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lundi, 27 juillet 2020

Principes du fédéralisme proudhonien

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Principes du fédéralisme proudhonien

«Constitutionnellement, l’Etat proudhonien présente donc finalement des organes de base correspondant aux groupes naturels, et des organes fédéraux correspondant aux fédérations de ces groupes et à leur émanation.Les organes de base seront territoriaux ou fonctionnels.Les organes de base territoriaux seront constitués par les communes, les cantons, les districts, les provinces ou régions, s’auto-administrant, dotés de conseils, de gouvernement et d’administration autonomes vis-à-vis de l’autorité fédérale. C’est ainsi que Proudhon demande l’abolition de l’institution préfectorale et critique, dès la création de l’ordre, la division en départements. Il préconise la division de la France en douze régions indépendantes inspirées des anciennes provinces. (...) Les organes de base fonctionnels sont constitués des “ateliers” et “conseils ouvriers”, des “groupes d’agriculteurs”, des “associations industrielles et agricoles”, des “syndicats”, des “services publics locaux autonomes” (comme les écoles et universités ou les tribunaux). Les organes fédéraux ou organes centralisés sont constitués par fédération ou délégation successives à partir des organes de base. Le pouvoir législatif central est assuré par un parlement fédéral composé, semble-t-il, d’une chambre des régions qui “comporte autant de députations qu’il y a de souverainetés provinciales” et d’une chambre des professions, issue “d’un vote des citoyens, par catégories de fonctions”. Le “pouvoir exécutif ” ou administratif est distribué conformément aux lois de l’économie et selon les critères de la comptabilité économique dont Proudhon est l’un des précurseurs»

Jean BANCAL "Proudhon, pluralisme et autogestion"

lundi, 01 juin 2020

Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

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Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

Ex: https://brunobertez.com

Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

Qui a fait du conspirationnisme une doctrine qui permet de saboter tout travail de révélation et de le nullifier, sans examen?

Ceux qui, agissant cachés, ont voulu que personne ne puisse se poser de questions sur leurs actions et par extension tous ceux qui ont tout à perdre si on fait apparaitre  les relations de cause à effets entre les évènements, entre  les situations.

Les pouvoirs n’ont pas vraiment peur de l’information, ce qu’ils craignent c’est son interprétation, sa mise en perspective, son histoire, son lien avec  d’autres informations et les questionnements qui en découlent.

Les pouvoirs   ne mentent pas vraiment, en tous cas  pas tous, mais ils mentent par omission, en escamotant tout ce qui permet de comprendre le monde. Il faut que le monde soit un kaléidoscope indéchiffrable de faits, un jaillissement  d’images juxtaposées sans lien organique entre elles.

La philosophie bourgeoisie positiviste bannit la philosophie du soupçon, celle qui dit que tout a une histoire et que la logique de ce qui apparait est toujours ailleurs, à découvrir, à mettre à jour;  l’essentiel du sens  est caché, non su .

La vérité n’est jamais donnée, c’est le résultat d’un travail.

L’ennemi des pouvoirs, c’est le sens et c'est pour cela qu’ils ont créé un monde à plat, à deux dimensions, un monde quantitatif, sans profondeur,   un monde d’accumulation qui sature les attentions et les perceptions.

Ce monde doit s’imposer pour ce que l’on en montre dans un délire présentiste et surtout pas pour ce qu’il est.

Raconter l’histoire d’un évènement, faire sa généalogie, montrer comment on en est arrivé là, pour les puissants c’est déjà du conspirationnisme.

La force de l’arme de l’accusation de conspirationnisme repose sur l’Autorité de l’institution ou de la personne qui la profère/manie . Pas sur son savoir ou son intelligence.

 

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dimanche, 31 mai 2020

Autonomie et Imaginaire

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Autonomie et Imaginaire

par Guillaume Le Carbonel

Ex: https://rebellion-sre.fr

L’autonomie est une notion complexe à facettes multiples. L’idéologie libérale la conçoit comme la seule émancipation de l’individu. C’est alors le triomphe de la liberté individuelle avec ses droits attenants de pouvoir tout faire sans aucune limite. Projet marqueur de toujours plus d’inégalités, il va de soi que le marché roi n’est pas notre vision des choses.

ob_3a7557_castoriadis-tt-width-604-height-475.jpgLe grand théoricien de l’autonomie radicale, Cornélius Castoriadis, définissait celle-ci comme « les hommes assemblés se donnant à eux mêmes leurs propres lois » et « sachant qu’ils le font ». En sommes, il s’agit d’une démocratie directe véritable remettant strictement en cause le principe d’hétéronomie, une autonomie à la fois individuelle et collective. Pour Castoriadis, l’autonomie est la possibilité pour la société « d’entretenir avec elle-même un rapport réflexif lui permettant de ne pas aliéner à une instance extra-sociale (le divin, les lois de la nature, ou celles de l’économie politique) sa créativité »1. L’autogestion, ou l’écomunicipalisme de Murray Bookchin s’insèrent dans cette reconquête des biens communs.

Une éducation à l’autonomie

Ce système ne peut cependant fonctionner que si les membres de la communauté ont été formés pour être citoyens agissants. Une société autonome ne peut se mettre en place sans des individus autonomes.

La réalisation d’une société autonome est donc intimement liée à la décolonisation de l’imaginaire que Serge Latouche appelle de ses vœux. C’est par le biais d’une critique de la technique, de la croissance et du développement que nous briserons les chaînes de l’aliénation marchande qui nous astreignent à une servitude très souvent volontaire. Retrouver l’autonomie n’est rien moins que se séparer de l’imaginaire du progrès et de l’économie.

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Des individus autonomes rejetteront l’addiction consumériste, le transhumanisme, la destruction des cultures au nom de l’homogénéité planétaire et le cauchemar pavillonnaire, chercheront à remplacer les valeurs sur lesquelles repose la société actuelle, à relocaliser et à résister à l’emprise de la vitesse, à la cybersolitude et à l’esclavage technicien. En bref, il nous faut redécouvrir le sens de la mesure pour redécouvrir l’autonomie. Dans cette optique, tout passe nécessairement par l’échelon individuel. Rien ne se fera si nous ne changeons pas en nous mêmes. « Si nous voulons réenchanter le monde, il nous faut penser autrement nos relations avec la nature, retrouver le lien poétique qui nous relie à la Terre et au Ciel, retrouver notre juste place dans le cosmos et penser différemment ce que nous sommes » prophétise l’artiste Jean-Claude Bessette2.

L’autonomie en pratique

Une multitude d’initiatives apparaissent ici et là depuis quelques années dans un but de retisser du lien hors de la sphère marchande. Depuis le milieu des années 1980, sont apparus les systèmes d’échange locaux au niveau d’un quartier ou d’un village. Certains ont mis sur pied des écovillages, « lieu où l’on donne une chance de vivre ses passions, ses rêves positifs, là où la société ne donne jamais aucune chance aux gens de réaliser leurs rêves et espoirs »3. D’autres s’engagent sur le chemin de la permaculture, du troc de livres, de l’autoconstruction ou de la lutte contre l’obsolescence programmée en redonnant une seconde vie aux objets.

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Après les AMAP, l’épicerie coopérative autogérée est une initiative très intéressante où les clients décident ensemble des achats, mettent en rayon et encaissent eux-mêmes. « L’idée était de sortir du supermarché, de ne plus approvisionner les comptes de multinationales qui détruisent la planète », rappelle l’un de ces précurseurs . A Brest, l’association « Court circuit en pays de Brest » distribue chaque semaine plus de 200 paniers bios, locaux et de saison dans 7 points différents de la ville. Les habitants de la vallée d’Aspe, près de la frontière espagnole, ont créé une banque villageoise pour relocaliser l’économie en favorisant les prêts à taux zéro, via leur association Aspe solidaire, qui collecte l’épargne des habitants et finance des activités de la vallée. A Toulouse, les membres de la Coopérative intégrale catalane « regroupe les éléments basiques d’une économie et comprend tous les secteurs d’activités nécessaires pour assurer le quotidien », hors des « règles du marché et au diktat de la rentabilité ». A Dijon, la coopérative culturelle et solidaire, la Péniche Cancale, gère un bar-concert sur l’eau où 60% des groupes programmés sont locaux. On y trouve des vins, bières et des plats issus de petites exploitations de proximité. « C’est un moyen de rassembler les gens dans un quartier composite. C’est déjà ça de gagné de sortir et de se retrouver quelque part. S’il n’y avait pas ce genre de lieu, les gens ne sortiraient pas. Il contribue à la vie du quartier », assure l’un des gérants.

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Car, et c’est primordial, l’autonomie ne signifie pas vivre en autarcie, coupé du monde. Nulle question de briser les liens mais au contraire de les resserrer, dans un but de retissage organique du local (écoles villageoises, entreprises autogérées…). Puis d’élargir le plus possible le cercle de cette révolution par contamination progressive afin de constituer un réseau dense d’alternatives à la société capitaliste. L’autonomie ne passera que par la réappropriation de l’espace public par les habitants d’un même territoire.

Guillaume Le Carbonel

1Cité par Serge Latouche, in Cornélius Castoriadis ou l’autonomie radicale, Le passager clandestin, coll. Les précurseurs de la décroissance, 2014.

2La Décroissance N°114, novembre 2014.

3www.habitation-autonome.com

Article paru dans le Rébellion 69 – Mai 2016.

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samedi, 30 mai 2020

L'essence du politique - Philippe Champion

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L'essence du politique - Philippe Champion

 
 
Conférence sur « L'essence du politique » donnée en août 2016 par Philippe Champion dans le cadre de l'université d'été catholique Academia Christiana. Il s'agit d'un cours de philosophie politique basé notamment sur l'ouvrage éponyme de « L'essence du politique » de Julien Freund.
 
academiachristiana.org
 
 
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mercredi, 27 mai 2020

Des ZAD ("Zones à Défendre") aux BAD ("Bases Autonomes Durables")

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Des ZAD ("Zones à Défendre") aux BAD ("Bases Autonomes Durables")

par Georges FELTIN-TRACOL

Vers 2005 – 2010 apparurent en Europe occidentale d’étranges initiales : ZAD signifiant « zone à défendre ». Des écologistes radicaux, des altermondialistes et des gauchistes libertaires détournèrent les « zones d’aménagement différé », s’opposèrent aux programmes de construction d’infrastructures routières, agricoles ou portuaires, s’y installèrent et y développèrent toute une vie militant alternative. On en recensa en 2016 plus d’une centaine dans l’Hexagone dont les plus connues concernaient Civens (barrage d’irrigation), Roybon (parc d’attraction touristique), et, bien sûr, Notre-Dame-des-Landes (aéroport). La ZAD bretonne fut démantelée au début de 2018. Dans le Val de Suse en Italie, une ZAD très active guerroie contre la réalisation de la ligne à grande vitesse Lyon – Turin.

hakimbey.jpgLa ZAD applique dans les faits la TAZ (zone temporaire autonome) pensée par le libertaire étatsunien Hakim Bey (photo). Pseudonyme de Peter Lamborn Wilson, historien passionné par la piraterie (1), Hakim Bey prend en exemple pertinent les navires pirates et la vie sociale des flibustiers de l’île de la Tortue. Pirates et boucaniers « étaient des “ bandits sociaux ”, bien que leurs communautés de base ne soient pas des sociétés paysannes traditionnelles, mais des “ utopies ” créées ex nihilo sur des terres inconnues, des enclaves de liberté totale occupant des espaces vides sur la carte (2) ». Le projet de TAZ contribue à la fluidité d’un univers mouvant, « liquide » et fluctuant. Le théoricien n’hésite pas à comparer la famille et la bande en valorisant cette dernière. « La famille est fermée par la génétique, par la possession par l’homme de la femme et des enfants, par la totalité hiérarchique de la société agraire/industrielle. La bande est ouverte – certes pas à tous, mais par affinités électives, aux initiés liés par le pacte d’amour. La bande n’appartient pas à une hiérarchie plus grande, mais fait plutôt partie d’une structure horizontale de coutumes, de familles élargies, d’alliance et de contrat, d’affinités spirituelles etc. (3) »

Autonomie sur le terrain

Influencé par le soufisme, les écrits de René Guénon et du « disciple » iranien de Frithjof Schuon, Seyyed Hossein Nasr, Hakim Bey imagine la TAZ en « campement d’ontologistes de la guérilla : frappez et fuyez (4) ». Ainsi la conçoit-il « comme une insurrection sans engagement direct contre l’État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination), puis se dissout, avant que l’État ne l’écrase, pour se réformer ailleurs dans le temps ou l’espace (5) ». Son éloge du mode de vie « pirate » fait penser à l’exaltation de l’Althing islandaise par le libertarien étatsunien David Friedman et la croyance – fallacieuse – d’une société sans État (6). Hakim Bey vante sa flexibilité et sa brièveté parce qu’elle « occupe un lieu temporaire, mais actuel dans le temps et dans l’espace. Toutefois, elle doit être aussi clairement “ localisée ” sur le Web, qui est d’une nature différente, virtuel et non actuel, instantané et non immédiat (7) ».

album-cover-large-38073.jpgCe manque volontaire de stabilité indispose bien des militants qui ne comprennent pas l’intérêt immédiat d’une action ponctuelle. Son succès repose sur « la défense […] “ l’invisibilité ” – qui est un art martial -, et l’« invulnérabilité » – qui est un art occulte dans les arts martiaux (8) ». Pour le géographe Philippe Pelletier, « l’occupation des places publiques par les mouvements de contestation montre une volonté de réappropriation collective de l’espace. Les zones à défendre ou les zones d’autonomie temporaire, le Rojava libertaire ou encore le Chiapas zapatiste recèlent une dimension territoriale évidente, même passagère ou fragile, qui n’est pas contradictoire avec un fonctionnement en réseau élargi, via Internet ou le téléphone portable (9) ». Que dire alors de l’occupation, des semaines durant, des ronds-points par les « Gilets jaunes » ? Aurait-elle été une réalisation utopique inachevée ? Une ZAD embryonnaire ou une TAZ inaboutie ? Or, nonobstant la volatilité du monde, l’impératif territorial subsiste, ce qui rapproche paradoxalement le ZADiste du partisan décrit par Carl Schmitt. Ce sont des combattants politiques, au contraire du pirate profondément apolitique. « Ce critère conceptuel, le caractère politique, a (dans l’ordre inverse) la même structure que chez le pirate du droit de guerre maritime, dont le concept inclut le caractère non politique de son activité néfaste, qui vise le vol et le gain privé. Il y a dans le pirate, selon le mot des juristes, l’animus furandi (10). » Le ZADiste ou le TAZiste s’apparente au guérillero « qui combat en s’alignant sur une politique (11) ».

L’instabilité inhérente à la TAZ incite ses prometteurs les plus hardis à passer à une autre forme d’action, les ZAD, c’est-à-dire des territoires assortis d’une vie communautaire effective, de nouvelles tentatives de sociabilité, voire un regain de convivialité, d’où des essais de micro-communes informelles dont la plus connue s’est trouvée à Tarnac. Supposé proche de cette « libre commune » corrézienne persécutée par le Régime, le Comité invisible encourage « non un retour à la terre, mais un retour sur terre. Ce qui fait la force de frappe des insurrections, leur capacité à durablement ravager l’infrastructure de l’adversaire, c’est justement leur niveau d’auto-organisation de la vie commune (12) ».

Cette suite d’un opuscule, L’insurrection qui vient (13), qui inquiéta les autorités, le Comité invisible prépare une décennie d’avance l’armature théorique de certains Gilets Jaunes, à savoir « repenser l’idée de révolution comme pure destitution (14) ». Il avance assez empiriquement que « l’insurrection est d’abord le fait de ceux qui ne sont rien, de ceux qui traînent dans les cafés, dans les rues, dans la vie, à la fac, sur Internet. Elle agrège tout l’élément flottant, plébéien puis petit-bourgeois, que secrète à l’excès l’ininterrompue désagrégation du social. Tout ce qui était réputé marginal, dépassé ou sans avenir, revient au centre (15) ». N’anticipe-t-il pas une radiographie sociologique précise des « Gilets jaunes » ?

Bâtir sur un socle solide ne signifie pas exalter l’enracinement. Le Comité invisible prévient au contraire que si le local « est une contradiction du global (16) », « il y a tout à perdre à revendiquer le local contre le global. Le local n’est pas la rassurante alternative à la globalisation, mais son produit universel : avant que le monde ne soit globalisé, le lieu où j’habite était seulement mon territoire familier, je ne le connaissais pas comme “ local ”. Le local n’est que l’envers du global, son résidu, sa sécrétion, et non ce qui peut le faire éclater (17) ». D’où une interrogation existentielle : « Comment s’arracher à présent à l’attraction du local ? (18) »

Hakim Bey remarque que « les “ communautés isolées ” – du moins celles qui ont préservé leur identité jusqu’au vingtième siècle – refusent constamment d’être absorbées par la culture dominante ou par la “ sous-culture ” noire, au sein de laquelle les sociologues modernes préfèrent les ravager (19) ». S’il ne mentionne pas les Amish, il évoque avec sympathie les Maroons des Antilles et des Guyanes, les enfants d’esclaves noirs en fuite qui épousèrent des Amérindiennes, les tribus métissées telles les Ben Ishmael, voire les Ramapaughs du Nord du New Jersey que Jean Raspail relate dans son Journal Peau-Rouge (20) sous le nom impropre des Jacksons White.

L’alternative commune

71c6pxdRUeL.jpgForce est de constituer qu’à travers ses écrits, le Comité invisible ne privilégie pas le communautarisme. Certes, il mentionne le cluster qui « ne s’impose pas, il émerge sur un territoire à partir d’une “ communauté ” (21) », mais d’une façon presque providentielle. Il aurait pu s’intéresser au maître-livre d’Alexandre P. Prokhorov (22) qui valorise du point de vue russe cette notion-clé qui valorise des groupes autosuffisants composés d’unités homogènes. Le Comité invisible préfère, pour sa part, la commune à qui il donne une nouvelle acception puisqu’elle « revient au moment même où l’État et la bourgeoisie s’effacent comme forces historiques (23) ». Loin d’adhérer à la TAZ, il envisage la commune comme « le pacte de se confronter ensemble au monde. C’est compter sur ses propres forces comme source de sa liberté. Ce n’est pas une entité qui est visée là : c’est une qualité de lien et une façon d’être au monde (24) ». Un esprit suspicieux pourrait y voir un appel sous-jacent et implicite à l’autarcie et à l’entre-soi. En définissant ce qu’il entend par « liberté », le Comité invisible rejoint par bien des détours l’aristocratisme d’un Michel-Georges Micberth (25). « Être libre et être lié, écrit le Comité invisible, c’est une seule et même chose. Je suis libre parce que je suis lié, parce que je participe d’une réalité plus vaste que moi. Les enfants des citoyens, dans la Rome antique, c’étaient des liberi : c’était, au travers d’eux, Rome qui grandissait (26) ». Le Comité invisible se réfère même à « la démocratie athénienne [qui] est une démocratie hoplitique. On y est citoyen parce que l’on y est soldat; d’où l’exclusion des femmes et des esclaves (27) ». Cette solidarité quasi-organique d’ordre militaire assure à l’ensemble une cohésion réelle. On retrouve cette perception « solidariste » chez les penseurs territorialistes des bio-régions (28). Au Moyen Âge, « ce qui fait la commune, alors, c’est le serment mutuel prêté par les habitants d’une ville ou d’une campagne de se tenir ensemble. Dans le chaos du XIe siècle en France, la commune, c’est se jurer assistance, s’engager à se soucier les uns des autres et à se défendre contre tout oppresseur. C’est littéralement une conjuratio (29) ». Ne s’agit-il pas une forme plus large du clan ou de la tribu ? Le Comité invisible se prononce à l’heure des « nouvelles tribus postmodernes » pour le recours à la commune.

Il s’affranchit des logiques propres aux TAZ et aux autres ZAD. « Il faut aller à la rencontre, note-t-il. Et discerner, dans la complexité des mouvements, les communes amies, les alliances possibles, les conflits nécessaires. Selon une logique de la stratégie, et non de la dialectique (30). » Il estime que c’est par le biais de la commune que se réveillera le peuple. On oublie aujourd’hui que « “ populaire ” vient du latin populor, “ ravager, dévaster ” (31) ». Un peuple (dans son acception socio-politique – demos et plebs) en colère peut tout briser sur son passage; sa violence, légitime et donc justifiée, fonde le monde. « Le conflit est l’étoffe même de ce qui est (32) », explique le très héraclitéen Comité invisible pour qui « la guerre n’est pas le carnage, mais la logique qui préside au contact de puissances hétérogènes. Elle se livre partout, sous des forces innombrables, et le plus souvent par des moyens pacifiques. S’il y a une multiplicité de mondes, s’il y a une irréductible pluralité de formes de vie, alors la guerre est la loi de leur co-existence sur cette terre (33) ». Ce plurivers cher à Carl Schmitt repose sur « l’histoire et le politique, c’est-à-dire avec la possibilité du conflit, c’est-à-dire avec la vie, la vie vivante (34) ».

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Démolition d'une ZAD.

Susciter des communes sur le dépassement pratique des TAZ et des ZAD revient à accepter la sécession politique, économique et psychologique. « Faire sécession, c’est habiter un territoire, assumer notre configuration située du monde, notre façon d’y demeurer, la forme de vie et les vérités qui nous portent, et depuis là entrer en conflit ou en complicité (35). » Au risque de l’affrontement, la sécession s’opère en trois temps : d’abord la prise de conscience, puis la pratique courante de l’incivisme, et, enfin, la partition physique. Se battre relève aussi du contentement. On se plaît à scander des slogans hostiles au Régime et à cogner les gars d’en face, un petit sourire en coin malgré les gaz lacrymogènes et les coups de matraque (ou de poing)… L’orgasme guette près d’Aphrodite et d’Arès. « Ceux qui participent à l’insurrection notent invariablement son caractère furtif, souligne Hakim Bey, même au beau milieu de la lutte armée, du danger et du risque (36). » Pierre Drieu La Rochelle et Ernst Jünger rapportent dans leurs œuvres respectives cette excitation qui se même à une plénitude intérieure juste avant de monter à l’assaut de la tranchée ennemie. « La libération se réalise dans la lutte – c’est l’essence de la “ victoire sur soi ” de Nietzsche (37). »

Hors les expériences pirates vécues au XVIIe siècle, Hakim Bey fait l’éloge de la Régence du Carnaro (1919 – 1920) de Gabriele D’Annunzio à Fiume. « Bien que Fiume n’ait pas le sérieux de l’Ukraine libre (38) ou de Barcelone, elle nous en apprend probablement plus sur certains aspects de notre recherche. C’était, d’une certaine manière, la dernière des utopies pirates (ou le seul exemple moderne) – et peut-être même la toute première TAZ moderne (39). » Il a raison. Fiume fut en effet un point nodal majeur de convergence momentanée des libertaires, des nationalistes, des révolutionnaires et des syndicalistes (40).

Des cas tangibles

À l’instar de Jure George Vujic, le ZADiste, Hakim Bey et le Comité invisible comprennent que « ce que redoute le système, c’est le groupe, la communauté d’idéaux et de valeurs vertébrantes et stabilisatrices, déterminées et structurées, la communauté de rupture radicale avec les fondements de la société contemporaine : le matérialisme et le financialisme oligarchique, la consommation et l’hyper-individualisme, valeurs que partagent aussi bien la gauche libérale que la droite conservatrice (41) ». Les ZADistes et les TAZistes ne sont cependant pas les seuls à penser et à vivre selon un cadre communautaire.

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En raison de l’exode rural et la déprise socio-économique des campagnes, la France et l’Europe recensent un nombre croissant de fermes, de hameaux et de villages abandonnés. Ces bâtiments peuvent devenir des bases arrières militantes. Dans Villages musulmans. Le projet, le Marocain Mohamed Zacharia Chifa appelle ses coreligionnaires à « quitter nos villes natales qui s’opposent à toute vie pleine et saine de l’islam et nous regrouper dans un lieu qui serait favorable. Nous devons établir des villages musulmans (42) ». Le Figaro enquête sur ce phénomène d’implantation des islamistes dans les campagnes françaises et européennes. L’iman Chifa a, par exemple, incité cinq familles pratiquantes à se domicilier à Châteauneuf-sur-Cher, une bourgade de 1 500 habitants dans le Berry. Il se justifie par une hypersensibilité chimique multiple. Répondant à Eugénie Bastié par interphone, il constate que « d’un côté les gens n’aiment pas les musulmans, ils nous persécutent, de l’autre, on a des campagnes françaises en voie de désertification, alors, allons là-bas, habiter des fermes et cultiver la terre ! (42) ». La journaliste remarque que « la communauté, dont la plupart des membres ne travaille pas, vit dans des lotissements HLM essentiellement d’allocations sociales (43) ». Pourtant, ajoute Christophe Cornevin, « ce phénomène d’hijra (exil) à la campagne est d’autant plus préoccupant qu’il aurait tendance à se propager (44) ». Une famille convertie d’une quinzaine de personnes, originaires de l’Ain, déménage dans un village drômois de 2 000 habitants. En 2013 – 2014, Marjevols en Lozère a accueilli quatre familles salafistes ! Hormis Le Figaro, quelques sites de titres nationaux et la presse locale, peu de médiats s’en sont émus. En revanche, quel tintamarre orchestré autour de la présence dans un village occitan des Brigandes (45) !

En Allemagne, « depuis quelques années, le NPD et d’autres groupes d’extrême droite, tels les “ Kameradschaften ”, investissent de plus en plus dans l’immobilier. Le phénomène touche aussi bien Berlin que Munich, mais concerne désormais essentiellement les zones rurales, en particulier la Saxe, la Thuringe, le Mecklembourg – Poméranie-Occidentale et la Bavière. Les bâtiments acquis servent de lieu de réunion et de formation. […] Les militants d’extrême droite se procurent ainsi des espaces à partir desquels ils peuvent continuer à militer en toute tranquillité. […] Anklam, en Mecklembourg – Poméranie-Occidentale en est un bon exemple. Le NPD y est en bonne voie de parvenir à ses fins : faire de cette petite ville un État dans l’État. La commune compte désormais un “ bureau d’accueil des citoyens ”, une “ bibliothèque du peuple ” et une salle de fitness. Le tout solidement aux mains de l’extrême droite (46) ».

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Victimes expiatoires du régime de 1949, les patriotes identitaires allemands développent un instinct de survie communautaire. En-dehors du NPD, les plus avancés dans ce projet de survie territoriale demeurent les völkische Siedler (colons folcistes) ou « néo-artamans ». Ces bio-conservateurs ethno-identitaires organisent chaque jour une écologie radicale, à savoir « circuits économiques locaux, production de biogaz et parcs éoliens, critique de l’agriculture industrielle et des manipulations génétiques, refus de la mondialisation (47) ». Principalement présents au Mecklembourg – Poméranie-Occidentale où, malgré les menaces répétées de la part du Régime pseudo-allemand et les intimidations médiatiques, ces colons d’un nouveau genre, BADistes qui s’ignorent mais qui « sont considérés comme des citoyens paisibles et travailleurs, des producteurs bio engagés qui organisent des expositions d’art et d’artisanat local (48) », constituent des sociétés parallèles effectives. Ils démontrent in vivo dans un contexte difficile et de répression la viabilité de la BAD (Base autonome durable) théorisée par Michel Drac et Piero San Giorgio.

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L’une des premières BAD remonte à 1991 en Afrique du Sud avec Orania. Son fondateur, Carel Boshoff, gendre du Premier ministre Hendrik Verwoerd, visionnaire assassiné de l’auto-détermination de tous les peuples d’Afrique australe (49), souhaitait en faire le noyau fondateur du Volkstaat, l’État afrikaner surgi de l’éclatement et de l’effondrement de la mirifique « nation arc-en-ciel ». Ce bourg d’un millier d’habitants dispose d’une autonomie énergétique, avec de nombreux panneaux solaires, et alimentaire grâce à une agriculture écologique performante. Sur le plan institutionnel, Orania n’est qu’une simple municipalité sud-africaine. La réalité du pouvoir revient en réalité au conseil d’administration de sept membres, responsables d’une compagnie de 400 actionnaires obligatoirement propriétaires de leur maison ou d’un terrain. Orania se veut comme un havre de paix pour les fermiers blancs victimes de la criminalité galopante due au multiculturalisme ambiant (50).

Un Moyen Âge à la Mad Max ?

71310248_10219353513846795_5578470679876993024_O.jpegIl importe de connaître ces quelques cas concrets, car « cette démarche communautaire, pronostique Jure George Vujic, sous-entend bien entendu le réaménagement culturel de l’Europe dans le cadre d’un ensemble organique coordonnant une pluralité de communautés charnelles autogérées, respectueux de l’hétérogénéité sociale culturelle et ethnique (51) ». Ce sentiment de retrouver une osmose communautaire n’est pas propre aux milieux de gauche. Piliers de la revue d’écologie intégrale chrétienne Limite, Gautier Bec, son épouse Marianne Murano et leurs enfants ont déménagé de Dreux, lieu par excellence de la société multiraciale multiconflictuelle, pour rejoindre d’autres familles écolo-chrétiennes dans un hameau de La Bénisson-Dieu aux confins de la Bourgogne, du Forez et du Beaujolais dans le département de la Loire. Ils ne sont pas seuls. En Bourgogne et dans le Bourbonnais existent des communautés populaires enracinées de sensibilité païenne. Sans la citer nommément, on peut penser à cette association bourguignonne qui depuis dix ans se prépare à prendre le relais d’un système qui, chaque année, vacille un peu plus sur ses fondations. Elle entend assurer un regroupement communautaire ainsi que de favoriser ce préalable indispensable à leur redressement moral et physique qu’est le réenracinement identitaire des Européens. Cette communauté arrive à relayer assez régulièrement les offres d’emploi, de reprises de commerces et les annonces immobilières de notre secteur afin de permettre aux personnes intéressées qui souhaiteraient la rejoindre d’y trouver les conditions favorables pour le faire.

Ces groupes sympathiques et dynamiques imitent plus ou moins bien les darbystes (chrétiens évangéliques) installés sur le plateau du Vivarais – Lignon entre Ardèche et Haute-Loire. « L’expérience du groupe, c’est l’expérience d’une désintoxication culturelle radicale, assène encore Jure George Vujic : rejet de la camisole consumériste, de la lobotomie médiatique, de la boulimie télévisuelle, rejet de l’usure et du Diktat bancaire, l’intoxication narcissique de Facebook, mais aussi l’expérience du volontarisme actif : promotion de foyers, de micro-contre-sociétés déconnectées du marché et des mécanismes institutionnels mais toujours proches du peuple, à la manière des “ focos culturels ” guévariens, pratiques distributives, solidaristes et anti-usurières, occupation et transformation des logements inhabités en relogements sociaux, occupation de l’espace rural, défense et occupation des espaces publics contre sa marchandisation, promotion d’une culture populaire de solidarité. Il s’agit de reconstruire le tissu organique et collectif des espaces de solidarités, des corps intermédiaires pluriels, des liens communautaires qui ont été détruits par le rouleau compresseur et uniformisateur du marché. Et c’est la raison pour laquelle cette contre-culture devra constituer une force alternative de proposition et de refondation en mettant en avant les expériences sociales et les modèles économiques hétérodoxes (52). » Pour ce fervent défenseur de la cause française albo-européenne d’inspiration catholique traditionnelle Julien Langella, « nous voulons vivre et travailler au pays, comme les occupants du Larzac dans les années soixante-dix. Mais pour cela, il nous faut un ordre nouveau garanti par un État indépendant des partis et des castes médiatico-financières. Nous voulons le Larzac + l’ordre. Nous voulons l’écofascisme ou la mort (53) ».

arton26820-62585.jpgParce que « nous refusons d’avaliser le caractère instable, précaire, fugace, flexible, versatile et temporaire du vécu construit par le marché, s’élèvent Serge Ayoub, Michel Drac (photo) et Marion Thibault. Nous refusons la mobilité constante parce qu’elle n’est pas dans notre nature (54) », la BAD « devient une base de reconquête (55) », celle qui rend « la sécession nécessaire (56) ». « Espace de sécurité (57) », la BAD « s’éloigne du Système pour reconstruire l’Humain hors du Système (58) » avant de contre-attaquer. « Il faut prendre appui sur le chaos généré par le mondialisme néo-libéral pour construire une alternative au modèle mondialiste et néo-libéral (59). » En dissidents conséquents, « nous ne disons pas : contre le système. Nous disons hors du système (60) ». Comment ? En multipliant partout dès à présent des BAD. « Sur les ruines de l’État bourgeois dépassé par les forces du Marché, sur les décombres de l’État socialiste avalé par la technocratie, nous ne voulons pas seulement construire un troisième type d’État. Nous voulons, parce que c’est possible et nécessaire, fonder avant tout une contre-société (61). » Cela présuppose un état d’esprit incivique, rebelle et réfractaire, et d’user d’une forme basse d’insoumission au quotidien. Par exemple, on accouche à domicile en prétextant une arrivée trop rapide du bébé, la longueur du trajet et la limitation de la vitesse sur les routes départementales; « l’école à la maison et l’apprentissage de l’artisanat, comme l’absentéisme scolaire, ont pour effet d’échapper à la prison de l’école (62) ». Et si les forces du désordre légal sur injonction d’une justice dépravée ou d’un rectorat dégénéré veulent enlever les enfants de leurs familles afin de les expédier dans les bagnes scolaires de la « Ripoublique », l’opposition, y compris physique, deviendra une véritable possibilité. Telles les banlieues de l’immigration aujourd’hui contrôlées par les vendeurs de drogue et la délinquance organisée, tout un immeuble, tout un pâté de maison, toute une rue, tout un quartier, tout un village, toute une contrée riposteront à la tentative d’enlèvement.

Vers la rupture territoriale

« Nous appelons à la grève générale soutenable (63). » Cela implique bien en amont la mise en place d’« une économie de la dissidence, [d’]un réseau d’entreprises de réseau, organisée non en vue du profit mais en vue de l’édification de la force, elle-même mise au service de l’esprit. Insérer notre tradition à l’intérieur du système libéral, pour le dévorer de l’intérieur (64) ». Dans cette perspective séparatiste de l’intérieur puisque venant des autochtones eux-mêmes, « l’ancienne lutte des classes sera transformée en coopération des classes productives contre le Capital prédateur (65) ». Y compris par la violence ? Oui, la violence ne fait d’ailleurs pas peur aux ZADistes, aux TAZistes et aux BADistes. Ces derniers incarnent les soréliens du XXIe siècle. « La TAZ implique une certaine sauvagerie, une évolution du domestique au sauvage, un “ retour ” qui est aussi une avancée. Elle implique également un “ yoga ” du chaos, un projet d’organisation plus “ raffinée ” (de la conscience ou simplement de la vie), que l’on approche en “ surfant la vague du chaos ”, du dynamisme complexe (66). » N’oublions jamais que « l’histoire, pour nous, n’est que le prétexte pour l’affirmation et la réalisation des êtres d’exception, qui ne demandent que la fidélité et un honneur froid, par pure nécessité, et non pas par gloire (67) ».

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Les principes de la BAD sont « “ Stabilité, souveraineté, pérennité ”. Ou encore, “ Enracinement, autonomie, permanence ” (68) ». C’est une démarche explicitement localiste, identitaire, protectionniste, enracinée et évolutionnaire. Sans chercher à verser dans une nostalgie stérile réactionnaire, « la refondation culturelle supposera de renouer avec une authentique vision radicalement anti-progressiste de l’histoire (69) ». Incitons au contraire à balancer un Progrès ringard dans le précipice. Le cœur de la BAD est politique ou, plus exactement, polémologique. C’est l’étape qui précède la levée des milices d’auto-défense. Peut-être inspiré par les écrits du Suisse Bernard Wicht (70), l’ancien volontaire français au Liban au début de la guerre civile, Emmanuel Albach, explique que « les milices ont ce rôle noble et crucial de suppléer militairement à l’absence ou à la démission d’un État. Former une milice n’est pas un comportement antidémocratique, c’est au contraire la base de la démocratie, son point d’appui, parfois son acte de naissance (71) ». Il estime même avec raison que « ceux qui se sont réjouis de l’avènement des réseaux sociaux et des communautés qui s’y distinguent et s’y ancrent, ou qui applaudissent à l’uberisation de l’économie – autre forme d’une atomisation des responsabilités et d’une fragmentation des structures – ne pourront pas honnêtement se désespérer de l’apparition des milices si d’aventure cela devait arriver, alors qu’elles en sont l’émanation logique (72) ». Dans le domaine militaire, la BAD n’accepte ni la conscription, ni l’armée professionnelle. Le maintien de sa cohésion interne passe par un service militaire de milice, car « la milice, affirme Emmanuel Albach, c’est le sursaut d’un peuple qui ne veut pas mourir alors que l’État l’a abandonné et qui court aux armes. Volontaires, tous sans exception, ils se battent purement pour le peuple et le sol, pas pour la paye – encore moins pour la carrière ou pour la gloire, eux dont aucune décoration officielle ne va jamais récompenser la bravoure ou le sacrifice (73) ».

La BAD tendra ensuite vers une forme organisationnelle plus ambitieuse. Le philosophe du bio-pouvoir Michel Foucault parle des hétérotopies, des localisation physique de l’utopie qui sont des espaces concrets d’hébergement de l’imaginaire, comme une cabane d’enfant ou un théâtre, utilisés aussi pour la mise à l’écart, comme les maisons de retraite, les asiles ou les cimetières. La BAD s’orientera, pour sa part, vers l’autochtonotopie, la « terre des autochtones conscients ». « Être non conformiste de nos jours, ce serait refuser un certain ordre naturel des choses qui constitue le fondement de la pensée dominante, et autour duquel s’articule l’ordre public qui lui-même se confond avec la vérité officielle. À l’inverse, il s’agit de proclamer la pluralité générale des productions humaines, des mœurs, des idéaux, des règles morales, des tendances esthétiques, comme autant de valeurs et de formes humaines (74). » Les BAD réintroduisent à la racine, dès la maison et la famille (l’oïkos), un ordre concret (cum crescere, à savoir ce qui « croît avec »). Outre la prise en compte des modalités climatiques, forestières et hydriques, de tels essais sont dès à présents possibles en France en choisissant avec soin sa commune d’implantation à partir des résultats aux différents scrutins des candidats de droite nationale et radicale. Plus leurs résultats seront élevés, plus la BAD recevra un accueil favorable à la condition qu’elle reste pendant plusieurs années discrète sur le plan médiatique et n’attire pas l’attention des antifa.

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L’association culturelle identitaire et sociale Terra Nostra loue un local au milieu du bourg de Larajasse, une commune de 2 000 habitants dans les Monts du Lyonnais. Les antifa locaux, souvent chiens renifleurs de la police, s’indignent de cette présence auprès de la municipalité sans étiquette. Le maire du patelin, un certain Fabrice Bouchut, souhaite résilier le bail de location par la voie judiciaire. Se prendrait-il pour le seigneur du coin ? Son premier adjoint, Jean-Michel Calvi, tient des propos discriminatoires : « Ce qu’on veut, c’est qu’ils s’en aillent vite. » Aurait-il la même impertinence si le préfet lui imposait des clandestins sans papiers ou bien une salle de shoot ? Complotiste à souhait, le communiqué officiel de la mairie vaut son pesant de caramels mous en accusant cette association dynamique de constituer « une menace importante pour la jeunesse et toute la population (75) ». Ce comportement geignard et agressif, typiquement « ripoublicain », laisse pantois. À la présidentielle de 2017, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan y obtenaient au premier tour 41,53 %. La municipalité cherche-t-elle vraiment à exclure la représentation juvénile d’une forte minorité. La démocratie ne doit-elle pas défendre les minorités selon Daniel Cohn-Bendit ? Les édiles braveraient-ils saint Dany ? Malgré les inévitables avanies, les BAD, puis plus tard les autochtonotopies, constitueront des points d’ancrage, de sauvetage et de ralliement dans les dissociétés hexagonale et occidentale en désintégration avancée.

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Jack Donavan.

Qu’elles soient urbaines ou rurales, ces sites identitaires formeront des pôles essentiels de résistance. En 2016 aux États-Unis, on recensait plus de 1 200 « communautés intentionnelles », souvent hippies et auto-gérées. L’essayiste étatsunien masculiniste et « androphile » Jack Donovan appartient lui-même à l’une de ces communautés intentionnelles, qu’il appelle dans Un ciel sans aigles, une « Fraternité », soit une sorte de Männerbund nord-américaine, « Les Loups du Vinland » (76).

« Il faut aller jusqu’aux périphéries de nos habitudes partisanes, soutient Julien Langella, et s’engager partout (77) ». Y compris en imitant parfois le camp adverse ? Oui, sans le moindre complexe. L’ultra-gauche, les libertaires et les ZADistes ne se doutaient pas que leurs travaux, théoriques et pratiques, alimenteraient les entreprises enracinées et subversives des Albo-Européens les plus déterminés (78).

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : cf. Peter Lamborn Wilson, Utopies pirates. Corsaires maures et Renegados d’Europe, Éditions de l’Éclat, 2017.

2 : Hakim Bey, T.A.Z. Zone autonome temporaire, Éditions de l’Éclat, 2007, p. 45.

3 : Idem, p. 19, souligné par l’auteur.

4 : Id., p. 15.

5 : Id., pp. 13 – 14, souligné par l’auteur.

6 : cf. David Friedman, Vers une société sans État, Les Belles Lettres, 1992.

7 : Hakim Bey, op. cit., p. 28, souligné par l’auteur.

8 : Id., p. 15.

9 : Philippe Pelletier, « Les territoires de l’imaginaire libertaire », dans Libération du 1er octobre 2015.

10 : Carl Schmitt, La notion de politique. Théorie du partisan, Flammarion, coll. « Champs », 1992, p. 218.

11 : Idem.

12 : Comité invisible, À nos amis, La fabrique éditions, 2014, p. 89, souligné par l’auteur.

CI-amis.jpg13 : Comité invisible, L’insurrection qui vient, La fabrique éditions, 2007.

14 : Comité invisible, À nos amis, op. cit., p. 74, souligné par l’auteur.

15 : Idem, pp. 41 – 42.

16 : Id., p. 191.

17 : Id., pp. 190 – 191.

18 : Id., p. 229, souligné par l’auteur.

19 : Hakim Bey, op. cit., pp. 50 – 51.

20 : Jean Raspail, Journal peau-rouge. Mes libres voyages dans les réserves indiennes des États-Unis d’Amérique, Atelier Fol’Fer, coll. « Go West », 2011.

21 : Comité invisible, À nos amis, op. cit., p. 178.

22 : Alexandre P. Prokhorov, Le modèle russe de gouvernance, avant-propos d’Alexandre Privalov, préface à l’édition française de Pierre Traimond, Le Cherche Midi, coll. « Documents », 2011.

23 : Comité invisible, À nos amis, op. cit., p. 200.

24 : Idem, pp. 201 – 202, souligné par l’auteur.

25 : sur Michel-Georges Micberth (1945 – 2013), chef de file de la Nouvelle Droite française (NDF) (rien à voir avec la ND gréciste), fondée en 1973 dans la clandestinité au château d’Igny dans le Cher, et incarnation contemporaine de l’« anarchisme de droite », cf. entre autres son essai co-écrit avec François Richard, Révolution droitiste, Jupilles, 1980, et de François Richard, Micberth anarchiste de droite, Comédit, 1992.

26 : Comité invisible, À nos amis, op. cit., p. 129, souligné par l’auteur.

27 : Idem, pp. 137 – 138, souligné par l’auteur.

28 : Sur le concept de biorégions, cf. selon l’angle décroissant, Serge Latouche, Petit traité de la décroissance sereine, Mille et une nuits, 2008; et d’un point de vue cosmopolite et gauchisant, Mathias Rollot, Les territoires du vivant. Un manifeste biorégionaliste, François Bourin, 2018, et Kirkpatrick Sale, L’art d’habiter la Terre. La vision biorégionale, Wildproject, 2020.

29 : Comité invisible, À nos amis, op. cit., p. 201, souligné par l’auteur.

30 : Idem, p. 232. On voit dans cette assertion polémologique la forte influence qu’exerce Guy Debord, auteur d’un jeu de stratégie, sur le rédacteur collectif.

31 : Id., p. 54.

32 : Id., p. 140.

33 : Id.

34 : Id., p. 195.

35 : Id., pp. 186 – 187, souligné par l’auteur.

36 : Hakim Bey, op. cit., p. 21.

37 : Idem, p. 73, souligné par l’auteur.

38 : cf. Nestor Makhno, Mémoires et écrits 1917 – 1932, présenté par Alexandre Skirda, Éditions Ivrea, 2009.

51rzXvFpEIL._SX331_BO1,204,203,200_.jpg39 : Hakim Bey, op. cit., p. 59, souligné par l’auteur.

40 : Sur l’aventure de Fiume, cf. Claudia Salaris, À la fête de la révolution. Artistes et libertaires avec D’Annunzio à Fiume, Éditions du Rocher, coll. « Démocratie ou totalitarisme », 2006; Enrico Serventi Longhi, Alceste De Ambris l’anti-Mussolini. L’utopie concrète d’un révolutionnaire syndicaliste, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2019; Olivier Tosseri, La folie D’Annunzio. L’épopée de Fiume (1919 – 1920), Buchet – Chastel, 2019.

41 : Jure George Vujic, Nous n’attendrons plus les barbares. Culture et Résistance au XXIe siècle, Kontre Kulture, 2015, p. 149.

42 : cité par Christophe Cornevin, « Les fondamentalistes des champs », dans Le Figaro du 20 février 2015.

43 : Eugénie Bastié, « À Châteauneuf-sur-Cher, chez Chifa, l’imam reclus », dans Le Figaro, op. cit.

44 : Christophe Cornevin, art. cit.

45 : cf. Le Clan des Brigands, Manifeste des clans du futur, Barka éditions, sans date.

46 : Jan Heidtmann, « L’extrême droite s’enracine dans l’immobilier », dans Süddeutsche Zeitung du 29 mai 2015, repris dans Courrier International du 11 au 17 juin 2015, c’est nous qui soulignons.

47 : Edith Kresta, « Les écolos d’extrême droite battent les campagnes », dans Die Tageszeitung du 15 janvier 2017, repris dans Courrier International du 20 au 26 avril 2017.

48 : Idem.

49 : cf. Pierre-Olivier Sabalot, Verwoerd, le prophète assassiné, Éditions du Camas, 2009.

50 : voir avec toutes les précautions d’usage, Alain Léauthier, « Afrique du Sud Orania. L’Afrique black, blanc, Boers », dans Marianne du 21 au 27 août 2015, pp. 42 – 46.

51 : Jure George Vujic, op. cit., p. 161.

52 : Idem, pp. 149 – 150.

53 : Julien Langella, « Contre la bétonisation, le Larzac + l’ordre ! », dans Présent du 16 mai 2019.

51RULe8+c6L._SX350_BO1,204,203,200_.jpg54 : Serge Ayoub, Michel Drac et Marion Thibaud, G5G. Une déclaration de guerre, Éditions du Pont d’Arcole, 2012, p. 26, souligné par les auteurs.

55 : Idem, p. 36, souligné par les auteurs.

56 : Id., p. 66.

57 : Id., p. 21.

58 : Id., p. 19.

59 : Id., p. 71.

60 : Id., p. 82, souligné par les auteurs.

61 : Id., p. 69, souligné par les auteurs.

62 : Hakim Bey, op. cit., p. 64.

63 : Serge Ayoub, Michel Drac et Marion Thibaud, op. cit., p. 15.

64 : Idem, p. 77, souligné par les auteurs.

65 : Id., p. 89, souligné par les auteurs.

66 : Hakim Bey, op. cit., pp. 73 – 74, souligné par l’auteur.

67 : Jure George Vujic, op. cit., p. 131.

68 : Serge Ayoub, Michel Drac et Marion Thibaud, op. cit., p. 27.

69 : Jure George Vujic, op. cit., p. 129.

70 : De Bernard Wicht, on peut consulter L’idée de milice et le modèle suisse dans la pensée de Machiavel, L’Âge d’Homme, 1995, Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle, Le Polémarque, 2012, Europe Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne, Favre, 2013, avec Alain Baeriswyl, Citoyen-soldat 2.0. Mode d’emploi,Éditions Astrée, 2017.

71 : Emmanuel Albach, « Quand les milices sauvent la nation », dans Présent du 18 juin 2019.

72 : Idem.

73 : Id., souligné par nous.

74 : Jure George Vujic, op. cit., pp. 104 – 105.

75 : dans Le Pays du 27 février 2020.

76 : cf. Jack Donovan, La voie virile suivi de « No man’s Land », préface de Piero San Giorgio, Le retour aux sources, 2014; Un ciel sans aigles, Le retour aux sources, 2017; Devenir un barbare, préface de Piero San Giorgio, Le retour aux sources, 2018.

77 : Julien Langella, « LMPT, Gilets jaunes, zadistes. Tous en colère, tous ensemble ? », dans Présent du 5 octobre 2019.

78 : Il faut saluer le formidable travail précurseur de l’anarcho-royaliste Rodolphe Crevelle et de ses remarquables périodiques, imprimés et numériques, dont Le Lys noir, qui célèbrent l’indispensable entre-soi et le retour à la terre.

jeudi, 21 mai 2020

La guerre sociétale

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La guerre sociétale

Introduction de Nicolas Zubinski

Ex: https://infoguerre.fr

La guerre sociétale se démarque par une conflictualité diffuse et subversive, à la temporalité singulière, et relevant davantage d’approches sociologiques. Ce faisant, les approches classiques du renseignement et de la contre-ingérence ne parviennent qu’imparfaitement à déceler le potentiel déstabilisateur de ce type d’attaque. La nature des mécanismes de modélisation sociétale s’inscrit davantage dans la lignée des relations publiques, de la communication stratégique et du market shaping. Les opérations militaires contemporaines gagneraient à intégrer davantage cet héritage civil.

Ainsi la guerre sociétale risque d’être un mode de conflictualité de plus en plus sollicité, que cela soit par des services clandestins, des groupuscules politiques, des communautés radicalisées ou des entreprises. Pour prémunir la société d’une altération manipulée de son pacte social, il est nécessaire de procéder à l’édification d’une résilience informationnelle à l’échelle sociétale.

L’article décrit les leviers contemporains de re-modélisation et de déstabilisation sociétale induits par les opérations de guerre de l’information et de guerre politique. Les mécanismes décrits reposent en grande partie sur les méthodologies mises en œuvre, d’une part, pour des opérations militaires d’influence et, d’autre part, pour des opérations de désinformation ayant ciblé les systèmes électoraux ces dernières années.

Il dépeint des mécanismes propres aux opérations psychologiques, aux actions numériques, au ciblage psycho-cognitif et socio-économique des individus, ainsi que des méthodes de délégitimation des institutions et de radicalisation des acteurs. En mettant en perspective ces vecteurs de déstabilisation avec les doctrines russes et américaines de l’influence, civile ou militaire, l’analyse conclut à l’existence d’un nouveau type de conflictualité de basse intensité : la guerre sociétale. La spécificité de la guerre sociétale ne réside pas dans les moyens mobilisés, mais davantage dans les mécanismes des conflictualités utilisés pour et par la déstabilisation de l’échiquier sociétal.

L’article propose dans sa dernière partie les recommandations suivantes : un renforcement de la spécialité « influence » dans l’écosystème français du renseignement et de la contre-ingérence (3.1), une adaptation de l’éducation civique aux nouveaux enjeux de citoyenneté (3.2), et un développement des capacités de résilience sociétale des entreprises (3.3).

Nicolas Zubinski

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ConceptGuerreSociétale

Le jacobinisme et la puissance de l'Etat

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Le jacobinisme et la puissance de l'Etat

par Bernard PLOUVIER

C’est devenu une scie depuis la période soixante-huitarde et sa contestation tous azimuts que de dénoncer le « Jacobinisme »… et généralement, les polémistes semblent ignorer ce que fut réellement la lubie des Jacobins d’octobre 1789, lors des premiers débats d’idées au sein du Club, jusqu’à sa fermeture en novembre 1794.

L’unique doctrine constante des Jacobins – car l’on constata, bien sûr, une foule d’avis contradictoires entre « divas » – fut la soumission de l’Exécutif au Législatif, si l’on préfère : placer les ministres (et, de 1790 à 1792, le roi) sous la tutelle de l’Assemblée Nationale.

Les institutions de la Ve République ont tranché sur les éditions précédentes qui étaient effectivement ce que les savants nomment une ochlocratie : un pouvoir partagé par une foule, en l’occurrence celle des parlementaires, soumis en principe à la foule des électeurs. En réalité, les électeurs ont systématiquement été dupés par leurs élus.

Notre République actuelle, qui n’est plus du tout « jacobine », est comme les précédentes soumise aux décisions des maîtres de l’économie et de la finance. Et cela dure depuis la Monarchie de Juillet, qui n’était nullement « jacobine », le Roi-Bourgeois ne tenant que rarement compte des avis, d’ailleurs très divergents, des ténors des assemblées.

Le mot Démocratie, depuis les années 1830, est devenue un synonyme de capitalisme, à l’exception de la période de l’État français dit de Vichy, tant vilipendé.

La mauvaise acception du terme « Jacobinisme » est : centralisation. C’est ce que presque tout le monde croit comprendre, quand on ressort le terme pour impressionner l’auditoire, puisqu’après avoir été glorifiée jusqu’en 1958, la centralisation est devenue une appellation « maudite ». Encore faut-il comprendre pourquoi cette centralisation administrative, politique, économique et financière est devenue « mauvaise », poussant orateurs et manifestants à la grogne.

D’abord, les vrais maîtres sont toujours centralisés. Les directions des banques, des grandes entreprises et des filiales françaises des multinationales sont parisiennes, comme sont présents à Paris tous les preneurs de décisions.

Il est, en effet, plus simple de s’activer dans la même métropole pour se concerter (avec ou sans fâcherie), d’autant qu’il est vite devenu évident que les télécommunications – qui semblaient le meilleur argument en faveur de la décentralisation – sont très aisément espionnées voire piratées. Pour les « gens qui comptent », se voir et se parler discrètement reste essentiel et, pour ce faire, on n’a rien inventé de mieux que d’œuvrer dans un même lieu géographique.

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Depuis la fin de la Grande Guerre, on a réclamé en France la décentralisation administrative et une certaine autonomie des régions – créées par l’État français du maréchal Pétain. L’ennui est que pour toute décision régionale importante, on se réfère « à Paris ». Et cette disposition d’esprit relève d’une logique historique.

Les débuts de l’unification administrative continue en France remontent au XIVe siècle. Certes, Charlemagne avait tenté la chose dans son vaste Empire, mais tout avait disparu dans les vingt années suivant sa mort. Les Allemagnes sont restées divisées jusqu’en 1871. On sait qu’en Allemagne, les Länder ont leur autonomie pour tout ce qui n’est pas régalien : monnaie, affaires étrangères, armée, santé. On ne peut pas comparer deux pays d’histoire politique très différente comme le sont la France et l’Allemagne.

Quand l’on connaît le particularisme des extrémistes régionaux et des écologistes de France, l’on ne peut qu’approuver une centralisation administrative, à condition qu’elle soit vouée au seul bien de la Nation et nullement aux maîtres de la Finance ou aux envahisseurs de plus en plus nombreux et remuants, voire dangereux.

6daa359e15eca9dffebb726c88ada89b.pngDe fait, le parisianisme actuel, qu’il ait été fluctuant et grotesque sous le règne des nullités chiraquienne et hollandienne, ou qu’il soit celui du très directif Emmanuel Macron, est parfaitement illégitime parce que la Nation n’y trouve pas son compte, à la différence de ce qu’éprouvent les maîtres de l’économie et la cohorte de leurs féodaux, si gâtés par nos princes.

Dans l’actuelle réalité géopolitique, où s’affrontent des blocs de taille et de puissance monstrueuses, la concentration dans un pays est utile, à l’unique condition d’être au service de la Nation, elle-même appelée à se fondre dans un vaste empire (européen, pour l’exemple français), où les affaires courantes seraient traitées dans chaque sous-ensemble ethniquement homogène.

En notre époque d’énormes périls, la décentralisation est une absurdité, car elle aboutit à éparpiller les forces. En revanche, le Pouvoir central doit être au service des autochtones et conserver les trois critères de la véritable démocratie : l’égalité de tous – gouvernés et gouvernants – devant la loi ; l’attribution au seul mérite – donc par concours anonyme – des postes payés par l’argent public ; enfin, le recours à la Nation, seule souveraine de l’État, pour toute décision capitale engageant son avenir.

La véritable Démocratie est parfaitement compatible avec la concentration géographique du Pouvoir. La Démocratie exige uniquement le respect d’un tout petit nombre de principes dans la gestion du Bien Commun. On le sait depuis 25 siècles en Europe. Plutôt que d’aller butiner des vérités premières exotiques, il est important d’en revenir aux fondamentaux de notre Mère, la Grèce antique, et de notre Père, la Rome antique… en n’oubliant pas que, dès les premières élections antiques, tricheries, corruption et achat des votes sont apparus.

La Démocratie véritable exige une lutte de tous les instants contre la corruption et le favoritisme tous azimuts (népotique, ethnique, maçonnique), soit les deux mamelles de la vie politique européenne actuelle.

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lundi, 18 mai 2020

Le « Nouvel Âge » : une imposture prophétique

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Le « Nouvel Âge » : une imposture prophétique

par Daniel COLOGNE

9782702103937-G.JPGEn raison de sa provenance californienne, ce courant de pensée est plus connu sous le vocable anglais de New Age. On peut situer l’origine de cette mouvance intellectuelle au début des années 1960, notamment avec le livre de Marilyn Ferguson, Les enfants du Verseau (1962).

Je reviendrai plus loin sur la récupération tendancieuse de l’astrologie par le New Age, dont il est évidemment possible de trouver des signes avant-coureurs antérieurs à 1960. Je pense tout particulièrement à Paul Le Cour, aussi fondateur de la revue Atlantis en 1926, originaire de Blois comme René Guénon (celui-ci meurt en 1951 et Le Cour en 1954). L’admirateur de Guénon que je suis toujours reconnaît bien volontiers la mesquinerie de certains procès guénoniens dans le cadre de la féroce rivalité qui oppose les deux penseurs issus de la même ville et s’intéressant aux mêmes centres d’intérêt (l’ésotérisme, l’occultisme, l’Atlantide, etc.).

En 1983, le mouvement New Age organise à Bruxelles un grand congrès intitulé « The World We Choose (Le Monde que nous choisissons) ». Une revue est lancée et son titre est révélateur : Réseaux. C’est en effet toute une organisation réticulaire qui s’installe sur le haut de la ville, les beaux quartiers de la capitale de la Belgique et de l’Union européenne. On voit se tisser une immense toile d’araignée dont les fils relient les officines de médecines alternatives (réflexologie, iridologie, radiesthésie), des magasins végétariens, des restaurants macrobiotiques, des écoles de yoga, des centres d’études de thérapies orientales (ayurvédisme, acupuncture), des librairies dont les vitrines et les rayons regorgent d’ouvrages consacrés à la théosophie, l’anthroposophie, les pédagogies non directives.

Le leitmotiv de ce mouvement est la « croissance personnelle ». Le New Age véhicule un individualisme intégral qui, pour reprendre les termes de Julius Evola, constitue son véritable « visage » dissimulé par le « masque » d’un spiritualisme frelaté. Nous avons ici affaire à une forme particulièrement pernicieuse d’égalitarisme qui consiste à attribuer à tout un chacun la possibilité de réaliser sa « croissance personnelle » et les atouts nécessaires à la poursuite victorieuse du bonheur. C’est l’illusion de l’« égalité des chances » qui incite chaque individu à se lancer dans une course effrénée au bien-être et qui suscite in fine des inégalités de plus en plus monstrueuses telles qu’on les voit se développer depuis quelques décennies, après la parenthèse des « Trente Glorieuses » où beaucoup se sont imaginés qu’abattre les fascismes ouvrait automatiquement la voie à une ère d’équité et à la concrétisation du rêve kantien de « paix perpétuelle ».

Lors d’une émission télévisuelle animée par Christophe Dechavanne, un adepte du « Nouvel Âge » affirmait qu’on allait passer d’un cycle caractérisé par l’« amour du pouvoir » à une ère auréolée du « pouvoir de l’amour ». Par-delà le tonnerre d’applaudissements qui salua ces belles paroles (les media utilisent la « claque » comme dans les théâtres d’autrefois), il convient de détecter derrière cette creuse phraséologie une de ces « idées chrétiennes devenues folles, comme dit Chesterton : la confusion entre l’amour communautariste du prochain (réservé aux membres de la communauté des chrétiens) et l’amour laïcisé et universalisé du semblable (dont on doit témoigner envers chaque homme en ce qu’il a d’ordinaire en commun avec les autres, dans la « nudité de son visage », comme l’écrit Levinas).

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Matthieu Ricard.

Le New Age se réfère souvent au bouddhisme. Il ne s’agit évidemment pas de la « doctrine de l’Éveil » brillamment analysée par Evola, mais d’une variante édulcorée se présentant sous la forme d’une éthique compassionnelle et altruiste, dans la ligne actuelle du moine Matthieu Ricard, fils de Jean-François Revel. Pour l’homme occidental déchristianisé, le bouddhisme peut servir de philosophie de rechange apte à lui donner un semblant de religiosité tout en faisant l’économie de la transcendance.

Rappelons les réticences de René Guénon vis-à-vis du bouddhisme, qu’il a longtemps perçu comme un moment de « révolte des ksatriyas ». Ananda Kentish Coomaraswamy et Marco Pallis ont dû déployer des trésors de persuasion pour que Guénon, seulement quatre ans avant son décès, admette le caractère « traditionnel » du bouddhisme, en dépit de sa négation du système des castes.

Je m’accorde une brève digression pour suggérer que la « révolte des ksatriyas » ne se réduit pas à une série d’insurrections des « guerriers » contre les « prêtres » (comme dans la querelle médiévale du sacerdoce et de l’Empire), mais constitue un processus plurimillénaire continu analogue au Ragnarokir de la mythologie nordique, l’obscurcissement du divin dans la conscience humaine, le « crépuscule des dieux », comme on le dit souvent et improprement. Ce processus d’obscuration est déjà en germe durant l’« Âge d’Or », ainsi qu’en témoigne le mythe de la chasseresse Atalante poursuivant le sanglier de Calydon. Le sanglier est en effet un des avatars de Vishnou durant l’Âge d’Or. En toute rigueur métaphysique, on peut même dire que ce processus est en germe dès que l’on passe du plan principiel (archè) à celui de la manifestation (genesis), pour reprendre les termes de la Bible des Septante (traduction grecque de l’Ancien Testament). Le choix du mot genesis de préférence au mot poesis montre qu’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une « création », mais d’une « manifestation » qui se développe à partir d’un plan principiel. Il est par ailleurs évident que la caste est, dans le monde pré-moderne, la manière privilégiée d’assigner un cadre limitatif à l’épanouissement individuel, qui se réalise ainsi sub conditione, et non de la manière frénétique et sans limites préconisée par le New Age post-moderne.

J’ai mentionné plus haut l’utilisation de la phytothérapie hindoue et de la médecine traditionnelle chinoise, non pour glorifier le savoir des Anciens, mais pour contribuer à la « croissance personnelle ». Plus importante encore est la récupération de l’astrologie dite « mondiale » (1) pour faire croire que l’humanité passe actuellement d’une « Ère des Poissons » à une « Ère du Verseau », d’un cycle bimillénaire dont l’épicentre a été la Chrétienté médiévale (où l’agapé christique dérive en un « amour du pouvoir ») à une période de durée analogue dont les signes annonciateurs recoupent les symptômes d’une « déconstruction » (censée nous mener au « pouvoir de l’amour »).

Le lecteur peu familiarisé avec l’astrologie sera surpris de voir le Verseau succéder aux Poissons, alors que dans le Zodiaque des saisons, les Poissons viennent après le Verseau. Mais le mouvement pris en considération par le New Age est le déplacement rétrograde du point vernal (du latin ver, vernis, le printemps) dans le Zodiaque sidéral. Ce sont les constellations qu’envisage le New Age, et non les signes énumérés dans les media par les « horoscopes » (terme impropre par ailleurs).

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Le point vernal se meut lentement (à raison de 72 ans par degré zodiacal) des Poissons en direction du Verseau, mais comme les frontières des constellations sont floues, on peut diviser le Zodiaque sidéral en douze parties de différentes façons et accréditer la thèse selon laquelle l’« Ère du Verseau » commence aujourd’hui ou aurait débuté au « siècle des Lumières », voire à la Renaissance. L’« Ère du Verseau » coïncide selon certains avec la modernité et pour le New Age avec la post-modernité porteuse d’un « nouveau paradigme ». Les astrologues sérieux, notamment ceux qui éditent les Raphael’s Ephemeridis, prennent pour modèle un Zodiaque sidéral logiquement axé sur les étoiles Aldébaran et Antarès, qui se font face au milieu des constellations du Taureau et du Scorpion. Une fois ce modèle adopté, on constate que le point vernal a encore six degrés à parcourir dans les Poissons et que l’« Ère du Verseau », si tant est qu’elle ait une signification, commence dans un peu plus de quatre cents ans.

Le véritable objectif du New Age est de faire passer les transformations mentales, sociétales et technologiques d’aujourd’hui pour les produits d’une fatalité historique et les germes d’un futur universellement radieux. Il s’agit évidemment d’une contrefaçon de la « fonction prophétique » telle que l’ont exposée René Guénon et Frithjof Schuon, dans le sillage de Saint-Yves d’Alveydre. Cette fonction prédictive est subordonnée à la parfaite connaissance des influences cosmiques telles que la détient la fonction « souveraine », c’est-à-dire « sacerdotale » et » liée au sacré », comme l’écrit un rédacteur d’Éléments (n° 181, décembre 2019 – janvier 2020).

De cette « fonction prophétique » parfaitement intégrable dans la tripartition fonctionnelle dumézilienne, le « Nouvel Âge » offre une parodie diamétralement opposée à la spiritualité indo-européenne. Celle-ci s’illustre à travers les œuvres de Julius Evola, le « tantrika d’Occident », et de rené Guénon, qui s’est certes installé en terre d’islam pour finir ses jours, mais dont les livres majeurs consacrés aux « formes traditionnelles » abordent les divers courants de l’hindouisme.

La branche chrétienne du New Age évoque souvent le passage d’un Christus Ichtus à un Christus Aquarius. Aquarius est le nom latin de la constellation du Verseau, mais c’est aussi l’un des thèmes les plus importants de la comédie musicale Hair, sorte de manifeste soixante-huitard du « Nouvel Âge ». Rappelons que la version française de Hair est due à Julien Clerc, qui chante aussi La Californie et fait plusieurs fois allusion à cette région (2).

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En guise de conclusion, je voudrais attirer l’attention de nos lecteurs sur la manière subtile dont s’insinuent dans les esprits les thématiques du « Nouvel Âge » et de la grande « déconstruction » du demi-siècle écoulé à travers des répertoires qui sont loin d’être qualitativement négligeables. Éric Zemmour a pertinemment observé comment la chanson Les Divorcés de Michel Delpech marque le point de départ de la mode des familles recomposées (thème que l’on retrouve aussi dans le répertoire de Daniel Guichard et de Gérard Lenormand). Il serait intéressant de faire une étude exhaustive de toutes ces chansons dont les couplets et les refrains traversent les générations et s’impriment dans les mémoires en charriant insidieusement quelques thèmes « déconstructeurs » fidèles à la perspective New Age. Même dans l’hypothèse où l’« Ère du Verseau » ne ferait pas l’économie d’une catastrophe, la seule maison « à rester debout » serait celle dont on a « jeté les clefs » et que Maxime Le Forestier imagine teintée de bleu sur fond de ciel californien.

Notes:

1 : André Barbault lui-même admet que son « indice cyclique » a des effets davantage locaux que mondiaux et il reconnaît de surcroît la difficulté de localiser ces effets. Son « indice cyclique » est toutefois un outil intéressant. C’est la somme des écarts de longitude entre les planètes. Plus cette somme est basse, plus la période est difficile. Durant le siècle passé, l’indice cyclique le plus bas se situe en 1982.

2 : « J’entends les motos sauvages,

Qui traversent nos villages,

Venant de Californie,

de Londres ou bien de Paris. » (La Cavalerie)

dimanche, 03 mai 2020

Tomislav Sunic: Die entstellte Identität

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Erstmal veröffentlicht  in Volk und Bewegung, 2-2020

Die entstellte Identität

(Bevölkerungsaustausch und Umvolkung nach 1945)

von Dr. Tomislav Sunic

Vermischte Völker und organisierte Masseneinwanderung sind Konzepte kapitalistischer und kommunistischer Ideologen. Der Kapitalismus will den unbegrenzten Waren-, Geld- und Personen- transfer, um den Profit zu erhöhen, der Kommunismus will entwurzelte und manipulierbare Menschen als Proletariatersatz. Beide Ideologien sind Relikte des merkantilistischen 19. Jahrhunderts, leugnen Völker, Rassen und Traditionen. Wiewohl Sieger im Zweiten Weltkrieg, haben sie bei der Gestaltung einer Friedensordnung versagt und versuchen die Welt in den Strudel ihres Niederganges hineinzuziehen. Der kroatische Diplomat und Dozent Tomislav Sunic geht den ideologischen Ursachen nach.

     *  *

Wir müssen zuerst einige Begriffe klären. Worte wie Bevölkerungsaustausch oder Umvolkung werden in der BRD-Medienlandschaft vermieden. BRD-Politiker benutzen meistens das Wort „Flüchtlinge“, wenn sie über die derzeitige Umvolkung reden. Der Sprachgebrauch in der BRD ist ein besonderer Fall, da alle politischen Redewendungen sowie alle politischen Begriffe in der BRD seit 1945 einer neuen Bedeutung unterliegen sollen. Je nach dem herrschenden Zeitgeist, je nach der politischen Sprachregelung werden manche Worte inflationär gebraucht oder vermieden. Die Wahl des Modewortes „Flüchtling“ soll Hilfsbereitschaft wecken. Dieses sentimentale Wort, statt des zutreffenden Wortes Einwanderer oder Migrant, soll die deutschen Nachkriegs-Schuldgefühle wachhalten und das Kriegsziel der ethnischen Vermischung mit außereuropäischen Migranten erreichen. Dies wird mit dem weitgehenden Asylrecht in Art. 16a des Grundgesetzes angesteuert, wobei Art. 16b ignoriert wird, der eine Einreise aus sicheren Drittländern untersagt. Weniger als 5 Prozent sind echte Flüchtlinge oder Vertriebene, aber selbst nach der Ablehnung des Asylstatus werden diese Einwanderer weiterhin geduldet und bezahlt. Die Frage, warum die Emigranten nicht in den benachbarten Ländern mit verwandter Kultur bleiben wollen, nämlich  Jordanien, Türkei, Saudi Arabien, sondern alle nur in Richtung Deutschland gehen, ist längst beantwortet: Hier gibt es die größte Aufnahmebereitschaft und finanzielle Ausstattung. Das Wort Flüchtling ist falsch, das Wort Migrant ist zu abstrakt, das Wort Wirtschaftsflüchtling kaum gebräuchlich.

9781912079391.jpgHinsichtlich der „Umvolkung“ oder des „Bevölkerungsaustausches“ sollte man darauf hinweisen, daß es dies immer schon gegeben hat und immer  geben  wird.  Vor   kurzem  gab es mehrere kleine Bevölkerungs-Austauschaktionen im ehemaligen Jugoslawien, wobei viele Kroaten, muslimische Bosniaken und  Serben in Bosnien ihre ehemaligen Wohnorte verlassen mußten. Vertreibung wäre hier ein besseres Wort für diese Aktion, da dieser Bevölkerungsaustausch in Ex-Jugoslawien mitten im Kriege stattgefunden hat.

In den 1920er Jahren gab es einen großen aber geregelten Bevölkerungsaustausch zwischen Griechenland und der Türkei. Solange ein Bevölkerungsaustausch freiwillig stattfindet, etwa nach einer Volksabstimmung, kann man sie akzeptieren. Das einzige Problem ist die Wortwahl. Anfang des 18ten Jahrhunderts gab es einen friedlichen Bevölkerungsaustausch im Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation, wobei Hunderttausende Deutsche nach Ost- und Südosteuropa übersiedelten, nachdem sie dort als Siedler gerufen worden waren. Hier wäre es angemessen, von einer Völkerwanderung zu reden. Zwischen 1944 und 1947 gab es wieder einen gigantischen Bevölkerungsaustausch,  wobei über 12 Millionen Deutsche  gewaltsam  in das geschrumpfte Kerndeutschland vertrieben wurden. Hier ist allerdings der Begriff „Bevölkerungsaustausch“ unangemessen, da die blutige Vertreibung mehr als zwei Millionen Menschenleben kostete. Zudem war Deutschland Ende 1945 kein Schlaraffenland für die Vertriebenen; es war völlig zerbombt. Hier passen vielmehr   die   Worte „Flüchtling“ und „Vertriebene“, da diese Menschen aus dem Osten vor Tod oder Deportation fliehen mußten.  Über die  richtige  Wortwahl  in Bezug auf heutige außereuropäische Neuankömmlinge in der BRD kann man sich tagelang streiten.

Ursachen der Umvolkung

Die heutigen Systemmedien nehmen Fremdenhaß und Gewalttaten, also die Folgen der Masseneinwanderung, zum Anlaß, den Deutschen eine fehlende Bereitschaft zur Aufnahme von Einwanderern zu unterstellen. Viele „Experten“ wollen in bezahlten Studien die Wurzeln des Fremdenhasses analysieren. Nun, diese Wurzeln sind vielfältig. Nicht der Islam und nicht die außereuropäischen Migranten haben eine Schuld an diesem neuen Völkeraustausch. Die Hauptschuld liegt in der Ideologie des Liberalismus, im Multikulturalismus und ihren verschiedenen modernen Ablegern.

Es geht hier auch nicht um einen geheimen Plan von ein paar bösen Leuten oder eine Verschwörungstheorie angesichts des realen Bevölkerungsaustausches, der jetzt in Europa im Gange ist. Es gibt freilich übernationale Gruppen und Lobbies, die von   diesem Völkeraustausch profitieren, was aber nicht heißen muß, daß diese Gruppen alleine geheime Pläne schmieden. Sie folgen vielmehr einem Denkmuster.

Die heutige Umvolkung ist völkerrechtlich im Einklang mit dem liberalistischen Fortschrittsglauben. Dieser Fortschrittsglaube beruht auf dem Grundsatz der unbeschränkten Bewegung von Menschen und Waren, wobei folgerichtig auch Menschen zu Waren werden. Dieser liberalistische Grundsatz ist in UN- und EU-Dokumenten fest verankert. Der Händler oder der Spekulant duldet keine Grenzen und keine Staaten, und schon gar keine Völker, er sieht nur eine anonyme große Konsumgesellschaft. Dem Händler ist es egal, wer sein Kunde ist; ob sein Kunde Inder, Kroate oder Afrikaner  ist  – er will nur Profit machen. Der Zuzug  außereuropäischer  Migranten in die BRD, in die gesamte EU ist die logische Folge der Dynamik des Liberalismus und seines Ablegers Globalismus, und das ist ein Prozess, der schon rund zweihundert Jahre dauert.1) Wir haben die Auswirkung dieser Dynamik schon in der Mitte des 19ten Jahrhunderts gesehen.

9200000079458232.jpgDeswegen ist jegliche Kritik an der Masseneinwanderung ohne eine vorhergehende Kritik am liberalen Handel bzw. am Kapitalismus sinnlos. Und umkehrt. Die kleinen kriminellen Migrantenschlepper, die meistens aus dem Balkan stammen, sind nur ein Abbild der großen Gutmenschen-Migrantenschlepper, die in unseren Regierungen sitzen. Auch unsere Politiker, ob sie in Brüssel oder in Berlin sitzen, befolgen nur die Regeln des freien Marktes.

Auch die Linke irrt sich, wenn sie sich für die Masseneinwanderung ausspricht. Die Migranten  gelten  für die Linken als Ersatzproletariat. Die Linken schieben gerne „Menschenrechte“ vor und behaupten,  daß es keine Unterschiede  zwischen Menschen, Völkern und Rassen gäbe, und daß unsere ethnischen, geschlechtlichen, rassischen oder völkischen Identitäten ein bloßes Sozialkonstrukt seien, die man immer mit einer anderen Identität austauschen könne. Es ist auffallend, daß die linken Weltverbesserer, die ständig von Gleichheit und Austauschbarkeit aller Völker und Menschen träumen,    nie die  enormen Wohlstandsunterschiede zwischen dem globalen Establishment und den Migranten antasten wollen, sondern diese ökonomischen Ungleichheiten hinnehmen. Sie kommen auch nicht auf die Idee, die Fluchtursachen anzuprangern oder eine Hilfe in der Heimat der Migranten zu organisieren (siehe Beitrag „Das Sachs-Konzept“ in Ausgabe 1-2020). Nach Alain de Benoist: „Wer den Kapitalismus kritisiert und gleichzeitig die Einwanderung billigt, deren erstes Opfer  die lohnabhängige  Arbeiterschaft ist, sollte besser die Klappe halten. Wer die Einwanderung kritisiert, aber über den Kapitalismus schweigt, sollte das Gleiche tun“. 2)

Die BRD ist heute ein idealer Migrantenstaat, da sie seit 1945 ein krankes Land mit hochneurotischen Regierungen ist. Wenn man die Lage in der BRD oder in ganz Europa verstehen will, besonders in Bezug auf den Zuzug außereuropäischer Migranten, muß man immer wieder nach 1945 zurückblicken. Die BRD ist seit 1945 ein halb-souveräner Staat. Die von Panik geplagten BRD-Politiker, mit ihrer permanent geschwungenen Nazikeule, haben sich aus der Geschichte verabschiedet und haben dem Begriff des Politischen freiwillig entsagt. Die Schuldkultur der BRD-Etablierten erklärt, warum Deutschland  heute an der Spitze der sogenannten Willkommenskultur rangieren muß.  Deutsche Schuldgefühle gegenüber der ganzen Welt sind aber keine Garantie dafür, daß morgen oder übermorgen ein  feindlicher  Staat der heutigen BRD ein solches philanthropisches und selbsthassendes Verhalten honorieren wird. Wenn ich mich verweigere, meinen Feind als solchen zu benennen, wird das nicht heißen, daß mein Feind dasselbe tun wird. Genau das Gegenteil passiert. Immer mehr Politiker, sowohl europäische als auch außereuropäische, sehen die BRD als einen labilen Sicherheitsfaktor.

Außerdem bedeuten deutsche Gesten der Menschenliebe gegenüber den „Anderen“ längst nicht, daß die Anderen sich auf gleiche freundliche Art morgen gegenüber den Deutschen benehmen werden. Die meisten Leute in Merkels Umfeld sind sich dieser  neurotischen  Lage  in der BRD völlig bewußt; sie glauben jedoch, daß sie die sozialen Spannungen abbauen könnten, indem sie immer weiter dem Selbsthaß frönen und die Rolle des Prügelknaben weiterspielen.

US-Kriege und linker Fortschrittsglaube

Wieder benötigen wir einige Begriffserklärungen. Wir müssen einen wichtigen Unterschied zwischen Anlaß und Ursache der heutigen Migrationsströme erkennen. In jedem Fall sind die Migranten auch Opfer dieses globalistischen-liberalistischen Systems.  Die  wichtigsten  Anlässe zur jetzigen Umvolkung waren gescheiterte amerikanische Kriege am Anfang der neunziger Jahre des vorigen Jahrhunderts im Mittleren Osten und in Afrika sowie der Zusammenbruch des Mythos von guten und intelligenten Dritt-Welt-Ländern einschließlich der linken Fortschrittsprognosen für diese Völker. Die Entkolonialisierung Afrikas und Südasiens hat nicht Stabilität sondern mehr Chaos in Afrika und Asien verursacht. Dies waren die Anlässe für die heutigen Migrationsströme - aber nicht die Ursachen. Die Ursachen des heutigen Völkeraustausches liegen anderswo.

9200000086943706.jpgNatürlich könnte der heutige Bevölkerungsaustausch von jedem europäischen Staat jederzeit gestoppt oder auch rückgängig gemacht werden, solange Politiker Mut zur Macht haben, solange sie politische Entscheidungen treffen wollen, oder anders gesagt, solange sie die Entschlossenheit zeigen, den Zuzug der Migranten aufzuhalten.

Warum fehlt es bei deutschen Politikern am Mut zur politischen Entscheidung in Bezug auf den Einwanderungsstopp? Die Antwort ist leicht zu erraten: Seit dem Ende des Zweiten Weltkriegs fehlt es bei den Politikern in der BRD (aber auch in der EU) am Willen zur Macht. Diplomatisch gesagt, es fehlt ihnen der Begriff des Politischen. Allerdings ist solch unpolitisches Verhalten der heutigen BRD-EU-Politiker völlig im Ein- klang mit ihrem Zweckoptimismus, der aus dem Gründungsmythos des liberalen Systems seit 1945 herrührt. Das apolitische Verhalten der Regierenden in der BRD, in Europa und Amerika ist gar keine Überraschung für uns, da die zugrundeliegende Ideologie des Systems keine politische Souveränität der Völker dulden darf. Demzufolge sind Politiker eher lohnabhängige Angestellte des Systems. Dazu kommt die Angst der neurotischen BRD-Politiker, ihre Entscheidung über eine Abschiebung von Migranten könnte als  Faschismus oder Rassismus gebrandmarkt werden. Das ist ein Stigma, das kein deutscher Politiker über sich ergehen lassen darf.  „Der  Antifaschismus ist eine Fundamentalnorm der politischen Kultur Deutschlands seit 1945.“ 3)

Das verlorene deutsche Ich - oder die BRD-Doppelgänger

Es gibt im deutschen Kulturgeist eine besondere Neigung zur Selbstverleugnung. Diese Selbstverleugnung erzeugt den Typ eines Doppelgängers, der den Andersartigen nachahmt. Wir sehen diesen Typ des Doppelgängers bei vielen Romantikern, wie z.B. in E.T.A. Hoffmanns Novelle „Der Sandmann“, wo sich die Hauptfigur in einen Automaten verliebt, der einer schönen Frau ähnelt. Wir sind heute Zeuge einer solchen Automatenliebe, das heißt des Identitätsverlusts bei vielen Deutschen. Ein Beispiel sind die bußfertigen Pilgerfahrten deutscher Politiker nach Israel. Kanzlerin Angela Merkel hat vor einigen Jahren bei ihrem Besuch in Israel gesagt: „Für uns und auch für die deutsche Seite ist das (Israel) ein Teil unserer Identität.“  Das ist eine pastorale Selbsttäuschung, die häufig bei BRD-Politikern vorherrscht, zumindest in Verbindung mit einem bestimmten Amt. 4)

Über das deutsche politische Doppelgängertum, das sich in Selbsthaß, Selbstzensur, und Hypermoral gegenüber Drittweltbürgern offenbart, kann man lange reden. Diese geistige Beeinträchtigung, die sich  in zersplitterter Identität offenbart, hat der Dichter Gottfried Benn in seinem Gedicht „Verlorenes  Ich“  gut beschrieben. Friedrich Nietzsche hat seinerseits diese angstgetriebene, liberalistisch-weltverbessernde Hypermoral bei vielen deutschen Politikern schon vor fast 150 Jahren erkannt. „Wenn aber Goethe mit gutem Rechte gesagt hat, daß wir mit unseren Tugenden zugleich auch unsere Fehler anbauen, und wenn, wie jedermann weiß, eine hypertrophische Tugend – wie sie mir der historische Sinn unserer Zeit zu sein scheint – so gut zum Verderben eines Volkes werden kann wie ein hypertrophisches Laster: so mag mich nur einmal gewähren lassen“. 5) Diese deutschen Mimikry-Vorgänge, deren wir Zeuge sind, haben heute eine pathologische Grenze erreicht, wobei die BRD-Politiker ihre Gutmütigkeit gegenüber Fremden immer wieder verdoppeln müssen, um damit ihre vorgebliche historische Sünde besser loswerden zu können. Zum großen Teile ist deratige Mimikry Folge der alliierten Umerziehung, deren Ziel es war und noch immer ist, eine neue Menschenart herzustellen. Ja, den „Neuen Menschen“ wollte ja auch der Kommunismus.

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Disponible aux éditions du Lore: http://www.ladiffusiondulore.fr

Es wird oft übersehen, besonders bei den Linken in der  BRD,  daß  die Migranten gar keine homogene Masse darstellen; sie bekriegen sich auch gegenseitig. Unter Annahme einer real entdeutschten BRD werden sich die verschiedenen Bevölkerungsgruppen dann gegenseitig bekämpfen, was jetzt schon sichtbar wird. Hier soll man hinzufügen, daß Rassismus und Fremdenfeindlichkeit nicht nur ein Kennzeichen der Deutschen oder der „weißen Männer“ sind. In Amerika zum Beispiel, gibt es täglich kleine Zusammenstöße zwischen vielen schwarzen und hispanischen Banden. Zudem sind die Amerikaner ostasiatischer und japanischer Abstammung traditionell sehr feindselig gegenüber den Afro-Amerikanern und Latinos eingestellt. Aber derzeit soll nur den Weißen Schuld und Reue eingeimpft werden.

Die heilige Wirtschaftlichkeit

Es gibt in Westeuropa heute keinen einzigen Staat, der noch ethnisch und kulturell homogen ist, wie das noch vor ca. 50 Jahren der Fall war. Anders in Osteuropa. Im Durchschnitt besteht gegenwärtig die Bevölkerung jedes einzelnen westeuropäischen Staates aus ca. 15 % Bewohnern nichteuropäischer  Abstammung. In den USA beträgt dieser nichteuropäische Anteil sogar fast 50 %. Diesbezüglich kann man freilich über eine neues buntes Abendland reden, dessen  Parallelgesellschaften wenig Gemeinsamkeiten haben und früher oder später Unruhen und Kleinkriege zwischen und  inmitten der Neuankömmlinge auslösen werden. Der Grund, daß es derzeit noch keine massiven zwischenrassischen Konflikte in Westeuropa und Amerika gibt, liegt an der Tatsache, daß die USA und Westeuropa noch immer relativ wohlhabende Länder sind deren großzügige Sozialabgaben an außereuropäische Migranten den sozialen Frieden bewahren. Das westliche System und dessen kleiner Ableger, die EU, so wie wir es heute kennen, basiert seit 1945 auf dem Glauben an die „heilige Wirtschaftlichkeit“ , wie es einst von dem deutschen Soziologen Werner Sombart benannt wurde. 6) Dieses System, in dem der Fortschrittsglaube eine neue Religion geworden ist, wird zugrundegehen, sobald diese heilige Wirtschaft kein Heil für ihre multiethnischen Bewohner mehr auszuschütten vermag.

Chroniques-des-temps-postmodernes.jpgDemzufolge stellt sich die Frage, was bedeutet es heute, ein guter Europäer zu sein? Ist ein Bauer im ethnisch homogenen Rumänien oder Kroatien ein besserer Europäer, oder ist ein Nachkomme der dritten Generation eines Somaliers oder Maghrebiners, der in Berlin oder Paris wohnt, ein besserer Europäer?

Man soll auch sehr skeptisch sein gegenüber zahlreichen rechtsorientierten Gruppen in der BRD und Europa, die von einem Krieg gegen Muslime reden. Eines soll hier unterstrichen werden: Wenn ein neuer Bürgerkrieg in der BRD oder Europa ausbricht, wird es kein Krieg lediglich zwischen Europäern und Nicht- Europäern sein. Dieser Krieg wird keine klare Linie zwischen Feind und Freund aufzeigen. Viele linksorientierte Bürger werden auf der Seite der Migranten kämpfen. Hier sollen wir auch klar zwischen Religion und ethnischer Zugehörigkeit unterscheiden. Die meisten Zuwanderer, die jetzt  nach  Europa hineinströmen, sind tatsächlich muslimische Nicht-Europäer. Aber Religion und Nationalität sind keine Synonyme. Es gibt europäische Muslime wie die Bosniaken z.B., aber es gibt auch Muslime in Pakistan oder Somalia. Die haben gar nichts miteinander gemeinsam.

Identitäten erkennen

Die aktuellen nicht-europäischen Migrantenströme aus der Türkei könnten einerseits den Europäern helfen, indem sie sich selbst ihrer gemeinsamen europäischen biokulturellen Wurzeln bewußt werden. Anderseits könnten diese nichteuropäischen Migranten die  uralten zwischen-europäischen Auseinandersetzungen weiter vertiefen. Hier ein Beispiel: Derzeit gibt es ca. 20.000 bis 30.000 außereuropäische Migranten im benachbarten dysfunktionalen Staat Bosnien, wo vor kurzem drei verfeindete europäische Völker - Kroaten, muslimische Bosniaken und Serben - sich bekriegten und nun zusammenleben müssen. Die serbischen Verwaltungsbezirke im serbischen Teil Bosniens wollen diese Migranten nicht behalten, und statt dessen verschieben sie diese an die kroatische Grenze. Die kroatisch-serbische Spannung, die immer noch da ist, kann sich noch vertiefen. Ähnliches kann morgen geschehen, wenn sich z.B. Polen entschließt, Quotenmigranten nicht aufzunehmen, sondern sie der Frau Merkel überläßt. Dann könnten leicht die alten polnisch-deutschen Abneigungen neu geweckt werden.

Hier ist die große Frage für den guten Europäer: Wollen wir weiterhin auf unsere historischen  Kleinstaatereien und Auseinandersetzungen beharren, oder wollen wir unsere gemeinsame Identität verteidigen?

Die Kritik am Islam, wie sie bei vielen Rechten gängig ist, hat auch keinen Sinn, wenn man übersieht, daß die lautesten Befürworter der muslimischen Einwanderung die großen Kirchen, der Papst und die deutschen und amerikanischen Bischöfe sind und nicht die Antifaschisten. Das Christentum ist, ebenso wie der Islam, eine universale Offenbarungs- Religion. Beide kommen aus dem Judentum, das seine Quelle im Orient hat - nicht in Europa.  Der  Zuzug der Migranten wird heute psychologisch und per Gesetz von den Kirchen und dem Vatikan unterstützt und gesteuert. 7) Oft wird die Rolle etwa des höheren katholischen Klerus in Amerika und Europa im Bezug auf heutige außereuropäische Migrantenströme übersehen. Das Verhalten der Kirche steht ohnehin völlig im Einklang mit der christlichen Ökumene, bzw. dem christlichen Universalismus. Der Papst plädierte im Januar dieses Jahres nochmals für die Aufnahme der außereuropäischen Migranten mit den Worten: „Christen sollten den Migranten die Liebe Gottes, die von Jesus Christus offenbart wurde, zeigen, weil dies die Christen der Einheit, die Gottes Wille für uns ist, noch näher bringt". 8)

Um die Wurzeln dieses Bevölkerungsaustauschs und seiner Auswirkungen zu beseitigen, müssen wir demzufolge zunächst kritisch mit den Gleichheitslehren auseinandersetzen. Was wir jetzt im Westen beobachten, ist die endgültige und logische Folge der egalitären und universalen Lehre, die das Christentum seit zweitausend Jahren predigt. Die Lehre von der Gleichheit aller Menschen taucht heute freilich als Metastase in der Ideologie des Liberalismus, des Kommunismus und seiner verschiedenen egalitären und globalistischen Sekten, wie z.B. des Antifaschismus, auf. Sie alle predigen das Ende der Geschichte in einer großen multikulturellen und transsexuellen Umarmung.

Cover-Boek-Sunic.pngDie einzige Waffe, sich gegen den heutigen Völkeraustausch zu wehren, liegt in der Wiedererweckung unseres biologisch-kulturellen Bewußtseins. Ansonsten werden wir weiterhin nur die hohlen Floskeln der christlichen, liberalen oder kommunistischen Multikulti-Ideologie wiederkäuen. So richtig es ist, die Antifa oder den Finanzkapitalismus anzuprangern, dürfen wir nicht vergessen, daß die christlichen Kirchen die eifrigsten Boten des großen Bevölkerungsaustauschs sind.

Fußnoten:

1)   T. Sunic, “Historical Dynamics of Liberalism: From Total Market to Total State”, Journal of Social, Political & Economic Studies (winter 1988, vol. 13 No 4).

2)    Alain de Benoist, „ Immigration: The Reserve Army of Capital“ (übersetzt von T. Sunic), The Occidental Observer, April 2011.

3)   Prof. Dr. Hans-Helmuth Knütter, „Ein Gespenst geht um in Deutschland Deutschland driftet nach links!“ (Hamburg: Die Deutschen Konservativen, 2008).

4)   Siehe auch FAZ, “Verantwortung für die Shoa ist Teil der deutschen Identität“, der 2. Februar, 2005.

5)          F. Nietzsche, Unzeitgemäße Betrachtungen (1893 Berlin: Herausgegeben von Karl-Maria Guth, 2016), S.71.

6)     Cf. Werner Sombart, Der Bourgeois, cf. „Die heilige Wirtschaftlichkeit“; (München und Leipzig: Verlag von Duncker and Humblot, 1923), 137-160.

7)     Cf. T. Sunic, « Non-White Migrants and the Catholic Church: The Politics of Penitence, » The Occidental Observer, April, 2017.

8)       Catholic News Agency, „Papst Franziskus: Migranten willkommen zu heißen, kann Christen vereinen“, den 22. Januar 2020.

 

jeudi, 30 avril 2020

Vers une forme de tribalisme survivaliste ?

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Vers une forme de tribalisme survivaliste ?

John Robb

41MapSY90sL._SX316_BO1,204,203,200_.jpgCeci pourrait être utile pour les gens qui réfléchissent aux moyens de survivre dans les temps qui viennent.

Comment fabriquer une communauté forte qui protège, défend et favorise les intérêts de ses membres ? Il faut construire une tribu. L’organisation tribale est le plus résistant de tous les types organisationnels, et elle a été la forme dominante pendant 99,99% de l’histoire humaine. L’aspect le plus important de l’organisation tribale est qu’elle est le cafard organisationnel de l’histoire humaine. Elle a prouvé qu’elle peut soutenir l’agression de l’environnement le plus dur. Effondrement mondial ? Pas de problème.

Si vous êtes comme la plupart des gens dans le « monde développé », vous n’avez aucune expérience d’une vraie organisation tribale. Les organisations tribales ont été écrasées durant les deux derniers siècles, du fait des pressions de la part de l’Etat-nation qui les voyait comme des rivaux et de la part du marché qui les voyait comme des obstacles. Tout ce que nous avons aujourd’hui, c’est une famille nucléaire modérément forte (affaiblie par l’économie moderne qui impose des diasporas familiales), une famille élargie faible, une vague collection d’amis (un cercle social), une affiliation professionnelle fragile, et une relation tangentielle avec un Etat-nation lointain. Pour beaucoup d’entre nous, cela se révèle insuffisant comme moyen de soutenir les pressions de l’environnement moderne chaotique et dur (pour les pauvres en particulier).

La solution à ce problème est de construire une tribu. Un groupe de gens qui sont loyaux envers vous, et envers qui vous êtes loyal en retour. Bref, le besoin d’une loyauté primaire envers un groupe qui se soucie vraiment de votre survie et de votre succès futur.

Donc comment construire une tribu ? Une tribu forte, dans cet environnement postindustriel, ne se bâtit pas du haut vers le bas. Au contraire, elle se bâtit organiquement du bas vers le haut. Une tribu simple commence par le fait de cimenter des liens avec votre famille élargie, un lien du sang. La seconde étape est d’étendre ce réseau pour inclure d’autres familles et des individus méritants. Une partie-clé de cela est de construire une parenté fictive, un sens du lien qui conduit à la création d’une loyauté envers le groupe. Cette parenté se construit (voir l’article de Ronfeldt pour plus de détails là-dessus) de cette manière :

- Raconter des histoires. Des histoires partagées et des récits historiques.

- Rites de passage. Rituels d’entrée dans la communauté. Le statut de membre doit se mériter, pas être donné selon le lieu géographique de naissance ou de résidence.

- Obligations. Règles de conduite et d’honneur. La punition ultime étant l’expulsion.

- Organisation égalitaire et souvent sans chef. Le partage est hautement apprécié.

- Savoir-faire multiples. Organisation segmentaire (beaucoup de chômage parmi les parties).

- Loyauté partagée. La tribu protège les membres et les membres protègent la tribu. Si cela n’est pas mis en œuvre, vous n’avez pas une tribu, mais un club de Kiwanis.

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Le développement d’une parenté fictive sera probablement la clé pour le développement de communautés résilientes (comme elle l’est déjà pour les guérillas globales). Nous pouvons déjà voir ce développement en œuvre dans le mouvement britannique « Transition Towns » [= Villes en transition], avec leur approche de raconter des histoires, honorer les anciens, réapprendre des savoir-faire, et absence de chef (voir les 12 mesures).

Note:

* Le nationalisme est une forme de parenté fictive fabriquée et destinée à servir les besoins de l’Etat durant notre phase industrielle d’organisation économique.

Posté par John Robb le vendredi 6 mars 2009 à 10:15 AM | Permalink

John Robb est un auteur et un entrepreneur et un ancien pilote de l’US Air Force pour les  opérations spéciales. Il dirige le site web Global Guerrillas et est l’auteur de Brave New War: The Next Stage of Terrorism and the End of Globalization (Hoboken, N.J.: Wiley, 2007).

 

dimanche, 02 février 2020

Yoram Hazony’s The Virtue of Nationalism

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Yoram Hazony’s The Virtue of Nationalism
 

Ex: https://www.unz.com

Yoram Hazony is an Israeli political theorist. He has a BA in East Asian studies from Princeton and a Ph.D. in political theory from Rutgers. While at Princeton, he founded a conservative publication, the Princeton Tory. An orthodox Jew and a political Zionist, he is the president of the Herzl Institute in Jerusalem. He is also the chairman of the Edmund Burke Foundation, the purpose of which seems to be to nudge conservatism in America and Europe in a more nationalist direction.

The Virtue of Nationalism is a lucidly written, trenchantly argued antidote to the anti-nationalist sentiments that dominate mainstream politics, both Left and Right. Hazony seeks to defend the nation-state as the best form of government, pretty much for everyone. Hazony defines a nation as “a number of tribes with a shared heritage, usually including a common language or religious traditions, and a past history of joining together against common enemies” (p. 100). Hazony defines a nation-state as “a nation whose disparate tribes have come together under a single standing government, independent of all other governments” (p. 100).

HazonyNationalism.jpgHazony defines the nation-state in contradistinction to two alternatives: tribal anarchy and imperialism. Tribal anarchy is basically a condition of more or less perpetual suspicion, injustice, and conflict that exists between tribes of the same nation in the absence of a common government. Imperialism is an attempt to extend common government to the different nations of the world, which exist in a state of anarchy vis-à-vis each other.

Hazony’s primary example of tribes coming together to form a state is the tribes of Israel, whose history may well be entirely fictional. There are, however, historical examples of such “tribal” unification from the 19th century, when different Italian “tribes” came together in the Kingdom of Italy, and different German “tribes” came together to form the Second Reich. However, in the 19th and 20th centuries, it was far more common for nation-states to emerge by separating themselves from empires.

Hazony’s appeals to the Bible considerably weaken his argument but reveal his primary audience: American Protestant Zionists. Thus the first part of The Virtue of Nationalism offers a historical narrative in which nationalism was created by the ancient Israelites, suppressed by various ancient empires—Assyrian, Babylonian, Persian, Hellenistic, Roman, Catholic, and Islamic—then revived after the Reformation and codified in the Peace of Westphalia.

In Chapter III, “The Protestant Construction of the West,” Hazony claims that Protestant political thought rests on two Old Testament principles. First, legitimate governments must protect the common good of the people and uphold Christianity. Second, different nations have the right to self-determination, i.e., to govern themselves without the interference of others.

In Chapter VII, “Nationalist Alternatives to Liberalism,” Hazony distinguishes between the “neo-Catholic” approach, which upholds the Biblical principle of legitimacy but rejects nationalism for empire; the “neo-nationalist” view which rejects Biblical legitimacy but embraces the nation-state; and the “conservative” or “traditionalist” viewpoint, which embraces both Biblical legitimacy and nationalism.

Hazony, of course, favors the third, as would most Protestant Zionists, but it should be noted that only the second option is consistent with the American separation of church and state. Moreover, only the second option is consistent with the many European nations that are now post-Christian.

71SNg-fRfgL.jpgHazony argues that nationalism has a number of advantages over tribal anarchy. The small states of ancient Greece, medieval Italy, and modern Germany wasted a great deal of blood and wealth in conflicts that were almost literally fratricidal, and that made these peoples vulnerable to aggression from entirely different peoples. Unifying warring “tribes” of the same peoples under a nation-state created peace and prosperity within their borders and presented a united front to potential enemies from without.

But if the nation-state has such advantages, why stop there? Why not continue the process by unifying nation-states into empires? Wouldn’t that expand the realm of peace and prosperity, in principle to the whole globe?

Hazony prefers to stand with the nation-state. Political unification can lead us that far, but no farther. Thus he spends a good deal of time criticizing imperialism in all its forms: religious, ethnic, and secular, including liberalism, federalism, and civic nationalism. It is the best part of his book.

Hazony doesn’t like the word sovereignty, claiming it smacks of absolutism and rationalism. But he paraphrases the concept when he speaks of “collective freedom,” “non-interference in the internal affairs of other national states,” and “a government monopoly of organized coercive force within the state” (p. 177).

A nation is either sovereign or it isn’t. A sovereign state does not take orders from other entities. It controls its internal affairs. It does not suffer other armed powers within its borders. It stands on terms of equality with other sovereign states, no matter how large or small. It has the right to say “no” to other states and international bodies.

Imperialists seek to obfuscate this hard either/or with euphemisms like “federalism,” “subsidiarity,” and the risible EU newspeak “pooled sovereignty.” Federalism and subsidiarity are attempts to coax states to give up their sovereignty by assuring them that they will retain autonomy in all matters that are unimportant to the center. But on important matters, they are not allowed to say no. Thus when advocates of empire assure nations that they will be allowed to control their internal affairs, they will enjoy no more sovereignty than an Indian reservation. Pooled sovereignty means that EU member states can vote on EU policies, but they have to abide by majority decisions. They have no veto power, which means that they are not sovereign when it counts, which is when one wants to say “no.”

According to Hazony, the nation-state is superior to imperialism because:

  • Nationalism “offers the greatest possibility for collective self-determination.”
  • Nationalism “inculcates an aversion to the conquest of foreign nations.”
  • Nationalism “opens the door to a tolerance of diverse ways of life.”
  • Nationalism “establishes a life of astonishingly productive competition among nations as each strives to attain the maximal development of its abilities and those of its individual members.”
  • The “powerful mutual loyalties that are at the heart of the national state give us the only known foundation for the development of free institutions and individual liberties.” (p. 10)
  • Nationalism also reduces the amount of hatred and violence in the world (Part Three: Anti-Nationalism and Hate).

Hazony makes it clear that the tribes that are candidates for political unification in a nation-state already belong to the same nation. They share a common language, religion, and culture. In short, a nation is an ethnic group.

The collective freedom maximized by nation-states is the freedom of ethnic groups to live by their own lights—and to allow different peoples to do the same, hence tolerance and an aversion to empire. Hazony puts this point very beautifully in the Conclusion of his book:

The nationalist, we may say, knows two very large things, and maintains them both in his soul at the same time: He knows that there is great truth and beauty in his own national traditions and in his own loyalty to them; and yet he also knows that they are not the sum of human knowledge, for there is also truth and beauty to be found elsewhere, which is own nation does not possess. (p. 231)

9789657052068.jpgThe “mutual loyalty” at the heart of nation-states is a product of a common ethnicity. How does ethnic unity make free institutions possible? Every society needs order. Order either comes from within the individual or is imposed from without. A society in which individuals share a strong normative culture does not need a heavy-handed state to impose social order.

The move from nation-state to empire requires that peoples lose their collective sovereignty. Beyond that, because empires by nature contain many nations, the empire cannot depend upon a common culture to produce order and civility. These must, therefore, be imposed mechanically by the state. Thus empires erode free institutions.

Hazony offers a very strong critique of civic nationalism and the idea that a state can be ethnically neutral (Chapter XVI: “The Myth of the Neutral State”). Hazony thinks it is inevitable that the boundaries of states do not precisely coincide with nations. Not all Poles live in Poland, and some non-Poles do. But if all states are multiethnic, then shouldn’t they be ethnically “neutral”? Shouldn’t they base their unity on something other than ethnicity, such as a civic creed?

Hazony rejects this as a delusion. Even supposedly universalistic civic creeds are actually the products of particular ethnic groups. Their persistence through time depends on these ethnic groups. These ethnic groups might fool themselves into thinking that they are simply “humanity” and their principles are “universal,” but the minority groups who live with them are never fooled. Hazony claims that, whether we admit it or not, the core of every nation has to be an ethnic group that imposes its basic norms and ways of life on minorities.

Hazony also deals with the common argument that nationalism produces hatred and conflict, whereas high-minded globalist/imperialist schemes will give rise to peace and love. But everybody hates somebody. Globalists, Hazony points out, are energetic haters as well. They are also willing to unleash vast and devastating wars to bring peace and love to the far corners of the map.

411TCU-+pEL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgIn fact, Hazony argues, imperialism is far more conducive to hatred and violence than nationalism.

Nationalists are particularists, and liberal globalists are universalists. Nationalists believe that it is legitimate for multiple states with different values and ways of life to exist, whereas liberal globalists implicitly deny the legitimacy of all non-liberal states and ways of life. Thus for liberal globalists, every other state is a potential target of hatred and war. Thus every conflict is potentially global. And every enemy should in principle be destroyed, for if no other regime is really legitimate, with whom can one reach a settlement? For globalists, the globe is the only natural limit for hatred, fighting, and political expansion.

Particularists, by contrast, have only petty hatreds and petty conflicts, which are confined to small areas and can be concluded in a relatively brief time with a negotiated peace, because nationalists regard it as legitimate for other nations to exist, even when they make war against them.

Liberal globalists have an inflated sense of themselves, for they believe that they represent not just a particular regime but the interests of all humanity. This means that they regard their enemies as the enemies of all humanity. This makes their hatreds more intense and their conflicts more protracted and deadly, because how can one not be at war with the enemies of humanity? (There are, of course, material limits to war, which often force globalists to stop fighting sooner than they would like.) Nationalists find it easier to avoid war and conclude peace because they don’t have inflated senses of their own goodness and their enemies’ evil.

An important theme of The Virtue of Nationalism is the critique of liberalism. Hazony claims liberalism is false because it begins with a false image of man: a rational actor loyal only to himself, shorn of any attachments to collectives—for instance, the family, tribe, and nation into which every individual is born. On top of this false anthropology, liberalism erects a false ethics and political philosophy: the only legitimate claims that can be made on a rational individual are those he chooses for himself. The only legitimate institutions are those that a rational individual would choose for himself.

Liberal man is basically identical to economic man. The rational, self-interested behavior of liberal man finds its purest expression in the marketplace. By making the behaviors of economic man normative, liberalism dissolves non-economic social institutions like family, tribes, and nations. All individuals emerge from these collectives, which impose unchosen relationships on individuals and evoke strong feelings of attachment, which can cause individuals to risk and sacrifice their lives to preserve these collectives. Hazony calls such collective attachments “loyalties” (p. 65). The liberal individualist project seeks to dissolve all unchosen relationships and to make all loyalties contingent on loyalty to the self.

Hazony argues that liberalism is an inherently imperialistic ideology. Nations are collectives. But only individuals matter to liberals. Because all men are the same insofar as they are rational, self-interested agents, all boundaries between political entities are morally meaningless. Liberals also believe that only liberal regimes are legitimate. Thus liberals have no moral objections to overthrowing illiberal regimes, particularly if this coincides with economic interests.

Hazony emphasizes that although nationalists reject imperialistic globalist institutions, nationalism is itself a vision of the best world order. Thus in Chapter XVIII he outlines “Some Principles of the Order of Nationalist States.”

First, he claims that “the order of national states . . . grants political independence to nations that are cohesive and strong enough to secure it” (p. 176). The core of cohesiveness is ethnic, which means that a proposed state that lacks a core ethnic group is not a candidate for independence. The most cohesive state of all, of course, would be entirely ethnically homogeneous.

As for being “strong enough to secure” independence: Why this concession to Realpolitik? If a nation is strong enough to secure its independence, it doesn’t really need international recognition. It is nice, but not necessary. It is precisely the peoples that cannot secure their independence on their own that need to depend on an international order of nationalist states. Many such countries exist today. Andorra, Lichtenstein, Monaco, the Vatican, and San Marino do not have the ability to establish their independence by force of arms. But that is true of most states. There is not a single nation in Europe that is a military match for the United States or Russia. Hazony thinks that small states that cannot secure their independence are doomed to become non-sovereign protectorates of larger states. But there are alternatives: Small states can secure their independence by allying themselves with other sovereign states, and they can appeal to the moral and political principles upheld by an international order of nationalist states.

The second principle is “non-interference in the internal affairs of other national states” (p. 177). Does this apply to all sovereign states, or just the nationalist ones? Does it not apply, then, to empires? This would be problematic, because, as I will discuss at greater length later, when Hazony claims that nation-states can contain minority groups under the dominion of a core ethnic population, it is hard to distinguish them from empires. This is particularly the case when Hazony argues that even empires that claim to be based on universal principles have an ethnic character.

cf204a130708bf5ad104fecc59436619-w204@1x.jpgThe third principle is “government monopoly of organized force within the state” (p. 177), as opposed to tribal anarchy. A failed state is one in which different ethnic groups create their own militias.

The fourth principle is the “maintenance of multiple centers of power” (p. 180), which is the old doctrine of maintaining a balance of power so that one state, or group of states, never becomes powerful enough to destroy the sovereignty of the rest.

The fifth principle is “parsimony in the establishment of independent states” (p. 182). The moral principle of nationalism need not lead simply to breaking up larger national units into smaller ones. Sometimes, as in the case of the reunification of Germany, one sovereign entity can be annexed to another one.

The sixth principle, “Protection of minority nations and tribes by the national government” (p. 183) is designed to prevent tribal anarchy and a failed state. Some tribal peoples are too small to be sovereign nations. But they should be given as much autonomy as possible short of that, because it is the right thing to do and because it is the best way to avoid conflict.

As for irreconcilably disgruntled tribes and minorities, the only solution Hazony envisions is repressing them. But other solutions are possible. Some tribes might be large enough to form their own nations, and if they are not happy with their current status, the international order of nationalist states should help negotiate their path to sovereignty, to avoid conflict and maximize opportunities for divergent cultural evolution. Disaffected minority groups from neighboring nations might be encouraged to join them, by moving people, by moving borders, or a combination of the two.

The seventh and final principle is the “non-transference of the powers of government to universal institutions” (p. 184).

As I read through The Virtue of Nationalism and tried to imagine objections, the main one is: “Nationalism leads to hatred and violence. Just look at the Nazis.” Hazony’s response to this is that Hitler wasn’t a nationalist. He was an imperialist.

But it is not that simple. In truth, Hitler was both. Thus we need another distinction besides nationalism vs. imperialism. We need to distinguish between good and bad forms of nationalism. When Hitler talked about bringing scattered German tribes under a common government, he was practicing the good form of nationalism. When he talked about Lebensraum in the East at the expense of other nations, that’s the bad sort of nationalism.

The bad nationalist demands freedom for his own nation but denies it to other nations. The bad nationalist stokes the pride and patriotism of his nation, then pits it against other nations. This is how European nations built vast colonial empires. Bad nationalism passes over into empire, but it does not cease to blacken the name of nationalism. Hence it might be more persuasive to grant that there is simply a bad form of nationalism.

51JEt3BkNhL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgThe difference between good nationalism and bad nationalism is simple: Good nationalism is universalist. A good nationalist wants to ensure the sovereignty of his own people, but does not wish to deny the sovereignty of other peoples. Instead, he envisions a global order of sovereign nations, to the extent that this is possible. Hazony, however, wishes to stop short of the idea of a universal right to self-determination, which I will deal with at greater length later.

Clearly, The Virtue of Nationalism has many virtues. Every defender of nationalism will benefit from its arguments. But this book also has several vices. Hazony is dismissive of kinship — and more broadly, race — as the biological substratum of community. He is too willing to dismiss the idea of ethnic homogeneity which makes his conception of the nation indistinguishable from an empire. Finally, he is mistaken to reject the idea of a universal principle of national self-determination. I will deal with these topics in a separate essay that compares The Virtue of Nationalism to The White Nationalist Manifesto.

(Republished from Counter-Currents Publishing by permission of author or representative)

vendredi, 31 janvier 2020

L’usurpation du Pouvoir par les minorités

C’est toujours de cette façon que meurt un régime politique, voire une civilisation : lorsqu’un petit groupe d’agités, aussi motivés qu’efficaces, s’empare de la force publique, profitant de la passivité du troupeau humain.

Les minorités commencent par saper l’autorité du Pouvoir en place, sous les applaudissements d’une partie des rejetons veules, incapables et moralement déficients de l’élite de la richesse et de la culture. C’est la phase nécessaire, généralement longue de plusieurs décennies, que des observateurs aussi lucides qu’impuissants nomment parfois, d’une façon fort intelligente : miner une société.

On y parvient grâce à l’hystérie et à l’arrogance, par l’usage des confusions sémantiques et du trompe-l’œil, et encore plus facilement si l’on adopte un statut victimaire. Les sexagénaires actuels ne peuvent oublier comment ont agi, puis triomphé, les agitateurs des années 1965 sq. en Occident.

L’hystérie du comportement, l’arrogance du discours exercent une extraordinaire fascination sur le bourgeois, l’ouvrier, le commerçant ou le paysan calmes et travailleurs. Car, pour des êtres qui s’ennuient à force de routine, d’application et de conformisme, il persiste toujours un espoir de divertissement hors normes. Les détraqué(e)s et les crétins fascinent les êtres de bon sens, au même titre qu’ils se jettent, avant de s’endormir ou lors de leurs vacances, sur des thrillers dégoulinant de joie de nuire, de malfaisance, de sang et d’horreur.

La bonne propagande est celle qui fait passer l’exception pour la règle, qui parvient à faire adhérer aux plus gros mensonges, par le mécanisme de l’information, tronquée parce que partielle et partisane, ainsi que par la répétition jusqu’à satiété des mêmes bobards. Les images et les films truqués valent infiniment mieux que n’importe quel discours démagogique, tout le monde le sait depuis plus d’un siècle. Mais le succès va toujours à celui qui promet la lune sans effort ou, mieux encore, le paradis, soit terrestre, mais dans un avenir indéterminé, soit post-mortem – et personne n’est jamais revenu d’outre-tombe pour détromper les bonimenteurs.

Au bout du compte, l’universitaire se retrouve aux côtés de l’analphabète, vaincu par les mêmes mensonges ou les mêmes demi-vérités, seule varie la présentation… encore a-t-on vu en 1968 de soi-disant brillants cerveaux beugler des slogans d’un merveilleux crétinisme.

La reconnaissance par les médias – partant par l’opinion publique qu’il est devenu si aisé de formater grâce à la propagande télévisée, puis aux blogs et aux sites à prétentions historiques du Net – du statut de victime personnelle, familiale ou communautaire, permet d’exiger une protection juridique particulière, une atténuation du discours médiatique en cas de déviance personnelle ou communautaire, et d’espérer un afflux d’hommages publics et privés, ainsi que de subventions d’origine étatique.

Être reconnu descendant d’un peuple de « victimes perpétuelles de persécutions » permet de s’intégrer à ces « minorités qui font la loi ». Se réclamer du judaïsme victimaire, se poser en lointain descendant d’esclaves, en victime de discrimination sexiste ou « homophobe », en résidu d’inceste ou de viol à l’âge prépubère font de n’importe quel minus, voire d’un authentique délinquant, un sujet hautement protégé par les médias, l’administration publique et les directeurs des relations humaines du secteur public et du privé. La posture victimaire bien exploitée autorise la revendication permanente et tous azimuts.

À la fin du processus de pourrissement de la société, s’impose l’une des minorités. Qu’elle soit composée d’une communauté d’affairistes, d’intellectuels, de professionnels de la manipulation d’opinion publique (depuis les journalistes et les politiciens « fous de dieu » jusqu’aux simples courtiers en assurance vie éternelle) ou encore de guerriers ne fait rien à l’affaire. D’ailleurs, bien souvent, comme ce fut le cas en France l’An 1789, à Petrograd en 1917 ou à Téhéran l’An 1979, on trouve associés des membres de ces quatre composantes.

Dès qu’une minorité a triomphé, raflant le Pouvoir – soit la puissance policière et militaire, la justice, les médias, le droit d’user de l’argent public et, pour les nullités plus ou moins décoratives, l’accès aux sinécures dorées –, débutent les querelles de Divas. La lutte est sans merci, mais pas forcément sanglante. Puis se crée une société nouvelle, dont la durabilité dépend de bien trop de paramètres, dont le plus puissant demeure sa sacrée majesté le hasard, pour qu’on puisse énoncer une théorie à ce propos.

Il n’est pas besoin de « complot » (variante à la sauce romantique : de « conjuration ») pour expliquer la victoire d’une minorité.

Les minorités qui ont triomphé ces derniers millénaires jouissaient presque toutes d’un chef, parfois génial (tels Jules César et son neveu Octave devenu Auguste), souvent médiocre (un François Mitterrand a incarné l’espoir du changement en France à l’aube des années 1980).

De façon obligatoire, elles sont riches de propagandistes efficaces, ceux qui savent « colérer » la populace, suivant le principe fondamental : « Plus c’est gros, plus c’est con, mieux ça passe. »

Mais, pour triompher, elles doivent nécessairement enthousiasmer des militants prêts à tout sacrifier pour la cause. Une minorité qui gagne n’est pas celle qui pleurniche ou intente des actions en justice pour enrichir ses membres ou faire parler d’eux. Une minorité qui emporte le morceau est celle qui parvient à noyauter l’infrastructure de l’État, non pas les hauts fonctionnaires vénaux et opportunistes, mais des centaines de petits agents mus par l’idéal ou l’ambition – et la combinaison de ces deux motivations s’est toujours avérée particulièrement efficace.

Dans la France soixante-huitarde, les fêtards alcoolo-tabagiques et les grandes gueules marxistes de toutes les chapelles (trotskistes et maoïstes s’avérant les plus nocifs) ont obtenu ce qu’ils voulaient : l’abolition de l’État napoléonien, la féminisation de la société – gage d’une plus grande efficacité de la propagande pleurnicharde et démagogique –, le brassage des races et des cultures. Ils n’ont fait que détruire, tenter de dissoudre l’esprit national. Ils y sont presque parvenus grâce à la globalo-mondialisation.

Le résultat est effarant, au point que le seul (et lamentable) mouvement populiste français est objectivement devenu le premier parti du pays… au moment où il n’a plus ni chef, ni doctrine, ni élan, ni militantisme actif.

Au milieu des ruines, il reste l’espérance. Celle du triomphe d’une aristocratie du courage et de la droiture, au service du Bien commun et de la Nation, elle-même pleinement intégrée à la race européenne.

Mais pour obtenir ce résultat, il faut attendre que les Français – et d’une manière générale les Européens – souffrent davantage qu’actuellement, pour qu’enfin ils se révoltent. Ils ne le feront que le jour où une puissante minorité active aura compris que la globalo-mondialisation menace directement la survie de leurs descendants.

Car, si la plupart des minorités triomphantes s’avèrent malfaisantes, corrompues, tyranniques, voire sanguinaires, il en est de bienfaisantes – celle qui instaura l’Empire romain, par exemple.

17:55 Publié dans Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : définition, sociologie, minorités | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 28 janvier 2020

Subversion - Ingénierie sociale négative

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Subversion - Ingénierie sociale négative

 
Cet audio traite des différentes techniques de subversion et de manipulation des peuples mises en place par nos pseudo-élites pour se maintenir au pouvoir ou désorganiser une société ennemie.
 
 
Bibliographie :
-Sun Tzu, L'art de la guerre
-Les 36 Stratagèmes, Manuel secret de l'art de la guerre
-De La Boétie E., Discours de la servitude volontaire
-Machiavel, Le Prince
-Bernays E., Propaganda
-De Marenches A., Dans le secret des princes
-Delaunay J., La foudre et le cancer
-Le Bon G., Psychologie des foules
-Della Luna M. et Cioni P., Neuro-Esclaves
-Cerise L., Neuro-Pirates
-Ewen S., La société de l'indécence
-Debord G., La société du spectacle
-Wiener N., Cybernétique et société
-Trinquier R., La guerre moderne
-Tiqqun, Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille
-Lenoble P-Y., Diablerie de foule.
 
Vidéo de Y. Bezmenov sur la subversion : https://www.youtube.com/watch?v=xA2bA...
 

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lundi, 27 janvier 2020

Radicalisation : mot piégé

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Radicalisation : mot piégé

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Article publié sur < ahref= https://www.marianne.net/debattons/les-mediologues >Marianne

Les médiologues

La récente libération d’un jihadiste parti en Syrie dès 2012, puis d’un islamiste, chef de Forzane Aliza, leur peine purgée, rappelle que, dans un État de droit, même les gens qui le combattent, finissent en liberté. Et, comme d’autres jihadistes relâchés avant eux, ils sembleraient avoir gardé leurs convictions. Cela n’étonnera que ceux qui pensent que l’institution pénitentiaire peut sauver les âmes ou ramener les égarés.

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La formule rituelle est : « ils ne se sont pas déradicalisés ». Cette terminologie devenue quasi officielle suggère un mécanisme psychique, peut-être réversible. Cela donna d’ailleurs lieu à un business de la déradicalisation maintenant plus contesté.

Étymologiquement, la radicalité est le fait de retourner aux racines de sa foi. Un salafiste, par définition littéraliste et fondamentaliste, ne devrait pas se sentir offensé par le mot. Mais le problème est le suffixe : « ation » qui suppose une action subie. D’autant que les médias parlent parallèlement de radicalisation du débat d’idées (dérivant trop à droite ou à gauche), de radicalisation du mouvement social qui se durcit ou de gilets jaunes radicalisés, ceux qui imiteraient les black blocs dans les manifestations. Initialement « normal », on pourrait donc se radicaliser, voire se déradicaliser.

Cette phraséologie entretient trois ambiguïtés :

- Le flou sur la différence entre une idée et un acte. Entre mauvaises pensée et actions brutales, contamination et brutalisaton. Selon F. Khosrokavar auteur de Radicalisation, ce serait le « processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d'action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l'ordre établi...». Cela suppose que le sujet soit sous influence ; la captation par l’idée pousse-au-crime pourrait se détecter, voire se corriger. L’idéologie est ce qui s’attrape (ou qui vous attrape) et change vos codes pour faire obéir et haïr. Le mystère de la violence ainsi renvoyé à l’énigme de la croyance - du moins celle qui est contraire à nos valeurs - soulève un paradoxe. Les radicalisés nous considèrent nous, les « normaux », comme les endoctrinés qui agressons. Et toute lutte idéologique suppose de proclamer que l’adversaire est un fanatique destructeur.

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- La frontière se confond entre une croyance et une volonté. Les jihadistes sont hyperdogmatiques et, même si nous ne cessons de leur répéter que « ce n’est pas le vrai islam », ils ne font rien qu’ils ne justifient par une sourate ou un hadith. Le principe de soumission au commandement divin - qui les conduit à refuser toute démocratie, Dieu devant commander et non le peuple - suppose le projet de vivre leur foi dans une communauté pure. Donc de combattre tout ce qui s’oppose au triomphe de l’Oumma. Donc l’obligation de la lutte. L’horrible cohérence du raisonnement rend douteuse la comparaison avec les gens qui tombent dans la drogue, l’alcoolisme ou la délinquance.

- La tension entre une passion et un dogme. On a beaucoup débattu (Roy vs Keppel) si un désir de radicalité cherchait prétexte ou direction dans le jihadisme ou l’inverse. Ou bien une force,- certes liée à des facteurs économiques, sociologiques ou culturels -, comme un désir de mort, trouve à se décharger dans l’engagement islamiste (mais pourquoi sous cette forme là ?). Ou bien une idéologie éveille les pulsions les plus guerrières (mais pourquoi avec une pareille efficacité rhétorique ?). Tout au long de l’Histoire les idées qui voulaient changer le monde ont rencontré des colères qui mobilisaient des gens. Entre les deux, des communautés, des groupes organisés, des outils pour convaincre et rassembler. C’est, d’ailleurs, ce dont s’occupe souvent la médiologie.

La notion de radicalisation réduit les rapports entre violence, révolte, soumission et idéologie à une dérive psychologique, crise ou anomalie sociale.

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Outre qu’elle n’explique guère, elle nie deux dimensions du jihadisme. Fait religieux, il suppose une communauté qui se rassemble par le haut. Fait politique, il implique une instance qui se proclame notre ennemie et nous traite comme tels. Là où nous pensons dysfonctionnements et thérapie, ils pensent affrontement final et jugement des âmes. Nier que l’autre pense n’a jamais aidé à le vaincre.
 

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jeudi, 23 janvier 2020

Pour un progressisme de droite

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Pour un progressisme de droite

Par Romain d’Aspremont,

auteur de « Penser l’Homme nouveau : Pourquoi la droite perd la bataille des idées »

Ex: http://www.rage-culture.com

Si la droite perd, c’est qu’elle évolue au sein d’un logiciel chrétien. Les sociétés occidentales sont fondamentalement marquées par la morale chrétienne ; il n’est pas étonnant que l’idéologie gauchiste s’y épanouisse – et, sur le temps, ne cesse de gagner du terrain – tandis que les droitistes doivent perpétuellement batailler pour paraître fréquentables. C’est le principe même du Bien qui doit basculer de l’égalitarisme vers l’élitisme, et du pacifisme vers la compétition et la lutte.

41-KRsa2LPL.jpgLa seconde raison de la défaite perpétuelle de la droite, c’est son conservatisme. Les réaco-conservateurs assimilent trop souvent l’avenir à un déploiement inéluctable des forces progressistes. Ils en viennent à prendre l’objet (l’avenir) façonné par le sujet (la gauche) pour le sujet lui-même. Le futur étant devenu synonyme d’avancées « progressistes », l’unique remède ne pourrait être que son contraire – le passé – plutôt qu’un avenir alternatif. Or il y a là une forme de défaitisme, comme si la droite assimilait sa propre déconfiture, ratifiant le monopole de la gauche sur l’avenir. Puisque l’Histoire n’est qu’une longue série de victoires progressistes, c’est l’avenir lui-même qu’il faudrait brider, plutôt que les acteurs qui le façonnent. Ralentir le temps et sanctuariser certaines institutions apparaît alors comme la solution par défaut.

Cette analyse, plus ou moins consciente, est une variante de la croyance en un progrès linéaire : l’avenir n’est plus une irrésistible ascension, mais une lente décadence. Ainsi, tout en ridiculisant l’idée d’un « sens de l’Histoire », les réaco-conservateurs considèrent implicitement que le temps fait le jeu de la gauche. S’il leur arrive – du bout des lèvres – de se satisfaire d’une nouveauté, ils n’iront jamais jusqu’à batailler pour la faire advenir, non plus qu’ils ne mobiliseront leur énergie intellectuelle pour concevoir un nouveau « de droite ». Leurs forces sont toutes entières consacrées à faire l’éloge du passé. 

Le progressisme au sens strict repose sur des postulats infirmés par l’Histoire. Le pacifiste et le jouisseur finissent toujours par se soumettre au guerrier. Mais le conservatisme lui-même n’en repose pas moins sur des présupposés erronés, car les projets d’Homme nouveau, loin de se réduire à des utopies illusoires, sont un des moteurs de l’Histoire. 

 La posture d’un Schopenhauer, qui écrit « le progrès, c’est là votre chimère, il est du rêve du XIXème siècle comme la résurrection des morts était celui du Xème, chaque âge a le sien », n’est plus tenable. La véritable erreur, c’est de croire que les chimères sont sans prise sur le réel – surtout quand ces chimères peuplent les cerveaux des élites. Chaque époque a sa conception particulière du progrès, et ceux qui se refusent à proposer la leur doivent renoncer à écrire l’Histoire. De même, Nietzsche peut bien déclarer que le Progrès est « une idée fausse », il n’empêche que sa philosophie du surhomme est progressiste – progressiste de droite.

Notre ennemi ne doit pas être le progressisme au sens large, mais uniquement le progressisme de gauche. Non pas l’idée de progrès, mais la direction que veulent lui faire prendre nos adversaires. Car « l’idée de progrès constitue moins une idéologie que la présupposition de toutes les idéologies, systèmes de représentations et de croyances proprement modernes ». C’est pourquoi la droite doit développer son propre progressisme, qui doit viser la réunification de l’Occident (plutôt que la défense des Etats-nations) et encourager l’évolution anthropologique (plutôt que sanctifier la tradition). Par définition, le futur a toujours raison du passé. Aussi, le duel du Passé et de l’Avenir doit s’effacer au profit d’un choc entre un avenir de gauche et un avenir de droite.

Notre progressisme doit promouvoir une exigence de dépassement, sur tous les plans, y compris moral. Cette morale sera « vitaliste » : valorisant tout ce qui élève l’espèce et combattant ce qui la bride, l’affaiblit et la mutile. Appliquée aux débats sociétaux qui suscitent le plus de crispations, son verdict sera différent de celui des réaco-conservateurs. Ainsi, la PMA et la GPA sont souhaitables dans la mesure où elles élèvent le capital biologique et intellectuel des Occidentaux (ingénierie génétique).

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Romain d'Aspremont

Un progressisme de droite ne doit pas borner son horizon au domaine anthropologique (entreprise de création d’un homme nouveau) ; il doit l’étendre au domaine institutionnel et étatique. Faute de proposer une vision de l’Europe qui soit autre chose qu’un simple retour à l’ère gaullienne – « l’Europe des nations » – les souverainistes se privent du formidable potentiel mobilisateur propre à tout idéal nouveau. Philippe de Villiers explique que ceux qui ont affronté le traité de Maastricht ont cru combattre un super-État (une entité politique susceptible d’incarner une Europe-puissance, pesant en propre sur la scène internationale), pour ensuite découvrir que le projet européen n’a jamais été de bâtir les Etats-Unis d’Europe, mais de substituer l’économique (le marché) au politique.

En fait, les souverainistes ont bien fait de s’opposer à Maastricht, mais pour de mauvaises raisons. En effet, le dépassement des nations et l’unification de l’Europe ne sont pas des idées condamnables en soi ; elles méritent d’être évaluées à l’aune de l’idéal qui les porte. Le malheur n’est pas que l’Europe soit gouvernée par un « despotisme doux et éclairé » (Jacques Delors), mais que ce despotisme soit anti-européen dans l’âme. Or, par une ruse de l’Histoire, les Européistes nous ont offert le cadre institutionnel et administratif pouvant servir notre vision de l’Europe : plutôt que de détruire ces leviers de pouvoir, emparons-nous-en afin d’impulser une renaissance civilisationnelle, qui passe par la création des Etats-Unis d’Europe, puis des Etats-Unis d’Occident (Etats-Unis d’Amérique, Russie, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande compris).

Les souverainistes ne jurent que par l’État-nation et le retour à l’ordre ancien. Dans de nombreux domaines (immigration, éducation, justice), ce retour est vital, mais il faut se rappeler que les États-nations sont eux-mêmes issus de l’effondrement de l’Empire romain christianisé. Ils sont la conséquence lointaine des invasions barbares du Ve siècle, et une fragmentation de l’unité politique de la chrétienté. Car enfin, l’âme européenne vaut plus que le respect tatillon de la souveraineté des États-nations. Ne confondons pas le moyen – les institutions – et la fin – la pérennité des cultures nationales et de la civilisation européenne. À ceux qui prétendent que cette dernière est un fantasme, et que seules existent les cultures nationales, qu’ils parcourent donc le monde et ils distingueront sans peine ce qui relève de la nuance (les différentes cultures européennes) de ce qui relève de la différence essentielle (les civilisations).

Notre projet doit être la restauration de l’Europe unie, plutôt que le combat acharné pour la pérennité de son éclatement. Il ne s’agit pas de pratiquer une fuite en avant vers le dépassement des États-nations mais, puisque ce dépassement se fera, avec ou sans nous, il nous faut en avoir la maîtrise. Trop longtemps, les défenseurs de l’âme européenne ont laissé aux européistes le monopole de l’idéal européen. Les souverainistes se cantonnent soit à une négation (NON à l’Europe fédérale), soit à une nostalgie gaulliste (OUI à l’Europe des nations). Il nous faut penser un horizon nouveau, sans quoi l’histoire du continent sera écrite par nos adversaires, notre rôle se limitant à celui de retardateur, grippant provisoirement l’engrenage de la déconstruction civilisationnelle.

L’Europe des nations, les souverainistes vous le répètent, c’est l’Europe du « bon sens ». Mais l’homme n’est pas qu’un être de raison. Pour Carl Gustav Jung, l’homme a un besoin de sacré. Mais il a également un besoin d’idéal et d’utopie. S’il est disposé à se sacrifier pour fonder une nation, il ne l’est plus quand il s’agit de la rafistoler. L’Europe des nations est un conservatisme ; il lui manque la force du nouveau. Or le Neuf est souvent nécessaire à la sauvegarde de l’Ancien.

Nous sommes tellement habitués à voir le pouvoir politique européen déconstruire notre civilisation et nos identités nationales, que nous réagissons avec hostilité à toute idée de pouvoir européen, que nous assimilons à l’idéologie remplaciste. Or, le lieu du pouvoir ne préjuge pas de son contenu ; à nous d’en édifier un qui œuvre à notre renaissance civilisationnelle. 

Nietzsche écrit ainsi: « Ce qui m’importe […] c’est l’Europe unie. Pour tous les esprits vastes et profonds du siècle, la tâche où ils ont mis toute leur âme a été de préparer cette synthèse nouvelle et d’anticiper à titre d’essai l’« Européen » de l’avenir.  Aux heures de faiblesse seulement, ou quand ils vieillissaient, ils retombaient dans les perspectives étroites de leurs patries ».

Nous vous conseillons de lire également « Pour un transhumanisme de Droite » du même auteur

Références :
 1. F. Nietzsche, L’Antéchrist, § 4, Oeuvres philosophiques complètes, Paris, Gallimard, 1974, t. VIII, p. 162.
2. Pierre-André Taguieff, Les contre-réactionnaires, Le progressisme entre illusion et imposture, Denoël, 2007, p. 243.
3.  Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Albin Michel, 2015.
4.  Friedrich Nietzsche, La volonté de puissance, tome II, Gallimard. p. 293. 

Et si on revenait sur le corporatisme?

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Et si on revenait sur le corporatisme?

Suite à l’excellent texte sur le corporatisme de Franck Buleux qui a d’ailleurs été remarqué par de nombreux sites (https://metainfos.fr/2020/01/05/la-voie-du-corporatisme/) , nous publions en complément cette

Brève introduction à l’économie corporatiste

« L’État, arbitre du jeu social, a pour rôle de préparer l’avenir tout en rendant le présent supportable »

Jean Meyer, Le poids de l’État, 1983.

L’État corporatiste a pour unique but de gérer le Bien commun aussi correctement que possible, compte tenu de circonstances difficiles : état de guerre, population globalement assoupie qu’il convient d’adapter à un rythme de travail moderne, progrès à réaliser en matière de productivité et de rationalisation de la production et de la distribution, ou encore crise économique internationale, voire mondiale, induite par des psychopathes spéculateurs dont aucun ne sera jamais puni pour ses agissements qui auront ruiné la vie de dizaines de millions de chômeurs et de leurs familles, sans oublier que ces agissements antisociaux conduisent volontiers à une guerre.

Le corporatisme est né d’une réflexion sur le travail, sur les motivations des travailleurs et sur l’optimisation de l’économie à l’échelle d’un pays. Ce type de régime politico-social a pour buts de « socialiser les prix » de vente, en annihilant le parasitisme induit par un trop grand nombre d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs, de fixer le plus juste prix pour ne léser personne, enfin de contrôler la qualité de la production. On y reconnaît les dominantes de l’économie de l’Occident médiéval… « Rien de nouveau sous le soleil » !

Le corporatisme moderne, né au XXe siècle, a également pour but de susciter un grand élan collectif national, en luttant contre l’individualisme égoïste, héritage des penseurs européens des XVIe–XVIIIe siècles et de leurs « droits de l’homme » acquis par simple naissance, et contre la stérile poursuite des biens matériels, héritage du « sot XIXe siècle ». Dans l’optique corporatiste moderne, le travail doit devenir une bataille pour la prospérité de la patrie et celle de chaque famille de travailleur (pour amateur : longues digressions métaphysiques in Louis Rosenstock-« Franck », 1934). De façon simple, le travail, manuel, intellectuel ou technique doit être considéré à la fois « un droit et un devoir ».

md30337424503.jpgLes organisations professionnelles sont composées de représentants élus et de véritables experts désignés par l’État : elles renferment, en proportions à déterminer par une loi, des chefs d’entreprise, des cadres, des employés et des ouvriers, de l’industrie et de l’artisanat, de l’agriculture, de la pêche et des transports, des professions libérales et d’employés de l’État. Elles ont pour rôles de régler les conditions de travail et de rémunération, d’organiser la formation initiale des apprentis et la formation continue des travailleurs, voire de présider au regroupement des petites entreprises pour en accroître la rentabilité, économiser des matières premières et standardiser la production (Dauphin-Meunier, 1941 ; Denis, 1941 ; Bouvier-Ajam, 1943). C’est un régime particulièrement adapté à la gestion des crises économiques et sociales.

Même en dehors d’une période de crise, le corporatisme a son utilité : les chambres économiques doivent superviser, coordonner, dynamiser ou moderniser les parties les moins performantes de l’économie nationale. Selon les cas, il peut s’agir d’extraction minière, de production agricole, d’actions sur les eaux et forêts ou l’urbanisme, mais aussi de regroupement d’entreprises industrielles trop peu rentables

L’organisation corporatiste a bien évidemment dans ses attributions le règlement à l’amiable et par négociations directes des conflits du travail, avec recours, en cas d’échec, à une Cour des corporations. Ce régime rend inutiles les grèves des salariés et le lock-out patronal, authentiques « crimes collectifs », privant des familles entières de leur gagne-pain. Benito Mussolini, homme de grand bon sens, les considérait de ce fait « plus graves, par leurs conséquences, que les crimes individuels » (Marlio, 1938).

Les organisations professionnelles règlementent les questions d’hygiène sur les lieux de travail et surveillent l’organisation du tourisme, des activités sportives et culturelles, notamment pour détecter et punir les escrocs, qui détournent à des fins personnelles des crédits aux affectations trop vagues.

Le Parlement ne doit plus être composé de rhéteurs n’ayant aucune expérience réelle du travail effectif, mais être une Chambre des Corporations, où les députés sont élus par les employeurs, les salariés et les retraités. Les chômeurs sont provisoirement exclus du corps électoral.

La chambre des Corporations et les organisations professionnelles désignent les administrateurs des régimes d’assurance-vieillesse, d’assurance-maternité, d’assurance-invalidité et la réparation des accidents du travail.

Le régime corporatiste élabore, tout naturellement, une Charte du Travail, qui fixe la journée de travail, identique pour les salariés du privé et pour les fonctionnaires, réduits en nombre au minimum incompressible, étant entendu que la durée légale du travail hebdomadaire peut varier selon les emplois. Le travail de nuit doit être interdit aux femmes (sauf dans les professions de santé) et aux moins de 18 ans.

Elle doit introduire les notions de juste rémunération du travail – en se référant au salaire réel et au pouvoir d’achat et non à une valeur absolue. Des primes de rendement, d’efficacité et de fidélité à l’entreprise doivent moduler le salaire en fonction de l’activité réelle des salariés : il n’existe pas plus d’égalité dans la quantité et la qualité de travail que d’égalité des capacités physiques, intellectuelles et morales entre travailleurs. Le principe de la participation de tous les travailleurs aux bénéfices de leur entreprise est une mesure de justice sociale tellement évidente qu’on est étonné de ne pas le voir appliqué en tout pays.

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Enfin, par cette Charte du travail, la politique et la lutte des classes sont interdites dans les entreprises. Le système corporatiste est financé par une cotisation sur les salaires : la Chambre des Corporations fixe les quotas demandés aux employeurs et aux salariés.

C’est à l’État et aux corporations qu’il revient de réduire le nombre des intermédiaires dans le circuit économique et de comprimer à un niveau raisonnable les marges bénéficiaires des producteurs, transporteurs et détaillants.

L’État joue son rôle en matière d’imposition et de taxations. Idéalement, l’on doit réduire les taxes à la consommation, qui touchent les familles les plus nombreuses (en Italie fasciste, elles furent ramenées entre 2 et 3% ad valorem selon les marchandises) ; l’impôt progressif sur tous les revenus est équitable, à condition que les tranches supérieures ne soient pas tellement élevées que les travailleurs les mieux payés en viennent à réduire leur activité.

Les droits de succession en ligne directe et entre époux devraient être réduits, pour améliorer la transmission des biens agricoles, des petits commerces et des petites entreprises. Enfin, la taxation des bénéfices industriels et commerciaux doit être telle qu’elle encourage les administrateurs à préférer l’autofinancement à la répartition des bénéfices entre gros actionnaires. L’impôt doit frapper durement l’agiotage boursier, la propriété des titres devant être nominative, tandis qu’une provision de 25% doit être exigée pour tout ordre d’achat à terme. La haine des spéculateurs pour un régime économique est un excellent reflet de son équité.

De même, l’État doit aider les exportations et interdire les ententes monopolistes visant à maintenir de hauts prix de vente pour les produits indispensables à la vie courante.

En cas de guerre ou de crise économique internationale, l’État se doit d’intervenir pour protéger la production nationale de façon à éviter un chômage de masse, pour contingenter les importations – surtout celles qui représentent une concurrence déloyale de la part de pays ne respectant pas la protection des brevets, tolérant l’emploi de quasi-esclaves ou mettant sur le marché des objets de pacotille… de nos jours, les archétypes de pays malhonnête sont la Chine et quelques pays d’Orient extrême ou moyen, généralement à majorité mahométane… c’est un fait reconnu que l’islam encourage l’esclavage des non-mahométans, même s’il est devenu politiquement incorrect d’affirmer cette évidence !

En cas de crise grave, l’État doit plus que jamais combattre les intermédiaires, en faisant disparaître ceux dont l’activité est de type parasitaire, et doit impérativement renvoyer dans leurs pays d’origine les immigrés inutiles. Il doit injecter une part du produit des impôts dans de grands travaux visant à créer des infrastructures d’utilité publique.

En résumé, le rôle de l’État est d’encadrer, de réguler l’activité économique, qui doit rester privée, car nul n’aime travailler efficacement et beaucoup, s’il n’a l’espoir d’en tirer un bénéfice, pour lui-même et pour sa famille. De ce fait, les dirigeants de l’État doivent refuser la solution de facilité à court terme, inefficace et stérilisante à moyen et long termes : celle des nationalisations qui feraient de chaque corporation la propriétaire des établissements industriels.

s-l300.jpgL’économie corporatiste fut la solution adoptée par les populistes du XXe siècle. Comme l’a très justement écrit Hilaire Belloc (in L’État servile, de 1912) : « Le contrôle de la production des richesses revient, en définitive, à contrôler la vie humaine ».

Bibliographie

H. Belloc : The servile state, Foulis, Londres, 1912 (disponible sur le Net)

M. Bouvier-Ajam : La doctrine corporative, SIREY, 1943

A. Dauphin-Meunier : Produire pour l’homme, Plon, 1941

H. Denis : La corporation, P.U.F., 1941

L. R. Franck (le R. désigne le vrai patronyme de l’auteur : Rosenstock) : L’économie corporative fasciste en doctrine et en fait. Ses origines historiques et son évolution, Librairie Universitaire Gamber, 1934 (digression métaphysique sur l’économie politique)

L. Marlio : Le sort du capitalisme, Flammarion, 1938

J. Meyer : Le poids de l’État, P.U.F., 1983

mercredi, 22 janvier 2020

La laïcité, un obscurantisme qui détruit les sociétés

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La laïcité, un obscurantisme qui détruit les sociétés

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme.com

 

Au commencement était l’idéal cosmopolite. La laïcité a été imaginée par des gens qui ont cru que des hommes de toutes les origines pourraient paisiblement cohabiter si l’on expulsait de la société civile le religieux, et par extension tout ce qui distingue les hommes entre eux. Cette croyance était absurde, les frères Kouachi en témoignent.

« Croyance » ? Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education ne le cache pas : « La  laïcité est une religion républicaine », dit-il. « Le Serpent », pour reprendre un surnom que lui donnait François Hollande, raconte (voyez cette courte vidéo) que la République avait besoin de « former sa propre religion » afin de saper l’Eglise catholique. Il s’est donc constitué une « alliance religieuse universelle » explique Peillon, alliance dans laquelle on trouvera des « catholiques libéraux, des protestants libéraux, des juifs libéraux, des athées et des matérialistes », qui portera, toujours selon Peillon, « un projet de religion universelle », une religion que les « croyants » ont appelé « la laïcité » (sic !). 

Pour résumer le propos de Peillon, on dira que la laïcité, comme religion universelle s’adressant à tous les hommes, a expulsé de la sphère publique la religion ancienne pour s’installer à sa place. Les normes et les principes de la religion ancienne, sur lesquels était en partie fondé l’ordre social traditionnel, ont ainsi été remplacés par les normes et les principes d’une nouvelle religion. L’objectif de cette nouvelle religion était d’installer un ordre social qui permette de faire vivre ensemble tous les hommes, quelle que soit leur origine : un ordre social aussi universel que l’était cette religion !  

On définit habituellement la laïcité comme le « principe de séparation dans l’Etat de la société civile et de la société religieuse » (CNTRL). Si l’on s’en tient à cette définition, il est impossible de définir l’Etat républicain comme un Etat « laïc ». La société civile est bien séparée de l’ancienne religion (le catholicisme) mais a été complètement investie par la nouvelle (la « religion laïque »). Cependant, si l’on veut absolument définir l’Etat républicain comme un Etat « laïc », alors la laïcité devra plutôt être définie de cette manière : « laïcité : principe de fusion dans l’Etat de la société civile et de la religion universelle ».

Mais en quoi la laïcité est-elle une « croyance », une « religion », bref, pour reprendre le vocabulaire républicain, un « obscurantisme » ?

Tout d’abord, il faut bien comprendre que la laïcité repose sur une vérité révélée. Cette vérité révélée a ses propres prophètes : les philosophes du XVIIIe siècle. Ceux-ci ont reçu la Lumière et cette Lumière leur a enseigné que la Nature accordait généreusement des « droits naturels » à l’Homme : la liberté, l’égalité, la sûreté, le droit à la propriété et même, parfois, le droit de résister à l’oppression. Ce droit naturel est un droit universel qui bénéficie à tous les hommes sans distinction. Un « contrat social », par lequel les hommes formeront une société parfaite (une « république » en langage philosophiste), peut donc s’établir sur la base de ce droit.

En d’autres termes, l’idée qu’un corps politique pourrait fonctionner harmonieusement sur la base de lois traduisant les droits naturels, ou au-moins ne les contredisant pas, germe dans l’esprit des philosophes et des républicains qui s’inspirent des écrits de ces derniers. Rien de plus logique en effet : une société qui s’organiserait et fonctionnerait selon des valeurs et des principes qui découleraient de la nature de l’Homme, de tous les hommes donc, ne pourrait heurter les sentiments d’aucun d’entre eux et pourrait alors s’épanouir pacifiquement (au contraire des sociétés fondées sur des traditions, des Eglises ou des cultures spécifiques, qui heurteront la sensibilité de ceux qui leur sont étrangers et empêcheront ainsi le vivre-tous-ensemble).

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A départ de la « religion universelle laïque », il y a donc une « révélation » : l’Homme a des « droits naturels ». De cette révélation émerge une croyance : une société humaine pourrait s’organiser sur la base de ces droits universels et s’ouvrir ainsi à tout le genre humain… à condition d’expulser de la société civile tout ce qui ne découle pas de ces droits et empêche le vivre-tous-ensemble, telles les religions par exemple (et pour commencer !). La laïcité exprime cette croyance et la met en œuvre. C’est une praxis, ou si l’on préfère une méthode pour transformer la société dans le sens voulu par la croyance (Manuel Valls, août 2014 : « La laïcité n’est pas un obstacle. Elle est une méthode »). Elle manifeste un Acte de foi totalement irrationnel en la Révélation et en la possibilité de bâtir un ordre social multiethnique sur la base du droit révélé. Prendre le risque de faire vivre ensemble ceux que l’Histoire a séparé demande en effet une foi totale et intransigeante. Car si par malheur la croyance ne tient pas ses promesses, alors les croyants en la laïcité seront accusés d’avoir transformé une société paisible en baril de poudre.  

Aujourd’hui, les illusions ne sont plus permises. Croire aux vertus de la laïcité est d’autant plus absurde et incompréhensible que les faits ont déjà, et depuis longtemps, ravalé cette croyance au rang d’un simple boniment de charlatan. Depuis au-moins les Minguettes (1983), l’échec de la « méthode » est indiscutable. La constitution de zones de non droit (ou de droit islamique), la formation de sociétés parallèles et la prolifération d’économies parallèles, les émeutes ethniques, le racisme anti-français (anijaphétisme), la délinquance immigrée, les multiples et récurrentes  « pannes de l’intégration », le communautarisme, les séparatismes ethniques, le terrorisme islamique… ont posé comme un fait que tous les hommes ne trouvent pas acceptables les valeurs et les principes découlant des droits naturels et de la religion laïque. En d’autres termes, la laïcité, en tant que méthode, a fait la preuve de sa faillite : elle n’est pas en capacité de faire vivre ensemble des hommes de toutes les origines ! La croyance en cette capacité s’est fracassée sur le mur des réalités, la foi en la laïcité est devenue totalement déplacée et irresponsable. Les républicains ne peuvent plus faire comme si rien ne s’était passé depuis 1983. Pour la plupart, d’ailleurs, croire en la laïcité relève maintenant du simulacre et d’une posture politique hypocrite. La vérité est que la République n’a aucun moyen de faire vivre ensemble des gens de diverses origines ! Vue ses conséquences passées et à venir, l’entreprise républicaine qui a consisté à ignorer les faits pour passer outre les nécessaires séparations entre les hommes doit être considérée comme un crime contre l’humanité.

 Nous disions en titre que la laïcité était un « obscurantisme ». Pour Wikipedia, « un obscurantiste prône et défend une attitude de négation du savoir. Il refuse de reconnaître pour vraies des choses démontrées ». La foi persistante en la laïcité, réelle ou simulée, relève donc de l’obscurantisme, puisque la faillite de la laïcité en tant que méthode est démontrée. Néanmoins, malgré les faits, l’obscurantisme républicain ne s’avoue pas vaincu. Déjà, nous pouvons observer une volonté de faire glisser le concept de laïcité du domaine religieux au domaine culturel. La laïcité culturelle consiste à rendre la sphère publique culturellement universelle. Concrètement, cela signifie que les principes culturels européens qui norment notre société doivent à leur tour et progressivement rejoindre la sphère privée pour ne pas heurter les immigrés. Ceux qui croient en la religion universelle dont parle Peillon, s’imaginent encore pouvoir gagner la bataille de l’intégration et du vivre-tous-ensemble en effaçant « laïquement » notre culture. L’objectif est de réduire l’Homme au Consommateur. Bien sûr, une nouvelle fois, les républicains se trompent (pour contrer ce processus, nous avons posé le droit autochtone à une « culture sociétale » - voyez ici ou ici).

De ce qui précède, il faut retenir, d’une part, que la référence à la laïcité comme moyen de construire, de faire tenir ou de restaurer l’Etat républicain exprime une croyance irraisonnée et en aucun cas une pensée rationnelle. Et, d’autre part, que la référence à la laïcité manifeste explicitement la fidélité à la République, c’est-à-dire le ralliement à une Eglise qui s’est servie de cette croyance pour justifier son projet de construction d’un ordre multiethnique viable.

On ne peut donc aujourd’hui invoquer la laïcité et récuser cet ordre multiethnique. C’est pourtant ce que font des personnalités comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour (au contraire d’un Peillon). Nous leur renvoyons à ce propos cette citation de Bossuet, qu’eux-mêmes évoquent souvent : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » !

Bien sûr, on nous opposera qu’on ne peut plus faire autrement, aujourd’hui, que de parier, en croisant les doigts, sur la réussite miraculeuse d’une laïcité que l’on sait pourtant irrémédiablement condamnée. Vue la situation, ce pari est absurde : plus rien n’empêchera l’effondrement de cette société. Il est déjà trop tard...

Et puis, modestement, ce blog ne propose-t-il pas une autre voie ?

Antonin Campana

vendredi, 17 janvier 2020

Psychologie et propagande : les origines - Conditionnement, inconscient et succès de la propagande

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Psychologie et propagande : les origines

Conditionnement, inconscient et succès de la propagande
 
par François-Bernard Huyghe
Ex: https://www.huyghe.fr


Il n'y a guère de stratégie d'influence qui ne se réclame d'une connaissance approfondie de l'inconscient humain ou ne prétendre à la maîtrise scientifique des mécanismes psychiques. On ne s'étonne plus de voir un pubeur citer Lacan pour présenter sa prochaine campagne, ni d'entendre parler de Programmation Neuro Linguistique dans un stage de vendeurs au porte à porte. L'idée qu'il existe des méthodes qui mettent le message, discours ou image, directement "en prise avec l'inconscient" nourrit la vieille crainte d'une manipulation absolue puisqu'agissant sur nos ressorts les plus secrets.

propaganda.jpgLa publicité est évidemment toujours sous le soupçon. Dans un livre qui avait fait du bruit à l'époque, "la persuasion cachée" de 1957, Vance Packard révélait les stratégies des compagnies publicitaires qui truffaient leurs annonces de textes et images supposés agir sur nos motivations cachées en échappant à la censure du Moi.
Et pour la propagande, on trouve dès 1918, dans le livre intitulé justement "Propaganda" d'Edward Bernays (accessoirement neveu de Freud et se vantant d'utiliser la psychanalyse) l'idée que les masses seraient dirigées par des élites capables d'utiliser toutes les techniques psychologiques.

Mais les grands théoriciens que disent ils de cette perspective effarante ?

Comme on peut s'y attendre, on trouve dès les premières décennies du XX° siècle outils théoriques chez les principaux courants, environnementaliste et psychanalytique.

Ainsi, s'il est un classique de la propagande, c'est bien "Le viol des foules par la propagande politique" de Serge Tchakhotine (1939), un gros pavé expliquant comment l'auteur, socialiste convaincu, avait combattu la propagande nazie par une méthode idéologiquement correcte puisqu'inspirée de Pavlov et surtout hyper efficace puisqu'elle reposait entièrement sur le conditionnement de la population à son insu et par l'exploitation de ses réflexes inconscients par des symboles efficaces. Donc Tchakhotine renvoie à Pavlov.

De Pavlov (1849-1936), tout le monde a retenu l’expérience du chien qui salive. Elle date de 1889 : l’animal est habitué à recevoir sa nourriture après avoir entendu un coup de cloche ; si, au bout d’un temps, la cloche retentit, sans que l’on nourrisse le chien, il continue à baver. Il est conditionné par répétition d’un stimulus (le bruit) associé à un excitant (la nourriture) en vue d’un certain comportement (saliver). Pavlov, réduit l’activité nerveuse supérieure à une suite d’excitation et d’inhibition de réflexes, compliquée par la possibilité d’associer des signaux (stimuli sonores, mais aussi visuels, olfactifs) à des réactions. Pour lui « La vie des êtres supérieurs est l'histoire de la production continuelle et de l'usage incessant de ces nouvelles combinaisons... ».

Pavlov qui reçoit le prix Nobel pour ses travaux en 1904 entend ainsi fonder une psychologie scientifique et certains de ses disciples en sautent facilement à l’idée que l’homme n’est que réflexes conditionnés, d'où le corollaire qu’il est possible de le conditionner scientifiquement.

Fils de pope, père d’un officier de l’armée blanche mort au combat, dénonciateur du régime soviétique dès les années 20, Ian Pétrovitch Pavlov n’avait pas vraiment un profil de parfait bolchevik. Pourtant, il a joui du statut de penseur officiel de la psychologie soviétique.

Il y avait à cela plusieurs raisons. Il était Russe et n’avait pas fui en 1917. Sa volonté de scientificité enracinée dans le physiologique permettait de l’opposer à la psychologie bourgeoise idéaliste. Enfin, en poussant un peu, l’argument du conditionnement pouvait jouer en faveur de l’acquis contre l’inné : les hommes sont foncièrement égaux dans la mesure où tout ce qu’ils deviennent est le résultat de l’influence monde extérieur. Donc, il sera demain possible de produire l’homme nouveau dans la patrie du socialisme. Donc le pavlovisme est conciliable avec le matérialisme historique dialectique et le camarade Staline a raison. C.q.f.d.

Pavlov a surtout, sinon un disciple, du moins un équivalent américain : John Broadus Watson (1878-1958), psychologue et neurologue, fondateur de l’école béhavioriste. Son manifeste « La psychologie telle qu’un behavioriste la voit » le dit sans ambages : la psychologie doit devenir la science qui étudie (certains ajouteront : produit) le comportement humain, hors de toute notion « mentaliste » et subjective telle que volonté, émotions, ego… Bref, foin de l’introspection : l’être humain est une boîte noire réagissant par des comportements à des stimuli. En utilisant et répétant les plus adaptés, on peut « contrôler et conditionner les émotions des sujets humains ». Watson s’efforça de le démontrer par une expérience sur « le petit Albert » : partant du principe que l’enfant n’était mu que par trois émotions basiques peur, rage et amour, il se faisait fort de les provoquer à volonté. Plus tard, il voulut mettre en œuvre sur les consommateurs au sein d’une agence de publicité J Walter Thompson Agency. En dépit de publications importantes (comme Behaviorism en 1924), la seconde partie de sa vie fut surtout consacrée au business.

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Le succès de ses idées est considérable : dès 1913, le béhaviourisme devient un des courants majeurs des sciences sociales américaines (en tout cas, le plus typiquement américain). Le couple stimulus-réponse devient un système explicatif applicable aussi bien à l’éducation des enfants qu’aux événements internationaux : il naît ainsi une théorie behaviouriste des guerres et des violences (elle se propose, bien entendu, d’y porter remède par le conditionnement adéquat dans un bon environnement « non-frustrant »).

Le béhaviourisme nourrit aussi les fantasmes d’une science appliquée à la toute jeune publicité ou dans le domaine de la communication de masse. Les premières études des médias sont imprégnées d’un schéma maintenant très critiqué « de la seringue hypodermique » : le message insufflé par les médias « passe » chez les récepteurs comme le liquide dans les veines du sujet et y produit automatiquement son effet. C’est un schéma « causaliste » : le contenu de la communication A produit un effet B, qui se traduit par un comportement : achat, vote…

Le béhaviorisme rencontre et parfois affronte un autre grand courant intellectuel : la psychanalyse. Avant la guerre, Freud (1856-1939) a déjà posé les fondements de la discipline, largement publié et constitué une première école avec de premières dissensions. Ce qu’il est convenu de nommer « la seconde topique » de la psychanalyse (la représentation des mécanismes psychiques comme interaction entre le ça, le Moi et le Surmoi remplaçant la hiérarchie inconscience, pré conscience, conscience) est en voie d’élaboration. Bref, le freudisme existe même s’il n’a pas l’influence qu’il acquerra quelques décennies plus tard et même si sa thématique n’est pas entrée dans la culture populaire. Pourtant, la terminologie freudienne se prête vite aux détournements et à un usage quasi publicitaire: en se vantant « d’agir directement sur l’inconscient » ou en parlant « d’images qui s’adressent aux couches profondes du psychisme », des professionnels de la « com » donnent vite des bases « scientifiques » de leur action. Tout cela va dans le même sens : l’idée que les masses sont par essence irrationnelles, suggestibles, prêtes à se soumettre à un chef ou à un démagogue.

41JZ1VACJ0L._SX314_BO1,204,203,200_.jpgMais que pensait vraiment Freud ?
Dans un texte de 1921, « Psychologie collective et analyse du moi », le père de la psychanalyse sans traiter à proprement parler de la propagande présente sa position par rapport aux penseurs de l’ère des foules. Il consacre un chapitre élogieux à Le Bon. Il veut fonder ses thèses foncièrement justes sur les bases plus scientifiques de la psychanalyse. Il indique quelques pistes : les foules, ou plutôt les communautés organisées comme dans l’armée ou l’Église ont tendance à s’identifier collectivement à un « idéal du Moi », qui facilite leur obéissance. Dans la foule, non seulement les participants sont dans un état proche de l’hypnose, mais chacun s’identifie à tous les autres et communie dans une même fascination de l’objet d’enthousiasme. Ce mécanisme constitue une régression par rapport au développement psychique de l’humanité, mais reste une possibilité toujours présente… Freud plutôt que de décrire des techniques de conditionnement, même pour les dénoncer, théorisé la disparition de l'individualité et la soumission au groupe comme menace.

De son œuvre, il serait difficile de retirer des recettes pour former une horde de fanatiques. Freud est un individualiste pessimiste, plein du mépris envers le grégaire et rempli de crainte devant les emportements de la masse. Nombre de suiveurs en déduiront qu’une manipulation par les symboles collectifs est scientifiquement programmable et la caution freudienne viendra longtemps renforcer cette vision des cerveaux absorbant la propagande comme l’éponge le liquide.

jeudi, 16 janvier 2020

La République, Temple de la Matière

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La République, Temple de la Matière

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme. com

 

Dans l’imaginaire républicain, un « Etat de droit » est un Etat soumis à un droit supérieur à lui-même, qu’il ne peut violer (naturellement, la République prétend être un « Etat de droit »).

Le droit dont il est question ici est le « droit naturel », tel qu’exposé par exemple dans la déclaration des droits de l’homme, déclaration placée au sommet de la hiérarchie des normes par le régime. Le concept de droit naturel s’appuie sur la conviction que les hommes ont par nature des droits et que ces droits accordés aux hommes par la Nature sont inviolables.

Dans un autre article, nous avions fait remarquer que la nature ne donnait pas plus de droits aux  hommes qu’aux blattes ou aux vers de terre. Penser le contraire relève sans doute d’une superstition animiste quand ce n’est pas de l’outrecuidance et d’un anthropocentrisme méprisant. Nous observions d’autre part que les hommes n’ont jamais connu cet « état de nature » propice à l’exercice de leurs hypothétiques droits naturels, puisqu’ils ont toujours vécu en société. De fait, c’est la société, et non la nature, qui de tous temps concède des droits aux individus, en fonction notamment de ses rapports de forces internes. C’est pourquoi le droit varie avec le temps et d’une société à l’autre. C’est également pourquoi il n’existe pas de droit universel (bien que l’objectif du mondialisme soit d’en imposer un).

Le « droit naturel » relève donc d’une croyance. Ce qui caractérise cette croyance est son absurdité délirante. On peut croire en l’existence de Dieu car personne n’a jamais prouvé qu’il n’existe pas. Soit. Mais croire que la Matière a engendré une nature humaine et que dans sa bonté cette Matière a doté cette nature en particulier de droits spécifiques relève de la confusion mentale !

La doctrine du droit naturel pourrait prêter à sourire si, en 1789, de fervents croyants ne s’étaient imaginés pouvoir construire un système politique sur la base de ce droit imaginaire. Si les droits naturels sont possédés en commun par tous les hommes, se sont-ils dits, alors un système politique traduisant ces droits (les « droits de l’Homme ») et ne les contredisant jamais, pourrait être acceptable par tous les hommes. Ce système politique, la République, serait d’application universelle, c’est-à-dire planétaire, et permettrait alors le « vivre tous ensemble ». C’est ainsi que la foi en la Matière a transformé l’abstraction philosophique sur les droits naturels en une réalité aussi concrète que dramatique : le Grand Remplacement !  

En fait, toute l’idéologie républicaine ainsi que tout l’agrégat humain faisant république, reposent sur une croyance qui sublime la Matière jusqu’à en faire l’avatar du Dieu de l’Ancien Testament ou du Coran. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière dicte ses commandements, impose sa Loi et détermine un Droit qui doit s’appliquer à tous les hommes, sans exceptions. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière décrit la juste organisation et le juste fonctionnement de la société. Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière promet le châtiment aux sociétés qui bafoueraient son droit (celles qui ne seraient pas « ouvertes », « démocratiques », métissées, LGBTQ compatibles…). Comme le Dieu terrible de l’Ancien Testament ou du Coran, le Dieu-matière est un Dieu unique et jaloux : il n’existe rien en dehors de la Matière.  

Tout cela fait que la République est à la fois une Eglise et un système politique théocratique. Les droits de l’homme sont moins une religion qu’un credo. La vraie religion, le culte qui est vraiment célébré ici, est celui de la Matière : c’est Elle, la Nature, qui dispense le Droit. Mais la Matière dont il est question, jusqu’à l’Homme lui-même, est vide de toute âme. Elle ne contient aucun principe spirituel. Et c’est justement en raison du divin qui ne s’y trouve pas que la Matière est divinisée en même temps que désacralisée. Pour les croyants, même un homme n’est qu’un agencement de cellule, ou un poids d’os et de chairs. C’est pourquoi on peut le façonner, le modifier, l’augmenter ou le diminuer, l’aspirer quand il est dans le ventre de sa mère, l’effacer quand il est trop vieux. Paradoxalement, et comme le Dieu du Nouveau Testament, les tenants du nouveau culte croient que la Matière se donne en sacrifice pour nous sauver. Par le « Progrès », sorte de théologie qui permet de comprendre les propriétés de la Matière, les hommes accèdent aux lois qui régissent le cœur de celle-ci. Et ils se servent de cette compréhension pour détruire le Monde ! Le culte de la Matière est un culte de la destruction du monde. C’est un culte qui immole ce qui est objet d’adoration. Le culte de la Matière est un culte sacrificiel dont la victime est la Matière elle-même. C’est-à-dire nous.

La République est l’Eglise d’une religion sans spiritualité. Une nouveauté historique ! Cette religion froide a envahi l’ensemble du monde occidental. Celui-ci semble ne plus pouvoir se justifier autrement que par la Matière. Le Dieu d’autrefois a déserté jusqu’à l’Eglise de Rome et se cache désormais dans les derniers bastions de la Tradition ancestrale. L’athéisme, mot frauduleux qui cache souvent le ralliement au Dieu-matière, est aujourd’hui prépondérant. Bref, la Matière semble l’avoir emporté sur le spirituel. Mais que de crimes pour y parvenir ! Les martyrs se comptent par centaines de milliers, notamment aux temps révolutionnaires. Et que dire de la violence intellectuelle, légale, répressive, discriminatoire qui s’est s’exercée durant de longues décennies, et jusqu’à aujourd’hui ?

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Par la violence, cette nouvelle religion a imposé un type de société qui contient en elle-même le principe de sa propre destruction comme le culte de la Matière suppose à terme la destruction de la Matière. Si le Droit de la Matière implique en effet la société ouverte, alors la société ouverte implique la cohabitation avec l’islam, c’est-à-dire la confrontation ! 

La confrontation sera d’autant plus radicale que par certains aspects ces deux religions se ressemblent plus qu’elles ne diffèrent. Les deux religions se réfèrent à un droit fondamental qui demande une soumission totale sous peine de sanctions : la charia ou les droits de l’homme. Les deux religions affirment que ce droit n’a pas été posé par des hommes mais révélé par une transcendance : Dieu ou la Nature/Matière. Les deux religions affirment une forte dimension politique : elles organisent et règlent le fonctionnement de la société selon les lois qui leur ont été révélées. Les deux religions relèvent de l’universalité : elles doivent s’imposer bientôt à la terre entière. Les deux religions règlent les rapports des hommes entre eux : par la praxis chariatique ou par le progressisme sociétal. Les deux religions utilisent la violence et théorisent la « guerre juste » : au Bataclan ou en Syrie. Etc.

 Qui des deux l’emportera ? Pour l’emporter, les fidèles de la Matière devront  employer face à l’islam un niveau de violence terrible, qui suppose l’extermination de plusieurs centaines de milliers d’individus. La Matière, les Autochtones européens de France en savent quelque chose, ne l’emporte sur le spirituel qu’au prix de massacres sans nom. Mais aujourd’hui, la République, ce Temple de la Matière, est-elle en capacité d’exercer sur les musulmans la violence qu’elle exerçât autrefois sur les chrétiens ? Face aux Mohammed Merah qui foisonnent dans les Cités, où sont désormais les Robespierre, les Saint Just ou les Marat ? Je n’en vois plus beaucoup : le culte de la Matière aurait-il détruit les hommes de matière en même temps que la Révolution dévorait ses enfants ?

Antonin Campana 

 

jeudi, 21 novembre 2019

La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

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La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

Ex: http://www.zejournal.mobi

Hier, dans une présentation du texte sur la situation bolivienne, nous avions noté combien l’emploi de certains termes politiques courants au XXème siècle donnait une perception faussaire de la situation :
« Si l’auteur l’ignore, nous ne voulons pas pour notre part ignorer une seule seconde que “les progressistes”, incluant les forces sociétales et une part très importantes des gauchismes, ou “marxistes culturels” aux USA, sont de loin, de très loin au sein du bloc-BAO les meilleurs alliés, complices et frères de sang du Corporate Power, dit également woke capitalism...» (Woke capitalism ? “Capitalisme éveillé”, ou “capitalisme avancé” [politiquement, c’est-à-dire et communicationnellement “avancé” ; c’est-à-dire capitalisme doté d’un masque progressiste qui est quasiment l’équivalent d’une “conscience progressiste”, qui lui est gracieusement fourni par tant de fractions progressistes et gauchistes partageant les objectifs déstructurants et dissolvant du Système, – et le passage in extremis à l’emploi de cette dialectique Système-antiSystème étant dans notre chef extrêmement appuyée et intentionnelle.) »

... Notre exemple-type et institutionnalisé serait bien entendu Daniel Cohn-Bendit, autrefois plaisamment connu dans les salons et les antichambres des barricades sous le surnom de “Dany le Rouge”. Il fut si populaire qu’ils voulurent tous êtres des “juifs allemands” tandis que “Dany le Rouge” se tirait avec adresse et clandestinement de France au Luxembourg (le 28 mai 1968), couvert par l’actrice motorisée pour l’occasion (MG-B décapotable),  Marie-France Pisier qui croyait tourner un film de Godard.

(En fait, ce n’était pas du Godard : tous deux étant un peu lassés de la révolution, ils firent après leur escapade politique, « une escapade amoureuse » selon la délicieuse expression de la Bibliothèque Rose, de quelques semaines en Sardaigne.)

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Aujourd’hui, Cohn-Bendit s’affiche comme un soutien affirmé du néo-libéralisme et de tout ce qui l’accompagne, un parfait exemple d’intellectuel-activiste partisan du capitalisme. A-t-il trahi la “révolution” ? Il affiche également, par son comportement, son aplomb, ses poses, ses convictions sociétales évidemment radicales et son caractère joyeusement supranational, le même entrain libertaire qu’on voyait chez “Dany le Rouge”. Aucune contradiction entre ceci et cela, aucune dissimulation, aucun jeu de rôle. Il est le parfait représentant d’une “passion fusionnelle” entre capitalisme et gauchisme ; on parle du capitalisme postmoderne qui se pare volontiers de vertus progressistes qui sont devenues sa marque de fabrique, c’est-à-dire du gauchisme postmoderne dont le courant libertaire s’exprimant essentiellement du point de vue culturel et sociétal est la plus juste référence postmoderne. 

Le professeur de Liberal Arts à l’université de New York de 2008 à 2019  Michael Rectenwald, auteur de neuf livres dont le plus récent, Google Archipelago, montre sa connaissance des mécanismes de communication postmodernes, a entrepris d’expliquer dans un article pour RT.com pourquoi le Corporate Power est devenu, notamment aux États-Unis et particulièrement dans sa politique générale de communication qui fait aujourd’hui l’essentiel de la posture politique et des engagements qui vont avec, sociétal-progressiste, – ou dit plus justement “est devenu ‘woke’”, selon le mot qui désigne dans le langage sociétal-progressiste cette posture fondamentale. (Le titre de l’article de Rectenwald : « This is the BIG reason why corporate America has gone woke (plus 4 more) ».)

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En termes US, particulièrement à la mode, il s’agit de l’attitude “wokeness” qui, dans cette science dialectique de la postmodernité, a remplacé le terme “cool” et son dérivé “coolness”. D’une certaine façon et si l’on mesure son emprise qui inclut désormais la toute-puissance capitaliste (le Corporate Power), il s’agit de la référence absolue de la structuration de surpuissance du Système. Le Monde , qui n’en manque pas une à ce propos de la fascination qu’il éprouve pour le Système et sa représentation opérationnelle terrestre que sont la dialectique sociétale et le progressisme du système de l’américanisme, nous en a donné il y a un an une appréciation  qui fait frissonner de plaisir les conversations des salons, lors des dîners du “parti des salonards” :

« Woke est dérivé du verbe to woke, « se réveiller ». Être woke, c’est être conscient des injustices et du système d’oppression qui pèsent sur les minorités. Ce terme s’est d’abord répandu à la faveur du mouvement Black Lives Matter (apparu en 2013) contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis, pour ensuite se populariser sur le Net. »

Notre auteur Michael Rectenwald expose (en sens inverse dans son article, du n°5 au n°1) les cinq arguments qui expliquent la raison de cette fusion du capitalisme et du gauchisme-sociétal. Les quatre premiers exposés (du n°5 au n°2) sont des arguments de circonstances, qui relèvent d’une politique délibérée :
• les dirigeants postmodernes du Corporate Power sont eux-mêmes “woke”, comme l’on dirait des “enfants de mai 68” ;
• la clientèle la plus intéressante, la plus riche, la plus branchée-consommatrice, est elle-même “woke” (les pseudo-élites des côtes Est et Ouest aux USA, qui composent par ailleurs la clientèle principale du parti démocrate) ; le reste, ce sont les “deplorables” comme les identifia Hillary Clinton, et « les déplorables ont moins d’argent de toutes les façons et ils peuvent aller se faire voir s’ils n’apprécient pas le wokeness du Corporate Power » ;
• « Être woke coûte moins cher que d’augmenter les salaires des employés» : on s’affirme woke, on agit woke, on s’applaudit woke, on fait de la pub woke et tout le système de la communication, la presseSystème, Hollywood applaudissent et travaillent à la promotion des produits ainsi vertueusement fabriqués ;
• l’attitude “wokeness” agit comme un formidable argument face aux élites politiques, aux pressions des gouvernements et à tous leurs relais, terrorisés par tout acte qui paraîtrait mettre en cause un producteur de cette attitude-PC (Politiquement Correcte). 

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Puis l’auteur arrive au cinquième argument, qui est en fait le premier dans l’ordre de l’importance, qui englobe tous les autres et tranche décisivement la question de cette apparemment étrange fusion entre capitalisme et gauchisme.  (« Ci-dessous, je passe en revue certaines des explications possibles du capitalisme modernisé avec la tendance gauchiste du ‘Corporate Power’, – les cinq dans l’ordre inversé, de 5 à 1, –  quatre étant diversement convaincantes, et une [la n°1] étant la plus décisivement convaincante. »)

Michael Rectenwald nous explique alors pourquoi et comment le “wokeness” est si parfaitement constitutif de cette alliance entre la très-grand capitalisme globalisé et le gauchisme postmodernisé. Cette attitude postmoderne et sans précédent pour qui a l’habitude des classifications politiques classiques, représente en fait une synthèse (postmoderne, cela va de soi) de courants bien connus de cette attitude politique classique tout au long du XXème siècle. Il s’agit d’un recyclage massif de tout ce qui a échoué au XXème siècle, pris sous une autre forme, et donnant au capitalisme globalisé la clef d’accès à son rêve globaliste : c’est la victoire du marxisme (ou “marxisme culturel”) sur le capitalisme et la victoire du capitalisme sur le marxisme (ou “marxisme culturel”), – parce que, finalement, l’un est dans l’autre et inversement, puisqu’il s’agit finalement de la même chose, de la même nature, de la même ontologie-Système, puisqu’il s’agit enfin du Système lui-même...

« L’attitude dite-“wokeness” fait elle-même partie du capitalisme globaliste. La politique de gauche est parfaitement compatible avec les agendas des géants mondiaux de l'entreprise et les soutient. Les multinationales et les militants de gauche veulent les mêmes choses :
» • Le globalisme, – ou, en termes marxistes, l’“internationalisme”, – a toujours été un but de la gauche et il est devenu un but des entreprises multinationales. Les seconds élargissent leurs marchés et les premiers pensent qu'ils font avancer l'objectif marxiste du “Travailleurs du monde entier, unissez-vous !”.
» • Immigration sans restriction : Fournit une main-d'œuvre bon marché aux entreprises et donne aux gauchistes le sentiment d'être politiquement branchés et moralement supérieurs pour être des antiracistes qui accueillent tout le monde, –- quelle que soit leur race, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle, – y compris les membres de gangs mexicains qui vendent de la drogue et des enfants , – tout cela à la campagne, mais pas vraiment pour camper dans leur salon.
» • Le transgendrisme ou le polygendrisme, la pointe de la politique identitaire de gauche, est également bonne pour les affaires. Elle crée de nouveaux créneaux pour les produits d'entreprise, divise la main-d'œuvre et distrait les gauchistes par des arcanes et des absurdités quotidiennes.
» • Se débarrasser des nations, du genre stable, de la famille, de la culture occidentale et (pourquoi pas ?) du christianisme, –  la marque du “progrès” gauchiste et de la politique d'avant-garde, – favorise également les objectifs corporatistes mondiaux, éliminant tout obstacle à la domination mondiale des entreprises. »

Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”. Petite revue non limitative...

• La plus “pure et dure” de ces forces, parmi nos connaissances et nos fréquentations, est le siteWSWS.org de la IVème Internationale trotskiste, extrêmement bien documenté et très largement suivi et influent. Les trotskistes de WSWS.orgn’aiment pas qu’on leur rappelle que les neocons viennent du trotskisme, et de toutes les façons ils les considèrent comme des déviants pathologiques, des traîtres absolus servant d’avant-garde de l’impérialiste capitaliste et américaniste ; ils considèrent de toutes les façons qu’ils ont trahi le trotskisme. La fureur sinon la haine qu’ils entretiennent à l’encontre du gauchisme-sociétal, palpable dans la façon qu’ils dénoncent le mccarthysme des divers mouvements sociétaux type #MeToo et autres sphères de dénonciation du même type, est incommensurable. La défense furieuse qu’ils assurent du cas Julian Assange, victime expiatoire du Système et du gauchisme-sociétal et artisan d’un antiSystème héroïque, est caractéristique de cette position opposée complètement au néo-“marxisme culturel” complice de l’impérialisme.

 • Il y a l’exemple du communisme chinois, qui reste politiquement intraitable à la tête polkitique de cette puissance. Même si la référence marxiste est chez lui purement ornementale, son développement effréné du capitalisme ne nous paraît nullement aller dans le sens du Système, et même au contraire, jusqu’à laisser se développer une finalité qui fait de cette puissance un adversaire potentiel à mort du capitalisme dans sa composante gauchiste-libérale. En Chine, la dimension sociétale caractérisant le gauchisme du Bloc-BAO est traitée par le mépris le plus complet. Nous laissons de côté toutes les tares de l’hypercapitalisme qu’on retrouve chez les Chinois (corruption, immenses fortunes des oligarques) parce que c’est l’inévitable conséquence du Système imposant à tous ses tares, parce qu’enfin il nous paraît probable que cette dimension ne parviendra pas à subvertir la direction communiste, à moins d’un effondrement qui se placerait nécessairement dans le cadre d’un phénomène global et catastrophique d’effondrement emportant tous les rangements actuels pour nous amener devant des perspectives inconnues balayant toutes les analyses et tous les constats présents. 

• Le PC russe est un autre exemple de l’évolution d’un mouvement hérité du marxisme soviétique et qui s’est transformé en une force farouchement nationaliste et souverainiste.

dcb5liGV.jpg... Cette revue de détail nécessairement partielle et non limitative ne signifie en aucune façon qu’il existe, ou que va se créer un front vraiment “marxiste” contre le gauchisme-sociétal qu’on a tendance à assimiler au “marxisme culturel” pour le marier encore plus aisément à l’hypercapitalisme. (Leur “marxisme culturel” est un “marxisme de spectacle”, comme il y a la “société de spectacle” de Debord.) Seule importe cette position d'opposition très diverse à la passion fusionnelle capitalisme-gauchisme-sociétal, comme un socle continuel de critique, de mise en évidence et de dénonciation du simulacre capitalisme-gauchisme-sociétal.

Cela veut dire que l’alliance fusionnelle entre les gauchistes-sociétaux, ou “progressistes-sociétaux”, et l’hypercapitalisme/néolibéralisme est totalement, absolument faussaire par rapport à ses prétentions in fine doctrinales, et qu’elle draine tout ce qu’il y a de pire dans la production du XXème siècle parmi les forces qui ont survécu aux terribles soubresauts de ce siècle. Elle est totalement dépendante du Système, à la fois, enfant et idiote utile du Système, et elle connaîtra nécessairement son sort.  Elle est totalement de son temps catastrophique, et comme lui rangement pseudo-politique, faussaire et catastrophique, qui passera à la guillotine de la métahistoire.


- Source : dedefensa

mardi, 19 novembre 2019

Propagande, le mot et la chose

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Propagande, le mot et la chose

par François-Bernard Hiuyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

La propagande est une forme d'action sur le cerveau d'autrui définie et décryptée depuis longtemps, mais l'emploi du mot même se fait de plus en plus rare. Serait-elle remplacée par des méthodes plus subtiles ?

Originellement, le latin, propaganda signifie «devant être propagées» et se réfère à des vérités de la foi. Le mot se retrouve dans la langue médiévale. Au XII° siècle, le dominicain Humbert de Romans écrit un Manuel de propagande des croisades, méthode censée inciter le lecteur à aller guerroyer en Terre Sainte. La notion prend tout son poids lorsque le pape Grégoire XV institue une la Congregatio de Propaganda Fide le 22 Juin 1622. Elle répandra la religion dans les contrées mal évangélisées en usant des moyens rhétoriques ou psychologiques les plus propres à impressionner ceux qui n’ont pas encore reçu la bonne nouvelle évangélique.

PREMIERS DISPOSITIFS

Le premier appareil de propagande est donc une congrégation de cardinaux commandant des armées de missionnaires au service d’un message doctrinal, le tout formant un véritable dispositif : organisation, relais et arguments.

Dans les dictionnaires français, « propagande » apparaît vers 1790 avec des associations laïques cette fois, voire révolutionnaires qui se consacrent à la diffusion de certaines opinions. Puis le sens du mot glisse de l’acteur à l’action : la propagande, ce sera désormais l’ensemble des méthodes visant à répandre certaines idées auprès du peuple. Des bureaux de propagande se proposent de diffuser la Raison et la Liberté en lieu et place de la Foi et du Dogme.

Encore une étape et nous retrouvons le mot propagande dans le vocabulaire des partis ouvriers, : faire de la propagande, c’est faire partager l’idée socialiste aux masses, les éduquer à la lutte des classes. Par la parole, par l’écrit, par l’organisation, mais aussi ajoutent certains anarchistes, par l’action. « Propagande par l’action », ou encore « action directe » vont vite devenir synonymes de terrorisme, ou du moins d’une stratégie de rupture visant à exacerber les conflits sociaux

S’il fallait assigner une date de naissance à la propagande dans son sens moderne, - celui d’une forme de communication politique destinée à agir sur les masses- nous dirions qu’il est popularisé au début du XX° siècle dans un double contexte : partis de masse et massacres de masses (avec en arrière-plan des mass media pour faciliter les deux).

Pendant la première guerre mondiale, les belligérants pratiquent tous la propagande : ils créent même des bureaux pour cela. Ils sont chargés de censurer les mauvaises nouvelles et de présenter les bonnes, de convaincre le front, l’arrière, voire d’inciter l’opinion internationale à soutenir la juste guerre de la patrie.

L'entre-deux guerres voit éclore des ministères de la Propagande En URSS, l'existence d'un Département pour l'agitation et la propagande, organe des Comités centraux et régionaux du parti communiste soviétique (Dotdel agitatsii i propagandy) ne choque personne ; il est vrai qu’en russe, propagande signifierait simplement diffusion d’idées.

Mais propagande se veut aussi un concept scientifique : les laboratoires, surtout outre-Atlantique, étudient les méthodes de persuasion directe ou via les médias. Les uns pour en préserver les citoyens, les autres pour exploiter cette nouvelle rhétorique qui passe aussi par l’image, dans le cadre de la publicité ou pour améliorer les grandes campagnes d'opinion. Si les partis communistes, fascistes et nationaux-socialistes pratiquent ouvertement la propagande, le mot répugne aux libéraux.

ÉVITER LE MOT QUI CHAGRINE

Depuis au moins la chute du Mur, le mot est devenu quasiment tabou : il évoque une vision à la fois idéologisée et conflictuelle de la politique. Les politiciens modernes, surtout libéraux, se réfèrent plutôt à la communication, à la proximité, à la participation, à la transparence… La plupart du temps, le « communicant » se contente de dire qu’il informe ou qu’il pratique les relations publiques, simple mise en valeur d’un homme ou d’une cause.
 

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Le double impératif de la force des choses (les lois du marché, les contraintes de la modernisation, les impératifs d’une politique moderne, la fin des dogmes…) et de la « proximité » (être réactifs, proches des gens, à l’écoute…) incite à abandonner cette vieillerie que serait la propagande. En paroles au moins…

Car le terme est concurrencé à la fois par des concepts proches et par quelques périphrases un peu compliquées.

L’administration U.S. se montre particulièrement inventive pour désigner par euphémisme ce que les «good guys» devaient faire pour contrer la propagande des « bad guys ». Elle a baptisé les agences ou institutions vouées à la diffusion de la bonne parole de noms étranges, et les spécialistes du Pentagone remplissent des dictionnaires entiers d’acronymes.

Dans la pratique, on s’aperçoit vite que cette logomachie (Office of Strategic Influence, Psyop, Office of Global Communication, Under Secretary of State for Public Affairs and Public Diplomacy, Strategic Communications. Information Operation Task Force.) renvoie à des activités qui répondent bien à la définition officielle de la propagande par l’Otan : « Toutes les informations, idées, doctrines, appels, communiqués pour influencer l’opinion, les émotions, les attitudes ou le comportement de tout groupe particulier dans le but d’obtenir un bénéfice direct ou indirect. »
On retrouve notamment diverses combinaisons de termes suivants :

o psychologique (guerre psychologique ou opérations ou actions psychologiques, psychological warfare…) incluant des offensives destinées à affaiblir des groupes ennemis.
o déception : toutes les formes de tromperies réservées à l’adversaire
o influence (p.e . influence stratégique comme dans Office of Strategic Influence )
o perception (management de…, guerre de la…)
o diplomatie publique (qui contrairement à la diplomatie « classique » s’adresserait directement aux peuples)
o soft power (pouvoir « doux » d’attraction ou de séduction des valeurs américaines)

Cette phraséologie repose pourtant sur des notions simples :

o Il s’agit dans tous les cas de fournir, de diffuser, de sélectionner, des «informations» pour des publics (en anglais « audiences »)

o Ces informations, données ou indicateurs suscitent, ou renforcent des raisonnements, sentiments ou attitudes chez leurs destinataires

o Le but recherché est soit que ces publics soutiennent la réalisation de certains objectifs des USA, soit deviennent «favorables» aux intérêts américains (directement s’ils sympathisent, indirectement et a contrario s’il s’agit d’adversaires paralysés, démoralisés ou poussés à la faute). On notera que la jurisprudence US distingue bien le mensonge d’État condamnable s’il s’adresse à des citoyens américains des actions d’intoxication, leurre, déception, désinformation et autres, acceptables si elles s’adressent à des publics étrangers et même si elles supposent le recours au mensonge.
 

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Pour le dire autrement, cet ensemble englobe deux types d'action ; les premières ressortent à la bonne vieille guerre psychologique, telle que la pratiquait l'armée française dans les années 60, ordinateurs en moins : se concilier les populations, affaiblir ou diviser l'adversaire. Quant aux secondes, il s'agit de glorifier l'Amérique, ou du moins de «faire entendre sa voix» pour en exalter le modèle.

Tout cela fonctionne suivant un schéma simpliste stimulus réponse : de « bonnes » informations engendrent des bonnes pensées ou sentiments d’où de bons résultats. Surtout, elles peuvent couvrir à peu près n’importe quelle sorte de communication.

AUTOUR DE LA PROPAGANDE

Mais la question des mots laisse intacte celle de la chose.

Or le mot de propagande en évoque plusieurs autres, qui forment autant de domaines adjacents souvent évoqués sur ce site :

O La désinformation. Celle-ci porte par définition sur un fait faux, fabriqué, mis en scène ou du moins très déformé et se présente toujours comme neutre (passant souvent par l’intermédiaire d’un tiers, par exemple un média réputé objectif, pour que les destinataires ne puissent pas comprendre la finalité de la manœuvre). Autre caractère qui différence la désinformation : elle est presque toujours négative et vise à diaboliser ou décrédibiliser un adversaire. Faire une belle affiche, disant « votez pour moi », c’est de la propagande. Répandre dans les rédactions des rumeurs et calomnies sur l’intégrité ou le passé politique de son adversaire, c’est de la désinformation. Le Cuirassé Potemkine est un film de propagande soviétique, les mises en scène par lesquelles Staline a tenté d’accréditer l’idée que le massacre de Katyn en Pologne avait été perpétré par la Wehrmacht, non par l’Armée Rouge, offrent un parfait exemple de désinformation. Comme on s’en doute, cette distinction, claire sur le papier, l’est beaucoup moins dans la pratique. Car dans la vie quotidienne, nous sommes surtout confrontés à la mésinformation.

O La mésinformation. La mésinformation est en principe non délibérée. Vérités partielles, événements ou images présentés hors de leur contexte, faux effets de symétrie entre deux opinions, balance inégale entre deux courants ou deux types de faits comparables… Les procédés sont multiples qui s’interposent entre la réalité et son reflet médiatique. S’ils résultent d’une simple déformation, idéologique ou autre, mais involontaire par les médias, il faudrait en principe parler de mésinformation, pas de désinformation ou de propagande, qui sont de vraies stratégies. Reste à savoir ce qui est volontaire…


o L’influence. Si la propagande fait partie des procédés d’influence, elle n’en couvre pas tout le champ. La seconde comporte aussi une action par l’image que l’on émet, par l'intermédiaire de réseaux que l’on mobilise et par toutes sortes de stratégies indirectes… La propagande peut être considérée comme l’équivalent politique ou idéologique de la publicité : votez pour moi, soutenez mon pays, je suis le meilleur... C’est un message qui ne cache pas sa source ni ses objectifs et qui est censé persuader directement et positivement. Le domaine de l’influence, en tant que stratégie indirecte, est forcément plus vaste : le lobbying, la désinformation, le formatage des esprits, l’action sur l’opinion à travers des ONG ou des personnalités prestigieuses, l’art de trouver des alliés pour soutenir votre point de vue... Cela dit, il y a des moments où les deux méthodes se recoupent. Par exemple, si vous créez une radio arabophone comme al Sawa, destinée d’abord à la population de l’Irak et qui se présente comme un média de distraction et d’information, donnant une image favorable des USA, c’est censé être une action d’influence. Néanmoins, pour les auditeurs hostiles qui savent qui finance ce média, cela apparaît comme de la propagande grossière qui déforme la réalité. La propagande apparaît comme la forme la plus visible, la plus naïve et la moins sophistiquée de l’influence.


o La publicité. A priori la distinction semble évidente. La publicité vend des choses, pas des idées. Elle promet d’avoir et ne commande pas de devenir. Elle incite à consommer, pas à faire des choix politiques, encore moins à mourir ou à tuer. Son action est orientée vers un but unique et limité (achetez ce produit) non vers la transformation profonde du destinataire ou de sa vision du monde. La publicité, même comparative, dit du bien de la marchandise, elle ne diabolise pas des gens, des idées, des partis, des nations…. Pourtant la frontière peut être poreuse dans les deux sens. D’une part, nombre de procédés de marketing politique ou des relations publiques, qui sont une forme ou un avatar de la propagande de papa, consistent à « vendre » un homme politique « comme une savonnette », suivant la formule consacrée. D’autre part, la publicité dans son ensemble promeut globalement des valeurs. Ce peut être explicite, notamment lorsqu’une pub tente de nous persuader qu’en consommant X nous faisons acte de militantisme écologique et contribuons à sauver la planète. Ce peut-être implicite : la pub véhicule un idéal, une image du bonheur ou de l’individu épanoui qui n’est pas neutre idéologiquement.

o La distinction entre culture et propagande n’est pas si évidente qu’il semblerait a priori. D’une part, la propagande même sous sa forme la plus grossière, cherche à s’approprier des valeurs culturelles supérieures. Son esthétique souvent kitsch est un hommage indirect aux pouvoirs supposés de l’art, comme ses références fréquentes à un passé mythifié ou à des autorités intellectuelles constituent un tribut à la mémoire et à la pensée des peuples. Mobiliser le monde de la culture pour sa cause, par exemple en expliquant que l’on est dans le camp des valeurs universelles, de l’Art, de la Pensée, etc.. – tandis que l’autre est un affreux barbare ennemi de toute liberté de l’Esprit – est une des plus vieilles recettes de la propagande. Mais, si nous considérons la chose dans l’autre sens, toute institution vouée à la transmission des valeurs, que ce soit l’École, le Musée ou une Église est aussi une machine à faire croire, à valoriser certaines représentations de la réalité, des courants d’idées, des principes éthiques ou politiques. La différence serait-elle que la propagande s’adresse à des citoyens lambda inconscients de ses effets, voire qui n’ont pas demandé à y être soumis ? alors que celui qui s’est mis en situation d’apprendre ou d’imiter sait qu’il est là pour être transformé (et pense-t-il amélioré) à un degré ou à un autre ?

o Si toute propagande est aussi la propagation d’une idéologie (des explications du monde entraînant un jugement de valeur et visant à une transformation ou une justification de la réalité), l'inverse est-il vrai ? Peut-on propager une idéologie – dont la vocation est précisément de se répandre contre d'autres visions du monde – sans faire de la propagande ? Un théoricien qui a écrit un in-octavo bourré de notes sera choqué de se voir comparer à un distributeur de tracts. Il a le sentiment d’argumenter non de séduire ou d. Est-ce si certain ?

o Enfin la propagande suppose la persuasion : le but est que des gens soient convaincus que.. (par exemple que c’est l’ennemi qui a déclenché la guerre, ou que le plan quinquennal a été dépassé) voire persuadés de faire… (voter, s’engager…). Pour autant la persuasion n’est qu’un des aspects de la propagande qui suppose d’autres modes d’orchestration, de diffusion des messages et d'incitation à l'engagement. Et toute persuasion n’est pas de la propagande : la persuasion par démonstration scientifique, ou encore celle qui intervient dans les relations interpersonnelles. Persuader quelqu’un de vous épouser, ce n’est pas de la propagande.

prop6.jpgAu total les définitions de la propagande suggèrent pourtant des conditions minimales :

O une foi et une volonté de la faire partager, ou au moins des principes politiques généraux : pour faire de la propagande, il faut avoir une cause et des idées. Pas de propagandiste sans conviction, réelle ou feinte.
O le pouvoir politique, celui de l’État ou d’un parti qui cherche à assurer un consensus ou celui de la faction qui cherche le conquérir
O des spécialistes de la persuasion qui pratiquent cet art en toute conscience
O des idées qui cherchent repreneurs et relais contre des résistances: elles doivent multiplier leurs disciples en situation de concurrence
O des moyens matériels de diffusion : des médias et des relais humains pour les faire passer
O le caractère unilatéral de la propagande, relation asymétrique entre un émetteur et un récepteur passif qui ne peut qu’adhérer ou refuser
O l’idée enfin que la propagande sert les intérêts du propagandiste n serait-ce qu’en lui faisant gagner des partisans.

Il semble plutôt exister une fonction propagande (remplie par des moyens matériels, humains et symboliques au service d’une intentionnalité) plutôt qu'une entité propagande. Cette fonction n'est pas la même
- dans une situation de compétition (ou, comme pour la publicité, divers «produits» idéologiques cherchent à conquérir le public en respectant peu ou prou des règles), - dans une situation de domination où toutes les ressources de la propagande servent à maintenir un ordre déjà accepté,
- -ou encore dans une configuration où la propagande doit conquérir, qu'il s'agisse de gagner des âmes ou de faire une révolution.

Resterait par ailleurs à savoir si cette fonction est remplie de même façon suivant les époques. Les différences sont profondes entre les propagandes de type totalitaire et celle qui se pratique en situation de compétition pluraliste. Cette évolution ne tient pas seulement au contraste entre un discours unique, appuyé sur la censure et sur le monopole de la parole d’une part et d’autre part un langage « plus modéré » ou « moins délirant » tenu par celui qui sait qu’il risque d’être contredit. L’ancienne propagande évoquait slogans, foules alignées parfois en uniformes, d’affiches montrant des héros aux mâchoires d’acier, doctrine officielle, appels à la lutte… Mobilisation en somme. Ce qui en tient place aujourd’hui fonctionne au sondage, au message personnalisé, à la séduction douce, aux images de candidats en chemise entourés de leur famille et de leur chien, aux réunions qui rassemblent tous les people pour un show en prime time. Elle se réfère à l’intimité et à la proximité, se vante de son pragmatisme et de sa modestie…

L’ancienne propagande tonitruait, la nouvelle susurre. L’ancienne voulait créer un homme nouveau, la nouvelle satisfaire un consommateur. La première faisait descendre sa révélation sur les masses, la seconde est « à l’écoute des courants d’opinion ». La première est « hard », la seconde « soft ».… Nous reviendrons ailleurs ce qu’un tel changement, symbolisé par l’apothéose des « spin doctors » et autres conseillers en communication, doit à l'évolution de nos systèmes politiques et ce qu’il doit à l’ère de la télévision et maintenant d’Internet.

vendredi, 08 février 2019

François Begaudeau : "Populisme est un mot creux, et sans contenu"

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François Begaudeau : "Populisme est un mot creux, et sans contenu"

 
L'invité du week-end (8h20 - 26 Janvier 2019 - François Bégaudeau)
Retrouvez les invités de 8h20 sur https://www.franceinter.fr
 

mardi, 09 octobre 2018

Le concept de culture sociétale

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Le concept de culture sociétale

par Antonin Campana

Ex: http://autochtonisme.com

Le concept de culture sociétale est régulièrement employé dans notre blog, nous lui avons déjà consacré quelques lignes pour le préciser. Nous y revenons ici tant celui-ci nous semble important dans la logique de libération nationale autochtone qui est la nôtre.

Par « culture » nous entendons ce qui est différent de la nature, même si notre nature, nos structures mentales par exemple, peuvent expliquer certaines expressions de notre culture (le sujet est glissant et nous n’irons pas plus loin ici). Par « culture » nous signifions aussi ce qui est commun à un groupe d’individus et ce qui le soude : son héritage ancestral et ses valeurs partagées. La définition de l’UNESCO nous convient assez bien : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». En bref, nous ne faisons pas une distinction franche entre la « culture » et «l’identité » : notre culture est aussi notre identité.

L’UNESCO pose clairement que c’est la culture et non le « contrat social» qui distingue les sociétés et les groupes sociaux (la culture est l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social). Autrement dit, les populations étrangères installées au milieu d’un peuple donné, le nôtre par exemple, et présentant des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs qui les caractérisent, constituent des sociétés parallèles et des groupes sociaux distincts. Le problème est que le régime en place dit exactement le contraire. Par le miracle du « pacte républicain » (un vulgaire processus administratif de naturalisation), tous les Français « sans distinction d’origine, de race ou de religion » formeraient une « république une et indivisible » !

La culture distingue, caractérise, donc sépare, des groupes sociaux que le régime entend fusionner dans le même « creuset ». La culture est donc un obstacle important au vivre-tous-ensemble. Pour arriver à ses fins, le régime doit obligatoirement éliminer la puissance structurante des cultures.

C’est ici que nous arrivons au concept de culture sociétale.

Une culture est par définition sociétale. Dans la mesure où la culture donne à ses membres à la fois un mode de vie et un sens qui règlent les activités humaines et les relations des hommes entre eux, tant dans l’espace social que dans l’espace privé, nous pouvons dire que la culture est « sociétale ». La culture est un patrimoine ancestral qui a vocation à organiser le groupe autour de valeurs partagées. Elle module les schémas de pensée, l’éducation, la religion, les sentiments, les relations interpersonnelles, les liens sociaux, les loisirs, la vie des sphères privées et publiques… Une culture ne vit et ne se développe que si elle est sociétale. Une culture qui perd son caractère sociétal va se rétracter et se marginaliser jusqu’à être cantonnée dans la sphère privée. Le destin d’une culture diffuse et résiduelle est de se transformer en folklore, avant de disparaître totalement.  En résumé, une culture est sociétale ou n’est pas.

De cela il est facile de déduire qu’il n’est pas utile d’attaquer frontalement une culture pour la détruire. Il suffit de lui enlever progressivement son caractère sociétal. Par exemple, jusqu’à la Révolution, la culture européenne réglait l’institution du mariage, conçu comme l’union d’un homme et d’une femme devant Dieu. Les révolutionnaires auraient pu interdire le mariage religieux. Ils ont jugé préférable de l’ignorer pour faire du mariage un contrat révocable à tout moment et seul valable en droit : ils ont marginalisé un pan de la culture sociétale européenne ! Voyez les résultats aujourd’hui. Dans un autre article (voyez ici), nous avons souligné que le caractère sociétal de la culture européenne avait été neutralisé dans de nombreux autres domaines. Notre culture européenne ne règle plus, ou de moins en moins, les rôles sociaux féminins et masculins, l’ordre sexué, la vie de la famille, la relation à l’Etranger, la production artistique, le monde du travail, l’élaboration de la langue, la vie politique…  Nous expliquions que ce reflux objectif de la culture sociétale européenne n’était pas du à l’avancée d’une culture étrangère mais à l’action politique et juridique de la République. Si nous observons de plus près l’entreprise républicaine d’ingénierie sociale nous nous apercevrons que le régime a progressivement substitué un ordre juridique universel en son principe aux valeurs culturelles enracinées. C’est d’ailleurs à partir de l’expérience républicaine que Karl Popper (1902-1994) a pu élaborer son concept de « société ouverte ».  

gscar.pngQue dit le maître à penser de Georges Soros ?  En substance, qu’une société ouverte, au contraire d’une société fermée, distingue ce qui relève du droit de ce qui relève de la culture. Le philosophe explique que la société ne doit plus être soudée par des valeurs partagées mais par des lois qui respectent le droit naturel et n’entravent pas le pluralisme des idées ou des croyances. Une société ouverte fondée sur des lois acceptables par tous les hommes peut, et même doit selon Popper, être multiculturelle et multiraciale. En résumé, Popper, inspiré par le républicanisme « français », nous explique que les cultures doivent perdre leur caractère sociétal sous l’effet de lois culturicides. La loi émanant de l’identité doit s’effacer devant une loi abstraite émanant de l’universalité. Le philosophe propose un génocide culturel, prélude toujours d’un génocide biologique, qui rendra possible l’établissement d’une société multiraciale ouverte.

Globalement, soyons lucide, le projet a réussi. Le régime s’est servi du droit pour ôter à notre culture son caractère sociétal, ce qui a facilité l’installation d’une société multiraciale plus ou moins bancale et conflictuelle.  Il est illusoire d’espérer pouvoir un jour réorganiser le fonctionnement du « corps d’associés » multiethnique selon nos valeurs identitaires. Est-ce seulement souhaitable ? Mais il est encore possible de recréer un lien entre la culture autochtone et un espace social autochtone. Pour cela, il nous faut travailler à la formation d’une société parallèle autochtone (Grand Rassemblement). Nous n’avons pas d’autre solution si nous voulons contrer la marginalisation de notre culture et sa fossilisation progressive. Il faut que celle-ci retrouve une forte compacité dans un espace protégé. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones qui énonce que les Autochtones ont le droit de ne pas subir la « destruction de leur culture » et qu’ils ont le droit d’observer, de promouvoir, de défendre et de vivre selon leurs « traditions culturelles ». La mise en avant de notre autochtonie est donc indispensable elle-aussi : tout se tient !

Il faut avoir conscience que les dégâts occasionnés à notre culture depuis deux siècles sont considérables. Les Autochtones sont fondés à restaurer le caractère sociétal de la culture autochtone. C’est une question de survie. Bien sûr, cette sociétalité ne sera pas identique à ce qu’elle fut avant le coup d’Etat républicain, cela est impossible. Mais dans l’esprit, elle devra exprimer notre identité européenne et les valeurs que nos ancêtres nous ont léguées.   

Antonin Campana

mercredi, 18 juillet 2018

Démocrature: Nazi Concept Welcomed into French Language

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Démocrature:
Nazi Concept Welcomed into French Language

It’s that time of year. The French dictionaries Le Petit Larousse and Le Petit Robert (don’t ask me why they are called “petit,” they are huge) are adding various neologisms and foreign loanwords to our beloved langue de Céline.

My interest was particularly piqued by the following new entry: 

DÉMOCRATURE 

noun, feminine (from democracy and dictatorship).

1. A political regime which, while having certain attributes of democracy, such as party pluralism, is nonetheless run in an authoritarian or even dictatorial fashion. (One also says dictocratie.)

2. The shift from democracy to dictatorship by undermining the rule of law.

How interesting! The word clearly refers to the various elected “populist” regimes which have emerged in Hungary, Poland, and the United States, which for various reasons, do not live up to liberals’ ever-changing definition of “democracy” and “the rule of law,” according to their latest ideological fashions.

What Le Petit Larousse fail to mention, however, is that the word actually goes much farther back, at least as far back as the 1930s: indeed, various fascist movements and thinkers deemed the Western parliamentary democracies to be in fact démocratures, as actually being run not by the people, but by warmongering and corrupt liberal and oligarchic elites. Given the pervasiveness of antiwar sentiment, if the people ran America or France, as these republics boldly claimed, it seems quite unlikely that either country would have gone to war against Germany, effectively on the side of the Soviet Union.

The historian Mark Mazower writes on postwar German National Socialists:

[S]uch men regarded parliamentary democracy as a sham “democratatorship” [sic] (Demokratur), believed the multi-party system had to be abolished and wanted somehow to reunify the country with the assistance of like-minded fascists abroad.[1] [2]

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What, in fact, is a liberal democracy? You will never find agreement as the two terms are in hopeless contradiction with one another. One man’s legitimate, majoritarian expression of the popular will is another man’s demagogic tyranny of the majority. To one man, the executive’s, media’s, and judges’ ignoring of public opinion will be an example of far-sighted, responsible, and enlightened leadership, while appearing to another man to be an abhorrent betrayal of democracy by oligarchic elites.

Recall: two World Wars were fought by the Western powers, tearing Europe apart in murderous conflicts from which the continent has never recovered, in the name of preserving liberal democracy. The religion of democracy excommunicates from respectable humanity all governments which are not liberal democracies. And yet, the very definition of the term is quite unclear, shifting, and ambiguous according to liberal elites’ changing moods and interests. All this is quite problematic.

In fact, all human societies are authoritarian and (civil-)religious. All societies, and their media-political elites, shun, demonize, and destroy those considered to have wrong values, lest they infect the rest of society. All societies have punishable taboos. Purging a university professor or screenwriter for his fascist or racialist views is not less “authoritarian” than purging one for his communist views. Therefore the distinction drawn by liberals and the Left in general, made popular in the 1960s by the Frankfurt School and others, is quite spurious and hypocritical. All societies have Platonic Guardians, whether they own up their role, or not.

This was not so apparent in the postwar years however. For the Boomers, bless them, one could live in a society which was, in fact, carefully policed by the audiovisual and print media, but which could claim to be “open,” “tolerant,” “pluralist,” characterized by “freedom of thought,” etc., all the while never being allowed to give a fair hearing any taboo Right-wing idea. One could have the pleasure of both thinking oneself open-minded and have the benefits of actually being authoritarian.

With the rise of national-populism, which signifies, for the first time in decades, a certain loss of control of the political process by mainstream media elites, the mainstreamers are waking up to démocrature. More and more are openly questioning democracy and elections, as leading to “instability,” “populism,” and above all, “wrong values.” Careful now, you might become Right-wingers!

Notes

[1] [3]Mark Mazower, Hitler’s Empire: Nazi Rule in Occupied Europe (New York: Penguin, 2008).

 

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[2] [1]: #_ftn1

[3] [1]: #_ftnref1

vendredi, 18 mai 2018

Liberté et légitime défense

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Liberté et légitime défense

par Bernard Wicht

Ex: http://www.oragesdacier.info

 
Depuis la fin de la guerre froide, le mot liberté a subitement disparu du discours politique au profit du vocable sécurité. Or les philosophes savent bien que ces deux termes ne sont pas compatibles, qu’ils ont plutôt tendance à s’exclure l’un l’autre : « N’y a-t-il liberté politique que famélique, errante et proscrite ? Et n’y a-t-il de sécurité que dans la servitude, sinon dans la servilité... ? Doit-on tout attendre de l’État ou ne rien attendre de lui ? Ces questions sont au centre de toutes les théories politiques qui opposent la liberté de l’individu à la sécurité de l’Etat ou la ‘raison d’État’ à la sécurité des individus. » Nous aurions donc quitté un âge de liberté pour entrer dans une ère sécuritaire avec l’asservissement que cela implique. Signalons d’ores et déjà que pour les sociologues, c’est un fait acquis. Ceux-ci ont explicité cette transition de la liberté à la sécurité en développant, précisément dans les années 90, le concept de société du risque pour tenter de traduire ce repli et le désenchantement qui l’accompagnait : pêle-mêle ainsi, le tabagisme, les catastrophes nucléaires, la disparition de la couche d’ozone ou les armes à feu seraient ressentis comme les nouvelles « menaces » – les risques – pesant dorénavant sur les individus et les collectivités, c’est-à-dire des dangers sans cause ou des accidents dont il faut se préserver par tous les moyens y compris la restriction draconienne des libertés. A la doctrine militaire « zéro mort » correspond donc celle plus sociopolitique du « risque zéro »
 
     Ce glissement de paradigme – de la liberté à la sécurité – est passé relativement inaperçu, pourtant son impact est immense pour la conception de la citoyenneté : dès lors que l’État n’est plus le garant des libertés de chacun mais (au contraire) de la sécurité de tous, le citoyen en armes n’est plus considéré comme une protection contre la tyrannie mais comme un criminel en puissance, comme une menace potentielle, comme un « sauvage » qui risquerait de retourner à l’état de nature. Car, en plaçant la sécurité au centre, en priorité absolue, non seulement on évacue la liberté mais on la recale à l’état de nature, de licence folle, sans règles. Ceci souligne encore la nécessité de re-penser la liberté aujourd’hui, de ré-interpréter en fonction de l’environnement actuel les oppositions paradigmatiques sur lesquelles se fonde la liberté positive : res publica/tyrannie ; armée de citoyens/armée prétorienne ; bien commun/corruption. Or en fonction de cet environnement, ces couples paradigmatiques récupèrent toute leur pertinence et permettent de mettre en évidence combien il est nécessaire pour un groupe de maintenir ou de retrouver sa capacité de décision collective et autonome, combien il est important pour lui de ne pas dépendre totalement d’autrui pour défendre cette capacité. En effet, si l’image du tyran est devenue caricaturale de nos jours, si elle se résume de plus en plus à celle du « méchant » dans les filmographies hollywoodiennes, la tyrannie demeure en revanche une réalité dans les sociétés contemporaines, que ce soit sous la forme du racket mafieux, de la prise en main de certaines populations par les gangs ou d’un pouvoir étatique excessif ayant perdu de vue le bien commun. Les oppositions paradigmatiques précitées servent ainsi de repères et de guide dans cet effort de redéfinition de la liberté. Dans cette recherche de nouveaux espaces de liberté, d’espaces civiques de décision autonome, susceptibles de structurer un sujet autonome en vue de l’action, il convient en outre de garder à l’esprit que l’ère des révolutions, des nationalismes et des idéologies est désormais close. Les fondamentalismes et les fanatismes religieux représenteraient-ils l’étape actuelle ? Certainement pas pour les vieilles sociétés occidentales profondément marquées par les tragédies à répétition du terrible XXe siècle. En revanche, les mécanismes premiers des collectivités humaines demeurent sans doute valables et constituent de ce fait un ressort de fonctionnement premier sur lequel il est possible de re-construire. Dans ce sens, l’adage on ne possède que ce qu’on peut défendre reste un principe de base de toute démarche en la matière. Défendre sa terre et ses biens a été en effet de tout temps, et dans toute société, une motivation essentielle des individus ainsi que le relève notamment Carl Schmitt dans sa théorie du partisan, le combattant tellurique qui se bat pour ses foyers (pro aris et facis) alors que l’État a abandonné la lutte : « Le partisan représente encore une parcelle de vrai sol ; il est l’un des derniers à monter la garde sur la terre ferme, cet élément de l’histoire universelle dont la destruction n’est pas encore parachevée. » Plus loin, c’est Hobbes dans son Léviathan qui rappelle que le droit à l’auto-défense est un droit naturel et que, comme tel, il ne peut être cédé par aucune convention : « L’obligation des sujets envers le souterrain s’entend aussi longtemps, et pas plus, que dure la puissance grâce à laquelle il a la capacité de les protéger. En effet, le droit que, par nature, les humains ont de se protéger eux-mêmes, quand personne d’autre ne peut le faire, ne peut être abandonné par aucune convention. » Dans le même sens, dans son deuxième Traité du gouvernement civil, Locke explique que la première loi de la nature est celle de la conservation de soi-même : « Celui qui tâche d’avoir un autre en son pouvoir absolu, se met dans l’état de guerre avec lui... Car j’ai sujet de conclure qu’un homme qui veut me soumettre à son pouvoir sans mon consentement, en usera envers moi, si je tombe entre ses mains, de la manière qui lui plaira, et me perdra, sans doute, si la fantaisie lui en vient. En effet, personne ne peut désirer de m’avoir en son pouvoir absolu, que dans la vue de me contraindre par la force à ce qui est contraire au droit de ma liberté, c’est-à-dire, de me rendre esclave... et la raison m’ordonne de regarder comme l’ennemi de ma conversation, celui qui est dans la résolution de me ravir la liberté, laquelle en est, pour ainsi dire, le rempart. » 
 
     En la considérant ainsi brièvement sous cet angle, la philosophie occidentale semble contenir toute une culture de la légitime défense formant le socle des libertés politiques. Sur cette première base, on peut ensuite tenter d’ébaucher la configuration de ces nouveaux espaces autonomes de décision et d’action en se demandant comment réoccuper cette coquille vide qu’est devenu l’État postmoderne, cet espace post-étatique livré à la foule et aux réseaux de tous ordres sous la surveillance de milliers de caméras.

Bernard Wicht, Europe Mad Max demain ?