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mardi, 01 juin 2021

Libéralisme et socialisme

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Libéralisme et socialisme

par Rémi TREMBLAY

Ex: http://www.europemaxima.com

Comprendre ces « ismes » au-delà des clichés

Le XXe siècle, profondément idéologique, fut dominé par l’affrontement entre le capitalisme et le socialisme, d’essence communiste ou nationaliste/fasciste. Ces termes sont généralement bien compris de la plupart, mais lorsqu’on gratte un peu, on réalise que la compréhension de ces termes varie grandement selon l’interlocuteur : peu de personnes offriraient des réponses semblables quand vient le temps de définir le socialisme.

Question de s’y retrouver un peu et de réellement comprendre ce que ces doctrines sont et d’où elles proviennent, les Éditions de Chiré viennent de rééditer Libéralisme et socialisme de Louis Salleron, cours donné à la Faculté libre de philosophie comparée sur l’évolution de ces deux phénomènes, depuis leur genèse au siècle des Lumières. L’auteur est professeur et cela se sent dès le début : il n’emploie ni jargon hermétique, ni ne perd son public, qu’il guide sans le prendre de haut, dans un voyage à travers le temps pour comprendre les origines, puis l’évolution de ces idéologies économiques au fil des siècles, en fonction des grands évènements. Un ouvrage remarquable par sa clarté et son objectivité.

Le libéralisme est d’abord et avant tout l’idéologie de la « libération de l’individu »; la libération face à l’État. Selon des lois dites naturelles, tout finirait par rentrer dans l’ordre; l’économie dérégulée étant en fait régulée par des forces invisibles qui seraient non pas des suppositions, mais de véritables lois. L’intervention étatique ne serait pas que superflue; elle serait nuisible, puisqu’elle viendrait se heurter aux lois naturelles qui se mettraient en action par elles-mêmes.

Basée sur les principes de « liberté », de « propriété » et d’« ordre naturel » cette idéologie, parfois considérée, comme une science passa avec des modifications de fond de l’École française à l’École anglaise, avec les bien connus Adam Smith, Malthus, Ricardo et Stuart Mill, avant de se transformer en néo-libéralisme, sous l’impulsion de Keynes.

À l’opposé, se développa une « aspiration vague et confuse vers un monde meilleur », le socialisme. Basé sur un certain esprit de communauté, ce mouvement aussi large que mal défini refléta diverses tendances au fil de son histoire, de Proudhon à Marx, puis avec les socialistes de troisième voie comme les nationaux-socialistes, puis les socialistes réformistes encore fort populaires en France.

Salleron, qui écrivait il y a une cinquantaine d’années, notait un recul du libéralisme et même un renversement de la situation : après avoir dominé, le libéralisme aurait été remplacé par un certain socialisme. Sur ce point, on ne peut donner raison à l’auteur, probablement encore trop près des évènements de 1968 pour avoir la perspective nécessaire à de tels pronostics. Il est peut-être vrai qu’en mots, moins de personnes se réclament d’un libéralisme économique que d’une certaine forme de socialisme, car cette idéologie est devenue une étiquette de vertu et d’altruisme, alors que le néo-libéralisme résonne comme égoïsme. Toutefois, ce n’est qu’apparence : les socialistes actuels ne remettent plus en question le système prévalant; ils tentent simplement de minimiser ses abus les plus criants à l’aide de minimes réformes. Peu de politiciens, même ceux à l’extrême gauche de l’échiquier politique, proposent une alternative réelle au système néo-libéral actuel : tous se contentent du statu quo et ont fini par assimiler l’idée qu’il s’agissait d’un ordre naturel. On constate donc au contraire une victoire du libéralisme.

Mais, cela va même au-delà de ça : le capitalisme des années 70 n’a plus rien à voir avec le capitalisme actuel qui tend vers des monopoles mondiaux par les géantes multinationales et des consortiums dont on ne pouvait envisager l’ampleur à cette époque. Il y a en outre une financiarisation de l’économie qui fait en sorte que non seulement le monde est devenu un marché, mais que les pays, socialistes ou non, n’ont quasiment plus de marge de manœuvre dans ce système. La domination du politique par l’économie a atteint des sommets qu’on ne pouvait envisager il y a quelques décennies encore.

Toutefois, si le constat économique de Salleron ne semble pas s’être concrétisé, ses réflexions, qui datent de 1975 et 1976, permettent de comprendre la post-modernité actuelle. Le libéralisme, après avoir été une doctrine principalement économique est devenu une doctrine identitaire : on souhaitait « s’émanciper » de la communauté; aujourd’hui on veut s’émanciper de tout, même de sa nature. Ainsi on va plus loin qu’une simple « émancipation sociale », on recherche notamment avec la théorie du genre à se recréer une nature souhaitée, en porte-à-faux avec la nature elle-même. Le libéralisme en est arrivé à ce point dans les esprits, la « libération de l’individu » jusqu’à sa libération… de lui-même !

Rémi Tremblay

Louis Salleron, Libéralisme et socialisme. Du XVIIIe siècle à nos jours, Éditions de Chiré, 2020, 262 p., 23 €.

mardi, 11 mai 2021

Une matrice totalitaire à facettes multiples

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Une matrice totalitaire à facettes multiples

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
 
Ex: https://lesobservateurs.ch/2021/05/10/une-matrice-totalitaire-a-facettes-multiples/

Les thèmes des votations du 13 juin peuvent paraître disparates et n’avoir que peu de liens ensemble. Erreur, le fil conducteur, le fil blanc dont est cousu ce five-pack liberticide et moraliste, est une sorte de condensé de valeurs sociétales liberticides de gauche et de droite. Au nom de l’impératif moral de sauver en urgence la planète (et combattre le racisme, le patriarcat, l’homo et la transphobie) on cherche à imposer des mesures étatistes paternalistes toujours plus extrêmes (car « on » n’en fait jamais assez, bien sûr selon ces rêveurs forcenés et déconnectés du réel). Pour se rapprocher d’un idéal inaccessible de pratique de l’agriculture, moins polluante, respectueuse de l’environnement, libérée de sa réputation d’être empoisonneuse et maltraitante pour les espèces animales. La nature où domine surtout la Loi de la Jungle, des équilibres précaires et aléatoires deviendrait-elle l’alibi de naïfs utopistes ?

La science et l’intelligence artificielle,  nouvelles religions du Réel

Les problèmes causés par la croissance industrielle et démographique (l’un va avec l’autre) sont pourtant clairement identifiés et des solutions sont proposées : nouvelles technologies avec développement du nucléaire du futur, l’hydrogène,  les énergies durables dont le solaire et l’éolien. S’impose le florissant business vert avec ses start-up et son recours à l’intelligence artificielle pour gérer, organiser la pénurie et la consommation globale. L’humanité irrationnelle et consommatrice de nouveaux gadgets et marchandises (y compris la fécondation améliorée, la gestation artificielle, l’amélioration de la santé par intervention préventive sur les gènes) doit être suppléée par une gestion optimale informatisée et supervisée par les autorités morales et scientifiques. La crise émotionnelle de la Covid sert manifestement à faire avancer les technologies de traçage et de contrôle social, permet aux Big Pharma de  développer et d’investir dans la nouvelle médecine de demain. Par les thérapies géniques et le mRNA il y aura moins de maladies dues aux bactéries et virus, moins de cancers et de troubles auto-immuns puisque l’on sera automatiquement « vacciné » par des interventions préventives sur nos gènes. La vaccination dont l’efficacité semble peu durable et facilitatrice de mutations plus agressives (variants) nous transformera en OGM résistants peut-être à court terme avec obligation vaccinale régulière pour devenir « durable ».

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La peur de la maladie, la suspicion de contamination par autrui, la croyance de l’aggravation par un virus des maladies de l’âge ou de société imposent l’acceptation des risques de produits peu contrôlés et vraisemblablement pas aussi définitivement efficaces que promis.

La Loi  Anti-Covid enterre sans limite de temps la démocratie directe citoyenne, la liberté individuelle, la responsabilité individuelle et le droit de prendre des risques et de choisir le traitement qui nous convient.

Elle est certainement la plus redoutable du paquet vu ses tendances centralisatrices autoritaires, son recours aux « experts » scientifiques autoproclamés et alimentés par les données numériques qu’ils interprètent en fonction de leurs croyances, sous l’influence des Big Pharma et des Big Data qui offrent aux Etats des solutions sans alternatives possibles. Le pouvoir politique, normalement  sous le  contrôle/contrepoids citoyen, est placé sous tutelle : c’est la Covid qui dicte les conditions et commande disent les dirigeants politiques qui se limitent dorénavant à lire sur leur prompteur les communiqués de l’OMS, de Bill Gates et de l’OFSP. La politique, c’est prendre des décisions en fonction des besoins de la population, c’est oser prendre des risques, définir des priorités. Pas grand-chose de ressemblant au bon sens n’émerge ni  des  de statistiques de l’OFSP ni de son rythme timoré/prudent/autoritaire culpabilisant : ne pas se relâcher surtout, la santé avant tout, etc…

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Le peuple doit pouvoir s’exprimer, le fédéralisme fonctionner, les décideurs vraiment décider.

Ceux qui applaudissent à cette « urgence » sanitaires et ses directives souvent discriminatoires, contradictoires, liberticides sont d’abord la coalition rose, verte, rouge, violette. Elle trouve ainsi le justificatif pour avancer leur agenda du climat que les citoyens peinent à mettre spontanément en place. Freinage des voyages, taxes sur le carburant, abandon du chauffage au mazout, achat incité de véhicules verts (mesure qui a créé le mouvement des « gilets jaunes), taxes sur les billets d’avion. Interdiction des pesticides de synthèse qui seront remplacés par des organismes génétiquement modifiés, disparation de l’agriculture productive locale qui s’effondrera face à la concurrence massive globale. A part 10% d’agriculteurs  qui s’engageront avec succès dans le bio, économie de niche, il y a fort à parier que notre dépendance de la production mondiale augmentera. A propos, comment ceux qui se préoccupent de la qualité de l’eau et de l’influence  certes néfaste (à dose inadéquate) des pesticides de synthèse acceptent-ils la vaccination génique, la présence d’hormones ou de traces de drogues d’agrément dans l’eau potable ? Faut-il combattre les pesticides de synthèse pour développer les organismes génétiquement modifiés. Y a-t-il vraiment progrès ?

Le Bon Sens, la responsabilité individuelle, le réalisme des paysans qui perçoivent bien le problème et modifient leurs usages est largement suffisant.

On voit bien que derrière les bonnes intentions des « gentils bobos indignés et alarmés » se cachent d’autres risques. La fin de l’agriculture de proximité, la gestion globale intensive des ressources, l’impossibilité aux citoyens de contrôler leurs produits et la dépendance vis-à-vis de l’agroalimentaire dopé et amélioré. La loi sur le CO2 est du même registre, obligeant les classes laborieuses et moyennes à changer de chauffage, de voiture et aux financiers  de vendre et s’échanger des permis de polluer. L’effet sur le climat et la nature, dont la résilience est sous-estimée,  sera limité mais le pouvoir centralisé, sa voracité de taxation déchaînée  sera renforcé sans contre-poids réel.

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La Loi sur le terrorisme est, à droite, le même artifice. L’intervention préventive ne touchera pas que les activistes islamistes, mais surtout les militants pour la démocratie, les esprits critiques et sceptiques,  ceux qui défendent le libre choix médical, le respect de la sphère privée, la responsabilité personnelle contre le moralisme étatiste.

Par cohérence, pour renforcer la démocratie, malgré de fausses bonnes intentions, il faut voter 5 x NON à ces tentatives de dépossession.

Dominique Baettig, ancien conseiller national, militant souverainiste.

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jeudi, 06 mai 2021

Vous avez dit: contre-pouvoir?

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Vous avez dit: contre-pouvoir?

Par Bernard PLOUVIER

Ex: https://metainfos.com/2021/05/04/

Curieuse période que la nôtre qui, jusqu’en 2014, semblait somnoler. Depuis lors, les fous du sieur Allah se sont lancé dans une nouvelle expérience djihâdiste de longue durée, une pandémie – ni pire ni plus meurtrière que d’autres – s’est répandue en provenance de Chine et, de façon synchrone, les maîtres de l’économie semblent être devenus de doux dingues.

Face aux terroristes, du moins en Occident, on a pleuré, prié, processionné et commémoré. Face au coronavirus, en tout pays, l’Exécutif s’est comporté de façon dictatoriale, avec des résultats voisins, que l’on ait ou non décidé de sacrifier l’économie à un principe de précaution, très mal appliqué face à un virus qui tue selon le principe bien connu de la sélection naturelle ; de ce fait, on aurait dû cibler précisément les objectifs.

Quant aux grands gourous des banques centrales, ils lancent sur le marché des centaines de milliards d’unités de compte en monnaie de singe et beuglent qu’il ne faut plus se soucier de la dette publique ni même du déficit budgétaire… du Marx tendance Groucho ! 

Dans les trois cas, l’on a l’impression d’avoir affaire à des niais impuissants, des adeptes du pilotage à vue ou à de purs déments. Or ces génies « dirigent ». Et c’est là que les « politologues » reparlent de l’Arlésienne plurimillénaire: le Contre-Pouvoir… et une fois de plus, on hurle de rire.

De la plus haute Antiquité jusqu’au début de l’époque moderne, tout était simple. Tant que le monarque était suffisamment craint, il exerçait le pouvoir et l’opposition se réduisait à des jérémiades cléricales, à des murmures de couloirs ou à des histoires de poison. Dès qu’une faction rivale se sentait assez forte, une guerre civile éclatait, puis le clan victorieux devenait ou restait seul maître, tandis que les vaincus et leur famille étaient expédiées outre-vie. C’était simple, efficace et souvent durable.

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Au XVIIIe siècle, des sots – pardon, de grands esprits – dirent tout haut ce que des cuistres et des clercs murmuraient depuis des siècles : il faut conseiller le Prince pour l’empêcher de n’en faire qu’à sa guise. L’intention affichée masquait un égoïsme de caste : des riches et des savants voulaient mettre leur grain de sel dans le chaudron politico-social et en retirer de gros bénéfices personnels.

Montesquieu fit hurler de rire ses contemporains en recommandant au Roi de France, qui se considérait « empereur en ses États », de s’entourer de parlementaires avisés. En l’occurrence, il s’agissait de très riches magistrats propriétaires de leur charge qui, étant diplômés de Droit, s’estimaient savants, donc capables de conseiller le souverain, alors même que leurs jugements de cour étaient très souvent fort contestables. En fait, ces riches bonhommes voulaient répartir l’impôt de telle façon qu’ils en soient moins accablés, à l’instar des nobles soldats, voulaient recevoir davantage de titres nobiliaires, voire se faire octroyer des hochets de vanité. Il est encore des « historiens » pour croire au sérieux de Montesquieu et consorts. 

Dans les 13 colonies britanniques d’Amérique du Nord, révoltées puis indépendantes, on fit simple. L’Exécutif et le Législatif, tous deux élus de façon assez compliquée par l’ensemble des citoyens – les innombrables esclaves étant bien sûr exclus -, se partageaient l’initiative des lois et les affaires de chaque État de l’Union se réglaient entre politiciens (véreux, cela va sans dire) locaux. Les fréquentes élections – en gros, tous les deux ans – et les très faibles subsides octroyés au pouvoir central de Washington servirent de contre-pouvoir efficace jusqu’à ce que les industriels du Nord trouvent un démagogue charismatique pour lancer une guerre contre le Sud cotonnier.

En 1787, les Notables français voulurent imiter les  Insurgés américains et, ressuscitant la vieille lune de Montesquieu, organisèrent une fronde. Les riches bourgeois et le bas-clergé, crotté mais instruit, s’invitèrent à la fête et ce fut la chienlit. Quelques femmes voulurent en profiter pour introduire leur irrationalité et leur sensiblerie dans la gestion de la Chose Publique : on étêta quelques excitées et on fut tranquille de ce côté-là pour un siècle et demi.

Très vite les Jacobins – soit des rhéteurs réfugiés dans un couvent volé à l’Église qui avait plus de maisons que de moines – édictèrent une nouvelle Loi fondamentale : les élus du pouvoir législatif devaient dominer les ministres, simples agent d’exécution des merveilleuses décisions des mandataires du bon peuple. Au lieu d’avoir un roi, les Français en eurent 600 et furent imités en divers pays dits de Démocratie parlementaire, où la jalousie, l’envie, la joie de se nuire mutuellement entre élus servirent de contre-pouvoir…  tellement efficace que le bon peuple, effaré de l’ineptie et de la corruption de ses élus, se mit à soupirer après un dictateur à l’Antique, qui sauve le pays en cas de crise majeure et se retire ensuite.

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L’ennui c’est qu’un dictateur – hormis chez Tite-Live ou Plutarque -, ça ne part pas souvent de lui-même et on en revint à la case départ. En pratique, il fallait une guerre ou une révolution pour changer de chef ou d’équipe dirigeante. On avait le choix : ou bien un régime d’assemblée, inefficace et corrompu – une « boutique de beaux parleurs », de démagogues, de baratineurs ignares -, ou bien un chef unique, efficace mais peu résolu à s’effacer.

Et l’on se remit à la masturbation cérébrale : où trouver le Bon système, la martingale politique infaillible ? De grands philosophes, s’appuyant sur de probes historiens – le lecteur est prié de ne pas mourir de rire – se penchèrent longuement sur la question… et n’ont toujours pas fini leurs doctes études.

À l’évidence, la notion de liberté pour l’individu noyé dans un État implique ou la notion de contre-pouvoir(s) ou celle d’équilibre des pouvoirs.

En période calme – ces périodes où l’histoire somnole -, l’exercice naturel et continu du pouvoir s’oppose à la mise en pratique du contre-pouvoir. Il est considéré comme un frein inutile par l’opinion publique lorsque tout va bien et il paraît dangereux à utiliser par les gouvernants quand la situation semble s’aggraver.

Les Romains antiques, légalistes autant que pragmatiques, avaient très vite compris l’intérêt de ménager la susceptibilité de la plèbe, pauvre, mais nombreuse et laborieuse, face à la puissance des patriciens, riches et arrogants. Après quelques émotions populaires, ils créèrent la fonction de tribun de la Plèbe, sujet inviolable, ayant droit de veto sur les décisions du très aristocratique Sénat. Au dernier siècle de la République, le fou furieux Sylla supprima leur droit de veto, immédiatement rétabli après sa mort. Ce modèle d’équilibre des pouvoirs a plus ou moins fonctionné, selon les périodes, mais l’époque contemporaine n’offre guère mieux.

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En n’importe quel État ploutocratique, si les titulaires de l’Exécutif et du Législatif sont du même bord, la Nation est l’otage d’un parti ou de la coalition des partis au Pouvoir. Dans la plupart des pays – sauf en terres anglo-saxonnes –, la Justice est vautrée devant l’Exécutif ou devant un dogme… quand elle ne se prosterne pas face au veau ou au chameau d’or. Toujours et partout, les gens des media – de l’antique aède aux clowns télévisés et aux blogueurs du Net – ont servi qui les payait.

En terres marxistes, les profiteurs du dogme dirigent par l’équilibre entre factions rivales, se partageant les sinécures, voire une portion du patrimoine de l’État. Le bon peuple est ou fait semblant d’être convaincu que tout va pour le mieux ; de toute façon, la bonne vieille terreur est là pour calmer toute velléité de discussion un peu sérieuse.

Reste la Troisième voie : le populisme. C’est un régime où le sens éthique de la Nation est fortement sollicité : on lui demande d’œuvrer avec enthousiasme pour la Famille et pour la Collectivité nationale. En cas de besoin, on a recours au seul contre-pouvoir démocratique : le plébiscite. Demander son avis à la Nation souveraine pour les choix décisifs, ceux qui engagent l’avenir, c’est même l’unique application rationnelle du terme de Fraternité appliqué en politique et c’est le seul contre-pouvoir logique : on recourt au seul souverain légitime, le corps des citoyens-électeurs.

L’on ne peut inférer la responsabilité de telle ou telle nation dans un cataclysme régional ou continental, que si l’usage de ce contre-pouvoir démocratique était généralisé. L’étude des faits historiques réels – pas forcément ceux enseignés dans nos universités – démontre que ce n’est pas le cas. Rarissimes furent les exemples d’opposition efficace non-sanglante au maître de l’Exécutif.

En définitive, le seul rôle du contre-pouvoir est d’empêcher que le chef n’engage la Nation dans une aventure rocambolesque : guerre inutile, immigration-invasion, destruction de la cellule familiale, lois insanes (avortement de complaisance, abolition de la peine de mort pour les assassins, discriminations catégorielles de type racial, religieux, politique ou sectaire).

Depuis des millénaires, les grands esprits et les agités du bocal réfléchissent au problème du « Régime politique idéal »… et nul n’a encore compris que c’était peine perdue – ou pour parler comme les précieux philosophes : qu’il s’agissait d’une aporie.

lundi, 03 mai 2021

Le survivalisme en question

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Le survivalisme en question

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’enlèvement de la jeune Mia, le 13 avril dernier, dans les Vosges par des proches de sa mère permet au Système médiatique de dénoncer gratuitement la constellation survivaliste. L’arrestation, quelques jours plus tard, de la mère de Mia et de ses complices supposés autorise la Grasse Presse subventionnée à poursuivre les amalgames grossiers. La mise en cause par le Parquet d’Épinal d’un individu interlope dont les initiatives douteuses ont été mises en lumière dans le n° 491 de l’excellente lettre confidentielle Faits & Documents des 15 au 30 novembre 2020 invite à prendre de la hauteur par rapport à ce fait-divers monté volontairement en épingle.

Cette regrettable affaire familiale sert de prétexte pour une large entreprise de manipulation psychologique auprès de l’opinion. Observons cette manœuvre magistrale d’intoxication mentale en deux temps. Depuis les Gilets jaunes, la caste au pouvoir vit dans la crainte d’une reprise de ce vaste mouvement populaire, hélas !, inorganisé. Les nombreuses restrictions liberticides prises officiellement pour contrer la pandémie covidesque sont en réalité des rétorsions implicites envers une population rétive ou circonspecte envers le capitalisme de surveillance globale.

À l’approche de l’élection présidentielle, la caste dirigeante craint l’émergence d’un candidat hors système et anti-Système capable de tout balayer sur son passage. Elle garde dans un coin de son esprit l’excellente série Baron noir. Ses scénaristes finissent la première saison tournée en 2015 par la démission du président socialiste. Ils commencent la deuxième saison tournée en 2017 par l’élection à l’Élysée de la candidate socialiste novice qui n’hésite pas à gouverner avec les centristes. Dans la troisième saison, ils mettent en avant un professeur de SVT, chantre du tirage au sort et vedette sur Internet, qui réunit autour de sa candidature les dissidents de la Droite nationale et de la gauche radicale.

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Il s’agit pour le Régime d’empêcher que cette fiction politique se réalise en 2022, d’où la mise en évidence négative d’une grande gueule sur la Toile qui vivrait en Extrême-Orient. L’emploi par les journalistes officiels d’une argumentation psychiatrique et « secticide » digne de l’URSS de Brejnev à son encontre participe à cette vaste opération de disqualification médiatique. Le Système cherche ensuite à noircir le survivalisme et à faire passer ses pratiquants pour de doux dingues ou des tarés extrémistes. Les ouvrages de Piero San Giorgio ne sont bien sûr jamais cités, car ils contrecarrent la narration médiatique fallacieuse.

51FGbXxHQUL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgPour faire simple, le survivalisme se formalise dans les années 1970 en Amérique du Nord à un moment où le risque d’une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest paraît inévitable. Bien des romans, des films, des nouvelles et des feuilletons de science fiction décrivent le monde d’après les explosions atomiques. Donald Eugene Sisco alias Kurt Saxon qui navigue entre différents milieux nationalistes, libertariens et satanistes appelle dans ses livres et au cours de ses conférences à se préparer à n’importe quelle catastrophe afin de survivre. Au fil des décennies, en se répandant en Occident, le survivalisme prend selon les moments et les endroits une coloration politique gauchiste ou écologiste radicale.

On distingue aujourd’hui six principaux profils issus de cette mouvance hétérogène. Les plus connus sont les autonomes zadistes qui s’élèvent plus ou moins avec raison à Boyron ou à Notre-Dame-des-Landes contre des projets inutiles et coûteux. Sous le patronage de l’ancien ministre Vert Yves Cochet, les collapsologues envisagent la fin prochaine de la civilisation techno-industrielle en se fondant sur les postulats d’une nouvelle science : la collapsologie. Les plus modérés sont les adeptes de la « survie douce ». Ce sont les habitués des stages de survie en pleine nature. Un député LREM veut légiférer sur ces stages et leurs participants. De quoi ose-t-il se mêler ? Les « preppers » se préparent à un quotidien post-catastrophique proche des films Mad Max II et III. Il y a enfin, théorisée par Michel Drac et Serge Ayoub, la BAD ou « base autonome durable ». Le badiste ne cache pas son engagement identitaire européen. Il veut assurer la pérennité de son clan au sein de communautés enracinées et écologiquement armées. L’essayiste catholique identitaire radical Julien Langella partage ce point de vue salutaire.

Divers, le survivalisme ne rentre pas par conséquent dans le moule confortable des certitudes médiatiques et universitaires. On comprend mieux pourquoi le Régime s’en méfie tant. Des braves gens qui pensent par eux-mêmes ne peuvent avoir que des intentions maléfiques...

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 212, mise en ligne sur TVLibertés, le 27 avril 2021.

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vendredi, 02 avril 2021

La dialectique de la liberté et de l'égalité au coeur du monde historique

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La dialectique de la liberté et de l'égalité au coeur du monde historique

(reprint et révisé)

par Irnerio SEMINATORE
 
Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/la-dialectique-de-la-libert-et-de-l-galit-au-c-ur-du-monde-historique

Table des Matières

De l'homme de "raison" à l'homme "sans surmoi"

Tocqueville, l'amour de l'égalité et l'imaginaire démocratique

Edmund Burke, l'esprit de réforme contre l'esprit de système

Comment la dialectique de l'égalité et la liberté influence-t-elle la conception de la démocratie  et sa pratique ?

Démocratie et Liberté : Penser la démocratie est-il encore penser la liberté ?

L'émancipation sexuelle et le combat contre la naturalisation du concept d'inégalité 

La "théorie du genre" et la théorie critique de la société. Déconstruction et naturalité apparente

Exodes de masse, théories de l'inégalité naturelle et théories de la "race". Deux variantes d'une théorie des origines

Inégalités de nature et de race

De la Déclaration de l'Unesco de 1950 à la première carte du génome humain de l'an 2000 (Marantz Henig)

Mouvances  identitaires et minorités ethniques en Europe et aux États-Unis

Le Comte Joseph Arthur de Gobineau et son "Essai sur l'inégalité des races humaines" (1853-1855)

La vérité de l'Europe d'aujourd'hui

Du domaine de la liberté et de la chute de l'empire  occidental au nouveau "Moyen Age"

***

De l'homme de "raison" à "l'homme sans surmoi"

La disparition de l'homme de raison, sur lequel a été bâtie la République d'hier et la philosophie morale du XIXème siècle, suscite de nos jours indifférence ou dérision. L'effacement des "vertus" des anciens, ne représente pas seulement la disparition de la liberté, mais la disparition de la "raison", qui était une sorte de loi morale partagée. Ainsi, dépourvue d'une volonté générale, l'homme de notre temps, "l'homme sans surmoi", tend à satisfaire ses besoins pulsionnels immédiats et, en se conformant au principe du plaisir, devient une créature flottante , indifférente à son destin.

L'ennemi de la liberté est-il toujours celui de hier? N'est-il pas aujourd'hui la faiblesse de l'homme sans idéaux, le contraire de "l'homme de raison" de jadis, ennemi, à son tour, de l’État répressif ? C'est un homme de décadence et de soumission, dépuré d'obligations et de devoirs, en particulier nationaux, fils d'une laïcité sans transcendances. On a assimilé cet homme à un homme libre de tout pouvoir coercitif, mais il s'agit en réalité d'un sous-homme, ni libre, ni émancipé, victime de ses désirs et de ses émotions et esclave de trois maîtres, la loi morale, le principe du plaisir et la pénurie des normes ou d'archétypes Un homme anomale, ni national, ni vraiment global et dépourvu de "Daïmon" et de puissance d'interdiction.

La relation entre égalité et liberté assure-t-elle encore la survie des régimes démocratiques vis-à-vis de leurs ennemis, privés et publiques, la tyrannie des minorités et la fracturation convergente des sociétés?

La France décline aujourd'hui à cause de la dissolution de son identité et de sa discorde civile, la Grande-Bretagne se distingue du continent et se sépare du despotisme et du vide de l'Union européenne, forte de sa liberté insulaire retrouvée et de son goût de conquête renaissant et l'Allemagne, au commande de l'Union, par sa puissance reconquise, imprime à la dérive des autres peuples d'Europe, un coup de barre stratégique dans les relations internes et internationales.

Dès lors, une cruelle question se pose :"A qui profite aujourd'hui la liberté? A qui profite la démocratie, institution principielle de la liberté? Les restrictions des libertés publiques obligent à nous interroger sur la démocratie défaillante et à mettre en exergue l'égalité des conditions, l'intégration illusoire de corps étrangers et des "niggers" du monde entier, unifiés par la puissance de l'exclusion, la barbarie de leurs état de conscience, l'arme médiatique de la novlangue universelle et les illusions welfaristes d'un continent gangrené et introuvable .

Vivons nous, derrière les rideaux de la grande histoire, une conception instrumentale de la démocratie, liée à la logique de puissance et à l'hégémonie planétaire du système? Certes, l'affaiblissement de l'Europe, la survie de la Russie et la montée de la Chine, induisent à penser à une guerre culturelle souterraine, une guerre de modèles politiques, qui a ses objectifs propres et qui conduit à une conquête des esprits, engendrant une dispersion des opposants et un regroupements par parentés choisies.

Cependant le but de guerre systémique est d’empêcher la naissance d'un adversaire et, pire encore, d'une alternative crédible. En Europe,affaiblie par la diffusion des hommes sans "surmoi", la bataille pour la liberté est une bataille pour la survie de nos cultures et de nos nations Elle a commencé avec Tocqueville (1805-1859), l'amour de l'égalité et la naissance de l'imaginaire démocratique.

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Tocqueville, l'amour de l'égalité et l'imaginaire démocratique

Dans "De la Démocratie en Amérique", Tocqueville avait bien vu que l'amour de l'égalité était au cœur de l'imaginaire démocratique, consistant à prétendre à l'égalisation des conditions et il avait en même temps constaté que l'individualisme qui accompagne cet égalitarisme est un repli privatiste sur soi, qui peut ouvrir la voie au despotisme social d'un État protecteur.

Ce refus de tout paternalisme politique et ce désir que la préférence individuelle ne vienne entraver la réalisation de soi a conduit à l'élaboration de la doctrine de "l'individualisme possessif" de C.B. Mackperson, pour qui la liberté individuelle est l'expression de la propriété de soi, pouvant aboutir au refus d'adhérer à la société. Ainsi suivant cette doctrine, la conception abstraite de la démocratie comme contrat entre égaux se concrétiserait en un immense phalanstère de copropriétaires, sans solidarité et sans obligations réciproques. Puisque adhérer à la démocratie, c'est adhérer d'abord à l'idéologie démocratique et successivement à un régime politique, une des principales fonctions de ce régime est de reproduire la hiérarchie dirigeants/dirigés et de garantir la consolidation d'une oligarchie, fondée sur le binôme commandement-obéissance. L'abus le plus significatif de notre époque demeure encore, depuis le début de l'âge moderne, la critique acérée de la société et de ses institutions au nom de la "raison". Ortega y Gasset avait déjà identifié cet usage dans l'approche critique du concept de la "raison pure", ayant pour objectif la lutte intellectuelle contre la tradition.

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Edmund Burke, l'esprit de réforme contre l'esprit de système

Edmund Burke repère l'esprit de système qui a conduit à la révolution française dans l'adhésion du peuple et de ses chefs à des valeurs sans justification rationnelle évidente. Il insiste sur le fait qu'une doctrine fondée sur des propositions abstraites, telle la "liberté" ou les "Droits de l'Homme" est un corpus d'énoncés hypostasiés qui permet une utilisation contradictoire de la doctrine, notamment de la part du pouvoir sans que des limites soient portées à l'exercice d'éventuels abus.

Le caractère concret et inductif de sa vision du monde et de la société pousse Burke à privilégier l'induction sur la déduction rigoureuse "à la Condorcet" et à valoriser les approches naturalistes et organicistes, les seules capables de défier les fausses évidences et le temps. Stigmatisé comme réactionnaire et justifiant une société inégalitaire, Burke assigne un rôle central à la tradition et aux préjugés.

Puisque les hommes sont déterminés par des sentiments innés et demeurent profondément attachés à leurs convictions, simplifiés et schématiques, les préjugés consentent une prévisibilité des conduites dans des situations critiques, car les capacités de réflexion et de jugement des individus sont extrêmement limitées et "le fonds universel des natures et des époques", bref le naturalisme historique, offre la matière première pour apprendre de l'expérience et décider des situations.

Comment la dialectique de l'égalité et la liberté influence-t-elle la conception de la démocratie et sa pratique ?

L'idée démocratique des modernes ne s'est pas développée de manière simple. L'instabilité de la démocratie, et la tendance à la corruption de ses principes font associer à celle-ci des images de désordre et d'anarchie, et aujourd'hui de bureaucratie. Or, si la démocratie, comme régime politique de la modernité, est davantage liée à la société égalitaire et à la passion souvent ardente pour l'égalité, la démocratie des républiques grecques et romaines est ancrée aux libertés politiques et à l'intervention directe du peuple dans les affaires publiques. Le "sens" de la démocratie chez Tocqueville est ainsi explicité : "la démocratie constitue l'état social, le dogme de la souveraineté du peuple constitue le droit politique". Selon cette formule, la notion d'égalité inscrite dans la devise de la République française et donc dans "la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen" de 1789 serait au cœur des préoccupations de la démocratie moderne. Or, si "la première et plus vive passion pour l'égalité des conditions est l'amour même de cette égalité..., c'est vers cet idéal que tendraient les peuples démocratiques". (Tocqueville)

Nous remarquerons en revanche que c'est sur le contenu et la nature de cet idéal que se sont manifestés les plus grands équivoques et déchaînés les plus grandes passions. Cette égalité est-elle générale ou de classe ? Est elle nationale ou internationale? Peut-elle être revendiquée avec les mêmes droits et la même légitimité par des populations de souche ou par des immigrés ?

"L'égalité, dans son degré le plus extrême peut-elle se confondre avec la liberté ?" (Tocqueville).

L'égalité forme, d'après Tocqueville, le caractère distinctif de l'époque (XIXème), et plus loin, il ajoute "les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté."

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Alexis de Tocqueville invoque un idéal qui était celui d'un Français sur le continent américain. Or, en Europe et dans l'Amérique d'aujourd'hui, en Russie et dans la Chine du XXIème siècle, la démocratie est encore loin de désigner l'idéal politique et social sur lequel pourrait y avoir un accord entre historiens et philosophes ou entre peuples et classes travailleuses. Encore moins là où le désaccord est plus grand entre minorités immigrées et majorités de souche, minorités qui recherchent la réalisation de l'égalité entre citoyens par l’État et qui espèrent en leur salut et en leur bonheur par un nivellement inévitable et un aplatissement général des conditions de la société.

Démocratie et Liberté : Penser la démocratie est-il penser la liberté ?

Le régime démocratique exige un minimum de foi ou de volonté commune accompagnées par la reconnaissance d'une élite dirigeante ayant confiance en elle-même et en sa propre mission. Or, la masse de l'immigration vit en large partie en dehors du système politique dont elle bénéficie et notamment en termes de politiques sociales. De ce fait, s'il ne peut y avoir de participation à la vie publique ni d'esprit critique, dans le désamour ou dans le mépris de la société, il ne peut y avoir de politique sans "l'affectio societatis", soit elle de la colère ou de la passion. L'idée selon laquelle la liberté n'est guère la jouissance d'un avantage mais la limitation d'un pouvoir, pouvant être exercé sans limites, est loin d'être acceptée par les masses ou par les fauteurs de clientèles et l'autre perception selon laquelle l'idée d'une société de liberté serait celle dans laquelle les citoyens n'auraient rien à craindre et seraient sûrs de leurs biens et de leurs personnes n'est pas, non plus, l'idée d'une société hétérogène et divisée, aliénée à d'autres Dieux et à d'autres vérités, bref multiculturelle.

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Et encore l'idée de liberté comme refus de nuisance vis à vis d'autrui, ne peut être pensée dans l'insécurité de la vie commune ni encore dans l'impunité des sanctions en cas de crime ou, plus encore, dans l'appel au meurtre (fatwa). Mais telle est la désillusion des apologistes de la démocratie d'admettre que, dans beaucoup de cas, la liberté est restreinte et la démocratie inefficace ou limitée. Les conditions civiques de la liberté ne sont pas réunies parce que manque la figure du « civis », remplacée par celle du squatteur de la cité, autrefois politique.

L'analyse sociologique confirme la double dissociation des droits entre citoyen et immigré et entre citoyen concret et homme abstrait. Ce dernier n'appartient en fait à aucune collectivité ou cité,en mesure de lui imposer le respect des droits et des devoirs.

La crise actuelle des démocraties et, en particulier des démocraties libérales, est due non seulement à l'absence d'une "vérité commune" ou d'un "sens" sociétal partagé mais à l'inexistence d'une force de conviction qu'impose la doctrine de la liberté, face à la corruption de l'idée d'égalité et à sa pathologie sociale et politique.

Si, à titre d'hypothèse, la conception de la liberté se confondait, dans l'état de nature, avec la puissance physique qu'impose le respect d'une hiérarchie et d'un ordre fondés sur la force, le contenu de la liberté ne pourrait être l'égalité, mais la supériorité d'une règle, en mesure d'atténuer la prédominance de la force sans lois et d'atténuer l'écart entre forts et faibles.

Si la liberté moderne se définit formellement grâce à l’État et en même temps contre lui, les revendications contre l’État et le gouvernement politique affecteront presque automatiquement tous ceux qui demandent la protection de l’État, ou encore ceux qui demandent l'extension illimitée de son action pour des raisons inhérentes à leur survie (assistés multiples, populations immigrées, groupes intellectuels solidaires, chômeurs de longue durée, etc). Le sentiment des premiers est la solidarité, celui des damnés de la mer, l'indigence, le secours et l'exclusion, dicté par l'incompatibilité culturelle, morale et sociale de leurs revendications.

La liberté de choisir la formule politique, les gouvernants de la cité ou les élites du pouvoir est le propre de l'âge moderne.

Ce qu'il faut mettre en exergue ici est la persistance d'une critique anarchiste de la société, différemment habillée ou travestie, qui, au nom de l'égalité, critique la structure inégalitaire de la société. Cette critique ne peut éliminer le pouvoir en tant que concept, fonction ou réseau. Elle est dans l'incapacité d'apporter une contribution aux réformes, en prétendant combattre le "statu quo", déconstruire la structure sociale ou remettre en cause ce que les siècles ont légué. Il s'agit du type de pensée qui prétend "dénaturaliser" les concepts organiques du fait social, relativiser les principes historiques et se battre contre la "nature" humaine et contre "l'homme" concret, dans ses rapports d'amour, de famille et de société.

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L'émancipation sexuelle et le combat contre la naturalisation du concept d'inégalité

L'utilisation critique du concept de "raison" se poursuit aujourd'hui dans le combat militant conduit contre la notion de "nature" et la "naturalisation du concept d'inégalité" par la "théorie du genre". Considérant que le champ des inégalités recouvre tout entier le domaine du politique et du social, le concept structurant de ce champ est celui de pouvoir, de hiérarchie et de domination. Ainsi, la critique menée contre la naturalisation du concept d'inégalité s'est attaquée à la distinction homme/femme/identité/altérité. Le but en a été de remettre en cause les legs de l'héritage génétique et de revendiquer une égalité entre les sexes qui secoue la plus ancienne distinction humaine, celle des "genres", attribuée  désormais à une causalité socio-culturelle, Adam et Eve, sortis du paradigme métaphysique et mythologique de l'imaginaire social, seraient ainsi les enfants édéniques d'une société pré-créationniste. Dans son combat contre la prétendue naturalisation des différences, l'historienne et féministe américaine Joan W. Scott a engagé une véritable croisade contre la construction culturelle et artificielle des différences et des inégalités. Partant de l'Histoire sociale marxiste, elle est parvenue à l'Histoire des femmes, en passant par la lutte des classes et en prônant d'abord l'émancipation sexuelle, puis la question raciale.

La "théorie du genre" et la théorie critique de la société.

Déconstruction et naturalité apparente

Plaçant en exergue de son article "l'Histoire comme critique" une citation de Michel Foucault "la critique sera l'art de l'inservitude volontaire et de l'indocilité réfléchie", son projet apparaîtra comme clairement individualisant.

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Plus récemment, à l'occasion de la deuxième édition du colloque "Penser l'émancipation" (de février 2014 - Université de Nanterre), Joan W. Scott a prolongé son incursion dans le domaine des discriminations raciales que subiraient les personnes issues de l'immigration. Elle a proposé une généalogie des "usages racistes" de l'émancipation sexuelle, qui permettraient l'exclusion des musulmans. Ces derniers seraient marginalisés, comme les femmes,en violation d'un droit fondamental de citoyenneté, totalement imaginaire, "Le droit d'avoir des droits", une critique qui ignore tout aussi bien la notion de droit, comme correspondance entre droits et devoirs, que celle de citoyenneté, de source nationale, et, pour terminer, celle du contexte historique (celui de la "raison" des Lumières ). Dans ce contexte, la revendication des droits ne concernerait que l'égalité entre Français, séparés en castes mais homogènes en conditions et en culture, et ne confonderait pas la revendication identitaire des français avec celle des groupes venant de civilisations, de religions, d'histoires et de races, hétérogènes et incompatibles avec la France et infiniment distantes, en expérience historique et en perspective de vie. Ainsi, le projet féministe de "déconstruction" de la naturalité apparente de l'hétérosexualité, part de l'idée de subvertir les cadres de l'analyse historique. Son concept central demeure "une entreprise féministe (et non sociale...) de dénaturalisation du sexe" ce qui creuse un écart insurmontable entre les objectifs partiels de l'analyse et les ambitions générales de l'approche.

En réalité, la signification revendiquée est celle de dénoncer dans les différences entre les sexes, la force discriminante des rapports de pouvoir. La pauvreté théorique de l'argument tient au refus proclamé de maintenir le "statu quo" et de tolérer la coexistence de deux universalismes contradictoires. Ainsi, ce qu'on appelle la "théorie du genre", n'est guère une démonstration des multiples inégalités sociales, mais un simple postulat de l'enquête, car les sciences permettent de plus en plus aujourd'hui de mettre à jour l'influence des incontournables différences biologiques sur les motivations et les réactions humaines, indépendamment de l'environnement social. C'est remettre en cause la construction sociale du féminisme par rapport à celle fondée sur l'inné et le biologique. La "théorie queer" s'interdit ainsi d'analyser les subjectivités en elles mêmes et se limite à l'examen des "discours" des sujets, marginalisés par la sociologie ou abordés en termes militants et doctrinaux.

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Exodes de masse, théories de l'inégalité naturelle et théories de la "race".

Deux variantes d'une théorie des origines

Les théorisations contre l'égalité et pour la reconnaissance des inégalités naturelles comme facteurs de dynamisme et de "progrès" de la société sont battues en brèche aujourd'hui par un phénomène, puissant et inclassable, une immigration de masse en Méditerranée qui peut être définie comme "un exode inter-continental" ou comme une "invasion des Suds du monde". Si la théorie de l'inégalité a pour origine la société, ces inégalités peuvent être supprimées, en agissant sur les grande tendances sociétales, par la volonté politique européenne. Or, cette immigration incessante et indifférenciée est un révélateur historique des sociétés périphériques et faibles et a comme dénominateur commun la misère et le sous-développement

Cette invasion pose à l'Europe trois problèmes :

  • d'accueil et d'intégration

  • d'hétérogénéité religieuse et raciale

  • de différenciation civilisationnelle avec les populations européennes de souche

Trois problèmes qui sont refoulés avec vigueur par la pensée sociologique et dont le plus gênant est celui d'inégalité de nature et de "race", qui ne peuvent être supprimées. Concepts démonisés, escamotés et improférables à cause des fantasmes du passé qu'ils évoquent. Et surtout concepts à éradiquer "ab imis fundamentis" selon la doctrine humanitariste, totalitaire et officielle.

Inégalités de nature et de race

Commençons par le concept de "race" pour passer ensuite aux principes de religion et "d'humanisme". L'idée d'une inégalité morale, intellectuelle et civilisationnelle, fondée sur la nature et le sang, le faciès, le caractère et la volonté, a constitué monnaie courante en Europe pendant les deux derniers siècles.

Les doctrines politiques qui s'en sont réclamées jusqu'au nazisme ont considéré que la force motrice du progrès et de l'histoire était la lutte des races et pas la lutte des classes, pour l’accaparement des ressources et pour la survie de l'espèce.

Les doctrines raciales ont dénoncé la lutte des classes comme un faux combat. Toute la culture entre les groupes humains est fondée, selon l'idéologie darwinienne, sur l'inégalité de nature, de sang, de religion, d'origine et surtout sur la différente créativité symbolique et scientifique des peuples.

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De la Déclaration de l'Unesco de 1950 à la première carte du génôme humain de l'an 2000 (Marantz Henig)

L'interdiction de penser cette évidence a été à la base de la Déclaration de 1950**, lorsque les experts réunis par l'UNESCO mirent au ban les "principes de la race" pour affirmer l'unité biologique fondamentale de l'espèce humaine. Le danger à conjurer était la répétition du génocide nazi, de la Shoah et d'Auschwitz.

L'abandon progressif de la notion de race dure jusqu'à la publication de la première carte du génome humain (juin 2000), confirmant que "la notion de race n'a aucun fondement génétique et scientifique" (Marantz Henig, 2000). Ce document ne pouvait nier la pertinence sociale et historique du problème. Ainsi, les travaux de la période récente s'orientent vers l'exploration de la diversité de l'espèce et tendent à prouver que l'analyse des données génétiques autorise à faire la distinction de la différenciation des individus originaires d'Europe, d'Afrique et d'Extrême Orient. Par ailleurs, l'appartenance raciale, à caractère identitaire, est de plus en plus revendiquée par des minorités ethniques, surtout aux États-Unis. Celles-ci s'affirment comme Afro-Américaines, Asiaméricaines et Amérindiennes. Il s'agit d'une revendication qui n'est pas seulement d'ordre morphologique, mais aussi culturel et symbolique (sub-culture Woke).

Mouvences identitaires et minorités ethniques en Europe et aux Etats-Unis

Une toute autre signification acquiert cette revendication en Europe. Ici, la mouvance  identitaire est double et délimite des "frontières" culturelles et religieuses qui opposent des populations européennes de souche aux immigrés. La revendication de souche (et de droite) n'opère pas sous couvert d'une loi ou d'une protection juridique, mais en opposition à celle ci, légitimée par le mépris silencieux et contesté  de la majorité, vis à vis des minorités. En revanche, la revendication des populations issue de l'immigration ne se limite pas à la seule contestation de la culture et des mœurs des pays d'accueil mais affirme violamment, sous la protection de la loi, sa haine et son hostilité vis à vis de la civilisation occidentale. Le radicalisme de cette mouvance (islamo-gauchiste) confirme  la force du sang et de l'héritage, comme facteurs activants de la contestation racialiste Nous assistons ici au rejet de la citoyenneté, de la démocratie et de l'humanisme, caractérisant la constitution historique de la culture européenne. Il s'agit également du rejet d'une utopie désarmée, celle de l'Union Européenne et de la conversion à large échelle à une autre utopie, armée et militante, celle idéologique, des "niggers" et du Califat, pour laquelle  l'homme n'est pas un être social, obéissant à la souveraineté de la raison, mais un croyant, obéissant à une loi supérieure et universelle, celle de la force pure ou de la Charia.

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Le Comte Joseph Arthur de Gobineau et son "Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855)

La disparition de l'homme de raison est elle aussi la disparition de toute autre explication d'ordre culturel, concernant l'inégalité des races humaines? Au regard des faits les plus récents, l'homme métissé et "l'homme sans surmoi", font tomber la fiction de l'égalité et justifient la légitimité de la violence et de l'insurrection, qui passe dans les mains des victimes émissaires (les anciens esclaves) et qui prétendent décoloniser les héritiers de l'esclavage et leur faire subir chez eux, les mêmes humiliations et "opprobres". Rien de cela ne serait possible sans une double émancipation, politique et idéologique du passé. Cette remise en cause de la "raison historique" repropose la question, insyndicable, arbitraire et également légitime: "Où commence-t-elle l'explication du présent par le passé et la fiction de l'égalité des modernes? Par la quête de l'inégalité "naturelle" des peuples ou par l'involution des premiers régimes démocratique de l'antiquité ancienne? Dans ces dilemmes sans reponse, l'histoire de l'oeuvre de Gobineau demeure indissociable de celle de son époque et de ses interprètes contemporains et successifs: l'eugéniste H.S.Chamberlain(1855-1927), l'anthropologue L.Woltmann(1854-1907) et le philosophe Schopenauer (1788-1860).

La vérité de l'Europe d'aujourd'hui

La vérité de l'Europe d'aujourd'hui est elle comparable à celle du Brésil du XIXème, observé et vécu par le Comte de Gobineau, qui prétendit expliquer par le processus historiques du "métissage", la marche de l’humanité vers un destin inéluctable, celui de sa mort? La vérité de Gobineau ne fut-elle pas travestie, successivement, par les théoriciens de l'eugénisme anglo-saxon et par les adeptes de la supériorité raciale allemande? "L'ignominieuse canaille brésilienne", ne rassemble-t-elle pas à la moelle vicieuse et pervertie de l'Europe d'aujourd'hui, sans vigueur et sans courage ? En effet, à la pure observation, la vérité de l'Europe d'aujourd'hui préfigure un temps où il n'y aura plus de place pour  les européens de souche et pour les sujets-maîtres des espaces, acquis à la grandeur de la  liberté, déchus par l'ordre égalitaire du métissage, l'ordre politique de la démocratie et l'ordre protecteur de ses lois,intégratrices ou assimilationnistes. L'Europe des Lumières historiques et l'Europe post-moderne de la "théorie du genre" auront péris sans aucun doute, à cause de la déchéance du monde européen et du métissage périlleux du multi-culturalisme.

Nous serons arrivé alors au bout de la condition mortelle de notre civilisation, minée de l'intérieur par l'injonction salvatrice du projet révolutionnaire du marxisme de jadis, interprète du "sens de l'histoire et converti aujourd'hui en son successeur idéologique et systémique, l'islamo-gauchisme.

Les mêmes principes destructeurs, l'égalité formelle et la démocratie, placent sur le même plan aujourd'hui les vieux bâtisseurs de cathédrales et leurs implacables et occultes fossoyeurs et ennemis. Cette fausse équivalence des blancs et des noirs, des ariens et des sémites, des hommes et des femmes et de leurs tristes caricatures, ne peut nous faire oublier que les batailles se gagnent ou se perdent toujours sur le terrain symbolique, celui des hiérarchies successives, propres à chaque groupe, ce qui ne peut donner des assurances aux peuples européens, désorientés de devoir se perpétuer dans le satanisme et le désordre racial.

CVT_Sur-linegalite-des-races-humaines_9221.jpegJoseph Arthur de Gobineau et  les deux lois du genre humain

Mettant en scène les éléments hétérogènes qui prédominent en chaque ensemble ethnic, vivant côte à côte sur un même espace, Gobineau nous alertait déjà en 1853, sur le principe destructeur de cette cohabitation innaturelle, la répugnance secrète et ancestrale entre les hommes d'origine diverse, ainsi que sur les deux lois du genre humain, une d'attraction et de croisement et l'autre de répugnance et de rejet L'axiome politique qui prétendait à l'égalité réelle avait oublié que "les nations meurent, lorsque elles sont composées d'éléments dégénérés" et la dégénéressance signifie en effet que l'expérience historique a prouvé l'impossibilité de toute fraternité humaine, face aux diverses formes d'inégalité héritées, d'intellect,de morale ou de force créatrice.

Les exemples de notre période sont nombreux: l'Apartheid en Afrique du Sud (1960), les massacres d'européens et de Harkis, par le non respect des accords d'Evian de la part du FLN en Algérie (1962), les revendications Woke et "Black lives matter" aux Etats-Unis (2018) et en Europe (2020). Ainsi, par son goût de remonter le temps,les anticipations de Gobineau constituent des anticipations prophétiques pour le monde contemporain.

La longévité limitée des peuples et des civilisations, la cohabitation imposée et innaturelles de différentes races, l'apport très inégal à l'identité collective et au bien commun et l'absence d'entente envers les sociétés européennes en Europe, alimentent la naissance de situations explosives, lorsque les incompatibilités deviennent territoriales et la conjoncture internationale transforme des revendications locales en luttes sécessionnistes ou, lorsqu'une minorité déterminée ouvre un contentieux existentiel destiné à devenir "une cause". L'instabilité qui en résulte avance alors sur ce qu'on a appelé par le passé "une question nationale", autrement dit un choc probable et une séparation sanglante.

Du domaine de la liberté et de la chute de l'empire occidental au nouveau "Moyen Age"

Le malaise actuel des démocraties et leurs transformations en régimes politiques autoritaires, où joue puissamment l'instinct de survie et où les compromis du passé seront remplacés par la violence des affrontements identitaires, ne peut avoir qu'un aboutissement, au delà des analogies simplistes; l'établissement de formes de démocraties post-modernes de l'exécutif en Europe et des régimes militaires ou tribaux en Afrique ou ailleurs. Ce seront des fédérations versaillaises d’États et de pouvoirs multinationaux, en camps retranchés de la gouvernance globale, proches des bras armés de la défense collective, qui auront pour fonction de légitimer et de stabiliser les élites au pouvoir  mais sans aucune indépendance, ni autonomie stratégique vis à vis du centre impérial. La force des oppositions en révolte sera compensée par la faiblesse des organisations des hommes sans "surmoi", coupés des peuples métissés, en tumulte permanent. La civilisation européenne résiduelle cultivera le souvenir des compromis sanglants de la guerre des "Cent ans", appliquée au nouvel état de nature et celui-ci sera marquée par des périodes de rupture, de désintégrations sociétales et de dérives tribales, sous les drapeaux de Léviathans surannés et de Behemots bibliques. Ces périodes marqueront la mort de la vieille civilisation et la naissance obscure de formes d'univers historiques et religieux, qui pourraient ressembler aux chûtes chaotiques d'un nouveau Moyen-Age, où des Traités inégaux seraient signés, pays par pays, avec les Chefs des Hordes tribales émergentes. D'invasions supplémentaires de métis, venant de provinces ravagées par la peste de la guerre et de la famine et soutenues par des puissances extérieures ennemies,alimenteront de flux constants les bidonvilles du désespoir comme les enfers humains de Calais, pendant que les "Focos" de la révolte interne videront les villes comme au Cambodge, légaliseront la vengeance raciale comme au Rwanda,feront la police ethnique comme à la Ville du Cap, porteront un siège semblable à celui de Constantinople par un nouveau Sultan et entreront dans Paris, Rome et Vienne, comme dans le Berlin de l'année zéro de l"Apocalypse germanique. Alors et alors seulement la dialectique de la liberté et de l'égalité prendra une fin provisoire, dans l'attente que les barbares apportent l'ordre de leurs civilisations par la force, l'âme de tout rachat et de tout espoir après les luxures meurtrières de Sodome et de Gomorre. Alors et alors seulement de nouveaux prophètes voudront écrire la Bible à l'envers, avant qu'Hérode ne massacre tous les innocents du monde et qu'une étape tournante et tragique ne fasse rentrer les événements dans l'histoire violente des civilisations.

Bruxelles (print le 23 janvier 2018, révisé le 29 mars 2021)

***

* organisé en février 2014 à l'Université de Nanterre

** « Déclaration d'experts sur les questions de race », Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, Paris, le 20 juillet 1950. http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001269/126969FB.pdf

dimanche, 28 mars 2021

Égalité - Inégalité. Les deux concepts-clés de l'univers politique

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Égalité - Inégalité. Les deux concepts-clés de l'univers politique

jeudi, 25 mars 2021

Sagesse chinoise et folie occidentale: Tucker Carlson et la notion de baizuo

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Sagesse chinoise et folie occidentale: Tucker Carlson et la notion de baizuo

par Nicolas Bonnal

Folie du monde et sagesse de Dieu, dit Saint Paul. Folie de l’occident, et sagesse de l’orient, commentera-t-on. Un mot existe en mandarin pour désigner nos élites tarées, criminelles et suicidaires. C’est celui de baizuo. On y revient tout de suite.

Le basculement totalitaire en occident est dû à l’osmose entre la gauche sociétale (héritage de Cromwell et de la Terreur française, du New Deal et du traditionnel anarcho-nihilisme Us décrié par Poe ou Baudelaire) et les milliers de faux milliards de la technologie boursière. Tout cela nous fait plonger dans la tyrannie et dans l’extase suicidaire. Les trois pays les plus avancés sont la France, la Grande-Bretagne et les USA sans oublier l’élève modèle israélien qui fait dire à Gilad Atzmon la phrase du siècle : avec des gouvernants comme ceux-là, les juifs n’ont pas besoin d’antisémites ou d’ennemis. Techno-nazisme et médico-fascisme se tiennent maintenant main dans la main avec Gates et un gauche progressiste/éveillée toujours plus vendue aux marchés financiers.

Mais on n’est plus seuls. Il se trouve qu’on a assisté à un basculement (Verwandlung comme dirent les philosophes allemands) la semaine dernière, quand la première puissance mondiale, sur un ton très guénonien (voyez mon texte sur notre civilisation hallucinatoire) s’est lâchée à Anchorage, sur un territoire qui appartenait jadis à la Russie et que le tzar d’alors avait vendu pour une poignée de figues. Les chinois en ont assez, et ils se sont défoulés. Cela a frappé le meilleur journaliste  MSM mondial Tucker Carlson. Tout cela est passé la télé sur Foxnews.com ; rappelons que Cnn and Co s’écroulent et que ces médias vivent comme chez nous de subventions de la part d’Etats totalitaires surendettés et enragés.

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Tucker Carlson laisse la parole aux chinois alors que patriote américain il ne doit pas être prochinois (on croyait qu’ils avaient fait élire Biden comme Trump fut élu par les russes…). Et cela donne :

« Voici, pour commencer, l'évaluation du gouvernement chinois sur notre démocratie :
» Yang Jiechi [traduction] : “De nombreuses personnes aux États-Unis ont en fait peu de confiance dans la démocratie des États-Unis, et elles ont des opinions diverses concernant le gouvernement des États-Unis.”

Et il commente Tucker (il nous rappelle le flamboyant film de Coppola sur l’ingénieur Tucker, un inventeur maudit et mort mystérieusement) sur la fraude électorale qui a fait élire un géronte gâteux :» Carlson : De nombreux Américains n'ont pas confiance dans leur propre démocratie, a-t-il dit. En d’autres termes, la dernière élection présidentielle a peut-être été frauduleuse. Soudain, le haut diplomate chinois ressemblerait beaucoup à l’un de ces insurgés suprématistes blancs d’extrême droite dont on entend toujours parler sur CNN, ceux que le département de la justice de Biden a mis en prison. »

Tucker continue à propos de cette diplomatie débile : parler à la Chine comme à la Tanzanie ? Et notre bon leader chinois voyage avec ses propres meubles, et comme on le comprend…) :

« Mais Yang n’avait pas fini. Ensuite, il a attaqué l’administration Biden pour sa politique étrangère néocon stupide :
» Yang Jiechi [traduction] : “Nous ne croyons pas à l'invasion par l'usage de la force, ni au renversement d’autres régimes par divers moyens, ni au massacre de la population d’autres pays, car tout cela ne ferait que provoquer des troubles et de l’instabilité dans le monde... Il est important que les États-Unis changent leur propre image et cessent de promouvoir leur propre démocratie dans le reste du monde.”

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Tucker commente cruellement : « le gouvernement chinois méprise totalement l’administration Biden et n'a plus envie de le cacher. » Le Donald énervait, Sleepy Joe fait pitié. Et Caligula Blinken se fait tailler un mérité short au passage :

» Carlson : Oups ! Il ne s’agit pas du langage traditionnel de la diplomatie, élaboré, poli, oblique et indirect. C’est du talk-show. Le gouvernement chinois méprise totalement l’administration Biden et n'a plus envie de le cacher. Tony Blinken, qui est censé être notre secrétaire d’État, n’a clairement aucune idée de ce qu’il faut dire en réponse. Blinken n’est pas un diplomate par nature. Ce que Tony Blinken voulait vraiment être, c’est une pop star[...] » 

Et Tucker Carlson de se moquer de la contradiction débile américaine : comment faire la morale aux autres alors qu’on ne cesse de dire qu’on est soi-même une nation immorale, fasciste, débile et raciste (merci au gros bouquin d’Howard Zinn, bible de l’antiaméricanisme cheap, qu’il faut détourner au passage) ?

Les chinois ne se sont pas fait faute de se moquer les impudents et sourcilleux envoyés de l’oncle Shmuel, comme dit notre ami Le Saker :» Yang Jiechi [traduction] : “Il existe de nombreux problèmes au sein des États-Unis en matière de droits de l'homme [...] et les défis auxquels les États-Unis sont confrontés en matière de droits de l'homme sont profondément implantés. Ils ne sont pas apparus seulement au cours des quatre dernières années, comme les Black Lives Matter. Ils se manifestent depuis longtemps.”

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On retourne la pénible question des droits de l’homme (comme disait déjà Raymond Aron en personne à l’époque de la fastidieuse diplomatie Mitterrand) contre son envoyeur. Effet boomerang garanti :

» Carlson : Le gouvernement chinois utilise donc Black Lives Matter comme une arme contre les Etats-Unis ! Vous avez les Chinois qui nous font la leçon sur les droits de l'homme ! Vous n’auriez jamais pensé voir le jour où cela se produirait. C’est incroyable mais en 2021 ça tient la route. C'est pourquoi ils le font. Les Chinois connaissent bien nos dirigeants. »

La diplomatie des droits de l’homme n’est pas seulement sotte, elle est aussi génocidaire. On ne reparlera pas du Vietnam, de Cuba, de la Syrie, de la Lybie, et de tous les pays martyrs du monde arabe, d’Asie ou bien d’Afrique. Ne faut-il pas exterminer les peuples qui n’ont pas votre profil pathologique et politique, à commencer par les siens propres quand ils deviennent trop populistes ? Ne faut-il pas tuer tout le monde – sauf une poignée de milliardaires, de robots et de technocrates -  pour sauver Gaia et notre mère la terre ?

On arrive au baizuo, notion délicieuse que je vous invite à retenir :

« En fait, ils ont un nom pour nos élites qui se détestent elles-mêmes.
» Ils les appellent “baizuo”. La traduction approximative du mandarin est “progressiste blanc”, et ce n’est certainement pas un compliment. Les médias d’État chinois décrivent les baizuo comme des personnes qui “ne s’intéressent qu’à des sujets tels que l’immigration, les minorités, les LGBTQ et l’environnement, qui n’ont aucun sens des problèmes réels du monde réel, qui ne prônent la paix et l’égalité que pour satisfaire leur propre sentiment de supériorité morale, et qui sont tellement obsédés par le politiquement correct qu’ils tolèrent des valeurs islamiques rétrogrades au nom du multiculturalisme”. »

C’est au nom d’ailleurs de ces valeurs islamiques rétrogrades (celles des wahhabites, qui sont à l’islam ce que Bergoglio est au catholicisme romain) que l’on détruit tous les pays arabes modernes et laïques depuis les années soixante. Je suis né en Tunisie au temps de Bourguiba et pourrais en parler pendant des heures.

Au-delà du baizuo on retiendra la stupidité folle, l’arrogance suicidaire et l’irresponsabilité eschatologique des élites façon Biden-Macron-Merkel et compagnie. Rien n’arrêtera ces fous ni le troupeau progressiste qu’ils ont conditionné. On verra ce que pourront faire la Chine et la Russie à cet égard, surtout à une époque où le Biden crache, insulte, menace au nucléaire, et ne sait pas grimper trois marches d’escaliers ou articuler trois phrases.

https://www.foxnews.com/opinion/tucker-china-america-white-liberalism-biden

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mardi, 16 mars 2021

Démocratie et coups d'Etat

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http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/mars/d-mocrati...

Démocratie et coups d'Etat

Dominus Wernerius von Lothringen

Magister in artibus

Rester dans la légalité?

La conquête de la majorité au Parlement est le but stratégique du Coup d’État légal en Occident. En effet le pouvoir législatif, où se forme la volonté populaire est le seul lieu où s'incarne la liberté d'une nation et prend forme un débat constitutionnel. C'est la seule institution où la liberté est en jeu et peut être mise en péril.

C'est pourquoi la conquête du Parlement accorde la sanction de la légalité au pouvoir, majoritaire ou séditieux, qui n'avait été jusqu'ici qu'exclusivement légitime. Or la légalité de cette majorité est instrumentale, car la vulnérabilité des Parlements repose sur l'illusion de défendre l’État par la seule liberté, vue cependant avec les yeux des partis. Erreur très grave, puisque le Parlement a besoin de la complicité du détenteur de la Souveraineté, le Chef de l’État, pour décider, gouverner et régner. Le Chef de l’État italien, Sergio Mattarella, Imperator et Deus ex Machina de la structure constitutionnelle a montré d'être l'ultime recours de la légitimité des partis, divisés et querelleurs et, au lieu de dissoudre le Parlement, obsolète, et de faire appel au suffrage, repoussé plus loin, a ouvert la voie à un garant du salut public, Mario Draghi, Prince inattendu et nouveau premier Consul de la république romaine. L'investiture d'en haut, légale, a remplacé celle d'en bas, légitime. Du point de vue comparatif, ce même Coup d’État a comporté en Amérique le blocage de l'appareil fédéral, la violence d'une intervention séditieuse et la mise au ban du Chef catilinaire suprême, le Président Trump lui même. A l'extérieur du pouvoir impérial, par une offensive simultanée et prolongée les médias et la presse, ont montré d'être farouchement anti-catilinaires. Cette offensive a frappé les esprits, les attentes et la morale publique et a dressé, par réaction, la violence et la révolte, contre le pouvoir élu, car cela fait partie du jeu et du pari de la conquête du pouvoir d’État, qui ne connaissent qu'une loi : la réussite. La légitimité, contestée, a désarçonné la légalité, résiliente, massive et populaire.

Machiavel, Cromwell, Napoléon ou Trotski, grands catilinaires d'antan auraient ajouté à la dynamique des Coups d"État, l'inconnue de l'incertitude, de l'accident et de la Fortune. Or, tous les éléments d'un coup monté étaient réunis aux États-Unis et en Italie pour descendre Trump et pour installer Draghi. Cependant la dialectique permanente de la légalité et de la légitimité, liée à la vie historique rend aléatoire toute prévision sur la durée de l'expérience et sur les modèles politiques proposés. Il est clair que la transition entre les trois formes de régime classiques, selon Aristote, la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, autrement dit, le gouvernement de un, de peu et de tous, en leurs deux formes, pures et corrompues, ont conduit, au tout début du XXème siècle à la découverte de la "loi de fer" de toute organisation, celle de la classe politique et de l'oligarchie (Pareto, Mosca et Michels), qui jouent un rôle important dans la conservation du pouvoir. Changer de régime a toujours exigé la recherche d'un "sens" et une vocation militante pour la passation du pouvoir et le changement n'a jamais été purement technique ou rationnel, mais toujours complexe, partisan et personnel. Il a toujours été associé à un débat sur la meilleure forme du gouvernement, destiné à témoigner, chez les grands historiens du passé (Tacite, Plutarque, Suétone ou Tite-Live) et dans leurs Annales, sur les vices de l'homme, les maux de la société et les opportunités de la conjoncture. Assumant la thèse que nous sommes dans une situation, commune à tout l'Occident, de mutation d'époque, de nouveaux équilibres internationaux et d'autoritarismes montants, la démocratie est, en sa forme pure, derrière nous et une forme inédite de celle-ci, méconnaissable, opaque et inversée, émerge, au sein de la logique des contre-pouvoirs entre conservation et innovation. Dans ce cadre, la grande malade de notre temps apparaît ainsi la société, incapable de se renouveler dans la stabilité. Cette société, nationale-globaliste, post-moderne et post-démocratique exige un autre modèle de gouvernance, aujourd'hui peu clair. La crise est-elle si grave qu'un coup d’État peut s'organiser dans la légalité et transformer l'ordre social dans son ensemble ? Dans la société européenne et mondiale, la divinisation des pouvoirs concerne les autocraties montantes et leurs Césars. Cependant ce qui rend actuelle la pratique des Coups d’État, c'est la volonté de résoudre par la légalité et dans le respect formel de la légalité des problèmes qui concernent le dépassement de ses limites et qui étaient autrefois résolus par les armes. Le concept de démocratie en est terni et son modèle de gouvernance déconsidéré. Parmi les dangers n'y a-t-il pas l'ordre constitutionnel, les prérogatives du Parlement et la défense de l’État ? Bref, l'idée de Liberté ?

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L'instabilité permanente et le doute. Une "Glasnost" à la Richelieu et à la Deng Tsiao Ping mais pas à la Gorbatchev

L'éternisation parlementaire dans la recherche d'une coalition que supporte une majorité de gouvernement et les disputes et querelles entre les hommes et les partis a généré auprès du Président de la République un doute grandissant sur la possibilité de trouver une solution par une "décision" parlementaire et par un emploi normal de la représentation politique. Rompant avec la tactique ordinaire du choix entre les politiques et les grands commis de l’État, Mattarella a fait appel à un sursaut national et unitaire, qui éloigne les partis de la voie conflictuelle, pour prendre de l'ascendant sur une situation dégénérative et risquée. L'option du salut public et le doute grandissant sur les capacités d'auto- correction de la Chambre, ont fait choisir au Président l'option de la "légalité d'exception" et d'un armistice provisoire dans une dispute où l'ennemi principal était la réforme de l’État, la victoire contre la pandémie et la relance de l'économie. Combattre pour la survie voulait dire opérer une distinction entre la difficile guerre totale au système bureaucratique, inefficace, et une guerre limitée au parlementarisme, incapable d'avancer dans la division. Le premier but de guerre fut donc de réduire l'implication des passions et de fixer des objectifs praticables. La grande conséquence de la "Glasnost" politique à l'italienne, qui venait d'être lancée, incluant la toute jeune "Perestroïka économique" de l'Union Européenne, a été la recomposition du système politique. Une recomposition qui vise le renouvellement des partis et, globalement, de l'échiquier parlementaire, autrement dit, l'instauration d'une nouvelle oligarchie et une libéralisation de la structure administrative, sans la " terreur révolutionnaire du mérite", comme critère de réforme et de modernisation. Cela a voulu dire, pour Draghi, d'être avec Richelieu et Louis XIV et de rassembler davantage à Deng Tsiao Ping plutôt qu'au réformiste-visionnaire Gorbatchev. Libéraliser et moderniser certes, sous le contrôle du système politique, version ENA et Macron, mais expurger tout souverainisme à la de Gaulle. La recomposition du système politique, qui est en cours parallèlement en Espagne et en France, investit avant tout la gauche, dispersée et sans idées, sclérosée et dépourvue du vaccin contre le virus des divisions et des luttes intestines. Le Partito Democratico (PD), pour continuer à exister au delà des seules apparences discursives, devrait fusionner avec le M5S, autour du triumvirat Conti, Grillo et di Maio, la Greta Thunberg de l'économie verte. Cependant nous sommes loin du "Pacte de pacification" de 1921 entre Ivanohe Bonomi e Benito Mussolini. Il n'existe pas aujourd'hui de danger de révolte extrémiste comparable à celle du "parti armé" de l'époque, menaçant de brutaliser la politique. Il existe par contre l'idée de Grillo que "les fraises sont mûres", pour faire adopter l'option d'une légitimité du transformisme parlementaire. Le danger de la violence n'existe pas et le contrôle des masses devenues apathique et anti-politiques, renforce les partis de droite et, en particulier Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, très combative.

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Pas d'ennemi, pas de violence !

Pas d'ennemi, pas de violence! Pas de réarmement militant et d'affrontement physique et donc pas de défense armée de l’État ! L'État peut être défendu par le droit et par le respect de la légalité parlementaire. Le Coup d’État pour changer la République pourra se faire sans la violence et dans un cadre légal. En France et dans la clandestinité il n'y a que l’État islamique et, parmi les "hors la loi", il n'y a que les Djihadistes et le "Mouvement identitaire", mis au ban par Darmanin ! Pour éliminer les Fillon, les Sarkozy, les Berlusconi, les Orban il a suffi d'une magistrature d'obédience politique. Il n'y a plus de révolution en vue, il n'y a plus de négation du droit des peuples, ni d'injure permanente des vainqueurs sur les vaincus, hormis la période coloniale, ressassée à la sauce islamo-gauchiste. La colonne Vendôme n'a pas été abattue et la Commune de Paris n'a pas arrêté les communards devant la Banque de France par respect envers la Patrie. En Italie c'est le représentant de la Banque Centrale Européenne qui va vers le peuple, vers les classes moyennes et les entrepreneurs ! C'est comme si Versailles, compassionnelle, allait vers les prolétaires de la Commune de Paris ! Il n'est plus de militaires impitoyables et donc plus de gestes glorieux face aux pelotons d'exécution de Thiers, ni de chansons ardentes, semblables à l'Internationale de Pottier ! Il n'y a pas une grande défaite à venger mais un Parlement, une Assemblée ou des Cortés déjà épuisés, à asservir et déjà pliées, prêtes à se mettre en marche sous la discipline des règlements et des groupes parlementaires! Pour ces radicaux de polichinelle, amadoués par les strapontins parlementaires, le droit constitutionnel suffit et la légalité est respectée sans effusions de sang. L'Italie apparaît ainsi le laboratoire de l'Occident et un exemple indéniable pour la France ou l'Espagne, mais elle constitue néanmoins l'anti-modèle des États-Unis.

Brennus à Rome et QAnon et KU KLUX KLAN à Washington

Lors du sac de Rome au IV siècle avant Jésus-Christ, Brennus, Chef des Gaulois, négociant la rançon en or pour la libération de la ville avait jeté là avec mépris la fameuse phrase : "Vae Victis!" (Malheur aux vaincus!) La valeur de cette maxime persiste. Elle prouve la signification persistante de la force et des rapports de force et justifie, aux États-Unis l'importance de la conspiration et du complot pour conquérir et pour conserver le pouvoir. Dans le cadre des élections perdues, Trump aurait essayé de prévenir un coup d’État, monté par Barack Obama, Hillary Clinton et George Soros.

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Après sa défaite électorale en 2020, de nombreux partisans de la mouvance QAnon auraient recommandé au président de "franchir le Rubicon" et de conserver le pouvoir, en invoquant la loi martiale. Les croyances QAnon deviennent un partie intégrante des tentatives de renverser des élections présidentielles américaines de 2020, et cela sur la base de l'incapacité de la mouvance démocrate de respecter la légitimité du pacte constitutionnel et donc de la voie des urnes, sans tricher. En particulier, sur la base du préjudice qui découle, pour les minorités religieuses, sexuelles et raciales, de vivre à égalité avec l'actuelle majorité blanche. L'égalité serait un faux concept et une fiction juridique trompeuse, bref une utopie, marquée par l'idée d'affranchissement et de rattrapage d'une arriération, vis à vis de la supériorité raciale blanche. Les démocrates seraient prêts à tout pour faire franchir aux minorités cette frontière invisible, qui amènerait à une prépondérance de couleur. Or, puisque cette égalité est fictive et qu'elle masque une inégalité naturelle et réelle, toutes les pratiques de subversion deviendraient légitimes, la tricherie ou le Coup d’État. En effet là où est remis en cause un rapport de force originel et essentiel entre groupes sociaux, il ne peut y avoir que violence, puisque serait ainsi renversé le pacte constitutionnel du "vivre ensemble".

Nature et société

L'idée constitutive d'identité et de société en aurait à pâtir selon l'image de l'Amérique des confédérés de QAnon, du Ku Klux Klan, de Griffith et de son chef d’œuvre "La naissance d'une Nation". C'est le dilemme historique des fondements premiers et originels de la Cité sur la colline et du fait associatif américain, l'homogénéité ou l'hétérogénéité ethnique et tribale, qui précède toute autre distinction de droit et montre un aperçu de la société américaine et sa vulnérabilité.

La remise en cause de cette identité originelle ne peut être que violente et sanglante, car elle a son origine dans le sang et point dans la loi. Dès lors, renverser les rapports de force, en invoquant la loi martiale (QAnon..), le Coup d’État (Obama, Clinton, Soros), ou le prix de la soumission (Brennus), c'est se heurter au "fundamenta inconcussa", le vieux rapport de l'homme à la nature humaine, à la société constituée et à l'Histoire.

A partir de là, tricher au jeu électoral devient un enjeu de confrontation constitutionnelle et post-démocratique dans la maison de cyborg, le mode d'une impossible contestation politique, de la même façon que le couteau ou le coup de canif, décrivent les premiers pas de l'assimilation par les adolescents des migrations et leur plume à écrire pour l'initiation scolaire dans la maison de Descartes.

Si le modèle du Coup d’État légal et non violent des temps actuels, est désormais, pour l'Europe, le laboratoire politique de l'Italie, la contestation ethnique, sexuelle et raciale des États-Unis, deviendra peut-être le modèle violent et tribal de la condition humaine pour l'Europe et le monde ?

Dans une attente toujours fatale, la pétition dramatique de Tite Live retentira dans les consciences des décideurs d'Occident "Dum Romae Consulitur, Saguntum expugnatur !" (Alors qu'à Rome on débattait, Sagonte était prise!) (Tite-Live, Ab Urbe Condita).

Bruxelles le 15 mars 2021

lundi, 15 mars 2021

La biocratie pendant la pandémie sans fin

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La biocratie pendant la pandémie sans fin

SOURCE : http://www.ilpensieroforte.it/dibattiti/4573-biocrazia-de...

Par Lorenzo Maria Pacini

Je suis désolé de devoir décevoir les pacifistes et les bien-pensants, les #willallbeallgood et les apologistes du c***d : nous sommes en guerre, et ce depuis longtemps. L'asymétrie avec laquelle les scénarios de guerre ont été redéfinis au XXIe siècle n'est plus celle des champs de bataille avec des canons, des chars et des avions, ni celle de l'espionnage entre l'Est et l'Ouest à la recherche de la pièce où se trouve le bouton rouge pour faire sauter quelques ogives nucléaires ; ces choses existent toujours, bien sûr, mais elles ont été incorporées dans la stratégie (pas si nouvelle) de la guerre sans fin qui utilise l'infodémie, le numérique et les technologies pour établir de nouveaux scénarios et différents paradigmes, en constante évolution et expansion.

En 1991, le CERN à Genève a publié le premier site web. En 2016, le Pentagone a reconnu le cyberespace comme un nouveau domaine de guerre, le cinquième après la terre, la mer, l'air et l'espace. Exactement 30 ans avant, pas après, en 1986, Ulrich Beck a prédit une lutte pour l'infosphère en écrivant cette phrase : "Dans la mesure où la localisation de la production s'épuise et s'effiloche, l'information devient le moyen central qui rend possible la connexion et la cohérence de l'unité de production. Le problème est donc de savoir qui, comment, par quels moyens, dans quel ordre, reçoit des informations sur qui, sur quoi et dans quel but. Il n'est pas difficile de prévoir que dans les conflits organisationnels de l'avenir, ces luttes de pouvoir sur le coefficient de distribution et de diffusion des flux d'information deviendront une source importante de conflits"[1]. Aujourd'hui, ces mots sont devenus réalité, plus que nous ne le pensons. Le développement de la techné en tant que nomos unique, hétéro-dirigé par le système libéral-capitaliste, paradigme consacré de la politique et de la vie sociale, nous a inévitablement projetés dans une dimension de transition, cette vraie transition qui est numérique mais ne l’est pas seulement ; elle est si inévitable que la roue du moulin a démarré à toute vitesse et ne montre aucun signe d'arrêt imminent. Pendant des années, nous avons été soigneusement éduqués à mesurer nos vies avec des critères numériques, des critères d'information et d'hyper-communication, dans la recherche compulsive du "like" du moment, entre une nouvelle application et le dernier modèle de smartphone, tandis que nous cliquions pour accepter les termes du contrat sur chaque page web sans jamais en avoir lu le contenu, dans une vente obsessionnelle d'images et de données parce que c'est comme ça et qu'on ne peut pas ne pas le faire si tout le monde le fait, abattant même le dernier mur de la dimension spirituelle, dont le culte a été mis en cage dans les minutes d'une émission en ligne en direct.

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Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est impossible de ne pas communiquer, que le marché change et que nous sommes des marchandises, passant de la stratégie de l'entreprise qui offre le produit pour les masses sur une vitrine, à l'algorithme qui envoie des informations calibrées sur les goûts de l'utilisateur individuel, pour ensuite livrer le produit directement à sa porte ; il est vrai aussi que maintenant tout le monde aime s'envoyer des messages sur les réseaux sociaux, pour montrer ce que l'on fait, pour collecter des approbations et des followers pour compenser la profonde solitude du nihilisme post-moderne, en amplifiant l'émotivité jusqu'à l'exaspération parce qu'aveugle et sourd devant un outil comme le smartphone qui ne communique pas l'être mais seulement des chiffres mis en rang ; le problème est que très peu ont compris que tout cela n'est rien d'autre qu'une nouvelle dimension de la guerre, et que nous ne sommes pas seulement les cibles mais aussi les armes.

Essayez un instant d'envisager le scénario suivant : les plateformes d'info-communication sont des camps d'entraînement, où nous sommes constamment remplis d'informations sur la façon dont le monde évolue selon un récit précis, au niveau politique, économique, social ; nous sommes entraînés à trouver des informations sur d'autres personnes ou produits, en explorant le web et en entrant en contact avec d'autres utilisateurs ; nous effectuons des achats et des ventes en déplaçant les poteaux indicateurs du marché, selon les modes induites et les besoins présumés qui nous font percevoir comme rigoureux et essentiels pour suivre une dimension en mutation fluide ; on nous montre des modèles idéaux, de la nourriture, du travail, du sport ; on nous pousse à croire à des choses vraies et fausses, comme des cobayes dans des laboratoires d'expérimentation psychométrique et sociologique, recevant kilo après kilo d'expériences à digérer émotionnellement et socialement ; on nous fait aussi écouter de la musique, quand elle est mélodique, quand elle est rythmée, quand elle est faite de discours de chefs de service passant en revue des troupes, nous rappelant que le subliminal est 95% de la personne humaine. Dans une telle configuration, il faut se demander : sommes-nous vraiment libres ?

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L'ingénierie sociale que les théoriciens du XIXe siècle ont minutieusement décrite dans leurs traités sur les doctrines politiques et sociales a été superbement appliquée par les experts en la matière. Nous sommes arrivés à une guerre à la manière de l'homo homini lupus, où pour déstabiliser un peuple, une nation ou un gouvernement, il n'y a plus besoin de raids et de coups d'État, mais simplement de subversion sociale, de terrorisme médiatique, de fausses informations, de pilotage des élections par le piratage électronique, par exemple. Il suffit de modeler l'esprit des masses dans une certaine direction et selon des modèles précis pour changer le monde. Une seule donnée, une simple information, a le pouvoir de changer un grand nombre de personnes.

Les années 2020 et 2021 sont par excellence la contre-épreuve de ce système complexe. La dictature sanitaire en marche, prédite depuis des années et des années par les dirigeants des grandes entreprises informatiques, de l'industrie pharmaceutique et des gouvernements de certains États passionnés par l'exportation de la démocratie, qui nous ont offert des milliers de pages de livres, d'interviews et de conférences où ils ont notifié leurs intentions avec une précision magistrale : tout cela n'est rien d'autre qu'une biocratie, ou plutôt une forme de gouvernement basée sur la vie, ou plutôt sur le contrôle de celle-ci. La vie qui, rappelons-le, n'est pas une valeur absolue car nous la perdons tous tôt ou tard, mais qui, dramatiquement, est désormais érigée en seule valeur à partir du moment où l'homme a été matériellement massifié et privé de transcendance, pour être réduit, un parmi d'autres, à être un produit du marché à calculer selon les mécanismes du profit et de la rentabilité. Mais c'est précisément sur la vie que nous avons été trompés par la terreur de la mort, le dernier démon contradictoirement exorcisé d'abord par la recherche spasmodique de formes de survie et de prolongation de la vie, puis invoqué par l'offre de mort aux enfants dans le ventre de leur mère et aux personnes âgées arrivées à leurs derniers jours, mais aussi par la promotion d'une culture de l'auto-anéantissement avec les drogues, la violence, l'impossibilité de construire un avenir.

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La pandémie du virus C***d est arrivée au bon moment, réalisant les prophéties de ces mêmes philanthropes immédiatement prêts à nous fournir la solution. Un stratagème dramatique, qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, mais au bout du compte, pour le système, il s'agit d'une question de chiffres sur les plans d'affaires des entreprises et sur les comptes de pension de l'État ; ces ‘’chiffres’’ ne sont certainement pas des êtres dotés d'une dignité ontologique unique et non reproductible, et surtout inviolable. Au nom de la peur de mourir, ils nous ont forcés à ne pas vivre, et nous les avons laissés faire en bons écoliers trempés dans l'in-formation qui nous a donné la bonne forme pour recevoir un contenu fait de vide spirituel et d'identités fluides. Une pandémie qui, semble-t-il, ne semble jamais se terminer, au contraire elle trouve continuellement la raison politique ou économique pour revenir d'un moment à l'autre, tandis que des restrictions de plus en plus sévères nous sont imposées ; la pauvreté augmente, le désespoir se répand mais l'important est d'honorer le dieu Science, qui à travers ses prêtres Experts des CTS ou des Ministères de compétence prêchent l'évangile de Saint Virus selon les Médias, nous rappelant la nécessité de réparer nos terribles péchés que sont la socialité, la santé, les droits, la démocratie, la liberté, afin de pouvoir accéder au sacrement du Vaccin, instrument de l'insondable miséricorde du Gouvernement. Et ça ne s'arrête pas là. Beaucoup vont mourir de faim, et pas seulement ça, mais au moins ils auront un masque.

La biocratie de la pandémie sans fin est une réalité. La guerre est en cours et nous sommes ses troupes et ses cibles. La politique est un instrument de transformation et de privation du bien commun, et non plus son exercice et sa défense. Rien n'est sur le point de s'arrêter, car nous sommes dans une nouvelle normalité si évidente que même les descriptions littéraire ou cinématographiques de réalités dystopiques doivent céder devant ce nouveau réel et observer avec étonnement le chef-d'œuvre de l'ingéniosité humaine.

Nous sommes appelés à répondre à ce grand formatage par un grand réveil collectif, une prise de conscience qui conduit à une transmutation de la conscience et de notre mode de vie. La tâche de chacun d'entre nous est d'être un changement concret, donnant lieu à une redéfinition de la dynamique du pouvoir, qui appartient au peuple, et des structures de la politique, en vue de surmonter les formes précédentes qui ont échoué. Non pas un retour en arrière, à la vie d'avant, mais un dépassement, le dépassement de la mémoire nietzschéenne qui est une transformation vers une nouvelle dimension. Les processus déclenchés doivent suivre leur cours, dramatique d'un certain point de vue, mais nécessaire pour discerner ceux qui auront vraiment le courage de construire un monde nouveau et différent, dans cette nouvelle ère qui nous appartient déjà.

Lorenzo Maria Pacini.

Note :

[1] U. Beck, La société du risque. Vers une seconde modernité, Carocci Editore, 2005, p. 301.

00:20 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, pandémie, biocratie, définition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 09 mars 2021

Ne nous laissons pas assoter

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Luc-Olivier d’Algange:

Ne nous laissons pas assoter

J'apprends que l'Académie française, souvent mieux inspirée, chasse de son dictionnaire le mot «  assoter  ». Ce mot avait l'avantage de dire, mieux que la formule «  rendre sot  », cet assaut de sottise, cette sottise offensive et offensante, cette sottise qui assaille et dont la télévision, les débats publics, la publicité et la religion même, lorsqu'elle tombe aux mains d'effroyables barbares vaniteux, usent à notre détriment.

Se laisser assoter n'est rien d'autre que se laisser vaincre. On nous assote par la veulerie et la frayeur, la distraction et le travail, par l'ignorance et par le bourrage de l'information, par les généralités idéologiques et par les potins, par la musique d'ambiance et par le vacarme des rues, par la désolation des centres commerciaux et la puanteur de l'air, et même par les bons sentiments. Epargnons-nous d'étendre la liste, chacun sait, ou devrait savoir, ce qu'il en est.

Un homme assoté est un homme qui, littéralement, ne sait plus où il en est, c'est dire qu'il ne sait d'où il vient ni où il va. La réminiscence et le projet lui sont également interdit, - sinon un projet commercial, ou de carrière, dont l'horizon est un plan de retraite, - et plus interdite encore la présence d'esprit et la présence réelle.

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Le voici énervé, au sens étymologique, exactement privé du nerf qui lui permettrait de se ressaisir, - de se ressaisir dans un monde sans lequel il n'est rien: cette belle civilisation blessée, européenne, avec ses langues et ses œuvres, qui se délite de moins en moins lentement dans la stupeur et dans l'oubli.

Un homme assoté est sans défense; on peut lui faire dire et lui dire de faire n'importe quoi. Depuis qu'elle est devenue l'ennemie de sa propre civilisation, notre société est devenue une assourdissante machine à assoter. Voici donc les écrans, qui instillent la torpeur et la terreur; voici la publicité qui nous incline à cesser de désirer sinon ce qu'elle veut vendre; voici l'Economie, qui dissout toute chose concrète en abstraction; et voici la morale, une certaine morale, qui sert aux vils et aux ineptes de prétexte à l'abaissement de toute vertu, au sens antique, et de tout génie.

L'assoté tire fierté de son assotement, il s'en vante, s'en revendique contre ce qui subsiste encore vaguement, ici et là, d'une exigence aristocratique, d'un pouvoir de l'excellence, d'une générosité perdue. Les Grands Assotés nous gouvernent et se font élire au titre de Grands Assoteurs. La table rase est leur horizon, leur promesse. Rien ne doit demeurer de ce qui nous laissait le loisir de n'être pas assotés. Ni le silence, ni la vastitude, ni la solitude conquise, ni même l'orthographe ou la grammaire, ni rien de ce qui permettait de discerner, de reconnaître ou de comprendre. Le propre de l'assoté est de n'exister que dans le flou, le confus, l'indiscernable et l'interchangeable, et la fonction de l'Assoteur est de l'y maintenir. Sur ce point, on ne saurait dire qu'il lésine. Tout lui est bon, et il ne manque jamais de se féliciter des concours et des complicités les plus infâmes dans ce travail qui est un combat contre les moindres scintillements de l'esprit et les plus douces rumeurs de l'âme des peuples ou des individus.

Des qualités qui n'ont, à première vue, pas de rapport direct avec l'exercice de l'intelligence, tombent également sous sa vindicte car les Grands Assoteurs savent bien que leur règne est déjà menacé par le bon sens et le bon coeur, par la beauté simple des êtres et des choses et par le pressentiment de la merveille qui se laisse deviner, entre la forêt la clairière, par chaque matin qui recommence le temps dans l'ordre des jours.

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Aussi bien les Grands Assoteurs nous voudront-t-il non seulement ineptes, sans grammaire ni logique, mais aussi, et surtout, tristes et sans recours, moroses et sans élans, assignés à notre sottise comme l'âne attaché au piquet et qui tourne à s'y étrangler.

L'Assoteur étant lui-même passablement assoté, ses ruses sont elles-mêmes assez sottes et n'opèrent, par bonheur, que sur des esprits déjà enclins à la sottise. L'une d'elle consiste à dire et redire sans cesse, jusqu'à atteindre une sorte d'état hypnotique, que les rares heureux qui entendent résister à l'assotement ne le sont que par méchanceté, - le «  méchant  », en jargon d'assoteur (qui n'a cure d'exactitude historique) étant nommé «  réactionnaire  » ou «  fasciste  ». Il est vrai que certains, et certaines, sont bien méchants de ne pas se laisser assoter, de faillir au «  comme il faut  », tels ces enfants que l'on place communément aux Etats-Unis sous neuroleptiques pour avoir été «  méchants  », autrement dit, indociles.

La docilité ne s'invente pas, elle se prédispose. La remontrance ni la punition ne suffisent à rendre docile un indocile. Pour réduire vraiment les hommes à la servitude, il faut que l'Assoteur la leur serve volontaire, sous l'appellation de «   démocratie  ». Pour qu'elle puisse affirmer son âpre et mesquine force, il faut réduire l'espace où respirent l'âme et le corps qui portent l'esprit; il faut désanimer et désincarner.

A cet égard, la technique est une arme de choix, mais non la seule. Ce que veut la technique n'est jamais qu'un accomplissement de la volonté qui nous chasse de nos terres, de nos ciels et rend ainsi incompréhensibles les Symboles qui, naguère encore, opéraient à ces fulgurantes jonctions entre le visible et l'invisible dont resplendit le monde lorsqu'il est non plus utilisé mais contemplé.

Pour chasser les hommes de ce qu'ils sont, là où ils sont, il faut vider leur mémoire de tous les signes et intersignes, œuvres et chants qui leur rappellent leur provenance et leur donnent la chance d'une destination.

L'Ennemi frappe au plus vif, pour le nécroser, et ce plus vif, au commencement, est notre langue natale par laquelle toute sapience nous vient et coule de source. Pour l'Assoteur, dans sa version pédagogiste par exemple, il ne suffit pas que la langue s'appauvrisse, s'altère, il faut l'atteindre, à travers ses usages, dans ses règles mêmes afin d'accroître, autant que se peut, la confusion des esprits et rendre étrangères au premier regard les œuvres antérieures à ses calamiteuses réformes orthographiques et grammaticales.

Ne lui disputons point cette compétence, l'Assoteur connaît son travail: éloigner ce qui vivifie; rendre incompréhensible ce qui avive l'âme; précipiter les esclaves par destination dans la distraction et la tristesse; couper court, au nom de la morale, non celle des Moralistes mais celle, sinistre et envieuse, des moralisateurs, à tout instinct de révolte. Lors, le compte est bon. Il n'est plus de bonheur que celui qu'on achète, d'autre joie qu'imposée, et la pensée calculante trouve son règne sans partage.

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Il n'est pas nécessaire de verser dans quelque nietzschéisme caricatural pour se rendre à l'évidence   : un combat est mené contre notre puissance qui serait, si elle parvenait à s’épanouir, bonté et beauté. Ce combat est celui du pouvoir contre la puissance. Les hommes de pouvoir sont mus par l’envie. Les hommes de puissance le sont par la générosité et le don. La fonction du pouvoir est d’exercer contre la puissance une procédure vengeresse. Le pouvoir, pour s’étendre, doit répandre la tristesse et l’ennui, la confusion morose et l’hébétude, et, certes, il ne peut le faire sans l’immense armée supplétive constituée par les arriérés, barbares, énervés et déprimés de toutes sortes qui sont là pour diffuser partout où ils se trouvent la crainte d’autrui et le dégoût de soi. Ce sont eux qui, sitôt sortons-nous le nez de la boue, s’efforcent de nous convaincre que nos efforts sont vains, que notre cause est perdue et que nous sommes déjà vaincus.

N’en croyons rien  ! Si la défaite et la mort sont au bout du combat, elles ne le sont qu’au bout, à la fin, dans les hiéroglyphes des fins dernières, comme toute vie connait sa fin, étant naturellement cernée par la mort. Ce qu’ils veulent de nous, ces apôtres du néant, c’est notre mort, non à la fin, mais dans les heures mêmes de la vie   ; ce qu’ils convoitent, c’est notre défaite suscitée par leur seul récri indigné, notre soumission d’emblée, sans conditions.

Dès lors que nous comprenons que toute grande politique s’ordonne et s’est toujours ordonnée à la poésie, dès lors que notre stratégie se fonde sur Homère, la Bhagavad-Gîta et la Geste arthurienne plutôt que sur un stage «  force de vente  », la souveraineté nous demeure, sinon dans le temps de l’usure, mais, irréfragable, dans le temps du chant.

La seule défaillance fatale serait que le temps du chant, le temps des Muses, le temps du frémissement ardent, en lui, de l’éternité dont il est l’image mobile, cédât au temps de l’usure, - cette abstraction linéaire qui ne correspond à rien, ni dans la réalité de l’âme, ni dans celle du cosmos.

Dans le temps du chant s’éveillent et dansent toutes nos fidélités. Celles-ci ne sont pas des douairières acariâtres mais de jeunes silhouettes surgies des sylves et de l’écume. Elles ne nous relient pas à un passé embaumé, naturalisé ou «  muséal  » mais à l’éternité toute vive, rimbaldienne, de «  la mer allée avec le soleil  ». Fidélités ondoyantes, et non pas règlementaires, elles portent vers nous un parfum de prairies et de soleil, un sacré qui s’éprouve avant que nous fussions contraints d’y croire, un arc tendu, écharpe d’Iris, entre le visible et l’invisible.

En résistant à la guerre totale que la société, désormais, conduit contre la civilisation qu’elle devrait protéger et chérir, en refusant de nous laisser assoter, nous ne sauverons pas seulement une esthétique, une morale et une mémoire, mais ce secret même de l’être qui se nomme le possible.

On nous ressasse que «  tout a été dit  », que la conscience européenne de l’être est achevée, figée, que l’art est mort et qu’il ne nous reste plus qu’à nous soumettre aux plus tristes fatalités. «  Tout a déjà été dit  », on nous le disait déjà avant Proust, Céline, Ezra Pound   ; on nous le disait même avant Chateaubriand et Hugo. Sans doute le disait-on déjà avant Dante et même Virgile. Ce «  tout a été dit  » trahit surtout le manque d’imagination créatrice de celui qui le formule. Cette formule décourageante veut nous dire qu’ici, en Europe, tout est dit, et qu’il n’y a plus qu’à s’abandonner à la plus ostensible barbarie, à vouloir s’en rédimer en disparaissant. Un idéologue ou un journaliste s’en laisseront aisément convaincre. Il sera plus difficile d’en persuader un poète ou un homme d’action, - qui savent que de bien-pensants journalistes peuvent parler de tout sans rien dire du tout. Ce qui est véritablement dit vient de loin, de si loin que ceux qui parlent de tout n’en ont plus la moindre idée, et, littéralement, ne l’entendent pas. 

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Non seulement tout n’a pas été dit, et tout n’est pas dit, mais ce qui fut dit n’a pas même encore été entendu ni éprouvé dans sa plénitude, ce qui est dit n’est pas encore advenu au dire. Les milliers de travaux universitaires qui ont pratiqué sur les œuvres leurs médecines légales «  textuelles  » ne changent rien, bien au contraire, au fait troublant que les grands œuvres, ces événements de l’âme attendent encore leur avènement dans nos âmes. Virgile, Dante, Hölderlin, Nerval attendent dans la pénombre pour nous dire ce qui doit encore être dit, pour susciter en nous le ressouvenir, «  par-delà les portes de cornes et d’ivoire  ».

Les œuvres de la conscience européenne de l’être sont en attente, en puissance, et c’est contre elles qu’un Dédire universel, - que la démonologie expliquerait bien mieux que la sociologie,- travaille sans relâche  ; et c’est par elles, ces œuvres, qui sont attentes ardentes, que la puissance et le possible nous reviendront dans le plus beau des printemps.

Ainsi que dans le véritable amour, nous reprendrons tout au début, avant les défaillances et les trahisons, là où pointe la vérité de l’être, en sa fragilité émouvante de la jeune corolle. Nous passerons outre aux fastidieuses dérisions des lassés et des blasés. Parménide, Héraclite et Empédocle nous diront le secret de l’être et du feu, comme à des amis, au plus près de ce que nous éprouvons immédiatement, dans la senteur des aromates jetés au feu par notre belle nuit ourlée de la rumeur des flots.

Luc-Olivier d’Algange

Que penser de la collapsologie ?

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Que penser de la collapsologie?

par Jacques GEORGES

51QC3BbFMBL._SX366_BO1,204,203,200_.jpgPlutôt du bien au départ, car l’homme de droite entend plus volontiers les pessimistes que les béats. Plutôt du mal à l’arrivée, car le pessimisme occidental tend à se perdre en masochisme, et le collapse final est (comme nous allons le voir) trop moche pour être accepté ou même subi, voire même pensé (sujet de la collapsosophie chère à Pablo Servigne). La collapsologie, c’est la version crue de la déclinologie entamée au début des années 1970 avec les travaux du Club de Rome sur les limites de la croissance. On est loin de l’univers doucereux de l’écologie officielle, écolo-Bisounours, qui parle de croissance verte, une consolation assez dérisoire.

Il existe plusieurs lectures du phénomène, en partie indépendantes des clivages politiques traditionnels. En voici deux, opposées et dignes d’intérêt :

La première est critique, voire négatrice du concept de collapsologie. Pascal Bruckner, homme de gauche de droite (un peu façon Régis Debray), auteur de plusieurs livres sur le sujet et d’un CD intitulé Fanatisme de l’apocalypse, voit dans l’écologie apocalyptique la version contemporaine et pseudo-scientifique d’une vieille maladie de l’humanité, le catastrophisme. Le catastrophisme mêle religion et politique.

Commençons par la composante religieuse. On y trouve (I) la résurgence du mythe du péché originel, (II) l’apparition d’une nouvelle hérésie néo-païenne et post-chrétienne autour de Gaïa, à la fois divinité, victime et nouveau Jésus, (III) un regain de puritanisme chrétien venu du Nord, (IV) une régression infantile vers la terreur de Dieu de l’humanité originelle. Une jolie collection !

Dans la composante politique, on trouve (I) des traces de romantisme allemand, (II) du culpabilisme germanique façon Hans Jonas, (III) la naissance d’une alternative mobilisatrice de masse au défunt marxisme, (IV) un activisme brouillon, infantile et dérisoire (bien incarné par l’inénarrable Greta Thunberg), (V) un mouvement néo-primitif de défiance envers la technique, (VI) la tentation de la dictature par la peur de masse, enfin (VII) la manifestation d’un fatalisme néo-primitif, la séduction morbide du désastre et de la fin du monde.

Au total, selon cette interprétation, l’écologie apocalyptique se ramènerait à un amas politico-religieux, néo-primitif, immonde et incapacitant. À ne surtout pas prendre, sinon au sérieux, du moins en considération.

9782738132529.jpgLa seconde, portée en France notamment par Jean-Marc Jancovici, un ingénieur pas idéologue qui appelle un chat un chat et ne cherche pas à plaire, est d’un avis opposé. Elle part de quelques faits simples et solides : (I) il ne peut y avoir de croissance sans limite dans un monde fini, (II) la productivité du travail, la production industrielle et agricole, la prospérité économique, le niveau de vie, la puissance des nations et la croissance sont très étroitement liées à la consommation de combustibles fossiles de plus en plus rares, (III) les substituts à ces combustibles fossiles (énergie éolienne, énergie solaire), peu denses et consommateurs d’espace et de matières premières, ne sont pas de taille à compenser l’épuisement progressif mais rapide des premiers, (IV) la croissance verte, neutralité carbone et autres salades étiquetées écolo sont en large partie des impasses ou des illusions, (V) l’émission de gaz à effet de serre résultant de la combustion des combustibles fossiles contribue au réchauffement climatique, (VI) lequel, joint à la crise planétaire de la biodiversité, à la pollution de la terre et des eaux, au réchauffement et à l’acidification des océans, et de façon générale à la surexploitation de la planète entraîne des dérèglements climatiques, perturbations et boucles de rétroaction inévitables, croissantes, dangereuses et difficilement maîtrisables, enfin (VII) le nucléaire est le seul amortisseur (partiel et non dénué d’inconvénients) possible. Je résume outrageusement.

Il en déduit la nécessité, à échéance très courte (quelques années), d’une décroissance sévère à l’échelle mondiale, acceptée et gérée si possible, brutalement subie à défaut et de toute façon. Il s’agit pour l’humanité de ne plus consommer dorénavant qu’à hauteur du durable, du reconstituable, du climatiquement supportable. Or nous sommes huit milliards. Attachez vos ceintures, car ceci signifie en pratique : réalisme de choc, abandon des fausses solutions « vertes », diminution suivie d’arrêt des émissions de gaz à effet de serre, rationnement sévère de l’énergie et des matières premières, chute vertigineuse de la productivité du travail, limitation sévère ou remise en cause radicale de la civilisation industrielle, baisse des rendements et de la production agricoles, baisse sévère du niveau de vie pas seulement occidental, chute démographique et stagnation matérielle sur l’ensemble du globe, retour à la terre et déréliction des grandes villes et métropoles, remise en cause radicale du libre-échange, révolution culturelle mondiale pour vivre heureux avec moins de moyens. La diète radicale, le changement de civilisation, la fin de l’aventure moderne, ou la mort. Rien que cela !

On s’étonne qu’avec un tel diagnostic ce porteur de très mauvaises nouvelles ne soit pas déjà assassiné au coin d’un bois ou au minimum chassé des médias. Au contraire, il est largement acclamé, notamment dans les milieux d’affaires. Il est loin d’être seul. Certains, parfois célèbres (l’ancien ministre Yves Cochet), sont plus brutaux encore, quoique à la mode aimable. Hommage au réalisme et à un diagnostic aussi solide que terrible ? Inclination à se faire peur sans y croire tout à fait ?

Je pose la question : Qui a raison ?

Jacques Georges

10:08 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, collapsologie, déclin, définition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 03 mars 2021

L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

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L’islamo-gauchisme, les limites d'une alliance

Par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.com

L’expression « islamo-gauchisme » a fait son apparition dans les médias mainstream. Je l’évoque dans mon essai La guerre sociale qui vient (Éditions Dualpha, 2020) mais il était, jusqu’à l’intervention de la ministre, politiquement incorrect de suggérer l’existence de cette alliance, au moins sémantique, au-delà des cercles classés à droite de la droite. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a le mérite d’avoir soulevé la réalité des faits et fait révéler les soutiens de cette mouvance politico-religieuse au moins au cœur des universités françaises.

Car l’intérêt premier de cette affaire est le suivant : de l’absence de reconnaissance du concept, nous sommes passés à la liste des « pratiquants », tous ces pétitionnaires qui se sont dévoilés pour exiger (sic) la démission de la ministre. Donc, l’islamo-gauchisme existe puisqu’il a touché des « chercheurs » ou, plus exactement, des enseignants, c’est-à-dire des personnes qui délivrent une parole écoutée des futurs cadres de la France.

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Frédérique Vidal dénonce « le militantisme » de certains qui privilégient « l’opinion » sur « la recherche ». Il sera difficile de donner une stricte définition à cette « alliance » qui recouvre, dans la réalité, le fait pour des intellectuels d’extrême gauche, à la Plenel, d’utiliser l’Islam comme « la religion des prolétaires » du monde. En contrepartie, la défense systématique du port du voile dans les universités semble s’opposer dans les établissements scolaires avant le baccalauréat…

L’islamo-gauchisme revient, si nous devions utiliser les termes de cette mouvance, aux dérives du colonialisme tant décrié : ce sont des Blancs (pour la plupart) qui manipulent des populations d’origine immigrée dans le but de résister à toute intégration ou, pire, assimilation. Le nobliau du Vivarais Geoffroy Daniel de Lagasnerie, figure de la nouvelle gauche radicale, théorise ses concepts décoloniaux en faveur des populations « racisées « et la famille Traoré, emmenée par Assa, égérie du pavé parisien, rameute les troupes, y compris d’ailleurs pendant les périodes de restriction des libertés dues à la crise sanitaire. Il doit y avoir une impunité dans certaines situations. Ce partage des tâches est saisissant, il y a les penseurs et les marcheurs. Dès le milieu des années 1990, l’Organisation communiste international (OCI) avaient théorisé cette alliance et dès le début des années 2000, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Besancenot et Krivine présentait des femmes voilées aux élections. Pas parce qu’elles étaient femmes mais parce qu’elles étaient voilées.

Couv-Revue-des-Deux-Mondes-octobre-2018-645x1024.jpgL’extrême gauche culturelle ne sait plus, ne peut plus mobiliser un Mai-68. En revanche, elle peut renvoyer une identité magnifiée à des populations dont l’existence varie entre la mosquée, les produits stupéfiants (qui viennent du « bled ») et le Mac-Do.

Sur le fond, que révèle cet alliage « islamo-gauchiste » ? Outre la stratégie d’une certaine gauche de mobiliser des populations, y compris lors des élections pour « faire barrage » aux candidats considérés comme « trop à droite », cet amalgame politique nous montre la faiblesse d’une idéologie que les Français ont tendance à surestimer, du fait de l’impunité que procure, à certains, le dispositif législatif.

Car s’il est plausible de comprendre les nouvelles « lumières » de cette gauche, dont le but n’a été de cesse de mettre à bas les valeurs traditionnelles (celles de l’Occident), il est plus complexe de s’interroger sur l’Islam. Ce mouvement conquérant (sic) ne serait plus que le porteur d’eau d’intellectuels en manque de résonnance. L’islam n’aurait de valeur que dans le nombre, la force (certes essentielle) de la démographie qui, peu à peu, livre nos quartiers à des bandes mettant en place des systèmes de valeurs en contradiction avec la parité femmes-hommes ou l’égalité des enfants au sein des foyers ou bien encore la liberté du choix du conjoint…

L’Islam comme symbole du prolétariat ? Qu’en pensent le protégé des États-Unis, Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite ou le Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, émir du Qatar qui pratique l’islamo-sportif de manière ostentatoire ?

Le prolétariat est bien porté sur les maillots des joueurs du Paris-Saint-Germain. Cette simple démonstration pose les limites de cette engeance « islamo-gauchiste ». L’islamo-gauchisme ne se veut que le fer de lance de l’ethno-masochisme européen (blanc si vous préférez, les États-Unis n’étant qu’une excroissance européenne en matière de population). Notre faiblesse nourrit leur force.

VALEURS-ACTUELLES-ISLAMO-GAUCHISME.jpgAu-delà de cet état des lieux, que révèle cette controverse de l’Islam à part la faiblesse intrinsèque de cette idéologie politico-religieuse ? Sans l’appui des forces progressistes et surtout la protection des lois (l’islamophobie, c’est-à-dire la peur d’une religion est en train de devenir un délit…), l’Islam serait une identité limitée à des croyances archaïques.

Un dernier point sur une affaire sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir : les universitaires d’extrême gauche ont retrouvé un prolétariat et on peut penser qu’ils militeront pour la « discrimination positive », pour développer leur présence au sein des universités (ce sont les Blancs qui préparent des CAP ou des brevets professionnels, vous savez l’électorat de Le Pen…) mais ce que nos universitaires oublient, c’est le principe du « renvoi de l’ascenseur ». Dans l’islamo-gauchisme, il y a ceux qui essaient de rester sur le devant de la scène et ceux qui veulent conquérir les corps (et les esprits). Entre islam et gauchisme, il est probable qu’à terme, l’un des deux termes sera de trop et le voile se porte mieux, dans les quartiers sensibles, que l’épinglette de Trotski. C’est ainsi et à terme, les gauchistes devront eux-aussi céder leur place, les homos rentrer dans leur placard mais le romancier Michel Houellebecq n’avait-il pas déjà tout prédit avec d’avance ?… 

En complément :

samedi, 27 février 2021

Dix déviations contre-révolutionnaires qui sabotent la véritable dissidence

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Raphael Machado

Dix déviations contre-révolutionnaires qui sabotent la véritable dissidence

Ex: http://www.novaresistencia.org

Dans l'ensemble, le milieu politique dissident, c'est-à-dire anti-libéral et anti-moderne, s'est beaucoup développé au cours des dix dernières années dans notre pays (le Brésil). Néanmoins, il est encore assailli par certaines maladies et déviations infantiles qui sabotent sa croissance.

Le milieu dissident est plein de dérives assimilables à du sabotage et d'idées contre-révolutionnaires. Dans de nombreux cas, ces dérives et idées sabotent élan et croissance de la dissidence et les idées contre-révolutionnaires se propagent avec une naïveté déconcertante. Dans certains cas, le sabotage idéologique est intentionnel et vise à paralyser ou à fragmenter la dissidence.

Même si ces idées sont agrémentées de phrases d'Evola et de Nietzsche, de photos de familles américaines des années 50 ou de statues d'Arno Breker, ce sont toutes des idées contre-révolutionnaires qu'il faut faire disparaître de notre milieu, par tous les moyens à notre disposition.

Une critique dissidente de la dissidence est devenue indispensable.

10 - Bucolisme infantile

D'une manière générale, le milieu dissident a depuis longtemps surmonté un certain optimisme historique lié au futurisme et s'est retranché dans une critique radicale de l'urbanisation, de la mécanisation des relations humaines, de la foi dans la technologie et d'une certaine artificialisation induite par l'éloignement de la nature et des cycles naturels.

Face à cela, il est devenu courant d'idéaliser la "vie à la campagne", avec ses "blondes dans les champs de blé" et ses "cabanes dans les bois" (avec wifi, bien sûr). Il n'y a aucun problème à décider de vivre dans une petite ville ou de cultiver la terre. Le problème survient lorsque cela est considéré comme un substitut à l'action et à l'activisme politiques.

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En effet, il y a quelque chose à célébrer dans la paysannerie, dans la culture de la terre, dans les relations humaines les plus étroites, mais tout cela doit être mobilisé comme un symbole pour motiver une lutte politique concrète, à mener aussi dans les villes. En dehors de la lutte politique objective, cette fugere urbem n'est rien d'autre qu'une lâcheté conservatrice déguisée en traditionalisme.

9 - Domesticité bourgeoise

Un autre moyen largement utilisé dans la dissidence pour légitimer sa propre inertie et sa lâcheté est la cantilène selon laquelle "aujourd'hui, la véritable révolution est de se marier et d'avoir des enfants", qui n'est pas rarement associée au point précédent. Parmi les incels, l'idée de fonder une famille peut sembler être une grande réussite, mais en dehors de cet environnement, il est étonnant qu'elle soit présentée comme une bannière.

Bien sûr, notre époque postmoderne de capitalisme tardif et de liquéfaction des identités implique une certaine répétition des évidences que sont "le ciel est bleu" et "2 + 2 = 4", donc à une époque où les gens ont "l'hélicoptère de combat" comme genre, il peut effectivement sembler quelque chose d'un autre monde d'épouser une personne du sexe opposé et d'avoir des enfants à l'ancienne, mais il n'y a rien de particulièrement révolutionnaire à se marier et à avoir des enfants, et cela ne remplace pas non plus l'action politique.

La perpétuation de la lignée familiale a toujours été considérée comme importante dans toutes les sociétés traditionnelles, mais c'est une chose naturelle à faire et, sauf pour ceux qui ont une vocation monastique ou similaire, c'est le strict minimum.

Contrairement à tout traditionalisme authentique, ce discours n'est qu'un appel à la domesticité bourgeoise, où le foyer est le centre de la vie de l'homme et où ses préoccupations tournent autour du "paiement des factures" et de la "croissance dans la vie".

Lorsque vous vous retirez de l'action politique pour jouer au "papa et à la maman", vous ne faites que confier à vos enfants les tâches politiques urgentes de notre époque.

8 - La peur de la politique partisane

Dans la rhétorique dissidente, on trouve souvent un certain moralisme antipolitique qui jette l’anathème sur toute implication dans la politique des partis bourgeois en la qualifiant de "corruption", de "trahison", etc. Ce discours est typique de l'infantilisme conformiste déguisé en radicalisme politique dissident.

Psychologiquement, ce refus de s'impliquer dans la politique des partis bourgeois exprime une certaine crainte générale par rapport au monde adulte. C'est une sorte de "syndrome de Peter Pan", mais appliqué à la politique. Pour adhérer à un parti politique, il faut être un homme de 30 à 40 ans qui n'a pas encore réussi à mûrir sur la "scène" depuis son adolescence.

Le monde de la politique des partis bourgeois est célèbre pour ses compromis, ses accords, ses négociations, ses alliances pragmatiques, etc. Tout ce qui provoque le dégoût et inspire le mépris à tout dissident, ce qui est parfaitement justifié. Néanmoins, dans les conditions concrètes de pratiquement tous les pays de l'hémisphère occidental, la participation à la politique des partis est l'un des moyens les plus importants pour atteindre le seul véritable objectif qu'un dissident devrait avoir : le pouvoir.

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Même si l'on veut détruire le système des partis, il faut renverser les rôles et mettre fin au jeu le plus vite possible, même si chaque dissident qui n'a pas d'implication ou d'initiative dans ce domaine, ne serait-ce que secondairement, doit être considéré comme un amateur ou assimilé à des anarchistes bobos.

7 - Spontanéité paresseuse

Si l'on demandait à Lénine, ou à son héritier italien Mussolini (ce n'est pas moi qui le dit, mais Lénine lui-même...), quel est le chemin à suivre pour la révolution, ils souligneraient le travail invisible des petites fourmis : les heures passées à taper, le temps perdu à décider et à organiser des questions logistiques insignifiantes, à écrire des articles pour de petits journaux locaux ou à faire des discours devant une douzaine de personnes.

L'action politique révolutionnaire n'est pas du tout romantique. Le romantisme vient plus tard, avec les poètes de la révolution.

Face à cette réalité souvent fastidieuse, de nombreux dissidents plaident pour le "réveil du peuple". C'est l'idée que finalement (un "éventuellement" messianique et millénaire qui pourrait être demain ou dans mille ans...) le peuple se fatiguera de "tout ce qui est là", et alors il se rebellera spontanément et renversera le gouvernement.

Naturellement, à ce moment-là, les gros granudos sortiront de leur 4x4 pour guider, en tant que patrons naturels et shiatters innés, les masses en révolte. Une illusion qui serait balayée par la lecture de La rébellion des masses d'Ortega y Gasset ou de La psychologie des foules de Le Bon. À cette foi paresseuse dans le réveil spontané des masses est généralement lié le point précédent, la crainte de la politique des partis.

En général, ceux qui lancent des anathèmes à ceux qui adhèrent à des partis, contestent les élections, etc., affirment que si nous diffusons suffisamment de critiques sur l'Holocauste, ainsi que des images de statues nues dans une esthétique vaporeuse, finalement "tout ce qui est là" changera.

6 - Défaitisme idéaliste

Honnêtement, je n'ai jamais pris au sérieux cette vieille idée selon laquelle, dans le sport, il s'agit de faire de la compétition ou de "faire de son mieux" et non de gagner. Il est évident que le plus important est de triompher ! Pour gagner des médailles ! Atteignez la notoriété ! Pour être reconnu comme l'un des meilleurs !

Dans le même sens, en politique, j'ai toujours instinctivement détourné les yeux chaque fois que j'entendais, dans les milieux dissidents, quelqu'un commencer cette litanie du "le plus important n'est pas de gagner mais oui"... Maintenant, si vous n'êtes pas intéressé par la victoire, que faites-vous en politique ? Nourrir votre propre ego ?

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Parmi de nombreux dissidents, il y a cette notion selon laquelle l'idéologie "de droite" accorde d'avance une "victoire morale" qui rend toute victoire concrète, objective et historique superflue. Vous êtes peut-être une personne isolée dans un kitnet avec une page Facebook suivie par 200 personnes, mais parce que vous avez lu quelques livres de Julius Evola, vous êtes en fait une kshatriya et vous êtes destinée au Valhalla. Ou bien vous pourriez avoir un "mouvement" d'une demi-douzaine de personnes qui ne font absolument rien d'autre que de traîner, de temps en temps, dans les bistrots pour boire et faire de la prose.

Si l'on demande à l'un de ces dissidents ce qu'il a l'intention de faire pour prendre le pouvoir, ou pourquoi exactement les choses ne semblent aller nulle part, il vous répondra inévitablement que "c'est la faute de [insérer ici, indistinctement, des juifs, des maçons, des musulmans, des communistes, ou de tous à la fois]". Bien sûr, ils ne sont pas responsables du fait qu'ils n'ont littéralement aucune stratégie, ni même un simple plan qui ait un sens.

Voyez : ils pourraient au moins essayer. Mais même pas cela. La "victoire morale" les a déjà satisfaits. Il n'est pas rare que ces types correspondent également à tous les vices idéologiques décrits ci-dessus.

5 - Accéléralisme naïf

Une infection aggravée par le contact avec les médias de droite avec son mythe du "boogaloo", dans la dissidence ne manquent pas ceux qui croient fermement que "Le Système" est au bord de l'effondrement, et que même demain le monde peut se transformer en un scénario de Mad Max.

Que ce soit à cause de ce pic pétrolier (qui, avouons-le, est tombé en désuétude), d'une révolution mécanique, d'une guerre civile mondiale, de la non-durabilité innée du capitalisme, ou pour toute autre raison, les dissidents ayant certaines tendances survivalistes (généralement seulement virtuellement) se préparent à "la fin".

Ils croient donc qu'ils descendront dans la rue armés pour restaurer la "société traditionnelle". Outre le fait qu'ils vont se retrouver dans la rue avec le Commandement rouge, le Premier Commandement de la capitale et la Ligue de justice, ce qui risque d'être tragique, le principal problème est que ce scénario est un fantasme qui sert à écarter la nécessité d'un militantisme méthodique, d'une construction approfondie du processus révolutionnaire et du pragmatisme politique. Nous n'avons pas besoin de faire quoi que ce soit, il suffit d'acheter des boîtes de thon et d'avoir un P38 pour "protéger la famille".

La grande crainte que cette catégorie de dissidents évite de rencontrer est que nous sommes déjà "à la fin". Une fin qui, si elle est laissée à l'inertie, n'aura pas de fin. Remplacez "La fin est proche" par "Cela ne finira jamais".

4 - Trotskysme dissident

Un problème commun dans le milieu dissident, et pas seulement au Brésil, est une certaine tendance au sectarisme basée sur un puritanisme idéologique qui transforme tout désaccord minimal sur des questions secondaires en contradictions majeures.

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En ce sens, au lieu d'avoir une seule grande organisation dissidente (naturellement, avec ses filières), nous voyons proliférer une myriade d'organisations nationalistes aux objectifs extrêmement spécifiques, avec un nombre de membres variant entre 1 et 20, et qui disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues.

Parfois, il ne s'agit même pas de puritanisme idéologique, mais simplement d’un problème d'ego chez les dissidents qui sont totalement incapables de s'intégrer dans une hiérarchie et de se conformer à une discipline révolutionnaire, et qui craquent sur tout désaccord personnel.

3 - Nécromancie politique

Photographies en noir et blanc, références constantes à des idoles politiques décédées, liste bibliographique presque entièrement occupée par des rafistolages poussiéreux du XIXe et du début du XXe siècle sur des sujets aussi actuels que la voiture à manivelle.

Nous l'avons tous vu et nous continuons à le voir dans les véhicules et les canaux de propagande de nombreux groupes dissidents, ou même si ce n'est que dans leurs profils personnels.

De nombreux dissidents sont prisonniers du passé. Besoin émotionnel ? Il est impossible de le dire, mais ces dissidents semblent toujours se sentir en insécurité ou même menacés lorsqu'il s'agit d'aborder des questions contemporaines avec des auteurs contemporains originaux (et non de simples commentateurs ou répétiteurs de morts).

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La tradition, pour ces dissidents, n'est pas une lumière qui offre la possibilité d'une libération spirituelle, mais une tonne d'entraves qui se lient à des slogans répétés ad nauseam. Tout comme il existe une "seule pensée politiquement correcte" dans le monde post-libéral, il existe une "seule pensée politiquement correcte" dans le monde dissident, basée sur le fait de traiter littéralement comme la Bible toute œuvre écrite par une quelconque personnalité de la Troisième Théorie Politique, liée à des régimes défunts.

En essayant d'être optimiste, au moins ce n'est pas comme la gauche libérale, qui a transformé les livres de Harry Potter en Bible...

2 – Anti-étatisme pseudo-traditionnel

Que ce soit par infiltration libérale ou par simple opportunisme en voulant faire converger les ancêtres mythifiés et les libertaires d’aujourd’hui, il y a une minorité dans la dissidence qui ne fait délibérément pas assez la distinction entre la critique de l'État moderne et la critique libérale de l'État.

Bien sûr, ces "théonomes" déclineront leur philo-libéralisme dans toutes les teintes traditionnelles possibles, des citations de Nietzsche aux appels à une "critique d'en haut" en passant par un élitisme puéril. Mais la conclusion est la même: l'État doit être détruit pour pouvoir ensuite être "reconstruit", mais cette fois-ci de manière traditionnelle, authentique, organique.

Le soutien à ces critiques ne fait pas rougir, ce qui suscite une suspicion sincère.

En fait, d'un point de vue traditionnel, tout État, même moderne, vaut mieux que le plongeon chaotique et a-nomal dans l'indifférenciation postmoderne. L'État, même en tant que forme pure, n'est pas quelque chose de vide de sens et n'équivaut pas à l'Anarchie. C'est la base de la pensée politique d'Evola.

C'est un curieux "traditionalisme" qui a des points communs avec le libéralisme foucaldien et avec le post-marxisme autonomiste de Toni Negri et Michael Hardt, ainsi qu'avec les idées de Murray Rothbard et Hans-Hermann Hoppe. Dans des cas comme celui de Marcos Ghio, ces notions en viennent même à être associées au soutien à l'ISIS et à Al-Qaida, au point que "défendre Assad, c'est défendre l'État moderne et anti-traditionnel". Ces arguments sont également apparus chez les néo-nazis qui entendaient justifier leur soutien au terrorisme ukrainien contre les populations du Donbass ainsi que leur anti-poutinisme. "Poutine est un bourgeois !"

Tous sont les apôtres d'un affaiblissement généralisé de l'État comme moyen de parvenir à un "ordre plus juste".

Il est évident que nous savons ce qui se cache derrière tout cela et où ces idées circulent.

1 - Fétichisme marginal

Demandez à n'importe quel penseur dissident de ces cinquante dernières années ce qu'il faut faire et ils vous diront tous unanimement qu'il faut boire à la fontaine de Gramsci pour favoriser la pénétration institutionnelle de nos idées.

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Il est nécessaire de produire un contenu académique, il est nécessaire d'adhérer et de participer activement à des syndicats, il est nécessaire de faire du militantisme de base et d'organiser des communautés, il est nécessaire de produire de l'art dissident, il est nécessaire de construire des contacts et des réseaux d'influence avec les partis politiques, il est nécessaire d'utiliser les réseaux sociaux pour essayer de populariser les idées dissidentes. Popularisez, ils insisteront. Ne pas augmenter le nombre de "marginaux".

Néanmoins, il y a encore de nombreux dissidents qui insisteront sur les comportements les plus innocemment marginaux, tout en se faisant passer pour des radicaux. Faux personnages de dessins animés, théories de conspiration complètement folles, MGTOW, et tout un tas d'autres manies et fétiches qui suscitent le dégoût des gens ordinaires, même ceux qui ont tendance à être en désaccord.

La réalité est qu'il y a beaucoup de gens qui se sentent plus à l'aise dans un petit créneau politique, généralement ignoré par les médias et les organismes publics, et qui feront le possible et l'impossible pour maintenir la dissidence dans une bulle.

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jeudi, 18 février 2021

Causalité et vérité face à l’insufflation culturelle relativiste

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Causalité et vérité face à l’insufflation culturelle relativiste

par Sébastien Renault
Ex: https://plumenclume.org

« Toutes choses ont un pourquoi, mais Dieu n’a pas de pourquoi. »

                                                                                                          (Maître Eckhart, 1260 – 1328)

La substitution relativiste

Dans le monde actuel de la « post-vérité » normalisée, la seule posture à strictement parler acceptable et acceptée consiste à considérer que chaque individu est sa propre source de vérité et d’autorité morale. Un tel état de fait, entériné par l’évidence culturelle qui nous pénètre et nous habite presque universellement, finit par induire en nous la croyance illusoire que nous ne répondons finalement à aucune autorité épistémique et morale objective, immuable et transculturelle—à l’exception bien sûr de celle de l’État, surtout lorsque celui-ci enjoint au peuple ses directives sanitaires au nom des principes sacrosaints du Covidisme institutionnel.

La détermination de ce qu’il est juste de penser, de croire et de proférer ne saurait, en dernière instance, que résider en l’individu—c’est du moins ce que l’on fait avaler à dessein à l’individu massifié par le relativisme universel, moyennant l’influence soustraite mais efficace de la suggestibilité lobbyiste, de la programmation neurolinguistique, du détournement numérique de la compréhension intellective, et de toutes les formes contemporaines du contrôle social s’exerçant sur l’inconscient du public. En matière de « post-vérité », l’individu n’est donc sa propre référence imaginaire que dans la mesure de sa soumission bien réelle à une programmation culturelle neuro-mentale fondée sur la prestidigitation logique de l’absolutisation du relativisme.  

De même dans l’ordre de la causalité, principe universel lui aussi de nature à la fois épistémique et morale, la substitution relativiste et pluraliste a aujourd’hui fait son chemin culturel pour supplanter graduellement l’objectivité que lui reconnaissaient jusque récemment aussi bien les sciences naturelles que la métaphysique, et par-là induire une nouvelle norme « post-causale » des effets observés dans le monde et dans la société [1].

Nous examinons dans ce qui suit ce phénomène de supplantation relativiste par rapport aux principes de causalité et de vérité objectives, plus érodés que jamais en ces temps de contagion par la fausse nouvelle mondialisée.

Fictions sociales et reprogrammation mentale des peuples

Pour beaucoup de gens aujourd’hui, respecter ou admettre certaines « vérités » revient simplement à souscrire à certaines opinions parmi d’autres, leurs opinions propres ou celles d’autrui, qui ne sont souvent que leurs opinions du moment—un peu comme le sont les relations amoureuses contemporaines qui, centrées sur la sentimentalité et ses satisfactions toujours éphémères, se font et se défont au gré de quelque forme de commodité transitoire, financière, sexuelle, etc. [2].

Dans nos sociétés axées sur la communication instantanée de l’information via le réseau mondial du neuro-pouvoir numérique, la pensée relativiste (consciente ou inconsciente) constitue la norme philosophique sous-jacente la plus répandue. L’hyper-connexion numérique et le relativisme cognitif sont désormais synonymiques. Tout est a priori sur un pied d’égalité (égalitarisme dogmatique oblige), tout se vaut (selon une estimation évidemment illusoire mais implicitement adoptée, par conformité démocratique et par crainte d’enfreindre l’impératif antidiscriminatoire). Le pluralisme informationnel en continu supplée le pouvoir d’une forme d’éthique supérieure (par supplantation du « bien » et du « mal », notions tenues pour obsolètes puisque associées à la vision chrétienne du monde et d’un ordre moral universel) et de réévaluation de ce qui est communément tenu pour « vrai » ou « réel » en termes de pluralités cognitives et de nihilisme métaphysique (lequel engendre tôt ou tard l’anéantissement collectiviste des individus réels sur l’autel du matérialisme athée), comme le dicte le perspectivisme radical et inconditionnel de la pensée moderne, en sa racine distinctement protestante. 

Par contraste avec cet ordre « ancien », nos sociétés postchrétiennes se targuent de promouvoir le libéralisme, l’inclusivité multiculturelle et la tolérance à tous crins. Le régime qu’elles préconisent nous fait passer de la vérité objective au pluralisme opinioniste, de la moralité fondée sur une loi naturelle et la cultivation des vertus à une éthique des « préférences » et des « valeurs » personnelles. Le paradigme est foncièrement différent. Il s’appuie entièrement sur le support d’une logique relativiste intrinsèquement viciée, ce que nous montrerons plus loin.

Dans l’ordre de la réalité alternative façonnée et véhiculée au moyen de la fausse nouvelle, le discours paralogique va jouer un rôle parallèle à celui que joue l’authentique discours logique dans l’ordre de la pensée et de son rapport au monde réel....

Lire la suite ici:

https://drive.google.com/file/d/1K7lu3ytFCD8C7qSfjm2slR0FOfQ5bVgy/view

dimanche, 14 février 2021

La guerre d'anéantissement et la paix apparente

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La guerre d'anéantissement et la paix apparente
 
Irnerio Seminatore

En rappelant que la guerre n'a pas un caractère moral et ne peut comporter en soi un caractère criminel, en disqualifiant d'avance et par le droit la figure de l'ennemi, la guerre d'anéantissement, en dehors de toute référence aux legs de la civilisation, se développe en dessous de la paix apparente, conformément au sens originel de la lutte et de sa fureur élémentaire. Elle se définit dans la dimension conjointe de l'affrontement guerrier et de la perspective d'anéantissement de l'adversaire. Sous forme de lutte à mort, elle resserre en un seul concept, trois buts de guerre, politique, militaire et civil. Politique (par un choc étatique des armées), militaire (par une suppression de toute opposition et de toute résistance sur les arrières), et enfin, génocidaire (par la confusion des civils et des militaires et l'absence de toute retenue et contrainte violente). Elle produit une fusion destructrice de trois facteurs de résistance, la force actuelle, le potentiel de mobilisation et la force vive du peuple ou de la nation. Enfin, dans une apothéose de mort elle conduit à la suppression de tout antagonisme, peuple, race ou religion. Cela signifie l'éradication de l'ennemi du cours de l'histoire et, de ce fait, une guerre totale, en son pur principe. Ce type de guerre comporte la liquidation immédiate et soudaine d'une portion définie, organisée et territoriale de l'espèce humaine et configure ainsi la conception d'une guerre d'effacement existentiel, au dessus de laquelle tout armistice est trompeur, aléatoire et précaire. Deux exemples confirment cette analyse: la bataille de Canne (216 a.J-C) et la destruction de Carthage par les Romains dans l'antiquité et l'Opération "Barbarossa" pour l'anéantissement de l'URSS dans la troisième guerre mondiale (juin 1941). Le but d'éliminer l'adversaire et de raser Carthage après la deuxième guerre punique, fit de Rome la maîtresse du "Mare Nostrum"; la conquête de l'espace vital (le Lebensraum), devait permettre un repeuplement de l'immense étendue des terres de l’hémisphère Nord de l'Eurasie pour la constitution allemande d'un empire millénaire. Le Drang Nach Osten (la marche vers l'Est) aurait pu assurer une domination in-contrastée au Herrenvolk (le Peuple des Seigneurs).

Différente dans la forme, mais similaire pour les enjeux et surtout pour les issues, l'anéantissement des populations européennes par la guerre du ventre des femmes musulmanes. L'asymétrie démographique et la mobilité humaine compensent ainsi les buts de conquête politiques et militaires. La proclamation de la guerre du ventre fut une anticipation prémonitoire de Houari Boumediene. L'avait-on oublié?

En avril 1974, le président de la république algérienne, Houari Boumediene, prévenait l’Europe du projet de transplantation de peuple qui se préparait :

« Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas en tant qu’amis. Ils iront là-bas pour le conquérir, et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire ».

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L'histoire c'est aussi la démographie, éruption irrésistible du vivant.

La perspective d'anéantissement du Nord par le Sud de la planète est la forme de la Lebensraum des opprimés contre les nantis Une perspective d'anéantissement lent, souterrain et insidieux, par l'étreinte démographique des populations. Une poursuite de la décolonisation, en forme d'invasion et de revanche, qui montent par vagues successives, par terre et par mer, soutenues par des organisations militantes. C'est le purgatoire des démunis et la noyade des populations autochtones. Ce sont les flux, refusés par la Grande Bretagne et sources de dissolution, de désagrégation et de conflit. Est loin des esprits, dans cette forme piétiste de la guerre des mondes, le principe westphalien du "cuius regio eius religio" (ou non ingérence idéologique), mais aussi celui du "cuius economia, eius regio" (individualisme ou étatisme économique), et encore le différent déterminisme des paradigmes de la connaissance "cuius religio, eius universalis cognitio"(telle religion, tel universalisme), visant l'identité, la famille, le groupe, la religion et la divinité. L'anéantissement touche ici aux principes premiers, ceux de la mission et de la foi. Un peuple ou un communauté affectés de l'intérieur par une "guerre des dieux" sont un peuple et une communauté condamnés à la disparition et à la sortie de l'histoire. Dans la guerre d'anéantissement démographique ou racial, la défense immunitaire de la philosophie et du droit est pervertie en son contraire, l'égalisation des conditions et des statuts. C'est la porte ouverte à l'exercice d'une violence disruptive, vindicative et revendicative de la part de l'étranger, devenu citoyen. Dans ces conditions la guerre n'est plus considérée comme une relation d’État à État, mais comme une révolte et insoumission permanentes, dépourvues de leaders et donc in-négociable. L’envahisseur, ami de l'ennemi extérieur est le premier fossoyeur de l'arène politique à qui on a remis les clés de la cité et qu'il livre au frère ennemi, lorsque la guerre civile est surmontée par la guerre étatique. La guerre de substitution, par noyade ethnique ou raciale, a son moment culminant dans la délivrance de toute obéissance, désignant une crise d'autorité et une prise de terre à repeupler.

Protégé par une philosophie humanitariste, consentie à l'ennemi sécessionniste, l'ekthrsos profite de la vie publique pour attiser les antagonismes des vieux conflits interconfessionnels et se hisser à la tête de la terreur extrémiste. De facto la guerre d'anéantissement se prépare dans l'antériorité de la guerre civile des sociétés ouvertes et dans la préparation souterraine des guerres d'étripement et de terreur qui la précèdent. Cela prouve que le monde n'est pas un village planétaire mais un espace protégé par les murailles du droit qui veillent à la sécurité des nations, sous le brouillard de la paix apparente de Saint Augustin. La bataille qui précède la guerre d'anéantissement est au même temps juridique et philosophique, afin que l’envahisseur ne puisse disposer des armes lui permettant de violer l'état de la pacification existante et de poignarder au dos le parti de la cohabitation et du "statu quo", par une fausse égalisation des conditions. Est guerre d'extermination dans les deux cas, la perspective d'anéantissement par l’atome, le globalisme prophétique, le millénarisme climatique et le réinitialisation de Davos. Concepts englobés dans les deux expressions de destruction complète et d'abattement total, sans pour autant que soit identifié l'auteur de cette guerre d'anéantissement qui, à l'inverse des perspectives civilisationnelles du passé, permettrait demain sa condamnation et sa mise au ban des nations.

Bruxelles, le 5 janvier 2021

NdR. Ce billet fait partie d'une étude sur le thème :"GUERRE ET POLITIQUE. La désignation de l'ennemi et la discorde dans les alliances"

Source: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/janvier/la-gue...

samedi, 13 février 2021

Archéofuturisme : un dynamisme vitaliste

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Archéofuturisme : un dynamisme vitaliste

Conférence donnée au Pérou sur l'archéofuturisme selon Guillaume Faye

Traduction d’une conférence donnée au Pérou, par Israel Lira, directeur du centre des études Crisolistes – Le 24 décembre 2020

«…Les formes politiques et sociétales de la modernité se brisent. Les voies archaïques émergent dans tous les domaines politiques, la résurgence d’un Islam conquérant en est un parfait exemple. Finalement les futures altérations de la technoscience -principalement en génétique – tout comme le retour tragique à la réalité que le 20ème siècle a préparé, va demander un retour vers une mentalité archaïque. C’est le modernisme qui est une tendance passagère. Il n’y a aucun besoin de revenir au classique traditionalisme, imprégné de folklore et rêvant à un retour au passé. La modernité est déjà obsolète. Le futur doit être archaïque, c’est à dire, ni moderne ni passéiste.(Faye, 1998:15). (revoir d’après l’original, p43)

Cette citation de Faye montre le flou dans lequel il laissait les principes consubstantiels à son système théorique, pour éviter précisément qu’ils puissent être confondus avec d’autres théories ayant aussi la technoscience dans le champ de leur réflexion. Dans le cas particulier de Faye, sa proposition, dans ce qu’elle a d’universel, relève de la catégorie du constructivisme vitaliste, tandis que sa conceptualisation spécifique prend la forme du néologisme « archéofuturisme ». 

product-image.jpgCette nouvelle doctrine a influencé un large éventail d’écoles de pensées théoriques à ce jour, dans le cadre de propositions anti-globalistes, anti-individualistes et anti-libérales, face au monde postmoderne qui porte l’estampille du nihilisme culturel, dont les principales expressions phénoménales s’expriment dans la laïcité nihiliste, la globalisation néolibérale, le narcissisme hyper-individualiste et l’extrême relativisme culturel.

La trichotomie centrale de l’archéofuturisme (TCAf)

L’archéofuturisme a trois thèses principales à l’intérieur desquelles nous devons remarquer son rejet absolu – par Guillaume Faye – des positions techno phobiques (le traditionalisme classique et le conservatisme) ainsi que les positions technophiles acritiques (technicisme et transhumanisme), et elles peuvent être résumées ainsi :

Première thèse (T1): la civilisation contemporaine qui est la fille de la modernité et de l’égalitarisme, termine déjà son cycle historique, ainsi, « la vieille croyance dans le miracle de l’égalitarisme et de la philosophie du progrès, qui affirmait qu’il était toujours possible d’obtenir plus, est morte. Cette idéologie angélique a créé un monde qui devient moins viable chaque jour. » (Faye, 1998: 2-3)

Seconde thèse (T2) : Les idéologies contemporaines qui émergent comme un fait symptomatique du retour des structures psycho-bio-sociales à un état très moderne sont caractérisées par le rejet de l’individualisme et de l’égalitarisme, ce dernier comme expression maximal du nihilisme culturel. Pour affronter le futur il faut reproduire une mentalité archaïque, c’est-à-dire, pré-moderne, non égalitaire et non humaniste, qui restaurera les valeurs ancestrales d’ordre des sociétés. Maintenant, les découvertes en techno science, particulièrement dans le domaine de la biologie et de l’informatique, ne peuvent être administrée à travers les valeurs humaniste et les mentalités modernes.

Aujourd’hui les événements géopolitiques et sociaux sont dominés par des problèmes religieux, ethniques, alimentaires et épidémiologiques. Revenons à la question principale. Je (Guillaume Faye) propose donc, une nouvelle notion, l’archéofuturisme, qui nous permettra de rompre avec les dogmes modernes, égalitaire, humaniste et individualiste, inadaptés pour penser au futur, et qui nous permettrait de survivre dans le siècle de feu et de fer qui vient. (Faye, 1998:4-5)

Troisième thèse (T3) : l’avènement d’un nouveau type de scénario dans un cadre qui est totalement différent du monde égalitaire régnant et actif, dans la mesure où il est clair pour nous que « nous devons nous projeter et imaginer le monde post-chaos, le monde après la catastrophe, un monde archéofuturiste, avec des critères radicalement différent de ceux utiliser dans la modernité égalitaire.»

Ces trois thèses centrales constituent les fondamentaux de l’archéofuturisme, configurant sa trichotomie centrale (TCAf) comme système théorique qui s’exprime de la façon suivante :

Af = <T1,T2,T3>

Où,

Af = Archéofuturisme comme proposition théorique.

T1 = Thèse de la mort du mythe du progrès.

T2 = Thèse de l’éternel retour et la sombre illumination.

T3 = Thèse du nouveau paradigme existentiel.

Qui plus est, il faut mentionner qu’une partie du discours de Guillaume Faye doit être comprise dans le cadre littéraire qu’il se donne afin d’illustrer son travail, et/ou d’élaborer une sorte de projection hypothétique en forme d’utopie et de dystopie, que l’on voit se refléter dans son œuvre, l’Archéofuturisme V2. 0 ( 2016).

Archéofuturisme et transhumanisme : un antagonisme irréconciliable

Aux antipodes de TCAf, on peut présenter le transhumanisme tel qu’il ressort de manière claire et nette des travaux de Max More et Anders Sandberg, et de cette déclaration de la World Transhumanist Association, qui réaffirme la systématisation faite par ces deux auteurs : 

9781907166099-fr.jpg«Le transhumanisme est une sorte de philosophie qui tente de nous guider vers une condition post-humaine. Le transhumanisme a de nombreux points communs avec l’humanisme, tel que son respect de la raison et de la science, son acceptation du progrès et la priorité donnée à l’existence humaine (et transhumaine) dans cette vie au lieu d’une vie future surnaturelle. Le transhumanisme diffère de l’humanisme dans la reconnaissance et l’anticipation d’altérations radicales dans la nature et notre potentiel biologique grâce à différentes sciences et technologies telles que les neurosciences et la neuropharmacologie, l’extension de la vie, la nanotechnologie, l’ultra-intelligence artificielle, la vie dans l’espace, combinées à une philosophie rationnelle et un système de valeur rationnel.» (More, 1990)

Dans la même veine : « les philosophies de vie qui recherchent la continuation et l’accélération de l’évolution de la vie intelligente au-delà de la forme humaine actuelle et de ses limitations au travers de la science et la technologie, sont guidées par des valeurs et des principes qui promeuvent la vie. » (More et Sandberg 2001)

De ce qui précède, il ressort clairement, littéralement et explicitement que le transhumanisme se trouve dans la logique narrative de la modernité, dans la mesure où il implique la continuation et l’expansion de la philosophie du progrès linéaire, compris comme une perfectibilité indéfinie du genre humain et qui n’admet aucun recul que ce soit (Canguilhem, 1999 :669). C’est ce principe névralgique du transhumanisme,  celui sur lequel il repose entièrement et que même l’histoire de la science a démystifié, qui apparaît comme l’antagoniste de la trichotomie centrale de l’archéofuturisme (TCAf).

Très contraire à l’idée de la modernité du progrès linéaire,l’ archéofuturisme met devant lui une idée de mouvement synergique, qui est plus intégrale, un dynamisme vitaliste, dans la mesure où l’archéofuturisme rejette l’idée de progrès comme fin en soi. Car tout ce qui découle de la vision du monde d’un peuple doit être fondée sur des bases immémoriales, et parce que depuis 50 000 ans, Homo sapiens n’a que très peu changé, mais aussi parce que le modèle archaïque pré-moderne des organisations sociales a donné des preuves de son efficacité. À la fausse idée de progrès, nous devons opposer l’idée de mouvement ( Faye, 1998: 89) (revoir d’après l’original, p71)

De ce qui vient d’être exposé il peut être réaffirmé que l’archéofuturisme ne penche aucunement vers le système théorique du transhumanisme contemporain, comme le voit Michael O’Meara (2013) et, plus explicitement encore, Roberto Manzocco (2019), et ce système de pensée ne peut pas non plus être considéré comme une branche conservatrice du transhumanisme, un transhumanisme conservateur, erreur encore pire que toutes celles qu’on pourrait faire. A l’appui de cette idée, on ne peut trouver d’explication que dans la prétention totalitaire du transhumanisme international de s’annexer tout projet qui ferait allusion à l’utilisation de technologie pour l’amélioration de la qualité de la vie et de la condition humaine, initiatives qui ont été présentes depuis la révolution industrielle, étant donné que comme pour tout système théorique, les idées qui lui ont servi de base, et les premières pensées apparentées, ont pu être retracées comme esquissé dans les travaux de Hugues (2002) et Bostrom (2005).

Mais on ne peut en déduire que toute idée qui préconise l’utilisation des technologies pour l’amélioration de la qualité de la vie et de la condition humaine, est en soi du transhumanisme, même si cela est validé par les transhumanistes eux-mêmes, dans la mesure où « l’Homme +» (l’Homme Af) a des particularités qui le différencient précisément comme philosophie et comme proposition théorique, aussi bien par exemple de la pensée futuriste (artistiques et technologiques), et de l’utopisme technoscientifique.

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Le terme transhumanisme est apparu en 1957 sous la plume du biologiste Julian Huxley, tout comme le terme «transhumain» en 1966 dans la bouche de l’Américain futuriste F.M. Esfandiary, sans qu’on puisse parler de transhumanisme à proprement parler avant l’usage systématique du terme par la World Transhumanist Association (WTA) fondée par Nick Bostrom. Il fallait éviter de tomber dans une anarchie sémantique et méthodologique, sous peine de voir le transhumanisme se perdre lui-même dans l’imprécision. Dans cette mesure, «… l’affirmation qu’il est éthique et souhaitable d’utiliser les moyens technoscientifiques pour améliorer fondamentalement la condition humaine…(…) est simplement le plus petit dénominateur commun du transhumanisme et peut être adopté et adapté à ses propres besoins, par la majorité des idéologies politiques à l’exception des idéologies bio-conservatrices et néo luddites.(…)

Bildschirmfoto-2020-05-14-um-11-39-36_720x600.pngLes fondateurs du transhumanisme moderne, conscients de ces risques, essayèrent d’orienter le Central Axis of Transhumanism (CAT) vers des concepts tels que le respect des individualités, liberté, tolérance et démocratie, faisant remarquer que les racines du transhumanisme reposent sur la philosophie des lumières, l’humanisme et le libéralisme. Les extropiens sont allés encore plus loin, essayant d’imposer au CAT, des concepts tels que « l’ordre spontané » et, plus tard, les principes de l’Open society de Soros (Estropico, 2009).

Cependant, dans la pratique, il est clair que ces incitations n’ont pas été totalement couronnées de succès, étant donné qu’à ce jour, tel que nous le voyons, il n’est pas nécessaire d’adhérer au transhumanisme pour pouvoir prétendre que grâce à la technoscience, la qualité de vie et la condition humaine peuvent être améliorées. Cet impératif de précision téléologique et catégorique est partagé par la WTA , pour ne pas tomber dans ce qu’ils appellent le futur fascisme racialiste et eugéniste ou dans l’utopisme technoscientifique du socialisme classique.

Ainsi, il est clair que le transhumanisme et ses courants marginaux (extropianisme, techno-progressisme, singularitarisme, transfigurisme etc.), jusqu’à aujourd’hui, représentent les antithèses des propositions de l’archéofuturisme…

Le mythe de la quatrième révolution industrielle

Faye lui-même notait déjà tout ce qui est exposé dans cet article, dans un court essai publié sur son blog le 23 mai 2016, qui partageait de nombreuses similarités avec les récents commentaires que Mario Bunge a apportés sur le sujet. Il englobait en effet le transhumanisme dans le cadre plus large des réactions quasi religieuse issues de la foi en l’idée du progrès et du développement linéaire, y voyant un fait symptomatique de l’effondrement économique mondial à venir.

«L’optimisme forcé, assez irrationnel, sur la ”nouvelle économie numérique”, avec le big data, la blockchain, l’impression 3D, le ”transhumanisme”, etc. qui préfigureraient une “quatrième révolution industrielle” et un nouveau paradigme (et paradis) économique mondial, relève probablement de l’utopie et de l’auto-persuasion. Et de la croyance aux miracles» (Faye, 2016).

La première révolution industrielle – début du XIXe siècle– s’organisait autour de la machine à vapeur, la deuxième (fin du XIXe) autour de l’électricité, la troisième autour de l’informatique (milieu XXe). La quatrième révolution (début XXIe), issue des deux dernières, l’électrique et l’électronique, concernerait la généralisation d’Internet et des connections universelles numériques par le web. Le concept de « 4ème révolution industrielle » est né après la foire de Hanovre en 2011, où l’on a célébré la naissance de l’ ”usine connectée” ; cette dernière, entièrement ”webisée” et branchée directement sur les clients, est robotisée et emploie de moins en moins de salariés. On a créé l’expression abstraite d’” industrie 4.0”. C’est un concept assez creux : à quand, l’ ”industrie 5.0” ?

Le néo-scientisme et l’écologisme

Les prophéties sur la révolution de l’économie numérique, avec ses mots fétiches, cloud, big data, transhumanisme, etc, appartiennent à une idéologie néo-scientiste qui risque de déboucher sur des désillusions terribles. Or, ce néo-scientisme sans prise de recul, comme celui de la fin du XIXe siècle, cohabite curieusement, chez les mêmes, avec un anti-progressisme écologiste. Il est aussi stupide que les théories de la décroissance : il relève du même extrémisme.

pack-faye-5-ouvrages-a-prix-reduit-.jpgCe romantisme néo-scientiste est l’exact pendant de celui de la fin du XIXe siècle – relisez Jules Vernes et Victor Hugo – où l’on s’imaginait l’avenir en rose sous l’influence du concept magique et au fond peu rationnel de ”Progrès”. À la fin de son poème La légende des siècles, Victor Hugo brossait une vision idyllique du XXe siècle.

Les erreurs des pronostics technologiques sont une habitude. Jules Vernes prévoyait qu’en 1960, les habitants des villes se déplaceraient en engins volants individuels. Mais il n’avait pas prévu l’automobile. Et, dans les années 60, on pronostiquait des bases humaines nombreuses sur la Lune et sur Mars, astronomiques et d’extraction minière, la généralisation des transports aériens supersoniques et hypersoniques stratosphériques ainsi que la diffusion de l’énergie de fusion nucléaire. Bien des pronostics sur le futur de la ”révolution numérique” relèvent probablement des mêmes erreurs utopiques de jugement.

L’utilité marginale déclinante de l’économie numérique

Le téléphone, l’électrification, le chemin de fer et l’automobile, l’aviation comme la radio et la télévision, la pénicilline, l’anesthésie, etc. ont été des bonds technologiques énormes, de par leurs conséquences, bien plus qu’Internet ou l’économie numérique. Le binôme numérique/informatique offre moins de facilités qu’on ne croit ; parce qu’il complique les processus autant qu’il ne les simplifie. Les innovations technologiques de la ”révolution numérique” ne répondent pas dans la pratique quotidienne, à leurs promesses. Elles sont inférieures en terme d’avantages marginaux aux innovations des précédentes mutations techno-industrielles» (Faye, 2016).

Archéofuturisme et Crisolisme

L’archéofuturisme, selon ce que nous venons de voir, est une position équilibrée, qui intègre dialectiquement deux catégories : l’archaïsme et le futurisme. C’est une théorie critique de la modernité mais aussi des traditions.

crisolisme.jpgL’héritage fayen est à la base de l’archéofuturisme péruvien dans le cadre de la Théorie Crisoliste, laquelle prévoit une harmonie entre la vision traditionnelle de diverses ethnies, dont la Péruvienne, et l’idée d’une synergie technoscientifique ainsi qu’un mouvement socio-économique harmonieux, sans affecter les environnements, par exemple, les communautés Andine et Amazonienne, face au danger d’un idéal de progrès infini représenté par une vision d’exploitation de la nature, qui jusqu’à ce jour n’a apporté que des exploitations minières illégales dans la région de Madre de Dios, des effondrement minier à Ancash, des marées noires en Amazonie, la déprédation dans les réserves écologiques telle que Chaparri, augmentant le risque d’extinction d’espèces menacées, et la déforestation exacerbées provoquant la perte de 164 662 hectares de forêt tropicale amazonienne en 2016, ce qui mit en danger la santé et l’équilibre environnemental.

L’archéofuturisme donc, n’est pas la misanthropie cachée du transhumanisme, nourri par l’idée d’un progrès infini, qui déteste l’être humain ordinaire, limité par ses faiblesses biologiques. L’archéofuturisme n’est pas non plus, et ne sera jamais, un transhumanisme conservateur. L’archéofuturisme est la réaffirmation d’un amour authentique des potentialités de l’humain originel en tant que tel, dans la mesure où il est évident que l’idée moderne du progrès, tel qu’il fut dénoncé par Rousseau (1750), génère un être riche matériellement et techniquement puissant, mais moralement répugnant.

Source


Un grand merci à Olivier Dubuis pour la traduction

mardi, 09 février 2021

Les origines de la culpabilité blanche

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Les origines de la culpabilité blanche

par Tom Sunic, Ph.D.

Il existe plusieurs approches différentes pour étudier la pathologie de la culpabilité chez les Blancs, notamment les approches linguistiques, historiques et religieuses. Il faut toutefois commencer par examiner d'un œil critique cette construction verbale branlante, une construction qui est apparue pour la première fois en Amérique il y a plusieurs décennies et qui a été défendue dans les médias et les universités depuis lors.

À première vue, l'expression "White guilt" défie les règles lexicales de l'anglais standard.  Si l'on accepte cette expression comme un outil valable de communication sociale et politique, on pourrait tout aussi bien remplacer l'adjectif "white" par les adjectifs "brown", "yellow" ou "black". Jusqu'à présent, cependant, aucun universitaire, aucun journaliste ne s'est jamais aventuré à utiliser les expressions "Black Guilt" ou "Brown Guilt", pour la simple raison que, du point de vue sémantique, ces expressions colorées sonnent ridicules dans la langue anglaise standard. La même règle lexicale ne s'applique cependant pas à la culpabilité blanche, une expression qui fait désormais partie du langage courant. En outre, d'un point de vue éducatif, l'expression "White Guilt" est conçue un guide prescriptif pour rééduquer et reprogrammer les Blancs, ou, en deçà, pour faire en sorte que les Blancs expient leurs péchés réels ou présumés de racisme. Inversement, toutes les autres catégories raciales non blanches sont automatiquement exonérées de tout sentiment de culpabilité et donc de toute nécessité de pénitence politique.

La difficulté de traiter le concept de "culpabilité des Blancs" est encore aggravée par l'impossibilité de le faire traduire correctement dans les langues non anglaises en Europe. Au cours des quatre-vingts dernières années, les départements de sciences sociales des universités américaines, contrôlés pour la plupart par des universitaires crypto-communistes, ont été à l'avant-garde de l'élaboration de termes politiques bizarres et de la création de nouveaux concepts politiques qui, une fois traduits et transposés dans les médias et les programmes scolaires européens, semblent étranges. En outre, des constructions verbales américaines mal définies, telles que "discours de haine", "formation à la sensibilité ethnique", "diversité", "suprématie blanche", "action positive", sont désormais devenues un élément essentiel de l'éducation et de la législation américaines. Ces expressions, lorsqu'elles sont utilisées dans d'autres langues européennes, produisent souvent des équivalents verbaux et juridiques inintelligibles.

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Bien sûr, l'Europe a concocté ses propres expressions bizarres, surtout lorsqu'elles sont utilisées dans le cadre de procédures judiciaires contre des dissidents nationalistes devant des tribunaux locaux. Un exemple en est le nom composé abstrait et très envahissant de l'allemand actuel qui figure en bonne place dans le code pénal allemand, par exemple au paragraphe 130, qui porte le sous-titre diabolique "Volksverhetzung". Ce nom composé de la langue allemande sonne très lourd et est un cas flagrant de barbarie linguistique, qui a déjà donné naissance à des dizaines de traductions anglaises erronées (incitation populaire, sédition, etc.). C'est aussi un mot qui, lors des audiences du tribunal, ne désigne jamais explicitement l'appartenance ethnique de l'accusé. Ce mot, que les procureurs allemands ont lancé depuis le début des années 1990 pour poursuivre les personnes socialement indésirables, a jusqu'à présent envoyé des milliers d'Allemands en prison pour des durées variables.

La question épineuse pour de nombreux citoyens américains et européens, quelles que soient leurs convictions politiques, est qu'ils prennent souvent ces expressions comme un indice de haute érudition, sans jamais prendre la peine d'examiner leur étymologie. Ou pire encore, ils n'examinent jamais le cas des personnes qui ont été les premières à mettre ces mots en circulation. L'expression "culpabilité blanche", ainsi que les centaines de termes similaires mal définis qui ont vu le jour aux États-Unis au cours des cinquante dernières années, n'est qu'un avatar enjolivé du défunt langage soviétique, qui contenait également une myriade de noms surréalistes et de phrases alambiquées similaires, tels que "démocratisation", "terroristes fascistes nationaux", "lutte antifasciste", "lutte socialiste contre les tendances bourgeoises contre-révolutionnaires", "autogestion économique", "coexistence pacifique", "tolérance interethnique", etc. Le système libéral aux États-Unis et dans l'Union européenne, ainsi que ses apparatchiks juridiques et universitaires, est maintenant dans le processus tardif d'actualisation de ce vieux jargon bolchevique.

Le cadre historique de la culpabilité des Blancs

La revue américaine The Occidental Quarterly a déjà dûment documenté la trajectoire historique et les principaux architectes de cette nouvelle révision verbale dont l'objectif final est la dépossession des peuples blancs. Il faut d'abord prendre en considération la période qui commence en 1945 et qui se poursuit après, une période qui a non seulement apporté un nouvel ordre politique, mais qui a aussi marqué le début de l'utilisation d'un nouveau vocabulaire politique aseptisé et diabolisant. L'Allemagne vaincue a fait les frais de cette nouvelle notion de la politique, bien que les citoyens des États-Unis et du Royaume-Uni victorieux aient rapidement emboîté le pas avec leur propre rhétorique auto-flagelante. Des mots tels que "colonialisme", "ségrégation", "éloignement racial", "apartheid" et "fascisme" sont rapidement devenus les métaphores du mal absolu, le "fascisme" désignant désormais à peu près tout ce qui se trouve à droite du centre. Au cours des soixante-quinze dernières années, l'Occident s'est lancé dans un jeu de passion pénitentielle dont les effets peuvent être observés aujourd'hui dans la plupart des médias. Soit dit en passant, la destitution du président Donald Trump par le Système était en grande partie due au fait que la rhétorique de Trump sur les "fausses nouvelles" était incompatible avec le message d'amour universel des médias qui a inspiré le récit de l'après-guerre tel que prêché par le Système.

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Ce que l'on oublie souvent, cependant, c'est que la culpabilisation des Blancs dans le domaine politique s'est développée parallèlement à une criminalisation progressive de leur héritage culturel. Le rôle destructeur de l'Ecole de Francfort et de ses érudits, pour la plupart juifs et marxistes, dans l'inculcation du concept de culpabilité des Blancs a été amplement démontré dans de multiples études, bien que le lavage de cerveau des Blancs d'après-guerre ne puisse en aucun cas être attribué aux seuls érudits et militants juifs. J'ai essayé, il y a quelque temps, de résumer l'histoire des purges intellectuelles en Europe, qui ont commencé immédiatement après la fin de la seonde guerre mondiale et qui ont progressivement entraîné la croissance exponentielle du langage de la culpabilité, conduisant ensuite à l'abnégation suicidaire de millions d'étudiants et de politiciens blancs en Europe et aux États-Unis.  Comme je l'ai noté dans Homo Americanus,

  • Le traitement réservé par les Alliés aux enseignants et aux universitaires allemands était particulièrement dur. Comme l'Allemagne nationale-socialiste bénéficiait d'un soutien important parmi les enseignants et les professeurs d'université allemands, il fallait s'attendre à ce que les autorités américaines chargées de la rééducation commencent à filtrer les intellectuels, les écrivains, les journalistes et les cinéastes allemands. Après avoir détruit des dizaines de grandes bibliothèques en Allemagne, avec des millions de volumes partis en flammes, les puissances occupantes américaines ont eu recours à des mesures improvisées afin de donner un semblant de normalité à ce qui allait devenir plus tard "l'Allemagne démocratique". [i]
  • De même, la vie intellectuelle française de 1944-1950 a été épurée et des centaines d'intellectuels anticommunistes et nationalistes ont été soupçonnés de collaboration fasciste, dont beaucoup sont devenus des objets de honte publique.

Dominique Venner écrivait :

  • De toutes les catégories professionnelles, ce sont les journalistes et les écrivains qui ont été le plus durement touchés. Cela souligne le caractère idéologique du conflit et des purges qui en découlent. La proportion d'écrivains et de journalistes qui ont été abattus, emprisonnés et interdits d'exercer leur profession dépasse toutes les autres catégories professionnelles. Faut-il rappeler l'assassinat d'Albert Clément, de Philippe Henriot, de Robert Denoël, le suicide de Drieu La Rochelle, la mort de Paul Allard en prison avant les audiences et les exécutions de Georges Suarez, Robert Brasillach, Jean Luchaire [...] [ou] la condamnation à mort par contumace ou la commutation de peine de Lucien Rebatet, Pierre-Antoine Cousteau, etc. [ii]

Ironiquement, c'est grâce à la menace du communisme soviétique pendant la guerre froide que de nombreux penseurs et universitaires européens, auparavant interdits, ont réussi à réactiver leur carrière. Cela n'a pas duré longtemps. De 1950 à 1990, les agences de renseignement occidentales, avec les États-Unis en tête, ont dû s'appuyer fortement sur les compétences d'éminents universitaires et scientifiques anticommunistes et nationalistes blancs dans un effort pour contenir la menace soviétique telle qu’elle était perçue. La guerre froide terminée, avec la mort de l'Union soviétique en 1990, le Système, c'est-à-dire l'État profond, a commencé à retrouver son propre visage crypto-communiste répressif, répression frénétique qui a atteint son sommet ces dernières semaines, bien que couverte par le Covid, et dont la grande finale a été vue le 20 janvier 2021, lors du coup d'État du Système à Washington DC.

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Le cadre religieux de la culpabilité des Blancs

Il n'est que partiellement correct de rejeter la faute sur les médias libéraux et les professeurs de collèges crypto-communistes d’avoir généré la culture de la culpabilité chez les Blancs. Pour tenter d'obtenir une réponse convaincante quant à la pathologie de la culpabilité des Blancs, il faut soulever quelques questions rhétoriques sur les enseignements chrétiens. Pourquoi les peuples chrétiens blancs, contrairement aux autres peuples d'autres races et d'autres religions sur Terre, sont-ils plus enclins à un altruisme excessif envers les groupes marginaux non blancs ? Pourquoi les sentiments de culpabilité sont-ils pratiquement inexistants chez les peuples non blancs ? Une réponse à ces questions peut être trouvée dans les enseignements chrétiens qui ont constitué un pilier important de la civilisation occidentale au cours des siècles. Au cours des cent dernières années, les élites libérales et communistes modernes ont agressivement promu ce même sentiment de culpabilité des Blancs, bien que sous leurs propres modalités athées, laïques et "multiculturelles". On doit légitimement rejeter les palabres des libéraux ou des Antifa sur la culpabilité des Blancs, mais le fait est que le Vatican, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, la Conférence des évêques allemands, ainsi que toutes les autres confessions chrétiennes d'Europe et des États-Unis sont aujourd'hui les plus grands promoteurs de l'immigration de non-blancs en Europe et en Amérique, ainsi que les plus fervents défenseurs de la culpabilité des Blancs. La prédication œcuménique de l'Église faisant miroiter l’avènement d’une cité mondiale sous un seul dieu, comprenant toute l'humanité, est pleinement conforme au dogme chrétien primitif sur la chute de l'homme et son éventuelle rédemption.

Il faut souligner que les premiers apôtres, évangélistes et théologiens chrétiens qui ont imposé le dogme de la culpabilité de l'homme étaient tous de naissance et sans exception des non-Européens (St Augustin, Tertullien, St Paul, Cyprien, etc.) d'Afrique du Nord, de Syrie, d'Asie Mineure et de Judée. Compte tenu de cela, le fait de considérer l'Islam ou le Judaïsme comme les seuls porteurs d'une idéologie anti-blanche agressive non européenne, comme le font de nombreux nationalistes blancs, tout en omettant de tenir compte du lieu de la première émergence du Christianisme au Moyen-Orient, ne peut être un signe de cohérence morale et intellectuelle. Le poète romain Juvénal décrit de façon très imagée, dans ses satires, la Rome de la fin du premier siècle, une époque où la ville grouillait d’une multitude de ribauds syriens, de Chaldéens adorateurs d'étoiles, d'escrocs juifs et d'escrocs éthiopiens, tous suggérant aux crédules de tous genres une rapide chevauchée vers le salut éternel pour les uns et une damnation éternelle pour les autres. Des croyances messianiques et rédemptrices similaires sur l'avenir radieux, sous la direction d'importants agitateurs bolcheviques primitifs, pour la plupart d'origine juive, ont trouvé leur nouvelle place, deux millénaires plus tard, parmi des intellectuels naïfs et des masses avides d'égalité. Après la chute du communisme, la même volonté messianique de punir les coupables qui défient la scolastique libérale et multiculturelle moderne a trouvé son porte-parole le plus bruyant parmi les néoconservateurs et les inquisiteurs antifa américains.

Ce n'est pas le lieu pour ressasser les propres divagations émotionnelles de Friedrich Nietzsche à l'égard des chrétiens, ni pour citer des dizaines de penseurs et d'universitaires qui avaient précédemment décrit le lien psychologique entre les premiers fanatiques juifs et chrétiens de la Rome du premier siècle et les commissaires communistes du début du XXe siècle. Les temps ont changé, mais l'obsession de savoir comment extirper ou rééduquer ceux qui doutent des mythes du Système n'a pas changé d'un iota. Le profil psychologique des fanatiques antifa américains des temps modernes et des professeurs d'université qui les soutiennent ressemble beaucoup à celui des masses chrétiennes déracinées, largement métissées et efféminées de la fin de l'empire romain. Le Juif Saül de Tarse, dit (Saint) Paul, et plus tard le Nord-Africain Augustin - à en juger par leur propre contrition convulsive - suggèrent qu'ils souffraient tous deux de troubles bipolaires. L'Épître de Paul aux Romains (7:18) peut être la clé pour saisir la version moderne des névrosés qui haïssent les Blancs, présentée aujourd'hui par d'éminents présentateurs de nouvelles télévisées et professeurs de sciences humaines : "Et je sais que rien de bon ne vit en moi, c'est-à-dire dans ma nature pécheresse. Je veux faire ce qui est bien, mais je ne peux pas. Je veux faire ce qui est bien, mais je ne peux pas. Je ne veux pas faire ce qui est mal, mais je le fais quand même".

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Walter F. Otto, un helléniste renommé qui a écrit des pages sublimes sur les dieux de la Grèce antique [iii] et l'un des érudits les plus cités en ce domaine de la mythologie, décrit les différences entre la notion grecque antique et la notion chrétienne du sacré. Il note que les anciens Grecs païens mettaient l'accent sur les sentiments de honte, ignorant la signification des sentiments de culpabilité. Dans son livre encore non traduit, qui traite de la spiritualité chrétienne par rapport à la spiritualité grecque ancienne, il écrit:

  • Des malades mentaux étaient leurs chefs ; les faibles se bornaient à les suivre. L'impulsion de ce grand mouvement (chrétien) est venue de l'apôtre Paul, c'est-à-dire d'une de ces âmes tourmentées qui portent en elles une blessure incurable. Sa haine furieuse et sanguinaire de la nouvelle foi (chrétienne), ensuite son engagement tout aussi furieux pour la faire triompher, son expérience extatique qui l'a fait passer d'un seul coup du statut de bourreau des chrétiens à celui de leur champion le plus fanatique - tout cela montre à quel point le [christianisme] était fondamentalement terrifiant et ce qu'il fallait attendre de sa spiritualité[iv].

À un moment donné, les Blancs devront réaliser que guérir de leurs sentiments de culpabilité présuppose une réévaluation critique de leurs origines d'inspiration judéo-chrétienne. Si les Blancs, dont les descendants vivent aujourd’hui en Europe et aux États-Unis, étaient autrefois tous désireux d'adopter la notion sémitique de péché originel, il n'est pas étonnant que deux mille ans plus tard, ils soient également bien programmés pour soutenir les diverses victimes nécrophiles de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que pour écouter les fausses nouvelles diffusées par leurs politiciens. À terme, les Blancs devront prendre une décision quant au lieu où ils choisiront l'emplacement de leur identité. À Athènes ou à Jérusalem.

NOTES :

[i] T. Sunic, Homo americanus ; Child of the postmodern Age (Londres : Arktos, 2018), p. 75-76.

[ii] Ibid, p. 88. (Traduit et cité dans Dominique Venner, Histoire de la collaboration (Paris : Pygmallion, 2000), p. 515-516).

[iii] Walter F. Otto, The Homeric Gods (traduit par Moses Hadas) (Londres : Thames & Hudson, 1954).

[iv] Walter F. Otto, Der Geist der Antike und die christliche Welt (Bonn : Verlag F. Cohen, 1923), p. 44.

Laurent Ozon: Souveraineté : puissance, légitimité et liberté...

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Laurent Ozon: Souveraineté : puissance, légitimité et liberté...

Vous pouvez découvrir ci-dessous un exposé de Laurent Ozon diffusé sur son canal d'expression Odyssée, "Les topos de Laurent Ozon", et consacré à la question de la souveraineté.

Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

vendredi, 08 janvier 2021

Du nécessaire révisionnisme de la tradition

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Du nécessaire révisionnisme de la tradition

Par Carlos Salazar, président de la CPECI - Chili

Ex: https://therevolutionaryconservative.com

Traduit par Zero Schizo

Il y a deux façons de comprendre ce qu'est la tradition. Il y a ceux qui considèrent la tradition comme une sorte de conservation muséologique des rites, usages, pratiques, coutumes, morales, principes anciens, etc. Autrement dit, ceux qui cherchent à préserver l'ordre des choses de telle sorte que tout reste pour ainsi dire inchangé ou pétrifié. Ce genre de conservateurs rétrogrades est, dès à présent, à la fois un handicap et un obstacle pour le mouvement nationaliste. Certains adoptent même une position rétrograde, hallucinant avec le retour du Moyen-Âge, de la féodalité, ou dans leur vision créole, du système Encomienda et des chastes races. Selon Malher, ces "traditionalistes" ont préféré garder les cendres et ont cessé d'alimenter le feu vivant de la vraie tradition.

Cette véritable tradition, en revanche, est présente dans la vie quotidienne des secteurs populaires de la nation. Benjamin Vicuña Mackenna dirait : "Cette obscure tradition, qui se projette dans la vie de tous les pays et de toutes les races comme si elle était sa propre ombre, c'est l'histoire du peuple ; du peuple-soldat, du peuple-paysan, du peuple-guérilla, du peuple en somme, grossier et ignorant, mais grand dans ses croyances, et que, s'il n'est pas philosophe, il est un héros, et s'il n'est pas apôtre, il est un martyr".

La vraie tradition ne se trouve pas dans les fétiches pseudo-médiévaux de la "messe tridentine" (on sait aussi que le soi-disant "traditionalisme catholique" ou "gauchisme" est un phénomène très moderne), mais plutôt qu'elle est présente dans la petite vie communautaire qui existe dans les rues de Santiago, ou dans la vie quotidienne des citadins des régions intérieures du pays. Il y a beaucoup plus de tradition dans la Vega centrale que dans tous les musées d'histoire du pays.

Nous voyons donc déjà que le révolutionnaire n'est pas l'ennemi de la tradition, mais qu'au lieu de ces contrariétés séniles qui se qualifient de "traditionalistes", ceux-ci ne sont rien d'autre que des fétichistes et sont en pratique des conservateurs pour l'ordre libéral dominant. Quand aujourd'hui quelqu'un me dit qu'il est "conservateur", je lui demande : alors, que voulez-vous conserver ? Il n'y aura jamais de réponse honnête car dans le Chili d'aujourd'hui, il n'y a presque rien à conserver. Le libéralisme a réussi à dissoudre une grande partie de ce qui avait de la valeur pour notre communauté nationale, et les traditions qui sont encore vivantes, réussissent à le faire malgré la gestion de l'oligarchie chilienne "bien-pensante" et cosmopolite, celle qui, de temps en temps, dans des occasions très spécifiques et de façon paradoxale, aime faire la guerre aux résidus et aux ornements "traditionalistes". Citant l'universitaire américain Charles Taylor : "les conservateurs de droite se posent en défenseurs des communautés traditionnelles lorsqu'ils s'attaquent à l'avortement et à la pornographie, mais dans leur façon de faire économique, ils défendent une manière sauvage d'incision capitaliste, qui a surtout contribué à dissoudre les communautés historiques, à promouvoir l'atomisme, qui ne connaît pas de frontières ni de loyautés et qui est prêt à fermer une ville minière ou à abattre une forêt sur la base d'un équilibre économique".

Le révolutionnaire, au contraire, prend le meilleur de la tradition vivante et le projette dans l'avenir, ne cherchant jamais à revenir au passé, mais au contraire il avance en progressant vers une dépassement des vieilles erreurs et un avenir de bien-être. Pendant la Révolution française, il y a eu une référence et une invocation au passé républicain de la Rome antique, de même que cela a été repris dans la Révolution bolchevique en Russie. Ainsi, le révisionnisme de la tradition est un exemple clair de ce que nous appelons l'archéofuturisme, c'est-à-dire la combinaison d'éléments à la fois archaïques et futuristes. Il est aujourd'hui présent en RPDC, en Chine, comme il l'a été pendant un certain temps en URSS, en Roumanie et en Albanie, pour ne citer que quelques exemples.

Plus clairs encore sont les exemples des stars de la tradition populaire chilienne, Violeta Parra et Victor Jara, compilateurs et créateurs d'un véritable art traditionnel et révolutionnaire, tous deux dotés d'un sens patriotique profond et ancré dans le sol, tous deux militant sincèrement pour la justice et la rébellion contre les oligarques. Et tous deux, forgeurs de leur propre tradition qui reste vivante jusqu'à nos jours.

"Celui qui ne peut pas imaginer l'avenir, ne peut pas non plus imaginer le passé", dirait Mariategui. Ensuite, l'Amauta a écrit sur ce même sujet il y a environ plus d'un siècle : "Il n'y a donc pas de conflit réel entre le révolutionnaire et la tradition, mais plutôt une hostilité contre ceux qui conçoivent la tradition comme une momie ou un musée. La lutte n'est efficace qu'avec l’appui du traditionalisme. Les révolutionnaires incarnent la volonté de la société de ne pas se pétrifier dans un statut, de ne pas s'immobiliser dans une attitude. Parfois, la société perd cette volonté créative, paralysée par une sensation d'achèvement ou de désenchantement. Mais alors son vieillissement et son déclin se confirmeront inexorablement.

« La tradition de cette époque est faite par ceux qui semblent parfois nier, iconoclastes, toute tradition. De leur part, elle est, pour le moins, la partie active. Sans eux, la société accuserait l'abandon ou l'abdication de la volonté de vivre en se renouvelant et en se surpassant constamment ». (Mariategui, Hétérodoxie de la tradition)

Source

SALAZAR, Carlos. "Columna de Opinión Internacional (Chile) del 24.06.2020". Diario La Verdad. Lima, Pérou.

Disponible sur le site : https://comitecentralameri.wixsite.com/ccla/post/revisionismo-de-la-tradici%C3%B3n

lundi, 28 décembre 2020

Le souverain, c’est la communauté et non l'État

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Le souverain, c’est la communauté et non l'État

Alberto Buela (*)

Il faut essayer d'appeler les choses par leur nom pour pouvoir comprendre ce dont on parle. Ainsi, lorsque nous essayons de parler de l'État, nous devons clarifier une série de concepts adjacents tels que communauté, société, gouvernement, nation, peuple afin de comprendre de quoi nous parlons.

Répétons tout cela une fois de plus.

La communauté est un groupe de personnes qui vivent sur un territoire et partagent des valeurs et des expériences. La société, c’est le même groupe humain, mais au lieu de partager des valeurs, ils partagent des contrats, c'est pourquoi Marx pourrait dire que l'entreprise est le cœur de la société civile. Nous vivons ensemble, nous devons prendre soin les uns des autres, tandis que dans la communauté, nous nous complétons et nous nous aidons les uns les autres. La proximité qui existe avec les autres est un élément de la communauté. Dans la société, la philanthropie s'exprime à travers l'idée de fraternité, tandis que dans la communauté, la charité est la règle. Aujourd'hui, dans un échange intellectuel, la dernière encyclique Fratelli Tutti mélange tout, la fraternité avec la charité, la communauté avec la société dans un salmigondis inextricable où "un âne est pareil à un grand maître".

Le gouvernement est l’instance qui détient le pouvoir et c'est donc lui qui conçoit les fins à atteindre. Alors que l'État arbitre les moyens pour y parvenir. Le gouvernement est centralisé en un seul pouvoir exécutif et l'État est décentralisé en tant qu'organe exécutif.

Les fonctionnaires de l'État (à partir du niveau de directeur) sont les administrateurs des biens publics afin que les mesures prises par le gouvernement (ministres, secrétaires et sous-secrétaires) soient appliquées efficacement.

L'État n'a pas d' « être en soi » mais n'est et n'existe que dans son appareil, c'est-à-dire les différents ministères et secrétariats.

Cette distinction entre gouvernement et État, qui est claire et évidente dans le péronisme, ne se retrouve ni dans les différentes formes de démocratie ni dans le socialisme ni dans le fascisme.

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Dalmacio Negro Pavon.

À ce sujet, le philosophe et politologue Negro Pavón affirme : "Le gouvernement existe depuis le début des temps en tant qu'institution naturelle ou normale de la politique, l'État étant une exception (moderne, ajoutons-nous). Les formes historiques de la politique ont été, sont et seront probablement des gouvernements sans Etat".

L'État a été créé en tant que sujet neutre, présidant la coexistence de groupes humains antagonistes, pour éviter les guerres de religion entre catholiques et protestants. Sa période historique, à proprement parler, commence avec les révolutions américaine et française de 1776 et 1789. Bien qu'historiquement le premier État moderne soit l'État espagnol avec l'union des couronnes de Castille et d'Aragon.

41sP7gf7NnL._SX285_BO1,204,203,200_.jpgL'État moderne qui est né dans le cadre de l'économie capitaliste libérale s'est soumis à la loi aveugle de l'offre et de la demande comme seul critère de justice, mais ses contradictions et les demandes du peuple, surtout à partir du milieu du XIXe siècle, ont produit un changement qui s'est réalisé à partir de la troisième décennie du XXe siècle.

Ainsi, l'État-providence est apparu là où l'État a acquis plus de pouvoir afin de remplir la fonction de régulation de l'économie. Cette période a duré jusqu'aux années 1980, après quoi l'État est devenu obèse comme un éléphant, multipliant le nombre de ses employés et couvrant des zones qui ne lui revenaient pas. En même temps, l'économie privée s'est développée, en grande partie à partir d'entreprises corrompues en lien avec le même État inefficace, créant des sociétés quantitativement supérieures aux États eux-mêmes. Et aujourd'hui, nous vivons le paradoxe suivant : l'État est attaqué sur deux fronts : d'en haut, par les grands consortiums de l'économie internationale, par l'impérialisme international de la monnaie, et d'en bas, par les nationalismes régionaux et les minorités financées par ce même État, qui cherchent à le fragmenter.

Il y a de nombreuses années, en 1987, nous avions écrit : "L'État est l'instrument politique moderne ultime créé par l'homme. Bien sûr, en raison de son gigantisme incommensurable, il a fait croire à beaucoup de gens qu'il avait sa propre « existence », son propre « être ». Mais la vérité est que l'État, malgré son gigantisme, continue de n'être qu’un moyen et, en tant que tel, a son être dans une autre orbite. Par conséquent, s'interroger sur l'essence de l'État ou sur l'État lui-même est une fausse question. Ou une question qui n'a de réponse que si, comme Hegel, on a hypostasié l'État et on en a fait une figure divine correspondant à "l'esprit éthique et/ou à une volonté substantielle révélée qui pense et sait, qui exécute ce qu'elle sait et dans la mesure où elle sait". Mais il s'agit d'un raisonnement spéculatif et nous sommes passés à un niveau de réflexion. 

L'État, comme nous l'avons dit, n'est pas "un être en soi" mais est un simple artifice qui met en œuvre la souveraineté d'une nation. La nation est une entité historique qui implique une communauté organisée qui s'exprime à travers l'ethos : les usages, les manières, les coutumes et les croyances d'un peuple.

51JKll-em+L.jpgPour toutes ces raisons, nous devons parler, comme l'enseigne ce grand penseur du droit et de la politique qu'est le Dalmacio Negro Pavon, de Nation-Etat plutôt que d'État-nation, comme on le fait habituellement.

Il y a de nombreuses années, l'un des premiers philosophes argentins, Saúl Taborda (1885-1944), observait en 1933 que : "L'État est aujourd'hui esclave des intérêts économiques des groupes et des partis... Il n'y a pas de témoignage plus évident de sa mort que l'extraordinaire essor que prend la dictature sous toutes les latitudes de la terre".

Le concept de nation fait référence à l'unité historico-politique d'un peuple ayant la capacité d'agir et la conscience de son caractère unique dans le concert des nations du monde. Alors que le peuple qui n'existe pas en tant que nation, par exemple les Juifs avant 1948, est un groupe d'êtres humains unis par une conscience ethnique, culturelle, linguistique et religieuse, mais pas nécessairement politique.

Nous voyons que le concept de nation exige un double mouvement de conscience, celui d'un peuple en tant qu'unité politique devant lui-même et celui de son unicité historique devant les autres nations. Tout cela est exprimé dans un programme ou un projet national qui indique son destin et sa volonté d'exister avec ses propres caractéristiques. Tout cela peut ou non être exprimé dans une constitution. Si elle est exprimée dans une constitution, cette nation devient un État national, qui par définition n'est rien d'autre que "la nation légalement organisée".

Le concept de peuple est limité à un groupe important d'êtres humains unis par la conscience commune d'appartenir à des valeurs ethniques, morales, culturelles, linguistiques et religieuses. Et en tant que telle, elle n'a pas accès à l'activité politique tant qu'elle n'est pas intégrée dans une communauté organisée. Mais pour ce faire, elle doit se constituer en nation.

Après avoir clarifié ce que nous entendions faire des concepts d'État, de gouvernement, de société, de communauté, de nation et de peuple, nous ne pouvons que réaffirmer le titre de cet article : le souverain est la communauté et non l'État.

(*) buela.alberto@gmail.com

Notes :

1) Sur ce thème, le libre de Ferdinand Tönnies garde toute sa pertinence: Comunidad y Sociedad (1912). Ensuite les textes de Peron dans Discursos de Descartes y la Comunidad Organizada.

2) Negro Pavón, Dalmacio: Gobierno y Estado dos modos de pensamiento, Anales de la real academia de Cs. Morales y políticas, curso académico 2015-2016, Madrid, 2017

3) Hegel: Principios de la filosofía del derecho, parágrafo 257

4) Buela, Alberto: Aportes al pensamiento nacional, Ed. Grupo Abasto, 2da. ed., Buenos Aires, 2011, p. 93

5) Taborda, Saul: La crisis espiritual y el ideario argentino, Univ. Nac. Del Litorial, Santa Fe, 1958

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samedi, 26 décembre 2020

Le moment postlibéral

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Le moment postlibéral

par Jure Georges Vujic

Ex: https://www.polemia.com

Par Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, politologue ♦ Après la chute du mur de Berlin, alors que le paradigme de la « fin de l’histoire » de Fukuyama et le triomphe du modèle de la démocratie libérale de marché au niveau planétaire prévalaient, la technocratisation des élites dirigeantes mondialistes et leur séparation du peuple ont remis en question la légitimité démocratique d’un tel mode de gouvernement oligarchique.

La pandémie de Covid-19 en tant que crise sanitaire mondiale est un indicateur de la crise actuelle du modèle politique, économique et social du libéralisme, soulevant ainsi la question de l’efficacité et de la responsabilité du modèle dominant de gouvernance libérale, en particulier en temps de crise. L’un de ces problèmes découle directement des pénuries, c’est-à-dire des pénuries successives dans divers secteurs clés de l’économie et de la santé publique, causées par l’absence de production nationale autosuffisante, qui révèle l’état de dépendance économique et sanitaire. La pandémie a révélé le cœur de la crise contemporaine du libéralisme postmoderne, à savoir la crise de l’hybris, de la démesure de la croissance, de la consommation et du progrès, et du déséquilibre dans la production nationale. Il n’est donc pas étonnant que de sérieuses options idéologiques et politiques alternatives conservatrices, souverainistes et populistes soient proposées comme correctif aux dynamiques néo-libérales destructrices, parce qu’elles satisfont le besoin de trouver un nouvel équilibre : le besoin de modération dans l’innovation, la production et la consommation, et la stabilité dans l’échange. C’est pourquoi, certains ont d’ores et déjà vu dans la crise globale du Covid-19 la fin de la « mondialisation heureuse ». Même si certains parlent de défaite du néo-libéralisme, en louant le retour de l’État-providence, de l’État-nation souverain, d’autres appellent à un retour aux sources du libéralisme classique. Il semblerait que la vague postlibérale soit loin d’annoncer une rupture radicale avec le modèle libéral dominant, dans la mesure où notre imaginaire individuel et collectif reste bien ancré dans la conception économiciste de la vie moderne conditionnant la pensée, les réflexes et les modes de vie.

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Tout comme le postmoderne, le terme postlibéral même reste contradictoire car il est difficile de dépasser ce qui a vocation au renouvellement permanent, tout comme la modernité libérale. Le « post-isme » libéral serait alors une notion « fourre-tout », fédératrice de diverses familles de pensée, évoluant comme un caméléon sous diverses formes en fonction de l’époque. Tout comme il existe une nébuleuse postmoderne, il y a une nébuleuse postlibérale qui, loin de s’inscrire dans une structure, une hiérarchie, s’inscrit dans un univers horizontal, fluide, « liquide » et hétérogène… D’autre part, alors que la « raison d’être », le sens du libéralisme se situait dans la reproduction économiciste de l’ordre politiquement social spontané, en réponse à l’absolutisme de l’État, le postlibéralisme fonde sa légitimité, son «éthos » sur la gestion exceptionnaliste du désordre du chaos. En effet, le libéralisme a toujours fait bon ménage avec des mesures répressives d’exception lorsque l’ordre libéral était menacé, alors que la religion des droits de l’homme ne l’a pas empêché de s’accommoder des pires régimes totalitaires, de sorte que l’on peut à juste titre parler de régime de liberté liberticide.

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Le libéralisme, une anthropologie politique pathogène

L’émergence du postlibéralisme pose en effet la question paradoxale du succès du libéralisme, mais aussi de son dépassement nécessaire. En ce sens, Patrick J. Deneen, professeur à l’université Notre-Dame aux États-Unis, dans son livre Why Liberalism Failed constate ce paradoxe : « Le libéralisme a échoué précisément parce qu’il a réussi. » Deneen soutient que la défaite du libéralisme est le produit de ses contradictions internes qui créent constamment des pathologies sociales, lesquelles menacent non seulement le libéralisme en soi mais la stabilité politique et sociale en général. Depuis les débuts de la théorie du libéralisme de Francis Bacon, Thomas Hobbes, à John Locke, Deneen estime que les prémisses originelles du libéralisme se fondent sur une « fausse » anthropologie philosophique, qui repose sur deux piliers : le volontarisme et l’individualisme. Il n’est pas étonnant que le postlibéralisme contemporain cherche à promouvoir et à articuler une nouvelle anthropologie anthropocène biopolitique sous la forme d’une vision transhumaniste de la condition humaine, qui est le résultat socio-pathologique direct de la première anthropologie classique, protolibérale progressiste et anthropocentrique, ainsi qu’une expression de la conception évolutionniste du monde. Bien sûr, le libéralisme a aussi ses courants alternatifs et dissidents sous forme de libertarisme ou de paléo-libéralisme, qui prônent la réhabilitation du libéralisme classique en réponse aux excès des expériences déviantes du néo-libéralisme. Dans Les Métamorphoses de la lutte des classes, le philosophe français Michel Clouscard montre combien le libéralisme, en tant que discours légitimateur de la dynamique du marché capitaliste, sait s’adapter et se transformer en fonction de la nouvelle anthropologie culturelle et politique du moment. L’individualisme et la permissivité, loin de remettre en cause radicalement les fondements de la société bourgeoise, ont en fait permis la réalisation de nouveaux marchés pour une nouvelle forme de capitalisme de divertissement et de « séduction ». De plus, David Harvey dans sa Brève histoire du néo-libéralisme place le phénomène du néo-libéralisme dans un large éventail historique, du règne de Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, à la Chine de Deng et au Chili de Pinochet, soulignant la grande adaptabilité reproductive de ce phénomène politique et économique. On retrouve ses transformations dans le modèle néo-libéral du Mexique dans les années 80, de la Russie dans les années 90 et même en Suède en tant que modèle néo-libéral à part. Le sociologue Michel Freitag estime que le libéralisme a détruit le système symbolique de la société et la possibilité d’une coexistence harmonieuse parce que toute relation humaine, comme la société, est basée sur un système de codes symboliques. Selon lui, dans la société de la Grèce antique, nous trouvons la conception la plus riche de la liberté politique, qui combine les principes d’aidos (solidarité) et de diké (justice) qui font défaut dans les sociétés libérales atomisées et hyperindividualistes. Le néo-libéralisme contemporain est une négation du politique en tant que res publica, une lutte pour le bien commun, tandis que sa dynamique darwiniste de marché détruit la capacité d’action collective et la création d’une coexistence réfléchie et raisonnable.

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Nouvelle règle anthropocène globale

Néanmoins, le postlibéralisme, qui implique qu’à ce jour la société et la politique ont été dominées par des paradigmes spécifiquement libéraux (ou déjà néo-libéraux), tels que la démocratie, le libre marché, le mondialisme et l’individualisme culturel, ne signifie pas que nous avons dépassé aujourd’hui cette matrice politico-sociale libérale. Cette notion suggérerait que nous avons laissé le vieux monde dominé par le libéralisme dans toutes ses composantes de gauche social-démocrate ou de droite libérale et que nous entrons dans un monde où de nouveaux paradigmes illibéraux ou antilibéraux domineront l’espace public. Cependant, en tant que produit des transformations constantes du libéralisme tout au long de l’histoire, le postlibéralisme est actuellement un phénomène politique historique hybride, en émergence, qui, selon certains analystes, aurait rompu avec le libéralisme classique (protolibéralisme) et le néo-libéralisme. Comme ses prédécesseurs, le postlibéralisme reposerait sur ses propres postulats, ses « régimes de vérité », et de pouvoir. Selon Michel Foucault, il s’agirait donc de la « loi », c’est le nomos de la biopolitique, c’est-à-dire un mode de gouvernance qui repose sur sa propre rationalité, sa pratique, sa technologie et sa norme postpolitiques propres. De la théorie libérale, le postlibéralisme retient le mythe du progrès, le discours et le « comportement social », et, de la théorie économique néo-libérale, il accepte l’idée qu’un marché qui produit empiriquement une concurrence et des prix harmonieux n’est pas naturel mais résulterait d’une construction sociale fragile. Le postlibéralisme, à travers la radicalisation des mécanismes de gestion de la vie humaine, redéfinit l’expérience humaine, en profondeur voire ontologiquement, en combinant le « sujet libéral égoïste » et « l’entrepreneur néo-libéral du libre-échange » avec le modèle bio-humain. Contrairement au libéralisme et au néo-libéralisme classiques, le postlibéralisme réduit la différence entre l’individu et la collectivité par ce que l’on peut appeler le gouvernement de domination thérapeutique des corps individuels dans le sillage de la nouvelle biopolitique globale. En effet, les mesures biopolitiques qui ont été conçues en réponse à la propagation du virus du Covid-19, ont configuré une nouvelle forme de gouvernance appliquée au niveau planétaire, en s’appuyant sur les technologies de gouvernance numérique pour faire appliquer la règle anthropocène. Bien que n’étant pas le résultat de consultations entre États souverains, la gestion de crise pandémique mondiale implique la mise en œuvre de systèmes d’évaluation des risques en temps réel basés sur les mathématiques et l’informatique, qui incluent des mesures de contrôle de la population et l’imposition de mesures sécuritaires et de restrictions sanitaires (dites de distanciation sociale, utilisation de drones détecteurs de présence, géolocalisation). Ainsi, aujourd’hui, la plupart des démocraties libérales occidentales appliquent des mesures biopolitiques en réponse à la propagation des virus, qui dessinent les contours de la règle globale du biopouvoir. Giorgio Agamben parle de la nouvelle condition humaine de « vie nue » (homo sacer), laquelle a marqué l’entrée dans l’ère anthropocène (le moment où l’humanité s’est érigée en force géologique qui a transformé irréversiblement son cadre de vie). Il s’agit d’une rupture totale entre les vies politiques et biologiques de l’individu, et l’homo sacer, dans sa nouvelle condition biologique, se trouve soumis à la souveraineté de l’état d’exception. La règle postlibérale serait le reflet du pouvoir anthropocène qui devrait trouver des réponses à la situation d’instabilité générale et mondiale causée par le développement d’une économie postmoderne basée sur l’utilisation illimitée des ressources naturelles, une instabilité qui affecte tous les êtres vivants et à laquelle les États-nations modernes ne peuvent pas répondre. Si la règle politique moderne était basée sur une anthropologie exclusive qui opposerait l’humanité à la nature (en tant que facteur externe), le pouvoir anthropocène encouragerait l’anthropologie inclusive, qui intégrerait la nature dans un système censé être contrôlé et intégré.

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De l’État Léviathan et à l’État cyborg

Le virus du Covid-19, qui apparaît en tant que « game changer », fonctionnerait comme moteur disruptif d’une nouvelle politique postlibérale. La pandémie a permis l’activation d’un gouvernement mondial opaque, qui était déjà opérationnel, mais qui n’était pas encore visible en tant que tel sous la forme de biopouvoir. La crise globale sanitaire du Covid-19 serait « un accélérateur de transformation » permettant la mise en place de stratégies de choc, selon la thèse de Schumpeter de la « destruction créatrice », alors que la pandémie au niveau planétaire serait une opportunité pour accélérer la mise en place de la règle globale anthropocène. Ainsi, les transformations successives du libéralisme au cours des quarante dernières années cèdent aujourd’hui la place au postlibéralisme en tant que nouvelle forme de gouvernement de transition, qui fait de l’économie un moyen de transformation anthropologique et transhumaniste de l’espèce humaine dans le cadre d’un nouvel « environnement hostile » planétaire. En ce sens, l’analyse proposée par Barbara Stiegler dans « Il faut s’adapter » à partir des travaux de Walter Lippmann (connu pour sa thèse sur la « fabrique du consentement ») démontre que le but du néo-libéralisme n’est pas seulement de nature économique mais aussi anthropologique ; il s’inscrit dans la filiation évolutionniste et constructiviste (d’inspiration darwiniste) de l’espèce humaine, tandis que Lippmann y ajoute un objectif politique : organiser massivement l’adaptation de l’espèce humaine au nouvel état du monde, imposé par la mondialisation du marché. Ainsi, le néo-libéralisme mais aussi l’ordolibéralisme allemand légitiment le recours au rôle organisateur ou régulateur de l’État. Dans le nouveau contexte du biopouvoir mondial, l’État libéral devient le principal levier de la domination globale anthropocène, qui doit intervenir dans le sens de la survie et du renouvellement de l’espèce humaine. Mais ce modèle d’État libéral n’est plus celui qui incarne l’autorité transcendante du Léviathan hobbesien. À l’ère postlibérale, le fonctionnement de l’État libéral consiste essentiellement à mettre en place un cadre normatif qui surveille, encourage et contrôle les transformations anthropologiques du corps social en temps réel. Finalement, l’État libéral du Léviathan cède sa place au profit d’un cyborg-État postlibéral et biopolitique qui cherche à intégrer toutes les dimensions de l’existence, du minéral au psychique en passant par le biologique. La pandémie est certes un « accélérateur de transformation », mais aussi un bon indicateur de l’usure des vieilles idéologies modernes comme le libéralisme de la modernité. D’où les appels qui émanent de sphères politiques, académiques ou économiques, comme celle de l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger ou de Robert Kagan, ou ceux des mondialistes de Davos, comme Klaus Schwab, qui prônent une « nouvelle réinitialisation globale » et un nouveau « capitalisme inclusif », en appelant à « l’humanisation » du capitalisme néo-libéral dans le sens de la conscience écologique. Le discours moralisateur du dépassement du libéralisme, en tant qu’imposture, s’inscrirait alors dans l’inversion debordienne : « le vrai est un moment du faux ». Bien sûr, il faut y voir les dispositifs narratifs destinés à légitimer les transformations émergentes de l’ordre postlibéral avec l’adaptation de l’espèce humaine à la nouvelle configuration globale du biopouvoir.

Jure Georges Vujic
24/12/2020

Source : Correspondance Polémia

vendredi, 11 décembre 2020

De la géographie sacrée à la géopolitique : une influence souvent ignorée par les analystes

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De la géographie sacrée à la géopolitique : une influence souvent ignorée par les analystes

Un essai la révèle !

Par Cristiano Puglisi

Ex: https://blog.ilgiornale.it/puglisi

geografiaperra_copertina_ok300-scaled-1-200x300.jpgCinabro Edizioni estune maison d'édition "militante" qui présente un catalogue intéressant de textes raffinés. Elle a récemment mis sous presse un essai qu’il convient de recenser pour nos lecteurs. Il est intitulé Dalla geografia sacra alla geopolitica (208 pages, 16 euros) ; c’est le dernier ouvrage de Daniele Perra, un jeune analyste et essayiste sarde qui a déjà écrit Essere e rivoluzione. Ontologia heideggeriana e politica di liberazione, publié par Nova Europa. Le livre, préfacé par le directeur de la revue d'études géopolitiques Eurasia, Claudio Mutti, aborde le thème du lien entre la géopolitique et la "géographie sacrée", dans le sillage de la conception que l'ésotériste et savant français René Guénon en avait donnée. Deux réalités qui, en fait et comme le révèle l'œuvre, sont intimement liées.

Oui, mais qu'est-ce que la "géographie sacrée" ? Ce que René Guénon a défini comme une "géographie sacrée" - explique l'auteur - fait partie des sciences traditionnelles. En elle, la géographie physique (ou matérielle) et la géographie visionnaire se chevauchent. La géographie sacrée relève donc de la sphère de la métaphysique, avec le sens du supersensible qui imprègne et domine tout le sensible. La géographie visionnaire est ce que le grand iranien français Henry Corbin a défini en termes de mundus imaginalis : c'est l’aire des visions célestes, des expériences prophétiques et théophanes. La perte de cet "inter-monde", considéré dans la modernité comme un simple produit de l'imagination et donc comme quelque chose d'irréel, a donné lieu à cette dépuissance de l'Esprit qui a conduit à l'actuelle négation "occidentale" du sacré".

imageportraitDP.jpgLa corrélation susmentionnée entre la géographie sacrée et la géopolitique est le sujet principal du livre. "En partant de la déclaration bien connue de Carl Schmitt - poursuit Daniele Perra - selon laquelle les concepts les plus prégnants de la doctrine de l'État moderne ne sont rien d'autre que des concepts théologiques sécularisés, j'essaie de démontrer comment la géopolitique (science profane) descend directement de la géographie sacrée et comment il existe encore aujourd'hui une influence secrète, le plus souvent ignorée (ou niée) par les analystes géopolitiques actuels, de cette science traditionnelle sur l'imaginaire collectif. Ainsi, il y a un profond impact résiduel des archétypes de la géographie sacrée qui détermine et influence la structure même de la pensée géopolitique. Pensez aux conflits autour des centres spirituels (ces lieux capables de libérer des influences qui ne peuvent être attribuées uniquement et exclusivement à la sphère "matérielle") : de Jérusalem à Constantinople, jusqu'au Kosovo et à la Metohija. Et pensez aux concepts géopolitiques de "pôle" et de "centre" qui sont les avatars évidents de la géographie sacrée. Après tout, toute orientation géopolitique est avant tout une orientation spirituelle. Il reste à savoir si cette spiritualité est authentique ou contrefaite".

87067861_133845621217385_4188084462153629696_n-310x438.jpgMais si donc à toute orientation géopolitique correspond, comme l'explique l'auteur lui-même, une orientation spirituelle, que représentent les deux pôles géopolitiques actuels, fondamentaux, que sont l'Occident et l'Eurasie, du point de vue de la géographie sacrée ? "Dernièrement - conclut Perra - il m'est arrivé de trouver des références claires à une vision géographique sacrée dans la pensée heideggerienne. L'analyse que Martin Heidegger fait du poème L'Ister de Hölderlin est pleine de références à une forme de géographie sacrée qui peut nous aider à comprendre l'actualité géopolitique (Ister est le nom grec du Danube). Il est bon de rappeler que pour le philosophe allemand, les concepts géographiques de l'Ouest et de l'Est peuvent également s'appliquer à la pensée. Il existe donc un "Orient de la pensée" (la Grèce antique à comprendre comme la "lande du matin") et un "Occident de la pensée" (l'Europe actuelle, la "lande du soir"). Mais Heidegger, lorsqu'il parle de l'Ouest et de l'Est, se réfère exclusivement à l'espace eurasien. L'Ouest de l'Eurasie, l'Europe, est aujourd'hui prisonnier d'un autre "Occident" géopolitique. Cet "autre" Occident, extérieur et étranger à l'Eurasie, avant d'être un espace géographique, est un concept idéologique né en contraste total avec la culture européenne authentique. C'est un concept qui a anéanti cette culture au profit d'une forme de "démocratisme" dans laquelle l'espace politique est disputé pour, d'une part, le bénéfice d’un progressisme de plus en plus grossier et, d'autre part, pour le bénéfice d’un conservatisme construit autour de prétendues valeurs judéo-chrétiennes de matrice et de contrefaçon nord-américaine qui n'ont rien de commun avec la civilisation européenne. En fait, l'Europe est aujourd'hui prisonnière d’une formidable contrefaçon idéologique. La seule façon de se libérer de cette imposition est d'établir une plus grande coopération géopolitique avec les civilisations anciennes et combatives de l'Eurasie et, en même temps, de redécouvrir notre propre pensée initiale authentique.

Une redécouverte que, sur le plan individuel, ceux qui le souhaitent peuvent faire à partir de la lecture de cet essai remarquable et nécessaire. Un essai qui, dans un panorama éditorial qui présente trop souvent des œuvres qui ne sont que la photocopie délavée d'autres pensums, sans fournir d'éléments de réflexion originaux, faisait franchement défaut.

dimanche, 29 novembre 2020

L'économie en tant qu'idéologie : la racine de tous les maux

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L'économie en tant qu'idéologie : la racine de tous les maux

par Roberto Bonuglia

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com

« Le développement économique est devenu une fin en soi, déconnectée de toute finalité sociale ». Bernard Perret et Guy Roustang l'ont écrit dans L'économie contre la société. Face à la crise de l'intégration sociale et culturelle (Paris, Editions du Seuil, 1993). Aujourd'hui comme hier, c'est une déclaration plus que partageable, visant à avertir que l'économie devient de plus en plus une "fin" plutôt qu'un "moyen".

En fait, il suffit de regarder en arrière dans un sens chronologique : en trente ans de mondialisation, l'économie est devenue bien plus qu'une "forme de connaissance de certains phénomènes sociaux". Elle est devenue une "technique économique", s'éloignant à des années-lumière des postulats classiques de ce qui était précisément l'économie "politique".

Dans la société standardisée du troisième millénaire, la logique économique est devenue la mentalité réelle et prédominante qui a fini par guider les relations sociales, uniformisant le bon sens, marginalisant la morale et toutes les formes sociales.

La combinaison de la mondialisation et du néolibéralisme a transformé l'économie en une idéologie. En fait, elle a perdu sa vocation originale et naturelle de traiter du "problème du déplacement des ressources" pour devenir une logique de gestion d'entreprise. Elle a ainsi dangereusement évolué vers une vision univoque du monde et une technique de contrôle et de domination.

« L'économie comme idéologie » peut donc être définie comme la prétention de l'économie à exercer une domination sur la culture et la politique, en leur imposant sa façon de "penser la réalité". Cela pourrait avoir des conséquences qui pourraient être "freinées" tant que la société reste un ensemble relativement homogène avec un fort contenu communautaire. Mais les migrations internes au sein du "village global" et l'aliénation technologique ont "libéré" le contenu idéologique présent - dès le début - dans les théories économiques du conditionnement des faits et des limites imposées par le social.

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C'est pourquoi, comme l'écrit Jean Baudrillard dans La transparence du mal (Paris, Editions Galilée, 1990), l'économie - après la chute du mur de Berlin - est entrée dans "sa phase esthétique et délirante" et est devenue le véhicule des idéologies qui se sont combattues entre elles pendant la "guerre froide" ; elle est devenue elle-même "idéologie", construisant sa propre philosophie sociale, se donnant, en quelque sorte, un vêtement normatif.

L'économie est ainsi passée de la sphère privée à la sphère publique et s'est donné pour tâche de baliser le chemin pour répondre par la force aux attentes du monde globalisé. Toutes ces réponses ont subi un changement radical dans la nature des relations sociales, à travers cette "objectivation de l'échange" - comme l'a dit Simmel - qui élimine d'un coup de ciseaux toute composante émotionnelle ou instinctive de ces relations, en prescrivant qu'elles doivent être organisées pour donner à la réalité une structure stable et à la mutation une direction prévisible : ce qui se passe dans notre société "grâce" au Covid-19. Celui-ci est le test décisif de cette mutation génétique de l'économie qui bascule dans l'idéologie.

Nous avons été témoins - distraits plutôt qu'impuissants - de l'économie comme technique économique qui a remplacé sans hâte mais sans repos l'économie comme forme de connaissance d'un des aspects de la société. Cela a donné naissance à un pouvoir incontrôlé et à un mode de vie basé uniquement sur l'intérêt et le calcul qui a inévitablement déchiré les bases du lien social.

L'élément émotionnel et "pré-rationnel" de la vie individuelle a été éradiqué et nous nous retrouvons aujourd'hui avec des racines coupées : le désert culturel, la socialisation de la culture, la liquidation de toute la culture de la tradition humaniste ne sont que quelques-uns des effets les plus dévastateurs du processus de déconstruction et de reconstruction du monde globalisé de ces trente dernières années.

Aujourd'hui plus que jamais, nous avons donc nécessairement besoin d'une pensée forte et alternative à ce schéma imposé par la contrainte, qui sache retrouver le sens de notre histoire, l'histoire de la culture moderne. Un sens lié - comme il l'a toujours été et de manière indissoluble - à la libération des limites, imposées par le présentisme, dans lesquelles la mentalité économique du néolibéralisme globalisant et la rationalité instrumentale nous ont enfermés. Une route qui est certes ascendante, mais la seule à pouvoir être prise et empruntée.

jeudi, 19 novembre 2020

Aperçu sur l’idée d’ordre politique dans la philosophie européenne

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Aperçu sur l’idée d’ordre politique dans la philosophie européenne

par Jean Galié

Ex: https://rebellion-sre.fr

La politique a pour fonction de s’occuper du politique, de la chose politique, c’est-à-dire de ce qui concerne l’ensemble des citoyens ou la vie collective de la cité. Mais dans quel but?

Une réponse classique se tourne vers l’idée de Bien commun. Aussi faut-il retenir cette idée que le Bien est notre but. C’est le Souverain Bien, bon en lui-même, par rapport auquel tous les autres ne sont que moyens. Il est le but de toute activité dans le monde. “N’est-il pas exact que, par rapport à la vie humaine, la connaissance de ce bien a une importance considérable et que, la possédant, comme des archers qui ont sous les yeux le but à atteindre, nous aurons des chances de découvrir ce qu’il convient de faire?”1

La recherche de ce bien sera conduite par une science : “science souveraine et au plus haut point organisatrice. Apparemment, c’est la science politique.”2 Aristote nous plonge au coeur des relations entre la morale et la politique. Selon sa conception eudémoniste, le bonheur est la fin suprême de la vie. Mais comme l’homme est un “animal politique” sa vraie nature ne pourra s’accomplir que dans la cité. Celle-ci est “née en quelque sorte du besoin de vivre, elle existe pour vivre heureuse. C’est pourquoi toute Cité est dans la nature.”3

Aristote distingue bien le bonheur de chacun du bonheur de l’ensemble de la vie collective. Le premier s’identifie à l’activité de contemplation dans la mesure où en tant qu’esprit, l’homme pourra cultiver cette partie de l’âme le rapprochant du divin.

unnamedath.jpgLe loisir, période de temps échappant à l’empire de la nécessité et des activités en relation avec celle-ci (travail, économie, etc) s’identifie au bonheur personnel. Néanmoins sa condition de possibilité réside dans le bien de l’Etat. Ce dernier à son tour permet par son existence d’actualiser les capacités et les facultés spirituelles et morales de l’homme. Le but de la politique n’est pas la morale mais de rendre possible l’existence de celle-ci. C’est en ce sens que la morale dépend de la politique et non au sens où cette dernière dicterait les fins de la morale (tentation de la Pensée Unique contemporaine…). Pas plus qu’il ne s’agira de résorber le bonheur individuel dans un hypothétique bonheur collectif. “Même si le bien de l’individu s’identifie avec celui de l’Etat, il paraît bien plus important et plus conforme aux fins véritables de prendre en mains et de sauvegarder le bien de l’Etat. Le bien, certes, est désirable quand il intéresse un individu pris à part ; mais son caractère est plus beau et plus divin quand il s’applique à des Etats entiers.”4

Aux antipodes de l’individualisme moderne, c’est en ce sens que s’impose l’idée d’un Bien commun. Mais cette idée, bien que raisonnable pour le sens commun, ne saurait se fonder elle-même. Pour les Anciens, la Nature était l’Ordre du monde, la loi innervant le kosmos, chaque chose tendant naturellement à son épanouissement conformément à cette loi ; ainsi de la nature de l’homme se conformant à l’ordre de la cité. De même, c’est pour cette raison que la “cité est dans la nature”.

Le politique trouve en réalité son fondement dans la métaphysique, autrement il serait incompréhensible que le politique soit le lien de manifestation des facultés spirituelles de l’homme. “Le fondement premier de l’autorité et du droit des rois et des chefs, ce grâce à quoi ils étaient obéis, craints et vénérés, était essentiellement, dans le monde de la Tradition, leur qualité Transcendante et non uniquement humaine (…) La conception purement politique de l’autorité suprême, l’idée qu’elle a pour fondements la force brutale et la violence, ou bien des qualités naturalistes et séculières, comme l’intelligence, la sagesse, l’habilité, le courage physique, la sollicitude minutieuse pour le bien commun matériel – cette conception fait totalement défaut dans les civilisations Traditionnelles, elle n’apparaît qu’à des époques postérieures et décadentes”.5

C’est dans ce contexte de pensée qu’il est possible de lire les doctrines politiques des Anciens dont quelque chose – l’essentiel – se transmettra jusqu’au Moyen-Age, pour lequel le pouvoir temporel était une délégation de l’autorité divine. Pour Platon, par exemple, la politique tend à pérenniser une stabilité quasi ontologique. La science du Politique vise à contenir l’usure exercée par le temps sur tout ce qui est éphémère, et en particulier sur une juste hiérarchie établie dans la Cité et à l’intérieur des diverses instances de l’âme humaine.

istockphoto-650528588-612x612.jpgDans son dialogue “le Politique”, Platon rapporte le mythe selon lequel, dans un temps originel – celui de Cronos – toute chose fonctionnait en sens inverse de celui de l’ordre actuel, c’est-à-dire dans le sens originel. Cet ordre s’appliquait aussi bien aux cycles astronomiques qu’aux cycles vitaux,ainsi l’homme rajeunissait tout au long de sa croissance. Le temps de Cronos a laissé place à celui de Zeus qui renverse l’ordre originel pour faire place à un ordre inversé avec lequel nous devons composer, éloignés que nous sommes du temps mythique des origines. L’homme archaïque vit dans un univers protégé dont le sens lui est naturellement acquis. “L’attitude mythique – naturelle comprend d’avance et d’emblée non seulement des hommes et des animaux, et d’autres êtres infra-humains et infra-animaux, mais aussi des êtres surhumains. Le regard qui les englobe comme un tout est un regard politique”.6

En d’autres termes, le destin de l’homme y dépend de la manière dont règnent ces puissances mythiques au sein d’un cycle où se perpétue l’éternel retour de la configuration initiale de l’ordre des choses, assurant ainsi un retour perpétuel du même dans un monde qui vieillit jamais, ne subissant pas l’érosion du temps historique7.

Platon connaît bien la Tradition. Pour lui, la politique consistera à garder son regard porté sur le modèle Transcendant instituant l’ordre de la Cité juste, cette cité idéale décrite dans “La République” obéissant à la loi d’équilibre situant chaque catégorie de citoyens à la place correspondant à ses qualités intrinsèques, du Roi au producteur en passant par le guerrier. Cette loi est l’axe ontologique grâce auquel une telle hiérarchie est rendue légitime, faute de quoi chaque forme de gouvernement sera susceptible de dégénérer, la monarchie régressant en timocratie (gouvernement de l’honneur), celle-ci en oligarchie (petit nombre), cette dernière en démocratie (tous) dont le sort ultime sera la tyrannie. De la perfection à la confusion des pulsions inférieures de l’âme humaine, de la loi à l’informe. “ Spécialement dans les formulations aryennes, l’idée de loi est intimement apparentée à celle de vérité et de réalité, ainsi qu’à la stabilité inhérente “à ce qui est”. Dans les Védas, rta signifie souvent la même chose que dharma et désigne non seulement l’ordre du monde, le monde comme ordre – kosmos -, mais passe à un plan supérieur pour désigner la vérité, le droit, la réalité, son contraire, anrta, s’appliquant à ce qui est faux, mauvais, irréel. Le monde de la loi et, par conséquent, de l’Etat, fut donc l’équivalent du monde de la vérité et de la réalité au sens éminent”.8

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Pour Platon et ses successeurs au sein de la philosophie politique classique, la science politique a donc pour fonction d’imposer une “forme” métaphysique au chaos toujours possible et resurgissant, en incarnant une idée de stabilité et de justice propre à l’ordre traditionnel qui avait trouvé son expression initiale dans le système des castes dont l’homme moderne ne peut saisir le sens et la portée spirituels. Tel a été l’univers mental indo-aryen, et dont Georges Dumézil a longuement déchiffré les structures idéologiques. Ainsi chez Platon ordre et hiérarchie sociale reflètent-ils un ordre et une hiérarchie internes à l’âme humaine. Les ordres de citoyens correspondent à des puissances de l’âme et à certaines vertus. Aux chefs de la cité, les magistrats, archontes correspondent l’esprit, noûs et la tête ; aux guerriers l’animus et la poitrine ; aux producteurs, la faculté de désir, partie concupiscible de l’âme et la partie inférieure du corps, sexe et nourriture.

Les castes, les catégories de citoyens, les ordres définissaient des modes typiques d’être et d’agir, de la matérialité à la spiritualité. Platon s’était donné pour objectif politique d’instituer par l’éducation un plan de sélection des élites capable de conduire la Cité. Tel homme appartient à telle catégorie de citoyens non pas à cause de conditions arbitraires mais parce que le caractère de son âme – décelé par les magistrats ou les éducateurs – le destine à remplir telle ou telle fonction, selon la symbolique de l’âme au caractère d’or, à celle d’argent, d’airain ou de fer, dans un ordre de valeur décroissant ; de la capacité de commandement éclairé à celle de fidélité d’exécution.

Que reste-t-il de ce bel édifice conceptuel et métaphysique dans la pensée politique moderne?

Peu de choses, depuis que Machiavel (1469-1527) a rompu avec la philosophie politique classique, dont celle du Moyen-Age qui pensait le politique en se référant à Saint Augustin pour qui la “cité terrestre” se distinguait, tout en la reflétant, de la “cité céleste”. Dans les conditions d’existence, marquées du sceau du péché originel, l’Etat se devait d’être le soutien et le glaive de l’autorité spirituelle. Cela n’allant d’ailleurs pas de soi, puisque dans les faits – querelle des Guelfes et des Gibelins – il s’agissait de savoir qui de l’Empereur ou du Pape incarnait au mieux cette idée d’autorité spirituelle, cette dernière ne devant pas se dégrader en simple pouvoir temporel.

aed2e29c2b2e35e7a026212cc5b09200.jpgMachiavel, lui, a désacralisé la politique, il en fait un simple instrument humain, profane, elle n’est plus ordonnée à une fin supérieure, transcendante. La question est de savoir comment prendre le pouvoir et le conserver. L’essentiel est la stabilité de l’Etat, ce qui est une redondance puisque “Lo Stato” est ce qui tient debout.

En soi, l’homme de pouvoir, le Prince n’est pas immoral, mais il doit savoir mener les hommes et jouer des circonstances. Se faire “renard” ou “lion” selon le cas où primera la ruse ou la force, se faire tour à tour aimer et craindre, sachant qu’il n’est pas totalement maître de

l’histoire puisque celle-ci pour moitié peut se laisser guider par sa “virtù”, puissance et virtuosité, et pour autre moitié est “fortuna”, à l’image du fleuve impétueux dont on ne peut arrêter le cours mais seulement l’endiguer.

En ce sens la grande découverte de Machiavel est que la politique est un artifice. Telle est l’essence de la conception moderne de la politique, qui, historiquement verra toujours subsister à ses côtés la conception classique, et se développera selon cet axe de l’artifice pensé rationnellement, par un calcul, et dont les théories du contrat seront très largement tributaires.

Dès lors, l’ordre politique est essentiellement humain, dérivé de l’accord, du pacte d’obéissance qu’un peuple passe avec son Souverain. L’autorité de ce dernier n’est plus réputée être naturelle, ainsi chez ces libellistes appelés monarchomaques au 16ème siècle, contestant l’autorité du Roi. Souvent protestants – parfois catholiques – ils justifient leur rébellion en rejetant un ordre politique jugé comme étant illégitime.

C’est dans ce contexte que sera pensé le concept de Souveraineté et discutée la question de la légitimité de l’institution politique. Si l’idée de Souveraineté existe depuis l’Antiquité puisqu’elle est inhérente à toute forme d’exercice du commandement politique, la conceptualisation qu’en fait Jean Bodin (1520-1596) sera reprise dans la philosophie politique moderne.

Dans les “Six livres de la République” il la définit comme “puissance absolue et perpétuelle d’une république”. C’est ainsi qu’une nation se constitue en Etat, s’identifie à celui-ci. La Souveraineté devient puissance absolue fondant la République, c’est son âme même. Le lien unissant un peuple à son gouvernement réside dans la loi, le Souverain fait les lois, la puissance de gouverner s’identifie au pouvoir de légiférer. De ce fait le prince sera au-dessus des lois, idée reprise ultérieurement au 17ème siècle par Hobbes pour qui le Souverain ne saurait être soumis à la loi. Si le Souverain ne peut plus être fondé par le recours immédiat à la transcendance, il est néanmoins resacralisé sous une forme profane dans la figure de la souveraineté absolue de l’Etat : “tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’Etat sont des concepts théologiques sécularisés” (Carl Schmitt).

L’autre volet de la discussion repose sur la théorie du contrat. Ce dernier s’enracine dans la doctrine du droit naturel. Envisagé du point de vue de la légitimité des fondements de l’Etat, comme artifice produit par l’homme, le droit naturel est conçu soit comme droit de la force, soit comme droit idéal.

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Le première conception est représentée par Hobbes et Spinoza. A l’état de nature – fiction idéologique – règne un droit de nature défini “par le désir et la puissance” (Spinoza), comme étant “le droit de chaque homme de faire ou de posséder tout ce qui lui plaît” (Hobbes). Rien n’y est injuste ou juste avant l’établissement de la loi civile. Pour Hobbes, l’état d’insécurité résultant de l’exercice du droit naturel (“guerre de chacun contre chacun”) pousse l’homme, par une loi naturelle inhérente à l’être de raison qu’il est, à faire un calcul afin de quitter cette situation. Ce sont les termes du contrat, du pacte qui fait disparaître cette situation arbitraire (analogue à la guerre civile, ou au désordre régnant à l’intérieur de certains Etats…) afin d’établir un Etat rationnel.

L’idée d’un droit naturel “idéal” est représentée par l’Ecole du droit naturel au 17ème siècle. Elle a servi de base à ce qu’on a appelé Droit des Gens. Ainsi le philosophe et juriste hollandais Grotius (1583-1645) dit que le droit naturel émane de la nature sociale de l’homme : c’est d’elle que la raison humaine, observant les diverses pratiques, dégage les principes d’un droit universel, immuable. Il est distinct du choix volontaire, arbitraire.

Il peut cependant être rattaché au droit divin “puisque la divinité a voulu que de tels principes existassent en nous” (Grotius). Cependant, cette distinction atteste un passage de l’ordre de la Providence à celui de l’humanité. C’est un droit rationnel. Cette doctrine peut aboutir sur une vision individualiste – Locke pense que les hommes à l’état de nature sont libres, égaux, éclairés par la raison, peuvent donc respecter les préceptes du droit naturel ; l’organisation politique n’étant nécessaire que pour préserver les prérogatives naturelles de l’homme (liberté, égalité, propriété), vision anarcho-libérale – ou bien sur un humanisme rationnel (Kant) pour lequel la raison triomphe à travers une légalité propre à régir les peuples libres, car le droit est la notion se dégageant des conditions dans lesquelles la faculté d’agir d’autrui d’après une “loi universelle de liberté”. Kant défendra grâce à cette théorie, l’idée problématique d’une Société des Nations à partir d’un point de vue cosmopolitique.

31_big.jpgPoussée à l’extrême la thèse d’un droit naturel idéal débouche sur la conception d’un idéal de justice existant au-dessus du droit positif. “Il existe un Droit universel et immuable, source de toutes les législations positives, il n’est que la raison naturelle en tant qu’elle gouverne les hommes” (Avant-projet du Code Civil de l’An VIII). Le droit naturel a pour but la protection de ces droits imprescriptibles qui sont, aux termes de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression.

Mais que dire si le Droit universel s’incarne adéquatement dans la loi positive, si ce n’est celui qui dispose de la puissance inhérente à cette loi. Cette théorie se traduit en particulier dans ce que Carl Schmitt appelle l’Etat législateur. “L’Etat législateur, à cause de la rigueur de son système de légalité, ne peut pas admettre la coexistence de plusieurs sources de droit, comme en droit romain, les lois, les plébiscites, les sénatus consultes ou les constitutions impériales, les édits de magistrats, les réponses des “prudents”, etc”9

Cet universalisme abstrait n’est pas sans dangers, et Carl Schmitt de nous mettre en garde : “Si la notion de loi perd un jour toute relation interne avec la raison et la justice et qu’on conserve néanmoins l’Etat législateur avec son sens propre de la légalité, qui concentre dans la loi tout ce qu’il y a de supérieur et de respectable dans l’Etat, – à ce moment-là, n’importe quelle ordonnance, commandement ou mesure…, n’importe quelle instruction à un juge pourra devenir, grâce à une décision du Parlement ou d’une autre instance préposée à l’élaboration des lois, légal et conforme au droit en vertu de la souveraineté de la loi. Le formalisme poussé à l’extrême finit par (…) abandonner ses relations avec l’Etat de droit”.10

Ainsi la fameuse “indépendance” des juges ne masque-t-elle pas son contraire, une hégémonie idéologique instrumentalisant le formalisme de la loi? “On suppose qu’en vertu des liens semblables qui rattachent tous les citoyens à un même peuple, tous doivent être, en raison de ces traits communs, essentiellement semblables les uns aux autres. Or, que cette hypothèse, supposant une harmonie nationale parfaite, vienne à disparaître, on verra immédiatement le pur “fonctionnalisme” sans objet et sans contenu, résultant des données de la majorité arithmétique, exclure toute neutralité et toute objectivité.”11

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Ainsi l’idéologie actuelle de la “citoyenneté” suffit-elle à définir un peuple, à dégager ces “traits communs”, à établir “l’harmonie nationale”? Un simple contrat, formel suffit-il à fonder une identité? Celle-ci n’a t-elle pas été forgée au cours de notre histoire? De là l’amnésie dont les mondialistes veulent frapper tous les peuples et en particulier le nôtre. Avons-nous oublié que les morts gouvernent les vivants (Auguste Comte)? De nos jours, au nom de la loi, il est possible d’éradiquer toute forme d’opposition à “l’Avenir radieux” que nous promet le Nouvel “Ordre” Mondial.

Dans ces conditions le peuple est devenu une notion abstraite, le citoyen n’est plus enraciné au sein d’une identité singulière qui pourrait être vécue à divers niveaux (occitan, français, européen, par exemple).

En France resurgit le débat sur les identités locales, régionales, nationales, avec une remise en question du centralisme jacobin et la discussion sur la question de la Souveraineté. S’il est évident que dans le camp SRE nous ne voulons pas d’une Europe élaborée par les mondialistes, Europe de carton-pâte aux antipodes d’une Europe de la puissance, le débat est plus nuancé en fonction des diverses sensibilités et des stratégies proposées en l’occurrence. De même le débat est faussé sur le plan sémantique lorsqu’il est présenté sous la forme de la dichotomie entre “souverainistes” et “non souverainistes”.

Si l’on n’est pas souverain c’est que l’on est sous la dépendance de quelqu’un d’autre, que l’on existe plus en tant qu’entité politique! Certes, c’est le rêve des mondialistes, mais il est possible de concevoir – grâce au principe de subsidiarité bien appliqué en corrélation avec les forces vives du pays – un emboîtement de divers étages de souveraineté.

A l’opposé de la théorie libérale qui décourage la participation du peuple à la vie publique et qui rejette toute initiative allant à l’encontre des normes juridiques et constitutionnelles du moment, a été formulée une autre conception par Johannes Althusius (1557-1638) adversaire de J.Bodin en philosophie politique.12

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Le philosophe allemand revient à Aristote, à sa conception de l’homme comme être social, enclin à la solidarité et à la réciprocité. Dans une démarche de type symbiotique, Althusius affirme que la société est première par rapport à ses membres, et se constitue par une série de pactes politiques, sociaux, conclus successivement de la base au sommet, par associations (“consociations”) naturelles, publiques, privées telles que familles, guildes, corporations, cités, provinces, etc. Modèle d’emboîtements allant du simple au complexe. Les individus sont membres de diverses communautés successives et il n’y a pas de contrat entre le souverain qui est le peuple et le prince qui se borne à administrer. Le contrat social est une alliance, communication symbiotique des individus définis par leur appartenance. Il est formé entre les communautés restreintes qui se fédèrent pour former un corps politique plus vaste et un Etat. Le peuple peut déléguer sa souveraineté mais ne s’en dessaisit jamais. Cela permet un respect des identités particulières, dont on rappellera qu’elles n’étaient point admises par Rousseau dans “Du contrat social” (“Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat, et que chaque citoyen n’opine que d’après lui”. Livre II, Chapitre III), et qu’elles furent réellement abolies durant la célèbre nuit du 4 août 1789 et empêchées de se constituer par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdisant toute forme d’association entre gens d’un même métier et toute coalition.

Dans le système d’Althusius chaque niveau tire sa légitimité et sa capacité d’action du respect de l’autonomie des niveaux inférieurs, le principe de souveraineté est subordonné au consentement associatif, celle-ci est répartie à des niveaux différents de la vie politique.La clef de voûte du système est le principe de subsidiarité par lequel les décisions sont prises au niveau le plus bas possible grâce à des unités politiques ayant des compétences autonomes substantielles, et en étant représentées collectivement aux niveaux de pouvoir supérieurs. Le niveau local ne délègue au niveau supérieur que les tâches et responsabilités qu’il ne peut accomplir, telles que par exemple les fonctions régaliennes de l’Etat. La Nation serait donc une communauté de communautés.

Encore ne faudrait-il pas interpréter cette idée dans les termes du “communautarisme” véritable juxtaposition de communautés linguistiques, ethniques, religieuses ou autres qui n’auraient en commun qu’une proximité d’ordre géographique et de destin commun que la simple survie économique.

En dernier lieu la question d’un ordre politique et social se résume au fait de savoir qui détient la puissance et pour quoi faire. Aussi un peuple ne doit-il pas ignorer qui il est, quelle est sa nature profonde, quelles sont ses attaches essentielles. Ces thèmes fondamentaux ne sauraient être écartés par l’idéologie éradicatrice des Droits de l’Homme qui désubstantialise tout ce qu’elle touche13.

Il n’y a rien en effet de plus libre, et de plus facile à promouvoir sur le plan idéologique qu’une forme vide. Il est bien plus difficile de résister à ce courant homogénéisant du mondialisme et de nommer l’identité à laquelle nous devons nous référer pour être nous-mêmes.

Pour autant face au chaos actuel, à la véritable entropie générée par le système mondialiste, notre peuple ne pourra faire l’impasse sur ce choix décisif.

Delenda est Carthago!

Jean Galié

  1. 1) Aristote : Ethique à Nicomaque. Livre I.
  2. 2) idem.
  3. 3) Aristote. Politique
  4. 4) Aristote. Ethique à Nicomaque. Livre I.
  5. 5) Julius Evola. Révolte contre le monde moderne. Editions L’Age d’Homme p.41-42.
  6. 6) Husserl. La crise des sciences européennes en la phénoménologie transcendantale. p.364.
  7. 7) Cf. Le mythe de l’éternel retour (Mircea Eliade).
  8. 8) Julius Evola. Révolte contre le monde moderne. p.61.
  9. 9) Carl Schmitt. Du politique. “Légalité et légitimité” et autres essais. p.53. Editions Pardès.
  10. 10) idem p.54.
  11. 11) idem p.60.
  12. 12) Lire à ce sujet l’excellente contribution à ce débat dans le n°96 – novembre 1999, de la revue “Elements”, à laquelle nous empruntons ces informations.
  13. 13) Ainsi, par exemple, la doctrine Monroe conçue sur la base de l’espace concret, transformée par Theodore Roosevelt en principe impérialiste commercial devenant un principe universaliste s’étendant à la Terre entière, et conduisant à l’ingérence de tous en tout. “Alors que, dans l’idée d’espace, il y a celle de limiter et de répartir l’intervention donc un principe de droit et d’ordre, la prétention universaliste à l’ingérence mondiale abolit toute limitation et toute distinction raisonnables” Carl Schmitt. Ouvrage cité, p.127-28. “Le fait que la doctrine de Monroe ait ainsi pu être trahie et transformée en un principe impérialiste commercial demeurera, pour longtemps, un exemple bouleversant de l’effet que peuvent produire des slogans vides” Carl Schmitt, idem p.129.

jeudi, 05 novembre 2020

»Ethnopluralismus – Kritik und Verteidigung«

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»Ethnopluralismus – Kritik und Verteidigung«

Ellen Kositza empfiehlt Martin Lichtmesz

 
 
#Ethnopluralismus ist ein Schlüsselbegriff. Bloß: Was ist das eigentlich? Die Gegner sagen: ein versteckter #Rassismus. Wir sagen: Die schwer beschreibbare, jedenfalls unbedingt verteidigenswerte Mischung aus Kultur, Geschichte, Abstammung, Charakter. Martin #Lichtmesz ist der erste, der diesen Begriff, sein Potential und seinen Mißbrauch umfassend darzustellen vermag. Er hat sich über Jahre mit der Vielgestaltigkeit der Völker, mit Abgrenzung und Austausch, mit Dekonstruktion und Verallgemeinerung beschäftigt und verteidigt nun eines unserer zentralen Konzepte auf seine unnachahmliche Art. Ein eminent wichtiges Buch!
 
 
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