicó varios libros sobre pensamiento nacional y contribuyó como pocos a la formación politica e intelectual de varias generaciones de dirigentes y militantes del campo del Pueblo de varios países de nuestra región.

vendredi, 06 septembre 2013

Les nouveaux visages du mondialisme

Les nouveaux visages du mondialisme

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Suite à ma brève étude consacrée à l’U.K.I.P. (Parti de l’Indépendance de la Grande-Bretagne) de Nigel Farage, « Poussée souverainiste outre-Manche » dans le mensuel en ligne Salut public, n° 16 de juin 2013, des lecteurs se sont étonnés que je qualifie ce mouvement souverainiste britannique de « national-mondialiste ». Il est vrai que le qualificatif paraît osé, mais cette provocation voulue entend signaler une tendance nouvelle qui témoigne de la mue du mondialisme afin de contourner et de neutraliser les réactions souvent défensives qu’il suscite.

 

Le mondialisme « classique » se présente sous deux formes souvent antagonistes tant au sujet des moyens que des finalités dernières. Le premier mondialisme demeure le plus connu puisqu’il regroupe les cénacles de l’hyper-classe oligarchique planétaire et domine les médiats, la finance, la politique et les grands groupes transnationaux. Ces mondialistes-là se retrouvent régulièrement lors des réunions à Davos,  de la Commission Bilderberg ou de la Trilatérale, etc. Ces chantres de la mondialisation globale ne revendiquent pas publiquement, sauf exceptions notables, un État mondial. Ils préfèrent soutenir une « communauté internationale » régie par des normes occidentales, libérales et « démocratiques de marché » (en fait ploutocratiques et oligarchiques) qui écrase le politique au profit d’un économicisme. Pour eux, la paix universelle garantit le maximum d’affaires donc de profits. Le second mondialisme, bien plus récent, apparaît à la fin des années 1990. C’est l’« altermondialisme ». Prétextant des préoccupations sociales, environnementales et sociétales, les altermondialistes imaginent une structure politique inter-continentale dans laquelle les citoyens du monde sur-connectés exprimeraient leurs avis à des dirigeants révocables sur le champ grâce à la grande Toile numérique mondiale. Si les altermondialistes mènent souvent des combats sympathiques et nécessaires, leur dessein final d’évacuation définitive du politique et du conflit les dessert, d’où l’amenuisement perceptible depuis cinq – six ans de leur activisme.

 

Ces deux versions mondialistes ne cachent pas leur objectif ultime, ce qui explique probablement la méfiance immédiate des peuples. Suite à cette défiance véritable, tel un organisme confronté à un problème de survie, l’idéologie mondialiste a commencé une entreprise de diversification morphologique, à un travestissement des idées, voire à une infiltration, avec le secret espoir de favoriser une large confusion. Le phénomène est particulièrement notable avec le régionalisme.

 

En Bolivie, l’élection en 2006 de l’Amérindien révolutionnaire Evo Morales à la présidence de la République stimula le séparatisme de cinq départements amazoniens du pays. Il fallut toute l’autorité présidentielle d’Evo Morales pour éteindre ces velléités centrifuges. Ces séparatistes, souvent d’origine créole, proche des riches propriétaires des latifundia et financés par les États-Unis, défendaient-ils une culture particulière, une autonomie linguistique ou une spécificité historique ? Nullement ! Leurs motivations premières étaient la défense de leur fortune agrarienne et leur refus d’obéir à un président à la peau cuivrée. Il est intéressant de relever que certains de ces indépendantistes rêvaient que leur hypothétique État adhérât à l’A.L.E.N.A. …

 

On retrouve cet exemple de « régional-mondialisme » d’une manière moins nette, plus diffuse, en Europe de l’Ouest. probable grand vainqueur aux élections législatives, régionales et communautaires l’année prochaine en Belgique, la Nouvelle Alliance flamande de Bart De Wever doit être désignée comme une formation « nationale-centriste ». Si son seul député européen siège dans le groupe commun des Verts – A.L.E. (Alliance libre européenne – régionaliste), son meneur principal et actuel maire d’Anvers ne cache pas son admiration pour le libéral-conservateur anglais Edmund Burke. Se focalisant sur la question linguistique qui exclut les minorités francophones albo-européennes et qui accepte des populations étrangères non européennes néerlandophones, la N.V.A. soutient un regrettable point de vue assimilationniste et réducteur.

 

En Catalogne, l’année 2014 risque d’être décisive puisque le gouvernement autonome catalan démocrate-chrétien, encouragé par l’extrême gauche républicaine indépendantiste, prévoit un référendum d’auto-détermination par avance rejeté par le gouvernement conservateur de Madrid. Le chef de la Généralité catalane, Artùr Mas, développe une démagogie intense en faveur de l’indépendance alors que la région très autonome croule sous un endettement public faramineux. Indépendante, la Catalogne deviendrait une proie facile pour les jeunes requins friqués d’Asie et du Moyen-Orient. Comme pour les Flamands d’ailleurs, les indépendantistes catalans rêvent d’adhérer à l’Union européenne et de se maintenir dans l’Alliance Atlantique.

 

Le phénomène est plus frappante en Écosse. En 2014 se tiendra un référendum sur l’indépendance validé par le Premier ministre conservateur britannique, David Cameron, et son homologue écossais, Alex Salmond, chef du S.N.P. (Parti nationaliste écossais) indépendantiste d’orientation sociale-démocrate. Dans le cas d’une Écosse libérée d e la tutelle londonienne, le nouvel État serait toujours une monarchie parlementaire avec pour reine Elisabeth II et ses successeurs. Quant à la monnaie, ce serait soit l’euro, soit la livre sterling.

 

Il faut oublier les belles images du film de Mel Gibson Braveheart. Hormis une minorité indépendantiste identitaire réunie au sein d’un Front national écossais (1), les indépendantistes écossais – en tout cas leurs responsables – communient eux aussi dans le « multiculturalisme ». Dans la perspective de la consultation référendaire, le S.N.P. dispose du soutien de la communauté pakistanaise. D’ailleurs, le ministre écossais des Affaires étrangères et du Développement internationale, Humza Yousaf, est un Pakistano-Kényan. Alex Salmond déclare ainsi que « nous avons une identité attrayante, d’autant plus que nous ne mettons pas en avant un caractère exclusif. Les gens ont droit à la diversité et l’écossité en fera partie à coup sûr (2) ».

 

À quoi bon dès lors une Écosse indépendante si la population n’est plus écossaise à moyen terme ? Un néo-mondialisme investit donc le champ régional sans trop de difficultés d’autant que maints régionalistes récusent toute connotation identitaire.

 

Ce néo-mondialisme s’invite même chez les souverainistes anti-européens du Vieux Continent. Le cas du Parti pour la liberté (P.V.V.) néerlandais de Geert Wilders reste le plus exemplaire. Ce parti néo-conservateur et libéral défend les droits de la minorité homosexuelle face à l’affirmation d’un islam rigoriste assumé. Dans une logique de confrontation entre l’Occident, perçu comme la patrie universelle des droits de l’homme, et l’Islam, considéré comme une civilisation arriérée, le P.V.V. s’aligne sur des positions atlantistes et sionistes avec la secrète espérance de ne pas être diabolisé par les médiats. Cette démarche similaire se retrouve en Allemagne où règne depuis 1945 une incroyable terreur mémorielle. Des formations d’audience régionale comme Pro Köln (Pour Cologne) ou Pro N.R.W. (Pour la Rhénanie du Nord – Westphalie) tiennent un discours anti-musulman grossier qui confond Al-Qaïda et le Hezbollah libanais. On devine une argumentation néo-conservatrice et atlantiste du choc des civilisations…

 

En France, le néo-mondialisme ne parie pas encore sur le F.N. dédiabolisé de Marine Le Pen. Outre le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, il encourage plutôt l’ancien Young Leader de la French American Foundation, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République. Comme d’ailleurs Mélenchon, le député-maire d’Yerre suggère comme alternative au projet européen une union méditerranéen France – Afrique du Nord ! Remarquons aussi qu’il envisagea de coopérer avec le F.N. à la condition que celui-ci abandonne son positionnement identitaire. Or c’est précisément ce choix fondamental qui permet au part frontiste d’être la troisième force politique de l’Hexagone.

 

Le néo-mondialisme a enfin pris le visage du populisme en Italie avec Beppe Grillo et son Mouvement Cinq Étoiles. L’extraordinaire succès de cette force « anti-politique » aux législatives anticipées de février 2013 a mis en lumière le rôle de gourou de Gianroberto Casaleggio. Ce riche patron d’une entreprise d’informatique rêve d’un État mondial numérisé d’influence New AgeGaïa – dans lequel seraient proscrites les religions et les idéologies (3). Par certains égards, on peut considérer que Casaleggio représente le versant populiste d’un néo-mondialisme comme Wilders en incarne le versant néo-conservateur atlantiste. Dernièrement, Nigel Farage a considéré comme « épouvantable » une campagne du ministère britannique de l’Intérieur destinée à dégoûter les immigrés illégaux de venir en Grande-Bretagne (4). Farage précise même qu’il trouve cette opération publicitaire « très “ Big Brother ” […], très Allemagne de l’Est dans les années 1980, une horrible façon de lutter contre l’immigration (5) ».

 

Il est intéressant de remarquer que ces partis dits « populistes » et « eurosceptiques » mésestiment, minorent ou ignorent délibérément – peut-être pour satisfaire le politiquement correct des gras médiats – la thématique identitaire. L’U.K.I.P. dénonce plus la présence de Polonais ou de Grecs que l’immigration venue du Commonwealth. Quant aux critiques du P.V.V., elles se focalisent sur l’islam et non sur l’immigration (6). Finalement, au jeu des comparaisons, l’Aube dorée grecque et le Jobbik hongrois témoignent d’un sens plus développé de l’identité ancestrale autochtone, ce qui par ces temps troublés n’est pas négligeable.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Cette formation est évoquée par l’excellent blogue de Lionel Baland, le 21 juin 2013 : http://lionelbaland.hautetfort.com/

 

2 : dans The Observer cité par Courrier International du 18 au 24 juillet 2013.

 

3 : Lire l’excellente analyse de Patrick Parment, « Le présent italien annonce-t-il le futur italien ? », Synthèse nationale, n° 31, mars – avril 2013.

 

4 : Julien Laurens, « Shocking, la pub anti-clandestins ! », Aujourd’hui en France, 1er août 2013.

 

5 : dans Le Nouvel Observateur, 29 août 2013.

 

6 : À la décharge de l’U.K.I.P. et du P.V.V., reconnaissons-leur qu’ils viennent de s’opposer officiellement – et avec raison – à toute intervention militaire occidentale en Syrie. Ils rejoignent de ce fait le B.N.P., l’Aube dorée, le F.N. et les Republikaner allemands.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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mardi, 19 mars 2013

Populisme & populistes

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Populisme & populistes

Ex: http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/

Chaque jour, des intellos de Sciences Po ou des media ou des Hautes Etudes, intellos au QI de grenouilles voulant se faire plus grosses qu’un troupeau de bœufs et persuadés d’être d’un sang supérieur, dissertent du populisme sans jamais définir le mot populisme.

Populisme ni populiste ne sont pas enregistrés dans les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie française (de 1694 à 1935), ni dans le Dictionnaire de la Langue française de Littré publié dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ce sont des mots modernes. La première attestation de populisme date de 1912 dans l’ouvrage intitulé La Russie moderne et le nom populiste est attesté en 1907 au sens de « membre d’un parti prônant en Russie des thèses de type socialiste ». En 1929, populiste est en usage pour qualifier des romanciers qui refusent de représenter des bourgeois ou des aristocrates et qui, pour atteindre cet objectif, situent l’action de leurs romans dans les milieux populaires, au sens ancien de ces deux mots, et non dans le sens euphémique où Besancenot de Pellepoix entend aujourd’hui quartiers populaires (comprendre « islamisés »). Le populisme est une « école littéraire qui décrit avec réalisme, dans des romans, la vie des milieux populaires » (Trésor de la Langue française 1971-94). En 1937, le prix du roman populiste a été décerné en 1937 à Sartre Jean-Paul pour La Nausée, grand populiste s’il en fut. Dans ces mots et dans ce qu’ils désignent ou ce qu’ils signifient, il n’y a rien qui mérite le pilori, le gibet ou la potence, qui sont pourtant promis à ceux à qui le crime de populisme est imputé.

Pour ce qui est de l’histoire, populisme et populiste sont des mots russes. Ils ont été fabriqués en Russie dans les années 1860 pour désigner un « mouvement politico-social qui voulait entraîner l’ensemble de la paysannerie, du peuple, dans la lutte contre le pouvoir tsariste ». Les populistes étaient souvent des jeunes gens, issus de très bonnes familles et ayant fait de vraies études, qui voulaient en finir avec l’apartheid russe. Pour cela, ils allaient vers le peuple et apprenaient à lire et à écrire aux moujiks, aux portefaix, aux manœuvres, aux domestiques. Il y a dans les romans de Tolstoï des populistes qui sont éminemment généreux et qui sacrifient leur destin social au bien-être du peuple. Le comte Tolstoï lui-même, cet écrivain de génie, était de toute évidence populiste. Or, à partir du moment où Lénine et les bolcheviks ont réussi leur coup d’Etat, ils ont fait des populistes leurs ennemis et les ont donc éliminés, les thèses de ces nouveaux Satan effaçant la lutte des classes. De fait, populisme et populiste sont devenus en URSS des mots suintant la haine que les tyrans vouent au peuple ; et comme ils étaient des mots de haine en URSS, ils le sont devenus tout naturellement en France, où sociologues, vigilants, intellos de tout poil ont avalisé, le doigt sur la couture du pantalon, l’oukase du Parti Communiste de l’Union soviétique.

Dans le Trésor de la langue française (1971-94) qui est aussi, hélas, le trésor de la langue des engagés, le populisme est par extension « tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu’entité indifférenciée ». Cette entité indifférenciée n’est pas de la langue française, mais de la logorrhée idéologico-politique engagée et enragée. Pour en entendre le sens, il faut la décrypter. Tenir le peuple pour une « entité indifférenciée » n’est un mal que pour les marxistes. C’est que, dans indifférencié, les classes sont niées et que la lutte des classes est impossible avec une « entité » de ce type. Les exemples cités attestent que populisme est défini à partir de la détestable idée que les marxistes se font du peuple : « le populisme est dénoncé comme l’idéologie du « petit producteur » utopiste et réactionnaire ; il nie la lutte de classes et substitue au matérialisme historique et dialectique une sociologie subjectiviste ». Ce charabia est dans le Trésor de la Langue française, que ses auteurs transforment, dès que l’occasion s’en présente, en encyclopédie soviétique, c’est-à-dire en monument de la Bêtise à la gloire de la stupidité marxiste. Extrait d’un ouvrage intitulé Marxisme (1982), il est reproduit tel quel, sans rire ni ironie, ce qui fait de nos glorieux lexicographes nationaux, CNRS et tutti quanti, les perroquets de l’idéologie soviétique.

Aujourd’hui, en mars 2013, ceux qui sont accusés de populisme (donc de fascisme, de racisme, d’anticommunisme, de xénophobie, d’islamophobie, etc.) sont italiens. Or qu’observe-t-on ? Les élus du « Mouvement 5 étoiles » sont jeunes ; ils sont âgés en moyenne de 37 ans ; ils ont de dix à quinze ans de moins en moyenne que les élus du camarade PCI Bersani et du Commissaire politique Monti ; ils sont tous ou quasiment tous diplômés de l’enseignement supérieur (92% d’entre eux sont Bac + 5) ; près de 40% d’entre eux sont des femmes ; c’est leur premier mandat ; ils ont refusé de passer à la télé. Ces élus et ceux qui les ont élus sont jeunes, instruits, cultivés, majoritairement des femmes, « modernes » sur tous les plans ; et ce sont eux qui sont accusés, contre toute réalité, de « populisme ». L’accusation n’a aucun fondement : elle vaut les « fascistes » ou les « sales youpins » éructés par les communistes et les nazis (et inversement) de naguère. Populisme n’est plus que le « Vade retro Satanas » des nantis, assoiffés de pouvoir et d’argent, qui s’accrochent avec l’énergie des morts-de-faim à leurs rentes de situation.

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mercredi, 20 février 2013

Extreemlinkse dictatuur

 

Jaak Peeters:

Extreemlinkse dictatuur

Ziezo: voortaan bestaan er in Gent geen allochtonen meer. Het stadsbestuur en alles wat ervan afhankelijk is zal het woord niet meer gebruiken. Men wil namelijk een “inclusief beleid” voeren. Iemand allochtoon noemen is dus exclusivistisch of, in hun eigen termen, stigmatiserend.

Op zichzelf zou de kritisch denkende toeschouwer hierbij de schouders ophalen: iets dergelijks kun je immers niet volhouden, want dan kan men de toeschrijving van wel erg veel bijvoeglijke naamwoorden stigmatiserend noemen. Een buurt “ros” noemen is stigmatiserend voor het grootste deel van haar bewoners; wijzen op de spaarzaamheid van Nederlanders kan stigmatiserend worden uitgelegd; men kan in dezelfde orde van gedachten opvallende kleding verbieden, wegens “stigmatiserend” zoals in het China van Mao. Enzovoorts.

De essentie is drieledig.

Ten eerste: extreemlinks aanvaardt geen kwalificaties die mensen van elkaar onderscheiden. Dat geldt het meest van al voor eigenschappen die menselijke groepen van elkaar onderscheiden. Die houding neemt extreemlinks vooral aan tegen naties en etnische groepen. Onderscheid maken tussen Vlamingen en Walen is al gauw “stigmatiserend”. Je hoort die beschuldiging ook werkelijk. Als extreemlinks onderscheidende kwalificaties wel aanvaardt, is het omdat ze de bestaande groepsstructuren kunnen beschadigen en dus in hààr discours passen. De  Antwerpse burgervader kan erover meespreken.

Sinds de Franse Revolutie is links, en dan vooral extreemlinks, gebiologeerd door het idee van de universele mens. Die universele mens is “leeg”.  Alles wat die mens onderscheidt van anderen, is verwerpelijk, antiek of hooguit aanvaardbaar binnen de persoonlijke levenssfeer.  Dat die persoonlijke en openbare levenssfeer door elkaar vloeien – postmodernisten leren ons toch dat identiteiten niet bestaan? – kan de pret niet bederven.

Voor het latere liberalisme en het daarop reagerende marxisme is deze lege mens Gefundenes Fressen. De vestiging van de utopie van de liberale maatschappij wordt immers gehinderd door een mensentype, dat nog andere doelen nastreeft dan zijn maximale materiële belang. Idem dito voor het marxisme, voor wie alles wat mensen van elkaar onderscheidt des duivels is, omdat het hinderlijk is in het kader van de klassenstrijd en niet compatibel met de utopie van de klassenloze werelddictatuur van het proletariaat.

Extreemlinks, dat in Gent de lakens blijkt uit te delen, heeft ons dus wel wat uit te leggen, omdat de vestiging van een marxistisch geïnspireerd bestuur in de derde grootste Vlaamse stad wel degelijk gevaarlijke consequenties kan hebben. Het kan toch niet verbazen dat in het Duitsland van de vroege twintigste eeuw de radenrepubliek werd weggeveegd?

Ten tweede: er zit iets niet snor met de manier waarop extreemlinks naar andere steden kijkt. Als Liesbeth Homans zegt dat de Antwerpse kiezer voor het beleid gekozen heeft dat ze nu ten uitvoer legt, dan legt ze een verklaring af van het zuiverste democratische water. Dat is inderdaad de essentie van de democratie: het bestuur voert een beleid naar de wensen van de kiezer. Sommigen, zoals Stefan Rummens, aarzelen niet om in zo’n geval te spreken over populisme. Men kan dat lezen in een recent nummer van het tijdschrift Filosofie. Dat is verdacht. Wat zou Rummens, en bij uitbreiding het Gentse stadsbestuur, zeggen als Antwerpen immigranten zou verwélkomen? Het antwoord laat zich uiteraard raden. Zodoende is de kiezer die wensen uit die met die van extreemlinks overeenkomen “democratisch” en de kiezer die dat niet doet is “populistisch”. Dat lijkt verdacht veel op de gang van zaken in de vroegere oosterse “volksdemocratieën”.

Dat betekent voorts dat extreemlinks zichzelf daarmee het recht toeschrijft over het gedrag van anderen morele oordelen uit te spreken. Extreemlinks verheft zich dus boven iedereen, ook de kiezer. Daarmee brengt het de democratie een steek recht in het hart toe. Want de democratie vereist nu net dat men zich onthoudt van morele oordelen over wat de kiezer heeft geoordeeld. Het enige wat in een democratie mogelijk kan zijn, is het informeren en daartoe dient een fatsoenlijk, dus neutraal openbaar debat.

Maar er is nog een derde element.

Het bannen van het woord allochtoon roept onvermijdelijk de wereld op die Orwell zo pakkend heeft geschilderd. Die wereld van de Big Brother, waarin een overheid het leven van iedereen tot in de details controleert om het te beheersen, is maar mogelijk dank zij het bestaan van Nieuwspraak. Oorlog is vrede! Vrijheid is slavernij! Onwetendheid is kracht!

Onderwerpen waarvoor men geen woorden heeft, kan men niet tot voorwerp van discussie nemen. Woorden ontstaan immers uit de behoefte iets te benoemen dat mensen belangrijk vinden.  Door de betekenis van woorden te verdraaien – zoals Orwell laat zien -, of sommige woorden te bannen – zoals extreemlinks in Gent wil – verhindert men de kiezer - dit is: de vrije burger - over dit onderwerp op een degelijke manier te discussiëren. Door die woorden te bannen die op onderscheid tussen mensen wijzen, wil extreemlinks haar wereld aan anderen opleggen. Niet door het eerlijke, open gesprek, maar volgens de principes van een Orwelliaanse dictatuur.

Waarmee extreemlinks op zichzelf de verdenking laat dat het haar niet om het lot van de allochtoon te doen is, maar om de vestiging van haar marxistische utopie.

mardi, 19 février 2013

Der Begriff der Ehre

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Der Begriff der Ehre

(Prof. Dr. Jan de Vries)   
 
 Mut und Treue sind die Wahrzeichen der germanischen Ehre. Das sittliche Empfinden der Germanen gipfelt in der Ehre, die das unerschütterliche Fundament der menschlichen Würde ist. Dadurch wird auch schon dargetan, daß hier nur von diesseitigen Werten die Rede ist; eine Begründung in einem transzendenten Sittengesetz fehlt vollständig. Man kann deshalb auch feststellen, daß die germanische Ethik ›jenseits von Gut und Böse‹ liegt. (…)

Die Ehre ist sogar so stark diesseitig betont, daß sie nicht nur von dem persönlichen Verhalten des Menschen, sondern auch von seiner gesellschaftlichen Stellung abhängig ist. Geld- und Grundbesitz bestimmen des Mannes Ehre nicht weniger ausschlaggebend als ein heldenhaftes Betragen. Die Ehre ist nicht die Reinheit und Hoheit der Gesinnung, die Weise, wie der Mensch in den verschiedenen Lebenslagen sich verhält; sie ist vielmehr die Anerkennung der persönlichen und gesellschaftlichen Würde des Mannes. Das eine ist mit dem anderen engsten verknüpft; man erwartet von dem Mann, daß er sich seiner sozialen Stellung gemäß auch betragen wird. Die Ehre fordert von dem König eine andere Gesinnung als vom Kätner; jeder hat seine eigene Ehre, die sich nicht nach abstrakten ethischen Normen abmessen läßt. Hier zeigt sich ganz besonders die Verpflichtung jedes einzelnen Menschen seiner Sippe gegenüber, die wir im folgenden Kapitel ausführlich darlegen werden: der Mann soll sich so betragen, wie das die Art seiner Sippe von ihm fordert.

Die Ehre bildet das Herzstück des menschlichen Daseins. Ohne Ehre kann ein Mann nicht leben; immer und immer wieder klingt aus der altgermanischen Literatur die felsenfeste Überzeugung, daß der Tod einem Leben in Schande vorzuziehen ist. Als der greise Njáll in seinem Hause von seinen Feinden angegriffen wird und Flosi ihm erlauben will, mit den Weibern und Kindern die Wohnung zu verlassen, sagt er: „Ich will nicht hinausgehen, denn ich bin ein alter Mann und nicht mehr in der Lage, meine Söhne zu rächen; und mit Schande will ich nicht weiterleben.“ (Njlá c. 129) Das bedeutet, daß ihm ein Leben ohne Ehre unmöglich ist, weil damit der Hauptnerv seines Daseins durchschnitten wäre.

Das macht die Pflicht zur Blutrache so bedingungslos. Man ist einfach außerstande, dem ermordeten Verwandten die ihm gebührende Rache zu verweigern, weil man damit die eigene Ehre verletzen würde. Man soll dabei gar nicht an unseren modernen Begriff des Rachegefühls denken, das ja mit einer persönlich erlittenen Unehre verbunden ist und sich gegen eine bestimmte Person wendet. Der germanische Mensch steht dem Mörder eines Sippengenossen ziemlich gleichgültig gegenüber, und die Rache sucht ihr Opfer, wo sie es erreichen kann, nur um die erlittene Schmach der Sippe zu tilgen.
Der Mann muß sich also der Ehre seiner Familie gewachsen zeigen; sie fordert von ihm eine würdige Haltung, namentlich ein Sichbewähren im Kampf. Die Vatnsdœla saga beschreibt uns den alten Ketill raumr, der die Tatenlosigkeit seines Sohnes mißbilligend ansieht und endlich nicht länger schweigen kann; da sagte er: „Jetzt betragen sich die jungen Leute ganz anders als wir das in unserer Jugend gewohnt waren. Denn damals waren sie darauf bedacht, etwas ihrer Ehre zuliebe zu tun, entweder auf Wikingzug zu gehen, oder sich irgendwo Gut oder Ehre zu erwerben; jetzt aber wünschen sie nur mit dem Rücken vor dem Feuer zu sitzen und die Hitze mit Bier zu kühlen. Kein Wunder, daß es da nur schlecht bestellt ist mit Tapferkeit und Mannhaftigkeit.“ Mit einem tatenlosen Leben konnte man die Ehre der Sippe nicht aufrechterhalten; aber der Mann wäre auch seiner Sippe unwürdig, falls er nicht ihrem Anspruch auf Ehre genügte. (…)

Die Ehre des Mannes ist nicht von seiner eigenen inneren Überzeugung abhängig, sondern von dem Urteil seiner Mitmenschen. Oder vielleicht würde man besser sagen: seine Ehre spiegelt sich in der Haltung, die andere ihm gegenüber zeigen. Wenn dieser Spiegel trübe wird, muß der Mann auch in seiner eigenen Wertschätzung unsicher werden. Es ist deshalb auch zu beachten, daß sein Ansehen in der Gesellschaft nicht an erster Stelle auf seinem persönlichen Einsatz zu beruhen braucht; von weit größerer Bedeutung ist die Stellung, die seine Sippe einnimmt. Ihre Macht, die sich selbstverständlich ebenso sehr in der Zahl der waffenfähigen Männer wie in der Größe des Familienbesitzes an Geld oder Vieh kundgibt, ist für das Ansehen des einzelnen Sippengenossen weithin bestimmend. Aber trotzdem gilt auch die Forderung, daß jeder sich seinen Ruf selber verdienen soll, und zwar durch seine persönlichen Leistungen.
Deshalb ist der germanische Mensch so hellhörig Schmähungen gegenüber. Die fürchtet er vielleicht weit mehr als die Schwertschläge im offenen Kampf. Denn solche ›Neidworte‹ schleichen kaum merkbar umher und dringen wie giftige Pfeile in das Herz der männlichen Ehre. (…)

Wir müssen uns dabei die fast abergläubische Scheu vergegenwärtigen, die man in früherer Zeit dem gesprochenen Wort zollte. Segen oder Fluch waren schon kraft ihrer Aussage wirksam. Erst eine spätere in dieser Hinsicht aufgeklärte Zeit konnte den Namen als Schall und Rauch betrachten, für unsere heidnischen Vorfahren war der Name, man möchte fast sagen, ein realer Bestandteil der menschlichen Persönlichkeit. Deshalb ruft eine Beleidigung das Gefühl einer schmerzlichen Wunde hervor, die den Mann körperlich hinsiechen lassen kann. (…) Aus solchen Beispielen ersehen wir, wie empfindlich die Ehre des germanischen Mannes war. Er konnte nicht den kleinsten Fleck auf ihr dulden. Ein gegen ihn gerichtetes níð machte ihn zu einem níðingr, einem ›Neidung‹, und er mußte sich davon durch irgendeine Tat befreien, um in den Augen seiner Volksgenossen als ehrenhafter Mann weiterleben
zu können. Neidung ist der Mann, der sich durch eine ehrlose Tat außerhalb der menschlichen Gesellschaft gestellt hat und deshalb dem Verderben anheimgefallen ist. Denn ohne Ehre kann der Mann nicht leben.

(Aus: Jan de Vries, Die geistige Welt der Germanen, Darmstadt 1964) 

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mardi, 12 février 2013

Influence : la vision américaine - Diplomatie publique, soft power...

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Influence : la vision américaine

Diplomatie publique, soft power...

Ex: http://www.huyghe.fr/

Aux USA, l’influence est pensée comme technique visant une finalité stratégique: une guerre pour désarmer l’hostilité, une guerre à la guerre en somme qui fera du monde « un endroit plus sûr pour les États-Unis » selon la formule de Wilson. Ce dernier partait du principe que les démocraties ne se combattent pas par les armes. Il entrevoyait déjà un apaisement général par propagation des principes politiques américains.
D’où l’idée récurrente d’influencer l’autre pour le rendre un peu moins « autre » et éventuellement un peu plus démocrate, un peu plus amoureux de la liberté à l’américaine, davantage désireux d’en adopter le mode de vie. Cela repose sur une certaine confiance en la valeur universelle du système américain et sur la conviction que celui qui le combat ne peut être qu’en proie à illusion doctrinale, à une méconnaissance de la réalité ou à une passion contraire à la nature humaine : il s’agit donc de le guérir. Par une contre-offensive idéologique.

Durant la guerre froide, la CIA conçoit un plan de « guerre culturelle » ,et conduit, notamment à travers le Congrès pour la Liberté Culturelle, une politique de subventions à des journaux, des livres, des conférences, des manifestations artistiques. Tout cela est censé sauver l’intelligentsia du giron du communisme et offrir une alternative culturelle, politique et morale aux populations de l’Est ou des pays tiers.

L’agence s’emploie à diffuser les auteurs antistaliniens, fussent-ils de gauche, mais aussi le jazz, la peinture abstraite, toutes les formes d’une culture distractive, « jeune », antitotalitaire qui font contraste avec le pesant réalisme socialiste : des gens qui lisent Koestler, sifflent l’air de Porgy and Bess ou aiment la peinture abstraite ne serontt jamais de vrais Rouges, pense-t-on à l’Agence.

Diplomatie publique

L’entreprise eut un prolongement. Eisenhower créa en 1953 l’United States Information Agency qui devait fonctionner jusqu’en 1999 pour mener une politique de vitrine médiatique. Elle lança des publications et manifestations et surtout des radios dont Voice of America émettant en 45 langues et Radio Free Europe, destinée à l’autre côté du rideau de fer. Le but était projeter une « bonne image » des USA, d’offrir à des audiences étrangères des informations auxquelles elles n’avaient pas accès, de promouvoir certaines valeurs en particulier culturelles. L’USIA se chargeait d’entretenir des réseaux d’amis des USA : journalistes et personnalités invités à visiter le pays, boursiers (notamment le programme Fullbright) et contacts avec d’anciens étudiants des universités américaines…

Le tout fut baptisé en 1970 : « diplomatie publique », une diplomatie qui soutient les objectifs politiques en s’adressant directement à l’opinion extérieure. Mais pas au public domestique : l’US Information and Educational Exchange Act de 1948 connu comme Smith-Mundt Act, interdisant de faire de la propagande destinée aux citoyens américains.
Dans la décennie 90, la notion devait tomber en désuétude faute d’ennemi à combattre, l’USIA finit par se « fondre » dans le département d’État).
Pendant un demi siècle, relayée par l’USIS (United State Information Service), la diplomatie publique avait ainsi produit ou exporté des milliers d’heures d’émission, de films, de livres,…, mais aussi établi des contacts avec des milliers de gens pour «raconter au monde l’histoire vue d’Amérique».

Son bilan sera discuté : l’USIA est parfois vue comme un agence de propagande coûteuse qui faisait mal ce que l’autre camp réalisait plus efficacement en sens inverse, relayé par des intellectuels progressistes et profitant du courant de la contre-culture.
Second reproche à la diplomatie publique : était-il vraiment utile de payer des fonctionnaires pour rendre l’Amérique plus populaire alors que James Dean Marilyn Monroe, Elvis Presley , la MGM, puis CNN y parvenaient de cause de façon plus crédible et en rapportant des devises ? D’autres se demandent pareillement si la chute du Mur de Berlin n’est pas à porter au crédit de la télévision de RFA reçue en RDA : elle propageait une image bien plus positive de l’Occident que tout service officiel.

Dans les années qui séparent la fin de l’URSS du 11 septembre, la politique d’influence US semble se confondre au moins dans l’esprit de ses promoteurs avec un « élargissement » du modèle occidental, pour ne pas dire avec le mouvement de l’Histoire. Il s’agit pour les USA de « contrôler la mondialisation » (shapping the globalization), donc d’encourager une mondialisation qui repose autant sur les droits de l’homme et le marché que sur les technologies de la communication et la mondialisation des cultures.
Cette politique quasi pédagogique prend de multiples formes. Ce peut être l’accompagnement du passage à la démocratie des anciens pays socialistes par ONG ou think tanks interposés, aussi bien que l’apologie des autoroutes de l’information comme « agora planétaire ». Le tout dans un contexte où l’influence US semble sans rivale.

Le contrôle de la globalisation

Pour une part, l’influence se privatise. Elle devient une dimension fondamentale de l’intelligence économique. Elle sert d’abord à la conquête des marchés ; là encore, les Américains comprennent qu’il faut combiner soutien politique, imitation des modes de vie, prépondérance des les standards techniques ou juridiques et un imaginaire culturel rendant désirable le made in USA. D’autres facteurs jouent telle la complexité croissante des normes internationales de production, donc le rôle des instances internationales et partant l’intérêt du lobbying.

Citons aussi le poids de mouvements d’opinion concernés par des dimensions écologiques, sociales ou sécuritaires de l’activité économique donc le rôle des ONG et des « parties prenantes », les facteurs d’image et de réputation dans la compétitivité des firmes… Autant de raisons pour les entreprises de se lancer à dans une politique internationale d’influence positive, voire agressive. Elles sont à la merci d’une rumeur sur Internet, d’une mise au pilori par une ONG, d’une attaque médiatique, d’une offensive informationnelle : elles doivent se préserver d’une influence déstabilisatrice comme une « e-rumeur ».

Parallèlement, une notion prend de l’importance dans les années 90 : celle d’affaire, action ou coopération civilo-militaires (qui donnent toujours le sigle ACM). Elle est liée à des conflits typiques de la fin du XX° siècle : des États disloqués, en proie à des guerres civiles, ou des situations indécises entre guerre et paix où des violences armées sont menés sporadiquement par des groupes ethniques, politiques, criminels voire mêlant les trois. L’intervention des forces occidentales, avec ou sans mandat des Nations Unies appelle une politique de reconstruction de la paix ou de la nation (peace building, nation building) ou, pour le moins, la gestion d’une situation indécise. À rebours de leur fonction traditionnelle (affronter symétriquement une autre troupe en uniforme jusqu’à la victoire politique scellée par le traité de paix), les troupes sont confrontées à des situations où il s’agit de contrôler l’exercice de la violence pour en freiner l’escalade. Il est tout aussi nécessaire de recréer les conditions d’une vie « normale » sur des territoires livrés au chaos. Surtout dans la période qui mène à la mise en place d’autorités civiles reconnues, les troupes sont de facto chargées de tâches humanitaires, économiques administratives, politiques, bref non militaires. Cela les met au contact de civils, d’ONG, d’organisations internationales, de forces politiques, d’autres armées, d’entreprises… et bien sur des médias . Cette quête pratique n’est pas forcément désintéressée : les ACM peuvent rapporter des dividendes en termes d’image, de contrats de reconstruction pour ses entreprises, d’adoption de normes favorables à ses industries, …. Intérêts publics et privés peuvent se trouver liés comme civils et militaires. Mais l’objectif immédiat est surtout de contribuer à la stabilité du pays par des relations fiables avec les autres acteurs, un mélange entre action d’urgence et relations publiques.

La quête du soft power

Aux USA et dans la même période que l’influence trouve son nouveau nom : soft power. L’expression lancée par le doyen Joseph S.Nye gagne le statut de concept clé des relations internationales. Si l’Amérique prédomine dans le domaine du «hard power», en particulier militaire, dit en substance Nye, elle doit aussi son statut d’hyperpuissance à sa capacité de séduire et d’attirer. La notion recouvre le rayonnement de l’Amérique, dû à sa technologie, à sa réputation, à ses artistes, à son cinéma, à ses université, … et autres choses où le gouvernement a peu de responsabilité, mais elle repose aussi sur sa diplomatie, sa capacité de convaincre et d’entraîner dans les organisations internationales. Amener les autres à désirer ce que vous voulez « sans carotte ni bâton » : voilà qui est tentant mais résonne un peu comme un vœu pieux.

Ce débat plutôt abstrait avant le 11 septembre prend une tout autre tournure en 2001. L’Amérique découvre alors la haine qu’elle suscite. Pour une part, les néo-conservateurs qui tenaient en réserve leurs plans contre les États voyous, leur guerre « préemptive » voire leur « quatrième guerre mondiale » contre le terrorisme jouent la carte du dur.

Parallèlement le recours à l’influence douce semble redevenir un saint Graal de la géopolitique US ou une ressource mystérieuse que l’Amérique devrait retrouver pour mettre fin à l’animosité.
L’appel à rétablir un soft power submergé par l’antiaméricanisme et décrédibilisé par une guerre contreproductive devient une des constantes du discours critique contre G.W. Bush. Ce slogan résonne souvent comme un pathétique « Aimez nous ». Ainsi, lorsque Francis Fukuyama rompt avec le camp néo conservateur, l’ancien chantre de la fin de l’histoire oppose la mauvaise méthode, la promotion de la démocratie par les armes, à la «bonne», celle qui consisterait à restaurer le soft power. Il ne faudrait pas renoncer au principe wilsonien, mais, parallèlement recommencer à négocier, à rechercher le consensus de ses alliés, à mener une action à travers des ONG et des organisations internationales régionales. Il est tentant de traduire : se rendre aimable, en somme.
Il serait caricatural de faire du soft power un monopole des démocrates, et de croire les républicains forcément partisans du «hard». La nuance entre diplomatie publique, soft power et influence renseigne davantage sur le locuteur que sur le contenu de la politique qu’elle recouvre.
Ainsi, quand Nye déclare que "l'Amérique doit mélanger le pouvoir dur et soft en un "pouvoir intelligent" (smart power), comme elle le faisait du temps de la guerre froide.", pareille nostalgie ne caractérise pas exactement un progressiste. Du reste, dans le camp conservateur, beaucoup en appellent à une grande politique qui tarirait les sources de l’extrémisme religieux et restaurerait une image de leur pays dont les sondages –ils en sont grands consommateurs - montrent la dégradation depuis six ans.

Une des premières réactions de l’administration Bush en 2001, fut de recréer un sous-secrétariat d’État à la diplomatie publique. Il fut d’abord confié à la publicitaire Charlotte Beers ; elle s’employa à produire des vidéos démontrant la liberté de culte dont jouissent les musulmans aux USA. Au fur et à mesure des guerres d’Afghanistan et d’Irak apparurent des radios arabophones et même une télévision, al Hurrah, censée concurrencer al Jazeera, mais avec un succès modéré dans le monde arabe. Parallèlement, l’administration Bush créa un Bureau d’Influence Stratégique (Office of Strategic Influence): il fallut le dissoudre lorsque la presse révéla qu’il risquait de mener des actions de désinformation qui toucheraient les citoyens américains.

Mais la diplomatie publique n’est pas seulement l’affaire des hauts fonctionnaires : le secteur privé intervient dans la promotion de l’Amérique. Ainsi Walt Disney produisant avec le département d’État des films présentant le pays à ses visiteurs ou les entreprises qui créent des « cercles d’influence » avec des groupes de journalistes ou des chambres de commerce. De la même façon, nombre d’opérations sont sous-traitées à des « agences de communication » ou assimilées qui, suivant le cas, «vendent» l’opposition à Saddam et la thèse des armes de destruction massive (comme le groupe Rendon) avant la guerre d’Irak ou, après, s’assurent de la bonne orientation de la presse locale (comme le Lincoln Group).

Soft Obama

Les années Obama ont-elles changées la pratique de l'influence stratégique d'État ?

La personnalité même du président devenu star internationale avant son élection et nobelisé au seul bénéfice de l'image est en soi un exemple de "branding". Il "était" la marque USA dans toute sa splendeur, et rendait visible l'idée de soft power, comme s'il lui suffisait d'apparaître pour réconcilier l'Amérique avec le monde. La communication de la Maison Blanche exploite largement l'effet de contraste : elle oppose sa pratique apaisée à la brutalité de G.W. Bush. Très vite Hillary Clinton prend le relais, elle qui se réclame de Joseph Nye et de son smart power : la nouvelle Amérique utilisera suivant le cas sa puissance militaire, diplomatique, économique... mais aussi culturelle pour accomplir ses objectifs internationaux dont le moindre n'était pas de lutter contre "l'extrémisme violent" et de dissiper les fantasmes dont est sensé se nourrir l'antiaméricanisme. Bien entendu, l'enthousiasme des débuts se heurtera aux réalités assez vite.

Si le soft power est un état idéal ou un résultat désiré, l'influence, la lutte idélogique, la présence médiatique, la "com", la mise en valeur de l'image américaine (éventuellement à travers celle de son président) en sont les moyens. Du coup, le terme "diplomatie publique" perd ses connotations de Guerre foide et d'anti-communisme républicain. On parle désormais d'une "nouvelle diplomatie publique" qui reposerait moins sur l'utilisation de grands médias émettant vers l'étranger (telle la télévision arabophone al Hurrah) que sur la présence sur les réseaux sociaux, le prestige culturel, la coopération avec les ONG et la société civile pour véhiculer le bon message...

Plus précisément, l'administration Obama joue de ses atouts comme ses bonnes relations avec les entreprises de la Silicon Valley. Sa stratégie devient ostensiblement "2.0". Tandis que l'armée (qui ne fait désormais plus de "psyops" mais des "Military Informations Strategic Operations", ce qui sonne moins redoutable), la diplomatie américaine devient "e-diplomacy". Les représentants des USA, militaires ou diplomates, sont invités à être très présents sur les réseaux sociaux, à y faire du "storytelling" et à délivrer y compris à des audiences étrangères leur message de soutien aux objectifs de leur pays.

Parallèlement l'Amérique affiche sa volonté de soutenir les cyberdissidences et de lutter pour que s'épanouisse en ligne une société civile sans frontières. Hillary Cliton, en particulier, présente le droit de se connecter comme un droit de l'homme et milite pour des "technologies de libération" : l'extension d'Internet, échappant au contrôle des régimes étatiques est sensée apporter à la fois des bénéfices économiques, politiques (favoriser la démocratie pluraliste) aussi favoriser l'épanouissement d'une indispensable société civile. Du coup la cause universelle du Net se confond avec les intérêts des USA, première société de l'information de la planète (comme pendant la Guerre froide, ils se confondaint avec la défense universelle des libertés politiques).

La lutte pour la liberté du Net, se concrétise par le refus de principe de laisser des entreprises américaines vendre des techniques de censure à des gouvernements dictatoriaux mais aussi la volonté de fournir aux "blogueurs démocrates" de la formation ou des outils et logiciels pour échapper à la police. Même si les mauvais esprits font remarquer que les États Unis changent d'attitude lorsqu'il s'agit de lutter contre Wikileaks ou Megaupload...

Smart power, "nouvelle" diplomatie publique : le vocabulaire change, mais les fondamentaux restent les mêmes : l'Amérique retrouve spontanément sa tentation de convertir le reste du monde à ses valeurs pour protéger sa propre sécurité (en vertu du vieux principe kantien que les démocraties ne se font pas la guerre), mais aussi sa prospérité. Et elle tend facilement à se persuader que les outils de la communication garantissent la liberté et l'harmonie des peuples, ce qui est très exactement la définition de l'idéologie de la communication.

dimanche, 13 janvier 2013

A. Moeller van den Bruck: Nationalistisch

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Nationalistisch
 
I.

Man kann das Wort nicht in Verruf tun, wenn die Sache ihr Recht hat.
Deutsche hofften nach unserem Zusammenbruche, sich in dem Leben, das man uns immerhin liess, ohne Nationalismus einrichten zu können. Aber in einem Schicksale richtet man sich nicht ein. In einem Schicksale unterliegt man, oder obsiegt man.
Wir wollten dies nicht wahrhaben. Deutsche gedachten ein Geschäft mit dem Schicksale zu machen. Sie wollten sich die Gegenwart erkaugen, indem sie eine Schuld einräumten, die wir nich thatten. Und was an Zukunft bevorstand, das suchten sie durch eine Erfüllungspolitik hinauszuschieben, die wir zunächst einmal auf uns nahmen und an die wir doch nicht recht glaubte. Man konnte nicht oberflächlicher sein, wenn man auf diese Weise den Folgen eines verlorenen Krieges zu entgegen suchte. Und wir konnten nicht undeutscher sein, weil wir wider allen angeborenen Ernst der Nation handelten.
Der elfte Januar musste kommen, um uns zur Besinnung zu bringen. Von den Ereignissen, die dieser Tag heraufführte, hatte man uns immer versichert, dass es niemals zu ihnen kommen werde. An diesem Tage zerriss die geflissentliche Täuschung. und eine Änderung ging in der Nation vor sich, deren Menschen zum ersten Male das Schicksal eines besiegte, eines darniedergeschlagenen, eines in Ketten gelegten Volkes begriffen.
Von diesem elften Januar an gibt es ein Recht auf Nationalismus in Deutschland. Jetzt kann man uns nicht mehr mit der Ausflucht kommen, es gebe auch andere und internationale Wege, um an das eine und einzige Ziel einer wiedererrungenen deutschen Selbständigkeit zu gelangen, über das sich alle Parteien, wie sie versichern, einig sind.

Nationalist ist, wer sich nicht in das Schicksal der Nation ergibt, sondern ihm widerspricht.

Nationalismus ist heute in Deutschland: Widerstand.

II.

Wenn der Nationalismus die Nation will, dann müsste es, sollte man meinen, das Natürliche sein, dass auch die Nation den Nationalismus will.
Aber in Deutschland ist, so scheint es, das Natürliche nicht das Politische, sondern das Unpolitische. Franzosen, Italiener, Engländer sind von einer anderen politischen Rasse. Es sijnd ältere Völker, die den Sinn ihrer Geschichte verstanden haben. Ihre Erfahrungen auf dieser Erde sitzen ihnen im Blute. Ihre Menschen werden mit ihnen geboren. Und Generation gibt sie an Generation als politischen Instinkt und als diplomatische Disziplin weiter.
Nur in Deutschland ist möglich, dass es Frankophile in einem Augenblicke gibt, in dem Frankreich die Nation weissbluten lässt. Es hat bei uns immer eine Franzosenpartei gegeben. Sie hat in Überläufergewalt schon mit den Römern paktiert. Sie hat später in Fürstengestalt mit dem Hofe von Versailles paktiert. Sie möchte heute mit der französischen Wirtschaft paktieren. Sie ist seit dem elften Januar einigermassen kleinlaut geworden. Sie gibt sich sogar den patriotischen Anschein, als missbillige sie die französischen Methoden. Aber sie treibt ihre Minierung weiter und wartet nur auf die Stunde, in der sie ihr Werk in der Öffentlichkeit fortsetzen kann.

Die Frankophilen wissen, was sie politisch wollen. Das Proletariat weiss dies nicht. Es nimmt bereits seinen Drang zur Wirklichkeit. In den westlichen Ländern war der Sozialismus immer nur ein Sprungbrett für den Politiker. Wenn er aus der Opposition, in der er seine Grünlingsjahre zubrachte, in den Staat mit dessen Ämtern übertrat, dann vollzog er diesen Stellungswechsel ohne Wimperzucken als ein Nationalist. Der deutsche Arbeiter hat die sozialistische Botschaft mit dem so schweren, so gründlichen, so versessenen Ernste aufgenommen, mit dem Deutsche sich einer Idee hinzugeben pflegen. Auch das Erlebnis des Völkerkampfes hat seinen Glauben an den Klassenkampf nicht zu erschüttern vermocht. Er hofft nach wie vor auf eine der drei Internationalen. Der Nationalist muss sich mit der Tatsache nicht abfinden, nein, sondern auseinandersetzen, dass es Millionen von Deutschen gibt, die von der Idee der Nation marxistisch wegerzogen worden sind. Er erfährt in jeder innenpolitischen und in jeder aussenpolitischen Beziehung, wie diese Idee der Nation über die ganze Erde hin, aber nirgendwo mit einem solche Erfolge wie im sozialistischen Deutschland, ständig von der Idee der vereinigten Proletariate aller Länder gekreuzt wird. Diese Idee eines grossen proletarischen Klassenkampfes trennt den deutschen Arbeiter von seiner heute so gefährdeten und umdrohten Nation. Der deutsche Nationalist müsste nicht Nationalist sein, wenn er den Gedanken der deutschen Nation nicht auf as ganze Volk bezöge, nicht auf alle Shcichten des Volkes, in denen es sich gliedert, und hier nicht auf diejenige Klasse, aus der es als Industreivolk nachwächst und aufsteigt. Er weiss, dass es keinen Befreiungskamof für eine Nation geben kann, wenn sie Bürgerkrieg im Rücken hat. Er stellt auch den Klassenkampf in seine politische Rechnung ein, aber er versteht ihn nicht so sehr sozial, als national, als einen Kampf der unterdrückten Völker, der östlichen gegen die westlichen, der jungen gegen die alten. Er merkt wohl auf, wenn der deutsche Kommunist von einem Vaterlande spricht, das er sich erst erobern müsse. Er fühlt, dass dies die Keimzelle des Nationalismus auch im deutschen Proletariate ist. Aber er gibt sich eine politische Rechenschaft über das Unzureichende der proletarischen Politik. Ist es nicht auch nur eine deutscheste Selbsttäuschung, wenn der deutsche Arbeiter von seinem Willen zur nRettung der Nation aus der weltkapitalistischen Klaue spricht und diese Rettung auf die eigene proletarische Faust nehmen will? Noch ist nicht ausgemacht, dass das Zeitalter des Weltkapitalismus ein Ende fnden wird, wie der Marxist es sich vorstellt. Und eher ist möglich, dass ein stürzender Weltkapitalismus den deutschen Sozialismus mitbegraben wird!
Die Demokratie, die durch die Revolution zur Macht im Staate aufrückte, fürchtet das Proletariat ebenso sehr, wie sie den Nationalismus scheut. Sie spielt das eine gegen den anderen aus. Sie spricht von dem Feinde, der rechts, und von dem Feinde, der links steht. Und in einer Zeit, in welcher der einzige Feind, den wir haben sollten, vom Rheine an die Ruhr vorrückte, bereitet sie den deutschen des entschlossensten Widerstandes ihre parteipolitischen Hemmungen. Auch dies ist nur zu deutsch. Die Demokratie hat ein schlechtes Gewissen vor der Nation. Sie hat sich auf die Weltdemokratie berufen und muss nun erleben, das sie von eben dieser Weltdemokratie um der Nation willen misshandelt wird. Sie ist nicht so empfindungslos, dass sie die Schläge icht spürte, die das Deutschtum treffen, indem sie die Demokratie treffen. Ihr ist jetzt die Vertretung der Nation überkommen, und es gibt Demokraten, die, ohne Nationalisten zu sein, Nationalismus für sich in Anspruch nehmen. Sie versichern zum mindesten, dass auch sie "gute Deutsche" sind, was freilich ein wenig sagender Mittelbegriff ist, der nicht verpflichtet. Sie geraten damit in für sie fremde Bereiche, in denen sie sich nur schwer zurechtfinden. Es fehlt ihnen das Überwältigende des Erlebnisses, von dem der Nationalist ausgeht. Die Vaterlandsliebe ist hier keine Leidenschaft für Deutschland, aus der die Vorausschau eines Schicksales folgt. Sie ist im besten Falle ein Wohlmeinen mit seiner betrogenen duldenden stummen Bevölkerung, und im schlechteren Falle eine Befürchtung für deren parteipolitische Zuverlässigkeit. Nur so ist die Stellung der Demokratie zum Sozialismus zu erklären. Es ist darin Eifersucht. Und es folgt daraus Misstrauen. Die Demokraten verstehen die Geistesverfassung des Nationalismus nicht. Sie verstehen die Beweggründe der Nationalisten nicht. Sie unterstellen Ihnen innenpolitische Hintergedanken und Endabsichten. Der Nationalismus sieht nur einen Weg: es ist der, welcher uns dahin bringt, dass wir die Politik aller Parteipolitik entrücken. Und Nationalisten haben nur das eine Ziel: das Schicksal der Nation an die Problemfront der Aussenpolitik zu bringen. Aber Probleme verlangen Entscheidungen. Und die Demokratie entzieht sich Entscheidungen.

Sie wird ihnen nicht immer ausweichen können. Wir sind, so scheint es, ein Volk, das sich alle Jahrhunderte in die Notwendigkeit bringt, einen Freiheitskampf führen zu müssen. Die Deutschen, so scheint es, wollen immer wieder von Vorne anfangen! Einst stand das Bürgertum an seinem Anfange. Heute steht, vielleicht, das Proletariat an dem seinen. Wann wird die Nation an ihrem stehen?

III.

Die Geschichte unpolitischer Völker ist diejenige ihrer Selbsttäuschungen. Die Geschichte politischer Völker ist diejenige ihrer Bewusstwerdung.

Wir sind jetzt in Deutschland noch ein Mal vor die Wahl gestellt, zu welchen Völkern wir gehören wollen. Es ist möglich, dass alle Leiden dieser Zeit nur Umwege sind, um aus uns endlich ein Volk zu machen, das sich seiner Nationalität politisch bewusst wurde. Dies ist die Zuversicht des Nationalismus. Es ist nicht minder möglich, dass dieselben Leiden nur Zuckungen sind, in denen sich unser Untergang bereits vollzieht, über den wir uns mit Menschheitsforderungen hinwegtäuschen, denen wir, wie dies deutsch ist, vor unserem Ende noch nachzukommen suchen. Dies ist die Gefahr der Demokratie. Sie hat, wie dies demokratisch ist, nur innenpolitische Sorgen. Von jenen Leiden ist nicht abzusehen, wie sie ohne das Zutun je enden könnten, das der Nationalismus fordert. Und um unserer Bewusstwerdung willen müssen wir uns mit unseren Selbsttäuschungen beschäftigen.

Die Welt der Politik ist nicht diejenige der Wünsche, sondern der Wirklichkeiten. Es hilft uns nicht, dass wir, wie dies unsere Art ist, Vorstellungen von einer gerechteren und vernünftigeren Welt nachhängen, als derjenigen, in der wir leben, und die uns politisch umgibt. Das Recht eines Volkes ist das Unrecht eines anderen. Und seine Vernunft ist dienige des Eigennutzes. Änder die Welt - aber ändert vorher den Deutschen! Macht einen Menschen aus ihm, der endlich die Schwachheit von sich abtut, die Dinge immer nur auf seine Wünsche hin anzusehen! Macht einen Deutschen aus ihm, der sich mit der Leidenschaft zur Wirklichkeit durchdringt und der sich nicht mit der Verherrlichung eines Unwirklichen lächerlich macht, das niemals ist und niemals sein kann! Ihr werdet mit diesem Menschen und Deutschen auf der Erde gar Manches erreichen: auch Manches, was gerecht ist, auch Manches, was vernünftig ist - aber immer nur über einen Nationalismus, und durch ihn, der die Politik der Nation zu sichern vermag.

Moeller van den Bruck, in: Das Gewissen, 5. Jahrgang, Nummer 25, 25. Juni 1923.
 
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